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Full text of "L'Écho du monde savant et l'Hermès : journal analytique des nouvelles et des cours scientifiques"

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PREMIER SEMESTRE. 


Sous La Direction de 


M: LE VICOMTE A. DE LAVALETTE, 


AVEC LE CONCOURS ET LA COLLABORATION 
De MM. les Membres de l'Institut : 

De Bramnmvizre, Becquerecz, Bory DE ST-VincENT, CuAMPOLLION , 
Duwas, Durix (baron), ne Mises, ErEe De Beaumont, GEOFFROY 
St-Haizainre , JomarD, pe Jussreu (Adrien), LETRONE, 

Raouz Rocuerte, D'Hougres Firmas; 
el de MM, 

De Caumont, Chevalier, d'Orbigny, Dujardin, Francœur, de Lattre, de £a Fontenelle, 
Follin, Goldscheider, Possin, Guérard, Guyon, Bertrand de Lom , Lassaigne , Lauguier, 
Lesson, L iseleur de Longehamps, Mar el de S'rres, Orfila, de Reiffenberg, L. Roux, 
Rédacteurs en chef : 


MA. LE V'S A, DE LAVALETTE ET C. B. FRAYSSE, 


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SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Sur le mouvement des liquides dans les tubes de 
très petite dimension, Regnaull, 4. — Sur les ima- 
ges produites, à la surface d’un métal poli, par la 
proximité d’un autre corps, Moser, 25. — Sur 
l'écoulement des liquides, Poiseuille, 51, 102,121. 
— Direction du courant électrique dans les mines, 
Hunt, 53. — Du double arrangement moléculaire, 
75. — Observations barométriques et thermométri- 
ques, Arago, 148.— Sur les pressions supportées 
dans un corps solide ou fluide par deux portions de 
surface très voisines, l’une extérieure, l’autre inté- 


rieure, de ce même corps, Cauchy, 197. — Sur le 
contact électrique des muscles des animaux vivants 
ou récemment tués, C. Mateucci, 292. — Opti- 


que sur l’action chimique de la lumière, Arago, 
361. — Travail sur le baromètre, De Vi leneuve, 
365, 412. — Nouie!lle pile à effet constant, Re- 
gnauit, 585. — Sur la nouvelle pile de M. Reizet, 
Regnault, 461. — Recherches sur la formation 
des images de Moser, Fiseau, 481. — Sur la pro- 
priété attribuée à l'huile de calmer les vagues de la 
mer, 829. — Sur la production de la chaleur chez 
les mollusques et sur la génération de la salamandre 
terrestre, Joly, 654..— Observations sur la pile de 
M. Reizet, Becquerel, 577. — Recherches sur la 
force épipolique, Dutrochel, 606, 625. — Sur les 
lois du dégagement de la chaleur pendant le passage 
des courants électriques à travers les corps solides et 
liquides, E. Becquerel, 652, — Sur la chaleur la- 
tente de la glace, Paul Desain et Le Prevostaye 
677. — Sur le dégagement de la chaléur pendant 


- Je passage des courants électriques à travers les corps 


liquides et solides, Æ. Becquerel, 697. — Sur l’in- 
duction des courants par les courants, Adria, 721: 
— Expériences sur une substance noire diather- 
male faites en vue de vérifier la théorie de Meiloni, 
Mauthiessen, 124.— Sur l'hygrométrie, Blondeau 
de Carrolles, 197. — Sur la chaleur latente de la 
fusion de la glace, Desain et La Prevostaye, 817. 
— Sur la tendance des tiges à se porter vers la lu 
mière, Payère, 817, — Note sur deux états parfai- 
tement distincts dans la désagrégation des corps, 
Pellier, 819. — De l’acuon chimique d'un seul 
couple voltaïque et des moyens d'en augmenter la 
puissance, De la Rive, 841-866. — Sur les taches 
eirculaires de Priestley, formées par des étincelles 
électriques, Malteuci, 845. — Sur le courant élec- 
trique déveluppé par l’action des corps gazeux sur 
le platine Malleuci, 587. — Sur les effets de 
la température qui accompagnent la transmis- 
sion dans les liquides, au moyen de divers élec- 
trodes des courants électriques, soit continus, soit 
discontinus et alternatifs, De la Rive, 917. — 
Nouveau procédé pour produire, au moyen de l’é- 
lectricité des images analogues aux images de Moser, 
Morrer, 936. — Sur la compression des liquides, 
Aimé, 902. — Sur l'électricité aninate, Malleucr, 
964. — Sur la puissance motrice et l'intensité des 
courants de l'électricité dynamique, de Haldat, 
986, — Nouveaux moyens pour obtenir des ima,es 


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TABLE DES MATIÈRES 


de Moser, Bertot, 1052. — Sur la théorie de la 
pile voltaïque, Louis Nopoléon, 1080. 


PHYSIQUE APPLIQUEE. 


Modification à l'appareil d’Atwood, Dupré, 149. 
— Expériences sur la perméabilité des liquides 
pour les gaz, Dujardin, 169. — Sur le lactoscope 
de M. Doré, 337. — Nouvel héliostat, Silber- 
mann, 338. — Thermo-manromètre pour les loco- 
motives de M. Aoxte pe Luverroor, 436. — Obser- 
vations sur le daguéréotype et sur les différences des 
résultats obtenus dans des conditions égales, Da- 
guerre, 458. — Application industrielle de la lu- 
mière et du pouvoir moteur de l'électricité, Ho- 
leyns de Cheltenham , 463. — Thermo-manomé- 
tre pour les locomotives, 482, — Nouvelles expé- 
riences sur la torpille, Matleuci, 532. — Sur la 
thermographie, KHnorr de Kasan, 653.—Expérien- 
ces thermumétriques faites sur la lumière de la nou- 
velle comète et sur la lumière zodiacale, Mathies- 
sen, 678. — Gazoscope de M. Chuard, Regnaull, 
723. — Sur les effets résultant de certains procé- 
dés pour abréger le temps nécessaire à la formation 
des images photographiques, Fiseau, 112. — Sur 
l’oléomètre de M. Laurot, Person et Preisser, 
846. — Sur le lactoscope, 863. — Faits d’optique 
expérimentale, Mathiessen, 866. — Observations 
magnétiques faites au sommet des Pyrénées, Laugier 
et Mauvais, 964. — Sur la formation des images 
de Moser, Masson, 1154. 


ASTRONOMIE. 


Note de M. Marcel de Serres sur les étoiles fi- 
Jantes, 217. — De la constitution physique du so- 
leil, Arago, 388, 433. — Changement probable 
dans le système solaire, Hauff, 432. — Atlas de 
M. Siebold sur le Japon, 460. — Examen d’une 
classe d'équations différentielles et application à un 
cas particulier du problème des trois corps, Gas- 
cheau, 465. — Sur la comète de 1843, Arago, 
505-507-553. — Sur le mouvement propre du s0- 
leil, Bravais, 556. — Quelques nouveaux détails 
sur la comète, Arago, 605-657. — Nouvelle comète 
découverte par M. Mauvais, 820. — Sur la certi- 
tude de lextrémité australe de l'arc méridien de 
France et d’Epagne, Biot, 86%. — Éléments de l'or- 
bite parabolique de la comete de 1843, Mauvars, 
865. — Nouselle dé'ermination de l'orbite de Mer- 
cure et de ses perturbations, Leverrier, 866. — 
Sur la nouvelle comète, Legrand, 938. — Éié- 
ments paraboliques corrigés de l'orbite de la comète 
de 1843, PV. Mauvais, 1011. — Détermivation 
nouvelle des peruwbatious de Mercure et des élé- 
ments de son orbite, Leverrier, 1058. — Sur le 
système d'attraction uuiverselle de Newton, Bre- 
mond, 1082, 

MÉTÉOROLOGIE. 

Dépressions extraordinaires du baromètre, obser- 
vées à Parme, les 42, 15 et 16 janvier, Golla. di- 
recteur de l'observatoire, 293. — Aurore borcale, 
perturbations magnétiques, 988. — Météore pré- 
sentant des ressemblances avec Les chandelles romai 
ues, 4060, — Sur deux aérolithes tombés le 2 Juin, 
pres d'Utecht, t 128, 


PHYSIQUE DU GLOBE. 


Sur des incendies qui paraissent dues à des chu- 


tes d’aérolithes, 217. — Sur la différence du niveau 
entre la mer Caspienne et la mer d’Azow, Hom- 
maire-Dehel, 745-770. — Le volcan d'Owihée, 


767. — Volcan du Taal, Delamarche, 821. — 
Volcan qui a fait ivrupuon entre la Guadeloupe et 
Marie-Galante, 1012 — Faits pour servir à la 
théorie de la srêle, Fournet, 1035. — Note histo- 
rique sur les tremblements de terres aux Autiiles, 
Perrey, 1156. 
HYDRAULIQUE. — GÉNIE NAVAL. — ART 
NAUTIQUE — NAVIGATION, — CONSTRUC- 
TIONS NAVALES. 


Flotteur aspirant, De Caligny, Î7. -- Expé- 
riences ayant pour but de concilier Les hypothèses 
sur les mouvements intérieurs des flots dans les 
courbes ouvertes et dans les courbes fermécs, De 
Caligny, 511, 532. — Observations eurieuses sur 
une pouzoulane artificielle, Vicat, 677. 


CHIMIE. 


$. 1. CHIMIE INORGANIQUE. 


Méthode pour condenser et reconnaitre les 
quantités notables ou imperceptibles du gaz hydro- 
géné arséniqué phosphoré ou gaz sullureux, Jac- 
quelain, 4. — Solubilité du chlore dans l'eau, 


Letouxe, 50. — Sur l'acide hypochloreux et su 
les mêmes corps considérées à l'état amorphe et à 
l’état cristalhisé, 105. — Sur l’analyse des cyanures 


et des composés sulfureux, Gerdy, 126. — Sur les 
concréiions intestinales d'animaux connus sous Je 
nom de Bezoards, suivi de l'analyse d'un nouveau 
Bezoard minéral, Guibourt, 171. — Procédé pour 
reconnaitre la falsification du vinaigre, 291, — 
Procédé de M. Soubiran pour obtenir le protochlo- 
rure de mercure, 219, — Sur un nouvel oxacide 
de soufre, Fordos et Gélis, 219. — Sur une nou- 
velle combinaison de platine, Knof, 313. — Re- 
cherches sur les poids atomiques de l'hydrogène et 
du calcium, Erdmann et Marchand, 391, 414. 
— Sur une série de composés dont les oxides de 
chrome d'aluminium, de fer et d’antiwoine forment 
un des elements, Gauthier de Chaubry, 580. — 
Recherches sur la producuon des gaz combustibles, 
Lbelmen, 649. — Sur les combinaisons oxigénées 
du chlore, Milon, 550 — Produit de !a décompo= 
siuou quinique par la chaleur, Wohler, 660. — 
Sur les produits de décomposition de I acide sul- 
focyaubydrique, Voelckel, 101. — Recherches sur 
les produits de décomposition de l’acide sulfocyan- 
hydrique, Voelckel,725.— Composée du chrôme, 
analyse des combiuaisons solubles du soutre avce 
l'oxigene, l'hydrogene et les métaux, Gerdy, 864. 
— Moyen de séparer le deutvxide de cerium du 
deutoxide de didunium, L Bunaparte, 891. — 
Sur un nouvel acide ox!pene de chrome, Bar- 
resvil, 909 — analyse des composes oxigénés 
de souire, Fordos et Gélis, 1U12. — Sur l'acide 
buurique, Péluuze et Grélis, 1058. — Action de 
laude sulfureux sur les métaux, Fordos et Gélis, 


iv 
1061. — Sur le protoxide de plomb, Calvert, 
4106. 


S: 11. CHIMIE ORGANIQUE. 


Recherches sur les acides métalliques, Fremy, 
449. — Description de quelques nouvelles bases or 
ganiques obtenues par l’action de l'hydrogène sul- 
furé sur des combinaisons d'hydrogène carboné avec 
l'acide hyponitrique, Zinin, 269. — Procédé pour 
constater la présence de l'azote dans des quantités 
minimes de matière organique, Lasseigne, 290. 
— Sur l'existence du soufre dans les plantes, Poti- 
teau, 484. — Sur la cire des fruits, Baudrimont, 
798. — Su: les phénomènes dus au contact, Reixel 
et Millon, 1608. 


S: 11 CHIMIE ANIMALE. 


Analyse chimique de la peau du ver à soie, Payen, 
865. — Sur la digestion et l'assimilation des corps 
gras, Bouchardat et Sandras, 1155. 


{. IV. CHIMIE LEGALE ET CHIMIE MÉDICALE. 


De l'essai de l’arsenic par le cuivre. Hugo- 
Reinsch, 266. — Sur l'absorption du sulfate de 
quinine et de la salicine, suivie des moyens de dé- 
couvrir ces subtances dans l’urine et dans le foie, 
Follin et Lannaux, 359. 


$: V. CHIMIE APPLIQUÉE. 


Application du procédé de M. le docteur Bou- 
cherie sur quelques arbres de la forêt de Compiègne, 
Poirson, 123. — Procédé de carbonisation pour 
déceler, duns les matières organiques, les poisons 
minéraux qui ont pour racine l’arsenic, l’antimoine, 
le plomb, etc., Gallier, 1#7.— Formation du sul- 
fate de baryte pour la peinture, 341. — Falsifica- 
lion des farines de graines de lin et de moutarde, 
438. — Extraction de la quinine et de la chincho- 
nine. Calvert, 508. — Extraction du principe actif 
du garou, Pleischls, 510.— Préparation de l’oxyde 
blanc d’anlimoine, 935. — Da campbre et de ses 
applications médicales et industrielles, 628-679- 
77%. — Préparation du peroxyde d'uranium, Ma- 
lagutti, 617. — Eleclro-chimie, argenture, perfec- 
tionnement apporté, Mourey, 751. — Examen des 
eaux de Vichy, 913-921-968. —Moyÿen de commu- 
uiquer à là févcule, sans le secours de la torréfaction 
ni des acides, la propriété de se dissoudre dans 
l'eau à 70°. Jacquelain, 9153. — Traité de chimie 
appliquée aux arts, Dumas, 939. — Sur l'emploi 
de l'acide nitrique pour rechercher l’iode dans les 
eaux minérales, Bonjean, 961. — Moyen de con- 
server les matières animales, Dusourd, 1010. — 
Décomposition de l’eau par le condensateur voltaï- 
que, 105%. — Sur l'analyse des eaux sulfureuses, 
Fordos et Gelis, 10 34.— Sur l’emploi du cyanure 
de potassium dans l’analyse chimique, Hailden et 
Fresenius, 1107-1129-1161. Sur la préparation 
de l'huile de roses. 41165. 


MATHEMATIQUES, 


Nouvelle méthode de génération et de discussion 
des surfaces du deuxième ordre, théorie des façades 
et des plans directeurs, Amiol, 53. — Mémoire sur 
l'histoire de l’arithmétique suivie d’une analyse de 
l'Abacus de Gerbert, Chasles, 148, — Note rela- 
tive à l'intégration des equetions linéaires, À. Cau- 
ehy, 411. — Démonstration d'un nouveau théo- 
rème de calcul intégral, 555. — Sur la substitution 
des plans topographiqnes à des tables numériques 
à double entrée; sur un nouveau mode de trans- 
formation des coordonnées, el sur ses app icalions 
à ce système de tables topographiques, Léon La- 
lande, 1084. — Déxcloppements de géométrie des- 
criplive, Olivier, 1105. — Nouvelle méthode de 
caleul pour déte:miner les longitudes par le chro- 
momètre, Vincendon Dumoulins, 1156. 


MÉCANIQUE ET SES APPLICATIONS. 


Note sur l'eau liquide mêlée à la vapeur dans le 
cylindre de machines à vapenr, Pambour, 823. 
— Appareils destinés à prévenir les explosions des 
chaudières à vapeur, Sorel, 865. 


CRITIQUE POLÉMIQUE. 


Un mot sur la bibliothèque royale, 191. — Deux 
réformes dans la médecine, 673. — Des attaques 
contre l'Université, Fraysse, 98%. — Sur la précau- 


tion d'un candidat à la chaire vacante au collége de 
France, 1153. 


TABLE DES MATIERES 
SCIENCES NATURELLES. 
QUESTIONS GÉNÉRALES. 


Théorie des Glaciers. Lettre de M. Agassiz à 
M. Humboldt, 5%.— Sur les glaces flottantes, 580. 
— Sur l'ige des plus grands glaciers des Alpes, 
Agassiz, 604. — Réfutation du système du traus- 
port des blocs erratiques sur des glaces universelles 
et observations relatives an transport de ces blocs, 
Fauverge, 634. — Sur la détermination exacte de 
la limite des neiges éternelles en un point donné, 
Agassiz, 198. — Sur quelques accidents volca- 
niques, 4111. 


I. Géologie. 
Û I. ROCHES ET TERRAINS. 


Sur la composition géologique des terrains qui 
en Siciles et en Calabre renferment le soufre ct 
le succin, À. Pailletle, 818. — Sur les rélations 
géologiques du Jade Nepbrite, Bertrand de Lom, 
1166. 


À. 11e ÉTUDES LOCALES. 


Sur les formations sédimentaires situées an nord 
d’Eisenak, Crener, 26. — Notice géognostique sur 
la Moravie, Glocker, 56. — Sur les produits plu- 
toniques stratifiés et non stratifiés du nord de lPAn- 
gleterre, Davide Williams, 76. — Description 
géologique de la plus grande partie du gouverne- 
ment de Pultawa, Golllieb de Blonde. — Note 
sur le gisement des diamants au Brésil, Lomono- 
soff, 150. — Sur les terrains diluviens des Pyré- 
nées, Collegua, 202. — Etudes des montagnes de 
la Thuringe, Credner, 245. — Sur le diluvium de 
la France, Fournet, 248. — Sur le phénomene 
erratique du nord de l’Europe, et sur les mouve 
ments récents du sol scandinave, Daubrée, 315. 
— Sur les sables tertiaires iuférieurs du bassin de 
Paris, 563. — Sur quelques empreintes à la surface 
de la couche à ossements du lias dans le Glouches- 
terkire, Strickland, 583.— Sur le système silurien 
de lAmérique septentrionale, Castelnau, 610, 
631, G61.— Recherches sur le minerai de fer pi- 
solitique et sur le déoloxide de manganèse hydraté, 
observés à Meudon, et sur.la paléonthologie du 
Bassin de Paris, E. Robert, 963. — Rapproche- 
ment entre les grès isolés de Fontainebleau et les 
glaces polaires, Eug. Robert, 990. — Études géo- 
logiques de la Finlande, 1045. — Description du 
département de l'Aisne, D’Archiac, 1056. — Sur 
le minerai de fer pisolilique et sur le deutoxide de 
mangauése hydraté, observés à Meudon. Sur la pa- 
léontholosie du bassin de Paris, &#. Robert, 106%. 
— Sur deux dépôts de lignites modernes, dans les 
bassins de Paris, Melesville, 1134. — Sur un acei- 
dent métamorphique, Bertrand de Lom, 1135. 


Métallurgie. 


Sur les dépôts métalhfères de la Suède, Daubrée, 
675. — Sur la ténacité et l’élesticité des alliages, 
Wertheims, 818. — De la production des métaux 
précieux au Mexique, Saint-Clair Duport, 826, 
870, 872, 942. — Exploitation des sables aurifères 
de Sibérie, Demidoff, 866. — Sur les principaux 
gites mélallifères de l'Italie, Amedée Burat, 9:0. 
— Mines de mercure coulant près de Rodez, Le- 
mery, 1060. 


Paléontologie. 


Mémoire sur les fossiles du mont Aventin, par le 
I. P. Pianciani, professeur au collége romain, 68. 
— Coquilles fossiles de Colombie, recueillies par 
M. Boussingault, À. D'orbigny, 221. — Sur le 
mode d'observation des végétaux ligneux, Under 
de Gralz 224. — Sur les carnassiers à Canines, 
comprimées et trauchantes dans les alluvions du Val 
d'Arno et d'Auverne, 583, — Débris trouvés dans 
la vallée de la Marne, Lalanne, 602. — Michoire 
d'un animal fossile, découverte à Issoudun, Du- 
vernoy, 963. 

Minéralogsic. 


Découverte de la plus grande pépite rencontrée 
jusqu’ à ce jour, Humboldt, 51. —Romaniste, nou- 
velle espèce minérale, Salomon, 57. — Description 
de l'arénico sidérite Du Frenoy, 58. — Mines 


d'or dans les indes, 77. — Remarques sur les dia- 
mants présentés par M. Lomonosolf, Arago, 97. 
Analyse de la marceline, Damour, 129. — Obser- 


valion de M. Arago relative à quelques taches 


noires dans les diamants, présentés par M. Lomono- 
soff, 195, — Sur la combus'ibihité du diamant, 
Guibourt, 243.— Cristallisution du l'æschynite, 
Deseloizeuax, 752. — lépite d'or natif, trouvée 
dans l'Oural, 849. — Gites et al'uvions aurilères de 
la Russie asiatiques, De Humbotdt, 1136. 


SCIENCES MÉDICALES. 
$: 1 PAYSIOLOGIE ANIMALE. 


Analyse d'une leçon de M. Milne Edwads, sur 
l’histoire des découvertes faites sur la circulation, 
80. — Recherches sur la quantité d'acide carbo- 
nique exhalé par le poumon, daus l'espèce humaine, 
Andral et Cavarrel, 101.— Sur les rapports de 
la structure intime avec la capacité fonctionnelle 
des poumons dans les deux sexes et à divers âges, 
Bourgery, 345. — Sur la constitution du sang et 
sur les effets de l'injection du lait dans les vais- 
seaux, Donné, 194. — Sur la digestion, Faudras 
et Bouchardat. 196. — Analyse d’une leçon de 
M. Milne Edwards, sur l'histoire des vaisseaux lim- 
phatiques, 203. — Sur la théorie positive de la 
fécondation, Constancio, 271. — De l'unité et de : 
la solidarité scientifiques de la physiologie, de l’ana- 
tomie, de la pathologie et de la thérapeutique dans 
l’étude des phénomènes de l'organisme animal, 
Jules Guérin, 340. — Analyse d’une leçon de 
M. Milne Edwards, sur lhistoire de la respira- 
tion, 342. —Expériences sur Ja fécondation, Pou- 
chet, 366. — ‘Jbservations sur l’engraissement des 
bestiaux et la formation du lait, Liebig, A1. — 
Note sur l’article du docteur Pouchet, sur la fécon- 
dation, Constancio, 516. — Sur les développe- 
mepts primitifs de l'embryon, Serres, 632.— Sur 
les développements primitifs de l'embryon, Serres, 
802, 829. — Influence de l’asphyxie, sur la sécré- 
tion de la bile, Bouisson, 895. — Sur un cas d’ar- 
rêt de développement observé chez une fille de 
trois à dix-huit ans, Dancel, 221.—Sur l'allantoïde 
de l'homme Serres, 1060. — Des fonctions des 
lobes thyroïdes des mammiferes et du corps thy- 
roïde dans l'espèce humaine, Maignien, 1086. — 
Observations sur la communication de M.Serres, au 
sujet de l’allantoïde de l'homme, Velpeau, 1104. 
— Sur le developpement de l'homme, Æoste, 
115. : 

À. 11. ANATOMIE. 

Procédé de Doyère pour injecter les vaisseaux 
capillaires, 84. — Nouvelles recherches sur Pana- 
tomie du cervelet, Forville, 174. — Sirop de dex- 
trine employé comme agent de conservation des ca- 
davres, Cornay, 243.— Sur la structure de l'utérus, 
Jobert, 340. — Nouvelle méthode de préparations 
anatomiques, ‘753. — Conservation des substances 
animales pour les préparations anatomiques, Bal- 
dacconi, 850. — Sur la strûciure et le mode d'ac- 
tion des villosités intestinales, Lachauchie, 914. — 
Recherches sur l'anatomie et les fonctions des villo- 
sités intestinales, l'absorption, la préparation et la 
composition organique du chyle dans les animaux, 
Gruby et Delafond, 1010. 


f. 111. ANATOMIE COMPARÉE. 


Sur la structure intime des os à l'état naturel 
L. Mandi, 29:59.— Observations sur ce mémoire, 
Doyère, 150.— Remarques sur le sternum du Di- 
delphis virginiana, Eudes Deslongchamps, 418. 
Sur la disposition de l'encéphale chez certains sin- 
ges, Leurele 

= À. IV. ANTROPOLOGHE. 

Sur les cagots, Guyon, 317. 

Ÿ. V. PHRÉNOLOGIE. 

Aperçu historique, 28. — Des aliénés, des idiots, 
crâne de Soufilard. — Types de meuririers, tête de 
Lacenaire, un mot sur les condamnés des b:gnes. 
Conclusion, Thenot, 108. — Nouvelles observa- 
tions, 248. 


. VI. FATHOLOGIE ANIMALE. 


Sur les symptômes et la marche de l'inflammation 
des os, Gerdy, 385. — Recherches expérimentales 
sur la formation des anévrismes traumatiques, Amus- 
sat, 3S7. — Sur uue altération vermineuse du sang 
d'un chien, déterminée par uu grand nombre d'he- 
matozoaires du genre filaire, {ruby et Delafona, 
593. — Recherches expérimentales sur la formation 
des cicatrices artérielles et veineuses, Amuss@{, 489. 


— Recherches sur l’action délétère du sang noir, 
Leroy d'Etiolles, 568. — Sur la formation gan- 
glionnaire des nerfs de la vie organique et de la vie 
animale, Serres, 682. 


(. vrr. MÉDECINE. — CHIRURGIE. 


Blessés des 15 et 16 septembre à Barcelonne, 7. 
— Constitution régnante, 79. — Recherches sur 
les maladies de la rate, sur les fièvres intermittentes 
et sur le traitement des unes et des autres, Piorry, 
400. — Del'exiraction de l’astragale dans certaines 
lésions du pied, Rognella, 292. — Sur l'emploi de 
la pâte arsénicale pour le traitement local du cancer, 
Manec, 322. — Sur la diathèse et la dégénéres- 
cence cancéreuse, Leroy d’Etiolles, 338. — Sur 
Ja résection de la mâchoire inférieure, Begin, 340. 
Sur la formation des cicatrices artérielles et vel- 
neuses, Amussal, 341. — Sur la flamme à petites 
dimensions, employée contre la douleur, la débilité, 
la torpeur, L. Gondrel, 396. — Sur les cavités 
closes de l'économie animale et sur le traitement 
chirurgical des hydropisies, Pelpeau, 409. — Sur 
la réduction des herui:s étrauglées, Amussal, 410. 
— Méthode hémospasique du docteur Junod, 490, 
— Opération pour enlever les taches de la cornée, 
Malgaigne, 605. — Double luxation des vertèbres 
cervicales, Guyon, 651. — Fracture du tibia, 
Guyon, 676. — Traitement du cancer, Tanchon, 
671. — Nouvelle méthode d'injection, Lignerolles, 
7214. — Sur un phénonène produit sur un malade 
de paralysie par un courant électrique très faible, 
Matteuci, 718. — Nouvel appareil à fractures, 
Baudens, 916. — Curabilité de la phthisie, Pe- 
reyra, 1009. — Sur la cataracte noire, Magne, 
4057.— Guérison du bégayement, Jourdan, 1058. 
— Id., Colombat, 1106. 


Û. vrn1, PHARMACOLOGIE, 
De l’urgence d’une réforme pharmaceutique, 896, 


945, 970. 
f. 1x. MÉDECINE LÉGALE. 
Sur Pinfanticide, 398. 
f. x. TOXICOLOGIE. 


L'arsenic employé comme remède sans empoison- 
nement de la pleurésie chronique chez les moutons, 
Magendie, 50. — Sur l’action de l'électricité dans 
les cas d’empoisonnement par la strychnine et la 
brucire, Ducros, 51.— Empoisonnement par l'acide 
prussique, Orfila, 112. — Empoisonnement par 
l'acide cyanhydrique, Orfila, 133. — Emyoison- 
nement par le sublimé corrosif, guéri par le proto- 
suliure defer, Orfila, 221. — De l’empoisonne- 
ment par l'acide arsénieux, Chatin, 250. — Cours 
de M. Orfila, 439, 466, 484, 513, 557, 565, 584, 
613 ‘ 


BOTANIQUE. 
Sur l'ivoire végétale, Morren, 808, 
PHYSIOLGGIE VÉGÉTALE. 


Sur la tendance des tiges vers la lumière, Payer, 
34. — Recherches sur l’action des sels ammonia- 
caux sur la végétation, Bouchardat, 2%. — Sur le 
mode et les circonstances de développement d’on 
végétal microscopique dans les liquides albumineux, 
normaux et pathologiques, Andral et Gavarret, 
25u, 268, 300. — De l'influence qu’exercent sur la 
végétation des plantes et la germination des graines 
les rayons solaires transmis à travers des verres de 
couleur, Zantédeschi, 704.— Sur la tendance des 
tiges vers la lumière, Dulrochet, 992. — Recher- 
ches anatomiques et physiologiques sur quelques 
végétaux monocotylés, Mirbel, 1057. — Sur la fé- 
condation du p-llen conservé, Haquin, 1088. — 
Observations sur les recherches anatomiques et phy- 
siologiques sur quelques végétaux monocotylés de 
M. Mibel, Gaudichaud, 1153. 


BOTANIQUE PROPREMENT DITE, 


Sur le silphion des Grecs, le silphium ou le laser- 
pitium,des Latins, Guyon, 492, 542. — Sur la tribu 
des pradaxinées et fondation du nouveau genre Gy- 
rophragmium, Montagne, 779. — Flore de la 
Vienne, Delaltre, 10.7. — Sur un nouveau genre 
de la famille des Hépatiques, Bory de Saint-Vin- 
cent et Camille Montagne, 1033. 


CHIMIE VÉGÉTALE. 


Formation et développement de la cellulose pen- 
dant le cours de la végétation, Mérbel et Payen, 


® 


DU i:" SEMESTRE DE 184.3 


98. — Note sur le nectar des fleurs, Braconnot, 
154. 
Foologie. 
Û. 1. MAMMIFÈRES. 


Sciurus volans, 216. — Sur le tapir-pinchaque, 
J. Gounot, 523. — Notice sur les cochons à pen- 
deloques, variété ou monstruosité du cochon domes- 
tique, Eudes Deslongchamps, 443. Sur les singes 
américains composant les genres Nyctipihtèque, Jai- 
miris et Callitriche, Isidore Geoffroy Saint-Hi- 
laire, 963. 

Û. 17. OISEAUX. 


Index ornithologique, Lesson, 13, 36, 60, 295, 
353, 346, 588, 721, 1067, 1087. — Description 
de trois nouvelles espèces d'oiseaux-mouches, Jules 
Bourcier, 176.— Quelques oiseaux nouveaux ou 
peu connus de la Colombie, De Lafresnaye, 705. 
— Oiseaux=mouches nouveaux ou mal connus, 
J. Bourcier, 129. — Nouvelle espèce d'oiseau, le 
Cal'yrhynque du Pérou, Lesson, 850. — Nou- 
velle espèce de perroquet de la mer du sud, Lesson, 
922, 947. — Oiseau-mouche Hélène, Deluttre, 
991. — Oiseaux-mouches nouveaux ou peu connus, 
déconveris à Griatimala, Delaltre, 1068. —Mœurs 
du couroucou pavonin et détails sur les contrées qu'il 
habite, Delattre, 1112. 


Ô. 111. REPTILES. 


Nouvelle espèce de Seps supposé être le Jaculus 
des anciens, Guyon, 898. 


Ô.1V. MOLLUSQUES ET COQUILLES, INVERTÉBRÉS. 


Recherches relatives à des animaux invertébrés 
faites à Saint-Vaast-la-Houge, Quatrefages, 85. 
— Sur des coquilles vivantes, mais jusqu’à ce jour, 
connues seulement à l’état fossile, et retirées du 
fond de la mer au moyen de draguages faits par 
M. lorbes, 254 — Considération sur la station 
normale comparative des animaux mollusques bival- 
les, À. D'Orbigny, 411. — Sur l’éolidine para= 
doxale, Quatrefages, 1040. 


. v. INSECTES, ANNÉLIDES, CRUSTACÉS. 


Sur une nouvelle espèce du genre drilus, Lucas, 
11. — Sur les vaisseaux biliaires ou le foie des in- 
sectes, L. Dufour, 151. — Mœurs, développe- 
meut et mélamorphoses de la caridina dumaretii, 
Milne Edwards, 326. — Sur quelques insectes 
ob.ervés pendant l’éclipse de soleil du 8 juillet, À. 
Villa, 541. — Nouveau genre d’orthoptères de la 
famille des mantides, Guenèin-Menneville, 569. — 
Sur la ligidie de Persoon. Lereboullet, 960. — Sur 
les métamorphoses de la porcellana longicornis et 
description de la zoé qui est la larve de ve crustacé 


Félix Dujardin, 1139. 


$: VI. ZOOPHYTES , INFUSOIRES, 
MYCROSCOPIQUES. 


Sur un nouveau genre de médullaires, prove- 
nant de la métamorphose des syncorynes, Du- 
jardin, 1070. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS INDUSTRIELS, AGRICOLES. 
Û. 1. ARTS MÉCANIQUES. 


Machine à forger, Ryder de Bolton, 178. — 
Modification aux machines à fabriquer le papier, 
T. Sweelapple, 178. — Procédés employés dans 
la fabrication du papier de tenture pour obtenir, à 
peu de frais, de grandes figures coloriées, 231, — 
Machines à vapeur sur les établissements affectés 
à leur construction, Calla, 276, 307, 367,398, 420, 
447. — Pièce d’horlogerie indiquant les millièmes 
de seconde, 330. — Nouvelle locomotive de M. Ste- 
phenson, 494. — Filatures anglaises, Manchester, 
591. — Sur l'action de la vapeur dans les machi- 
nes, principalement dans celles d'épuisement usitées 
dans le comté de Cornwall Combe, 151, 754. — 
Nouveau procédé pour rouir le chanvre et le lin 
sans aucune insalubrité, Rouchon et Gisquet, 962. 
Moÿens de peigner et de préparer les matières fila= 
menteuses, Smith et Buchanan, 916. — Foulon à 
percussion pour le dégraissage et le lavage des draps, 
1042. — Machine à faire des biseaux sur des 
planches de cuivre, 1074. — Voiture pour l'en- 
rayage ct le dételase des chevaux, Fusz, 1106. 


à 
j. 


V 


$: 11. ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Nouveaux procédés de fabrication du fer, au 
moyen du gaz des hauts fournaux, 115. — Progrès 
de la fabrication du fer à l'anthracite, en Amérique, 
Johnson, 153. — Moyen de recouvrir les surfaces 
métalliques, Tatbot de Laycoock-Abbey, 207. — 
Action de l'air et de l’eau sur le fer, Mallel, 275. 
— Nouveau système des chaudières des brasseries 
belges de Louvain, La Cambre et Persac, 369.— 
Modifications dans la structure du fer après sa fabri- 
cation, Hood, 370. — Nouveaux moyens de fabri- 
quer le fer, Meckenheim, 548. — Sur les modifi- 
cations dans la structure du fer après la fabrication, 
Charles Hood, 617, 664. — Sur l’état présent et 
à venir de la houille et du fer dans la Grande-Bre- 
tagne, 780. — Machine pour faire les clous de fer 
à cheval, 834. — Application du gaz des hauts 
fourneaux aux traitements métallurgiques, 873. — 
Gravures en relief sur métaux par un nouveau pro- 
cédé, 913. — Fabrication des matrices pour estam- 
per, Baggaly e Sheffield, 924. — Sur la forme 
des essieux des locomotives et de la qualité des fers 
qu’il convient d’y employer, 973. — Essieux pour 
chemin de fer, 996, — L'acier, 1044. — Grille- 
chaîne sans fin pour les foyers, Jobard, 1115, — 
Moyens de fabriquer et d'affiner immédiatement le 
fer, W. Clay. 4169. 


Ô. 111. ART PYROTHECNIQUES. 


Sur les effets de la force expansive de la poudre 
dans les mines et les armes à feu, Plazanet, lieu- 
terant-colonel du génie, 16. 


f. 1V. CONSTRUCTIONS. 


Édifices à l'épreuve du feu, Dyer, 156. — Mai- 
sons en bois, 925. — Bureaux à l'épreuve du feu, 
Cubit, 994. 


(3 V. ARTS CHIMIQUES. 


De l’emploi du sulfate acide d’alumine artificiel 
dans la teinture et l’impression des matières anima— 
les et végétales, 6%. — De l'emploi du naphte en 
Perse, comme matière éclairante, 90. — De l'emploi 
du suifate acide d’alumine artificielle dans lateinture 
et l'impression des matières animales et végétales 
(2e art.), 137. — Du tannage mécanique et de ses 
perfectionnements récents, 298, 273, 327. — Pro- 
cédés d’impressions en creux et en couleur sur cuir 
et sur peau, Bazin, 352. — Application des cou= 
leurs sur les cristaux dans lesquels il entre du plomb, 
Robert, 511, — Carton imprégné de divers oxi- 
des et destiné à remplacer les cuirs à rasoir, Finot, 
372. — Sur les moyens de reconnaître la présence 
de l’acide sulfureux dans les produits du commerce, 
Fordos et Gélis, 468. — Éelairage à l'alcool, 
Emile Castelnau, 546. — Emploi du mactura au- 
rantiaca à la teinture, le docteur Mierques, 570.— 
Moyen d'imprimer les étoffes, Kent Kingdon, 571. 
Moyen de coller les papiers, Midleton, 589. — En- 
collage des chaînes pour tissus, Andrew, 590. — 
Préparation d’un jaune chrôme jonquille, Winter- 
feld, 109. — Falsification de la cochenille, 757, — 
Colle végétale, Jefferg, 834. — Perfectionnément 
dans la fabrication des chandelles, Palmer, 851.— 
Procédé pour le blanchiment, la purification et le 
raffiuage des suifs et autres matières organiques 
grasses, Watson; 899, — Nouveau procédé de fae. 
brication du blane de céruse, Gannal, 915. — Fa- 


. brication d’un combustible artificiel, Æur{z, 948. 


— Sur l'éclairage par les huiles essentielles de 
houille, de schiste, etc., Busson du Mouriez et 
Rouen, 962. — Sur la paille de mil comme sub- 
slancé colorante, Sch/umberger, 996. — Histoire 
de l'opération de teinture, 1024, 1074, 1089. —- 
De l'emploi du gaz comme combustible, dans les 
foyers industriels, Thomas et Laurent, ingénieurs, 
1115. — Nouveaux moyens de dorer et d’argenter 
au trempé, Level, 1142. 


Ê. VI. ART. TYPOGRAPHIQUE. 


Procédé pour obtenir par la pression sur du cui - 
vre métallique des copies de médailles et d'autres 
objets semblables, Osann, 373. 


{. VII. CHEMINS DE FER, BATEAUX ET MACHINES 
A VAPEUR. 


Des accidents sur les chemins de fer, de leurs 
causes et des moyens de les prévenir, Locart, 292. 
— Bateau à vapeur à roues, à aubes horizontales et 
noyées, Fauloy, 583. — Locomotive fonctionnant 
avec deux fois moins de combustible que celles ordi- 


V1 
paires, 782: — Sur les explosions des machines à 
vapeur, Sorel, 714. 

Ê. vi1r. EXPOSITION DE L'INDUSTRIE. 


44e exposition des produits de l’horticulture, 
192, 877. 
Ÿ. IX. ECONOMIE INDUSTRIELLE. 
Procédé pour préserver les puits des mines de 
certains gaz irrespirables, 782, — Nouvelle dispo- 
sition des bassines de sucre, 835. 


Ÿ. X. ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 

Nouveau procédé pour la salaison des viandes, 
Payne, 980. — Conservation des substances ali- 
mentaires, J. @., 472, 496, 571, 618. — Système 
raisonné des prises d'air et des bouches de chaleur 
des poëles et des calorifères, Darcer, 636.—Eclai- 
rage par l'alcool, 544. 


AGRECULEURE. 
Ê. 1. QUESTIONS GÉNÉRALES. 


Notice sur le chène de Saint-Jean dans la forêt 
de Compiègne, Potrson, inspecteur des forêts de 
la couronne, {8.— Sur la variété du blé, dit de 
Sainte-Hélène, D'Hombres, 37. — Considérations 
sur les céréales et principalement sur les froments, 
Loiseieur de Lonchamps, 89. — De l'époque la 
plus favorable pour la récolte des froments, le 
mème, 118, 157. — De la faculté germinatuive du 
froment, 458, 179. — De l'agriculture dans 
l'ouest de la France, Leclairc-Thouin, 193. — 
culture du mürier-loup, 208. — Culture du coton 
dans le midi de la France, 215. — De la conser- 
vation des blés, 256. — Industrie vinicole, le 
comte Odart, 422. — De l'amélioration des prés, 
Félix Villeroy, 449. — Culture du cotonnier dans 
l'Hérault, 592. — Préparation de la semence de 
froment, pour préserver celui-ci dela nielle, 620. 
— Cultures des sols calcaires. 588. — Considéra- 
tion sur l'agriculture de la Sicile, le doct. Cuppar, 
783. — Considération sur les céréales, Loiseleur 
de Longchamps, 853. — Engrais, expériences sur 
le guano, 950. — Du micocoulier et de ses usages, 


D'Hombres Firmain, 1021. 
f. 11. INSTRUMENTS AGRICOLES. 


Brouetle composée ou brouette jardinière, 594. 
— Nouvelles pierres artificielles pour aiguiser les 
Fauls, Bossin, 904. — Nouveau grefloir, Berge- 
vin, 998. 

$. 111. ÉCONOMIE AGRICOLE. 


Sur lagriculture de l’ouest de la France, considé- 
rée spécialement dans le département de Maine-et- 
Loire, 209. — Du topinambourg comme nourriture 
des bestiaux, 232. — Essai sur la croissance des 
arbres, D'hombres-Firusac, 281, 306, 331. — 
Considérations sur les sevheresses qui affligent les 
cantons élevés dans les années où les pluies sont 
rares et sur les moyens d'y remédier, Loiseleur de 
Longchamps, 353. — Engrais liquides, 374. — 
Comparaison des bœufs avec les chevaux. 373. — 
Nourriture des moutons avec du pain, Hermann 
de Lockalelli, 687. — Sur la cire des abeilles, 
Lewy de Copenhague , 158. — La carie du fro- 
ment, 879. — Maitre Jacques Bujault, 902. — 
L'ergot du seigle, 926, — De quelques engrais et 
de leur emplois Tourbe, 1091. — Vase-boue des 
rues, Sables coquilles, 1118, — Chaumes des 
trèfles. 1443. 


Û. 1V. ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Éducation des animaux domestiques, Teæier, 
181.— Races chevalines orientales, Hamont, 277. 
— Méthode orthopédique pour le redressement des 
cornes des taureaux et des génisses, Lassarade, 
516. — Concours pour un prix relatif à la phthisie 
pulmonaire sur le gros bétail, 689. — Fièvre 1y= 
phoide chez les animaux, 784. — Les races de 
chevaux ct de bœufs de l’Anjou, Leclerc-Thouin, 
1045, 1092, 1119, — Sur l'aptitude des juments 
et des pouliches à disputer les prix des courses, 
De Romanet, 1105. — Influence de la douceur 
envers les animaux, Magne, 1144. 


À. vr. ENTOMOLOGIE AGRICOLE. 


Nouveau moyen pour détruire les insectes, 47. — 
Histoire du thrips olivarius, le vicomte de Thury, 
259. 

Û. V. MAGNANERIES. 


Sur quelques progrès de l’industrie séricicole en 


| Cambessède, 4. 


TABLE DES MATIERES 


en 1842, 500. — De la muscardine Felice-Amalo 
Duboin de Turin, 519. — Sur les moyens d'ap- 
précier Ja pureté de l'air dans les magnanneries, 
Robinet, 879. — Nouveau système de filature des 
cocons, 90. 


À. VI. MEDECINE VÉTÉRINAIRE. 


Emploi de l'arsenic à haute dose pour le traite- 
ment de la pleurésie chronique chez les moutons, 
— Sur l’angine gangréneuse , 
Rigal, 32. — Sur l'acide arsénieux considéré 
comme remède chez les animaux domestiques, Ro- 
gnelta, 52. — Note de MM. Danger et Flandin au 
sujet de l'emploi de l'arsenic chez la race ovine, 
52. — Rapport de M. Magendie sur la même 
question, 50. — Nouvelle note de MM. Danger et 
Flandin à ce sujet, 99. — Maladie analogue au 
hoquet de l'homme observée sur un cheval, Palu, 
182. — Tumeurs du mésentère et des valvules tri- 
cuspides du cœur, Thomas Mather, 213, 291. — 
Addition au mémoire de MM. Danger et Flandin 
sur l’arsenic, 388. — Sur le tournis des moutons 
et sur l'æstre qui le produit. 927. 


HORTICULTURE. 


Quelques nouveaux détails sur l'origine du Pau- 
lowsnia imperialis, Bossin, 213. — Greffe du 
châtaigner sur le chène, 258. — Notice sur les 
dablias, Bossin, 309, 333. — Importance de lé- 
chenillage, 335. — Taille de formation pour les ar- 
bres fruitiers dans les pépinières, 378. — Culture 
des gladiolus à l'air libre, 379. — Observations sur 
la théorie de Van Mons, Loiseleur de Longchamps, 
400. — Modifications à la taille du pêcher, Pa- 
quel, 423. — Culture des fougères, Neumann, 
470, — Considérations sur les pivoines en arbre, 
His, 498. — Système de plantation de pins et de 


| sapins, 518. — Sur la taille du mürier, Richard, 


640. — Sur la récolte des graines, Joubert, T09.— 


| Appareil du sieur Lecoq pour faciliter la reprise des 
| boutures, 756. — Sur les cultures florales de quel- 


ques villes de France, Bossin, 952, 978. — Un pa- 
lais pour les fleurs, 954. — Nouveau greffoir-Ber- 
gevin, 998, 


SCIENTES HISTORIQUES. 


f. 1. FAITS GÉNÉRAUX. 


Cabinet archéologique de M. de Comarmond, à 
Lyon, Ernest Falconet, 693. 


Ô. 11. PHILOSOPHIE, LINGUISTIQUE; 
PHILOLOGIE, 

Essai de psychologie empirique pour servir de 
base à une symptomatologie de la folie, Par- 
chappe, 245. — Classification des racines chi- 
noises, 669. — Essai d’une grammaire des îles Mar - 


| quises, Lesson, 859, 909, 981, 1002, 1051. 


(. 11. HISTOIRE. 
Les gloires de la France, — Godefroy de Bouil- 


| Jon. — Suger. — La reine Blanche. — Madame de 
| Sévigné, 460. -- Recherches historiques sur la 
| perspective, Thenot, 521, 762, 908. — Note sur 


les druides, Constancio, 1006. — Un mot sur les 
populations anglaises de l'Afghanistan, 1122, — 
Recherches archéologiques sur le Crotoy, Labourt, 
1149. 

Û. 1V. ÉCONOMIE SOCIALE. 

Question des sucres, C. B. Fraysse, 254. — 
Question vinicole, le même, 325. — De l’industrie 
des sucres, 348. — Un mot sur le mémoire de 
M. Léon Faucher, relatif au système monétaire, 
Constancio, S11. 


Û. v. MANUSCRITS, MINIATURES ; CARTES, AU- 
TOGRAPHES ; CHANTS ANCIENS, LIVRES IM- 
PRIMÉS RARES. 

Lettre inédite de Linné, 759. 
Û. vI. MONUMENTS ANCIENS, RUINES. 


Sur une brique de l'ancienne Babylone, Dureau- 
Delamalle, 410. 


Ê. VI. MONUMENTS GRECS. 


Sarcophage antique et frise du temple de Diane à 
Magnésie, apportés en France par les soins de 
M. Texier, 1079. 


Ê. VIII. MONUMENTS ROMAINS. 
Sur la distribution, la valeur et la législation des 


eaux dans l’ancienne Rome, Dureau-Delamalle, 
495, 475, 


$. IX. MONUMENTS DJ MOYEN-AGE 


Sur les édifices les plus remarquables du départe- 
ment de la Sarthe, 19, 65. — Canton de Saujon, 
arrondissement de Saintes, Lesson, 141, 162, — 
Habitation de larchitecte Philibert de Lorme, 
C. Grouet, 185. — Canton de Cozec, arrondisse- 
ment de Saintes (Charente-Inférieure), Lesson, 237, 
— Canton de Gemozac, Lesson, 284, — Canton 
de Gemozac, 311, 557, 382, 597. — Canton de 
Saintes, 620, 837, 950, 956, 1121, 1170. — Sur 
l'architecture du moyen âge dans le Forez, l'abbé 
Roux, 549.— Notre-Dame-des-Miracles, à Mau- 
riac, Delalo, 862. 


f. XII. MUSÉES , COLLECTIONS. 

Acquisitions d’antiques pour le musée de Dijon, 
792. — Rapport sur la collection de madame de la 
Sayette, de la Sicotière, 1076. 

(. XIV. SÉPULTURES, MOMIES. 

Sépultures antiques à Quatre-Mares, A. Deville, 
718.— Nouvelles découvertes de cercueils à Quatre- 
Mares, 787. — Tombeau de Pétrarque, 1103. — 
.$ XV. USTENSILES , MEUBLES SACRÉS ET PRO- 

FANES, VÉTEMENTS. 
Notice sur les calices depuis l'établissement de la 


religion chrétienne, Barraud, 41. — Palenes, 
68. 


$. XVI. BIJOUX, ORNEMENTS ANTIQUES, 
DIVERS, 
Costumes, ornements et décorations du moyen 


âge depuis le 7° siècle jusqu'au 178, Henry Schaw, 
645. 


Û. X. FOUILLES ET DÉCOUVERTES. 


Fouilles du château Gaïlard dans lParrondisse- 
ment du Hävre, Pabbé Cochet, 261. 


GEOGRAPHIE. 
Ô. 1. QUESTIONS GÉNÉRALES. 


Sur les cartes en relief de M. Bauerkeller, Jo- 
mard, 427. 
$. ir. EUROPE. 


Défrichement du lac Haarsem, en Hollande, 188. 
— La Valachie, 669, 742. 


f. 1. AFRIQUE. 


Résultat des voyages à la découverte des sources 
du Nil-Blane, 20. — Sur les pays limitrophes de la 
Nubie et du Sennaar, Gautier d'Arc, 45. — Car- 
thage, 94, —- Ruines de Carthage, F. Flachènaker, 
476, 525, 551, 515. 

$. 1Y. AMÉRIQUE. 


Sur un nouveau projet de canal à travers l'isthme 
de Panama, Warden, 119. — Notice sur le Yuca- 
than, 406, 503, 599, 623, 646, 717. — Séjour aux 


| îles Marquises en 1840. Lesson, 764, 738, S13. — 
| Voyage en Californie, Duflot de Mofras, 883, 


931. — Voyage dans le Chili et à Cusco, Claude 
Gay, 1029, 1078, 1100, 1171. 
f.xr. VOYAGES SCIENTIFIQUES. 


Extrait des souvenirs de voyage dans l'Italie sep- 
tentrionale, le baron d'Hombres Firmas, 693.— 
Voyage dans le Chili et à Cusco, patrie des anciens 
incas, Claude Gay, 957. Voyage de la Danaide, 
983. 

STATISTIQUE. 

Sur les développements de la Caisse d'épargne de 
Paris et leur influence sur la population parisienne, 
C. Dupin, 70. — Population de la Belgique, 384. 
Statistique des individus atteints de folie en Angle- 
terre, 527. — Statistique des bibliothèques de 
France et de Paris. 4007. 


Etablissements publies. 
SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE. 


INSTITUT DE FRANCE. 


Séance annuelle, 769, 793. — Prix décernés : 
prix de phylologie comparée à M. Lafaye, 769. — 
Prix proposé, 170. — Sur l’origine du Boudhisme, 
Burnouf, 793. — Notice sur la vie et les ouvrages 
de Nicolas Poussin, Raoul-Rochette, 193. — Sur 
là polygamie en Orient, Blanqui, 795. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séances ordinaires, pages 1°, 49, 99, 145, 241, 
289, 385, 409, 457, 505 553, 601, 647,675, 721, 
8 17,863, 9L0, 960, 1008, 1056, 1104, 1153. 

Nominations : Nominations de M. Audral, 241. 
— De M. Rayer, 299. — De M. Hansen, membre 
correspondant, 339. — Nomination de M. Lamé, 
409. — Nomination de M. Henry Roze,-chimiste 
de Berlin, en qualité de membre correspondant, 457. 
__ Nomination de M. Velpeau, 601. — Nomina- 
tion de M. Langier, 1056. 

ACADÈMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance annuelle, 999. — Séances ordinaires, p. 
58, 49, 92, 97, 138, 193, 255, 283, 336, 555, 
404, 452, 501, 549, 595, 643, 668, 712, 760; 
810, 857, 907, 954, 1850, 1096, 1147. — For- 
mation du bureau, 92. ; 

Prix proposé : de la certitude. Sujet proposé 
pour le concours de 1846, par la section de phylo- 
sophie, 857. — Prix proposé pour 1844 et 1845, 
999. 

Nominations : De M. Duchatel, 38. — De 
M. Williams Senior. 482. 

Compte-rendus des communications. — Sur la 
condition légale des débiteurs à Rome, Gyraud, 
38, 501, 349. — Sur le travail et la condi- 
tion des enfants employés au liavail des mines en 
Angleterre, Villermé, 92, 138.— Sur le contrat de 
société civil et commercial, Troplong, 93, 139, 
183. — Deplacement de la population de Paris, 

. Benoiston de Châteauneuf, 255. — Des pouvoirs 
éminents des papes, Berryat Saint-Prix, 236. — 
Sur les aliénés, les sourds muets et les aveugles des 
Etats-Unis, Ramon de la Sagra, 256. — Biblio- 
graphie de Spinosa, Damiron, 283. — Réfutation 
de la doctrine de Broussais, Dubois d'Amiens, 
283, 356, 353. — Notice sur Néron, Nodel, 556. 
— Sur la politique de Louis XI, Michelet, 355. — 
Sur les mœurs et le langage des habitants de la 
Bretagne, Villermé, 356, 405. — Sur les recense- 
ments en Amérique, Vüllermé, #04. — Sur la lé- 
gislation douaniaire de la France avant Colbert, 
Wolowski, 432. — Budjet romain sous le règne 
d’Auguste, Dureau de la Malle, 595. — Lettres 
inédites du père André, Cousin, 643, 668. — Sur 
la population de la Grande Bretagne, De Chäteau- 
neuf, 64%. — Caractère de la domination romaine 
dans la Gaule et la Grande Bretagne, Bonnechose, 
645. — Sur la colonisation de l’Algerie, Enfantin, 
72. — Sur l'or et sur l'argent, comme étalons de 
la valeur, Léon Fauché, 712, 161. — Observa- 
tions sur le Mémoire de M. Faucher, Moreau de 
Jonez, 810. — Sur la théorie de la raison imper- 
sonnélle , Boudllé, 810. — Histoire de la législa- 
tion‘ancienne en Auvergne, Bayle Mouillard, 858. 
— Sur le pouvoir municipal dans les provinces du 
Midi, et sur les sources de l’histoire de la ville de 
Strasbourg, Giraud, 907. — Sur l’agriculture de 
la Bretagne, De Chäleauneuf, 907. — Sur les 
coutumes de Pretagne, (riraud, 955. — Eloges de 
Daunou, Mignet, 1001. — Examen de quelques 
reproches adressés aux tendances industrielles de 
notre époque, Dunoyer, 1050, 1096. — Sur 
les avantages commerciaux à la suite des traités 
faits entre la Chine et la Grande Bretagne, Blanqui, 
1147, — Notice sur Barnave, Beranger, 1148. 


ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES- 
LETTRES. 

Nomination de M. Ampère, 47. 

SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT. 

Séances, 86, 177, 347, 445, 545, 636, 686, 
107, 810, 994, 1088. 

Nomination : M. Philipart en remplacement de 
M. Soulange-Bodin, 177. SRE 

Prix proposés : prix de 2000 fr, pour la théorie 
et la pratique des assurances de tout genre, 178, 
972. — Pour un moyen de rendre l'alcool im- 
propre à entrer dans les boissons usuelles, 545. — 
Prix de 2000 fr. pour le moyen de rendre l'alcool 
impropre à entrer dans les boissons; pour la cul- 
ture des plartes nouvelles, 708. 

Prix décernés : à M. Vaudoyer et Valadon, 545. 
— Duval, Boulard, pour les moyens de prévenir 
l'humidité dans les constructions, 546. — Tesson 
et Pinon, pour la construction des creusets, 546. 
— Fauger et Henry Richelot sur les associations al- 
lemandes, 656. 


DU 1 SEMESTRE 1843. 


Comptes-rendus : Sur des tableaux représentants 
des objets industriels, exécutés par Knab, À. Du- 
rand , 81. — Sur une machine pour tailler les 
bouchons de liése, Cassa, 87. — Sur le concours 
relatifs à l'introduction en France des plantes exo- 
tique, Leclerc-Thouin, id. — Nouveau manomètre 
de M. Thomas, 177. — Procédés de M. Aubert, 
pour recouvrir la perkaline, les ouvrages brochés 


ou réliés, 177. — Sur l’industrie sucrière, 272. | 


— Lévier frain de M. Huau. — Observations au 
sujet de la loi présentée sur les brevets d'invention, 
Franceur, 347. — Rapports sur les résultats du 
concours relatif aux perfectionnements des arts cé- 
ramiques, Gauthier de Chaubry, 445. — Sur la 
fabrique de fer creux de M. Gaudillot, 446.— 
Sur le dégorgement des sangsues, Husard, 446. — 
Sur l'héliostat de M. Sibermann, Seguier, 446. 
— Rapport sur le résullat du concours pour moyens 
de prévenir l'humidité dans les constructions, 
Gourtier , 545. — Rapport sur la fabrication des 
creusets, 546. — Rapport sur la rédaction d’un 
Mémoire relatif aux douanes allemandes, 546. — 
Marbres artificiels de M. Maurin, 686. — Sur la 
mature du frein dynamométrique de M. Martin 
et Reymondon, 686. — Compas à étipse de Volo- 
awilz, 686. — Figures en carton pour donner les 
reliefs de certains corps géométriques, Dupin. — 
Machine à écrire pour les aveugles, 686. — Bar- 
rage mobile de M. Thenard, 687. — Perfection- 
nements du mécanisme des treuils, Huan, 809. — 
Rapport sur les procédés de M... Sajon, pour les 
dessins de tapisserie analogue à celle de Berlin, 
Vallot, 994,—Echelle équerre, Chaussenot, 1089. 


SOCIÉTE DE GEOGRAPHIE. 


Séance générale et annuelle, 45, 840, 861. — 
Rapport sur les prix proposés, 851. 


SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE. 


Composition du bureau, 102. — Séance extraor- : 


dinaire à Poitiers, 1127. 


SOCIETE ROYALE DES ANTIQUAIRES. 
Séances, 102, 408, 503, 767, 1151. — Formae 
üion du bureau, 102. 
SOCIETE FRANÇAISE POUR LA CONSERVA- 
TION DES MONUMENTS. 

Séances ordinaires, 140.— Prix décernés, 141. 
SOCIETE POUR LE PATRONAGE DES JEUNES 
GARÇONS. 

Fondation de la société, 512. 
SOCIETE ROYALE ET CENTRALE 
D'AGRICULTURE, 


Séances, 733. — Prix décernés, 733. — Prix 
proposés pour 1844, 73%. — Pour 1845, 735. — 
Pour 1846, 735. — Pour 1848 et 1850, 756. 


INSTITUT HISTORIQUE. 


Neuvième congrès. Programme des questions, 
836. — Séance d'ouverture, 886. 


SOCIETE ORIENTALE, 
Questions proposées, 1004. 
SOCIETE DU MAGNETISME DE PARIS. 
Reconstitution, 1151. 


COURS PUBLICS. 


Cours d'économie sociale de M. Blanqui, au Con- 
servaloire des arts et métiers, 15, — Cours. de 
M. Dumas, à la Sorbonne, 73.— Cours de M. Or- 
fila, 112, 133, 439, 466, 484, 515, 537, 565, 584, 
613. Cours d’embryogénie comparée, de M. Coste, 
192, — Cours de chimie à l’Athénée, de Moyen- 
court, 240. — Cours de langue malaye et javanaise, 
de M. Delaurier, 431. — Cours de botanique et 
de physique végétale, de M. Adolphe Brongniart, 
professeur au Muséum d'histoire naturelle, 816. — 
Cours d’organogénie comparée, de M. Coste, 1055. 
Cours de M. Quinet, au collége de France, 1098. 


SOCIÉTÉS SAVANTES EN PROVINCE. 
CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE. 
Onzième session, à Angers, 432, 


SOCIÉTÉ DES SCIENCES, ARTS ET LETTRES DE 
PAU, 026. 


vi] 
SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE LA MORINIE. 527. 
SOCIÈTÉ DES ANTIQUAIRES DE LA 


NORMANDIE, 592, 
SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE DES DEUX-SÈVRES. 


Concours pour l'élève du mürier, 672. 


SOCIÉTÉ VÉTÉRINAIRE DES DÉPARTEMENTS 
DE L'OUEST. 
Concours pour un prix relatif à la phthisie pul- 
monaire sur le gros bétail, 689. 


SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES, ARTSET BELLES- 
LETTRES DE CAEN, 


Prix proposés, 720. 
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DE SAINT-OMER. 


Exposition d’horüculture, de peinture, et des 
produits de l'industrie pour les départements du 
Nord et du Pas-de-Calais, 744, 


CONGRÈS ARCHEOLOGIQUE À POITIERS. 
432, 1007; 1027. 

Séance du 2, 5, 4 et 5 juin. 1053, 4099. 
SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES. 
ANGLETERRE. 

Sociéte asiatique de Londres, 883. 
ALLEMAGNE « 
Société royale d’archéologie de Copenhague. — 
Compte rendu des séances, 581. 


ITALIE, 


Association agricole à Turin, 7617, S40. — 
Prix proposés, — Quelle influence la culture des 
rizières peut avoir sur la santé de l'homme, et indi- 
quer les moyens bysiéniques les plus efficaces pour 
concilier cette culture avec la santé des personnes 
exposées à son influence, 840. 


AMÉRIQUE. 


Sociélé d’'horlicullure de Massachusetts (Amé- 
rique seplentrionale), 456. 
BIBLIOGRAPHIE. 


Pages : 48, 79, 96, 102, 144, 168, 192, 216, 
240, 264, 288, 319, 360, 584, 408, 432, 456; 480, 
504,528, 552, 576, 600, 624, GA, 672, 696, 720, 
768, 192, 840, 910, 935, 1007, 1031, 1055., 1079, 
1103, 1151, 1175, 

NECROLOGIE: 


Félix de Boissy, 934, 1057, Barbier du Bocage, 
959. — Lacroix, 959. — Bouvart, 1057. 


BULLETIN MEXEOROLOGIQUE DU MOIS. 


Pages : 166, 167, 168, 353, 359, 360, 528, 
670, 671, 672, 933, 934, 935, 1125, 1126, 1127. 


FAITS DIVERS. 


Réorganisation de l’école des chartres, 48. — 
Nomination de M. Gyraud comme inspectenr ex- 
traordinaire des écoles de droit, 72.— L'arbre de 
Martigny, 264. — Propagation de la truffe, 336. 
— Pétition de la société industrielle de Mulhouse 
au sujet de la loi sur le travail des enfonts dans les 
marufactures, 309. — Guérison des maladies des 
yeux, 408. — Graines de plantes rares du jardin 
de Padoue, 432. — Le prince Charles Bonaparte, 
membre honoraire de l'Académie des sciences de 
Saint-Pétersbourg, 504.— Découverte du brouillard 
des aphorisme d’Hypocrate, écrit en quatre langues, 
par Marc-Antoine Gaiot d’Annonay, 527, — Per- 
fectionnement au Daguerréotype, 62%. — Echenil-. 
leur de M. Arnheiïter, 624. — Nappe d'eau chaude 
au milieu de la mer, 768. — Ossements d’animaux, 
découverts dans une carrière de Durham Down, 768. 
— Trophées d'armes sculptées, du dix-huitième 
siècle. — Ouverture du cours de M. Arago, 792. — 
Proscription de la vaccine au Paraguay, 840. — 
M. Huot, 886. — Procédé pour rendre les pierres 
et les briques imperméables, 910. — Piles de char- 
bon perfectionnées par Deseuil, 983.— Mission de 
M. de la Pilaye pour visiter les monuments druidi- 
ques de la Francé, 1175. — Essai d'un appareil 
pour remplacer une pompe à incendie de première 
force, 1175. 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES, 


ÉCHO 


PLAN ET BUT DU JOURNAL. 


La science aujourd’hui {ouche à tous les 
intérêts de la société, à tous les plaisirs de 
l'intelligence , et tout le monde veut suivre 
son mouvement, ses progrès : le savant et 
l'industriel, pour féconder la spécialité qu’il 
a embrassée ; le littérateur et l'artiste, pour 
enrichir l’œuvre de son imagination, et 
l'homme du monde pour occuper utilement 
ses loisirs et apprécier toutes les créations. 
Les connaissances encyclopédiques ont péné- 
tré partout, parce qu’elles sont utiles à tous. 
Au milieu de cette tendance générale, au 
milieu de tous ces écrits qui s’impriment en 
Europe pour chaque branche de la science, 
il est important qu’il y ait un foyer commun 
où viennent se concentrer toutes les spécia- 
dités, une feuille encyclopédique qui enregis- 
fre avec ensemble et méthode les découver- 
tes et les perfectionnements, pour répandre 
ensuite dans tous les pays le nom et les tra- 
vaux des hommes dévoués aux sciences. Tel 
est le but que l’Écho du Monde savant s'offre 
d’atteindredepuis quatre ans.sous la nouvelle 
direction de M. le vicomte ADRIEN DE LAVA- 
LETTE. 

Ce journal, quirenferme par an la matière 
de QUARANTE-SIX VOLUMES ordinaires in-#°, 
et qui, dans chaque semestre, publie, comme 
onle voit par les tables des matières, plus 
de deux mille articles, est, sans contredit, 
aujourd’hui, le plus complet des journaux 
scientifiques des deux mondes : aussi est-il 
demandé pour les bibliothèques et les grands 
établissements d'instruction publique. Sou- 
tenue par les savants les plus distingués, ai- 
dée par de nombreux correspondants, nour- 
rie par tous les écrits scientifiques publiés en 
Europe, la rédaction ne laisse échapper au- 
eun fait important dans les sciences, les arts 
industriels et l’agriculture, et elle tâche tou- 
jours de tenir un juste milieu entre les longs 
mémoires que l'on ne lit pas, et les analyses 
trop courtes qui ne rendent pas clairement 
la pensée de l’auteur. 

L'Ecuo pu monDe s\vanr parait le jeudi et le di- 
manche en 24 colonnes petit in-folio, et donne ré- 
vulièrement : 4° les observations météorologiques ; 
Do les nouvelles scientifiques; 3° le compte rendu des 
académies et des sociétés savantes de tous les pays; 
%o les travaux des savants des deux mondes dans 
toutes les sciences; 5° la bibliographie ; 6° les cours 
scientifiques. 


Des figures descriptives accampagnent le Journal 
toutes les fois qu'elles sont nécessaires à l'intelligence 
du texte, 

Une table des matières est toujours le prospectus 
le plus vrai, le plus complet, et elle peut seule faire 
apprécier d’une manière juste l'importance d'un 
journal et la part que prend à sa rédaction chaque 
collaborateur. 


CONDITIONS D'ABONNEMENT, 


On s’abonne à Paris, au bureau du Journal, 
rue des Beaux-Arts, 6, près du palais des 
Beaux-Arts , au prix de: 


3 mois. 6 mois. t'an* 

PARIS, 7 ff.» 13 f. 50 95 f. 
DÉPARTEM., 8 50 16 » 30 

ETRANGER, dans les pays qui paient port 

double 10fr. 418 fr., 39 [. 


Les souscripteurs peuvent recevoir pour 
5 francs par an, à Paris; 6 francs pour les 
départements : 


L'ECHO DE LA LITTÉRATURE 


ET DES 


BAUX-ARTS DANS LES DEUX MONDES 


dont le prix est de 10 f. par an pris séparément, 


Ce recueil, qui paraît le 25 de chaque mois, 
donne régulièrement : 1° la revue critique 
des ouvrages nouveaux, en France ei à l’é- 
tranger;2°la chronique littéraire;3e le compte 
rendu des sociétés littéraires ; #4 le bulletin 
et les nouvelles des beaux-arts ; 5’ la revue 
et la chronique des théâtres de tous les pays ; 
6, la chronique des salons; 7° la revue des 
modes ; 8° la biographie des hommes distin- 
gués morts dans le mois ; 9% la bibliographie 
littéraire. 


(Voyez la table d’un numéro de cette revue.) 


L’ECHO DE LA LITTERATURE ET DES 
BEAUX-ARTS est indispensable à tous ceux qui 
veulent conuaître le mouvement littéraire et artus- 
tique dans les deux mondes , étant le seul journal 
qui suive ce mouvement d’une manière réguliere et 
méthodique. 

Au milieu des écrits qui inondent tout les ans la 
librairie et le théâtre; il faut un guide pour ehoisir, 
un souvenir pour se rappeler : les feuilles sont en 
cela insuffisantes, elles s’occupent peu de littérature 
étrangère , ne vivent qu'un jour, et lors même 
qu’elles sont conservées, on ne peut, faute de table, 
y retrouver un compte-rendu noyé dans une foule 
d'articles. 


Complété par l’Echo de la littérature, V ECHO 
DU MONDE SAVANT fait revivre mainte- 
nant le BULLETIN UNIVERSEL de M. Férussac, 
et forme une REVUE ENCYCLOPÉDIQUE qui 
peut remplacer la plupart des recueils publiés 
en Europe, et qui devient indispensable à 
tous ceux qui veulent être au courant des 
acquisitions de l'esprit humain. 

Les souscripteurs de l’'Echo du monde sa- 
vant reçoivent aussi, moyennant 5 francs 
par an pour Paris, et 6 francs poùr les dépar- 
tements, LES 


BR JAVA 


MORCEAUX CHOISIS 


DE LA 


ERT''ERANERE PU POS, 


dont le prix est de 10 fr. par an pris séparément; 


Qui paraissent chaque mois et contiennent 
tout ce qu’il y a de plus remarquable dans 
les livres uouveaux, les pièces de théâtre, les 
feuilletons, les recueils et les journaux. On 
y trouve les meilleures pièces de vers, les 
plus jolies nouvelles, les pages et les pensées 
les plus remarquables de chaque ouvrage, 
les anecdotes du mois et ce qu’il y a de plus 
saillant dans les chroniques, les albums, les 
causeries et les revues. Plusieurs articles 
sont inédits. 


L’ECHO DU MONDE SAVANT, l'ECHO DE LA 
LITTÉRATURE ET DES BEAUX ARTS et les MOR- 
CEAUX CHOISIS DE LA LITTÉRATURE DU MOIS, 
contiennent ensemble les matières d'environ 
SOIXANTE VOLUMES ordinaires in octavo 
(romans). = 


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On peut s'abonner, sans augmentation de frais, 
dans tous les BuREAUX DE POSTE ET DE MESSAGE- 
RIES, et chez les PRINUIPAUX LIBRAIRES. 


Paris. 


Baillière, rue de l'Ecole-de-Médecine , 17. — 
Bellizard-Dufour, rve de Verneuil, 19 bis.—Broc- 
kaus et Avenarius, rue Richelieu, 66. — Chame- 
rot, quai des Augustins, 33. — Genella, rue Ri- 
chelieu, 104. — Roret, rue Hautefeuille, 10. — 
J. Renouard, rüe Tournon, 6. — Salva, rue de 
Lille, 4. — Schwarts et Gzgnot, quai des Augus- 
tins, 9. — Treuttei et Wuriz rue de Lille, 17, — 
Grimbert et Dorez, rue des Grands-Augustins, 20. 
— Hector Bossange, quai Voltaire, 11. — Daguin 
frères, quai Malaquais, 7. — Didier, quai des Au- 
gustins, 30. — Rey et Gravier, quai des Augus- 
üns, 9. 


Béparte:nents, 


Lyon, Beaudiers. — Bordeaux , Delpech. — 
Toulouse; Douladoure et Pruret. — Nantes, Fo- 
rest. — Caen, Huet-Cobourg. — Le Hävre, Le 
Normand de l'Osier. — Strasbourg, Alexandre. — 
Dijon, Douillier. — Sens, Théodore Tarbé, — 
Rouen, W'arney et comp. — Metz, Verronnais. 


Etranger. 


Londres, Alexandre, 57, Great-Russe!-street , 
Bloomsbury. Baillière, 219, Regent-Street. — 
Saint-Pétersbourg, Bellèzard-Dufour. — Madrid, 
Casimir-Monier. A. D. Fetippe Rinchand. — 
Turin, Bocca. — Rome, De Romanis, Letruchi. — 
Vienne , Bohmann et Schweïgerd , libraires de la 
cour imp@riale. — Beilin, Ashr, libraire de la cour 
impériale. — Lisbonne, Borel-Borel. — Amster- 
dam, Conongetle. — La Haye, Fan-Cleef. — 
Borda, Bræsse et comp. — Gand, Dujardin. — 
Milan, Dumolard fils. — Anvers, Fan- Woile. — 
Florence, f'ieusseux. — Athènes, Vas. — Reit- 
zel. — Zurich, Fuessey et comp. — Leipzick, Mic- 
kelsem. New-York, Berard et Mondon. — 
Mevico, Mariano-Galban. — Rio-Janeyro, Da 
Vega, 


On peut se procurer la collection des six premières années de la première série, au bureau du Journal, au prix de 80 fr., au lieu de 
417 fr. La Direction a fait réimprimer des numéros pour former une trentaine de collections de cette première série. — La seconde série 
commence au premier janvier 1510, elle sera composée de dix volumes. Les six premiers volumes de cette série (comprenant les années 
1840, 1841, et 1842), seront donnés pour 60 fr. au lieu de 75 fr., à tout souscripteur de l'année 1543. 


PARIS. — IMPRIMERIÈ DE LACOUR ET MAISTRASSE FILS, 


_…… Rue Saint-Hyacinthe-Saint-Michel , 35. 
DES 


dela 2 


DIXIÈME ANNÉE. 


REVUE ENCFCLOPÉDIQUE 
DES TRAVAUX DES SAVANTS DE ‘TOUS LES. PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES 
FcrmMantavec l’'Echo de la littérature et des beaux-arts e1 \es Morceaux choisis que Les sou. 
cripteurs peuvent recevoir pour CINQ FRANCS par an et par recueil la matière de 
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PARIS, 


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œ 


: DCS 


SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 2 janvier 1843.— SCIENCES 
PHYSIQUES. Rapport sur un mémoire de M. le 
docteur Poiseuille ayant pour ttre : Recherches 
expérimentales sur ie mouvement des liquides 
dans les tubes de petite dimension; par M. Re- 
gnaul. — SCIENCES NATURELLES. M=- 
DECINE. Hôpital militaire de Barcelone. Blessés 
des 45 et 16 novembre. — ZOGLOGIE. Obser- 
vaiions sur une nouvelle espèce du genre drilus ; 
Lucas. — Index ornithologique: Lescon. — 
SCIENCES APPLIQUÉES. Cours de M. Blan- 
qui, de l'Iastitut; À M. — ARTS PYROT£ECH- 
NIQUES. Sur la force expansive de la poudre 
dans les mines et les srmes à feu ; Plazonet, lieu- 
tenant-colonel du génie. — Hydraulique flottant 
aspirant de Caligny. — AGRICULTURE, Note 
sur le chéne de Saint-Jean dans la forêt de Com- 
piègne; Poirson, inspecteur des forêts de la cou: 
ronne, — ARCHÉOLOGIE. Edifices les plus re- 
marquables dans le département de la Sarthe; 
GEOGRAPHIE. — Résultats des voyages à la 
découverte du Nil Blanc. 


DIRE Ce 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 2 janvier. 


_ L'Académie avait à nommer un vice- 
- président à la place de M. Dumas, qui 
passe cette année à la présidence. Cette 
nomination a été vivemeut discutée, ce 
n’est qu'après trois tours de scrutin que 
M. le baron Charles Dupin a été nommé 
en cette qualité à la majorité de 30 voix 
contre 19, 

Entre le comité secret et la séance pu- 
blique il n’y a de différence que le genre 
de discussions soulevées. Or, les discussions 
telles que celle de la séance de lundi, peu- 
vent donner une idée des débats du comité 
secret. L’Académie qui déplore, par l’or- 
gane d’un de ses plus illustres et de ses 
plus respectables membres, la présence du 
public dans la salle des séances, devrait 
éviter de s'occuper publiquement de se; 
affaires administratives. 

Il s'agissait de nommer deux membres 
pour la commission centrale et adminis- 
trative. A-t-on nommé, n’a-t-on pas vom- 
mé? Nous deyous l'oublier. M. de Blain- 
ville, dont nous admirons la verve à ses 
excellentes leçons de la Sorbonne, devrait 
en dépenser un peu moins à l’Académie. 
CHIMIE. — M. Jacquelain adres.e à l'Aca- 
démie une méthode d'analyse pour con- 
denser el reconnaître des quantités no- 
tables où imperceptibles de gaz hydrogène 


les 
} “UN 


RUT DES PETITS AUGUSTINS;21-7E 
ne VER TN à 


arseniqué. phosphoré ou de gaz sulfureux. 
2° Une méthode nouvelle pour extraire 
tout l’arsenic d’une matière animale em- 
poisonnée. 

M. Jacquelain entre dans des considéra- 
lions qui établissent, d’une manière claire 
et positive, les avantages de la méthode 


senic dans les cas d’empoisonnements ou 
d'analyse quantitative. 

Ainsi, au lieu d’une carbonisation par 
l'acide sulfurique d'une dessication de la 
matière charbonneuse et d’une attaque à 
siccité par l'eau régale ; opérations désa- 
gréables. M. Jacquelain fait usage d’un 
courant de chloreetopère avec des liqueurs 
jaugées. 

Quant à la seconde, il évite avec un 
tube en S la perte d'hydrogène arsenié 
qui se fait par le Eube droit, destiné à 
l'introduction de l'acide, ce tube fut-il 
effilé, puis recourhé. 

Il recueille à l’aide du chlorure d’or des 
quantités d'hydrogène arséniqué, fort peu 
appréciables. Il évite les pertes de ce gaz, 
auxquelles expose l'appareil recommandé 
par la commission de l’Académie, quani 
on se borne à l’unique emploi du tube 
effilé, recouvert de clinquant. 

Nous ne reproduirons pas ici la longue 
suite d’expériences analogues exécutées 
pour recueillir l'hydrogène antimonié , 
danslechlorure. Toutes les opérat:ons diri- 
gées de la même façon que pour l’hyüro- 
gène arséniqué, ont été suivies de résnltats 
aussi précis. Il en a été de même pour l'hy- 
drogène phesphoré, car des masses d’hy- 
drogène humide circulant à travers un 
petit tube contenant 1 centigramme de 
phosphore de Barÿum pulvérulent ont 
abandonné tout leur hydrogène phosphoré 
dans la première courbure du tube laveur. 

Mais de ce que l'hydrogène antimonié 
peut être condensé par le chlorure d’or 
tout comme l'hydrogène arséniqué, il n’en 
faudrait pas conclure que lä méthode pour 
découvrir l’arsenic dans les matières orga- 
niques, serait applicable à lantimoine. 
Toute combinaison antimoniale rendue 
soluble de manère à ne point le troubler 
par l’eau n’abandonne qu'une fraction de 
l'antimoine sous forme d'hydrogène ant.- 
monié, l'autre se précipite. Cette difficulté 
étant prise en considération, il ne faudrait 
donc jamais doser l’antimoine d’une combi- 
naison au moyen du zine et de l'acide sul- 
furique étendu et jamais non plus employer 


qu'il propose, pour la recherche de lar- 


| 1e 


l'appareil à hydrogène 
timoine d'une ; 
sonnce par cé 
d’or exerce 


"Puisque le chlorure 
action décomposante si 


prompte et siéxacte à l'égard d’infiniment 
HS fier À ; 


petites proporlitas#e gaz sullureux sul- 
fhydrique et des Hxd e arséniqué; an- 
timonié, phosphoré* cé réactif jouirait en- 
core de la même puissance de condensation 
à l'égard de ces mêmes composés mélangés 
en proportion beaucoup plus grande à 
d’autres gaz compatibles. M. Jacquelain a 
enfin employé, dans ses analyses, un tube 
laveur qui permet d’obtenir les gaz dans 
leur plus grand état de pureté. 

BOTANIQUE APPLIQUÉE. — M. O Leclerc 
Thomis offre à l’Académie trois mémoires 
imprimés, les deux premiers relatifs aux 
effets du froid sur la végétation, le troi- 
sième à lélude des races végétales da 
ses rapports avec la naturalisition des p 
tes ec des arbres. 

Ces traveaux lus à la Société cent 
d'Agriculture se rattachent à des questi 
de physiologie et de météorologie sur le 
quelles M. Oscar Leclerc se propose d’'ap- 
peler prochainement l’attention de l’Aca- 
démie, dans un nouveau mémoire, à l’oc- 
casion de la maturation des fruits de la 
vigne. 

Tuérap.U:1QUE. — Le docteur Goudret 
avait indiqué le 20 juin 1842 l'application 
de la flamme à petites dimensions, contre 
différentes maladies. Il adresse aujourd hui 
à l’Académie plusieurs certificats de per- 
sonnes qui se trouvent parfaitement satis- 
faites de ce singulier traitement. 

M. Cazénave, professeur agrégé de la 
faculté de médecine de Paris, présente un 
ouvrage intitulé Traité des syphilides, ete., 
accompagné d’un Atlas ix folio, il prie 
qu'on veuille bien l’admettre au concours 
pour le prix Monthyon. 

MÉDECINE VÉTERINAIRE — M. de Gasparin 
a fait part à l’Académie d'une expérience 
dont nous avons déjà entretenu nos lec- 
teurs (Voir notre naméro du 8 septembre). 

M. Cambessèdes ayant un troupeau nom- 
breux qui, par suite de transitions de tem- 
pérature, était attaqué de pleurésie chro- 
nique, dont un grand nombre de moutons 
était déjà mort, et les autres paraissaient 
être dans un état désespéré; apprit avec sur- 
prise qu’un garçon chapelier avait obtenu 
des succès dans un cas pareil, en adminis- 
trant l’arsenic à haute dose. L'état déses- 
péré de vingt de ses moutons le décida à 


4. 


tenter l'expérience; il administra à chacun 
trente grammes d'arsenic blanc en poudre, 
mélangé avec le sel commun. Sur ces vingt 
bêtes, il n’en mourut que deux ; huit jours 
après l'empoisonnement, les autres furent 
guéris. 

Ce premier succès l’encouragea à em- 
ployer les mêmes moyens sur le reste du 
troupeau de près de cent têtes, et il obtint 
le même résultat. La perte totale n’a été 
que de sept sur le nombre des moutons qui 
avaient pris l’arsenic. 

Cette substance n'a produit aucun effet 
nuisible sur les moutons dans l’état de santé. 
Il semble donc évident que l'arsenic n’est 
pas un poison pour les bêtes à laine, et l'on 
a assuré à M. Cambessèdes qu'il avait des 
effets tout aussi innocents sur le bœuf. 

M. de Gasparin appelle avec raison l’at- 
tention de l’Académie sur ce fait impor- 
tant par ses nombreuses conséquences, et 
principalement à propos de l'influence 
qu'il peut avoir sur la santé publique. 


NOUVEAU SYSTÈME DU MONDE |— « À M. le 
ministre de l'instruction publique, chargé 
de faire passer le second Mémoire ci-joint 
à l’Académie...» 

Ce Mémoire, intitulé vrai système du 
monde, est dû à M. Godard, astronome de 
Vienne. Il est accompagné d’un tablean 
représentant Îe plan de ce vrai système et 
orné de ces suscriptions assez curieuses : 
« L'auteur honore sa patrie ! Il ne recon- 
naît qu'un Dieu, qu’un système et qu’un 
Godard pour le démontrer. 

» Signé, le savant de l’Isère, 
» Gaspard Goparp. » 

Encore un rival de M. Durand, de Bor- 
deaux. 

L'académie a reçu dans cette séance les 

ouvrages dont les titres suivent : 
* Traité élémentaire d' Astronomie, ou con- 
paissance de la nature et des mouvements 
des corps célestes, par C. Bailly de Mer- 
lieux (1). —Mémoria su l’applicazione del 
Calcolo dei Residui all’integrazione dell’e 
quazioni lineari a derivate parziali di Bar- 
naba Tortolini. — Notions sur la machine 
analytique de M. Charles Barbage, par M. 
L.-F. Menabrea. — Notes économiques 
sur l'administration des richesses et la sta- 
tistique agricole de la France , par C.-C. 
Roger.— Chemie als naturliche grundiage 
Wissenschaftlicher_ nafeor - une gerverb- 
hunde nach dev wichtigstin resultaten 
physikalischer und chemischer forschun- 
gen, etc., vou karl Aug. Neumaun. — 
Traité des Syphilides ou maladies véné- 
riennes de la peau, par P.-L. Alphée Caze- 
nave. 

La séance est levée à 5 heures. 


— pee — 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Rapport sur un mémoire de M. le doct. Foi- 
seuille, ayant pour titre : Recherches expé- 
rimentales sur le mouvement des liquides 
dans les tubes de très petits diamètres; par 
M. Regnault. 


Les hydrauliciens ont cherché depuis 
long-temps à déterminer, par la voie di- 
recte de lexpérience, les conditions du 
mouvement de l’eau dans des tubes; mais 
comme ils avaient principalement en vue 
l'application au mouvement de l’eau dans 


(4) Faisant partie de l’Zncyclopédie portative, 
chez Mairet et Fournier, libraires-éditeurs, rue 
Neuve-des-Petits-Champs, 59. Nous reviendrons 
prochainement sur cet ouvrage. 


5 


les tuyaux de conduite, leurs essais ont 
été faits sur des tubes de grand dia- 
mètre. Quelques-uns cependant ont fait 
des expériences sur des tubes de quelques 
millimètres seulement de diamètre ; il con- 
vient de citer, sous ce rapport, les recher- 
ches de Dubuat, de Gerstuer et de Girard. 

Ce dernier physicien a fait un grand 
nombre d'expériences sur l'écoulement de 
l'eau et de plusieurs autres liquides à tra- 
vers des tubes de cuivre et de verre de 
diverses longueurs, maintenus dans une 
position horizontale, sous des charges va- 
riables de liquide, et il a comparé les ré- 
saltats de ses expériences avec les nombres 
que l’on déduit d’une formule obtenue par 
le calcul. : 

Les diamètres des tubes employés par 
Girard ont varié depuis 1"", 8 jusqu’à 
Je 2, 

M. le docteur Poiseuille a entrepris ses 
recherches sous un point de vue phy;io- 
logique, il a cherché À déterminer expé- 
rimentalement les lois qui règlent le mou- 
vement de l’eau distiliée dans des tubes de 
verre dont les diamètres se rapprochent de 
ceux que nous présentent les vaisseaux ca- 
pillaires à travers lesquels coulent les li- 
quides de l'économie animale. Il a opéré 
sur des tubes de verre dont les diamètres 
ont varié de 0,40 jusqu’à 0"",02 et sous 
des pressions beaucoup plus considérables 
que ne l’avaient fait ses devanciers. 

Lorsque l'eau-s’écoule dans l'air par un 
tube de diamètre très petit, elle ne coule 
pas à plein jet, même sous une pression 
considérable : l’affinité du liquide pour 
la matière du tube le fait adhérer contre 
la partie pleine de la section, il s’y accu- 
mule, forme une goutte qui grossit et finit 
par tomber. Il résulte de là une réaction 
en arrière, une pression à l’orifice, en sens 
contraire d2 l’écoulement qui est ainsi 
continuellement variable et n’arrive pas à 
l'état uniforme. C’est ce que M. Poiseuille 
a reconnu d’abord par des expériences 
directes, et il fait voir que, dans ce cas, 
les vitesses d'écoulement ne sont pas les 
mêmes dans deux expériences consécutives 
faites dans des circonstances identiques en 
apparence. L’uniformité ne se rétablit pas 
complètement quand on approche l’orifice 
du tube de la paroi d’une éprouvette, de 
manière à ce que le liquide qui s'écoule, 
mouille continuellement cette paroi. 

Un moyen d'obvier à cet inconvénient 
est de faire couler l’eau au milieu de l'eau 
elle-même ; en d’autres termes, il faut que 
l'écoulement ait lieu à travers un tube ca- 
pillaire qui établit la communication entre 
deux réservoirs à la surface desquels s'exer- 
cent des pressions différentes. 

Nousallons chercher à fairecomprendre, 
en peu de mots, l’appareil employé par 
M. Poiseuille, et la manière de disposer 
les expériences. 

Un vase de verre M, sous forme de fu- 
seau, communique par sa partie supérieure 
avec un tuyau en cuivre qui se rend à un 
renflement d’où naissent trois branches. 

La première de ces branches est en com- 
munication avec uue pompe foulante; la 
seconde, communique avec un manomètre 
à air libre. Ce manomètre est un mano- 
mètre & eau pour les faibles pressions, et 
un manomètre à mercure pour les pressions 
plus considérables. La troisième branche 
cominupique avec un réservoir d'air en 
cuivre de forte épaisseur, et ayant une ca- 
pacité de 60 litres environ; l'air refoulé 
dans ce réservoir, au moyen de la pompe 


6 


foulante, exerce une pression sensible- 
ment constante à la surface du liquide qui 
s'écoule. 

Le tube capillaire ef, à travers lequel se 
fait l'écoulement, est placé dans une direc- 
tion horizontale : il est en communication 
avec le fuseau et, par suite, avec le réser- 
voir à air comprimé, par l'intermédiaire 
d'un tube recourbé abcde ; ce dernier tube 
est soudé sur la paroi latérale du fuseau. 
Cette disposition est indispensable : toutes 
les petites poussières qui nagent dans l'air 
et dont il est impossible de se garantir en- 
tièrement, tendent à se rendre dans la 
pointe N du fuseau, de sorte que si le tube 
abcde était soudé en N, les poussières pas- 
seraiént dans le tube capillaire et apporte- 
raient nécessairement une perturbation 
dans l’écoulement, surtout quand celui-ci 
2 lieu à travers un tube très étroit. 

Le fuseau porte donc sur le côté en & une 
ouverture à laquelle on a soudé un tube ab 
recourbé à angle droit. Ce tube est lui- 
même soudé en b à une ampoule A placée 
entre deux tubes diamétralement opposés 
bc et de, de 374 de millimètre de diamètre 
intérieur. Le tube dc est recourbé à angle 
droit et se te: mine par un renflement sphé- 
roïde, auquel est soudé le tube capillaire ef 
à travers lequel on veut étudier l’écoule- 
ment. La soudure est faite de telle sorte 
que la cavité capillaire du tube se dilatant 
brusquement, est en rapport avec celle du 
renflement e. Cette disposition est indis- 
pensable pour pouvoir tenir compte de la 
longueur du tube capillaire; celle-ci serait 
difficile à déterminer, si le tube ef, d’un 
diamètre beaucoup plus petit que le tube 
de, se terminait en cône vers le point de sa 
soudure avec ce dernier, 

Deux traits de lime en #2 et n sur le tube 
vertical abcd servent de repères. Ils sont 
placés à une distance de 2 millimètres en- 
viron de l'ampoule. La capacité de l'am- 
poule et des petites portions du tube ver- 
tical a été déterminée préalablement avec le 
plus grand soin. : 

Une lunette horizontale, munie d’un ré- 
ticule, se meut le long d’une coulisse ver- 
ticale, et sert à viser de loin vers les points 
de repère mn et n. 

Le tube ef, ainsi que l’ampoule, se trou- 
vent plongés dans un vase en verre plein 
d’eau ; le niveau du liquide s'élève jusqu’à 
1 “millimètre au-dessous du trait 2. Un 
thermomètre plonge dans ce liquide et 
donne sa température : pour rendre celle- 
ci plus constante, on a placé le vase en 
verre au milieu d’un baquet plein d'eau à 
la même température. 

Cela posé, pour faire l'expérience, on 
commence par remplir deau distillée, 
filtrée plusieurs fois, la petite ampoule et 
le tube aui la surmonte. À cet eflet, on 
adapte le fuseau à une pompe aspirante, 
on plonge le tube capillaire dans ur flacon 
renfermant l’eau distillée. En faisant jouer 
la pompe, l’eau est aspirée dans l'ampoule ; 
lorsque celle-ci est remplie jusque vers a, 
on dévisse le fuseau et on le met en place 
dans l'appareil pour faire l'expériance de 
l'écoulement. Au moyen d'une pompe fou- 
lante, on a préalablement comprime _de 
l'air dans le réservoir jusqu’à la pression 
sous laquelle on veut opérer. En ouvrant 
un robinet, la pression de l'air du réser- 
voir s’exeree sur le liquide, et l'écoulement 
commence. 

La lunette horizontale est dirigée sur le 
premier trait de repère 2 : au moment où 
le niveau da liquide passe à ce repere, on 


7 


fait partir un compteur à secondes, et l’on 
dirige la lunette sur le second trait de re- 
père. L’observateur note maintenant la 
température de l’eau et la pression indi- 
quée par le manomètre. 

Lorsque ampoule est sur le point de se 
vider, l'observateur se met à la lunette, et, 
au moment où le niveau du liquide passe 
au seconde repère, il arrête le compteur. 
Il note le nombre de secondes écoulées, et 
il prend de nouveau la mesure de la pres- 
sion. Celle-ci a varié quelquefois d’une 
très petite quantité pendant la durée de 
l'expérience; on adopte pour le calcul 
la moyenne entre les deux observations. 

Les tubes capillaires étaient choisis aussi 
cylindriques que possible parmi un très 
grand nombre de tubes à thermomètres 
en cristal. Leur diamètre était mesuré à la 
chambre claire, au microscope, sur une 
section da tube convenablement préparée. 
On mesurait ce diamètre en un grand 
nombre de points, et l’on s’assurait ainsi 
si la section du vide intérieur du tube était 
circulaire ou elliptique. On ne conservait 
que les tubes dont la section était à très 
peu près circulaire. et lon prenait pour 
diamètre du tube la moyenne géométrique 
entre les deux valeurs trouvées sur deux 
directions rectangulaires. 


— HO RER 
SCIENCES NATURELLES. 
MÉDECINE, 

Hôpilal militaire de Barcelone. — Blessés 


des 15 et 16 septembre. 


Nous empruntons au numéro de décem- 
bre du Repertorio medico, journal de Bar- 
celone, les renseignements suivants sur les 
blessés qui ont été admis à l’hôpital mili- 
taire de cette ville lors de l'insurrection de 
cette grande cité. 

Les chirurgiens attachés à cet établisse- 
ment, Don Jose Oriol Navarra, D. Tomas 
Mer, D. Pedro Felipe Monlau, D. Juan 
Achard et D. Juan Parès, ont eu Ja bonté 
de nous fournir les renseignements néce:- 
saires pour dresser l’état suivant : 


Etat raisonné des blessés reçus à la suite des 
engagements qui ont eu lieu les 15 et 16 
novembre, dans les rues et les forts de 
Barcelone. 

Nombre 
des blessés. 

Contusions et blessures provenant 
balles de fusils, simples, sous-cu- 
tanées ou intéressant seulement 
les parties musculaires superfi- 
cielles de la tête et du tronc (parmi 
elles il s’en trouve une dela pointe 
de la langue qui a été guérie en 
peu de jours), A1 

Idem, ayant leur siége sur les mem- 
bres, 41 


Blessures graves de la téte ou du 
tronc, Sans lésion apparente des 
os. 


Blessure ayant son orifice d'entrée à 
la région fessière droite, et son 
orifice de sortiedans le pli qui sé- 
pare le pénis du scrotum, Î 

Blessure à la région scapulaire 
droite, avec présence probable du 
projectile, 1 

Blessure non pénétrante à là région 
iliaque droite, et autre blessure 
contuse très forte au tiers supé - 
rieur de l’avant-bras droit, 1 

Blessure ayant son orifice d’entrée 


8 


et de sortie à la partie myenne 
de la région iliaque gauche, 1 
Blessure ayant son orifice d'entrée 
à la partie supérieure et moyenne 
de la région scapulaire droite, et 
sou orifice de sortie en avant de 
la 3° vert. dorsale, dl 
Blessure ayant son orifice d’entrée à 
la partie supérieure et moyenne 
de la région scapulaire gauche, et 
son orihice de sortie en avant de 
3e vertèbre dorsale, 1 
Blessure à la région interscapulaire, 
compliquée d'un abcès à la ré- 
gion mamillaire droite, 1 
Blessures à la région mésogastrique 
et à la région mamillaire gauche, 
Pane et l’autre superficielles, 
mais compliquées de tétanos, 


Blessures graves des membres, sans 
lésion apparente des os. 


Blessure à la partie supérieure du 
bras; une autre à la partie infé- 
rieure de l’avant-bras : etunetroi- 
sième à la partie supérieure de 
la jambe; toutes les trois du côté 
gauche, 1 

Blessure au tiers inférieur du bras 
gauche, avec une seule ouverture 
par laquel'e le projectile a été 
extrait, 1 

Blessure ayant son orifice d’entrée 
à la partie inférieure et interne de 
l’avant-bras, et son orifice de 
sortie au tiers inférieur et posté- 
rieur du bras droit, 1 

Blessure contuse très forte à la par- 
tie moyenue de l'avant - bras 
droit, compliquée par la présence 
du projectile, pour l'extraction 
duquel il a été indispensable de 
pratiquer une contre-ouverture, 1 

Blessure ayant son orifice d’entrée 
à la région crurale externe gau- 
che, et son orifice de sortie au 
tiers supérieur de la face interne 
de la cuisse, et ayant donné lieu 
à plusieurs hémorrhagies, L 

Blessure au centre de la région cru- 
rale antérieure droite, avec pré- 


sence probable da projectile, 1 
Blessure au centre de la région ro- 

tulienne droite, | 
Blessure très étendue à la région 

tibiale postérieure gauche, 1 


Blessure à la partie‘interne du tiers 
supérieur de la jambe gauche, 


sans orifice de sortie, 1 
Blessure au voisinage de l’articula- 
tion tibio tarsienne gauche, 1 


Blessure au dos du pied droit, com 
pliquée de tétanos (1), 1—11 


(1) Ni le caractère superficiel des blessures chez 
les deux sujets qui ont été pris du tétanos sans lé- 


| sion probable de filets nerveux considérables, ni le 


peu de gravité des premiers symptômes, ne pou- 


| vaient faire redouter une disposition au tétanos qui 
| est survenu vers le dixième et le douzième jour, et 
| qui s’est terminé par la mort dans l'espacé de trois 


à quatre jours,sans qu'il ait été possible de se ren- 


| dre maître des accidents et d’enrayer leur marche 
| . # . 

| par l’emploi des moyens les plus énergiques, entie 
| autres par l’administration de lopium associé au 


musc, à la dose énorme de #4, 6 et 10 décigram- 


: mes, trois, quatre el cinq fois dans la journée. 


MM les rédacteurs du Reperlorio medico pa- 
raissent attribuer l'apparition de eette formidable 
complication à la place qu'occupaient les deux su- 
jets dans les salles où ils étaient couchés: leurs lits 
se trouvaient situés devant une ouverture par la- 
quelle ils étaient exposés à l'action subite d’un cou 


| Blessures avec fracture ou autre le- 


sion apparente des os. 

Blessure ayant ses orifices d’entrée 
et de sortie dans l'épaisseur du 
pariétal gauche, avec lésion pro- 
bable de la masse cérébrale, et 
hémorrhagies répétées (très gra- 
ves), 1 

Blessure au front, avec fracture du 
coronal, mais sans accidents (cu- 
rable), 1 

Blessure à la région maxillaire 
gauche, avec fracture de l'os ma- 
xilaire, etdont il a été impossible 
d'extraire la balle (grave), 1 

Blessure à la région scapulaire pos- 
térieure droite, avec fracture de 
l'omoplate (très grave), 1 

Blessure à l'épaule droite, avec frac- 
tare probable, et autre blessure 
très étendue et contuse à la par- 
tie inférieure de l'avant - bras 
gauche, avec fracture comminu- 
üve du cubitus (très grave), 4 

Blessure ayant ses orifices d’entrée 
ct de sortie à l’avant-bras gau- 
che, avec lésion probable du cu- 
bitus (grave), 1 

Blessure avec fracture à la partie 
moyenne de lhumérus gauche 


(grave), 1 
Blessure à l’avant-bras droit, avec 
fracture du radius }curable), 1 


Blessure au tiers iuférieur de l’a- 
vant-bras gauche, avec fracture 
du radius (curable), 1 

Blessure ayant son orifice d’entrée 
au bord cubital du cinquième os 
du métacarpe, et son orifice de 
sortie entre les premier et second 
os mé'acarpiens, avec fracture 
(curäble), 1 

Blessure avec fracture d’une pha- 
lange du petit doigt de la main 
gauche, qui a été amputé ( lé- 
gere), 1 

Blessure avec fracture du petit doigt 
de la main droite, et blessures 
simples du doigt annulaire de la 
même main et du petit doigt de 
la main gauche, avec orifice 
d’entrée et de sortie (grave), 1 

Blessure à la région fessière droité, 
et lésion probable des os du bas- 
sin, 1 

Blessure à la partie inférieure de la 
région crurale externe gauche, 
avec fracturé comminutivé du 
fémur, présence du projectile 
dans la profondeur de la plaie 
(très grave) 1 


| Blessure contuse très forte du genou 


droit, avec fracture des extrémi- 
tés arliculaires du fémur et du 
tibia (si le sujet ne succombe pas 
aux accidents inflammatoires sur- 
aigus qui se sont développés, 
peut-être deviendra-t-il néces- 
saire de pratiquer l'amputation 
de la cuisse), ed 
Blessure très étendue et contuse de 
la partie moyenne de la jambe 
gauche, avec légère fracture pro- 
bable du tibia et du péroné (très 
grave), 1 
Blessure ayant ses orifices d’entrée 
et de sortie à la partie moyenne 


rant d'air venant du nord. Il paraît d’ailleurs que,. 
dans la plupart des hôpitaux militaires d'Espagne , 
les salles où sant couchés les malades offrent à peu 
près toutes le même vice de disposition. 


10 


de la jambe gauche, avecfractnre 
du tibia (très grave), L 
Blessure avec fracture du tibia 
droit, à la partie moyenne de cet 
os (grave), 1 
Blessure au tiers supérieur de la 
jambe, avec fracture comminu- 
tive (grave), 1 
Blessure au tiers inférieur de la 
jambe droite, avec lésion légère 
du péroné (curable), { 
Blessure à la partie inférieure de la 
jambe gauche, avecfracture com- 
minulive (très grave), L 
Brulures du second degré à la main 
gauche et à la face, et autre bru- 
lure du troisième degré à la main 
droite, produites toutes trois par 
l'inflammation de la poudre (lé- 


gères) (2). 1—22 
Résame : Légeres, 29 
Curables, 30 
Graves, 34 
Yotal, 93 


Les 16,17 et 18 novembre, on a trans- 
porté à l'hôpital de Junqueres un bon 
nombre de mouroants et des cadavres d’in- 
dividus qui avaient succombé à des bles- 
sures pénétrantes dans les cavités splanch- 
niques. 

Une blessure produite par une balle 
qui était entrée par la région molaire gau- 
che, et qui était allée sortir en avant de 
l’apophyse épineuse de la sixième vertèbre 
cervicale, a été compliquée par une péri- 
tonite consécutive à un coup de pierre reçu 
dans le ventre, et qui s’est terminé par 
gangrène vers le septième jour. 

Une autre blessure, déterminée par une 
balle qui traversa la cuisse gauche de de- 
hors en dedans, au point d'union du quart 
inférieur avee les trois quarts supérieurs, 
se trouva compliquée de fracture commi- 
nutive du fémur et de la lésion des princi- 
paux vaisseaux et nerfs du membre. Il sur- 
viut du refroidissement el de l’œdème dans 
toute cette extrémilé, des mouvements 
convulsifs, du délire, et tous les autres 
symptômes caractéristiques d’une affection 
des séreuses abdominale et cérébrale, et le 
sujet succomba le quinzieine jour. 

. On présume qu'il y a eu, dans les mêmes 
journées, quelques autres blessés qui ne 
sont pas eutrés dans cet hôpital; mais on 
pense aussi que le nombre en aurait été 
insuffisant pour apporter une modification 
notable à la proportion relative ‘des cas 
graves qui sont relatés dans | état précé- 
dent. La prédominance ds ces cas graves 
ne peut sexpliquer que par la direction 
des coups de feu, beaucoup plus certaine 
que daus une bataille rangée, et encore À 
ce qu'ils étaient généralement tirés à cette 
courte distance, que l’on désigne par l’ex- 
pression de & brüle-pourpoint. 

Barcelone, 39 novembre. 

(Gazette des ÆT6pilaux). 


({, El se trouve dans le même hôpital, ‘un eapi- 
taine de la milice nationale, blessé d'une balle qui 
a pénétré par la partie gauche de la région cervi- 
cale postérieure, eLest ressortie trois à quatre centi: 
mètres plus baut, au milieu de la mème région, et 
dans le point même où cet oflicier venait de rece- 
voir un coup de sabre (cette blessure n'offre rien de 
grave), 


{11 
ZOOLOGIE. 


Observations sur une nouvelle espèce du genre 
drilus; par M. Lucas. 


Pendant le séjour que je fis en Afrique, 
dans les années 1840, 1841 et 1842. 
comme membre de la Commission scien- 
tifique de l'Algérie, spécialement chargé 
d'étudier l’entomologie de nos possessions 
françaises dans le Nord de cette grande 
presqu'île, j'ai été souvent à même de 
vérifier quelques faits intéressants sur 
l’organisation et surtout sur les mœurs 
des animaux articulés. Le travail que j'ai 
l'honneur d’adresser à l’Académie est le 
résultat d'observations faites sur ane nou- 
velle espèce du genre des Drilus, que 
j'aie suivie dans ses différentes métamor- 
phoses et dont les manières de vivre de 
la larve diffèrent beaucoup de celle d’une 
autre espèce appelée Drilus flavescens , 
Olivier. Cette espèce, qui se nourrit de 
la chair de l'{Zelix némoralis, coquille 
dans laquelle el'e subit ensuite toutes ses 
métamorphoses , a été l’objet de trois 
mémoires fort interessants, dont le pre- 
mier est dû à M. Mielzinski , le deu- 
xième à M. Desmarest, et enfin le troi- 
sième à M. Audouin. Celle du Nord de 
l'Afrique, et que j'ai appelée Drilus mau- 
rilanicus, fait sa nourriture de l'animal 
des Cyclostoma #obzianum, et voici 
comment J'ai rencontré la larve de cette 
espèce intéressante : dans les derniers 
temps de mon séjour en Afrique, ayant 
été envoyé dans l'ouest, je m'arrêtai à 
Oran et me mis à explorer les environs 
de cette ville. Parmi les diverses excur- 
sions que je fis dans des lieux accilentés 
qui se trouvent à l’ouest d'Oran, particu- 
lièrement sur le versant est du Djebel 
Santa-Craz, je rencontrai souvent, en 
soulevant les pierres, des Cyclostoma 
1Vobzianum dont les coquilles, encore pa- 
rées des couleurs de la vie, étaient privées 
de leur animal, et cependant possédaient 
leur opercule encore adhérent à leur bou- 
che. Je ne sus d’abord à quoi attribuer 
cette mortalité parmi les Cyclostoma , et 
désirant m'expliquer ce fait, j'en ramassai 
un grand nombre de vivants et de morts, 
et les plaçai tous ensemble dans une 
même boîte; deux ou trois jours après, 
voulant ajouter d’autres individus que 
J'avais rencontrés, pourvus de leur ani- 
mal, dans les ravins du Djebel Santun, 
je visitai la boîte dans la juelle j'avais 
placé mes premiers cyclostèmes et fus 
très-surpris de trouver, contre les parois 
de cette dernière, une petite larve à dé- 
marche peu vive, et hérissée de tuber- 
cules ornés de bouquets de poils allongés, 
d’un ferrugineax foncé. 

Rappelé en France dans le courant 
du mois de mars, et désirant suivre 
cette observation, j'emportai avec moi 
onze de ces larves, et un très- grand 
nombre de Cyclostoma Vobzianum, afin 
de pouvoir les nourrir. Arrivé à Paris 
vers le milieu d'Avril, je mis, dans un 
vase, de la terre que j'eus soin de tenir 
sans cesse humide, et j'y plaçai mes larves 
avec quelques cyclostèmes. 

Les moyens et IR patience mis en usage 
par ces larves pour s'emparer de lani- 
mal du Cyclostomx Wobzianum sont fort 
remarquables et vraiment dignes de fixer 
l'attention du naturaliste ami de l’ento- 
mologie. 

On sait que 
Cyclostoma ont 


animaux du genre 
pied pourvu dun 


les 
leur 


12 
opercule calcaire, avec lequel la bouche 
de la coquille se trouve fermée hermé- 
tiquement lorsque l'habitant est tout à fait 
rentré dans sa demeure. Tel est l’obstacle 
à surmonter que la petite larve rencontre, 
obstacle que l’on pourrait croire iufran- 
chissable pour cette dernière; car, en 
effet, ses organes buccaux ne sont-pas 
assez robustes pour pouvoir briser ou au 
moins perforer cette opercule de cons's- 
tance ca'caire; mais la nature, si pré- 
voyante pour les êtres qu'elle a créés, 
tout en privant d’instinct les animaux 
placés plus bas dans l'échelle, a donné à 
ces derniers des moyens de conservation 
qui, le plus souvent, se trouvent repré- 
sentés par la force, et, lorsque celle-ci 
vient à manquer, par la ruse : c'est ce 
dernier moyen que la petite larve met en 
usage pour s'emparer de l’habitant de 
cette coquille, vers lequel elle est attirée 
pour sa conservation. 

C’est pendant les mois de janvier, fé- 
vrier et mars que les Cyclostoma se met- 
tent en mouvement, c’est-à-dire qn’à cette 
époque, les pluies ayant détrempé la 
terre qui Lous les ans se trouve profondé- 
ment fissurée par les sécheresses de l’été, 
ces mollusques viennent à la surface du 
sol et sortent de leur habitation, soit pour 
pourvoir à leur nourriture, soit pour s’ac- 
coupler ou pour jouir de cette humidité 
atmosphérique dont ils sont privés pen- 
dant neuf mois de l’année; c’est aussi à 
cette époque que les jarves de Drilus 
attaquent les Cyclostoma FVobzianum. 
Lorsqu'une larve désire s'emparer de l'a- 
nimal d’un Cyclostoma, elle place son 
dernier segment sur le bord extérieur 
de la bouche de la coquiile, sur lequel 
elle se tient solidement fixée, par le 
moyen d’un tubercule en forme de ven- 
touse ou de patie en couronne dont le 
dernier segment est armé, et, surtout 
après avoir eu soin de se poster à la 
partie que }animal ouvre pour sortir de 
son habitation, libre alors de tout son 
corps et de ses pattes , elle dirige ses or- 
ganes de la manducation du côté où le 
mollnsque soulève son opercule , soit pour 
respirer, soit pour marcher ; mais l’ha- 
bitant de la coquille, sentant eet hôte 
incommode sur son opercule, se garde 
bien d'ouvrir ce dernier, et espère, en 
faisant durer longtemps cette manœuvre, 
lasser son ennemi, mais la petite larve, 
en sentinelle attentive, ne quitte pas un 
instant le Cyclostoma, et reste à l’épier 
ainsi, non yas une heure, mais des jours 
entiers. L’habitant de la coquille, après 
avoir employé toutes les ruses possibles, 
se trouve enfin forcé de sortir de cette 
fausse position ; je ne sais si c'est pour re- 
nouveler Pair de ses poumons ou pour se 
hvrer à l'acte auquel la nature l’a des- 
tiné, mais il se rend, c'est-à-dire que le 
besoin d’une de ces deux fonctions le 
pousse À entr’ouvrir son opercule. L’assié- 
geant, qui est toujours posté en senti- 
nelle et qui épie le moment favorable, 
profite de cette circoustance pour placer, 
dans l'intervalle que laisse l’opercule entre 
la coquille, ses mandibules avec lesquelles 
il coupe le muscle qui retient l’opercule 
au pied de lanimal, ou lui fait une bles- 
sure assez profonde pour en rendre l'action 
impuissante ; c'est alors que la petite 
larve se rend maitre, non-seulement de 
la place, mais encore de la garnison, dont 
elle fait sa nourriture. 

Le travail que j'ai l'honneur de prè- 


13 


senter à l'Académie se termine par une 
monographie du genre des Drilus, et j'ai 
cru devoir l'accompagner d’un croquis 
donnant la larve et la nymphe très-grossis, 
et la position qu'occupe cette larve lors- 
qu’elle cherche à s'emparer de l'animal 
d’un Cyclostona Wobziarum. 


Index ornithologique} par Lesson. 
(suite.) 
Ome famille aquileideæ. 

26° Genre : Aquila, Brisson (1760); G. 
Cuv.; falco, L. Mœbhring, 1752. Europe; 
Afrique. Malaisie; Asie; Australie. — 68. 
Aquila chrysiêtos, Brisson: falco chrysaëtos, 
L.; falco niger, fulvus et melanaëtos, L.; 
Gm.; Eul. 409 (jeune) et 410 (adulte); 
aquila fulra, Vieill.;.Encyel. ur, 1188; 
falco chrysaëlos, tenim., man.; falco ful- 
vus Canadensis, Nuttall, 1, 62; Sw, N. 
Zool., p. 12; proceed. 2 79; 111, 15; l'Ins- 
titut, 195; fa/co n'ger, Brown, pl. 2; Less., 
tr. pl. 8 f. 13 aigle commun, faune fr., pl. 
4 f. 1. Hab. les montagnes d'Europe, d’A- 
sie, d'Afrique et de l'Amérique septentrio- 
nale. — 69. Aquila Heleica, Sav., pl. 12; 
falco mogilnik, Gm.? aigle de Thébes, 
Vieill., gal. pl. 9; falco imnerta!is, Temm., 
pl. col. 151 (adulte) et 152 (jeune) Naum., 
pl. 6 e: 7. Hah. : le midi de l Europe et le 
nord de l'Afrique, jusqu'au Sénégal. — 
70. Aqu'li nœvia. Falco nœvius et macu- 
latus, Gm.; Aquila Melanaëlos, Savig., 
Eg. pl. 1 et pl. 2, f. 1; aigle plaintif, 
Vieill., faune franc. pl. 4, f. 2; 4quila bi- 
fasciata,, Hornsch. et Brehm. hab. les Ap- 
peanins, les chaînes du midi de l'Europe.— 
71. Aquila Bonelli, Vieiil. Mém. ac. Turin; 
temm , pi. col. 288 ; Savi. hab. la Sardai- 
gne , l'Egypte, Tripoli et Tunis. — 72. 
Aquila pennata; fulco pennatus, Brisson, 
supp., pl. 1; aigle Lolté, temm., pl. col. 
33; proceed. 1v, 53; Brehm, pl. 2 f. 2, pen- 
natus, Lath. hab. La France (rare), l'Es- 
pagne.— 73. Aquila nœvioïdes, Cuv. règ., 
1, 326; falco rapax, hab. le cap de Bonne- 
Espérance. — 74. Aqui'a armigera ; fulco 
armiger, Shaw; le grifjard. Levaill. , af. 
pl. 4; falco bellicosus, Daudim, 2, 38. hab. 
le cap de Bonne-Espérance.— 75. 4qu l4 
Vulturina; falco Fuliurinus, Shaw ; Vieil- 


lot, Encycl. r1, 1197; le Caffre, Levail- 


lant, af., pl. 6; Daudin, f. 2, p. 53. hab. 
la Cafrerie.—76. Aquila Ferreauxi, Less., 
Cent. zool. pl. 38 (1839) p. 105. voy. de 
Bélang., p. 216, Aquia choka, Smith, 
proceed., 1837 p. 45. hab. le cap de 
Bonne-Espérance. — 77. Aquila albicans. 
faico albicans, ruppell, 2° voy. pl. 13. 
hab. l’Abyssinie. — 78. 4quila malayana, 
Less.; fulco malayensis Reinw.; temm. pl. 
117; Cuv., 1, 326. hab. lesiles de la Sonde. 
— 19. Aquila vindhiana, Franklin, Pro- 
ceed. 1, 144. hab. l'Indostan.—80. 4quila 
bifasciata, Hardw. et Gray, Zool. ind. 
hab. l'Inde continentale. — 81. Aquila 
morphnoïdes, Gould, proceed. 1840, p. 
161 hab. l'intérieur de la Nouvelle-Galles 
du sud. — 82. Aquila fucosa, Less. Tr. 
p: 39; falco fucosus, Cuv., règ. pi. 3,1. 
1; temm. pl. 32; trans Linn. xv; 188. 


* hab. la Nouvelle-Galles du sud. 


27e Genre : Limnæerus, Vigors, 1831; 
ruisaëtus, hodgs (1836). hab. la Malaisie. — 
83. Lirnaëtus horsfieldit, Nig.; falco lim- 
nœtus, Horsf., Zool. res. in Java; .flco 
unicolor, temm. pl. col. 134; Lake fulcon, 
Lath.; trans. x111, 138. hab. Java. — 81. 
Limnaëtus niveus ; falco niveus, temm. pl. 
col. 127. hab. l'île de Java. — 85. Limnaë- 
tus hastatus ; morphnus hastatus, Lesson, 


14 


voy. de Bélang., p. 217. hab. l’île de Java. 
— 86. Limneætus caligatus. falco caligatus, 
Raffles, Cat. trans. xi1, p. 278. hab. l’île 
de Sumatra. 

28e Genre : Srizagrus, Vieill. (1816); 
gypaëlos, Daudin; plumipeda ; flemiog, 
(1822); karpyta, Spix. hab. l'Amériq. mé- 
ridionale, l'Asie et l'Afrique. — 87. Spi- 
zaëtus ornatus, Vieïll., gal. pl. 21 ; gypaetos 
ornatus, Daudin, t. 2, p. 77; fa/co superbus 
et coronatus, Shaw, harpyia braccata, Spix, 
pl. 3, f. 1 (jeune); Epervier pattu , azara; 
urutaurana, Marcgrave, aigle moyen de la 
Guyane, Mauduit, hab. le Brésil, la Guyane, 
le Paraguay. — 88. Spizaëtus cristatellus. 
falco cristatellus, Temm., pl. col. 282. 
hab. l’île de Ceylan. — 89. Sprzaëtus oc- 
cipitalis; falco occipitalis, Daudin, t.2, 
p-. 40; Vieillot, Encycl. 3, 1259; Bruce, 
atl. pl: 32; le huppard, Levaill., af. pl. 2. 
hab. la Cafrerie, le Sénégal, la Gambie. — 
90. Spizaëtus albescens ; falco albescens, 
Shaw ; le blanchard, Levaill., af. pl. 3. 
hab. le cap de Bonne-Espérance. — 91. 
Spizaëlus tyrannus; falco tyrannus, Wicd, 
t. 2,174; Temm., pl. 73. hab le Brésil. 
-- 92. Spizaëtus rufitinctus, Macclell.; 
Proceed., 1839, p. 153. hab. l'Inde ( As- 
sam). — 93, Spizaëtus Kienerii ; falco Kie- 
nerit, Gervais, mag. de zool., 1835, pl. 
35; Spizastur Kienerii, Less. Compl. 2, 
119. hab. les monts Himalayas (Inde). 

29e Genre : Srizasrur,- Less., compl. à 
Bufr., t. 2, p. 119. hab. l'Amérique méri- 
dionale. — 94. Spizastur atricapillus ; falco 
atricapillus, Cuv., Temm., pl. 79. hab. 
la Guyane francaise. 

30e Genre : IcraxopnaGa, Less: ; Zcthyuë- 
tus, La Fresn. (nom usité en 1829 par 
Kaup); haliæius, Horsf. hab. la Malaisie. 
— Îcihyiophaga javana ; falco icthyiaëtus, 
Horsf., tran. Linn. xux, p. 136, et Zoo)l, 
resear. fis.; icthyaëtus bicolor, gray; La 
Fresne. dict. un., 1839. hab. les bords des 
lacs et rivières de Java. 

31° Genre : Harryra, Cuv. (1817); gy- 
paëtos, Daudin; Thrasaëtos, gray (1837). 
hab. l'Amérique méridiouale. — 96. Har- 
prix ferox , Less., tr. pl. 10 ; vultur crista- 
tus, L.; Lilig., Jacquiu? falco harpyia, 
L.; falco Jacquini, Gw.? grand aigle de la 
Guiane, Mauduit; falco destructor, Dau- 
din, t. 2, p. 60; Temm., pl: 14 ; fa!co im- 
perialis, Shaw ; yizquanhily, Fernand., 67, 
p.28; D'Orbig., p. 8l. hab. la Guyane et 
le Brésil. 

32e Genre : Morpanus, Cuv. (1817); 
harpyia, Sw.; urubitinga, Less. (1837); 
aquila, Spix; Busarellus, La Fresn., Dict. 
univ., 1, 215. hab. l'Amérique méridionale. 
— 97. Morphnus urubitinga, Cuv.; Temm., 
pl. 55, urubitinga l nyipes, Less., compl. 
1, 112; falco urubiinga, L., Gm.; falco 
long pes, Ilig ? aquila picta, Spix; D’Orb. 
voy. p. 84. hab. le Brésil et la Guyane. — 
98. Morphnus Guyanensis ; morphaus cris- 
talus, Less., tr. pl. 11,f. 2; petit aigle de 
la Guyane, Mauduit; falco Guyanensis, 
Daudin , t. 2, p. 78; Sprzaëtus variegatus, 
Vieill., Encycl., rm, 1257. hab. Ja Guyane. 
— 99. Morphnus capistratus, Less., Esp. 
nouv.; ailes aussi longues que la queue, 
des poils entre l’œil et la commisure, tarses 
longs, bleuâtres, à ongles droits, à doigts 
courts; dessus de la tête noir intense, der- 
rière du cou et du dos rouge canelle; ailes 
noirâtres, variées de gris et de blanc; pen- 
nes primaires noires; croupion varié de 
gris ; queue blanche rayée de noir finement, 
puis largement bordée d’un ruban noir re- 
levé d’une frange blanche à l'extrémité de 


15 


la queue; devant du cou et du thorax 
blanc de neige ; ventre et couvertures in- 


-férieures gris-blanc avec rayures brunes; 


plumes tibiales gris-blanc avec des rayures 
brunes. hab. le Centre-Amérique sur l’O- 
céan Pacifique. 


He 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
COURS DE M BLANQUI DE L'INSTITUT. 


De nos anciennes colonies dans l’Inde- 
Orientale , il ne nous reste plus que les 
villes de Pondichéry, Chandernagor, Kari- 
kal, Mahé et Yanaon, qui certainement 
pourraient être des points d'appui d’une 
grande importance pour notre commerce 
maritime, mais qui tendent tous les jours 
vers une décadence de plus en plus com- 
plète. 

Nous allons passer successivement en 
revue chacune de ces villes, et exposer ce 
qu’elles peuvent offrir d’important sous le 
rapport de leur production et de leur in- - 
dustrie particulières. 

Pondichéry, après avoir été prise et re- 
prise six fois, nous a été enfin rendue par 
les traités de 1814. Cette ville est aujour- 
d’hui bien déchue de son ancienne splen= 
deur, et son territoire n'offre plus qu’une 
très-faible étendue. Elle n’a pas de port, 
mais elle possède une bonne rade, quoique 
la barre en soit dangereuse. Sa population, 
en y comprenant celle des aldées ou villages 
qui l'entourent, s'élève à environ 175,000 
habitants, parmi lesquels on compte de 
700 à 1000 blancs. 

Cette colonie est essentiellement propre 
pour la culture, quoique nous ayons vu 
dans la dernière leçon qu’elle exportât une 
quantité assez considérable de guinées au 
Sénégal. D'ailleurs, ce qui donne de la 
valeur aux guinées, c’est surtout la couleur 
bleue qui leur est donnée à Pondichéry, et 
dont on attribue la bonté aux sources 
d'eau du pays. La canne à sucre et le mû- 
rier prospèrent dans le territoire de cette 
colonie, et l'indigo y a fait également de 
grands grogrès. En 1834, on ÿ comptait 
10,613 hect. de terre en culture, et ses 
productions étaient de 6,488,640 kilog. de 
riz, 15,180 kilog. d’indigo, 7,429 kilogram- 
mes de tabac. Le cocotier y donnait aussi 
12,345,550 noix. 


Avec ün semblable résultat, il est facile 
de supposer que la colonie de Pondichéry 
vise à reconquérir son ancienne importance, 
et sa place parmi les possessions françaises ; 
mais malheureusement la métropole ne 
s'empresse pas de prêter son appui à une 
si noble entreprise; on dirait, au contraire, 
qu'elle feint d’ignorer les efforts de sa co- 
lonie vers un but aussi louable. En effet, 
les guinées, qui forment une branche im- 
portaute de l'industrie de Pondichéry, sont 
refusécs en France et frappées d'un droit 
de 20 pour 100 à l'ile de Bourbon. Or, il 
convient de remarquer à ce sujet que notre 
gouvernement, en agissant selon de tels 
principes, prive ses habitants d’une mar- 
chandise qui pourrait devenir l’objet d’une 
très-grande consommation dansle royaume 
En effet, en employant les toiles de Pondi- 
chéry au confectionnemenf des blouses 
dont l'usage est aujourd’hui si étendu, 
elles auraient sur celles que nous employons 
actuellement une supériorité incontestable 
qui consisterait d'abord à réunir plus de 
force à une égale finesse, et ensuite à ne 
pas blanchir par l'usure. Les mousselines 
se trouvent dans le même cas que les gui- 


16 


nées. Le savon, la bougie et les jouets d’en- 
fants, qui sont si bien faits par les Indiens, 
sont également prohibés à nos frontières. 
Il existe en outre une ordonnance maritime 
qui défend à nos navires d'aller de l'Inde à 
la Guyane. 

Des mesures aussi rigoureuses ont donné 
lieu à une conséquence que nous pouvons 
dire naturelle, car on a pu la remarquer 
en pareille circonstance dans les autres 
colonies; c’est que la France exporte seu- 
lement pour 250,000 franes de produits à 
Pondichéry. 

Il est donc à desirer que le gouvernement 
français ne se montre pas toujours insensi- 
ble aux progrès naissants d’uve colonie qui 
non-seulement n’est pas à charge au tré- 
sor de la métropole, mais qui, ayant 
échappé , on ne sait comment, au grand 
empire des Anglais, ne tarderait pas à en 
devenir tributaire. 

Les autres villes de l'Inde-Orientale qui 
dépendent de la France w'ayant que peu ou 
point d'importance, nous ne ferons que 
les mentionner. 

Jadis florissant, le commerce de Chan- 
dernagor se trouve aujourd’hui dans une 
stagnation complète. Pour en donner une 
preuve, il nous suffira de dire qu'il y a 
deux ou trois ans qu’un navire n’est entré 
dans le port pour y traiter une affaire. Son 
territoire peut être considéré comme à peu 
près nul. La misère y est déplorable ; et on 
rapporte que nos représentants font si triste 
figure, que pour sortir décemment, ils 

-sont obligés d'emprunter les palanquins de 
leurs administrés. 

Karikal n’est remarqnable que par les 
vastes salines établies sur la côte et dans 
les environs, et dont les produits sont l'ob- 
jet d’un assez grand commerce. Cette pe- 
tite colonie produit en outre du riz, du 
tabac et de l’indigo. Ses exportations ont 
dépassé 2 millions. 

La petite ville de Mahé, sur la côte de 
Malabar, a un assez bon port; son territoire 
a environ deux lieues de rayon. Ses produc- 
tions sont du reste les mêmes que celles de 
Pondichéry et de Karikal. 

Yanaon n’est citée que parce qu’elle est 
le chantier de la France dans l'Inde. 

A. M. 


ARTS PYROTECHNIQUES. 

Mémoire sur Les effets de la force expansive de 

la poudre dans les mines et les armes à feu; 

par M. Plazanet, lieatenant-colonel du génie. 

Après avoir signalé l'insuffisance des 
formules employées pour proportionner 
les charges aux effets qu’on veut produire 
par le jeu des fourneaux , l'auteur déduit 
d'une théorie nouvelle, fondée sur des 
données d'expérience , Ja solution des 
principales questions qui peuvent se pré- 
senter dans la guerre souterraine , et 
parmi lesquelles se trouvent les suivantes : 

1° L'expérience ayant fait connaître Ja 
charge qui, dans un milieu consistant, 
tel que la terre, a produit un enton- 
noir de forme quelconque, déterminer 
la charge qui, dans le même milieu, 
produirait un entonnoir semblable, sous 
toute autre ligne de moindre résistance. 

2 Déduire des dimensions de l’enton- 
noir létendue du globe de compression 
ou de rupture , et l'intersection de cc 
globe , par la surface horizontale du 
milieu. 

3° Connaissant la charge qui, sous une 
ligne de moindre résistance donnée, à 
produit la rupture d'une galerie située à 


17 


une distance également donnée; trouver 
la position et la charge d’un second four- 
neau, qui, dans un terrain de même 
nature, produirait le même effet, sur une 
galerie semblablement placée par rapport 
au centre des poudres, mais à une dis- 
tance plus grande ou moindre que la 
précédente. 

4 Déterminer le rapport entre l’aug- 
mentation de la charge et la diminution 
du bourrage, ou de la ligne de moindre 
résistance, pour produire le même effet 
de compression ou de rupture. 

5° La tenacité d’un terrain étant connue, 
trouver l'expression de‘la tenarité d’un 
terrain de nature différente, par la com- 
paraison de l’effet de deux fourneaux 
également chargés , et placés sous la 
mème ligne de moindre résistance dans 
chacun de ces milieux. 

6° Dans la difhculté de déterminer par 
l'expérience , pour chaque nature de ter- 
rains , les charges qui conviennent aux 
entonnoirs plusou moins évasés sous la 
même ligne de moindre résistance, dé- 
terminer ces charges en fonction de celles 
qui se rapportent à lentonnoir ordinaire. 

L'auteur termine par ane application 
de sa théorie à la détermination de la 
force initiale des projectiles dans les armes 
à feu. 


HYDRAULIQUE ; FLOTTEUR ASPIRANT,. 


M. de Caligny a construit un appareil 
hydraulique élévatoire sur les applications 
particulières duquel il reviendra ultérieu- 
rement. 

Un tuyau, courbé en acc de centre et 
ouvert à une de ces extrémités, étant sus- 
pendu à un axe autour duquel il peut os 
ciller librement , est plongé en partie à une 
petite profondeur (par la portion inférieure 
de sa courbure) dans l’eau à épuiser. Dans 
la partie plougée il est séparé en deux par 
une cloison près de laquelle est disposée 
une soupape ouvrant de dehors en dedans 
et par laquelle doit être aspirée l’eau qui 
sortira par l’extremité du tuyau qui est 
toujours ouverte. Le mouvement de ce 
tuyau est réglé au moyen d’un flotteur 
qui donne lieu , comme on va voir, au jeu 


cette espèce de pompe aspirante sans pis- 


ton. Il est clair que si l’on soulève de l’eau 
dans le tube avee une vitesse suffisante et 
que l’on diminue la vitesse du tube, sans 
agir directement sur l’eau, celle-ci conti- 
nuera à monter en vertu de sa vitesse rela- 
tive, en produisant une aspiration ; mais 
on n’agirait pas selon les vrais principes de 
la mécanique si Pon produisait cet effet 
par le moyen d’un obstacle extérieur. Or, 
si un flotteur entrainé dans le mouvement 
du tube sort de l’eauà épuiser ou d’un ré- 
servoir particulier disposé à cet effet, à l’é- 
poque où l’on veut que le tube diminue de 
vitesse, on jouit de cet avantage que, pour 
y parvenir, on n’a à craindre aucune per- 
cussion entre corps solides comme si l’on 
avait à vaincre l'inertie d’un obstacle exté- 
rieur. Lorsque le système est ramené en 
arrière par le mouvement oscillatoire , im- 
primé par le moteur, l'immersion du flot- 
teur diminue encore la vitesse du tabe sans 
agir directement sur l’eau qu'il contient, 
et dont la force vive est utilisée dans le ba- 
lancement rétrograde dont la puissance 
reviendra en aide à l'effet direct pendant 
lequel se fait l'aspiration, si le moteur n'a- 
git que dans un sens 

On voit que l'idée de cet appareil con- 
siste dans le mode d'action du flotteur qui 


18 


permet de produire l'effet voulu sans choc, 
malgré l’inertie des pièces mobiles, comme 
si l’on disposait de forces inimatérielles. On 
voit aussi qu’il n’y a aucun effet de canne 
hydraulique , bien que la partie inférieure 
du tube ne soit enfoncée qu’à une très pe- 
tite profondeur dans l’eau à épuiser. 


Hp pee 
AGRICULTURE. 


Notice sur le chêne de Saint-Jean, dans la 
forêt de Compiègne; par A. Poirson , inspec- 
teur des forêts de la couronne. - 


Le puissant intérêt qu’inspire à l’homme 
tout ce qui se rattache au passé, semble 
être un utile instinct qui le porte à recher- 
cher, dans les traditions , des lecons pour 
avenir : qui de nous n’a pas éprouvé ce 
pieux recueillement qui saisit l’âme en 
présence des temples édifiés par le moyen- 


| âge, où l’homme vient, depuis des siècles, 


fléchir le genou devant l'autel élevé au 
Créateur ? Qui n’a pas senti sa curiosité 
vivement excitée, à la vue des vieux châ- 
teaux forts, où les puissants d'alors bra- 


| vaient l’animosité jalouse de leurs vassaux 


ou la colère de leurs suzerains ? Ce senti- 


| ment, le forestier l’'éprouve aussi dans la 
| contemplation des héritages vivants que le 
| passé lui a légués, et les enseignements 
| qu'il y trouve ne peuvent être que très 


profitables à l'étude des forêts. 
Quoi de plus imposant et de plus ins- 
tructif qu’un arbre qui a vécu plusieurs 


| siècles, témoin muet de tant d'événements 
| divers, et qui, favorisé par la nature, a 


acquis le maximum de développement que 


| comporte son essence ? 


Le chêne de Saint-Jean est de l'espèce 


| rouvre; il porte à Om 50e du sol une cir- 


conférence de 6m 40 c. 
La tige, très élevée pendant un certain 


| temps, s’est trouvée réduite à 2m 60e de 


hauteur par un jet de branches qui est 
venu, à un âge déjà très avancé, changer 
toute la conformation primitive du sujet. 

La hauteur totale est de 35m 00c. 

Le cabe compacte. . . 83st 14c. 

L'espace qu'il occupe. . 5a 31c. 
Plusieurs branches latérales, d’assez forte 
dimension , se trouvant couvertes par la 
tête de l'arbre, sont mortes depuis fort 
longtemps ; quelques-unes existent encore, 
et, quoique très sèches et dépourvues de 
leur écorce , elles présentent une grande 
résistance. D’autres ont cédé à leur propre 
pesanteur, et se sont rompues près du 
tronc, laissant quelques chicots, dont plu- 
sieurs, par une force de végétation très 
remarquable , sont totalement recouverts 
d'écorce, ce qui forme les protabérances 
que l’on remarque au corps de l'arbre. 

L'âge de ce chêne est, très certainement, 
de 250 à 300 ans; car un arbre de gros- 
seur analogue, mort et exploité l’année 
dernière dans le voisinage de celui-ci, 
avait, d'après le compte de ses couches an- 
nuelles, 252 ans. 

Le cube étant de 88st 15e, et l'espace 
occupé par l'arbre 5a 31e, s'il était possible 
que des arbres aussi volumineux se trou- 
vassent réunis sur un hectare, il pourrait 
en contenir 49, cubant 1599st 66c. 

Le chêne a cru longtemps d'une manière 
assez régulière : réservé comme baliveau 
lorsqu'il avait 100 à 130 ans, sa tige a pu 
se garnir de branches latérales qui, Jus- 
ques là , ne changeaient rien à sa régula- 
rité. Il était vraisemblable, et la verifica- 
tion du fait a justifié cette opinion, que les 
racines, après avoir occupé longtemps une 


49 


couche assez riche pour alimenter un bon 
accroissement ordinaire, ont atteint, en 
s'allongeant, une couche beaucoup plus 
riche que la première, et qu’ainsi cet arbre 
a reçu inopinément un surcroît d’alimenta- 
tion que sa tige ne pouvait absorber : mais 
le recru avait manqué au sud-ouest , et il 
restait là une place vague que rien ne pou- 
vait lui disputer; il était donc tout naturel 
qne l’excédant de sève résultant de l’enva- 
hissement par les racines d’un sol plus 
riche, se jetât dans l’espace qui restait libre; 
il était tout simple aussi que cette projec- 
tion de branches, destinées à absorber 
l'excédant de sève , eut lieu très bas sur la 
tige, la partie supérieure n'étant plus apte 
à se prêter à la circulation d’une plus 
grande quantité de fluide séveux. 

Ainsi donc, la nature trouve toujours 
des ressources et des forces toutes prêtes 
pour tous les cas susceptibles de modifier 
la vie des végétaux; et un arbre, quoique 
déjà très vieux, peut encore profiter des 
améliorations qui surviennent dans ses 
moyens d’accroissement. 

(Annales forestières.) 


ARCHÉOLOGIE, 


Sur les édifices les plus remarquables classés 
par ordre d’intérét, sous Le rapport de lhis- 
toire et de l'art, dans le département de la 
Sarthe; par M. l'abbé Tourxesac, inspecleur 
des monuments historiques. 

(Deuxième article.) 


Sablé. — Les quatre vitraux de l’église 
paroissiale de N.-D. de Sablé, furent exécu- 
tés dans les premières années du seizième 
siècle. 

L'un représente douze tableaux de Ja 
passion du Sauveur, surmontés des armes 
de France et de Luxembourg. 

Les autres fenêtres offrent des sujets de 
la vie de N.-S. et de la Sainte-Vierge. 

Enfin la quatrième fenêtre est toute oc- 
cupée par quinze pannaux de l’histoire de 
Sainte-Madeleine. 

Eglise de l’ancienne Visitation au Mans. 
— Si le moyen-âge nous offre des monu- 
ments qui excitent notre admiration, le 
dernier siècle a produit aussi ses chefs- 
d'œuvre au nombre desquels noas classons, 
dans la ville du Mans, la charmante église 
de l’ancienne Visitation, bénite en 1737, et 
construite à très grands frais, d’après les 
plans de Soufflot. 

Son plan, en forme de croix, offre une 
longueur dans son œuvre de 30 mètres et 
une largeur de 16-65. Le tout surmonté 
d’un dôme à huit arcades,couverten plomb 
et ardoise, élevé au-dessus du sol d’envi- 
ron 40 mètres. 

Sa façade, tout en calcaire blanc, de haut 
appareil, élevée de quinze degrés, se com- 
pose d’un avant-corps, de quatre colonnes 
accouplées et cannelées, d'ordre corinthien 
à feuilles de laurier. 

La menuiserie du portail, divisé en pan- 
neaux, ornés des symboles de la religion et 
de guirlandes de fleurs délicatement senlp- 
tées, est accompagnée d’une ferrure à 
équerres doubles, terminées par des pal- 
mettes découpées à jour. L'intérieur de 
cette église, toute voûtte en tuffau appa- 
reillé, est remarquable par ses galeries à la 
naissance des voûtes, avec balcons en fer et 
panneaux en tôle repoussée; par ses dix- 
huit pilastres corintbiens , ses fenêtres avec 
appuis fleuronnés, et sous le dôme la voûte 
sphérique, de 45 mètres 60 centimètres de 
diamètre, enrichie de monogrammes ac- 
compagnés de rinceaux etautresornements. 


20 


S'aint-Calaïs. — Cette église paroissiale, 
sous l’invocation de N.-D., offre un carré 
long avec deux latéraux, sans transepts, 
dont la longueur dans œuvre est de 38 mè- 
tres, et la largeur 18 mètres 30 centimètres. 

Entièrement voütée, sa construction est 
de deux époques : le chœur, qui appartient 
à la fin du quinzième siècle, et la nef exé- 
cutée en 1740. 

La façade, percée de trois portes , est la 
plus complète dans ce style. 

On remarque aussi une tour surmontée 


d’une flèche en pierre découpée à jour, el 


dont l'élévation est de 55 mètres 80 centi- 
mètres depuis le sol jusqu’à la croix. 

N.-D. du Pré.— Cette église, servant 
autrefois à l’abbaye desBénédictins de Saint- 
Julien-du-Pré, est devenue paroissiale de- 
puis 1800. 

En forme de croix latine, avec latéraux 
dans la nef et autour du chœur, elle est 
voûtée en tuffau appareillé. 

C'était le lieu de la sépulture de nos pre- 
miers évêques jusqu’au milieu du neuvième 
siècle, quand saint Aldric, évêque du Mans, 
fit transférer, le 25 juin 838, leurs corps et 
ceux de plusieurs autres saints et saintes 
dans la cathédrale, pour les sauver de la 
fureur des Normands. 

Son architecture, du onzième et du dou- 
zième siècle, fixent l'attention des archéo- 
logues, qui remarquent les chapiteaux à 
entrelas et animaux imaginaires, le pour- 
tour du chœur et ses apsides, et enfin le 
portail élevé dans le style de transition. 

Fresnay. — Cette église paroissiale, du 
roman de transition, qui n’a éprouvé au- 
cune modification dans son premier plan, 
est une basilique terminée à lorient par 
une apside, sans transepis ni latéraux, et 
offre une longueur de 35-50 et une lar- 
geur de 9-80 dans œuvre. 

Les parties les plus remarquables sont : 
4° la tour, terminée par une flèche en bois, 
et accompagnée de quatre clochetons en 
pierre ; 

2° La façade, qai se compose d’une porte 
cintrée à 3 arcs en retrait, ornés de tores et 
de grosses dents de scie ; 

3° Le portail, qui offre deux ventaux en 
bois de chêne, exécutés en 1528, divisés 
en 24 panneaux pour les deux côtés. 

Sur celui de l’évangile, on remarque 
l'arbre de Jessé partant du sein d'Abraham, 
et étendant ses rameaux entre les douze 
panneaux que remplissent les portraits des 
douze rois de Juda. 

Sur le ventail du côté de l’épitre : Jésus 
en croix entre deux larrons ; Jésus en jar- 
dinier paraît à Magdeleine après sa résur- 
rection; puis les douze apôtres et la date 
miLccccexxvirr. Enfin sur les traverses sépa- 
ratives, à chaque panneau est gravé en 
lignes horizontales une partie du symbole 
de la foi. (Bulletin monumental. 


—— 55 Eh Ke — 
GÉOGRAPHIE. 
Résullat des voyages à la découverte des 
sources du Nil-Blanc. 

Depuis l’époque la plus reculée de l’his- 
toire jusqu’à ces derniers temps, les efforts 
des Européens pour pénétrer au cœur de 
l'Afrique avaient été à peu près sans succès. 
Presque rien n’avait changé jusque vers 
1792; mais depuis une cinquantaine d'an- 
nées, les travaux des Sociétés de décou- 
vertes , aidées surtout du courage des ex- 
plorateurs , ont réussi à vaincre de grands 
obstacles ; on a enfin pénétré jusqu'à plu- 
sicurs points très-avancés dans l’intérieur ; 


21 


toutefois , ces points restaient isolés entre 
eux. 

L'Europe , entraînée par des intérêts 
bien différents, et inattentive de ce côté du 
globe , a peu songé aux résultats obtenus 
par des hommes intrépides, par les voya- 
geurs français , anglais et allemands, suc- 
cesseurs de Bruce, Browne, Mungo-Park 
et Hornemann. C'était [à cependant un 
spectacle bien digne d'intérêt, que ces 
nombreuses trouées faites dans l’intérieur 
de l’Afrique. 

De tous les côtés, par le nord, par 
‘orient, par le couchant, le continent afri- 
cain est attaqué et entamé. Tout annonce 
que le moment n’est pas très loin où il sera 
traversé de part en part, où les points iso- 
lés dont la science a pris possession se re- 
joindront de proche en proche, et forme- 
ront des lignes continues, sur lesquelles se 
rencontreront quelque jour les voyageurs 
de tous les pays. 

Les voyages que vient d’ordonner le 
maître de l'Egypte dans ces contrées qui 
touchent à l'équateur, ne contribueront pas 
peu à ce résultat. En effet, le Soudan orien- 
tal est en rapport habituel par les caravanes 
avec le Soudau central, et, par là, avec la 
région du Dhiohba; ii n'est donc pas im- 
possible que nos voyageurs du haut Séné- 
gal se donnent un jour la main avec ceux 
qui explorent en ce moment les rives de 
l'Aouach ou bien celles du Bahr-el-Abiad , 
en se rencontrant sur les rives du lac 
Tchad. - 

Derx expéditions, ayant pour but la 
recherche des sources du Nil Blanc, ont 
eu déjà lieu. En voici les phases principales 
et les circonstances géographiques les plus 
intéressantes : 

Depuis le Mémoire de D'Anville, qui 
date de 1745, les géosraphes s'étaient ac- 
cordés à faire descendre du sud-ouest, et à 
une grande distance, les premières sources 
du Bahr-el-Abyad , c’est-5-dire le fleuve 
Blanc, regardé comme le véritable Nil ou 
sa branche principale. Ils avaient en con- 
séquence placé vers le 6tet le 7e degré de 
Jatitude N., entre le 21: et le 25° de longi- 
tude E,, les montagues de ja Lune , autre- 
ment le Djebel-el-Kamar ou el-Koumri des 
écrivains arabes, considéré comme l’ori- 
gine du fleuve. 

Depuis D’Anville plusieurs tentatives ont 
été faites pour décider la question des 
sources du Nil; mais rien n'avait été en- 
core éclairei lorsque, en 1831, un voyage 
de découvertes fut organisé à Paris pour le 
même objel; une somme suflisante fut 
accordée , des instruments furent envoyés 
à Alexandrie avec des instructions. M. Li- 
nant, trés instruit sur ce qui regarde le 
pays supérieur, et au fait des mœurs et des 
idiomes, devait diriger l’expédition : des 
circonslances qu’il est inutile de rapporter 
la firent ajourner. | 

Enfin, en 1837, le vice-roi étant allé 
voir par lui-même les travaux d’exploita- 
tion des sables auriféres du Fazoglo et de 
Fazangoro sur la rivière Bleue (vers le 
10° degré de latitude N.), résolut de faire 
explorer la branche occidentale, etordonna 
une expédition toute égyptienne de 400 hom- 
mes, montés sur un grand nombre de 
barques. À sa tète il plaça un capitaine de 
sa marine, Selim Binbachy. Il résulte 
clairement du journal du voyage, tenu à 
l'européenne heure par heure , 1o que l’on 
ne trouve sur la rive gauche, c’est-à-dire 
vers l'occident, aucun affluent, mais seu- 
lement des marécages ; 2° que vers la fin 


22 


de la navigation, l’on remarqua une bran- 
che assez importante (Bahr-el-Seboth ou 
Ei-Telkhy), mais venant du sud-est ; plus 
loin , une bifurcation , qui est simplement 
produite par une grande île ; 3° qu'aucune 
chaine de montagne n'existe dans ces pa- 
rages au dire des naturels; 4° que la pro- 
fondeur et la largeur du fleuve étaient con- 
sidérablement réduites, au point d’arrêter 
la navigation ; 5° enfin, que le Bahr-el- 
Abiad , au terme de l’expédition , vers le 
6° degré de latitude, ne s’écartait pas sen- 
siblement du méridien de Khartoum, et 
même était à lorient de celui du Kaire. 

Un nouveau voyage a été prescrit à 
Selim Binbachy par le souverain de lE- 
gypte, impatient d’atteindre par ses offi- 
ciers jusqu'aux sources du Nil. Cette fois, 
des Européens étaient associés au chef 
égyptien. Cette expédition a remonté plus 
haut que la première d'environ deux de- 
grés ; elle n’a point vu, ni entendu parler 
de chaînes de montagnes, quoiqu’elle fût 
parvenue au 4 degré 42 min.; pas d’af- 
fluents venant de l’ouest ou du sud-ouest; 
pas de cataracte; direction de la branche 
maîtresse vers le sud ; le fleuve prenant 
parfois une plus grande largeur, mais tou- 
jours moins profond, du moins dans la 
saison des basses eaux; enfin, le dernier 
point atteint par les voyageurs , placé sous 

le 29° 1/2 environ, c’est-à-dire encore à 
l’est du méridien du Kaire. Ce résultat est, 
comme le premier, tout contraire à l’opi- 
nion reçue. 

Mais que faut-il penser maintenant de 
Djebel-Koumri , des montagnes de la Lune, 
placées jusqu'ici vers le 6° et le 7° degré 
de latitude? Faut-il les chercher sous l’é- 


23 


posait Ptolémée? Ou faut-il croire qu’elles 
sont très-loin à l'ouest , et alors, que l’ex- 
pédition n’a du en avoir connaissance . 
surtout si leur direction n’est pas de 
l'ouest à l’est, mais du sud au nord (ou à 
peu près); qu'enfin, un affluent du sud- 
ouest, déguisé par les marais immenses du 
9 degré, aura échappé aux explorateurs ? 
Entre ces deux suppositions l'opinion peut 
flotter encore. Ce qui permet le doute, 
c’est que Selim dit dans sa relation que les 
nombreuses peuplades des deux rives, dif- 
férentes de race et de langage, souvent 
hostiles entre elles, lui ont souvent dit 
n'avoir aucune connaissance de ce qui 
existe au delà de leur territoire. 

Ce qui est encore à noter relativement à 
l'opinion des anciens, c’est qu'ils placent 
les Lunæ montes au delà de l'équateur. 
D'un autre côté, M. d'Arnaud parle du 
Misselad de Browne; on sait que cette ri- 
vière douteuse , tracée par Browne au sud- 
ouest du Darfour, du 40° au 15° degré de 
latitude N., à 6 et 8 degrés à l’occident du 
fleuve Blanc, n’a ni source ni issue connue. 
Comment concevoir son existence tout au- 
près du Bahr-el-Abiad? Mais si, en effet, 
vers le 7° degré de latitude , il y a un grand 
afiluent venant de l’ouest, appelé Keilak ou 
Misselad (peu importe), cela n’expliquerait- 
il pas la donnée généralement admise? On 
voit qu'il reste encore de l’incertitude sur 
cette partie de la question. 

Ce qui en présente moins, et offre peut- 
être plus d'importance, c’est le fait de 
l’existence de plusieurs nations distribuées 
sar les rives du Nil-Blanc, toutes intéres- 
santes par leurs mœurs, leurs usages, 
leur caractère de race. Ici :es voyageurs ont 


quateur, ou même au delà , comme le sup- | fait de curieuses découvertes. Depuis le 


Expositions de 1823,1827, 1834,1939, 
SOCIÉTÉ ROYALE D'HORTICULTURE, MÉDAILLE D'ARGENT 1832 er 1836 , méDarrre D'ENCOURAGEMENT 


1834. 


Membre de la Société royale d’horticulture, d 


Académie de l’industrie, mécanicien bréveté du roi et 


fournisseur de la reine. 


Hache-légumes, hache-paille, charrue à ratisser, baratte à beurre, instruments d'agriculture ‘et de jar” 
dinage, leis que sécateurs perfectionnés pour la taille des arbres, nouveau greffoir pour toutes greffes» 
ébranchoir coupant seize lignes de diamètre, échenilloir, nouvelles cisailles pour la taille des espaliers sans 
dépaliser, pinces pour treillageurs tordant et coupant le fil de fer; cueilloir à corbeille et de diffe- 
rentes formes, Pince annulaire pour empêcher la vigne de couler, pince à dégoudronner les bouteilles, 
Echelle-brouette, idem pliante, pompe-brouette | pompe-seringue pour les serres, boîtes à pucerons à 
double fond. Transplantoirs , cadenas à combinaison , cache-entrée, dynamomètre pour comparer les forces, 
éprouvettes de chasse servant de peson, manequin mécanique perfectionné pour les peintres, nouveau 
coupe-racine à l'usage des pharmaciens, approuvé par l'Académie de médecine et de pharmace, 

« Cette fabrique d'instruments d’agriculture et de jardinage, établie sur une base modeste, a réalisé tout 
ce qu'on doit attendre de succès d’une entreprise dirigée par un praticien habile, intelligent et conscien- 
cieux, Les instruments que confectionne M. Arnheiter se recommandent généralement par une exécution 
franche, et dans beaucoup on rencontre de l'invention; ils justifent pleinement la confiance que leur ont 
accordée les consommateurs. Ses cisailles à chariot pour tondre les gazons, son enfumeur pour la destruc- 
tion des insectes et sa pompe à brouette pour l’arrosement des serres et jardins, ont été l'objet d'une at- 
tention particulière, etont paru au jury étendre d'une manière très heureuse la collection déjà si nom- 
breuse de ses instruments d’horticulture. C’est ainsi que M. Aruheiter s’est rendu de plus en plus digne du 
rappel de médaille qui récompensa ses travaux en 183%, » (Rapport du jury central.) 


PRÉPARATIONS ANATOMIQUES 
DE GUY Arné, 
rue de l'Ecole-de Médecine, 4. 


Les préparations anatomiques qui depuis quelque temps se sont singulièrement perfectionnées, nous 
paraissent devoir s'améliorer encore par les soins de M. Guÿ ainé, préparateur de la Faculté de Paris. 
Son cabinet, riche en préparations de toutes sortes, tant humaines qu’en cire, offre À messieurs les sa- 
vants et professeurs d'immenses ressources, Ses préparations d'ostéologie, faites avec un soin extrême, ne 
laissent rien à désirer sous le rapport de la perfection, et celles en cire sont certainement tant sous le 
rapport de l'exactitude que sous celui de limitation, ce qui a été fait de mieux jusqu’à présent. 


24 
grand confluent d'El Khartoum, vers le 
15° degré 172 jusqu’au 4° degré 172, et au- 
delà des tribus arabes, on trouve six ou 
sept peuplades distinctes. 

La facilité du voyage sera bien plus 
grande qu’elle ne l’a été, si l'on part au 
mois de septembre pour profiter des hautes 
eaux; alors le haut Nil demeure navigable, 
au moins jusqu'au 3° degré de latitude. 

Un des points les plus curieux à éclaircir 
pour une expédition européenne, si elle 
pouvait se réaliser, serait la nature des 
rapports que les Behrs entretiennent avec 
les Indes. On a trouvé chez eux (les mar- 
chandises qui sembleraient mettre ces rela- 
tions hors de doute; ce sont des étoffes de 
Surate. 

Si la différence radicale des races dans 
un espace qui n’a pas trois cents lieues en 
ligne droite est un objet digne d'attention, 
il en est un autre encore plus curieux que 
tous; je veux dire la présence d'un corps 
militaire uniquement composé de femmes, 
lequel compose la garde du roi des Behrs. 
L’antiquité ne nous a parlé que des ama- 
zones de l'Asie; encore sont-elles contestées 
par la critique; celles de l'Amérique sont 
plus certainement une fiction: mais l’on 
n'avait pas encore connaissance des ama- 
zones du Nil. Toutefois, un religieux por- 
fugais , le père Jean de Los Santos, a men- 
tionné en Ethiopie une république guer- 
riere de femmes. Quant aux amazones d'A. 
frique, il est difficile de révoquer en doute 
le témoignage d’une personne qui voya- 
geait en compagnie de près de trois cents 
autres. (Bulletin de la Soc. de géographie.) 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte 4. PE LAVALETTE. 


INSTRUMENTS 


DE PHYSIQUE, 


DE CHIMIE, D'OPTIQUE, DE MATHÉMATIQUES, 


DE CHIRURGIE, D'HYGIËNE 
ET D'ÉCONOMIE DOMESTIQUE 


-De M. DELEUIL, 


Balancier de la commission des Monnaies et ées 
Médailles, fournisseur des essayeurs du com- 
merce de Paris et de la garantie, charge, à l'école 
Normale, de la direction de l'atelier où les élèves 
apprennent la construction des instruments qui 
ont rapport aux sciences, fournisseur des Fa- 
cultés et colléges reyaux. 

BRÉVETÉ EN 1823, 1832 et 1842. 


À PARIS, RUE DU PONT-DE-TODI, 8, ET À L'HOTEE 
DES MONNAIES, 


INSERUMENTS DE CHIRURGIE, 


FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE 
CHIRURGIE EN OR ,; EN ARGENT, EN ACIER, 


DE CAPRON ame, 
rue de l'Ecole-de-Médecine, 10. 


Cette coutellerie, fondée depuis près de trente 
ans , est parvenue, après de grandes recherches, à 
fabriquer des lancettes tellement appréciées, que 
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de /ancettes 
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en 
médecine tiennent à houneur de posséder au moins 
une Jancette Capron. La coutellerie de cette maison 
n'est pas moins renommée que ses lanceltes ; elle 
tient aussi un assortiment complet de bandages et 
d'instruments de gomme élastique. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE LACOUR, 
Rue des Boucheries.$.-G , 38. 


10° année. 


L'EC 


DU M 


Paris. — Pimmanehe, 3 Janvier 1843. 


——— 5e 


No D 


SAVANT. 


. TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


me 


L£'EcHo DU MONDE SAVANT paraît ie JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 
PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:8$ pour un an 
25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {6 fr., 8 fr. 50. À ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du moi (qui coûtent chacun 
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte A DELAVALETUTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant, 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 


Sur les nuages reprodoits à la surface d’un métal 
poli par la proximité d'un autre corps; Moser ; 
— SCIENCES NATURELLES. GECLOGIE. 
Sur les formations sédimentaires situées au nord 
d’Eisenbac; Crener. — PHRÉNOLOSGIE. Aperçu 
historique (deuxième article). — ANATOMIE 
COMPARÉE. Sur la structure intime des os; 
L. Mandl. — MEDECINE VETERINAIRE. Note 
sur l’angine gangreneuse ; Rigat. — PHYSIOLO- 
GIE VEGETALE. Tendance des tiges vers la lu- 
mière; Payer. — ZOOLOGIE. — Index orni- 
thologique; Lessons — SCIENCES APPLI- 

QUÉES. AGRICULTURE. Sur la variété du 

blé dit de Sainte-Hélène; le baron d'Hombres. 

— SCIENCES HISTORIQUES. — ACADE- 

MIE DES SCIENCES MORALES ET POLI- 

TIQUES. Séance du 31 décembre. —ARCHÉO- 

LOGIE. Notice historique sur les calices, depuis 

l'établissement de la religion chrétienne jusqu’à 

nos jous, — GEOGRAPHIE. Société de géogra- 

phie (deuxième séance annuelle), sur les pays li- 

mitrophes de la Nubie et du Sennaar; Gauthier 

d'Arc, — FAITS DIVERS. 
rer Le 
SCIENCES PHYSIQUES. 

PHYSIQUE. 

Sur les images produiles à la surface d'un mé- 
tal poli par la proxæimilé d'un autre corps. 
Extrait d’une lettre de M. Moser, de Konigsberg, 
à M. de Humboldt, 

7 décembre 1842, 

« Je m’empresse de vous communiquer 
mes nouvelles recherches sur la forma- 
tion des images produites par l’action des 
rayous invisibles: Lorsque ces rayons 
ont agi, l’image ne paraît qu'en souflant 
sur Ja plaque ou en l’exposant à la vapeur 
d'une tension plus élevée. Si les rayons 
invisibles ont agi pendant longtemps 
(comme c’est le cas dans les gravures cppo- 
sées, sans contact, à une glace), l’humidité 
de l'atmosphère suffit. Cette humidité se 
condense sur les parties qui ont éprouvé 
l’action des rayons; les vapeurs y adhèrent. 
L'image se montre comme lorsque des va- 
peurs de mercure adhèrent à la plaque 
soumise au procédé daguerrien. Cette ex- 
plication, sur laquelle il ne me reste aucun 
doute, m'a conduit aux inductions qui sui- 
vent. J'ai déjà prouvé que des rayons de 
tonte réfrangibilité produisent les mêmes 
effets, mais qu’ils exigent un temps plus ou 
moins long. Si donc les rayons invisibles 
condensent les vapeurs contenues dans 
l'air, les rayons visibles doivent faire la 
même chose si on les fait agir pendant 
longtemps et avec une grande intensité. 
Une plaque restera longtemps exposée au 
soleil, et, quoique élevée à une haute tem- 
Pérature, elle se couvrira de rosée, J'ai, en 
effet, exposé l'été dernier, des plaques de 
inétal et de verre couvertes d'écrans dans 
lesquels j'avais fait des découpures, c’est- 
à-dire dont j'avais enlevé des parties, pen- 
dart plusieurs heures, au soleil. J’oblins 
des images très nettes représentant les dé- 
coupures, les parties de lécran enlevées. 


Ces images étaient entierement semblables 

à celles que vous m'avez envoyées et qui 

s'étaient formées, pendant de longues an- 

nées, en regard d’une gravure. Dans mon 
expérience directe, la vapeur de l’atmos- 
pbère s'était précipitée sur les plaques, 
quoique celles-ci n’étaient aucunement 
au-dessous de la température de l'air, con- 
dition requise par la rosée ordinaire. Je me 
trouve 1orcé d'admettre que du soleil éma- 
nent deux forces , la lumière et la chaleur. 
Sous le rapport de la composition de la ro- 
sée, elles ont des propriétés diamétr'alement 
opposées. Notre théorie de la rosée n’était 
donc pas complète : on ne connaissait pas 
le rôle que joue la lumière dans ce phéno- 
mèna. Pour faire voir comment la chaleur 
peut favoriser la formation des images et 
l’adhésion de l'humidité, je vous rappelle- 
rai que dans mes expériences, l’élevation 
de température d’une plaque de laiton 
gravée au barin favorise la production des 
images. La vapeur se condense très rapide- 
ment sur la plaque polie qui est en contact 
avec la plaqüe gravée, quoique la dernière 
soit foutement chauffée. Dans la produc- 
tion de ces images, le contact immédiat 
n’est aucunement nécessaire, on peut éloi- 
gner les deux plaques, celle qui donne de 
celle qui recoit, par l’interposition de la- 
mes de mica. La chaleur favorisera encore 
la production des images, mais l’action sera 
plus lente et plus faible. Lorsqu'on échauffe 
trop, après que l’image est déjà formée , la 
vapeur condensée se dissipe de nouveau. 

J'ai été très satisfait d'apprendre que vous 

ayez bien voulu communiquer ma der- 

nière lettre à l’Académie des Sciences. 

J'ai envoyé, d’après vos conseils, à l’Aca - 

démie de Berlin, des images produites par 

des rayons invisibles. J'ai exposé en même 
temps mes doutes sur l'identité de la lu- 
mière et de la chaleur. Je suis toujours oc- 
cupé d'expériences sur la lumière latente. 
C'est un travail difücile et qui demande 
beaucoup de repos et de la patience. » 
———-DÈRe —— 
SCIENCES NATURELLES. 
GÉOLOGIE. 

Mémoires sur les formations sédimentaires 
situées au nord d’Eisenach, par M. Crener. 
La contrée que nous décrivous est limi- 

tée au nord par une petite rivière nommée 
Horsel, et à l’ouest par la Werra. On re- 
marque, près de Gross-Behringen et de 
Lupaitz, un bassin étroit qui est entouré 
de tous les côtés par des montagnes cal- 
caires très-escarpées. Ce bassin est entre- 
coupé par quelques montagnes moins éle- 
vées, qui s'étendent vers le nord jusqu’au 
mont de Hainich, et vers le sud jusqu’au 
mont de Landgrafenberg. On voit ainsi trois 
plus petits bassins : celui de Gross-Lupnitz, 
celui de Mihla et celui de Krauthausen. 


Dans ce dernier bassin s’élèvent quelques 
montagnes isolées, savoir : le Moseberg, 
l'Eichelberg, le Schlierberg, et particulie- 
rement le Hageleite au sommet conique, 
qui a une hauteur de 1,100 pieds {alle- 
mands) au-dessus du niveau de la mer, 
les autres montagnes qui entourent le bas- 
sin, ont 1,300 à 1.400 pieds dehauteur. 

Dans le petit bassin de Gross Lupnitz, 
il y a une égale quantité de keuper et de 
muschelkalk. La même chose se répète 
dans le bassin de Mihla; mais dans celui de 
Krauthausen, les roches sont plus variées. 
Là des couches de sel s'étendent dans une 
direction nord-ouest de Langrafenberg, et 
traversent même le Werra jusqu’auprès 
d’Isla. L'existence de quelques dépôts d’ar- 
gile et d’autres roches, prouve que la 
grande différence entre la longueur et la 
largeur des couches de sel a été encore plus 
considérable. Tout ce bassin de Krauthau- 
sen est entouré de mortagn:s de muschel- 


kalk, et l’on trouve au-dessus du grès bi-4( 


æÆ 
Er 


garré quelques couches de calcaire, dé = 


gypse et de dolomie. fes 

Sur le versant ouest du Michelsberg; 
près d’Eisenach, le grès bigarré se no e 
au jour , il est représenté par du grès mar 
neux d'un brun rouge et d’un vert tirant 
sur le blanc, ainsi que par de la marne 
bigarrée. Le sommet consiste en calcaire, 
dans le voisinage duquel on trouve du gypse 
des marnes irisées. 

Le Michelsberg est sépare du Ramsberg 
par une petite rivière nommée Michels- 
bach. Ici nous trouvons au lieu du keuper, 
de l’argille et du calcaire. Ce calcaire, des 
environs du Galgenberg, appartient au 
muschelkalk, car on y voit l’Encrinites 
liliiformis, le Pecten Albertii et l’Avicula 
Bronni. 

Le calcaire du Galgenberg s'étend jus- 
qu’au haut de l'Arnsherg, qui est séparé 
du Reïhersberg par une vallée bien étroite, 
À l’ouest de cette vallée se trouvent des 
couches de calcaire et du grès bigarré, et 
à l'est da muschelkalk. 

Les couches sont encore plus différentes 
entre Madelungen et Utteroda an nord de 
la rivière nommée Hageleite. De Goldberg, 
près de Stedlefeld, quelques hauteurs tra- 
versent le bassin de Krauthausen dans une 
direction nord-ncrd-ouest, jusqu’à Kreutz- 
barget jusqu'à la saline de Wilhelmsglücks- 
brunn. Elles consistent en calcaire et gypse 
avec beaucoup d’'Encrinites liliiformis, Pla- 


giostoma striatum, Terebratula vulgaris, 


Turritella scalata et Avicula socialis. 

Nous devons parler à présent des for- 
mations qui se sont déposées dans le bas- 
sin de Krauthausen et sur les hauteurs 
qui l'entourent. Elles consistent en keuper 
eten has. Au milieu du bassin est le grès 
du lias, semblable à celui qui se trouve au 
pied du grand Seeberg, près de Gotha, Il 


bah 


28 


29 


CRAN ES IE RTE 
forme la hauteur et la pente nord-ouest | philogéniture , l'instinct de sociabilité , la 


du Moseberg, le sommet de l'Eichelberg, 
le sommet ainsi que la pente sud-ouest du 
Hageleite et des monts nommés Schlier 
berg. Il est jaune-blanchâtre, à grains fins, 
plus dur que le grès du keuper et fournit 
de bons matériaux de construction. On 
voit quelquefois diverses petites couches 
d'argile d’une couleur grise parmi les cou- 
ches du grès. 

Le schiste marneux noirâtre de Scha- 
lierberg est connu depuis long-temps. [I 
est mêlé avec de la pyrite qui repose sur le 
grès blanc. Plus bas sont dés couches d’une 
marne jaune et sablonneuse. Ce schiste 
argileux appartient à la formation du 
lias. 

Suivant M. Grumprecht, un autre dé- 
pôt de lias existe encore au Moseberg. 

Voigt raconte, dans ses Voyages minéru- 
logiques, qu'on a fait, au milieu du siècle 
passé, des recherches de houille sur les 
Kohlberg au sud &’Eisenach; on y a trouvé 
des Astéries, des Bélemnites et des Peignes; 
moi-même, j'ai reconnu les Bélemnites pa- 
xillosus et pistilliformis, Pentacrinites ba- 
saltiformis, Ammonites amaltheus, Tere- 
bratula vicinalis et T. subserrata. 

Au sud-est d’Eisenach, on voit, dans un 
petit espace qui est borné par le Güpels- 
berg, la vallée Marienthal, et par la Hoer- 
sel, toutes les formations sédimentaires 
qu'on trouve dans toute la Thuringe. Dans 
les environs d’Eisenach , on reconnaît 
l'existence du lias sur trois points. 

Au grand Seeberg, nous remarquons, 
au-dessus du grès jaune-blanchâtre : 40 de 
l’argile grise; 2e du grès marneux verdâtre 
avec quelques empreintes de plantes; 3° un 
schiste marneux jaunâtre, et de l'argile 
marneuse rougeâtre ct jaune, avec des 
empreintes de Modiola minima, Inocera- 
mus amygdaloïdes et Cardiam truncatum. 
Au Rennberg, nous y trouvons: 1° de 
l'argile marneuse, verdâtre et brunâtre; 
2, de la marne; 30 de l’ocre jaune et sa- 
bleuse ; 4° de l'argile grisâtre ; 5° de l’ar- 
gile bitumineuse; 6» de }’argile sableuse 
jaune; 7° du grès marueux; 1ongeûtre et 
jaune, avec Equisetum. 

Après toutes ces remarques sur l’exis- 
tence du lias dans les environs d’Eisenach 
et de Gotha, nous devons dire encore qu’à 
une demi-lieue au sud-ouest de Kreutz- 
burg, est située la saline de Wilhelms- 
glücksbrunn. On y a fait quelques essais 
pour trouver du sel, mais ces essais n’ont 
pas été heureux. 

(Annales des sciences géologiques). 


DRE RE — 
FPHRÉNOLOGEES. 
APERÇU HISTORIQUE. 


Deuxième article. 


Examinons actuellement la phrénologie 
dans ses rapports avec la psychologie; nous 
trouverons qu'elle vient encore confirmer 
les faits principaux de cette science. 

Platon, avous-nous dit, admettait quatre 
âmes, l'âme énstinctive, lâme sensitive, 
l'âme intellectuelle et Yâme morale. Ces 
quatre âmes correspondent exactement aux 
quatre grandes divisions phrénologiques. 
Les zsnstncts existent chez tous les animaux, 
les principaux de ces instincts sont ceux 
de la conservation et de la reproduction, 
Gall a placé l'alimentivité en avant de 
l'oreille et Spurzheim l’amativilé à la ré- 
gion du cervelet. Autour de ces instincts, 
viennent se grouper nécessairement la 


destruction, la ruse , la tendance à com- 
battre, à dérober, et ces groupes étaient né- 
cessaires à l’accomplissement des actes ins- 
tinctifs; je crois qu’il n'y a rien à objecter à 
cette classification de l’âme instinctive, 

L'âme sensitive correspond au groupe 
d'organes destinés à aider les sensations 
percues par l’animal; l’âme intellectuelle 
principalement en relief chez l'homme, est 
située dans cette portion développée du cer- 
veau qui est en avant et qui se trouve à 
l’état rudimentaire chez les animaux; en- 
fin, l'âme morale est placée à la partie su- 
périeure du crâne et offre cette partie plus 
ou moins remarquable chez l’homme, là 
se trouve la vénération, l'amour de Dieu, 
le sentiment du juste, la conscience d’où 
découle le libre arbitre, donné seulement 
à l’homme commeétant la plus belle œuvre 
du créateur; je ne vois rien d’arbitraire 
dans le placement des facultés , elles sont 
indiquées par la nature elle-même. Reste 
maintenant à savoir si la localisation em- 
pruntée aux circonvolutions est toujours 
en rapport exact avec les facultés, mais 
que sont les observations des faits tant em- 
piriques qu'on les suppose, si l’on a remar- 
qué que tels ou tels renflemeut correspon- 
daient exactement à telle ou telle circonvo- 
lution, pourquoi ne pas les admettre 
comme faisant partie de la-science; pour- 
suivons notreexamen psychologique. 

La doctrine écossaise est citée comme la 
philosophie du sens commun, M. Garnier, 
professeur de philosophie à la faculté des 
lettres, la compare à la doctrine de Gall, il 
y trouve des points de contacts exacts; en 
effet, l'amour physique de Gall, nommé 
amativité par Spurzheim, n’e:t autre chose 
que l’amour des enfans du philosophe écos- 
sais, l'attachement individuel de Gall, atta- 
chement de Spurzheim , correspond à l’a- 
mitié de Rerd; l'instinct des hauteurs, l’or- 
gueil de Gall; l'estime de soi de Spurzheim, 
sont la même chose que le desir d'estime. 
desir de la supériorité, l’émuiation de 
Feid ; la bonté de Gall, la bienveillance de 
Spurzheim, correspondent à la bienveil- 
lance, la pitié, la sympathie deReid.Lesens 
des localités de Gall, des localités de Spur- 
zheim, correspondent à la nature de posi- 
tion et d’espace de Reid, et ainsi de toutes. 
les facultés indiquées par le créateur mo- 
derne de la phrénologie: 

M. Garnier a fait partie des auditeurs de 
Gall et de Spurzheim; à la page 16 de son 
livre intitulé de la psychologie et de la 
phrénologie , il les regarde l’un et l’autre, 
et surtout le premier comme doués à un 
très haut degré du sens psychologique. 

L’anatomie comparée a démontré que la 
base du cerveau existe chez tous les ani- 
maux qui ont un ganglion cérébral et 
qu’il correspond à leur degré d'instinct; ce 
n’est que lorsque le cerveau prend de l’ex- 
tension dans les animaux supérieurs, que la 
partie antérieure des hémisphières se déve- 
loppe; alors de nouvelles facultés apparais- 
sent. L'homme seul a un cerveau proëémi- 
nant, aussi observe-t-on chez lui une 
intelligence développée et des sentiments; 
on ne pouvait donc classer le meurtre qu’à 
la base du cerveau; là où il existe chez tous 
les animaux même inférieurs dans l'échelle. 

Objectera-t-on que le tigre a cette région 
du crâne très développée? figure 4 et 5. On 
voit que la partie la plus large chez le mou- 
ton se trouve en avant et la partie la plus 
rétrécie en arrière, le contraire a lieu chez 
le tigre. 


Voici les mesures exactes de ces crâ- 


nes; celui du mouton a en avant six 
centimètres, deux millimètres, et en ar- 
rière au-dessus des oreilles, six centimètres; 
celui du tigre a en avant cinq centimètres, 
et en arrière près de sept centimètres, et il 
faut tenir compte da la grosseur générale 
du crâne qui est plus fort chez le mouton: 
Bichat, à la page 70 du 3e volume de son 
Anatomie descriptive, s'exprime ainsi 

« Les saillies des circonvolutions suivent la 
même disposition que les cavités crânien- 
nes. » M. Lafargue dit dans son mémoire : 
« La cavité crânienne est l’image exacte du 
cerveau, à tel point que sur la voûte orbi- 
taire dans les fosses temporales à l’occipi- 
tal , on remarque, des éminences encépha- 
lique. » En outre, si à lPexemple du pro- 
fesseur Cruveilher, on coule du plâtre dans 
un crâne, le résultat simulera parfaitement 
bien la configuration de la surface céré- 
brale, je pense done comme les phrénolo- 
gistes, qu en général la forme du cerveau 
peut être représentée par l'extérieur, en 
tenant compte toutefois des sinus frontaux 
et des saillies servant d'attache aux mus- 
cles. 


ANATORIE COMPARÉE. 


MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE INTIME DES 
OS; par M: Louis Mandl. 


1. De la structure intime des os à l’état 
naturel. 


« Il existe , dans la substance compacte 
des os, deux éléments distincts : les canali- 
cules et les cor puscules osseux. 

« Chacun des canalicules laisse aperce- 
voir un centre creux et une paroi. La 
partie centra'e creuse contient un vaisseau 
sanguin capillaire, qui se distribue dans 
toute sa largeur. Son diamètre est très va- 
riabie : tantôt ie canalicule peut à peine 
contenir le vaisseau capillaire; d’autres 
fois, comme par exemple dans le voisinage 
de la moelle, la portion creuse atteint une 
longneur dix à quinze fois Les grande, et 
renferme , outre le vaisseau capillaire, 
beaucoup de graisse. La paroë du canali- 
cule est formée de trois, quatre où un 
plus grand nombre de lamelles concentri - 
ques, qui sont traversées par des lignes 
très fines, rayonnant du centre à la péri- 
phérie. 

« Les l’gnes rayonnantes du centre à la 
périphérie sont d’un diamètre de un mil- 


ième à un douze millièeme de millimètre. À 
…hn grossissement de 500 ou 400 fois, on 
roit que chacune de ces lignes est formée 
ile deux lignes qui s’écartent davantage à 
mesure qu'elles se rapprochent du centre. 
‘| nous semble qu’elles jouent, dans le tissu 
bsseux, le rôle que jouent ailleurs les cana- 
icules dentaires. 

« Les canalicules ont en général une 
\'orme cylindrique, quelquefois aplatie sur 
Les côtés. Les sections transversales sont 
ondes ou un peu ovales, si le canicule a 
rité coupé perpendiculairement à son axe ; 
lles sont allongées , et rarement prismat - 
jque:, si la section a été faite obliquement. 
: «Le diamètre des canalicules est très 
variable; les plus petits se trouvent à quel- 
‘que distance de la surface externe de l'os, 
|2t leur diamètre n’est quelquefois que de 
12,005 à 0,01 de millimètre ; d’autres sont 
13, 5 fois, ou même beaucoup plus grands. 
|C'est dans le voisinage de la moelle qu’ils 
! s’élargissent le plus : là ils communiquent 
lavec les cellules de la moelle et forment ce 
lqu’on a appelé le tissu aréolaire. Ce sont 
des canalieules qu’on a décrits sous l: nom 
ide fibres osseuses, de canalicules de Havers, 
etc. Dans les oiseaux , la partie crense ac- 
Iquiert quelquefois un diamètre 3 à 4 fois 
‘plus considérable que la paroi. 
| « Le zomb'e des canalicules diminue 
| d’antant plus qu’ils se rapprochent davan- 
| tage de la surface externr de los. 
| « À la surface externe de l'os existent 
quelquefois, en petit nombre, des lamelles 
parallèles à la surface externe de los, et 
Idans lesquelles ne se trouvent que peu ou 
: point de canalicules. Quelques auteurs ont 
avancé que le nombre de ces lamelles aug- 
:mente avec l’âge. Nous ne les avons ren- 
contrées que rarement, et jamais nous 
n’avons pu constater leur existence parmi 
les canalicules des os de mammiféres et 
| d'oiseaux que nous avons examinés. 
| «Les corpuscules osseux sont placés dans 
les lamelles concentriques des canalicules. 
| Ils sont oblongs ou anguleux , entourés de 
| lignes très déliées, qui partent de leur pé- 
riphérie et s’anastomosent fréquemment, 
non seulement entre elles, ma:s souvent 
| aussi avec celles des corpuscules voisins. 
| Observés peut-être par Leeuwenhoeck, 
jemais par Malpighi, décrits par M. Pur- 
kinje dans le tissu dentaire, ils ont été, dans 
le tissu osseux , l’objet de recherches sui- 
vies de la part de M. Müller. Ce physiolo- 
giste distingué suppose que les sels cal- 
caires sont déposés en partie dans la paroi 
de ces corpuscules, et-il se dentande si ces 
corpuscules , avec le réseau intermédiaire 
des lignes anastamosées, ne pourraient pas 
servir à la circulation d'un fluide qui serait 
destiné à la nutrition de l'os (1); mais, ob- 
servateur trop consciencieux pour affirmer 
une hypothèse qui ne s’appuie pas d’expé- 
riences positives, il s’est abstenu de se pro- 
noncer d’une manière absolue , confiant à 
des recherches ultérieures la solution de 
cette question. 

«a MM. Serres et Doyère ont récemment 
annoncé que les corpuscules osseux con- 
tiennent un fluide pendant la vie (2). Ces 
corpuscules ne sont pour eux que des ca- 
vités microscopiques. Ils sont arrivés à ce 
résultat en étudiant des lamelles de tissu 
osseux sec plongées dans un bain d'huile. 
« Les prétendus corpusenles, disent-ils, 
« prennent instantanément l'aspect de 
« taches noires et opaques, avec un point 
« brillant à leur centre. Quiconque aura 
« étudié la réfringence des corps plongés 


32 


« dans les liquides prononcera immédiate- 
« ment qu'un gaz seul peut produire l'effet 
« optique qu'il a sous les yeux.» D'ailleurs, 
pour que la conviction de l’observatear se 
change en certitude, « il suffira de pro- 
« longer l'observation , car bientôt les li- 
« gnes noires disparaîtront, les plus déliées 
« d’abord, les plus grosses et les points d'a- 
« hastomose ensuite; les angles des cor- 
« puscules s’arrondiront; le corpuscule 
« lui-même ne sera bientôt plus qu’un 
« ovoide microscopique, puis une petite 
« sphère, dans laqueïle tout le monde re- 
« connaîtra une bulle d'air. Enfin, la bulle 
« d'air elle-même finit par disparaitre. » 

« Nous née partageons pas lopision de 
MM. Serres et Doyère. Nous avons répété 
leurs observations ; nous avons vu se re- 
produire les apparences qui les ont irom- 
pés : nous allons les apprécier à leur juste 
valeur. 

« Les phénomènes que présente une la- 
melle de tissu osseux sec plongée dans un 
bain d'huile, ne sont autres que les chan- 
gements optiques qui s’opèrent dans un 
tissu lorsqu'il devient transparent, d’opa- 
que qu'il était. La transparence gagne d’a- 
bord les lignes les plus déliées , ensuite les 
plus grosses, et enfin les corpuscules eux- 
mêmes. Mais il n'est pas exact de dire 
que les corpuscules , ni même que les li- 
gnes disparaissent : les uns et les autres 
persistent; seulement leur transparenceles 
a rendus beaucoup plus difficiles à voir. 

.« S'il pouvait rester quelque doute sur 
l'erreur que nous signalons , il serait levé 
par cette simple réflexion, qu’une bulle 
d'air, plongée dans un bain d'huile, ne 
peut pas disparaître. Ce qui se passe à 
l'œil nu, dans les conditions annoncées, 
doit nécessairement se passer de la même 
manière sous le microscope. C’est, du 
res'e, ce que tont le monde pourra cons- 
tater, en soumettant à lPobservation mi- 
croscopique, et dans un bain d'huile, un 
objet quelconque rempli d'air; par exem- 
ple , un poil de cerf, qui est composé de 
cellules aérifères, comme nous l’avons dé 
montré (Anatomie microscopique. Appen- 
dices tégumentaires, première partie. Pa- 
ris, 1841). Au furet à mesure que lair 
s'échappera de l’intérieur du poil coupé, 
on verra des bulles d'air nager dans le li- 
quide ou rester attachées aux bords du 
poil, mais elles ne disparaîtront jamais. 

« Les recherches que nous venons d’ex- 
poser ont été faites à un grossissement de 
300 à 400 fois. 


(La suite au prochain namero ) 


MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. 
Note sur l'angine gangréneuse, par M. Rigal, 
médecin-vétérinaire de Saint-Pons. 

L'Angine gangréneuse, affection grave, 
quiattaqueindistictement tous'esanimaux, 
ayant sévi, durant le cours de ce trimestre, 
sur les monodactyles, je vais en tracer les 
principaux caracteresétindiquer les moyens 
qui ont le plus généralement réussi. 

Cette Angine s’est montrée le plus sou- 
ventsur les mulets et les anes, sans distinc- 
tion des conditions hygiéniques dans les- 
quelles se trouvaient ces animaux, de leur 
âge, etc. 

Comme toutes les phlegmasies qui offrent 
ce même caractère, cette affection s’annorn- 
ce par un appareil formidable de symptô- 
mes graves : elle envahit en un inslant, et 
bientôt frappe de mort la surface muqueuse 
de toute l’arrière-bouche et souvent de l'en- 


33 
trée des voies aériennes et du commence- 
ment de l’œsophage. Il s'établit d’abord du 
malaise, de ja fatigue et bientôt de l’anxié- 
té, un abattement très grand. Ii y a prostra- 
tion générale des forces, conséquence de 
l’exaltation de l’action vitale et de sa con- 
centration sur le siége du mal. La fièvre 
est caractérisée par la force et la plénitude 
du pouls, il y a battement des flancs; la 
difficulté d’avaler et de respirer est grande; 
la membrane muqueuse de la bouche et du 
nez est d’un rouge foncé; toute la tête et 
particulièrement les oreilles sont chaudes ; 
il ya une douleur trés vive de toutes les 
parties de la gorge. 

Tels sont les symptômes que cette mala- 
die offre au début ; mais comme elle fait 
des progrès rapides, on voit la surface du 
corps se refroidir, les extrémités surtout, 
les membres, les oreilles, le bout du nez; 
le pouls devient petit, concentré ; l'air ex- 
piré, ainsi que la bouche, exhale une mau- 
vaise odeur; les muqueuses reflètent une 
couleur rouge violet, La maladie étant plus 
avancée, l’animal ’affaiblit de plus en plus; 
il s'établit, par les naseaux et par la bou- 
che, un flux d'une matière comme puru- 
lente; la déglutition est impossible ; la res- 
piration devient de plus en plus difficile; la 
tête, que l'animal, dans la première pério- 
de de cette affection, appuyait sur la cré- 
che, est alors élevée et tendue; l’encolure 
et le corps sont tellement raides, qu'ils ne 
peuvent exécuter aucun mouvement laté - 
ral. Bientôt un affaiblissement mortel s’em- 
pare de tout le corps; l’animal tombe et 
meurt. 

A l'ouverture du cadavre, on remarque 
que la putréfactioa suit de près la mort; le 
corps est comme soufflé : toutes les chairs 
exhalent une odeur putride plus ou moins 
forte, selon que le cadavre est mort depuis 
plus où moins longtemps; il existe des infil- 
trations dans le tissu cellulaire sous-cutané 
de la tête, de l’encolure et des autres ré- 
gions; la menibrane muqueuse du nez, du 
pharynx, du larynx, des autres parties de 
la gorge et de la bouche est décomposée, 
ramollie, détachée par plaques plus ou 
moins épaisses et étendues. La phlegmasie 
désorganisatrice a quelquefois exercé ses 
ravages plus loin; on en observe les effets 
jusqu'aux bronches, à l’estomac, aux intes- 
tins; le sang est liquide, noir, poisseux, et a 
une odeur fétide. 

En général, l'Angine gangréneusese mon- 
tre là où les animaux sont exposés aux é- 
manations de matières putréfiées, lorsqu'ils 
sont nourris de fourrages altérés, de foins 
vasés ou qui métaient point secs quand on 
les à rentrés; quand on leur donne pour 
boisson des eaux stagnantes, corrompues; 
iorsqu'ils sont sujets à des changements su- 
bits de température, surtout dans les cli- 
mats chauds et humides, et chez des ani- 
maux placés sous l'influence de causes qui 
gênent ou interrompent les fonctions de la 
peau et irritent directement ou sympathi- 
quement la membrane muqueuse des or- 
ganes de la respiration et de la déglutition. 

Le traitemert, dans ces circonstances, 
consistait, dans la première période de cette 
affection, en une petite saignée faite à ja 
veine jugulaire (le sang restait de 25 à 30 
minutes à se coaguler et formait deux cail- 
lots bien distincts : le supérieur, peu con- 
sistant, d’un blanc grisâtre; l’inférieur beau- 
coup moins considérable, demi-fluide, d’une 
couieur noire foncée; à la partie supérieure 
de ces deux raillots, on voyait une grande 
quantité de sérum). Peu après, je placçais à 


34 - 


l'encolure deux grands sétons, fortement 
animes avec l’onguent-vésicatoire, et je fai- 
sas recouvrir la gorge d’un cataplasme de 
farine de moutarde. À ces moyens, je joi- 
gnais les gargarismes légèren.ent excitants, 
dans lesquels je faisais entrer la teinture de 
quinquina, le camphre le sel ammoniac; 
l’usage d'une couverture, les frictions sè- 
ches, les fumigations aromatiques et toni- 
ques, etc. 

Ces moyens, employés à temps et sage- 
ment dirigés, produisaient de bons résul- 
tats ; mais la maladie parvenue au troisième 
degré, alors rien ne pouvait en arrêter les 
progrès. 

On doit s’attacher à préserver nos ani- 
maux d'une maladie qu’il est si difficile et 
souvent impossible de guérir. Pour cela, 
on doit isoler les animaux sains des mala- 
des, les soustraire aux causes qui la déve- 
loppent, les préserver, autant que possible, 
des influences des variations atmosphéri- 
ques, aciduler les eaux qui servent de bois- 
son, et donner la préférence aux plus salu- 
bres; asperger d’eau salée les aliments après 
les avoir bien secoués, et les donner de 
bonne qualité; ne pas les soumettre à des 
travanx trop pénibles , les bien panser et 
régulièrement. C’est en agissant ainsi qu’on 
peut prévenir cette redoutable affection. 

(Société d'agriculture de l'Hérault.) 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE., 


Mémoire sur la tendance des tiges vers la lu- 
mière, par M. J. Payer. 


« 1°. Toutes les fois qu'on fait germer 
une plante, du cresson alénois par exem- 
ple, sur du coton humide, dans un appar- 
tement éclairé par une seule fenêtre, ou 
dans une boîte à une seule ouverture, Ja 
jeune tige au lieu de s'élever perpendicu- 
lairement au sol, comme cela lui arrive 
toujours à ciel découvert ou dans l’obscu- 
rité complète, s'incline vers la fenêtre, en 
restant toujours droite et formant avec la 
verticale un angle d'un certain nombre de 
degrés. 

« 20 Toutes les fois, au con‘raire, qu'on 
place dans cet appartement ou dans cette 
boîte une plante déjà née , et qui, ayant 
poussée dans l'obscurité ou à ciel décou- 
vert, est verticale, la jeune tige se courbe 
d’abord, puis s'incline vers la lumiere, 
c’est-à-dire qu'il y a ici deux phénomènes 
successifs. Dans le premier , la partie infé- 
rieurede la tige est encore verticale, mais 
la partie supérieure est plus ou moins ho- 
rizontale. Dans le second , la partie supé- 
rieure s'étant un peu redressée et la partie 
inférieure légèrement inclinée, la tige est 
redevenue droite, de courbe qu’elle était, 
et se trouve dirigée vers la lumière. 

« 3° Pour que la plante se courbe ainsi 
du côté où vient la lumière, il n’est pas né- 
cessaire, comme paraissent le penser MM. 
de Candolle et Dutrochet, que le point de 
courbure recoive que'ques rayons de cette 
lumière. 

« 4°, Cette courbure ne persiste point 
‘dans les jeunes tiges lorsque la cause qui 
Pa produite vient à cesser. 

« 5°, G°et 70. Mais son intensité est loin 
d'être la même dans les diverses circons- 
tances où l’on place les jeunes plantes. 

« Ainsi, on peut établir comme règle 
générale que la tendance des liges vers la 
lumière est d'autant plus grande, que cette 
lumière est moins intense où qu'elle arrive 
de plus bas. 

« 8°. Le milieu dans lequel la plante se 


35 


trouve n’a d'influence que sur la vitesse 
avec laquelle la courbure s'opère ; car, au 
sein des eaux comme dans une atmosphère 
d'azote où d'hydrogène, la courbure finit 
toujours, avec des temps différents sans 
doute , par avoir le même degré, lorsque 


toutes les autres circonstances sont égales. 


d’ailleurs. 

« %, Si, au lieu d’être placées dans une 
boite à une seule ouverture, les jeunes 
plantes sont mises dans une boîte à deux 
ouvertures, et partant reçoivent l’action de 
la lumière dans deux directions différen- 
tes, des phénomènes non moins curieux se 
présentent. 

« Ces deux ouvertures peuvent se trou- 
ver sur le même côté de la boîte, de ma- 
nière à ce que les rayons qu’elles laissent 
passer fassent entre eux une angle plus ou 
moins aigu, ou être placées l’une vis-à-vis 
de l’autre. 

« Daus le premier cas, lorsque l’intensité 
des deux lumières estégale, la tige se courbe 
dans la direction de la résultante, c’est-à- 
dire de la bissectrice de l’angle formé par 
les deux rayons. Mais lorsque cette inten- 
sité est inégale , soit au moyen d’ouvertures 
d’étendue différente, soit au moyen d’é- 
crans à l’une des ouvertures, la tige ne se 
courbe plus dans la direction de la résul- 
tante, mais bien dans La direction de la lu- 
rmière la plus forte. 

« On peut donc , à l’aide d’une jeune 
plante, déterminer, en quelques heures, 
de deux lumières laquelle est la plus in- 
tense, de deux verres lequel est le plus 
transparent, et, dans des circonstances 
données, on pourrait s’en servir comme 
d'un véritable photomèire. 

a 100. Dans le second cas, c’est-à-dire 
lorsque les deux ouvertures sont vis-à-vis 
l’une de l’autre sur des côtés opposés, l’in- 
tensité des deux rayons est-elle égale : la 
plante, sollicitée également de part et d’au- 
tre, ne se courbe ni d'un côté ni de l’au- 
tre. Cette intensité est-elle, au contraire, 
inégale : elle se conrbe du côté de la plus 
grande lumière, à moins toutefois qu'il lui 
arrive des deux côtés une Inmière suffi- 
sante, auquel cas elle ne se courbe point 
non plus, quoiqu'elle soit plus éclarée d’un 
côté qne de l’autre. 

« 11°. Pour que tous ces phénomènes 
s’accomplissent, le concours des d'fférentcs 
paties dont la iumière se compose n’est 
point nécessaire. 

« Car, de toutes mes expériences soit 
avec l'héliostat, soit avec des verres colo- 
rés et analysés, en procédant par élimina- 
tion, il résulte que, sous les rayons rouges, 
orangés, jaunes et verts, la plante se con- 
duit comme dans l'obscurité complète, 
c’est-à dire qu’elle ne se courbe jamais ; 
tandis que, sous les rayons bleus et vio- 
lets, elle se courbe toujours. 

« 12°. Cette absence complète d'action 
dans certains rayons n’est point due à la 
pature de la substarice colorante oa verte. 
Entre deux lumières traversant, l’une un 
écran d’eau et l’autre un écran d'essence 
de térébentine, la plante s’est courbée dans 
la direction de la bissectrice, c’est-à-dire 
qu'elle s’est comportée comme s'il n’y 
avait point eu d’écrans interposés. 

« Donc, pour le phénomène du mouve- 
ment au moins, la lumière chimique n’a 
aucune influence. 

« 13°. Comme la plante qui se trouve 
entre deux rayons lumineux d'intensité 
différente se courbe toujours du côté de la 
lumière fa plus grande, il m'a été facile de 


36 


déterminer lequel, du bleu ou du violet, 
avait le plus d'influence, et j'ai toujours 
trouvé que c'était le bleu, 

« 14. Enfin, comme la tige se courbe 
d'autant plus qu'il y a moins de lumière, 
j'ai pu facilement, à l’aide de plantes pla- 
cées à divers endroits dans ma chambre 
noire, m'assurer si l'obscurité était com- 
plète. 

« Tels sont les résultats principaux que 
j'ai obtenus; quant aux appareils dont je 
me suis servi. je les décris dans mon mé- 
moire ; ainsi que la manière dont j'ai opé- 
re pour arriver à ces résultats. » 


ZOOLOG1IE. 
Index ornithologique ; par Lesson. 
(suite.) 


33° Genre : Hozmaronnis, Vigors (1831); 
Spilornis, Gray (1810). Hab. : Asie, Afri- 
que, Malaisie. —100 : Hæn:atornis Bacha , 
Vigors, proc., 1,170, Falco bacha,Latham:; 
Shaw; le bacha, Levaill. , Afriq.. p. 4t pl. 
15; Buteo bacha, Vieih, encycl., p. 1219. 
Hab. : Cap de B.-Espérance. -- 101 : Hœ- 
matlornis b'do; falco bido, horsf., Linn. tr. 
xin1, 437. Hab. Java. — 102. Hæœmatornis 
undulatus, Nig, proc. 1,170 et 2.15; Gould, 
cent. of birds; hab. l'Inde (Himalayas). — 
103. Hæmatornis holospilus, vig., proc. 1, 
171; Buteo holospilus, ib. 1, 96; hab. Ma- 
nille (Phillipines). 

34° Genre : Haliastur, Selby (4840) ; a- 
quila, Eris.; milvus, Jard.; hab. Asie, Ma- 
laisie, Australie, — 104, /Zaliastur indus, 
Gray. falcoindus, Bodd., fa!co pond.ceria- 
nus ,gm., Enl. 416; huliœtus cirrenera , 


Vieill., gal. pl. 10; proc. 11, 78 ; haliœtus- 


pondicerianus, proc., 1838, 153 ; H. Gar- 
ruda, Less., tr. 44; Raffles, cat.; Daudin, 
11,55; hab. Inde Continentale et les iles 
de la Malaisie jusqu’à l'Océanie orientale. 
—105:Hal astur leucosternus: hal'etus leu- 
costernus, Gould, proceel., 1837, 138: 
bab. Nouvelle Galles du Sud. 

35° Genre : TEeraruopius, Less. (1829): 
helotarsus, Smith (4830); hab. Afriq. mérid. 
et occid. — 106. Terathopius ecaudatis , 
Less ,tr. 47; le bateleur, Levaill. , af. pi. 
7 et 8; he'otarsus typus, Smith, proc. 1833, 
45, fulco ecaudatus , Daudin . 11, 45; hab. 
le Sénégal et le Cap de Bonne-Espérance. 

36° Genre : Harioœrus , Savig. (1810); a- 
quila, Ilig. ; concuma. Hodgs (1536). hab. 
Ancien Continent. 

A. du N. de l'Europe et de T Amérique. 
— 107. Haliœtrs nisus, Sav., Es. p.25; H. 
albicilla. Boié; ni.us, Virgile, Ovide; al'ætos, 
Aristote; vuliur albicilla, L. ; fabric.; falca 
ossifragus, L.; Enl. 112 et 415; raffles, cat. 
p. 277? H. albicillus, Gould, proc., 1837, 
138 ; falco ossi/ragus. albicilla et alticau- 
dus, Gm.; Less., tr. pl. 8, f. 2, Daudin, t. 
2, p. 6H. hab. le Cercle arctique. en Eur., 
en Afrique et en Asie, d'ou ils'avance jus- 
que sous les Tropiques. — 108. Ha icius 
leucocephalus, Less., tr. p. 40; face leuco- 
cephalus, L.; Gm.; aquila cauda alba. 
Edw. gl. pl. s; permant n° 89; Wilson, pl. 
36; falco ossifragus, Wilson, p!. 55, £ 2, 
(jeune); aquila lucocephala, Vieillot, am. 
sept., pl. 3; Bonap., syn. 26; Swains., N. 
Z.,p, 15; Nuttall, 1, 72. Audubon, pl; 
l'aigle de mer, Buffon, Enl. 411; Daudin, 
11,62. hab. le nord de l'Amérique et le 
Groënland. — 109. Haliœtus FF'ashingto- 
nianus, falco FFashingtonianus, Audabon, 
Loudon’s nat. mag.. 1828, 115; Nutt., 1, 
67. Hab. les État -Unis (rives 1 Ohio et du 
Kentucky.) 


ré 


B. de l'Amérique méridionale. — 110. 
IHaliætus aguia, Lest. tr. 42; falco aguia, 
emm. pl. 302, l'aguia, Azara, 4, 43,n° 8; 
LYOrbig., am. p. 76; spizaetus leucurus, 

Vicillot, Encycl., 1256; hab. Brésil, Guiane 
het Paraguay. 

C. de la Malaiïsie. — 111. Haliætus leu- 

Fcogaster; falco leucogaster, Temm. pl. 49. 
lhab. les Moluques (Célèbes) jusqu'aux îles 
de ‘Tonga, dans l'Océanie. 
D. d'Asie. —112. Haliætus macei,Less., 
“tr, 41; falco macei, Cuv.; Temm. pl. 8 
 (adulte)et 223 (jeune); proceed., 1838, 153. 
‘hab. Bengale (Calcutta). —?113. Haliœtus 
| leucopterus; falco leucopterus, Temm. pl. 
| 489. hab. le nord de l'Asie? 

E. d'Australie. — 114. Haliætus Ca- 
lei, Vig. et Horsf , tr. x, 486. hab. la 
Nouvelle-Galles du Sud. — 115. Haliætus 
canorus, Vig. et Horsf., ib. 187; hab. le 

Port-Jackson. — 116, Haliætus sphænurus, 
Goull, proc. 1837, 138. hab. la terre de 
Van-Diémen. 


| Æ. d'Afrique — 117. Hal.®tus blagrus» 


rs: 


| Less., tr. 40; le blagre, Levaill., af., pl 5; 
. falco blagrus, Daudin, 11, 70; Shaw, gen: 


1001.; pandion blagrus, Vieill., Encycl. 111; 
1,200. hab. le Cap de Bonne-Espérance. -- 
4141. Haliætus vecifer, Less., tr. 41; le v- 
cifer, Levaill.. af. pl. 4; falco vocifer, Dau- 
din, 11, 65; aïg'e nonette, Gaby, it. en Ni- 
grit.hab. le Cap de B.-Espérance. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


Sur la variété de blé dit de Sainte-Hélène, par 
le baron G. d’Hombres. 


Les quatre premières années que je cul- 
tivai la variété de blé dit de Sainte-Hélène, 
je le fis semer dans de bonnes terres bien 
amendées et p'éparées avec soin; mais, afin 
de m'assurer de sa robusticité, je crus de- 
voir faire ma cinquième expérience dans les 
conditions les moins favorables. Mes ré- 
sultats n’ont pas été aussi satisfaisants que 
ceux des années précédentes. Je n’ai ob- 
tenu que huit fois et demi ma semence, 
tandis que, l’année dernière, mes pro- 
duits avaient été deux fois plus considéra- 
bles. 

Un terrain bas, argileux et très compacte 
avait été préparé de bonne heure; je le fis 
Jlabourer dans les premiers jours de novem- 
bre, et l'on y sema six décalitres de blé de 
Sainte-Hélène, sulfaté la veille. A côté, sur 
une terre séparée par un large fossé bordé 
de mûiers, environ à cinq mètres de dis- 
tance, je fis semer une pareille quantité de 
froment du pays. 

Ces deux variétés de blé poussèrent en 
même temps, et je remarquai, comme dans 
mes précédents essais, que le blé de Sainte- 
Hélène sortait plus épais, plus touffu que 
l'autre. Son accroissement fut aussi plus ra- 
pide; à la fin de mars, il avait de vingt-cinq 
à trente centimètres de haut : tandis que 
le froment ordinaire s'élevait à peine à 
vingt. On le distinguait facilement de ce- 
lui-ci à la largeur et à la couleur de ses 
femlles. 

Le terrain avait été profondément hu- 
mecté par les pluies de l'hiver et du com- 
meucement du printemps. Les gelées blan- 
ches qui survinrent dans les premiers jours 
d'avril brouirent davantage le blé de Sainte- 
Hélène, et après la neige du 42 du même 
mois, je crus m'apercevoir qu'il avait 
beaucoup plus souffert que les blés du 
pays. 


 Ste-Hélène.—4 h. 5 d. 0 h. 7 d. 


38 


Les brouillards que nous eùmes en mai, 
et notamment ceux des 23 et 25, nous en- 
levèrent tous nos fruits dans les bas-fonds et 
parurent exercer une fâcheuse influence sur 
mes blés. Dès la fin du mois, la fane com- 
mençait à sécher, et plusieurs des nombreu- 
ses tiges, qui s’élevaient de chaque trochet, 
étaient flétries. 

Cependant j'avais encore l'espoir d’une 
belle récolte. Mais vers le milieu de juin, 
tout changea : il ne fut plus douteux qu'elle 
était à moitié perdue, une grar.de partie des 
épis étaient jaunis et desséchés. 

Au moment de la maturité, le blé de 
Sainte-Hélène et le froment du pays avaient 
à peu près la même hauteur, { mètre 15 
centimètres ; terme moyen. Dans la pre- 
mière variété, on comptait à peine cinq épis 
par chaque trocbet, au lieu de quinze que 
j'avais eus à mes autres récoltes. Ils étaient 
moins longs et contenaient au plus soixante- 
et-dix grains chacun ; tandis que ce nom- 
bre variait de quatrevingt-dix à cent, les an- 
nées précédentes. 

J’ai obteuu pour produit de mes six dé- 
calitres : 

Total. 
5 h.2 d. 
Froment. —#% 1 0: 4,245 

C’est bien peu sans doute pour une année 
où les céréales ont généralement réussi, Ce- 
pendant, je regarde toujours comme avan- 
tageuse la culture du blé de Sainte Hélène. 
Et pour encourager les cultivateurs qui se- 
raient tentés de l’essayer, je dois leur rap- 
peler que ma récolte de cette année est le 
produit de sept grains de blé au bout de 
cinq ans. 

La première année je ne pus semer que 
très tard, car ce ne fut qu’à la fin de janvier 
que je recus le blé de Sainte-Hélène. Je n’ob- 
tins que quelques épis grêles, qui ne justi- 
fiaient nullement la dénomination de blé 
monstre, sous laquelle il m'avait été en- 
voyé. 

La seconde et la troisième récolte me 
donnèrent des produits vraiment admira- 
bles ; il est vrai que c’était dans un coin de 
mon jardin que le blé avait été placé grain à 
grain,etque j’enavais eu un soin tout par- 
ticulier. 

La quatrième année j'essayai une expé- 
rience comparative. J'avais donné à mes 
amis uve partie de ma récolte, il m’en res- 
tait 6 litres 2 décilitres. Je les fis semer dans 
une de mes terres, dont j'avais réservé une 
portion pour semer en même temps une 
égale quantité de blé de pays. 

Celui-ci me rendit à peiue cinq pour un, 
et le blé dit de Sainte-Hélène me donna seize 
fois la semence. 

J'en fis moudre une partie, j'en distri- 
buai encore à quelques personnes, et j'en 
réservai pour moi 5 décalitres. Ils m ont 
produit cette année 5 hectolities 2 déca- 
litres. 


Blé 1re qual. Men. gr. 


ADF EE — 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 31 décembre. 

Après la lecture du procès-verbal, M. le 
secrétaire a donné communication d’une 
ambpliatiou de l’ordonnance royale, par la- 
quelle la nomination de M. Duchatel est 
approuvée. 

M. Gyraud lit un mémoire sur la con- 
dition légale des débiteurs à Rome. Des 
documents recueillis à ce sujet par le sa- 
vant académicien, il résulle que l'in- 


39 


, térêt fut primitivement annuel à Rome 


avant d’être mensuel. Il subit cette trans- 
formation à l’époque où les mœurs grec- 
ques eurent fait invasion, c’est-à-dire à 
l’époque où commença la dégénération de 
la république, à l’époque où les exigences 
du luxe vinrent augmenter les besoins de 
toutes les classes, et fournir aux usuriers 
l’occasion d’exercer leur rapace industrie. 
L'intérêt légal était de 12 pour 100; mais, 
comme c'était au dernier jour des Calendes 
qu'était fixé le paiement, il en résultait que 
ce paiement ne se renouvelant que dix fois 
au lieu de doute, l'intérêt n’était en réalité 
que de dix pour 100. Les brocanteurs d’ar- 
gent étaient loin de se conformer aux pres- 
criptions de la loi, et l’on peut croire que 
le nombre de ceux qui les enfreignaient 
était grand, puisque Marcus Brutus lui- 
même, ce républicain rigide, ne prêtait son 
argent qu’au taux de 40 pour 100. C’est 
encore, de nos jours, le cours de l'argent 
à Paris pour les jeunes gens qui veulent 
faire escompter leur fortune à venir. Ces 
détails expliquent, et cette demande inces- 
sante que faisait le peuple-roi de l'abolition 
des dettes, et ces discussions intestines qui, 
pendant les beaux jours de la république, 
compromirent si souvent sa stabilité. Au 
temps où la monnaie de cuivre était seule 
en circulation, on la pesait; mais lorsque 
celle d’argent fut introduite, on compta les 
espèces.Il fallut alors examiner, non pas 
seu'ement le poids, mais encore le titre. 

Après ces observations préliminaires, 
M. Gyraud est arrivé à l'examen et à 
l'appréciation des conditions législatives du 
prêt et de la position que le prêt faisait au 
débiteur. Cette condition était, comme on 
le sait, la servitude. Primitivement, elle 
était le résultat d’une condamnation. mais 
ue pouvait résulter du contrat; c'était la 
contrainte par corps de l’époque. Il existait 
chez les Romains une grande différence 
entre les dettes pour prêt d’argent, et celles 
provenant d’autres causes. Les premières 
avaient des priviléges tout particuliers ; les 
lois qui les régissaient étaient prodigues de 
rigueurs et de garanties. Nous ne pouvons 
suivre M. Gyraud dans l’examen de l'obli- 
gation qui, à Rome, était connue sous le 
titre de z7exum, ni de la condition dans Ja- 
quelle se trouvait le débiteur désigné sous 
le nom de nzexus. Nous nous bornons à faire 
remarquer : 1° que chez les romains, on 
savait parfois éluder la loi et simuler un 
nextum, comme encore on simule une lettre 
de change pour lui donner la force qu’elle, 
aurait, si elle était sincère ; 2° que les Ro- 
mains ne confondaient pas comme nous le 
capital et les intérêts, qu'ils en faisaient 
deux obligations différentes, lorsque, tou- 
tefois, par le secours du nexum, ils ne fai- 
saient pas de l’un et de l’autre une seule et 
même chose. 

D’après les passages de Cicéron, de Tite- 
Live, d’Aulugelle, cités par M. Gyraud, il 
est établi que le neœum exposait le débiteur 
à un esclavage temporare, c’est-à-dire 
qu'un Romain libre se vendait lui et sta 
opera et se soumettait à la servitude. M. Gy- 
raud a considéré trois choses dans ce con- 
trat : sa forme, son objet et son exécution ju- 
diciaire. Comparant le nexum avec la lettre 
de change, il a trouvé cette différence que 
la contrainte par corps, chez nous, provient 
de la forme de la lettre de change et non 
du prêt, tandis que c'était du -prêt et nou 
de la forme que la servitude découlait sous 
la législation romaine. D’après la loi des 
Douze Tables, le nexus, devenu débiteur 


10 


rétardataire ou insolvable, se trouvait placé 
dans la position la plus triste et la plus 
malheureuse. Le créancier avait lé droit 
de se saisir de lui, de le mettre dans les fers 
êt de le faire mourir, s’il ne se libérait pas 
dans les soixante jours qui suivaient son 
arrestation. Cette manière de procéder 
s'appelait manus injectio. Tertulien a pré- 
tendu que les priviléges du créancier al- 
laient jusqu’à lui permettre de couper le dé- 
biteur par morceaux, mais il est permis de 
croire que cette opinion est erronnée , et 
qu'elle est basée sur une fausse interpréta- 
tion du mot secto, qui s’'appliquait au 
corps des biens du débiteur, et non au sien 
propre. On est d’autant plus autorisé à pen- 
sér de cette manière, que, dans une ciicon- 
stance, un créancier ayant voulu commet- 
tre un attentat à la pudeur sur son débi- 
teur incarcéré, ce créancier fut traduit de- 
vant le peuple et condamné. 

Le nexum fut aboli par une loi que rap- 
portent Cicéron et Tite-Live, mais 1l survé- 
cüt et ne fut pas totalement détræt par la 
loi Petilia. 11 en résulta seulement que le 
prêt d’argent fut distinct de toute autre 
dette ; que la contrainte ne put être exercée 
pour les intérêts, et qne les rigueurs de la 
sérvitudé ne furent plus aggravées par le 
de : j 
poids des chaînes. À partir de celte époque, 
là contrainte ne fut pius la conséquence du 
contrat, mais seulement d’une condamna- 
tiün judiciaire. Les créanciers en abnsèrent 
souvent encoré, mais ce ue fut qu’en vio- 
lant la loi. 

L'’exécution judiciaire sur la personne 
du débiteur mettait celui-ci dans une con- 
dition la dernière de toutes. De nexus, il 
devenait abdictus. Dans le premier état, il 
n'était que préparé pour être esclave; 
dans le second, il l’est devenu. Ses biens, 
sés enfants sont passés avec lui sous la puis- 
sance du maitre. Cependant l'abdictus con- 
sérvait encore quelques droits qui étaient 
inséparables de sa qualité d'homme libre. 
D’après la loi des Douze Tables, il pouvait 
vivre de son bien et introduire certaines 
actions en justice. 4bdictus libertate fit in - 
genuus, à dit Quintillien, et il ajoute abdic- 
tus legem habet. En résumé, l'abdictus n'é- 
tait dans aucune des conditions de l’esclave, 
ni pour lui, ni pour ses enfants, ni même 
pour ses biens ; et c’est le cas de faire sen- 
üir ici la différence qu'il y avait à Rome 
éntre servir et être en servitude : dans la 
première acception, c'était être e clave par 
sa naissance ; dans la seconde, c’était seu- 
lement le devenir par accident. La fortune 
du débiteur était dévolue au créancier, 
mais ses biens ne pouvaient être saisis 
qu'après jugement, où sur la poursuite 
d’un magistrat ; au prêteur appartenait 
cette autorité, C'était sur ses biens qu’é- 
taient dirigées les poursuites pour les dettes 
ordinaires , l'exécution sur sa personne 
n'étant autorisée que pour les prêts d’ar- 
gent. Telle était la législation romaine lors- 
que le christianisme apparut. Les modifi- 
cations que lui fit subir le droit canonique 
furent la conséquence de cet esprit de con- 
fraternité humaine, qui, pour être reçu 
comme un dogme par des peuples accou- 
tumés à se voir partagés en maîtres et en 
esclaves, avait besoin de leur être apporté, 
uon par un philosophe, non par un légis- 
latéur, mais par un Dieu. 

M. Gyraud ayant terminé la lecture de 
son mémoire, l’Académie s’est occupée de 
la nomination de diverses commi:sions, 
pour dresser la liste des candi:lats aux pla- 
ces de correspondant devenues vacantes 


A1 


| dans les sections de philosophie, de morale 


et d'économie sociale, à celle d'académicien 
libre qu'occupait M. de Sismondi; et pour 
présenter un rapport sur les mémoires en- 
voyés au concours, pourile prix fondé par 
M. le baron Félix de Beaujour. 

La séance a été terminée par la lecture 
d’une lettre de M. Lelut, qui sé présente 
comme candidat à la place vacaute par la 
mort de M. de Gérando. M. Lelut s’était 
déja présenté pour le fauteuil de M. 
Edwards, mais la section de philosophie 
u’est pas pressée de se compléter. Elle a 
renvoyé à un an ses présentations. Ce n’est 
pas trop. On réfléchit longtemps et beau- 
coup quand on tient école de sagesse. Mal- 
heureusement, pour qui est pressé d'arri- 
ver,unanest bien long. Qui peut,d’ailleurs; 
garantir à quelqu'un, même à un candidat, 
douze longs mois de vie; qui oserait dire 
que le monde durera encore jusqu’en 
18142... M. Lelut a donc fait sagement de 
se présenter pro duplicata, il ne peut être 
nommé qu'une seule fois ; le sera-t-il ou 
plus tôt ou plus tard, c’est là, pour lui, 
toute la question. C. B. F. 


ARCHÉOLOGLE, 


Notice historique sur les calires depuis l'éla- 
blissement de la religion chrélienne jusqu'à 
nos jours. 


Nous empruntons quelques détails cu- 
rieux sur les calices et les patènes, à une 
notice que M. l'abbé Barraud, professeur 
d'archéologie au grand séminaire de Beau- 
vais, vient de publier dans le Bulletin mo 
numental. 

Calices. — V’usage du calice rémonte, 
comme on le sait, jusqu'à Jésus-Christ lui- 
même. 

Le sacrifice devant toujours s'offrir sous 
les espèces du pain et da vin comme Jésus- 
Christ l’a offert luimême, on n’a jamais pu 
se dispenser de faire usage du calice dans 
la célébration des saints mystères, aussi en 
est-il fait mention dans les écrivains ecclé- 
siastiqués de tous les siècles. 

On doit distinguer plusieurs espèces de 
calices : les calices ordinaires servant pour 
le célébrant lui-même dans l’oblation du 
saint sacrifice ; ceux avec lesquels on admi- 
nistrait aux fidèles la communion sous 
l'espèce du vin et qui étaient désignés sous 
le nom de calices ministériels, calices minis- 
tertales ; les calices du baptème, çalices 
baptismi qu’on employait pour communier 
les nouveaux baptisés et pour mettre le lait 
et le miel qu’on leur faisait prendre; enfin 
ceux qui ne servaient que pour l’ornement 
des autels. 

On a employé pour la fabrication plu- 
sieurs espèces de substances. 

Dans les premiers temps du christia- 
nisme, on s’est quelquefois servi de calices 
de bois. Tout le monde connaît ces paroles 
de saint Boniface de Mayence rapportées 
dans le concile de Tribur : « Autrefois les 
prêtres étaient d’or et les calices de bois; 
maintenant les'calices sont d’or et les prè- 
tres de bois.» L'usage de ces sortes de 
calices parait s'être conserve dans plusieurs 
endroits Jusqu'au neuviènre siècle. Léon IV 
en effet qui occupait le siége pontifical en 
817, défendit expressément dans son ins- 
tuction pastorale de s'en servir désormais : 
ne quis lègneo calice aut vitreo audeati 
missam cantare. 

On a fait encore usage avant le neuvième 
sièele de calices de verre. Saint Jérdme rap- 
porte de saint Exupère, évêque de Toulouse, 


qu'ayant vendu les vases dé son église pour 
secourir les pauvres, il portait lé corps de 
Jésus-Christ dans un petit panier d’osier et 
son sang précieux dans une coupe de verre. 
Saint Honorat de Marseille, dans la vié de 
saint Hilaire d’Arles, dit que ce saint ayant 
vendu tous les vases de l’église pour sub- 
venir aux nécessités des pauvres, se servit 
dé calices dé verre. 

Le concile de Calchut, en Angleterre, 
tenu sous Adrien [*", parle de calices de 
corne dont il défend de se servir dans la 
suite. Thomas Bartholin, dans son livré de 
medecinâ Danorum domesticæ, dit qu’il pos- 
sédait un calice de ce génre avec lequel on 
avait offert autrefois, en Norvege, le saint 
sacrifice de la messe. 

Il est question de calices de marbré dans 
une vie de saint Théodore Archimandrite. 
Lé prêtre Georges, auteur de cette vie, 
rapporte que le monastère construit par 
Théodore ne possédant que des vases de 
marbre, le saint envoya son archidiacre à 
la ville royale pour acheter un calice d’ar- 

ent. 

Le comte Everard, fondateur de l’abbaye 
de Chisoing, diocèse de ‘f'ournay, légua par 
son testament à Béranger, le plus jeune de 
ses fils, un calice d'ivoire qui faisait partie 
de sa chapelle. 

Saint Colomban, ainsi que nous l’apprend 
l’auteur de sa vie, offrait toujours le saint 
sacrifice avec un calice de cuivre, parce 
que la tradition rapportait que les clous qui 
avaient percé les pieds et les mains de 
Jésus-Christ étaient de cuivre ou d’airain. 
Gratien cite un concile de Rheiïms que l’on 
dit être du temps de Charlemagne et qui 
défend de se servir de ces calices parce 
qu'ils s’oxident facilement. 

Saint Benoit d’Aniane faisait usage de 
calice d’étain ne voulant pas par humilité 
offrir le saint sacrifice avec des vases pré- 
cieux. Le concile de Rheïms que nous ve- 
nons de citer permet ces calices d’étain aux 
pauvres églises. Mais Pierre Damien, au- 
teur du onzième siècle, s'élève dans ses 
opuscules, contre les prêtres qui en em- 
ploient de semblables, et Richard, arche- 
vêque de Cantorbéry, dans ses constitutions 
de l’an 1175, défend de consacrer pour le 
service de l’autel des vases faits avec ce 
métal et d’en bénir aucun qui ne soit d’or 
ou d’argent. Cependant dans beaucoup de 
diocèses de France on les toléra pour les 
églises pauvres jusqu’après la révolution 
de 1793. 

Ce ne fut pas seulement au temps de 
Pierre Damien et de Richard de Cantorbéry 
que l’on commença à faire usage de calices 
d’or et d’argent. Dans les siècles précédents 
on en possédait déjà ; et lorsque les évèques 
ou les prêtres offraient les saints mystères 
avec des vases de verre, de marbre, de 
corne,de cuivre ou d'étain ; ils nele faisaient 
ordinairement que par des mo'ifs particu- 
liers d'humilité ou de charité. 

Paul Orose, auteur du cinquième siècle, 
rapport: dans le septième livre de son his- 
toire, que lorsqu’Alarie, roi des Goths, pilla 
la ville de Rome, la basilique du prince des 
apôtres possédait un grand nombre de vases 
et d'ornements d’er et d'argent. Saint Au- 
gustin, qui vivait à la même époque, sex- 
prime ainsi : « Nous avons pour la célé- 
bration des saints mystères des instruments 
et des vases qui pour la plupart sont d'or 
et d'argent et que nous appelons saints à 
cause de l'usage auquel nous les consa- 
crons. Dans son troisième livre contre Cres- 
conius, il nous apprend qu'il y avait à Car- 


5 


x 


nage deux calices d’or et six d’argent. 
- Grégoire de Tours raconte que Chilpéric 
fupporta de son expédition d’Espagne, 
pixante calices, quinze patènes, vingt cof- 
rets pour les évangiles, et que tout cela 
Lait d'or el garni de pierreries. Il fait 
ussi mention de vases sacrés en argent 
rue l’on avait trouvés dans des souterrains 
ü les fidèles s'étaient retirés dans Jes temps 
Le persécution pour offrir le sacrifice de la 
3 \1esse. È 
| Enfin plusieurs églises ont possédé des 
* falices en pierres précieuses. La reine Bru- 
! {ehault donna à l’église d'Auxerre un ma 
1! {inifique calice en onyx garni d’or très-fin. 
bn lit dans le concile de Douzi tenu en 871 
5 u’un des crimes dont on accusa Hincmar 
= fe Laon fut d'avoir enlevé un calice égale- 
luent en onyx orné d’or et de diamants 
lont le roi avait fait présent. Léon d'Hostie, 
£ {: la fin du troisième livre de la chronique 
4 {lu mont Cassin,compte au nombre des or- 
 {iements laissés à ce monastère par le pape 
Victor IL, deux calices en onyx. L'abbé 
* {juger rapporte dans les mémoires de son 
1 fidministration, qu'il acheta un calice en 
ë Lardoine pour l’usage de l'autel ; ce calice 
* {st probablement celui qui existait avant la 
évolution de 1793 dans le trésor de Saint- 
Denis ; la coupe seule, d’après l’éditeur de 
:e volume, était faite avec une agathe 
? {prientale, et sur la garniture qui était en 
| {rermeil et enrichie de pierreries, on lisait : 
? | vGEr ABBAS. 
» | Les calices étaient souvent ornés de pier- 
1 reries. Ces pierres y étaient diversement 
l llisposées ;on en placait principalement sur 
Le pied et près des bords de la coupe, 
| Dans les premiers siècles on a aussi dé- 
? Wroré les calices de peintures et de bas- 
: Vreliefs représentant divers sujets tirés de la 
+ lainte écriture. Tertulien, mort au com- 
lmencement du troisième siècle, nous ap- 
‘ lbrend que cela se pratiquait de son temps. 
| Aux onzième, douzième et treizième siè- 


i Uiles, ou se servait fréquemment pour l’or- 


: “moyen desquels on figurait sur le pied, sur 
‘ Ua tige ei même quelquefois sur la coupe, 
: Miles feuilles, des fleurons, des rosaces, des 
: d’nroulements, des damiers et plus souvent 
! ducore des personnages. On incrustait ces 
: J'maux de manière à ne laisser apparaître 
“1 la surface que des filets métalliques des- 
| d'inant les principaux traits et les principaux 
ontours. Les couleurs employées étaient 
 d'urtout le rouge, le bleu et le vert. M. Du- 
 “'ommerard, dans son magnifique atlas des 
“iris au moyen-âge, a représenté un fort 

1 *au calice émaillé du douzième ou trei- 
| ièmesiecle. Les parties les plus ornées sont 

 e pied et le nœud de la tige. On y remarque 
les fleurons, des têtes d'angeset des figures 

le saints. Dés le septième siacle on émail- 

aitainsi les calices, car te calice d’or donné 
i Pabbaye de Chelles par la reine Bathilde, 
|t fait par saint Eloy, était émaillé. 

On a quelquefois gravé sur les calices des 
uscriptions et des devises en rapport avec 
e mystère auquel ils sont consacrés. 
| Sur la coupe d’un calice ministériel qui 
J'tait gardé avant la révolution de 1793, 
| ians l'abbaye de Saint-Jossesur-Mer, on 
isait au-dessus des figures, ces deux vers 
atins : 


BE 


Gum vino mixta fit Christi sanguis et unda, : 
Talbus his sumptis salvatur quisque fidelis. 


nesure de Montreuil. 


Ce calice contenait deux pintes et demie, 


On peut encore placer parmi les orne- : 


44 


ments des calices les clochettes qu'on y a 
quelquefois attachées. Mabillon, dans son 
commentaire sur l'ordre romain, cite un 
calice au bord duquel étaient ainsi suspen- 
dues de petites sonnettes. Ce calice, con- 
servé alors dans le trésor de Clairveau, 
avait appartenu à Malachie, primat d’Ir- 
lande. 

La plupart des calices qui servaient à 
l’ornement de l'autel avaient deux anses au 
moyen desquels on les suspendait, On a 
aussi, à différentes époques, garni d’anses 
les calices ministériels et les calices ordi- 
naires, Bède rapporte que de son temps, on 
montrait à Jérusalem un calice d'argent à 
à deux anses qui contenait an setier de 
France, et que l’on assurait être celui dont 
Jesus-Christ s'était servi. 

Du reste, les calices ont eu, dès l’origine, 
à peu près la même forme qu’on leur donne 
encore actuellement. Ils ont toujours con- 
sisté en une couple plus ou moins haute, 
plus ou moins ouverte, soutenue par une 
tige munie d'un ou de plusieurs nœuds, et 
reposant sur un pied plat, hémisphérique, 
conique ou pyramidal. 

Les calices représentés sur les monnaies 
de Charibert sont munis d’anses ou d’oreil- 
lettes. Le pied est très élevé, de forme co- 
nique ou pyramidale. La tige qui l’unit à 
la coupe consiste en un simple nœud. 

Le calice d’or donné à l’abbaye de Chelles 
par la reine Bathilde était haut de 33 cen- 
timètres et enrichi de pierreries au haut et 
au bas de la coupe, La coupe était plus 
longue et l'ouverture plus étroite que dans 
nos calices ordinaires, 

Le calice de l’abbaye de Saint Denis, qui 
portait l'inscription sVGER ABBAS, était com- 
posé d’une coupe à anses de forme semi- 
elliptique et d’un pied conique séparé de 
la coupe par un gros nœud. La coupe était 
ornée de cannelure. Près du bord se trou- 
vait une rangée de pierreries. 

On trouve dans une histoire de saint 
Bonaventure, imprimée en 1747, la repré- 
sentation du calice qui avait servi, dit-on, 
à ce saint docteur, et que l’on censervait à 
Lyon. Le pied de ce calice ést très élevé. Il 
est formé de huit pans arqués, séparés les 
uns des autres par des côtes aiguës, la tige, 
munie d’un nœud assez étroit, présente 
quelques cannelures. 

Dans l’histoire de l’art de Seroux Dagin- 
court, on voit le dessin du calice de l'abbaye 
de Wingarten, en Souabe, chef-d'œuvre 
de l’orfèvrerie allemande au quatorzième 
siècle. 

Grancolas avance que quelques calices 
ministériels avaient la forme de nos mor- 
tiers. Il assure qu’ils sont ainsi dépeints 
quelquefois; mais il n'indique pas où il a 
vu ces peintures. Au reste, son assertion 
s'accorde assez avec ce qu'on lit dans la pa- 
uoplie évangélique de Lindanus, auteur du 
seizième sièc e. Cet écrivain rapporte qu'il 
vit daus le monastère de Fulde deux cali- 
ces dont saint Boniface avait fait usage pen- 
dant sa vie; l’un de ces vases était fort 
petit, et avait servi pour la célébration des 
saints mystères, l’autre, beaucoup plus 
grand, était sans doute un calice ministériel, 
il offraiten sculpture dans sa circonférence 
douze figures de prêtres vêtus de chasubles, 
et ayant un calice en main. 1l avait deux 
anses, et sa forme n’était ni globuleuse ni 
carrée, mais orbiculaire, et res emblait 
assez à celle d’une pomme. 


45 


GÉOGRAPHIE. 
SOCIÉTÉ DE G£OGRAPNIE. 


La Société de géographie a tenue sa séan- 
ce générale le 30 décembre dernier, dans 
une des salles de l’Hôtel-de-Ville, sous la 
présidence du ministre de l’agriculture et 
du commerce, Dans un discours plein de 
savoir et du patriotisme le plus vrai, M. le 
président a examiné quelle devait être l’im- 
portance de la science géographique, au- 
jourd hui, que les rapports des peuples en- 
tre eux, ne sont con idérés que comme des 
moyens d'échanger les produits et les ri- 
chesses de leur sol. 

M. le ministre a promis de contribuer à 
la publication d’un dictionnaire de la lan- 
gue berbère, dictionnaire composé par un 
des membres de la Société. 

M, de la Roquette a fait un rapport sur 
les travaux géographiques de l’année, et a 
lu des notices sur plusieurs membres dont 
la Société de géographie a eu à regretter Ja 
perte. 

M. Duflot de Mofras a lu un fragment de 
la relation de son voyage en Californie. La 
Californie est destinée, suivant lui, à pren- 
dre un grand développement si l'Océan-Pa- 
cifique vient à être mis en communication 
avec l'Atlantique, par l'ouverture d’un ca- 
pal, ou par l'exécution d’un chemin de fer, à 
travers l’isthme de Panama. 

De tout:s les républiques de l'Amérique 
méridionale, celle du Chili est la première 
qui ait su régulariser son état politique et se 
donner une bonne administration. M. Gav 
a lu à la Société une communication au su- 
Jet de cette partie du continent américain. 
Le tableau qu’il en a fait a été accueilli ayec 
des marques non équivoques de la plus vive 
satisfaction. fi 


Sur les pays limitrophes de la Nubie et du 
Sernaar. Extrait d'une lettre de M. E. Gautier 
d’Are, consul de France en Egypte. 


À 100 millesenviron au-dessus de Khar- 
toum se trouvent les îles Schlouks ; Ià le 
cours du fleuve Blanc s’embarrasse de pier- 
res granitiques à fleur d'eau. Son cours est 
d’une lenteur extrême. Les populations sau- 
vages qui habitent ces îles et des rives du 
fleuve, pillent fréquemment les voyageurs; 
elles se retranchent derrière les bosquets de 
mimosa qui couvrent ces parages, et profi- 
tent surtout d’un bas-fond, où l’on ne trouve 
guère en avrilet en mai que 14 pouces 
d’eau, 

Plus loin les bois disparaissent, et font 
place à de hautes herbes marécageuses qui 
s'élèvent à plus de 15 pieds au-dessus du 
niveau de l'eau (komsouf). Les hippopota- 
mes deviennent très nombreux dans ces 
parages. On les chasse pour manger leur 
chair. 

Au-dessus de cette région commence fa 
Yégétation de tamarins. Là se trouve sur la 
rive gauche du fleuve la peuplade des Dinn- 
kas, qui révere la lune, et ne se permet ja- 
mais d’altaquer ses ennemis tant que cet 
astre brille sur lhorizon. Là croît aussi le 
palmier Deleb, dont le tronc est bombé vers 
le centre de l'arbre, de sorte qu'il est extré- 
mement difficile d’avoir son fruit. Les po- 
pulations de plus en plus nombreuses ap- 
paraissent au voyageur quiremontelefleuve. 
Les toits couverts en chaume abritent de 
nombreuses tribus, qui vivent sous la do- 
mination du meck. Tel est le spectacle que 
l’on rencontre pendant un espace de 260 
milles. 


On re peut toutefois apercevoir du fleuve 


46 


la bourgade de Fachoura, résidence du 
meck. Elle est située dans l’iniérieur, à 4 
millesenviron du Nil-Blanc. Ses abords sont 
défendus par une épaisse forêt, et par des 
ravins profonds qui se remplissent d’eau du- 
rant l’inondation. Les abords de la maison 
royale sont mieux défendus encore par une 
garde composée de deux bataillons de fem- 
mes, qui ne laissent approcher du souve- 
rain que ses deux ministres. Ceux-ci ne pé- 
nètrent point dans l’enceinte sacrée, mais 
le roi sort pour les entendre. Ils ne sont ad- 
mis dans l’intérieur du palais que lorsque 
le roi paraîtatteint d’une maladie mortelle. 
Alors leur devoir est, dit on, d’étrangler le 
souverain pour empêcher qu’il ne meure 
de maladie comme le plus humble de ses 
sujets. 

En quittant ce pays, onrencontrele Telfi, 
ou rivière Bleue, dont le cours rapide et 
profond vient du sud-est ; les Dinnkas la 
nomment Kety. Les habitants, pasteurs no- 
mades, font paître des troupeaux de bœufs 
sur ses bords. 

C’estau-dessus de cette embouchure que 
F'on aperçoit dans l’est, à 25 ou 30 milles, 
une très haute montagne où se trouvent, à 
ce qu’on assure, des mines de fer. 

Par 8e latitude N., on rencontre un lac 
qui n’a pas moins de 9 milles de circonfé- 
rence. C’est là que commence le pays des 
Nouers, peuple cultivateur qui entoure ses 
bestiaux et ses habitations de clôtures, et 
construit des cabanes vastes et bien aérées. 
On dit ces peuplades rusées et cruelles. La 
couleur de leur peau tire sur le rouge ; les 
cheveux ne sont point crépus. 

Par 7° 43’ le Nil sedivise en quatre bran- 
ches, au S.-0. — S.-S.-0. et S.-E. ; les af- 
fluents ont moins d'importance, et parais- 
sent provenir des marécages voisins ; mais 
le rameau principal vient de l'E.-S -E. Telle 
est la douceur des mœurs de ces sauvages, 
qu'ils ne tuent jamais pour s’alimenter les 
immenses troupeaux de bœufs dont ils sont 
environnés. Ils vivent de pêche, de grains, 
de racines etde laitage, et suppiéent au sel, 


47 


u’ils ne connaissent pas, par l’urine de 
Pa$; 

vache. 

ARS RTE EEE) 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


— Voici l'expédient qu'emploie, pour parvenir à 
la complète destruction des insectes, un habitant 
d’Auxonne (Côte-d'Or). Ïl a fixé, dans ses vergers, 
un nombre considérable d'oiseaux mésanges, qui 
passent des journées entières à visiter les arbres, à 
les purger des chenilles et de leurs œufs, ainsi que 
des vers et autres insectes qui se cachent sous l'é- 
corce et dans les cavités à l’abri du froid. 

Il s’est procuré des morceaux de troncs ou bran- 
chages de 40 à 50 centimètres de longueur, et de 
la grosseur d’au moins 50 centimètres de tour, d'une 
écorce grossière, mousseuse. Avec une tarrière, le 
cœur du morceau est perforé de 30 centimètres de 
profondeur, sur un diamètre de 7 à 8 centimètres; 
une ouverture latérale est établie de même diamètre 
en forme de lumière vers l'extrémité. L'entrée par 
ce bout est bouchée avec de la terre glaise ou grasse 
et de la mousse. Puis ces nids, d'un nouveau genre, 
sont fixés sur les arbres du verger. Sur vingt nids de 
cette epèce singulière, dix-huit ont été occupés en 
1839 chez M. T..., et dans chaque nid il y avait de 
dix-huit à vingt-quatre petits oiseaux. 

Si bien placées à l’abri des animaux malfaisants, 
toutes les nichées réussirent, et bientôt, trois à qua- 
tre cents petits oiseaux vinrent, sur un seul point, 
réclamer pour leur nourriture au moins trois à qua- 
tre mille chenilles par jour; cette nourriture obligée, 
pendaat au moins trente jours, fait, sur place, une 
destruction de plus cent vingt mille chenilles. Voilà, 
certes, un grand avantage pour un verger; et si 
l’on calcule que ces jeunes oiseaux reviendront 
l’année suivante, par un instinct tout naturel, visiter 
leur patrie au mois de mars, et nettoyer les arbres 
qui leur ont servi de berceau des œufs, de chenilles 
qui y sont logés, on ne peut calculer, mais on peut 
apprécier les avantages à retirer de cette méthode 
qu'on ne saurait trop recommander. 


—Par ordonnance du roi, en date du 25 décem- 
bre, rendue sur le rapport de M. le ministre de l'In- 
struction publique, l'élection de M. Ampère, faite 
par l'Académie royale des Inscriptions et Belles- 
Lettres, pour remplir la place vacante dans son sein 
par le décès de M. le baron de Gérando, est ap- 
prouvée. 


| ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL 


(BE CUVEIF ER ), 


OU REPRÉSENTATION D'APRÈS NATURE , DE L'UNE DES ESPÈCES LES PLUS REMARQUABLES , ET 
SOUVENT NON ENCORE FIGURÉE , DE CHAQUE GENRE D'ANIMAUX. 


Ouvrage pouvant servir d’atlas à tous les traités de zoologie. 
Par M. GUÉRIN MÉNEVILLE. 


Ce grand et bel ouvrage, composé de 450 planches in-8°, contenant plus de 6,200 figures originales, 
est terminé depuis plusieurs années et a été lc sujet de rapports successifs et très favorables, faits à l'A- 
cadémie royale des sciences par MM. Georges Cuvier, Frédéric Cuvier et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire. 
On attendait avec impatience le texte explaüf, contenant un grand nombre de notes sur les travaux qui 
ont été faits depuis la mort de Cuvier et une foule de descriptions d’objets nouveaux: ce texte vient 
d'être terminé. Après quatre ans de travaux incessants , de recherches consciencieuses dans les ouvrages 
qui se publient daus tous les pays, M. Guérin Méneville est parvenu à compléter cet immense travail, il 
en a présenté le manuscrit à l’Académie des sciences, et le rapport flatteur que M. Duméril à fait sur ce 
manuscrit est un garant irrécusable de son utilité, Ce texte est actuellement sous presse et paraitra dans 
les premiers mois de 4845. 


Prix de chaque livraison, figures coloriées. . 45 fr. 
— figures noires, . . Gr. 


Le prix du volume de texte n’est pas encrre fixé. 


Librairie encyclopédique de Roret, rue Hautefeuille, 10 bis. 


THÉORIE POSITIVE 
DE LA FÉCONDATION DES MAMMIFERES.. 


BASÉE SUR L'OBSERVATION DE TOUTE LA SÉRIE ANIMALE, 


Par F.-A. POUCHET, 
Docteur médecin , professeur de zoologie au Muséum d'histoire naturelle de Rouen, membre de l'Académie 
des sciences, leltres et arts de cette ville, et de plusieurs Académies françaises et étrangères. — Un vo- 
lume in-8°, Broché 8 fr. 


48% 


— Le ministre de l'instruction publique s'utcupe 


en ce moment de la réorganisation de l'Ecole des 
Chartres. Le programme des études sera, dit-on, 


complété; mais surtout, une carrière et un avenir se- 


ront assurés aux élèves émérites de cette Ecole, soit || 


qu'on leur réserve et qu’on leur attribue un certain 


nombre de places daus les bibliothèques publiques, « 
soit qu'on leur confie des missions scientifiques, tant 


en France qu’à l'étranger, 


La Société de géographie a tenu sa deuxième 
assemblée générale de 1842, le vendredi 30 décem- 
bre, à sept heures et demie du soir, dans une des 
salles de l'Hôtel-de-Ville. 


— M. Achille Comte, professeur d'histoire natu- 
relle au collége Charlemagne, a été admis à F'hon- 
neur de présenter au roi le Grand Atlas de zoolo- 
gie qu'il vient de terminer. S. M. a bien voulu aussi 
accueillir avec intérêt l'hommage et la quatrième 
édition de l'ouvrage qui a pour titre : Organisation 
et Physiologie de l'homme. Le roi, que ses con- 
naissances scientifiques rendent si capable d'appré- 


cier des ouvrages de ce genre, a bien voulu accor-. 


der à l’auteur un suffrage qui devient une honorable 
récompense des travaux qu’il poursuit depuis long- 
temps, dans le but de populariser l’utile enseigne- 
ment de l'histoire naturelle, 


© a 
œ 


BIBLIOGRAPHIE. 


LE BON JARDINIER , almanach pour l'année 
18453.— À Paris, chez Audot, rue du Paou. 

CLASSIFICATION et caractères dislinctifs des 
champignons comestibles et des champignons véné- 
neux. 

COXSIDÉRATIONS historiques et critiques sur 
les vitraux anciens el modernes etsur la peinture sur 
verre; par Émile Thibaud. — A Clermoni-Fer- 
rand, chez Thibaud-Landriot, chez l’auteur ; à Pa- 
ris , chez Cousin et Imbert, 

CONSEILS aux ouvriers sur les avantages des 


caisses d’epargne et de prévoyance. — Paris, chez 
Tètu, rue J.-J. Rousseau. 


INSTRUCTION PASTORALE sur le schisme de 
France ; par le cardinal de La Luzerne. — A Pa- 
ris, chez Méquignon Junior, rue des Grands-Au- 
gustins , 9. ë 


7 = 


PARIS, IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
Rue des Boucheries.S .-G, 38. 


INSTRUMENTS 
DE PHYSIQUE, 
DE CHIMIE, D'OPTIQUE, DE MATHÉMATIQUES, 
DE CHIRURGIE, D'HYGIÈNE 
ET D'ÉCONOMIE DOMESTIQUE 
De M. DELEUIL, 


Balancier de Ja commission des Monnaies et des 
Médailles, fournisseur des essayeurs du eom- 
merce de Paris et de la garantie, chargé, à l’école 
Normale, de la direction de l'atelier où les élèves 
apprennent la construction des instruments qui 
ont rapport aux sciences ;\ fournisseur des Fa- 
cultés et colléges royaux. 


BRÉVETÉ EN 18923, 1832 et 1842. 


À PARIS, RGE DU PONT-DE-KODI, 8, ET À L'HOTEL 
DES MONNAIES. 


INTROMENTS DE CHIRURGIE. 


FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE 
CHIRURGIE EN OR ,; EN ARGENT, EN ACIS8, 


pe CAPRON ane, 
rue de l'Ecole-de-Médecine, i0. 


Cette coutellerie, fondée depuis près de trente 
ans, est parvenue, après de grandes recherches SE 
fabriquer des lanceltes tellement appréciées, que 
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de lancetres 
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en 
médecine tiennent à houneur de posséder au moins 
une lavcette Capron. La coutellerie de celle maison 
n'est pas moins renommée que ses lancettes ; elle 
tient aussi un assortiment complet de bandages et 
d'in trumeuts de gomme élastique. 


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| 
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(2 


| L'EC 


10° année. 


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+ 


DU 


Paris. — Jeudi, 12 Janvier 1843. 
pee —— —— 


MONDE 


Ne 3. 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ne à 


| ’EcHO DU MONDE SAVAN1 paraît le FEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de ,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 


SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
| CES. Séance du 9 janvier 1843.— SCIENCES 


& | PHYSIQUES. Direction du courant électrique 


dans les miues; Hunt — MATHEMATIQUES. 
Sur une nouvelle méthode de pénétiation et de 
discussion des surfaces du deuxième otdre; 
| Amiot. — SCIENCES NATURELLES. G£0- 
| LOGIE Thévrie des glaciers; Agassiz. — For- 
| mation jurassique de la contrée nommée March ; 
| Glocker. — MINERALOGIE. Romanésite — 

Nouvelle substance minérale ; Saimon.— Descrip- 
| tion de l’arsenio-sidérite, nouvelle espèce d'arsé- 
| niate de fer; Dufrénoy. — SCIENCES MEDI- 
|  CALES. Mémoire sur la structure des os.—Exa- 
| men microscopique des os colorés par la garance; 
| Mandl. — ZOOLOGIE. Index ornithologique ; 
| Lesson. — SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS 
| CHIMIQUES. De l’emploi du suifate acide d’alu- 
| mine artificiel dans la teinture et l'impression des 

matières animales et végétales. — SCIENCES 
HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE. Sur les édi- 
fices les plus remarquables de la Sarthe; l'abbé 
Tournesic.—l'atènes. — Leur forme depuis l'éta- 


| 
| 
blissement du christianisme. — STATISTIQUE 
| 
| 


sur les développements de la caisse d’épargne, et 
leur influence sur la pooulation parisienne ; le ba- 
| ron Charles Dupin. — FAITS DIVERS. 


CR) SE er 
| ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 9 janvier 1843. 


. Une légère discussion s’est clevée au 


commencement de la séance au sujet de la 
rédaction du procès-verbal, mais bientôt 
ordre du jour demandé par quelques 
membres à mis fin à cette discussion. 
L'Académie a, dans cette séance, pro- 
cédé, pour la partieadministrative, à la no- 
mination d'un membre pris dans la sec- 
tion mathématique, en remplacement de 
M. Poinsot, qui pouvait être réélu, 
Cette nomination a soulevé une discus- 
. sion qui a duré près d'une heare, au grand 
déplaisir des mortels qui viennent chaque 
lundi assister aux travaux des savants fran- 
çais, — Le promoteur de cette discussion 
était M. Beudant; beaucoup de membres 
de l’Académie ÿ ont pris part, mais nous 
ne voudrions pas entretenir nos lecteurs 
des différents points de vue sous lesquels 
ils ont considéré la question. 

Nous leur dirons seulement que l'usage 
de l'Académie est de nommer pour cette 
partie de l'administration deux membres À 
six mois de distance. — La nomination d'a 
mois de janvier porte sur un membre pris 
dans la section mathémathique; celle du 
mois de juillet sur un membre de la sec- 
tion des sciences physiques, 

On a protesté contre cet usage; 
M. Arago a voulu qu’on se soumit entièrt= 
ment à l'ordonnance royale qui l’établit ; 
d’autres, enfin, ont demandé un comité 
secret, et la discussion s’est terminée par 
un vote qui, donnant six mois de réflexion 
à l'Académie, lui permettra de méditer sa- 
gement sur ces ordonnances républicaines, 
consulaire, royales et mivistérielles dont 


que'ques membres ont bien voulu Conner 
lecture, sans doute, pour assoupir davan- 
tage le public ennuyé: 

Le résultat du vote de l’Académie a été 
de nommer M. Poinsot qui, sur 41 voix en 
a obtenu 37. Deux membres au lieu de vo- 
ter ont cru convenable de remplir leur pa- 
pier par un aphorisme réglementaire. 

M. Pelouze a lu à l’Académie un long 
mémoire sur l'acide bypochloreux , suivi 
de quelques observations sur les mêmes 
corps,considérés à l’état amorpheet à l’état 
cristallisé. Nous en donnerons l'analyse 
dans un de nos prochains numéros. 

Le mémoire de M. Pelouze était terminé 
par une note sur la solubilité du chlore dans 
l’eau, dont nous allons extraire le tableau 
suivant : 

Vol. de chlore 


Volume d’e:u. FE Température. 
100 475 à 180 Go 
100 270 à 275 9° 
100 270 à 275 10° 
400 250 à 260 41% 
400 250 à 260 14° 
100 245 à 950 14 
100 200 à 210 30 
190 455 à 160 40 
109 115 à 120 50 
100 60 à 65 70 


Le maximum de solubilité à donc lieu 
vers 9 à 10, au-dessus de zéro. C'est pré- 
cisément la température à laquelle les cris- 
taux d’hydrate de chlore cessent de se for- 
mer dans l'eau, ou disparaissent complé- 
tement dans ce liquide. 

Quand l’eau est chargée de chlore et 
qu'on l’agite avec de l'air, eilé perd pour 
ainsi dire instantanément la presque tota- 
lité du gaz qu’elle tenait en dissolution, et 
devient incolore. Appliquant ce fait à la 
préparation de la dissolution de chlore ; 
M. Pelouze en conclut qu'il ne faut pa; 
agiter l’eau dans la quelle ou fait arriver le 
gaz, car on mettrait ce liquide en contact 
avec lair du flacon et sa saturation n’au- 
rait pas lieu. 

Toxicococ1e. — M. Magendie a rendu 
compte à l’Académie des premierstravaux 
qui ont été faits par la commission chargée 
d'examiner le fait obervé par M. Cambes- 
sèdes ; il y avait deux questions à examiner, 
1° l'arsenic peut-il guérir, sans empoison- 
nement, des moutons attaqués de pleuré- 
sie chronique ? 2° l’arsenic est-il sans ac- 
tion sur des moutons sains. — La commis- 
sion n’a pu résoudre la première, question ; 
mais, pour la seconde, elle a donné une 
réponse négative. 

La commission a fait acheter deux mou- 
tons qui n'avaient pas mangé depuis deux 
jours. — On a fait avaler à l’un 5 grammes 
d'acide ar.énieux mêlés et broyés avec 10 
grammes de sel commun; l’autre a pris 10 
grammes d’arsenic mêlés avec 20 gramnes 


PETITS-AUGUSTENS , 21, et dans les (épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an 
25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ‘6 fr., 8 fr. 50. Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du moi: (qui coûtent chacun 
40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M, C.-B. FRAYSSE, gérant, 


de sel commun. — 24 heures après avoir 
pris ces substances, ces animaux étaient 
dans un trés-mauvais états de nouveau on 
leur a fait prendre les mêmes doses du mé- 
lange et quelques heures après ils étaient 
morts. —. M. Gaylussac fait remarquer 
qu’on n'avait pas donné les doses indiquées 
par M. Cambessèdes, doses qui étaient de 
30 grammes pour les moutons malades, 
et de 8 grammes pour ceux qui étaient 
sains; du reste, la commission semble s’être 
placée dans de mauvaises conditions pour 
opérer, elle a pris des moutous qui depuis 
longtemps n'avaient pas mangé; l'acide 
arséuieux , introduit dans leur es'omac a 
déterminé une irritation, qui a produit une 
sécrétion abondante de liquide, dans ce li- 
quide l'acide arsénieux s’est dissous et a pu 
être alors absorbé bien plus facilement que 
cela aurait lieu daus l’état normal. 

MINÉRALOGIE. — M. D. Humbold a trans- 
mis à l’Académie une notice très-intéres- 
sante qui lai a été communiquée par Un: 
officier russe. Il s’agit de la déconverté de 
la plus grande’pépite rencontrée jusqu'à 
lors. Elle à été trouvée le 7 novembre41842,. 
dans la partie méridionale de l’'Oural:-Gett 
pépite pèse 36 kil. 025. Elle est mainte 
dans Va collection du corps des mings! 
St-Pétersbourg. 

PaysiQue. — M. Poiseuille a présen 
à l’Académie ue suite de son travail sur 
l'écoulement des liquides. 11 a trouvé qu’un 
liquide coulant dan: les canaux veineux ou 
artéricls , présentaient un phénomène fort 
remarquable. — 11 a vu qu'une couche de 
liquide restait immobile et comme adhé- . 
rente aux parois des vaisseaux, et que c’étaif 
dans cette couche circulaire qu’un filet de 
liquide coulait. Il a été conduit à ces résul- 
tats en observant que l'écoulement était 
le même dans un tube raboteux ou lisse 
lorsque le iiquide ne changeait pas. — M. 
Poiseuille à trouvé que l'alcool coulait plus 
lentement que l'eau et que les liquides qui 
hâtent la circulation dans les tubes hâtent 
la circulation daus les vaisseaux veineux ou 
artériels, 

M. Pierre Leroux, à propos d’un appa- 
reil présenté par M. Gaubert, est venu 
rappeler à l’Académie que le premier, il y 
a 25 ans, il a eu l’idée de composer des 
pages d'imprimerie avec une machine, et 
que cette idée il la réalisée. — Pour le 
prouver, il dépose une brochure publiée 
en 1822, chez M. Didot. 

M. Ducios a envoyé à l'académie une 
suite de son travail sur l’action de l'électri- 
cilé dans les cas d’empoisonnement par la 
strychuine et la brucine. — L'électricité 
négative arrêierait cet empoisonnement ou 
du moins l’atténuerait beaucoup; l’électri- 
cité positive en hâterait les progrès, Nous 
reviendrons sur ce travail. 

M. Rognetta , docteur en médecine , 


99 

a présenté à l'académie une longue note sur 
l'acide arsénieux considéré comme remède 
chez les animaux domestiques. — Selon 
lui, l'acide arsénieux, peut être donné à 
haute dose aux animaux herbivores , et en 
particulier aux ruminants parceque le poi- 
son se trouve mêlé à des aliments grossiers, 
et n’est presque pas absorbé. Si cet acide 
était en dissolution, la mort serait très- 
prompte ; c'est ee que prouve une expé- 
rience faile sur un cheval, par M. Ro- 
gnetta. — Cette expérience de M. Rognetta 
prouve que le minimum de la dose mor- 
telle de l’arsenic chez le cheval diffère dans 
la proportion de 4 à 32, suivant qu’on 
l’emploie en solution ou en poudre, — On 
est done conduit à dire que quand on a ad- 
ministré aux brebis de M. Cambessèdes, 32 
grammes d’arsenicen poudre, c’est comme 
si on leur en eut ingéré un seul gramme 
en dissolution. — Or cela n’a rien d'ef- 
frayant si l’on considère | état dela maladie. 

M. Rognetta a vu que l'arsenic en pou- 
dre, administré à des lapins bien portants, 
n'agissait qu'au bout de plusieurs jours; 
tandis qu’en solution il déterminait une 
mort prompte. — Passant ensuite aux effets 
médicamenteux de l’arsenic, M. Rognetta 
établit qu'il agit comme antiphlogistique et 
il cite alors une observation de la Gazette 
des Hôpitaux de 18439 qui confirme son 
opinion. Le mémoire de M. Rognetta se 
termine par différentes propositions rela- 
tives aux conditions dans lesquelles on doit 
se placer pour faire ces sortes d'expériences 
et il finit en rassurant les esprits timorés 
qui auraient pu craindre les effets de Par - 
senic administré aux animaux malades. 

MM. Danger et Flandin ont adressé à 
VAcadémie une note à propos de la com- 
munication faite dans la séance du 2 jan- 
vier, par M. Gasparin. — Ces deux savants 
se proposent deux questions; la première est: 
l'arsenic est-il ou n'est-il pas un poison 
pour la race ovine? 

Ils ont expérimenté sur un mouton au- 
quel ils ont fait prendre, pendant deux 
jours de suite, 8grammes d’acide arsénieux 
mêlé avec du sel marin. L'animal ne mou- 
rut pas; on analysa ses urines; on y trouva 
peu d’arsenic; les féces en contenaient beau- 
coup. MM Danger et Flandin expliquent 
ces faiis en disant que l’arsenic n’a fait que 
toucher et irriter les parois du tube di- 
gestif et que n'étant point absorbé il n’a pu 
produire la mort. 

Dans une seconde expérience ils ont in- 
troduit, sous la peau de la cuisse, d’un au- 
tre animal, 30 centigrammes d’acide arsé- 
nieux; l'animal a dès-lors refusé toute 
nourriture et est devenu de plus en plus 
malade. Cette expérience a été faite le 9 
janvier; lPanimal vivait encore lundi 7. 
Les urines ont été analysées et ont fourni 
‘de larsenic dont la proportion augmentait 
chaque fois que l'animal urinait de nou- 
veau. De là MM. Danger et Flandin con- 
.cluent que l’arsenic est un poison pour la 
race ovine, mais qu'il n’agit pas violemment 
parce qu'il est lentement absorbé. 

La deuxième question est celle-ci : des 
moutons, traités par l'acide arsénieux à 
haute dose, pourront-ils, sans danger, être 
livrés à la consommation et au bout de quel 
temps pourra-t-on le faire. MM. Danger ct 
Flandin expérimentent sur cctte dernière 
question et bicntôt ils soumettront À l'Aca- 
démie le résultat de leurs recherches. 

M. Arthur Morin, professeur de mécani- 
que industrielle au conservatoire des Arts- 
et-Métiers, a fait hommage à l'Académie 


53 


d'un livreintitulé Aide mémoire de méca- 
n'que pratique à l'usage des officiers d'artil- 
lerie et des ingénieurs civils et militaires. — 
C’est la troisième édition d’un ouvrage ré- 
cent encore. 


DOS CP. 


SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Direction du courant électrique dans les 
mines. 

Les observations de M. Huut, faites sur 
les veines métalliques dans les mines situées 
eutre Camborne et Redruth, à East-Wheal - 
Crofty, East-Pool et Dolcoath, ont conduit 
aux résultats suivants. Quand les filons 
plongeaient au sud, la direction du cou- 
rantélectrique était constamment de l’ouest 
à l’est. Une communication ayant été éta- 
blie entre deux filons, l’un plongeant au 
sud et l’autre au nord, le courant a été de 
l’est à l’ouest, ou du filon méridional au fi- 
lon septentrional. Le rapport ayant été éta- 
bli entre la partie supérieure du filon nord, 
ce courant a été de bas en haut; mais, dans 
le filon sud, la direction du courant a été 
de la surface en bas, ce qui vérifie com- 
plétement l'opinion émise déjà depuis long- 
temps par M. Robert Were Fox, savoir : que 
les filons nord et sud ont, à de certaines 
profondeurs dans le sol, quelque connexion 
entre eux, et qu'un courant d'électricité les 
lie. Dans une autre série d'expériences fai- 
tes à Dolcoath, le courant a été de l’est à 
l’ouest dans un filon qui plongeait au nord; 
un courant transverse (cross-course) a croi- 
sé ce filon, et du côté oriental, au-dessus de 
ce courant transverse, le filon s’est trouvé 
extrêmement riche en minerai de cuivre 
pourpre, et mêlé d’une grande quantité de 
peroxyde de fer, tandis que du côté situé à 
l'ouest du même courant transverse on 
n’a rencontré que du minerai jaune. Cette 
circonstance semble prouver en faveur 
des conclusions auxquelles M. Fox est ar- 
rivé par d'autres expériences, savoir : la 
conversion du minerai jaune en minerai 
gris par la simple action du courant élec- 
trique. 


MATHEMATIQUES. 

Sur une nouvelle méthode de génération et de 
discussion des surfaces du deuxième ordre. 
— Théorie des focales el des plans directeurs; 
par A. Amiot. 

Voici les privcipaux théorèmes dévelop- 
pés dans ce Mémoire : 

« Il existe pour toute surface du deu- 
xième ordre des lignes (les focales) dont les 
différents points jouissent, entre autres, 
des propriétés suivantes : 

« s’. L'expression du carré de la distance 
d’un point d’une focale à un point quel- 
conque de la surface est décomposable en 
deux facteurs entiers, rationnels et du 
premier degré, en fonction des coordon- 
nées de ce dernier point; 

«2°. Il y a généralement, pour chaque 
point d'une focale, un système de deux 
plans (plans directeurs) tels que le carré 
de la distance d’un point quelconque de 
la surface au premier point est constam- 
ment proportionnel au rectangle des dis- 
tances du même point aux deux plans ; 

« 3°. Pour chaque section d'un ellipsoi- 
de, par exemple, par un plan perpendieu- 
laire à l’un des axes, il y a deux points 
d’une focale (foyers conjugués ) dont la 
somme des distances À un point quelcon- 
que de la section est constante; 


54 


«4. La normale à !a surface en un 
point quelconque de cette section est tou- 
jours située dans le plan des rayons vec- 
teurs menés de ce même point aux deux 
foyers conjugués; 

« 5°. La normale divise en deux parties 
égales l’angle des mêmes rayons vecteurs.» 


—— HD -— —- 
SCIENCES NATURELLES. 
GÉOELOGIE. 


Théorie des glaciers. — Extrait d'une lettre de 
de M. Agassiz à M. de Humboldt, en date du 
19 novembre 1842. 


« J'ai vu par le compte rendu des obser- 
vations de M. Forbes sur les glaciers, qu'il 
a laissé la plupart des questions qui s’y rat- 
tachent bien loin du point où je les ai ame- 
nées cette année. C’est ainsi qu’il a entiè- 
rement méconnu la stratification, et qu’il 
en confond partout les indications avec les 
accidents variés des bandes bleues. Les 
coupes ne donnent qu'uue espèce de lignes 
de séparation dans la masse, tandis qu'il y 
en a deux systèmes qui s'entrecroisent. Îl 
résulte de cette première méprise une im- 
possibilité absolue pour fui de lier les phé- 
nomènes des hautes régions avec ceux du 
glacier proprement dit; aussi ne trouve-t- 
on pas un mot sur ce point important dans 
les remarques qu’il a publiées. La plupart 
de'ses autres ob-ervations sont tout aussi 
incomplètes; ses données sur le mouve- 
ment général du glacier ne reposent que 
sur des faits observés pendant les mois 
d'été, tandis que j’ai des chilfres du mou- 
vement annuel d'une série de points sur 
toute la longueur du glacier qui offrent 
des résultats diamétralement opposés à 
ceux de M. Forbes, aïnsi, j'ai t:ouvé l’avan- 
cement d’un bloé 
à 3077 pieds du rocher de l’Abschwung de 274 
pieds ; celui d'un second bloc plus bas à 5176 pied 
du même rocher de 294 pieds ; celui d’un troisième 
plus bas à 13930 pieds du même rocher de 219 
pieds ; celui d’un quatrième plus bas à 21970 pieds 
du même rocher de 1{8 pieds; celui d’un cin- 
quième enfin à 24470 pieds du même rocher de 
265, 
tandis que M: Forbes affirme que la partie 
inférieure des glaciers se meut plus rapi- 
dement qne la partie supérieure , dans la 
proportion de 3 à 5. J'ai pris des mesures 
pour pouvoir constater le mouvement par- 
ticulier de chaque saison dans différents 
points : en attendant que je puisse répéter 
ces mesures, il n’est pas sans importance de 
faire remarquer que mes trois blocs supé- 
rieurssetrouventsur la partie la plus unifor- 
me et la moinsinclinée du glacier de l’Aar, 
tandis que le quatrième, qui a le moins 
avancé , est sur la plus forte pente de son 
cours; le cinquième, enfin , est près de son 
extrémité, dans un endroit très crevassé, 
où le fond est creusé de grands et nom- 
breux vides. : 

» M. Forbes prétend, en outre, que le 
mouvement diurne parait plus considéra- 
ble que le mouvement nocturne; vous vous 
souvenez sans doute que j'ai observé le 
contraire. Cette différence provient proba- 
blement de la différence dans les heures 
de nos observations. M. Forbes observait à 
G heures du matin et à 6 heures du soir, 
tandis que mes observations ont été faites 
à 7 heures du matin et à 7 heures dusoir. 
Ce n’est pas sans intention que j'ai choisi 
ces heures. Le matin les nombreux filets 
d’eau ne se mettant courir que vers les 7 
heures, j'ai envisagé que ce moment seule- 


| 


55 


- ment était le commencement du jour pour 
_ les glaciers ; le soir l’eau tarit peu à peu 
après le coucher du soleil, et continue sou- 
- vent à couler encore fort tard dans la nuit, 
: malgré le froid du soir. 
_ «Il résulte de là que M. Forbes, en 
choisissant pour ses observations les heu- 
res de 6 heures, le soir et le matin, a sous- 
- trait à la nuit l'heure qui est peut-être 
celle du plus grand mouvement, pour y 
comprendre une heure de jour de plus. 
_ J'ai en effet tout lieu de croire que, si 
_ eau qui pénètre dans l'intérieur du gla- 
cier est la cause déterminante du mouve- 
ment, c’est le matin qu’il doit être Le plus 
prononcé. Je me représente les choses de 
la manière suivante : Peudanat l'hiver, le 
glacier est à une température inférieure à 
zéro ; mes observations ont au moins dé- 
montré ce fait dans certaines limites. Lors- 
qu’au printemps il se forme ou qu'il tombe 
de l’eau à la surface plus ou moins désa- 
grégée du glacier, cette eau y pénètre et 
tend à ramener la glace à zéro; aussi long- 


temps qu'il coule de l’eau à sa surface, cette 
eau cherche donc à se mettre en équilibre 
de température avec le glacier, et il arrive 
de deux choses l’une : ou elle fond la glace, 
si elle est au-dessus de zéro, ou elle se gèle 
quand elle s'infi'tre dans la partie du gla- 
cier dont la température est encore au 
dessous de zéro. Voilà pourquoi cette an- 
née , qui a été très chaude, j'ai toujours 
trouvé zéro dans le glacier, même à 200 
pieds; tandis qu’en 1841, dont l'été a com- 
mencé plus tard que cette année, la glace 
n’ayantété ramenée à zéro que jusqu’à une 
centaine de pieds , j'ai souvent trouvé mes 
instruments gelés à cette profondeur et 
* même avant. Les alternances de tempéra- 
ture du jour et de la nuit doivent produire 
des effets semblables dans des limites plus 
étroites. L'eau coulant continuellement de 
jour, doit tendre à ramener à zéro les zones 
de plus en plus profondes du glacier, tan- 
dis que lorsqu'elle cesse de couler, une par- 
tie de celie qui a pénétré dans la par‘ie de 
sa masse encore inféricure à zéro doit se 
congeler, et cet cffet se prolonger sar l'eau 
arrêtée dans les fissures capillaires, jusqu’a 
ce que le lendemain les courants d'eau re- 
prennent leur activité. Je serais mainte- 
nant porté à croire que j'ai même pris le 
commencement du jour du glacier à une 
heure trop matinale, et que les effets de la 
nuit, c’est-à-dire d’un excès de gel, au lieu 
d’un excès de fonte, se prolongent encore 
plus tard. Ce n’est point à dire qu’une par- 
tie de l'eau qui pénètre dans les canaux les 
plus menus du glacier ne se gèle égale- 
ment de jour, à certaines profondeurs de 
sa masse, et n’occasionne le mouvement 
diurne ; je crois seulement que l’accéléra- 
tion du mouvement nocturne est due aux 
circonstances qui font que ie gel l’emporte 
- sur la fonte, et, d’après les faits que j'ai re- 
cueillis sur le mouvement du glacier, c’est 
avec le ralentissement des courants d eau 
dans les niveaux où la glace n’est pas encore 
ramenée à zéro par le dégel de la surface, 
c’est-à-dire lorsqu'il y a possibilité qu’une 
partie de cette eau se congèle et se dilate, 
que ces circonstances existent. Vous le 
voyez, ces phénomènes sont bien difficiles à 
analyser, et il importe de multiplier à l’in- 
fiui les observations, pour arriver à une 
solution définitive de toutcs ces difficultés 
Maintenant que les mesures sont prises pour 
pouvoir continuer ces observations, il serait 
déplorable qu’elles fassent interrompues. 
Pour ma part, je voudrais pouvoir envoyer 


56 


M. Wild prochainement mesurer tous nos 
signaux, puis les faire mesurer de nouveau 
au printemps, pour constater l’immobilité 
du glacier pendant l'hiver, sur laquelle 
M. Forbes élève de nouveau des doutes. Je 
désirerais aussi pouvoir publier les obser- 
vations de cette année d une manière con- 
venable et à temps, afin d'engager le plus 
de personnes possible à faire des observa- 
tions l’année prochaine. Desor pourrait 
soigner la rédaction de mes notes, en sorte 
que ce travail ne me détournerait point de 
mes recherches sur les poissons fossiles 
Vous verrez même prochainement les re- 
sultats curieux auxquels je suis arrivé en 
examinant ceux que M. Murchison a rap- 
portés de Russie, et sur lesquels je viens de 
lui adresser un rapport.» 


NOTICE GEOGNOSTIQUE SUR LA MORAVIE; 
par M E.-F. Glocker. 


Formation jurassique de la contrée nom- 
mée March. 


Près du village de Kurowitz, à deux 
lieues S.-E. de Kremsier, sur la rive gauche 
de la rivière nommée March, s'élève une 
montagne escarpée dout le sommet est 
formé de calcaire jurassique grisätre et 
blanchâtre. On le voit dans deux carrières 
où l’on extrait du calcaire hydraulique. Jai 
parcouru cette contrée au mois d'octobre 
1840, époque à laquelle on ignorait encore 
la préseuce du calcaire jurassique dans 
cette partie de la Morarvie; car on ne le 
conpaissait que dans deux loca'ités, savoir : 
près de Nickolsburg au sud du départe- 
ment de Brüun, et près de Stramberg, à 
l'est du département de Prerau. 

Ayant trouvé le calcaire jurassique près 
de Kurowitz, on peut indiquer la direc- 
tion que prend probablement le calcaire 
de Nickolsburg, puisqu'on peut regarder le 
premier comme une continuation du der- 
nier, On connaît donc à présent la direc- 
tion du calcuire jurassiqne dans toute la 
Moravie : elle a lieu du N.-E. au S.-O., 
en traversant la contrée de la March. Dans 
cette direction on trouve aussi le calcaire 
de Stramberg, Nessselsdorf, Tichau et Skot- 
schau; enfin, le calcaire de ce dernier en- 
droit se joint plus loin avec le calcaire de 
Cracovie et de la Haute-Silésie. 

Le calcaire jurassique de Kurowitz se 
présente en couches qui alternent avec des 


couches de marne grisâtre d’une épaisseur . 


de 1 à 2 pouces, et avec des couches d’un 
conglomérat, qui consiste en petits mor- 
ceaux de calcaire jurassique et en restes 
d’aptychuas imbricatus, liés par de iamarne. 
Quelquefois on y trouve aussi des frag- 
ments de glauconie et de calcaire spa- 
thique. 

Il est étonnant qu'on n'ait pas trouvé 
dans le calcaire jurassique de Kurowitz 
d’autres fossiles que les aptychus, et que 
ces aphychus s’y montrent en si grande 
abondance. Il résulte de ces faits, que les 
animaux dont provienuent ces restes ont 
vécu en nombreuses familles dans les 
eaux, où le calcaire jurassique et le conglo- 
mérat se sont formés. 


Calcaire de la grauwacke appartenant 
au système silurien des environs d'O!- 
PUz. 

Malgré le grand développement de la 
formation de la grauwacke, en Moravie, et 
les différentes carrières qu’on y a ouvertes, 
on n'avait encore remarqué aucune trace 
de fossiles avant 1839. À cette époque, 


57 


des ouvriers ont trouvé sur une colline de 
calcaire de la formation de la grauwacke, 
tout près du village de Rittberg, au S.-0. 
d’Olmütz, des fossiles que le général major 
de Kock a signalés ensuite. Sur toutes les 
cartes géognostiques de la Moravie, qui ont 
paru jusqu’à présent, on ne voit indiqué, 
près d'Olmütz; que du diluvium, quoi- 
qu’on trouve la formation de la grau- 
wacke dans beaucoup de lieux, par exemple 
près d’Olmütz, de Hatschein,de Kokor, etc. 
La ville d’Olmuütz est même bâtie sur de la 
grauwacke, qui quelquefois est couverte 
par des couches gypseuses (comme au mi- 
lieu de la ville, où l’on a percé le gypse 
jusqu'à une profondeur considérable pour 
faire un puits artésien). Les fossiles de ce 
calcaire se trouvent seulement sur une 
pente de la colline nommée Rittberg, vers 
Czellechowitz, tandis qu’au sommet et sur 
les autres versants, il ny a aucune trace 
de fossiles. On en voit aussi dans les cou- 
ches de marne, qui couvrent quelquefois 
la grauwacke ; or,en détrempant la marne, 
on obtient des fossiles très-bien conservés 
et très complets. 

Au nombre des. fossiles qu'on a trouvés, 
nous citerons les suivants : Calyÿmene ma- 
crophthalma, Alex, Brong. (petits échan- 
tions qui sont dans du calcaire noir); 
Bellerophon apertus, Sow. ; Spirula (Am- 
blyceras Ritthergensis, N.); Clymenia ? 
Euomphalus Dionysii, Goldf. (rare); Eu. 
depressus, Goldf. (encore plus rare); Eu., 
qui ressemble beaucoup à PE. pentangu- 
latus, Sow.;s Murbo; Phasianella (très- 
petite); Turritella, probablemert le T. 
obsoleta; Lucina proavia, Goldf.; Lucina, 
semblable à la L. rugosa; Goldf. (plus 
petite); Cardium elongatum ? Goldf. ; [no- 
ceramus ou Posidonomya; pecten (très- 
petit); Terebraiula reticularis (Atrypa re- 
tic., Daim.); Tercbratua Wilsoni, Sow.; 
Spirifer elevatus, de Buch (PDelthyris ele. 
vata, Dalm.); Spirifer ostiolatus, Schloth- 
(Sp. rotundaius, Sow., Trigonotreta ostio- 
laia, Br.)? Cyathocrinites pinnatus, Goldf.; 
Cyathophyilam vermiculare; Stromato- 
Pora serpens, Bronn (Aulopora serpens, 
Goldf.), Calamopora pothlandica, Goldf.; 
Cal. polymorpha, Goldf.; Cal: spongites, 
Goldf.;, Heliopora interstincta, Br. (Helio- 
pora pyriformis, Blainv.; Astrea porosa, 
Goidf.); Cyathophyllum dianthus, Goldf.; 
Cyath. turbioatum, Goldf.; Cyath. cera- 
tites, Goldf.; Cyath. vermiculare, Goldf.; 
Cyath. quadrigeminum, Goldf.; Cyath. 
hypocrateriforme, Goldf,; Cyath. plica- 
tum. (Annales des sciences géologiques). 


MINÉRALOGIE. 


Un de no: abonnés nous adresse la note 
suivante au sujet d’une substance miné- 
rale, par lui recueillie dans des minerais 
de manganèse; il la nomme fRomanésite, 
et M. Dufrénoy lui a donué le nom de 
Romanèche. Nous croyons devoir repro- 
duire cette note avant de donner la des-< 
cription de l’arsénio-sidérile, faite par le 
savant professeur de l’école des mines 


Romanoste, nouvelte substance minérale. 


Une nouvelle substance minérale a été 
recueillie par moi, en septembre 1841, à 
la Romanèche, dans les minérais de man- 
gauèse. Cette substance, à laquelle je pro- 
poserai de donner le nom de Rormané- 
site, comme pouvant rappeler le lieu qui 
l’a produite,se présente en concrétions sur 
le psilomélane lui-même concrétionné. Sa 


28 


forme et sa couleur sont comparables à 
celles des agaries bruns jaunâtres qui crois- 
sent sur nos arbres fraitiers; sa texture est 
fibreuse et bacillaire, et offre dans la cas- 
sure fraîche an reflet brillant, sa denisté 
est considérable. Au chalumeau, sur le 
charbon, elle émet d'abondantes vapeurs 
alliacées, et le résidu dissous dans les acides 
précipite fortement en bleu par le cyanure 
de fer et potassium. Ce nouveau minéral 
serait donc un arséniate de fer, mais com- 
plètement différent, sons tous les rapports, 
de ceux connus jusqu’à présent. Je n'anti- 
ciperai pas sur les détails que se propose 
de publier incessamment, au sujet de cette 
remarquable variété, M. Dufrénoy qui en 
a fait l'analyse et un examen particulier ; 
je me contenterai d'ajouter qu'en sep- 
tembre 1841, seule époque à laquelle il ait 
été trouvé, il n’en existait qu’une très 
petite quantité qui depuis a disparu : peut- 
être les travaux d'exploitation n’en ren- 
contreront-ils plus. Étant assez heureux 
pour posséder quelques doubles de cette 
substance si rare et si singulière, j'en fe- 
rai volontiers l'échange contre d’autres 
substances, avec les amateurs qui le dési- 
reraient. SALOMON. 
Rue Neuve-Chabrol, 11. 


Description de l'arsénio-sidérite, nouvelle es- 
pèce d’arséniale de fer ; par M. Dufrénoy. 


« M. Lacroix, pharmacien à Mäcon, 
m'a communiqué, il ya plusieurs mois, des 
échantillons d’une substance fibreuse, d’un 
brun jaunâtre, trouvée dans la mine de 
manganèse de la Romanèche prés de 
Mâcon. 

» La disposition fibreuse de cette sub- 
stance, jointe à son gisement, avait fait 
supposer qu'elle pouvait appartenir à du 
peroxyde hydraté de manganèse, dont la 
couleur a quelqne analogie avec les échan- 
tillons de la Romanèche. 

» L'analyse que j'en ai faite n’a pas 
confirm cette supposition ; elle m'a appris 
que la substance contenait de l'acide arsé- 
nique, du peroxyde de fer et de la chaux, 
et que c'était un arséniate double qui con- 
stituait une espèce nouvelle fort différente, 
par sa composition et par ses caractères, 
ds arséniates déjà connus. 

» Les proportions de ses éléments sont : 


Oxygène. Rapport. 


Acide arsénique. . 34,26 11,89 5 
Oxyde de fer. . . . 41,31 12,66 6 
Oxydedemanganèse 1,39 0,39 6 
Chaux... ....150843 9361 
Silices ie 20e 4,04 2,10 1 
Potasse..… : 5.010,76 

Hauts 48,707 07200785 


qu’on peut présenter par la formule 
3F° Ar + CAr: + 3Aq... HS. 


» Dans cette formule, j'ai considéré la 
silice gélatineuse comme étrangère au mi- 
néral. L'analyse du calcaire de Champigny, 
près de Paris, qui contient jusqu’à 10 pour 
100 de silice soluble dans les acides, sans 
le mélange de la moindre proportion d’alu- 
mine, celle du grès vert de Vouziers, don. 
née par M Sauvage dans son important ou- 
vrage sur la Géologie des Ardennes, qui 
nous apprend que cette roche contient 56 
pour 109 de silice soluble dans une lessive 
de potasse caustique, prouvent avec cerli- 
tude que la silice gélatineuse est mélange 
mécaniquement avec des minéraux dont 
les proportions clairement définies ne peu- 


vent admettre de silice en combinaison. . 


59 


La silice s'est donc trouvé fréquemment en 
dissolution dans les mêmes eaux qui dé- 
posaient de la chaux carbonatée; nous 
croyons qu'il en a été de même pour la 
substance de la Romanèche, qui se pré- 
sente avec tous les caractères d’une con- 
crétion, et que la silice gélatineuse y est 
également à l’état de mélange. 

» L’arsenic et le fer étant les deux élé- 
ments de cette nouvelle substance, je lui ai 
donné le nom d’arsénio-sidérite, qui les 
rappelle. 

» L’arsénio-sidérite forme des masses 
concrétionnées fibreuses adhérentes sur la 
surface des tubercules de manganèse. 

» Ses fibres larges et distinctes, peuvent 
se séparer comme celles de l’asbeste dure. 
L’arsénio-sidérite est tendre et s'écrase fa- 
cilement par la simple pression des doigts. 
Sa couleur est d’un bran jaunâtre, qui de- 
vient plus foncé par l'exposition à l’air. 
Très-fusible au chalumeau, il donne à la 
fois les réactions de l’arsénic et celles des 
oxydes de fer. 

» Sa pesanteur spécifique est 3,52. 


SPP 
SCIENCES MEDICALES. 


ANATOMIE COMPARÉE. 


MÉMOIRE SUR LA STR{ CTURE INTIME DES 
OS; par M. Louis Mandl. 


(Deuxième article.) 


II. Examen microscopique des os colorés 
par la garance. 


« {o Coloration par immersion. — Des 
parcelles d’os de mammifères , plongées 
dans une dissolution de garance , ont pré- 
senté successivement les phénomènes sui- 
vants : d’abord ce sont les bords qui se co- 
lorent; la couleur pénètre plus avant, 
mais celle des bords est plus intense ; l’in- 
tensité de Ja couleur se répand sur toute la 
surface. Enfin toute la parcelle osseuse est 
profondément colorée , seulement çà et là 
existent quelquefois des parties vlus colo- 
rées qui correspondent habituellement aux 
points les plus épais de la lamelle. 

a Il suit de là que, dans les os teints arti- 
ficiellement, la coloration ne suit pas une 
marche dépendante de a distribution , soit 
des canalicules, soit de tout autre élément, 
mais qu'elle se propage, au contraire, 
d’une manitre toute physico-chimique, de 
dehors en dedans. 

« 2° Coloration par l'alimentat'on. — 
Examinons d’abord les os colorés du pi- 
geon. Ces os offrent une intensité de cou- 
leur qui se retrouve même dans les lamel- 
les les plus minces et les plustransparentes; 
il est facile d’ailleurs d’obtenir, à l’aide du 
scalpel, des tranches très minces, soit lon- 
gitudinales, soit transversales. Cela est 
d'autant plus avantageux, que les os colo- 
rés ne peuvent pas être soumis à l’action 
de l’acide hydrochlorique qui détruirait 
presque entièrement leur couleur. Il n’en 
sera pas moins utile de se procurer toujours 
deux tranches tout-à-fait semblables prises 
sur le même os, et de traiter l’ane d’elles 
par l'acide hydrochlorique. Cette dernière, 
après avoir perdu presque entièrement sa 
couleur, acquerra , par l’action de l'acide, 
une transparence qui permeltra d'étudier 
avec la plus grande facilité sa structure, la 
distribution des canalicules, l'épaisseur de 
la paroi et de la partie centrale creuse, 
elc,, points de comparaison précieax pour 
l'étude de l’os coloré. 

« En examinant des coupes longitudina- 
les et transversales d'os d'oiseaux nourris 


60 


par la garance, on est bientôt convaincu 
que la couleur rouge occupe toute l’épais- 
seur de la paroi du canalicule; ce qui reste 
incolore n’est que la partie centrale creuse, 
destinée à recevoir le vaisseau capillaire et 
la graisse. Cet aspect se présente même 
dans les os de pigeons qui n’ont élé nourris 
que pendant vingt-quatre heures avec de 
la yarance. 

« Parri les os de mammifères, ceux du 
cochon offrent une grande facilité pour 
l’étude microscopique de la coloration. On 
distingue déjà à l'œil nu des parties qui 
sont moins colorées et d’autres qui le sont 
davantage, en examinant une portion dont 
la couleur est peu intense, on voit que 
celle-ci n’occupe qu’une partie de la paroi 
du canalicule, la partie qui entoure la 
portion centrale creuse. D'autre fois, le 
canalicule est entièrement coloré, mais les 
branches latérales ne le sont pas, ou peu; 
mais il fant bien se garder de généraliser 
ce résultat de l'observation, et de croire 
cet aspect propre à l'os entier. En effet, en 
examinant la portion dont la couleur est 
plus intense, on ne tardera pas à recon- 
naître que toute la paroi du canalicule est 
colorée comme dans les os de pigeons, et 
qu'il n'existe pas. d’espace incolore entre 
les canalicules. Des coupes longitudinales 
ne laissent pas le moindre doute à ce sujet. 
Les os minces de lapin nous ont paru co- 
lorés dans toute leur profondeur, 

a Lorsqu'on examine une parcelle d os 
peu colorée, on peut facilement distinguer 
les corpuscules osseux qui présentent une 
couleur plus intense, Cette circonstance 
paraît favorable à l'opinion de Müller, qui 
croit que les corpuscules sont le siége de 
sels calcaires; toutefois, en examinant au 
microscope les os colorés , il dit n’avoir 
observé qu’une couleur uniforme répandue 
sur tout le tissu. Il nous paraît probable 
que Müller avait examiné des parcelles 
d’unè couleur intense ; dans ce cas, il n'est 
plus permis de distinguer la différence de 
couleur qui existe entre le tissu et les cor- 
puscules. 

« Qu'il nous soit permis d'exprimer ici 
les remerciments que nous devons à M. 
Flourens, qui a bien voulu mettre à notre 
disposition , avec une obligeance extrême, 
sa belle et riche collection d'os colorés. » 

ZOOLOGLE. 
Index ornithologique] par Lesson. 
(suite.) 

37° Genre : Cincaerus, Vieill. (1846 ; 
pygyargues, Brisson; aquila, Meyer. bab. 
Cosmopolite. — 119. Circaëtus gallicus , 
Vieill., Ency. 111, 4201, falco gallicus, gm., 
faico leucopsis, Bechst.; falco brachy dacty- 
lus, Wolff, Temm., man., 1, 46; Jean-Le- 
blanc, Buff.. Enl. 413; naum., pl. 15. hab. 
l'Europe. —190. Circaëtus thoracicus, Less. 
tr. 48; falco thoracicus, Cuv.; Circaëtus 
pectoralis, Smith, proc. 1833, 45. hab. le 
Cap de B.-Espéance. — 12f. Circaëtus ci- 
nereus, Vieill., gal., pl. 42; falco circaëtus, 
Temm .; falco senegalus, Cuv., règ. 1, 326. 
hab. le Sénégal. — 122. Circaëtus corona- 
tus, Less., tr. 48; harpyiacoronata.Vieill., 
Encyel. 4252; aïgle couronné, Azara, n° 7; 
D'Orbig., am. 75; falco coronatus, Temm., 
pl. 234; falco tharus, Molina ; falco crista- 
tus, Dillon, pl 3, Daudin, r, 43. hab. Bré- 
sil, Paraguay, Plata. — 123. Circaëtus fu- 
nereus, Rupp., 2, voy. p. 14, pl. 35. hab. 
PAbyssinie (Gondar). 

38 Genre: Panpiow, Sav. (1810), Bal- 
busardus , Ray; aquila, Meyer; /riorches , 


l 


| 


b 


each. hab. cosmopolite. — 124. Pandino 
naliœtus, Cuv. 

A. Var. d'Europe : falco haliætus , L., 
‘orfraie, Bélon, ch. 7, p. 96; Eul. 414 ; 
Less., tr. pl. 9,f. 1; pandion fluviatilis, 
Wieill., Encycl., 1198; ‘aune franç., pl. 6, 
. 4; pandion fluviatilis, Sav., Eg. p. 36; 
‘Daudin, 11, 67. hab. toute l’Europe et le 
nord de lAfriq. 

B. Variété de la Caroline : falco Caroli- 
brensis, et leverianus, Gm. ; aquila haliæta, 
55w., N.Z., p. 20, Audubon, pl. 81; Cates- 
y, 2; Nutt., 1, 78; hab. New-York, la Ca- 
oline du sud. 

C. Var. de lu Guyane : falco cayennen- 
ls, Vieill., Ency. 

* D. Var. de l'oural : falco arundinaceus, 
*Gm.; falco\leucoryphus, Pallas; hab. la Si- 
bérie, l'Irtisch. 

E. .Var. australienne : pandion leucoce- 
\phalus, Gould, proceed. 1837, p. 438; hab. 
“la Nouvelle-Galles du sud. 
| X° Famille : HERPETOTHERÆ. 
| 39° Genre: Herperormeres, Vieill. (1825); 
Idædalion, Sav., Vig.; macagua, Less. tr. 
(4831) ; cachinra , Fleming (1822). hab. 
V’Amérique mérid. et Equat. — 125. Her- 
petotheres cachinnans, L.; Spix, pl. 8, À ; 
macagua, Azara; 1, 84, n°16; macagua 
:cachinnans, D'Orb., p. 96; Dumont, dict. 
tsc. nat., xv, 35: var. cayennensis. hab. 
Plata, Haraguay, Guyane. 
| 409 Genre : Paysera , Vieillot (1816). 
| hab. Amérique mérid. — 126. Physeta suf- 
l'flator, Less.; falco sufflator, Gm. n° 17; 
\ surinam fa'con, Lath., n° 70; Vieillot, ana. 
!d’ornith., p.; Stedman, voy. 2, 84. hab. 
 Guyan Hollandaise (Surinam). 

41° Genre : Carnirex, Less., Écho, 4842, 
“p. 1084. hab. Amérique tropicale. — 127. 
| Carnifex naso, Less., Loc. cit. hab. Rea- 
! lejo (Centre-Amériq.) - 
| 42° Geure : Asrorini, Vicillot (1819). 
| hab. Amérique mérid. — 128. Asturina 
* cinerea, Vieïl., gal. pl. 20, p. 49, nouv. 
 dict., ur, 41; falco fuscus, Lath. habit. 
| Cayenne. 
| 43° Genre : Caonpronterax. Less, hab. 
l Amériq. tropicale. — 129. Chondrohierax 
| 
| 


\ erythrofrons, Dædalion erythrofrons, Les- 
} son, Echo, n° 45, 11 déc. 1842. hab. San- 
. Carlos (Centre-Amérique). 
, XI° fam.: Cyminnæ. — 44e Genre : Cv- 
+ minis, Cuv. (1817); astur, Spix ; Leptodon, 
‘ Sundew. (1836). hab. Amériq. mé id. — 
. 130. Cymindis Cayennensis, Less., tr. 55; 
 falco Cayennensis, Gm., Enl. 473; Spix, 
. pl. 8; Temm., pl. 270; Less., pl. 13,f. 2; 
| asturina cyanopus , hab. Brésil, Guyane.— 
1431. Cymindis pall'atus; falco pulliatus , 
| Wied ; Temm., pl. col. 204;, C. Butconi- 
des ; Less., tr. 55. hab. Brésil , Guyane. — 
1132. Cymindis uncinatus, Less., tr. 55: 
faico uncinatus, Wlig.; Temm., pl. 103 
(mâle), 104(fem.) et 115 (jeune) ; Far. noire, 
La Fresn., Mag. z0ol., 1v, pl. 21. hab. 
Brésil, Guyane. 
45° Genre : Rosrrnamus, Less. (1 ei 
| Cymindis, Sw.; herpetotheres, Vieill.: 
| falco, illig. hab. Amérique méridionale. — 
133. Rosthramus hamatus, Gray; falco ha- 
malus, Illig.; Temm., pl. 61 et 231 ; Lerpe- 
totheres sociabilis, Vieill., Encycl. 11, 
1248 ; gavilan sociable, azara, 1, 16; Cy- 
| mindis leucopygus, Spix, pl. 2; La Fresn., 
Mag. de zool., 1834, pl. 20; rosthramus 
soctabilis , D'Oibi, Am., p. 75, ib., Cuba. 
P. 15; R. niger, Less., tr. p. 56. hab. Pa- 
raguay, Brésil. 
46e Genre : Gamrsonyx, Vigors (1826). 

hab. l'Amériq. mérid. — 134. Gampsonyx 


) 


62 


S'wainsonii, Vigors, Zool. journ., t. 2, 


p- 69. hab. Brésil (Bahia). 

47e Genre : PEanis , Cuv. (1817); aquila, 
Mœbhr. (1752). hab. l’ancien Continent. — 
135. Pernis ap vorus, Guv.; falco apivorus, 
L.; La Bondrée, Enl., 420 ; Naum., pl. 36 
et 35; faune fr., pl. 9, f. 4. hab. toute 
l'Europe. — 436. Pcrnis cristata, Cuv., 
règ. an,,1,pl. 3, f. 4, p. 335; Less., tr. 
p. 76, pl. 15, f. À ; Buteo cristatus, Vieill., 
Evcycl., mr, 1125; falco ptilorhynchus, 
Temm., pl. 44. hab. l'Inde (Pondichéry). — 
Pernis maculosa, Less., voy. de Bélang., 
p. 223. hab. le Bengale.— Pernis torquata, 
Less., tr. 76.— Pernis ruficollis, Less., tr. 
77.— Pernis albogularis, Less. tr. 77. 

48 Genre : Lormotes, Less. (1829); 
Isid. Geoff.; Zuteo, Vieill.; falco , Temm.; 
Baza , Hodgs. (1836); Lepidogenys, Gray 
(1839); Æyptiopus, Hodgs. (1841). hab. 
l'Asie et l'Australie. —137. Lophotes indi- 
cus, Less., tr. 96 ; fa/co lophotes, Cuv.; 
Temm', pl. 10; Buteo cristatus, Vieillot ; 
Lepidogenys Lathami, Gray, pro. 1840, 
140; Lophotes, Isid. Geoff., nouv. ann 
mus., 1833; Baza Syama, Hodgs., 1836 ; 
Baxa lophotes, Gray, p. 4. hab. l’Inde 
continentale).—138. Lophotes subcristatus; 
Lepidogenys subcrislatus, Gould, Proc., 
1837, 140. hab. la Nouv.-Galles du sud. 

XIT° famille : Minvinæ. — 49 Genre. 
Avicera, Sw. (1837). hab. l'Afrique. — 
139. Aviceda Cuculoïdes , Sw., Birds of W. 
af. 1, 104, pl. 1. hab. l'Afrique occidentale. 

50° Genre : Icrinra , Vieill. (1816); Ner- 
tus , Boié (1818). hab. l'Amérique. — 140. 
Ictinia plumbea, Vieïll., Encycl., 1, 1208 ; 
falco cinereus et plumbea, Gm.; Enl. 187; 
falco plumbeus, Lath., pl. 12 ; Vieill., Am. 
sept., pl. 10 bis; Wied, 12; Temm., pl. 
180 ; Edw. gl. pl. 53; Nuttal, 1, 92. Spix, 
pl. 8? Buteo plumbeus, Cuv., 1, 337; 
D'Orbig., p. 10; azara, 37. — JEUNE AGE : 
Icünia ophiophasa, Vieill., Encyel., nr, 
1207; Gal. pl. 17; Wilson, pl. 25, f. 1; 
Ch. Bonap., Syn., p. 30; falco Mississi- 
piensis, Wilson; nertus Mossissipiens:s, 
Boié. hab. le Brésil . la Guyane, le Mexique, 
la Floride et es Etats-Unis. ? /ctinia : falco 
rufifrons, Wied. 

51e Genre : ELanus , Savig. (1810); Ela- 
noïdes, Vieill. hab. l'Afrique, l'Asie, l'A- 
mériq. et l'Australie —141, Elanus cæsius, 
Sav. Eg., p. 38, n° 18, pl. 2, f. 2; le Cou- 
hich ou Blac, Levaill., af. pl. 36 et 37; 
falco melanopterus, Daudin, 11, 152; 
Leach , misce., t. 3, pl. 122; Sonnini, Eg., 
p. 11, 99; Jerax, OËlien ; proceed. r, 115 : 
Ch. Bonap., syn., p. 30? Vigors et Horsf, 
trans. xv, 185. hab. l'Egypte, le cap de 
B.-Esp., les Etats-Unis, l’Inde et la Nouv. 
Hollande. — 142. ÆElanus torquatus, Cuv.; 
Less., Traité, p. 72. hab. le Brésil. — Ælu- 
nus notatus, Gould, proceed., 1837, p. 41. 
hab. Nouvelle-Galles du sud. — 144. Ela- 
nus leucurus, Less.; faucon blanc, azara, 
n° 36; muélous leucurus, Vieill., Dict-; Æla- 
noïdes leucurus, Nieill., Encycl., 1, 
1205 ; falco dispar, Temm., pl. 319 ; ela- 
nus dispar, Less., tr. p. 72 ; mlvius leucu- 
rus, D’Orbig., p. 98; Nutt., 1, 93. hab. 
Paraguay, Brésil, Chili, etc. 

52° Genre : Naucuenus, Vigors (1825 ). 
hab. l'Amérique. — 145. Nauclerus furca- 
tus, Vigors, Zool. Journ., n° 7, p. 386; 
Jalco furcatus, L.; Gm.; Catesby, pl. 4; 
ÆElanoïdes furcatus, Vieill., Encycl. 111, 
1204 ; milvus furcatus, Cuv.; Icon., pl.3, 
fig. 1; nauclerus furcatus, Less., Traité, 
pl. 14, f. 2; Wibon, pl. 51, f. 2; Vieill., 
Am. sept., pl.10; Æ£ noïdes yetapa, Vieil., 


63 

Encycl., 1205; azara , 1, no 38; Buffon, 1, 

22 ; Nuttal, 1, 95; D'Orbigny, voy. 

p: 100. hab, le Brésil, les Etats-Unis, la 

Guyane, le Paraguay, la Bolivie. 
93°. Genre : CaeuicriniA, Lesson. hab. 

Afriq. oecidentale.— 146. Chelictinia Rio- 

couriè, Less.; Elanus Riocourii, Vig. z0ol. 

journ., 2,386; Elanoides riocourii, Vieill., 

Eocycl. 111, 1206, et gal., pl. 16 ; le mulan 

riocourt, Temm., pl. 85. hab. Sénégal, 

SCIENCES APPLIQUEÉES. 
ARTS CHIMIQUES. 

De l'emploi du sulfate acide d'alumine artif- 
ciel dans la teinture el l'impression des ma- 
lières animales el végélales. 

Depuis l’origine de la teinture et de 
l'impression des étoffes, on avait fait usage 
comme mordant alumineux du sulfate d’a- 
lumine et de potasse, soit en l’employant 
directement, soit en le transformant en 
acétate d’alumine; sous ce dernier état , il 
n’est employé que par les imprimeurs sur 
étoffes et les teinturiers en coton. Plus loin 
nous aurons occasion d'y revenir Les trois 
sels alumineux qui nous ont servi de base 
aux essais sont 1° l’alun du commerce pu- 
rifié; 2° le sulfate acide d’alumine prove- 
nant de la fabrique de M. F. Ador; 3° le 
sulfate acide naturel que nous a remis M, 
Quesneville , sulfate dont Porigine nous 
est inconnu. 

Avant de procéder aux essais, nous 
avous dû nous assurer de la richesse en 
alumine de chacun d'eux. 

Ainsi, nous avons trouvé que le sulfate 
d’alumine et de potasse était formé de : 

Sulfate d’alumine , 36,87 
Sulfate de potasse, 18,12 


Eau et perte, 45,01 
Acide sulfurique, 26,01 
Alumine, 10,86 


Sulfate de potassse , 18,12 
Eau et perte , : 45,01 
Le sulfate acide d’alumine de la fabrique 
déjà citée contient : 


Acide sulfurique , 35,01 
Alumine , 13,67 
Eau ctperte, 51,29 
Fer, ‘Quantité indéterminable. 


Le sulfite d’alumine naturel remis à M. 
Quesneville : 
Acide sulfurique, 36,05 


Alumine, 15,41 
Eau et perte, 48,54 
Cuivre, Traces. 


Nous devons faire observer que nous n'a- 
vons eu pour but dans ces analyses que 
de déterminer d’une manière exacte la ri- 
chesse en alumine et en acide sulfurique. 
Nous avons dû choisir, dans le suifate d’a- 
lumine naturel, celui qui était crista!lisé 
en aiguilles soyeuses. Il était toujours ac- 
compagné de sulfate basique que nousavons 
eu la précaution de séparer, afin d'obtenir 
un sel entièrement soluble dans l’eau. 

Nous n’entrerons dans aucun des détails 
nécessaires pour disposer les diverses ma- 
tières à recevoir les opérations de teinture, 
notre but étant moins de donner des ren- 
seignements pratiques que de faire con- 
naître les résultats obtenus par l'emploi du 
sulfate acide d’alumine. 


SI. Alunage de la laine. 


Nous avons opéré sur 4000 grammes de 
laine pour chacun des essais , la quantité 
d’eau étant de 20 kilogrammes; le poids 
des matières colorantes étant exactement 
le même. 


64 


A. 1000 grammes de laine ont été bouil- 
lis avec 200 grammes d’alun purifié et 120 
grammes de crème de tartre. 

B. 1000 grammes de laine ont été égale- 
ment bouillis avec 200 grammes de sulfate 
d'alumine de fabrique et 120 grammes de 
crème de tartre. 

C. 1000 grammes de laine ont été traités 
avec 200 grammes de sulfate d’alumine 
naturel et 120 grammes de crème de 
tartre. 

Ces trois opérations ont été faites autant 
que possible dans les mêmes conditions. 

Chacun des échantillons , avant l’opéra- 
tion de l’alunage, avait été partagé en 
quatre parties , soit en 250 grammes. Nous 
les désignerons par les lettres À, B, C. 

1° Dans uue case à compartiment qui 

d'habitude est employée dans les ateliers 
de teinture , pour ces sortes d’essais, on a 
plongé chacun des échantillons. L’essai a 
‘été fait avec la cochenille ammoniacale. 
Après une heure d’ébullition, nous avons 
remarqué que le bain de teinture où était 
plongé l'échantillon C était complétement 
tiré; celui où se trouvait l'échantillon B lais- 
sait au bain une légère teinte jauvâtre , et 
qu'enfin celui A laissait à la liqueur uve 
teinte vineuse. Ce dernier a été plongé de 
nouveau et maintenu dans son bain primi- 
tif de teinture pendant trente-cinq minutes 
en pius, afin d’épuiser le bain colorant, 
qui néanmoins a conservé une légère teinte 
violacée. 

Les trois essais convenablement lavés 
ont présenté des nuances différentes : 

A. Teinte groseille inclinant au jau- 
nâtre ; < 

B. Teinte groseille inclinant au rosé ; 

C. Teinte groseille inclinant au violet. 

2° Les trois échantillons À, B, C, ont été 
plongés dans le même bain de teinture 
{cochenille ammoniacale), bouillis pendant 
quarante minutes, le bain ayant été com- 
plétement tiré. Après l’examen nous avons 
remarqué que ceux B et G étaient montés 
au double de nuance de celui À, et que 
celui C avait une teinte vineuse. 

3, Les essais ont été ensuite répétés en 
employant l’indigo soluble (indigotate de 
soude) en même proportion d’eauet de ma- 
tière colorante pour chacun des trois écha1 - 
tillons À, B, C. Les résultats suivants ont 
été remarqués : 

A. Teinte bleu vif moins prononcé que 
B. et C; 

B. Teinte plus prononcée et se tirant 
plus vite ; 

C. Teinte égale à B, mais montant moin: 
vite. 

4° Les mêmes essais répétés avec la dé- 
coction du bois jaune nous ont fourni les 
résultats ci-après : 

À. Teinte plus pâle qu'avec B. et C ; 

B. Teinte vive incliuant à l’orangé ; 

C. Teinte vive inclinant au verdâtre. 

En comparant ces quatre essais de tein- 
ture, deux en groseille, en bleu et en 

jaune , nous voyons que la préférence doit 
être attribuée aux essais B. et G, et que dans 
les teintes obtenues par la cochenille on 
le bois jaune, on doit donner la préférence 
au résultat fourni par B, préférence sur C 
qui provient du cuivre que renferme le sul 
fate naturel. Nous devons faire remarquer 
qu’en prenant le même poids des trois sels 
alumineux , il devait nécessairement exis- 
ter une différence sensible dans les résul- 
tats, puisque la proportion en sulfate d’a- 
lumine était elle-même variable. Nou: 
avons donc dà répéter les essais en emplo- 


65 


yant des proportions de chacun des trois 
sels alumineux correspondant à une même 
quantité de richesse en sulfate d’alumine ; 
ainsi, nons aVOns trouvé que : 

200 grammes d’alun contiennent 21,73 
alumine ; 

158,88 sulfate de fabrique contiennent 
21,72 alumine ; 

140,246 sulfate naturel 
21,79 alumine. 

Nous avons dù négliger quelques frac- 
tions qui sont insensibles dans les résultats 
de teinture. 

La proportion de crème de tartre à été 
conservée la même, 120 grammes. 

L’alunage ainsi que la teinture ont été 
faits dans les mêmes conditions que pré- 
cédemment. 

Les résultats obtenus ont été les suivants: 
l'alun et les deux sulfates conservent le 


contiennent 


même ordre À, B, C. L'échantillon A (alun) 


a été constamment de plus de moitié au- 
dessous des tons fournis par B (sulfate de 
fabrique) et par € (sulfate naturel); la dif. 
férence entre Bet CG a toujours été peu 
sensible. (La suite au prochain n°.) 


———SUNESO— 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE, 


Sur les édifices les plus remarquables classés 
par ordre d'intérêt, sous le rapport de l’his 
toire et de l'art, dans le département de la 
Sarthe; par M. l'abbé Tournesac, inspecteur 
des monuments historiques. 

(Troisième article.) 

Neuvy-en-Champagne. — Cette église, 
dédiée à saint Laurent, autrefois prieuré de 
Bénédictins de l’abbaye de la Couture, ap- 
partient au roman secondaire et de transi- 
tion ; elle est en forme de croix laïine sans 
latéraux, avec trois apsides orientales, une 
tour au centre des transepts : elle est toute 
voütée en moëllon. Son étendue dans œuvre 
est de 34-20 sur 19-70. 

Sa partie la plus intéressante est l’apside 
principale, dont l'extérieur, formé de petites 
arcades cintrées à claveaux symétriques, 
que supportent des colonnettes à chapi- 
teaux ornées d'entrelas, de volutes ou de 
feuillages , offre une décoration que nous 
n'avons rencontrée nulle part dans le dé- 
partement. 

V'aas. — L'église abbatiale qui sert au- 
jourd’hui à la paroisse, appartenait à des 
moines de l’ordre de Prémontré; elle est 
sous l’invocation de la Sainte- Vierge. 

On ignore l’époque de sa fondation et le 
nom du fondateur. 

En forme de croix latine, sans latéraux, 
celte église offre une étendue dans œuvre 
de 41 mètres sur 26-50 ; elle est entière- 
ment voûtée en tuffau appareillé et de 
deux époques, comme la construction des 
murs. On pourrait la rapporter à la pre- 
mière moitié du treizième sècle et à la fin 
du quinzième. 

Luché. — Cette église, dédiée à Saint- 
Martin, dépendait d’un prieuré que Raoul 
de Beaumont et Emmeline de Montsoreau, 
sa femme, dame du Lude et de Luché, don- 
uèrent et vendirent en partie pour 500 sous 
aux moines de Saint-Aubin, vers Le milieu 
du onzième siècle. 

La construction actuelle, postérieure à 
l'acte de donation, offre deux époques bien 
distinctes : La partie orientale, qui appar- 
tient à la première moitié du treizième 
siècle, consiste dans une tour centrale et 
un chœur rectangulaire d'une très grande 


étendue relative, puisque sa largeur répond 
à peu près à la longueur d’une extrémité à 
l’autre des transepts. Le tout voûté en 
tuffau appareillé, à nervures rondes dispo- 
sées en sautoir, accompagnées d’autres ner- 
vares qui suivent la direction du faitage et 
d'autres la direction des tirans de la char- 
pente, soutenue d’un côté par les colon- 
nettes groupées le long des murs, et de 
l'autre par deux colonnes cylindriques et 
isolées au milieu de l’édifice. 

Ce chœur est éclairé par huit fenêtres à 
lancettes, avec pieds droits ornés de colon- 
nes à l’intérieur, deux au nord, deux au 
midi, et quatre à l'orient. 

La tour centrale reposesur quatre piliers 
cantonnés de quatre demi-colonnes qui 
supportent les arcs-doubleaux, et de colon- 
nettes interposées pour recevoir les ner- 
vures des arrêtures. 

On remarque à l'un des transepts voûtés 
au seizième siècle, cinq médaillons qui re- 
présentent J.-C. et les symboles évangéli- 
ques de l’Apocalypse. 

La vaste nef, élevée an commencement 
du seizième siècle, n’a de remarquable que 
ses fenêtres à meneaux ornées de tympans 
flamboyants. 

Cette église possède quatre autels bien 


conservés avec retable en pierre, accom- 


pagné de niches et de dais dans le style ogi- 
val secondaire, et celui de la renaissance. 

S'ain!-Grimgallois , à Château-du-Loir. 
Avant la révolution de 1790, la ville de 
Château-du-Loir possédait deux églises 
paroissiales : Saint-Martin et Saint-Grim- 
gallois. La première fut entièrement dé- 
molie, et la seconde rendue au culte vers 
1809, reçut un accroissement considérable 
per la réunion de l’église du prieuré cons- 
truite à l’est, immédiatement à la suite de 
l’autre. .. : 

Le mur séparatif fut renversé, l'ancienne 
église paroissiale retint le nom de nef et 
celle du prieuré fut réservée pour le chœur 
et le sanctuaire. 

Ce prieuré, foudéfau dixième siècle par 
le seigneur de Château-du-Loir, dépendait 
de l’abbaye de Marmoutiers. 

La nef seulement est accompagnée de 
latéraux voûtés, ouvrage du seizième siè- 
cle, et le chœur est terminé à l’orient par 
une apside à cinq pans, éclairée par des 
fenêtres à me2neaux surmontés de quatre 
feuilles au tympan, dass le style du quator- 
zième siècle. 

Son étendue dans œuvre est de 47 mètres 
50 centimètres sur 17 mètres. 

La partie la plus remarquable après le 
chœur est la crypte que nous croyons être 
une construction du dixième siècle, longue 
de 12 mètres et large de 6 mètres, ayant 3 
apsides et des voûtes d’arrête en moellon, 
qui soutiennent neuf colonnes de différents 
modules et mal rangées. 

Notre-Dame à Mamers. L'on rapporte 
à l'an 1145 la fondation du prieuré con- 
ventuel de Notre-Dame, de l’ordre de 
Saint-Benoît, par Guillaume Talvas I, 
comte du Perche; il dépendait de l’abbaye 
de Saint-Laumer, à Blois. 

En 1743, les moines quittèrent le prieu- 
ré, et l'église fut cédée aux paroissiens. 

Son plan est un parallélogramme divise 
par une nef principale, accompagncée _de 
deux latéraux et de trois chapelles au midi. 

Quelques fenêtres cintrées au nord indi- 
quent le style de la première église qui 
devait, suivant la forme ls plus commune, 
être terminée par une apside orientale. 

Mais vers 1500. Catherine d’Alençon, 


a 


PR 


cl É t n S e n  0 


j 


raron du Saonnois, fit reconstruire l’église 
u Prieuré. 
- Un portique, très élevé et voûté en plein 
intre sans arrêtiers, précède le portail 
ont l'ouverture est divisée par un meneau 
u colonne d'ordre dorique. Au-dessus 
l'élève une élégante petite flèche en bois, 
terminée en 4776. 
* L'intérieur dépourvu de sculptures, 
“isque les colonnes prismatiques s'élèvent 
‘ans chapiteaux sous les arcades et jusqu'aux 
roûtes, satisfait néanmoins par l’harmonie 
des lignes et la distribution des travées de 
Fa nef qui reçoit la lumière par des fenêtres 
à meneaux et tympansflamboyants. 
| Les latéraux et les chapelles offrent des 
voûtes en tuffau appareillé, mais au lam- 
bris qui couronnait la nef principale a suc- 
}2édé en 1831 un lattis en plâtre avec ner- 


toir quiimitent parfaitement une voûte en 
pierre. ; 

Saint- Christophe-du-Jambet. L'église 
\paroissiale de Saint-Christophe est située 
sur l’un des monts les plus élevés du dé- 
partement de la Sarthe, et: offre avec le 
style roman de transition, le plan d’une 
basilique rectangulaire à l’occident et hé- 
-micyclique à lorient. Sa longueur se divise 
l'en quatre travées, outre l’apside ; dont les 
trois premières forment la nef et la qua- 
 trième l’emplacement de la tour surmontée 
d’une flèche en bois couverte d’ardoises. 

Son étendue dans œuvre est de 33 mè- 
tres et de 6 mètres 50 centimètres. 

La partie la plus remarquable de cette 
église est la facade occidentale soutenue 
par deux contreforts entre lesquels existe 
le portail à plein cintre à trois rangs de 
claveaux symétriques en retrait ornés, Pun 
d’un tore , l’autre de grosses dents de scie, 
et le troisième de frètes crenelées auxquelles 
on a donné aussi le nom de méandres. 

Ce dessin jusqu'ici est le seul exemple 


vures prismatiques transversales et en sau- 
{ 
| 


_ rencontré dans le département. 


Notre Dame, à Ségré. Cette église pa- 
roissiale, du roman de transition, offre un 
plan extraordinaire pour son style, dans le 
département, et qui consiste dans une nef 
sans latéraux, ter minée rectangulairement 
à ses deux extrémités. 

Son étendue est de 36 mètres sur 7 
mètres. 

Ce vaisseau est divisé en cinq travées 
avec voûtés en moëllon de blocage, sépa- 
rées par des, arcs doubleaux ogives que 
supportent des pilastres à demi colonues, 
adossés aux murs, butés par de vigoureux 
contreforts à l’extéricur. 

À droite et à gauche s'élèvent des colon- 
nettes qui recoivent les nervures des arré- 
tures. 

Chaque travée reçoit la lumière par une 
seule fenêtre de chaque côté, mais la der- 
nière, à l'extrémité orientale, possède six 
fenêtres disposées deux à deux sur les trois 
faces. 

Enfin, au-dessus du point central des 
cinq voûtes, s'élève une tour, terminée par 
deux pignons et un toit à deux eaux. 

La façade qni se compose d’une porte 
ogive avec jambages ornés de trois colon- 
nettes à base attique et chapiteaux ornés 
de feuilles larges et de tailloirs à dents de 
scie , offre une voussure composée de trois 
tores et une archivolte garnie de fleurs 
crucifères aux feuilles lancéolées et dispo- 
sees en sautoir. 

Le tout est surmonté d’une fenêtre ogive 
relativement assez grande, avec tore pro- 


68 


iprès le décès de Jean de Laval, son mari, | filé aux jambages et aux cintres, dont les 


claveaux un peu épais et symétriques sont 
entourés d’une archivolte à dents de scie. 

Notre-Dame à Siilé-le-Guillaume. Notre- 
Dame, qui appartenait à un chapitre dont 
on ignore et le nom du fondateur et l'é- 
poque de la fondation servait à la paroisse 
du même nom. 

Elle est en forme de croix latine saus 
latéraux, avec chœur à trois pans, dont 
l’étenduc dans œuvre est de 38 mètres 33 
centimètres et 29 mètres 33 millimètres, 
n’a de remarquable que son portail occi- 
dental, et son pignon méridional au pied 
duquel est l'entrée d’une vaste crypte. 

Le portail, ouvrage du quinzième siècle, 
est orné de deux colonnes de chaque côté, 
avec entre-colonnements à feuilles de chène 
et de rosier très détachées , supportant la 
voussure composée de quatre rangs de 
claveaux ogives , concentriques et en re- 
trait. Le tympan offre une scène du juge- 
ment dernier. 

Le pignon méridional est composé de 
deux arcades cintrées à claveaux minces, 
symétriques avec archivoltes profilées d’un 
cavet, dans l’une desquelles est établi en 
retrait une porte à linteau droit. 

Si l’on pénètre dans la crypte, longue 
de 29 mètres dans la direction des tran- 
septs, voûtée en plein cintre sans arrêtiers 
et en moëllon, et ayant environ 4 mètres 
d'élévation sous clef, on remarque trois 
apsides orientales dont l’une contient quel- 
ques peintures. 

Quoiqu'il en soit, cette crypte, la plus 
vaste du diocèse du Mans, est d’une forme 
peu commune, pourrait bien avoir été 
originairement l’église paroissiale, sur la- 
quelle, au treizième siècle, aurait été cons- 
truite l’église du chapitre. 

Chateau de Sillé-le-Guillaume. Le chà- 
teau de Sillé, construction du quatorzième 
siècle, propriété de la ville, est un des mo- 
numents les mieux conservés en ce genre, 
et riche encore de souvenirs historiques. 

11 est composé d’un carré long avec une 
cour intérieure, flanqué de quatre tours 
dont une nommée le donjon ou la grosse 
tour, remarquable par ses murs en grés 
appareillés de moyenne grosseur, et par 
sa charpente ronde d’un côté, hexagone 
de l’autre, il a 38 mètres d’élévation et 14 
de diamètre, ses murailles ont 3 mètres 
50 centimètres d'épaisseur. 

Cette tour se divise en trois étages offrant 
un cachot au rez-de-chaussée, une prison 
au premier et au second la demeure du 
geôlier. 

Enfn, le troisième étage voûté en moël- 
lon, se nomme la salle des collecteurs. 

Le tout est surmonté d’un grerier à cré- 
neaux et macbhi-coulis. Du haut de cetie 
tour qui domine toute la ville et ja riante 
vallée du sud-ouest, on jouit d’un ravissant 
spectacle. 

Les trois autrestours moins considérables 
ayant des murs de 3 mètres 50 centimètres 
d'épaisseur, se composent d’une cave voû- 
tée , de deux étages el d’un grenier sur le 
tont. (Bulletin monumental.) 


PATÈNES. 


On appelle patène le vase que l’on place 
sur le calice, et qui est destiné à supporter 
l’hostie; ce nom qui, suivant la plupart 
des liturgistes, vient du verbe latin patere, 
lui a été donné parce qu'il est applati et 
ouvert, et qu’il ressemble aux patères que 
les païens employaient fréquemment dans 


69 


leurs sacrifices. Les Grecs l’appellent tor 
agion discon. 

Les évangélistes ne nous disent pas que 
Jésus-Christ ne soit servi de patènes en ins- 
tituant l’Eucharistie, mais il est incontes- 
table que l usage de ces sortes de vases re- 
monte aux premiers siècles de l'Eglise. 

Les palènes peuvent être comme les 
calices rangées en plusieurs classes, selon 
leur destination : les patènes ordinaires, 
dont le célébrant se sert pour lui-même 
dans l’oblation du saint sacrifice; les patè- 
nes ministérielles, pateræ ministeriales, 
pour la communion des fidèles sous l'espèce 
du pain; les patènes crismales, patenæ 
crismales, en usage dans l'administration 
du baptême et de la confirmation, et enfin 
les patènes qui servaient à l’ornement des 
temples et des autels. 

Les substances employées pour la fabri- 
cation des patènes sont à peu près les mêmes 
que celle dont on s’est servi pour les calices. 

On a quelquefois fait usage de petites 
corbeilles d’osier en guise de patènes, mais 
cela n’a jamais eu lieu que lorsque des mo- 
tifs de piété où la nécessité forcèrent à 
vendre les vases sacrés que possédaient les 
églises, 

Auastase rapporte dans le Ziber pontifi- 
calis que Zéphirin prescrivit de porter des 
patènes de verre devant les prêtres lorsque 
l’évêque célébrait la messe. Saint Hilaire, 
d’Arles, se trouva réduit à n'en avoir point 
d’autres pour célébrer les saints mystères, 
parce qu'il avait donné tous les vases de son 
église pour subvenir aux nécessités des in- 
digents. 

Le concile de Calchat, en proscrivant les 
calices de corne, défendit aussi de se servir 
de patènes faites avec la même substance, 
ce qui suppose qu’on en faisait alors usage 
dans certaines églises. 

Dans un inventaire de saint Riquier, fait 
en 831, et reproduit dans la chronique de 
cette abbaye, il est question d'un offertorium 
d'ivoire orné d'or et d'argent. M. Du Som- 
merard croit que par o0/ffertorium il faut en- 
tendre ici une patène. On peut alléguer 
contre cetle opinion qu'avant de parler des 
offertoires, l’auteur de l'inventaire a déjà 
énuméré les patènes : patenæ aureæ I, 
argentæ majores IF, minores XIII, etc... 
Cependant, comme ces cffertoires sont pla- 
cés avant les grands calices appelés scyphi 
avant les burettes, les aiguières et les cha- 
lumeaux, on peut croire que c'étaient des 
patènes servant à administrer la commu- 
nion aux fidé'es, mais ce pouvait bien être 
aussi des plateaux destinés à recevoir les 
offrandes. 

Saint Colomban, qui ne voulait se servir 
que de calices de cuivre, parce qu’il pen- 
sait que Jésus-Christ avait été attaché à la 
croix avec des clous de cuivre, n'avait aussi 
que des patènes faites avec ce métal. Dans 
l'inventaire de saint Riquier, il est fait aussi 
mention d’une patène d’auricalque, espèce 
de cuivre jaune ou de laiton imitant l'er. 

Les patènes d’étain ont presque toujours 
été tolérces pour les églises pauvres, main- 
tenant encore dans beaucoup de sacristies 
de campagne on en retrouve de sembla- 
bles qui avaient servi avant la révolution 
de 03: 

Presque chaque page du liber pontifi- 
calis, il est question de patènes d’argent 
données par des papes ou des princes. 
Etienne V fit faire une patène d’argent 
doré, Pascal I, Léon IV en firent fabriquer 
de semilables, etc. 

Il est encore souvent question dans le 


70 


Liber pontificalis de patènes d’or d’un poids 
plus ou moins considérable, données par 
des souverains pontifes, des empereurs ou 
des rois. L'empereur Justin offrit une pa- 
tène d’or du poids de 20 livres. Grégoire III 
en fit faire une qui pesait 27 livres. Adrien I 
donna à la basilique de Saint-Pierre une 
patène et un calice de l’or le plus pur, pesant 
ensemble 24 livres, et à la basilique de 
Saint-Paul une patène également d’or, du 
poids de 20 livres. 

Les patènes ont souvent été ornées, 
comme les calices, de perles et de pierres 
précieuses. La grande patène d’or du poids 
de 27 livres, que fit faire Grégoire II, était 
enrichie de diverses pierreries. Il y en avait 
d'enchassées dans une patène de 30 livres 
offerte par Charlemagne. Celle donnée à 
l’église de Saint-Pierre par Léon Ill, en 
était également couverte. Une patène d’or 
très pur, qu'avait fait faire Constantin, était 
ornée don grand nombre de prases, d’hya- 
cinthes et de perles blanches. 

On a encore décoré les patènes de pein- 
tures, de bas-reliefs et d’émaux représen- 
tant des sujets sacrés. Anastase, dans la 
vie de Paschal I*r parle d'une patène d’ar- 
gent doré sur laquelle l’on voyait une croix 
avec Ja représentation de Jésns, de Marie et 
des apôtres. Dans la vie de Léon IV, cet 
auteur rapporte que ce souverain pontife 
fit don d’une patène semblab'e qui offrait 
également l’image de la croix et la figure 
de Jésus et des apôtres. Du Saussai, dans sa 
Panoplie sacerdotale, dit qu'il existait de 
son temps, dans son é2lise paroissiale de 
Saiut-Loup et Saint-Gilles, deux patènes 
ministérielles fort anciennes sur lesquelles 
était gravée des deux côtés l’image de la 
croix. De La Saussaie, dans ses Annales de 
l'église d'Orléans, cite parmi les objets dont 
les édifices sacrés de cette ville furent dé- 
pouillés par les calvinistes, en 1562, une 
patène d’argent doré sur laquelle était re- 
présentée l’ascension du Sauveur. 

Enfin l’on traçait quelquefois sur les pa- 
tènes des inscriptions, des monogrammes, 
et même des hiéroglyphes, Sur une patène 
d’argent qui avait appartenu à saint Pierre 
Crysologue,'et qui pesait 14 onces, il y 
ayait une multitude de figures, de lettres 
et d’hiéroglyphes dont Jean Pastritius, pro- 
fesseur de théologie au collége de la Pro- 
pagande, a donné l'explication dans un 
ouvrage spécial publié en 1706. 

Les patènes étaient de différentes gran- 
deurs; celles qui ne servaient que pour le 
célébrant étaient petites et plates. Les pa- 
tènes ministérielles étaient plus grandes et 
profondes ; celles d'ornement dépendaient 
de la coutume et de la dévotion de ceux qui 
en faisaient offrande à l'Eglise. Quelques 
unes étaient garnies de petites oreillettes. 
Au reste, la forme générale a été toujours 
la même, celle d’un plateau à larges bords 
applatis. 

<a fi E— 
STATISTIQUE, 


M. le baron Charles Dupin a lu à la der- 
nière séance de l’Académie des Sciences, 
un mémoire sur les développements de la 
caisse d'épargne de Paris et leur influence 
sur la population parisienne. Après avoir 
saisi ceile utile institution dans tous les 
pas qu'elle à faits depuis sa fondation en 
1818, et résumé en des tableaux concis et à 
la portée de toutes les intelligences , son 
action civilisatrice sur toutes les classes, 
plus particulièrement sur les classes ma- 
nouvrières; après avoir pris le nombre des 


71 


y déposants en bloc, après l'avoir ensuite 

; fractionné, sous le rapport du travail, de 

l’aisance, de la position, des habitudes, des 
sexes, il est arrivé à une conclusion dont 
l’enseignement est d’une utilité pratique si 
grande pour les gouvernants comme pour 
les gouvernés que nous croyons devoir 
le rapporter dans tout son entier. Plus d'une 
des hautes questions qui s’agitent en ce 
mornent, plus d’un des problèmes de la 
science sociale peuvent y puiser des élé- 
ments pour hâter et rendre plus facile leur 
solution. : 

« Il y a vingt-quatre ans, le peuple de 
Paris jouait, par année, 29 millions de 
francs à la loterie : il n’y joue plus; 

« Il perdait de 6 à 9 millions à ce jeu 
funeste : il ne les perd plus; 

« Il trouvait des maisons de jeu, scanda- 
leusement autorisées ou tolérées, pour dé- 
vorer l'extrême opulence du riche et le 
dernier centime de lartisan : il ne les 
trouve plus sur le chemin de sa ruine. Nos 
lois.les ont abolies; ï 

«Il ne mettait rien à | épargne, il y met 
aujourd’hui 36 millions par an; 

« 150,000 individus sont déjà déposi- 
taires , et chaque anné> le nombre moyen 
s’en accroît de 12 à 14,000; 

« Par un progrès doublement rapide, la 
proportion des classes manouvrières, d’a- 
bord déplorablement faible lorsque peu 
de personnes allaient à la caisse d’épargue, 
s'éève à présent aux trois quarts de ce 
grand nombre de citoyens économes qui 
confient leurs dépôts à la probité natio- 
nale; 

« Le nombre proportionnel des indi- 
gents, au lieu d'augmenter, diminue, ainsi 
que celui des bâtards, mais avec une len- 
teur déplorable; 

« Àu commencement de l’époque dont 
nous résumons les progrès, le peuple de 
Paris abandonnait chaque année 205 en- 
fants sur 1,000 nouveau-nés; il n'en aban- 
donne plus que 120 : c’est beaucoup 
moins, et pourtant c'est cent vingt fois 
trop; 

« Aujourd'hui les rues, les places publi- 
ques ne sont plus déshonorées par l'aspect 
dégoütant de ces créatures cyniques qui 
soilicitaient en plein jour, au vom des dé- 
bauches vénales , le désæœuvrement, la fai- 
blesse et l’inexpérience. 

« Voilà le côté des bons résultats; voici 
le mauvais côté : 

a Encore aujourd hui, le tiers du peuple 
vit dans le concubinage ou dans le liberti- 
nage; un tiers de ses enfants sont bâtards ; 
un tiers de ses morts expirent à l’hôpital 
ou sur le grabat du pauvre; et ni père, ni 
mère, ni fils , ni filles, n'ont le cœur, pour 
dernier tribut humain, de donner un cer- 
cueil, un linceuil au cadavre de leurs pro- 
ches : du côté des mœurs, voilà Paris, et 
Paris amélioré! 

« Dans la cité des Crésus, ne soyons pas 
surpris de la misère; {a disipation l'en- 
fante. Les deux tiers du peuple ne pren- 
nent pas encore part au bienfait des caisses 
d'épargne; 

« L'autre tiers n'apporte ses économies 
à Ja caisse qu’une fois en six mois; c'est 
une immense occasion de pertes; 

» Les déposants actuels ne persistent en- 
core à conserver leur dépôt que pendant 
cinq ans et demi, valeur moyenne, 

« De sorte que la caisse d'épargne, au 
lieu d'être le trésor perpétuel du peuple, 
n'est en réalité, pour la masse, que la lan- 
terne migique de ses économies p'assagè. e». 


72 


« Pour obvier à cet énorme inconvé- A 


nient , il faut encourager la persévérance ; 
il faut la recommander infatigablement, il 
faut l’honorer, la faciliter, la récompen- 
ser; 

QI faut demander à l'administration 
départementale, et même au gouverne- 
ment, des moyens suffisants pour atteindre 
ce but. 

« Un grand exemple, celui de LL. AA, 
RR. le duc et la duchesse d'Orléans, fait 
voir combien est fertile et généreux ce ter- 
rain des cœurs francais, lorsqu'on y sème 
le bienfait. 

« S. À. R. M. le duc d'Orléans avait, en 
1837, donné 40,090 francs pour 2,000 
Jeunes apprentis de Paris. Cinq ans après, 
loin de trouver que la somme fût diminuée, 
elle s'élevait à 137,000 francs! Voilà, du 
côté des obligés , la bénédiction répandue 
sur la munificence la plus royale qui pût 
encourager au travail, à l’ordre, à l’écono- 
mie, les enfants des familles manouvrières. 
Les ouvriers, enorgueillis, ont regardé les 
livrets donnés au nom du prince comme 
des titres de famille qu’il fallait conserver 
précieusement , et qu’il fallait grossir par 
l'épargne, pour justifier l'espérance du gé- 
néreux donateur. » : 
CRE EEE) 


. Le Rédacteur en chef : - 
Le vicomte À. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


M. le ministre de l'instruction publique vient de 
charger M. Charles Gyraud, membre de l’Institut 
(Académie des sciences morales et politiques) 
d’une inspection extraordinaire des facultés de 
droit. Le but de cette mesure est de déterminer les 
améliorations à introduire dans celte partie du 
baut enseignement, et de le ramener à une unité 
de doctrine dont l’absence pourrait finir par vicier 
celle de notre législation. 11 faut savoir gré à M. le 
ministre de la détermination qu'il a prise et du 
choix qu'il a fait pour eu préparer l'accomplisse- 
ment. 


Dee — 
BIBLIOGRAPHIE. 


MÉMOIRE sur l'ancienne abbaye de Saint-Mes- 
min de Mici, près d'Orléans ; par C.-F. Vergnaud- 
Romagnesi, À Orléans, chez l’auteur; à Paris, chez 
Roret. 


MANIPULATIONS ÉLECTROTYPIQUES ; Ou 
Traité de galvanoplastie, contenant la description 
des procédés les plus faciles peur dorer, argenter, 
graver sur cuivre, etc., au moyen du galvanisme; 
par Charles V. Walker. Traduit de l'anglais sur la 
dixième édition et augmentée de notes , elc., par le 
docteur J.Fau. Paris, chez Méquignon-Marvis, rue 
de l’'Ecole-de-Médecine , 5. 

SINICO-ÆGYPTIACA. Essai sur l'origine de la 
formation similaire des écritures figuratives chi- 
noise et égyplienne, composé principalement d'a- 
près les écrivains indigènes ; traduits pour la pre- 
mière fois, dans une laugue européeane, par G- 
Pauthier. À Paris, chez F, Didot , rue Jacob, 36. 


NÉGOCIATIOKNS relatives à la succession d’'Es- 
pagne sous Louis XIV, ou Correspondances, Mé- 
moires et Acles diplomatiques concernant les pre- 
tentions et l’avénement de la maisou de Bourbon 
au trône d'Espagne; accompagnés d’un texte his- 
torique et précédés d’une Introduction; par M. Mi- 
gnet, 

NOTICE historique sur Decize, ancierne vilie du 
Nivernais; par F. Girard, avocat et juge-suppléant, 
A Nevers, chez Duclos. 

INTRODUCTION à la science de l’histoire; par 
P..J.-B. Buchez, — A Paris, chez Guillaumin, pas- 
sage des Panoramas. 


PARIS. IMP.: DE LACOUR et MAISTRASSE jh, 
Rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33 


3 


4 Le, 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
| PHYSIQUE. Du double arrangement melécu- 
laire. —- CHIMIE. Cours de M. Dumas. 
SCIENCES NATURELLES. Sur les produits 
plutoniques et non stratifiés de l’ouest de lAn- 
gleterre; David William. — MINERALOGIE. 
Mines d'or dans les Indes.— PALEONTOLOGIE. 
Mémoire sur les fossiles du mont Aventin; le 
professeur Plancini. — SCIENCES MEDICA- 
LES. Constitution régnante. — PHYS1OLOGIE. 
Sur l’histoire des découvertes faites sur la cireu- 
lation ; Milne Edwards. — ANATOMIE. Procédé 
pour injecter les vaisseaux capillaires; Doÿère, 
— ZOOLOGIE. Résultat de quelques recherches 
relatives à des animaux invertébrés faites à Sarnt- 
Wasi-la-Hongue; Quatrefagess — SCIENCES 
APPLIQUÉES. SOCIETE D'ENCOURAGE- 
MENT. Séance du 11 janvier ; Francœur. — De 
l'emploi du naph'e en Perse comme matière éclai- 
rante, — AGRICULTURE, Considéralions sur 
les céréales, et principalement sur le froment; 
Loiseleur de Longchamps. — SCIENCES HI{S- 
ŒTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MG- 
RALES ET POLITIQUES, Séance du samedi 7 
janvier. — GEOGRAPHIE. Ruines de Carthage. 
— BIBLIOGRAPHIE. 


SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Du double arrangement moléculaire. 
La différence de cristallisation d'un corps 
provient en général de la différence de ses 
éléments constitutifs , qui exercent une in- 


| fluence particulière et distincte sur Ja cris 


tallisation. Le fer cristallise en cubes et en 


| octaëdres , tandis que le peroxyde de fer 


cristallise en rhomboëdres dont les angles 
sont 85° 58’ et 115° 71”, 2 atomes de-fer, 


| en se combinant avec 3 atomes d'oxygène, 
| perdront ainsi la forme cubique pour se 


transformer en rbomboëdres de 85° 26 et 
114 26°, ceux de l’acide arsénieux sont des 
octaèdres et quelquefois des prismes. D'où 
il résulte clairement que les cristaux du fer 


et de l'acide arsénieux sont identiques ; il 


| enest de même de ceux du peroxyde de fer 
| et de l’arsenic. L'intervention de oxygène 
| dans la cristallisation paraît être bien con- 
| stante, quand on voit trois atomes d’oxy- 
| gène se combiner à deux atomes de fer pour 
| prendre la même cristallisation que l’acide 


ie 4 ; 
arsénieux privé de ces 3 atomes d’oxygène, 


| c’est-à-dire réduit à l’état de méto] (arse- 
| nic). Les cubes du fer métal sont devenus 
| des rhombcèdres, lorsque le métal s’est 


peroxidé, de même les rhomboëdres de 
l'arsenic métal sont devenus des cubes, 
quand le métal est deutoxydé. 

(Extrait des Pogéendorf. Annal. 3. 1842). 


CHIMIE 
COURS DE M. DUMAS. 
Qui pourrait méconnaître les tendances 
de la chimie dans les mains de M. Dumas 
il suffit d’avoir assisté à quelques unes des 


+ 


Paris. — Dimanche, 15 anvier 1843. 


savantes lecons du professeur pour rester 
convaincu que les théories étroites aui veu- 
lent maintenir la science dans un cercle 
rétréci vont bientôt être renver.ées pour 
toujours. À leur place vont venir se placer 
les iigénieuses idées du professeur de la 
Sorbonne; et ces idées communiquées à 
un nombreux auditoire, germeront bientôt 
dans l'esprit de cette jeuvesse studieuse 
qui, à juste raison, attache tant d’impor- 
tance aux paroles de M. Dumas. 

La dernière lecon de M. Dumas a été 
écoutée avec l'attention la plus soutenue, 
car jamais lecon n’a présenté à l'esprit de 
plus hautes questions à méditer, de plus 
beaux problèmes à résoudre; nous allons 
essayer de J’analyser èn présentant à nos 
lecteurs les théories et les expériences 
qu’elle renferme. 

Les divers carbures d'hydrogène, a dit 
M. Dumas, se comportent absolument 
commme l’ammoniaque, lorsqu'on les met 
en présence des acides. Ainsi, 4 litres d'es- 
sence de térébenthine Se combinent avec 4 
litres d'acide chlorhydrique pour former 
du chlorhydrate d'essence de térébenthine, 
comme 4 litres d’ammoniaque se combi- 
nent avec 4 litres d'acide chlorhydrique 
pour former du chlorhydrate d’ammo- 
niaque. 

Le methylène, la cétine, l'amylène, le 
gaz oléfiant, l’essence de citron, se eom- 
portent comme l'essence de térébenthine 
lorsqu'on fait réagir sur ces corps l'acide 
chlorhydrique ; le composé formé par. la 
combinaison de cet acide avec l'essence de 
térébenthine est un corps cristallisé qui 
renferme parties égales des deux compo- 
sants; il peut se faire directement le paz 
oléfiant, dont nous allons étudier le com- 
posé avec l’acide chlorhydrique pour nous 
servir de type, ne S’unit point directement 
à cet acide. Mais on peut l'obtenir d’une 
autre manière : il suffit de distiller dans un 
appareil convenable un mélange d’alcool 
et d'acide chlorhydrique; il se dégagera 
un corps formé de 4 volumes de gaz olé- 
tant et de 4 volumes d'acide chlorhy- 
drique. Si on conduit ce corps à travers 
un flacon contenant un peu d’eau, pour 
quil s’y lave, si on le recueille dans une 
| éprouvette entourée de glace, on obtien- 
| dra un corps liquide à la température ordi- 
| naire, très-volatil, se volatilisant sur Ja 
main avec un petit bruit. Ce composé est 

neutre comme le sel ammoniac, et sans 
action sur le tournesol; il ne précipite pas 
le nitrate d'argent. Mais si on l'expose à 
l’action d’une bougie, il s’enflamme, se 
décompose et brûle avec une flamme ver- 
dâtre qui indique la présence du chlore. 
Alors le tournesol est rougi, et le nitrate 
d'argent précipité. La chaux ne dégage pas 
ces carbures de leurs combinaisons avec 
les acides, comme elle le fait pour les sels 


N° 4. 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ne 


| L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEULE et le DIMATICHMHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de : ,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 

PETITS-AUGUSTINS , 21 , ©t dans les “épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an 
25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr., 8 fr. 50. APSTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour GINQ fr. par an et par recueil l'ÉCHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS el les MORCEAUX CHOISIS du moi (qui coûtent chacun 
40 fr, pris séparément } et qui forment avec l'Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte À DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M, € -B, FRAYSSE, gérant. 


ammouiacaux, différence attribuée à la so- 
lubihté de lammoniaque. 

M. Dumas a établi deux groupes dans les 
composés hydrogénés. En tête de l’un de 
ces groupes se place Pacide chlorhydrique, 
puis viennent les acides fluorhydrique, 
bromhydrique, iodhydrique, sulfhydrique 
et sélenhydrique, jouant tous le rôle d’a- 
cides L'autre groupe comprend l’'ammo- 
niaque, le gaz hydrogène phosphoré, l’hy- 
drogène arsénié et les carbures d’hydro- 
gène, parties égales d'hydrogène phosphoré 
et d'acide iodhydrique forment un com- 
posé cristallin, analogue au sel ammoniac. 
Ce composé ne verdit pas le sirop de vio- 
lettes. 

Ces premiers faits étant posés, M. Dumas 
a soulevé une grave question dont la ré- 
ponse, sous l'influence de sa parole, n’a pas 


‘tardé à devenir claire pour tous. Il s’est 


demandé : L'eau est-elle une base ou un 
acide? Se rangera-t-elle à côté de l’ammo- 


niaque ou de j’acide chlorhydrique? Oui 


et non a répondu M. Dumas. 
En faisant arriver l’eau lentement e 

petite dose sur l’oxide de Barium anhydie_- 

celui-ci S'y combine; une effervescefée-à 

l eu avec dégagement de beaucoup d 

leur et production ée lumière quelq 

fois. 11 reste toujours une molécule € 


cule qu’on ne peut en séparer que sous 
l'influence d’un acide puissant qui la dé- 
place. Or, tous les corps qui se déplacent 
se ressemblent, Peau est donc un acide. 
D'un autre côté, l'acide phosphorique aï- 
hydre s’unit à l'eau avec bruit, il ne peut 
la perdre par l'influence de la chaleur; 
une molécule d’eau y reste toujours com- 
binée et ne peut être chassée que par une 
base. Les mêmes faits se passent avec l'acide 
sulfurique anhydre; l’eau joue là le rôle 
d’une base. 

Pour M. Duinas, l’eau joue tantôt le rôle 
d’acide, tantôt le rôle de base. Les acides 
phosphorique, sulfurique, ne sont pour lui 
que des corps incomplèts. il leur faut des 
corps qui les complètent; ces corps sont ou 
l'eau ou une base. Ainsi, au lieu de consi- 
dérer l'acide sulfurique, combiné à l’eau, 
comme un.corps dont la formule est : 
S0’ÆH0, on peut très-bien lui substituer 
celle-ci : SO‘H. On sait que l’acide sulfu- 
rique anhydre ne se combine point à f’am- 
moniaque, et que, pour que cette combi- 
naison ait lieu, il faut la présence d’an 
équivalent d’eau. Or, ces faits s'expliquent 
fort bien en donnant à l'acide sulfurique 
la formule S0O'H. En effet, SO'H est un 
véritable hydracide, tout à fait analogue à 
l'acide chlorhydrique dont la formule est : 
CPH. La combinaison de ces deux acides 
avec l’ammoniaque présente des caractères 
analogues. Il en serait de même de tous les 
acides oxygénés. 


16 

Il y aurait peut être de la témérité, a 
ajouté M Dumas, à avancer dans cette en- 
ceinte la théorie que j’expose, si déjà Davy 
et Dulong n'avaient adopté les mêmes 
idées ; ces idées ont commencé à Stahl qui 
rêvait un corps idéal, le phlogistique ; elles 
se sont transformées, et c’est la théorie des 
phlogisticiens que nous reproduisons. Pour 
nous, il n’y a que des hydracides; car les 
acides oxygènes ne se combinent jamais 
qu'avec le concours d’une molteule d’eau 
qui les change en un véritable hydracide. 
Ainsi, le sulfate d’ammoniaque aura une 
formule analogue à celle äu chlorhydrate 
d’ammoniaque (S0:H<+AzH* corme 
Cl°H+ Az Hs). 

L'école opposée se présente ayant à sa 
tête Lavoisier. Elle pense que l'eau ne se 
portepointsur l’acide mais sur l’autre corps 
pour en former une base oxygènée car iln’y 
a point de base hydrogénée pour eux. Ainsi, 
dans les formules précédentes : AzH° de- 
vient AzHiO véritable oxide d’un radical 
HAz. Le methylène(C’H-)en se eombinant 
à l’eau devient une base dont la formule 
est : C-H°0 (ehter methylique), base qui se 
combine aux acides directement. 

_ Tous ces corps ammoniacaux, tous ces 
carbures d'hydrogène peuvent se combiner 
à un atôme d’eau. 

En mettant en contact une base hydro- 
génée avec un hydracide quel qu'il soit, 
le poids du composé est toujours égal à 
ceux des composants; avec un oxacide, il 
faut toujours ajouter une molécule d’eau. 
C’est sur la place de cette molécule d’eau 
que roulent toutes les discussions des chi- 
mistes ; les faits heureusement sont tou- 
jours vrais, mais on les explique différem- 
ment. 

Ainsi, prenez du gaz olifiant (C:H:), de 
l'acide sulfurique (S0:), de l’eau (HO); com- 
binez ces trois corps, le composé pourra 
avoir deux formules différentes qui seront 
C;H:,0 <S 0; ou CH 480 H. Si l’on rem- 
plaçait l’acide sulfurique par l'acide chlo- 
rhydrique, les formules se modifieraient 
et l’on aurait C“H‘+CI:H ou C:H°+CPr. 
M. Dumas a terminé cette brillante leçon 
en faisant remarquer que l'acide sulfureux 
et l'ammoniaque en se réunissant ne for- 
maient pas un sel, mais un composé parti- 
culier, la sulfimide, et qu'il fallait une 
molécule d’eau pour faire un sulfite. 

Rarement la Sorbonne voit ses profes- 
seurs développer de si belles théories: il 
n’appartenait qu'à M. Dumas de porter, 
comme il la fait, la persuasion dans les 
esprits; lui seul aussi pouvait sans crainte 
hasarder des questions aussi difficiles, car 
lui seul est capable de les résoudre et deles 
défendre envers et contre tous.  E.F. 


C2} tee — 
SCIENCES NATURELLES. 
GÉOLOGIE,. 


Sur les produits pluloniques stralifiés el non 
stratifiés de l'ouest de l'Angleterre, par le 
révérend David William. 


Cette communication est an supplément 
au mémoire présenté par M. William, 
l’année dernière, à la réunion de Plymouth. 
Des recherches subséquentes, sur une plus 
large échelle, ont confirmé les résultats 
qu'il avait annoncés , savoir : que les gra 
nite, gueiss, micaschiste, porphyre, dio- 
rite, tufs, brèches, cendres et conglomé- 
rats volcaniques, chloritoschiste , tales- 
chiste et phyllade étaient tous produits 


77 


par l’action des roches volcaniques ; qu'ils 
étaient associés ensemble par leur com- 
mune origine et liés entre eux par une 
série de mutuelles dépendances ; enfin, 
qu'ils n'étaient susceptibles de classifica- 
tion définie, que comme roches qui au- 
raient été fondues, demic-fondues , ou 
soumises à quelque degré de fusion parti- 
culière, ou bien comme roches simplement 
altérées par le contact des laves injectées. 

Le but de l’auteur est donc de réduire 
la famille entière des anciens produits plu- 
toniques , dans les limites des lois recon- 
nues et des opérations ordinaires de la na- 
ture. I! suppose un noyau intérieur de lave 
incandescente , entouré immédiatement 
d’une zone de gneiss, celle-ci d’une autre 
zone concentrique de micaschiste, et le mi- 
caschiste de quelques couches sédimentai- 
res; sous de certaines circonstances , ces 
couches, les zones intérieures concentri- 
ques de micaschiste, et le gneiss pourront 
être traversés par des veines du fluide cen- 
tral, se ramifiant et s’anastomosant, jus- 
qu’à une distance proportionnée à la tem- 
pérature ; ces veines convertiront la zone 
de gneiss en laves incandescentes, le nicas- 
chiste en gneiss , et les couches sédimen- 
taires sur une épaisseur proportionnelle 
en micaschiste; et sile vis a tergo de la 
chaleur se maintient, de telles transforma- 
tions avanceront progressivement, jusqu’à 
ce que les couches susjacentes ou de plus 
eu plus éloignées, étant réduites à leur 
point de moindre résistance, elles céderont 
nécessairement à la pression ou à la force 
expansive du volume d’accroissement de la 
matière liquide, en présentant tous les 
phénomènes d’un cratère de soulèvement. 
D'après ces diverses observations, recueil- 
lies sur les granites de Dartmosr, Bodmir, 
Moor, etc., M. William pense que si M. 
de Bach n’eut point proposé la théorie des 
cratères de soulèvement, les géologues 
eussent été éventuellement contraints d’a- 
voir recours à quelque hypothèse de ce 
genre, pour expliquer l’apparence de ces 
dômes granitiques. Une série d’échanril- 
lons pourrait être recueillie dans le Devon 
méridional et le Cornwall, qui montre- 
raient une transition insensible des con- 
glomérats volcaniques les plus grossiers, 
jusqu'aux schistes argi'eux les plus fins. 

M. William établit donc, d’après ses 
recherches, que les gneiss-granites, les 
micaschis'es, l'argile, les schistes, etc., 
ne comportent aucune évidence d'âge, ni 
de position, dans l’écheile géologique , 
mais qu’ils appartiennent à toutes les for- 
mations , depuis les plus anciennes jus- 
qu'aux plus récentes. Il pense que les 
gueiss et micaschistes ne sont pas des ro- 
ches simplement modifiées, mais des ro- 
ches qui ont été dans un état particulier 
de fasion, et que les granite, porphyre, 
trapp, brèche, conglomérat , cendre , chlo- 
ritoschiste, taleschiste, schistes argileux 
sont des produits immédiats de l’action 
volcanique. 

(Annales des Sciences géologiques). 


MINÉRALOGIE. 
Mines d'or dans les Indes. 


Il est bien reconnu que l'or se rencontre 
en dépôts abondants dans les possessions 
anglaises, depuis les monts Himalaya, 
Jusqu'à Singapore , sur une étendue d’en- 
viron 200 milles, et il n’est pas moins vrai 
qu'au point de vue des applications du 


génie européen , ces mines n’ont encore 
eté nullement explorées. Exploitées par les 
grossiers procédés des indigènes, an grand 
uombre d’entre elles ont donné de beaux 
résultats, quoiqu'il soit vrai qu'on en ait 
abandonné beaucoup, parce qu’on les sup- 
posait trop pauvres. Le lieutenant New- 
bold fait remarquer que cette pauvreté 
n’est apparente que dans les couches ex- 
ternes. La première couche aurifère citée 
occupe, au sud de la province de Mahratta, 
une partie de Huppel Gode, entre 45° et 
26° de latitude et 75° et 76° de longitude. 
Des paillettes d’or ont été trouvées dans le 
lit d'une petite rivière voisine du village de 
Doui, à environ deux ou trois milles au sud 


de Dummul. Le lieutenant Newbold a suc- Î 


cessivement rencontré de l’or en paillettes 
dans un ruisseau au sul de Gudduch, et 
dans le voisinage. Dans toutes ces contrées 
les naturels sont à la recherche de ce mé- 
tal , immédiatement après la saison des 
pluies , lorsqu'il a été détaché des monta- 
gnes et débarrassé par l’eau du sable qui 
le cachait. On n’en trouve plus daus la sai- 
son chaude. M. Newbold a constaté que le 
produitde ces exploitations grossières donne 
cent pour cent de bénéfice. 


PALÉONTOLOGIE. 
Mémoire sur les fossiles du mont Aventin, par 
le révérend père Pianciani, professeur au collége 
Romain. 


On trouve à Rome, et principalement 
sur le mont Aventin, un assez grand nom- 
bre de fossiles, des défenses et des vertè- 
bres d’éléphant, des cornes de grands 
bœufs, etc. Le musée du Collége romain 
et riche des débris des générations anti- 
ques. La multitude de grands animaux, 
lions, tigres, panthères, girafes, éléphants, 
que les Romains: nourrissaient, a fait croire 
à plusieurs érudits que c'était là I origine 
de ces fossiles. Le R. P. Pianciani réfute 
cette opinion, en faisant observer : 1e que 
l’on rencontre ces fossiles dans un terrain 
vierge, sans aucun objet d'art ou vestiges 
humains ; 2° que ce sont des ossements iso- 
lés, dispersés, jamais des squelettes entiers; 
30 qu'il n’est nullement probable que les 
Romains aient accordé, dans l'enceinte de 
leurs murs, à des animaux, la sépulture 
qu'ils refusaient mème à leurs consuls ; 4° 
que la présence de ces défenses enfouies 
s'accorde mal avec le prix excessif de l'i- 
voire à Rome (une des défenses trouvées 
sur le mont Aventin est longue ‘de 1 mètre 
76 centimètres); 5° que ces fossiles sont mé- 
lés aux pierres ponces amenées par les tra- 
vaux sur les collines de Rome, bien avant 
les temps historiques; 6° qu'on trouve 
moins de ces restes à Rome que dans beau- 
coup d’autres lieux, où l’on importait un 
bien plus petit nombre d'animaux ; 7° en- 
fin, que dans les couches immédiatement 
supérieures à celles qui renferment les fos- 
siles, on découvre des restes d'art avec les 
seules coquilles employées alors à l’orne- 
ment des édifices. 

On a trouvé récemment sur le mont 
Aventin quelques défenses d’hippopotames 
et le crâne mutilé d’un cerus ou bœuf sau- 
vage. 

Ce mémoire du R. P. Pianciani est plein 
d'intérêt dans sa brièveté. Familiarisé avec 
les poètes de l’antiquité, le savant profes- 
seur, l’un des quarante membres de la So- 
ciété italienne, sait tempérer l’aridité du su- 
jet scientifique quil traite par des citations 
pleines d’à-propos. 


78. 


"4 79 


#4, Dans un second mémoire présenté aussi 
à 1 Académie, le R. P. Pianciani rend comp- 
nd te d'expériences faites par lui sur la torpille, 
à Fiumicano, près de | embouchure du Ti- 
bre. Dès 1837 il avait constaté que le cou- 
… Grant électrique produit par ce curieux pois- 
! {son détermine des phénomènes d’attraction 
.: Let de répulsion dans des conducteurs mo- 
biles. Il montre avec beaucoup de sagacité 
que l'organe électrique de la torpille ne peut 
pas être considéré comme un simple con- 
ducteur, ni comme un excitateur d’électri- 
cité, ni comme un condensateur ordinaire; 
‘qu'il ressemble en réalité à ces condensa- 
teurs électrodynamiques dans lesquels un 
faible courant croît en intensité par son pas- 
sage à travers les innombrables spires d’un 
| très long fil. Ces spires, dans lorgane de la 
torpille, sontremplacées par un grand nom- 
bre de petits tubes isolés. Dans cette ma- 
| nière de voir, les secousses seraient dues à 
| un courant secondaire ou à un extra-cou- 
rant. Il faut bien d’ailleurs qu'il ensoit ainsi, 
, car il est impossible d'expliquer au'rement 
| comment la commotion se fait sentir alors 
: même que le courant principal s'échappe 
| par la peau humide de l'animal, par le gros 
fil d’un multiplicateur, ou par de larges piè- 
ces de métal communiquant avec les deux 
| surfaces de l’organe. 


> ee 
SCIENCES MÉDICALES. 


CONSTITUTION RÉGNAXTE. 


La Gazette Mérlicale a publié, dans son 
| numéro du samedi 6 janvier 1843. un ar- 
ticle sur les maladies qui ont régné à Paris 
dans les deux derniers mois et dans le com- 
! ! mencement du nôtre. Cet article , rempli 
4 de faits curieux sur l’état de l'atmosphère 
| « vendant ce laps de temps et sur le caractère 
des maladies qui se sont manifestées alors, 
serait trop long pour être reproduit tont 
entier. Nous nous permettrons d’en faire 
une analyse succinte et d’en citer les pas- 
sages les plus remarquables. 

_ La Gazette Médicale fait d’abord voir 
que l’état de la saison a été jusqu’à ce jour 
un état anormal; car, au froid qui s’est fait 
sentir dans la première quinzaine du mois 
de novembre a succédé une température 
douce tout-à-fait contraire à celle à laqueile 
on est habitué à cette époque.— On se rap- 
pelle que le 6,le7, le 8et le9 novembre ont 
été marqués par un froid excessif; mais du 
9 au 12, la température a changé d’une 
manière notable, car, du 9 au 12, les ins- 
truments de l’Observatoire-Royal ont donné 
une différence de 19 degrés, qui s’est éten- 
due le 15 jusqu’à près de 21 degrés. 

Le mois de décembre a présenté à peu 
près le même caractère que le mois de no- 
vembre; seulement, d’épais brouillards, 
qui ont duré dix jours, sont venus troubler 
cette douce température, Mais la fin du 
- mois a fourni également une température 

moyenne de 10 degrés — L'état atmosphé- 
| rique des premiers jours du moi5 de janvier 
n'a Cté que la continuation de celui du 
mois de décembre. 

On conçoit qu'une telle mutation dans 
‘état de l’atmosphère ait amené aussi des 
changements dans Le caractère des maladies 
qui règnent ordinairement à cette époque. 

La Gazette Médicale émet sur ce sujet 
une réflexion qui nous paraît fort juste, en 
disant : « Les affections régnantes ne res- 
» semblent nullement à celles que nous 
» rencontrons pour l'ordinaire aux envi- 
» rons du solstice d'hiver, elles présen- 


it 


lat et pre, 1 ee LCD) CD. CD NE) 


., EX RE OA me 
D 


3 ma 


80 


» tent évidemment l'empreinte des affec- 
» tions propres du printemps: » 

Les maladies régnantes sont des affec- 
tious éruptives, specialement des scarla. 
tines, des rougeoles et des varioles, des an- 
gives, des rhumatismes partiels et généraux 
et des apoplexies. — Les pleurésies et les 
paeumonies, affections ordinaires de l’épo- 
que, sont en petit nombre et ne se présen- 
tent point avec les caractères qu’elles pos- 
sèdent ordinairement dans cette saison. 
« Une fièvre particulière, ajsute la Gazette 
Médicale, domine les maladies que nous 
venons de citer, pour peu qu'elles soient 
graves. Il convient de dire que cette fièvre 
commune se ressemble, sauf des variétés ou 
des nuances dans tous les cas de ces ma- 
ladies. D’autres malades ne présentent que 
les symptômes de la fièvi'e. » 

Après avoir exposé ces premiers faits, la 
Gazette décrit les symptômes de ces sortes 
d'affections, symptômes qui sont un senti- 
ment de courbature générale, des alterna- 
tives de froid et de chaud, de la céphalal- 
gie, du coryza, de la toux, uneirritation 
de la gorge et des tuyaux bronchiques. 

Si on néglige ces premiers accidents, la 
maladie peut devenir grave, très grave 
même ; mais en gardant le lit, en prenant 
une légère boisson pectorale, anodine, dia- 
phorétique, on résout souvent la maladie 
en vingt-quatre ou quarante-huit heures. 

Si la maladie est néjligée, elle revêt un 
caractère spécial ; une fièvre vive l'accom- 
pagae, et cette fièvre dure sept à huit 
jours. 

Différents symptômes particuliers signa. 
lent la terminaison de la maladie, dont la 
convalescence est marquée par une fai- 
blesse extrême. 

Comment maintenant traitera-t-on ces 
affections ? quel élément morbide atta- 
quera-t-on d’abord? Le médecin doit pre- 
mièrement faire disparaître le spasme à 
l’aide des antiphlogistiques, des émissions 
sanguines des agents tempérants. — Mais, 
an commencement de la maladie, ce qui 
offre le plus de chance de succès, c'est 
l'emploi de lémétique précédé ou non 
d'une saignée déplétive ou locale.— À près 
l’'émétique, on usera de potions composées 
avec les eaux distillées et addition de quel- 
ques gouttes d’acétate d’ammoniaque et 
d’une vingtaine de gouttes de laudanum li- 
quide de Sydenham. Tous ces moyens ac- 
célèrent la guérisoa de la maladie. — Dans 
la convalescence, les toniques, comme le 
vin, s’emploieront avec succès. — La rhu- 
barbe pourra encore étre prise, car elle 
facilitera la digestion et tiendra le ventre 
libre. 

La Gazette Médicale termiue son long 
article eu se demandant quelle est la natare 
des affections réguantes, et elle répond que 
ces affections sont des affectionscatharrales 
compliquées d’un élément saburral ou gas- 
trique, aisément reconnaissable, et que la 
Gazette attribue à l'été chaud que nous 
avons eu cette année. EF. 


PEHYSIOLOGIE. 


Analyse d'une leçon de M. Milne-Edwards sur 
l'histoire des découvertes failes sur La circu- 
lation. 

C’est une chose rare de voir un profes- 
seur de faculté exposer, même d’une ma- 
nière succcinte, le tableau historique des 
découvertes faites successivement dans la 
science qu'il développe à ses élèves. — On 
aime cependant à connaitre les noms de; 


81 


hommes qui ont fait progresser la science, 
et c'est quelque chose qui délasse d’une 
étude souvent aride. — Un savant profes- 
seur de la Sorbonne, M. Mi ne-Ewards, a 
parfaitewent bien compris qu'il fallait rem- 
plir cette lacune de l’enseignement, et dans 
uue de ses dernières séances, avant de com- 
mencer l’étude de la circulation, il a cru 
nécessaire de tracer à ses auditeurs l'his-- 
toire des travaax qui ont été faits sur cette 
partie de la physiologie. Alors il a exposé de 
curieux détails, et nous croyons faire plai- 
sir à nos lecteurs en leur présentant l’ana- 
lyse de cette savante leçon. 

D abord le professeur a fait voir que l'ana- 
tomie avait été peu cultivée chez les peuples 
de l'antiquité , Car les préjugés religieux 
s’opposaient à cette étude; puis il est entré 
dans quelques détails sur lexercice de la 
médecine dans l’antiquité, et il a parlé des 
Asclépiades, établis à Epidaure, à Rhodes, 
à Cuide ct à Cos. La plus célèbre de ces 
cooles, a-t-il dit, c’est celle de Cos, illustrée 
par Hippocrate. — Alors le professeur s’est 
demandé ce que savait Hippocrate sur la 
circulation. Hippocrate, a-t-1l dit, connais- 
sait les ventricules, les oreillettes, les val- 
vules da cœur, mais il avait sur ces parties 
des idées erronées, car il pensait que les 
oreillettes servaient à attirer l'air qui était 
distribué dans tout le corps. — D'ailleurs 
chacun connaît sa description des veines, 
œuvre de pure imagination, et preuve de 
son savoir en anatomie. 

Aristote avança nos connaissances sur 
les organes de la circulation : il décrivit 
l'aorte, distingua fort bien la veine cave 
de la veine pulmonaire, mais il-commit de 
graves erreurs touchant le rôle des parties 
qu'il connaissait. Ainsi il confondit les ar- 
teres et les nerfs, etil crut que les artères, 
aussi bien que les nerfs naissaient du cœur. 
Après la mort d’Aristote et d’Alexandre,-la 
Grèce devint le théâtre de troubles san- 
glants, et les sciences allèrent se réfugier 
dans la capitale des Ptolémée, où la faveur 
les attendait. 

Parmi les savants qui vinrent à Alexan- 
drie se trouvait Praxagoras. 

Praxagoras avait des notions sur le mode 
de distribution de Paorte, et il coustata que 
le pouls, déjà connu des médecins, avait son 
siége dans les artères. 

Érasistrate, petit-fils d’Aristote, et bien 
connu dans l’histoire pour avoir traité le 
jeune Antiochus, malade d'amour pour sa 
belle-mère Stratonice, Erasistrate cultiva 
aussi l'anatomie à Alexandrie. Le premier 
il disséqua des cadavres humains. Ses ou- 
vrages sont perdus, mais d’après des pas- 
sages conservés dans Galien, qui l’a souvent 
réfuté, on voit qu'Erasistrate connaissait le 
jeu des valvules du cœur. Ce premier germe 
d’une grande découverte resta infécond, et 
on n'alla pas plus loin. —Quelque chose, 
en effet, s’opposait à la connaissance du 
mouvement circulatoire, c’est qu'après la 
mort, les artères sont toujours vides et 
remplies d’air. Aussi croyait-on que les ar- 
tères servaient à porter de l'air dans toute 
l'économie. On peut même dire qu’Erasis- 
trate expliquait d’une manière assez raison- 
nable pour son époque ce passage de l'air 
dans les artères. Il disait Pair va par la 
trachée artère aux poumons, des poumons 
au cœur par les veines pulmonaires, et du 
cœur il se rend aux artères. 

Un élève de Praxagoras, Hérophile, qui 
vivait vers lan 320 avant Jésus-Christ, 
constata unautre fait très important, l'iso- 
chronisme des battements du cœur 


S2 


battements des artères. I vit les artères se 
dilater quand le cœur se contractait. Cette 
observation capitale resta encore inaperçue, 
et l’on n’en tira pas de conclusion 

Galien de Pergame, qui vivait sous 
Adrien, vers 131 deJésus-Christ, reconnut 
la présence du sang dans les artères à 
l’aide d’une expérience bien simple,—T lia 
une artère en deux points différents, il la 
perça entre les deux ligatures, le sang 
jaillit, et il en conclut que les artères con- 
tenaient du sang. Ïl donna aussi une fort 
bonne description du cœur. Il était donc 
sur la voie de la grande découverte de la 
circulation , mais des idées singulières 
montrent qu'il l'a complétement ignorée. 
Après Galien, un temps d’arrêt existe ; Les 
Barbares font leurs.invasions, les lumières 
s'éteignent dans l'empire, et le moÿen-âge, 
quicommence et s’avance, ne nous présente 
aucun nom important à signaler. Je sais 
bien que, dans le traité de la nature de 
l’homme par Némésius, évêque d'Emèse en 
Syrle, qui vivait sur la fin du 1ve siècle, ou 
au commencement du v°, on trouve quel- 
ques idées vagues sur la circulation pulmo- 
naire ; mais probablement Némésius ne 
comprenait pas ce qu'il écrivait. 

Le moyÿen-âge est rempli par les écoles 
arabes ; mais ces écoles suivent Galien, et 
les erreurs du médecin de Pergame sont 
aveuglément admises, Laissons donc de côté 
le moyen-âge. 

Arrivons aux savants du xvie siècle, qui 
ont contribué à hâter la grande découverte 
de la circulation. En première ligne, nous 
rencontrons un anatomiste de Bruxelles, 
un médecin de Charles-Quint et de Phi- 
lippe IL, Vésale, né en 1514, qui vint étu- 
dier à Montpellier, puis à Paris. —Vésale, 
nommé professeur d'anatomie à Pavie, ne 
se contenta pas des opinions de Galien, et 
dès vingt-cinq ans, il publia une série de 
belles planches anatomiques, résultat de 
ses travaux. Vésale décrivit le cœur avec 
plus d’exactitude que ne l'avaient fait ses 
prédécesseurs. Il savait que le cœur lance 
le sang dans les artères; il avait vu que, 
quand on lie une artère, le pouls se fait 
sentir au-dessus et non au-dessous de la 
ligature.—De tous ces faits il pouvait tirer 
des conclusions, mais il ne le fit pas, et ces 
éléments d'une grande découverte resté- 
rent inactifs dans les mains du célèbre Vé- 
sale. - 

Charles Etienne, un des membres d 
cette famille d'imprimeurs si célèbres, Char- 
les Etienne, professeur à la faculté de Pa- 
ris, découvrit une disposition anatomique 
importante, constatée aussi par Sylvius.— 
Il vit qu’il existe dans l'intérieur des vei- 
nes, des replis en forme de valvules, sortes 
de soupapes qui s’ouvrent seulement de 
bas en haut. Cette seule observation pou- 
vait lui donner l’idée de la circulation dans 
les veines; mais il ne vit là qu’an fait dont 
il ne chercha pas à se rendre compte. 

Canalus, professeur à Ferrare, en 1547, 
reconnut la même chose dans la veine 
azygos; mais il ne constata pas le jeu de 

- ces valvules, 

Le malheureux Michel Servet, dont cha- 
cun connaît l’histoire, et qui fut brûlé vif 
à Genève, en 1553 , par Calvin, était , au 
moment de sa mort, occupé à publier un 
ouvrage de Christianismi  restitutione. 
Deux exemplaires de cet ouvrage ont été 
sauvés de la destruction qni pesait à la fois 
sur l’auteur et sur ses écrits.—Dans ce li- 
vre , Michel Servet, après avoir parlé des 
différentes forces, des agents matériels qui 


83 


existent dans l’économie, décrit la petite 
circulation, c’est-à-dire la circulation qui 
s'effectue du cœur aux poumons. — On a 
cru que Servet avait puisé ces idées dans 
les ouvrages de Nemesius; mais cela est 
peu probable. 

Vers la même époque, à peu près vers 
1540, Levasseur de Câhlons-sur-Marne pu - 
bliait un traité d'anatomie où l’on trouve 
une description plus juste du jeu des val- 
vules du cœur, 

Ainsi les connaissances augmentent, les 
faits s'ajoutent aux faits, encore trois noms 
à passer en revue et le grand mot du pro- 
blème va être prononcé. 

Colombus, élève de Vesale , professeur à 
Padoue , publia un traité d'anatomie où il 


décrit la circulation pulmonaire, on peut: 


penser qu'il ne connaissait pas la décou- 
verte de Servet, dont l'ouvrage purement 
théologique devait être peu lu des médecins 
du temps. — Colombus doit donc être cité 
parmi ceux qui ont contribué à hâter la 
dévouverte de la circulation du sang. 

A la fin du XV: siècle nous rencontrons 
Cisalpin , professeur à Pise et médecin de 
Clément VIEIL. C’est un savant qui a avancé 
nos connaissances sur cette partie de la 
science que nous traitons. Il a décrit la 
circulation pulmonaire beaucoup mieux 
que ses prédécesseurs. On peut même dire 
qu’il avait quelques notions vagues sur la 
grande circulation. Il fait aller le sang du 
cœur au foie par la veine porte. 

Nous arrivons maintenant à un homme 
qui a entrevu de bien près la découverte de 
Harvey, je veux parler de Fabricius d’Ac- 
quapendente , l'élève et le successeur de 
Fallope, dans la chaire d’anatomie de Pa- 
doue. — Fabricius d’Acquapendente, né 
en 1537, mort en 1619, décrivit les val- 
vules des veines et en constata la direction 
dans son ouvrage de venarum ostiolis, A 
vit que ces valvules étaient bien disposées 
pour permettre la marche du sang des ex- 
trémités vers le cœur, et pour l'arrêter si 
cette marche voulait s'effectuer en sens 
contraire. 

Mais c’està William Harvey qu’on doit la 
découverte de la grande circulation. Har- 
vey était né en 1578, dans une petite ville 
du comté de Kent. Il étudia à Padoue sous 
Fabricius d’Acquapendente, et devint mé- 
decin de Charles I: qui le favorisa dans 
ses travaux. — Harvey mourut en 4657. 
—— Les curieuses observations de Harvey 
sur la génération des insectes ont été per- 
dues pendant la révolution d'Angleterre, 
mais ce qu'on n'a pas oublié, ce qui lui 
restera toujours , c’est son immortelle dé- 
couverte des lois de la circulation. Dès 
1616 il expérimenta ; en 1619 il professa 
sa découverte , et en 1628 il la publia dans 
un ouvrage intitulé : Exercitatio anato- 
mica de motu cordis et sanquinis in anima- 
libus. 


La découverte de Harvey fut d’abord 
combattue, et souvent avec l’arme et la 
calomnie. Mais si un habile anatomiste, 
Riolan la repoussa, elle ne tarda pas à être 
adoptée partout, et Descartes la sanc- 
tionna du poids de son autorité. 


Il n’y avait dans cette découverte qu’une 
lacune , et Harvey dans la sagacité de son 
esprit l’avait si bien aperçue qu'il avouait 
ne pouvoir la combler. Il s'agissait de savoir 
comment la communication s’opère entre 
les artères et les veines. 


Pour résoudre cette question il fallait le 
microscope, et c'était à Malpighi qu’il était 


84 
réservé de poser la dernière pierre de lédi- 
fice élevé par Harvey. ne 


Marcel Malpighi , né à Crémone en 1628, 
mort à Rome en 1694, découvrit la circu- 
lation capillaire par laquelle le sang passe 
des artères dans les veines , en examinant 
à l’aide du microseope, les poumons des 
grenouilles. La découverte de Harvey était 
ainsi complétée. 

Là M. Milne Edwards s’est arrêté, en fai- 
sant remarquer que Malpighi fermait la 
liste des savants dont il avait à analyser les 
travaux , etque les grands faits de la circu- 
lation étaient désormais posés dans leur 
ensemble. Puis il a terminé en disant qu’à 
mesure qu’il étudierait les différents détails 
de la fonction de la circulation, il signale- 
rait les hommes qui ont enrichi la science 
de ces détails et de ces découvertes. E. F. 


ANATOMIE. 


Procédé de M. Doyère pour injecter les 
vaisseaux capillaires. 


S'il serencontre dans l’anatomie pratique 
des opérations difficiles, celle qui consiste à 
injecter les artères doit être placée dans 
cette catégorie, Chacun saitqu’àla difficulté 
de choisir un sujet convenable se joint tou- 
jours celle de bien préparer les matières 
à injecter. Différentes compositions ont été 
indiquées et préconisées tour à tour. Gé- 
néralement on se contente d’un mélange de 
suif, de cire et de vermiilon, ou de noir de 
fumée. Les doses de ces substances sont in- 
diquées dans tous les livres d'anatomie, et 
connues de tous lesétudiants en médecine, 
il nous serait inutile de les rapporter ici. 
— Les injections dont nous parlons, et 
qu’on pratique chaque jour bien ou mal, 
sont des injections grossières qui ne péné- 
trent pas jusque dans les dernières ramifi- 
cations des vaisseaux capillaires. L’homme 
qui voulait, il y'a quelques années encore, 
se livrer à ces études d’anatomie, fine et 
transcendante, se trouvait arrêté par l’im- 
possibilité d’injecter ces vaisseaux si tenus, 
ces ramifications si déliées. Heureusement 
pour la science, un jeune anatomiste fran- 
çais, M. Doyère, a comblé cette lacune qui 
existait dans l'anatomie pratique. 

La découverte de M. Doyère, quoique 
récente encore, n'est pas une découverte 
d'hier, et nous nous sérions abtenus d’en 
parler si elle avait été plus connue du pu- 
blic savant. Comme notre œuvre est de 
propager la science, nous croyons qu'il est 
utile de rappeler, en peu de mots, le prin- 
cipe de cette découverte et l’idée ingénieu- 
se qu’elle renferme. 

L'injection que fait M. Doyère est une 
injection qu'on peut nommer chimique ; 
elle a pour but de développer, au milieu 
des vaisseaux capillaires, un précipité co- 
loré, qui permette de distinguer tout à coup 
leur direction, leurs anastomoses si nom- 
breuses, anastomoses qui constituent ce 
qu'on nomme en anatomie le réseau des 
vaisseaux intermédiaires. 

La question est done bien posée. Il s'agit 
de former, à l’aide de deux liquides qui pé- 
nètrent facilement dans l'économie, un pré- 
cipité coloré. Or, la chimie a fourni à 
M. Doyère, deux sels qui jouissent de ces 
propriétés. Ces deux sels sont l'acétate de 
plomb et le chromate de potasse. Tous deux 
sont assez solubles dans l'eau. L'eau à 100° 
dissout plusieurs fois son poids d'acétate de 
plomb ; à 45° l’eau peut dissoudre la moi- 
tié de son poids de chromate de potasse. 
Mais si elle est portée à l’ébullition, elle en 


| 
| 
\ 
| 
| 
| 


di. 


(19 


ê 


dl. 


\wA 


issoudra plusieurs fois son poids. Ainsi, la 
emiére condition du problème, celle de la 
bubilité est remplie. 

Ces deux dissolutions salines mélangées 
»nnent lieu à une double décomposition ; 
1! y a formation d’acétate de potasse solu- 
le et de chromate de plomb jaune inso- 
ble. 

La seconde condition du probléme se 
’ouve ainsi résolue. M. Doyère injecte donc 
l1ccessivement dans les vaisseaux Capillai- 
:s une dissolution d’acétate de plomb et 
:e chromate de potasse. La double décom - 
osition se fait au sein même des vaisseaux 
apillaires. On conçoit alors que le pré- 
lipité jaune formé s'y dépose et y reste. 
la coloration bien tranchée permet de 
| istinguer la direction des vaisseaux in- 
2ctés. 

\ La découverte de M. Doyère, que nous 
le rappelons ici que pour la populariser 


uisqu'elle est déjà connue de quelques 
bersonnes, peut conduire les observateurs 
jlans une voie nouvelle de recherches. On 
eut chercher d’autres liquides qui, par 
eur réunion, puissent donner lieu à un pré- 
“ipité plus tenu que le chromate de plomb, 
brécipité qui pénétrerait alors plus loin dans 
Ê dernières ramifications des vaisseaux 


>apillaires. D'ailleurs, la découverte de 
pe Doyère, permettant d’observer les der- 
aières terminaisous des vaisseaux capillai- 
l'es, tend à donner aux naturalistes de nou- 
l'elles idées sur la manière dont s’opère la 
‘autrition. Ce phénomène si obscur et en- 
jpore sans solution s’éclaircira peut-être un 
'aur lorsqu'on connaitra mieux les organes 


richie de quelques faits nouveaux ne sera 
plus alors forcée d’avouer sa complète igno- 


mrance sur un des plus beaux mécanismes de 
|A , . . 

« organisation humaine. E. F. 

à 


pi il semble s’effectuer, et la science en- 


| ZOOLOGIE. 
Résultats de quelques recherches relatives à des 

animaux inverlébrés failes à Saint-Vast-la - 
| Hougue. (Extrait d’une note de M. de Quatre- 


| fages.) 


| 
11 
| 
| 


| « .. J'ai dirigé plus particulièrement 
}mon attention sur les espèces qui servent 
. le passage d’un type à l’autre, dont l’exa- 
men sérieux confirme tous les jours d’avan- 
age la vérité du célèbre aphorisme de 
. Linné : Natura non facit saltus. À ce titre, 
le mollusque gastéropode, sur lequel jai 
lait des observations dont M. Edwards a 
eu la bonté de faire connaître les résultats 


1 l’Académie, l'Æolidina paradoxa, nobis, 


st, je crois, un animal des plus curieux. 


«J'ai l'honneur de mettre sous vos yeux les 


“dessins qui représentent avec détails cette 


“singulière organisation. 


» L’'embranchement des articulés est cer- 
‘Lainement celuiquirenfermele plus de types 
disparates ; et l'étude des derniers êtres 
jui doivent y être comprisoffre un intérêt 
autant plus grand, que la place qui leur 


‘revient a été méconnue par plusieurs na- 


Bluralistes. De ce nombre sontles Némertes, 
‘rejetées par Cuvier avec les autres vers 


intestinaux parmi les Rayonnés. La plu- 


“part des zoologistes modernes, et M. de 


Blainville un des premiers, les ont, il est 
Ivrai, replacés parmi les Articulés; mais 
{on ne connaissait nullement leur anatomie. 
Je montrerais que, tout en se rattachant 
j1ux Articulés (ou mieux aux Annelés), ces 
animaux forment un type distinct très-re- 


|marquable. Mes recherches ont porté non- 


86 ; 


seulement sur lespèce connue de Cuvier 
(N. Borlasü, Cuv.; Borlasia anglia, DE 
BLainv.), dont j'ai trouvé des individus de 
10 mètres de long, mais encore sur dix 
espèces nouvelles, que j'ai découvertes 
dans la seule localité de Saint - Vast. 
MM. Milne Edwards, Duvernoy, Valen- 
ciennes, Doyére, ont bien voulu vérifier la 
plupart de mes observations sur des indi- 
vidus conservés vivants dans de l’eau de 
mer et apportés à Paris. 

» J'ai également étudié dans les plus 
grands détails l'Échiure (G. Æchiurus , 
Paz ), placé par Cuvier avecles Séponcles, 
parmi les Échinodermes, et par M. de 
Blainville à la fin des Annélides. Ce Mé- 
moire prouvéra, j'espère, que l’Echiure 
rattache les Annélides errantes aux Sé- 
poncles, tout en présentant des rapports 
remarquables avec les Holothuries. Il sert 
ainsi de lien entre deux classes différentes 
etentre deux embranchements, bien qu’ap- 
partenant réellement au type des An- 
nelés. 

» La génération des Rayonnés nous a 
offert, dans ces dernières années, des faits 
aussi curieux qu’inattendus. J’ajouterai 
quelque chose à ce que nous ont fait con- 
naître les naturalistes allemands etsuédois, 
en décrivant un mode nouveau de propa- 
gation observé chez un Polype voisin des 
Corynes (G. Synhydra, nobis), qui se re- 
produit aussi par bourgeons. J’ai suivi 
toutes les phases de ces deux modes de mul- 
tiplication et fait en outre l'anatomie com- 
plète de l’animal. 


» L'étude de l’organisation intime des 
tissus est un des caractères de la science 
moderne. Je m’y suis attaché d'autant plus 
qu'elle seule peut souvent nous donner des 
idées justes sur l'anatomie proprement dite 
des animaux inférieurs. C’est ainsi que j’ai 
reconnu l'existence de téguments bien dis- 
tincts chez les Némertes, que j'ai constaté 
la nature réellementsensitive de leur yeux. 
C'est ainsi que, dans les parois da corps 
d’une Synhydre, j'ai compté huit couches 
de tissus différents superposés dans une 
épaisseur de 1710 de millimètre. 


» La phosphorescence des animaux tient 
à des causes très-différentes et qu’on n’a, 
jusqu’à ce jour, étudiées que d’une ma- 
nière fort imparfaite. Des observations, 
com mencées l’annéedernière et poursuivies 
cette année sur plusieurs petites espèces 
d’Annélides et d'Ophyures, m'ont conduit 
aux conclusions suivantes : 4° 1l y a chez 


ces animaux production de lumière sous, 


forme d'étincelles dans lintérieur du corps, 
à abri du contact de l'air; 2° cette pro- 
duction de lumière est indépendante de 
toute sécrétion matérielle; 3° elle se rap- 
proche, sous ce rapport, de la production 
d'électricité observée chez plusieurs pois- 
sons; 4° cette lumière se montre unique- 
ment dans les tissus musculaires et au 
moment de la contraction; 5° la produc- 
tion de cette lumière épuise rapidement 


l'animal. Ici encoreil y a analogie entreles, 


phénomènes lumineux que nous signalons 
et les phénomènes électriques des pois- 


sons.» - nes 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT. 
Séance du 11 janvier 1845. 


Au nom de la Commission du Bulletin, 


M. Amédée Durand fait un rapport favora- 


87 
ble sur des tableaux représentant des ob- 
jets industriels exécutés par M. Knab. Les 
professeurs , dans leurs leçons publiques, 
ont rarement le pouvoir de mettre sous les 
yeux de leurs élèves les machines et appa- 
reils dont ils sont forcés de donner la des- 
cription pour en faire comprendre l’usage. 
Ils suppléent à ces objets par des dessins 
qu'ils tracent sur tableau noir avec un 
crayon blanc, et la figure ainsi dessinée 
suit dans son tracé les progrès de ’impro- 
visation. Mais ces dessins font perdre beau- 
coup de temps, et sont rarement exécutés 
evec le soin convenable, M Knab a ima- 
giné de faire des dessins coloriés et d'y re- 
présenter parfaitement toutes les parties 
que le discours comporte. En faisant l’é- 
loge de ce genre d'exécution, M. le rappor- 
teur demande et obtient que ces tableaux 
soient recommandés au public par la voie 
du Bulletin. 

M. Cassa au nom du comité des arts mé- 
caniques, fait un rapport favorable sur une 
machine de M. de Saillet pour tailler les 
bouchons de liége. Cette industrie est fort 
importante, puisqu'on assure que la con- 
sommation de Paris est d'environ 300 mille 
bouchons par jour. La machine est ingé- 
nieusement conçue. Une lame d’acier, dont 
le tranchant est horizontal, a un mouve- 
ment de droite à gauche ; un petit prisme 
de liége se présente au tranchant pendant 
que le liége tourne sur lui-même ; le tran- 
chant enlève au prisme, en un seul 
tour, tout ce qui excède la surface courbe 
du bouchon, qui tombe ensuite sous forme 
d’un petit cône tronqué ; il fait place, à 
son tour, à un autre prisme de liége qui 
est taillé de même. L’ouvrier imprime les 
mouvements de translation de la lame et 
de rotation du bouchon, en faisant tourner 
une manivelle. L'opération va très vite, et 
quoique l'exécution de la machine soit assez 
médiocre, les produits en sont très avanta- 
geux. Quand l’ouvrier taille des bouchons 
à la main, il perd beauconp de liége, opère 
lentement, et. est forcé d’affiler incessam- 
ment son outil. La machine de M. de Sail- 
let n’a aucun de ces défauts; il n’y a pas 
besoin que le tranchant soit vif la matière 
est très économisée, et les bouchons sont 
tous d’un calibre identique, quoiqu’on 
puisse le faire plus ou moins grand à vo- 
lonté. Le conseil approuve cet appareil qui 
sera décrit au Bulletin. 


M. Cassa fait en outre deux rapports fa- 
vorables sur les fabrications de poids mé- 
triques, l’une de M. Bourgeois, l’autre de 
M. Parent. Ces poids sont exécutés à la ma- 
chine et construits de manière à s'emboîter 
les uus dans les autres, selon la manière 
accoutumée. Dans le système de M. Parent, 
les dispositions sont même telles que, les 
poids n’ayant pas toujonrs le calibre dé- 
croissant, et ayant une hauteur inégale, les 
emboîtements sont assez justes pour ne pas 
laisser d’intervalles entre eux. 


M. Leclerc -Thouin fait un rapport, au 
nom du Comité d'agriculture, sur le con- 
cours relatif à l'introduction en France de 
plantes exotiques utiles à l’industrie ou à la 
uourriture. Le prix proposé n’est point 
remporté, et on ne peut reconnaître que la 
culture de la grande espèce de spergula, 
de préférence à la spergnla arvensis, soit 
de nature à le mériter. Le comité propose 
de faire une modification au programme, 
et l'examen de cette question lui est ren- 
voyé, pour qu'il en soit délibéré ultérieu- 
rement. 


ss 


M. Arthur propose que la Société d’en- 
couragement, dans l'intérêt de l’agricul- 
ture et de l’industrie, adresse des observa- 
tions au Comité de la Chambre des députés 
sur la loi présentée, ayant pour objet de 
fermer les fabriques de sucre indigène, Une 
discussion s'ouvre À ce sujet, et le Conseil 
décide qu’une Commission examinera cette 
question , et fera connaître au Conseil ses 
vues, pour qu’il en soit délibéré sous bref 
délai. FRANCOEUR. 


D Eh Ke 


De l'emploi du naphte en Perse comme 
matière éclairante. 


Les transactions philosophiques ont pu- 
blié en 1748 un article assez curieux inti- 
tulé : Détails sur le feu perpétuel en Perse, 
par M. James Mounsey, médecin du roi de 
Russie. 

Maintenant que l'emploi du gaz à éclai- 
rage est devenu si général, il n'est peut- 
être pas sans intérêt de reprendre quelques- 
uns des faits que le journal anglais signalait 
alors au monde savant. 

Chacun sait avec quelle étonnante rapi- 
dité l'emploi du gaz se propage en France, 
mais ce que toutle monde ne sait peut-être 
pas, c'est que depuis longtemps les Perses 
se servent de becs de gaz d’une simplicité 
extrême. 

Le mémoire que je viens de citer et qui 
depuis longtemps sans doute est oublié 
dans l'immense recueil des transactions 
philosophiques , est rempli de faits curieux 
sur ce sujet. a 

De toute antiquité , le sol de Perse a été 
fécond en productions bitumineuses. L'as- 
phalte et le naphte s’y sont toujours ren- 
conirés en grande quantité, et ce dernier 
produit a souvent été assez abondant pour 
recouvrir la surface de certains lacs. Cté- 
sias, médecin qui suivit les 10,000 Grecs 
envoyés au secours du jeune Cyrus contre 
son frère Artaxercès, avait observé souvent 
ce phénomène durant son séjour en Perse; 
et il ne l'avait pas compris; la chimie mo- 
derne, qui a tout analysé, nous a expliqué 
ce fait. Mais ce n’est pas seulement à la 
surface de certains lacs que cet hydrogène 
carboré se rencontre ; le sol en est sou- 
vent assez imbibé, pour en laisser conti- 
nuellement dégager une certaine quan- 
tité, car le naphte est assez volatil. 

Dans la presque île d'Abschéron, à envi- 
ron 20 milles de Bakou et à 3 milles de la 
mer Caspienne, il suffit de creuser le sol à 
peu de profondeuret de plonger dans cette 
cavité un flambeaa allumé, pour qu 'aus- 
sitôt on voie se manifester une flanime 
blanche et fuligineuse qui dure quelques 
instants. Les Guèbres, adorateurs du feu, 
se servent, pour perpétuer leur calte, de 
cette propriété qu'a le sol de fournir des 
gaz inflammables. A Bakou, les Dome 
phénomènes se présentent, aussi Bakou est 
pour les Guèbres un lieu saint. 

Dans la même presqu'île d’Abschéron, 
se trouvait, vers la moitié du siecle dernier, 
un caravansérail habité par 12 prêtres in- 
diens et d’autres dévots. Cette antique cons- 
truction avait ses murs parsemes de cre- 
vasses. Si de ces fentes on approchait un 
flambeau allumé, une flamme se produisait 
aussitôt et ne tardait pas à se propager de 
proche en proche. Ce phénomène inexpli- 
cable sans doute pour les habitants de la 
Perse, s'explique chez nous assez facile- 
ment, Le sol de la presque îte d’Abschéron 
est imprégné d'huile de Naphte ; on con- 
coit que ce liquide, se volatilisant sans 


89 


cesse, sorte par les crevasses dans les con- 
ditions nécessaires pour brûler. Ces prêtres 
du Caravansérail dont j’ai parlé, construi- 
saient à peu de frais des flambeaux écono- 
miques. Ils enfonçaient dans le sol des ro- 
seaux creux ; le naphte gazéifié montait à 
travers ces sortes de tubes et ils l’enflam- 
maient à sa sortie par l'orifice supérieur. 
S'agissait-il d’éteindre ces sortes de flam- 
beaux . ils les recouvraient d’un léger en- 
tonnoir. 

De ce que je parle des usages pratiqués 
en Perse au siècle dernier, il ne faut pas 
en conclure que ces usages ont disparu de 
ce pays. Le naphte est de nos jours encore 
employé en Perse comme matière éclai- 
rante, et depuis Mossul jusqu’à Bagdad , le 
peuple s’éclaire avec le pétrole qui est du 
naphte altéré par des matières hétéro- 
gènes. 

Sans aller si loin, l'Italie nous offre le 
même emploi da naphte ou du pétrole, La 
ville de Parme, en effet , est éclairée par le 
pétrole du village d’Amiano. 

La France n’est pas aussi heureuse que 
ces contrées, car le naphte ne sy trouve 
qu'en petite quantité. On n’en rencontre 
que dans un village du département de 
l'Hérault. à Gabian, près Pézenas. 

Ainsi, de l'Orient à l'Occident, les peu- 
ples ont compris l’avantage qui existe à 
s’éclairer à l’aide d’un hydrogène carboné. 

Les Perses et peut-être aussi les Chinois, 
ont conçu les premiers cette heureuse idée, 
et ils l'ont mise en pratique sans trop s’en 
rendre compte. Le peu d'activité de leur 
esprit ne leur a pas permis de féconder le 
germe de cette grande découverte indus- 
trielle, Ce fut un ingénieur français, Lebon, 
qui le premier répandit cette idée en 
France. M. Murdoch, vers 1800, en fit en 
Angleterre ,  l’application sur une large 
échelle, Depuis cette époque, bien des 
moyens ontété proposés pour produire un 
gaz pur et beau. Cependant, beaucoup de 
modifications doivent encore être intro- 
duites dans cette curieuse préparation, et 
de nombreux problèmes sur cette magni- 
fique question se présentent chaque jour à 
nos industriels et à nos chimistes. Que leur 
patience ne soit pas épuisée ! ils ont beau- 
coup fait, mais il leur reste encore beau- 
coup à faire. E. F. 

= — De ———— 
AGRICULTURE. 


CONSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET 
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS. 


Des blés d'hiver ou d'automne ; des blés de mars 
ou de printemps ; par M. Loiseleur-Deslong- 
champs. 

En général, les blés ne sont pas sujets à 
geler, à moins que lefroid ne soit très con- 
sidérable, et encore faut-il des circonstan- 
ces particulières pour que ceux qui ont été 
cultivés depuis longtemps dans un pays 
puissent périr par suite de la gelée. Si une 
grande partie des blés périt par l'effet du 
“roid dans l'hiver désastreux de 1709, ce 
ne fut point l'intensité de la gelée qui 
causa le mal, mais parce que, à la suite 
d’un dégel, le froid reprit subitement avec 
force, tandis que les terres étaient encore 
trop humectées et que les grains furent, 
pour ainsi dire, surpris dans la glace. 
L'hiver de 1788 à 1789 fut encore plus ri- 
goureax, puisque le maximum du froid 
s'éleva à 17 degrés et demi au thermomètre 
de Réaumur, et cependant la récolte qui 
suivit fut abondante. Mais ce qui a contri- 


90 


bué à préserver les blés pendant les gran- 
des gelées de la fin de l'année 1788, c'e 

. x 
que la terre fut couverte de neige duran 


presque tout ce temps. 


Est-ce parce que les blés sont, eu géné- 


ral, susceptibles de résister aux gelées et ne 
présentent, d’ailleurs, aucun caractère qui 
puisse les faire reconnaître, que la distine. 
tion des froments en blés d'automne et en 
blés de mars n’a pas été admise par Tessier ? 
Il est permis de le croire; car voici com- 
ment cet auteur s'exprime à ce sujet : « La 
distinction des blés en froments d'automne 
et en froments de mars est chimérique : 
voilà pourquoi je n’ai pas cru devoir en 
faire mention. Tous les froments, suivant 
les pays, sont ou de mars ou d’automne. 


. Ils passent tous, avec le temps, à l’état de 


blés d'automne ou de blés de mars, comme 
je m'en suis assuré. Il ne s'agit que de les 
ÿ accoutumer peu à peu, en semant gra- 
duellement, plus tard qu’on ne le fait, les 
blés d'automne, et plus tôt les blés de mars, 
comme je lai observé. » 

Ce qu’il y a de certain et ce qui confirme 
pleinement l'opinion du célèbre agronome 
que je viens de citer, c’est que, le 16 oc: 
tobre 1836, ayant semé cent onze variétés 
différentes de froment. et ayant resemé les 
mêmes le 9 mars 1837, les unes et les au- 
tres ont également bien müri leurs grains, 
avec une différence de dix jours seulement 
pour les variétés qui avaient été semées les 
dernières. 

Cette expérience prouve, de la manière 
la plus positive, que tous les froments peu- 
vent être semés indifféremment, soit à 
l'automne, soit au mois de mars. puisque 
les mêmes sortes ont pu accomplir leur vé- 
gétation, les premières semées dans une 
période de deux cent quatre-vingt huit 
jours, parce que la végétation, dans les 
premiers, est restée, pour ainsi dire, sta- 
tionnaire pendant cent trente-huit jours : 
tandis que, dans les secondes, une fois 
commencée, elle n’a pas été interrompue, 
et s’est accomplie en cent cinquante-cinq 
jours seulement. En effet. mes premiers 
blés, semés le 16 octobre 1836, étaient, ên 
général, mürs le {°° août suivant, et ceux 
qui n'avaient été semés qne le 9 mars 1837 
se trouvaient également mûrs le 11 août, 
c’est à.dire dix jours seulement plus tard. 
Et encore je dois mentionner que tous 
avaient été semés, ainsi que je l'ai dit, les 
uns en automne, les autres en mars, Sans 
avoir été aucunement préparés à ce chan- 
gement par des semis préliminaires, soit 
avancés, soit retardés graduellement, ainsi 
que Tessier dit qu'il convient de le faire 
pour changer leurs habitudes. Le chan- 
gement opéré dans les semailles de ces blés 
fut brusque et sans aucune préparation, 
puisque je n'avais, de chaque sorte, qu’un 
petit nombre de grains que je partageai en 
deux portions, dont l’une fut semée,comme 
je l'ai dit plus haut, au mois d'octobre, et 
l'autre au mois de mars de l’année suivante. 

Tessier a donc eu raison de dire que, à 
bien prendre, tous les froments pouvaient 
être semés indifféremment à l'automne ou 
au mois de mars, parce que les mêmes 
sortes sont Susceptbles d'accomplir inditfe- 
remment et également bien toutes les pha- 
ses de leur végétation à ces deux époques 
si différentes en apparence, seulement les 
produits que donnent les premiers semés 
sont beaucoup plus considérables. 

Cependant presque tous les caltivateurs 
de profe;sion sont dans l'usage de faire uue 
distinction entre les froments d'automne 


11 


emps; mais la distinction admise par le 
lus grand nombre n’est fondée que sur ce 
lue certains blés supportent moins bien les 
igueurs de l’hiver que d’autres, et sur ce 
qu'il y en a qui paraissent demander plus 
le temps pour parvenir à leur maturité; 
‘elles sont les espèces nommées par Linné 
riticum composttum et triticum turgidum. 
La dernière de ces espèces comprend beau- 
soup de variétés connues vulgairementsous 
les noms de poulards.Les semis de ces deux 
:spèces ne pourraient pas être retardés au- 
ant que celui de plusieurs autres; mais, 
laits dans les premiers jours de mars, la 
imaturité des grains qu’ils donnent peut 
ncore s’accomplir en dix jours environ de 
retard, comparativement aux blés semés 
V2n octobre. 
| L'espèce que Linné a nommée friticum 
Lhybernum (froment d'hiver) a donné un 
“grand nombre de variétés qui sont aujour- 
‘l'hui plus répandues que tous les autres 
blés dans la grande culture, et qu’on sème, 
len général, à l’automne; mais elles four- 
inissent aussi des variétés aux blés dits de 
mars, variétés qui n’offrent aucune diffé- 
‘rence avec les mêmes sortes qu’on est dans 
l'usage de semer avant l'hiver; c’est seule- 
iment une habitude qu’on a fait prendre, 
depuis plus ou moins longtemps, à ces va- 
riétés, qu’on a rendues ainsi printanières. 
Quant aux sortes qui appartiennent au 
trilicum æstèvum de Linné, ce sont elles qui 
fournissent plus particulièrement les véri- 
tables variétés de printemps, connues sous 
kles noms de trémois, de blé de quatre-vingt- 
\dix jours, de blé de mai, etc. - 
| Pour revenir aux blés dits d'automne ou 
\d’hiver, il y a une considération importante 
“qui n'est point à négliver, c'est que, dans 
les nombreuses variétés que nous connais- 
“sons, il en est qui, lorsque le froid a une 
lcertaine intensité, le supportent moins bien 
les unes que les autres. Peut-on croire 
aussi que, selon l'état de végétation dans 
| lequel se trouvent les blés, ou selon les cir- 
“ constances dont ils sont environnés, ils 
. peuvent souffrir où même périr pendant 
‘un hiver, tandis que, durant un autre, ils 
\bravent sesrigueurs? C’est ce qui me paraît 
très vraisemblable d'après mes propres ob- 
servations. Ainsi, au mois d'octobre 1836, 
j'ai semé cent onze variétés de fioment, 
comme je l’ai dit ci-dessus , et il n’en a gelé 
qu’une seule. Au contraire, sur cent 
Isoixante-quinze variétés semées depuis le 


“14 septembre 1840 jusqu'au 16 novembre 


suivant, trente-neuf out gelé au quart, à 
|moitié, au trois quarts et même en totalité. 
Il est vrai de dire, à ce sujet, que toutes les 
variétés, qui ont gelé pendant l'hiver de 
1840 à 1811, venaient de n'être envoyées 
du midi de la France, et que plusieurs pro- 
venaient .des provinces russes de la mer 
Noire : tels étaient le blé d’Irka, le blé dur 
de Taganrock, le blé dur d'Odessa, etc. 

De plus, je cultive, depuis 1836, un fro- 
ment particulier que feu Tripet avait dans 
Son jardin, et qui lui avait été envoyé de 
l'Amérique méridionale ; eh bien! ce blé a 
constamment gelé tous les hivers depuis ce 
temps, et je n’ai jamais pu le recueillir que 
de semis faits au mois de mars. 

Je tiens aussi de M. Vilmorin qu il a vu, 
il y a vingt et quelques années, une variété 
de froment qui, à cause de la beauté des 
blés qu’elle produisait, se répandit dans la 
grande culture d’un canton et même d’un 
arrondissement, au point qu’il y avait plu- 
leurs centaines d’hectares ensemencés de 


u d'hiver, et ceux de mars ou de prin- 


92 


cette sorte. Ce blé avait passé plusieurs 
hivers sans en souffrir, lorsque celui de 
1820 fut tellement désastreux pour lui,que 
la plus grande partie de ce blé fut gelée, et 
que tous les cultivateurs qui n'avaient semé 
que cette sorte éprouvèrent des pertes con- 
sidérables. 

En définitive, quoiqu'’on soit fondé à dire 
que la plus grande partie des froments 
affronte les gelées de l'hiver sans en souffrir, 
et que, sous ce rapport, on ne puisse établir 
d’une manière précise la division de ces 
grains pour les distinguer en blés d'hiver 
et en blés de printemps, on voit cependant 
que, lorsqu'il s’agit d'admettre une variété 
nouvelle dans la grande culture d'automne, 
on ne doit le faire qu'avec la plus grande 
circonspection. 


DDEKE ———— 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 7 janvier. 


L'Académie procède à la nomination 
d’un vice-président en remplacement de 
M. Portalis, qui doit occuper le fauteuil de 
la présidence pendant cette année. 

Nombre des votants, 23 
Majorité absolue, 12 


Au premier tour du scrutin les suffrages 
ont été repartis comme suit : 
MM. Naudet, À 
Dunoyer, 
Lacanal, 
De Tocqueville, 
De Remusat, 
Billets blancs, 

M. Naudet a été proclamé vice-président. 

En quittant le fauteuil, M. Passy a re- 
mercié l’Académie de la bienveillance 
quelle lui avait témoignée pendant la durée 
de sa présidence, et M. Portalis, à son tour, 
s’est rendu l'interprète de ses collèsues au- 
près de son honorab'e prédécesseur, en Jui 
témoignant toute leur reconnaissance,pour 
le zèle et les soins affectueux qu'il avait 
apporté dans l'exercice de ses fonctions. 

L'Académie a procédé encore à la nomi- 
nation de sa commission centrale adminis- 
trative, et de la commission administrative 
de ses fonds particuliers. Après deux tours 
de scrutin, MM. Villermé et Blanqui ont 
été réélus pour ces doubles fonctions. 

M. Villermé fait connaître les résultats 
d’une enquête faite en Angleterre sur le 
travail et la condition des enfants employés 
à l’exploitation des mines et aux autres in- 
dustries qui échappent aux actes du Par- 
lement. 

C’est dès l’âge de quatre ans quelquefois, 
à celui de six le plus souvent, et jamais 
après celui de neuf que les enfants com- 
mencent a être employés aux travaux des 
mines. D’après l'enquête, parvenus à leur 
treizième année, ils sont considérés comme 
adolescents ; les uns sont attelés avec une 
chaine à des charriots, qu'ils conduisent 
dans des galeries étroites et humides en 
marchant sur leurs pieds et sur leurs 
mains; d’autres les aident dans ce travail 
pénible en poussant les chariots par der- 
rière. Les souffrances qu’endurent ces mal- 
heureux dans les divers travaux auxquels 
ils sont employés dépassent tout ce qu’on 
a écrit sur les souffrances des hommes de 
couleur dans les mines du Pérou et du 
Mexique. Aussi la mortalité est conside- 
rable, et malgré la négligence que mettent 
les employés à constater les blessure: et les 


OS | 


93 


décès, ont peut l’évaluer à un sixième des 
enfants employés par eux à l'exploitation. 
La nourriture qu’on leur fournit est cepen- 
dant suffisante, et généralement les jours 
de repos, ils sont habillés convenablement 
et même avec une certaine recherche. Il 
faut cependant en excepter ceux qui sont 
employés dans les exploitations de l’Ecosse. 
Ceux-là ont les mêmes souffrances à sup- 
porter, sans pouvoir compter sur quelques 
compensations. Dans les mines sont aussi 
employées des femmes, des jeunes filles, 
concurremment avec des hommes, des adul- 
tes et des enfants. Les uns et les autres tra- 
vaillent le plus souvent entièrement nuds. 
Cette circonstance suffit pour expliquer 
comment, dans les pays où les mines sont 
exploitées, les mœurs sont dépravées et 
corrompues. La communication de M.Vil- 
lermé est d’une haute importance. Elle 
peut servir à prévenir bien des maux que 
l'exploitation des mines a déjà produit 
parmi nous et qu'elle doit augmenter à 
mesure quelle prendra un plus grand dé- 
veloppement. 

M. Troplony a commencé la lecture 
d’un Mémoire sur le contrat de société 
civil et commercial. Dans une introduction 
concise et cependant pleine de faits et sur- 
tout d'observations, 1l a considéré l’asso- 
ciatiou dans les différentes transformations 
quelle prend dans la vie sociale. Elle est 
utile. Deux hommes qui forment une asso- 
ciation, a-t-il dit, ne sauraient être mieux 
comparés qu’à un infirme et un aveugle 
qui s'unissent dans leur intérêt commun, 
Celui qui est aveugle prend linfirme sur 
ses épaules, et celui-ci sert de guide à son 
compagnon. Mais avec la préoccapation des 
intérêts matériels, on a abusé étrangement 
de l’association, on a cru pouvoir tout faire 
avec des capitalistes et des consommateurs. 
Les systèmes de Saint-Simon, d’Owen, de 
Fourrier, débris des systèmes d’une époque 
antérieure, ont produit à leur tour toutes 
les conceptions auxquelles de nos jours se 
sont laissés prendre tant de crédules spécu- 
lateurs. 

Les Romains connaissaient les ressources 
qu’ils pouvaient retirer de l'association, et 
c'est dans leurs lois que furent puisées les 
dispositions du contrat de société tel qu’il 
a été établi chez nous. À Rome, le petit 
commerce était exercé par les affranchis, 
mais les grandes spéculations étaient seules 
entreprises par les hommes riches et de 
famille noble; ces grandes spéculations 
avaient pour objet la banque, la fourniture 
des vivres aux armées, ct le fermage des 
impôts. Elles étaient toutes faites par une 
société de banquiers. À l’époque où tout le 
monde connu était tributaire de la répu- 
blique, les Romains seuls faisaient le com- 
merce en Afrique, en Asie, dans la Gaule- 
Cisalpine , et l'esprit d'association qu'ils 
avaient fait si bien servir à leur prospérité, 
passa avec toute sa puissance à ces hornmes 
du moyen -âge auxquels nous devons tant 
de monuments et de si grandes entreprises. 

Ce n’est pas seulement comme philosophe 
et comme historien que M. Troplong veut 
considérer le contrat de société, c’est aussi 
et surtout comme jurisconsulte. Cette par- 
tie de son travail qu’il doit lire à une des 
prochaines séances de l’Académie, sera si 
non la plus curieuse, du moins la plus 
utile, C. B.F. 


GÉOGRAPHIE. 
RUINES DE CARTHAGE. 


Extrait des voyages de M. Félix Flachènac- 
ker en 1838, 1889 et 1840 dans les Etats bar- 
baresques. 


Au N.-E. de Tunis et à trois lieues de 
cette ville, sur une presqu'île, formée d’un 
côté par la Méditérannée, de l’autre, par le 
lac de Tunis (il Baheïra), c’est-à-dire sur 
un espace de près de trois lieues , se trou- 
vent disséminés les débris de Carthage, 
cette rivale de Rome qui fut la première 
puissance commerciale de ancien monde. 
Selon le texte samaritain, elle aurait été 
fondée vers l'an 1554 avant J.-C., à l’'épo- 
que de la conquête du pays de Chanaan, 
mais ilest plus vraisemblable que Didon, 
sa fondatrice, n’arriva en Afrique que la 
7° année du règne de Pygmalion, 853 ans 
avant J.-C. selon S$olin, ou 853 selon le 
président Desbrosses. 

D’après Strabon et Appien, Carthage 
était située au fond d’un golfe dans une 
presqu'île qui avait 360 stades de circuit, 
dont l’isthme ou le col était large de 25 
stades. Une longueur de terre large d’une 
demi-stade séparait la mer d’un marais, 
aujourd'hui le lac de la Goulette. Elle se 
trouvait fermée par une muraille du côté 
de la mer, et dans la partie du continent la 
ville était fortifiée par une triple muraille 
haute de 30 coudées et flanquée de tours à 
des distances égales. Ges murailles étaient 
construites de manière à laisser assez d’em- 
placement pour contenir 300 éléphants, 
ainsi que les magasins nécessaires à leur 
subsistance; des greniers, des écuries pour 
4,000 chevaux et de quoi loger 20,000 fan- 
tassins et 4,000 cavaliers. Deux poris qui 
communiquaient entre eux, mais qui n'a- 
vaient qu'une même entrée, étaient fermées 
par des chaines. Le premier était pour le 
commerce, le second pour les galères. Ce 
dernier avait au milieu un îlot bordé, ainsi 
que le port lui-même, de grands quais où 
étaient des loges pour mettre à couvert 
220 bâtiments. 

Détruite et rasée par Scipion, après un 
embrâsement de 17 jours, Carthage fut en 
partie reconstruite 127 ou 116 avant J.-C., 
on J’appela Colonia Junonia. Plus tard et 
souslesempereurs.elleparutsortir tout à fait 
de ses ruines. De l’un elle prit le nom d’4n- 
drinopolis, de Vautre celui d’Alexantria 
-Commodiana Togata. Sous Dioclétien elle 
était florissante, et c’est à cette époque de 
son histoire , que se rapportent les pre- 
mières lueurs de cet éclat que devaient lui 
donner les apôtres les plus éloquents du 
christianisme. La ville de Didon fut, de nou- 
veau, saccagée par Maxence en 318 après 


95 


J.-C.; en 442 par Genséric, et deux fois par 
Gelinser dans le sixième siècle. Bélizaire en 
détruisant par sa victoire l'empire des Van- 
dales, sauva la capitale de l'Afrique ro- 
maine d’une destruction presque certaine; 
cette destruction devait lui venir d’ailleurs. 
En 647, les Arabes envahirent le nord de 
l'Afrique; eu 696, ilss’emparèrent de Car- 
thage et la rasèrent jusqu'aux fondements, 
malgré les efforts du patrice Jean, elle 
resta au pouvoir des vainqueurs, qui con- 
tinuèrent de régner sur ses ruines jusqu'au 
moment où l'épée de St-Louis les leur dis- 
puta. 

Couverte de socles, de chapiteaux, de 
fragments de bas-reliefs, de débris de co- 
lonnes de marbre et de porphyre, cette 
immense solitude qui s'appelait autrefois 
Carthage , n’est plus troublée maintenant 
que par le chant monotone de l'arabe de- 
mi-nu et aussi iguorant d’Annibal que de 
St-Louis. 

Plusieurs voyageurs célèbres ont visité les 
ruines de Carthage, et ont cherché à éclair- 
cir les doutes qui s'élèvent sur la situation 
des quartiers et des principaux édifices de 
cette ville. Toutes les recherches n’ont, 
jusqu’à ce jour, que de faibles lumières sur 
ces mystères historiques. Toutefois , il est 
évident que c'est là seulement où se ren- 
contrent des vestiges importants de cette 
cité qui tint si longtemps l'empire des mers 
qu’il faut chercher la Carthage phéni- 
cienne, 

En sortant de la Goutelette, on suit une 
langue de terre ou plulôt une langue de 
sable. On laisse à gauche le lac et en co- 
toyant le rivage, on arrive à la partie qui 
décrit une courbe. Eà sont les premières 
ruines. Elles consistent en murs d’une cham- 
bre voisine de la mer, ils ont 0,65 de hau- 
teur, en quelques endroits. Des blocs de 
pierre noircis par les flots, s'étendent dans 
l’eau à une distance environ de deux cents 
pas. On trouve ensuite plusieurs chambres 
dont les débris prouvent qu’elles étaient 
voûlées. Environ 600 pas plus loin, à l’ex- 
trémité d’une courbe que décrit le rivage, 
on aperçoit quatre pièces de fonte dont 


lune a son orifice obstrué par un boulet, 


elles gissent a terre près d’une colonne de 
marbre rouge, En avant de ces ruines et 
perpendiculairement au rivage, s’avance 
dans la mer une masse de pierres qui a dû 
former une jetée ou la partie droite d’un 
môle. On en retrouve, à 300 pas, la partie 
gauche présentant la même forme. Ces 
deux bras en grande partie hors de l’eau 
sont composés d'énormes pierres ou plutôt 
de masses de roches. En arrière du môle , 
près d’un bassin oblong sont deux colonnes 
de marbre blanc rayé de noir dans leur 


TELE RAX GO EX ER EC 


SUR LES EFFETS 


DE LA FORCE RAPANSITS DE LA POUDRE, 


DANS LES MINES ET LES ARMES À FEU. 


IPAZE FE. FPEAZANET, 


lieutenant - colonel de 


Brochure in-8°. — Paris, 1842. — Librairie militaire de Gauzrien-LacuroNr, rue et 


génie. 


passage Dauphine , 36. 


= 


Paris. — Jmp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


longueur, et à quelques pas plus loi 
trouve une colonne de granit gris de 4 
de longueur sur 0,49 de diamètre. 


delà on rencontre les ruines d’une infinitéek| 


de chambres, des caves voûtées, des cellules. 


Les mêmes vestiges de construction se re: 
trouvent en quittant l’ancien port de Co- 
thon et en redescendant vers-la mer. Les 
murs de séparation de neuf ou dix cellules 
sont encore debout, ils ant de 02,395 à 


Uw,650 d’élévation, Devant chaque cellule 


et à égale distance se trouve un amas de}| 


pierres de forme ronde de 1" à 3 de dia“ 
mètre, base qui sembleraitindiquer la place« 


d’une colonne. À 50 pas au-delà des cellu- 


les se montrent des ruines de massifs mi- 
parte dans l'eau, mi-partie sur le rivage 
ces massifs ont pu autrefois servir de tours 


ou de custodium. Tout prèset sur un ter- 
rain peu élevé on voit desfragmeats nom- 
breux de colonnes des chapitaux disséminés 


çà et là qui semblent appartenir aux ruines 
d’un temple construit sur la limite de la 


ville et du port. Les uns ont voulu que les 
débris fussent ceux d’un temple consacré à 
Neptune ; d’autres, ceux d’une église bâtie 
par les fidèlesenl’honneur de saint Cyprien. 


Cet édifice devait avoir son entrée du côté“ 


du rivage. Il était soutenu par d'énormes 
piliers qui sont encore debout. Dansla par- 
tie du fond, on remarque 4 niches desti- 
nées sans doute à recevoir des statues. L'in- 
térieur du temple est rempli de fûts, de 
colonnes , de chapiteaux coryÿnthiens dans 
un parfait état de conservation. Quelques- 
uns représentent des fleurs et des fruits en- 


trelacés de serpents. Dansun prochain nu-« 


L4 Là . 
méro nous compléteront cette notice par 


quelques détails sur la forteresse Byrza, le“ 


cap Carthage, les citernes, les aquedues 


dont on trouve les débris enfouis dans le” 


sol africain ! et le fort Saint-Louis, auquel 
on à donné, fort im proprement, le nom de 
tombeau. : 

Em mm 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte £4. DE LAVALETTE. 


BIBLIOGRAPHIE. 
TRAITÉ PRATIQUE sur les maladies des or- 
ganes génilo-urinaires ; par le docteur Civiale. — A 


Paris, chez Fortin, Masson, place de l’Ecole-de-Mé- 
decine, À 


MEMOIRE sur la topographie médicale du qua- 
trième arrondissement de Paris ; recherches histo- 
riques et statistiques sur les conditions hygiéniques 
des quartiers qui composent cet arrondissement ; 
par M. le doeteur Henry Fayard. — A Paris, chez 
Baillière, rue de l'Ecole-de-Médecine, 17. 


LIVRET TOPOGRAPHIQUE ; par le capitaine F., 
du 46° de ligne. 


D RE EU RES 


INSTRUMENTS DE CHIRURGIE. 


FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE 
CHIRURGIE EN OR , EN ARGENT, EN ACIER, 


DE CAPRON are, 
rue de l'Ecole-de-Médecine, 10. 


Cette coutellerie, fondée depuis près de trente 
ans , est parvenue, après de grandes recherches, à 
fabriquer des lancettes tellement appréciées, que 
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de /ancettes 
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en 
médecine tiennent à honneur de posséder au moins 
une Jancette Capron. La coutellerie de celle maison 
n'est pas moins renommée que ses lancettes ; elle 
tient aussi un assortiment complet de bandages et 
d'instruments de gomme élastique. 


À 0 RC EE A 


10° anmée. 


CHO 


x SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
ù { CES. Séance du lundi 16 janvier. — SCIENCES 
& # PHYSIQUES. PHYSIQUE. Rapport de 
M. Regnault sur les recherches expérimentales 
sur le mouvement des liquides de M. Poiseuille. 


louse sur acide hypochlorcux, suivi de quelques 
observations sur les mêmes corps considérés à 
l'état amorphe et à l'état cristallisé. —SCIENCES 
NATURELLES. — G'GLOGIE Description 
géologique de la plus grande partie du gouverne- 
ment dé Poltawa: Gottheb de Blode. — Notice 
sur la présence d'empreinte de pas daus le nou- 
veau Grey rouge de la carlière de Symm (Ches- 
kKire); Hawhshaw. — PHRÉNOLOGIE. Des alié- 
nés, des idiots; crâne de Soufflard; type des 
meurtriers ; tête de Laceénaite; un mot sur les 
condamnés au bague; conclusion. — TOXICO- 
LOGIE, Cours de M. Oifila.— Empoisonnement 
par l’acide prussique. — SCIENCES APPLI- 
-QUÉES. Nouveau procédé de fabrication du fer 
au moyen du gaz des hauts fourneaux.—Considé- 
! rations sur les céréales, et principalement sur les 
l | froments; Loiseleur de Longchamps. — SCIEN- 
i CES HISTORIQUES. GEOGRAPHIE. — Sur 
un nouveau projet de canalisation à travers 
ï l'isthme de Panama; Wardau. — FAITS. 


DIE —— — — 
ACADEÈMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 16 janvier 1843. 
| Ue sont trois savants professeurs de la 
. faculté de médecine de Paris qui ont fait 
| aujourd'hui les honneurs de la séance. 
MM. Piorry, Andral et Cruveilhier sout 
venus lire tour à tour des mémoires qui 
n'ont pas cessé un seul instant d intéresser 
ceux qui les écoutaient. Les questions 
qu’ils ont soulevées et résolues avec tant 
de succès sont des questions qui touchent 
à toutes les branches des sciences , qui inté- 
ressent toutes les spécialités; c'était donc 
là ie moyen d’éveiller l'attention de l’Aca- 
démie. — L'Académie, dans cette séance a 
| procédé au vote d’une commission chargée 
d’examiner les mémoires présentés pour 
obtenir le prix d'astronomie fondé par La- 
lande ; elle a aussi voté un candidat pour la 
chaire de physique à l'école de pharmacie 
de Montpellier. M. Cauvy a obtenu les suf- 
frages de la savante assemblée, C’est là tout 
ce qu'il y a eu de plus frappant dans cette 
séance, car nous ne parlons plus de M. de 
Blainville qui a pris la funeste habitude 
| d'ouvrir toujours la séance par des récla- 
| mations sur ses réclamations, et par la lec- 
| 
| 


. ture de sa correspondance avec MM. Flou- 
| rens et Arago. : 

M. Arago communique à l’Académie des 
| remarques sur les diamants présentés par 
M. Lomonosoff. La q'estion fondamentale 

était de savoir si les minéraux présentés 
par M. Loirnonosoff étaient de véritables 
diamants, et pour arriver à sa solution il 
fallait déterminer l'angie de polarisation. 
— On sait Que pour les diamants l’angle 
de polarisation maximum est de 24, — 
Or, M Arago et les autres commissaires ont 


— CHIMIE, Analyse d’un Mémoire de M. Pe- 


Paris. — Jeudi, 19 Famnvier 1843. 
ne 


NC 


obtenu un angle qui approchait beaucoup 
du 24. — Quand la face sur laquelle on 
opère n’est pas bien polie, la polarisation 
n’est point complète. —- M. Arago montre 
ensuite à l’Académie un diamant de Boruëo 
dont la disposition curieuse ferait croire 
qu'il est enchâssé dans un bouton; il an- 
nonce aussi que parmi Îles minéraux qu’il 
a examinés s’en trouve un plus dur que le 
diamant, et qui l'use. Ce corps est noir Le 
savaut secrétaire perpétuel croit se rappeler 
qu'il existe un oxyde plus dur que le 
diamant. 

MM. Mirbel et Payen ont déposé sur le 
burean de l’Académie, le 12 septembre 
1842, un paquet cacheté. M. Arago en a 
aujourd’hui donné la lecture. 

La matière globulo-cellulaire, disent 
MM. M:rbel et Payen, qui précède lappa- 


rition des cellules et que l'on retrouve 


constamment partout où le végétal est en 
voie de croissance, le cambium en un 
mot, contient toujours des corps analogues 
par leur composition élémentaire à celle 
qui constitue la matière animale, et, par 
conséquent, ils sont azotés. Ces corps sont 
en présence de principes immédiats non 
azotés qui se composent chimiquement de 
carbone et d’eau ; tels sont la dextrine, la 
gomme, l’amidon, le sucre, la glucose, la 
inannite. etc. 

Au moment où la végétation se mani- 
feste par le développement des cellules, 
apparaît la cellulose, nouveau principe im- 
médiat formé de carbone et d’eau, de même 
que les précédents, et que l’on peut consi- 
dérer comme le prodait d’une azgrégation 
de ceux-ci ou de leurs transformations. 
La cellulose augmente en volume par la 
superposition de nouvelles couches toutes 
semblables entre elles par leur composi- 
tion chimique et quelquefois aussi par 
adjonction de principes immédiats, tels 
que ceux qui constituent les parties ligneu- 
ses ou le bois. 

L'épaississement des parois des cellules 
et le départ des substanres azotées, expli- 
quent bien comment le cœur, dans un 
chène séculaire, contient à peine quelques 
millièmes d’azote, tandis que tous les jeu- 
nes organismes tels que les spongioles, les 
bourgeons, les ovules naissants en renfer- 
ment plusieurs centièmes, c’est-à-dire de 
10 à 20 fois plus. 

Dans quelques espèces de plantes, cer- 
taines partie de l’organisme éprouvent de 
brusques modifications, témoin le tissu 
cellulaire du perisperme du dattier et de 
beaucoup de palmiers. La production su- 
bite et inattendue d’une quantité considé- 
rable de cellulose donne immédiatement 
aux parois des cellules une épaisseur énor- 
me, et ce qui n’est pas moins remarquable, 
c'est que ces parois, closes d’abord, se cri- 
blent de pertuis canaliculés qui contien- 


L'EcHo pu MONDE SAVANT paraît le FEUIDK etle BIMABRYOEHHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 
- PETITS-AUGUSTINS, 2{, et dans les “départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un an 
25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 (r., {6 fr., 8 {r. 50. Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour GINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 
10 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte À D&8 LAYAËEETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M, C.-B. FRAYSSE, gérant. 


+ 


Ne 5. 


NDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


:,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue de 


nent, ainsi que la cavité centrale, une 
quantité considérable de matière azotée. 

On observe des parois et pertuis sem- 
blables à lPépoque de Îa rapide formation 
du ligneux dans les noyaux ou pépins des 
fruits de l’amandier, du pêcher, du noyer, 
de la vigne , etc., et dans les concrétions 
éparses des poires. Ces concrétions ne sont 
physio'ogiquement parlant, jue des noyaux 
imparfaits. 

De nombreux pertuis s'ouvrent aussi 
dans les cellules des nervures des feuilles, 
et il est probable qu'à la faveur de ces 
voies, les substances azotées se répandent 
dans les nervures et le parenchyme du 
limbe. 

Durant le cours des dévelo :pements des 
feuilles et quelquefois aussi des tiges et des 
racines, dans des cellules spéciales qui con- 
tiennent des masses de matière azotée, il 
s'opère des sécrétions de diverses natures 
et surtout de substances minérales en gé- 
néra] cristallisées. On constate aussi la pré- 
sence de dépôts inorganiques à la surface 
des chara-hispida, chara-vulgaris, etc. 1 

Après avoir posé ces faits, les auteu 
du mémoire établissent que le cambiufit 
est doué de la propriété de sécréter la c 
lulose, matière d’abord extensible, ma 
qui finit par devenir concrète et inerte: 
Toutes les parties solides du végétal. à com- 
mencer par les cellules naissantes jusqu'aux 
vaissaux exclusivement, sont formées de 
cellulo e; mais à mesure que ces organis- 
mes vieillissent, le cambium diminue. 

MM. Payen et Mirbel passent ensuite 
aux propriétés qui caractérisent la cellu- 
lose et le cambium. La cellulose tend à 
devenir concrète et inerte; le cambium 
reste toujours liquide. Ces propriétés leur 
permettent d'établir des analogies entre les 
deux grandes classes des êtres organisés. 
Dans un grand nombre d'animaux, le car - 
bonate de chaux, matière de composition 
simple, qui constitue la majeure partie de 
leur enveloppe, et entre dans la composi- 
tion de leur squelette, ne rappelle-t-il pas 
jusqu’à un certain point le rôle que joue la 
cellulose dans les végétaux? Le cambiam, 
cette matière molle, active, puissante qui 
accroît le végétal et y entretient la vie, ne 
corresponudil pas à ces appareils organi- 
ques, infiniment plus parfaits sans doute, 
mais qui toutefois remplissent des fonctions 
semblables dans les animaux. 

MM. Danger et Flandin ont envoyé à 
l'Académie une seconde note, à propos de 
la communication faite par M. de Gasparin. 
— Ces chimistes ont expérimenté avec soin, 
et de leurs expériences il résulte : 1° que 
l’emploi empirique de l’acide arsénieux à 
haute dose sur les bêtes ovines n’est pas 
sans danger pour la vie de ces animaux, et 
qu'avant d'introduire dans la médecine vé- 
térinatre ce contre-s imulant nouveau, °n 


100 


devra l’étudier avec soin et rechercher 
avant tout, s’il ne peut pas être remplacé 
par toute autre substance moins nuisible de 
sa nature. — 2% Que, dans l'intérêt bien 
entendu de la santé publique , il n’est pas 
aussi dangereux qu'on avait pu le supposer 
d’abord de livrer à la consommation la 
chair d'animaux qui auraient pris, quelque 
temps auparavant des doses considérables 
d'acide arsénieux; d’une part, parce que 
les animaux qui ont absorbé les plus faibles 
proportions d’arseuie sont infailliblement 
malades; de l’autre, parce qu’ils ne peu- 
vent guérir sans éliminer jusqu'aux der- 
niers vestiges du poison qui a été transporté 
par absorption dans leurs organes. 

M. Coriolis a lu à l'Académie un Mémoire 
de M. Colladon sur la mesure des machines 
marines et sur la résistance des coques des 
bateaux à vapeur. 

M. Piorry, professeur de pathologie in- 
terne à la Faculté de médecine de Paris, a 
lu à l'Académie un Mémoire d'un grand 
intérêt intitulé : Recherches sur les maladies 
de la rate, sur les fièvres intermittentes et 
sur le traitement des unes et des autres. 

M. Piorry établit d'abord cette loi géné- 
rale que tout symptôme ou toute collection 
de phénomènes maladifs est la conséquence 
d'un état organique. — Les fièvres inter- 
mittentes ont pendant longtemps semblé 
faire exception à cette loi générale, mais 
M. Piorry est venu prouver qu’elles s’y rat- 
lachaient parfaitement.—Il a vu que. dans 
les fièvres, la rate est presque toujours 
augmentée de volume ou altérée dans sa 
texture ou devenue douloureuse ; mais son 
grand mérite est d’avoir établi que les fiè- 
vres intermittentes sont le résultat des al- 
térations de la rate. 

M. Piorry, avant de faire connaître ses 
propres observations, rappelle celles qui ont 
été faites avant lessiennes. Ces travaux sont 
ceux d'Audouant de Bally et de quelques 
autres médecins, mais ils sont incomplets 
et laissaient un grand vide daus la science. 
M. Piorry est venu remplir cette la- 
cune. 

Les diverses fièvres d'accès, fièvres quo- 
tidiennes, tierces, etc., sont toutes de 
même nature, et la’ lésion de la rate qui 
co-existe avec elles, est identique dans ces 
affections diverses en apparence. À Paris 
comme ailleurs, les influences maréca- 
geuses sont les causes les plus fréquentes 
des fièvres d'accès. Dans les fièvres d’accès, 
on ne prouve ni dans les organes de la cir- 
culation ou de la respiration, ni daus ceux 
de la digestion ou de la sécrétion biliaire 
des lésions ou des symptômes auxquels on 
puisse rapporter le point de départ de ces 
fièvres. Ce mémoire établit que certaines 
affections fébriles'intermittentes maïs assez 
irrégulières, [peuvent bien avoir pour points 
de départ éloignés des souffrances de l’uté- 
rus ou des ovaires, mais ce n’est pas 
d’une manière directe que cela a lieu. Les 
faits paraissent démontrer que les accès 
fébriles sont des affections nerveuses dont 
les points de départ existent dans les par- 
ties des nerfs rachidiens et ganglionnaires 
qui correspondent à la rate et que les lé- 
sions les plus variées de cet organe peuvent 
donner naissance à des phénomènes ner- 
veux. 

Le traitement est en rapport avec ces 
faits , car le sulfate de quinine , qui opère 
la diminution de volame de la rate, arrête 
les mouvements fébriles. On l’emploie à la 
dose de 2 ou 3 grammes. — Le sulfate de 
quinine rendu soluble par laddition de 


101 P 


quantités minimes d’acide sulfurique , ou 
l’acétate ou le citrate de quinine solubles 
agissent plus promptement à cause de 
leur solubilité ; il suffit de les employer à 
la dose de 50 centigrammes. Portées dans 
l’extrémité'inférieure de l'intestin ces sub- 
stances agissent d’une manière plus rapide 
encore. 

D'après les expériences de M. Piorry 


pour guérir les hypertrophies de la rate et‘ 


les fièvres intermittentes anciennes il suffit 
de porter un petit nombre de fois dans le 
rectum ou même dans la bouche, sans que 
ce médicament soit avalé, 50 centigrammes 


d'un sel soluble de quinine. — Tout autre 
traitement est inutite dans les cas ordinai- 
res. — M. Piorry termine son mémoire 


par quelques considérations sur l'emploi du 
sulfate de quinine dans des cas d'épilepsie, 
d'hystérie, de manie, d’angine de poitrine, 
de névralgie , etc., etc., et par l'examen 
des résultats de son travail, par rapport à 
la physiologie , à la pathologie, à la sthé- 
rapeutique et à l’économie sociale. 

Nous avons écouté avec le plus grand 
intérêt un mémoire de MM. Andral et 
Gavarret intitulé : Recherches sur la quan- 
tité d’acide carbonique exhalé par le pou- 
mon dans l'espèce humaine. 

Ces savants indiquent d’abord Îles pro - 
cédés qu’ils ont employé pour recueillir et 
analyser le gaz de l'expiration, puis ils pas- 
sent à l'influence de l’âge du sexe. etc., etc., 
sur l’exhalation de l'acide carbonique par 
le poumon. Les auteurs du mémoire ont 
résumé leurs observations d’une manière 
claire et précise, nous exposerons ce résu- 
mé qui donnera une ample idée de leur 
travail. 

4° La quantité d’acide carbonique ex- 
halé par le poumon dans un temps donné, 
varie en raison de l’âge, du sexe, et de la 
constitution des sujets. 

2° Chez l'homme comme chez la femme, 
cette quantité se modifie suivant les âges 
et cela indépendamment du poids des indi- 
vidus mis en expérience. 

3° Dans toutes les périodes de leur vie, 
comprises entre huit ans et la vieillesse la 
plus avancée, l’homme et la femme se dis- 
tinguent par la différence de quantité d’a- 
cide carbonique qui est exhalée par leurs 
poumons dans un temps donné. Toutes 
choses étant égales d’ailleurs, l’homme en 
exhale une quantité plus eonsidérable que 
la femme. Cette différence est surtout très- 
marquée entre seize et quarante ans, 
époque pendant laquelle l’homme fournit 
généralement par le poumon presque deux 
fois autant d'acide carbonique que la 
femme. 

4 Chez l'homme, la quantité d'acide 
carbonique exhalé va sans cesse croissant 
de huit à trente ans, et cet accroissement 
continu devient subitement très-grand à 
l’époque de la puberté. À partir de trente 
ans, l’exhalation d'acide carbonique com- 
mence à décroitre, et ce décroissement a 
lieu par degrés d’autant plus marqués que 
l'homme s'approche d'avantage de l’ex- 
trème vieillesse, à tel point qu’à la dernière 
limite de la vie, l’exhalation d’acide carbo- 
nique par le poumon peut redevenir ce 
qu’elle était vers l'âge de dix ans. 

5° Chez la femme l’exhalation de l'acide 
carbonique augmente suivant les mêmes 
lois que chez l'homme pendant toute la 
durée de la seconde enfance. Mais au mo- 
ment de la puberté, en même temps que 
la menstruation apparaît, cette exhalation, 
contrairement à cequiarrive chez l’homme, 


:et reste stationnaire (à peu près ce qu’elle 


102 


s'arrête tout à coup dans son accroissement 


était dans l'enfance), tant que les époques 
menstruelles se conservent dans leur état | 
d’intégrité. Au moment de la suppression} 
des règles, l’exhalation de l'acide carbo- 
nique par le pormon augmente tout à 
coup d'une manière notable; puis elle dé- 
croît, comme chez l’homme, à mesure 
que la femme avance vers l’extrême vieil- 
lesse. 

6o Pendant toute la durée de la grossesse, 
l’exhalation de l'acide carbonique s'élève 
momentanément au chiffre fourni par les 
femmes parvenues à l'époque de retour. 

7° Dans les deux sexes et à tous les âges, 
la quantité d'acide carbonique exhalé par 
le poumon est d'autant plus grande que la 
constitution est plus forte et-le système 
musculaire plus développé. 


Dee 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 

Suite du rapport de M. Regnaull sur les re- 
cherches expérimentales sur le mouvement 
des liquides de M. Poiseuille. 

M. Poiseuille a exposé les résultats de ses 
expériences dans quatre chapitres distincts. 

Dans le premier, il s'occupe à déterminer 
l'influence de la pression sur la quantité de 
liquide qui traverse dans le même temps 
des tubes de très-petit diamètre. A cet ef- 
fet, il détermine le temps que met à se 
vider la même ampoule munie du même 
tube capillaire, lorsque le liquide intérieur 
est soumis à des pres-ions différentes. Ces 
pressions étaient déterminées au moyen 
d’un manomètre à eau lorsqu'elles étaient 
inférieures à celle qui aurait été produite 
par une colonne de mercure de 150 milli- 
mètres. Les pressions plus considérables, 
s'étendant jusqu’à une atmosphère ; étaient 
mesurées sur un manomèlre à mercure. 
Enfin quelques expériences ont pu être 
faites sous des pressions beaucoup plus con- 
sidérables qui se sont élevées jusqu’à 8 at- 
mosphères, au moyen d’un manomètre à 
mercure, à air libre, appartenant à M. Col- 
lardeau. 

M. Poiseuille a reconnu ainsi que, pour 
le même tube, les quantités d’eau écoulées 
dansle même tempsétaient proportionnelles 
aux pressions. 

Il s'agissait de savoir si cette loi était gé- 
nérale et se présentait sur les tubes étroits, 
quels que fussent leurs diamètres et leurs 
longueurs. 

Pour déterminer l'influence de la lon- 
gueur, M. Poiseuille détachait successive- 
ment des portions du tube qui avait servi à 
la première série d’expériences, et il entre- 
prenait une nouvelle série d'expériences 
sur le tube raccourci Il a reconnu qu'il 
existait pour chaque tubeune limite de lon- 
gueur au dessous de laquelle la loi des pres- 
sions n'avait plus lieu : la valeur de cette 
limite est variable suivant le diamètre du 
tube. 

Les résultats des expériences de M. Poi 
seuille s'accordent d’une manière parfaite 
avec les nombres calculés d’après la loi. 

Nous avons dit que la loi des pressions 
n'existait plus au-dessous d'une certaine 
longueur du tube, qui est variable suivant 
son diamètre. Un tube de 0"",029 de dia- 
mètre a satisfait à la loi, lors même qu'il 
n'avait que 2"",10 de longueur; tandis 
qu'un tube de 0,65, qui avait montré la 
loi des pressions pour une longueur de 
384 millimètres, ne l’a plus présentée 


IN {103 


en 
el 


0e 


‘quand il a été réduit à une longueur de 
2200 millimètres. 

Lorsque la longueur du tube se trouve 
sau-dessous de la limite, la vitesse de l’é- 
‘coulement augmente plus rapidement que 
Ja pression. : 2 

Dans le second chapitre de son Mé- 
1moire, M. Poiseuille étudie l’influence de 
la longueur du tube. 

Cette détermination présente une diffi- 
.… teulté particulière, qui tient à ce que les 
. {tubes n'étant jamais parfaitement cylindri- 
1 | ques, lorsqu'on les raccourcit, on ne 
* {change pas seulement leur longueur, mais 
| on change aussi, d'une manière sensible, 
leur diamètre à l’orifice de sortie. M. Poi- 
” &seuille a eu soin de déterminer à la chambre 
* {claire adaptée au microscope d’Amici, les 
diamètres des tubes à chaque nouvelle sec- 
| tion, et il a pu ainsi faire la petite correc- 
. tion due à la variation du diamètre, en 
| admettant la loi suivant laquelle varie l’é- 
| coulement du liquide avec le diamètre du 
:tube, loi que nous énoncerons tout à 
l'heure. 
Les expériences montrent que les femps 
Lemployés pour l'écoulement d’une même 


| 


104 


l'influence du diamètre sur la quantité de 
liquide qui s'écoule par les tubes très-étroits. 

S'il est rare de trouver des tubes parfai- 
tement cylindriques, il ne l'est pas moins 
d'en rencontrer dont les sections soient 
parfaitement circulaires : en général celles- 
ci sont ovales. On a choisi les tubes dont les 
sections s’approchaient le plus d'être circu- 


| laires, et l’on à déterminé à la chambre 


claire les longueurs des diamètres maxi- 
mum et minimum. La moyenne géomé- 
trique de ces deux détermivations a été 
prise pour le diamètre de la section sup- 
posée circulaire. 

Toutes les expériences ont été faites sur 
des tubes ayant des longueurs assez grandes 
pour que les deux premières lois se trou- 
vent satisfaites; par conséquent elles ont 
été exécutées sur des tubes de longueurs 
très- diverses. Mais, en partant de la loi 
des longueurs établie par les expériences 
du second chapitre, on calculait les pro- 
duits de l'écoulement pour avoir une même 
longueur des tubes, celle de 25 millimètres. 

La pression constante adoptée est celle 
de 775 millimètres de mercure, et la tem- 
pérature de 10 degrés. 


$ { quantité de liquide, à la même température, M. Poiseuille dédait de ses expériences 
W {sous La même pression et à travers des tubes | cette loi: 
{de méme diamètre, sont proportionnels à la Lesproduits de l’écoulement, toutes choses 
à longueur des tubes. égales d'ailleurs, sont entre eux comme les 
1 Cette loi, de même que la loi des pres- | quatrièmes puissances des diamètres. 
# {sions, ne commence à se manifester qu’à On peut voir, par le tableau suivant, 
* {partir d’une certaine longueur, qui paraît extrait du Mémoire de M. Poiseuille, jus- 
” { être la même pour les deux lois. qu’à quel point les résultats de l'expérience 
il | Le chapitre II est consacré à l'étude de | satisfont à cette loi. 
#5 ( 
2 4 Noms des tubes. Diamètres moyens. ;Produits en millimètres cubes 
nl À écoulés en 500”. 
(0 | mm. mil. cub 
. À M 0,013949 1,4548 
| E 0,029380 28,8260 
b D 0,043738 14,5002 
" C 0,085492 2067,3912 
* Be 0,113400 6598,29 33 
D | A 0,141600 15532,8451 
D | F 0,682170 6995870,2463 
F | . « s 
IN Si l’on compare ces produits deux à deux, on voit qu'ils suivent très exacte- 
: 4 ment la loi énoncée. Si nous comparons en effet le produit du tube M au produit du 
tube E, nous avons : 
D (0,02938)4 : (0,04 3949) :: 28,826 : & — 1,4630 au lieu de 1,4648 
| De même le produit de E comparé à D est 28,808 au lieu de 28,826 
‘4 C 141,63 141,500 
| C B 2066,93 2067,391 
| B A 6289,24 6398,293 
{ A F 15547,10 15332,865 


. On obtient des résultats aussi satisfaisants 
en comparant les produits dans un autre 
| ordre. a 
Ïl est facile maintenant d'établir une for- 
| mule qui donne le produit de l'écoulement 
| dans l’unité de temps, de l’eau prise à la 
même température, à travers des tubes 
capillaires de diamètres et de longueurs 
différentes , et sous des pressions diverses, 
la longueur du tube se trouvant toutefois 
| au delà de la limite au-dessous de laquelle 
les lois précédentes cessent d’avoir lieu. 
Soient Q le produit de l'écoulement, H la 
pression en millimètres de mercure à 0, 
: D le diamètre du tube et L sa longueur, 
on a évidemment , d’après ce qui précède, 


HD‘ 
Q on 


a 


k étant un coefficient constant , dépendant 
de la température. 

La valeur de ce coefficient pour la tem- 
pérature de 100 peut être déterminée au 


moyen des données du tableau précédent. 


QL 


La formule À — © donne alors : 
HD4 
Pour le tube M k — 2495,5 
| DRE 2496,0 
D 2494 ,4 
C 2496,8 
B 296,2 
A 2499,7 
F 2495,0 
Moyenne. — 2495,22 
Ainsi l’on a pour la température de 10° 
et pour une seconde de temps : 


HD! 
Q— 2495,22 
H est ici la pression exprimée en colonne 
de mercure ; si l’on veut exprimer la pres- 
sion en colonne d’eau H', on a 


H—13,577.H d'où h — 4 
13,577 
ED 
Q = 249599 1577 443 93 MD 


105 


Si V désigne la vitesse moyenne de l’eau 
dans le tube, on a 


Q=— TD: y. ou ue Val HD}, 
4 4 L 
d'où V se 26 HD 
T L - 
DD D - — 
CHIMIE 


Analyse d’un mémoire de M. Pelouze sur l'acide 

* hypochloreux, suivie de quelques observa - 
lions sur les mêmes corps considérés à l'élat 
amorphe el à l’élal cristallisé. 

L’oxide rouge de mercure préparé, en 
décomposant par un excès de potasse, le 
nitrate ou le bi-chlorure de mercure, lavé 
et séché à la température ordinaire, projeté 
dans un flacon complétement rempli de 
chlore sec, donne lieu à un vif dégagement 
de chaleur et de lamière. De nombreux 
cristaux de bi-chlorure de mercure rem- 
plissent la capacité du flacon, la couleur du 
chlore disparaît; une couleur d’un jaune 
orangé se manifeste ; si on ouvre dans l’eau 
le vase refroidi , elle s’y précipite et en oc- 
cipe la plus grande partie ; mais on observe 
constamment un résidu insoluble qui con- 
siste en oxigene libre. Sionagit à ure basse 
température, il n’y a plus ni lumière ni 
forte élévation de température, et la presque 
totalité du chlore se change en acide hyÿpo- 
chloreux. La proportion d’oxigène éliminé 
est faible ou nulle. 

Si l’on fait arriver avec rapidité du 
chlore sur de l’oxide de mercure, on 
rentre dansla première expérience ; agit-on 
lentement, on obtient de l'acide hypo- 
chloreux. — Quand le tube est entouré de 
glace, quelque prompt que soit le courant, 
il se forme de l’acide hypo-chloreux. — 
Après un certain laps de temps, l’oxide de 
mercure encore incomplétement décom- 
posé et dont la température s’est considé- 
rablement élevée par son contact avec un 
courant rapide de chlore acquiert la pro- 
priété de donner de l'acide hypo-chloreux 
presque pur par l'action subséquente avec 
ce même gaz. 

Ce résultat suggéra à M. Pelouze, l'idée 
d'employer immédiatement à la prépara- 
tion de l'acide hypo-chloreux l’oxide rouge 
de mercure obtenu par précipitation et 
calciné à une température de 3 à 400 — 
Après avoir signalé le procédé de M. Ba- 
lard et celui de M. Gay-Lussac pour pré- 
parer l'acide hypo-chloreux, M. Pelouze en 
propose un nouveau. — Ce procédé est 
ainsi décrit par M. Pelouze : « On fait 
passer bulle à bulle du chlore dans un fla- 
con d’eau de lavage et de là dans deux 
tabes, dont le premier est rempli de chlo- 
rure de calcium pour dessécher, et l’autre, 
de bi-oxide de mercure précipité et calciné 
jusqu’à une température: voisine de celle à 
laquelle il se décompose.— Ce dernier tube 
est soudé à un autre d’un décimètre plus 
étroit, dont l’extrémité plonge dans le fla- 
con que l’on veut remplir d'acide hypo- 
chloreux. L'air en est bientôt expulsé par 
ce dernier gaz. » 

M. Pelouze, sous la press'on ordinaire a 
liquéfié l'acide hypo-chloreux par un froid 
de 20° ; sa couleur est celle du sang arté- 
riel, Son odeur analogue à celle du chlore 
et de l’iode est très pénétrante ; il bout à 
19 et 20° La couleur de la vapeur est d’un 
jaune-rougeâtre qu'on ne confondra point 
avec celle du chlore : elle provoque la 
toux, des crachements de sang; elle agirait 
comme poison 


106 


L'acide hypo-chloreux liquide est plus 
dense que l’eau où il se dissout peu à peu 
en lui communiquant une couleur d’un 
jaune-orange. 

L'arsenie, le phosphore et le potassium 
brülent avec flamme, el souvent avec une 
vio'ente explosion quand on les projette 
dans l'acide hypo-chloreux liquide ou 
gazeux. 

L'antimoine en poudre agit de même, 
mais on peut distiller à 20° l'acide hypo- 
chloreux liquide sur de l’antimoine en pe- 
tits fragments, sans que rien ne se produise. 

Cette action de l’antimoine en poudre est 
analogue à celle du platine en mousse sur 
un mélange d'hydrogène et d'oxygène. — 
L’acide hypo-chloreux détone sous l'in- 
fluence d’une légère chaleur ; des vibra- 
tions communiquées à un tube où se trou- 
vent quelques gouttes d'acide hypo-chlo- 
reux suffisent pour le faire détoner même 
à —20». 

L'eau dans laquelle on reçoit le gaz acide 
hyÿpo-chloreux ne se colore que lentement ; 
cette dissolution agitée avec le bi-oxyde de 
mercure ne se décolore pas. 

M. Pelouze énonce ensuite quelques expé- 
riences moins Curieuses, que nous ne rap- 
porterons pas. 

Les solutions concentrées d’acide hypo- 
chloreux, soumises à l’action d’une douce 
chaleur, laissent dégager un gaz coloré en 
jaune-rougeûtre. 

M1. Pelouze explique tous ces faits en di- 
sant que l'acide hypo-chloreux est un gaz 
coloré en jaune-rougeûtre, qui forme avec 
l'eau un hydrate d’une couleur jaune, mais 
légèrement foncée, lorsque la dissolution 
est peu chargée. Ainsi se trouve combattue 
l'opinion de M. Gay-Lussac, qui croyait ce 
gaz incolore, parce qu’il avait opéré sur 


des dissolutions peu concentrées. — L'eau : 


dissout à peu près deux cents fois son vo- 
lume d'acide hypo-chloreux. La densité de 
ce gaz est de 2,977. 

La dissolution d'acide hÿpo-chloreux est 
d’un jaune semblable à celui du chlorure 
d’or; son odeur est pénétrante; elle agit 
aveu une grande causticité sur la peau; 
une vive douleur, une plaie se produisent, 
et cette plaie se cicatrise difficilement. 

Cette dissolution fait passer subitement 
le sulfure de plomb à l’état de sulfate. -— On 
peut mettre à profit cette propriété vour 
blanchir des boiseries et à la surface des- 
quelles la céruse aurait été noircie par des 
émanations sulfureuses. 

La dissolution aqueuse d'acide hypo- 
chloreux produit dans les sels de protoxide 
de manganèse un précipité noir velouté 
d’hydrate de peroxyde de manganèse pur ; 
dans les sels de plomb elle forme un pré- 
cipité d’oxide pur. On peut donc ainsi 
obtenir ces deux oxides. 

L’acide hypo:chloreux peut être comparé 
à l’eau oxygénée, si l’on examine la facilité 
avec laquelle ses éléments se dissocient. — 
Aivsi le chlorure d'argent, l'acide chlorhy- 
drique décomposent cette dissolution. Par 
le dernier de ces moyens, on peut obtenir 

facilement de l’hydrate de chlore. 

Si l’on employait au lieu d’oxide de mer- 
cure préparé par la voie humide de l’oxide 
préparé par la voie sèche à l’aide de la 
calcination du nitrate, ou à l’aide de l’oxi- 
dation directe du mercure, oxide qui est 
cristallisé, on arriverait à des résultats diffé 
rents.Soumis à l’action du chlore, cet oxide 
cristallisé ne produit ni chaleur ni éléva 
tion de température, il se produit peu 
d'acide hypo-chloreux. Si l’on triture cet 


107 


oxide, on obtiendra un peu plus d'acide 
hypo-chlorcux : ces différences cessent 
d'avoir lieu en présence de l’eau. 

M. Pelouze conclut de ces faits, que 
l’'oxide amorphe est seul susceptible d’être 
décomposé par le chlore à la température 
ordinaire, et que l’oxide cristallisé résiste 
dans les mêmes circonstances. — 1} appuie 
son opiuion en considérant l’action du 
chlore sur le sulfate tribasique de mercure. 
L'auteur du Mémoire passe ensuite ea 
revue quelques objections qui pourraient 
être faites à son opinion; puis il examine 
si l’oxide amorphe et l'oxide cristallisé se 
comportent de la même manière sous l'in- 
fluence de la chaleur.— Il voit que l’oxide 
amorphe se décompose avant l’oxide eris- 
tallise. — Plusieurs autres faits semblables 
ont été observés par M. Pelouze, et il en 
conclut généra'ement que toujours le com- 
posé amorphe se décompose avant le 
composé cristallisé. 


D Ep — 
SCIENCES NATURELLES. 
GÉCEIOGIE. 


Descriplion géologique de la plus grande par- 
tie du gouvernement de Poliawa ; par M. Gott- 
lieb de Blode. 


J'ai fait mes observations depuis le gou- 
vernement de Knosk, par Krakow, Pol- 
tawa, jusqu'à Krementschug. 

Près du Dnieper, on trouve du gneiss 
qui ressemble à celui de Freiberg, mais 
renferme beaucoup de granit. À quatorze 
werstes plus au nord, le gneiss forme des 
collines. 

On a toujours pensé qu'on trouverait 
de la houiile dans le sud de la Russie; or, 
je n’en ai vu aucune trace. Le gneiss s’é- 
tend jusqu’à Keleberda; et à la base du 
rocher sur lequel est située cette petite 
ville, on aperçoit encore, sur les bords 
granitiques du Dnieper, des traces de l’ac- 
tion destructive des eaux. 

Ces roches sont bientôt remplacées par 
des couches diluviennes, et en s’éloignant 
des bords du Dnieper, on ne trouve que du 
gypse, de l'argile et du sable diluviens. 
L’étendue des couches diluviennes est fort 
remarquable. L’argile la plus ancienne est 
marneuse est quelquefois remplie de con- 
crétions calcaires; d’un autre côté, le sable 
le plus ancien est le plus cristallin. 

Sur une étendue de 20 à 40 werstes à 
l’ouest du gouvernement de Krakow et au 
sud du gouvernement de Poltawa, j'ai 
trouvé huit dépôts de grès : ils sont entou- 
rés de masses diluviennes. Les dépôts dilu- 
viens sableux résultent vraisemblablement 
de la destruction de ce grès. Quant à l’é- 
poque de la formation du grès, je ne pour- 
rais me prononcer, les fossiles qu'on y 
trouve étant en très-petit nombre et n’of- 
frant que des restes de plantes qui ressem- 
blent aux Calamites. 

Je crois que cette formation de grès est 
trés-étendue vers le sud de la Russie, mais 
qu'elle ne traverse pas le Dnieper. 

(Extrait du Meues Jahrbuch, etc., n° 2 
de 1842). 


Notice sur la présence d'empreintes de pas dans 
le nouveau grès rouge de la carrière de 
Lymm (Cheshire); par M. Hawkshaw. 
La-carrière ou l’on rencontre ces em- 

preintes est située à une petite distance à 

LE. de Lymm ; les couches plongent géné- 

ralement vers le S.-S.-0., sous un angle 

d'environ 5°. On y voit des grès rouges et 


108 


gris en lits de quelques pouces d'épaisseur, 


alternant avec des marnes grises et des. 
schistes lamellaires ; la roche sur laquelle 


ces couches reposent est un grès d’une 
puissance considérable et très-souillé d’o- 
xydle de fer. Les empreintes varient en 
longueur, depuis un demi-pouce jusqu’à 
un pouce et quart sur quelques surfaces 
impressionnées; sur d’autres, elles ont trois 
ou quatre pouces; sur une plaque de grès 
d'un rouge foncé, une empreinte n’avait 
pas moins de 10 pouces de long et présen- 
tait une forme particulière, comme si Je 
pied qu’elle retraçait eût eu des griffes ; 
sur une plaque de 20 pouces de diamètre 
on comptait deux impressions , l'une petite 
précédant une autre plus grande qui avait 
9 pouces et demi de long ; enfin un autre 
pas avait 7 pouces et demi. Les deux der- 
nières empreintes étaient couvertes de pe- 
ttes grapilles , 100 environ par pouce car- 
ré dans le plus grand échantillon, eten- 
virou 220 dans le plus petit. Leur appa- 
rence bien distincte et leur distribution 
semblent , à M. Hawkshaw, assurer que 
l'animal qui les a laissées, portait une 
peau rude. 
(Annales des Sciences géologiques). 


PHRENOLOGIE. 


Des aliénés, des idiots, crâne de Soufflard, 
types de meurtriers, téle de Lacenaire, un 
mot sur les condamnés au bagne. conclusion: 


(Troisième et dernier article.) 


Nous voici arrivés aux aliénés ; la phré- 
nologie qui s’applique à l’étude de l’homme 
sain, peut être aussi vraie lorsqu'on la 
consulte pour des têtes d’aliénés ; mais 
pour ceia, il faut s'adresser à des aliénés 
affectés de monomanie, sans mélange de 
manie ou de démence; si l’on parcourt les 
travaux des phrénologistes sur ce point on 
est étouné de la précision de feurs recher- 
ches. 


& 


Voici entr’autres exemples, la tête d’une 
femme essentiellement monomane , et qui 
a succombé à une maladie accidentelle ; 
comme elle avait habitée fort longtemps en 
qualité de pensionnaire, l'établissement 
modèle de M. Belhomme, ce professeur 


voulut savoir si les phrénologistes lui dési- 


gneraient à priori, qu’elle était sa mono- 
manie ; le rapport qui fut fait à la société 
phrénologique fut parfaitement confirmatif 
de ses observations. 

Cette femme avait eu tout le temps de sa 
folie des idées de grandeur. Elle se croyait 
dame d'atours de la reine, son frère avait 
des dignités, toute sa famille était haute- 
ment placée à la cour, et aussi le type de 


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109 


l’orgueil est-il fortement accentué sur sa 
tête ; et les facultés intellectuelles ne man- 
iquent pas d’une certaine étendue. 


| Les idiots ont en général des déforma- 
| tions crâniennes plus ou moins saillantes, 
| voyez cette tête d’idiot (1) et parcourez la 
ithèse que M. Belhomme a soutenue en 
1824, et vous pourrez vous convaincre que 
sur cent individus affectés d’idiotisme qua - 
tre- vingt dix présentent des déformations 
plus ou moins saillartes. 

Arrivons au crâne de Soufflard ; ce crâne, 
pe fut-il pas celui de Soufflard, est la re- 
présentation d’un homme purementinstinc- 
tif, fort peu intelligent et nul pour les 


| sentiments. 


Voici le plâtre de ce crâne tel qu'il a été 
| coulé dans le cabinet de M. le professeur 


Cruveilhier. 


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à MA j 
| KL 7 ui { 


| On apperçoit en À un développement 
enorme des lobes moyens du cerveau, ct 
M. le professeur Bouillaud qui a assisté à 
l’autopsie de Soufflard a éét frappé de la lar- 
geur de la base du crâne. 


Crâne d’un condamné à mort qui n’a pas 


(1) Cette tête a déjà été donnée par erreur, dans 
le premier article’; c'est lici que se trouve sa vérita- 
ble place. 


110 


été exécuté; remarquez comme la forme 
de la boîte osseuse est étroite ea avant et 
large en arrière. 


Crâne d’un autre condamné à mort qui 
a été exécuté à Troyes, et qui possède aussi 
le vrai type du meurtrier. 

Certainement avec une telle organisation 
il est fort difficile de ne pas se laisser entrai- 
ner à ses penchants destructeurs ; la bien- 
veillance, la vénération, tous les sentiments 
moraux se trouvant presque à l’état rudi- 
mentaire, leur influence est donc nulle. 
Les facultés intellectuelles ne se trouvant 
guère plus développées que chez la brute, 
les raisonnements de la conscience éloigne- 
ront difficilement les mauvaises pensées ; 
cependant il ne faut pas en conclure qu'a- 
vec une disposition cérébrale aussi vicieuse, 
on doive de rigueur être un assassin ; il y 
a seulement plus de chance de le devenir. 
Si l’on passe en revue la vie des meurtriers 
instinctifs , on verra que c’est presque tou- 
jours les circonstances qui provoquent leurs 
excès ; qu'il y en a qui entrent à la moindre 
résistance, dans un délire de férocité. On 
comprend facilement cet entrainement 
quand on examine leurs organes de comba- 
tivité, de destructivité, qu’on les trouve 
développés dans des proportions tellement 
considérables , tellement supérieures à l’é- 
tendue des autres organes , qu’ils doivent 
facilement les maîtriser. Tel est l’organisa- 
tion du tigre, monstre qui le plus souvent 
ne déchire ses victimes que sous l'influence 
du besoin du carnage, besoin impérieux 
qui domine tous les autres. 


LL 


Voici le crâne d’un homme livré habi- 
tuellement à la débauche et qui a violé sa 
fille ; il a la proéminence de l’amativité 
(amour physique) extraordinairement dé- 
veloppé. 


11 


Cette tête qui présente un diamètre si 
long d'avant en arrière , et surtout tant de 
développement dans sa partie postérieure 
est celle d’une femme qui se faisait remar- 
quer par son impiété et sa lubricité; qu’elle 
conformation ! 


Finissons par la ressemblance exacte de 
la tête de Lacenaire , de ce génie du mail; 
dans cette physionomie satanique ne trou- 
ve-t-on pas toute l'intelligence du crime ? 

M. L'Auvergne dans son ouvrage sur 
les forçats de Toulon s'exprime ainsi : 

« I est de fait que les trois quarts des 
forçats du bague portent avec eux une 
structure crânienne ordinaire et commune, 
il est on ne peut plus rare de rencontrer 
des hommes auxquels on reconnaît à la 
simple vue, une belle tête, une tête de gé- 
nie; celles-ci appartiennent aux hommes 
artistes du mal (tel était Lacenaire), indivi- 
dus d’une espèce heureusement restreinte 
et qui, une fois dans les fers, se font re- 
marquer par une résignation stoïque, affi- 
chant aux yeux de leurs compagnons l’es- 
time d’eux-même et voulant toujours pa- 
raître hommes supérieurs. Ils l’eussent été 
réellement; Dieu ne leur avait-il pas de- 
parti une forte étincelle du feu sacré? Ils 
l’eussent été, si leur orgueil se fut satis- 
fait d’une position obscure ou moyenne, 
qui entretient l’ordre et le travail, mais le 
pouvaient-ils? L'instinct, l'intelligence, le 
génie, son! trois transfigurations de l’homme 
et sont représentés matériellement partrois 
états du cerveau. » 

Plus loin il dit encore : « Il y a dans la 
classe des criminels des hommes chez qui 
est inné plus que le génie du crime, il ya 
sur révélation; la conformation de leur 
crâne est étrange, et qu’on nous passe le 


' 


112 


mot, salanique. Leur cerveau est pétri, 
comme dans un moment de mauvais ca- 
price. » 

M. Lauvergne admet donc, comme je le 
signale moi-même, deux genres de crimi- 
nels : le criminel instinctif et le criminel 
intelligent; chez l’un, on trouve le crâne 
d’une forme en pain de sucre, aplati à son 
sommet; chez l’autre, on rencontre une 
certaine proéminence du front de la mer- 
veillosité, de l'idéalité, mais il a des ins- 
tincts énormes qui l'entraineront malgré 
les conseils de sa conscience et de son in= 
telligence; ils jugeront, ils combineront 
leur crime d'une manière effrayante. 

Voilà plus de faits qu’il n’en faut pour 
faire réfléchir les détracteurs d’une science 
que les grands artistes d'autrefois obser- 
vaient religieusement dans leurs chefs- 
d'œuvres, et dont l'importance des applica- 

* tions est reconnue en Angleterre, en Alle- 
magne, en Danemarck, etc. La phrénolo- 
gie fait partie de l’enseignement universi- 
{aire en Écosse et en Amérique. Dans tous 
ces pays, des sociétés constituées sous les 
patronages les plus respectables, publient 
régulièrement sous le titre de Revue phré- 
nologique, les résultats de leurs nombreuses 
observations. 

Il est regrettable qu’étant cultivé en 
France par des hommes recommandables 
et faisant partie des premiers corps sa- 
vants, il n'existe pas un recueil qui traite 
spécialement de cette matière, d’où il ré- 
sulte que les études interressantes faites 
jounellement par les phrénologues fran- 
çais, se trouvent ensevelies dans les ar- 
chives de la société phrénologique de Paris, 
et que là même, elles n'existent le plus 
souvent que sous la récapitulation de 
simple procès verbal, et ne peuvent par 
cette raison être utiles qu'aux membres de 
cette société, qui assistent régulièrement 
aux séances. 

Je venais de terminer cet article, lorsque 
j'ai reçu de M. de Machado, le savant au 
teur de la Théorie des ressemblances, quel- 
ques notes, et entre autres celle-ci : « Par 
» ordonnance, en date du 5 mai 1841, 
» $S. M. la reine de Portugal a décidé que 
» la tête du nommé François de Mattos 
» Lobo condamné à mort, exécuté, pour 
» avoir Ôté la vie à quatre personnes, sa 
» tente, ses deux cousines et leur domes- 
» tique, serait déposée à l’école de méde- 
» cine de Lisbonne, pour y être soumise à 
» un examen phrénologique. Le docteur 
» José Pereira Mendes, professeur à ladite 
» école, a fait un rapport, duquel il résulte 
» que la tête de François de Mattos Lobo 
» présente des organes de la destructivité 
» et de l'amour physique (amativité) très 
» développés, et l'organe dela bienveillance 
» très-déprimé , d’après les principes de 
» Gall, Broussais, Cox et Georges Combes. » 
Cette tête est demeurée au cabinet d’ana- 
tomie de l'école de Lisbonne, pour y servir 
aux études phrénologiques. TuéNor. 


TOXICOLOGIE. 
Cours de M. Orfila. 


Une affaire grave qui va se juger bientôt 
devant les tribunaux de Chambéry, éveille 
l'attention des savants et des médecins lé- 
gistes. Nous allons en quelques mots en 
faire connaître les priucipaax détails. — 
Un homme,nommé François Praslet, mou- 
rut, il y a quelque temps, en Suisse , avec 
tous les symptômes qui caractérisent une 


— 


113 


attaque d’apoplexie foudroyante. Le neveu, 
l'héritier de cet homme, fut accusé de lui 
avoir donné la mort à l'aide de l'acide 
prussique. La justice informa aussitôt; une 
accusation fut dressée contre le neveu et on 
procéda à l'ouverture du cadavre de Fran- 
çois Praslet. Les médecins trouvèrent dans 
les veutricules du cerveau un caillot de 
sang de la grosseur d’un œuf de poule, et 
sans avoir fait aucune expérience, guidés 
seulement par des vues théoriques très 
vagues, ils déclarèrent que François Praslet 
était mort empoisonné par l’acide prussi- 
que. La justice ne s'en tint pas à ces pre- 
mières données et l’on en appela aux lu- 
micres des chimistes. Les chimistes expé- 
rimentèrent et expérimentèrent fort mal. 
Cependant de leurs conclusions il résultait 
encore que la mort de François. Praslet a - 
vait été produite par l'acide prussique. 
Tout venait donc corroborer l’accusation. 
Mais M. Orfila qu’on rencontre toujours 
quand il faut défendre la vérité, soit en 
sauvant un innocent, soit en éclairant la 
justice sur un crime affreux , M. Orfila est 


‘venutraiter la question en main de maître. 


Dans un premier mémoire, il a attaqué les 
expériences des chimistes de Chambéry et 
il a prouvé leur peu d'importance avec 
cette clarté et cette profondeur de talent 
qui ne lui font jamais défaut. Genève et 
Gênes consultées dans cette affaire se sont 
rangées du côté du célèbre chimiste fran- 
çais. Il est vrai que les experts de Chambéry 
ont répondu à M. Orfila, mais cetteréponse 
ne Inontre qu'un orgueil froissé, honteux 
d’avoir été démenti. M. Orfila a cru devoir 
publier sur cette affaire un second mémoire 
qui paraîtra bientôt dans les annales d’hy- 
giène. 

Samedi dernier M. Orfila traitait, de- 
vant un nombreux auditoire, la question 
de l’empoisonnement par l'acide prussique. 
Il nous est inutile de dire avec quelle at- 
tention on écoutait les moindres paroles du 
professeur. Après avoir étudié les proprié- 
tés de l’acide cyanhydrique, après avoir 
exposé les détails de l’aftaire de François 
Praslet, M. Orfila a fait connaître les réac- 
tifs employés en médecine légale pour dé- 
celer la présence de cet acide. 

Si l’on verse, a-t-il dit, dans l’azotate 
d'argent un peu d’acide cyanhydrique, on 
obtient un précipité blane, caillebotté , in- 
soluble dans l’eau, soluble dans l’ammo- 
niaque et insoluble dans l’acide nitrique à 
froid ; ces caractères sont jusqu'alors ceux 
du chlorure d'argent. Mais si le précipité 
blanc formé par l'acide cyanhydrique, pré- 
cipité qui n’est que du cyanure d'argent, 
n’est pas soluble dans l'acide ni’rique et 
froid, il se dissout dans lacide nitrique 
bouillant. Ce dernier caractère le différen- 
cie complètement du chlorure d’argent. 

Cette disparition du cyanure d’argent 
dans lacide azotique bouillant n’est pas 
une simple dissolution ; une véritable dé- 
camposition s'opère et il se dégage de lPa- 
cide cyanhydrique. 

Le cyanure d'argent se reconnaîtra en- 
core à ce que, chauffé dans un petit tube 
effilé, il laissera dégager du cyanogène 
qu'on pourra enflammer et qu'on VeTTa 
brûler avec une flamme purpurine. Il suf- 
fit de 2 ou 3 centig. de cyanure d'argent 
pour obtenir cette flamme caractéristique. 

Sans enflammer ce cyanogène où peut 
le conduire dans de l’eau. Ii s'y dissoudra 
ct le solutum offrira les propriétés suivan- 
tes : 1° Il portera l'odeur du eyanogène ; 
2° Il précipitera l’azotate d’argenten blanc; 


11% 


3° Si on le met en contact avec un mélange 


de sulfate de protoxide et de sulfate de ses-" 
qui-oxide de fer, il ne se produira rien ;« 


mais si on ajoute un peu de potasse, il 
se formera un précipité verdâtre qui, par 
l'addition de quelques gouttes d’acide 
chlorhydrique, passera au bleu. Ce sera 
alors du bleu de Prusse, du protocyanure 
et sesqui-cyanure de fer. 

Un dernier caractère pour reconnaître le 
cyanure d’argent, c’est de le chauffer dans 
un petit tube avec du potassium. Il se forme 
du cyanure de potassium soluble, on dis- 
sout le tout et on essaie la dissolution par 
l’azotate d'argent, 

La présence de 172 milligramme de cya- 
nure d’argent a été déterminée à l’aide de 
ce procédé par M. Lassaigne. 

Les chimistes de Chambéry ont employé 
l'avant dernier procédé, mais ils ont telle- 
ment mal opéré qu’on ne peut baser sur 
leurs expériences une opinion plausible. 
Ainsi, ils out obtenu un précipité bleu ver- 
dâtre qui, après trois jours, est devenu tout 
à fait bleu. 

Nous ferons remarquer encore que dans 
l'essai, par le mélange de sulfate de pro- 
toxyde et de sulfate de sesqui-oxyde de fer, 


ils n’ont point employé d'acide chlorhydri- » 


que. Or, c’est comme on va le voir un fait 
de la plus grande importance. Qu’on 
prenne des matières animales fraîches ou 
pourries, privées d'acide cyanhydrique; 
qu’on les distille dans un appareil convena- 
ble, on obtiendra un liquide qu'on pourra 
soumettre aux réactifs. Or, cette liqueur, 
traitée par le mélange des sels de fer et par 
la potasse, laisse déposer un précipité bleu. 
Mais ce précipité devient Jaune par l’acide 
chlorydrique; ce n’est donc pas du bleu de 
Prusse ; iln’y a point d’acidecyanhydrique. 
Si dans une seconde expérience on prend 
des matières contenant de l'acide cyanhy- 
drique ; si on les-distille comme précédem- 
ment; si on traite le liquide distillé par le 
mélange des deux sels de fer et par la po- 
tasse on obtient un précipité bleuâtre, co- 
loré en jaune par l’oxyde de fer. Mais l’a- 
cide chlorhydrique fait disparaître la cou- 
leur jaune et le précipité bleu reste seul : 
ce précipité est alors du bleu de Prusse. 
Les experts de Chambéry ont distillé les 
matières , les ont traitées par le mélange 


des deux sels de fer et par la potasse, mais - 


ils n’ont pas employé l’acide chlorhydrique 
quiaurait prouvé clairement si le précipité 
obtenu était ou n'était pas du bleu de 
Prusse. 

Un mauvais procédé que les chimistes de 
Chambéry ont employé avec autant d’in- 
succès que de ténacité est le procédé par le 
sulfate de cuivre. On sait, d’après les expé- 
riences de M. Lassaigne, que si on ajoute 
à de l'acide cyanhydrique du sulfate de cui- 
vre et de la potasse, on obtient des précipi- 
tés variables pour la couleur. Si dans ces 


liqueurs on verse de l’acide chlorhydrique 


elles deviennent opalines. Ce procédé dé- 
fectueux ne doit jamais être employé en 
médecine légale. 

Ces réactions étant connues , passons 
maintenant à la question d'empoisonne- 
ment. 

L’acide cyanhydrique-anhydre est le poi- 
son le plus actif. Appliqué sur l'œil d’un 
animal il le foudroie à l'instant même; et 
cela s'explique, si l'on se rappelle que, d'a= 
près des expériences de Black, 12 secondes 
suffisent pour qu'un acide absorbé fasse le 
tour de la circulation. 

Si l'acide cyanhydrique, au lieu d’être 


{ 
1 


| 
| 


| {5 


% fhydre, est étendu de 5 fois son poids 
+ ffeau, l’empoisonnementest également ac- 

7, mais on peut cependant en distinguer 
| &s symptômes. Ainsi on y réconnaît trois 
à {ériodes bien distinctes : la premières, qui 
k {are à peu près une minute, est marquée 
ü far des vertiges, par une sorte d'ivresse; 
* F seconde offre des mouvements convul- 
fs et le renversement de la tête en arrière; 
# fans la troisième, c’est un relâchement qui 
ù fopère.Chezles mammifères,chezl homme, 
# {près cette période de relâchement et pen- 

De qu’elle existe, on voit ordinairement 
1} FoNUe un second accès tétanique. Or 


ren de tout cela n’a été ebservé chez Fran- 

Û | is Praslet. 

k € Voyons maintenant les lésions des or- 
| anes. 

| Ordinairement on trouve du sang épan- 

+ Uhé entre la dure-mère et les os; la pie- 

 #aère est injectée; une congestion pulmo- 

Maire existe , enfin les animaux ont suc- 

+ Hombé à une véritable asphyxie. 

Il | Une question s'élève maintenant et il est 
}nportant de la résoudre. Le sang et les or- 

i fanes porteront-ils l’odeur d'amandes a- 


héres ? on peut répondre oui et non. Quel- 


, fues animaux empoisonnés par l'acide 
: [russique ont donné cette odeur d'amandes 
il {mères, chez d’autres elle ne s’est pas ma- 
1 fifestée, 
1 { Les médecins de Chambéry ont dit qu’à 
; {ouverture du cadavre de Praslet ils ont 
- {enti une odeur qu'ils n’ont pu caractéri- 
‘ Wr, odeur qui n’est pas celle qu’on sent or- 
; tinairement ; mais on lit dans leurs conclu- 
! bons qu'ils ont senti une odeur d'amandes 
| mères. Citons ce fait pour montrer la va- 
: dur qu’on doit attacher aux réponses de 
: #2s médecins, 
. ' Le poison a été pris, il y a empoisonne- 
| “rent, existe-t-il un antidote? Le meilleur 
* satidote, dans l’état actuel de la science, 
est de faire inspirer de l’eau chlorée com- 
: tosée de 1 partie de chlore en dissolution 
dir 4 à 5 parties d’eau. De temps en temps 
- #nen aspergera Îles narines et la bouche : 
° “ir ce moyen beaucoup d'animaux ont été 
.1éris. Si l’eau chlorée manquait, on pour- 
: “uit y substituer, mais avec moins d’avan- 
«ge cependant, un mélange de 1 partie 
ammoniaque et de 12 à 14 parties d’eau. 
: { Un médecin allemand a annoncé que les 
. fusions d’eau froide sur Ja tête et sur la 
hlonne vertébrale peuvent ramener à la 
. € un animal empoisonné par l’acide prus- 
“que. Ges expériences répétées ont prouvé 
16 ce moyen était inférieur au précédent; 
«ais en les combinant on peut obtenir de 
: “ès bons résultats. 
:“ On se demandera peut-être si le chlore 
“it ici chimiquement? cela n’est pas pro- 
able; il y a là une action inconnue, ana- 
\gue à celle du mercure dans la syphilis. 
Il nous reste à traiter maintenant la 
aestion médico-légale, c’est ce que nous 
:rrons dans la prochaine séance. 
| ji EF. 
| (La suite au prochain n°.) 


DO -— 
- SCIENCES APPLIQUÉES. 


louveau procédé de fabrication du fer au 
moyen du gaz des hauts-fourneaux. 

Depuis trente ans, la métallurgie du fer 
fait de très grands progrès, et le prix tou- 
urs croissant du combustible a forcé de 
:rfectionner les hauts-fourneaux dans les- 
1els le charbon allait autrefois s’engloutir 
‘ec profusion. D'abord on a été conduit à 


116 


rechercher s’il n’était pas possible d’utiliser 
les gaz pris à la partie supérieure du haut- 
fourneau, ou les flammes du gueulard aux- 
quelles on donnait le nom de flammes per- 
dues, et on a reconnu qu'on pouvait les 
employer avec le plus grand avantage pour 
échauffer l’air, pour calciner les minerais, 
cuire des briques ou de la chaux, torréfier 
ou carboniser le bois, pour chauffer les 
chaudières des machines à vapeur qui met- 
taient en mouvement la soufflerie, etc. Dans 
ces derniers temps enfin, la métallurgie 
vient de faire un pas immense : l’idée de se 
servir du gaz pour le puddlage de la fonte et 
le travail du fer a été conçue et réalisée ; en 
sorte qu'un haut-fourneau devient un appareil 
à l’aide duquel on peut immédiatement fabri- 
quer le fer sans dépense de combustible. C’est 
vers la fin de 1827 que M. Taber da Taur, 
conseiller supérieur des mines du roi de 
Wurtemberg, a entrepris à Wasserailingen 
ses premières expériences sur le puddlaze 
au moyen du gaz. Après des recherches pé- 
nibles et multipliées, il parvint à exécuter 
toutes les opérations du travail du fer, et 
ileut le bonheur de voir ses efforts couron- 
nés par le succès le plus complet. Par cette 
nouvelle découverte, M. Taber du Taur s’est 
créé un nom immortel dans les annales de 
l’industrie, et qui viendra se placer à côté de 
celui des Jacquart et des Watt. L'économie 
de ce nouveau procédé est, du reste, évi- 
dente pour tout le monde; car elle porte 
sur la quantité du combustible nécessaire 
pour transformer la fonte en fer, et par 
conséquent elle représente une somme très 
considérable, Les industriels et les métal- 
lurgistes de tous les pays de l'Europe, ont 
bientôt compris toute l’importance de la 
méthode de fabrication du fer au gaz, et ils 
se sont hâtés de faire des essais dans la même 
voie, Cet empressement même avec lequel 
la méthode a été accueillie en Allemagne, 
ce pays où, en métallurgie comme en po- 
litique, on redoute les innovations, où les 
progrès sont lents, et ont plus que partout 
ailleurs à lutter contre la routine, dont les 
habitants enfin sont, par caractère, enne- 
mis de tout ce qui est nouveau, nous sem- 
ble le plus bel éloge qu’on en puisse faire, 
et doit encourager les maîtres de forges 
français à suivre l'exemple qui leur a été 
donné. 

Tout le monde sait que le produit qu’on 
obtient dans les hauts-fourneaux, par le 
traitement immédiat des minerais, est la 
fonte ou une combinaison de fer avec du 
carbone, du silicium, du phosphore et di- 
verses matières étrangères; pour obtenir le 
fer pur, il faut ensuite débarrasser la fonte 
de ces matières; c’est ce qu’on appelle l’af- 
Jiner. Dans l’affinage, qu'on emploie du 
charbon ou de la houille, on est toujours 
obligé de consommer une énorme quantité 
de combustible, et, par conséquent, cette 
Opération occasionne une très grande dé- 
pense. Dans le nouveau procédé, au con- 
traire, cette dépense disparaît compléte- 
ment, car le combustible qu’on emploie est 
le gaz qui s'échappe du haut-fourneau, le- 
quel renferme une grande proportion de 
matières non brülées et dont l'effet avait été 
perdu jusqu’à présent. 

Ce gaz est pris par une ou plusieurs ou- 
vertares, au tiers environ de la hauteur to- 
tale du fourneau, et à partir du gueulard ; 
puis, au moyen d’un conduit eu fonte, on 
l'amène dans un foyer particulier, où on le 
brûle par un courant d’air forcé et chaud. 
Ce foyer prend le nom de four de rnaziage, 
de puddlage ou de réchauffage, suivant l'o- 


A7 


pération qu’il s’agit de pratiquer : four de 
maziage, quand on veut mazer ou blanchir 
la fonte, c’est-à-dire la faire passer de l’état 
de fonte grise à l’état de fonte blanche; four 
de puddlage, pour puddler la fonte ou la 
convertir en fer, en la débarrassant des 
matières étrangères qui se trouvent combi- 
nées ou mélangées avec elle ; four de ré- 
chauffage, pour réchauffer et façonner 
ensuite les lopins et les trousses de gros 
fer. 

Quelle que soit celle de ces trois opéra- 
tions qu’on veuille pratiquer, les trois con- 
ditions suivantes paraissent indispensables : 
1° produire la combustion du gaz au moyen 
d’un courant d’air forcé ; 2° rendre le mé- 
lange du gaz et de l'air aussi intime que 
possible ; 3° chauffer à une haute tempé- 
rature l’air qui doit servir à la combustion. 
Elles sont, du reste, suffisantes, et quand 
elles sont remplies on peut très facilement 
avoir dans l’intérieur du foyer une tempé- 
rature assez élevée pour produire le mazia- 
ge, le puddlage et même le réchauffage du 
fer : en travaillant alors d’après la méthode 
anglaise ordinaire, on trouve qu'il faut au 
plus 125 kil. de fonte pour en obtenir 100 
de fer en barre, tout forgé et propre à être 
livré au commerce. Comme, d’ailleurs, la 
dépense du combustible est nulle et qu’il y 
a très peu de main-d'œuvre, le prix de fa- 
brication du fer, par ce nouveau procédé, 
est évidemment très peu élevé et de beau- 
coup inférieur à ce qu'il est dans la plupart 
de nos usines de France. 

Du reste, pour se faire une juste idée des 
avantages que présente la méthode au gaz, 
il suffit de la rapprocher de celles qu’on em- 
ploie ordinairement en France pour l’affi- 
nage de la méthode champenoise, par exem- 
ple, qui est chez nous très répandue. La 
comparaison est d'autant plus facile, qu’il 


y a la plus grande analogie entre les deux 


procédés : seulement, dans un cas, le com- 
bustible est le gaz du haut-fourneau ; dans 
l’antre, au contraire, le combustible est de 
la houille. Les frais généraux peuvent d’ail- 
leurs, ainsi que dans une usine à l’anglaise, 
être considérés comme étant à peu près les 
mêmes. en sorte qu il suffit de comparer les 
frais spéciaux. Or, pour une forge champe- 
noise travaillant dans des circonstances 
moyennes, les frais spéciaux se montenten- 
viron à 29 fr.; par le procédé du gaz, ces 
mêmes frais se réduisent, au contraire, à 20 
ou 21 fr.; par conséquent on voit que par 
quintal métrique de fer, le bénéfice serait 
supérieur de 8 à 9 fr. à celui qu’on obtient 
dapsles forges champenoises, qui sont dans 
des circonstances moyennes. Nous recom- 
mandons ces chiffres, qui ne sont certai- 
nement pas exagérés, à l’attention des mai- 
tres de forge; ils parlent assez d'eux-mêmes 
et montrent quel doit être l’avenir du nou- 
veau procédé. Il est inutile, ce nous sem- 
ble, de s'arrêter plus longtemps à faire res- 
sortir desavantages qui sont évidents etin- 
contestables, lorsqu'on songe que ces gaz 
qu'on peut employer maintenant à la fa- 
brication des fers étaient perdus autrefois : 
cest surtout en France, où le charbon de 
bois est à un prix si élevé, que ce mode de 
fabrication du fer produira une immense 
économie. En l’adoptant, lesusines en souf- 
france, celles mêmes que la cherté des com- 
bustibles a forcées de suspendre leur tra - 
vail, peuvent se relever, se replacer au pre- 
wier rang. Ces considérations nous sem- 
blent surtout du plus grand intérêt pour nos 
forges de Champagne, de Franche-Comté 
et des départements de l’est de la France ; 


lis 


pour celles de Bretagne et de Normandie, 
qui, éloignées des grands bassins houillers, 
ne travaillent guère qu'avec le charbon de 
bois. Pour ces forges, Les fours à puddler au 
gaz deviendront peu à peu le complément in- 
dispensable de tous les hauts-fourneaux, et 
ils finiront par remplacer les foyers d'affi- 
rerie. La révolution sera peut-être lente, de 
nême que toutes celles qui s’opèrent en in- 
dustrie, mais elle est inévitable et doit né- 
cessairement s’opérer. Quant à nous, nous 
croirons avoir atteint un but très utile pour 
l'avenir métallurgique du pays, si les indi- 
cations et les nombres que nous venons de 
présenter, avec l'extension qu'on peut leur 
donner dans un article de journal, ont pu 
porter quelque conviction chez les mai- 
tres de forges français, et les décider à or- 
ganiser leurs usines d'après le nouveau 
système, 


DE 
AGRICULTURE. 


CONSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET 
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS, 
(suite) 

De l’époque la plus convenable pour faire la 
récolte des froments ; par M. Loiseleur-Deslong- 
champs. 

La question de l’époque la plus conve- 
nable pour faire la moisson n’est pas nou- 
velle , elle a été traitée par les agronomes 
de l'antiquité de même que par les mo- 
dernes. 

Columelle dit, àce sujet, qu'il ne faut 
pas remettre au lendemain à moissonner, 
mais qu’il faut le faire dès que les blés sont 
uniformément Jaunis, avant que les grains 
en soient absolument durs et dès qu'ils 
commencent à tirer sur le rouge, afin 
qu'ils grossissent dans Paire ; « car il est 
constant, ajoute-t-il, que, lorsqu'ils sont 
récoltés à temps, ils prennent de l’accrois- 
sement par la suite. » 

Pline a adopté en entier la manière de 
voir de Columelle, et il dit même à ce sujet, 
« qu’use maxime que les laboureurs regar- 
dent comme un oracle, c’est qu'il vaut 
mieux faire la moisson deux jours trop tô! 
que deux jours trop tard. » 

L'opinion des anciens sur les avantages 
des récoltes prématurées, après avoir été 
oubliée pendant des siècles, a été de nou- 
veau reproduite par les modernes; et, parmi 
ceux-ci, M. Coke, riche propriétaire et agro: 
nome anglais, a principalement soutenu 
que, par la moisson des céréales faite huit 
à dix jours avant la parfaite maturité, ni la 
qualité ni la quantité des grains n’en étaient 
altérées; que la qualité de la paille pour la 
nourriture des bestiaux en était sensible- 
ment améliorée; que les récoltes étaient 
d’ailleurs plutôt mises à l'abri des désastres 
que la grèle, les pluies et les vents peuvent 
occasionner, et que les frais en étaient 
aussi diminués. 

Suivant M. Coke, le blé complétement 
ur contient plus de son et moins de farine 
que celui qui est récolté prématurément. 
Ce dernier, toujours d’après cet agronome, 
a une plus belle apparence, et la preuve en 
est, selon lui, que, dans le commerce, ses 
grains el ceux de ses fermiers sont à un 
prix plus élevé que ceux des autres culti- 
vateurs qui ne les coupent qu’à l'époque 
de la parfaite maturité, 

Cependant, un compatriote de M. Coke, 
tout en étant de l'avis de cet agronome, dit 
que, après avoir scrupuleusement examiné 
les résultats d’un grand nombre d'essais, 


119 


il a jugé que la différence de qualité entre 
un blé récolté complétement mûr, et un 
autre récolté douze à quatorze jours avant 
la maturité, était de { à 3 pour 100 en fa- 
veur du blé mûr, mais qu’il n'avait remar- 
qué aucune différence lorsque le blé ré- 
colté prématurément ne l'avait été que six 
à huit jours avant. 

En France, plusieurs cultivateurs ou 
agronomes se sont aussi occupés de la 
question des récoltes prématurées, et entre 
autres MM. de Dombasle, Féburier et le 
comte Louis de Villeneuve, qui se sont 
prononcés pour cette méthode. 

Les deux premiers de ces auteurs ap- 
puient leur opinion sur des expériences 
qu’il serait trop long de rapporter ici, et le 
dernier cite d’ailleurs, comme preuve de sa 
théorie, deux rapports de la Société d’agri- 
culture, sciences et arts du département du 
Nord, desquels il résulte que, depuis plu- 
sieurs années, un certain nombre de cul- 
tivateurs, dans ce département, coupent 


leurs grains avant leur parfaite maturité, 


et qu'ils ne suivent cette pratique qu'après 
avoir comparé ses avantages et ses incon- 
vénients. 

Les raisons qui déterminent M. le comte 
deVilleneuve sont principalement la crainte 
des grands vents et des orages qui peuvent 
faire redouter la perte totale ou au moins 
partielle de la récolte, lorsqu'elle est diffé- 
rée jusqu’à la parfaite maturité; car, selon 
ses expériences, les blés récoltés avant la 
maturité présentaient un grain luisant, bien 
p'ein et de plus belle vente que celui qui 
est récolté mûr, mais ils pesaient 2 kil. et 
demi à 4 kil. et demi de moins par hec- 
tolitre. Il eût été curieux de voir dans ce 
cas si les grains des blés récoltés prématu- 
rément n'étaient pas individuellement plus 
gros, plus pesants et moins nombreux dans 
] hectolitre, ce qui aurait pu rétablir la 
balance entre les deux, ainsi que j'ai fait 
voir plus haut que cela était possible. 


—< >— 
SCIENCES HISTORIQUES. 
GÉOGRAPHIE. 


Sur un nouveau projel de canal à travers 
l’isthme de Panama. Note communiquée par 
M. Warden. 


La compagnie autorisée, par le gouver- 
nement de la Nouvelle-Grenade, à cons- 
truire un canal entre ces deux océans, a 
terminé l'exploration des terrains à travers 
l’isthme, et a fait un chemin provisoire à 
partir de la baie de Charera. sur locéan 
Pacifique, jusqu’à la ville de Chagrès, sur 
l'océan Atlantique. Ces explorations, sous 
la direction de M. l’ingénieur Morel, ont 
démontré que l’isthme de Panama, au lieu 
d’être une chaîne de rochers, comme le 
disent la plupart des géographes, est, au 
contraire, une vallée de 4 à 13 milles de 
longueur où se trouvent plusieurs éléva- 
tions de forme conique, de 6 mètres 50 cen- 
timètres à 19 mèt. 50 cent. de haut. Parmi 
ces petites hauteurs coulent plusieurs ri- 
viéres qui descendent de l’extrémité des 
Andes pour se jeter par deux canaux prin- 
cipaux, les unes dans la mer Caribéeune, 
par la rivière Chagrès, les autres dans l’o- 
céan Pacifique, par le Rio-Graude. L’éléva- 
tion du terrain entre ces rivières n’est que 
de 13 mètres au-dessus de la plus haute 
marée, et de 21 mètres 50 cent. au-dessus 
de la basse marée. 

Le creusement nécessaire pour unir les 
deux mers, au moyen des trois rivières 
Vino-Tinto, Bernardino et Farzan, n'a que 


12 milles et demi de longueur. La chuté 
sera régularisée par quatre écluses double 
de 45 mètres de longueur. Le canal aura 
en tout 49 milles; 43 mètres 50 cent. de 
largeur à la surface de l’eau, et 17 mètre 
950 cent. en profondeur; il sera navigable“ 
pour les bâtiments de 1,000 à 1,400 ton 
neaux. Les rivières, dans les parties où elles” 
ont de 2 mètres 50 cent. à 4 mètres 50 cent. 
d’eau , serviront comme canal après avoirs 
été creusées de manière à obtenir une pro= 
fondeur de 6 mètres 50 cent.; et l’eau sera 
maintenue à cette hauteur par deux écluses 
de garde. 

Tous les matériaux nécessaires à la con- 
struction du canal se trouvent sur le ter- 
rain même qu'il doit traverser. On a évalués 
la dépense totale à 2,778,615 dollars ou 
1,4,821,800 francs, y compris les frais dem} 
quatre bateaux à vapeur, et de deux ponts 
de fer, de 46 mètres de long, qui s’ouvri 
ront pour le passage des navires. 2. 
 — 

Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


— La société géologique de France vient de re-« 
nouveler son bureau et son conseil qui se trouvent 
composés ainsi qu'il suit, pour l’année 1843 : 


Président : M. ‘Ale. Doibigny. — Vice-prési-m 
dents : MM. le vicomte d’Archiac, de Saint-Simon, 
de Verneuil, comte Prévost, Michelin. — Secré-« 
Laires : MM. Angelots, de Pinteville. — J’ice-secré- 
iaires : MM, de Wevmann, Raulin. — Trésorier: 
M. Viquesnel. — Archivisie : M. le marquis de 


Roys. —Membres du conseil: MM. Al. Brongniart, 
Clement ggullet, Thirria, de Bounard, Ant. Passy, 
La Joye, Boblaye, Cordier, Dufrénoy, Rozet, J. Des 
noyers, Leblanc. a | 


— La société royale des Antiquaires de France 
a procédé, dans sa séance du 9 janvier 1843, au 
renouvellement de son bureau. Eile a nommé pré- 
sident, M. Beaulieu; 4° vice-président, M. Ber- 
riat St-Prix; 2e vice-président, M. de la Villesille;” 
secrétaire, M. Bourquelot, secrétaire - adjoint, 
M. A. Maury; trésorier, M. Bottée de Toulmont, 
et archiviste, M. de Martoune. ; 


REVUE 
SCIENTIFIQUE 


INDUSTRIELLE, 


PUBLIÉE SOUS LA DIRECT:ON 
DU D' QUESNEVILLE, 


Fabricant de produits chimiques et réactifs, sucees- 
seur de N.-L. Vauquelin, membre de l'Institut 
et directeur du collége de Pharmacie de Paris. 


La Revue scientifique parait tous les mois pan 
cahier de huit ou dix feuilles, et forme au bout de 
l’année 4 volumes in-$°, de 450 a 500 pages. 

Le prix est de 20 fr. pour Paris et 23 fr. pour la 
province. 

On s'abonne pour Paris, à partir d'octobre {842 
ou de janvier 1843 (prévenir de suite). 

La Revue scientifique, qui a commencé en jan 
vier 1840, a déjà publié {0 volumes. Son 11° vo= 
lume a commenté en octobre 4842. Le prix de ces 
10 volumes , dont il ne reste que fort peu d'exem- 
plaires, est de 50 fr. à Paris, et par la poste 62 frs 
50 cent. 

Les abonnés qui, en prenant cette collections 
souscriront en mème temps à l'année courante, jouts 
ront, comme remise, de l'Histoire de la chimie, | 
formant 2 vol. in-S9, et publiée comme supplément 
à la Revue scientifijue. 

La mème faveur est accordée à ccux qui, Sans 
prendre la collection entière, s'abanneratent de suiLes 
à deux années de la Revue. 

PARIS. IMP. de LACOUR et MAIST RASSE Is 
rue Saint-Hvacnthe-S.-Michel, 33. 4. 


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10° année. 


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DMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 23 janvier. — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE APPLIQUEEZ. Mo- 
idification à l'appareil d'Athwood; Dupré. — 
'SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE Note 
\sur le gisement des diamants au Brésil; Lomo- 
pusoff.—— BOTANIQUE. CHIMIE BOTANIQUE, 
Composition du nectar-des fleurs; Braconnot.— 
/ZOOLOGIE. Sur les vaisseaux biliaires ou le foie 
ides insectes; Léon Dufour. — SCIENCES AP 
PLIQUÉES. METALLURGIE. Progrès de la fa- 
tbrication du fer à l’anthracite en Amérique; 
|Johnson de Boston. — CONSTRUCTIONS. Edi- 
fice à l'épreuve du feu; Dyer.—AGRICULTURE, 
De l’époque la plas convenable pour faire la ré - 
colte du froment; Loiseleur de Longehamps. — 
SCIENCES HISTORIQUES. HISTOIRE. Les 
:gloires de la France. — ARCHÉOLOGIE. Canton 
de Saujon ( Charente-Iaférieure); Lesson. — 
FBIBLIOGRAPHIE. — Tableau météorologique 
du mois, 


IEEE — — — 


| ACADÉMIE DES SCIENCES. 
| Séance du 23 janvier 1843. 
| 


|| La question des odeurs, de leur nature 
:deleur action physiologique, n’estpasune 
)uestion neuve, mais c’est du moins une 
uestion qui n’a pas encore obtenu de ré- 
onse satisfaisante. Les plus grands phy- 
lologistes s’en sont occupés, et Haller, qui 
‘avait profondément méditée, avouait que 
‘e son temps on se rendait bien comptede la 
“arche de la lumière, mais qu’on ignorait 
| ncorela nature des odsurs. Lefilsde M. Du- 


mr ete 


néril est venu lire sur ce sujet un mémoire 
| l'Académie. Nous avons porté l'attention 
a plus soutenue à la lecture de ce travail, 
t nous avons reconnu bientôt que nous 
ouvions encore répéter ce que Haller écri- 
Jrait avec tant deraison.M.Duméril filsafait 
reuve d’une érudition assez étendue, il a 
.'ité beaucoup de faits empruntés à la chi- 
«nie, à l'anatomie et aux diverses branches 
les sciences naturelles, mais ces faits sont 
nalco-ordonnés, etilest soavent très-diff- 
‘ile d'apercevoir pourquoi ils se trouvent 
à. Du reste, tout ce que M. Duméril fils a 
:noncé c’est ce que son père professait et 
icrivait autrefois. Nous ne critiquons qu'a- 
rec réserve les travaux d’un jeune homme 
Hui débute dans la science, mais le peu de 
méthode qui règne dans ce mémoire, le 
peu d'idées neuves qui s'y rencontrent, 
nous forcent à avouer que des communi- 
cations plus intéressantes occuperaient 
“mieux les instants de l’illustre assemblée. 
M. Bourgery a lu à l’Académie un Mc- 
moire sur les rapports de la structure intime 
avec la capacité fonctionnelle des poumons 
dans les deux sexes et à divers âges. Ce 
travail consciencieux et intéressant est le 


Gavarret lu dans la dernière séance. Nous 
croyons qu’on peut résumer dans les faits 


complément de celui de MM. Audral ct 


Paris. — Jeudi, 26 Jamvier 1843. 


suivants tout ce que contient le mémoire de 
habile anatomiste déjà cité. 

1° Toutes circonstances égales d’ailleurs, 
la respiration, par rapport à l’ensemble de 
l'organisme, estd’autant plus puissante que 
le sujet est plus jeune et plus mince; au- 
cune autre condition de force ou de santé 
inaltérable ne supplée à la jeunesse. 

2° La respiration virile est pour un 
même âge, le double en volume de la res- 
piration feminine; différence fondamentale 
et qui suffirait à expliquer la supériorité 
des actes vitaux de l’erganisme de l’homme 
sur celui de la femme. 

3° La plénitude de la respiration dans les 
deux sexes appartient à l’âge de trente ans, 
qui correspond avec le complet dévelop- 
pement de l'appareil capillaire aérien du 
poumon. 

Chez le sujet bien constitué, le chiffre 
de la respiration forcée, à cet âge, est, 
dans l’homme, de 2 litres 50 à 4 litres 30, 
et, dans la femme, de 1 litre 10 à 2 litres 
20; le jeune garçon de 15 ans respire 2 
litres, et le vieillard de 80 ans, 1 litre 
35. : 

4 Le volume d'air dont un individu a 
besoin pour une respiration ordinaire aug- 
mente graduellement avec l’âge. Les rap- 
ports entre les âges de 7, 15, 40 et 80 ans 
sont géométriques et représentés par les 
nombres 1, 2, 4,8. L'adulte parfait res- 
pire habituellement le quadruple du jeune 
enfant et double de Ja femme et du gar- 
con de 15 ans. Le vieillard respire le double 
de l’adulte. L'augmentation progressive ou 
le besoin d’un plus grand volume d'air 
n’exprime que la diminution d'énergie de 
l'hématose pulmonaire; c’est-à-dire que 
cette faculté relative décroit de l'enfant au 
vieillard dans un rapport représenté par 
les nombres fractionnels inverses des pre- 
miers, 1, 172, 174, 178. 

5° Daus la respiration forcée, la capacité 
aérienne ou la perméabilité du ponmon à 
l’air, présente deux périodes : l'une ascen- 
dante de l'enfance à 30 ans, l’autre des- 
cendante de 30 ans à la vieillesse. La pre- 
mière augmente suivantle rapport régulier 
de 1, 2,3, de 7 ans à 15 et à 30; la se- 
conde diminue de 3 à 2 172 de 30 ans à 50, 
et de 2 172 à 1 174 de 50 à 80 ans. 

Sur l’ensemble, la respiration se triple 
en 23 ans, dans la jeunesse, et augmente 
de 179 pour chaque année. Dansl’âge mûr, 
elle diminue en 20 ans de 475 ou 1 4700 pour 
chaque année; de 50 à 60 ans elle décroît 
seulement en 10 années, aussi d’un cin- 
quième ou 1750 pour chaque année. Dans 
la vieillesse, de 60 à 80 ans elle tombe 
encore de près de moitié en 20 ans ou 1720 
pour chaque année. 

6° Ainsi la respiration à un âge déter- 
miné peut-être plus ou moins étendue chez 
ua sujet relativement à un autre ; mais sa 


N° 7. 


AVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


co DU MONDE SAVANT paraît le FEÉUMDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes dc plus de ?,200 pages chacun On s’abonne : Paris, rue des 
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40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte À. DàLAVWALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. ©C.-B. FRAWSSE, gérant. 


diminution est constante dans tous pour 
une proportion à peu près égale. L'affai- 
blissement de la faculté respiratoire doit 
réclamer une part considérable dans l’ex- 
tinction graduelle des forces avec l’âge. 

7° En preuve de cette dernière propo- 
sition, le rapport de l'inspiration ordinaire 
à l'inspiration forcée, diminue avec l’âge; 
Il est de 1 à 12 à 7 ans ; 4 à 10 à 15 ans: 
4 à 9 à 20 ans ; 1 à 6, 25 à 30 ans ; 1 à 3 à 
60 ans; 1 à 172 ou 173 à 80 ans; d’où il ré- 
sulte que le jeune homme possède, pour 
les moments violents, une immense fa- 
culté respiratoire en réserve , tandis que le 
vieillard est tout de suite essoufflé. 

80 Dans le vo:ume d'air de l'inspiration 
forcée , certains âges se rencontrent, ap- 
partenantaux périodes inverses d’augmenta- 
tion etde déclin, ettémoiguent par la diffé 
renceavec l'inspiration ordinaire dela p 
sancerelatived'hématose qniles caracté 
Ainsi 10 ans et 80 ans respirent égalementà 
litre 35; mais l’inspiration ordinaire deVun- 
n'est que de décilitre 12, et celle de l’aiNre - 
atteini9 décilitres 0/0; avec une masse 3 fo 
moindre, l’enfant possède une énergie d’hé- 
matose 8 foispius forte; 15 anset 60 ansres- 
pirent 2 litres, mais l'inspiration ordi- 
naire de | un n’est que de 2 décilitres 25, et 
celle de l’autre s'élève à 6 décilitres 75; 
l'adolescent offre une hématose 3 fois plus 
forte. Enfin 20 ans et 40 ans atteignent en 
respiration forcée de 2 litres 80 ; mais les 
chiffres de l'inspiration ordinaire donnent 
pour l’un 3décilitres, 50 ; et pour l’autre 5 
décilitres 25 ; la supériorité d’hématose du 
jeune hommesur l’adulteest dans lerappot 
de 10 à 7, ou à peu près comme 3 est à 2. 

9% La faculté respiratoire s’use d’elle- 
même par la déchirure capillaire des ca- 
neaux aériens et sanguins, improprement 
nommée l'emphysème du poumon. Cette 
déchirure accompagne plus ou moins, mais 
inévitablement tous les grands efforts res- 
piratoires, quoiqu’elle semble l’usure sé- 
nile du poumon. Elle commence néan- 
moins dès l’enfance et augmente graduel- 
lement avec l’âge jusqu’à la vieillesse, pat 
la seule réitération des actes fonctionnels. 
Toutes les maladies du poumon, méme 
passagères , hâtent ce genre de destruction. 

10° Le dernier résultat de l'emphysème 
sénile sans autre maladie, est d’assimiler le 
poumon caverneux et Ja respiration mi 
partie à sang rouge et noir du vieillard 
décrépi au poumon loculaire et à la res- 
piration incomplète du reptile. 

M. Galtier a adressé à l’académie une 
note sur un procédé général de carboni- 
sation pour déceler dans les matières or- 
ganiques les poisons minéraux: qui ont 
pour radical l'arsenic, l’antimoine, l’étain, 
le plomb , le bismuth, le cuivre, l'argent, 
l'or et le zinc. 

Ce procédé consiste à mêler dans une 


118 


capsule de porcelaine les matières orga- 
niques desséchées où même encore hu- 
mides avec de l'acide azotique et du chlo- 
rate de potasse, à chauffer jusqu’à ce 
qu'elles soient complétement dissoutes et 
à conduire ainsi l'opération comme dans la 
carbonisation par l'acide azotique. On ob- 
tient ua charbon très sec, qui chauffe, dans 
la capsule même à une température plus 
ou moins élevée , selon qu'on opère sur un 
métal fixe ou volatil, laisse un résidu du 
poids de 50 à 80 centigrammes pour 120 
grammes de matières organiques. 

Le résidu étant chauffé dans un litre de 
verre, dans un creuset ou entre deux 
charbons ardents, selon la nature du poi- 
son, donne le métal dont il est facile de 
constater le caractère physique aiasi que 
les réactions chimiques, après l'avoir dis- 
sous dans un acide ; ou bien encore ce ré- 
sidu étant chauffé avec de l’eau régale, 
sans cependant dégager complétement cet 
acide, et traité ensuite par l’eau , donne 
des liqueurs qu’on peut essayer. Pour le 
plomb et l’argent, on remplace l’eau ré- 
gale par l’acide azotique. Il est vrai que 
M. Orfila se sert d’azotique et de chlorate 
de potasse pour les préparations antimo- 
niales, mais c'est seulement pour ces pré- 
parations. M. Galtier a généralisé l’idée 
première du maître. 

M. Arago a communiqué à l’Académie 
les observations barométriques et thermo- 
métriques qui ont été faites le 12 et le 
14 janvier de cette année à Paris. Le ta- 
bleau suivant présente le résultat de ces 
curieuses observations; ainsi , pour le 12 
janvier : 


BAROMÈTRE. THERMOM. 
à minuit 30 min. 729,36 millim. 6°,6 
matin { n. 30 728,20 6°,6 
2 30 727,80 69,5 
3 40 72,2% 6°,5 
A 0 727,09 69,5 
6 20 727,38 60,5 
9 10 728,62 60,5 
pour le 14 janvier, à 
BAROMÉTRE. THERMOM. 
soir 8 h. 729,22 00.3 
10 727,90 50,1 
10 30 727,40 50,4 
41 30 728,20 59,5 


Un mémoire aussi intéressant qu’érudit 
sur Phistoire de l’arithmétique a été pré- 
senté à l’Académie. —Ce mémoire était sui- 
vi d’une analyse de l’Abacus de Gerbert. 
Ce livre avait jusqu'alors embarrassé les sa- 
vants, et son obscurité effrayait ceux qui 
essayaient de l’expliquer. M, Chasles est 
venu éclaircir tout ce qu'il y avait d'inin- 
telligible dans le livre de Gerbert. Il est 
vrai que le savant auteur du mémoire dont 
nous parlons a été aidé par des matériaux 
que ses prédécesseurs ne possédaient pas. 
Mais il a su user avec habileté de ces pré- 
cieux matériaux. D'après le travail de 
M. Chasle, les opérations arithmétiques 
renfermées dans le livre de Gerbert seraient 
faites comine nous les faisons maintenant, 
c'est-à-dire avec des chiffres, possédant à 
la fois une valeur absolue et une valeur re- 
lative.—Mais, qu'est-ce qui avait empêché 
les savants d’apercevoir, avant M. Chasle, 
ce curieux résultat? C'est que les savants 
n'avaient pas réfléchi que pour expliquer 
aux autres celte nouvelle arithmétique il 
fallait se servir de l'arithmétique ancienne, 
c'est-à-dire des chiffres romains. Dans ces 
chiffres romains on n'avait pas reconnu la 
valeur absolue et la valeur relative ; aussi 
le livre de Gerbert était un grimoire inin- 
telligible pour tous. 


119 


M. Frémy a lu dans cette séance une 
suite de ses recherches sur les acides métal- 
liques. L'étude qu'il a faite de l'acide an- 
timonique et des antimoniates l’a conduit 
à découvrir un nouveau moyen de recon- 
naître un sel de soude mélangé à un sel de 
potasse. Lorsqu'on traite un antimoniate 
de potasse, que l'on a préparé en faisant 
fondre de l'acide antimonique avec un 
excès de potasse, par un sel de soude en 
dissolution, on forme un précipité cristalin 
et insoluble dont la formule est Sboÿ,Nao 
+16Ho. Ce sel perd 8 équivalents d’eau par 
la cristallisation. D’après ce procédé on 
peut reconnaître dans une liqueur 1/350 
de sel de soude ; mais quelquefois ce pré- 
cipité ne se forme qu'après quelques seeon- 
ces d’agitation. 

M. Amussat adresse à l’Académie un mé- 
moire sur l’anatomie pathologique des tu- 
meurs fibreuses de lutérus et sur la possi- 
bilité d’extirper ces tumeurs lorsqu'elles 
sont encore contenues dans les parois de 
cet organe. L'auteur joint à son travail le 
dessin de deux tumeurs fbreuses qu’il a 
extirpées avec succès. 

Des recherches faites sur ce sujet pendant 
quatre années qu'il a passées comme jin- 
terne à la salpêirière lui ont perruis d’ob- 
server et de recueillir un assez grand nom- 
bre de ces tumeurs. Il avait été d'abord 
frappé de leur enchatonnemeut et de leur 
dureté; IL avait fait macérer les plus dures 
et il avait collecté celles qui étaient osseuses. 
Une de ces tumeurs a été mise sous les yeux 
de l’Académie, Elle est éburnée; elle a une 
grande ressemb'ance avec un hémisphère 
cérébral et elle est remarquable par son 
volume , par sa consistance et par sa 
forme. 

L’académie dans cette séance à recu plu- 
sieurs ouvrages intéressants parmi lesquels 
nous en avons remarqaé un très-curieux 
intitulé: L'’ectat de l'église du Périgord, 
depuis le christianisme, par le R. P. Dupuy 
Récolet, annoté par M. l’abbé Audierne et 
reproduit par le procédé litho-typographi- 
que Dupont. 


DE 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE APPLIQUEE. 


Modification à l'appareil d’Atwood , 
Dupré. 


Un cercle horizontal d’environ 0.8 de 
diamètre, et dont la circonférence est gra- 
duée en 100 parties égales, se meut d'un 
mouvement uniforme autour de son axe 
qui est vertical ; il fait, par exemple, deux 
tours par seconde. En dehors de ce cercle, 
près de sa circonférence, s'élève verticale- 
ment un montant divisé en centimètres qui 
porte quatre petits leviers horizontaux con- 
tenus dans un plan passant par le centre 
du cercle et situés à des hauteurs de Om, 
136, Om,515, 1,226, 2m, 180, qui sont 
entre elles comme 1°, 2?, 3°, 4, Des balles 
de plomb enduites de poussière lésèrement 
humide et de couleurs différentes sont po- 
sées sur les extrémités de ces leviers, au- 
dessus du bord du cercle. Un cinquième 
levier, un peu moins long que les autres, 
est placé de telle sorte que son extrémité 
rase la surface du cercle, très près de la 
circonférence. Les bras opposés de ces le- 
viers sont attachés À une même tringle ver- 
ticale avec laquelle ils font des angles mo- 


biles. 


Lorsqu'on veut conserver à la machine 


toute la simplicité possible, on fait mouvoir 
le cercle avec la main, et si son axe est 
disposé convenablement, on lui fait faire. 
aisément cinq ou six cents tours au moyen” 
d’une seule impulsion. On conçoit que là 
diminution de vitesse pendant un tour est 
alors négligeable, et que-le mouvement. 
peut être considéré comme uniforme. Après 
cette impulsion, on lève brusquement la 
tringle, les bras de levier qui portent les 
balles s’abattent et les laissent libres toutes 
à la fois dans l’atmosphère, En frappant sur 
le cercle, ces mobiles font des taches, le le: 
vier inférieur laisse aussi une trace qui a 
peu d’étendue, parce qu'il est construit de 
manière à se relever aussitôt qu’il a touehé. 
Les distances entre cette dernière tache et 
chacune des autres conliennent des nom- 
bres de divisions qui sont entre eux comme 
1, 2, 3, 4; les espaces parcourus étant, par 
construction, comme 1°, 27, 3°, 4°, il est. 
prouvé par là qu’ils sont entre eux comme 
les carrés des temps. On en déduit, par des 
raisonnements simples et faciles, que les vi- 
tesses sont proportionuelles aux temps et 
que la vitesse, après une seconde, est dou- 
ble de l'espace parcouru pendant la pre- 
mière seconde. 

L'approximation sur laquelle on peut 
compter est beaucoup plus grande qu'avec 
la machine d’'Atwood, où le ralentissement 
de la chute fait paraître les résultats plus 
parfaitement d'accord avec les lois qu’ils 
ne le sont en réalité. En effet, l'erreur 
dans le nombre des divisions ne pouvant 
pas être de un 2, l’erreur, dans l’appré- 
ciation du temps de la chute, est moindre 
que un 400° de seconde, temps qui corres- 
pond à une demi-divisiou. Elle a été plus 
faible que un 590e de seconde dans les ex- 
périences que j'ai faites avec un instrument 
grossier. 

On atteindrait facilement un degré 
d’exactitude beaucoup plus grand en con 
struisant l'appareil avec plus de soin, mais 
on £entirait alors le besoin d’onérer dans le 
vide, ce qui ne pourrait se faire qu'en éle- 
vant le prix de l’instrumeut jusqu'a celui 
des machines d'Atwood: Dans ce cas. un 
mouvement d'horlogerie ferait mirchec le 
plateau, et, à un moment déterminé. ferait 
partir une détente qui abattrait brusque= 
ment les leviers ; le levier inférieur devrait 
manquer alors, ia position de la détente 
faisant connaître le poini de départ des mo: 
biles. 


SCIENCES NATURELLES. 


CÉOLOSYE. 


Note sur le gisement des diamants au Brésil, 
par M. Lomonosoff. 

Les roches ou les diamants gisent dans 
des massifs d’Itacolumite , se trouvent si- 
tuées sur la rive gauche du Co:rego dos 
Rois, sur la Serra du Grammagoa, qui est 
à 43 lieues portugaises au nord de la ville 
de Tijuco ou Diamantena. On y a exploité 
les diamants avantageusement pendant plu- 
sieurs anntes, en faisant sauter les rochers 
réduisant Îes fragments en sable au moyen 
de marteaux et faisant subir à ce sable des 
lavages à l’aide de la Baica. À cette heure 
les travaux ont cessé, parce que le restant 
des roches à gisement de diamants à com 
mencé à offrir plus d'une difficulté à l'ex- 
ploitation, et parce que ces diamants sont 
obtenus ailleurs avec plus de facilite à cette 
uote sont joints divers échantillons que 
M. Lomonosoff à soumis à l'examen de 
l’Académie ; savoir : 


bi 


° | Gisement de diamants sur la Serra de Gram- 

ô | magoa, à 43 lieues de Tijuco. 

‘* | Diamants dans la Canga, de Riberao das Da- 

bu tas, à 6 lieues de Tijuco. 

i. Antonio Pereira ( ap- 
partenant à la compa- 
gnie de Gongo-Socco). 
Or dans jun conglo- 

:  meral ferrugineux. 

}ÿ. Gongo-Socco. (Or dans 

le jacutinga (fer oli- 

giste). 3 

|f. Santa - Anna d’Itabira 

| de natto-grosso {id.). 

3. Candongo. (Or avec fa- 
cettes'cristallines dans 

. { le jacotinga fridble. | 

* 1. Brucutu (jacotinga au- ! 

à 4 rifère).. 
0. Poudre d'or de Minas Novas. (Or en paillettes.) 
11, Or en paillettes présentant quelques facettes cris: 

tallines de la rivière Jacotintonha (Minas Ge- 

raes, limites du district des diamants). 


Echantillons . mon- 
trant le gisement de 
l'or natif de diffé- 
renteslocalités de la 
province de Minas 
Geraes. 


S'il existait quelques doutes sur la na- 

\ure de ces cristaux, on pourrait, malgré 

leur petite dimension, et sans rien faire qui 

* xposât à les détacher de leur gangue, cons- 

later, au moyen d'une expérience de pola- 

isation, que ce sont bien réellement des 
liamants. 


| 
1 BOTANIQUE. — CHIMIE BOTANIQUE. 


Note sur le neclar des fleurs (extrait d’un travail 
| de M. Braconnot, publié dans le Journal de 
|- Pharmacie de janvier 1843). 


| On nomme nectar la liqueur sucrée, 
récrétée par des corps glandulaires situés 
Hans le voisinage de lovaire , dans les co- 
olles de beaucoup de plantes, etc., etc. 
— C'est avec ce nectar que les abeiiles 
lorment leur miel. Aussi M. de Candolle Je 
“regardait comme un sucre hydraté , sem- 
Iblable à celui dun miel, sans cependant 
qu'aucune analyse justifiat son opinion. 
C'est pour décider cette question que M. 
Braconnot- a entrepris l’analyse du nectar 
:qu'il a obtenu en exprimant sur des verres 
de monüre les tubes des corolles. Ce nectar 
jaimsi produit est liquide, sucré, limpide, 
incolore, sans réaction sur le tournesol. 
. 11 se comporte avec les réactifs comme une 
| dissolution de sucre. Mais ce sucre n’est 
| pas semblable à celur du miel , comme on 
le eroit , car il est facilement cristallisable 
| en prismes courts à 4 ou 6 faces et à vives 
larrètes. Ces cristaux ont du reste tous les 
| caractères du sucre de canne le plus pur. 
| Indépendamment de ce sucre cristallisable 
| M. Braconnot a trouvé dans le nectar un 
peu d’un autre sucre incristallisable. Pour 
| M: Braconnot la composition du nectar 
} serait : 


Sucre: de canne 13 
à Sucre meristallisable 10 
| Eau: 77 
fl 100 


“ Ina pwreconnaître dans cette substance 
… la présence de la gomme , de la marnite, 
| du-sucre dé miel. 


AOOLOGIE, 


Extrait d'un mémoire sur les vaisseaux biliai- 
res ow le foie des insectes; par M. Léon Du- 
four. 

Le mémoire dont nous nous occupons a 
pour but de décider ure question sur la- 
quelle les anatomisles étaient partagés d’o- 
pinion. 


= «= ot 


152 


Il en résulte que dans tous les huit 
ordres d'insectes ailés, sauf les Pucerons 
et les Chermès , il existe, à l'extrémité du 
ventricule chylifique, un nombre plus ou 
moins considérable de filets tubuleux très- 
déliés , presque toujours simples, tantôt 
forts longs et moins multipliés, tantôt 
plus courts et plus nombreux , qui va- 
rient pour le mode et le lieu de leur inser- 
tion. 

Le foie qui, dans les animaux à circula- 
tion liquide , forme une glande parenchy- 
mateuse à texture compliquée, se réduit, 
dans les animaux à cireulation aérienne, 
à un nombre plus ou moins considérable 
de vaisseaux isolés et séparés les uns des 
autres, à une glande déroulée. Dans les 
vertébrés comme dans les insectes, cet or- 
gave sécrète la bile qui est versée dans cette 
portion du canal alimentaire destinée au 
chyme avec lequel elle se combine pour sa 
conversion en chyle. 

Sur les huit ordres d'insectes ailés , il y 
en a sept el demi où les vaisseaux héjati- 
ques , n'ayant qu’une seule insertion , la 
ventriculaire, on ne saurait élever une 
contestation sérieuse sur leur’ fonction 
essentiellement et exclusivement biliaire. 
Les faits et le raisonnement confirment 
cette opinion. 

La combinaison où ces vaisseaux se fixent 
en même temps au ventricule et au rectum 
a inspiré à quelques auteurs (#eckel, 
Müller, Audouin, Duvernoy,) l'opinion 
mixte et antiphysiologique d’une sécrétion 
urino-biliaire. Le fait anatomique, plu- 
sieurs fois constaté, de l’imperforation des 
tuniques du rectum; par conséquent le 
défaut de communication de ces vaisseaux 
avec la cavité de cette poche excrémen- 
titielle et la découverte , tout aussi positive, 
des vaisseaux sous-cuticulaires en lesquels 
se divisent les troncs rectaux , réduisent 
les explications physiologiques , d’abord si 
embarassantes, à la même théorie que dans 
le cas des insertions uniquement ventricu- 
laires. Les faits qui étaçent cette manière 
de voir s'accumulent de toutes parts, et 
on en trouve la trace irréfragable dans fes 
écrits de Po:selts et Ramdohr. 

Eofin, une question des plus ardues , et 
à peine entrevue par les entomotomistes , 
termine le chapitre physiologique de ma 
dissertation : cest cette dispositian des 
vaisseaux hépatiques où ils semblent s’a- 
boucher directement et uniquement ‘au 
rectum , dans quelques hémiptères hété- 
roptères. Que l’insertion se fasse à nu ou 
par l'intermédiaire d’une poche vésiculaire, 


£il y à toujours dans ces insectes absence de 


pertion grêle de lintestin, et le ventricule 
chylifique, d’uue longueur considérable , 
est toujours séparé du rectum par une sal. 
vule ventriculo-reciale qui s'appose, pen- 
dant la vie, à l’épanchement immédiat de 


la bile dans le rectum. La poche vésicu- 


laire n'est pas un réservoir propre de la 
bile, mais bien une dilatation du ventri- 
cule lui-même, et malgré sor implantation 
sessile à la base ou au milieu du rectum, 
c’est une insertion aussi illusoire que celle 
du tronc rectal des coléoptères hétéromérés. 
La théorie physiologique de ce mode de 
connexion rentre donc encore dans la loi 
commune. 

Ainsi , dans tous les insectes sans excep- 
tion, les vaisseaux hépatiques s’'abouchent 
uniquement dans le ventricule chylifique , 
et dans tous, la sécrétion biliaire est incon- 
testable. 


SCIENCES APPLIQUÉES, 
METALLURGIÏE, 


Progrès de la fabrication du fer à l'anthracite, 
en Amérique; par M. Johnson, de Boston (Etats- 
Unis. 


C’est depuis peu d’années seulement que 
l’on a commencé, dans les États-Unis, à em- 
ployer en grandequantité l’enthracite pour 
les usages domestiques. Ilya moins de temps 
encore que la possibilité de se servir de ce 
combustible pour la production de la va- 
peur, dans tous les cas, a cessé d’être un 
sujet de controverse, et, bien que de nom- 
breuses machines fixes en usassent avec 
avantage depuis plusieurs années, principa- 
lement à Philadelphie, on a douté pendant 
longtemps s’il pourrait remplacer le bois sur 
les bateaux à vapeur et les locomotives. 
Toutes ces questions ont été résolues d’une 
manière favorable, aussi bien que celle de 
la fusion de la fonte dans les cubilots. 

L'usage de lPanthracite est devenu géné- 
ral pour l’alimentation des feux de forge- 
ron, la cuisson de la chaux, la préparation 
de la drêche et les autres travaux sembla- 
bles. Enfin, ce qui n'est peut-être pas moins 
important, on en a fait l’application au 
travail du fer dans les hauts-fourneaux, 
les fineries, les fours à puddler et les chauf- 
feries. 

La fabrication du fer, par le moyen du 
coke, si répandue en Angleterre, en Écosse, 
dans le pays de Galles, et sur le continent 
européen, a été mise à peine en pratique aux 
États-Unis. On a cependant fait un assez 
grand nombre de tentatives pour y intro- 
daire cette importante branché d’indus- 
trie, principalement dans l'Etat de Pensyl- 
vanie, dont le territoire abonde en gise- 
ments de houille bitumineuse,contigus avec 
des mines de fer ex des exploitations de cas- 
tine. La législature de Pensylvanie rendit, 
en 1836, un acte par lequel elle donnait au 
gouvernement les pouvoirs nécessaires pour 
encourager la fabrication du fer par le 
moyen du combustible minéral, et pour 
faire, à des compagnies , les concessions 
que pourrait exiger l’établissement de cette 
fabrication. La même année, M. F. H. Oli- 
phant , du comté de la Fayette, quoiqu’en 
dehors des avantages de cet acte, fabriqua 
une certaine'quautité de fer avec du coke, 
et ft parvenir à l'institut de Franklin des 
échantillons de ce métal et de toutes les 
matières employées. Cependant, ce manu- 
facturier n’a pas continué cette entreprise, 
vraisemblablement à cause de la meilleure 
qualité du fer au charbon de bois, préféra- 
ble surtout pour la conversion en acier, 
opération qui se pratique dans son établis- 
sement. Il est probable aussi que, dans un 
canton où le bois est encore abondant, et 
où lon se procure difficilement des mi- 
neurs, l'emploi du coke ne présente pas 
une économie bien réelle, surtout à cause 
de Pexcédant de puissance et de dépenses 
que: les hauts-fourneaux chauffés an ‘coke 
exigent deplus que ceux qui sont chauffés 
aa charbon de bois. 

Pendant les années 1835, 1836 et 1837, 
on consiruisit des fourneaux à Karthaus 
età Farrandsville, sur le bras occidental 
de la rivière de Susquehann2h, et à Fro- 
zenrun, près de la Lycoming-creek. Dans 
le premier de ces établissements, on obtint 
plusieurs centaines de mille kilog. de fonte; 
mais, faute de discernement dans le choix 
et la préparation des minerais, ces produits 
se trouvèrentinvendables. Cette usine avait 
d’ailleurs le désavantage d’être située dans 


154 

un canton où les progrès actuels n'unt 
point encore pénétré, ce qui rendait tr6p 
incertain et trrop coûteux le transport des 
matières premièresetdes produits. Le four- 
neau de Farrandsvillen'était pas moins mal- 
heureusement placé par rapport aux mi- 
perais qu'il tirait de distances de 32 à 160 
kilomètres, par le canal de Larrey-creek 
à Bloomsburg. 

Les riches particuliers à la libéralité des- 
quels on doit l'érection de cette belle usine 
se sont, dit-on, déterminés à la vendre et à 
renoncer à l'honneur que les amis de no- 
tre industrie espéraient leur voir acquérir, 
celui d'introduire, dans la fabrication du 
fer, l'usage profitable de la houille de Pen- 
sylvauie. Le fourneau de Frozenrun est 
bien situé par rapport au minerai qui lui 
est fourni principalement par une couche 
de carbonate blanc jaunâtre, de 9 décimè- 
tres de puissance ; mais les houilles voisi- 
nes ne paraissent pas actuellement d’un 
usage aussi avantageux que celui des bois 
fournis en grande abondance par les forêts 
qui les recouvrent; aussi ce fourneau, 
lorsque l’auteur le visita pour la dernière 
fois, en septembre 1839, brûlait-ii du char- 
bon de bois qui fournissait des fontes excel- 
lentes. Dans cette courte mention des four- 
neaux ou coke de la Pensylvanie, il serait 
injuste d’omettre celui de Lonakoniug, si- 
tué sur la George’s creek, dans le Maryland, 
à quelques milles au sud des limites du 
premier État, et dans le riche bassin houil- 
ler qui s'étend entre les montagnes sauva- 
geset celles d’Alleghany. Lorsque M. Jhon- 
son le visita, au commencement de juin 
1839, ce fourneau rendait, par semaine, 
environ 70,000 kilog. de bonne fonte pour 
fonderie, et tout faisait espérer le succès de 
l'entreprise. Malheureusement il était éloi- 
gné de toute grande ligne de communica- 
tion, et la dépense nécessaire pour trans- 


porter les produits sur le marché a paralysé. 


les opérations. ; 

Sur le bras méridional de la Jenny's- 
Run, dans le même bassin houiiler que 
Lonakoning, à peu de distance et au nord- 
est de Frostburg.- on édifie en ce moment 
deux hauts-fourneaux considérables, sur le 
plan usité dans le paÿs de Galles, pour y 
brûler du coke ou de la houille bitu- 
mineuse. 

Par un contraste frappant avec la len- 
teur du développement de la fabrication du 
coke, nous voyons , en moins de trois ans, 
les fourneaux à l’anthracite attirer l’atten- 
tion d’un assez grand nombre de compa- 
gnies entreprenantes, qui, déjà, dans l’État 
de Pensylvanie, ont élevé onze ou douze de 
ces fourneaux. L'établissement de trois ou 
quatre autres est encore en délibération, et 
ne tardera probablement pas à être décidé. 
Quatre sont en construction ou peat-être 
même sont achevés à Stanhope, près du 
canal de Morris, dans le New-Jersey. 

Tous ceux qui se sont bien rendu compte 
des propriétés de l’anthricite ont reconnu 
depuis longtemps combien il importait de 
Pappliquer à la fabrication du fer. C’est le 
plus dense des combustibles minéraux, c’est 
celui qui éprouve le moins de déchet par 
le transport, qui souffre le moins de l’in- 
fluence de l'air, et par conséquent il est 
particulièrement utile pour les fourneaux 
situcs à une certaine distance du lieu d’où 
où l'extrait. Mais le développement des for- 
mations d’anthracite a bientôt fait recon- 
naître qu'il n'est pas, en général, plus né- 
cessaire de porter le combustible vers le mi- 
nerai, que le minerai vers le combustible, 


155 


Lorsque ce transport est réellement indis- 
pensable, le premier mede paraît presque 
toujours préférable, parce que le poids du 
minerai nécessaire pour fournir une quan- 
tité donnée de fer fabriqué est générale- 
ment plus grand que celui de l’anthricite 
employé à la réduction. Ainsi le riche mi- 
nerai fossilifère de Bloomsburg ne fournit 
que 1,000 kilog. de fonte pour 2,000 ou 
2,250 kil. de minerai, tandis qu'il ne faut 
que 1,500 à 1,600 kil. d’anthracite de Wil- 
kesbarre, pour obtenir la même quantité, y 
comprisle chauffage de l'air. Lorsque l’on 
ne dispose pas d’une puissance hydraulique 
et qu'il faut, de plus, mouvoir la soufflerie 
par une machine à vapeur chauffée avec 
l'anthracite, les poids à transporter sont à 
peu près égaux dans les deux hypothèses, 
et la situation de l'établissement doit être 
déterminée par d’autres considérations. 

Mais, pour en revenir aux usagesde l’an- 
thracite, ce n’est pas seulement pour la 
fusion du minerai ni pour Ja production 
de la fonte brute, qu'ils présentent des avan- 
tages à nos manufactures de fer. El a été 
clairement démontré que la préparation du 
fine-metal, le puddlage, et le réchauffage, 
peuvent être exécutés avec ce seul combus- 
tible, qui, en outre, est employé dans le 
feu des forgerons, et qui, par conséquent, 
suffit au traitement du fer, depuis son ex- 
traction à l’état de minerai, jusqu’à son 
emploi comme article manufacturé. 

La fusion des minerais, l’affinage et le 
puddlage, au moyen de l’anthracite, sont 
regardés, dit l’auteur, comme inventés aux 
Etats-Unis. On peut évidemment appliquer 
les deux derniers procédés à de la fonte 
obtenue avec un autre chauffage que l’an- 
thracite , ce qui ouvrira certainement un 
vaste débouché à ce combustible. 

Au nombre des tentatives les plus an- 
ciennes, faites pour l’emploi de l’anthracite 
dans la fabrication de la fonte, on peut 
mentionner l’entreprises de quelques mem- 
bres de la compagnie des houilles et de La 
navigation de Lehigh, lesquels construisi- 
rent, en 1820, dans ce dessein, un fourneau 
près de Mauch-Chuuk. Ce premier essai ne 
réussit pas mieux qu’une tentative du même 
genre faite à Vizille, près des froñtières de 
la France et de la Suisse, 

Après plusieurs détails sur ces expérien- 
ces, l’auteur continue ainsi : 

De tout ce qui précède, il résulte que 
l'on a probablement réalisé à Vizille tout 
ce que l’anthracite brülé à l'air froid est 
susceptible de donuer ; il est fort possible 
qu’en Pensylvauie, où nos anthracites va- 
rient graduellement d’une sécheresse et 
d'une compacité extrêmes, à l'état de 
houille bitumineuse, contenant de 12 à 18 
pour 100 de matières volatiles , on trouve 
quelques variétés intermédiaires suscepti- 
bies d’être employées pour la fabrication 
de la fonte à l'air froid, quoique impropres 
à la fabrication du coke, et par conséquent 
appartenant à la classe des anthracites. 
Cependant les caractères de cette classe 
sont si bien représentés par les qualités du 
combustible employé à Vizille, qu'il ne 
semble pasraisonnable d'espérer un résultat 
différent de celui des expériences françaises. 
Dans les partis des mêmes bassins où le 
combustible affecte une nature réellement 
bitumineuse,ilne paraît pas que l’emploi de 
l'air froid et de la houille crue, comme on 
le pratique à Dowlas et dans quelques au- 
tres usines du pays de Galles, ne pt ob- 
tenir du succès. Mais les expériences faites 
en France, celles quiont été exécutées au- 


156 


paravant et postérieurement dans les usi- 
nes galloises, aussi bien que les tentatives 
faites à Mauch-Chunk et à Pottsville,avant 
l'application du procédé du D' Geisenhei- 
mer, sontde salutaires avertissements pour 
les personnes qui voudraient essayer de 
fabriquer la fonte avec de véritable anthra- 
cite chauffé à l'air froid. 


——_—_—_—_——— mm, 


, CONSTRUCTIONS. 


Édifice à ME par de Dyer, de 

M. Dyer, qui a été chargé de construire 
dernièrement, dans la cité de Londres, un 
vaste édifice composé de pièces et de bu- 
reaux à l’épreuve de lincendie , vient de 
publier les détails suivants : 

On a employé dans cette construction, 
au lieu de bois de charpente, dessommiers 
en fonte et des voûtes en briques. 

On a placé dansles murs, à chaqueétage, 
selon sa hauteur, cinq ou six chaînes com- 
posées de bandes en fer de 0 mèt. 037 sur 
© mèt. 003. Ces chaînes sont posées bien à 
plai, et solidementattachées l’une à l’autre, 
ou tournées autour d’une brique à chaque 
rencontre. Elles sont goudronnées etsablées 
pour que le mortier y adhère mieux, et on 
les a placées à 0 mèt. 025 environ de dis- 
tance du parement, pour que la rouille ne 
pût traverser et tacher l’enduit. 

Les sommiers en fonte sont de différentes 
longueurs, depuis 3 mèt. 340 jusqu’à 5 
mèt. 630 dans œuvre, et sont engagés de 
0 mèt. 225 dans les murs. Ils sont distants 
de 2 mèt. 130 d’axe en axe. Les sommiers 
représentés dans les figures sont de 4 mèt. 
560 dans œuvre; ils ont 0 mèt. 304 de hau- 
teur au milieu, et G imèt. 200 aux extrémi- 
tés. Leur épaisseur, aussi au milieu, est de 
0 mèt. 028. 

Entre les sommiers on a construit, avee 
du ciment, des voûtes d'une demi-brique 
d'épaisseur , à joints tellement serrés, que 
les bords se touchent à la partieinférieure. 
Les cinq ou six assises près du centre ont 
même été posées et serrées sans ciment, 
après quoi on les a liées par un coulis. La 
fièche de ces voûtes est de 0 mèt. 127 , et 
les reins n’ont pas été remplis. Pendant la 
construction, les briques ont été mouillées 
avecsoin. 

Les couchis ont toujours été suspendus 
aux somnuiers par des tirants en fer, en 
sorte que ces sommiers ont été chargés pro- 
gressivement, ce qui n'aurait pas eu lieu si 
ces couchis eussent été, selon l’usage ordi- 
naire, portés sur des cintres en charpente 
soutenus de fond. 

On a construit plus de 2,000 mètres car- 
rés de ces voûtes, et l’on n’a cependant re- 
marqué nulle part le moindre tassement. 
Les planchers sont posés, comme à l’ordi- 
paire, sur des solives et des lombourdes. 
L’intrados est plafonné, et des moulures en 
carton-pâte cachent la partie inférieure de 
chacun des sommiers. 

Une épreuve bien convaincante a pu 
faire juger de la confiance que ce genre de 
construction doit inspirer. On a fait, au 
milieu de chacune des pièces, un grand feu 
de coke sur le plancher bas du rez-de-chaus- 
sée, qui n'a que 2 mètres 430 de hauteur, 
dans la vue de sécher les enduits, et, quoi- 
que la chaleur ait été entretenue à un très 
haut degré pendant plusieurs jours, il n’en 
est résulté d'autre inconvénient qu'un peu 
de boursouflement dansles planchers, dont 
deux sur dix-huit se sont gonflés seulement 


DT 

sez pour que l'on s’en aperçüt; encore cet 
et devait-il évidemment être attribué à 
:7rande quantité de la vapeur qui s’échap- 
ït du ciment et des plâtres des voûtes. 

- (Journal des Usines. ) 


ls —— HQE — 
AGRICULTURE. 
| 


HNSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET 
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS. 
(suite.) 
} l'époque la plus convenable pour faire la 
récolte des froments ; par M. Loiseleur-Deslong- 
champs. 
l'A la fin du Mémoire de M. de Villeneuve, 
bsc a ajouté une note en opposition à ce 
v’avance M. Coke, et de laquelle il résul- 
lrait, au contraire, que les grains des fro- 
Lents coupés avant leur complète matu- 
té : 40 donnent-moins de farine ou de la 
“rive qui est moins de garde ; 2° que la 
lite faite avec cette farine lève moins bien ; 
| que le pain résultant de l'emploi de la- 
te farine est plus lourd et plus sucré. 
iUne chose intéressante à savoir, c’est 
ans quelle proportion se trouve le gluten 
hmparativement à l’amidon, dans la farine 
rovenant des blés coupés prématurément, 
| dans la farine faite avec des blés récoltés 
irfaitement mürs 
| Au reste, cette question est loin d’être 


braplétement jugée, il y-a encore plusieurs 
bints importants à éclaircir ; par exemple, 
}s suivants : 
| 4° Si les grains récoltés avant la parfaite 
haturité peuvent acquérir réellement la 
1ème grosseur et pesanteur que ceux 
ju’on laisse attachés par leurs racines, et 
ils peuvent même prendre, étant entassés 
ans l'aire, plus de poids et de volume, 
-nsi que l'ont dit Columelle et Pline ; 

| 20 Si les qualités de leurs farines respec- 
‘ves sont les mêmes, ou si, comme le dit 

osc, la farine des blésimparfaitement mûrs 
\st sujette, lors de la fabrication du pain, 
tux inconvénients dont il parle. 

3° Si, comme l'avance M. Coke, au con- 

raire, les grains des froments récoltés quel- 
ues jours avant la maturité contiennent 
“oins de son et plus de farine ; 
|. 4 Si les blés coupés prématurément ne 
‘ont pas plus sujets à produire des grains 
lariés que ceux qui n’ont été récoltés que 
larfaitement mûrs, plusieurs agriculteurs 
2commandables ayant signalé comme une 
\es principales causes de la carie l'emploi 


| 
our semences de grains qui n'étaient pas 
omplétement mûrs ; 

| 5° En quelles proportions la quantité de 
.luten peut varier dans les uns et dans les 
‘utres. 

Quant à la paille récoltée encore un peu 
erte, il n’est pas douteux qu’elle doit être 
lus savoureuse, et faire par conséquent un 
ieilleur fourrage ; mais cetle raison serait- 
ile un motif suffisant, si le blé, la partie 
1 plus précieuse et la plus chère, devait en 
souffrir à 
| Pour ce qui est de la crainte des grêles, 
es ouragans ou autres phénomènes atmos- 
hériques, dont le développement subit 
eut nuire aux récoltes ou même les anéan- 
r, point de doute que c’est un motif bien 
1pable de déterminer à avancer la moisson, 
pee encore faut-il ne pas trop la précipiter. 
| Enfin je crois que la matière est de la 
|lus haute importance et qu’elle mérite 
l'en que de nouvelles expériences soient 
ites à ce sujet, en ayant égard à toutes les 
msidérations dont je viens de parler. 


158 


J'avais eu l'intention, lors de la récolte 
dernière (celle de 1842), qui, en général, a 
été complétement terminée, aux environs 
de Paris, avant la fin de juillet, de faire 
quelques essais sur ce sujet, et j'avais, à cet 
effet, récolté prématarément un certain 
nombre de variétés de froment, le 27 et le 
29 juin, avec l'intention de laisser les mêmes 
sortes huit à dix jours plus tard; mais je 
n'ai pu exécuter ce projet qu’en partie, à 
cause des moineaux qui menaçaient de tout 
dévorer. Sur quelques variétés que j'ai pu 
sauver, le poids des grains, à ces deux épo- 
ques différentes, a été à peu près le même; 
dans quelques autres, il y a eu 5 à 10 pour 
100 en faveur des blés que j'ai récoltés les 
derniérs. Il est vrai de dire que, n'ayant 
pas beaucoup de chaque sorte, je n’ai pu 
former que de petites poignées d'épis de 
mes blés recueillis les premiers, et non des 
gerbes amoncelées en tas, dans lesquels les 
grains auraient pu se perfectionner en 
empruntant aux pailles le reste de sève 
qu’elles pouvaient avoir encore; car c’est 
probablement ainsi qu’il faut entendre ce 
que les anciens ont dit des blés qui ga- 
goaient dans l'aire après avoir été coupés. 


De la faculté germinative du froment et de 
sa prodigieuse vitalité. 


Les auteurs qui ont parlé de la faculté 
germinalive du froment ne sont pas d'accord 
sur le temps durant lequel elle peut se con- 
server. L’un des plus anciens, Pline, dit 
que la meilleure semence de blé est celle 
de l’année, que celle qui a deux ans n’est 
pas si bonne, que de trois ans elle est pire 
eucore, et qu'à quatre ans elle devient sté- 
rile. 

Cependant Duhamel assure, comme en 
ayant fait l’expérience, que du froment 
gardé pendant dix ans dans le tiroir d’une 
commode avait levé. Le même auteur rap- 
porte que Lullin de Châteauvieux ayant 
semé trois quarts d’once d'un blé qu’il 
avait conservé avec soin durant huit an- 
nées, cette semence avait levé assez bien et 
avait donné d’assez belles productions. 

Tessier, après avoir dit que le froment 
récolté bien mûr et soigné eonvenablement 
conservait longtemps sa faculté germina- 
tive, se borne à assurer que celui des deux 
à trois dernières récoltes peat servir pour 
lès semences comme celui de la dernière. 

Dans la pratique ordinaire, les cultiva - 
teurs ne sèment guère que du blé de la 
précédente récolte, et ce n’est que lorsqu'ils 
y sont forcés par quelque circonstance par- 
ticulière qu'ils prennent, pour leurs semen- 
ces, celui de deux ans ; ils craindraient, en 
semant du blé plus vieux, qu'il ne levât pas. 


Trouvant, d’après ces témoignages assez 
opposés, qu'il existait encore trop d’incer- 
titude à cet égard, j'ai cru utile de faire 
quelques nouvelles expériences pour m’as- 
surer, d’une manière plus positive, combien 
de temps le froment, placé dans les cir- 
constances les plus favorables, pouvait 
effectivement conserver la propriété de 
germer. 


M. Darblay jeune, que j'ai déja eu oc- 
casion de citer, m’ayant donné, en novem- 
bre 1839, un assez grand nombre de fro- 
ments qu’il avait conservés dans des bo- 
caux depuis neuf à dix ans, j'en ai semé, à 
la fin de février 1840, six cents grains ap- 
partenant à six variétés, et il n’en a levé 
que cinq, dont deux d’une variété et les 
trois autres de trois variétés différentes. La 
terre avait cependant été bien fumée avec 


159 


beaucoup de crottin de cheval, ce qui eût 
dû activer la germination. 

L'année suivante, j’ai semé de nouveau 
mille onze grains de douze autres variétés 
des mêmes blés, et de ce grand nombre je 
n'en ai vu que trois sortir de terre. 

D’après cela il doit être bien prouvé que 
la faculté germinative est éteinte dans du 
b'é récolté depuis neuf à dix ans, car huit 
grains qui ont levé sur seize cent onze peu- 
vent être considérés comme nuls. 

Au commencement de septembre 1839, 
j'ai semé trois cents grains de trois variétés 
de ma récolte de 1834, et ayant par con- 
séquent cinq ans. De ce nombre, il n’en a 
levé que quarante-six en tout, mais la ger- 
mination s’est opérée d’une manière fort 
inégale entre les différentes variétés; car, 
de cent grains de poulard lisse, il est sorti 
de terre quarante et une tiges, tandis que 
cent grains de blé de mars barbu de Tos- 
cane n’en ont produit que quinze, et que 
les derniers cent grains, appartenant au blé 
blanc de Hongrie, n’ont rien donné du tout. 
Ainsi la faculié germinative était presque à 
moitié conservée dans la première variété : 
elle ne restait pas tout à fait au septième 
dans la seconde, et elle se trouvait entière- 
ment abolie dans la troisième. 

Ayant ressemé, au commencement de 
mars de l’année suivante, trois cents autres 
grains appartenant par parties égales au 
blé de mars barbu de Toscane, au blé hé- 
risson et au poulaid blanc lisse, il a levé 
cinq grains du premier, trente-neaf du 
second et dix-huit du troisième, en tout 
soixante-deux. C’est comparativement plus 
que pour les premiers trois cents grains 
semés six mois plus tôt Cependant le pon- 
lard blanc lisse n’a donné que dix-huit tiges 
au lieu de quarante et une, et dansle der- 
nier semis que Jai fait de ce blé, en octobre 
de cette année (1842), et qui avait par con- 
séquent huit ans, il n’a pas levé un seul 
grain sur cent trente-six qui me restaient 
et que j'avais mis en terre. 

Cependant, comme je viens de le faire 
observer, certaines variétés conservent bien 
plus longtemps les unes que les autres leurs 
propriétés gurminatives, et ce n’est pas en 
raison de leur volume et de leur pesanteur ; 
car, dans une expérience autre que les 
précédentes, et que je ne rapporte ici que 
sommairement pour ne point trop allonger 
cet article, sur cent grains de blé carré de 
Sicile de ma récolte de 1835, et ayant par 
conséquent cinq ans et demi quand ils fu- 
rent semés, à la fin de février 1841, il en a 
levé soixante-douze, tandis que de cent 
grains de blé géant de Sainte-Hélène, du 
même àge et semés à la même époque, il 
n'en est sorti de terre que seize, quoique 
les derniers fussent presque du double en 
grosseur. 

Mais la faculté germinative du blé carré 
de Sicile lui-même a des bornes ; car, ayant 
semé en octobre dernier (1842) deux cents 
grains de la récolte de 1834, et ayant par 
couséquent huit ans et deux mois, il n’en a 
pas levé un seul. 

Enfin, à la même époque, j'ai tenu sub- 
mergés, pendant cinq jours entiers, deux 
cents grains de blé de la Trinité et la même 
quantité de blé blanc de Hongrie, récoltés 
tous deux en 1335, sans que l'embryon se 
soit développé dans un seul, tandis que, 
dans cette sorte d’épreuve, il ne faut que 
deux jours pour que l’on puisse voir l’em- 
bryon percer les téguments à la base du 
grain et se faire jour à travers. Tous ces 
grains se sont seulement uniformément 


160 

gonflés, et leur intérieur formait une sorte 
de bouillie, mais sans la moindre apparence 
de germination. 

Il doit donc être prouvé, d'après ces dif- 
férentes expériences, que, au bout de quatre 
à cinq ans de récolte, le froment, à quel- 
ques exceptions près et assez rares, perd 
les trois quarts de sa faculté reprodactrice, 
que certaines sortes, le blé blane de Hongrie 
par exemple, l’ont tout à fait perdue à cette 
époque, et qu'enfin , à sept ou huit ans, 
elle est entièrement éteinte dans le plus 
grand nombre des variétés. 


—_— 29 @Ee— 
SCIENCES HISTORIQUES. 


HISTOIRE. 


Les gloires de la France. 


C’est une belle et grande idée que de 
réunir en un corps d'ouvrage les vies de 
tous les personnages qui, à des époques dif- 
férentes et à divers titres, ont à la fois il- 
lustré leur nom et leur pays. Détacher ces 
figures imposantes des tableaux où l’his- 
toire les a placées, les isoler en quelque 
sorte, les individualiser, concentrer sur 
elles seules l'intérêt que rappellent les 
actions auxquelles elles se rattachent, les 
encadrer dans les détails de la vie privée, 
et loin de diminuer par là le culte qu'on 
leur rend, laugmenter au contraire, en 
rehaussant sa légitimité par des titres nou- 
veaux, ce n’est pas là sans doute une con- 
ception neuve; il y a seize cents ans que 
Plutarque composa ses hommes illustres ; 
mais vouloir imiter Plutarque est une 
noble audace, si ce n’est pas du génie. 
Pour atteindre un tel but, ce n’est pas assez 
d'avoir beaucoup d’érudition, de savoir par 
l'énergie et la finesse du style rendre cette 
érudition agréable, il faut encore et avant 
tout être assez fort pour se placer Lien haut 
au-dessus de la foule, et de ce point Jus- 
qu’où l’opinion, qui le plus souvent nest 
qu'un composé de préjugés, ne peut étendre 
son pouvoir despotique, oser écrire face à 
face de sa conscience et de son personnage 
seulement. 

_Il est dès lors à regretter qu’un homme 
seul n'ait pu se charger d’un travail aussi 
vaste que celui dont nous nous occupons. 
Sans être de l'avis de ceux qui ne voudront 
peut-être, voir dans une telle entreprise 
qu’une affaire d'argent où qu'un but poli- 
tique, nons devons convenir que par le fait 
seul de collaboration elie perd un peu de ce 
prestige de conviction individuelle, d'unité 
de conscience qui devrait eu faire le pre- 
mier et le véritable mérite. 

Ces observations préliminaires étant 
faites, nous venons aux quatre prenmyers 
volumes publiés, M. d'Exauvillez à fait 
précéder l’histoire de Godefroy de Bouillon 
d'une introduction dans laquelle il a tracé 
un rapide tableau des Croisades jusqu’au 
départ de son héros pour la Terre-Sainte 
Les souffrances des chrétiens de l'Orient, 
les prédications de Pierre l’'hermite, les 
résolutions arrêtées au concile deClermont, 
les fautes, les excès, les crimes des pre- 
mières bandes de Croisés d'autant plus in- 
disciplinés qu'ils n'avaient d'autre chef 
aw'un faible hermite, d'autre règle que 
les inspirations de leur enthousiasme; 
tout y est raconté avec concision et fidé- 
lité. 

De quelque manière que Von Juge man: 
tenant ces entreprises, bien autrement 
importantes par leur but que toutes les 


161 


actions épiques de l’antiquité, et dont le 
résultat le plus grand fut de préparer les 
voies à la civilisation moderne, on est 
forcé de regarder en pitié Agamemnon, ce 
roi des rois ligués pour détruire et brûler 
Troie, lorsqu'on a devant soi cette grande 
figure de Godefroy, et que de siége en siége, 
de combat en combat, on entre avec lui, 
après un troisième assaut, dans Jérusalem. 
Tout ce qui tient à l’action militaire est 
rapporté avec soin par M. d'Exauvillez Il 
est à regretter que ce qui concerne ladmi- 
nistration du nouveau royaume de la chré- 
tienté n'ait été traité que d’une manière 
secondaire. Les assises de Jérusalem, par 
exemple, ont une si grande importance 
comme monument de la législation, elles 
furent si utiles lorsque le droit romain, 
modifié par le christianisme, devint sous 
le titre de droit canonique, la loi écrite de 
presque tous les peuples del’Occident, qu'on 
ne peut s'empêcher de déplorer cette la- 
cune dans une histoire de Godefroy de 
Bouillon. 

L'histoire de Suger, par M. Nettement, 
est plutôt l’histoire du règne de Louis -le- 
Gros et de Louis VII, que celle de l'abbé 
de Saint-Denis. Toutefois la faute n’en 
est pas à l'historien, il a pris son person- 
nage tel qu il la trouvé, tel qu’il fut. Gé- 
péral, diplomate, moine, Suger était tout 
cela. Dansles camps, au conseil, à Pabbaye 
de Saint-Denis, sous la cuirasse et sous le 
froc, cet homme, qui, pour être autant 
au-dessus de Richelieu que Richelieu fut 
au-dessus des hommes de son temps, 
n'aurait eu besoin, peut-être, que de 
naître cinq siècles plus tard, resta seul 
chargé de la royauté, à une époque où la 
royauté encore sous la tutelle des grands 
vassaux, pouvait à chaque instant se trou- 
ver par les excommunicationssans sujets et 
même sans serviteurs. Au milieu de tant 
de périls aggravés par les expéditions loin- 
taines, lesembarras du trésor, les intrigues 
de la cour et les chagrins de mésage de 
Louis le Jeune, conserver le pouvoir royal, 
le rendre plus grand et plus vénéré, était 
une tâche bien difficile, Suger sut la rem- 
plir. M. Nettemeut a terminé son volume 
par une appréciation des faits, des mœurs 
et des idées pendant la vie de Suger. Il 
a, comme il l’a dit lui-même, groupé le 
siècle autour de l’homme afin qu'on put 
juger de l’influence réciproque que lun et 
l’autre ont subie et exercée. C’est la partie 
philosophique de l’ouvrage, et celle aussi 
qui nous a paru la plus neuve et la plus 
intéressante. 

De toutes les reines, de toutes les femmes 
dont les noms se trouvent mêlés à notre 
histoire, celui de la mère de Saint-Louis 
est, sans contredit, le plus vénéré. La vie 
de Blanche de (Castille, embrasse une des 
périodes les plus glorieuses de la monar- 
chie. Elle déjoua les complots de la féoda- 
lité, dompta l’hérésie et sut conserver 
intact à son fils un héritage qui peut-être 
eut été morcélé si le soin de le défendre 
eut été remis en d’autres mains. Avec de 
tels éléments, il était aisé de faire un livre, 
mais le faire bon et mériter le titre d’his- 
torien de la reine Blanche, c'était à le 
point difficile. Ce titre, M. Théodore Ni- 
sard l’a rendu sien. On peut ne pas approu- 
ver entièrement sa manière d'envisager 
quelques événements de l’époque surtout 
si pour les juger on ne veut se placer qu’au 
point de vue de la nôtre, mais il faut lui 
savoir gré et de l’art avec lequel il les pre- 
sente, les apprécie, les développe, etds soin 


162 
patriotique qu’il emploie pour effacer 
jusqu'à la trace de taches que la calomnie. 


avait tenté de faire sur une vie aussi pure 


que glorieuse. 

Godefroy, Suger, Blanche de Castille, 
ce sont là trois gloires de notre France. 
mais placer sur la même ligne madame de 
Sévigné, c’est, nous devons le dire, ouvrir 
les rangs à des personnages secondaires. 


Que madame de Sévigné soit encore de nos 


jours un modèle du style épistolaire, per- 
sonne ne voudra le contester. On la tiendra 
pour inimitée peut-étreaussipourinimitable, 
on aimera sa grâce, sa naïveté, on répé- 
tera ses bons mots, comme s'ils n'étaient 
dits que d'hier, mais sa tendresse de mère 
ne passera jamais pour une de ces passions 
grandes pour une de ces vertus sublimes 
qui font la gloire d’un état, et quelque ha- 
bile historien que soit M. le vicomte Walsh, 
ceux qui prennent les mots pour ce qu’ils 
signifient, auront le droit de lui demander 
quelle action d’éclat, quelle noble entre- 
prise, quelle découverte importanteapu va- 
loir à la mère de M“*de Grignand d'être pla- 
cée à côté de la mère de Saint-Louis. La 
beauté, l’amabilité, sont deux vertus sans 
doute, mais elles sont les vertus de la vie 
commune ; le bon style aussi est une qua- 
lité dans un ouvrage, puisque seul il ouvre 
à un auteur les portes d’une Académie et 
à ses ouvrages la bibliothèque de l’homme 
de goût, mais en somme, ce n’est pas ie 
style qui fait les actions d’éclat, qui fonde 
les états, les sauve ou les gouverne. 
C.-B. F. 
© ÿE—— 
ARCHÉCLOGIZ. 


Canton de Saujon, arrondissement de Saintes 
(Chkarente-fnf.) 


Commune DE Cozes. — Le territoire de 
cette commune est très productif en grains 
et possède plusieurs manufactures d’an 
drap de laine gris très usité par les paysans. 
De là peuvent proveuir le nom du bourg; 
Cozzo, vêtement de laïne appellé cozetta 
par les lialiens; ou cozolium, mesure de 
grains. Vingt quatre cozolia font un sextier 
(Carpent.) : Dueange écrit coyzium. 

Cozes a été une mansion romaine. Lors- 
que les Romains établirent une grande voie 
entre T'amnum sur les bords de la Gironde 
et Jfediolanum ou Saintes , ils la firent pas- 
ser de Falmont actuel à Arces, À Théon 
qu’elle laissa à droite, à Cozes,qu’elle cotoya 
en laissant le village à gauche, aux Sou- 
lards, à Morigrac, à Fougerade, aux Arè- 
nes, au Fief-Gallet, aux Gaïllots, À Chadi- 
gnac, et elle venait aboutir vis à vis la 
Motte-&-Leu, à la voie militaire de Norio- 
regum, à Alediclanum. Cette route impé- 
riale indiquée sur la table théodosienne 
devait être alors la seule pratiquée, puis- 
qu'on lit T'amnum, puis Aediolanum, sans 
aucune indication de la station de Noviore- 
gum signalée danS l'itinéraire d'Antonin. 
Nul doute que les changements survenus 
dans le parcours de la Gironde et dans les 
modifications survenues dans la Seudre, 
aient fait négliger peu à peu les établisse- 
ments importants placés sur les rivages et 
dans les ruines nous sont revelées depuis 
quelques temps. Les champs à droite de 
Cozes sont remplis de débris de briques 
romaines et les habitants ont conservé à 
cette zône le nom de Foie romaine. Fhéon, 
qui appartenait pout-être à Théon, l'ami 
du poète ausone, possesseur d'une autre 
propriété du même nom dans le pays d'Ar- 
vert, à été un manoir du moyen-âge, à 


| 
| 
| 


| 


163 


entour duquel les débris de tuiles à re- 
words sont excessivement communes. Le 
‘ief-Gallet, où passait la voie romaine qui 
ous occupe, à lui-même conservé des 
aces de l'ancienne chaussée. Cette route 
jevait passer aussi à Foungerade, car un 
‘hamp a donné en abondance des débris de 
rriques, des vases et divers autres objets 
intiques. Le Champ-Grélon, proche Saintes, 
Fà cette voie de Tamnum aboutissait à 
iZediolanum. a fourni également de grandes 
uantités de briques, et quelques unes ayant 
incore 0,55 cent. de longueur. 

L'église de Cozes est dédiée au prince des 
Hpôtres. C'est un vaste vaisseau presque 
intièrement restauré dans le quatorzième, 
It malgré les mutilations qu’il a subi, on 
retrouve encore au chevet trois fenêtres 
ccolées, du douzième siècle, ayant des 
* culptures romanes, des colonnettes fluettes 
lux angles. Les autres fenêtres à ogives 
rent du quatorzième siècle. Il en est de 
\nême du clocher qui est carré, à quatre 
Jontreforts massifs et droits, terminés par 
ljuatre pignons aigus et qui est surmonté 
lun pyramidion à huit faces, percé de 
nuit baies ogivales, ouvertes ou bouchées 
Lt coiffé d’une toiture à quatre pans. 
| Il ne reste que quelques ruines du chà- 
eau féodal de la Ferrière, qui avait d'assez 
|rastes souterrains : les débris existants da- 
rent de l’époque de la renaissance. 

Commune pe GRÉzac : Gresiacum. Le sol 
lune partie de cette commune est siliceux, 
| Poù lui vient son nom, dérivé de Gresun 
ou Gresium, champ où le silex abonde. La 
désinence ac, dérivée d’acum signifie lieu 
habité, et fait remonter à l'époque romaine 
a plupart des villages dont te nom finit 
ainsi. La terminaison en ac est excessive- 

ment commune en Sxintonge. 

M. Gauthier, dans sa statistique (p.140), 
ndique , à quelque distance de la Seudre 
es ruines d'un ancien monastère, dont il 

. ne reste plus que des pans de murs avec des 
sculptures romanes et des voûtes. 

L'église du hameau de Grézac est sous le 
vocable de saint Symphorien. Son archi- 
Itecture est fort curieuse, et il existe fort 
peu d’édifices religieux bâtis sur ce modèle 
|en Saintonge. C'est un vaisseau large, 
‘écrasé, dont la façade présente à droite un 


«petit clocher à six pans, coiffé d’une toîture 


jaigue à six faces, et à gaache deux contre- 
|forts, de la même époque que le clocher, 
c'est à dire da dixseptième siècle. Sur cette 
lfaçade est simulé un immense portail ogi- 
val, qui en occupe toute l'étendue, Cette 
ogive surbaissée et largement ouverte, a 


| Lrois voussures en volute et trois colonnet- 


hs ste DE 


tes. Dans cette ogive simulant le portail et 
bouchée, sont deux arcs plein-cintre acco- 


E lés, appuyant au milieu sur une seule co- 


l . 
.'onne, Ces deux arcs simulent deux portes, 
|dont l’une estouverteetl’autrebouchée Une 


{ 
“console qui coupela façade etla deuxième 
assise, présente deux fenêtres ogivales fer- 
“mées, ayant de pieuses images sculptées 
ne lenr plate-bande et des animaux sur 
À 


le côté. Tout accuse le faire du douzième 
siècle dans ce frontispice. 

L'apside est remplacée par un chevet 
‘droit, au milieu duquel s’ouvrent deux fe- 
|nêtres accolées de la fin du douzième siècle, 
fenêtres en ogives largement ouvertes, à 
jarchivolte bordé. Une portion attenante à 
= chevet et qui a dû dépendre de l’apside 
primitive, est à demi-arroudie et porte en- 
|core des modil'ons romans, et les pleins- 
ciatres du onzième siècle, des fenêtres dis- 
posées en arcature. J'ai fait dessiner cette 


16% 


église sous ses deux aspects, eton la trou- 
vera dans mon portefeuille avec toutes 
celles que j’ai déja décrites. 

Commune DE SEmussac-EN-Dinonne. Le 
territoire de cette commune qui est crayeux 
et arvileux, ne produit guère que des grains 
de toutes espèces. De ce genre de produc- 
tion découle le nom de Semussacum , de 
Semeurus, Terra Semeura, et Acum, lieu 
habité. Les Romains avaient établi une 
mausion en ce lieu, et on a déblayé entre 
La Tallade et Trignac des restes de voûtes 
enfouies sous le sol, dont l’appareil et le 
ciment étaient d’origine romaine évidente, 
Ces débris placés près du vieux castrum de 
Didonne, se trouvaient sur les bords d'une 
voie romaine qui devait longer Cozes et se 
rendre à Médis. Le castrum de Didonne, 
placé sur un territoire consacré par les 
Celtes au culte du druïdisme, était le siége 
d’une baronnie, dont le maréchal deSennec- 
terre a été le dernier suzerain. Le château 
actuel est de l’époque de la renaissance. 
L'église est moderne, et a été rebâtie en 
1780. Un acte du 10 juin 1,366, fait hom- 
mage au prince d'Aquitaine et de Galles de 
sa seigneurerie de Didonne par Soudan de 
Latran, fait seigneur de Montendre. Bousi- 
gnon fait venir le nom de Didonne, des 
mots celtes : di, le jour, et cunum, éléva- 
tien. 

Commune DE Mécuers. Le bourg de Mé- 
chers, situé sur le bord de la Gironde, a 
été jadis une petite ville dont le port était 
très-fréquenté. Les Espagnols la bombar- 
dèrent en 1620. Le nom de ce bourg doit 
être Cette; mais nous en ignorons la signi- 
fication. En 1840, on a découvert, à une 
faible distance de ses murs, un dolmen 
parfaitement bien conservé, dont la table 
était formée d'un puddisg ayant des ro- 
gnons siliceux de la grosseur d’un œuf et 
ornés de vives couleurs. Gette tabie mesu- 
rait 62 centimètres d'épaisseur. Méchers 
est dédiée à saint Saturnin, elle a été rebâ 
tie plusieurs fois, et la nef a même été re- 
faite il y a quelques aunées au plus. Le 
clocher actuel en est la seule partie un peu 
ancienne. C’est un morceau d'architecture 
du style ogival du xv° siècle, lourd, qua- 
drilatère, ayant une tourelle hexagonale 
s'éievant jusqu’à la première assise, ayant 
quatre baies ogivales brochées. La dernière 
assise a deux longues fenêtres en ogives, 
très-étroites et épaisses accoltes. Des quatre 
clochetons avec pinacle, quatre angles du 
sommet ayant aujourd'hui ua toit plat, il 
n’en reste plus que deux, 

Commune De T'ALmMONT, tamnum de l'Iti- 
néraire d’'Antonin. Le nom de Talmont, 
est Celte, et vient de tal, hant. front, 
borne. Le coteau sur lequel est bâti le bourg 
est la limite des eaux de la Gironde qu'il 
surplombe à une assez grande élévation. 
Tamnum était, lors de l’occupation de la 
Saintonge par les Romains, une mansion 
militaire placée sur la voie de Burdisala 
par Blavia à Mediolanum (Saintes). Ce 
nom est écrit Lmnum sur la carte de Peu- 
tinger. Valois et D’Anville ont admis que 
Tamnum de itinéraire d’Antonin était 
Talmont actuel , et que Nov:oregum était 
Royan. Quant au Novioregum , il est placé 
avec juste raison à Toulon ; mais T'amnum 
a été, d'un avis unanime, conservé au 
bourg actuel de Talmont. La carte d’An- 
tonin , en donnant la route de Bordeaux à 
Autun, cite: Blavio, M. P.xvin; Tamnum, 
M. P. xvi; Novioregum, M. P. x, Medio- 
lanum Santonum, M. P. xx; et celle de 
Théodose cite : S'inus aquaticus ; Burdigala 


165 


ix, Blavia xxix, Lamnum xin et Mediolano 
sanctonum xVI. M. Hue a placé le Tamnum 
des Romains à Saint-Ciers du Taïlion. 

Bourignon (Rech., p. 290), cite l'opinion 
de Beverus qui voit dans Talmont le pro- 
montoire des Pictones, et celle d’Ortellius, 
qui retrouve dans le Tmnnum le Tano de 
la Gaule-Lyonnaise. « Talmon, ajoute cet 
érudit, doit venir de Talum mundi, la fin de 
la terre. Il place la imansion romaine à un 
quart de lieue du bourg actuel, aux alen- 
tours du village de Barzan. « La voie ro- 
maine, dit Boarignon, après avoir traversé 
cette station, s'éloigne un peu de ja côte, 
pour passer à Aaces et à Semussac, et de là 
en ligne directe à Médis, où l’on a décou- 
vert une voûte et des fragments de briques 
romaives. » Dans le champ de Pevels, situé 
sur Ja route de Talmont à Novioregum, on 
trouve encore des masses de fragments de 
briques antiques. 

Le nom de Talmont est écrit Talamon 
dans un titre d'Edouard IT, de 1308, con- 
servé dans les rôles gascons. C'était une 
principauté appartenant à la famille his- 
torique des Latremouille, et plus tard, au 
même titre, à celle des Montansier (Mai- 
chin, p.166.). 

Un autre Talmont existait aux environs 
des Sab'es-d'Oionne. Il est cependant pro- 
bable qu'il est question du Talmont Sain- 
tongeois dans une charte de 1080, qui 
fait cession au prieuré de Fontaines, par 
jugement du seigneur d? Talmont, de 
terres situées près le monastère d’Angles. 

Le castrum de Talmont est ruiné. Son 
église placée sur le point culminant de la 
falaise, que ruinent eu dessous les vagues, 
occupe une position des plus pittoresques, 
et tôt ou tard disparaîtra par l’usure du 
sol qui la supporte. On voit que la mer a 
déjà rongé une bande de terre, assez épaisse 
pour arriver jusqu’au côlean sur lequel 
elle est bâtie, et qui devait être assez éloigné 
du rivage proprement dit dans les premiers 
siècles de notre histoire. Cette église est 
une véritable basilique , avec nef ét tran- 
sept, dédiée à sainte Radégonde, la reine- 
nonne des Poitevins, et du style roman du 
onzième siècle le plus fleuri et le plus orné. 
Besly nous a conservé la date de l’édifica- 
tion de ce monument religieux (p. 444): 
il dit dans la Vie de Guiilaume VI ou le 
hardi : « Le sire de Talmont, bâtit en Pan 
1040 Sainte-Croix de Thalmont ; » Ii se 
pourrait toutefois que cette citation soit re- 
lative à la fondation de l'église de Talmout 
proche les Sab'es-d’Olonne. 

Daos l'édifice actuel du Talmon qui vous 
occupe, tout annonce la puissance dés fon- 
dateurs et la richesse des seigneurs de cette 
localité, en même temps que le faire du 
onzième siècle, arec des restaurations pos- 
térieures. La facade occidenta!e a un porche 
barbare et une fenêtre ogivale du quinzième 
siècle, et sous le porche un portail ogival à 
pauaches et à gouttières du commence- 
ment du seizième siècle. L'apside est semi- 
arrondie, fort élevée, À trois assises, dont 
les pleins cintres décrivent des arcatures 
bouchées, à archivolles garnis de dentelu - 
res. Des colonnettes séparent les aires de la 
surface et des tailloirs marquent chaque 
étage. Desrière les deux transepts sont deux 
chapelles accolées et sans ouvertures. Le 
bras septentrional a trois portails romans 
en arc-de-triomphe. Les deux latéraux ont 
toujours été bouchés, et celui du milieu, 
rempli postérieurement et percé d’une porte 
batarde a deux voussures, encadrées par 
un tailloir en ressaut. La deuxième assise 


166 167 168 


présente une suite de pleins cintres à pen- BIBLIOGRAPHIE CONSEILS aux ouvriers sur les avantages des 
ditifs, et une corniche À modillons sur la- N caisses d'épargne et de prévoyance, — Paris, chez 
quelle est percé un œil-de-bœuf précédant CONSIDÉRATIONS historiques et critiques sur | Tètu, rue J.-J. Rousseau, 
une attique bâtie postérieurement. Des ou- | les vitraux anciens et modernes etsur la peinture sur INSTRUCTION PASTORALE sur le schisme de 
vertures romano-ogivales du douzième | verre; par Émile Thibaud. — A Clermont-Fer- | France, par le cardinal de La Luzerne. — A Pa- 
atele occupent la première assiette l'ap- rand, chez Thibaud-Landriot, chez l’auteur; à Pa- | ris, chez Méquignon Junior, rue des Grands-Au- 
side et accusent un remaniement de cette ri chez COUR er Amber Busins 
partie, J’ai fait exécuter plusieurs dessins CLASSIFICATION et caractères distinctifs des L'INTÉRIEUR D'UN PENSIONNAT; par ma- 
à l’aquarelle et à la mine de plomb , de | champignons comestibles et des champignons véné- dame Caroy. Revue par M. l'abbé Rousier. — À 
cette église fort remarquable. Lesson. | neux. Fee Fe NARNIA LRAANL ET AIpAr Le PES 
EXPOSITION des principes actuels de la philo- FUIT AE mass 
## | sophie; par M. Edouard Cournault. À Paris, chez PRO oras et Rene prises 
ANR ED Eu TEE Ladrange, quai des Augustins, 19. AE CEE nt A Compiègne, chez Langlois 
Le vicomte À. DE LAVALETTE. LE BON JARDINIER , almanach pour l'année HISTOIRE maritime de France depuis les temps 
1845.— À Paris, chez Audot, rue du Paon. anciens jusqu’à nos jours ; par Léon Guérin. À Paris, 


chez Ledoux , rue Guénégaud, 9. 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, — DECEMBRE 1842. 


| 


Ê MIDI, 3 HEURES DU SOIR.| 9 HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS 
\ = DR. PO air 
T à 
| se Therm. | &| Barom. | Therm. 
E extér. = | à Oo. extér. CIEL A MIDI. MIDI. 
ñ 1 7 A 3 2 À 
PER m'lmn) de HP | 
ll) 3 | 765,37 1,1 6,2 753,61 7,4 433 7,9 0,5 |[Beau. S. 
ë Ë LS 0,4 5,3 155,98 4,4 2,9 6,0 1,8 |Brouillard épais. S. 
ë ee 0,4 5,4 156,54 4,8 0,8 5,0 0,8 |Brouillard. épais. S. 
| , pute La ve re 0e De 4,4 2 sa épais. SR à 
is , » , 54 ,0 1,7 ñ iel voi 5 . AN. U. 
8 | 766,55 0,4 2,0 158,83 3,0 0,6 3.0 19 [Brouillard léger.  [N. N.E. 
ia) t ul A 
; 2 , 2, 4, 1 4, #, rouillard. Ê 
ÿ| 11 | 760,69 0,3 8,9 741,12 114,0 11,2 11,3 3,5 [Brouillard trés léger.|E. S. E. 
F| 12 | 760,10 47 413,2 746,28 | 134 8,0 14,0 8,8 |Couvert. S. 
5 13 | 762,76 7,1 11,0 750,55 | 106 11,4 118 6,9 |Beau. 1 
5| 14 | 762,96 1,6 11,9 753,65 | 12,6 752,03 9.8 12,8 8,0 |Beau. S. E. 
ë| 145 | 764,45 475 45,0 750,56 | 151 75148 | 128 15,5 9,1 |Beau. S. E. 
#| 16 | 763,46 0,5 11,3 749,34 | 1421 750,41 89: 2.0 9,5 |Beau. S. E. 
à] 17 | 761,39 0,7 4,2 760,06 4,9 766,28 0,9 5,0 2,9 |Couvert. S.O. 
É 18 | 766,74 S,8 2,8 774,70 4,0 772 10 0,7 4,3 1,8 |Couvert. 0. 
ë| 19 | 772,20 6,0 1,3 767,11 2,1 762,54 1,8 12,3 3,8 |Couvert. 0.S. 0. 
4, 20 | 771,06 61 10, à | 749,97 | 112 | | 749,35 T8 1,8 1,0 |Couvert. 0: S. 0. 
ë| 21 | 766,84 8,2 6,3 751,00 5,9 752,70 3.0 6,5 5,0 |Pluie fine. S. O. 
ï 22 | 765,41 8,8 4,9 740,02 40,0 743,56 7,3 10,3 0,0 |Couvert. O.S. O. 
Ë| 23 | 753,24 77 5,9 747,23 7,2 TA,43 5,4 7,0 4,1 |Couvert. ! 0.S. 0. 
ä| 2% | 752,06 5,0 10,0 737,86 9,2 738,97 58 10,0 4,4 |Beau. N. O. 
| 25 | 757,77 0,4 6,5 736,63 8,7 738,55 48 8,0 4,9 |Beau. O. N. O. 
3) 26 | 755,96 0,6 3,6 739,47 5,3 743,13 23 5,2 0,5 |Beau. S. O. 
27 | 747,03 5,6 .T,0 744,80 76 738,59 8,3 9,0 1,5 |Trés-nuageux. 5. $. O. 
ë| 98 | 758,32 1,4 154 736,29 | 152 744,94 8,7 15,8 8,1 |Beau. (0. S. O. 
ñ| 29 | 768,01 1,0 8,1 748,73 8,7 747,34 5,7- 9,2 5,6 |Beau. LE. 
ë| 30 | 768,51 8,4 40,4 751,29 9,7 760,03 5,8 0,2 5,0 |Couvecrt. 0. S. O. 
| 31 | 766,93 8,8 8,6 764,06 9,3 762,17 9,8 9,9 8,0 |Couvert. 0. S. O0. 
| 1 | 765,81 765,49 2,3 764,179 3,4 0,5 [Moyenne du 4 au 40 |Pluie en cent.|$ 
2 | 764,58 764,15 7,0 763,82 8,1 1,9 [Moyenne du 11 au 20 Cour. 0,915.|f 
| 3 | 743,40 758,38 6,6 758,74 7,4 34 [Moyenne du 21 au 31|Terr.’ 0,650. 8 
4,5 |Moyennes du mois . . . . . . 4,1 |R 


REV UE Librairie de Debécourt,, rue des Saints-Pères, 69. 


SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE | Lee GLOIRES DE LA FRANCE; 


Sovarts et des Manufneturiers de la France, 


de l'Allemagne et de lAmgleterre , OUVRAGE PARAISSANT PAR LIVRAISON DE TROIS VOLUMES 
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D [D' QUESNAV EME) de Saint-Esprit; Vie de la reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Gode- 

Fubricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin, de l'Institut, etc. froy de Bouillon, par M. D'Exauvilliers ; Fie de Saint- Vincent de Paul » par 


l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné ; par M. le vicomte de Walsh: Pie 

Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages). | de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy; Fie de 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de chimie l'abbé de L'Epée, par Duplessy: Vie de Mallebranche, par Lourdoueix ; Vie 
et de physique , dont ce jonrnal est, pour les travaux des savanis étrangers, | Qy cardinal de Bérulle, par l'abbé de Genoude : Pie du connétable de Clis 


le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à la Revue Ve = : 
RSS den à A RAR È FR on, par M, de Clisson; D rt, par M. Alfred de Servich. 
pour deux années à la fois ont droit à l’istoire de La chimie de F. Hoëfer, for- son, par M. de Clisson; Pie de Colbert, par 
mant deux volumes in-8° de 17 francs. —————— — ——  ———————— —————————————…—…—…— _ — 
Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de ?0 fr. par année 
pour Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au Pants. — Imp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 
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doivent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l'Histoire de la 
chimie par la poste. 


| 


10: année. 


 L'EC 


L : 


SOMMAIRE. - SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE APPLIQUEE. Expérience sur la per- 
| œméabilité des liquides pour le gaz; Desjardin.— 
CHIMIE INORGANIQUE. Sur les concrétions 
intestinales d'animaux connues sous le nom de 
bezoards; analyse d’un nouveau bezoard minéral; 
Guibourt. — SCIENCES NATURELLES. 
SCIENCES MEDICALES. ANATOMIE. Nouvel- 
les recherches sur le cervelet; Forville. — ZGO- 
LOGIE. Description de trois nouvelles espèces 
d'animaux mouches; Bourcier. — SCIENCES 
APPLIQUÉES. SOCIETE D'ENCOURAGE- 
MENT. Séance du 27 janvier; Francœur. — 
ARTS MECANIQUES. Machines pour forger ; 
Hyder. — Modifications dans les machines à fa- 
briquer le papier. — AGRICULTURE. Considé- 
rations sur les céréales et principalement sur le 
froment ; Loiseleur de Longchamps.—ANIMAUX 
DOMESTIQUES. Résultats obtenus par M. Texier 
en élevant dans le Poituu es chevaux de sang 
nés en Limousin.—MEDECINE VETERINAIRE. 
Maladie analogue au hoquet de l'homme obser- 
vée sur un cheval; Paiu. — SCIENCES HIS- 
TORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MO- 
| RALES ET POLITIQUES. Séance du samedi 21 
| janvier, — ARCHÉOLOGIE, Habitation de l’ar- 
| chitecte Philibert Delorme. — GEOGRAPHIE, 
! Défrichement du lac de Haarlem en Hollande. — 
| FAITS DIVERS. — BIBLICGRAPHIE. 


SCIENCES PHYSIQUES. 
| PHYSIQUE APPLIQUÉE. 


. Expériences sur la perméabilité des liquides 
pour les gaz; par M. Dujardin. 


! La moelle blanche des tiges de plume, et 
les autres substances sèehes formées d’an 
“amas de cellules closes, comme le liège, 
la moelle de sureau, etc., étant coupées 
|en lames minces et soumises au micros- 
 cope entre des plaques de verre avec un 
. liquide, laissent voir dans chaque cellule 
une bulle d'air qui bientôt, par suite de 
. l’imbibition du tissu, devient globuleuse. 
| Celles des bulles d’air qui sont plus près du 
. bord se d'ssolent peu à peu et disparais- 
| sent successivement, comme quand un gaz 
se dissout. 

Ce phérromène est d'autant plus pro- 
|noncé que le liquide est plus susceptible 
| d'imbiber le tissu, et que les bulles d’air 
sont plus petites et plus isolées ; il est sur- 
tout d'autant plus visible que le contact du 
| liquide avec le tissu est plus récent. Ainsi, 
en faisant arriver, par capillarité, une huile 
| ire sur des lames de moeile de plume, on 
voit d'abord des bulles larges de 1750 de 
| millim. disparaître en moins de deux mi- 
\nutes; un peu plus tard, il faut à des bulles 
| pareilles cinq à six minutes pour se dis- 
| soudre, et au bout d’une ou deux heures, 
| fes bullés sont une demi-heure et plus à se 

dissoudre. 

La disparition d’une de ces bulles suit 
une marche’ singulièrement accélérée, et 

qui paraît en rapport avec la diminution 
| de son volume. Ainsi, une bulle, dont le 


Î 


Paris. — Dimanche, 29 Janvier 184. 


HS ee — — —— 


DU MONDE 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


décroissement a paru d’abord insensible, 
décroît très rapidement et à vue quand son 
diamètre est devenu quatre ou cinq fois 
moindre (ou son volume soixante-quatre à 
cent vingt-cinq fois moindre), comme si le 
liquide environnant devait dissoudre un 
même volume dans le même temps. 

Sur un groupe de bulles d’air contenues 
dans autant de cellules, action du liquide 
ne s'exerce pas uniformément; ce sont 


d’abord, seulement, quelques unes des 


bulles extérieures qui sont dissoutes, et 
pendant ce temps-là les bulles centrales se 
gonflent plutôt qu’elles ne diminuent ; en- 
suite, les premières bulles étant dissoutes, 
d’autres bulles, devenues extérieures, com- 
mencent aussi à se dissoudre, et les bulles 
du milieu ne se dissolvent que quand 
toutes les autres ont disparu. 

On peut faire la même expérience avec 
les baciliariées dont se compose le tripoli 
ou la farine fossile, en y ajoutant de l'huile. 
il en est de même aussi quand on a laissé 
sécher entre des plaques de verre des ba- 
cillariées vivantes, et notamment la Syne- 
dra ulna, en forme de prisme creux, long 
de 1/4 de millim. et épais de 17100 de mil- 
limétre; en faisant arriverl'eau par capil- 


larité, on voit l'air contenu céder la place 


à ce liquide en se dissolvant à vue d'œil. Des 
observations analogues se font fréquem- 
ment, si l’on ajoute de l’eau à des lames de 
divers tissus végétaux, ou à des animaux 
articulés microscopiques qu’on a laissés 
sécher entre les plaques de verre sous le 
microscope. Cette eau dissout rapidement 
l'air occupant les cavités tubulaires ayant 
moins de 1 centième de millimètre. 

On observe d’ailleurs aussi que de très 
petites bulles emprisonnées simplement 
entre des lames de verre avec un liquide, 
sont dissoutes ou absorbées, quoique bien 
plus lentement que si elles sont enfermées 
dans les tissus organiques. 

Dans les expériences faites sur une plus 
grande échelle, le phénomène est notable. 
ment influencé par la température, par la 
pression, et surtout aussi par la volatilité 
du liquide, dont Ja vapeur peut augmenter 
le ressort de l’air ; c’est en partie pourquoi 
l’action de l’eau est moins prononcée que 
celle de l'huile fixe. 

Les lois de la capillarité ne peuvent suf- 
fire pour expliquer ce phénomène; mais, 
pour expliquer comment le gaz perd ainsi 
son état Clastique au contact du liquide 
qu'il doit trayerser, il faut admettre une 
autre cause, vraisemblablement analogue 
ouù identique à celle que M. Dutrochet a 
signalée récemment, ceite cause agissant 
d'autant moins que Île contact est plus pro- 
longé, puisque les dernières bulles d’air 
sont dissoutes bien plus lentement que les 
premières. 


K° 6. 


SAVANT. 


RE ous 


,; ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUBI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARïS, rue des 
PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal { PARIS pour un an 
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adressé (franco) à M. le vicomte A. DE MAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant. 


mt 


CHIMIE INORGANIQUE, 


Sur Les concrélions inleslinales d'animaux con- 
nues sous le nom de bésoards, suivi de l'ana- 
lyse d'un nouveau bézoard minéral ; par H.Gui 
bourte - 


Depuis que Fourcroy et Vauquelin ont 
annoncé que les bézoards d'animaux, les 
plus fréquents et les plus volumineux, 
étaient formés de phosphate ammoniaco- 
magnésien, cette opinion a éprouvé si peu. 
de contradiction, surtout pour ce qui re- 
garde l'espèce chevaline, qu’il est généra- 
lement admis aujourd’hui que toutes les 
concrétions intestinales de chevaux sont 
formées de phosphate ammoniaco-magné- 
sien. Il est dès lors fort remarquable que 
sur cinq calculs intestinaux d'animaux, 
dont je viens de faire l’analyse, il n’y en ait 
aucun qui offre cette composition. 

Le premier de ces calculs, qui est attri- 
bué à un cheval et qui ne pèse pas moin 
de 1088 grammes, est composé d’oxalate de 
chaux contenant une petite quantité 4£ 
sulfate de la même base. C’est la premjere 
fois, je pense, que l'on trouve un bézéätd- 
animal ainsi composé. ETES 

Un second calcul intestinal d’'herbivèré; 
du poids de 125 grammes, que je possédajs Ée 


depuis long-temps, m'a offert exactemen®T 


la même composition: oxalate dechaux mc- 
Jangé d’une petite quantité de sulfate. 

Un troisième bézoard, qui n’a été donné 
par M. Lassaigne, comme étant un calcui 
intestinal de cheval, m’a offert une compo- 
sition plus compliquée, mais dans laquelle 
on retrouve encore les deux sels précé- 
dents. Ce calcul est composé de : 


Carbonate de chaux. .. . .:. 43,55 
Oxalate de chaux. .. .. . . 34,30 
Sulfate dé-chaux..:.:4:, 2.211295 
Carbonate de magnésie. . . . . 2,34 
Graisse, matière jaune et chlo- 

Lure SOdiques: 40m: 001 4237 
Matière extractive. :. . . . : 1,17 
Ligneux, matière jaune et 

MUCUS. . . +. « «.. . . . « 13,02 
au ss lumens ee AS 

100,09 


Un qnatrième calcul, désigné sous le 
nom de bézoard occidental, s’est trouvé 
formé de phosphate de chanx mélangé d’un 
peu de phosphate ammoniaco-magnésien. 
J'ai jugé peu important d'en déterminer 
l'exacte proportion, mais ce bézoard m'a 
permis de faire une observation que je ne 
crois pas dénuée d'intérêt, 

Fourcroy et Vauquelin admettaient, 
parmi les bézoards animaux, des calculs de 
phosphate ammoniaco-magnésien, des cal- 
culs de phosphate de magnésie, et des cal- 
culs de phosphate acidule de chaux, con- 
tenant quelquefoisun peu de phosphate de 
magnesie. Îl n’était pas question dans cette 
nomenclature du phosphate de chaux neu- 


ee 


172 

tre ou basique, dont la présence dans les 
caleuls était cependant bien plus probable 
que celle d'un phosphate acidule. Aussi 
Vauquelin a-t-il ajouté plus tard à cette 
classification des caiculs de phosphate de 
chaux, ce qui n’a pas empêché M. Berzé- 
hus de remarquer que l’existence de cal- 
culs de surphosphate calcique n’était rien 
moins que vraisemblable. 

Or, voici ce qui m'est arrivé en analy- 
sant le quatrième bézoard dont je viens de 
parler. Ce bézoard, étant bouilli dans l’eau 
y perd le tiers de son poids, et forme une 
solution de phosphate acide de chaux mé- 
langé d'un peu de phosphate de magnésie. 
[1 semble dès iors que Vauquelin avait eu 
raison d'admettre des calculs de phosphate 
acidule de chaux; mais, comme, en exami- 
nant le résidu insoluble dans Peau, je l’ai 
trouvé composé de phosphate sesquibasique, 
il devenait certain que le calcul était formé 
de phosphate neutre que lébullition dans 
l'eau avait changé en surphosphate soluble 
et en sousphosphate insoluble. J'ai d’ail- 
leurs vérifié par expérience que le phos- 
phate de chaux neutre et même légère- 
ment basique, comme on lobtient toujours 
artificiellement, se décompose de la même 
manière dans l'eau bouillante, Le phos- 
phate de magnésie neutre éprouve la même 
décomposition; le phosphate ammoniaco- 
magnésien lui-même, soumis à une longue 
ébuilition dans l’eau, perd toute son am- 
moniaque, et se convertit ea surphosphate 
de magnésie solable et sousphosphate in- 
soluble. A 

Je passe sous silence une cinquième 
espèce de bézoards que je crois originaire 
d'Asie, et que j'ai trouvée formée de phos- 
phate de chaux mélangé d’une petite quan- 
tité de phosphate de magnésie, tous deux 
neutres et décomposabies par l’eau, et 
j'arrive aux véritab'es bézoards orientaux 
que Fourcroy et Vauquelin ont décrits sous 
le nom de bésoards résineux, et dont ils 
ont distingué deux espèces, les bézoards 
résineux verts, et les bruns fauves. 

J'ai été à méme de vérifier l’exactitude 
de cette distinction, et l’on me permettr# 
de m'y arrêter, en raison de la présence 
de l'acide lithofeilique dans l’une des deux 
espèces et non dans l’autre. 

La première espèce de bézoards rési- 
peux est formée de couches concentriques 
de différentes nuances de vert. 

Loin d'offrir aucune structure cristal- 
line, ce bézoard présente la cassure nette 
et luisante d’un morceau de résine; il est 
fragile, d'une pesanteur spécifique de 
1,132, amer au goût et doué d'une odeur 
aromatique végétale ; il est très-fusible, 
brûle avec flamme, est soluble dans l’al- 
cool, même à froid, et Jorsque la liqueur 
a été faite à chaud et concentrée, ou qu’on 
l'évapore suffisamment, elle laisse cristal- 
liser une matière blanche et brillante, 
obtenue par Foureroy et Vauquelin, et 
que M. Gôbel a nommée acide lithofel- 
ligue, après en avoir étudié plus compléte- 
ment les propriétés. 

La seconde espèce de bézoards résineux 
est d'une couleur fauve, à couches con- 
centriques, et à cassure résineuse comme la 
précédente. Elle pèse spécifiquement 1,595, 
ne se fond pas au feu, est fort peu soluble 
dans l'alcool, même à l’aide de la chaleur: 
cépendant Palcool refroidi laisse déposer 
une matière cristaline qui diffère de l’acide 
lithofellique par une solubihté beaucoup 
plus faible dans l'alcool, et par son inso- 
lubilité dans l’'ammoniaque, qui d’ailleurs 


173 


la dénature et lui enlève sa solublité dans 
l'alcool et sa propriété de cristalliser. 

La partie du bézoard fauve, insoluble 
dans l’alcool, est principalement composée 
de cette matière jaune dont M. Thenard a 
sigualé l'existence dans les calculs biliaires 
d'un grand nombre d'animaux, et à la- 
quelle j'ai reconnu quelques propriétés 
nouvelles ; mais ce résidu contient encore 
d’autres principes à réactions intéressantes, 
qui devront être vérifiées et approfondies, 
lorsqu'on pourra y consacrer une plus 
grande quantité de substance première. 

Quant à l’origine de ces concrétions, le 
bézoard fauve dont je viens de parler, me 
paraît identique avec ceux envoyés en 1808 
par le shah de Perse à Napoléon, et dont 
l'examen chimique fut confié à Berthollet, 
C'est probablement aussi la pierre de porc 
dont il est parlé dans un grand nombre 
d'ouvrages, et d’ailleurs l’odeur que ce bé- 
zoard exhale lorsqu'on le scie ou qu’on le 
pulvérise, odeur tout à fait semblable à 
celle qui se dégage d’un mélange de sang 
de porc et d’acide sulfurique, vient ap- 
puyer cette supposition. 

Quant aux bézoards résineux verts, que 
lon peut nommer aujourd'hui bézoards 
lithofelliques, 1 me paraît certain que ce 
sont ceux de l’wgagre ou de la chèvre Pa- 
sen, de Perse, décrite par Kœmpfer; et à 
l'occasion del’insistanceavec laquelle Koœm- 
pfer cherche à prouver que les bézoards 
doivent presque directement leur forma- 
tion et leurs qualités particulières aux sucs 
résineux de quelques végétaux que les 
chèvres broutent dans certaines parties de 
la Perse ; j'ai mentionné un autre fait qui 
m'avait montré depuis long-temps qu'il 
existe un rapport remarquable entre les 
végétaux dominant d’une contrée et cer- 
taines sécrétions proiluites par les animaux 
qui les habitent. Aujourd’hui, sans doute, 
rien ne paraîtra plus naturel; car s’il est 
prouvé que les: animaux herbivores ne fa- 
briquent pas les matériaux de leur nutri- 
tion, mais les prennent tout formés dans 
les végétaux, que veut-on que ces animaux 
fassent des résines, des huiles volatiles, des 
matières colorantes qui leur sont inutiles 
ou nuisibles, si ce n’est de les déposer dans 
des organes qui, d’abord, les retirent de 
la circulation, pour ensuite les verser au 
dehors sous forme d’excrétion? Il 
ques années, j'aurais à peine ose le dire; 
voici cependant le fait qui m'avait conduit 
vers cet ordre d'idées. 

1l existe deux sortes principales de casto- 
réum : lune venant du Canada et de la 
baie d'Hudson, l’autre de la Sibérie. Ces 
deux productions d'un même animal, ont 
une odeur et une composition fort diffé- 
rentes. Le castoréum d'Amérique possède 
une odeur dont j'ai trouvé lanalogue dans 
la résine de plusieurs pins, et surtout dans 
celle du pin laricio, qui est la même que le 
pin rouge de Michaux. si abondant dans 
tout le nord de l'Amérique, et dont l’é- 
corce résineuse est nécessairement une de 
celles qui servent à la nourriture du cas- 
tor du Canada, Est-il donc étonnant qu’on 
en retrouve la résine et surtont le principe 
aromatique concentré, dans une humeur 
sécrétée par des glandes qui font partie de 
l'appareil recto-urétral de ce castor? Quant 
au castoréum de Sibérie, il est pourvu d’une 
vive odeur de cuir de Russie, qui n'est 
autre que l'odeur de l’huile obtenue par la 
chaleur de l'écorce de bouleau, et cet arbre 
est un de ceux qui s'élèvent le plus au nord 
dans l’ancien continent, depuis la Norvège 


a quel- 


174 
jusqu'au Kamstchatka. Que l’on veuille 
bien remarquer de plus que le carbonate 


de chaux est un des principes constituants … 


de l'écorce de bouleau, et que le carbonate 


de chaux, qui n'existe pas dans le casto- 


réum du Canada, forme du quart au tiers 
de celui de la Sibérie, et l’on sera persuadé 
que la différence des deux sécrétions ne 
üent qu’à celle desécorces dont les éléments 
les produisent. La même diversité d’odeur 
et de qualité des muscs tonquins et kabar- 
dins ne peut-être expliquée non plus que par 
celle des végétarx dont se nourrit le porte- 
muse. 

Le Mémoire de M. Guibourt est terminé 


par l'analyse d’un bézoard minéral qui fai- M 


sait partie d’une collection de roches, for- 
mées par M. Pelletier. Or, tandis que les 
auteurs les plus modernes ne font mention 
de ces sortes de concrétions que pour les 
assimiler à la chaux carbonatée pisiforme. 
M. Guibourt a trouvé celle-ci composée de 


phosphate de chaux sesquibasique combiné. 


à 6 atomes d’eau; c'est une nouvelle espèce 
minéral que M. Guibourt propose d’appe- 
ler Pelletiérite, en honneur du savant dont 
le nom est encore dans tous les esprits. 


SCIENCES NATURELLES. 


SCIENCES MÉDICALES. — ANATOMIE. 


Nouvelles recherches sur l'anatomie du cervelel; 
par M. Forville, 


Il existe entre le cervelet et les deux nerfs 
qui se détachent dela base de son pédoncule, 
une continuité de tissu que personne, à ma 
connaissance, n’a soupçennée depuis Ga- 
lien. Quant à ce grand homme, il a dit: 
Cerebrum verd est omnium nervorum mol- 
lium origo, pensée susceptible d'interpré- 
tations diverses. 

Voici, d’ailleurs, comment est établie la 
continuité des ner!s auditif et trijumeau 
avec la substance du cervelet. 

Du tronc des nerfs auditif et trijumeau, 
au lieu de leur insertion aux côtés de la 
protubérance, se détache une membrane 
de matière nerveuse blanche, qu’on peut 
comparer à celle qui, sous le nom de ré- 
tine, existe à l’extrémité périphérique du 


nerf optique, et tapisse l'intérieur de 


Pœil. 

L'expansion membraniforme de matière 
nerveuse hlanche, qui se détache du nerf 
auditif et du trijumeau, au lieu de leur in- 
sertion à la base du pédoncule cérébelieux, 
et beaucoup plus forte que la rétine du 
nerf optique. Elle tapisse d'abord le côté 
externe du pédoncule cérébelleux, et lui 
donne un aspect lisse, différent de l'aspect 
fasciculé de la protubérance, de laquelle 
procède le faisceau pédonculaire externe du 
cervelet. 

Cette membrane nerveuse se prolonge 
ensuite sous les bases des lobes cérébel- 
leux qui se trouvent soudées à sa face ex- 
centrique. ; 

Tous les lobes dela face supérieure da 
cervelet naissent, par ane extrémité simple, 
d'une petite bordure fibreuse située sous 
la marge commune de tous ces lobes, à la 
partie supérieure de la face externe du pé- 
doncule cerébelleux. 

Cette petite bordure fibreuse se prolonge 
dans la substance même du nerf triju- 
meau. Tontes les extrémités des lobes céré- 
belleux attachées sur cette bordure conver- 
gent avec elle dans la direction du nerf 
trijumeau, qui semble ainsi leur centre 
d’origine. De ce lieu d'origine, tous les 


dr éthemintes sf VS sd à. à , 


75 


hbes de la face supérieure de lhémisphère 
Frébelleux se portent , en divergeant, 
ans l’'éminence vermiforme supérieure. 

La doublure fibreuse immédiate de tous 
s lobes, faisant suite à la bordure fibreuse 
imanée du trijimeau, rayonnede cette bor- 
ture dans la direction de l‘'éminence ver- 
aiforme, répétant au-dessous de ces lobes 
‘ont elle est la base, la direction qu'ils 
‘résentent eux-mêmes à la périphérie cé- 
belleuse. 

Voici pour les Iobes de la partie supé- 
ieure de l'hémisphère cérébelleux. 

Ceux de la partie inférieure de ce même 

émisphère se comportent exactement de 
taême: par: rapport au nerf auditif. Tous 

s convergent par leur exirémité externe, 
ans la direction de ce nerf, et sont atta- 
hés à la surface excentrique de la mem- 
rane nerveuse, qui.en émane, et produit 
hne petite bordure fibreuse, au point de 
loncours de tous ces lobes, dans la direc- 
ion du nerf auditif, 

La direction des fibres de cette menm- 
brane nerveuse émanée du nerf auditif, 
‘st parallèle à celle des bases des lobes cé- 
‘ébelleux fixée à sa face externe. 

Ainsi, les lobes de la face supérieure de 

‘hémisphère cérébelleux sont fixés sur 
l1ne membrane nerveuse émanée du nerf 
|rijumeau. 
| Les lobes de la face inférieure de l’hé- 
inisphère cérébelleux sont également sou- 
lés à la surface externe d’une membrane 
Lerveuse émanée du nerf auditif, de sorte 
ue les replis de la couche corticale, qui 
sonstituent la partie principale des lobes 
rérébelleux pourraient être comparés aux 
tranglions développés sur:les racines posté- 
‘rieures des nerfs spinaux; surtout si l’on 
\emarquait que, par un prolongement ulté- 
lrieur de matière fibreuse, que ce n’est pas 
re lieu de décrire ici, ces mêmes replis de 
ha couche corticale du cervelet se ratta- 
|2hent au faisceau postérieur de la moelle. 
| Voici maintenant d’autres faits remar- 
‘ quables. : 
, Des replis internes que présente la mem- 
.brane nerveuse blanche, émanée des nerfs 
auditif et trijumeau, et combinée avee la 
couche corticale du cervelet, se détachent 
des cloisons fibreuses, dont les fibres, par 
Heurs terminaisons périphériques, pénètrent. 
la couche corticale, tandis que, par leur 
prolongement centripète, ces mêmes cloi- 
sons se rendent à la surface d’un noyau 
\fibreux, que revêtait la membrane ner- 
| veuse, émanée de l’auditif et du triju- 
meau. 

La couche la plus superficielle de ce 
| noyau fibreux est celle dans laquelle con- 

courent toutes ces cloisons fibreuses, qui 
| procède de l’intérieur des lobes cérébel- 
| leux. Cette couche fibreuse superficielle du 
| noyau cérébelleux se rend enfin dans la par- 
tie fasciculée du pédoncule cérébelleux qui 
‘vient de la protubérance. 

; De sorte: que, par sa doublure fibreuse 
\1mmédiate, la couche corticale du cervelet 
communique directement avec les nerfs 
‘auditif et-trijumeau, et avec les organes 
 sénsoriaux, auxquels se rendent les extré- 
 mités périphériques de ces nerfs, tandis que, 

par les cloisons fibreuses, contenues dans 
les replis internes de l’espèce de rétine cé- 
rébelleuse de lauditif et du trijumeau, 
cette même couche corticale communique 
avec les fibres transversales de la protu- 
bérance, et par suite, avec les faisceaux an- 
térieurs de la moelle. 


| 
|! 
| 
| 


es 


Ces données sont loin de contenir toute 


176 


l'anatomie du cervelet; elles révelent sim- 
plement, dans l’état normal de cet organe, 
des dispositions inconnues que je crois im- 
portantes. e 

L’inspection, post mortem, du cervelet, 
chez les aliénés, m’a permis de constater, 
un assez grand nombre de fois depuis deux 
ans, un état pathologique de cet organe, 
consistant en adhérences intimes de sa 
couche corticale avec les parties corres- 
pondantes de la pie-mèreet de l’arachnoïde. 
Cet état pathologique est surtout fréquent 
chez les hallucinés. C’est quelquefois la 
seule altération qu’on rencontre dans l’en- 
céphale de ceux dont le délire avait pour 
base unique des hallucinations. 

Un semblable résultat, rapproché des 
données anatomiques précéaentes, me 
semble hautement significatif. 

J'ajouterai que, dans bien des cas, la 
maladie du cervelet à laquelle je fais allu- 
sion a succédé à l’altération préalable de 
parties périphériques des nerfs auditif et 
trijumeau. 

Dans des cas de ce genre, la maladie du 
cervelet pourrait être comparée, par rap- 
port à sa cause première, à la maladie d’un 
ganglion lymphatique, déterminée par la 
phlegmasie de quelqu’un des vaisseaux qui 
se rendent à ce ganglion. 

Il existe entre la couche corticale du cer- 
veau, et les nerfs olfactif et optique, des 
connexions du même genre que celles que, 
j'ai signalées entre la couche corticale du 
cervelet, et les nerfs auditif et trijumeau. 


ÆZOCLOGIE. 


Description de trois nouvelles espèces 
d’oiseaux-mouches. 


Par M. Jules Bourcies. 


OrNismyi4a ALINE. (Adulte). Bec droit, 
mince , légèrement renflé vers l’extrémité, 
noir ; tête ronde , parée sur le sinciput de 
plumes écailleuses d’un vert étincelant, re- 
vêtue sur la partie postérieure de plumes 
d’un vert semi-doré, qui se continue sur 
la nuque , le dos , les couvertures des ailes 
et de la queue, tache post-oculaire blan- 
che ; ailes falciformes , étroites , aussi lon- 
gaes que la queue, celle-ci bifurquée à dix 
rectrices entièrement d’un vert bronzé ; 
gorge , cou , ventre et flancs couverts de 
plumes écailleuses d’un vert giacé très-bril- 
lant ; la poitrine marquée d’une tache blan- 
che oblongue de 15 mill. de longueur; 
cuisses et jambes postérieurement hérissées 
de plumes duveteuses d’un très-beau blanc; 
région anale garnie des mêmes plumes d’un 
gris cendré; couvertures inférieures de la 
queue vert brillant. Longueur totale 88 
mill. Bec 18 mill., ailes 50 mill. Patrie: 
Tuvnja en Colombie. 

OrnismyiA Juie. (Adnlte). Bec droit, 
court , légèrement dilaté à sa base ; mandi- 
bule supérieure noire, inférieure blarc li. 
vide sur les deux tiers de sa longueur ; tête 
parée de plumes écailleuses semi-dorées 
brillantes , occiput, nuque, dos, couver- 
tures alaires et caudales d’un vert peu lui- 
sant; ailes falciformes, étroites, moins 
prolongées que les rectrices ; queue large, 
de forme ovale, à dix rectrices entièrement 
d’un bleu obscur ; gorge et cou garnis de 
plumes écailleuses d’un vert glacé brillant; 
thorax et abdomen d’un bleu très-brillant, 
tache blanche sur les flanc; ; jambes légè- 
rement emplumées ; tarses bruns; région 
anale hérissée d’un duvet grisâtre; couver- 
tures inférieures de la queue bleu obscur. 


177 
Longueur totale 77 mill. Bec 46, ailes 44, 
queue 30 millim. Patrie: Tunja en Co- 
lombie. 

Ornismy1a Muisanr. (Adulte). Bec droit, 
légèrement renflé vers son extrémité, brun 
poir ; mandibules supérieure et inférieure 
recouvertes de plumes à leur base; tête, 
nuque ; dos , couvertures alaires et cauda- 
les d’un vert foncé, un peu bleuâtre, semi- 
brillant, tache post-oculaire blanche ; ailes 
falciformes étroites , aussi longues que les 
rectrices; queue à dix rectrices d’un brun- 
noir violacé, les médiaires courtes , ellip- 
tiques à longues balbules , les intermédiai- 
res plus longues et plus aiguës que les pré- 
cédentes et formant avec celles-ci une bi- 
furcation très prononcée, les deux externes 
linéaires; gorge revètue de plumes écailleu- 
ses se prolongeant sur les côtés du cou, d’un 
violet rouge glacé brillant ; -thorax paré 
d’uve cciniure blanche circulairement pro- 
longée jusqu'à la naissance des ailes et re- 
montant sur les côtés du cou: abdomen 
blanc terne, d’un vert bleuâtre sur les 
flancs ; tache pleurale très prononcée, for- 
mée de plumes soyeuses d’un beau blanc ; 
tarses courts et noirs; région anale duve- 
teuse, blanche ; couvertures inférieures de 
Ja queue d’un fauve roux. Longueur totale 
75. Bec 21, ailes 39, queue 27 mill. Patrie: 
la Colombie ; il se trouve aussi à Yungas 
(Bolivie). 

(Revue zovlogique. — Décembre 1842). 


De 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. 


séance du 95 janvier. 


Au nom du comité des arts mécaniques, 
M. Combes fait un rapport favorable sur 
un nouveau manomètre inventé par M. 
Thomas. Ce manomètre fonctionne à l'air 
libre, et un flotteur, qui est dans le tube en 
fer, nageant sur le mercure contenu dans 
le tube , indique la pression de la vapeur 
par ses mouvements d'ascensionet d’abais- 
sement. La disposition est telle que le mer- 
cure ne peutjamais se perdre, et la colonne 
n’est pas interrompue par la vapeur. Com- 
parant ce manomètre à celui qui est en 
usage, M. Combes en montre les avantages, 
sous le rapport des fonctions et de l’impos- 
sibilité d’éprouver des dérangements. Cet 
instrument recoit l'approbation du conseil; 
il sera décrit et figuré dans le bulletin de 
la Société. 

On fait,en Angleterre, un fréquent usa- 
ge de la perkaline pour recouvrir les ou- 
vrages brochés, cartonnés et reliés. M. Au- 
bert a introduit cette industrie en France, 
en donrant à l'étoffe toutes les formes élé- 
gantes et variées qu’elle est susceptible de 
recevoir. M. Dizé, par l'organe de M. Tré- 
buchet, et au nom du comité des arts éco- 
nomiques, fait un rapport favorable sur les 
procédés de M. Aubert ; il montre tous les 
avantages que présente la perkaline ainsi 
employée, comparée aux peaux qui sont en 
usage, et reconnaît qu’il y à plus d'élégance 
et de solidité dans ces sortes de reliures. Le 
conseil approuve le rapport qui sera inséré 
au bulletin. 

Le comité d'agriculture propose l'adjonc- 
tion de M. Philippart à ce comité, en rem- 
placement de M. Soulange Bodin, démis- 
sionnaire. Selon les formes réglementaires 
en usage, cette proposition sera discutée 
dans la prochaine séance. 

Au nom du comité de commerce, M. Col- 
mont propose pour sujet d’un prix de 


178 


2,000 fr. la théorie et la pratique des assu- 
rances de tout genre, soit par commandite, 
soit par le mode mutuel. L'auteur devra 
donner unestatistique générale d'Europe et 
d'Amérique, de ces sortes d'entreprises, 
pour les incendies, pour la grêle, pour les 
risquesmaritimes, etc. Une discussion s’ou- 
vre à ce sujet, d'où résulte qu'on s'accorde 
à reconnaître l’utilité d’un pareil concours 
qui produirait un bon ouvrage sur les as- 
surances, et le prix est élevé à la somme 
de 3,000 fr., à raison des recherches im- 
menses dont le sujet est susceptible.Le co- 
mité des fonds devra donner son consente- 
ment à la valeur proposée pour ce prix 
dont le programme est adopté. 
FRANCŒUR. 


ARTS MÉCANIQUES. 
Machine pour forger; par M. Ryder, de Bolton. 


Le Leeds Mercury donne quelques dé- 
tails sur les effets de cette mashine dont il 


fait un éloge pompeux. Cet appareil , sui- 


vant ce journal, était l’objet le plus remar- 
quable de l'exposition faite à l’occasion de 
la dernière session de l'association britan- 
nique. Il n’occupe qu’un espace de 0 mèt. 
916 sur 4 mèt. 219, est tout à fait portatif, 
etrepose sur un principe nouveau,enthéo- 
rie comme en pratique. Il peut être müû par 
la vapeur ou par l’eau. Comme son action 
ne consiste pas dans le choc d'un marteau, 
mais dans une pression transmise par un 
excentrique, il ne produit pas le moindre 
bruit, quoique, cequi a eu lieu notamment 
pendant les expériences faites lors de l’ex- 
position , le nombre des pressions par mi- 
nute atteigne six cent cinquante. La ma- 
chine contient plusieurs assortiments de ce 
que l'on peut appeler des enclumes ou des 
étampes. La rapidité et la régularité avec 
lesquelles elle exécute le travail sont très 
grandes, et l'on peut en juger par un seul 
fait. On l’a employée à forger un cylindre 
portant un carré d'assemblage, et destiné 
à être ensuite tourné et cannelé; ce travail 
a été achevé en cinquante secondes, par 
conséquent en une mise au feu, et le pro- 
duit par la machine même s’est trouvé si 
régulier, qu'aucun autre moyen n’aurait 
permis de le mieux faire. Dans une autre 
épreuve, un morceau de fer rond, de 0 m. 
043 de diamètre, a été réduit, en une seule 
chaude, à l’état d’une barre carrée de 0 mèt. 
009 de côté et de 0 mèt. 736 de longueur. 
Cette machine exécute , selon l’article que 
nous citons, le travail de trois forgerous, 
avec uneextrême perfection, et mérite l’at- 
tention de toutes les personnes qui sont en- 
gagées dans le travail du fer ; nous regret- 
tons de ne pouvoir , pour le moment, en 
donner aucune description. 
(Journal des Usines). 


Modifications dans les machines à fabriquer le 
papier, par M. Th. Swectapple, fabricant de pa- 
pier, à l'usine de Cotteshall, Godalmin. (Patente 
anglaise.) 


Ces modificatipns peuvent être appliquées 
à toutes les machines où le papier se forme 
sur une toile métallique sans fin mue ho- 
rizontalement. 

Elles consistent à placer, sous la surface 
qui recoit la pâte, une ou plusieurs auges 
rectangulaires un peu plus larges que la 
toile et garniesd’un certain nombre de rou- 
leaux creux destinés à la soutenir. L'eau 
qui s'échappe de la pâte entretient les au- 
ces constamment pleines, et la toile sans 


179 


fin effleure, dans son mouvement , la sun 
face de Feau. De cette manière , la pâte, 
tenae plus longtemps en suspension, se dé- 
pose lentement dans une direction longitu- 
dinale, ce qui, selon le breveté, produit un 
entrelacement des fibres plus parfait que 
quand l’eau quitte brasquement la pâte au 
moment où elle est versée sur la toile mé- 
tallique. (Journal des Usines). 


aies ——— 
AGRICULTURE. 


CONSIDERATIONS SUR LES CÊREALES ET 
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS. 


“. (suite.) 


De la faculté germinative du froment et de 
sa prodigieuse vitalité, 


par M. Loiseleur-Deslongehamps. 


Si la faculté germinative des grains du 
froment s'éteint entièrement après un laps 
de sept à huit années, et même plus tôt, 
selon les espèces et les variétés, ces grains, 
lorsqu'ils n’ont encore qu’un an ou deux, 
jouissent d’ailleurs de la propriété de pou- 
voir regermer après avoir été desséchés 
postérieurement à leur première germi- 
nation, pourvu, toutefois, que celle-ci n’ait 
pas été poussée trop loin. 

J'avais commencé, en 1836, des expé- 
riences pour connaître la profondeur la 
plus convenable à laquelle il convenait 
d’enterrer les grains de froment pour en 
obtenir la meilleure germination possible ; 
mais ayant semé mes blés dans une cam- 
pagne, à 20 lieues de Paris, je n’ai pu m’y 
rendre dans le temps convenable pour en 
savoir les résultats. A peu près dans le 
même temps, M. Barran a fait les mêmes 
expériences, et, n'ayant pas répété les 
miennes, je väis donner un extrait des 


siennes. Selon cet agronome, les profon- 


deurs les plus favorables pour la germina- 
tion du froment sont de 1 à 2 pouces. Tous 
les grains moins enterrés ne germent plus 
qu’en petit nombre, de même que eeux qui 
le sont davantage, et tous ceux qui sont 
recouverts de 6 à 12 pouces de terre ne 
produisent aucune germination. 

Dans l'état ordinaire, la germination 
complète du blé s’accomplit en plus ou 
moins de temps selon le degré de tempéra- 
ture atmosphérique; au printemps et en 
été, par une chaleur de 18 à 20 degrés 
Réaumur, les blés sortent de terre six à sept 
jours après avoir été semés. Si la chaleur 
est moindre de 5 à 6 degrés, il leur faudra 
dix à douze jours, et par un abaissement 
de température encore plus considérable, 
ils ne lèveront qu’en seize à vingt jours. 
En novembre et décembre, lorsque les nuits 
sont froides, quand il ÿ a souvent de petites 
gelées le matin, les blés ne sortent guère 
de terre avant un mois ou six semaines 
aprés y avoir été mis. Enfin, lorsque la 
terre reste constamment gelée, aussitôt ou 
peu après les semailles faites, ou qu'il ne 
dévèle qu’à de courts intervalles, les blés 
peuvent rester en terre jusqu'à la fiu des 
gelées avant qu'on ne les voie pousser. 
C’est ce qui n'est arrivé dans l'hiver, de 
1310 à 1841, où plusieurs variétés de blé, 
que j'avais semées le 16 novembre, n'ont 
com.nencé à lever que vers le 13 février, 
ou près de trois mois après. lessier rapporte 
que la même chose arriva dans l'hiver 
encore plus rigoureux de 1788 à 1789. 

J'ai voulu connaître la plus basse tem- 
pérature à laquelle il était impossible au 
froment de germer, en conséquence J'ai 


180 


semé dans un vase, le 25 décembre 1841, : 
le thermomètre n'étant qu'à quelques de= 
grés au-dessus de zéro, cent grains de blé 
richelle blanche, et la gelée étant survenuç” 
le 4°" janvier suivant, J'ai rentré, dans une 
chambre sans feu, le vase dans lequel mon 
blé était semé. Le froid ayant continué les 
jours suivants, et le thermomètre extérieur 
ayant marqué plusieurs fois dans son maxi- 
mum sept à neuf degrés au-dessous du 
terme de la congélation, celui de la chambre. 
dans laquelle était le vase avec le blé s’est, 
abaissé au minimum à 1 etdemi et 2 degrés 
au-dessus de glace. Enfin, le 24 janvier, il 
marquait depuis quatre à cinq jours 3 de- 
grés trois quarts, lorsque j'ai vu uue dou- 
zaine de grains dont la jeune pousse parais- 
sait hors de terre. Le 25, le 26 et le 27 du 
même mois, plusieurs autres plantes ont 
paru hors de terre, et après en avoirs 
compté quarante-sept à quarante-huit, 
j'ai cessé de les observer exactement , mou 
but n'ayant été que de m’assurer à quelle 
plus basse température il était possible au 
froment de lever. Mon expérience prouve 
qu'il lui suffit de 5 degrés trois quarts aus 
thermomètre de Réauinur pour accomplir 
parfaitement sa germination, en trente 
jours, quoique d’ailleurs le thermomètre 
durant cet espace de temps ait été pendant 
plusieurs jours seulement à 1 et demi et 2 
deocrés. DR 

Des grains de blé à l’état de siccité ont 
été exposés pendant 15 minutes, d'après 
MM. Edwards et Colin , à une basse tem- 
pérature capable de geler le mercure, sans 
que cela les ait empêchés de germer dès 
qu'ils ont été soumis à descirconstances fa- 
vorables. ; 

Quant à la limite de chaleur que ces se 
mences peuvent éprouver sans en être al- 
térées , les mêmes auteurs la fixent à 45 
degrés centigrades; les graines de froment 
ayant parfaitement levé dans du sable le- 
gérement humecté , à une chaleur de 40 
degrés, et une grande partie de ces graines 
ayant avorté lorsque lachaleura été portée 
à 5 au-dessus. 

Je viens de parler de la vitalité du fro- 
ment quant à sa germination, en voici une M 
nouvelle preuve. Cette vitalité est si grande, 
en général, que, lorsqu'il survientdes pluies 
un peu abondantes avant la récolte ou tout 
de suite après , de plante annuelle qu'il est 
naturellement, il se change en quelquè 
sorte en plante vivace, car il n’est pas rare 
de voir une nouvelle végétation se déve- 
lopper au pied des épis qui vont porter ou 
qui viennent de porter des grains. Quel- 
que fois même lorsque les pluies sont fre- 
quentes à cette époque, on voit reverdit 
ainsi une grande partie des chaumes. Je 
ne sache pas qu’on ait jamais pensé à voir 
ce qu'il pourrait arriver de cette nonvelle 
végétation ; le seul emploi qu'on en fasse 
dans les campagnes, c’est de la faire servir 
au pâturage des brebis. 

Dans les premiers jours de juillet 1541 , 4 
des pluies fréquentes étant survenues, je 
vis ainsi unenouvelle végétation surgir à | 
la base des tiges de plusieurs de mes varic- W 
tés de froment, portant des épis très avan 
cés. Curieux de voir ce que les nouvelles | 
pousses pourraient produire, dès que j'eus 
moissonné les épis , je fis arracher et re- 
planter en pépinière une trentaine de ces M 
nouvelles pousses. Un peu plus tard, à Ja 
fin du mois d'octobre suivant, jai fait ar- | 
racher pour la seconde fois tous les pieds M, 
qui en étaient provenus et dont plu- | 
sieurs s'étaient ramifiés, de manière qu'on 
en fit plus de soixante en les dirisant | 

| 


(D 


} nouveau. Enfin, dans les derniers 
urs du mois de juin 1842, la plupart des 
eds de cette recrue produisirentcinq à dix 
ris, quelques uns même jusqu’à douze et 
“inze ; ceux qui n’en donnèrent que deux 
Itrois furent les moins nombreux. Quant 
ax épis et aux grains, ils étaient aussi 
aux que ceux de la récolte de 1841. 
Cette faculté qu’a le froment de pouvoir 
pousser de ses racines même après la 
oisson peut, à plus forte raison, être ap- 
'iquée lorsqu'il n’a pas müri ses épis, et 
1e ceux-ci ou les tiges qui doivent les 
rrter se trouvent tout à coup brisés par 
. fne grêle qui a anéanti tout espoir de re- 
bite. Dans ce cas on voit, le plus souvent 
.. un peu après, de nouvelles pousses sortir 
|2 la base des tiges, et si la saison n’est 
15 trop avancée, si l’on n’est, par exem- 
‘le, qu'à la fin d’avril ou dans le courant 
2 mai, selon que le climat est plus méri- 
\ional ou plus septentrional, ces nouvelles 
housses peuvent encore donner des pro- 
luits passables; mais, au lieu de les at- 
rndre naturellement , il vaut mieux, le 
lus tôt possible après la grêle, faire fau- 
‘her les champs dévastés, et on les verra 
lientôt se couvrir d’une verdure nouvelle, 
.. fui, deux mois et demi ou trois mois après, 
F | ourra donner une moisson assez satisfai- 
jante. On a plusieurs exemples que ce 
€ moyen, employé convenablement, a 
lien réussi. 


| ANIMAUX DOMESTIQUES. 


l'ducalion des animaux; domestiques : résultats 
la obtenus par M. Texier, vétérinaire , en élevant 

| dans le Poitou des chevaux de sang nés dans le 
Limousin. à 


Au milieu du mouvement progressif im- 
rimé de toutes parts à l’agriculture et à 
‘amélioration des races, nous nous applau- 

, “lissons d’avoir à enregistrer les heureux 
ésultats obtenus, après de persévérants 
fforts, par un de nos concitoyens, qui s’est 
barticalièrement attaché à l'éducation de 
a race chevaline. 
| M. Texier, vétérinaire au dépôt d’étalons 
|l& Saint-Maixent, vient, suivant nous, de 
* ésoudre un problème qui, n’en doutons 
* ras, doit avoir une grande influence sur 
” «'élère du cheval de sang, et apporter une 
” diotable amélioration dans nos remontes, 
” “ibjet jusqu’à ce jour de systèmes si divers 
l Wit si contradictoires. 
 / La question qui, depuis plusieursannées, 
* “réoccupait l’esprit de ce vétérinaire, était 
selle de savoir si les chevaux limousins, 
* {jui remplissent d’ailleurs toutes les condi- 
; lions voulues pour faire d'excellents che- 
Jaux, pouvaient prendre dans nos pacages 
! Île la taille et du gros departout, sans rien 
* erdre de leur distinction native, de ma- 
aière à les rendre plus propres au service 
Ml l’armée et aux exigences du luxe. 


| 
| 


| Pour arriver à ce résultat, vers lequel il 
M\endait avec la persévérance d’un homme 
M\ür de ses moyens, alors que nul appui 
n’était donné à ce qu'on appelait une expé- 
ience inutile, M. Texier a fait venir du 
mousin, depuis plusieurs années, plus de 
leux cents poulains de race arabe et an- 
slaise, qu’il a distribués dans les départe- 
nents des Deux-Sèvres, de la Vendée et de 
a Charente-Inférieure. 

| Cette importation dans nos contrées a eu 
pour premier résultat, 4° d'offrir un dé- 
pouché avantageux aux éleveurs du Limou- 
in; et le conseil général de la Haute- 
Vienne a tellement compris l'immense ser- 


182 


vice rendu au pays par l'acquisition an- } 
nuélle d’une grande quantité de poulains, 
que, dans sa session de 4842, il vient de 
décerner une prime et de voter des remer- 
ciments à notre compatriote; 

2° De fournir aux éleveurs auxquels a 
été confiée l’éducation de ces jeunes ani- 
maux un puissant mobile d’émulation pour 
l'amélioration de l’espèce'chevaline, par la 
perspective de bénéfices assurés; 

3° Enfin de procurer à l’armée des che- 
vaux qui réuniront à la vitesse et au fond 
l'élégance et les qualités d’un bon cheval de 
guerre, bien supérieur en tout aux chevaux 
qu’on va chercher à l'étranger. 

Nous avons assisté à la dernière inspec- 
tion de M. le lieutenant-général Watier; 
une partie des élèves importés par M.Texier 
lui a été présentée. Cet officier-général, 
ainsi que l'avait déjà remarqué M. l’inspec- 
teur-général des haras, dans ses précé- 
dentes revues, a pu lui-même juger des 
résultats par ce qu'il a vu, et l'opinion fa- 
vorable exprimée par ces deux hommes spé- 
ciaux serait, au besoin, un puissant motif 
d’encouragement. 

Pour nous, sans être guidé par un intérêt 
autre que lintérêt gériéral, nous faisons 
des vœux pour que le gouvernement prête 
lui-même un concours efficace au dévelop- 
pement d’une industrie dont il doit retirer 
un immense avantage, et qui, en définitive, 
est toute nationale. 

(Mémorial de l'Ouest.) 


MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. 


Maladie analogue au hoquet de l'homme, ob- 
servée sur un cheval; par M. Palu, vétérinaire 
du Dépôt d'étalons de Braisne. 


Vers les premiers jours de septembre 
1842, je fus appelé par un voyageur pour 
visiter une petite jument de six ans, d’une 
parfaite santé en apparence ; elle ne présen- 
tait d’anormal qu’une contraction spasmo- 
dique, quelquefois de la durée de quelques 
heures, soit du diaphragme, soit de l’æso- 
phage. Lorsque cette contraction intermit- 
tente avait lieu, un bruit sourd se faisait 
entendre à la distance de plusieurs pas; 
une secousse assez forte était imprimée 
d’arrière en avant à tout le corps, sans que 
les parois abdominales présentassent la plus 
petite contraction; une expiration forcée et 
saccadée était accompagnée d’un bruit 
analogue à celui que font entendre les che- 
vaux qui tiquent en appuyant leurs dents 
incisives sur un corps dur, et, dans ce mo- 
ment même, les narines se dilataient outre 
mesure. Une saignée, la diète et quelques 
diurétiques n’apportèrent aucun amende- 
ment, Ce phénomène se reproduisait plu- 
sieurs fois dans la journée, et cela depuis 
trois semaines environ ; j’eus l’idée de faire | 
aciduler l’eau de sa boisson avec lacide 
sulfurique. A peine le malade avait-il avalé 
quelques gorgées de ce liquide, que toute 
contraction cessait comme par enchante- 
ment. Les derniers jours, les accès per- 
daient de leur fréquence et de leur inten- 
sité. 

Les contractions avaient probablement 
leur siége dans la portion thoracique de 
l'œsophage, puisqu'elles ne coïncidaient 
pas avec des mouvements des parois abdo- 
minales. Il m'a semblé, du reste, avoir ob- 
servé une continuité de contraction dans 
la portion trachéale du conduit alimen- 
taire. 

Je crois avoir eu à combattre une affec- 
tion analogue au hoquet de l'homme, qui 


1835 
est considéré comme un symptôme d’un 
état maladif des organes digestifs. 

Ce fait n’offre pas beaucoup d'intérêt 
par sa gravité; mais il est curieux, parce 
qu'il n’en a pas été publié d’analogues jus- 
qu'ici. (la Clinique vétérinaire.) 
De 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MÔRALES 
ET POLITIQUES. 


séance du samedi 21 janvier, 


La parole est à M. Troplong , pour ter- 
miner la lecture de son mémoire sur le 
contrat de société. Dans la précédente 


séance, le savant académicien avait tracé 


l’histoire des sociétés à Rome, et pendant 
le moyen-âge, il a complété aujourd’hui 
son travail en les suivant pas à pas dans les 
développements qu’elles ont pris et les for- 
mes qu'elles ont revêtues pendant les trois 
derniers siècles. 

L'établissement des sociétés par actions 
est de beaucoup antérieur en Europe et 
même en France, au règne de Laws, au- 
quel malgré le titre d'aventurier dont l’his. 
toire l’a Justementflétri on ne peutcontes- 
ter l’honneur d’avoir deviné le premier la 
puissance du crédit public. Dès1544, une 
société par actions avait pris en fermeles re- 
venus des états du pape, et antérieurement, 
au douzième siècle, ce fut aussi une s0- 
ciété par actions qui fonda le moulin du 
Basacle à Toulouse. Les coupons furent 
désignés par le nom de Sache, qu’elles con- 
servent encore. Celle association qui avait 
un caractère plutôt civil que commercial , 
voulant se procurer un appui et se rendre 
plus stable, donna une action au roi Char- 
les V, et le compta par ce moyen parmi 
ses membres. Ce fut vers la même époque 
que furent construits par lesmêmes moyens 
le moulin de Moissac et celui de Montau- 
ban. Les actionsdu premier prirent le nom 
de Meule, et celles du second celui de 
Raze. 

Au seizième siècle, les grandes entre- 
prises commerciales passèrent des Lom- 
bards et des Juifs entre les mains des hom- 
mes riches et puissants dans l’état, On 
fonda la société du Canada et celle des 
côtes d’Afrique. Au dix-septième siècle et 
pendant le ministère du cardinal de Ri- 
chelieu , s’établirent des associations pour 
aller prendre possession de nouveaux con- 
tinents, les défricher, les peupler et y 
fonder des villes. La première qui fut auto- 
risée par lettres patentes, fut celle de Saint- 
Christophe, puis vint celle d Orient en 
1651, puis celle de Cayenne. En 1664, Col- 
bert institua la société des Indes orien- 
tales et occidentales; elle s'enrichit des 
débris de celles de Saint-Christophe et de 
la Nouvelle-France ; le roi, son ministre, 
et toutes les grandes corporations y furent 
associés ; enfin en 1673, la pêche du corail 
et la traite des noirs, donnèrentnaissance à 
deux nouvelles sociétés en actions. Cette 
dernière fut de toutes celle qui se main- 
tint le plus longtemps. Louis XIV don- 
na une impulsion immense à ces établisse- 
ments moitié civils, moitié commerciaux, 
et l’ordonnance qu’il rendit en 1679, ne 
fut pas seulement un élément de prospé- 
rité pour son règne, elle a été aussi un 
document législatif très utile pour notre 
siècle, puisqu'elle a servi de base au code 
de commerce promulgué en 1807. 

À ces sociétés dont nous venons de par- 
ler et qui étaient toutes en actions, la 


184 


France doit ses colonies, sa marine, ses 
manufactures, et le respect que trouvait 
son pavillon sur les côtes d'Afrique où 
d’Asie, et jusques parmi les peuplades sau- 
vages du nouveau monde. 

La banque de Laws quadrupla presque 
instantanément la richesse nationale, elle 
eût pu , elle devait rétablir les finances du 
royaumes mais chacun voulut devenir 
riche et riche tout de suite. On perdit la 
raison ; la rue Quincanpois vit s’écrouler 
autant et plus de fortanes qu’elle n’en avait 
vu s'élever. Avec elles périt celle de Pétat. 
M. Troplong, en parlant de cette époque, 
a été sévère mais juste, il a distingué l’u- 
sage de l'abus, et tout en rendant hom- 
mage à la vertueuse indignation du chan- 
celier d’Aguessau contre les exploitations 
malhonnétes, il a fait la part à l’exagéra- 
tion du casuiste timoré. 

En 1789 toutesles sociétés furent ébran- 
lées; pendant les années qui suivirent, 
elles périrent dans le naufrage commun à 
toutes les institutions de la monarchie ; 
mais elles se réformèrent dès les premiers 
jours de calme , et vinrent se classer 
d'elles mêmes dans les codes qui nous 
régissent. Dans ces derniers temps, on 
a pendant deux ans, en 1837 et en 
1838, beaucoup crié étsurtout beaucoup 
écrit contre la société en actions, princi- 
palement contre la commandite. On a 
voulu refaire sa charte. Ce n'était pas à la 
loi qu'on devait faire le procès, c'était aux 
intrigants ; il suffisait du tribunal de police 
correctionuelle ; le pouvoir législatif n’a- 
vait rien à dire, tout avait été fait. Autre- 
fois, non pas seulement sous la monar- 
chie absolue, mais dansiles républiques du 
moyen-âge , et plus avant, à Rome, impé- 
riale ou républicaine, on mettait en actions 
les royaumes , les îles, les sontinents, l’ad- 
ministration entière des provinces , la per- 
ception de tous les impôts. Pourquoi s’é- 
tonner que de nos jours on en use de même 
pour l'exploitation des mines, des usines, 
des canaux ou des brevets. Murer la bourse 
pour en interdire l'entrée à quelques fri- 
pons, serait un singulier moyen de favo- 
riser le commerce et de fonder le crédit. 
Quel peuple a jamais songé à détruire ses 
vaisseaux, parce que de temps à autre il 
en a perdu quelques-uns par les naufragés; 
le bon sens public a fait justicé de tous ces 
prétendus projets de réforme et de leurs 
auteurs. Avec les codes tels que nous les 
avons, iln’ya rien à craindre de la com- 
mandite; les commerçants sérieux lont 
compris, et ils se sont complétement ras- 
surés. : 

M. Troplong ayant terminé la lecture de 
san mémoire, l'Académie a procédé à la 
nomination d’un associé étranger, en rem- 
placement de M. de Sysmondi; les candi- 
dats étaient MM. Makülok, Hugot et le 
baron Galoupy. M. Makulok a obtenu 16 
voix sur 48 au premier tour de scrutin. 

M. Remusat a lu un rapport sur un mé- 
moire de M. Bouchité sur l’entropomor- 
phisme. Nous renverrons nos lecteurs à 
l'analyse jque nous en avons faite à l'é- 
poque où il fut communiqué à l'académie, 
et nous nous contenterons de donner les 
conciusions du rapporteur; il a proposé 
au nom de la section de philosophie, l’in- 
sertion dans le recueil des mémoires des 
savants étrangers. 

M. Cousin a demandé que l’auteur fat 
invité à faire quelques changements à cer- 
tains passages , et que le rapport fut im- 
primé en tête du mémoire. Il ne voudrait 


185 


pas, a-t-il dit, que l’Académie, par son ap- 
probation descendit du haut rang où elle 
est, pour se placer avec l’auteur sur le 
terrain brûlant de la théologie. Le rapport 
servirait de correctif à ce que renferme 
d’un peu hasardé le travail de M.Bouchité, 
en même temps qu'il en serait le plus bel 
ornement. Il a terminé par quelques ré- 
flexions sur les opinions antropomorphi- 
ques, qu'il a résumé à peu près ainsi: 
Entre le Dieu de l'abstraction et Le Dieu de 
l’imagination, il y a le Dieu de là philoso- 
plie, pourvude tous les attributs nécessaires 
mais non accélentels. Cela peut être ainsi, 
mais ce qui est plus certain et seulement 
certain, c’est qu'il y a un Dieu, sur la na- 
iure et les attributs duquel on diseutera 
encore pendant quelques mille ans sans 
pouvoir s'entendre. Que de temps perdu! 
que de p&ine prise sans aucun fruit! que 
d'intelligence usée dans de stériles spécu- 
lations! Croire à Dieu est un devoir, vou- 
loir le définir est un rêve. C’est à connaître 


- l’homme que l’homme devrait mettre toute 


sa science. Les philosophes ont beaucoup à 
faire avant d’avoir réduit sa nature com- 
plexe à l’évidence d'un axiome. 
L'Académie se forme en comité secret 
C. B. F. 


ARCHÉCLOGLIE. 


Habitation de l'architecte Philibert de L'Orme, 
conseiller et aumonier ordinaire du roi 
Henri IT, abbé d'Ivry, de Saint-Eloy de 
Noyon et de Saïnt-Serge d'Angers. 


À l'extrémité du quartier de l’Arsenal, 
derrière le couvent gothique des Célestins, 
dans la rue de la Cerisaie, rue étroite et 
sombre, s'élève un charmant hôtel de la Re- 
naissance (1). Vingt fois menacé par lemar- 
teau destructeur des iconoclastes moder- 
nes, il est parvenu cependant jusqu’à nous 
presque intact et comme par miracle. Peut- 
être ne mentionnerions-nous pas cet hôtel, 
si le souvenir d’un des artistes les plus dis- 
tingués du seizième siècle, qui en fut à la 
fois l’architecte et le propriétaire, ne venait 
s’y rattacher. Nous avons nommé Philibert 
Delorme. 

Né à Lyon dans les premières années du 
seizième siècle, le jeune Philibert partit pour 
l'Italie à l’âge de quatorze ans. Nourri d’é- 
tudes sérieuses sur l'antiquité, it revint à 
Lyon en 1536, et y construisit le portail de 
Saint-Nizier, ainsi que plusieurs maisons 
ornées de voûtes et d’escaliers en trompe. 
Appelé à la cour de Henri IT, il construisit 
successivement le fer à cheval de Fontai- 
nebleau, Anet et Meudon. Il ne reste plus 
de ce dernier château, tel que Delorme 
VPavait bâti, que la grande terrasse en bri- 
ques. Ce fat lui qui répara Willers-Cottrets 
et la Muette, et acheva Saint-Maur. Per- 
soune m'ignore qu'indépendamment du 
tombeau circulaire des Valois à Saint-De- 
nis, il construisit le pavillon du milieu du 
palais des Tuileries, les deux corps de logis 
contigus ei les pavillons qui le$ terminent. 
Ce qui contribue à éterniser la mémoire 
de Philibert Delorme, ce n’est pas seu'e- 
ment l’amélioration qu’il introduisit dans 
le style architectural de la Renaissance, en 
l'épurant par l’imitation des grands maîtres 
d'Italie ; on lui doit en outre la composition 
d'ouvrages très importants sur son art, et 
que l’on consulte avec fruit. Son traité in- 
folio intitulé : Nouvelles Inventions pour 
bien bätir et à petits frais, pirut en 1561. 

(4) Cet hôtel , situé au fond d’une our, porte le 
n° 8. 


. cultéz ne pourraïent soutenir si grand frais; 


186 
On croit qu'il en publia une deuxième éd#- 
tion une année avant sa mort arrivée en 
1577. En 1557, il fit paraître neuf livres 
sur son art imprimés avec figures en bois 
dans le texte. Une autre édition de cet ou= 
vrage est datée de 1626, ou de Rouen 
1648 ; les deux livres des Nouvelles Inven: 
tions pour bien bâtir y sont réunis. | 

Cet ouvrage est rare. On y trouve gravés 
dans le texte le dessin exact de la façadein- 
térieure et de la coupe de sa maison, dont 
il dirigea lui-même les travaux avec un soin 
tout particulier. : 

Voici le passage qui y est relatif (Voyez 
l'OŒEuvre de Philibert Delorme , 1 vol. in- 
folio, Paris, Regnauld-Chaudière , 1626, 
pages 252 et suivantes.) : 

» CHAPITRE XvI1, — Autre face de mai- 
son monstrant comme l’on y peut appli- 
quer les fenestres et. portes sans aucunes 
colomnes et piliers, ouy bien leurs corni- 
ches et ornements pour les entablements. 

»En ce mesme chapitre, l’auteur descrit 
et monstre les deux faces d’une maison qu’il 
a fait édifier pour soy : l'une du costé de la 
court, et l’autre du costé des iardins. Et 
encores tine autre face troisiesme pour un 
corps d’hostel qu’il délibéroit faire sur Le 
deuant de la rüe de la Cerisaye à Paris, 
estant le tout proposé par manière d’exem- 
ple, et pour monstrer comme l’on doit ap-" 
pliquer les fenestres et portes. 

» Aucuns pourront penser, après avoir 
leu ce que jai escrit des faces des basti- 
ments, pour monstrer la disposition des f:-« 
nestres, que ie les voudrais contraindre, 
où bien assuiectir, de mettre des colomnes 
et piliers aux faces des maisons, ce que ie 
ne prétens aucanement : car tous ceux qui 
veulent faire petites despenses n’ont besoinz 
de si grande curiosité et enrichassement de 
face de maison, pour autant que leurs fa- 


mais il est bien vray que ie voudrais que la 
constitution et ordre des fenestres qui doi- 
vent estre plantées aux faces des logis. fust 
par telles proportions et mesures gardé, 
voire sans colomnes on piliers, qui ainsi le 
voudra, et le pouvez clairement voir en la 
prochaine figure suivant : en laquelle ie 
mets au premier estage des fenestres croi- 
sées simplement , et au second ie monstre 
comme vous pouvez faire entre lesdictesm 
croisées, des chaînes de pierre sous forme 
de piliers, chapiteaux et autres : et encore, 
mettre aux couvertures des fenestres croi- 
sées, si vous voulez dela pierre detaille, en 
forme rustique, ou bien toute unie, commen 
aussi par les angles du bastiment. Vous 
voyez aussi qu’à l’entablement de tout le 
logis sur lequel est plantée la charpenterie 
et les lucarnes, au lieu que aucuns y font 
des corniches, j'y ai fait des mutules en 
forme de rouleau, pour décorer ct faire 
monstrer plus beau le logis. Je vous pro- 
pose aussi en ladicte figure des piliers 
quarrez, et de Fun à l’autre voutez, pour 
faire par ledessous une facon de pérystile, 
et au-dessus une galerie, le tout sous forme 
de colomne, ny moins de pieds de stats 
chapiteaux et corniches : pour seulement 
monstrer Comme le docte et expert ar 
chitecte peut faire un bastiment de bonném 
grâce, et sans excessive despense, lequel sem 
monstrera autant bien faict que d'autres 
qui sont beaucoup plus riches : ainsi que 
vous pouvez voir etiuger par la figure pro 
chaine. : 
» Puisque ie suis sur ce propos, i'achehM 
verav de vous monStrer l’autre face du lo* 
ais précédent : laquelle est d’un coité du 


à 


EE — 


oré 


idin. Doncié luy ai fait par le milieu ane 
ime de tour toute ronde, de laquelle le 
>mier estage sert de chapelle, accompa- 
‘é d’une gallerie par le devant, avecques 
5 ouvertures et des fenestres d’autre sorte 
ie les autres : car elles sont rondes et 
ont point la hauteur suivant leur largeur; 
ais ie leur ay baillé ainsi grande ouver- 
re de largeur pour donner plus de plaisir 
lladicte gallerie : laquellé toutes fois se 
uve de bonne grâce et grande beauté 
1si qu’elle est : mais beaucoup plus estant 
F œuvre que par le dessing que vous en 
irrez cy-après. Au second estage de la- 
icte tour, est un cabinet très fort pour 
lire voûüté de pierre de taille dessus et des- 
jus et ferré. Aux cotés sout autres cabi- 
ts et terrasses; et par le derrière est le 
brps d'hostel principal, estant lé tout, 
int aux fenestres que entabiemens et lu- 
rnes, faict (ainsi que vous voyezle dessing) 
: bien bonne matière,avecquesunegrande 
sance, tant pour les caves que autres 
sux. Vous advisant que le tout a été faict 
“mme pour moy, estant mon propre lo- 
:s, tel que vous le voyez au précédent et 
‘oche desseing. 

:» Jaçoit que toute la maison cy-devant 
“entionnée ne soit encores accompagnée 
un corps d’hostel que j’avois délibéré faire 
2r le devant sur la rue de la Cerisaye près 
s Célestins à Paris, si est ce que ie ne 
array de devoir mettre la face dudict corps 
> logis que j'avaieenvie d’y faire bastir, et 
eusse faict longtemps, si Dieu m'eust 
resté mon très souverain prince et bon 
aaistre le feu Roy Henry, de qui Dieu ait 
jime. Le vous présenteray donc la face du- 
let corps d’hostel, afin que vous cognois- 
Lez la disposition et ordre des portes et 
:nestres, comme aussi des enrichissemens 
‘1’on peut leur donner, sans y faire grand 
javrage ny grand crdre de colomnes avec 
hurs ornements. Estant sur ces propos, vo- 
hntiers je montreray tout d’une venüe les 
1esures et départiments du dedans du lo- 
is, comme iis doivent estre, mais ie me 


‘estournerois de ma délibération, qui ne 


nd ici à autre fin, sinon de vous mons- 


er, après les portes, la constitution et or- 


‘onnance des fenestres et lucarnes : ainsi 
ue ie feray, Dieu aidant, et reserveray le 
2ste pour le 2e tome (1) de notre Architec- 
ire, auquel je donneray non seulement ce 
1gis quej’ay faict faire pour moy à Parts, 
vais encore plusieurs autres «le diverses 
>rtes, soit pour les grands ou pour les petits, 
vec leurs plans, et ce qui sera requis pour 
S COgnoistre.» 

! La maison de la rue de la Cerisaie est 
ÿsez bien conservée extérieurement. On 
loitregretter la démolition de deux élégants 
ortiques à arcades que Philibert avait éri- 
$s de chaque côté du bâtiment principal. 
€ dallage octogone de la cour, qui pro- 
uisait un effet pittoresque, a disparu pour 
ire place à un pavé inégal et raboteux. 
lépuis la mort du célèbre architecte lÿon- 
jais, on y a éilifié un puits qu'il eût certai- 


| 


: 


lement désavoué, à cause de:sa lourdeur. 


rompt l'harmonie des lignts et produit 


| (1) Malgré nos investigalions multiplhiées: nous 
|'asons pu découvrir le deuxième tôme annoncé par 
hilibert de l'Orme. Il est certain qu'il n’a jamais 
jaru. Dans l'épitre dédicatcire à la reine il annonce 
[u'il « ytraitera des divines proportions et mesures 
| de l'ancienne et première architecture des pièces du 
Viel-Testament accomodées à l'architecture mo- 


|derne. » Peut-être le manuscrit original repose-t- 


ignoré dans la poussière d’une bibliothèque ? 
ï Ch. G. 


188 


un effet disgracieux. Quant à l’intérieur 


des appartements, il a été tellement défi- 


guré qu'il est devenu méconnaissable. 
Cu. GRoUET. 


GEOGRAPHIE. 
Défrichement du lac de Haarlem en Hollande. 


La Hollande se trouve dans une position 
exceptionnelle, obligée de lutter constam- 
ment contre l’envahissement des eaux. Ce 
besoin de veiller jour et nuit à sa propre 
conservation, a développé dans ce peuple 
une énergie de résistance, une tenacité telle, 
que même en voyant les travaux qui ont 
été faits, on comprend à peine, comment un 
aussi petit peuple a pu les exécuter. Il a 


fallu pour cela, une puissance de volonté 


et de persévérance prodigieuse. 2,500,000 
individus ont réellement créé des merveil- 
les en Hollande, et cet esprit de lutte con- 
tre {es eaux, est bien remarquable. 

Au premier rang des travaux extraordi- 
naires par eux entrepris dans ces derniers 
temps, il faut placer le défrichement du 
lac de Haarlem , opération gigantesque, 
quand on songe que ce lac a plus de 18,000 
hectares de superficie, sur une profondeur 
moyenne de 4 mètres d’eau. 

Une inondation le forma au commence- 
ment du XVI° siècle. En 1506 il avait seu- 
lement 3,700 hectares de superficie ; mais 
en 1534, il ex avait déjà 5,607 : il s'était 
donc agrandi de 4,907 hectares en 25 ans, 
ce qui fait près de 75 hectares par an. Les 
propriétaires riverains commencèrent à 
s’afiliger de cet ennemi intérieur, que rien 


ne pouvait arrêter; un premier essai de dé- 


frichement fut essayé en 1572, au moyen 
d’un conduit en bois. qui devait conduire à 
travers les dunes, l’eau dans la mer du 
Nord ; mais les sables vinrent contrarier ce 
travail ; il fut abandonné, et cependant le 


lac grandissait tous les jours. En 1591 il 


était parvenu à une superficie de 10,000 
hectares , il engloutissait les riches villages 
de Vufheizen, de Niewmerkerh et de 
Kychb. 

En 1641, le lacavait 14,000hectares; rien 
n'avait pu lui résister, et c’est alors qu’un 
hollandais, Jean Adrianus Leeghwater son- 
geait déjà à le détruire, à le dessécher ; il 
demandait pour ce travail 160 moulins 
d’eau à vent, et estimait la dépense à 
7,560,000 fr. Le projet tomba dans l'oubli; 
un siècle plus tard ie lac avait 17,000 hec- 
tares. On espérait encore au moyen d'un 
canal de dérivation dirigé vers Katwich si- 
non dessécherle canal, du moins mettre un 
terme à ses envahissements; et certes il était 
temps d’y songer, il était prouvé que le lac 
enlevait 60 hectares tous les ans et avec 
eux leur valeur estimée à 13,500 fr. Ams- 
terdam, Haarlem et Leyde voyaient, avec 
effroi, ce lac grandir au milieu d'elles ; 
déjà l’on avait calculé le moment où cha- 
cune de ces villes devait disparaître, de 
même qu'ayant la fixation des dunes on 


avait prévu le moment où Bordeaux serait 


englouti par les sables. 

L'on continuait toujours à dépenser des 
sommes énormes pour défendre les rives du 
lac, sans chercher , à faire cesser la cause 
du mal ; cependant en 1802, MM. $S. D. 
Conrad et Blanken prouvèrent que la déri- 
vation dans la mer du Nord était possible, 
et l’écluse de Katwich fut un peu cons- 
truite dans ce bat; elle fut terminée le 21 
Octobre 1807; le succès fut satisfaisant, le 
lac grandissait moins il est vrai, mais il 


189 


grandissait toujours. Il fallait revenir au 
projet de défrichement complet; seulement 
en1821, on estimait la dépense à 14,000,000 
francs et la durée des travaux à 21 mois: 
ce n’est qu'en 1835, que le gouvernement 
comprit enfin la nécessité de ce travail, et 
ure commissionsous la présidence de M. H. 
Ewyk chargée de faire les études, estime la 
dépense totale à 16,000,000 fr. La loi fut 
présentée aux Chambres le 12 décembre 
1837, et adoptée à une immense majorité 
le 2 avril 1838 ; le 6 mai 1840 les travaux 
commencèrent, il était temps, le lac était 
parvenu à 18,100 hectares de superficie. 
Le défrichement de la grande mare de 
Zuid-Plas, en 1838, indiquait la marche à 
suivre pour arriver à celui du lac de Haar- 
lem; aussi, un arrêté du 21 novembre 1841 
a-t-il ordonné que ce défrichement aurait 
lieu au moyen de machines à vapeur fai- 
sant mouvoir des pompes aspirantes, qui, 
outre qu’elles élèvent l’eau à une plus 
grande hauteur que les vis ou les roues, 
sont aussi plus économiques, appliquées 
surtout à des machines à basse pression. 
Rien ne peint mieux je crois ce caractère 
tenace et persévérant du peuple hollandais, 
que ces travaux du lac de Haarlem. Apres 
avoir lutté pendant nombre de siècles con- 
tre ce lac, dont les envahissements leur 
causaient tant de mal, ils ont pris le parti 
de le détruire, et ni la difficulté des travaux, 
ni les sommes énormes qu'il faudra dépen- 
ser n’ont pu les arrêter. Ce n’est pas tout, 
il est vrai, de voir dans cette opération un 
pays reconquis sur les eaux, une source de 
mal et de destruction, changée en une sour- 
ce de prospérité, l'existence de la Hollande, 
on peut le dire. était attachée au défriche- 
ment du lac de Haarlem. Après les inonda- 
tions qui formèrent le Zuiderzée en 1287, 
et dans d’autres contrées, et à d’autres épo- 
ues, détruisirent quelquefois dans une nuit 
plus de 100,000 hommes, n’avait-on pas à 
craindre de voir un jour le lac de Haarlem, 
grandissant tous les jours , détruire peu à 
peu les terres qui le séparent de la mer du 
Nord, et creuser ensuite à travers les dunes 
une vaste brèche, par où les fiots se préci- 
pitant, viendraient envahirtous ces terrains 
qui sont submersibles, et détruire des con- 
trées que des siècles et des millions ont 
créées comme spéculation: en outre, l’opé- 
ration ne sèra pas mauvaise, surtout si on 
compare les polders que l’on aura, avec les 
riches polders quientourent le lac de Haar- 
lem. Les sondages ont prouvés que l’on a- 
avait, au fond du lac, une profondeur 
moyenne de 040 cent. de bonne terre, 
propre à l’agriculture, et l'on a Fespoir de 
revendre 14,000,000 fr. les terrains ainsi 
défrichés. L'entretien des digues dulac était 
de 60,000fr. La valeur des terrains englou- 
tis, 20,000 fr. , et l'opération devant coûter 
16,000,000 fr., le capital émis sera, en peu 
d'années, tout à fait retrouvé, et de plus 
on aura, outre une cause de mal anéantie, 
une vaste étendue de terrain à convertir en 
praïries. Les travaux néanmoins offrent de 
grandes difficultés et le fond tourbeux sur 
lequel jes digues doivent reposer par place, 
exige beaucoup de précautions pour leur 
construction, etcommeleur développement 
sera pour chacune de 50,000 mètres envi- 
ron , sur une hauteur moyenne de 5 mè- 
tres 90 cent. , la quantité de mètres cubes 
de terre à remuer est énorme, et une par- 
tie même devra être draguée au prix de 
90 fr. le mètre cube, tandis que non dra- 
guée le prix du mètre cube est de moitié; 
iransporté à 50 mètres de distance. Le ca- 


190 


ual de dérivation auraunelargeurmoyenne 
de 45 mètres sur 29 au plat-fond, et 3 mèt. 
de profondeur d’eau; la navigation y aura 
lieu, et sera même moins dangereuse que 
sur le lac lui-même. 

La masse d’eau à enlever est de 724,000,000 
de mètres cubes, et encore, il faut ajouter 
l'excès des pluies sur l’évaporation et les 
eaux qui proviendront des infiltrations; 
98 années d'observations donnent 0,1960 
de mètres cubes, comme le maximun de 
l'excès de ces eaux sur l’évaporation en 
trois mois, ce qui donne environ 0 mètre 
80 cent. par an; la moyenne de l'excès des 
pluies est de O0 mètres 70 cent. pour la 
Hollande, et l’on estime donc à 0,20 cent. 
les eaux d’infiltrations. Ces O0 mètres 20 
cent. d’excès surl’évaporation en trois mois 
donnent encore 36,200,000 mètres cubes 
de plus à enlever par trimestre, ce qui fait 
pour les 14 mois de travail, 168,932,000 
mètres cubes, qui joints aux premiers, don- 
nent un total de 892,932,000 mètres cubes 
d’eau à enlever, et il a fallu que les tra- 
vaux fussent établis d’après ces bases. 

Un moulin d’eau à vent portant environ 
110 à 120 mètres carrés de voilure, élève 
60 mètres cubes d’eau, à la hauteur dun 
mètre, par minute, mais aussi on ne compte 
que sur 60 jours de travail effectif au ma- 
ximum; un moulin ne peut donc élever 
que 5,184,000 mètres cubes dans une an- 
née; à la hauteur d’un mètre à un mètre 
25 décim. 114 moulins étaient donc néces- 
saires pour dessécher le lac de Haarlem et 
le travail risquait de durer près de trois 
ans, c'était trop long ; les Hollandais con- 
naissent trop bien le prix du temps pour ne 
pas chercher des moyens plus expéditifs, 
aussi la commission a préféré l’emploi des 
inachines à vapeur appliquées à des pom- 
pes. 

. Six machines à vapeur de 200 chevaux 
chacune etréunies ensemble deux par deux, 
doivent être établies aux trois endroits où 
auront lieu les épuisements, et exécute- 
ront ce travail en 14 mois au moyen de 
pompes, tandis que si l’on avait construit 
des roues ou des vis d’Archimède mues par 
la vapeur, il aurait fallu 2 ans, puisqne 
l'eau devant être élevée en deux plans , on 
n’aurait pu établir les trois machines infé- 
rieures qu'après l'épuisement de la moitié 
du lac. Le desséchement devant durer moins 
longtemps par les pompes, ne coûtera, par 


191 


machine à vapeur, que 2,427,258 fr., tan- 
dis que par les roues à pallettes ou les vis, 
il aurait coûté par machine 3,352,856 fr. 

La masse d'eau À élever étant de 
892,932,000 mètres cubes, il faudra épui- 
ser pour que le travail ne dure que 14 
mois. 


Én un mois 63,780,857 m. cub. 
En un jour 2,126,028 
En une heure 88,585 
En une minute 1,476 


Une machine par minute 246 

De grands obstacles se présentèrent à la 
pensée des membres de la commission char- 
gée de faire les études; n’avait-on pas à 
craindre en effet que cette grande masse 
d’eau ne fut en communication souterraine 
avec la mer ; n’avait-on pas à craindre de 
voir des sources abondantes se déclarer. 
Mais la réflexion est venue détruire ces 
craintes; l’eau est douce dans le lac, et 
quand même il y aurait des sources, les 
machines à vapeur après avoir épuisé, doi- 
vent rester en permanence pour entretenir 
le dessèchemet, elle n’auront pas même à 
travailler toute l’année, et leurs moments 
perdus seront utiliséspour servir desusines. 
On craignait aussi que le dessèchement 
trop rapide de ces terrains ne donnût lieu 
à un lit de miasmes , et qu'aussi les gaz pu- 
trides produits par la décomposition de la 
masse énorme de poissons qui vivent dans 
ces eaux, et que le dessèchement devait tuer, 
ne rendissent les pays voisins inhabitables ; 


mais cette crainteétait mal fondée. À Haar- ’ 


lem le dessèchement ne sera pas aussi ra- 
pide qu’une rivière qui se retire après une 
inondation, en laissant les terres couvertes 
de boues, l’eau baissera de fort peu chaque 
jour, la végétation s’emparera bien vite des 
terrains découverts , et comme le dessèche- 
ment ne pourra même avoir lieu complé- 
tement, qu’il restera des parties basses et 
noyées, et qu'il faut laisser des canaux de 
navigation, les poissons se refugieront là, 
et l’on n'aura pas à craindre leur décompo- 
sition. 

Tout porte donc à croire que 14 mois a- 
près l’endiguement, cet immense lac sera 
desséché, la dépense sans doute ira au-delà 
des prévisions, mais qu'importe si le résul- 
tat que l’on cherche est obtenu. 

Cuarzes HÉRICART ne THURY. 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte 4. DE LAVALETTE. 


SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE 


OÙ TRAVAUX DES 


Librairie de Decbécourt,, rue des Saints-Pères, 69. 


Savante et des Mamufaceturiers de Ia France, 


de l’'Allemagme et de l'Angleterre, 


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Prix de l'abonnement : 12 vol. 36 fr.; de chaque volume 


À LA PHYSIQUE, À LA CHIMIE, A LA PHARMACIE 
ET A L'INDUSTRIE, 


PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION 


DU 1D' QUBSNEY RME 


labricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L. Vanquelin, de l'Institut. ete. 


Ce Journal paraît {ous les mois par cahier de 10 à 12 feuilles (192 pages). 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de cliimie 
et de physique , dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers, 
ersonnes qui s'abonnent à la Aevue 
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la chimie de F. Hoëfer, for- 


lè complément indispensable. — Les 


mant deux volumes in-$° de 17 francs. 


Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de ?0 fr. par année 
pour Paris, êt 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au 
Bureau de la Æevue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans 
doivent ajouter 3 fr, à leur mandat, s'ils veulent recevoir l'Histoire de la 


chimie par la poste. 


LES GLOIRES DE LA FRANCE, 


OUVRAGE PARAISSANT PAR LIVRAISON DE TROIS VOLUMES 
FORMAT GRAND IN-8° ANGLAIS. 


Les douze premiers volumes seront : M 
de Saint-Esprit; Vie de La reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Goû6= 
froy de Bouillon, par M. D'Exauilliers ; Vie de Saint-} incent de Paul » Pa 
l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné ; par M. le vicomte de Walsh ; Viet 
de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy; 
l'abbé de l’Epce, par Duplessy; 
du cardinal de Bérulle, par l'abbé 4 
son, par M. de Clisson; Pie de Colbert, par M. Alfred de Servich. 


Paris. — Imp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


FAITS DIVERS. 


M. Coste, par autorisation spéciale du minist 
de l'instruction publique, ouvrira, au collége! 
France, le vendredi 3 février prochain, à une heu 
précise , son cours d’embryogénie comparée , et le 
continuera les lundis et vendredis suivants à lan 
snême heure. | 

Il traitera plus spécialement, cette année, du dé 
veloppement des organes. | 

— La quatorzième exposition des produits deu 
l'horticulture aura lieu du 40 au 48 mai prochain, 
dans l’orangerie du palais du Luxembourg. 


—— HER — 
BIBLIOGRAPHIE. 


LA BONNE ECOLE, ouvrage au moyen duquel 
l'enfant; en s’exerçant à la lecture, apprend rapid 
ment et sans efforts tous les faits grammaticauxys 
par Chantard, — Gap. 1843. — 1 vol. in-42. ; 


LE GARDE MEBLE ancien et moderne, jour= 
nal d'ameublement, publiant par an 54 planches” 
18 de siéges, 18 de meubles, 18 de tentures. Di- 
rection artistique: D. Guilmard ; rédaction : H. Hos 
tein; bureaux : rue de Bondy, 66, à Paris. — Ce 
recueil qui compte quatre années d'existence, a pris 
un essor artistique que nous devons encourager. 


CONSIDÉRATIONS SUR LES MALADIES NER= 
VEUSES, par le docteur Pinel de Golleville. 4 vol 
in-8° , chez Just Rouviers — Cet ouvrage contien 
des recherches. savantes sur l’histoire de la médecine 
et sur le traitement des maladies chroniques. M. Pi & 
nel a commencé la traduction du Dictionnaire de 
chirurgie pratique de Samuel Cooper. Des circons 
tances imprévues en ont suspendu la publication. 

Ch. G. k 


ENCYCLOPÉDIE MODERNE, ou Bibliothèque 
universelle de toutes les connaissances humaines 
— À Paris, chez P. Duménil, rue des Beaux-Arts, 
n. 40. < 1 


ESSAI SUR L’AGRONOMIE, ou Régénérafæn 
de l'agriculture; par Louss Guy, petite rue Sainte 
Catherine, À à Lyon. 

DE L'IDENTITÉ de nature des fièvres d'origine 
paludéenne de différents types, à l’occasion de deux} 
mémoires de M. le docteur Rufz, sur la fiévrejaune «|| 
qui a régné à la Martinique de 1838 à 1841, et den 
l’urgence d’abolir les quarantaines relatives à cette 
maladie. Rapport fait à l'Académie royale de méés 
cine, par Chervin.— A Paris, chez Baïllière, rue de 
l’'Ecole-de-Médecine, n. 17. 

LIVRET TOPOGRAPHIQUE ; par le capitaine F5. 
du 46° de ligne. l 

TRAITÉ PRATIQUE sur les maladies des or 
ganes génito-urinaires ; par le docteur Civiale. — A 
Paris, chez Fortin, Masson, place de l’Ecole-de-Rlé- 
decine, À 


séparément, 5 fr. 50 c. 
Vic de Bayard, par M. Delndinen 
paru) 
Vie de 


Vie de Aallebranckhe, par Lourdoueix ; Vie 
de Genoude ; Fie du connétable de Cliss 


40° année. 


L'EC 


Paris. — Jeudi, 2 Février 1843. 


No 9. 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


+ 


‘EcHo DU MONDE SAVANT paraît le FEUMDI etle DEMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 
IPETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARIS pour un a 


25 fr. , six mois 43 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,’6fr., 8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX GHOISIS du mois (qui coûtent chacun 
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte À, DELAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant, 


IDMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 30 janvier. — SCIENCES 


: Note sur les pressions supportées dans un corps 
solide ou fluide par deux portions de surface 
L très voisines, l’une extérieure, l’autre intérieure du 
| même corps; Cauchy. — CHIMIE, Procédé pour 
| reconnaître la falsification du vinaigre. —SCIEN- 
CES NATURELLES. GEOLOGIE Mémoire 
sur certains diluviens des Pyrénées; Collegon. — 
[| PHYSIOLOGIE. Analyse de M. Milne Edwards 
‘sur l’histoire des vaisseaux Ilymphatiques. — 
SCIENCES APPLIQUEES. ARTS METAL- 

LURGIQUES. Moyens de recouvrir les surfaces 
métalliques ; Talbot de Layeock Abbey.—AGRI- 
CULTURE. Culture du mürier-loup. — ÉCONO- 

> MIE RURALE. De l’agriculture de l'ouest de la 
: France, considérée spécialement dans le départe- 
l: ment de Maine-et-Loire; Leclerc-Thouin. — 
MEDECINE VETERINAIRE. Tumeurs du mésen- 
| tère et des valrules tricuspides du cœur; Thomas 
| Mather d'Edimbourg. — HORTICULTURE:. 

|: Nouveaux détails sur le paulownia imperialis ; 
| Bossin.— FAITS DIVERS.—BIBLIOGRAPHIE. 


DIRE Ge — 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 30 janvier. 


La séance d'aujourd'hui, dépourvue de 
out intérêt, n’a présenté aucun travail ori- 
sinal capable de réveiller l’atteution des 
hcadémiciens toujours prêts à se livrer à 
l1n profond assoupissement. Quelques rap- 
sorts ont été lus, et selon un vieil et saint 
.1sage de l'Académie, les rapporteurs ont eu 
:oujours soin d’être de l'avis de ceux dont 
11 analysaient les travaux. Si nous cher- 
chions 1naintenant avec une scrupuleuse 
ittention les causes qui paralysaient ainsi 
l’activité de l'Académie, peut-être les trou- 
verions-nous dans ce comité secret dont la 
plupart des Académicienssont toujours prêts 
là se dispenser. Mais nous aimons mieux 
croire que l’Académie partageait l’anxiété 
des savants qui se sont présentés comme 
candidats dans la section de médecine, et 
sur l'admission desquels le comité secret 
avait à décider. Ce dernier sentiment est 
plus rempli d'humanité, plus noble pour 
une si illustre assemblée. Mais quels ont 
été les résultats du comité secret? quels 
noms ont été prononcés dans son sein? 
“ quels sont les élus? quels sont les réprou- 
 vés? Ce sont là les questions qu’on se fait, 
| et quelques bruits vagues se sont chargés 
. d'y répondre. Si l’on ajoutait foi à ces 
|bruits, certains professeurs de la Faculté de 
‘médecine n'auraient pas à se plaindre du 
choix de l’Académie, et le nom de M. An- 
dral aurait été mis à la tête de ceux des 
candidats. Si cela est ainsi, nous félicitons 
l’Académie d’avoir jeté les yeux sur un 
homme que de savantes et cousciencieuses 
recherches placent dans un rang distingué 
parmi les médecins français. Sur Ja même 
ligne que M. Andral, se trouverait M Pois- 


| PHYSIQUES. PHYSIQUE MATHEMATIQUE, - 


seuille; puis viendraient, dans un rang in- 
férieur, MM. Cruveilhier et Jules Guérin. 
— Attendons encore quelques jours, et la 
solution du problème sera donnée, 

M. de Gasparin a lu à l’Académie un 
rapport sur un Mémoire de M. Leclerc- 
Thouin intitulé : Agriculture dans l’ouest 
de la France. Les paroles de M. de Gasparin 
ont été tout à fait favorables au Mémoire 
dont nous parlons ici. Ce travail, en effet, 
est une production remarquable qui doit 
jeter un grand jour sur l’état agronomique 
de la Bretagne et surtout du département 
de Maine-et-Loire. L'auteur parcourt pas 
à pas et discute tout ce qui a rapport à 
l’agriculture, la situation géographique, le 
climat, le sol, les voies de communication, 
la population, le mode de jouissance du 
sol, la constitution de la propriété, les capi- 
taux, la culture, les engrais, les assole- 
ments, et enfin il donne le détail technique 
qui a trait aux différentes plantes cultivées 
dans le pays. 

Après la lecture de ce Mémoire, l’idée 
qui nous reste du département de Maine- 
et-Loire est celle d’un pays qui, sous le 
rapport de son agriculture, comme sous 
celui de son climat, est dans une position 
de transition entrele nord et le midi, entre 
les bords de la mer et Pintérieur. La distri- 
bution de sa température entre les saisons, 
le peu de chaleur de ses étés, l’absence de 
grands froids de ses hivers, la bonne ré- 
partition de ses pluies le placent dans cette 
région des herbages et de l’agriculture à 
assolements réguliers, qui caractérise la 
Grande-Bretagne, la Belgique et l’ouest de 
la France, climat où l’agriculture peut se 
réduire en règles pratiques, en systèmes 
arrêtés, rarement dérangés par les intem- 
péries des saisons. D’un autre côté, la lati- 
tude de ce département lui permet encore 
plusieurs cultures méridionales, celle de la 
vigne par exemple, et le froid survient as- 
sez tard pour que les blés d'hiver puissent 
être semés sans inconvénient après les ré- 
coltes-racines. — 11 serait impossible de 
suivre M. Leclerc-Thouin dans ses savan- 
tes remarques sur les différences qui exis- 
tent entre plusieurs cantons du départe- 
ment de Maine-et-Loire, mais nous signa 
lerons la distinction établie par lui entre les 
vallées et les plateaux. La richesse du sol 
des vallées, comparée à celle des plateaux, 
a amené, en effet, des différences remar- 
quables dans l’agriculture des unes et des 
autres. Ainsi, quant à la répartition de la 
population, elle s’est multipliée en propor- 
tion de la richesse du sol, là où l'on obte- 
nait avec moins de travail une plus grande 
masse de produits. Dans les vallées, les ter- 
res sont divisées par parties de un ou deux 
hectares ; sur les plateaux de 20 à 40 et 50 
hectares; dans les vallées, le prix de fermage 
est de 150 francs l’hectare, ct monte quel: 


quefois, dans des fermesprivilégiées, jusqu’à 
450 francs; sur les plateaux, il est de 40 a 
50 francs, et descend quelquefois jusqu’à 
12 francs. 

Si nous partons de ce nouveau point de 
vue, nous trouverons dansles vallées un ma- 
gnifique résultat de la petite culture. C’est 
la culture du chanvre et celle du jardinage 
qui fait la richesse de toute cette contrée. 
Le lin paraît s'être retiré devant l’introduc- 
tion des fils étrangers ; mais la bonne qua- 
lité du chanvre lui a assuré des débouchés 
certains, etest devenue l’occasion d’un com- 
merce de plus de 8,000 francs. 

Au milieu des faits intéressants que ren- 
ferme le Mémoire de M. Leclerc-Thouin, 
nous en remarquons surtout quelques uns 
sur l'alimentation du peuple dans le dépar- 
tement de Maine-et-Loire. — M. Leclerc- 
Thouin à constaté que l’orge a presque 
complétement disparu de l'alimentation, et 
que le froment l'emporte de plus en plus 
sur le seigle dons le pain qui nourrit le pen=: 
ple.— Le lard est la seule viande consôm- | 
mée dans les campagnes, mais il ne parait 
que le dimanche sur les tables dans les par-_ 
ties les plus pauvres du départèmen 
Les choux, les pommes de terre akéaison ss 
nés d’une petite quantité de beurkg \ 
peu de fromage et des fruits formént 
base des repas. En se rapprochant de 
Vendée, le lait joue un grand rôle dans la 
nourriture. Dans l'arrondissement de Sau- 
mur, les paysans boivent du vin; ailleurs, 
ils lui substituent une boisson de Cormes, 
de prunes et de poires, mais la grande 
masse des cultivateurs ne boit que de 
l'eau. 

M. Arago a communiqué à l'Académie 
quelques observations sur ce petit corps 
noir qui se trouvait parmi les diamants 
présentés par M. Lomonosoff. Pendant 
vingt-quatre heures, on a essayé de l’user, 
mais on n’a jamais pu y parvenir, et les as- 
pérités qui le recouvraient n’ont en aucune 
sorte disparu. Il a donc été impossible de 
faire une facette qui pût servir pour déter- 
miner l’angle de polarisation de ce miné- 
ral. M. Dumas pense que ce corps noir est 
un de ces diamants qu’on nomme dia- 
mants de nature et qu'il est impossible de 
cliver. 

Un rapportsur un Mémoire de M. Donné 
relatif à la constitution du sang et aux ef- 
fets de l’injection du Jait dans les vaisseaux, 
a été lu à l’Académie. On sait qu’il résulte 
d'anciens travaux de l’auteur que le lait 
consiste en un liquide aqueux, tenant en 
dissolution du sucre de laitet de la matière 
caséeuse, et en suspension des globules de 
matière grasse, M. Donné a également pu- 
blié depuis longtemps des expériences con- 
cernant la constitution du sang, desquelles 
il résulte que le sang renferme 1° des glo- 
bules rouges qui sont généralement con- 


196 


nus ? des globules blancs plus volumineux 
et doués de propriétés fort distinctes ; 3° des 
globulins chyleux très reconnaissables et 
faciles à distinguer. 

Les globulins chyleux du sang sont en 
tout semblables aux globulins du chyle. 

M. Donné a cru voir dans les globulins 
du chyle l’origine des divers globules du 
sang ; et convaincu de l'analogie qui existe 
entre le lait et le chyle, il a essayé de faire 
des injections de lait dans lès veines, per- 
suadé qu’il assisterait ainsi à la conversion 
du lait en sang, ou du moins à celle des 
globules du lait en globules da sang. La 
plupart des animaux, exceptéle cheval, sup- 
portent les injections de lait. Le lait, injecté 
dans les veines, se mêle au sang et circule 
avec lui, comme on peut s’en convaincre 
en examinant ce liquide pris dans différen- 
tes parties du corps. — Au bout de quel- 
ques jours, on remarque que tous les glo- 
bules de lait ont disparu et que le sang a 
repris son aspect accoutumé. Mais avant de 
disparaître, les globules du lait se mon- 
trent associés deux à deux, trois à trois, et 
s’entourent d’une auréoie lumineuse qu’on 
prendrait pour quelque mucosité condensée 
autour d'eux, et qui pourrait provenir de 
quelque modification du liquide en contact 
avec eux. 

Cette aggrégation de globules d’abord 
isolés dans le sang et séparés par tant d'au- 
tres globules en suspension, est certaine- 
ment un fait fort remarquable. 

Faut-il admettre avec l’auteur que ces 
aggrégats se réunissent dans la rate, y 

passent à l'état de globules blanes, et que 
ceux-ci produisent à leur tour les globules 
rouges? Faut-il accepter cette assimilation 
complète entre les globules du chyle et 
ceux du lait? C’est là une question qu’il est 
diff cile de résoudre, et sur laquelle l'Aca- 
démie a craint de donner une réponse ha- 
sardée. 

M. Milne-Edwards a lu à l'Académie un 
rapport de M. Dumas sur un mémoire de 
MM. Sandras et Bouchardat, relatif à la di- 
gestion. Nous allons essayer d'analyser ce 
rapport etde faire ainsi connaître les expé- 
riences de MM. PBouchardat et Sandras. 
Les chimistes modernes ont admis avec le 
docteur Prout, qu’il convient de diviser les 
principaux aliments en trois classes, les 
aliments azotés , les aliments gras, les aii- 
ments sucrés où féculents. Chacun joue 
dans la digestion ainsi que dans la nutri- 
tion un rôle distinct; les auteurs du mé- 
moire se sont proposés de l’éclairer par des 
expériences nouvelles. Admettant que | ob- 
jet de la digestion contiste à faire passer 
dans le sang les matières alimentaires qu’il 
veut utihser, ils ont cherché à déterminer 
par l'expérience à qu’elle voie d'absorption 
ja nature a recours pour cela. {ls sont par- 
ts d’ailleurs de ce point de vue, en général 
vrai, que les aliments solubles sont absor- 
bés par les veines et que les aliments inso- 
iubles passent par les conduits chylifères. 

Ceci admis, restait donc à savoir seule- 
“ment comment la nature avait pourvu aux 
moyens de rendre certains aliments solu- 
bles, ou bien de les diviser au degré conve- 
nable pour les rendre propres à passer dans 
les vaisseaux chylifères. 

Les auteurs ont fait dans ce but deux sé- 
ries d'expériences, les unes purement chi- 
miques, tes autres physiologiques, 

Les expériences chimiques ont mis en 
évidence uu fait nouveau et très remar- 
quable, consistant dans l'action de l’eau 
faiblement acidulée par Facide chlorhy- 


197 


drique exerce sur la fibrine, l’albumine, le 
caséum, le gluten et le tissu gélatineux. 
Toutes ces matières se gonflent, deviennent 
translucides et quelques unes se dissolvent; 
il suffit d'ajouter à 4000 grammes d’eau 6 
grammes d’acide chlorhydrique pour pro- 
duire tous ces phénomènes. 

Toutefois, les auteurs ont été trop 
loin , en considérant l'acide chlorhydrique 
comme le seul agent de la dissolution des 
aliments azotés. En effet, tandis que sous 
son influence, la fibrine se borne à se dis- 
tendre à l’excès mais sans se dissoudre ; il 
suffit de faire intervenir quelques gouttes 
de présure pour que la dissolution soit 
complète. Ainsi dans le suc gastrique, l’a- 
cide chlorhydrique n’est pas le seul agent 
de la dissolution , il faut peut être aussi 
tenir compte de ceite matière animale 
qu’on nomme la pepsine ou la chymosine, 
qui fonctionne probablement à la manière 
de la diastase, et que MM. Schwann et 
Deschamps ont signalée dans l’estomac. 

Il semble donc bien probable, d’après 
les expériences des auteurs, que les ma- 
tières azotées animales neutres, une fois 
dissoutes dans l'estomac, passent directe- 
ment dans les veines , le gluten se com- 
porte comme elle; l’amidon , les fécules se 
convertissent en toutou en partie dans l’es- 
tomac en acide lactique et s’absorbent sous 
cette forme. On ne retrouve ni amidon, ni 
sucre dans le chyle, pendant la durée 
d’une alimentation féculente. 

Les graisses résistent évidemment à Pac- 
tion de l'estomac, elles passent dans le canal 
intestinal , et là elles forment une bouillie 
crêmeuse, en même temps que le chyle se 
montre sous leur influence d’une abon- 
dance et d’une richesse inaccoutumée en 
globules capables de le rendre laiteux et 
opaque. ï 

MM. Bouchardat et Sandras voient donc 
dans les graisses les agents principaux de 
la production du chyle, les produits ali- 
mentaires dont la digestion rend surtout 
uécessaire l'intervention de l’appareil chy- 
lifère. 


——— SEE —— 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. 


Nole sur les pressions supportées, dansun corps 
solide où fluide, par deux portions &e sur- 
face très voisines, l'une extérieure, l'autre in- 
lérieure à ce même corps ; par M. A Cauchy. 


J'ai remarqué, dans un mémoire pré- 
senté à l’Acadéinie le 30 septembre 1822, 
et dans le 2° volume des £rercices de ma- 
themaliques, que la pression ou tension 
suppurtée cn un point donné d’un corps 
par une surface plane, devait être généra- 
lement, non pas normale, mais oblique à 
cette surface. J'ai de plus développé les lois 
suivant lesquelles cette pression ou tension 
varie en grandeur et en direction, lorsque 
le plan qui renferme la surface tourne au- 
tour du point donné. Pour trouver ces lois, 
il m'a suffi d’étabiir l’équilibre entre les 
pressions où {ensions supportées par les 
différentes faces d’un très petit élément de 
volume, qne J'ai fait successivement coin- 
cider avec un prisme droit, dont la base 
était supposée tiès petite par rapport à la 
hauteur, avec un parallélipipède rectangle, 
et enfin avec un tétraèdre dont trois arêtes 
étaient parallèles à trois axes rectangulaires 
entre eux. Quand on considère un corps 
comme un système de points matériels qui 


agissent les uns sur les autres à de très pe- | 


qui reproduisent les équations d'équilibre} |} 


- lative à un point situé près de la surface 


" 


19 ‘ 
tites distances, les lois obtenues ainsi qu’on 
vient de le dire se trouvent vérifiées, non» 
seulement par les valeurs particulières des 
pressions auxquelles M. Poisson était d’as 
bord parvenu, c’est-à-dire par les valeurs} |; 
et de mouvement des milieux isotropes 
trouvées par M. Navier, mais encore paf | 
les valeurs plus générales que j'ai données 
dans le 3 volume des Exercices, et qui sem 
rapportent à des milieux non isotropes. M 

La considération d'un prisme droit élé= 
mentaire, dont la base est très petite rela- 
tivement à la hauteur , m'avait, dans le} | 
2e volume des Exercices, conduit à cette te 
conclusion générale, que Les pressions oëMR {| 
tensions exercées en un point donné dun 
corps contre les deux faces dun plan quelk 
conque passant par ce point, sont deux} |} 
forces égales et directement opposées. Enp| 
d’autres termes, une couche infiniment 
mince renfermée dans le corps à une dis 
tance sensible de la surface, et comprise 
entre deux plans parallèles, supporte sum 
ses deux faces des pressions ou tensions 
égales , mais dirigées en sens contraires. IM 
restait à savoir si la même proposition doit 
être étendue au cas où l’un des deux plans. 
parallèles est remplacé par une portion élé 
mentaire de la surfaceextérieure du corps 
et où l'épaisseur de la couche infiniment 
mince est remplacée par le rayon de la 
sphere d’activité sensible d’une molécule 
Cette extension est nécessaire pour que lon 
puisse mesurer la pression intérieure et re- 


RÉ RENNES 


d'un corps solide par la pression extérieure, 
comme nous l’avons fait, M. Poisson et 
moi, dans les Mémoires que nous avons 
publiés sur les surfaces, les lames et les" 
verges élastiques. Mais avons-nous raison 
de le faire, et cette manière d opèrer est 
elle légitime? C’est un point sur lequel 
s'était élevé dans mon esprit quelques dou 
tes, que j’ai cru devoir loyalement exposer 
aux géomèetres, non-seulement dans le Me- À 
moire lithographié sur la théorie de la iu=« | 
mière, mais aussi dans le Mémoire pre=h 
senté à l’Académie le 18 mars 1839. Au-h 
jourd’hui ces doutes sont heureusement 
dissipés, ainsi que je vais l'expliquer en peus 
de mots. e 

Pour qu'un élément de surface plaues 
mené par up point intérieur dans un corps 
ou dans ur système de mojiécules, sup=n 
porte une pression dont la grandeur et la 
direction demeurent sensiblement invas 
riables , tandis quel on pas*e d’un point à 
un autre de cet élément, ilest nécessaire 
en général que les deux dimensions de 
l'élément soient t.ès petites. Mais, quelque 
petites que soient ces deux dimensions, Ai 
la hauteur d’un prisme droit, qui à l'ÉIC=M 
ment pour base, devient infiniment petite, 
c'est-à-dire décroît indéfiniment, il arni= 
vera bientôt un instant où cette hauteun 
pouria ètre négligée vis-à-vis de chacuue 
des deux dimensions de la base: et alors, la 
surface latérale du prisme devenant (rés 
petite par rapport à la base, le SYSTÈME CHEN 
tier des pressions supportées par ja surfaces 
latérale pourra être négligé relativemeniM 
aux pressions totales supportées par la baxe 
sur laquelle le prisme a ete construit, et 
par la base opposée. Donc l'équilibre, qui ‘* 
devra subsister entre les diverses PresSIONSA 
supportées par les diverses faces du prisme, 
se réduira $ensiblement à l'équilibre des 
pressions totales supporices par les deux 
bases. Done ces pressions totales, quisse 
changeront quelquefois en deux tension$y 


«e 


ïont deux forces sensiblement égales, 
is dirigées en sens contraires. Telle est 
idémonstration que jai donnée depuis 
Ikgtemps de l'égalité des pressions ou ten- 
ns exercées en un point donné d’un corps 
tre les deux faces d’un plan quelconque, 
r, ce qui revient au même, contre les 
ax faces d’une couche infiniment mince 
ssant par Ce point. 

Si maintenant on veut démontrer l’éga- 
: des pressions extérieure et intérieure 
-respondantesà deux points très voisins, 
\1és sur une même droite normale à la 
#face qui termine le corps, savoir, des 
essions supportées : 1° en un pointdonné 
la surface du corps par cette surface 
me; 2° en un second point dontla dis- 
lice à la surface soit au moins égale au 
ron de la sphère d’activité sensible d’une 
lblécule, par nn plan perpendiculaire à la 
trmale, ou, ce qui revient au même, 
rallèle à celui qui touche la surface 
premier point; la démonstration pourra 
ser d’être exacte, et ne subsistera que 
|1$ certaines conditions qu’il importe de 
-naler. A la vérité, on pourra toujours 
incevoir que l’on construise un prisme ou 
Hindre droit qui ait pour hauteur la dis- 
lace entre les deux points avec des bases 
és petites, dont l’une pourra être censée 
confondre avec un élément de la surface 
térieure du corps. Mais, après avoir 
indu ces bases assez petites pour que les 
bessions supportées par elles ne varient 
}s sensiblement dans le passage d’un point 
lun autre, on ne pourra faire décroitre 
tdéfiniment la hauteur du prisme; et, 
bur que la démonstration précédemment 
rppelée soit applicable, 57 faudra que la 
inite inférieure assignée à cette hauteur, 
est-a-dire , le rayon de la sphère d'acti- 
té sensible d'une molécule, soit effective- 
lent une quantité très petite, relativement 
u1æ dimensions qu’il sera possible d'atiri- 
Ler aux deux bases du prisme sans faire 
taïier sensiblement la pression soit inté- 
Yeure, soit extérieure. 

! Si, comme nous le supposerons généra- 
ment dans ce qui va suivre, les variations 
2 la pression extérieure restent toujours 
l'es petites pour de très petites distances 
larcourues sur la surface du corps, la 
tule condition à vérifier sera que le rayon 
e la sphère d'activité sensible d’une moté- 
ile reste trés petit relativement à la dis- 
pence qu'il faudra parcourir dans le corps 
un plan quelconque, pour obtenir des 
\zrtattons sensibles de la pression suppor- 
2e par Ce même plan. 

Dans un corps homogène considéré 
jomme un système de moléculés, les va- 
iations , que la pression supportée par un 
lan éprouve quand on passe d’un joint à 
in autre, sont dues aux déplacements des 
molécules. Si d’aillears le corps est animé 
e lun des mouvements infiniment petits 
jue nous appelons mouvements simples ou 
rar ondes planes, les déplacements molé- 
ïulaires ne varieront pas sensiblement 
jand en parcourra des distances très pe- 
lites relativement aux épaisseurs des ondes. 
Donc alors la condition ci-dessus énoncée 
e réduira simplement à ce. que Ze r«yon de 
‘a sphère d'activité sensible d'itne molécule 
demeure très petit relativement aux épais- 
seurs des ondes planes. Sous cette condition, 
la pression extérieure supportée par la sur- 
face du corps ne différera pas sensiblement 
de Ja pression intérieure supportée par un 
plan parallèle au plan tangent et mené à 
une distance équivalente au rayon de la 


200 


j sphère d'activité sensible d’une molécule. 


En général , lorsqu’un corps homogène 
est doué d’un mouvement infiniment petit, 
ce mouvement peut être censé résulter de 
la superposition d’un nombre fini ou infini 
de mouvements simples. Alors la condition 
précédemment énoncée se réduit à ce que 
le rayon de la sphère d'activité sensible 
d’une molécule demeure très petit relati- 
vement aux épaisseurs eles diverses ondes 
planes. 

Dans la théorie des surfaces des lames et 
des verges élastiques , on peut aux épais- 
seurs des ondes substituer des quantités du 
même ordre, telles que les dimensions des 
diverses portions de courbes décrites par 
des points qui s’écartent dans un sens ou 
dans un autre de leurs positions primi- 
tives. Alors on obtient les conditions qui 
doivent être vérifiées pour l’exactitude des 
formules relatives aux vibrations des sur- 
faces des lames ou des verges élastiques, 
telles qu’elles ont été données par M. Pois- 
son ou par moi-même dans divers Mé- 
moires. L'accord général de ces formules 
avec l’expérience ne permet guère de dou- 
ter que les conditions ci-dessus indiquées , 
et sous lesquelles elles subsistent, ne se 
trouvent effectivement remplies. 

Dans le tome VIII des Mémoires de l’ A. 
cadémie (page 390), et dans le XX° cahier 
du Journal de l’école Polytechnique (page 
56), M. Poisson avait déjà cherché à dé- 
montrer l'égalité des pressions extérieure 
et intérieure correspondantes à deux points 
situés, l'un sur la surface d’un corps, 
l’autre près de cette surface. Mais la dé- 
monstration qu’il a donnée dans les Mé- 
moires de l’Institut, et modifiée dans le 
Journal de l’école Polytechnique, en com- 
parant l’une à l’autre les pressions sup- 
portées par les bases, tantôt d’un très petit 
segment de volume, tantôt d’un cylindre 
dont la hauteur et. les bases sont très petites, 
me paraît sujette à quelquesdifficultés qu’il 
serait trop long de développer ici; et ce qui 
me persuade que ces difficultés sont réel- 
les, c’est, en premier lieu, que la démon- 
stration dont 1l s’agit n’a jamais été oppo- 
sée, à ma connaissance, ni par son auteur 
ni par aucun autre géomètre , aux doules 
que J'avais énoncés publiquement et par 
écrit, en assurant que l'égalité des pres- 
sions extérieure et intérieure n'était pas 
démontrée ; c’est. en second lieu, que dans 
les passages cités, M. Poisson ne fait pas 
mention de la condition à laquelle nous 
sommes parvenus, et sans laquelle, néan- 
moins, le théorème que constitue cette 
égalité peut, à notre avis, devenir inexact. 

Si, au lieu d’un seul système de molé- 
cules , on considère deux semblables sys- 
tèmes séparés l’un de l’autre par uvre sur- 
face plane, alors, en raisonnant toujours 
de la même maniere, on obtiendra de nou- 
velles propositions analogues à celles que 
nous avons énoncées, et en particulier les 
suivantes : 

A Théorème. Etant donnés deux milieux 
séparés par une surface plane, et composés 
de molécules qui éprouvent de très petits 
déplacements, si dans chaque milieu le 
rayon de la sphère d’activité d’une molé- 
cule est une quantité très petite que lon 
puisse négliger relativement à la distance 
qu’il faut parcourir pour que ies pressions 
ou les déplacements subissent des varia- 
tions sensibles, les pressions mesurées dans 
les deux milieux en deux points situés sur 
une perpendiculaire à la surface de sépa- 
ration, de manière que la distance de cha- 


201 


) can à la surface soit le rayon de la sphère 


d'activité sensible d’une molécule, et sup- 
portées en ces deux points par deux plans 
parallèles à la surface, seront sensiblement 
égales entre elles. 

2° Théorème. Les mêmes choses étant 
posées que dans le premier théorème , sup- 
posons que des mouvements infiniment 
petits, simples ou à ondes planes, se pro- 
pagent dans les deux milieux. Si le rayon 
dela sphère d’activité sensible dans chaque 
milieu est une quantité très petite relati- 
vement aux épaisseurs des ondes planes, 
les pressions mesurées dans les deux milieux 
en deux points situés sur une perpendicu- 
laire à la surface de séparation, de maniere 
que la distance de chacun à la surface soit 
le rayon de la sphère d’activité sensible 
d'une molécule, et supportées en ces deux 
points par deux plans parallèles à la sur- 
face, seront sensiblement égales entre elles. 


CHIMIE. 


Procédé pour reconnaitre la falsification du 
vinaigre. 


Un des produits dont la falsification est 
la plus fréquente, c'est, sans aucun doute, 
le vinaigre. Cette substance qui, chaque 
année, se consomme en grandes masses, SC 
voit souvent altérée d’une manière dange- 
reuse. Pour rendre le vinaigre plus actif, 
plus piquant, on n’a pas craint d'y mêler 
souvent une assez forte quantité d'acide sul- 
furique ou d’acide azotique. Ces deux aci- 
des puissants introduits ainsi dans l’écono- 
mie peuvent souvent produire de fâächeux 
résultats: d’abord ils enlèvent l’émail des 
dents , prédisposent ces organes à la carie 
et sont ainsi la source des douleurs les plus 
fortes.Maisleur sphère d’activités’étend au- 
delà, et leur action sur les organes de la &i- 
gestion est souvent assez prononcée pour 
déterminer des irritations d'estomac ou des 
autres parties du tube digestif. 

Depuis longtemps on avait reconnu la 
nécessité de pouvoir prouver la présence 
anormale de ces acides dans le vinaigre. 
Bien des moyens ont été proposés pour ar- 
river à ce but, mais la plupart d’entre eux 
reposent entièrement sur des opérations 
chimiques qui ne peuvent être pratiquées 
que par des hommes de l'art. il étaitindis- 
pensable de placer dans toutes les mains un 
moyen sûr de constater la présence de l'a- 
cide sulfurique ou de lacide azotique dans 
le vinaigre. Un chiniiste allemand est arrivé 
à ce résultat et son procédé, que nousallons 
faire connaître, est si simple, si ingénieux, 
que tout le monde pourra le comprendre 
et le mettre en pratique. S'il s’agit de cons- 
tater dans du vinaigre la présence de l’acide 
sulfurique, on prendra quelques gouttes de 
cette substance, on les placera dans une 
petite capsule de porcelaine avec quelques 
gouttes d’eau dans laquelle on aura fait 
dissoudre du sucre, Il suffit d'évaporer le 
tout à une douce chaleur, à une chaleur in- 
férieure à celle où le sucre devient caramel. 
et si le produit de la dessication est noir on 
peut en conclure que le vinaigre contenait 


Jos 
de l'acide sulfurique. Cet acide, en effet, à 
la propriété de noircir les matières organi- 
ques. 

Il n’est done pas besoin de connaître un 
seul fait de chimie pour constater, dans un 
vinaigre, la présence de l’acide sulfurique. 

Pour l'acide azotique le procédé est 
aussi simple. On met, dans une capsule, 
quelques gouttes du vinaigre soupconné et 
dans cette liqueur on rape un peu de ce 


202 


ui forme letuyau de la plume à écrire. On 
chauffe et si cette légère matière organique 
acquiert une couleur jaune on peut être 
assuré que le vinaigre contient de l’acide 
azotique. Ces procédés intéressent tout le 
monde, mais surtout les médecins et les 
experts; nous les recommandons à l’atten- 
tion de ces derniers pour qu’ils les popula- 
risent et les mettent souvent en pratique. 
Ainsi diminuera , peut-être, cette dange- 
reuse falsification du vinaigre, car nous ne 
pouvons pas espérer qu’elle s’anéantisse ja- 
mais. 


SCIENCES NATURELLES. 
GÉOLOGIE. 


Mémoire sur les (errains diluviens des Pyré- 
nées ; par M. deCollegno. 


On sait que MM. de Charpentier et 
Agassiz ont cherché depuis quelques an- 
nées à rendre compte de la dispersion des 
blocs erratiques des Alpes et du nord de 
l’Europe, à l’aide des glaciers immenses 
quiauraientoccupéjadis toute l'étendue des 
vallées actuelles, qui auraient même re- 
couvert une partie considérable de notre 
hémisphère boréal. L'hypothèse glaciale a 
été appliqnée récemment aux Pyrénées, et 
Académie a entendu, il y a quelques mois, 
une communication dans laquelle l’exis- 
tence d’anciens glaciers trés-étendus dans 
les Pyrénées est admise comme un fait in- 
contestable. On en donne pour preuve les 
surfaces polies et striées de la vallée de la 
Pique, du Lys, du Larboust, etc., et les 
grandes moraines que lon rencontre à 
chaque pas plus ou moinsintactes, plus ou 
moins démantelées. J'ai visité, à mon tour, 
une grande partie des Pyrénées, et le Mé- 
moire que je soumets au jugement de 
l'Académie est îe fruit de deux étés passés 
dans cette chaîne de montagnes. Les faits 
que j y ai observés m’ont conduit à des con- 
clusions fort différentes de celles indiquées 
ci-dessus, et qui se rapprochent beaucoup 
au contraire, de celles annoncées précé- 
demment par M. Durocher. Voici com- 
ment je crois pouvoir exprimer le résultat 
de mes observations : 

1° Le fond des vallées des Pyrénées est 
généralement occupé par un terrain de 
transport composé de blocs plus ou moins 
roulés, provenant des roches cristallines 
des hautes cimes centrales. 

2° Le terrain de transport est accumulé 
en grandes masses partout où les vallées se 
rétrécissent brusquement et partout où 
elles changent de direction, sous un angle 
un peu considérable ; la masse du terrain 
de transport est disposée dans les deux cas 
en terrasses sensiblement horizontales, et 
quelques blocs anguleux seulement sont 
disposés à diverses hauteurs au-dessus de 
ces terrasses. 

3". Le terrain de transport se présente 

‘aussi quelquefois à l'extrémité des vallées, 
sous forme d’ôsar gigantesques, qui conti- 
nuent à eux seuls Les contre-forts latéraux 
de ces vallées : ces dsar se rattachent par 
des terrasses horizontales ou peu inclinées 
à la partie supérieure des dépôts meubles 
du fond des vallées. 

4° Rien n'autorise dans les Pyrénées la 
supposition d'anciens glaciers qui auraient 
eu une étendue de beaucoup supérieure 
aux glaciers actuels de cette chaîne. Le 
passage desavalanches produit de nos jours 
des «ur/aces polies et striées ; le passage vio- 


203 


lent d’une grande masse d’eau suffit pour 
produire des sillons et des érosions vertis 
cales; de sorte que les diverses modifica- 
tions de la surface des roches, dans les- 
quelles on à eru voir des preuves de l’an- 
cienne extension des glaciers des Pyrénées, 
peuvent être expliquées par des actions 
d’un ordre tout différent. 

90 Le transport du terrain meuble des 
Pyrénées peut-être rattaché à la fusion des 
glaces et des neiges, et aux phénomènes 
météorologiques qui ont dû accompagner 
l'apparition desophites. Le terrain de trans- 
port des Pyrénées est donc essentiellement 
un {errain diluvien. 


PHYSIOLOGIE. 


Analysed'une leçon de M. Milne-Edwards sur 
l'histoire des vaisseaux lymphatiques. 


Dans un de nos derniers numéros nous, 
avons analysé une lecon de M. Milne-Ed- 
wards sur l’histoire des découvertes faites 
successivement dans la fonction de circula- 
tion. Lorsque le savant professeur de la 
Sorbonne traçait d’une manière si habile 
le tableau historique que nous avons pré- 
senté à nos lecteurs nous avions tout lieu 
de penser qu’il agirait de même lorsqu'il 
traiterait les autres fonctionsde l’économie. 
Nos prévisions n’ont pas été décues, et 
quand M. Milne-Edwards a abordé la fonc- 
tion d’absorption il a analysé les travaux 
d’Eustachi, de Pecquet, de Rudbeck et de 
Bartholin sur les vaisseaux lympbatiques 
aussi bien qu'il avait analysé ceux de Vé- 
sale, de Fabricius d’Acquapendente et de 
Harvey sur la circulation. C’est cette ana- 
lyse que nous allons tâcher de reproduire 
aujourd'hdi; et chaque fois que M. Milne- 
Edwards voudra bien tracer aux hommes 
qui l’'écoutent l'histoire de la science qu'il 
professe, nous nous empresserons de la 
communiquer à ceux qui sont privés du 
plaisir &e l'entendre. 

La leçon que nous avons déjà publiée, 
celle q&e nous publions aujourd’hui et 
celles que nous avons l'intention de publier 
dans la suite, offriront un aperçu succinct 
sur l’histoire de la physiologie et de l’ana- 
tomie. 

Quand nous avons exposé l’histoire de 
de la circulation, a dit M. Milne-Edwards, 
nous avons vu que l'antiquité si riche en 
productions littéraires ne l'était pas autant 
en découvertes scientifiques. Les grands 
hommes qui ont illustré les temps anciens 
par leur génie ignoraient souvent les lois 
les plus simples de l’organisation humaine, 
ou, comme Platon, inventaient pour les 
expliquer des chimères bizarres, des théo- 
ries erronées. Les préjugés de leur époque, 
les uns empêchaient, il est vrai, de se livrer 
à l'anatomie pratique sans laquelle il n°y a 
pas de progrès possible en physiologie, et 
dela nous pouvons penser à priori que l’his- 
toire des vaisseaux lympbatiques, qui fait 
le sujet de la leçon d'aujourd'hui, n’a pas 
reçu de grande éclaircissements de la part 
des anatomistes anciens. 

Disons d’abord que les savants de l’anti- 
quité n’ont eu aucune idée précise sur les 
vaisseaux lymphatiques. Si quelques phra- 
ses de leurs écrits ont pu faire croire qu'ils 
les ont vaguement entrevus, e’est là une de 
ces opinions qui doit encore rester dans le 
domaine des probabilités. 

Dans un passage d'un livre qui porte le 
nom d'Hippocrate, on parle, à la vérité, du 
sang blanc des glandes, analogue à la pi- 
tuite, plus loin, on rencontre qu’en pres- 


20%. 
sant les glandes on en fait sortir une hu-" 
meur oléagineuse, j 1 

Aristote, dont l'immense génie a par- 
couru tout le cercle des connaissances hu 
maines, Aristote parle de fibres qui tiennent 
le milieu entre les artères et les veines, et 
selon lui, quelques unes de ces fibres sont 
pleines de sanie. Haller, qui cite ces deux 
observations, n'hésite pas à dire qu’elles 
se rapportent aux vaisseaux lymphatiques. 
Mais quel que soit le respect qu’on professe 
pour le savant physiologiste allemand, il 
est difficile de se ranger de son opinion et 
d'admettre, comme lui, les faits observés 
par Hippocrate et Aristote aient trait au 
sujet qui nous occupe. 

Erasistrate, dont nous avons déjà parlé, 
en faisant l’histoire de la circulation, dé- 
couvrit, en ouvrant un chevreau qui venait M 
de tirer des vaisseaux blancs qu’il nomma 
vaisseaux lactés parce qu’il croyait que 
ces vaisseaux contenaient du lait. Erasis- 
trate n’alla pas plus loin, et ce fait mieux A 
observé plus tard par un habile anatomiste, 
deviendra un des titres de gloire de ce 
dernier. É 

Il faut laisser bien loin ces trois grands 
noms si l’on veut rencontrer des hommes 
qui aieut eu quelques idées plus justes sur 
les vaisseaux Jlymphatiques, car nous ne 
parlons pas de Galien qui pensait que 
absorption s’opère par les veines misa- 
raïques. | 

Vers la moitié du seizième siècle, vers 
1532, Nicolas Massa apercçut sur le cadavre 
humain une disposition anatomique ana-m 
logue à celle des vaisseaux lymphatiques. 
Mais un célèbre disciple de Vesale, Gabriel 4 
Fallope, né à Modène en 1523 et mort en | 
1562, commence vraiment la série de dé- 
couvertes que nous allons voir se succéder 
sur le sujet que nous traitons. Fallope, 
tour à tour professeur à Modène, à Pise et 
à Padoue, eut le premier connaissance des M 
lymphatiques du foie. Il vit des vaisseaux 
pleins d'une liqueur jaunâtre marcher du 
foie au pancréas, et ces vaisseaux étaient 
sans doute les vaisseaux lymphatiques du 
premier de ces organes. Mais Fallope n’a- 
perçut rien au dela de ce simple fait, et son 
nom n'aurait pas la célébrité qu’il possède 
s’il n'avait point enrichi la science de plus 
importants travaux et de plus curieuses re | 
cherches. | 

Un contemporain de Fallope, Eustachio, 
né vers 1510 à San-Severino, dans la | 
marche d’Ancône, et mort en 1574, décou-\» 
vrit le caual thoracique. Eustachio porte} 
un nom fameux, nom qui est resté attaché 
à plusieurs dispositions anatomiques impor- 1 
tantes. Mais parmi ses découvertes, s'ilen | 
est quelques unes qui aient popularisé son À 
nom, on doit ajouter à sestitres de gloire, la 
découverte du canal thoracique. On sait 
qu’Eustachio a publié plasieurs ouvrages;M 
il avait laissé des tables anatomiques d'une 
admirable exactitude qui n'ont été publiées 
qu’en 1714 par Lancisi. GR 

Un autre Italien qui vécut de 1581 à 
1626, Gaspard Aselli de Crémone, décou=« 
vrit les vaisseaux lactés en 1622. Le 23 
juillet 1622, en disséquant un chien vivant 
il les aperçut et les prit pour des NET 
Peu de temps après, il répéta ses expé-M 
riences sur un second chien et il ne putles 
découvrir. Mais ce chien était à jeun, et CE 
fait explique la différence, car un troisième 
chien, ouvert après avoir bien mangé, offrit, 
la disposition anatomique remarquée SUD 
le premier de ces animaux. Le savant ana= 
tomiste de Crémone pensait que ces Vais=M 


L 
! 
: 


; : 


) 


À = 


D 


rux conduisaient la lymphe au foie. Après f 
mort on a imprimé un ouvrage intitulé: | 
sserlatio de venis lacteis, 1627, et ce 
ire a souvent dans la suite été réim= 
kmé. 
Vers la même époque, dans le midi de 
France; Pieresc, sénateur d’Aix, livra à 
s médecins, ses amis, un criminel sur 
tuel ils expérimentèrent, après l'avoir 
t manger. Ils aperçurent alors fort bien 
vaisseaux lactés, découverts par Aselli 
“entrevus par Erasistrate bien avant l’a- 
‘tomiste de Crémone. 
Maintenant les découvertes se succèdent 
:pidement et avant d'arriver aux trois 
ummes qui démontrèrent d’une manière 
réfragable l’existenee des vaisseaux lym- 
atiques dans tout le reste du corps, nous 
ions rencontrer des observateurs qui ont 
\outé chacun quelques faits curieux à l’his- 
ire que nous développons aujourd’hui. 
Adrien Spigellius fit quelques observa- 
ons sur le chyle. Jean Veslingius, en 1549, 
couvrit plusieurs vaisseaux semblables 
ax lactés, vaisseaux par lesquels le pan- 
‘éas adhère à la rate. Vers la même époque 
an Valaus vit des vaisseaux lactés dans 
s environs de la veine porte et de la veine 
nve. Son opinion était que les vaisseaux 
ictés allaient seulement au foie, À ces 
oms nous pourrions en ajouter d’autres, 
bus pourrions citer quelques hommes qui 
int remarqué dans d’autres parties du 
ibrps des vaisseaux qu’une observation at- 
tive fait reconnaître pour être des vais: 
saux lymphatique. Maës ces faits curieux 
a eux-même, ne sont pas assez importants 
our nous occuper et pour avoirillustré les 
oms de Van Horne, de Sylvius, de Schnei- 
er, etc., etc. 
. L'histoire des vaisseaux lymphatiques 
|ugmente et se consolide, mais il ne faut 
as croire que tous les anatomistes de l’é- 
| oque dont nous parlons l’aient considérée 
omme vraie. Gassendi, Riolan et Harvey 
rurent que les vaisseaux lactés étaient de 
.imples veines non remplies de sang, et 
ar conséquent n’adhérèrent pas à la dé- 
| ouverte de Gaspard Aselli. 
| 11 fallait des observations plus nom- 
vreuses, des faits plus positifs pour con- 
'aincre entièrement les esprits et plusieurs 
|natomistes fameux vinrent par des expé- 
liences décisives résoudre cette question 
ncore indécise. 

Jean Pecquet, médecin, né à Dieppe vers 
| 610, mort à Paris en 4674, découvrit la 
lerminaison des vaisseaux lactés, ou comme 
in les nomme aujourd’hui, des vaisseaux 
ÿymphatiques, dans le canal thoracique, il 
ipercut à la partie inférieure du canal tho- 
acique, le réservoir où tous ces vaisseaux 
iboutissent, aussi ce réservoir porte le 
10m de réservoir de Pecquet. 1] vit encore 
e canal thoracique monter le long de la 
olonne vertébrale et venir déboucher 


| 


| 


“lans la veine sous-clavière gauche. Il 


existe aussi des vaisseaux semblables à la 
‘ace inférieure du foie. Glisson, qui s’est 


“heaucoup occupé de cet organe, a remar- 


qué des valvules dans ces vaisseaux etil s’est 
nssuré que les lymphatiques du foie ne 
*onduisent pas des intestins à cette glande, 
mais du foie au canal thoracique. 

Derrière toutes ces découvertes, il en 
restait encore une qui consistait à démon- 
rer l'existence des vaisseaux lymphatiques 
Mans tout le reste du corps. Trois anato- 
mistes se disputent l'honneur de la décou- 
verte du système lymphatique général. Ces 
trois savants sont : Rudbeck, Bartholin et 


206 


Jolyffe. Ils ont peut-être autant de droits 
l’un que l’autre à ce titre de gloire, mais 
cependant une juste critique en accorde 


moins à Jolyffe. 


Le premier de ces trois anatomistes est 
OlaüsRudbeck. Ilnaquit en 1630 à Arosie, 
dans la province suèdoise de Westermen- 
land, et mouruten 1702. Rudbeck fut pro- 
fesseur de médecine à Upsal et s’acquit un 
nom célèbre par ses ouvrages. Un de ses 
livres qui ne se rapporte pas à notre sujet, 
est intitulé : Atlantica ou Manheim, et se 
fait remarquer par une profonde érudi- 
tion. Il a essayé dans cet écrit de prouver 
que les Allemands, les Anglais et plusieurs 
autres peuples doivent leur origine à la 
Suède. Mais ce n’est pas ce patriotique 
ouvrage qui aurait illustré le nom de Rud- 
beck s’il n'avait pas publié une dissertation 
anatomique d’une haute importance scien- 
tifique. Cette dissertation intitulée : Disser- 
tatio anatomica de ductibus novis hepaticis 
aquosis et vasis glandularum serosis, ren- 
ferme toute sa découverte des vaisseaux 
lymphatiques. Dans cet opuscule, il s’attri- 
buait à lui seul l'honneur de l’invention. 
Mais Martin Bogdan, qui prétendait que 
Thomas Bartholin y avait autant de part, 
prit la défense de celui-ci contre Rudbeck. 
On combattit à coups de brochures, et 
l’honneur du combat sembla rester à Rud- 
beck, La découverte de Rudbeck date de 
1651 ; en 1652 il fit devant la reine Chris- 
tine une démonsrration publique des vais- 
seaux lymphatiques. 

Thomas Bartholin, un des membres de 
cette famille danoise qui a produit plu- 
sieurs médecins célèbres, Thomas Bartho- 
lin, né à Copenhague en 1616 et mort en 
1589, publia sa découverte des vaisseaux 
lymphatiques en 1652. Dans son traité de 
lacteis thoracicis in homine brutisque nuper- 
rime observatis, il reconnaît comme Rud- 
beck que les vaisseaux lymphatiques de 
tout le reste du corps ont à peu près la 
même structure que les vaisseaux lactés 
de l'intestin et contiennent de la lymphe, 

Jolyffe, médecin anglais, a peu de droit, 
comme nous l'avons dit, à la découverte 
qui illustra Rudbeck et Bartholin. Cepen- 
dant quelques écrivains, ses compatriotes, 
n'ont pas craint de le placer à côté de deux 
savants déjà cité. Nous n’adopterons pas 


l'opinion de ces écrivains. 


La découverte des vaisseaux lympha- 
tiques était désormais acquise à la science ; 
il ne s’agissait plus que de l’étendre, de la 
populariser, et le talent de Ruysch devait 
à merveille remplir ce but important. 

Frédéric Ruysch, né à la Haye en 1638, 
mort à Amsterdam en 1731: est connu de 
tout le monde par son talent remarquable 
pour les injections. Il publia en 1665 un 
livre intitulé : Dilucidatio valvularum in 
vasis lymphaticis et lacteis, et dès la même 
année cet ouvrage le fit appeler à Amster- 
dam pour y professer l'anatomie. Ruysch a 
vu que les valvules des vaisseaux lÿmpha- 
tiques sont placées de telle manière que le 
liquide contenu dans ces vaisseaux ne peut 
se mouvoir que dans un seul sens, tou- 
jours vers le canal thoracique. 

AntoineNuck avait fait, commeRuysch, 
de curieusespréparations anatomiques pour 
la démonstration des vaisseaux lympha- 
tiques. Mais la mort l’enleva au milieu de 
ses travaux et le résultat de ses observa- 
tions ne fut pas publié. 

Georges Duvernoy donna la représen- 
tation des vaisseaux lymphatiques de l’ab- 
domen, et Richard Hale en apercut auprès 


207 


de lamâchoire inférieure. W. Hunter, l’aîné 
des deux frères de ce nom, W. Hunter, né 
en 17148 dans le comté de Larnak, mort à 
Londres en 1783, constata la présence des 
vaisseaux lymphatiques chez les oiseaux. 
Alexandre Monroo, médecin écossais pro- 
fesseur d’anatomie à Edimbourg, vers la 
première moitié du siècle dernier, décou- 
vrit ces vaisseaux chez les poissons et chez 
les reptiles. On a d’Alex. Monroo une ana- 
tomie du corps humain et un Essai sur les 
tniyections. 

Paul Mascagni, né en Toscane en 1732 
et mort en 4815, professeur d’anatomie et 
de physiologie tour à tour à Sienne, à Pise 
et à Florence, a aussi contribué à éclaircir 
le sujet dont nous faisons l’histoire. Cha- 
cun sait que $on Anatomie universelle qui 
parut après sa mort à Pise, est un des plus 
beaux ouvrages de ce genre. 

Pour terminer par un beau nom la série 
des anatomistes qui ont travaillé avec suc- 
cès sur les vaisseaux lymphatiques, il faut 
citer Guillaume Cruiskshank. Ce savant, 
né à Edimbourg en 1746, mort à Londres 
en 1800, fut l'élève de Guillaume Huster. 
On a de lui un livreintitulé : Anatomie des 
vaisseaux absorbants, 1786, livretraduit en 
français par Petit-Radel l’année suivante; 
cet ouvrage renferme ce que l’on sait de 
plus exact sur le système lymphatique. 

Nous arrivons maintenant aux anato- 
mistes de notre époque, dont les travaux 
n’ont pas peu contribué à sanctionner ceux 
de leurs prédécessenrs. Nous ne pouvons 
citer que des noms, et ces noms se pré- 
sentent eu foule à notre esprit. Contentons- 
nous de rappeler ceux de Palinza, de Lauth, 
de Fohman, de Muller et celui de M. Ma- 
gendie, qui se trouve mêlé avec bonheur 
à toutes les grandes questions de physio- 
logie. 

Avant de terminer, qu’il nous soit per- 
mis de faire une remarque importante. 
Les anatomistes de l’antiquité pensaient 
mais à tort, que l'absorption s’opérait seu 
lement par les veines. C'était là l’opinion 
de Galien, comme nous l'avons déjà vu, et 
celte opinion resta long-temps dans la 
science. Elle y resta jusqu’à ce qu’on eut 
bien connu la structure et les fonctions des 
vaisseaux lÿmphatiques. Mais dès qi’on eut 
sur ces organes des idées justes et précises 
on abandonna tout à fait l'opinion des an. 
ciens pour admettre que l'absorption avait 
uniquement lieu par les vaisseaux lympbha. 
tiques. Cette opinion exclusive ne valait 
pas mieux que la première et ne devait pas 
résister à l'observation attentive de M. Ma- 
gendie. 

Ce savant physiologiste, par des expé- 
riences aussi ingénieuses que convaincantes 
a démontré que l'absorption s'opère aussi 
par les veines. Mais l’expérience apprend 
aussi à ceux qui la consultent et qui ne 
font pas de la physiologie à priori que l’ab- 
sorption peut s’opérer par les vaisseaux 
lymphatiques. De tous ces faits, nous pou- 
vons donc tirer une conclusion rationnelle 
et nous voulons l’énoncer en terminant. 
C'est que l’absorption s’opère à la fois par 
les veines et par les vaisseaux Iyinpha- 
tiques. : E. F. 

TT DE PRE —— 7 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Moyens de recouvrir les surfaces mélalliques ; 


rar M. Talbot, de Laycock Abbey, comté d 
Witts. (Patente anglaise.) À M 


Ces moyens sont au nombre de quatre. 


208 


Le premier consiste à ajouter de l'acide 
gallique aus dissolutions salines dont on 
se propose de précipiter le métal. On prend 
done une dissolution anses ; d'or, de 
platine, et l’on y ajoute de l'acide gallique 
dissous dans de l’eau, de l’éther ou de l’al- 
cool. (L'auteur préfère le dernier de ces li- 
quides.) On plonge ensuite dans le mélange 
la pièce bien décapée jusqu’à ce qu’elle soit 
couverte de métal. L'auteur recommande 
de commencer avec une dissolution faible , 
puis d’en employer une autre plus concen- 
trée. Il n’est pas nécessaire que l'acide soit 
pur. 

Le second a pour objet d'argenter les 
surfaces métalliques. On dissout dans de 
l'hyposulfite de soude, ou dans tout autre 
hyposulfite , du chlorure d'argent fraîche- 
nent précipité, et l’on plonge dans cette li- 
queur une pièce de métal bien décapée, 
qui se couvre rapidement d'une brillante 
couche d’argent. Si l'on veut obtenir une 
plus grande épaisseur, on emploie une pile 
voltaïque, dont un des pôles est formé d’une 
pièce de métal de même nature que celui 
qui doit être précipité. 

En troisième lieu, l’auteur exécute des 
dessins d’ornement sur le laiton et sur le 
cuivre, en dorant leur surface partielle 
ment, d’après un dessin donné , et en la- 
vant ensuite les pièces avec une dissolution 
de chlorure de platine qui relève les parties 
dorées en donnant aux autres un noir 
mat. 

Enfin le quatrième moyen consiste à co- 
lorer les surfaces polies des pièces en cuivre, 
par l’action de l'acide sulfhydrique gazeux, 
où dégagé des dissolutions qui le contien- 
nent. L'auteur emploie aussi pour cet effet 
les vapeurs du soufre, de l’iode, du brôme 
et du chlore, ou bien il plonge les pièces 
dans des liquides où ces substances exis- 
tent à l’état de combinaison. 


(Journal des Usines.) 
— 245$ 236 be——— 


AGRICULTURE. 


Culture du mürier-loup. 


M. Gardes a renda compte au Comice 
agricole de Montauban (Tarn-et-Garonne), 
du résultat qu'il avait obtenu dans la cul- 
ture d’un plan de mrier-loup qui avait 
été confié à ses soins. Nous croyons devoir 
faire connaître à nos lecteurs les détais 
communiqués par cet agronome. 

«Le plan désigné sous le nom de mürier- 
loup, a été mis en terre vers la mi-février, 
et recépé sur deux bourgeons au-dessus 
de la surface du terrain ; les deux jets de 
recépage m'ont fourni les moyens de faire 
dix bouturess sur ce nombre, cinq ont réus- 
si complétement et ont atteint 50 centi- 
mètres de hauteur ; trois ont réussi mé- 
diocrement , et deux n’ont pas poussé du 
toute ; 

» La distance des bourgeons entr'eux, 
leur disposition et leur forme allongée, 
présentaient une grande ressemblance avec 
ceux du mürier des Philippines (ou rulti- 
caule); la couleur du bois faisait même 
présumer que cette espèce pouvait en être 
une variété, mais la pousse a démontré le 
contraire. 

» La végétation s’est manifestée en même 
temps que celle des müriers indigènes ; 
mais il pourrait être inexact de préciser l’é- 
poque , attendu qne les gelées tardives, qui 
ont eu lien jusqu'au 15 avril dernier, ont 

irrêté le mouvement de la sève , 3 deux ou 


209 


trois reprises différentes , et fait périr plu- 
sieurs bourgeons, 

» Les pousses sont parvenues à 1 mètre 
25 centimètres de hauteur ; les feuilles sont 
parfaitement dessinées, dentelées, lancé- 
olées , de moyenne grandeur (8 centimè- 
tres de large sur 11 centimètres de long); 
mais, mais, à mesure que les plants se 
fortifieront , il est probable que les feuilles 
prendront un plus grand développement. 

» La facilité de multiplier le mürier-loup 
par le moyen de la bouture est un avantage 
incontestable contre la perte de temps. L'o- 
pération de la greffe ne réussit pas toujours, 
on déforme plus ou moins la tige de l’arbre, 
et on court plusieurs chances malheureuses 
à l’époque de la transplantation, tandis 
que le mürier-loup peut être mis en place, 
sinon en bouture , du moins à un âge où 
les arbres ne souffrent pas de leur déplace- 
ment , réussissent beaucoup mieux, et 
croissent bien plus vite. » 


ECONOMIE RURALE: 


Sur l'agricullure de l’ouest de la France, consi- 
dérée spécialement dans le département de 
Maine-et-Loire; par M. Leclerc-Thouin, 
Après avoir rappelé la position géogra- 

phique et recherché rapidement quelle in- 

fluence l'état ancien du pays, sous le 
double point de vue de sa position territo- 
riale et des coutumes qui le régissaient. 
peut encore exercer sur sa situation agri- 
cole à l’époque présente, j'ai examiné suc- 
cessivement pour chaque arrondissement 
la nature et la qualité du sol de chacun 
d’eux ; tel est l’objet du premier chapitre. 
Dans un second , j'ai traité du climat dans 
ses rapports directs avec le choix des végé- 
taux cultivés, l’adoption des systèmes d’as- 
solement et les procédés de culture ; dans 
un troisième, des voies de communication, 
sans lesquelles la fécondité de la terre et 
l'heureuse influence du climat seraient 
encore aujourd'hui des éléments inutiles 
d’une richesse long-temps restée comme 
ensevelie au milieu des sentiers étroits et 
des chemins inabordables de la plupart des 
régions occidentales. Dans un quatrième, 
je me suis attaché à faire bien connaître 
non-seulement le chiffre total de la popu- 
lation , la manière dont elle est répartie 
sur le territoire angevin et les conséquences 
agronomiques qui en dérivent impérieu- 
sement, mais l'état physique comparé des 
classes industrielles et fermières, leur état 
moral , le degré actuel de leur instruction. 

J'ai noté, dans le chapitre suivant, 
l'étendue , l’état actael des terrains com- 
munaux , les divers modes adoptés par les 
administrations locales pour en tirer parti; 
les entraves que le parcours et les autres 
charges passives apportent encore aux 
améliorations en limitant le droit de pro- 
priété. 

Le chapitre VII comprend tout ee qui a 
trait au mode de jouissance du sol. Il in- 
dique le nombre relatif des propriétaires 
qui font valoir directement, de ceux qui 
afferment à partage de fruits ou de ceux 
qui louent à prix d’argent. Il énumère les 
conditions diverses du métayage selon les 
lieux, l’augmentation de richesse du sol et 
les progrès de la culture; celles du fer- 
mage dans leurs rapports avec les obli- 
gations mutuelles desparties coutractantes; 
la durée des baux; les clauses restrictives 
destinées à empêcher l'abus de la part du 
preneur ; les clauses d'amélioration ; celles 
du paiement en argent, en denrées, en 


sortie. | 

Le chapitre VIIT traite en deux para: 
graphes distincts des bâtiments ruraux 
considérés d'abord en eux-mêmes dans leur 
construction, puis dans leur disposition et} 
leurs rappports avec les diverses branches 
de l'exploitation. Le chapitre IX, de l’é-4 
tendue, de la topographie, de la subdivi-M 
sion parcellaire et de la circonscription des 
propriétés. Le chapitre X , de l’état général} 
de fortune des cultivateurs; des capitaux 
qu’ils possèdent ou qu'ils devraient possé 
der et des intérêts qu'ils en retirent ou, 
qu’ils devraient en retirer annuellement 
Le chapitre XI, des relations qui existent, 
d’une part, entre les propriétaires et lesm 
fermiers, de l’autre entre les fermiers et: 
leurs domestiques ou journaliers; du prix 
du travail, de sa répartition entre les 
hommes , les femmes et les enfants ; desé 
émigrations de travailleurs ; du régime des 
populations rurales, de leurs habitations, 
de leurs vêtements et de‘leur nourriture. Les} 
chapitre XII, des instruments et des mal 
chines diverses qui ont pour but l’exploita- 
tion directe du sol, la culture, les récoltes}, 
et la conservation des produits. 

Après avoir décrit les instruments de la} 
bour , je n'ai pas hésité à consacrer un cha- 
pitre entier aux façons générales de prépa“ 
ration du sol, qui acquièrent une impor- : 
tance toute particulière, sous le point deu 
vue économique et physiologique, dansunm 
pays où la grande culture est, à chaque 
pas, en présence de la petite. 

Sous le tire d’engrais , j'ai noté d'abord 
quels sont ceux que l'on produit sur cha 
que ferme; eeux que l'on est dans l'usage 
d'acheter au-dehors. Sous le titre d'anan= 
dements, j'ai parlé des matières minérales 
dont l’action vient puissamment en aide à 
celle des fermiers, sans toutefois jamais 
les remplacer. Sous le titre de compostes}; 
j'ai fait connaître les mélanges de substan- 
ces organiques et inorganiques qui jouent, 
dans cette localité, un rôle d’ane très 
grande importance. Enfin, j'ai recherché | 
quelle est la production moyenne d'engrais 
par tête d2 bétail et par hectare, pour 

| 
| 
| 


chaque ferme. pour chaque mode d’assole# 
ment, la manière dont on l’emploie, et la} 
quantité qu’on en attribue aux diverses 
cultures. 
Le chapitre XV, c'est-à-dire celui desh 
assolements , est le dernier qui se rapporte 
aux généralités. Jai cru, malgré la 1en# 
teur et les fatigues d’un travail qui ne pou 
vait s'achever sans un dépouillement mi} 
nutieux du cadastre, devoir indiquer lesh 
rapports d’étendue qui existent dans cha} 
que arrondissement, ou plutôt dans chaquemk 
canton cultural, entre les terres laboura- 
bles et les propriétés imposables; entre lesk 
prairies, les pâturages et les propriétés im 
posables d'une part, les terres labourables 
seulement de l'autre; entre les fourragess 
artificiels et les diverses cultures des terres è 


$ 


de l'importance réelle qu’on attache sur less : 
divers points du département aux diffé=# 
rentes natures de produits , j'ai mis en re} 
gard les évalaations des répartiteurs com 
munaux, qui sont, à cet égard, les juges 
les moins récusables, Enfin, j'ai traité avec} 
détail des systèmes d'exploitation adoptés 
et des principales rotations suivies. 

Après avoir ainsi passé en revue les faits 
principaux de la culture d'ensemble, Je 
pouvais aborder les détails des cultures 
spéciales, parler du froment et des autres 


CPE - 


À. 


id rréales, des plantes oléagineuses, des 
antes textiles, des plantes fourrageuses 
ju iturelles et artificielles, des racines, etc. 
propos de chacune d’elles, je me suis 
lyfforcé de faire bien connaître les espèces 
m4$ les variétés cultivées ; leurs qualités par- 
ulières , la place qu’elles occupent isolé- 
 , tent dans les assolements; les conditions 
tn €: leur calture, de leur récolte, de leur 
nnservation; les détails des frais semis et 
wytentretien qu'elles occasionnent, et des 
‘néfices qu’elles rapportent. 
- La vigne occupe, en Maine-et-Loire, 
“assez vastes espaces ; sa culture est extré- 
ment variée. Je l'ai décrite pour chaque 
'calité principale. 
| J'ai consacré: {° un chapitre aux arbres 
lfruits comestibles ou oléagineux qui ont 
x tel ou tel arrondissement une impor- 
‘Lfnce plus que jardinière, tels que les 
x Pyers, les châtaigniers, les pommiers ; 
:, À Un autre au mürier, dont les planta- 
(ns semblent reprendre faveur , notam- 
ent dans le Saumurois , où du reste elles 
‘Ont jamais complétement cessé. 
Les cultures forestières comprennent, 
\ six paragraphes, le choix des diverses 
sences , leur évaluation cadastrale com- 
ire; leur multiplication; leurs trans- 
antation ; les soin d’entretien qu’on ac- 
>rde aux bois; la manière dont on les 
nénage et les produits qu’on en retire 
y#mmunément. Elles terminent la partie 
1 travail relative à la production végétale, 
n à Dans la seconde partie, je me suis oc- 
Tfipé d’abord de l'étude des espèces et des 
, d1ces; de recherches sur l’histoire récente 
\1 cheval angevin, ses caractères, ses 
sages, l’état de ses croisementset le chiffre 
‘:tuel de sa production; de recherches 
ralogues sur les animaux de l'espèce bo- 
 fne, de l'espèce porcine, de l'espèce ovi- 
>; j'ai indiqué plus loin quels sont, sur 
:5 différents points du département, les 
jrimaux qu'on utilise pour le travail, les 


HIDE | fe e , . 
 Mauses qui les font préférer, les manières 
el pe , Rte ; 

, Mont on les emploie ; puis j'ai passé succes- 
LE . 

, M 'ement en revue tous les animaux de 
toi 


note, tracé la partie purement technique 
M: leur éducation, de leur engraissemnent, 
{| fait enfin ressorur les rapports qui exi. 
ent entre leur multiplication et l'écono- 
# de la ferme ou de la contrée. 

il ne me restait plus qu’à parier des 
lincipales branches industrielles qui se 
# itachent directement à l’agriculture; Je 
ii fait à propos de la fabrication du vin ; 
“cire, des huiles, du beurre, comme 
l'avais fait à d’autres occasions, à propos 
5 ilasses, de la chaux , etc. 


| 
[les | 


MÉDECINE VÉTERINAIRE. 


meurs du mésenière el des valvules trieuspi- 
des du cœur. (Cheval) Par M, Thomas Mather, 
in M\vétérinaire à Edimbourg. 


Le malade était un poney noir, de cinq 
Ms. qui était depuis environ deux ans en- 
> les mains du propriétaire. Pendant ce 
ups, il éprouva des attaques répétées de 
nfluence (influenza); mais il recouvra sa 
nté de manière à pouvoir faire un travail 
arnalier. 

Le 26 juiliet dernier (1842), au matin, je 
°M15 de nouveau appelé pour le visiter : il 
it tombé subitement boiteux la nuit pré- 
dente, et le propriétaire supposa quil 
uit atteint d’une affection spasmodique 
M5 muscles fléchisseurs de la jambe. Je 
IM'empressai de me rendre auprès de l’ani- 
il l'après-midi. 


212 
À mon arrivée, je le trouvai dans un état 
très grave, Il boitait très fort du derrière; 
je crus que c'était du jarret, ou plutôtde la 
partie antérieure et supérieure du mèta- 


| tarse. Il éprouvait de la douleur quand on 


comprimait cette région. Il tournait diffi- 
cilement dans sa stalle. Le pouls était in- 
termittent et à peine sensible aux deux ar- 
tères radiale et sous-maxillaire; les flancs 
LA . \ °£? % C 7 

étaient tres agitès; les naseaux très dilatés ; 
les membranes muqueuses des yeux et des 
narines légèrement injectées ; les extrémi- 


: tés d’une température modérée, Peu d’ap- 
P 


pétit; constipation. 

D'après ces symptômes, je fus porté à 
penser qu’il y avait une affection vive des 
articulations des jarrets qui était accompa- 
gnée d’une fièvre de réaction. Jene pus bien 
établir mon diagnostic qu’en appliquant 
mon oreille sur le côté gauche de la poi- 
trine dans la partie correspondant au cœur, 
et j'entendis distinctement qu'il y avait de 
l’irrégularité dans les mouvements de sys- 
tole et de diastole du cœur. Enfin j’en vins 
à cette conclusion que, quelle qu'’ait été la 
cause de la boiterie, le dérangement du 
système sanguin venait d’une lésion du 
centre de la circulation. 

J’eus cependant le soin d’examiner les 
pieds, et je reconnus que la boiterie prove- 
nait évidemment d’une inflammation du 
jarret. Comme les excréments du cheval 
étaient bien moulés, une dose de médecine 
était indiquée, et on l’administra, J’ordon- 
nai en outre de faire des fumigations trois 
fois le jour, en dedans du jarret. Je fis tenir 
le cheval très chaudement; sa nourriture 
consista principalement en mash d'orge et 


| -un peu d'herbe verte. Je priai que l’on 
| m'informit le lendemain si son état avait 


empiré. 

Le 28, le cheval était un peu plus vif, 
ses excréments avaient la consistance de 
ceux d’une vache. Sa soif était très vive ; 
on lui donna un peu d'avoine bouillie ; il 
mangea sa mash avec appétit. 

Le 29, je ne pus voir le cheval ; mais je 
fus informé que les symptômes s'étaient 
aggravés, 

Le 30, le cheval est plus mal; le pouls est 
plus intermittent ; il y a prostration des for- 
ces; les extrémités sont plus froides et les 
mouvements du cœur sont plus irréguliers. 
Je donnai en une pilule 3 j de sulfate de 
fer, 3 j de poudre de racine de gingembre; 


| je lui fis faire des frictions aux membres et 
| je fs appliquer des bandes. 


Le 31, point de mieux. La faiblesse aug- 
mente. Il ne pui se lever pour manger son 
avoine bouillie, qu'il ne put achever tant 
qu’il resta couché. La médecine tonique 
est répétée deux fois dans la journée. 

Le 1er août, la boiterie existait à l’autre 
membre postérieur. On continua les toni- 
ques deux fois le jour. On lui donna en 
plus de son avoine bouillie un peu de ca- 
rottes coupées. 

Le 2 août, le membre entier était impo- 
tent. Le pouls était à peine sensible. Le 
sang refluait dans la jugulaire. Je donnai 
3 ij de carbonate d’ammoniaque dans son 
avoine cuite. Je continuai aussi à lui admi- 
nistrer une petite quantité de la médecine 
deux fois le jour, dans le même aliment que 
nous lui avions fait avaler. 

Le lendemain, les symptômes s'aggrave. 
rent encore. La respiration devenait ra- 
pide et laborieuse. Les yeux s'enflammè- 
rent dans leur orbite et les pupilles se dila- 
tèrent. Les extrémités étaient très froides et 
le pouls diffcile à explorer. En consultant 


213 
la région du cœur, je constatai que cet or- 
gane ne battait pas plus de trois fois dans 
cinq minutes. L’ondulation veineuse s’éten- 
dait jusqu’à la base de l'oreille. L'état gé- 
uéral du cheval annonçait une fin pro- 
chaine. Il expira en effet deux heures 
après. 

Autopsie, douze heures après la mort. 


| Les organes abdominaux étaient à l’état 


normal en apparence. L’extérieur des intes- 
tins n’était pas malade. Les intestins grêles 
étaient remplis d’un liquide jaunâtre qui 
avait une odeur désagréable. Une petite 
quantité d’herbe mâchée nageait sur le 
fluide. En plongeant ma main vers l’épine 
dorsale, je trouvai une masse de la gros- 
seur de mon poing; en l’examiuant de 
près, je reconnus que c'était une tumeur 
qui était située près des ganglions mésenté- 
riques. En pressant la tumeur, je vis sortir 
une petite quantité de liquide purulent. Le 
foie était très friable, d’un bleu livide : il 
contenait deux calculs. La rate était tumé- 
fiée et remplie de sang. La vessie était dis- 
tendue. Les autres viscères étaient sains. 

J'ouvris ensuite la poitrine en enlevant 
une partie du sternum et des côtes, afin 
d’examiner facilement les viscères pecto- 
raux. Les poumonsétaientle siège de lésions 
chroniques. La totalité de la surface du 
poumon gauche était couverte de taches 
ecchymotiques, et une portion de la plèvre 
adhérait aux côtes. Ces lésions prouvérent 
qu’il avait eu une pleurésie antérieure 
ment ; le péricarde était enflammé, sa ca- 
vité contenait une grande quantité de fluide 
rougeûâtre. 

Les parois du cœur étaient couvertes de 
taches sanguinolentes. En ouvrant l’oreil- 
Jette droite, et en continuant l’incision de 
haut en bas vers le ventricule, je vis une 
tumeur volumineuse et dure qui adhérait 
fortement à la valvule tricuspide, et qui 
fermait si complélement l'ouverture auri - 
culo-ventriculaire droite, qu’à peine si je 
pus y introduire le bout de mon petit doigt. 
La valvule mitrale était un peu épaisse , et 
la plus grande partie du cœur était trans- 
formée en tissu tendineux. D'après ce qui 
précède, on ne peut douter que ces lésions 
ne fussent la cause de la mort. 

Remarques. Cette maladie peut-elle pro- 
venir de plusieurs incidents de la maladie 
dite tr/luenza ? S'il en était ainsi, il pour - 
rait bien arriver que cette épidémie qui a 
fait tant de ravages consistàt en une ma- 
ladie du cœur. Ce qui le prouverait, c’est 
que je puis assurer que toutes les fois que 
j'ai eu occasion d'examiner les organes ma- 
lades après la mort, j'ai trouvé le cœur 
plus ou moins malade, 

(Clinique vétérinaire.) 


Quelques nouveaux détails sur l’origine de 
paulownia imperialise 


Depuis quelques années il est question 
dans le monde horticole d’un arbre récem- 
ment introduit en Europe, le Paulownia 
tmperialis (4), qui a fleuri pour la pre- 
mière fois sur le continent, fin avril 1842, 
au Museum d'histoire naturelle de Paris : 
où tous les amateurs ont pu admirer cet 
arbre, dont le port est magnifique, à très 


(1) Nous avons parlé plusieurs fois de ce végétal 
dans l’'Echo du Monde savant de 1842, imais nous 
insérons avec d'autant plus de plaisir la note que 
nous adresse notre abonné, qu’elle renferme sur 
son importation, et sur les résultats qu'ont déjà ob- 
tenus ceux qui l'ont cultivé, des détails ignorés jus- 
qu'à ce jour. 


914 


larges feuilles et à fleurs en panicules, d'un 


beau bleu, odorantes. En nous en rappor- 
tant complètement à ce qu'en a dit M. New- 


mann, directeur des serres, au Jardin des 
Plantes, sous les bons soins duquel le Pau- 
lownia a pris naissance ; nous croyons de- 
voir faire connaître quelques renseigne- 
ments sur l’origine et qui pourraient servir 
à l'histoire du Paulownia imperialis, que 
vient de me faire l'honneur de m'adresser 
M. le vicomte de Cussy, ancien officier su- 
périeur de l’armée, quihabite Saint-Mandé, 
près Paris, où il cultive quelques jolies 
fleurs de son choix et où il s’occupe d’ar- 
chéologie, de science, etc. Voici la subs- 
tance de ces renseignements et comment 
s'exprime M. de Cussy sur l'introduction 
en France du Paulownia imperialis : 

« En 1806 , pendant un de mes voyages 
en Angleterre , des amis communs me mi- 
mirent en rapport avec M. le docteur Kier- 
nom, de la Compagnie des Indes, arrivé 
depuis peu de jours seulement de la Chine 
et du Japon. On parla de l’horticulture de 
ces pays, de la beauté d’un très grand nom- 
bre d'arbres et de plautes non encore cul- 
tivés en Europe, et j'appris que ce savant 
voyageur avait rapporté une certaine quan- 
tité de grines. La pensée me vint que c'était 
l'occasion, peut être, de doter notre chère 
France de quelques plantes utiles, ou au 
moins agréables, et je fus assez heureux 
pour obtenir huit petits pots de porcelaine, 
renfermant autant de genres divers. Sur 
chaque pot se trouvaitun nom tracé en ca- 
ractéres chinois ou japouais, et il est fort à 
regretter que ces précieuses étiquettes aient 
été égarées lors des semailles. 

» À peinerevenu à Paris, je courus plein 
d’espoir au Jardin du Roi, et confiai ma 
trouvaille aux soins éclairés de M. New- 
mann ; mais, quel fut mon désapointement 
quand après quelques mois il me fut ré- 
pondu qu'aucune graine n'était venu à 
bien! C'était toutefois une erreur, car nous 
venions d’acquérir le Paulownis, dont au 
reste , l’existence m'a été révélée cette an- 
née seulement; en même temps que des té- 
moins irrécusables, auxquels s’est jomt 
M. Newmannlui-même, constataient men 
droit d’importation. » 

Planté en pleine terre, devant la maison 
d'habitation de M. André Leroy, à Angers, 
le Paulowwnia imperialis a poussé, pendant 
l'été dernier, une tige de cinq mètres. Les 


215 


feuilles que nous avons mesurées, présen- 
-taient le diamètre extraordinaire de plus 
de 70 centimètres. Chez M. Bertin, à Ver- 
sailles, nous avons également vu que dans 
les mêmes conditions de culture, un Pawu- 
lownia, a donné une flèche de plus de 
4 mètres, dans le courant de l’année 1842: 
chez celui-ci les feuilles avaient 74 centi- 
mètres de large et la longueur des pétioles 
50 centimètres. À Angers, comme à Ver- 
sailles, les arrosements ont été on ne peut 
plus abondants, pendant la chaleur et la 
longue sécheresse de l'été. 

Le Paulownia imperialis, par sa-rare et 
grande beauté, se trouvant placé dans la 
catégorie des arbres d'agrément, indispen- 
sables dans tous les jardins d'amateurs ; la 
société entière, de tous les pays, doit ren- 
dre hommage à M. le vicomte de Cussy et 
luiadresser de bien sincères remerciments, 
pour avoir bien voulu doter la France et 
l'Europe d’un végétalaussi précieux ; d’une 
culture etd’une multiplication faciles, d’une 
végétation des plus vigoureuses , d’un port 
majestueux et digne d’admiration ; en un 
mot, c’est une des plus belles créations du 
règne végétal. La croissance du Paulow- 
mia est tellement rapide, que nos plans at- 
teignent souvent la hauteur de plus d’un 
mètre la première année. Bossin. 

Grainier-Pépinériste, 5, quaiaux Fleurs, 
à Paris. 
a "| 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


— Le Courier du Midi annonce qu'un proprié- 
taire de la vallée de l'Hérault a obtenu une récolte 
parfaitement réussie de coton provenant de graines 
dé la Louisiane qui ont donné des arbustes de cent 
trente à cent soixante centimètres d’élévation. £a 
qualité du coton est surtout remarquable par sa fi- 
nesse et sa blancheur. Si cette culture pouvait s’o- 
pérer en grand, ce serait un bienfait pour le paÿs, 
que cet essai dont l’auteur doit prochainement pu- 
blier les détails. 


Digne. — M; B... se trouvait ces jours-ci à la 
chasse et aperçut, dans les hautes branches d'uu 
chêne , un grand nombre de petits quadrupèdes aux 
mouvements saccadés, qu'il prit pour des écureuils. 
Il tira ses deux coups de fusils; mais quel fut son 
étonnement de voir toute la bande s'envoler bruyam- 
ment et fuir à tire d’aile pour aller se poser au loin 
dans un massif d'arbres! Le coup avait porté; un 


21 

de ces animaux était allé tomber à quelques pas di 
æhène. M. B... reconnut qu'en effet il avait tué up] 
écureuil, Seulement celui-ci était d’un pelage gti|| 
cendré sur le dos et entièrement blanc sous le ven:ll 
tre, La peau de ses flancs s'étendant comme 
membrane des pieds de devant à ceux de derriè 
formait- deux ailes soutenues par de longs appen-|| 
dices osseux partant des pieds. | 

Ce curieux individu paraît appartenir à la clasiel 
des rongeurs décrite par Buffon sous le nom de | 
sciurus volucella, et par Cuvier sous celui de sci|| 
rus volans, Cette variété de l’espèce qui se trou | 


| 
| 
| 
| 


dans l’Amérique du Nord, et surlout au Canada | 
dans l’Huüson , ne se rencontre en Europe que dar || 
les régions les plus froides, Ce n’est pas pourtaï{|| 
le seul exemple que nous ayons en France d’un fail| 
aussi extraordinaire. Le docteur Heuraz, qui s'il} 


particulièrement occupé des rongeurs , assure se | L- 


vu dans les montagnes de [Alsace deux individus del 
cette curieuse famille; et un autre, trouvé dans l& IP 
landes de Bordeaux en 4829, fut envoyé à M. Geof 
froy de Saint-Hilaire. Celui qu'a tué M. B... n’est|l 
presque pas endommagé et doit être envoyé, dit 
on, au cabinet d’histoire naturelle de Marseille. | 
(Ann. forestières.) 


— On a observé dans la mine de Wall’send (Ne#l 
castle) un phénomène très singulier. On rencontre 
peu d'eau au-dessous de la couche de grès qu 
porte le nom de 70 fathoms post ; une machine 
de 55 chevaux travaillant au plus dix-huit heure 
par jour, suffit complètement pour l'épuisementMll 
Or, on a observé que, dans certains puits, à la pros 
fondeur de trente ou quarante fathoms, l’eau el 
fraiche et t'es bonne à boire, tandis qu’au-dessous 
elle est fortement salée; dans tous les autres puit 
l'eau est constamment fraîche, douce et potable 
Pour expliquer cette différence, it paraît difficile 
de supposer que l’eau salée provient du lit de lan 
Tyne, car celle-ci n’est elle-même salée à Wall's end 
qu'aux fortes marées d’équinoxe. Il est permis dé 
penser plutôt que l’eau fraîche des couches supé” 
rieures se charge de principes salins en traversanb|} 
quelque roche inconnue pour arriver au fond del 
mine. - 5 l 

—R ÊE— | 
BIBLIOGRAPHIE. 

ANALYSE PHYSIOLOGIQUE de l'entendemen 
humain, d’après l'ordre dans lequel se manifesient, 
se développent et s’opèrent les mouvemenis sensitifsb 
intellectuels, affectifs et moraux ; suivie d’exercicem 
sur divers sujets de philosophie. Par J. C. Coliineau» 
— À Paris, chez Baillière, rue de l'Ecole-de- Méde-| 
cine. n. 17. Ÿ 


ee 


TRAITÉ de cristallographie; par W. H. Miller. 
Traduction française, par H. de Senarmont, ins- 
pecteur des mines. À Paris, chez Bachelier, qual 
des Augustins, 55. À 


DISCOURS sur l’histoire universelle; par B0SM 
suet. Edition conforme à celle de 1700. —A Pariss 
chez F. Didot, rue Jacob, 56. 


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REVUE 


SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE 


OÙ TRAVAUX DES 


Librairie de Debécourt, rue des Saints-Pères, 69. 


Savants et des Manufaeturiers de Ia Framce, 


de l’Allemmagme et de l'Angleterre, 
es GP ET EE TN AA EN « 


SPÉCIALEMENT CONSACRÉ 


A LA PHYSIQUE, A LA CHIMIS, À LA PHARMACIES 
Ô ET A L'INDUSTRIE, 
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION 


DU 1D' QUESNEVREER)9 


Fabricant de produitschimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin, de l'Institut,ete. 


Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages). 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Ænnales de chimie 
et de physique , dont ce journal est, pour les travaux des savants étrangers, 
ersonnes qui s’abonnent à la Aevue 
istoire de la chimie de F. Hoëfer, for- 


le complément indispensable. — Les 
pour deux années à la fois ont droit à l’ 
mant deux volumes in-8° de 17 francs. 


Le prix de l'abonnement à la Revue scientifique est de 20 fr. par année 


Les douze premiers volumes seront : Vie de Bayard, par M. Delans bu | 
de Saint-Esprit; Vie de la reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Godæ/ 
froy de Bouillon, par M. D'Exauvilliers; Vie de Saint-Vincent de Paul ,p 
l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné; par M. le vicomte de Walsh; 
de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy; Vie 
l'abbé de l’Epée, par Duplessy: Vie de Mallebranche, par Lourdoueix ; Hg 
du cardinal de Bérulle, par l’abbe de Genoude ; Fie du connétable de CIS 
son, par M, de Clisson; Vèe de Colbert, par M. Alfred de Servich. À 


Prix de l'abonnement : 42 vol. 36 fr.; de chaque volume 


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OUVRAGE PARAISSANT PAR LIVRAISON DE TROIS VOLUMES 
FORMAT GRAND IN-8° ANGLAIS. 


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ureau de la Revue scientifique, rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans 
doivent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l'Histoire de la 
shimie par la poste. 


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/ECHO DU MONDE SAVANT paraît le FEUDI etle DIMANCME de chaque semaine et forme deux volumes de plus de i,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 

- PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 
25 fr. , six mois 13 fr. 50, Lois mois 7fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {6 fr., 8 fr. 50. A ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS €l les MORCEAUX CHOISISdu mois (qui coûtent chacun 
40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. Ç.-B. FRAYSSE, gérant. 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
ASTRONOMIE. Note de M. Marcel de Serres sur 

“D les étoiles filantés. — PHYSIQUE DC GLOBE. 

51 {| Sur des incendies qui paraissent dus à des chûtes 

g d’aérolites.— CHIMIE INORGANIQUE. Procédé 

re pour obtenir le protochlorure de mercure. — 
— SCIENCES NATURELLES. SCIENCES 
MÉDICALES. — TOXICOLOGIE. — PALEON- 
TOLOGIE. Cogquilles fossiles de Colombie re- 

- cueillies par M. Boussingault, sur le mode d'ob- 
servalion du tronc des végétaux ligneux fossiles ; 
Unger de Gratz — ZOOLOGIE. Index ornitho- 
logique ; Lesson. — Mœurs, développements, mé- 
tamorphoses de la caridina Desmarets; Milne 
Edwards. —SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS 
CHIMIQUES. Du tannage mécanique et autres 
perfectionnements récents. — Perfectionnements 
à Ja fabrication des papiers de tenture — AGRI- 
CULTURE. Du topiaambourg comme nourritu!e 
de bestiaux. — SCIENCES HISTORIQUES. 
ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET PO- 
LITIQUES. Séance du samedi 28 janvier. —AR- 
CHÉOLOGIE. Canton de Coze, arrondissement 
de Saintes. — COURS PUBLIC. ATHÉNÉE. 
Cours de ehimie. — BIBLIOGRAPHIE. 


Him — 
| SCIENCES PHYSIQUES. 


"ASTRONOMIE. 


Note de M. Marcel de Serres sur les étoiles 
flantes. 

 « Des ctoiles filantes ont été apercnes à 
|Moutpellier pendant les suits du 7 an 8, du 
3 au 9 et du 10 au 11 novembre 1849, II 
|n a été peut-être de même dans les nuits 
uivantes; le ciel étant couvert et nuageux, 
1 a pas permis de les apercevoir. 

» Ces étoiles se dirigeaient presque toutes 
lu sud au nord ; plusieurs étaient très bril- 
lantes ; lune d'elles, malgré l'éclat de la 
une, répandait une lumiere plus vive que 
:elle de Jupiter. 
| »Le nombre des étoiles filantes a été 
blus considérable dans la nuit du 10 au 11 
ioût, que pendant la nuit précédente. J'en 
ii compté dans la j remière, de neuf à dix 
ieures du soir, environ 25 dans moins du 
iers du ciel, ce qui donnerait 75 pour le 
‘iel entier et par heure. 

» J'étais tourné vers le sud pendant que 

e faisais ces observations ; les étoiles pa- 
laissaient se mouvoir ou se diriger de l’est 
| l’ouest, direction bien différente de celle 
tuiaété assignée par M. Bohard aux étoi- 
“es filantes qu'il a aperçues à Rennes. Seu- 
ement il m'a paru, comme à lui, queleurs 
litesses apparentes étaienttres inégales. Les 
{nêmes faits ont été constatés à Montpellier 
ar M. Elouard Roche, licencié ès sciences 
Inathématiques de notre Faculté. » 


à 


] 


PHYSIQUE DU GLOBE, 


"ur des incendies qui paraissent dus à des chu- 
* Les d’aérolithes. (Lettre de M. le jnge de paix de 
* Montierender à M, Arago. ) 


« Depuis quatre ou cinq mois, de trop 


lombreux incendies désolent nos contrées, - 


et toutes le; rechercheset les investigations 
de l'autorité, quoique des plus actives et 
des plus scrupuleuses pour découvrir les 
causes de ces tristes événements, sont jus- 
qu'à ce jour restées sans résultat. 

» Est-ce la malveillance, est-ce la négli- 
gence ou l’imprudence qu'il faut accuser? 
Voilà les questions que chacun se fait sans 
pouvoir les résoudre. 

» Ilest remarquable que souvent deux 
incendies ont éclaté presqu’en mêmetemps, 
c’est-à-dire à quelques heures l’un de l’au- 
tre, et à une distance assez rapprochée et 
telle que si ce n’est dans le même endroit, 
c’est au pius à 5 ou 10 kilomètres. 

» Il n’est pas moins remarquable qu'au- 
cun de ces sinistres n’a pris paissance dans 
la partie des habitations où il y a des foyers 
et où l’on porte habituellement du feu ou 
de la lumière; c’est au contraire dans des 
granges, des écuries, des remises ou autres 
bâtiments séparés et souvent éloignés du 
principal corps habité, et toujours dans les 
combles, que le feu a pris. 

» Dès le principe, ces circonstances tou- 
tes particulières ont naturellement porté 
à attribuer ces malheurs à la malveillance; 
ais la non-découverte d'aucun coupable 
dans des cas aussi multipliés a nécessaire - 
ment fait changer d'opinion et rejeter les 
causes tantôt sur la négligence, tantôt sur 
l’imprudence. Ceci est-il mieux fondé; c’est 
douteux. Et en effet, en présence de sinis- 
tres se renouvelant à chaque instant, et 
lorsque chacun tremble d’être victime à 
son tour , est-on négligent ou imprudent ? 
Non certainement, et la police atteste d’ail- 
leurs des soins et de la vigilance apportés 
de toutes parts pour prévenir de si terribles 
accidents. 

» Cependant ils ne sont pas moins fré- 
quents aujourd’hui que précédemment, et 
il y a évidemment une cause : ne pourrait- 
elle pas résulter des phénomènes assez sin- 
guliers qui ont été signalés ici, et que je vais 
avoir l'honneur de vous faire connaître. 

» 1° À Montierender, le 18 novembre 
dernier, à 11 heures du soir, une jeune 
fille, entrant dans sa chambre ayant jour 
sur un jardin clos, vit une forte lueur pas- 
ser et frapper les vitres de sa fenêtre: elle 
ne vit plus rien ni n’entendit personne. Le 
lendemain 12, à 2 heures après midi, le 
grenier de cette chambre et ceux de quatre 
maisons voisines étaient enflammés avant 
qu'aucan secours eût pu être porté. 

» 2 À Boulancourt, distant de Montie- 
render de À myriamètre le 10 novembre, à 
9 heures du soir, on aperçut une grande 
flamme s'échapper de la toiture d’une 
grange, bien séparée de la ferme; on eut 
peur d’abord,pais on prit cetle flamme pour 
une étoile filante et on ne s’en occupa pas 
davantage ; mais le 12, entre 11 heures et 
minuit, cette grange était en feu dans toute 


l'étendue de son faîte, avant même qu’on 
eût pu s’en apercevoir. 

» 3° À Montierender , dans les premiers 
jours de décembre, entre 5 et 6 heures du 
matin, on vit, allant de l’ouest à l’est, un 
globe lumineux jetant une si grande lu- 
miére, que plusieurs personnes sortirent de 
leurs maisons, persuadées que ces maisons 
étaient en feu, et elles entendirent d'assez 
forts petillements au passage de ce phéno- 
mene. 

» Les personnes de Montierender cru- 
rent voir ce globe peu élevé au-dessus des 
maisons, et se jeter dans une prairies à peu 
de distance entre le pays et la forêt; et des 
individus se trouvant sur les routes et dans 
la campagne, rapportèrent avoir vu ce 
globe au-delà de Montierender et descendre 
sur la forêt. 

» 4° Enfin, le 8 du présent mois, entre 8 
et 9 heures du soir, à Montierender on vit 
un pareil globe qu’on s'imagina sortir d'une 
cheminée à l’ouest du pays et marc 
aussi à l’est. Arrivé au-dessus du cime 
ce globe, qui cette fois ne produisait 
petillement, se divisa en trois parti 
l'une descendit sur le cimetière, tan 
les deux autres se perdaient derriè 
maisons; on fut sur-le-champ exanà 
l’endroit du cimetière où la première pa 
tie semblait être tombée, et on n’y remar- 
qua absolument rien. 

» Le lendemain, 9, à 8 heures du soir, 
à 5kilomètres et à l’ouest de Montierender, 
un incendie éclatait dans une grange et la 
réduisaiten cendres, ainsi que les bâtiments 
qui y tenaient; les fermiers ne s'apercu- 
rent du désastre que lersque la grange était 
totalement enveloppée par les flammes, et 
que déjà les combles de la maison fermière 
étaient atteints. » 

L'auteur de cette lettre termine en sou- 
mettant ces faits à l'attention de l’Académie 
et en lui demandant la solution d’une ques- 
tion aussi intéressante, 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Procédé de M. Soubeiran pour obtenir le 
proto-chlorure de mercure. 


Depuis long-temps fa préparation du pro- 
to-chlorure de mercure est l’objet del’atten- 
tion et des études des chimistes. Mais mal- 
gré ces études persévérantes nous n'étions 
pas encore parvenus à rivaliser avec l’An- 
gleterre dans la préparation de ce produit. 
Le procédé de M. Henry fils, qui consiste 
à faire arriver dans un même espace de la 
vapeur d'eau et du calomel en vapeur, 
est défectueux sous bien des rapports. 
M. Soubeiran, à qui la pharmacie doit de 
si ingénieuses découvertes, avait proposé 
vers la moitié de l’année dernière de sub - 
stituer à la vapeur d'eau un simple cou- 


« 


290 

rant d'air. Pour cela, il chauffait du calo- 
mel dans un tube placé sur un fourneau 
et il dirigeait dans l'intérieur de ce tube un 
courant d'air à l’aide d’un ventilateur à 
force centrifuge. Ce courant enlevait la 
vapeur, la portait dans le récipient et là 
elle s’y condensait, Ce procédé donnait de 
fort beau calomel; mais M. Soubeiran 
avait compris qu'il pouvait aller plus 
loin, et bientôt il n’a pas tardé à supprimer 
le courant d'air lui-même. 

Chacun sait qu’elle est la ténuité de la 
fleur de soufre, et chacun sait également 
qu'il suffit pour la préparer de la vapori- 
ser dans un grand espace dont la tempé- 
rature est inférieure à celle du point de 
fusion du soufre, c’est-à-dire inférieure à 
408. Partant de ce fait connu, M. Soubei- 
ran s’est demandé si l’on ne pouvait pas 
préparer du calomel en poudre comme 
on prépare du soufre en fleurs. Il a expé- 
rimenté et l’expérience est venue confir- 
mer son opinion. 

Pour cela, il chauffe le calomel dans des 
tubes en terre, fermés à un bout, ouverts 
à l’autre, de 40 centimètres de diamètre 
sur 50 à 60 centimètres de longueur. Ces 
tubes contiennent 4 à 5 kilog. de calomel. 
M. Soubeiran enduit ces tubes à l'extérieur 
d’une couche de terre argileuse et les place 
dans un fourneau allongé. Ils sortent du 
fourneau de 4 centimètres pour pénétrer à 
fleur de la paroi d’un récipient. Cette der- 
nière circonstance est très utile, car le 
mercure doux vaporisé pourrait se con- 
denser dans cette portion du tube qui pé- 
nétrerait dans le récipient et l’obstruerait 
sans doute. 

Le récipient de M. Soubeirant est une 
grande fontaine qui, vers les deux tiers de 
sa hauteur, est percée d’un trou pour l’in- 
troduction du tube de terre. On a soin de 
placer du lut dans cette jointure; on en 
place aussi autour du couvercle de la fon- 
taine, mais on laisse en haut une ouverture 
pour l'air dilaté, ouverture qu’on recouvre 
avec une plaque de verre. Dans la dispo- 
sition de cet appareil il faut avoir égale- 
ment soin de rapprocher le récipient le 
plus près possible du fourneau, car sans 
cela le calomel pourrait se condenser dans 
la partie extérieure du tube. Cependant 
il faut soustraire le récipient à l’action trop 
vive du feu, action qui se produirait par 
la chaleur rayonnante. Pour cela l'on 
bouche avec de la terre l’espace qui existe 
entre la circonférence du tube et la circon- 
férence du trou par lequel il passe. Deplus, 
on dispose deux diaphragmes en tôle entre 
le récipient et le fourneau, diaphragmes 
À travers lesquels le tube passe librement. La 
chaleur rayonnante se trouve ainsi arrê- 
tée d’une manière suffisante. 

Si l'appareil est simple, la manière de 
s’en servir l’est aussi. On chauffe d’abord 
le tube au rouge sombre dans la partie la 
plus voisine du récipient, puis on porte peu 
à peu le feu dans toute la longueur du 
tube. En unehz2ure et demie ou deux heures 
on volatilise 4 à 5 kilg. de proto-chlorure 
de mercure. Cela fait, on laisse refroidir 
le tout, puis on démonte l'appareil et on 
lave le calomel avec de l’eau distillée jus- 
qu’à ce que les eaux de lavage ne se colo- 
rent plus par l'hydrogène sulfuré. On fait 
sécher à une douce chaleur. 

L'appareil de M. Soubeiran suffit pour 
préparer une grande quantité de calomel; 
mais si besoin était d'en avoir davantage, 
on pourrait substituer à cette fontaine une 
petite chambre dont la paroi du côté du 


291 


fourneau serait construite en briques. 

Cette modification apportée dans la pré- 
paration du calomel est sans contredit un 
fait. important, surtout si l’on remarque 
que M. Soubeiran cherche à préparer de 
la même manière diverses autres subs- 
tances, et qu'il a obtenu déjà quelques 
succès en voulant préparer ainsi plusieurs 
produits pharmaceutiques. 

La France n’est donc plus réduite à en- 
vier à l'Angleterre le secret de son procédé 
puisqu'elle en possède un qui, s’il n’e:t pas 
le même, ne craint pas du moins la concu- 
rence. Tout porte à croire que la fabrication 
du calomel va prendre une extension impor- 
tante, et dans quelques années nos voisins 
d'outre-mer viendront peut-être chercher 
chez nous un produit qu'ils trouveront 
plus pur et plus beau que chez eux. 

E. F. 


DIE —— 
SCIENCES NATURELLES. 
SCIENCES MÉDICALES. 
TOXICOLOGIE. 


M. Mialhe avait annoncé, il ÿ a quelque 
temps, à l’Académie de médecine, qu'ayant 
introduit dans sa bouche une dissolution de 
sublimé corrosif, il avait fait sur-le-cham 
disparaître la saveur insupportable de ce 
corps en le mettant en contact avec du 
protosulfure dé fer récemment préparé et 
délayé dans l’eau. De là il concluait que le 
protosulfure de fer est l’antidote du su- 
blimé corrosif qu'il décompose instantané- 
ment en formant du chlorure de fer et du 
sulfure de mercure, tous deux sans action 
nuisible sur l'économie animale. M. Orfila 
a répété les expériences de M. Mialhe et a 
cherché à constater la valeur de son anti- 
dote. Alors il a publié dans le Journal de 
pharmacie et de chimie, une note de laquelle 
il résulte : {° que le protosulfure de fer 
anéantit complètement les propriétés véné- 
neuses du sublimé corrosif s’il est admi- 
nistré à dose suffisante immédiatement 
après l’ingestion du poison; 2° qu'il est 
inefficace s’il n’est donné qu’au bout de 
dix à quinze minutes, lorsque le poison a 
déjà exercé une action délétère assez forte 
pour causer la mort; 3° tout en accordant 
qu'il décompose le sublimé corrosif plus 
énergiquement que l'albumine et qu’on 
doit le préférer quand on peut ladminis- 
trer immédiatement après l’empoisonne- 
ment, cependant on retirera toujours ou 
presque toujours plus d'avantages de lal- 
bumine qui, délayée dans l’eau, est À la 
portée de tout le monde, que du proto- 
sulfure de fer qui, ne se débitant que dans 
les pharmacies, ne pourra être administré 
qu'après un temps assez long. 

Un autre fait curieux de toxicologie in- 
séré dans le même journal, a trait à un 
empoisonnement de moutons par le sel 
marin. M. Testu a constaté un cas d’empoi- 
sonnement chez des bêtes à laine par l’em- 
ploi inconsidéré du sel de cuisine. 5 kilog. 
de chlorure de sodium donnés à 70 moutons 
en ont fait périr 24 en trois heures eten ont 
indisposé plusieurs autres d'une manière 
assez grave. L'autopsie des animaux a con- 
firmé le diagnostic de M. Testu. M. Barbe, 
par l’usige de pailles salées a occasionné 
de légères gastrites à ces animaux. 


PALEONTOLOGIE. 


Rapport sur un mémoire de M. Alcide d'Orbi- 
gny, intitulé : Coquilles fossiles de Colombie 
recueillies par M. Boussingault. 


M. Alcide d'Orbigny a présenté à l’Aca- 


22 
démie ; le 10 septembre dernier, un Mé- 
moire intitulé : Coquilles fossiles de Co- 
lombie recueillies par M. Boussingault, 
notre confrère. 

Ce Mémoire avait pour premier objet de 
faire connaître exactement les corps orga- 
nisés fossiles d’un pays où l’on en cite de- 
puis longtemps, mais dont on ne connaît 
réellement quelques espèces que depuis la 
publication , faite récemment par M. L. de 
Buch , de coquilles des mêmes régions, re- 
cueillies , il y avait déjà longtemps, par 
MM. de Humboldt et Degenhard. 

M. d'Orbigny n’a pas voulu se borner à 
une simple, mais exacte description ac- 
compagnée de bonnes figures de ces corps, 
devenus si intéressants depuis qu'ils sont à 
la géologie ce que les médailles sont à l’his- 
toire ; il a voulu en faire immédiatement 
l'application à la géologie et montrer, par 
la détermination précise des genres et des 
espèces et par une comparaison raisonnée 
de ces espèces avec celles d'Europe aux- 
quelles elles ressemblent, quelle sorte de 
terrain, quelle formation, comme le disent 
les géologues , elles signalaient en Amé- 
rique, par conséquent à quelle époque 
géologique on devait rapporter les terrains 
qui les renferment, de même qu'on établit 
l’époque d’un monument, à l’aide des mé- 
dailles qu’on y.trouve. 

Il y avait donc deux classes d’étades à 
faire sur les dépouilles assez nombreuses, 
la plupart assez bien conservées, recueil- 
lies de 1821 à 1833 par M. Boussingault. 
L'une était la détermination appuyée sur 
l’examen le plus minutieux et la critique 
la plus sévère de ces corps comparés avec 
ceux qui leur ressemblent et qui ont déjà 
été décrits. 

L'autre la détermination de la formation 
géologique qu’elles font connaître. 

La première étude, celle des espèces, 
devait conduire à des résultats certains, 
pour donner à la seconde une égale certi- 
tude. 

La description des quarante-trois espèces 
de coquilles et d’échinodermes qui, parmi 
tout ce qui avait été rapporté par M. Bous- 
singault , étaient en état d’être reconnues , 
a été faite avec la netteté et la critique de 
comparaison auxquelles M. Alcide d'Orbi- 
gny nous a accoulumés. 

Après la description de chaque espèce 
considérée comme inconnue, faite avec 
méthode et de suffisants détails, M. d’Or- 
bigny a procédé à ce que nous appelons les 
considérations critiques, qui l'ont porté à 
regarder cette espèce comme nouvelle pour 
la science ou comme étant la même qu une 
espèce déjà décrite ; il a appuyé sur les ca- 
ractères qui les distinguent des espèces les 
plus voisines déjà connues, en en faisant 
logiquement ressortir et les différences, 
et la valeur de ces différences. 

Il faut voir dans le Mémoire même les 
détails de cette discussion pour en juger le 
mérite et l'importance, car, nous le répé- 
tons , il ne s’agit plus ici d'examiner si le 
corps qu’on veut ajouter au catalogue des 
êtres naturels est réellement différent de 
tous ceux qui y sont déjà inscrits ; une er- 
reur, dans une semblable détermination, 
n’a presque aucune conséquence ; elle se 
borne à avoir augmenté ou réduit de quel- 
ques unités cette immense catalogue; mais 
les corps organisés fossiles et les coquilles 
surtout, qui, pour continuer notre compa- 
raison, sont les médailles les plus nom- 
breuses, les plus variées, les plus inalté- 
rables de l'histoire de notre science, ont 


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RE M M CE 


( 
l 


293 


une bien autre valeur : une erreur entraîne 
une autre érreur bien plus importante, en 
conduisant à établir dans un pays une for- 
mation géologique qui n’y existe peut-être 
pas, ou en faisant méconnaître une de 
celles qui le composent. C’est donc, selon 
î Re 

uous , la partie du travail de M. d’Orbigny 
qui exigeait l'examen le plus scrupuleux, 
la discussion la plus approfondie; il l’a senti 
et a procédé par une méthode qui nous a 
paru la plus logique, la voie d’élimination. 

Aprèsavoir appelé l'attention sur les pré- 
somptions positives, c’est-à-dire sur les 
genres et espèces de coquilles que les re- 
cherches de M. Boussingault nous ont fait 
conmaître, et avoir indiqué les terrains de 
l'Europe où se présentent les coquilles qui 


jeur ressemblent le plus, il s’est aidé de 


quelques arguments négatifs impuissants 
tout seuls, mais acquérant de la valeur 
par leur association avec les précédents, et 
il a fait remarquer quels étaient les genres 
et les espèces caractéristiques des forma- 
tions qui ne se montraient pas parmi ceux 
qu'avait recueillis M. Boussingault dans 
différentes localités: il a éliminé ainsi avec 


une complète exactitude, d'une part, les. 


deux divisions des terrains de transition et 
les terrains carbonifères; et d’une autre, 
toutes les divisions des terrains tertiaires; 
il a éliminé ensuite , mais après quelques 
discussions sur des caractères moins tran- 
chés, le terrain nommé {riasique , qui pré- 
sente des caractères moins absolus que ceux 
que nous venons de citer. 

Il ne lui restait plus qu’à choisir entre 
les terrains jurassiques et les crétacés : ici 
il y a eu quelques moments d'incertitude, 
ila fallu entrer avec plus de détails de 
comparaison dans la discussion de la valeur 
des ressemblances et des différences, va- 
leur pour la quelle les comparaisons numé- 
riques sont devenues d’un grand poids. 
Or, sur quarante-trois espèces recueillies 
et décrites, il ne s’en est présenté que 
quatre qui pourraient être attribuées aux 
terrains jurassiques, tandis que les trente 
autres peuvent se rapporter avec évidence 
aux terrains crétacés. 

Il ny a donc pas eu de doute pour 
M. d'Orbigny, que les terrains d’où vien- 
nent les coquilles de Colombie, recueillies 
par M. Boussingault, doivent être rappor- 
tés à la grande formation des terrains de 
l’Europe qu’on désigne sous le nom de ter- 
rains crétacés. 

Mais ces terrains peuvent être partagés 
en quatre sous-formations assez distinctes. 
La plus inférieure, et par conséquent la 
plus ancienne, a été déterminée récemment 
d’une manière assez précise : c’est la néo- 
comienne. M. d'Orbigny, poussant l'emploi 
des corps organisés fossiles jusque dans son 
application la plus minutieuse et la plus 
hardie, a fait voir, par un tableau de com- 


| paraison en trois colonnes . que c’était non- 


seulement aux terrains crétacés, mais à la 
partie inférieure de ces terrains, À celle 
qu'on nomme néocomienne, que devaient 
être rapportés les terrains dont M. Boussin- 
gault avait extrait les coquilles livrées à 
notre étude ; car, dans ce tableau , on voit 


| que sur environ quarante coquilles exa- 


minées , six peuvent appartenir à la craie 
chloritée, une seulement à cette petite sous- 
formation qu’on appelle le gault, et vingt- 
trois au moins au terrain néocomien. 

Ne peut on pas regarder comme un vrai 
triomphe des caractères zoologiques ap- 
pliqués à la géologie, cette certitude de 
détermination d’une formation importante 


294 


par son étendue en tous sens, d’une forma- 
tion qu’on avait à peine signalée en Europe 
il ya cinquante ans, dont les caractères 
minéralogiquessont plutôttrompeurs qu’in- 
structifs, reconnue maintenant dans l’A- 
mérique méridionale avec toute la certi- 
tude qu’on puisse exiger dans de telles 
questions, et reconnue par des géologues 
européens qui ne l’avaient pas visitée, 
tandis que le savant distingué qui l'avait 
habitée n'avait pu la reconnaître, parce 
qu’il ne possédait pas la vraie pierre de 
touche des terrains de sédiment, la con- 
naissance profonde et comparée des corps 
organisés fossiles. 

Jusqu’à présent nous n’avons parlé que 
de M. d'Orbigny, mais il n’est pas le seul 
qui ait reconnu par ces moyens la forma- 
tion crétacée dans l'Amérique méridionale. 

M. Léopold de Buck avait recu de 
MM. de Humbold et Degenhard, des co- 
quilles venant de même de l'Amérique mé- 
ridionale, mais de cantons très différents 
de ceux d’où M. Boussingault a extrait les 
siennes. Quoiqu’en petit nombre, elles 
étaient suffisamment caractérisées pour 
être déterminées avec certitude, et enfin 
assez distinctes en général de celles de 
M. Boussingault (il ne s’en est trouvé que 
deux qui fussent évidemment les mêmes), 
pour apporter de nouveaux moyens d'ar- 
river au même résultat. M. Léopold de 
Buch a déclaré en 1839 , comme M. d'Or- 
bigny en 1841 , que les terrains d’où ve- 
naient ces coquilles appartenaient à la 
même formation géologique que les ter- 
rains crétacés de l'Europe, que cette for- 
mation était connue maintenant sur une 
étendue de 40 à 50 degrés de latitude au 
moins, du golfe de Mexique jusqu’à Cusco, 
au Pérou, et même dans les Andes du Chili 
jusqu'au détroit de Magellan. Enfin, la 
commission qui, le 14 avri! 18142, a fait un 
rapport sur un Mémoire de M. Domeiko, 
relatif aux gîtes de minerai d'argent du 
Chili , avait signalé aussi la présence du 
terrain crétacé dans cette partie de l'Amé- 
rique méridionale. 


Sur le mode d’observation des troncs des 
végétaux ligneux fossiles; par M. Unger 
de Gratz. 


Il n’y a pas longtemps qu’on a commencé 
à étudier la structure des troncs des végé- 
taux fossiles; en outre on a toujours trouvé 
ces troncs dans un état complet : l’intérieur 
ou l'extérieur en était détruit. On est ce- 
pendant parvenu à rencontrer des plantes 
fossiles qui ont permis de déterminer à 
quelle famille elles appartiennent, quoique 
ces plantes n'aient plus de représentants 
aujourd’hui. 

Le seul moyen dont nous puissions nous 
servir pour déterminer un petit morceau 
de bois fossile est la comparaison avec les 
plantes de notre époque et avec les fossiles 
qu’on a trouvés jusqu’à présent. Une telle 
comparaison doit s'étendre : 1° à une ob- 
servation bien exacte de la structures 2° à 
une comparaison de cette structure avec 
celle des plantes de notre époque; 3° à une 
diagnostique appuyée sur ces observations. 
Pour atteindre ce but, il faut employer 
l'observation microscopique des bois fos- 
siles, qui parfois est presque impossible, 
quoiqu’elle soit presque toujours nécessai- 
re. Or, en polissant les bois fossiles, on peut 
quelquefois examiner la structure. M. Nicol 
est parvenu le premier à obtenir des pla- 
ques assez minces pour pouvoir être bien 


225 


étudiées au microscope. Cesavant et M. Wi- 
tham , ont publié les résultats de leurs ob- 


 servations. 


Pour faire des observations utiles, il est 
nécessaire de préparer également des mor- 
ceaux des végétaux qui existent à présent. 

Quant à la manière de faire les observa- 
tions, il faut diriger l’attention sur les points 
suivants : 1° Strata ligni concentrica : 
2° Medulla s. corpus medullare ; 3° Radii 
medullares ; 4 Cellule ligni, etc. , etc. 

(Ann. des sc. géolog.) 


ZOOLOGIE. 


Index ornithologique; par Lesson. 
(suite.) 


54 Genre : Mizvus, Brisson (1760); 
Cuv. (1799); Aquika, Mœhring (1752); 
falco, L. hab. l-Europe, l'Afrique, l'Asie 
et l'Australie. 

À queue fourchue — 147. Milvus rega- 
lis, Brisson, pl. 33; falco milvus, L. ; 
milvus regalis, Vieill., Encycl., nr, 1202; 
le rnilan, Buff., Enl. 422; milvus ictinus , 
Savig., Egyp., p 28, n° 10; Naum., pl. 
31, f. 4. hab. l’Europe, 1 Afrique — 148. 
Milvus ætolius, Bélon, liv. 2, ch. 27; 
falco œgyptius, Gm.; f. ater et forskahlii, 
Gm.; le rnilan noir, Baff, En]. 472 ; milan 
ætolien, Aristote; milvus ætolius, Savig., 
Eg. p. 29, n° 11; le parasite, Levaill.. af. 
pl. 22; falcoparasiticus, Lath.s milous ater, 
Gould, proceed., 1839, 119 ; falco austria- 
cus , Kramer; falco ater, L.; Gm. hab. 
l'Europe, l'Asie et l'Afrique (France, Perse, 
Nide, Sumatra, etc.) — 149, Milous affinis, 
Gould, proceed., 1837, 140. Voisin ou peu 
distinct du précédent. hab. l’Australie 
(Nouv.-Galles du sud). — 150. Milvus go- 
vinda, Sykes, proc., 4839, p. 155? hab. 
l’'Assam (Inde). 

B : queue carrée. — 151. Milvus isurus, 
Gould, proc. 1837, 140. hab. l'Australie. 

O : queue étagée. — 152. Milvus sphenu- 
rus , Vieill., gal. pl. 45; Ency. 11, 1204. 
hab. l'Australie, 

13° fam. : ASTURINE : accipitrinæ, auct., 
les autours, Less., tr. 64. — 55° Genre : 
AstuR, Brisson (1760); Lacép. (1800); 
Falco, L. ; Dædalion, Sasig. (1810); Spur- 
vius, Viellot (1816); hab. Europe, Afrique, 
Asie, Australie. 

I. Europe et nonp de L'AMÉRIQUE. — 1 53. 
Astur palumbarius, Dædalion palumba- 
rius, Savigny, Eg.; falco palumbarius, L. ; 
falco gallinarius, Gm.; Enl. 418, 425 
(jeune) et 461. Sw., N. 100l., p. 39, pl. 
26 (mâle); falco gentilis, Lath. ; falco pa- 
lumbarius ; Sabine, 670 ; Bonap. syn. 28, 
n° 12, et Am. ornith., pl. 10, f 1 (jeune). 
Falco flavescens, Daudin, 2, 70 (jeune), et 
Enl. 493; hab. toute l'Europe et le nord 
de l'Amérique. 

IL. AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. — 154. 4s- 
tur pennsylvalicus, Wils., Am. orn., pl. 54, 
f. 1; falco latissimus, Ord. ; falco pennsyl- 
vaticus, Bonap., Syn.,p 29, no 13: acci- 
püter pennsylvaticus, Sw., N. zool., p. 44 ; 
accipiter fringilloides, Vigors, Zool. journ, 
1, 436; falco platypterus, Vieillot, En- 
cycl. 11, 1273 ; falco pennsylvanicus, Nut- 
tal, 4, 105; Audubon, pl. 81 ; Ann. lyc., 
11, 29 ; Temm., pl. 67 (jeune) ; hab. Etats- 
Unis (rare). — 155. Astur atricapillus, 
falco atricapillus, Wilson, Am. ornith., pl. 
93, f. 3; dædalion pictum, Less., tr. p. 67 ; 
Jalco regalis, Temm., pl. col. 495 ; Nuttal, 
1, 89; hab. les Etats-Unis. -—- 456. 4stur 
Juscus, Nutt., 1, 87; falco pennsylvanicus, 
Wilson, pl. 46, f. 1 (adulte), et falco velox 


226 

pl. 45, f. 1 (femelle jeune); falco veloxy 
Bonap., Syn , n° 14; falco fuscus, Gm. ; 
dubius falcon, Pennant; hab. New-Jersey, 
Pensylvanie (commun), Alabama. — 157. 
Astur Cooperti; falco Cooperi, Bonap., pl. 
10, f. 4 (jeune); Nutt., r, 90; Sw., N. z00l., 
p. 66 ; hab. New-York, New-Jersey. — 158. 
Astur Stanleïi, Nutt., 1 91; falco Stanleii, 
Audubon, pl. 36; hab. Etats-Unis. 

Ÿ LIT. AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. — 158. 4s- 
tur poliogaster ; falco poliogaster, Temm. , 
pl. 264 et 295; hab. le Brésil. 

Nota. L'asturina cinerea, n° 128 de ce 
catalogue , est, pour beaucoup d'auteurs, 
un astur, et devrait être placé ici; c'est le 
falco nitidus de Latham, n° 97, le falco 
striatus de Temm., pl. 87 et 294, l’astur 
nitidus d'Orbig., p. 95; mais les narines 
sont operculées. 

— 160. Astur unicinetus ; fa!co unicinctus, 
Temm., pl. col. 313; d’Orbig., p. 93 ; hab. 
Brésil (rio-grande). — 161. Æstur leucau- 
chen ; falco leucauchen , Temme., nl. co!. 
306; hab. Brésil. — 162. 4stur leucorrhous ; 
falco leucorrhous, Quoy et Gaim., Ur., pl. 
43, hab. Brésil. — 163. Æstur melanops; 
alco melanops , Lath. , n° 89 ; Temm. , pl. 
105; hab. Guyanne. —164. Astur magni- 
rostris ; falco magniroitris, Lath.; Temm. , 
pl. 464 (adulte) et 86 (jeune); Daudin , n, 
84; D'Orbig., p. 94; Enl., 464; Vieill., 
Encycl. 1265; hab. Brésil, Guyane. 

$ IV. AFRIQUE. — 165. Astur monogram - 
micus; aster monogrammicus , Sw., Birds 
of west. af.,t. 1, p. 114, pl. 4; falco mo- 
nogrammicus, Temm., pl. 314; hab. Séné- 
gal. — 166. Astur tachiro; falco tachiro, 
Daudin, t. 2, p. 90; le tachiro, Levaill. , af. 
pl. 24; Temm., pl. 377 (adulte) et 420 
(jeune fem.); Vieill., Encycl. 1268; hab. 
Cafrerie.—167. 4stur unduliventer, Rupp., 
2e voy., pl. 18, fig. 1 ; hab. l'Abyssinie. — 
168. Astur perspiciilatus, Rupp. , 2° voy., 
pl. 18, fig. 25 hab. l'Abyssinie. 

$ V. AstE. — 169. Astur trivirgata; falco 
trivirgata, Temm., pl. 303; hab. Sumatra. 
— 170. Astur hyder, Sykes, proceed., 11, 
79 ; hab. l’fnde continentale. 


Rapport sur un mémoire de M. Joly, intitulé : 
Etudes sur les mœurs, le développement et les 
métamorphoses de la caridina Desmarestlii; 
par M. Milne-Edwards. 


Jusqu’en ces derniers temps, la classe 
des crustacés n’avait occupé que peu l’at- 
tention des zoologistes ; le nombre des es- 
pèces connues était fort restreint, et l’on 
ne possédait que des notions très incom- 
plètes sur l’organisation de ces animaux, 
ainsi que sur leur histoire physiologique ; 
mais, depuis une vingtaine d'années, cette 
branche de l’entomologie a fait des progrès 
rapides , et aujourd’hui elle est cultivée 
avec succès par plusieurs observateurs ha- 
biles, parmi lesquels nous nous plaisons à 
citer MM. Nordmann, Rathke, Thompson, 

‘Dehaan, Burmeister, Kroyer et Bell. Le 
nom de M. Joly, professeur à la faculté des 
sciences à Toulouse, doit aussi figurer sur 
cette liste; car ce jeune naturaliste a déjà 
publié un travail considérable sur l_4rtemia 
des marais salants du midi de la France; 
et on lui doit des recherches non moins 
approfondies sur une espèce nouvelle de 
Branchiopode, voisine de la ZLimnadie 
d'Herman. Eofin, dans un troisième Mé- 
moire , soumis au jugement de l’Académie 
en septembre dernier, il a rendu compte 
de ses observations sur une petite salicoque 


297 


qui habite les eaux du canal du Midi. Cette 
série de travaux porte, comme on le voit, 
sur des crustacés fluviatiles ou lacustres , 
animaux que les carcinologistes avaient 
Jusqu'ici un peu trop négligés , pour s’oc- 
cuper presque exclusivement des espèces 
marines. Mais ce qui contribue surtout à 
donner de l'intérêt aux recherches de 
M. Joly, c’est le soin avec lequel ce natu - 
raliste a étudié les principales phases du 
développement de ces petits êtres. En ef- 
fet , la science ne possède encore que fort 
peu de données précises sur de pareilles 
questions, et cependant elles offrent un 
double intérêt, car leur solution importe 
également aux progrès de la physiologie 
entomologique et à ceux de la classification 
naturelle des animaux, la connaissance des 
états transitoires des crustacés étant un élé- 
ment indispensable pour la juste apprécia- 
tion de leurs affinités organiques, affinités 
dont nos méthodes zoologiques doivent être 
l'expression. 

La petite salicoque qui fait l’objet du 
Mémoire de M. Joly, avait été découverte 
dans leseaux de la Mayenne et de la Sarthe 
par M. Millet, et désignée par cet auteur 
sous le nom d’H'ppolyte Desmarestii ; 
M. Audouin l'avait également trouvée aux 
environs de Paris, mais n'avait rien publié 
sur son histoire, et les caractères de ce 
crustacé étaient encore si imparfaitement 
connus, que sa véritable place dans les di- 
visions génériques de la famille des Sali- 
coques n'avait pas été reconnue. M. Joly a 
trouvé ce petit animal en assez grande 
abondance dans le canal du Midi, et s’est 
assuré qu’il n'appartient pas au genre 
Hippolyte de Leach, mais au groupe établi 
récemment ct qui porte le nom générique 
de Caridina. Dans la première partie de 
son Mémoire, M. Joly en donne une des- 
cription extrêmement détaillée , et, dans 


| un second chapitre , il traite du dévelop- 


pement de l'embryon dans l'œuf et des 
métamorphoses que le jeune animal subit 
après sa naissance, Ce long travail ne pou- 
vant être analysé dans tous ses détails, nous 
nous cententerons de reproduire quelques 
uns des résultats obtenus par M. Joly. 
L'existence de métamorphoses chez les 
crustacés supérieurs, annoncée d’abord par 
Thompson, a été dans le principe vivement 
combattue par quelques entomologistes, 
mais est aujourd’hui parfaitement démon- 
trée chez un assez grand nombre de ces 
animaux, bien que chez d’autres espèces 
appartenant aux mêmes groupes, les chan- 
gements qui s’opèrent dans le jeune âge ne 
semblent être que peu considérables. Ce 
n’est donc pas la découverte de ces méta- 
morphoses chez la Caridine qui pouvait in- 
téresser vivement les entomologistes ; mais 
nous ne possédons que des notions très 
incomplètes sur la série de changements 
qui se manifestent dans l'organisation 
des jeunes décapodes, et les obseuva- 
tions de M. Joly remplissent une partie 
de cette lacune. Ainsi il a vu que, dans son 
premier état, la Caridine ne possède que 
trois paires d’appendices buccaux, tandis 
que l'adulte en a six paires, et que cette 
espèce de larve n’a qne trois paires de 
pattes, bien qu’à l’état parfait il en aura 
cinq paires; sous le rapport du système ap- 
pendiculaire , la jeune Caridine ressemble 
donc à un insecte plutôt qu’à un crustacé 
normal, et un autre fait qui vient pleine- 
ment confirmer la belle théorie de M. Sa- 
vigny, relativement À la transformation 
des parties homologues en organes variés, 


228 
c'est que les trois paires de pattes de la 
jeune Caridine se changent en mâchoirés 
auxiliaires, tandis que les cinq paires de 
pattes proprement dites se forment de 
toutes pièces. 

Les métamorphoses de ce crustacé nous 
fournis:ent aussi un nouvel exemple de la 
tendance de la nature à faire passer les ani- 
maux les plus élevés de chaque groupe par 
des états transitoires analogues aux modes 
permaneuts d'organisation pour les espèces 
inférieures appartenant au même type gé- 
néral. Effectivement, les crustacés déca- 
podes , on Île sait, respirent à l’aide d’un 
appareil branchial très développé, situésur 
les côtés du thorax, et je m'étais assuré 
que, chez les Mysis, animaux dont la con- 
formation générale est assez semblable à 
celle des salicoques, mais dont la structure 
est moins parfaite, les branchies manquent 
complétement , et la respiration ne peut 
s'effectuer que par la surface des téguments 
communs. Or, M. Joly a constaté que ces 
deux modes de structure si difiérents se 
succèdent chez les Caridines : en naissant, 
ces salicoques manquent de branchies, 
comme les Mysis; mais cet état, au lieu 
d'être permanent, comme chez ces der- 
niers, n'est que transitoire, et à une pé- 
riode plus avancée du développement de 
ces petits êtres, l’ensemble des caractères 
propres à l’ordre des décapodes se complète 
par l’apparition des branchies. Ce fait, très 
intéressant pour la physiologie et pour la 
philosophie anatomique, aura aussi de l’in- 
fluence pour la solution d’une question 
encore en litige , relativement à la classifi- 
cation naturelle des crustacés, Latreille 
avait rangé les Mysis dans l’ordre des dé- 
capodes; mais l’absence de branchies chez 
ces animaux , et quelques autres particu- 
larités d'organisation, m'avaient paru être 
des motifs suffisants pour les en exclure et 
pour les reléguer parmi les stomapodes 
qui, en général, sont également dépour- 
vus d’un appareil respiratoire spécial : cette 
innovation avait reçu la sanction de Cu- 
vier et du grand entomologiste que je viens 
de citer ; mais aujourd'hui elle me semble 
devoir être abandonnée, car le fait con- 
staté par M. Joly nous montre que les Mysis 
sont les représentants des larves des sali- 
coques, et non des animaux conformés 
d’après un plan essentiellement distinct. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS CHIMIQUES. 


Du tannage mécanique et autres perfeclionne- 
ments récents du lannage. 


De nombreux perfectionnements de la 
plus haute importance ont été apportés, 
dans ces derniers temps, au tannage. Nous 
croyons devoir consacrer un ou deux arti- 
cles à ce sujet. Nous ne dirons rien du tan- 
nage ancien, et tel qu'il est pratiqué dars 
la plupart des tanneries où l’on suit encore 
exactement la même routine qu'il y a deux 
cents ans, modifiée toutefois par la décou- 
verte déjà bien ancienne de Séguin. 

Un des nouveaux procédés de tannage, 
celui qui paraît avoir le plus de chances de 
réussite, le tannage mécanique, permet de 
tanuer : 

Les peaux de bœufs en 90 jours, 

Celles de vaches en 60 

Celles de veaux en 30 
La durée des opérations était autrefois de 
dix-huit mois pour les premières, d’un an 
pour les secondes, et de huit mois pour les 
dernières. C’est là an bien beau résultat, et 


929 
- remarquez que, n’importe dans quelle phase 
_ de la fabrication, l'acide sulfurique est pros- 


crit. 
Les peaux desséchées sans aucune pré- 


. paration, dit M. Girardin, habile profes- 


seur de Rouen, se pourris-ent aisément, 
s’imprègnent d’eau avec facilité, et se dé- 
truisent par un frottement répété. On remé- 
die à tous ces inconvénients, et on les rend 
propres à la confection de nos chaussures, 
en tivaut parti d’une propriété qui leur est 
communeavecpresque tous lesautres tissus 
des animaux, c'est de pouvoir s’anir intime- 
ment au tannin. Qu'on plonge un morceau 
de peau dans une dissolution aqueuse de 
tannin ou dans la décoction d’une substance 
astringente quelconque, ilenlève peu à peu 
ce principe à l’eau, qui, au bout d’un temps 
suffisant, n’en renferme plus aucune trace. 
Le composé ainsi produit est très dur, 
tout à fait insoluble, imputrescible, et peut 
supporter les alternatives de sécheresse et 
d'humidité sans absorber l’eau. Cette réac- 
tiou nous indique la théorie du tannage, ou 
l'opération qui convertit les peaux des ani- 
maux en cuir. 

Le tannage a été pratiqué de loute anti- 
quité, etl’on en retrouve des notions chez 
les peuplades les plus sauvages. Les Grecs 
et les Romains le portèrent à une assez 
grande perfection ; mais c’est surtout de- 
puis une quarantaine d’années qu'il a fait 
des progrès immenses, grâce aux secours 
de plusiears chimistes, et entre autres de 
Ségain. Il est cependant loin d’être arrivé 
à son apogée. 

Cette industrie est sans contredit une 
des industries les plus importantes : elle in- 
téresse tout le monde. En effet, elle fournit 
à la fois les instruments et la matière pre- 
mière à une multitude de travailleurs, et 
satisfait également des besoins communs à 
tous les hommes. Dans les ateliers, dans 
les manufactures, dans les exploitations ru- 
rales, dans les habitations, partout on ren- 
contre ses produits déguiséssous mille -for - 
mes, mais toujours nécessaires, et souvent 
indispensables. Pour avoir une idée du 
mouvement des capitaux que le tannage 
entraîne, il suffit de mentionner un de ses 
produits les plus communs. Il ya quelques 
années, J. D. Say estimait que le nombre 
de souliers fabriqués en France s'élevait à 
100,000,000 de paires, et que le salaire des 
ouvriers était de 300,000,000 de francs. 

Le tannage mécanique de M. Vauquelin 
est sans contredit destiné à exercer une 
grande influence sur l’art du tarnage. Nous 
allons rlétudier avec tout le soin qu'il 
mérite. Nous décrirons successivement 
toutes les opérations avec les appareils 
imaginés ou perfectionnés par M. Vauque- 
lin, en tenant compte des travaux que la 
Société d’encouragement à fait faire par 
MM. Dumas et Gaultier de Claubry, qui 
ont suivi avec soin toutes les opérations. 

Pour le tanuage, uu problème d’une im- 
mense importance dont la solution présente 
de grandes difficultés, c’est de déterminer 
parfaitement et en peu de temps la combi 
naison du tanuin avec la matière qui com- 
pose la peau, sans altérer celle-ci en au- 
cune manière. 

Voici la composition de la peau brute : 


EAU ee eee... 07,5 

Hald, Atenase tissu cellulaire et fibraire 52,55 

; etes dalbumine,..../123 455 

üssu articulaire, DS 2 

Me pau extrait. . 0 26 LOOMUE AS 7, 6 
Éton peut eule- atière soluble dansl’al- 

ea cool.............. 0, 8 
matére grasse en propor- 

\ tions variables, .....,100,00 


$ 
3 
Û 
! 
! 


230 


Le procédé de M.Vauquelin consiste,après 
avoir fait tremper les peaux comme dans les 
procédés ordinaires, seulement moins long- 
temps, à les exposer à l’action de la vapeur 
dans une étuve, ou à celle d’un courant 
d’eau tiède, dont l’action modérée déter- 
mine le gonflement de la peau, de laquelie 
il est facile alors d’arracher le gros poil, 
tandis que les chairs sont enlevées en éten- 
dant la peau sur un cylindre, et en l’y sou- 
mettant à l’action d’un couteau-dragoir 
qui la rend parfaitement nette, et permet 
de ne soumettre à l’opération du tannage 
que la partie réellement utile, Les rognures 
peuvent servir à la fabrication de la colle- 
forte, tandis qu’obtenues sur le cuir tanné 
eiles n’ont plus aucun usage utile; on ne 
peut que les brüler. Ce travail a l'avantage 
de supprimer le travail de rivière, pendant 
lequel il se dégage une odeur infecte, et 
pendant lequel aussi la peau s’altère par 
l'influence de la grande quantité de chaux 
dont elle est pénétrée, et qu'il est difficile 
de faire sortir entièrement. 

Les peaux, abandonnées à elles-mêmes, 
s’altèrent promptement, surtout quand 
elles sont gonflées ; dans l'impossibilité de 
les travailler toutes immédiatement, M.Vau- 
quelin les plonge, au sortir de l’étuve 
ou de l’eau tiède, dans une eau de chaux 
très faible qu'il substitue au lait de chaux 
que l’on emploie dans le travail ordiuaire ; 
au lieu d’extraire l’eau avec le couteau à 
écharner ou avec une presse, il tend les 
peaux sur des tendoirs à doubles lames adap- 
tées au couteau-dragoir, et en extrait ainsi 
le liquide avec une grande économie de 
main-d'œuvre. Les peaux sont alors placées 
dans un bocard ; des pilons en bois, mus 
par des cames, viennent frapper sur ces 
peaux qui se présentent successivement à 
leur action par la mobilité de la caisse dans 
laquelle elles sont placées; de l’eau tiède ou 
un courant de vapeur pénètre dans cette 
caisse. 

Pour opérer le coudrement, les peanx 
sont réunies dans une cuve ou dans des 
camescourbes ou droites, fixées sur un arbre 
horizontal; elles les soulèvent et les agi- 
tent au sein de jus faibles et tièdes. On sou- 
met ensuite un certain nombre de fois ces 
peaux à l’action du bocard et à celle de la 
cuve à cames, dans des jus forts, jusqu’à ce 
que le tannage soit complet, 

Le choc des pilons assouplit les peaux que 
pénètre le tan sans altérer leur tissu ; il en 
résulte que le tannage est opéré dans un 
temps très court, qu'il est uniforme et sus- 
ceptible de s'appliquer à des peaux qui ré- 
sistent au travail ordinaire. Ainsi, l’on fa- 
brique avec des culées de cheval (parties de 
la peau qui occupent le bas des reins) du 
cuir propre à la confection des bottes mili- 
taires, tandis que jusqu'’icionne pouvait uti- 
liser cette portion que pour la sellerie. Ainsi 
encore,des peaux trop desséchées parla tem- 
pérature élevée des climats d’où elles pro- 
viennent, ou d’une nature tellement sèche, 
qu'on ne peut les tanner par le travail or- 
dinaire, fournissent detrès beaux produits. 

Dans le procédé que nous venons d'indi- 
quer, les peaux peuvent être dépouillées de 
la plus grande partie de leur eau sur les 
tendoirs à doubles lames. 

Corroyage. La peau étendue sur une 
forte table, on l’arrose avec de l’eau, on la 
défonce au moyen d’une masseen bois fixée 
à l’extrémité d'un manche, et garnie de 
chevilles, ou au moyen des pieds garnis de 
forts souliers, et on enlève, avec le couteau 
à revers ou dragoir, toute la chair pour 


231 


rendre la peau égale d'épaisseur. On étend 
sur une forte table deux peaux fleur contre 
fleur, ct à l’aide d’une masse en bois courbe 
en dessus, appelée pommelle, ou d’un ins- 
trument désigné sousle nom de marguerite, 
on donne de la souplesse à la peau, en la 
froissaut sur tous les points, et on agit de 
même sur la fleur. 

La peau étant ensuite étendue sur le mar- 
bre, on la gratte avec une plaque en cuivre 
ou en fer à tranchants mous. Enfin, au 
moyen d’un couteau circulaire appelé /u- 
nette faiblement affûté, on pare la peau. 

À cet état, les peaux n'auraient pas la 
souplesse et toutes les qualités nécessaires ; 
on en pénètre la fleur avec du degras, mé- 
lange d'huile de poisson et de potasse, et 
quand elles sont bien parées, on les empile; 
on les met en huile sur chair, et on les 
laisse sécher suspendues ; après avoir en- 
levé l’excès de graisse, on blanchit avec le 
couteau anglais, et l’on passe à la cire. 

Les peaux, préparées par les procédés or- 
dinaires, perdent au corroyage par la né- 
cessité d'enlever au couteau dragoir toutes 
les parties étrangères, que l’on n’avait pu 
enlever dans le travail de rivière ; dans Le 
procédé Vauquelin, le travailen tripe, au 
moyen de son couteau dragoir donnant 
des peaux à veines découvertes, produit une 
augmentation de poids au corroyeur. 

Les tiges et avant-pieds peuvent être, 
dans ce procédé, blanchis tout cambrés, 
sans se diformer, ce qui offre beaucoup 
d'avantages. 

I n’y à pas de comparaison à établir en- 
tre la durée du tannage ordinaire et celle 
du tannage mécanique ; ici la trempe des 
peaux ne dure que de 24 à 48 heur., suivant 
la nature des peaux. Le foulage dure d’une 
demi-heure à une heure. Le débourrage, 
qui se fait dans la cuve à cames, espèce de 
pétrin mécanique qui peut contenir vingt 
douzaines de peaux, ne demande que 12 
heures pour que le poil s’enlève facile- 
ment. Lorsque le débourrage se fait dans le 
tonneau à chevilles. cylindre qui peut con- 
tenir douze douzaines de peaux, il n’exige 
qu'une heure seulement. Le coudrement, 
qui se fait dans la cuve à cames, où l’on 
met 310 parties d’eau et 75 de tan, ne dure 
que 5 heures. 

On voit qu'avec ces procédés, le tannage 
s'opère d’une manière fort rapide; il n’y à 
réellement pas de comparaison à établir, 
sous le rapport du temps, entre cenouveau 
système et l'ancien: Ajoutons, en finissant, 
que les cuirs ainsi préparés résistent à une 
température de cent degrés. 


ARTS MECANIQUES. 
Apptication des procédés employés dans la fa- 
bricalion des papiers de tenture pour obtenir 

à peu de frais de grande figures coloriées, 

des appareils el instruments qu'on doit faire 

connaitre dans les cours publics. (Knab.) 

Depuis longtemps on sait combien il se- 
rait utile d’avoir , pour l’enseignement des 
sciences, de grands dessins représentant 
avec exactitude les objets dont la descrip- 
tion fidèle est nécessaire à l'intelligence des 
phénomènes. 

Cette utilité est tellement sentie, qu'il 
n’est presque pas de professeur qui netrace, 
avant ou pendant ses leçons, des dessins de 
ce genre. : 

Mais souvent les dessins sont incorrects 
ou incomplets, ou ne sont pas faits sur 
une échelle assez étendue, dans tous les 


cas , ils exigent un long temps qui pour- 


232 
rait être beaucoup plus utilement employé. 

Frappé de ces inconvénients, M. Knab, 
ingénieur civil , a cherché à y remédier; et 
il yest parvenu, du moins pour l'étude 
de la mécanique , de la physique, de la chi- 
mie théorique et de la chimie appliquée, 

Il imprime, sans retouche à la main, 
les machines et les appareils les plus com- 
pliqués avec assez de précision pour qu’on 
puisse saisir facilement leur ensemble , les 
pièces qui les composent, leurs rapports et 
leurs fonctions. 

Il met un soin tout particulier, et c’est 
un point fort essentiel , à donner à chaque 
partie la couleur naturelle qui lui est pro- 
pre : le dessin, par cela même, devient bien 
plus intelligible. 

Nous avons vu les tableaux de M. Knab 
exposés dans une des salles de PInstitut, 
l'un représentait une machine à vapeur, 
l'autre des machines à élever l’eau : toutes 
deux avaient les mêmes dimensions, 1 
mètre 70 , sur 1 mètre 45. 

Chaque tableau est tiré à 200 exem- 
plaires; il pourait l’être à 2000; et alors 
le prix, qui est aujourd’hui de 16 à 18 fr. 
sur toile et rouleau, pourrait être de beau- 
coup réduit, quoique déjà fort modique. 

Tout porte à croire que les tableaux de 
M. Knab seront adoptés par les professeurs 
de physiqueet chimie, qui rendront ainsi 
leurs descriptions plus claires et plus intel- 
intelligibles pour les élèves. 


m0 SC De———— 
AGRICULTURE. 


Du lopinambourg comme nourrilure des 
bestiaux. 


L’ Agriculture que publie, à Bordeaux, 
M. Auguste Petit-Lafitte, contient dans son 
numéro de janvier, quelques considérations 
de M. Couhé de Moissac, Tarn-et-Garonne, 
sur l'utilité et la culture du topinambour. 
Les essais qui ont été faits, dans les parties 
du sol les plus arides même du midi , nous 
portent à croire que l'emploi de cette plante 
peut être utile à tous les propriétaires. Ils 
nous sauront gré de leur donner quelques 
détails. 

Le topinambour semble avoir été donné 
pour les temps de malaise; il sort de sous 
terre avec ses qualités nutritives; il est sa- 
voureux : et, quand l'hiver a détérioré les 
betteraves, quand les pommes de terre qui 
germent seraient nuisibles, lui est sain et 
prépare, on ne peut pas mieux, les bestiaux 
à la nourriture verte qui leur convient tant: 
l'époque dele cueillir est donc parfaitement 
indiquée, il vient remplir une lacune et 
nous est donné par une prévoyance toujours 
généreuse pour qui sait profiter de ses 
dons. 

Les bœufs etles vaches les mangent avec 
une grande avidité ; quand le moment de 
le leur distribuer arrive, ils s’agitent à la 
crèche avec cetteimpatience qu’on voit aux 
chevaux quand on leur porte la ration d’a- 
voine. On ne doit pas songer à en faire leur 
seule nourriture, c’est comme supplément 
en leur en donnant deux fois par jour avec 
mesure qu'on soutient leur appétit; ils 
perdent bientôt cette apparence terne, ce 
poil d’hiver qu’ils garderaienf deux mois de 
plus; onles donne crus, bien lavés, coupés 
menu pour les petits veaux, entier pour le 
gros bétail ; il serait plus prudent d’em- 
plover le coupe-racines où de les triturer; 
mais multipliez les précautions, vous com- 
pliquez le service, et ce qu’on ne peut faire 
par soi-même doit être simplifié. 


233 


Je dois consigner ici un fait qui contrarie À 


les notions qu’on nous donne sur le topi- 
nambour. On trouve partout que ce tuber- 
cule craint l'humidité, qu'il ne doit pas 
rester trop longtemps dans l'eau, qu’il y 
contracte de la pourriture, et que dans cet 
état il est mal-sain et météorise les bestiaux. 
Voici ce qui m'arrive tous les ans : au mo- 
ment de la récolte, je fais porter mes topi- 
nambours auprès d’un réservoir alimenté 
par une petite source; la disposition des 
lieux se prête à cet arrangement; on les 
lave en les remuant dans des comportes 
pour en détacher la terre; on se sert de 
corbeilles pour les ressuyer ; on les porte 
ensuite avec le tombereau dans un coin de 
la grange, et tous les jours on tire de ce tas 
ce qu'on donne au bétail; l’opération de les 
cueillir et de les laver se fait ordinairement 
le même jour à la fin de février. 

Cette plante si vivace dans le sol, a be- 
soin d'une certaine humidité pour se conser- 
ver ; dans un endroit trop sec elle se flétrit 
assez promptement et perd de sa faculté 
nutritive et germinative; on ne voit guère 
de tubercule récemment cueilli, et semé 
bientôt après, qui ne pousse sa tige; sou- 
vent des semences retardées et faites avec 
des tubercules qui auraient éprouvé une 
certaine dessiccation trompent l'espoir du 
cultivateur. J’ai vu des champs en culture 
où ne poussaient que des tiges rares, tandis 
qu'ailleurs pas une ne manquait à son rang, 
et je n’ai pu trouver la cause de cette dif- 
férence que dans le choix du tubercule, qui 
aurait été semé plus ou moins frais. Après 
avoir été cueillis, ils doivent être semés Ie 
plus tôt possible , les ôter de terre et les y 
remeltre serait le meilleur procédé : c’est 
même ainsi qu’on peut en user quand on 
veut les cultiver une seconde fois dans le 
même champ. Après l’extraction et deux 
labours préparatoires, en faisant le labour 
qui sert à les semer, si on ramaese ceux que 
découvre la charrue et qui s'étaient déro- 
bés aux premières recherches, on en trou- 
ve souvent assez pour suffire à la nouvelle 
production; qu’on les mette à la place et 
dans le rang où ils doivent rester , ceux-là 
sont les meilleurs. 

La manière de les cultiver est celle qui 
convient à la pomme de terre; tous nos la- 
boureurs savent qu’elle a besoin d’un sol 
ameubli, il savent quelle distance ils doi- 
vent mettre entre chaque pied ; qu'ils fas- 
sent en tout lapplication de ce mode de 
culture aux topinambours, ils auront une 
récolte plus abondante que celle qu'ils 
pourraient obtenir du même champ cultivé 
en pommes de terre, même dans les cir- 
constances les plus favorables. 

On reproche à cette plante d’envahir le 
sol; les p'us petits tubercules étles moindres 
fragments donnent naissance à de nou- 
velles tiges que les sarclages ne détruisent 
pas toujours, il est difficile d’en purger la 
terre,etdans un système d’assolement c’est 
un véritable inconvénient, On recomman- 
de d'employer l’échardonnette ou quelque 
instrument tranchant ; c’est souveut l’em- 
ploi de ces instruments qui favorisent la re- 
production. Un moyen qui réussit beau- 
coup mieux, c’est l'extirpation à la main, 
quand la tige est assez haute pour pouvoir 
être saisie ; après une pluie qui a ramolli la 
terre, je suis ce procédé qui est d’une ex- 
trême économie; et si l’on examine ce 
qu'est celte plante à cette période de sa vé- 
gétation, on se rend compte du succès que 
lon obtient infailliblement. La matière 
pulpeuse du tubercule à servi de nourri- 


234 


ture à la tige, de sorte qu’il ne reste à la ra- 
cine qu’une poche vide qui ne résiste plus # 
l'effort que l’on fait pour l’arracher; on 
n’'endommage point ainsi les autres récol- 
tes qui succèdent, on détruit ceux qui au- 
raient poussé hors de ligne dans les champs 
où la culture aurait été renouvelée, en 
ayant soin de mettre en tas et d’emporter 
ce qu'on arrache : avec un peu de persis- 
tance et de cet à-propos qu’il faut en toutes 
choses , on remédie à un inconvénierit® si- 
gnalé par tous ceux qui se sont occupés.dé 
cette plante. $ 

Les tiges hautes, ligneuses, qu’on coupe 
quand elles sont dépouillées de la feuille, 
sont un produit qui peut avoir quelque va- 
leur ; on dit qu’en été elles pourraient ser- 
vir de fourrage vert, c’est une aberration 
qui ferait perdre de vue ce qu’on doit par- 
ticulièrement se proposer, le parfait déve- 
loppement du tubercule. 

Ceux qui voudront profiter de ce que je 
viens de dire et en faire l'application, au- 
ront beaucoup plus de chances de succès 
que je n’en avais moi-même lors de mon 
premier essai; ce ne fut qu'avec difficulté 
que je me procurai les tubercules que je 
semais; il u’y avait alors dans le pays que 
des pieds isolés de cette plante, assez rare, 
abandonnés à eux-mêmes sans aucune cul- 
ture; j’obtins facilement de beaux et de 
nombreux produits qui furent mis en ré- 
serve pour prendre, l’année suivante , une 
plus grande extension : à la seconde récolte 
nous étions pressés de jouir, elle fut faite en 
automne; soit que le bétail ne fût point 
préparé à cette alimentation par une lon- 
gue privation de nourriture verte, soit que 
cette racine n’eüt-pas acquis cette consis- 
tance que lui donne un séjour prolongé 
dans la terre, soit que les préjugés et les ha- 
bitudes de ceux qui soignaient mon bétail 
leur fissent prendre'des préventions pour 
des réalités, on accusa mes topinambours 
de tenir le ventre lâche. Un beau jour, par 
zèle pour mes intérêts, ils furent proscrits à 
mon insu et enfouis dans le furnier, il m’en 
restait heureusement en place en assez 
grande quantité pour semer de vouveau; 
bien averti, mes précautions furent mieux 
prises. Aujourd’hui, et depuis quatre ans, 
je n’ai qu'à réprimer la disposition qui porte 
ceux qui soignent l’étable à n'être pas assez 
économes de tout ce qui donne au bétail ce 
bon entretien et eet embonpoint dont le 
maître de grange tire vanité. 

Nous qui pour nos labourages ne nous 
servons que de bœufs, quel intérêtn’avons- 
nous pas à les bien soigner, non-seulement 
pour obtenir plus de travail , mais aussi à 
cause de la grande cherté des attelages qui 
n'est plus en rapport avec le produit de la 
terre ! Il faut être sans cesse occupé de leur 
fournir une nourriture appropriée, il faut 
les maintenir en vigueur pour travailler et 
en embonpoint pour qu'il ne soit pas trop 
difficile et trop coûteux de les engraisser 
quand on ne peut en tirer parti que pour 
la boucherie. Les chevaux se trouveraient 
fort mal d’être misau vert toute l’année: 
les bœufs ne supportent longtemps une 
nourriture sèche qu'au détriment de leur 
santé. Heureusement que les productions 
de la terre se succèdent dans un ordre si ré- 
gulier et si continu, qu’il y a moyen de 
pourvoir à cette nécessité. 

C’est aux premières gelées blanches que 
commence pour le bétail la nourriture sè- 
che, qui n'est tempérée communément que 
par l'emploi encore bien restreint d'un peu 
de fèves ramollies dans l'eau; lescultiva- 


235 


leurs soigneux ont pour cette époque des 
lracines, et particulièrement la betterave, 
lui est bien précieuse ; puisqu elle réussit 
Lau mieux sous notre climat et qu’elle peut 
hse conserver tout l’hiver, plus utile pour 
les bestiaux que la pomme de terre, qu'on 
ba’aime pas à faire manger crue et dont les 
Lproduits sont plus incertains : l’une et l’au- 
ltre, comme nourriture accessoire et variée, 
ksont d'un très bon emploi pendant la saison 
rigoureuse; et s’il arrive qu’elle se prolon- 
Lxe, -si dans le mois de mars, si dans le mois 
‘d'avril la végétation est retardée , les bes- 
‘tiaux sont au dépourvu, quelquefois du 
“nécessaire, toujours de tout ce qui pourrait 
[les maintenir dans cet état de bien-être et 
‘de vigueur qu'ils ne doivent qu'à des ali- 
ments frais. Le topinambour, qui se cueille 
Len février et mars, quia tant de saveur que 
| les enfants le mangent cru, qui ne peut 
‘rester plus longtemps sous terre puisqu'il 
‘germerait, qui ne peut rester hors de terre 
isans se détériorer que pendant ces deux 
mois qui précèdent les fourrages verts À 
| u’a-t-il pas sa destination marquée, provi- 
identielle; et sa place parmi tous ces pro- 
duits du premier ordre, en ne le cédant à 
aucun autre par son importance et son op- 
vportunité? L’extension de sa culture nous 
Laidera à peupler nos étables de bœufs, de 
lvaches et de veaux : la bonne agriculture 
est d’en avoir beaucoup et de trouver dans 
an bon système d’exploitation des ressour- 
:ces suffisantes pour les maintenir en bon 
état. 


—@ Ê =— 
SCIENCES HISTORIQUES. 


‘ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 28 janvier 1843. 


M. Benoiston de Château-Neuf a la pa- 
role pour un rapport sur un Mémoire de 
M. Ravaisson relatif au mouvement de la 

| population de Paris. Le déplacement de 

: cette population a lieu de la rive gauche, et 

| surtout du centre de la ville, dans la direc- 
| tion du nord-ouest. C’est là un fait certain, 
et un fait qui est ancien; car, longtemps 
« avant la révolution de 1789, le territoire 
- sur lequel se trouvent aujourd’hui les 
dixième, onzième et douzième arrondisse- 

| ments, malgré ses églises, ses couvents, ses 

| écoles et ses colléges, avait perda beaucoup 
de l’importance numérique qu’il avait au 
temps où la capitale du royaume de France 
v était toute pressée autour de la Cité son 
… premier berceau. C’est sans fondement au- 
- cun que l’on accuse l'administration muni- 
|cipale de n'avoir rien fait pour s'opposer à 
| ce déplacement. On est injuste en ne lui 
tenant pas compte de ses efforts. Deux jar- 
| dins, celui des Plantes et celui du Luxem- 
| bourg, agrandis, rendus plus commodes et 
| plus agréables, des rues percées, presque 
| toutes les autres élargies, des ponts, des 
{ marchés, une ligne de quais, des casernes, 
| plusieurs monuments, l'éclairage au gaz 
tintrodait jusque dans les quartiers les plus 
pauvres du faubourg Saint- Marceau, tels 
| sont les faits par lesquels elle peut ré- 
» pondre à des accusations irréfléchies. Depuis 
11816, la population de Paris s’est accrue de 
| 12 172 070, et quoique les quartiers de la 
|rive gauche n'aient profité de-cette aug- 
jmentation que pour 1737, il n’en faut pas 
moins reconnaitre que cette augmentation, 
jils la doivent en entier à la largepart qu’ils 
| ont eue dans les améliorations exécutées 


| pendant les vingt dernières années. La po- 
| 


236 


pulation, c'est un fait incontestable, tend 
de plus en plus à se porter, non pas seule- 
ment sur les hauteurs de Montmartre et de 
Tivoli, mais à'se répandre sur la partie de 
la plaine qui est ‘bornée par la Seine du 
côté de Clichy et de Saint-Ouen. Ce fait, 
de quelle manière qu’on veuille lexpliquer, 
est un fait prévu et dont nous ne voyons 
aujourd’hui que le développement. Sans le 
faire remonter à la fondation de Lutèce, 
on peut dire que, depuis deux siècles, il 
poursuit sa marche régulière, et ne s’est 
point arrêté devant les révolutions. Sous 
Louis XIV, la rue Saint-Honoré était le cen- 
tre de Paris; soixante ans plus tard, ce fut 
le Palais-Royal; dans cemoment même, où 
toute l’activité commerciale l’a transporté 
dans les environs de la Bourse, il tend à 
franchir les boulevarts intérieurs. Il est 
probable que ce ne sera encore là qu’une 
halte. 

La communication de M. de Chateau- 
neuf a donné naissance à une discussion à 
laquelle plusieurs membres ont pris part. 
— M. Charles Dupin a expliqué le mouve- 
ment de la population de Paris par la ten- 
dance uniforme qu’ont les habitants de 
toutes les capitales à se porter vers l’ouest 
pourse mettre à l’abri des vents qui règnent 
le plus pendant l'hiver. Ainsi, depuis l’em- 
pereur Julien, qui bâtit le palais des Ther- 
mes, c’est toujours vers l’ouest que la ville 
s'est étendue, et cela malgré les obstacles 
primitifs que présentaient les débordements 
de la Seine et les marécages qui la bordaient 
sur les deux rives. 

M. Mignet a rappelé que sous Charles V, 
et plus tard sous Louis XIIT, à deux épo- 
ques bien importantes dans l'histoire de 
Paris, ce n’était pas vers l’ouest, mais bien 
vers l’est que la ville s'était agrandie. 

M. Dunoyer a prétendu que la cause pré- 
pondérante de ce mouvement était l’acti- 
vité industrielle qui, développée avec le 
plus d'énergie dans les provinces de l'ouest 
et du nord-ouest de la France, devait por- 
ter les habitants de Paris à s’en rapprocher 
le plus possible. 

M. Charles Dupin, sans contester entiè- 
rement la justesse de cette réflexion, a fait 
observer, que c’est vers l’est qu’est le plus 
grand foyer de notre industrie, dans l'AI- 
sace, à Strasbourg et à Lyon; que, de ce 
côté, ce foyer avait une profondeur de 130 
lieues, tandis que, de l’autre, il ne s’éten- 
dait que jusqu’à l'extrémité du départe- 
ment de la Seine-Inférieure, et sur un es- 
pace de 56 lieues. 

M. Dunoyer a répondu que l’industrie 
des départements de l’est étant à une plus 
grande distance, devait exercer sur Paris 
une puissance attractive moins grande que 
l'industrie qui était établie presque à ses 
portes. - 

M. Béryat-Saint-Prix a communiqué à 
l’Académie un document que nous regret- 
tons de ne pouvoir reproduire. Ce docu- 
ment est une énumération en douze arti- 
cles ou propositions des pouvoirs éminents 
du pape, écrite en latin par un juriscon- 
sulte italien du dix-septième siècle. 

M. Mignet a lu un Mémoire de M. Ramon 
de la Sagra sur trois classes de la popula- 
tion des Etats-Unis, les aliénés, les sourds- 
muets et les aveugles. Parmi les nombres 
donnés par l’auteur, nombres toutefois pris 
par lui dans des relevés officiels, il s'en 
est trouvé un qui a de quoi surprendre. 
Dans l'Etat du Maine, le nombre des alié- 
nés, parmi les hommes libres de couleur, 
serait de 1 sur 14, d’après M. Ramon de la 


; 237 


Sagra, ou plutôt d’après des états dressés 
par le gouvernement américain. Des ob- 
servations qui ont été faites à ce sujet par 


MM. Villermé, Lucas, Rossi, Moreau, de 
Jones, Cousin et Passy, il faut conclure que 
la statistique dont on use et dont on abuse 
tant, n’est réellement une science qu’au- 
tant qu’elle opère sur des nombres vrais. 
Les chiffres sont si élastiques de leur na- 
ture qu’ils se prêtent à tout ce que l’on 
veut. Aussi voilà pourquoi la plus grande 
partie des calculsstatistiques ne sont, comme 
l’a très bien dit M. Rossi, qu’une règle de 
trois. 

La séance a été terminée par la nomina- 
tion qu’a faite l'Académie de M. Gueyer, 
en qualité de membre correspondant dans 
la section d’histoire, en remplacement de 


M. de Sismondi. C. B F. 
—— JEEe — 
ARCHÉOLOGIE. 

Canton de Cozes, arrondissement de Sain'es; 
(Charente-Anf.) 


Commune D’Arces: Arx, chateau fortifié; 
ou du latin arx, monticule. Arces est sur 
un haut coteau. 

La voie romaine qui partait de Tamnum 
pour se rendre directement à Mediolanum 
passait à Arces : on y trouve encore des 
briques romaines. 

Son église est dédiée à Saint-Martin, pa- 
tron des Gaules. C’est un vaste bâtiment 
restauré plusieurs fois et qui n’a conservé 
du style romano-ogival du douzième siècle 
que son abside à trois pans, les autres pans 
ayant été engagés dans les murs des tran- 
septs refaits et agrandis dans le quator- 
zième siècle: Cette église appartenait à un 
prieuré, et j'ai trouvé dans de vieux titres 
l'indication d’un prieur d’Arces du nom 
d'Arnaud Sauvestres, dont la signature est 
apposée sur la charte d’Obédience de Saint- 
Etienne de Vaux envers Maillezais, en 
1239. 

La façade de Saint-Martin d’Arces a été 
refaite dans le dix-septième siècle, ainsi 
que les murs de côté de la nef. Les contre- 
forts, les bras sont du quatorzième siècle, 
Le clocher placé sur le chœur est octo- 
gone, et le pyramidion qui le coiffe a huit 
pans. On remarque encore les restes du 
massif où se logeait un escalier à vis exté- 
rieur, dont la partie supérieure est intacte 
et s'élève en cône aigu. €e qui reste de 
l’'apside présente sur la façade orientale un 
encadrement roman du douzième siècle, 
sous lequel on avait ouvert une large fe- 
nêtre ogivale du treizième siècle, aujour- 
d'hui bouchée. Les faces latérales ont 
conservé des doubles arcs roman-ogivales 
surchargés de dentelures et de reliefs et 
supportés par deux longues colonnettes à 
chapiteaux sculptés. La fenêtre simulée 
dans l’intérieur de l’arc romano-ogival est 
franchement à plein-cintre et pourrait bien 
appartenir au onzième siècle. 

Le comte de Vaudreuil, chef d’escadre, 
connu par de beaux faits d'armes, est né, 
dit-on, dans la commune d’Arces, d’autres 
disent à Rochefort. Ii commandait une 
escadre en 1778. 

Commune DE Barzan. Le nom de Barzan 
est celte. Il vient de Barz, poésie, inspira- 
tion, et ann ou hann, ici, lieu-ci. La borde, 
placée près de Barzan, vient du saxon, et 
signifie métairie. 

Une maison romaine occupait l’espace 
qui sépare aujourd’hui Barzan de Talmon. 
Les ruines sont éparses sur une assez large 
surface du Sol. On y remarque plus 


258 


particulièrement un môle (Bourignon, 
rech. p. 293), qui a 2 mètres 12 environ: 
d’élévation et 150 pas de circonférence, et 
sous lequel existe une voûte à cintre aplati. 
On a bâti sur cette masse le moulin du Fa, 
dont la dénomination latine annonce l’em- 
placement d’un de ces temples appelés 
Fanum, du celte fa, parole, dont les latins 
ont fait le verbe fare, parler.» Or, ce nom 
de fa, concourt avec celui de Barzan, 
à prouver que le vicus gaulois était la re- 
traite de Druides émettant des oracles sur 
Te Dolmen où les Gallo-Romains ont bâti le 
massif actuel du fu. Le mortier de cette 
construction est blanchâtre, et paraît com- 
posé de sable de mer et de chaux. On 
trouve sur le territoire de cette commune 
une grande quantité de briques romaines 
et de fragments de marbre. 

L'église de Barzan est de la période ogi- 
vale de la renaissance. 

Comuune DE Cnenac : Chenacurr, nom 

gallo-romain signifiant le chêne habité, 
sans nul doute pour rappeler le chêne des 
Druidées vénérés par la population celte du 
hameau. Le territoire excessivement pit- 
toresque de cette commune, ondulé, varié 
de coteaux, découpé par des sources vives, 
notamment celle de Chauvignac, était jadis 
couvert de forêts, et on y trouve encore 
des bois d’une certaine étendue qui four- 
nissent des arbres de grande dimension 
pour les constructions. Son église est dé- 
diée à Saint-Martin. Tout dans Chenac 
prouve que le village a été uu vicus qau- 
lois. 
- CoMMUNE DE MOorTAGNE : Mortagne à eu 
une assez grande importance dans les pre- 
miers temps de notre hisioire. C'était une 
petite ville très fortifiée au moyen-âge, 
érigée en principauté en faveur de la mai- 
son de Montberon. Maïhcin cite (p.171) 
une Beatrix de Mortagne mariée à Mille 
Ze Thouars, seigneur de Chabanais et de 
Confolens, puis une Marguerite de Mor- 
tagne, vicomtesse d’Aunay et Dame de 
Mortagne, de Saujon, de Cosnac et de 
Cozes, ; 

Mortagne a été bâtie par les Gaulois, 
son nom est celte et vient de 20r, mer, ta, 
@roupe où borne de lu mer. Mortagne est 

en effet bâtie sur la croupe d’un coteau 
qui sert de limite aux flots de la mer se 
mélant aux eaux de la Gironde. Pour quel- 
ques écrivains, Mortagne signifie terre sur 
la mer. 

La vieille ville appelée 7/ieille-Mortagne 
était placée à une certaine distance du 
bourg actuel au N.-0. On y rencontre sou- 
vent en labourant des voûtes et des restes 
de fours construits en briques. 

Au $. E. sont les ruines d'un formidable 
castrum qui occupait un rocher escarpé, 
et dont les abords étaient défeudus par des 
fossés profonds, des remparts, des chemins 
couverts et des souterrains. On rapporte 
qu’on y trouva, en 1810, une pièce d'or 
octogone, frappéeen l’an 118 de notre ere, 
‘ayant deux têtes couronnées, et sur lerevers 
un faisceau de flèches, surmonté d’un aigle. 
Cette forme insolite doit faire suspecter 
cette trouvaille (Gauthier, stal. 55); ce qui 
est plus positif, c’est qu'en 1840 on a dé- 
terré une amphore dans laquelle étaient 
en grand nombre des monnaies romaines 
en argent et en bronze du haut et bas 
empire. 

Deux fontaines ont dû jouer un rôle dans 
les anciennes croyances populaires. L'une 
se nomme fondevine, fons devina où di- 
vona, fontaine sacrée, et l’autre fontaurtt, 


239 


fons auricularia, source conseillère ou ins- 
piratrice. 

Dansles rochers qui bordent la Gironde, 
est creusé dans le roc vif l’ermitage dédié 
à Saint-Martial. Cette retraite fort célèbre 
passe pour avoir été la demeure de Saint- 
Martial lui-même, dont le zèle évangélique 
et les prédications firent de nombreux pro- 
sélites au christianisme. Les prédications 
du saint hermite enflammèrent l’ardeur 
d’un enfantde Mortagne, de Saint-Auzonne, 
qui fut le disciple le plus célèbre de Martial, 
et qui partit de Mortagne pour aller conver- 
tir à la foi chrétienne les habitants payens 
d'Angoulême et leur gouverneur romain 
Garrulus. Saint-Auzonne recut le martyre 
à Angoulême sur l'emplacement où plns 
tard fut élevé le couvent des Ursulines, et 
la première église bâtie à /nco/isma lui fut 
dédiée, Une des prosélites du saint, nom- 
mée Calefagia dans les légendes, vécut 
dans une retraite avec quelques saintes 
femmes au lieu où Auzonne avait perdu 
la vie. 

Arnaud de Corbon chassa les Anglais 
qui assiégeaient Mortagne en 1375, sous 
Charles V, On lit dans les rôles gascons le 
titre d'une charte de Richard II, du 24 
février 1396, qui concède à Edmond, duc 
d'York, le château et la chatellenie de Mou- 
reteigne-sur-Gironde. : 

Je nai trouvé qu'une seule fois une cita- 
tion relative à Mortagne dans les titres du 
ouzième siècle. Vers 1037, Besly rapporte 
(p. 160) dans la vie de Guy-Geoffroy-Guil- 
laume VII, duc de Guyenne et comte de 
Poitiers, « que Mortaigne-sur-Gironde, fut 
assiégée et réduite à une telle extrémité, 
qu’elle était preste à se rendre sans une 
bonne armée qui vint à son secours. » 

Son église est dédiée à saint Etienne, mais 
des. chartes de 1374 et de 1398 citent les 
églises de Saint-Jacques et de Notre-Dame- 
de-Mortagne. Cette dernière appartenait à 
ua abbaye, etil yavait aussi un monas- 
tère de femmes sous-le vocable de Sainte- 
Catherine. ; 

Commune pe Brie-sous-MorTaene : Brie, 
du celie briga ou briva, lieu sur une ri- 
vière, ou du celte bry, terre glaise. Ce 
nom se reproduit fréquemment dans la 
Saintonge, et on a Briou, Brou, Brie-sous- 
Matha, etc., dont les dénominations appar- 
tiennent à la langue celtique. Il se pou:rait 
que ce nom vint également da mot gaulois 
brigies, colonie. 

Commune D ÉPaRGnes : D'épar fosse (Glos- 
saire, de 1352). Son église dédiée à saint 
Vincent n’a rien de remarquable. 

Commune DE Froirac. Il y a plusieurs 
endroits de ce nom en Guyenne. Son église 
dédiée à saint Etienne, occupe une position 
isoiée dans une gorge profonde et appar- 
tient à l'époque roman-byzantine, Par ses 
vastes proportions, elle a dû dépendre de 
quelque communauté religieuse. Dans les 
rochers coupés à pic qu'en remarque sur 
le territoire de cette commune sont creu- 
sées plusieurs excavations, larges de deux 
inètre, qui ont dù être des demeures gau- 
loises en temps de guerre et qui ont pu 
servir plus tard à des retraites de Céno- 
bites. Des sentiers étroits aussi creusés 
dans le roc, font communiquer ces cellules 
entre elles. 

Commune DE Bourenac : Du celte bou, 
eau, ruisseau, et acum, lieu habité, ainsi 
nommé à l’époque gallo-romaine. Ce ha- 
meau est placé sur un ruissean qui va se 
perdre à la Gironde. 

COMMUNE DE Sainr Seunin D Uzer : Saint- 


ne 


| 


240 
Seurin était abbé de Saint-Maurice de : 
Gaunes en 509 (Chroniq. de St-Denis, 1, 59) 
et uzet, vient d’uzagium, coutume. 

Dans la partie élevée du bourg, sur un 
rocher s'élevait un castrum fortifié par 
l'art et par la nature. Ce hameau placé sur 
la voie militaire de Blaye, Blavium à Tam- 
num; talmont, paraît avoir été une man- 
sion romaine, car on y a découvert en 
1836 des restes d’édifices romains. 

COMMUNE DE SAINT - ROMAIN -DE = BEAU- 
MONT. Ce hameau, chef-lieu de la coms 
mune est placé sur les bords de la Gironde, 
et a dû être traversé par la voie militaire 
romaine de Blays à Talmon. Il y a un foule 
de lieux dans le département dédiés à saint 
Romain, pieux personnage qui vivait au 
temps de Saint-Benoît et de Saint-Seurin 
dans le sixième siècle, et qui était abbé du 
monastère d'Auxerre. Cette commune n’a 
rien conservé à ma connaissance, qui puisse 
intéresser l’archéologie. Lesson. 


COURS PUBLICS. 
ATHÉNEE. 


Cours de chimie. 


M. Anatole Demoyencourt a commencé 
mardi dernier à l’Athénée un cours de chi. 
mie appliquée à l’industrie et. il a rempli 
avec succès la mission dont il a été chargé. 
Quand on se rappelle qu’à l’Athénée ont 
commencé, il y a peu de temps encore, ces 
professeurs qui attirent maintenant à la Sor- 
bonne et au Conservatoire un si nombreux 
concours d’auditeurs, on aime à voir un 
jeune homme qui débute si bien dans la 
science venir s'exercer aussi sur ce même 
théâtre. M. Demoyencourt avait pris pour 
sujet de sa leçon /4 conservation des bois par 
le procédé Boucherie. Ki a exposé avec une 
lacidité remarquable l’histoire des altéra- 
tions du bois et des moyens qui ont été suc- 
cessivement proposés pour les arrêter. L’au- 
ditoire nombreux s’est trouvé compléte- 
ment satisfait de ce jeune professeur, et les 
applaudissements qu’il a reçus à la fin de sa 
leçon sont pour lui un gage certain de lin- 
térêt qu’on lui porte et un bel encourage- 
ment pour ce qu'il doit faire dans l’avenir. 
Si lP'Athénée voyait ses professeurs animés 
du même zèle, imbus du même esprit et réus- 
sissant aussi bien que M. Demoyencourt, 
nous pourrions lui assurer e::core quelques 
siècles d'existence. 


a ——_—_— ee —__——_——— 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte 4. DE LAVALETTE. 


BIBLIOGRAPHIE, 


ALMANACH-BOTTIN du commerce de Paris, 
des départements de la France et des principales 
villes du monde ; 600,000 indications ou renseigne- 
meats; un fort volume grand in-8. de 1,800 pages. 
( Quarante-sixième année). Prix à Paris: broché, 
12 fr. ; relié, 14 fr. Le bureau de l_Æmanach-Bouir 
est à Paris, rue J.-J. Rousseau, 20. 

L'Almanach. publié par M. Bottin, est uu in- 
dicateur commercial et statistique toujours bien 
complet, ILest, chique année, recoposé en entier, 
au moyen d’éiéments recueillis à Paris par des cm- 
ployés surs et honnètes, et au dehors de Paris, &u 
moyen de voyageurs dirigés sur tous les points de la 
France et d'une correspondance immense. 

Aux notices statistiques placées en tète de chaque 
département, où qui sont répandues dans tout le 
Livre, on reconnait le faire de celui qui a introduit 
cn France les Annuaires stalistiques de départe- 
ments. 


PARIS.—JIMP. DE LACOUR ey MAISTRASSE fs; 
rue Sant-Hyacinthe-S.-Michel, 43. 


à 
+ 
$ 


10° armée. 


L'EC 


a = 


(OMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN- 
: CES. Séance du lundi G février. —SCIENCES 
| NATURELLES. GEOLOGIE, Etudes des mon- 
| tagnes de la Thuringe ; Cradner. — Sur le dilu- 

vium de la France; Fournet. — SCIENCES ME- 
DICALES. PHRÉNOLOGIE. Quelques observa- 
tions sur les articles publiés par l’Echo. — TO- 
XICOLOGIE. Résultats de l’empoisonnement par 
l'acide arsénieux; Chalin. — PtYSIOLOGIE 
VEGETALE. Sur le mode et les circonstances de 
développement d'un végétal mycroscopique dans 
les liquides albumineux, normaux et patholosi- 
ques (premier article) ; Andral et Guvarrel, — 
ZOOLOGIE. Jndex ornithologique; Lesson. — 
Sur les coquilles vivantes, mais jusqu’à ce jour 
seulement connues à l’état fossile; Forbes. — 
SCIENCES APPLIQUÉES. ECONOMIE SO- 
CIALE. Question des sucres. Observations préli- 
minaires. — AGRICULTURE, Conservation des 
blés. — HORTICULTURE. Greïfe du châtaignier 
sur le chêne. — ENTOMOLOGIE AGRICOLE, 
Histoire du thrips olivarius ; le vicomte de Thury. 


| — ARCHÉOLOGIE. Fouilles du Château-Gail- 
| lard; l'abbé Cochet. — FAITS DIVERS. — 
BIBLIO GRAPHIE. 
! 
| DRE (ee 
| ACADÉMIE DES SCIENCES. 
| 
| -Séence du lundi 6 février. 
| 
| . 9 BA . p y , 
|. L'Académie, dans cette séance a procédé 


\\Ja nomination d’un membre dans la sec- 
| tion de médecine et de chirurgie, en rem- 
* placement de M. Double. Les candidats 
| étaient, en premiéreligne,exæquo, MM. An- 
dral et Poisseuille ; en seconde ligne, M. Cru- 
veilhier ; en troisième ligne, ex æquo , 
MM. Bourgery et Jules Guérin Au milieu 
| de ces hommes à mérites si divers, mais 
| mon à mérites égaux, l’Académie à su faire 
un choix digne d'elle en appelant dans son 
sein M. Andral. 56 membres avaient droit 
| de voter; 55 ont usé de ce droit, et, sur ces 
55, M. Andral a obtenu 42 voix. M. Jules 
Guérin en a obtenu 5, M. Poisseville 4 et 
| M. Cruveilhier 4, 
| 


k Tous ceux qui prennent quelque intérêt 
à l'avancement des sciences verront avec 
plaisir M. Andral entrer à l’Académie. 
Sans analyser tous les travaux de ce sa- 
* vant, sans rappeler tous ses titres à la place 
| d’académicien, disons en passant que ses 
: recherches sont empreintes d’un esprit d’ob- 
Servation péu commun à notre époque, et 
que ses derniers mémoires présentés à l’A- 
: cadémie sont , depuis quelque temps, ce 
que cette sayante assemblée a reçu de plus 
veuf et de plus intéressant. 


M. Bouchardat a envoyé à l’Académie 
un mémoire intitulé : Recherches sur Lac- 
lion des sels ammontacaux sur La végétation. 
Déjà plusieurs chimistes se sont occupés de 
cette question et l'efficacité des sels am- 
moniacaux dans les engrais, est admise au- 
jourd’hui par les savants qui ont porté leurs 


Re À 


Paris. — Jeudi, 9 Février 1843. 
DILE———— 


U MONDE 


vues sur les applications agricoles. M. Bou- 
chardat, pour étudier l’influence des sels 
ammoniacaux sur la végétation, s’est servi 
du sesqui-carbonate, du bi-carbonate, du 
sulfate, du chlorhydrate, du nitrate d’am- 
moniaque. Ce sont les seuls sels qui peu- 
vent s'offrir dans le cours naturel des cho- 
ses aux racines des plantes. 

Des branches du mimosa pudica furent 
placées dans des flacons munis d’un bou- 
chon foré, remplis d'eau de Seine filtrée 
(chaque branche contenue dans un vase 
séparé). On ne soumit ces branches à l’ex- 
périence que lorsqu’elles furent pourvues 
de racines adventives ; on n’admit que 
celles qui étaient vigoureuses et dont le 
feuillage était à la fois bien vert et très sen- 
sible. 

D'autre part on fit dans l'eau distillée 


des solutions contenant 171000 des sels am- 


moniacaux précédemment désignés. Ces 
solutions remplacèrent dans les flacons 
l’eau de Seise; plusieurs plantes furent 
conservées dans l’eau pure pour avoir un 
terme de comparaison. 

Après 24 heuresles plantes végétaienten- 
core bien, mais les feuilles avaient perdu 
une partie de leur sensib. lité: Après 48 heu- 
res les plantes végétant dans les flacons con- 
tenant les solutions de carbonate d’amr:o- 
niaque étaient privées de toute motilité, les 
feuilles inférieures étaient tombées ; le len- 
demain la branche était morte. 

La plante de mimosa végétant dans la 
solution de nitrate d’ammoniaque résista 
un jour de plus ; celle qui était dans la so- 
lution d’hydrochiorate deux jours, mais 
après 6 jours tous les plans avaient péri. 

On a réduit la solution des sels ammo- 
niacaux à 171500 et des résultats analogues 
furent observés. 

M. Bouchardat , pour répondre à toutes 
les objections qui auraient pu lui être faites, 
a répété ses expériences sur les mentha aqua- 
tica sylvestris et sur le polygonum orten- 
tale. Il a vu que tout se passait comme 
chez les plantes qui ne peuvent vivre long- 
temps dans l’eau sans périr. L’auteur du 
mémoire a constaté aussi que l'influence 
fâcheuse des sels ammoniacaux est encore 
évidente à 173000. 11 est vrai que M. Bou- 
chardat a expérimenté dans l’eau. Il fal- 
Jait maintenant agir avec les plantes, dans 
la terre, Il a pris alors le chou cuitivé ( bras- 
sica oleracea). Il en plante plusieurs plants 
dans un mélange de terreau et de bonne 
terre de jardin, à parties égales. Ces choux 
étaient placés chacun dans une caisse de 
même capacité, avec un poids semblable de 
terre. On les arrosa avec de l’eau pure, 
jusqu’à ce qu’on les vit bien repris. Puis on 
commença à les arroser avec des solutions 
de suls ammoniacaux contenant 171000 
des sels en dissolution. L'expérience fut 
ainsi continuée 30 jours pendant les mois 


N° 11. 


SAVANT. 


TRAVAUX BES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


'Ecxo pu MONDE SAVANT paraît le SEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun. On $’abonne : PAR1s, rue des 
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adressé (franco) à M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et cé qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant. 


dejuinet juillet. Les clioux profitérent, mais 
on ne remarqua rien, ni en bien, ni en mal; 
l'effet de l’arrosement avec les sels ammo- 
niacaux parut alors complètement nul. 

Les choux arrosés avec de l’eau de Seine 
filtrée prirent un développement sembla- 
ble, et leur poids, après l’expérience, n’in- 
diqua pas de différences constantes a 1pré- 
ciables. 

Cette action nulle des seis ammoniacaux 
sur les choux arrosés avec des dissoiutions 
de ces sels semblerait infirmer les premië- 
res expériences de M. Bouchardat. Mais 
M. Bouchardat prouvera dans des travaux 
subséquents que les sels ammoniacaux n’ont 
produit aucun effet nuisible parce qu'ils 
n’ont pas été absorbés ; ils ont été retenus 
par le terreau. De là M. Boachardat con- 
clut : 1° que les dissolutions des sels am. 
moniacaux déjà nommés ne fournissent pas 
aux végétaux l'azote qu'ils s’assimilent : 
2° que, lorque cesdissolutions à 111000 sont 
absorbées par les racines des plantes, elles 
agissent toutes comme des poisons éncrgi- 
ques. 

M. Cornay a adressé à l’Académie la fin 
de son mémoire sur l’embaumement. Après 
ayoir fait conpaître plusieurs formules qui 
pourraient être employées pour conserver 
les cadavres, et après avoir signalé les in- 
convénients plus ou moins graves qu'ils 
renferment M. Cornay finit par énoncer 
que le sirop de dextrine obvie à tous ces 
inconvénients et peut rendre de grands 
services en anatomie, Ainsi, une simple in- 
jection dans les artères de sirop de dextrine 
suffira pour préserver les cadavres de la 
putréfaction pendant le temps de leur dis- 
section ; et si l’on vouiait pousser plus loin 
la préparation , on pourrait leur faire des 
injections sous-cntanées, Ainsi on s’en ser- 


"virait acc avantage dans l’embaumement. 


Plusieurs expériences de M. Cornay prou- 
vent que la viande peut se conserver sous 
l'influence du sirop de dextrine. Aussitôt 
que la viande est imbibée de sirop (ce qui 
se fait dans deux ou trois jours) on peut ia 
faire dessécher, elle se conserve parfaite- 
ment. 

M. Cornay pense que le sirop agit d'abord 
sur la viande en absorbant son humidité ; 
il la pénètre et s'étend avec l’eau de la 
viande. Mais, si on les laisse au contact sans 
les dessécher, il y aura fermentation alcoc- 
lique , et l'alcool pourra bien agir secon- 
dairement sur la viande. 

Ainsi le sirop de dextrine peut être em- 
ployé avec avec avantage dans les amphi- 
théâtres, vu sa faible valeur, et parce qu'il 
ne change pas la couleur des matières or- 
ganiques, si ce n’est qu'elles pourraient 
devenir, après une longue macération, la 
peau, par exemple, très blanche, les muscles 
un peu moins vifs en rougeur. 

M. G. Guibourt a envoyé à l’Académie 


\r 
N 


D44 

une note historique sur la combustibilité 
du diamant. Selon M. Guibourt l'hon- 
neur d'avoir découvert que le diamantest 
combustible n'appartient pas à Newton, 
mais à Poëce de Boot, médecin de l’empereur 
Rodolphe IT et auteur d'une.histoire des 
pierres précieuses. Cet ouvrage est certai- 
nement antérieur à la mort de Rodolphe, 
arrivée en 1612, car ce prince ne s'y trouve 
pas nommé sans que Boëce n’ajoute aussi- 
tôt : Empereur auguste, très invincible et 
mon seigneur très clément. D'ailleurs, une 
seconde édition en a paru à Leyde en 1636, 
avec des annotations d’'Audré Toll, six ans 
avant la naissance de Newton, et l’on en 
trouve assez facilement une traductiôn 
française, imprimée à Lyon en 1644. 

« Le propre du vrai diamant, dit Boëce 
de Boot, est de recevoir la teinture qui s’y 
applique et s'y unit tellement quelesrayons 
qu'il jette en sont considérablement au- 
gmentés, Aucune autre pierre précieuse 
ne peut s’y unir ainsi, ni en tirer aucun 
éclat. Or cette teinture se fait avec du 
mastic mondé, noirci avec un peu de noir 
d'ivoire. Le diamant chauffé étant appliqué 
sur ce mastic un peu chauffé lui-même, il 
y adhère incontinent d’une vraie et forte 
union que toutes les autres pierres pré- 
cieuses repoussent. dJ’estime que cette 
mutuelle union du diamant et du mastic 
procède d’une ressemblance dans leurs 
matières et qualités; car les choses sem- 
blables se plaisent et s'unissent avec leurs 
semblables. Ainsi, les choses aqueuses 
se mêlent aux aqueuses, etc., etc., etc. 
Les choses qui ont une matière dissem- 
blable ne se conjoingnent pas : ainsi l’eau 
ne peut étre mêlée à l'huile, quoique l'huile 
soit liquide, parce qu’elle est de la nature 
du feu ; la gomme de cérisier peut se dis- 
soudre dans l’eau à cause qu’elle est de 
nature aqueuse; la gomme de mastic ja- 
mais, parce qu’elle est de nature ignée 
(combustible), et pour cette raison, elle 
estjointe facilement à l’huile, comme toutes 
les choses qui sont de nature ignée et qui 
peuvent être facilement réduites en flamme. 
Donc, puisque le mastic, qui est de nature 
ignée, peut être uni facilement au diamant, 
c’est un signe que cette union se fait à 

+ cause de la ressemblance de ia matière, et 
que la matière du diamant est ignée et sul- 
furée , et que l’'humide intrinsèque et pri- 
mogène d’icelui, par le moyen duquel il a 
été coagulé (c’est-à-dire que le dissolvant 
primitif duquel il s’est séparé à l’état solide) 
a été entièrement huileux et igné , tandis 
que l’humide (le dissolvant) des autres 
pierres précieuses a été aqueux de plus à 
cause qu'étant échauffé il attire (comme 
l’ambre qui est de nature ignée) les petites 
pailles, il ne faut pas s’étonner si la sub- 
stance grasse , huileuse et ignée du mastic 
lui puisse tellement être appliquée et unie 
que la vue n’en soit pas terminée eti qu'il 
n’en soit pas ainsi pour les autres pierres 
précieuses. que celui à quimon epinion ne 
.salisfera pas en apporte une meilleure. 

Vouloir donner une analyse des phéno- 
mènes psychiques, vouloir expliquer la fo- 
lie en s'appuyant sur les données de la psy- 
chologie, d’une science qui n'existe que de 
nom, c'est une tentative bien vaine et tou- 
jours infructueuse. Quelques hommes im- 
bus d'idées métaphysiques ont bien pu cou- 
cevoir une pareille entreprise, mais qu'un 
savant, éclairé par les lumières de l’anato- 
mie et de la physiologie, vienne pour la 
réaliser, c’est là une chose qui ne se com- 
prend pas. Nous avons vu avec peine un 


245 


medecin de l'asile des aliénés de la Seine- 
Inférieure envoyer à l’Académie un long 
mémoire où la psychologie souille de son 
contact une science basée sur des observa- 
tions positives, la physiologie. Le Mémoire 
de M. Parchappe est intitulé: Æssai de 
psychologie empirique pour servir de base à 
une $yÿmptomatologie de la folie. Nous de- 
manderons à l’auteur de ce travail de jus- 
tifier ces mots de psychologie empirique, 
qui, si nous les comprenons bien, veulent 
dire psychologie déduite de l'observation. 
Or, quels sont les faits, quelles sont les ob- 
servations sur lesquels repose la psycholo- 
gie ? La psychologie aurait-elle la préten- 
tion de nous fournir autre chose que des 
hypothèses et des idées spéculatives ? non ; 
son rôle se borne là, et le mémoire de 
M. Parchappe, quoiqu'il renferme une 
pompeuse analyse de l’entendement, n’est 
pas encore destiné à la constituer en science 
réelle. M. Flourens, en rendant compte de 
ce travail, a observé avec juste raison qu'il 
aurait dù être envoyé à l’Académie des 
sciences morales et politiques. Là, en effet, 
il est permis de tout dire en fait d'hypo- 
thèses et de théories philosophiques. Mais 
à l’Académie des sciences on rit des philo- 
sophes et l’on veut des observateurs. 


nee ——— 
SCIENCES NATURELLES. 
GEOLOGIE. 


Étude des montagnes de la Thuringe. 
M. Credner. 


La Thuringe est une des contrées qui, 
avant toutes les autres, furent examinées 
d’après les principes de Werner. Jusqu'en 
1820, le sol d'aucune province de PAlle- 
magne n'était si bien connu que celui de 
la Thuringe : les ouvrages importants de 
Heim , de Voigt, de Freisleben et de Hoff 
nous en ont donné des descriptions juste- 
ment appréciées. Depuis cette époque, la 
Thuringe a été négligée par les géologues. 
A la vérité, MM. de Buch, Krug de Fidila, 
de Hoff, Cotta et Mahr ont publié quelques 
mémoires concernant cette province, mais 
ces travaux sont restreints à des localités, 
Il en est de même des cartes géologiques. 
Une carte du comté de Henneberg, et quel- 
ques esquisses de M. de Hoff sur la forma- 
tion des grès dans la Thuringe , ainsi que 
sur les rapports géologiques de Cobourg et 
de Gotha, voilà à peu près tout ce qui a 
été publié. 

C'est aux soins de ce dernier géologue 
que nous devons la section de Gotha, de la 
grande carte géologique du nord-ouest de 
l'Allemagne, publiée par M. Hoffmann en 
1829. Cependant, quelque bonne et quel- 
que exacte que soit la carte de de Hoff, 
elle ne représente guère que la plaine entre 
Eisenach et Weimar, où le grès bigarré, le 
muschelkalk et le keuper dominent. La 
constitution des montagnes de ce même 
pays serait mieux connue, si M. Kuhn, de 
Freiberg , avait pu publier la belle carte 
géologique qu'il a faite, il y a plus de trente 
ans, par ordre du gouvernement de la Saxe. 
En ordonnant l'exécution d'un travail aussi 
important, conçu d’abord par le célèbre 
Werner, ce gouvernement éclairé s'est mis 
à la tête des entreprises de ce genre, dans 
lesquelles, du reste, il n'a été suivi, jusqu’à 
présent, que par les gouvernements de la 
France et de l'Angleterre. Malheureuse- 
ment , la carte de M. Kuhn est restée ma- 
nuscrite. 


. kalkfeldspath ( labrador ) ; alors seulement 


246 
Eu travaillant sur ces matériaux, j'ai 
composé une carte géologique des monta- 
gnes de la Thuringe qui fait suite à la sec-" 
tion de Gotha et qui fait partie de la grande 
carte du nord-ouest de l’Allemagne, de 
M. Fr. Hoffmann. Composée de deux feuil- 
les, elle donne le tableau géologique de 
toute la contrée comprise entre le revers 
méridional du Harz, d’un côté, et les villes 
de Cobourg, de Gotha et de Meiningen, de 
l’autre. L'échelle en est assez grande pour 
représenter certaines couches isolées et de 
peu d’étendue, mais répandues sur toute la 
surface de la Thuringe. 
Cependant, quelque exacte que soit cette 
carte, elle est loin d’avoir atteint ce degré 
d’exactitude qui donne une si grande va- 
leur aux cartes géognostiques de notre épo- 
que. La cause en est peut-être dans la trop 
grande attention avec laquelle l'auteur a 
traité les formations récentes de cette con- 
trée au détriment des formations primai- 
res; on y verrait peut-être d’autres défauts 
encore : ainsi, la section de Gotha, par 
M. Hoffmann, donne une fausse direction 
aux limites du muschelkalk, en les éten- 
dant jusqu'a Schwabhausen , au sud de 
Gotha. Quant à la limite entre le keuper et « 
le muschelkalk, dans la pleine entre Eise- « 
nach et Erfurt, on peut la fixer avec pré M 
cision aussitôt qu’on est d’accord sur les 
couches qu'il faut attribuer soit à l’une soit 
à l’autre de ces deux formations. On peut 
en dire autant des formations de la partie 
montagneuse de la Thuringe, surtout des 
masses que M. Credner , en suivant M. de 
Buch, désigne sous le nom de mélaphyre. 
Si l’on comprend sous ce nom une compo- 
sition d’augite et de labradorite , comme le 
mélaphyre du Tyrol méridional, on risque 
de tomber dans une erreur manifeste, au 
moins pour cette formation telle qu’elle se 
trouseen Thuringe; car jusque aujourd’hui 
personne n'y a découvert de pyroxène; 
aussi M. Credner, qui mieux que tout au- 
tre connaît les minéraux de ce pays, ne 
mentionne-t-il qu'un seul minéral qui ait 
de la ressemblance avec le pyroxène. Quant 
à moi, j'ai examiné avec tout le soin possi- 
ble les prétendus mélaphyres de Suhl, de 
Benshausen, de Frauenwalde, de Schmie- 
defeld , d’Ilmenau, sans y avoir trouvé la 
moindre trace de pyroxène. Il se pourrait 
cependant que le minéral trouvé dans ces 
prétendus mélaphyres, et nommé feldspath 
par M. Credner, ne fût en réalité que le 


DRE RUN Pots M ST RS 


on serait autorisé à désigner la roche noire 
de la Thuringe par le nom de mélaphyre , 
en supposant, toutefois, que M. G. Rose soit 
dans le vrai, lorsqu'il prétend que le labra- 
dor ne paraît qu'avec l’augite, et jamais 
avec l’amphibole. En attendant, cette dé- 
nomination de mélaphyre ne pourra être 
que provisoire. 

Un autre caractère du mélaphyre est 
qu'il ne contient pas de quartz : Voigt l’a 
prouvé il y a cinquante ans, et M. Credner 
vient de confirmer l'opinion de ce géologue 
distingué. Or, je n’ai trouvé adu quartz ni 
dans le mélaphyre rouge-brunâtre de Ben- 
shausen, ni dans le mélaphyre noir fonce 
de Suhl, de Schmiedefeld et de Frauen- 
walde; mais j’en ai découvert dans le mé- | 
laphyre vert clair près du moulin Butt- 
mühle, au-dessous de Mehlis.Ce mélaphyr e | 
contient beaucoup de caleaire , et il se lie 
intimement aux roches rouge-brunâtre de 
Benshauser. M. Cotta le nomme ineélaphyre 
quoique l'extérieur en soit d’une couleur 
différente de celle des autres mélaphyres, 


20 M nl défense tot dé 


Se 


:qu'il ne contienne pas de pyroxène vi- 
ible. Je crois néanmoins ÿ avoir découvert 
tuelques différences en le comparant aux 
ibches analogues du Harz, de la Hesse, du 
richtelgebirge, de Nassau, de la Bohème et 
re l'Ecosse. 

En suivant la vallée de Mehlis jusqu à 
enshausen, on rencontre une suite de ro- 
‘hes d’une nature très différente.On y voit : 
‘° ces masses d’un vert clair dont j'ai parlé 
lus haut, et qui contiennent beaucoup de 
arbonate de potasse et un peu de quartz; 
du schiste argileux noir à couches bien 
istinctes , ayant une direction constante 
Le 11, 3, 4, d’aprèsla boussoie de Freiberg; 
: ° des roches schisteuses, prenant une cou- 
eur rouge-brunâtre après avoir été expo- 
-ées à l'air pendant quelque temps, et pré- 
“entant alors un brillant métallique dans 
eur cassure longitudinale; 4 rune roche 
ion scbisteuse, mais d'une couleur rouge- 
>ruvâtre, et semblable à la sanguine. Tou- 
es ces roches passent les unes aux autres 
ans que l’on puisse y remarquer aucune li- 
yne de démarcation. Le schiste argileux 
noir s’ychange pea à peu en unschiste argi- 
“eux rouge-brunâtre non stratifié, c’est-à- 
lire en mélaphyre. C'est ce Gui prouve 
qu'il faut attribuer ces transformations à 
l'oxydation du fer, qui entre de plus en 
blus dans la composition de ces roches. La 
richesse en fer de ces roches est si con-idé- 
able, que M. de Buch appelle son méla- 
iphyre la mère du fer. 
| Ne pourrait-on pas conclure de ces faits 
qu'il existe une grande liaison entre toutes 
1ces roches, lesquelles ne se distinguent les 
lunes des autres que par leur composition 
(comme le granite et le gneiss), ou par les 
(rapports de la quantité de silice qu’elles 
icontiennent aux bases, et aux sels, tels que 
le carbonate de chaux ou de magnésie ? Or, 
si cela est vrai, toutes les roches dont, se- 
‘on Werner, sont composées les formations 
primaire et secondaire n’appartiendraient 
|qu’à une seule et grande chaine de forma- 
|tion : les extrêmes en seraient, d’un côté, 
. l'acide silicique pur, comme le quartz dans 

le granite; de l’autre côté, des oxydes, tels 
| que de l’oxyde de fer, ou des sels, tels que 
le carbonate de chaux et le carbonate de 
}magnésie; enfin, il y aurait aussi des com- 
| binaisons de carbonates et d’oxydes, comme 
on en trouve près de Wetziar et de Suhl. 

Actuellement, je parlerai du grès jaune 
de Gotha. Après l'avoir rangé parmi les 
| grès bigarrées, M. de Hoff l’a cru identique 
} au quadersandstein , en l’attribuant à une 
formation plus récente que celle du grès 
bigarré. Ce n’est qu'après la découverte du 
: keuper entre Weimar et Eisenach qu’on a 
commencé à Jui donner lé nom de grès- 
 keuper, et c'estsous ce nom qu’on le trouve 
sur la carte de M. Hoffmann. M. Credner, 
|aucontraire, range le grès jaune parmi les 
grès du lias en se basant sur l’analogie 
de cette roche avec le grès-lias de Co- 

bourg. Peu de géologues ont adhéré à 

cette hypothèse, par la raison que le lias 
me se trouve point sur le revers septen- 
_ tronal de la chaine du Thuringer-Wald, 
| Cependant une découverte récente vient 

| à l’appui de cette hyÿpothèse, puisqu'on a 
trouvé du lias sur ce mêruc revers septen- 
trional. Dans une chaîne de montagnes, 
près d’Eisenach, on distingue les sommets 
du Mosenberg et du Schierberg, formés de 
grès jaune, mais que la carte de M. Hoff- 
man indiqué sous le nom de grès bigarré, 
probablemént à cause del’argile rouge qui 
couvre le pied de toute cette chaîne ) Sans 


248 
cependant entrer dans la composition des 
différen'es espèces de grès qu’on y trouve; 
or, c’est là qu’on a découvert le lias. 

M. Credner a consacré une partie de son 
mémoire à l'analyse du grès-lias d’'Eise- 
nach. fl a trouvé dans ce lias des corps cy- 
lindriques ressemblant à des bélemnites et 
analogues à ceux qu’on a extraits du lias 
de Saint-Loup, près de Montpellier. 

* (Ann. des sc. géolog.) 


Sur le diluvium dela France, 
par M. Fournet. 

M. Fournet a présenté a l'Académie un 
mémoire sur le diluvium de la France, 
nous croyons devoir en rapporter les con- 
clusions, nous réservant de donner à nos 
lecteurs le rapport qui sera fait plus tard. 

En examinant, dit M. Fournet, la di- 
men ion des blocs transportés, on voit que 
les plus gros de ceux de la France n’attei- 
gnent généralement pas 1 mètre cube, 
quand ils sont réellement arrondis. Ils 
peuvent bien aller au double dans quelques 
cas, mais alors ils sont simplement jetés à 
quelques pas de leur gîte primitif. 

Onssait , au contraire, que ceux des Alpes 
sont colossaux. Ainsi donc l'intensité du 
phénomène erratique est, jusqu’à un cer- 
tain point, proportionnelle aux pentes et 
aux vitesse des courants. 

Les glaciers auraient-ils produit un as- 
sortiment pareil? j’en doute; car leur pres- 
sion lente, mais continue, devait démolir 
et pousser indifféremment des quartiers gi- 
gantesques dans les vailées de la France 
centrale aussi bien que sur les rampes des 
Alpes. Il résulte donc de là que les glaciers 
n'ont évidemment joué aucun rôle dans les 
effets dont il a été question dans ce mé- 
moire. 


SCIENCES MÉDICALES. 
PHRÉNOLOGIE. 


Lorsque nous avons publié , dans notre 
tourpal, quelques articles sur la phrénolo- 
gie, nous n'avons eu qu'un seul but, celui 
de constater l’état actuel de la science. En 
nous abstenant de toute réflexion ; nous 
avons indiqué suffisamment à nos lecteurs 
que nos opinions particulières étaient hors 
de cause. Cette réserve sur des points 
de lorganisation humaine qui ont en- 
core besoin d’expériences et de temps 
pour être formulés en doctrine, nous au- 
torise à reproduire la lettre que nous a- 


x 


dresse à ce sujet un de nos abonnés. 
Angers, 31 janvier 1843. 
Monsieur, 


Les derniers articles de votre journal, 
sur la phrénologie, m'ont fait naître quel- 
ques pensées que je prends la liberté de 
vous transmettre. 

Trois classes de savants me semblent s’é- 
tre occupés de la phrénologie par des mo- 
üfs bien différents : 

Les premiers ont cru, (je n’oserais dire 
désiré) trouver dans les phénomènes phré- 
nologiques , au moins de fortes raisons de 
douter de l’existence de l'âme humaine, et 
ont donné lieu par là à des accusations de 
matérialisme:;. 

Les seconds, plus rationnels, ne se sont 
occupés de ces phéuomènes que comme 
physiciens ; : 

Les troisièmes , enfin, trop préoccupés 
sans doute, mais mus par des sentiments 
que je respecte infiniment, ont craint de 
voir tourner au détriment de la morale et 
de la religion les conséquences que lon pa- 


[ 


249 


raissait vouloir tirer de ces mêmes phéno- 
mènes. 

Je crois que c’est bien ici le cas d’appli- 
quér'cét adage: In medio stat virtus. 

Avant d'aborder cette ques ion, je pose- 
rai deux principes confirmés par l’expé- 
rience : 

1° L'homme naît avec une prédisposition 
à telle vertu ou à tel vice , de là la diversité 
des penchants et des caractères. 

En d’autres termes, il y a des différences 
nalives dans les dispositions morales des 
hommes, commeil y en a dans leurs formes 
physiques ; je crois que la philosophie et la 
religion, la raison et la foi sont ici d'accord. 

Que ces différences soient inhérentes aux 
facultés de l'âme ou viennent de la confoc- 
mation des organes physiques, qu'importe, 
le fait n'en demeure pas moins certain. 

2° L'éducation modifie profondément ces 
prédispositions natives ; un homme né pour 
la vertu peut devenir pervers par suite 
d’une mauvaise éducation , et réciproque- 
ment; ce fait est reconnu et avoué par tous 
les partis. 

Cela posé, je dirais aux premiers: Vous 
avez remarqué que des altérations plus ou 
moins profondes dans les organes physi- 
ques influent (ou du moins jaraissent in- 
fluer) sur Îles phénomènes intellectuels, 
soit ; mais en conclure que ces organes pro- 
duisent ces phénomènes, c’est faire dire à 
J’expérience ce qu’elle ne dit pas, ce qu’elle 
ne dira jamais. 

L'âme, alors mal servie par ces organes, 
est entravée dans ses manifestations exté- 
rieures ; ses relations avec les autres inte!- 
ligences, qui ne peuvent s'établir que par 
les sens , sont en partie rompues, ce qui 
constitue la déraison: voilà seulement ce 
qu'il nous est permis de conclure , et peut- 
être tout ce qu il nous est donné d’ensavoir. 

J’ajouterais à cela : Vous admettez que 
l'éducation peut modifier ces prédisposi- 
lions natives , est-ce donc que l’éducation 
modifie les formes physiques des organes ? 
Non : le crâne du scélérat devenu homme 
de bien par suite d’une bonne éducation, 
n’en conserve pas moins tousles caractères 
phrénologiques de la scélératesse ; done, 
sans nier absolument l'influence des orga- 
nes , il est légitime de conclure que l’édu- 
cation atteint l'âme elle-même, puisque les 
phénomènes moraux se trouvent si profon- 
dément modifiés sans que les organes phy- 
siques le soient, ï 

Ce peu de mots suffit pour prouver aux 
troisièmes qu'its ont tort de s’effrayer au- 
tant des travaux des seconds. 

L'homme se sent, il est vrai, plus ou 
moins entraîné vers telle ou telle action 
coupable; mais il ne sent pas moins que 
quand il cède c’est librement, et qu’il pour- 
rait résister ; mais en a-til toujours Ja 
force ?.... Sans entrer dans une discussion 
que ne comporte pas la nature de cette 
lettre, ne suffit-il pas, pour justifier la pro- 
vidence , de supposer que les seccurs sont 
proportionnés aux obstacles et ia récom- 
pense aux efforts ? 

Je dirai en finissint(sans admettre néna- 
moins que toujours les caractères phrénc- 
logiques s'accordent avec les dispositions 
de l’âme), qu'il est possible que cela arrive 
souvent ; c'est à l'expérience à nous éclai- 
rer sur ce point, et en ce sens les travaux 
des seconds me paraissent dignes d'intérêt : 
sans doute on pourra abuser de cette science 
au profit des mauvaises passions; de quoi 
n'abuse-t-on pas? Mais on ne pourra ja- 
mais, quoiqu’on fasse, en tirer aucune oh- 


250 

jection sérieuse, et nuisible aux intérêts de 

la morale et de la religion, 
L'un de vos abonnés, 


L. G. 


TOXICOLOGIE, 


Résultats de l'empoisonnement par l'acide 
arsénieux ; par M. Chatin. 


L'auteur croit devoir tirer les conclu- 
sions suivantes des observations et des ex- 
périences qu'il a faites. 

i° L’acide arsénieux est absorbé par les 
voies respiratoires, comme par l’estomac et 
la surface sous-cutanée. 

2° Il est porté dans les organes, mais 
plus particulièrement daus le foie, et est 
éliminé par les urines; toutes choses que 
M. Orfila avait prouvées pour les deux 
autres modes. 

3° L’acide arsénieux est éliminé en des 
temps qui varient suivant les espèces ani- 
males. 

4 Chez certains animaux, le premier 
effet de l'acide arsénieux est d'augmenter 
l'appétit. 

5° Les animaux ne supportent pas tous 
également cette substance toxique. 

6° La différence d'action de l’arsenic ne 
peut être rapportée seulement au volume 
des individus, non plus qu’à leur nature 
carnivore ou végétivore. 

7° Les animaux qui supportent le moins 
l'acide arsénieux sont aussi ceux qui Péli- 
minent le plus proprement par les urines. 

8° Les faits relatifs À l'espèce humaine, 

- les expériences de M. Orfila sur les carnas- 
siers, celles de M. Chatin sur le même 
groupe d'animaux, sur les rongeurs et les 
oiseaux, les communications de MM. Cam- 
bessède, Lassaigne, Renault, Flandin et 
Danger, etc., relatives aux pachydermes et 
aux ruminants, conduisent à penser que 
l’action toxique de l'acide arsénieux et son 
élimination par les urines sont en raison 
composée dela perfection des systèmes res- 
piratoire et cérébro-spinal. 

9 Enän, la présence de sérosités abon- 
dantes dans les plèvres d'animaux qui 
étaient bien portants avant l’empoisonne- 
ment semble un fait pathologique d'autant 
plus curieux, que c’est dans la pleurésie 
que l’arsenic est préconisé comme uu re- 
méde souverain. 


PHYSIOLOGIE VEGETALE. 


Recherches sur le mode et Les circonstances de 
développement d'un végétal microscopique 
dans les liquides albumineux , normaux et 
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret. 


(Premier article.) 


« En poursuivant nos recherches sur les 
modifications que le sang peut recevoir, 
dans sa composition, d’un certain nombre 
d’influences de l’ordre physiologique et pa- 
thologique, nous avons été vivemont préoc- 
cupés d’une communication faite à l’Aca- 
démie des sciences par M. Liebig, dans la- 
quelle, après avoir déclaré que la fibrine et 
l’'albumine étaient des substances parfaite- 
ment identiques et qu’il était parvenu à re- 
tirer de la fibrine des globules du sang, il 
ajoutait : 

& Nous avons également réussi à précipi- 
» ter l’albumine sous forme de globules 
» en ajoutant une suffisante quantité co 
» à du sérum rendu neutre par un acide.» 

» j'était là une question capitale qui ve- 
nait à être soulevée. Il ne s'agissait de rien 
moius en effet que de savoir si l’albumine 


Y 
Q 
à 
| 


251 


pouvait, par un simple changement de for- 
me, constituer les noyaux des globules rou- 
ges. Or, un pareil résultat nous paraissait 
trop important, pour que nous ne cher- 
chassions pas à nous assurer de son exac- 
titude; nous répétâmes donc l'expérience 
de l’illustre chimiste allemand , et nous ne 
fûmes pas peu surpris de constater que les 
corps, plus ou moins exactement arrondis, 
que nous développions effectivement ainsi 
au sein du sérum n'étaient autre chose que 
les premiers rudiments d’un végétal qui a 
la plus grande ressemblance avec celui qui 
se retrouve dans certains liquides après la 
fermentation , et qui a été étudié dans ces 
derniers temps par M. Turpin. Après a- 
voir trouvé ce végétal dans le sérum du 
sang, nous l’avons cherché, et nous l’avons 
aussi retrouvé d’abord dans le blanc del’œuf, 
puis dans diverses sérosités produites par 
la maladie, et enfin dans la partie séreuse 
du pus ; de telle sorte que, quel que soit le 
liquide albumineux auquel on enlève son 
alcalinité par un acide, on y développe un 
végétal microscopique, et comme ce fait, 
intéressant en lui-même, n’est pas non plus 
sans application possible à la physiologie et 
à la pathologie, et que nous l'avons trouvé 
sur le chemin de nos recherches, nous 
avons cru devoir en exposer les détails à 
l’Académie. 

1.D’un végétal microscopique dans le sérum 

du sang. ‘ 

» Nous avons étendu, d’à peu près deux 
fois son volume d’eau distillée, du sérum du 
sang frais et bien pur, préalablement traité 
par de l'acide sulfurique très affaibli, de 
manière à obtenir une réaction très légère- 
ment acide. 

» Cette expérience ainsi instituée nous a 
donné les résultats suivants : 

» Le liquide, d'abord parfaitement trans- 
parent, devient immédiatement opalin; il 
est légèrement troublé par une matière en 
suspension, qui, placée au foyer du micros- 
cope, est absolumentidentique à de l’aibu - 
mine précipitée par la chalear, l'acide azo- 
tique ou l'alcool. Peu à peu cette ma- 
lière amorphe gagne le fond du vase et s’y 
accumule en dépôt grisâtre, tandis que la 
liqueurredevientparfaitementtransparente. 
Une fois produit, ce dépôt grisâtre reste au 
fond du vase comme une poudre inerte, 
et ne devient le siége d’aucun travail spé- 
cial, Mais il n’en est pas de même du li- 
quide redevenu transparent : celui-ci ne 
tarde pas à présenter des phénomènes d'or- 
ganisation qu’on peut suivre pas à pas 
dans toutes les phases de leur développe- 
ment. : 

» Au bout de douze heures environ, 
quoique ce liquide n’ait encore rien perdu 
de sa transparence, il suffit d’en placer une 
goutte au foyer du microscope, pour cons- 
tater qu'il s’est produit dans son sein une 
quantité variable de vésicules sphériques, 
elliptiques, ovales, parfaitement indépen- 
dantes les unes des autres. Ces vésicules 
sont constituées par des parois extrême- 
ment minces et d’une diaphanéité parfaite; 
les unes paraissent complétement vides, 
d’autres sont remplies d’une espèce de se- 
mis amorphe; d’autres enfin renferment 
quelques globules en petit nombre, très 
distincts, de grandeur variable et irrégu- 
lièrement dispersés dans leur cavité. C'est 
toujours dans les parties du liquide immé- 
diatement en contact avec l'air extérieur 
que se forment d’abord ces vésicules, et à 
cette époque elles n'existent encore que 
dans les couches les plus superficielles. 


259 


» Cependant d’autres objets ne tardent 
pas à apparaître : bientôt à la surface de 
ces vésicules , poussent des bourgeons va- 
riables dans leur nombre et leur disposi- 
tion, les uns transparents et paraissant vi- 
des, les autres remplis, comme la vésicule- 
mère, d’un semis amorphe où de quelques 
globules irrégalièrementespacés. Ces bour- 
geons se développent eux-mêmes; ilss’allon- 
gent en tiges qui, en divers points de leur 
circonférence , fournissent des rameaux 
plus ou moins nombreux : ceux-ci à leur 
tour donnent des ramuscules, et ainsi de 
suite, jusqu’à un accroissement presque in- 
défini. Maïs toujours cestiges, ces rameaux, 
ces ramuscules, se terminent délinitive- 
ment en cul-de-sac, en sorte que l'individu 
tout entier forme une vaste cavité fermée 
de toutes parts. On peut retrouver encore, 
dans ces diverses parties, le semis et les 
globules que nous ont déjà offerts la vési- 
cule-mère et les bourgeons. 

» Jusqu'à présent, nous avons vu le vé- 
gétal constitué à son origine par une seule 
vésicule qui pousse des bourgeons , des ti- 
ges, etc., mais il peut présenter un autre 
mode de formation, que nous devons main- 
tenant étudier. 

» Il arrive en effet qu’au lieu de rester 
solitaires, des vésicules, soit parfaitement 
sphériques, soit légèrement elliptiques, se 
groupent deux à deux, trois à trois, etc., et 
se soudent entre elles, de manière à consti- 
tuer un système complet. Bientôt chacune 
de ces vésicules s’allonge, sans que la por- 
tion de leurs parois, par laquelle elles sont 
accolées, se détruise. Du développement 
simultané de toutes ces vésicules résultent 
des tiges creuses, dont les unes conservent 
encore des étranglements correspondants 
aux soudures des vésicules, et elles pren- 
vent ainsi un aspect moniliforme. D'autres, 
au contraire, parvenues à un développe- 
ment plus complet, ont perdu ce caractère 
moliniforme primitif, et elles représentent 
de vrais cylindres dont la cavité est séparée 
en loges distinctes par des diaphragmes in- 
également espacés,placés de champ, et tou- 
Jours perpendiculaires à la direction des pa- 
rois. Ces nouveaux individus, produits 
ainsi par la fusion de plusieurs vésicules en 
un seul être, sont également terminés par 
des culs-de-sac, et, comme les précédents, 
ils sont ou vides, ou remplis de semis amor- 
phe et de globules. 

» Tels sont les objets qu’on observe au 
microscope, dans le sérum du sang, pen- 
dant les quatre premiers jours qui suivent 
le moment où on l’a traité par l’acide sul- 
furique. Lorsque le sérum est pauvre, ou 
étendu de beaucoup d'eau, on y trouve 
surtout de simples vésicules, dont l’appari- 
tion coïncide avec un trouble de la trans- 
parence du liquide. Lorsque le sérum est 
plus riche ou étendu de moins d’eau, on ÿ 
trouve encore les simples vésicules pendant 
les douzes premières heures ; puis, au bout 
de ce temps, se montrent les deux autres 
types que nous avons indiqués, d'une part 
le végétal qui s'est produit aux dépens 
d’une seule vésicule, et d'autre part celui 
qui est résulté de l’accolement ou de Ja sou- 
dure de plusieurs vésicules. Pendant que 
ces deux types se développent, le liquide 
reste trouble, et de plus on remarque, dans 
son sein el à sa surface, des flocons muci- 


lagineux épars, qui, au bout d’un certain | 


temps, gagnent le fond du vase, et sont 
remplacés par d'autres. Ces flocons, étalés 
en membranes au foyer du microscope, 
offrent un véritable lacet inextricable formé 


Eee ee ST CR 


53 

ar l’entre-croisement , en tous sens, de 
ges inégalement développées et ramifiées. 
sans les mailles lâches de cette espèce de 
ssus sont emprisonnées des vésicules par- 
enues à divers degrés de développement. 
ers la fin du troisième ou quatrième jour, 
poque où le liquide a perdu constamment 
à transparence, on peut rencontrer, à côté 
=s uns des autres , tous les états possibles 
latermédiaires entre la vésicule sphérique 
rinitive, et Ja tige rameuse la plus com- 
'ête. 

» Les quatre jours pendant lesquels nous 
|‘énons de suivre les évolutions diverses du 
{régétal développé au sein dusérum du sang 
\'oidifié, constituent, pour la vie de cetêtre, 

in premier temps pendant lequel on peut 
acilement saisir ses différents modes de 
.ormation. 

» Au bout de ces quatre jours commence 
lun second temps, qui peut avoir jusqu'à 
lun mois de durée, et pendant lequel le vé- 
Ixétal peut présenter des formes beau- 
coup plus complexes, mais qui peuvent 
être généralement ramenées aux types fon- 
damentaux que nous avons indiqués, ainsi 
qu'on le verra dans un deuxième article. 


| 

|: ZOCLOGIE. 
| fndex ornithologique; par Eesson. 
| 


{ 


(suite.) 


|: (VI. Marais. —171. Astur longicauda ; 
| falco longicauda, Garnot, Zool. coq., pl. 10; 
‘hab. Nouvelle-Guinée. 
..  $ VII. Ausrraute. — 172. Astur Novæ- 
: Hollandiæ ; falco Novæ-Hollandiæ, Lath. ; 
White, it., pl. et p. 250; Vig. et Horsf., 
(tr. xv, 1703 Daudin, 2, 56 (jeune âge); falco 
| Rayir, Vig. et Horsf., ib., p. 170; hab, 
Nouvelle-Galles du sud. — 173. Astur ra- 
diatus ; falco radiatus, Lath., sup., n° 40: 
Temm., pl. 123; hab. la Nouvelle-Hollande. 
| — 174, Astur fasciatus, Vig. et Horsf., tr, 
| xv, p.170: hab. l'Australie. — 175.— 4s- 
_tur approximans, Vig. et Horsf., tr. xv, p. 
| 470 ; hab. la Nouvelle-Galles du sud. 

56e genre : Bracuayrterus, Less. (1837); 
astur, Spix ; micrastur, Gray (1841) ; hab. 
| l'Amérique méridionale. — 176. Brachyp- 
| erus concentricus, Less., compl., 11, 126: 
| falco concentricus, Wlig. ; falco érachypte- 
rus, Temm., pl. col. 141 (mâle), et 416 
| (fem.); micrastur trachydactylus, Gray; 
| épervier noir et blanc, azara, n° 28, et n° 29 
| (fem.); nisus concentricus , D'Orbigny, voy. 
| p. 88; sparverius semitorquaius, Nieill., 
Enc., p. 4263 ; hab. Brésil, Plata, Guyane. 
—177. Brachypterus hemidactylus; falco he- 
nudactylus, Temm., pl. 3 ; nisus hemidac- 
tylus , D'Orbig., Am., p. 86; hab, Brésil. 
— 178. Brachypterus gracilis; falco graci- 
lis, Temm., pl. 91; hab. Brésil. 

57e genre : Muvrerax, Gray (1840); fa/co, 
Daudin ; sparverius, Vieill. ; nisus, g. Cuv.; 
hab. Afriq. méridion.—179. Mulierax mu- 
sicus, Gray; falco musicus, Daudin, t. I], 
p. 126; Lath. ; sparvertus musicus, Vieill., 
Encycl., p. 1271 ; Levaill., Af, pl. 27; hab. 
Cafrerie. 

58° genre : Gymnocenys, Less. tr. (1828); 
polyboroides, Smith, proc. nt, 45 ; nisus, 
Cuv. ; vultur, Scopoli ; hab. l’Afriq. orien- 
tale insulaire, — 180. Gymnogenys radia- 
tus ; vultur radiatus, Scopoli; falco mada- 
gascariensis , Gm. ; Daudin, t. IL, p. 75; 
_polyboroiïdes capensis, Smith; Sonnerat, 
voy. pl. 96; falco gymnogenys, Temm., 
pl4307; Lesson, atlas, pl. 6, f. 2; hab, 
Madagascar. 


254 


59° genre : Micronisus, Gray (1840); 
hab. l’Afrique. — 181. Micronisus gabar, 
Gray, 5 ; falco gabar, Daudin ,t. II, p. 87; 
Shaw; le gabar, Levaill., Af., pl. 33; 
Temm , pl. 140 et 122 (mâle adulte); spar- 
vertus gabar, Vieill., Encycl., p. 1264; ac- 
cipiter erythrorhynchus, Sw., Birds of West. 
Af.,t. 1, p. 121 ; hab. Cap-de-Bonne-Es- 
pérance, Sénégambie. 


Sur des coquilles vivantes, mais jusqu'à ce 
jour connues seulement à l’état fossile, 
qui ont été retirées du fond de la mer au 
moyen de draguages faits par M. Forbes. 


Dans une lettre datée de Xanthus, Asie- 
Miveure, M. Forbes écrit : « Jusqu'ici j'ai 
poursuivi mes recherches exclusivement 
dans les Cyclades et sur la côte sud-ouest 
de l’Asie-Mineure. Pardes draguagesà tra- 
vers l’Archipel et le long de la côte de Ly- 
cie, J'ai reussi à obtenir des animaux ma- 
rins à des profondeurs encore inconnues, à 
plus de 100 et 200 fathoms (brasses). Le sol 
à ces profondeurs est très uniforme; il se 
compose d’un dépôt de sédiment blanc, 
probablement d’une grande épaisseur, qui 
s'étend à travers la Méditerranée orientale, 
dont les animaux vivants ne varient pas 
beaucoup pour des distances de 300 milles. 
À une profondear de 200 fathoms, j'ai 
trouvé des Mollusques des genres Tellina, 
Corbula et Arca, des Anélides alliés aux 
Serpula , plusieurs Crustacés et des Ophio- 
coma, Des Zoophytes se trouvent presque 
à la même profondeur. Le limon, par 200 
fathoms, est plein de coquilles de Pteropo- 
des et autres flotteurs. Parmi les résultats 
de mes draguages, je citerai en particulier 
des coquilles vivantes analogues à plusieurs 
espèces tertiaires supposées éteintes.» 

Dans une autre lettre datée de Macri, 
Asie-Mineure , on lit: « J'ai maintenant 
pratiqué des draguages à travers l’archipel 
de Cerigo jusqu’en Lycie. Pendant deux 
mois j’ai accompagné notre petit schooner 
sur ces côtes, et dragué chaque fois qu’il 
était possible, enregistrant tous les résul- 
tats ; l’eau est profonde, et ces résultats se- 
ront d'autant plus intéressants que, jusqu’à 
ce jour, personne n’a recherché à d'aussi 
grandes profondeurs (100 et 220 fathoms); 
il en sortira, Je crois, de grandes lumières 
pour la géologie. Une chose étonnante, 
c’est que les espèces les plus caractéristiques 
de coquilles, à ces profondeurs, sont pré- 
cisément des espèces connues seulement à 
l’état fossile jusqu’à ce jour. » 

( L'Institut.) 


Ke 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ECONOMIE SOCIALE. 


Questions des sucres, observalions 
préliminaires. 

La question des sucres était simple dans 
son origine, elle est aujourd’hui complexe. 
Comment et dans quel but a-t-elle changé 
de nature, c’est ce que nous devons laisser 
à d’autres à examiner. Nous nous propo- 
sons de donner dans une série d’articles les 
détails les plus circonstanciés et les plus 


‘exacts sur la fabrication'indigène et sur celle 


des colonies, et de contribuer ainsi pour 
notre part à préparer la discussion qui va 
bientôt avoir lieu; mais, avant d’aborder 
ces détails purement industriels, il n’est pas 
sans utilité de revenir sur quelques consi- 
dérations économiques disséminées dans les 


285 
écrits qui ont été publiés jusqu’à ce jour, 
et qui, présentés avec ensemble et briève- 
ment, serviront d'introduction à ce que 
nous avons à dire de neuf. 

Dans la question des sucres deux grands 
intérêts sont en jeu, celui de la production 
et celui du trésor. Pour la poser avec exac- 
titude, il faut en introduire un troisième, 
celui des consommateurs. 

En 1842 (nous croyons inutile de faire 
remonter plus haut les citations), les pro- 
duits du sucre de canne se sont élevés à 90 
millions de kilogrammes, et ceux du sucre 
de betterave à 31 miilions. 

Total de la production, 120 millions de 
kilogrammes. Ces produits onû fait entrer 
au trésor 42 millions de francs. 

Les 120 millions de kilogrammes de su- 
cre consommés en France donnent une 
moyenne de 3 kil. 56 cent. par chacun de 
ses 34 millions d'habitants. 

À la Havane, à Cuba, dans l’Inde, un 
homme libre consomme de 39 à 50 kil. de 
sucre. En Angleterre, la consommation de 
chaque habitant est de 8 kil. ; en Hollande, 
de 9, et ce n’est qu’en Italie, en Suisse et 
en Belgique que le chiffre se rapproche de 
celui de la France. il varie de 4 à 5 kilog. 
Si la consommation en France pouvait 
s'élever au niveau de la consommation de 
PAngleterre et de la Hollande, le problème 
qui nous occupe aurait, ce nous semble, 
par ce fait seul, chtenu sa solution ; car, 
alors la consommation étant double, la pro- 
duction devrait aussi le devenir, et pour 
fournir à ces nouveaux besoins, les deux 


‘industries sucrières n’auraient pas trop de 


toute l’activité qu’elles peuvent développer. 
Le trésor, sans rien perdre, pourrait auss 
réduire de moitié les droits qu’il perçoit, 
puisque la matière imposable, étant aug- 
mentée dans la même proportion que l’im- 
pôt aurait diminué, la recette seule reste- 
rait invariable. On objectera peut-être que 
ce calcul manque de bases, et que rien ne 
peut donner la certitude que la consom- 
mation deviendra, dans un temps donné, 
telle que nous la supposons. A cela, nous 
pourrions répondre que le sucre n’est plus 
aujourd’hui un objet de luxe, même en 
France, mais plutôt un objet de nécessité, 
et que cependant, le prix auquel le font 
monter l'impôt et la surtaxe, en interdit 
l’usage aux sept dixièmes de la population. 
S'il s'agissait d’ailleurs de faire un essai, la 
matière est assez importante pour qu’on ne 
dût pas hésiter à ÿ consacrer une partie 
des 40 millions que l’on destine au rachat 
des fabriques francaises, 

Dans la question telle quelle est mainte- 
nant, se trouvent ou se présentent comme 
intéressées des industries étrangères à la fa- 
brication du sucre, et même les ports de 
mer dont le mouvement général d’entrée 
et de sortie contredit les assertions, puisque 
dans les deux dernières années le chiffre qui 
représente ce mouvement s'est élevé de 
2,243,000 tonnes à 3,092,000. Toutefois, 
en admettant comme fondées les plaintes 
diverses qu'on a fait entendre, le remède 
le plus efficace , le seul remède peut-être 
seraitencore dans la mesure que nous avons 
indiquée, l’accroissement de la consomma- 
tion par l’abaissement des droits; car on ne 
peut eroire sérieusement qu'il se rencon- 
trera dans nos Chambres législatives une 
majorité qui veuille et qui ose déshériter la 
France d'une industrie à laquelle pendant 
trente ans elle a tout accordé, honneurs, 
protection, encouragement. Un pareil vote 
serait un démenti donné à la plus belle page 


256 

de nos fastes industriels, et n'aurait d'autre 
avantage que de transplanter nos fabriques 
à quelques lieues de nos frontières, ‘et de 
rendre impossible dans un avenir : plus où 
moins éloigné l’approvisionnement d'un 
produit aujourd’hui moins utile encore 
que nécessaire CB. F. 

2158 4 e—— 


AGRICULTURE. 


Conservation des blés. 


C’est à Duhamel que l'on doit la plapart 
des ingénieuses conceptions et des expé- 
riences fondamentales sur la conservation 
des grains Une dessiccation aussi complète 
que possible, à l’aide de courants graduel- 
lement échauffés jusqu’à 90°C. avait paru 


à cet habile agronome réunir économique- 


ment les conditions utiles pour arrêter les 
dégâts du charançon et de l'alucite, et 
mettre les grains à l'abri des attaques ulté- 
rieures de leur lignée, pourvu que l’on en- 
ferme alors le blé dans de grandes caisses 
en bois bien closes et maintenues au-dessus 
du sol. Il démontra en outre que les pro- 
duits de la mouture des grains desséchés 
pouvaient, à l’aide de quelques précau- 
tions, donner des farines de bonne qualité 
relativement à la panification. Duhamel, 
enfin, avait observé les altérations qui se 
reproduisent entre les intervalles des pel- 
letages dans les blés humides, comme dans 
ceux que les charançons ont attaques. 

Avant d'indiquer sommairement les 
moyens de conservation récemment pu- 
bliés, on fera observer : 1° que l'infection 
des blés par les œufs des alucites a lieu dans 
les champs, avant même la rentrée des 
gerbes; que les larves se développent ulté- 
rieurement, attaquent et dévorent l’inté- 
rieur des grains, puis se métamorphosent 
et reproduisent les papillons; 2° que l’hu- 
midité répandue dans les blés est une des 
causes puissantes de leur altération ulté- 
rieure ; qu'elle occasionne parfois un com- 
mencement de germination des blés dansles 
épis eux-mêmes, et plus tard ces modifica - 
tions fâcheuses, à différents degrés qui ré- 
sultent de fermentations spontanées parmi 
les embryons, les périspermes et leurs tégu- 
ments; 3° que les charancons n attaquent 
en général les grains que dans les greniers 
et ne se perpétuent qu'à la faveur de Pa- 
sile et de la nourriture offerts par ces sortes 
de magasins, de toutes parts accessibles. 

Les premiers soins à recommander sem- 
blent donc porter sur la moisson, à faire 
en temps opportun, dès que la maturation 
utile est arrivée; puis sur une extraction 
rapide des grains pour les placer aussitôt 
dans les conditions de lemmagasinage 
adopté. À cet égard, le battage mécanique 
rendrait souvent service aux agriculteurs, 
en évitant de mettre le succès de la conser- 
vation sous la dépendance des batteurs en 
grange. 

Après ces précautions, tout moyen de 
produire économiquement, dès que le bat- 
tage est fait, une dessiccation des grains 
suffisante pour prévenir la fermentation et 
les moisissures, capable aussi d empêcher 
la propagation des insectes, puis un em- 
magasinage qui prévienne le retour des 
mêmes causes d’avaries devraient réunir 
les conditions nécessaires pour la solution 
du problème. 

Les constructions de divers appareils 
actuellement en cours d’expérimentation 
ayant été sans doute entreprises dans ces 
vues, le moment opportun pour bien poser 


257 


la question. Voici, du reste, l'exposé des ÿ letage continu opéré par un grenier mo- 


résultats des procédés connus jusqu'ici pour 
la conservation des grains. 

Pelletage dans les greniers. — Ce moyen, 
connu de tous les agriculteurs, le seul qui 
Soit aujourd’hui généralement employé, 
diminue les elfets de l’altération spontanée 
des blés, et entrave évidemment la repro- 
duclion des insectes; mais relativement 
aux années humides, aux constructions 
anciennes infectées de charançons, aux 
blés attaqués par les alucites, il est tout à 
fait insufäsant ; les pertes énormes éprou- 
vées par ces causes, en France, en four- 
nissent la preuve irrécusable, 

Silos. — Aux divers essais infructueux 
répélés chez nous depuis 25 ans, on a opposé 
des exemples de longue conservation, sur- 
tout en Espagne, en Italie, en Afrique. Les 
heureux résultats obtenus en Toscane sont 
dus à des circonstances particulières. À Li- 
vourne, par exemple, où 1l se fait un grand 
commerce de blés, on ne tente pas, comme 
on l’a toujours fait chez nous, de garder les 
blés renfermés deux ou trois ans sans plus 
s’en occuper; mais on les extrait des silos 
tous les trois ou quatre mois, pour les 
étendre et les retourner à l'air sur une 
plate-forme sèche. Les tre ses ou bourre- 
lets en paille qui garnissent toutes les pa- 
rois intérieures sont mis dehors séchés ou 
réparés. On remplit alors les silos avec les 
mêmes précautions que la première fois; 
on les ferme à l'aile d’une dalle circulaire, 
qui est ensuite recouverte de terre. C'est 
ainsi que l’on évite de propager, dans la 
masse, quelques altérations-partielles, et 
que le grain est entretenu dans un très bon 
état de conservation. 

À Florence, à Pise, où les silos restent 
plus long-temps remplis, on prend lesmêmes 
précautions. 

Il ne faut pas toutefois omettre ici de 
rappeler l'influence favorable du climat 
sur ces utiles pratiques. La même obser- 
vation fera bien comprendre l'efficacité des 
procédés usuels de conservation suivis dans 
plusieurs domaines de cette contrée; ils 
consistent à battre les gerbés aussitôt après 
la moisson, puis à verser immédiatement 
le grain nettoyé, soit dans de grandes jarres 
en grés, soit dans des cuves en bois éle- 
vées au-dessus du sol, et recouvertes avec 
des douves ou des toiles grossières. Souvent, 
sur les jarres remplies de blé, on se con- 
tente de mettre une couche comble de pe- 
tites fèves dures, que les charançons n’at- 
taquent pas, et qui préservent le reste. On 
conçoit d’ailleurs comment de tels soins 
doivent empêcher la propagation des in- 
sectes les plus pernicieux; sans doute ils se- 
raient applicables chez nous, mais l’humi - 
dité habituelle de Pair atmosphériques les 
rendrait insuffisants. 

Quoiqu'il en soite il serait intéressant de 
faire de nouvelles tentatives sur l’emploi 
des silos, notamment dans certaines loca- 
lités offrant, comme les tafs de la Tou- 
raine, des circonstances vaturelles très fa- 
vorables à la constraction économique de 
ces sortes de réservoirs souterrains. 

Uu procédé ingénieux imaginé par M. Val. 
lery celui des greniers mobiles, semble réu- 
nir aux pratiques agricoles si utiles en 
Toscane, plusieurs circonstances indispen- 
sables au succès des moyens analogues chez 
nous; il est fondé sur les effets bien consta- 
tés du mouvement contre le séjour ou la 
propagation des insectes parmi les grains, 
et l'utilité de la ventilation contre un excès 
d'humidité : c'est en quelque sorte un pel- 


bile, depuis le moment de la récolte jusqu'à. 
la vente. Si l’auteur démontre par une 
pratique en grand, que ce moyen est l’un 
des plus économiques, on est fondé à croire, 
d’après les expériences suivies par la so- 
ciété royale et centrale d'agriculture, qu'il 
donnera une solution remarquable du pro- 
blème ; enfin, que le même procédé suffira 
pour débarrasser les blés des charançons et 
des papillons de l’alucite. 

Une méthode plus simple, proposé par 
M. Dubreuil, consiste dans le mélange du 
blé nettoyé avec un demi-volume de 8 
balle; sans doute il diminuerait beaucoup 
les inconvénients de l'humidité, mais n'of- 
frirait pas les mêmes garanties contre les 
attaques et la propagation des insectes. 

Il convient encore de signaler l’applica- 
tion heureuse de nouveaux séchoirs et 
étuves, qui ont permis à MM. Wattebled et 
Maupeon de ramener à un état de siccité 
convenable les grains'altérés par les in- 
sectes ou la fermentation, ou boutés par la 
carie, qu'ils net'oÿent préalablement à 
l’aide ‘d’an lavage énergique; ces grains 
peuvent d’ailleurs, lorsque leur dessiccation: 
n’a pas été brusquée par une trop haute 
température;0devenir propres à T4 mou- 
ture, si l’on'a eu'soin de faire absorber à 
leurs téguments une proportion d’eau qui 
leur rende la souplesse utile. : 

Enfin, on connaît l'efficacité du gaz sul : 
fureux employé par M. de Dombasle pour 
tuer les insectes développés, et l'appareil 
ingénieux de M. Robin, appliqué avec suc- 
cès à Ja destruction des œufs et larves des 
alucites. 

Parmi ces différents moyens, essayés où 
mis en pratique, il y asurtout lieu de croire 
qu’à l’aide de plusieurs perfectionnements, 
on parviendra eufin à trouver une méthode 
simple, à la portée de tous, susceptible 
d'être généralement adoptée dans les cam- 
pagnes, et c’est dans le but d’atteindre ce 
résultat que la société d’encouragement a 
proposé deux prix à déëerner en 1843, l'un 
de la valeur de 4,000 fr., à l'auteur du 
meilleur procédé parmi ceux qui sufüsent 
à la conservation des grains dans les fermes 
et les magasins, et qui aura été adopté dé- 
finitivement par quatre fermiers au moins, 
et par autant de négociants en grains; et 
l’autre au meilleur mode de nettoyage des 
grains attaqués par les insectes et infectés 
de care. (L’Agriculteur Praticien.) 


HORTICULTURE. 


Greffe du châtaiïgner sur le chêne. 

On a cru jusqu ici qu'il était impossible 
d'obtenir des châtaigners au moyen de la 
greffe sur le chène. M. Méline de Dijon ne 
partage pas cette manière de penser. Nous 
emprantons au journal d'agriculture de la 
Côte-d'Or, les détails donnés par cet habile 
praticien, sur les essais qu’il a faits et les 
résultats qu'il a obtenus jusqn’à ce jour. 

« J'ai pensé que des chênes obtenus de 
semis faits dans un bon terrain présente- 
raient une vigueur plus, grande que des 
chênes transplantes, et que; cetle, rigueur 
était le premier élément. de succès. J'ai 
done semé des glands, et j'ai greffé en 
fente et en écusson les sujets que je m'étais 
ainsi procurés. Une seule de ces greffes a 
reussi : c'est une de celles en fente. Cette 
greffe a grandi, dans sa première année 
(1839), d'un mètre vingt centimètres ; dans 
la seconde, les rameaux latéraux se sont 
développés de soixante centimètre en lon- 


9 
eur. et de trente-cinq seulement dans la 
bisième année. 
:» J'ai eu soin de faire des incisions lon- 
kudinales depuis la base du sujet jus- 
aux premiers rameaux latéraux de la 
feffe. Ces incisions ont eu pour effet de 
re développer l'arbre et la greffe d’une 
anière uniforme et de mettre obstacle à 
- formation du bourelet qui cemmencait 
5e manifester à la jonction de la greffe et 
11 sujet. J'aurais obtenu le même résultat 
lune faisant des incisions qüe sur le sujet. 
a Sève qui se serait portée sur ces incisions 
pur les fermer, aurait ainsi abandonné la 
veffe, et j'aurais été plus certain d’arriver à 
équilibre que je cherchais à établ'irentre le 
sveloppement du sujetet celui dela greffe, 
lin d’empêcher la naissance du bourrelet. 
est ainsi que j'ai opéré plus tard; et cette 
“anée (1842), le bourrelet qui se formait à 
\ jonction de la greffe et du sujet, s’est 
facé entièrement ; l’arbre est d’une végé- 
on admirable, et il,a même porté quel- 
rues châtaignes. 
. » J'ai fait au printemps de cette année 
ing greffes en fente, dont quatre ont par- 
iitement réussi. Une de celles-ci a été dé- 
bolléepar le vent; mais lestrois qui restent 
nt d’une très belle végétation, Cesgreffes 
int toutes encore à leur base un -bourrelet 
jui disparaitra promptement :au. moyen 
l’incisions longitudinales sur le sujet, ainsi 
que je lai dit. Je laisserai également 
juelques jeunes pousses sur ce dernier 
our lui donner de la force et amuser la 
lève. si 1 
|. Jai greffé aussi cette année le chêne- 
liége et le chêne vert sur le chêne ordi- 
haire. Ces greffes ont aujourd'hui an très 
sel aspect. Ce n’est qu'en 4843 que l'on 
pourra apprécier le, résultat de ce nouvel 
P=ssai, parce que ces greffes appartiennent 
à des arbres à feuilles persistantes, tandis 
hque les chênes de notre pays que j'ai em- 
)ployés comme sujets sont à feuilles cadu- 
‘ques. (Journal d'agric.de la Côte-d'Or. 


ns 


‘| ENTOMOLOGIE AGRICOLE, 
| Histoire du thrips olivarius. 


| M. le vicomte de Thury a lu à la société 
| d'agriculture un rapport au sujet d’ane 
. brochure de M. Tamburin de Vaucluse, 
| relative aux insectes qui attaquent l'olivier. 
| Nous extrairons les passages suivants du 
. rapport de M. de Thury. 

, Le #hrips olivarius est depuis long-temps 
connu des entomologistes quoique M.'Tam- 
 burin le considère comme une espèce nou- 
| velle. 

2 . 

Il existe, en effet, dans la plupart de nos 


collections; il y fait partie du genre #hrips, 
qui fut établi par Linné, genre qui com- 
preud aujourd’hui six espèces, savoir : 1° le 
thrips de Polivier; 2° celui de l’orme: 
3° celui du genévrier ; 4° celui du blé, du 
seigle, et, en général, des céréales; 5° celui 
des scabieuses ; et 6° enfin les thrips ravé, 
| quon trouve souvent, avec le précédent, 
* au milieu des fleurs composées. 

Le thrips de olivier ne doit pas être con- 
: fondu avec le bostriche oléiperde, bostri- 
chus oleiperda, ainsi que l'ont fait, mal à 
propos, quelques auteurs : ils diffèrent 
essentiellement l’un de l’autre, 

Le thrips, l’nn des plus grands fléaux 
des oliviers, est connu dans le Midi sous les 
noms du petit staphylin, du puceron ou 
de la punaise de l'olivier; ailleurs, sous 
celui de taragnon; à Nice, sous celui de 


260 


barban; en Italie, sous celui de bar- 
bano, etc., etc. 

M. Tamburin a décrit et parfaitement 
décrit les thrips des oliviers, insectes bien 
distincts de ceux de l’orme et du gené- 
vrier. I! a fait une histoire détaillée de 
leurs mœurs, de leurs habitudes, de leur 
propagation, de l’éclosion de leurs larves, 
de l'effet de leur succion sur les feuilles des 
oliviers, dans lesquelles, ainsi que Pavait 
déjà dit Bose, leurs larves ne portent aucun 
venin, comme on le suppose communé- 
ment, mais dont elles sucent ou aspirent 
la sève après en avoir coupé la nervure 
principale. Une fois coupée et interrom- 
pue, cette nervure ne laisse plus circuler 
la sève, alors les feuilles se crispent, elles 
se roulent sur elles-mêmes et enveloppent 
ces insectes, qui y déposent leurs œufs. 
que M. Tamburin est parvenu à découvrir 
et bien reconnaître, à l’aide d’une forte 
lentille de biloupe. 

Voulant s'assurer de l'influence du froid 
surces œufs, M. Tamburin en a soumis à un 
froid artificiel de 15 à 16 degrés; mais leur 
éclosion a eu lieu comme s’ils n’avaient pas 
subi cette épreuve, à laquelle il a égale- 
ment soumis les thrips qui ont péri à 4 de- 
grés centigrades. 

Après avoir décrit ces insectes et leurs 
habitudes, M. Tamburin passe à l'examen 
des moyens par lesquels il a cherché à les 
détruire, Ces moyens sont des agents chi- 
miques ou des procédés mécaniques. 

Les agents chimiques qu'il a essayés sont, 
1°desgaz délétères aux insectes, tels quel’hy- 
drogène arsénié, le gaz hydrogène sulfuré et 
le gaz sulfureux qui les tuent instantané- 
ment, mais dont l'emploi esttrop dangereux 
pour pouvoir être à des mains inhabiles ou 
peu sûres; 2odes huiles ou des graisses com- 
munes ; 3° des solutions acides, alcalines et 
salines, mais dont l’usage est, dit-il, trop 
difficile et trop incertain lorsqu'elles sont 
étendues d’eau; et 4 des huiles volatiles 
ou des preparations savonneuses d’huile, 
de térébenthine, d’aspic ou de cade, qui 
sont d’un effet prompt et efficace lorsque 
ces essences sont employées pures, mais 
dont l’emploi est également difficile, puis- 
que, pour en obtenir un plein succès, il faut 
un lavage complet de tout l'arbre, afin de 
mouiller et d’imbiber tous les insectes pour 
les tuer. 

Les moyens mécaniques qui ont été 
essayés sont les enveloppes de paille ou de 
chaume que l’on brûle pour détruire les 
insectes et les œufs de thrips; les fumiga- 
tions et le feu d’arbres résineux, moyens 
insuffisants et d’ailleurs dangereux, aussi 
bien que le fouet de ficelle avec lequel, dans 
quelques cantons, on flagelle et on secoue 
les branches d’oliviers pour en faire tomber 
les insectes et leurs œufs. 

M. Tamburin, ayant reconnu l’insuff- 
sance de ces moyens a essayé avec un plein 
succès l’élagage des oliviers attaqués des 
tbrips, et le brülement immédiat de toutes 
les branches et feuilles coupées, puis le 
labour au pied de l'arbre, pour enterrer 
toutes les feuilles chargées d'œufs qui 
n’auraient pas été ramassées ou brûlées. 

Ce moyen, qui rappelle celui que M. Au- 
douin a proposé pour la destruction de la 
pyrale de la vigne, a parfaitement réussi à 
M. Tamburin; le moment le plus conve- 
nable pour le pratiquer est après la cueil- 
lette des olives. L’élagage doit se faire au 
vif, avec la serpe ou la hachette, et ja- 
mais par rupture ou déchirure de branches. 
La coupure ou plaie doit être parée etamin- 


261 


| cie avec soin, pour être ensuite recouverte 
 delut ou de mastic. M. Tamburin donne 


diverses comnrositions de mastics, mais aux- 
quels il préfère celui qu'il appelle son ma@s- 
tic à olivier, mastic qui a beaucoup d’ana- 
logie avec l’engluement d’Isnard, en usage 
dans plusieurs oliviers du Midi. Le mastie 
de M. Tamburin se compose : 

1° De poix blanche. . . . . 6kil. 

2 D’huile d'olive commune. 1 

3 Deciré jaune. 4". 20#077250 

Et 4o d'argile sèche en poudre. 1 

À défaut d'argile, on emploi de la brique 
pilée ou du sable tamisé. 

Ces matières, bien fondues, sont long- 
temps brassées ou retournées pour les bien 
mêler, de manière à former, après leur re- 
froidissement, un “mastic ou pâte molle 
qui doit s'étendre facilement et rester ad- 
hérente sur la plaie de l'arbre après yavoir 
été appliquée. 

En terminant son Mémoire, M. Tambu- 
rin rappelle snccinctement toutes les re- 
cherches et les études qu’il a faites sur les 
thrips de l'olivier, les essais des divers 
moyens chimiques et mécaniques pour par- 
venir à les détruire, essais auxquels il a dû 
renoncer, en ayant reconnu l'insuffisance 
et les difficultés, pour s’attacher à l’élagage, 
au masticage des plaies et au brûlement 
immédiat de toutes les branches et feuilles 


abattues. (Annales d'agriculture.) 
HE — 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHEOLOGIE. 


Fouilles du Château-Gaillard, dans l’arron- 
dissement du Häâvre; faites par labbé 
Cochet. 


Le Château-Gaillard, ou plutôt l’empla- 
cement du Château-Gaillard, est situé dans 
le bois des Loges , sur les coufins de cette 
dernière commune et celle de Bordeaux- 
Saint-Clair, dans un enfoncement du grand 
val qui conduit à Etretat. Trois pointes de 
coteau semblent avoir été amenées exprès 
pour former sa redoutable assise. On voit 
encore, à chaque pointe de ces trois colli- 
nes, les terrassements, les fossés et les cou- 
pures qui entraient autrefois dans le sys- 
tème de défense de la forteresse, Vers lO- 
rient, s'élève une motte énorme, défendue, 
du côté de la vallée par la seule déclivité 
du terrain. Cette motte couverte de bruyè- 
res, et ces fossés remplis de broussailles , 
rappellent ces débris de châteaux des dixie- 
me et onzième siècles, si bien décrits par 
M. de Caumont, dans son Histoire sommaire 
de l'Architecture du moyen-äge. 

Au somruet de la même colline, on trouve 
encore une grande motte prise à même le 
coteau, et isolée de la plaine par une cou- - 
pure profonde. On communique avec cette 
butte circulaire par un pont en terre, qui 
a été jeté à dessein sur je va!/lum. Ces mot- 
tes rappellent les villes de Dinan et de Ren- 
nes, grossièrement figurées sur la tapisserie 
de Bayeux. Tout porte à croire qne ce tu- 
mulus était une vigie destinée à avertir Le 
chiteau des mouvements qui s’opéraient 
sur la plaine et dans la vallée. 

C'est au pied de cette colline que nous 
avons pratiqué nos fouilles. Ce qui nous a 
engagé à faire des fouilles dans ce quartier, 
c'estiqu'’en 1839, lorsque l’on fit laroute de 
grande communication de Criquetot aux 
Loges, M. Lomet, agent-voyer du canton, 
avait rencontré un chemin percé large de 
cinq mètres, des tuiles à rebords, des frag- 


262 
ments de poterie et des meules à broyer en 
poudingue. 

Le 29 août 1842, des fouilles furent com- 
mencées dans l'endroit indiqué par les tra- 
ditions du pays et par les trouvailles pré- 
cédentes, En dix jours, nous miîimes à dé- 
couvert une maison romaine d'environ 
onze mètres de long sur huit de large, avec 
un retour d'équerre d'environ cinq mètres. 

Cette maison se composait de quatre ap- 
partements, plus une petite tourelle à 
l'ouest , saillante dans le mur comme un 
contrefort. 

Le premier appartement, et le plus beau 
incontestablement, était la salle de l’hypo- 
causte, chauffée par le procédé inventé par 
Sergius Orata, procédé qui fut bientôt adop- 
té dans tout l'empire romain, puisque, parti 
de Rome, nous le trouvons dans cette par- 
tie reculée de la Gaule que nous habitons. 
Ce n’est pas seulement au Château-Gaillard 
qu'il se rencontre, mais à Lillebonne, dans 
le balnéaire; au Vieil-Evreux; enfin, à 
Sainte-Marguerite-sur-Saàne , où M. Féret 
a trouvé, en 4841 , le fourneau, le chauf- 
foir et l'escalier dans un état parfait de 
conservation. 

À l’aide de ces découvertes, et de toutes 
celles qui ont été faites dans les villas ro- 
maines de la Gaule et de la Grande-Bre- 
tagne, on pourrait reconstituer un vitruve 
gallo-romain. 

Cet appartement, long de sept mètres et 
large de trois, est formé avec des murs en 
moellons, taillés en petit appareil. L’épais- 
seur des murs est de soixante-dix à quatre- 
vingts centimètres, et leur hauteur conser- 
vée varie de deux à trois mêtres. 

Le fond de l’appartement est cimenté et 
recouvert avec de larges briques rayées. 
C’est sur ce pavage inférieur que sont po- 
sés les piliers en briques, dits piliers de 
chaleur, qui soutiennent le pavé de la salle. 
On en compte vingt-six de conservés, et les 
plus hauts ont encore quatre-vingts centi- 
mètres ; ils sont disposés sur trois rangs, à 
distance à peu près égale, quoique la posi- 
tion de chaque pilier en particulier ne soit 
pas parfaitement régulière. Le pavage qui 
recouvrait ces piliers était formé avec de 
belles dalles de pierre de liais , dont il ne 
restait plus qu'une seule entière, Les murs 
farent tapissés jusqu'à hauteur d’appui 
avec des étuves où tuyaux de chaleur, la 
plupart cassés et en morceaux. Ces étuves 
étaient attachées solidement au mur avec 
de longs clous de fer ou des fiches pattes, 
dont le pied est encore resté entre deux 
moeilons. 

Nous croyons que la tourelle carrée qui 
se voit dans le mur de l'ouest, était la che- 
minée ou le conduit par où s’'échappait la 
fumée de l'hypocauste. Ce que le poète ex- 
prime si biea quand il dit : 

Cum tenuem volvunt hypocausta vaporeme 


Le chauffoir , selon nous, était au nord; 
l'appartement qui forme l'éperon de ce côté 
était la cuisine, Ce qui nous le fait croire, 
c’est que . là, nous avons trouvé le propi- 
gneur , ou pignon de l’hypocauste, et des 
débris de poterie grise. Cet appartement 
n'était pas pas pavé; seulement, sur le sol, 
nous avous trouvé deux grosses pierres cal- 
caires semblables à deux dalles informeset 
mal dégrossies. 

Le troisieme appartement, Cœalement 
long de sept mètres et large det pis, était 
pavé en pierre de liais etavait des hourre- 
lets comme nous en avons remarqué à 
Etretat, au Vicil-Evreux et à Lillebonne, 


263 


La pierre de pavage reposait sur une cou- 
che de ciment rouge, qui n’avait pas moins 
de vingt-cinq centimètres d'épaisseur. Cet 
appartement communiquait avec la salle 
de l’hypocauste par une porte placée à l’an- 
gle sud : mais nous ne lui connaissons pas 
d’autre issue, ni aucune communication 
avec le quatrième appartement non pavé, 
qui termine l’édifice du côté de l’est, 

Toutefois, il faut ajouter une singulière 
particularité, qui est relative à cette salle. 
C’est qu'environ à deux mètres du mur 
nord le pavage s'arrête, et un léger rebord 
de trois centimètres indique la fin du ni- 
veau et le commencement d’une dépres- 
sion légère. 

Il nous est difficile d’apprécier la desti- 
nation de ce reste d'appartement, ainsi sé- 
questré de la partie plus élevée. Nous se- 
rions presque tenté d’y voir la place d’un 
lit ou d’un triclinium. Cette pièce était dé- 
corée avec un certain luxe, car, dans les 
déblais nous avons rencontré beaucoup de 
stucs coloriés. Ces peinturesétaient plus ri- 
ches et moins simples qu’à Etretat et à 
Sainte-Marguerite. Il y avait une grande 
ressemblance avec les crépis trouvés par 
M. Friboulet , à Saint-Jean-de-Folleville , 
dans le Champ-aux-Tuiles. On y remar- 
quait des feuillages verts, des baies, des gre- 
nades , des rameaux de laurier, et même 
quelque chose qui ressemblait à une croix, 
ce qui ferait présumer que cette habitation 
a pu appartenir à un chrétien. L'absence 
de symboles païens le ferait d’ailleurs sin- 
guliérement soupçonner. Sidoine Apolli- 
saire est formel sur ce point dans sa lettre 
à Donatius, où il décrit sa demeure; il dit 
expressément « qu’il se contente de la blan- 
cheur des murs; qu'on ne voit point chez 
lui de ces peintures honteuses , de ces ob- 
cénités, de ces nudités révoltantes et dis- 
solues qui déshonorent les maisons des 
païens. Chez lui, tout est édifiant et chaste, 
et si quelques vers sont écrits sur la mu- 
raille, ce n’est que pour la plus agréable 
distraction du lecteur. » 

À l’angle nord de la portion pavée est 
un trou pratiqué pour l’écoulement des 
eaux. Ce trou était encore bouché avec un 
tampon de liége, qui n’était pas to'alement 
cousumé. L'eau versée dans ce trou, qui 
n’avait pas plus de dix centimètres de cir- 
conférence , descendait dans un canal qui 
la conduisait vers l’est en s’élargissant tou- 
jours. Le canal, dont il ne reste que le fond 
et les coilatéraux, est maçonné avec des 
briques et pavé avec des pierres de liais. 
Son parcours continu est de quatre mètres, 
dont la largeur varie de treute-cinq à cin- 
quante centimètres. 

‘Actuellement il paraît se perdre dans le 
quatrième appartement non pavé, qui ter- 
mine l'édifice du côté de l’est ; les murs de 
ce quatrième appartement sont grossière 
ment bâtis : ils sont en silex mal taillé, et 
semblent une addition postérieure à la con- 
struction primitive. On dirait une loge, un 
cellier ou un hangar destiné à mettre le 
bois et les choses encombrantes de la mai- 
son. 

Du reste , dans cet appartement , nous 
avons rencontré quinze médailles , grand 
et moyen bronze, toutes du Haut-Embpire. 
La plupart étaient oxydées et totalement 
frustes. Cependant, sur quelques-unes, nous 


avons pu lire les noms d’Adrien, de Trajan 


et d'Antonin , et nous avons reconnu les 
figures des impératrices Faustine et Julia 
Dompna, Nous y avons trouvé aussi un mor- 
ceau de verre blanc, que je crois le fond 


st 


à 264 


d’une urne cinéraire ; on y voyait quelques : 


lettres en saillie , qui semblaient le com- 
mencement d’une inscription : je nai pu 
lire que les trois lettres suivantes, F R 0... 

Maintenant, on nous demandera si cet 
édifice était une habitation séparée de la dé- 
pendance d’une grande exploitation. Nous 
avouons sur ce point notre ignorance. Aux 
alentours de la portion explorée se voient 
d’autres murailles, des tuiles à rebords, des 
poteries et uneifoule d’autres débris. 

Si c'était là une habitation particulière, 
ce ne pourrait être que la demeure d’un 
homme du peuple ou de condition médio- 
cre ; en ce cas, notre découverte mériterait 
un intérêt de plus, car l’on connaît bien les 
v'llas des riches, mais ce que l’on ignore le 
plus, c’est la demeure du pauvre. 


(Revue «le Rouen.) 
EE 


£ . Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte À. DE LAVALETTE., 


FAITS DIVERS. 


— On trouve, dans le Journal de l'Aine du 12 
janvier, quelques détails au sujet d'un tilleul, connu 
sous le nom d'arbre de Martigny, qu’on aperçoit à 
l'horizon , au-dessus dé la chaîne de montagnes 
midi de Laon, et dont les rameaux ont une env U 
gure d'au moins cinquante mètres. er= 

Ce tilleul pourrait être considéré comme 
que dans l'enfance, puisqu'il ne remont 
règne de Henri IV. Cet arbre étant un des repères 
indicateurs établis sur tous les points culminants du 
royaume, à l'époque où Sully fit travailler à la 
construction de la carie de France. = 

De plus de vingt lieues de Laon, dit le Journal 
de l'Aisne, on nous écrit, nous demandant s'il est 
vrai que l'arbre de Martigny a été partagé en quatre. 
Voici ce qui a donné lieu à la nouvelle répandue à 
cet égard, 

Nous avons fait connaitre, vers Ja fin de décem- 
bre, les dégats et les mutilations extraordinaires que, 
dans un grand nombre de localités, avaient éprou- 
vés les plus forts atbres par suite des givres qui ont 
duré plusieurs jours et dont jusqu'ici on n'avait pas 
eu de pareil exemple. L'arbre de Martigny n'a point 
été épargné. Des branches-maitresses d'une énorme 
grosseur, faisant parlie dela couronne inférieure, 
courbant sousle faix dont elles étaient accablées, 
ont élé arrachées du tronc; mais ce tronc n'a point 
éprouvé d'autre dommage. Vu de Laon, l'arbre de 
Martigny n’a plus cette belle forme d'oranger qu’on. 
lui connaissait ; mais M. de Blécourt, maire de la 
commune , a pris de sages précautions, afin que le 
dernier accident n'ait pas de suites fâcheuses pour 
ce bel arbre. 


BIBLICGRAPEHIE. 


ADMINISTRATION DES DOUANES. Tableau gé- 
néral du mouvement du cabotage pendant l’année 
1841. 

AUX CHAMBRES. AU PAYS. Nécessité de dé- 
fendre les colonies, le sucre de betteraves et les au- 
tres produits du sol français contre le parti ultra-ma- 
nufarturier. à 

CAHIERS D'HISTOIRE UNIVERSELLE; par 
MM. Edouard Dumont, Théodose Burette et Casimir 
Gaillardin. Histoire du moyen êge; par M. Casimir 
Gaillardin. 3° cahier (fin). 

CHEMINS DE FER du nord de Ja France, ligne 
de Paris à Londres. Examen des sysièmes de trace, 
l'un circulaire et l'autre intérieur. Nouvelle diree- 
tion sur Calais et sur Boulogne. 

DE DELHI A BOMBAY, fragment d'un voyage 
dans les provinces intérieures de lInde, en 4841 ; 
par M. le docteur G. Roberts. Publié par la Socrète 
orientale. 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


séng ele TS 21 ET IENAREN 


ep ON a it cat ers rt. Sn PP End da mt dû" hs à 


10? amrnée. 


Paris. — Dimanche, 12 Février 1843. 


N 


N° 12. 


SAVANT. 


É TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


eg 


| 
| 


À 


| 
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
| CHIMIE. Description de quelques nouvelles bases 
|: organiques obtenues par l'hydrosène carbonné 
avec l'acide hyponitrique; Zinin, — CHIMIE 
ÉGALE. De Pessai de l’arsenie par le enivre; 
| Hugo-Reinch. — SCIENCES NATURELLES. 
| BOTANIQUE, PHYSIOLOGIE VEGETALF. Sur 
le mode et les circonstances de développement 
d'un végétal myc oscopique dans les liquides al- 
Eumineux, normaux et pathologiques (deuxième 
article) ; Andral et Gavarret, — PHYSIOLOGIE 
ANIMALE. Note sur la théorie posihive de la fé- 
N condation de M. Pouchet: Constancio.—- SCIEN- 
| CES APPLIQUÉES. SOCIÉTÉ D'ENCOURA- 
| GEMENT. Stance du 8 février; Francœure — 
| ARTS CHIMIQUES. Du tannage mécanique et 
| autres perfectionnemeuts récents dun tannage 
. (deuxième articie); J. Garvier.—ARTS METAL- 
 EURGIQUES. Action de l'air et de l’eau sur le 
fer; Mallet. — ARTS MÉCANIQUES. Sur les 
| établissements affectés à la construction des gran- 
| es machines à vapeur; Calla. — AGRICUL- 
| TURE. — ANIMAUX DOMESTIQUES. Races 
|  chevalines orientales, ECONOMIE AGRICOLE. 
| Moyen de détruire les fourmis; Bossin, — HOR- 

| 


TICULTURE. Sur la croissance des arbres; 
d'Hombres Firmas. — SCIENCES HISTORI- 
QUES. ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES 
| ET POLITIQUES. Séance du samedi 4 février. 
 —ARCHÉOLOGIE. Commune de Gémozac (Cha- 
rente-lnférieure ; Lesson. — BIBLIOGRAPHIE. 


Dee: 
SCIENCES PHVSIQUES. 


) | _ CHIMIE, 


Description de quelques nouvelles bases orga- 
| niques oblenues par l'aclion de l'hydrogène 
| sulfuré sur des combinaïsons d'hydrogène 
| carbon éavecl'acidehyponitrique, par M.Zinin. 


| Dans un long et curieux mémoire 
M. Laurent a montré que l’action de l’a- 
“side nitrique sur la naphtaline, donne 
. naissance à des aignilles jaunes qui sont Ja 
ritrophtalase, corps peu soluble dans l'eau, 
moins encore dans l'alcool et dans l’éther. 
\ En traitant la nitrophtalase par l’hydrogène 
sulfuré, M. Zinin a obtenu une nouvelle 
base , le naphtalidam qui se combine avce 
tous les sxacides el tous les hydracides. Le 
naphtalidam se présente avec l’aspect d’ai- 
guilles blanches, aplaties, Il fond à 509 
sentigrades, bout à 200° et distille sans dé- 
composition, sous forme d’une liqueur 
transparente, faiblement jaunâtre. Le 
laaphtalidam prend une couleur violette 
par le contact de l'air ; il a une odeur forte, 
particubère , désagréable; sa saveur est 
très amère et caustique, il est insoluble 
ans l’eau et très soluble dans l’alcool et 
Véther. Son action sur le tournesol est 

nulle. Le naphtalidam a toujours pour for- 
“mule COHEN: ; c’est par conséquent une 
nase sans. oxigène. Pouvant se combiner 
avec MA RAÈRS il forme avec l’acide sulfu- 
rique un su fate de naphtalidam dont la 
ormule est C‘°H°°N°SO4, et avec l'acide 
chlorhydrique un chlorhydrate de naph- 
alidam quia pour formule CH'8N-CL'H. 
ou C'HON°CL>. 


Le naphtalidam se comporte avec le 
chlore comme les autres bases organiques. 

Si l’on sature d’ammoniaque une disso- 
lution alcoolique de nitrobenzamide et si 
l’on traite la dissolution par de l'hydrogène 
sulfuré, elle laisse déposer du soufre et il 
se forme au milieu de la liqueur des ai- 
guilles fines qui ont une saveur âcre, cor- 
rosive peu solubles dans l’eau et l'alcool. 
Après avoir laissé le tout en repos pendant 
un jour, si on vient à séparer laliqueur du 
précipité de soufre et à la distiler, il se 
dépose de cette liqueur une huile jaune, 
pesante, d'ure odeur analogue à la benzine. 
On sépare cette huile de la liqueur surna- 
geante, on la distille seule et l’on obtient 
un liquide d'apparence oléagineuse et plus 
lourd que l’eau ; l’air le colore en rouge, 
il se combine à tous les oxacides et à tous 
les hyÿdracides ; c’est une base nouvelle à 
laquelle M Zinin a donné le nom de Benzi- 
dam. Sa formule est C'H'#N"; elle ne con- 
tient donc pas d’oxigène. 

Les autres combinaisons de lanaphtaline 
avec l’acide hypo-azotique ; donnent aussi 
des bases organiques particulières. La nr- 
tronaphtalise fournit une base en aiguilles 
ronges qui, avec l'acide chlorhydrique 
donne un sel blanc en écailles. 

M. Zinin termine son mémoire par 'a 
description d’une nouvelle combinaison du 
chlore avec la naphtaline. Si l’on traite la 
chloronaphtialase par Vacide sulfurique 
concentré à 440° de température, il se sé- 
pare de la liqueur qui est devenue brune, 
un corps bhuileux qui, par le refroidisse- 
ment se prend en une masse analogue à la 
cire. Cette masse est insoluble dans l’eau, 
soluble dans l’alcool, cristailisable en lon- 
gues aiguilles soyeuses, insipides, inodores, 
fusibles à 74°, dont le point d’ébullition est 
à 200” et qui distillent sans résidu. Leur 


formule est C°°H'°CL., on pourrait appeler 


ce corps chloronaphtalise. 


CHIMIE LEGALE:+ 


De l'essai de l'arsenic par le cuivre, par | 


M. Hugo-Reinsch. 


L'appareil de Marsh, si bien modifié par 
M. Orfila, est pour les recherches médico- 
légales sur l’arsenic un appareil précieux 
et d’une grande sensibilité. Mais la mousse 
quise produit souvent pendant l’expérience, 
et la carbonisation qu’en doit faire subir 
aux matières à essayer, sont deux inconvé - 
nients graves qui compliquent beaucoup 
l'opération. M. Hugo-Reinsch a proposé un 
moyen assez simple pour rechercher l’ar- 
senic, moyen qui simplifierait beaucoup 
l'appareil de Mar;h 

Le procédé de M. Reinsch consiste à aci- 
duler par de l'acide chlorbydrique les li- 
Gueursarsénicales et à les faire bouillir avec 


EE es eee 


| LEcHo pu MONDE sAVAN% paraît le FEURDE etle DIMAPTOHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun. On s’ahonne : Paris, rue des 
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{ adressé (franco) à M. le vicomte A, në LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M, C.-B. FRAYSSE, gra 1 


du cuivre métailique, qui bientôt se recou- 
vre d’une couche grisâtre d'arsenic. Une 
très faible proportion d'arsenic est décélée 
par ce procédé. 

Plusieurs autres métaux, il est vrai, 
se précipitent comme l'arsenic, sous l’in- 
fluence du cuivre, mais il est toujours facile 
de les distinguer de l’arsenic. Souvent la 
couleur du métal précipité ne permet pas 
d'erreur. Quant au bismuth et à lanti- 
moine qui se précipitent dans les mêmes cir- 
constances que l’arsenic, on ne les confon- 
dra pas avec ce corps. Le bismuth se préci- 
pite toujours à l’état cristallin et l’antimoine 
recouvre constamment le cuivre d’une pei- 
licule métallique violette dans les dissoln- 
tions étendues et blanche-grisâtre avec les 
dissolutions concentrées. 

Des matières alimentaires, des matières 
vomies contenant de l'arsenic, peuvent être 
traitées d’une manière analogue pour y 
constater la présence de ce corps. On fera 
bouillir ces matières avec de l’acide chlor- 
hydrique pur, étendu de son poids d’eau # 
l'on filtrera ce liquide et on le traitera pgr! 
des lames de cuivre, comme nous l’av 
indiqué précédemment. Tout l’arsenic c 
tenu dans ces matières se déposera sur | 
lames de cuivre. 

Dans une recherche médico-légale, be- 
soin est toujours de contrôler une expé- 
rience par uve autre. Il faut done, lorsque 
l’arsenic se trouve ainsi fixé sur les lame: 
de cuivre, prouver par plusieurs autres 
moyens que c’est vraiment de l’arsenic. 
Pour cela M. Reinsch introduit les lames 
de cuivre chargées d’arsenic dans un tube 
effilé à l’une de ses extrémités, à l’autre s’a- 
dapte un tube d un diamètre plus petit. En 
chauffant le tube avec uné lampe à alcool 
à l’endroit où sont déposées les lames de 
cuivre, l'acide arsénieux, formé par l’u- 
nion de l’arsenic avec l’oxigène de l'air, se 
sublime et se condense, sous forme de pe- 
üts cristaux brillants, bien reconnaissables. 

Mais, comme le faisait remarquer un jour 
M. Orfila, la yplus belle solution qu'on 
puisse donner du problème c’estdemontrer 
l’arsenic métallique lui même. M. Reinsch 
arrive à ce résultat de la manière suivante: 
Il place les James ile cuivre couvertes d’ar- 
senic dans un tube de verre effilé à l’une de 
ses extrémités; dans ce tube il fait passer un 
courant d'hydrogène pur et sec,ct enmême 
temps il chauffe les lames de cuivre. L'hy- 
drogène se combine avec l’arsenic et forme 
de l’hydrogène-arseniqué. On enflamme 
cet hydrogène arseniqué à sa sortie par 
l'extrémité effilée du tube, et l’on agitcomme 
avec l’appareil de Marsh. 

Nous avons répété avec un grand sois 
les expériences de M. Reinsch ; nous avons 
traité par le cuivre une liqueur contenant 
un peu d’arsénite de potasse et nous avons 
réduit par l'hydrogène l’arsén'ure decuitre 


508 

formé. Tout cela nous amène à dire que le 
procédé de M. Reinsch est un procédé aussi 
simple qu'ingénieux , une heureuse modifi- 
cation assortie à l'appareil de Marsh. 

Nous croyons cependant qu’on peut bien 
s'assurer que la couche qui recouvre le 
cuivre est une couche d’arsenic, sans faire 
passer sur les lames de cuivre un courant 
d'hydrogène. 

Ne suffit-il pas de placer dans l’appareil 
de Marsh les lames de cuivre recouvertes 
d’arsenie, pour obtenir aussitôt des taches 
arsenicales. Nous avons essayé cette expé- 
rience et elle nous a parfaitement réussi ; 
il est vrai qu’il faut s'assurer par avance 
que le cuivre qu’on emploie ne contient 
pas d’arsenic; mais ce petit essai à faire 
compense bien les désagréments de la car- 
bonisation et les inconvénients de la mousse 
qui souvent projette hors de l’appareil les 
matières sur lesquelles on agit. Cet arsé- 
niure de cuivre introduit ainsi dans un ap- 
pareil de Marsh ne produit jamais demousse. 

À tous ces avantages, nous pouvons en 
ajouter deux autres , qui sont d’une grande 
importance. Le premier c’est que ce procédé 
est d’ane exécution plus facile que l’appa- 
reil de Marsh et qu'il demande moins de 
temps; d’un autre côté, il est d’une sensibi- 
lité qui lui permet derivaliser avec tous les 


autres procédés connus. E.-F. 
—— De — 
SCIENCES NATURELLES. 
BOTANIQUE. 


PIYSIOLOGIE VEGETALE, 


Recherches sur le mode et Les circonstances de 
développement d'un végétal microscopique 
dans les liquides albumineux , normaux et 
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret. 


(Deuxième article.) 


« Soit que, vers la fin Au quatrième jour, 
on ne trouve encore dans le sérum que des 
vésicules, soit que déjà on y rencontre des 
tiges, on voit alors la surface du liquide se 
recouvrir de plaques irrégulières, espèces 
d’iles flottantes que l’on prendrait, à l'œil 
nu, pour des agglomérations informesd’im- 
puretés déposées accidentellement par le mi- 
lieu ambiant. Cette couche, examinée au 
microscope, se décompose en une quantité 
iunombrable de vésicules de grandeur va- 
riable, et très diversement disposées. [ci 
elles sont placées les unes à côté des autres 
sans ordre, sans symétrie, sans lien com- 
mun. à, on les trauve soudées et rangées 
en séries moniliformes rectilignes, ou di- 
versement incurvées. Ailleurs elles sont 
disposées en véritables arborisations. 

» Cependant , au sein de cette sorte d’é- 
cume, composée d’une accumulation de 
véritables germes, et dans les couches les 
plus superficielles du liquide, netardent pas 
à apparaître toutes ces formes végétales que 
nous avons constatées pendant les quatre 
premiers jours, mais quisont ici moins sim- 
ples et plus variées. 
© » Ainsi, 1° nous y retrouvons des vési- 
cules isolées d’où naissent des bourgeons, 
puis des tiges, etc. ; 

» 2° Il y a de ces vésicules isolées qui se 
développent par deux points diamétrale- 
ment opposés. À mesure que cette sorte de 
développement s’accomplit, la vésicule 
elle-même finit par disparaître , et l’on ne 
voit plus qu'un cylindre creux qui se rami- 
fie dans dans divers directions, sans dia- 
phragme à son intérieur. 

» Nous retrouvons aussi, au sein de cette 


269 


écume et au-dessous d'elle, des séries de 
vésicules soudées entre elles, de telle sorte 
que de leur développement ultérieur il ré- 
sulte, soit des tiges moniliformes, soit des 
tiges cylindriques, dont la cavité est divi- 
sée par des diaphragmes. 

» Ces vésicules, rangées en séries, se dé- 
veloppent indépendamment les unes des 
autres, et en vertu d’un travail qui se passe, 
non dans leur ensemble, mais dans cha- 
cune en particulier ; ce qui le prouve, c’est 
qu’il arrive quelquefois, que, dans une sé- 
rie de vésicules soudées, les unes restent 
stationnaires, tandis que d’autres s’allon- 
gent incesssamment. Alors se présentent 
des individus singuliers dont les formes ex- 
térieures varient à chaque point de leur 
étendue. Ici c’est une tige parfaitement cy- 
lindrique et cloisonnée, plus loin un vérita- 
ble chapelet de vésicules accolées; ailleurs 
une suite de cylindres réunis par des ren- 
flements, qui ne sont autre chose que des 
germes incomplétement développés. 

» 4° D’autres vésicules, au lieu d’être dis- 
posées en séries , comme les précédentes, 
s’arrangent les unes par rapportaux autres 
de manière à former de véritables arbori- 
sations, et celles-là peuvent ainsi éprouver 
individuellement un travail de développe- 
ment; une petite arborisation peut ainsi 
devenir un très vaste végétal, dont les ra- 
meaux occupent un espace quatre à cinq 
fois plus grand que le champ du micros- 
cope. 

» 9° Il arrive quelquefois qu’une vésicule 
sert de point de départ on d'aboutissant à 
plusieurs séries de vésicules plus petites 
qu’elle, et placées bout à bout. Dans ce cas, 
pendant que chacune de ces séries de vé- 
sicules se développe suivant le mode ordi- 
naire, la vésicule centrale se développe 
dans tous les sens à la fois, de manière à se 
transformer en une vaste ampoule ronde 
ou irrégulièrement polygonale, servant de 
moyen d'union à des tiges cloisonnées ou 
moniliformes, qui rayonnent dans diverses 
directions. 

» Ainsi la production végétale qui se 
forme au sein du sérum da sang acidifié 
est de deux sortes : constituée tantôt par 
un seul individu, et tan Ôt par l’aggloméra- 
tion fortuite de plusieurs, qui, tout en se 
réunissant, se développent et vivent indé- 
pendamment les uns des autres. 

» 6° Enfin en dehors de ces productions, 
qui, malgré leurs apparences si diverses, 
ont un développement régulier dont on 
peut saisir les lois, on en trouve quelques 
unes pour lesquelles il semble, au premier 
abord, ne plus en être ainsi; ce sont des 
formes bizarres et singulières, qui ne se 
prêtent plus à aucune description générale, 
et cependant, en les étudiant avec soin, on 
s'aperçoit bientôt que cette irrégularité ne 
tient qu’à une modification survenue dans 
d'exercice des lois fondamentales qui ne 
cessent pas de rester les mêmes, et c’est 
ainsi que, pour ce végétal comme pour tous 
les autres êtres organisés, l'étude des mons- 
tres vient jeter un grand jour sur certaines 
formes primitives dont la disparition ulté- 
rieure ne permet plus d’apercevoir les 
phases diverses que ces êtres ont traver- 

’ 
sées. 

» Du reste tous ces végétaux se dévelop- 
pent simultanément dans cette mince et 
légère couche d’écume que nous avons vue 
apparaître vers le quatrième jour à la sur- 
face du liquide albumineux. De leur entre- 
lacement résulte une membrane épaisse 
qui, vers le douzième jour, recouvre toute 


270. 


la surface libre de la liqueur, et adhère de 
toutes parts aux bords du vase. Le liquide 
placé au-dessous d’elle renferme une mul- 
titude de vésicules et de végétaux à divers 
degrés de développement; si l’on enlève 
cette membrane, on en voit bientôt une 
nouvelle se former, et ainsi de suite jusqu’à 
ce que la putréfaction s'empare du liquide 
albumineux. Nous avons vu ce travail de 
production se prolonger au-delà d'un mois; 
à une certaine époque apparaissent à la 
surface de la membrane des moisissures. 
Nous avons. représenté des végétaux com- 
plets trouvés dans cette membrane, tout-à- 
fait semblables à ceux qui ont été désignés 
sous le nom de mycodermes. 

» Telle est la description générale du vé- 
gétal que nous avons trouvé dans le sérum 
du sang traité par l’acide sulfurique. Nous 
avons à ajouter maintenant quelques re- 
marques sur le mode de terminaison des 
tiges végétales, et sur les matières qu’on dé- 
couvre à leur intérieur. 

» La terminaison brusque des tiges en 
cul-de-sac, que nous avons déjà indiquée, 
est quelquefois remplacée par leur division 
en prolongements que l’on trouve généra- 
lement au nombre de deux, souvent de 
trois, rarement de quatre, et jamais en plus 
grand nombre; ce-sont alors ces prolonge- 
ments auxquels appartient la terminaison 
en cul-de-sac. Ils affectent le plus ordinai- 
rement dés directions divergentes, quel- 
quefois cependant ils restent parallèles ; 
une seule fois nous en avons vu deux en- 
roulés en spirale l’un sur l’autre. 

» Ces prolongements terminaux sont 
susceptibles d’un développement ultérieur, 
indépendant de celui de la tige dont ils 
émanent. Voici une preuve directe de cette 
assertion. 

» Nous avons conservé entredeux verres, 
dansle champ du: microscope, pendant une 
heure , deux tiges cylindriques terminées 
chacune par deux prolongements. En sui- 
vant de l’œil le travail de développement 
qui se passait dans ces végétaux, nous cons- 
tatâmes ce qui suit : 

» Les tiges cylindriques ne changèrent ni 
de forme, ni de position, ni de dimension, 
de telle sorte qu’au bout d’une heure, ils 
avaient en longueur des dimensions à peu 
près triples de celles que nous avions mesu- 
rées au début de l’observation. Toutes les 
images que nous présentons ici à l’appuide 
cette description ont été dessinées au gros- 
sissement de 400. 

» Revenons maintenant à l'examen des 
matières contenues dans l’intériear du vé- 
gétal , ces matières, nous l'avons déjà vu, 
sont de deux sortes relativement à leur ap: 
parence : c'est un semis, ou ce sont des glo- 
bules ; mais ces matières ne sont pas égale- 
ment réparties dans toutes les portions du 
végétal. Les rameaux de nouvelle formation 
n’en contiennent pas, et paraissent com- 
plétement vides; dans ceux qui les ont im= 
médiatement précédés, on constate l’exis- 
tence d’un semis amorphe uniformément 
répandu, et enfin, dans les tiges plus ar- 
ciennes. se présentent des globules de gros- 
seur variable, quelquefois à peine distincts 
du semis environnant, tant ils sont petits; 
d'autres fois remplissant exactement la ca- 
vitéqui les renferme. Mais, lorsqu'on pousse 
plus loin l'observation, on s'aperçoit que 
ces rameaux, qui naguère paraissaient ab- 
solument vides, ne tardent pas à se remplir 
eux-mêmes d’un semis extrêmement fin, et 
qu'au milieu de ce semis apparaissent plus 
tard des globules de plus en plus gros; de 


71 

Lorte que la cavité du végétal finit par être 
“emplie tout entière de globules, jusque 
lans ses extrémités terminales, 

» La vacuité des vésicules primitives et 
kes rameaux de nouvelle formation n'est 
lonc qu’une illusion d’optique. Toutes ces 
avités sont remplies d’un liquide organi- 
able lui-même. Pendant que le végétal, 
»béissant à un travail de développement 
blus où moins actif, passe de l'état vésicu- 
aire à l’état d’individu complet, le liquide 
intérieur devient aussi le siège de transfor- 
imations, en vertu desquelles la matière or- 
tranisable, d’abord dissoute, se concrète en 
lLemis extrêmement fin, et donne naissance 
1 un véritable-globule. Les globules eux- 
mêmes une fois formés, sont susceptibles 
He s’accroître. D'abord extrêmement petits 
bt à peine distincts, ils acquièrent un vo- 
tume de plus en plus considérable, et attei- 
‘nent le diamètre inférieur des tiges. Mais 
|à ne s'arrêtent pas leur accroissement. 
Bientôt génés dans la cavité où ils ont pris 
|aissance, ils se déforment, s’allongent, se 
mouient exactement sur les parois des tiges 
Fi se transforment en véritable cylin- 
tres (1). 
| » Quelle est la nature de ces globules ? 
[Quel rôle sont-ils destinés à remplir ulté- 
lcieurement? Voilà des questions dont nous 
!sentons l'importance, mais auxquelles nous 
‘ne pourrions répondre que par des hypo 
Lthèses. Jamais nous ne les avons vus s'é- 
| chapper des tiges au sein desquelles ils sont 
Lormés. Quelquefois nous avons cru cons- 
“tater un mouvement de déplacement dans 
\ces globules ; mais la sensation était obs- 
cure , de fort courte durée, et, quelque 
lsoin que nous ayons apporté à cette étude, 
\il nous à été impossible de constater une 
circulation bien distincte. 
| LIRE MATE 
| PHYSIOLOGIE ANIMALE. 

Note sur lathéoriepositivedela fécondation. 


 L'écrit récent du docteur Pouchet sur la 
| fécondation des mammifères , se fait re- 
, marquer par la justesse des raisonnements 
« sur cet important sujet , à l’égard du quel 
| il existe tant d’opinions divergentes. Mon 
| but, dans cet article , est de signaler une 
lacune que nul ne pourra mieux remplir 
que ce savant physiologiste. Il s’agit de dé- 
terminer, par des expériences décisives, si 
Vapplication immédiate du fluide sperma- 
. tique est indispensable à la fécondation. 
| Les expériences de Haighton, et surtout 
. celles du docteur Blundell , professeur de 
| physiologie et d’accouchements à l’hopital 
| de Guy, à Londres, paraissent décider la 
question négativement. Je me bornerai ici 
à rapporter le résultat de quelques unes 
des expériences de Blundell, contenues dans 
un mémoire inséré dans le Xe volume des 
Transactions méd.co-chirurgicale. 

Ayant ouvert l'abdomen dans plusieurs 
1 lapines > On fit sortir par l'ouverture la ma- 
« irice et une portion du vagin, et on coupa 
| transversalement l’utérus près du col, de 
| Tanière à partager cet organe en deux par- 

ties, supérieure ou Falopienne, et inférieure 
ou vaginale. Cela fait on replaça les parties 

et on réunit la plaie par des points de su- 
ture. Les animaux se rétablirent assez 


(1) Quand, on examine une tige moniliforme ou 
cloisonnée, qui est remplie de globules, il devient 
facile de constater la réalité de l'existence de ces 
diaphragmes dont nous avons parlé, et de voir qu'ils 
Separent compléiement la cavité totale en loges ab- 
solument indépendantes les unes dés autres. 


279 


promptement, les uns dans quelques jours, 
les autres dans peu de semaines, Aussitôt 
queleslapineséprouvèrent l’ardeur sexuelle 
elles furent livrées aux mâles, et sur dix à 
douze, presque toutes se trouvèrent fécon- 
dées dès la première copulation. On les tua 
ensuite à diverses époques de la gestation, 
et on trouva des petits dans la partie falo- 
pienne de leurs matrices. Après un examen 
attentif, on reconnut que la portion vagi- 
nale avait formé une excroissance sur la 
ligne de la section , et que toute communi- 
cation avec la portion falopienne de Putérus 
était interceptée. 

Il faut donc que le fluide séminal du 
mâle ait été transmis à travers la double 
cicatrice des deux portions de la matrice 
séparées par l’opération, pour pai venir aux 
ovules déposés dans la partie falopienne de 
l’organe. Cela a dû être facilité par la na- 
ture plus perméable du tissu de formation 
nouvelle sur la ligne de la section; car je 
repousse l’idée de l'aura seminalis, et suis 
intimement persuadé que le fluide séminal 
est parvenu à la matrice de la même ma- 
nière qu'il traverse l’hymen imperforé des, 
fermimes chez qui cette conformation n’a pas 
empêché la conception. J’ajouterai, en pas- 
sant, que les expériences de B ontell sont 
très favorables à l'opinion émise par M. Pon- 
chet sur le lieu où s'opère la fécondation. 

Quant à l'aptitude d’être fécondées, va- 
riable chez les femmes, comme dans les fe- 
meiles des animaux ; il est reconnu que 
dans tous les climats, un ou deux mois de 
l'année, ofirent incomparablement plus 
d’accouchements, et répondent, par con- 
séquent à deux autres époques où les con- 
ceptions sont plus nombreuses. Le fait est 
admis par tous les observateurs : ils ne dif- 
fèrent que sur les mois. D'après M. Ray - 
mond , il paraîtrait qu'à Marseille c’est le 
mois d'octobre qui est le plus favorable 
aux conceptions, et mars celui où elles sont 
moins fréquentes. Burus est porté à croire 
qu’en Ecosse c'est en mai qu’il y a le plus 
d’accouchements et en octobre le moins : 
par conséquent août et septembre seraient 
les mois les plus favorables à la conception. 

D'après un registre très exact tenu par 
le docteur Bland , il paraîtrait que l’âge le 
plus favorable à la conception, est de 26 à 
30 ans. Sur 2102 femmes acconchées. 85 
avaient de 45 à 20 ans: 578 de 21 à 25; 
699 de 26 à 30; 407 de 31 à 35; 291 de 36 
à 40; 36 de 41 à 45 et 6 de 46 à 49. 


F.-S, Consrancio, doct.-méd. 
DE 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. 


Séance du 8 février 1845. 


Dans l'intention de présenter à la Cham- 
bre des députés des réclamations contre la 
loi proposée, pour supprimer la fabrication 
du sucre indigène ; les commités de la So- 
ciété se sont plusieurs fois réunis depuis 
quinze jours, pour rédiger un mémoire 
circonstancié sur la question, Une com- 
mission composée des délégués.des comités 
a débattu les arguments présentés, et 
M. Olivier à été chargé de faire un rap- 
port, qui a été lu dans la séance du conseil 
d’administration.Cemémoire, qui envisage 
la question sous tous les rapports est trop 
étendu pour trouver place ici, etil perdrait 
sa clarté etson importance si on se bornait 
à l’analyser. 

Toute la séance a été employée À ce long 


273 
débat , d’où est résulté que d’importantes 
modifications seraient apportées à ce tra- 
vail. Les comités se réuniront de nouveau 
à cet effet, et vû l’urgence, la Société tien- 
dra une séance extraordinaire mercredi 
prochain, pour entendre de nouveau le rap- 
port. Du reste , les conclusions sont adop- 
tées, qui ont pour objet de demander la con- 
servation de l’industrie du suc de bettera- 
ves, concuremment avec le sucre de cannes; 
quant aux impôts dont ces sucres doivent 
être frappés , la Société pense qu’on peut 
arriver, avec le temps, à égaliser les droits, 
surtout si le gouvernement consentait à les 
abaisser ; l'exemple du passé démontrant 
qu'alors le prix du sucre diminueräit , que 
la consommation en augmenterait , et que 
le trésor public y gagnerait plus qu'il ne 
perdrait, en même temps que les intérêts 
de nos colonies, de notre marine et de nos 
ports de mer seraient ménagés. 

La séance a été terminée par une délibé- 
ration relative à la distribution d’une somme 
de 3,600 fr. à six industriels âgés et tom- 
bés dans la détresse, conformément aux 
intentions de M. Bapst, qui a légué 1400 fr. 
de rentes perpétuelles à la Société d’encou- 
ragement, pour subvenir à cette dépense. 

FRANCOEUR. 


ARTS CHIMIQUES. 


Du lannage mécanique et autres perfeclionne- 
ments récents du lannage. 


(Deuxième article.) 


Dans an précédent numéro nous avons 
placé le tannage mécanique de M. Vau- 
quelin, eu tête des perfectionnements ré- 
cents apportés dans l'industrie qui nous oc- 
cupe. Nous allons aujourd’hui compléter 
notre sujet par l’exposé de quelques autres 
améliorations récentes. 

M. Félix Boudet, à Saint-Germain, a 
proposé de débourrer les peaux par l’em- 
ploi de la soude caustique. Pour 1000 kilo- 
erammes de peaux, on prend 20 kilogr. de 
soude cristallisée et 15 kilogr. de chaux, 
qu'on met dans les bassins avec de l’eau; 
en deux ou trois jours seulement l’opéra- 
tion est terminée. 

Les deux procédés à la chaux et à la sou- 
de ont chacun leurs avantages et leurs in- 
convénients, Celui à la chaux est bon pour 
les grosses peaux et mauvaise pour les 
peaux minces, tellesque celles de moutons, 
de veaux, etc. ; car elles risquent d’être al- 
térées, pour peu que la chaux ne soit pas 
tout à fait éteinte. 

Puis la chaux forme aussi dansl’intérieur 
du derme de la peau des sels calcaires in- 
solubles ; la chaux absorbe aussi du tan- 
nin, et il se forme du tannate de chaux en 
pure perte. Ce sont là de grands inconvé- 
nients , que les sels formés par la soude 
n’ont pas, car on sait que les sels de soude 
sont solubles, Le seul inconvénient qui 
pourrait résulter d’un défaut de pratique 
serait qu’un excès de soude pourrait trop 
assouplir la peau. D'ailleurs, par l'emploi 
de la soude , on fait absorber aux peaux 
une plus grande quantité de tannin. 

Un autre procédé de débourrage est aussi 
connu aujourd’hui. Il consiste à enlever les 
poils , sans les toucher, par des agents 
chimiques. C’est le procédé de dépilage des 
Turcs. On fait un mélange pâteux de chaux 
hydratée et d'orpiment (sulfure d’arsenic 
jaune), qu’on applique en couche de 1[4 de 
centimètre sur la chair de la peau. M. Fé- 
lix Boudet a vu qu'il se forme du sulfure 


274 

de calcium, lequel agit sur la matière ani- 
male; il a remplacé l’orpiment par du sul- 
fure de sodium. 

Les procédés de débourrage ont subi 
d'autres perfectionnements. D'abord on a 
fait subir aux peaux un commencement de 
putréfaction qui permettait d'enlever les 
sabots, les onglons. Puis on a eu recours à 
la vapeur; pour cela on étend les peaux 
dans un lieu clos, eton y fait arriver la va- 
peur perdue d'une machine Au bont de 
24 heures les poils s’enlèvent aisément avec 
le couteau. Ce sont MM. Ogerau , Sterlin- 
gue , deux de nos tanneurs les plus habiles 
que nous ayons aujourd'hui, qui les pre- 
miers ont introduit cette amélioration daus 
leurs tanneries. 

Ou sait que le moyen de séguin, pour 
opérer le gonflement des peaux, se borne 
à les tremper, débourrées , dans de l’eau 
aiguisée de 171500 d’acide sulfurique, dont 
la dose est ensuite portée à 17100. « Apiès 
48 heures d'immersion, les peaux sont suf- 
fisamment renflées , et ont acquis une cou- 
leur jaune jusque dans l’intérieur ; en cou- 
pant l’anglede l’une d’elles, on n'y distingue 
pas de raie blanche, et l’on voit que dans 
toute son épaisseur elle a pris une teinte 
jaune et une demi-transparence. » 

On conçoit tout le parti que Part à pu 
tirer d’une action aussi prompte et aussi 
énergique. Par cela même, l'acide sulfu- 
rique , qui est à très bas prix dans le com- 
merce , est devenu d'un usage journalier 
dans les tanneries de tous les pays, pour le 
gonflement, et même dans quelques-unes 
pour le débourrage des peaux.Chacun mo- 
difie à sa manière ce moyen prompt de 
gonflement. Quelques tanneurs etendent 
l’acide d’une grande quantité d’eau ordi- 
paire ; d’autres le font entrer à très petites 
doses dans des jus de ianné plus ou moins 
chargés. 

Sur quoi repase ce système de gonfle- 
ment? Quand on met dans de l’eau de l’ich- 
thyocolle ou co.le de poisson , celle-ci se 
gonfle peu à peu de la moitié de son volume; 
mais elle se gonfle énormément, mise dans 
l'acide sulfurique étendu d'eau. Mainte- 
nant cette colle ainsi gonflée, mise dans 
une dissolution detannin, perd sa souplesse, 
prend de la dureté, en un mot elle se 
tanne. 

Les efforts des tanneurs amis du progrès 
tendent tous les jours à diminuer l’action 
de l'acide sulfurique. Car il est bien connu 
de tous que le mauvais cuir étant chauffé 
se casse, parce que l’acide sulfurique n’étant 
pas volatit , il se concentre et désorganise 
complétement le cuir. Déjà on emploie 
moins d'acide. L'éloquent M. Dumas disait, 
dans une de ses dernières leçons, l’année 
dernière , qu’il pensait sérieusement qu'à 
une époque qui n’est pas éloignée de nous, 
on n’emploiera plus d'acide. Nous avons 
vu dans notre premier article que l'acide 
sulfurique est proscrit dans le tannage mé- 
canique de M. Vauquelin. 

On a conclu que, pour vérifier si un cuir 


“est bon, il n’y a qu’à le soumettre à la 
1 


dessication et voir s’il résiste. C’est Là un 
essai approximalif, qui est loin d’être d’une 
exactitule rigourèuse. 

Il y a quelques années, en Angleterre, 
on avait tenté le tannage rapide en faisant 
passer le jus de tan au travers de la peau 
par le moyen de la pression. On obtenait 
ainsi un tannage complet de tous les points 
de la peau en contact avec le tannin; mais 
ce qu'on aurait pu prévoir, chacun de ses 
points était séparé par des interstices qui 


275 


avaient donné passage à la liqueur, de sorte 
que le cuir était un véritable réseau criblé 
d’un nombre infini de pores. Ce procédé 
n’a pas eu de suite. 

Du reste , depuis longtemps on emploie 
pour les peaux minces, sous le nom de tan- 
nage au sippage où apprèt à la danoise, 
un procédé danois qui consiste à coudre les 
peaux comme des sacs, à les remplir de 
tan et d’eau, à fermer les sacs et à les cou- 
cher dans des fosses pleines d’eau et de tan. 


Deux mois suffisent pour cette sorte de 


tannage. - 

On peut encore aëcélérer beaucoup le 
tannage en faisant passer sur les peaux cou- 
chées dans les cuves les jus que l’on re- 
cueille au moyen d’une pompe. En 1835. 
M. Loisel a pris un brevet pour l'emploi 
de ce procédé. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Acti n de l'air et de l'eau sur le fer. 
Par M. R. Mallet. 


M. Mallet avait présenté, dans un précés 
dent travail, le tableau des pertes réelle- 
que les fers de la Grande Bretagne éprou- 
vaient, dans un temps donné, par suite de 
l’oxidation, afin de rechercher s'il n’y au- 
rait pas lieu d’augmenter leur durée. Dan; 
le tableau des expériences qu’il a présenté 
cette année à l'association britannique pour 
l'avancement des sciences, il fait voir que 
la marche de la corrosion décroit propor- 
tiounellement au temps dans la plupart des 
cas, et que la rapidité de la corrosion de la 
fonte dépend moins de la constitution chi- 
mique du métal que de l'état de sa struc- 
ture cristalline et de la condition du carbone 
qui y entre comme parte constituante. 

Le rapport actuel a étendu aussi les re- 
cherches aux fers forgés et à l’acier, dont 
quarante à cinquante variétés ont été sou- 
mises aux expériences. Les résultats démon- 
trent que la corrosion du fer forgé est en 
général beaucoup plus rapide que celle de 
la fonte ou de l'acier. Plus le fer a de pu- 
reté, plus il est uniforme dans sa texture, 
plus sa corrosion est à la fois lente et uni- 
forme. 

l'acier se corrode en général plus lente- 
ment et plus uniformément que le fer forgé 
et la fonte. 

Les résultats de l’action de l’air et de 
l’eau sur différentes classes de fer ont été 
examinés et déterminés chimiquement. La 
substance appelée plombagine se pro- 
duit par l’action de l'air et de l'eau de 
la même manière, sur l'acier, principale- 
ment en lingots bruts, que sur la fonte. 
Une certaine quantité de plombagine, ex- 
traite des débris du vaisseau le Royal-Georges, 
absorbait l’otigène lors de son exposition à 
l'air avec une telle rapidité, qu’elle deve- 
nait presque rouge de chaleur. 

M. Mallet à décrit enfin une méthode 
pour protéger le fer au moyen d’une modi- 
fication au procédé de zincage. Il est diffi- 
cile de recouvrir la surface du fer avec du 
zinc, attendu que le premier a peu d’aff- 
nilé pour le second métal. Le premier pro- 
cédé cotisiste à décaper la surface du fer, 
à enlever la couche d’oxide qui le recouvre, 
puis à le plonger dans un chloride de zinc 
et d’ammoniaque, qui le recouvre d’une lé- 
gère couche d'hydrogène, laquelle aug- 
mente son affinité pour le zinc M. Mallet 
a aussi recouvert le fer d’un alliage triple 
de zinc, de sodium et de mercure, et a fait 
voir diverses pièces en fer qui avaient été 
recouvertes avec cet alliage, et qui, à la 


276 
suite d’une exposition prolongée à l'air, et 
dans des situations critiques, ne paraissent 
pas avoir éprouvé de détérioralion. 

Eu terminant celte partie de ses recher= 
ches, l’auteur a traité une question qui 
n'est pas sans intérêt. On croit géuérale- 
ment que les chemins de fer qui sont par- 
courus journellement ne sont pas exposés 
à la corrosion. M. Mallet a eu l’occasion de 
soumettre, sous ce poiutde vue, aux épreu-# 
ves trois séries de rails du chemin de Du- 
blin à Kiogstown, l’une sur laquelle on ne 
marche pas, la seconde faisant actuelle- 
ment le service. et la troisième faisant aussi 
le service, mais recouverte d’un enduit 
contre l'humidité. La perte de la première 
série a été 2,555, celle de la seconde 2,344, 
et celle de la troisième 2,650, résultats qui 
semblent indiquer que les rails sur lesquels 
on marche et roule se corrodent plus len- 
tement que ceux qai sont hors d'usage. 

(T'echnologiste.) 


ARTS MÉCANIQUES. 
MACHINES A VAPEUR. 
Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en- 


couragement, au nom du comité des arts mé- 
caniques, sur plusieurs établissements affec- . 
tés à la construction des grandes machines à 
vapeur et des machines locomotives, 


(Premier art:cle.) 


Dans la session de 4840. au mois dejuin, 
les chambres délibéraient sur le projet de 
loi relatif à l'établissement de grands paque- 
bots transatlantiques. 

Quatorze machines de 450 chevaux cha- 
cune et plusieurs machines de moindre 
force devaient être installées à bord de ces 
bâtiments. 

Quelques membres influents de la cham- 
bre des députés inclinaient pour que toutes 
ces machines fussent demandées à l’Angle- 
terre ; on disait que nos ateliers français 
ne présentaient aucune garantie pour l'exé- 
cution de machines de cette puissance, 
qu'ils ne pourraient pas les construire, et 
que, s'ils y parvenaient, ce ne serait que 
dans des délais et avec des retards qui com- 
promettraient l'importante mesure propo- 
sée par le ministère. 

Nous n'avions, suivant eux, d'autre Tes 
source que l’Angleterre, et c'était à elle 
que nous devions demander ces éléments 
indispensables de notre puissance maritime 
et de notre influence politique. 

Nous disous influence politique, car, vous 
le savez, messieurs, la vapeur a étendu le 
champ de bataille, et, en politique, il ne s’a- 
git plus seulement aujourd'hui de léquili- 
bre européen. Toutefois, ces allégations 
rencontrèrent des contradicteurs dans le 
sein même des chambres. M. Salvandy, 
rapporteur de la commission des paquebots, 
M. Arago, qui, dans le courant de cette 
session, saisit plusieurs occasions de défen- 
fre énergiquement l'honneur et les intérêts 
de l'industrie nationale, M. le baron Thé- 
nard, uotre président, et plusieurs autres 
membres, firent valoir les nombreux mo- 
tifs qui devaient déterminer l'administra - 
tion à donner la préférence aux ateliers 
français. à 

Les constructeurs de machines s’ému - 
rent en présence de cette grave discussion; 
ils se constituèrent en comité et s'adressè- 
rent aux commissions des deux chambres; 
les notes qu'ils rédigèrent alors sont impri- 
mées et déposées dans votre bibliothèque ; 
vous pourrez y voir qu'ils revendiquèrent 
pour la France l'honneur de produire, par 


2 


17 

s propres ressources, Ces armes puissan- 
s de l'avenir, et qu'ils s’engagèrent à faire 
assi bien et plus vite que les ateliers an- 
hais. 

- Aujourd'hui, messieurs, nous sommes 
ers de pouvoir vous dire qu'ils ont tenu 
rarole. 

Le gouvernement comptant sur l'émula- 
on de nos principaux constructeurs de 
hrachines, dont les travaux antérieurs don- 
aient la mesure de ce que leurs efforts 

ourraient produire à l'avenir, leur a con- 
ré l’exécution de onze de ces grands appa- 
reils de 450 chevaux, et de plusieurs ma - 
'hines de 120, 160, 220, 340 chevaux, etc.; 
uelques autres appareils ont été réservés 
vour l’usine royale d’Indret. Ces comman- 
:+s de l'aëministration ont été distribuées 
,ntre les grands établissements de MM. Cuve, 
Lie Paris, Schneider frères, du Creuzot, 
\Zallette, d'Arras, Pauwels, de Paris, Ben- 
Nzetl et comp., de la Ciotat, près Mar- 
etlle, Séehelin et Huber, de Bitschwil - 
ler, etc. 
| Ces appareils sont exécutés avec une ra- 
.bidité et un soin dont votre comité des arts 
mécaniques a pu voir un bel exemple dans 
Ma visite qu'il vient de faire. de l'établisse- 
|ment de M. Cave. 

Moivs.de deux années se sontécoulées de- 
puis que les constructeurs français ont reçu 
«les commandes de la marine royale, et déjà 

‘elles sont exécutées pour plus de la moitié 
de leur importance; chacun des établisse- 
ments que mous venons de nommer a déjà 
‘achevé plusieurs appareïis. 
| Quelques uns sont en montage à Brest, à 
Cherbourg, à Toulon, à Indret, et nous 
avons la satisfaction de pouvoir vous dire 
ique la hardiesse et l'exactitude de leur 
| exécution ont dépassé toutes les espé- 
|rances. 
| Le rapporteur de votre conimission a con- 
duit, dans les ateliers de M. Cavé, un ingé- 
'mieur anglais très distingué, M. Richar«t 
| Roberts, de Manchester, et c'est avec uu 

juste sentiment d’orgueii national qu'il l’a 
entendu déclarer que les appareils cons- 
truits dans cet établissement ne le cédaient 
|en rien aux meilleures machines anglai- 
| ses et les surpassaient sous plusieurs rap- 
| ports, 
| Il y a peu de temps encore, Fawcett, de 
| Liverpool, disait à un de nes premiers in- 


* génieurs de la marine royale, qu’il était 


} 


; 
à 


À 


|| 
} 
\ jour obtenir des commandes du gouverne- 
| ment français reposaît :ur les perfectionne- 

ments qu'il s'efforçait d'apporter dans le 


| forcé de reconnaitre que la marine était 
| maintenant er mesure de r.cevoir des ate- 
| liers francais d'excellentes machines de na- 
sigalron, et que le seul espoir qui lui restait 


système de ses apzareils. Espér. ns, mes- 
sieurs, que nos ingénieurs français, déjà ex- 
périmentés dans cette matière, n’attendront 
pas les perfectionnements étrangers pou: 


| les imiter et sauront, au contraire, les de- 


| vancer dans les machines de navigation 


| comme ils le font déjà pour certaines espèces 
| de machines à vapeur. 


De 


AGRICULTURE, 
ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Races chevalines orientales. 


Jusqu’à présent, généralement au moins, 
on a compris sous le nom de chevaux ara- 
bes tous les chevaux qui nous provenaient 
des contrées orientales. Ainsi, on confon- 


1 


Ë 278 


dait dans une même catégorie Îes chevaux 
égyptiens, les Syriens, ceux de l’intérieur 
de l’Afiique et de l'Arabie proprement 
dite. La France, plusieurs fois, a reçu des 
étalons orientaux pour améliorer ses races 
chevalines, et chaque fois on disait que ces 
étalons étaient arabes. 

Puis, lorsqu'après un certain nombre 
d'années, les chevaux importés n’avaient 
pas fourni tous les résultats qu'on en: at- 
tendait , on s’empressait de condamner les 
races arabes auxquelles. peut-être, ces 
chevaux n'avaient jamais appartenu. 

Ce point nous paraît extrêmement im- 
portant. — Il convient, aujourd'hui plus 
que jamais, de bien s'entendre sur la va- 
leur des étalons qui nous arrivent des pays 
étrangers. 

Les chevaux syriens, les chevaux égyp- 
tiens, ceux de l’Arabie centrale comme 
ceux du sud de l’Afrique, ont-ils une même 
origine? tous ces chevaux enfin sont égale- 
ment propres à servir comme reproduc- 
teurs. 

Les caractères de chacune de ces races 
serviront de réponse. 

Une grande dissidence est née dans le 
monde hippique, et ne paraît pas de sitôt 
réunir les deux camps. 

Les uns veulent, pour régénérer nos ra- 
ces, des étalons anglais ; les autres excluent 
ces derniers et n’admettent, comme régé- 
nérateurs par exceilence, que des chevaux 
arabes. Des débats ont eu lieu; de part et 
d'autre, anglomanes ou partisans des ara- 
bes, chacun a défendu son drapeau et n’a 
pas voulu céder la place à ses adversaires. 

Ilest une première considération ma- 
jeure que es partisans du cheval anglais 
opposent à ceux qui vantent les avantages 
du cheval arabe. 

Cette considération, la voici : 

« Le cheval arabe cest de petite taille; 
pour obtenir de suite des grands produits, 
la France doit recourir aux étalons anglais; 
sans quoi elle s'expose à attendre centan;, 
peut-être, ces résultats que lui procure 
immédiatement l'emploi des étalons an- 
glais » ; 

Cette raison l’a emporté; le public a cru 
l'administration qui lui a fait cette décla- 
ration , et les chevaux anglais ont inondé 
la France. 

Deux points se présentent sous ma plume. 
S’agit il réellement d'améliorer nos races? 
L'administration qui importe du sang an- 
glais dans nos haras est induite en erreur ; 
elle cause un tort immense. -- S'agit-il, au 
contraire, d’un cheval de service? Veut-où 
des chevaux anglais pour tirer une voiture, 
pour monter les amateurs? C’est tout-à-fait 
différent. Très certainement, un grand 
cheval anglais très gros, très fort, tirera 
mieux qu'un cheval arabe; on à raison de 
l’employer. 

Mais lorsqu'il agit d'améliorer les races 
de tout un pays, il doit être permis à cha- 
cun d'émettre son opinion et de combattre 
celie d’autiui quand elle lui semble er- 
ronée. 

Posez cette question : pourquoi deman- 
dez-vous chaque année à l’Angleterre des 
étalons anglais? — On vous fait cette ré- 
ponse : parce que le cheval anglais pur 
sang descend de l'arabe, et parce qu’il offre 
des avantages que n'ont pas ses ascendants. 
Ces avantages sont : une taiile élevée, 
une ossature plus grande, plus w’étoffe. 

Posez cette, autre question : Comment 
est-on parvenu à créer les races anglaises? 
On a pris des étalons de saug arabe, des 


279 


femelles normandes ou celles d'une autre 
contrée de l’Europe, et à l’aide de croise- 
ments répétés, avec des étalons orientaux, 
à l'aide d’une nourriture abondante, choi- 
sie, et de soins entendus, nous sommes 
parvenus à créer ce que vous voyez. 

Il y a eu du génie chez les hommes qui 
ont entrepris cette création. Il a fallu de la 
persévérance, une volonté ferme à toute 
épreuve, Les résultats obtenus font honneur 
à la nation anglaise. 

Mais voyez donc le génie de nos admini- 
strateurs? 1ls ont introduit en France le 
cheval anglais ! Et pour faire les honneurs 
de cette importation on a créé une vaste 
administration, dont les rouages extrême- 
ment compliqués exigent, pour être entre- 
tenus, l’emploi de sommes considérables. 
— Nous n’avonsrien créé, nous ; nous nous 
sommes contentés de placer les étaions an- 
glais dans des stalles magnifiques; nous 
leur avons donné des logements superbes, 
et dans une grande localité décorée du nom 
de haras, on est venu livrer à ces étalons 
des juments françaises.— L’Angleteire n'a 
pas de haras; la uation anglaise n’en a pas 
besoin. Les arabes n’en ont pas non plus ; 
mais on a dità la masse des Français: Vous 
ne connaissez pas l’art des chevaux ; cet art 
est difficile , il demande une très grande 
intelligence. Permettez donc que nous pre- 
nions annuellement une partie des impôts 
pour vous instruire et donner au pays la 
quantité de chevaux nécessaire à ses be- 
soins. 

Les Français ont laissé faire, ils n’ont 
pas demandé si les Arabes et les Anglais 
avaient aussi des gouvernants salariés de 
la science hippique ; ils ont donné, ils don- 
nent leur argent, et la France achète en- 
core à l'étranger des chevaux pour ses 
besoins. 

Demandez-vous ce que sont devenues les 
anciennes races françaises. Un homme qui 
appartenait aux haras se retourne brusque- 
ment, et avec cet air grave, d'un ton plein 
d'assurance : — Toutes sont en voie d’a- 
mélioration, dit-il, mais nous ne pouvons 
aller plus vite, car le gonvernement refuse 
les allocations que nous lui demandons. 
Nous voulons établir partout des courses à 
l'anglaise; nous voulons répandre dans 
chaque arrondissement les bienfaits de cette 
institution ; mais malheureusement, tout 
le monde aujourd'hui prétend connaître 
l'art d'élever les chevaux, et chaque jour 
voit s'élever des obstacles que nous étions 
loin d’attendre. ÿ 

L'administration, établie sur de larges 
bases, a exercé vue influence très grande ; 
elle a eu un pouvoir illimité, et cette in- 
fluence et ce pouvoir absorbent des millions 
sans donner d'avantages. 

L'administration s’est arrogé l’autorité 
suprême ; elle condamne, elle absout, et 
met à l'index quiconque refuse d'accepter 
les principes de sa constitution; la science, 
dit-elle, c'est moi. 

Et afin d’amuser le public qui veut bien 
entretenir le personnel du baras, payer 
ces grandes constructions inutiles, où des 
centaines de chevaux vivent sans rien 
faire, on donne chaque année deux ou 
trois grandes représentations ; on fait 
courir. 

Plusieurs mois à l’avance, on répand 
des affiches. Fiametta, Esméralda, Anetta, 
sont à l'entraînement; ou prépare le Champ- 
de-Mars ; des tentes sont établies ; il y en a 
une bien parée, c’est celle qui recevra l’a- 
ristocratie du monde hippique. 


280 


Le jour venu, les élégants se portent sur } 


le lieu du rendez-vous Un grand luxe se 
déploie, des paris sont ouverts; on pèse 
les hommes qui vont conduire les coursiers. 
À un signal donné, les chevaux partent, 
courent quelques minutes, et celui qui 
arrive le premier au but est proclamé le 
vainqueur. 

Il y a longtemps que cet état de choses 
dure; ily a longtemps que la France paie 
de ses deniers l’entretien de ce charlata- 
nisme , Ou si vous préférez, de cette igno- 
rance. 

Je reprends l’objection principale, l’arme 
favorite des partisans du sang anglais, et 
je l'examine sur toutes ses faces. La taille 
du cheval ne provient pas de étalon; elle 
est le fait d’une nourriture abondante den- 
née en temps opportun; elle est le. fait de 
la mère et non pas du père. Unissez un 
grand cheval à une grande jument, vous 
avez up poulain de taille élevée ; mais ne 
nourrissez pas suffisamment ce poulain 
dans le jeune âge, il reste bien inférieur 
en hauteur à ses ascendants mâle ou fe- 
melle. 

Prenez un petit étalon, donnez-lui une 
grande jument ; le produit obtenu est beau- 
coup plus grand que le père. Dès que le 
nouveau né aura huit jours , donnez-lui du 
grain concassé, des farineux ; répétez les 
repas; quele poulain trouye constamment 
à manger, faites qu’il puisse prendre beau- 
coup d'exercice, variez la nourriture, et si 
elle est toujours abondante pendant tout 
le temps que dure la croissance, vous au- 
rezun cheval très grand, un cheval vi- 
goureux, peu disposé aux maladies. Ce fait 
est incontestable ; il ne s'applique pas seu- 
lement aux animaux, il s'applique encore 
à l'homme. 

Partout où l’homme trouve des aliments 
en quantité suffisante, il acquiert de Ja 
taille. Dans le cas contraire, il reste ra- 
bougri. De même pour les animaux. 

Entrez dans un village pauvre, ce village 
a des bestiaux très petits, sans énergie, 
mais au milieu du troupeau, vous aperce- 
vez une ou deux grandes vaches, un ou 
deux grands bœufs ; interrogez le pasteur 
sur cette différence; il vous répond que 
tous ces animaux appartiennent à la même 
race, celle du pays, mais que les vaches, 
que les bœufs dont vous lui parlez, sont ja 
propriété de M. le curé. 

M. le curé n’a pas fait saillir ses vaches 
par de grands taureaux; il achète des 
vaux des paysans, les nourrit bien , et ob- 
tient ainsi les plus beaux animaux de la 
commune. 

Un haras possède de grands étalons et 
des jumentstrèshautes; les poulains naissent 
élevés en taille. 

La coutume du pays est de ne point don- 
ner beaucoup d'aliments tant que les aui- 
maux n’ont pas atteint l’âge de trois ans. 
Qu'arrive-t-1l? Les produits obtenus n’ac- 
quièrent jamais la grandeur des parents; 
ils sont malingres et aptes à contracter des 


‘maladies de misère. Une direction nouvelle 


succède à la première; au lieu de grands 
chevaux, on se sert de chevaux d’une taille 
moyenne, les juments sont les mêmes. 
Mais dès que les poulains mangent, on 
varie, on augmente la nourriture. À deux 
ans, ces poulains sont plus grands que les 
premiers âgés de quatre ans. Fous les âges 
ne présentent pas également les mêmes 
chances de succès. Le poulain croît prin- 
cipalement dans la première et dans la 
deuxième année, mais pendant la première 


281 
surtout. C'est donc alors qu'il importe de 
favoriser le travail de la nature, ce qui se 
fait en donnant aux poulains une alimen- 
tation abondante. 

Les forces d'un cheval, sa constitution, 
si elles dépendent deses parents, dépendent 
aussi du genre de nourriture adopté dans 
le premier âge. 

Nous donnons à l’Angleterre des millions 
pour avoir des chevaux de taille, et les 
Anglais vous disent que /a taille du cheval 
est dans le coffre à avoine. HamoNwrT. 


HORTICULTURE, 
Moyen de détruire les fourmis. 


M. le marquis de Forghet, dont les soins 
et les efforts constants tendent toujours à 
enrichir la science horticole, vient de nous 
communiquer un moyen pour la destruc- 
tion des fourmis, que lui-même a essayé 
dans son beau domaine de la Ferté-Aleps. 

Dans le courant de mai, M. le marquis de 
Forghet fut tout à coup assailli par une 
grande quantité de fourmis rouges et gros- 
ses noires, qui s'étaient introduites dans sa 
melonnière, et qui dévoraient tous ses pieds 
de melons. Il y avait près de trois semaines 
qu’elles y étaient entrées, et rien ne sem- 
blait devoir les en éloigner malgré toutes 
les précautions que l’on prenait pour y par- 
venir, quand M. le marquis de Forghet 
résolut (afin de détruire ces insectes, dont 
les atteintes sont si défavorables,) de s’en 
débarrasser au moyen d’une dissolution 
qui lui a trés bien réussi. En voici la com- 
position : 

Savon noir. . . . . . 
Potasse lueur 150 id. 
Eau naturelle. . . . 1. litre 1/2. 

Il a fait bouillir le tout pendant quelque 
temps ; puis, au moyen d'un petit bâton, 
ayant fait des trous qui traversaient le ter- 
reau jusque sur le fumier, il les a rempli 
du liquide qu’il avait composé. IL répéta 
cette opération deux fois (la seconde par 
précaution). Il est inutile de dire que tous 
les soins nécessairesavaient été pris afin que 
leliquide ne porta pas préjudice à la végé- 
tation des melons, si toutefois préjudice il 
pouvait y avoir. Ce procédé a éloigné ou 
détruit toutes les fourmis de la melonnièere, 
car M. le marquis de Forghet n’en a plus 
vu une seule. Tous les melons sont main- 
tenant dans l’état de végétation le plus fa- 
vorable. 

Nous engageons les personnes qui se 
trouverait dans le même cas à user du bon 
moyen que M. le marquis de Forghet a 
bien voulu nous communiquer, en les 
priant de nous faire connaitre les résultats 
qu'ils en obtiendront. 

Paris, ce 9 février 1843. Bossin, 
Grainier Pépiaiériste, 5, quai aux Fleurs, 


31 grammes. 


ÉCONOMIE AGRICOLE. 


Essai sur la croissance des arbres, par M. ie 
baron D'Hombres Firmas. 

Les naturalistes admettent généralement 
que l'accroissement des arbres exogènes se 
fait par l'addition d'une nouvelle couche 
ligneuse autour des anciennes et sous leur 
écorce. Cette règle n’est ecpendant pas sans 
exceptions ; la sève du printemps et la sève 
d'automne forment quelquefois deux cou- 
ches distinctes. Selon M. Leelere-Thoüin, 
plusieurs arbres, et le figuier entre autres, 
offrent cinq à six couches concentriques 
dès les premières années; parfois, au con- 


282 


traire, les couches de plusieurs années se 


confondent ensemble; il devient, du moins, 
très difficile de les distinguer. Il convien 
drait de rechercher quelles sont les essences 


dont la végétation s'éloigne ainsi de la règle 
commune ; si {a transplantation, le chan- 
gement de climat, de terrain, de culture, 
n’y apportent pas de modification ; si cette 
règle est plus constante dans les arbres fo- 
restiers que dans ceux que nous cultivons..…. 
Mais je vais montrer que le nombre de 
couches ligneuses serait-il toujours égal à 
celui des années d'un arbre, ce fait, cu- 
rieux sans doute, n’en resterait pas moins 
sans application pour la pratique fores- 
tière, et ne nous ferait pas connaître l’âge 
des arbres vivants. 

Tous ceux qui ont examiné les diverses 
couches concentriques d'un arbre coupé 
en travers doivent avoir remarqué qu'elles 
sont inégales ; que leur épaisseur ne suit 
aucune progression du centre à la circon- 
férence; que, généralement, après quel- 
ques années elles s'élargissent, et que, dans 
les vieux troncs, les dernières sont très 
minces, très resserrées. 

Il est probable que les couches étroites 
qu’on remarque parfois entre de plus larges 
indiquent l’époque de la transplantation 
pour certains arbres, ou bien une végéta- 
tion contrariée par quelques circonstances. 
Quant aux dernières, toujours si minces 
dans les très gros arbres, bien loin d’y voir 
une diminution de vigueur, je calcule, au 
contraire, qu'il y a plus de matière li- 
gneuse, dans une enveloppe mince comme 
une feuille de papier de 2 mètres de cir- 
conférence, que dans une couche cent fois 
plus épaisse vers le milieu. d’un arbre de 
cette proportion. : 

Ces dernières couches sont, il est vrai, 
difficiles à compter : je les écarte en cou- 
pant le bois obliquement, je les rends plus 
sensibles en les colorant, en les polissant, et 
je les compte sur plusieurs points, si j'ai 
des doutes. 

Il y a des arbres dans lesquels, au con- 
traire, ce sont les couches intérieures qu’on 
ne saurait connaître, parce qu’elles man- 
quent. Le centre de nos vieux châtaigniers, 
de nos plus vieux müriers est pourri et 
creux. J'avais essayé d'y suppléer avec des 
tranches de bois sain! On ne doit pas 
compter sur ce moyen non plus que sur la 
comparaison des arbres vivants ayec la 
coupe d’un arbre de la même espèce. Je 
m'en suis convaincu: Je dirai plus, nous 
ne pouvons pas comparer les arbres que 
nous avons plantés, ceux dont nous savons 
l'âge par tradition et les vieux arbres qui 
existent dans le pays, pour caiculer la du- 
rée de ces derniers avec quelque exacti- 
tude: Ja nature du sol, son exposition, la 
culture, rendent fort difficile la solution 
d’un probléme physiologique si simple en 
apparence. à 

Dans le mème climat, avec des soins 
égaux, l'influence da sol est prodigieuse ; 
j'en citerai deux exemples : ris 

40 J'avais semé, en 1811, des gledisichia 
dans mon jardin de Saint-Hippolyte-de- 
Caton. Le terrain est argilo-calcaire, sec, 
compacte, malgré les amendements. Lors- 
qu'ils eurent environ 2 mètres de haut et 
4,15 cent. de diamètre, j'en transplantai 
quatre dans mon jardin d’Alais, dans un 
humus noir, léger et frais. Maintenant un 
de ces derniers a 1,03 cent. de tour, et 
s'elèva a 14,5 cent. Le plus gros de ceux 
restés en place n’a que 39,75 cent., et / 
mètres de hauteur: leur diamètre == 


0: 378.Si je recherchais, par leur moyen, 

ge du gleditschia du jardin de Montpel- 

1r qui m'avait fourni la graine, je trouve- 
ïs des nombres très différents en em- 
pyant l’uæ ou l’autre de ces types, et 

-aisemblablement une sorte de medium 

trait tout à fait illusoire. 

29 J'avais semé des chênes-liéges à Sau- 
:ges, dans un sol primitif de micaschiste ; 
:y en a de 12 centimètres de diamètre. 
2n semai en même temps à Saint-Hippo- 
te, qui -périrent les premières anués; un 
ul qui a résisté, a 4,24 cent. de tour. Sa 
‘oissance a été neuf fois moindre dans le 
‘ême intervalle! 

J'en tire cette conséquence qu'il en est 
ls terrains pour les végétaux, comme des 
ibstances alimentaires diverses qu’on 

Dune aux animaux, qui leur conviennent 
: les engraissent plus, ou plus vite, sans 

ier pour cela que lair contribue puis- 

“imment à la nourriture des uns et des 

tres. Nous voyons, dans nos jardins, des 

Urbres languir, malgré nos soins, quand 

autres espèces s’y plaisent, quoique négli- 

‘ées. Nous ne saurions l’attribuer qu’à la 

jature du terrain, puisque nous ranimons 

hs premiers en leur faisant ce qu’on ap- 
elle un encaissement d'une quantité de 


! © 


[>rre qui leur convient mieux; et l’on re- 


lonnaît vite que leurs racines ont épuisé 
l'ebte terre transportée, et l’on peut, en la 
.enouvelant, prévenir le dépérissement des 


€ 
| rbres précieux, comme en changeant la 
Î 
| 


lerre de ceux qui sont.en pots. Quelquefois 


}s s'accoutument au mélange, et finissent 
Jar végéter assez bien dans une terre qui 
ce leur avait pas été propice d'abord; 
Lomme d’autres arbres des pays plus chauds 
Lu plus froids s’acclimatent dans le nôtre; 
mais les uns ou les autres ne réussissent 
jamais comme ils le feraient dans le terrain 
‘t le c'imat qui leur sont propres. : 


(Annales d'agriculture.) 
EG — 


SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
| POLITIQUES. 


| Séance du samedi 4 février. 


Monsieur Damiron a lu une notice sur la 
Wie, et plus particulièrement sur les ou- 
:rages de Spinosa. Comme cette biogra- 
* phie ne contient rien qui ne soit connu sur 
.c philosophe Juif, d'Amsterdam, nousren- 
verrons nos lecteurs aux essais, d’Æemster- 
“huys, d'Heydenreich, de Paulus, de Lucas, 
de Richer, de Sabatier, de Boulainvilliers, 
“de Lami, d'Orobio , etc., ou au Diction- 
[naire de Bayle, ou à la biographie de 
"Michaud, car sur Spinosa il y a des écrits 
en bon nombre, pour tout les goûts. La 
biographie de M. Damiron vaut, sans con- 
tredit, mieux que toutes celles qui l’ont pré- 
cédée ; mais elle a un petit défaut , celui 
(d'arriver trop tard. 
| M. Dubois (d'Amiens), qui à deux repri- 
ses différentes avait précédemment entrete- 
mu l’Académie de ses opinions sur l’anta- 
gonisme qui existe entre les psychologistes 
[et les physiologistes, et qui avait essayé de 
réfuter Cabanis et Gall, est venu aujour- 
d'huilcompléter, par un troisième mémoire, 
la tâche qu'’ils’était imposée. C’est de Brous- 
Sais qu’il s’est occupé Mettant de côté, et 
| les services que lemédecin du Val-de-Grâce 
|1a rendu à la science, et les découvertes dont 
il Ja enrichie , et les idées neuves qu'il a 
lancées le premier dans la circulation, et 


284 

les titres que durant sa vie il avait acquis 
à l'estime de ses collègues, les membres de 
l'Académie des sciences morales et politi- 
ques. M. Dubois n’a vu dans le professeur 
à la Faculté de médecine, autrefois aussi 
son collègue et son maître, que le physio- 
logiste exagéré dansses déductions, quiavait 
cru trouver l’homme moral, tout entier 
dans l’encéphale, et qui, semblable à un 
de ces querelleurs habitués à compter sur 
leur habileté à manier l'épée, croyait, lui 
aussi, forcer avec la pointe de son scalpel 
tous ses contradicteurs à se taire. 

Broussais a avancé une grande erreur, 
nous le croyons, lorsqu'il a soutenu que les 
psychologistes ne pouvaient pas, avec les 
faits de conscience, juger et conuaître 
l’homme moral,et que l’anatomie seule 
était suffisante pour expliquer cette créa- 
tion, la plus parfaite des créations de l’être 
infini ; mais en réfutant l'erreur, il ne faut 
pas oublier ce que fut Broussais, ce qu’il 
est encore par ses ouvrages. Les exagéra- 
tions , les haines théologiques ne sont plus 
de notre époque. Il y a dans notre société, 
telle qu’elle est, place pour toutes les opi- 
nions, pour toutes les croyances. Le despo- 
tisme en philosophie , comme partout, use 
vite la puissance. La doctrine qui serait 
celle de tous le monde, serait, par cela seul, 
si elle n’était pas vraie, plus durableet plus 
dangereuse. Le spiritualisme a repris la 
place qui lui appartenait, desirons qu’il la 
conserve, et dans son intérêt aussi, laissons 
aux seneualistes, aux matérialistesmême, la 
faculté de se faire entendre quelque part. 
Conseiller au spiritualisme d'étouffer leur 
voix, de lancer une sorte d’excommunica- 
tion contre leurs écrits, au lieu de les ré- 
futer froidement, serait une complaisance 
de courtisan, de laquelle les esprits oisifs 


ou méchants chercheraient le motif, lors 


même qu’il n’en existeraitaucun. C.-B.-F. 


ARCHÉOLOGIE. 


Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes; 
(Cherente-fnf.) 

Commune DE GEMOZAC : Gemosacum. En- 
tre le bourg de Gémozac et le village de 
Tanzac s'élève un terrier appelé par les ha- 
bitants le château du Chaillou, monticule 
décrivant un cône haut de 18 mètres, par- 
faitement arrondi à sa base, et entourée de 
fossés profonds. Le sommet de cette émi- 
nence faite de pierres et de terre battue, a 
une sorte de plate-forme ayant cinq mètres 
sur chaque face, et qui supportait sans nul 
doute un donjon du huitième siècle. 

La statistique du département dit qu’un 
monastère du onzième siècle a été rasé vers 
1699, et que le castrum de Gémozac, qui 
reposait sur de vastes souterrains, a été 
complétement déblayé en 1829. En 1612, 
on voit ce château être la propriété d’un 
seigneur de Gémozac nommé de Candelai. 

L'église du bourg qui nous occupe, placée 
sous l’invocation de saint Pierre, a, malgré 
les mutilations et les restaurations qu’elle 
a subies, de l’intérêt pour l’archéologue. I] 
n’est rien resté de la facade primitive que 
les trois ordres de colonnes groupées en 
faisceaux les unes au dessus des autres aux 
angles de cette même façade. On retrouve 
encore des vestiges des pleins-cintres qui 
décrivaient trois arcatures. La façade ac- 
tuelle a son portail surmonté d’un œil de 
bœuf, et l’un et l’autre du dix-septième sié- 
cle. L’abside est remplacée par un chevet 
droit ayant trois fenêtres ogivales à lancet- 
tes du treizième siècle, mais bouchées. 


285 

Les côtés de la nef ont subi de nombreu- 
ses restaurations, tout en conservant des fe- 
nêtres à plein-cintre du onzième siècle sur 
le côté du septentrion, et de longues fené- 
tres ogivales du treizième siècle sur celui du 
midi. Les transepts sont remplacés au midi 
par un corps de maçonnerie à demi arrondi, 
ayant des fenêtres romanes et des corbeaux 
du onzième siècle. Trois portails à plein- 
cintre de la même époque formaient une 
entrée en arc-de-triomphe. Des murs, per- 
cés de baies petites et modernes remplis- 
sent ces trois portails à une seule voussure. 
Le clocher, lourd et massif, mais peu élevé, 
appartient au treizième siècle. Le socle 
est carré, à contreforts peu épais, ayant 
une galerie de fenêtres ogivales bouchées, et 
à la deuxième assise, quatre baies romanes 
avec quatre baies ogivales. Le toit est pyra- 
midal, octogone. 

COMMUNE DE SANT -ANDRE- pu - LiDon 
L'église du hameau, chef-lieu de Ja com- 
mune est dédiée à Saint-André. et le sur- 
nom de Lidon annonce une origine francke. 
Ce mot vient de Lidi, ayant pour synoni- 
mes ladi où fiscalini, les attachés au fisc, les 
lites, chez les peuples d’origine germanique. 
Saint-André-du-Lidon a été occupé, et 
peut-être bâti par des hommes de race tu- 
desque, sous les premiers Carlovingiens. 
C’est à eux quon doit attribuer la construc- 
tion du château féodal de La Motte, vieux 
donjon entouré de profondes douves de 
l'époque carlovingienne, aujourd’hui dé- 
truit. Saint André, Andreas, dont le nora 
en grec signifie courageux, est le disciple de 
saint Jean-Baptiste. Il fat crucifié par or- 
dre du proconsul Egée. Les Ecossais l'ont 
pris pour patron. 

CoMMuxE DE BERNEUIL : La désinence æi/ 
signifie splendeur, et les Grecs l'avaient 
transformée en Ælé ou Æl/é. Ce village, an- 
cienne dépendance de la principauté de 
Pons, avait un vieux château dont il ne 
reste plus que des vestiges. 

Son église sous le vocable de Notre- 
Dame passe pour avoir appartenu aux Tem- 
pliers ; cette église a des proportions assez 
vastes qui témoignent de son ancienne im- 
portance, mais elle a subi des restaurations 
barbares et sans nom. Son porche et sa fa- 
çade actuelle sont des plus rustiques. Son 
abside semi-arrondi, n’a conservé d’antique 
que sa forme. Les bas côtés, le chœur, les 
bras, ont été rebâtis par des mâcons limou- 
sins. 

Le clocher seul de cette église est remar- 
quable par sa belle conservation et par sa 
masse imposante. Les deux assises au des- 
sus du chœur sont à plein-cintre roman, et 
les quatre arcs du bas forment arcature 
bouchée. Les deux fenêtres d’en haut ont 
été ouvertes et sont à plein-cintre égale- 
ment. Une tourelle, coiflée d’un cône 
écaillé s'élève avec un escalier à vis à un 
des angles du clocher, dont le faire accuse 
la fin du onzième siécle ou le commence- 
ment du douzième. Le sommet de ce clo- 
cher a reçu un faîtage à pans tronqués dans 
le treizième siècle et un toit conique à six 
pans. 

Commune De frRavans. De crava, campus 
lapideus, d’où on a fait crau, du grec cruzo, 
qui crie. Cravan est aussi le nom d’une oie 
ou d’un coquillage adhérant par un pédon- 
cule et nommé anatif. | 

Son église est dédiée à Saint-Pierre. Elle 
est mutilée, et n’a conservé du treizième 
siècle que son clocher et son chevet. Le 
clocher est bas et carré, ayant une toiture 
plate à quatre pans, et deux fenêtres ogiva- 


286 | 
les étroites. Le chevet est droit, ayant'une 
grande baie ogivale bonchée, renfermant 
elle-même les ressauts de trois ogives tref- 
flées à leur sommet. Les contreforts sont 
épais et massifs et datent du seizième siècle 
au plus. 

Commune DE JAZzENNEs : Le nom du ha- 
meau chef-lieu de la commune est peut- 
être corrompu de Jarrigia pour Garrigia, 
terre inculte. Jazeran, au moyen-âge, se 
disait d’une sorte de cotte de mailles. 

Son église est dédiée à Notre-Dame. C'est 
un édifice roman admirablement bien con:- 
servé et d’une architecture gracieuse, qui 
date de la fin du onzième siècle, et qui sert 
à prouver les efforts que faisaient les archi- 
tectes du temps pour se rapprocher de l’art 
romain. 

La facade est divisée en trois ordres, que 
des colonnes groupées trois de face mar- 
quent en formant trois groupes sur ses CÔ- 
tés. Le premier étage est en arc de triom- 
phe, à trois portails romans inégaux, c’est- 
à-dire un grand et deux plus petits bou- 
chés. Les chapitaux des colonnes qui sou- 
tiennent les arcs plein-cintresout au niveau 
des colonnes du premier ordre, et les cin- 
tres forment le second. Le troisième ordre 
présente uue fenêtre romane centrale ayant 
de chaque cô'é deux pleins-cintres en re- 
lief, imais sans colonnettes pour support. 
Un tailloir à modillons forme la circon- 
scription de cet ordre que surmonte un 
fronton triangulaire, portant une croix au 
pignon. Les voussures du grand portail sont 
couvertes de rinceaux, d’oves, de violettes, 
de tribules et de lozanges de l’époque by- 
zantine. 

L’apside est semi-arrondie, à colonnettes 
longues et grêles pour contreforts, à mo- 
dillons sur le pourtour de l’entablement, 
et coupé dans le bas, par un tailloir circu- 
laire couvert de sculptures. Les fenêtres 
sont à plein-cintresansjambages. Elles sont 
bouchées. 

Le clocher, placé sur le chœur, est carré. 
à fenêtres romanes bouchées à la première 
assise, et à deux fenêtres à plein-cintre ou- 
vertes à la deuxième, Une toiture à quatre 
pans coiffe le tout. Des colonnes fluettes oc- 
cupentles angles.Dans le treizième siècle, on 
a ajouté un escalier à visà droite du clocher. 
Il est carré, coiffé d’un pyramidion à six 
»ans en pierre de taille. 

Notre-Dame de Jazennes date donc du 


—— 


DST a 
onzième siècle dont elle est un des monu- 
ments les mieux conservés. 
R. P. LeEsson. 
EE 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTE. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Au milieu des nombreux défauts qui fourmillen! 
dans l’enseignement universitaire, il en est‘ deux que 
nous ne craindrons pas de signaler aujourd’hui, en 
indiquant ie moyen de les corriger et en plaçant 
ainsi à cô!é du mal un remède assuré. — Ces deux 
défauts cousistent dans la double ignorance où sont 
les élèves de ns colléges à l'égard du système mé- 
trique et des simples éléments de la physique du 
globe. Besoin est cependant de populariser chez la 
génération qui s'élève la connaissance si belle et si 
utile du systeme métrique ; d’une autre part, n’est il 
pas honteux que des jeunes gens destinés peut-être 
à occuper un jour les premières places de l'Etat, 
ignorent complétement la cause des phénomènes qui 
à chaque instant se présentent sous leurs yeux. 
Trouver la raison de ces deux défauts de l’enseigne- 
meul-ne serait pent-être pas chose difhcile, si l'on 
voulait examiner certains réglements universilaires 
destinés à l'étude des sciences dans les écoles de 
PEtat. Chacun sait que les élèves de nos colléges 
passent les dix plus belles années de leur vie sur des 
livres grecs qu'ils ne somprennent pas et qu’on ne 
cherche pas à leur faire comprendre. Sous prétexte 
de leur enseigner la littérature grecque ou latine, on 
les prive des plus simples éléments des sciences que 
chaque jour ils sont destinés à meltre en pratique. 
Siau lieu de reléguer l'étude des sciences dans la 
classe de philosophie, on les avait dès le jeune âge 
initiés aux belles lois qui régissent le monde, ils ne 
seraient pas destinés à ignorer jusqu’à vingt ans les 
plus simples notions des sciences naturelles.—C'est 
pour obvier à ces inconvénients graves, c’est pour 
remplir ces deux lacunes de l’enseignement que 
M. Demoyencourt vient de publier deux excellents 
petits livres, l’un sur le système métrique, l’autre 
sur la météorologie. 

Toute prétention defaire de la science a été bannie 
de ces ouvrages qui doivent ètre mis dains les mains 
de l'enfance. Mais quand nous disons que ces ouvrages 
sont destinés spécialement à l’enfance, nous n’énon- 
çons pas là une proposition générale, et nous 
croyons que certains hommes feraient bien d’y venr 
puiser, soit les premiers éléments de la science, soit 
de ces petits faits curieux que M. Demoÿencourt a 
su grouper avec habileté autour le chaque ordre de 
phénomènes, Si nous n'avions vu dans cés livres que 
des idées communes, des réflexions peu neuves, nous 
nous serions dispensés d’en parler, mais tel n’est pas 
le caractère de ces ouvrages, et l'originalité de la 
forme se joint aux heureuses peusées qui en consti- 
tuent le fonds. Mais en produisant cet ouvrage, il 


REVUE 


NCIENTIFIQUE ET INDUNTRIELLE 


OÙ TRAVAUX DES 


28 


fallait rendre agréables des choses souvent arides et 
ennuyeuses. M. Demoyencourt a pensé avec juste 
raison que la forme de dialogues serait la plus con- 
venable pour faire goûter sans peine toute Ja séche 
resse de ces premiers faite, Il a donc adopté la forme 
de dialogue, et là, comme partout ailleurs, son idée 
Jui a réussi. La forme de dialogues permet de mêler 


à des faits arides des faits curieux mais vrais qui in 


téressent et éveillent l'attention. Nous avons lu avec 
un véritable plaisir le passage du livre sur la météo- 


rologie, où M. Demojencourt a traité la question 


des trombes:; mais s’il fallait citer tous les autres 


passages curieux; il faudrait citer ‘out l’ouvrage; nous 


aimons mieux y renvoyer nos lecteurs. 


Quant au petit livre qui traite du système métri-m 
que, la même clarté, la même précision s’y ren 


contrent. Toute l'histoire du système métrique se 
trouve tracée avec cette simplicité qui caractérise les 
ouvrages de Pabbé Gaultier dont M. Demoyencourt 
a été un des élèves les plus distingués. L'œuvre en- 
treprise par cet habile maître de pension mérite donc 


de nombreuses félicitations, puisqu'elle est destinée M 


à populariser avec la connaissance si nécessaire du 


système métrique les preniers éléments de la physi- 


que du globe, Les instituteurs, les pères de famille 
liront avec intérêt un livre qui leur prouvera qu'on 
peut initier les enfants aux loix de la physiquerét 
leur aplauir ainsi des difficultés que plus tardpéut- 
être ils trouveraient insurmontables. Les enfants 
eux-mêmes prendront plaisir à la lecture de ces li- 
vres qui laisseront dans leur esprit des germes fé- 
conds et d'heureux souvenirs qu’ils ne rencontrent 
Jamais dans ces pelils romans avec lesquels on les 
amuse, el qui les accoutument à sacrifier plus tard 
les choses positives aux idées syéculatives de l’ima- 
gination. 


ALMANACH-BOTTIN du commerce de Paris, 
des départements de la France et des principales 
villes du monde ; 600,000 indications ou renseigne- 
meuts; un fort volume grand in-8. de 1,800 pages. 
( Quarantc-s‘x'ème année). Prix à Paris: broché, 
12 fr.; relié, 14 fr, Le bureau de l'Æmanach-Bottin 
est à Paris, rue J.-}. Rousseau. 20. 

L'Almunach publié -par M. Bottin, est un in- 
dicateur commercial et statistique toujours bien 
complet. ILest, chaque année, recomposé en entier, 
au moyen d’éiéments recueillis à Paris par des em- 
ployés surs et honnêtes, el au dehors de Paris, au 
moyen de voyageurs dirigés sur tous les points de la 
France et d’une correspondance immense. 

Aux notices s{atistiques placées en tête de chaque 
département, ou qui sont répandues dans tout le 
Livre, on reconnaît le faire de celui qui a introduit 
en France les Annuaires slaustiques de départe- 
ments. 


MEMOIRE sur la topographie médicale du qua- 
irième arrondissement de Paris ; recherches bisto- 
riques et statistiques sur les conditions hygiéniques 
des quartiers qui composent cet arrondissement ; 
par M. le docteur Henry Fayard. — A Paris, chez 
Baillière, rue de l'Ecole-de-Médecine, 17. 


Librairie de Bertrand, rue Saint-André-des-Arts, 38. 


Savants et des Manufrcturiers de Ia Framnee, 
de l'Allemagne et de l'Angleterre, 


ee &G 


SPÉCIALEMENT CONSACRÉ 


A LA PHYSIQUE, A LA CHIMIE, A LA PHARMACIE 


Û ET A L'INDUSTRIE, 


QéDNDERAPIMNE LOOPATIDLOEIQUE» 


DESCRIPTION 


PAR LOCALITÉS ET TERRAINS DES POLYPIERS FOSSILES DE FR:NCE 


ET DES PAYS ENVIRONNANTS; 


Par HARDOUIN MICHELIN, 


memb'e de la Société géologique de France, 


PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION 


DU ID' QUESNEVY MERS. 


Fabricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin,de l'Institut, ete. 


Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuilles (192 pages). 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Ænnales de chimie 
et de physique, dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers, 
le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à là Aevxe 
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la <himie de F. Hoëfer, for- 


mant deux volumes in-8° de 17 francs. 


Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de 20 fr. par année 
Jour Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au 
ureau de la Revue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans 
doivent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils wulent recevoir l’Æistoire de la 


chimie par la poste. 


» analyse complète, » 


Accomp agnée des figures lithographiees par Ludovic: Michelin, 


En 20 livraisons de une où deux feuilles de texte et trois planches. — Prix 
de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage (feuille 10, 
planches 16, 17 et 18 vient de paraître. 


« Déjà duns l'Æcho nous avons parlé plusieurs fois des travaux de M. Miche- 
» lin. Lorsque l'ouvrage sera terminé nous en donnerons à nos lecteurs une 


Paris. — Inp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


___ 10e année. 


4 


‘| 


OMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
|| CES. Séance du lundi 15 février. — SCIENCES 
! PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur le courant élec- 
| irique des muscles des animaux vivants ou récem- 
: ment tués; Matteucci. — MÉTÉOROLOGIE. 
| Dépression extraordinaire des baromètres obser- 


vée à Parme, les 12, 13 et 16 janvier; Colla. — 
CHIAIE INGRGANIQUE. Sur un nouvel oxide 
| de soufre; Fundas et Gelis. — SCIENCES NA- 
: TURELLES. BOTANIQUE. PHYSIOLOGIE 
VEGETALY#. Sur le mode et les circonstances 

de développement d’un végétal mycroscopique 

| dans les liquides albumineux, normaux et patho— 
1} logiques (troisième article); Andral et Gavarret, 
 — SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS HÉCA- 
|! NIQUES. Machines à vapeur; Calla. — AGRI- 
| CULTURE. ECONOMIE AGRICOLE. Sur la erois- 
| sance des arbres. — HORTICULTURE. Notice 


| sur les dahlias; Bossin. — SCIENCES HISTO- 
| RIQUES. ARCHÉOLOGIE. Canton de Gémo- 

sac; Lesson. — FAITS DIVERS. — BIBLIO- 
| GRAPHIE, 


| = Passer 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 13 février. 


\ L'Académie depuis que:que temps ne 
rit que de présentations et d'éleclions.Dans 
‘a dernière séance c’était la section de mé- 
ecine qui appelait dans ses rangs M. Au- 


“Aral; aujourd'hui, c’est la section d’agri- 


culture qui réclame un agronome con- 


somme pour remplacer M. Morel-Vindé. 


Du dernier comité secret est sortie une 


& 


liste de candidats, tous éyalement capables 


d'entrer à l’Académie, mais non pas tous 


| 


| 


| dans la section d'agriculture. Cette liste est 


| 


| 


|ainsi formée : en première ligne, M.Rayer. 
len seconde M. Decaisne, en troisième ex- 
æquo M. Leclerc-Thouin et Vilmonin, 
| Sur 56 votants, 


M. Rayer a obtenu 4 voix. 
M. Decaisne, 414. 
M. Leclerc-Thouin, 1. 


M. Bayer a donc été nommé membre de 
PAcademie. Nous ne prétendons pas con- 
tester ici le mérite médical de M. Raÿer ; 
nous savous qu’il est bien connu du public 
savant et que sa renommée est justement 
acquise, mais nous avons droit de deman- 


| 
| 
| 


der quels sont les travaux d’agriculture du 
médecin de la Charité. M: Rayer, dans sou 
hôpital, a constaté des cas de morve, trans- 
mise du cheval à l'homme; sur ces obser- 
vations, il à fait un fort beau mémoire, 
selon nous, tout médical, et ce mémoire 
lui onvre aujourd’hui les portes de l'Aca- 
démie dans la section d'agriculture. On 
s'étonne de cette transposition de choses 
et l'on se démande maintenant si le monde 
savant est tellement dépourvu d’agro- 
nomes qu’on me puisse en trouver un ct 
qu'on soit forcé d’y substituer un médrein. 
Non, le monde savant n’en est pas réduit 
la, et M. Leclerc: Thouin, quoiqu'il n'ait 


Paris. — Jeudi, 16 Lévrier 18413. 


Gbtenu qu’une seule voix, peut prouver par 
ses écrits et ses leçons que l’Académie a 
bien voulu se tromperen faisant deM.Ravyer 
un agriculteur. Quant à MM. Decaisne et 
Vilmorin, leurs droits n'étaient pas à mé- 
connaître. Maintenant ce sont les chuur- 
giensquiaccablent lPAcadémiede leurstitres 
et de lears mémoires. Espérons qu'on choi. 
sra parmi eux un bomme digne de rempla- 
cer l’illustre Larrey, et qu'on ne prendra 
pas alors un agriculteur pour un chirur- 
ien. 

M. Lassaigne a envoyé à l’Académie un 
Mémoire sur un jrocédé simple pour cons- 
tater la présence de l'azote dans des quantités 
minimes de matière organique. Après avoir 
rappelé en quelques niots la manière ordi- 
aire de doser l'azote quand on agit sur des 
quantités assez fortes de matière, le savant 
professeur Je l’école d’Alfort passe à la de:-- 
cription de son procédé. Ce procédé repose 
sur la facilité avec laquelle se forme le cya- 
nure-de potassium Îorsqu’on calcine au 
rouge obscur et à l'abri de l'air du potas- 
sium en excès avec une malière organique, 
même très peu azotée, Le produit de cette 
calcination étant délayé dans quelques 
gouttes d’eau distillée froide donne uxe 
liqueur alcaline qui, mêlée à un sel ferroso- 
ferrique soluble, occasionne un précipité 
bleu verdâtre ou jaunâtre que le contact 
de quelques gouttes d’acide chlorhydrique 
pur rend d’un beau bleu, des quantités 
inappréciables à une bala-ce de Fortin d'U- 
sée, d'acide urique, d’allentoïne, d’albu- 
mine, de fibrine, de gluten desséché, de 
morphine, de narcotine et de cinchonine 
calcinées dans uu petit tube de verre, 
après les avoir posées sur un petit mor- 
ceau de potassinm, ont donné des réactions 
toujours nettes et bien tranchées, quiontété 
en rapport avec les proportions d'azote que 
contenaient naturellement ces substances 
organiques. Les expériences comparatives, 
faites sur des principes dépourvus d’azote, 
tels que le sucre pur, l’amidon, la gomme, 


etc., n’ont fourni aucune réaction ana- 


logue. Enfin, en opérant avec des matières 
présentant dans leur composition com- 
plexe la réunion de principes azotés et non 
azotés, il a été possible, même sur des quan- 
tités minimes s’élevant tont au plus aun 
demi milligranime, d'établir d’une ma- 
uière non équivoque l'existence de l'azote 
dans ces produits. C’est ainsi qu'on a décelé 
en moins de quelques minutes de l’azote 
dans une légère parcelle de froment, d’orge, 
de mie de pain desséché. Mais pour arriver 
à ces résultats il faut certaines précautions 
sur lesquelles M Lassaigne s’est beaucoup 
appuyé, et qu'il serait trop long de rappe- 
ler ici. 

M. Lassaigne a voulu voir si l’on obtien- 
drait du cyanure potassique en calciuant 
les matières organiques avec de l'hydrate 


No 15, 


SAVAN 


(à 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


'EcHo DU MONDE SAVANT parait le JEUDI etle DIRES ge Chaque semaine et forme deux volumes de plus de !,200 pages chacun, On s’abonne : PARIS, rue des 
PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les ‘‘épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR: S pour un aa 
25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 50 !., ‘6 fr., 8 fr. 50. Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
péuvent recevoir pour GERQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l'Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète &es Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M. le vicomte 4 DE LAVALETZÆE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant. 


de potasse ou du carbonate de potasse; mais 
l'expérience lui a prouvé que cela n'avait 
pas lieu. Il est vrai que, si une matière or- 
ganique non azotée est accidentellement 
mélangée à une petite quantité d’un nitrate 
ou d’un sel ammoniacal, le résultat peutêtre 
douteux, car il peut se produire un peu de 
cyanure potassique ; mais l’on doit agir 
alors sur une matière organique purifiée 
et dépourvue de nitrates et de sels ammo- 
niacaux dont la présence est d’ailleurs fa- 
cile à constater par les moyens connus. 
Appliquant ensuite son procédé aussi 
simple qu'ingénieux, M. Lassaigne a cons- 
taté la présence d’une matière azotée dans 
les excréments d’un mulot qui avait été ce- 
pendant nourri avec de l'arridon pur et du 
sucre pur. Cette observation, qui, au pre 
mier aperçu, paraît être en désaccord avec 
les phénomènes physiologiques et chimi- 
ques qui ont été admis dans ces derniers 
temps, confirmerait ce que MM, Lassaione 
et Leuret ont connu en 1825. Ces savants 
ont vu que la matière alimentaire en pas- 
sant dans le eanal intestinal se mélangeai 


à des principes qui lui sont étrangers, ef£} 


2 Cap ? 
que la matiére excrémentitielle renduë 


après l’acte de la digestion ne devait pas 
être formée exclusivement par le résidu de: 
cette fonction, mais était plus ou moins 
mélangée à des principes fournis par les di- 
verses sécrétions du canal digestif. 

Le même moyen d'investigation, appli- 
qué à l'étude de divers produits résultant 
de l'action prolongée de l’ammoniaque li- 
quide sur l'huile d’olives, a permis à M. Las- 
saigne de reconnaître la formation d’une 
matière azotée neutre ct cristallisable dési- 
gnée provisoirement en raison de son mode 
de productiou sous le nom d’é/armmine. 

Le procédé de M. Lassaigne ne peut pas 
manquer de fixer l'attention des chimistes 
par la simplicité du principe sur lequel il 
repose et par la facilité de son exécution. 
Du reste, M. Lassaigne nous a depuis long- 
temps habitués à d’aussi bons, d’aussi con- 
sciencieux travaux, et tout ce qu'il produit 
est imbu de cet esprit d'observation qui 
laisse de côté les vaines hypothèses pour ne 
s'attacher qu'aux faits incontestables , et 
pour assurer à la chimie une part chaque 
jour plus large dans le domaine des sciences 
positives. 

MM. Danger et Flandin ont envoyé à V’A- 
cadémie un long mémoire sur cette éter- 
nelle question de l'arsenic. Le mémoire de 
MM. Danger et Flaudin est intitulé : d> 
lact'on d: l'arienic sur les moutons et de 
l'intervalle de tenps nécessaire pour que ces 
animaux se débarrassent complétement de 
ce poison, alors qu’il leur a êté administré 
à haute dose. De nombreases expériences 
ont été faites par ces chimistes et de ces ex- 
périences il résuite que l’arsenic est un 
poison pour les herbivores comme pour les 


292 


chiens et pour l’homme. Quant à la seconde 
question qui se trouve renfermée daus la 
fin du mémoire de MM. Danger et Flandin, 
ils l’ont traitée avec tout le soin et tous Îles 
détails qu'elle comporte, et ils sont con- 
duits à dire que dans les cas d'empoisonne- 
ment aigu la nature ne se débarrasse qu’a- 
vec difficulté et lenteur de l’arsenic ab- 
sor bé. 

Pour les moutons traités par les prépa- 
rations arsénicales à haute dose, il ne fau- 
drait pas en livrer la chair à la consomma- 
tion avant six semaines, à partir de l’admi- 
nistration du poison, ou, en d’autrestermes, 
six à huit joursaprès la complète disparition 
de l’arsenic dans les urines. Il est d'autant 
plus important de s'imposer ce délai que 
sur les moutons les signes extérieurs de ma- 
ladie sont très obscurs, et que, sous l’in- 
fluence de l’intoxication arsénicale, ils pa- 
raissent dans leur état normal, alors qu’ils 
rendent encore le poison par les urines et 
même par les selles. 

Terminant leur mémoire par quelques 
réflexions sur la vente si dangereuse de 
Vacide arsénieux , MM. Danger et Flandiu 
annoncent que très prochainement ils se- 
ront en mesure de pouvoir indiquer une 
préparation d’arsenic qui, propre à tous les 
usages domestiques, ne pourrait cependant 
jamais être employée dans des vues crimi- 
nelles. 

M. Rognetta a lu à l’Académie l’extrait 
d’un long Mémoire sur l'extraction de l’as- 
tragale dans certaines lésions du pied. 
Après avoir tracé le tableau historique de 
cette question, M. Rognetta se déclare 
partisan zélé de l'extraction de l'astragale et 
ennemi acharné de ceux qui penchent pour 
l’amputation. Nous admirons les vues d’hu- 
manité que contient le Mémoire de M. Ro- 
gnetta, mais nous aurions bien voulu ne pas 
y voir ces paroles dédaigneuses et même 
quelquefois un peu grossières qu’il jete sur 
des confrères respectables et dont le talent 
est incontesté. M. Bégin peut bien ne pas 
penser comme M. Rognetta, mais cela n’ac- 
quiert pas à M. Rognetta le droit d'insulter 
M. Bégin. Cependant le Mémoire dont nous 
parlons est rempli de faits curieux, de 
chiffres que nous croyons vrais, et il aurait 
pu intéresser sans doute les immortels de 
la rue de Poitiers. 

Un savant ingénieur du chemin de fer 
de Saint-Étienne à Lyon, M. E. Locart, a 
adressé à l’Académie un long travail inti- 
tulé : des accidents sur Les chemins de fer, 
de leurs causes et des moyens de les prévenir. 
Ce mémoire, sur lequel nous nous proposons 
de revenir, est d’un haut intérêt. Fait par 
un homme aussi intelligent dans la pratique 
que dans la théorie, ce travail résoudra 
saus doute quelques unes des grande: ques- 
tions qui s’agitent encore à l’égard des uc- 
cidents sur les chemins de fer. 


—— De —— 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Sur le courant électrique des muscles des 
animaux vivauts ou récemment tués. 
M. Ch. Matteucci. 


« 1° Les signes du courant propre de la 
« grenouille , démontrés par le galvano- 
« mètre, augmentent au même instrument 
« dans Pacte de la contraction. » 

« J'ai tenté inutilement de faire contrac- 
ter ma pile de grenouilles avec un courant 
électrique; une difficulté, que je n'avais pas 


293 


prévue d’abord, se présente : ily a toujours 
une portion du courant électrique qui 
prend la route du fil du galvanomètre, à 
cause de la mauvaise conductibilité de l’arc 
et de sa longueur. Un fait physiologique, 
découvert autrefois par M. de Humboldt, 
m'a servi dans cette expérience. Je prépare 
une pile de grenouilles en posant, comme 


à l'ordinaire, les jambes d’une des gre- 


nouilles sur les nerfs de l’autre. Je touche 
les extrémités de cette pile avec les deux 
lames de platine du galvanomètre. J’ob- 
tiens d’abord une certaine déviation ; Vai- 
guille revient ensuite, et, aprés avoir os- 
cillé, se maintient à une déviation toujours 
inférieure à la première. Quand cela est 
arrivé, je touche, avec un pinceau imbibé 
de solution de potasse, les points de ma 
pile où les nerfs et les museles se touchent. 
Il suffit de toucher légèrement pour voir 
les grenouilles se contracter. Si l’expérience 
est bien faite, et si l’on a eu soin de tou- 
cher légèrementet à peu près dans le même 
temps , on voit les contractions assez mo- 
dérées dans les grenouilles et continues 
pendant quelques secondes. 11 ne faut ja- 
mais toucher avec l’alcali aucun point ex- 
trême des grenouilles, afin que l'alcali ne 
vienne pas en contact des lames de platine. 
En même temps que les grenouilles se con 

tractent. on voit l'aiguille du galvanomètre 
dévier davantage , arriver jusqu’à un cer- 
tain degré, puis redescendre de nouveau 


jusqu’à 0°, ce qui arrive quand même on 


a touché les grenouilles avec l'alcali, après 
un certain temps. 

» Voici les nombres d’une expérience : 
Pile de cinq grenouiiles; la première dé- 
viation est de 28”, l'aiguille s'arrête à 5°. Au 
coa!act de lalcali, quand les grenouilles se 
contraclent, l'aiguille monte à 20, où elle 
s'arrête pour quelques secondes, et elle re- 
descend de nouveau à 59, à 40, etc. 

» J'attends que l'aiguille soit de nouveau 
assez fixe et je touche de nouveau avec l'al- 
cali : les conctractions manquent et lai- 
guille ne souffre pas la moindre angmen- 
tation de déviation; au contraire, elle con- 
tinue vers le 00, 

» J'ai pris des grenouilles qui avaient été 
préparées depuis trente heures; j'ai com- 
posé une pile, et j'ai touché avec l’alcali : 
l'aiguille n’a pas bougé. Il faut bien s assu- 
rer que l’alcaii ne produit plus de contrac- 
tions, car j'ai vu des cuisses de grenouilles 
se contracter avec l’alcali, quarante heures 
après leur préparation. 

» J'aurai soin de continuer ces recher- 
ches; mais il me semble qu’il est permis 
d’entirer la conciusion que j'ai déjà don- 
nce. 

» D'autres expériences dont je vais main- 
tenant parler conduisent aux conclasions 
suivantes : 

» Le courant électrique musculaire, que 
« désormais j’appellerai courant muscu- 
« laire , se trouve dans toutes les masses 
«a musculaires, quel que soit l’animal. » 

» J'ai pris des muscles pectoraux de pi- 
geon, des muscles du dos d'un lapin, des 
cœurs de pigeon , des muscles de tanche, 
des morceaux d’une anguille à laquelle 
J'avais enlevé Ja peau. J'ai composé des pi- 
les avec ces différents muscles de manière 
à faire toucher l'intérieur du musele avec 
la surface tendineuse de l'élément muscu- 
laire voisin. Dans tous les cas, j'ai obtenu 
un courant qui va de l’intérieur du muscle 
à la surface : les signes de ce courant, qui 
augmentent avec le nombre des éléments, 
cessent après un certain temps d'autant 


29 


plus court, que l’animalest plus élevé dans 
l'échelle. Voici quelques nombres : 


7 _élém, où demi-cuisses de grenouilles donnent 570, 
1. 24 id'anguille. WF TM SUR 


Quinze minutes après, j'ai obtenu 
7 éléments degrenouille, 48°, 
Ti Ne d'ansuilleeenon 
CE . . 
La première pile, comme on le voit, a un 
peu plus diminué proportionnellement que 
la seconde. 

« Quand on étudie le courant musculaire 
a sur des: animaux qui ont été tués par 
« l'hydrogène sulfuré, on trouve que ce 
«courant est considérablement affaibli ; il 
«en est de même pour le courant propre 
« de Ja grenouilles» 

x Comme la mort opérée par ce gaz est 
presque instantanée, j'introduisles animaux 
dans ce gaz, ct en même temps Je fais pré 
parer des animaux semblables qui ne sont 
pas soumis à l’action du gaz. 

12 jambes de grenouilles saines donnent ‘48°, 

12 id. de grenouilles empoisonnées. 357. 

» J’oppose les deux piles l’une à l'autre 

AE ren = 
et j'obtiens un courant différentiel de 250. 

» Avec les cuisses. de ces mêmes gre- 
nouilles, je coupe à moitié, je prépare deux 
piles pour étudier le courant musculaire. 
12 demi-cuisses de grenouilles saines donnent 300, 
12 id. de grenouilles empoisonnées Bo. 


» J'ai, en les opposant, un courant diffé- 
rentiel de 259 à 260, 

« 40 J'ai trouvé, pour tous les animaux 
à sang chaud comme pour ceux à sang 
froid, que le refroidissement affaiblit 
considérablement, et quelquefois fait dis- 
paraître, les signes du courant muscu- 
laire, et principalement pour les pre- 
miers, » 

«99 J'ai introduit dans l'estomac des 
« grenouilles de'l'extrait d'opium en solu- 
« tion, et j'ai trouvé que le courant mus- 
culaire, en général, s’affaiblit. J'ai vu sur 
« trois individus, pris dans un tel état de 
a surexcitation,qu'ilsuffisait de toucher à la 
« table sur laquelle ils étaient pour les voir: 
« sauter, que les signes de leur courant 
a musculaire n'étaient pas affaiblis. » ñ 

« 60 J'ai déterminé, avec toute l’exacti- 
« tude qu’il est possible dans cette sorte 
« d'expérience , la conductibilité poar le 
« courant électrique de la substance des 
« nerfs, du cerveau, de la moelle épinière 
«et du muscle. J'ai employé, pour cela, 
« le principe des courants dérivés. Je mets « 
« en série contiguë des morceaux de mus- 
« cle, de nerf, de cerveau et de moelle épi- 
a nière; à peu près de mêmes dimensions. 
Le 
a 


A 2 rer A 


Z 


Je fais passer un courant électrique par M 

cet arc, et j'attends que la déviation soit M 
« constante. Alors je touche, avec deux 
« pointes en platine, réunies aux extrémités 
« d’un bon galvanomètre , deux points de 
« cet arc; je touche tantôt le muscle et 
« tantôt les autres parties de l’arc. Les deux M 
« pointes sont mobileset je m'arrête quand 
«a je trouve le mème courant dérivé. On 
« sait que, suivant la conductibilité de l’arc, 
« il faut tenir les deux pointes plus ou m 
« moins éloignées. La conductibilité du M 
« muscle est très supérieure à celles des M 
« nerfs, de la moelle et du cerveau, qui ne 
« différent pas beaucoup entre elles. La 
« difiérence de conductibilité entre la sub- 
ustance musculaire et les autres est de 
« 


4h14. 


15 
MÉTÉOROLOGIÉ. 


pressions cætraordinaires du baromètre 
observées à Parme le 12, 15 et 16 jan- 
ivrer. 


iLes journées du 11 au 16 de janvier qui 
nt de s’écouler, ont élé signalées dans 
“esque toute l'Europe et dans les côtes 
totentrionalés de l’Afrique par des tem- 
tes et des ouragants épouvantables et par 
dépressions barométriques extraordi- 
hires. Tous les journaux politiques et 
»mmerciau* ont déjà rapporté de longs 
itails des désastres occasionnés par la vio- 
}nce de la perturbation atmosphérique, 
hais rien ou presque rien ont parlé des 
baissements barométriques constatés si- 
'ultanément, comme un sujet réservé plus 
n firticulièrement aux recueils scientifi- 
”» daes. Mon intention est de donner une 
Btite notice sur ces abaissements baromé- 
liques , aussitôt que j'aurai reçu les ren- 
ignements que j'ai demandés à mes cor- 
spondants ; pour le moment je me borne 
| publier les observations que moi-même 
faites à l'Observatoire météorologique 
2e Parme (Italie), pendant les trois jour- 
ées plus remarquables du 12, 15 et 16 (1). 
! Le baromètre que j’ai employé est, selon 
L'ortin, dont les valeurs sont exprimées en 
louces, lignes et dixièmes de ligne du pied 
1e Paris. La hauteur moyenne générale 
léduite de quelques années d'observation, 
I5t d'environ pouces 27 11,0. Les dates 
ont en temps vrai civil. 


| 


| + 
|| BAROM, 


| 1843. réduit à 
[: Janvier. 12. 8 h. M 27 
| 9 27 
10 27 
41 97 
12 27 
S, 27 
172 27 
27 
27 
26 


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| 4)Le n° 7 de l'Echo renferme les observations 

| faites à l'Observatoire de Paris, pendant le 42 et 
le 14. 

(2) Les minima barométriques plus exlraordi- 
maires, registrés à Parme, de 4825 à 1842, ont eu 
lieu le 20 octobre 1893, lc 26 février 1838 ct le 
6 octobre 1841. Les valeurs respectives furent 
27010, 260401,4 et 26p1418 ( V. l'Institut 434 ): 
Pendant Ja nuit du 25 décembre 4821 le baromètre 
descendit à 26P111,8. 


296 


BAROM. 
1845. réduit. 
Jauvier 16, 12 271:0:3 
145$. 2034:0 
2 27 12 
3 97 19 
4 DL SEE) 
71492 0 © 971 5,9 
9 27 410 
10 27 45 


Se 


Pendant la journée du 12 soufflèrent des 
vents très variables accompagnés de 
pluie. La nuit du 14 au 15 les vents re- 
doublèrent de violence et particulière- 
ment le sud-ouest, dont le souffle était si 
chaud que des thermomètres exposés au 


nord s’élevèrent jusqu’à + 8, S. R. La 


commotion atmosphérique continua avec 
plus où moins de violence jusqu’au 19. 
Parme, 1% février 1843. 
A. COLLA. 
Directeur de l'Observatoire. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Mémoire sur un nousel oxacide de soufre, 
par MM. J. Fordos et A. Gélis. 


Les hyposulfites étaient en quelque sorte 
oubliés des chimistes, lorsque M. Daguerre, 
en employant l'hyposulfite de soude dans 
ses curieuses recherches, vint leur donner 
un nouveau degré d'intérêt. De toutes 
parts on s’occupa alors de leur préparation, 
et on y trouva des difficultés inattendues. 
La découverte de l’acide sulfhyposulfuri- 
que, qui prend naissance presque dans les 
mêmes conditions que l’acide hyposulfu- 
reux, augmenta l’incertitudedes fabricants, 
et les consommateurs parurent craindre 
qu'on ne vendit sous le même nom tantôt 
de l’hyposulfite , tantôt du sulfhyposulfate 
de soude; ce qui pouvait avoir de l’impor- 
tance, si les deux sels n'avaient pas les 
mêmes propriétés au point de vue de leur 
application. 

Désirant dissiper tous les doutes à cet 
égard, nous réunimes un grand nombre 
d'échantillons du sel du commerce afin de 
les comparer, et nous ne tardâmes pas à 
reconnaître leur identité. 

Tous les échantillons examinés avaient 
la même forme cristalline; tous précipi- 
taient en blanc les sels de plomb et de ba- 
ryte, et,soumis à l’analyse, ils fournissaient 
des résultats semblables. 

Nous avions eu d’abord l’idée de les ana- 
lyser en transformant tout leur soufre en 
acide sulfurique au moyen du chlore, mais 
nous fûmes obligés de renoncer à cet espoir; 
car lorsqu'on fait réagir le chlore sur un 
hyposulfite, même étendu de cent fois son 
poids d’eau, il y a aussitôt un dépôt de sou- 
fre que le chlore en excès ne peut dissou- 
dre, et dont l’état de division est tellement 
grand qu’on ne peut le réunir sur les 
filtres. 

Nous voulûmes alors employer l'iode, 
mais nous fûmesarrêtésuneseconde fois. On 
sait que, lorsqu'on fait réagir ce corpssur un 
sulfite dissous dans l’eau, il y a décompo- 
sition de ce liquide, l’oxigène se porte sur 
l'acide du soufre qu’il transforme en acide 
sulfurique, et l'hydrogène se combine avec 
l’iode et fournit de l'acide iodhydrique. 
Nous espérions obtenir des résultats sembla- 
bles en opérant sur les hyposulfites : l’expé- 
rience n’avait pas été faite, mais l’analogie 
rendait cela probable; nous reconnûmes 
bientôt notre erreur. 

Lorsqu'on ajoute de l’iode à de l’hypo- 
sulfite de baryte délayé dans l'eau, une 


207 
grande quantité de ce réactif est absorbé ; 
mais , au lieu d’un dépôt de sulfate de 
baryte, on obtient une liqueur transpa- 
rente. $ 

Il y avait là une réaction curieuse à ap- 
profondir, et après nous être assurés qu’elle 
était propre à tous les hyposulfites, nous 
résolümes de l’étudier en nous servant de 
l’hyposulfite de soude. La facilité que nous 
avions de nous procurer ce sel dans le 
commerce, qui le fournit abondamment à 
l’état cristallisé, fut le motif de cette pré- 
férence. 

Nous analysâmes ce sel et trois analyses 
nous ont donné les résultats suivants. 

Pour 100 grammes de sel. 
I. II. IIT. Moyenn. Rapports. 
Soufre, 25,90 95,93 925,95 25,92 2 équiv. 
Soude, 25,19 925,21 » 25,20 1 équiv. 

Ces sels étaient donc bien des hyposulf- 
tes, contenant 1 équivalent de base pour 
une quantité d'acide renfermant 2 équiva- 
lents de soufre ; etla quantité d’eau conte- 
nue dans leurs cristaux, calculée d’après les 
résultats indiqués plus haut, est de 5 équi- 
valents; leur formule est donc : 

$ O°, Na O, 5 HO. 

Ce sel a été dissous dans l’eau et traité 
par l’iode; ce corps disparaît rapidement 
dans la dissolution sans y faire naître au- 
cun dépôt et sans la colorer. Le point de 
saturation cest facile à saisir, le moindre 
excès d’iode lui faisant prendre une teinte 
jaune. La liqueur, après cette réaction, ne 
contient ni sulfate, ni acide sulfurique, ni 
aucun sel capable de précipiter la baryte. 
L'eau n’est pas décomposée et aucun acide 
ne prend naissance, car la dissolution est 
neutre avant l'expérience et l’est encore 
quand elle est terminée ; elle est également 
saus odeur , ce qui n’arriverait pas si elle 
contenait de l’acide sulfureux à l'état de li- 
berté.Le sel cristallisé du commerce absorbe 
environ la moitié de son poids d'iode, 


I. 1 gramme de sel a absorbé 0,501 d’iode. 


II. 3,95 un 2,000 
IE. 4,0 ee 0,508 
IV. 1,0 = 0,508 


Comme le sel cristallisé contient 5 équiv. 
d’eau, et qu'un gramme de sel ne repré- 
sente réellement que 0,638 d’hyposuifite 
anhydre.il s'ensuit qu'un équivalent de sel 
ne peut absorber qu’un demi équivalent où 
unat, d’iode. Cetiode se retrouve dans lali- 
queur à l’état d’iodure, car elle donne avec 
les dissolutions métalliques tous les préci- 
pités caractéristiques decetteclassedecorps. 

Comme pendant cette réaction il ne se 
forme ni acide sulfurique, ni acide sulfu- 
reux et qu’il ne se précipite pas de soufre, 
il est naturel de penser que l’iode enlève à 
l’hyposulfite la moitié du sodium qu'il con- 
tient, tandis que l’oxigène qui est combiné 
à cette portion de métal s'ajoute au reste 
des éléments pour former un nouvel acide, 
Si O5, analogue à celui de M. Langlois, 
mais plus riche en soufre que ce dernier, 
réaction qui serait exprimée par cette équa- 
tion : 


2 (S° O?, Na O)+I— I Na Si 05, Na O. 


Un examen plus complet de la liqueur 
iodée est venu confirmer cette hypothèse, 
Lorsqu'on labandonne à elle-même pen- 
dant longtemps ou lorsqu'on la chauffe 
jusqu’à l’ébullition, elle se décompose, il se 
dégage de l’acide sulfureux, il se précipite 
du soufre et il se forme de l’acide sulfuri- 
que, car la liqueur précipite abondamment 
par le chlorure de baryum, propriété qu’elle 
ne possédait pas auparavant. 


298 

On voit que cette destruction est compa- 
rable à celle que les composés de M. Lan- 
glois éprouvent dans les mêmes cirecons- 
tances; toute la différence gît dans la 
quantité de soufre précipité qui est double 
de celle qui serait fournie par les sulfhypo- 
sulfat s. 

Pour 1 équivalent d'acide sulfurique qui 
prend naissance, 2 équivalents de soufre 
deviennent libres, et l'hyposulfite, après 
l’action de l'iode, abandonne, lorsqu'on 
évapore à siccité, la moitié du soufre qu'il 
contenait primitivement. 

Il existe donc un acide du soufre dont la 
formule S' O. Cet acide, que nous nomme- 
rons acide hyposulfurique bi-sulfuré, vient 
compléter une série curieuse des o racides 
du soufre, dans laquelle la quantité d’oxi- 
gène restant invariable , celle du soufre 
augmente comme les nombres 2, 3, 4. 


Acide hyposulfurique O5 s2 
Acide hyposulfurique sulfuré (Langlois) OS: 
Acide hyposulfurique bi-sulfuré OS 


L’acide hyposulfureux, en le représen- 
tant par 0° $’, pourrait terminer cette sé- 
rie s’il n'en était éloigné par sa capacité de 
saturation. 

Ces faits, tout concluants qu'ils nous pa- 
raissent, auraient pu être regardés comme 
insuffisants pour faire admettre l'existence 
de l'acide S' 0’, si nous n’étions parvenus 
à l’isoler, ainsi que quelques uns de ses 
principaux composés. La propriété d’absor- 
ber 1/2 équiv. d’iode par équivalent de sel 
appartient, comme nous l'avons dit, à tous 
les hyposulfites. Ainsi, lorsqu'on traite par 
l’iode de l’hyposulfite de plomb délayé 
dans de l’eau, il ÿ a également absorption 
de ce métalloïde ; il se forme un dépôt jaune 
et cristallisé d’io lure de plomb, et la li- 
queur tient en dissolution l'kyposulfate 
bi-sulfuré de protoxide de plomb. Il suffit 
de faire passer un excès d’acide sulfhydri- 
que dans cette liqueur, de filtrer et de 
chasser l’excès d'acide sulfhydrique par 
un courant de gaz pour obtenir le nouvel 
acide. Mais ce procédé a deux inconvénients: 
l’iodure de plomb est un peu soluble dans 
l’eau froide, et l’action de l’iode sur l’hypo- 
sulfite de plomb est fort lente. La lenteur 
de cette réaction provient de l’insolubilité 
des deux corps réagissants, et surtout de 
celle de l’iodure qui prend naissance ; et il 
faut souvent prolonger le contact pendant 
plusieurs jours pour que la saturation soit 
complète. Nous nous sommes donc arrêtés 
à un autre procédé qui consiste à décom- 
poser le sel barytique par l'acide sulfuri- 
que. 


L'hyposulfate bisulfuré de baryte s'ob- 
tient en saturant d’iode l’hyposulfite de 
celte base. Les traités de chimie n’indiquant 
pas la manière de préparer | hyposulfite de 
baryte, nous croyons utile de dire par quel 
moyen nous nous sommes procuré ce sel. 

. Nous l'avons obtenu par la double décom- 
position de l’hyposulfite de soude et de l’a- 
cétate de baryte; mais comme l’hyposul- 
fite de baryte est loin d’être complétement 
insoluble dans l’eau, il faut opérer la pré- 
cipitation avec des liqueurs concentrées et 
faire les lavages avec de l'alcool faible. 

L’hyposulfite obtenu, on le mêle avec de 
l’eau de manière à former une bouillie 
claire, et on ajoute peu à peu des fragments 
d’iode jusqu’à ce que le mélange commence 
à se colorer; la dissolution est très rapide. 

A mesure que l’iode est absorbé , on voit 

l’'hyposulfite disparaitre, parce qu'il se 
forme de l’iodure de baryum et de l’Aypo- 


299 


sulfate bi-su/furé de baryte, tous deux solu - 
bles. Mais bientôt ce dernier sel, ne trou- 
vant plus assez d'eau pour le dissoudre , se 
précipite en flocons qui augmentent de plus 
en plus, et ne tardent pas à faire prendre en 
masse toute la liqueur. Arrivé à ce point, 
ou traite cette bouillie épaisse par de l’al- 
cool concentré, qui dissout l’excès d’iode 
employé et et l’ivdure de baryum formé, 
et laisse l’hyposulfate bi-sulfuré de baryte 
sous forme d'une poudre blanche cristalline. 
On continue les lavages à l'alcool, jusqu’à 
ce que le sel ne contienne plus ni iode, ni 
iodure 

La poudre blanche ainsi obtenue est très 
soluble dans l'eau; on la dissout dans une 
tres petite quantité de ce menstrue, on fil- 
tre la dissolution, et par l'évaporation spon- 
tanée on obtient de très beaux cristaux 
d'hyposulfate bi-sulfuré de baryte. 

Ces cristaux s’obtiennent eucore plus fa- 
cilement lorsqu'on ajoute de l’alcool à la 
dissolution aqueuse concentrée. On ne re- 
marque d’abord aucun phénomène, mais 
du jour au lendemain on obtient une belle 
cristallisation. 

L’hyposulfate bi-su/furé de baryte est 
un sel blanc d’une saveur amère ; il est très 
soluble dans l’eau et peu soluble dans l’al- 
cool. 1l se conserve assez bien dans l'air 
sec à la température ordinaire ; il jaunit à 
la longue dans l’air humide. 

Il n’est pas altéré par l'acide chlorydri- 
que à la manière des hyposulfites ; l'acide 
azotique l’attaque vivement; il se dégage 
des vapeurs rutilantes, et il se précipite du 
soufre en grande quantité. 

. Le chlore, lorsqu'il agit sur une dissolu- 
tion concentrée, donne lieu à du chlorure 
de soufre qui se précipite au fond du vase : 
mais si on le fait agir sur une dissolution 
étendue, il transforme tout le soufre en aci- 
de sulfurique. à 

Nous nous sommes servis de l’hyposul- 
fate bi-sulfuré de baryte pour préparer 
tous les autres. Nous ayons obtenu ceux de 
fer, de zinc, de cuivre, de potasse, de soude, 
en décomposant la dissolution barytique 
par les sulfates de ces bases. On pourrait en 
préparer beaucoup d’autres par le même 
moyen, car presque tous les hyposulfates 
bi-sulfurés sont solubles dans l’eau. On ne 
peut les obtenir solides par l’évaporation 
spontanée qu’en opérant sur desdissolutions 
concentrées, ou en les précipitant de la 


— 


même manière que le sel de baryte, car. 


leursdissolutionsétendues s’altèrent promp- 
tement à l'air. On ne peut pas non plusen 
élever la température; car si on les chauf- 
fe, elle se décomposent, et donnent pour 
produit du soufre , de l’acide sulfureux et 
du sulfate : 


Si 0°, MO — 8: + SO: + SO’, MO. 


Pour isoler l’acide, nous avons suivi le 
procédé qui déjà a servi à MM. Gay-Lussac 
et Walter pour préparer l'acide hyposulfu- 
rique; procédé qui consiste à décomposer 
le sel barytique par la quantité d’acide sul- 
furique strictement nécessaire pour préci- 
piter toute la base. Les rapports nécessaires 
sont environ de 24,67 d'acide sulfurique à 
6Go pour 100 gr. de sel. L'expérience est 
facile à faire, il faut seulement avoir le soin 
d'étendre l’acide de quatre fois son poids 
d’eau, et de nele verser que lentement sur 
le sel barytique, afin d'éviter une élévation 
trop forte de température qui décompose- 
rait l'acide. q 

L'acide hyposulfurique bi-sulfuré n’est 
guère plus altérable que l'acide de MM.Gay- 


300 
Lussac et Walter; il est possible de lui 
faire atteindre un degré assez avancé de 
concentration; il est incolore et inodore; 
il a une saveur acide très pronancée et il 
rougit fortement la teinture de tournesol. 
S'il est très étendu d’eau, on peut faire 
bouillir sa dissoluticn sans remarquer d’al- 
tération, mais peu à peu il se concentre, et 
arrivé à an certain point de concentration 
il se décompose, du soufre se dépose, de 
l’acide sulfureux se dégage, et la liqueur 
acquiert la ‘propriété de précipiter abon-m 
dasmment par les sels de baryte. 

Cependant , quelquefois cette décompo- 
sition est plus rapide et se produit en quel- 
ques heures à froid et dans des flacons bou- 
chés. 

L'acide y posulfurique bi-sulfuré libre ou 
combiné n’est pas altéré par les acides chlo- 
rhydrique et sulfurique étendus. L’acide 
azotique , au contraire, en précipite du 
soufre. 

Il se comporte avec les dissolutions mé- 
talliques comme l'acide sulfhy posulfurique, 
car il ne précipite pas les sels de zinc, de 
fer, de cuivre, etc. Il précipite en blanc le 
protochlorure d’étain et le bichlorure de « 
mercure. Il donne avec le proto-azotate de 
mercure un précipité jaunâtre qu'un excès 
d'acide fait passer au noir. Celui qu’on ob- 
tient avec l’azotate d'argent est blanc d'a- 
bord ; après quelques secondes il jaunit, 
puis enfin devient noir. 

Ces caractères, réunis à ceux que nous 
avons déjà indiqués, distinguent suffisam- 
ment l’acide que nous avons obtenu de tous 
les composés oxigénés du soufre décrits jus- 
qu'à ce jour. 

Indépendamment de l'intérêt que la for- 
mation de ce nouvel acide donne à la réac- 
tion de l’iode sur les hyposulfites , elle en 
acquiert un nouveau par l'application qu’on 
peul en faire au dosage des mélanges des 
différents composés oxigénés du soufre, a- 
palyse qui présente beaucoup de difficultés 
dans l’état actuel de la science. 


—— IEEE 
SCIENCES NATURELLES. 
BOTANIQUE. 
PHYSIOLOGIE VEGETALE. 


Recherches sur le mode el Les circonstances de 
développement d'un végélal microscopique 
dans les liquides albumineux , normaux et 
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret. 


(Troisième et dernier article.) 


« En étudiant le mode de développe- 
ment des vésicules, et leur transformation 
en véritables végétaux, nous avons signalé 
une circonstance fort importante , savoir, 
leur apparition constante et plus abondante 
dans les couches les plus superficielles du 
liquide, au contact de l'air ambiant. La 
présence de l’oxygène serait-elle donc indis- 
pensable à la production des vésicules et à 
leur germination ultérieure? Telle est la 
question que nous avous dà naturellement 
nous poser, et voici comment nous avons 
essayé de la résoudre. 

» Dans un flacon de verre à moitié rem- 
pli de sérum de sang frais et pur, étendu de 
deux fois son volume d’eau distillée, et 
rendu très légèrement acide par l’addition 
d'acide sulfurique très affaibli, nous avons 
fait arriver un courant d’acide carbonique 
au moyen d’an tube qui plongeaïit jusqu’au 
fond du vase. Après avoir ainsi compléte- 
ment chassé l’air qui pouvait être dissous 
dans le sérum et créé une atmosphère ar- 


D 
hcielle d’acide carbonique, nous avons 
tiré le tube; et le fiacon, hermétique- 
ent bouché, a été abandonné à lui-même 
»ndant dix jours dans un repos complet. 
-» Au bout de quelques heures, la ma- 
ère amorphe,-semblable à de l’albumine 
ragulée, qui étaiten suspension, s’est pré- 
1pitée, comme à l’ordinaire , sous forme 
‘un, dépôt grisâtre, et le liquide est deve- 
u d’une transparence parfaite. Pendant 
s dix jours suivants que le flacon est resté 
en bouché, nous n'avons pu découvrir, à 
œil nu, aucune trace de travail organisa- 
leur dans le sein de la liqueur, la transpa- 
lence est restée parfaite, la surface ne s’est 
‘ecouverte d'aucune écume , aucune pro- 
L'uction membraniforme n’est apparue. 

» Le dixième Jour, le flacon a été débou- 
\hé; le liquide n’a présenté aucun indice de 
'utréfaction ; il a.été versé dans un verre 
lirdinaire, Le dépôt grisâtre n’avait changé 
li d'aspect ni de nature ; c'était toujours 
1 ie sorte de poudre amorphe, identique à 
lle l’albumine coagulée par la chaleur, Pa- 
dipsgzofique ou l'alcool, Nous avons en- 
( uite procédé à l'examen microscopique du 


riquide lui-même , et, malgré les recher- 
|zhes les plus minautieuses.et les plus atten- 
ives, il nous a été impossible d’ÿ saisir la 
moindre production organique: nous n'y 
avons pas rencontré une seule vésicule. 

» Il était donc démontré que le végétal 
microscopique ne pouvait pas se dévelop- 
hper dans une atmosphère entièrement et 
“exclusivement formée d'acide carbonique. 
l'ATais le gaz employé avait-il agi dans cette 
circonstance comme corps délétère, ou seu- 
\Jement en empêchant l’action de l’oxygène 

sur la matière organisable? Pour résoudre 
cette nouvelle quéstion, nous avons aban- 
‘donné au contact de l'air le liquide trans- 


“ parent que nous avions retiré du flacon, et 


placé dans un verre ordinaire. Dès le len- 

demain, la production des vésicules a com- 

: mencé, et le végétal s'est développé dans 
cette liqueur albumineuse , absolument 

! comme dans du sérum frais. L’acide car- 
bonique n'avait donc fait que retarder le 

| phénomène, il n’ayait donc nullement agi 

| comme poison, mais seulement comme 
corps isolant, s’opposant au libre accès de 
l'oxygène. 

» Cette expérience, répétée avec les 
mêmes précautions et dans une atmosphère 
artificielle d'hydrogène, a fourni des résul- 
taits absolument identiques aux précé- 
dents. 

» Nous sommes donc en droitde conclure 
que la présence de l’oxygène est nécessaire 
au développement de ce végétal dans du 
sérum de sang étendu d’eau distillée et 
traité par l’acide sulfurique affaibli. 

» Bien que, dans ces expériences, l'acide 
sulfurique ne nous parût pas agir autre- 
ment que comme acide, et nullement en 
vertu de propriétés particulières, nous a- 
vons dû cependant chercher si les mêmes 
phénomènes se produiraient en traitant le 
serum par un acide d’une autre nature. À 
cet. effet, nous avons employé l’acide acé- 
tique, et. les végétaux infusoires se sont 
développés avec la même rapidité, suivant 
le même mode, ont revêtu les mêmes for- 
mes extérieures , ont présenté le même tra- 
vail d'organisation intérieure. 

» Ces deux essais, tentés avec deux corps 
entre lesquels existent si peu de points de 
contact, l’acide sulfurique et l’acide acéti- 
que, nous ont paru suffisants pour démon- 
trer que le choix de l'acide est indiffé- 
rent, pourvu toutefois qu'il ne jouisse pas 


302 


de la propriété de coaguler immédiatement 
toute l’albumine, comme ferait l’acide azo- 
tique, par exemple. 


IL. Même végétal dans le blanc de l'œuf. 


» Il existe une identité si parfaite entre 
l’albumine du sang, et celle de l'œuf, qu'on 
devait penser à priori que les phénomènes 
que nous venons d'étudier dans le sérum 
du sang, se reproduiraient dass le liquide 
connu sous le nom de blanc de l'œuf. Cette 
prévision , quelque naturelle qu'elle fût, 
méritait cependant d’être soumise au creu- 
set de l’exptrience. 

» Après avoir délayé un blanc d'œuf 
dans une quantité suffisante d’eau distillée, 
et l'avoir filtré pour le dépouiller de tous 
les débris membraneux, nous l'avons traité 
soit par de l'acide sulfurique, soit par de 
l'acide acétique très affaiblis, de maniere 
à ohtenir une réaction très légèrement 
acide , et nous avons vu se reproduire 
de la manière la plus fidèle les phénomènes 
que nous avions observés avec le sérum du 
sang : mode de développement, formes ex- 
térieures, productions intérieures, tout 
était identique de part et d’autre. À moins 
d’être prévenu à l'avance, il serait complé- 
tement impossible de distinguer le végétal 
développé dans le blanc de l'œuf de celui 
qu’aurait fourni du sérum du saug soumis 
à la même expérience. Nous n'insisterons 
donc pas plus longtemps sur ce sujet; nous 
n’aurions qu'à répéter mot pour mot ce 
que nous avons dit dans les pages précé- 
dentes. 


IL. Même végétal retrouvé dans les liquides 
albumineux pathologiques. 


» Si les expériences, tentées sur le sérum 
du sang et sur le blanc de l'œuf, étaient 
suffisantes pour nous äutoriser à dire que 
ce végétal microscopique peut se dévelop- 
per dans tous les liquides albumineux nor- 
maux, rendus légèrement acides et placés 
au contact de l'air, il eût été sans doute 
imprudent d'étendre une semblable con- 
clusion aux liquides albumineux qui sont 
exhalés sous l’influence de maladies diver- 
ses. Ici, en effet, l’analogie n’était plus aussi 
complète; l'intervention du travail patho- 
logique pouvait avoir profondément modi- 
fié les qualités intimes de la matière orga- 
nisable ; il fallait donc, pour ces liquides, 
pe pas nous contenter de l'induction, et 
avoir recours à des expériences directes. 

» Nous avons donc traité comme le sé- 
rum du sang et le blanc d'œuf, puis exa- 
miné au microscope : 

» 4° La sérosité , mécaniquement accu- 
mulée au sein du péritoine, dans un cas de 
cirrhose du foie. 

» 2° La sérosité d’une hydrocèle. 

» 3° La sérosité contenue dans l'ampoule 
des vésicatoires. 

» 4° Une autre sorte de sérosité, parfai- 
tement limpide et transparente, qu’on re- 
üre du pus en le plaçant sur un filtre qui 
retient les globules au-dessus de lui et ne 
laisse passer que cette sérosité. 

» Dans ces cas divers, qui nous représen- 
tent tous les types et toutes les variétés de 
nature que peuvent présenter les liquides 
albumineux morbides, nous avons toujours 
constaté la production du végétal, dont 
nous avons esquissé l’histoire à propos du 
sérum du sang et du blanc de l'œuf, et l’on 
ne peut saisir aucune différence, ni dans le 
mode de développement, ni dans les formes 
extérieures, ni dans le travail qui se passe 
au sein des cavités des vésicules-mères et 


303 


des tiges cylindriques ou moniliformes 
qu’elles fournissent. 

» Quelle que soit donc l’origine d’un li- 
quide albumineux, qu’on le prenne dans 
l’état physiologique, ou qu'il reconnaisse 
pour cause productrice un travail patholo- 
gique quelconque, il suffit de le rendre lé- 
gèrement acide et de l’étendre d’eau distil- 


_ lée pour qu'un végétal microscopique se 


développe dans son sein, sous l’influence 
de l'oxygène de l’air ambiant. 


De 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉCANIQUES. 


MACHINES A VAPEUR. 


Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en- 
couragement, au nom du comité des arts mé- 
caniques, sur plusieurs établissements affec- 
tés à la construction des grandes machines à 
vapeur et des machines locomotives. 


(Deuxième artigle.) 
Etablissement de M- Cavé. 


En juillet 1834, ie comité des arts méca- 
niques vous a rendu compte des développe- 
ments importants qu'avait pris cet établis- 
sement dans un petit nombre d'années : de- 
puis cette époque, les travaux de cet éta- 
blissement de construction de machines se 
sont accrus dans une progression encore 
plus rapide. 

Depuis 1834, M. Cavé a exécuté, pourle 
service de diverses usines, quatre-vingt- 
huit machines à vapeur représentant une 
force de 1345 chevaux. 

Pour la navigation fluviale, treize machi- 
nes doubles, représentant ensemble plus de 
500 chevaux. St 

Pour la mer, sept machines doubles, dont 
quatre de 160 chevaux, une de 220 et deux 
de 450, ensemble 1760 chevaux. 

Enfin nous venons de voir en cours d’exé- 
cution, dans cet établissement, quatre ma- 
chines de navigation maritime produisant 
ensemble 1340 chevaux de force, savoir : 
deux machines de 450 chevaux pour la ma- 
rine royale, et deux machines de 220 che- 
vaux pour les paquebots de l'administration 
des postes. 

Si à cette récapitulation nous ajoutons 
les machines déjà livrées avant l’année 1834, 
nous trouvons un chiffre total de 6,460 che- 
vaux de force. Tel est, messieurs, et sans 
comprendre nn très grand nombre d’ap- 
pareils de divers genres exécutés pour 
Padministration et pour l’industrie pri- 
vée, le résumé des importants travaux de 
M. Cave. 

Cet aperçu rapide est bien propre à nous 
donner confiance dans la puissance de pro- 
duction des ateliers français, surtout si nous 
considérons, d’une part, les dimensions pres- 
que colossales des principaux organes des 
grands appareils transatlantiques, et, de 
l’autre, l'étendue et la puissance de l’ou- 
tillage spécial qui a dû être créé pour les 
produire. 

Les machines de 450 chevaux que novs 
avons vues sont à basse pression et compo- 
sées de deux machines jumelles de 225 chez 
vaux chacune ; voici quelques détails sur 
leur forme et les dimensions des principales 
pièces : 

Le cylindre à vapeur a 3 mètres de lon- 
gueur et 1,93 de diamètre intérieur. Les 
bâtis latéraux sont composés chacun de 
deux pièces principales, dont la plusgrande 
a 5m,70 de hauteur, 3,40 de largenr, et 
pèse près de 11,000 kilog. 


30% 


La base ou plaque de fondation a 8",65 | 
de longueur et 2m,20 de largeur; elle est 
coulée d'un seul jet et pèse 13,600 kilo- 
grammes. 

Le condensateur présente de très gran- 
des difficultés de moulage ; l'axe des ba- 
lanciers le traverse de part en part, et il 
renferme, én outre, plusieurs eloisons; son 
poids est de 15,500 kilogrammes. 

Les pièces en fer forgé sont en quelque 
sorte encore plus remarquables ; chacune 
des quatre manivelles d’un appareil pèse 
2,000 kilogrammes, ét le grand arbre qui 
lie le mouvement des deux machines ju- 
melles pèse, en sortant de la forge, 8,500 
kilogrammes; sa longueur est de 7 mètres, 
et son diamètre fini de 44 centimètres. En- 
fin les chaudières en tôle sont du poids de 
100,000 kiiogrammes pour chaque appa- 
reil de 450 chevaux. 

Pour l'exécution de ces travaux cyclo- 
péens , les machines-outils de M. Cavé, 
quelque puissantes qu’elles fussent, étaient 
évidemment insuffisantes : aussi n’a-t-il pas 
hésité à développer ses ateliers dans de très 
grandes proportions. 

Une fonderie nouvelle de 36 mètres de 
longueur, 26 mètres de largeur, 10 mètres 
de hauteur sous les entraits et 9 mètres de 
hauteur sous le nez des grues, et un atelier 
de moutage de mêmes dimensions, ont été 
ajoutés aux bâtiments existants. Ces ateliers 
sont disposés pour pouvoir y établir des 
machines de 600 chevaux. Aujourd’hui l’é- 
tablissement de M. Casé, en y comprenant 
l'atelier de construction pour les chaudiè- 
res établi à la Chapelle-Saint-Denis, sous la 
direction de M. Lemaitre, occupe une su- 
perficie de 22,880 mètres carrés et emploie 
euviron huit cents ouvriers. 

Nous ne pouvons faire une description 
complète de l'immense matériel qui com- 
pose l'établissement : qu’il nous suffise de 
dire que les quatre marteaux de forge, les 
trente-deux tours, les machines à planer, 
la soufflerie et le reste des machines-outils 
sont mus par huit machines à vapeur d'une 
force collective de 115 chevaux; que deux 
autres machines à vapeur, ensemble de 50 
chevaux, sont en montage pour deux mar- 
teaux qu’on construit encore; de sorte que, 
prochainement, la force motrice totale sera 

_de 165 chevaux. 

Les pièces de fonte sont coulées au moyen 
de quatre fourneaux à la ##ilkinson ou cu- 
bilots, dont les deux plus grands peuvent re- 
cevoir à la fois chacun environ 40,000 kilo- 
grammes de matière.en fusion. 

Tous es moules de ces grandes pièces 
sont préparés avec soin et étuvés ; aussi la 
netteté des ouvrages excède-t elle tout ce 
que nous counaissons de mieux jusqu’à pré- 
sent; il en résulte que la matière en est par- 
faitement saine. 

Les pièces de forge sont travaillées au four 
à réverbère et au moyen de marteaux très 
énergiques mus par des machines à vapeur 
spéciales, 

Pour l'exécution de ces énormes pièces, 
où emploie du fer méplat, fabriqué avec du 
riblon dans les forges voisines de Paris, et 
on en furme des masses de 3 à 4 mètres de 
longueur sur 65 à 80 centimèt, d’équarris- 
sage. Ces masses, appelées fagots, dépas- 
sent souvent le poids de 10,000 kilogram- 
mes ; on les chauffe à cœur dans les fours 
à réverbère, ct on leur donne au marteau 
les formes voulues, en suivant cet excellent 
principe, qu'une pièce de forge de grande 
dimension ne peut être bonne si elle n’est 
forgée suivant la méthode qu’emploierait 


305 
un bon forgeron pour produire une petite 
pièce de même forme, 

Quelques personnes ont remarqué avec 
regret que le métal était employé avec,une 
certaine prodigalité dans les forges. de 
M. Cavé, et que souvent la quantité de: fer 
qu'on avait en excédant, après la pièce finie, 
dépassait les proportions voulues. IL faut 
sans doute attribuer cette habitude au be- 
soin d'éviter un inconvénient beaucoup plus 
grave, Celui de manquer une pièce par in- 
suffisancé de matière ; toutefois on incline 
à penser qu’il ÿ aurait, sous ce rapport, quel- 
ques améliorations à désirer, 

Les tours ont été instaliés dans les propor- 
tions voulues par les dimensions des pièces 
à travailler, 

Un tour à plateau peut recevoir les pis- 
tons, les couvercles de cylindres qui ont 
plus de 2 mètres de diamètre. 

Des tours parallèles d’une grande puis- 
sance achèvent les arbres principaux, les 
bielles, les sommiers, etc. 

Une machine à planer, de 13 mètres de 
longueur et 3 mètres de largeur, dresse les 
plaques de fondation, de manière que les 
surfaces qui doivent recevoir les bâtis, les 
cylindres et lecondensateur forment un seul 
plan. 

Une fosse très profonde réservéeentre les 
longs côtés donne la facilité de l'appliquer à 
dresser les surfaces portantes des grands bâ- 
tis des appareils de 450 chevaux. 

La même machine a recu une addition 
importante. 

Lorsqu'on veat aléser, dans un balan- 
cier, les yeux qui doivent recevoir l’axe prin- 
cipal et les divers tourillons doubles qui le 
rattachent aux bielles, il est important que 
ces ouvertures soient ajustées suivant des 
axes parallèles : à cet effet, un des deux 
porte-ouüls de la machine à planer recoit 
un appareil supplémentaire composé d’une 
barre verticale d’alésoir pouvant se mou- 
voir parallèlement dans toute la longueur 
du chariot et munie de la transmission de 
mouvement nécessaire; comme le chariot 
à son tour, se meut à volonté dans un plan 
parallèle à la base de la machine, il en ré- 
salte que, à quelque point que soit placé 
l'appareil que nous venons de décrire, l’axe 
de la barre d’alésoir sera perpendiculaire au 
plan du balancier, si ce balancier a été placé 
d’abord parallèlement à la base de la ma- 
chine à planer. 

Enfin M. Cavé a encore ajouté aux pla- 
teaux porte-outils de cette machine un 
mouvement oscillatoire suivant un rayon 
variable, ce qui donne la facilité de dres- 
ser les parties courbes des sommiers, ma- 
nivelles, etc. 

Sept autres machines à planer, de diver- 
ses formes, dressent les pièces de moindre 
grandeur. 

Les mauivelles, nous l’avons dit, sont de 
très fortes dimensions ; elles sont alésées et 
dressées sur toutes leurs faces au moyen 
d’une grande machine qui a été pubhée 
dans le Bulletin de septembre, avec l’auto- 
risation de M. Cave. 

La pièce principale de cette machine est 
une tige ronde qui peut recevoir à volonté 
un mouvement de rotation et un mouve- 
ment vertical alternatif; dans le premier 
cas, elle sert de barre d’alésoir pour les 
deux ouvertures des manivelles. Pour ajus- 
ter les contours extérieurs de ces mêmes 
pièces, on se sert du mouvement vertical, 
et, comme la pièce à travailler est fixée sur 
un triple plateau qui peut recevoir deux 
mouvements rectiligaes perpendiculaires 


306 
entre eux et un mouvement rotatoire, oh 
conçoit qu'il devient facile de présenter sue- 
cessivement à l’action de l'outil toutes les 
parties du contour à travailler et d'obtenir 
des surfaces exactes. 

Cette même machine à buriner travaille 
les autres grandes pièces, et des machines 
analogues de moindre dimension complè- 
tent cette partie de l'outillage. 

Les grands cylindres sont achevés parun 
alésoir de dimension saffisante pour opérer 
sur des cylindres de force b aucoup plus 
grande encore : cet alésoir est vertical, ce 
qui permet d'éviter dans le travail l’in- 
fluence toujours sensible du poids de la 
barre et du plateau porte-outils, et celle du 
poids du cylindre lui:même; il est placé au- 
dessous du sol dans un espèce de puits cons- 
truit en briques, contre les parois duquel 
sont assujettis les cylindres, Cette disposi- 
tion offre pour avantages une-très grande 
stabilité dans les pières à aléser et une éco- 
nomie de place.-dans les ateliers. 

Pour les cylindres des pompes à air, leur 
moindre diamètre. permet de les exécuter 
sur des alésoirs horizontaux. au 

. Nous n’entreprendrons pas de décrire an 
grand nombre d’autres machines-outils très 
ingénieuses el surtout appropriées: avec 
beaucoup d'intelligence et d'économie de 
construction au travail qu'elles doivent pro- 
duire : nous ne pouvons toutefois passer 
sous silence une machine radiale à percer, 
dont l'entente générale et la construction 
sont réellement supérieures aux machines 
analogues connues; elle otfre l'avantage de 
pouvoir atteindre avec une grande facilité 
tous les pointsd’une surface tres étendue, et 
elle trouve une bonne-application pour le 
percement des brides des cylindres. 

L'atelier spécial pour la construction des 
chaudières est situé à la Chapelle Saint-De- 
nis; il est dirigé par M. Lermnaüre, beau- 
frère de M. Cave. 

Une machine à vapeur de 8 chevaux 
fait mouvoir une machine à cintrer les tô - 
les, plusieurs débouchoirs et cisailles à Le- 
vier, un appareil pour chanfrener les tôles 
et une série de machines à percer. Chaque 
débouchoir est accompagné d’une table en 
fonte à chariot, avec les mouyements né- 
cessaires pour percer les trous de riveis à 
distances égales. On ÿ monte, dans ce mo- 
ment, un débouchoir d'une forme particu- 
lière pour percer les trous dans les chau- 
dières cylindriques ou dans des plaques cin- 


trées d'avance. CALLA. 
— SDK 
AGRICULTURE. 


ÉCONONIE AGRICQEE. 


Essai sur la croissance des arbres, par M. le 
baron D'Hombres Firmas, 


(Deuxième article.) 


Non-seulement la croissance des arbres 
varie dans des terrains de différentes quali- 
tés, au bord des rivières, dans les pays de 
plaines et sur les montagnes; mais elle va- 
sie aussi dans un champ qui nous paraît 
de même nature, qui sera entièrement ce 
qu'on appelle crayeux, argileux, ocreux, 
limoneux, grès, terre de bois, qualités de 
terrain les plus communes dans les Cé- 
vennes. Il n'est pas de propriétaire qui n'ait 
observé cette difference de croissance, dans 
ses plantations de màriers, par exemple : 
tous les arbres y sont exposés pareillement 
au soleil, aux vents, à la pluie, également 
espacés, travaillés et fumés ensemble, tous 


L 


n07 


vrospèrent les premières années et sont à 
seu près semblables; mais après quinze ou 
ringt ans, dans une plantation un peu 
‘tendue, il en manque plusieurs, et tousdii- 
ièrent sensiblement, soit que leurs racines 
fient rencontré des couches de terrain plus 
vu moins propices, un filet d’eau, des 
bierres, d’autres racines de végétaux vivants 
vu morts, soit qu’on les ait effeuillés ou 
raillés plutôt ou plus tard, ou pas du tout; 
oit que, parmi Îles arbres, comme entre 
ous les êtres vivants en communauté, il y 
un ait de différemment conétitués, de plus 
rigoureux qui profitent mieux que leurs 
voisins, et parfois à leurs dépens. 
Plus tard, la différence devient plus 
narquée. J'ai fait, en 1808, un cordon de 
nüriers à 8%, 65 l’un de l’autre, qui par- 
agent, du nord au sud, la terre de la 
Condamine (campus domini), à Saint-Hip- 
‘polyte-de-Caton. Choisis égaux dans ma 
pépinière, arrachés, plantés, cultivés avec 
les mêmes soins, leur croissance inégale 
hprouva, comme disent les paysans, que la 
værre change à chaque pas. Leurs troncs, 
que je viens de mesurér, varient tous de 
\ l’un à l’autre; les plus minces ont de 65 à 
\0centimèires de circonférence, les plus 
“gros de 72 à 78. Les uns n'ont produit, 
|cette année, que 25 kil. de feuille; il y en 
a qui en ont fait 80 kilog. 
| J'ai, dans la même terre, une autre allée 
ide deux cents mûriers plantés en 1773, 
\ Plusieurs manquent, et quelques uns ont 
l'été remplacés, à diverses époques; ils sont 
.exemptés de la comparaison que j’ai faite 
des arbres contemporains, quoique tous 
| soient numérotés dans mon tableau. Il yen 
la qui ont deux fois plus de diamètre que 
‘leurs voisins ; il y en a de 100 et 162 cen- 
« timètres de tour, d’autres de 86 à 80 seule- 
ment, et ce ne sont pas toujours les plus 
:gros qui ont le plus de branches et font le 
plus de feuilles. 

J'ai fait des observations analogues sur 
deux allées d’ormes, l'une plantée en 1827, 
avec des arbres de mêmes grandeur et 
grosseur qui ne différaient, les premières 
années que par la largeur de leurs feuilles, 
leur écorce unie et raboteuse, puisqu'ils 

| étaient de différentes variétés, ayant voulu 
rechercher celle qui réussirait le mieux 
dans mon terrain, y serait moins exposée 
aux chenilles. Je ferai connaître mes re- 
marques dans une autre occasion, ne de- 
vant traiter ici que de l'accroissement de 
mes ormes; ceux à grandes et à petites 
feuilles, ceux dits à feuiile de tilleul, à 
| feuille de châtaignier, l’orme pyramidal, 
| Pormezliége, ont, les uns et les autres, des 
pieds de toutes les grosseurs, entre 27,5 et 
43,75 cent. de tour. Je les ai toutes notées 


—< 


Cette différence de croissance est très 
remarquable entre les arbres des espla- 
:nades, des boulevards et des grandes 


| dans un registre à cet effet. 
: 
| 


| routes, si rarement semblables, quoique, 


.: en apparence, dans les mêmes circons- 


tances. À la fin de 18292, on planta une 


‘ quarantaine de platanes sur la promenade 


devant le temple des protestants à Saint- 
: Hippolyte-le-Fort : ceux du côté des jar- 
dins sont généralement deux fois plus gros 
que ceux du côté de la ville. La raison en 
est toute simple : les premiers profitent de 
la culture et des engrais; mais leur accrois- 
sement m'a paru très considérable, en les 
comparant avec d’autres platanes plantés 
ailleurs, le climat, la nature du terrain, 
les amendements, les irrigations, les abris, 
influent sur tous les arbres en général, et, 


308 


je crois, d’une manière plus marquée sur 
ceux dont l'aceroissement est le plus 
prompt. J'ai mesuré tous les platanes de la 
promenade de Saint-Hippolyte-de-Fort, 
afia qu’on puisse juger leurs progrès; je 
dirai seulement que celui à droite de la 
fontaine manqua la première année, fut 
remplacé, et, par conséquent, a un an de 
moins que les autres, et qu'il est le plus 
gros. Il a 198,6 cent. de tour, à { mètre du 
sol — 63,4 de diamètre. Son accroisse- 
ment est donc 3,5 centimètres. Son pen- 
dant, également bien arrosé, a un quart de 
moins. 

Je citcrai encore un exemple plus mar- 
qué de la différence d’accroissement dans 
les ormes plantés en 1812 sur la chaussée 
d’Alais. Il est visible que le rang du côté 
du nord a ses racines dans les prairies que 
borde cette avenue, et que ceux du côté 
opposé, non-seulement plongent les leurs 
dans le gravier, mais sont brûlés ou forte- 
ment chauffés par le soleil à travers le mur 
de soutenement de la chaussée, aussi la 
différence est énorme entre les arbres de la 
droite et de la gauche de cette allée; on 
pourrait y trouver des ormes du même âge 
deux fois et demie, trois fois plus gros les 
uns que les autres. Je crois, comme si je 
le voyais, qu'ils présenteraient le même 
nombre de couches concentriques; que 
les douze à quinze du centre seraient égales, 
parce qu’elles correspondraient à la jeu- 
nesse des arbres dans les pépinières, aux 
premiers temps qu'ils auraient vécu dans 
leurs creux remplis de bon limon; mais 
dans les onze à quinze années suivantes, et 
à présent, les couches ligneuses des ormes, 
du côté du nord, seraient nécessairement 
deux ou trois fois plus épaisses que celles 
qui leur correspondent dans les ormes du 
côté du midi. 

Admettons pour un-instant queles arbres 
dont on veut comparer l'accroissement sont 
absolument dans les mêmes circonstances, 
l'influence du terrain nulle, ou plutôt égale 
pour tous, conditions qui ne sauraient 
exister que pour des arbres cultivés et des 
arbres jeunes. Nous verrons ceux-ci crois- 
sant rapidement, parce que les proprié- 
taires qui les plantent veulent les voir 
prospérer et les soignent ; mais après quel- 
ques années leurs racines s'étendent avec 
difficulté dans la terre non remuée, leurs 
branches se touchent et se gênent, la végé- 
tation souffre de la négligence du maître, 
et la croissance est insensible. Que l’on ef- 
fondre le sol, que les pluies s’y imbibent; 
que l’on élague les branches pour faire 
circuler plus librement l’air et la lumière 
entre les rameaux, la grosseur des troncs 
sera la conséquence de ces nouveaux soins. 
Un deces arbres. coupé en travers, présen- 
terait, je n’en doute pas, les detes de ces 
alternatives d’accroissement. Dans les ar- 
bres devenus très vieux, les zones annuelles 
s'étendant en diamétre seront toutes très 
minces; il y en aura cependant de plus 
apparentes qui correspondront aux époques 
de l’abatage des arbres voisins ou de quel- 
que culture. 

L'aménageinent bien entendu des forêts 
influe sur l’accroissement des essences qui 
les composent; les trop nombreux rejetons 
se nuisent, si on en élague une partie, 
les autres ponssent plus vite; si on coupe 
tous les drageons qui sortent de la souche 
d’un arbre, celui-ci proftera de la sève 
qu'ils soutiraient. Les coupes réglées per- 
meltent de juger l’âge des plançons réser- 
vés ou arbres de marque; on en voit de 


309 


; plus favorablement placés qui, ménagés 


lors d’une dernière vente, par exemple 
égalent ou surpassent en grosseur les plan- 
çons de la vente antérieure. En général, un 
plançon poussera pius dans les dix ans qui 
suivront une coupe que pendant les dix ans 
qui l'ont précédée ; connaissant dans un de 
mes bois ceux conservés depuis vingt, 
quarante et soixante ans, je n’ai pu trouver 
entre eux de rapports de croissance en pre- 
nant leurs moyens diamètres. _ 

Des châtaigniers lrop resserrés montens 
droit et forment de longues poutres ; tandis 
que ceux qui peuvent étendre leurs bran- 
ches couvrent une grande surface de leur 
ombre, ont une tête arrondie, un tronc 
raccourci, mais incomparablement plus 
gros que les premiers; quoique du même 
âge. 

Nous voyons, au milieu des champs, des 
arbres isolés très remarquables, des chênes 
particulièrementt que je regarde comme 
les témoins des antiques forêts qui cou- 
vralent autrefois notre pays ; épargnés peut- 
être lors des défrichements, parce qu'ils 
étaient les plus beaux à cette époque re- 
culée. Les besoins de nos mines et de nos 
usines, et l'établissement d’un chemin de 
fer, ont fait abattre, en peu de jours, la 
majeure partie de ces chênes qui avaient 
résisté à des siècles. Je dirai, traitant de la 
croissance des arbres, qu’en la croyant 
réeile pour l'observateur, elle n’était pas 
moins insensible pour beaucoup de pro- 
priétaires de ces vieux chênes, quien ont 
tiré très bon parti, persuadés que, bien loin 
de croître, ils dépérissent. 

(Annales d'agriculture.) 


HORTICULTURE. 
Notice sur les Dahlias. 


Le Dahlia est originaire du Mexique, il à 
été introduit en France dans les premières 
années du dix-neuvième siècle, par le cé- 
lèbre André Thouin, qui l’a recu directe- 
ment de Cavanilles, directeur du Jardin 
Botanique de Madrid. On ne connaissait 
guère alors que trois couleurs : le rouge, le 
pourpre et le rouge cocciné. Les fleurs en 
étaient simples et les tiges très élevées , de 
sorte que ces plantes, qui sont aujourd’hui 
le plus bel ornement de tous les jardins 
d'agrément, ne pouvaient être à cette épo- 
que que d’un mérite très secondaire. Ce 
n'esl que par les semis multipliés et nom- 
breux, tantde la partdes horticulteurs quede 
celle des amateurs qui concoururent entre 
eux simultanément, sur presque tous les 
points du globe, que l’on parvint à réunir 
ces belles collections et les variétés bien dis- 
tinctes que l'on voit avec plaisir chez tous 
les amateurs de ce joli genre, et chez beau- 
coup d’horticulteurs marchands, qui, cha - 
que année, parviennent à enrichir le do- 
maine de Flore de quelques nouvelles con- 
quêtes, par cette voie, par des échanges ow 
des achats. : 

Plus qu'aucune autre plante, par son ex- 
trême docilité, le Dahlia a eu et a encore 
des modes. Dans le principe, on ne possé- 
dait dans les collections que des plantes à 
tiges gigantesques et À fleurs doubles ; quel- 
que temps après, nous avons eu les nains 
qui ont permis d'accepter cette jolie fleur 
dans le plus petit parterre, sur la partie 
adventive des plates-bandes, dans les cor- 
beilles ; dans les massifs comme sur les ter- 
rasses ; en formant des gradins grâcieuce- 
ment étagés, comme on en voit souvent 
dans les jardins des connaisseurs qui, tout 


310 

en graduant la taille des plantes , savent 
aussi faire ressortir les couleurs et les for- 
mes. Ensuite les Dahlias panachés où bor- 
dés de rose, de lilas, de violet, de car- 
min, etc. , sur fonds blanc, ont eu une 
vogue telle que l'on avait presque entière- 
ment abandonné les anciennes plantes à 
fleurs unicolores. Depuis , nous avons eu 
les Dahlias surnommés les 2nconstants, qui 
sont panachés ou pointillés de blanc ou de 
rose clair aux extrémités des pétales, sur 
fonds bruns , rouges, violets, etc., qui sé- 
duisent la vue par leur éclatante beauté ; 
rien n’est, effectivement, plus agréable à 
l’œil que ces belles variétés, mais rien jus- 
qu’à présent de bien régulier dans leur 
forme. 

Il n’y a guère en Europe que M. Pirolle, 
qui habite Paris, botaniste de la plus grande 
distinction, qui se soit occupé sérieusement 
des Dahlias; c’est lui qui a suivi cette 
plante dans tous ses détails et ses progrès, 

ui a été, on peut le dire, le premier chef 

e file des amateurs tant Francais qu’étran- 
gers. M. Pirolle a publiéen 1840 un Traité 
spécial et didactique , ouvrage fort utile et 
remarquable par toutes les indications in- 
dispensables ; en 1841, ce savant auteur a 
publié également une Revue des Dahlies, 
qui est le complément de la première pu- 
blication. Nous pensons que cet ouvage, 
en deux volumes, est de première nécessité 
comme guide et manuel (1). Nous pouvons 
affirmer que c’est ce savant agronome qui 
a fait le Dahlia ce qu'il est aujourd’hui, en 
faisant connaître les nouvelles plantes en 
épurant les collections , et en indiquant 
avec soin et constance toutes les conditions 
que devait avoir un Dabhlia avant son ad- 
mission dans la famille. Aujourd’hui ce sont 
les Dablias à fleurs parfaites et pour ainsi 
dire unicolores, qui sont en réputation. Il 
leur faut de 15 à 25 rangs de demi-fleurons 
symétriquement arrangés, imbriqués ;ar- 
rondis, globuleux, parfaitement placés. La 
fleur doit être poriée sur un pédoncule 
droit, long , en se présentant en dehors et 
se détachant bien de la plante, et s’élevant 
un peu au dessus du feuillage. La dimen- 
sion de la fleur doit aussi être proportion- 
née à la hauteur des plantes. Depuis deux 
ans on à obtenu des semis de Dahlias jau- 
nes, pointillés de blanc, qui sont également 
inconstants. 

La physiologie végétale n'a pas encore 
établi à qu’elle cause on pouvait attribuer 
la simultanéité des couleurs obtenues dans 
les fleurs de Dabhlias de semis. Ainsi, par 
exemple, 10 ou 12 ans de culture s'étaient 
écoulés avant que la nature donnât un 
Dablia blanc. Un ou deux ans après, tous 
les semis en donnèrent. Il en fut de même 
pour les panachés, les inconstants et les 
jaunes pointillés de blanc. Il est à remar- 
quer que la même année , ou la suivante, 
la France, Allemagne, la Belgique et l’An- 
gleterre, produisaient des Dahlias dont les 
fleurs portaient le même caractères dans le 
coloris avec quelques légeres différences. 

‘Le Dahlia offre quatre moyens de repro- 
duction ou de régénération : par le semis, 
paréclat, par bouture et par la greffe. Nous 
nous en ocecuperons dans un deuxième 
article. 

Bossin, grainicr-pépiniériste, 
5, quai aux Fleurs. 


(La suite à un prochair numéro.) 


eo 2 eme me 


(4) On peut se les procurer séparément chez l'au- 
teur, 12, rue de Vaugirard, 


311 


SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 


Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes; 
(Charente-Xnf.) 


Commune DE Meursac : Mursiacum , de 
mursia , muro , village , à l’époque gallo- 
romaine.— Des vestiges d’édifices romains, 
consistant en pans de murs fort épais et 
encore hauts de 4 à 5 mètres, existent au 
lieu appelé le Boës-du-Chäteau , et on re- 
marque en quelques autres endroits des 
souterrains creusés dans la roche vive, qui 
ont dû servir de refuge aux Gaulois lors des 
invasions des barbares. 

Le bourg des Epaux appartient à cette 
commune. Au moyen-âge, on appelait les 
détenses ou les réserves faites dans les fo- 
rêts des Epaux. Sa chapelle dépendait 
d’une commanderie de Malte. 

L'église de Meursac est dédiée à saint 
Martin, le patron des Gaules. C’est un vaste 
vaisseau du onzième siècle, qui a reçu de 
nombreuses restaurations dans les dou- 
zième, treizième, quinzième et seizième siè- 
cles. Le premier étage de la facade est 
rempli par un vaste cintre qui a remplacé 
l’ancien portail roman. La deuxième assise 
a conservé ses fenêtres romanes , bien 
qu’elles so ent bouchées.Une frise sculptée, 
et que soutiennent des modillons romans, 
sépare la deuxième assise d’un fronton 
triangulaire fort élevé. L'abside est détruite 
et à sa place on a badigeonné un chevet 
droit, ayant deux fenêtres à ogives du trei- 
zième siècle, et à droite une fenêtre ogivale 
du quatorzième siècle. Les côtés de la nef 
ort conservé des arcs en tiers-point du 
quatorzième siècle , et des contreforts apla- 
tis du douzième siècle. L’entablement est 
soutenu par une rangée de modillons. Le 
clocher est bas et carré. percé de fenêtres 
du treizième siècle.Un escalier à vis, cylin- 
drique et coiffé d’un cône écaillé , s'élève à 
l'angle droit. 

Commune DE MonrPELLIER -DE- MÉDILIAN : 
Mons pellis, le coteau aux toisons ou aux 
moutons , et Medilian, nom celte primitif, 
qui vient de r7ed, pâturages, et de lan, ter- 
ritoire. — Saint Ambroise et Sidoine Apol- 
linaire s’exprimentainsi : « 4 sua Demidia 
parte lanata. » Le sol de cette commune est 
élevé et pierreux. 

L'église du village de Montpellier est sous 
le vocable de saint Martin, C’est un édifice 
fort bien conservé de l’époque romano- 
ogivale et de la fin du douzième siècle. Sa 
façade , coupée par deux étages que sur- 
monte un fronton triangulaire moderne, 
présente dans le bas un portail à 4 voussu- 
res en plein cintre pur , et deux pet'ts por- 
tails simulés sur les côtés el à ogives roma- 
nes. Le deuxième étage a au centre une 
fenêtre romane, et sur les côtés ; de chaque 
côté, trois fenêtres simulées déciivant une 
arcature ogivale. Toutes les colonettes de 
ces fenêtres sont longues et grêtes et plu- 
sieurs ont des rinceaux. Quatre rangées de 
colonnes en applique, séparent en quatre 
aires la surface de la facade, et s'arrêtent 
à une frise que supportent des modillons. 
Deux colonnettes sont accolées aux angles 
de la deuxième assise, et sont remplacées 
dans le bas par des jambages. 

Les côtés de la nef ont été restaurés. 


L'abside cst rasée. Le clocher est bas et. 


carré , coiffé d'un toit plat à quatre pans. 
Denx fenêtres accoltes, à plein cintre et à 
large voussure en volute, rétrécies à leur 
milieu avec une sorte de petite rose ap- 


À rue Saint-Hyaciathe-S.-Michel, 33, 


partiennent à la fin du douzième siècle. 
Saint-Martin-de-Montpellier est un curieux 
spécimen de l’architecture de transition," 
| dile romano-ogivale. R. P. Lesson. 


RE 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


Société pour le patronage dans les ateliers et La 
fondation de colonies agricoles en faveur des jeunes # 
garçons pauvres du département de la Seine. Tel 
est le titre d'une association de bienfaisance qui 
vient de se former sous les auspices de M. le comte 
de Portalis, vice-président de la Chambre des pairs, 
et premier président de la Cour de cassation, qui 
accepté la présidence de l’œuvre. 

Donner ou compléter l'instruction morale, reli- 
gieuse el professionnelle de ces enfants, soit en 
leur procurant un apprentissage et ‘er les confiant 
au patronage de l'un des membres de la société, soit 
er les envoyant dans les colonies agricoles de 
l'œuvre. Tel estle but de cette société qui, nous 
n’en doutons pas, rendra d'importants services à l'hu- 
mauité et à l’ordre social, en préservant de la men- 
dicité, du désespoir et de la prison. k 

Nous reviendrons bientôt sur ce sujet pour en 
parler plus longuement. Nous nous bornons en ce 
moment à annoncer à nos lecteurs que, pour devenir 
membre de cette société, on peut adresser son adhé- 
sion à M. le comte Portalis, président; à MM. G. de 
Beaumont, député ; d’Arblay, député ; au due d'Es- 
tissac, de Larochefoucault, pairs de France; au lieu- 
tenant-général Jacqueminot, dépuié, de Rémusat, 
député, de Tocqueville, député, vice-président de 
l'association; à M. le baron Mallet, régent de la 
banque de France, trésorier de l’œuvre ;ouà MM.R. 
Allier, homme de lettres, secrétaire-général, d’As- 
sailly, propriétaire, Grün, rédacteur en-chef du 
Moniteur Universel,, Hallez-Claparède, maître des 
requêtes, inspecteur-général-adjoint des prisons du 
royaume, secrétaires-généraux-adjoints de la So- 
ciélé (1). 

RE =— 


BIBLIOGRAPHIE, 


DE L'INDUSTRIE CHEVALINE en France, et 
des moyens pratiques d'en assurer la prospérité ; par 
M. le docteur G Robert. Publié par la Société 
orientale. Imp. de Firmin Didot, à Paris. 


DE LA MÉDECINE en France et en ftalie. Ad- 
ministralion, doctrine , pratique, par le docteur 
Hippolyte Combes. À Paris, chez Bailliere, rue de 
l'Ecole-de-Médecine, 13 bis. e 

DE L'ART DRAMATIQUE au point de vue de 
la phrénologie : appréciation de M. Kemble, de \ 
Mms Adélaïde et Fanny Kemble, tragédiens an- 
glais, ser les bustes de M. Dantan jeune; par 
M. Charles Place. 


e 
SES — 


ERRATA. — Dans noire numéro du 2 févr'er, 
il s'est glissé une erreur de date que nous nous em- 
pressons de rectifier. Il faut lire 1836 ct non 1806 
à l’article sur le Paulownia imperialis deM. Bos- 
sin 4 2142 col., 49° lignes, et plus bas: üignes 29, 
graines au lieu de grènes. L'omission de l'a dans 
le dernier mot n'aura pas du reste échappé à nus 
lecteurs. 


dE natation Mi aps AA 


(4) Est donateur celui qui souserit pour cent fr. 
au moius pendant quatre ans. 

Est patron celui qui sou:crit pour ciiq francs au 
moins pendant quatre ans, el s'engage à surveiller 
l'enfant qui lui sera confié. à 

Est souscripteur celui ou celle qui donne, pendant 
une ou plusieurs années, cinq francs au moins. 

Les noms des cinq cen's premiers donateurs, pa- 
trons où souscripteurs, seront inscrits à perpétuité 
sur un tableau déposé au lieu des délibérations de 
la Société à Paris et daus les principales salles des 
colonies. 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE ils, 


_40e aumée. £ 


EC 


——_— 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
| CHIMIE INORGANIQUE. Sur une nouvelle com- 
| hinaison de platine ; Knof. — SCIENCES NA- 
TURELLES. GÉOLOGIE. Sur les phénomènes 
| ærratiques du nord de l’Europe; Daubrée. — 
! SCIENCES MÉDICALES. ANTROPOLOGIE. Sur 
Fes Cagots; Guyon. — THERAPEUTIQUE. Sur 
l'emploi de la pâte arsénicale pour le traitement 
| {ocal du cancer; Mance.— ZOULOGIE. Observa- 
| tions sur le tapir Pinchaque  Goudot — SCIEN- 
CES APPLIQUÉES. ECONOMIE SOCIALE. 


| 
“Question vinicole; C. B. F:— ARTS CHIMI- 


QUES. Du tannage mécanique et autres perfec- 


 tionnements du tannoge; J. Garnier. — ARTS 


MÉCANIQUES. Pièce d horlogerie indiquant les 
fractions les plus minimes de seconde; F. Leo- 


“ xhart. — AGRICULTURE. ECONOMIE AGRI- 
“COLE. Essai sur la croissance des arbres; d'Hom- 

! bres Firmas. — HORTICULTURE. Sur les dah- 
| lias; Bossin — Imporiance de l'échenillage. — 
| 


SCIENCES HISTORIQUES. ACADEMIE DES 
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Séance 
du 11 février. — FAITS DIVERS. 


——— 


| SCIENCES PHYSIQUES. 
CHIMIE INORGANIQUE.. … 


| Sur une nouvelle combinaison de platine. 
| Par M. W. Knop. 


| Suivant M. Gmeliu, le chlore en agissant 


. sur une solution de ferro-cyanure de po- 
“ tassium , le transforme en ferri-cyanure 


| rouge. Cette découverte me fit supposer 
que d’autres cyanures doubles se compor- 
}teraient d'unexmavière semblable. En sui- 
| vant cette idée . j’ai entrepris, sur l’invita- 
tion de M. Wæhleret sous sa direction, une 


« série d'expériences, en commercant par le 


platino-cyanure de potassium. Le sel se 
comporte en effet comme le ferro-cyanure, 
‘car il se convertit, par l’action du chlore, 
en platini cyanure de potassium, dont nous 


allons décrire le mode de formation et les 


| propriétés. 

Je préparai d'abord le platino-cyanure 
ide M. Gmelin, soit en calcinant du ferro- 
| Cyanure de potassium avec de l'éponge de 
platine, d’après la méthode connue, soit par 
| “a autre procédé qui me paraît plus avan- 
tageux et plus sûr. Ce procédé consiste à 


. Préparer du protochlorure de platine en 
. chauffant le bichlorure, et à dissoudre le 


» L . . 
| protochiorure.dans une dissolution de cya- 
| nure de potassium , concentrée et récem- 


| ment préparée, de manière à maintenir un 


léger excès de protochorure non dissous. 
On filtre et on évapore à cristallisation, ce 


Qui donne une grande quantité de platino- 
| cyanure de potassium. 


Pour le transformer en platini-cyanure, 
où s en prépare à chaud nne solution telle, 
qu'elle commence à déposer des cristaux 
par le refroidissement. Dans cette solution 
on fait passer du chlore, ce qui détermine 


Paris. — Dimanche, 19 Tévrier 1845. 


Ke 


MON 


bientôt la formation de pelites aiguilles d’un 
rouge cuivré,etdontla quantité augmente, 
si bien que le liquide finit par se prendre 
en un magma cristallin. Dès que cela s’est 
effectué , on arrête le courant de chlore, 
autrement on décomposerait le nouveau 
produit. On jette la masse sur un enton- 
noir, on la presse légèrement de manière à 
faciliter l'écoulement de l’eau-mère , puis 
on l’exprime fortemententre des doubles de 
papier joseph. Le sel est trop soluble pour 
être lavé à l’eau ; cela ne peut pas se faire 
non plus par l'alcool, car celui-ci précipi- 
terait l'eau-mère. Pour le purifier complé- 
ment on le dissout à plusieurs reprises dans 
fort peu d'eau bouillante, aiguisée par un 
peu d'acide hydrochlorique, afin de saturer 
le cyanate ou le carbonate de potasse dont 
il serait mélangé, et qui le ramènerait à 
chaud à l’état de platino-cyanure. 

Le platini-cyanure de potassium est un 
des plus beaux sels que la chimie possède. 
Il forme de beaux prismes d’un éclat mé- 
tallique cuivré. Vu en masse, il ressemble 
à un tissu métallique composé de fines ai- 
guilles de cuivre. En l’esaminant au mi- 
croscope, on remarque que les cristaux se 
composent de quatre prismes quadrangu- 
laires , d’un vert pâle par transmission. 
Cette transparence s'observe déjà au soleil 
à l'œil nu. 

Le sel se dissout fort aisément dans l'eau 
sans coloration ; lorsqu’on évapore sa solu- 
tion à cristallisation, on remarque ce phé- 
nomène extraordinaire que le liquide in- 
colore dépose un corps rouge à éclat mé- 
tallique. Il est insoluble dans l’alcool. 

Sa solution donne avec les sels de cuivre 
un précipité bleu-verdâtre, avec ceux d’ar- 
gent et de bi-oxyde de mercure un préci- 
pité blanc, et avec ceux de protoxyÿde de 
mercure un précipité bleu foncé. 

Mis en digestion avec une solution de 
carbonate de potasse , il est ramené à l'état 
de platino-cyanure. L’acide sulfurique con- 
centré le détruit en séparant un corps jau- 
nâtre et pulvérulent, qui dégage du cyano- 
gène par la calcination, et laisse un résidu 
renfermant du plative et du potassium à 
froid ; l’acide hydrochlorique concentré le 
rend d'abord orangé, puis incolore; à 
chaud , le sei redevient d’un rouge cuivré. 

Ce sel se décompose fort aisément par la 
chaleur ; déjà, par un séjour prolongé 
dans le vide sur de l'acide sulfuique, à la 
température ordinaire, il se décompose en 
partie en perdant son eau de cristallisation 
et en noircissant, de sorte qu'il nese dissout 
plus entièrement. Par l’échauffement, il 
commence par noircir en dégageant du 
cyanogène, puis il devieut d’un blanc jau- 
nâtre, et enfin il fond en une masse brune. 

Pour déterminer le potassium et le pla- 
tine je mélangeailesel séchéavec précaution 
avecaumoinstrois fois son poidsde selammo- 


N° 14 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


a 


1. ÉcHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMAFCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 
PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les (épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un a8 
25 fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr., 8 fr. 50. A l'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS Ct les MORCEAUX CHOZS:S du mois (qui coûtent checun 
40 fr, pris séparément } €t qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 
adressé (franco) à M: le vicomte A, DE LAYALE®T%XE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant, 


niacet je le chauffai, de manière que tout le 
cyanogènce se dégageàt à l’état de cyanure 
d’ammoniam , et quil restàt un mélange 
de platine et de chlorure de potassium. 

I. 1,0 gr. de sel donua 0,7715 de résidu, 
composé de 0,431 platine et 0,337 chlorure 
de potassium. 

IL. 4,0 gr. de sel donna 0,768 de rési- 
du , composé de 0,435 platine et 0,331 
chlorure de potassium. 

L'eau et le cyanogène furent déterminés 
per la combustion avecl’oxyde de cuivre. 

I. 0,542 gr. de sel donnèrent 0,059 eau 
et 0,23 acide carbonique dans lappareil à 
potasse, ainsi que 0,0528 acide carbonique 
retenus par la potasse dans le tube à com- 
bustion, ensemble 0,2828 — 14,34 p. c. de 
carbone — 31,0 p. c. de cyanogène. 

IT. 0,8055 gr. de sel donnerent 0,08 eau 
et 0,341 acide carbonique dans l'appareil à 
boules, ainsi que 0,0785 acide carbonique 
retenus par la potasse dans le tube à com- 
bustion, ensemble 0,4495 — 14,54 p. ce. de 
carbonne — 30,9 p. c. de cyanogène. 

Ces données conduisent à la composition 
suivante : 


Calcul. I, 
K? 17,33 17,704 
pi? 43,63 43,400 
Cy!2 29,10 31,000 
5 H°0 9,94 10,800 
100,00 


La composition de ce sel s'exprime donc 

par la formule : 
(2K Cy° + PL, 3 Cy?) +5 aq. 

L’excès de cyanogène que présentent les 
analyses provient sans doute dela difficulté 
d’avoir le sel parfaitement sec sans le dé- 
composer légèrement Comme la propor- 
tion du cyanogène a été calculee d'apres le 
carbone obtenu dans les combustions, il est 
évident que l’erreur paraissait ainsi deux 
fois plus forte. 

(Revue scientifique.) 


SARe 7 
— PELLE 5 


SCIENCES NATURELLES. 


GEOLOGIE. 


Note sur le phénomène erralique du nord de 
l'Europe, et sur les mouvements récents du 
sol scandinave; par M. A. Daubrée, ingénieur 
des Mines, professeur de minéralogie et de géo- 
logie à la Facnlté des sciences de Strasbourg. 
«La constance danslesdirections moyen- 
nes des sillons et des stries que M. Sefstrôm 
a sigualée sur une partie de la Suëde, et 
celle qui aété observée aussi par M. Bôht- 
lingk et par M. Durocher, en Finlande et 
dans les parties adjacentes de la Laponie, 
ne se retrouvent plus dans lesrégions mor 
tagneuses de la Norwége. Dans cette der- 
nicre contrée, les traces de transport et de 


316 

frottement, à part desinflexions qui n’exis- 
tent que sur une petite échelle, divergent à 
partir des régions culminantes en se rap- 
prochant des lignes des plas grandes peu- 
tes du massif. C’est ce que J'ai observé dans 
plusieurs des grandes vallées qui prennent 
naissance dans les cimes neigeuses du Ber- 
genstilt, et débouchent dans la mer entre 
Arenlal et Christiania : la direction des 
stries suit le cours de ces vallées, en se con- 
formant à leurs principales courbures. Les 
observations faites par M. le professeur 
Keilhau et par M. Siljestrom dans d’autres 
parties des Alpes scandinaves, et Jusqu'à 
une altitude de 4000 pieds norwégiens(1160 
mètres), conduisent au même résultat. 
Ainsi, l’agent auquel le sol de la Norwége 
doit ses proéminences partiellement arrou- 
dies et strices, paraît avoir rayonné antour 
des principales crêtes en suivant les gran- 
des vallées qui en descendent, absolument 
de même que dans les Alpes de Ja Suisse. 
Ce n’est que loin des montagnes propre- 
ment dites, sur les plateaux faiblement on- 
dulés de Ja Laponie, de la Suède et de la 
Finlande. que ces accidents prennent une 
uniformité d’allure qui a d’abort été consi- 
dérée d'une manière tropexcelusive comme 
caractéristique de tout le phénomène er- 
ratique du Nord. 

» On trouve au sortir de Christiania, et 
sur le ciemin d'Agoersbach, la preuve 
évidente que l'argile qui couvre une partie 
des contrées littérales de la Norwége, a été 
déposée postérieurement au polissage des 
rochers et au creusement des stries, et dans 
üne mer tranquille. Un rocher, élevé à 
environ 70 mètres au dessus de la mer, a 
été dégagé, il y a peu de temps, de l'argile 
qui l’entourait, sur l’une de ses parois, qui 
offre des stries profondes, on observe des 
serpules, au nombre d’à peu près quarante, 
qui ÿy sont -adhérentes comme celles qui 
vivent aujourd'hui près du niveau de la 
mer, ou comme les balares d'Uddewaila ; 
quelques unes ont aussi pénétré dans une 
fissure que l’ou pourrait croire ouverte de- 
puis quelques. mois seulement. Ce même 
rocher est aussi très remarquable, en ce 
que les stries y sont gravées avec la-même 
vigueur sur les faces inclinées, sur les pa- 
rois verticales, et au dessous d’une corni- 
che qui surplombe à 45 degrés. 

» Le dépôt d'argile dont il s’agit a été 
observé par M. le professeur Keïlhau, dans 
le S.-E. de la Norwége, à uae hauteur de 
183 mètres au dessus du niveau de la mer, 
etjusqu'à 12 myriamètres du littoral dans 
l’intérieur des terres. D’un autre côté, les 
îles et îlots des archipelsqui bordent la côte, 
particulièrement aux environs de Friedri- 
kswävrn, ont des surfaces très fortement ar- 
rondies, caunelées et striées, qui se pro- 
longent jusqu’à perte de vue dans le sein 
de la mer. 

» Si l’on admet que lorsque ces rochers 
ont été sculptés comme nous les voyons 
aujourd'hui, le sol de la Norwége n’occu- 
pait pas un niveau plus élevé que quand 
les argiles bleues ont commencé à se dé- 
poser, il faut conclure que le frottement, 
qui a arrondi et sculpté d’une manière si 
frappante beaucoup desîles de la côte S.- 
E., a agi sous une nappe d'eau de plus de 
200 mètres de profondeur, à une distance 
du rivage de 8 à 12 myriamètres au moins, 

» Or, ce résultat est difficile à concilier 
avec toutes les hypothèses actuellement en 
présence. La vitesse de courants fluides qui 
se précipiteraient dans une grande masse 
d’eau en repos, serait bientôt amortie, et 


317 


l'action des glaces pourrait difficilement 
s'exercer dans de semblables conditions, 

» Si doncil Cté démontré que les glaciers 
ne peuvent avoir produit des stries à 25 
lieues du littoral et sous 200 mètres d’eau, 
on serait en droit de conclure que lors de 
la première période du phénomène, c’est- 
à-dire lors du creusement des sillons et des 
stries, le sol de la Norwége était plus élevé 
que plus tard, quand le dépôt argileux s’est 
formé, et que par conséquent depuis lors 
et antérieurement à la période de soulève- 
ment actuelle, le sol a subi un mouvement 
descendant. L'absence en Norwége et dans 
la plus grande partie de la Suède, des ter- 
rains compris entre l'époque de transition 
et les derniers dépôts tertiaires, bien que 
la Scanie et le Danemark renferment des 
couclies appartenant aux terrains houiller, 
triasique, jurassique, crétacé eltertiaireia- 
férieur, confirmerait encore dans cette 
idée, qu'à une époque postérieure au com- 
mencement. des dépôts tertiaires, la pres- 
que totalité de la péninsule actuelle était 
émergée. 

» Ainsi, dans la supposition que le fait 
fondamental serait prouvé, une partiede la 
Scandinavie aurait subi, à une époque ex- 
trêment récente, deux mouvementsen sens 
contraire, chacun d’eux aurait eu une am- 
plitude verticale de 150 à 20G mètres. 
C’est, du reste, un phénomène dont M. Elie 
de Beaumont a reconnu la possibilité dans 
son Rapport sur le travail de M. Bravais, 
en disant, tome XV. page 844 : Des con- 
trées voisines ont été et sont encore travail- 
les par des mouvements contraires, ct 
peut-être une même contrée a-t-elle éprouvé 
successivement des mouvements en Sens in- 
verses, comme semblerait l'indiquer la forêt 
Sous-marine de Penzance, st voisine des 
plages soulevées de divers points de Cor- 
uouailles. J'ajoulerai que dans des régions 
plus rapprochées de la Norwége, en Da- 
nemark, M. Forchammer a reconnu en des 
lieux voisins, des lignes de soulèvement et 
d’abaissement qui auraient eu lieu à une 
époque récente. 

» Enfin, la Scanie, quiest aujourd’hui en 
voie descendante, était très vraisemblable 
ment, à en juger d’après fes dépôts moder- 
nes qu’on y trouve, couverte par la mer 
lors du phénomène diluvien. Depuis lors 
il y a donc eu d’abord soulèvement, au 
moins jusqu'à la hauteur actuelle de cette 
province au dessus de la mer, puis est sur- 
venu le mouvement descendant dans lequel 
elle se trouve actaeilement. Seulement, 
cette région méridionale a subi ces deux 
mouvements en sens inverse de ceux du 
reste de la Scandinavie, de même que se- 
lon la comparaison de M. de Beaumont, 
dans une planche faïsant bascule, chacune 
de ses extrémités monte et descend alternu- 


livemerit. » 
— HIER — 
SCIENCES MÉDICALES. 
ANTHROPOLOGIE. 


. Sur les Cagots. 
Vœ victis !..... 


Nous avons donné, dans notre numéro du 
15 septembre dernier, une très courte note 
sur les Cagots. L'auteur, M. Guyun, chirur- 
gien en chef de l'armée d'Afrique, vient de 
nous adresser, sur le même objet , un tra- 
vail plus complet que nous nous empres- 
sons de communiquer à nos lecteurs. 

« Pour beaucoup, le mot cagot est syno- 


318. 


nime de crétin, c'est-à-dire d’un être plus . 


ou moins déformé et qui, sous tous les rap- 
ports, constitue une véritable dégénéres- 
sence de l’homme. Cette dégénérescence, 
il est vrai, nous est offerte par bon nombre 
de Cagots, mais, ces individus ne forment 
pas la masse de la population ; ils n’en sont 
que des exceptions, ils ne sont, en un mot, 
que des accidents produits par les localités 
où on les observe. Ces localités sont les vai- 
lées, et l’on sait que, dans tous les pays du 
monde, depuis l'équateur jusque vers les 
pôles, les vallées produisent le crétinisme, 
dout le premier degré, pour nous, est le 
goître. 

» Les Cagots qui n'habitent pas des val- 
lées, ceux qui vivent sur des lieux décou- 
verts, que ce soient des montagnes ou des 
plaines; ceux-là, dis je, r’offrentrien que de 
normal dans leur organisation. Ce sont, en 
général, des hommes à taille élevée, d’une 
constitution sèche , musclés, à crâne bien 
développé, nez long etsaillant, traits forte- 
ment dessinés, cheveux pressés et ch 4 tains. 
Ces caractères Serviraient peu à les distin- 
gner des autres habitants du pays; mais, 


il en est un autre qui a déjà été signalé par: 


quelques voyagéursi ‘et qui, sil n'est pas 
constant, est du‘imcins très répandu. Nous 
voulons parler de la forme de l'oreille, qui 
est ronde et sans.lobules, Cette conforma 


tion se modifie par le croise ment arecles- 


autres habitants, modification que j'ai pu 
suivre dans plasieurs générations. C'est une 
étude intéressante à faire, et je la signale, 
avec le regret que la rapidité de mon pas- 
sage dans le pays, ne m'ait pas permis de 
n'en occuper âutant que je laurais de- 
siré. aa 

« Mais , que sont doncles Cagots? les Ca 
gots constituent une population étrangère 
aux Pyrénées; ils sont, dans les traditions du 
pays, les descendantsdes Gothsou Visigoths, 
qui furent défaits par Clovisà la bataille 
de Vouillé, près Poitiers, en 507, et de là 
le nom de vaincus quils portent, dit-on. 
sur quelques points des Pyrénées espa- 
gnoles. 2 

» En admettant cette origimertes Cagots, 
on pourrait supposer-queileurs-ancètres se 
sont augmentés; plus tard;des Goths refou- 
lés de la Péninsule espagnole; lors de lFin- 
vasion musulmane. L’originel gothique des 
Cagots se retrouve, toute entière , daus le 
nom même qu'ils portent } ebiqui. est leur 
nom lui-même, précédé d’aneépithète in- 


. Jurieuse, le mot c«. Eneffet, la syllabe ou 


lesmot ca, en langue basque; veut dire 
chien. L’auleur de l’article Cagot, dans le 
Grand Dictionnalre des sciences méd'caler, 
fait veuir le mot cæ, qui entre dans la com- 
position du mot cagot, du latin cazis, ce qui 
revient au même. Il est à remarquer que 
l'épithète de chiens a souvent été donné à 
un peuple par un autre. Ainsi, par exem- 
pie, dans tout le nord de lAfrique, les 
Européens ne sont désignés, par les indi- 
gènes, que sous les nom de keleb el cafér, 
chien d’infidèle, ou de kelebelroumi, chien 
de chrétien. J'ajoute que ia forme de l'e= 
reille, offerte par le Cagot , dépose encore 
de son origine gothique où septentrionale, 
car elle m'a paru très répandue parmi les 
peuples du Nord. 

» Des personnes qui ont habité longtemps 
les Pyrénées, assurent que le Cagotne san- 
rait être confondu avec l’aborigène, et 
qu'il ne s'en distingue pas moins au moral 
qu'au physique. On s'accorde assez géné 
ralement, dans le pays, pour reconnaitre, 
dans le Cagot, une grande loquacité , et de 


pré 


Là ce dicton en cours parmi les Basques : 
Laseur , bavard comme un Cagot. J'ai cru 
remarquer,pour ma part, que le Cagot mé- 
ritait ceite épithète. Un, entre autres, que 
Le rencontrai dans la vallée de Campan, 
“tait un véritable moulin à paroles ; il ne 
tarissait pas. Ji joignait, à cette loquacité, 
a plus grande pétulence et un esprit de ré- 
parties fort heureux. Il était essentiellement 
ergoteur, etc. ; quoique J'aie pu faire, pour 
Famener à me dire son nom , il me fut im- 
possible de le lui faire décliner. 

» Un ecclésiastique, qui ne compte pas 
moins de quatre cenis Cagots parmi ses 
iparoissiens, m'a fait, du Cagot, le portrait 
le plus favorable. Le Cagot, me disait-il, 
est docile, soumis. religieux, reconnaissant. 
\Mais, dans la vallée de Campan , où Je vis 

! des Cagots pour la première fois, ils ne jouis- 
sent pas d'une aussi bonne renommée. Un 
: garde forestier, avec qui je visitai la grotte 
de la vallée, se plaignæit d’avoir trop sou- 
| vent'affaire avec eux, à l'occasion des bois 
dont la garde lui était confiée ; il les accu- 


| 
| sait, en même temps, d'être un peu rela- 


{ 


»chés dans leurs mœurs; d’avoir peu de pen- 
| chant Il 


| pour une union durable, etc. 


| y avait déjà quelque temps que je le ques- 
| tionnais sur les Cagots, n’en ayant encore 


vu aucun, lorsque portant tout-à coup ses 
regards sur les oreilles d'un homme de no- 
tre suite, il s’écrie : Mais, Alonsieur en est 
un /... Celui-ci ne fit aucune objection : 
ses oreilles ètaient là, déposant de son ori- 
: gine. C'était, dureste, un très brave homme; 
chargé de nous conduire dans la grotte, il 
s'était acquitté de ce soin a vec un zèle tout- 
à-fait désintéressé. 
» L'établissement des Cagots, dans les Py- 
rénées, ne fut consenti, par les aborigènes, 
! Que sous certaines conditions, dont la pre- 
mière fut ladoptien du christianisme , car 
ils étaient ariens. Ils ne pouvaient s'établir 
que plus où moins loin de la population 
aborigène; plus tard, à cequ'il paraît, ils pu- 
rent s'en rapprocher et vivre même avec 
elle; mais, seulement, dans des quartiers 
tout-à-fait séparés ; 1ls ne pouvaient s'allier 
à celle-ci, ettoutes les professions libérales 
leur étaientinterdites. Ainsi, par exemple, 
un Cagot ne pouvait être prètre, et de là ce 
vieux proverbedes pays basques, pour faire 
allusion à uñe: chose impossible : ça arri- 
vera quandun Cagot sera prétre. Cet état 
de choses persista jusqu'à notre révolution 
de 93, époque à laquelle les Cagots virent 
disparaître l'injuste législation qui les avait 
xépis jusqu'alors. Malheureusement, et nous 
devons le dire, il en reste encore des traces 
profondes dans les préjugés du pays. Ainsi, 
par exemple, les alliances des Cagots avec 
les Basques, sont toajours rares et seule- 
ment acceptées, par ceux-ci, en échange 
d’un certain état d’aisance; elles ne le sont 
même que par les hormmes, jamais, ou 
presque Jamais, parles femmes, à moins que 
celles ci, par quelque faute, ne soient tom- 
bées, parmi les leurs, dans une sorte de dé- 
gradätion. Ainsi encore, partout, ou pres- 
que partout, où se trouvent réunis des abo- 
oènestet des :Cagots, ceux-ci vivent, 
comme panle-passé, dans des quartiers sé- 
parés. C'est ce que j’ai vu, tout récemment, 
à Campan, village dans la vallée du même 
nom, oùole quartier des Cagots est séparé 
de la population aborisène par le joli tor- 
rent derl Adour; à Saint-Palais, bourgade 
Sur la route de Pau à Saint-Jean-Pied-de- 
Port, où le quartier des Cagots est au-delà 
de la ville, qu'il domine, sur Ja route de 
Roncevaux, Ses habitants nous rappelaient, 


[e 


lorsque nous les visitâmes, que ce fut par 


celte même route que M. le maréchal 


Soult opéra sa retraite en 1814. Disons aussi 
que bon nombre déglises des Pyréuées 
conservent encore la porte particulière par 
la juelle les Cagots y entraient; leur place 
était derrière le bénitier; ils ne pouvaient 
s'avancer plus avant dans le sanctuaire. 

» Un voyageur, Cervini, qui visitait, il ya 
une quinzaine d'années, l'église de Lux (1), 
ancienne église des Templiers, parle,en ces 
termes, de la porte qui y était affectée au 
passage des Cagots : « Mais, en entrant dans 
» l'église, quels pénibles sentiments n'é- 
» prouvâmes-nous pas à la vue de cette porte 
» latérale, la seule par Joquelle pouvaient 
» péuétrer dans la nef, les goitreux pros- 
» crits, pendant longtemps, de loute so- 
» ciété, et désignés sous le nom de Cagots?...» 
Voyage piltoresque dans les P) rérées fran- 
çarses. 

» Comme nous l'avons vu, les Cagots, lors 
de leur établissement dans les Pyrénées, 
n'eurent pas le choix des lieux; saus doute 
que les plus découverts, les plus favorables, 
les plus salubres, en un mot, étaient déja 
occupés par les aborigènes , et que les 
Cagots durent se rejeter sur les autres, 
sur Îes vallées où nous Îles retrouvons 
encore en si grand nombre aujour- 
d'hui. De là Ja fréquence, la multiplicité 
du crétinisme parmi les Cagots, à tel point 
que les voyageurs ont pu prendre leur nom 
comme synonime de celui de ces êtres dé- 
gradés connus sous le nom de crétins, et 
dont l'existence est le fait des localités où on 
les rencontre. Cette erreur, pourtant, eût 
été évitée; alors même qu'on eût négligé 
tous les documents historiques, toutes les 
traditions locales, si on se fût rappelé que 
nulle part ailleurs que dans les Pyrénées, 
les crétins ne sont l’objet de l’injuste ab- 
jection dans laquelle lés Cagots ont vécu 
longtemps. Loin de là, les Crétins, dans 
tuus les pays qui en fournissent, jouissent 
de la vénération publique , et les familles 
qui en possèdent se croient privilégiées et 
favorisées du ciel. C’est ce qui se voit en 
Suisse, dans les Alpes, et ce que nousavons 
vu même dans sa haute Autriche. Là, par- 
tout, le Crétin est considéré comme un être 
innocent, un bienheureux, ainsi qu’on dit; 


il yest, à la lettre, le pauvre d'esprit de 


l'Écriture. 

» Les Cagots sont encore très multipliés 
dans les Pyrénées. Les villages suivants, 
situés au pourtour de Saint-Jean-Pied-de- 
Port, en comptent un grand nombre : 
Anhaux, Olhéguy, Ousouron, Michelené, 
Cyrénalde, Baigory et Harritalde. Les ha- 
meaux de la Madelaine et de Chubitua, 
dans la même localité, ne sont encore ha- 
bités, comme par le passé, que par des Ca- 
gots seulement. 

»Les exemples delongévitésont communs 
parmi les Cagots placés dans de bonnes 
conditions hygiéniques. Une cagote, morte, 
Van dernier , à Saint-Jean-Pied-de-Poit, a- 
vait atteint l'âge de 193 ans. À mon passa- 
ge à Chubitua, hameau déjà mentionné, 
j'eus occasion de voir un vieillard de 73 à 
74 ans, qui travaillait dans son jardin; une 
femme, du même âge, qui était grimpée 
sur un cerisier, pour en cueillir le fruit; 
une autre femme de 53 ans, qui était cou- 
chée sur l'herbe, où elle se faisait peigner 
par une de ses arrières-petites-filles; elle 
était encore forte et robuste, avec toutes 
ses dents antérieures , incisives el canines. 

(1) Jolie petite villo située entre Barèges et Saint- 
Sauveur, 


» Je regrette que les bornes d’un article 
ne me pérmette pas de m étendre davanta- 
ge sur les restes d’un penple dont l'histoire 
occupe une si grande place dans celle des 
anciens peuples de l'Europe. 

» Sans doute les Cagots, ou, pour mieux 
dire, les Goths des Pyrénées, ne peuvent 
tarder à s’éteindre dans la population abo- 
rigène, malpré les préjugés qui les en éloi= 
guentencore. Une autre cause de leur pro- 
chaine extinction, ce sont les émigrations 
qui s'en font depuis quelque temps, car, ce 
sont eux qui constituent, presqu'à eux seuls, 
les émigrations des pays basques sur l'Amé- 
rique. Elles me sugoèrent une réflexion par 
laquelle je terminerai ce qui nous reste à 
dire sur les Cagots. 

» Les Goths, partis, comme on sait, du 
nord de | Europe, se sont répandus, dans 
toutes les directions, dans les parties méri- 
dionales, jusqu'en Espagne, d'où ils sont 
passés en Afrique. C'était donc, à ce qu’il 
paraît, un peuple voyageur, aventureux : 
les Goths des Pyrénées auraient-ils conservé 
quelque chose de cet esprit de leurs ancè- 
tres, de cette disposition à quitter ie foyer 
domestique , pour émigrer au loin? On se- 
rait vraiment tenté de Île supposer, en re- 
gard des émigrations dont nous parlons. 
Des Cagots, hommes et femmes, interro- 
géspar nous sur les motifs de Icurs émigra- 
tions, assignaient tous, d’une part, leur 
état de pauvreté, et de l’autre, la bonne 
fortune de quelques ans de leurs compa- 
triotes émigrés en Amérique. 

» Sans doute, 1l serait facile de faire 
prendre, aux émivrants des Pyrénées, une 
autre direction. Pourquoi ne pas tenter de 
les diriger sur l'Algérie? Le moment de co- 
loniser ce beau pays est arrivé, ou il n'ar- 
rivera jamais. Hàtons-nous de nous ratta- 
cher au sol de notre belle conquête ; hâtons- 
nous d'y implanter quelques jalons, d'y 
remplacer le fusil par la bêche, d'y jeter 
des populations derrière nos colonnes !..... 
Seules, ces populations peuvent assurer le 
fruit des immenses sacrifices faits par la 
France depuis douze années, sur la terre 
d'Afrique. Abdel-Kader, tout récemment 
encore, dans son langage figuré, compa- 
rait le résultat de nos efforts contre lui, au 
sillon d’un navire sur la mer, ou au pas de 
la gazelle sur le sable... Ces paroles sont 
éloquentes pour la France; elles lui tra- 
cent sa conduite. » 

P. #. Depuis que nous écrivions ces li- 
gnes, nous avons appris que M. Francisque 
Michel, professeur à la faculté des lettres de 
Bordeaux, s'occupe, depuis plusieurs an- 
nées, de l’histoire des Jtaces maudites de la 
France et del'Espagne ; que, pour les mieux 
connaître, il a visité les Pyrénées françaises 
et espagnoles; que les recherches qu'il a 
faites, dans les archives de ces contrées, 
l'ont conduit à des découvertes tellement 
importantes, qu'il peut reconstruire lhis- 
toire des Cagots, depuis le 1x° siècle jusqu’à 
nos jours, et que ceite histoire doit être pro- 
chainementlivrée à la publicité. Félicitons- 
nous d'avance d’un travail qui nous man- 
quait, ct que nous devrions posséder de- 
puis longtemps. 

En effet, on a lieu de s'étonner qu’à 
une époque où l'an s’occupestant des ra- 
ces humaines, et où un voyage de cireum- 
navigation a été entrepris tout exprès dans 
ce but, le dernier de l'amiral Damont-Dur- 
ville; on a lieu de s'étonner, dis-je, qu’à 
cette époque on n'ait encore rien fait de sé- 
rieux sur des races qui vivent au milieu de 
nous, nous voulons parler des Cagots des 


osÀ 

Pyrénées et des Bohémiens dont l'existence, 
en Europe, constitue toujours un grand 
problème historique. 


THER APEUTIQUE. 


Sur l'emploi de la pâte arsénicale pour le 
traitement local du cancer; par M.Manec. 


» Dans les premières applications que 
j'eus à faire de la pâte arsenicale, considé- 
rant son action comme purement escarro- 
tique, je pratiquai, selon Fusage, l'ablation 
des fongosités cancéreuses. 

» J'eus lieu d'observer que, dans Îles 
épaisseurs augmentées par les prolonge- 
ments internes du cancer, sa chute n'avait 
été ni moinsprompte, ni moins préciseque 
dans ses parties les plus minces. L'action 
escarrotique avait complétement détruit 
celles-ci, tandis que, dans celles-là, elle 
s'était limitée à une couche d'environ un 
demi centimètre d'épaisseur, et qu’au-des- 
sous, toute la profondeur de la masse car- 
einomateuse se treuvait flétrie, atrophiée, 
sans que sa texture en fût désorganisée. 
__» J'en dus conclure, 1° quant à la théo- 
rie, qu'au lieu d’interposer entre la pâte 
arsénicale et lestissus sains un 72edium 
capable d'empêcher ou ralentir l'action da 
médicament, le corps cancéreux en était, 
avant la suppuration éliminatoire, frappé 
d’une sorte d’'empoisonnement dans sa vi- 
talité particuhère, et 2° quant à la prati- 
que, que l'ablation préalable des fongosi- 
tés cancéreuses est parfaitement inutile. 

» Deux femmesentrées dans mon service, 
et âgées, l'une de 62 ans, l’autre de 59, 
portaient au cou d'énormes uicères cancé- 
reux dont la circonférence n'avait pas 
moins de 25 à 30 centimètres. Une autre 
femme, âgée de 66 aus, en portait un de 
12 centimetresde circonférence, qui s’éten- 
dait presque superficiellement de la joue 
sur l’aile du nez. Ici l'épaisseur du cancer 
était d'autant plus mince qu'il n’offrait 
point de fongosités. Or, dans ce dernier 
cas, comme dans les deux autres, l’appli- 
cation, à même dose, de la pâte arsénicale 
amena le détachement du cancer sans que 
la joue ni l'aile du nez en fussent perfo- 
rées. 

» J'en dus tirer cette importante consé- 
quence que l’action destructive de la pâte 
arsénicale demeure limitéé aux tissus car- 
cinomateux et ne provoque au delà que la 
suppuration éliminatoire. 

» Rassuré par dé nombreuses observa- 
tions de ce genre, j'ai appliqué, depuis près 
d’un an, ce mode de traitement aux can- 
cers de l’utérus. Tout ee que cette appli- 
cation nr'a offert de nouveau, c’est une ab- 
sorption plus prompte de l’arseuic et une 
réaction générale plus rapide. 

» Les urines, examinées selon la mé- 
thode de Marsh ont toujours fourni des ta- 
ches arsénicales, au plus tôt huit heures 
après l’applicatiou du médicament, et au 
plus tard, quinze heures après. J'ai observé 
que l'élimination s’opère selon la prompti- 
tude de l'absorption. Quand celle-ci a été 
rapide, les urines présentent de l’arsenic 
pendant quatre ou cinq jours, et dans le 
cas contraire, jusqu'auseptième. Mais l’ar- 
senic paraît aussi dans les matières fécales, 
où l'élimination continue sept à huit jours 
après que les urines n’en offrent plus au- 
cune trace. » 


324 


ZOOLOGIE. 


Nouvelles observations sur le Tapir Pin- 
chaque ; par M. Justin Goudot. 


« M. le docteur Roulin, dans un Mémoire 
lu à l'Academne des Sciences en 1829, a 
fait connaître une nouvelle espèce de Ta- 
pir qu’il avait découverte dans la Cordillère 
orientale de la Nouvelle-Grenade, et dont 
il soupçonnait l'existence dans la Cordil- 
lère moyenne. Ayant reconnu, par la lec- 
ture de ce Mémoire, que l'individu décrit 
formait uue seconde espèce américaine, ce 
qui n'était point connu, je crois, même 
dans le pays, j'ai cherché à obtenir de nou- 
veaux renseignements sur cette espèce, 
dout l’auteur du Mémoire cité n'avait pu 
observer que deux individus, tous deux 
mâles. 

» Je me suis assuré d’abord que, comme 
le soupconnait M. Roulin, le Pinchaque 
existe en effet dans la Cordillère moyenne, 
et c’est là que J'ai tué lPindividuqne je vais 
décrire et dont J'ai rapporté la dépouille 
en Europe. 

» Je ferai observer que lPespèce est com- 
mune, bien qu’inconsue jusqu'en ces der- 
niers temps aux naturalistes; que ses habi- 
tudes paraissent se rapprocher beaucoup 
de celles de espèce anciennement connue, 
et qu’ainsi les observations dont elle a été 
le sujet offrent un nouvel intérêt, en con- 
firmant jusqu'à un certain Point des faits 
avancés, relativement à l’espècecomruune, 
par d’anciens écrivains, et niés par des na- 
turalistes modernes. 

» Ainsi, c’est principalement de nuit que 
les Tapirs Pinchaques fréquentent les, en - 
droits escarpés où le terrain offre un schiste 
argileux (salitre), Ils y forment de légères 
excavations , où l’on voit l’empreinte de 
leurs dents; ce qui n'arrive d’ailleurs que 
dans les cantons où ts sont peu poursuivis. 

» Piusieurs fois, en parcourant les bois 
avec des homimes du pays qui me servaient 
de guides ou portaient mon bagage, j'ai 
profité des sentiers formés par le passage 
de ces animaux, surtout dans la région 
très élevée, où une atmosphère presque 
toujours humide et froide donne à l’enséim- 
ble de la végétation un caractère singulier. 
Dans cette région, en effet, les troncs des 
arbres etleurs rameaux étant tout couverts 
de petites fougères et de lichens, particu- 
hèrement du genre Usnea, forment par 
leur entrelacement: un sol factice où nous 
pouvions parcourir des espace, assez consi- 
dérables à une élévation de 13,30 à 2,60 
au dessus du vrai sol. Aussi, lorsqu'un che- 
min de Fapir Pinchaque (camino de Dante) 
s'offrait dans notre direction, nous avions 
soin de profiter de cette route royale, ainsi 
que lPappelaient pompeusement les gens 
qui m’accompagnaient. J'étais étonné de 
voir les trouées que forment dans les bois 
ces sentiers, bien que les Tapirs marchent 
d'ordinaire à la suite les uns des autres. 
ainsi que J'ai eu occasion de le voir une 
fois au point du jour, où quatre de ces ani- 
maux, dont un petit, se retiraient d’un sa- 
litre. Ces salitres sont si habituellement 
fréquentés par les Tapirs Pinchaques, lors- 
qu'ils n’y ont pas encore été poursuivis, que 
des chasseurs étaient sûrs, en s'y rendant 
avec des chiens un peu avant le lever du 
soleil, d'en trouver toujours quelques uns 
(les paresseux, disaient-ils). En général, 
cependant, ces animaux sont très méliants; 
car, ayant fait tendre des lacs en corde et 
en lianes près du salitre, placés avec toute 
la ruse et la précaution dont sont capables 


| 33% 
les chasseurs du pays, et sur les passageg 
les plus fréquentés, qu'on reconnaissait à 
des traces aussi nombreuses que celles qui. 
se voient aux environs d’une petite source: 
d’eau isolée à portée du bêtail, aucun n'a 
repassé par ces endroits, bien que j'aie 
trouvé plus tard la preuve qu'ils étaient 
revenus au salitre. 

» J'ai trouvé de ces battues (rastros) de- 
puis 1109 mètres au dessus du niveau de Ja 
mer jusqu’à 4109 mètres, presque au pied 
des neiges du Tolima (M. Boussingault donne 
pour la limite inférieure 4686). Ainsi l’on 
voit que l’animal peut passer d’une région 
où la chaleur moyenne est de 18: et 20° 
Réaumur à une autre où, dans la nuit, le 
thermomètre descend souvent à zéro. Bien 
qu'il monte si haut, là où le sol se couvre 
plus particulièrement de graminées et de 
frailejon ( EÆspeletiu grandiflora), car; y ai 
vu iréquemment les sisnes de son passage, 
ainsi que les débris des jeunes pousses de 
PEspeletia dunt il avait mangé la partie 
tendre (cogollo), il paraît peu s’accoutu - 
mer à ces terrains découverts, et habite de 
préférence la partie boisée, les grands bois 
fourrés de la région froide plus particuliè- 
rement encore que ceux plus clairs de la. 
région un peu inférieure connue sous le- 
nom de terre lempérée. 

» Une fois à l’eau il paraît qu'il y reste: 
tout le temps qu'il se croitpoursuivi. À ma 
connaissance, un de ces animaux, plutôt 
que de quitter le torrent où il s'était réfu- 
gié, s’est laissé assommer par les grosses 
pierres qu’un chasseur lui laissait tomber 
sur la tête; seulement parfois il remoniait 
ou descendait le torrent pour fuir. 

» À terre, il n’est guère plus dasgereux, 
et je ne eonnais que trois cas où il a donné. 
quelque signe de courage : le premier esè 
relatif à un J'apir raui, poursuivi par de 
mauvais chiens, leur fit face en arrivant 
près de l’eau; le chasseur quise présenta le 
premier hésitant à l’approcher, le Tapir 
courut sur lui et le renrersa ayec sa trom- 
pe. Les deux autres cas sont relatifs à des 
femelles avec leurs petits :Vune, dans les 
bois, renversa un ca’guero, etfautre, quoi- 
qu’en domesticité, culbutasaussi une per- 
sonne qui touchait le petit avec avec son 
parapluie. Je n’ai jamais entendu dire que 
personne ait été mordu paï cekte espèce." 

« L'individu que j'ai pume-procurer fut 
débusqué sur les huit heures du matin; 
près du lieu appelé {as Juntas, au pied du 
pic de Tolima, sur les bords du Combayma, 
à 1918 mètres de hauteur suivaat M. Beus- 
singault. IL arriva de suite à l’eau; là,en- 
touré de chiens qui pour la plupart se te- 
naient sur la rive, il restait stationnaire a 
milieu du torrent, haussant de temp; en 
temps sa trompe, faisant entendre un bruit 
que le fracas des eaux et les aboiements cou- 
vraient presque entièrement; il rompait le 
courant avec une grande facilité, et ceux 
des chiens qui cherchaient à arriver jus= 
qu'à lui en se jetantplus haut à l’eau étaient 
parfois submergés; maisaucunne fut blesse, 
et je crois même qu'en pareils eas ils Le sont 
très rarement. Après a oir recu une balle 
qui lui traversa l’aorie à la sortie du cœur, 
l'animal put encore passer la rivière. 

» C'était un jeune individu femelle qui 
portait encore à la partie postérieure du 
corps les restes de sa livrée, où Kon-distin- 
guait plusieurs bandes et taches@blongues 
d'un blanc sale : le pelage, trésfourhi Sur 
le corps, était d'un brun tirant$ur le noir; 
les quatre jambes offraient des poils blancs 
clairs-semés, surtout entre les cuisses; Sous 


Jérentre on en voyait aussi que’ques uns; 
: poils blancs autour del’organe femelle; 
| avait, aux quatre pieds, une raie blan- 
sans poil ; le bord des lèvres, au deux 
tchoires, était garni de poils gris, avec 


nètres depuis son extrémité jusqu'aux 
ñts; l'animal la tenait inclinée ou pen- 
te; la tête avait 54 centimètres de l'ex- 
mité de la trompe jus qu’aw bord interne 
| l'oreille; 80 nullimètres dedistance en- 
les deux oreilies; 38: centimètres: du 
ut de la trompe jusqu’à la nuque; l'o- 
lle, longue de 1i5-miilimètres, avait son 
‘rd supérieur liseré de poils blancs, une 

tite touffe de poils blancs se voyait aussi 
| bas de sou bord postérieur près la con- 
He ; le cou était rond; il n'y avait point, à 
* croupe, d'espace dénué de poil. Les chas- 
.urs qui avaient tué depuis peu d’années 
Ê grand nombre dè ces animaux (plus de 
} ou 40) m'assurèrent.que l’espace nu de 
croupe varie, suivant les individus et 
Hit se voit plus grand chezles vieux; ils 
poor que l'animal acquierb cette cal- 


: 


l 


| 


site par le frottement en iglissantsouvent 
r un sol très fortement=iatliné! Quoi 
1il ensoit, plusieurs dé cé peñuv que j'ai 
\1es conservées pour l'ufäge domestique 
L5n sen sert comme de Couchettes) m'ont 
l'fert ces mêmes plaques plus où moins 
‘:endues. 

! » L'estomac a offert une grande masse 
Le différents végétaux fraichement tritu- 
\£s; principalement du Chusquea scandens, 
linsi que l'avait déjà annoncé M. Roulin, 
Lt des fougères ( Helechos). 

|-ȣLa chair de celanimalest rouge comme 
elle. de l'ours et est‘bonie manger. 

» Il résulté”’de mes vbservations que 
espèce du 'apir Pinchaque habite de pré- 
‘érence la région froide des Cordillères, et 
pue, bien qu’elle descende souveut jus- 
huaux rivières ou torrents qui coulent 
Lans les gorges des montagnes élevées ei 
jui n'offrent guère un voiume d’eau assez 
ldnsidérable qu'à leur arrivée dans la ré- 

“sion tempérée, elle narrive:pas jusqu'aux 
“;rands fleuves on cours d’eau de la région 
lasse, qui est fréquentée, au Contraire, par 
|e Tapir commun. On peut dire de cette 
:spèce qu’elle habite (du moins dans la 
 Nouvelle-Grenade) la parte des Andes qui 
est aussi parcourue par l'Ursus ornatus; 
“mes observations établissent aussi quelques 
“ocints sur lesquels M. le docteur Roulin 
‘n'avait pu offiir que des conjectures, sa- 


ere 


|Cordillère centrale aussi bien que là chaîne 


| n 
“est noire comme celle du mâle; 3’ que le 
|jeune porte ia livrée comme celui de l’es- 


tes n'est point une disposition congénilale. 
)M. Roulin avait fait remarquer:l'absence 
‘du liseré; blanc au bord dé/lorcilie des 
\deux inditidusgmales qu'il avait observés : 
‘ma jeune, femé Ie présentait ce liseré; mais 
Ja différencé Épendait-elle du sexe ou de 


| Vâge ? C'estcæque je ne saurais décider. » 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


"ÉCONOMIE SOCIALE, 


BE > 


Question vinicole. 


Irésulte d’un rapport fait par M. Coste, 


ment de l'Hérault, en réponse aux ques- 


itcémité brune; la trompe avait 80 mil- 


voir : 1° que la nouvelle espece habite la 


lorientale ; 2° que la couleur dé la femelle 


pêce commune; À° que la place nue de la, 
croupe qui paraît coustaute chez les adul- 


au nom du comité vinicole du départez | 


326 
tions proposées par la reunion de Partie, 
sur l’état de l’industrie vinicole et sur les 
causes de sa décadence: 1° que depuis 1825 
le nombre d'hectares: de terre eomplantée 
en vignes s'est accru de 14,000 (les co- 
teaux ctla plaine ont eu une part à peu 
près. égale: dans cette augmentation ) ; 
D'quesdepuis 1810, le prix des vignes qui 
avaittjusqu'alors suivi la progression as- 
cendante. des autres terrains est allé cons- 
tamment.en diminuant, de telle sorte que 
saus exception d'aucuve localité, les vignes 
u’out au moment présent d'aûtre valeur 
que celle du soi sur lequel elles se trou- 
vent; 3° que depuis la même époque le 
prix moyen des diverses qualités de vin a 
diminué de moitié au moins; que malgré 
cette diminuiion la vente des vins de chau- 
dière.est la seule facile; que pour se dé- 
faire des vins de commerce le propriétaire 
se trouve obligé de les livrer à la distilla- 
tion, et de se contenter ainsi du prix de 
leur matière alcoolique, 4° que les expé- 
ditiuns pour l’intérieur ont augmenté mal- 
gré les vices des lois des finances, et que 
celles à l'extérieur ont suivi à peu près la 
même progression, .si lon en excepte tou- 
tefois Le Brésil pour lequel les exportations 
sont devennies plus rare, et plus diificiles. 

L'auteur du rapport-dont nous nous oc- 
cupons et la commission dont il est Por- 
gane, justement alarmés de la position des 
prupriélaires vinicoles qui, produisant et 
veudant à Pintérieur ou à l'étrauger une 
quattilé-double de vin de celle qui se ré- 
coltaitien :1823 dans le département de 
l'Hérault/retirent de leurs produits un prix 
inférieur de imoitié à celui qu’ils perce- 
vaient à cètté époque, ont recherchés les 
causes de cette anomalie. Ces causes ils les 
ont trouvé à l’intérieur dans l’exagération 
des droits, surtout dans Îles droits d'octroi 
et dans les:moyens acerbes de perception; 
à lextérieur, dans l'influence du système 
protecteur qui depuis plus de vingt ans 
profite à quelques milliers d’industrieis au 
préjudice de l’agriculture et des deux tiers 
de la population. Si les vins n’ont pas été 
exportés dans Ta même proportion pendant 
ces dernières années que les marchandises 
que produisent nos autres diverses indus- 
tries, c'est Au système dit protecteur et aux 
droits imposés sur les sucres qu'il faut s’en 
prendre. Usant d’une réciprocité légitime, 
‘les États du nord de l'Europe comme ceux 
de l'Amérique , ont établi sur nos vins des 
droits tels qu'on peut Îles regarder comme 

une prohibition. 
Il cst à remarquer que les propriétaires 


:vinicoles de la Gu'onde, de la Champayne, 


:de la Bourgogne, arrivent par les mêmes 
-molifs avec quelques raisons de pius qui 
tiennent à la qualité de leurs produits, à la 
imême conclusion que l£ comité vinicole de 
PHérault. 

Les uns et les autresont beaucoup parlé, 
et peut-être trop, de la falsification. Sans 
vouloir nier qu'elle soit pour quelque chose 
dans la dépréciation des vius réccités, il faat 
reconnaître qu’elle n’est qu'une cause se- 
condaire qui s’effacera tont à fait dès le 
moment que l’abaissement des droits en- 
lèvera aux marchands de drogues et de 
teintures toute certitude de gain. 

En résumé, de toutes les enquêtes, de 
tous les renscisnements, il sert une vérité. 
C’est que le sysième sur lequel nous vivoas 
est usé ; qu'il est temps de songer à le re- 
construire à neuf, et que les replâtrages 
qu’on essayerait de faire sur l'édifice finan- 


-cier-erevassé de toutes parts, ne serviraient 


Ne) 


24 
auwàarendre.sa chrte plus prochaine et pius 
désastreuse. Aujourd’hui surtout, l’indus- 
trie n’est plus divisée en catégories, elie 
n'a point d'intérêts opposés , elle est une. 
C’est une grande erreur de croire que cer- 
taines. fabrications cesseront d'exister dès 
le moment où ciles ne subsisteront plus 
sous une protection spéciale. Lorsqu'elles 
s'établirent en France, il y a vingt-cinq ans, 
elles avaient besoin d'être encouragées , 
d'être soutenues ; on inagina le systétie 
protecteur, ce fut bien. Aujourd'hui fortes, 
puissantes, curichies comme leurs rivales 
de Belgique où d'Angleterre, par les dé- 
couvertes de toutes les sciences, elles n’ont 
plus à craindre d’être vaincues den la luite. 
Leur âze de virilité est venu meintenani; 
vouloir qu'on les traite comme si elles 
étaient encore au berceau serait de leur 
part, non point de la modestie, mai, le ré- 
sultat d’un calcul ou Paveu complet de leur 
impuissance. GBLE 10 


} 


ARTS CHIMIQUES. 


Du lannage mécanique et autres perfectionne- 
ments récents du lannage. 


(Troisième et dernier article.) 


Les peaux tannées contiennent une gran- 
de quantité d'eau, dont une partie au moins 
doit être enlevée ; pour cela, on les suspend 
dans des greniers que l'on aëre à volont: 
par le moyen de persiennes mobiles. Mais 
les variations d’hygrométricité de l'air et 
celles de la température rendent la dessica- 
tion très irrégulière et fort longue. Avec 
des espaces beaucoup moindres, on peut,au 
moyen d'un veutilateur à force centrifuge, 
dessécher rapidement les cuirs, et diminuer 
ainsi l'un des inconvéuieuts de la fabrica- 
tion. 

M. Ogerau est parvenu tout récemment 
à diminuer de beaucoup la durée du tan- 
hage. Son système peut s'appeler tannage. 
par filtration continue pour les gros cuirs à 
semelles. On sait qu’on est parvenu à ac- 
célérer le taunage des petites peaux, pour 
la rnallerie, en les malaxant avec l'écorce: 
le malaxage. en rompant le nerf dela peau, 
la rend plus douce et plus disposée à pren- 
dre le tanunage; la peau ainsi traitée reste 
molle, soyeuse et convenable à l'emploi. 
M. Ogerau tanne | ainsi tous les ans une 
quantité considérable de petites peaux.C’est. 
peut-être ici leñieu de ‘rappeler qu’à Bor- 
deaux on tanne parfaitément bien les peaux 
minces surtout; Îles premiers tanneurs de 
Paris conviennent eux-mêmes de ce fait. 

Les gros cuirs à semélles ayant besoin, 
au contraire, de conserver le nerf,la cohé- 
sion Ja fermeté, qui constituent la qualité 
de la semelle, ne pouvaient être traités par 
les mêmes procédés que les petites peaux ; 
il fallait trouver le moyen de jeter dans 
leur fabrication du mouvement, de l'ac- 
tion, de la vie, sans cependant les heurter, 
les déranger. Voici les dispositions que: 
M. Ogerau a imagiuées : : 

Les fosses entassées jusqu'au sol, expa- 
sées dans les cours aux intempéries des 
saisons, ne lui parurent pas dans des condi- 
tons convenables; aussi ses fosses sont po= 
sées sur Je sol, à couvert dans un endroit. 
clos , de manière cependant recevoir de 
Pair à volonté, suivant les-saisons , le plus 
possible dans les températures modérées , 
et de manière à les préserver des gelées et 
des grandes chaleurs. 

Les peaux, après les préparations pre- 
mières de l'ébourrage et du gonflemeut , 


IT 


VU m0 
sont placées dans ces fosses Sivant la mé 
thode ordinaire, chaque pean recouvcrte 
d’unecouchedetan(l). La fosse ainsi remplie 
jusqu’à 30 où 40 centim. de l'embouchure 
est ensuite abreuvée d’eau.Il a été pratiqué 
au fond de chaque fosse un double fond 
avec quelques petites ouvertures qui per- 
inettent au liquide sen! de passer. Du dou- 
ble fond le liquide passe dans un récipient 
auquel est adaptée une pompe qui reporte 
ce nième jus au dessus de la fosse; ainsi il 
s'établit uue circulation continue de liquide 
qui, se trouvant au deæus de la fosse, tra- 
verse cette masse, arrive au récipient d'où 
il est rejeté à la surface. Pendant ce trajet 
il s'imprégne d’air et arrive sur les cuirs 
-avec upe force et des propriétés nouvelles. 
Par ce procédé, la force des jus peut-être 
observée à chaque instant , et le fabricant 
expérimenté peut les réduire ou les forcer, 
suivant qu'il le juge utiie. 

Les cuirs demeurent ainsi un mois sur la 
première poudre; six semaines sur Îa 
deuxième poudre, et autant sur la troi- 
sième poudre. Après quoi fa peau est com- 
plétement pénétrée. 

L'empioi des matières tannantes est le 
même que pour la méthode ordinaire; cha- 
que peau est recouchée de la même ma- 
nière. La main-d'œuvre est aussi la même, 
Le liquide tombant très lentement dans le 
récipient, il ne faut que que'ques instants 
pour lg ramener au dessus de la fosse ; ce 
sont deux heures de travaii d'un ouvrier 
tous les jours, pour plusieurs fosses, 

Les cuirs ainsi obtenus out la même qua- 
lité, la même couleur,la même apparence, 
le même poids que traités par la methode 
ordinaire; on comprénd donc de quelle 
importance sera le nouveau système de 
M. Ogerau , quand il sera pratiqué en 
grand. 

Trois ou quatre mois suffisent pour la 
fabrication des gros eu'rs à semelle ; au lieu 
de dix-huit à vingt mois en France, et de 
deux, trois et jusqu'à quatre années en Bel- 
gique ; toutes choses égales d'ailleurs. 

M. Sterlingue, dont nous avons déjà par- 
lé, emploie une machine qui peut hacher 
4,500 kilog. par heure d’écorce de chêne. 
Le premier, il a fait usage d’un foulon 
pour assouplir les peaux venant de Buénos- 
Ayres. Le premier encore, nous croyons, il 
a remplacé le battage à la main par le bat- 
tage mécanique. 

Nous terminerons notre exposé par quel- 
ques mots sur une nouvelle méthode de 
tannage, proposée dans ces derniers temps, 
par M; d’Arcet. ; 

Le tannage par le sulfate de sesqui-oxyde 
de fer est un procédé tout nouveau , pour 
léquel il a été pris an brevet. Il est simple 
et économique ; la durée est très courte , 
les matières premières sont à très bas prix; 
de sorte qu’au premier abord ce procédé 
semble préférable à tout autre, 

La dissolation de sulfate de sesqui-oxyde 
de fer versée dans une dissolution de géla- 
tine ou d'albumine, produit un précipité 
abondant, consistant et analogue à celui 
que l'on oblient au moyen de l'acide tan- 
nique. De sorte qu'on peut tremper les 
peaux , préalablement préparées, dans une 
dissolution de sulfate de sesqui-oxyde de 
fer, et elles se tannent. 

il y a peut-être un inconvénient, C'est 
que le sulfate doit laisser dans le cuir une 

(1) Depuis quelques années, plusieurs tauneurs 
remplacent en partie où en totalité le tan par le di- 
vidivi ou le divi, excroissance d'un arbre d’Amé- 
rique. 


certaine quantité d'acide sulfurique libre 
(qui ne connaît pas les résultats fâcheux de 
la présence de cet acide dans le cuir?); puis 
les sels de fer désagrègent la matière orga- 
nique. M. le docteur Boucherie à vu qu'en 
introduisant de l'huile de liu, on pouvait 
remédier à ce dernier inconvénient. 

Ainsi on reproche à ce nouveau procédé 
de tannage ce qu’on reproche à éelui de 
Séguin : où croit que le cuir pourtate cas- 
ser, au bout d'un certain temps, en perdant 
la matière grasse mise dans le corroyage. 
Il faudrait donc imprégner constamment 
ses chaussures de matières grasses, surtout 
quand Ja température est basse et qu'on 
chauffe les chaussures? 

Ce taunage est très court; quatre jours 
suffisent pour les peanx minces; huil jours 
pour les grosses peaux. En résumé, ce pro- 
cédé de tannage peut être avantageux dans 
quelques circonstances ; avant de le con- 
damner, il faut attendre qu'on y soit auto- 
1isé par l'expérience, ce juge sévère et im- 
partial de tous les procédés industriels qui 
éclosent. 

I! y a quelques mois, M. Valery Hannoye 
a fait connaître un procédé de tannage 
fondé sur l'application au tannage du /ültre- 
presse Réal: L'auteur assure que par son 
procédé les peaux de veanx sont tannées en 
20 jours, celles de bœuf en 69 jours. Nos 
lecteurs trouveront la description du tan- 
nage de M. Valery Hannoÿe dansle nu- 
méro du 31 décembre dernier de lEcho 
du Monde sa’ait. 

M. Vyarington a aussi indiqué, il ya 
quelques mois à peine, un nouveau procédé 
de tannage plus expéditif que le procédé or- 
dinauire., Mais nous craignons bien que ce 
système ne soit pas applicable , à cause de 
son prix élevé, En effet, les matières pre- 
micres tannantes sont : le carbonate de po- 
tasse où de soude; la baryte, ou la potasse, 
ou la soude ; le carbonate d’ammoviaque ; 
le bichromate de potasse. D'ailleurs, pour 
de plus amples rense:gnements, nous ren- 
voyons au numéro de l’Æclo du 28 décem- 
bre dernier. 

En résumé, le tannage, tel qu'il est en- 
core le plus généralement pratiqué dans les 
grandes tanneries de Paris et des environs, 
dans les tanneries de la France et de lé- 
tranger, constitue une opération excessive- 
ment longue ; il exige l'emploi de grands 
capitaux; il expose à des chances très fà- 
cheuses, car où peut difficilement prévoir 
à quel prix on vendraun produit, lorsqu'on 
est obligé de l'acheter deux ans avant l’é- 
poque où il pourra être mis en vente. 

Le tanvage constitue donc encore au- 
jourd’hui plutôt un commerce qu'une in- 
dustrie; il exige de la part de celui qui 
l'exerce toutes les qualilés du comfercant, 
tandis que celles de l'industriel leur sont 
nécessaires : les dépenses de combustibles 
ou de force qui, dans la plupart des indu- 
stries, jouent un si grand rôle, étant ivi 
remplacées par des dépenses de temps et 
d'argent. 

Il y a donc vraiment licu de s'étonner 
qu'on ne vienne pas à l’aide de celui ou de 
ceux de ces inventeurs dont le système de 
tannage semble irréprochable. Il nous sem- 
ble qu’il s'agit ici d'une de ces grandes dé- 
couvertes nationales qu’on ne saurait trop 
encourager. Dans un temps de guerre, 
d’une révolution, comment attendre des 
années entières pour transformer les peaux 
en cuirs, et partant, donner des souliers à 
nos soldats. J. G. 


————_— À mu 
QE 


ARTS MECANIQUES, 


Pièce horlogerie indiquant ‘es millièmes « 


de seconde. 


Un habile horloger de Berlin, M. Ferdi- 
pand Leonhardt,vientdeterminer une pièce 
d’horlogerie qui marque le temps jusqu’à 
un 1000 de seconde, et est destinée au co- 
mité d'artillerie du royaume de Prusse: 

L'artillerie avant d'admettre au service 
les pièces destinées à lancer les projectiles, 


leur fait subir diverses épreuves, et entre 


autres celles relatives à la charge qu’elles 
exigent, à Icur portée, à leur justesse. ete. 
Une chose importante à constater, c'est la 
vitesse avec laquelle le projectile, sous une 
charge de poudre donnce, parcourt la dis- 
tauce entre la bouche du canon et la cible 
où but. On admet qu'une distance de 1,500 
pas est ordinairement parcourue par un 
bou'et de calibre et de poids en moins de 
deux secondes, et par une bombe en cinq 
à six secondes environ : du moins l’expé- 
rience avait indiqué ces vitesses comme les 
pius ordinaires; mais pour mesurer si un 
boulet a! une marche plus rapide qu'an 
autre, les chrônomitres et les montres à 
secondes les plus délicates sont impuissan- 
tes, et l’imasination à de la peine à se faire 
une idée qu'il soit possible d'arriver à cet 
égard à quelque résultat satisfaisant: 


M. Leonhardt n’a pas cependant hésité à ! 


se charger de fabriquer un instrument pro- 
pre à mesurer une fraction iufiniment pe- 
tite du temps, et, ani plus est, il vient de 
terminer eelte pièce dont les résultats ont 
encore dépassé les espérances des officiers 
et des savants qui l’avaient cimmandée, 
Dans cette pièce, on voit un cadran en mé- 
tal divisé en mille parties que parcourt em 


une seconde une aiguil'e fine comme un: 


cheveu, Cette aiguille peut, à la volonté de 
l'observateur, être mise instantanément en 
mouvement et être arrêtée de même. Par 
conséquent, si à l'instant où le boulet aban- 
donne le canon, l'aiguille est mise en liberté, 
et qu'au moment suivant où ce boulet 
frappe le but, cette aiguille s'arrête, on 
aura, avec la plusgrande précision, le temps 
que le boulet aura mis à parcourir l’espace 
entre le point de départ et celui d'arrivée. 

On comprend aisément qu'il était difficile 
de confier à Ja main d’un homme le soin 
de mettre ainsi en liberté et d’arrèêter Pai- 
guille, attendu qu’il se passe toujours un 
temps moral assez considérable entre la 
perception et l'exécution mécanique, et 
que, dans ce cas, on donnerait lieu néces- 
sairement à des erreurs d’un tel ordre, re- 
lativement au temps à mesurer, que les ré- 
sultats n'auraient aucune valeur. C'est ici 
que les découvertes les plus récentes ont 
reçu une application importante que nous 
allons indiquer. 

On a disposé un appareil galvanique dont 
le fil établit une communication entre le 
canon, la cibeet Finstrunxent; puis par 
une disposition extrêmementsimgénieuse, 


le boulet, au moment oùilsent de la bou. 


che du canon, met l'aisuillesen liberté, 
tandis qu'au moyen dwfil:de communica- 
tion cette aiguille s'arrête à l'instant où le 
boulet frappe le but. Cette dernière opéra- 
tion est à peu près instantanée, car on sait 
que l'électricité parcourt les corps conduc- 
leurs avec une vitesse énorme, et à côté de 
laquelle une distance de 1,500 pas est pres- 
que nulle, 

Ce merveilleux instrument divise done 
la seconde sexagésimale en 1,000 parties, la 
minute en 60,000, et l'heure en 3,600,000, 


hmir 7dé 


+ 


Bi 
c’est en observant son aiguille qu'on 
»mmence à comprendre qu'une seconde 
it un espace de temps sensible qu'il est 
bssible de partager en un grand nombre 
2 parties pour la mesure des phénomenes 
aturels les plus délicats. Du reste, la pièce 
it pourvue du mécanisme ordinaire pour 
1arquer les secondes, les minutes et les 
eures, ce quisert à régler l'instrument 
Lans sa marche et à.se convaincre qu'il 
’altère pas la durée de la seconde. 
Comme régulateur de la pièce , M. Leo- 
(hardta adopté un pendule à secondes rota- 
if qui recoit son impulsion par une con- 
:ruction toute particulière ; le tout est 
‘enfermé dans une caisse solide dans la- 
uelle linstrament peut ètre transporté 
jans danger sur les voiiures. Celui qui a 
lté livré au comité d'artillerie prussien à 
“oûté 1,600 thalers, ou environ 6,000 fr. 
(le Technotogiste.) 


] AGRICULTURE. 


ÉCONOMIE AGRICOLE. 


Essai sur La croissance des @rbres, par M. ie 
baron D'Iombres Fumas, 


{Troisième et dernier article.) 


4 


| De sayants physiologistes, et, MM. le ba- 
lon Seguier et le vicomte Héricart de 
IThury, entre autres, croient que; parvenus 
| un certain maximum de croissance, les 
libres restent stationnaires, quoique con- 
hervabt une belle vigueur. Je pense, mal- 
lsré ces autorités, que tant qu'un arbre 
lrégète, et même pendant son dépérisse- 
nent, la vie se maüifeste par lagrégat 
l:ontinu de nouvelles, couches, excessive 
pnent minces, à lavérité, et d’aulant moins 
hppréciables, que leur trone peut se pour- 
Fe ou se dessécher, mourir partiellement, 
rester stationnaire et même diminuer réel- 
lement de volume, maloré l’addition d'une 
l'anière qui porte la séve à ses plus hautes 
ranches, j'ajouterai que l'arbre croît alors 
même en diminuant, quoique cela semble 
lin paradoxe, 
La croissance n’est,pas proportionnée à 
l’âge, je le répète, etchacun peut se con- 


J 


‘ aincre, comme moi,.que-des arbres de Ja 


. rémeessence peuventêtre également âgés, 
| quoique de différents diamètres ; et, réci- 
“oroquement, que des tranches du même 
\ liamètre peuvent être composées de plusou 
“noins de couches concentriques, et prove- 
air d'arbres plus vieux les uns que les 
iutres, de la même espèce, bien entendu. 
lPadmets, comme prouvé, qu'on apprécie 
la durée des individus qui ont fourni ces 
‘ranches, en les comptant; ainsi Àf. Jaume 
Saint-Hilaire a vérifié qu’un marronier da 
jardin des Plantes avait cent onze ans lors- 
qu'il mourut, en 1767. M. Loiseleur-Des- 
ongchamps a un tronc de buis deux fois 
blus vieux et des coupes horizontales de 
bèdre dont les couches indiquent le grand 
hige, et comme type de la plus ancienne 
végétation, je veux citer un tronc d'arbre 
que j'airtrouvé dans le bois de Bouquet, 
ui, d’aprèsdes cercles bien distincts de sa 
surface polie, avait évidemment quatre- 
“vingts et quelques ans à l'époque du dé- 
luge!... Il est agatisé. 

Mais je ne pense pas qu’on puisse calcu- 
er l’âge des arbres vivants en comparant 
leurs diamètres, à moins qu’on ne se con- 
lente de ce qu'on appelle des à peu près. 
Ainsi nous connaîtrons la durée des vété- 


ns 


rans du règne végétal, pour lesquels ce | 


332 


n’est pas la peine de compter quelques an- 
nées, en faisant observer, avec M. de Can- 
dolle, que, sauf les circonstances locales, 
« la moyenneprise sur un arbre plus jeune 
» doune toujours un résultat tron grand 
» pour, l'accroissement ou trop faible pour 
» l'âge des vieux arbres. » J'ajonterai avec 
ce célèbre professeur qu'il est utile de 
prendre la cireonférence des arbres, même 
quand on i:nore leur date; que ces me- 
sures répétées à certains intervalles feraient 
connaitre Ja loi de leur accroissement en 
diamètre, et, comparées avec d'autres me- 
sures, donneraient les moyens approxima- 
Lifs d'estimer leur âge. 

La vie de l’homme est trop courte pour 
de telles études; elles n'appartiennent 
qu'aux sociétés savantes qui sont éternelles! 
Duhamel du Monce:u avait commencé à 
s’en occuper en 4743; divers physiologistes 
ent continué ses expériences. et M. Jaume 
Saint-Hilaire. qui s’y estlivré assidüment, 
a demandé à la société roçale et centrale 
d'agriculture, le 28 avril dernier, qu'une 
commission spéciale en fût chargée à l’ave- 
ir. On a proposé de mesurer tous les cinq 
ans certains arbres choisis dans le domaine 
d'Harcourt, d'établir des tables de compa- 
raison entre les diverses essences, afin de 
connaitre celles dont la végétation serait la 
plus prompte. 

Jai mesuré un grand nombre d'arbres, 
particulièrement dans mes propriétés et 
dans mon jardin d’acclimatation. Plu- 
sieurs de ceux-ci sont dans des massifs ser- 
rés entre eux, ce qui contrarie leur crois- 
sance. J'en conviens; j'y aurai égard dans 
les notes qui accompagaeront mes tableaux 
et cet inconvénient se trouve compensé, 
d'ailleurs, en ce que, ayant planté tous les 
arbres de cet enclos, je sais leur âge, et que 
mes successeurs pourront évaluer leurs 
progres. 

J'ai dressé trois tableaux, pour mes-re- 
cherches : le premier Gffre les mesures des 
arbres de mon jardin; le second, celles de 
différents arbres dans mes propriétés; dans 
le troisième je réunis les mesures de plu- 
sieurs arbres remarquables, que j'ai prises 
dans différentes localités.: Les premières 
colonnes de ces tableaux.présentent leurs 
noms linnéens, francais,etmême les noms 
vulgaires; viennent ensuite l’âge des arbres, 
leur. grosseur actuelle, à 1 mètre du sol, 
exprimée en centimètres: la hauteur de 
quelques uns, leur belle venue, leur vi- 
gueur; quelques notes sur leur position 
sont indiquées dans des colonnes particu- 
lières. 

Il y a des arbres dont le tour est presque 
cylindrique, d’autres, au contraire, pré- 
senteraient des dimensions différentes si 
l’on prenait leur circonférence quelques 
centimètres plus haat ou plus bas, comme 
si l’on employait un cordon élastique plus 
ou moins tendu, si l’on ne le plaçait pas 
bien horizontalement. Je me sers d’une 
mesure métrique en tissu de fil vernissé, 
enroulée dans une boîte. 

Ua nœud, une brindille avortée après 
avoir produit un petit renflement sur l'au- 
bier, une gerçure de l'écorce, de la sève 
extravasée qui la soulèvent d'un côté, suf- 
fisent pour nous induire en erreur, sur- 
tout si nous faisons prendre nos mesures 
per un tiers, qui peut avoir une manière 
d'opérer différente de la nôtre. 

Nous ne saurions trop recommander 
d'attention et demander de détails à ceux 
qui voudront recueillir des observations de 
ce genre, qui seraient inutiles et même 


D PR ER A RU LP AR RP RE 
0 oo 


339: 


nuisibles à la s'ience, si elles étaient mal: 
faites. Toutes les fois qu'il s’agit de com- 
parer des observations, quelques simples 
qu’elles soient, il faut que ceux qui sy: 
livrent commencent par s'entendre. 
(Annales d'agriculture.) 


HORTICULTURE. 
Notice sur les Dahlias. 
(Deuxième et dernier article. ) 


Par le semis: — On commence le semis 
des dablias fin février, et on peut le prolon- 
ger Jusqu'en mai; on sème ordinairement 
dans des terrines où de grands po's remplis 
de bonne terre substantielle. Lorsjue le 
Jeune plan est à sa troisième ou quatrième 
feuille ; ou le repique séparément dans de 
petits godets ou sur une couche. Ce n'est 
que dans le courant de mai qu’on pent 
mettreles premiers semis en place en pleine 
terre, à la distance de six à sept décimètres 
en tous sens. Ces plantesfleurissent la même 
année et sont fort souvent agréables pour 
garnir les grandes parties éloignées des ha- 
bitations , après toutelois en avoir retiré 
les conquettes ou gains. 

Par éclats : — C’est le moyen le plus 
commode en ce qu’il n'exige aucune pré- 
caufion ni soin. C’est aussi le plus sûr de 
tous. Il consiste tout simplement à diviser 
chaque tubercule de manière à ce qu'il y 
ait un morceau dela tigéau colletqui ÿ soit 
adhérant. Pour être plus sûr encore, deison 
opération, on met, en février, les dalhlias 
dans uve orangerie, dans une serre chaude 
où sous chàssis; et, lorsque les nouveaux 
bourgeons sont appareats, on fait la sépa- 
ration avec une entière sécurité et beau- 
coup d'économie. Chaque éclat ne devra 
être muni que d'un œil; et selon l'époque 
de l'opération, on le mettra dans un pot où 
en place. Dans tous les cas on le laissera 
subsister qu'une seuletige aux dahlias desti- 
nés à la floraison; la plante n’en est que plus 
grècieuse, les fleurs plus abondantes, leur 
couleur plus vive ct plus fraiche, la forme 
mieux faite. On devra planter à l'époque 
ordinaire, depuis mai jusqu’en juillet ; il en 
sera de même pour les greffes et les bou- 
tures dont nous allons parler. 

Par la greffe : — Nous ne conseillerons 
la greffe des dahlias que pour les plantes 
rares ou malades,.et celles qui auraient été 
attaquées par les insectes, ou qui auraient 
éprouvé quelques accidents graves, comme 
vent, grêle, étc. Les jardiniers marchands 
emploientpresque toujours ce procédé pour 
alimenter les marchés aux fleurs. La végé- 
tation des dahlias greffés étant excessive- 
ment vigoureuse et rapide , il en résulte 
pour le producteur un grindavantage dont 
dépendent souvent les moyens d’existeuce 
de toute une famille. L'opération, du reste, 
est très simple en elle-même à pratiquer ; 
seulement il faut savoir si l’on veut ou non 
affranchir le dahlia que l’on veut conserver 
ou régénérer. Cette note étant faite pour 
les amateurs principalement, je vais entrer 
dans quelques détails sur la greffe appelée 
affranchie. Oa prend un tubercule de dah- 
liade l’année précédente, on le coupe trans- 
versalement par la moitié ou environ, en 
ne conservant quesa partie inférieure; avec 
un instrument tranchant on fend légère- 
ment l’écorce, en ayant soin de ne pas en- 
dommager la partie charnue qui est im- 
médiate ; on passe dans l’ouverture , à 
droite et à gauche de l'incision, la spatule 
du greffoir comme dans la greffe en écus- 


33 

-son; on prend ensuite une branche jenne de 
dabhla, on la taille comme une grefle en 
couronne en laissant un œil à Ja base ; c’est 
ce bourgeon qui est destiné à affranchir la 
la plante, duquel sortent plusieurs tuber - 
cules, tandis que les autres yeux donneront 
naissance à des branches ou à des tiges. On 
fait descendre avec précaution la gr:ffe 
dans lincision ; on fait une ligature avec 
«es écorces d'arbres, ou d’autres ligaments; 
on place le tubercule grefté dans un pot, 
sur couche, sous châssis ou sous cloche, en 
le privant d'air; quinze jours ou trois se- 
maines après, le dahlia est ordinairement 
repris et bon à mettre en place ; sile temps 
le permet, on peut le faire. 

Par bouture : — Après avoir conservé les 
dablias dans des endroits sains. fin de jan- 
vier ou dans les premiers jours de février, 
on les met en végétation dans la tannée, 
dans la serre chaude ou sous châssis. Lors- 
que les jeunes ponsses ont atteint la lon- 
gueur de 5 à 8 centimètres, on les détache 
du collet avec la poiate du greffair, et pour 
être plus sûr de réussir, on enlèvera un peu 
du ta'on On placera cette petite branche 
dans un petit pot ou godet de 3 à 4 centi- 
mètres de diamètre , que l’on placera en- 
suite sous une cloche, Chaque cloche ordi- 
maire doit en contenir de 50 à 60. Les bou- 
turesdoivent être faites dans une serre dont 
la température sera de 10 à 20 degrés Réau- 
mur au dessus de zéro, et on devra aussi 
les visiter régulièrement une fois par jour. 
Fa terre de vieux saule est la plus propre 
pour la reprise des boutures, Il est donc 
nécessaire de s’en procurer et de la mélan- 
ger avec du terreau et de la terre de 
bruyère; celle-ci seule est également très 
convenable, ete'leestemployéeavecle plus 
grand succès dans les cultures de Paris, 
motamment dans les nôtres. Nous nous ser- 
ons avec assez d'avantage de petits godets 
ea verre (semblables à de petits verres à 
eau de vie sans pied, percés en dessous, ) 
pour nos boutures, et nous nous en trou- 
vons bien; ces godets sont préférables à 
ceux en terre pour ce genre de multiplica- 
lion, surtout en ce que aussitôt que l’émis- 
sion des racines a lieu, il est facile de le 
voir; alors on retire le petit verre de la 
tannée, et l’on aperçoit au travers les jeunes 
chevelus, tandis qu'avec les petiis pots or- 
dipaires en terre il faut les dépoter, puis 
remettre la motte dans le pot. Celte opé- 
ration fatigue ou gène les boutures. Huit 
ou dix jours après que la bouture a donné 
des racines, on la met dans un pot de 
6 à 8 centimètres de grandeur, que l'on 
place ensuite sur les tablettes dans un 
endroit dont la température sera à peu près 
égale. 

La floraison passée , vers la fin du mois 
d'octobre, on arrache par le plus beau 
teimps possible les p'eds de dahlias; et sil 
fait du soleil, on les laisse ressuyer pendant 
une journée au moins avant de les mettre 
dans un endroit sûr et à l'abri des gelées, 
contre lesquelles plusieurs moyens sont 
employés avec un égal succès par l’horti- 

-culteur amateur et par l'horticulteur mar- 
chand. Les uns pratiquent à une bonne ex- 
position des fosses ou silos, de la profondeur: 
-de 3 à 4 pieds, qu'ils garnissent et recou- 
vrent de paille sèche, en ajoutant un lit de 
feuilles et de terre par dessus; d’autres les 
laissenten terre et les couvrent etles battent 
comme les arlichauts ; d’autres , enfin, les 
placent sur les tablettes en bois de leur 
serre, ou dans la terre sous les gradins des 
serres et orangeries ; dans les caves, cel- 


————————  ——————— —_— 


339 
liers, etc., avec le soin de les visiter une 
fois par semaine au moins. 

Le dahlia qui nous a offert de si nom- 
breuses et si belles variétés est le Dallia 
pirrata. Depuis quelques années on a in- 
troduit des espèces nouvelles, et qui ne va- 
lent pas les premières à beancoup près ; ce 
sont : le Dallia arborea, le Dahtia squar- 
rosa , le Dahlia scapigera, et le Dahlia cos- 
mæfclia. M. Jacques nous a présenté, dans 
l’une de nos expositions de la Société royale 
d'Horticulture, au Luxembourg, un Dahlia 
a fleurs vertes, obtenu de semis au domaine 
royal de Neuilly. 

Comme nous l'avons déjà dit plus haut, 
la plantation des dahlias doit avoir lieu de- 
puis la fin d'avril jusque vers le milieu de 
Juillet, dans une terre-meublesubstantielle, 
composée de bon terreau et de bonne terre 
du sol par moitié environ; On ouvrira un 
trou de 30 à 35 centim. en tous sens, que 
l’on remplira de ce mélange de terre, dans 
lequel on placera le dihlia. Lorsque la tige 
aura atteint la hauteur de 25 à 30 centim., 
on enfoncera en terre et au pied un fort 
tuteur, après lequel on attachera la plante 
pendant sa végétation. On aura soin de ne 
laisser qu’une seule tige à chaque pied, en 
supprimant les branches de la base. La flo: 
raison commence dans le mois de juillet et 
se prolonge jusqu’à la fin d'octobre ou jus- 
qu'aux premières gelées. 

Nous avons remarqué avec plaisir, à 
Morlaix , chez un amateur distingué, 
M. Chaperon, un tuteur de son invention 
dont il se sert pour soutenir ses Dahlias. 
Au moyen de ces tuteurs, qui ressemblent 
beaucoup (pour en donner l'idée) à un bà- 
ton de perroquet,les dahlias présentent une 
jolie masse de verdure régulière et une 
belle corbeille de fleurs. M. Chaperon, qui 
s'occupe constamment d'horticulture, à 
imaginé cet ingénieux prote-teur du dah 
lia, il ya quelques annces. Nous en con- 
seillons l'essai. Bossin , 

grainier-pépin., 5, quai aux Fleurs, 
à Paris. 


Importance de l'échenillage. 


Pour apprécier l'importance extrême de 
l'échenillage et juger combien il est néces- 
saire que cette opération soit pratiquée en 
temps opportun et d’une manière intelli- 
gente, 1} est bon de citer les travaux aux- 
quels se livre, dans le département de la 
Charente-Inférieure , M. Chasseriau, lieu- 
tenant de vaisseau en retraite. 

M. Chasseriau a fait pratiquer l’échenil- 
lage vers le 25 septembre sur les palisses, 
buissons et haies. Il a recueilli les nids ap- 
parents de la chenille provenant du bombyx 
papillon , la chrysorée dite commune. En 
trois semaives à peu près, 1l a ramassé de la 
sorte de quoi remplir seize grand sacs con- 
tenant chacun 1,510 poches de chenilles. 

M. Chasseriau a eu la patience de dépe- 
cer ces nids où le papillon femelle dépose 
ses œufs, et voici le résultat auquel il est 
arrivé : 

0 Une poche prise sur le chêne, dépouillée 
avecprécaut.,adonné 490 ch. 


2 id. prise sur l’orme, 310 
30 id. prisesur l’aubépine, 295 
40 id.  prisesur la ronce, 100 


Soit, terme moyen, 300 œufs par poche. 
En multipliant les 1,509 poches de chaque 
sac par 300, on à 450,000 œuf; or,il y 
avait seize sacs, ce qui produit un total de 
7,200,000 œufs de chenilles détruits en 
{rois semaines, 


pratiquer l'échenillage aussitôt après la 
chute des feuilles que de renvoyer cette 
opération au mois de février, ainsi que le 
prescrit la loi. 


cadémie d’un rapport par lui lu dans la 
dernière séance du mois d'octobre dernier, « 
sur plusieurs ouvrages de M. Pellat, pro. 
fesseur à l’école de Droit. 


ture de sa biographie sur Spinosa, l’Aca- 
démie décide au scrutin secret que ce tra- 
vail sera publié dans le Recueil de ses Mé- 
moires. 


fils d'Agrippine dont le nom est consacré 
comme l'injure la plus violente pour un 
souverain, eSf assez Connu pour que nous 
pous abstenrons de rapporter les circons- 
tances particulières de sa vie. Cependant 
M. Nodet à su jeter sur ce sujet vieux et 
usé tout l’intérêt de la nouveauté. C’est 
que les deux pages qu’il a lues à l’Acadé= 
mie sont écrites avec cette élégance et cet 
esprit qui font écoutcr avec plaisir, même 
ce que tout le monde sait par cœur. 


336 


M. Chasserian estime qu'il vaut mieu 


(Revue horticole.) 


D Ke 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 11 février, 


M. Berriat-St-Prix fait hommage à l’A- 
M. Damiron continue et termine Ja lec- 


r 


M. Nodet À lu une notice sur Néron. Ce 


La séance a été terminée par la commu- 


cation qu’à faite M. Dubois d'Amiens, d’un 
supplément au Mémoire qu’il avait lu à la 
derniere séance contre Broussais et sa doc- 
trine. Dans son ouvrage sur la folie le pro- 
fesseur du Val-de- Grâce avait osé se mon- 
trer sur quelques points d’un aviscontraire 
aux philosophes de Pantiquité. M. Dubois a 
cru qu'il lui appartenait de venger l’injure 
qui avait été faiteà ces vénérables reliques. 
Parune transition habile et toute naturelle, 
il a su passer de Platon à son traducteur 
et se placer ainsi par un double éloge sous 
la protection du philosophe d'Athènes qui 
n'était pas du tout éclectique, et du philo- 
sophe de la Sorbonne qui n’est pas Platoni- 
| cien tout entier. Cela prouve en faveur de 
M. Dubois et contre une vieille opinion que 
les hommes de beaucoup de savoir ont 
aussi quelquefois beaucoup de savoir faire. 


CGBF. 


Le Rédacteur en chef : 
Le vicomte A. DE LAVALETTS. 


FAITS DIVERS. 


La propagation de la truffe est considérée par 


beaucoup de personnes comme une impossibilité. 
Les essais qui ont été faits jusqu'ici pour obtenir un 
pareil résultat, sans êlre concluants, avaient ce- 
pendant laissé quelque doute dans l'esprit 
hommes spéciaux, Si nous en croyons 
de Périgueux, le doute philosophiqueeaurait eu en- 

| core raison cette fois. D'après cette lettre, c'est à 

. Henri d'Escatha, propriétaire, Que’ la science 

et ia gastronomie seront redevables de cette impor- 

tante amélioration: C'est après de longues et intelli- 

geutes expériences qu'il a arraché à là nature un de 

ses mystérieux secrets. M. Escatha prépare un mé- 

moire sur la manière de propager la famille nom- 

breuse des eryplogames; ce travail, rempli de faits 

nouveaux, curieux eLauthentiques, sera bienlôi pré- 

senté à l'Académie des sciences. ‘ L 


des 
une lettre 


—— —_———_—_—_—_—_—_— 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 


rue Saint-Hyacinthe S.-Michel, 33, 


À 
RS 


mn |0e nanée. Paris. — Bimancehe, 26 Février 1813. N° 15. 


 L'ECHO DU MONDE SAVANT. 


ï TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


TERRE TN NE RE UT NE IS ER TERRE i 
L'EcHxo DU MONDE SAVANT paraît le JRUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des 
(PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un 2a 
"25 fr, six mois 43 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENFS80{r., 46 fr., 8 fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fi. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs 
‘peuvent recevoir pour CINQ fr. par anet par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 
540 fx, pris séparément }) et qui forment avec lEcho du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 


adressé (franco) à M. le vicomte À. DEEAVALETEE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant. 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 20 février 1841. — SCIEN- 

- CES PHYSIQUES. CHIMIE APPLIQUEE. Fa- 
brication du sulfate de baryte pour la peinture. 
— SCIENCES NATURELLES. PHYSIOLO- 
GIë. Analyse d’une leçon de M. Milne-Edwars 
sur l’histoire de la respiration. — ZOGLOGIE. 
Index ornithologique ; Lesson. — SCIENCES 

. APPLIQUÉES. Société d'encouragement, Séan- 
ce du 22 février; Francœur. — ECONOMIE 
SOCIALE. Question desisueres, premier arti- 
cle. — ARTS CHIMIQUES. . Procédé d’'impres- 
sion en creux et en couleur sur cuir et sur peau; 
Dazin, — AGRICULTURE. ECONOMIE AGRI- 
COLE. Coniidérations sur les sécheresses qui 
affliseut les cautons élevés et sur les moyens d'y 
remédier ; Loiseleur Deslongchamps. — SCIEN- 
CES HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIEN- 
CES MORALES ET POLITIQUES. Séance du 18 
février. ARCHÉOLOGIE. Canton de Ge- 
mozac ; Lesson. — FAITS DIVERS. — BIBLIO- 
GRAPAIE. — TABLEAU MÉTÉOROLOGIQUE 
du mois de janvier. 


DISEE re 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 20 février 1843. 


… Ha-séance s'est fortement ressentie de la 


nomination qui doit avoir lieu prochaine- 


“ment dans la section de médecine et de 
chirurgie, en remplacement de l’illustre 
Larrey. Les chirurgiens sont arrivés en 
foule avec leurs titres et leurs mémoires 
pour se rappeler à l'esprit oublieux des aca- 
démiciens ,et tel était l'aspect de la séance, 
qu'on auraitipü se croire reporté aux temps 
de l’ancienne Académie de chirurgie. A 
côté de cesisavants travaux, dont nous 
allons parler-à Pinstant, est venu se placer 


-un instrument de M. Donné, portant le joli 


nom de lactoscope. Depuis longtemps le 
professeur de micrographie a fait du lait le 
sujet de ses études ; 11 yÿ a vu des globules, 
des globulins , et, probablement s’il conti- 
nuait à regarder encore, il y verrait bien 
d’autres choses. Nous croyons, sur la foi de 


-M.Donné, quetoutes ces substances existent 


dans ce liquide , et nous admirons les théo- 
ries qu'il pose et qu’il développe sur ce su- 
jet. Mais M. Donné ne s’est pas arrêté là ; 
inspiré pardes vues d'humanité, sans doute, 
il a construit un instrument propre à dé- 
couvrir la falsification du lait. Nous dirons 


d'abord que le lactoscope est une fort 


mauvaise imitation du décolorimètre de 


. M. Payen. M. Donné, dans cet essai, s’ap- 


puie Sur l’opacité du lait qu'il regarde 
comme un caractère de sa pureté. Il place 
entre deux lames de verre parallèles une 
certaine quantité de lait et regarde à tra- 
vers cette couche liquide la flamme d’une 
bougies(Si une couche très mince suffit 
pour étéindre la lumière, le lait est bon; la 
couche augmente-t-elle, la falsification est 
évidente. l'el est l’exposé du lactoscope se- 
lon les idées de M. Donné. Nous pensons 


que ce savant, trop ocenpé de petites cho- 


ses, n’a pas vu dans son lactoscope deux 
énormes défauts qui auraient dù l’empê- 
cher de le présenter à l'Académie, et qui le 
feront toujours rejeter par ceux qui vou- 
draient sen servir. D'abord l'instrument 
de M. Donné ne précise pas l'épaisseur de 
la couche de lait suffisante pour inter- 
cepter le passage des rayons lumineux. 
C'était là une base fondamentale qu'il fal- 
lait poser d’abord, et sans laquelle lédifice 
ne peut exister. Que signifient, en effet , 
ces mots de couche mince et de couche plus 
épaisse ? M. Donné devait graduer son ins- 
trument et indiquer l'épaisseur des couches 
en millimètres ; il ne Pa pas fait, c’est là le 
premier défaut que nous lui reprochons. 

Mais supposons l'instrument gradué, 
sapposons le lactoscope devenu un meuble 
essentiel, qui empêcherait les vendeurs de 
lait de rendre opaque ce liquide ? C’est une 
chosetrop facile à faire pour qu’elle échappe 
à leur esprit. 

De tout cela nous concluons que le lac- 


| toscope est une tentative inutile, aussi Inu- 


tile que celles qui ont été essayées jusqu’a- 
lors, et sur lesquelles M. Donné a jeté un 
œil de mépris, sans doute pour qu’on aper- 
çoive mieux toute la supériorité de son ins- 
trument. 


L'Académie, dans cette séance, a pro- 
cédé à la nomination d’un membre corres- 
pondant dans la section d’astronomie. Les 
candidats étaient : 


MM. Hansen, à Gotha. 
Santini, à Padoue. 
Robinson, à Armagh. 
Argelander, à Bonn (Prusse). 
de Vico, à Rome. 


M. Hansen a obtenu 45 suffrages, 
M. Santini 1 suffrage. 


M. Hansen a été nommé membre corres- 
pondant. 


Une commission formée de MM. Magen- 
die, Blainville, Serres, Flourens et Andral 
a été nommée pour examiner les mémoires 
envoyés au concours, pour le prix Mon- 
thyon, dephysiologie expérimentale. 

M. Leroy d’Etiolles a lu à l’Académie un 
mémoire intitulé : Sur la diaihèse et la dé- 
générescence cancéreuses. Après avoir exa 
miné les différentes opinions émises sur la 
nature du cancer, M. Leroy d’Etiolles passe 
aux recherches statistiques auxquelles i: 
s'est livré. 

Selon l’auteur du mémoire , Paris est 
Pune des villes du monde où sont réunies 
en plus grand nombre les maladies can- 
céreuses et celle où se pratique le plus d'ex- 
lirpations, et cependant il est fort difficile 
d’y recueillir des observations. Les malades 
que l’on opère dans les hôpitaux ne peu- 
vent être suivis après leur sortie, et l'on ne 


mm 


les retrouve pour la plupart que lorsqu'it 
viennent à la Salpêtriere où à Bicêtre, ter- 
miner, comme incurables, leur vie de souf- 
frances et de misère, 

M. Leroy d’Etiolles a fait relever, dans 
la plupart des départernents, destables ren- 
fermant le nombre et Ja nature des mala- 
dies cancéreuses. De cette statistique il ré- 
sulte que parmi 2781 malades, 1227 avaient 
plus de 40 ans; 1061 avaient plus de 69 
ans. Dans ces états, le cancer de l'utérus 
figure pour 30/100, celni des seins pour 
24/100. Le cancer des lèvres est dans la 
proportions de 1 et {/2 centième chez les 
femmes, tandis que pour les hommes (pro- 
bablement par suite de l'usage de la pipe) il 
est de 26/100. Il n’est pas sans intérêt d’ap- 
prendre que la transmission héréditaire est 
pour un 10°" seulement ; lés scrophules 
pour un 10%"; la syphilis un 5°", et que 
pour tout le reste la cause première est in- 
connue. M. Leroy d'Etiolles examine en- 
suite si l'on fait vivre plus longtemps les 
malades en extirpant le mal qu’en l'aban- 
donvant aux seuls efforts de la nature et ! 
il voit que sur 1,192 malades non opérés | 
qui vivent encore ou qui sont morts gr 
céreux , 18 ont vécu plus de 30 a 
le développement de la maladie ,/ 
survenue à un certain degré dé 
stationnaire et indolente, tandik 
801 cancéreux opérés, soit par l'i 
tranchant, soit par les caustiques ne 
trouvons seulement #4 dont l’existéSg 
soit prolongée pendant le même laps te 
temps. Pour la durée de 20 à 30 ans, nous. 
trouvons 34 non opérés et 14 opérés; pour 
la période de 6 à 20 ans, la catégorie des 
opérations nous donne 88 et celle de la non 
extirpation 228. L'avantage , sous le rap- 
port des longues durées d’existence, n’est 
donc pas du côté des opérations. Si l’on 
examine seulement les petites durées , Fan 
voit que prenant pour point de départ l’ap- 
parition de la maladie, la durée de la vie 
des non opérés est de 5 ans pour les hom- 
mes, 5 ans 6 mois pour les femmes; tandis 
que pour les cancéreux opérés, la darée 
moyenne ;, toujours à partir du développe- 
ment, est de 5 ans 2 mois pour les hommes, 
6 ans pour les femmes; mais si, décompo- 
sant ee résultat, nous recherchons quel 
temps s’est écoulé avant et après l'opéra- 
tion , on trouve une durée moyenne pour 
les hommes de 3 ans 9 mois avant l'opéra- 
tion, et de 1 an et 5 mois seulement après; 
pour les femmes, de 3 ans 6 mois avant 
l'opération et de 2 ans 6 mois après. 

L'on dira peut-être : l’extirpation n'a pas 
été opérée assez LÔ!. Mais sachons que dans 
le nombre des maladies cancéreuses qui 
out récidivé et se sont terminées d'une ma- 
nière funeste, 61 avaientété extirpées moins 
d’un an après lear apparition; et comme 
contre-partie de ce résultat, nous voyons 


340 


que 30 malades opérés après 5 ans écoulés: 
depuis le-dévéloppement ; ont'étéexempts? 
de récidive et qu'il en à été dé ème pour! 
22 autres opérés après plus dé 2 %nis.i2 «10! 

M. Leroy d'Etiolles termine son mémoire 
eu faisant remarquer qu'il est métessaire 
daos ces recherches statistiques den'établir 
de comparaison qu'entre des €as sémbla- 
bles, car les affections cancéreuses diffèrent 
essentiellement, suivant qu’ellesintéressent 
tel ou tel organe. Ce sont pour ainsi dire 
des maladies distinctes qu'on trailera diffe- 
remment. 

Les conclusions auxquelles l’auteur de ce 
travail arrive sontque l’extirpation du can- 
cer par les moyens chirurgicaux est une 
opération souvent dangereuse pour la vie 
des malades. 

M. Jobert a envoyé à l’Académie un long 
mémoire sur Ja structure de l'utérus. 
L'auteur de ce travail établit : 10 que le 
tissu propre de ce viscère n'est point un 
tissu fibreux , puisque la chimie démontre 
dans celui-ci l'absence complète de la fibri- 
ue qui te trouve dans la matrice à toutes 
les époques de la vie, et qu'en outre l’ana- 
tomie comparée prouve que le tissu fibreux 
jaune ne se transiorme jamais en tissu 
musculaire ; 2 que l’état de grossesse ne 
fait que montrer Fatérns dans un état 
d'hypertrophie musculaire ; 30 que cet or- 
gane est constitué par un véritable muscle 
et non par plusieurs, 4° qu'il existe une 
maqueuse utérine, mais dépourvue dépi- 
théléum; 5%enfn, quela direction desfibres 
de l'utérus fañt voir parfaitement comment 
celles-ci tendent à effacer ses différents dia- 
imétrés et concourent à l'exonération du 
produit de la conception. 

M. Bégin a lu à l'Académie un mémoire 

sur la résection de la mâchoire inférieure 
davs ses rapports avec la fonction du pha- 
æynx et du larynx. Il résulte de ce travail, 
qu'après la grande ablation de la mâchoire 
inférieure , la langue, l’os hyoïde et le la- 
ryÿnx peuvent être graduellement et lente - 
ment portés vers le pharynx, de manière à 
produire l’asphyxie à une époque où géné 
ralement on ne croit plus avoir à la redou- 
‘ter. Mais cet accident peut être prévenu en 
fixant, par l'intermédiaire de la langue le 
larynx en avant, au moyen d'une sorte de 
mâchoire artificielle, jusqu’à ce que la na- 
ture ait formé aux parties divisées de nou- 
velles adhérences, En s’abstenant demoyens 
{orcés de réunion d’un côté à l’autre , eten 
ne recourant qu'à des pansements doux, 
simplement contentifs qui ne provoquent 
ni éréthisme dans le système nerveux, ni 
contraction dans les muscles, le chirurgien 
favorise la guérison sans rendre la diffor- 
mité plus grande ou plus difficile à ré- 
parer. 

Un long extrait d’un long mémoire inti- 
tulé : de l'Unité et de la Solidarité scienti- 
fiques de l’anatomie, de la physiologie, de 
la pathologie et de la thérapeutique dans 
l'étude des phénomènes de l'organisme ani- 
mal, a été présenté à l’Académie par M.Ju- 
les Guerin. Ce travail, considéré sous un 
point de vue purement théorique, intéres- 
sera sans doute ceux qui voient la science 
dans les livres et non dans l’expérimenta- 
tion. Mais les hommes, amis dela méthode 
expérimentale, sont forcés d’avouer que ce 
travail n’éclaire aucune question, ne résout 
aucun problème. Quand on se rappelle ce 
qui se professe au Collége-de-France, sous 
le nom pompeux de philosophie de l'histoire, 
on est tenté d'appeler cela philosophie de 
la médecine. 


341 


OM Amussat a fit connaître à l'Académie 
des recherches expérimentales Su la :for- 
mation des cicatrices artériellesret veinen - 


ses. Les planches si curieuseset |si bien! fai-! 
ites que renferme le mémoire-de M. Amus-: 


sat ne mançgneront pas sd’intéresserples 
académiciens qui ont fait de la chirurgie 
le but de leurs travaux, ID Sen 
M. le docteur Papadopoulo-Vrétasoaiilu 
une note sur des expériences faites sur un 
cadavre humain et sur un animal:Vivant 
revêtus d’un plastron de pilima. Un coup 
de pistolet chargé à balle a été tiré àrbont 
portant sur un cadavre et sur un jeune 
veau revêtus d'une cuirasse de pilima. Non 
seulement on n’a pas constaté d’altération 
dans les organes situés à l’intérieur, mais 
aucune blessure exterire ne s’est nranifes- 
tée, Ces recherches tendraient à rendre 
moins sangiantes les luttes de peuple:rà 
peuple, s'il était difficile de trouver un 
moyen de percer le pilima lui-même en fai- 
sant prendre aux balles une disposition 
toute particulière , car M. Papadopoulo - 
Vrétas semble annoncer qu'il à toujours 
agi sur des balles de forme sphérique. 
E.F. 


— bee — 
SCIENCES PIIYSIQUES. 
CHIMIE APPLIQUEE. 


Fabrication du sulfate de baryte pour la 
peinture. 

Le duc d'Hamilton ayant fait établir de 
puis pen dans l'ile d’Arrao, à l'embouchure 
de la Clyde, une fabrique de sulfate delhaz 
ryte propre à la peinture, M. le professeur 
Traill a depuis peu visité cet établissement 
intéressant, et a publié à ce sujet quelques 
détails que nous croyons devoir reproduire, 

La fabrique est établie à une petite dis- 


tance d'un gisemenñtconsidérable de sulfate : 


naturel de baryte qui traverse un granite, 
et qu'on exploite aujourd hui par puits et 
galeries, Le sulfate est très pur, cristallin et 
translucide ; quelques masses sont légère- 
ment colorées en brun. Il appartient à Ja 
variété lamellaire droite, et surpasse sous 
le rapport de pureté tous les gisenients qui 
paraissent actuellement exploités. 

Toutes les machines de l’usine, qui ‘est 
bien disposée, sont mises en mouvement 
par une roue en dessus de 8 mètres de dia- 
mètre et 2 mètres de large: le spath y'est 
d’abord assorti, puis lavé. Il est tellement 
cassant que rien n'est plus facile que de le 
briser en morceaux, état sous lequel on le 
lave avec de l’acide sulfurique étendu pour 
Jai enlever toutetrace de matière colo- 
rante. Après cette opération, on le réduit 
en poudre au moyen de deux meules ver- 
ticales en granit cerclées en fonte, qui 
tournent dans une auge également en gra- 
nit; ces meules pèsent cinq tonneaux. 

La poussière qu'ontproduit ainsi est in- 
troduite dans des tonneaux de fonte d'envi- 
ron 3 mètres de diamètre et pavés de dalles 
de granit, où on la pulvérise dans l'eau par 
trituration au moyen de quatre gros blocs 
d> granit attachés chacun par des chaînes 
de fer à des bras d’un axe vertical mis en 
mouvement par la roue hydraulique. 

Un courant d'eau; admis par intervalle 
dans ces tonneaux, emporte avec lui les 
particules les plus fines qui se rassemblent 
dans de vastes auges sous forme de poudre 
impalpable. Il y a quatre de ces grands 
mortiers dansune même salle, quirenferime 
aussi l'appareil à briser et pulvériser lesul- 


.fate brut, | 


Le sédiment recueilli est séché etmoulé: 
sous forme de briques, qu'ou porte dans 


une étuve à 95° C., ct qui, lorsqu'elles sont 


sèches, :sont brisées etemballées dans des 


tonneaux qu’on expédie. 


Les machines de l'établissement pour- 


raieut préparer ainsi 20 tonnes de blanc 


par semaive, et plus avec deux relsis d’ou- 
vriers ; actuellement avecsix:hhommes, elles 
en produisent dix tonnes par semaine. ) 

Ce sulfate.est. broyé-à l'huile.commele; 
blanc de céruse auquelonde mélange sous 
vent, comme onisait;:pour faire-un:blaméh 
inférieur et d’un prix moins-élevé ; mais: 
daus ja fabrique d’Arran, on donne aussi 
à ce sulfate diverses couleurs, telles que 
le bleu, le jaune.et-le vert-de plusieurs 
nuances, 

M. Traill n’a pas demandé comment on 


préparait ces couleurs, mais il les a aua- 
lysées, et est parvenu à lesimiter en préci- 
pitant diverses couleurs! surle-sulfate pré- 


paré, flottant et délayé dans l’eau, ou plu- 


tôt. dans les solutions métalliques propres à 


fournir Les diverses teintes. Ainsi, quand 
on le délaye.dans-une dissolution de:prus- 
siate triple de-potasse, ‘addition du sulfate 
de fer produitiwh:hbeau bleu; quand on 
l’étend dans une Solution de chromate de 
potasse, l’acétate de plomb y produit -um 
jaune excellent. fl est plus difticile deïse 
procurer un-béau vert avec le cuivre,!eti 
M. Traill n'a pas encore réussi à en obtenir! 
un aussi éclatant que celui que débite Ja 
fabrique; toutefois, on en prépare un. as- 
sez beau en produisant du vert de Schelle, 
c’est-à-dire en précipitant du sulfate de ba- 
ryte étendu dans une solution de sulfate 
ammoniacal de cuivre au moyen de l’ar- 
senic.- [rs 

Un fait remarquable; c’est-que, précipi- 
tée ainsi, la matière colorante-est plus dif- 
ficile à séparer par les acides que si c'était 
un simple mélange des matériaux, ce qui 
semblerait démontrer qu’il y a affinité en- 
tre les couleurs métalliques et le sulfate de 


baryte. À 
TD RER —— 7 


_ SCIENCES NATURELLES. 
PHYSIOLOGEE: $ 


Analyse d’une leçon de A1. Milne -Edward 
sur l’histoire de la respiratior. 


Les physiologistes les plus anciens :sa- 
vaiept que la respiration est nécessaire à da 
vie des animaux, mais, sur cette fonction 
comme sur les autres, ils avaient des idées 
erronées produites par des observations 
mal faites. 1ls pensaient qu'une combustion 
s'opère dans le cœur, etque l'air introduit 
dans le corps rafraichit les ponmonséchauf- 
fés par cette combustion voisine. Platon, 
avec tout son spirilualisme, n'était guère 
avancé même pour son époque, car pour 
lui Peau qu’on boit descend dans les pou- 
mons et Pair sertà rafraichir lecænr, siège 
de l'âme sensitive. *Hippocrate: dont d'es- 
prit n'était pas le jouet dessi bizarresihypo- 
thèses avait vu que quand on plongedesani- 
maux dans de l’eau colorée, onermetroute 
dans les poumons. Erasistraté, simagihait 
que les poumons servent à introduiretdair 
dans les artères pour qu'il cireulerensuite 
dans toute l'écononie. Ces trois rerands 
génies, auxquels on pourrait -siiserainte 
ajouter celui d’Aristote, n'avaïenthonesur 
la respiration que des idées biiapres qui ne: 
reposaient sur aucune expérient@rproban« 
te. La manie de tout expliquer a voulu 
faire voir dans un passage assez obscur des 


LS 

#erits- de: Cicéron, l’idée première d’un 
wrincipe vital dans Pair. Mais ce passage 
me prouve rien:pour nous, et nous n'y 
lroyons qu'une idée vague dont son auteur 
Était loin sans doute’de comprendre toute 
ia“portée. 

Après ce beau siécle littéraire: de Cicé- 
ron les sciences firentus pasirétrograde, et 
1e moyen-âgen’apportarien de nouveau à 
tsette partie des connaissances : physiologi- 
jesues anciens. Be moyenge est unepé- 
| ryde de réédifieatiom tente :-ilrassemble 
| Pimmenses matériaux, rebâtit peu à peu 
“cerque les barbares’ont détruit, mais il ne 
“créerrien de neuf'et: marche: servilement 
‘ans la route tracée par ses prédécesseurs. 

Darrenaissance succède au moyen-âge; mais 
| à-cette époque, commie pendant cette lon- 
lrue période qui s'étend du 4 au 16e sièele, 
l'histoire de la respiration est encore dans 
\senenfance. Il fallait, en eflet, des notions 
| dechimie pour expliquer les phénomènes 
| respiratoires, mais: ces notions de Chimie 
|manquaient:à là renaissai ce! qui les rem 
lplagait par des-théoriesplusow moins dif: 
l'ficilesà admettre.Quelquessavants de cette 
époque, et Vesalerentré autres, croyaient 
ique la respiration a pourdsut! dé dilater les 
organes pulmonairesietcte faciliter ainsi la 
:cireulation du sang 4 9b is 
| “D'autres non moinstæéièbres que Vésale, 

Hales, Sauvages, n’ont vu'‘dans la respira- 
, Lion qu une fonction destinée à raréfer ou 
|ävcondenser le sang. C'était pour eux un 
‘simple mécanisme; de là le nom de méca= 
"niciens qu'on a donné aux partisans de 
| cette opinion . Harvey, Boyle, supposaient 
que la respiration est destinée à la sortie 
des efflux. D'autres savants l’ont considérée 
comme un travail d'absorption par lequel 
des substancesmutritives sont introduites 

dans l’écouomie: Ainsi, tout le dix-septième 
siècle et la moitié du dix-huitième n’offrent 
que de pareilles hypothèses au milieu des- 
quelles sont perdus aue'ques faits vrais en 
bien petit nombre. Mais, pour bien juger 
| des théories actuelles, il faut examiner 
celles par lesquetlés a passé l'esprit humain 
depuis plusieursisièeles, il faut analyser les 
| faits importants observés par les grands 
génies de ces teñps'passés: 

Vésale, vers Ja moitié du seizième siècle, 
vers 1540, fit une expérience propre à jeter 
beaucoup de jour sur la nature de la res- 
piration, mais qui, cependant, n'eut pas la 

| destinée qu’elle était appelée à jouer. — I 
vit qu’un animal qui vient de mourir peut 
être rappelé à la vie par une respiration 

artificielle. Mais de ce fait si important et 
si bien appliqué de nos jours, il ne tira au- 

‘ cune conclusion. 

ï Robert Boyle, dont l'esprit philosophique 
na pas peu contribué à préconiser la mé- 
thode expérimentale de, Bacon , Robert 
Boyle s'était assuré que l'air a besoin d’être 
renouvelé davs la respiration. La machine 
pneumatique dont il est l’inventeur lui per- 
mit de faireplusieursexpériences d’un haut 
intérêt scientifique, 

Après Boyle, ua savant physiologiste an- 
glais;: Lower, constata un fait bien impor- 
tant quisert presque de base À toate Ja 
théorie de la respiration. On savait alors 
que le sangartériel diffère du sans vCineux, 
mais Plon croyait que la transformation du 
Sang veineux en sang artériel s'opéraitdans 
lecœur.iLower fit voir qu’on s'était trom- 
pe et que:cette transformation a lieu au 
sein même des poumons. Il avait aussi ob- 
serve que l'air est nécessaire à cette trans- 
formation, et que du sang veineux , retiré 


iduicorps:, change et devient artérielfäu 
‘contact derd'air: ; 


344 


f 
25 


Ünicontemyporain de Lower, Mayow; en 
1674:;-fit descurieuses expérienecs sur la: 


respiration dés’animaux. Il eu plaça dans: 


des'quantités-diverses d'air; il vit que le 
volume:ide ce-fluide diminuait, ct de Ja al 
pensa qu’une certaine: quantité de. l’air 
aväitsété absorbée: Mais, quoiquil soit ar- 
r'ivé äicette conséquence importante, qu'il 
existe dans l’itmosphère un principe nitro- 
aérien servant à la respiration comme à la 
combustion, ses expériences mêlées de théo- 
ries vagues n’ont cu aucune influence sur 
la marche de la science. 

S'il fallait mairitenant rappeler toutes 
les opinions discordantes qui ont partagé 
les savants de cette époque, on n’er fini- 
rait jamais. Citons seulement les grands 
noms. dont les théories peuvent avoir eu 
quelque effet. Haller était mécanicien, car 
il pensait que la respiration sert à mélan- 
ger les différentes matières qui composent 
le sang. Helvétius, plus connu par son livre 
de PÆsprit que par ses théories physiolo- 
giques, renouvela; vers le commencement 
du dix-huitième siècle, l'opinion qui admet 
que la respiration sert à rafraîchir le sang 
et les poumons. C'était, comme on le voit, 
retourner aux premières erreurs. Black, en 
faisant pa:ser de l'air expiré dans de l’eau 
de chaux, reconnait la présence d'un pré- 
cipité de sel calcaire et en conclut que 
l'air expiré contient un gaz qui était déjà 
connu à cette époque sous les noms d'air 
fixe; d'air sylvestre. C'était l’acide carbo- 
nique. Black savait aussi que ce même gaz 


 Se-produit pendant la fermentation. Cette 


observation devait avoir une immense im- 
portance au momentoù la chimie marchait 
à pas de géant. 

Priestley, en 17714, constata dans l'air la 
présence d'un :principeæspariiculier qu'il 
nomme air déphlogistiqué : il vit que ce 
principe donne à l'air la propritté de servir 
à Ja respiration, et it s’assura encore qu'il 
existe dans ce fluide un autre principe , 
c'est fe:gaz azote. Les expériences de Pries- 
ley ontété faites sur des souris: Ce chimiste 
s'apercat que la transformation du sang 
veineux er sang artériel s'opère sous l'in- 
fluence de l’air déphlogistiqué ou gaz oxy- 
géné, et quele gaz azote w’agit en rien dans 
cette réaction qui n'est pas arrêtée par l'in- 
terposition dune membrane. A ces faits 
bien observés, Priestley mêla de vagues 
théories qui le conduisirent à pen.er que 
la respiration sert à enlever du phlogistique 
à l'air. 

Antoine-Laurent Lavoisier, né à Paris 
en 1743 , et tombé sous la hache révolu- 
tionnaire le 8 mai 1794, Lavoisier, cher- 
chant à résoudre toutes les grandes ques- 
tions qui se rapportent à la chimie, posa 
une théorie nouvelle dela respiration. A près 
avoir examiné l’analogie qui seiub'e exister 
entre l3 respiration et la combustion; 
après avoir rassemblé plusieurs faits dé- 
duits d'expériences remarquables, Lavoisier 
avança que dans la respiration tout se passe 
comme dans la combustion. Du carbone 
est brûlé par l'oxygène de l'air: ii se pro- 
duit de l'acide carbonique, et l'excès d'oxy- 
gene se combine à de l'hydrogène pour 
donner naissance à de l’eau. 

Cette théorie rencontra dès sa naissance 
des objections nombreuses. On se demanda 
d'abord comment les poumons, orgäne si 
délicat, pouvaient être le siége d’une com- 
bustion si intense. Cette difficulté se pré- 
senta surtout à l'esprit de Lagrange. La- 


345. 


grange pensa:que l'oxugène ne brûle pas 
an carbone:dans l'intérieur des poumons , 
mais qu'il:se.combine au saug, cireuleavec 

lui, et quependant ectte cirenlation il sue 
uit. à du carbone et forme de Pacide curbo- 

nique. Mais cette théorie de Lagrange ve 

repose pas-Sur des faits positifs. 

Il-faut dire que certaines expériences, 
comme: l'injection du phosphore dans les 
veines..sorlant ensuite exhalé par les pou- 
mons sous forme d'acide phosphorique, 
semblaient confirmer la théorie. de Lavoi- 
sier. Cependant. Spallauzani, néà Scandia- 
no, en 1729, mort en 1799, constata plu- 
sieurs fois que cette combustion directe, . 
immédiate , ne.peut pas avoir lieu. Il vit 
des animaux placés dans de l'hydrogène ou 
de l’azote produire de lacide varboaique. 
C'était là un faitimportant; mais les expé- 
riences de Spallauzani n'étaient pas assez 
parfaites pour prouver contre la théorie de 
Lavoisier. 

Hamphry Davy remarqua que la quan- 
tité d’acide carhouique exhalé excédait sou- 
vent la quautité d'oxygène absorbé. Mais 
on répondit aiors qu'il y avait déjà de l’oxy- 
gène dans les poumons. li fa'lait prouver 
le contraire par des expériences précises, 
c'est ce que fit un savant physiologiste 
dont la perte douloureuse est récente en- 
core, William-Edward. Expérimentant sur 
des animaux difficiles à asphyxier et deé- 
pourvas de parois thoraciques résistantes , 
William-Edwards constata que acide car- 
bonique n’est pas formé dans les poumons, 
au'il dépasse souvent le volume du corps 
de l'animal, et qu’il vientseulement s'exha- 
ler à la surface pulmonaire tandis que de 
l’oxygène est absorbé, — Nysten avait fait 
quelques expériences qui ponvaient corro- 
borer l'opinion de Wiliam-Edwards. il a- 
vait injecté dans les veines d’un chien de 
l'hydrogène , et d'autres gaz faciles à re- 
connaître , et 1l avait toujours vu que ces 
gaz étaient exhalés par la voie pulmonaire. 

William-Ediwards avança que pour la- 
zote il devait y avoir aussi absorption et 
exhalation , car tantôt le volume d’azote 
expiré reste constant. tantôt ilaugmente, 
d’autres fois enfin i! diminue. - 

Quant à la vapeur aqueuse, des expt- 
riences sont venues prouver qu'elle n'est 
pas formée au sein des poumons par la 
combinaison de l'hydrogène et de l'oxy- 
gène. 

S:lon M. Collard de Montigny, la va- 
peur aqueuse exbalée est proportionnelle 
à la quantité des liquides contenus dans les 
poumons et d’une autre part, M. Magendie 
a vu quecetteexhalation de vapeuraqueuse 
a lieu dans toute la longueur du tube res- 
piratoire. Donc, ce n'est pas une combus- 
tion de l’hydrogene et de l’oxysène qui 
produit la vapeur aqueu.e. 

MM. Mitcherlich et Gwelia ont cherché 
à faire revivre la théorie de Lagrange ea lui 
donnant un air de précision qu’elle n'avait 
pas jusqu'alors; mais cetle tentative est 
restée sans succès. 

Revenons maintenant à l'opinion de Wil- 
liam-Edwards, relativement à l'acide car- 
bonique exhalé, car nous ne nous étendrons 
pas sur les idées de ces physiologistes qui 
n'ontvu dans la respiration qu'une fonction 
de sécrétion , S'appuyant sur ce fait que la 
vessie natatoire des poissons contient des 
gaz, et que ces gaz doivent être sécrétés par 
cette vessie. 

William Edwards, posant en pr'ncipe 
que l'acide carbonique n’est pas formé dans 
les poumons, n'avait pas prouvé qu'il pré- 


| 


546 
existe dans l’économie. C'était là le RER 


capital de la question. si 


M. Magnus, de Berlin, cherchant àtétæ! 


blir la théorie de William-Edwards hpañ P 


l'expérience, vit que lacide carboniquequi 
préexiste dans le sang, et en ‘assez grande 
qu pour expliquer son exhalation à/la 
surface pulmonaire. Il constata en outre la 
piéence du gaz oxygène dans le sang ar- 
tériel. Evfin , faisant passer un courant 
d'oxygène à travers du sang veineux conte- 
nant de, l’aeide carbonique, M.Magnus le 
transforma en sang artériel. Toute la théo- 
rie.de la respiration est 1à; l'expérience de 
chaque jour la confirme et l’étend', et la 
gloire en revient de droit à Will.-Edwards. 


ZAOOLOGIE. 


Index ornithologique ; par Lesson. 
(suite.) 


Ge Genre : Acarirer, Ray, Brisson(1760); 
Misus,g. Cuv. (1799); 4stur, Steph. ; Spar- 
vius, Vieill. hab. l'Europe, l'Afriq., PAsie 

Amérique. 

ÊE. D'Eurore. — 182. Accipiter nisus, 
Macg.; accipiter fr netllarius, Ray; Nisus 
communs, g. Cuv.; falco nisus, L.; Enl. 
M2et466-467 ; Naum., pl. 19 et 20 ; pro- 
ceed., ne p.130; Soarvius nisus,Vieill., 
Encycl., p. 1262 ; var. : maculatus, Briss., 
et Denis Lath. ; hab. l’Europe, l'Afrique 
septentr. et:le N. de l'Asie ? Accipüer 
sparviusmacrurus, Vieill. Encycl.,p. 1265: 
falcomacrurus, Gm., voy. p. 48 ; act. Pe- 
tersb. pl. 8 et : hab. Sibérie, Race 

(IL. D’Arrique.— 185. Accipiter minul- 
lus, falco rrinullus, Daudin, t. 2; Latham, 
esp.155; Sparvius minullus, Vieill., ue 
p. 1266; Le Minule, Levaill., Afriq., pi. 34; 
Nisus polyzonos, Less. , tr. p. 58 ; hab. le 
Cap de B.-Espér. — 184. Accipiter exilis. 
Falco exilis, Temm., pi. 496 (mâle aduite); 
hab, le Cap de B.-E:pér.. — 185. Accipiter 
brachydactylus , Sw., West. af. 1, p.118; 
hab. Sénégambie. — 186. Accipiter nsger. 
Nisus niger, Less., tr. 59; Sparvius ne 

Vieill. Encycl., 1269, et gal. p: 92: pl. 29" 
Niue Bank: jë, gal. ‘de Paris : hab. Séné- 
gambie.— 187. Accipiter leucorhous. Spa:- 
vius leucorhous , Vieill. Encycl., p.1269 ; 
hab. Sénégambie.— 188. Accipiter polyzo- 
nus, Rupp., 2° voy., pl. 15; hab. l’Abyssi- 
nie. 

$ EI, D’Astr. À : Continent de l'Inde. — 
489. Accipiter Dusswmieri; falco Dussu- 
mueri, Temm., pl. 308 (adulte) et 337 (jeu 
ne femelle); hab. le Bengale ; Mahrattes. 
—190.4ccipiter dukhunensis, SVkes, proc. 
11, 79; bab. le paysdes Mahrattes. — 191, 
Accipiter badius. ARE badius, Vieill., 
Encycl., p. 1262; Brown , Illust., pl. 3; 

Daudin, 2, 86; Dit Ceylan. — 192, ec 

ter nulles Sparvius minutus, Vieill., 
p. 1267 ; Falco ménutus, Lath., esp. 121; 
hab. Ceylan, Sumatra , la côte de Coro- 
mandel? Falco melanoleucus , Vieill., En- 
cycl.,; p. 1263. Ile de Ceylan. 

B : Îles d'Asie où Malaiste et Australie. 
193. Accipiter solvensis. Falco soloensis, 
Horsf., cat. 13, p. 137; Nisus solocnsis, 
Less., tr. p. 61 ; Falco bicolor, Vieill., En- 
cycl., p. 1265; Falco cuculoïdes, Temm., 
pl. 110 (fem.) et 120 (mâle) : hab. Java, 
Soulon, — 194, Hoerpiter cirrhocephalus. 
Falco torquatus g. Cave; Temm., pl. 43 
(adalte) et 93 (jeune) mâle » ; Falco nisus, 
var. Australis, Lath. Nisus australis, Horsf. 
et Vig.,trans. xv,182; Sparvies lunulatus? 
Vicill., Enoyel., p. 1264: Nisus australis, 


JT 
Less. , tr. p. 61; Sparvius cirrhocephalus , 
AUS Encvyel. , p. 1269 : hab. Timor, le 
nord de la Nouv. - Hollande, 4 95. M cote 
piter virgatus. Falco virgalus, Temm,, pl. 
109 {mâle adulte) : hab. Java. : 
{ IV. D'AMEÉRIQUE. 
leatus , falco pileatus, 


tus , D'Orbig., am. p. 90: ES Brésil. 
197. Accipiter xæathothorax; Falco: TuR- 
thothorax, Temm. , pl. 92 (mâle) : hab. 
Guyanne et Brésil, — 198. Accipiter ser- 
Jascirtus, Swains., Ménag., p. 289 : hab. 
Guyanne holland. — 199. Accipiter frin- 
gilloides , Vigors, zool. Journ. 3, p. 434; 
Caba , p. 18. — 200. Æccipiter strtatus, 
Less.. tr. p. 58; Falco striatus, Vieill., Am., 
pl. 14 ; Sparvius striatus , Vieill., Encycl., 
p. 1265 ; le Malfinr, de St-Domingue, Du- 
tertre, Ant., p. 252; Visus striatus, D'Orb 
p. 88; Falco Ant ja Daudin, 23 57 : 
hab. les Antilles. —? Accipiter sparviusgri- 
seus, Vieill,, Encycl., p. 1267: bab. Guvan. 
Falco accipitrinus, Daudin, 2, 87? — 201. 
Accipiler cærulescens ; RON cærules- 
cenr, Vieill., Encycel., p.1262: hab. l’Amé- 
rique méridion., —? Accipiler subniser ; 
Sparvius subniger,Vieill., Encycel., p. 1263: 
hab. Guyane. — 202. Accipiter semitor = 
quatus; Sparvius s. torq., Vieillot, Encyc., 
p: 1263 : hab, Amériq. méridion. — 203. 
Accipiter ruficollis, Vieill., Ency., p. 1263: 
hab. l’Amériq. méridion.— 204, Acciprter 
Sparvius Guyanensis, Vieill., 
Encycl., p. 1264 ; Falco Cayenensis, Da 
din, 2, 78: petit Aigle de la Guyane, Mau- 
GATE Sonuini, t. 38 , p. 62 : hab. Guyane, 
—: > 4 ccipiter gultatus , Vieill., Encycl.:, 
4266; Azara , n° 24 : hab. Paraguay. — 
205. Zccipiter melanoleucus, Vieill., 1267; 
Azara, n° 48 : hab. ‘Paraguay. NÉtsur 
riatus, Less., tr. p. 61 ; Azara, voy. pl. 24. 
p. 74. —? Récit: Sparvins grisens , 
Vieill., Encycl. , 1267 : hab. Guyane.— 
Accipiter; Spartius minutus, Vieill., Ene 
cycl., 1267 : hab. Guyane. — 206. Accipi- 
ter cricolor ; Sp. tricolor, Vieill. , Ençycl., 
1268 : hab. Amériq. mérid. — 207. 4cci- 
piler rufiventris ; Falco rufiventris, Daudiu 
2,86; Mauduit; Vieillot, Encycl., 1269 
L'alco rufus, Lath. : hab. Cayenne.— 208. 
Accipiter superciliaris ; Sparvius , V ieill., 
Eacycl., 1268 ; Azara, n° 25 : hab. Para- 
guay. 


IDE 
SCIENCES APPLIQUÉES 
SOCIÉIÉ D'ENCOURAGEMENT, 
Séance du 22 février. 


Au nom du comité des arts mécaniques, 
M. Vauvilliers fait un rapport favorable 


sur une machine de M. Huau, appelée Le- 


vier-frein. Lorsqu'on veut faire tourner un 
cabestan destiné à ;surinonter une résis- 
tance, on engage les bouts des leviers dans 
des mortaises pratiquées au cylindre du 
cabestan, qui tourne sur son axe par l’ef- 
fort qu'on exerce à l'aide des leviers ; mais 
ces leviers ont nécessairement une lon- 
gueur très limitée par l'espace dans lequel 
on Îles maneurvre : en outre, quand on a 
fait tourner un peu le cylindre, un des 
ouvriers maintient son levier, tandis qu'un 
autre dégage le. sien, pou le faire agir 
sur une autre mortaise , ce qui fait perdre 
du temps. hf. Huau à imaginé de suppri- 
mer ces morlaises, et de faire saisir le cy- 
lindre dans une gorge par un frein en 
acier, qui, à l'aide une disposition parti- 
culière, le serre assez for tement pour dé- 


496. Accipiler UE 
Temm., pl, 205. 
(mâle); Falco pilealus, Wied ; Nisus pris. 


ETTI 


terminer la rotation, qu’un encliquetage … 
retient, Il en résulte que les deux leviers. 


appliqués aux bouts du cylindre, en agis:. 
sant successivement font prendre à ce rou-. 
leau une rotation continue. Ce système 


produit l'effet du levier de Lagarousse, 
mals par un Moyen nouveau et particu- 


lier. L'intellisnce de.ce mécanisme ne se : 
peut obtenir sans Je.seçours d'une figure : | 


il sera décrit. et figuré au Bulletin de la 
Société , 
cette ingénieuse invention. 

M. “Huzard. fait lire un rapport sur les 


titres de M. Pbilipar pour être admis en. 


qualité d° adjoint au comité d'agriculture. 
M. Francœur expose que, dans les der- 
nières années, lorsqu'on s’occupait d’une 
réforme à faire subir à la législation des 
brevets d'inventions, la Société d’encoura- 


_gementavait présenté aux chambres untra- 


vail sur ce sujet. La nouvelle loi présentée 


‘cette annéelui paraît réclamer d’utiles mo- 
difications , et il propose de renouveler les 


tentatives. Sur sa. proposition , le conseil, 
après une discussion approfondie, 
qu’on agira pré 


séquence les dix 


sentés par le ministère; chaque comité dé- 
lécuera deux de ses membres pour défen- 
dre les propositions qu'il fera, et ces déléa 
gués, réunis en commission au bureau, 


prépareront un travail qu'on soumettra 


incessamment au conseil, pour être en- 
suite, après approbation , présenté aux 
Chambres. Le bureau est chargé de faire 
imprimer immédiatement tous les docu- 
ments propres à éclairer les comités sur les 


questions que soulève ce sujet important, - 


dont l'industrie réclame ‘depuis longtemps 
l'examen et la modification, Francoetr. 


ECONOMIE SOGIALE. \ 
De l'industrie du sucre. 
(Premier article.) 


Au moment où le gouvernement, après 
tant d hésitations, propose de prendre a plus 
grave des résolutions-qui puisse atteindre 
l’industrie du pays;sehaeun doit s’efforcer 
de grossir le nombre des renseignements 
capables d'assurer et d'éclairer laconviction 
du législateur. Pendant ce long débat de 
pourparlers, de pétitions, d'enquêtes de 
mille sortes, la question des sucres, il nous 
semble, a toujours été résumée en une 
question de chiffres, balancée entre les in- 
dustriels comme particuliers et le tré- 
sor ; envisagée seulement sous un seul point 
de vue de son économie politique, mais ja- 
mais considérée dans le sein même dela pro- 
duction iudustrielle, dans le terre à terre 
de l'atelier, 1à où l’on pourrait s'assurer 
si l'industrie plaiguante n'est pas elle- 
même passible de son mal, en ne sortant 
pas d’une routme, qu une. fabrication 
Que entendue laisse. loin derrière elle 
par la qualite et la quantité des: ‘produits 
obtenus avec des matières premiènes d'é- 


gale richesse ; du bien si des intéréls/privés! 


affectés par de fausses spéculations, où par 
toute autre cause individuelle, ne sont! pas 
venus, en réunissant les intéressés chacun 
à chacun » faire croire à un semblant de 
gène générale, dans laquelle d'autres au- 
raient pu être entrainés par l'appät d'une 
indemnité qui permettrait aux uns de sor- 


tir sains et saufs d’une gène commerciale. 


toute per$onneile, et aux autres de réaliser 


qui accorde. son approbation à. 


décide 
écisément comme on: l’a fait - 
pour la loi sur,le sucre indigène. En con= 
TS ‘comités se réuniront : 
pour examinerla. lois étudier les motifs pré- 


1 
id 


9 


“ec bénéfice et en un seul instant un capi- 
14 important dont ilne perçoivent lintérêt 
n’en raison des fluctuations du commerce. 
à preuve de cette assertion ne ressort- elle 
xs elle-même de l’accroissement sur les 
inées précédentes des fabriques de sucre 
digène mises en activité cette. année où 
on parle sérieusement du rachat de la fa- 
frication avec indemnité. Le but que nous 
Jus proposons aujourd'hui est d'envisager 
latte question seulement en ce qu’elle a de 
bécialement industrie}, laïssant de côté la 
fuestion politique depuis longtemps, déjà 
‘iscutée, et de combler autant qu'il sera en 
* otre pouvoir la lacune que nous signalons, 
!n faisant pénétrer nos lecteurs au milieu 
es ateliers par exposé pratique de la fa- 
! rication du sucreindigène et colonial et par 
1 comparaison impartiale des chiffres de 
:evient et des bénéfices de l’un et de l’au- 
lre, en tant que cette production sera par- 
Lenue au même point de perfcction ; toute- 
ais, comme Ja position est tranchée maiu- 
lenant par le geuvernément, voyons quelle 
} st et quel-doit être la situation de l’indus - 
\rielsucrière aujourdhui, °° 
| La découverte et l’usage du sucre re- 
|moûtent à la plus haute antiquité, et se 
herd même dans la nuit des temps, Cepen- 
|Aant’on peut dire que c’est dass l'Inde, en 
|hine et dans toute {a partie méridionale 
1e l'Asie que le sucre fut extrait primitive- 
\ment, car l’Europe occidentale a tiré pen- 
dant longtemps des marchés de Moscou et 
le Casan le sucre impur connu dans le com- 
| nerce sous le nom de moscouade, que les 
}saravanes tartares et chinoises y appor- 
|aient. Ce ne fut qu'après la découverte du 
ap de Bonne-Espérance que la route directe 
de l'Inde permit de se procurer cette denrée 
de luxe à moins de frais. On importa en- 
suite des boutures de cannes en Sicile et sur 
l les côtes méridionales de l'Espagne pour les 
y cultiver, et où, du reste, il existe encore 
quelques plantations; de là la canne fut 
transportée aux îles de Madère, aux Cana- 
ries, et pénétra à Saint-Domingue vers 
1495. Ce ne fut en outre qu'après la décou- 
verte de l’Amérique par les Européens que 
lla canne y fut importée, ‘car avant elle y 
était totalement inconñue: Enfin, l'impu- 
| reté si grande des sucres provenant de tous 
:ces centres de production, faisant une né- 
cessité d’un moyen d'épuration, on vit bien- 
| tôt les Vénitiens, en imitation de ce que le 
hasard avait fait découvrir dans l’Inde, 
» employer un mode de terrage dont ils firent 
| bientôt l'art du raffineur tel que nous le 
possédâmes jusqu’au dix-neuvième siècle. 
— Dans cet état, comme on le voit, le sucre 
| Ctait rare et ne pouvait être encore qu’un 
objet de grand luxe; mais alors-qu’il n’était 


| 
| 
| 


produit que par les établissements des co- 


 lonies euopéennes encore dans l'enfance, 


. ei que la canne était-considérée comme la 


seule plante qui pût fournir ainsi le sucre, 
uu chimiste prussien, Margraff, annonca, 
eu 1747, au mondeentier quella betterave, 
cette plante cultivée sous presque tous les 
climatsipouida-nourriture dés animaux, 
contenalb cemêine sucré qué nous allions 
chercherisiiloins; découverte qui fut confir- 
née en 1797 par un autre prussien nommé 
Achard. Enfin, par suite de l'intérêt que 
l'un porta saccessivement à cette question, 
l'Institut de France nomma, en 1799, une 
commission prise parmi ce qu’elle comp- 
tait de plus illustre; pour examiner les 
meilleurs procédés à employer pour ex- 
traïre le sucre de cette racine. Quoique 


alors ce sucre ne füt livré au commerce! ‘compromettre toute l'industrie, au point de 


350 

qu'à un prix élevé, il était déjà devenu, } 
pour une. certaine classe, un objet de con: 
sommätion habituelle et presque une né-. 
cessité. Aussi, lorsque, plus tard, la France; ; 
b'oquée,. dans toutes ses ports, fut privée 

de_$ÿn commerce maritime et de ses colo- 

niës,. là politique s’empara-t-elle avide-. 
meñt de cette découverte, et malgré tous 
les encouragements et la faveur que l'Em- 
pereur lui prodiguait, elle ne s’éleva que 
péuiblement, et le sucre se vendit alors 3 
et 4 francs la livre. Cependant on s’énor- 
gueillissait de la conquête, en regard du 
monopole qu'exercait l'Angleterre sur le 
monde, et dont le chiffre des bénéfices en 
cetle circonstance, surpasse, dit-on, de 
beaucoup les évaluations les plus exagé- 
rées. Enfin la France, devenue plus tran- 
quille, vit s'élever peu à peu cette belle in- 
dustrie créée par tant d’efforts et tant de 
sacrifices; mais sil y eut peine d’un côté, 
il y eut rivalité de récompenses de l’autre, 
car si l’on jette un coup d’œil sur les années 
passées de la fabrication du sucre depuis sa 
naissance jusqu'a l’époque actuelle, nou 
seulement que de croix d'honneur et que 
d'éloges distribués comme réeompenses el 
encouragements à tous Ceux qui s’occu- 
paient un peu de cette nouvelle production! 
Mais ne voyons-nous pas tous les corps sa- 
vants mettre des prix pour ainsi dire en 
permanence, dans le but de faire atteindre 
à la fabrication du sucre une perfection 
telle que cette denrée puisse être mise à la 
disposition de tous sans exception. Tout le 
monde avait compris, à la vérité, que le su- 
cre ne dévait plus être un objet de luxe ré- 
servé aux priviléges du riche, mais bien 
un aliment indispensable à l’éconouiie ani- 
male elle-même , comme le pain, la 
viande. etc... Cette assertion ne peut pa- 
raître exagérée de notre part, car tout le 
monde peut savoir aujourd'hui que si l'é- 
conomie ne recoit pas de sucre tout pro- 
duit, certains aliments sont convertis en 
cette substance dans le travail de la diges- 
tion, pour concourir avec les autres ma- 
tières alimentaires au maintien de la cha- 
leur animale, et, par conséquent de la vie. 
Le rôle du sucre, comme matière de pre- 
mière nécessité, n’est plus à débattre; l'u- 
sage a prévalu, et la science a prononcé. 
Après tant d'efforts, tant de sacrifices de 
toutes parts, au milieu même de la lutte 
progressive des industriels entre eux, lors- 
que la fabrication de ce sucre devenue une 
chose toute nationale, a acquis presque la 
perfection, et pourvoit chez nous-mêmes à 
la majeure partie de nos besoins ; lorsque 
enfin, si une nouvelle guerre venait encore 
fermer nos ports, nous pourrions ne plus 
craindre l'impôt de l'étranger ou la priva- 
tion, le gouvernement sollicite, propose 
l’anéantissement complet de cette industrie 
sans aucune réserve et sous bref délai, sous 
le prétexte que nos colonies, écrasées par 
les droits d’entrée, ne peuvent plus exister 
en rivalité de l'industrie indigène, qui elle- 
même place le dégrèvement de son impôt 
comme condition extrême sans laquelle elle 
ne peut plus se maintenir! Le gouverne- 
ment, il est vrai, doit écouter les plaintes 
du commerce et de l’industrie du pays et 
veiller à leur prospérité, mais il doit le faire 
avec réserve et après ample informé, non 
par des pétitions ni des commissions com- 
posées des iudustr,els intéressés, mais par 
Ses propres yeux. Car ce serait un mal 
presque sans remède, un précédent qui, en 
atteignant les libertés du pays, peut en 


Ç :. 351 
la voir successivement étré-détruite aussitôt 
qu'rin: moment de gène se manifeste chez 
quelques industriels, sous un prétexte plus 
ouùmoins valable: Le rachat de la fabrica- 
tion, du sucre indigène avec indemnité, 
nous le;disons avec conviction, n’est pas 
une question bornée seulement aux limites 
de son commerce, renfermée dans son ter- 
rain; c’est une question qui compromet une 
grande partie de notre population ouviière, 
qui la frappe dans son existence, et'c'est 
encore une question qui doit être envisagée 
avec bonheur par la politique d’unñé puis= 
sance étrangère, puisque infailliblement - 
nousen seronstributares,sans pouvoir nôus . 
en libérer autrement que par la reconstitu- 
tion de ce qui aura été détruit. L'indemnité 
en eftet, est un puissant moyen de venir 
au secours des fabricants qui se plaignent ; 
non seulement elle les remboursera de la 
valeur de leurs ustensiles et de leurs maté- 
riaux, mais encore elle ne peut le faire qu’en 
leur laissant une marge de bénéfices qui 
comble toutes les exigences de leur nou- 
velle situation, et leur permette d’embras- 
ser une nouvelle industrie ou quelque spé- 
culation ; elle leur doit donc un intérêt à un 
taux élevé de leur capital d'intelligence et 
de temps perdu. Le chiffre sera gros! Mais 
cette indemnité ne s’adressera qu'au pro- 
priétaire de la fabrique, où il existe, terme 
moyen, 35 à 40 hommes employés dans 
l’intérieur‘ ce qui fait, pour 400: fabriques, 
à peu pres 16 mille personnes, qui, en un 
jour, au même instant, serontsans ouvrage 
etla majeure partie sanspain ! L'indemnité, 
nous pouvons le dire, fera parmi les fabri- 
cants plus d'un heureux, en mettra plus 
d’un à l’abri de petits ennuis commerciaux 
souvent trop génants, mais elle laissera sans 
pitié cette masse d'ouvriers tout à coup 
abandonnés. Si à ce nombre nous joignons 
celui des ouvriers occupés à la récolte de la 
betterave, celui des cultivateurs qui ont 
fait &e cette industrie une question de for- 
tune ct d'avenir, le chiffre ea deviendrait 
effrayant et cependant l'indemnité n’at- 
teindra pas tous ces hommes nécessiteux ; 
ils n'auront que l'oubli ou une parole de 
comumisération en partage... Tous ces fa- 
bricants d'appareils spéciaux pour la fabri- 
cation du sucre, qui n’ont monté leursate- 
liers qu'avec des frais énormes, se fondant 
sur un avenir riche et fécond, seront ce- 
pendant abandonnés... Tous ces fabricants 
de noir animal qui se:-sont-établis spéciale- 
ment pour cette fabrication, passeront éga- 
lement inaperçus...Cependant tous ces 
hommes n'ont-ils pas droit à l'indemnité ?..…. 
On nous opposera, en regard de tous ces 
malheurs, la fâcheuse situation des colons, 
qui sont aussi des Français, et qui, dans 
leur ruine, entrainerait celle de notre ma- 
rine. Notre réponse est la teneur même 
des articles qui vont suivre. Elle ne sera 
dictée que par les faits, que par l'examen de 
l’état de l’industrie aux colonies, et enfin 
par l'appréciation que chacun pourra 
faire des efforts que les deux industries 
auront faits simultanément pour atteindre 
la perfection. 


(La suite au prochain numéro). 


Après trois semaines d’une discussion 
non interrompue, la Société d'encourage- 
ment vient de publier des observations sur 
la loi des sucres. Ce travail, savant et con- 
sciencieux a été imprimé et distribué aux 
membres des deux chambres législatives. 
Nous allons en rapporter les conclusions 


352 

« La Société d'encouragementpour l'in 
dustrie nationale.desire : e sl Sinon 

» Dans l'intérêt de l’agriculterelqui &fan 
» besoin indispensable de la :eulture-de:la 
» betterave ; NT 

» Dans l’intérèt bien entendu:desicolonies 
»qui. en préserce du sucre de’betterave, 
seront amenés à perfectionner l'extraction 
» du suere de canne, et dès lors à doubler 
les-produits de leur fabrication sans aug- 
»merter leur culture ; 

» Daws l'intérêt du commerce:intérieur 
»etextérieur; dans l'intérêt du consonrma: 
teur, de l'hygiène publique et du travail 
»-national; 

» Dans l'intérêt de la-France, si une 
guerre venait à éclater, 

» 40 Que ia fabrication dusucre indigène 
» soit maintenue ; E 

» 20 Que l’on arrive à l'égalité des droits 
»-sur le sucre de betterave et le sucre colo- 
» nial, dans un délai qui ne comprometra 
» pas l'existence de l’industrie sucrière in- 
» digène ; 

» 3° Que la surtaxe sur les sucres bruts, 
» blancs, les sucres terrés et les différents 
» types de sucre indigène, soit réglée de 
» manière à permettre les perfectionne- 
» ments de la fabrication du sucre colonial 
» et du sucre indigène ; 

» 4° Que le glucose ne puisse dans aucun 
» ças être imposé. » 


2 
Y 


ÿ 


2 


Z 


ARTS CHIMIQUES. 


Procëlé d'impression en creux et en couleur 
sur cuir et sur peau; par M. Bazin. 


Ce procédé consiste à appliquer, à la fois, 
sur la peau un mordant et un gras qui lui 
donnent la propriété d’absorber la couleur, 
etàla couleur une ténacité gommeuse et 
légèrement grasse qui lui rermet,au moyen 
dela chaleur, de s’incorporer dansla peau. 

La préparation des peaux n'est pas la 
même pour toutes, soit à cause de leur 
nuance, soit à cause de leur nature, soit à 
cause de l’emploi de la couleur à l’état de 
pâte ou de poudre. Voici comment se pré- 
parent les peaux quand on emploie la cou- 
leur en pâte : 

Lorsqu'il s’agit de l’application de cou- 
leurs foncées, on étend sur les peaux de 
chèvre ou de maroquin', avec:un linge ou 
une éponge, de l'acide sulfurique coupé au 
centième, et ensuite une couche d'huile de 
noix : cette préparation me! doit pas être 
sèche au moment de l'impression ;'elle doit 
présenter un peu d'humidité. 

On remplace , pour les peaux de mou- 
tons, l’acide sulfurique par de l’acide ni- 
trique, et l'huile de noix par l’huile de lin 
ou l’huile-d’olive: pour le veau, on substi- 
tue à l’huile une dissolution de sel am- 
moniac. 

Quant aux papiers maroquinés et aux 
parchemins de différentes couleurs, on y 
étend une couche de blanc d'œuf et une 
deuxième couche très légère d'huile de noix 
ou d'olive, 

Lorsqu'on veut imprimer des couleurs 
claires, on étend sur les peaux de chèvre et 
de mouton, une couche, soit d'acide sulfu- 
rique, soit d'acide nitrique ou de sel am- 
moniac, selon que la peau est plus ou moins 
sèche : pour le veau, on preud une dissolu- 
tion d’alun dans le vinaigre. 

Les couleurs qu’on emploie sont broyées 
à l’eau avec addition de gomme laque, de 
gomme adragante, de gomme arabique ou 
autres corps gommeux; on y ajoute du 


| 
| 


| 
Î 


353 
blanc d'œuf, dusuif, de l'huile d'amande 
ou-autres corps gras , afin de. faire adhérer 
la couleur à la matrice’et pour'qu'elle se 
mélange avec la préparation ducuir. La 
proportion de ces matières! varie suivant 
que les couleurs sont:plus‘on moitis grasses 
par elles-mêmes; mais: il:ne fautpas! en 
mettre trap, car il est nécessaire que’ la 
couleur sèche aussitôt après l’impression'ét 
qu'elle ne formetpas tache par <es bavures: 

Les couleurs sont appliquées, au moyen 
d’un tampon où dun cylindre, sur la ma- 
trice, qu’on à fait préalablement chauffer, 
et l'impression se fait par les movens ordi- 
nairement employés dans la dorureou les- 
tampage des peaux. Ou laisse sécher l’im- 
pression et, pour enlever les bavures qui se 
trouvent autour des lignes de dessins, on 
frotte avec un linge ou du drap. 

Ainsi appliquées en creux, les couleurs 
auront l'avantage de résister au frottement 
comme les incrustations faites en or ou en 
argent sur les peaux pour la reliure ou les 
meubles. 


AGRICULTURE. 
ÉCONOMIE AGRICOLE. 


Considérations sur les sécheresses qui affli- 
gent les cantons élevés, dans les années où 
les pluies sont rares, el sur les moyens d'y 
remédier; par M. Loiscleur-Deslongchamps- 

:. — (Extrait de la séance de la Société royale. el 
centrale d'agriculture. ) At 
Dans les années de sécheresse ; la plu- 

part des villages qui sont situés sur le pla+ 

teau entre Dreux et Chartres ; ‘dépañte: 
ment d'Eure-et-Loire, éprouvent un°be- 
soin d'eau tel que, pendant trois à quatre 
mois, et quelquefois davantage, les labou- 
reurs de ces cantons sont obligés d'en- 
voyer, tous les'jours, une voiture attelée 
de trois à ‘quatre chevaux, avec des ton- 
peaux, pour aller chercherde l'eau à deux, 
trois ou quatre lieues, aux rivières les plus 
voisines, qui sont, d’un côté, l'Eure, et de 

l’autre, la Blaise. { 21 
Ce plateau, qui est si dépourvu d’eau 

dans les temps de sécheresse , -est;° d’ail- 
leurs, coupé, de distance en distance, par 
cinq à six ravins qui sont tellement rem- 
plis d’eau, lors des grandes pluies et! des 
orages, qu'il a fallu pratiquer autant de 
ponts à une ou plusieurs arches, sur la 
route de Dreux:à Chartres, pour faciliter, 
dans le temps des pluies , l'écoulement des 
eaux surabondantes, qui vont se jeter, 
pour la plus grande partie, dans la ri- 
vière d’Eure, et je crois que, sur la route 
de Dreux à Châteauneuf, il existe aussi de 
semblables ravins, qui vont se rendre dans 
la Blaise. 

I ya, en France, un nombre considé- 
rable de localités dont les habitants éprou- 
vent, lors des temps secs, la même pénu- 
rie d'eau que ceux du plateau entre Dreux 
et Chartres. 

Il n’y a pas deux mois qu'on me parlait 
de Saint-André, dans le département de 
l'Eure, où les essais d’un puits artésien 
n’ont encore pu réussir jusqu'à présent, et 
où l’eau était si rare, durant la dernière 
sécheresse, qu'elle s’y vendait, en quelque 
sorte, aussi cher qu'à Paris. 

Dans un voyage que j'ai fait, en Nor- 
mandie, en 1835, année qui fut aussi très 
sèche, l'eau était déjà si rare et si chère 
au mois de juin, sur les hauteurs siluées 
au dessus de Pont Audemer, que le ton- 
neau d'eau s’y vendait un et deux francs. 


354 
Dans certaine partie du même départes: 
ment, la disette d’eau füt si grande un! 
peu plus tard, qu'il fallait payer, à cer 
qui allaient s’en approvisionner à la Seinet 
ou à d’autres rivieres, un centime poum 
abreuver un mouton, deux pour un co 
chon et cinq pour uné vache, un bœuf ow 
un cheval. 

Lorsque , malheureusement, des incen: 
dies viennent À éclatéri dans ces pays pri 
vés d’eau, ces’incendies y font sowverit 16% 
plas grandéravages.Lorside lun déetst 
désastres , arrivé en 1 835 dans une COM 
mrne dé Normandie, -le- maire donna, 
m'a-t-on dit.trente tonneaux de son cidre 
pour éteindre le feu. 

Dans cette même année, la sécheresse 
fut si considérable dans le Poitou, et prin- 
cipalement aux environs de Châtellerault, 
selon ce que m’écrivait, peu après, M. le 
comte de Montbron , correspondant de la 
| Société royale et cétitrale d'agriculture; 
| qu’une petite source qui faisait tournez 
trois moulins fut tarie mometitinement, 
parce” qué’le‘propriétaire! eheéz lequeleher 
se trou'aîtisé fit à en vendre l'eau, q’ont 
venait “cheréhüts eliez lui d'une’ätdeux 
lieues x la ronde; avec: des tonneaur dans 
des voitures de là procès entrées ineu-" 
niers, dont'lës müwlins ne pouvaièst plus 
tourner, et ‘Te proprittaire qui ‘les avait 
privés d’eau en la vendant. 

Les habitants de la piupart de ces pays 
ne font d'ailleurs, habituellement , usage 
que de l’ean des mares pour tous leurs be= 
soins de la vie et ceux de leurs bestiaux.. 
et ces mares se tarissent toujours plus tôt. 
ou plus tard, quand il ne survient pas de 
pluies pen lant le printemps.et l'été ; lors: 
qu’on y trouve éncor@ ide l'eau danses: 
mois de juin, juillet et août}! cet'e eau est 
véritablement déguûtante;et- l'on a peine 
à croire comment l'on pent sen servir 
pour la préparation des aliments. 

Ne pourrait-on pas trouver les moyens 
de pratiquer des réservoirs assez vastes 
dans le voisinage des bourgset villages qui 
sont privés d’eaux courantes, pour que cès 
réservoirs pussent, dans tons les temps, 
subvenir à tousiles besoins.de leurs habi- 
tants? > 

Le prix des réservoirs à pratiquer de- 
vrait nécessairement être inférieur aux de- 
penses que font maintenant les laboureurs 
où autres habitants pour aîiler chercher 
de l’eau aux rivières voisines, et les réser- 
voirs devraient, d’ailleurs, leur fournir de 
l’eau en bien plus grande abondance. 

Dans les temps de pluies, les eaux ne 
manqueraient nulle part pour remplir les 
plus vastes réservoirs; car leseaux sura- 
bondantes aux époques des grandes pluies 
et lors des orages vont se rendre dans les 
vallées inférieures, où souvent elles les inon- 
dent au point d'en gaspiller les récoltes , 
surtout celles des prairies. Ainsi, en 1851, 
les pluies abondantes qui eurent lieu pen- 
daut une grande partie du mois de mai 
inondèrent la vallée de l'Eure à un tel 
point que , durant dix à doute jours elle 
fut couverte de plus d’un pied d'eat: Toutes 
les prairies du bord de fa riviere: furent 
inondées pendant tout ce temps, et: commre 
cette inondation arriva à la fin de mai et 
se continua pendant les premiers jours de 
juin, les foins de toutes les prairies furent 
couverts de vase et devinrent impropres à 
la nourriture des bestiaux. Le même dé- 
sastre s’est encore renouvelé, il y à quatre 
ans, mais il a été moins considérable. 

Si l'on pouvait trouver des moyens éco- 


| 


“nt d'être question , et, en général , sur 


ïux qui surabondent, lors des grandes 
hies , dans les rivières de l'Eure, de la 
aise et autres,.on rendrait. un service si- 
Lalé aux cultivateurs qui les habitent, et 
les moyens employés pouvaient per- 
‘ettre de conserver.-assez des eaux plu- 
ales. pour.qu'il fit possible d’en-employer 
he partie. à desiirrigations lors.des séche- 

‘ses le.bienfait;pour l'agriculture, serait 
hicore plus grand. de 

| Dans tous les cas, et principalement, d’a- 
lès cette dernière supposition, c’est une 
hiose digne , je crois, de la Société royale 
| centrale, d'appeler l'attention du gou- 

‘nement sur des travaux dont l’exécu- 
on pourrait avoir les conséquences les 
lus heureuses.pour l’agriculture. 

D’après ces considérations, je fais la pro- 
sition qu'ilsoit.inomimé -une commission 
»“ciale: à Feffet;;dexaminer la. question 
ont. al sagit,.-et.de demander, à M,le mi- 

istre.de Pagriculture et du commerce de 
Louwkoir, bien fonder, un ou plusieurs prix 
lui-Serént..décernés aux, auteurs desmé- 
haeiespe-qui. préseateront,fles. meilleurs 
l1oyens-de remédier, aux -sécheresses, ex- 
Lessives qui ,'dans certaines années, déso- 
xt, en Franee, un grand nombre de can- 
‘ons élevés et privés d'eaux courautes. 

Si M. le ministre acquiesce aux propoii- 
ions de prix qui lui seront faites par la 
wciété, la même commission sera chargée 

lle rédiger un programme à ce sujet, 

La proposition faite par M. Loiseleur- 

léstonchamps est appuyée par plusieurs 
membres, et la Société nomme pour exa- 
miner cette: question. ;une , commission 
‘omposée: de: MM:4devicomte Héricart de 
Uaury , Loiseleur-Deslongchamps, Fran- 
-œur-et Boussingault. : 


D Eh Ke — 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 18 février. 


M. Béranger fait hommage du 3° volume 
\de l'ouvrage de M*°* professeur à la Fa- 
cuité de Droit, sur le Code civil. Ce volume 
est consacré en entier au titre le plus im- 
portant de tous, celui des Successions. 

M. Michelet donne lecture d’un mémoire 
sur la politique de Louis XI etsur le carac- 
tère des premières années de son règne. 
| La politique de Louis XI fit une révo- 
lution toute entière , mais une révolution 


'manquée , parce qu'elle se trouva dans la, 


|'tête d’un seul au lieu d'être dans les mas- 
ses. On n’a que des chroniques inexactes 
l'et incomplètes sur les époques antérieures. 
!Sous Charles VII on écrivait peu ;sous son 
| fils, au contraire, on écrivit beaucoup. Ce- 
pendant ce;sn'est que; depuis peu d'années 
|que l’on possèdeles documents certains qui 
. avajent-1manqué.à l'historiographe Ma- 
‘thieu, à Dueleset.à.M. de Barente. M. Mi- 
* Chelet,profiant avec son talent d historien 
habile desichroniques qui ont été publiées 
| 

|memis naturels tous ceux qui avaient gou- 


en 1834, est venu aujourd’hui compléter 
yerné sous Charle VI; pour amis, ou plu- 


et justifier le jugement qu’avaient porté ses 
devanciers sur.un règne qui , tout hideux 
qu’il est, m'en est pas moins un des plus 
importants de la monarchie. En passant de 


l'exil sur le trône, Louis XI avait pour en-. 


356 


mmiques de retenir sur:le plateau dont il Y tôt pour smi, celui qui croyait gouverner 


sous son nom;,-cétait le duc de Bourgognes 


plateaux privés d’eau, une partie des } Il dépouilla:les premiers, fit arrêter l'en 


voyé du second, et-déployant plus d'adresse 
et.plus d'activité -à mesure que le nombre 
desses-adversaires:devenait plus grand , il 
S'attachait par ses largesses les hommes qui 
dirigeaient:les affaires de l'Angleterre, de 
ltahe:ét.de la Hollande. Après la con- 
quête du! Roussillon, il concut et exécuta le 
projet.de:s’affranchir à la fois de la tutelle 
du Pape et de celle des nobles. Chacune de 
ses haltes, en revenant des Pyrénées , fut 
marquée par une ordonnance contre eux. 
En faisant saisir le nonce et poursuivre les 
cardinaux, en exigeant les représentations 
des titres des biens possédés par l'Eglise, en 
chassant ses collecteurs, il parut être fort ; 
cette force lui valut l'alliance de la Savoie , 
des. Suisses et de la Hollande. En deman- 
dant ensuite aux nobles ce qu'ils lui de- 
vaient pour leurs redevances , en gardant 
auprès de lui comme des. otages les enfants 
des grands dont il se défait, en destituant 
d’un seul coup tous les élus qui en se main- 
tenant dans leurs fonctions presque héré- 
ditaires avaient formé dans les villes une 
semi-noblesse sons le nom denotables, en je- 
tant an premier venu des titres de noblesse, 
en forçant Toulouse, eette Romegasconne, 
à recevoir dans son Capitole jusqu’à des 
forgerons et des eurdonniers , il trouva un 
appui dans le peuple qui, compté pour 
rien jusqu'alors, s’imagina, lai aussi, qu'il 
allait à Jui tout seul être la nation. 

Les parlements, qui l'avaient puissam- 
ment aïidé contre les nobles et contre les 
papes; voulurent arrêter leur élan d’obsé- 
quiosité, 11 était trop tard ; Louis XI leur 
enleva leur part de rovauté; restreignit 
leur juridiction , et ramena à des limites 
raisonnables ceux de Paris et de Toulouse, 
dont il détacha des provinces pour doter des 
parlements nouveaux. On conçoit qu'en- 
touré d'ennemis si nombreux et si puis- 
sants, ce roi niveleur ne voulut près de lui 
que des hommes hardis, habiles, et d'autant 
plus sûrs pour lui qu'ils les avait fait lui- 
même ce-qu'ls étaient. Il les voulait siens. 

Les crimes de Louis XI sont ici hors de 
cause,.et..quel que fût le but de sa poli- 
tique, ils,ne peuvent pas être excusés, Il 
faut, lui tenir compte et des efforts qu'il a 
fait pour l'émancipation de la royauté , et 
des établissements qu'il fonda. Il ne faut 
pas oublier qu'il est le créateur de notre 
marine, et que le commerce lui doit le pre- 
mier encouragement qu'il a reçu de la 
royauté. Il eut le tort d’agir trop vite et de 
ue tenir aucun compte du temps où il vi- 
vait. Celui qu’il voyait ou qu’il prévoyait 
n’était pas encore venu , rien n’était prêt 
pour la révolution dont il était la person- 
nification vivante. Cette révolution,.ne fat 
qu'un essai ; mais cet ;jessai fut. utile plus 
tard, lorsque Richelieu voulut reprendre 
l’œuvre avortée de Louis XI. Rien ne sert 
mieux à faire connaître l’époque dont nous 
parlons qu’un fait que M. Michelet à mis 
en relief avec beaucoup de soin. 

Les ordonnances contre la chasse furent 
la cause réelle et immédiate de cette levée 
d'armes, connue sousle nom mensonger de 
Ligue du bien public, et qui, dirigée avec 
plus d'ensemble, eñt été funeste. à celui 
qu'on titrait alors du nom. deroi des petits. 

Nous pensions que M. Dubois (d'Amiens) 
avait dit son dernier mot, au sujet de 
M. Broussais, Nous nous étions trompé; il 
a recommencé aujoard'hui la lecture d’un 
quatrième-ou d’un cinquième mémoire sur 


{ 


| 


357 


| lemême sujet; et la continuera probable- 


| ment à la séance prochaine! 


NE Villermé a la quelques considérations 

sursbes> m@æurs et la langue dés Bretons. 
Aprés une description géographique exacte 
etrigourvuse de cette partie de la France, 
autrefois l'Armorique, devenue la province 
de Bretagne au sixième siècle, et réunie à 
la France sous le règne de Louis XIE. El la 
peint telle qu’elle est aujourd’hui, avec:ses 
mœurs d'autrefois et ses regrets toujours 
vivants pour les franchises et les privilèges 
dont elle a été si jalouse à toutes-les épo=< 
ques de sa vie politique. Les Bretons ‘fini« 
ront par comprendre que ces priviléges:et 
ces franchises sont un anachronisme.En at- 
tendant, il faut savoir gré à M. Villermé, 
ou plutôt à MM. Villermé et Benoiston de 
Châteauneuf, eur ce travail leur est com- 
mun, des faits curieux et des aperçus utiles 
que renferme leur mémoire, Il peut être 
d’un grand secours pour préparer les amé- 
liorations dont cette partie de la France 
est susceptible. C.5.F. 


— 135% EG de 
ARCIHÉOLOGIE. 


Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes; 


(Charente-{nf.) 


COMMUNE DESAINT-QUANTIN-DE-RANSANNE: 
Sanctus-Quentinus est le martyr du Ver- 
mandois et de la Touraine, et l’histoire 
littéraire des Bénédictins donne sa vie (to- 
me-I1T, p. 500). Ransanne découle de raz: 
sonium , rédemption. — Les noms de cette 
commune appartiennent donc au moyen- 
àgé.et sont une médaille traditionrelle de 
l'époque de mysticisme où le village a été 
établi ou a pris de l'extension. 

Un vieux château protégeait le hameau, 
et a été rebti plusieurs fois. Il appartenait 
au prince de Lambesc. Aujourd’hui il n’en 
reste plus que des ruines. 

L'église dédiée à saint Quantin est cer 
tainement dans son genre un des monu- 
ments romans les plus curieux du départe- 
ment. , 
La façade, surmontée d’un fronton élevé 
percé de deux -campanilles, a été restaurée. 
Elle n’a conservé de sa primitive construc- 
tion que son portail central, dont ou a re- 
touché une partie dans le seizième siècle. 
Les portails latéraux ont été remplacés par 
un mur uni: Mais, sur le haut de cette 
première assise existent encore 23 modil- 
lons saillants représentant des têtes de 
bœufs. Puis le deuxième étage est occupé 
par une arcature à plein cintre d'arcs pe- 
tits, à colonnettes courtes, appuyant sur 
une consolle. Deux gros contreforts du quin- 
zième siècle servent d’arc-boutant aux :an- 
gles. Les sculptures prodiguées sur celte 
façade sont byzantines eti:se:composent 
d'entrelacs, de damiers, de cercles perlés et 
de figures de monstres. Entre les modiilons 
sont des représentations de cercles ou de 
roues. Les modillons sont couverts de têtes 
bizarres. Parmi les reliefs de ces modillons, 
j'ai remarqué une croix épatée de templier, 
un homme qui mange une fouace, une tête 
de veau, etc., etc. 

L’apside est bien conservée, Elle est ar- 
rondie, conpée par des colonnettes en aires 
séparées, au milieu desquelles sont des fe- 
nêlres simuiées à plein cintre ou de l'épo- 
que romane pure , c’est-à-dire du onzième 
siècle. L’archivolte de ces fenêtres est en 
saillie et couvert de dents de scie; leur 
voussure est peu profonde. Les rétombtes 


de l'arc appuient sur des pieds droits. Un 


CR | 


358 


309 


cordon sert de frise et supporte un entable- ! des étoiles sculptées et des fleurons sur les 


ment sans ornementation. Les chapitaux | 
des colonnes n'ont aucuns reliefs. | 

Cette église est d'autant plus curieuse 
que je n’ai rencontré sur aucun autre 1no- 
nument des sculpturesanalogues. L'histoire 
se tait sur les propriétaires de cette église 
que les templiers ont dù posséder et orner 
dans les premières années de l'établisse- 
ment de leur ordre. 

Cowuxe De Réraun : De retoreria, sei- 
gneurerie, d’où on a fait retorerie. On a dit 
Reto et puis Retaud. 

Un ancien Castrum des plus fortifiés 
existait à Brassaud. Le proprietaire, Charles 
de la Chambre, en faisant hommage dans 

-le quinzième siècle à l’évêque de Saintes, 
comme seigneur suzerain; il lui devait, en 
lui faisant d'obédience , l'hommage de deux 
coqs blancs portant au cou une sonnette 
d'argent doré du poids de 30 grammes 
(Statistique, p. 159). 

Une charte de 971 parle d’un hämeau 
appelé Rete dans la vicaria Brionensis, qui 
ne peut être Retaud. Mais il s’agit, sans 
nul doute, de son église dans la charte de 
1072, par laquelle Rainulfe, donne à l’ab- 
baye de Saint-Jean-d'Angely, l'église de 
Saint-Trojan. 

L'église de Retaud est en effet dédiée à 
Saint Trojan ou Troyen, évêque de Saintes, 
mort vers 532, et inhumé dans la paroisse 
Saint-Vivien de Saintes. Grégoire de Tours 
nous a laissé sa vie. C’est un admirable 
édifice roman-bysantin, et le mot admi- 
rable n'est pas trop fort. Bâtie sur un co- 
teau élevé, cette église date de la fin du 
onzième siècle, ou du commencement du 
douzième, car le portail central roman 
a de chaque côté un petit portail bou- 
ché mais en arc ogival. Les archivoltes ont 


voussures. L'’abside coupée en sept pans, et 
bâtie en arrêtes de poissons à sa base, a des 
arcatures plein-cintre, décorées avec beau- 
coup de goût. Les modillonis sont couverts 
s figures grimaçantes, d'obcæna, d'entre 
lacs, de tètes de monstres, de nœuds, de 
frètes perlées, de fleurs, etc., ete. Lés tha- 
piteaux des quatre colonnés de la facade 
portent sur leurs corbeilles des têtes, des 
oiseaux avec des têtes humaines, des mas- 
ques de reprouvés, des entrelacs fleuris ét 
perles, 

Le clocher placé sur le cœur, date du 
treizième siècle. 

Le cimetière qui entoure l’église, est en- 
core riche en cercueils en pierres creusées, 
ayant un évidement pour la tête. 

J'ai donné des détails plus complets sur 
Saint-Trojan de Rétaud dans mes lettres 
historiques et archéologiques (p. 62) et; y 
renvoie le lecteur. 


RD) 


Le Rédacteur en chef : 
LE vicomte À. DE LAVALETTE. 


FAITS DIVERS. 


— La société industrielle de Mulhouse a adressé 
aux Chambres une pétition dans laquelle elle de- 
mande que le gouvernement tienne strictement la 
main à l’exécution de la loi sur le travail des enfants 


dans les manufactures, loi qui paraît étre restée | 


jusqu'ici sans application dans plusieurs localitésin- 
dustrielles, et peut-être partout. « C'est du moins, 
disent les pétilionnaires, ce que nous pouvons affr- 
mer de notre pays, et ce qu’on nous a appuis de 
Saint-Quentin, de Lille, de Reims, etc. Ainsi, j jus 
qu’à présent, tout serait resté dans le même état; 
on aurait seulement ajouté au mal, le mal uon moins 
grave d'avoir une loi demeurée sans vigueur.» 

La société industrielle de Mulhouse demande la 


ï 


360 
création d’inspecteurs salariés, puisqu'il paraît établi 
que les inspecteurs hénévoles ne produisent auçun 
résultat. 

Mème en présence des nombreux concurrents 
qui, l'an dernier, sollicitaient les places d'inspec- 
teurs, on devait s'attendre à un pareil dénoûmert 
En administration, il ne faut eroire à la philan- 
thropie que comme exception. 


— Dans la séance du 16 février la Société géo- 
logique, présidée par M.J. Warburton, a voté deux 
médailles d’or à denX savants français : MM: Elie, 
de Beaumont et Dufresrioy, en récompense de PS 
travaux scientifiques en général et notamnient à 
l'excellente carte géologique de l'rance qu'ils dit Fe 
cemiment publiée. 


—<GÉ — 
BIBLICGRAPHMIE, 


CONSIDÉRATIONS sur les céréales et principa- 
lement sur les froments; par M. Loiseleur de Long- 
champs, chevalier de la Légion d'Honneur, docteur 
médecin, membre de l’Académie royale de méde- 
cine, de la Sociélé royale et cenlrale d'agriculture, 
vice- “président honoraire dé la Société royale d'hor- 
ücullure de Paris. — Paris, librairie de madame 
veuve Bouchard-Huzard, 7, r. de l'Eperon, { v.in-8- 

Nous avons dû à l'obligeance de l'auteur de don- 
ner dans noire jowmal avant l'impression dé cet ou- 
vrage les chapitres les plus intéressants. N6s abonnés 
ont pu apprécier déjà {'i importance et l'utilité de ce 
travail (1). La réputation que s’est justement ac. 
quise M. Loiseleur de Longchamps par les, services 
de plus d’un genre que dépuis près de trente ans il 
a rendns à la science agricole, est d’ailleurs, auprès 
des agriculieurs et des économistes, une recomman- 
dation plus puissante que fout ce que nous pourrions 
ajouter. 


(4) Voir les numéros de l’' Ecko, 40, 41, 42, 43, 
44, 45, 46, 47 de 1849; 4, 5, 7, 8 de 1843. 


PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE fs, 
rue Saint- Res «Michel, 33. 


ns Le 5 MÉTÉOROLOGIQUES. — JANVIER 1843. 


! È 9 HEURES DU MATIN. MIDI, 
: 5 Re A Re 
| = : 
| & | Barom. | Therm. Barom, | Therm. | % 
Ne à O0. extér. à O0. extér. |= 
| = 
| 4 | 762, ee. 762,63 5,9 
dl 2 | 757 2,0 751,52 4,0 
| 3 | 762,68 0,2 762,91 2,6 
4 | 763,39 0,8 761,35 1,3 
5 | 759,05 3,3 755,9 3,8 
6 | 761,10 2,1 760,62 4,8 
7 | 759,87 6,% 759,11 8,4 
8 | 71816 9,2 745,1 8,6 
9 | 750,47 0,4 752,46 2,5 
40 | 734,71 8,4 736,62 5,1 
11 | 739,12 5,1 738,52 6,7 
12 | 730, è 6,2 728,69 6,9 
13 | 7277 ñ,7 729,43 8,8 
1% | 730 116 2,1 71,47 4,6 
15 | 740.88 2,9 730,87 5,1 
16 | 73,9% 1,0 743,83 1,4 
17 | 743,03 2,6 763,80 4,5 
18 | 762,16 3,1 768,92 6,5 
19 | 768,30 1,3 769,93 3,5 
20 | 770,88 0,8 762,20 3,t 
2 | 764,06 0,2 760,47 3,9 
22 | 760,52 2,0 760,38 4,1 
23 | 760,88 0,7 761,99 0,1 
2% | 762,19 0,3 758,63 1,6 
23 | 760 57 4,1 761,25 5,2 
1 26 | 763,62 5,6 162,08 72 
97 | 761,93 9,4 761,53 10,8 
98 158, 92 42,0 758,20 12,7 
29 | 759,83 10,6 759,55 12,1 
30 TT. ,33 9,6 756,56 11,4 
31 | 76016 8,1 760,97 11,3 
4 | 756,01 3,6 155,46 4,7 
2 | 748,15 2,9 747,75 5,1 
3 | 760,47 5,2 760,23 7,0 
RU RE A ju ion 
755,06 | 4,0 | 754,66 | 5,6 


a 


3 HEURES DU SOIR.| 9 HEURES DU <OIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS 
Te A, Re ES D CS 
y DU A 

Barom. cs à = d Te 

à Ov, es Ë us Fo E Maxim. | Minim. CIEL À MIDI. MIDI 

= 

762,61 5,5 762,39 4,4 6,1 4,2 |Très nuageux. N. 0. 

757,24 4,3 758,65 0,6 4,3 1,0 |Très-nuageux. N. 0. 

763,44 5,7 765,36 0,2 3,9 7,2 |Beau. N. O. 

758,95 1,3 760,38 2,8 3,0 0,3 Couvert. S. 

152,8 4,3 756,99 2,5 ST 0,9 |Couvert. S. O. 

160,91 4,0 762,28 3,0 5,0 0,8 |Beau. 0. N. 0. 
757,81 7,4 755,93 9,7 10,6 4,8 |Quelques éclaircies. |O.S. 0. 
745,79 5,3 745,14 3,1 ol 8,4 |Pluie. 0.5. 0. 
753,21 3,6 750,20 3,5 4,0 0,6 |Beau. N. O. 

739,62 6,6 741,03 4,3 7,0 2,9 |Couvert. 0. 6 
736,76 7,0 730,73 7,4 7,6 3,4 |Couvert. 0. Sue 
130,24 6,8 758,84 3,1 7,4 5,6 Très nuageut. S. 0. 

729,54 7,3 734,35 4,6 9,5 0,8 |Nuageux. SA 

136,01 4,6 728,00 5,3 4,9 1,1 |Couvert. S. Le 
131,35 5,0 73,20 0,9 5,7 1,0 |Couvert. D S. O. 
744,36 4,7 753,08 1,4 4.6 1,2 |Neige. Lo 

764,74 5,6 766.41 3,5 5,5 0,8 |Vaporeux. N Se 0 
769,12 6,8 770,61 4,5 71 1,8 |Couvert. SN 
168,58 4,9 767,87 4,5 4,8 1,9 Beau. à 2 5 = 
760,78 A 760,59 0,6 4,2 0,4 | Beau. SE . L. 
159,98 6,1 761,00 1,7 6,5 2,9 |Beau. dE. 

159,95 2,4 761,65 0,6 92,2 3,1 |Brouillard. SE 
761,16 0,4 760,81 0,0 0,8 0,9 Couvert, S: & E. 
757,49 2,8 757,60 2,6 2,8 0,8 |Couvert. RE 
761,70 7,8 763,32 6,3 7,5 0,0 Couvert. ele 
762,2 | 8,0 | | 762,94 | 8,4 S,3 |. 47) Convert: À 9: 

760,57 11,4 760,98 41,2 12,0 8,1 |Couvert. SO! 

756,45 | 13/8 5741 | 123 13,9 | 10,3 |Couvert. es 

759,17 | 129 758,49 | 12,6 13,0 RES 0. $. ©. 
756,06 | 44,4 357,75 | 10,9 {{, IN 0.S. 0. 
759,30 11,1 759,84 9,1 ; 6,91 /Couvert. 

7 MERE Moyenne du 1 au 10 |Pluie en cent- 
Lee 29 795,19 du Moyenne du 14 au 20/Cour. Cr 
75946 ne coul 37 [Moyenne du 24 au 31|Terr. T 

Fa , ; : Re ae et Re 

754,11 6,1 | i£ 754,98 6,7 2,3 |Moyennes du mois . « : « a,5| | 


Sante 


{ 


D 


40% année. 


 L'ECHO 


Paris. — Jeudi, 2 Hiars 1845. 
DIN ————— 


DU MONDE SAVA 


Ne 15. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


| 1? EcHo DU MONDE SAVANT parait le SEUMDLctle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de ! ,200 pages chacun. On s’abonne : PAR1s, rue des 


[ 


PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les Cépartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:8 pour un an 
| 25fr., six mois 18 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 {r., 6 fr., 8 fr. 50. A l'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port Gouble. — Les souscripteurs 


peuvent recevoir pour CINQ fr: par âh/et pañrécüeil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 
19 fr. pris séparément ):et qui forment avec l'Echo-du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 


| 


sdressé (franco) à M, le vicomte A ..DE LAWALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C =8.'FRAYSSE, gérant. 


| SOMMAIRE. ea) SCIENCES ç PHYSIQUES. | ciété royale reçut lé 20 février 1840, un mémoire 


OPTIQUE. Considérations relatives à l’action chi- 
aique dé la lumière; Arago. — PHYSIQUE. 
Œravail sur le baromètre, présent® par M: de 

| ‘Nillenenve, irgénieur des. Mines, à la séance du 
| 1143 février de l'Académie dessciences..-— SCIEN- 
| CES NATURELLES. PHYSIOLOGIE _ANI- 
| 3 MALE. Expériences sur la fécondarion : Ponchet, 
::.— SCIENCES APPLIQUÉES. MACHINES A 
VAPEUR. Etablissement du Creuzot. — Nou- 
veau système de chaudières établies aux brasse- 
ries de Louvain. — METALLURGIE. Modifica- 

| tions qui surviennent dans la fabrication du fer ; 
| Hood. — ARTS CHIMIQUES: Application des 
| couleurs sur les cristaux dans lesquelsil:entre du 
plomb; Robert. — Cartons: destinés. à-remplacer 

| | les enirs à rasoir ; Finote — ARTS, TYPOGRA- 
-: PHIQUES. Procédé pour obtenir sur. du cuivre 


Î 


| métallique des copies de médailles et d’autres 


objets semblables ; Osann. "AGRICULTURE, 
ECONOMIE AGRICOLE. Engrais liquides, — 

* HORTICULTURE. Taille des formations pour 
Les arbres fruitiers dans les pépisièies, — De la 
*” æülture du gladiolus à l'air libre, — ECONO- 
1] ‘MLE DOMESTIQUE. Nouveau procédé pour la 

: rsalaison des viandes. — SCIENCES HISTO- 
RIQUES. Société royale d'archéologie de Co- 
|. pehhague. — ARCHÉOLOGIE. Canton de Ge- 
| mozac; Lesson. — STATISTIQUE. Populations 
H de La Belgique. — FAITS DIVERS: BIBLIO- 


GRAPHIE. 
Eu Dr EEE: Ke- 
SCIENCES PHYSIQUES. 
OPTIQUE. 


Considérations relatives-à; l'&ction chimique de 
la lumière; Arago, 

Peu de temps après le vote de la loi qui accor- 

- dait une récompense natiowale à MM, Daguerre et 

Nièpee, il se manifesta ; dans ane petite portion du 

ÿ; publie, des opinions, à mon avis trés crronées , et 
-.qui,.Cépendant, m'imposérent le devoir.de mc 

_trer que la nouvelle découvérte ne devai PAS être 

seulement considérée du point de ste in à el 

qu'elle enrichirait la physique de Imoÿensd'inves 


tigativn très précieux. Tel futile but d'oneynote qui 


parut dans le Compte-rendu de la séance du‘19 août 
4859. Elle érait ainsi conçue : AT 
os © Voici une application dent le Daguerréotype 
ent susceptible, et qui me semble très digne d’in- 
» L'observation a montré que le spectre solaire 
nest pas-coutinu, qu'il ÿ éxisle des solutions de 
- coutinuitésrabsvérsales}des æaigstentièrement noires 
. X a-i-il des solutions de continuité pareilles dans 
lss'rayons/obscurs qui paraissent pruduire les effets 
photbéémquesz 1511 ,159108 pl 51: 
» S'il yen a, correspondent-elles aux raies noires 
du spectre lumineux ? 


ANT T et 
PTE TRUE 


— ‘vPüisque plusieurs des raies transversales du 


D, SPEVENES Se < à 
spectre sont visibles à l’œit nu, on quand elles se 


E T4 eo ral SALE 
3 pergnentsur la rétine sans amplification aucune , le 


rfpioblème que je viens ae poser sera aisément ré- 
LSISO M» 
ps -Getle solution très facile du problème que je 
m'éjais proposé, je ne pouvais pas, en 1839, la 
Ÿ chercher -expérimentalement moi-même, l'ancienne 
Chambre obscure de l'Observatoire ayant alors reçu 
. aNé/autre destination, etla nouvelle n'étant pas eu 
Core conslruite: Au reste, je dois supposer que mon 
appel fut entendu, J'ai appris; en effet, que la So- 


de sir John Herschel où la question est effleurée, et 
chacuwse ‘rappelle ici qué M. Edmond Becquerel 
entre'int l'Académie de ce même sujel, dans la 
séance du 13 juin 1842. M. Herschel, n'ayant pas 
pu disposer d’un héliostat, erut ne point devoir se 
prononcer positivement sur l’existence des stries 
dans l’image photographique du spectre. M. E. Bec- 
querel, au contraire, projela sur sa plaque ivdurée 
un spectre stationnaire, el vit neltement, après 
l'expérience, dans la résion de la plaque que ce 
spectre occupait, des stries transversales le long 
désqueïles la matière chimique était restée intacte, 
ou du moins n'avait reeu aucune modification per- 
ceptible. Il reconnut, de plus, que ces stries cor- 


-respondaient exactement aux lignes sombies du 


spectre lumineux. 

Au premier aperçu, l'expérience dont je viens de 
parler aurait pu sembler superflüe : le résultat ch- 
tenu n'étaitil pas, en effet, de vérité nécessaire ? 
Comment attendre des actions photogéniques là où 
la lumière manquait entièrement ? 

Voici ma réponse : 1] n’est nfllement démontré 
que les modifications photogéniques des substances 


impreéssionnables, résultent de l'action de la lumière 


solaire elle-mèmce.:Ces modifications sont peut-être 
engendrées par des radiations obscures méiées à la 
lumière proprement dite, marchant avec elle, se 
réfracfant comuie elle. En'ce cas, Lexpérienec prou- 
verait, nou-seulement que le Spectre formé par ces 
rayons invisibles n’est pas continu, qu'il y existe des 
solutions de continuité, comme dans le spectre vi- 
sible, mais encore que dans les deux spectres super- 
posés ces solulions se correspondent exactement. Ce 
serait, là un des plus curieux, un-des plus étranges 


résultats de la physique. 
ee) £ 


introduisons dans la discussion un” élément dé- 
pendant de_la vitesse-de Ja lumière , et les consé- 


quences_ de l'observation ne seront pas moins inté- 


- ressantes. © Ra 


Je montrai, il y a bien des années, que les rayons 
des étoiles” vérSlésquelles la terre marche, et les 
rayons des étoiles dout la terre s'éloigne, se réfrac- 
tent cxactémênt dé fa même quantité. Un tel résul- 


‘tit ne peut concilier avec la théorie de l'émis- 


sion, quà laide d'une aditionsimportante à faire 
à cette théorie; dhntf En nécessité soffrit jadis à 
mon esprit, et qui à été généralement bien ac- 


cueillie par ‘les phgsiciens : il faut ‘admettre que les 


corps lumineux émetient'des rayons de toutes les 
vitesses, el que les seuls rayons d’üne vilesse dé- 
terniinée sont visib'es, qu'eux seuls produisent dans 
l'œil la sensation de lumière, Dans la théorie de 
l'émission , le rouge, le jaune, le bleu, le violet so- 
laires sont respectivement accompagnés de rayons 
pareils, mais obscurs par défaut ou par excès de 
vitesse, À plus de vitesse correspond une moindre 
réfraction, comme moins de vitesse entraine une ré- 
fraction plus grande. Ainsi, chäque raÿon rouge vi- 
sible est accompagné de rayonS:obscurs de la même 
nature, qui se réfractent:les uns plus, les autres 
moins que lui: ainsi il'existé des rayons dans les 
stries noires de la portion ronge.du spectre; la même 
chose doit étre dite des stries:situées dans les por: 
tions Jaunes, vertes, bleues el vialettes. L'expé- 
rience ayant montré que lès rayons contenus dans 
les stries sont sans effet:sur les substances impres- 
sionuables , il se trouvé‘établi que toute augmenta- 
lioù ou diminution de vitesseenlève aux rayons lumi- 
neux les propriétés photogéniques dont ils étaient 
primitivement doués; que les rayons solaires cessent 
d'agir chimiquement à l'instant même où ils perdent, 
par un changement de vitesse, la faculté de pro- 


T$ ei 


duire sur la-rétiue les sensations lumineuses. Je n'ai 
pas besoin de faire ressortir eut ce qu’il ÿ a de cu- 
vieux dans un mode d'action chimique de la lu- 
mière dép ndant de la vitesse des rayons. 

Le lundi même où M. Ed. Becquerel présenta à 
l’Académie le résultat de l'expérience que j'avais 
proposée deux ans et dix mois auparavant, je l'in- 
vitai ‘pabliquement à la recommencer, eu s'impo- : 
samtodes: couditione nouvelles qui. semblaient de- 
voir;jetér du jour sur la manière dont la vilesse mo- 
difiel'action.chimique de la lumière, Je fis remärquer 
que les. rayoës solaires se mouvant de plus en'plus 


“Vite à mesure .que les milieux qu'ils traversent sont 


plus: réfringents, on arriverait à quelque résultat 
utile, en étudiant, comparativement et simultané- 
ment, l’action du spectre sur la plaque iodurée 
plongée par moitié dans deux milieux tlès dissem- 
blables : dans de l'eau et de l'air, par exemple. 
M. Ed. Becquerel voulut bien suivre cette idée, 
Voici Ja lettre qu'il m'écrivit à la date du 25 no- 
vembre 1842. 

« Lorsque vous avez eu la complaisance de pré- 
senter à l’Académie des sciencés , au mois de juin 
dérniér, moñmémoire sur la constitation du spec- 
tre solaire Ÿ vous avez bien voulu:m'indiquer une 
expérience àfairerdans le but Ue sayroir,si, lorsqu'une 
substance, inipréssionnable à l'action des rayons so- 
laires est; plongée dens un milieu autre que l'air, le 
changement de vitesse des rayons solaires, au pas- 
sise de l'air dans ce milieu, ne déplacait pas la p 
tion des raies ou des stries transversales du speft 
des rayons chimiques. 

» Je 'mestis empressé aussitôt de faire ces 
riences, eti commencant par employer de 
comme nouveau milieu. Mon départ pour la 
pagne m'a forcé de les interrompre. Jai l'hunné 
néanmoins, de vous adresser le résultat de deu: 
expériences que j'ai faites, avec Ja description du 
pructdé que j’ai suivi. 

» J'ai fait usage d’une petite cuve à cau en cris- 
tal, à bords bien plans, et d'une piaque préparée à 
la manière de M. Dagnerre, que l'on peut placer ver- 
tüicalement dans la cuve, de manière à ce que sa 
surface soit parallèle à la face antérieure de la cuve. 
Dans les deux expériences, la distance entre la prla- 
que iodurée et cette face a été d'un centimètre. On 
introduit alors dans une chambre obscure un fais- 
ceau de rayens solaires à travers une fente étroite 
pratiquée dans le volet; on réfracte ces rayons à 
travers un prisme de flint bien pur, devant lequel se 
trouve placée une lentille à long foÿer, de façon à 
obtenir un spectre solaire par projection avec toutes 
ses raies, Uue fois ce résultat obtenu, on place 
devant la route du rayon réfracté, la cuve à eau, de 
manière à ce que le spectre se dessine bien borizon- 


F talement avec toutes ses raies sur la plaque iodu- 


rée et de sorte que les rayons vivlets entrent nor- 
malement à la face antérieure de la cuve. On a eu 
soin, avant de commencer l'expérience; de verser 
dans cette cuve de l’eau jusqu'à ve que sonlñivean 
coupe longitudinalement eu deux parties, égales l'i- 
mage du spectre. MA Aer 

-:» Si, au.bout d'une ou deux minutes d'action, on 
enlève la :plaque, en l'exposant à la vapeur mer- 
curielle, on voit l'image du spectre se dessiner de- 
puis la limite du vertet du bleu jusque bien au-delà 
de l'extrème violel; et, comme je Faïdit daus le 
mémoire, célie image a loutes ses raies semblables 
à celles du spectre lumineux pour les portions de 
mème réfrangibilité. Eh bien! on n'appercoit au- 
cune différence bien sensible entre l'image du spce- 
tre sur Ja portion de la plaque qui estrestée dans 
l'air ét celle qui s'est formée sur la portion qui a 


\ 


364 


Sijourné dans l'eau ; les rates de ces deux portions 
de spectre semblent très bien dans le prolongement 
l'une de l'autre, excepté toutefois dans les portions 
extrêmes du spectre chimique,à droite et à gauche, 
où les raies de l'image qui s'est produite dans l'eau 
semblent se resserrer un peu entre clles. Cela me 
paraît devoir être attribué à la réfraction des rayons 
obliques. 

» Ces deux expériences tendent à montrer que la 
nature du milieu dans lequel est plongé la subs 
tance chimiquement impressionnable à Faction des 
rayons solaires, ne modifie pas l’action de ceux-ci, 
de sorte que l'impression du spectre solaire sur cette 
substance présente toujours les mêmes raies et aux 
mêmes places. 

» Lorsque le temps le permettra, je compte re- 
prendre ces expériences, les varier, et parvenir 
peut-être à des résultats plus concluants. 

» J'ai l'honneur d’être, ete. » 

Voilà donc les rayons solaires se comportant exac- 
tement de même dans l'air et dans l'eau. Dans l'air, 
cependant, suivant le système de l'émission, la lu- 
mière se meul beaucoup moins vite que dans l'eau. 
La vitesse esh done ci sans influence, conséquence 
qui, au p:emier aspect, semble en contradiction 
manifeste avec ce que nous avons déduit de la pre- 
mière expérience. Les deux résultats, toutefois, ne 
sont pas inconciliables. Une nouvelle hypothè-e 
peut, ce me semble, les faire concorder, Au reste, 
chacun va en juger : 

La vitesse avec laquelle un rayon Inmineux tra- 
verse un corps donné, dépend exclusivement de la 
réfringence de ce corps et de la vitesse d'émiss'on 
durayon, de la vitesse qu’il avait dans le vide. Le 
rayon qui arrive à la surface de la couche d'icde à 
travers l’eau, possède, au point où il rencontre cette 
surface, une vitesse supérieure à celle qu'avait au 
même point, le rayon qui se mouvait à travers l'air; 
mais dans l’intérieur même de la couche, à une 
profondeur suffisante , les deux rayons ont exacte- 
ment les mêmes vitesses, Faisons dépendre les phé- 


nomènes photogéniques , non d'une action exercée 


à la surface, mais d’une action naissant dans lPinté— 
rieur dela couche, et toute difficulté disparait, Seu- 
lement, chose singulière, nous sommes amenés for- 
cément à établir une distinction essentielle entre 
l'intérieur et la surface d’une couche dent lépais- 
seur est d’une petitesse incroyable 

En envisageant ainsi les phénomènes photogé- 
niques, comme des exemples d’actions moléculaires 
susceptibles d'évaluations précises, tout le monde 
sentira comlyen il scrail intéressant d’intercaler 
des chiffres dans les raisonneiments généraux que 
je viens de présenter. On atteindra ce but en com- 
plétant d'abord les expériences à l'aide desquelles 
M. Damas avait commencé à déterminer l’épais- 
seur de la couche d'’iode sur laquelle se forment les 
imases daguerriennes, d’après les pesées compara- 
üves d'une large plaque argentée avant et après 
son ioduration. On portera ensuite dans l’observa- 
tion des positions relatives des raies obscures tra- 
cées eur la matière impressionnable, toute l'exac= 
Utude possible; même en s’aidant sil le faut du 
microscope; enfin, au lieu de passer, par un saut 
brusque, de l’air à l’eau, on comparera les posi- 


tions relatives des stries produites dans deux milieux’ 


- légèrement différentsen densité ou en refringence. 
Dès à présent, dans le système de l'émission, les 
conséquences suivantes découlent rigoureusement de 
la discussion à laquelle je viens de me livrer : 

Si les effets photogéniques de la lumière solaire 
résultent exclusivement de l’action de rayons ob- 
seurs mêlés aux rayons visibles, marchant comme 
eux et avec des vitesses du même ordre, les spec- 
tres superposés de ces deux espèces de rayons, ont 
leurs solutions de continuité exactement aux mêmes 
places; 

Si les rayons visibles produisent les effets pho- 
togéniques en lotalité ou en partie, cette propriété 
est tellement inhérente à leur vitesse, qu'ils la 
perdent également quand cette vitesse s’accroit et 
quand elle diminue; 

Les effets photogéniques de la lumière solaire, soit 
qu'ils proviennent de rayons visibles où de rayons 
invisibles, ne peuvent pas être attribués à une action 
exercée à la surface de la couche’ impressionnable : 
c'est à l’intérieur de la matière qu'on doit chercher 
le foyer de ce genre d'action. 

Les conclusions précédentes pouront être éten- 
dues quand on connaîtra l'épaisseur de la moindre 
couche d'iode dans laquelle s'engendrent les phéno- 
mènes daguerrieus; quand il sera possible de com- 


365 
parer celte épaisseur à la longueur des accès ou à 
celle des ondes lumineuses. 


PHYSIQUE. 


Travail sur le baromètre présenté par M. de 
Villencuve, ingénieur des mines, à la 
séance du 13 février, de l’Académie des 
sciences. 


Le mercure qui forme l'intérieur du 
baromètre est presque toujours, à une tem- 
pérature notablement différente de celle 
indiquée par le thermomètre, attaché à l’ap- 
pareil. 

Cette différence entraine une erreur de 
plusieurs disièmes de miliimètre dans l'ap- 
préciation de la pression barométriques et 
des inexactitudes plus graves encore dans 
les nivellements faits à l’aide du baro- 
mètre, 

Trouver dans tous les baromètres de 
Gay-Lussac les éléments nécessaires pour 
calculer la température en même temps 
que la pression. Tel est le problème inté- 
ressant que s’est proposé l'auteur du Mé- 
moire et qu'il a résolu avec une grande 
simplicité. 

On n'avait pas jusqu'ici apercu que les 
variations de niveau de la branche infé- 
rieure et de la branche supérieure du ba- 
romètre Gay-Lussac, sont proportionnelles 
à la température du mercure intérieur. 

Il a suffi de mettre ce principe en évi- 
dence pour en conclure que latempérature 
du baromètre est toujours exactement in- 
diquée par la différence de deux nombres 
dont la soume exprime la pression totale: 
de sorte qu’un baromètre de Gay-Lussac 
n'exige que deux observations fondamen- 
tales pour déterminer deux coefficients 
constants, à l’aide desquels on peut com- 
plètement élémirer les observations ther- 
mométriques et mesurer la température 
intérieure avec une rigueur presque abso- 
lue. 6 

De ces principes, l'auteur déduit un 
moyen de. modifier le baromètre de Gay- 
lussac, de.telle sorte que l'on puisse avec 
cet appareil, mesurer la température inté- 
rieure jusqu’à un vingt-cinquième degré 
et pousser même plus loin encore l’exacti- 
tude de l'appréciation du calorique. M. de 
Villeneuve a fait exécuter cette modifica- 
lion et il en annonce le succès. 

En adoptant un ventilateur capable d’ac- 
célérer la mise en équilibre du baromètre 
avec la température de Pair ambiant, 
M. de Villeneuve espère arriver même à 
mesurer la température de l'air avec le 
baromètre, 

L'auteur indique, enfin, un moyen bien 
simple de détruire l’oxide de mercure qui 
rend les observations plus difficiles et moins 
exactes, lorsqu'il s'attache aux parois de la 
branche inférieure de l’appareil, de ma- 
nière À l'obscarcir et à changer la capilla- 
rité. Quelquesgouttes d'huile de nay hte suf- 
fisent pour vivifier le mercure oxidé et 
ramener toutes choses à l'état normal. 

La découverte de M. de Villeneuve per- 
mettra d'obtenir une même pression à l'aide 
de plusieurs chiffres différents, obtenue à 
chaque variation de température, On aura 
ainsi pour chaque pression une moyenne 
déduite de plusieurs observations réguliè- 
rement faites dans un temps très court, la 
mesure des pressions acquerra ainsi une 
précision remarquable. 


— HAE — > 


D 


366 
SCIENCES NATURELLES. 


PHYSIOLOGIE ANTMALE, 


Expériences sur La fécondation ; par. Pou- 
chet. 


Dans un article publié dans l'un dés dér- 
niers numéros de ce journal, M. le docteur 
Constancio signale qu'il serait utile d’en- 
treprendre une série d'expériences, afin de 
déterminer précisément si application im- 
médiate du fluide séminal est indispensable 
à la fécondation. Ce savant distingué-fait 
remarquer que Îles expériences de Blun- 
dell semblent décider la question négative- 
ment. 

Depuis les beaux travaux de Spallanzani 
et de MM. Piévost ct Dumas, comme le 
sent très bien M. Constancio, 1l n'est plus 
possible d'admettre que laura séminalis 
suffit pour opérer la fécondation, aussi ce 
physiologiste se demande si dans les expé- 
ricnces du médecin angiais, le fluide sémi- 
pal n'aurait pu être transmis aux œnfs à 
l’aide de la perméabilité des tissus de nou- 
velle formation. F 

Je pense qu’il aura trouvé une voie plus 
directe, et que probablement. dans les ex- 
périences de Blundell, les orifices béants des 
cordes du lutérus divisées, ne se bouchent 
pas hermétiquement; ces canaux excré- 
teurs sont très larges, et les sécrétions qui 
se font à leur surface interne doivent.en- 
traver jeur obturation complète. 

Du reste, les expériences de Blundell ne 
contrarient nullement Îles bases dela théo- 
rie de la fécondation que je viens de pu- 
blier, et celle-ci, que déjà plusieur: savants 
ont eu la bienveillance de trouver plusræ 
tionnellement établie que les précédentes, 
sera, j'en ai la conviction, tôt ou tard ac- 
ceptée comme positive, parce qu’elle re- 
pose sur l’observation de toute la série ani- 
male, et qu'elle donne, avec la plus grande 
facilité, l'explication de divers phénomènes, 
qu’il était impossible de concevoir, en ae- 
ceptant les hypothèses que l’on à jusqu'à 
ce moment professées. 

Une expérience que j'ai répétée plusieurs 
fois, et que l'on va pouvoir reproduire 
très incessamment, démontre, selon mot, 
jusqu’à l'évidence, que le contact direct du 
fluide séminal est indispensable pour que 
la fécondation s'opère, et que le moindre 
obstacle empêche celle-ci de se produire. 

Ainsi que Spallanzaniet MM. Prévost et 
Damas, je n’ai jamais pu féconder artificiel- 
lement des œufs de grenouille enlevés aux 
ovaires; mais avec la plus grande facilite 
j'ai pu féconder ceux que je prenais dans 
la dilatation de l'oviducte appelée rratrice, 
en ayant la précaution de ne les y enlever 
qu’un temps fort court avant l’époque à la- 
quelle ils allaient être spontanément expui= 
sés par l’animal, et au moment où le male 
était étroitement accouplé avec la fe- 
melle. 

Dans mes expériences, après avoir extrait 
les œufs du ventre d'une grenouille, je les 
étalais dans une cuvette ovalaire à fond 
plan, et qui était placée dans un endroit 


tranquille où elle se trouvait à l'abri de 


toute oscillation. 

. Ces œufs en occupaient entièrement fe 
fond et étaient ensuite recouverts, d'une 
couche d’eau d'environ 40 millimètres J'é- 
paisseur.Aussitètque toutmouvementavaié 
cessé dans le liquide, je laissais tomber à Fa 
surface de celui ci,et dans un seul endroit, 
une certaine quantité de fluide séminal de 
grenouille provenant de la dilactration des 
testicules d’un mèie. 


| 


H 


167 
Pour éviter que la surface du liquide 
#rouvâtle moindre déplacement dela part 
Les causes extérieures, je recouvraisensuite 
t cuvette d’un chassis vitré qui laissait le 
lorique et la lumière parvenir jusqu'aux 
fs. 
- Dans toutes mes expériences, au bout 
jun temps fort court, J'ai constamment 
-ouvé des rudiments de tétards dans les 
Lufs sur lesquels le sperme avait été pro- 
stéret jamais il n’en existait dansles autres. 
| influence ne s’étendait nullementau-delà 
Fe l’espace sur lequel la goutte de fluide 
#minal avait pu s'étaler en tombant; aussi 
ln petit nombre d'œufs se trouvaient seu- 
ement fécondés et donnaient naissance à 
Le jeunes grenouilles, tandis que les autres 
\c détérioraient successivement. 

Lorsque je versais beaucoup de fluide 
|permaüque sur les œufs placés à l’une des 
\xtrémités des cuvettes, celui-ci fécondait 
leulement ceux sur lesquels 11 se trouvait 
lnanifestement étalé, mais jarwais il ne se 
produisait de tétards dans les œufs qui 
!'taient à l’autre extrémité de cs vases, ni 


\néme dans ceux qui existaient à leur partie 
moyenne. 

| Ces expériences ne prouvent «elles pas 
lyue le moindre obstacle, la moindre mem- 
lprane doivent entraver la fécondation? 
|Xertainement oui, puisque malgré les mou- 
vements des zoospermes, malgré la ten- 
lance que les fluides ont pour se mélan- 
ser, et malgré diverses autres causes trop 
‘longues à énumérer, le +perme ne peut 
lème pas étendre son action fécondante 
hax environs du lieu où 1l est versé, lors- 
Hu'on le projete dans un liquide parfai- 
tement immobile. 


224 Ge" 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉCANIQUES. 

MACHINES A VAPEUR. 
Rapport fait par M. Caïla, à la Société d'en- 


couragement,au nom du comité des arts mé- 

cariques, sur plusieurs établissements affec- 
tés à la construction des grandes machines à 
vapeur et des machines locomastives. 


| {Troisième article.) 
(| 
| Etablissement du Creuzot. 
n Les ateliers du Creuzot, département de 
. Saône-et-Loire, après avoir subi plusieurs 
. vicissitudes, sont passés, au mois de janvier 
| 1837; dans les mains de MM. Schneider frè- 
xes, qui annoncent avoir consacré plus d’un 
million à leur développement, afin de les 
|ncttre en état d'exécuter avec économie et 
précision les travaux importants dont ils 
ontété chargés. Il est bien certain que ces 
àteliers peuvent être classés maintenant au 
premier rang parmi ceux parliculièrement 
installés pour la construction des machines 
4rapeur, et ils sont aujourd’hui constitués 
de manière à pouvoir livrer annuellement 
“quatre appareils de 450 chevaux. 
_ _Depus 1837, deux de ces appareils de 
490 chevaux et deux de 220 ont cté expé- 
diés du Creuzot pour les ports militaires de 
Brest, Toulon, etc. 

rois autres appäreils de 450 chevaux et 
un de 220 sont achevés ou en cours de cons- 
truction, aussi pour la marine royale. 

Pour la navigation fluviale, le Creuzot a 
déjà expédié ou livré au commerce : deux 
bateaux.en fer de 100 chevaux et deux de 
80 chevaux chacun, pour le service des 
Voyageurs el des marchandises sur le Rhône: 


; 268 


Rhin : un de 60 chevaux pour la Saône; 
deux de chacun 36 chevaux pour le haut 
Rhône et les lacs de la Suisse (ces deux ba- 
teaux ont, depuis, changé de destination) ; 
et un de 30 chevaux pour le port de Mar- 
scille et le Rhône inférieur, 
Les ateliers contiennent aujourd’hui, en 
cours de construction, deux bateaux de 100 
chevaux pour le Rhône et un remorqueur 
de 60 chevaux pour la Saône. 
C’est done un ensemble de vingt appa- 
reils pour la navigation maritime ou flu- 
viale, produisant une force totale de 3,380 
chevaux. 
Les bateaux à vapeur de 100 chevaux qui 
naviguent sur le Rhône méritent une men- 
tion particulière. 
MM. Bonardet frères, propriétaires de 
ces bateaux, lesont installés en concurrence 
avec quatre autres compagnies montées de 
bateaux et de machines anglaises ; ils ont 
parfaitement soutenu cette lutte ditficile, et 
il paraît que la puissance remarquable des 
bateaux du Creuzot qui remontent d'Avi- 
gnon à Lyon avec un chargement de 400 
tonneaux leur a donné une supériorité com- 
plète sur les bâtiments préexistants, 
La force totale des machines fixes livrées 
par l'établissement, depuis le 1e Janvier 
1837 jusqu’à ce jour, est d’environ 3,600 
chesaux, en y comprenant une machine de 
250 chevaux affectée à l'épuisement d’une 
mine de houille. 
MM. Schnerder ont aussi construit un as- 
sez grand nombre de machines locomotives 
dont voici la nomenclature : 
6à.6 r. p. le ch. de fer.de Versailles (r. d.), 


2 de do de Milan à Monza, 

1 de do de Strasb. à Bâle, 

2 d° do de Versailles (r. g.), 
3 7 #d “d de Valercien. à la f., 
1 de de d'Orléans, 

2à kr. de de Lyon à St.Etien., 
2 à #r. a. tender acco., de St.-Ft, à Roanne, 
2à kr. de S.-E. à Audrezieux. 


Ens. 2{ machines, 


Si nous supposons à 20 chevaux la force 


de chacune de ces machines locomotives, : 


nous trouverons que la quantité totale de 
force motrice représentée par les machines 


à vapeur fournies par le Creuzot, depuis 


1837, est de 7,400 chevaux. 


170 chevaux de machines à vapeur sont 


employés au service des ateliers. 
Cette force se décompose ainsi : 


Deux machines de 24 chevaux chacune 


pour les ateliers d’ajustage; 

Une machine soufflante de 30 chevaux don- 
nant le vent à cinquante feux de forge; 

Uue machine de 12 chevaux pour lesate- 
liers de chaudières ; ë 

Deux machines de 20 chevaux pour deux 
marteaux à cames ; 

Une de 16 chevaux pour un martinet, et 
enfin un marteau à vapeur de construction 
uouveile évalué à une force de 24 che- 
Vaux. 

Les ateliers de construction du Creuzot 
occujent environ 600 ouvriers. 

Les principales machines-outils sont les 
quatre marteaux ci-dessus énoncés, une 
grande machine à planer de 10 mètres, une 
dé 6 mètres. cinq de 2 mètres et au-dessus, 
trois au-dessous de 2 mëtres ; huit alésoirs 
dont un vertical de très grande dimension, 
et des tours et autres outils de diverses es- 
pèces, tels que machines à buriner, à parer, 
à faire les entailles, à percer au forêt ou au 
poinçon ; à fendre les dents des engrena- 
mes. etc. 


369 


.culière du marteau à vapeur récemment 


établi par MM. Schneider, pour l'exécution 
de leurs plus grosses pièces de forge. Cet ap- 
pareil consiste en un bâti en fonte de très 
forte dimension, qui porte à sa partie supé- 
rieure un cylindre vertical; ce cylindre est 
ouvert par le haut ét ne reçoit la vapeur 
qu’au-dessous du piston, au moyen d'un ti- 
roir manœuvré par l’ouvrier chargé de ré- 
gler l'amplitude et la vitesse des coups de 
marteau. La tige du piston traverse le fond 
du cylindre et vient s'attacher au marteau, 
qui est guidé dans sa course par deux glis- 
sières réservées dans le bâti; des corpsélas- 
tiques sont introduits dans les points d’at- 
tache des deux extrémités de cette tige pour 
éviter les ruptures qui résuiteraient néces- 
sairement des chocs du marteau sur l’ou- 
vrage. 

Cet appareil, d’une grande simplicité, 
remplit son but d’une manière extrême- 
ment remarquable. L'emploi de la valeur 
à haute pression permet à l’ouvrier chargé 
de la marche de la machine de multiplier 
les coups autant que l'exige le travaul, et, 
en manœuvrani le tiroir à la main, on s'est 
réservé la facilité de varier la course du 
marteau depuis 39 centimètres jusqu’à 2 
mètres 50 centimètres. 

Du reste, nous aurons occasion de reve- 
nir sur cette machine intéressante, car 
M. Schncider aîné a bien voulu nos en pro- 
mettre le dessin complet et en autoriser la 
publication dansle Bulletin. 

Vous levoyez, messieurs, moins de six an 
nées se sont écoulées depuis que les proprié- 
taires actuels du Creuzot en ont pris la di- 
rection, et déjà cet établissement est cons- 
titué pour livrer à l’industrie et au gouver- 
nement les machines les plus puissantes, et 
pour une valeur annuelle de 3 à 4 millions 
de francs. Nous sommes heureux de cette 
occasion pour rendre homimaye à l'habileté 
et à l’activité de MM. S'cAneïder frères. 


CALLA. 


Nouveau système de chaudières établies 
aux brasseries belges de Louvain. 
Par AIM. La Cambre et Persac, ingénieurs 
à Bruxelles. 


Ces chaudières, quand elles sont destinées 
à la macération des céréales, sont comme 
les chaudières dites & farine pour les bières 
de Louvain, chauffées à la vapeur, et À cet 
effet elles sont munies d’une enveloppe en 
tôle forte fixée à la chaudière au moyende 
boulons etservant à chauffer la chaudière 
par la vapeur. Quand elles doivent servir 
à la cuisson des bières brunes, elles sont 
chauffées à feu nu. 

Ces chaudières, d’une forme cylindrique 
ct termininées par des calottes sphériques, 
peuvent, quoique très légères, être fort so= 
lides et supporter une pression inténeure 
assez forte sans être fatiguées. Elles sont 
entièrement fermées et munies de deux 
grands troug d'homme fermant ñerméti- 
quement au moyeu de couvercles à vis de 
pression, de telle manière que l’on peut faire 


bouillir le moût, le houblon, la farine, etc., 


sous une pression voulue qui, en élevant la 
température au dessus de l’ébullition, aug- 
mente considérablement le pouvoir dissot- 
vant de l’eau. Cette action est encore fava- 
risée par le mouvement de rotation d'un 
moulinet intérieur qui brasse parfaitement 
les matières et les épuise très promptement. 
Ainsi, comme on épuise mieux, et qu'il ne 
veut v avoir dans les principes du houblon 


370 
de matières premières, de temps et de com- 
bustible. 

Mais de tous les avantages, les plus 
gtands saus doute, pour les chaudières de 
macération que nous désignerons sous l’an- 
cien nom vulgaire de chaudières à farine, 
consistent à pouvoir facilement maintenir 
le mélange des matières dans les chaudiè- 
res à une température fixe et déterminée ; 
puis de pouvoir chauffer et refroidir très 
promptement le moût sans détériorer les 
chaudières et surtout sans brûler ni colo- 
rer les matières qui y sont renfermées. Ces 
derniers avantages sont immenses pour les 
bières blanches où l’on macère de grandes 
quantités de froment dans les chaudières à 
farine, comme pour les bières de Louvain 
où l’on emploie jusqu’à 40 pour 100 de la 
quantité de céréales qui entrent dans la fa- 
brication de cette bière. En effet, d’une 
bonne macération dépend un bon épuise- 
ment ; or. eette opération si pénible et si 
difficile dans les anciennes chaudières se 
fait admirablement dans les nouveaux ap- 
pareils ; aussi le rendement est-il considé- 
rablement augmenté.  (Technologiste.) 


METALLURGIE, 


Modifications qui surviennent dans la struc- 
ture du fer après sa fabrication; par 
M. Hood. 


Les deux grandes distinctions que l’on 
fait dans le fer forgé sont le fer fibreux 
malléable à froid, et le fer brillant et cris- 
tallin cassant à froid. Ce dernier se forge 
très bien à chaud, mais devient ‘facile à 
casser lorsqu'il est refroidi, tandis que le 
premier conserve à froid une: force consi- 
dérable. Or, ilexiste, suivant l’auteur, plu- 
sieurs circonstances sous l’inflence des- 
quelles le fer fibreux peut se convertir rapi- 
dement en fer cristallin, changement par 
lequel sa force est diminuée dans une 
énorme proportion. Les principales causes 
qui produisent cette conversion, sont la 
percussion, la chaleur et le magnétisme. 
Chaque fois que le fer est porté à une 
haute température, il éprouve un chan- 
gement dans sa condition électrique et ma- 
gnétique; car, par une forte chaleur, il 
perd entièrement son pouvoir magnétique, 
qu'il reprend ensuite lorsqu'il se refroidit 
* graduellement : dans la trempe, il ÿ a un 
‘effet magnétique et électrique encore plus 
prononcé. Ces résultats ont toutelois peu 
d'importance pratique; mais les effets dela 
percussion sont à la fois variés, étendas et 
- considérables. 

Lorsqu'on procède à la fabrication de 
quelques variétés de fer forgé, on donne 
d'abord au fer la forme convenable par 
l'étirage, puis on chauffe la moitié de la 
barre et on la porte de suite sous le mar- 
teau du martinet, apres quoi, on chautfe 
la seconde portion pour la soumettre de 
même à l’action du marteau. Afin d'éviter 
toute inégalité dans la lame et toute diffé- 
rence de couleur là où les deux opérations 
distinctes se sont terminées, les ouvriers 
donnent souvent quelques coups de mar- 
teau sur la portion qui a été la première 
mise en œuvre; or cette portion a eu le 
temps de se refroidir un peu, et, si ce re- 
froidissement est porté trop loin lorsqu’elle 
recoit ce martelage additionnel, et devient 
immédiatement cristalline et si cassante, 
qu'il suffit quelquefois de la jeter à terre 
pour la briser, quoique tout le reste de la 
barre soit de la plus fibreuse et de la meil- 


371 


leure qualité. 11 faut remarquer que ce 
n'est pas un excès de martelage qui pro- 
duit cet effet, car il suffit seulement de 
trois ou quatre coups si le barreau est de 
petite dimension. La cristallisation du fer 
paraît due ici à l’action combinée de la 
chaleur, de l'électricité et de la percussion. 
Tant que la barre est soumise à l’action du 
marteau, à la température convenable, la 
cristallisation n'a pas lieu; mais, aussitôt 
que la température s’abaisse assez pour 
qu’elle soit affectée par le magnétisme, 
l’effet des coups de marteau tend à pro- 
duire une induction magnétique et la po- 
larité des mol‘cules, qui en est la consé- 
quence, phénomènes qui, favorisés par les 
vibrations caustes par de nourelles per- 
cussions, produisent une structure cristal- 
line 
La fracture des cssieux de voitures vient 
à l'appui de cette opinion. Souvent ils se 
brisent tout à coup, sans cause apparente, 
sous une charge et des chocs plus faibles 
que ceux qu’ils avaient fort bien supportés 
jusqu'alors; néanmoins les effets de ce 
changement moléculaire sont très lents. Il 
en est tout autrement des essieux des voi- 
tures des chemins de fer; {ous ceux qui se 
sont brisés ont été trouvés présenter une 
structure fortement cristalline, et cet effet 
doit se produire avec bien plus de rapidité 
qu’on aurait pu le supposer. Ces essieux 


tournent avec les roues et doivent devenir 


fortement magnétiques par l'influence de 
cette rotation; il est donc essentiel d’éloi- 
gner, pour ces essieux, toutes les causes de 
percussion, et, dans ce but, il faudrait di- 
minuer la rigidité de toutes les parties, de 
manière à les rendre moins dépendantes 
les unes des autres dans les cas si fréquents 
de chocs ou de secousses, 
(Philosophical Mag., août 1842. 


% 


ARTS CHIMIQUES. 


Application des couleurs sur les cristaux 
dans lesquels il entre du plomb ; par 
M. Robert. 


L'auteur est parvenu à combiner les 
éléments connus , soit des fondants , 
soit des oxydes colorants, en telles pro- 
portions, qu'il obtient à la fois colora- 
tion, stabilité, sans porter atteinte aux for- 
mes de la pièce sur laquelle l'application 
des couleurs est exécutée. Pour les matières 
colorants , l'oxyde de cobalt constitue le 
bleu, l’oxyde d'or, les couleurs purpurines, 
l’oxyde de chrome.et de cuivre le vert, le 
chlorure d’argent le jaune et le rouge, 
l’oxyde de fer les bruns, l’oxyde de cobalt, 
de manganèse et de cuivre le noir. Pour les 
fondants, on emploie la silice ; le borax, 
l'oxyde de plomb et les alcalis. 

Fondant n° 1, Une partie de cristal, trois 
de borax, une et demie de minium : faire 
fondre et couler. 

Fondant n° 2. Trois parties de minium, 
une de eristal , une de borax : faire fondre 
et couler. 

Fondant n° 3. Trois parties de minium, 
une de cristal : faire fondre et couler. 

Bleu foncé : Une partie et demie de po- 
tasse blanche , une partie un quart de mi- 
nium, une partie un quart et un huitième 
de borax , une partie et demie de cristal , 
une partie et demie d'oxyde de cobalt : faire 
fondre et couler, 

Vert foncé : Deux parties de minium , 
une de borax, une de cristal, demi-partie 
d'oxyde de cuivre ; faire fondre et couler. 


372 


Vert jaunâtre : Quatre parties et demie 


de vert foncé, un quart d'oxyde de chrome, 
broyés ensemble. 

Carmin : Quatre parties de fondant n°1, 
une partie de précipité de Cassius, une cine 
quantième partie de muriate d'argent, 
broyées ensemble. 

Jaune : Neuf parties d'oxyde de fer, une 
partie de chlorure d'argent, broyées en- 
semble. 

Pourpre : Deux parties et demie de fon- 
dant n° 1 ; une partie de précipité de Cas- 
sius, broyées ensemble. 

Violet : Quatre parties de pourpre, une 
partie de bleu, broyÿées ensemble. 

Rouge : Sept parties de fondant n° 2, une 
partie d’oxyde de fer calciné au rouge, 
broyées ensemble. 

Noir : Une demi-partie de carbonate de 
fer, une demi-partie d'oxyde de cobalt, 


sept parties de fondant 1.0 2; broyées en-" 


semble. 

Brun jaune : Un tiers de partie de car- 
bonate de fer , deux tiers d’oxyde de zine, 
broyées ensemble. 

Brun foncé : Un quart de partie de cax- 
bonate de fer, deux tiers de partie d'oxyde 
de zinc, un huitième de partie d'oxyde de 
cobalt, sept parties de fondant n° 2; frittes 
ensemble. 

Blanc opaque : ‘Trois parties d’émail 
blanc, deux parties de fondant no 2; broyées 
ensemble. 

Le véhicule pour peindre est l’eau, les- 
sence de térébenthine, l'essence de lavande. 

La cuisson des couleurs sur les cristaux 
se fait dans des moufles semblables à ceiles 


qui servent pour euire la porcelaine, ex-. 


cepté que l'emmouflement se fait sur des 
plaques de fer ou de terre cuite. 

L'or, l'argent et le platine s'appliquent 
sur les cristaux également comme sur la 
porcelaine ; le fondant seul est changé. 

Fendant pour l'or, l’argent et le platine : 
Trois parties d'oxyde de bismuth, un quart 
de partie de borax, un huitième de mi- 
nium ; broyés ensemble. 

Il faut mettre, dans chacun des oxydes 
d’or, d'argent et de platine, 1 décigr. pour 
4 gram. de chacun des oxydes. 


Carton imprégné de divers oxydes et «lesti- 
né à remplacer les cuirs à rasoirs; par 
M. Finot. 


La pâte propre à faire un bon papier 
blane, telle qu’elle se prépare dans les pa- 
peteries, exempte de tout mélange de corps 
durs, reçoit les substances aiguisantes avee 


lesquelles on la combine de.la manière sui-u 


vante : 


Prenez de cette pâte sèche dix-huit par-M 


ties : émeri, en poudre fine, trois parties; 
amidon, deux parties. 

On peut substituer à l'émeri un mélange 
À parties égales de protoxyde, deutoxyde ct 
tritoxyde de fer, de deutoxyde d'étain et de 
fer oligiste artificiel , et de ce mélange on 
emploie deux parties seulement. 

Tout ce qui est nécessaire pour l’une cu 
l'autre composition étant pesé en quantité 


proportionnée à l'étendue des feuilles den 


carton qu’on veut obtenir, on le met dans 
un vase avec suffisante quantité d'eau ponm 
former une pâte en consistance de bouijlie/ 
peu épaisse, que l'on rend aussi homogène 


que possible par l'agitation , puis on la 
verse dans une forme semblable à celleskh 


employées dans les papeteries pour faire le 
carton , ayant les dimensions de la plaque 


que l’on desire obtenir, et garnie d'un chàs=|h 


, 


13 


is assez élevé pour contenir tout le liquide; 
Lors on favorise l'écoulement de l’eau, en 
mprimant un léger mouvement horizon- 
jhl par secousses . après quoi on soumet la 
hatière qui reste à l’action de la presse, 
our chasser encore l’eau et donner l’épais- 
Ê et la forme que l’on veut obtenir : 
fela fait, on l’expose pendant deux heures 
F la vapeur de l’eau bouillante et on la fait 
lécher à l’étuve. 
- Quand ona obtenu l’une ou l’autre com- 
sosition, il ne s’agit plus que d’eu coller 
ine de chaque espèce sur un bois et de les 
aisser sécher , de les imprégner de suif à 
aide de la chaleur et de polir les surfaces 
vec de la pierre ponce; alors l'instrument 
sen état de servir. 
Le côté dont l'émeri est la substance 

ictive sert à rétablir le taillant lorsqu'il est 
rop épais, et le côté où sont les oxydes à 
..e polir et à l’entretenir en bon état. 


| 
| 
f 
| 


Al 


ARTS TYPOGRAPHIQUES,. 


Procédé pour obtenir par la pression, sur 
| du cuïtre métallique, des copies de mé- 
| dalles et d’autres objets semblables ; par 
M. Osann. : 


On fait bouillir pendant une demi-heure 
rune dissolution de sulfate de cuivre ; après 
avoir filtré, on fait bouillir de nouveau et 
l'on précipite à chaud par le carbonate de 
*soude versé lentement. On laisse déposer , 
!puis on fave par décantation; on filtre sur 
jun papicr double, eton sèche lentement 
sur du papier joseph ; ensuite on tamise au 
‘travers d'une gaze pour obtenir la poudre 
| la plus fine. 

On place ce carbonate dans un lons tube 
de verre ; et on le réduit par de l'hydr. = 
gèue purifié au moyen d'un pea dacétate 

«de plomb, puis de potasse. On chauffe le 
tube à l'aide d’une lampe qu’on promène 


| 
| 
| 


dessous. Pen.lant la réduction, on remarque 


ssù 


| 


RL, 


_une odeur piquante d'acide suifurenux qui 
provient d'un peu de sulfate qui est resté 
mêlé au carbonate, Ce gaz et l'eau qui se 
dégagent, se rendant au bout du tube le 
plus éloigné , empêchent que la réduction 
ne dorue là une poudre très fine ; on la re- 
tre donc la première, avec un petit cro- 
chet de fer , et on la sépare pour la traiter 
de nouveau. La poudre fine présente l’a- 
grégation de l'éponge de platine, et sa cou- 
leur est le rouge de cuivre clair; on la met 
dans un vase bien fermé. 

. Pour comprimer cette poudre sur la mé- 
daille, on prend un tube de fer blarc du 
diamètre de la médaille et de 4 pouces en- 

. Mixon de hauteur ; après lavoir enveloppé 
de papiers, on y tasse de la poudre de bri- 

Que, puis on met la médaille, et par dessus 
une couche de cuivre réduit, tamisé très 
fin, ensuite de la poudre moins fine jusqu'à 
Ja hauteur de 10 à 12 lignes environ. Après 
avoir tassé doucement avec un cylindre de 
fer massif, qui entre dans le tube, on porte 

le tout sur une enclume, et on frappe au 

- marteau jusqu’à ce qu'on s’aperçoive que 
la poudre ne comprime plus. On fait alors 
sortir le tout en frappant le tube sans l’ap- 
puyer ; la poudre est alors devenue cohé- 
rente et solide, et on la sépare aisément de 
la médaille. 

Il faut enfin chauffer au rouge les copies 
obtenues , afin d'achever Pagglomération. 
Pour éviter l’accès de l’air, on place, dans 
une boîte de cuivre munie d’un couvercle, 


- deux copies l’une sur l’autre et séparées 


par trois petits morceaux de feuilles de cui- 
yre. On luie la boîte avec de l'argile , et on 


374 
chauffe jusqu'au commencement du rouge 
blanc ; on laisse refroidir , et l’empreinte 
est achevée, solide, d’une b2lle couleur 
rouge de cuivre. 


EE 
AGRICULTURE. 


ÉCONOMIE AGRICOLE. 
Engrais liquides. 

Aucun engrais, ainsi que l’a remarqué 
Davy, ne peut être absorbé par les racines 
des plantes sans la présence de l’eau ; l’eau 
entre comme élément dans tous les pro- 
duits de la végétation Cette absolue néces- 
sité de rendre solubles les substances desti - 
nées à activer la végétation n'avait point 
échappé à la sagacité des Égyptiens et des 
Grecs; mais ils avaient trop généralisé les 
conséquences de ce principe, en concluant 
que l’eau était l'agent unique de la vie des 
végétaux. C'était aussi l’opinion de Van 
Helmont, célèbre chimiste hollandais da 
dix-septième siècle. 

Toujours est-il constant qu'une sub- 
stance quelconque, organique, terreuse ou 
saline, destinée à fertiliser le sol, ne peut 
influer sur la végétation que lorsqu'étant 
en état de solution, elle est mise en con- 
tact avec les racines des plantes, dans l'in- 
térieur du sol. Le fumier, les os broyés, 
l'huile, les arêtes de poisson, le plâtre, la 
magnésie, la chaux, la silice et tous les en- 
grais salins, sont dissous de manière ou 
d'autre, avant de pouvoir être absorbés 
par les végétaux. On a souvent renouvelé, 
sans en pouvoir obtenir aucun effet, l’ex- 
périence de plonger les racines des plantes 
dans différentes poudres amenées au plus 
grand état de division que la science puisse 
produire, mais sans aucune humidité. On 


connait les tentatives de Davy au moyen 


de la poudre impalpable de charbon de 
bois ; je puisajouter que-je les ai renouve- 
lées avec la plus constante persévérance, 
en employant une foule de substances di- 
verses, et que les résultats ont toujours été 
négatifs. Néanmoins , l’eau parfaitement 
pure ne suffit point à faire parcourir aux 
plantes le cercle entier de leur végétation. 
Piusieurs plantes bulbeuses ‘et graminées 
ont pu croître, à la vérité, dans ‘l’eau pure 
en apparence; mais l’analÿse démontre 
clairement la présence de matières dans 
l’eau de pluie, même la plus limpide. Lors- 
qu'on aessayé de faire végéter les plantes 
au moyen de l’eau rnmenée par la chimie 
à son plus grand état possible de pureté, 
on n’a jamais réussi à les faire fructifier , ce 
sont des essais que j'ai rénouvélés moi-même 
bien des fois, toujour#sans succès; Hassen- 
fratz, Saussures, et de nos jours le docteur 
Thompson, ont fait de semblables expérien- 
ces avec des résultats identiques. 


D’autres expériences, quej’aisuivies avec : 


le plus grand soin, démontrent que la quan- 
tité de nourriture ou de matière solide ab 
sorbée par les racines des plautes est tou- 


jours en proportion avec la quantité de 


matières étrangères existant dansl’eau dont 
elles ont été nourries. Je citerai celle où 
trois fèves végétérent, l’une dans l’eau dis- 
tillée, l’autre dans du sable arrosé d’eau de 
pluie, et la troisième dans du terreau. Les 
plantes qu’elles produisirent furent seru- 
puleusement analysées; lescendres fournics 
par la coinbustion de chacune d'elles étaient 
dans la proportion suivante : 


Fève venue dans l’eau distillée, 39 
— dans l’eau depluie, 7,5 
— dans le terreau, 42,0 


375 

Des essais réitérés pour faire fructifier 
des végétaux à l’aide de terres pures, arro- 
sées avec de l'eau chimiquement pure, ont 
constamment échoué; ils ont réussi au 
contraire quand j’ai employé une solution 
trouble, véritable engrais liquide. Ces ré- 
sultats s'accordent avec ceux des expérien- 
ces de M. Piobert, Ce savant mélangea de 
la silice, de lalumine, de la chaux et de la 
magnésie, dans les proportions les meilleu- 
res pour former un sol fertile ; il ne put 
réussir à obtenir des fleurs des végétaux ve- 
nus dans ce compost arrosé d’eau chimi- 
quement pure ; les mêmes plantes donnè- 
rent une végétation luxuriante quand il eut 
arrosé Son mélange avec da jus de fumier, 

Les substances abxorbées par les racines 
des plantes sont quelquefois absorbées sans 
altération ; mais souvent aussi, elles sont 
décomposées. Dans la première catégorie se 
rangent les terres, le sulfate de chaux et les 
autres sels; dans la seconde, les huiles et 
toutes les matières purement animales. 

Davy ayant fait croître quelques pieds de 
menthe dans de l'eau surcée, le sucre fut 
absorbé sans altération appréciable, et se re- 
trouva dans l'extractif que fournit la plante 
analysée, 

Un fait positif non moins remarquable, 
c'est la manière dont les végétaux croissant, 
soit dans le sol, soit dans une solution sa- 
line, absorbent ou rejetent différentes sub- 
stances, 

Deux quantités égales de sucre et de 
gomme ont été dissoutes dans deux quan- 
tités égales d'eau pure; les deux solutions 
ont recu deux plantes aussi semblables que 
possible de polygonum persicaria, parvenues 
à leur entier développement; leurs racines 
absorbèrent 36 parties de sucre, et seule- 
ment 26 parties de gomme. La même ex- 
périence fut répétée exactement de la même 
manière en substituant au sucre et à ja 
gomme du sulfate de sodium, du chlorure 
de sodium et de l’acétate de chaux; les ra- 
cines de persicaire absorbèrent avec beau- 
coup de rapidité 6 partics de sulfate de so- 
dium et 10 parties de chlorure de sodium, 
mais elles n’absorbèreut pas un atome d’a- 
cétate de chaux. Ces faits jetent déjà quel- 


-que luinière sur le mode d'action de l’eau 


à l'égard de certains terrains. 

Chaque agriculteur a pour ainsi dire sa 
mauière à lui de concevoir l'influence puis- 
sante des irrigations sur la fécondité du 
sol. Les travaux de Davy montrent com- 
ment une inondation pendant l'hiver pré- 
serve le gazon des prairies contre les effets 
pernicieux de la ge'ée. Ayant expérimenté 
avec son habileté accoutumée dans une 
prairie inondée de Hungerford, dans le 
comté de Berk, le thermomètre indiqua 
pour le sol une température supérieure de 
10 degrés à celle de la surface de l'eau, 
peudant une gelée blincheau mois de mars. 
Il remarqua, en outre, comme un fait con- 
firmé par l'opinion unanime des cultiva- 
teurs, que l’eau qui nourrit le meilleur 
poisson est aussi la meilleure pour l’irriga- 
tion des prairies. 

Telles sont les opinions de Davy sur les 
propriétés fertilisantes de l’eau. Lorsque 
l'on considère avec quelle attention minu- 
tieuse ce savant a pratiqué ses expériences, 
on regrette vivement qu'il n’en ait pas fait 
un plus grand nombre sur les objets qui 
concernent l’agriculture. C’est ainsi qu'a- 
près avoir scrupuleusement analysé l’eau 
de rivière, dans le but de démontrer ses 
avantages pour l'irrigation des prairies, il 
est parvenu à déterminer la valeur de plu- 


ose 


D nn 
Sy 
sieurs des substances qui la troublent. Le 
sulfate de chanx, par exemple, dont la pré- 


sence est constatée dans l'eau de plusieurs 


rivières, doit contribuer puissamment à 
fertiliser les prairies, puisqu'il entre en 
proportion notable dans la composition des 
plantes graminées. En admetlant que l'eau 
contint seulement un deux-millième de son 
poids de sulfate de chaux, et que chaque 
mètre carré absorbât 40 litres d’eau, on 
trouvera que chaque irrigation répandra 
sur le sol plus de 200 Kilogr. de ce sulfate 
par hectare, quantité égale à la dose géné- 
ralement adoptée pour plâtrer le trètle, la 
luzerne etfle sainfoin, de quelque manière 
qu'on l’emploie Appliquons ce calcul aux 
substances organiques tonjours contenues 
en petite quantité dans l'eau des rivières 
débordées; nous trouverons pour chaque 
irrigatiou, en supposant que l’eau contienne 
seulement 2 et demi pour 100 de débris or- 
ganiques, 16,000 kilog. de ces débris par 
hectare; d’où il suit qu'en donnont aux 
prairies cinq irrigations par an, elles re- 
coivent par hectare l'équivalent de 89,000 
kilogr. de matières animales ou végétales, 

M Symons de Sainte-Croix, cultivateur 
des environs de Winchester, regarde les dé- 
pôts que laisse l'eau bourbeuse sur les prai- 
ries comme le premier avantage de ces 
inondations ; il met en seconde ligne leur 
effet protecteur sur le gazon, qu’elles pré- 
servent des variations de la température 
atmosphtrique. Possédant des prairies ar- 
rosables au-dessus et au-dessous de Win- 
chester, sur le cours de la rivière d'Itche, 
M. Symons de Sainte-Croix peut mieux que 
personne apprécier ee que les égouts de 
cette ville ajoutent aux eaux de la rivière 
en propriétés fertilisantes. L'eau déjà em- 
Ployée à des irrigations ne produit presque 
lus d’effet sensible en passant sur d’autres 
prairies, après s être dépouillée de ses prin- 


-cipes fertilisants. Ce fait, si concluant dans 


Ja question qui nous occupe, a été éprouvé 
pendant longues années par cet agronome, 


- qui disposait poursesirrigations d’une bran- 


che de la rivière d’Itche. 

Telles sont les données sur lesquelles re- 
pose l'utilité des engrais liquides. Parmi les 
auteurs modernes qui eu ont recommandé 
lemploi, nous devons citer Evelyn, dont 
les receltes ont souvent été reproduites 
comme nouvelles L'une des plus simples 
consiste dans un mélange d’une partie de 
chlorure de sodium (sel commun) et deux 
parties de chaux. On laisse ces deux sub- 
Stances en tas pendant deux ou trois mois; 
M. Bennet recommande de les brasser trois 
ou quatre fois durant ect intervalle. La dose 
est de 20 à 30 hectolitres par hectare, dé- 
layés dans 59 à 60 hectolitres d’eau, quan- 
tités qui répondert à ce qu'une terre sèche 
peut absorber de liquide; on répand cet 
engrais sur la terre préparée pour recevoir 
ane. semaille de froment, Pour moi, ayant 
appliqué cet engrais à un froment sur trè- 
fe rompu, j'ai obtenu une récolte abon- 
daute en grain lustré et pesant; la paille 
était d’une force et d’une hauteur remar- 
quables. 

C’est cucore à Evelyn qu'on doit les mé- 
langes de fiente de bétail avec l'urine, le 
sel, la chaux ct le nitrate de potasse. 

L'emploi de l’engrais liquide artificiel, 
bien qu’il ne soit pratiqué depuis peu de 
temps en Angleterre, est très répandu sur 
le continent ; les paysanssuisses lé nomment 
.gulle; en France, on le nomme lizier, et en 
Allemaone mist-wasser. Dans la plupart 


371 

Pays-Bas, on le prépareen mélant à cinq‘ou 
six fois leur poids d’eau les excréments du 
bétail recueillis dans des citernes. Les grau- 
des exploitations ont ordinairement cinq 
de ces réservoirs de grandeur uniforme, 
construits pour recevoir l’engrais qui peut 
être produit en une semaine, afin que cha- 
que portion, vidée successivement, ait au 
moins un mois pour fermenter, Au moyen 
d’une pompe portative. on le transvase dans 
des tonneaux ou des baquets couverts. 

Cette méthode est usitée dans le nord de 
l'Italie ; les Chinois la suivent de temps im- 
mémorial. 

Les agronomes allemands s'accordent à 
reconnaître, d’aprèsunelongueexpérience, 
que, de tous les engra's dont ils font usage, 
aucun n égale en puissance fertilisante les 
engrais liquides, et entre ceux-ci l'urine et 
ie sang provenant des boucheries. Il y a 
quelques années, les gouvernements de 
Saxe et de Prusse soumirent au professeur 
Hermbstaed la question de savoir si l'on 
pouvait utiliser fes eaux des égouts de 
Dresde et de Berlin pour féconder les terres 
stériles des environs de ces deux capitales. 
Ce savant agronome fit en conséquence une 
série d'expériences variées et suivies long- 
temps avec persévérance de toutes les ma- 
nières imaginab'es. L'Allemagne a retiré 
pour son agriculture de grands avantages 
dela publicité donnée aux travaux de Herin- 
bstaed. Le profesceur Schübler tes a répé- 
tés avec le même succès; en voici le ré- 
sumé : 

Un sol supposé susceptible de produire 
sans aucun engrais trois fois la semence 
qui lui avait été confiée donnera, pour une 
superficie égale, 

Fumée avec des herbes sèches, du vieux 


foin, des feuilles et d’autres débris pure- 


ment végétaux, 3 fois la sem. 


Par le fumier d’étabie, 7 
Par la colombine, 9 
Par le fumier d’écurie, 10 
Par l'urine humaire, 12 
Par les excréments hu- 
mains, 14 
Par le sang provenant des 
boucheries, 44 


De toutes ces substances employées 
comme engrais, on voit que les plus actives 
sont l'urine humaine ct le sang, engrais li- 
quides. 

Les doses ét la méthode pour répandre 
l’engrais liquide dépendent entiérement et 
de la qualité de cet eugrais et des circon- 


stances où se trouve placé le cultivateur. 


Pour les jardins-et les champs de peu d’é- 
tendue, une pompeportative ou un simple 
arrosoir servent à Île distribuer fort égale- 
ment et aussi promptement que possible 
aux plantes cultivées. Pour les champs plus 
étendus, on peut faire usage du tonneau 
muni d'une traverse percée de trous, tel 
qu'il est employé pour l'arrosage des rues 
et des promenades dans les grandes villes. 
Le meilleur procédé est celuique pratiquent 
les Flamands : leur tonneau d'arrosage, au 
lieu d’une traverse percée de trous que 
l’'engrais tant soit peu épais ne tarderait pas 
à boucher, n’a qu’une seule ouverture, d’où 
le liquide coule sur une pianche pour ar- 
river à terre sous forme d'une nappe parfai- 
tement uniforme. Quelquefois aussi l'en- 
grais est transporté dans des baquets munis 
d'un couvercle mobile, et distribué sur le 
sol à l'aide de l'écope où pelle de batelier, 
Jepuisrecommander comme ayant éprouvé 


constamment lee avantages de cette prati-! 


III 


318 
immédiatement après qu'il est versé sur Ja 
terre. d 

La dépense qu’entraîne cet engrais pour 
un hectare, -en le supposant préparé avec 
des excréments de bêtes à cornes, peut être 
représentée par les chifires suivants : 
Eograis récent de bêtes à 


cornes, 800 kil., 30 fr. »ce. 
Main-d’œuvre pour le mé- 
ler avec 100 ou 120 hec- 
tolitres d’eau, 7 » 
Transport'et répandage, 23 50 
Total 60 50 


Lorsque cet engrais est appliqué sur un 
trèfle rompu pour recevoir une semaille de 
froment, il doit être enfoui très rapidement 
par uu labour, et, autant que possible, par 
un temps humide ou au moins couvert: 
l'engrais liquide étant formé de particules 
très divisées de substances animales ct vé- 
gétales, l'influence de la chaleur ct des 
rayons solaires ne peut que-lui être fort 
préjudiciable. 

La principale puissance fertilisante de 
l'engrais liquide, tel qu'on l’emploie sur le 
continent, doit être attribuée à la présence 
dans cet engrais d'une grande quantité 
d’uriue. Toute urine, dit un chimiste mo- 
derne, contient, à l’état de solution, les 
principes essentiels des végétaux. Les pro- 
priétés fertilisantes de l’urine du bétail, dit 
Burke, sent essentiellement modifiées par 
la nourriture qu'il reçoit : cette urine-est 
meilleure lorsque les animaux sont nourris 
de rutabagas ou navets de Suède, que quand 
ils ne mangent que des turneps; elle ‘est 
eucore meilleure quand ils recoivent des 
graius distillés. 

L'emploi des eaux des égouts des:gran- 
des villes sur les prairics offre de grands 
ayantases comme substance fertilisante : on 
en voit un exemple frappant dans les admi- 
rables récoltes de fourrages que fournis- 
sent les prairies de Craigintinning, près 
d'Edimbourg, qui reçoivent cet engrais tel 
qu'il sort des égouts. 

(Revue sc'entijique .) 


HORTICULTURE. 


Tüilie de formation pour les arbres frut- 
tiers dans les pépinières. 


Si l'on veut donner à un arbre, dès sa 
plus tendre jeunesse, la forme qu'il doit 
conserver® toute sa vie, il faut suivre avec 
beaucoup de soin le développement de la 
greffe sur le sujet. Aussitôt que l'on aper- 
cevra trois yeux Sur la greffe, pour obtenir 
un espalier de quelque nom qu'il soit, on 
pincera l’œil supérieur, les deux yeux res- 
tants formeront les branches mères, On 
peut encore former ainsi, la première an- 
uées, les deux sous-mères pour compléter 
la charpente de l'arbre. 

Pour obtenir une quenouile ou tout 
autre arbre de forme pyramidale destiné à 
supporter la taille, dès que la greffe a 
poussé quatre veux, on pince le premier ; 
les trois resteront, savoir : les deux du bas, 
les branches latérales; et l'œil terminal, 
la flèche ou axe central. En continuant 
cette opération, c’est-à-dire en pinçant une 
seconde fois la flèche, on peutobtenirquatre 
branches latérales dès la première année 
de la greffe. 

Les arbres conduits de cette manière au- 
raient, sur ces traités, suivant le procédé 
ordinaire, deux années d'avance, et en 
outre l'avantage de n'avoir point été mu- 


nbst 
EC ue ee” 


_Qr 
toujours la conséquence de la section opé- 
rée au milieu ou au tiers de la hauteur de: 


la grefie. Si l'arbre, après cette section, ne 
trouve pas un terrain réunissant toutes les 


conditions les plus favorables à son déve- 


loppement, "il languit, devient rachitique, 
et la mort arrive souvent peu après la 


transplantation. Tous ces. inconvénients 


disparaissent par la taille de formation exé- 
cutée dans les pépinières. 

La taille que j'appellerai de continuation 
servirait à perfectionner la première. Le 
ravalement n aurait plus lieu, on taillerait 
seulement sur la pousse de l'année précé- 
dente du jeune arbre; et commeil est nou- 
vellement transplanté, cette taille se tien- 
drait plus courte que si l'arbre avait été 
greffé sur place. Si l’on adoptait la, mé- 
thode que je propose, la taille de forma- 
tion deviendrait tout entière dans les attri- 
butions des pépiniéristes, et la: taille de 
‘continuation dars celles des jardiniers 
chargés des soins à donner aux arbres 


fruitiers. Je puis déjà présenter aux ama- 


teurs d'horticuliure un grand nombre de 
sujets de formes variées sur lesquels j'ai 
appliqué, dans la pépinière du Jardin des 
Plantes, les principes que je vient de déve- 
lopper sur la taille de formation... 


MÉLINE. 


Sur La culture des Gladio'us à l'air libre. 
(Floricuitural ma ;azime.) 


Le gladiolus, ainsi que plusieurs plantes 
bulbeuses du Cap, trop peu cultivées dans 
les jardins, est pourtant d’an bel eflet, et 
sa cuiture n’est pas entourée de difficultés 
télles:>qu'elles ne puissent être facilement 
surmôntées. Comme bien d’autres plantes 
déstinées à lornement des jardins, les gla- 
diolus se cultivent de diverses manières : 
mis en pots durant février etænars , on les 
laisse en orangerie jusqu’à 'ce que la végé- 
tation ait pris son cours; si alors on les 
place sous un châssis tempéré: jusqu'aux 
premiers jours de mai, 1ls donueront des 
fleurs de bonne heure en été; les genres 
les plus délicats, tels que le G. cardinalis 
et ses hybrides, peuvent être traités ainsi 
pour les avancer assez pour les faire fleu- 
rir, On trailera aussi de même les espèces 
plus robustes pour les forcér plus tôt à la 
fleur ; si ces derniers sont plantés en pleine 
terre, vers le milieu d'avril, dans un sol 
préparé exprès, ils produiront de belles et 
pombreuses fleurs de juillet à septembre. 

La préparation du sol est importante; 
cette opération devra être faite dans les 
premiers mois d'hiver , afin que la terre 
puisse recevoir le bienfait du froid. 

Sile sol est trop léger, on y mélera une 


portion de terre forte ; si au contraire, il 


est compacte et d’une nature froide, on en 
Ôtera une partie pour la remplacer par un 
mélunge de sable ordinaire et de terre de 
bruyère bien confondu avec le sol naturel. 
Dans l’un ou l’autre cas le sol sera défoncé 
à 50 centimètres de profoudeur. 

Sur un lit préparé à dessin et bien nivelé, 
on tracera à 30 centimètres de distance 
l’un de l’autre des sillons profondsd’environ 
42 centimètres, au fond desquels on répan- 
dra un peu de sable fin; on y placera en- 
suite les bulbes à 30 centimètres l'une de 


_ Vautre et on les entourera de sable, Dé- 


truire les mauvaises herbes est ensuite la 
seule précaution à prendre, surtout jus- 
qu'à ce que les tiges des fleurs aient atteint 
une certaine hauteur, Lorsque la fleur 
commence à se montrer et si le temps de- 


380. 


vient sec, on les arrosera un peu le soir. 
L'eau séjournant dans les aisselles des feuil- 
les pouvant leur être nuisible, 1l faut pren- 
dre soin de n’arroser que la terre. 

Quaad les feailles sont entièrement des- 
séchées et conséquemment la végétation 
arrêtée , les bulb s seront déterrées, net- 
toyées et séchées au soleil, puis transpor- 
tées à une température sèche et à l'abri 
du froid, jusqu'à la saison nouvelle. Les 
bulbes seront divisées et plantées séparé- 
ment. 

On met les espèces délicates en pot au 
commencement de mars et on les conserve 
en serre tempérée jusqu’au moment de les 
exposer à l’air libre. 

Lorsqu'on veut les élever de graines, on 
sémera en mars en pots dans un mélange 
de terre de bruyère , le terreau végétal et 
de terre sableuse forte ; on les couvrira de 
terre d'environ 12 à 15 millimètres, —Ces 
semis demandent peu d’eau, il faut seule- 
ment prendre soin d’éloigner les limaces. 
Au moment de les transplanter on choi- 
sira une exposition tant soit peu fraîche et 
sèche. (Revue horticole. ) 


ECONOMIE DOMESTIQUE. 


Nouveau procédé pour la salaison des viandes. 
Pair M. Ch. Payne. 


Le procédé que je vais indiquer a pour 
but d’imprégner de sel et de saumure les 
viandes et matières animales qu’on destine 
à la conservation et aux approvisionne- 
ments, en soumettant ces viandes et ces 
matières à la pression, ou simultanément à 
une pxession et à l’action du vide, 

On sait que les maiières animales sont 
remplies dans leurs aréoles d’une quantité 
assez considérab e d’air ou d'un fluide aé- 
riforme répandu dans toute leur masse, On 
comprend aisément que si cet air élait en- 
levé et chas:é, ies sauimures ou les liquides 
pénétreraient plus aisémeut dan: l'intérieur 
des chairs; or, rien n’est plus facile à pro- 
duire que cette exhaustion de l'air en opé- 
rant le vide dans de vase qui renferme les 
matières animales, puis en faisant arriver 
les saumures on dissolulions dans ce vase, 
les y comprimant, les chassant dans toutes 
les cavités précédemment occupées par 
l'air, et les faisant ainsi pénétrer dans toute 
la masse qui doit se trouver ainsi parfaite= 
ment imprégnée et salée. 

La construction des appareils pour effec- 
tuer cette opération est extrêmement sim- 
ple; elle est basée sur le principe de la 
pompe ordinaire employée aux expériences 
preumatiques, avec addition d’une pompe 
foulante pour fournir les liqueurs. 

Le vase ou récipient qui doit contenir les 
matières animales est en fonte ou autre mé- 
tal, et assez fort pour résister à la pression; 
ses dimensions dépendent de la quantité de 
viandes qu'on veut saler en une seule fois, 
Les pièces de viandes qu’il s’agit de prépa- 
rer sont placées ou rangées dans ce réci- 
pient, mais sans le remplir complétement, 
et on s'oppose à ce que les pièces viennent 
flotter sur la saumure par un faux fond 
percé de trous qu’on place et assujettit des- 
sus. 

Le couvercle en est impénétrable à Pair, 
soit par le moyen des boîtes à étoupes, soit 
par d’autres procédés connus; on le place 
sur le vase, ou on l’assujettit par des vis ou 
par tout autre moyen. Le tuyau. d’épuise- 
ment de l’air débouche au sommet ou très 
près du couvercle du récipient, afin d'éviter 
que la saumure passe dans la pompe à air, 


381 


On obtient ensuiteavec celle-ci nn vide aussi 


parfait qu'on peut l'espérer dans la prati- 
que, vide dont le degré est indiqué par un 
manomètre à merçure adaité à l'appareil. 

Lorsqu'on a ainsi fait le vide dans le vase, 
on introduit la saumure par un autre 


tuyau pourvu d’un robinet et qu’on puise 


dans un tonneau ou autre vase qui en et 
plein. On neremplit pas d’abord en entier 
le récipient avec la satmure; on n’en laisse 
arriver que la quantité nécessaire pour l’em- 
plir à moitié, puis on fait de nouveau jouer 
la pompe à air ; cela fait, on livre de noù- 
veau l'accès à cette saumure jusqu'à ce 
qu'elle reconvre entiérement fes viandes 
renfermées dans le récipient. À ce moment 
ou fait encore jouer la ponipe pour enlever 
jusqu'anx. moindres particules d’air qui 
pourraient encore être lozées dans les 
chairs. En cet élat, on peut remplir entrè- 
rement le récipient et faire agir une petite 
pompe foulante semblable à celles dont an 
se sert dans les pompes hydrauliques, jus- 
qu'à ce qu'une soupape de sûreté, chargée 
de 7 à 10 kilog. par centimètre carré, indi- 
que par son soulèvement que cette même 
pression exi-te à l’intérieur; cette pression 
facilite la pénétration de la sanmure dans 
toutes les parties de la masse de la viande. 

L'appareil est alors abandonné pendant 
un temps qui peut varier de quinze minu- 
tes à une heure suivant le volume des mor- 
ceaux de viande ; au bout de ce temps, on 
enlève le couvercle, on retire les viandes, 
et l'opération est terminée. 

On peut aussi, avec la pompe foulante 
seule, saler les viandes avec ces appareils, 
mais j'ai remarqué qu'à l’aide du vide.le 
procédé est. reudu plus certain et plus 
prompt, (Technolosiste,) 


SCIENCES HISTORIQUES. 


SOCIÉTÉ ROVALI D'ARCUÉOLOGIE 
DE COPENHAGUE, 


La Société royale d'archéologie septen- 
trionale de Copenhague, vient de tenir sa 
séance publique annuelle, que S. A. Je 
prince royal, président honoraire de la 
compagoie, à bien voulu présider en per- 
sonne. 

Ce que cette séance à offert de plus in- 
téressant, c'est la présentation de l’expli- 
cation de divers monuments récemment 
découverts en Amérique, et qui semblent 
corroborer l'opinion que cette partie du 
monde a été connue des Européens long- 
temps avant les voyages de Christophe Go. 
lomb. 

Ces monument; sont : 

1. Une pierre en forme de dalie, portant 
une inscription composée de vingt-quatre 
caractères rhuniques, et qui a été décou- 
verte dans la vallée de l'Ohio par M. Na- 
thaniel Schoolseraft, agent du gouverne- 
ment des Etats-Unis , à Machilimakivac, 
ile dans le lac Huron. 

2. Une paire de pincettesen argent mas- 
sif , trouvée dans province de Bahia (Bré- 
sil), par M. Kroyer, naturaliste danois, ins- 
trument exactement pareil à ceux du même 
genre, en bronze, qu’on rencontre si sou- 
vent dans les collines tumulaires des pays 
scandinaves. 

3 Des flèches à bout cordiforme, en 
cristal de roche, et des scies faites avee des 
dents de requin et des fragments de cail- 
loux, découvertes dans la Californie, et qui 
ressemblent sous tous les rapports à celles 
dont se servaient les anciens Groëntamdais. 


, | 


382 


4, Trois vases péruviens fort anciens, et 
dont la forme et, les ornements semblent 

calques sur SEUX des vases étrusques. 

M,le PASteUr, Pontoppidan, qui a été au- 
moner de ES fre égate royale /a Bellone pen- 
dant le dernier voyage autour du monde dé 
ce bâtiment , a annoncé que, sur sa de- 
mande, appuyée par l” archevêque de Bahia, 
don Rodrigue, le gouvernement du Bré- 
sù venat de prendre des mesures pour 
faire explorer le terrain où l’on a trouvé 
tant de ruines qui semblent annoncer qu’il 
y aurait existé anciennement une colonie 
scandinave. Ce terrain est situé dans la 
partie méridionale dela province de Bahia, 
sar la rive gauche du Braço-do-Cinçora, 
au midi de la Sierra-do-Cinçora. 

La société a aussi reçu la nouvelle de la 
découverte des fondements d'une église 
dans le Groënland, de laquelle on n’a eu 
jusqu’ ici aucune on 


j 
 # 
Q 
6h 


ARCHÉOLOGIE. {1 “ 


ZHSVINTQ 
Gditoÿ de Gxidrac. arrondissement ds Seétes; 
(Cherente-Tnf.) 


Commune DE Rioux : Peut:ëfre dé riote, 
riotare, batailler. Le pape Gélase IT, par 
ga bulle de 1119, confirma l'abbaye de 
Noaillé, du Poitou, dans la possession d’une 
foule d’ églises parmi lesquelles on voit figu- 
rer celle de Rioux. 

L'ancien château, souvent restauré, avait 
de profondes douves et un pont-levis, Il est 
saus caractère aujourd’hui. 

L'église de Rioux, sous le vocable de 
Notre-Dañié!, est un vaisseatt fortrémar- 
quable, et'parson étendié, et'par sa belle 
conservation” C’est encore üne des églises 
les plus curieuses de notre département, 
bien que restaurée À plusieurs époques, 
Bâtie à la fin du onzième siècle, Notre- 
Dame de Rioux étale les broderies byzan- 
tines qu'on a prodiguées sur sa façade ou 
sur son abside, et les coupes de pierres en 
feuilles de fougères ou en écailles de pois- 
sons. 


La façade n’a qu’un vaste portail roman 


à voussures en volute couverte de dents de 
sgie et de moulures. Deux énormes arcs- 
boutants, placés dans le quinzième siècle, 
soutiennent ses angles. Une arcature de 
petites fenêtres simulées, étroites et à co- 
lonnettes, marquent la deuxième assise. 


REVUE 


383 


Dans la fenêtre centrale du milieu est un 
mélaillon oblons avec une figure de la 
Vierge. Un évasement de la base du cloe- 


cher © placé, dans. le treizième siècle, :sur, 


cette façade, est percé d’un œil de, bœuf 
garni de dents sur ses bords, et qui se 
trouve ouvert au milieu d’unesurface dont 
les pierres sont placées en échiquier. Deux 
fenêtres à lancettes, du treizième siècle, 
donnent de la lumière au clocher qui est 
carré. Les transepts ont été restaurés. 
L’ab:ide est poligonale. Chaque angle ap- 
puie sur des colonnes grîles, formant 


quatre assises et qui s'élèvent aïusi les unes 


au-dessus des autres jusqu’à l'entäblement. 
Une plate bande coupe au-milieu. le socle. 


de l’abside, construit en pieuresidisposées. 


en feuilles de fougères ou: imbriquées en 
écailles de poissons. Trois fenêtres ouvertes 
à l'extrémité sont petites relativement au 
développement de leur large cintre ro- 
man, et à la profonde voussure qui en ré- 
sulte et que deux grêles colonnes suppor- 
tent aux angles. Des dentelures, des tores, 

des câbles et des rinceaux décorent à pro- 
fusion ces belles fenêtres. Enfin une arca- 
ture romane également surchargée de re- 
liefs, contourne le haut de cette gracieuse 
partie de l'église de Rioux. Un entablement 
soutenu par des modillons surchargés'de 
figures, termine le tout. Proche l'église 
s'élève, sur un socle arrondi de quatre 

marches, une colonne cylindrique, forraée 
de fûts assemblés et inégaux, assez élevé et 
que termine non pas une croix mais une 
sorte de losange en pierre, découpé et 
bordé, où a di exister une inscription où 
peut-être les initiales Nr. Ce fanum ou 


croix pourrait bien être du treizième siècle. 


125 200 vmriLESSON. 
DEL —— 
STATISTIQUE, 


Population de la Belgique. 


Les 86 villes de la Belgique comptent 
une population de 1,006,117 mes; celle 
des. 2,429 unes rurales est de 
3 111,485 âmes; total pourile pays: au 31 
slécemhes 4 BA: 4,147,602, , 

Pendantl'année 1841, il ya eu, re les 
villes, 37,222 naissances, ei 1. 06, 438 dans 
les villages. Le nombre. des:décés a élé de 
30,391 dans les villes, -et de. 12,227 dans 
lés communes rurales. Il .ÿ, a eu. en tout 
28,963 mariages et 22. divotees. j 


384 


Eu Belsique, le nombre des femmes sur+ 
passe uu pèu celui des hommes. Le nom- 
bre des veuves est double environ de celui 
des veufs. Il y a autant d'hommes qui ont, 
moins de 23 ans que d’autres qui ont dé-, 
passé cet âge. La population des femmes 
se que partagée en deux parties égales 
par l’âge de 25 ans. La Belgique renferme 
778, 38 hommes en âge de porter les ar- 
mes (20 à 50 ans). 


jf Le Rédacteur en chef : 
| Be visqune A. DE LAVALETTE, 


a 


La Société d'agriculture et de’botanique de Gand 
vient de décider que. ‘son : deuxième festival quin+ 
quennal aura lieu au mois de mars 4 844; telle a fait 
en conséquence-un appel à tous.ceux, qui,: en, Bel. 
gique-.et, dans les pays voisins, s'occupent de la 
culture des fleurs, afin de les engager. à prendre 
part à ce concours dont les prix seront décernés par 
un jury composé de botanographes et des cultivai 
teurs fleuristes les plus distingués des diverses par- 
ties de l'Europe. 


— Par ordennance du roi rendue sur le rapport 
de M. le ministre de l'instruction publique, M. le 
docteur Pouchet, professeur d'histoire naturelle à 
Rouen, aété nommé chevalier de lordre ua de 
la Légion-d'Honneur. 


2 5 =— . 
BIBLIOGRAPHIE, 


LA BOTANIQUE médicale et populaire , ou Des 
criptiou des plantes utiles au trailement des fièvres 
continues, simpies, fièvres quartes, nee les 
dartres, les hémorroïdes , la jaunisse . Ph dropisie, 
les ere le cancer, Ja colique; cpntehañ l'analyse 
de la maladie, la description dés lplafes © wules et 
leurs verlus, la nature du terrain qu les’produit, la 
saison propice à les récolter, les moyens de des des ! 
sécher, les proportions dé’ leurs réurmons et, leur 
emploi, par Mme Garnier, née Sabatier, codselle 
édition, deux volumes in-18. Prix : 11. .f, chez Le- 
cap'ain, éditeur, rue Racine, et rue de là Harpe, 
82, à Paris. 


DE L’INDUSTRIE CHEVALINE en France, et 
des moyens pratiques d’en assurer la prospérité ; par 
M. le docteur G., Robert. Publié par la Société 
orientale. FD äc Sirifin Didol, à Paris. 


DE L'ART PRAMATIQUE au point de vue de 
la phrénologie : .appréciation de M. Kemble, de 
Mm:s, Adélaïde et Fanny Kemble, lragédiens an- 
plais , sur les bustes de M. Dantan jeune; par 


M. Charles Place. 


eRiGE 


110$ où 


iibhtitse de Berbr and rue e Saint-André des-Arls, 38. 


DC 


SCIENTIFIQUE ET ne mare 


OÙ TRAVAUX DES 


Savants et des Manufacturiers de Ia France, 


de l'Allemagne et de l'Angleterre , 
ce GB W/HETWN MM 


SPÉCIALEMENT CONSACRÉ 


de re MÉRYÉIQUE A LA CHIMIE, A LA PHARMACIE 


ET A L'INDUSTRIE, 


>: PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION 


ae : DU D'OUBSNRYILER, 


DESCRIPFTON ) 12): 
96 L0 D Et 


PAR LOCALITÉS ET TERRAINS DES :POMKPIERS: FOSSIHES DE FRA 


ET DES PAYS ENVIRONNANS j 


Par HARDOUIN MICHBEN, 


membre de la Société géblos gique Rs France, 


Accomp agnée des figures lithographiees par Eudovie Michelin, 


abri icant de produits chimiques et réactifs, Successeur de LÉ -L.Vauquelin, de l'Institut, etc. 
l 


Ce Journal parait tous les mois par cahier de {0 à 12 feuiiles (192 pages). 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de chimie 
et de physique, dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers , 
16 complément indispensable. — Les pérsônnes qui s’abonnent à la Aervre 
Pour deux années à la fois ont droit à l'Aistoire de la chimie de F. Hoëfer, for- 
Man{ deux volumes in-8° de 17 francs. 

Le prix de l'abonnement à la Aevue scientifique est de 20 fr. par année 
#oux Paris, et 25 fr. par Ja poste pour les départements. On s'abonne au 

au de la Revue scientifique, rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans 


vent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l’Æistoire de la 
pui par Ja poste. 


En 20 livraisons de une ou deux feuilles de texte et trois planches, + Prix 
de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage (feuille 10, 
planches 16, 17 et 18 vient de paraifre. 


« Déjà dans l'EcAo nous avons parlé plusieurs fois des ETS ul jg Miche- 
» lin. Lorsque l'ouvrage sera terminé nous en donnerons S QE es une 


» analyse complète, » VONE 
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Paris. — Dimanche, 5 Mars 1843. 
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Q 17 


L'ECHO DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


LL ECHO DU MONDE SAVANT parait le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’ahonne : PARIS, rue des 


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21, et dans les départements chez les prineipaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PARiS pour un an 


trois mois 7.fr..—, DÉPARTEMENTS 30 fr., °6 fr., 8 fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour Iles pays payant port double, — Les souscripteurs 


peuvent recevoir pour CINQ fr. par : an et par. peneil PÉCHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 


410 fr. pris séparément ) et qui forment avec 


PÉCho du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être 


adressé (franco) à M. le vicomte pt DE SLAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant. 


SOMMAIRE. La ACADEMIE DES SCIEN- Mésaor des os. Arésulte des travaux du sa- 


CES: Séauce du 27 février. 1841. — SUIEN- 
CES PHYSIQUES. ASTRONOMIE. De la cons. 
titution physique du soleil; Arago. CHIMIE 
| INORGANIQUE. Réherehes sur fée poids ato- 
| niques dé l'hydrogène et du calcium; Erdmann 
et Marchand. — SCIENCES NATURELLES. 
‘PHYXSIOLOGIE ANIMALE. Sur une ‘altération 
verninense d'un chier, détermince par un grand 
nombre d’hematozoaire du genre filaire: Gruby et 
Delfond. THERAPFUTIQUE. De la flamme à 
petites dimensions employée contre les douleurs, 
la d bilité, la torpeur; L. Gondret. MEDECINE 


| : LEGALE. Sur Pinfanticide. — SCIENCES AP- 


PLIQUÉES. MACHINES À VAPEUR, 4° ariicle; 
Cälla. — AGRICULTURE, HORTICULTURE. 
Observations sur la théorie de V&i-Mons > Loise- 
leur=Deslongchamps. — SCIENCES :HISTO- 
RIQUES. AGADEMIE DES! SCIENCES  MO- 
RALES ET POLITIQUES. Séance du 25 février. 
GEOGRAPHIE. Notice sur le .Yucathan dejuis 
les écrivains espagnolss — FAITS DIVERS. — 
BIBLIOGRAPIISE. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


- Séance du 27 février 1843. 


-M.-Réguault a ouvert la séance par une 
communication impoitante. Ce june et 
savant physicien a fait connaître à l'Aca- 
démie une nouvelle espèce de pile à effet 
constant, due à M. Bunzen , où l'élément 
cuivre est remplacé par du charbon. 
Les effets de cette pile sont vraiment pro- 
digieux, car 40 élémeñts'suffisent pour dé- 
composer l’eau avec umésviteise à laquelle 
vous ne sommes pas babitaés#L eau distil- 
lée elle-même, si difficile à déc“mposer à 
l’aide des piles oi dihar es, voitses deuxélé- 
mentsse séparer facitement sion la soumet 
à l’action de cette nouvelle puissanée "La 


combustion du ‘charbon daus l'oxyeènt se 


produit à l’aide de cet instrumentaveciuñe 
grande facilité et la lumière est: des’ ne 
intenses. 

Le charbon qui, daus cette pile ; rém- 
placeile cuivre, n’est pas du charbon or- 
dingieu à Il est formé: de: la manière sui- 
Faute on fait unélauge pulvér ülent 
de c ÊRE on de houille grasse et de coke ; 
l’on réduit le tout en te qu'on calcive ; 
puis on tourne la mat tRe ct Où lui impri- 
me la forme qu’on désire: eeseylindres ob- 
tenus, on les plonge dans une dissolution 
d'eau sucrée très concentrée et on les cal- 
cine de nouveau. Ils acquièrent alors une 
dureté considérable et sout propres à être 

employés. Cette pile, outre sa grande in- 
tensité, possède plusieurs autres avantages 
qui ne tarderont pas à la faire adopter par 
tout, L'un des principaux, c'est que le zinc 
n'est presque pas détruit par l’exercice de 
ia pile. Or, l’on sait combien cet élément 
s’altère vite dans les piles ordinaires. 

M. Gerdy a lu à l’Académie un mémoire 
Sur les symptômes et La marche de l’inflam- 


vant. professeur de clinique chirurgicale 
que malgréles grandes différences que lor- 
ganisation des os présente au premier abord 
lorsqu on la compare avec celle des parties 
molles, comme ia vaseularisation y est ana- 
logue, cette vascularisation commune ef- 
face et affaiblit considérablement ces diffé- 
rences, Par suite de l’abondance de leurs 
vaisseaux , les os s’enflamment très facile- 
ment et beaucoup plus fréquemment qu’on 
ue. le croit. L:s vaisseaux y prennent ; 
comme dans les parties molles, un déve 
loppement extraordinaire, D’ Fe able 
ruisseaux de sang, qui pénètrent leur sub- 
stance:; comme celle d'une éponge, y por- 
tent avec.la vice, ainsi que dans les parties 
molles, le principal élémentde l'inflanma- 
tion. Le gonflement des os est la suite de 
leur inilammation , comme ia tuméfaction 
des parties molles est l'effet de leur phleg- 
masie. Ils souffrent encore de même que 
les parties molles ; mais, bicn qu'ils souf- 
frent des douleursmorbides ou spontanées, 
ils manquent-de sensibilité physique. 
Comme les parties molles enflamimées, 
ils sécrètent des fluides erganisables sons 


le périoste, dans leurs cavités médullaires 


ou Giploïquesetdans lcur trame intérieure. 
Ils peuvents'ulcérer, suppureret être par- 
tiellemrént frappés de mortparuneinflam- 
mation ciréonférentielleulcérative, Comme 
les parties moiles enflammées; li iischusent 
des symptônres: d'hypérémie et: d’inflame 
mation ‘dans dlesiparties voisines; ls provo- 
quent des symipathies pénibles, douloureu- 
ses ou gravés dans les autres organes et 
dans l’énsenrblétdes fonctions. Mais si lcur 
inflamimatiofitéuit y eamme dans les parties 
molles ; une arctie aigue cu chronique, 
elle en diffère par sa persistance indé finie 
et latente, parrses assbupiséenrunts proon- 
vés qui en: imposer por des: gu érisons 
réelles et par se8réveils tardifs ét inatten- 
dus. Il'en résuliéque, lors même que les 
os sont tellement guéris, on peut conser- 
ver des doute; légitimes sur la solidité et 
sur la consistance de leur guérison. Ainsi 
comparées sous tous les points de vue, sous 
les rapports divers de la vascularisation, 
des altérations matérielles, des symptômes 
iocaux, des symptômes dé voisinage, des 
symptômes généraux, de Ja marche, des 
terminaisons et même des'causes, l’inflam- 
mation des os et l'inflamimation des parties 
molles offrent à l'attention‘de l'observateur 
de frapppantes analogies? mais elles pré- 
sentent aussi de notables différences. Les 
principales se re emarquent dans la persi- 
saance et la j'erpétuité des altérations ma- 
térielles, de la vascularisation morbide des 
os ; daps l’exteusion et la dispersion de ces 
altérations sur plusieurs où sur tous les 
points d'un os primitivement malade sur 
un seul; dans le gonflement qui se mani- 


feste seulement dans certaines circonstan- 
ces ; dans le contraste de douleurs mor- 
bides parfois très vives dans un os qui est 
en même temps profondém-nt insensible 
aux opérations les plus cruelles en appa- 
rence; daus la marche intermittente de 
l’iflammation des os avec exacerbations 
irrégnlhères reparaissant à plusieurs mois ;: 
plusieurs années et même à un grand nom- 
bre d’annéés de distance les unes des autres. 

M. Amussat a envoyé à l’Académne des 
Recherches expérimentales sur la forination 
des Ancorysmes traumatiques. Ce travail 
peut se résumer dans les conclusions sui- 
vaDtes : 

19 La formation de ces anévrysmes n’a 
vait pas été suffisaiment observée. Non 
seulement on ne les avait pas autant étudiés 
que les anévrysmes vrais, Mais encore on 
n'avait pas profité de la possibilité de les 
produire À volonté sur les animaux vivants 
pour les étudier avec plus de facilité ; 

20 On doit rayer de la nomeëñclature des 
anévrysmes. ceux qu'on.appelle faux, pri- 
milifs où diffus, parce que ce ne sont pas 
des auévi'ysmes, mais bien de simples épan- 
chements survenus immédiatement après 
la blessure d’une artère : il n’y a AE _ 
me ue los SRE e, Ja poche est IE mée ; 


D abticns que anévrysmes one £ 
c’est-à-dire artériels peineux ou par ge x 
fusion. M. Amussat n’a pas obtenu un s 
anévrysme artériel simple, c’est-à-dire unë 
poche surajoutée à la blessure d’une artère, 
peut-être parce qu'il n’a pas conservé les 
animaux assez longtemps, 

40 M. Amussat à constaté plusieurs va= 
rictés de l’anévrysme artériel veineux ou 
par trans[usion. 

A. Le latéral simple, qui est établi par 
un trou de communication entre une ar- 
tèrce et une veine accolées ; 

B. Le latéral avec poche anévrysmnale : La 
communication étant établie par le sac en- 
tre l'artère et la veine; 

C. L'anévrysme double , c’est-à-dire, 
qu’une artère ayant été lranspercée , il s’é- 
tablitune poche anévirysmatique d’un côté 
ct de lPautre, une communication RUE 
l’aitère et la veine ; 

D. Le «direct : ie aitère etrune veine 
ayantélé divisées; st 
: L.cÆEnofin, l'auérr ysme direct en eue de- 
Sac: une poche anévrysmale s'étant for- 
mée à l'extrémité du bout cardiaque d'une 
artère et d’une veine entièrement divisés. 

59 Les anévrysmes traumatiques sur 
l’homme doivent êlre étudiés avec beau- 
coup de soin afin de comparer les résultats 
que fournit l'esjèce humaine avec ceux 
obtenus sur les animaux vivants; 

6° Enfin, les conséquences pratiques re- 
latives à l'opération de lanévrysme sont 


388 


les mêmes que celles qui ont été parfaite- 
ment déduites par M. Breschet dans son 
mémoire sur les anévrysmes par transfu» 
sion, observés dans l'espèce humaine. 

MM. Danger et Flaudin ent présenté à 
l'Académie une addition à leur mémoire 
du 13 février, Le mouton qui à survécu à 
la prise de 16 gram. d'acide arsénieux a été 
tué le trente-huitième jour de l’empoison- 
nement. Sa chair ne contenait pas d’arse- 
nic ; six personnes en ont mangé, mônre 
pendant assez longtemps, etaucune d'elles 
da été incommodée. 

Un chien a mangé les viscères des trois 
moutons empoisonnés par l’acide arsénieux 
et il n’a pas succombé. Au bout de six 
jours il a cessé de rendre de l’arsenic dans 
ses urines. Sacrifié le neuvième jour, on 
n’a constaté à l’autopsie que son extrême 
Maigreur. Ses organes internes étaient 
sains, et, par l'analyse chimique, on n°y a 
découvert aucune trace d’arseuic. Cet ani- 
mal s’est done débarrassé du poison ab- 
sorbé beaucoup plus vite que le mouton. 
Ce fait S’explique par les donuées de l’ana- 
tomie comparée. ee 

Un nouvel héliostat, remarquable par 
sa simplicité et par sa manœuvre facile, a 
été présenté à l’Académie par M. Silber- 
mann aîné, préparateur au Conservatoire 
des arts et métiers et à la Faculté des scien- 
ces. Cet instrument . si bien construit par 
M. Soleil, remplacera avantageusement 
l’héliostat de M. Gambet. Du reste, M. Sil- 
bermann a résolu, dans la construction de 
cet appareil, une question importante, c'est 
celle de la modicité du prix. 

L'Académie a reçu une note de M. Faul- 
toy sur un bateau à vapeur à roues à au- 
bes horizontales ét noyées. 

Les roues de ce bateau sont placées dans 
Ja cale et renfermées dans deux tambours 

- circulaires, séparés l’un de lPautre et pre- 
nant le plus exactement possible la forme 
de ces roues, en leur laissant toutefois leur 
iiberlé d’action; leur partie moyenne est 
pleine. 

Les avantages de ce bateau sur ceux ac- 
tuellement employés sont les suivants : 

49 Les voues à aulies motrices, étant au 
dessous de la flottaison , sont à l'abri du 
canon ; 5 

20 Les flancs et le pont du bateau sont 
libres, et par conséquent peuvent avoir une 
suite non interrompue de sabords ; 

30 Dans le roulis le plus fort, les roues 
motrices travaillent aussi utilement que 
lorsque le bateau a la position verticale ; 
ainsi, l'effet des roues et des voiles peut être 
simultané ; 

4° Les aubes ne présentent jamais qu'une 
partie tranchante à la lame et sont ainsi à 
l'abri des coups de vent. 

M. Bravais a présenté à l'Académie un 
long mémoire sur le mouvemeut propre 
du système solaire dans l’espace. Nous re- 
viendrous bicntôtsar cet important travail. 

À cinq heures l'Académie se forme en 
comité secret pour discuter la présentation 
des candidats dans la section de géométrie. 

SCIENCES PHYSIQUES. 
ASTRONOMIE. 
De la constitution physique du Soleil; par 
M. F. Arago. (Extrait.) 


(Premier art:cle.) 


Les anciens ne nous ont rien laissé de 
plausible, ni même de raisonnable à ce 


389 


sujet. Toutes leurs disputes paraissent avoir 
roulé sur cette question : « Le solcikestsil 
un feu pur, où un feu grossier; nn feu qni 
se maintienne de lui-même, ou un feu 
ayaut besoin d'aliment; un feu éternel ou 
un feu susceptible de s’éteindre ? » 
Anaximandre,né à Millet, 610 ans avant 
J.-C., disciple de Thalès et un des chefs 
de la secteionienne, aurait soutenu, s'il fal- 
lait s'en rapporter aveuglément à Plutar- 
que, que le soleil était « un chariot rem- 
pli d'un feu très vif » qui s’'échappait par 


‘une ouverture circule. Mais Diogène 


Laërce se contente d'attribuer à Anaxi- 
mandre l'opinion que le soleil est un feu 
pur. 

Anaxagore, né 900 ans avant J.-C., re- 
gardüit le soleil, encore d’après Plutarque 
et Diogène Laërce, comme « une pierre er- 
flammée, comme un fer chaud. » Cette as- 
similation du feu solaire aux feux terrestres 
était, dans les temps reculés, une idée ex- 
traordinaire. Xénophon, en effet, crut pou- 
voir la tourner en dérision. 

Archelaüs, le dernier philosophe de la 
secte ionienne, disait du soleil : « Gest une 
étoile; seuletnent cette étoile surpasse en 
grandeur toules les autres.» La conjecture 
était très belle; mais puisqu’on ignorait le 
mode d’incandescence des étoiles, la ques- 
tion relative au soleil resta stationnaire. 

Zénon, le fondateur de la secte stoïque , 
composait le suleil d’un feu pur plus grand 
que la terre. 

On prête à Epicure, au philosophe qui 
rendit si célèbre le système des atomes, 
l’opinion que le soleil S'allumait le matin et 
s'éteignait le soir dans les eaux de l'Océan. 
Selon Plutarque, les idées d'Epicure au- 
raient (té un peu moins étranges. Il aurait 
fait du soleil « une masse terrestre, percée 
à jour comme les pierres ponces, et en état 
d’incandescence. » Mais, pourquoi percée 
à jour? On ne sait; c’est à s’y perdre vrai- 
ment. 

La découverte des lunettes, celle des ta- 
ches qui en fut la conséquence, vont main- 
tevant nous conduire, continue M. Araco, 
à des choses plus substantielles. 

Après avoir remarqué combien lestaches 
solaires changent rapidement de figures, 
Galilée fut naturellement conduit à sup- 
poser qu'il existe autour du soleil un fluide 
subtil, élastique. Les taches , à raison de 
leur imparfaite obscurité, furent assimilées 
à nos nuages. « Si la terre, dit l'illustre 
philosophe, était lumineuse par elle-même, 
et qu'on l’examinit de loin , elle offrirait 
les mêmes apparences que le soleil. Suivant 
que telle ou telle région se trouverait der- 
rière un nuage, On apercevrait des taches, 
tantôt dans une portion du disque appa- 
rent, tantôt dans une portion différente ; 
la plus ou moins grande opacité du nuage 
amènerait un affaiblissement plusou moins 
grand de la lumière terrestre. À certaines 
époques il y aurait peu de taches ; ensuite 
on pourrait en voir beaucoup; ici elles 
s’étendraient, ailleurs elles se rétréciraient; 
ces taches parliciperaient au mouvement 
de rotation -de la lerre, en supposant que 
notre globe ne fût pas fixe; et comme elles 
auraient une profondeur très petite com- 
parativement à leur largeur, dès qu'eiles 
s’approcheraient des limites, leur diamètre 
s'amoindrirait notablement. » 

Scheiner entourait le soleil s d'un océan 
de feu, » ayant ses mouvements tumul- 
tueux, ses abimes, ses écueils, ses brisants. 
Hévélius ÿ ajoutait « une atmosphère » su- 
jette à des générations , à des corruptions 


390 


semblables à celles que l'atmosphère ter- 
restre nous offre. 

. Huygens nevoyaitque déux suppositions, 
possibles touchant la näture de la pætion « 


| incandescentedutsoleil;it ne devait y avoir, 


d'après lui, d'incertitude que sur la ques- 
tion de savoir « si l’astre est solide ou li- 
quide. » Ov, il se montrait très disposé à 


. admettre « que le soleil est.lijuide, ». 


Suivant La Hire, le soleil est. «une masse 
fluide dans laquelle nagent des corps ob- 


* settrs.!» Ordinairement ces eorps sont en- 


titrement plongés; quelquefois is viennent 


| à Ja surface ; le fluide extérieur, en re- 


tournant autour du centre de l’astre, les 


: entraîne avec lui. 


En rendant: compte de cette-cxplication, 
Fontenelle échappait aux énfovncements et 


. surgissements successifs, à ces mouvements 


mystérieux des corps vbscurs, à l’aide d’une 
remarque.qne nous retrouverons bientôt 
sous un autre nom. Au lieu de corps flots 
tants, Fontenèlle prenait un noyau solide 
et noir adhérent au globe : « Ce sera la 
même chose, ajoutaitil, si l'on veut que ce 
liquide ait uu mouvement par lequel tan- 
tôt il couvre entièrement la grande masse 
solide, tantôt il la laisse plus ou moins dé- 
couverte. » 

Voici une explication, dit M. Arago, que 
je me garderais bien de rappeler, si Gas- 
coigne , son auteur, n'était pas un astro- 
nome de grande réputation. Gascoigne sup- 
pose qu'il y a, au tour du soleil, « un grand 
nombre de corps presque diaphanes, » qui 
circulent dans des cercles de diamètres dif- 
férents, mais dont aucun ne s'éloigne ce- 
pendant de la surface solaire de plus du 
dixième du rayon de l’astre. Les vitesses de 
ces divers corps doivent être inégales et 
d'autant plus grandes que leurs sorbitres 
ont de moindres dimensions. De tels corps 
sont alors fort souvent en conjonction, et 
c’est la conjonction qui fait apparaître une 
unetache ; un seul corps n’affaiblit pas suf- 
fisamment la lunuère pour que l'œil puisse 
rien voir desombre sur le soleil, tandis que 
deux, que trois, ou qu’un plus grand nom- 
bre de ces carps superposés doivent pro- : 
duire toutes les nuances d’obscurité que les 
taches solaires ont offertes aux observa- 
teurs. Crabtrée, qui a combattu cette ri= 
dicule opinion dans une lettre adressée à 
Gascoigne lui-même, fait remarquer que; 
daos cette hypothèse, les taches change- 
raieut continuellement de formes ; comme 
change une volée d'oiseaux, et qu’elles au- 
raient.les vitesses les plus inégaies. 

Derham imaginait que les taches solaires 
sont toujours « les effets de quelques érup- 
tions volcaniques. » Les fumées, les scories 
projetées constituaient, suivant lui, la ta= 
che noire. L'apparition plus tardiverrdes 
flammes et des laves incandescentes:,:don= 
pait naissance aux facules ou taches bril- 
lantes. Mais, fait observer le savant astro- 
nome auquel nous empruntons ces détails, 
lé système, au moins, quant à l'explication 
des facules : est renversé d’un seul mot, 
car les facules ou taches lumineuses se mon- 
trent bien souvent avant les taches noires. 

Au nombre de ceux qui ont regardé les 
taches comme des cratères de volcans , il 
faut ranger le célèbre physicien F. Wollas= 
ton. Une condition, indispensable suivant 
lui, était que ces cratères devaient se trou 
ver, à une grande hauteur, sur des som= 
mités de montagnes. 

Maupertuis croyaitii vraiment donner 
une théorie satisfaisante des taches solaires, 
en disant à peu près comme La Hire : « Ce 


LL 


bnt des corps qui nagent dans un fluide 
»mcandescent), qui en paraissent les écu- 
nes , ou qui s’y consument » A, Arago 
“mande alors d'où viennent ées corps..el 
onrquoi ils sont entourés de pénombres ? 
omment il se fait qu'il existe des rapports 
e position entre eux et les facule. ? et s'é- 
ronne, avec raison, que Maupeituis n’ait 
has prévu une seule de ces ob;ections,. 
Développant lapensée deFontenelle, que 
ljeusavons rapportée plus hant, De Lalande 
idmit que « la matière luminease dont le 
roleil est entouré, éprouve ‘un {lux et un 
ceflux, » qui alternativement recouvre où 
paie émerger d'énormes pointes de ro- 
‘hers. Dans cette hypothèse , il serait ex- 
irêémement difficile de seendre compte des 
rariétés de lumière des pénombres et des 
hénomènes que présente la division des 
:aowaux, Maisles systèmes, que nous allons 
lxatminer maintenant, vont mous fournir 
Hles' explications beaucoup plus complètes 
‘et beaucoup mieux en rapport avec les ob- 
parnoes 

| 


| CHIMIE INORGANIQUE. 


\Recherches sur les poids atomiques de l’hy- 
| drogène et du calcium; par MM. O.-L. 
- Erdmann et R.-F. Marchand. 


| Chaque jour l’histoire des équivalents 


} chimiques prend un nouvel intérêt et oc- 
| cupe une plus large place dans le domaine 
t des sciences physiques. Les belles analyses 
de M. Dumas ont déjà apporté d’heureuses 
| modifications dans cette partie de la chi- 
mie. Cette année, M. Pelouse l'a traitée, 
| dans ses leçons, avee tout le développement 
|qu'elle mérite, et quoique le sayant pro- 
fesseur du «collége de France n'entre pas 

toujours dans les idées de la Sorbonne, on 
‘ue peut mécounaître le talent qu’il a dé- 
| xeloppé en exposant à ses auditeurs les 

longues théories, les:curieuses expériences 
| qui servent de base aux équivalents chi- 
miques. De cette lutte des intelligences sor- 


tront des faits nouveaux et quelques obser- 


yatioens non coordonnées eucore viendront 
se réunir et formeront :uw ensemble im- 
posant. C’est dans le but de hàter ce pro- 
grès quenous publions aujourd hui l'extrait 
d’un travail inséré dans la Revue scienti- 
fique et ayant pour ‘objet la détermination 
| des-équivalents de l'hydrogène et du cal- 
| cium. Ce travail dû à deux Allemands ne 
manque pas d'interêt, et la précision:avec 
laquelle il est fait prouve beaucoup en fa- 
reur de l'exactitude des résultats. 
Hydrogène.—Nous avons cherché à dé- 
terminer la composition de l'eau par le pro- 
cédéemployé naguère par M. Berzélius, et 


| 


useduantité pésée d’oxide de cuivre dans 


| 
1] 
| 
| 
| 
| récémment par M. Dumas, en calcinant 
| 


| 
| 
| 
| 
| 


| 


un courant de gaz hydrogène et en pesant 
l'eau produite. Le poids de celle-ci, com- 
paré avec la perte éprouvéé par l’oxide de 
cuivre, donne la quantité de l'hydrogène 
contenu dans l’eau. 

L'hydrogène fut dégagé par un mélange 
de zine, d'acide sulfurique et d’eau. Le zinc 
provenait de la fabrique de Schæœnebeck, 
et ne renfermait qu'un peu de plomb et 
d'étain, avec de très faibles traces de char- 
Lon et de fer: il était exempt d’arsenic et 
soufre. L’acide sulfurique ne renfermait 
que des traces de fer; l’eau fut préaltable- 
ment bouillie avant d'être versée dans le 
ballon. Le vase de Gégagement Ctait un 
ballon en verre, muni de tube de sûreté et 
de tube de conduite. 0e 


392 

Le gaz traversa d'abord uvre série de fla- 
cons de Woulf, dont le premier renfermait 
une solution de potasse concentrée, le se- 
cond une so ution de perchlorure de mer- 
cure, Île troisième de Pacide sulfurique 
concentré; de cette manière il se dépouil- 
lait d'hydrogène sulfuré ou arsénié, ainsi 
que de la plus grande partie de la vapeur 
aqueuse. 

Ea sortant du troisième flacon, le gaz se 
rendit dans un large tube rempli de chlo- 
rure de calcium, et de là dans un tube 
métallique à trois branches, muni d’un ro- 
binet, iei que nous l’'employons daus les dé- 
terminations d'azote. (Journal f, prait. 
Chem, x1v, 214.) 

La branche fxée latéralementétait adap- 
tée au moyen d’un ajutage en caoutchouc 
à un tube long de 30 pouces, et plongeait 
dans du mercure, de facon que le gaz, 
après la fermeture du robinet, était forcé 
de traverser le mercure, tandis quil s’é- 
chappait par le grand tube ouvert lorsque 
le robinet lui-même était ouvert. 

Le gaz bien desséché se rendait du grand 
tube dans un large tube, long de trois pieds, 
recourbé en U, et rempli de potasse caus- 
tique, fondue et concassée; nous nous 
sommes assurés directement, au moyen de 
fragments de chlorure de calcium pesés, 
que Île gaz sortait parfaitement desséché 
lors même que le courant était un peu ra- 
pide. 

Du tube à potasse le gaz arrivait dans 
l'appareil destiné à la réduction de l’oxide 
de cuivre. 

Celui-ci était logé dans ées tubes longs 
de 3 172 pieds, et larges de 1 à 1 172 pouce, 
qui du côté de l'appareil à hydrogène 
étaient rétrécis de manière à permettre d’y 
introduire l'oxide, tandis que l’autre bout 
était effilé en une pointe recourbée en col 
de cygne, pour laisser échapper l’eau. 

Les tubes à réduction furent d’abord 
desséchés an moyen de la pompe, remplis 
d’air et pesés à une température définie. 

L'oxide de cuivre employé provenait 
soit de la calcination du nitcate, soit de 
cuivre grillé tel que le fouruit lecommerce, 
renfermant un peu de protoxside et d’une 
densité de 6,04. 

Pour remplir le tube, on enfonça d’abord 
dans l'extrémité munie de la pointe, un 
écheveau de tournure de cuivre, afin d'em- 
pêcher que Poxide ne glissàt dans le col, 
puis on y mit l’oxide en le tassant assez 
pour permettre au gaz de circuler libre- 
ment. Le tube rempli fut ensuite couché 
dans un autre tube de clinquant très fort 
et garni intérieurement de magnésie, de 
manière à empêcher tout contact du verre 
avec la cendre et la braise; on adapta à une 
de ses extrémités un long tube rempli de 
fragments de potasse et on le chauffa au 
rouge faible, tandis qu’on faisait passer de 
l'air par l’autre bout au moyen d’une 
pompe à main. Quelquefois on déterminait 
ce courant d'air au moyen d’un gazomètre. 
Le tube bien calciné et refroidi dans le cou- 
rant d'air sec fut pesé ensuite à la même 
température que le tube vidé, afin d’avoir 
ainsi la quantité de l’oxide qu'il conte- 
nait. 

On adapta au col du tube pesé et recou- 
ché daus le clinquant placé dans le four- 
neau, l'appareil destiné à recueillir Peau. 
Cet appareil se composa € d'un ballon à 
deux cols de verre mince, et pourvu, au 
moyen d'ajutages de caoutchouc, de deux 
tubes remplis de chlorure de cacium. Le 
premier de ces tubes, immédiatement fixé 


393 


au ballon, était muni d’une boule égale- 
ment remplie de fragments de chlorure ; 
l’autre, pesé separément avant.et.après l’ex- 
périence, ne présentait aucune. différence 
de poids. Ce second tube était en commu- 
nication avec un troisième chargé de mor- 
ceaux de potasse, afin d'empêcher Pin- 
fluence de l'air extérieur, et celui-ci enfin 
était fixé à une pompe à main. A l’aide 
d’un tube horizontal adapté à la partie in- 
férieure de cette dernière et communiquant 
avec un autre tube plongeant dans le mer- 
cure, le gaz pouvait s'échapper lorsque le 
robinet était ouvert, tandis qu’on pouvait 
faire le vide dans l’appareil, cnfermant ce 
robinet ainsi que celui qui était placé der- 
rière le tube à réduction. 

Voilà, d'une manière générale, comment 
notre appareil était monté dans les trois 
premières expériences; cette construction 
fut légérement modifiée dans les autres. 
Ainsi, pour év ter l'influence fâcheuse de 
la petite quantité d’oxigène qui aurait pu 
être dissoute dans l'acide sulfurique versé 
successivement dansle ballon à dégagement, 
nous adaptâmes, dans les cinq dernières 
expériences, entre les flacons de Woulf'et le 
tube à chlorure de calcium, un tube rem- 
pli de cuivre bien äivisé, que l’on mainte- 
pait au rouge pendant toute la durée de 
l'opération. Cette précaution parait avoir 
été favorable à l’exactitude des dernières 
expériences. 

Ensuite, dans quelques cas, on fit le vide 
dans les tubes remplis d'oxide de cuivre, et 
on les pesa ainsi, après les avoirmunis d’un 
pelit robinet fixé à l’un des bouts et les 
avoir scellés à la lampe à l’alçool. Une pesée 
semblable fut faite après la réduction. Dans 
les quatre premières expériences, où cette 
précaution n'avait pas élé prise, nous avons 
dit faire une légère correction, relative- 
ment à la condensation inégale qu'éprouve 
l'air atmosphtrique dans l’oxide de cuivre 
et dans le. cuivre métailique très divisé. 
Voici les faits sur lesquels on s’est basé dans 
ces corr. ctions: - 

Uu tube d’une capacité connue fut rem- 
pli de cuivre grillé ou de metal obtenu 
par la réduction de celui-ci; après l'avoir 
pesé, on en déduisit, à l'aide de la densité 


- de l’oxide (6,10)ou de celle du métal (8,94), 


le volume de l'air contenu encore dans le 
tube; puis l'on fit passer, pendant 12 ou 
15 heures, un courant d’acide carbonique 
chimiquement pur, et l’on recueillit le gaz 
dans de la potasse préalablement bouillie 
et placée sur du mercure également bouilli, 
de sorte que la potasse absorba l'acide car- 
boniqne, tandis que l'air expulsé restait 
sans se dissoudre. 

La moyenne de trois expériences, non 
entièrement concordantes, il estvrai, donna 
pour 100 pr. d oxide(cuivre grillé),5,5c.e., 
pour 100 gr, de cuivre réduit, 16,0 c. ce, 
d'air condensé. On a régligé dans ces expé- 
riences d'observer le thermomètre et le 
baromètre, les résultats n'étant pour cela 
pas assez rigoureux. Toutefois nous avons 
cru devoir les employer pour notre cor- 
rection, plutôt que de la négliger entière- 
ment. 

Dans ces expériences, l’air était main- 
tenu à l’état sec, au muyen de chaux caus- 
tique et de carbonate de potasse calciné, 
disposé dans des capsules. Les pesées se 
faisaient entre 12 et 15'; avant de les exé- 
cuter, on maintenait les apparails dans fa 
cage sèche, jusqn'à ce qu'ils eussent à peu 
près acquis la température de la balance. 

Les valeurs obtenues pour l’eau, l'oxide 


394 

de cuivre et le cuivre réduit, furent corri- 
gées sur la pesée dans le vide, lorsque 
celle-ci n'avait pas été faite sur des tubes 
préalablement vidés d'air, 

Après avoir décrit les appareils, nous 
n'avons besoin que d’ajouter encore les ex- 
plications suivantes : 

Lersque le ballon destiné an dégagement 
de lhydrogène eut été entièrement rempli 
d’eau bouillie et que le zinc y eut été intro: 
duit, ainsi qu’un peu d’acide, on y placa 
un bouchon qu'on luta de telle manière 
qu’une partie du liquide était obligée de 
s'échapper par le tube de sûreté; puis on 
mit ce ballon en communication avec les 
autres appareils et l’on fit passer de l’hy- 
drogène pendant quelqnes heures pour en 
chasser tout l'air atmosphérique. Pour y 
arriver encore plus sûrement, on ferma de 
temps à autre le robinet placé entre le tube 
de dégagement et le tuhe à réduction, et 
l’on pompa l'air. L'appareil ayant été en- 
tièrement rempli d'hydrogène, on entoura 
le tube à réduction decharbonincandescent 
et on le chauffa jusqu’au rouge faible, de 
manière à déterminer la formation de l’eau. 
On n’éleva pas trop la température, pas 
même versla fin dela réduction, afin de ne 
pas mettre les tubes en péril et de les em- 
pêcher de se ramollir et d’adhérer. Dès que 
l'opération cessa, ce qui s’effectuait dans 
nos plus grandes expériences déjà au bout 
de cinq ou six heures, on éloigna ies char- 
bons, et on laissa refroidir l'appareil en y 
faissant constamment passer de l’hydro- 
gène. [’appareil étant refroidi, on en sépara 
le ballon à dégagement, et l'on y fit passer 
doucement de l'air atmosphérique au 
moyen de la pompe adaptée à l’autre bout; 
on ferma le robinet, on fit le vide dans l’ap- 
pareil, on remplit de nouveau avec de l'air 
sec, et l'on continua ainsi alternativement 
jusqu’à ce que tout l’hydrogène fàt expulsé. 
Enfin on scella la pointe du tube à réduc- 
tion, et on procéda aux pesées en observant 
les précautions indiquées. 

Ce qui prouve que notre gaz hydrogène 
était bien pur, c'est que les réactifs placés 
dans les tubes laveurs n’éprouvaient aucune 
altération sensible, notamment la solution 
de perchlorure de mercure. Malgré cela, 
le gaz, tel qu'il se développait du mélange, 
possédait une légère odeur; mais il était 
parfaitement inodore au sortir des appa- 
reils. Enfin, pour plus de précaution en- 
core, nous avons examiné avec soin l'eau 
employée : elle était parfaitement pure, 
surtout exempte d'acide carbonique, de 
sorte que l'eau de baryte ne la troubla au- 
cunement. 

Nous avons fait huit expériences, dans 
lesquelles nous avons obtenu environ 500 
gr. d’eau. 

La moyenne arithmétique de ces huit 
expériences donne pour : 

L’équivalent de l'hydrogène 12 520 

_— de l'eau 412,520 

Mais si l’on range ces expériences en 
deax séries, comprenant, l'une les 4 pre- 
mières, et l’autre les 4 dernières expé- 
riences où les pesées de l’oxide et du cuivre 
réduit ont été faites dans le vide, et qui, 
en général ont été exécutées d’après une 
méthode un peu modifiée, on obtient : 

Pour la première moyenne 12,548 

Pour {a deuxième moyenne 12,492 

En calculant d’après cela, au moyen de 
la méthode des plus petits carrés, l’équi- 
valent le plus probable de l'hydrogène, on 
obtient, pour la première strie, l'erreur 
moyenne des observations étant 0,03239 


395 


(E°), l'errear probable étant 0,02184 (r), 
avec Pincertitude probable de 0 01664 à 
0,02704, et l'erreur probable de la moyenne 
arithmétique=0,01092, le nombre 112,548 
“O0 

La série 2 donne E*, — 0,00819, r — 
0,00476. L'erreur probable de la moyenne 
arithmétique = 0,00238, avec une incerti- 
tude probable de 0,0059 à 0,0037. Donc 
l'éjuivalent de Peau — 112,499 + 0,0024. 

Si nous faisons centrer dans ces calculs 
les nombres obtenus par M. Dumas, ils 
donnent une moyenne arithmétique de 
112,515,E° = 0,038,r = 0,02078, avec une 
incertitude probable de 0,0230 à 0 0186. 
Donc l'équivalent de Peau — 112,515 + 
0,0050. 

D'après cela, ces équivalents seraient : 
112,548 %°0:0109,r— 0:0218 
112,492 + 0,0024, r = 0,0048 
412,515 + 0,0050, r = 0,0208 

L’équivalent le plus probable qui résulte 
de ces nombres est 112,498, avec une in- 
certitude probable de + 0,092. 

Mais si l’on prend directement de tous 
les nombres obtenus la véritable moyenne 
arithmétique 
4. 112,5485 + 4, 112,4918 + 19. 112,515 

4 + 4 + 19. 

on obtient 112,516 avec une erreur pro- 
bable de 0,004. En calculant la composi- 
tion de l’eau d’après le nombre probable 
112,498, on obtient le rapport de l’oxygène 
à l’hydrogène comme 8,00000 : 0,99984, et 
celui de Fhydrogène à l’oxigène comme 1 : 
80012,en centièmes 88,8903: 11,1097. Mais 
la nature même des expériences peut occa- 
sionner des erreurs que ne permettent pas 
de déterminer les quantités d’cau obtenues 
jusqu'aux limites de l'erreur probable de 
0,002; nous whésitons done pas à ad- 
meltre le rapport simple de 1 : 8 comme 
le véritable, ‘en attribuant les légères dif- 
férences aux erreurs cominises dans les 
expériences. Cela posé, l’équivalent de l'hy- 
drogène sera 12,5 et son atome 6,25. 


= — JE — 
SCIENCES NATURELLES, 
PHYSIOLOGIE ANIMALE. 


Note sur une aliératio nvermineuse du sang 
d'un chien, détermince par un grand 
nombre d’hematozoaire du genre Filaire: 
par MM. Gruby et Delafond. 


« Les physiologistes et les anatomistes 
ont depuis longtemps constaté la présence 
de certains entozoaires dans le liquide nour- 
ricier des animaux à sang froid comme les 
grenouilles et les poissons, Dans les mam- 
mifères, on à même trouvé quelquefois des 
vers dans le sang ; mais ces vers n’y étaient 
probablement parvenus qu'après avoir per- 
foré les organes oüils s'étaient développés. 
1! est d’une haute importance, pour la phy- 
siologie, la pathologie et l’histoire naturelle, 
de démontrer, non seulement l'existence 
de vers entozoaires dans le sang, mais en- 
core de prouver leur circulation constante 
dans ce fluide, chez les animaux qui se rap- 
prochent del’homme. Or, comme lascience 
ne possède encore aujourd'hui aucun exem- 
ple démontrant d'une manière absolue la 
circulation de vers dans le sang des mam- 
mifères. On apprendra avec intérêt la dé- 
couverte que nous avons faite d’entozoaires 
circulant dans le sang d’un chien d'une vi- 
goureuse constitution, et dans un état ap- 
parent de bonne santé. 


396 

» Ces vers ont un diamètre de 0m",003 
à 0w%,005 et une longueur de 0"",25. Le 
corps est transparent et incolore. L''extré- 
mité antérieure est obtuse et l'extrémité 
postérieure ou caudale se termine par un 
filament très mince. A la partie antérieure, 
on observe un petit sillon court de 0®",005 
de long , qui peut être considéré comme 
une fissure buccale. 

» Par tous ses caractères, cette espèce 
d'hématozoaires se rattache au genre filaire. 

« Le mouvement de ces animaux est très 
vif. Leur vie persiste même dix jours après 
que le sang a été retiré des vaisseaux et dé- 
posé dans un vase placé dans une tempé- 
rature de 159 centigrades. En examinant 
une goutte de sang sous la lentille du mi- 
croscope, ou voit ces hématozoaires nager 
par un mouvement ondulatoire entre Îles 
globules sanguins, se courber et se recour- 
ber, se tortiller et se détortiller avec beau- 
coup de vivacité. 

» Pour nous assurer si ces vers existaient 
dans le torrent circulatoire, nous avons 
examiné le sang des artères coccygiennes; 
des jugulaires externes, descapillaires de la 
conjonctive, de la muqueuse buccale, de 
la peau, des muscles , et partout ce liquide 
nous a offert des entozoaires. 

» Depuis vingt jours, nous ouvrons quo- 
tidiennement les capillaires de diverses par- 
ties de la peau , de la muqueuse buccale, 
et toujours nous constatons la présence de 
ces animaux. 

» Les urines, les matières excrémentielles 
n’en. contiennent point. 

» Le diamètre des globules du sang du 
chien est de 0"",007 à 0,008, celui de 
la filaire est de 0 :",003 à 0w",005. 11 n'y 
donc pasle moindre doute que ce ver puisse 
circuler partout où le sang doit passer. Nous 
estimons, d’après plusieurs recherches fai- 
tes pour nous assurer de la quantité de sang 
existant dans les vaisseaux de chiens de 
taille moyenne, que le chien dont il s’agit 
a 1kil.,500 de sang en circu'ation. Or, une 
goutte de son sang pèse 0kil.,067 et dans 
cette goutte, on constate ordinairement 
quatre à cinq filaires. Ce chien aurait done 
plus de 100,000 de ces vers dans tout son 
sang. : 

# Le nombre prodigieux de ces animaux 
doit d'autant plus étonner, que le chien 
paraît jouir d’une bonne santé. Cependant 
nous ferons remarquer que les entozoaires 
du tube digestif des chiens ; les tœnia, 
même en très grand nombre, ne déran- 
gent que rarement les fonctions vitales. 

» Depuis un an, nous avons examiné le 
sang de 70 à 80 chiens sans rencontrer la 


filaire, et, à dater de sa découverte, nous 


l'avons cherchée, mais en vain, dans le 
sang de 15 chiens. » 


TILER APEUTIQUE. 


De la flamme à petites dimensions employée 
contre la douleur, la débilité, la torpeur ; 
par M. Louis Gondret. 


Dans un de nos derniers numéros nous 
avons signalé une application récente du 
calorique au traitement des maladies. 1} 
nous était difficile alors de porter un ju- 
gement sur cette découverte, car nous ne 
la cennaissions que par une courte note, 
présentée à l'Académie des sciences. Depuis 
cette époque, son auteur, M. Gondret, a 
réuni en un petit livre le résultat de ses 
recherches sur l'application médicale de la 
flamme à petites dimensious. Nous pouxons 
donc aujourd'hui nous faire une idée plus 


k M 


| fite de ces curieux travaux et quoiqu’une 
#mmission de l'Académie ait été nommée 
\ur les examiuer, nous nous permettrons 
en dire ici quelques mots, car nous sa- 
ins avec quelle promptitude procèdent les 
kmmissions académiques. 
Avant d'étudier l'application d’un corps, 
* {soin est de se demander : Qu'est-ce que 
| corps? Qr'est-ce donc que le calorique ? 
lt-ce untluide élémentaire, different de 
* {ectricité, ou est-ce une simple modifica- 
l5n du fluide électrique? Toutes les sa- 
: ntes recherches de nos physiciens ne sont 
* {is encore parvenues à résoudre ces pro- 
> Lndes questions. Îl faut prendre le calo- 
| “que tel qu'il existe sans trop s'inquiéter 
»- belles théories qui lui assignent tel ou 
1 rang dans la physique ; il faut l'étudier, 
ymme l’a fait M. Gondret, en étudiant ses 
ropriétés par rapport à nous. Cependant 
ppinion qui rapproche le calorique de 
ectricité pourrait, peut-être, prendre 
luelques preuves dans les résultats théra- 
‘eutiques obtenus par M, Gondret. Ce mé- 
ecin a vu la flamme, appliquée à petites 
limensions sur la peau, produire une exci- 
lition nerveuse et musculaire, analogue, 
lon nous, aux effets de la pile de Volta. 
ke simple fait, aperçu par un homme qui 
liusieurs fois déjà a donné des preuves de 
lon savoir et de son excellente observation, 
ist devenu l’origine d’un application thé- 
lapeutique importante. En effet, la flamme 
lient d'être employée avec succès par 
I. Gondret contre des douleurs rhuma- 
lsmales ou gouteuses, des crampes vio- 
‘entes, certaines paralysies, des engourdis- 
ements, étc., etc. Les résultats de ce 
avant, se rapprochent donc beaucoup de 
eux qu'on obtint les premières décou- 
vertes de Volta. L'on sait que plans tard 
11: Mariani guérit complètement plusieurs 
varalÿsies par des ‘décharges électriques 
‘uccessives, très rapides. fl eut soin cepen- 
lant de graduer peu à peu leur intensité 
* de prolonger les effets pendant plusieurs 
ours et quelque fois pendant plusieurs se- 
maines. Les résultats .ournis par le calo- 
‘rique et l'électricité possèdent donc une si- 
aulitude parfaite. Mais un fait plus curieux 
encore, c’est uue expérience de M. Goudret, 
analogue sous mille rapports à celles faites 
par MM. Magendie, Audral, Roulin et 
 Pouillet, ; 
|. M. Gondret asjhyxia deux lapins par 
des chocs imprimés sur l’oceiput, aban- 
| donna l’un d'eux aux suites de la contu- 
\sion etil mourut, tandis que Pautre fut 
|promptement rétabli par la flamme diri- 
) gée sur les différents points de la colonne 
“vertébrale. Or les savants dont nous ve- 
|nons de citer les noms ont reconnu dans 
» le cours de leurs recherches que les ani- 
| maux asphyxiés sont promptement rappe- 
… lés à la vie dès qu’on les met entre les deux 
« pôles de la pile ; ils ontmême ranimé des 
: lapins asphyxiés depuis plus d’une demi- 
heure. Si l’on continuait à chercher enccre 
-. des analogies, on en trouverait de bien plus 
- | nombreuses. 
. Du reste, la découverte de M. Goudret 
ne repose pas sur des faits vagueset sans im- 
«| portance scientifique. Trente observations 
«| recueillies avec soin ct analysées avec in- 
telligence viennent témoigner des heureux 
résultats du traitement par la flamme, ré- 
sultats confirmés encore par des réflexions 
sur l'influence thérapeutique de la gravité 
et de la pression atmosphérique. — Espé- 
rons que les médecins ne laisseront pas pas- 
ser ces travaux sans y chercher un moyen 


0 mi 2 10 Us I ON 


398 

de guérison contre tant de maladies si dif- 
ficiles à faire disparaître. C’est en répétant 
eux-mêmes les expériences de M: Gondret 
qu'ils s’assureront de l'efficacité de sa mé- 
thode et la perfectionneront sans cepen- 
dant enlever à l’auteur la gloire de l’idée 
première. E;E: 


MÉDECINE LÉGALE. 
Sur l’infanticide. 


L'absence complète de la respiration 
chez un enfant nouveau-né, n'exclut pas 
la possibilité de l'infanticide. Tel est le 
principe médico-légal que M. Olivier d’An- 
gers établit, avec sa supériorité ordinaire, 
en s'appuyant sur des faits qu’il rapporte. 
Par une cause ou par une autre, la mani- 
festation de la vie chez l'enfant nouveau-né 
peut être suspendue plus ou moins long- 
temps. Un grand nombre d’accoucheurs 
sont parvenus, après une demi-heure, une 
heure et plus de soins incessants et sage- 
ment combinés, à opérer une véritable ré- 
surrection chez un enfant qui m'avait pas 
respiré, qui semblait être un cadavre, et 
qui cependant était vivant. On doit con- 
clure de là que le commencement de la vie 
indépendante pour l’enfant ne résulte pas 
nécessairement de l'établissement de la 
respiration, que l'enfant peut, dans cer- 
tains cas, vivre plus ou moins longtemps 
sans respirer. — On comprend dès lors que 
l'enfant puisse être tué dans cette courte et 
première période de sa vie extra-utérine, 
et qu’alors ses poumons aient tous les ca- 
ractères qu'ils otfrent chez les enfants 
morts-nés. À quel phénomène positif pour- 
ra-t-on, dans ces cas, reconnaître que l’en- 
fant a vécu avant le crime? A la coagula- 
tion du sang qui ne se manifeste que pen- 
dant la vie par suite, des, blessures ou des 
coups violents. On peut bin, sur le ca- 
davre, déterminer des echimoses ou infil- 
trations de sang, mais toujours alors le 
sang extravasé est liquide; sa coagulation 
n’a lieu dans la profondeur des organes, ou 
sous la peau, qu'autant que la blessure qui 
détermine l'épanchement sanguin a été 
faite pendant la vie. Dès lors, quand on 
constate sur le cadavre d’un nouveau-né 
des blessures plus ou moins graves avec 
coagulation du sang des parties intéressées, 
on peut en conclure que ces bléssures ont 
été faites pendant la vie de l’enfant, quand 
même l’autopsie démontrerait qu’il n’a pas 
respiré ; et si ces blessures sont de nature 
à entraîner la mort, on est autorisé à pen- 
ser qu’elles ont empêché l'établissement de 
la respiration, c’est-à-dire de la vie indé- 
pendant, eet qu’ainsi il y a euinfanticide. 

(Annales d'hygiène et de médecine légale.) 


pee 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉCANIQUES. 
MACHINES A VAPEUR. 


Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en- 
couragement, au nom du comité des arts mé- 
caniques, sur plusieurs établissements affec- 
tés à la construction des grandes machines à 
vapeur et des machines locomotives, 


(Quatrième article.) 
Etablissement de M. Haleite. 


L'établissement de M. Hallette, qui oc- 
cupe près de cinq cents ouvriers, se distin- 
gue particulièrement par une bonne distri- 
bution des ateliers ; la fonderie, la tôlerie, 
la grosse et la moyenne forge, les ateliers 
d’ajustage, de tournage et de montage sont 


399 


convenablement divisés. Des additionsim- 
portantes y ont été faites depuis deux ans, 
pour les rendre propres à l'exécution des ap- 
pareils de 450 chevaux et au-dessus. Nous 
citerons particulièrement le grosse forge, 
la tôlerie et la fonderie, qui occupent les 
trois divisions d’un bâtiment d'environ 1,400 
mètres de superficie construit en briques et 
couvert en métal. La charpente de la toi- 
ture présente une très bonne combinaison 
etun emploi ingénieux du fer et de la fonte, 
Un des prochains Bulletins en contiendra la 
gravure et la description. 

La fonderie est vaste et bien éclairée; elle 
est alimentée par plusieurs cubilots d’une 
capacité suffisante pour couler les pièces du 
poids de 20,000 kil.; une grue en fonte très 
élevée permet la manœuvre des plus grands 
moules, et une machine à vapeur de 12 
chevaux fait mouvoir le ventilateur, en 
même lemps que les cisailles et débouchoirs 
de la chaudronnerie. 

La grosse forge contient deux marteaux 
à cames mus par une machine à vapeur de 
40 chevaux; l’un de ces marteaux pèse 
7,500 Kdogrammes, et l’autre 3,200 kilo- 
grammes. 

La moyenne forge contient, iudépen- 
damment des feux ordinaires, un marteau 
de 3,200 kilog. et deux martinets inus par 
une machine de 20 chevaux. Une autre ma- 
chine de 30 chevaux donne le mouvement 
aux ateliers de tournage et d’ajustage dans 
lesquels nous avons vu huit machines à pla- 
ner, vingt-six tours, sept machines à forer, 
sik machines à tarauder, trois alésoirs. dont 
l’un, vertical, peut aléser des cylindres de 
2m,50 de diamètre, et enfiu trois machines 
à buriner ou mortaiser. La force motrice 
des ateliers est donc, en totalité, de 102 
chevaux. 

Le principal tour, dont le plateau est d’un 
très grand diamètre, offre une combinaison 
de support ingénieuse, qui permet de tour - 
ner des surfaces coniques d’une très grande 
éterdue, tout en conservant la transmission 
de mouvement qui établit la communica- 
tion entre l’arbre principal du tour et la 
progression latérale de l'outil. Cette combi- 
naison mérite une description spéciale: nous 
espérons que M. Hallette nous perme:tra 
d’en publier les dessins. 

Nous devons faire une mention particu- 
lière d'une grande machine à buriner qui 
vient d’être exécutée par M. Hallette, et 
qui travaille depuis quelque temps à l'ajus- 
tage des grandes pièces en fer des machi- 
nes de navigation. Cet important appareil 
rappelle, dans ses dispositions principa'es, 
la machine à buriner de M. Cavé qui 
a été publiée dans le Bulletin de La Société 
d'encouragement du mois de septembre der- 
nier ; mais il en diffère par une combi- 
naison de béti toute nouvelle, et qui donne 
la facilité de soumettre à l’action de l'outil 
des pièces de dimensions presque illimi- 
tées; sous ce rapport, la combinaison 
adoptée par M. Hallette est incontestable- 
ment supérieure À celle des machines de 
même espèce employées jusqu’à ce jour. 
Remarquons, en passant que lacourse ver- 
ticale de l'outil est variable et peut s'élever 
à 90 centimètres, et que la puissance des 
organes de la machine est telle, qu’une 
pièce de forge, dont le poids brut excéde- 
rait de 500 kilog. le poids de la même 
pièce finie , serait réduite, en six journées 
de travail, à ses dimensions normales, et 
cela avec l'exactitude que l'outillage mé- 
canique bien entendu peut seul produire. 

M. Hallette ajoute en ce moment, à 
l'outillage dont nous venons de donner un 


400 

apercu sommaire, une machine à planer 
de 5 mètres de large et de 15 mètres de 
course, ét un tour parallèle de grande 
puissance pouvant recevoir entre ses poin- 
tés -uné'pieté! dé 10 mètres de longueur, il 
assure qu avec ses atéliers ainsi constitués 
il pourrait htrer une machine de 450 che- 
vaux chaque trimestre, sil recevait une 
commande assez considérable pour que la 
progression du travail püt être suivie sans 
interruption. 

Nous avous vu, dans l'atelier de mon- 
tagne , uue de ces machines destinées aux 
paquebots transailantiques , élle était pres- 
que terminée au commencement d'octo: 
bre , et l'exécution nous en à paruü tres re- 
marquable ; deux autres machines de même 
puissance sont actuellement en construc- 
tion , aussi pour la marine reyale. 

Les forges de cette établissement livrent 
à plusieurs constructeurs de machines ct à 
des compagnies de chemin de fer les pièces 
de forge destinées aux machines 1otomo- 
tirés, et qui offrent quelque difficulté 
d'ékécution, particulièrement lé$ essieux 
couëés M. Haliette s'organise poür pou- 
voir prochainement consacrer une divi- 
sion de ses ateliers à la fabrication spé- 
ciale des locemotives, sur une tehelle qui 
permettrait d'en livrer dix ou douze chaque 
année. CALLA. 


HORTICULTURE. 


Observations sur la théorie Van ons; par 
M. Loÿseleur- Deslongchamps. 


Le système de Van Mons sur les moyens 


de se procurer de bons fruits-deitalle n’est | 


pas fondé sur l’expériencetét sur la prati- 
que, c'est une idée préconcüe des les plus 
jeunes ans de son’ auteur;:qu'il a cherché 
par tous les moyens de vérifier et de-déve- 


opper, et dont il a fait l'enfant chéri de son. 


imaginaton. Van Mons n'avaitencone, sui- 
vaut M. Poiteau, que 20 à 22 ans lorsqu'il 
imagina C1 fixa les bases de sa théorie ; dès 
lors anssi il consacra toute son existence à 
en chercher des preuves. 

Il Sema beaucoup de graines d'arbres 
fruitiers, il en sema énormément, puisque, 
de poiriers seulement, il sema plus de qua- 
tre-vingt imille pepins, avec intention de 
les élever et de les soigner jusqu'à ee qu'il 
eût vu tous les nouveaux arbres ‘qui en 
seraient provenns lui donner des fruits. Il 
achetait aussi et faisait transporter dansses 
propres pépinières tous les sauvageons et 
les arbres francs de pied qu’il rencontrait 
lors des excursions qu'il faisait dans le but 
de ses recherches. Aussi nous ne craignons 

as de dire que Van Mons a peut-être fait 
à lui scul plus que tout ce qui avait été 
fait avant lui depuis l'origine de l'horticul- 
ture; car, avant qu'il parût, où ne trouve, 
que je sache, rien de semblable où même 
qui en approche. Je me plais donc à re- 
connaitre que, sous ce rapport, la pomo- 
logie luiales plus grandes obligations. Eu 
effctyye'esbde son époque que nous avons 
vu les bons fruits de toute sorte, et princi- 
palementles poires, se multiplier dans nos 
jardins d’une manière extraordinaire; et 
quels que soient les reproches qi'on puisse 
faire à son système, et je ne craïns pas de 
lui en adresser moi-même, ce sera toujours 
une Justice qu'il faudra lui reudre, et dont 
j'aime à convenir, que jamais et dans au- 
cun temps mul autre homme n’a fait con- 
naîtie une si prande quantité de nouveaux 
et de‘bons fruits que Van Mons. 


401 


On ne sait point'encore d'une manière 
positive ce qu'il faut faire pour produire 
avec certitude des fruits nouveaux et de 
bonne qualité ; c’est un mystère dont Ja na- 
ture garde le secret. Tout ce que l'on peut 
présumer à cet égard, c’est que la bonté du 
sol et les soins de la culture sant des cho- 
ses indispensables pour faire naître de nou- 
velles variétés ; ensuite, je crois pour mon 
compte, et cela me semble plus ration- 
nel, qu’il vaut beaucoup mieux semer des 
graines de bons fruits déja connus, que 
celles des fruits sauvages. C'est cependant 
de cette deruière manière que Van Mons a 
prétendu faire, et qu’il a été jusqu’à nous 
dire que, en agissant ainsi, il avait arraché 
son secret à la nature et trouvé le moyen 
par lequel elle procréait de,bonnes espèces, 
Mais, ea suivant ce procédé, c'est vouloir 
se priver de tout ce que l’on a acquis de- 
puis l’origine de lhorticulture, c'est re- 
commencer la science ab ovo. 

En prenant, au contraire, les graines des, 
meilleurs fruits de nos Jardins pour les se- 
mer, afin de s'en procurer de plus parfaits 
encore, s'il est possible, c’est suivre la mar- 
che que l’on prend tous les jours pour les 
fleurs destinées à embellir nos parterres. 
Aiusi nos plus habiles jardiniers sèment 
de préférence les graines des plus belles va 
riétés, dans l'espérance d'en voir, naître 
d’autres qui les surpasseront en beauté: 
C’est de cette manière que, en moins .de 
quarante ans, on a perfectiouné les camel- 
has et les dahlias au point surprenant où 


- nous les voyons maintenant. 


Lorsque ces deux genres parnrent pour 
la première fois dans les collections de bo- 
tanique, leurs fleurs élaient simples, d’uue 
seule couleur ou de deux 1out au plus; 
maintenant elles offreut, surtout dans le 
dernier geure, mille nuances différentes, 
les couleurs les plus riches etles plus écla- 
tantes, et elles sont aussi doubles qu'il est 
possible : depuis qu'on en a obtenu de si 
magnifiques variélés, on a négligé les pre- 
mières qui avaient d'abord élé distinguées 
il y à 25. à 30 ans. Mairtepaut, ou ne sème 
plus, principalement pour les dahlias, que 
jes graines des varictés regardées comme 
les plus bel'es; aussi, presque tout ce qu’on 
obtient est-il, le plus souvent,iplus ou moins, 
beau, tandis que, lors des premiers semis, 
on ne trouvait que des fleurs semi-doubles, 
de deux ou trois couleurs seulement, tou- 
jours uniformes, et encore ces fleurs, déjà 
plus parfaites que le; typés des espèces pri- 
mitives, ne s’y faisaieñt-elles voir qu'assez 
rarement. 

Il en est de même.dans les autres genres 
dont la culiure a perfectionné les fleurs, 
mais dont les perfectionnements remon- 
tent à une époque plus ancienne. C'est 
à force de multiplier leurs semis que 
les patients Hollandais et les Flamands ont 
obtenu de si belleset de si nombreuses va- 
riétés de tulipes, de Jacinthes, d’auricules, 
d'anémones, de renoncules et d'œiliets, 
qu'ils comptent aujourd'hui par milliers. 
C'est chez nous que ces deux peuples indus- 
trieux, habitant des pays qu’on aurait cru 
devoir être 1chelles à la culture, sont renus 
chercher presque tous les types de ces plan- 
tes qui, aupara ant, croissaient sauvages 
daus nos provinces méridionales où dans 
uos montagnes alpines, et que, par lis 
soins assidus qu'ils leur ont donnés, ils ont 
métamorphosces en des fleurs charmantes, 
douces de couleurs varices de mille nuances 
différentes. 

C'est aussi en semant et en ressemant les 


_roses, les pélargoniums, les Chrysanthièmes] 


cession de fruits toujours .amliorés, qu'il 


402 


les pensées, etc., que nos moderne; horti- 
culteurs ont produit dans ces genres des 
fleurs si belles et si magnifiques. 

Quoi qu'ilen soit, Vau Mous, au lieu de 
suivre les errements de ceux qui l'avaient. 
précédé, a préféré semer les pepins de poi- 
riers et de pommiers sauvages, ou des 
noyaux de prunes de même nature et au- 
tres, puis de semer les graines des arbres 
qui en sont provenus, et ainsi de suite Jus- 
qu'àla neuvièmegénération (voyez les Ad- 
nales dela. Société royale d'horticulture, 
tome x. page 264), et ce fut seulement 
alors, quand, i:fut parvenu. là par une suc- 


finit par en ob'enir qui, selon lui, étaient 
des plus parfaits. Il est bon de.faire-:obser= 
ver, d’ailleurs, que, à chaque génération; 
Van Mons avait soin de ne semer-que les! 
graines des meilleurs fruits qu'il avait trou- 
vés jusque là; et c’est ainsi, selon lhouo- 
rable M. Paiteau, qu'il a fini par en obte- 
nir qui étaient tous excellentset délicieux: 
- La première observation que je me per- 
mettrai de faire sur ce qui précède, c’est 
qu'il me semble que Van Mons a perdu de 
nombreuses années pour arriver à avoir 
des fruits améliorés qui lui ont:servi à faire 
ses derniers semis, dont ilaenfin obtenu 
ceux qu'il a vantéscomme les plusparfaits. 
N'eût-il pas été beaucoup plus simple, 
pour lui, d’employe: tout d'abord les grai- 
nes des meilleures espèces connues de son 
temps et.qu'il avait sous la main ? 3 

J'ai dit qu’on devait à Van Mons beau- 
coup de Lons fruits qu'il a fait connaître ; 
mais encore il est permis de croire qu’den'a 
dû tous les bons fruits qu'il a-trouras qu'à 
la quantité énorme de semis qu'ila faitss 
puisqu'elle s’est élevée à au moins 80,00 
Cela, selon moi, rend beaucoup moins 
étonnante la découverte des bons:fruits 
qu'on Jui doit ; il faut seulement almurer 
la patience et la per sévérance qu'il:a mises 
dansses expériences multipliées. 

J'ai semé aussi des graines de quelques 
arbres fruitiers, principalement des vignes, 
des poiriers, des abricotiers, des pruniers et 
des pêchers, mais en nombre infiniment 
moivws considérable. Les occupations de la 
pratique de la médecine ne m'ont pas per- 
mis de suivre les progrès de mes semis 
comme je l'aurais dà faire, et je ne puis 
donner à ce sujet des renseignements aussi 
exacts qu'il eùt été à desirer. 

Cependant j'ai obtenu deux variétés de 
vignes différentes dont j'ai parlé ailleurs 
(Annales de la Société d’horticulture de Pa 
ris, tome xvi, p. 51 et 55), et dont les rai- 
sins étaient bons à manger dès la première 
récolte, qui eut lieu la huitième année du 
semis. 

Quant aux poiriers, d'un pepin de 
Doyeuné j'ai.eu. uu, très bel arbre qui, à 
l'âge de 12 ans, ayrapporté ses premiers 
fruits, lesquels. étaient des peires moitié 
plus petites que,leur mère, mais d’une saz 
veur beaucoup plus parfumée, très mus- 
quée, et d'une chair fondante délicieuse: 
Malheureusement, ayant changé de jawdinstl 
l'année suivante, j'ai perdu mon arbre :paim 
la transplantation, el j'ai toujours regrettll 
depuis de n'en avoir pas fait greffer quels 
ques rameaux, afin d’en conserver l'espèce: 
Je ne parle pas de plusieurs poiiersiieise- 
mis dont j'attends encore les fRRit&iL » 


uni 
act 


Dans le même jardin où.faygisrsélentn | 
mon premier poiricr, j avais SeRéyleIUIE 
1820 ou 1821, des abricots-pêches tlenü 
quatre des mieux venant n'ont ra ppOnE pra 


" 
Fr 


sl 


D3 

“quatrième année du semis, de très bons 
its qui étaient tout aussi beaux que ceux 
»s abricotiers dontils provenaïent,. 

Six à huit pêchers, semés vers la même 
koque dans le même terrain, ont aussi 
uctifié la quatrième année, mais ne m'ont 
oduit que des pêches médiocres et infé- 
eures en qualité à celles qui leur avaient 
‘inné naissance. 

Enfin j'ai également semé, quelques an- 
es plus tard, des prunes de différentes 
ïrtes; mais, n’ayan! pas assez de place 


ans mon jardin près de la capitale pour y 
| 


nserver les plants, je les-ai fhititransplan- 
l:r à ma campagne à vingt lieues dé Paris, 
ces arbres furent abandonnés presque 
ms culture, ce qui n'a pas empéelié que, 
wmois de séptembre dernier, j'ai trouvé 
eux pruniers de Reine-Claude violette por- 
wtchacunquelques fruits aussi bons ct 
1551 beaux que les prunes dont ils sont 
trovenus. : 
\ D’aprés la reproduction des abricots-pé- 
| hes et des prüniers de Reine-Claude vio- 
l'tte, qui a été parfaitement identique aux 
“ruits dont ils provenaient, je crois pouvoir 
ranclure que ces deux espèces se reprodui- 
rent de leurs noyaux dès la première géné- 
ation, sans’avoir besoin d'attendre la troi- 
:ème et laquatrième, comme le dit Van 
llons, c’est-à-dire 12 à 16 ans. : 
| Dan autre côté, les raisins, ét particu- 
l'èërement les poires, s'ils ne rendent pas, 
lrar leurs semis, espèce tout à fait sembla- 
le à celle dont ils sont issus, peuvent aussi 
lroduire de bons fruits sans qu’il soit néces- 
raire d'attendre neuf générations et au 
noink cipquante ans, ce qui est vraimient 
ésespépanbiicar quel est l’homme, à moïns 
cuib'aitimaginé une théorie, qui voudra 
ratiémient se soumettre À faire Les expé- 
ienceside Van Mons? 

Cependant cet auteur donne sa théorie 
ommelle meilleur moyen et Le plus prompt 
nour remplacer par de nouvelles variétés 
ien saines et portant d'excellents fruits, 
"es anciennes variétés qui, selon lui, sont 
aujourd’hui détériorées et ont une ten- 
lance à dégénérer; mais je crois devoir 
lire à ce sujet que Van Mons s’est beau- 
:oup trop plu à décrier nos'anciens fruits 
:t prétendre qu’ils dégénéraient. Quant à 
Inoifqui suis tout près d’avoir soixante-neuf 
ins, je déclare que, depuis soixante années 
I{ue je me souviens d’avoir mangé despoi- 
res de beurré, de crassane, etc., jai trouvé 
elles que j'ai goûtées, à la fin de l’année 
) lernière, tout aussi helles et tout aussi éx- 
ellentes que celles que je mangeais dans 
mon enfance, 
|, Ce qu’on peut d'ailleurs reprocher à ce 
célèbre pomologiste, c'est la trop grande 
1 prédilection qu'il avait pour les fruits de sa 
“ Création; ce sentiment, qui fut chez lni, si 
l’on peut dire, en quelque'sorte paternel, 
 laveuglait à un tel point} qu'il les voyait 
avec une prévention si favorable, qu'il les 
exaltait bien au dessus de tous ceux qui 
étaient connus avant lui. Ainsi il écrivait 
à Ms Vilmorin, en 1810, que les poires de 
“ beurré, de crassanne et de Doyenné ne de- 
\vaient plus occuper que le troisième rang 
dam l'ordre des qualités, parce qu'il avait 
obtenu plusieurs autres poires qui étaient 
infiniment plus excellentes et plus exquises. 
11 disait encore, dans uue autre lettre à 
Bosc : « J'äi obtenu par le semis une nou- 
velle variétéde raisin portant des grappes 
nombrèuses, à grains de la grosseur d’une 
forte Reine:Claude, qui mûrit (à Bruxelles) 
en‘juillet, ou, au plus tard, dans la pre- 


ce 


AY DÉS E Scn pro 


EE 


40% 


mière moitié d'août, eb qui ne manque ja- 


| mais de rapporter. Son suc est presque 


aussi consistant et aussi sucré que le sirop 
de Sérullas.» Cependant personne n’a ja- 


mais pu voir ce raisin merveilleux, et l’es- 


pèce en est perdue peut-être avant que d’é- 
tre née. Au reste, plusieurs horticulteurs, 
et en‘re autres M. Vilmorin, m'ont: assuré 
que, des nombreuses variétés de poires 
qu'ils avaient reçues de Van Mons, quel- 
ques unes étaient bonnes, mais non supé- 
rieures à celles qui, selon lui, devaient 
descendre au troisièmerang ; que plusieurs 
étaient médiocres, et que beaucoup d'autres 
étaient assez mauvaises. : 

Evfin notré honorable collègue, M. Poi- 
teau avoue Jui-même que, dans les poiriers 
qu'il a reçus dé Van Mons, il y en avait un 
assez grand nombre qui ne répondaient en 
aucune manièré aux excellentes qualités 
que ce pomologiste leur attribuait. 

M.Poiteau, pour ne pas nuire à ce sa- 
vant, veut bien, dans cette circonstance, 
ne regarder ce qu’il a trouvé de défectueux 
dans les fruits 1u maître que comme un 
manque d'ordre ou comme des erreurs de 
son jardinier. 

Je ne veux pas être plus sévère que 
M. Poiteau, et j'admettrai d'autant plus fa- 
cilerhent la manière dont il escuse Van 
Mons, qu'il doit être presque impossible de 
ne pas commettre des erreurs dans une 
pépinière aussi nombreuse que la sienne ; 
et que, quelle que soit ma facon de penser 
sur sa théorie ou sur son système, je me 
plais à reconnaître combien l’horticulture 
des fruits latest redevaule ; mais, en même 
temps, cela ne m'empéchera pas d'engager 
tous ceux qui voudront chercher à pro- 
créer de nouveaux et de bons fruits à sui- 
vre une marche plus simple que la sienne, 
et qui sera, je pen.e, beaucou> plus prompte. 
Je suis persuadé que-si, ilya près de soi- 
xante ans, M. Van Mons se fût appliqué à 
ne semer que des graines de Beurré, de 
Chanmontel, de Crassane, de Colmar de 
Doyenné, de Saint-Germain, etc., et qu'il 
en eût semé autant de pepins qu'il a fait en 
prenant ceux-ci sur des sauvageons,; il eût 
peat-être obtenu dix fois plus de bons 
fruits qu'il en à putrouver en commencant 
par seiner les graine; de poires sauvages. 

J'aurais bien encore plusieurs observa- 
tions à faire sur quelques unes des cinq pro- 
positions sur lesqüe les repose la théorie 
du pomoïogiste h:hre, mais je m’arrête ici, 
ne voulant pas proloncer ceite discussion. 


HD Eh Ke — 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MGRALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 25 février. 


M. le secrétaire donne lecture d’une let. 
tre par laquelle M. Makulok remercie 
l'Académie de lavoir nommé membre cor- 
respondant. 

M. Dupin fait un rapport verbal sur un 
ouvrage de M. Félix sur le droit des gens 
dans tous les pays. Parmi les mérites nom 
breux que M. Dupin a énumérés, et dont 
mieux que tout autre il pouvait faire sentir 
limportance, il er est un qui nous a paru 
surtout d’une utilité incontestable. L’exé- 
cution des jugements en pays étranger est 
si difficile, qu’il est peu de légistes, et à plus 
forte raison peu d'hommes d'affaires-qui 
sachent au juste quelles sont les formalités 
à remplir pour cela. M. Félix, dans un cha- 
pitre spécial, a indiqué la procédure à sui- 


405 


vre dans les différents Etats. Pour se faire 
une idée des recherches auxquelles à dû se 
livrer l’auteur, il faut ne pas oublier, qu'il 
n'est point deux Etats, quelqués petits et 
quelque rapprochés qu'ils soient, qui aient 
dans leurs lois des formes de; procédure 
tout à fait semblables. 

M.., Villermé à communiqué une lettre 
qui lui a été adressée au sujet des recense- 
ments en Amérique. On se rappelle qu'à 
une des dernières séancesil s'éleva une dis- 
cussion au sein de FAcadémie à propos 
d’une communication faite par 47. Ramond 
de ld.Sasra, D'après le correspondant de 
M. Villermé, les opératiotis du recensement 
seraient faites en Amérique avec un tél 


, soin et une si grande exactitude que les 


chiffres qui en sont le résultat pourraient 


! être considérés comme des bases certaines 


pour les calculs statistiques. Cette lettre a 

fourni l’occasion à MM. Rossy, Passy, 

Charles Dupin et Dunoyer de renouveler 

leur profession d’incrédulité, et à M. Ra- 

mond de la Sagra de rappeler à l’Académie 
que ses calculs, dans la communication que: 
M. Mignet avait lue en son nom, portaient 

non sur la population entière des Etats de 

lUnion, mais sur trois classes seulement 

de cette population, celle des idiots, celle 

des aveugles et celle des sourds-muets, et 

que le chiffre de 1 sur 14 qui avait étonné 

l'Académie était relatif, non point à la po- 

pulation libre de couleur prise dans son 

entier, mais à celle seulement de quelques 

localités. 

M. Passy, sans admettre la vérité du chif- 
fre fournit à M: Ramond de la Sagra par 
les statistiques américaines, a présenté quel- 
ques nouvelles observations: ‘Le chiffre de 
1 sur 14, s’ilétaitvrat, devrait être attribué, 
d'après lui, à trois causes: la première, 
l'oppression moralequipèse sur leshommes 
de couleur; la deuxième, le mélange des 
deux sangs qui, en portant la perturbation 
das l’économie, doit réagir avec force sur 
l’encéphale ; la troisième, l'habitude où l’on 
est dans plusieurs contrées de l'Amérique, 
et notamment dans celles dont s’est occupé 
M. Ramond de la Sagra, de désigner par le 
nom générique d’idiots tous ceux qui ont 
l'esprit un peu faible. 

M. Villermé a continué la lecture de son 
Mémoire sur la Bretagne. Les mœurs de 
cette contrée qui a échappé jusques ici au 
nivellement de la centralisation , et qui a 
gardé à travers tous les changements son 
caractère national, ontété décrites dans ces 
derniers temps par tant de romanciers et 
par tant de poètes, que l'observateur n’a 
plus rien à y trouver de neuf. L’imagina- 
tion, par ses peintures exagérées, a rendu 
plus diffcile la tâche qui était dévolue à la 
raison et à la philosophie, Aussi ue citerons- 
nous de cette partie du Mémoire de M. Vil- 
lermé que quelques détails qui ont rapport 
à l'enseignement primaire. Encore aujour- 
d'hui, et malgré les lois qui remontent à 
l’Assemblée constituante, l'instruction , 
parmi le peuple, etsurtout parmi le peuple 
des campagnes, est restée presque station- 
naire ; les quatre cinquièmes des popula- 
tions des cinq départements qui formaient 
autrefois la province de Bretagne ne savent 
ni lire ni écrire. Sous la République, sous 
l'Empire et sous la Restauration, le nembre 
des écoles primaires dansle département des 
Côtes-du-Nord n'a jamais été au delà de 
quinze. Elles étaient toutes dirigées par les 
bedeaux et les sacristains. Depuis la loi de 
1833, ce nombre s’estaugmentésansdoute, 
mais cela a plus été fictivement et sur le 


406 


papier qu'en réalité. Aussi les Bretons sont- 
Als toujours ce qu’ils étaient il y a 50 ans, 
ignorants, supeñstitieux et pauvres. 
Ces\détails, peut-être trop véridiques, 
ontidenné naissance à une discussion à la- 
quellesont:pris part MM. Lucas, Cousin et 
Charles Dupin. De leurs observations ila 
résulté que l’établis ement des écoles pri- 
maires en Bretagne avait éprouvé de gran- 
desdifficultés pendant tout letemps qu'elles 
furent confiées à des laïques; que la con- 
grégation des Petits-Frères, fondée par Jo- 
seph de Lamenais, a pr esque seule, jusques 
en 1835, répandu quelque instruétion dans 
la ‘Bretagne ; qu "à cette époque, Hésfrères de 
la doctrine chrétienne, soutenus par le gou- 
vernementel puissammentäidés par l'Ecole 
normale de Rennes, ont fait une concur- 
rence d'autant plus forte aux Lamenai- 
siens, qu'ils se présentaient avec des mé- 
thodes empruntées aux modes d’enseigne- 
ment lesmieux perfectionnés, et rehaussées 
aux-yeux des populations par la pureté de 
leur môrale et la saintete de leur éoStuine. 
A l'heure qu'il est, les écoles dès villes ét des 
grosbourgssouttoutesdirigées paflèsfrères 
de la doctrine chrétienne, et cellés des cam- 
pagnes par les Petits: Frères de Lamenais, 
Grâce à cette concurrence, l'instruction va 
croissant dans la Bretagne. Puisqu’il en est 
ainsi, bations des mains. Le prog rès, de 
quelque côté qu'il vienne, n’en est pas 
moins un progrès. Il faut l'accepter, il faut 
surtout savoir le reconnaître, sans cher- 
cher à descendre dans les consciences pour 
expliquer un fait réel par un mystère, Si 
jh une des deux congrégalions qui se’ par ta- 
gent la Bretagne a besoin; come on l’a 
dit, d'être coiènue etsurvenll ésoin re- 
vient tout éntiér’ ‘au gou nèment et à 
l'Université L'un et Pautré Sént trop ja- 
loux de leurs priviléges pour qu'une usur- 


} 


pation, quelque légère qu'elle fût, soit une 
chose possible où même Da lp 
. B. LE 


GÉGGRAPHIE, 


No'ice sur leYucathan, d’après les écrivarns 
espagnols. (Extrait des Ann. des Voyag.) 
(Premier article.) 

Francisco Hernandez de Cordova, le pre- 
mier Européen qui aborda dans ce pays, 
en l'an 1517, lui donna le nom de Fuca- 
than, par suite d’une méprise que les his- 
toriens expliquent de différentes manières. 
Il n'avait pas alors de nom général, étant 
divisé en diverses provinces gouvernées par 
des chefs iudépeudants qui portaient le ti- 
tre de Calachuni; tels que ceux de Chacan, 
de Cepech, de Choaca ; mais il s'était au- 
trelois appelé Hayapan, et avait été gou- 
verné par un seul monarque dont les vas- 
saux s'étaient depuis rendus indépendants. 

Lopez de Cogolludo, qui prétend avoir 
écrit son histoire de Yucathan sur des mé- 
moires composés en 1582 par Gaspard An: 
tonio,..descendant des rois de Mayapan, 
rapporte que les premiers habitants de ce 
pa)s #inrent, les uns du côté de l'occident, 
lesautres-.du côté de l’orient, Les pr emiers 
avaientavec eux un prêtre, nommé Zamna, 
qui donna un rom aux rivières, aux baies, 
aux montagnes et à tous les endroits re- 
mar quables du pays qui n’en avaient pas 
eu jusque Îà. Quant à ceux qui arrivèrent 
du côté,de l’orient, on ignore leur point de 
départ ; cependant quelques auteurs ont 
prétenilu qu'ils venarent de lie de Cuba. 

Onne parle dans tout le Yucathan qu'une 
seule langue, très ancienne et entièrement 


femme. De, récitest con 
Vill lagutierrez. 


407 


différente du mexicain. Il est possible que 
les deux nations se soient confondueset que 


la moins nombreuse ait adopté la langue. 


de l’autre, c’est-à-dire celle des peuples < qui 
étaient venus de l'accident , et qui paraïis- 
sent avoir été les plus anciens et les plus 
puissants, puisque ce fut leur prêtre Zam- 
na qu donna un nom aux divers endroits 
du pays. 

Selon de cette contrée, qui por- 
tait à cette époque le nom de Mayapan, fut 
longtemps g gouvernée par un seul chef dont 
le dernier descendant, au moment de l’ar- 
rivéedes Espagnols, étaitl'atulxiuh ,Cacique 


du district du même nom. Les grands vas- 


saux du roi de Mayapan s'étaient soulevés 
vers l’an 1520 et s'étaient rendus indépen- 


dants , après avoir pris el sagcagé la caji- 
tale qui portait le même nom, 270 caviron 
après sa fondation. Depuis cette époque, le 
descendant des anciens rois ne fut plus que 
simple cacique ou calchaqui de Mani, 
Herrera entre dans plus de détails. Les 
habitants du Yucathan, dit cet auteur, af- 
firment avoir appris de leurs ancôtres que 
ce pays fut peuplé par des gens venus d’o- 
rient par mer. On ÿ parle partout la même 
langue, mais les habitants des côtes préten- 


dent s'exprimer avec plus dé pureté. Ils. 


placent le commencement de leur hi 


au règne de trois frères qui habitaient en= 
semble à Chy cheny tza. Ils Cfaient venus de. 


l'occident et avaient réuni une population 
nombreuse Ces trois frères n'étaient pas 
mariés et ils vécurent d’ahord très chaste- 
ment; mais l'un des trois étant venu à 
mourir, les autres s’'abandonnérent à tou- 
tes sortes d'excès et ma altraitèrent tellement 
les habitants, que ceux -ci se, révoltèrent et 
abandonnèrent {a viflé aprés les avoir mas- 
sacrés. Herrera ajoute que ces peuples se 
nommaient les Itzaes. Cagoliudo ra pporte 
en effet, en parlant de cette nation qui ha- 
bite aujourd’ hui entre Gratemala etle Yu- 
cathan, qu'elle avait autrefois son élablis- 
sement dans cette dernière proyince, et 
qu elle Fat forcée. del abandouuer à.la suite 
d’uue e querelle survenuéentre eur cacique 


et nn autre chef dont, jl 


Herrera ajoute, qu'à; l'époque. de cette 
révolte, il Y avail dans le pays un puissant 
seigneur nommé Cuculeams-tous les indi- 
gènes s'accordent à dire qu? il était venu de 
L occident; lesuns assurént que cë fatavant, 
d’autres que ce Fa apr arrivée.des trois 
frères dont il vien! d'é ait mention; 
dans tous dés. à 
époque. - 7. 

Après la destruction 4 la ville de Chy- 
chenyÿtza , Cuculcan fonda sur la côte, à 
huit lieues de ses ruines, la ville de Maya- 
pan, sur l'emplacement de laquelle est 
aujourd'hui Merida. Il y fit construire une 
muraille circulaire en pierres, qui pouvait 
avoir un demi-quart de lieue de tour. 

1j construisit dans cette enceinte les tem- 
ples dont le principal fut nommé «après 
Jui Cuculcan , et.lès maisons des seigneurs 
auxquels ii Gistéibua le guurernement des 
villages du pays: Cuculcan gouverna long- 
temps et paisiblenient ce bays, puis il re- 
tourna au Mexique d'où il ctait venu. 

Après son dépit, les chefs du pays ; 
voyant que tout s° Hésorganiserait s s'ils n’a- 
vaient plus dé voi, oflrirent la couronne àu 
chef de la tribu des Cocomes , qui était si 
puissante, quelle possédait vingt-deux vil- 
lages. Elle habitait sur le versant méridio- 
nal des montagnes des Lacandons. 


1 


mais à 
fat vers Ja même | … 


à ce qu'il paraît, de la province de Chiapa, 


avec Jes 
Mexitf ue éntreténait dans les provinces vor- 


‘lu. Le chef des Tutuxies s "oppos 
| Den panons ce qui Jui concilia le 


| moyeus cutaufs poutehareuérison des yeux, 


Quelques temps après, des gens venant, 


traversèrent les ns et vinrent s’é- 
tablir à dix lieues de Mayapan. Au bout de 
quelques années, les habitants de cette der- 
nière ville les invitérent à se réunir à eux. 
Les Tutuxies, c’est ainsi qu'un nommait les 
nouveaux venus, y consentirent, adoptèrent 
les lois et les usages de leurs hôtes, et, de- 
puis cette époque , ils ne formèrent "plus 
avec eux qu’une seule nation. 

| Après « de longues années de paix et de 
pros} lé roi de Mayapan fit alliance 
es 20 ivétneurs que l'empereur du 


sines de Xicalango et de Tabasco, fitentrer 
des troupes : mexicaines dans sa capitale ne 
s’en servit pour rendre son Pouvoir: abso=” 
à cétté” 


conspiration dont celui a Tutuxies “fit 
cher. Ils surprirent le roi dans son palai 
et le massacrèrent avec tous ses fils, à l’ex-. 
ception d'un seul qui était absent, pillèrent 
ses biens et se partagèrent ses terres ; ils 
abandonnèrent ensuite la capitale; chaque 
chef alla vivre dans son village au milieu M 
de ses vassanx, et y éleva son. mple. Cet à | 
état de choses aa jusqu'à l’arrivée des 4 
Espagnols, ét cette destruction du centre 
de civilisation explique très bien comment, 1 
elle a reculé dépuis cette époque. 

Cette révolte fut le signal d’un décors 
universel. Les caciques , n'ayant plus ic 
chef, ne tardêrent pas à se Ta fo tE E. 
eux et à se faire la guerre. V. rs Ja. fin 
quiuzième siècle, ils se livr 2 une sbatalle ss 
dans laquelle, selon Herrera, il ne périt pas 7 
moins de 150,000, homnies. Ce mob 14 
qui me semble extrêmement exagéré, ESA 
cependant confirmé par Gomara.” 

Ce qui me oc certain, c'est que le 
Mayapan, après avoir formé une puissante 
monarchie , aie fut renversée par une ré- 
vole, retomba davs l'anarchie et presque 
dans l'état sauvage ; car il y a une diffé- 
rence immense entre la BNUENGE . 
avancée qui € 
l'arrivée dés Ne et Li qu’ Ron 
cent les ruines anciennes qui couvrent} 


Pa. 


Le Rédacteur en chef::,22 
Le vicomte &$. DE LAVALETTE. 


: auf : EAÏES DIVERS. 
Dans’ là séaice du 9 février 4845, 14 Société © : 
royale des antiquaires de France a adnris-au nome 
bre de-ses résidents M. Gaucherol , auteur d'ure 
Histoire des contes ide Foix, et M. Jules Marion, 
élève pensionnaire deLEcoie des Chartes. 

— Male déetcusDonlhs, inventeur de nouverux 
publie 
un ouvrage: {sis leur hygiène. Ce livre s'occupe eu- 
cure de la. santé gemérale de l'homme. Il indique" 
les moyens de. prévenir les maladies qui mesaceul ft 
Phumanité. L'ouvrage de M. Goullin, que les inède ss 
cius lisent avec profit, est à Ja portée des sens, du 
monde. Nous croyons rendre service à nos Ieigue au 
en le leur indiquant. F 


ee SA 
MEMOIRE sur les systèmes géographiques DES | 
Grecs et des Arabes ; par M. L.-Am. . Sèdillot: _— 
HISTOIRE du moyen-âge , sur un AUQUS LUE À 
fait es te EE Letranc. À D 
rue du Pot-de-Fer, 8. E Svente 1e 


PARIS.—1HNP, DE LACOUR et NES À 
rue Saint-Hyacinthe-S, Miche! 


10° année. 


Paris. — Jeudi, 9 Mars 1843. 
RE ———— 


Ne 18. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


| L'ECHO DU MONDE SAVANT. 


= 


ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine. et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
| le M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, ruê des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
| braïres, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 (r., /6fr., 
Br. 50: Al'ÉTRANGERS fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 
‘RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui. forment avec l’Echo du monde savant la revue 
î encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le jourpal doit être adressé (franco) àM. C.-B, FRAYSSE, gérant-adiinistrateur. 


*DMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
* CES. Séance du 6 mars 1841. — SCIENCES 
+ PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la température 
-intériear de l’intérieur barométrique; de Ville- 

neuve. CHIMIE INORGANIQUE. Recherches sur 
les poids atomiques de l'hydrogène et du calcium; 
| ÆErdmapnn et Marchand. — SCIENCES NATU 
'RELLES. ANATOMIE COMPAREE. Remai- 
.;ques anatomiques sur Le stersum du didelphis vir- 
“:giniana: Eudes Deslougchamps, — SCIENCES 
:APPLIQUEES. MACHINES A VAPEUR, 5° ar- 
hicle; Cala — AGRICULTURE, Industrie vi- 
#@gnicole { essais d’ampelographie ; le comte Odart. 
:MORTICULTURE. Modification de la taille du 
l:pècher. — SCIENCES HISTORIQUES. ARr- 
|: -CHEOLOGIE. Sur la distribution, la valeur et la 

législation des eaux dans l'ancienne Rome; Du- 
| reau de la Malle. — GEOGRAPHIE, Sur les 
| cartes en relief de M. Bauerkell; par M. Jomard. 
| — FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. — 
ANNONCES. 


| 


DD ISÈEC (> — — ———— 
“ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 6 mars. 


| 
! 

* Fée 
‘ E’dcadémie a procédé aujourd’hui à la 
“somination d’un membre dans la section 


lle géométrie, en remplacement de M, Puis- 


+ 


“ant, récemment enlevé à la science. Dans 


“\a dernière séance, une liste des candidats 
a été présentée, et ces candidats sont en 
'première ligne ex æquo MM. Binet et Lamé; 
eu seconde ligne M. Chasles; en troisième, 
M. Blanchet. ele 


Sar 57 votants :: : sl: 


| M. Lamé a obten ï Di Noix 
 M. Binet TOUTE 


3 


ÿ 


3 
; 


v 
f 


1 


1 


. M. Lamé a donc été nommé membre de 
11’Académie. L'Académie, en choisissant 
M. Lamé, appelle dans ses rangs ünhomme 

d’un haut mérite, d’un esprit pew'com- 


“ mun. 1l n'est pas donné à tout le monde de 
| soulever de hautes questions sciéntifiques, 


fl N # É ; 
. comme l’a fait M. Lamé. Cela seul prouve 


que le nouvel académicien a des grandes 
18% 


fées etqu'il n’est pas destiné à marcher 
19J1Ey 2 . ‘ 
| Sàns gloire dans le sentier parcouru par le 


2.) DEEE : c ’ 

| dlgaire.Puisse ce nonveau titre d'honneur 
2090 90 RAA TS) » 7 

| chgourager M. Lamé dans ses études per- 

| sie S ° pe vf ; 

j sévérantes et lui permettre d'aborder plus 


| franchement les grandes qüestions que son 
| esprit a conçues. Re 


M. Velpeau a lu à l’Académie des Re- 
cherches sur les cavités closes de l’écouo- 
Mie animale et sur le traitement chirurgi- 
gal des hydropisies. L’illustre chirurgien de 
la Charité, ‘dont les nomhreux travaux et 
les savantes leçons ne seront pas oubliés 
des Académiciens, au jour de la nomina - 
‘tion dans la section de médecine et de chi- 
rurgie,-a examiné sous tous les points 
de vue la question qu'il a soulevée dans 
son Mémoire. Ce travail important est un 
heureux moyen de ne pas se faire oublier 
de l’Académie et de se faire distinguer des 


| 


nombreux concurrents qui se présentent, | neuses, sonores et légères, dont l'origine 


mais parmi lesquels nous en connaissons 
beaucoup dont les titres ne seront pas longs 
à discuter. 

M. Amussat, qui depuis plusieurs séances 
envoie à l'Académie une foule de Méiioires, 
a gralifié encore aujoürd’hui la savante 
assemblée de ses recherches sur la réduc- 
tion des hernies étrang'ées par l’association 
simultanée des forces d’un chirurgien et de 
celles d’un ou de plusieurs aides. Selon 
M. Amussat le taxis ofdinaire est insuff- 
sant. Dans b'aucoup de cas, il faut une 
force plus soutenue et‘ plus grande que 
celle d’un scul opérateur, parce que les 
forces du chirurgien s'épuisent prompte- 
ment et que la résistance à vaincre est trop 
grande. Pour agir efficacement, lors que 
l’opérateur ne peut suffire, il faut s'associer 
les forces d’un ou de plusieurs aides, comme 
pour les luxations, les fractures, etc., afin 
de prolonger et de graduer le taxis conve- 
nablement et l'on aura ainsi quelques 
chances de succès, Le procédé auquel 
M. Amussat donne la préférence consiste, 
le siége du malade étant placé sur un plan 
résistant, à embrasser fa tumeur avec les 
mains, à la circonscrire en l’allongeant au 
lieu de l’applatir, et à comprimer sa base 
perpendiculairement à l'anneau avec 2, 4 
ou 6 mains en même temps. Nous admi- 
rons le procédé opératoire de M: Amussat, 
mais il est permis de s'étonner de cette 
grande vérité qui termine son Mémoirc : 
« Pour réduire méthodiquement une her- 
nie étranglée et pour être en mesure de 
pratiquer la chirurgie des hernies, il faut 
étudier l'anatomie chirurgicale, l’anatomie 
pathologique; suivre les cliniques, les pra- 
tiques particülières et méditer sur ce sujet 
important.» M: Amussat dévrait nous ap- 
prendre aussi qué pour voir il faut avoir des 
veus. Autrelois on nommait les vérités de 
cette sorte, vérités de M. Lapalisse : peut- 
être vont-elles changer de nom. 

M. Dureau de la Malle a communiqué à 
l’Académie quelques remarques sur une 
brique de l'ancienne Babylone. Au pied 
du Birs-Nemrod, dans l'enceinte de l’an- 
cienne Babylone, on trouve un groupe de 
collines qui sont formées par les débris de 
constructions antiques.En fouillant la terre 
onrencontre, à quelques mètres au-dessous 
du sol, les constructions primitives faites 
en briques crues cimentéesavec du bitume. 
La plus élevée de ces collines est composée 
de scories de différentes sortes. On recon- 
naît au premier coup d'œil que l'édifice, 
dont elle occupe la place, a été détruit par 
un violent incendie. Les scories les plus 
nombreuses sont des masses vitrifiées d’un 
jaune verdätre. L’émail durci qui les re- 
couvre indique que ces scories ont appar- 
tenu aux parois verticales des murs du 
palais. On trouve aussi des scories ferrugi- 


n’est pas difficile à déterminer. Elles sont 
en masses dont la grosseur moyenne est 
égale à une tête d'homme. 

Les terres de l'enceinte de Babylone sont 
imprégnées de différents sels et particulié- 
rement de natron. Lorsque lestribusarabes 
établies dans cette contrée ont séjourné 
quelques temps dans un campement, tous 
les fours construits par elles sont recou- 
verts à l’intérieur d’un émail semblable 
aux scories des collines du Birs-Nemrod. 

M. Augustin Cauchy présente à l’Acadé- 
mie une note relative à l'intégration des 
équations linéaires sous certaines condi- 
tions, et spécialement à l'intégration de l’é- 
qualion qui représente l'équilibre de tem- 
pérature dans un cylindre de forme quel- 
conque. 

M. Alcide d'Orbigny a envoyé à l’Aca- 
démie un mémoire intitulé : Quelques con- 
sidérations sur la station normale compara- 
tive des animäux mollusques bivalves. La 
station normale des coquilles des mollus- 
ques acéphales" est verticale ; les tubes en 
haut , la bouche en bas chez toutes les bi- 
valves symétriques, tandis qu'elle est hori- 
zoutale, la bouche d’un côté et l'anus dé 
l’autre chez toutes les coquilles non sy 
triques. Dans le premier cas il y aura 
valve droite et une valve gauche; [& 
autre, une valve supérieure et une | 


grande utilité dans les observations géoloS 
giques relativement à l’état des mers aux 
différentes époques et sur divers points 
d’un bassin. doit être conservée scrupuleu- 
sement dans la représentation de toutes les 
coquilles ; et cette station ayant été sou- 
mise à des observations nombreuses faites 
par toutes les latitudes, les géologues pour- 
ront s’y fier entièrement et y comparer l’é- 
tat des faunes au sein des couches ter- 
restres. 

Le dernier mémoire de MM. Dumas, 
Bussingault et Payen sur l’engraissement 
des bestiaux et la formation du lait a fait 
faire à M. Liebig quelques réflexions et 
quelques expériences qu’il a communi- 
quées aujourd’hui à l’Académie des scien- 
ces. Les résultatsdu célèbre chimistede Gie- 
senne s'accordent gnèreavec ceux des chi- 
mistes français On sait que ces chimistes 
ont sur la formation de la graisse des idées 
que tout le monde savant ne partage pas. 
Selon eux ,ce sont les matières cireuses 
produites dans l'organisme des plantes qui 
se changent dans le corps de l'animal en 
acide stéarique , oléique ou margarique. 
Cette idée est fort belle en théorie, mais elle 
est contredite fortement par une expérience 
de M. Liebig, dont les soins et l'habileté ne 
sont ni contestés ni contestables. M. Liebig 
a examiné les excréments d’une vache, 


112 

nourrie depuis longtemps de foin et de 
pommes de terre, et il a trouvé que ces 
excréments renfermaient à très peu de 
choses près toute la matière grasse ou ci- 
reuse contenue-dans leséléments La vache 
qui consomme journellement 15:kilog. de 
pommes de terre, 7 k. 1/2 de foin y reçoit 
126 gramm. de matières-solubles dans lé- 
ther; cela fait en six jours 756 gramm. 
Or, les excréments ont fourni en six Jours 
747 g. 56 des mêmes matières. 

Mais d’après des expériences antérieures 
de M. Boussingault, une vache nourrie de 
pommes de terre et de foin avec la ration 
indiquée, fournit en six jours 64,52:litres 
de lait qui renferment 3116 gramm. de 
beurre, toujours d’après l'analyse de 
M. Boussiugault. FH est donc absolument 
impossible que les 3116 gramm. de beurre 
dans le lait de la vache puissent provenir 
de 756 gramm. de matière cireuse con- 
tenue dans leurs aliments, puisque les ex- 
créments de la vache renfermentune quan- 
tité de matière soluble dans l'éther!, égale 
à celle qui a été consommée. 01 


- Les faits apportés par M. Liebig étaient 
trop positifs pour être réfutés, cependant 
ils ont soulevé au sein de l’Académie une 
discussion qui s’est terminée sans donner 
gain de cause aux adversaires du chimiste 
de Giesen. 


La lune exerce-t-elle sur la menstrua- 
tion une influence appréciable ? Telle est la 
question posée par M ‘Parchappe et qu'il 
réscut négativement, EE. 


—— 2 PEL Gdenm—— 
SCIENCES PAVSIQUES. 
PHYSIQUE: 


Deuxième Mémoire sur la température inté- 
rieure dans l'appareïl barométrique; pré- 
senté par M. de Villeneuve, le 27 février 
1843, à l'Académie des Sciences. 


Dans ce nouveau travail , M. de Ville- 
neuve a établi la formule générale à l’aide 
de laquelle on peut calculer les variations 
de la températureintérieure du baromètre, 
au moyen de la mesure des variations du 
nivau aux deux extrémités de l'appareil, 
quelle que soit d’ailleurs la forme du baro- 
mètre. Ce problème vient d’être résolu 
pour tous les baromètres à syphon et à cu- 
vette, comme il l'avait été déjà pour le ba- 
roinètre Guay-Lussac. On conçoit très bien 
en effet que le baromètre à cuvette se com- 
porte comme un appareil à syphon dont la 
branche inférieure serait beaucoup plus 
large que la branche supérieure. 

À une température constante, quels que 
soient les changements de pression, l’aug- 
mentalion du volume dans l'extrémité sa- 
périeure, doit être exactement égale à la 
diminution du volume de l’extrémité infé- 
rieure du baromètre. D'où l’on est forcé 
de conclure, que lorsque la température 
varie, la différence entre la variation de la 
branche supérieure et la variation de la 
branche inférieure donne exactement le 
changement da volume total ; or, le chan- 
gement du volume total est proportionnel 
à la variation de température. Donc, « La 
» différence des deux variations de volume 
» dans le haut et dans le bas de l'appareil, 
» est proportionnelle à la variation de 
» température. » 

Lorsque les deux branches du baromètre 
ont un rapport constant dans leur section, 
celte loi se traduit en une expression algé- 


#13 


brique très simple, et dans ce cas, l'appré- 
ciation de la température est très facile, 
pourvu que Île rapport des deux sections 


soit connu. Si le rapport n’était pas donné, ! 
une observation suflirait pour le déter-. 


miner. 

On voit ainsi comment M. de Villeneuve 
est amené à critiquer la disposition qui, 
dans le baromètrede Fortin, masque com- 
plètement la variation du volume du mer- 
cure de la cuvette ; tandis qu’il eût été con - 
venable de chercher un moyen simpie de 
mesurer cette même variation. 

M. de Villeneuve arrive à une consé- 
quence remarquable de la loi précédente. 
Puisque la variation des nivaux inférieur 
et supérieur permet de calculer la tempé- 
ratuceintérieure, il faut conclure.avec l’au- 
teur que « si la température de l'appareil 
»est donnée, ainsi qne la variation deniveau 
»d'uneseule extrémité, on peut calculer im- 
»médiatement soit la variation de niveau. à 
» l’autre extrémité, soit la pression totale.» 

D'où il résulte qu’on peut obtenir très 
exactement la pression barométrique avec 
un baromètre dont on ne suit les variations 
que daps une seule branche. 

Ainsi, il suffit de suivre, par exemple, 
les oscillations de la branche inférieure du 
baromètre et de voir les températures cor- 
respondantes signalées par un thermomètre 
introduit dans le corps de l'instrument pour 
que l'appareil barométrique soit complet. 

Ces remarques conduisent M. de Ville- 
neuve à un système de construction d'un 
barométrographe plus exact que tous ceux 


qu on a établi jusqu'à présent, et à indi- 


quer des biromètres de voyage dont tout le 
tube serait entièrement opaque, IL suffit 
d'introduire un flotteur dans la, branche 
inférieure d’un appareul barométrique cons- 
truit en métal pour qu’on puisse mesu.er 
toutes les variations de niveau decet'e bran- 
che, sans les voir directement, 

Or, les baromètres de voyage non fra- 
giles et les barométrographes exacts, sont 
les deux appareils qui jusqu'ici ont mauqué 
au perfectionnement de la baroméirie et 
des nivéllëments barométriques.… 

Nous espérons aussi que ces nouvelles 
données permettront d’ajouter plus d’exac- 
titude aux baromètres étalons déposés dans 
les observatoires, et de rendre leur vérifica- 
tion plus facile et plus précise. 

M. de Villeneuve a hasardé , dans la 
deuxième partie de son mémoire, quelques 
aperçus signales comme ingénieux sur une 
question importante et. obscure , la cause 
des périodes barométriques. 

L'auteur explique simplement ces pério- 
des dans la région équatoriale : 1° par l’ef- 
fet de ’échauffement diurne et du refroi- 
dissement nocturne de l'atmosphère; 2° par 
la vitesse de rotation de l'atmosphère crois- 
sant avec la hauteur de la partie de l’atmo- 
sphère que l’ou considère. Avec ces deux 
principes, M. de Villeneuve démontre qu'il 
yaurait nécessairementdeuxmininum dans 
la pression atmosphérique : l’un après midi, 
l'autre après minuit; et deux maximum : 
l’un après b heures du matin, l’autre après 
6 heures du soir. 

Vers la région polaire, les oscillations ba- 
rométriques ne sont pas diurnes, mais elles 
sont causes, suivant l’auteur : 

49 Par la lougueur des deux périodes de 
chaud et de froid qui assimilent l'année po- 
laire au jour équatorial ; 

20 Par l’affluence vers la région polaire 
du courant d’air chaud et humide qui, 
chassé de la zone équatoriale par les vents 


A14 


alisés et leurs analogues, se déverseraitvers 
les poles avec une vitesse de rotation de 
l’ouest à l'est.Ce courant ogcuperait la/zone 
supérieure deil'atmasphère ,et serublaiert 
se rapprocher,de Ja {surface vers [a région 
polaire. 

Pour les pays situés entre la zone glaciale 
et la zone torride, les variations du baro- 
mètre seraient dominées tantôt par le mou- 
vement polaire, tantôt par le régime équa- 
torial. : 

Le courant d’air chaud supérieur cau- 
serait/les grandes dépressions de notre ba- 
romètrepeudant l'hiver , en-:même temps 
que ces élévations de température atmg- 
sphérique qui adoucissent les rigueurs des 
froids. 

Le voisinage des montagnes agiraitde 
manière àaccroitrelesvariationsextrèmes. 

Le Mémoire est terminé par des-rappro- 
chements entre le magnétisme-terrestreet 
les variations barométriques. 1 

L'identité de direction du courant d’air 
chaud que nous venons de signaler avee 
celle du courant électro-magnétique du 
globe, la coïncidence du minimum des 
oscillations magnétiques et du minimum 
des oscillations barométriques qui se ma- 
nifeste en décembre dans notre hémi- 
sphère. Le maximum de lintensité mra- 
guétique quai s'offre dans la région polaire. 
en mêmé temps que le maximum des varia- 
tions annuelles du baromètre, tendraient 
à faire croire que le magnétisme terrestre 
et les variations barométriques tiennent.aux 
mêmes causes, etque c’est dans l’électrieité 
de l'atmosphère qu’il faudrait chercher le 
secret du magnétisme que l’on a jusqu'ici 
attribué à la partie solide de notre globe. 

Il existe cependant encore bien des.diffé- 
rences inexpliquées, comme l’abserre, M.-A- 
rago, entre les oscillations magnétiques et 
les variations. barométriques. La coiïnei- 
dence, par exemple, entre le maximum des 
des périodes barométriques et ie maximum 
des oscillations magnétiques n’a pas lieu, 
comme l’auteur l'avait admis sur la foi d'un 
savant physicien. 

Quoi qu'il en soit de ces dernières idées 
théoriques, elles ouvrent des points de vue 
nouveaux aux problèmes si délicats de ja 
physique générale du globe ; et dans tous 
les cas les recherches de M. de Villeneuve 
offrent d'excellents moyens de plus pour 
étudier avèc précision la partie de ces belles 
questions qui $e rattache au baromètre. Il 
est évident que le baromètre vient.de faire 
un pas important. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Recherches sur les poids atomiques de l'hy- 
drogène et du calcium; par MM.0b: 
Erdmann et R:-F. Marchand. 


Deuxième ët Uernier article. 


ensii 
2aob 
Calcium. HE 
En décomposant avec précaution le car- 
bonate de chaux à l’aide de la chaleur, nous 
espérions pouvoir déterminer le rapport 
réel entre l'acide carbonique et la chaux; 
puis, partant du poids atomique connu de 
celle-ci, contrôler le poids atomique de 
lacide carbonique. Cependant Ia compo- 
sition de celui-ciayant été déterminée par 
des exptriences exactes, nous pouvons au- 
jourd'hui préciser la composition du ear- 
bonate de chaux en partant du véritable 
poids atomique de l'acide carbonique. et 
arriver conséquemment au poids atomique 
du calcium. 


5 

Nos premiéres analyses furent faites sur 

»s échantillons de spath d'Islande très pur; 

fat pulvérisé très fin et séché entre 140 et 
50°::Le minéral séché et pesé fut chauffé 
l1 rouge, dans un creuset de platine, pen- 
sant plusieures heures, jusqu'à ce que 
ois pesées consécutives ne présentassent 
lus: de différence. Puis après la dernière 
pesée, nous fimes de nouveau roupgir le 
treuset, et nous lintroduisimes, pendant 
wik était: encore rouge et après l'avoir 
Fæpméavec un couvercle, dans une cage 
là se: trouvait une grande quantité de 
aux caustique. Après l'y avoir laissé re- 
roidir,. nous le pesàämes de nouveau, ce 
wi pouvait se faire assez promptement, 
on poids étant déjà à peu près connu. 
jette: opération fut répétée jusqu'à ce que 
leux pesées consécutives s’accordassent 
rarfaitement. Dans la cage de la balance 
e-mèême, il:y avait deux capsules rem- 
lies, lune d'acide sulfurique et l'autre de 

‘phaux: 

442225er. de spath d'Islande laissèrent 
12,3425:grt de chaux-caustique, c'est-à-dire 
:36,09-p. c. 
 4,51225 gr. de même minéral laissèrent 
.2,5495 gr. de chaux caustique, c’est-à-dire 
556,18 p. c. 
|  Enadoptant pour le poids atomique de 

a chaux, le nombre 356,019, et pour ce- 
lui: de l'acide carbonique 275, nous au- 
“ions; dans la conrbinaison des deux corps, 
156,42°p. c..de chaux et43,58 p. c. d’atide 
"carbonique: Ces: nombres différent consi- 
‘idérablement: des résultats obtenus; ceux- 
rci donnent, 275 étant pris-pour l'acide car- 
l'bonique, les’ valèurs 351,2 et 352,8 pour 

} Ja chaux. Nous-avous dû chercher la cause 

ide ces différénces; qui se répétérént dans 

rplasieurs autres opérations, dans la com- 
position même du minéral. Celui-ci, en 
effet; n'était pas entièrement pur, même 
|dans:les plus beauxéchantiHons. L'analyse 
exacte d'un échantillon entièrement inco- 
lore:et transparent, a dnnné les résultats 

h suivants : 3 

25,000 gr. féurnirent : 
 0,0035 gr: de‘silice. 

| 0,0050 —de péroxide de fr, 

0,0012 — de mänganèse, de mayriésie et peut-être 

d’alcali. 

Nous n’ÿ pûmes découvrir ni chlore, ni 
fluor, ni acide sulfurique. 100,000 p. du 
minéral contenait conséquemment : 

99,961 carbonate de chaux, 
0,014 silice, 

0,020 peroxide de fer, 

0,005 manganèse, magnésie, etc. 


| 400,000 


| Nous allons maintenant apporter quel- 
| ques expériences dans lesquelles nous avons 
! transformé eu sulfates de très beanx échan- 
| tillons de spath d'Islande,  quoiqu’elles 
n'aient pu fournir des résultats parfaite- 
. ment exacts, à cause de l'impureté de ce 
 spath. 
| Ce minéral, séché et réduit en poudre 
‘ fine, fut introduit dans un creuset de pla- 
| tive, muni d’un couvercle qui fermait bien. 
Dans ce creuset il s’en trouvait un autre 
plus petit, et donc la tare avait été prise; 
la chaux ayant été pesée, ce dernier fut 
“ remplid'acide sulfurique; puis, le couvercle 
ayant été bien fixé, on inclina le tout succes- 
“ sirement de manière à faire écouler l’acide 
| sülfurique dans le grand creuset. L’acide 
 coula lentement sur le spath et en expulsa 
l’acide carbonique; l'excès d'acide fut 
chassé par une chaleur toujours crois- 


| 
| 


Le Sas 


RC. 


416 
sante, et finalement très violente, et'avec 
quelques fragments de carbonate d'ammo- 
niaque placés dans le petit creuset, on favo- 
risa cette opération. 

Quatre expériences nous ont donné en 
moyenne, pour 100 de carbonate, 136,05 
de sulfate. 

Si l'on admet 201,16 pour le poids ato- 
mique du soufre et 356,01 pour celui de la 
chaux, on obtient, pour la composition du 
carbonate de chaux, des nombres qui peu- 
vent se concilier avec les résultats précé- 
dents. 

Nousavons fait une troisième série d’ex- 
périences sur la calcination du carbonate de 
chaux, en employant, non pas du spath 
naturel, mais du carbonate préparé artifi- 
ciellement, au moyen de chlorure de cal- 
cium chimiquement pur et cristallisé et de 
carbonate d’ammoniaque. Le précipité, 
lavé longtemps à l’eau bouillante, fut sé- 


ché à 160-180°, jusqu’ace qu'iln’y eût plus, 


de différence dans trois pesées successives. 
Avant chaque pesée, nous laissâmes re- 
froidir le creuset sous une cloche où se 
trouvait de l’acide sulfarique. 

Le creuset exactement taré et rempli 
avec une ,quantité pesée de carbonate de 
chaux, fut placé dans un autre creuset de 
platine, muni d’un couvercle à large bord, 
et ce dernier creuset dans un troisième en 
terre également bien fermé. Les creusets 
fatent maintenus dans un bon fourneau à 
vent, à une chaleur extrêmement forte, 
pendant une heure et demie à deux heures, 
puis on'les en retira encore roûges, et l'on 
introdüisit immédiatement lès deux: creu- 
sets de platine dans la cage à chaux dont 
nous avons parlé plus haüt} de sorte qu’ils 
se refroidirent dans une atnrosphère sèche 
et exempte d’acide carbonique. Ensuite la 
chaux calcinée fut vivement'pésée. 

La pesée étant faite, on rétira la chaux 
du creuset; elle avait conservé la forme 
du creuset et s'était assez fortement gril- 
lée, de sorte que cela se’ fit‘aisément. Le 
creuset fut purifié avec soin de’‘toutes les 
poussières de chaux, et'taré de nouveau. 
Cette’ précaution était nécessaire; car, 
après chaque expérience; là tarte avait un 
peu changé, de trop peu de chose, il est 
vrai, pour influer les résultats d’une ma- 
nière notable. 

Il‘y avait dans cette méthode uve lé- 
gère erreur inévitable; c’est qne, après la 
calcination, il y avait toujours dans les 
creusets une atmosphère d’acide carbo- 
nique qui devait nécessairement être réab- 
sorbée par la chaux caustique, et augmen- 
ter ainsi légèrement le poids du résidu. 
Toutefois, l’espace vide qui se trouvait 
dans les creusets était si faible, que l’er- 
reur qui en résultait ne pouvait pas être 
d’un grand inconvénient. Cet espace s’éle- 
vait tout au plus à { c. c. qui, à la tempé- 
rature ordinaire, compreudrait environ 
2 milligr. d'acide carbonique; mais comme 
la température où les creusets étaient in- 
troduits dans la cage à chaux était presque 
encore blane, il est probable qu'il y avait à 
peine un demi-milligr. dans cette atmos- 
phère. On devrait plutôt supposer une er- 
reur dans le sens contraire; c'est qu'il se 
pourrait que l’acide carbonique, au mo- 
ment de se développer, entrainât mécani- 
quement un peu de substance solide et 
occasionnät ainsi une certaine perte. Si 
l’on enfonce trop le calcaire pulvérulent 
dans le creuset, cette circonstance pour- 
rait bien se présenter; cela nous est ar- 
rivé une fois d’une manière fort sensible. 


AT 


Si l’on prend lerésultat de quatre expé- 
riences, l’on trouve que le carbonate de 
chaux contient 56,00 de chaux pour 100 
de carbonate. 

Nous n’avons pas calculé plus de déci- 
males,la deuxième se trouvantdéjà hors des 
limites de la pesée. 

La différence que l'on observe entre ces 
uombres et ceux adoptés jusqu'à présent 
est trop considérable pour que nous eus- 
sions pu nous contenter de ces expé- 
riences. 

D'après l'ancien poids atomique du 
carbone et de la chaux, le carbonate de 
chaux renfermait 56,292 p. c. de chaux; 
l'acide carbonique étant placé égal à 275 
et l’ancien poids atomique de la chaux 
étant conservé, on aurait 56,43. Ces nom- 
bres s'accordent avec les indications de 
plusieurs chimistes, tandis qu'ils diffèrent 
de certains autres. 

Ainsi. : 


M. Berzélius trouva  56,4p. c. de chaux. 
M. Thénard 56,3 — 
M: Stromeyer 96,19 — 


en décomposant le carbonate de chaux par 
la calcination. 

Pour éviter, dans la détermination de la 
décomposition du carbonate de chaux, une 
erreur qui pouvait être inhérente à la mé- 
thode elle-même, nous fimes enfin usage 
d’un autre procédé, assez simple pour être 
exécuté avec exactitude. 

Au nioÿen d’une quantité d’acide pesée, 
nous expulsèmes l'acide carbonique d’une 
quantité pesée de carbonate calcaire. 
M. Critzsche, qui a déjà employé cette mé- 
thode { Annal. de Poggend., xxxviu, 304), 
se servit à cet effet d’un appareil fort judi- 
cieusement combiné, mais peu commode 
à mabier et ne pouvant vetevoir que peu 
de matière, Voici celui que nous avons 
employé : 

Ün tube de verre; large de 1 à 1 pouce 
472:de diamètre et de 6 à 8 pouces delong, 
est destiné à recëevoir le carbonate; un 
bouchon convenable, recouvert dé cire à 
cacheter:et percé de deux trous, ferme ce 
tube après que la substance et un’ petit 
verre à réactif large de 172 pouce et rem- 
pli d'acide hydrolique ou sulfurique dilué 
y ont été introduits. Le bouchon est tra- 
versé par deux tubes, dont l’un étroit est 
recourbé en dessus, en angle droit et effilé 
en poiute fine; l’autre plus large renferme 
du chlorure de calcium. Lorsqu’ou a déter- 
miné le poids de la substance employée, et 
quon a monté l'appareil de manière qu’il 
ferme hermétiquement, on donne un lé- 
ger coup de lime sur la pointe sans la cas- 
ser, où tare l'appareil avec la substance, 
on incline lé verre de façon à faire couler 
lentement Vacide sur le sel, et qu'il n'y ait 
pas de forte effervescence ; on répète cette 
opération jusqu’à ce que le petit verre à 
réactifsoit vide et que le carbonate soit en- 
tièrement décomposé. On peut favoriser la 
réaction à l’aide d'une douce chaleur. 
Quelque temps après on fait sauter la pointe 
au moyen d’un charbon rouge ;' on la 
place sur la balance, on adapte au tube 
ouvert au moyen d’un tube en caoutchouc, 
nn autre tube rempli de fragments de chlo- 
rure de calcium, et l’on fait passer de l'air 
sec à travers l'appareil, à peu près dix ou 
vingt fois son volume. On pèse alors l’ap- 
pareil avec la pointe : la perte de poids in- 
dique immédiatement la quantité de l'acide 
carbonique expulsé. 

Bien que le sulfate de chaux soit presque 
insoluble dans l’eau, il est plus convenable 


AS 


d'employer de l’acide sulfurique que de l'a- 
cide hydrochlorique, puisque ce dernier, 
même é'endu de leaucoup d’eau se vo- 
latise aisément et occasionne alors une 
perte. à 

I. 3,5385 gr. perdirent 1,557 gr. d'acide 
carbonique = 44 p. c. 

II. 3,2125 gr. perdirent 1,413 gr. d’a- 
cide carbonique = 43,98. 

Ces expériences donnent conséquem- 
ment, pour la composition du carbonate de 
chaux, sensiblement le rapport de : 

56,00 chaux, 
44,00 acide carbonique. 

La véritable moyenne arithmétique des 
deux séries d'expériences, est : 

56,003 chaux, 
43,997 acide carbonique. 

Calculés d’après la méthode des plus pe- 
tits carrés, ces rapports éprouvent à peine 
quelques changements. De même, les ré- 
sultats ne sont passans influence, si lon ra- 
mène au vide les poids obtenus, car les den- 
sités du carbonate de chaux et dela chaux 
caustique diffèrent peu entre elles, puis- 
qu’on n'a employé que peu de substance. 

Nous avons donc sensiblement 275 
pouces d'acide carbonique pour 350 de 
chaux ; d’après cela, le poids atomique du 
calcium est égal à 250. 


DEEE — 
SCIENCES NATURELLES. 


ANATOMIE COMPARÉE. 


Reinarques anatomiques sur (8 sternum du 
Didelphis Virginiana. 


La Société linéenne de Normandie vient 
de publier le 7e volume de ses Mémoires. Il 
contient plusieurs travaux importants, au 
premier rang desquels il faut placer les re- 
cherches sur les terrains secondaires du 
Calvados, par M. Eudes Deslongchamps. 
Nous regrettons d'autant plus de ne pou- 
voir les reproduire dans leur entier, que 
nous ne pensons pas qu'on puisse faire 
l'analyse des Mémoires qui les renferment, 
ou enciter même des extraits, sans affaiblir 
l'intérêt qui s’y rattache. Pour justifier au- 
tant qu'il est en nous ce que nous venons 


de dire, nous allons reproduire des remar- 


ques analomijues de M. de Longchamps 
sur le sternum du d'delphis virginiana. 

Ayant observé sur une femelle de didel- 
phis virginiana que je disséquais, une con- 
formation de sternumqui me parut extraor- 
dinaire, j'ai dû rechercher, dans les ouvra- 
ges d’anatomie comparée que je possède, si 
cette conformation était connue et décrite; 
je n’ai trouvé rien de satisfaisant à cet 
égard. Meckel, dont l'article sternum des 
mammifères (Anat. comparée, t. ILE, trad. 
franc.) m'a paru fort bien fait et le plus 
complet que je connaisse, cite à peine en 
passant le nom de Didelphes, et n’entre à 
à leur sujet dans aucun détail. 

Le didelphis virginiana n’est pourtant 
pas un animal rare, et a dû être souvent 
disséqué. De plus, comme il n’est pas pro- 
bable que le conformation que J'ai observée 
soit propre au sarigue de Virginie, mais 
qu’elle doit être doit être commune à d'au- 
tres sarigues et peut-être à tous les didel- 
phes, il est assez singulier que la conforma- 
tion remarquée par moi, et qui me paraît 
mériter toute l'attention, ait échappé aux 
anatomistes. 

Serais-je tombé sur une anomalie, sur 
un Gas particulier, individuel? Cela n'est 


A9 


guère probable. Il est bon d’ailleurs d'ob- 
server que la conformation que je vais dé- 
crire veut étre examinée de près pour être 


reconnue. Un défaut de précaution, en dé- : 


tachant les muscles pour préparer le sque- 
lette, peut aisément déformer ou détruire 
ce que cette configuration a de plus essen- 
üel : la dessication l’annule complètement. 
C’est ainsi que je ne puis m'expliquer le si- 
lence des anatomistes, si toutefois, je le ré- 
pète, cette remarque n’a point été faite 
dans des ouvrages que je ne possède pas. 

À l'exception de la pièce antérieure du 
sternum ou mänubrium, le reste de cet os 
n’a rien de particulier et qui ne se retrouve 
dans la plupart des sternums normaux des 
mammifères et particulièrement celui des 
carnassiers. Aussi je-crois inutile de décrire 
cette partie du sternum du didelphis virgi- 
niana. 

La pièce antérieure où manubrium pré- 
sente à peu près la, forme d’une croix la- 
tine, dont la branche postérieure, épaisse 
et plus longue que les latérales, s'articule 
avec la deuxième pièce du sternum. La 
branche antérieure, courbée un peu en des- 
sous, peaucoup plus étroite que la posté- 
rieure, fait saillie sous la région du cou et 
se termine par une. portion cartilagineuse 
non pénétrée de grains osseux (1). 

C’est sur cette portion cartilagineuse que 
s'attache l'extrémité sternale des clavicules, 
mais non immédiatement. Il existe, en ef- 
fet, entre cet os et l’extrémité cartilagi- 
neuse du manubrium deux pièces -(une de 
chaque côté ) aussi de nature cartilagi- 
neuse, de forme oblongue, un peu plus 
large en avant qu’en arrière, qui sert de 
moyen d'union entre les clavicules et le 
steruum. Cette pièce représenterait-elle le 
fibro-cartilage inter-articulaire qui se voit 
dans l'articulation sterno-claviculaire de 
l'homme et des quadrumanes?Cela.est pos- 
sible; mais ses rapports avec les pièces 
osseuses qu'elle réunit sont un peu dif- 
férents, et sa taille, toutes proportions 
gardées, est beaucoup plus grande. Par son 
extrémité postérieure, cette pièee surnumé- 
raire est appliquée au côté externe du pro- 
longement cartilagineux du manubrium et 
lui est unie par des ligaments et une cap- 
sule ; son extrémité antérieure s'applique à 
la face externe de l’extrémité interne de la 
clavicule qui, dans ce point, est plate et 
élargie; elle est également unie à cet os 
par une capsule et des fibres ligamen- 
teuses. 

Il résulte de cette conformation une très 
grande mobilité des clavicules sur le ster- 
num, un soutien peu efficace pour l’épaule 
et le membre antérieur ; enfin presqu’au- 
cun des avantages que ce membre peut re- 
tirer de la présence des clavicules, ou plus 
exactement peut-être, une nouvelle modi- 
fication dans les mouvements du membre 
antérieur, au moyen d’une clavicule à peine 
fixée. 

Lorsque les deux clavicules du sarigue 
sont aussi rapprochées l’une de l’autre que 
possible, les deux pièces cartilagineuses 
surnuméraires sont alors appliquées l’une 
contre l’autre par leur face interne; les 
clavicules, dans cet état, ressemblent à la 
fourchette de certains oiseaux et notam- 
ment des gallinacés; les cartilages surnu- 
be RULES Le 

(1) L'animal dont je décris le sternum était au 
moins adulte; ses os ne présentaient nulle trace 
d’épiphyse, et déjà tous les cartilages sterno-cos- 
taux étaient pénétrés de grains osseux , sans être 
néanmoins complètement ossifiés , les grains osseux 
n'étant pas encore confluents, 


420 
méraires simulent le pédicule de cette même 
fourchette. rs 

Les branches latérales du manubriuny 
sont plus courtes, moins épaisses et un peu 
plus larges que la branche postérieure::il 
existe à leur extrémité deux facettes articu- 
laires : la postérieure donne insertion a 
cartilage de la première côte; l’antérieuré 
donne également insertion à un autre cars 
lage assez semblable à celui de la première 
côte, mais dont l’extrémitéest libre ; il donne: 
attache par sa.base au musele sous-elavier. 

Que représente ce cartillage qui, comme 
ceux des côtes, était pénétré de grains os: 
seux non confluents? Faut-il le considérer 
comme un vrai cartilage costal se rappore 
tant à la septième vertèbre du cou ? On sait 
que l’apophyse transverse de cette vertèbre 
est complétée das le premier âge par'une 
pièce osseuse, alors distincte, qui représente 
évidemment un côte cervicale restée à l’état 
rudimentaire. On saitaussi que M. Breschet 
a signalé sur le manubrium du sternum de 
l’homme quelque chose d’analogue à l’ap- 
pendice cartilagineuse si bien développéé 
sur le sarigue, et qu'il a adopté, comme 
explication, la tendance organique que je 
viens de rapporter. : £ 

Je dois faire observer que, dans le sari- 
gue, l'apophyse transverse de la septième 
vertèbre cervicale est petite et bien moins 
développée que celle des vertèbres qui la 
précèdent. Dans l'hypothèse dont nous par: 
lons, le développement notable du cartilage 
costal rudimentaire semblerait exiger un 
développement analogue de la part de s& 
côte; mais c'est ce qui n’a pas lieu. 

Plus on étudie l’organisation des marsu- 
piaux, plus on est convaincu que ces ani- 
maux se rapprochent des vertébrés ovipa- 
res ct surtout des oiseaux plus qu'aucuns 
des autres marmmifères. 

Ne pourrait-on pas eonsidérer le cart " 

lage à extrémité libre du manubrium du sa- 
rigue comme un rudiment de la clavicule- 
postérieure ou coracoïdienre des ovipares. 
On sait que cette deuxième clavicule (4) est 
très developpée chez les monotrèmes plus 
voisins encore des ovipares que les marsu- 
piaux. Cette seconde hypothèse n'a pas, je: 
pense, moins de valeur que la première. 
Au reste, je m’empresse de quitter ce ter- 
rain qui n'est pas celui ou j’aime à con- 
struire. La science ne se devine ni ne s’en- 
richit par des raisonnements fondés sur des. 
hypothèses seules : les faits constatés doi- 
vent uniquement lui servir de bases. 

Mais ce qui me semble ressortir de mot 
mémoire, c'est qu'il existe une lacune sur 
l'anatomie comparée du sternum de l'ordre 
des marsupiaux. Je m’estimerais heureux . 
d’avoir attiré sur ce point de philosophie 1m 
anatomique l'attention des observateurs 
assez heureusement placés pour entrepreti: #\ 
dre convenablement ce genre de recher= 


ches. - 
SDK 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉCANIQUES. 
MACHINES A VAPEUR, 

(Cinquième article.) 
Etablissement de MM. Bennett et comp. à 
la Ciotat. 

La navigation française à la vapeur à 
pris un tel développement dans la Méditer- 


+ fsigià 


(4) Je n'ignore pas que cet os, dans les cas or». 
dinaires, parait être plutôt une dépendance de l'o- 
moplate que du sternum; et il est juste d'ajouter 
que l'apophyse coracoïde qui existe sur l'emoplate- 


tée, que de grands ateliers de construc- 


WIM. Bennett et comp. ont fondé, en 
18 , à la Ciotat près Marseille, un éta- 
“sement peu connu dans le nord de la 
\nce, mais qui peut prendre rang au- 
rrd’hui parmi les ateliers les mieux or- 
ñisés du pays; sa position sur le quai 
din port capable de recevoir les plus forts 


tl 


frce des bâtiments à vapeur complets, 
dpues et machines : nous ne pouvons pas 

18 en rendre compte de visu, mais nous 
Sons toute raison de considérer comme 
thentiques les renseignements que nous 
{ons vous communiquer. 

L'établissement de la Ciotat se distingue 
{ ceux dont nous vous avons entretenus 
j" sa vaste étendue et par son chantier 
{: constructions. 

La surface du terrain employé par lu- 
te pricipale, et par ses deux annexes de 
hulon et de Marseille , est de 40,000 mè- 

{:s carrés environ. 

ILes ateliers qui la composent se divisent 
asi : 

Les forges ; qui comportent quarante 


1x ordinaires, etune machine à vapeur. 


huit chevaux employée au service d’un 
lurtinet ; 

ILes grandes forges avec fourneau à ré- 
\rbère , et marteau mû par une machine 
{:apeur de vingt chevaux ; 

La chaudronnerie, avec dix feux de 
lrge; fourneau à réverbère, grande ci- 
lle, iachines à percer mues par une 
lachine de Huit chevaux; 

“ L'atelier d’ajustage, dans lequel une ima- 
ine de xingt chevaux donne le mouve- 
lent à un'assortirnent d'outils mécani- 
les de fortes dimensions et de construc- 
lin récente ; 

 L’atelier de montage, renfermant trois 
landes grues; et assez vaste pour monter 
\la fois quatre grands appareils de naviga- 
|n maritime; Lmp Ass 

| Une fonderie , un gazomètre , et enfin un 
'emin de fer reliant tous les ateliers entre 


me 


ï x, pénétrant dans l’intérieur pour ame-. 
|r les grandes pièces auprès des machi- 


| s-outils qui doivent les travailler, et les 
“induisant au port de la Ciotat , jusqu'à 
lmbarcadèrc. 

Une is à chariot circule sur le che- 
ln de fer, pour les besoins du service. 
‘En 4841 , l'établissement occupait plus 


1 sept cents ouvriers, fondeurs, forge- 


| ns, tôliers , ajusteurs, tourneurs, char- 
|ntiers et menuisiers. Nous ignorons quel 
.: le nombre des ouvriers actuellement 
laployés, mais nous pouvons vous dire 
1e malgré sa formation récente, et quoi- 
‘ e l’année 1839 se soit presque entière- 
‘ent écoulée en installation , l'établisse- 


ent de la Ciotat a déjà livré des ouvrages 


\:s importants : 

Deux machines de cent soixante che- 
“\ux pour l'administration des postes ; 
Unbâtiment à vapeur complet, coque 
machine, de cent quarante chevaux, le 
\séricien, qui fait depuis quinze mois le 


‘#ellibsc 
ee RE UP NV dou 


| sarigué ÿ'el ‘peu développée; mais j'ajoute, 
\l'à mion sens, le point d'origine d’un os qui, quand 
st arrivé à son maximum de développement, sert 
| DEEE pièces, du squelette, est assez indif- 
lent à fixer, en théorie, sur l’une ou sur l’autre 
pieces qu'il est destiné à unir, 


Le 


1 de machines devenaient nécessaires 


jjuebots a permis d'y joindre un chan-, 
* de constructions navales, de sorte;:que. 
ll ateliers de la Ciotat livrent au com- 


422 


service des côtes de la méditerranée, depuis 


Cadix jusqu’à Gènes ; 


Un bâtiment de cent vingt chevaux, le 
Rubis, coque et machine, pour le port de 
Tunis; 

Un bateau en fer et ses machines, pour 
le service du Danube. 

On achève, en ce moment, deux bâti- 
ments de deux cents vingt chevaux, et 
leurs machines, pour l’administration des 
postes. à à 

|Vous le voyez, deux années d'exercice se 


_sont à peine écoulées, que cet établisse- 
|. ment a déjà fourni sept appareils de navi- 


gation, de cent vingt à deux cent vingt 
chevaux, et plusieurs navires ; ajoutons 
quatre machines locomotives, dont une 
pour le chemin de fer de Naples à Castel- 
lamare et trois pour le chemin de Beau- 
caire. 

Deux ateliers annexes de l'usine de Ja 
Ciotat sont situés l’un à Toulon, Pautre à 
Marseille. 

Celui de Toulon, mû par une machine 
à vapeur de douze chevaux, a été plus spé- 
cialement employé, jusqu’à présent, à la 
construction oa à la réparation des grands 
générateurs à vapeur ; en 1841, il livrait à 
l'arsenal maritime trois générateurs de cent 


| soixante chevaux. 


L’annexe de Marseille, située sur une 
anse, près du port, occupe une superficie 
de 12,000 mètres carrés; elle contient une 
grosse chaudronnerie, une forge avec mar- 
tinet et un atelier d’ajustage mus par 
une machine de quatorze chevaux; ces 
ateliers sont combinés de manière À pou- 
voir réparer les différentes parties des 
grands appareils de navigation. 

La force motrice employée pàr l'atelier 
principal et ses deux annexes est de quatre 
vingt-deux chevaux. 

L'établissement de la Ciotat ‘paraît donc, 
en ce moment , particulièrement constitué 
pour la construction et la réparation des 
bâtiments à vapeur ; son heureuse situa- 
tion sur un bon port, le développement 
qu'il a recu et les améliorations en voie de 
construction doivent faire espérer qu'il 
remplira complètement son but et qu'il 
sera d’une très grande utilité pour la navi- 
gation à vapeur dé la Méditerranée. 

CaLLa. 


rs 
AGRICULTURE. 
INDUSTRIE VINICOEK. 


M. le comte Odart vient de publier la 
première partie d’un travail d’une grande 
importance économique et d’un extrême à- 
propos. C’estun essais d’Ampélographie ou 
description des cépages les plus estimés 


dans les vignobles de l’Europe de quelque. 


renem. Après avoir démontré combien il y 
a de l’exagération dans l'opinion de ceux 
qui attribuent au climat la propriété de 
ramenertoutesles variétés vers untypelocal 
qui serait le produit d’effets météorologi- 
ques, sans contester toutefois les modifi- 
cations que les plantes cultivées peuvent 
recevoir pendant le cours de leur existence 
sous l’influence de climats différents. M. le 
comte Odart admet comme cause agissante 
sur la valeur des produits vittioles la puis- 
sance combinée de la nature propre des 
cépages et du climat. Cette opinion, qui est 
la plus logique, à notre avis, de toutes celles 
qui ont été émises à ce sujet, est corrobo- 
rée dans l’ouvrage de M. Odart, par an 
grand nombre d'observations. L’examen 
des variétés à maturation tardive a fait 


423. 
aborder à l’auteur la question du :refroi- 
dissement du globe, au sujet -delaquelte il 
est loin d'admettre les opinions émises par 
divers sayants. Quelques curieuxique soient: 
les faits à l’aide desquels il prétend.démon: ‘: 
ter que la température actuelle, st'elle n’est 
pus moins féconde que celle des siècles pas- 
sés, n’est pas du moins plus rigoureuse, 
Nous laisserens à nos lecteurs le plaisir de 
les lire dans l'ouvrage, car en admettant 
même que le refroidissement terrestre cone 
tinuât. à réagir du centre à la circonfé- 
rence, ce, refroidissement devrait, d’après 
les calculs.faits, se communiquer avec une 
telle lenteur, que pour le moment cette 
question n’est grave que très médiocre- 
ment. 

Les divers modes de classification des 
vignes proposée par Don Simon Roxas 
Clémente, Vougok, Burger, Metzger et 
Vou-Vest, n’ont pas satisfait l’auteur de 
l'Ampélographie. Il s'est déterminé:'à ne * 
suivre d’autre.ordre que celuides latitudes, 11°! 
sous lesquelles }es cépages sont particuliè-!"! 
rement conus.par leur influence surlx 
qualité du vin, En les groupant, il les à 
cependant réunis autant que possible en 
familles. Laissant de côté les modifications 
trop minutieuses pour présenter une cer- 
taine fixité, il s’est appliqué à faire ressor- 
ür les caractères les plus saillants tirés, 
selon la natute, de chaque cépage, princi- 
palement ds feuilles, soit dans les deux 
premiers, soit dans les derniers mois de 
leur végétation. Il a pris en grande con- 
sidération le contour plus ou moins entier, 
plus ou moins découpé du limbe, la pré- 
sence ou l'absence du duvet. cotonneux, 
ou seulement des poils sur les nervures ; la 
couleur de celles-ci et celle des écorces; la 
force et la direction des sarments: la struc- 
ture des ceps; la forme des raisins; celle 
des grains; le bourgeonnement plus ou 
moins tardif, l’époque plus ou moins ha- 
tive de leur maturité, caractères qui tous 
étaient des éléments indispensables ponr la 
nouvelle classification. 

La dernière moitié du travail de M. Odart 
‘n’est point encore terminée, maïs s’il nous 
était permis de juger de l’ensemble par 
quelques chapitres sur les cépages de la 
Hongrie, de la France, de l'Espagne, de 
l'Italie, du Portugal, qui terminent la pre- 
mière, et surtout par les essais de culture 
que fait M. Odart depuis plusieurs années, 
nons dirions que l’Ampélographie doit 
combler une lacune, qui, sentie par tous 
les nologues, avait déjà dans les premières. 
années de ce siècle attiré lattention de 
Chaptal et celle de son successeur. 


HORTICULTURE. 


Modifications à lu taille du pêcher. 


Après avoir étudié les deux Traités sur 
la taille des arbres fruitiers, publiés depuis 
peu par deux habiles cultivateurs de Mon- 
treuil, MM. Lepère et Malot, et surtout en 
visitant à Montreuil même les magnifiques 
pêchers de M. Lepère, on hésite à faire une 
observation, à donner un conseil à des pra- 
ticiens aussi consommés. Il est cependant 
dans la forme carrée de leurs arbres un 
point important qui nous paraît digne de 
fixer l'attention. On sait que la méthode de 
MM. Lepère et Malot est un admirable per- 
fectionnement de tout ce qui avait été tenté 
jusqu’à ce jour. Un pêcher, façonné d'après 
leur méthode, se compose de 44 membres 
ou branches-mères, 7 de chaque côté, dis: 
posés de manière que l'arbre présente dans 


424% 


son ensemble un V ouvert; mais au lien 
-d'être vide au milien, et mal:garni en des 
saus,.comme dans. la.taille aneienne et la 
moderne de M. Dalbret, ilest rempli par 
6 belles branches, dont 3 appartiennent à 
chaque aile de l'arbre. Voiei comment.on 
les obtient: 

En plantant un pêcher ou quelque temps 


après l'avoir planté, on le rabat à On,08 ou 


On,10 de la greffe dans le: but de lui-faire 
pousser deux branches, l’une à droite, l’au- 
tre à gauche. A la fin de l'été ces deux 
branches ontla forme d’un V; au printemps 
suivant on les taille à On,50 de la tige,afin 
de faire sortir sur chacune une branche se- 
-condaire inférieure, et ainsi de suite d’an- 
née en année Les 6 branches inférieures, 3 
de chaque côté, une fois formées, repré- 
sentent trois lignes horizontales, dont la pre - 
imière est à 0M,50 du sol, la deux:ème à 
Ow,50 de la première et la troisième à 
Om:50 de la deuxième. C’est alors que l'on 
garnit l'intérieur du V avec6 branches que: 
l’on fait altcrner avec les inférieures; mais, 
MM. Lepère et Malot font. naître leur pre 
mière branche supérieure plus. bas que la 
première inférieure, de manière que la 
deuxième branche supérieure se trouve pla- 
cée entre les deux inférieures. I peut ct il 
doit nécessairement résulter de cette dispo- 
sition un inconvéuient très grave, consistant 
dans la tendance qu’a la sève à se porter de 
préférence dans les voies qui lui sont verti- 
calement ouvertes Or, les branches-mères: 


de l’arbre affectant la forme d’un V; il en: 


résulte que les branches secondaires infé- 
-rieures- sont horizontales.et les supérieures 
verticales. Ne doit-on pas craindre que-:ces: 


dernières, qui se trouvent insérées alterua=- 


tivement en avant des branches inférieures 
qui eur correspondent, et quisont une.di- 
reéhon beaucoup plus avantageuse, n'ab- 
sorbent, aux dépens de celles-ci, un excès 
de sève qui affaiblira les unes pour faire des 
autres des gourmands, où l'emploi raisonné 
del’ébourgeonnemcnt, du pincementiet du 
palissage ne suffira plus pour rétablir J’é= 
quilibre ? 

Nous livrons ces réflexions au jugement 
des hoinmes qui ont étudié:les lois de la:phy- 
siologie végétale: Les modifications que: 
nous proposons d'adopter nôus paraissent 
avantageuses. Nous nous permettons cette 
observation, non pas pour le plaisir de:cri- 
tiquéer l’œuvre de deux-estimables praticiens 
devant le talent desquels-nous nous incli- 
uonss mais déja nous savons que la mise.en 
pratique de leur système de taille dans les: 
terres substantielles de la Normandie où les 
arbres poussent avec une vigueur étonnante, 
a mérité les reproches que nous lui adres- 
sons aujourd’hui. 

Engager les jardiniers à faire ces légères 
modifications à la méthode de MM. Lepère 
et Malot, c'est leur dire qu’elle est la seule 
que nous considérons comme digne d'une 
attention sérieuse; les deux branches supé- 
rieures du pêcher carré, par leur direction 
vértica'e et leur insertion sur la branche- 
mere avant les deux inférieures correspon- 
dantes, menacent l'existence de ces deux 
branches. Par la méthode que nous propo- 
sons d'adopter comme étant mieux en rap- 
portavec ce que nous connaissons sur la cir- 
culation de la sève dans les plantes, les deux 
premières branches inférieures sont insérées 
avant les supérieures; elles auront donc sur 
celles ci un avantage qui compensera celui 
de la direction verticale qu'on ne peut leur 
donner. Vict. Paquer. 

(Journal d'agriculture pratique.) 


425 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGI 


Sür la distribution, l& valeur et la législa- 
Lion des eaux dans l'ancienne Rome; par 
M. Dureau de la Malle. 


Les aquédues, bien que leur.construc- 
tion fût assez coûteuse, étaient néanmoius 
une dépense productive. Ceux de la capi- 
tale de l'empire subsistent eacore en par- 
tie, et leurs débris, leurs arcades, qui rayon- 
nent dans tous les sens à travers la cam- 
pagne de: Rome, frappent d'étonnement 
par leur nombre et lenr hauteur, Mais 
l'eau qu'ils amenaicnt,à Rome était.chère- 
ment vendue à ses riches.et. voluptueux 
habitants; oa l'a frappa d'un impôt nommé 
vecligal ex aquæductibus,:on bien vectigal 
formæ. Les maisons des particuliers, ,eE 
même les bains publics, payaient à PÉtat, 
dit Vitrave (VIIT, vr, 3, édition Schnei- 
der), une redevance annuelle pour l'usage 
de l’eau... 

Les seuls jardins et.les villas placés près 
des conduits, des châteaux d’eau, des bas- 
sins et des: fontaines, payaient au trésor 
250,000 sesterces (67,500 francs). Celui qui 
prenait plus d’eau qu'il ne lui en avait été 
concédé, payait une amende d’une livre 
d’or pour la valeur en eau d'une obole. 

Le chiffre total de la dépense et de la 
recette des conduites d'eau nous manque. 
(On pouræait le déduire sinousavions le prix 
du:pouce d’eau et la dimension moyenne 
des conduits. On voit seulement.que pour 
les villeset l'administration centrale, c'était 
un produit plutôtqu’une dépense. Le grand 
nombre d'aquéducs:semés autour de Rome 
me ferait croire que, de même que l’indu- 
‘strie-prinée a construit plusieurs ponts au- 
tour de Paris, de même plusieurs dériva- 
tions d'eau furent opérées à. Rome par des 
spéculations particulières. J'en trouve la 
preuve dans: une ancienne : inscription 
d'Eporacum donnée. par Robert Keuchen, 
‘où l’on voit un certain Sertorius amener à 
ses frais, dans sa..ville, l'eau de plusieurs 
Isourees-réunies dans des conduits : Q. Ser- 
{orius... honorem noménis-sui et cohort. fort. 
Lborensum munie. vet. emer. virtutis ergo 
don. don. celiiberico deq. manubis in pu- 
blic. munic. ejus utilitatem urb. mænivit 
Leoque aqua diverseis in.duct. unum col- 
lectis fontib. perducendumcurav. 

Quantité d'eau apportée à Rome par les 
aquéducs. Revenu de: la vente de l'eau. — 
La longueur réunie de tous les conduits 
“qui apportaient de l’eau à Rome était de 
107 lieues de 4000 mètres, ou de 428000 
mètres, dont 32000 en arcades. La masse 
puisée aux sources était de 24500 quinaïres. 
Pour se faire une idée de celte quantité 
d’eau, il faut essayer de déterminer le dia- 
mètre du quinaire. Deux passages, l’un de 
Vitruve, l'autre de Pline l'Ancien, nous 
apprennent que le tuyau appelé quinaire 
était formé d’une lame de plomb, laquel'e, 
avant d'être roulée sur elle-même pour for- 
mer un tuyau, avait une largeur de cinq 
doigts. Ces deux passages, indiquant seule- 
ment la circonférence du quinaire, ne 
peuvent servir à en déterminer le diamètre 
avec précision. En effet, d’un côté le eal- 
cul ne peut fixer d’une manière rigoureuse 
le rapport du diamètre à la circonférence; 
de l'autre, Vitruve et Pline ne nous donnent 
même pas la circonférence exacte du qui- 
naire : Car, comme l'a remarqué judicieu- 
sement Frontin, en roulant sur elle-même 
la lame de plomb destinée à former le 


tuyaw, ilifant, pour qu'on:la puisse souélenÿ 
qu'un des’bords de la lame enrouléé s'as 
vauce de quelques lignes :at-dessus des 
l'autre bord; en sorte que la ‘circonféz 
rence intérieure, et par conséquent Pot 
rifice du tuyau, seront moindres queMat 
largeur qu'avait la lame ‘avant d’étre-en® 
roulée: 

Mais.les passages de Vitruve etde:Pline. 
ont au moins lavantage de nousapprendré: 
quen'aucun cas, le diamètre du-quinaires 
ne devait dépasser celui d’unecireonférencet 
deiginq-doigts, c’est-r-dite un doigt.173, Le! 
diamètre indiqué par Krontin n’atteint pas: 
cette dimension. «Hl:est trés probable, dit. 
il, que le-quinaire tire:son nom de son-diat 
mètre, lequelest-de cinq quarts-de doigts 
Et ailleurs : « Le diamètre du-tuyan-quiss 
naire est un doigtet un quart. »: JT 

Le doigt romain étant égal à 19 milli- 
mètres, un. doigt et un quart correspons 
dent à 23 :millimètres 344, soit :24-millis 
mètres. Etcomme le pouce français équivaut 
à 27 millimètres, les. 24500 quinairestre 


24\> [813 
présentent 24500 X G) ow 245000 é s', 
2e ; 
ou.enfin 19358 pouces d’eau que fournis- 
saient ensemble tous les aquéducs dissémi 
nés autour, de Rome, Mais: comme:il se 
distribuait hors de la ville auxparticuliers 
1063 quipaires.ou: 3210 pouces, et que,-del 
plus, une grande partie était frauduleuse 
ment détournée dans le parcours des eaux! 
depuis leur, source: jusqu'aux murs de la: 
cité, il n'arrivait à Rome que 14018 qui 
aires, ou.:11073 pouces d’eau. Sur ce! 
nombre, 555 { quinaires, on. 4388; pouces; 
étaient distribués aux propriétairesilerestes 
était destiné aux usages publics: Ainsi, das 
quantité d’eau:vendue par l'État, soit dans 
Rome soit au dehors, était seulement-dét 
9617 quinaires,-ou 73598 pouces. +, 
Cetie quantité d'eau, jointe à-eelle qui: 
était concédée pour les usages publicsfar- 
mait, d’après des registres de l’administra- 
tion, un total de.12755 quinaires,.ou 10078 
pouces. Mais la dépense réelle. montaïit} 
ainsi que nous l'avons dit, à. 14018 qui- 
naires; ou.41073. pouces..Il y avait donc 
encore {263 quinaires, ou 997 pouces d'eau. 
qui étaient frauduleusement détonrnésdans. 
la ville même;.et ne rapportaient-rien aus 
trésor. 3E 
La distinclien faite:sans cesse par: Fren+ 
lin, entre les castella publica.et:les-castelaw 
privata, entre les eaux distribuées-7omne. 
Cæsaris, et dont le revenu entrait danse" 
fisc impérial, et celles qu’on concédait auxk 
particuliers moyennant ane redevaneeafis 
fectée au trésor de l’État, æranie publieaÿ* 
le rescrit de Nerva, qui défend même d'u- 
ser sans sa permission de l’eau qui se perd 
caducam; les lois, les sénatus-consultes, les 
édits des empereurs, portant des amendes 
énormes (1 livre d’or pour Î once d’eau), 
décrètent les peines les plus sévères contre! 
ceux qui fraudaient, détournaient, usur= 
paient l'eau des conduits et des réservoirs, 
prouvent assez, ce me semble, que læ verte 
de l’eau était un revenu annuel pouril'Eaf4 
et pour l'empereur. + «SUD 
Le texte positif du consul Frontin. aires 
tor aquarum, en chef des travaux %hyd 
liques, le montre évidemment, eL’eau-qu® 
déborde de la fontaine, que-nous appelons 
caduque, était, dit-il, destinée àlliusage des 
bains et des blanchisseriess ful/onir4ramen 
C'était un impôt annuel et fixespagé au 
trésor. Il en était de mêmerpotr lelut 
cédée aux particuliers; par là, dit-il, era 


aqua quam privati ducunt ad usum pu- 
Brum pertinet. Les concessions d’eau faites 
Mitre gratuit ou à litre ontreux ,. n’é- 
tint plus que viagères sous lesempereurs, 
dime pour les bains publies ; sous la ré- 
alique,. elles avaient élé perpétuelles 
ar. ces.sortes de bains. De plus; le pro- 
it:de la confiscation ‘des-terres.sur-les- 
alles les eaux avaient été frauduleuse- 
nt détournées, le prix des amendes de 
) mille sesterces (26000 fr.), pronou- 
ïs, en 743, par la loi du cousul'FiiQuine- 
s Crispinus, contre chacun deceux'qui 
ournent lea, percent, altèrent::les 
lhduits, les réservoirs, les: aquéduds , 
udent en élargissant le module concédé, 
{ enbâtissant à moins de quinze pieds de 
ésconstructiens ; ces: revenus, dis-je, en- 
tient dans l'ærurium.'kes coutraventions 
tient jugées sansappel par les curatores 
tuarwm.-Un édit d'Auguste fixa les règles 
n leemode d'administration de la distribu- 
badeseaux. Un sénatus-conswlte équitable 
{ même genre, et empreint du vieux res- 
pl pour la propriété fonciere, stipule que 
prix des matériaux, terre glaise, pierres, 
ques, sable, bois nécessaires pour la ré- 
\tion-desaquéducs, sera payé aux pro- 
Létuires riverains à dire d'experts; ils 
\raient seulement livrer le passage. 
On voit doncqu'il s'agissait 1, ‘pour 
ume-seule, d’un reveru assez important: 
peut en juger approximativement par 
| rente annuelle de 250,000 sesterces 
|!,500 fr.) que payaient les jardins et les 
junts d'oliviers situés autour des conduits, 
k châteaux d’eau et des fontaines. À coup 
lelesplants d'oliviers et les jardins situés 
Iinsredtteæ"hbairde  resserrée n’absorbaient 
|skparileuvihérigation , le vingtième des 
dé dmindires Iconvédés aux particuliers. 
lysémaitdionc au moins 1244000 fr. que 
pportait x vente des eaux à Rome où 
Imsdesenvirons. Le passage suivant in- 
l'jueque le revenu des concessions faites 
| ilempereur suffisait pour tout le plomb 
| toutes les dépenses nécessaires à l’entre- 
n des conduits, des châteaux d’eau et des 
lntaines : Cæsaris farnilia erfisco accipit 
|\mmoda; unde et omne piumiburn ét onines 
\pensæ ad ductus et castella'ètlacus por 
lentes erogantur. HDHET 659 117] 
l Ceïqui peut faire juger de la gravité et 
| l'importance de cet impôt, c’est la quan" 
‘au frauduleusement détournée, ét que. 
lontin fit rentrer dan; le domaine publié: 
1'es'élevait à 10000 quinaires sûr 245000 
1888 pouces sur 21777). Je renvoie x 
l'ontin pour le détail des fourberies ingé- 
uses employées alors pour détourner les 
ux et frauder le trésor. 


GÉOGRAPHIE. 0! 22! ‘ 


ctrait d'un rapport fait p : M. Jomard 
\sur lescartes enreliefdeMM.Bauerkeller 
:et comp. : NS 


D NP CS 


ï HN 


“ A mesure que les études géologiques ont 
\hdesprogrès, on a reconnu de plus en 
-.astlimportance de la géographie phy- 
“\\ue, et l’on a surtout senti le besoin de se 
ledae compte des formes extérieures du 
…bbe; de l'exposition et de la pente des 
J'rains,'de tous les accidents qui déter- 
s\ineutile cours des eaux et qui, par con- 
wentzinflüent sur Ja végétation et sur 
l'ericulture)\én un mot du relief du sol. 


»|C'eskopout ee motif que l'on a essayé 
“| puissdong-temps de rendre le relief du 
lxäin, par un véritable relief. Ces essais 


gr mad: 


428 


ont été faits principalement en Suisse et 
antérieurement.en: Espagne ; mais l’un des 
premiers qui aient réussi à ce genre de 
travail est.un ingénieur francais de la ma- 


sit plusieurs eartes de ce genre, en em- 
ployant diverses matières, divers procédés; 
il représenta des contrées, ides parties du 
monde, comme l’Europe entière, avec la 
courbure du globe; des:parties maritimes 
comme le globe du Mexique avec le relief 
sous-marin. 

Il m'est aucun voyageur, visitant la 
Suisse, qui n’ait vu avec intérêt, à Lucerne, 
à Berne, Zurich, Neuchâtel, Genève, etc.. 
les cartes de MM: Pfvffer, Mulier, Gaudin 
et autres, représéntant le pays, les glaciers, 
les montagnes les plus connues. Tous ces 
ouvrages out coûté ‘un temps iofini, une 
grande dépense; ils sont d’un trausport dif- 
ficile et ne peuvent servir qu’à un petit 
nombre d'individus, or c’est un tout autre 
but, c’est l'instruction générale qu’on doit 
se proposer ; l'Allemagne, qui est à la tête 
des études géographiques, a marché dans 
celte voie. 

Vers 1828, M. Kummer de Berlin, di- 
rigé par le savant docteur Ritter, a exécuté 
par des moyens nouveaux une série de 
cartes-relief réunissant les deux conditions 
essentielles; l’une, d'être exécutées très 
soisneusement ; l’autre, de pouvoir être 
répandues dans les écoles et partout, Les 
procédés n’ont pas éte publiés : quels sont 
les moyens mécaniques employés? on 
l'ignore; on sait seulement que la matière 
est la pâte de papier mâché, mais il paraît 
évident que les moyens de multiplication 
doivent être simples, sûrs et économiques, 
puisqu'on met les produits daus lé com- 
merce au cinquième prix que coûteraient 
les reliefs suisses. 

A Drésde, à Heilbronn et Tübingen dans 
le Wurtembers, MM.Schuster et Carl Rath 
fabriquent beaucoup de cartes en relief, 
Francfort surtout en produit d'excellentes: 
de grands travaux sont faits, de plus grands 
se préparent; une société se fermé à Frauc- 
fort pour faire exécuter un grand relief de 
l'Allemagne; 32,000 francs y seront con- 
sacrés par les socictairés ; les deux échelles 
sont 1 : 300,900 et À : 50,000. Un autre 
géographe, M. Etbe, publie à Stutigard 
un relief de la Palestine ét un de l’Europe, 
itrès estimés. Il existe * Francfort une carte 
ide la Suisse qi à 5 ‘mètres de côté: c’est 
june des plus grandes qui étistent. À Ge- 
nève, M, Séné a exécuté uné carte du Sim- 
plon en bois, d'environ 3 mètres de côté, 
qu'on peut regarder comme un chef- 
d'œuvre en ce genre, pour l'exactitude et 
la précision des mesures, la vérité des 
formes, la beauté du travail; cette pièce est 
en France. 

L’Angleterre a produit plusieurs de ces 
cartes dans les derniers temps ; il en existe 
une remarquable, celle de la forêt de Dean, 
pays des mines; l’auteur a eu l’idée de sé- 
parer toutes les couches géologiques : elles 
sont mobiles; en les enlevant l’une après 
lPautre, on arrive au terrain primitif. 

Depuis quelquesannées, cetart a fait des 
progrès ; 1l a pénétré, ou plutôt, comme 
quelques autres inventions, il est revenu 
en France. Un des premiers quiaient essayé 
d'introduire les cartes-relief dans l’ensei- 
gnement est M. Sanis; il a pris pour point 
de départ les cartes de M. Kummer réunies 
à la bibliothèque royale de Paris depuis 
1830; il ne les a pas dépassées ni atteintes, 
mais son zèle mérite d’être encouragé, 


rine, feu Lartigue. Vers 1780, il:construi- : 


139 


Personne n’ignore combien serait per 


sensible la hauteur des montagnes de la 
terre, si on essayait de les représenter sur 
un globe. à la mênie échelle que les dimen- 
sions horizontales : par exemple, les petites 
rugosités d’une orange ont plus de saillie 
que n’en ont, par rapport à son rayon, les 
montagnes les plus élevées de la terre, les 
Cordilières et l'Himalaya. À une échelle 
même beaucoup plus grande, les inégalités 


pe seraient pas assez sensibles si l’on n’a-. 


doptaii pas une certaine proportion con- 
venue et varrable suivant l'étendue du su- 
jer. La troisième coordonnée, l'altitude, 
doit donc avéir pour échelle une fraction 
plus grande que celle qui exprime les deux 
autres. Le rapport de deux fractions étant 
connu (s’ila été partout fidélen:ent observé), 
il “en résulte aucune erreur proprement 
dite. D’ailleurs, toutes les hauteurs étant 
affectées des mêmes coefficients, leur diffé- 
rence relative se trouve exactement expri- 


mée; quant aux pentes qui se trouvent par 
là exagérées.'il est facile de les rectifier à Ja 


premitre vue. Au reste, la différence des 
échelles doit diminuer en même temps que 
l'étendue à représenter, et même on peut 
la reduire à zéro dans certains cas, quand 
on dispose d'un local suffisant; ainsi le 
principe de l’utilité ne saurait souffrir de 
l’objection. 

Je passe aux divers procédés employés par 
les constructeurs de cartesen relief. Toutes 
sortes de matières ont été employés : la 
cire, l'argile, la pâte de papier, le bois, le 
carton, le plâtre. En général, les auteurs 
ont plutôt lravaillé en artistes qu’en géo- 
graphes, et ils né $e sont pas assez préoc- 
cupés de la prémièré condition de toutes, 
l'exactitude géométrique. S'il importe de 
mettre sous les yeux les hauteurs relatives 
vraies, on doit rejeter sévèrement toutes 
les formes arbitraires qui nauraient d’au- 
tre but que offrir un aspect agréable à 
la vue. Les cartes les plus exactes de toutes 
sont peut-être celles qui ont été faites pour 
le comité de Mayo, puis la carte du Mont- 
Blanc par M. Kummer, la carte du Rhein- 


Jand en trente sections par M. Ravensteine. 


Les auteurs ont pris la peiue, ou de mesu- 
rer eux-mêmes les hauteurs par les pro- 
cédés géodésiques, le baromètre, etc., où 
bien de relever ces hauteurs dans les ou- 
vrages spéciaux; puis ils ont établi ces me- 
sures sur le cadre de la projection et y 
ont assujetti la matière plastique, en don- 
nant les formes de détail avec l’ébauchoir; 
d’après les meilleures études topographi- 
ques, à peu près comme ferait un sculp- 
teur d’après de bons dessins, en travaillant 
sur l’argile. 

Plusieurs autres opérations sont néces- 
saires; il faut exprimer les différentes na- 
tures de superficie, les eaux, les forêts, 
les cultures. Un autre objet important est 
la nomenclaturs, difficile même, à cause de 
l’espace qu’elle exige et de la position des 
surfaces où on doit l'inscrire. Aucune carte 


en relief ne l'emporte pour la perfection des’ 


écriture sur celles de Berlin; mais, comme 
elle sont écrites à la main, elles ne remplis- 
sent pas la condition économiques ; ici sur- 
tout on doit s'attacher de préférence aux 
moyens mécaniques pour la multiplication 
des produits; car la cause qui à, depuis 
soixante ans, retardé la propagation de ces 
utiles cartes est leur rareté, leur excessive 
et inévitable cherté. 

Il était temps qu'on découvrit un nou- 
veau mode d'exécution; c’est à quoi est 


_ parvenu un artiste laborieux, intellizent, 


430 


AM. Bauerkeller. I} a trouvé le moyen d'ap- 
pliquer le même procédé mécanique à la 
reproduction des cartes en relief, et il a 
également employé le secours de la pres.e 
typographique pour les écritures des cartes, 
en ce Sens qu'il se sert de cartes planes 
imprimées. Ainsi les formes du terrain et 
la nomenclature s'obtiennent également 
par la presse; le reste est facile à faire par 
les moyens ordinaires. Parles moyens qu'a 
imaginés M. Bauerkeller, on se procure 
des pièces très solides, tandis que les cartes 
connues jusqu’à présent ont plus ou moins 
de fragilité. x. 8 

M. Bauerkeller a consulté les plus sa- 

vants ouvrages d’orog raphie et de géo- 
désie, publiés en France et en Allemagne, 
avant de construire ses cartes-relif; après 
S être fait un tableau exact des a/titudes des 
points culminants pour régler l'échelle ver- 
ticale, il a fait le même travail pour les 
sommités du secondordre et pour les points 
inférieurs, et il a rempli les intervalles, 
tracé les grandes vallées, les vallons et les 
affluents, d'après les meilleurs ouvrages de 
topographie. Un instrument divisé, portant 
une vis de pression et construit ad hoc, lui 
sert pour vérifier toutesses hauteurs. Le co- 
loriage est soigné et représente bien les eaux 
et les différentes natures du sol. Quant à la 
lisibilité des mots, elle ne laisse rien à dé- 
sirer, puisqu'ils sortent de la presse; l'opé- 
ration du gaufrage n'ôte rien au texte de sa 
pureté; la carte imprimée qui est la base 
du relief, est coloriée, savoir : les eaux en 
bleu, les forêtsen vert, les villes et les rou- 
tes en rouge. 

Il paraît en cemoment, chez MM. Bauer- 
keller, 1° la ‘carte de- Mont-Blanc; 46 cent. 
sur 34; échelle, 1 : 400,000; prix 12 fr., 
toute cartonnée et vernissée. (Le Mont- 
Blanc de Kummer se vend 60 à 70 fr.) 

2° Le relief de la Suisse, 68 ceut. sur 51; 
prix, 25 fr. et 20 fr. 

3° Le relief de l'Europe cartonné et 
verni, 67 cent. sur 55: échelle 1 :7,500,000; 
prix, 45 fr. et 12 fr. Cette carte est à peine 
terminée, elle est de nature, à cause de 
son importance, à S’améliorer de plus en 
plus, elle demanderait seulement une 
échelle plus grande. 

4s La carte du cours du Rhin, modelée 
par M. Ravenstein, à Francfort, en deux 
sections; échelle, 4 : 60,000, etc. 

À chacune est jointe une carte plane. 


REVUE 


SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE 


OU TRAVAUX DES 


431 


M. Bauerkeller prépare une carte de la 
France et de la Belgique, qui dépassera 
toutes les autres par les soins minutieux 
qu'il a pris pour la construction exacte et 
pour toutes les parties de l’exécution; il 
consulte les sources les plus estimées et les 
hommes les plus instruits. 

Nous terminerons ce rapport par une 
remaque. Des cartes en relief de la France 
ont été exécutées à l'étranger, en Prusse et 
et ailleurs; les matériaux en ont été em- 
prantés à nos établissements publics pen- 


dant l'occupation ; peut-être a-t-on eu pour | 


but de faire: connaître les points vulné- 
rables de notre territoire; on sait que, 
dans certaines écoles d'AHemagne, on a 
donné pour problèmes les mesures straté- 
giques tendant à assürér, à une armée 
étrangère, la possession de Ja capitale. On 
se demande comment il se fait que la 
France, intéressée à connaître les accidents 
du sol sur tous les points et seule en me- 
sure de bien connaître tous les éléments 
d’un pareil travail, n’ait pas fait encore 
exécuter une carte-relief sur une très 
grande échelle, avec toute la précision qui 
appartientaux opérations géodésiques et to- 
pographiques de nos ingénieurs, en y ajou- 
tant tous les documents et tous les maté- 
riaux géologiques recueillis parle corps 
royal de mines. Il suffit de cette simple 
indication pour comprendre quel parti l’on 
pourrait tirer d'un tel ouvrage dans l'inté- 
rêt du tracé des canaux, des projets de 
voies ferrées, et, pour l’avevir, de toutes 
les lignes de communication; n’ont pas que 
les ingénieurs aient besoin de ce genre de 
cartes, mais pour l'instruction et l’usage de 
ceux qui jugent leurs projets et qui ont la 
mission et le pouvoir de les adopter ou d 
les rejeter. : 


3 Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE, 


FAITS DIVERS... 


— Dans le cours de langiies malaye ét javanaise, 
et des idiomes ‘océaniens Côngéñères, que M. Diu= 
laurier fait ‘à la Bibliothëquerroyale, par autorisa- 
tion de M. le ministre de: d'instruction publique, 
plusieurs lecons seront consacrées cette année à 
l'exposé des notions que nous.possédons sur le dia: 
lecte des Marquises , à l'histoire et à la géographie 
de ceï archipel, destiné à devenir un jour l’ane des 
stations commerciales les plus importantes du globe, 


PGätherine, 4 à Lyon. 
1 


Ce 

— M. de Visiani, professeur de bottanique et di= 
recteur du jardin de Padoue, a fait imprimer, eW 
1842, le catalogue des graines de plantes rares réu= 
n'es dans ce jardin, et qu'il offre en échange contre 
d’autres semences ou plantes qui ne sont pas dans 
le jardin. Ces plantes sont au nombre d'environ 
1,800 espèces , parmi lesquelles un certain nombre 
manque à l'Ecole du Muséum d'histoire naturelle de 
Paris, qui, à son Lour, en possède beaucoup d’autres 


qui ne sont pas sur le catalogue du jardin de Padoue 
Toutes ces graines appartiennent à des plantes bo= 


taniques ; Il y en a peu qui conviennent au com 
merce de l’horticulture. 

12 Le.congrès scientifique de France tiendra sa 
onzième session à Angers (Maine-et-Loire), le 1eT sep- 
tembre 1843, d'apres la délibération prise en oc- 
tobre dernier à Strasbourg; les secrétaires généraux 
s’empressent d'en donner avis aux sociétés qui s’oc- 
cupent de scicnces, d’agriculture-et d'arts, afin.que 
toütes/les spécialilés y soient représentées.et puis- 
sent concourir à éclairer et résoudre Jes problêmes 
et questions qui seront traités au .Congrèss 


— Un journal publie les observations suivantes 
de l’astronome Hauff, de Berlin, et qui: méritent de 
fixer l'attention des hommes spéciaux: @ Il se pré- 
pare quelque changement extraordinaire dans Île 
système solaire. If est évident qu'il sopère un 
changement dans l'inclinaison de l'axe de [a terre, 
l'équateur tendant, plus qu'on ne l'avait jamais re- 
marqué, à une coïncidence avec l’écliptique. Depuis 
léquiuoxe d'automne, Pobliquité,-dans la marche de 
la terre, a -subitement diminué; et:s'il n'intervient 
aucune;influence compensatrice, sil. y; aura. bientôt 
un-changement perceptible dans.les saisons et dans 
la durée relative des jours et des nuits D 


— Lé conerès archéologique de la Société fran- 
OBS siq | 


caise pour la conservation des monuments se tien- 
dra cette année à Poitiers. Il commencera le 29 


mai et se terminera le G juin. Tout fait espérer un 
nombreux concours d’antiquaires. On annonce dejà 
que 150 adhérents de la Vienne et des départements 
voisins se sont fait inscrire, 2315p 


BIBLIOGRAPHIE 


CO N5IDÉRATIONS SUR LES MALADIES NER- 


VEUSES, par le docteur Pinel de Gollexille. 1 xol. 


in=8° , chez Just Rouvier. — Cet ouyrage contient 
des recherches savantes sur l'histoire de a médecine 
et sur le traitement des maladies ch:oniques. M. Pi 
nel. a commencé la traduction du Dictiornriaire de 
chirurgie pratique de Samuel Cooper. Des circons- 
tancés mprévues en ont suspendu la publication. 
TRAITÉ de cristallographie; par W. H. Miller 
Traduction française, par H. de Senarmont, ins- 


pecteur des mines. À Paris, chez Bachelier, quaiw 


des Augustips ; 55° 


ESSAI SUR L’AGRONOMIE, où Régénérationn 


de l'agriculture; par Louss Guy, petile rue Sainte: 


Labbe Librairie. de Bertrand, rue Saint-André-des-Arts, 38. 


Savants et des Manufneturiers de Ia Franee, 


de l'Allemagne et de l’Angleterre , 
el D EU HR TU 4 Er 


SPÉCIALEMENT CONSACRÉ 


A LA PHYSIQUE, A LA CHIMIE, À LA PHARMACIE 
ET A L'INDUSTRIE, 
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION 


DU D' QUESNEVY LIER 


Accomp agnée des figures lithographiees par Ludovic Michelin, :£& 


IGONDERAPNIS LODPNTIOLOCIQUE, 


DESCRIPTION 


PAR LOCALITÉS ET TERRAINS DES PÜÉYPIERS FOSSILES DE FRANCE, 
ET DES PAYS ENVIRONNANTS ; 


Par HARDOUIN MICHELIN, 


memb e de 14 Socièté géologique de France, 


LES 


Ge. Gt 


Fabricant de produits chimiques et réactifs, Suecesseur de N:-L,Vauquelin, dé l'Institut, etc. 


Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages). 
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de cliimie 
et de physique, dont ce journal est, pour les travaux des savants étrangers , 
le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à la A'evue 
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la ehimie de F. Hoëfer, for- 
mant deux volumes in-8° de 17 francs. 

Le prix de l’abonnement à la Æevue scientifique est de 20 fr. par année 
rs Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s'abonne au 

eau de la Æevue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans 
‘æiven£ ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l’Aistoire de la 
#äeie par la poste. 


Eu 20 livraisons de une ou deux feuilles de texte et trois planches. —"Pri 
de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage ({euillé 40 
planches 16, 17 et 1$ vient de paraitre. FES 5 Y.. 

> 6195b5 ; 

« Déjà dans l'Æcho nous avons parlé plusieurs fois des trataub def, Miche 
» lin. Lorsqu® l'ouvrage sera terminé nous en donnerons-à3nos decteurs ure 
» analyse complète, » 100 'TUOT Ie8 

Paris. — Iimp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 1610 va 
vue Saint-Hyacinthe-S.-Hichel, 33. NE « 


10° année. 


 L'ECHO DU 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAŸS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Dimañehe, 12 Mars 1845. 


Re —— 


NDE 


N° 19. 


SAVAN 


Ba 


| L'EcHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDIctle DIMANCMES de chaque semaine ct forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
| de M. le vicomte À, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue deS PETITS-AUGUSTINS, 2{, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:S pour un aû 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois-mois-7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr., 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LÎTTÉ- 


| RATURE ET DES BEAUX-ARTS etles MORCEAUX CHOIS18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
ASTRONOMIE. De la constitution physique du 
soleil; Arago. — PHYSIQUE APPLIQUÉE. 
Thermo-manomètre pour les locomotives de 
-M.Aïdes de Liverpocl; Delaveleye. — CHIMIE 


| | APPLIQUEE. Falsification des farines de graines 


_dellin et de moutarde. — SCIENCES NATU- 


| RELLES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila. 


— ZOOLOGIE. Mammifères. Cochons à pende- 
loques, variété ou mopstruosité des cochons do- 
imestiques ; Eudes Deslongchamps. —SCIENCES 
|  APPLIQUEES.Société d'encouragement, séance 
|” Qu S'mars. — MACHINES À VAPEUR , 6e et 
| dernicr article; Calla. — AGRICULTURE. De 
| l'amélioration des prés; Félix Villeroy de Riet- 
terkoff en Bavière. — SCIENCES HISTORI- 
QUES: ACADEMIE DES SCIENCES MORALES 
ET POLITIQUES. Séance du 4 mars, — FAITS 
DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. 


DDISES-:( 
SCIENCES PHYSIQUES. 


Le ASTRONOMIE. 


1 De la constitution physique du Soleil; par 
" M. F. Arago. (Extrait. 


(Deuxième article.)  -- 


Après avoir démontré, par des observa- 
tions bien faites, que les laches du soleil 
sont dues à des excavations au fond des- 


| quelles on aperçoit le noyau ou corps de 


l'astre, A. Wilson reconnut que le soleil est 


} composé de deux malières de pature très 
| différente. Pour lui, la masse solaire est 


| masse obscure de l’astre, s'en élève, passe, 


| formée q« d’un corps solide non lumineux 


et noir, enveloppé d’une légère couche de 


| substance enflammée » Il admet, en outre, 


qu'un fluide élastique, élaboré dans Ja 


en l’écartant et en la refoulant dans tous 


. les sens, à travers la matière lumineuse.en- 


| veloppante, d’où il résulte des enfonce- 


ments qui nous permetlent de voir à nu 


.: une portion du globe obscur intérieur. Les 


‘effets de lumière, qui nous viennent des 
:talus{®sont ce qui, dans celte ingénieuse 
spécälation, constitue la pénombre. Quant 
à la-Gäture des facules, Wilson déclare 
sans détôu# n'avoir absolument rien pu ap- 
prendre à eur égard. me 
{Juelques années plus tard, Bode, astro- 
: nome prussien, a reproduit,avec quelques 
\ variations toutefois, les idées émises par 
® Maison. Nous n’avons donc pas à nous en 
occuper spécialement; nous dirons seule- 
ment que, pour expliquer les facules, 
Bode donne à l'enveloppe lumineuse du 
soleil une forme irrégulière et comme bos- 
selée ; puis comparant les ondulations qui 
s'y font aux vagues des la mer, il fait re- 
marquer qué si on considérait ces vagues 
d’un point situé verticalement au-dessus 
d'elles, on ne les distinguerait que difficile- 
nent, tandis qu'elles nous apparaissent si 
étendues lorsque nous sommes sur le ri- 


‘encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


vage. De là aussi, dit-il, la raison pour la- 


quelle les facules disparaissent communc- 
ment en marchant du bord vers le centre 
du soleil. 

C'est ici le lieu, d’après l’ordre des dates, 
de rapporter une anecdote pleine d’inté- 
rêt : Dès l’année 1787, le docteur Elliot 
avait soutenu que la lumière du soleil était 
due à une aurore douce et universelle. De 
plus, il croyait avec d’anciens philosophes 
et avec des savants modernes extrêmement 
recommandables, que, malgré les torrents 
de chaleur et de lumière qu'il vous envoie, 
ce grand astre pouvait trés bien être ha- 
bité. Le docteur Elliot ayant eu le mal- 
heur de tuer miss Boydell, fut traduit aux 
assises de Old-Bailey. Ses amis cherchèrent 
à le faire passer pour fou et yréussirenten - 
tièrement, en remettant aux mains du jury 
les brochures qui contenaient les idées que 
nous venons d'exposer. Eh bien! presque 
tous les astronomes de nos jours, et les 
plus éminents d’entre eux, admettent très 
volontiers ces opinions qu'on estimait na- 
guère ne pouvoir provenir.que de la cer- 
velle.d'unfous… 162" us 

W. Herschel, un des plus grand astro- 
nomes de tous les temps et de tous les 
pays, s’émpara, l’un des premiers, des 
idées condamnées du docteur Elliot, et basa 
sur elle sa théorie de la constitution phy- 
sique du soleil, généralement adoptée au- 
jourd’hui. Le savant hanovrien pense que 
le globe solide du soleil est entouré d’une 
double atmosphère, dont l’iutérieure, dense 
et peu ou point lumineuse, est totalement 
séparée de lextérieure qui est briilante et 


chargée de nuages-phosphoriques. Pour 


lui, comme pour Wilsonet Bode, les taches 
apparaissent lorsque, ‘par lPeffet de cou- 
rapts ascendants échappés:des soupiraux 
du corps de l'astre, des ouvertures ou cre- 
vasses se forment dans les deux atmos- 


_phères. On voit alors, par ces ouvertures, 


le corps obscur intérieur, tout comme un 
observateur, placé dans la lune pourrait 
apercevoir la partie solide de la terre à la 
faveur des éclaircies qui se font daus notre 
atmosphère. 

Des ouvertures correspondantes dans les 
deux enveloppes superposées donnent nais- 
sance aux taches noires, où si l’on aime 
mieux au noyau sans pénombre. 

Lorsque les grandeurs relatives des ou- 
vertures ne coincident pas exactement et 
laissent apercevoir, indépendammant du 
noyau solide, une certaine étendue de l’at- 
mosphère intérieure non-lumineuse, on 
a, dans ce cas nn noyau environié d'une 
pénombre. 

S'il ne se fait d'ouvertures que dans 
l'atmosphère phosphorique ou extérieure, 
il n'en résulte qu'une pénombre sans 
710y a. 

Mais si les nuages lumineux ne cèdent 


pas facilement à l’action impulsive du 
courant qui tend à les séparer, ils se con- 
densent sur les bords de l'ouverture, et y 
constituent des facules. 

Quand le gaz, dont l’ascension à travers 
les couches atmosphériques de l'astre, est 
peu abondant, il ny engendre que de pe- 
tites ouvertures qu'on est convenu dappe- 
ler pores. 

En parvenant à la région des nuages lu- 
mineux, le gaz est brûlé ou bien se combine 
avec d’autres gaz. La lumicre concomi- 
tante que dégage cette action chimique, 
n'étant pas partout d’une égale inten- 
sité, il en résulte, pour nous, les appa- 
rences connues sous la dénomination de 
rides. 

Enfin, continue linfatigable auteur de 
de cette savante analyse, les nuages lumi- 
neux me se touchent pas parfaitement, eu 
sorte que leursintérstices nous permettent 
de voir les nuages profonds onintérieurs à 
l’aide de la réflexion qui s’opèze à leur sur- 
face. Le contraste de cette lumière réflé- 
chie plas faible et dela vive clarté émise par 
les parties élevées des rides, domne-à toute 
la surface du soleil apparence pointillée 
que nous lui voyons lurque nous ne l’exa- 
minons pas avec de trop forts grossisse 
ments. ; 

Maintenant veut-on opposer à la con 
tion d’Herschelce qu’elle peutavoir d'in 
tain, de douteux? Je répondrai d'abord, 
M. Arago, par cette remarque de Fon 


nelle : « Il n’est pas étonnant que la philo 


sophie bégaye sur des choses si éloignées 
de la portée de nos yeux et si faiblement 
aperçues; il lPest seulement qu'on ait été 
si loin et qu'on ait pu, par exemple, dis- 
tinguer géométriquement les deux hémis- 
phères réels du soleil. » J'ajouterat ensuite 
que s’il m'était permis de sortir du cadre 
de cette notice, des phénomènes de polari- 
sation permettraient, en plus d’un point, 
de substituer des faits positifs, des démons- 
trations catégoriques, aux raisonnements 
simplement bégayés dont parlait l'ingé- 
nieux secrétaire de lAcadémiedes sciences. 

De même que le docteur Elliot, l’illustre 
Herschel croyait que le soleil est habité. On 
n’a pas oublié qu’il ne regarde pas comme 
contiguë la superposition des deux atmos- 
phères, et établit au contrare qu'il existe 
un intervalle entre elles. Il leur suppose 
aussi une très grande épaisseur, parexemple 
cinq à six cents myriamètres, ce qui porte 
la région, dans laquelle nagent les nuages 
phosphoriques,à une grande distance de la 
surface même de l'astre. Un dais qui au- 
rait une forte puissance de réfléxion (et 
c’est là précisément l'office que remplit la 
couche atmosphérique dense qui est à l'in 
térieur), défendrait efficacement les habi- 
tants supposés du soleil de Ja radiation des 
régions lumineuses situtes extérieurement; 


436 


et nulle chaleur incommode ne serait 
transmise de haut en bas par un milieu ga- 
zeux augmentant rapidèément en densité. 
Que les'nuées pénombrales, dit le fils du 
célèbre astronome et grand astfonome lui- 
même, soient puissamment réfléchissantes, 
c'est ce dont le fait même de leur visibilité 
dans une pareille circonstance né peut lais- 
ser aucun doute. Sir J. Herschel croit donc 
aussi, comme sonillustre père, à la possibi- 
lité du soleil habitable? 

Au surplus, dit en terminant le savant 
et éloquent professeur de l'Observatoire de 
Paris, les arguments sur lesqéels le grand 
astronome se fonde pour prouver, en tout 
cas que le noyau solaire peut ne pas être 
très chaud rmalgré l’incandeseence de son 
atmosphère, ne sont ni les seuls, ni les meil- 
leurs qu’on pourrait invoquer. 

(Journal des drcouvertes.) 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. 


Thermo-manomètres peur le$ locomotives, 
construits par À. Adie, de Liverpool, — 
Notice par A. Delave!eye. 


Lorsque l’eau est chauflée dans un vase 
ouvert, sa température s'élève successive- 
ment jusqu'à cent degrés centigrades; puis 
elle bout, c'est-à-dire se transforme en va- 
peur. 

Quelle que soit l’ardeur du feu, l'eau ne 
dépassera point ce degré; tout le calorique 
surabondant sert à la transformer en va- 
peur. Rite 
Lorsqu'on dit que l’eau: bout à cent de- 
grés,. on,sous-entend, que. la pression. de 
l'air indiquée par le baromètre est Om,76 
de mercurè car si celle pression venait à 
diminuer comme, cela a lieu sur les hautes 
montagnes, l’eau se amettrait.en ébullition 
à un degré de chaleur inférieur à 100 de- 
grés, et d'autant plus bas que la pression 
atmosphérique deviendrait plus faible. 

Sur le sommet du Mont-Blanc, l’eau bout 
à 84 degrés environ, 

Dans le vide, l'eau bout même à z‘ro. 


Ce que nous avons dit pour les pressions | 


inférieures à Om,76, se dirait également 
pour les pressions supérieures. 

La pression de l’air peut être remplacée 
par la pression d'un autre gaz quelcorque 
et même par celle dela vapeur qui se forme 
aux dépens de l’eau. 

C'est ainsi que l’eau chauffée en vase 
clos acquiert uue température supérieure 
à 100 degrés, parce que la vapeur qui se 
trouve emprisonnée exerce sur sa surface 
une pression qui l'empêche de bouillir aussi 
longtemps que cette Vapeur n'acquiert pas 
un degré de tension capable de surmon- 
ter Lobstacie qui s'oppose à sa sortie du 
vase. 

Si donc on chauffe de l’eau en vase clos, 

il y a une certaine relation entre la lempé- 
ralure et la tension de la vapeur, 
. Les physiciens, voyant l importance qu'il 
y aurait à connaître avec exactitude la rela- 
tion qui existe entre la température de 
l'eau et la tension de la vapeur, ont fait des 
recherches exp‘rimentales très précises à 
ce sujet et en ont dressé des tables. 

Malheureusement les savants ne se sont 
point entendus sur lunité à choisir pour 
exprimer ces résultats eu chiffres, en sorte 
que les tables qui expriment les relations 
d’un même phénomène sont composées de 
chiffres totalement différents et nécessitent 
des réductions pour passer de l’une À l'an- 
tre : en France, on à remplacé le thermo- 


i 
437 


mètre de Réaumur par le thermomètre 
centigrade ; en Angleterre, on se sert du 
thermomètre Fahrenheit. 

Dermême, pour mesurer l'énergie de la 
tension de la vapeur, on se sert de plu 
sieurs eXpressions différentes, quoiqu’elles 
aient un rapportintime entre elles, et qu’on 
puisse les déduire les unes des autres par 
réduction. 

Les Anglais expriment la pression de la 


vapeur en livres par pouces carrés ;les Fran- | 


çais en kilogrammes par centimètres car- 
rés, et ous deux expriment encore cette 
pression en atmesphères. 

Voici ce qu'on entend par ces différentes 
Expressions. 

Il faut se ressouvenirrque la vapeur, 
aussi bien que les gaz; exercé sa pression 
également en tout sens contre les parois 
des vases qui la renferment, en sorte que si 
un centimètre carré de surface du vase sup- 
porte un kilogramme de pression, chaque 
autre centimètre carré supportera la même 
pression d’un kilogramme. 

C'est ce que lon exprime en disant que 
la vapeur est tendue à un kilog. par cen- 
timètre carré. 

Si la tension est double, chaque centi- 
mètre supportera deux kilog., on dira donc 
que la vapeur est tendue à deux kilog. 

Et aiusi de suite pour toute autre ten- 
sion. 

Lesexpressions anglaises sont analogues ; 
seulement on yprend pour unité la livre an- 
glaise de 0k,453, et le poucecarréanglais de 
centim.,552, d’où l’on déduit que la ten- 
sion d'un kileg, par centimètre repond à 14 
livres 46/100 par poucecarré anglais. 

Enfin on exprime souvent la tevsion de la 
vapeur en afmosphères. Cette expression se 
déduit de ce que Pair:qui nous environne 


exerce dans sk état moyen sur la sarface! 


de tous les corps une pression équivalente 


ù 103k,3 par décimètre carré de surface, 
ou, ce qui revient au même,:la pression 
d’une atmosphère est équivalente au poids 
d’une colonnede meréure qui añrait Om,76 
de hauteur, parce qu’une colonne de cette 
dimension pèse 103k,3 par chaque décimè- 
tre carré de base. sn 

Où dit donc que la tension de la vapeur 
est d une atmosphère. lorsqu’elleexerce une 


pression de 103k,3:par:chaque décimètre | 


carré de surface;: ou ce-qui revient sensi- | 


blement; au, même; lorsqu'elle exercerunèe 


pression-detä livres-anglaises par poucésu- | 


perficiél anglais. 2: 

Les éxpressions, 4 atmosphères, où 413k 
par décimètre carré, ou 60 livres au pouce 
anglais, sont donc des expressions équiva- 
lentes. 

Et en thèse générale, un nombre quel- 
conque 7 d’atmosphères s’exprimera : 

Eu pression anglaise au pouce carré, en 
multipliant n par 15. 

En pression de kilogramunes par déci- 
mètres Carrés, en multipliant ce même 
nombre» par 405,3. 

On voit qu'ici, comme dans toutes les 
mesures, ilest à regretter que les mécani- 
ciens de tous les pays n'aient point adopté 
le même étalon, et se soient ainsi astreints 
de gaîté de cœurà des calculs de réduction, 
et à retenir de mémoire où x rechercher 
dans les livres des nombres pour les effec- 
tuer. Les physiciens français avaient pris 
en ceci le meilleur étalon, puisque le poid; 
de l'atmosphère est une idée identique pour 
tous les peuples. 

Non seulement on ne s’est pas entendu 
pour l'unité de mesure, mais on n'est pas 


438 


même d’accord sur le point de départ où . 
l’on fixeraitle zéro de l'échelle. 

Voici les raisons qui ont conduità pren- . 
dre deux'origines différentes. | 

L'air, pressant tous les corps, exerce 
donc aussi sa pression sur les cliaudières ; 
pour que cette pression soit contrebalancée 
par la tension de la vapeur, il faut que l’eau 
ait acquis 100 degrés centigrades du tem- 
pérature ; alors la tension intérieure de la 
vapeur fait équilibre à la pression extérieure 
delair. 2 

Dans. ,ces circonstances , lés uns disent : 
la. tension de la vapeur est d'uñe atmo- 
sphère et, marquent le zuméro un de l’é- 
chelle à ce point. 

Les autres disent : Ja tension à l’ettérieur 


et à l’intérieur se balançant, la pression 


libre pour le service des machines ne doit 
être comptée qu’à partir de ce point, etils 
mettent le zéro de l'échelle manométrique 
à l'eau bouillante. j 

C'est-à-dire que les uns comptent une 
atmosphère lorsque d’antres comptent zéro, 
et par suite on est obligé, sous peine de 
confusion, d’ajonter une phrase à l'expres- 
sion suivante, qui devrait suffire par elle- 
même, 

Une machine travaille à 5 atmosphères. 

IL faut, dis-je, allonger la phraseet dire : 
à cinqatmosphères, y compris la pression 
habituelle de l’air, ou bien, non compris 
la pression habituelle dé l'air. 

En Angleterre, on a pour habitude gé- 
nérale de ne compter la pression qu'à par- 
tir de l’eau bouillante; leurs manomètres 
mettent le zéro à ce point. foie 

En Frauce;au contraire, les ingénieurs 
du gousernement essayent les chandières 
en comptant une atmosphère à l'eau. bouil- 
lante au lieu de zéro comme les Anglais, 
et timbrent les chaudières d'après ce mode 
d'essai. FE 

L'une et l'autre de ces manières de comp- 
ter sont bonnes, seulément il est à regretier 
que l’on n'en ait pas exclusivement adopté 
uNes) sms 
L'usage anglais commence à prévaloir, 
et l'on :marque,déjà en France le zéro & 
l’eau bouillante, sur la plupart des mane- 
mètres que Lon. y construit. Espérons que 
cet usage dexicndra général et fera règle, 

Letliermo-manomètre anglais, dont nous 


donnons la théorie et la description,compte 
Jeyzéro à l'eau bouillante. ne 


CAES Le 


«Nous..avons vu précédemment que. Ja 
pression de la vapeur croît d'autant plus 
que la température dé l’eau s’élève davan- 
tage, et nous avons ajouté qu'il y a, entre 
les nombres qui expriment la température 
de l’eau et la tension de la vapeur; nae.re- 
lation fixe et déterminée, en sortg;quec Si 
l'on connaît l’une on peut en déduire l'au- 
tre. —— = 

Dans.le prochain numéro nous donne- 
rons la table qui sert à cet objet. 

(Bulletin de l’industrie, Jobard.) 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


à 
Falsificatien des farines de graïnes de lin et 
de moutarde. 

Ces deux farines, si souvent employées 
en médecine ou dans les arts, sont, de la 
part des marchands, Fobjet d'une falsifica- 
tion qui en altère beaucoup les proprietes. 
Il est à Ja fois intéresssant et utile de pou- 
voir déceler dans ces substances la présence 
de matières qui ne devraient pas y être con- 
tenues. Nous ne prétendons pas indiquer 
ici la manière d'analyser les farines de grai- 


| 


3 


] 


139 


ws de linet de moutarde ; nous voulons 
xdiquer le procédé par lequel on recon- 


mels on les sophistique le plus souvent. Ces 
:roduitssont, pour la farine de graine de Jin 


rvi à Ja filtration des huiles pour l’éclai- 
age, tantôt du petit son, d'autres fois en- 
mn de la farine provenant de tourteaux de 
kn:dont on a déjà déjà extrait l'huile. Cette 
atroduction de matières hétérogènes dans 
| farine-de graine de lin détruit tellement 
propriétés oléagineuses qu’elle ne donne 
| lus que12/100 d'huile, tandis que, pure, 
l Ile peut en amener jusqu’à 35/100. D’ail- 
ours ces matières peuvent amener d’autres 

rincipes qui nuisent d’une mauière notable 
“ans les opérations auxquelles on soumet 

rdinairement la farine dont nous parlons. 

laintenant que sous. connaissons le secret 
*e la falsification ordinaire de ces matières, 
‘osssédons-nous des moyens d'y reconnai- 
ce la sophistication? Nous répondrons af- 
lrmativement pour quelques cas. D'abord 
ne solution aqueuse. au alcoolique d’iode 
‘exerce aucune action sur la farive de 
traine de lin pure. Mais si cette farine con- 
rent du son, ou quelque autre principe 
milacé, une coloration bleue se manifeste 
“assitôt. Maintenant veut-on connaître la 
iuantité plus ou moins grande d'huile que 


bar l'éther sulfurique. qui dissondra l’huile 
u'on peut ensuite précipiter par lPean. 
‘on déterminera la quantité de mucilage 
bontenue daus la-farine en la traitant par 
beau. Le.mucilage en effet recouvre tou- 
ours les graines de lin. Si des matières, mi- 
‘érales avaient été introduites.dans ces fa- 
nes, soit pour.en augmenter le peids, soit 
our en rendre. l’aspect plus-beau, il.serait 
acile, par la,calcination, d'en déclarer la 

résence. : 
Tels.sont les.procédés.généraux à l’aide 
.esquels on peut déceuvrir:la falsification 
e la farine de graines de lin. Mais quand 
n'agit sur la farine de graines de mou- 
“arde, onn’éprouve pas la même facilité 
exécution. Cette dernière farine en eftet 
eut être mélangée de:semences de sénevé, 
. Le colza on de navette, qui ne se colorent 
as en bleu par l’iode: Quels seront donc 
“ 2s signes indicateurs de la falsifivation de 
*'ette farine? Nous sommes forcés de répon- 
‘ire qu'il n’y en a pas de précis et qu’on ne 
eut s’a percevoir de cette falsification que 
‘ar la différence d’âcreté de la farine, car 
. a graine de moutarde contient deux huiles 
. lifférentes. L’une est douce, fixe et légère; 
l'autre est âcre, volatile et pesante. Or, les 
xaines de colza, de navette, qui contri- 
ent à la falsification de ces huiles, re con- 
ieñeént pas un principe aussi actif. 
5 THAT E. FE. 

Fr DEEE — 


SCIENCES NATURELLES. 
| Le TOXICOLOGIE. 


Cours de 11. Orfila. 


5 il } a peu d’années encore une science ba- 
ce maintenant sur lesobservations les plus 


positives, enrichie des faits les plus curieux, 


[les expériences les moins contestables, 
|A existait pas. Cette science, c'était la toxi- 
zologie. Quelques matériaux, épars cà et là, 
ndiquaient bien aux chimistes et aux mé- 
lecins qu’elle devait naître bientôt . mais 
2es matériaux ne constituaient pas une scien- 
ze. Un seul homme, par la force de son es- 
prit, l’a eréée toute entière et la cultive en- 


nitra facilement les produits à laide des-. 


“tout . tantôt de la sciure de bois avant 


“antient une: farine donnée, on,la traitera . 


440 


1 core en ce moment avec un suecès sans 


‘égal. On sait que nous parlons ici du doyen 
de la Faculté de Paris. Mais dans la toxi- 
cologieil est une question plus importante, 
plus étudiée, plus intéressante. que toutes 
les autres, cette question c’est celle de l’em- 
poisonnement par l’arsenic. Assurément ce, 
n'est pas une question neuve, car trop de 
monde a voulu en trop parler; mais cha- 
que année M. Orfila lui reud l'attrait de la 
nouveauté quand il en fait-le sujet de ses 
lecons. Les nombreuses recherches de ce 
savant, sur cet important problème ont in- 
téressé tout le monde, et l’on se rappelle 
encore cette foule , il y a deux ans , qui se 
pressait au tour de sa chaire pourreceuillir 
ses moiudres paroles. Cette foule n’a pas di- 
minué cetfe année. Eneffet, M. Orfila doit 
examiner la question de l'empoisonnement 
sous tous les points de vue, et il ne posera 
pas uu problème sans le résoudre. Depuis 
l'an dervier, de nouveaux moyens de re- 
chercher l’arsenic ont été proposés, M.Or- 
fila les fera connaître et les discutera; enfin 
les leçons seront d’un haut intérêt pour 
tous ceux qui pensent comme nous, que la 
toxicologie a rendu bien des services à f’hu- 
manité. Tout cela nous engage à publier 
une analyse exacte des lecons du savant 
professeur. 

Commençons par établir, à dit M. Orfla, 


qu'un expert appelé à se-prononcer:sur un 


empoisonnement doit constater troisordres 
de faits. D'abord il doit se livrer à des re- 
cherches chimiques ayant pour but de dé- 
couvrir le poison , soit dans les.organes , 
soit dans les vomissements , suit dans les 
malières alimentaires. Le premier.ordre de 
faits appartient donc à la chimie, Le se- 
cond se rapporte à la symptomatologie, 
c’est-à-dire que l'expert prendra connais- 
sance des-symplômes éprouvés-par la, per- 
sonne qu'on suppose avoir étéempoisannée. 
Le troisième ordre de faits est du domaine 
de l’anatomie pathologique; l'expert étu- 
diera les lésions des organes, les perfora- 
tions des tissus, etc., etc., qui peuvent être 
d’un grand secours dans une affaire de ce 
genre. 

Cela nous conduit tout d’abord à diviser 
l'étude toxicologique que nous devons‘faire 
de l’arsenic. Nous indiquerons en premier 
lieu les recherches chimiques nécessaires 
pour découvrir le poison; et nous passe- 
rons successivement en revue et les symp- 
tômes qu'il produit et les lésions auxquelles 
il donue lieu. Enfin, nous terminerons par 
l'examen des objections qui ont été faites au 
système suivi dans ces sortes de recherches. 

Un individu est empoisonné; on trouve 
dans un vase, soit au fond des matières vo- 
mies ou des matières contenues daus son 
estomac, une poudre blanche; il s’agit de 
constater si cette poudre est de l'acide ar- 
sénieux. Comment procéderons-nous À cette 
recherche? Nous constaterons d’abord les 
caractères physiques de cette poudre; puis 
nous la dissoudrons dans l’eau et nous fe- 
rons passer dans le liquide un courant d’a- 
cide sulfhydrique. S'il se forme un préci- 
pité jaune, insoluble dans l'eau, soluble, 
dans l’ammoniaque, nous en conclurons 
que ce précipité peat être du sulfure d’ar- 
senic et la poudre blanche de l'acide ar- 
sénieux. Du reste, si le sulfate de cuivre 
ammoniacal produisait dans la liqueur un 
précipité vert, ce précipité confirmerait 
l'opinion tendant à faire croire à la pré- 
sence de l’arsenic. Mais il ne faut ajouter 
foi à ces précipités qu'autant qu’ils pour- 
ront donner de l’arsenic métallique. 


441 


Si l’on veut s'assurer que le précipité jaune 

ou. la poudre blanclie contient de l’arse- 
nic, on les placera dans un tube deverre 
avec du carbonate de K O (potasse) et du 
charbon et on chauffera assez fortement le 
mélange. S'il ÿ a de larsenic, nn anneau 
métallijue se produira bientôt et il sera 
facile de l'essayer par les réactifs ordi- 
paires. 

Telle est, Messieurs, l'expérience qui fut 
faite à Brives, dans le fameux procès La- 
farce. Mais le tube se brisa pendant l'essai, 
et si les experts de Brives ont cu un tort, 
c’est d’avoir, à la vue de ce simple précipité 
jaune, conclu à l’empoisonnement. 

Pour obvier à cette rupture possible de 
l'appareil, on peut agir d’une autre ma- 
nière , préférable peut être sous bien des 
rapports, Méêlez le précipité jaune ou la 
poudre blanche avec de l’'azotate de potasse; 
chauffez le mélange dans une capsule, vous 
formerez, dans le cas d'un sulfure, dun sul- 
fate et de l’arséniate de KO. Faites bouillir 
la matière avec de l'acide sulfurique pour 
chasser l'excès de nitrate , et il se produira 
du sulfate de KO et de l'acide arsénique. 
Flacez le tout dans un appareil de Marsh et 
vous aurez des taches arsénicales. 

Dans le département de Maine-et-Loire, 
une fille empoisonna son père, qui fut ex- 
humé au bout de 7 ans. L'affaire fut portée 
devant les tribunaux; l’on trouva de l’ar- 
senic, et l’accusée fut condamnée à mort, 
mais par contumace. Au bout de 3 ou 4 
ans elle reparut pour.se laver de sa con- 
damnation. L'un des experts avoua bien 
qu’il y avait de l’arsenic dans les matières 
soumises à l'expérience, mais il soutint que 
cet ‘arsenic venait du verre. Devant cetle 
objection grave, il était nécessaire de faire 
des expériences. L'Académie de médecine 
s'en occupa beaucoup et il résulta de ses 
travaux qu’en France on prépare rarement 
le verre avec de l'acide arsénieux ; que du 
verre préparé avec 11500 ou 11600 d’acide 
arsénieux.et fortement chauffé de manière 
à être transparent, n’en renferme pas un 
atome. Du verre préparé avec 1129 d’acide 
arsénieux en retient toujours , même lors- 


qu’il a été fortement chauflé; mais il est 


complétement opaque. Un verre préparé 
avec de l’arséniate de KO à petite dose 
peut retenir de l’arsenic, mêmeaprès avoir 
été fortementchauffé, mais alors il est vert. 
Quelle conséquence pouvons-nous tirer de 
tous ces faits? C’est qu’en prenant un verre 
transparent, incolore, nous n’aurons pas à 
craindre la présence de l’acide arsénieux. 
Toutefois, l'Académie de médecine a re- 
commandé de faire rougir le verre avant 
de commencer l'espérience. 

Je vous disais à l'instant qu’on trouve 
souvent dans l’estomac des personnes em- 
poisonnées par l'acide arsénieux en poudre 
cette poudre elle-même. Cependant J'ai be- 
soin de vous faire une remarque qui vous 
prouvera combien il est nécessaire d’exa- 
miner avec attention toutes les choses qui 


ont trait à l’empoisonnement, Au bout de 


quelques jours d’inhumation , il se déve- 
loppe souvent dans le canal digestif des 
grains graisseux et albumineux possédant 
sous le rapport de l'aspect une grande ana- 
logie avec l'acide arsénieux. Cette analogie 
est tulle qu’elle a induit en erreur des ex- 
perts de Saint-Brieuc, dans une affaire 
d’empoisonnement. 

Nous avons vu jusqu'alors l'acide arsé- 
nieux donné en poudre; supposons qu'il à 
été donné en dissolution. Le problème 
change-t-il ? Non, il reste le même; et par 


4492 


conséquent, il ne nous occupera pas. Mais 
si l'acide arsénieux st mélangé avec du thé, 
du café, du vin, ete., peut-on le recon- 
naître? Nous répondrons affirmativement : 
Oui, messieurs, on peut le reconnaitre ; 
mais on ne le peut pas à l'aide de ces réac- 
tifs tant prônés dont les résultats sont dou- 
teux, et quelquefois si complétement op- 
posés à ce qu'ils devraient être, qu’ils ne 
sont d'aucune valeur.— Je prends du café 
contenant un peu d’acide arsénieux; j'y 
verse du sulfate de cuivre ammoniacal pour 
obtenir un précipité vert; mais le précipité 
qui se forme est un précipité noir. L'eau de 
chaux qu’on a tant vantée, et qui précipite 
en blanc l'acide arsénieux, donne avec le 
café arsenical un précipité noiràtre. Vous 
voyez que ces essais ne sont d'aucune va- 
leur en médecine lépale , et je déclare for- 
mellement qu'ils doivent être tout-à-fait re- 
jetés. Cepeudant, jusqu’en 1812 on jugeait 
sur ces précipités les questions d’empoison- 
nement; mais aujourd'hui que la toxicolo- 
gie a fail tant de progrès, vouloir se servir 
de ces précipités, c’est vouloir ne rien 
trouver. 

Ce sont les Allemands qui ont prôné ou- 
tre mesure le sulfate de cuivre ammoniacal 
comme doué d’une grande sensibilité. Les 
Anglais, et à leur tête le docteur Hume, se 
déclarent pour l'azotate d’argent ammo- 
niacal. 

Nous venons déjà de voir combien était 
inexacte l’indication du sulfate de cuivre. 
Mais nous pouvons ajouter ici des faits qui 
doivent le faire abandonner absolument. 
Je prends une dissolution de gélatine con- 
tenant de l’acide arsénieux; }'y ajoute du 
sulfate de cuivre ammoniacal et ce sulfate 
reste bleu ; il ne se forme pas de précipité. 
Nous voyons ici qu'il nese forme pas de 
précipité quand il y a de l’arsenic. Main- 
tenaut je vais vous montrer, au contraire, 
qu'il peut se former un précipité dans une 
liqueur sans qu’il y ait de la substance véné- 
neuse. Prenez une simple décoction d’o- 
gnon , ajoutez-y du suliate de cuivre am- 
moniacäl et la liqueur se colorera en vert. 
Sur ce simple aperçu, un pharmacien n’a 
pas craint de conclure à l'empuisonnement. 

J'arrive maintenant au réactif du doc- 
téur Hume, à l’azotate d'argent ammonia- 
cal. Messieurs, ce préapité ne vaut pas 
inicux que le précédent , et il doit égale- 
ment être proscrit de nos recherches mé- 
dico-légales. Je verse dans de l’azotate d’ar- 
gent ammoniacal quelques gouttesd'acide 
arsénieux et j'obtiens un précipité jaune 
d’arséniate d’argent.'Fout cela est fort bien, 
mais prenez du suc d’ognon, versez-y de 
V’azotate d'argent ammoniacal et un peu de 
chlorure de sodium, et vous aurez bientôt 
un précipité jaune analogue à celui que 
j'ai obtenu d’abord. —Que conclure encore 
de ces faits? C'est que lazotate d’argent 
ammoniacal doit être également proscrit 
comme pouvant induire en erreur, 

Jusqu’alors nous avons tout détruit ; 
Maintenantréhabilitons quelque chose L’a- 
cide sulfhydrique est, dans les recherches 
toxicologiques , d’une haute importance ; 
car sa sensibilité est très grande et ses ré- 
sultats bien tranchés. M, Raspail, après les 
chimistes anglais, a répété que l'acide sul- 
fhydrique précipitait en jaune la décoction 
d'ognon. C’est une erreur complète qu'une 
simple expérience contredit et renverse. 

Maintenant, qu’elle méthode suivrons- 
nous , lorsque nous aurons à agir soit sur 
les matières des vomissements, soit sur les 
matières contenues dans l’estomac ? Pre- 


L s 
443 

nons ces matières, auxquelles nous ajoute- 
rons un peu d’eau si elles sont trop épaisses. 
Soumettons-les À l'action de la chaleur 
pour coaguler tout ce qui est primitive- 
ment coagulable, et filtrons-les. Mais elles 
contiennent encore beaucoup de matières 
organiques ; et remarquons ici en passant 
que la plus importante de toutes les opéra- 
tions de toxicologie c’est celle qui a pour 
but de se débarrasser de la matière orga- 
nique. Faisons donc évaporer la liqueur 
jusqu’an quart de son volume, et traitons- 
la par alcool à 44° qui coagulera encore 
beaucoup de matières organiques. Au reste, 
l'alcool tiendra l'acide arsénieux en disso- 
lution. Filtrons la liqueur, et faisons passer 
à travers elle un courant d'hydrogène sul- 
furé : s’il y a de l’arsenic , ce précipité 
jaune insoluble dans l’eau, soluble dans 
Pammoniaque , se formera aussitôt et il 
sera facile d'en retirer l’arsenic. 

Remarquons ici, messieurs, qu’il est im- 
portant de coaguler par l'alcool, car sans 
elle la matière organique serait un obstacle 
àla formation du précipité jauneet, comme 
dans le cadavre de Soufflard, on seraitobli- 
gé peut-être d'attendre 3 mois. E.F. 


ZOOLOGIE. 


Note sur les cochons à pendeloques , variélé ou 
monstruosité du cochon domestique qui pa- 
rail n'être pas encoreremarquée par Les na- 
Luralisles ; par M. Eudes-Deslongchamps. 


Je fis acheter au marché, il y a deux ans, 
un jeune cochon destiné à être engraissé 
chez moi, à la campagne. On me fit remar- 
quer que cet animal portait une sorte de 
pendeloque fort singulière : elle était située 
sous la mâchoire inférieure, du côté gau- 
che, un peu en arrière de la ligne de la 
comumnissure des Jèvres; sa forme était cy- 
lindrique ; sa longueur de 7 à 8 centimè- 
tres, son diamètre de 2; elle était un peu 


rétrécie à sa base, arrondie à son extrémité 


libre , et partout recouverle de longues 
soies qui ue différaient point de celles des 
autres parties de la peau ; elle ressemblait, 
en quelque sorte, à ces pinceaux de poils 
divergents dont on se seit pour neltoyer 
les bouteilles. La peau qui la recouvrait ne 
présentait aucune altération dans sa cou- 
leur ni dans sa consistance. 

J’attachai d’abord fort peu d'intérêt à 
cette conformation que je regardais comme 
une excroissance tout à fait accidentelle et 
individuelle ; mais quelqu'un me dit que 
cette particularité n'était pas rare dans les 
cochons , qu’on voyait même assez souvent 
de ces animaux qui avaient deux de ces or- 
nements, un de chaque côté, et occupant 
toujours la même place; qu’on les distin- 
guait sous le nom de cochons & marjolles ; 
qu’on les achetait de préférence, quand on 
en trouvait aux marchés, car, quoiqu'ils 
fussent plus méchants que les autres, ils se 
nourrissaient mieux et S’engraissaient très 
bien, Il est certain que le cochon pendelo- 
qué que j’ai eu chez moi était fort méchant, 
cherchant à mordre et à se jeter sur la fille 
de basse-cour lorsqu'elle lui donnait à man- 
ger ; il fallait prendre des précautions pour 
nettoyer sa bauge. Il est certain aussi qu’il 
s’est fort bien engraissé, sans qu'on lui ait 
donné d’orge sur la fin de sa vie ; il n'a ja- 
mais eu d'autre nourriture que des pommes 
de terre, du lait aigri et des épluchures de 
légumes. 

J'ai questionné, touchant cette particu- 
larité, plusieurs cultivateurs de la com- 
mune où est située ma maison, et plusieurs 


44% 


personnes de diverses communes, presque 
tous m'ont dit que les cochons à marjolles 
leur étaient bien connus, de même que 
leurs qualités et leurs défauts. 

Ainsi cette variété du cochon domesti- 
que, ou plutôt cette anomalie dans cette 
variété d'animal domestique, n’est pas rare 
et mériterait attention sous ce rapport. = 

Lors de la mort de mon cochon, je fist 
conserver sa pendeloque que l’on eutssoin, 
d’après mon ordre, d'enlever avec une cer- 


taine quantité de la peau où elle adhéraïit” 


Pouvaut l’examiner alors plus attentive- 
ment, jy remarquai une sorte de pertuis 
large de deux miilimètres environ, existant 
dans un point de la circonférence par où 
la pendeloque tenait à la peau : de ce per- 
tuis sortait une touffe serrée de soies raïdes, 
en forme de pinceau; ce pertuis était l’ori- 
fice d’un sinus profond de quatre à cinq 
millimètres que tapissait la peau amincie; 
les soies naissaient de toute la surface du 
sinus, et se réunissaient en faisceau à leur 
sortie par ouverture. 

J'incisai longitudinalement la pendelo- 
que : la peau avait l'épaisseur ordinaire 
qu’elle présente dans cette partie de la màâ- 
choire ; au-dessous était une couche de lard 
qui n’offrait rien de patticulier, et au mi- 
lieu une tige cartilagineuse un peu con- 
tournée. Ce cartilage, recouvert d’un péri- 
chondre normal, était semblable, pour la 
couleur et la consistance, à celui des oreil- 
les; sur un des côtés de cette tige cartila= 
gineuse étaient deux petits muscles longi- 
tudinaux, superposés l’un à l’autre, bien 
organisés et s'étendant depuis la partie su 
périeure du cartilage jusque vers la moitié 
de sa longueur, où ils se terminaient eu se 
confondant avec le périchondre. Je m'as: 
surai que la tige cartilaginease et les mus- 
cles devaient se prolonger au delà de la pen- 


: deloque, car cette tige était coupce et même 


plus large en ce point que dans le reste de 
son étendue. Se perdait-elle dans le tissu 
cellulaire sous-cutané, s’attachait-elle à læ& 
mâchoire, à los hyoïde ou à quelque partie 
du larynx? Malheureusement je ne puis 
rien dire à ce sujet, et mon observation 
reste incomplète dans ce point qu’il eûtété 
pourtant fort curieux d’éclaireir, puisqu'it 
eût fait connaître les connexions de cette 
production anomale. 

Si elle n’eût été formée que de peau et de 
graisse, elle n’aurait donné lieu à aucañe 
déduction importante, puisque les tumeurs 
de cette sorte sont communes et peuvent se 
ranger dans la classe des aitérations orga- 
niques les plus simples. Mais [a présence 
d’un cartilage et de muscles bien organisés 
doit la faire considérer comme provenant 
d’une autre source que d’une altération 
pathologique. C'est un organe rudimen- 
taire ou bien une partie d'organe déplacé 
ou atrophié ; mais que représente-il?. 
C'est une anomalie, sans doute; mais com- 
ment la ramener à son orgine ou à sa 
tendance organique?..…. D ailleurs elle se 
reproduit trop fréquemment dans notre 
variété de cochons domestiques (et même 
parfois avec un caractère de symétrie, puis- 
qu'elle se développe de deux côtés à la fois), 
pour qu'on puisse le regarder comme sans 
importance. On voit par là combien il est 
à regretter que je n’aic pu connaître les 
connexions profondes de cette pendeloque. 

Malgré d'innombrables travaux, les lois 
qui président au développement des orga- 
nes sont encore imparfaitement connues, 
surtout en ce qui concerne les développe- 
ments anormaux. et l’on doitrecucilliravec 


5 

in tout ce qui peut éclairer cette branche 
1V’anatomie cet de la physiologie transcen- 
mtes. D’un autre côté, nous voyons lin- 
vence de la domestication se prononcer 
fon manifestement sur les animaux soumis 
L'homme; certains organes changent de 
me, s’accroissent, se réduisent ou même 
paraissent, et ces modifications tantôt se 
‘rpétuent par la génération, tantôt s’effa- 
int avee les individus, sans que nous puis- 
bons toujours nous rendre compte des 
uses de ces altérations survenues à des 
pes que noüssommes autorisés À regarder 
mme entrés primitivement dans le plan 
|: la création. To 

! J'ai dû faire toutes les recherches à ma 
bortée pour ‘savoir si les cochons à pende- 
® ques sous laimâchoire: inférieure avaient 
* é signalés parles naturalistes. Je n’ai rien 
'ouvé à cet égard. 

Parmiles ruminants réduits en :domes- 
lcité, on trouve quelques variétés chez les- 
uelles existent des pendeloques sous la 
âchoire inférieure; certaines variétés de 
chèvre ordinaire, celle dite de la Haute- 
Hgypte, par. exemple, Ces organes singu- 
rers ont été désignés sous les noms de 
Hands et de verrues pendantes; ils ont été 
tegardés comme de simples replis de la 


nt: 


on ait fait une dissection soignée; ‘ainsi je 
ve puis savoir jusqu'à quel point ces ap- 
réndices sont analogues aux pendeloques 
Les cochons. 

Le sanglier ordinaire, d’où nos variétés 
re cochons sont sont sorties, ne montre 
Loint, que je sache, aucune sorte de pen- 
} cloques. À la vérité, les phascochæres, 
ortes de sangliers africains, ont constam- 
aents.sous_ les yeux un lobe pendant et 
“häfnu ; mais le genre phascochære dif- 
Lère éssentiellement de celui des sangliers 


‘roprement: dits, par la structure des: 


. lents. I n’y a donc là qu’une analogie fort 
… loignée, ou plutôt il ny a d'analogie ni 
“ ians la forme ni dans la position. 

. Du reste, tant que l’on ne connaîtra pas 
- es rapports profonds des pendeloques des 
:ochons, on ne pourra, à mou avis, rien 
“ nférer de la présence de ces appendices, 
| our y voir un retour vers certaines formes 
. 1atureiles à quelques espèces de pachyder- 
ines voisins des sangliers. 

| Aussi me contenterai-je de signaler le 
sait et d'attirer l'attention sur l'importance 
juil paraît avoir, sans m’étendre davan- 
age sur: un sujet déjà conjectnral en lui- 
inême, et qui a besoin d’être éclairé par de 
nouvelles recherches. 


De 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT: 


ue RS ne 


a 


RS Met 


Séance du 8 mars, 


| Au nom du Comité des arts chimiques, 
1° Gaulthier de Claubry fait un rapport 
lur les résultats du concours relatif aux 
serfectionnements des arts céramiques, 
Hjuatre prix ont été proposés par la Societé, 
{ui a fait venir d'Angleterre des superbes 
.POteriés pour servir de modèles aux con- 
‘urrents. Mais il paraît que les program- 
[nes de la Société n’ont pas eu toute la pu- 
licitébdesirable, car peu de concurrents 
esontprésentés. Des mesures seront pri- 
es pour porter remède à l'avenir à ce fà- 
|‘heux état de choses. Le prix est prorogé 
|: l’année 1844. On a craint que la réunion 
ü un même programme des quatre prix, 


eau. Il ne paraît pas, au reste, que l’on 


446 


ait été cause de ce résultat, chacun pou- 
vant croire qu'il fallait réunir les quatre 
sortes de fabrication pour mériter le prix 
proposé, tandis qu’il est dans les intentions 
de ja Société de récompenser chacune en 
particulier. On avisera aux moyens d'éviter 
cette confusion. 

Le même rapporteur fait proroger le 
prix pour le perfectionnement des four- 
neaux, et fait l’énumération des expérien- 
ces que les concurrents doivent faire pour 
mériter ce prix. 

M. Payen propose de fonder un prix pour 
l'extraction de la matière colorante du bois 
de Santal. Ce sujet est prix en considéra- 
lion; le,programme.en sera rédigé pour 
être lu et adopté dans. la prochaine séance. 

On propose d'envoyer des commissaires 
dans la fabrique de, fer creux de M. Gan- 
dillot, afin d'examiner le système de calo- 
rifères établis dans cette usine, ainsi qu'en 
d’autres lieux, et d'éclairer le conseil sur 
les avantages qui sont attribués à ce mode 
de chauffage. Une discussion s'élève pour 
savoir si le chauffage est produit par la 
vapeur d’eau à haute température, selon 
le système de Perkins, qui a Cté usité, puis 
abandonné en Angleterre, à cause des gra- 
ves inconvénients qui ont été reconnus, 
soit à raison des explosions, soit à cause des 
incendies, etc. Mais M. Gauthier de Clau- 
bry expose qu'ayant été chargé par M. le 
préfet de police de visiter l'usine Gandillot, 
avec M Péclet, etc., il a reconnu que le 
chauffage s’y produit par l’eau à une tem- 
pérature élevée, suivant la méthode de Bon- 
nemain, à l’aide de la c'renlation de l’eau 
par refroidissement. Le conse | décide que 
MM. Gauthier de Claubry, Combes , Sé- 
guier et Gourlier visiteront cel établisse- 
ment, et en rendront compte à la Socitté. 

Au nom du comité d'agriculture, M. Hu- 
zard fait un rappoit sr les expériences 
qu'il a tenttes pour s'assurer de la réalité 
des faits consignés dans un Mémoire pré- 
senté au concours, pour le dégorgement 
des sangsues, et l'emploi à des nouvelles 
succions. Ces, expériences ont été con- 
cluantes ; il est certain qu’en percant une 
sangsue gorgée desang, près de son disque 
postérieur, de manière à percer les deux 
sacs remplis de sang, lanimal se vide in- 
stanlanément; sa plaie se guéril prompte- 
ment, et au bout de peu de jours, il peut 
être appliqué de nouveau. La plus grande 
partie des sangsues résiste très bien à cette 
opération, qui d’ailleurs n’a aucun incon- 
vénient : car des expériences réitérées ont 
appris que les morsures de l’animal, quel- 
ques jours après qu'il a été vidé de sang, 
n’ont jamais inoculé le venin des malades 
qui avaient été piqué précédemment par 
lui. Le Mémoire sera imprimé dans les 
bulletins de la société, pour éclairer les per- 
sonnes qui voudraient se présenter au cou 
cours proposé par la société, relatif à la 
multiplication des sangsues. L'auteur de ce 
mémoire est M. Olivier, à qui la société 
décernera une médaille de 300 fr. dans la 
prochaine assemblée générale. 

La Société procède au scrutin pour nom- 
mer un adjoint au Comité d'Agriculture, 
en remplacement de M. Soulange-Bodin, 
démissionnaire. L’unanimité des suffrages 
prononce l’admission de M. Philipar, meim- 
bre de la Société royale et centrale d'Agri- 
culture, professeur aux écoles de Grignon 
et Versailles. 

M. Séguier donne l'explication, et ex- 
pose l’usage d’un héliostat , inventé par 
M. Silbermann et exécuté par M. Soleil. 


447 
Cet instrument , conçu sur un plan très- 
ingénieux , présente les avantages d’une 
grande exactitude , d’une manœuvre facile 
et d’un prix très modéré; il ne coute que 
350 fr., tandis que ceux qui sont en usage 
dans Ilés courset les cabinets de physique 
sont du prix de 1,200 fr. au moins. Il se- 
rait impossible de comprendre la descrip- 
tion de cet héliostat sans le secours de fi- 
gures. Le Bulletin de la Société contiendra 
l’une et les autres. 

FRANCOEUR. 


ARTS MÉCANIQUES. 
MACHINES A VAPEUR. 


Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en- 


couragement, au nom du comité des arts mé- 
caniques, sur plusieurs établissements 2ffec- 
tés à la construction des grandes machines à 
vapeur et des machines locomotives. 
(Sixième et dernier article.) 
Etablissement de M. Pausvels. 


Le département de la Seine contient en- 
core uu atelier affecté aux machines à va- 
peur de navigation et aux locomotives ; 
c'est l’établissement de la Chapelle-Saint- 
Denis. 

Fondé en 1836 par M. Pauwels, et dis- 
posé, dès son origine , pour cette destina- 
tion spéciale, cet établissement est très con- 
venablement distribué : des ateliers de 
forge, de chaudronnerie, d’ajustage et de 
modeicurs; deux ateliers de montage, l’un 
pour les appareils” de navigation, l’autre 
pour les locomotives, sont bien divisés et 
communiquent facilement entre eux. 

L'usine est construite sur un terrain de 
la contenance de près de 13,000 mètres 
carrés, dont plus de 5,000 mètressont cou- 
verts d'ateliers ; elle occupe environ 400 
ouvriers, et la force des machines motrices 
réunies est de 5{ chevaux. 

L'usine de la Chapelle-Saint-Denis a déjà 
fourni à l’industrie un assez grand nombre 
de machines à vapeur. En 1841, le gou- 
veruement a confié à M. Pauwels la cons- 
truction de quatre appareils à vapeur pour 
la navigation maritime. 

Un de ces appareils de 220 chevaux est 
expédié et en montage à Indret, un autre 
de même force est presque achevé. La con- 
struction de deux machines de 1460 che- 
vaux, destinées à l’administration des pos- 
tes, est assez avancée Sur trois machines 
locomotives commandées en mars dernier 
pour le chemin de fer de Lille à la fron- 
tière, deux sont livrées et ont déjà fonc- 
tionné sur les rails, la troisième est ache- 
vée; ces dernières machines nous ont paru 
très bien exécutées. 

Les forges contiennent vingt-huit feux 
ordinaires dont le ventilateur est mû par 
une machine de 4 chevaux ; un four à re- 
verbère et un four à réchauffer les cercles 
des roues des locomotives. Une machine à 
vapeur de 20 chevaux yÿ fait mouvoir un 
martinet, et plusieurs grues complètent 
l'outillage de cette partie des ateliers. 

L'atelier de chaudronnerie est très bien 
monté, son outillage est assez complet; le 
perçage , le cintrage, l’'emboutissage des 
tôles s’exécutent par des procédés méca - 
niques et au moyen de mandrins en fonte 
bien combinés; aussi les chaudières qui sor- 
tent de cet établissement peuvent-elles être 
citées parmi les meilleurs des ateliers de 
Paris; et permettez-nous de vous rappeler, 
en passant, qu'il est difficile d'obtenir un 
rang distingué dans cette spécialité, car il 
est depuis longtemps reconnu que la fabri- 


448 


cation des générateurs et des grands appa- 
reils de chaudronnerie est poussée , à Pa- 
ris, à un degré de perfection très remar- 
quable : supériorité que peuvent seuls ex- 
pliquer les développements considérables 
qu'a reçus cette industrie davs un dépar- 
tement d'où le haut prix de la houïlle et de 
la main-d'œuvre semblait devoir repousser 
certaines grandes exploitations métallur- 
giques. 

L'atelier d'ajustage contient : 

Un grand alésoir vertical très solide- 
mnt construit : 

Deux grandes machines à ‘aléser et ra- 
-boter circulairement, principalement dis- 
posées pour lalésage parallèle des ouver- 

- tures des balanciers et des bielles ; 

Quatre machines à planer dont l’une 
peut planer 10 mètres de longueur sur 
3m,30 de largeur. 

Cette machine, à outil mobile, nous a 
paru une des meilleures de cette espèce; 
une fosse de grande dimension , garnie de 
tables mobiles et de supports à répos éche- 
fonnés, permet de recevoir et dé!fixer. avec 
autant de solidité que de facilité, des pièces 
de forte dimension. 

Le porte-outil est mû par deux fortes 
chaînes de Galle soutenues dans leur lon- 
gueur par une glissière, et les moyens de 
déterminer la marche latérale de l'outil 
sonttrès bien entendus. 

Nous avons surtout remarqué une dis- 
position qui nous à paru très complète et 
dont le but est de donner mécaniquement 
à Foutil, même lersqu'il est incliné pour 

produire des surfaces angulaires , l’avance- 
meot progressif qu'il doit recévoir à cha- 
que course de la machine. 

Nousavons vu encore dans l'atelier d’a- 
jastage : 

Prois machines à buriner et mortaiser ; 

Quatre tours parallèles, dont un de huit 
inètres de banc ; 

Plus un grand nombre de tours de di- 
- rs erses formes, des machines à percer, à 
tailler les dents d'engrenage, etc. 

L'atelier de montage renferme deux ap- 
pareils de lavage à mouvement pärallèle, 
qui offrent lavantage de reporterla charge 
sur lés murs du bâtiment dans un sens 
tout-à-fait vertical, de ne pas embarrasser 
l’espace comme le font les grues pivo- 
tuuites, et de pouvoir desservir toute la 
Hongueur du bâtiment sans décharger et 
reprendre les fardeaux à transporter. 

Tous les détails de ces appareils de la- 
vage ne sont pas irréprochables, mais c'est 
une bonne application, et nous pensons 

--que quelques perfectionnements dans leur 
construction les rendraient d'un usage 
- complétement utile. 

Un chemin de fer établit une commu- 
‘mication entre les divers ateliers et les 
cours de l'établissement, et donne de 

grandes facilités pour la construction et le 
montage des locomotives et des tenders. 


Liablissement de MM. Mazceline frères, 
au Hävre. 


Au Hivre, sur le bord du canal Vau- 
ban, MM. Mazeline frères ont créé un ate- 
‘lier de construction de machines à vapeur, 
qui, bien que récemment mis en activité, 
a déjà fourni à la navigation quatre ma- 
chines depuis 40 jusqu’à 120 chevaux, et à 
l'industrie vingt-neuf machines de diverses 
dimensions jusqu'à 40 ehevaux de force. 
Cet établissement est fondé sur d'assez 
larges bases , et sa superficie totale est de 
6 800 mètres carrés; le bâtiment principal 


449 
destiné à l'ajustage et au montage couvre 
une surface de 2,000 mètres ; les bâtiments 
cantenant les forges , la chaudronnerie et 
les ateliers de modeleurs occupent, avec 
les cours et magasins, 4,600 mètres de 
lerrain. 

Les ouvriers de diverses professions em- 
pleyés dans l'établissement sont au nombre 
de 250, et:deux machines À vapeur d’une 
force de 32 chevaux y font mouvoir un 
marteau à vapeur et outillage mécanique. 
La chandronmerie est pourvue de machi- 
nes nécessaires à la construction et à la ré- 
paration des grands générateurs des bâti- 
ments à vapeur. Un tel atelier, daus un de 
nos principaux ports, est une ressource pré- 
cieuse pour notre navigation. . 

MM. Mazeline viennent dé livrer récem- 
ment, à la compagnie des apparaux du 
port du Hâvre, une machine à mâter les 
navires. et à transborder les fardeaux d'un 
grand poids. Elle est composée de deux 
mâts ou bigues, construits en tubes de 
tôle superposés et assemblés, et dont le 
diamètre moyenest de Om,72,centimètres ; 
la longueur de chacune de ces bigues est 
de 25 mètres; elles se terminent par une 
forte traverse en fer forgé sur laquelle 
sont fixées les poulies d'appareil. 

CALLA. 


Ke 
AGRICULTURE. 


De l'amélioraoion des prés; par Félix Vil- 
leroy, cultivateur à Riettershoff ( Ba- 
vière). 


De tous les perfectionnements apportés à 
l'agriculture hu vingt-cinq ans, il n’en 
est pas de plus importants que Paméliora- 
tion des prés par Lirrigation. Tous les pro- 
duits du sok-arable ne s’obtiennent qu'à 
force detravail et d'engrais, tandis que, par 
l'eau seule, on tire d’abondautes récoltes 
de terrains qui, sans eaux, seraient tout à 
fait improductifs. À la vérité, des travaux 
préparatoires sont nécessaires : il faut d’'a- 
bord des fossés pour l'écoulement des eaux 
stagnantes ; il faut d’autres fossés, des di- 
gues, des écluses pour faire monter l'eau 
qui doit servir à arroser ; il faut enfin dis- 
poser le sal de manière à ce qu’on puisse 
répandre l'eau sur toute ‘sa surface, rézu- 
lièrement, san; qu'elle séjourne nulle part, 
et qu'on puisse la donner ét l'ô er à vo- 
lonté. Sans doute ces. travaux occasionnent 
parfois des dépenses considérables, mais si 
l’on considère qu'une prairie bien disposée 
pour l'irrigation peut produire, par hec- 
tare, jusqu’à vingt-quatre milliers (cent 
vingt quintaux métriques) de fourrage, on 
comprendra que des lravaux bien entendus, 
pour soumeitre des prés mauvais où mé- 
diocres à l'irrigation, doiveut être en géné: 
ral une spéculation excellente. 

Des agriculteurs d’un méritereconnuont 
dit que les prés ne méritaient pas l’impor- 
tance qu'on y attache généralement, etque 
les terres cultivées doivent se suffire à el- 
les-mêmes pour la production du fourrage. 
Il est vrai, et les faits le prouvent, que des 
terres amences depuis longtemps à uu 
haut degré de fertilité, peuvent produire 
tout le fourrage nécessaire à leur entre- 
tien; mais il n’en est pas moins vrai que 
c'est pour le cultivateur un immense avan- 
tage d'obtenir des prés naturels le fourrage 
qui doit produire le fumier nécessaire aux 
terres. Celui qui manque de prés doit con- 
sacrer une grande étendue de ses champs, 
au moins la moitié, à la production du four- 


| seulement d’arroser, mais surtout de dis- 


450. 


rage, et ainsi la moitié des produits de la 
terre est consommée par 1e bétail pour faire 
du fumier. Celui, au contraive,.qui a dp. 
foin en abondance, peut demander à ses 
terres d'autant moins de fourrage, at d'au: 
tant plus de produits destinés à être vendus 
et immédiatement convertis en argent. Ces 
vérités ont été parfaitement senties en Al- 
lemagne, où les cultivateurs tendent géné- 
ralement à entretenir la plus grande quan- 
tité possible de bétail. On ne saurait dire 
combien: d'anciens prés ont été améliorés, 


combién de nouveaux ont été créés, eteela 


sans que la culture du trèfle ait été res- 
treinte, et lorsque celle des pommes de 
terre prenait une immense extension. 

De tous les endroits où l'on s'est adaonné 
à l'amélioration des prés et à l'irrigation, 
il n’en point où l’on soit arrivé à une aussi 
gronde perfection que dans le petit pays de. 
Siegen, qui attire aujourd'hui l'attention 
de tous les cultivateurs de PAHemagne. 
Beaucoup y vont chercher des lecons ét 
des exemples. Quoique les préceptes écrits 
aient bien peu de mérite, comparative- 
ment aux leçons qu'on reçoit sur le terrain, 
on pourra cependant lire avec profit ces 
règles données, non par un théoricien, mais. 
par un praticien (Wiesen Baumeiïster), mai- 
tré dans la culture des prés, terrassier-ivri- 
gateur, homme dont {a profession est ncm 


poser le sol, 6n d'anciens prés on de terrains 
nouveaux, sur lesquels on veut amener ur 
cours d'eau pour les soumettre à l'irriga- 
tion. 

Cette profession est encore inconnue en 
France; elle n'y a pas même de nom. Les 
maîtres de Siegen se transportent dans 
d’autres parties de l’Allemagne pour ÿ «li: 
riger des travaux d'établissement de prés à 
arroser, et il est probable qu'ils iraient 
aussi en France s'ils y étaient appelés. 

Convertir un marais en un pré arrosé 
est une opération qui exige plus ou moins 
de travail, mais qui, du reste, ne présente 
pas de grandes difficultés d'exécution. I! 
suffit de niveler, de marquer .ayec des pi- 
quets la hauteur etla largeur des plan- 
ches, et ces bases une fois posées, le trans: 
port des terres et leur répartition peuvent 
être confiés aux mavœuvres les plus gros- . 
siers. Aussi n'est-ce pas en cela que con- 
siste l'art des terrassiers-irrigateurs de Sie- 
gen. ; 

Si d'un terrain de conformation irrégu- 
lière, présentant des creux et des éminen- 
ces, on veut faire un pré arrosé, la forme 
que l'on donnera au sol et le mode d’'exé- 
cation des travaux peuvent présenter 
d'énormes différences dans les résultats et 
dans les frais. Le terrassier qui entend son 
métier, après avoir constaté la plus grande 
bauteur à laquelle il peut amener les eaux 
qu'il a sa dispoñition pour arroser, après 
s'être assuré de leur écoulement, lors- 
qu'elles auront servi à l'irrigation, étudie 
son terraiu pour savoir quelle est la meil 
leure forme à lui donuer. Ces points étant 
réplés, il trace son plan, puis il commence 
les mouvements de terres, qui doivent être 
combinés de telle facon que toute la Sur 
face du pré soit portée à la hauteur la plus 
convenable dans chacune des parties, que 
les planches aient la forme voulue pourne 
bonne irrigation, et que les déblaisret rem- 
blais se balancent de telle sorte, qe les mi 

nences abaissées fournissent la:téfrénéces 
saire pour remplir les creux: Cette dernière 
condition, souvent la plus difficile à rem 
plir exactement, est importante. Dansb 


(O4 


54 

»s cas, “on rne Pourrait pas trouver hors 
E l'espace ser lequel on travaille la 
rrre nécessaire aux remblais, ou les 
»mblaisétent terminés, s’il se trouvait de 
: terre de reste, on ne saurait qu’en faire. 
in outre, si c’est un ancien pré qu’on dis- 
sé. pour lirrigation, on re peut le pré- 
farer d’un seul jet; le gazon est d’abord 
‘roprement enlevé, le sous-sol recoit la 


wrme qu'il doit avoir, puis le gazon est re- 


lâcé avec soin. De cette manière, si le ya- 
irest ménagé, si on ne lui laisse le. temps 
ii de se dessécher ni dé pourrir en (as, on 
eut tout de suite arroser et obtenir, dès la 
tremière année, une récolte de fourrage. 
n fait ainsi successivement une planche 
près l’autre, et si le travail était manqué, 
fs corrections. seraient peut-être aussi coû- 
*zuses que Ja première opération. On com- 
‘rendra, par ce peu de mots , que les ter- 
| assiers- irrigateurs exercent réellement un 
rt, et que leur talent peut être d’une 
rande importance ; d’abord, par la bonne 
11 mauvaise exécution des travaux d'éta- 
lissement, et le plus où moins de frais 
iu’ils occasionnent, ensuite par les résul- 
ats qu'on obtient d'une i irr igation plus ou 
haoins disposée, plus ou moins bien dirigée. 
SL. Jes eaux qui coulent en pure 
L erte des champs, des villages et « des sour- 
Les dans Jes ruisseaux, des TUISSEAUX AUX 
leuves, des fleuves à la mer, si partout où 
vela est possible ces eaux étaient judicieu- 
*ement employée; à l'irrigation, le nombre 
Les bestiaux pourrait être certainement 
“oub'é, on obtiendrait deux fois plus de 
esse et par suitedeux fois plus de grains, 


; os sea des produits de four:- 
4 


‘els et de racines. Les résultats 
le amélioration si facile sont in- 
ja ables. 

El faut l'avoir vu pour croire aux mer- 
eilles. que produit l'irrigation. Avec de 
lean en sufisante quantité et bien dirigée, 
> sol le plus aride produit d’ abondantes 
 Écoltes de fourrage de bonne qualité. Aussi 
| st-ce Sur les plus 1 mauvais terrains que. les 
‘ rais d’établissement d'uriga tion se paient 
2e mieux. 
| Daus le Me nieh. par eË montagneuse 
| e.la Bavièrerhénane, on. voit fréquemment 


| 
i 
| 
| 


ransformer en bons Prés des marais tour- 
eux, impraticables aux hommes, comme 
u bétail, qui ne produiraient que dela 
housse et quelques mauvaises plantes aqua: 
ques. Dans ce pays de forêts, où le bois. 
eu. de: valear, on.commence. ordinaire 


ï 


ientpar couvrir la surface du marais d'une 

ouchede branches de pin, qui forment 
omme un plancher sur lequel, à l’aide de 
‘aelques planches, peuvent d’abord circu- 
2r les hommes et les brouettes. 

Ces marais étant presque. Loujours dans 
les vallons, on a, à proximité, le sol des 
ollines qui doit les combler, et cette con- 
ition est essentielle, car s’il, fallait amener 
:s matériaux de loin, les frais pourraient 
‘evenir trop considérables. Par. contre, on 
“egarde peu à la qualité de ces matériaux, 
file plus souvent on ne peut disposer que 
Fun säble aride , où ne végètent que les 
ins et les bouléaax. Sur Les branches de 
im, @ujette d’abord des pierres, des quar- 
iersderoches, puis pardessus on étend du 
lableiparsiqui forme avec les roches de 
rés dal base des collines. La tourbe qui fait 
l#fénd: duimarais se tassant sous ce poids, 
|megrâande-épaisseur de pierres et de sable 
stsnécessaire; mais du moment qu’on a an 
okferme, sur lequel peuvent circuler les 
oitures, le travail devient beaucoup plus 


| minent les conditions du trav 
Let physique, et qui en régissent le dévelop- 


452 

facile, Lôrsqu’on s’est élevé suffisamment 
au dessus de l’eau, on divise le sol én plan- 
ches,; auxquelles on done la forme qu’elles 
doivent avoir pour l” irrigation. Si l’on à à sa 
disposition dela terre végétale, ôn l'étend à 
lasurlace. Les planchés étant términ“es,on 
se contente d'y répandre des fleurs de fôin, 
balayutes des greniers à foiû On laisse alors 
ce nouveau sol se consolider, et lorsque 
l’année suivante quelques maigres herbes 
y ont poussé et Jui dénnent de la consis- 
tance, on commence à irriguer. Alors, 
comme par enchantemeñt, l'eau fait Sortir 
d’an sable stérile d'abondantes récèltes de 
graminées, et l’on obtient au moins deux 
coupes d'un fourrage qui n'est pas de pre- 
mière qualité, mais qui est sain et que tou- 
tes les bêtes wangent volontiers. 

Que ceux qui oût à leur disposition de 
l’eau én suffisante quantité fassent seule- 
ment un éssai en petit, et quand ils en au- 
ront vu les résultats, ils ne s'arrêteront 
certainement pas. 

(l'Agriculture pratique.) 


—— 2 ee — 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 4 mars. 


L'Académie procède à la nomination 


d’un mefnbre correspondant dans la section 


de statistique. 

M. Williams Senior, ayant obtenu 19 
suffrages sur 20 au premier tour de scru- 
tin, a été proclamé en cette qualité. 

M. Wolowski a été admis à lire un Mé- 
moire sur la lévislation douanière de la 
France avant le ministère de Colbert. 

La partie du travail communiquée an- 
jourd'hui à l'Académie par M. Wolowski, 
nous a paru Si intéressante, que nous 
croyons devoir en rapporter en entier les 
passages les plus saillants. 

L'orgauisation industrielle de Ta France 
repose sur u semblé de. dispositions 1e- 
gislatives, dont Pétade a trop.été négligée 
jusqu ’Xcesderniers temps. Elle touchait, en 


effet, aux problèmes les pins importants de 


la vie sociale ; elle saisissait le fait même 
de la production de la richesse, de l’appro- 


| priation des. nratières premières aux be- 


soins de homme: c ce sont elles qui déter- 
1 intellectuel 


pement ; ce sont elles. qui réglent les rap- 
ports des travailleurs entre eux et ceax de 
la production intéricure de chaque pays 
avec la production extérieure. Elles exer- 
cent dans une large influence sur la créa- 


tion des produits, comme sur leur distri- 


bution. 

L'espèce d’oubli, auquel une branche 
si riche de notre législation a été con- 
damnée, contribue à donner cours à des 
assertions, tout au moins hasardées, quand 
elles ne sont pas injustes et passionnées. 
Peut-être, en fixant sur nos institutions 
un regard plus attentif, en les compa- 
raut à celles qui protègent l'activité in- 
dustrielle des autres états, deviendrait on 
moins sévère dans ses appréciations. Mais 
surtout, pour bien comprendre le présent et 
pour lui rendre justice, il faut connaître 
le passé; c’est alors seulement que nous 
pourrons mesurer les progrès accomplis, 
sous l'empire des institutions dont nous 
accusons aujourd’hui l'insuffisance. 

Le progrès est lent quand il doit se dé- 


453 
gager de lattirail méthodique de la régle- 


mentation ; il est rapide quañid l'esprit et 
le travail de Phommé ont conquis ube en- 


tière liberté. Mais cette liberté même im 


pose au législateur des devoirs nombreux. 
et difficile; il faut qu'elle se éoncilie avec 


la sécurité; la régularité et la foÿauté des . 


transactions, qu’elle ne trouble point Ja. 
discipline de lâtelier. 

Saus doute, il resté éncore beaucoup à 
faire pour. méttre nos lois en harmonie 
avec le principe nouveau dont là révolu- 
tion:.a Cousacré le triomphe définitif, et 
pour. combler lès lacunes de notre régime 
industriel. Cependant, que dés vœux lé- 
gitimes, que la recherche dés améliorations 
nécessaires ne nous fasseñt point mécon- 


naître les immenses avantages dont Ja hi. 


berté du travail nous a mis en possession. 

On se laisse facilement séduire par l’ap- 
parente symétrie des anciennes institutions; 
cet.ordre, cette régularité de mouyement 
dontrien ne semble devoir troubler l'har- 
monie, saisissent l'imagination, et dispo- 
sent à envisager sévèrement les luttes de la 
concurrence, Mais quand on pénètre au 
fond, quand on écarte cette brillante enve- 
loppe pour sonder la misère qu'elle savait 
masquer, on se prend à rougir de sa cré-. 
dulité. 

D'ailleurs, la marche lente et routinière 
de la reproduction, retenue captive par 
lasser vissemént de la pensée, pouvait seule 
s’accommoder de ces liens factices, que 
l'esprit humain, rendu à son libre essor, 
devait promptement briser. On-pouvait en- 
régimenter, les. travailleurs sous, des ba- 
nières diverses, ériger. en dispositions ja- 
louses la.séparation des matières, imposer 
les rudes servitudes de l'apprentissage et du 
compagnonage, classer aux honneurs et 
aux profits, de la maitrise les chefs de la 
famille industrielle, quand aucun déplace- 
ment soudain ne menaçait les cases de ce 
vaste échiquier, quand le morcellement du 
travril ne laissait apparaître que l'exploi- 
tation restreinte de l'atelier. Mais il serait 
teméraire et insensé de vouloir suivre de 
pareils errements en présence des inven- 


| Lions sans cesse renaissantes, qui modifient 


les: procédés et déclassent les travailleurs ; 
eu présence de ces immenses manufactures, 
de ce grandes communes industrielles qui 
réunissent dans leur sein des milliers d’ou- 
vrieré, Sans presque exiger d'eux aucune 
initiation spéciale. 

D’autres nécessités appellent d’autres rè- 
gles d’ action; néanmoins les enseignements 
du passé ne perdent rien de leur utilité ; 
quand ils n'auraient d’autre intérêt que de 
nous mettre en garde contre de prétendues 


innovations , dont l’épreuve a été faite de- 


puis longtemps, ils mériteraient déjà d’être 

recueillis. Mais il y a mieux, ce n’est pas 
seulement un service en quelque sorte né- 
gatif, que nous devons leur demander. 

Dégagées de l’alliance du monopole et du 
privilége, quelques unes des anciennes ins- 
titutions, destinées à régulariser le mouve- 
ment de la production, peuvent être encore 
maintenant étudiées avec fruit. Cette étude 
devient surtout d’un attrait puissant, elle 
estune fécondeet admirable leçon, quand on 
recherche les rapports entre le travail in- 
digène et les pays étrangers. 

L'intérêt du travail est en dehors des 
prescriptions jalouses des anciennes aggré- 
gations industrielles, puisque l'agriculture 
en a toujours élé affranchie; l'organisa- 
tion industrielle, détruite en 1789, laissant 
en dehors de ses prévisions les grandes 


454 


manufactures, ne repondrait nullement 
aux besoins de la société moderne; car 
c'est le développement des grandes ta- 
briques, la réunion de celte multitude 
d'ouvriers dans une autre commune, sous 
la direction souveraine de l’entrepreneur, 
qui appellent surtout les méditations des 
hommes, occupés sérieusement d'améliorer 
le sort des classes laborieuses. 

Est-ce à dire que les corporations, hos- 
tiles aujourd'hui aux intérêts de notre con- 
stitution sociale et industrielle, n'aient ja- 
mais eu leur utilité, n'aient été. d'aucun 
secours à la formation des richesses et à 
l'émancipation des travailleurs? Ceux qui 
viendraient le prétendre, commettraient 
une grave erreur. [l n’est pas d’abus, qui 
ue se rattache à une origine respectable et 
qui n'ait d'abord servi la cause de lPhu- 
manité, cette pensée, si vraie, d’un grand 
écrivain, donne la clé de l’existence des 
corps des métiers et de leur importance 
historique. 

Leur formation a été le point de départ 
d’use grande révolution politique et indu- 
strielle: grâce au pouvoir des métiers, le 
travail a pu se développer, la richesse s’est 
accrue, et par conséquent la liberte a ren- 
contré son aliment nécessaire. Car chaque 
pas fait dans l'augmentation de la richesse 
est un pas fait vers l'égalité. Grâce au pou- 
voir des métiers, la bourgeoisie a pris nais- 
sance, elle a grandi erunie au pouvoir royal 
elle a vaincu la féodalité. 

Mais durant la longue lutte engagée 
avec les seigneurs, Îles prérogatives des 
métiers, auxiliaires du trône, allaient en 
augmentant. Formés ‘d’äbord pour la dé- 
fense ils ne tardèrent pas'à se constituer 
en communautés privilégiées. :Ils s'étaient 
fortifiés contre l'autorité féodale; quand 
elle disparut, quand le libre exercice de 
l'industrie n’est plus à redouter la tyranie 
et les extorsions de seigneurs, de nouveaux 
liens étaient formés, de Doi vÈtlEs entraves 
s'opposaient à l’activité des travailleurs; 
les corporations qui ne tiraient plus leur 
raison d’être de la sécurité nécessaire au 
travail, continuaient de subsister comme 
instrument de domination et de monopole. 
La féodalité industrielle succéda à la féoda- 
lité politique. 

La royauté, l’expression de l’unité fran- 
caise, eut donc une nouvelle æuvre à ac- 
complir; mais celle-là, il ne lui était pas 
donné dela mener à son terme. Le pouvoir 
monarchique s’essaya bien à enlever aux 
communauté Jeurs priviléges exclusifs ou 
du moins à restreindre ceux-ci, en procla- 
mant la maxime que le droit de travail 
était ur droit domanial et roy al, et non pas 
ur droit dévolu à l'arbitraire des corps de 
métiers; mais pour traduire ce principe 
d'une manière large dans la pratique, il 
n'aurait pas fallu qu’un trésor besogneux 
vint à chaque instant battre monnaie au 
moyen du maintient ct de l’extension des 

- anciens abus. 

Les corporations avaient servi d’abord 
d’instrument de travail et de défense contre 
l'oppression des seigneurs, plus tard elles 
devinrent entre les mains de la royauté un 
puissant instrument politique, pour la fon- 
dation de l’unité monarchique sur les dé- 
bris du morcellement féodal. Cette œuvre 
une fois accomplie, elles avaient rempli 
leur mission; elles auraient dù disparaitre 
pour faire place à une organisation indus- 
trielle mieux en harmonie avec les intérêts 
des travailleurs, couverts de la protection 
du pouvoir central, affranchi de leur an- 


455 


cienne servitude. Mais des finauces en dé- 
sordre suggéraient sans cesse de nouveaux 
expédients, pour augmenter les ressources 
du trésor. Les corporations se survirent 
donc à elles-mêmes eu devenant un instru- 
ment commode de la fiscalité. Tel était 
leur véritable caractère, quand le dix-hui- 
tième siècle leur arracha le masque trom- 
peur de l'intérêt publie, et les fit disparaître 
sans retour... 

Sans entrer dans les explications qui 
nous entraîneraient trop loin, nous croyons 
nécessaire de rappeler ici en peu de mots, 
l'ensemble de l’organisation des corps des 
métiers, sur lesquels on se fait trop souvent 
des idées peu conformes à la réalité des 
choses. 

Cette organisation industrielle.admettait 
deux grandes catégories : le commerce et 
l’industrie proprement dite. Les vénérables 
six corps des marchands formaient comme 
l'aristocratie du travail. C’est dans leur 
sein que se trouvaient choisis les membres 
de la magistrature consulaire. Leurs digni- 
taires portaient le nom de maîtres et de 
gardes. Les artisans étaient divisés en un 
grand nombre de corporations d’arts et 
métiers, dont les supérieurs elus Bpttaient 
le titre de jurés. 

Trois classes composaient la grande fa- 
mille des travailleurs : les apprentis, les 
compagnons, les maitres. Les apprentis- 
sages étaient longs, couteux et difficiles; 
ils n’affranchissaient pas l’ouvrier qui de- 
vait se soumettre encore à la servitude de 
plusieurs années decompagnonage, à moins 
que la main d’une veuve de maître, ou 
d’une fille de maître ne vint le Dies dans 
une position privilégiée. 

Car le privilége était âme de cette or- 
ganisation qu’on s’est plu à glorifier comme 
un régime de sécurité et d'indépendance 
pour les classes laborieuses. Aux fils, aux 
gendres des maîtres, tout était faci!e; ils 
n'avaient ni apprentissage, ni compagno- 
nage à subir, ni frais ruineux à supporter; 
on lesrenvoyait:sur une simple expérience, 
sorte, d'examen sommaire de leur capa- 
cité,:-Les rigueurs du chef-d'œuvre, les 
charges énormes de la réception, la dure 
servitude qui attachait en quelque sorte 
l’ouvrier à la glèbe de l'atelier, toutes les 
vexalions à subir, tous les obstacles à sur- 
monter, tel était le lot de ceux qui n’ap- 
partenaient pas par les Jiens du sang à la 
caste dontiwante, à la 69/poration. 

Carles maîtrés seuls formaient la corpo- 
ration ; enx seuls composaient le pouvoir 
dirigeant ; lés ouvriers étaient exclus de 
toutes part d'influence ; ils ne participaient 
ui directement, ni indirectement à l’élec- 
tion des membres de la Jurande, de ce tri- 
bunal de famille, qui disposait de leur 
existence. Tous les maîtres ne jouissaient 
pas des mêmes priviléges. Ceux qui avaient 
moins de dix ans d’exercice de la maîtrise, 
connus sous le nom de jeunes maëtres, 
étaient suppléants électeurs; les maîtres 
modernes aYant plus de dix ans d’exercice, 
étaient électeurs et éligibles ; dans les com- 
munautés nombreuses, on n'appelait à 
chaque nomination d'officier qu’an certain 
nombre de jeunes maîtres et de maitres 
modernes, suivant l’ordre d'inscription au 
tableau. Mais les anciens maîtres, ceux qui 
étaient passés par la 7urande. exercaient en 
toute occasion leur droit électoral. 

Dans eette savante gradation, nulle place 
n'est faite aux hommes que leur naissance 
ou leur défaut de fortune avaient empè- 
ché de participer avx honneurs et aux pro- 


tous les bénéfices de ce régime étaient ré 


:d'éntourer le tronc de l'arbre d une ceinture d' étofre, 


, 


fits de la maîtrise. L’obéissance passive 
telle était leur unique loi. Aussi, quand on 
parle de notre ancienne organisation in” 
dustrielle, ne devrait-on pas oublier que 


servés aux maîtres. Comme celase pratique 
encore aujourd'hui dans les pays où le 
corporations se sont conservées, cristal= 
lisées pour ainsi dire dans leur forme au” 
tique. 

L'édit de décembre 4581, ne modifia ei 
rien le régime de la jurande, mais il essayan 
de. fonder. en faveur des ouvriers une sortes 
de droit d'appel : le pouvoir pénétrait dans. 
LE intérieur des cor poratious ; C ‘était aux 
possesseurs des maîtrises à dire : les rois 
ont les mains longues. 

La féodalité politique avait. été frappée à 
mort du jour où l'appel au roi donna une. 
forme tangible, en quelque sorte, à l'in 
fluence de l'autorité centrale; l« féodalité,, 
industrielle fut frappée au cœur par upgs) 
intervention de même nature. old 

Le Mémoire de M. Wolowski a don 
naissance à une discussion à laquelle ont 
successivement pris part MM. Lucas, dem 
Remusat el Passy. Nous regrettons quel 
défaut d'espace ne nous permette pas de 
rapporter même sommairement les obsen 
vations présentées par ces honorablés Aca* 
démiciens. G=B. FE. 
2 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


1 


FAITS DIVERS. 


9 

Société d'horticulture de ses (Améri 
que septentrionale.) — Gette société, & 1. PLOr « 
posé un prix pour la destructien ou-p 
empêcher une espèce d’insecte du génré 
détruire les jeunes fruits, a eru, avant ne 
prix, devoir publier'les femelles qui lui ont déjà été 
adressés , sans doute pour en voir augmenter le 
nombre et choisir le RÉRIenRe cr de Eee Se 
publiés depuis plus d : 
d'arriver à la Société Rte de Paris, 4 
de la part de M. B.-V. French, président de la So- 
ciété d'horticulture de Massachusetts, afin que, si 
quelques-uns de ses membres connaissaient up | | 
moyen cfficace de s'oppo-er aux dévastalions de cet 
insecte, ils voulussent bien le communiquer. 

L'un ‘des coneurren{s américains a reconnu que cel ; 
insecte ne vole pas-habituellement, mais qu'il grimpe 
sur le-tronc des arbres pour gagner les fruits dansk 
lesquels il introduit ses œufs. Il a donc. imaginé: 


imbibée de goudron préparé de manière à ce qu 
reste Tibide pendant un certain temps, afin qu'eu= 
cun imsecte coureur ne puisse passer. L' auteur as- 
sure que ce procédé Jui a parfaitement FOUSSIe Un 
autre concurrent a employé le même moyen el y® 
ajouté un ämalgame de vif-argent et du soufre. LÉ 
ben effet a été encore plus complet ; à la récolle ss 
aucune de ses pommes n'avait de ver. F 


D =— 
BIBLIOGRAPHIE. 
BIBLIOTHÈQUE de M. le baron Silvestre dé 
Sacy, paie de France, ele. — A Paris, chez Merlitl 


quai dés Aneustins, 7 1, Ge catalogue aura trois VO 
lumes dont le deuxième sera peul-êire er deux pal 
ties, Des trente-six feuilles et demie qui compose ÿ 

la première livraison, trente-deux appartiennent Te 
n° emier volume, qui sera complété par des_p 

minaires, et comprend les imprimés sur la phil 
phie et la théologie et les sciences naturelles. Quane 
feuilles et demi , comprenant les manuscrits, afps 
tiennent au Rene volume, qui SETa. complé 
par les tables générales. lo: 5h 08 


DISCOURS sur l'histoire dde FU EP Bus: 
suct, Edition couforme à celle de 47 
chez F. Didot, rue Jacob, 56. 


ITA Pari po: | 
iiotr $i | inait 
ete ren ne LE SION SESSSE ] 
PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE Île, 
ruc Saint-Iyaeinthe-S.-Michel, 33. 


10° année. 


* 


H1MMAÎIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
ES. Séance di 13° mars 1843. — SCIENCES 
| >HYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la nouvelle pile 
le M. Reizet; Régnauit. — PHYSIQUE APPLI- 
| JUÉE. Application industrielle de la lumière et 
‘|y pouvoir moteur de l'électricité; Moleyns. — 
JECANIQUE CELESTE. Examen d’une classe 
l'équations diflérentielles et application à un cas 
jarticulier du problème des trois eorps; Gascheau. 
= SCIENCES NATURELLES. TOXICOLO- 
I3LE. Cours de M. Orfila. — SCIENCES AP- 
DLIQUEES. ARTS CHIMIQUES. Moyens de 
keconnaître la présence de l'acide sulfureux dans 
Les produits du commerces —HORTICULTURE. 
dulture des fougères. — ECONOMIE DOMESTI- 
QUE. Conservation des substances alimentaires. 
-— SCIENCES: HISTORIQUES. ARCHEOLO- 
1ME. Comparaison de la qüantité d’eau fournie à 
ha Ville de Paris, et de celle que Rome concédait 
Ê ses habitants; Dureau de [a Malle. — GEO- 
SRAPHIE: Ruines de Carthage; F. Flachena- 
\«er. — BIBLIOGRAPHIE. 


DD SEE Ce 
| ACADÉMIE DES SCIENCES. 

| xt ce Séance du lundi 15 mars. 

IL ‘séance d’aujour(hui a été absorbée 

tesque’ entièrement RE le comité secret 
MPa lt nomimation d'un membre corres- 

.indant dans la section de chimie, car les 
lminations sont maintenant à l'ordre du 
ur. Les candidats étaient : 

| 1° M. Henri Rose, à Berlin. 

+ 2° M. Wôhler, à Gættiugue. 

| 3° M. Graham, à Londres. 

M: Dôbereiner, à Léna. “9. 


6 


; 


Me à Marbourg; Mosauder, à Stoc- 
one ne 


“ ntissent à chaque instant dans la scie 


. Henri Rose a doncété proclamé membre 
brrespondant de l’Académie des sciences. 
! Gette élection finie, est venu le tour du 
I>mté secret. Si les candidats abondent 
uglpôrtes de nos Académiciens, s'ils pul- 
1tét] dans leurs antichambres, c’est pour 
wonAneîles oublie pas d’abord dans la 


ussion a présenté un intérêt proportion- 
‘elau temps qu’elle a duré, noùs avons 
eu de croire qu’elle en a présenté beau- 
où , Mais il ne faut pas s'en étonner : 
tan on est en face de mérites si éminents 
[rest difficile d’assigner un premier rang. 
ailleurs, une grande question s’est élevée; 
| Académie ve veut pas de spécialistes, On 
“ roirait à cette décision suprême que l'A- 
| adémie ne renferme dans son sein que des 
| rc) clopédistes. Mais est-ce un encyclopé- 
liste celui dont la vie toute entière se 
rasse sur des x et des y ? Sont-ils des ency- 
| lopédistes ceux qui expliquent tout par des 
‘actions chimiques? Nous n’hésiterions pas 


| 53 Exacquo, MM. Robert Kane, à Dublin ce 


Parmi tous ces savants dont les noms re-. 
\cadémie a choisi le chimiste de Berlin. 


. Henri Rose a obtenu 48 su ffrages ; M. Dé. 
-reiner 3; M. Wôhler 2, et M. Graham 1: 


pebane je 2 Has MOTO BARON EE 
iscussion‘du comité secret, Si cette dis-. 


Paris. — Jeudi, 16 Mars 1813. 


L'ECHO DU MONDE SAVANT. | 


D TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


CHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’ahonne : PARIS, rue des F7TITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li 
rraïres, et dans lés bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un af 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 ‘r.,’Gfr. 
fr. 50. A lÉTRANGER 5 fr. en sus pour: les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 
LATURE ET DES BEAUX-ARTS ct les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10.fr. pris séparément) et qui forment:ayec l’'Echo du monde savant la revue 
'icyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur, 


à les placer parmi les spécialistes purs. 
Mais enfin les maîtres ont dit : il n’y aura 
pas de spécialistes et les spécialistes se sont 
enfuis. Les grands encyclopédistes restent, 
et parmi eux quel est celui qu’on choisira? 
Dépouillera-t-on Montpellier de son pro- 
fesseur ? Appellera-t-on à la place de Larrey 
l’illustre auteur des Éléments de médecine 
opéraloire, le savant chirurgien de la Cha- 
rité Oubienouvrira-t-onla porte à des rangs 
inférieurs? Selon nous, la lutte ne doit 
exister qu'entre ces deux hômmes, et tous 
deux ils sont dignes de lutter ensemble. 
M. Lallemand est la gloire de la faculté de 
Montpellier, mais M. Velpeau honore bien 
celle de Paris : les Éléments de médecine 
opératoire, les Récherches sur l'embryolo- 
gie humaine, peuvent marcher de pair avec 
les Travaux sur les maladies de l’encéphale 
et sur les pertes seminales; enfin, M. Vel- 
peau est de la taille de M. Lallemaud. Du 
reste le professeur de la faculté de Paris 
n'a pas produit tout ce qu'il peut produire, 
et ses derniers Mémoires, présentés à l'A- 
cadémie des sciences, prouvent que s'il 


? 


_m'accable pas la savante aszmblée de pré- 
ee ë > 


tendues recherches sur des bagatelles, les 
grandes idées ne lui manquent pas, et qu’a- 
près les avoir connues et bien conçues il 
les féconde lentement et avec succès. Cette 
glorieuse Jenteur-est préférable à: la préci- 
pitation de certains:-chirurgriens-qui. au 
moment de la: lutte, produisent en foule 
de nombreux Mémoires. comme s'ils n’a- 
vaient rien produit; où comme s'ils vou- 
laient par leuvs-travaux présents faire on- 
blier des travaux passés dont ils n’auraient 
pas à se glorifier, L 
| Dans les expériences du daguerrcotype, 
chacun sait qu’on ncbtient; pas toujours 
les.-mêmes résultats:en se plaçant dans les 
mêmes conditions ::on n'avait: pas jusque 
alors trouvé la causé de ce singulièr phé- 
nomène, mais M. Daguerre vient de nous 
l'apprendre par uné note envoyée à l’Aca- 
démie des sciences. M. Daguerre attribue 
cet inconvénient à deux causes princi- 
pales : 

La première tient à l'opération du polis- 
sage qu'il est physiquement impossible 
d'effectuer sans laisser à la surface de la 
plaque des traces du liquide et des autres 
substances qui servent à cette opération ; 
le coton lui-même suffit pour laisser un 
voile de erasse sur largent. Cette pre- 
mière cause constitue déjà un obstacle très 
grand au succès de l'épreuve parce qu’elle 
retarde l’action photogénique en empé- 
chant l’iode d’être en contact direct avec 
l'argent. 

La seconde consiste dans les change- 
ments de température de l'air avec lequel 
la plaque se trouve en contact depuis les 
premières opérations jusqu’à celle du mer- 
cure. On sait que toutes les fois qu’un 


Ko 29. 


corps froid se trouve environné d’un air 
plus chaud :l en condense l'humidité. Il 
faut attribuer à cet effet la difficulté que 
l'on éprouve d'opérer dans un milieu hu- 
mide, surtout lorsqu'on arrive à l’opéra- 
tion du mercure qui demande pour s’éle- 
ver en vapeur convenable, une chaleur 
d’au moins 50 dégrés centigrades. Cette va- 
peur qui échauffe d’abord l'air contenu 
daus l'appareil, produit sur le métal une 
buée qui affaiblit l'image. Il est bien évi- | 
dent que cette couche humide est très nui- | 
sible puisque si, par exemple, on fait tomber 

à plusieurs reprises la vapeur de l’halleine 

sur la plaque sortant de la chambre noire, 

la vapeur n'y peut plus faire paraître l’é- 
preuve. 

L'eau qui se condense même à la plus 
légère différence de température entre la 
surface d’un corps et l'air cuvironnant 
contient en suspension une matière non 
volatile qu'on pourrait appeler mon at- 
mosphérique jet dès que l'équilibre de tem- 
pérature s'établit entre l'air et la surface 
du corps, la vapeur humide qui s’y était 


codes sé volat lise et y déposant lel= 


mon quelle éontient, Va se saturer dai 
l'air d’une nouvelle quantité de cettes 
stance impure: 

Detous les moyens de débarrasser larg 
de toute crasse où limon, le suivant 
celui qui a paru leplus convenable à M.D 
guerre, Ce procédé consiste à couvrir la 
plaque après l’avoir polie, d’uue ecuche 
d’eau très pure, à la chauffer très forte- 
ment avec une lamye à l'esprit de vin et à 
verser ensuite cette couche d’eau de ma- 
nière que sa partie supérieure, où surnage 
le Timon qu'elle a soulevé, ne touche pas ia 
plaque. 

11 faut avoir un chassis de fil de fer, de 
la grandeur de la plaque, ayant à un de ses 
angles un manche et au milieu de deux 
côtés opposé deux petits erampons pour 
retenir la plaque quand on lincline. Après 
avoir placé sur un plan horizontal ce chas- 
sis, on y pose la plaque que l’on couvre 
d’une couche d’eau très pure et en met- 
tant autant d’eau que la surface peut en 
retenir. On chauffe ensuite fortement le 
dessus de la plaque, à la surface de la- 
quelle il se forme de très petites bulles. 
Petit à petit ces bulles grossissent et dispa- 
raissenf, on continue à chauffer jusqu'à 
faîre bouillir, et alors on doit faire écouler 
l’eau. On commence par porter la lampe 
sous langle du chassis où se trouve le 
manche; mais avant de soulever le chassis 
il faut chauffer très vivement cet angle, et 
alors, en soulevant très peu à l’aide du 
manche, l’eau commence immédiatement 
à se retirer. Il faut faire en sorte que la 
lampe suive sous la plaque la napre d’eau 
dans sa marche, et incliner que peu à peu 
et juste assez pour que la couche d’eau en 


460 


se retirant ne perde rien de son épaisseur; 
car si l’eau venait à se dessécher, il reste- 
rait des gouttes isolées qui, ne pouvant pas 
couler, ‘feraient des taches en séchant, 
puisqu'elles laisseraient sur l'argent le li- 
mon qu’elles contiennent. Aprèsicela il ne 
faut plus frotter la plaque dont l’eau bien 
pure ne détruit pas le poli. 

On nedoitfaire cette opération qu’au mo- 
ment d’'iodurer la plaque. Pendant qu'elle 
est encore chaude,on la pose de suite dans 
la boîte à l’iode, et sans la laisser refroidir 
on la soumet à la vapeur des substances ac- 
célératrices. On peut conserver les plaques 
ainsi préparées un ou deux Jours (quoique 
la sensibilité diminue un peu), pourvu 
qu'on place plusieurs plaques ainsi prépa- 
rées en regard l’une de l’autre à une très 
petite distance et soigueusement envelop- 
ptes pour éviter le renouvellement de l'air 
entre les plaques. 

M. Siebold a communiqué à l’Académie 
des sciences les quatre première cartes de 
sou atlas du Japon. Ce savant a puisé d’u - 
tiles matériaux dans les connaissances des 
astronomes de la cour de Jedo. Le plus il- 
lustre de ces astronomes est le fameux Ta- 
kahasi-Sakoù-Sazemou, qui a aidé de ses 
lumières M. Siebold , et qui, comme le sa- 
vant hollandais, a eu à souffrir la prison et 
beaucoup d’autres persécutions. M. Siebold 
nous a fait connaître de curieux détails sur 
la civilisation du Japon.Toutela civilisation 
dans les îles japonaises s’est propagée du 
midi vers le nord. D’après les renscigne- 
ments les plus authentiques puisés daus la 
tradilion et dans la littérature des Japonais, 
l’époque de leur première civilisation peut 
être placée huit à neuf siècles avant l’ère 
chrétienne. Ce fut au midi du Japon, dans 
la province Hinga, que 660 ans avant notre 
ère parut un conquérant qui fonda la dy- 
mastie des Mikado, régnans jusqu'à ce jour. 
L'histoire commence à partir de lu. Il 
avait atteint déjà un haut degré de civilisa- 
tion et l’on possédait à la cour de ce Mi- 
kado des no‘ions astronomiques assez éten- 
dues. C’est lui qui établit la division du 
temps ; il connaissait le gzomo et le polos. 
Cet instrument que les’ Grecs ont reçu des 
Babyloniens était connu en Chine dans les 
temps les plus reculés. L'usage ile la clepsy- 
dre était également connu des princes Ja- 
ponnais, avant l’ère chrétienne, et les plus 
anciens exemplaires figurés par les Japo- 
hais offrent une grande ressemblance avec 
les clepsydres égyptiennes quisont décrites 
par Horappollo et dont un échantillon est 
conservé au âlusée des antiquités à Leyde. 

L'aiguille airmantce était connue en Chine 

dès le commencement du &euxième siecle 
de notre ère, ainsi que M. Klaproth la dé- 
montré, et les Japonais apprirent à la con- 
naître vers le milieu du septième siècle. Le 
zodiaque des Japonais est identique à celui 
des Chinois, des Mandchous et des Mon- 
gols. 
- Il s'est opéré de temps en temps des com- 
municalons entre le Japon et le continent 
d'Asie, mais il semble que toutes les acqui- 
sitions scicuilifiques qui en résultèrent sont 
restées la propriété de la dynastie régnante 
de Mikado. Ce n’est qu’au milieu du sixième 
siècle (552) que les arts ct les sciences du 
Céleste-Empire ont été introduits au Japon 
par les prêtres boudhistes et ont été plus 
généralement répandus. 

Au commencement du septième siècle 
on transporta de la corée au Japon, des 
livres astronomiques et chronologiques, et 
dans Je huitième siècle les Japonais sa 


461 


vaient déjà faire eux-mêmes leurs calen- 
driers. Les Annales du Japon rédigées dans 
le neuvième siècle, sont encore la meil- 
leure source de l'histoire du Japou. 

Dès lors leseonnaissauces astronomiques 
des Japonais marclièrent du même--pas 
que celles des Chinois jusqu’au milieu du 
seizième siècle où les premiers entrèrent en 
communication directe avec les Européens 
et s’appropritrent les notions mathéma- 
tiques et astronomiques des savants mis- 
sionnaires qui.péné:rèrent dans leurs îles. 

Ce fut le célèbre père Rieri qui répan- 
dit en Chine les premiers rudiments de 
géographie et de physique. Les ouvrages 
écrits dans la langue des Chinois et deve- 
nus populaires au milieu d'eux se sont en- 
suite étendus jusqu’au Japon; et ce sont 
les seuls livres, rédigés par un prêtre chré- 
tien, que la censure japonaise ait tolérés 
jusqu’à ce jour. Seulement le gouverne- 
ment a pris la précaution de substituer au 
nom del auteur ceux de ses élèves chinois. 

Tout le monde connait les travaux ulté- 
térieurs des missionnaires à Pékin et l'in- 
fluence qu’ils ont exercée sur l’état scien- 
tifique de ce peuple, tandis qu’an Japon, 
depuis la proseription du christianisme, en 
1642 , les marins hollandais se sont vus 
chargés d'enseigner les mathématiques et 
la géographie. 

À partir de ce moment, les Japonais ont 
marché côte à côte avec les Hollan lais, 
leurs amis, qui les ont tenus au courant des 
progrès accomplis par les sciences en En- 
rope. les Japonais font des sextans, des lu- 
nettes d'approche , des télescopes et les as- 
tronomes de Jédo possèdent des sextans 
d'origine anglaise et une montre maïiüe 
faite à Paris. 

On à fait l'éaumération detoutesles îles, 


ilots et rochers de l'empire japonais, y com. | 
pris les îles Kuriles et celle de Liukin. Le 


total est de 3,859 dont la superficie calculée 
d’après les cartes les p'us exactes, a été fixée 
à 7,520 milles carrés d'Allemagne. L'ile de 
Kinsin commande à elle seule un groupe 
de 1,550 îles et rochers, ce qui prouve 
jusqu'à quel point ces terres ont été déchi- 
rées par des commotions volcaniques. Tous 
ces curieux, détails ont été fournis par 
M. Siebo!d qui n'a pas craint, pour les re- 
cueillir, d’affronter souvent les plusgrands 
dangers, et qui, comme nous l’avons déjà 
dit, a éprouvé la persécution des princes 


japonais. EF, 
SCIENCES PHYSIQUES. 
| PHYSIQUE. 


Sur l& nouvelle pile de M. Reizet. 


Dans un de nos derniers numéros nous 
avons dit quelques mots sur une nouvelle 
espèce de pile présentée à l'Académie par 
M. Rgnault au nom de M. Reizet. Cette 
pile, offrant un grand intérêt scientifique, 
nous croyons nécessaire d'ajouter à cette 
première description les remarques sui- 
vantes communiquées par M Reizet : 

Pendant le séjour que je fis à Marbourg 
au mois de septembre dernier, dit M. Rei- 
zèt, M. Bunsen, professeur de chimie à 
l’Université de cette ville, a bien voulu me 
faire connaitre une nouvelle pile de son 
invention, Dans cette pile à effet constant, 
un cylindre de charbon remplace d’une 
manicre très ingénieuse des lames de pla- 
tine de la pile de Grove. 

» Grâce aux bons conseils de M. Bunsen, 


462 
on fabrique aujourd’hui à Paris la nou- 
velle pile de charbon, et je m'estime heu- 


reux d’avoir pu contribuer à répandre en 


France la connaissance d'un appañeil si 
digne de l'intérêt des savants, et sk pré- 
cieux pour l’industrie. 

» Les documents suivants sont extraits 
de la correspondance de M. Bunsen, qui 
lui-même m'a prié de les communiquer au 
public. < 

» Chaque couple de cette pile se conrpose 
de quatre pièces solides de forme cylinri- 
que, qui s’emboîtent les:unes dans les :an- 
tres sans frottement. Voici l'ordre dans le- 
quel cés pièces sont disp sées, en commen- 
cant par Ja pièce extérieure qui renferme 
toutesdes autres : 4 

» 4. Un bocal en verre plein d’acide ni- 
trique du commerce ; 1e 

» 2. Un cylinlre creux de charbon ‘|, 
percé de trous , ouvert aux deux extré- 
mités et qui (la pile étant en action), plonge 
dans acide nitrique jusqu'aux trois quarts 
de sa hauteur. Sur le co:let hors du bocal 
et qui ne plonge point dans l'acide , s’a- 
dapte à frottement un anneau en zinc bien 
décapé; au bord supérieur de cet anneau 
est soudée une patte métallique recourbée, 
destinée à établir le contact avec le pôle 
vontraire. à 

» 3. Une cellule ou diaphragme en terre 
poreuse, qui s'iutroduit dans l'intérieur 
du cylindre üe charbon, de manière à lais- 
ser un intervalle de deux millimètres enwi- 
ron, Cette cellule. recoit de l'acide sulfn - 
rique étendu (1 partie d'acide du commerce 
pour 7 à 8 parties d'eau). 

» 4. Un cylindre ereux en zinc amalga- 
mé, qai plonge dans l'acide suifurique de 
la cellule précédente Le bord supérieur 
de ce cylindre est surmonté d'une patte 
(de zinc), propre à établir le.contaet avec 


‘“e pôle contraires 418 


» La réunion de ces pièces constitue um 
couple de la nouvelle pile : Le cylindre de 
charbon muni de son anneau et plongeant 
dans l’acide nitrique du bocal, joue le rô'e 
d'élément électro-positif; le cylindre de 
zinc amalsamé, plongeant dans l'acide sul- 


furique de la cellule, joue le rèle d'élé- 


ment électro-négatif. 
» Pour réunir plusieurs couples en bat= 


terie, on fait communiquer le cylindre de 


zinc avec le cylindre de charbon. €ette 
communication s'effectue en appliquant 
l'une contre l’autre les pattes ou lames re= 
courbées qui dépassent le bord supérieur 
de ces cylindres, et en les maintenant ser: 
rées au moyen d'une petile pince de Cuivres 
munie d’une vis de pression. Il va sans dire 
que les extrémités ou pèles d’une batterie, 
sont représentées d'un côté par la queue 
d’un anneau de zinc embrassant le coblet 
du charboa (pôle électro-positif};set ide 


l'autre par la queue d’un cylindre:de zinc 


amalgamé (pôle électro-négautif). k 
» Un seul coup suffit pour fondre ua fil 


de fer mince, et peut servir utilement aux 


expériences de galvanoplastie et de dorures 
Avec deux éléments on obtent la decoms 
position de l’eau. L'Académie à pu juger 
par elle-même des effets remarquables ob» 
tenus à l'aide d'une batterie de 10 couples 
appliquée à la fusion des métaux, l'inean- 
descence des charbous dans le vide et à ia 
décomposition de l'eau. 

» M. Bunsen a comparé. l'intensité du 


(1) Qu prépare ce cha:bon en ca'cinant conven 
blement , dans un moule de tèle, ua mélange m- 
time de coke et de houille grasse finement puvé 
risés. 2 


53 
urant de la pile de charbon avec la pile 
+ Grove; perfectionnée par M. Poggen- 
vrff, en employant deux appareils d'égales 
“mensions ; et il est ainsi parvenu à cons- 
‘ter que le maximum des courants de la 
mterie de Grove, toutes choses étant 
tiales d’ailleurs, est à peine de trois cen- 
“mes plus considérable que celui de la 
|le. de charbon; différence qui devient 
balle dans les applications pratiques. Il à 
»nstaté, en outre, que la pile de charbon 
l'avautaged’être d’un effet plus constant. 
tour apprécier la constance des courants 
ibles dans la pile de charbon, il s’est ser- 
| d’un fil considérable en mesurant l'in- 
jnsité du courant d'heure en heure, et il 
| pu se convaincre qu'il n'y avait pas la 
roindre diminution pendant la durée de 
uatre heures. 
» M. Bunsen a, de plus, fait des expé- 
L'ences relativement à un mode d'éclairage 
snsistant : dans: le jet de lumière produit 
ar le-couvant entre deux pointes de char- 
on. H s’est, pour cela, servi d’une batte- 
lie de 48 couples; le jet: de lumière, en 
Moignant les, pointes de charbon, pouvait 
tre allongé jusqu'à 7 millimètres. M. Bun- 
‘en a mesuré l'intensité de cette lumière 
lu moyen d’un appareil photométrique de 
“on invention , et la compare à celle que 
hroduiraient 572 bougies stéariques. Le 
‘ourant employé pour cet effet, avait uue 
ratensité absolue-de 52,32; la dépense pour 
‘ntretenirvette lumière pendant nne heure 
‘tait pour le zinc; 0k,300; pour l’acide sal- 
urique ,:0k,456 ; et pour l’acide nitrique 
\i'une densité de 1,306), 0k,6U8. 
| » Bien que ces données approchent de la 
ltérité autant que possible, M.Bunsen n’o-e 
las en conclure que ce mode d'écairage 
ln grand puisse-être facilement mis en 
lratique.. Cette question importante ne 
bourra recevoir une. solution. convenable 
'jue-par une série d'expériencestechniques. 


! 
è 


PHYSIQUE APPLIQUEE: 


Application industrielle de la lumière et. du 
pouvoir, moleur de l'électricité, el nouvelle 
mavière doblenir celle puissance électrique 
pendant'une assez longue période de temps. 


. lepns deClieltenham a pris, en Angleterre, 
nue ‘patente: pour les: modifications sui- 
. vante, qu'ilditavoir apportées à la produc- 


‘tion .de l'électricité, en l’obtenant, d’une : 


. manière continue:par de nouvelles combi- 
{ uaisons de substances connues, au moyeu 
desquelles, malgré leur emploi en petites 
|quantités, le pouvoir électrique est large- 
lnenb développé sur de petites surfaces; ce 
qui offrirait l'important avantage d'éviter 
l'usage du mercure et de diverses autres 
substances nuisibles, et d’assurér une pro- 
 duction d'électricité pendant une assez 
longue période de temps; d'obtenir par 


 cetic application de l'électricité la faculté 


| deproduire de la lumière en quantité telle- 
ment suffisante qu’on puisse la faire servir 
| à éclairer des appartements, et enfin dans 
| la manière de produire un pouvoir magné- 
tique au moyen du fer, et de construire de 
nouveaux appareils électro galvaniques. 

Pour donner une idée des moyens qu'il 
propose, nous dirons simplement : 

-Qu'il prend une livre de nitrate d’amme- 
uiaque qu'il fait dissoudre dans 49 onces 
d'eau donce, puisil ajonte à une quantité 
donnée de cette solution une même quan- 
tité d'acide sulfurique pur: Pour faire cette 


Dans le mois de février dernier M. Mo-: 


46% 


addition, il met cette solution dans un vase 
contenant une assez forte quantité de glace 
ou de tout autre mélange frigorifique, et 
il ajoute l'acide sulfurique peu à peu, de 
manière à prévenir un développement de 
chaleur; cette mixtion est alors renfer- 
mée dans une boîte pour s’en servir au 
besoin, 

D'un autre eôté, une solution d’hydro- 
chlorate d'ammouiaque est également pré- 
parée. 

La batterie consiste en un vase de verre 
ou de porcelaine, ou de toute autre nature 
convenable, pouvant avoir un diamètre 
de deux pouces et demi à trois pouces et 
demi. 

Alors-on place dans ce vase un morceau 
de,zine qu’on recouvre d’une pctite coupe 
de bois de syÿcomore ou de biscuit poreur, 
ayant environ 374 de pouce de diamètre 
de largeur et de hauteur: Sur le haut ex- 
térieur de cette coupe on soutient, au 


| moyen d'une vis, deux petits barreaux de 


cuivre qu'on place en croix, et sur lesquels 
on pose une feuille mince de platine. 

Cette pile galvanique est mise en action 
en versant un peu de la solut:on de nitrate 
d'ammonjaque et d’acide dans la coupe 
qui supporte le platine, puis en versant 
dans le grand vase, où est le zinc, une 
solution saturée de muriste d'ammo- 
niaque. 

Une vis avec un tertre de cuivre est ri- 
vée, où micux soudée, au morceau de zine 
et forme le cercle voltaïque; alors la bat- 
terie possède un pouvoir d’action qu'elle 
conserve sans qu'elle s’affaiblisse pendant 
un temps considérable. 

L'auteur indique ensuite deux autres ap- 
pareils électro-galvaniques, dans lesquels 
le fer développe un pouvoir électrique bien 
plus puissant que dans: tous: les appareils 
connus jus ju’alors. 

Dans le premier de ces appareils on 
prend un gros fil de cuivre ou tout'autre, 
proprement couvert et posé sur une bande 
ou feuille de fer, cette bande de fer est 
'roulée sur un cylindre:contenant le fil mé- 
'tallique. 

Dans le second appareil le: fit métallique 
est roulé autour d’un pe'it cylindre de fer 
doux, qui est placé dans:un autre d'un 
‘diamètre un peu plus grand. Alors le fil 
étant roulé sur le second cylindre, est 
plaeë. dans un troisième, et aïusi de suite 
à l'infini, jusqu’à ce qu'on: ait obtenu le 
‘pouvoir électro-galvanique qu’on désire. 

L'auteur finit par indiquer comment on 
peut faire l'application de ces petits appa- 
reils en en réunissant une grande quantité 
sur les jantes et les rais d’une roue, de 
manière qu'ils soient posé de chaque côté 
des faces de la roue parallèlement à son 
axe; mais celte description est trop obs- 
cure, et les physiciens, du reste, ne seront 
pas embarrassés pour les réunir convena- 
blement:en batterie et en tirer tout le parti 
possible, si vraiment ils offrent par leur 
nature un pouvoir électro-galvanique suf- 
fisant. 

Pour produire une lumière continue 
avec la première batterie, composée de 
zinc et platine, on met un fort globe de 
verre à chaque extrémité de deux points 
opposés, et ces globes, qui ont été préala- 
blement ouverts, sont couverts d’un cha- 
peau en airain, à travers lequel le vide 
peut être fait dans chaque globe, et la ca- 
lotte est traversée par un tube en verre qui 
va gagner le milieu de la sphère. Ce tube 
est fait de manière à être de forme conique, 


465 


desoriè que son ouverture n'ait pas plus 
d’un huitième de pouce de diamètre. Un 
gros fil de cuivre passe à travers ce tube, 
dans lequel son extrémité, lorsqu'elle ar- 
rive à environ un pouce, est réunie à un 
fil de platine. 

Ce fil de platine, qui est roulé en spi- 
rale, forme une espèce de vis qui traverse 
l'ouverture du tube et se perd au centre du 
globe, 

On oppose à ce fil un autre gros fil 
de cuivre qui passe à travers le chapeau 


| opposé, et est terminé aussi d'un fil de 


platine semblable au premier, seulement 
il porte une petite éponge de platine. Le 
haut du tube en verre est couvert d’une 
boîte remplie avec dela poudre de charbon 
ou de la plombagine. Alors, dès qu’on éta! lit 
lacommunication entre ces électrodes et la 
batterie, on laisse tomber de la poudre de 


! charbon sur le fil de platine, et aussitôt 


apparaît une Jumière vive et continue. 


Quant à la grosseur des fils de platine, ils 
doivent être proportionnés à la force de la 
batterie et à l'in'ensité de chaleur qu'on 
doit obtenir, car elle doit toujours être cal- 
culée de manière à ne pas fondre jes globes. 

(Journal des Travaux de l'Académie et 


se é 
| de l'industrie française.) 


MÉCANIQUE CÉLESTE. 


| Examen d'une classe d'équations d'fféren- 


tielles et application-à un cas particulier 
du problème des trois corps; par M. Gas- 
cheau. 


On trouve, dans le dixième livre de la 


Mécanique céleste, les solutions de deux 


cas particuliers du problème des trois 
corps : dans le premier cas, les mobiles 


occupent constamment les trois sommets 


d’un triangle équilatéral ; et dans le second, 
les corps, restant toujours en ligne droite, 


conservent entre leurs distances mutuelles 
des rapports constants qui dépendent des 
| valeurs relatives des masses. 


D: cette dernière proposition Laplace 


‘conclut que, si les conditions qu'elle sup- 
‘pose avaient été remplies à l’origine du 


monvement, la lune aurait pu éclairer re- 
gulièrement toutes nos nuits. Mais M. Liou- 
ville, dans un mémoire lu à l’Académie des 
‘sciences le 4 avril 1842, a examiné la ques- 
tion d: stabilité qui, seule, pouvait assurer 
l’exactitude de cette conclusion, et il a rez 
connu que le mouvement dont :l s’agit ne 
peut exister d’une manière permanente 
dans la nature. 

Quant au premier cas, qui n’est pas l'ob- 
jet d’une assertion analogue, il n°y a, sans 
doute, pas autant d'intérêt à savoir si le 
mouvement dont il fixe les lois est stable 
ou instable. Toutefois, comme la solution 
que j'en ai obtenue est très symétrique, et 
conduit à un résultat simple, j'ai pensé 
qu’elle ne paraitrait pas entièrement In 
digne de l’attention des géomètres. Je 
prouve que, dans l’hypothèse d’une orbite 
peu excentrique, « le mouvement est sta 
ble ou instable, suivant que le rapport 
du carré de la somme des trois masces à Ja 
somme des produits deux à deux de ces 
masses est supérieur ou inférieur à 27, »II 
n'arrive donc pas ici, comme dans les cas 
des corps rangés en ligne droite, que le 
mouvement soit toujours instable : il est 
facile de voir, au contraire, par la condi- 
tion indiquée, que la stabilité sera assurée 
si l’une des masses est très grande par r'ap- 
port aux deux autres, ainsi que cc {a a lieu 
pour le soleil, la terre et la lune. 


466 


Pour résoudre cette question, j'établis 
d’abord une méthode d’épreuve qui sert à 
reconnaître les cas d’intégrabilité d'une 
classe d'équations différentielles linéaires,et 
à laquelle on parvient par une élimination 
assez heureuse. Il est vrai que cette mé- 
thode qui, dans mon mémoire, remplace 
une transformation employée par M. Liou- 
ville, est plus laborieuse que le moyen 
adopté par cet habile géomètre; mais la 
marche à suivre ici pourrait, dans d’au- 
tres cas, conduire à trouver des intégrales 
particulières que ne donnerait pas la trans- 
formation citée. 


Ke 
SCIENCES NATURELLES. 
TOXICOLOGIE. 

Cours de A1. Orfila. 


Messieurs, 

Dans la dernière séance, après avoir 
stigmatisé autant qu'il nous était possible 
ces réactifs trompeurs ou douteux sur les- 
quels certains chimistes ont voulu baser 
des recherches médico-légales, nons avons 
indiqué un moyeu toujours sur de re- 
chercher l’arsenic, lorsqu'on agit sur des 
matières alimentaires ou sur des matières 
contenues dans le tube digestif. Le résul- 
tat de ce procélé a été d’obteuir une sul- 
fure jaune d’arsenic, dont nous avons 
extrait l’arsenic métallique. L’arsenie mé- 
tallique peut être obtenu sous forme de 
taches, sous farme d’anneau, enfin, il 
peut être obtenu en masse. Etablissons 
d'abord que, sous l’une ou l’autre de ces 
formes, c’est toujours de l'arsenic. 

Prenons un anneau ét des taches qui 
pour nous sont bien de l’arsenic, et prenons 
d'un autre côté de l’arsenic en masse. Trai- 
tons séparément à chaud par l'acide azo- 
tique ces trois matières d’un aspect diffé- 
rent. Il se forinera trois résidus blancs, 
solubles dans l’eau et que nous considé- 
rons comme de l’acide arsenique uni à un 
peu d’acide arsénieux. Ces trois résidus, 
traités par l'azotate d’argent, donneront un 
précipité rouge brique d’arséniate d’ar- 
gent. Remarquons qu'il faut laisser refroi- 
dir la capsule dans laquelle se fait l'expé- 
rience, car, par la seule action de la cha- 
leur, l’azotate d'argent pourrait s: colorer 
en pourpre et induire en erreur un expert 
inhabile. 

Ces trois résidus dissous dans l'eau don- 
nent par l’acide sulfhydrique un précipité 
jaune insoluble dans l’eau, soluble dans 
Pammoniaque, possèdant tous les caractères 
du sulfure jaune d’arsenic. 

Ces expériences prouvent d’une manière 
évidente que les trois substances, sur les- 
quelles nous avons agi, sont les mêmes, 
car les corps qui réagissent de la même 
manière sont pour nous les mêmes corps. 
Mais nous pouvons aller plus loin, mes- 
sieurs, nous pouvons transformerles taches 
en anneaux et les anneaux en taches. Veut- 
on transformer un anneau en taches, on 
fera passer sur cet anneau chauffé à la 
lampe un courant de gaz hydrogène. L’ar- 
senic se combinera à l'hydrogène et si l’on 
enflamme le gaz à sa sortie du tube, il sera 
facile de recueillir des taches arsénicales. 
Maintenant faisons l’expérience inverse, 
transformons des taches en anneau. Pour 
cela traitons-les par l'acide azotique, 
chauffons jusqu’à siccité et introduisons 
dans l'appareil de marsh le résidu dissous 
dans l’eau. Il suffira de chauffer une par- 


467 

tie du tube recourbé, où se tronve de l’a- 
miante pour obtenir l'anneau. 

Maintenant, messicurs, arrivons à une 
grande question soulevée par MM. Flandin 
et Danger. Ces chimistes n’ont pas craint 
d'avancer qu'ils pouvaient produire des 
taches ressemblant sous tous les rapports 
physiques et chimiques aux taches arséni- 
cales. Ils prennent du phosphite, du sulfite 
d'ammoniaque et de l'essence de térében- 
thine ; ils placent ce mélange dans l'appa- 
reilde marsh et ce mélange leur donne ces 
taches dont ils ont fait tant de bruit. Mes- 
sieurs, commençons par dire qu'ils se sont 
gravement trompés ceux qui ont confondu 
l'aspect de ces pseudo-taches avec celui 
des taches arsénicales, car les premières 
‘sont noirâtres et ternes, tandis que les se- 
condes sont brillantes. Mais l'erreur a été 
bien plus grande lorsqu'on a ajouté que 


“ Ô . . « A 
les caractères chimiques étaient les mêmes. 


Je traite par l'acide azotique les tâches de 


MM. Flandin et Danger et elles ne s’y dis- 
solvent pas. Je prends cet acide azotique, 
je l'évapore à siccité et le résidu à peine 
sensible ne donne aucune réaction par l’a- 
zotate d'argent et l’acide sulfhydrique. Or, 
MM. Flandin et Danger ont soutenu que 
leurs taches précipitaient comme lestaches 
arsénicales par ces derniers réactifs. Quelles 
substances constituent donc ces taches? 
Selon MM. Fordos et Gélis ces taches sont 
du charbon, plus un peu de phosphore 
et un peu de soufre. Du reste, pour dire 
notre dernier mot sur ces taches, énoncons 
quels ne peuvent jamais se produire 
aus les expériences médico-légales aux- 
qu’elles nous nous livrons, et que bien 
avant MM. Flandin et Danger nous avons 
parlé de pseudo-taches que nous avons 
désignées sous le nom de faches de crasse. 
Mais outre ces taches dont je viens de 


dire ici quelques mots, il peut s’en pro-- 
duire bien d’autres, plus importantes que 


celles de MM. Flandin et Danger et que 
nous allons passer successivementen revue. 
Abordons d’abord les taches antimoniales. 
L'antimoine comme l’arsenic peut donner 
naissance à des taches et à un anneau mé- 
talliques. Ces taches et cet anneau possè- 
dent un aspect bleuâtre que des yeux exer- 
cés ne confondront pas avec celui des 
taches et de l'anneau d’arsenic. Mais sup- 
posons cetle première erreur possible, 
bientôt nous allons en sortir, car les pro- 
priétés chimiques ne sont pas les mêmes. 
Une flamme de gaz hydrogène peut faire 
disparaître les taches arsénicales, mais 
celles d’antimoine persistent et ne dispa- 
raissent pas. Le chlorure de soude ou le 
chlorure de chaux enlèvent les taches ar- 
sénicales, mais sont sans action sur celles 
d’antimoine. L’acide azotique dissout com- 
plètement les taches arsénicales et les ta- 
ches antimoniales, mais avec les taches 
antimoniales il se forme toujours un résidu 
jaunâtre d’acide antimonieux. Cet acide 
antimonieux, traité par l’azotate d'argent, 
ne donne pas un précipité rouge brique. 
L'acide chlorhydrique dissoudra les taches 
antimoniales et si, dans cette dissolution, 
on fait arriver un courant d'hydrogène 
sulfuré, on verra se former un précipité 
Jaune orangé qu’on ne pourra jamais con- 
fondre avec celui que donnent les taches 
arsénicales. Quant à l’annçau antimonial 
on le distinguera facilement de l’anneau 
arsénical par son mode de formation 
même. L’anneau antimonial se forme-tou- 
Jours au centre de l'espace chauffé par la 
flamme tandis que l'anneau arsénical se 


“468. 
forme des deux côtés de cette flamme, ce 
qui s'explique par sa plus grande vola- 
tilité. 
Messieurs, j'ai encore à vous faire con- 


naître plusieurs autres espèces de taches, … 


mais l’heure avancée de la séance ne me 
permet pas d'entreprendre ce sujet trop 
important pour être résumé en quelques 
mots. E. F. 


ELA Sr 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS CHIMIQUES. 


Note sur les moyens de reconnaître la pré- 
sence de l'acide sulfureux dans les pro= 
duits du commerce; par MM. M. J Fordos 
et A. Gélis. 


[’odeur de l'acide sulfureux est telle- 
ment caractéristique qu’il peut paraître su= 
perflu d'apporter de nouveaux moyens de 
reconnaître sa présence ; mais sans répéter 
tout ce qui a été dit contre les réactifs, 
dont l’exactitude n’a d’autres bornes que 
la sensibilité plus ou moins grande de l'o- 
dorat, nous ferons observer que ce carac- 
tère, excellent dans certains cas pour gui- 
der lexpérimentateur, est tout-à-fait im- 
puissant si l’acide sulfureux est mêlé à des. 
matières odorantes elles-mêmes. 

Cependant la présence de l'acide sulfa- 
reux dans quelques produits employés, soit 
dans la médecine, soit dans les arts, en- 
traîne souvent des inconvénients assez 
grands pour qu’on ait intérêt à posséder 
des moyens faciles pour la reconnaitre ou 
pour léviter; aussi dès 4836 M. Girardie 
fournissait-il à l'industrie un moyen de con- 
stater la présence de l'acide sulfureux dans 
l'acide chlorhydrique du commerce. 

Ce moÿen est facile à exécuter : on met 
dans un verre à expérience 16 grammes 


environ de l’âcide dont on veut faire l’essai,- 


on y ajoute 8 à 12 grammes de sel d'étain 
bien blanc et non altéré par l'air; on re- 
mue avec un tube, puis on verse sur le 
tout deux ou trois fois autant d’eau distillée 
en agitant. Si l’acide chlorhydrique con- 
tient de l'acide sulfureux en quantité un peu 
forte; on voit aussitôt après l'addition da 
sel d’étain l’acidese troubler, devenir jaune, 
et dès qu’on a ajouté l’eau distillée on sent 
très manifestement l'odeur de lacide sulf- 
hydrique; la liqueur prend une teiute brune” 
en déposant uue poudre de même couleur. 
Ce procédé, qui est une application d’une 
réaction anciennement indiquée par B. Pel- 
letier et étudiée depuis par M. Héring, est 
généralement regardé comme très conve- 
nable. En effet, ilsuffit aux besoins du plus 
grand nombre des fabricants, qui n'ont à 


se prémunir que contre des quantités trop … 


considérables d’acide sulfureux. Mais les 
chimistes sont moins favorisés; car ce pro- 
cédé, qui, au dire de son auteur lui-même, 
ne peut décéler qu'environ un centième 
de ce gaz, cesse d’être applicable lorsque 
des quantités même très faibles d’acide sul- 
fureux peuvent être nuisibles aux opéra- 
tions. C’est là le cas de l'acide chlorhydri- 
que, destiné à l'usage médical ou à des re- 
cherches scientifiques, par exemple à des 
travaux de toxicologie ou à la fabrication 
des eaux gazeuses. 

Nous avons donc pensé qu'il serait utile 
d'apporter un moyen analytique plus sen- 
sible et en même temps aussi facile à exé- 
cuter. Déjà, l’année dernière, nous avions 
eu l'idée d'utiliser dans ce but la réaction 
curieuse que nous venions de découvrir, 
et qui se produit toutes les fois que l'acide 


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À fureux et d'acide chlorhydrique, la ma- 


4 mmetBertholet l’a fait voir le premier en 


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stureux est mis en présence de l'hydro- Ÿ drique, et par différence celui de Pacide 
gl> naissant. Il nous suffira donc, dans | sulfureux. Mais, au lieu des résultats an- 


noncés comme probables, on en obtient de 
tont différents. Ainsi lorsqu'on opére dans 
certaines proportions, celle-ci par exemple: 


55 vol. de gaz acide chlorhydrique, 
18 — sulfureux ; 


Il ne se dégage aucun gaz. Du protochlo- 
rure de fer prend naissance et se dissout 
dans la liqueur, du soufre se dépose, et au 
bout de quelque temps se combine avec 
l’excès de fer contenu dans la cloche. 

Notre travail sur la réduction de l'acide 
sulfureux dans l'appareil de Marsh rendait 
ce résultat probable. En effet l'hydrogène, 
au lieu de se dégager, réagit sur une partie 
de l'acide sulfureux pour former de l'acide 
sulfhydrique; et cet acide sulfhydrique ré- 
agissant à son lour sur une autre portion 
d’acide sulfureux, donne le déj ôt de soufre 
que nous avons observé. 

Le procédé qui fait le sujet de cette note 
décèle d’une manière certaine la présence 
ou l'absence de l'acide sulfureux ; mais il ne 
peut indiquer si cet acide préexiste dans la 
matière examinée, ou s’il a pris naissance 
par suite de la décomposition d’un autre 
composé oxigéné de soufre. Pour avoir ces 
indications il faudra avoir recours à des 
moyens plus compliqués. 


e note, d'indiquer le mode opératoire et 
expériences que nous avons faites de- 
pt pour déterminer la sensibilité de ce 
nf veau procédé analytique. 
in présence de lhydrogène naissant 
pivenant des métaux de la troisième sec- 
tit de M. Thénard, la réduction de Pacide 
stureux est inévitable, si faible qu'en soit 
Id uantité. Il se forme toujours de l'acide 
sl'hydrique, et l’action de ce corps sur és 
sé de plomb est tellement caractéristique 
q'elle peut décéler la présence dé traces 
\ iment incroyables de ce gaz. La manière 
à sérer ne présente aucune difficulté : on 
itroduit dans un petit flacon quelques 
fizments de zinc pur; on ajoute ensuite 
substance \'examiner. Si c'est un acide 
éable de fournir de l'hydrogène avec te 
20, ilsuffit de recueillir le gaz qui se dé- 
“é"dans une dissolution de sous-acétate 
À ibmb (extrait de saturne des pharma- 
\s). Si la substance n’est pas acide, on la 
die d’abord avec de l'acide sulfurique 
dmdu de quatre ou cinq fois sen volume 
‘au, puis on verse le mélange dans la 
ÎLe, et on recueille ce gaz de la même ma- 
ire ‘dans lune dissolution &’acétate de 
ee L'appareil de plus simple suffit pour 
a, un petit col droit et un tube recour- 
Ï Sila matière contient de l’acide sulfu- 
. il se forme de l’acide sulfhydrique, 
d'dés fors du sulfure de plomb. Ce corps 
tellement insoluble daus l'extrait de sa- 
tome , que la plus faible trace suffit pour 
loforer, 
Petit) donner une idée de sensibilité de 
{ proëtüé on a préparé une dissolution 
side sulfureux dans l’eau , contenant | 
trctement sen volumede gaz. Il fallait de | 
| à 50 gouttes de cette dissolution, mêlée | 
‘15 grammes d'acide chklorhydrique, pour 
{teniriles réactions indiquées par M. Gi- ! 
\rdin, tandis qu'une seule goutte de ce : 
| ilange., centenant 43 de cent. cube de : 
| z acide sulfureux, mélée à 15 grammes : 
l'acide étendu d'eau, donnait encore dans : 
cétate de plomb “une coloration très vi- 
ile. i 
| Ce procédé est d’autant plus précieux : 
ralitativement, qu'il peut servir:à recon- 
litre la présence de l'acide sulfureux, 
| el que soit-son degré de dilution; mais il : 
st d'aucun secours dans l'analyse quanti- 
live, si ce n'est pour de très faibles quan- 
ls, parce que , lorsque l’acide sulfureux 
1 ste dans les liqueurs.exzminées en quan- 
| un peu considérable, un dépôt de sou- 
1:est toujours le premier effet du contact 
| 5 deux gaz, il accompagne toujours le dé- 
| 


HORTICULTURE. 
Culiure des fougères (1). 


Jusqu'à présent on a vu peu d'amateurs 
prendre goût à la culture des fougères, ce- 
pendant il est parmi cette belle et vaste fa- 
mille un très grand nombre d'espèces qui 
sont véritablement des plantes d'ornement, 
autant pour les serres chaudes que pour les 
“serres tempérées. C” st Ià une. vérité dont 
je suis convaincu et que je vais essayer de 
démontrer. J1 est vrai que ce n'est guère 
qu’au Jardin des Plantes que l’on peut voir 
aujourd’hui un assez grand nombre de fou- 
gères. Il n’est personre qui, à la vue de 
certaines espèces, dans.nos serres, ne reste 
‘en extase devant elles, et jusqu'aux enfants 
eux-mêmes, appellent leurs mères, pour 
leur faire remarquer ces jolies miniatures 
végétales qui ne ressemblent en rien à ce 
que leurs yeux ont l'habitude de voir ; les 
‘enfants ne s’attachent guère ordinairement 
qu'aux fleurs dans les serres, et cependant 
pas un seul ne peut passer devant un adiar- 
lum tenerum sans jeter un cri de.joie.. 

_ Beaucoupde personunespensentsansdoute 
que es plantes sont difficiles à cultiver, et 
c’est là peut-être la raison qui les empêche 
d’en adopter la culture. 

Ces plantes, cependant, croissent dans les 
serres à des places où beaucoup d’autres 
souvent ne pourraient végéter, par exem- 
ple, à J’ombre des autres plantes ou dans 
les coins les plus obscurs et les plus humi- 
des. Les fougères n’ont pas besoin d’une 
grande profondeur de terre pour se nour- 
rir, leurs racines n'étant composées que 
d’un chevelu. 

Un sol de Om,08 à Om,13 d'épaisseur 
peut suffire au développement des epèces 
moyennes. La terre de bruyères est celle qui 
généralement convient le mieux à ce genre 
de culture. Les arrosements fréquents sont 
de première nécessité, car jamais une fou- 
gère ne doit souffrir de la soif. 

Je n'attache à parler ici des fougères que 
l’on devrait, selon mai, cultiver pour orner 


sn 


sement d’acide sulfhydrique. 

[2 de 

(Nous avons eutendu indiquer dans les 
urs, comme un moyen probablement très 
1:ile de doser ur mélange gazeux d’acide 


rulation suivante : On fera arriver dans 
Icloche contenant le mélange une quan- 
|é d’eau suffisante pour absorber les deux 
2. On introduira dans cette dissolution 
lelques grammes de fer divisé, et voilà, 
d:-on,1ce qui se passera : l'acide sulfureux 
isoudra le fer sans dégagement de gaz, 


189; l'acide chlorhydrique, au contraire, 
‘mera du chlorure de fer en abandon- 
nt son hjdrogène qu’on pourra mesurer; 
comrne où sait que l’acide chlorhydrique 
ntient la moitié de son volume d’hydro- 
1e,;,en doublant le volume obtenu on 


ra le volume primitif de l'acide chlorhy- (4) Extrait de l'Horticulieur universel, 


471 


les serres. Ces plantes seraient également 
très propres à garnir les jardiuières et 
les cheminées des appartements. Il faut 
dire, toutefois, qu’elles n’aiment point la 
poussière, mais avec quelques soins l’on 
pourrait les ÿy conserver plus de huit jours. 
Pourvu que la température de l’apparte- 
ment ne descendit pas au-dessous de cinq 
degrés, que la chaleur n'y fût point trop 
forte, la sécheresse de l'air ne les détruirait 
pas et altérerait à peine la beauté des feuil- 
les, lesquelles font seules le mérite de la 
plante, puisque les fleurs ne sont jamais. 
apparentes à nos yeux ctse cachent à la. 
face inférieure, sous la forme de granules. 
Il faut cependant excepter de cette catégo- 
rie les ophioglossum, les ancimia, etc., 
chez lesquelles ces granules se groupent 
en sorte de panicule. 

Une corbeille de fruits, ornée avec des 
tiges de /ycopodium denticulatum, brasiliense 
et stolcniferunt, ferait rejeter bien loin Ja 
mousse que l'onempleie à cet effet. Dans 
les serres, toutes les superficies nues du sol 
peuvent également être garnies de ces trois 
lycopodiacées, qui ne géneront en rien la 
végétation des autres plantes. 

J'ai vu des personnes, dans la saison où 
il n’y a point de persil, orner des plats de 
poissons avec du lycopodium denticulatum, 
et ces plats ainsi garnis faisaient l’admira- 
tion des convives. Aux colonies. les jeunes 
filles garnissent de ces mêmes plantes leurs 
robes de bal. 

Pour donner une preuve du peu de dif- 
ficultés de la culture de ces plantes, je ci- 
terai un semis de fougère en arbre (cyuthea), 
que je fis moi-même, l’année dernière, au 
mois de juillet, et dont les jeunes plantes 
ont déjà atteint la hauteur de Om:,50, c’est 
cependant un des genres les plus difficiles 
à cultiver de la famille. 

Les aspidium molle,simile,violascens,ete., 
qui sont vraiment de fort jolies plantes, se 
reproduisent d'eux-mêmes, et il ne s’agit 
pour cela que de secouer sur le sol les feuil- 
les lorsqu'elles sont en fructification, ce 
dont on s'aperçoit facilement en les visi- 
tant, À la partie inférieure on remarque 
une multitude de petits points, de formes, 
de couleurs diverses, que l'on nomme vul- 
gairement sporanses (sores, industes), ren- 
fermant une grande quantité de petits corps 
aussi ténus que des grains de poussière, et 
tombant facilement lorsqu'ils sont à l’état 
de maturité. Ces petits grains en renfer- 
ment encore une masse d’autres (spores), 
presque imperceptibles à Ja loupe, et qui, 
jetés dans le bassin où l’on tient ordinaire 
ment l'eau des arrosements, se mélent à 
elle. Puisés en même temps qu’elle, pour 
arroser les plantes ou pour les seringuer, 
ces grains se trouvent alors semés tout na- 
turellement et manifestent bientôt leur pré 
sence par une rapide végétation, quand ils 
Sont tombés en lieu convenable. 

Dans les serres, il n’est Pas une place où 
il y ait quelque humidité qui ne soit propre 
à la génération et au développement de ces: 
plantes ; souvent les muraillesen sont elles- 
mêmes tapissées. 
no Er nn en omettant les 
peut-être . je ne e RE PeUE 
’. que Je m'abstiens de citer, 
_celles que je conseille de cultiver de préfé- 
! asplenium bipartitum strictum ; chei. 
pape a dt pese» 
mmOStWn plyÿmatodes (care S Aro “SE 

: € espece croit par- 
faitement le long des murs), adiantum con- 
CERRUN; trapeziforme, pubescens, tencrur: 


#72 


(une des plus belles du genre et des moins 
difficiles à cultiver), nephordium tubero- 
surr, peclinatum , etc., tmorkiæ hurifuqa, 
aucimia collina, axpidium coriaceurn; serra 
exaltatum, acrostichum alcicorne, cymna- 
gramma chrysophylle, calomelanos, tarta- 
rea hybrida. Cts quatre dernières espèces 
sont très remarquables, en ce qu’elles sont 
pourvues d’une espèce de cire farineuse au- 
dessous des feuilles, l’une de couleur d'or, 
l’autre de soufre; et les deux dernières 
d'une blancheur éblouissante. 

Il est des espèces qui se multiplient non 

seulement par la division de leurs vhizô- 
mes, qui rampent sur la terre, mais aussi 
par boutures de feuilles, telles que les Le- 
mionitis palmata. On prend une feuille en- 
tière, ayec son pétiole, que l’on enfonce en 
terre jusqu’à ce que la base de la feuille 
sienne en toucher la superficie ; comme 
-cette feuille est lobée, on l’étale de manière 
à ce que l’échancrure des lobes 5: rte en 
_p'ein sur la terre; on met alors une cloche 
pardessus, et au bout de quelque temps 
on voit sortir du sinus de ces lobes des bour- 
geons qui s’enracinent, et, étant séparés 
plus tard, donnent de très beaux individus. 

Une autre espèce, le cœnopterts viv/para, 
produit des bourgeons qui se développent 
ser la feuille même, sans autre soin que 
tenir la plante dans une atmosphère hu- 
mide ; beaucoup d’autres se multiplient en- 
core de cet'e manière. Chez quelques nnes 
ce n’est que l'extrémité des feuilles qui peut 
- servir à propager la plante; telles sonit : 
: V'asplenium flabelliforme, le 1v0odwardia 
radicans, ete. Lorsque les'extrémités deces 
- espèces touchent à la terre, et telle est leur 
habitude, il sy développe un bourgeon qui 
senracine bientôt dans le sol et pousse 
avec une vigueur étonnante, parce qu'il 
est alimenté d’un côté par la mère et de 
l’autre par les racines qui se développent 
et lui envoient des sucs nourrickrs. 

Il semblerait que la: nature a voulu que 
les mères de ces plantes ne pussent point 
élever leurs enfants trop près d’elles, puis- 
que c’est an moins à un mètre de distance 
du pied générateur que le wocdwardia 
radicans peut toucher la terre par Fextré- 
mité de ses feuilles. 

_Il-y'aurait une foule de choses:extrème- 
ment intéressantes à dire sur la famille si 
nombreuse des fougères; je dois me borner 
pour le moment à recommander leur in- 
troduction dans les serres des amateurs, et 
à/avertir de ne. les point:cultiver au soleil, 
car ilest très peu d’espèces qui:en puissent 
supporter les rayons, si tantiest même qu'il 
y en ait. NEUMANN. 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 


Conservation des substances alimentarres. 


(Premier article.) 


Les matières organiques s’altèérent rapi- 
dement après avoir perdu la vie; elle se 
décomposent et exhalent tune odeur fétide 
et repoussante. Ces phénomènes, très cu- 
rieux sous le point de vue physiologique, 
constituent la fermentation putride. Les 
matières végétales l'éprouvent moins vite 
que les substances animales. Ne 

De nombreuses conditions sont indis- 
pensables pour que celte fermentation ait 
lieu ; une température de 15 à 35° est favo- 
rable : la matière -doit être humide, sèche, 
elle se conserve indéfiniment ; presque tou- 
jours la présence de l'air est nécessaire. Les 
produits qui résultent de cette transtorma- 


473 


tion sontnombreux et toujours d'une odeur 
forte, :repoussante même; leurinature varie 


suivant la nature de la matière soumise à la 
fermentation. On sait que les substances 


azottes donnent ure odeur plus intense 


que celles qui ne le sont pas. Ces produits 
varient encore. selon le milieu dans lequel 
se trouvent les matières qui entrent en pu- 
tréfaction. Ainsi l’eau, l'air, la terre don- 
nent des résultats différents. 
aie . Lé 
Voici les produits que donne la putréfac- 


tion dans l'air : 


Les rnatières non azol'es : acide carbo- 
nique, hydrogène carboné, des traces d’a- 
zote, de l’eau, de l'acide acétique, une subs- 
tance huileuse, un résidu noir dans lequel 
le charbon prédomine; 


Les malières azolées : acide carbonique, 
hydrogène carbone, beaucoup d'azote, de 
l'hydrogène sulfuré, de lhydrogène phos- 
phoré, de l'ammoniaque, de l’eau, de acide 
acétique, un résidu terreux peu considéra- 
ble, composé de sels, de charbon, d'huile et 


: d’ammontaque,de plus, les plautes qui pour- 


rissent à la surface «le la terre, laissent.pour 
résidu de leur décomposition, une masse 
informe, souvent pulvérulente, d'un noir 
brunâtre connue sous :e nom de terreau ou 
d'humus, et qui renferme, indépendam- 
ment des sels qui existaient dans les plautes, 
des principes huileux,résineux,des matières 
solubles dans l’eau, et un acide très riche 
en carbone l'acide ulmiqne. 

Sous terre, la putréfaction s'opère beau- 


coup plus lentement. Les composés qui 


prennent naissance ne soni pas encore bien 
connus. Sous l'eau, la putréfaction présente 
à peu près les mêmes phénomènes que sous 
terre. 

Les matières animales plongtes dans 
l’eau se transforment plus promptement 


| que sous terre, en grasdes cadavrer, puis- 


qu'ilne faut, en été, que six semaines à 
deux mois. C'est ce que reconnut, en 1794, 
le docteur Sinith Gibb:s, en enfermant des 
muscles dans-une caisse percée de trous, 
qui fut maintenue dans un courant: d'eau. 


Le chimiste anglais chercha à tirer parti de 


ce gras, en introduisant son emploi dans 
les manufactures où l'on fait usage du suif; 
il lui enlevait une partie desonodeur fétide, 
en le lisant exposé pendantiquelque temps 
à l'air et à la:tumière, le malaxant pendant 
une heure:où deux avec de l'acide nitrique 
faible, puis le-fondant dans l’eau bouillante, 
Hren faisait.ensuite-des bougies. 

Le chimiste Schmeisser, de Hambourg, 
en envoyant quelques unes de ces bougies 
à Blumenbach, lui apprit qu'elles avaient 
été préparées avec les jambes d'un homme 
qui n'avait rien fait de bin pendant sa vie. 


: Blamenbach lui répondit : ceux qui vécu- 
. rent dans l'obscurité, brillent après leur 


mort (mortui lucent qui in vitä obscuri fue- 
rurit). 

On a essayé beaucoup de moyens pour 
retarder les progrès destructeurs de la pu= 
tréfaction, afin de conserver les matières 


: organiques, surtout cellesqui servent à no- 


tre alimentation. Nous indiquerons ici ceux 
quioffrent les meilleurs résultats. 


Les procédés de conservation varient, 
nécessairement, suivant le volume et la 
forme des objets, leur plus ou moins grande 
altérabilité, et suivant l’usage qu'on veut 
en faire. Ils reposent tous sur ce prin- 
cipe, qu'il faut priver les matières organi- 
ques du contact de l'air et de l'humidité, 
causes principales de leur altération. On 
arrive à ce but, soit par la dessication, soit 


par la cuisson, soit aussi par l'erxploi de 
certains agens qui absorbent l'eau contenue: 
dans les substances, on qui les isolentidu, 
contact de l'air et de l'humidité atmospltié… 
rique, | 

Il ne peut y avoir de putréfaction là où | 
il.n°y à pas d’eau; aussi une matière orga- 
nique, soumise, à une température capable: 
de la dessécher complétement; peut: être 
très bien conservée. Des cadavres, enfouis, 


depuis des siècles dans les sables brûlants, 


des déserts de l'Afrique, de l’Axabie, des. 
Pamipas du Nouveau-Monde, ont été re- 
trouvés dans. un état parfait de conserva, 
tion. 

A l'appui de ces données- le fait suivant, 
n’est pas sans importance. En 1787, Waser, 
chirurgien anglais, ayant débarqué à Vis- 
mejo, dans le Pérou, marcha’environ pen- 
dant quatre milles sur le sable d'une baie 
qui, à l'en croire, était couverte de cada- 
vres d'hommes, de femmes et d'enfants’ si 
serrés, qu'il aurait pu marcher un demi- 
mille (800 mètres) sans jamais poser le pied, 
ailleurs que.sur un.corps mort. Leur ap- 
parence était celle de personnes mortes de- 
puis une semaine au plus; mais, au tou- 
cher, on les trouvait. aussi légères et aussi 
sèches qu’un morceau de liége. C’étaient 
les restes d’une tribu d’Indiens qui, plutôt 
que de tomber aux mains des Espagnols, 
avaient creusé des trous. dans le sable et 
s'étaient ensevelis vivants. Les hommes, 
dans cette posture, avaient avec eux leurs 
arcs brisés ; les femmes, leurs reuets et leurs 
quenouilles entourées de coton. 

Les Tartares et les Américains du Sud, 
qui vivent sous des climats si différents, 
font dessécher les viandes :; les premiers, 
pour les préserver de la gelée ; les autres, 


pour les garantir de la chaleur. atmosphé- 


rique qui les altère promptement. Dans 
une partie de la Tartarie, on réduit eu 
poudre les viandes desséchées qui servent, 
dans cet état, aux longs voyages de, terre 
et de mer. Le charquides Américains n'est 
que de la viande coupée.par petits mor- 
ceaux, et desséchée afin de pouvoir être 
transportée au loin. 

Les fruits secs, qui forment un objet de 
commerce considérableentre le Midi et le 
Nord, tels .que les pruneaux, les fij;ues, les 
dattes, les jujubes, les raisins:muscats, les 
poires tapées, etc., sont desséchés. au soleil,. 
dans des étuves ou dans des-fours. Lorsque 
les fruits sont volumineux, on les coure par 
tranches, pour faciliter l’éva peration de 
l’eau contenue dansle parenebyme charnu; 
c'est ainsi qu’on agit pour les pommes et | 
les poires qui servent à fabriquer des pi-=M 
quelles. | 


as 


Le froid est un préservatif efficace contre 
la putréfaction, pendant tout aussi long- 
tempsque les substances organiques y sons 
exposées. La température de 0° est suffi-M 
sante. De 1, l'habitude dans bsaucoup den 
pays de placer la viande dans la neige, d’em 
baller le poisson et les chairs dans {a glace, 
lorsqu'on les doit transporter au Join, den 
mettre les matières alimentaires danses 
caves et autres endroits frais, à l'époquem 
des chaleurs de l'été. “aan 0 

On dit que c'est en tenant leurs ere 
dans une glacière que les bouchers autri=« 
chiens les préservent d’altératidh pendant 
les chaleurs de l'été. On arteonvé dansides 
montagnes de neige en Sibévie; sum les 
bords de la Néva, des animaux entiers;ides" 
éléphants à crinière, des nrdmwmouthis dans 
un parfait état de conservation, hencquen 
leur enfouissement dût remonter à6/000. 


is, d’après VPassertion des géologues. 
ILa cuisson retarde aussi pendänt un cèr- 
in tempsles progrès'de la décomposition 
ontanée; comme l'éxpérience de chaque 
für le démentre. On sait que la viande 
nitése conserve bien p'us longtemps, sans 
quérir desmamvaise 6 leur, que la viande 
fue. Dahs l'été, 1 suffit souvent d’un jour 
pur’ faisærder le gibier, la viande de bou- 
:erie ; meis par üne demi-cuisson, en S’op- 


ntréfactiôn:Goninient agit la cuisson dans 
ichions, une explication nette. 
‘ivés plus-.de quelques jours avee toutes 


urs-propriétés. Ontparvient à les garantir 
toute altération, en les concentrant:sur 


|. feu, jusqu'à ce qu'ils aient acquis une! 


lont,.des exemples de sucs ainsi desséchés. 
| Lemout de raisin,;rapproché par la cha- 
1 . L . . 
ur en consistance épaisse, forme le rai- 
né. J. G. 


>< 
SCIENCES HISTORIQUES. 
 ARCHÉOLOGIS. 


'omparaison de la quantité d’eau fournie 
à la ville de Paris par l'administration, 
“el ue cele que Rome concédait à ses ha- 


| bilarts. 


(Deuxième et deraier article. ) 


| Test curieux de comparer le nombre et 

te 1 EP 2 £ ù . 
!JNié dés, pouces d'eau que la ville de 

LäriS” Céncèd aux particuliers, en 1843, 

fre # que l'Etat coucédait, sous Tra- 

4 

| 

ÿ 

il 


DANS propriétaires de Rome et des en- 
irons... 
A Eondres, 
eau étaient distribués par sept compa- 
nies. En 1823, Paris ne jouissait, pour une 
|spulation de 713090 habitants, que de 
1016 pouces d'eau. Les porteurs d’eau n’en 
.uisaient dans la Seine que 300. pouces. 


Etat des eaux conduites à Paris em1823. 


f 
, 


1 au de Seine par les pompes à feu 


369; pouc. 
* achine du pont Notre-Dame 109 
1 quéduc d’Arcueil sQ 
«hurces de Belleville 10 


Lhurces des prés Saint-Gervais 10 


“'inat de l'Ourcq 4000 
liviere du Cliguon, dérivée dans le 
* canal 809 
its artésien de Grenelle à 32m,50 au: 

» dessus du sol 89 

| Total 5380 


Revenu des eaux.— Le volume des eaux 
-ndues à Paris est d'environ 390 pouces, 
ont 90 en eau de Seine et -des,sources, et 
J0 pouces en eau de l'Oureq: .::: ; 

Le prix varie suivant la natureïdes eaux 
: le mode de vente. Dans les abonnements 
lomestiques ordinaires, l’eau. de Seine et 
iesisources se vend à raison de 40 fr. par 
awpour-un hectolitre par jour : c’est en- 
imon 18000 fr. le pouce. Les moindres. abo- 
lements sont de 100 fr. (250 litres par 
mx). L'eau de l’Ourcq se distribue à raison 
eJäfr.par an pour 15 hectolitres par jour: 
est 1000 fr. le pouce. Dans les abonne- 
rents industriels et pour des quantité d’eau 
mmsidéradlés, la ville de Paris consent à 
esréductions sur les prix ordinaires. En- 
Mndé prix de l'eau vendue aux fontaines 
Mhiarchandes: est de 9 centimes pa: hecto- 

tre, environ 6200 fr. par pouce, 


se avec/siccès à’ce commeucement de! 
» ças? Gn n’a pazencore donné, quernous! 


| Les sucs des plantesine peuvent être con- 


| onsistance ferme et solide. On en forme | 
hnsi des-exéraits. Le suc.de réglisse, l’ex- 
L'aitide rathania, l’opium du commerce 


en 1826, 5 à 6900 Ponces 


476 

Voici maintenant les produits de ces 
diverses ventes ; 
Eaux de Seine et de POurcq vendues aux fontaines; 

marchandes à 9 cent: l'hectol,;oucnviron 6 200f.1 

le poure 450 000 F.: 
Abonnements en eaux de Seine et des 

sources, à S O0U F. le pouce 
Abonnements en eaux de l'Ourcq, à 


4 000 F. 


140,000 


Total du reveñu: 890 000 


On voit qu'eu égard au volume respectif 
des eaux distribuées dans le Paris actuer et 
dans la Rome impériale, la valeur relative 
de l'argent, du: blé ét de la journée de tra- 
vail étant, comme je l'ai prouvé ailleurs, à 
peu près lésmêmessouslesrègnes d'Auguste 
et de Trajan que sous celui de Louis-Phi- 
lippe, mon évaluation du prix dé la vente 
des eaux à Rome est excessivement modé- 
rée. Il devait y avoir des prix différents à 
Rome, comme à Paris, selon la qualité des 
eaux et leur emploi. De même que Peau 
concédée aux fontaines marchandes se vend 
6200 fr. le pouce, les eaux de Seine et des 
sources aux propriétaires, 8080 fr. le pouce; 
et les eaux de l'Ourcq pour irrigations, 
1000 fr. seulement : de même l’eau Marcia, 
reuomméeanciennementetaujourd'hut en- 
core poursa légèreté, sa fraîcheur, sa pureté 
et sa salubrité, était destinée à la boisson des 
riches Romains, et devait se payer bien plus 
cher que l’eau d’Alsium dérivée d’un lac, 
et qui, désagréable à boire, fut employée 
- par Auguste à l'irrigation des jardins et au 
service des naumachies. 

Auguste soumit la construction: des 
aquéducset leur entretien à une adminis- 
tration particulière; le chef avait le titre de 
curator aquartm. en firune magistrature 
honorable, dont le premier titulaire fut le 
célèbre Messala. 

Enfin, pour abréxer et pour éviter les 
rédites, on se convaincra, en lisant le cha- 
pitre des aquéducs dans mon Æconomie 
politique des Romains, que ces grands tra- 
vaux d'utilité publique n’était pas une dé- 
pense improductivé; et que, de mêmeqre 
les eaux de Paüuédié d’Arcueil, du canal 
de l’Ourcq, du puits artésien de Grénélle, 
forment une branche ‘importante du re- 
venu de la viilede Paris, de même à Rome, 
l’eau conduite par les dix acquéducs qui 
l'entourent était, coômure les objets de con- 
sommation, asujettié à un droit fixe, et 
figurait en recetté ‘ét'en dépense dans le 
budget de l’État ‘Durean defaMalle. 


RARE ER 


GÉOGRAPHIE. 
Ruines de Carthage ; par M. Félix Flaché- 
naker. 
(Premier article.) 

Au nord-est de Tunis, et à 3 lieues de 
cette ville , sur une presqu'île formée d’un 
côté par la méditerranée, et de l’autre par 
le lac de Tunis (el Baheïra), c'est-à-dire sur 
un espace de près de 3 lieues, se trouvent 
disséminés les nombreux vestiges de la su- 
perbe Carthage, la première puissance ma- 
ritime-de l’ancien monde , qui vit son port 
rempli de flottes auxquelles elle dut long- 
temps la souveraineté des mers, et dont 
plusieurs expéditions devaient découvrir de 
nouvelles contrées et ouvrir de nouveaux 
débouchés à son commerce. 

La fondation de cette ville semblerait re- 
monter vers l’an 1554 avant J.-C., selon le 
texte samaritain, à l’époque de la conquête 
du pays de Chanaan. Il est plus vraisem- 
blable de croire que Didon arriva en Afri- 
que la septième année du règne de Pygma- 


309 000  : 


477 


lion, 883 ans avant J.-C.; selon Solin ; ou 


: | Van 853, selon‘ le président de Brosses. 


Carthage, selon Strabon et Appien, était 


| située au fond d'aa:golfe, dans une:pres- 


qu'ite qui avait 360 stades de circuit;en- 
viron 48 liéues, dont listhme ou le col était 


-large de 25 stades (une lieue et quart). Be 


-cét isthme, s'avançait vers l'occidentune 
langue de terre large d'un demi-stade::elle 
séparait la mer d’un marais (aujourd’hui 
le lac de la Goulette } et se trouvait fermiée- 
par des rochers ou par une muraille au 
sud, c’est-à-dire‘du côté de la mer. Dans la 
partie du continent, c’est-à-dire où était la 
citadelle Byrsa ; la ville était fortifite par 
une triple‘muraille, haute de :30 coudées 
et flanquée de tours à des: distance épales ; 
on trouve des ruines de ces tours placces 
sur de petites buttes et à environ 190 ou 
200 pas l’une de l'autre. 

Strabon ajoute que les murailles étarent 
construites de manière à laisser assez d’em- 
placement pour contenir 300 éléphants 
ainsi que.les magasins nécessaires à leur 
subsistance , des écuries pour 4,000 che- 
vaux et des greniers à fourrages, en outre 
de quoi loger 26,000 fantassins et 4,000 ca- 
valiers. 

Deux ports, le grand et celui qu'on avait 
creusé, communiquaient entre eux, mais ils 
n'avaient qu'une même entrée large de 
70 pieds et fermée par des chaînes ; le pre- 
micr pôrt élait destiné au commerce. 

Le portintérieur était réservé aux galères: 
au milieu de ce port se trouvait un ilot ap- 
pelé Co‘hon , du phénicien kathuin (con- 
pure), bordé, aussi bien que.le port , de 
grands quais où étaient des logés séparées 
pour mettre à couvert 220 bât ments. 

Les murs de cette ville furent cependant 
relevés, 127 avant J.-C., sous le consulat 
d'Octavius Luscus et de T. Auuius Euscus. 
Appien ,’au contraire, et quelques autres 
historiens , rapportent que ce ne fut que 
30 ans après sa chute, c'est-à-dire 116 ans 
avantJ.-C., que l’un des Gracques, voulant 
flatter le peuple romain, y conduisit une 
colonie. 

Plus tard, Carthage, à la voix puissante 
d’Auguste, paraît sortir de ses ruines. Cette 
Carthage romaine prend un accroissement 
si considérable par la suite qu’elle devient, 
sous les empereurs , la capitale de PAfri- 
que. L'un d'eux, Adrieñ, veut lui donner 
le nom d’Adrianopolis. L’empereur Com- 
mode la fait appeler Æ/exandria Comnro- 
diana togata. Cependant, mal gouvernée 
pendant les troubles de l'empire, cette ville 
ne recouvre une partie de son ancienne 
splendeur que sous le règne des empereurs 
Maximin et Dioclétien, c'est-à-dire de 235 
à 394 de l'ère vulgaire. Plus tard, ses ha- 
bitants ayant embrassé le christianisme, 
lou voit s’ouvrir à Carthage des écoles cé- 
lèbres où fleurissent léloquent Cyprien, 
Arnobe, Lactance le Cicéron chrétien, et 
plus tard saint Augustin que son mérite, 
ses vertus et son repentir appelèrent à l’é- 
piscopat d’Hippone. 

En 530 , nous voyons Gélimer se faire 

couronner à Carthage, et, trois ans après, 
il est obligé de fuir précipitamment, après 
avoir été vaincu dans une sanglante ba- 
taille. Le lendemain, Bélisaire entre tran- 
quillement dans la ville dont les habitants 
lui ouvrent les portes, et où il sait faire res- 
pecter les propriétés et la vie de ses enne- 
mis. Ce même Gélimer, persistant dans ses 
projets, revient en 534, à la tête d’une forte 
armée , assiéger dans Carthage le général 
romain , qui, sans s'inquiéter des mouve- 


#78 


ments de son ennemi, continue à réparer 
les murs de la ville et marche ensuite sur 
Gélimer qu'il met en déroute complète, 
détruisaut ainsi l'empire des Vandales qui 
avait dure 95 ans. 

Carthage , qui était sortie de ses ruines 
300 années auparavant , comme par en- 
chantement, grâces à sa merveilleuse posi- 
tion, et qui était redevenue une des villes 
les plus florissantes de l'Afrique romaine; 
Carthage, ruinée par les Vandales, achève 
de tomber sous les coups de l'invasion des 
Arabes, qui font leur première expédition 
en Afrique. l'an 647,.et; qui; après.s'être 
emparés de la ville en 696:, la rasent jus- 
qu'aux fondements. Un an après, Carthage 
est reprise par le patrice Jean , général de 
l'empereur Léonce; enfiu, en 695, elle est 
prise de nouveau par les Arabes commau- 
dés par Hassan, général du calife Abd-el- 
Melek-Ben-Merwan, et elle est ruinée de 
fond en comble. En 1270, un princemaure 
avait entrepris de relever lesimuxs de Car- 
thage; un grand nombre de imaisons s’éle- 
vait déjà parmi les ruines de l’ancienne 
ville, et un fort avait été construitsur l’an- 
tique colline de Byrsa. À peine débarqué 
eu Afrique, saint Louis forme le projet de 
s'emparer de Carthage avant d’assiéger Tu- 
nis, qui était déjà à cette époque une cité 
riche, commercaute et fortifiée. 

Le roi chrétien chasse les Maures d’une 
tour qui défendait les citernes, et prend 
d’assaut le fort dont la nouvelle ville suivit 
la destinée. 

Couverte de socles , de chapitaux, de 
fragments de bas relifs, ide débris de co- 
lonnes de marbre et deporphy re, de vastes 
et nombreuses citernes encore presque in- 
tactes , cette immense-solitude qui s’ap- 
pelait autrefois Carthage , et sur laquelle 
semble errer maintenant le génie des rui- 
nes, n'est plus troublée aujourd'hui que par 
le chant monotone de l'Arabe demi-nu, 
qui conduit paître son troupeau parmi les 
décombhres des temples et des palais, aussi 
ignorant d’Annibal que de sait Louis. 

Plusieurs voyageurs célèbres ont visité 
les ruines de Carthage, entre autres, Schaw, 
en 1727; 80 aus plus tard, M. de Château 
briand , et enfin tout récemment , le capi- 
taine Falbe.'Lous ont cherché à éclaircir 
les doutes quise sontélevés sur la situation 
des principaux quartiers et des édifices les 
plus remarquables de cette ville ; mais ou- 
tre la stérilité des documents que nous ont 
transmis les auteurs anciens à cet égard, 
outre la difficuité de constater les construc- 
tions diverses dans un pays où la manière 
de bâtir est restée la même depuis des sie- 
cles, il est à remarquer que, détruite et re- 
construite plusieurs fois, il n’est pas éton- 
nant que les savantes recherches faites jus- 
qu'à ces jours n'aient jeté que fort peu de 
lumières sur ces matières. Toujours paraît- 
il certain , d’après les faibles indices qu'on 
a pu recueillir, et d’après le témoignage 
des anciens (Appien, Strabon, Polybe), que 
la Carthage phénicienne était élevée sur 
une presqu'ile de forme irrégulière, bornée 
au nord par le cap Gamarth (auj. Jbell 


Kawi), à l’est par le golfe, au sud et à- 


l’ouest par un lac, à partir duquel doivent 
se compter les 25 stades de largeur qu a- 
vait l’isthme qui réunissait la presqu ile à 
la terre ferme , jusqu'au point appelé au- 
jourd'hui lagune de Soukara,' laquelle, se- 
lon les apparences, formait le fond du golle 
d'Utique. 1 

Il est Lien positif, du reste, que ce nest 
que dans le vaste espace circonscrit entre 


479 


ces différents points, que se rencontre des 
vestiges plus ou moins importants de cette 
fière cité qui tint si longtemps le sceptre 
des mers, et que c’est là et non ailleurs 
qu'il faut chercher la Carthage phéni- 
cienne. 

En eôtoyant le rivage et après ayoir tra- 
versé, non sans quelque fatigue, cette mer 
de sable, on arrive à la partie du rivage 
qui décrit une courbe : c’est là qu'on trouve 
après une demi-heure de marche les pre- 
mières ruines qui consistent en murs d’une 
chambre voisine de la mer, qui à 5,2 de 
longueur sur 3m,41 de largeur; les murs 
ont encore 0,65 de hauteur en quelques 
endroits. De nombreux. blocs de pierres 
noircis par les flots s'étendent dans l’eau à 
une portée de fusil , battus par les vagues 
qui viennent se briser sur eux en les cou- 
vrant d’une blanche écume. 

On trouve ensuite plusieurs chambres 
de 2m,60 de largeur et dont les murs de 
séparation ont de Om.81 à Oin,975 d'épais- 
seur : ces chambres , dont les débris prou- 
ventqu'elles étaient veütées, sont éloignées 
de 29n,235 de l'endroit du rivage où la 
mer vient mourir; l'épaisseur des voûtes 
subsistantes est 0,325, dont il faut déduire 
Om,027 d'épaisseur pour l’enduit ou mastic 
dont les parois intérieures sont revêtues. 

Viennent ensuite une foule de petites 
chambres carrées; 600 pas environ plus 
loin, après avoir côtoyé le rivage qui dé- 
crit une courbe très prononcée, à l’extré- 
mité de laquelle on trouve un marabout 


‘qui, je crois, sert aussi de corps de garde, 


on apercoit quatre pièces de fonte, dont 
lune a son orifice obstrué par un boulet, 
gisant à terre près d’un fût de co'onne de 
marbre rouge de 0m,650 dehauteur, ados- 
sé à de faibles vestiges de construction, En 
avant de ces ruines mformes, s’avance dans 
ja mer, en ligne droite et perpendiculaire- 
ment au rivage, une masse de pierres qui 
a dû former une jetée ou plutôt la partie 
droite d’un môle, dont on retrouve, 300 pas 
plus. loin, la partie gauche, présentant la 
wuême forme et s'étendant à.égale distance 
dans.lamer ; ces deux bras, qui se trou- 
vént.en grande partie-hors. de l’eau, sont 
composés d'énormes. pierres.ou plutôt de 
masses de roches, :ainsi.que le mole lui- 
même dont les débrisis’aperçoivent à 112,95 


ou 2,6 sous l’eau ; on.distingue très bien: 


la ligne qui réunissait ces deux bras à leur 


extrémité dans. la mer, au. niveau de la: : 


quelle cette. immense. tête de môle s'élève 
encore. 

En arrière du môle, et non loin du ma- 
rabout, on arrive par un‘terrain formant 
un talus de 4m,87 à 6m,497, à un bassin 
oblong , ayant peu d'eau et sur les bords 
duquel gisent deux colonnes de marbre 
blanc, rayées de noir dans leur longueur ; 
l’une ayant 4,5 de longueur sur Om,55 
de diamètre, et l’autre 52,93 sur0m,812; à 
quelques pas de là, se trouve une troisième 
colonne de granit gris, de 4m,76 de lon- 
gueur sur 0m, 49 de diamètre. 

Au delà de cette espèce d’embarcadère, 
on trouve les ruines de deux chambres, 
l'une à côté de l’autre, ayant chacune 
11m,69 de long sur 3m,57 de large; le mur 
qui les sépare , et dont on voit encore une 
partie de 3m,90 de longueur, a 0m,65 d'é- 
paisseur à sa base et forme voûte sous ces 
chambres à droite et à gauche : la longueur 
de ces chambres est parallèle au rivage, 
qui en cet endroit forme une petite anse, 
au fond de laquelle et à environ 200 pas de 
l'échaffaudage élevé par les Maures, on 


rencontre des caves voûtées, 
Om,75 sur 4m,95. 

En quittant la dernière saline, ou plutôt. 
l’ancien port de Cothon , et redescendan 
vers la mer, on compte neuf cellules, pui 
90 pas plus loin cinquante-deux autres cel: 
lules rangées parallèlement sur le rivage, 
dont elles ne sont éloignées que de 12mèêt,; 
elles sont adossées au talus; on en compte 
encore neuf ou dix autres dont les murs de 
séparatiou sont restés debout et ont de 
0m,325 à Om,650 d’élévation; elles sont 
toutes voûtées et séparées l'une de l’autre 
par .un mur dont les vestiges s'élèvent en- 
core à quelques centimètres au dessus du 
sol. Chacune de ces cellules à 5m,847 de 
long sur 4,548 de large ; les murs de re: 
fend sont en pierres meulièreset ont0m,81% 
d'épaisseur. Devant chaque cellule, et 34 
égale distance, se trouve un amas de pierres} 
de forme ronde, de 12,3 de diamètre, base} 
qui semblerait indiquer la place d’une co 
lonne. Rien n’empêcherait de croire quey| 
ces cellules étaient occupées par les mars 
chands du port, et en tout cas, cette hÿpo- 
thèse serait toujours plus admissible que 
celle de certain voyageur qui voit dans ces 
chambres des espèces de cales couvertes où 
les Carthaginois retiraient à sec leurs ga= 
lères. 

Eu arrière de la vingt-quatrième cellule, 
on trouve les ruines d'un vaste édifice qui 
a dû être un temple; les murs ont 2m,92344 
d'épaisseur et sont composés de pierres ins 
formes, liées entre elles par un ciment gris 
très dur et dont j'ai conservé plusieurs fragr M 
ments. On distingue dans ces murs desres-s 
tes nombreux de tuyaux deconduite en po-#M 
terie rouge d’un grain extrêmement fin. 

(997 JISTFATS RES 


[EE 


Le Rédacteur-Gérant : 20300 
C.-B. FRAYSSE 


BIBLIOGRAPHIE, 


ARCHIVES historiques et ecclésiastiques de la Pi 
cardie et de l’Artois, publiées par P. Roger. — 
Amiens, chez Duval. 

DE LA/CONQUÈTE DE CLOVIS, par Aug. Nou- 
garède de Fayet.— A Paris, chez Ch. Gusselin, rue 
Jacob, 30. 

DE LA PUISSANCE AMERICAINE. Origine, ann (b 
stitution , esprit. politique, ressources militaires$}) 
agricoles , commerciales et industrielles des Etal“ 
Unis; par Guillaume Tell Poussin, — A Paris, chez | 
Goquebert, rue Jacob, 48. ‘ x 


|DIPTÈRES exotiques nouveaux ou Peu CONNUSEN M, 


par 3. Macquart. — A Paris, chez Roret. 


ESSAIS historiques sur la ville d’ Amboise et sol 
château; par M. Et. Cartier. — A Poitiers, chez 
Sauria. | 

ETUDES chimiques, physiologiques et médicales 
faites de 1835 à 1840, sur les matières albumis 
neuses , etc. ; par P. S. Denis ( de Commerty). M 
Chez Denis, imprimeur, à Commercy. 

HISTOIRE du Moyeu-Age ; par E. Lefranc. —"#,. 
À Lyon et à Paris , chez Périsse. LA 

MÉMORIAL de l'Artillerie, ou Recueil de me, 
moires, expériences, observations et procèdés relas 
tifs aû service de l'artillerie; rédigé par les Soins, 
du comité, avec l'approbation du minisht°de ‘HN 
guerre.—A Paris, chez Bachelier. AIS 

TOILES PEINTES et tapisieries de la ville 
Reims, ou la Mise en scène du théâtre des confrère 
de la Passion. Planches dessinées et graxées pariGn 
Lebertais. Etudes des mystères et FRERE hista 
riques, par Louis Paris. — A Paris, chez Le vicomt | 


Hyp. de Bruslart, employé au minis dès traraux tr 


publics, rue du Four St-Germain, 48.00 © “l' 
4 HSE — “Ur 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE El, | 
truc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 5h 1 


10° année. 


L'ECH( 


“fr. 50. AlÉTRANGERS5 fr. en suspour: 
RRATURE ET DES BEAUX-ARTS EL des 


)JMMAIRE: 5: SCIENCES PIIYSIQUES. 
“ Recherches sur formation des images dé Mo- 
. ser; Fizeau:.— PHYSIQUE APPLIQUÉE. Ther- 
|: mo-manomèlre pOur les locomotives. — CHIMIE 
'ORGANIQUE. Existence du souffre dans les plan 
Gé Poiteau. — SCIENCES NATURELLES 
COLOGIE. Cours de M: Orfila. — ve 
MAOLOGTE. Récherches expérimentales Sur la 
formation des cicatrices artériclles et veineuses; 
Amussat.— THERAPEUÎQUE. Méthode hé- 
limospatique du doctenir Junod, — BOTANIQUE: 
Sur le silphion des Grecs, le sylphium ou: le la- 
serpilium des latins ; Guyon. — SCILNGES AP- 
IPLIQUÉES. ARTS, MÉCANIQUES. - Nouvelle 
ocomotive de M. Sthephanen. — ECONOMIE 
DOMESTIQUE. Conseriation des substances. ali- 
mentäires; J. Garnier. — HORTICULTURE. 
Gonsitlérations sur les pivoines en arbré’; HIE 
IBLAGNANERIE.— SCIENCES HISTORIQUES: 
| rACADEMIE DES SCIERCES HIORALES ET PO- 
LLTIQUES. Séance du 11 mars. — GÉOGRA- 
:PHIE. Sur le Yucathan, — FAITS DIVERS. — 
| || BIBLIOGRAPHIE. 


pre Ge 
> SCIENCES PHYSIQUES. 


l- 
L 
| 
| 
| 
| 
| 


APAIE 
PAT sur la formation des images de 
| Moser. (Ext. d’une lettre de M.H,Fizrau 
à M. Arago.) 


nero, 


« Dans une lettre que j'ai eu l’honneur 
le ous adresser et que vous avez bien voulu 
:ommuniquer à l’Académie des Sciences 
L'ians sa s'ance du 7 novembre ;j Je Vous, [ai 


barlé d'expériences rlatives, aux: ,Phén )=: 


“ nènes observés par M. Moser, c’est-à-dire 
“1 la formation des images qui se montrent 
ur une surface polie, lorsque des COrps 


es 


| es faits HOUVEAUX, contrairement à l Opiyon 
“le M. Moser, comme étrangers à toute,es 
|2spèce de radiations, et à 1e rattacher. à 


“es et volaliles qui souillent la plupart des 
Lane: à leur surface. 

»aNayant pas achevé le travail que j'au- 
\rai shpnneur 6 de présenter à j Académie sur 
ce SiftsJe., vais chercher à yous énoncer 
les ppingipaux faits sur les ucls appuie 
explication que je propose. 7 à 
| » 1, La propriété de Porner des.images 
| jour uxe surface polie n’est pas ptrn anente 
dans les corps; mais si avec un même corps 
| | on. cher erche à obtenir successivement un 
grand nombre d'images, on voit que son 
pouxoir,saffaiblit peu à peu, et devient 
presque nul après un certain nombre d’é- 
preues, nombre variable avec la pature, 
mais surtout avec la texture des ue les 
corps compactes comme ies métaux perdant 
rapidement cette propritté, les corps po- 
reux la conservant, au contraire, d'une 
manière remarquable. 

» o- Lorsque la propriété de produire des 
images s'est perdue ou affaiklie dans un 


ont placés très près de cette surface. Ces: 
xpériences m’avaient conduit à considérer, . 


l'existence bien constatée de matières gras; 


DU M0 


= TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS PANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Dimanche, 19 Mars 1843. 


ONDE 


ECHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUBDI etle DEMANCEAHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de i 
e M. le vicomte A pe LAYALETEE, rédacteur, en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 
‘raires, et dans les bureaux de la Poste etes Méssaägeries. Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,16fr., 
les p&G payant port double. = Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr,, paranet par rectiu l'ÉGHO DELA LITTÉ- 
IORCGEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment av ec JEcho. du monde savant la revue 
L'incyclopédique la plus SOnDIÈiE des Deux Monüles, — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. €.-8. FRAVYSSE, gérant-admninistrateur, 


corps, on fa lui rend instantanément en 
promenant les doigts à sa surface, où en 
frottant cétié Hiéhie sukface avec les poils 
d’un animal vivant qui, contme on le sait, 
sont toujours imprégués de matières orga- 
niques connües sous le nom de suint. 

» 3° Lorsqu'on élève la température du 
corps formant image, celle de la surface 
polie restant la même, l'image se forme 
dans un temps très court. 

» 4° Lorsqu’ une surface polie a recu 
Pimage d'un corps, cette même surface, 


| placée très près d'une seconde surface polie, 


| ést susceptible de former, à son tour, une 


image que l’on peut appeler secondaire, et 

qui elle-même pourrait former des images 

tertiaires, si-la uetteté de l'impression ne 
2 

diminuait pas très rapidement par ces 


: transports successifs. 


» 90 En interposant une lame très mince 
de mica entre le corps formant image et la 
surface polie, j'ai constamment trouvé que 
l’action était nulle. Cependant, dans cer- 
taines circonstances, on obtient ainsi des 
images qu'il est important de ne pas con- 


D ———— 
PHYSIQUE APPLIQUÉE. 
THERMO-MANOMÈTRE POUR LES LOCOMOTIVES. 


(PDeuxiè ne 
Table des présions en, sus de l'atmosphère ambiante, relative à la température centigrade de 
Lequ. dans 163 chaudières (. 


021. 


SAVAN 


,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
21, et dans les départements chez les principaux li- 


fondre avec celles qu'aurait produites le 
corps lui-même; c’est le cas dans lequel 
une même lame de mica, servant à deux 
expériences consécutives, sera placée, dans 
la seconde expérience, dans une position 
inverse de, celle qu’elle aura occupée dans 
la premiere ;‘alors la surface de mica, qui 
pendant la première expérience aura été en 
con'act avecléitor ps formanti image etaura 
ainsi été impressionnée, se trouvera en 
contact avec la! surface polie pendant la 
seconde, et devra dès iors donner lieu à une 
image secondaire. Celte image pourra tou- 
jours être distinguée de l'image directe, en 
ce que celle-ci est évidemment une repré- 
sentation symétrique de la surface du 
corps, tandis que l’image secondaire, étant 
symétrique par rapport à la précédente, se 
trouve être;:une représentation identique 
du corps... 

» 6° Enfini les diverses expériencés rela- 
tives à ces imagesontabsolumentles mêmes 
résultats, soit que lonopère sous l'influence 
dela lumière, soitque{’on opère dans une 
obscurité complète. » 


article.) 


RARE Me PRESSION EN SUS DE L ATHOSPHÈRE. HAUTEUR 
OR ne mr er cet H de Ja 
en A) EXPRIMÉE EN K:EOG. EN LIVRES À ee 
pEcrés cEnrrén 0 (n. Dé cie À AO ATNR 
É > |ATNQSPHERES. CENT. CARRÉ. AU POUCE. à l'air libre 
| Frog À AR AS A CCR à 0 lis. à Om 
-poA2r0 SADILOG ER RE 0 516 7 172 é 0,38 
! 124,55 HO -JOI98 LHBD 1 033 45 ; 0,76 
128,85 à: 0b.2 gai 1,549 92 472 h 1,14 
135 » E 2) 2,065 3 À 1,52 
140,35 2 172 2,585 37 192 F 1,90 
144,95 É 3 5,098 45. ë 2,28 
149,15 3 472 3,614 52 142 s 2,66 
153,30 4 4,130 60 k 3,04 
156,70 4 172 4,646 67 172 A 3,42 
160 » 5 5.162 75 f 3,80 
63,25 É 5 472 5,679 82 172 4,18 
166,42 6 ! 6,195 90 A 4,56 
472,13 7h 7,228 105 A 5,32 
ATT,40 0 À S EM S,260 | 120 ; 6,08 
182 » 9 | 9,293 1145 è 6,54 
se a = LE _ 


Si doncon plonge la boule d’un thermo- 
mètre dans la vapeur d’une chaudière , de 
façon à ce que la tige soiten dehors, on 
pourra y lire la température de la vapeur 
et en conclure, au moyen de la table pré- 
cédente, la pression qui y répond. 

Si l on fait maintenant attention que ce 

{1) Les pressions sont celles en sus de l’atmos- 
phere ambiante, c’est-à-dire que ie O est marqué 
à l'eau bouillante. 


n'est point Ja température que l'on a be- 
soin de connaître, mais Lien la pression, on 
concevra que l’on peut se dispenser de 
marquer les degrés de chaleur sur l'échelle 
et les remplacer par les pressions cories- 
oundantes. 

Telle est la théorie extrêment simple sur 
laquelle cet instrument est basé. 

Celui que nous décrivons ayant été 
fabriqué en Angleterre, on ÿ_a adapté Pé- 


AS 

chelle pour la pression en livres anglaises 
par pouce carré indiquée dans la qna- 
trième colonne. 

Rien ne serait plus aisé que de rempla- 
cer cette échelle par une autre divisée en 
atmosphère ou en kilogrammes at centi- 
mètre carré. Pour cela on ferait usage du 
tableau précédent. 

Passons à la construction de l'instru- 
ment : La partie principale est comme 
nous lavons dit, un thermomètre que 
l'on voit en AB, la fig 3 et 4, pl. 13. 

La tige de ce Lhermomètre passe dans 
un tuyau un peu conique en cuivre, mar- 
qué €, et le vide entre ce tuyau et le ther- 
momètre est rempli d'un bonrrage d'é- 
toupe qui s'oppose au passage de la va- 
peur. 

Læ petit tuyau est soudé dans l'intérieur 
d'une pièce de raccord en cuivre D sur la- 
quelle viennent s’emmancher toutes Îles 
parties de l’appareil. 

Savoir: {. une douilleen cuivre Ese visse 
à la partie inférieure; cette douille enve- 
loppe lattéralement la houlle du thermo- 
mètre et en s’ajustant à la chaudière sert 
à l'y suspendre. 

2. La pièce de raccord porte dans la par- 
tie supérieure deux baguettes en cuivre F, 
que l’on voitreproduite dans la coupe 2.4, 
les baguettes servent à fixer et consolider 
des lames en cuivre G sur lesquelles les 
divis ons de l’échelle sont marquées. : 

Ces lames ont leurs faces divisées tour- 
nées à l'opposé l'une de l’autre, afin qu'on 
puisse apercevoir la division des deux côtés 
cpposés. 

3. Enfin cette pièce de raccord est ta- 
raudée à la partie supérieure pour y visser 
une enveloppe H eu cuivre, destinée à pré- 
server du choc des corps extérieurs, la tige 
du thermo-manomètre et les lames de 
cuivre qui portent les divisions. 

Cette enveloppe est largement échancrée 
des deux côtés opposés afin de laisser aper- 
cevoir les divisions. 

De plus ellé est fixée à la pièce de rac- 
cord par une petite vis dont on aperçoit la 
tète en Ï, et qui a pour bui d'empêcher 
l'enveloppe de se dévisser. 

On voit donc que cette pièce de raccord 
D, tout à la fois, sert de bouchon percé qui 
laisse passer la tige du thermo-manomètre 
et arrête la vapeur, sert en outre dans la 
partie supérieure à porter les échelles et 
l'enveloppe protectrice, eteufin, en se vis- 
saut par le bas à une douille, sert à facili- 
ter l'adaptation de l'instrument aux chau- 
dières. 

L'ensemble de cet appareil est représenté 
COOL 

(Bull. de l'industrie, de M. Jobard.) 


CHIMIE ORGANIQUE. 


.Sur existence du soufre dans les plantes. 
par M. Poiteau. 

On trouve dans le Gardener”s Magazine, 
numéro de novembre 1842, page 571, un 
article de M.Vogzel, qui fait remarquer que 
M. Planche ct d’autres chimistes ont prouvé 
que beaucoup de plantes contiennent du 
soufre. Le Water cress, cresson d'eau, 
Sisyimbrium rasturtium, L., est particu- 
lièrement une de celles qui contiennent 
beaucoup de soufre. 

Comme les sols éloignés des terrains vol- 
caniques ne contiennent pas de traces per- 
ceptibles de soufre, M. Vogei pense qu'il 
n’est pas impossible que les plantes, qui sont 


485 


très disposées à s’assimiler le soufre, aient 
la propriété de le tirer de la décomposition 
de l'acide sulfurique des sulfates. Néan- 
moins ce chimiste a trouvé que des graines, 
semées dans un sol parfaitement exempt de 
soufre et de sulfates, produisaient des plan- 
tes qui contenaient une quantité notable de 
soufre, Le sol factice, employé pour cette 


expérience, consistait en verre blanc gros- 


sièrement réduit en poudres il avait été for- 
tement chauffé, mais non fondu, dans uu 
creuset, ensuite lavé avee de l'eau bouil- 
lante, et on n'y put déconvrir la plus légère 
trace d’aucun suifate. Des graines de cres- 
son, conservées dans un état humide, ont 
été semées dans ce sot; et, quand les plantes 
qai en provinrent eurent plusieurs pouces 
de hauteur, on les enleva avec leurs raci- 
nes. Après qu’elles farent lavées et que 
leurs racines blanches ét fibreuses farent 
coupées, et que celles-ci aussi bien que les 
plantes furent séchées, on les chauff{ dans 
une cornue, et on trouva que les unes et 
les autres rendaient considérablement plus 
de suufre que les graines n’en contenaient. 
Le jus, exprimé de plantes cultivées dans 
du verre en poudre, contenait des sulfates 
solubles. Des graines de cresson, semées 
dans du quartz grossièrement pulvérisé, 
dans du flint-plass et dans une très belle 
silice obtenue de Pacide hydrofluorique si- 
licé, donnerent an semblable résultat qüant 
au soufre et aux suliates, quoique les plan- 
tes n’aient pas anssi bien fleuri dans cette 
dernière substance que dans les deux pre- 
mières. 

M. Vogel a fait encore d'autres expé- 
riences que je ne traduis pas, mais par les- 
quelles il est arrivé à cette conclusion que: 
109 livres de plantes (cresson: sèches, don- 
neraient un cinquiène de soufre, quoique 
venues dans un sol où elles n'auraient pu 
en absorber la moindre parcelle par les 
racines. Quant aux jéunes plantes decresson, 
comme leur croissance a eu lieu dans un 
sol exempt de soufre et de sulfure, dans une 
chambre exempte de vapeurs sulfureuses, 
l’origine du soufre dans ces plantes est une 
énigme pour M. Vogel, et il avouait, le 
18 mars 1842, qu'il était incapable d’en 
donner une explication satisfaisante. 

Observation du traducteur. Le soufre est 
un corps simple, non métallique; il est in- 
soluble dans Peau, mais l’hydrogène le 
dissout et peut l’introduire dans les plautes 
qui sont-apies à le recevoir, comme [le 
cresson, plusieurs autres crucifères, la pa- 
tience, etc. (Annales d’Horticulture.) 


ie 
SCIENCES NATURELLES. 
TOXICOLOGIE. 
Cours &e M. Orfila. 
Messieurs, 


Dans la dernière séance, nous nous som- 
mes occupés des diverses formes que peut 
revêtir l’arsenic et nous avons avons vu 
que sous forme d’anneau ou sous forme de 
taches, c'était toujours la même substance. 
Je me suis demandé si, dans une affaire de 
tuédecine légale, on doitse borner à recueil- 
lir des taches, ou si l’ondoit obtenir la fois 
et des taches et un anneau. Un expert ha- 
bile peut bien, Messieurs, ne recueillir que 
des taches, dont il reconnaitra d’aileurs 
les caractères. Mais, dans la majorité des 
cas, il est utile de recueillir à la fois et un 
anneau ct des taches. Ce conseil, je l'ai 
donné dans mon Mémoire publié en 1839, 


486 


et l'Iustitut a cru nécessaire de le recom-" 
mander de nouvean. 

Après avoir fait celte remarque impor= 
tante, nous allons continuer l'étude des 
fausses taches. Je vous ai déjà signalé les 
taches de crasse, les taches antimoniales ; 
parlons maintenant des taches de zine ct 
des taches de plomb. Les taches de zinc ont 
dans leurs earactères physiques quelque 
analogie avec les taches arsénicales. Mais 
les caractères chimiques ne permettent pas 
qu'on puisse être iaduit en erreur. Quand 
elles sont minces et récentes. elles peuvent, 
il est vrai, se volatilisér par l’action du gaz 
hydrogène, mais si elles sont un peu épais= 
ses, elles 5e disparaissent pas. Lorsqu'elles 
sont minces, élles se détruisent au bout de 
quelque te-ups à Pair libre, et à leur place 
on aperçoit des taches blanches nnique= 
ment formées d'oxyde de zine. L’acide azo- 
tique les dissout très bien; la dissolntiou 
évaporée jusqu'à siccité fournit un résidu 
blanc d’azotate de zinc, mais qui ne donne 
pas par l'acide sulfhydrique et l'azotate d'a: 
gent, les précipfiés jaune ou rouge bri- 
Que qui vous sont déjà connus. Enfin ce 
résidu est et se comporte tout à fait comme. 
un sel de zinc. 

Messieurs, vous nous demanderez peut 
être comment se produisent les taches de 
zinc: Rien de plus facile que de les faire 


naître: Un appareil de Marsh fonctionne- 


t-il trop vite, contient-il trop d'acide sulfa- 
rique, il donne naissance à ces taches, ebil 
est facile de s'expliquer ce résultat. Da sul- 
fate de zinc est entraîné par le gaz qu se 
dégage promptement ; ce sulfate vient se 
déposer sur assiette, il est décompose par 
le gaz hydrogène, et laisse du zinc métafli- 
que sous forme de taches. Pu restencesita- 
ches se produisent bien plus facilement 
quaud on substitue Pacide ehlorbyari ;e à 
l’acide suffurique, et c’est même un des plus 
puissants arguments que j'aurai à faire var 
loir contre le procédé suivi par M. Derer- 
gie. Pour éviter la production de ces taches, 
l'Institut a recommandé de faire passer le 
gaz à travers de l’amiante.. Mais abordons 
une autre espèce de taches, celles qui se 
produisent lorsqu'on emploie des assiettes 
de faïence: Duns le département de l'Avey- 
ron, se jugeait une affaire &’empoisonne- 
ment; des experts inhabiles employèrent 
des assiettes de faïence et ils obtinrent des 
péeudo-taches qu'ils confondirent avec les. 
vaches arsénicales. Heureusement pour la 
vérité, des experts d’un autre ordre parmi 
lesquels se trouvait M. Bérard, de Mont- 
pellier, démontrèrent que ces taches ne- 
taient pas des taches arsénicales ; mais ils 
démontrèrent aussi qu'il y avait eu empoi- 
sonnement. Messieurs, il est facile de s'ex- 
pliquer la production de ces taches. Mous 
savez que le vernis qui recouvre lfaïente 
coutintdestoxydes de plomb:et-d'étain. 
Le gaz hydrogène qui arrive sur ce vernis 
réduit:proniptement ces métaux et forme 
ces taches dont je vous parle maintenant. 
Mais ces taches ne se dissolvent pas dans 
l'acide azotique, et la flamme du gaz hy- 
drogèue ne les volatilise pas. 98p 
Messieurs, voili tout ce quej’avais àvous 
dire sur le traitement par l'eau froides des 
matières contenues dans le tube digestif. 
Maintenant traitons à chaud ces mêmes 
matières qui peuvent ne nous avoir rien 
donné à froil. Nous les ferons bouillir pour 
détacher les parcelles d'acide arsénieux qui 
auraient pu se loger dans certains replis du 
tube digestif et échapper ainsi à l'action 
dissolrante de l'eau froide. Cette dissolution 


7 


ltbnue, nous agirons comme nous avons 
1 sur la dissolution faite à froid. 
Maintenant, Messieurs, deux grandes 
estions s'élèvent, et il est important de 
- résoudre, car ce sont des objections sé- 
‘uses, 
1° Ünindividu estempoisonné par l'acide 
‘sénienx, on lui fait prendre du sesqui- 
l'yde de fer hydraté; ce corps peut-il ap- 
rrter quelque modification dans nos opé - 
tions ? 
2° Un individu estempoisonné par l’acide 
sénieux, il prend de l’émétique; cet-émé- 
jjne modilie-t-il nos opérations ? 
: J'ai démontré que le sesqui oxyde de fer 
lrdraté, débité dans les pharmacies, était 
-aveut arsénical. J'en ai pris neuf échan- 
} ons différents et j'en ai trouvé cinq qui 
ntenaient de l’arsenic. J'ai aussi examiné 
colcothar, et plus souvent encore je 
lai vu. arsénical. Messieurs, .on devait 
abord nous faire cette objection : vous 
onnez à un indivividu du sesqui-oxyde de 
re arsénical ; il meurt; vous trouvez de 
‘arseuic dans son corps; mais cet arsenic 
| ent du sesqui-oxyde de fer. Répondons à 
‘tte grave objection par des expériences 
Psitives. 
\ J'ai pendant cinq heures soumis à l’ébul- 
Ition dans l’eau le plus arsénical.de tous 
:s sesqui-oxydes de fer que j'ai pu trou- 
Ler, et jamais la dissolution ne m’a donné 
‘race d’arsenic, soit par l’acide sulfhydri- 
ue, soit par l’appareil de Marsh. Donc 
eau ne dissout pas la plus petite quantité 
’arséniate de fer, car c’est à l’état d'arsé- 
‘riatc que l’arsenic existe dans le sesqui- 
“xyde. Mais si l'on fait bouillir le sesqui- 
nxyde de fer arsépical avec de l’acide sulfu- 
\ique on de l'acide chlorhydrique étendus 
le leur poids d’eau, on dissout une portion 
\le l’arsenic contenu dans le sesqui oxyde, 
\:omme on peut s’en assurer à l’aide de l’ap- 
areil de Marsh. Ou pourrait objecter que 
e sesqui-oxyde de fer arsénical, qui aurait 
séjourné -pendant un certain temps dans 
’estomac avec les acides que contient ce 
| viscère, aurait pu céder une partie de son 
arsenic à ces acideset qu’alorsle décoctum 
“contiendrait de larsenic, quand même il 
n'y aurait pas eu empoisonnement. A cela 
je réponds que, sans prétendre que cela 
Soit impossible, il est pourtant certain que 
«la quantité d’arsenic dissoute ne pourrait 
être qu'excessivement faible et tout à fait 
« insuffisante pour être décelée par l'acide 
\sulfhydrique, comme je l'ai vu souvent, 
|Gar, en effet, dans le sesqui-oxyde de fer 
arsénical, indépendamment de ce qu’il y a 
… fort peu d’arséniate de fer, celui-ci est très 
difficile à attaquer par les acides étendus, 
-xraison de la grande quantité de base qu'il 
. meuferme. Mais, du reste, Messieurs, il est 
facile: de résoudre maintenant la question, 
Car désormais les pharmaciens ne:vendront 
plus de sesqui-oxyde de fer arsénical. M. Le- 
: Sripp a indiqué un moyen de débarrassser 
- Complètement le sesqui-oxyde de fer de l’ar- 
| Senic qu'il pourrait renfermer. Pour cela, 
| on le fat dissoudre dans l'acide chlorhydri- 
que et l’on fait passer à travers la dissola- 
| tion un courant de gaz hydrogène sulfuré 
‘qui précipite tout l’arsenic, ainsi que je 
men suis assuréen examinant la liqueur 
Sürnageaute. On chauffe ensuite cette li- 
|"queur pour la débarrasser de l’excès d’acide 
û sulfhydrique qu’elle pourrait contenir, et 
Ton prépare le sesqui-oxyde par les moyens 
Ordivaires. 
Maintenant, Messieurs, un problème in- 
verse peut se préseuter, et il offre un im- 


Mets 


488 


mense intérêt, Un individu a été empoi- 
sonné par l'acide arsénieux, il a pris du 
ses qjui-oxyde de fer, et l’on ne trouve pas 
d'arseuic dans les matières soumises à l’ex- 
périence après leur ébullition dans l'eau, 
car l'acide arsénieux s’est combiné à l’oyde 
de fer. Messieurs, il faut vaincre cette diffi- 
culté, et elle est grande, car 15 à 16 gram. 
de sesqui-oxyde de fer peuvent absorber 
99 centig. d acide arsénieux au moins. Je 
prendrai alors les matières de l'estomac et 
je les traiterai à froid par de la potasse caus- 
tique. Il se formera un arsénite de potassé 
soluble, ce qui n’a pas lieu losrque le sesqui- 
oxyde de fer est naturellement arsénical. 
Je filtrerai et je saturerai par un acide l'ex - 
cès de potasse, La liqueur, traitée alors par 
l'acide sulfhydrique me donnera le préci- 
pité jaune caractéristique. 

Maintenant arrivons au second pro- 
blème : Pindividu a pris de l'émétique S'il 
y a encore de l’émétique dans le canal di- 
gestif, cette substance se dissoudra dans 
l’eau comme l'acide arsénieux. Vous trai- 
terez la dissolution par un courant d’acide 
sulfhydrique, et vous formerez ainsi un 
précipité de couleur orangé composé de 
sulfure d'arsenic et de sulfure d’antimoine. 
Ce mélange des deux sulfures sera calciné 
dans un tube de verre avec du carbonate 
de potasse et du charbon. L’arsenic réduit 
se volatilisera et formera cet anneau mé- 
tallique que vous connaissez déjà. Quant à 
l’antimoine, il restera au fond du tube, sur- 
tout à l’état d'oxyde, avec le carbonate de 
potasse et le chabon en excès. Vous pour- 
rez traiter par l’acide chlorhydrique ce ré- 
sidu noirâtre, et vous formerez ainsi du 
chlorure d’antimoine dont vous reconnai- 
trez facilement les caractères, 

Mais on peut traiter d’une autre manière 
le sulfure mixte. On peut le chauffer avec 
de l'acide azotique. et obtenir ainsi 
de Pacide sulfurique, de lacide anti- 
monieux et de l'acide arsénique. On 
placera le tout dans l'appareil de Marsh, et 
l’on aura, soit des taches m'xtes, soit deux 
anneaux. L’anneau arsénical sera condensé 
au delà du point chauffé, tandis que lan- 
neau antimonial se trouvera au centre 
même de la partie chauffée, Non pas que 
je prétende que chacun de ces anneaux soit 
uniquement formé par chacun des métaux 
seulement ; maisil sera aisé de reconnaître, 
par tout ce qui a été dit, s’il existe un peu 
d'antimoine dans l'anneau arsénical, ou 
un peu d'arsenic dans l’annean antimo- 
nial, Quant aux taches, il est à la fois facile 
et curieux de séparer l’arsenic de l’anti- 
moine. Traitez les par l'acide azotique, vous 
formerez de l’acide arsénique et de l'acide 
antimonieux. Mais L’acide antimonieux est 
insoluble dans l’eau, et par cette insolubi- 
lité même, vous le séparerez promptement 
de l'acide arsénieux. 

Actuellement que nous avons indiqué 
les moyens de reconnaître l'arsenic, voyons 
quels sont les appareils les plus propres à 
le recueillir, et commençons par l’histori- 
que de ce sujet. En 1775, Scheele avanca 
que l’hydrogène peut se combiner à l’ar- 
senic, et que le gaz formé par cette combi- 
naison peut laisser déposer l’arsenie qu'il 
renferme. En 1798, Proust dit qu’en trai- 

- tant de l’étain arsénical, il avait obtenu du 
gaz hydrogène arséniqué dont l’arsenic s’é- 
tait déposé. Mais ce fut en 1821 que Sérul- 
las, pharmacien en chef du Val-de-Grâce, 
iudiqua qu’on pouvait appliquer ces con- 
naissances à la toxicologie. Mais cela ne fit 
aucune sensation à l’époque, et Marsh, en 


489 


1836, imagina de faire l’application indi- 
quée par Sérullas. L'appareil inventé par 
Marsh ne ressemble guère, Messieurs, à ce- 
lui qui porte maintenant ce nom. 1] con- 
siste dans un large tube de verre reconrbé 
en U et effilé à l’un de ses bouts. L'on in- 
troduit dans ce tube du zinc, de l’eau, de 
l'acide sulfurique et la matière orgauiqne 
soumise à l'expérience. L'on ferme la partie 
du titre non effilée, et l’on allume le gaz à 
sa sortie par l’autre bout. Disons d'abord 
qu'il est impossible de faire fonctionner cet 
appareil. La mousse qui se produit arrête 
le dégagement du gaz et empêche de con- 
tinuer l'expérience. Marsh , pour obvier à 
ce grave inconvénient, a proposé d'adapter 
un robinet à son appareil ; mais ce robinet 
u’arrète pas la mousse et est tout à fait in- 
utile. Quant à l'huile qu’on a recomman- 
dée, elle empêche, pour quelques instants 
la production de la mousse, mais ses heu- 
reux effets ne sont pas de longue durée, 
quand il s’en forme beaucoup. 

1l faut complétement abandonner cet ap- 
pareil ; son imperfection ne permettra ja- 
mais de le mettre en pratique. Devant une 
ébauche aussi grossière que fallait-il faire, 
Messieurs? Il fallait détruire la matière or- 
ganique. C’est ce que j'ai commencé par 
faire, et je vous indiquerai plus tard les 
moyens que j'ai employts. La matière or- 
ganique détruite, il s'agissait de substituer 
à l'appareil de Marsh un appareil plus fa- 
cile à manier. Or, celui que je propose me 
paraît atteindre ce résultat, puisqu'il con- 
siste en un simple flacon et en un tube re- 
courbé êt effilé à lun de ses bouts. Du 
reste, j'emploie comme Marsh du zinc, de 
l’eau et de l’acile sulfurique. Je ne vous 
recommanderai pas une chose que vous 
savez déjà, c’est d'employer de l’acide sul- 
furique et du zinc très purs. Je vous ferai 
seulement, à l'égard da zinc, une remarque 
importante : il a besoin d’être décapé, car, 
sans cela, le dégagement du gaz s'opérerait 
d’abord avec lenteur, On le décapera avec 
de l’acide sulfurique concentré, mais on 
aura soin de le faire dans un verre à expé- 
rience, et de bien laver ensuite le zinc pour 
éviter ainsi la formation de l’acide sul- 
fureux qui serait très nuisible dans l’opéra- 


| ton, ainsi que je le dirai plus tard. Après 


avoir fait connaître ces premières remar- 
ques, je devrais vous développer celles qui 
ont trait à la marche même de l’opération ; 
mis je n’aborderai que dans la prochaine 
séance ces détails carieux et assez impor- 
tants pour décider souvent du succès de 
l'expérience. E. F. 


PATHOLOGIE, 


Recherches expérimentales sur la formation 
des cicatrices artérielles et veireuses; par 
M. Amussat. 


Dans ce nouveau mémoire qui n’est que 
la continuation de celui que j'ai fait sur 
les tumeurs sanguines consécutives à la 
blessure des vaisseaux, au lieu de me bor- 
ner aux effets des accidents immédiats ou 
primitifs des blessures artérielles et vei- 
neuses , je recherche ce qui arrive après 
un certain temps et je montre que tantôt 
il se montre des cicatrices artérielles et 
tantôt des anévrismes Aujourd'hui je ne 
m'occuperai que des cicatrices artérielles 
et veineuses.. Mes recherches sur ce sujet 
me permettent d'établir les conclusions 
suivantes : 

4. La fréquence des anévrismes après la 


490 


blessure des artères sur l'homme avait fait 
renoncer à l'espoir d'obtenir des cicatrices 
artérielles, et il était passé en principe que 
les plaies des artères ne pouvaient se cica- 
triser solidement. 

2. Mes expériences sur les animaux vi- 
vants, et quelques faits observés sur 
l’homme, prouvent la possibilité d'obtenir 
des cicatrices artérielles durables; elles 
confirment pleinement les idées de J.-L. 
Petit et la théorie qu'il a déduite simple- 
ment de quelques faits observés sur 
l'homme. 

3. Les cicatrices artériclles ne se for- 
ment jamais par la réunion immédiate 
des lèvres de la blessure du vaisseau; c'est 
toujours par l’interposition d’un caillot de 
fibrine qui se soude aux bords de l’ouver- 
ture, se durcit, s'organise ef prend tous 
les caractères des parois de lartère avec 
lesquels il s'identifie. 

4. Les faits de pratique générale, dans 
les cas de blessure desartères sur l’homme, 
prouvent qu'on ne fait pas tout ce quil 
faut pour obteuir des cicatrices artérielles 
solides. 

5. En général, on se presse trop d'opé- 
rer pour obturer le vaisseau blessé, sans 
doute parce qu’on est trop effrayé par les 
blessures artérielles , et dans la prévision 
d’un anévrisme inévitable. 

6. Pour abtenir des cicatrices artérielles 
solides, durables , il faat soutenir conve- 
nablement le caillot, affaiblir l’impulsion 
du cœur ettenir la partie dans l’immo- 
bilité la plus complète, en ‘un mot faire 
comme pour les fractures des 05, c'est-à- 
dire remplir toutes les conditions pour ob- 
tenir une véritable consolidation. 

Relativement aux cicatrices veineuses, je 
puis résumer, dans les propositions sui- 
vantes, les résultats de mes recherches : 

4. Les cicatrices des plaies veineuses se 
font comme celles des artères, c’est-à-dire 
par un caillot de fibrine, qui bouche la 
plaie, et finit par s'organiser et se souder 
au pourtour de la blessuré, pour former 
une pièce en empoule. 

2. L’empoule veineuse qui existe à la 
suite d'une blessnre n’est qu'une soudure 
de cicatrice distendue par la faible impul- 
sion du sang veineux. 

3. Cette ampoule n’est pas une hernie 
de la membrane interne, comme on le 
croit généralement, et comme on serait 
tenté de le croire en observant une veine 
insufflée. 

4. Mes expériences, et quelques faits ob- 
servés sur | homme, prouvent que les ci- 
catrices veincuses se font sur l’homme 
comme sur les animaux. 

5. La seule conséquence pratique à tirer 
de ce fait, c’est la nécessité de bien soute- 
nir la compression, deux ou trois jours et 
plus après la blessure d’une veine. 


Ê 


THERAPEUTIQUE. 
Méthode hémospasique du docteur Junod. 


De tous les organes de l’homme, l'organe 
de la voix est celui qui, dans de nom- 
breases conditions sociales, est soumis aux 

lus continuels efforts, aux plus incessantes 
fatigues. Orateurs politiques ou sacrés, 
avocats, professeurs, chanteurs drama- 
tiques, tous associent ce frêle et précieux 
instrument à leurs rudes travaux et aux 
élans les plus énergiques et les plus pas- 
sionnés de leur âme. Sous tant d'efforts, 
et par l'effet de cette vive ou fréquente 


491 


surexcitation, l'organe de la voix s’affecte 
d’une congestion sanguine, alors se mani- 
feste cette chaleur actrée de la gorge, 
suivie bientôt d’un enrouement funeste, 
qui, sans des soins prévoyants et sans le 
repos de l’organe, divient l'infaillible pré- 
curseur d’altérations profondes. Mais ces 
soins, mais ce repos, trop souvent les exi- 
gences de la vie publique, les devoirs de la 
profession, les désirs d’un publieimpatient, 
ÿ opposent un insurmontable obstacle. Il 
faut parler, il faut déclamer, il faut chan- 
ter avec un organe fatigué et malade, au 
risque de compromettre le succès et l’hon- 
neur présents, au risque surtout de com- 
promettre, par l'aggravation du mal, le 
succès et l’honneur à venir. Que faire ce- 
pendant pour oonjurer ce double danger? 
À quel remède avoir recours? Aux émol- 
lients? Mais leur action est lente et a be- 
soin d’être sontenue du repos... A Fappli- 
cation de sangsues à la gorge ? Mais, outre 
les nombreux désagréments qui en résultent 
et les inconvénients qu'eu redontent les 
femmes, n'est-ce pas courir le risque de 


joindre l’affaiblissement à la fatisue? 


_Nagutre se trouvait dans cette per- 
plexité si fréquente dans la vie des artistes 
une de nos cantatrices les plus distingnées. 
C'était un jour de première représentation. 
Notre jeune artiste avait étudié avec ar- 
deur et amour le rôle confié à son talent; 
le moment de l'épreuve était arrivé, mais, 
hélas! la voix de la jeune première semblait 
vouloir trahir ses efforts. La fatigue avait 
produit un enrouement, léger d’abord, 
mais qui, s’augmentant rapidement, me- 
naÇait de devenir funeste au succès de la 
soirée. Il était cinq heures. déjà le publie 
se pressait aux portes du théâtre; le direc- 
reur averti accourait alarmé : mais que 
faire? le mal était réel et grave. 

Ce jour-là même, le: hasard avait fait 
tomber entre les mains de notre canta- 
trice le Mémoire lu à l’Académie de méde- 
cine par le docteur Junod, sur les effets de 
son appareil hémospasique. Une pensée 
d’espérance vint traverser l'esprit de l’ar- 
tiste. Elle accourt chez le docteur : bientôt 
sous l’action de l’appareil, le sang se dé- 
place et se porte aux extrémités; la cha- 
leur et l’irritation du larynx se dissipent; 
l'artiste prélude, un rayon de joie illumine 
son regard, elle a retrouvé sa voix dans 
toute sa pureté et dans toute sa force. 

Une heure après, madame Rossi Caccia 
(elle a permis de la nommer) soulevait les 
transports du public par des accents qui 
n'avaient jamais eu plus de fraicheur ni 
d'éclat, 

Ce que le hasard a fait pour instruire 
madame Rossi Caccia des heureux résul- 
tats de la méthode hémospasique, pourquoi 
une utile publicité ne le ferait-elle pas pour 
ceux qui se trouvent dans une position 
analogue? Leur faire connaître un moyen 
de guérison rationnel, facile, sans danger 
possible, dont les résultats sont immédiats 
et instantanés, et qui n’occasionne aucun 
des ennuis ni des inconvénients qu’en- 
traîne l’application des sangsues dont il 
faut redouter l'abus, n’est-ce pas à la fois 
servir l’art et bien mériter les artistes? 

Et si nous disons que la méthode hémos- 
pasique a obtenu la haute approbation des 
corps savants, et a valu à son auteur un 
prix Montyon, il ne nous restera qu’à 
ajouter que le docteur Junod pratique son 
art non en spéculateur, mais en médecin 
qui respecte sa profession. 

Nous nous contenterons de citer un fait 


492" 


qui se trouva dans l'intéressant Mémoire 
mentionné plus haut : M. Asnac, artiste 
dramatique, attaché au théâtre du Havre; 
est venu à Paris dans un état de cécité 
complète qui avait résisté à tous les moyens. 
Il n’a dù sa guérison qu'à l'emploi de lan 
méthode hémospasique, due aux recher-« 
ches du docteur Junod, laquelle, sans affai- 

lir les organes, ne fait pas attendre long-\ 
temps ses résultats. 


BOTANIQUE. 


Sur le Silphion des Grecs, le Silphium ow 
le Laserpitium des Latins. 


(Premier article.) 


Les anciens distinguaient plusieurs sortes 
de Silphion, où Silphium : le Silph'um de 
Perse, celui de Médie, celui d Arménie et, 
enfin , celui que produisait la terre de Cy- 
rène ou la Cyrénaïque. Nous ne nous oc- 
cuperons que du dernier , qui était le plus 
célèbre, et auquel se rapporte presque tout 
ce que les anciens nous ont transmis sur le 
Silphium. On sait que tel était le prix qu’on 
y attachait à Rome, qu’on l'y désigaait sous 
le nom de trésor de l'Afrique. 

Selon les auteurs les plus renommés de 
la Grèce, le Silphion ou Silphiurm, aurait 
apparu tout à coup dans la Cyrénaïque, à 
la suite d’une-pluie noire et épaisse comme 
de la poix, tombée, dans ce pays, sept ans 
avant la fondation de Cyrène, qui fut bâtie 
lan 143 de Rome.D'après les mêmes auto- 
rités, rapportées par Pline, la vertu pro- 
ductrice de la pluie nese serait étendue que 
sur un espace de quatre mille stades (1). 
Posidonius, dans Straban. donne pourtant 
une plus grande étendue à la contrée qui 
produisait le S'ilphium : selon lui, sa ion- 
gueur,de l'Est à l’ouest.était de 2.000 stades, 
sur une largeur de 300 et plus. Il ajoute 
qu’il ne parle que’ des contrées connues de 
la Cyrénaïque, et qu'il est à présumer que! 
tout le pays compris sous le même paral- 
lèle, produisait le S'/phium. 11 était devenu 
très rare du temps de Néron, à ce point, 
qu'au rapport de Pline, or lui porta, en 
présent, le seul pied qu’on en découvrit 
sous son règne (2). Son suc se vendait au 
poids de l'argent (Pline). À Rome, on en 
déposait au trésor public , où 1l représen- 
tait une valeur numérique (Pline). Sous le 
consulat de Gaïus Valérius et de Marcus 
Hérennius, on en vendittrente livres qu’on 
venait de recevoir de Cyrène (Pline). Au 
commencement de la guerre civile, César, 
alors dictateur, en relira, du trésor publie, 
cent onze livres qui s'y trouvaient avec 
d'autres valeurs, tant en or qu'en argent 
(Pline). Le cas qu'en faisaient les anciens 
Cyrénéens nous est encore attesté par la re- 
présentation, sur leurs médailles , de la 
plante qui le fournissait. Ces médailles por- W 
tent, sur leur revers, la tête de Jupiter Am- | 
mon, dont l'oracle , comme ou sait, Ctait MW 
voisin de Cyrène. D’autres médailles de Ia W 
Cyrénaïque représentent le palmier (phæ- | 

| 
: 


nix dactylifera ), comme si l’antique popu- 
lation eût voulu transmettre à la postérité 
le souvenir de ce qu’elle possédait de plus 
précieux, à savoir : dans le palmier, comme 
aliment agréable, et dans le Sphium , 


1) De Laserpitis et Lacere. ue à 

(2) Solin assigne deux causes à la disparition du 
Silphium : Les ravages de la guerre faite contre les 
indigènes , et sa destruction par les habitants eux- 
mêmes, à cause de la taxe élevée dont il était impo- 
sé. Ainsi s'exprime Solin : Quæ germina iRitio bar- 
baricæ impressionis vaslalis agrès, posiea ob into - 
lerandam vectigalis nimi etatem, fermé penttus PSE, \ 
acco/æ eruerunt. 


nl 
\ 


pomme médicament. Toutefois, et nous 
evons le faire remarquer, les médailles au 
Vphium sont infiniment plus multipliées 
1e celles au palmier, comme pour expri- 
ner cette pensée, que ce qui rétablit les res- 
wrts dérangés de la vie est plus précieux 
bacore que les choses les plus agréables qui 
“rvent à son alimentation. 

Un de nos anciens consuls à Tripoli, 
| emaire, crut reconnaitre, dans une plante 
25 montagnes de Derne, le Silphium de 
2 l’antique Cyrène; il en parle, en ces 


lirmes, dans la relation d’un voyage qu’il | 


l'isait en 1706 : « Toutes les montagnes 
* de Dérne sont garnies de plantes de Sil- 
| fione ou Serpissionne, que les Arabes ap- 
 pellent aujourd’hui Tvfie ou Zérra. Cette 
plante, qui est marquée au revers des 
médailles dé Jupiter Ammon, se trouve à 
Cyrène èt à Libida, ci-devant le petit 
| Magna (voyage du sieur Paul Lucas, fait 
par ordre duroi,t. 11. p.112. Paris, 1712» 
‘ais, je me hâte d’en faire la remarque, ce 
lué dit Lemaire des carac!ères de la plante 
ibpélée , par les Arabes, Cefie ou Zerra, 
re saurait s'appliquer à celle qui se trouve 
gurée sur le revers des médailles de Ju- 
liter Ammon.. = 
| La représentation de cette plante, sur 
»s médailles de la Cyrénaïque, permet d’ 
connaître une plante de la famille des 
rmbellifères (3). D'un autre côté, M. Vi- 
ani, botaniste italien, a reconnu dans une 
imbellifère des états de Tripoli, dont Ja Cy- 


ractéres signalés , dans le Sï/phium, par 
?s autres anciens. Cette ombellifère lui 
at rapp riée, en 1817, par M. Della Cella, 
[ui vénait de parcourir l’ancienne Cyré- 
laïqüe, comme médecin attaché au service 
es troupes du Bey. C'est un Thapsia, que 
\!. Viviani a spécifié sous le nom TAapsia 
\tiphium, dans sa Floro libyque. Ce Thap-- 
& est done, pour M. Viviani, le Si/phion 
es Grecs, le Silphium ou le Leserprtium 
es Latins. Nous partageons cette opinion, 
|: notre but en revenant sur le même sujet, 
st de la confirmer encore par l'usage que 
ant, d’une plante de leur pays, les habi- 
jants de lAlgérie. Vraisemblablement les 
ripolitains ne laissent pas sans emploi le 
hapsia dont nous devons la connaissance 
M. Della Cella. Aussi est-il à regretter 
u’en le recueillant, le voyageur ne se soit 


lir dans le pays. 
| Pline, parlant du Si/phium , dit : « On 
en mange la tige après la chute des feuil- 
les, mais cuite, bouillie ou rôtie. » 

| Il'existe, en Algérie, une plante dont la 
acine se manve bouillie; on en use sur- 
out en décoction ; peut-être use-t-on aussi 
e sa tige. 

« Pendant les quarante premiers jours, 
it Pline, le Silphium purgeait le corps de 
Jutes ses humeurs vicieuses. » k 

Les indigènes de PAlgétie sont dans l’u- 
age de s’assujétir, pendant leurs maladies, 
Certains régimes, à certaines médica- 
ons, dont la durée est de quarante jours, 
ps de temps auquel se rattachent des idées 
cligieuses. Cette durée de quarante jours 


D D A, 


| 


endant Tequel ils ne mangent qu'après le 
>ucher du Soleil. Lis usent donc de la ra- 
ne dont nous parlons comme de tout au- 
*e remède ou æédication pendant quarante 

(3) Toutes les médailles de la Cyrénaïque que j'ai 
1es dernièrement à la Bibliothèque-Royale , repré- 
tent’ là fleur tout à fait dégagée de son involucre 
sans aucune trace de celle-ci, à 


, 


\én0ïque faisait partie, les principaux ca- 


as entjuis des usages anxquels il peut ser 


st en'effet celle de leur Ramadan, temps. 


49% 


jours. De plus, cette racine, qui est purga- 
tive, passe, parmi les Arabes, pour avoir la 
propriété de nettoyer le corps de toutes ses 
impuretés. 

« Le bétail, dit Pline, aimait fort cette 
plante qui le purgeait d’abord et l’engrais- 
sait ensuite, » 

La racine que nous avons en vue est con- 
nue sous le nom de Bou-néfa; elle passe 
aussi, parmi les Arabes. pour avoir la pro- 
priété de purger d’abord et d'engraisser 
ensuite (4). Au dire des Arabes, elle join 


drait à la propriété d’engraisser celle de 


blanchir la peau en renouvelant l’épider- 
me (5), et c’est à ce titre qu'elle est si re- 
cherchée des Muüsüinianes qui, avant tou- 
tes choses, comme où sait, tiennent à être 
bien grasses et bien blanches. Une autre 
propriété qui ne serait pas moins précieuse, 
est encore attribuée an Bou-neéfa, c’est 
celle de remédier à la stérilité. De là Fem- 
ploi qu’en font beaucoup de Musulmañes 
dans le but d’avoir des enfants. Elles en 
font alors un usage continu, sous forme de 
décoction. Cette décoction, elles ne la boi- 
vent pas, mais elles s’en servent seutewent 
pour faire cuire tous leurs aliments, dont la 
plupart consistent, comme on sait, dans 
desp réparations farineuses. 

Alger, dans ces derniers temps, s’est 
trouvée plusieursfois en disette de Bou-néfa 
à raison des hostilités qui ne permettaient 
pas de l'aller chercher dans les localités où 
on le rencontre. Cette disette était vivement 
sentie par les fernmes, qui ne cessaient de 
faire demander aux marchands ia précieuse 
racine. Les indigènes attachent réellement 
un grand prix au Bou-néfa, etson nom seul 
le témoigne suffisimment. En effet, Bou- 
néfa veut dire père de l’utile , de l'util'té. 
comme qui dirait ce qui est utile pardessus 
tout, l'utilité même. N'est-ce pas exprimer, 
en d’autres termes, la-même pensée que les 
Romains d'autrefois , qui appelaient le La 
ser, ainsi que nous l’avons déjà dit, le té- 
sor de l Afrique? 


J'ajoute sur la racine dont nous parlons, : 


qu’à part sa couleur, qui est brunâtre (6), 
on peut lui appliquer tout ce que dit Pline 
desqualitésphysiques de celles du Silphium. 
Ainsi elle est forte et nombreuse comme 
celle du Siphium ( multa brassaque) ; elle 
peut acquérir, commecelle du Silphium, la 
longueur d'unecoudée {fuisse Majorem cu- 
Ditali); ellerend, par incision, comme celle 


du Silphium, un suc laiteux (inciso profue- 


re, SOlilum succum). Ce suc est une gomme 
résine , qui jaunit à l'air, en s'épaississant. 
Je ne sache pas que les indigènes du nord 
de l'Afrique, du moins ceux de VAlgérie , 
soient dans l'usage d'en faire l'extraction. 


D' Guyon. 


S —J pee — 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉCANIQUES. 
Nouvelle locomotive; par M. Stephenson. 


Les recherches de l’auteur se sont diri- 
gées vers les moyens de diminuer la con- 


(4) Shaw parle en cestermes du Bou-ncfa, qu'il 
écrit Bonéfa : « Les Algériens l'appellent Boréfa , 
» et les femmes ont coutume d'en manger pour aug- 
» menter leur embonpoint.» (T.z1r, p. 121.) 

(>) Le renouvellement de l’épiderme est une con- 
séquence de la dilatation et de l'épanouissement du 
derme, par suite de l'accumulation de la graisse dans 
les cellules du tissu adipeux. 

(6) La racine du Si/phium était noire (Radice cor- 
tex niger), au rapport de Pline, 


495 


sommation du combustible dans les ma- 
chines locomotives, et de simplifier leur 
mécanisme. 

Il atteint le premier but en augmentant 
la surface de chauffe, c’est-à-dire en allon- 
geant les tuyaux conducteurs dela chaleur, 
Sans augmenter la distance entre le train 
de devant et celui de derrière. Dès lors, 
l’espace occupé par la machine est le même 
que dans celles ordinaires, et il n’est besoin 
d'aucune modification dans les plateaux 
tournants, 

M Stephenson a placé les essieux direc- 
tement souslachawditre, celui de l’arrière- 
train, prés: de la partie antérieure de Ja 
boîte à feu. De cette manière, l’une des 
roues motrices se trouve placée au milieu, 
ou à des distauces égales des deux autres 
essieux. 

Les modifications apportées dans la con- 
struction de là chaudière ct des tubes, 
procurent une surface de chauffe de 250 
mètres de longueur, tandis que dans lés 
locomotives ‘ordinaires elle excède rare- 
ment 140 mètres ; &ussi la presque totalité 
de la chaleur est'absorbée au proût de la 
chaudière, d'où résultent une économie 
notable dans la consommation du combu- 
stible, et un tirage moins actif; une très 
petite quantité de cendres rouges est pro- 
jetée par la cheminée. Cet effet est surtout 
remarquable dans les locomotives qui cir- 
culent actuellemeut sur le chemin de fer 
d’York : pendant un trajet de 90 milles 
(30 lieues), aucune parcelle de cendre ne 
fut lancée par la cheminée, et l'accumula- 
tion de la fumée fût peu considérable: La 
vitesse a été de 284 30 milles (9210 lieues) 


à l'heure; avec-ume charge de 8 Wagons ;. 
on a consemmé 9 kilogrammes decharbon. 


par heure. 

M. Siephenson a remplacé les tubes en 
cuivre par des tubes en fer forgé, ce qui 
lui a permis d'en augmeuter le nombre 
sans accroissement de dépense ; il y en a 
150. I à aussi disposé les tiroirs sur les 
côtés du cylindre, au lieu de les placer au- 
dessus, et il a simplifié le mécanisme de la 
pompe alimentaire. 

Le dian:être du cylindre à vapeur est de 


0®,37, la longueur du coup de piston, de . 
0,52. Le dianètre des roues motrices est 


de 1,70, et celui des autres roues de 1 
mètre. Le poids total de la locomotive est 
de 15 tonneaux (15,000 kilog). 
(Civil Engineer's Journal). 

En France, M. Pauwels vient aussi, dans 
les nouvelles locomotives qu'il s’est chargé 
de constuire pour le Souvernement, d’a- 
dopter la disposition des tiroirs de distribu= 
tion placés sur les côtés des cylindres, et 
mus directement par les tringles des ex- 
centriques, ce qui simplifie évidemment le 


mécanisme ; ces tiroirs sont alors verticaux. 


et parallèles, au lien d’être couchés hori- 
zontalement comme précédemment. I} a 
également augmenté la surface de chauffe 
de Ja chaudière, d’une manière notable, 
mais NOUS croyons que pour rendre pro- 
fitable Papplication de Ja détente, telle 
qu’elle est employée aujourd’hui, les dia- 
mètres des cylindres à Vapeur, qui n'ont 
que 33 centimètres, devraient être sensi- 
blement plus grands, et être portés à 37 ou 
38 centimètres, comme on l'a fait dans plu- 
sieurs locomotives du chemin de fer de 
Versailles (rive droite), 
ARMENGAUD AINE. 


ge | 


496 
ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 
Conservation des substances alimenteures, 
(Deuxième article.) 


En préservant les matières organiques 
du contact de l'air, on les conserve parfai- 
tement. Il ya plusieurs manières d’atiein- 
dre ce but : l'une consiste à placer les ma- 
tières dans un milieu dépourvu d’oxigère, 
dans un gaz, par exemple , tel que l'azote, 
l'hydrogène, etc.; mais on conçoit que ce 
moyen ne peut recevoir d'application en 
grand. Un autre procédé éousiste à sou- 
meltre les substances à l’action du bain- 
marie, en vase clos ; c'est le procédé d'Ap- 
pert. ë 

L'essentiel, pour la réussite de ce proce- 
dé, est de boucher hermétiquement les 


bouteilles on les vases dans lesquels on ren-, 


ferme les objets à conserver. Si ce sont des 
liquides, on se sert de bouteilles ordinaires ; 
mais si ce sont des légumes 6u des fruits , 
on emploie des bouteilles 4 Färge ouverture. 
En tout cas, on remplit éès bouteilles des 
matières alimentaires, on'les ferme exacte- 
ment avec des bouchons de liége fin, on les 
entoure d’un cordon de foin, puis on les 
met dans une bassine à fona plat, sur le- 
quel on place un peu de paille; on y verse 
de l'eau de manière à ce que les bouteilles 
y soient enfoncées jusqu’à la bague, et on 
porte à l'ébullition pendant plus ou moins 
de temps, suivant la nature des substances, 
mais rarement au-delà d'une demi-heure. 
On laisse ensuite refroidir, on retire les 
bouteilles et on les goudronne. 

Ainsi traitées, és matières organiques 
-se conservent intaëtes pendant un temps 
dont on peu fixer la durée, pourvu que les 
bouchons ferment parfaitemert; car si l'air 
pénètre dans les bouteilles et s’y renouvelle, 
la putréfaction se détermine bientôt. 

Ce procédé, dansles mains d'Appert, son 
inventeurest devenu la sourcedenombreuses 
applicitions pour l’économie domestique. 
Les ménagères l’ontadojté pour laconserva- 


tion des légumes frais, tels que petits-pois , | 


fèves de marais, haricots verts,itomates etc.; 
pour celle des fruits, abricots, pêches, pru- 
pes, fraises, groseilles, etc. Pour l’usage de 
la marine, on prépare très en grand , sur- 
tout à Nantes, à Marscilles , au Maus et à 
Bordeaux, des conserves végétales et ani- 
males, en remplaçant les bouteil'es par des 
caisses en fer blanc. Les confseurs ct les 
pharmaciens gardent aus-i, par ce moyen, 


les sucs végétaux de coings, de groseilles , : 


de framboises, etc, 

Les Anglais font un usage immense des 
‘conserves d’Appert ; ils en approvisionnent 
leurs escadres et jusqu’à leurs hôpitaux du 
Bengale. MM. Freyciuet et Kotzebue qui, 
dans leurs voyages autour êu monde, firent 
un usage continuel des conserves d'Appert, 
ont accordé un juste tribut d’éloges à leur 
inventeur. Fa 

Le soufrage ou mutisme est une opéra- 


tion qui se pratique très en grand pour la 


conservation des liquides sucrés ou vieux, 
tels que le vin, le moût de raisin , les sucs 
de pommes, de poires, de coings. Elle a 
pour but, tout en désoxygénant la matière 
fermentescible de ces liquides, de les priver 
du contact de l'air qui oxygènerait la partie 
du ferment qui ne peut agir qu'en passant 
à l'état de ferment oxygéné. 

On mûte snit en agitant le suc dans des 
boutcilles ou tonneaux où l’on a brülé au- 
paravant des mèches soufrées, soit en y 
versant du sulfite de chaux, 8 décigram- 


497 


mes envicon par litre de liquide, — Dans 
quelques lieux , on fait dissoudre de l'acide 
sulfureux dans une certaine quantité de 
vin, et cette liqueur, appelée muet, est mise 
en réserve pour muter les autres vins. Cette 


: méthode est la plus efficace. 


MT. Braconnuot a constalé récemment 
qu'en exposant au contact du gaz acide 
sulfureux les légumes susceptibles de cuire 
promptemeit, tels que l’oscille, la laitue, 
les asperges, etc., on peut les conserver 
pendant tout l'hiver dans-un parfait état de 
fraicheur, Quand on veut s'en serviril ne 
s’agit que de les laisser treniper dans l’eau 
pendant quelques heures. Ce procédé très 
simple , puisqu'il suffit: de brûler une ou 
deux mèches sonfrées dans le tonneau où 
l’on a placé les légumes, permet de conser- 
ver des masses considérables de produits 
alhuentaires pour les besoins des hôpitaux, 
de la marine et autres grands établisse- 
ments. 


La soustraction du contact de l'air peut 


encore avoir lieu si l’on entoure les sub- 
stances de matières solides ou liquides qui 
empêchent l'accès de ce fluide. C'est ce 
qu'on pratique presque généralement dans 
plusieurs départements de louest et du 
midi de la France, en placant certaines 
viandes dans des vases remplis d'huile, de 
graisse, de beurre ou de suif. Les habitants 
du Périgord , du Poitou, de la Saintonge, 
conservent ainsi, pendant très longtemps, 
des cuisses et des ailes de diverses volailles 
au milieu de la graisse de ces mêmes ani- 
maux. Les pharmaciens garantissent les 
sucs végétaux de toute altération en les re- 
couvrant d’une légère couche d’huile frai- 
che et peu susceptible de rancidité. En 
1826, les fouilles faites à Pompéia firent 
découvrir quelques bouteilles pleines d’o- 
lives qui avaient été mises dans de huile, et 
quiétaienten Lrès bon état, quoique l'huile 


devenue rance se lrouvätconverlicenacide : 


gras. 

Les œufs ne peuvent être gardés long- 
temps au contact de l'air sans se dessécher, 
se vider en partie et:sé putréfier. Soustraits 
à l'influence de l'air, on peut au contraire 
les conserver très longtemps frais. Dans les 
campagnes, on les enterre dans des cendres, 
du sable fin où du charbon pulvérisé , en 
ayant soin qu’ils ne se touchent pas. 

Cadet de Vaux à proposé de les plonger 
pendant 20 secondes dans l’eau bouillante, 


afin d'y former-une: pellicule d'albumine 
concrète, qui s'oppose à l'introduction de ! 
l'air, puis de dés essuyer et de les placer : 


dans un vase qu'on remplit de cendres ta- 
wmisées. Ce procédé, suivi dans les monta- 
gnes d'Écosse, commence à être employé 


en grand pour l'approvisionnement de ! 


Paris. 

Mais le meilleur moyen , toutefois, est 
celui qui consiste à les tenir plongés dans 
de l’eau où l’on a délayé 1710 de chaux 


éteinte. On a soin que les œufs soient re- ! 


couverts d’une couche de ce liquide. 

M. Chevet, célèbre marchand de comes- 
tibles, À Paris, conserve des raisins, des pa- 
tates, des noix , des amandes , des chatai- 
gnes, ete, pendant fort longtemps dans un 
état satisfaisant de fraicheur, en les ran - 
geant par lits entre lesquels il sème un lit 
de chaux éteinte et pulvérisée, d'une épais- 
seur plus où moins grande, selon l'espèce 
de végétal, Le vase non bouché dans lequel 
on à disposé ainsi les produits est renversé 
sur un lit de chaux, de 3 à 6 centim. d’é- 
paisseur, dans lequel son orifice se trouve 
enterré. 


Dans beaucoup de pays on conserve lef. 
racines de toute espèce , et notamment les 
pommes de terre, les carottes, les betteras 
ves, dans des fosses profondes ; crenséek 
dans un sol sec et abrité de tous côtés. Les 
racines y cout déposées aussi sèches qué 
possible, et placées en lignes qu’on séparé 
les unes des autres par un peu de paille. DM} 
cette manière elles échappent à l’action dé 
l'air et de l'humidité, et restent parfaite 
ment saines jusqu'à l’êté suivant. | 

C'est également dans des fosses que IesM|l 
anciens conservaient les graines céréales 
«Nousiconsacrerons un article spécial- à la 
conservation des grains.) L 

L’alcoo! garantit parfaitement les mas 
tières organiques de toute altération. Il agit 
comme uue substance tres avide d’eau, én 
s’emparant de celle qui est propre à l'objet 
qu'on y tient plongé. Il agit aussi en coa* 
gulant les principes les plus altérables ; ét" 
les mettant ainsi dans l’impossibilité-de se 
décomposer. >3 518 

Un grand nombre de substances vésiétales 
sont conservées par ce moyeu, tels sont 
entre autres les fruits à l'eau de vie, qu'on 
sert sur nos tables. 

Le sucre est, comme l'alcool , un agent 
précieux de conservation, surtout lorsqu'il 
est employé en assez grande quantité; ile 
agit par son'aflinité pour l’eau. 

Le iniel peut remplacer le sucre. Chez 
les Romains , le poisson des contrées loin- 
taines était apporté dans des vases pleins 
de miel. Les Dadas, habitants de Cevlang 
coupent la viande crue par morceaux; la 
couvent de miel, la placent dans le troù 
d’uu gros arbre, à quelque distance du sol, 
et bouchent le trou avec unébrasche en- 
duite de terre. Un ar après } lcette viande 
est de fort bon goût, confite et parfumée. 

La plupart des aromates ou‘parfums,, 
tels que le camphre, les huiles volatiles, les. 
baumes, les résines, peuvent être cônsidé- 
rés comme d’assez bons préservatifs de ja 
puirélaction. Il y a fort longtemps déjà 
qu’on leur a reconnu des propriétés anti- 
septiques, car les premiers embaumements 
eurent lieu avec des baumes. 

On sait que les viandes farcies de poivre 
se gardent beaucoup plus longtemps que 
ls autres: Le pain d'épices et générale- 
lement toutes Les pâtisseries épicées sont 
beaucoup moins sujets à se moisir que le 
pain ordinaire. 

L'efficacité des aromates et parfumssem- 
ble être due à leur odeur forte qui éloigne 
les insectes et les empèche ainsi de depo- 
ser aucune de ces matières exerémenti- 
tielles qui agissent toujours conme un fer-« 
ment puissant, cause première de toute 
décomposition spontanée. J. G. 


HORTICULTURE. 


Extrait d'une notice de M. His adressée à l'A=" 
cadémie des sciences et à la Suciété royale 
d'horticulture, sur quelques nouvelles consi 
déralions louchant les Pivoines en arbre. 


M. His n'est pas horticulteur de profes= 
sion ; maisil a toujours été amateur'de €ul- 
ture et de belles plantes, De plus, lxphÿste- 
logie des plantes l'a aussi Loujours otcu pe 
L'idée que toutes les fleurs ont dù naître} 
régulières avait pris racine ebèr#lui avant 
que nous connussions les HéEtmorphoses… 
de Gæthe, avant que l'illastèeBéCandollen 
eût érigé cette idée en prinétpé, en établis 
sant que toutes les fleurs irrépuliérés ele 
sont que par métamorphose, var Sôt@üte 


et par avortement. Dès 1505, ‘M His était 


| 


_—— 


plein de cette idée, qu'il cherchait à 
mpuyer par des preuves dans ses herbo- 
nations dans la forêt de Fontainebleau. 
rêt si pittoresque, si pleine de souvenirs. 
favorable aux études philosophiques et 
x inspirations poétiques. Là il truva ce 
il cherchait dans une famille de plantes 
la régularité, la symétrie dans la fleur 
mvaient jamais été observées par aucun 
‘taniste. Le genre ophris lai offrit plu- 


1 


Fe dans ses recherches; tantôticié- 
pere trois, tantôt c'étaient quatreiéta- 
nes qui avaient pris, ou mieux 1epris 
ir place envahie depuis longtemps par 
Dnitrut lanières : mais-ce n'était pas 
core une fleur, régulière. Enfin Forplhis 
tiectifern, orphis. mouche, lui montra 
ls fleurs régulières à six étamines dis- 
| ctes,iqui avaient repris la place du labelle 
dés lanières intérieures. Cette découverte 
l'té l’objet d’un mémoire avec figure,que 
| .His-a adressé à l'Académie des sciences 
11807. Mais, alors, les botanistes de l'Aca- 
hinie n'avaient encore aucune notion sur 
métamorphoses, les soudures et les avor- 
ments ; ils dirent M. His n'avait vu qu’une 
pnstruostté,, expression employée: alors 
Lux désigner! ce-qui retournait à fa-régu- 
“ité aussi bien! que pour cc qui s’eméloi- 
hat ;et le mémoire de M. His aurait passé 
aperçu et serait resté enfou dans:les ar- 
Hiwies de l'Académie, si M. De Decandolls 
| deût exhumé pour s’en servir comme 
la point d'appui, en expliquant les mé- 
imoxpheses des plantes dans sa Th‘orie 
rnentare.de botanique, publiée en 1813. 
| » litidan-réetouvrage, page 98 : « L’exem- 
Dphérave.et cufieux de certaines orchidées, 
quiruelquefois ont leurs pétales changés 
emsétamines, tend à faire penser, avec 
NN. His, que les pétales même ordinaires 
des plantes ne sont que des étamines qui 
lavortent plus constamment que les au- 
tres, » 
| La structure du fruit de l'oranzer a été et 
t encore un objet d'étude pour M: His: 
It persuadé que les botanistes l’ont mal 
imprise, mal décrite; mais-il m'acpas en- 
1 re publié sa manière de la considérer, 
Les pivoines en arbre ont aussi occupé 
dre place dans les investigations auxquelles 
lsst livré M. His, et elles forment le sujet 
Le mémoire dont il vient de faire hoim- 


age à la Société royale d’horticulture, | 


oujours logique et précis, M. His. dans ce 
émoire, rappelle que ces pivoines ne sont 
des arbres ni des herbes, où plutôt 
velles participent des deux. En effet, si 
ae pivoine dite en arbre pousse 50 centi- 
ètres au printemps, 10 centimètres seu- 
ment passeront à l’état ligneux, et le reste 
bira toutes les conditions de la plante 
‘rbacte, et se desséchera pour ne laisser 
entôt aucune trace de sa:prenüère éxis- 
nce. Il ya dans la végétation decés plan- 
S, dit M. His, un double phénomène dou- 


“'ement imparfait : elles ont trop de force 


pur rester de simples herbes; elles n’en 
it pas assez pour devenir tont à fait des 
bes. Luxe et misère : excès de vigueur 
symptôme d'impuissance. 

Uneïsecande particularité qui distingue 
S pivoinesdités en arbre, c’est une sorte 
:chemise:qui enveloppe leurs ovaires, et 
£un-savantiacadémicien a nommée Phy- 
sieme, en supposant que cet organe était 
mé d'étarniaes déguisées ou métamor- 
osées. M. His prouve aisément que le 
yantacadémicien s'est trompé, et qu'il n°y 


ursexemples d'une symétrie incomplete, | 
in retour vers la régularité, qui l'eucon- 


- profit. 


; 500 


a aucun rapport entre cet organe et les 
étamines. 

Je vais finir par dire un mot d’un fait 
curicux qui intéresse l'horticulture, et que 
M. His explique. 

On sait que les graïnes de pivoines en 
arbre sont fort lentes à germer ; qu’une de 
ces graines, mise en terre, par exemple, en 
octobre 1842, ne lèvera qu'au printemps de 
184: et la cause de cette lenteur était en- 
core inconnue aux horticulteurs. M. His 
lenr explique ce fait, en disant d’abord 
qu’ane graine est d'autant plus lente à ger- 
merqu’elle contient une plus grande quan- 
tité de carbonne , et que celle des pivoines 
en arbre en contenant plus que toute au- 
tre, il lui- faut aussi-plus de temps pour 
brûler ce carbone et dégager l'acide car- 
bonique, sans lequel la végétation ne peut 
commencer. — Un autre fait qu’il importe 
beaucoup aux horuculteurs de connaître, 
c’est que, quand une graine de pivoine en 
arbre germe, ses feuilles séminales forment, 
à leur base, une sorte de godet qui retient 
l’eau des pluies ou des arrosemeuts, ce qui 
souvent fait périr la plante sans qu'on en 
voie la cause. 

Je n’ai pu, dans cet extrait, qu'indiquer 
les principaux points dela notice de M. His, 
qui est écrite avec l'élégance et la pureté 
qui distinguent tont ce qui sort de sa 
plume, et qu’on Hit toujours avec plaisir et 
PoiTEAU. 


MAGNANERIE. 

De toutes les branches de l’art agricole, 
aucune ne s’est developpe, depuis quelques 
années, avec plusde rapidité que l’industrie 
séricicole; sa croissance, toujoursconstante, 
a été dirigée avécune régularité remar- 
quable par la Société séricicole de Paris, 
qui poursuit ardemmeut, jusque dans les 
moindres détails, le:perfectiognement de 
son industrie spéciale. L'année 1812 ne 
s'est point écoulée sans lai ser quelques tra- 
ces de progrès Ct d'amélioration dans la 
pratique : trois inventions principalesifire- 


ront certamement; l'attention dés édircaz | 


teurs de vers à soie. Nous voulons parler 
de-la coconière de M.::Davril, de Paris, de 
la -bassine à cuire et dépémmer, de M. de 
Buros, de Bagnols (Gard), et du tour de 
M. Locatelli. 


M. Davril a imaginé d'établir à la partie 


inférieure de chacune des claies sur les- 


quelles vivent les vers asie; une sérietré- 


-guhères de cellules triangulaires ponriser- 


vir de logement aux vers lorsqu'ils veulent 
filer leurs cocons. A l'époque de la montée, 
on place sur les claies de petites échelles 
qui établissent une communication facile 
d’un étage à l’autre, sans gêner la circula- 
tion de l'air, autant que les boisements or- 
dinaires. L'épreuve de ces claies-coconières 
a été faite dans la magnanerie de M. Ber- 
nier, à Saint-Maur, et les juges compétents 
lui ont accordé leur approbation. On a re- 
connu que la montée s'était opérée parfai- 
tement : les cocons étaient bien placés, et it 
y en avait très peu de doubles. Le décoco- 
nage, sartout, a paru beaucoup plus facile 
qu'avec tous les autres systèmes. Enfin, 
l'appareil de M. Davril est peu coûteux, et 
la pose n’en présente aucune difficulté. 
Nos lecteurs savent, qu'avant de filer des 
cocons, il faut les plonger dans de l’eau 
chaude, afin de dissoudre l'enduit gom- 
meux qui tient le fil de chaque cocon collé 
contre lui-même, dane ses di férents replis; 
c’est ce que l'on appelle le dégommage, 
opération préliminaire indispensable, sans 


501 


laquelle le fil ne pourrait être déroulé et 
réuni en écheveau sur le tour; une ce»- 
taine adresse est nécessaire pour l’exteuter 
convenablement; quelques ouvrières n’y 
réussissent même jamais bien : en tous cas 
il faut beaucoup. de temps pour parvenir, 
même avecde l’habileté, à rendre complète 
et égale l’irmbibition des cocons qui nagent 
sur l'eau comme des morceaux de liége. La 
bassine proposée par M. de Buros rend cette 
opération tout à la fois facile et prompte ; 
tous les cocons d'une battue sont immergés 


d’un seul coup, parfaitement dégonimés 


en une demi-minute,.et tellement assouplis 
que le frison se dégage au premier coup de 
balai, Son usage peut donc rendre un véri- 
table service dans les filatures. 

Mais l'invention capitale de cette année 
sera assurément le tour de #f. Locatelli, qui 
doit ouvrir une ère nouvelle à l’industrie 
des soies, si la pratique vient confirmer les 
avantages qu'on lui attribue. Avec le tour 


dont M. Locatelli est l’auteur, la première 


personne qui.se présente, pour peu qu’elle 
ait d'intelligence ;;;peut filer à l'instant 
même, L'opération de jeter le brin, qui de- 
mande une si longue habitude et tant d’a- 
dresse avec les tours ordinaires, devient de 
la plus grande facilité au moyen d'un go- 
beletaus“i simple qu'ingénieux, dans lequel 
on Jette le cocon; la maniére de croiser et 
le mouvement, imprimé avec le pied, pour 
lui donner toute la vitesse desirable. Nous 
sommes trop ignorants en filature pour 
émettre uue opinion quelconque sur un 
tour ; aussi devons-nous déclarer que nous 
avons emprunté. à M. de Boullenois, l'ha- 
bile secrétaire de la Société séricicole, l’ap- 
préciation qu'ou.yient.de: lire. 

Les plantations demmüricrs ont continué 
à s’accroître d’une manière fort remarqua- 
ble ; et de nouvelles: filatures ont été créées 
ou sont en voie d'exécution sur plusieurs 
points de la France, ce qui indique à coup 
sûr une production active des matières pre- 
mières, c'est-à-dire des cocons, dars cer- 
taines localités qui n’en produisaient point 
il ÿ a plusieurs années. Lorsque la Société 
séricicole de Paris aura publié le compte- 
rendu de ses travaux, nous donnerons plus 
de détails. 


SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 11 mars 1S42. 


M. Giraud coutinue la lecture de son mé- 
moire sur la condition des débiteurs à 
Rome. 

La population de Rome était toute agri- 
cole ; le peu d'industrie qu'il y avait dans 
l’ancienne capitale du monde était laissée 
aux esclaves et à quelques affranchis, qui 
en se rapprochant de la condition de ci- 
toyen, conservaient leurs premières habi- 
tudes. Il résulta de cet état de choses, que 
le champ ne pouvant donner l'intérêt de 


l'argent, le prêt devint général, et que les : 


produits de l’agriculture ayant moins de 
valeur à mesure qu’ils augmentaient, le 
taux de l'argent dut s’accroître avec le 


notmbre des emprunteurs, et aussi avec les . 


difficultés pour obtenir les paiements. La 
misère du peuple et l'avidité des richesses 
étaient deux choses qui avaient marché 
parallèlement et grandi ensemble. Eiles 
étaient arrivées à leurs dernières limites, 
lorsque fut promulguée la loi des Douze- 
Tables. Le taux de l'intérêt fut alors réglé; 
il cessa d'être arbitraire, et s’il ne resta pas 


902 
toujours dans les limites trop restreintes de 
la loi, on peut cependant, à partir de cette 
époque, considérer le douze pour cent 
comme un fait général tacitement ap- 
prouvé. Plus tard et lorsque les mœurs 
grecques se furent introduites à Rome, lin- 
térêt devint mensuel, sous le nom de cen- 
tesima usura. Quelques écrivains lui ont 
ajouté celui de legitima, d'où il faudrait 
conclure que le demi pour cent par mois 
ou le douze pour cent par an était l'intérêt 
légal , désigné aussi dans les lois romaines 
sous le titre de Untiarium, færts. 

De quelques observatignsprésentées suc- 
cessivement par MM, Nauülèt, Dureau de 
Lamalle, Rossy et Rémüsat,: il paraîtrait 
résulter que la derrière loi #ibutiana avait 
réduit lintérêt à un viogt-quatrième ou 
demi p.0,0 parmois sous lenom de semon- 
siana ; que le calendarium dont on se ser - 
vait à Rome étant particulièrement ua livre 
destiné à coucher les paiements des inté- 
réts ‘indique suffisamment par son nom 
même, que ce parement Se faisait tous Îles 
mois à l'époque descalédes, et que ces 
mots de Tite-Live , en Barlañt des débiteurs 
tristæ vencre cal/endéæ; en sont aussi une 
preuve; qu'enfin ces mots : postremo vetita 
versura employés par Tacite, ne s’appli- 
quent pas au renouvellement au moyen du- 
quel le créancier ruinait périodiquement 
tous les mois son débiteur, mais au prêt lui- 
même, ou que si ce mot versura avait 
dans le langage des Romains la sigmfication 
que Jui donne M. Giraud ,‘cela ne pouvait 
être que par corruption , pareillement au 
mot itsura; qui dans l'origine indiquait le 
prix léval, et qui plis tard” signifia seule- 
ment iè prixk-criminel,: 

M. Giraud, répondant'aux diverses ob- 
servalions, a résine Fa question principale 
en ces termes. La ceztesina etleuntiarium 
fænus étaient<ils chez es’ Romains une 
même chose, ou bien le untéarium fænus 
n’était-il que le douzième de la centésima, 
l'intérêt total de l'année? Il hésite pas à 
se prononcer pour la première opinion. 
Reprenant la suite de sa communication; 


M. Giraud montre ce qu'é ‘était l’usure avañes 


la loi des Douze-Tables, ce qu’elle dévint 
après. Quelque légal que fut par-toléranée 
{e taux de douze pour cent, quelque modéré 
qu’on le trouve, si on le compare à l'intérêt 
devant lequel ne reculait pas la probité 
républicaine de Brutus, il n’en fut pas 
moins Ja cause principale des séditions qui 
troublerent Rome si souvent; mais ce n'é- 
tait pas seulement contre l'usure que la 
sédition leva létendard, ce fut aussi et 
simultanément contre le nexum et Ja nu- 
mération symbolique appellée mancipatio, 
dont les résultats soumettaient toutes les 
obligations dégaisées sous cette forme 
trompeuse aux sévères dispositions de Ja 
loi romaine sur le prêt d'argent. Nous a- 
vons précédemment rapportéavec une cer- 
taine étendue les judicieuses considérations 
de M. Giraud sur le nexum, etsur les chan- 
&ements qu'éprouvait le sort du débiteur, 
en cessant d’être simplement rexus, et en 
devenant abdictus ; nous croyons inutile de 
rapporter les nouveaux développements 
que le savant académicien a donnés aujour- 
d’hui à son opiuion. Nous nous contentons 
de faire remar quer en terminant, que mal- 
gré les nombreux écrits qui ont été publiés 
sur leslois romaines, il existe encore pour 
nous bon nombre de points obscurs, et 
obscurs seulement peut-être parce qu'ils 
ont lé traités par trop de légistes et par 
trop peu de philosophes. C.-B. F. 


‘ 
503 
VOYAGES. 

Notice sur leYucathan, d’aprésles écriva'ns 
espagnols. (Extrait des Ann, des l'oyag:) 
(Deuxième article.) 

Les édifices trouvés dans le Yucathan lors 
de sa découverte firent l'admiration des Es- 
pegnols, particulièrement ceux de Uxmal, 
de Chychenytza, et d’autres qui sont sur le 
chemin de Bolonchen à Ticul près de Noh- 
tacab. 

Non loin des 
voit les maisons des vierges qui le Teur ét afin 
consacrées. Leur abbesse se hommiait Ixna= 
can-Calun. Elles pouvaient sortir de 1x 
pour se marier; mais On tuait à coups de 
flèches celles qui violaient Ja chastets. El- 
les devaient entretenir un feu perpétueldans 
le temple: On voit éncore à Uxmal les rui- 
nes d’un magnifique édifice qui leur servait 
d'habitation. Les murs sont tout couverts 
de bas-reliefs, qui représentent des figures 
d'hommes, d'animaux et d'oiseaux. Un 
énormeserpent de 400 pieds delong, 
en pierre, fait tout le tour de cet édifice 
se termine en plaçant sa queue sous sa . 

Près de là sont les ruines d’un grand 
édifice qui servait de demeure au souve- 

rain, et celles de plusieurs autres moins 
considérables qui étaient habités parles ca- 
ciques. On y voit un mur dont la corniche 
est sculptée 
surtout du côté du midi. 

Frère Lorenzo de Bienvenida, dans ane 
lettre datée du Yucathan, le 15 février 
1548, s'exprime en ces termes : « La ville 
de Merida a recu ce nom à cause des rui- 
nes de superbes édifices en pierre que lon 
voit dans cet endroit} On ignore qui les a 
construits, mais ce sont les lus beaux que 
l'on ait vus dabs les Indes: 1B doivent avoir 
été construits avant la naissance de J.-C.; 
car, st leurs ruines, les broussailles sont 
aussi épaisses et les arbres aussi élevés que 
dans le reste de la forit. Ces bâtiments ont 
cinq toises de haut, et on y voit quatre 
étages de: cellales semblables à celles de nos 


religieux; elles ont! vingtpieds de longsur 
‘ix déclarge. Lesi rnontaaite des portes Sônt 


faits d’une ‘seule pierre, et le haut est voûtt. 
Il y a beaucouprd'édifices de ce genre dans 
le pays; mais les naturels ne les babitant 
pas, ils sont tous-äbandonnés. Les Indiens 
n’ont que des maisonsde paille. 

Le licencié Mhônias: Lopez Mede}, qi 


avait-visité de Yuéathan:au nom de PAL à 


diencé de Guatemala, fait aussi l'éloge de” 
la magnificéwcedu temple deGhy cheny tra. 

Il paraît-mêmeique, du temps de leur 
puissance, les:wois de Mayÿapan avaient 
étendu leurs conquêtes an delà des bornes 
du Yucathan, et y avaient élevé des monu- 
ments. Voici ce que dit lelicencié Palacios;: 
dans une lettre adressée au roi d'Espagne 
et datée de Guatemala, du 15 mai 1576. 

« Près de là (de Chiquimula), on trouve 
dans le premier village de la province de 
la province de Honduras, qui se nomme 
Copan, des ruines de superbes édifices qui 
font voir qu'ily avait li autrefois unegrande 
ville, telie qu’il n'est pas présumable que 
les natürels du pays en aient jamais pu con- 
struires 1 

Parmi ces ruines, 1l ya des arbres qui pa- 
raissentavoin été plantés de main d'homme, 
et d’autres choses fort remarquables, Avant 
d'y arriver, on trouve des murailles très 
épaisses et un énorme aigle en pierre; il a 
sur la poitrine un carré dont chaque eûté a 
environ un quart de vara ect sur lequel 
sont gravés des caractères inconnus. 


s temples, dit Cosolludo, on ; 


avec unc'extrème élégance 


>Moyale des Antiquaires de France a admis au nom ät 


504 


Quand on approche davantage, ontrouté 
la figure d'un grand géant en pierre. Les 
Indieos disent que c’est le garde du sanc- 
tuaire. Plus loin est une croix de pierre de, 
trois palmes de haut, dont une des traver- 
ses est cassée. On trouve ensuite des édifi- 
ces ruinés, dont les pierres sont sculptées 
avec beaucoup d'art, et une statue de plus 
de quatre varas de haut, qui ressemble à 
. Un évêque dans ses ornements pontificaux, 

. av ec une mitre très bien travaillée et une 
 Daguë au doigt. Pres de la est une grande 
?plaëé ‘entourée de gradins qui ressemble à 
là désétiption que l’on fait du Colysée de 
© Ronré.HIv à dans quelques endr oits jusqu'à 
80 gradins d'élévation, tous carreléset con- 
struits en Bulle pierré très bien travaillée, 
Il y a six statues: trois représentant des. 
hommes avec des armures en mosaique et 
avec des rubans autour des jambes. Leurs 
armes sont: parsemées d’ornements. , Les. 
autreS statues représentent des femmes av eC. 
des robes longues et des coiffures à la ro=, soil 
maine. La statue de l’évêque tient dans ses 
Mains un paquet qui ressemble à un cof- 
fret. [l parait que ces statues étaient des. . 
idoles, car devant chacune d’eiles Il y à 
une ‘pierre semblable à celles .quir servent 
pour les sacrifices, avec une rigole pour 
faire couler le sang. On voit encore les au- . 
tols- sür lesquels on brülait les parfums. Il 
y a au‘miilieu de la place an bassin de pierre 
quis ace qu'il paraït, servait pour bap = 
ser, et dans lequel ils faisaient en com 
leurs sacrifices. 

Après avoir traversé cette place, on a 
contre un tertre sur lequel on monte 4 
un grand nombre de gradins. Loi est de 
doute, qu'ils célébraient le No ob 
mitotes. Il paraît qu’il avait té. élevé 
grand soir, car on y trouve part 
pierres tés bien travaillées. = 

A côté, il y a une tour ou terrasse trés 
élevée, dominant lefleuve qui coule au piéd; 
un grand pan de mur s'est écroulé et à 
laissé à à découvert l'entrée de deux caves 
très longues, très étroites et fort bien con- 
struites. 

Ouyvoïitiencore beaucoup de choses qui 
déménts peñt qu'autrefois ce pays a été ha- 
Dité parue population civilisée et assez 
avancée dans les arts. 

RE - 

Le Rédacteur-Gérant : es | 

C.-B. FRAYSSE. 0° 


x | FAITS DIVERS. 


2 Dansla séance du 9 mars courant, la Sociéte 199, 


SE 


‘bre de ses membres résidents M. L. de la Saussoye;: 10 
_ plusieurs fois couronné par l’Académie des inserip- . H 
tions et belles-letires, Fun des directeurs de la Re 
vue de runismatique, el M. Chabaille, qui a rendu 
d’éminents services aux sciences bistoriques par di 
verses publications intéressantes. $ 

+ Le-roi Gharles-Albert de Sardaigne a fait re- 
mettre àMéde: ebevalier de Grégory, l’auteur de 
l'Enätation de Jésus et de son véritable auteur, une 
grande médaille. en or sur le revers de laquelle est 
lache, au milieu d'uve couroune d'olivier, Pins- 
enption suivante : M. cavalier Gaspare. de Gregory: 
presidehte onorario della Corte reale d'Aix, 4 

— Au nombre des nouveaux membres “hole M 

res , noumés par l'Académie des scientes äe St rai 
Pétersbotue, figure le prince Chartes Bonhphaté 
fils de Lucien, connu du monde savant par 1 
écrits sur l'histoire naturelle. pétition 594 
yaroi 9 b's 50 cal 

MEMOIRE sur la culture du pristioeAle Guisne ai 
française , depuis son introduclion{ aps gets colorbhi 


nie en 4757, jusqu'à la PIN ss Par Le seza gr 
néral Louis Beruard. RATE sbno sbuti 


PARIS. —IMP, DE LACOUR el MANSTRAR FER 


SE De9'E 
us Saint-Hyaciathe-S.-Michel, 33° 
: INA ËE 


10° année. 


EC 


DU MON 


Paris. — Jeudi, 23 Mars 1845. 
DDC ——— 


SAVANT. 


à | TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


— 


%L'EcHO DU MONDE SAVANT parait le JEUBPI ctle DIMAMCME de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun ; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef: On s’ahonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTFINS, 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR.S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr., 

| 8fr. 50: Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les .paÿs payantiport double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an ‘et par réèueil l'EGHO DE LA LITTÉ- 
| RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec. PEcho| du anonde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. Tout cé qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-adninistrateur. 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES. Séauce du 20 mars 1843. —— SCIEN- 
CES PHYSIQUES. ASTRONOMIE. La comète 
de 1843, — CHIMIE APPLIQUÉE. Extrait de 
la quinine et de la chiichonine; Calvert. — Ex- 
traction /du principe actif du garou; Pleichi. — 

| HYDRAUHIQUE. Expériences ayant pour but 
| de concilier les hypothèses sur le mouvement in- 
térieur des flots dans les courbes ouvertes et 
dans Les courbes fermées. —SCIENCES NATU- 

RELLES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila. 

— Note sur J’artiele du docteur Pouchet, sur 1 

fécondation ; Constancio. — SCIENCES APPLI- 

QUÉES. AGRICULTURE. ANIMAUX DOULSTI- 

QUE. Méthode orthopédique pour le redresse- 

ment des!cornes des taureaux et génisses; Lassa= 

rade; — HORTICULTURE. Système de planta- 
tion, de,pivs et de sapins. — MAGNANERIE» De: 

| la muscardine ; Signor Amato Daboin. —SCIEN- 
| CES HISTORIQUES. Recherches historiques 
sur là perspective; Thénot. — GÉOGRAPHIE. 
Ruices' de Carthage; Félix Flachëénaker.—FAITS 
DEVERS: — BIBLIOGRAPHIE. — OBSER- 
WATIONS' MÉTEOROLOGIQUE du mois de fé- 
vrieri: € + 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


- 1 Séance du lundi 20 mars 48432. 


La séance d'aujourd'hui ne renferme 


qu’une seule communication, mais eile est 
importante, car elle se rapporte à la co- 
mète qui-depuis quelques jours occupe .le 
monde savant. M. Arago a exposé à l'Aca- 


démie, avec cette lucidité quine lui fait 


jamais défaut, le résultat des principales 
observations faites sur cet astres 

La comète a été apercue à Paris le 17 
et dès le 1 # un officier du régiment en gar- 
nison à Aussoune la dislisgua. On $éton- 


nera peut-être que les astronomes de POb-. 
l'apercevoir,.. 


servatciré ont tant tardé à 
mais cela s'explique facilement. Si l’on con- 
sulte le tableau météorologique du mois, 
on reconnaît que jusqu'au 15 le ciel a été 
“couvert. Le 16 le ciel était beau, mais le 
coucher du soleil correspondait presque 
au leyér de là lune et c'était là un obstacle 


qui s'opposait à ce que l’on aperçut la co- 


mête. 


pu 
21 


M. Arago.a observé que, dans,cette co-. 
mète le centre était plus lumineux queles. 
bords. Jusqu’alors on avait vu les bords. 
plus lumineux que le centre, ce qui ten. 


dait à faire croire que ces astres étaient un 
cône lumineux vide à l'intérieur. Dans la 
comèfe acfuelle, au contraire, le cône serait 
Dre à 

La queue de celle comète est assez lon- 
gue. Le 17, cette queue à été vue de 39° à 
40°; le 18, de 43°, etle 19, de 41,5. Cepen- 
dant il, he faut pas croire que ce soit la co- 
mète dont la queue est la plus longue. Chez 
la comète de 1811, la longueur apparente 
de la queue était de 23°; chez celie de 1744 
de 30° à 44e. Cette dernière comète fut obser- 
vécavec beaucoup de soin à Lausanne par 


Cheseaux. Sa queue se:partageait en six 
faisceaux divergents.. Chez la comète de 
1689, la longueur apparente de la queue 
était de 68; chez celle de 1680, de 90’; 
chez celle de 1769, de 97°; enfin chez celle 
de 1618, de104° .La longueur absolue de la 
queue de Ja comète de 1680, était de 41 
imillions de lieues. Pour la comète de 1741 
on trouva 13 millions de lieues, et pour 
celle de 1769, 16 millions, Ces nombres 
prouvent donc qu'on a eutort d'avancer 
que la queue de la comète actuelle était la 
plus longue, qu’on-eût vue. Nous ne par- 
lons ici que de la longueur relative, car 
l'Observatoire n’a pas encore déterminé la 
longueur réelle S'il. y a quelque chose à 
remärquer dans la queue de cette comète, 
c'est sa très petite largeur relativement à 
sa longueur. 

L'apparition de cet astre a fourni aux 
astronomes de l'Observatoire l’occasion de 
chercher à résoudre un important pro- 
blème d’optique céleste. Les comètes sont- 
elles lumineuses par elles-mêmes, ou bien, 
empruntent-elles au soleil la lumière dont 
elles jouissent? Telle est la question que le 
savant secrétaire perpétuel s'est posée, et 
sur laquelle il a donné desexplications assez 
satisfaisantes. 

M. Arago a comparé la nature de la lu- 


paru moins vive, plus: rongeñtre que la 


Jumière de la comète. Or, l’on sait que la 


nature de la lumière ne change pas par la 
réflexion seule. Done, siles deux lumières 
provepaient du soleil, elles devraient être 


ddentiques. On est conduit ainsi à venser 


que_la lumière de la comète est-une lu- 


‘mière,qui lui estpropres27 ici 


» (Cependant, M: Arago n'aspas affirmé 
cette idée, 1} l’a seulement donnée:comme 
une vue hypothétique que le raisonnèment 
semble confirmer. Cette communication 
faite, l’Académie s’est réunie en comité 
secret pour continuer cette longue discus- 
sion relative à la présentation des candi- 
dats. Nous nous absticndrons de parler 
du désir prononcé qu'ont certaiñns mem- 
bres de placer parmiles candidats M. Ci- 
viale, Nous reconnaissons tout le talent de 


M. Civiale pour briser des pierres, mais! 


jamais nous ue nous serions doutés qu'il 
pensât à entrer à l’Académie. L'Académie 
a-t-elle oublié que M. Civiale est un spé- 
cialisté et qu’elle ne vent pas de spécia- 
listes. Quels sont donc les éminents tra< 
vaux de M. Civiale qui permettent qu’on 
fasse exception pour lui ? Représente:t-il la 
chirurgie toute entière? Peut-il marcher 
de pair avec M. Velpeau et avec M. Lalle- 
mand? Nous ne le croyons pas et nous 
avons Ja persuasion que bien des hommes 
pensent comme nous. Pour remplacer 
Larrey il faut un homme à grandes idées, 


mière de Ja comète. avec celle de:la u=. 
mière zodiacale. La, lumière :zodiacale:a 


qui fasse marcher la science à pas de 
géant, qui la professe avec un talent in- 
contesté et dont les ouvrages deviennent 
classiques. MM. Velpeau et Lallemand ré- 
pondent à toutes ces conditions dont M. Ci- 
viale ne s’est jamais douté. Espérons donc 
quela liste des candidats restera telle qu’on 
nous assure qu'elle-estektelle que nous la 
transmettons à nos.lecléurs. 

1° M. Lallemand. 

2° M: Lisfranc. 

3, M. Ribes. 

4, MM. Velpeau et Gerdy. 

5 MM. Amussat, Begin et Jobert. 


HSE 
SCIENCES PHYSIQUES. 
ASTRONGWIE. 


La comète de 1813. 


Tourville, près Pont- Audener,-18 mars 1843, à 10 
heur. et demie duisoir. ; 


Monsieur, permettez-moi de vous entre- 
tenir d’un phénomène fort extraordinaj 
pour nous, dontnous avous été témoi ci _ 
hier 17 mars, depuis 7 heures ct 3 nie 
du soir jusqu’à 9, et aujourd’hui encokè’aux:7 
mêmes heures el dans la même pañtie du 
ciel. C'est une magnifique lueur imniblile, 


une longue bande assez étroite, mais très 
nettement dessinée qui, partant presque de 
l'horizon au sud-sud-ouest, s'élevait oblique- 
ment presque jusqu’au point d’atteindre la 
ligne méridienne sous une inclinaison plus 
abaissée vers l’équateur que la ligne de 
parcours du soleil au solstice d'hiver, avec 
cette différence que cette ligne oblique ne 
paraissait nullement arquée, mais pure- 
ment rectiligne. Sans l'absence complète, 
à nos yeux du moins, de tout astre d’où 
cette lumière parût provenir, je l’eusse 
prise pour une immense queue de comète 
dont les deux extrémités embrassaient un 
angle visuel de plus de 40°, c'est-à-dire trois 
ou quatre fois plus de longueur apparente 
que la qüeue de la comète de 1812, dont je 
me souviens fort bien, mais beaucoup plus 
étroite et non divergente comme celle-là 
était. 

D'un autre côté, la blancheur de cette 
clarté, son immobilité, ainsi que sa position 
presque méridionale ne me laissent pas 
croire que ce puisse être une aurore boréale, 
mais ne serait-ce point plutôt le phénomène 
désigné sous le nom de lumière zodiacale? 
Cette idée ne m'était pas venue hier, parce 
que malgré la singularité de cette blancheur 
si droite et si prolongée, et l’extrême pureté 
du ciel, partout ailleurs, je m'étais persuadé 
que ce devait être un simple filet nuageux 
comme on en voit parfois flotter dans 


508 

lathmosphère,et j'attribuai son immobilité 
au grand calme de l'air, car il ne faisait pas 
un soufle de vent alors. Mais la réapparition 
de la même lumière aujourd’hui 18 mars, 
aux mêmes heures, dans la même région et 
avec le même aspect, ne me laissent plus 
aucun doute sur la réalité et l'importance 
du fait que j'avais observé. Malheureuse- 
ment, averti trop tard aujourd’hui par mes 
gens,Jene suis sorti qu'à 9 heures ct demie 
du soir, lorsque cette lueur était déjà prête 
de s’'évanouir ; néanmoins elle occupait en- 
Core le même grand espace duns la même 
région etla même direction qu'hier soir. Du 
reste, mes gens n'affirment qu'à 8 heures 
aujourd'hui cette lueur était tout aussi in- 
tense et pareille à celle qu'ils avaient vue 
hier. En ce moment, à 10 heures et demie 
du soir, il n’en parait plus rien ; l'air est 
très calme et le ciel très pur. 

Il est probable que ce phénomène n'aura 
pas été visible dans cette localité seulement, 
et que d’autres que moi vous auront trans- 
mis des observations sur le même sujet, qui 
seront plus dignes d'appeler l'attention des 
savants. 


Agréez, etc. Fréd. de CACHELEU. 


— On nousécrit de la Ferté-sous-Jouarre, 
à la date du 19 mars : « La comète dont la 
queue a été observée par M. Rigault, les 17 
et 18 courant. présente le soir. à l'horizon 
sud-ouest, une trace lumineuse de plus de 
trente drgrés, » 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Extraction de la quinine et de la cincho- 
zine; par M. Caivert. 

On doit à M. Calvert, aide-naturaliste 
au Muséam d'histoire naturelle, de nou- 
velles recherches sur l'extraction de la qui- 
nine et de la cinchouine. Rarement on 
peut obtenir des résultats identiques dans 
la préparation en grand de ces alcaloïdes, 
même en opérant sur des écorces de même 
qualité, et ceite incertitude des résultats 
doit être rapportée à ce que la chaux et le 
chlorure de calcium possèdent la propriété 
de dissoudre la quinine; de sorte que, mal- 
gré la saturation bien exacte de l'acide 
chlorhydrique par la chaux, l’opération 
entraîne toujours une perte. En précipi- 
tant le chlorhydrate de quinine et de cin- 
chonine par la potasse ou par l’ammo- 
niaque, l'addition d’un excès de l’un ou de 
l’autre de ces alcalis donne lieu au même 
inconvenient, toutefois, il est vrai de dire 
que le chlorure de potassium ne dissout 
pas sensiblement les alcaloïdes du quin- 
quinà, et qu'alors, en saturant exactement, 
on peut éviter la perte. 

Avec la soude, le résultat est tout diffé- 
rent; en effet, les sulfates et chlorhydrates 
de quinine et de cinchonine, décomposés 
par cette base, donnent des précipités qui 
ne sont redissous ni par l'alcali en excès, 
ni par le sulfate sodique, ou par le chlo- 
rure de sodium. On reconnaît que les li- 
queurs ne contiennent plus de quinine à ce 
qu'elles ne se colorent plus en vert par le 
chlore ou par l’ammoniaque, ni de ciucho- 
nine, parce qu’elles ne sont plus précipitées 
par l’hypochlorite de chaux. 

L'insolubilité de la quinine dans le sul- 
fate de soude et le chlorure de sodium est 
d’ailleurs prouvée par l'expérience sui- 
vante, Si l'on prend 50 grammes de leur 
dissolution (marquant 10 à 16° à l'aréo- 
mètre), et qu'ou les mette en contact pen- 
dant vingt-quatre heures avec 0,084 de 
quinine, on ne retrouve plus après le lavage 


509 


que 0,015 de cet alcaloïde; 0,039 ont donc 
disparu, et, en admettant que 0,010 aient 


été enlevés par l’eau de lavage, il en résul- 


terait que les sels n'auraient dissous que 
0,029, c'est-à-dire 0,004 de plus que Peau 
pure, car 30 gram. d'eau à 16” dissolvent 
0,025 de quinine. 

Lorsqu'on verse des solutions saturées 
de sulfate de potasse ou de soude dans 
une solution également saturée de sul- 
fate de quinine, ce dernier sel se sépare 
à l'état cristallin. Quant au sulfate de 
cinchouine, non seulemeut le soluté ean- 
centré de chlorure de sodium le précipite 
de sa solution aqueuse saturée, maisencore, 
lorsqu'on étend le liquide de quatre parties 
d'eau distillée, l’eau saturée de sel marin 
y détermine encore la formation d’un pré- 
cipité cristallin. 

Pour arriver à mieux déterminer lin- 
fluence exercée par la chaux sur la disso- 
lution des précipités de quinine, M. Calvert 
a d’abord opéré sur deux solutions saturées 
de sulfate de quinine (contenant 0,100 de 
sel pour 30,30 d’eau); il les a précipitées 
l’une et l’autre par 8 grammes d’eau de 
chaux également saturée, c’est-à-dire con- 
tenant 0,01096 de chaux. Il a ensuiteétendu 
l’une des liqueurs d’eau distillée, et la se- 
conde d’eau de chaux, jusqu’à disparition 
compiète des précipitéss; ce qui a demandé 
d'une part 170 d'eau distillée, et de l’autre 
130 d’eau de chaux: la chaux a donc rem- 
placé, dans ce cas, 40 parties d’eau. 

Pour mieux apprécier le degré de sola- 
bilité de la quinine dans l'eau de chaux, 
0,084 de quinine ont été introduits dans 
un flacon avec 30 grammes d’eau dechaux 
saturée à + 16° cent. Après un contact de 
vingt-quatre heures, pendant lequel le mé- 
lange avait été fréquemment agité, on à 
lavé et desséché la quinine restant : son 
poids était de 0,036. Or, le lavage devait 
en avoir enlevé 0,010; done l’eau de chaux 
en avait dissous 0.038; et, comme 30 gram. 
d'eau à 16° ne dissolvent que 0,025 de 
quinine, il en résulte que la chaux en a 
dissous 0,013. 

En répétant l'opération avec un soluté 
aqueux de chlorure de calcium marquant 
100 aréométriques à la température de 16° 
centigr., 100 parties de ce sel ont dissous 
0.064 de quinine, 

Partant de ces résultats, M. Calvert pro- 
pose de traiter les quinquinas par l’acide 
chlorhydrique, comme on le faisait autre- 
fois; puis de saturer l'excès d’acide par 
le carbonate de soude, et d'opérer la pré- 
cipitation de la quinine et de la cincho- 
nine à l’aide de la soude caustique, jusqu’à 
ce que la liqueur soit légèrement alcaline; 
alors les deux a'caloïdes seront entière- 
ment précipités. 

L’autcur s’est ensuite occupé des moyens 
de reconnaître le mélange frauduleux de la 
cinchonine avec le quinine. Ordinaire- 
ment, pour y arriver, on précipite par un 

k alcali, et l'on traite le précipité par l’éther, 
qui dissout la quinine sans attaquer la cin- 
chonine; mais on arrive plus facilement 
et plus vite à s'assurer de semblables mé- 
langes par le chlorure de chaux, par l'eau 
de chaux, l’'ammoniaque ou le carbonate 
d'ammoniaque; tous ces corps agis:entde la 
même manière sur les solutions de sulfate 
de quinine et de cinchonine, so;t isolées, 
soit réunies; les deux alealoïdes sont d'’a- 


bord précipités, puis un excès du réactif 


redissout la quinine seule, et laisse Ja cin- 
chonine. 
Le chlorure de calcium neutre précipite 


10 
le sulfate de cinchonine, mais non le sul- 
fate de quinine. 

La potasse détermine la précipitation de 
la quinine à l’état pulvéruleut, et de la 
cinchonine à l’état caillebotté; un excès du 
réactif dissout la plus grande partie du 
premier de ces précipités, mais ne produit 
rien de pareil avec le second. 

La soude précipite de la même manière: 
les solutés de quinine et de cinchonine, 
mais n’exerce point d'action dissolvante sur 
les précipités. 

Les carbonates de potasse et de soude 
agissent comme cette dernière base, avec: 
cette différence cependant qu'il reste en 
solution des traces de l'un et de autre al- 
caloïde. 

La solution d'hydrate de magnésie pré- 
cipile la cinchonine, mais n’exerce aucune 
action sur ke sulfate de quinine. 

Le c‘lorure platinique détermine dans 
le sulfate de quinine en précipité blane 
pulvcrulent, et, dans celui de cinchonine, 
un précipité de même couleur, mais d'as- 
pect caséeux. 

Le sulfate de quinine est précipité par le 
cyanure rouge de potassium; mais un excès 
de ce réactif redissout le précipité, et la 
liqueur prend une couleur vert-bois noir, 
inaltérable par l'ammoniaque : avec le sul- 
fate de cinchonine, au contraire, on obtient 
un précipité moins foncé qui, redissons 
dans un excès du réactif, reparaît ensuite 
par l’ammoniaque, avec décoloration pres- 
que complète du liquide. 

Enfin, M. Calvert conclat de ses obser- 
vations: 1° que l'emploi de la chamx deit 
être rejeté dans l'extraction de la quinine 
et la cinchonine, et qu'il convient de lui 
substituer celui de la soude et du carbo- 
nate de cette base ; 2° que la soude doit 


. étre employée dans l'analÿse quantitative 


du sulfate de quiuine; 3° que les réactifs 
qui conviennent le mieux pour l'analyse 
qualitative de ce sel sont les suivants, et 
daas l’ordre où ils sont rangés : chlorure de 
chaux, chaux, ammon'aq:e, carbonate 


| d’ammoniaque et chlorure de sodium. 


Extraction du principe actif du garcu; 
par M. Pleischl. 


M. Pleischl vient d'indiquer le procédé 
suivant pour préparer la matière verte ac- 
tive de l'écorce de garou. Cette écorce doit 
être recueillie lorsque le végétal est en 
fleurs. Après l'avoir desséchée, on la coupe 
en morceaux et on la plonge dans de l’alcoo! 
à 90° c., de manière que le liquide la re- 
couvre de quelques centimètres au moins. 
Au bout de deux à trois heures de contact, 
on décante l'alcoolé obtenu, et on seumet 
le résidu à deux autres traitements.suëces- 
sifs semblables avec de nouvelles doses 
d'alcool. Tous les alcoolés sont ensuite 
réunis et agités avec de l'hydrate de chaux 
(formé d’une partie en poids de chaax vive 
et de trois parties d'eau), dans la propor= 
tion de 41 grammes environ de chaux 
éteinte, pour 300 grammes de l'écorce em- 
ployée. On laisse le tout en digestion à une 
température moyenne et en ayant soin 
d’agiter fréquennment, jusquà ce que la 
liqueur ait pris une teinte vert jaune clair. 
S'il ue se formait pas de précipité, il fau- 
drait ajouter un peu de chaux hydratée, 
en évitant toutefois d'en mettre un trop 
grand excès, parce qu'on diminuerait ainsi 
la quantité du produit, et qu'onenaltérerait 
la honte, 


Re 


» L'atcoolése décolore assez promptement, 


… car cet effet peut être produit dansd'es ace 
: d’un jour au plus. L’hydrate de chaux sé- 
* pare une résine dure, brune, avec laquelle 


il forme une combinaison insoluble, tandis 
que la substance verte active reste dissoute. 


. Peu de temps après la séparation du dépôt 


par le filtre, la liqueur se trouble ordinai- 


- rement, en raison de la présence d’une 


petite proportion de chaux qu’elle a retenue 


. à Fétat de solution, On peut prévenir l'ap- 


paritien de ce trouble par l'addition de 


: quelques gouttes d'acide chlorhydrique ; le 


Téver précipité qui se serait formé se redis- 
soudrait, d'ailleurs, à la faveur de cet acide. 
Méanmoins, il est possible d'éliminer toute 
la chaux contenue dans la liqueur en fai- 
sant traverser ceile-ci par un courant de 
gaz acide carbonique, eten filtrant ensuite, 

Alors, la liqueur, devenue parfaitement 
élaire, est soumise à la distillation au bain- 
marie, et l'opération est poussée presque 
jusqu’à siccité, car e résidu ne doit être que 
de 60 à 90 grammes à peu près. Ce résidu se 
compose de la substance verte active, sous 
la forme d’une masse mol'e, baignée par 
uu liquide épais comme du miel, et qui ré- 
sulte d’un mélauge de matières extractives 
et de sels calcaires. Ces matières étant 
solub'es dans l’eau, ce liquide offre un 
moyen facile de les enlever ; après quoi, la 
substance verte, constituant le résidu pro- 
prement dit, est soumise à un léger lavage à 
Veau, puis retirée du bain-marie et desxé- 
chée à une très douce chaleur. 

Ainsi obtenue. cette substance présente 
une couleur verte tres helle, uue odeur 
toute spéciale, une consistance butyreme 
et une saveur âcre prononcte; elle est 
soluble dans l'alcool, l'éther, les huiles et 
les graisses. mais insoluble dans l'eau ; elle 
n'est pas volatile, et elle se décompose aisé- 
_mentsous l'iufluence de la chaleur. 

(Revue scientifique ) 


HTYDRAULIQUE. 


Eæpériences ayant pour but de concilier Les 
hypothèses sur les mouvements intérieurs des 


flots dans des courbes ouverles cl dans des 
courbes fermés. 


(Premier article.) 


On trouve depuis plusieurs auntes, dans 
divers ouvrages, une discussion intéres- 
sante sur la nature des mouvements qui se 
présentent à l'intérieur des flots. Les uns 
prétendent, avec Newton, que les molé- 
cules y oscillent comme dans des syphons, 
c'est-à-dire d’une manière plus où moins 
analogue, en un mot se meuvent dans des 

courbes ouvertes. Ce système est connu 


sousdenom de siphonnement des flots. Les 


autres prétendent qu'elles se meuvent 
d'une manière continue en décrivant des 
courbes fermées , analosues à des espèces 
d'ellipses. Ce système est connu sous le 
noni de mouvement orbitaire des flots. 
. Les partisans de chacune de ces opinions 
Sopposent des faits qui semblent se contre- 
dire ; mais je me suis apercu qu'ils pou- 
Nalent se concilier au moyen d’un phéno- 
MmENC qui n'était pas connu en France à 
l'époque où cette discussion a commencé : 
Je veux parler de celui qui est désigné sous 
le nom d’onde solitaire, qu’un heureux ac- 
cident a fait découvrir en Angleterre, et qui 


a depuis été l’objet de billes expériences de 


M. Russel. 
. En définitive, on n’avait point ; à ma 
Connaissance , fait d'expériences suffisantes 


512 


513 


pour décider cette question, qui n’est ce- | cipe du siphonnement est le fond du sys- 


pendant pas sans importance , puisqu'il ne 
s'agissait de rieu moins, selon un de ces 


| auteurs, que de savoir si l'on devait con- 
tinuerou abandonner le système de la digue : 
| de Cherbourg. 


Un si grand nombre 1e phénomènes se 


| mêlent dansle phénomène général des flots, 


qu'il n'a paru indispensable , avant de les 
étudier d’une manière convenable dans l'O- 
céan, de les isoler autant que possible dans 
un canal factice, afin de pouvoir se former 
une idée de la cause qni produit chacun 
d'eux, et des efleis que manifeste leur en- 
semble. Mais, en se bornant à des observa- 
tions en petit, il fallait cependant prendre 
garde de confondre les phénomènes des 
flots proprement dits avec ceux des simples 


rides ou des ondulations dans lesquels la - 


capillarité et l’élasticité jouent un trop 
grand rôle. Il failait surtout ne pas em- 
ployer un eanal d’un trop petit diamètre, 
et tâcher de se garantir des défauts repro- 
chés par les partisans du syphonnement 
aux expériences des frères Weber. Le ca- 
pal dont je mesuis servi avait un peu moins 
de 24 mètres de long, 72 centim. de dia- 
mètre, et de 42 centim. de profondeur. Ce 
Canal, rectangulaire, en bois, est doublé à 
l'intérieur en:zinc. J'y ai produit des ondu- 
lations en variant successivement les hau- 
teurs d’eau. à 

Pour douner lien à un système d'ondes, 
je soulevais périodiquement un cylindre 
en bois vertical , en le disposant vers le 
milieu de la largeur du eamal , de façon à 
ce que chaque onde s'étendit sur toute 
cette largeur comme une seule barre hori- 
zontale rectiligne ; il n’est pas nécessaire 
que le diamètre du eylindre soit trop large 
par rapport à celui du canal. Par ce moyen 
on voyait, avec un peu d'attention, quelle 
était a courbure des flots et des creux, 
Cette courbure dépevdait de l'intervalle de 
temps qui séparait chaque oscillation du 
cylindre; les flots étaieut évidemment d’au- 
taut plus aigus par rapport aux creux, que 
cet intervalle était plus long. Quand le 
moteur produisait des oseïillations trop ra- 
pides, les ondes se brouillaient, et le milieu 
du canal était alternativement convexe ou 


| eoncave sur la longueur de plusieurs on- 


des. Mais il y avait une certaine vitesse 
d'oscillation pour laquelle Ja courbure des 
flots ne paraissait pas différer beaucoup de 
celle des creux, autant du moins qu’on en 
pouvait juger sans mesures précises, quand 
la profondeur de l'eau dans le canal dépas- 
sait 30 centim. Cette courbure était d’au- 
tant plus aiguë que la profondeur de l’eau 
dans le canal était moindre, et cela suffirait 
peut-être seul pour expliquer les dissidences 
d'opinions sur la forme des vagues. Pour 
mieux voir comment les choses se pas- 
Saient, on n'observait la forme des ondes 
que lorsqu’elles avaient au moins 1 décim. 
de hant. 

En répandant du sable ou des corps lé- 
gerssur le fond du canal, j'airemarqué très 
distinctement un mouvement oscillatoire 
de va-et-vient, ce qui, au premier aperçu, 
semble exclusivement en faveur de 1 hypo- 
thèse du syphonnement des flo's. Mais en 
répandant des corps légers tenus en sus- 
pension à une certaine hauteur au dessus 
du fond, et considérant chacun de ces petits 
corps en particulier , je les ai vus très dis- 
tinctement décrire des ellipses ou courbes 
fermées analogues, ce qui, d’un autre côté, 
semble entièrement opposé au système du 


. Siphonnement. J'en ai conelu que si le prin- 


téme, ce sÿyphonnement ne peut s'effectuer 
sans nécessiter dans les régions intermé- 
diaires des contre-courants qui donnent 
lieu au mouvement en courbes fermées que 
nous venons de signaler. Quand la profon- 
deur de l’eau n’est pas trop grande par 
rapport à la hauteur du flot, ce contre- 
courant des régions intermédiaires se fait 
sentir jusque sur le fond du canal, de ma- 
nière à ce que l’oscillation des petits corps 
roulants sur ce fond, dans le sens du mou- 
vement apparent de l'onde, est un peu 
moindre sous chaque flot que l’oscillation 
en sens contraire, Mais le mouvement en 
courbe fermée que nous venons de consi- 
dérer n'est pas le mouvement orbitaire, 
dans lequel on supposerait que chaque mo- 
léculz tourne autour d’un centre fixe et 
immatériel, et que le mouvement général 
est analogue à celui des anneaux d’une 
chaine. Eu considérant un ensemble de pe- 
tits corps, on les voit, ilest vrai, chacun 
décrire des ellipses comme nous l'avons dit: 
cependant les masses liquides se moulent 
les unes sur les autres: en conservant au- 
tant que possible les distances mutuelles de 
leurs molécules. Il est clair, en effet, que 
l’espace ne serait pas rempli sil n'y avait 
que des anneaux de chaîne. 

Cette espèce de mouvement, jusqu'à un 
certain pointorbitaire, est une conséquence 
du mouvement oscillatoire, au lien d’être 
ici le principe du mouvement de va-et- 
vient sur le fond. En voici une des rai- 
sons : la courbure des flots m’a semblé se 
rapprocher beaucouÿ plus de la courbure, 
conséquence connue de l'hyp-thèse du sy- 
phonnement des flots, que de la courbure 
beaucoup plus aiguë qui serait, comme on 
sait, la conséquence du mouvement orbi- 
taire. On peut voir les tracés de ces deux 
courbes limites dans les 4nnales des ponts 
et chaussées, année 1835. 

Dans ce qui précède nous n'avons évi- 
demment cousidéré que les ondes dites cou- 
rantes, qui onË un mouvement de transla- 
tion apparent d’une extrémité à l’autre du 


‘canal. Mais nous devon; prévenir que cette 


translation n’est pas seulement apparente, 
elle est réel!e, quoiqu'à la vérité bien moin- 
dre que la translation apparente. Il serait 
impossible d'expliquer sans cela comment 
il se fait qu'un système de quelques ondes , 
se dirigeant d’une extrémité à l’autre du 
canal , ne laisse pas derrière lui des ondes 
d’une hauteur analogue. En un mot, on 
concevrait bien un système d’ondes dans 
lesquelles les molécules tourneraient dans 
des espèces d’orbites à peu près fixes ; mais 
comment se ferait-il que ces orbites fussent 
abandonnées par les ondes qui cheminent 
en avant, si elles n'avaient pas un mouve- 
ment quelconque de translation horizontale 
réelle. Cela serait évidemment beaucoup 
plus difficile à expliquer que la disparition 
qui se présente aussi de quelques unes des 
oncles antérieures qui ont à vaincre de l'i- 
nertie dans la masse à mettre en ondula- 
tion. DE Canicxy. 


DD 
SCIENCES NATURELLES. 


TOXICOLOGIE. 
Cours àe M. Orfila. 


Messieurs, 

J'ai encore à vous communiquer quelques 
remarques importantes sur l'appareil qui 
nous occupait à la fin de la séance der- 
nière. Il est de toute nécessité de ne pas 


D14 


employer une flammetrop grande, car alors 
on pourrait ne pas obtenir trace d’arsenic. 
La flamme dans l'appareil dont je me sers 
doit avoir de 3 à 4 millimètres au plus, et 
il faut toujours, pour recueillir les taches, 
placer l'assiette dans la flamme de réduc- 
tion. Il faut encore, pour que l'opération 
réussisse, employer un tube bien éfülé, de 
manière que la flamme ne soit pas épa- 
nouie, mais bien pyramidale et régulière. 

Je sais que, dans cet appareil, quand on 
se borne à recueillir des taches, on perd 
une portion notable d’arsenice ; mais en pla- 
cant dans le tube recourbé une certaine 
portion d'amiante, et en la chauffant à la 
lampe, on obtient un anneau, et la perte 
est moins grande. 

Messieurs, il faut bien, dans ces expé- 
riences, éviter la production de Pacide 
sulfureux. L’acide sulfureux donnerait lieu 
à des taches de soufre, et dans lappareil 
de Marsh lui-même, pourrat former un 
sulfure jaune d'arsenic indécomposable, 
Ainsi l'on pourrait bienne pas trouver d’ar- 
senic dans des matières qui en contien- 
draient. Ce fait grave, à mon avis suffirait 
pour faire rejeter le procédé de MM. Flan- 
din et Danger. 

Mais examinons s’il y aurait avantage à 
employer l’acide chlorhydrique au lieu de 
l'acide sulfurique. Messieurs, je ne le crois 
pas, car il y à dans cet emploi plusieurs 
inconvénients graves que je vais vous faire 
connaitre. — L'acide chlorhydrique atta- 
que très rapidement le zinc, etil se forme 
du chlorure de zinc très volatil qui, comme 
je l'ai déjà dit, peut donner lieu à des ta- 
ches de zinc. De plus, l'acide chlorhydri- 
que est souvent arsénical. Ii peut encore 
contenir de l'acide sulfureux. et il est im- 
possible de l'en débarrasser, Nous repous- 
serons donc de toutes nos forces l’emp'oi de 
l'acide chlorkydrique. - 

Mais par le procédé que nous venons de 
vous faire connaître, il se perd une certaine 
quantité d’arsenic: je vais maintenant vous 
en indiquer quelques uns qui ont la préten- 
tion de ne pas en laisser passer un atome 
sans le recueillir, 

D'abord, parlons du procédé de M. Las- 
saigne. Ce savant fait passer le gaz hydro- 
gène arséniqué à travers une dissolution 
d’azotate d'argent. A la fin de l'expérience, 
on trouve de l’argent métallique précipité 
et de l’acide arsénieux dans la liqueur. On 
filtre, on précipite par l'acide chlorhydri- 
que l'excès d’azotate d'argent; on lave le 
précipité formé, et l’on fait passer à travers 
les liqueurs réunies un courant d'acide sul- 
fhydrique pour déceler l'arsenic. Mais, se- 
Jon M. Lassaigne lui-même, l'argent retient 
toujoursune certaine portion d'arsenic, et, 
sur 30 centièmes, il en reste 43 combinés 
avec le zinc. Donc ce procédé ne donne pas 
toute la quantité d’arsenic contenue dans 
les matières sur lesquelles on expérimente. 

Après ce procédé, vient celui de l’Insti- 
tut. l’Institut fait passer l'hydrogène arsé- 
niqué provenant toujours d’un appareil de 
Marsb, à travers un tube rempli d'amiante, 
À ce tube en succède un autre dont une 
portion est recouverte de clinquant dans 
l'étendue &'un diamètre et placée dans une 
grille de fer de manière à être fortement 
chauffée, Il se forme, dans cetteexpérience, 
et vousle pensez déjà, un anneau arsénical. 
Mais de l’aveu de l'Institut lui-même , cet 
appareil laisse perdre une certaine quantité 
d’arsenic, puisque ce corps savant dit dans 
son rapport «qu'on peut mettre le feu au gaz 
qui sort de l’appareil et essayer de recueil- 


15 


lir des taches sur une soucoupe de porce- 
laine; et qu'on en obtient quelquefois.» De 
plus, le tube droit à l’aide duquel on verse 


l’acide dans le flacon laisse dégager une 


portion d'hydrogène arséniqué. Enfin cet 
appareil est trop long pour être utilement 
et facilement employé. 

M. Malappert a proposé un autre moyen 
de rechercher l’arsenic Ce procédé assez 
simple consiste à faire arriver bulle à bulle 
de l'hydrogène arséniqué dans une atmo- 
sphère de chlore. Le chlore est humide ; 


l'eau qu'il contient est décomposée ; son 
oxygène se porte sur l’arsenic, forme de. 


l'acide asénieux, tandis que son hydro- 
gène et celui du gaz hydrogène arséniqué 
se combinent au chlore your former de 
l'acide chlorhydrique. 

Ce procédé est bon, Messicurs; mais si 
l’on cherche la sensibilité, le meilleur de 
tous ces procédés, c’est celui que vient de 
proposer M. Jacquelain. M Jacquelain fait 
passer le gaz hydrogène arséniqué à travers 
du chlorure d’or très pur. Il se dépose de 
l’or métallique et se forme de lPacide arsé- 
nique qui reste uni à un excès de chlorure 
d’or. On traite cette liqueur par de FPacide 
sulfureux qui précipite tout l’or du chlorure 
et réduit l’acide arsénique à Pétat d’acide 
arsénieux. L'on filtrera et l'on fera passer 
un courant d'acide sulfhydrique à tra- 
vers la liqueur, après l’avoir chauffée pour 
chasser l'excès d’acide sulfureux. S'il est 
une objection à faire à ce procédé, c’est 
qu'il est d'une exécution difficile, impossible 
même pour des hommes peu expérimentés. 

Maintenant , Messieurs, abordons une 
grande question, la question de -quantité. 
Est-il nécessaire, pour établir que lempoi- 
sonnement a eu lieu, de recueillir une quan- 
tité de substance vénéneuse qui ne soit pas 
trop faible, ou bien saffit-il de prouver que 
cette substance existe dans une proportion 
quelconque? Je ne crains pas de poser en 
principe, car je vais le prouver, que du 
jour où l’on voudra dans une recherche 
médico-légale doser Parsenic ou un poison 
quelconque, il n’y aura plus de condamna- 
tion possible. D'abord, sachant qu'il n’y a 
pas d’arsenic normal dans le corps, Si nous 
en trouvons une quantité même très mi- 
nime, nous pouvons en conclure qu'elle y 
a été introduite, soit comme poison, soit 
comme médicament ; c'est ce qu'il sera fa- 
cile de déterminer dans la suite. Mais'à 


cette remarque nous pouvons en ajouter| 


d’autres: Un'chien est empoisonné par lar- 
senic, ilmeurt, je l’ouvre et je trouve le 
poison. Un autre chien est également em- 
poisonné, je le soigne, il guérit, et arsenic 
est éliminé par les urines et les selles. Au 
bout de dix jours, je le pends, j'analyse son 
foie, ses principaux viscères, je n’y trouve 
pas d’arsenic, pouvez-vous en conclure qu'il 
n’y a pas eu empoisannement? Non, assu* 
rément non. Mais si je l'avais tué le hui- 
tième, le septième, j'aurais peut-être trouvé 
de l’arsenic dans son corps. Si je l'avais 
tué le second jour de son empoisonnement, 
j'aurais décelé la présence du produit vé- 
néneux. Tous ces faits tendent donc à éta- 
blir que vouloir doser le poison, c'est rou- 
loir renverser la médecine légale. 

Mais je peux dire encore à ceux qui vou- 
draient doser : tel procédé vous donne plus 
d’arsenic que tel autre; vous, expert habile, 
vous trouvez plus de poison que celui dont 
la main est maladroite; enfin, si vous pré- 
tendez qu'il faut apporter devant les tribu- 
naux une quantité d’arsenic pondérable et 
suffisante pour empoisonner, alors, vous 


516 


devez dans vos recherches chimiques, agir 
sur la totalité du cadavre. Le poison est ab- 
sorbé; il va dans toutes les parties de l’éco- 
nomie, et si vous ne donnez pas tout ce que: 
le corps renferme, alors vous n’avez pas 
dosé. Mais qui pourrait jamais, Messieurs, 
essayer d’ar alyser un cadavre tout entier? 
Résumons donc en deux mots ce que nous 


venons de dire. On ne dosera pas, parce | 


qu'il est impossible de doser; et si jamais: 
vous êtes appelé à vous prononcer dans une 


‘affaire d’empoisonnement, vous direz, il y 


a où il n’y a pas d'arsenic. 

Jusqu’alors nous ayons examiné les di- 
vers procédés suivis lorsqu'on agit sur les 
liquides de l’estomac ou sur les matières 
que l’eau a pu dissoudre. Mais ces liquides 
peuvent ne nous avoir rien donné; le poi- 
son peut-être resté dans les solides eux- 
mêmes ; il s’agit maintenant d'aller l'y dé- 
celer ; c’est ce qui fera le sujet de notre 
prochaine réunion. EF. 


Note sur l'article du docteur Pouchet, sur 
la fécondation. 


Je m'empresse de rectifier une erreur 
grave qui s’est glissée dans mon article in- 
séré dans l'Echo du Monde savant du 12 fé- 
vrier, erreur due à un extrait mal fait du 


Mémoire du docteur Blundell. 


Les lapines, comme on sait, ont deux 
utérus tubulaires et deux orifices vagtraux 
distincts, et n’ayant aucune communica- 


tion l’un avec l’autre. Le docteur Blundell 


intercepta la communication entre un des 
vagins avec l'uléras correspondant; et le 
résultat fut qu'aucun fœtus ne fat trouré 
dans cet utérus, tandis que l’autre (où Pute- 
rus sain dont l’orifice vaginal était intact, of- 
frit plasieurs fœtus. C'est ce que je viens de 
lire dans le Mémoire original. L’expérimen- 
tateur ajoute que dans ces expériences ct 
dans d'autres faites sur des biches, il s’est 
assuré que quoique linterception de la 
communication qui empèche l’arrivée du 
semen à la matrice, rende impossible la fé- 
condation, complète ou la formation d’un 
fœtus, toutefois, l’'accouplement développe 
dans l'ovaire et dans la matrice des chan- 
ments notables , et il pense que la vésicule 
rudimentaire descend dans la trompe et 
parvient àla matrice, où elle forme ane es- 
pèce de germe abortif, Tous ces faits n'ont 
rien, comme on voit, de con'raire à lopi- 
nion du docteur Pouchet, et la confirment 
même jusqu'à un certain point, car si Po- 
vule descend dans la matrice des vivipares 


comme l'œuf dans l'oviduct des ovipares 


sans qu'il y ait contact séminal ct féconda- 
tion , n’est-ce pas une forte présomption 
que cela a lieu dans les cas ordinaires gt 
que c'est dans la matière que s'opère la 
fécondation normale chez les mamanfères 
et chez la femme, et non dans les trompes 
ou dans les cornes de l’utérus ? 
F.S. Consrancio, D. M. 


= — SSL — 
SCIENCES APPLIQUÉES... : 


AGRICULTURE. = 
ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Méthode orthopedique pour le redressement 
des cornes des tawraur et genisses. 


Dans le midi de la France, où les bœufs. 


sont attelés sous le joug, la direction vi- 
cieuse de leurs cornes est un obstacle pour 
les lier. Cette difformité, lorsqu'elle se 
produit, occasionne une perte considérable 


EE 


e_—— 


517 


sur la valeur de l’animal. L'opération qu’on 
fait alors pour scier les cornes, n’est pas 
toujours exempte de dangers; et dans beau- 
coup de contrées les cultivateurs n’achè- 
tent pas, sans la plus grande répugnance, 
un animal qui a été écorné. 

Les moyens que M. Lassarade met en 
usave pour corriger la direction vicieuse 
des cornes des jeunes taureaux, varient se- 
lon que l’animal est au dessous de quinze! 
mois. ou qu'il a passé cet âge. Après le! 
trentiëème mois, ses procédés ne préséntent | 
plus les mêmes chances de succès: | 

Pour les jeunes taureaux au dessous de 
de quinze mois, il a inventé une ‘espèce 
d’étui en bois: dur ,: fabriqué extérieure- 
ment et intérieurement en forme de corne. 
Cet étui, dont la longueur est de 20 cent. 
environ,’pré-ente à sa base une ouverture 
de 3centim., dont le bord est entouré d’une 
petite virole en fer pour lui prêter plus de 
solidité. : 

Dans les arts on ramollit la corne morte 
par l’action du feu, pour en faire une foule 
d'objets qui prennent, en se refroiaissant , 
Ja forme aw’on veut leur donner. 

M, Lassarade a fait la même application 
à la corne wivante ; et pour cela, il ramol- 
lit par, de calorique les cornes des jeunes 
taureauxdont la direction est vicieuse: 
Lorsqu’elles lui paraissent suffisamment 
ramgllies, il les engage peu à peu dans son 
étuienleur donnant successivemeut la di- 
ectioh:qu'il veut leur communiquer, et en 
lès laissant refroidir dans cet état. Une fois 
ætter direction donnée, elle se conserve 
toujours dans la succession croissante de la 
produetionide la corne. C'est ordinaire- 
meukäaLaide.d'un gâteau de farine récem- 
ment retiré, du four qu'il ramollit les cor- 
nessparle calorique , avant de les engager 
dan: son instrument pour les diriger à vo- 
lonté. 

Lorsque le taureau a passé quinze mois 
et que la corne , devenue plus forte, n’est 
plus éga'emeut susceptible de céder par 
l'emploi du calorique, cet agriculteur met 
en usage un autre moyen ; il applique.sur 
le devant du front de l’animal.um petit 
joug en bois de 50centim. de long. Cejoug, 
que repose sur un coussinet ; est 'assujéti 
sur le front à l’aide de longues lanières en 
cuir. A chaque extrémité de ce petit joug 
se trotive unc échancrure où ces courroies 
qui préalablement ont été fixées au bout de 
chaque corne, viennent prendre un point 
d'appui en les attirant vers l'instrument. 
Chaque jonf on serre d’un point de plus la 
courroie, et successivement on rapproche 
ainsi les extrémités des cornes des extrémi- 
tés du joug , jusqu’à ce qu’elles aient at- 
teint la direction qu’on veut leur donner. 
de cette manière la corne peut être rame- 
née en avant ou en bas autant quon. le. 
veut, en lui faisant décrire, jour par jour, 
au point de son implantalion sur la tête de 
lanimal , un mouvement gradué de rota- 
tion. 11 est rare qu’au bout d’un mois la 
difformité n’ait pas complétement disparu 
Pour ne plus se reproduire. 

Les inétruments dont M. Lassarade se 
Sertsont-tellement simples, qu’il n’est au- 
can, cultivateur qui ne puisse lui-même en 
faire Papplication. Avec moins de 5 francs 
on peut se les procurer. Sur une quinzaine 
de taurenx°@u de génisses sur lesquels 
M? Lassarhe"% fait usage de son procédé, 
il a toujonrs Lean réussi. 

a Agriculture, journal de la Gironde.) 


518 
HORTICULTURE. 
Système de plantation des pins et des sapins. 


La feuiile centrale de la Société d’agri- 
culture de Bavière (3 février 4842) contient 
une communication faite par le comte de 
Mendelsloh, conseiller forestier à Ulm, 
sur les procédés employés à diverses plan- 
tations exécutées sur une grande échelle, 
et spécialement aux forêts du Harz. 

-s 4 Voici le système de plantation quon suit 
dans ces contrées où les pins et les sapins 
poussent, même, sur les côtes rapides des 
montagnes, comme par enchantement. 

Au milieu desterrains destinés à la plan- 
tation, ou choisit des places convenables et 
d'une contenance calculée, dans la propor- 
tion d’un are à peu! près par hectare. Ce 
terrain est soigneusement labouré en au- 
tomne etau printemps; on le fait épierrer, 
on l'entoure, contre l'approche des ani- 
maux, d'un fossé, ou mieux d’une haie sè- 
che d’épines. En automne, dans les terres 
arides, au printemps, dans le courant d'a- 
vril, et au plus tard avant la seconde moi- 
tié de mai, dans les terrains plus frais, on 
procède au semis de la manière suivante. 

On-ouvre-au cordeau des petits sillons 
dela largeur de6 x8 centimètres, profonds 
d'un centimètre et demi et distants l’un de 
l’autre de 30 à 33 centimètres ; on y sème 
ses graines dans la proportion d’un kilo- 
gramme à peu près par arc, eton les re- 
couvre d’un centimètre de terre légère. 

Quand le plant a levé, on éherbe soigneu- 
sement ces petites places, et on répète cette 
opération pendant les premières années, 
autant que le besoin dela propreté l'exige. 

La quatrième ou cinquième année, les 
jeunes arbres ont de 12 à 15 centimètres 
d’élévation, et c’est alors qu’on procède à 
là plantation en place, 

À cette fin, on coupe soigneusement à la 
bêche les sillons ensemencés, par lanières 
et par plaques, à peu près de la forme d’une 

forte brique. Au moment de planter, on 
divise ces plaques à /æ main, de manière'à 
former des petites touffes de 2 à 4 plants: 
on pose ensuite ces touffes, ayant conservé 
leur motte de terre, dans des petits trous 
préparés d’avance, à 11/2 à 2 mètres de 
distance, un peu plus creux que l'épaisseur 
de Ja motte. 

-Celte manière de planter par toufle a les 
avantages suivants : les racines deplusietrs 
plants ensemble empêchent Hacterre des 

:mottes de tomber; les plants s’abritent 
mutuellement, et un entre eux aura tou- 
jours le dessus et formera l’arbre; les au- 
tres, s'ils ne périssent pas d'eux-mêmes, 
sont détruits quelques années plus tard. 

Il n’y a pas d'exemple qu'une telle plan- 
tation ait manqué; au bout de vingt au- 
nées, les arbres ont généralement de 6 à 9 
mètres d’élévation, 

En résumé, on a eu l’avantage de profiter 
du terrain destiné à la plantation pendant 
trois ou quatre années, et celui, beaucoup 
plus grand d’avoir eu le temps pour le bien 
préparer à l'usage par l'établissement préa- 
lable de prairies, qui, retournées l'année 
qui précède le semis, lui sont infiniment 
profitables. On n’a employé que du jeune 
plant vifet sain, sans avoir dérangé leurs 
racines ni interrompu la végétation; on a 
enfin celui d’avoir pu planter sans obsta- 
cles les pentes les plus rapides. 


519 


Extrait d’un Mémoire lu à la Société 
d'agriculture de Turin, par le Sisnor 
Felice-Amato Duboin. — De la Muscar- 
dine. 


L'influence fâcheuse qu’à mon avis peut 
exercer, sur l'éducation des vers à soie, 
l’opinion que la muscardine est contagieuse, 
si elle vient à prévaloir sur l'opinion con- 
traire, me détermine à consigner ici mes 
doutes à cet égard. 

Ceux quigroient à la contagion de la 
muscardine,, ;au.lieu, de. gouverner leurs 
vers de manière à rendre cette maladie 
comme impossible, ou sont découragés en 
désespérant de trouver moyen de la préve- 
nir, ou se fatiguent et se consument inutile- 
ment à en détruire les germes, si toutefois 
ils ont les connaissances nécessaires pour 
employer les moyens qui leur sont indi- 
qués. 

Afin d'éclairer, une question qui divise 
les éducateurs, ik faut, avant tout, bieu éta- 
blir ce qu’on entend|par la contagion de la 
muscardine. 

Pour déclarer cette maladie contagicuse, 
il faudrait pouvoir considérer comme 
prouvé que le contact est la cause princi- 
pale de la communication de la maladie, 
soit qu’elle provienne d’un contact sur ge= 
neris où du germe d’une plante parasite ; 
mais celte preuve, on l'a si peu jusqu’à pré- 
sent, qu'il est reconnu que dans une ma- 
gnanerie bien gouvernée, au dire du signor 
Bassi lui-même, bien qu'il y ait quelques 
muscardins, le mal.ne:se propage pas. 

Quand ensuite.on mous dit que le contact 
ne suffit pas pour déterminer cette maladie, 
mais qu’il faut des circonstances particu- 
lières, que lon sait d’ailleurs suffire à la 
faire naître, je ne :sais comment l’on peut 
affirmer qu’elle est due au contact plutôt 
qu'aux circonstances propres à la pro- 
duire. S 

En laissant des vers sur une litière de 
plusieurs jours,humide ou en fermentati 1, 
dans des chambres closes et non ventilées, 


| avec une nourriture peu abondante et mau- 


vaise, on à toujours des muscard'ns: en 
les tenant, au contraire, dans un lieu spa- 
cieux et ventilé, avec une litière peu épaisse 
el sèche, en les nourrissant suffisamment 
de bonnes feuilles, il ne m’a jamais été pos- 
sible de communiquer la muscardine par le 
simp'e contact, bien que j'aie tenu, pen- 
dant toute la quatrième mue, des muscar- 
dins, mêlés avec les sains, de manière que 
le contact fût presque continuel, et que j'aie 
toujours remarqué quelques muscardins 
sur mes toiles et mes claies. 

Après cela, comment croire que les vers 
que l’on voit mélés accidentement au mi- 
lieu de tant d’autres bien portants, sans 
leur communiquer leur mal, laient recu 
d’une cause contagieuse? Pourquoi ne le 
communiqueraient-ils pas à d’autres ? 

Il y a quelques années, ayant par hasard 
des vers nés d’une graine éclose naturelle- 
ment, et la température ayant baissé cx- 
traordinairement, ils furent placés dans un 
panier, au dessus de charbons allumés, cou. 
verts de cendres : mes bergers ayant recou- 
vert le panier peu d'heures après, tous mes 
vers se trouvèrent muscardinés et blancs, 
à l'exception de ceux de la couche su pé- 
ricure, qui firent un cocon tel qu’on n’en 
peut guère desirer de meilleur. 

Il m'est arrivé aussi d'employer des 
branchages qui avaient été couverts de : 
muscardins après leur monte, et que j’ache- 
tai de voisins dont la muscardine détruisait 


320 


eus les ans les espérances ; aucun de mes 


vers n'a péri de cette maladie. 

Si la muscardine étaitune plante cry pto- 
game. on devrait, À mou sens. distingner la 
muscardine proprement dite de la maladie 
nmonencore bien définie, à Ja suite de la- 
quelle cette plante peut apparaître sur le 
cadavre du ver, je dis surie cadavre, parce 
qu'il me semble bien douteux que ee végé 
tal, dont on veu: faire la cause de la mus- 
cardine, prenne racine sur un ver vivant et 
puisse le tuer: il me semble plus probable 
qu’elle ne se produit qu'après la mort et à 
la suite serlement d'une maladie qui ne 
laisse pas le cadavre comme dissous en une 
Substance molle, mais le rend sec, dur et 
æaide.1l nest arrivé de reconnaître au tact 
le principe de cette durcté sur des vers en- 
&ore vivants et avant qu'il y eùt le moindre 
indice de mascardine et de cette végétation 
qui est, à mes yeux, l’effet plutôt que la 
cause de la mort de l’ixecte. Fajoulerai 
même que je crois avoir réconnu que, dans 
les cas où l’on éprouve quelqne dureté an 
contact. le corps du ver, à la mort, devient 
mou et ne prend sa raileur que quelque 
temps apres. 

Bien que certains auteuis attribuent la 
muscardine à cette plante que l'on ait nai- 
£re et croître sur le ver tant vif que mort 
(chose étrange, puisque la vi: et la mort 
devraient présenter des éléments de végé- 
tation dif. érents), je ne trouve pas suffisam- 
ment démontrée son exis ence sur les vers 
vivants, et encore moin qu'elie occasionne 
la mort avec les symptômes qui l’accompa- 
guent et auxquels succède la muscardine. 

1l est encore plus difficte de croire que 
le germe de e tte plante se tronve dans la 
coque où est rent rmé le ver avant de nai- 
tre, ou plu ôt dans la substance dontils'ex- 
gendre par le concours de là chaleur, et 
dans le cocon où il se cache en se transfor- 
mant en chrysalide, comme le prétendent 
les partisans de la contagion, en 5e fon- 
dant, non sur un vice des hnmeurs qui 
seul peut se transmettre avec la semence, 
mais uniquement sur l'existence d'une 
plante dent la poussière féeondante qni ne 
<e voitnine se connaît serait à les entendre, 
le miasme contagieux. 

S'il était vrai, comme Je suis porté à le 
croire, que ce ne soit pas la plante erypto- 
game qui tuc le ver, mais que, pour d’au- 
tres causes, le ver meure d’une maladie 
particulière qui rend le cadavre apte à la 
développer, au lieu de s'occuper des effets 
de cette maladie après la mort, il convien- 
drait plutèt de rechercher quelles causes 
Aa produisent, et d'introduire dans les édu- 
cations les pratiques simples et certaines 
que l’expérience démontre propres à les 
éloisner. 

On devrait d'autant plus insister sur 
leur observation plutôt que sur les lavages, 
fumigations et autres opérations désinfec- 
tantes, dispendienses et difficiles à prati- 
“quer par des villageois, qu'elles prévien- 
draient aussi lesautres maladiesetconcour- 
aient à faire obtenir de meilleurs produits. 

‘Foutefois, ceux qui croient à la conta- 
gion de cette maladie et à la nécessité d’en 
détruire annuellement les germes, de- 
vraient, avant que de l'étudier sur le cada - 
vre, longtemps après Ja mort, l'examiner 
pendant la vie et, au moment où elle cesse, 
en observer les principes et les progrès et 
tâcher de saisir l'opération qui se fait dans 
le corps du ver, et surtout dans la substance 
soyeuse qui change promptement de cou- 
leur et de nature, devenant dure et friable, 


521 


de molle, gommeuse et adhérente qu'elle 
était d'abord de la couleur de Ja soie, sur- 
tout après la quatrième nue, phénomènes 
bien étranges, je le répète, pour une cause 
telle que la présence d'une plante crypto- 
game. 

S'il m'est permis de hasarder une con- 
jecture, je dirai que Àà plus vraisemblable 
pour le moment, c'est que, la maladie est 
une altération chimique de la constitution 
organique du ver, due à lPabsorption de 
principes miasmatiques qui se développent 
dans les circonstances que j'ai déjà men- 
tionuces, altéralion qu'on peut prévenir 
par les procédés tout à l'heure rappelés. et 
peut-être aussi par les moyens curalifs si- 
gnalés par les auteurs, si réellement leur 
efficacité a été constatée par ceux qui les 


ont essayés. 


Dans cette hvpathèses, tous les vers d’une 


! magnancrie étant également sajets à l'in- 


flience des mêmes causes, on compren- 
drait pourquii tous sont infectés de la ma- 
ladie presqu'en même temps, et cela expli- 
querait aussi pourquoi, cetle cause étaut in- 
visible et difhcile à apprécier, on a inventéla 
théorie du contact. Mais si l’ou fait atten- 
tion à son mode de propagation, on recon- 
naît qu'elle ue se manifeste pas davantage 
au voisinage des muscardins que des sains, 
mais bien séparément çà et là, et moins 
qu'ailleurs partout où l'air circule plus li- 
brement, et sur les Htières bien sèches. 
(fraduit par M. Duval, substitut à Rodez.) 
(Le Propagateur de la soïe.) 
—— pe 
SCIENCES HHSTORIQUES. 


Science rt arb de La perspective (1) — Re- 
cherches historiques. 
C'est une question qui a été longuement 
débattue que celle de savoir jusqu'à quel 
point les anci: ns ont connu la perspective ; 
les différents auteurs qui se sout occupés 
de cette discu:sion ont été d'opinions très 
différentes ; les uns out été admirateurs 


: aveugles de tout cequi venait de ces artistes 


dantrefois , et ont soutenu qu'ils devaient 
connaître parfaitement cette science, ait 
indispensable au peintre; Îles autres ont 
donné dans l’extrémeopposé : ils ont avancé 
qu'ils ignoraieutentierement la perspective, 
et pour cela ils sé fondent sur les peintures 
d'Herculanum, parmi lesqnelles il y a beau- 
coup de paysages, qui tous, disent-ils, ont 
des défauts de perspective ; mais il est à re- 


de Pompéi, et quelqnes autres trouvées 
dans les Thermes de Titus ont été généra- 
lement exécutées par des artistes médiocres. 
Les peintures trouvées à Herculanum, ne 
peuvent guère servir à nous donner des 
idées justes sur l’état de l'art, à l'époque où 
elles ont été exécutées; car, après avoir 
existé déjà peut-être depuis fort longtemps, 
elle ont été cnseveliés pendant près de deux 
mille aus sous la lave et les cendres. Du 
reste, Pompéi et Heérculanum n'étaient pas 
des villes du premier rang, et encore les 
peintures ne s'étant trouvées que dans les 
maisons dé campagnes, on ne doit pas s'at- 
tendre que ce soient des chefs d'œuvre peints 
par les grands artistes d'alors; si l’une de nos 
villes du troisitine où même dusecond ordre, 
avait le malheur d’être engloutie, et qu'a- 
près un intervalle de deux mille ans on la 

1) Nous donnerons sous ce titre, une suite d’arti- 
cles qui traiteront spécialement, à part historique 
des progrès de Penseignement, de la manière dont la 
perspeelive a été envisagée par les grands artistes, 
par rapport à la représentatjon de leurs conceptions. 


marquer que ces peintures ainsi que celles ! 


522 
déterrât, on aurait tort de vonloir établir 
un jugement sur les ouvrages de l'école 
francaise et de juger nos grands maîties 
d'après des peintures de mur, ou d’autres 
tableaux qui pourraent Sy trouver; au 
surplus, plusieurs auteurs anciens, Pline, 
Quintilien, Philostrate, etc., nous ont laissé 


| le récit des effets que plusieurs peintres des 
| temps les plus réculés ont produit par la 


pratique de la perspective ; ces récits sont 
suffisants pour attester qu'elle était connue 
ét pratiquée. 

Horace, Art poétique, v. 272, et Vitruve, 
dans la préface du livre vir, mous appren- 
nent qu'Eschyle fut le premier qui fit cons- 
trairé à Athènes un théâtre solide, pour y 
faire représenter ses tragédies; qu’il le fit 
oruer de peintures convenables aux sujets 
qu'il mettait en scène, et que le peintre 
Avatharque, chargé de la décoration, vou- 


: lant obtenir le plus d’effet possible eut 
: recours à la perspective. Geci n’est pas ane 


preuve, comme on l’a dit, que les peintres 
ne l'employaient pas avant cette époque 
dans Fexécution de leurs tableanx, mais 
qu'Agatharque lappliqua seulement alors 
au théâtre. Un autre exemple de la pers- 
pective des anciensestencore cité dans cette 
préface, Vittuve décrit use décoration 


exécutée par Apaturius, sur nu petitthéâtre 


dans la ville de Trace, et il dit: que Paspect 
de cette décoration flattait agréablement la 


vue par son relief et ses sullies apparentes. 


Agatharquecomposa untraité de perspée- 
tive, d'après lequel Démoerite et Anaxagore 
écrivirent sur le même sujet pour démon- 
trer comment on pent donner une appa- 


| rence de réalité à des édifices qui #e“sent 
qu’ figurés, sur des surfaces planes; vues 


de front, et qui néanmoins paraissent, les 
uns saillants ou approchés,- les” autres 
fu yants ou éloignés. 

Selon Piine: Pamphile d'Amphipolis, fut 
le premier qui réunit | étude des lettres et 
des sciences à celle de ia peinture; il s’at- 
tacha surtout à la géométrie, sans iquelie 
il suutenait que l'art de peindre ne pouvait 
avriver à sa perfection ; mais Pamphile con- 
fonduit vraisemblablement sous une même 


: dénomination la perspective et la géomé- 


Die quai l'euseigue, sinon quel autre seeonrs 
cette dernière science pouvait elle eftrir à 
la peinture. 
Le mème auteur nous apprend qu’Apel- 
les, qui fut disciple de Pamphile, avait des 
connaissances profondes de son art, et 
qu’en se vantant de sa supériorité en cer- 
taiues parties, il avait la modestie de con- 
venir qu'il était inférieur à Ampbion pour 
l'ordonnance, et à Asclépiodore pour les 
mesures et la distance relative qu’il fallait 


mettre entre les figures dans un tableau ; 


or, ces mesures et cette distance dépendent 
de la perspective. 

Pline, d'après Valère Maxime, rapporte, 
qu'aux jeux publics, donnés par Claudius 
Pulcher, il y avait une des peintures du 
théâtre qui était si parfaite, comme imila - 
tion produite par la perspective, que des 
corbeaux vinrent s'abattre contre!la partie 
qui représentait le toit d’un édifice, tro né 
par la vérité qu'offrait l'aspect des-tiiiles 
imitces. À RACIUEE 

Pline nous a transmis encore d'autres 
exemples de l'application de laipèrspeetive, 
eutre autres, celui d'un bænfohetat: par 
Pausias de Sicyone, et quisfabaitrpartie 
d'une grande composition qu décorait le 
portique de Pompée à RomerrCet animal 
avait tout le relief que présente la nature, 
et il semblait venir vers le spectatemmsn 


6 pe RTE pt = D 


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EE D D © RÉ V  r 


523 

semblable résultat ne pouvait être obtenu 
que par la science des raccourcis, science 
qui dérivé naturellement de l’étude de la 
perspective. 

. Ces exemples prouvent suffisamment 
que la perspective n'ême dans les temps 
les plus reculés, faisait partie des connais- 
sances du peintre; il ne pouvait en être 
autremrent, seulement on est autorisé à 
croire qu'ils n'avaient pas autant usé de ses 
ressources qu'ont pu le faire lesartistes mo- 
dernes, dont les compositions sont en gént- 
ral beaucoup plus étendues et offrent divers 
plans; les anciens, comme l'a observé 


Mengs, faisaient entrer peu de figares dans. 


leurs tableaux, et encore les plaçaïent-ils: 
les unes à côté des autres, afin de concen- 
trer l'intérêt. Cependant on ne doit se pro- 
woncer suf ce point qu'avec de grades 
résérves. car aucun de; ouvrages des grands 
maîtres ne nous est parvenu; nous ne les 
coupaissons que par les descriplions des 
auteurs anciens; or, on doit naturellement 
être porté à croire que ces peintures étaient 
dignes des éloges qui leur ont été accor- 
dés, puisque les statues que nous possédons 
et qui sont des mêmes époques,confirment 
en tous points ce que les mêmes historiens 
nous ont transmis sur elles. TuéNorT. 


GÉOGRAPHIE. 


Ruïnes de Carthage ; par M. Félix Flaché- 
& paker. 


= (Deuxième article.) 


AÀ.59 pas au delà des cellules, on trouve 
de-grandes ruines de massifs, mi parte 
dans, Leau,n.i partie sur le rivage, sur les- 
quelles les vagues vieunent déferler avec 
fureur, car la mer dans cet endroit est très 
profonde et le sirocco soufile avec force 
daus eelte partie du golfe. Ces massifs ont 
pu servir de tours ou de custodium. Vien- 
nent ensuite trente-sept cellules semblables 
à celles que je viens de décrire : 100 pasau 
delà , se trouve un quai de 0,975 de lar- 
geur, séparé du rivage par un cauat de 
5,847 de large; la mer vient briser ses 
vagues avec force en cet endroit : restes iu- 
signifiants de constructions sur le rivage, à 
quelques mètres duquel on trouve sur uv 
terrain un peu élevé des fragments nom- 
breux decolonnes,de chapiteaux disséminés 
çà etlà et qui semblent former introduc- 
tion aux ruines imposantes d’un temple, 
quon dirait avoir été construit en cet en- 
üyoit comme pour indiquer la limite de la 
ville et du port. Ge temple paraît avoir été 
consacré à Neptune ou à Junon Céleste ; 
d’autres y ont retrouvé l’église dont parle 
Procope, et qui avait eté bâtie par les fi- 
dèles de Carthage en l'honneur de saint Cy- 
prien. 

Cet édifice, qui a 56 pas de profondeur 
sur 50 de large ; avait son entrée du côté 
du rivage dont il n’est éloigné , comme je 
Vai dit, que d’une faible distance. 1] était 

Soutenu. -par d'énormes piliers qui sont en- 


| gore.debout et qui ont 2m, 17 d'épaisseur. 
} Bans la partie du fond on remarque quatre 


niches destinées probablement à recevoir 
dessstatues ; à droite et à gauche de ces ni- 
chessontd'immen,es ouver.ures qui don- 
naientdetrière sur la campagne et qui sont 
en grande:partie comblées. 

1 #Sur-là droite du temple, on trouve une 

partie latéraletrès vaste soutenue par d’au- 

wes piliers énormes et ayant également plu- 

‘sieurs ouvertures encombrées qui don- 


524 


vaient dans d’autres pièces et sur la cam- 
pagne. Ce lieu devait servir d'habitation 
aux prêtres de la divinité. 

L'intérieur du temple est rempli de fûts 
de colonnes, de sacles, de chapitaux corin- 
thiens dans le meilleur état de conserva- 
tiou. Quelqnes uns que j'ai dessinés repré- 
senteut des fleurs et des fruits entrelacés 
de serpents; puis on voit des caisses rerm- 
plies de marbres et de bis-reliefs. Le nom- 
bre des colonnes et des chapiteaux est con- 
sidérable : chaque pièce est marquée et 
numérotée ainsi que les caisses, comme uu 
article dem agasin ; c'est sir Granville Tern- 
ple qui a.entreris-ces fouilles auxquelles il 
a consacré six mois, et quisont sarveillées 
en son absence;ow plutôtqui ne le sont pus, 
par sir lakram, vice-consul anglais. Il a 
trouvé dans ces ruiaes divers obj-tsen verre 
et en argile, outre 700 pièces de monnaie; 
mais Ja plus remarquable de ses découver- 
tes est celle d’une villa située au bord de la 
mer, et dont je parlerai. 

Les vestises d’antiquités les plus remar- 
quables et sans contredit les mieux conser- 
vés sont les citernes, à la droite desquelles 
s'élève le petit fort Saint-Louis impropre- 
ment nommé par les chrétiens, Tombeau de 
saint Louis. | 

Ces citernes, qui sont au nombre de 
dix-sept et dont la façade est obstruée par 
une foule d'énormes pierres, an milieu 
desquelles croît en grande abondance le 
Camærops humilis, étaent ornées, à leur 
entrée, de deux pelites tours dont les dé- 
bris sont encore assez bien conservés. Les 
citernes sont rangées parallèlement l'une 
derrière Pautre; à droite ét à gauche, sur 
les côtés, sont pratiqués des couloirs qui 
conduisent jusqu'aux dernières qui se trou- 
vent entièrement dans Pobscurite ct où il 
serait dangereux d2 s'engager à cause des 
accidents de terrainet des éboulements qui 
peuvent arriver. Leur hauteur moyenne 
est de 3,25 à 3,898, du moins dans les 
premieres, où il n'y a pas d’eau, elles ont 
5",982 de largeet une longueur dei 2,993 
dans œuvre ; les murs ont 1",3 d'épaisseur. 
Dans chaque mur qui les sépare l’ane de 
l’autreest pratiquée une large ouverture qui 
leur communique la lumière et qui peut- 
être avait encore une autre destination. Les 
voûtes de ces citernes n’ont guère que 
0.216 d'épaisseur, etsont formées de pe- 
tites pierres noires etrouges mêlées dans un 
mortier de pouzzolane plusdur quedu gra- 
nit: ilfautemployer le marteau pour en cas- 
ser de faibles parcelles; telle est la dureté de 
ce ciment, que dans plusieurs endroits, 
les parois latérales sont tombées, et que la 
voûte s’est conservée elle seule presque 
intacte. Les deux ou trois premières ci- 
terues, dans lesquelles on peut pénétrer, 
comme je viens de le dire, sont à sec et 
deviennent souveut un lieu de halte et de 
repos pour les voyageurs fatigués 

Au-dessus des petites citernes, on gravit 
une colline sur les flancs et au delà de la- 
quelle on trouve des ruines de souterrains 
partagés en plusieurs petites cellules, qui 
pourraient bien avoir servi de bains, vu 
leur proximité des citernes, auxqueiles, du 
reste, nul conduit ne paraîtavoir amené 
l’eau du ciel, comme les réservoirs et les 
citernes particulières de Tunis. 

La pensée la plus naturelle et qui vient 
saisir l'esprit et attrister l’âme, en repor- 
tant ses regards sur cette vaste étendue de 
ruines, c’est le souvenir de ce que fut cette 
ville superbe, qui, de même que Palmyre, 
Babylonne et tant d’autres capitales, 


033 


\ n'offre plus que des monceaux de décom- 
| bres, que sillonne péniblement la charrue. 
du laboureur. 


Tombeau ou fort Saint-Louis. — C’est 
une construction de peu d'importance, 


iuabordab'e d'u côté de la mer, et qui vient 
! s'arroudir au-dessus des rochers et dés mu- 


railles eu talus qui dominent le golfe à une 


!: hauteur de 38 ",98. 


Une petite esplanade se développe de- 
vaut la facade de ce fort qui n'est garni 
que de huit ou dix pièces en mauvais état, 
et dont Ja garnison se compose d’une dou- 
zaine de soldats dégnenillés. 

Non loin du fort Saint-Louis, et en avant 
de Pancien aquéduc, se trouve cette partie 
haute de Pantique Carthage, qui a reçu le 
nom de Hont-Louwrs-Philippe, deprus le don 
que, l’année dernière, le bey Sidi-Ahmed a 
fait au roi des Français d'un terrain situé 
entre [a mer et les ruines de cette ville, Là, 
s'élève, sous les auspices de M. Jonrdair; 
architecte, une chapelle que le roi a con- 
sacré à la mémoire de Lou's IX, sur la 


terre même où le pieux monarque ex- 
pira. 
Le 25 août 1841, le gouverneur de la 


Goulette, Sidi-Mahmouth Cogia, le même. 
qui fut envoyé en France lors du sacre 
de Charles X, fit solennellement la remise: 
de ce terrain, au nom du bey, à M. de 
Lagau, consul général de France, en pré- 
sence de M. le vice-amiral de Rosamel, 
commandant l’escadre en station devant 
Tuuis, de la population française et des 
étrangers résidant eu cette vi le. 

La chapelle est bâtie en pierre appelée 
marbre de Soliman, avec des remplissages 
en pierre de tuf du sol de la baie de Car- 
thage, et voûtée en briques de Gênes, avec 
enduit de mortier de chaux, formant stuc, 
à la manière du pays 

La porte d'entrée de la chapelle regarde 
celte mer si souvent sillonnée avec gloire 
par les vaisstaux français, depuis les mer- 
veilleuses prouesses des croisades jusqu'aux 
derniers triomphes de nos armes sur la pi- 
raterie barbaresque. Au dessus de cette 
porte est une table de bronze, longue de 
1,80 sur 0,65 de hauteur et destinée 
à recevoir l'inscription en quatre lignes, 
demandée par le roi à l'Académie des ins- 
criptions et belles-lettres. 

En quittant le fort Saint-Louis ét en des- 
cendant vers le rivage, on arrive à un sen- 
tier qui remonte au sommet de la colline, 
à droite et à gauche de laquelle gisent des 
débris nombreux; de toutes parts le cactus 
au feuillage glauque forme une haie impé- 
nétrable, À cinquante pas du sentier, Pen 
trouve une large coupure taillée dans ja 
colline et qui contient les ruines d'un con- 
duit ou kandak qui devait verser les im- 
mondices à la mer. 

On passe ensuite le lit d’un torrent, et 
l’oa arrive, après avoir rencontré plusieurs 
ruines insignifiæntes, à une villa située ax 
bord de la mer et ensevelie à 4,872 sous 
terre. Huit chambres sont entièrement dé- 
blayées, et leur forme, ainsi que leur déco- 
ration, prouvent que cette maison de plai- 
sance appartcnait à un riche personnage . 
les murailles sont peintes etle vestibule est 
pavé en superbe mostique, dans le même 
style que celles de Pompei et d'Hercula- 
num. La salle de bains, qui est la pièce la 
plus voisine du rivage, est surtout remar= 
quable : on y descend par trois marches, 
ayant chacune 0,,,32 de hauteur, sur ( 378 
de large: cette salle à 3",573 de longueur 
sur 3,03 de large; sa profondeur est de 


026 


1»,08; les parois intérieures sont stukées À 
la truelle avec une telle perfection qu’on 
ies dirait recouvertes d’un vernis : le re- 
bord qui encadre la salle de bains et qui la 
met au niveau du sol, n’a pas moins de 
0®,975 de large, et est recouvert de mo- 
saiques vertes et blanches dont une grande 
partie est détruite, 

En continuant à cotoyer le rivage, on 
remarque que les rochers qui étaient jus- 
que-là très escarpées s’adoucissent dans leur 
pente et finissent par s’abaisser progressi- 
vement jusqu'à un endroit isolé où le sol 
est de niveau avec le rivage, à soixante pas 
duquel on trouve les débris imposants 
d’une des portes de la ville : cette porte 
se compose de deux massifs ayant environ 
40 à 12 mètres de hauteur, formant au mi- 
lieu une grande ouverture de 5 mètres, et 
latéralement deux petites. Ces deux mas- 
sifs, ayant forme de tours, sont percés 
d'énormes trous ronds dans la partie qui 
regarde la mer; l’un de .ces massifs, demi- 
circulaire, a 16 mètres pour l'arc et 7 mè- 
tres de corde. ed 

En suivant les contours du rivage, qui 
décrit une courbe depuis les vestiges de 
porte que je viens de citer jusqu'au pied 
du cap Carthage, on retronve des masses 
de ruines qui paraissent avoir appartenu à 
des fortifications qui se reliaient peut-être 
à cette porte même. 

(Æxtrait des Annales des voyages.) 


LRETS SLT U 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE,. 


Ci 


FAITS DIVERS. 


— Pau. La Société des’Scientes, Lettres et Arts 
dé Pau a décidé, dans sa derniere séance, que les 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — FÉVRIE 


527 

sujets suivants seront mis au Concours : 1° Quel 
était l'état des personnes dans le Béarn au moyeh- 
âge, c'est-à-dire du cinquième au quinzième siècle? 
2° Quelles sont les industries qu'il serait le plus 
utile de développer dans le département? Les prix 
consistant en deux médailles, l'une de 100 fraues et 
l'autre de 50, seront décernés en séance publique. 
Une demande a été adressée au conseil municipal de 
Pau pour qu'il fasse les fonds d’un troisième prix. 


— Saint-Omer. La société des Antiquaires de la 
Morinie, siégeant à Saint-Omer, décernera, le 24 
décembre 1843, une médaille d’or de 500 francs: à 
l'auteur du meilleur mémoire sur cette question ; 
« Déterminer la différence qui existe entre les insti-: 
tutions communales de la Flandre au moyen-ûge, 
et les institutions communales. dela France à la 
même époque, tant sous le l'apport de leur origine 
que sous celui des lois'et eoutumes qui les ont régies 
jusqu'au siècle de Louis XIV:» Les Mémoires de- 
vront être remis, en lb forme -ordinaire, avant le 
167 octubre 1843. La mmêmie société propose pour 
l'année 1844 uue médaille d'or de 500 francs au 
meilleur Mémoire présenté sur un sujet important 
d'histoire, de géographie ou d'archéologie relatif à 
la Morinie pendant l'époque dite du moyen-äge (de 
500 à 150Ù). La Svciété verrait avec plaisir qu’on 
taftat de la géographie de la Morinie sous Charle- 
mage el ses successeurs jusqu'à Charles-le-Chauve 
inclusivement. On devra adresser également, avant 
le 197 octobre 184%, les Mémoires à M. Louis dé 
Givenchy, secrétaire de la Société à Saint-Omer, 

— Tournon, Un bibliophile de Tournon vient.de 
faire une précieuse trouvaille danses environs d’An- 
nonay, au fond d'uue pauvre ferme: C’est, dil-on, 
le premier manuscrit, le brouillard du savant ous 
vrage, les Aphorismes d Hippocrate, publié en grec, 
en latin et en hébreu, en 1647, par le célèbre 
Marc-Antoine Gaiot d’Annonay, professeur d’hé- 
breu à Rome pendant de longues aunées. 

__ (Gaïeite spéciale de Instruction publique.) 

— ] parait que dans l’espace des vingt dernières 
années, le nombre des individus atteimts de folie en 
Angleterre a plus que triplé. Le nombre total se di- 
vise ainsi : fous, 6,808; idiots, 5741 ; ensemble, 
12,547 : c'est à la population, dans le rapport de 1 


à 1.000. 


928. 


Dans le comté de Galles : fous, 133 ; idiots, 763; 
total, 896; proportion, de 1 à S00. 
Il y a en Ecosse, 3,652 fous, environ 1 sur 700; 
et en Irlande. je nombre s'élève à plus de 8,000. 
Des études faites sur 1,000 individus atteints de 
folie ‘ont permis d'en donner à peu près les différen- 
tes causes avecJeurs chiffres respectifs ; boisson, 110; 
banqueroute, 100 ; atteints d'epilepsie, 78 ; ambi- 
tion, 73 ; travail forcé, 73 ; idiots nés, 74; misère, 
69; caducité, 69; chagrin, 54; amour, 473 acci- 
dents, 39 ; dévotion, 29 ; opinions politiques, 26 ; 
-empoisonnement, 47 ; illusion, 12 ; crimes, remords 
jou:désespor, 9 ; folie prétendue, 5 ; mauvalse con- 
; formalion du-cràne, 4; diverses autres causes in- 
. connues, 115. 


—On lit dans le Diaro do governo de Lisbonne : 
Dans la Chambre des Pairs, séance du 16 janvier 
1845, sur une proposition de M: le comte de La- 
vradio, la Chambre a décidé ‘qu’une lettre serait 
écrite, en son nom, à M. le ‘chevalier da Gama Ma- 
chado, résidant en France, pour lai faire connaître 
combien elle apprécie le curieux ouvrage de la 
Théorie des ressemblances , que cetillustre écrivain 
portugais a publié en y consacrant de grandes‘som- 


mes, œuvre aujourd'hui généralement appréeiée:par, 


les savants francais et anglais. 
To DE 
BIBLICGRADEHNINE, 
AMSCHASPANDS ET DARVANDS;:par F: La- 


mennais. — À Paris, chez Pagnerre , rue de Seine, 
n:4, À ss 


LES COLOKNIES, les sucres etles vins de la Gr 


ronde; par de Fonmartin de l’Espinasse. —,Balas 


rac, à Bordeaux. 3 fa) dns 
DE LA FLAMME, à petites dimensions, em:5jil 
ployée contre la douleur, la débilité, la torpewrs:5et 
par F. Gondret, — A Paris, chez l'auteur, rue Si: 06 
1 3 
5 f CERN LOL GEETN 


Honoré, 367. 


cs 


ar: 
; 


FARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE 


ruc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


É 9 HEURES DU MATIN. MIDI. 3 IEURES DU SOIR. 9 HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS 
E CS me ns A nn rt 
= ile 68 | ; £ Î £; DU A 
|» | Barom. | Therm. | &| Barom. | Therm. | | Baro®m. | Therm. Barom. | Therm. | 5 | 1... NE ni 
8 | äo | extér. LE] à00 | ‘extér. ET à0 extér,. à Oo. citer, | Meme AIS - CIEL A MiPi. MIDI. 
S RE = 
4 | 761,08 8,9 760,59 10,8 160,26 10,9 760,66 40,1 4,2 7,0 Couvert, S. É _ 
2 | 757,86 8,2 7 6,€5 9,8 155,24 11,0 756,46 6,5 44,1 7,2 |Couvert. S. Re 
3 | 752,62 5,7 749,41 8,6 745,2 80 | | 737,09 4,4 9/0 4,2 |Nuageux. S. à. 
4 | 742,76 1,2 742,76 0,2 741,18 0,6 747,61 0.2 A, 2,8 |Neige. à Le 
5 | 759,49 1,8 751,03 2,5 150,89 2,238 "151,93 1,8 2,9 . 2,2 |Couvert. DR Re 
6 | 151,42 1,3 751,08 2,0 154,10 233 152,03 0,4 18973 0,5. Couvert. ), N: 0: 
7 | 754,52 0,4 753,38 4,6 298,07 |, 2,6 755,02 0,3 si 7 2,3 |Beau. L N. LE 
8 | 755,98 0,1 155,26 4,7 15,90 2,6 755,65 0,1 3,0 0,9 |Très-nuageux. NN: Le 
9 | 754,82 0,2 154,43 0,9 153,63 1,4 753,02 0,9 AT 4,2 |Neige abondante. E. N. & 
10 | 749,82 0,9 749,51 4,5 749,3 46 752,08 13 d'9 0,2 |Couvert. NN. pe 
11 | TA 0,6 153,84 2,0 153,32 2,2 154,24 4,0 2,2 0,0 |Brouillard. F E. are 
12 | 754,67 2,0 154,86 3,0 754,36 3,0 755,16 2,8 3,9 0,0 |Couvert, brouill.léger.|N. E. : 
43 | 755,46 0,4 755,08 2,5 153,79 4,2 713,71 4,0 4,2 0,7 |Beau. E. N. ; 
13 | 750,90 0,% 749,97 2,3 748,19 3.6 74710 0,1 7.0 3,8 |[Beau. de 
45 | 742,50 0,6 140,95 1,2 136,14 4,6 738,45 0,0 9,0 2,0,:|Couvert. NE. 
16 | 733,49 0,1 733,34 0,2 731,99 4,2 732,77 4,0 1,5 0,7. {Pluie fine. N.E. 
17 | 743,32 0,9 744,17 1,0 742,66 1,0 758,68 4.0 14 0,2 |Neige abondante. |E- 
18 | 738,19 1,9 739,16 3,1 739,07 4,4 739,81 3,6 4,6 0,8 |Brouillard. 
19 | 738,49 3,9 738,44 9,8 231,14 |. 49,2 730,43 10,3 12,0 3,# Couvert, brouillard. 
20 | 740,86 8,6 720,08 11,0 740,71 |..,.,9,8 742,26 FA 41,5 9,1 |Couvert. d 
24 | 744,45 8,6 743,55 41,7 742,21 42,5 70,86 8,5 12,8 5,4 Très nuageux. 
22 | 742,68 VO 742,91 11,8 742,18 12,8 745,90 7,5 43,2 4,5 |Beau. 
23 | 743,16 5,4 122,14 10,3 741,32 $1549,5 742,98 S,5 DT 30 |Beau. 
2% | 744,91 5,2 745,02 6,0 74,88 Lao 6 715,39 5,0 6,0 9,1 |Couvert. 
25 | 744,59 1,0 741,44 6,0 74,11 6,0 744,78 5,3 6,0 3,0 |Pluie. 
26 | 747,16 4,9 746,84 5,2 745,12 6,0 741,29 4,2 6,0 3,3 Pluie. 
27 | 730,73 8,2 729,24 40,6 727,99 10,2 727,18 6,7 10,$ 3,5 |Couvert. 
28 | 727,94 6,8 130,57 8,0 733,41 6,8 711,39 5,2 S,0 %,0 |Couvert. 
D DUISÈT 
1997 0: DH 
re le rie T4 MERE — ITE LISTER 
4 | 753,14 2,5 759,51 3,9 751,65 1,3 752,15 4,7 0,9 [Moyenne du { au 10 {Pluie enseent. 
2 | 745,29 2,0 741,99 3,6 741,10 4,3 741,22 4,7 0,2 [Moyenne du {1 au 20/Gour,. 2,96 
3 | 740,70 6,3 740,59 8,6 749,69 9,1 740,97 0,4 3,6 [Moyenne du 21 au 28/Tet 
| 746,78 3,4 | 746,12 9,1 | | 715,69 5,7 746,12 | 6,0 | 1,1 [Moyennes du mois . . ... … 
EEEEEEEZEEEZEZEZ————— 


lidiri neo 


10° anmée. 


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Paris. — Dimanche, 26 Mars 1843. 
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a 2 N° 23. 


à DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


a 


‘L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte À. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue (es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARIS pour un an 25fr., six mois 18 fr, 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {6 fr. 
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RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX GHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment'avec lEcho du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes, — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


* 2 SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. Expériences faites par une commis- 
sion de l’Institut royal des Pays-Bas sur la pro- 
- priété attribuée à l'huile de calmer ics vagues de 
la mer. — PHYSIQUE APPLIQUÉE. Nouvelles 
expériences sur Ja torpille ; Matteuci. — NY. 
DRAULIQUE. Expériences ayant pour but de 
concilier les hypothèses sur Ie mouvement inté- 
rieur des flots dans les courbes ouvertes et dans 
les courbes fermées. — CHIMIE APPLIQUÉE, 
Préparation de l’oxide blanc d’antimoinee — 
SCIENCES NATURELLES. TOXICOLOGIE. 
Cours de M. Orfila. — ZOOLOGIE. Insectes ob- 
servés pendant l'éclipse de soleil de 1842; Villa. 
— BOTANIQUE. Sur le silphion des Grecs; 
Guyon.— SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ 
D'ENCOURAGEMENT, séance du 22 marse — 
ARTS CHIMIQUES. Sur l'éclairage par l'alcool ; 
Emile de Castelnau. — ARTS MÉTALLURGI- 
QUES. Nouveaux moyens de fabriquer le fer; 
-Meckenheim de Londres. — SCIENCES HIS- 
TORIQUES..ACADEMIE DES SCIENCES RO- 
RALES ET POLITIQUES, Séance du 18 mars. 
— ARCHÉOLOGIE. L'architecture au moyen- 
. Âge dans le Forez; l’abbé Roux. — GÉOGRA- 
 PHIE. Ruines de Carthace; Félix Flachénaker. 
— FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE, 


DIE Ke 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 

Note sur des expériences [ailes par une com- 
mission de l'Inslilul royal des Pays - Bas, 
dans le but de vérifier la propriété attribuée 
à l'huile de caliner les vagues de la mer. 

« Les Annales de chimie et de physique du 
mois de mars 1842 contiennent un mémoire 
de M. V. van Beek, sur la propriété qu’au- 
raient les huiles de calmer les flots, et de 

vendre la surface de l’eau parfaitement 
‘transparente. Après avoir rapporté plu- 
sieurs témoignages pour prouver l'existence 
de cette faculté et son efficacité, l’auteur 


va jusqu'à émettre l'idée qu’on pourrait. 


“trouver, dans l’emploi de l'huile pendant 
les tempêtes, un moyen de protéger les 
digues et autres constructions maritimes 
@bntre la violence des vagues, en la versant 
Sür #édu, non loin des bords. 

+ » Une supposition aussi hardie et aussi 
singuhère ne pouvait manquer d'attirer 
l’attention des savants; aussi l'Académie 
des sciences de Paris vient-elle de nommer 
une commission pour l’examiner. Mais, à 


ceite occasion, il ne sera ni sans utilité, ni | 


sans intérêt pour nos lecteurs, de savoir que 
la même question a déjà été agitée en 
Hollande. 
.  # M. van Beck, qui est membre de l’Ins- 
titut royal des Pays-Has, fit, l’année der- 
nière, dans l’une des séances de sa classe 
(celle des sciences), une proposition tendant 
à obtenir du gouvernement qu’il fit exécu- 
ter des expériences dans le but de se con- 
vaincre du pouvoir que l'huile aurait de 


préserver les digues contre la violence de 
Ja mer. 


» Cette proposition ne fut pas générale- 
ment approuvée. On choisit trois membres 
pour en examiner de plus près l'importance; 
mais à leur tour ces trois personnes ne 
s'étant pas trouvées unanimes dans les con- 
sidérations et les avis qu’elles émirent, on 
pensa que, pour sortir d embarras, le mieux 
était d’ajourner la déibération sur la pro- 
position. mais de se procurer préalablement 
et de suite quelques lumières positives sur 
la question même. En couséquence, on 
nomma une comiwission de cinq membres, 
les chargeant de faire des expériences di- 
rectes sur le pouvoir que l'huile pourrait 
exercer sur les vagues dans la proximité 
des côtes; et c’est le rapport de cette com- 
mission dont on va donner ici la commu- 
nication : 

» La commission nommée parmi les 
membres de la première classe de l’Institut 
royal des Pays-Bas, et chargée de faire des 
expériences sur le pouvoir qu’on attribue 
aux huiles et autres substances grasses de 
diminuer la violence des vagues.a l’honneur 
de faire parvenir ci-joint à la première 
classe, le rapport de ce qui a été exécuté et 
observé par elle à ce sujet. 

» La commission, ayant choisi le village 
de Zandvoork, situé sur ies bords de la mer 
du Nord, pour le lieu d’où elle partirait 
pour faire des expériences, convint de se 
réunir au premier jour orageux. 

» Elle se vit cependantobligée de changer 
d’avis et de fixer un jour quelconque, à 
cause de la saison (c'était au mois de juin) 
dans laquelle les tempêtes sont rares; et 
les coups de vent un peu forts n'étant 
même que de courte durée, il eût élé im- 
possible de se trouver réuni à temps au 


.xillage indiqué.- Elle s’y décida d'autant 


plus aisément, vu que s'il devait être re- 
conou que l'huile exerçât en effet sur une 
cau fortement agitée la puissance qu’on lui 
suppose, il devait être encore plus facile de 
reconnaître cette propriété sur une mer 
mise en mouvement par un vent de force 
moyenne. Cependant deux des commis- 
saires, se trouvant à la campagne un jour 
que le vent soufilait avec violence, firent 
un essai en yersant une petite quantité 
d'huile sur l’eau d’un ruisseau, et obser- 
vèrent un changement évident dans l'aspect 
et le mouvement de l’eau. 

» Un autre membre de la commission 
avait fait le même jour un essai semb'able 
sur la Spaarne (petite rivière près de Har- 
lem), et avait obtenu le même résultat. 

» Encouragé par ces observations, on 
fixa le 28 juin pour procéler aux expé- 
riences ultérieure*. 

» Les commissaires se réunirent le jour 
indiqué, à 9 heures du matin, à Zandvoort, 
Une partie se fit conduire dans la mer à 
une petite distance du rivage, afin d' 
verser l'huile et observer les résultats; les 


autres, restés à terre. et ne sachant ni en 
quels instants, ni en combien de fois l’effu- 
sion aurait lieu, devaient fixer leurs regards 
sur les vagues, qui du bateau roulaient vers 
la côte ; par ce moyen,leur opinion,exempte 
de tonte influence, pourrait être considérée 
comme d’autant plus impartiale. 

» Le ventétait S.-0. et de force moyenne ; 
la quantité d'huile versée à quatre reprises, 
savoir, à 9 heures 43, 45, 50, 54 minutes, 
était de 15 litres ; la marée était montante, 
etne devait atteindre qu’à 11 heures 21 mi- 
nutes sa plus grande élévation. 

» Lescomimissaires qui se trouvaient sur 
le bord de la mer n’ayant remarqué aucun 
effet qui dût être attribué à l’effusion de 
l’huile, non plus que ceux qui s'étaient oc- 
cupés à la verser, on pouvait déjà consi- 
dérer Ja question, si l'huile versée à une 
petite distance de nos digues pourrait les 
protéger contre la fureur des flots, comme 
résolue négativement. 

» Néanmoins les commissaires crurent 
de leur devoir de faire une seconde expé 


de la côte. Deux d'entre eux se fireñf 
duire au-delà des brisants et y 
l’ancre. 

» La distance fut évaluée par les Ya 
à 300 mètres ; la sonde indiqua 3% 
environ, la mer élait houleuse. Plus 
moitié de 45 litres d'huile fut versée, 
l’espace de cinq minutes (de quinze à dix 
minutes avant midi) sans que les commis- 
saires remarquassent le moindre effet en 
rapport avec l’objet de leur mission. Ils 
virent l’huile surnager sur l’eau, en partie 
réunie en taches d'une forme irrégulière, 
en partie s’ét:ndant et formant une pehi- 
cule, en partie se mêlant à l’écume des 
vagues et partageant leur mouvement oscil- 
latoire. 

» En retournant à terre, et au moment 
où l’on retraversait les brisants, les com- 
missaires firent verser le restant de l’huile 
sur l’eau, ét ils peuvent altester que cette 
effusion n’apporta aucuñe diminution dans 
le mouvement des vagues, car ils en furent 
plusieurs fois mouillés abondamment. 

» Il est inutile d'ajouter que ceux qui 
étaient restés à terre n'avaient absolument 
rien remarqué qui pût être attribué à l’effu- 
sion de l'huile. 

» Après tout ce qui a été dit et écrit sur 
ce sujet, les commissaires sont étonnés du 
résultat négatif de leurs expériences, et, se 
hornant à leur exposé, ils n’ajouteront au- 
cuue observation. Ils se croient cependant 
autorisés à dire, comme leur opinion per- 
sonuelle , que l’idée de protéger nos digues 
par le moyen de l’huile n’est pas une idée 
heurcuse. » È 


232 
PHYSIQUE APPLIQUEE. 


Nouvelles expériences sur la torpille. (Ex- 
trait d’une lettre de M. Matteuci à M.de 
Blainville.) 


« J'espère que vous ne serez pas fèché 
d'apprendre plusieurs observations très cu- 
rieuses que J'ai faites dernièrement sur la 
torpille et qui viennent confirmer lumi- 
neusement vos idées et cellesque j'ai émises 
moi-même en établissant le parallélisme 
entre la contraction musculaire et la dé- 
charge électrique. J'ai introduit dans l’es- 
tomac d'une torpille; vivante une, petite 
quantité d'une solution aqueuse d’opium. 
J'ai fait la même chose sur une autre tor- 
pille en employant une solntion alcoolique 
de noix vomique. Peu de temps après, j'ai 
retiré de l’eau les deux poissons, qu'on au- 
rait dits morts J'ai disposé sur le dos de 
ces deux poissons les grenouilles préparées 
et le galvanomètre. Voici ce que j'ai observé 
en présence de mon collèsue M. Piria et de 
plusieurs de mes élèves. Les deux poissons 
étaient dans l’état où l’on:trouve souvent 
les grenouilles soumises au même traite- 
ment. Si on touche légèrement l'animal ou 
seulement le pan sur lequel il est posé, on 
le voit se contracter. La torpille, à peine 
touchée et dans un point quelconque, don- 
nait la décharge, tandis qu'avant il fallait 
l’irriter fortement.La ressemblance est par- 
faite. 

» J'ai découvert le cerveau d’une torpille 
très affaiblie; j'ai appliqué une solution 
alcaline de potasse sur.le quatrième lobe, 
Le poisson est mort en donnant de très 
fortes décharges. _ : 

» J'ai enlevé rapidement l’organe élec- 
trique à une torpille vivante, et j'ai disposé 
sur cet orgaue des grenouilles préparées. 
En coupant avec un couteau introduit 
dans l'organe les filamentsnerveux les plus 
petits, on voyait les grenouilles sauter. et 
tantôt l’une, tantôt l’autre, suivant l’en- 
droit coupe. Je n'avais jamais aussi bien vu 
l’action limitée des filaments nerveux. 
-#%» De même, je n'avais jamais si bien vu 
l'action singuliere du lobe électrique. J’ai 
reçu six torpiiles qui avaient voyagé la nuit; 
elles étaient en apparenceinertes, ct, malgré 
toutes les irritations ,il m’a été impossible 
d'obtenir la décharge; c'était l'influence du 
froid qui les avait tuées. J’ai découvert le 
cerveau, et, en touchant le quatrième lobe, 
j'ai obtenu de trés fortes décharges. M. Piria 
était présent à cette expérience. 

» J'ai coupé en tous les sens l'organe 
d’une torpille vivante, et j'ai appliqué en 
différents points les extrémités du galva- 
nomètre ; la direction du courant est tou- 
jours , des points voisins du dos aux points 
rapprochés du bas-ventre. Il est impossible 
d'admettre la moindre analogie entre les 
piles, les spirales d’induction, les batteries 
et l’organe électrique. » 


HYDRAULIQUE, 


Expériences ayant pour but de concilier les 
hypothèses sur les mouvements intérieurs des 
flots dans des courbes ouvertes et dans des 
courbes fermées. 

(Deuxième article. ) 


Nous n'avons point considéré encore, 
dans notre premicr article, ce qui se passe 
quand les ondes courantes arrivent à l'au- 
tre extrémité du canal. Alors elles s’y ba- 
lancent et la première paraît coupée en 
deux. Le mouvement de translation le plus 


33 


apparent cesse alors, les ondes se pressent 
et se raccourcissent, leurs traces s'élèvent 
au dessus de la liyne du niveau marquée 
sur la paroi par les ondes courantes dans 
les parties intérmédiaires du canal, Puis, 
en vertu de l'accumulation de l’eau vers 
l'extrémité considérée , une force motrice 
renvoie sur leurs pas les ondes : celles-ci 
reprennent-bientôt un mouvenient qui pa- 
rait sensiblement uniforme. 

En observant le mouvement des corps 
légers tenus en suspension dans le liquide, 


ou observe, même à une assez grande dis- 


tances de l'extrémité du canal, que les cs- 
pèces d'orbites se rétrécissent et que pen- 
dant un certain tempsil:n'y a qu'un véri- 
table mouvement de -siphonnement dans 
les flots, sauf, bien entendu, Les irrégula- 
rités qui font de temps en tempsarriver les 
sommets ati milieu des creux et empêchent 
de bien juger le phénomène au moyen des 
seules traces desondesle long desextrénutés 
du canal. Il s’agit seulement ici évidem- 
ment de ce qu’il y à de plus général dans 
le phénomène. Or, quand on observe bien 
ce qui se passe le long du parement vertical 
à chaque extrémité, on voit que bientôt le 
mouvement est sensiblement vertical le 
long de ces parements, qui,ne sont par 
conséquent frappés qu'à une certaine pro- 
fondeur par un véritable siphonnement, le 
mouvement étant horizontal dans le creux 
des ondes. 

Lorsque ensuite les ondes reviennent sur 
leurs pas en redevenant courantes, on ob- 
serve que les trajectoires redevienneut des 
especes d’ellipses, mais que ce mouvement 


elliptique est en sens contraire, comme on 


devait bien le penser, jusqu’à ce que les 
ondes se réfléchissent dela même manière 
en revenant à l'extrémité d’où elle sont 
parties, et ainsi de suite. 

Où voit par cé qui vient d’être dit à 
quel point il est indispensable d'étudier ces 
phénomènes à d'assez grandes distances des 
rivages, si l'on veut apercevoir dislincte- 
ment les phénomènes du mouvement dans 
les régions intermédiaires des flots. 

Voici maintenant.la principale raison 
pour laquelle les- expériences des partisans 
du.mouvement orbitaire et du siphonne- 
ment semblaient se contredire. 

Le phénomène qu’un accident a fait dé- 
couvrir , et quiest connu sous le nom 


d'onde solitaire, consiste, comme on sait, 
en ce‘que si umcorps plongé dans le liquide 


est en mouvement et s'arrête tout à coup , 


l'est précédé d’une intumescence qui se | 


propage très loin devant lui, sans être né- 
cessairement précédée ou suivie par des 
ondes d'une hauteur analogue. Il y a, 
COMME On sait, dans cette onde un mou- 
vement de transport réel. En passant sur 
un poiat donné, elle balaye le fond du ca- 
nal à cet endroit, puis la masse d’eau qu'elle 
a mise en mouvement revient au repos pen- 
dant que la masse suivante est également 
transportée à la surface et au fond de Peau. 
Ce phénomène est également produit quand 
à une extrémité du canal on ajoute subite - 
ment une masse d'eau suffisante. 

Or, quelque régulier que soit le mouve- 
ment quioccasionne la production des on- 
des courantes, il est évidemment presque 
impossible, d'après ce qui vient d'être dit, 
qu'il ne s'y mèle pas des systèmes d'ondes 
à mouvement de translation réel. Aussi, 
quand on croit un système d'ondes bien 
réglé, on s'aperçoit souvent qu'une onde 
solitaire se précipite dessus en déformant 
les sommets des flots. Quand ces ondes di- 


534 
tes solitaires ne sont pas très fortes, elles se 
perdent peu à peu en tombant dans les 
creux qu'elles remplissent en partie aux dé- 
pens dé leur force vive. Quand elles sont 
très fortes, il est évident d'avance que dans 
un canal d’une longueur limitée ellesrem- 
plissent les creux et finissent par dominer 
seules en se promenant d’une extrémité du 
canal à l’autre. 

Dans tous les cas, quelque faibles qu'elles 
soient, elles servent à expliquer d'une ma- 


_bière tres simple pourquoi, selon les parti- 


sans du mouvement orbitaire , il n’est pas 


nécessaire qu'il y ait du vent pour que les 


Ÿ 


sommets dés fluts se courbent en volutes, 
Il n’est plus nécessaire de recourir pour 
cela à l'hypothèseexelusivé dumouvement 
orbitaire, puisque les partisans div syphon- 
nement des flots ont vu, 'aïnisi que moi, des 
flots qui ne se courbaient point en volutes 
quand il n'y avait pas de vent; ilm'asem- 
blé que lorsque des hommes dé mérite 
aflirment des faits aussi faciles x vérifier, 
il est prudent de ne pas les rejeter et:deme 
se fier qu'au système qui les explique tous. 

On fera la même remarque pour le mou- 
vement de translation apparente des corps 
légers d'une certaine grosseur qui flottent 
sur les ondes. Les partisans du mouvement 


orbilaire les ont vus cheminer dans le sens 


du müuvement de translation apparente , 
sans doute comme je l'ai souvent remarqué 
moi-même dans le-canal, quaadiil yawait 
des ondes dites solitaires. Dans les autresicas 
ils restaient aussi sensiblement à la même 
place après le passage des ondes courantes 
qu'avant leur arrivée. On remarquait mème 
quelquefois que ces corps glissaient umpeu 
en arrière sur le plan postérieur de la der- 
nière onde couraule. Quant aux expérien- 
ces faites sur la verticahté du mouvement 
des n.olécules, j'ai dit plus haut penrquoi 
je pense qu’elles doivent . pour être con- 


cluantes, ne se faire qu à une assez grande- 


distance du rivage. 

Le principal objet de la discussion entre 
les partisans de l'hypothèse du siphonne- 
ment et ceux du mouvementorbitaire était 
hypothèse dite des flots de fond. Les der- 
niers prétendaient, du moins en partie, que 
les molécules en parcourant leurs orbites 
devaient , lorsque des sommets de flots in- 
férieurs étaient interceptés par des ressauts, 
pousser en avant ces espèces de bourrelets 
liquides. Nons avons vu que l'action du 
coutre-courant inférieur s’exerçait précisé- 
ment en sens contraire sur les corps rou- 
lants , tels que des grains de raisin bien 
sphériques répandus sur le fond du canal. 
J'ai disposé des ressauts sur une certaine 
iongueur du canal, et j'ai toujours remar- 
qué que les corps légers répandus surifeur 
surface étaient plus repoussés ensafrière 
que poussés en avant dans la direction ap- 
parente du flot. Il faut bien prendre garde 
pour ne pas se méprendre sur latalure du 
phénomène s'il n’y a pas d'onde solitaire , 
parce qu'alors les corps légers sont repous- 
sés en aval: mais alors ils le sont bien 
avant d’êtreatteints par les andes courantes, 
de sorte que les deux phénomènes sont bien 
distincts. On a, il est vrai, rassemblé beau- 
coup de faits qui sont en faveur d'un sys- 
tème de mouvement horizontal analogue à 
celui des flots de fond, mais ils peuvent 
tous s'expliquer par le phénomène des on- 
des solitaires souvent mèlées aux ondes cou 
rantes. 

Si le mode d'action du contre-courant 
n'était pas suffisamment éclairei par le re- 
cul d2s corps roulants sur le fond du canal. 


935 


il serait sans doute nécessaire, pour bien 


connaitre le phénomène. de dispostr un- 


ressaut d’une longueur plus gravde que 
celle de deux ondes ; mais comme le recul 
observé sur le fond du canal se présente 
aussi sur le ressaut dont la surface est à 
moitié environ de la profondeur de l'eau, 
il me semble que le mode d’action de la 
puissance qui devait pousser ces flots de 
fond dans un sens opposé, ne peut plus lais- 
ser de doute sérieux. Dé, 

Conclusion. — Le phénomène du mou- 
vement des ondes courantes régulières se 
compose de deux phénomènes bien dis- 
tincts : il ya au fond du canal un yéritable 
mouvement oscillatoire, et dans les régions 
supérieures. il y a une sorte de mouvement 
elliptique, analogue à celui d’un nombre 
indéfini de chaînes sans fin. Mais ce dernier 
mouvement, causé par une espèce particu- 
liène de contre-courant, ne doit nullement 
être confondu avec l'hypothèse du mouve- 
mentorbitaire , en ce sens qu’il se fait en 
masse, le contre-courant se trouvant lié à 
la courbure en masse des molécules de 
chaque flot. Il y a d’ailleurs un peu de 
translation. 

Quant à l'action progressive sur le fond, 
causée par la courbure des trajectoires in- 
férieures, elle ne donne lieu qu’à un trans- 
port horizontal, en général assez faible par 
rapport au transport apparent de la sur- 

: face, soit qu'il y ait des ressauts, soit qu'il 

ny en ait pas. Ce qu'il y a de remarquable 
cest que ce transport est dirigé précisé- 
ment en sens contraire du mouvement ap- 

“parent des oudes, tandis qu’on croyait que 
leurs directions étaient les mêmes. 

Sans doute il sera nécessaire d'étudier la 
question en mer; mais j'ai pensé qu’un ré- 
sultat bien net obtenu dans ce canal n’était 
pas’sans intérêt dans une matiére aussi dé- 
licate, où il aurait été bien plus difficile de 
voir quelque chose de positif si l’on avait 
commencé par l’étudier seulement sur une 
très grande échelle. 

Dans un prochain travail, je reviendrai 
sur les phénomènes du recul dans les.flots 
DE ,Cazieny. 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Préparation de l'oride lance d'antimoine. 


L'expérience a souvent démontré com: 


bien un même agent peut varier dans ses 
propriétés médicinales, en raison de la mé- 
thode suivie pour sa préparation. L'oxide 
blanc d’antimoine, par exemple, dont l'u- 
W$sage a été si répandu naguère dans le trai- 
wsitement de certaines affections phlegmasi- 
hérques aiguës de l'appareil respiratoire, offre 


1e cetisavantage sur les autres préparations 


sStibiées qu’il n’exerce en, général aucune 
action -émétique : néanmoins, il peut se 
faire que, dans quelques officines, ce médi- 
£ament se rencontre à un état tel qu'il ne 
puisse être supporté et qu'il détermine de 
“uiolents vomissements, même à la dose mi- 
jui mime. de 19 centigrammes. 
soi 2MsDurand, pharmaciea des hospices de 
Main, rapporte, dans une thèse qu’il a pré- 
senite et soutenue récemment, que déjà de 
nombreux faits de cette nature avaient 
attiré l'attention de M. le docteur lafosse, 
lorsque dans l'été de 1841, la provision de 
l'hôpital de Caen ayant été renouvelée. ce 
médicament, qui jusque Jà avait pu être 
administré depuis 1 jusqu'à 4 grammes 
sans déterminer de vomissements, en pro- 
xoqua tout à coup,même lorsqu'on le donna 


30 

en trés faib'e quantité. Des oxides d'anti- 
moiue, pris dans les diverses officines de la 
ville, furent alors essayés, ct tous donnè- 
rent lieu à des vomissements plus ou moins 
forts et répétés. Or, il fut reconnu que, à 
l'exception du premier, tous ces oxides 
avaient été préparés comme lindique le 
Codex, c’est-à-dire en décomposant par le 
bicarborate de potasse la poudre d’Alga- 
roth, qui provient, comme on le sait, du 
chlorure d’antimoine, Quant à l'oxide pri- 
mitivement fourni par la pharmacie de 
l'hôpital , il avait été obtenu en décompo- 
sant l’'émétique par un alcali. 11 restait à 
découvrir comment cette différence dans la 
préparation pouvait en apporter une aussi 
grande dans les propriétés des produits. 

M. Durand s'assura d’abord que l’une et 
l’autre de ces préparations étaient exemptes 
d'ar-enic, et l’on ponvait le présumer à 
l'avance en se rappelant que Sérullas,après 
avoir constaté la présence de l’arsenic dans 
plusieurs préparations antimoniales, a re- 
connu qu'il n'en existe pas dans le chlorure 
d’antimoine ni dans le tartre stibié. D’ail- 
leurs, en reprenant l'oxide de l'émétique 
par l'acide chlorhydrique, le chlorure ob- 
tenu étant traité d’après la prescription du 
Codex, il en résulta un nouvel oxide dont 
l'administration occasionna des vomisse- 
ments. 

En se servant d’une dissolution d’acide 
tartriquedans l'eau distillée pour reprendre 
les oxidesqu'’il voalait comparer entre eux, 
M. Durand arriva à des résultats plus satis- 
faisants. Les liqueurs incolores furent fil- 
trées, puis traitées par le nitrate d'argent, 
Le tartrate provenant de l’oxide du Codex 
donva seul un précipité blanc, insoluble 
dans l'acide nitrique, soluble dans l’ammo- 
niaque, passant au noir sous l'influence de 
la lumière, réductible.par la fusion avec la 
potasse et par l’ébullition avec la limaille 
de fer, et fournissant ainsi de l’argent mé- 
tallique. Dans ce dernier cas, la liqueur 
présumée contenir un sel de fer fut préci- 
pitée par l’eau de baryte,saturéepar l'acide 
pitrique pur, traitée par le nitrate d'argent, 
et l’on obtint encore du chlorure d'argent. 

Ilrésulte évidemment de ces expériences, 
convenablement répétées, que l’oxide d’an- 
timoine du Codex contient du chlore, c’est- 
à-dire qu’il retient quelques traces de chlo- 
rure d’antimoine auxquelles doivent être 
rapportées ses propriétés émétiques. M, Du- 


rand pense que les lavages sonL insuffisants 


pour purifier cet oxide, car:après les avoir 
prolongés sans interruption pendant qua- 
rante-huit heures, il renfermait encore du 
chlore. Toutefois, M. Bussy croit que cette 
impureté est due seulement au manque de 
soins dans les lavages, et qu’il sera toujours 
possible de s’en garantir en suivant à Ja 
lettre le procédé indiqué par le Codex. 
Quelle que soit, d’ailleurs, celle de ces deux 
opinions contraires qui mérite confiance, 
voici comment on peut relirer l’oxide d’ar- 
timoïne du tartre stibié : 

En décomposant un solutéaqueux d’émé- 
tique par le carbonate de soude (24 d’alcali 
pour 137 de tartre stibié), le méfange des 
deux solutés ne donne que 25 d’oxide; et si 
l'on double la proportion du carbonate so- 
dique, on n'obtient que 6 parties d'oxide 
en plus. Ce n’est donc guère que la moitié 
de l’oxide contenu dans le tartre stibié que 
l'on parvient à retirer, par l’un ou l'autre 
de ces procédés. Aussi, sous ce rapport, 
l'emploi de l’ammoniaque est-il préférable 
à celui du carbonate de soude, car on peut, 
avec cet agent, recueillir à peu près les 


937 
cinq sixièmes de l'oxide, et le produit ne 
revient pas à plus de 16 fr. le kilogramme. 
Ainsi, on fait dissoudre l’émétique dans 
dix parties d'eau distillée, on verse un excès 
d’ammoniaque dans la liqueur bouillante, 
et, après avoir soutenu la chaleur pendant 
quelques instants, tout en agitant le mé- 
lange, on jette sur un filtre, on lave jusqu’à 
ce qu'il n’y ait plus d'alcalivité dans les 
eaux de lavage, ct on fait sécher convena- 
blement le prodnit. Dans tous les cas, que 
l’on ait recours à l’ammoniique ou au car- 
bonate de soude pour la décomposition, il 
est nécessaire d'opérer à la température de 
l’ébullition pour activer la précipitation de 
l'oxide, et pour empêcher en même temps 
qu'il ne s'attache aux parois du vase dans 
lequel on opère. (Revue scientifique). 


DD 
SCIENCES NATURELLES. 
TOXICOLOGIE. 


Cours àe M. Orfila. 


Messieurs, 


Dans les recherches médico-légales aux- 
quelles nous nous sommes livrés jusqu’a- 
lors, nous avons seulement agi sur les 
matières liquides de l'estomac ou des vo- 
missements, il faut maintenant aller cher- 
cher dans les solides le poison qui peat y 
être contenu, et c’est cet important travail 
qui va nous occuper aujourd'hui. 

Les substances solides contiennent, 
comme vous le savez déjà, une énorme 
quantité de matière organique qu'il est de 
toute nécessité de commencer pardétruire; 
mais en détruisant cette matière animale, 
ilfaut cependant conserver l’arsenie, ou du 
moins en perdre le moins possible. Le pre- 
mier procédé que je vais vous faire con- 
naître, consiste dans l’emploi de l'acide 
azotique. Ce procédé fut employé dans le 
procès Lafarge, et je ne crains pas de dire 
qu'il est tout à l’avantage de l’accusé. 
L'on prend la matière organique, on la 
met en contact avec son volume d'acide 
azotique et l’on chauffe légèrement. Bien- 
tôt la décomposition s opère avec ef'erves- 
cence, d’'épaisses vapeurs se produisent, et 
il reste dans le vase où se fait l'expérience, 
un charbon léger qu’on traite par l'eau 
bouillante. La li jueur est ensuite fiitrée et 
placée dans l'appareil de Marsh. Mais quoi- 
que ce procédé soit bon, l’acide azotiqueest 
souvent impuissant contre le gras des ça- 
davres dont il n’opère pasla décomposition. 
D'ailleurs une certaine quantité du composé 
arsénical est enlevée par les vapeurs qui se 
produisent pendant l’expérience, et sou- 
vent la matière organique n'est pas assez 
détruite pour qu'il ne se forme pas de 
mousse quand on met la liqueur dans Pap- 
pareil de Marsh. Mais du reste, la mousse 
dépend souvent de la manière dont on in- 
troduit les matières dans l'appareil. Il faut 
introduire d’abord la matière organique, 
puis l'huile, enfin l'acide sulfurique. Si l’on 
changeait cet ordre, on pourrait donner 
lieu à la production d’une trés forte quan- 
tité de mousse. Il faut donc à ce procédé 
en substituer un qui agisse avec plus d’é- 
nergie, je veux parler de la décomposition 
de la matière organique par l’azotate de 
potasse. 

Vous prendrez la matière organique, 
reduite en pulpe, vous en peserez 100 par- 


‘ties que vous unirez avec 200 &’azotate de 


potasse, puis vous ajouterez de l'eau et vous 
ferez évaporer lentement le tout jusqu’à 


338 

siccité. La matière organique s’unira entiè- 
rement avec l'azotate de potasse qui l’en- 
tourera de toutes parts; puis vous intro- 
duirez par parties ce mélange dansun creu- 
set rouge de feu. Toute la matière orga- 
pique sera détruite, et l'acide arsénieux 
passera à l’état d’acide arsénique qui s’u- 
nira à la potasse pour former un arsé- 
niate. 

La matière fondue dans le creuset sera 
coulée dans une capsule chaude. Deman- 
dons-nous maintenant quels sout les ma- 
tériaux qui la constituent ? Messieurs, elle 
est formée d’arséniate de potasse, de carbo- 
nate de potasse, d'une certaine quantité 
d’azotite de potasse en excès et d’un peu 
d'azotate de potasse. Quand cette masse 
sera refroidie, on la traitera à chaud par 
l'acide sulfurige concentré; pour 100 par- 
ties de foie il est nécessaire d'employer 86 
parties d'acide sulfurique. Vous pensez 
bien que sous l’influence de l'acide sulfu- 
rique tous ces sels seront décomposés et 
qu'il ne restera à la fin de l'expérience que 
de l'acide arsénique et du sulfate de potasse. 
Vous laisserez refroidir le tout et vous trai- 
terez ensuite par l'eau froide qui dissoudra 
tout l’acide arsénique et fort peut de sul- 
fate de potasse, Vousfiltrerezet vous place- 
rez dans l'appareil de Marsh le liquide filtré. 
Le sulfate de potasse retient sans doute un 
peu d'acide arsénique, mais on l’en prive 
facilement en le traitant par l'alcool qui 
dissout Pacide arsénique. On évapore l’al- 
cool et l’on introduit encore le résidu dans 
l'appareil de Marsh. Il est nécessaire, dans 
ces expériences, de décomposer la totalité de 
l'azotate de potasse, car sans cela on s’expo- 
serait à de violentes détonations. 

L’azotate de potasse agit fortement sur 
la matière animale et la décompose lors 
même qu’elle est à l’état de gras des ca- 
davres. Ce procédé peut donc être utile- 
ment substitué à celui dans lequel on em- 
ploie de laide azotique. Mais on a cru 
apporter une heureuse modification à ce 
procédé en formant l’azotate de potasse au 
sein même de la matière animale. M. Che- 
vallier, et après lui MM. Fordos et Gelis, 
dans le but d'éviter l'emploi d’une grande 
quantité d’azotate de potasse et de rendre 
plus intime le mélange du sel avec la ma- 
tière organique. ont proposé de dissoudre à 
chaud Ja matière solide dans de la potasse 
à Palcoo! dissoute dans l’eau, de saturer la 
liqueur par l'acide uzotique pur, de laisser 
déposer une certaine quantité de matière 
animale, de filtrer, d’évaporer Ja dissolu- 
Lion jusqu’à siccité et d'incinérer le produit 
dans un creuset de hesse. Mais l’expérience 
nous à appris que cette modification est 
tout-à-fait défectueuse, car on ne précipite 
ainsique le quart de la matière organique, 
etquelquefois on n'obtient pas du tout d’ar- 
senic. Ainsi ce procédé doit être com- 
plètement abandonné. Toutefois, je dirai 
bientôt que si l’arsenic qu’on obtient par 
mon procédé est parfaitement pur, on en 
perd une quantité notable pendant l’inci- 
nération. 

Arrivons maintenant au procédé suivi 
par M. Devergie. M. Devergie dissout la 
matière organique dans la potasse, puis il 
ajoute à la dissolution de l’azotate de chaux 
et de la chaux, ce qui, d’après les réactions 
chimiques , est la même chose que s’il 
avait mis de l’azotate de potasse : il chauffe 
le tout dans une capsule de porcelaine, et 
bientôt la matière devient presque incan- 
descente. À quel état, Messieurs, l'arsenic 
existe-t-il dans ce mélange? I] y est à l’état 


d'arséniate de potasse et d'arséniate de 
chaux. On traitera le tout par l'acide chlor- 
hydrique et les opérations subséquentes 
s’effectueront comme dans le procédé que 
nous venons de vous faire connaître. Mais 
veuillez remarquer, Messieurs, combien il 
est grave et dangereux d’employer l'acide 
chlorhydrique, très souvent il est arsénical 
et il est à peu près impossible de le priver 
de l’arsenic qu'il contient. M. Girardin, 
professeur de chimie à Rouen, a démontré 
que l'acide chlorhydrique contenait sou- 
vent de l'acide sulfureux, dont la présence 
est un obstacle puissant à la réussite des 
expériences. Enfin, avec cette manière 
d'agir, on peut produire des taches de 
zinc. 

Depuis longtemps, Messieurs, on savait 
que l'acide sulfurique avait la propriété de 
charbonner les matières organiques, et 
déjà M. Barsse, pharmacien à Riom, avait 
appliqué ce fait aux recherches toxicolo- 
giques, lorsque MM. Flandin et Danger 
ont annoncé leur nouveau mode de carbo- 
nisation par l'acide sulfurique. MM. Flan- 


din et Danger placent dans une capsule de 


porcelaine leur matière organigue, et ils 
la chauffent avec de l'acide sulfurique con- 
centré. Vous avez déjà prévu ce qui se 
produit dans cette expérience, et vous sa- 
vez que son résultat est la formation d’une 
matière charbonneuse. Mais veuillez re- 
marquer, Messieurs, qu'il s'échappe de 
l’arsenic par ce procédé, et l'institut a si 
bien compris la gravité de ce fait qu'il a 
recommandé de faire l'expérience dans 
une cornue munie d’un récipient, et de ne 
pas négliger le liqnide contenu dans ce der- 
nier vase. Cette matière charbonneuse obte- 
nue, vous la traiterez par l’acide azotique ; 
vous évaporerez et vous placerez le résidu 
dans l’appareil de Maxsh, après avoir traité 
par l’eau. 

Mais MM.Fordos et Gélis ont prouvé que 
le charbon obtenu contient toujours de 
Pacide sulfureux, et je vous ai fait con- 
naître les inconvénients de la présence de 
cet acide. Ce procédé est donc encore un 
procédé inpraticable, 

Vient enfin le procédé de M. Jacquelain. 
Ce chimiste a proposé de détruire la ma- 
tière organique parle chlore, ce que j'avais 
déjà fait en 1836, dans l'empoisonnement 
par le sublimé corrosif. Dès l’année 1828, 
M. Devergie conseillait dans le même em- 
poisonnement de dissoudre la matière orga- 
nique dans l'acide chlorhydrique affaibli, 
ce qui est vicieux, et de faire passer un 
courant de chlore dansla dissolution. M, Jac- 
quelain a eu l’heureuse idée de transpor- 
ter ce fait à l’empoisonnement par l’arse- 
nic. Si l’on agit sur un foie, on le réduira 
en pulpe, on ajoutera de l’eau et l’on fera 


passer à travers un courant de chlore ga- 


zeux. Le tout se réduira en une matière 
blancheet en ane liqueur à peu près inco- 
lore qui surnagera. On prendra ce liquide, 
on le chauffera pour chasser l'excès de 
chlore, et on le placera dans l'appareil de 
marsh. M. Jacquelain détermine alors la 
présence de l’arsenic à l’aide du chlorure 
d'or. On pourrait aussi bien introduire ce 
liquide dans le simple appareil dont je me 
sers, et obtenir un anneau et des taches. 
Du reste, dans cette liqueur l’arsenic existe 
à l’état d’acide arsénique. 

Tirant parti de tous ces faits, Messieurs, 
j'ai vu qu'on peut, quand on agit sur des 
matiéres qui ne sout pas trop putréfées, 
substituer à tous les procédés que je vous 
ai fait connaître le procédé suivant qui me 


540 


paraît bon. Vous détruirez la matière orga- 
nique par le chlore lavé à l’aide d’une dis- 
solution affublie de potasse; vous chauf- 
ferez la liqueur pour chasser l'excès de ce 
gaz, vous l’acidulerez par l’acide chlorhy- 
drique, et vous y ferez passer un courant 
d'hydrogène sulfuré pour obtenir du sul- 
fure d’arsenie, dont il sera facile d'extraire 
le métal. 

Je termine, Messieurs, par trois procédés 
proposés récemment, et tous trois n’offrant 
pas assez de résultats heureux pour nous 
occuper longtemps. Je commence par le 
procédé de M. Pettenkofer. M. Pettenkofer 
a proposé de faire bouillir pendant une ou 
deux heures 350 grammes de chair, d’un 
viscère et avec 8 grammes de potasse 
cau-tique pure et de l’eau distillée, lor:que 
la majeure partie de la matière organique 
est dissoute il sépare le liquide du résidu, 
en passant à travers un linge, et quand ce 
liquide est froid, il ajoute de l’acide chlor- 
hydrique jusqu’à ce qu'il ne se forme plus 
de précipité ; alors il filtre à travers un 
papier non collé, et fait évaporer la liqueur 
pour la concentrer un peu; dans cet état, 
il la précipite par un excès de tannin, afin 
d'enlever la majeure partie de la matière 
organique, et il filtre de nouveau ; cette 
liqueur concentrée jusqu'à ce quelle soit 
réduite à un très petit volume (150 gram. 
par exemple), est introduite dans un appa- 
reil de Marsh; on obtient bientôt de lar- 
senic métallique, et le mélange ne mousse 
pas où mousse à peine. Pour reconnaître 
que c’est bien de l’arsenic qui s’est con- 
densé dans le tube, M. Pettenkofer chauffe 
la portion de ce tube où se trouve l'anneau 
métallique en même temps qu'il fait ar- 
river un courant de gaz acide sulfhydrique, 
il se forme de suite du sulfure jaune d’ar- 
senic. Telle est l'indication donnée par 
M. Petteukufer; mais l’expérience nous a 
appris que son procédé ne peut pas être 
adopté dans les recherches médico-légales, 
car souvent ont est forcé d'employer des 
doses énormes de tannin et d'acide chlor- 
hydrique ; du reste, après avoir obtenu 
d'abord de belles taches arsénicales, on en 
obtient de jaunes et de brillantes comme 
celles quisont formées de sulfure d’arsenic. 

M. Hugo Reinsch a proposé de recueillir 
l’arsenic en faisant bouillir dans de l'eau, 
acidulée par l’acide chlorhydrique, les ma- 
tières suspectes avec des lames de cuivre. 
L'arsenic se dépose sur le cuivre, et en 
chauffant ces lames dans un courant d'air, 
on obtient des anneaux blanes d'acide arsé- 
nieux ; mais notons qu'il se dépose toujours 
avec l’arsenic de la matière animale. Du 
reste, ce procédé ne pourrait être employé 
que comme un simple essai. M. Hugo 
Reinsch a ajouté qu’en faisant passer un 
courant de gaz hydrogène sur les lames de 
cuivre chauffées , on obtenait de l'hydro- 
gène arséniqué, et par conséquent, faci- 
lement des taches où anneaux d'arsenic. 
Mais ces résultats de nos expériences rela- 
tives à ce dernier point ont été tout-à-fait 
négatifs. 

Enfin, Messieurs, terminons par les ex- 
périences communiquées l’an dernier au 
congrès de Florence, par M. Gianelli (de 
Lucques). M. Gianelli.a imaginé de faire 
avaler à des moineaux, à des oiseaux de nid 
(passeri di nido), tantôt des grumeaux de 
sang, tantôt des fragments de poumon où 
de l’urine de lapins, de chiens ou de che- 
vaux empoisonnès par des préparations ar- 
sénicales. Il a vu ces oiseaux mourir, €t de 
là il a pensé qu'on pourrait, en faisant 


5H. 


avaler aux oiseaux des fragments de sang 
d’un individu qu’on soupçonuerait avoir 
été empoisonné, on aurait ainsi un indice 
de l’empoisonnement. — Nous répondrons 
à ces faits en disant que, par de nombreuses 


+ expériences , nous nous sommes assurés 


qu'en faisant avaler à des moineaux du 


‘ sang d’un chien empoisonné, tanlôt ils 


n’éprouvent aucun accident, tantôt ils suc- 
combent à l’ingestion de cette substance. 


| Enfin, des ciseaux qui n'avaient rien pris, 


| ont succombé, sans qu'on puisse attribuer 


1 


leur mort à aucune substance quelconque, 
et même deux de ces petits oiseaux sont 
morts avant ceux qui avaient pris le sang 
arsénical. | 

Les expériences de M. Gianelli ne seront 
donc jamais d'aucune valeur en médecine 
légale; elles ne nous occuperons pas da- 
vantage, et dans la prochaine séance, nous 
aborderons la grande question de l’absorp- 
TRE E. F. 


ZOOLOGIE. 


Note sur quelques insectes observés pendant 
Péclipse de soleil du 8 juillet 1842; par 
M. A. Villa. (Lettre adressée au comte 
Contarini:} 

M. Villa, entomologiste distingué de Mi- 
lan , a profité de cette éclipse totale pour 
observer quelques insectes, afin de voir 


: l'effet que produirait sur eux ce phénomène, 


Il a d’abord étudié la veille une localité 
plantée de carottes en fleur, afin d'établir 
une comparaison eutre ce qui se passait les 
jours ordinaires et ce qu'il verrait pendant 
l'éclipse: 1'a reconnu que des leptures, qui 
volaient agilement la veille, suivant leur 
coutume, restèrent tapies dans la fleur pen- 
dant toute la durée de ce phénomène. Ilen 


! fut de même des cétoines. Les élaters, au 


contraire, qui étaient restés tranquilles jn- 
qu’au commencement de éclipse, com- 
mencèrent à agiter fortement leurs anten- 
nes, et parcouraient avec inquiétude la cime 
des herbes ; ils cherchèrent enfin nn refuge 
lorsque les ténèbres furent plus épaisses ; 
ils manifestèrent la même agitation qu'à 
l'approche d’un orage, puis ils retombèrent 
dans leur état léthargique en affectant ce- 
pendant des positions différentes. 

Les cocciuelies furent les dernières qui, 
pendant la-durée de l’éclipse, cherchèrent 
à se cacher, et quoiqu’elles ne fissent point 
usage de leurs ailes, elles témoignaient beau- 
coup d'inquiétude. Elles ne restèrent im- 
mobiles que pendant la courte durée de 
l’immersion totale. 

. Les tipules et les syrphes continuërent 
à voler et ne se posèrent sur les sommités 
des herbes qu’au moment où l'obscurité 


. était le plus intense. 


Il n’y avait sur les fleurs qu’un petit 


nombre d’hyménoptères de petites espèces, 


les grandes avaient disparu. 

La libellula flaveola était en plus grande 
abondance que tous les autres insectes. Elle 
disparut une demi-heure avant l’immersion 


: et reparut une demi-heure après. 


M: Villa n'a vu de lépidoptères diurnes 
qu’à la fin de l’éclipse. Après les élaters, ce 
qui occupa surtout, ce fut une petite es- 
pèce d'alucite qui agitait ses antennes avec 
une sorle de terreur, en signe d’épouvan'e, 
puis se tapit®$oüSlune fleur, les antennes 
tendues et-patalièles. Un quart d’heure 
après Je retour dé la Jumière elle reprit son 
attitude ordinaire, agita ses antennes et se 
disposa à Senvoler. 

IL résulte de ces ob£ervations, dit M.Villa 
en terminant ; 


#2 

40 Que les carabiques, les phalènes et les 
bombyx, en un mot les insectes nocturnes, 
n’ont pas paru p-ndant la durée de l’éclipse: 
il serait difficile de dire si on le doit à la 
brièveté du phénomène, ou à d’autres causes 
qui se rapportent à un instinct plus exquis 
de ces animaux. 

9° Les insectes qai devaient s’éveiller à 
l'époque de l’éelipse, ou un peu avant, con- 
tinuèrent leur somme, à l'exception des 
élaters, jusqu’à la fin du phénomène. 

3° Les insectes qui s'étaient réveillés 
avant l'éclipse éprouvèrent une agitation 
extraordinaire et semblable à celle qui pré- 
cède les orages, ce que l’on pourrait attri- 
buer au changement électrique de l’atmos- 
phère. Enfin, si l’on a vu une couple de 
coccinelles résister entièrement à ces in- 
fluences extérieures, on doit l’attribuer à 
l'exaltation qui les dominait, et qui était 
supérieure à toute susceptibilité indivi- 
duelle. {Revue zoologique.) 


BOTANIQUE. 


Sur le Silphion des Grecs, le Silphium ou 
le Laserpitium des Latins. 


(Deuxième et dernier article.) 


Nous croyons devoir faire précéder le 
secoud article sur le stlphion par la repro- 
duction de la médaille dont il est question 
dans le premier. 


Le bou-néfa est, sans contredit, le meil- 
leur purgatif que possèdent les Indigènes du 
nord de l'Afrique. Comme tel, son mode 
de préparation le plus usité est la décoc- 
tion, qui se fait avec trois ou quatre tran- 
ches de racine de l'épaisseur d’une à deux 
lignes au plus. Cette quantité de bou-néfa 
est mise dans une verrée d’eau, qu’on ré- 
duit aux trois quarts par: l’ébullition. En- 
core fraîche, la racine produit des vomis- 
sements, à moins qu'on n’en diminue la 
dose. Du reste, il entre assez dans les vues 
des Indigènes qui se mettent à l’usage du 
bou-néfa, de vomir et de se purger tout à 
la fois, selon leurs idées, que le vomisse- 
ment nettoie le haut du corps, et la pur- 
gation, le bas. 

Les Arabes emploient aussi le bou-néfa 
en frictions, après l'avoir fait bouillir dans 
l'huile. On se sert de cette préparation dans 


- les affections goutteuses et rhuma!ismales; 
elle produit une éruption de petits boutons, 


accompagnée d’une forte chaleur, avec 
démangeaison. L’irritation a souvent be- 
soin d’être modérée, ce qu’on fait à l’aide 
d'applications émollientes. J'ajoute que j'ai 
expérimenté le bou-néfa, et comme rubé- 
fiant, et comme purgatif, et que je ferai 
connaître ailleurs les résultats que j'en ai 
obtenus sous ces deux rapports. 

Le luser ou suc du si/phïum, était un pro- 
duit stimulant, excitant, une sorte de con- 
diment : ou en assaisonnait certains mets 


- (Pline), an en fa'sait une sauce qui en por- 


tait le nom, laseratunr (Apic), On s’associait 
aussi au vin, sans doute pour lui donner 


‘plus de piquant, et Pétrone, dans son Sa- 


543 
tyricon car. xxxv, met, dans la bouche 
d’un esclave égyptien, un hymne en hon- 
peur d’une préparation de laser et de vin, 
laserpitiano vinc. L’àäne d’Apulée, dans la 
Métamorphose, Li8. x, parle du laser dans 
ie même sens, c'est-à-dire comme d’une 
substance épicée. a Pour mettre ma pa- 
tience à l'épreuve, dit l'animal, on s’étu- 
diait à servir et à mettre devant moi, tout 
ce qui répugne le plus au goût d’un àne : 
viandes assaisonnées au /aser, carnes la- 
seres infectas, volaille à la poivrade, poisson 
à la sauce exotique. » Cette propriété exci- 
tante du laser, nous la retrouvons, à un 
haut degré, dans le bou-néfa. 

H; ppocrate, Traité des maladics les fem= 
mes, et Galien, Traité des maladies ai- 
guës, parlent de l’odeur agréable du laser. 
Sous ce rapport, disons-le, le suc de bou- 
néfa n'offre rien- de remarquable; mais 
peut-être que, l'oleur du /aser lui était 
communiquée par.-des substances aroma- 
tiques qu’on y ajoutait. Ce qui permettrait 
de le supposer, c’est que nous voyons, dans 
Pline, que le laser n’était pas toujours pur; 
qu'on le falsifiait avec différentes subs- 
tances : celui de Cyrène avec du son, fur- 
fure, et celui des autres contrées, soit avec 
de la gomme, gummi, où avec du sacopé-- 
nium, sagapeno, où avec de la farine de 
fève faba, fracta. 

Arrien, dans sa relation de l’expédition 
d'Alexandre, parle non de l'odeur du suc 
du silphium, mais de celle de la plante: 
elle-même, odeur qui la signalait au loin;. 
et dont les bestiaux étaient fort avides. 
Mais ue perdons pas de vue que les anciens. 
admettaient plusieurs sortes de sphium,.. 
et que celui dont parle Arrien, croissait 
sur la cime du Caucase. Voici, du reste: 
tout entier, le passage d’Arrien, relatif aur 
silph'um : 

« Sa cime (du Caucase) paraissait, à l’or- 
dinaire, aride et dépouillée; il ne eroît sur 
cette partie éloignée du Caucase, que le 
térébinte et le silphium:; elle ne laisse ce- 
pendant pas d’être habitée et couverte de 
nombreux troupeaux, qui se nourrissent. 
de ces plantes, attirés par l'odeur du sil 
plium, dont ils Proutent la fleur et la tige. 
jusques dans ses racines (7). » Les Kabiles,. 
quisontles herboristes de l'Algerie,n’appor- 
tent jamais, sur les marchés, la plante du 
bou-néfa, et ce ne fut pas sans peine que 
nous parvinmes à nous la procurer. Ce fut: 
à l’aide de racines plus ou moins fraîches, . 
que nous mimes en terre, et dont une finit 
par prendre. MM. les docteurs Monard, à. - 

qui je la laissai, pendant un voyage que js - 
fis en France, eurent ainsi la plante com- 
plète, qui se trouva être le thapsia garga=- 
nica de Sahw et de Desfontaines dont læ 
racine est, comme on saif, le faux turbith 
végétal de nos anciennes pharmacopées. 

Maintenant, le tkapsia ne serait-il pas 
le même que celui auquel M. Viviani rap- 
porte le silphium des anciens? IL est, je 
crois, permis de le supposer. En attendant 
les recherches qui pourront être faites & 
cet égard, je ferai remarquer qu’en Al- 
gérie le thapsia garganica croît à peu près 
par la même latitude et dans les mêmes. 
localités, où sc rencontre, dans les états. 

.de Tripoli, le #hapsia silphium du bota-. 
niste italien (8). 

(7) Dans notre expédition des Portes-de-Fer, en 
1839, je rencontrai, à l'entrée même de cette remar- 
quable localité, une ombellifère à tige grèle et éle- 
vée, et dont la fleur répandait au loin l'odeur la plus 
suase Les mombreux échantillons que j'en ai rap- 
portés permettron! saus doute de la déterminer. 

(S) En Algérie, le Thapsia garganica ne se rep. 


944 


Je termine ce qui me reste à dire du si- 
phium en rappelant, qu'au rapport de 
Pline, il avait, dans quelques circonstances, 
des propriétés délétères pour le bétail, qu'il 
pouvait même faire périr. 

« Elle ne purgvait pas le bétail, dit Pline, 
parlant de la plante, mais eïle le guéris- 
sait, quand il était malade, ou le faisait 
périr sur le champ. » Il est vrai que Pline 
venait de dire le connaître; mais aussi, 
faisons en la remarque, sa description du 
du si/phium est une sorte de pot-pourri:ily 
traite à la fois et dustlphrum: de Cyrène, et 
de celui de Perse, et de ceiui d’'Armé- 
nie. 

Un voyageur arabe, El-Yman Abou 
Celam el Ayachi, qui, sur la fin du dix- 
septième siècle. traversait le nord de l’A- 
frique, à la limite du désert, signale, dans 
un journal qu’il tenait régulièrement, une 
plante près de laquelle la caras ane dont il 
faisait partie évitait de camper, parce 
qu’on avait reconnu “qu'elle étail un poi- 
son pour les chameaux qui en mangeaient; 
elle les exténuait par les superpurgations 
qu’elle occasionnait. Cette plante était celle 
dont la racine est connue, dés Algériens, 
sous le nom de bou-ne/fa, et qui, dans la 
partie de l'Afrique parcourue par notre 
voyageur. porte le rom de dryace(9). Elle 
était très multipliée sur la route; aussi re- 
vient-elle souvent sous la plume du voya- 
géur arabe, à l'occasion des soins qu’on 
prenait pour l’éviter (19). 

Rappelens que le {hapsta rencontré dans 
la Cyrénaïque par M. Della Cella, et cette 
circonstance est encore propre à corrobo : 
rer notré Opinion sur son identité avec je 
thapsia garganica; rappelons, dis-je, que ce 
thapsia est un poison aussi pour les che- 
saux. « Les montagnes, dit Ritter parlant 
des montagnes.de la Cyrénaïque, sont cou- 
vertes de quantité d'herbes inconnues en 
Europe, et parmi lesquelles il en est de 
très véntneuses; car, à peine arrives dans 
cette région, une partie des chevaux tomba 
malade et mourut. On attribua ce dé- 
sastre à l'effet d'une plante que les Arabes 
appellent koinon, et que Della Cella prend 

pour le célebre silphium des Cyrénéens 
(Géographie générale, t. 3 p. 240.» Un 
autre voyageur dans la Cyrénaïque, M. Pez- 
gant, qui désigne la même plante sous le 
aom de spaghe, parle de ses effets meur- 
triers sur les chameaux d’une caravane 
dont il faisait partie (Yoyage en Afrique, 
au royaume de Barcah et duns la Cyré- 
naïque, ete., p.187, Paris, 1810). J'ajoute 
que les Indigènes, de différents points de 
l'Algérie, que j'ai interrogés sur les pro- 
priétés de la dryace ou du bou-néfa, s'ac- 
cordent tous sur les effets vénéneux de 
cette plante pour le chameau. Selon eux, 
l'animal meurt rapidement si la dose est 
un peu forte; dans le cas contraire, il 


contre que sur les lieux élevés de l'intérieur, comme 
le Thapsia silphium de M. Viviaoi. M. Durieu, bo- 
taniste de Ja commission scientifique d'Afrique, l’a 
trouvé en grand nombre dans les environs de Tlem- 
cen, notamment dans les cimetières. Tlemcen, comme 
on sait, est situé dans un pays élevé el montagneux. 
Le T'hapsia garganica existe aussi dans les environs 
de Médeah, où M. Pascal Monard l'a rencontré tout 
récemment. Or, l'élévation de Médeah au dessus du 
niveau de Ja mer est évaluée à 920 mètres. 

(9) C'est le nom sous lequel elle est connnte des 
Biskris, des Mozabites et autres habitants de l'Alcé- 
rie du sud. à 

(10) Le publie, sans doute, ne tardera pas à jouir 
de cet intéressant journal que vient de traduire 
M. Borbrugger, à qui nous devons déjà tant d'im- 
portantes publications sur l'Afrique du nord. 


TE RE TE TT RTS EEE TR ET EE ET EDP TR SR TT PRE DESERT EEE TITRE TS TITRE 
es 


545 

éprouve seulement des vertiges. qui se ter- 
minent par un sommeil plus où moins pro- 
fond. 

Nous terminerons ce qui nous reste à 
dire du si/phium ou silphion, en rappelant 
des différents noms sous lesquels les habi- 
tant de Tripoli désignent le thapsia de 
M. Viviani. Ce sont ceux de cefie et dezerra, 
Paul Lucas; de Aoinon. Della Cella, et de 
spaghe, Pezzant. Ils pourront favoriser les 


recherehes, ayant pour but de constater on 


d'infirmer l'identité du thapsia de M. Vi- 
viani, et de celui connu des Algériens sous 
les noms de bounéfa et de dryace. 

D', Guxox, 


STE — — 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. 

Séance du 22 mars 1845. 


Au nom du comité des arts chimiques, 
M. Payer propose le programme d’un prix 
pour un moyen de rendre lalcool impro- 
pre à entrer dans les boissons usuelles, 
sans Ôter à ce liquide ses qualités combus- 
tibles et sans nuire à ses applications à l’é- 
clairage. Le conseil approuve ce program- 
me. Nos fabriques d’aleool demandent un 
écoulement facile de leurs produits, sur- 
tout dans le midi de la France, où l’abon- 
dance et le bas prix des vins rend nécessaire 
de les bràler. Mais le droit élevé dont l’al- 
cool est frappé paralyse celte ressource, et 
le commerce espère que ces droits pour- 
raient être abaissés si l’alcool n’était propre 
qu'à l'éclairage et à la combustion. On y 
parvient, ilest vrai, en y mêlant une cer- 
taine proportion d'essence de thérébentine; 
mais il est aisé de désinfecter cette liqueur 
et de la rendre propre à la boisson , en y 
mêlant de l’eau et la distillant au moins 
deux fois. Comme Îes frais de cette opéra- 
tion sont moindres que les droits des contri- 
butions indirectes, il ÿ aurait intérêt à faire 
ce genre de fraude, ce qui est un obstacie 
à la suppression des droits. La Société d’en- 
couragement espère lever cet obstacle par 
un procédé nouveau qu’elle demande pour 
que l'opération quirendraitl'alcoo! potable 
soit trop coûteuse pour y recourir. 

Au nom d’une commission spéciale, 
M. Gourlier fait le rapport sur les résul- 
tats du concours proposé pour les moyens 
de prévébhir ou de faire cesser l’humidité 
danslés constructions. Ua prix de 2,000 fr., 
un autre de 500 fr. et des médailles d’ac- 
cessit ont élé promis aux personnes qui at- 
teindraient le but indiqué dans le pro- 
gramme, Vingt et un concurrents se sont 
présentés, et le rapport très étendu de 
M. Gourlier est destiné à Cclairer le conseil 
d’adiwinistration sur le mérite de chacun. 
Aucun d'eux n’a encore satisfait aux con- 
ditions prescrites, et les prix ne peuvent 
être accordés : mais comme plusieurs des 
concurrents ont fait des tentatives plus ou 
moins heureuses, et que le temps d'expé- 
rience à manqué pour porter un jugement 
exact et équitable sur les résultats, le 
conseil déclare que le concours est clos, 
mais que les droits des concurrents sont 
réservés, si d'ici à deux ou trois ans les pro- 
cédés qu'ils ont décrits où mis en pratique 
sont jugés utiles et dignes des prix pro- 
posés, après, que le temps aura permis 
de s'assurer de l’efficacité de ces moyens 
d'assainissement des édifices. Pour le pré- 
sent, la Société se borne à décerner des 
médailles d'encouragement en argent à 
MM, Vaudoyer et Valadou, architectes, et 


LEC 
546, 
à M, Duval, une médaille de bronzæ sera 
donpée à M, Beulard. | | 
M. Combes propose. au nom:du comité 
des arts mécaniques, d’ajourner à six mois. 
la décision relative au prix pour empêcher 
l'explosion des machines à wapeur, afin 
d’avoir le temps de suivre les expériences 
entreprises par les concurrents, Le conseil | 
accède à cette proposition. | 
Au nom du comité des arts chimiques, ! 
M. Guérin-Verry fait un rapport sur le | 
concours relatif a la fabrication des creusets  ! 
réfractaires Le prix de 3 000.fr. sera par- | 
tagé entre M. Tesson et M. Pinon, dont les 
creusetsont résisté aux plusrudes épreuves, 
telles que de servir, sans être altérés, à la 
fonte du fer doux, à êtré jetés dans Peau | 
froide pendant qu'ils sontrougis au blanc. | 
M. Delambre, organe du comité de | 
commerce, fait un rapport sur le concours 
relatif à la rédaction d’un raémoire! sur les 
douanes allemandes. Ce rapport quin’ac- | 
corde pas le prix de 2,000 fr. proposé, at- | 
tendu que les conditions prescrites par le 
programme n’ont pas été remplies, de- 
mande que le concoutssoit pro:ogé, et que 
des récompenses d'encouragement soient 
accordées aux deux mémoires présentés. 
La quotité des sommes allouées pour ces 
récompenses donne lieu à une discussion 
que l'heure avancée de la séance n’a 
pas permis de terminer , et la décision ne 
sera prise que dans la séance prochamie, Ea 
séance générale où les prix et médailles 
seront distribués est fixée au mercredi 19 
avril prochain. FRANGOEUR, 


ARTS CHIMIQUES: 0 
35 24} 


Rapport au nom de la commission chargée 
de l’examien des projets & éclairage à 
l'alcool ; par M. Enule Castelnau, mem- 
bre de la société centrale d'agriculture 
de l'Hérault. 

Il est vivement question depuis quelque 
temps parmi nous d'un nonyeau mode d'é- 
eclairage à l'alcool. Au milieu de nos misères 
vinicoles, cette espérance imprévue de salut 
a été saisie avec ardeur. On s’est ému : 
sociétés d'agriculture, conseils munici- 
paux, etc., les hommes de science se sont 
mis à l’œuvre, et les choses ont marché si 
rapidement, qu'aujourd'hui, après quel- 
ques semaines, se présentent de tons cotes 
des liquides éclairants à bases alcooliques, 
n’attendant pour envahir les salons et les | 
chaumières, qu'une seule conquête, Ja plus 
difficile peut-être, celle des barrières fis- ! 
cales opposées à la circulation des alcools. | 

Sur votre appel, la commussion dont je ! 
suis l'organe a cru devoir entrer dans l'exa- 
men un peu approfondi de la qnestion. 

Dans une réunion récente, à laquelle un | 
grand nombre d’entre vous ont assisté, di- | 
vers Jiquiles lu ont été présentés, divers 
modes de lampes lui ont été soumis. Tous | 
ont parfaitement rempli son atlente; ila vu | 
à la fois, avec une vive satisfaction, la 
lampe parisienne à jets de gaz, Si gracieuse; } 
et la lampe à double courant “d'air, de | 
M. Apolis, dont la clarté, intenseæt vive, | 
peut à volonté être au gmentée staffaiblie | 
instantanément : idée ingeénieuse; Si propre! 
à populariser son emploi. “e TÉ 

Quant aux liquides, 8 pou la 


<el vivacité! 
et la netteté de la lame; il a cru devoir 
distinguer celui compose par M: Cauvy, 
dont vous connaissez déjà les intéressants 
travaux, il n'en à pas moins ap udi 
l'heureuse pensée qu'a eue M. 
pharmacien, d'obtenir par 


- 


e5#7 

éther, l'élévation du titre alcoolique né- 
- eessaire pour une combinaison suffisante de 

J’essence de térébenthine, évitant ainsi la 
| difficuïté d'obtenir par la distillation avic 
nos appareils ordinaires, un alcool de 920 à 
930 centésimaux et utilisant l'alcool 216, 
marchandise commune. Mais après l’appré- 
ciation des yeux, est venue celle du point le 
plus grave et le plus important du point 
économique. Ici, messieurs, laissant de côt* 
là question fiscale, le comité a voulu d’a- 
bord se rendre compte du revient vrai des 


deux liquides présentés. Il résulte de $es 


| calculs, que le liquide Canvy, composé de 
| 4 parties d’alcool 92, et d'une partie es- 
sence de térébenthine, ressort à 0,565 c. le 
| litre: et que le liquide Sauvan, formé d’é- 
ther, de 3/6 ordinaire et d'essenc:, ressort 
0,555 c.ile litre, en comprenant dans ce 
prix un bénéfice de 15 pour cent pour le 
vendeur. ; 
| Si-maintenant nous prenons pour base 
| le‘rapport constaté par M. Cauvy, de 13 à 
| 8, éntre la faculté éclairante de son liquide 
| ketcelle d'une bonne huile d'olive, c’est-à- 
| dire, que 13 litres de liquide donnent pour 
|} la durée et l'intensité, une lumière égale à 
| celle fournie par 8 litres d'huile; si nous 
| caleulons le-revient de l’huile à 1 fr. 50 c. 
| Jelitre, nous arrivons à ce résultat, savoir: 
que;,avec fr. 35 c. coût de 13 litres alcool 
| mélangé, à.0,565 c. le litre, on peut sé- 
. clairer aussilongtemps et aussi bien qu'avec 
» 12%fr., coût de 8 litres d'huile à 1 fr. 30°c. 
| IlEditre, 
“ 1 iSams doute une différence aussi cansi- 
« dérable ne saurait longtemps exister telle ; 
* car si d’une part, l'emploi p'us général de 
l’alcool doit fendre à en élever le prix, et 
est la. nous devons le dire, la conséquence 
ATplusdésirable du nouveau procédé; de 
| Fautreile prix de l’huile éprouvera néces- 
| Véairement quelque réduction. Mais la dis- 
tance est grande, . et il est facile de prévoir 
que nonobstant cette dernière circons- 
tance, un long avenir est réserré à léclai- 
rage par l'alcool, tant sous le rapport éco- 
nomique que sous celui de l'agrément et de 
la facilité bien plus grande que présentera 
son usage, comparativement à cel de 
Phuile. Enfin, sil saccombe un jour, il ne 
le devra sans doute qu'à une haute éléva- 
tion. de prix, et alors, Messieurs, ce sera 
ane mort glorieuse et à tous profitable. 
+ Mais ici surgit la question fiscale, que 


“votre comité à d’abord écartée, question. 
1 de vie ou de mort pour le nouveau système. || 
Eneffet, les droits perçus par le trésor et. 
Poctroi, à l'entrée de notre ville, s’élèvent, : 


d'après les bases actuelles, à 0,61 ,21 Je litre 
d'alcool à 920. S'il faut ajouter ces chiffres 
à ceux de 0,565, coût réel du liquide, alors 
| plus de concurrence possible. Le prix de 
|. lhuile est dépassé. A 
| C'est donc contre la suppression de ces 
| “droits que tous les efforts doivent se diriger 
dès ce moment. Nous ne voulons pas dire 
| par là qu'il faille demander la sappression 
| de ceux qui frappent généralement les al- 
| Cools, mais bien l’affranchissement des al- 
| .@ools destinés à l'éclairage. 
|» 1Sous. le régime de la loi de 1816, cet 
| raffranchissement existait pour les alcools à 
certaines destinations, moyennant qu’ils 
fussent dénaturés préalablement par un 
( mélange de térébenthine. Pius tard, il fut 
| supprimé parce que l'administration crut 
PR connaitre. que Îe mélange pouvait être 
| #6spmpose , El que des fraudes onéreuses 
ui trésor étaient commises ; mais à cette 
| Époque, le mélange autorisé se composait 


libhe 


518 

d’une très faible partie de térébenthine 
(essence) relativement à celle d'alcool. Au- 
jourd’hui, cette part s’élèverait jusqu’au 
cinquième, et d’après des expériences sé- 
rieuses qui ont été faites, nous pouvons 
presque assurer que la combinaison de 
l'essence avec l'alcool à 92° est si intime, 
que la séparation des deux substances serait 
sinon impossible, du moins trop difficile et 
trop coûteuse pour qu'on püt la tenter avec 
fruit au détriment du trésor. 

Nous aions lien de croire qu'une de- 
‘maände de cette nature trouverait ici, dans 
le prémier administrateur de notre dépar- 
tement, et dans le chef de l'administration 
des contributions indirectes, des organes 
bienveillants et favorables. La chambre de 
commerce s'est déjà livrée à de pressantis 
démarches à cet égard. Il appartient à la 
société d'agriculture dé joindre son con- 
cours au sien, car elle représente en quei- 
que sorte immédiatement l'intérêt agricole 
et foncier. 

Le gouvernement, alors que lés raisons 
les plus graves le pressent de porter à l’'in- 
dustrie vinicole expirante une efficace 
assistance, ne saurait, sous le vain prétexte 
de garantie pour les droits du trésor, re- 
fuser une mesure qui se lierait si évidem- 
ment à tout système de secours. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Nouveaux moyens de fabriquer le fer; par 
M. de Meckenheim, ingénieur, & Londres. 
(Patente anglatse). 


L'auteur, pour employer les gaz perdus 
des hauts-fourneaux ou des autres four- 
neaux, recueille ‘ces gaz par des ouver- 
tures pratiquées dans l& circonférence du 
fourneau, ordinairement de: 3 mètres à 4 
tuètres 50 au-dessous du gueulard. Ces 
onvertures, dit-il, doivent être suffisam- 
ment grandes et les passages considéra- 
blement inclinés. Près da fourneau, ilssont 
construits en briques réfractaires et fermés 
tous, chacun par deux plaques de; fonte 
percées de deux trous: À l'un de ces-trous, 
on adapte un the: pour:reeueillir les gaz : 
l’autre sert à nettoyer l'ouverture qui com- 
munique avec le-fourneau, et on deit le 
clore hermé'iquemenut lorsqu'il ne sert pas. 
Legueulardest tenu fermé, ce qui force les 
gaz comprimés dans-le fournean par l'ac- 
tion de la machine: soufflante | et, par leur 
propres expansion, de.se rendre,dans les 


“conduits qui leurs sont préparés. Dans les 
‘circonstances où ces moyens ne-suffiraient 


pas, dit l’auteur, on pourrait employer un 
ventilateur. Les gaz, après avoir traverse 
les passages en briques dont il vient d’être 
question, arrivent dans les récipients, et de 
là, chassés, s’il le faut, par le ventilateur, 
dans le fourneau mênxe d’ou ils sont sortis 
ou bien dans un autre foyer. Les dessins de 
la spécification indiquent plusieurs moÿens 
de recueillir ces gaz, que l'inventeur pro- 
pose aussi d'employer à chauffer des chau- 
dières et à d’autres usages connus: il règle, 
d’ailleurs, par le moyen de registre, leur 
arrivée et celle de l’air atmosphérique qui 
doit y être mêlé. 

Il indique donc d'employer le gaz, con- 
jointement avec le coke, pour la fabrica- 
tion de la fonte, tandis que, pour celle du 
fer malléable,il n’emploie que les gaz seuls, 
soit qu’il obtienne le fer par l’affinage de la 
fonte, soit qu'il le fabrique immédia!ement 
par la méthode catalane. 

(Journal des usines). 


b49 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADEVIE DES SCIENCES MORALES ET. 
POLITIQUES, 


S'ance du samedi 1$ marse 


En terminant la lecture de son mémoire 
sur la Condition des débiteurs à Rome, 
M. Gyraud a rappelé les modifications que 
la contrainte personuelle éprouva sous $es 
empereurs, et a marqué l’état de la légis- 
lation à l'époque ou le droit canonique mit 
fin au sauvage, despotisme des lois ro- 
maiucs. CA ne 

À la suite de celte communication, 
MM. Blondeau, ‘Troplong et Dupin on pris 
successivement la parole au sujet du 2exum 
ct principalement de la mans injectio, qui 
élait une forme de procéder toute particu- 
lière aux Romains. Nous croyons résumer 
fidèlement cette partie de la discussion en 
disant, d’après ces spécialistes, que la ma- 
nus fnjectio. était le droit qu'avait le créan- 
cier de saisir lui-même son débiteur, de le 
traîner devantle juge qui déclarait valable 
la caution offerte, ou livrait, faute de paie- 
ment , le débiteur au créancier, par cette 
formule sacramentelle : Tecum ducas. 

Dans son mémoire, M. Gyraud avait dit 
que les mots sectio corports, qui se trou- 
vaient dans les Douze Tables, devaient s’en- 
tendre non du corps de l’'abdicti, maïs sim- 
plement du corp; de ses biens. Cette opi- 
ion, qui est aussi celle de plusieurs lé- 
sistes, a paru erronée à M. Troplong. 
S'appuyant sur des passages de Tertullien, 
de Quintiliten.et d’Aulugelle, ii a soutenu 
que la sectio corporis devait êtie entendue 
dans le sens réel, non alléroriquement, et 
que quelque barbare que duive nous pa- 
raitre aujourd hui cette disposition, ‘elle 
est trop en rapport avec le droit de vie et 
de mort quele père avait sur ses enfants, 
le mari sur son épouse, le maître sur son 
esclave , le vainqueur Sur le vaincu , pour 
qu’on puisse ne pas la considérer comme 
ayant fait réellement partie de l’impitoya- 


ble droit romain. La sévérité des lois sur le 


prêt, le mépris qui revenait au débiteur 
iusolvable , tout concourt à éloigner des 
motssec{io abdicti une interprétation pure- 
ment allégorique. On n’a pas, il est vrai, 
des preuves certaines que le créancier se 
soit servi d’une telle prérogative, mais ou- 
tre que les documents historiques sur les 
premiers siècles de Rome sont incomplets, 
il s’agit de savoir Seulement si cette disposi- 
tion de la loi était sérieuse, et sur ce point 
on ne peut conserver aucun doute. 

Après quelques nouvelles observations de 
M. Gyraud, conformes à l’opinion par lui 
émise, l’Académie ordonne, au scrutin se- 
cret, l'impression du mémoire. C.B.F. 


ARCHÉOLOGIE. 


Observations sur l’architecture du moyen- 
âge dans le Forez, par M. l'abbé Roux. 


L'architecture militaire et religieuse du 
Forez a quelque chose de singulièrement 
pittoresque pour l'observateur; depuis les 
châteaux aux ‘tourelles menacantes jus- 
qu'aux églises fortifites, qui devenaient le 
point central dans les invasions ou les que- 
relles féodales. 

Cette architecture, si j'en excepte quel- 
ques monuments qui sortent de la ligne 
commune, porte un caractère d’äpreté 
rude et sévère qu’elle a peine à quitter, 
lors même qu’elle se rapproche des pro- 


350 
vinces plus avancées dans l'appréciation et 
le goût du beau. 

Voici les caractères principaux que j'ai 
pu recueillir et analÿser dans une course 
archéologique, où j'ai passé en revue pres- 
que une moitié du département de la 
Loire. 

Architecture religieuse. — Les plus an- 
ciennes églises romaines dans le Forez, 
peuvent remonter, ce me semble, aux 
neuvième ou dixième siècles. Je n’en ai 
trouvé que deux, ce sont deux rectangles 
terminés par une apside simple à trois baies. 
Les fenêtres sont d’une petitesse remar- 
quable : à peine pouvait-on lire. Leur hau- 
teur est d’un mètre sur vingt centimètres 
de largeur; la partie cintrée est d’une seule 
pierre sur laquelle on a figuré au trait un 
assemblage de claveaux. 

Toutes les églises romanes ont leur apside 
tournée à lorient. Un grand nombre, et 
ce sont les plus grandes, présentent un 
système de fortification toujours le même ; 
ce sont des tours qui terminent les apsides, 
quelquefois le transept;'et qui sélèvent au- 
dessus du toit (Chaudleu Saint-Romain-le- 

“Puy, Pommiers, l’Hôpital-sur-Roche- 
fort, etc). : 

L’apside principale est toujours garnie 
d'arcatures et de colonnes, et quel que soit 
le nombre de ces arcades qui est de trois, 
cinq ou sept, il n’y en a que trois ouver- 
tures; les apsides secondaires n’ont jamais 
d'ornement. 

Les églises à une seule nef ont généra- 
lement leurs parois ornées de grandes ar- 
cades appliquées, au-dessus desquelles 
règne quelquefois une corniche. Les piliers 
des travées sont lourds et carrés, excepté 
ceux qui soutiennent la voûte du chœur, 
qui presque partout en coupole, ces piliers 
sont ornés alors de colonnes engagées et à 
chapiteaux de feuillage. Dans la période que 
j'appellcrai romano-ogivale, les arcs dou- 
bleaux retombent souvent sur des pilastres 
qui s’interrompent au milieu du pilier 
principal, et se terminent en consoles. Ces 
églises sont longues, élevées et très étroites, 
aussi sont-elles toujours voûtées. 

A l'intérieur, les arcs sont tous des cin- 
tres surhanssés ou des ogives à peine sen- 
ties; on trouve quelquefois un doubleau 
pleiu-cintre, et le suivant romano-ogival, 
suivi d’un troisième à plein-cintre. 

Les fenêtres sont généralement très 
étroites ct rares {trois seulement de chaque 
côté, quelle que soit la longueur de Pédi- 
fice). 

Elles sont toujours à plein-cintre, même 
dans les églises romano-ooivales, et c'est 
dans ces dernières que j'en ai trouvé avec 
colonnes et archivoltes. 

Les colonnes sont en général lourdes et 
À fût droit. La plus grande variété règne 
dans les chapiteaux, qui diffèrent toujours 
d'ornements et de sculptures, lorsque les 
colonnes sont accouplées ou placées vis-à- 

. vis. Il en est de même pour les bases qui 
ont des ornements. 

Le travail de ces chapiteaux, sauf quel- 
ques exceptions, est extrêmement grossier; 
äl faut l'attribuer, sans doute, à l’igno- 
vance de l'époque et peut-être aussi à la 
difficulté de travailler la pierre qui est 
prèsque partout un granite très dur. 

Aussi un très grand nombre de ces cha- 
piteaux sont des cônes tronqués et appla- 
tis, sur lesquels on a indiqué au trait des 
feuilles, des étoiles, des animaux, des cer- 
cles concentriques, des chevrons, et autres 
figures bizarres. Ceux qu'une main plus 


99! 
habile à favorisés, représentent des feuilles 
entremèlées d'étoiles, de têtes, de disques, 
etc. Ces feuilles sont au nombre de huit, 
quatre aux angles et quatre sur les faces, 
ou bien elles vont en s’imbriquant jusqu’au 
milieu du chapiteau; J'ai trouvé aussi plu- 
sieurs de ces feuilles cordées et épaisses, 
qui se terminent par un crochet figurant 
de Join une tête de bélier; et encore des 
oiseaux ou des quadrupèdes qui boivent 
dans des coupes, emblême, je crois, de. 
l’immortalité. | 

Toutes ces églises ont des corniches 
simples avec des modillons sans sculpture. 
Les contreforts ont de deux à trois déci- 
mètres de saillie. Les seuls ornements sont 
des damiers, quelques nébules et des tores 
coupés. 

Les clochers sont lourds et carrés, avec 
des fenêtres dont les pleins cintres reposent 
sur des colonnes ou des piliers carrés. J'ai 
trouvé beaucoup de petites églises romanes 
qui n'avaient qu'un campanile, à une ou 
deux baies, placé sur la façade ou sur le 
rond-point. [1 y a aussi quelques cryptes 
sous les églises romanes. 

Le plus grand nombre de ces églises 
sont des prieurés ou des abbayes de béné- 
dictins. 

Toutes ces églises sont construites avec 
une solidité telle que plusieurs ne doivent 
leur conservation qu’à la difficulté qu’é- 
prouvaient, pour les renverser les vandales 
des quinzième et dixhuitième siècles. 

L'époque ogivale compte peu d'églises 
remarquables, qui soient bities sur une 
grande échelle. On trouve cependant dans 
les montagnes quelques jolis vaisseaux, 
mais petits, et encore ceux qu'on y ren- 
contre portent presque partout les carac- 
tères d’une époque antérieure à leur cons- 
truction ; ainsi les églises du quinzième 
siècle ont les caractères du style rayonnant 
avec les nervures prismatiques. Une autre 
particularité remarquable, c’est que toutes 
les églises du treizième et du quatorzième 
siècles, j'en excepte un très petit nombre, 
ont leur apside carrée avec des contreforts 
aux angles. Cette apside est percée dans le 
foud d’une ou trois fenêtres à lancettes 
simples ou d’une fenêtre rayonnante. Plu- 
sieurs églises ont le chœur roman et la nef 
ogivale. La tradition rapporte que le baron 
des Adrels faisait-abbattre toutes les nefs et 
laissait subsister le chœur. Les feuilles-qui 
ornent les chapiteaux sont la vigne, lelierre, 
le choux, le nymphea, le chardon, lechëne; 
le marrornnier, etc. Ts 

: Le style ogival a régné jusqu’au milieu 
du dix-septième siècle. L'église de Saint- 
André-d'Apehon est un modèle des cons- 
tructions religieuses de cette époque; j'y ai 
remarqué une fenêtre dont les meneaux 
forment une grande croix. 

(Bulletin monumental). 


VOYAGES. 
Ruines de Carthage ; par M. Félix Flachë- 
naker. 


(Troisième article, ) 

En sortant de la Goulette, et prenant la 
route de gauche qui côtoie le lac {e! Bahe- 
ria) ; de distance en distance, on trouve 
des fontaines ou réservoirs qui se prolon- 
gent jusqu'a la Malga et qui paraissent 
avoir appartenu à un aqueduc moderne : 
on laisse à gauche une route qui, suivant 
les contours du lae vers le nord ouest,vous 
ramènerait à Tunis; bientôt on arnve à 
Douair-el -Schatt; c’est un petit village, ou° 


552 | 


plutôt la réunion de quelques masures de 
peu d'importance , avec une chétive mos- 
quée du nom de Sidi-Massouf; il est situé 
sur la gauche de la route; après l'avoir 
traversé, je me trouvai, quelques instants 
après, en me dirigeant vers le nord-est, 
dans un terrain assez bas, eù je vis les rui- 
nes d’un cirque immense, de forme cellip- 
tique dont le grand axe me donna 488n et 
le petit 98m; Ja direction de ce cirque est 
du sud au nord-ouest; du reste, rien de 
conservé, rien debout, des imonceaux de 


Pierres seulement indiquant des gradins. 


Au milieu et dans la longueur se trouve une 
longue construction, assez étroite, qui peut- 
êlre formait un conduit, mais dont cepen- 
dant je n'ai pu découvrir la destination. 

En approchant de la Malga, on trouve 
la terre littéralement semée de débris de 
marbre, de ciments, de fer oligiste, puis 
une partie d’aquedue moitié au-dessus du 
sol, moitié enfoui sous terre ; sur la droite 
et à quelque distance, on aperçoit la colline 
de Byrsa. 

Le village moderne de la Malga s'élève 
sur les voûtes de nombreuses et vastes ci- 
ternes parfaitement conservées et dont 
quelques-unes sont excessivement larges et 
profondes ; c'est dans ces souterrains que 
les Bédouins ont établi leur domicile et où 
ils trouvent de magnifiques écuries pour 
leurs chevaux, leurs ânes et leurs bestiaux, 
dont. le fumier amoncelé depuis longues 
années, jette une odeur des plus nauséabon- 


des, inais dont les Arabes paraissent s’ac-. | 


commoder. En avant de ces immenses ré- 
servoirs, on trouve encore quatre autres 
citernes plus petites. 

(Extr. des Annales des voyages.) 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE: 


FAITS DIVERS. 


— La société des antiquañes de Normandie a 
demanpé au gouvernement l'autorisation d’exécuter 
des fouilles dans la forêt de Broihonne (Seine-In- 
férieure). Cette forêt, connue par ses belles futaies 
de hètre,, recèle, à ce qu'il parait, sous leur om- 
bragés , d'importintes ruines dont l'existence fut 
reconnue en1838, Déjà, à cette époque, l’autorisa- 
tion d'explorer le terrain avait été demandée, mais 
l’abserce de la personne chargée par la société de 
diriger les explorations empècha l'exécution de ce 
projet. Les ruines dont il est question gisept au 
triage de la Petite-Hloussaie. Les vestiges apparents 
oécupeut à peu près la superficie d’un hectare; rbais, 
comme il ne s’agit que d'explorer les parties Jes-plus 
intéressantes, il parait que les fouilles se borneront 
à quelques ares. 

La découverte de 183$ consistait en une mosai- 
que du Bas-Empire et un tumulus. Cest aux envi- 
rons de cette mosaique que doivent avoir lieu les 
nouvelles fouilles. 

L'emplacement où se trouve la mosaïque semble 
être celui d’une habitation romaine assez considé- 
rable, cenire, elle-même , d’une population agglo- 
mérée de quelqu'importance, puisque, dans un 
rayun-d'uue demi-lieue environ, et même sur d'au- 
tres points de la forèt , on retrouve les mêmes ves- 
tiges enfouis sous le sol. 


BIBLIOGRAPHIE. ..: 


ENQUÊTE PARLEMENTAIRE sur les Cbfones 
anglaises, publiée en septembie 1842. Analyse ‘de 


l'enquête par M. Jollivet, membre delnjchambre | 


des députés. el se:it 
ESSAI d’hématologie pathologique; parrG-+ An 

dral.— A Paris, chez Fortin Masson,place, de PE 

cole-de-Médecine, 1. Dr 


j oi 15 


PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAÏSTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


10° année. 


L'EC 


Paris. — Jeudi, 20 Mars 1845. 


DIE —— 


ONDE 


Me 24. 


SAVAN 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS BANS TOUTES LES SCIENCES. 


a —— 


L'Ecxo Du MONDE SAVANT paraît le SEUDI et le DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A DE LAVALETTEE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les épartements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 {r.,Gfr., 
"Sfr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscriptéurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil l’'ÉGHO DE LA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS ei les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec lEcho du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


Das te be mu 


SOMMAIRE. - ACADEMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 21 mars 1843. — SUIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Observations sur la 
production de la chaleur chez les mollusques et 
sur la génération de la salamandre; Joly. — MA- 
THÉMATIQUE. Considératuions sur la composi- 
tion et la décomposition des équations différen- 
tielles ; Brassine. — MECANIQUE CELESTE. 
Sur le mouvement propre du soleil; Bravais. — 
CHIMIE MÉDICALE. Sur l'absorption du sul- 
fate de quinine et de la salicine et moyens de dé- 
couvrir les substances dans l'urine et dans le foie; 
Lanneau et Follin. — SCIENCES NATU- 
RELLES. GEOLOGIE. Sur les sables tertiaires 
inférieurs du bassin de Paris; Meïlevillee — 
TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila. — PA- 
THOLOGIE. Observations sur l’action délétère 
du sang noir; Leroy d'Etiolles. — ZOOLOGIE. 
Nouveau genre d’orihoptère de la famille des 
mantides; Guérin Méneville, — SCIENCES 
APPLIQUEES. ARTS CHIMIQUES. Emploi 

- du maclura aurantiaca à la teinture; Miergue. 

. — Moyen d'imprimer sur les étoffes ; Kent King- 
don, d'Exter, comté de Devon. — ÉCONOMIE 
DOMESTIQUE. Couservation de substances ali- 
mentaires. — ÉCONOMIE AGRICOLE. Compa- 
raison des bœufs avec les chevaux. — SCIEN- 
CES HISTORIQUES. GÉOGRAPHIE Ruines 
de Carthavec; Félix Flachénaker. BIBLIOGRA- 

. PHIE, 


— 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 27 mars 1845. 


La séance d'aujourd'hui a été comme les 
séances précédentes consacrée presquetoute 
entière au comité secret, qui probablement 
verra finir (nous l’espérons du moins) cette 
longue discussion, relative à la nomination 
dans la section de médecine et de chirur- 
gie. Cependant M. Arago a trouvé quelques 
minutes pour communiquer de nouveiles 
réfléxions sur Ja comète et sur sa constitu- 
tion. Les astronomes de l'Observatoire de 
Paris n’ont encore pu détermirer que deux 
fois la position de cet astre, et chacun sait 
que deux points ne suffisent pas pour fixer 
la courbe dans laquelle se meut un astre,. 
Une troisième observation est donc de toute 
utilité pour trouver l'orbite. 


La comète a été vue en Angleterre, à. 


Touiouse et à Marseille. Un ancien élève de 
l'Observatoire , de Paris , M. Plantansons, 
directeur de l'Observatoire de Genève, l'a 
vue le 18 et l’a observée le 19 et le 21 ; se- 
lon M. Plantansons , la distance périhélie 
de la comète, c’est-à-dire la plus petite dis- 
tance de cet astre au soleil est de 0, 00045. 
De toutes les comètes connues ce serait 
donc celle qui s’approcherait le plus du so- 
leil et M. Arago ne serait pas éloigné de 
penser quelle aurait pénétré dans sa matière 
mème. 

La queue de la comète actuelle possède 
une énorme longueur qu'on a trouvée 
égale à 63 millions de lieues, en calculant 
depuis le centre de l’astre jusqu’à l’extré- 
mité de sa queue. Il était curieux de se de- 


mander si la comète actuelle avait déjà 
été vue dans les temps passés, et si on pou- 
vait lassimiler aux comètes déjà observées 
par d’habiles astronomes. C’est la question 
que s’est posée M. Arago et sur laquelle il 
a donné des détails intéressants, mais qui 
pour Jui n’ont pas une immense valeur. 
En 1702 l’on vit à Rome, peodant le 
mois de mars une comèle qui présentait 
quelque anologie avec la comète actuelle. 
Cette comète fut observée par Maraldi. Une 
autre également semblable, sous quelques 
rapports, à celle qui nous occupe depuis 
quelques jours, fut observée par Cassini en 
1668, dans la constellation de la Baleine, 
d’'Eridan et d’Orion. Ge fut aussi au mois 
de mars que Cassini apercut cette comète. 
Cassini rechercha dans Aristote s’il ne trou- 
verait pas quelques indices sur les appari- 
tions antérieures de l’astre qui l’occupait 
alors. Il y trouva que 373 avant notre re, 
une cométeavaitété aperçue en Grèce dans 
la constellation d Orion et pendant le mois 
de mars, Il fat conduit à penser que la co- 
mète de 1668 était la comète de 373, et il 
trouva que de 373 à 1668 cet astre aurait 


fait 60 révolutions de ans. M. Cowper, 


astronome anglais, a prétendu que la co- 
mète actuelle ét rit la comète de 373; mais 
rien ne peut confirmer cet opinion, car 
pour avancer uve pareille idée il peut con- 
firmer cette opinion. car pour avancer une 
pareille idée il fant connaître l'orbite de cet 
astre, or, c'est ce qu'on ne connait pas. 
Durant l’année 373 plusieur: inondations 
ravapérent la Grèce, un tremblement de 
terre se fit sentir, et la ville d'Elis fat de- 
truite. Assurément les amateurs de prophé- 
ties ne manqueront pas de rapprocher ces 
faits de ceux qui se sont passés il y a peu 
de temps à ia Guadeloupe, et les amis du 
merveilleax vont sans douté prédire pour 
cette année d’horribles malheurs, d’a!freux 
désastres. — Nous nenous amuserons pas à 
réfuter ces erreurs, qu’on pourrait croire 
empruntées aux siècles qui nous ont pré- 
cédé et qui sont assez répandues parmi les 
geus du monde, pour ne pas faire honneur 
à l’époque où nous vivons. EE 


15202200 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Observations surla production de la chaleur 
chez les mollusques, el sur la génération 
de la salamandre terrestre ; par M. Joly. 
« Le 14 août de l’année dernière, je pris 

dans le canal du Midi quelques-unes des 

paludina vivipara (Lam.) et des anodonta 
cygnea (Lam.) qui s'y trouvent en abon- 
dance, et je les mis séparément dans deux 
vases peu profonds, que je remplis d’eau 


jusqu'au bord. Je renouvelai de temps en. 


temps le liquide, mais je ne donnai aucun 
autre aliment à mes prisonnières, qui, après 
trois mois de ce régime, ne m'en parurent 
nullement affaiblies. Le9 novembre te ther- 
momètre descendit à plusieurs degrés au- 
dessous de zéro, et je trouvai mes paludines 
et mes anolontes entourées d’un épais gla- 
cou. Désireux de m'assurer si elles avaient 
pu résister au froid, je fis dégeler lentement 
le liquide, et je fus surpris de les trouver 
toutes vivantes, La plupart des anodontes 
(il y en avait une dizaine) vécurent encore 
jusqu'au 28 novembre; le 10 décembre, 
toutes avaient succombé. À celte dernière 
époque , aucune de mes paludines n'avait 
péri; bien plus. deux d’entre elles avaient 
fait des petits trois jours après la congéla- 
tion à laquelle avait été soumis le liquide 
où elles étaient plongées. Enfin ces mêmes 
paludines ont supporté, vers le milieu du 
mois de janvier, une seconde congélati 


à noter que sa coquille avait été, | 
cembre. limée et percée surle dern 
de spire, et qu'aucun travail répa 


ment où l'animal a péri. La perforation ar? 
tificielle de la coquille ne doit pas avoir été, 
ce me semble, étrangère à la mort de cette 
palud'ne. » 

Le second fait annoncé par M. Joly est 
relatif à la reproduction de la salamandre 
terrestre (salamandra maculosa), dont un 
individu observé par l’auteur a donné naïs- 
sance. en un seul jour, à vingt-cinq petts 
vivants. 


MATHEMATIQUES. 
Démonstration d'un nouveau théorème de 

calcul intégral. Considérations sur l& 

composition et la décomposition des équa- 

tions différentielles; par M Brassinne. 

« 10 Considérations générales sur la com- 
position et la décomposition des équations 
différentielles. 

» 2° Théorème. « Si des équations diffé- 
rentielles linéaires, en nombre quelconque, 
ont des solutions communes, et si ces solu- 
tions sont données par une équation diffé- 
renticlle de l’ordre p (équation qu'il est 
toujours facile de trouver), on pourra ra- 
mener l'intégration des équations différen- 
tielles données à l'intégration d’un second 
système d'équations différentielles linéaires 
dont les ordres seront plus faibles de p uni- 
tés. » 

» 3 Principes de la composition des 
équations : pour établir l’analogie de Pai- 
gèbre et du calcul intégral, quelle forme 
doivent avoir les solutions des équations 
différentielles qui sont analogues aux ra- 
cines égales en algèbre. » 


256 
MÉCANIQUE CÉLESTE. 


Hémotrre sur le mouvement propre du soleil; 
par M. Bravais. 


« La direction du mouvement de trans- 
lation du soleil a été récemment établie par 
M. Argelander avec un degré de precision 
qui laisse peu de chose à désirer; mais les 
bases de la méthode suivie jusqu ici ne sont 
pas à l'abri de toute objection. Cette mé- 
thode suppose, en effet, tantôt que le mou- 
vement du soleil doit être déterminé de 
manière à ce que les étoiles soient ausse en 
repos que possible, tantôt que là: distribu- 
tion de leurs mouvements à eu lieu com- 
plétement au hasard. et qu'il existe une 
égale facilité de direction vers toutes les 
régions de l’espace, principes qui,én toute 
rigueur, peuvent être déniés. 

» Il m'a paru possible d’afiranchir de ces 
entraves la détermination dir mouvement 
propre du soleil, en substituant des consi- 
dérations mécaniques aux ‘considérations 
géométriques employées jasqu’à ce jour, et 
en faisant intervenir chaque étoile, pro- 
portionnellement à la masse qu’elle possède 
vu qu’elle représente. La nécessité de l’in- 
troduction des masses est rendue sensible 
par cette circonstance singulière, qu'il 
existe dans le ciel des groupes binaires 
dont les deux composantes, fort écartées 
l’une de l’autre, ont cependant le même 
mouvement propre, telles sont À du ser- 
pentaire et l’étoile 30 du scorpion, quoique 
séparées par un intervalle angulaire de 
13 minutes. Devons-nous: faire entrer ce 
groupe dans nos calculs comme une étoile 
unique ou comme deux étoiles distinctes ? 
Une multitude d’autres cas pareils peut se 
présenter; qui sait même sil n'existe pas 
une gradation insensible qui mène des sys- 
tèmes binaires à composantes très rappro- 
chées, jusqu'aux systèmes d'étoiles décidé- 
ment indépendantes entre elles? Et com- 
ment alors devons-nous envisager les étoiles 
doubles et les étoiles multiples ? Cette diffi- 
culté disparaît si l’on tient compte de la 
masse des étoiles, 

» Des considérations fort simples ménent 
alors aux équations du mouvement solaire. 
Ce mouvement ne pouvant être déterminé 
d’une manière absolue, puisque nous ne 
pouvons répondre de la fixité des repères 
auxquels nous comparerions Je soleil, la 
question se trouve réduite à la détermina- 
tion d’un mouvement relatif, soit qu’il s’a- 
gisse d'obtenir ce dernier par rapport au 
centre de gravité d’un groupe défini d’étoi- 
les, ou relativement au centre de gravité 
de toutes les étoiles existantes. Il est éga- 
lement permis, dans ces deux cas, de sup- 
poser en repos le centre de gravité du 
système , et cette condition fournit immé- 
diatement les trois composantes rectangu- 
laires de la vitesse solaire relative. 

» Au point de vue théorique, les formu- 
les ne laissent rien à désirer. Si, par exem- 
‘ple, on les appliquait à la terre considérée 
comine étant en mouvement par rapport 
au centre de gravité du système planétaire, 
elles donneraient immédiatement la vitesse 
de translation de notre globe et la direc- 
tion de son mouvement, Mais, dans le cas 
spécial du mouvement solaire, l'ignorance 
dans laquelle nous sommes au sujet des 
masses et des distances des Ctoiles, et sur- 
tout au sujet des déplacements qui ont lieu 
suivant les rayons vecteurs géométriques, 
rend difücile l'application des formules. Je 
suis parvenu à éliminer les variations des 
distances, €n admettant que le centre de 


257 


gravité du système formé par les ttoiles 


projetées sur leurs rayons vecteurs initiaux, 


reste invariable avec le temps, et voincide 


constamment avec le véritable centre de 
gravité du système. Le théorème général 
qui détermine les trois composantes de la 
vitesse solaire peut alors s’énoncer comme 
il suit : « Si, d’une part, l'ou rapporte les 
étoiles sur unesurfacesphérique derayon1, 
en leur conservant leurs ma.ses et leurs 
positions relatives angulaires, et si d'autre 


part, on projette, sur un axe passant par Je 


soleil, leurs quantités de mouvement nor- 


males aux rayons vecteurs, la somme de 


ces quantités de mouvement divisées par le 
moment d'inertie que possède autour du 
même axe la surface sphérique étoilee du 
rayon 1, donnera, son signe étant changé, 
la composante de la vitesse solañe suivant 
ect axe, si celui-ci est d’ailleurs ou l'undes 
trois axes principaux de lasphérederayon, 
où la droite suivant laquelle se meut le 
soleil, » 

» Dans l'application, j'ai supposé toutes 
les masses égales entre elles; et qnant aux 
distances, j'ai adopté une hypothèse,fautive, 
il est vrai, mais fautive en un.sens inverse 
de celui dans lequel péchait Fhypothèse de 
M. Argelander, de sorte que la. vérité de- 
vra être comprise entre les deux résultats. 


Suivant l’une des hypothèses, les distances 


seraient, en général , en raison inverse des 
mouvements propres; suivant l’autre, elles 
seraient indépendantes de la grandeur de 
ce mouvement. Il est à croire que, par le 
fait, les distances suivent à peu près la rai- 
son inverse des racines cubiques des mou- 
vemenuis propres moyeps qui leur corres- 
pondent. 

» Le point du ciel vers lequel marche le 
soleil (point que l’on peut nommer pôle 
des mouvements parallactiques, pôle paral- 
lactique), étant déterminé par l'hypothèse 
que j'ai adoptée pour les distances, et par 
les soixante et onze étoiles dont le mouve- 
meut propre annuel surpasse une demi- 
seconde, est distant. de 10 degrés de celui 
qu'a obtenu M. Argelander pour les mêmes 
étoiles ; et, si l’on adopte la moyenne des 
deux évaluations, on peut espérer d’être 
aussi près de la vérité que nos conuais- 
sances actuelles nous le permettent. 


» Quant à la vitesse absolue de la trans- 
lation du soleil, sa détermination n’est pas : 
actuellement possible ; mais comme elle.est : 


en rapport. avec Ja. vitesse moyenne. .de 
translation des étoiles, quantité que nous 
ne pouvons non plus mesurer, on peut du 
moins obtenir assez exactement le rapport 
de ces deux vitesses. En les comparant, j’ai 
trouvé que le soleil était une étoile à faible 
mouvement propre, et Que sa vitesse attei- 
gnait environ les six dixièmes dela moyenne 
vitesse des étoiles. 

» Ce résultat différant beaucoup de celui 
auquel est arrivé M. Argelander par des 
considérations qui sont, il est vrai, d'une 
autre nature, j’ai indiqué quelle me parais- 
sait être la cause de cette différence. 

« Le mouvement propre moyen des étoi- 
les, lorsqu'on l’observe du soleil mobile,est 
augmenté par l'effet da mouvement de 
transport de l'observateur. Dans la recher- 
che de la vitesse moyenne des étoiles, il 
était indispensable de remplacer les mou- 
vements propres vus du soleil mobile, et 
tels que les donne l'observation, par les 
mouvements corrigés, c’est-à-dire tels qu’ils 
seraient vus du soleil immobile. J'ai em- 
ployé dans ce but le théorème suivant : 

« L’excès des forces vives stellaires esti- 


598 


mées parallèlement à la surface de la sphère 
héliocentrique à centre mobile, sur les for- 
ces vives stellaires estimées parallèlement à 
la surface de la sphère fixe est une quantité 
qui reste constante , quelles que soient la 
direction et la grandeur des mouements 
absolus des étoiles, et a pour mesure le mo- 
ment d'inertie des étoiles préalablement 
transportées, à la surface de la sphère dont 
le rayon égale la vitesse solaire, la route de 
cel astre étant prise pour axe de ce mo- 
ment, » : ‘ 

;1 J'ai conclu de 1à que le moyen mou- 
veméènt, propre des étoiles était agrandi, 
par le fait de la translation du soleil, dans 
le rapport de 1H à 13. 

» Il est remarquable que, parmi le noin- 
bre infini de systèmes différents de vitesse 
et de directiou du mouvement solaire, le 
système fourni par nos formules sera. pré- 
cisément celui qui rendra un minimum de 
cette partie de la somme des forces vives 
des étoiles, qui seule est appréciable, et vi- 
sible pour nous, c’est-à-dire les forces vives 
normales aux rayons visuels des étoiles; de 
sorte que le vrai système dela nature est 
précisément celui dans lequel {a moinlre 
action, ou la plus grande économie de foree 
vive, se trouve réalisée. 

» On retomberait aussi sur ros trois 
équations fondamentales, en admettant 
que les quantités de mouvement estimés 


parallèlement à la surface de ia sphère fixe, 


ct, dégagées ainsi de toute cause d'erreur 
parallactique, doivent étant projetées sur 
Chacun des axes coordonnés, s’y entre- 
détruire par compensation de signes; hypo- 
thèse qui revient à dire, en d’autres termes, 


qu’il existe une égale propension au mou- 


vement vers toutes les régions de l’espace 
pour chaque unité de masse des corps de 
notre univers Ainsi, en définitive, ces trois 
principes si différents en apparence, « de 
la permanence des centres de gravité, de la 
facilité égale pour le mouvement dans tous 
les sens, enfin de la plus petite somme de 
mouvement à dépenser dans l'explication 
des déplacements stellaires » viennent se 
réunir et, pour ainsi dire, se confondre en 
un seul et même résultat. 

» J'ai recherché, en outre, l'influence 
que pourrait avoir sur les résultats précé- 
dents l’addition des étoiles inconnues dont 
le mouvement propre est inférieur à .une 
demi-seconde, et qui, réunies aux soixante- 


onze. étoiles fondamentales, complètent le 


groupe des étoiles les plus rapprochées du 
soleil. La prise en considération de ces nou- 
veaux astres ne change rien à la direction 
probable du mouvement solaire, mais tend 
à diminuer la vitesse linéaire de cet astre: 
comme d'ailleurs la vitesse moyenne stelz 
laire diminue sensiblement dans le mème 


-rapport, le rapport des deux vitesses-jest 


fort peu modifié. Quant aux étoiles vaisines 
du pôle austral,etaux grands corps obscurs 
qui peuvent aussi faire partie du système, 
leur introduction n'altèfe ni la direction 
probable du mouvement, ni la valeur pro- 
bable de la vitesse. ue 

» J'examine, en terminant, si le mode de 
distribution des soixante-onzeétoiles au rn- 
lieu des espaces ctlestes peut être considéré 
comme uniorme. L'ignoranee où nous 
sommes encore aujourd’hui sur les mon- 
vements propres de la moitié inférieure da 
ciel austral est une circenstance gêvante 
pour la complète solution de la question: 
On peut cependant regarder comme pre: 
bable que ce mode de distribution n'est 
pas uniforme. L'hypothèse qui se présente 


— 


cotations" "4 


| 
| 
1 
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599 


d’abord pour expliquer le fait consiste à 
admettre une tendance primordiale &es 
étoiles à grand mouvement propre à se 
trouver placées non loin d'un certain plan 
fixe qui passerait par le centre du soleil, 
Onexprime analytiquement cette tendance, 
en distribuant par la pensée une partie des 
étoiles uniforméinent sur la surface de la 
sphère entière; l'autre partie, le long de la 
circouférence d’uv graud cercle, En plaçant 
de pôle boréal de ce grand cercle par 51 de- 
grés de déclinaison et 106 degrés d'ascen- | 
sion droite, en admettant, de plus, que le 
nombre des étoiles distribuées sphérique- 
ment ét celui des étoiles distribuées anna- 
Jairement soient représentés par es frac- 
tious 0,70 et!0 30 , on obtient un système 
idéal qui reprodait, à pen de cho-e près, 
celui de la nature, du moins quant à la 
position des axes principaux et à 1 valeur 
- des moments d'inertie correspondants. 11 
est rémarquable que le grand cercle ainsi 
obtenu et près duquel les étoiles À fort; 
-‘mouvements propres se rencontrent plus 
- pressées qu'ailleurs, n’est incliné que de 
20 degrés sur cet autre grand cercle que 
M. Madler a nommé équateur stellaire, et 
- qui, d’après cet astronome, représenterait 
la position moyenne ou dominante des 
: plans des orbites des étoiles donbles.‘ J'ai 
cru inutile d'essayer d’autres hypothèses 
vékitivement à ce mode de distribution, à 
eäuse de la lacune offerte par le ciel aus- 
-ral qui fait craindre que de semblables 
tentatives ne deviennent ‘ultérieurement 
-illusoires; la même cause s'oppose à ce que 
nous puissions déterminer rigoureusement, 
des aujourd'hui, la probabilité de l'existence 
d'une cause spéciale et originelle qui aurait 
présidé à cette inégalité de distribution. » 


+ 


CHIMIE MÉDICALE. 


Recherches sur l'absorption dx sulfate de 
quinine, et de la salicine suivies des 
moyens de découvrir ces substances dans 
Purine et dans le foie; par MM. A.-P. 
LannauxetE. Follin.  . . 


Le sulfate de:quinine est-il absorbé et se 
rencontre-t-il dans le foie et dans les uri- ! 
nes ? 

La salicine est-elle absorbée et se ren- 
contre-t-elle dans les urines? e 

Dansde cas où on aurait administré du 
Sulfate de quinine frelaté par de Ja salicine, : 
peut-on, en analysant les urines, arriver à | 
la-connaïissance de ce fait? À 

Nous nous sommes posé ces trois ques- 
tions, et les expériences que nous avons 
faites et que nous transcrivons plus bas 
mous permettent de répondre par l’affirma- 
tive. Quant à la première question, M. Pior- 
l'a résolue dès 1836. Nous né l'avons re- 
prodüite que parce au’elle concotrt à la 
solution de notre troisième question. D’ail- 
leurs, notre procédé, comme on le verra, 
diffère de celui que donne M. Piorry. 

* Première expérience. — Nous avons in- 
troduit dans l’estomac d’un chien robuste 
ét dé Moyenne taille, huit grammes de sul- 
fate dé quinine en suspension dans cent 
vingt-cinq grammes d’eau, puis nous 
avous lié lœsophage et la verge (avant l'o- 
pération l'animal avait uriné). La mort ar- 
riva au bout de six heures. Le foie détaché 
avec soin sans que le canal digestif eût été 
ouvert,a été coupé en morceaux, introduit 
dans un matras avec de l'alcool à quarante 
dégrés et soumis à une ébulition d’une demi 
heure. La dissolution alcoolique, filtrée, 


‘560 
était saus action sur les papicrs rouge et 
bleu de tournesol. — Cette liqueur d’un 


jaune clair a été traitée à chaud par le noir 
animal lavéañn de la déco'orer, puis filtrée 
de nouveau. Le produit obtenu, parfaite- 
ment incolore, a été évaporé au bain-ma- 
rie dans ure capsule de porcelaine. A me- 
sure que l’évaporation avait lieu, la sa- 
veur du liquide aicoolique devenait nota- 
blement amère et enmême temps, leliquide 
prenait une teinte sensiblement jaunâtre. 
Arrivé à un degré de concentration conve- 
nable, il à été retiré du bain-marie et aban- 
donné à l’'évaporation spontanée: 

Le lendemain, on trouva au fond de la 
capsule un léger résidu solide, d’une cou- 
leur jaune claire , d’une saveur excessive- 
ment amère et n'ayant point d'action sur 
le papier de ‘iournesol. Afin de nous 
assurer que ce produit contenait réelle- 
ment du sulfate de quinine, nous avons dû 
chercher à en extraire de la quinine. A cet 
effet nous l'avons fait bouillir dans de l’eau 
distillée avec environ un gramme de ma- 
gnésie calcinée et aous avons porté l'action 
de la chaleur jusqu'à siccité. La masse 
obtenue, agitée pendant quelques minutes 
avec de l'alcool à quarante degrés a été 
chauffée au bain-marie, puis jetée sur un 
filtre. — La liqueur filtrée, franchement 
alcaline et d’une saveur très amère , a été 
évaporée au bain-marie, pressurée jusqu'à 
siccité et abandonnée ensuite à l’évapora- 
tion spontanée. — Au bout de quelques 
heures il ne restait au fond de la capsule 
qu’un résidu d'un blanc grisâtre, d’une sa- 
veur excessivement amère , bleuissant un 
papier de tournesol rougi et préalable- 
ment trempé dans de l'alcool, — Ce résidu 
traité à chaud par l’eau distillée ne s’y est 
point dissout, mais la dissolution s'est 
promptement opérée par l'addition d’une 
goutte d’acide sulfurique. Quelques gouttes 
d’ammoniaque versées dans cette liqueur y 
ont fait naître des flocons blancs , de nou- 
veaux solubles dans l'acide sulfurique, ‘et 
possédant dailleurs tous les caractères de 
l’hydrate de quinine. 

Analyse de l'urtre. —"La vessie conte- 
pait vingt-cinq grammes d'urine que nous 
avons fait évaporer au bain-marie, dans 
une capsu'e de porcelaine, jusqu’à con- 
Sistance sirupeuse. L’ayant alors reprise 


par l'alcool à quarante, bouillant et ayant 


filtré le liquide, nous avons obtenu une li- 


queur, qui, soumise aux mères Opérations 
que celles faites sur la liqueur fournie par 
le traitement alcoolique du foie, nous a 
donné les mêmes résultats. 


L’urine contenait moins de sulfate de 
quinine que le foie, ce qui s'explique faci- 
lemeut et ce que nous avions prévu d’a- 
vance. [l nous à été impossible de décéler 
dans la rate la presence du sulfate de qui- 
nine. 

Cette expérience nous permet cependant 
d'affirmer que le sulfate de quinine est 
absorbé, qu'il va au foie et dans l'urine 
où il est facile de le découvrir. 

Deuxième expérience. — Nous avons fait 
prendre à un chien 2 orammes de salicine 
en dissolution dans l’eau. Quatre heures 
après, nous avons recueilli son urine et 


nous l'avons fait évaporer au bain marie! 


dans une capsule de porcelaine jusqu’à 


consistance sirupeuse. Nous l'avons reprise. 


alors par de l'alcool à 40 degrés, nous l’a- 
vons fait chauffer pendant trois à quatre 
minutes, puis nous avons filtré. La liqueur 
obtenue colorée en brun foncé, a été trai- 


tée à chaud par le noir animal, lavéeet fil- 


561 
nouveau, celle ci passe à travers le 
filtre à peine colorée en janne cla r. Nous 
l'avons fait alors évaporvr jusqu’à siccité. 
Le produit de cette opération, d’une amer- 
tume prononcée, a été repris à la tempéra- 
ture de l'ébullition par l’eau distillée à la- 
quelle nous avons ajouté une pincée de 
noir animal afin d'obtenir an produit inco- 
lore. Après quelques minutes d'ébullition, 
nous avons filtré et nous avons obtenu un 
liquide parfaitement limpide, dans lequel 
nous avons, versé apiès, refroidissement, 
du sousacétatede plomb qui y a fait naître 
un précipité-bhanc'jaunâtre très abondavt. 
La liqueur qui surnageait le précipité a été 
filtrée et soumise à un courant de gaz hy- 
drogène sulfuré lavé, afin de décomposer 
l'excès d'acétate de plomb. Cette opération 
terminée, nous avons filtré de nouveau et 
nous avons obtenu un liquide que nous 
avous fait, évaporer au bain-marie jusqu’à 
siccité. L'ayant retiré du bain et l'ayant 
placé dabs un ;lieu tranquille, nous avons 
trouvé, quelques heures après, an fond de 
la capsule, un léger dépôt cristallin, d'au 
blanc sale et d'une saveur amère très mar- 
quée, rougissant faiblement un papier bleu 
de tournesol (condition due à un peu d’a- 
cide acétique). Ce résidu touché par las 
cide sul'urique s'est fortement coloré en 
rouge, caractère qui, comme on le sait, ap- 
partient également à la salicine et 4 l'acide 
rosacique, mais qui, dans notreexpér'ence, 
n’était dû qu’à la saliciue, car nous avions 
détruit l'acide rosacique. Aussi conseillons- 
nous dans le traitement de l'urine l'emploi 
du sousacétate de plomb, afin de précipiter 
ce dernier acides ear:$i on se contentait de 
traiter l'urine par Æalcool sans faire usage 
du sel de plomb, on pourrait; en essayant 
son résidu, par l'acide sulfurique, croire à 
la présence de la salicine alors même que 
l'urine n’en contieudrait pas un atome, 

Nous avons traité directement par l’al- 
cool plusieurs urines normales, et les rési- 
dus obtenus nous ont constamment donné 
par l'acide sulfurique une coloration ronge 
pius ou moins foncée, coloration évidem- 
ment due à l’action de ce réactif sur l'äcide | 
rosacique. À la vérité, l'analyse de ces uri- 


trée de 


-nes normales ne nous'a jamais donné une 


saveur amère. Ces mêmes urines traitées 
par le sousacétate de plomb, nous ort 
donné des résidus, qui, par l'acide sulfu- 
rique, prenaient une tres légère colora- 
tion brune, bien manifestement différente 
de celle dont il vient d’être question. 
Troisième expérience. — Nous avons fait 
prendre à un chien un mélange soluble de 
deux grammes de salicine et d’un gramme 
de sulfate de quinine. Cinq heurcs après 
nous avons recueilli son urine et nous l’à- 
vons fait évaporer au bain-marie jusqu’à 
consistance sirupeuse ; puis, ayant versé 
dans cette liqueur de l'alcool à 40 degrés, 
nous avons fait chauffer le tout pendant 
quelques minutes, et nous l’avons filtré, 
Le produit alcoolique, décoloré par le 
noir animal, a été filtré de nouveau, puis 
évaporé jusqu'à siccité; nous avons #lors 
obtenu un résidu jaunâtre d’une saveur 
amère et rougissant très faiblement un pa- 
pier bleu de tournesol. Ce résidu, qui, 
selon nous, devait contenir à la fois Le sul 
fate de quinine et la salicine, a été repris 
par l'eau distillée et traité par la magnésie 
calcinée, afin de transformer le sulfate de 
quinine en quinine insoluble dans l'eau, et 
de pouvoir ainsi séparer par cet agent la 
salicine de la quinine. Nous avons donc 
fait bouillir au bain-marie jusqu'à çom« 


Se 
562 

plète évaporation, et nous avons obtenu une 
masse b'anche que nous avons traitée par 
Palcoo! à 40" bouillant afin de dissoudre et 


de séparer, par la filtration, Ia quinine et la. 


salicine du sulfate de magnésie formé. La 
liqueur alcooline évaporée jusqu'à siccité 
nous à donné une substance solide, d'une 
couleur jaunâtre, que nous avons traité, à 
la température de l'ébulition par quelques 
grammes d'eau distillée, afin de dissuudre 
la salicine et de pouvoir, en filtrant, la sé- 
parer de là quinine; après quelques mi- 
nutes, nous avons retiré la capsule du 
bain-marie, et ayant laissé reposer la li- 
queur, il s'est précipité une poudre d'un 
blanc sale. À Paide d’une pipette nous 
avons enlevé le liquide surnageant, que 
nous avons jeté sur un filtre, nous nous 
sommes assurés que la poudre blanche 
était de la quinine. Quant au liquide filtré, 
nous l’avous traité par le sousacétate de 
plomb et l’acide sulfurique, il nons a donné 
de la salicine en quantité notable. 


Que faut-il conclure maintenant de ces 
expériences répétées plusieurs fois? Il faut 
répondre par laflirmative aux questions 
que nous nous sommes posées en com- 
mençant. Oui, le sulfate de quinine est 
absorbé, il est porté dans le torrent circu- 
latoire comme la plupart des poisons sur 
lesquels on a expérimenté déjà. On le ren- 
contre dans les organes, dans les organes 
sécréteurs, dans le foie surtout, et c’est ce 
qu'on pouvait prévoir d'avance, en pen- 
sant aux belles expériences de M. Orfila sur 
l’absorption des poisons. Le sulfate de qui- 
nine est porté dans le foie, et l’on peut, à 
l'aide des expériences que nous avons indi- 
quées, en déceler la présence soit dans cet 
organe, soit dans les urines. Quant à la sa- 
lic ne, elle est absorbée comme le salfate 
de quinine, et l’on peut la découvrir dans 
les mêmes organes. Si la salicine est mt- 
langée au sulfate de quinine, on peut, en 
aÿissant comme nous l'avons dit, prouver 
d’une manière évidente que la sophistica- 
tion a eu l'eu. 

, Les expériences dont nous tracons ici les 
résultats, ne seront pas, nous le croyons 
bien, d'une grande importance toxicolo- 
gique, car rarement où verra un individu 
s’empoisonner ou empoisonner un autre 
par le sulfate de quinine. Cependant nous 
savons que M. Giacomini a rapporté l'ob- 
servation d'un homme qui, par mégarde, 
Sétall empoisonné avec 12 grammes de 
sulfate de quinine. Mais nos expériences 
pourront surtout aider ceux qui seraient 
appelés à constater si le sulfate de quinine 
donné à un malade, est pur ou mélangé à 
de la salicine. En procédant sur les urines 
de cet individu, comme nous l'avons indi- 
qué, on arriverait assez facilement à la so- 
lution du problème. 


Nous pourrions nous demander mainte- 
nant : à quelle dose le sulfate de quinine 
“est-il un poison pour les animaux? Quels 
sont les symptômes\de son empoisonne- 
inent? Quels sont les lésions de tissus qu'il 
produit? Ces questions sont importantes 
et graves. Nous nous proposons de les ré- 
soudre, mais nos expériences à cet égard 
n'étant pas assez complètes, nous ne pou- 
vons en donner ici les résultats. 


LOPN 


—DÉPFRELEr— 


563 
SCIENCES NATURELLES. 
GEOLOGIE. 


Sur les Sables tertiaires inférieure du bassin 
de Paris. 

M. Melleville vient de publier dans les 
Annales des sciences géologiques un très 
long Mémoire sur les sables tertiaires infé- 
rieurs du bassin de Paris. Nous croyons de- 
voir en donner à nos lecteurs la partie la 
plus importante. 

Gisement, éteridue, altitude et pu'ssance. 
Les sab'es tertiaires in'érieurs occupent, 
dens le nord da bassin de Paris, une sur- 
face quin'a pas moins de 600 lieues car- 
rées. Ils reposent partout, et sans aucun 
intermédiaire, sur la craie. 

Ils commencent à se montrer des deux 
côtés de la montagne de Reims (entre cette 
ville et Epernay), associés à des argiles à 
ligaites. À fa hauteur de Damery,ontrouve, 
sous le calcaire grossier, des bancs régu- 
liers qui appartiennent à ta partie moyenne 
de cette formation sableuse. L’étage infé- 
rieur ny montre que quelques lambeaux 
épars au fond de la vallée, notamment au- 
près de Châtillon et de Passy. De là on les 
suit jusqu'aux environs de la Ferté-sous- 
Jouarre, où ils disparaissent sous le calcaire 
grossier et les terrains qui le recouvrent. 
Ils se retrouvent aux environs de Parissous 
ce même calcaire grossier, mais avec une 
faible épaisseur. 

Nous ne les avons point vus dans la val- 
lée de lOurcq. On ne saurait douter néan- 
moins qu’ils n’existent sous les couches ar- 
gileuses qui forment le fond de cette vallée, 
Ils constituent les flancs de la vallée de 
l’Authonne. 

Dans la vallée de lOise, ils constituent 
partout aussi la base des collines, et entre 


: Verberie et Beanmont, ils s’avancent à 


l’ouest jusques auprès de Beauvais, dans 
une espèce d’ancienne baie formée par la 
craie. 

Dans les grardes vallées de PArdre, de 
la Vesle, de l'Aisne, de la Crise, del’Ailette, 
de l’Ardon, de la Verse, et dans tous les 
vallons latéraux qui y aboutissent, ils con- 
stituent encore la base des collines. 

Quelques lambeaux épars près de Roye, 
de Nesle, de Ham et Saint-Quention, for- 
ment de ce côté la limite extrême de la 
grande masse des sables inférieurs pari- 
siens. Cette limite passe ensuite par les en- 
virons de Lafère, de Laon et de Reims, et 
vient se terminer à Versenay. En dehors 
de cette ligne,. d’autres amas s’avancent 
isolément sur la craie vers le nord et ne 
sauraient laisser aucun doute, ainsi que l’a 
depuis longtemps démontré M. Elie de 
Beaumont, sur l’ancienne liaison de cette 
puissante formation sableuse avee celle de 
la Belgique. D’autres lambeaux qui gisent 
dans le département de la Seine-Inférieure, 
notammententre Dieppe et le phare d’Ailly, 
montrent que, dans l'origine, ils s’avan- 
çaient aussi de ce côté vers l'Angleterre. 

La disposition de plusieurs amas de sable 
entre les villages de Gueux et de Rilly, au 
S.-E. de Reims, à un niveau bien inférieur 
à celai que la craie atteint dans les envi- 
rons, semble indiquer que celle-ci formait 
originairement dans ces contrées des buttes 
considérables et même des collines élevées, 
dont les intervalles furent plus tard com- 
blés par les sables inférieurs. Ceci est plus 
frappant encore dans le haut de la vallée 
de la Marne. Comme nous l'avons dit. l'étage 
inférieur des sables ÿ manque presque en- 


56% 


tièrement ; mais quelques lambeaux épars 
cret là dans le fond de la vallée ne sauraient 
guère laisser de doute qu'elle n’en fût au- 
trefois remplie tout entiere. Sous Chätillon, 
ces lambeaux s'élèvent à peine de 30 me- 
tres au-dessus de la Marne, tandis que la 
craie forme partout, aux alentours, la base 
des collines, jusqu’à plus de 100 mètres de 
hauteur. 

C'est aussi dans ces contrées que les sa- 
bles inférieurs présentaient autrefois leur 
plus grande puissance, comme ils y attei- 
gnent encore leur niveau extrême. El est 
certain, en effet, que les bancs de Venteuil 
et des environs appartiennent à la partie 
supérieure de l'étage moyen de ce terrain. 
Or, ces bancs se trouvent là à 110 mètres 
(plus de 120 mètres à Cumières) audessus 
du fond de la vallée, Si, à ce chifire, l’on 
ajoute l'épaisseur du troisième étage, dont 
quelques lambeaux se rencontrent au des- 
sus de Cumières, d'Ai, d'Ambonnay, etc., 
on trouvera que, dans l’origine, les sables 
inférieurs n'avaient pas moins de 160 mè- 
tres d'épaisseur dans ces contrées, où ils 
s'élèvent aujourd’hui à 230 mètres environ 
au dessus de la mer. 

De ce point culminant, les sables Infé- 
rieurs s’amincissent et s’abaissent assez ra- 
pidement dans les directions du S.-0., de 
l'O. et du N.-0., et vont se terminer en bi- 
seau vers le centre dun bassin et les environs 
de Beauvais. Dans la colline de Laon, leur 
puissance n’est déjà plus que de 100 mètres 
environ, et leur altitude de 170 mètres. 

Usages dans les arts ; influence sur la vé= 
gétation. Les sables inférieurs sont em- 
ployés à de nombreux usages dans les arts. 
Tout le monde connaît les dépôts locaux de 
Rilly, Montchenot et Sermiers, auxquels 
il faut ajouter ceux de Sapicourt, Pévy, 
Prouilly et Friguy. Les sables de ces loca- 
lités, d’une pureté et d'une blancheur re- 
marquables, sont recherché: pour la fabri- 
catiou des glaces dans les manufactures de 
France, et sont exportés jusqu’en Allewma - 
gne. Les autres bancs ne sont pas assez 
purs pour servir à cet usage, mais on les 
emploie à la fabrication de la verrerie com- 
mune. Leurs grès pour le pavage des villes 
et des roues, et quelquefois aussi (à Bucy- 
les-Cerny) pour le polissage des glaces; en 
fin les sables inférieurs servent partout à la 
contection des mortiers de chaux. 

Ces sables sont un exemple frappant de 
l'influence du sol végétation. Lorsque, ce 
qui est très rare, ils ne sont pas recouverts 
par cette couche d'argiles jaunes (dilavium, 
deuxième assise ), qui forme partout le sol 
superficiel des contrées dont nous parlons, 
ils ne présentent aucune ressource à l'agri- 
culture. Dans cet état, ils ne conviennent 
guère qu'à la végétation des arbres fores- 
tiers, particulièrement de certains bois 
blancs, comme bouleaux, peupliers, etc. 
Associés aux argiles plastiques, 1ls nourris- 
sent des espèces plus dures, dont la qualité 
rappelle souvent celle des bois de la Thié- 
rache. 

C’est sur les sables inférieurs que crois- 
sent les forêts de Compiègne, de l'Aigue, 
d'Ourscamp, de Bouvresse, et ces grands 
bois qui entourent Villequier-au-Mont. Les 
forêts basses de Coucy et de Saint-Gobain, 
celle de Samoussy, et une foule de bois plus 
ou moins étendus situés, en général, sur le 
versant nord des collines tertiaires, ou sur 
des lambeaux de sable ordinairement asso- 
ciés à des argiles plastiques et isolés dans 
les plaines crélacées des environs de Reims, 
de Laon, de La Fère et de Saint-Quentin, 


565 
repos: nt encore sur les sables inférieurs. 
Lorsqu'ils sont recouverts par les argiles 
diluviennes et qu’ils se trouvent dans une 
exposition convenable, ces sables devien- 
nent particulièrement propres à la culture 
de la vigne. C’est ainsi que toutes les pen- 
tes des collines du Laonnois,du Soissonuais, 
des environs de Reims, et même en partie 
de la vallée de la Marne, constitutes par 


eux, sont partout plantées de vignes, dont 


la culture disparaît entièrement lorsqu'on 
s’avance vers le nord, c'est-à-dire, quand 
ces sables disparaissent eux-mêmes tout à 
fait. 

Division en trois étages. Les sables ter- 
tiaires inférieurs semblent se diviser natu- 
rellement en trois étages, moins par une 
différence sensible dans leur nature miné- 
ralogique,que par les circonstances de Jenr 
position.et la diversité des corps organisés 
fossiles que-chacun d’eux renferme. 

Le premier étage ou le plus inférieur ne 
se compose que d'un seul banc fort épais, 
dont le dépôt semble s'être effectué pres- 
que d’un seul jet. Le second étage, au con- 
traire, est formé de plusieurs bancs dis- 
tincts, dont l’ordre de superposition et la 
régularité se conservent sur de grans espa- 
ces. Ceux-ci semblent s'être déposés, tan- 
tôt trop rapidement pour avoir permis l’en- 
fouissement des mollusques qui vivaient 
dans les eaux sous lesquelles ils se for- 
maient ; tantôt avec assez de lenteur pour 
faciliterrcet enfouissement, et même l’ag- 
glomération d’une certaine espèce d’huître 
en bancs considérables. Enfin le troisième 
étage ne se compose généralement, comme 
le premier, que d’un seul banc sans strati- 
fication yisible, 

De ces trois étages, deux, le premier et 
le troisième, renferment et enveloppent 
souvent des amas d’argiles associées parfois 
à des lignites; le deuxième n’en à jamais. 
Tout semble prouver que celui-ci a dû se 
déposer sous des eaux marines profondes, 
tandis que les deux autres, surtout le troi- 
sième, se sont plutôt formés à la manière 
des dunes. 

Les différents bancs qui composent la 
formation des sables inférieurs sont sou- 
vent partagés de fentes verticales très étroi- 


tes remplies par des sables d'une autre | 


couleur, le plus souvent par de la chaux 
carbonatée grasse ou pulvérulente. 

On y trouve fréquemmeut des nodules 
ferrugineuses et solides, présentant une ap- 
parencerayonnée et paraissant n'être autre 
chose que des pyrites décomposées. Les sa- 
bles sont souvent eux-mêmes souillés de fer 
hydroxydé, ou traversés de veines et de lits 
très chargés d’oxyde de fer. 

Le Mémoire de M. Melleville est terminé 
par la description particulière des trois 
étages des sables inférieurs, et de soixante- 
dix- huit espèces de coquilles fossiles inédites 
qu'ils renferment. JA 


1 TOXICOLOGIE. 
| Cours de M. Orfila. 


ah 


Messieurs, 


Voussavez que jusqu'alors nous avons 
Ctudié Parsenic sous le point de vue chimi- 
que, etïque nos recherches toxicologiques 
sur Ce corpsse-sont bornées à en déceler la 
présendeidarisie canal digestif. Aujourd'hui 
nous aMons aborder une question d’an or- 
dre pludéievé. Je veux parler de la grande 
question de l’absorption. 

En 1812, j'écrivais dans mon Traité de 


566 


Toxicologie : tel poison est absorbé, tel au- 
tre ne l’est pas; et en parlant de Parsenic, 
j'affirinais, conduit par des données phy- 
siologiques , que ce corps était absorbé. 
Pendant vingt-cinq ans, cette idée resta en- 
sevelie dans notre ouvrage, et personne ne 
vint la développer. Un jour, j'imaginai d’al- 
ler chercher dans la profondeur des orga- 
nes le poison qui avait été absorbé, et pour 
cela, il me fallait démontrer d'une manière 
évidente l'absorption de larsenic. Je pris 
un chien ; je plaçai sur sa jambe dénudée 
un sachet d’un poids déterminé contenant 
une quantité donnée d'acide arsénieux. Au 
bout de peu de temps, l'animal mourut. 
J’enlevaile sachet, Je le pesai, et je trou- 
vai que, sur 100 grains d'acide arsénieux, 
deux seulement avaient disparu. Ces deux 
grains donc avaient déterminé la mort, et 
l'absorption avait diminué à mesure que la 
maladie avait fait des progres. 

Après s'être convaincu qu'une si faible 
quantité d’arsenic était disséminée dans la 
totalité du corps, il fallait se résigner à en 
découvrir bien peu dans chaque organe, et 
il fallait aussi trouver le moyen de détruire 
cette immense quantité de matière organi- 
que entourant l'acide arsénieux. C’est ce 
que nous avons fait, Messieurs, et les résul- 
tats de ces expériences vous ont été exposés 
dans les séances précédentes. 

Maintenant, il était nécessaire de se de- 
mander si c'était la portion absorbée qui 
tuait ou bien celle qui se trouvait renfermée 
dans le canal digestif. Dès 1812, j'ai avancé 
que c'était le produit absorbé qui détermi- 
nait la mort, et, aujourd’hui, je soutiens 
encore cette opinion. J’insiste un peu sur 
ce point, parce qu'il est important de dé- 
truire une erreur généralement reçue, er- 
reur qui consiste à croire que l'acide arsé- 
nieux est in violeutcorrosifagissant comme 
les matières âcres les-plus prononctes. Ce 
fait de Ï absorption étant constaté, j'eu ai 
tiré, pour le traitement de l’empoisonne- 
ment, une conséquence d’un haut iutérêt 
pratique : le poison est absorbé; c’est cette 
partie absorbée qui détermine la mort; 
c’est donc cette partie absorbée qu'il faut 
expulser ou détruire. Or l'expérience nous 
apprend que le poison s’en va par l’urine. 
Il faut donc altérer cette sécrétion ;: et tout 
individu empoisonné qui urinera copieuse- 
ment a une grande chance de salut. 


MM. Flandin et Danger ont prétendu que ! 


les animaux empoisonnés n’urinaient pas. 
Nous ne poavons pas admettre cette er- 
reur, contredite tout récemment par ceux 
même qui l'ont avancée et par de curieuses 
expériences de M. de Lafond. 

Ainsi, je me résume, et je dis : l’arsenic 
est absorbé plus ou moins vite et en plus 
ou moins grande quantité ; il va dans tous 
les organes; il y reste plus ou moiüs long- 
temps, et il est éliminé par les urines. D'où 
je conclus que, dans cet empoisonnement, 
il faut faire uriner. 

Mais demandons-nous maintenant quelle 
est la partie du corps où l’arsenic se rend 
en plus grande quantité? Messieurs, c’est 
dans les organes sécréteurs, dans le foie 
surtout, que vous le rencontrerez plus abon- 
damment. Le foie est un organc très vas- 
culaire; le sang y circule plus lentement, 
y reste plus longtemps, et toutes ces causes 
sont suffisantes pour expliquer la richesse 
du foie en arsenic, dans un empoisonne- 
ment par ce métal. 

Nous venons de tracer les principaux 
traits de la grande question de l'absorption, 
arrivons maintenant aux objections qui ont 


567 
été faites aux systèmes que nous suivons, 
et commençons par Jes objections raison- 
nables. 

4. Les réactifs et les vases qu’on emploie 
ne contiennent-ils pas de l’arsenic? 

2. Existe-t-il de l'arsenic normal dans le 
corps de l’homme ? 

3. Les terrains des cimetières sont quel- 
quefois arsénicaux. Ces terrains ne peu- 
vent-ils pas céder aux cadavres l’arsenic 
qu'ils contiennent ? 

4. L’arsenic peut par malveil'ance avoir 
été introduit après la mort ; il y a imbibi- 
tion. Cela ne peut-il pas induire eu erreur 
l'expert le plus habile ? 

6. Vous avez trouvé de l’arsenic dans le 
foie, dans la rate d’un individu. Mais cet 
homme avait, pour certaines maladies de 
peau, été médicamenté par des prépara- 
tions arsénicales, et l'arsenic que vous trou- 
vez provient de ces médicaments. 

b. Enfin cet arsenic avait été inspiré. 

Après ces objections sérieuses, il en vient 
quelques autres tout à fait insignifiantes et 
qui ne nous arréterons pas longtemps. 
M. Couerbe a dit : il se développe de l’ar- 
senic pendant la putréfaction. Il suffit de 
vous citer cette phrase pour vous donner 
toute la valeur d'une sembiable objection. 
Nous placerons sur le même rang les objec- 
tions faites par M. Raspail et les paroles de 
M. Magendie. Je vous les énoncerai bien 
tôt; et les livrer au grand jour, cé sera le 
meilleur moyen d'en découvrir l’ineptie et 
le ridicule, 

Messieurs, les réactifs peuvent être arsé- 
nicaux. et c'est la plus grave objection qui 
puisse être faite dans une affaire de méde- 
cine légale. Commençons par étudivr l'acide 
sulfurique. 

L’acide sulfurique peut-être quelquefois 
arsénical. Suivant Vozel, l'acide sulfurique 
fait par la méthode anglaise en contient un 
peu, maïs l’acide fumant d’Allemahne n’en 
retient iamais. Quant à nous, médecins lé- 
gistes, nous supposerons que l’un et l’autre 
peuventen contenir, persuadés, cependant, 
que cet acide est rarement arsénical. Si 
l'on veut s'assurer qu'il est ou qu'il n’est 
pas arsénical, on le fera par l’appareil de 
Marsh, et si l’on suppose qu'on sera, dans 
une expertise, obligé d’agir sur 500 gram- 
mes de cet acide, on essaiera d’abord 500 
gram. On peut encore prendre 500 gram, 
d'acide sulfurique, les saturer par de la 
potasse ; le sulfate assez peu soluble cristal- 
lisera , et la liqueur surnageante qui con- 
tiendra le composé arsénical pourra être 
facilement placée dans l’appateil de Marsh. 
L'on peut priver un acide sulfurique de 
l’arsenic qu'il contient, et pour cela, on | 
fait passer un courant d'acide sul'hydrique ; 
il se forme un précipité qu’on sépare en fil- 
trant à travers de l'amiante. On chauffe 
ensuite le liquide pour chasser de l'excès 
d’acide sulfhydrique. Cependant, remar- 
quons, Messieurs, qu'il vaut mieux, dans 
une expertise médico-légale, agir sur l'acide 
sulfurique non arsénical. < 

Maintenant, voulez-vous essayer de la pa- 
tasse, rien de plus facile: vouslatraiterez par 
l'acide sulfurique; vous formerez un sulfate 
de potasse, et vous agirez comme dans l’opé- 
ration précédente. 

Le zinc est rarement arsénical, et dans 
une expérience dont j'ai rendu compte à 
l’Académie royale de médecine, et dans la- 
quelle j'ai sur deux kilog. @e zine, je n'ai, 
pas trouvé un ato‘ie d'arsenic. Du reste, il 
est toujours bon d’estayer préalablement. 
le zinc dans l'appareil de Marsh. 


068 


L’acide azotique, distillé par du nitrate 
d'agent, n’est jamais arsénical: Cependant, 
uous le supposerons tel, et pour détermi- 
ner la présence de l’arsenie, nous sature- 
rons cet acide par la potasse, nous décom- 
poserons l'azotate par l'acide sulfurique, 
nous traiterons par l’eau froide, nous filtre- 
rous, et nous placerons la liqueur dans 


l'appareil de Marsh. Si l’on avait à agir sur, 
de l’azotate de potasse que, du reste, je mai : 


Jumais trouvé arsénical, on procéderait 
comme je viens derlerdire. 

L'acide chlorhÿdique est souvent arsé- 
pical, et la distillation ne:le prive point de 
son arsenic, comme le prive M. Duvergie. 
Il faut, pour expuiser ce métal, ‘traiter 


acide chlorhydrique par un courant d’hy-: 


drogène sulfuré bien pur, et en filtrer en- 
suite la liqueur pour la séparer du sulfure 
jaune qui se sera déposé. Pour s'assurer si 
cèt acide est arsénical,:on en saturera 500 
grämimes par la petaise pure ; on séparera 
Je chlorure de-potassium qui pourrait se 
déposer à l'état depoudre cristallisée, et on 
versera la liqueur surnageante dans un ap- 
pareil de Marsh. 

Quant aux vases que vous emploierez 


-daus vos expertises, il est indispensable de | 


bien les laver, de les laver même avec une 
eau légèrement alcaline.—A l'aide ‘de tou- 
tes ces précautions, vous ponrvez être assuré 
d'avance que vous n'introduirez pas un élé- 
ment troublé dans vos recherches ‘et que 
vous éviterez ainsi la plus grave objection 
qui puisse être/faite à un expert. Dans la 
prochaine séance, nous continuerons la 
nouvelle étude que nous avons'comm'encée 
aujourd'hui. EST 


PATHOLOGIE. 


Recherches concernant l'action délétère du 


sang nor; par M. Leroy d’Etiolles. 


J'ai montré dans mes recherches sur 


l'asphyxie, les dangers d'une pratique gé- 


néralément admise : empêcher que l’on 
éteignit par une manœuvre imprudente un 
reste de vie, était la première condition à 
remplir; substituer à l'insufflalion pulmo- 


“aire nn moyeu simple qui la remplace ct 


établisse une respiration artificielle, était la 
seconde condition Ce moyen ni aucnn 
autre ne peuvent réussir lorsque la mort 
est complète, cela est évident; mais au 
bout de combien de temps l’est-elle, voilà 


une question à laquelle on ne peut répon-. 


dre, car il y a des exemples de personnes 
rappelées à la vie après une heure de sub- 
mersion, et un bien plus grand nombre 
qui, après cinq minutes seulement, sont 
complétement mortes. Ce que nous savons 
des fonctions respiratoires, de la nécessité 
de la transformation du sans veineux en 
sang aitériel, de l'influence stupéfiante du 
Sang noir sur les organes, autorise à pen- 
ser qu'une telle différence ne peut prove- 
nir que de larrêt de la circulation au mo- 
‘ment de la submersion, ou peu d'instants 
aprés : être pris de syncope en ce moment 
ést donc une condition favorable. 

Sur quels organes plus particulièrement 
l'influence léthifère du sang veineux cireu - 
fant dans les artères se fait-elle sentir? Bi- 
chat, dont il est permis de discuter les opi- 
“ionstout en l’admirant, Bichat pensait que 
la stupéfaction du cerveau par le sang 
noir était la cause de la mort. J’ai pensé 
qu'il était intéressant pour la physiologie 
et qu’il pouvait devenir utile à la médecine 
de savoir si, en effet, le cerveau à une aussi 


569 
grande part dans la production du phéno- 
mène,'et pour cela, j'ai fait ane série d’ex- 
périences que je vais rappeler sommai- 
rement. J'ai commencé par lier sur un 
mouton les deux carotides, pour empêcher 
l’'abord du sang noir, j'ai lié ensuite la tra- 
chée-artère, et la mort a eu lieu dans le 
même temps et avec les mêmes circons- 


lances, que si les carotides avaient èté 


libres. 

Dans une autre expérience, le‘conrs'du 
sang fat suspendu dans les carotides'de 
Panimal asphyxié, comme dans la préce- 
dente, et du’sang'artériel ‘pris à un'autre 
mouton futiinjecté-dans l’une dés caro- 
tides; la mort eat lien de la même ma- 
nivre, 

J'ai opéré, dansrine troisième expérience, 
par transmission direc'e, au moyen dun 
tube à robinet qui établissait la communi- 


cation entre la carotide de l'animal respi- 


rant et celle de lanimal asphyxié. Les 
tubes de communication, aussi courts que 
possible, et le robiuet étaient entourés 


d’une vessie remplie d'eau à 40 degrés; : 


la mort eut encore lieu aussi prompte- 
ment. 

Il est dons évident que ce n’est pas seu- 
lement le cervea qui ressent directement 
l'influence délétère du sang veineux, et 
que d'autres organes en sont stupéhés, le 
cœur, par exemple, dont on voit rapide- 


ment les contractions s’affaiblir. Pour le. 


soustraire àcette influence.jai fait üne qua- 
trième expérience : je n'ai plus fait arriver 
le sang artériel supplémentaire au cerveau 


“eulement par les carotides, mais j'ai établi : 
la communicalion entre les carotides de : 


deux mrutovset les veines de la cuisse d’un 
troisième mouton, dont je liai la trachée- 
artère, la mort a encore eu lieu, un peu 
plus lentement cependant que précédem- 
ment. 

El était permis à priori de prévoir que 
latransfusion du sang artériel ne rem pla- 
cerait pas la respiration, maïs il était bon 


de le démontrer, ce qui était plus inattendu, 


c'est que cette transfusion ne ralentirait 
même pas la mort. 


ZOOLOGIE. 


Description d’un nouveau genre &'Orthop- 
téres, de la famille des MHantid.Ss, décou- 
vert par M. Allibert dans le midi, de Ja 
France; par M. Guérin-Méneville. 


Au premier aspect, cet insecte ressemble 
tellement à un névroptère, que nous au- 
rions été tenté de le placer parmi les perles 
ou les némoures, si nous n'avions pas exa- 
miné très attentivement ses caractères. En 
suivant la méthode adoptée par M: Serville, 
dans son Histoire naturelle des Orthoptères 
(suites à Buffon de Roret), notre inseéte 
devrait être placé assez près de sa m@itis 
phryganoïdes. Mais si l’en veut suivre’ celle 
que M. Burmeister a présentée dans son 
Manuel d'Entomologie, il faut en former 
ungenre nouveau entre ses chaelessa et ses 
tarachodes. En effet, notre insecte appar- 
tient à la première division de son tableau 
par son prothorax à peine plus long que le 
mésothorax 3 il a des élytres et des ailes 
parfaites , le vertex sans corne et le corps 
glabre ; mais il n’est pas métallique, ce qui 
le rapproche du genre chaetessa. D'un autre 
côté, comme ses formes générales et la ner- 
vation de ses élytres le rapprochent beau- 
coup des farachodes , mais qu'il en diffère 
par la brièveté de son prothorax et des filets 


articulés du dernier segment de son'abdo- 
men, il faut en former un sous-genre dans 
le grand genre mantis en lui assignant les 
caractères suivants : 

Perlamantis. Prothorax court, à peine 
plas long que le mésothorax ;"tête trans- 
versale, sans corne. Antennes sétacées, 
ayant à peine la moitié de la longueur du 


corps. Élytres et ailes semblables, allongées, 


transparentes, à nervures longitudinales et 
transverses semblables à celles des perles. 
Pattes antérieures ravisseuses, ayant les 
cuisses armées, en dedans et au milieu, de 
quatre fortes épines dont l’une est articulée. 
Abdomen terminé par deux filets ou appeu- 
dices courts, ve dépassant pas les pièces de 
l'organe générateur dans les mâles, aplatis 
et plus épais-au bont ; pattes grêles. 
Perlamantis Allibertiis Obscure fusca, 
corpore subtus pedibusque fusco-flavidis, 
nigro-maculatis. Elytris alisque:sub-bya- 
linis, fusco-nervosis. L. 15 enverg. 30mill. 
M. Alibert a rencontré cetorthoptère à 
Puimoissons (Basses- Alpes), et il n’en à 
trouvé qu’un seul individu qu'il nous à 
généreusement remis. Nous avons cru de- 
voir dédier ce curieux insecte au jeune mé- 


decin et zélé entomologiste qui l’a décou- 


vert, afin de l‘encourager à faire de nou- 
velles recherches dans cette-partie de la 
France encore si peu conuue sous le rapport 
de sa faune entomologique. 214 

(Reiue zoologique: 
SCIENCES APPLIQUÉES:: 


ARTS CHIMIQUES... 


rrinii sl 

Emploi du maclura auréntach &lé brn- 
ture, par 21. Et. Miergue; DM @An- 
duze. Ê TRÈS 


, 


Sile maclura aurantiaca a resté rélégué 
dans les jardins botaniques où chez quel- 
ques curieux, on ne peut attribuer cette 
négligence qu'au manque-d’emploi de cet 
article, soit dans les arts, soit dans l’éco- 
nomie rurale et industrielle. 

Dans le but'de tirer cet intéressant vé- 
gélal de l'oubli, auquel on Pavait déjà 
voué, je me suis livré à quelques expé- 
riences. : 

Non-seulement le rr7aclure est ‘remar- 
quable par la dureté, l'incorruptibilité et 
la beauté de son bois, mais il offre aussi 
l’avantage de douner aux étoffes une belle 
nuance nankin, qui résiste aux savonuages, 
qui s’avive et devient plus belle parilés les : 
sivages. Voici le moçen de procéder à Ja 
teinture. On fait bouillir dans de l’eau de 
chaux, contenant un cinquantième de po- 
tasse, une quantité de copeaux de maclura 
suffisante pour donner au bain une teinte 
jaune obscure ; on ÿ plonge l'étoile pen- 
dant que le bain est bouillant jusqu à ce 
qu'elle ait pris la couleur de gomme gutte; 
on l'exprime, on la plonge dans l'eau con- 
tenant un trent.ème de sel d’étain (proto- 
chlorure d’étain), qui lui doñne une nuance 
jaune soufre; on la rince dans l'eau ct on 
la savonne fortement. Cette opération dis- 
sout toute la partie colorant jaune et ne 
laisse sur l'étoffe que la couleur nañkiu: 
avant de plonger l’étofle daus le bain, il 
serait avantageux de la mort ancer par | a- 
cétate d’alumine. Le bois de, Maélura ofri- 
rait une ressource de plus à Tébén'Sterie 
et à la marqueterie; il présente des nuarices 
très variées et des tons très chauds Hu dis 
le marron foncé jusqu'au jaune Sen, vec 


: 4 2 ke 2: 
_ des reflets satinés; la couleur de ce Pois est 


À 
f 


ÉTÉ 


très fixe et ne ternit pas à l’air; si on passe 


sur ce bois une dissolution de potasse avant 


de douner le dernier poli, on obtient des 
reflets orangés très agréables; le grain en 
est fin et serré, ce qui permet de lurdonner 


un beau poli; il est dur, élastique et très 


propre à faire des coins, des manches, des 
sergents, des arcs. et lous les-outils qui fa- 
tiguent beaucoup. 

(Bulletin d'agric. de l'Herault). 


Moyens d'imprimer sur les éloffes; par 
M. Kent Kingdon, 4’ Æxeter, comte de 
Devon. (Patente anglaise). 


Ces moyens consistent, premièrement, 
à produire avec de x laine tontisse des 
dessins en relief sur les étoffes de laine, de 
coton, de int ou de soie; secondement, 
dans l’usage d’une solution de caoutchouc, 
qui augaiente: Ja durée et la perfection de 
cès dééSinss troisièmement, dans l’applica- 
tion: d'unesolation de caoutchouc sur les 


étoffes, pour les rendre imperméables et 


susceptibles d être bronzées ou dorées. L'é- 
toffe, après avoir subi ces préparations, 
passe sous un ou plusieurs cylindres gra- 
vés, qui y produisent des reliefs ou gau- 
frures. 

Voici comment l'auteur exécute son pro- 


cédé: ::: 21: 


sin est sec, on le recouvre, par le moyen 
du même Bloe ou d’un awtre semblable, 
avec un vernis où mordant capable de re- 
tenir la laine tôntisse, que l’on répand en- 
suite par. dessus, commune à l'ordinaire, ce 
qui formerun dessin velouté, 

Si l’on se propose de durer ou de bronzer 
le fond, on étend une solution de caontchoc 
sar-uneétoffe; par exemple, sur du éâlicot 
mince, et, après l'avoir laissée sécher, on 
applique, par les procédés ordinaires, une 
assiette sur laquelle on fixe une couche 
d'or ou de bronze. La gaufrure peut en- 
suite être obtenue par le passage du drap 
doré ou bronzé entre des cylindres gravés. 
Si l'on désire y produire un dessin ve outé, 
on opère comme il a dit ci-dessus ; mais, 
dans ce dernier cas, le relief est produit par 
la seule application de la laine tontisse. 

FF GII (Journal des usines.) 


i 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 
Conservation des substances alimentaires. 
(Troisième article.) 


On sait depuis bien longtemps que les 
viandes et les substances végétales marinées 


dans le vinaigre se conservent fort bien, et. 


l’économie domestique tire un grand parti 
de ce moyen peu coûteux et bien simple. 
Mais tous les acides minéraux et organiques 
jouissent également de cette propriété. L'a- 
cide pyroligneux brut ou non compléte- 
ment privé de toute odeur empyreumatique 
est surtout, un excellent antiseptique. Les 
substances annales charnues, plongées 
péndant. quelque tempsdans ce liquide, puis 
abandonnées à l'air, se dessèchent peu à peu 
sans Se putréfier. 

Les chimistes admettent que le vinaigre 
de bois, l'eau ç € goudron, la suie, la fumée 
de bois, doivent leur propriété antiseptique 
à une Substance. huileuse empyreuma- 
tique ;quuls renferment, et qu’on retire 
en plus grande quantité du goudron de 


LP e {re ’ 
bois. Nous voulons parler de la créosote, 


912 


dont le nom signifie conservateur de la 
chair, en raison de sa vertu antiputride 
très prononcée. 

En effet, les viandes fraîches plongées 
dans la solution aqueuse de créosote , puis 
retirées au bout d'une demi-heure et sé- 


. chées, penvent être exposées à la chaleur 


du soleil sans entrer en putréfaction ; elies 
se durcissent dans l’espace de huit Jours, 
prennent une odeur agréable de bonne 
viande; fumée. et la couleur passe au rouge- 
brun.'Les poissons se conservent de même. 

Le, sel marin est un antiseptique très 
puissant ; et c’est de, celte propriété bien 
constatée depuis des siècles que dérive la 
pratique de la salaison des viandes, qui de- 


vievuent, par cette opération, Susceptibles, 


d’une conservation indéfinie. Mais il n’est 
pas indiflérent d'employer tel outel sel ma- 
nn pour faire ce qu’on appelle vulgaire- 
ment la saumure. Plusieurs pays sont re- 
nommés pour la bonté de leurs viandes sa- 
lées, ce qui tient évidemment à la nature 
du sel qu'on y emploie; telle est l’irlande, 
tel est Saiut-Ubès, en Portugal ; le sel de ce 
dernier pays est le meilleur que l'on con- 
naisse pour la salaison de la morue. Il est 
extrait de la mer.dans les marais salans ; sa 


saveur. est sensiblement amère. M. Derthier 
attribue sa supériorité ; pour les salaisons, 


à la grande proportion de sulfates de ma- 
gnésie, de soude et de chaux qu’:l contient. 

La manière de saler les substances ani- 
males est très simple. On les divise d’abord 
en tranch:s ou morceaux de peu d'épais- 
seur, puis on les role dans Le sel ct l'on 
forme, dans des pots ou des bariis, des 
couches superposées et alternatives de sel 
et de substances salées on recouvre d'un 
dernier lit de sel, puis on fcrine aussi exac- 
tement que possible. 

La salaison des viandes est une industrie 


: très importante, puisque i unique nourri- 


ture des marins consiste dans les viandes 
salées dont l’usage prolongé occasionne ou 
ou accélère malheureusement lé dévelop- 
pement des maladies dont les relations de 
voyages offrent de si nombreux exemples. 
Le cav'ar, dont on fuit «ue si grande 
consommation en Rusiie, en Allemagne, 
en Autriche, en Italie eten Angleterre, est 
le frai de l’esturgeon qu’on pêche dans le 
Volga. Le frai débarrassé des pellicules, du 
sang qui s’y trouve mêlé, est lavé avec.soin, 
puis ploñgé dans la sanmure ;‘expriméet 
pétri dans des tonueaax jusqu'à ce qu'ibait 
été réduit en une pâte bien homogène. 
Ainsi préparé, ce mets est susceptible d'une 
longue conservation. I! est très recherché 
en Russie, 
Plusieurs autres sels, et spécialement le 
nitrate de potasse , agissent comme le sel 
marin (chlorure de sodium) dans la con- 
servation des viandes. Les charcutiers as- 
socient toujours un peu de nitre au sel avec 
lequel ils salent la viande de porc, parce 
qus le premier communique aux chairs 
une teinte rose agréable. 
Très souvent on ne se contente pas de 
saler les viandes et les poissons, maïs on les 
dessèche encore en les exposant à la fumée. 
L’art de fumer ou de boucaner les viandes a 
été porté, à Hambourg, à une telle perfec- 
tion, que les autres nations n’ont pu l'at- 
teindre, et le éœuf fumé de Hambourg jouit 
d’une grande réputation. Cet art est ce- 
pendant assez simple, puisqu'il consiste à 
exposer pendant quatre à cinq semaines 
les viandes dépectes, salées et suspendues 
daus une chambre, à l’action de la fumée 
produite par des copeauxde chêne Lrès secs. 


573 


Le saurage des harengs est une opéra- 
tion semblable , seulement on suspend:les 
poissons salés dans des espèces de fours ou 
de cheminées faits ‘exprès , qu'on appeile 
roussables, et où l'on fait un petit feu de 
menu bois qu'on ménage de manière à ce 
qu'il doune peu de flamme et beaucoup de 
fumée. On laisse les harengs jusqu'à ee 
qu'ils soient.entièrement saurés ou secs et 
enfurmés. 24 heures suffisent. 10 à 12,009 
harengs peuvent étresaurés à la fois. C'est 
en Hollande que‘ctipenre d'industrie est. 
le plus étendu.-Les Hollandais vendent 
annuellement aux autres peuples pour plus. 
de 60,080,000 de francs de harengs blancs 
ou salés, et de harenys rouges:ou saurs:, 
saurés ou fumés. 

La découverte du mode de préparer et 
d’encaquer les harengs, par Beuckels, vers 
le milieu du quinzième siècle, a beaucoup 
contribué à accroître. ls force maritime et 
l’opulence des Hollandais;; 

Dans le séchage. à lafamée , les viandes 
sont pénétrées d’acide pyroligneuxetd’huile 
pyrogénée où créosote, qui constituent 
presque en totalité la fumée. Ces principes 
conservateurs ajoutent donc leur action à 
celle du sel marin. 

Nous croyons avoir donné les principaux: 
procédés de conservation des substances ali- 
mentaires ; le sujet est si important qu’on 
ne nous accusera peut-être pas d’avoir dé- 
crit certains modes de conservation géné-- 
ralement connus; nous avons voulu don- 
ner un ensemble complet: Nous nous fai- 
sons un devoir de reconnaître: que nous 
avons résumé les- belles leçonside M. Girar- 
din sur la putréfaction. J—s G, 


ÉCONOMIE AGRICOLE, 
Comparaison des bœufs avec les chevaux. 


L'agriculture doit-elle préf'rer les bœufs 
aux chevaux, sous les rapports du travail, 
du nombre, de a nourriture, de la qualité 
du fumier et de son aboudance? 

Nous répondrons à cette question qu’il 
n'existe de supériorité absolue ni pour les 
chevaux ni pour les bœufs, mais les uns. 
ou les autres ont une supériorité relative, 
déterminée par la position ou les circons- 
tances où se trouve chaque cultivateur. 

Le travail des œufs est à celui des che- 
vaux comme 2est à 3, mais les frais de nour- 
riture et d’entretien sout dans la mème 
proportion. 

M. de Dombasle qu’il faudra toujours 
citer quand il sera question d’une compta- 
bilité régulièrement tenue, établit que le 
travail des chevaux est à celui des bœufs 
comme 4 est à 5; ainsi, sous ce rapport, il 
semble traiter les bœufs plus favorablement 
quemoi. Cependantile:t une considération 
importante à faire valoir en faveur des 
bœufs.S'ils travaillent peu,etparconséquent 
restent plus à l’étable, ils y font du fumier, 
ils augmentent de poids et ils ont plus de: 
valeur au moment où on les met à l'en- 
grais. Si l’on achète, pour le travail, des 
bœufs de quatre ans, ils grandissent sou- 
vent beaucoup. Pour que le compte fût 
exact, il faudrait que les bœafs fussent 
pesés d’abord lorsqu'on les achète, puis 
lorsqu’onles met en graisse, et qu'ils fussent 
crédités de I cxcédant du poids qu'ils doi- 
vent avoir acquis, s'ils ont été bien gou- 
vernés. Je crois qu'il est généralement 
avantageux de n'exiger des bœufs que peu 
de travail : les chevaux, au contraire, s'ils 

restent à l'écurie, font peu de fumier, et 


074 
souvent se détériorent plutôt qu'ils n'aug- 
mentent de valeur. 

Les chevaux conviennent mieux aux sols 
pierreux, aux terres fortes, partout où il y 
a des transports à exécuter. 

Les bœufs convienuent particulièrement 
pour les terres légères, pour la charrue et 
pour tous les travaux qui ne leur font 
pas dépasser les limites de la ferme qu'ils 
cultivent ; les terres fortes produisent l’a- 
voine et lesféveroles, dont cn nourrit géué- 
lement les chevaux, tandis que les terres 

légères produisent des racines pour les 
bêtes à cornes. 

L'emploi bien entendu des hœufs et des 
chevaux, réunis pour une même exploita- 
tion, nous semble présenter les plusgrands 
avantages. La proportion numériquedes uns 
et des autres est, dans ce cas encore, déter- 
minée par la nature des travaux à exécuter 
et les circonstances particulières. 

Sur le Glane, tous les cultivateurs ont 
une paire de chevaux, ou au moins un 
cheval pour les transports et tous les tra- 
vaux pénibles, afin de pouvoir ménager les 
jeunes bœufs. 

Dans le pays de Deux-Ponts, chaque 
ferme n’a ordinairement qu’un attelage de 
quatre chevaux, pour la herse et lestrans- 
ports; les labours sont ex‘cutés par des 
bœufs, qui sont en nombre double ou triple 
des chevaux. On n’en attelle que deux à 

une charrue, mais tous les cultivatears 
tâchent toujours d’en avoir au-delà du 
nombre nécessaire, afin de les ménager et 

- deles maintenir en bon état, jusqu’au mo- 
ment où ils seront engraissés. 

Quant au fumier, l'avantage est certai- 
nement du côté des bœufs, et personne n’a 

—encore songé à le contester. 

Schwerz nous atteste qu’une vache belge 
produit 50 à 60 voitures à un cheval de 
fumier dans une année, et ce fait est tres 
certain, tout incroyable qu'il puisse pa- 
raître à bien des cultivateurs français. 

J'ai pesé avec une grande exactitude la 
paille employée pour litière et le famier 
produit par un bœuf en graisse. J'ai trouvé 
que 10 kilogr. de paille donnent par Jour 
75 kilogr. de fumier (1 kilog. de paille? 172 
de fumier). 

Le pavé de l'écurie a une forte pente 
qui laisse échapper la presque totalité des 
urines; elles aboutissent à un réservoir, où 
elles sont utilisées; mais si on voulait les 
retenir comme dans une Ctable flamande, 
et les faire absorber par une suffisante 
quantité de litière, on pourrait certaine- 
ment doubler la quantité de fumier. 

La prodigieuse quantité de fumier qu’ob- 
tiennent les Flamands, vient de ce que l’es- 
pace creux qui se trouve derrière les bêtes 
retient la totalité des urines, et qu'ils y 
jettent, outre le fumier produit par une 
abondante litière, des herbes, des gazons, 
des bruyères, en un mot toutes les matières 
qu'ils ont à leur disposition pour absorber 
“les urines. 

Un cheval de travail, avec 15 kilogr. de 
paille par jour, ne produira pas par année 
plus de 8 voiture de fumier de mille kilog. 
lune. 

Thaer, que tous les jeunes cultivateurs 
doivent lire et méditer, a traité cette ques- 
tion avec des développements assez éten- 
dus. F, Vizrenoy. 


D ET Ke 


575 
SCIENCES HISTORIQUES. 
VOYAGES, 


Ruines de Carthage ; par M. Félix Flachë- 
naker. 


Aqueduc. — En entrant dans le village 
de la Malga, on trouve dans la cour de la 
maison d’un Maure, un débris de l’ancien 
aqueduc, assez bien conservé. 

Ce débris imposant a 15 pas de longueur 
sous voûte; il est construit en pierres meu- 
lières, reliées cntre elles par un ciment 
d’une dureté extraordinaire. Sa hauteur 
intérieure est de 1M,773 ; sa largeur inté- 
rieure, prise à la moitié de la hauteur et 
d’une paroi à l’antre,est de Om,865; l’épais- 
seur de la voûte est de 0m,378, «t chaque 
paroi latérale n’a pas moins de Om.,865 d’é- 
paisseur, c’est-à-dire justement la fargeur 
intérieure de l’aqueduc. 

Quant à la cuvette, dont l'intérieur est 
garni d’une espèce de pouzzolane où d'une 
couche de sédiment laissée par les eaux.le 
fond est formé par un ciment composé de 
briques pilées et de béton. Sa largeur in- 
férieure varie de 0m,607 à Om,621, et sa 
largeur supérieure est de 0m,875 sur 0m108 
de profondeur. 

M. Benoît, chargé du plan de l'usine de 
Toubourba, et qui a visité les ruines de cet. 
aqueduc monstre (il portait les eaux de la 
source de Zawan (Mons Zeugis) jusqu'aux 
réservoirs établis à Carthage, parcourant 
une distance circulaire de 45 milles, mais 
qui en ligne droite ne serait guère plus de 
30 milles), M. Benoît, dis-je, a fait des 
expériences très intéressantes sur la qan- 
tité d’eau qui devait arriver dans cette ville 
au moyen de l’aqueduc, et partant de là, il 
donne le chiffre approximatif de la popu- 
lation de cette immense cité, qu’il porte à 
1,300,000 habitants. 

Bien des doutes et des controverses se 
sont élevés sur l’époque de la éonstruction 
de ce monument gigantesque, et la ques- 
tion n’a pas encore été éclaircie. Tout donne 
à peuser cependant qu'il n’est pas dû aux 
Carthaginois,mais bien plutôtaux Romains, 
peut-être du temps des empereurs Maxi- 
in et Dioclétien, ; 


Byrsa. — Le plateau sur lequel s'élevait 
l’acropolis de Carthage, la forteresse Byrsa 
(du phénicien Bosra) est situé au sud de la 
ville et à égale distance des villages de la 
Malya et de Douair-el-Schatt, avec lesquels 
il forme un triangle dont il occuperait le 
sommet. Ce plateau, de forme carrée et as- 
sez uni, s'élèvede61 mètresau-dessusdusol; 
tout à l’entouron remarque un grand nom- 
bre de débris deconstructions qui viennent 
à l'appui de cequedisentStrabon et Appien, 
savoir que la colline sur laquelle se trouvait 
Byrsa était roide, située au milieu de la 
ville et habitée tout à l’entour. Strabon 
ajoute que le sommet de cette colline était 
couronné par un temple d'Esculape dans 
lequel se retirèrent, sous les ordres d’As- 
drubal, ies neuf cents transfuges qui étaient 
dans la citadelle. La position de ce temple, 
élevé de soixante marches au-dessus du 
sol, dut rendre leur défense désespérée ; les 
transfuges, se voyant abandonnés par leur 
général, mirent le feu au temple et aimè- 
rent mieux périr dans les flammes que de 
se livrer à leurs implacables ennemis. En 
avant du plateau de Byrsa, et presque à ses 
pieds, se trouvent les ruines d'un édifice 
qu'on peut supposer être le temple d'Apol- 
lon que pillèrent, selon Appien, les troupes 


576 


de Scipion, lorsqu'elles se furent emparées 
des murs du port Cothon. 

A la partie sud et sur un plan légèrement 
incliné, sont restés debout d'énormes pans 
de muraille qu’on peut regarder comme 
appartenant à la citadelle; sur le devant on 
remarquait encore, il y a quelque temps, 
des fragments de mosaïques : du reste, le 
plateau en entier est couvert de débris plus 
ou moins considérables; sur le flanc de la 
colline, du côté nord, il existe des voûtes de 
9m,8 de profondeur, et an nord-ouest, sur 
üuu penchant rapide, on retrouve des ruines 
de murs assez imporiantes et qui semblent 
attendre la réparation de leur toiture : cette 
peute conduit à un petit vallon ou plutôt à 
uue gorge qui se trouve ainsi resserrée 
entre le plateau de Byrsa et une autre pe- 
tite colline pareillement recouverte de dé- 
bris, au delà de laquelle se retrouve le 
chemin qui ramène à la Malga. 

La Marsa. — Komarth.— L’Ariana.— 
Le village de la Marsa (l’ancienne Maxula), 
autrefois ville de la seigneurie de la Gou- 
lette, qui, fondée par Méhédi, calife de 
Kairwau, fut détruite pendant les guerres 
des rois de Tunis, et ensuite rebâtie par 
des pêcheurs et des laboureurs :'on y voyait 
autrefois uu fort beau palais, une mosquée 
et un collége fondé par Muley-Mohamed : 
aujourd’hui ce n’est plus qu’une réunion 
de villas habitées par les consuls et les né- 
gociants européens. C’est le nom de Marsa 
(port) qui avait donné à penser que le port 
de Carthage se trouvait ea cetendroit. Au 
delà de cette réunion d'habitations choisies, 
on arrive au mont Gamarth, au pied du- 
quel est le village de ce nom. 

Ce mont offre encore les traces recon- 
naissables d'une ancienne et vaste caia- 
combe ; mais il est imprudent d'y pénétrer, 
tant à cause des ‘éboulements qui s’y sont 
formés, qu'à cause des précipices qu'on y 
peut rencontrer ; aussi personne n'ose la 
visiter, quoiqu’elle soit ouverteendifférents 
endroits. 

En suivant les ruines de laqueduc, on 
passe par Sidi-Daoud, qui n’est qu'un point, 
et l'on arrive à l’4rrane, joli village situé 
sur la route de Cartage à Tunis ; c'est avec 
les murs qui entourent ce village que vien- 
ueut se coufondre les ruines de l'aqueduc. 
Au milieu des masure: de jardiniers et de 
laboureurs se trouvent quelques maisons 
de plaisance appartenant à des négociants 
de "unis : plusieurs morceaux de sculpture 
et d'architecture qu’on y a trouvés donnent 
à penser que c'était une ville assez consi- 
dérable, où au moins qu’il ÿ avait eu en ce 
lieu quelques maisons de riches Cartha- 
ginois. 
EE 

Le Rédacteur-Gèrant : 
C.-5. FRAYSSE. 


BIBLIOGRAPHIE. 

ABRÈGÉ DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE, ré- 
digé dans le même ordre que le nouvean programme 
de l'Université , avec la mnémonique de toutes les 
dates et de tous les hommes remarquables dans la 
paix, dans la guerre, dans la littérature, ele., d’après 
la belle Afethode du protogranme, inventée par 
Alphonsine-Théolinde Cotte, précédé de l'expose 
de cette méthode mnémonique qui n'exige mi la- 
bleaux ni jetons : Ouvrage indispensable pour les 
personnes de lout âge qui desirent retenir saus peine 
des faits el des dates. Première partie, /Zistoire an- 
cienne, par L.-H. Cotte , homme de lettres. — 
Paris, direction de la Mnémonique du protogramme, 
ruc Dauphine, 26. 
——_—— 
FARIS.—IMP, DE LACOUR el MAISTRASSE fs, 

rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


10e année. 


 L'ECH 


Paris. — Dimanche, 2 Avril 1815. 


DD —— 


N° 25, 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


a 


'L'ECHO DU MONDE SAVANT parait le SEUDE etle DEMACME Ge chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la Cirection 
de M. le vicomte À, DE LAVALETME, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux l:- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR -S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 îr., 26 fr., 
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F RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec PEcho du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) al. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


: SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. Observations sur la pile de M. Rei- 
zet; Becquerel, — CHIMIE INORGANIQUE. 
Recherches sur une série de composés dont les 
oxides de chrome, d'aluminium, de fer et d’an- 
timoine forment un des éléments ; Gauthier de 
Claubry. — SCIENCES NATURELLES. GEG- 
LOGIE. Sur les glaces flottantes; Couthouy., — 
Sur quelques empreintes existant à la surface de 
la ie à ossemenis du lias dans le Glouces- 
tershire ; Slrichland. — PALÉOX*TOLOGIE. 
Sur les carnassiers à canines comprimées et tran- 
chantes trouvés dans les alluvionus du val d'Arno 
et de l'Auvergne; Pomel. — SCIENCES MÉDI- 
.CALES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila. 
—ZOOLOGIE. Index ornithologique; Lesson.— 
SCIENCES APPLIQUEES. ARTS CHEMI- 
QUES. Moÿen de coller le papier ; Middleton.— 
Encoiagse des chaines pour les tissus; Andrew. — 
ARTS MÉCANIQUES. Filature anglaise de Man- 
chester. — AGRICULTURE. Culture du coto= 
nier dans l'Hérault — HORTICULTURE. 
Brouette jardinière. — SCIENCES HISTO- 
RIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORA- 
LES ET POLITIQUES. Séance du 25 mars. — 
ARCHEOLOGIE. Canton de Gémozac; Lesson. 
GÉOGRAPHIE. Note sur le Yucathan, — BI- 
BLIOGRAPHIE. 


SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Observations sur la pile présentée par 
M. Reizet, dans la séance du 27 février 
4843 ; par M. Becquerel. 


La pile de M. Reizet n’a de nouveau dans 
sa construction que la substitution du coke 
au platine, pour former l'électricité néga- 
tive. 

Cette substitution est due à M. Bunsen, 
de Marbourg, qui, au lieu de lames de pla- 
tine, a façonné un cylindre de coke, de ma- 
nière à entourer l'élément zinc. Chaque 
couple de cette pile est composé de quatre 
pièces cylindriques, s’emboîitant les unes 
dans les autres. La pièce extérieure est un 
bocal de verre rempli d’acile nitrique du 
commerce. Dans ce bocal plonge le cylin- 
dre creux de charbon, ouvert à ses deux 
extrémités, et portant à sa partiesupérieure, 
hors de l’acide, un anneau en zinc bien dé- 
capé, au bord duquel est une languette de 
métal destinée à établir le contact avec le 
zinc du couple voisin. Dans l’intérieur du 
cylindre de charbon est placé un autre cy- 
lindre en biscuit de porcelaine ou terre po- 
reuse, fermé par en bas, et distant du pre- 
mier d'environ ! millimètre; ce cylindre, 
nommé dia)hragme, est rempli d’eau aci- 
dulée par l’acide sulfurique, dans la pro- 
portion d'une partie d’acide du commerce 


pour 7 à 8 d'eau. Enfin, dans ce liquide : 


plonge un cylindre en zinc amalgamé, ter- 
iné par une languette destinée à établir 
la communication avec le cylindre de coke 
du conple voisin. Quarante couples réunis 
produisent des effets prodigieux, 


En présentant cette pile, M. Reizet a an- 
noncé qu'un seul couple pourrait servir 
aux expériences de galvanoplastie et de do- 
rure. L'auteur de cette pile, M. Bunsen, en 
comparant son action à la pile de M Grove. 
a trouvé que celle-ci était à peine de 17100 
plus considérable dans ses effets que la 
sienne. 

Je crois n'avoir oublié aucune des con- 
ditions principales pour la construction de 
la pile présentée par M. Reizet ; voici main- 
tenant mes observations : 

La premicre pile à courant constant, et 
qui méritit réellement ce nom, en raison 


de la durée de ses elfets, se eomposait : 


1° d’un bocal en verre, rempli d'acide ni- 
trique concentré. dans lequel plongeait un 
cylindre en porcelaine dégourdte,contenant 
une solution également concentrée de pa- 
tasse ; dans chacun des liquides plongeait 
une lame de platine. Dès linstant que la 
communication était établie entre les 
deux lames de platine, l’eau et l’acide 
nitrique étaient décomposés avec tant de 
force, qu'il se dégapeait un torrent de gaz 
oxygeneautour de lame de platine plongeant 
dans Ja solution de potasée. Le courant élec- 
trique, cause d’une action aussi énergique, 
était dû à la réaction de l'acide sur lal- 
cali par suite de laquelle l'acide prenait 
l'électricité positive, l’alcali l'électricité né- 
gative. Cet appareil recut alors le nom de 
pile à gaz exygène. Je fis voir pour quels 
motifs Jes effets étaient constants, Des piles 
construites avec cet élément présentaient 
toutefois un inconvénient. Le nitrate de 
potasse, au fur et à mesure qu'il cristalli- 
sait dans les pores du diaphragme, en Îles 
obstruant , diminuait l’action de la pile et 
finissait par la faire éclater. Je substituai 
de l'argile humide au cylinlre de porce- 
laine, et me servis de tubes recourbés en Ü, 
à grand diamètre. J'obtins alors des effets 
constants pendant plusieurs jours; mais 
cette pile présentait encore un inconvénient 
qui se trouve et dans la pile de M, Grove 
et dans celle nrésentée par M. Reizet : c'e:t 
que l'acide nitrique est décomposé en d'au- 
tant plus grande quantité que l'action est 
plus vive; de sorte qu’il y a un dépagement 
continuel de gaz nitreux qui finit par in- 
commoder les expérimentateurs. Pour pa- 
rer à cet inconvénient, je subslituai à l’acide 


hitrique une solution saturée de sulfate de 
“cuivre; à la solution de potasse une solution 


d’eau salée; et la séparation entre les deux 
liquides fut Ctablie soit avec un diaphragme 
de porcelaine, soit avec de l'argile humide, 
soit avec de la toile à voile. Dans le sulfate 
de cuivre plongeait une lame de cuivre, et 
daus l’eau salée une lame de zinc amalgamé. 
Douze éléments seulement de cette pile pro- 
duisent les plus grands effets d'incanles- 
cence, de fusiou et de décomposition chi- 
mique , effets dont je me suis servi 


pour opérer des essais de minerais d’or. 


M. Grove substitua à la solution de po- 
tasse une solution d’eau acidulée par l'acide 


. sulfurique, et à la lame de platine une lame 


de zinc amalgamé. 

D’après cet exposé, il n'y a réellement 
qu'une seule chose nouvelle dans la pile de 
M. Bansen, c’est l'emploi d’un cylindre en 
coke au lieu d’une lame de platine, substi- 
luton qui, du reste, me paraît excellente. 
Quant à l'effet, à surfaces égales, il doit 
être le même, puisque le platine, comme le 
charbon, forment l'élément non oxydabie, 

Il est eucore nn point sur lequel je dois 
appeler VPattention des personnes qui veu- 
nt se servir de eet appareil : ce sont les 
effets d'endosmose qui ont lieu eatre les 
deux liquides, par l'intermédiaire du dia- 
phragme en terre porense ; et par suite 
desquels, les liquides venant à se mélanger, 
il arrive un point où le courant cesse d'être 
constant. Dans celte pile, le couxant est c 
à deux causes : 1° à l’action de l’eau ag 
lée par l’acide sulfurique sur lezine, 
tal prenant l'électricité négative e 
acidalée l'électricité positive ; 2° à I 
tion des deux dissolutions l’une sur lhut 
par suite de laquelle Pacide nitrique 
Pélectricité positive. Ces deux causes, 

joutant, donnent plus d'énergie à la pileT 

C'est précisément cette condition que j'ai 
toujours remplie dans mes apoareils. 

Dès lors, il est important de créer tous 
les obstacles possibles pour empêcher le mé- 
lange des ceux liquides, sans nuire à l’in- 
tensité du courant. 

Voici le résultat d’une expérience que j'ai 
faite pour connaître la vitesse d'endosmose 
entre deux liquides, lPacide sulfurique 
étendu dans les proportions indiquées plu; 
haut et l'acide nitrique du commerce, sé- 
parés par un diaphragme en terre cuite. 

J'aimis dans un bocal de verre 1 {4 gram- 
mes d’eau distillée et 19 grammes d'acide 
sulfurique anhydre. J'ai plongé dans ce li- 
quide un cylindre en porcelaine dégourdie 
de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, renfer- 
maut 95 grammes d'acide nitrique, et j'ai 
laissé Pendosmose s’opérer pendant qua- 
rante-hnit heures ; j'ai cherché ensuite la 
quantité d’acide sulfurique passée dans 
l'acide nitrique, et j'ai trouvé qu'il y en 
avait 3,5 grammes, à peu près le sixième de 
l'acide sulfurique qui se trouvait dans l’eau 
acidulée. Dans cette dernière, il était passé 
une quantité proportionnelle d'acide nitri- 
que ; car il n’y a jamais endosmose sans 
exosmose. Cet acide, en se rendant de l'au- 
tre côté, devait augmenter la réaction de 
l'eau aciluléce sur le zinc, et niême atta- 
quer le mercure. 

D'après les observations que je viens de 
présenter, on voit que la pile de M. Bansen 
ne diffère des piles à courant constant déjà 
connues, qu’en ce qu'on a substitué au pla- 


389 

tine plongeant dans l’acide, un cylindre de 
coke beaucoup moins dispendieux, et que 
les diaphragmes sont plus rapprochés ; mais 
il est douteux qju'eu raison du dégagement 
de gaz uitreux, on la préfère, dans les arts, 
aux piles aujourd’hui généralement en 
usage, lesquelles, quand elles sont com- 
posées de douze couples seulement à large 
surface, au lieu de quarante, produisent les 
plus grands effets physiques et chimiques, 
sans qu'il y ait à craindre les effets délétè- 
res des vapeurs nitreuses. 


CHIMIE INCRGANIQUE. 


Recherches sur une série de composés dont 
des orydes de chrome, l’aliuminiurr. de 
fer et d'antimoineforment undes éléments. 
Extrait d'une lettre de M. GAuLTIER DE 
CLausry à M. Dumas, à l'occasion d'une 
communication récente de M. Malaguti. 


«Les oxydes dela formule générale MO" 
forment, avec la presque totalité des acides, 
des composés dont la série peut être envi- 
sagée de deux manières : 

» Ou comme des aluns que je suis par- 
venu à obtenir avec la plus grande partie 
des acides organiques ou anorganiques ; 

» Ou comme des se/s dans lesquels M*0° 
formerait un ac'de complere. ce qui revien- 
drait à peu près aux idées émises dès long- 
temps par Wallquist. 

» L’isomorphie des oxydes M°O0° se re- 
trouve dans la presque totalité des selsque 
j'ai obtenus, ou de ceux qui, antérieure- 
ment observés, peuvent presque tous être 
ramenés à ce type, en distinguant bien les 
uns des autres des composés à divers degrés 
de baséité que plusieurs chimistes ont ob- 
tenus en mélange. 

» En admettaut cette manière de voir, 
j'ai obtenu, avec des acides anorganiques 
ou organiques, beaucoup de sels qui man- 
quaient dans les séries déjà connues, comme 
les tartrates de potasse, de chrome ou d’a- 
lumine, par exemple, ou les aluns d’aside 
borique , acétique, citrique, etc. , base de 
chrome, d’antimoine, de fer ou d’alumine. 

» Jusqu'ici je n’ai pu séparer à l’état de 
pureté les acides dont l’un des éléments se- 
rait le chrome, le fer, l'aluminium et lan- 
timoine; leur obtention rendrait certaine 
lune des deux manières d'expliquer la for- 
mation des sels dont il est question. » 


SCIENCES NATURELLES. 


GEOLOGIE. 


Sur les glaces flottantes. 


Dans la troisième session des géologues 
américains ; tenue à Boston en 1842, 
M. Couthouy a donné connaissance de tous 
les faits qu'il a pu recueiilir sur les places 
flottantes , leur action et leur transport en 
général. Il comntence par tracer la posi- 
tion géographique d’un grand nombre de 
ces glaces flottantes, d’après des renseigne- 
ments authentiques. L'auteur cite un pre- 
mier exemple de ce phénomène, qui fut 
observé le 28 mai 1822, dans le trajet de 
la Havanne à Rotterdam, par 420 10° lati- 
tude N. et 449 50° long. O. de Greenwich. 
Le bloc flottant (berg) était d'une grosseur 
remarquable ; on l'apercevait à une dis- 
tance de 16 milles. Bien que la ner fat 
calme et que le temps fut tranquille, le 
bloc de giace tournait constamment sur 
lui-même. Un autre exemple fut observé 
la même anuce, en septembre, sur le 


581 


grand banc de Terre-Neuve, À 43° 18° lat. 
N., 48° 30° long. O. Il avait près de 420 
à 130 fathoms. 

Depuis cette époque, M. Couthouy a ob- 
servé plusieurs exemples de glace flottante, 
et le dernier qu’il eite remonte au 4 mars 
1841. C’est dans l'Océan pacifique et pen- 
dant une traversée des îles Hawaï à Boston 
qu'il le remarqua. 

Le bloc n'avait pas moins de 280 à 300 
pieds de haut, et son plus grand diamètre 
avait deux tiers. de mille Le vaisseau, dont 
le sillage donnait plus de 7 milles à l'heure, 
ne mit pas moins de deux heures trois 
quarts pour arriver jusqu’à lui. On Pavait 
d'abord pris pour un très grand îlot. D’é- 
normes blocs de pierre faisaient saillie de 
toutes parts de cette véritable montagne 
de glace; quelqnes-uns ne mesuraient pas 
moins de 20 pieds carrés. Un fort vent de 
l’ouest, qui battait violemment ses flancs, 
faisait ruisseler à sa surface de véritables 
torrents qui retombaient de toutes parts en 
larges nappes. L'eau, à plus d’un mille de 
distance , était remplie de fragments dont 
quelques uns était assez gros pour endom- 
mager le vaisseau. Le phénomène le plus 
remarquable qu’il présentait était la révo- 
lution rapide et presque incroyable qu'il 
paraissait opérer sur son axe vertical, revo- 
lution au moyen de laquelle il ne présen- 
tait pas pendant deux minutes consécuti- 
ves le même aspect. 

La masse de glace dont il est ici question 
fut rencontrée par 530 de lat. S. et 104950? 
de long. O., étant airsi éloignée de 1450 
milles de la terre de Feu, la terre orientale 
la plus proche, et de 1000 milles des îles 
Saint-Pierre et Alexandre, les terres méri- 
dicnales les plus rapprochées d'où elle ait 
pu provenir. D'après sa grosseur, M. Cou- 
thouy pense qu’elle a bien pu être entrai- 
née par le vent d'ouest qui règne dans cette 
région de l'Océan pacifique, pendant une 
si grande partie de l’année , dans le cou- 
rant qui court constamment vers le nord 
le long de toute la côte occidentale de lA- 
mérique du Sud ; elle aura pu ensuite flot- 
ter jusque vers les tropiques, où elle aura 
été fondue en partie, et ensuite renvoyée 
vers les plages de l'archipel de Chiloë. 

La fonte des glaces flottantes dans les 
eaux de la mer donne lieu à un phénomène 
remarquable : leur dissolution par les eaux 
et les éléments atmosphériques étant iné- 
gale dans les différentes parties de la masse 
flottante, l'équilibre peut être détruit acci- 
dentellement ; la masse tourne, et apporte 
à la surface des fragments de rochers et de 
la terre arrachés au fond de la mer. Si 
cette masse parcourt de vastes étendues, 
elle ärrachera successivement et déposera 
continuellement les matériaux nouvelle- 
ment acquis, en laissant ainsi une longue 
trace de son passage. C’est même de cette 
manière que les glaces chassées du sud, 
arrivaut successivement sur les côtes de 
l'Amérique du sud, puis poussées par le 
vent de l’ouest par les tropiques, etc., lais- 
sent accidentellement à chaque point quel- 
que débris du sol antarctique. Ces phéno- 
mènes actuels sont sans doute bien propres 
à expliquer le mode de formation de notre 
térrain de transport, et peut ètre pour- 
raient-ils suffire à toutes les exigences de 
la science. 

Quant à la limite septentrionale des gla- 
ces flottantesantarctiquesdansl'hémisphère 
oriental, M. Couthouy dit, d’après le résul- 
tat de ses observations, qu'elles se présen- 
tent encore fréquemment jusqu'au moins 


582 


au 39e parallèle de latitude. Durant son 
séjour dans la Nouvelle-Galles du sud, dans 
l'été et l'automne de 1839-40 ( de décem- 
bre à mars), plusieurs vaisseaux arrivant 
de l'Angleterre À Sydney, rapportèrent 
avoir vu des glaces flottantes en grand 
vombre, et d'une grosseur remarquable, 
dans le voisinage du cap de Bonne-Espé- 
rance , à une distance au moins de 4800 
milles de la terre la plus rapprochée du 
sud ; sans doute, tout le long de leur tra- 
Jet, ces glaces avaient déposé de larges trat- 
nées des matériaux de transport dont elles 
s'étaient chargées à leur point de dé- 
part. : 

Avec ces faits préliminaires, si l’on re- 
tourne à la question de l’action aquéo gla- 
ciale des époques anciennes, eten particulier 
aux elfcts produits sur les roches sous-ja- 
centes par le transport des glaces flottantes, 
ilest bien difficile d’admetire , avec plu- 
sieurs géolcgues éminents, que la circon- 
stance du transport des glaces ait eu la 
moindre part dans la production des sillons 
parallèles qui forment un trait si remar- 
quable des roches de la Nouvelle-Angle- 
terre. Même en admettant qu’à une époque 
antérieure les masses de glace aient suivi 
une direction uniforme du nord au sud, 
bien que cette opinion explique la distri- 
bution générale des blocs erratiques , il 
semblerait cependant tout à fait improba- 
ble que leur action de frottement sur le 
sol, et leur progression par les forces 
combinées du vent et de la mer, ait jamais 
pu produire les sillons en question. Il n° 
a pas de raison pour ne pas admettre que 
le mouvement oscillatoire où semi-rotatoire 
des masses flottantes n'ait été jadis soumis 


aux mêmes accidents qu'aujourd'hui; et## 


dans ce cas, il est naturél de penser que ces 
divers mouvements auraient plutôt servi à 
effacer de telles traces, et à former des ca- 
vités profondes en passant sur les fonds 
meubles où peu durs. Or, il est démontré 
que les glaces flo!tantes suivent aujourd hui 
une direction très irrégulière ; et bien que 
leur progression générale sait du nord au 
sud, ou vice versä, cependant les vents et 
les courants les font dévier plus ou moins, 
et quelquelois très au loin, à l'est et à 
l’ouest d’un méridien. Ce fait ne semble- 
t-il pas propre à expliquer la différence 
que M. Hitchcock croit reconnaître dans la 
distribution des blocs erratiques et les tra- 
ces du déluge ? En résumé, admettre que 
ces sillons parallèles aient été produits par 
l’action des glaces flottantes, c'est supposer 
un état de choses et un concours de circon- 
stances physiquement impossibles. 

Etaitil nécessaire, pour l’explication de 
nos terrains de transport , d'admettre que 
la distribution des blocs et la production 
des sillons que l’on a voulu appeler dilu- 
viens étaient entièrement le résultat d’ac- 
tions contemporaines ? N'a t-il pas existé 
une certaine époque où la portiou nord de 
notre hémisphère était couverte de glaciers 
ressemblant à ceux des Alpes, où des sil- 
lons parallèles ont été produits par leur 
progression graduelle et rayonnante ? A 
cette époque en aurait succédé une autre 
où les glaces fondant (soitqu'il fut surveau 
une irruption subite des eaux, causée par 
un soulèvement paroxysmal de quelque 
terre dans le voisinage du pèle, ou par des 
inondations successives résultant de la fonte 
de la masse) auraient déposé les blocs sur 
leur passage, distribué des couches de ma- 
tières de détritus, et produit sut les roches 
meubles les singuliers accidents de sillon- 


— 


583 


nement, les cavités, etc., que l’on y ob- 
serve, et que l’on à voulu attribuer au dé- 
luge. (Ann. des Se. géol.) 


Sur quelques empreintes existant à& la 
surface de la couche à ossements du lias 
«ans le Gloucestershire ; par M. Strick- 
jand. 


Ces empr-intes ont cté signalées au ro- 
cher de Waculode, dans la partie supé- 


rieure du grès micacé, qui représente en? 


cet endroit la couche à osseinents. Le grès 
esttrès fin et argileux; l'argile pure qui le 
recouvre présentait toutes les conditions 
nécessaires pour la conservation de ces em- 
preintes. On en distingue quatre espèces dif- 
férentes : 1. des sillons allongés et presque 
droits, d'environ un dixième de pouce de 


"large et de plusieurs pouces de long, avec 


leur fond arrondi et lisse, produits appa- 
remment par quelque corps frottant la 
vase avec nneimpétuosité trèsgrande : telle 
aurait été la trace produite par un poisson 
nageant avec vélocité en direction droite, 


‘et touchant accidentellement le fond de 


l’eau avec ses nageoires. 2, De petits creux 
irréguliers, larges d’un quart de pouce sur 
un huitième de pouce de profondeur, qui 
auraient pu être produits par quelque 
poisson fouillant dans le limon pour y cher. 
cher sa nourriture. 3. Des sillons étroits et 
profonds, larges d'un douzième de pouce, à 
côtes angulaires vers le fond ; ces sillons 
auraient été creusés par quelque molus- 
que acéphale, tel que le pul'astra areni- 
cola de Strickland? 4. Une trace tortueuse 
avec des bords légèrement arrondis, large 
d'environ un dixième de pouce, avec un 
sillon fin, linéaire de chaque côté ; selon 
toute probabilité, ces traces auraieut été 
produites par quelque annélide rampant 
au fond de l'eau. (4nn. des Sc. géolos.) 


PALEONTOLOGIE. 


Sur les carnassiers & Canines comprimées 
et tranchuntes trouvées dans les allu- 
vions du vald’Arno et de l'Auvergne. 


À une des dernières séances de la Société 
géologique de France, M. Ponel a lu une 
notice : Swr les carnassiers à canines com- 
primées el tranchantes, trouvés dans les 
alluvions du val d’Arno et de l'Auvergne. 
Il rappelle que de longues canines aplaties 
et tranchantes trouvées dans le val d’Arno, 
furent rapportées par les naturalistes tos- 
cans et par MM. Cuvier et Bu kland, à un 
ours qu'ils appelèrent ursus cultridens. 
MM. Bravard et Croizet, qui découvri- 
rent quelques-unes de ces dents aux en- 
virons d'Issoire , adoptèrent eette opinion. 
Des doutes naquirent cependant dans l'es- 
prit de M. Bravard, et il s'apercut bientôt 
que ces dents appartenaient à son felis me- 
ganthereon. M. Croizet, qui adopta un pen 
plus tard cette opinion, fit de ce type re- 
marquable un genre nouveau sous le nom 
de steneodon. Les naturalistes toscans refu- 
sent cependant encore d'admettre cette ma- 
rière de voir, car, à la dernière réunion 
des naturalistes italiens à Florence, M. Nesti 
a ajouté quelques arguments à l'appui de 
l'opinion par lui publiée, que les dents c1- 
nines de carnivore du val d’Arno appar- 
tiennent au genre ursus plutôt qu’au genre 
felis et précisément à l’ursus cultridens. 
M. Pomel passe ensuite à la description 
détaillée d’une tête découverte par lui et par 
A Bravard dansles fouilles pratiquées au mi- 


584 
lieu des terrains ossifèresde la montagne de 
Perrier, prés d'Issoire, qui, en raison de sa 
bellz conservation, lève tous les doutes à 
cet égard. Il rappelle ensuite les divers os- 
semeuts se rapp riant à ces animaux dé- 
crits dans divers auteurs, et il termine 
ainsi : « La faune de l'Auvergne, à l’époque 
où son sol était bouleversé par les convul- 
sions volcaniques, renfermait deux espèces 
de ce type; la mieux connue, celle que 
M. Bravard a décrite sous le nom spécifique 
de 7zeganthereon , était un peu plus forte 
que le felis pardalis (panthere) ; mais sa 
taille surpassait de beaucoup celle de cette 
dernière espece; elle était seulement d’un 
cinquième inférieure à celle du tigre royal. 
La seconde espèce, dont on possède peu de 
débris, avait des dimension; plus grandes : 
avec un corps de la grosseur de celui du 
lion , elle devait avoir une hauteur beau- 
coup plus considérable, Elle différait sur- 
tout de la première par les dentelures de 
l’arrête postérieure de la canine; c’est le 
felis cultridens de M: Bravard. M. Croizet 
avait attribué les ossements de cette espèce 
au felis antiqua de Cuvier, En résumé, il 
est maintenant établi que les dents canines 
comprimées et tranchantes trouvées dans 
les dépôts diluviens de certaines contrées 
de l'Europe (Italie, France, Angleterre), 
ont appartenu à des carnassiers qui avaient 
dans leur ostéologie les plus grands rap- 
ports avec le genre fel's. Les principales 
différences se trouvent dans l’organisation 
de la tête, et elles semblent toutes résulter 
de la modification des canines. Elles con- 
sistent en quelques variations dans les pro- 
portions des divers os de la tête, et plus 
particulièrement de la face. Cependant les 
rapports généraux de ces os entre eux, et 
l’ensemble de leurs formes rappellent tout 
à fait les caractères des felis ; ous pensons 
donc qu’on peut tout au plus considérer 
nos fossiles cultridens comme le type d'un 
sous-genre anquel on ‘pourra conserver le 
nom de steneodon, antérieurement appli- 
qué par M. Croizet au genre nouveau qu’il 
en avait formé.» (Ann. des Sc. géol.) 


TOXICOLOGIE. 


Cours de A1. Orfila: 


Messieurs, 

Nous allons continuer dans cette séance 
l'étude des objections sérieuses qui ont été 
faites à notre système, et nous atlons en 
rencontrer quelques unes qui seront pour 
nous d’un haut intérêt au double point de 
vue de la toxicologie et de la physiologie. 
Messieurs , on a dit, et c'est M. Couerbe 
qui le premier à avancé ce fait, on a dit : 
« Il existe de l’arsenic dans le corps de 
l’homme, » Aussitôt que cette idée fut lan- 
cée dans le monde savant, nous nous mi- 
mes à expérimenter. Nos expériences, faites 
avec le plus grand soin, nous ont prouvé, 
à cette époque, qu'il existait de l’arsenic 
normal dans les os. Mais en 1839 nous 
avons annoncé qu'il n’y en avait pas dans 
les viscères. Nous expérimentions d’une 
manière assez facile et assez simple : nous 
prenions des os, nous les calcinions Jus- 
qu'au gris, ct nous ajoutions pour 8 parties 


d'os 3 d’acide sulfurique. Une réaction, qui 


vous est déjà connue, se produisait aussi- 
tôt, el la matière étendue d’eau était aban- 
donnée à elle-même pendant 3 ou 4 jours. 
Alors on faisait bouillir, l’on filtrait, et le 
liquide filtré, mis dans l'appareilde Marsh, 
nous donnait des taches arsénicales. Mes- 
sieurs, j'insiste sur ces derniers mots, car 


982 


je puis affirmer que Îles taches obtenues 
alors étaient bien des taches arsénicales, 
En 1839, pendant les trois quarts de lan- 
née 1840, nous obtinmes ces taches; et 
M. Devergie alla plus loin que nous, car 
il affirma par desexpériences qui Jui étaient 
propres que non seulement les os fournis - 
saient une proportion notable d’arsenic sus- 
ceptible d’être isolé par les moyens chimi… 
ques, mais qu’on en trouvait aussi dans les 
muscles en quantité extrêmement faible, 
il est vrai. 

Ce fait était donc bien constaté et acquis 
à la scienc?, lorsqu’à la fin de 4840 il nous 
fut impossible de retrouver ce que nous 
nommions alors l’arsenic normal. Depuis, 
quelque variées qu’aieutété nos expériences, 
nous n'avons jamais pu décéler de nouveau 
dans les os l’arsenic que nous y avions déjà 
trouvé plusieurs fois: Comment. messicurs, 
expliquerez-vous ce fait? Je vous ie de- 
mande; pour moi, c'est nne énigme. Je 
sais que MM. Flandin et Danger ont tran- 
ché d’une maniere assez facile une que:- 
tion si ardue. Ils ont dit : « Mais, ce que 
vous obteniez alors, c’étaient nos taches l» 
Non, cela n’était pas vos taches, mais bien 
des taches arsénicalesdont, d’ailleurs, nons 
avions reconnu tous les caractères. Au 
reste, MM. Flandin et Danger n’ont qu’à 
former maintenant leurs pseudo - taches 
avec les mêmes substances dont nous nous 
servions alors. Iis ve l'ont pas encorepu ils 
uc le pourront Jamais, et leur objection 
tombe d'elle-même. 

Avant de dire, messieurs, que l’arsenie 
normal était pour moi une énigme , J'ai 
cherché bien des moyens de l'expliquer. Je 
me suis dit : Les os ‘ont je me servais pro- 
venaient peut-être d'individus trait 's à |'hô- 
pital Saint-Louis par l'arsenic. ais, je me 
suis assuré que cela n'était pas, et d’ailleurs 
les os de bœuf, les os de mouton m ont 
donné de l’arsenic. Pai pensé que les os 
d'individus ayant vécu pendant longtemps 
dans des pays où l’on chaule la terre avec 
l'acide arsénienx pourraient me donuer des 
taches arsénicales Le squelette d’un hom- 
me qui, pendant 40 ans, avait vécu dans la 
Somme, où cet usage est mis en pratique, 
me fut envoyé par M. Barbier. J'expcri- 
mevutai sur les os de ce squelette, et je ne 
trouvai pas d’arsenic. Ainsi, pour moi, 
messieurs, cette question e-t insoluble. 
Quoi qu'il en soit, la médecine légale ne 
peut que se féliciter de ce fait, car eela 
eût été une arme puissante entre les mains 
de Ja défense lorsque l’empoisonnement 
eût été réel. 

Passons à une autre objection : certains 
terrains de cimetières fournissent de l’ar- 
senic, en sorte que le métal retiré des ca- 
davres enterrés dans ces cimetières peut 
provenir des terrains et non de ces cada- 
vres. J'ai examiné les terrains de plusieurs 
cimetières de Paris, et quelquefois j'y ai 
trouvé de l’arsenic. Cet arsenic existe à 
l'état insoluble, à l’état d'arsénite ou d’ar- 
séniate de chaux ; de sorte que ces terres, 
traitées par l'eau bouillante, ne dissolveut 
pas un atome des sels arsenicaux. 

Placous- nous d’abord dans les condi- 
tions les plus favorables du problème, Je 
suppose un cadavre entouré de son lin: 
ceul, enfermé dans ane bière neuve et so- 
lide; assurément la terre ne pourra pas 
parvenir sur le cadavre. Je sais qu'on ie 
dira : mais les eaux ont filtré, ont pénetre 
àtravers le cercueil. A cela je réponds que 
cela m'est tout à fait indiflérent, puisque 
l'arsenie est dans ces terres à l’état inso= 


f 


386 


luble , et que Jj'agis sur le foie intimement | 


privé du contact de ces fluiles. Mais, la 
bière peut être feudillée, la terre peut y 
avoir penélré ? J'admets toutes ces condi- 
tions et elles ne me troublent pas dans mes 
experiences, puisque j'agis sur un organe 
interne, sur le foie. D'ailleurs, j'ai fait une 
expérience curieuse que je vais vous faire 
counaître. J'ai enterré un foie à deux pieds 


de profondeur dans une terre déjà humec- 


tée d'acide arsénieux; j’ai arrosé souvent 
cette terre d’une dissolution du mêine acide, 
ct au bout de quelques jours j'ai déterré le 
foie ; je l'ai analysé, et je n’ai pas extrait un 
atome d’asenie. J'explique ce fait facile- 
ment, en disant : l'acide arsénieux trou- 
vant dans la terre des sels calcaires, s'y est 
constitue à l'état insoluble , à l’état d’arsé- 
nite de chaux; d’ailleurs l’eau qui tombe 
sur le sol ne suit pas dans la terre une 
route rectiligne ; elle se dévie de tous les 
côtés et pénètre bien rarement jusqu’à la 
profondeur de sic pieds, où l’on enterre 
ordinairement Îles cadaires. Je sais que 
vous allez dire : « Mais M. Devergie a fait 
une expérience analogue, et il a trouvé de 
l'arsenic dans le foie. » À cela je réponds 
que l'expérience de M. Devereie ditfère to- 
talement de la nôtre. M. Devergie à placé 
un foie daus un seau percé par ses deux 
bouts ct rempli de terre. Il a arrosé à plu- 
sieurs reprises cette terre avec de l'acide 
arsénieux, et je ne doute pas alors qu’il ait 
rencontré de l’arsenic. Mais M. Devergie ne 
s’est pas du tout placé dans les conditions 
du problème, et son expérience n’est d’au- 
cune valeur, Supposons maintenant le ca- 
davre réduit à l'état de terreau et mélangé 
à la terre. Si en traitant ce mélange par 
Peau froide, on obtient une dissolution ar- 
sénicale; il faudra rechercher si la terre 
yrise à 3 on 4 mètres de distance se com- 
porte de même, en cas denégative ou pourra 
soupconner que l’arsenic retiré du terreau 
provient du cadavie et non de la terre. 
D'ailleurs , messieurs, dans un cas de ce 
genre , vous ne vous reposerez pas seule- 
ment sur vos analyses chimiques et vous 
emprunterez quelques lumières aux symp- 
tôèmes éprouvés par l'individu qu’on soup- 
conne avoir été empoisonné, Maintenant 
que cettequestion est bien résolue pour nous, 
passons à une autre, importante surtout 
au point de vue de la physiologie; car ja- 
mais elle n’a eu d'application en médecine 
légale. 

On a dit : ia préparation arsénicale peut 
avoir été introduite dans le canal digestif 
d’un individu qui n’a pas succombé à un 
empoisonnement et avoir été portée au loin 
dans quelques uns de nus viscères, par 
l'effet de limbibition cadavérique. Mes- 
sicurs, établissons d’abord qu’il y a imbi- 
bition. Du sulfate de cuivre a été injecté 
dans l'estomac de ce cadavre, et vous voyez 
qu'il a pénétré à travers les membranes qui 
le renferment et qu’il a été jusque dans les 
poumons, que vousapercevez ici colorés en 
bleu. L’imbibition est donc un fait bien po- 
sitif. Si jamais devant un tribunal, un avo- 
cat vous faisait une pareille objection, il 
ne faudrait pas croire qu’il estimpossible de 
la résoudre. D'abord vous prendrez con« 
naissance des symptômes et vous v trouve- 
rez quelques lumières. Ensuite il vous 
faudra déterminer la quantité de poison 
contenue dans l'estomac ou le rectum. Si 
ce poison y a été introduit après la mort, 
vous en rencontrercz presque la totalité. 
S'ilavait été donné comme poison, ce se- 
rait l'inverse. D'ailleurs vous avez les lé 


587 


sions de tissu qui peuvent vous guider 
encore. Si le poison à été donné pendant la 
vie, l'inflammation du tube intestinal ira 
en décroissant, de la bouche au rectum. 
Au contraire, dans le cas d'injection du 
poison après la mort, une ligne de démar- 
cation existe dans le tube digestif et l'action 
da poison ne s'étend pas au-de'à du point 
où une main coupable l’a poussé. Mais mes- 
sieurs, pour qu'il y ait inflammation des 
tissus, il faut que le poison ait été in- 
jectétrès peu de temps après la mort ; 
quand les tissus possèdent encore quelque 
vie, si cette opération s'effectue vingt-qua- 
tre heures après le décès, il n'y a plus 
trace d'inflammation. Je tirerai aiusi un 
grand parti du lemps ; car il est difiicile à 
un homme de venir de suite injecter un 
poison dans un cadavre récemment privé 
de vie. Il y a là des difficultés d'exécution 
que vous comprenez tous et qu’un juge 
d'instruction sait aualyser et dévoiler sans 
peine. Enfin, messieurs, dans le cas d’im- 
bibition, l’arsenie n’est pas porté dans tous 
les organes; il y a des parties qui n’en con- 
tiennent pas, et en analysant par tranches 
les différents organes, les différents tissus, 
on en trouvera qui en contiennent et d’au- 
res qui n'en contiennent pas. Si le cadavre 
était réduit à l’état de terreau, je croisqu’a- 
lors le problème serait tout à fait insolu - 
ble; mais du reste je termine cette ques- 
tion, en vous disant que jamais il ne s’est 
présenté un cas de ce geure. 

Abordons enfin la dernière objection sé- 
rieuse. L’individu que l’on soupçonne être 
mort empoisonné , et des viscères duquel 
on retire de l’arsenic, pouvait avoir été 
soumis pendant la vie à usage d'une mé- 
dication arsénicale, en sorte que l'arsenic 
recueiili par l'analyse, ne proviendrait pas 
d’un empoisonnement. Si Findividu meurt 
après avoir cessé son traitement depuis 
quinze jours, vous pouvez sans crainte con- 
clure à l’empoisonnement, Car depuis ce 
temps, l’arsenic administré déjà en bien 
faible quantité, doit avoir été éliminé par 
les urines. D'ailleurs vous étudierez les 
symptômes. Mais supposons que l'individu 
succombe deux jours après son traitement, 
je concluerai encore à l'empoisounement; si 
sa maladie a été de courte durée, si elle a 
présenté les caractères d’un empoisonne- 
ment par l’arsenic, si les lésions «le tissu 
sont profondes et si je retire du foie une 
quantité notable d’arsenic; si l'arsenic ob- 
tenu était en bien faible quantité , alors je 
resterai dans le doute. Enfin, j’avouerai 
l'insuffisance de l’art pour résoudre le pro- 
blème, si la maladie datait déjà de plusieurs 
semaines; si pendant toute sa durée, le ma- 
lade, soumis à l’usage d'une médication ar- 
sénicale, avait éprouvé quelques uus des 
symptômes de l'empoisonnement; si son 
cadavre ne présentait pas des lésions de 
tissus et ne fournissait que des atomes d’ar- 
senie dans les recherches chimiques. 

M. Paillet, dans l'affaire Lafarge, a fait 
une objection, par laquelle je termine et 
qui ne nous arrêtera pas longtemps, Il a 
dit : « Mais M. Lafarge était maître de for- 
ges, le fer contient de l’arsenic; l’arsenic 
que vous avez trouvé ne provenait-il pas de 
l'arsenic inspiré? » Je réponds de suite que 
de l’arsenic ainsi absorbé disparaît au bout 
de quelques jours, par conséquent dans le 
procès Lafarge, l'objection tombait d'elle- 
même, puisque Lafarge est mort 55 jours 
après avoir quitté ses travaux. Du reste, de 
curieuses expériences de M. Chatin confir- 
ment mes résultats et démontrent que des 


animaux soumis à l'inspiration des vapeurs 


arsénicales, n’en fournissent pas un atome 
au bout de 15 jours. Ici finissent nos ob- 
jectionssérieu es; dans notre prochaine réu- 
nion.je vous signalerai seulement celles qui 
n'ont de remarquable que leur ineptie ou 
la mauvaise foi qui les a dictées, et j’abor- 
derai la grande question des symptômes, 
des lésions de tissus et du traitement. E.F. 


ZOOLOGIE. 
Index ornithologique; par Lesson, 
(suite.) 


XIV®° famille : FarconinÆ. Les rapaces 
nobles, g. Cuv.— 61e Genre : HieroFazco, 
Ray. hab. cercle arctique. 209. Hierofalco 
Islandicus, Cuv.; Falco hierofa'co, Brisson; 
Falco gyrfalco, L ; Lath.; Falco Is!'and = 
cus, Gm.; Sw., North. Zool., p.27; Lath., 
esp 69; Ent. 210 et 446; Falco Candicans 
(adulte), L.; Enl. 462 ; Lesson, tr., p. 97, 
pl. 16, fig. 2; Revue Zool., 1839, p. 193; 
Nutt., 1, 51; Temm., t. sv, p. 9; Gould, 
pl. 22.— Jeune : Falco sacer, Gm.; le Sa= 
cre, Buffon, 1, pl. 24; Vieill., p. 1233; 
hab. l'Islande, le nord del’Amériane; Aiero- 
falco Groenlandicus , Brehm.; Hancock, 
Rev. Zool., 1839, p. 124; Gyrfulcon, Pen- 


nant; Arct. Zool., 1, 232; hab. le Groën-. 


land. 

62° Genre : IEnaciDEA, Gould (1837), hab. 
Australie. —210.Zeracidce berigora. Gould, 
proc., 1837, p. 140 et 1839, p. 113; Falco 
Berigora, Nig.et Hartf., Trans. xv, p. 180: 
hab. la Nouvelle-Galles du Sud. 

63° Genre : Farco, L.; ARhinchodon. 
Nitzsch (1810): hab. l'Europe, l'Afrique, 
J'Amérique, l'Australie et l'Océanie. 

Ÿ I. Europe et norû de l'AmÉRIQUE. — 
2144. Falco pe:egrunus, L.; le Pélerin, Enl., 
430 (vieux mäle), 421 (fem.), 470 (jeune) 
et 469 (jeune); Falco communis et stellaris, 
Gm. ; Vieillot, Faune francaise, pl. 13; 
Roux. pl. 29 et 30 ; Wilsou, pl. 76; Nuttal!, 
1,93; Audubow, pl. 16; Sw., N. Z., p. 23: 

tafles, cat. 13 : Falco cornicum , Biehm : 
Viaill., Eucycl., p. 1228 : hab. l'Europe, le 
nord de Amérique. la Malaisie. 

$ Il. ArriQue. — 212. Falco frontalis, 
Daudiu, t. 2, p. 118; Falco piscator, Gm.? 
le Tanasou faucon pécheur, Buff. ,enl. 478: 
Levaill., Af., pl. 28; Falco ga’ericulatus , 
Shaw; le Firas, Spanzin, Mém. Strasb, p. 19; 
Falco piscator, Vieill., Encycl., p. 1233 : hab. 
le Sénégal , le Cap de Bonne-Espérance et 
Madagascar. — 213. Falco tibialis, Dau- 
din, t. 11, 120 ; Shaw ; le Faucon à culotte 
noir,Levail.,Af. pl. 29; Viel., Enc.,p.1231. 
—214. Falco concolur, Temm., pl 350; 
Swainson, West. ,-Af., t. 13 p. 112, pl. 3; 
Falco arltestacus,Niellot, Encvel., p. 1233: 
hab. Sénégambie. — 215. Falco pelegrinoi- 
des, Temm., pl. 479 : hab. PAfrique. — 
216. Falco rufuscus, Sw., West, Af,, t, 1, 
p. 109 : hab. Sénégambie, 

(LIL. Amérique. — 217. Falco cucullatus, 
Sw., Ménag., p. 340 : hab. Brésil, île de 
la Trinité. 

$LV. AusrraLte et OGEANIE. — 918. Falco 
melanogenys, Gould, Proceed.(1837), p.139 
et (1839), p.113; Falco peregrinus, Vig. et 
Horsf., Trans. xv,p. 170 : hab. la Nouvelle- 
Galles du Sud. — 219. Fa!co hypolcucos , 
Gould. Proc., 1810, p. 162: hab. l'Austra- 
lie occidentale. — 220. Falco longipennis , 
Sw., Mén., p. 311: hab. Tasmanie. — 221. 
Falco macropus, Sw., Mén., p. 341 : hab. 
Tasmanie, — 222. Falco brunneus, Gould, 
Proceed. (1837), p. 139 : hab, Nouvelle- 


589 

élande. — 223. Falco australis, Homb. et 
Jaqg., Ann. sc. nat., t. xvi (1841), p. 312: 
hab. Otago, au sud de La Nouvelle-Zélande 
et l'île Auckland. 

63 Geure : Denprorauco, Ray; Brisson, 
t.1, p. 379; Aypotriorchis, Boié : hab. Eu- 
rope, Asie, Australie et Amérique. — 221 
Dendrofulco subbuteo, Gray, p. 3; Hipo- 
triorchis su! buteo, Boié; Falco subbuteo, L.; 
Naum., pl. 27; Proc. (1839), p. 130; /e 
Hobereau, Buff., pl. 432; Falco hirundi- 
num, Brehm, p. 64; Roux, pl. 33; Vieill., 
Encyel., p. 1231 : hab. toute l'Europe. — 
225. Dendro/falco Eleonoræ, Géné, Àc. de 
Turin (3 mars 1839); Rev. Zool. ( 1839), 
p. 105 : hab. la Sardaigne. — 226. Den- 
dro falco; Lithofalco; F'a'co lüthofalco, L.; 
Le Rochier, Buff., Enl. 447; Vieill., Encycl., 
p.1230 : hab. l'Europe. —227. Dendro- 
falco severus; Falco severus, Horsf., Zooi. 
res.,t. xur, p. 135; Fa'co Androvanit, 
‘Temm., pl. 128 : hab. Java. — 228. Den- 
drofalco frontatus ; Falco frontatus, Gould, 
proc. (1837), p. 139 : hab. la Nouvelle- 
Galles du Sud. — 229. Dendrofalco Regulus; 
Falco Regulus, Pallas, It. ,t. 11. p.707; 
Vieillot, Éneycel.. t.111, p.1237; Hypotrior- 
chis Regulus, Boié : hab. Sibérie. — 230. 
Dendrofalco femoralis; Falco femoralis , 
Temm., pl. 383 et 121; Hypotriorchis fe- 
moralis , Boié; l'Alconcillo, Azara, n° 49, 
d'Orbis., Am., p. 116; Falco aurentius, 
var., Lath., esp. 417 : hab. Brésil et Para- 
guay.— 231. Dendrofalco aurentius; Falco 
aurentius. Lath.; Vieill., Encycl., p. 4237; 
Hypotrior chis awrantius,Boié : hab. Guyane. 
— 232. Dendrofalco deiroleucus ; Fako 
deiroleucus , Temm., pl. 348 ; Falco thora- 
cicus , Uliger; Fypotriorchis deiroleuchus, 
Boié : bab. Brésil. 


64° Genre : Lanarius, Brisson, Ornith., - 


t.1. p: 363 (Tarses très courts) : hab. le 
nord de l’Asie et de l'Europe. — 233. La- 
narius vulgaris; Falco lanarius, Latham ; 
le Lanier, Buff., t. 1, p. 243; Vieill., En- 
cycl.,p. 1232, Falco stellaris, Gmn , Temm., 
Maw., t, 1. p. 20 : hab. Asie ; de passage en 
Pologne, Russie, Islande, Hongie. 

65e Geure : ÆsaLon, Brisson (1760), t, à, 
p. 382; Kaup(1829) : hab. Europe et Amc- 
rique septent. — 234, Æsalon vulgaris ; 
Falco æsalon, L.; Temim., Man.,t.r1.,p. 27; 
Falco lythofalco, Gm.; le Rochier, Buff., 
Enl.447 ; Hypotriorchis æsalon, Boié; pro 
ceed., (1839), 119; Swainson, N. Z.. p. 37, 


_pl. 25 et fig. 67 (sur bois); Falco æsalon et 


subæsalon, Brehm : hab. l’Europe, le nord 
de l'Amérique. 


De 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS CHIMIQUES. 


Moyen de coller Le papier; par M. Th. Mid- 
dleton, ingénieur, à Southwark, comité 
de Surrey. (Patente anglaise d'importa- 
tion. 


Le breveté décrit ainsi son procédé : 

On prend 50 parties de résine pulvérisée, 
100 parties d’eau et la quantité de soude ou 
de potasse nécessaire pour que la dissolu- 
tion marque 100° à l’aréomètre de Baumé. 
Lorsque la liqueur alcaline bout, on y pro- 
jette peu à peu la résine, et l’on remue 
bien le mélange pendant cinq à six mi- 
nutes, en prolongeant même l'agitation 
un peu plus longtemps, s’il est nécessaire. 
On laisse ensuite le tout se refroidir, on 
décante la liqueur excédante et l’on trouve 
au fond de la chaudière le produit rési- 


neux qui présente, en quelque sorte, les 
caractères d’un savoa blanc, et qui na 
plus besoin que d’être étendu jusqu'à la 


consistance d'une colle propre à être mêlée 


avec la pâte de papier. C’est ce que l’on ef- 
fectue en versaut 8 parties d’eau bouillante 
sur une partie du produit; on y ajoute 
eusuile une quantité convenable d’alun. 


La colle ainsi préparée ne contient que 
la proportion exigée de potasse. et l'on peut 
immédiatement la mêler avec la pâte, en 
employant la méthode ordinaire ou la sui- 
vante, comprise par l’auteur dans son bre- 
vet. Cette seconde méthode consiste à in- 
troduire la colle dans un réservoir séparé, 
d’où elle coule par un tuyau garni d’un 
robinet et d’un régulateur. qui permet d’en 
modérer l’arrivée selon le degré de collage 
que l’on veut donner au papier. 

À l’extrémité du vaisseau où la colle est 
contenue, on fixe uu cylindre qui renferme 
un flotteur sphérique dont la tige traverse 
le haut de ce cylindre et est liée avec le 
robinel qui communique avec le vaisseau 
dont il vient d’être question. La colle se 
maintient ainsi au même niveau dans ces 
deax vases. Au fond du cylindre, est fixé 
un autre robinet, lié à une aiguille servant 
d’index, et à un cadran destiné à régler 
l’écoulement. La colle, en sortant du cy- 
lindre, tombe dans une auge où se rend la 
pâte, avant de parvenir à une bâche dans 
laquelle se meut un agitateur, monté sur 
un axe horizontal. Cet agitaleur e;t com- 
posé d’un certain nombre de rayons ou 
palettes qui poussent la pâte contre plu- 
sieurs saillies élevées au fond de la bâche, 
ce qui la mêle complètement avec la colle. 
Le toul parvient ensuite à la machine à 
papier. Les avantages de cette méthode 
consistent, dit le breveté. en ce que la pâte 
sort non collée du réservoir, et se mélange 
avec la colle en proportions très régulières 
ét variables à volonté, avant d'entrer dans 
la machine à parier. 


Encollage des chaines pour les tissus; par 
M.J. Andrew jeune, manufacturier, à 
Manchester. (Patente anglaise). 


Le breveté emploie, au lieu de la farine 
de blé, la fécule tirée des pommes de terre 
ou «es autres végétaux analogues; il dit 
que cette substance a été, il est vrai, appli- 
quée à cet usage, mais sans aucun avan- 
tawe, ce qu'il attribue aux vices des pro- 
cédés que lon a suivis, et il ajoute que, 
jusqu’à présent, la fécule a toujours perdu, 
avant l'emploi, les propriétés que l’on y 
recherchait. 

Il opère de la manière suivante : 


Au lieu de préparer à la fois de grandes 
quantités de fécule, dont la consommation 
se prolonge, ce qui en altère la qualité, il en 
fait prendre par chaque ouvrier seulement 
autant qu'il en faut pour le moment pré- 
sent, et la fait employer immédiatement, 
avant qu’elle ait pu se refroidir. Le vais- 
seau où l’on met la fécule dans cette ma- 
chine doit être doublé de laiton. Tout le 
procédé consiste donc à mêler ainsi de 
petites quantités de fécule et d’eau chaude, 
et à s’en servir sur-le-champ. Les effets en 
sont évidents à la première vue, dit le bre- 
veté, et l'on est frappé de la propreté, de la 
régularité et du fini des chaînes, ainsi que 
de la facilité avec laquelle on peut ensuite 
exécuter le tissage, surtout lorsque l'on 
compare les résultats à ceux que l'on 


591 


obtient par l'usage de la farine de fro- 
ment. 

L'auteur dit que, outre les avantages 
dont il vient d'être question, il obtient un 
bénéfice de 70 pour 100 sur la matière 
première, et une diminution notable sur 
la main-d'œuvre. (Journal des usines.) 


ARTS MECANIQUES. 


Filatures anglaises. — Wanchester. 


Les Anglais divent leur supériorité in- 
dustrielle à la fécondité de leurs mines de 
cuivre, d’étain, de plomb, de fer, à la 
beauté et au grand nombre de leurs trou- 
peaux; mais leur génie dans l''mploi de 
ces matières est encore plus remarquable 
que leurs richesses. Sans les expériences de 
lord Dudley. que seraient leurs houille- 
res? Sans l'invention des filatures et des 
cardes sans fin, où en serait cet emploi si 
merveilleux de la laine et du coton? 

C’est en 1733, dans un petit village près 
de Lichfield, qu’un ouvrier cbscur, John 
Wyatt, obtint, par des moyens mécani- 
ques, le premier écheveau de fil de coton 
qui ne soit pas dû aux doigts d’une fileuse; 
et c’est à un perruquier de Breston, Richard 
Arkriwght, que l’on doit le banc à broches 
et la carde sans fin. Quelques années plus 
tard, James Hargreaves dotait son pays du 
Spinning-Jenny (Jeanne la Fileuse), cette 
invention qui a servi de modèle au Mule= 
Jenny, le dernier perfectionnement de lart 
du tisserand. 

En 1369, Watt, qui fabriqua le premier 
une machine à vapeur, introduisait en An- 
gleterre le blanchiment au chlore, dont il 
tenait la recette du français Certhollet; et 
en 1785, l’écossais Bell, trouvait le moyen 
d’imprimier les étoffes au cylindre sans fin. 
C’est alors que l’on vit toutes les industries 
se grouper autour du tissage; des cordon- 
niers, des chapeliers, des menuisiers, des 
charrons, etc , venir apporter le tribut de 
leur vocation au perfectionnement des fila- 
tures. 

Une manufacture à Manchester a ordi- 
nairement sept étages : au rez-de-chaussée 
sont les bureaux et les comptoirs, ce que 
l'on appelle la factorie. Les étages sont gar- 
unis de cellules où se tiennent les ouvrières, 
Le coton passe du batteur-eplucheur au 
batteur-étaleur ; il est porté à la cazde qui 
le laisse échapper en un souple et léger ru- 
ban, lequel est formé en mêche grossière. 
bar le banc à broc'es, pour ensuite être 
transformé en un fil délicat par le Afule- 
Jenny; de là il passe enfin du dévidoir à 
l'ourdissur et au métier mécanique. Les 
machines des usines de Manchester sont or- 
dinairement de la force de 80 à 120 che- 
vaux. Chaque manufacture en a deux pour 
éviter les chômages. Le personnel s'élève 
de 1,000 à 1,400 individus. 

Eu 1833, un ouvrier fileur pouvait pro> 
duire dans les filatures de Manchester 16 
livres de coton filé de 200 Ccheveaux à Ja 
livre, avec des Mules-Jennys de 300 à 324 
broches, en travaillant 69 heures par se- 
maine, et gagner 67 fr. 50 c.; Depais 
1833, la puissance des Mules-Jennys ayant 
doublé, un fileur anglais gagne jusqu'à 
96 fr. 65 c. par-semaine, 

Les principales fabriques d'Angleterre 
sont situées dans le comté de Lancastre, En 
1700, la population de cette province était 
de 166,200 âmes, eten 1831, de 1,336,854. 

La seule paroisse de Manchester a vu 
s'éleversa population, qui était en 1774, de 
41,032 âmes, à (en 1831) 270,961. 


592 


Les manufactures de coton 
Georges III, occupaient 40,000 individus, 
dornent aujourd'hui le moyen à un seul 
homme de produire autant de coton filé 
que 250 ou 300 en eussent produit aupa- 
xavant, et procurent de l'occupation à 
1,500,000 âmes, c’est-à-dire 37 fois plus 
de monde qu'avant leur création. 

(Societe polytechnique.) 


qui, sous 


DKEe 


AGRICULTURE. 


Note sur la culture du cotonnier dans le 
département de l'IZerault. 


Plusieurs journaux ont annoncé, il y a 
quelques mois, les merveilleux succès de la 
calture du coton dans nos départements 
du midi. S'il fallait les en croire sur parole, 
un riche avenir serait trouvé pour l’agri- 
culture. Malheureusement les phrases les 
plus pompeusement hyperboliques ne peu- 
vent rien contre l'expérience, Toujours 
elle. finit par avoir raison. Les passages 
suivants que nous extrayons d’un rapport 
de M. Félix Dunal à la société centrale d’a- 
griculture de l'Hérauit, donnent une nou- 
velle force à cette vieille vérité. 

« Sans nous occuper du degré de con- 
fiance qu'on doit accorder aux aut urs ano- 
nymes des articles de quelques journaux, 
il est de notre devoir de prémunir les per- 
sonnes qui, sur la fois de ces articles, vou- 
-draient se livrer à des eisais inconsidérés 
de la culture du cotonnier. 

» Nous rappellerons d’abord, qu’à l’é- 
poyue du blocus continental, Napoléon 

aurait désiré que a culture du cotonnier 
pût s’'introduire dans le midi de la France. 
De nombreux essais de culture du coton- 
nier herbacé (gossypium herbaceum), Ves- 
pèce que l’on considère comme celle qui 
a le plus de chances de succès dans nos cli- 
mats, furent faits dans le midi de la France 
par les agriculteurs éclairés désireux d’ob- 
tenir un succès qui aurait attiré sur eux 
l'attention et peut-être les faveurs de 
l'homme puissant de cette époque : tous 
ces essais furent infructueux. 

» L'an dernier, M. P. Andriel persuada 
à un propriétaire éclairé de cette ville, 
M. Mure, ancien sous intendant militaire, 
que le cotonnier de la Louisiane devait 
avoir ici un plein succès. Ce propriétaire, 
honime de bien et ami de progrès réels, se 
laissa si bien persuader, qu'il résolut de 
faire en grand un essai de culture dn co- 
tonnier de la Louisiane dont M. P. Aniriel 
lui vendit des graines. Je cherchai à le dis- 
suader, ou du moins à l’engager à ne faire 
ces essais que sur une petite échelle, at 
tendu qu’à ma connaissance, il m'était pas 
probable qu’il obtint aucun succès. Il ne 
renonça pas à son projet; mais au lieu d'y 
consacrer plusieurs hectares, comme il 
l'avait d’abord projeté, il ne fit son essai 
que sur 25 ares. Ce terrain bien préparé 
et semé à la fin d'avril en cotonnier de la 
Louisiane, d’après les isstructions qui lui 
avaient été donnéees presqueaucune graine 
n’a levé. Cette expérience a eu lieu à En- 
gasé, près de la Bruyère, département du 
Tarn. 

» À la même époque, M. Surdun et 
M. Pellie ont fait des semis analogues dans 
leurs jardins à Montpellier, et n’ont pas 
obtenu plus de succès. 

» J'avais prévu ce résultat, et j'avais dit 
que, pour avoir quelque légère chance de 
réussite, il fallait semer les graines au 
mois de janvier on de février, sur couche 


——_—_—_——_——— À, 
——_— 


393 


etsous châssis, les repiquer de la même 
manière pour porter ensuite les jeunes 
plautes en pleine terre an mois de mai, à 
l’époque où, dans nos pays on wa plus à 
craindre de gelées tardives. Pour savoir ce 
qu’on pouvait attendre de cette culture en 
prenant toutes ces précautions, j'ai fait 
semer, l'an dérnier, une cinquantaine de 
graines de cotonnier de fa Louisiane au 
mois de février, sur couche, dans une 
des bâches du jardin du Roi; la moitié 
de ces graines seulement a levé; J'ai fait 
repiquer les jeunes plartes au mois de 
mars, chacune dans un vase, toujours sur 
couche et sous châssis. Au mois de mai, 
20 à 25 de ces jeunes plantes ont été mises 
en pleine terre, dans un bon terrain bien 
préparé et ont été cultivées et arrosées tout 
l'été. Ces plantes ont acquis un mètre et 
demi d’élévation ; elles étaient fortes, bien 
ramifiées et ont bien fleuri; aux fleurs, ont 
succédé des capsules nombreuses ; de sorte 
qu'au mois d'octobre chaque pied portait 
plus de cent capsules vertes de divers âges. 
Sur tous mes cotonniers quatre capsules 
seulement se sont ouvertes et ont donné 
une récolte. Toutes les autres, un matin, 
après une nuit froide, se sont trouvées flé- 
tries avant leur maturité, ainsi que les 
plantes qui se sont bientôt desséchées et 
qu’il à fallu arracher. 

» Ainsi, à la suite de soins bien 
et dispendieux, le produit de 25 pieds de 
cotonniers, qui aurait dû être de quelques 
kilogrammes, l’a été à peine de quelques 
grammes. 

» Qu'on juge, d'après cette expérience 
soigneusement faite et d’après le résultat 
infractueux de tous les essais qui ont été 
faits an‘érieurement, de ce qu’on doit pen- 
ser de ces prétendus résultats merveilleux, 
annoncés Sans preuves par quelques jour- 
naux. Ges annonces sont, ou l'ouvrage 
d'hommes prévenus qui mettent à la place 
de a réalitéles rêves defeur imagination, ou 
celui despéculatenrs qui, ayant degrandes 
provisions de graines de cotonnier, vou- 
araient les vendre à des dupes. Quoi qu'ilen 
soit, nous remplissons ici un devoir, en pré- 
munissant conte des indications décevartes 
les agriculteurs zélés qui, sur la fois de ces 
publications, voudraient se livrer à de nou- 
veaux essais ont l’ipsucéès ne peut être 
douteux. » 


entendus 


HORTICULTURE. 
Descriprior d’une brouette co xposée, ou 
b'ouette jardinrère. 

Cette brouette, quoique d’une construc- 
tion simple et légère, se compose de huit 
iustruments divers, qui tous peuvent fonc- 
tionner ensetmble on séparément. 

Ces instruments sont : 1. une brouette- 
tombereau à bascule; 2. une brouette à 
civière ; 3. un rouleau pour tasser le ter- 
rain des plates-banides et des planches de 
semis; 4. une charrue pour ratisser les 
aMées ; 5. un rateau ; 6. uu arrosoir ; 7. une 
échelle double; 8. une échelle simple. 

La brouette-jardinière est propre à char- 
rier de la terre, du sable, des bottes de 
paille où de foin, des fagots, ete.; elle est 
destinée à arroser, ratisser et râteler les al- 
lées ; à rouler les plates-bandes ou les plan- 
ches de semis pour applanir le terrain; 
elle peut servir aussi à la récolte des fruits, 
à la taille des arbres, enfin à ia construc- 
tion des pallissades. 

Le rouleau qui sert de roue à cette 
brouette fait qu'elle ne peut pas verser 
comme la brouelte à une roue, qu’elle 


94 


donne beaucoup moins de fatione À celui 
qui la mène, parce qu'il n’a que celle de 
tirer on de pousser et qu'il wa pas besoin 
de la tenir en équilibre. Un autre ayan- 
tage, e’est que le rouleau ne-fuit point d'or- 
pières dans les jardins, mais qu'au con- 
traire il applanit et affcrmif les allées et les 
gazons. 

Le tombereau est disposé de manière à ce 
que les neuf-dixiémes de Fa charge sont 
pour le rouleau, en sorte qu’un enfant de 
douze ans peut facilement mener la brouette 
chargée. Ce tomhereau se vide sans effort, 
en lui faisant faire la bascule. 

En ôtant un seul boulon, on enlève le 
tombereau et l'on a alors une brouette à 
civière. 

La charrue à ratisser les allées sert de 
pieds à la brouette. Cette charrue, dont le 
fer est dans une direction Gblique, est très 
facile à manœuvrer eét'eoupe bien toutes 
les racines, le râteawSifitile fer et ramasse 
les grosses herbes ,’u@ on jette à mesure 
dans le tombereau. 

On peut enlever facilement la charrue et 
le râteau , il suffit pour cela d’ôter un bou- 
lon et deux ciavettes. 

Cet appareil enlevé ainsi que le tombe- 
reau, il reste la brouette à civière, qui, à 
moitié déployée, forme une échelle double 
dunt l'écartement est maintenu par une 
tringle en laiton: déployée entièrement, 
elle présente ane échelle simple, solide et 
légere, lorgue de quatre metres et même 
davantage. 

La brouelte-jardinière et les différentes 
pièces qui la composent sont représentées 
d'une manière très exacte dans la planche 
ci-jointe, et, avec leurs proportions, il sera 
facile de la faire exécuter d'apres le dessin. 

L’échelle de proportion est de 5 centi- 
mètres pour { mètre. 

La légende süivante servira d’ailleurs à 
eu faire connaître tous les détails. Figure 
première. A Rouleau servant de roue à la. 
brouctte. Z Axe du 
routeau.C'Tombereau 
à-baseule, D Axe du 
tombereau. Æ Lignes 
de points indiquant la 
position du tombereau 
“lorsqu'on le fait baseu- 
{ler pour le vider. FF 
# Train de la brouette 
formant une brouette 
Acivière lorsqu'onaen- 
levé le tombereau, et 
formant les échelles 
lorsqu'on aôté la char- 
rue à ratisser. G Bou- 
lon unissant les deux 
parties du train. 4H 
Pointes de fer pour 
fixer en terre l'échelle 
double et l'échelle simple. £ Mancherons 
de la brouette. J Charrue à ratisser. Æ Mor- 
taises servant à fixer les tiges de la charrue 
au moyen de clavettes: Ces maortaises sont 
percées de plusieurs tous pour donner ou 
ôter à volonté du fer à la charrue. £ Rà- 
teau. AZ Boulon servant à fixer le râteau. 
N Boulon à écrou servant à fixer la char- 
rue avec le rlteau. O Arrosoirquiest placé 
au fond du tombereau et qui se ferme à 
volonté au moyen d’une soupape. R Tiges 


tournant dans le train et servant, au moyen | 


d’une clavette qui les traverse, à fixer en- 
semble les deux parties du train qui I0r- 
ment l'échelle double. Ces tiges servent 
aussi À tenir l'échelle simple écartée du 
mur pour ne pas abimer l'espalier. 


595 


Figure deuxième. — P Tringle servant . 


à tenir l’écartement de l'échelle double. — 
| Pour les autres lettres, voir la légende de 


| la fig Îre. 


Figure troisième. — 11 Les mancherons 
servant d’arc-boutants sur un 
écheton pour tenir solidement 
l'échelle simple ouverte. Q(Q 
—|le Plaque de fer empêchant le 
rouleau, d’amasser de la boue. 
Lorsqu'on . applique léchelle 
simple pour s’en servir, le rou- 
ff leau est en bas. RR Extrémités 
des tiges qui servent à ména- 
ger les espaliers lorsqu’on ap- 
x plique l'échelle sur les murs. 
Pour les autres lettres, consul- 


Le ter la légende de la fig. 1°. 


Jons à écrou 
servant à fixer 
lacharrue à ra- 
l|_tisser avec le 
4! râteau.— Pour 
les autres let- 
tres, consulter 
la légende de 


+ 


si on les achetait séparément. 


Nous croyons donc rendre un véritable 
service aux propriétaires de parcs et de 


grands jardins en la faisant connaître. 
TD HP Ke 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ETF 
POLITIQUES. 


Séance du 25 mars 1845. 


L'Académie reçoit plusieurs ouvrages 
parmi lesquels nous avons remarqué un 
rapport au roi sur l'instruction secondaire 
et une collection de pièces inédites sur 


l’histoire d'Espagne. 


Une communication très importante a 
| été faite aujourd’hui à l'Académie par 


M. Dureau de la Malle. C'est un aperçu 
d’un budget normal pendant la période 
| Décennale qui suivit l’avénement d'Oc- 
| tave. Du temps de Sylla les dépenses pu- 
bliques à-Rome s’élevaient à une somme 
égale à 50 millions de notre monnaie ac- 
tuelle, Après les conquêtes de Pompée, 
elles s'étaient augmentées de 80 millions, 
elles comprenaient les frais de guerre et 
de poste, les secours aux pauvres; tous les 
autres services publics étaient à la charge 
des communes. Ces 130 millions étaient 
fournis au trésor par les impôts, qui, chez 
les Romains comme chez nous, étaient par- 
tagés en directs et indirects, A l’époque du 


Figure quatrième.—NN Bou- 


Ja fig. re. — La brouette-jar- 
dinière, outre les avantages ex- 
posés ci-dessus, a encore celui 
L 2/4 » : pr . 
d’être d’un prix modéré, puis-= 
? 5 . y. A ) 
qu'on peut la faire exécuter pour 70 à 80 f., 
somme avec laquelle on n'aurait pas la 
moitié des instruments qui la composent 


596 


second triumvirat, le budget de l'Etat se 
trouvait accru de 69 millions et se trouvait 
ainsi de 480. Les détails qu’a donnés 
M. Dureau de la Malle sur les impôts de 


Rome à cette époque, sont d'autant plus. 


curieux qu'ils étaient plus ignorés et que, 
pour en donner un aperçu exact, il ne fal- 
lait rien moins qu'une immense érudition 
et une patience infatigable. 

Dans toute l'Italie les citoyens romains 
étaient exempts de l'impôt foncier; ils ne 
le payaient que dans les provinces. Quoique 
cet impôt fut trés modéré, il n'était cepen- 
daut pas soumis à une assiette invariable. 
Sa quotité changeaitd’uneprovinceàl’autre, 
et toujours était subordonné aux calculs 
de la politique. Ainsi, sous Auguste, l’É- 
gypte et les Gaules se trouvaient #1 peu 
chargés, que chacune de ces provinces ne 
paÿaient que 8 millions par an. 

Les droits des douanes, ainsi que Îles 
impôts sur les objets de consommation, 
étaient très modérés, mais ils s’étendaient 
sur tout. Quant à la taxe sur les comes- 
tibles, c'était une taxe municipale, qui, 
d’après le témoignage de Suéton, de Pline 
et aussi des médailles venues jusqu’à nous, 
ne se percevait qu'à Rome et sur les comes- 
tibles vendus dans les marchés. 

L'impôt du 100° et celui du 20°, perçu 
sur les legs et les successions rentraient 
dans la caisse au profit des soldats. Quant 
à celui qui avait été fixé en 398 sur la 
vente des esclaves, et qui, aboli pendant 
quelque temps, fut rétabli par Auguste; 
il servait à l’entretien des Vigiles. Cet en- 
tretien coûtait 200,000 fr. à la viile. 

Enfo, de 721 à 732, période de temps 
sur laquelle M. Dureau de la Malle a porté 
ses investigations, la recette du trésor 
était de 300 millions. Le produit des doua- 
nes eutrait dans cette somme pour 123 
millions. Dans ce chiffre ne se trouve pas 
compris le revenu du domaine privé d’Au- 
guste qui, de 708 à 765, recueillit des suc- 
cessions pour la somme énorme de 360 
millions. 

La recette du gouvernement central 
s'élevait, comme nous l'avons dit, à la 
somme de 300 millions. Elle était à peu 
prés absorbée par les dépenses. Ces dé- 
penses comprenaient ja solde de l’armée de 
terre, la retraite des vétérans, lesfrais d’admi- 
nistration civile etdes postes, les traitements 
des proconsuls, la nourriture des citoyens 
indigents dont le nombre était au-delà de 
200,009. Les fêtes, les constructions, l’entre- 
tien des cirques et des temples, ct même 
de la maison d'Auguste, entraient égale- 
ment dans le chapitre des dépenses du gou- 
vernement central. 

Enterminant sa communication, M. Du- 
reau de la Malle a porté à la connaissance 
de l’Académie un fait bien précieux pour 
l’histoire de l’époque la plus belle de l’em- 
pire romain. On vient, a-t-il dit, de décou- 
vrir un monument de pierre, qui, lorsque 
les inscriptions qu'il renferme seront com- 
plétées, fournira la matière de 40 pages 
in-8 sur des faits inconnus et qui auraient 
été écrits par Auguste. 

L'intérêt qu’excite la communication de 
M. de la Malle nous fait attendre avec im- 
patience les Mémoires qu’il a annoncés sur 
les recettes et les dépenses des provinces 
et des communes. 

M. Bonnechose a été admis à lice un Mé- 
moire sur les caractères différents de la do- 
mination romaine dans les Gaules et dans 
la Grande-Bretagne. Dès les premierssiècles 
de Rome la Gaule fut en contact avec la 


997 


république ; après les guerres vinrent les 
alliances, et avant les établissements que 
le peuple roi fonda autour de Marseille la 
Phocéenne, plusieurs Gaulois avaient ob- 
tenu, avec le titre de citoyen , le droit de 
s'asseoir sur les chaises Curules. Il n'est 
donc pas étonnant que la domination ro- 
maine, qui fut subite, instantanée dans la 
Grande-Bretagne, ait trouvé plus d’obs- 
tacles dans ce pays, et que ce soit du mi- 
lieu de ces insulaires vaineus et non intro- 
duits par g'adation dans la civilisation 
romaine, que se soient élancésles hommes 
qui les premiers disputérent à l'aigle impé- 
riale la souveraineté du monde. Cette ob- 
servation judicieuse a amené M. Bonne- 
chose à parler del'établissementdesanciens 
Bretons sur cette partie des Gaules, qui en 
a retenu leur nom primitif, et a présenté 
quelques observations sur le caractère de 
ses habitants. 

La levée de la séance n’a pas permis à 
l’auteur de terminer sa lecture. Nous ren- 
verrons au compte-rendu de la séance où 
il continuera les détails que nous ne pour- 
rions donner aujourd'hui que d’une ma- 
nière incomplète. C.-B. F. 


ARCHÉOLOGIE. 


Cauton de Gémozac, arrondissement de Saintes: 
(Charente-{nf.) 


COMMUNE DE SAINT-SIMON-DE-PELLOUAILLE: 
Saint Simon, l’apôtre Galiléen a été sur- 
nommé le Cananite et prêcha l'Evangile 
dans la Lybie et dans l'Egypte. Pellonaille 
est la traduction romane de pellis ovis, 
canton fertile en toisons, où les brebis sont 
élevées en abondance. Encore aujourd’hui 
les habitants de cette commune sont re- 
nommés par leur commerce de bestiaux et 
surtout de moutons. 

La parfaite conservation de l’église de 
Saint-Simon , rend cet édifice religieux in- 
téressant pour l’archéologie, car c'est un 
curieux échantillon de larchitecture ro- 
mane, de la fin du XI: siècle, Les angles de 
la façade sont coupés en biais, formés qu'ils 
sont par deux assises de colonneslengueset 
grêles, terminées par des chapiteaux cou- 
verts d’entrelacs. La première assise est 
presque en totalité occupée par un vaste 
portail reman, à trois voussures en volute, 
encadré sur le grand archivolte par un 
tailloir saillant. Les plates-bandes des vous- 
sures sont couvertes de palettes, de perles 
de lozanges , d'étoiles tribules, etc. , etc. 
séparés par des tores et par des moulures. 
Cette profusion de détails, empruntés au 
goût byzantin, annonce le faire de la fin du 
XI° siècle. Une console sans modillons 
mais couverte de rinceaux, sépare la pre- 
mière assise de la seconde. Celle-ci présente 
une série de plein-cintres à clavaux aplatis, 
et ayant un tailloir dentelé à l’archivolte. 
Les deux plus extérieurs appuient sur des 
jambages et tous les autres finissent en im- 
postes. Un fronton triangulaire termine Ja 
façade, mais anciennement elle se terminait 
carrément par une consolle appuyée sur 
des corbeaux unis. 

Les côtés de la nef ont conservé quel- 
ques fenêtres romanes, à tailloir en saillie 
sur leur cintre. Sur un socle massif et 
et carré, que décore une arcature de pleins 
cintres romans, bouchés et à clavaux unis 
est établie une masse octogone, peu élez 
vée, coiffée d’un pyramidion à 6 pans, c’est 
le clocher dont les ouvertures ‘ont été re- 
faites. On se rend au clocher par une petite 
galerie fermée, qui part d’une construc- 


298 


tion presque aussi élevée que lui et dans 
l'intérieur de laquelle est un escalier à vis. 
Un toit en pierres imbriquées recouvre celte 
portion de l'édifice. quiest quadraugulaire 
etsans oraementation, L’abside a été rasée, 
COMMUNE DE Tanzac : {anza, escorte : 
Âieu den, 2tection, dans la basse latinité. 
Pi. Re de à 
‘Cette commu.” POoSsède les ruines de 
deux châteaux-forts détruits dans les 
‘guerres civiles. 
9 IR PE in.C’e 
Son éplise-est dédiée à saint Satur»" "72 £SÈ 
une vraie basilique du XI°siècle, qr à Atiecte 
Me tes 
importance de Tanzac dans le Dr rare 
Saint Saturnin décrit une er . 28€ 
ARR - vix latine, 
ayant une abside à lorient. ” Il 
RS deux chapelles 
hémisptieriq ne les bras , et le 
-élocher assis sur Île c 
La façade est ds 
sont amortis p?' rd 
qui s'élèvent 
pertail 0” 


A1œuTr. 
-s plus simples, ses côtés 
e longues colonnes grèles 
- jusqu’à la consolle. Un vaste 
de ccupe toute la moité inférieure. Il 
est à” oussures concentriques, n'ayant sur 
Sel périmètre que de simples rinceaux, et 
“qui appuient sur des consolles obliques. La 
fenêtre est romane , encadrée d’un tailloir 
que soutienuent des modillons. Un fronton 
triangulaire uni couronne le tout. 

Les bras ont conservé leur forme primi- 
tive, etil en est de même d’une des cha- 
pelles terminales des bas côtés. L’apside 
est hémisphérique, ayant des contre-forts 
minces et plats et un entablement garni de 
modillons saillants. Un cordon la contourne 
dans le haut et encadre les cintres des 
baies, petites et étroites, qui l’éclairent. 

Le elocher est bas, épais, massif, et ré- 
gulièrement carré. Son socle a deux plein- 
cintres bouchés , et sa deuxième assise 
présente aux angles, dans le milieu, des 
colonnettes fort grêles. Chaque face est 
percée de deux baies ogivales. à lancettes, 
du XIe siècle. Une toiture plate, à quatre 
égoûts, le recouvre. À droite s'élève un 
massif perpendiculaire et carré. percé d’ou- 
vertures sans caractères, et qui sert de 
cage à l’escalier. 

Tanzac possède une croix ou phanum 
des plus curieuses. Sur nn tertre enveloppé 
d'un petit mur circalaire, appuie un socle 
à trois gradins et à six pans, que surmonte 
un fût épais et massif , creusé de quatre 
niches , où ont dû être placées des statues 
qui n'existent plus. Ces niches sont bordées 
de filets et de colonnes prismatiques, qai 
décrivent des ogives alougtes ctsurbaissées 
au sommet, ayant des pinacles aigus à leurs 
angles. La colonne s'étrangle, pour s’élar- 
gir ensuite en chapiteau couvert de palmes, 
et portant une tête d'ange sur chaque face. 
Une croix épatée et massive surmonte ce 
chapiteau. Cette croix date évidemment du 
règne de Charles VIT, dont elle rappelle le 
style d'architecture. 

CommuxE pe TEsson : taisson, de Taxus, 
blaireau , taisson. Son église dédiée à 
saint Grégoire, est, dit-on, vaste et belle. 
Je ne l'ai point visitée. Le vieux castrum 
de Tesson a été rebâti au XVI: siècle. Le gé 
néral marquis de Monconseil, fouda en 1777 
un hospice qui fut supprimé en 1793. 

Commune DE Taaims : de taind-land, terra 
tani, la terre du tan, oa terre noble. Les 
Saxous appellaient {hainus, thanus un sei- 
gneur, et ce nom se relrouve chez les Da- 
nois. Thaims a donc été un de ces ba- 
meaux temporaires, créés par les pirates 
saxons pendant leurs expéditions pillardes 
sur nos côtes, À l'étymologie du nom vient 
se joindre, proche le village, la présence 
d’une tombe!le bien conservée, distante de 
Thaims d’une centaine de mètres, ctqu'on 


599 
vient de surmonter d’un moulin à vent. 
Coumune pe ViroLer : le nom du ha- 
meau vient de v'riæ celticæ (Pline); viroles 
faites par les Gaulois avec les spina cervina, 
etnommées par les Gallo-Romains victoria, 
fibula. 
Proche Virollet, sont les ruines de l’an- 
cienne abbaye de Masdior, de l’ordre Ge 
A An D S . ÿ 
Saint-Benoit { Callia Christian), Mas lion 


Se trouve ÉCTIE Tasdio dans le visites char 
tes. #2 ECRUNS = aUauiCS Ci 


, & a brillé dans les XIVe et XV: siècle. 
Les ruines de cette abbaye occupent les 
bords de la Seudre. 

Comuone pe Viccars: villaris chtz les 
Gallo-Romains signifiait villa dans les bois. 
Une charte de 990 mentionne le don fait à 
l’abbaye de Saint-Cyprien par le clerc Ro- 
bert, de terres, bois, serfs , situés dans la 
viguerie de Briou , aux villages appellés 
Falgeriolns et Villaris, Quelques écrivains 
font découler le nom de villars des mots 
villa et arx, village sur une hauteur. Ce 
hameau occupe en effet un point culmi- 
nant. 

Du vieux chàteau de Saint-Mathieu il 
ne reste plus qu’une fabrique du X VI: siè- 
cle et une tour, rasée au sommet. Ilappar- 
tenait à la maison Gombaud du Périgord. 
Non loin est un terrain qui porte le nom 
de Champ-de-Bataïlle. 

Son église est bien conservée. C'est un 
édifice roman du XII: siècle, ayant des co- 
lonnes groupées aux angles de la façade, 
un vaste portail à cinq voussures en volute, 
et deux petits partails , bouchés sur les 
côtés. Deux cordons, supportés par denx 
rangées de modillons coupent la façade, 
dont le haut n’a qu'une seule fenêtre à 
plein-cintre , ayant deux colonnettes aux 
angles et un tailloir sur l’archivolle. Les 
portails latéraux ont leur archivolte du 
style romano ogival. Les côtés de la nefont 
été restaurés. Le clocher est bas et carré, 
placé sur le cœur, et recouvert d’un toit 
plat. Ses fenêtres ont été restaurées et n’ont 
plus de caractères. L’abside a été rasée, Elle 
est remplacée par un chevet droit ayantau 
milieu une fenêtre ogivale du XV: siècle. 
Deux énormes contreforts de la même épo- 
que soutiennent la poussée des angles. 
Lesson. 


GÉOGRAPHIE. 


Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains 
espagnols. (Extraitdes Ann.des Foyag). 
(Troisième article, ) 

Les habitants du Yucathan reconnais- 
saient un seul Dieu qu'ils nommaient }unab- 
Cou. Us le regardaient comme tout-pais- 
sant et créateur de toutes choses. Cou signi- 
fie Dieu dans jieur fangue. Ce dieu avait un 
fils qui se nommait Hun-Fizamna où Fax- 
cohcamut. Is nomtimaïient le démon X'bilba. 
D’autres auteurs donnent à leur dieu prin- 
cipal le nom de Æirchahau, et disent que 
sa femme Fx-acal-voh avait inventé l'art 
de tisser le coton. Les Indiens attribuaient 
à Fizamma, leur fils, l'invention de l'éeri- 
ture. Il y avait aussi une déesse appelée 
1xkanleox ou la mère des dieux. La déesse 
Ixchebeleiax passait pour avoir inventé 
Vart de tisser des figures dans les étoffes. 
Ils atiribuent à la cclèbre magicienne 
FxchelVinvention de la médecine. Il yavait 
cependant un dicu particulier pour les 
médecins, nommé Cébolantium. Nochilum 
Ctait le dieu du chant; ils avaent divinisé 
un Indien noimmé Ainxooc, et l'adoraient 
comme dieu de la poésie sous le rom de 
Pirslintec. As y plagaicut aussi Auculkan, 


600 
un de leurs premiers rois, et un antre cé- 
lèbreguerrier, Cuk- Upacak ou visagede feu 
parce qu'il se servait dans les combats d’un 
bouclier de feu, Le dieu dela guerreétait 4h. 


Clug-Kak, et son idole était portée dans les 


combats par &uatre des principaux oapitai- 
nec 


Æ. Ziycuk, ou le feu vierge, avait été la fille 
d'un roi et était devenue la déesse des vier- 
ges. Les habitants du Yucathan croyaient 
aussi que les dienx qui présidaient aux 
quatre vents principaux, soutenaient le 
ciel sur leurs épaules. 11s l:s nommaient 
Zacal-Bacab, Canal- Bacab, Chachal- 
Bacab et Ekel-Bacub. Chac était le dieu de 
l’agriculture, et AZultum-Zu celui qui pré- 
sidait aux jours malheureux. En un mot, 
il yavait un dieu pur chaque profession 
et pour chaque circonstance de la vie. Il y 
enavait aussides particuliers à chaque pro- 
vince. La principale idole de Campêche, 
que les naturels nomment Aimpech, s'ap- 
pelait Ainchauhutan. Celle de Tihoo, au- 
jourd’hui Merida,se nommait /schun-Caan. 
et celle de Cozumel, Ahhutane ou Ahhulneb. 
Il y en avait une autre en terre cuite et 
creuse en dedans, dans laquelle an prêtre 
se cachait pour rendre des oracles; les In- 
diens croyaient alors que c'était leur dieu 
qui leur parlait. Ils adoraient aussi leurs 
rois défunts et toutes sortes d'animaux. Ils 
croyaient que le premier homme avait été 
fait avec de la terre mêlée à de la paille 
hachée, que la terre avait formé la chair 
et les os, et la paille les cheveux et la 
barbe. 

On sacrifiait, dans le Yucathan, des vic- 
times hümaines, de la mème manière qu’à 
Mexico ; mais il ÿ avait aus-i des sacrifices 
particuliers que l’on ne voyait point ail- 
leurs. On regardait l'ile de Cozumel, dont 
le véritable nom, Acozumel. signifie île des 
hirondelles, comme le centre de la religion. 
Le grand prêtre de cette île était très res- 
pecté dans toutes les autres provinces, et 
l’on y venait en pèlerinage de tous les cô- 
tés, cornme les catholiques vont à Rome. 

Dans les temps de nécessité el particu- 
lièrement quand l’eau manquait pour les 
récolles, on sacrifiait une on plusieurs 
jeunes filles. On conduisait celle qui était 
désignée ou qui se dévouait velontaire- 
ment à Chychenytza où était le temple. Là, 
on la menait en procession jusqu'à un en- 
droit où il ÿ avait une profonde zérote on 
citerne uaturelle, les prètres r'instrusrient 
de tout ce quelle devait demander aux 
dieux, et, après lavoir attaché à uue 
longue corde, ils la plongeaient dans l'eau 
et l'en retiraient jusqu'à ce qu'elle fût 
étouffée, et pendant tout le temps que du- 
rait ce supplice, le peuple la conjurait de ne | 
pas oublier de demander aux dieux la pluie | 
dont ils avaient besoin. 
EU 
Le Rédacteur-Gèrant : 

C.-5. FRA TYSSE. 


BIBLIOGRAPHIE. 


S < M 
ARCYIVES historiques et ecclésiastiques de la Pi: 
cardie et dè l’Artois, publiées par P. Roger. — A | 
Amiens, chez Duval. | 
MEMOIRE sur la culture du poivrer à la Guiane 
française , depuis son introduction das cette colu-| 
nie en 1787, jusqu'à la présente année ; par le g£-} 
néral Louis Bernard. 
ESSAIS historiques sur la ville d’Amboise et son 
château; par M. Et. Cartier. — A Poitiers, chez 
Saurin. 


PARIS.—IMP, DE LACOUR et MAISTRASSE fs, 
ue Saint Jyacintke-S.-Miche!, 33. 


10e année. 


L'EC 


Paris. — Jeudi, 6 Avräi 1843. 
ee 


Mo 26. 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


L'EcHo DU MONDE SAVANT parait le JBEURDEetle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A, DE LAYALETEE, rédacteur en chef. On s’abonne : PArRrs, fue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 80 fr., 26 fr., 
8 fr. 50. AVÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 
BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 3 avril 1843. — SCIENCES 
PHYSIQUES. ASTRONOMIE. Quelques nou 
veaux détails sur la comète. — PHYSIQUE. Re- 
cherches sur la force épipolique; Dutrochet. — 
SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE. Sur 
le système silurien de l'Amérique septentrionale ; 
Elie de Beaumont. TOXICOLOGIE. Cours de 
M. Orfila. —SCIENCES APPLIQUEES. ARTS 
METALLURGIQUES. Sur les modifications qui 
se produisent dans la structure du fer après la 
fabrication ; Charles Hood — ECONOMIE DO- 
MESTIQUE. Conservation des subslances alimen- 
taires. — AGRICULTURE. Manière de prépa- 
rer les semences de froment afin de préserver ce- 
lui-ci de la nielle, — SCIENCES HISTORI- 
QUES. ARCHEOLOGIE. Canton de Saintes; 
Lesson. — GÉOGRAPHIE. Notc sur le Yucathan, 
— FAITS DIVERS — BIBLIOGRAPHIE. 


DD EE Ke 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 3 avril. 


Depuis plusieurssemaines, l'Académiedes 
Sciences ainterrompu ses travaux pour s'oc- 
cuper uniquementde la présentation dans la 
section de médeeineet de chirurgie: Denom- 
breux comités secrets onteu lieu et dansleur 
sein se sont élevées de longues et virulentes 
discussions qui n’ont pas toujours prouvé 
en faveur du discernement et de la politesse 
de certains académiciens. Mais en dehors 
de ces comités, que d’intrigues honteuses, 
que d’infèmes calomnies! Nous nous éton- 
nions, il ya plusieurs jours, du rang oc- 
cupé par M. Velpeau dans la liste de pré- 
sentation. Aujourd’hui que tous les débats 
sont clos la vérité peut prendre la voix et 
attaquer sans crainte la conduite d’un aca- 
démicien , d’un collègue de M. Velpeau à 
la Faculté de Médecine, d’un homme qui 
n’a pas craint de souiiler son nom en dé- 
versant sur le chrurgien de la Charité les 
plus infâmes calomnies. Qu’un candidat 
abaisse ses compétiteurs pour s'élever lui- 

même, cela se concoit et se voit tous les 
jours ; mais qu’un homme hautement placé 
dans la science aille s'associer aux plus sa- 
les intrigues, machinées contre un de ses 
collègues, savant recommandable à plus 
d'un titre, c’est là une de ces actions qu’on 
doit stigmatiser sans crainte et qui ne peut 
trouverd’excusenulle part. Mais l’Académie 
a prouvé par son vote qu’elle avait de plus 
nobles idées, et que les titres justement ac- 
quis nedisparaissaient pas pourelledevant le 
venin de la calomnie. Les candidats étaient 
ceux dont nous avons déjà donné Ja liste 
dans un de nos derniers numéros. Trois 
tours de Scrutin ont eu lieu et leurs résul- 
tats sont les suivants. 

Premier tour de scrutin, sur 58 votants. 

M. Velpeau a obtenu 20 voix. 

M.Civiale. id. 15 id. 

M. Lallemant id. 14 id. 
M.Lisfranc id. 6 id, 


M.Ribes id. 2 1d. 
Deuxième tour de scrutin. 
M. Velpeau : 26 voix. 


M. Lallemand : 22 éd. 
M. Civiale : 9 id, 
M. Lisfranc : 1'Tdi 
Troi.ième scrutin de balottage entre 
MM. Velpeau et Lallemand. 
M. Velpeau: 33 voix. 
M. Lallemand: 26 14. 

M.Velpeaua éténommémembredel'Aca- 
démie.Touslesamis delachirurgieapplaudi- 
ront à l’entréedeM.Velpeau à l'Académie des 
# Sciences. Sansrappelertouslestitres dunou- 
velacadémicien, disonsquesacliniqueestun 
foyer de lumières etque ses leçons remplies 
desprécepteslesplussolidessontunenseignc- 
mentpuissantoù la jeunesse de nosécolespu- 
iseratoujours d’utilesrenseignements. Cesti- 
tresne sont pas les derniers qui luiassignenut 
un baut rang parmi les chirurgiens fran- 
çaiset ne contribuent pas peu à sa gloire. 
à côté de M. Velpcau noûs aimerions.à voir 
placer maintenant un €$ Drit éminemment 
. philosophique, concerts jours de gran- 
des choses et les réalisant souvent, un 
homme enfin dont l'unique défaut est de 
ne pas intriguer pour parvenir. On a déjà 
reconnu que nous voulons parler de M. Ger- 
dy. Si son nom n’a pas été prononcé dans 
les nominations d'aujourd'hui cela prouve 
tout au plus que certains académiciens 
n’ont jamais compris qu'il y a plus de mé- 
rite à exercer une science toute entière , à 
la cultiver avec succès, à l’enrichir de pro. 
fondes méditations qu’à se borner à l’exer- 
cice de tel ou tel point de la science, qu’à 
modifier des instruments ou des procédés 
que d’autres ont conçus ou déjà réalisés. 
Mais malgré cela, M. Gerdy peut espérer 
plus tardun siège à l’Académie. Sestravaux, 
qui chaque jour augmentent et consolident 
la science le lui assurent formellement. 

M. Lacauchie, médecin au Val-de-Gräce, 
a lu à l’Académie de curieuses recherches 
sur une nouvelle méthode d'injection qu’il 
nomme hkydrotomie. Bientôt nous revien- 
drons sur ce travail qui peut être de quel- 
que intérêt pour tous ceux qui se livrent à 
l'anatomie pratique. 

M. Lalanne a envoyé une note sur quel- 
ques débris curieuxtrouvés dans le diluvium 
de la vallée de la Marne. Les travaux de re- 
construction de la chaussée de la route 


à une découverte dont les résultats ne peu- 
vent pas manquer d’intéresser les géolo- 
gues. Des fossiles tertiaires ont été trouvés 
en abondance dans le terrain diluvien mais, 
en fouillant de nouveau, au lieu de trou- 
ver les ossements fossiles que l’on cherchait 
on à rencontré des squelettes humains en- 
sevelis à une époque dont la haute antiquité 
ne saurait être mise en doute, d'après les 


reyale de Paris à Vitry-le-Français ont: 
donné lieu, dans le courant de l’été dernier; 


observations qui vont suivre. Ces squeleltes 
étaient au nombre de huit. Ils étaient agglo- 
mérés dans un espace de 8 à 10 ares. Onn’a 
pureconpaître aucun ordre particulier dans 
la manière dont ils étaient disposés. Maïs la 
teinte noirâtre que présentait suivant des 
contours quelquefois rectangulaires, la 
coupe du terrain, lorsque l’on en rencon- 
trait un, démontre assez un remaniement 
exécuté de main d'homme dans ia forma- 
tion diluvisnne etun ensevelissement régu- 
lier. À côté d’un des squeleites gisaient les 
ossements d'un chien Deux des individus 
ensevelis dans ce lieu étaient des enfants: 
un autre était recouvert de gros fragments 
de meulières provenant de la formation di- 
luvienne elle-même. Un même coup de 
pioche a fait trouver avec les ossements de 
celui-ci, quelques objets curieux , comme 
une hache à deux tranchants, deux ha- 
chettes en forme de coin, un couteau en. 
silex pyromaque, une sorte de fièche en ma- 
tière éburnée, une boule en substance ébur- 
née ou pierreuse, de matière douteuse, 
grossièrement arrondie , deux coquilles du 
genre buccin et de l’espèce si commune sur 
les côtes de la Manche , percées toutes 
deux latéralement de deux trous qui ont à 
peu près le diamètre de celui de la boule 
dont il vient d’être question , enfin un frag- 
ment de bélemnite, composé d’un demi 
tronc de cône. Il résulte de tous ces faits 
que les individus dont les restes ont ainsi 
été retrouvés, ne connaissaient pas l’usage 
du fer, ou au moins que ce métal était peu 


. répandu parmi eux. La prise de Rome par 


les Gaulois remonte à l’année 390 avant 
l’ère chrétienne , et à cette époque on sait 
par le témoignage des historiens latins que 
les Gaulois étaient armés de fer. Il faut 
donc conclure que si les débris retrouvés 
près de Neuilly-sur-Marne ont réellement 
appartenu à d'anciens Gaulois, ils datent de 
plus de 22 siècles, Cette conclusion ne pa- 
raîtra pas trop hardie, si l’on songe dans 
quel état de barbarie devaient être plongés 
des hommes qui portaient des coquilles 
grossières en guise d’ornements ou d'amu- 
lettes. 

L'étude de la configuration des crànes, 
trouvés parmi les débris humains aurait 
peut être contribué à jeter du jour sur leur 
origine. Malheureusement deux crânes en- 
tiers dont un appartenant à un enfant ait 
été brisés par les ouvriers avant qu’on eut 


pu les tirer de leurs mains et c’est à peine 


si l’on a réussi à-en retrouver quelques 
fragments. Le seul caracière qu’on ait re- 
connu, consiste dans la beauté des dents que 
l'on a recueillies. 

Beaucoup d'ouvrages ont été publiés sur 
les volcans de l'Auvergne, maisaucun n’em- 
brasse l’ensemble des phénomènes géognos- 
tiques queprésente cette partie de la France. 
M. Rozet après avoir réuni un grand nom- 


60 


bre d'observations sur ce sujet les a pré- 
sentées aujourd hui au jugement de l’Aca- 
démie, 

1° Depuis le dépôt du terrain houiller, 
jusqu'à la révolution qui a soulevé les chai- 
nes de Corse et de Sardaigne, dirigées N.-S. 
le grand plateau central de la France était 
resté immergé. Ce n’est qu’à cette époque 
qu'il s’y est produit de grandes dépressions 
dans lesquelles s’est formé un terrain la- 
custre qui appartient au second étage ter- 
tiaire. 

2° Toutes les éruptions volcaniques sont 
postérieures au dépôtde ce terrain tertiaire 
et appartiennent à trois grandes époques 
trachytique, basaltique et lavique, qui se 
sont succédées immédiatement et dont les 
produits sont intimeiernt liés entre eux. 

3° Les éruptionstrachytiques ontété dé- 
terminées par la révolution qui a donné 
naissance aux Alpes françaises et ont eu lieu 
Suivant deux grandes fentes dirigées comme 
l'axe de cette chaine, S. 220 O. à N. 
22E. 

4° Les éruptions basaltiques ont eu lieu 
suivant deux grandes lignes dirigées E. 5° 
N. à O. 5% S., qui viennent couper celles 
des trachytes dans les massifs du Cantal et 
du Mont-Dore. La plus septentrionale de 
ces lignes se trouve exactement sur le pro- 
longement de la chaîne des Alpes princi- 
pales qui passe entre Clermont et Issoire, 
et la seconde lui est parallèle. Les terrains 
relevés et serrés par les basaltes pronvent 

wils sont sortis à la même époque que 
celle assignée par M. de Beaumont pour 
le soulèvement des grandes Alpes. 

5, Tous les volcans modernes qui ont 
éclaté au milieu des basaltes se trouvent 

Jacés dans une bande étroite dirigée N. 8. 
sur le dos du grand bombement occidental 
produit à l'époque du soulèvement de la 
Corse et dansla région où viennent se croi- 
ser toutes les lignes du soulèvement qui 
ont influé sur le relief de la contrée. La 
direction suivie par les cratères de l’Au- 
vergne, peut 5e rapporter à une ligne qui 
jcindrait l’Etna, le Stromboli et le Vésuve 
et parallèlement à laquelle M. de Colligno 
a récemment observé en Toscane une grande 
faille qui s’est produite à travers les terrains 
les plus récents. 

6 Toutes les lignes de locations recon- 
nues par M. Rozet, en Auvergne, viennent 
se croiser dans les massifs du Cantal et du 
Mont-Dore, etc., etc. De ce croisement ré- 
sultent tous les accidents orographiques 

ue ces deux montagnes présentent. 

7 Enfin, la comparaison entre les résul- 
tats des observations géodésiques et astro- 
nomiques faites par les ingénieurs géogra- 
phes, prouve un bombement considérable 
de la croûte du globe dans la région volca- 
nique de l'Auvergne. 

M. Agassiz, daus une note qu'il a envoyée 
à l'Académie des sciences, s’est proposé la 
question suivante : quel est l’âge des plus 

grands glaciers des Alpes suisses? Nous 
n’entrerons pas dans tous les détails fournis 
par M. Agassiz ; mais nous ferons connaître 
l'idée principale qui domine sa lettre. 
M. Agassiz a reconnu que les couches an- 
nuelles des neiges qui tombent dans les 
hautes régions se dessinent successive. 
ment d'ane manière très distincte sur la 
tranche superficielle des glaciers, à mesure 
que ceux-ci descendent dans les régions 
inférieures. L'auteur de cette lettre a con- 
staté de plas que le nombre de ces couches 
que lon peut compter sur un espace plus 
ou moins considérable de la surface du 


605 


glacier correspond d'une manière frap- 
pante au nombre d'années que le glacier 
met à franchir cet espace dans sa marche. 
Ces faits lai ont suffi pour déterminer l’âge 
des plus grands glaciers des Alpes. 

M. Malgaigne a écrit à l'Académie pour 
lui faire connaitre les résultats d’une nou- 
velle opération que la chirurgie inserira 
peut-être bientôt dans ses annales, comme 
un fait d’une haute importance. Lorsque 
les taches de la cornée datent de longues 
années et qu’elles ont résisté à toutes les ap- 
plications médicamenteuses, la chirurgie 
a confessé jusqu'ici son impuissance. Des 
autopsies nombreuses ont montré à M. Mal- 
gaigne que le plusordinairement ces taches 
n'occupent que les couches extérieures de 
la cornée; les couches internes demeurent 
transparentes. 

Dès lors, il y avait lieu de se demander 
s'il ne serait pas possible d'enlever avec le 
bistouri les coaches compromises ; mais 
une objection grave s'élevait alors. La cica- 
tr'ice ne serait-elle pas autant ou plus opa- 
que que les taches primitives? — M. Mal- 
gaigne a fait des expériences sur les ani- 
maux vivants; il a disséqué environ la 
moitié de l’épaisseur de la cornée, et a ob- 
tenu une cicatrice absolument transpa- 
rente.—Rassuré sur ce point, M. Malgaigne 
a cru pouvoir en tenter dès lors l’applica- 
tion sur l’homme; il a fait une première 
opération sur une jeune fille de l’Hôpital- 
Clinique. Aussitôt la dissection achevée, la 
malade s’est écriée qu’elle voyait. Ainsi ces 
premiers faits sont désormais, acquis à la 
sciences , il ne reste plus qu’à les déve- 
lopper. 

M. Biot a lu à l’Académie quelques re- 
cherches sur l'application de pr àpriétés op- 
tiques à l'analyse quantitative des mélanges 
liquides ou solides dans lesquels le sucre de 
canne cristallisable est associé à des sucres 


incristallisables, He 
ke 
: SCIENCES PHYSIQUES. 
ASTRONOCMIE. 


. Quelques nouveaux détails sur la 
comcte 


À Paris, comme nous l'avons déjà dit 
dans un de nos derniers numéros, malgré 
le zèle le plus actif, on ne possédait encore, 
le lundi matin 27 mars, que deux positions 
précises du noyau, correspondantes au 18 
et au 19. M. Plantamour, directeur de 
l'Observatoire de Genève, favorisé par un 
plus beau ciel, avant obtenu la troisième 
position indispensable, s’était empressé de 
calculer l'orbite parabolique. Nous trans- 
crironsici la lettre de l’habile astronome à 
M. Arago. 

« Genève, 2% mars 1845. 

» La comète n’a été vue ici que le 17 
mars, et encore ce jour-là, quand j'ai vu la 
tête, elle était déjà tellement basse, qu'elle 
a disparu derrière une bande de nuages 
qui bordait l'horizon, avant que j'aie eu le 
temps de disposer l’équatorial pour l'obser- 
vation. Mais les jours suivants, le 18, le 19 
et le 21 mars, le temps m'a permis de l’ob- 
ser ver et d'obtenir les positions suivantes : 
Déclinaison. 
924752” A 


Mars, t m. (Genève, 
18 à 7"34"38s à 2147257518 
19, 793539. 11206885, 46 29:30:49 
22, 17.27.30 43. 1941580106.56,50 

» Au moyen de ces trois observations, 
J'ai calculé les éléments suivants pour l'or- 
bite paraboli que de la comète : 


606 


Février. t. m, Genève. 

Passage au périhélie. . . 27,1882 

Distance périhélie. . . . 0,0045 

Lonvilude du périhélie, . 2791214? 

Longitude du nœud. . . 359.53.21 

Inclinaiëons 0. 4.2. 01806-01027 

Mouvement rétrograde. 

» Ces éléments représentent à une mi- 
uute près la longitude et la latitude de la 
comète pour la secoude observation. 

» L'orbite de cette comète est remar- 
quable par l’excessive petitesse de la dis- 
tance périhélie : elle est plus petite que 
celle de toutes les comètes conuues, même 
que celle de 1680, pour laquelle elle était 
de 0,006. 

» La comète à dû ainsi passer à une 
très petite distauee de la surface du soleil, 
pour ainsi dire raser la surface de cet 
astre. 

» Cette circonstance servira à expliquer 
peur-être laugmentation de l'éclat de ja 
comète et l’immense développement de la 
queue après le passage au périhélie, tandis 
qu'avant le passage au périhélie, cet astre 
serait resté invisible, quand même, vers le 
milieu de février, sa distance à la terre et 
son élongation au soleil auraient permis de 
le voir. 

» La tête de la comète m’a paru avoir 
un diamètre de 4” à 130”, et présenter une 
augmentation d'éclat vers le centre, sans 
offrir cependant l’apparence d'un noyau 
distinct. La longueur de la queue était de 
39% environ. » 3 

La distance périhélietrouvée par M. Plan- 
tamour, conduirait, en la supposant parfai- 
tement exacte, à la conséquence que la 
comète avâit pénétré, le 27 février, dans 
la matière lumineuse du soleil : 0,0045 
est, en effet, plus petit que 0 0046, rayon 
de l’astre, centre de notre système. Ge ré- 
sultat aurait été’ trop fécond en consé- 
quences importantes pour qu'il ne fût pas 
naturel d'en chercher sans retard la cou- 
firmation. Aussi M. Arago avait à peine 
recu la lettre de Genève, dans la matinée 
du lundi 27 mars, qu’il chargea trois des 
élèves astronomes de l'Observatoire, de 
calculer de nouveau l'orbite à l’aide des 
deux obserbations de Paris et de la 4roi- 
stème observation de M. Plantamour. Ce 
calcul, effectué en moins de cinq heures 
par MM. Laugier et Victor Mauvais, donna 
une distance péribélie notablement supé- 
rieure à celle de M. Plantamour, et qui 
écartait toute idée de pénétration de l’astre 
dans la photosphère du soleil, Les nou- 


‘veaux éléments furent communiqués à 


l’Académie à la fin de son comité se- 
cret (1). 


PHYSIQUE. 
Recherches sur la force épipolique. 


M. Dutrochet, en offrant à l’Académie 
la deuxième partie de son ouvrage intitulé: 
Recherches physiques sur la force épipo- 
lique, s'exprime ainsi : 

Le d ARS Si ee 

« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la 

deuxième partie de l'ouvrage dont j'ai pu- 


(t) Nous produirons ces éléments dans un de nos 
premicrs numéros, avec les perfectionnements que 
l'ensemble des observations de Paris à permis d'y 
apporter. Ces observations, mainienant_au nombre 
de ciuq, correspondent aux 17, 19, 27,98 et 29. 
Elles sont très bien représentées par les nouveaux 
éléments, au nombre desquels on remarquera une 
distance périhelie de 0,0058, toujours supérieure à 
celle de M. Plantamour, el un peu plus peute que 
Ja distarre périhélie de la fameuse comète de 1680. 


607 


blié la première partie dans les premiers 
mois de l'année dernière, Grt ouvrage a 
pour objet la démonstration de l'existence 
et du mode d'action d'une force physique 
nouvelle à laqueile j'ai donné le nom de 


force épipolique. Les mouvements produits 


par cette force ont été. à tort, rapportés 
par les physiciens, tantôt à la force capil- 
laire, tantôt à la force d'expansion des va- 
peurs, tantôt l’action de l'électricité, ete. En 
étudiant les circonstances dans lesqueiles 
cêtte force était mise en action, j'avais re- 
connu qu’il ÿ avait, dans la majeure partie 
des cas, déve'oppement ou absorption de 
chaleur au point où naïssaient, où auquel 
aboutissaient les courants épipoliques. C'é- 
tait donc à la chaleur ou au froid produits 
localement sur les surfaces polies, et spé- 
cialement sur la surface des liquides, que 
j'étais porté à attribuer la production des 
courants épipoliques. Toutefois, ce n'était 
qu'avecun pou l'incertitude que j'avais émis 
cette théorie dans la première partie de cet 
ouvrage; jenel'avaispointétablie surdesfaits 
assez généraux. Depuis ce temps,M. Doyère 
nya fait part d'expériences fort intéres- 
santes qu'il a faites sur le sujet dont il est 
ici question, expériences dontil a commu- 
niqué un extrait à l’Académie, dans sa 
séance du 25 juillet 1812. M Doyère, en 
échauffant ou en refroidissant artificielle- 
ment un point de la surface d'un liquide 
quelconque, a produit sur cette surface, 
des courants épipoliques; dans le premier 
cas divergents, et dans Îe second cas con- 
vergents,par rapport au point de la surface 
dont la température avait été modifiée. 

» Ces expériences de M. Doyère, en con- 
firmant les opinions que j'avais émises, 
nriont indiqué qu’il fallait désormais, et 
sans hésitation, reconnaître comme causes 
immédiates des courants épipoliques l’é- 
chauffement local, ou lé refroidissement 
local de la surface des corps sur lesquels 
ces couran's étaient observés. Il s'agissait 
de rattacher expérimentalement tous les 
phénomènes épipoliques à cette théorie. 


: Voici l'exposé sommaire des résultats aux- 


quels je suis parvenu : 

» Lorsqu'on met un fil métallique artifi- 
ciellement échauffé en contact avec un 
point médian de la surface d’un liquide 
quelconque, on détermine, sur cette sur- 
face, des courants épipoliques divergents 
dans tous les sens. Lorsque c’est un corps 
refroidi qui e:t mis localement en contact 
avec Cette même surface, on détermine sur 
cette dernière des courants épipoliques qui 
convergent vers le paintrefroidi. Ici on ne 
voitaucune différenceentreles courants épi- 
poliques qui sont produits sur l’eau et sur 
l'huile. J'ai varié ces expériences en appli- 
quant la chaleur ou le froid au bord de la 
surface &e l’eau ou de l'huile, et cela par 
les moyens que j’indique dansmon ouvrage. 
Alorsj ai observéles phénomènes suivants. 
Je fais observer expressément qu'il faut que 
le fil métallique par le moyen duquel la 
chaleur est transmise au liquide ne soit en 
contact qu'avec la surface de ce liquide 
sans plonger au-dessous de son niveau; sans 
cette précaution on n’observerait point, 
sur l’eau, les phénomènes que j'indique, 
mais bien des phénomènes opposés. 

» L'application de la chaleur en un point 
du bord de la surface de l’eau, et en géné- 
ral, de tous les liquides aqueux, produit 
sur leur surface un courant épipolique 
calorifuge double, ou deux courants qui, 
partant de chaque côté du point échauffé, 
se rejoignent en un point opposé de la sur- 


608 

face de l’eau; ils forment alors, par leur 
réunion, uu seul corant de retour qui est 
situé entre les deux courants calorifuges 
latéraux, et qui vient rejoindre ces derniers 
à leur point d’origine, c'est-à-dire auprès 
du point échaufté. C’est ce que l’on voit 
dans la #4. 1. Le point échauffé est en a. 

fre. 1: 


Lorsque la même expérience est faite sur 
de l'huile, ou généralement sur un liquide 
combustible, du point a (fig. 2) qui est 
échauffé, on voit partir un courant épipo- 
lique calorifuge unique, lequel, dirigé vers 
le centre de la surface du liquide, se divise, 
à une certaine distance , en deux courants 
de retour latéraux qui viennent, par deux 
courbes, retoreber dans le courant calori- 
fuge unique auprès de son origine, c'est- 
à-dire auprès du point échauffé. 

L'application du froid en un point du 
bord de la surface de Peau ou de l'huile, 


past des courauts épipoliques dont la 


irection est inverse de celle des courants 
épipoliques ci-dessus, Ainsi, dans ce cas, 


. le courant épipolique à double tourbillon 


offre , sur l’eau, par rapport au point re- 
froidi a (fig. 2) la même direction que celle 
qu'il offre sur lhuile ou sur Palcool par 
rapport au point échauflé. Réciproque- 
ment, ce même courant épipolique à dou- 
ble tourbillon offre sur l'huile ou sur l'al- 
l'alcool, par rapport au point refroidi a 
(fig. 1), la mêie direction que celle qu’il 
offre sur l’eau par rapport au point 
échauffé. 

Plus il fait chaud, mieux ces expériences 

éussissent, surtout sur l’eau. 

Il résulte de ces expériences que les li- 
quides aqueux et les liquides combustibles 
possèdent à leur surface des conditions 
physiques inverses relativement aux cou- 
rants épipoliques qui sont établis sur cette 
surface par lapplication locale de la cha- 
leur oudu froid. J'ai désigné l'existence de 
ces conditions physiques par le nom d’épi- 
policité. Il y a ainsi une épipolicité aqueuse 
propre aux liquides aqueux, et une épipo- 
licité huileuse propre aux liquides combus- 
tbles. 

Les solutions salines, acides ou alcalines 
possèdent, comme l’eau, l’épipolicité aqueu- 
se; cependant il existe, à cet égard, une ex- 
ception remarquable par rapport aux solu- 
tions alealines très denses : sur ces solutions 


609 


le courant épipolique produit par l'appli- 
cation de la chaleur en un point du bord 
de leur surface, est semblable à celui qui 
est produit, en pareil cas, sur les liquides 
combustibles { fig. 2). Ces solutions alcali- 
nes très denses possèdent donc l’épipolicité 
huilease. Les solutions alcalines peu denses 
soumises à la même expérience, présentent 
au contraire sur leur surface le courant 
épipolique qui est produit, en pareil cas, 
sur les liquides aqueux (fig. 1), ce qui indique 
qu'elles possèdent l’épipolicité aqueuse. 

La différence ou l’opposition de Pépipo- 
licité des solutions denses et des solutions 
peu denses de potasse ou de soude est con- 
firmée par les expériences suivantes. De 
l’eau étant étendue en couche mince sur 
une lame de verre, le dépôt, sur cette cou- 
che d’eau, d’une goutte de solution aqueuse 
peu dense de potasse ou de soude y produit 
un courant épipolique divergent, lequel 
repousse ou plutôt écarte circulairement 
l'eau. Ce phénomène n’a point lieu lors- 
qu’on dépose sur la conche d'eau une 
goutte de solution aqueuse très dense de 
potasse ou de soude; mais si, au contraire, 
la solution alcaline très dense est étendue 
en couche mince sur la lame de verre et 
qu’on dépose sur cette couche une goutte 
d'eau, cette goutte y produit un courant 
épipolique divergent d’une grande force et 
qui repousse ou plutôt écarte circulaire- 
ment la solution alcaline. C’est à la densité 
1,127 que se trouve la densité moyenne 
qui sépare les solutions aqueuses de potasse 
pourvues d’épipolicités opposées. 

La chaleur appliquée en un point du 
bord de la surface bien nette du mercure y 
produitle courantépipolique représenté par 
la fig. 2. C'est le mêmeque celui qui estpro- 
duit, en pareil cas, sur la surfacedestiquides 
combustibles. Le mercure possède done ; 
comme ces derniers, l’épipolicité huileuse. 

Lorsque le mercure dont la surface est 
bien nette et possède , par conséquent, 
toute son épipolicité, est couvert d’eau, ou, 
en général, d’un liquide aqueux et que la 
chaleur est appliquée en un point du bord 
de sa surface, elle ÿ produit le courant 
épipolique, ci-dessus indiqué, de la même 
manière que si ce métal était à l’air libre. 
Ce courant ne s’observe jamais lorsque ie 
mercure est recouvert par un liquide com- 
bustible. 

Sur le mercure exposé à l'air libre, 
comme sur le mercure recouvert par un 
liquide aqueux , le courant épipolique, ci- 
dessus mentionné, cesse spontanément 
d'exister lorsque l’expérience a duré pen 
dant 15 à 20 minutes, et il ne peut plus 


 subséquemment être rétabli. Le mercure à 


perdu son épipolicité. Ce phénomène n’ar- 
rive que beaucoup plus tard, lorsque le 
mercure est recouvert par de l’acide sul- 
furique étendu d’eau. 

Je rattache aux phénomènes épipoliques 
le fait de la progression d’une goutte d’huile 
sur un fil métallique horizontal dont on 
échauffe une des extrémités. 

On sait que la goutte d’huile s’éloigne 
alors de la source de la chaleur. Nobili a 
vu que dans cette goutte d’huile, il existe 
un mouvement de tourbillon qui, dans sa 
partie en contact avec le fil, est dirigé vers 
la source de la chaleur. Je fais voir que 
c’est ce courant tourbillonnant qui par son 
frottement sur le fil métallique fait mou- 
voir la goutte d’huile en sens inverse. J'ai 
observé qu’une goutie de solution de sel à 
base alcaline, ou une goutte de solution 
d’alcali fixe étant soumise à la même expé- 


p10 


rience, cette goutte se précipite avec impé- 
tuosité vers la source de la chaleur. Ce 
mouvement provient de ce qu'il s'établit, 
dans l’intérieur de cette goutte, un mouve- 
ment de tourbillon dont la direction est 
inverse de celle que l’on observe dans la 
goutte d'huile. Ce tourbillon, dans sa par- 
tie en contact avec le fil métallique, étant 
dirigé vers l'estrémité de ce fil qui est op- 
pose à la source de la chaleur, son frotte- 
ment sur ce même fil fait mouvoir la goutte 
du liquide salin ou alçcalin en sens inverse, 
c'est-à-dire vers la source de la chaleur. 
Une goutte d'eau distillée soumise à la 
même expérience ne prend aucun mouve- 
ment; elle s’évapore en entier sans changer 
de place. Cependant elle présente une ébul- 
lition vive et on observe un mouvement de 
tourbillonnement dans son intérieur. Or, 
ce tourbillon à pour axe une ligne verticale, 
en sorte que le frottement effectué par ce 
tourbillon sur le fil métallique produit des 
effets qui se compensent de part et d'autre; 
c’est de là que résultent le défaut de pro- 
gression de la goutte d’eau sur le fil métal- 
lique horizontal. Une goutte de solution 
saturée de sulfate de cuivre ou de sulfate 
de fer se comporte, dans cette expérience, 
“comme le fait une goutte d’eau. 


SCIENCES NATURELLES. 


GEOGLOGIE. 


Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castel- 
nau, relatif au système silurien de l’Amé- 
rique septentrionale ; par M. Elie de Beau- 


mont. 
(Premier article.) 


Ce Mémoire, consacré principalement à 
la description du système silurien de l’Amé- 
rique septentrionale, est accompagné de 
27 planches, sur lesquelles sont figurés un 
grand nombre de corps organisés fossiles. 

M. de Castelnau a cru devoir, à l’exem- 
ple de plusiears géologues américains, rap- 
porter au système silurien de PAngleterre 
un grand système de couches calcaires et 
dolomitiques qui forme en partie les rivages 
des grands lacs de l'Amérique du Nord, et 
couvre une partie considérable de ce conti- 
pent. 

L'auteur, qui a sillonné ces contrées 
dans un grand nombre de directions, a 
particulièrement exploré la région des lacs, 
et notamment les bords du lac Supérieur, 
qui devait lui servir de point de départ pour 
an voyage plus étendu encore, que les cir- 
constances ne lui ont pas permis de réa- 
liser. 

Le lac Supérieur, le plus vaste et le plus 
reculé des grands lacs tributaires du Saint- 
Laurent, est aussi le plus sauvage : séparé 
des autres par les rapides de la rivière de 
Sainte-Marie, c’est le seul qui ne soit pas 
encore devenu le domaine de la navigation 
à la vapeur. On y naviguetoujours, comme 
dans les siècles précédents, dans des canaux 
d’écorce, frêles et légères embarcations 
que les sauvages, dont les bords de cette 
mer d'eau douce sont encore peuplés, con- 
struisent et manœuvrent avec beaucoup 
d'adresse. Le lac Supérieur est bordé, sur- 
tout vers le nord, par des plateaux ondulés 
de granite qui sont coupés à pic le long de 
ses bords sur des hauteurs de 300 mètres, 
et qui conservent leur verticalité au dessus 
de ses eaux jusqu’à une très zrande profon- 
deur. Le plus souveut il n'existe aucune 
berge sur laquelle on puisse aborder, en 
sorte qu'il est très difficile de débarquer, et 


611 
que, mêine pour de minces canaux d’é- 
corce, il n'y a qu’un petit nombre de ports. 

Comme l'avait déjà annoncé M. le doc- 
Bigsby, le granite, associé à d’autres roches 
cristallines d'espèces assez variées, forme 
aussi lesrives septentrionales du lac Huron; 
le reste des contours des grands lacs est oc- 
cupé par le système de couches calcaires et 
dolomitiques, théâtre spécial des excursions 
de M. de Castelnau, qui en a particulière- 
ment exploré, au sud-ouest des grands lacs, 
les parlies peu connues , situées dans les 
territoires du Ouisconsin, du Michigan et 
des Illinois, après avoir étudié celles qui se 
montrent sur les bords mêmes des grands 
lacs. 

Le lac Huron, dent les rives septentrio- 
nales sunt formées, ainsi que nous venons 
de le dire, par les roches primitives, est di- 
visé transversalement, à peu de dislauce de 
ces mêmes rives, par une chaîne d'’iles for- 
nant un arc d'environ 45 lieues de déve- 
loppement, et dont la corde en aurait 33. 
Ce petit archipel a recu le nom d’iles Ma- 
nitoulines; il se compose principalement de 
l’ile Drumond, de la petite et de la grande 
Manitouline, et de l’île du Manitou, aux- 
quelles il faut ajouter une infinité de petites 
îles et d’ilots. L'attention des géologues a 
été fixée depuis longtemps sur cet archipel 
par les descriptions du docteur Bigsby et 
par les nombreuses figures qu’il a publiées 
des fossiles qu’il y a recueillis, Les descrip- 
tions et les collections de M. de Castelnau 
contribueront à nous le faire mieux con- 
naître. 

L'ile Drumond, qui est la plus occiden - 
tale de ces îles, et l’une des plns remarqua- 
bles, aenviron 7 lieues de long sur un peu 
plus de 2 de largeur : on y trouve de gran- 
des masses d’une doloemie compacte, à cas- 
sure terreuse, d’une blanchcur extréme et 
d'un aspect assez analogue à celui de 
la craie. Il y existe évalement des dolomies 
grisâtres plus ou moins cristallines. La do- 
lomie blanche est quelquefois traversée 
par des systèmes de petits filons de spath 
calcaire qui résistent plus facilement aux 
intempéries de l’atmosphère : de Là résul- 
tent des surfaces rugueuses et des contours 
déchiquetés, donnant naissance à des for- 
mes fantastiques qui surprennent et éton- 
nent le voyageur. 

La grande Muanitouline est également 
formée par le système magnésifère : on y 
trouve diverses variétés de dolomies com- 
pactes, grisâtres, à cassure terreuse, ren- 
fermant cà et là divers fossiles, notamment 
des Huronia et des Evomphales, très voisins 
d’une espèce de ce genre trouvée en Russie 
par M. de Verneuil. Ces évomphales de Pile 
Manitouline avaient été pris à tort pour des 
ammonites. 

Ce même système forme aussi la partie 


‘septentrionale du Michigan, et sur la rive 


orientale du lac de ce nom, le territoire de 
Ouisconsin; on y trouve souvent des fos- 
siles. 

L'île de Michilimakimac où de Hakinau, 
à l'entrée du lac Michigan, est formée d'une 
dolomie blanche très poreuse, remplie de 
cavités irrégulières plus ou moins grandes 
et ayant souvent l’aspect d’une éponge. En 
grand, ces dolomies terreuses forment des 
roches bizarrement découpées, tels que des 
ponts naturels. L'Atlas pittoresque, publié 
par M. de Castelnau, en donne une idée 
précise. 

Cette formation magnésifère , que l’au- 
tear a également observée sur les rives oc- 
cidentales du lac Michigan, s'étend à une 


612 
U 
distance immense vers l’ouest, couvrant le 
haut NMississipi et le Missouri supérieur, et 
embrassant la région métallifère située en 
decà des montagues rocheuses. Dans cette 
dernière région, qui rappelle sur une plus 
grande échelle les environs de Marnowitz 
en Silésic, on trouve des masses de galène 
à fleur de terre dans la dolomie compacte à 
cassure terreuse des bords du Mississipi et 
du Missouri. 
Ce même système s'étend aussi vers l’est; 
il entoure le lac Erie, et on doit lui rap- 
porter les couches horizontales de schiste, 
de calcaire et de doloiie sur le-quelles se 
précipite la fameuse cascade de Niagara. 
M. De Castelnau l'a poursuivi dans le 
nord de l'Etat de New-York, et il y a ve- 
cueilli de nombreux fossiles. Nous citerons 
entre autres des fragments d'une arthoré- 
ratite de 15 centimètres de diamètre, et 
qui probablement n’avait pas moins de 2 
mètres de longueur, renfermée dans la do- 
lomie ; des sphæronites qui rappellent ceux 
des environs de St-Pétesbourg ; à Schohary 
et à Trenton, dans le même Etat, des ten- 
taculites extrêmement nombreux, d’une 
espèce voisine de celle de Suède; une go- 
niatite trouvée aux chutes de la rivière 
Montmorency, près de Québec, dans un. 
calcaire compacte d'un brun noirâtre, ap 


partenant toujours à la prolongation de ce: 


même sys'ème, etc. ; 
Ce système magnésifère, qui, par la na- 


ture des roches qui le composent, rappelle 


souvent, ainsi que l'avait remarqué à juste 


titre le docteur Bigsby, le calcaire magné-- 


sien de l'Angleterre, se recommande parti- 
culièrement à lPintérêt des géologues par 
l'étendue qu’il occupe. Ainsi qu’on vient de 
le voir, il couvre la plus grande partie de. 
l'Etat de New-York et de, Etats voisins, 


une portion de la Pensylvanie, la presque 


totalité de l'Ohio, de l’Indiana. des Illinois, 
du Michigan, du Ouisconsin, s'étendant à 
l’ouest jusqu'aux montagnes rocheuses, et 
au sud, le long du Mississipi, jusqu'au Te- 
nessee, tandis qu'au nord il forme la rive 
méridionale des lacs Winepeg et Supé- 
rieur, et borde presque en entier le lac 
Huron. Suivant ensuite le Saint-Laurent, 
ce système s'étend sur une grande partie du 
Canada. On doit aussi lui rapporter d'im- 
menses zones séparées, comme en Suède, 
par des zones de roches primitive:, dans 
cette région, plus grande que l'Europe, qui 
est gouvernée par la Compagnie des four- 
rures; peut-être même comprend-il en- 
core les couches à orthocertites observées 
dans les expéditions des capitaires Parry et 
Ross sur les rivages des mers polaires. no- 
tamment à Ingloolik. Enfin toute la partie 
centrale de la Nouvelle-Ecosse paraît aussi 
lui appartenir. 

On doit savoir gré à M. de Castelnau 
d’avoir complété l’étude de la partie cen- 
trale et la mieux exposée de ce vaste sys- 
tème sur les bords des grands lacs. dans. 
l'Etat de New-York et le Canada ; il a sur- 
tout mérité la reconnaissance des géologues 
français en recueillant une collection con- 
sidérable qu'il a déposée dans les galeries 
du Muséum d'Histoire naturelle. Cette col- 
lection a permis de vérifier la nature des 
roches décrites; on ÿ trouve surtout de 
nombreux fossiles que M. de Castelnau a 
figurés daus les 27 planches qui accompa- 
gnent son Mémoire, et qu'il a décrits avec 
soin en se livrant même à des discussions et 
des recherches étendues sur les espèces qui 
paraissaient nouvelles ou qui présentaient 
quelques partieularités remarquables. 


613 
TOXICOLOGTIE. 
Cours de M. Orfila. 


Messieurs, 

Avant de vous faire connaître quels sont 
les symptômes et les lésions de tissu qu’on 
remarque dans lempoisonnement par 
« l'acide arsénieux, je veux vous réfuter en 
deux mots les objections, selon moi fort ri- 
 dicules, qui ont été faites à notre système 
‘ par MM: Courbe, Raspail et Magendie. 
Dans un moment où la Cour de cassation 
était appelée à statuer sur le pourvoi de 
Mme Lafarge, M. Couerbe a eu l'impru- 
dence d'avancer qu'il se développait de l’ar- 
senic dans les tissus mous qi se pourris- 
| sent. Ce faitest complètement faux, et il 
| est à déplorer qu'il ait été lancé dans le 
monde à une pareille époque. Mais écou- 
tez maintenant la pompeuse objection de 
M. Raspail: le papier peiuten tout ou en 
partie avec l'arsénite de cuivre, les débris 
de boiseries peintes en vert, rebuts que l’on 
jette au fumier, que la térreidévore et s’as- 
simile, et dontles infiltrationspluviales sont 
dans le cas de porter ces sels àides profon- 
deurs plus ou moins considérables et dans 
es entrailles du cadavre le plus herméti- 
quement enseveli dans un cercueil en bois, 
une seule parcelle de fumier des villes jeté 
- sur la surface de la terre peut fournir aux 
| eaux pluviales de quoi empoisonuer après 
| 
| 
1} 


coup d'arsenic tout un cadavre. — Je vous 
présente ici l’objection dans toute sa force 
et dans toute son élégance. Il serait facile 
| de l’attaquer dans ce qu’elle a de ridicule ; 
| mais j'aime mieux réfuter ce qu’elle a de 
| spécieux. M. Raspail devrait savoir d’abord 
! que les papiers,.que.les boiseries dont il 
| parle contiennent l’arsenic à l’état insolu- 
| ble; il devrait aussi ne pas ignorer que si, 
par suite d’une décomposition de la prépa- 
ration arsénicale, l’arsenic pouvait être 
dissous par l’eau pluviale, il serait inimé- 
diatement arrêté dans le sol par les combi- 
paisons insolubles.qu'il y coatracterait, Du 
reste, vous savez tous avec quelle difficulté 
| l’eau pénètre dans le sol, et combien.ce fait 
| est opposé à l’objection de M. Raspail, ob- 
jection que, d’ailleurs, personne n'a soute- 
nue après lui. Enfin. M Magendie n’a pas 
craint d’avancer que c'était un grave in- 
convénient d’aller rechercher dans les tis- 
sus les matières qui peuvent y avoir été 
| absorbées. Cette objection, si elle avait été 
fondée, renversait entièrement les fonde- 
ments les plus solides de la médecine lé- 
gale, et la justice devait fermer ses tribu- 
naux pour les affaires d’empoisonnement. 
| Mais heureusement pour la vérité, heu- 
| reusement pour lui-même, M. Magendie 
n’a pas tardé à rétracter cette idée aussi 
| étrange que ridicule. 
|| Jcise termine, Messieurs, tout ce que j'ai 
| à vous dire sur les recherches médico-lé- 
| gales dans l’empoisonnement par ‘l'acide 
arsénieux ; je vais maintenant vous parler 
| des symptômes et des lésions de tissu. 

Les symptômes de cet empoisonnement 
varient à l'infini, et mille circonstances peu- 
vent en changer l'aspect. Un homme ro- 
| buste sera moins:attaqué qu’un homme 
| faible, un jeune home soutiendra plus fa- 
: cilement qu’un vieillard les effets de la sub- 
| stance vénéneuse ; l'acide arsénieux donné 
en dissolution agira plus violemment qu'en 
| poudre; enfin je pourrais vous citer une 
foule de conditions différentes qui peuvent 
| empêcher de préciser les symptômes, Ce- 
pendant nous les rapporterons à trois sec- 
tions principales. La première comprendra 
les symptômes d'excitation ; la seconde, les 


614% 


symptômes d’asthénie, etla troisième sera 
constituée par ces exceptions rares, il est 
vrai, où il ne s’est pas présenté de symp- 
tômes. 

Première sectior : Le malade éprouve 
une saveur âpre, nullement corrosive, un 
ptyalisme fréquent, une lézère constriction 
au pharynx, des nausées, des vomissements 
répétés, une douleur épigastrique , des co- 
liques, de la diarrhée, des selles abondan- 
tes, une soif très vive, des syncopes et quel- 
quefois des convulsions. En général, la peau 
est brûlante ; elle se couvre d’une sueur 
chaude; souvent il se produit une éruption 
à la face et à la poitrine, qui se recouvrent 
de pustules noirâtres. Le pouls est fort et 
plein ; les battements du cœur sont forts, 
souvent irréguliers , quelquefois intermit- 
tents, et cette série de symptômes relatifs 
au cœur a fait croire à quelques physio- 
logistes que l’acide arsénieux agit spéciale 
ment sur ce viscère. Ce qu’il faut surtout 
remarquer dans cet empoisonnement, c’est 
l'état des pieds et des mains. Ces membres 
sont très souvent douloureux, quelquefois 
indalents et comme paralysés. De tous les 
symptômes, ce sout les derniers qui s’en 
vont, et souvent on les a vus persister en- 
core au bout de trois ou 4 ans. Les facultés 
intellectuelles en général ne sont pas trou- 
blées, cependant on aperçoit quelquefois un 
léger délire. — En terminant ce premier 
groupe de symptômes, je dois vous faire 
remarquer qu’on ne les rencontre pas réu- 
nis sur un même individu; quelques uns 
seulement se présentent, tandis que les au- 
tres ne se manifestent pas. 

Le second groupe desymptômes renferme 
ceux que j'ai désignés sous le nom de sy mp- 
tômes d’asthénie. Leur grande analogie avec 
ceux qu'offre le choléra asiatique aura sans 
aucun doute fait confondre avec cette ma- 


ladie l’empoisonnement par lPacide arsé- : 


nieux Daas ce cas, le pouls est petit, fré- 
quen', filiforme; la peau est froide, bleuà- 
tre; les battements du cœur sont faibles ; 
du reste, il y a aussi des selles et des vomis- 
sements, et les facultés intellectuelles ne 
sont pas troublées. 

Je vous ai dit il y a quelques instants que 
des individus empoisonnés par l'acide ar- 
sénieux n’avaient offert aucun de ces symp- 
tômes ; j’ajouterai ici que ce sont des excep- 
tions à une loi générales mais cependant 
ces exceptions existent, et plusieurs cas de 
ce genre ont été rapportés par Laborde, 
par Chaussier, par Renault. 

Quant aux lésions de tissu, il est égale- 
ment difficile de les préciser toutes, et nous 
nous bornerons à vous indiquer celles qui 
se présentent le plus souvent. Mais il! faut 
d’abord détruire une erreur généralement 
reçue, erreur qui consiste à croire que, 
dans l’empoisonnement par l’arsenie, l’es- 
tomac et le reste du tube digestif sont tou- 
jours perforés et couverts d’echymoses et 
d'escharres. Souvent, Messieurs , rien de 
tout cela n’existe, et l’on n’apercoit qu’une 
légère inflammation des tissus, qu’un ra- 
molissement de la muqueuse intestinale. 
Quelquefois les poumons sont gorgés de 
sang, ainsi que le ventricule droit du cœur. 
Brodie, Smith et moi nous avons aperçu 
dans ce viscère des taches noirâtres. Du 
reste, le sang est fluide, sirupeux et noir. 

Si maintenant nous résumons en peu de 
mots le mode d’action de l'acide arsénieux, 
nous dirons que c’est un poison pour les 
animaux comme pour les hommes. Quelle 
que soit la surface sur laquelle on applique, 
il tue, et il tue d'autant plus vite qu'il est 


615 


plus promptement absorbé et porté dans le 
torrent de la circulation. Ainsi, il ne sera 
jamais aussi vénéneux que lorsqu'il sera in- 
troduit dans les veines. H agira encore lors- 
qu'on le placera sur les membranes séreu- 
ses, sur le tissu cellulaire, sur les muqueu- 
ses et dans le vagin, etc. Ces faits suffisent 
pour vous faire connaître avec quelle pré- 
caution vous devez employer la poudre de 


“Rousselot ; ils vous indiquent encore que 


l'acide arsénieux en dissolution agit plus 
violemment que celui qu’on administre en 
fragments ou en poudre. 20, 25 centigram- 
mes d'acide arsénieux dissous dans l’eau et 
administrés à un chien lui donnent la mort 
après trois ou quatre heures, si l’on a eu 
soin de faire la ligature de l'œsophage, tan- 
dis qu'un animal peut vivre un ou deux 
jours après avoir pris { et même 2 grammes 
du même acide en poudre. On se deman- 
dera pe :t-être quelle est l’action propre de 
l'acide arsénieux ; si elle est sthénique ow 
hyposthénisante Je crois que le meilleur 
moyen de répondre à cette que:tion serait 
de dire que l'acide arsénieux possède une 
action spécialeqai n’est ni sthénique nihy- 
posthénisante. Cepeudant, sil fatlait ran- 
ger l’action de l’acide arsénieux dans l’une 
ou l’autre de ces catégories, je ne craindrais 
pas de répondre que cette action se rappro- 
che davantage de l’action sthénique, et que 
Rasori, Giacomini, etc., l'ont alors consi- 
dérée comme hyposthénisante. 

Messieurs, nous connaissons, et le mode 
d'action de l’acide arsénieux, et les symptà- 
mes qu'il produit, et les lésions de tissu 
auxquelles il donne lieu ; ii faut maintenant 
nous occuper du traitement à suivre dans 
un cas d’empoisonnement. Je diviserai la 
maladie en deux périodes bien distinglæÆ 
Dans la première, il faut anéantir Jf 
toxques de la substance vénénet 


portante : existe-t il un contrepoison 
l'acide arséaieux ? Si vous lisez Navier, il 
vous répondra par l’affirmative ; mais je ne 
crains pas d'avancer le contraire, si l'on en- 
tend par contrepoison une substance sus- 
ceptible de faire avec l'acide arsénieux un 
corps tout à fait inerte. Mais si l’on entend 


| par contrepoison un corps qii diminue les 


effets vénéneux de larsenic, il faut dire 
sans crainte : oui, il existe un contrepoi- 
son, et ce contrepoison, c’est le sesquioxyde 
de fer hydraté. Ce sesquioxyde hydraté 
forme avec l’acide arsénieux un arsénite de 
fer dont l’action toxique est bien moins in- 
tense. En donnant à un chien 16 grammes 
de sesquioxyde de fer hydraté, j'ai fait ab= 
sorber 60 centigrammes d'acide arsénieux. 
Besoin est, dans un empoisonnement de ce 
genre, de donner uneassez grande quantité 
de sesquioxyde, car l’arsénite de fer, quoi- 
que bien moins actif que l'acide arsénieux, 
finit par agir en se dissolvant dans les aci- 
des de l’estomac. En administrant une as- 
sez forte quantité de sesquioxyde, on 
arrête par cet excès de base les effets ulté- 
rieurs de la décomposition du sel. Vous 
pourrez, dans un cas d’empoisonnement, 
donner 4 grammes de sesquioxyde de fer 
hydraté suspendu dans 30 grammes d’eau 
et répéter souvent l’administration de cette 
substance. Il est de toute nécessité, dans 
cette première période, de ne pas adminis- 
trer une trop grande quantité de liquides, 
car on dissoudrait de l’aciäe arsénieux, et 


616 


l'on hâterait ainsi son absorption. Vons de- 
vrez aussi favoriser de toutes vos forces les 
vomissements et les selles, et à cet effet 
vous emploirez avec succès l'émétique, le 
sulfate de soude, l'huile de ricin, ete. Du 
reste. dans aucun cas, vous ne substituerez 
le colcothar au sesquioxyde hydraté, parce 
que, vu sa force de cohésion, il ne se com- 
bine pas avec l’aoide arsénieux. 

Cette première partiedutraitementa donc 
pour but de détruire ou d’expulser l’acide 
arsénieux encore contenu dans le canal di- 
gestif. Mais l’arsenic a été absorbé; c’est 
cette vartie absorbée qui produit la mort, 
c’est donc cette partie absorbée qu'il faut 
chasser del’économie Le médecinauradonce 
utilement recoursaux liquides doux et diu- 
rétiques donnés en abondance, et il pourra 
éliminer ainsi par l'urine la portion arséni- 
cale qui aurait été absorbée et portée dans 
tous les tissus. Ces liquides pourront se 
composer de 3 litres d’eau, d’un demi-litre 
de vin blane, d'un litre d'eau de seltz et de 
30 à 40 grammes d'azotate de potasse. Il 
est impossible de contester l'utilité de ce 
moyen, car de nombreuses expériences in- 
sérces dans les archives générales de méde- 
cine ont prouvé que les animaux empoi- 
sonnés par l’acide arsénieux à extérieur, 
qui seraient morts, s'ils avaient été aban- 
donnés à eux-mêmes, ont guéri en très peu 
de temps, quand on est parvenu à les faire 
uriner abondamment, et d’ailleurs l'urine 
rendue contenait une proportion notable 
d’arsenic (1 

La saignée et les sangsues devront être 
employées toutes les fois qu'il y aura réac- 
tion évidente, et une foule d'observations 
recueillies par des hommes dignes de foi 
viennent prouver l'utilité de la médication 
antiphlogistique dans le cas dort je parle. 
Lereste de la maladie sera traité comme une 
maladie ordinaire, et vous dirigerez vos 
moyens thérapeutiques d’après les indica- 
tions que vous aurez sous les yeux. De 
temps immémorial, Messieurs, on a em- 
ployé la saignée dans l’empoisonnement par 
l’arsenic; moi-même, je l'ai conseillée 
comme un moyen d’une application sou- 
vent heureuse, après avoir attaqué Camp: 
bell, qui prétendait qu’elle était un spéci- 
fique. M. Rognetta, qui s’est fait à Paris le 
représentant de PEcole italienne, M. Ro- 
gnetta s’est élevé sans discernement contre 
la méthode antiphlogistique, prônant sans 
mesure ni raison les médicaments forti- 
fants, comme le quinqu'ina et le mélange de 
bouillon, de vin, d'eau-de-vie et de lauda- 
num. Qu'il nous suffise de dire que des ani- 
maux soumis au seul traitement de M. Ro- 
gnetta, sans avoir pris d'arsenic, sont morts 
au bout de 24 à 56 heures. Il faut donc 
bannir cette méthode aussi dangereuse 
qu'absurde, et s’en tenir aux moyens que 
je vous ai indiqués, et dont souvent j'ai pu 
constater les effets toujours heureux. Je 
termine, Messieurs, en résumant en deux 
mots tout ce que je viens de dire sur le mode 
de traitement. Dans la première période, 
quand le poison est encore dans le canal 


(1) Dans la séance du 28 mars l'Académie de 
médecine a entendu un rapport de M. Lecanu sur 
un travail de M. Delafond, relatif à l'influence de 
l'acide arsénieux sur la sécrétion urinaire, I résulte 
de ce travail que les animaux empoisonnés par l’a- 
cide arsénieux peuventuriner et que cette sécrétion 
n'est pas arrêtée. Ghacun sait que MM, Flandin et 
Danger on! soutenu l'opinion contraire et que M. Or- 
fila ne partageait pas leur avis. L'opinion de M, Or- 
fila se trouve donc ici pleinement confirmée, et celle 
des deux chimistes déjà cités n'a plus aucune valeur 
scientifique. (Note du Rédact.) 


617 


alimentaire, vous le détruirez par le sesqui- 
oxyde de fer hydraté, et vous administre- 
rez des vomitifs et des purgatif; dans la se- 
conde, vous chasserez par les urines le poi- 
son absorbé, et vous pourrez alors employer 
avec succès la médication diurétique. 

J'ai sous les yeux une observation qui 
confirme mes opinions, et Je vais vous la 
commupbiquer, car elle est d’un haut inté- 
rêt. Tout récemment, M. le docteur Au- 
gouard, médecin à Paris, a guéri une sage- 
femme qui avait pris 16 grammes d’acide 
arsénienx, en associant les vomitifs aux diu- 
rétiques et aux sangsues ; la femme a rendu 
plusieurs litres d’urines qui ont été recon- 
nues arsén cales. 

Enfin, si la maladie revêt un caractère 
inflammatoire, ne craignez pas d’user des 
antiphlogistiques, des saignées et des sang- 
sues. Souvent J'ai vu leur application suivie 
des succès les moins contestables ; je ne 
crains pas de vous les recommander, après 
en avoir reconnu moi-même les heureux 
résultats. Ici se terminent, Messieurs, nos 
lecons sur lParsenic. Nous avons examiné 
cette question sous tous les points de vue; 
nous l'avons envisagée sous tous les rap- 
ports, et mon but sera rempli, si je suis 
parvenu à éclaircir pour vous une question 
si ardue, après avoir emprunte à Ja toxico- 
logie proprement dite, à la symptomato- 
logie, à l'anatomie pathologique, à la thé- 
rapeutique-enfin, tous les éléments que ces 
sciences pouvaient nous fournir pour ré- 
soudre un aussi important problème. 

E. F. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. : 


Sur les modifications qui se produisent dans 
la structure du fer après sa fabrication; 
par M. Charles Hood. 

(Premier article.) 

Les importantes applications que reçoit 
le fer ont toujours rendu ce métal l’objet 
d'un intérêt particulier. À aucune époque, 
son importance n’a été aussi grande, aus:i 
générale, car son application s’étendehaque 
jour, etil n’est p-ut-être aucune des con- 
ceptions de l'art à laquelle il ne vienne en 
aide. 

Le but que je me propose dans cette note 
est de signaler quelques unes des habitudes 
du fer qui paraissent avoir échappé pres- 
que entièrement à l'attention des savants, 
et qui, connues jusqu’à un certain point 
des hommes pratiques, n’ont été considé- 
rées par eux que comme des faits isolés, 
et non comme les résultats d’une loi im- 
portante et générale. Ces faits méritent 
néanmoins toute l’attention des savants, en 
raison des conséquences importantes qui 
peuvent en dériver. 

On connaît deux espèces bien distinctes 
de fer malléable;, sousles noms de red short 
et-de cold short. La première est ce fer 
tenace et fibreux qui, à froid, possède une 
force considérable; la seconde présente 
une fracture cristalline, est très cassante à 
froid, mais est très ductile à chaud. 

Ces distinctions sont bien connues des 
personnes familières avec l'emploi du fer; 
mais on sait beauconp moins générale- 
ment qu’il existe plusieurs causes au moyen 
desquelles le fer tenace et fibreux se con- 
vertit rapidement en fer cristallisé, chan- 
gement qui diminue considérablement sa 
force. 

L'importance que présentent ces modi- 


618 


fications est aujourd'hui incontestable. La 
catastrophe du chemin de fer de Vér- 
sailles, où tant de victimes ont trouvé une 
mort horrible, est résultée de la rupture 
d'un essieu de locomotive; et cet essieu 
offrait, aux points fracturés, de gros cris- 
taux, dont la présence indique toujours un 
fer cassant. Je ne doute nullement, toute- 
fois, que, malgré la structure cristalline 
de cet essieu au moment de l’accident, 
cette structure ne fût, peu de temps au- 
paravant, celle d’en fer tenace et fibreux 
au plus haut degré. 

Je me propose ici de faire connaître com- 
ment ces modifications aussi extraordi- 
paires qu'importanies se produisent, et de 
sigoaler quelques uns des procédés au 
moyen desquels on peut démontrer ex- 
périmentalement la vérité de cette asser- 
tion. 

Les causes principales de ces modifica- 
tions sont : la percussion, la chaleur et le 
magnétisme, Il est douteux, toutefois, 
qu’une seule de ces causes produise les ré- 
sultats en question ; mais j'ai de fortes rai- 
sons de penser que toutes concourent à les 


‘ produire. 


L'exemple le plus frappant de la cristal- 
lisation du fer par la chaleur se trouve dans 
les barreaux forgés d’un fourneau. Quelle 
que soit la qualité du fer au moment de 
la construction des barreaux, en peu de 
temps ils seront convertis en fercristallisé, 
ce dont on peut se convaincre en brisant 
un de ces barreaux. On produira plus 
promptement encore le même effet en 
chauffant à plusieurs reprises du fer fi- 
breux, et en le plongeant autant de fois 
dans l’eau pour le refroidir rapidement. 

Dans ces circonstances se rencontrent 
au moins deux des causes signalées plus 
haut, la chaleur et le magnétisme. Toutes 
les fois qu'on élève le fer à une très haute 
température, il éprouve un changement 
dans ses conditions électrique où magné- 
tique; car il perd alors entièrement sa 
puissance magnétique, qu'il reprend à me- 
sure que sa température s’abaisse. Dans le 
cas où on plonge le fer chaud dans l’eau, 
on peut constater d’une manière plus déci- 
sive la présence des forces électriques et 
magnétiques : car depuis longtemps, sir 
Humphry Davy a fait connaître que toute 
espèce de vaporisation produisait Pélectri- 
cité négative dans les corps en contact avec 
la valeur ; fait qui, récemment, a excité de 
nouveau l'attention, en conséquence de 
la découverte de grandes quantités d’élec- 
tricité dans un jet de vapeur. 

Ces résultats n’ont toutefois que peu de 
conséquences pratiques ; mais les effets de 
la percussion sont à la fois variés, consi- 
dérables, et d’une grande importance. 
Ces effets dans plusieurs circoustances sont 
remarquables, nous les signalerons dans 
un deuxième article. 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 
Conservation des substances alinenteires. 


(Quatrième et dernier article.) 


Dans les derniers articles sur la conser- 
vation des substances alimentaires, nous 
avons résumé les belles leçons faites sur ce 
sujet, à l'Ecole municipale de Rouen, par 
M. 3. Girardin , membre correspondant de 
l'Académie des Sciences. Nous allons au- 
jourd’hui, d’aprèsce savant, compléter cette 
question si intéressante par l'exposé des pro- 
cédés de conservation du lait. 


DIT 


: : : À 
4 J\ On sait que les alcalis font disparaître sur- 


ER 


{ 
{ 


+-champ le coagulum formé par les acides, 


in raison de l’action dissolvante qu'ils exer- 
ent sur le caseum. M, Braconnot a profité 


1 Fe cette propriété pour obtenir le lait sous 


“ne forme très concentrée. Voici comment 

L opère : 

| Dans trois litres de lait chauffés à 45 de- 

rés, il ajoute peu à peu de l'acide hydro- 

‘hlorique, de manière à en déterminer la 
Hoagulation. Il recueille le caillé, le lave 
bien. l’exprime, puis le fait chauffer avec 5 

jramimes de carbonate de soude cristallisé 
“tune petite quantité d’eau ; tout se dissout 
bromptement, et il en résulte une sorte de 
srême épaisse ou de frangipane que l’on 
veutaromatiser à volonté. Cettefrangipane, 
nêlée avec son poids de sucre, et chauffée 
ivec précaution, fournit un sirop très agréa- 
ile au goût et parfaitement homogène. Par 

a concentration de ce sirop, ou obtient 
j1ne pâte qu'on peut découper en tablettes 
let dessécher complétement à l’étuve. 

- Le siropet les tablettes de lait se conser- 
vent très bien. Si l’on étend le sirop d’une 
ijrande quantité d’eau, on produit une li- 
iqueur d’un blanc opaque, en tout sembla- 
“ ble au lait, et dont la saveur rappelle celle 
\du lait bouilli ou cuit. Dans le café, les po- 
\tages, les crêmes et autres aliments de cette 
nature, ilest aussi agréable que le lait frais. 
| Les tablettes peuvent servir en voyage pour 
isucrer le café. Ainsi le sirop etles tablettes 
| de lait sont des objets précieux pour les ma- 
ons dans leurs voyages de long cours. Dans 
(es grandes villes, où il n’est pas toujours 
facile de se procurer du lait de qualité pas- 
| sable, ces préparations, qui peuvent se con- 
server très longtemps, seraient parfois d'un 
“ graud secours. 
“ Ilya déjà fort longtemps qu’on cherche 
“ des moyens économiques et prompts de 
conserver le lait, pour pouvoir le transpor- 
ter au loin sans altération. 

M. Appert conserve le lait dans des bou- 
teilles pleines, bien bouchées et privées 
d'air. Mais l'expérience à prouvé aux ma- 
rins que l’agitation causée par le transport 
sépare la partie butyreuse du lait; et mal- 
| 31€ tous les soins pour le rendre homogène, 


d’une couche de beure, ce qui rend son 
| emplui peu agréable. : 

|. En 1835, MM. Grimaud et Gallais ont 
imaginé de réduire le lait en une pâte sè- 
che, au moyen d’un courant d'air froid qui 
passe à travers le liquide et lui enlève ainsi 
toute son eau. Le résultat de cette évapora- 
tionest ce qu'ils appellent la /actéine ou Lac- 


moins l’eau, qui y entre pour 9119, en 
sorte qu’elle représente le lait au 10° de 
son volume. Cette matière offre ainsi un 
! moyen facile d'exporter le lait, puisque, par 


+ sa dissolution dans une suffisante quantité 


. d’eau, elle reproduit le liquide primitif qui 


Va fournie. La lactoline se prépare actuel 
* lement très en grand ; on en vend beaucoup 
| à Paris. Le prix est de 12 fr. le kilogram. 
| La glace permet de conserver pendant les 
| grandes chaleurs des provisions qui sont 
! Souvent perdues dans les petits ménages. 
! On pourrait, il nous semble, tirer de pays 
éloignés de la capitale de huit à dix lieues 
le lait qu'on garderait dans un endroit 
frais et dans un vase entouré de glace. On 
aurait par là du lait plus salubre, puisqu'il 
viendrait de vaches qu’on ne tient pas con- 
Stamment à l’étable, comme celles de Paris 
et de la banlieue, 
- La ménagère a à sa disposition, on le 


le liquide des bouteilles est toujours couvert 


| toline, qui contient tousles principes du lait, 


620 


voit, une foule de procédés de conserva- 
tion des substances alimentaires dont elle 
ne se doute aucunement. Ainsi, elle ignore 
que les pommes de terre placées dans un 
tonneau où l’on a brülé des mêches sou- 
frées (comme on le fait lorsqu'on veut em- 
pêcher la fermentation du moût de raisin), 
peuvent y passer un an et plus sans ger- 
mer, et qu’elles yacquièrent même un pe- 
tit goût sucré. 

Ceux de nos lecteurs qui desireraient de 
plus amples renseignements sur les procé- 
dés de conservation des substances alimen- 
taires, nous les renvoyons à l'Echo du 2 
mars 4843 et à celui du 19 juin 1842. Ils 
trouveront aussi les procédés de conserva- 
tion des substances animales par le sous- 
carbonate de potasse, au numéro 61 1842, 


deuxième semestre. J.-S. G. 
AGRICULTURE: 


Maiière de préparer la sentence du froment, 
afin de préserver celui-ci de la nielle. 


On a bien des fois essayé diverses mé- 
thodes, les unes assez bonnes, les autres sans 
effet, pour préparer la semence du fro- 
ment et préserver la récolte des ravages de 
la nielle. En voici une que nous offrons 
aux cultivateurs en général, parce qu’elle 
est facile, et que nous la croyons réelle- 
ment bonne; d’abord parce qu'elle atteint 
son but, et ensuite, parce qu'elle est utile, 
en ce qu’elle sert également de remède et 
d'engrais pour le froment ensemencé, Un 
des avantages offerts par cette méthede, et 
ce n’est pas le moindre, c’est que le grain, 
soit entièrement ou en partie préparé, peut 
rester quelque temps sans être semé, et 
cela sans qu'il en résulte aucun dommage. 
— Mettez environ un demi-boisseau de fro- 
men! dans un baquet, puis versez-y de l’eau 
dessus; vous le lavez bien en le remuant 
très fort avec un bâton, afin de le bien net- 
toyer. Ensuite remettez de l’eau, remuez 
encore et rejetez cette eau. Vous répétez ce 
procédé assez souvent pour faire disparaître 
toutes les saletés. Celui-ci lavé, préparez- 
en une nouvelle quantité, jusqu'à ce que 
vous aurez nettoyé le tout. 

Alors, ajoutez au froment du sel fort, 
n'importe pour si fort qu’il puisse être, en 
laissant toutefois l’eau couvrir le grain, et 
remuez bien. Lavoine, s’il y en a, ainsi que 
d'autres graines plus légères que le blé, 
monteront sur la surface, et il faudra les 
retirer. — Laissez votre froment tremper 
pendant un jour, même pendant deux ou 
trois, et si cela ne vous convient pas de se- 
mer tout de suite, laissez tremper pendant 
une semaine etmême plus longtemps. Après 
cela égouttez, et ajoutez de la chauxéteinte, 
jusqu’à ce que le froment se sépare de ma- 
nière à pouvoir être semé convenablement, 

(ASoctété polytechnique.) 


— HD Le — 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 


Arrondissement de Saintes, canton de Saintes, 
(Charente-nf.) 


Commune nu Douser. Les Celtes nom- 
maient Douët un ruisseau, un égoût, un 
canal. — C’est, en effet, au Douhet que se 
trouve une des sources que les Romains 
conduisirent à Saintes par le moyen d’un 
aqueduc dont les ruines subsistentencore. 
Des restes imposants d’un castellum aquæ, 
taillé dans le roc, et dont les dalles sont 


ZE 
encore en place, rend cette commune in- 
téressante pour l’archéologue. 

Bourignon a décrit avec soin l’aqueduc 
que les Gallo-Romains avaient établi à l’o- 
vient de Mediolanum , à 15 kilom. de la 
ville, pour conduire les eaux de plusieurs 
fontaines { Antiq., p. 431) dans l’intérieur 


de Saintes. Suivant l'opinion admise par 


Bourignon, c'était de Fond-Giraud, fon- 
taine de la commune d'Ecoyeux, que par- 
tait l’aqueluc. Fond-Giraud , en ccite, si- 
gnifie la source du fils de l'oiseau de proie, 
de fons fontaine , gir faucon, et a/dus dé- 
rivé de alendo, synonyme d’a/umnis, nour- 
risson , mot transformé en aud ou en ald. 
Mais un fait qui semble contredire cette 
manière de voir est celui-ci : en 1832, les 
fortes chaleurs firent tarir la fontaine de 
Fond-Giraud, et cependant le volume d’eau 
de la fontaine du Douket n’en éprouva pas 
de diminution. Toutefois, il se peut que les 
Rornains aient rendues indépendantes les 
unes des autres les sources qui alimentaient 
l’aqueduc. 

Le bassin de la fontaine de Fond-Giraud 
est carré, profond de 2 mètres et demi 
environ; le cours d’eau qui en part con- 
tourne les rochers du vallon, jusqu’au 
puits du village des Richards. Bourignon , 
qui est descendu dans ce puits, y a trouvé 
les parois de l’aqueduc se prolongeant sous 
le chemin de Saint-Jean-d’Angély, à quel- 
que distance de la Rouillerie. À cent pas de 
ce lieu, on trouve un trou, appelé par les 
habitants, lOuaye à Métau (de hws, huis, 
ouverture ), profond de 3 à 4 mètres, et 
creusé dans le roc. Ce trou est comblé en 
partie par des décombres. On y entend le 
bruit de Peau qui coule sous terre, mais 
dont on ne peut suivre le trajet Jusqu'à la 
Grand-Font, Proche les Pérots s'ouvre un 
évent, sorte de puits carré, profond de près 
de 7 mètres sur 2 mètres et demi de lar- 
geur. L’aqueducs fait un détour sur la gau- 
che à partir de ce village, et suit la pente 
de la vallée où existe sa plus grande ou- 
verture appelée la Grand-Font du Douhet. 
Au dessus de cette ouverture est an mur 
très épais que Bourignon regarde comme 
un débris soit du Castellum aquæ, soit de 
la demeure du Castellarius où Fillicus 
aquæ, É 

Ce réservoir d’eau a dû être considéra- 
ble. La voûte, taillée dans le roc vif, a prés. 
de 4 mètres de hauteur dans sa partie la 
plus élevée. Le canal aussi creusé dans le 
rocher, n’a que 49 centim. de largeur et 
16 centim. de rebords des deux côtés. La 
voûte que Bourignon a suivi sous terre, en 
remontantlecours del’aqueduc, fait unpeu 
le coude sur la droite jusqu’à une distance 
de 30 pas, où se trouve une tour circulaire 
qui devait avoir communication avec l’é- 
vent. En dépassant cette tour, il fut arrêté 
à gauche par un mur de refend qui clot la 
voûte et qui sert de base à l’évent. Sur le 


| côté droit ouvre un conduit carré très étroit, 


par où l’eau coule. Des enfants, qui avaient 
pénétré dans ce conduit pendant l'été, ont 
dit à Bourignon qu'après 50 pas ils avaient 
rencontré une voûte semblable à la pre- 
mière , et qu'ils avaient pû suivre la dalle 
jusqu’à l'Ouaye à Métau. La voûte est cons- 
tamment creusée dans le roc, depuis la 
Grand-Font jusqu’au château du Douhet ; 
mais elle n’a alors qu'un mètre d’ouver- 
ture, et elle finit après s’être rétrécie suc- 
cessivement et avoir perdue son ceintre 
pour prendre la forme carrée. 

De l'ouverture de l’aqueduc jusqu’au 
château, on compte 40 ouayes ou coupures 


622 


faites au moyen-ge par un seigneur du 
Douhet, qui fit nettoyer l’aqueduc afin d'en 
recevoir l'eau pour ses jardins. 

L'aqueduc , après s'être détourné pour 
suivre la pente de la vallée, entre bientôt 
dans le coteau en laissant l’église du Douhet 
à gauche, passe sous la maison dite du 
Ruisseau, Wraverse sous le village des Bris- 
sons: tire vers la Foucherie; laisse le vi- 
lage des Siguets à droite, et se rend au val- 
Jon de la Zonne. Des voûtes qui effleurent 
le sol, des portions de canal, des puits on- 
verts, se rencontrent surabondamment 
dans ce trajet. De la Tonne , le canal se 
dirige vers le Puy-Gibaut (le coteau en 
bosse), en recevant une branchede canali- 
sation partie de la fontaine de Vénérand. 
En cet endroit, l’aqueduc se trouvait pos- 
séder un fort volume d’eau fourni par les 
sources de Fond-Giraud et de Vénérand. 
De la Tonne (du celte ton, vase) à la Font- 
de-l'Eschale, on perd de vue la voûte de 
l'aqueduc. Seulement on trouve entre les 
Ménards et'les Guillots un trou couvertde. 
broussailles où les eaux vont se perdre. AU 
milieu de la vallée des Pendants est la Font- 
de-PEschale, ayant une ouverture carrée 
pratiquée dans le roc, et par laquelle on 
découvre la voûte de l'aqueduc dont on re- 
trouve les traces à la Font-Morillon (la 
Source-Noire), à Montignac, à la Grimo- 
derie, à Font-Couverte (de fons coopertus), 
se rend au vallon des 47s (arcades) ôù trois 
arches en plein cintre, d’une hauteur va- 
riable, parementées en petites pierres lon- 
gues, servaient à soutenir les conduits, Ces 
trois arches sont les seules qui restent in- 
tactes des vingt-cinq dont les débris cou- 
vrent çà etla le sol. Au Plantis des Neuf- 
Puits souvrent neuf évens qui annoncent 
la continuation de l’aqueduc. 

Des Puits jusqu’aux Bots de la Tonne on 
suit la voûte de l’aqueduc, et vers le Chail- 
lot il aversait la vallée sur des arches dont 
il ne reste plus que des piles, proche Au- 
mont et au Fief-des-Plantcs. On suit sa di- 
rection ensuite au moulin de la Grille, à 
la Berlingue , delà au faubourg des Dames 
où il se dirigeait vers Saintes par la Porte- 
Aiguière (porta aquaria ). Il est probable 
qu'un embranchement de l’aqueduc pas- 
sait la Charente à la Grand’ Porte, arrivait 
sur le plateau de Saint-Vivien et aux bains, 
où de nombreux conduits ont été déterrés 
récemment. Il y en a même un de béant 
à côté de l'hôpital de la Marine. 

La Sromendrie est une métairie près de 
laquelle sont encore les vestiges des vingt- 
cinq arcades qui supportaient l’aqueduc. 
Des trois qui restent, une mesure 15 mètr. 
de hauteur. Bromius est un surnom de 
Bacchus. 

Les Guillots ou Guilleaux , où passe l’a- 
queduc, tirent leur nom du guy sacré de 
la religion ethnique du chêne au temps des 
Druides. 

Le Maine-Jou, proche Saintes , est en- 

. core une dénomination celtique que les La- 
tinsont traduit en mansio Jovis, temple de 
Jupiter, dont les Saintongeois ont fait 
Maine-Jou. Mais chez les Gaulois, Jou était 
un dieu tenant de l’Apollon et du Jupiter 
des Grecs. Au Maine-Jou existe encore une 
crypte souterraine dont la destination était 
ignorée. On en trouve une semblable à F/0- 
rac et à la Billarderie. 

L'église du Douhet est dédiée à Saint- 
Martial, prédicateur à Limoges, de 259 à 
269. C’est un très bel édifice roman-byzan- 
tin du onzième siècle, dont la façade, bien 

__que restaurée dans quelques unes de ses 


v 


623 


parties , a conservé en bon état les carac- 
tères de son architecture, et a un porche 
développé, mais sans caratères. La façade 
se compose de deux ordonnances, un por- 
tail à trois voussures et deux portails laté- 
raux en arc-de-triomphe , bouchés. Les 
pleins-cintres sont bysantins, couverts de 
frètes et d’entrelacs. Une consolle à cor- 
beaux sépare les assises. La deuxième avait 
une arcature de pleins-cintre dont il ne 
reste plus que trois arcs. Au milieu était 
placé la fenêtre. L’abside, semi-arrondie, 
est aussi du onzième siècle ; ses contreforts 
primitifs sont de légères colonnettes appli- 
quées, et un tailloir à modillons contourne 
ja frise. Les fenêtres sont romanes, mais on 
les a bouché, Quelques gros contreforts du 
quinzième siècle ont été apposés à l'abside. 
Le clocher est carré, ayant une petite toi- 
ture en cône aigu à 6 pans. Quatre petits 
clochetons en garnissent les angles. Il date 
du treizième siècle, ainsi que les baies qui 
lui donnent du jour. 

Le village de Forges avait sans doute au- 
trefois un de ces ateliers de maréchallerie, 
forga ou forgium, dont parlent des chartes 
du quatorzième siècle. 

Louis XIII séjourna en 1621 au village 


de la Rourie, lorsqu'il fut assiéger la ville : 


de Saint Jean-d’Anpély. 

Les eaux de la fontaine du Douhet sont 
très chargées d'acide carbonique et de 
chaux, aussi précipitent-elles abondam- 
ment du carbonate de chaux sur les corps 
qu'on immerge. 

Le château, bâti par le marquis de Thors, 
est moderne et n’a rien d intéressant. 

LESsson. 


GÉOGRAPHIE. 


Notiee sur le Yucathan, d’après les écrivains 


espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag). 
(Quatrième article.) 


Quand j'allai dans cette province, dit le 
licencié Lopez Medel, visiter les édifices de 
Chychenytza qui sont très remarquables, 
les vieillards me racontèrent que, peu de 
temps avant l’arrivée des Espagnols, une 
jeune fille déclara aux prêtres qui allaient 
la sacrifier de cette manière, que, loin de 
prier les dieux pour eux, elle lesengagerait à 
leur faire tout le mal possible puisqu'ils la 
sacrifiaient contre sa volonté. Cette réponse 
lesembarrassa tellement qu’ils se décidèrent 
à la remettre en liberté et à en immoler 
une autre. 

Les habitants du Yucathan célébraient 
aussi une grande fête en l’houneur du feu; 
ils allumaient un vaste bûcher, et, quand 
il ne formait plus qu'un brasier, un prêtre 
le traversait en chantant et en dansant; il 
est vrai qu’on avait soin de lui ouvrir un 
chemiu, mais le passage ne laissait pas 
d’être dangereux. 

Ilreste encore dans beaucoup d’endroits, 
des ruines d’édifices qui ressemblent aux 
temples mexicains. Il y avait à Ytzamal un 
temple magnifique, dédié à Ytzamal-Ul ou 
à celui qui dispose de la rosée du ciel. Plus 
au couchant était celui d’une autre idole, 
nommée Kab-Ul, et au nord, celui d'un 
dieu nommé Kinich-Kakmo, figure du so- 
leil : c'était à lui qu'on s'adressait dans les 
temps de peste. Les prêtres portaient de 
longs vêtements blanes; ils de se lavaient et 
ne se peignaient jamais les cheveux, qui 
étaient oints du sang des victimes hu- 
maines. Ils jeünaient souvent et se tiraient 
du saug des diverses parties du corps. Les 


autant à ceux de nos prêtres que l’ont pré- 


‘lai lavait la tête avec de l’eau, et il était 


624 
prètres se distinguaient, suivant leur rang, 
par leurs vêtements. Le grand prêtre avait 
une espèce de dalmatique et une mitre que 
les autres n’avaient pas le droit de porter. 
Mais ces ornements ne ressemblaient pas 


tendu certains Espagnols qui ont voulu 
prouver que la religion chrétienne avait 
déjà été prêchée au Mexique. 

Il y avait au Yucathan une espèce de 
baptême qui n’était pas d’un usage géné- 
ral, mais que l’ou regardait comme d'une 
sainteté particulière. On mettait à ceux 
qui y étaient destinés par leurs parents dès 
leur naissance un nom distinctif sur la 
tête pour les distinguer des autres enfants; 
quand ils avaient atteint l’âge de six ans, 
les parents ornaient de branches d'arbres 
la main du prêtre, on réunissait ensuite 
tous les enfants du village qui formaient 
une procession, Les jeunes garçons avaient 
un vieillard en tête, et les jeunes filles, une 
vieille femme. Le prêtre, avec beaucoup 
de cérémonie , ôtait à l’enfant la marque 
distinctive qu'il avait portée jusque-là ; on 


regardé toute sa vie comme sanctifié. 
mm 


Le Rédacteur-Gérant : 
; C.-B. FRAYSSE,. 


FAITS DIVERS. 


— Le daguerréolipe, s'il faut en croire une lettre 
datée de Nice et publiée par quelques jouruaux, 
aurait obtenu un perfectionnement dont s'occupent 
depuis deux ans nos plus habiles physiciens. Le 
problème de la reproduction des couleurs par le da- 
guerréotype et sans le secours d'autre opération 
que celle qui donne la ressemblance, aurait été ré- 
selu par M. le chevalier Iller. Gette découverte, si 
elle est vraie, fera une révoiution complète dans Part 
de la peiature. , 


— Au iuoment où les horticulteurs s'occupent de 
l'écheniliage, nous nous faisons un devoir de recom- 
mauder à nos abonnés la fabrique de M. Arnheiïter, 
mécanicien du roi, rue Childebert, 13. Parmi les 
nombreux instruments que nous avons remarqués 
dans ses ateliers, nous devons mentionner des séca- 
teurs dont le mécanisme simple et commode à l'a- 
vantage de couper des branches sur lesquelles se 
trouvent les bourses de chenilles, et de retenir ces 
branches jusqu'à ce que par le moyen d’un cordon 
que l’on läche à volonté, on laisse tomber à terre 
les chenilles et la branche. On connaît combien il 
est aisé par ce moÿen de préserver du contact des 
chenilles les parties de l'arbre qui ne sont pas en= 
core gangrenées. Nous avons eu occasion déjà plu- 
sieurs fois de parler dans notre journal de Ja fabri- 
que de M. Arnheiter, qui à inventé lui-mème plu- 
sieurs instruments d'horticulture et en a perfectionne 
un plus grand nombre. 


2. — SALE — 
BIBLIOGRAPHIE, 


RAPPORT à M. le comte Duchätel, ministre se- 
crétaire d’Etat de l’intérieur , sur les prisons de la 
Prusse; par M. Hallez-Claparède. 

RELATIONS du siége de Sancerre en 1573; par 
Jean de la Gessée et Jean de Lery:; conformes aux 
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo= 
riques relatives à la mème ville. À Bourges , chez 
Vermeil. ‘A 

COLONIES étrangères et Haïti, résultats de lé: 
mancipation anglaise ; par Victor Schælche. A Paris, | 
chez l'agnerre, rue de Seine, 14 bis. 

COURS de chimie inorganique appliquée; par 
M. Payen. Analyse des leçons , données et descrip= | 
tion des planches, par MM. Knab et Schmersahl, 
A Paris, au Conservatoire des arts et metiers. -{, 


EE RE | 
PARIS,—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


CT 


10e ammée. 


D DÙÜ 


Pazis. — BDiaanmehe, 9 Avrii 1843. 


DNDE 


N° 27, 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


—— 


L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le FEUIDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A DE LAWALETULE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR;S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr., 
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RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CH01518 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B, FRAYSSE, gérant-administrateur, 


SOMMAIRE — SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. Rechcrches sur la force épipolique; 
Dutrochet. — CHIMIE APPLIQUÉE. Du cam- 
phre et de son application médicale et indus- 
inielle. — SCIENCES NATURELLES. GEO- 
LOGIE. Sur le sysième silurien de l'Amérique 
septentrionale ; Elie de Beaumont. — Réfuta- 
tion du système de transport de blocs erratiques 
sur des glaces universelles et observations rela- 
tives au transport de ces blocs; Fauverge. — 
SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ D’EN- 
COURAGEMENT,, séance du 5 avril — ÉCONO- 
MIE DOMESTIQUE. Système raisonné des pri- 
ses d'air et des bouches de chaleur des poèles et 
des caloriferes; d’Arcet. —AGRICULTURE. Cul- 
ture des sols calcaires. — HORTICULTURE. 
Sur la taille du muürier. — SCIENCES HISTOz 
RIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORA- 
LES ET POLITIQUES. Séance du 1 avril. — 
ARCHEOLOGIE. Costumes, ornements et déco- 
rations au moyen-âge ; Schaw.— GÉOGRAPHIE, 
Note sur le Yucathan. — BIBLIOGRAPHIE. 


SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Recherches sur la force épipolique ; par 
M. Dutrochet. 


(Deuxième article, ) 


L'étude des courants épipoliques qui sont 


produits sous l'influence de l'électricité 


voltaïque, sur la surface du mercure recou- 
vert par de l'eau où par des solutions 
aqueuses de sels, d’acides ou d’alcalis, oc- 
cupe une grande partie de la seconde par- 
tie de mon ouvrage. J'y fais voir que l’é- 
lectricité n’agit point ici directement pour 
produire les courants épipoliques , et que 
son influence, dans ce cas, se borne à dé- 
terminer, aux pôles électriques , un déga- 
gement de chaleur qui est la seule cause 
immédiate et productrice de ces courants. 
À l’aide d’un appareil thermo-électrique 
convenablement disposé j'ai pu constater 
dans tous les cas que le pôle électrique du- 
quel partait le courant épipolique était tou- 
jours celui où il y avait le plas grand dé- 
gagement de chaleur. Lorsque la supério- 


rité de chaleur venait à passer d’un pôle 


au pôle opposé, le courant épipolique se 
renversait immédiatement. Ces diverses ex- 


périences sont trop nombreuses pour que 


je puisse ici en donner l'analyse. 
Les.mouvements des fragments de po- 


_tassium, ou des fragments dé divers allia- 


ges de potassium sur l’eau et sur le mer- 
cure recouvert d’une mince couche d’eau, 
sont des mouvements de réaction dirigés en 
sens inverses des courants épipoliques qui 
sont produits, sur la surface de l’eau et 
sur celle du mercure, par la chaleur que 
dégagent ces fragments par le fait de l'oxy- 
dation du potassium et par le fait de la for- 
mation de l’hydrate de potasse. J'avais déjà 
formeliement indiqué cette cause produc- 


trice des courants épipoliques lorsque j'ai 
dit, dans la première partie de cetouvrage : 
« Toute cause qui produit un dégagement 
» de chaleur dans un point de la surface 
» de l’eau, produit en même temps dans ve 
» point le développement de la force épi- 
» polique. » 

J'ai communiqué à l'Académie, dans ses 
séances du 27 juin et du 4 juillet 1842, mes 
expériences relatives aux courants épipoli- 
ques qui sont produits sur la surface de di- 
vers liquides par lPinfluence de certaines 
vapeurs. Je reproduis ces expériences dans 
la seconde partie de mon ouvrage, et j'y 
cherche à déterminer le mode de l’action 
au moyen de laquelle les vapeurs dont il 
s’agit produisent ces courants épipoliques. 
Considérant, d’après la théorie que j'ai ad- 
mise, que tout courant épipolique recon- 
naît pour cause immédiate un changement 
local dans la température de la surface sur 
laquelle ce courant se manifeste, j'ai dû 
chercher si l’action de telle ou telle vapeur 
appliquée à la surface de tel ou tel liquide 
échauftait ou refroidissait cette surface. Je 
ie suis servi, pour cet& secherche, d’un 
appareil thermo-électrique convenablement 
disposé, J'ai trouvé, par ce moyen, que 
toutes les vapeurs qui se dissolvent dans 
un liquide où qui se combinent chimique- 
ment avec lui l’échauffent. D’an autre côté, 
j'ai trouvé que toutes les vapeurs formées à 
la température ordinaire de l'air dans le- 
quel elles se répandent sont plus froides 
que cet air ambiant. Ainsi les: vapeurs 
exercent une aclion refroidissante sur les 
corps qu'elles touchent lorsque ces corps 
sont à la température de l'air ambiant, et 
elles exercent sur ces mêmes corps une ac- 
tion échauffante lorsqu'elles se combinent 
avec eux. Le corps qui fournit la vapeur 
se refroidissant, par le fait de son évapora- 
tion, tend à refroidir, par voisinage , les 
corps dont on l’approche. Il résulte de tout 
cela que lorsqu'on approche de la surface 
d’un liquide déterminé une goutte d’un li- 
quide volatil déterminé, cette surface peut 
être refroidie par le contact de la vapeur 
ou par le voisinage de la goutte refroidie 
du liquide volatil; elle peut être échauffée 
par la dissolution ou par la combinaison 
chimique de cette même vapeur ; c'est de 
l'excès de l'une des deux actions soit re- 
froidissante, soit échauffante, qui est exer- 
cée dans cette circonstance sur la surface 
du liquide, que résulte l'établissement d’un 
courant épipolique sur cette surface. Or, 
j'ai observé que ce n’est pas toujours en 
vertu de son action refroidissante que la 
goutte de liquide volatil suspendue au des- 
sus de la surface d’un liquide déterminé, 
produit, sur cette surface, un courant épi- 
polique dirigé en convergeant vers cette 
goutte ; c’est bien évidemment, dans cer- 
tains cas, en vertu de l’action échauffante 


de sa vapeur ; en sorte que le courant épi- 
polique est ici caloripète, au lieu d’être ca- 
lorifuge comme il l’est dans ja plupart des 
autres cas. 

La vapeur de tous les liquides combusti- 
bles échauffe l’eau par cela même que cette 
vapeur s’y dissout; c'est ce dont je me 
suis assuré directement avec mon appareil 
thermo-électrique, la vapeur du camphre 
produit le même effet. C’est pour cela que 
la vapeur des huiles essentielles, de l’alcool, 
de l’éther, du camphre, etc., produit des 
courants épipoliques sur la surface de 
l'eau ; ce sont ces courants épipoliques 
qui, par réaction , font mouvoir sur 
l’eau les parcelles de camphre ; c’est la 
chaleur produite autour du camphre par 
la dissolution de sa vapeur dans l’eau 
qui l’environne qui fait que cette substan- 
ce s’évapore 30 à 40 fois plus vite sur 
l’eau qu’à l'air libre, ainsi que l’a expéri- 
menté Béuédict Prévost; c’est cette même 
chaleur qui fait que des colonnes de cam- 
phre à moitié plongées dans l’eau se cou- 
pent à la surface de ce liquide , ainsi gs 
la expérimenté Venturi. N 

Comme c’est en échauffant la pl: 
occupe sur l’eau, que le camphrægi 
un courant épipolique sur ce liqi 
courant doit être semblable, pour 
tion, à celui qui est produit sur Ï pi 
la chaleur artificiellement appliquéé_ 
bord de sa surface qui possède l’épipoliètté 
aqueuse. C’est effectivement ce qui a lieu. 
Ainsi, en plaçant d’une manière fixe une 
parcelle de camphre au bord de la surface 
de l’eau, on voit s'établir un courant épi- 
polique à double tourbillon semblable à 
celui qui est représenté par la fig. 1, cou- 
rant qu’on a vu plus haut être produit par 
la chsleur artificiellement appliquée au 
point 4, point où je suppose actuellement 
que la parcelle de camphre est fixée. 

La vapeur du camphre produit aussi un 
courant épipolique sur la surface biennette 
du mercure : échauffe-t-elle cette surface” 
C’est ce dont je n’ai pu m'assurer par l’ex- 
périence directe ; mais cet échauffement 
est prouvé, d'une manière indirecte, par 
l'observation de la direction que prend sur 
le mercure le courant épipolique produit 
par le dépôt d’une parcelle de camphre 
fixée au bord de la surface de ce métal. J'ai 
dit plus haut que la chaleur artifcielle- 
ment appliquée au bord de la surface du 
mercure , ou au point a (fig. 2), y produit 
le courant épipolique à double tourbillon 
qui est représenté par cette figure, courant 
qui est celui que l’on observe, en pareil cas, 
sur tous les liquides qui possèdent l’épipo- 
licité huileuse. Or, c’est ce même couran£ 
épipolique que l’on observe sur le mercure 
lorsqu’au lieu d’échauffer artificiellement 
le point &, on y place fixement une parcelle 
de camphre. Il y a donc alors échauffement 


628 
de ce point a. La similitude de l'effet prouve 
ici la similitude de la cause. 

Je termine cette deuxième partie de mon 
ouvrage par la recherche de la cause à la - 
quelle est due l'extension spontanée des 
vouttes de certains liquides sur la surface 

’un solide poli ou sur la surface d’un au- 
tre liquide. Je fais voir que cette extension 
ne doit point être rapportée à l’action ca- 
pillaire, mais qu’elle est bien réellement le 
résultat de l’action d’un courant épipolique 
divergent. Je trouve la cause de ce courant 
épipolique, d’une part, dans la chaleur 
qui, d’après les expériences de M. Pouillet, 
se développe toujours au contact d’un so- 
lide avec un liquide qui le mouille; et 
d’une autre part, dans la modification de 
température soit en plus , soit en moins, 
qui a toujours lieu lors de lassociation de 
deux liquides hétérogènes. 

En résumé, les courants épipoliques dif- 
fèrent essentiellement des courants de l'é- 
lectricité soit statique, soit dynamique ; ils 
ne diffèrent pas moins des courants de cha- 
leur. Leurs effets moteurs sont générale- 
ment hors de toute proportion avec ceux 
que peavent produire par elles-mêmes les 
modifications locales et souvent extrême- 
ment faibles de température qui leur don- 
nent naissance. L'agent épipolique a ce- 
pendant cela de commun avec l'agent élec- 
trique qu'il tend, comme lui, à prendre 
son chemin par les pointes ou par les an- 
gles des corps. 


CHIMIE APPLIQUEE. 


Du camphre et de ses applications médi- 
cales et industrielles. 


(Premier article.) 


Le nom dé camphre dérive du mot arabe 
caphur où cainphur. On peut, en effet, 
rapporter à cet origine l'introduction 
du camphre dans la matière médicale, 
CEtius (1) en a parlé le premier, comme 
d'un remède précieux : l'emploi en fut 
pourtant fort rare jusqu’au temps d’Avi- 
cenne qui vivait dans le onzième siècle. 
Depuis cette époque, le camphre n’a pas 
cessé d’être employé dans la pratique mé- 
dicale, tant ses bons effsts répondent à l’at- 
tente des médecins. 

On voit le camphe éprouver dans nos 
pharmacies mille associations diverses, 
donner naissance à mille produits diffé- 
rents, et créer ainsi des ressources sans 
nombre contre les infirmités humaines... 
Une substance naturelle médicamenteuse, 
d’une utilité si grande, ne pouvait man- 
quer d’être soigneusement étudiée. De là 
des nombreux écrits publiés tour à tour 
sur l’origine du camphre, sur sa nature, 
sur ses propriétés médicales, etc., etc.; si 
bien qu'il reste peu de chose à trouver sur 
cette matière. 

C’est aux végétaux seulement qu'il faut 
rapporter l'origine du camphre; car ce 
produit immédiat doit exclusivement son 
. existence à l'acte de la végétation. L'art, 
émule de la nature, a bien formé une ma- 
tière analogue, en combinant le gaz acide 
chlorhydrique avec les huiles volatiles de 
térébenthine, d’anis, etc.); mais encore 
cette matière diffère-t-elle assez du cam- 
phre des végétaux pour ne pas pouvoir re- 
trouver tous les caractères de celui-ci dans 
le camphre artificiel, comme nous le ver- 

(1) OEtius était un célèbre médecin de la Su- 
blime-Porte, il vivait environ au milieu du sixième 
siècle, ses écrits furent étudiés et admirés encore 
pendant les quinzième et seizième siècles. 

(Thomson ) 


629 


rous dans l'étude de ces sortes de compo- 
sés. Toutes les plantes qui renferment des 
huiles essentielles contiennent aussi du 
camphre; mais ce camphre diffère un peu 
de celui qui va exclusivement nous occu- 
per d’abord. - 

Ce sont plus particulièrement les végé- 
taux de la famille des labites, et même 
encore de celle des laurinées (Pelouze), qui 
offrent le saccédané du camphre. Il en a 
été obtenu aussi de quelques ombellifères, 
de plusieurs balisiers et de bien d’autres 
plantes appartenant à diverses familles dont 
on voudra bien nous dispenser de faire ici 
l’énumération. Le camphre des labiées 
existe en dissolntion dans Jeurs huiles vola- 
tiles. Proust l’a démontré, en examinant la 
possibilité d'extraire du camphre de ces 
huiles, pour en faire une branche de com- 
merce assez avantageuse das le royaume 
de Murcie en Espagne. Le chimiste de Sé- 
govie opéra avec fruit préférablement sur 
les huiles essentielles de romarin (rosma- 
rinus officinalis), de marjolaine (orrganum 
marjorana), de sauge (sabia officinalis) et 
de lavande (/avandula spica). (Proust, 4n- 
nales de chimie. 

Les plantes de la famille des laurinées 
contiennent aussi du camphre en dissolu- 
tion dans leurs huiles volatiles, maisil n’est 
pas rare de l’y trouver également en mor- 
ceaux solides, dont la pureté permet de le 
confondre avec le camphre le mieux raf- 
finé. Ceci se remarque surtout pour le 
camphe de Sumatra que l’on trouve tout 
formé et cristalli:é dans le canal médul- 
laire de Parbre qui le fournit. Ce canal, du 
diamètre du bras chez les individus de 
moyenne, grosseur en fournit cinq et quel- 
quefois dix kilogrammes, 

On cite parmi les laurinées qui donnent 
du camphre, le laurier d’Apollon (Jaurus 
nobilis), lesassafras (laurus sassafras),le can- 
nelier ({anrus cinnamomum), et surtout le 
camphrier de la Chine et du Japon (laurus 
camphora). Nous passerons sous silence 
l’arbre de Santa-fé-de-Bogota, nommé ca- 
sate dans le pays, qui, au rapport de M.Zéas, 
laisse découler beaucoup de camphre en 
larmes. 

Carnphrier de la Chine et du Japon. — 
Cette espèce importante de laurier, dit cam- 
pbrier de la Chine et du Japon, comme 
étant originaire de ces deux grands empires 
asiatiques, donne beaucoup de camphre et 
appartient à l’ennéandrie monogynie et à 
la famille des laurinées; plusieurs voya- 
geurs l’ont annoncé à l’île de Java et au 
cap de Bonnc-Espérance; mais c’est plus 
particulièrement dans la province de Sat- 
Suma Auzathuma et aux îles voisines de 
Sailtrof, Nipou et autres, que se trouve le 
laurus camphora. 

Cet arbre, assez élevé, d’un port élégant 
et qui offre un joli feuillage, présente un 
tronc divisé en plusieurs petites branches 
garnies de feuilles alternes qui se réunis- 
sentun peu au-dessous de la base. Lesfleurs 
sont dioïques ou polygames, et les fruits, 
d’un noir pourpre, offrant la grosseur d’un 
pois. La chair de ceux-ci est pulpeuse; 
son noyau renferme une amande huileuse 
et fade, Ce camphrier est toujours vert, 
il fleurit pendant les mois de juin et de juil- 
let; toutes ses parties exhalent l’odeur du 
camphre quand on le froisse. 

Camphrier de Sumatra, de Bornéo et de 
Malaca. — I existe dans les îles de Suma- 
tra et de Bornéo, ainsi que dans la pres- 
qu'ile de Malaca, au lieu nommé Borros, 
dans la région occidentale de Sumatra, 


630 


un autre camphrier que les orientaux 


nomment Capour-Borros. M. Correa-de- 
Serra avait pensé que cet arbre apparte- 
nait au Shorea robusta de Roxburg; tandis 
que M. Gartner fils le nommait Dryobala- 
nops aromatica. M. Calebrosne ayant re- 
connu que le fruit de ce camphrier était 
le même que celui du driobalanops, et 
M. Correa , revoyant le fruit, le rapporta 
au geure plerygium plus conau et apparte- 
nant à la famille des laurinées. En consé- 
quence, M. Correa douna le nom de pte- 
rygium teres au -camphrier en question. 
Ce végétal, maintenant cultivé de graines 
à Calcuta, présente des feuilles ovales accu- 
minées ou mucronées. [l en existe à Suma- 
tra, qui ont un tronc de 2 mètres 17 cent.; 
le fruit consiste en une capsule oriculaire 
et monosperme, s’ouvrant en trois valves, 
dont la situation est plus élevée que les 
étamines ; l'embryon de la graine étant ren- 
versé, sans endosperme. 

La plupart des plantes qui offrent du 
camphre en donnent trop peu pour qu’on 
cherche à l’en extraire. Nous avons vu 
qu'il peut y avoir de l’avantage à l’obtenir 
de quel jues huiles volatiles, ainsi que de 
l’arbre de Santa-fé-de-Bogota. On ne se 
livre portant qu’à l’extraction du camphre 
du laurus camphora et du pteryg um teres, 
notamment du premier de ces deux arbres; 
car on ne trouve dans le commerce que 
le camphre de la Chine et du Japon. 

Le père d’Entrecoller (1) et lord Macart- 
ney (2) nous ont appris comment les Chi- 
nois obtiennent le camphre du laurus cam- 
phora. Les jeunes branches de cet arbre 
ayant été réduites en éclats et puis mises à 
macérer dans l’eau pendant trois jours, on 
les fait bouillir dans une marmite en les 
agitant sans cesse au moyen d’un bâton; 
passant alors la liqueur au travers d'un 
linge et l’abandonnant au refroidissement, 
elle se prend en une masse de camphre 
brut. Quelquefois on emploie les feuilles et 
les bourgeons en faisant chauffer leur dé- 
coction aqueuse dans un appareil sublima- 
toire, afin de sublimer le camphre que l’on 
oblient sous forme de gâteau. Le célèbre 
voyageur, Krœæmpfer, nous a également 
instruits de la méthode suivie par les Japo- 
nais, pour extraire le camphre du /aurus 
camphora, qui abonde chez eux. On coupe 
par morceaux le tronc et les branches, et 
on en remplit de grandes cucurbites de 
fer, surmontées de chapiteaux en terre, 
dont on garnit l'intérieur de paille de riz; 
en échauffant modérement ces vases, le 
camphre se volatiliseet s'attache à la paille, 
de laquelle on la détache quand l’opéra- 
tion est terminée; on obtient aussi sous 
la forme de grains grisàtres, agglomérés, 
huilleux, humides et toujours plus ou 
moins purs. 

Camphre de Sumatra, de Bornéo et de 
Malaca. — Le campbre le plus précieux, 
le plus suave, le plus pénétrant, selon tous 
les observateurs, est le produit du ptery- 
gium teres de Correa-de-Serra. On dit qu'une 
livre de ce camphre est plus estimée que 
cent livres du camphre ordinaire. Au Ja- 
pon il se présente sous la forme de petites 
lames ou aiguilles dans cet arbre ; mais on 
peut l’extraire ainsi par la distillation du 
bois. Jamais il ne suinte au dehors, quoi- 
qu'il soit moins volatil que le camphre or- 
dinaire, et que l'arbre contienne une huile 


(1) Recueil de Lettres édifiantes et curieuses, 
p. #15. | 

(2) Voyage dans l'intérieur de Ia Chine, tome 1, 
p: 192. 


| 
| 
| 
| 
| 
l 


631 


_ volatile. Le bois du pterygrum teres est fon- 


gueux et rempli d’use moëlle analogue à 


celle du sureau, dans laquelle paraissentse 


déposer de petits cristaux de camphre 
très pur. Il suffit de les laver à l’eau, pour 
les débarrasser de quelques matières étran- 


- gères, et les rendre ainsi semblables à du 


camphre qui a été raffiné. Les habitants 
des îles, qui vont à la recherche de ce cam- 


- phre dans les bois, entaillent les camphriers 


Jusqu'au cœur; il en découle une huile très 
camphrée, indice de l’existence du camphe 
concrété dans le canal médullaire; mais 
comme le remarque M. Virey, ils détrui- 
sent et perdent ainsi mal à propos une foule 
d'arbres à camphre, faute de savoir bien 
les exploiter. En effet, lorsqu'ils ont retiré 
cette huile camphrée et trouvé un arbre 
contenant du camphre concret, ils se 
contentent de le scier par tronçons et 
d'en extraire mécaniquement cette subs- 
tance.(Journal de pharmacie, tome FIL.) 


47 e 


SCIENCES NATURELLES. 
GEOLOGIE. 


Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castel- 
nau, relahf au système silurien de lAme- 
rique septentrionale ; par M. Elie de Beau- 
mont. 

‘(Deuxième article.) 


Eu décrivant les nombreux fossiles re- 
cueillis pendant son voyage, M. de Castel- 
nau a été conduit à traiter une question qui 
intéresse les zoologistes aussi bien que les 
géologues : celle de l'existence de pattes 
chez les trilobites. 

Ces crustacés fossiles, comme on le sait, 
ressembleut beaucoup par la forme générale 
de leur corps aux cymothoés et surtout aux 
séroles ; mais ceux-ci portent à la face infe- 
rieure du thorax une longue série de paites 
ambulatoires analogues à celles des clopor- 
tes, et si les trilobites avaient eu des appen- 
diceslocomoteursrigidese: articuléscomme 
les isopodes auxquels on les comparait, on 
devrait en apercevoir des traces; or il n’en 
a pas été ainsi, bien que les naturalistes 
aient examiné des milliers de ces animaux, 
dont la conservation est souvent si parfaite 
qu’on distingue jusqu'aux facettes de leurs 
yeux. La plupart des auteurs en ont conclu 
que les trilobites étaient des animaux pri- 
vés de pattes ambulatoires, et cette con- 
clasion aurait été légitime, si, en effet, ces 
crustacés appartenaient au même type que 
les cymothoés, les lygies et les séroles dont 
on les avait rapprochés ; mais, dans ces der- 
uieres années, on a reconnu que les trilobi- 
tes ont plus d’affinité avec les apus et les 
branchippes qu'avec les isopodes ; et si le 
plan général de leur organisation était le 
même que chezles branchiopodes, l'absence 
apparente de pattes dans les fossiles nau- 
rait rien de surprenant et n’impliquerait 
pas l'absence de ces organes chez ces ani- 
maux lorsqu'ils vivaient; car, chez les 
branchippes et les apus, les pattes ont 
la forme de rames foliacées et membra- 
neuses ; dont la conformation est appro- 
priée à leurs usages dans la natation et 
dans la respiration, et dont le tissu est si 
mou et si délicat que leur destruction est 
facile, et que, dans le travail lent de la fos- 
silisation, elles ne pourraient guère laisser 
de traces de leur existence. On pouvait 
donc, malgré toutes les observations néga- 


tives dont il vient d’être question, supposer 


que les trilobites avaient été pourvues de 


632 


s nageoires ou pattes membranenses sembla- 


bles à celles des crustacés branchiopodes, 
Cette opinion était adoptée par plusieurs 
carcinologistes et s’accorde parfaitement 
bien avec les résultats fournis à M. de Cas. 
telnau par l’examen de quelques calymènes 
de l'Amérique septentrionale. 

Effectivement, sur une section transver- 
sale du thorax de l’un des échantillons de 
Calymène trouvés par ce voyageur, on 
apercoit une tache ferrugineuse qui occupe 
la place où devait se trouver le tronc cy- 
lindroïde de l'animal, et un peu plus bas, 
du côté droit, on distiugue une autre tache 
de même nature, mais de forme différente, 
qui ressemble assez à la marque qu'aurait 
pu produire la présence d’une patte foliacée 
analogue à celle d'un branchiqpode. Dans 
un autre échantillon, on remarque sur ane 
fracture longitudinale deux taches de 
même couleur, mais étroites et allongées, 
qui semblent correspondre à deux anneaux 
distincts du thorax et qui pourraient bien 
être des sections de marques analogues à 
celles vues de face dans l'échantillon pré- 
cédent. 

M. de Castelnau considère ces taches 
comme des empreintes de pattes bran- 
chiales, Il est difficile de se prononcer à 
cet égard ; mais on reconnaît que ces mar- 
ques ont effectivement la position et à peu 
près la forme que devraient avoir les em- 
preintes que produiraient les pattes folia- 
cées des trilobites dans l'hypothèse de l’ana- 
logie de structure entre ces fossiles et les 
apus de la période actuelle. Les observa- 
tions de M. de Castelnau, bien qu’elles ne 
nous semblent pas suffisantes pour trancher 
la question, tendent, par conséquent, à 
confirmer cette manière de voir, et offrent 
de l'intérêt pour l’histoire des trilobites. 

La zoologie profitera aussi d’un autre 
fait constaté par M. de Castelnau. Un géo- 
logue américain, M, Dekay, avait établi 
sous le nom de bilobite uu genre nouveau 
d’après un corps fossile qu’il considérait 
comme appartenant à la famille des trilo- 
bites. Or, notre voyageur s’est assuré que 
ce prétendu crustacé n’est autre chose que 
le moule de la coquille de quelque mollus- 
que, probablement d’un cardium ou d’un 
spirifer. 

Nous ajouterons encore que M. de Cas- 
telnau a décrit sommairement plusieurs tri- 
lobites, mollusques et polypiers nouveaux 
ou mal connus, et quil a préparé ainsi des 
matériaux dont on pourra tirer parti pour 
l'histoire de la faune du grand système ma- 
gnésifère de l'Amérique du Nord. 

Ainsi que l'indique le titre même de son 
Mémoire, M. de Castelnau pense que ce 
système doit être une dépendance du sys- 
tème silurien décrit récemment par M. Mur- 
chison; cependant, à cause de la position 
de ses couches, relativement à celle des au- 
tres formations américaines, et à cause de 
la forme généralemtnt très compliquée de 
ses fossiles, l’auteur croit qu'il doit être 
considéré comme formant l'étage supérieur 
du système silurien, et qu'il serait peut- 
être mieux encore de le considérer comme 
constituant une formation particulière qui 
viendrait se placer entre celui-ci et le sys- 
tème carbonifère. C'est la place assignée 
récemment en Europe au système dévo- 
rien. 

Nous avons vu dans les fossiles rapportés 
par M. de Castelnau la preuve évidente que 
son système magnésifère appartient aux ter- 
rains paléozoiques, à ceux qu'on nomme 
depuis longtemps terrains de transition; 


633 


quant à l'étage de ces terrains auquel on 
devra le rapporter, nous pensons que les 
données manquent encore pour se décider 
complètement, et qu’il sera prudent d’at- 
tendre, pour l’intercaler dans la série des 
formations dont la Grande-Bretagne à 
fourni les types, les résultats du voyage que 
l’un des géologues les plus distingués de 
l'Angleterre, M. Lyell, vient d'exécuter 
sur les grands lacs de l'Amérique. 

Les bassins de ces grauds lacs, loin d’être 
placés au hasard sur le continent améri- 
cain, sont placés, ainsi que nous l’avons vu 
ci-dessus, pres de la ligne de jonction des 
roches primitives en couches redressées, et 
du grand système magnésifère en couches 
le plus souvent horizontales, position ana- 
logue à celle d’une partie de la mer Bal- 
tique et des grands lacs de la Russie et de la 
Suède, sur les confins des roches primitives 
et siluriennes. 

On savait déjà que les bords des grands 
lacs américains présentent, comme ceux 
de la mer Baltique, les traces les plus évi= 
dentes d’un grand phénomène erratique 
venu de la région du nord. Ces traces s'éten- 
dent même sur une partie considérable du 
territoire des Etats-Unis, car le groupe des 
blocs erratiques s'y trouve représenté pres» 
que partout. Des bloc; énormes, tantôt pri: 
mitifs, et le plus souvent de roches de tran: 
sition, se voient dans presque toutes les ré- 
gions de ce continent : les masses sont gé- 
néralement anguleuses ; beaucoup doivent 
peser de 1,000 à 1,500 kilogrammes, et 
quelques uns ont jusqu’à 5 mèt. sur chaque 
face. Sur les bords du lac Supérieur, M. de 
Castelnau a trouvé en blocs erratiques un 
poudingue quarzeux blanc à noyaux rou- 
ges, qui vient de la contrée au nord des 
lacs. Sur les {les Manitoulines, où le doc= 
teur Bigsby avait déjà signalé ce phéno- 
mène, on trouye un grand nombre de blocs 
erratiques, de roches cristallines venant 
aussi de la région primitive du nord, telles 
que granites, diorites, amygdaloïdes, etc. 
M. de Castelnau y a particulièrement ob: 
ser vé un granite rougeàtre très quarzeux et 
très micacé, contenant des cristaux d’al- 
bite blancs parfaitement caractérisés par 
une multitude de zones alternatives miroi- 
tant dans deux plans différents. Il provient 
de la partie nord-est des côtes du lac Supé- 
rieur, De pareils blocs sont aussi répandus 
dans une grande partie du Bas-Canada, 
comme l'avaient déjà constaté les recher- 
ches de plusieurs géologues. M. de Castel 
nau a de même vérifié les observations des. 
géologues américains, tels que MM. Hitch- 
kock, Jackson et plusieurs autres, qui 
avaient constaté la dissémination de pareils 
blocs dans les contrées situées plus au sud; 
il en a vu d'énormes aux environs des villa- 
ges de Wipenay et d'Hoboken, dans le 
Connecticut, sur l’île Longue, dans le New- 
Jersey, etc. La direction générale du trans+ 
port paraît toujours avoir été du nord au 
sud. 

Indépendamment des blocs, le nombre 
des cailloux roulés de moindre dimension 
est aussi fort considérable, et dans certai- 
nes parties, M. de Castelnau a vu des mile 
liers d’acres rendus impropres à la culture 
par les amas de ces fragments erratiques. 
il en cite particulièrement d’immenses dé- 
pôts entre Columbus et Augusta, dans la 
Géorgie. 

D'après les observations bien connues de 
MM. Jakson, Hitchkok et de plusieurs au= 
tres géologues américains, le phénomène 
des surfaces polies et striées existe aussi 


634 


dans toute la partie septentrionale d?s Etats- 
Unis, aiosi que dans le Canada. Ilést à re- 
gretter que M. de Castelnau n'ait pas été 
conduit à diriger sur cet objet important 
une attention plus spéciale; mais, en re- 
vanche, ce voyageur à suivi le grand dépôt 
erratique dans la partie occidentale des 
Etats-Unis. Dans cctte région, il a vu les 
blocs erratiques de roches primitives dimi- 
nuer de grosseur en s’avançant de la région 
des grands lacs vers l'extrémité occidentale 
des Allegahuys, mais il les a rencontrés 
jusque dans l'Alabama, où ils ne sont plus 
très gros, quoique encore reconnaissables. 
Hparaîtque c’est là leur limite méridionale, 
car il a remarqué qu’on n’en trouve plus 
aucun vestige dans l'intérieur de la Flo- 
ride. Ou peut même voyager pendant des 
journées et des semaines entières dans ce 
dernier pays sans y rencontrer un seul 
caillou. 


Réfutation du sysième du transport des 
blocs erratiques sur des glaces univer- 
selles, et observations relatives au trans- 
port de ces blocs ; par G.-H. Fauverge. 


En raisonvant dans l'hypothèse du trans- 
port, par des glaces universelles, des blocs 
erratiques et des terrains qui les accompa - 
gnaient, il est rationel de conclure que 
toutes les vallées où se sont répandus ces 
terrains ont été le siége d’anciens glaciers, 
et doivent nécessairement présenter, dans 
les parties dures de leurs parois latérales, 
de nombreuses traces de cessurfaces polies 
et striées qui, depuis quelques années, oc- 
cupent les géologues. Bien que j'aie examiné 
avec attention des bassins (1) ayant servi de 
passage à du terrain de cette époque, et 
disposés de telle sorte qu’on ne peut les 
ranger que parmi ceux qui, dans l’hypo- 
thèse des glaces universelles, devraient of- 
frir la plus grande quantité de ces surfaces, 
je n’en ai découvert aucune. 

Il est vrai qu'à l’époque de cet examen il 
n’était du tout question de glaciers anciens 
dont l'idée était loin de moi; leurs traces, 
comme traces de glaciers, n'étaient donc 
pour rien dans l'objet de mes recherches: 
mais il est impossible que je fusse passé sans 
les voir devant un grand nombre de surfa- 
ces poiies et striées, car je portais bien mon 
attention sur les accidents des roches. Ce- 
pendant de pareilles surfaces ont été obser- 
vées loia des glaciers actuels, et les beaux 
travaux de M. Agassiz ne me laissent au- 
cun doute du transport des blocs errati- 
ques par des glaces, mais non par des gla- 
ces provenant d'une température générale- 
ment plus froide que celle de nos jours. 

M. Renoir, convaincu par diverses ob- 
servations, émet que la température atmo- 
sphérique a été au point de produire des 
glaces universelles qui ont amené Ja des- 
truction de toutes les races d’animaux qui 
nous ont immédiatement précédés sur la 
terre. Ce géologue, pour expliquer cet 
abaissement de température, s'appuie sur 
lhypothèse du rapprochement continuel 
de la terre, du soleil. Il pense qu'avant l’é- 
poque de la dispersion des blocs erratiques, 
la terre avait déjà perdu assez de sa chaleur 
propre, et était encore assez éloignée du so- 
leil pour être couverte de glace. J'ai com- 
battu cette hypothèse en m'appuyant sur 
les rapports numériques des distances des 

(1) Ceux que j'ai le plus examinés de ces bassins 
forment la plus grande partie des vallées de l’'Ebre, 
du Ter, du Tet, de la Cesse, de l'Ardèche, du Lau- 
ter, et de quelques autres qui s’effacent dans celle 
du Rhin. 


635 

planètes entre elles, et sur linvariabilité 
du grand axe de l’ellipse que décrit la terre 
autour du soleil. J'ai fait aussi remarquer 
que, des observations qui ont été faites sur 
les inégalités périodiques et séculaires de 
cette ellipse dont le soleil occupe un des 
foyers ainsi que sur la chaleur centrale du 
globe terrestre, nous pouvons conclure que 
la température de la terre entre les deux 
tropiques a toujours été plus élevée qu’elle 
ne l’est à notre époque en France, au com- 
mencement de juillet, environ quinze jours 
après le solstice d'été, alors que la terre est 
à son aphélie (1). 

M. Renoir, persuadé que la terre tourne 
en spirale elliptique autour du soleil, n’ad- 
met pas par conséquent l’invariabilité du 
grand axe de l’ellipse; il croit qu'il y a par- 
tout modifications et changements. Nul 
doute que des modifications ont lieu sans 
cesse dans la distribution des molécules des 
la matière; mais dans ce mouvement con- 
stant de la nature. chaque individu, cha- 
que groupe conserve pendant une grande 
partie de son existence une espèce de sta- 
bilité. Dans l’homme, par exemple, l’ac- 
croissement en longueur cesse de vingt à 
vingt-cinq ans. Lesforces organiques, après 
être arrivées à leur plus haut degré, offrent 
sans doute des modifications journalières, 
mais ne suivent une marche de décroisse- 
ment qu'après un laps de temps qui est en 
rapport avec l’organisation de l’individu. Il 
n'est point de formation, soit organique, 
soit inorganique, où l’on ne découvre une 
sorte de stabilité. 

Certainement je pense, comme M. Re- 
noir, que « ces étoiles qui, après avoir 
» brillé d’un vif éclat pendant des siècles, 
» se sont éteintes presque tout à coup, 
» étaient cependant, très probablement, des 
» centres d'autant de systèmes de mondes, 
» et que le soleil nous emporte avec lui.» 

Il est certain que la lune tourne autour 
de la terre; que la terre, qu’elle ne quitte 
jamais, se meut autour du soleil, ainsi que 
les comètes, les planètes et leurs satellites; 
et naturellement nous devons penser que 
le soleil, avec tous ses astres, est emporté 
autour d’un centre de systèmes, formant 
avec eux un système distinct qui ne doit pas 
être le seul du même ordre àse mouvoir au- 
tour d’un autre centre, et ainsi de suite à 
l'infini; c’est mon opinion, et dans tont ce 
mouvement, je ne vois rien qui soit en 
en contradiction avec l’invariabilité du 
grand axe de l'ellipse que décrit la terre 
autour de soleil. 

Quoi qu’il en soit des mouvements de cet 
immense mécanisme , la même cause qui 
rapprocherait la terre du soleil rapproche- 
rait aussi Ja lune de la terre ; pourtant, 
depuis des temps très reculés que i'homme 
fait des observations astronomiques, aucun 
rapprochement de la lune vers la terre n’a 
été observé; cependant la distance moyenne 
de la lune à notre globe n’est que d’envi- 
ron soixante rayons terrestres. 

Point d'observations ni d’un rapproche- 
ment continuel de la lune vers la terre, ni 
d'aucun changement de la longueur du 
grand axe de l’ellipse que décrit la terre 
autour du soleil, ni de changement dans le 
système planétaire; d'après cela, il est évi- 
dent que si un mouvement continuel de la 
terre vers le soleil a lieu, la lenteur de ce 
mouvement est telle que notre globe n'a 
pu se trouver assez éloigné du soleil pour 
que ses eaux se soient congelées à k plus 

(1) Bulletin de la Société géologique de France, 
tom, XII, p. 508 et suiv. 


- 636 
grande partie de sa surface, que bien avant 
l'époque tertiaire. 

M. Agassiz attribue la destruction des 
être qui nous ont immédiatement précé- 
dés, aux effets d’un froid général survenu 
à la fin de l’époque diluvienne , et qui au- 
rait couvert le globe jusqu’à la latitude des 
Alpes d’une enveloppe de glace. Il est im- 
possible de trouver dans les résultats que 
nous connaissons des phénomènes géologi- 
ques, des preuves pour ou contre l’hypo- 
thèse de ce savant ; je dirai seulement que, 
dans l’état actuel de nos connaissances, 
rien n’explique la cause de ce froid. 
M. Agassiz a dit aussi que, « pour expli- 
» quer ( par des glaciers) l’ensemble des 
» faits relatifs aux phénomènes erratiques 
» dans les limites entre lesquelles ils ont été 
» observés, il suffit d'admettre que les gla- 
» ces polaires s’étendaient jadis aussi loin 
» aa nord qu'elles s'étendent maintenant 
» au sud. » Sil en est ainsi, sans qu'il soit 
nécessaire d'admettre une température gé- 
nérale plus froide que celle de nos jours, 
nul doute que ces faits n'aient eu lieu il y a 
environ de cent vingt à cent trente siècles. 
Alors les glaces devaient s’avancer au nord 


comme elles s'avancent maintenant au sud; 


car à l’époque où la terre était à son aphé- 
lie lorsque l’hémisphère boréal avait sa 
saison froide, les hivers de cet hémi- 
sphère devaient être plus froids que ne le 
sont aujourd’hui ceux de l'hémisphère aus- 
tral. Il s'échappait, sans contredit, de l’in- 
térieur du globe une plus grande quantité 
de chaleur qu'aujourd'hui ; maïs en hiver, 
cet excédant de calorique était au moins 
compensé par le degré d’obliqaité des rayons 
solaires provenant d'une plus grande ex- 
centricité de l’ellipse que décrit la terre au- 
tour du soleil, et par la plus grande incli- 


naison qu'avait le plan de l’éctiptique. Dr 


soulèvement de montagnes, dans ces cir- 
constances, rend parfaitement compte du 
transport des blocs erratiques et de tous les 
autres phénomènes de la même époque. 
H.-G. FAUVERGE. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT, 
Séance du 5 avrile 


Les juges du concours ouvert sur des 
Mémoires relatifs aux associations alleman- 
des pour les douanes ont fait leur rapport, 
par l'organe de M. de Colmont. Trois con- 
currents se sont présentés; aucun n'ayant 
complètement traité la question proposée, 
il n'y a pas lieu de décerner le prix de 
2.000 francs. Mais comme deux d’entre eux 
ont présenté des travaux remarquables, le 
comité de commerce propose d'accorder 
une médaille de 1,000 francs à l’auteur du 
Mémoire n. 2, et une de 590 francs à celui 
du n.1; les billets sont décachetés, eton 
décerne à M. Faugère une médaille de 
1,000 francs, et à M. Heury Richelot la se- 
conde médaille de 500 francs. Ces récom- 
penses seront données dans l'assemblée gé- 
nérales qui aura lieu le 19 de ce mois. Le 
sujet de prix est retiré. Une séance extraor- 
dinaire du conseil aura lieu mercredi pro- 
chain pour terminer les travaux prépara- 
toires à l'assemblée du 19. 

Le reste de la séance est occupé par de 
longs débats sur un nouveau sujet de prix 
proposé par le comité de commerce sur la 
théorie, la pratique et la statistique des as- 
surances. La décision est ajournée pour 
remplir diverses couditions imposées par le 


êglement de [a socicte. Fnaxcoeur. 


537 


ECONOMIE DOMESTIQUE. 


Système raisonné des prises d'air et des bou- 
ches de chaleur des poëles et des caiori- 


1 fères, par M. D’Arcer. 
[ Nous ne savons pas nous chauffer. Nos 


“zrandes cheminées, encore telles qu'on les 
« faisait probablement sous les rois mérovin- 
‘ziens , au lieu d'augmenter la température 
\He nos appartements, l'abaissent presque 


rtoujours considérablement. Quant à nos 


\poêles et à nos calorifères, tantôt ils nous, 


‘font une forte odeur de brülé, tantôt ils ne 
itrent pas assez, presque jamais il ne nous 
“:hauffent également, économiquement, hy- 
-siéniquement. 


- Et cependant un chauffage suffisant , : 


‘constant, économique ct hygiénique: 1est 
pas impossible avec no5 poëles et nos calo- 
rifères : il suffit pour l'avoir tel, de raison- 
ner, nou pas tant la construction de ces 
lappareils, que leur prise d'air et leurs bou- 
iches de chaleur. l 

| M. d’Arcet, qui ne fait pas de Part pour 
(l’art, et qui à cause de cela même a fait des 
ltravaux si remarquables et si utiles, vient 
de nous enseigner fa manière de régler ma- 
Ithématiquem: nt les prises d’air et les bou- 
\ches de chaieur des poêles et de calorifères. 
Voici son système et les raisons de son sys- 
tème : 

En théorie, un kilogramme de houille de 
bonne qualité peut échauffer de 20 degrés 
centigrades 1085 mètres cubes d'air. Mais, 
| à cause despertes, ne comptons que 900 me- 
tres cubes chauffes à 20 degrés.Or, sil’on ad- 
imetd’ailleursqu i soitconveuablede ne don- 
“ner au courant d air que 2 mètres de vitesse 
« par seconde dans son passage à travers l’ap- 

pareil de chauffage, l'on arrive à ce résul - 
tat qu'un poêle ou un calorifere, dans le- 
quel on brûlerait 1 kilog. de howlle de 
“ bonne qualité par heure, devrait recevoir 
l'air froid et verser dans la pièce l'air 
\échauffé à 20 degrés centigrades, par des 
tuyaux ayant 12,9 décimètres carrés d’ou- 
\verture. Donc la bouche de chaleur, ou la 
somme des bouches de chaïeur de cet ap- 
pareil devrait avoir, si elle était ronde, 
| décimètres de diamètre, et, si on la fai- 
sait carrée, 3,54 décimètres de côté, c’est 
à-dire autant de fois 12,5 décim. carrés d’ou- 
verture qu'on voudra brûler de kilog. de 
|houille par heure. 
| Comme on le voit, il faut donner de 
grandes dimensions aux prises d’air et aux 
l bouches de chaleur. Or, est-ce là ce qui se 
“fait? ï S'en faut, on ne voit partout que 
Va ou fort petites, d'un décimètre 
au plus de diamètre. Etencore a-t-on soin 
“de fermer un peu l'entrée extérieure avec 
une rosace en fer. Aussi, nou seulement on 
A presque toujours un air d’une odeur de 
M brélé à respirer, mais encore on n’a pas de 
“chaleur, un appartement un peu considé- 
rable resle-t-il toujours froid, même en 
|consorumant une très grande quantité de 
‘houille, 
| Selon M. d’Arcet, le meilleur système de 


les bouches sont placées verticalement, à 
droite et à gauche, ou en avant du tuyau 
du poêle où du calorifère : s'il s’agit d'un 
poêle, il faut percer le dessus de marbre 
pour y poser les bouches de chaleur: en 
plaçant au-dessus de ces bouches de cha- 
eur horizontales, de petits trépieds en fer, 
‘levés de 4 décimètre au-dessus de la ta- 
plette de marbre couvrant le poêle, on peut 
aire chauffer , sur ces trépieds, soit des 


| 


bouches de chaleur est celui dans lequel - 


638 


pilles d’assiettes pour le service de Îa table, 
soit des vases remplis d’eau, qui en cas de 
besoin, pourraient donner à l'air chaud la 
quantité de vapeur d’eau nécessaire pour 
le rendre salubre. 

Les bouches de chaleur doivent être cal- 
culées de manière qu’elles aient l’ouverture 
voulue indépendamment des grillages mé- 
talliques dont on les garnit ordinairement. 

1l est bon, sous le rapport de la salubrité 
de mettre le moins possible le courant ven- 
tillateur er contact prolongé avec du cui- 
vre fortement chauffé. 

L'on peut , en pratique, considérer un 
kilog. de houille comme équivalant à 2 ki- 
log. de bois de chauffage bien sec , sous le 
double rapport de la température produite 
et des dimensions à donner aux bouches de 
chaleur. 

Il y a avantage à brûler ces combustibles 
sur des grilles au lieu de les brûler simple- 
ment sur la cendre garnissant le sol des 
appareils de chauffage. 

Il est avantageux de placer des registres 
ou des portes aux grandes bouches de cha- 
leur verticales, afin de pouvoir, à volonté 
y diminuer le courant d'air et lui donner 
d’ailleurs, ainsi, une plus haute tempéra - 
ture en cas de besoin; quant aux bouches 
de chaleur horizontales, il suffira de simples 
plaques en tôle posées dessus pour en re- 
trécir à volonté les ouvertures. 

S'il n’y avait pas, vers le plafond de la 
salle dans laquelle on veut introduire le cou- 
rant d’air chaud, ua bon système d'évacua- 
tion de l’air vicié, il serait indispensable ou 
de l’établir, ou, au moins, de placer des +a- 
sistas à soufflet aux carreaux les plus éle- 
vés de chaçue croisée : dans ce dernier cas, 
la sortie de l’air viciése ferait par ces vasis- 
tas quand on les ouvrirait. 

il ne faut pas perdre de vue ce principe, 
qu'en ne donnant au courant ventilateur 
que la tempirature nécessaire pour mainte- 
nir dans la salle le degré de chaleur vou- 
lue, on obtient les avantages suivants : 
maximum d'assainissement; conservation 
et longue durée des appareils; refroïdisse- 
ment convenable de la fumée , et par con- 


séquent la plus grande économie possible, 


de combustible; prompt échauflement et 
prompt refroidissement de la saiie, ce qui, 
dans notre climattempéré, est, dans le plus 
grand nombre de circonstances, une con- 
dition essenticlle d'un bon système de 
chauffage. 

On le voit par les moyens indiqués ci- 
dessus, tous les poêles à courant d’air qui 
ont été mal établis sous le rapport de lé- 
chauffement de l’air et de la ventilation, 
peuvent être beaucoup améliorés, sans 
grande dépense, et nous n’hésitons pas à 
evgager les propriétaires à prendre ce 
parti, fût-ce même contre l'opinion la plus 
prononcée de leurs fumistes. 

(Moniteur industriel). 


<= — 


AGRICULTURE. 


Culture des sols calcaires. 


Plusieurs agronomes se sont occupés de la 
culture des terres dontlecarbonate de chaux 
forme la base, et certains d’entre eux ont 
indiqué d'excellents moyens d’amendement 
et d’engraiss mais leur recette est toujours 
et partout dispendieuse. On ne peut donc 
la proposer à la généralité des cultivateurs 
qui craignent de faire des avances dont la 
rentrée incertaine est surtout dans les pays 
où les engrais sont à très haut prix. M. de 


639 


RaïNNEVILLE s’est appliqué à trouver un 
mode d'amélioration plus en rapport avec 
les ressources des cultivateurs et la timi- 
dité des propriétaires. Voici en quels termes 
il donne lui-même un aperçu du mode 
qu'il a suivi pour rendre fertiles les sols 
calcaires sans avoir recours à des engrais 
étrangers et par de simples moyens de 
culture. 

« Aussitôt que j'étais parvenu, par de 
bons labours et un peu d’engrais, à mettre 
un champ en état de fournir une récolte 
d'avoine, je lensemençais en prairies arti- 
ficielles, composées de sainfoin. de ray- 
grass, de pimprenelle et de trèfle blanc. Je 
sème lavoine (fin février) par lignes espa- 
cées ce Om,18 au moins ek de Om,25 an 
plus; puis je fais donner dans les lignes un 
léger binage au commencement d'avril, qui 
détruit les mauvaise herbes et enfouit assez 
les graines de la prairie pour en assurer la 
levée. La pimprenelle m’a toujours réussi 
dans les plus mauvaises terres, et elle m’a 
donné de bons pâturages. Le sainfoin est ré- 
servé pour les meilleures. 

» Ces prairies ont été employées, pen- 
dant quatre à cinq années, au pâturage de 
ce qu’elles pouvaient nourrir de bestiaux, 
depuis le mois d’avrii jusqu’au mois de dé- 
cembre. 

» Sur mon exploitation, les labours sont 
exécutés par des bœufs et des vaches, vi- 
vant pendant sept à huit mois sur ces pâ- 
turages; je compte quatre bêtes d’atte- 
lage et deux élèves de un an pour une 
charrue. 

» Les bouviers prennent le matin, dans 
le pâturage, une paire de bœufs ou de 
vaches, ct après quatre heures de travail, 
ils la remettent dans la prairie, soit en 
liberté, sous la garde d’un enfant, soit 
au piquet, et reprennent une autre paire. 

» Cé mode d'alimentation, entrecoupé 
d’untravail modéré, est le plus économique 
de tous et le plus salutaire pour la santé et 
le bon entretien des animaux. 

» Après quatre années de pâturages qui 
améliorent le sol, je le défriche par un 
procédé que je n'ai vu pratiquer nulle part. 
Ces sortes de terres ne présentant que 
0,12 d'épaisseur de la couche propre à la 
cul.ure, il serait difficile de leur demander 
des produits de plantes à racines char- 
nues et pivotantes, lesquelles exigent, en 
moyenue, un sol remuüé et amélioré de 
Om,25 de profondeur. Je suis parvenu à la 
donner à mon sol, par une culture er plan- 
ches de 1,50 de largeur, sur lesquelles je 
renverse une couche de même largeur et 
de On,12 d'épaisseur, par une opération 
combinée du travail de la charrue et de 
celui d'enfants, armés de fourches et de 
pelles de fer. 

» La moitié seulement des champs sou- 
mis à cette culture produit pendant 1 et 2 
années; l’autre moitié, dénudée de la 
couche de gazon qui la recouvrait, pré- 
sente aux influences atmosphériques un 
sous-sol de craie presque pure. La gelée le 
soulève, au dégel la craie se délite; je passe 
dans ces intervalles un petit extirpateur 
et enlève, l'été suivant, quelques centi- 
mètres de terre pulvérisée que je répands. 
sur les planches ensemencées, J'ai obtenu 
ordinairement deux récoltes sur ces plan- 
ches à double épaisseur, avec peu ou 
point d'engrais, en pommes de terrre, to- 
pinambours, carottes, navets, betteraves, 
pois, haricots et choux. Je défais ensuite 
mes planches, ou billons, par un travail 
très facile à la charrue ; j'égalise le sol avec 


640 

la herse ou l’extirpateur ; je sème deux an- 
nées de suite l’avoine en ligne à 0®,25, et 
une nouvelle prairie dans la deuxième 
avoine. Les topinambours queje cultive fort 
en grand sur ces pâturages défrichés par 
planches, sans aucun engrais, fournissent, 
avec la paille d'avoine, la nourriture des 
animaux pendant cinq mois d'hiver. 

» Rien de plus simple qu’un tel mode, 
qui est manifestement améliorant, qui 
n’exige aucune dépense d'engrais étran- 
ger : à chaque rotation, le sol cultivable 
acquiert quelques centimètres de profon- 
deur de plus. 

» L'année 1842, qui fut si fatale à bien 
des cultures par la sécheresse du prin- 
temps et de l'été, nous a fourni l’occasion 
de constater deux faits importants. 

» Le premier est relatif aux pâturages de 
sainfoin et de pimprenelle; l'herbe en fut 
rare et peu élevée, mais d'une si bonne na- 
ture, que nos bestiaux, après sept mois de 
nourriture, sont en ce moment dans un 
très bon état. 

» L'autre concerne les topinambours ; 
quoique placés sur des billons élevés de 
0",25 à 0®,30, ils ont résisté aux effets de 
la sécheresse, grâce à l'opération mention- 
née plus haut, de recouvrir les planches 
où ils étaient plantés de quelques centi- 
mètres de terre pulvérisée, ramassée à la 
pelle dans les intervalles qui séparent les 
billons : nous avons répété deux fois cette 
opération. 

» Il est bon d'observer que les pâturages 
qui composent la moitié et quelquefois plus 
de notre exploitation ne reçoivent aucun 
autre engrais que celui qu'y déposent les 
animaux; que lavoine qui forme 1/4 de 
l'exploitation, n’en reçoit aucun; que les 
topinambours, qui forment les 2/3 de l’au- 
tre quart, n’en reçoivent point non plus; 
que tous les fumiers d'hiver sont réservés 
pour le champ destiné aux pommes de terre 
et autres légumes. 

» En offrant ce résumé de ce qu’une 
longue pratique nous à fait trouver de plus 
simple, de plus sûr et de moins dispen- 
dieux pour la culture des sols calcaires, 
nous avons voulu montrer combien il est 
facile de les améliorer et de les rendre pro- 
ductifs. Les mêmes champs qui avaient 
peine, il y a 40 ans, à fournir la nourri- 
ture de quelques mauvais chevaux et de 
cent moutons, procurent aujourd'hui la 
subsistance d’une colonie de vingt-cinq 
jeunes travailleurs et de vingt têtes de gros 
bétail. 

» Notre assolement est dont composé de: 

4 années de prairies artificielles ; 

2 années de culture en planches pour 
topinambours, sans fumiers, et autres lé- 
gumes fumés ; 

2 années d’avoine à plein champ et se- 
mée en lignes espacées de 0,25. 

» L'amélioration des terres est puissante 
et rapide. » (Le Cultivateur). 


HORTICULTURE. 
Sur la taille du mürier. 


La culture da mürier s'accroît tous les 
jours. Pour assurer le succts des nouvelles 
plantations, il est utile de s’occuper sérieu- 
sement de la taille de cet arbre et de se bien 
fixer sur la meilleure éducation à lui don- 
ner, C’est dans ce but que nous reprodui- 
sons l’article suivant, publié par le Propa- 
gateur de l'industrie de la soie en France : 

Il existe partout une manie funeste de 
former, la première année, le mûrier sur 


6#1 
trois et quatre branches et, sile hasard s’y 
prète, sur un plus grand nombre. D'ordi - 
paire, ces branches sont tenues à égale dis- 
tance. Un praticien exercé s’élèvera forte- 
ment contre des principes aussi fâcheux. 

Quel est l'homme des champs qui n’a 
pas fixé son attention sur de vienx müûriers? 
Quoique la plantation de ces arbres n'ait 
pas une date aussi éloignée qu’on pourrait 
le supposer, ils sont dans un état perma- 
nent de dépérissement, par suite des gout- 
tières provenant du rapprochement des bran- 
ches de la tè e de l'arbre. La jonction de 
ces branches forme une espèce de vase où 
les eaux, en séjournant, s’infiltrent peu à 
peu dans le corps, et viennent prendre leur 
issue au bas de l'arbre, transformées en li- 
quide noirâtre. 

Quel est celui qui n’a pas vu, sur d’autres 
plantations plus nouvelles, le manque total 
de taille? En effet, des propriétaires, pres- 
sés de hâter la production de leurs revenus, 
ont négligé de tailler leurs arbres, ou du 
moins ne se sont livrés à cette opération que 
d’une manière imparfaite. Qu'en est-il ad- 
venu ? Ils ont fini par n'avoir que des bran- 
ches longues et flexibles, par être privés de 
branches latérales, et les produits se sont 
amoindris sensiblement, La cueillette des 
feuilles n’a pu s'effectuer que d’une manière 
imparfaite, en exposant même les préposés 
à cette cueillette aux plus grands dangers. 

Quel est enfin celui qui n’a pas vu, dans 
diverses localités, le mûrier condamné cha- 
que année à une taille meurtrière dont les 
moindres effets sont de régulariser cet ar- 
bre en forme de potence? On abat sans pi- 
tié les branches mères, où diminue les bran- 
ches secondaires, et on détruit les jeunes 
pousses qui seules sont propres à donner 
naissance à la quantité de feuilles que com- 
porte l’âge et la force d’un arbre sain et vi- 
goureux. 

Il ÿ a nécessité de parer à d'aussi graves 


inconvénients. Je viens faire part aux pro- - 


priétaires d’une méthode simple et facile, 
méthode qui n’est que le résultat d’une lon- 
gueexpérience. Chaquepropriétaire pourra 
lui-même, à l’aide d’un bon sécateur, con- 
duire lui seul ses plantations sans avoir re- 
cours à ces hommes prétentieux, ordinaire- 
ment armés de serpes et de haches, et qui, 
la plupart, opèrent sans le moindre discer- 
nement, et n’ont d'autre talent que celui de 
réduire à moitié un arbre fort et vigou- 
reux, et d'accélérer sa ruine par un retran- 
chement aussi ignare que brutal. 

Quoique le mûrier soit un arbre qui ne 
craigne pas le fer, il n’en est pas moins 
vrai que le grand nombre de plaies qui s’o- 
pèrent par la suppression des grosses bran- 
chestend à diminuer les produitset à nuire 
même à la santé de l’arbre. 

Le müûrier ne doit pas être comparé à un 
arbrisseau rampant, ni à un saule pleureur. 
Cet arbre, au contraire, jette avec vitesse 
ses pousses vers de ciel et semble s’enor- 
gueillir de la riche végétation dont la na- 
ture l’a gratifié. lin effet, le mürier est à 
peine dépouillé de ses feuilles que quelques 
jours lui suffisent pour se montrer de nou- 
veau de bonne grâce et offrir à son maître 
une nouvelle végétation. Les produits de 
cet arbre seront d'autant supérieurs qu’il 
aura été conduit avec principe pendant ses 
premièresannées. Il fautdonc tailler comme 
il faut, et pour {ailler comme il faut, il faut 
avoir bien planté. 

À cet égard, voici mon opinion : 

Il faut planter desarbres de 3 à 4 ans de 
pépinière, forts et vigoureux, de préférence 


ÿ 

642 
greffés au pied. Le mûrier étant d'une re- 
prise facile, on n’a pas à craindre de rac- 
courcir une partie des racines les plus lon-. 
gues, de les rendre en quelque sorte éga- 
les, afin de mieux asseoir le sujet dans la 
fosse. La greffe qui s’indique au bas par une 
déviation sera la profondeur à laquelle l’ar- 
bre devra être recouvert. Celui qui n’a pas 
l’usage des plantations commettrait une 
faute grave s’il enterrait trop le müûrier, 
car cet arbre n’a pas l’avantage, comme 
tant d'autres, de pousser de nouvelles ra- 
cines sur la partie de la tige qui se, trou- 
verait enterrée. Le müûrier ne multiplie ses 
racines qu'a la suite de celles déjà exi- 
stantes. 

L'arbre nouvellement planté ressemblera 
à un jalon fixé en terre et sera coupé à un 
mètre 55 centimètres, hauteur ordinaire 
du mûrier à plein vent. Tous les bourgeons 
et nouvelles pousses qui naîtront en tête de 
l'arbre seront conservés jusqu'à la fin de 
mai, pour être ébourgeonnés et pour qu'il 
soit fait choix des deux plus belies pousses, 
une de chaque côté. Le surplus sera coupé 
proprement avec la serpette. 

Au mois de février de l’année d’après, 
Je taille, pour la première fois mon jeune 
sujet. C’est ici que la matière devient déli- 
cate. On est souvent embarrassé pour se 
fixer sur la longueur à donner aux scions 
d'un arbre plus ou moins visoureux. 

Comme j'ailonguement médité sur l’opé- 
ration de la taille et sur la force végétale 
du mürier, j'ai acquis la certitude qu’on 
ne pouvait se procurer de beaux müriers, 
bien distribués et vraiment productifs, 
qu’en se conformant à des proportions don- 
nées. Il faut donc mesurer à la base, près 
du collet, la circonférence de l’une des 
deux pousses, et toujours la plus forte, et 
rapporter trois fois cette mesure en lon- 
gueur pour être coupée juste à hauteur 
égale. 

On conçoit que si la base mesurée donne 
six centimètres, la taille sera portée à dix- 
huit centimètres de longueur, de même 
que si la base est plus ou moins forte, la 
taille devra s’allonger ou se raccourcir 
dans les mêmes proportions. Et dans le cas 
encore où les pousses de l’arbre planté de 
l'année seulement n'auraient pas acquis 
assez de force pour établir deux premiers 
scions, c'est-à-dire que si leur base ne porte 
pas de 3 à 4 centimètres, on se bornera à 
les rabattre à deux ou trois yeux, afin de 
donner naissance à des pousses plus fortes 
pour y revenir l'an d'après. 

Il faut remarquer que trois fois la cir- 
conférence sera le point de départ pour la 
taille de la première année, quatre fois 
idem à celle de la deuxième. Ainsi de suite, 
jusqu’à concurrence d’un ralentissement 
dans la vigueur des pousses. Ce qui obli- 
gerait à reprendre les premières propor- 
tions et quelquefois à les amoindrir, si l’ar- 
bre était peu vigoureux. Sur toutes ces 
prescriptions , il suffira d’ane main tant 
soit peu exercée pour opérer avec vitesse 
et préciser au premier coupd’œil le point 
où devra se faire la coupe de chaque scion. 

Je passe à la deuxième taille, sur laquelle 
j'établis un nombre de quatre scions bien 
évasés. L'ébourgeonnement pour chaque 
scion sera également le même et toujours 
eu mai. Il consistera à ne laisser que les 
pousses les mieux disposées pour continuer 
la charpente, de sorte que la taille première 
indique la deuxième ; la deuxième indique 
la troisième, ainsi de suite. 

J'arrive à la deuxième année avec une 


! Charpente bien établie. Ici a 


-qu'iciaur 


643 


fini toute es- 
ourgeonnement. L'arbre, qui jus- 
a été taillé à son état de caducite, 
sera désormais soumis à une taille bisan- 


pèce d'éb 


| nuelle qui devra avoir lieu immédiatement 
|‘ après la cueillette des feuilles deuxième re- 


colte, sixième année. Le nombre et la lon- 


oueur de branches de toute nature ne de- 
o . , . 
vront s’accroître à chaque taille qu’en rai- 


3 “ c en, 
son de l'étendue et de la vigueur de l'arbre. 


Chacune d’elles devra être pro’etée avec dis- 
cernement et toujours de manière à rendre 
la cueillette des feuilles facile et à permet- 


! tre aux préposés à la cueillette de se por- 
| ter sans danger d’une branche à l’autre, 


Q ? 
On concoit que la charpente d’un arbre, 


| ainsi traitée. devra toujours conserver son 
| équilibre et faciliter le balancement de la 


ee 


seve dans toutes ses parties. 1 
Il est à remarquer que, quand le mürier 
est à même de produire. la taille qui s’o- 


| père tous les deux ans sur un bois mür, 


permet à l'arbre de cautériser ses plaies en 
même temps que le retour de la végétation, 
en donnant au sujet un plus grand déve- 
loppement. Mais. comme cette opération 
ne peut se faire que lentement, à raison du 
temps que nécessite la cueillette des feuilles 
pendant la durée de l'éducation, il s'ensuit 


. [2 [2 
que la partie des derniers arbres opérés ne 


jouira pas du même avantage réalisé en fa- 
veur des premiers. L’intervalle de la pre- 


:mière taille à la dernière, qui comprend de 
| 25 à 30 jours et quelquefois plus, opère une 


> . 0 LA 
grande différence dans la vigueur de la vé- 


_gétation. On pourra néanmoins répartir 


cette vigueur en ce sens, par exemple, que 


|Varbre qui aura été dépouillé et taillé le 
. C2 A A $ 
| premier une année, devra à son tour être 


taillé le dernier. Dés lors, la végétation se 


trouvant ainsi répartie, le propriétaire verra 


avec satisfaction marcher de front et à pas 


| égaux la vigueur dans tous ses arbres. Par 


ce mode, on évitera le danger que cause- 


| rait une taille tardive et réitérée, c’est-à- 


dire une grande diminution dans les pro- 


| duits et une altération sensible dans la 


RICHARD, 
Pépiniériste à Pezenas. 

— RE — 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


santé de 1 arbre. 


Séance du 17 avril 1843. 


M. Blanqui fait hommage d’un exem- 


plaire de son Voyage en Bulgarie, qu'il 


vient de publier. 
M. le Secrétaire donne lecture d’une let- 
tre par laquelle M. le comte Beugnot, di- 


| recteur, prévient l’Académie que la séance 
| annuelle de l’Institut est fixée au 5 mai 
| prochain, et l’engage à désigner un de ses 
membres pour faire une lecture. 


M. l'amiral de Mackau, président de la 


| commission centrale pour les souscriptions 
| en faveur des victimes du tremblement de 
| terre de la Pointe-à-Piître, écrit pour prier 
| l'Académie de s'associer à l’élan généreux 
| qui se manifeste de toutes parts pour ces 
| infortunés. — Un registre de souscription 


est ouvert au secrétariat. 
‘M. Cousin a publié, il y a bientôt deux ans, 
une correspondance inédite du père André 


| au sujet dela persécution dontil futla victi- 


me.On sait que lesjésuites abreuvérentleur 
confrère d’humiliations et de souffrances , 


| jusqu'’ale faire enfermer à la Bastille à cause 


de son attachement à l’école nouvelle alors, 


644 


de la philosophie, celle de Descartes et de 
Mallebranche.Le père André était janséniste 
ou réputé tel dans sa compagnie.A cetitre, il 
devait être persécuteé, il le fut. De nouvelles 
lettres du même auteur ont été découvertes 
tout récemment dans un ballot de papier 
de rebut, par M. Mansel, conservateur de 
la Bibliothèque de Caën. Elles forment trois 
cahiers et contiennent la correspondance 
du père André avec quelques jésuites ses 
confrères , avec Fontenelle et avec Malle- 
branche; elles sont accompagnées de quel- 
ques répouses curieuses par les détails in- 
connus qu’elles renferment sur ce dernier. 
A ce sujet, M. Cousin a annoncé à l’Aca- 
démie que la vie de Mallebranche, qui était 
en ruanuscrit , en 1897, entre les mains 
d’une personne honorablement connue et 
dont on a perdu la trace, en 1810, après 
la mort de M. Daubry auquel elle avait été 
confiée, sera probablement découverte si 
elle n’a pas été détruite, tant sont actives 
et intelligentes les démarches que l’on fait 
dans ce moment. 

Les lettres annoncées par M. Cousin, 
plus importantes que les premières , con- 
tiennent de précieux documents sur l’his- 
toire de la première moitié du dix-huitième 
siècle, si tristement célèbre par les persé- 
cutions auxquelles furent en butte tant 
d'hommes honorableset justement honorés. 
Quoique tout ait été dit, et que les jésuites 
soient jugés depuis longtemps, la publica- 
tion de ces documents sera d’une utilité in- 
contestable. Cette publication ne se fera 
pas attendre; on pourrait se fier au zèle et 
à l’activité de M. Cousin, lors même que 
ce qu'il a lu aujourd’hui ne serait pas une 
épreuve d'imprimerie. 

M. de Châteauneuf a communiqué à 
l’Académie quelques détails statistiques sur 
la population de ia Bretagne.Gette ancienne 
province dela France, qui dans la nouvelle 
circonscription territoriale forme cinq dé- 
partements, occupe une superficie de 
1,700 lieues carrées et a 200 lieues de 
côtes. D’après le dernier recensement , sa 
population est de 2,000,620 habitants.Cha - 
que lieue carrée, sur les côtes, renferme 
1,700 habitants, et dans l’intérieur 1,400. 
M. de Châteauneuf a présenté sous toutes 
ses faces le mouvement de la population 
dans cette proviuce , depuis 4800 jusqu’à 
1835. Le rapport des naissances aux maria- 
ges n’est nulle part plus élevé que dans la 
Bretagne ; les unions y sont si fécondes 
qu'elles produisent souvent huit, dix et 
même douze enfants ; aussi la moyenne des 


naissances par mariage , qui est de 3 172 


pour le reste de la France, s’élève-t elle 
à 4 172; cependant l’âge commun des ma- 
riages pour les hommes est à 28 ans,et pour 
les femmes à 25 ; encore même trouve-t-on 
très fréquemment des ménages où le mari 
est moins âgé que la femme, ce que M. de 
Châteauneuf explique d’aprèsles renseigne- 
ments pris sur les lieux, par l’avarice du 
paysan breton qui se laisse moins séduire 
var les agréments corporels de sa fiancée 
que par l’ampleur de sa bourse. Après quel- 
ques calculs comparatifs sur la taille et la 
force de la constitution des jeunes hommes 
de ce pays , puisés dans les tableaux que le 


ministre de la guerre fait dresser tous les 


ans par le conseil de révision, après avoir 
donné pour raison de l’apathie bien connue 
des Bretons et de leur ardeur négative pour 
le travail aussi bien que pour les plaisirs, 
leur mauvaise nourriture presque exclusi- 
vement végétale; après avoir retracé som- 
mairement la forme de gouvernement de 


645 


la province de la Bretagne et les franchises 
dont elle a jouie jusqu’en 1789, M. de Chà- 
teauneuf a terminée sa communication en 
donnant le chiffre des impôts qu’elle payait 
autrefois et de ceux qu’elle paie aujour- 
d’hui. 

En 1788, les impôts s’élevaient à la 
somme de 13,000,000, et en y ajoutaut les 
sommes alouées par les états pour les char- 
ges particulières et intérieures de la pro- 
vince, à celle de 24,000,000. 

Aujourd'hui, les cinq départements 
paient au trésor, pour contributions di- 
rectes, indirectes, droits de péage et sans 
y comprendre les patentes, les taxes des 
lettres et les droits d'octroi qui seuls s’élè- 
vent à 3 millions de francs, la somme de 
56,000,090.Ce qui donne, pour chaque ha- 
bitant, une moyenne de 22 f. 30 c. 

Cette augmentation de revenu pour 
l’état n’est cependant pas une aggravation 
de charges ; car les 56,009,000 étant re- 
partis sur tous les habitants sans distinc- 
tion, pèsent moins sur la masse que le 


‘faisaient les 24,000,000 à une époque où 


un tiers de la population et près de deux 
tiers des propriétés territoriales étaient, par 
leurs qualités et leurs priviléges,affranchis 
de tout impôt. 

M. Bonnechose a été admis a continuer 
la lecture qu’il avait commencée à la der- 
nière séance : La souveraineté germa- 
nique, son caractère, ses transformations 
sous les empereurs depuis Auguste jusqu’à 
Constantin, sa raine après l’intronisation 
des Mérovingiens ; l'établissement de l’aris- 
tocratie, la ligue des évêques avec les Leu- 
des, premiers simptômes de la révolution 
qui devait transformer la société, inspirer 
ies crimes de Frédégonde et de Brunehauilt 
et toute souillée de sang et de perfidies, 
faire une halte quand arriverait la chute 
de la première race; tel est l’ensemble 
des faits historiques que M. Bonnechose a 
développés aujourd’hui. Ils sont trop nom. 
breux pour que nous puissions le suivre 
dans cette longue nomenclature, et outre 
que tous ne sont pas également certains, 
il nous serait assez difficile jusqu'ici d'in- 
diquer leur valeur pour marquer la dif- 
férence de caractère de la domination ro- 
maine dans les Gaules et dans la Grande- 
Bretagne. C.-B. F. 


ARCHÉOLOGIE. 


Costumes , ornements et décorations du 
moyen-âge, depuis le septième siècle jus- 
qu'au dix-septième, par Henri Scxaw. 


M. Schaw est un architecte fort instruit, 
qui s’est passionné pour l’archéologie des 
neuvième et dixième siècles, comme son 
illustre compatriote Willement, pour les vi- 
traux du quatorzième siècle et quinzième. 
Voyages , dépenses, travaux, il n’a rien 
épargné pour produire un livre remarqua- 
ble, et afin d’être complet, il a non-seule- 
ment emprunté à tous les siècles, mais en- 
core à tous les pays. 

Aussi, dans les premières livraisons de 
son livre, trouvons-nous des miniatures 
copiées d’après nos manuscrits, et des sta- 
tues de la cathédrale de Chartes , À côté 
d’ornements puisés dans les manuscrits du 
Musée Britannique. 

Un des derniers emprunts faits à cet éta- 
blissement par M. Schaw, consiste en une 
planche représentant des élégants de la cour 
de Richard IT; elle offre une surabondance 
de vêtements, de fourrures, de manteaux, 


046 

d’ornements qui rappellent et justifient la 
colère de Chaucer contre le luxe et la ri- 
chesse des costumes. Un de ces incroyables 
porte au cou un collier de clochettes. 

Une coupe faite d’après un dessin d’An- 
dré Mantegna, est un chef-d'œuvre; elle est 
couverte de figures et d’arabesques exécu- 
tés avec un goût exquis; les Amours et les 
cornes d’abondance qui la soutiennent, sont 
d’une élégance sans égale. Elle a été gravée 
en 1643, par Hollar, qui trouva le dessin 
de Mantegna dans une collection, au chà- 
teau d’Arundel. 

M. Schaw a reproduit également la ta- 
pisserie qui appartenait au château de 
Bayard (elle est à présent à la Bibliothèque 
du roi), et dont M. Jubinal a donné une 
image fidèle dans son grand et bel ouvrage 
sur les Anciennes tapisseries historiées de 
France. Il nous montre aussi, d’après un 
manuscrit du Musée Britanique, Christine de 
Pisan, à genoux, présentant un livre à cette 
belle reine, Isabeau de Bavière, qui fut si 
funeste à la France. Isabeau est'assise gra- 
vement sur un sofa écarlate : autour d'elle 
se tiennent son chien favori, deux filles 
d'honneur, fort jolies vraiment, et dont la 
coiffure est bizarre, et en face quatre da- 
mes, toutes gracieusement groupées. Il est 
digne de remarque que toutes ces dames 
sont assises aux côtés de la reine de France. 

Une autre miniature, d'après Froissart, 
offre l’image de cette mascarade où Char- 
les VI faillit perdre la vie, deux princes 
ayant eu l'étourderie de mettre le feu aux 
costumes de satyres dont s'étaient affublés 
le roi et quelques courtisans, à l’occasion 
du second mariage d’une des dames d’hon- 
neur de la reine. Mentionnons ercore une 
boucle ayant appartenu à Charles V, et 
d’une beauté merveilleuse ; un magnifique 
encensoir de Martin Schoën , deux coupes 
de Cellini, dont l’une appartient à la com- 
pagnie des Orfèvres et dont l’autre est à 
Windsor. N'omettons pas de parler du sin- 
gulier aspect de Troie, que l’on nous donne 
comme bâtie en tout pointsur le modèle 
de Rouen et de Bourges, avec quelques 
traits du château de Chambord. Une vue 
des fortifications de Canterbury, illustrant 
l'Histoire de Thèbes, de Lydgate, n’est pas 
moins curieuse, et un tableau représentant 
des dames de Sienne jouant de la harpe et 
de l’orgue, est réellement ravissant. Ajou- 
tons qu'il setrouve à Barcellonne une chaise 
d'argent , reproduite dans le livre de 
M. Schaw, qui mérite seule qu’on entre- 
prenne, pour la voir, le long et périlleux 
voyage de la Catalogne. 

L'ouvrage de M. Schaw est incontesta- 
blement un des plus beaux et des mieux 
faits qu’ait produit l'Angleterre sous le rap- 
port de l’Archéologie. Nous ne doutons 
pas qu il contribue beaucoup à faire avan- 
cer chez nos voisins cette science, qui est 
loiu d’y avoir fait les mêmes progrès qu’en 
France et en Allemagne. 

(Revue du Midi). 


GÉOGRAPHIE. 


Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains 
espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag). 


(Cinquième article.) 


Tant que dura le pouvoir des rois de 
Mavapan, tous les chefs du pays leur 
payèrent un tribut. Les habitants de la ea- 
pitale Ctaient exempts d'impôts et tous les 
caciques y avaient une maison. Encore 
aujourd'hui, les familles nobles parmi les 


617 


indigèues du Yucathan reconnaissent que 
c'est de là qu'elles tirent leur origine. 

Les villages étaient tributaires des nobles 
qui habitaient la capitale et qui leur ser- 
vaient de protecteurs auprès du prince. 
Les terres étaient communes et les habita- 
tions étaient pour la plupart dispersées 
sans former de village. Il y avait aussi des 
salines sur le bord de la mer, et ceux qui 
les exploitaient étaient obligés,tous les ans, 
de fournir gratuitement une certaine quan- 
tité de sel au roi de Mayapan. 

Les caciques étaient absolus. Il ÿ avait 
dans chaque village un fonctionnaire qui 
rendait la justice en leur nom et qui les 
consultait dans les affaires graves. Personne 
ne paraissait devant le juge ou le cacique 
sans lai offrir un présent, quelque minime 
qu'il fût. RE 

Les Indiens étaient très hospitaliers et 
fournissaient des vivres à tous les voya- 
geurs, sans leur rien demander en échange. 
Ils étaient généralement très sobres et ne 
mangeaient de viande que dans leurs fêtes 
et leurs festins. Ils respectaient tellement 
leurs engagements que si queiqu’un mou- 
rait insolvable, toute sa famille se cotisait 
pour payer ses dettes. 

Les prisonniers de guerre étaient ré- 
duits en esclavage et traités avec beaucoup 
de cruauté. On n’emprisonnait pas les dé- 
biteurs, mais seulement ceux qui avaient 
commis quelque crime. Les prisonniers de 
guerre et les criminels étaient renfermés 
dans de grandes cages en bois, destinées à 
cet usage. Mais les chefs ennemis étaient 
sacrifiés, à moins qu'ils ne se rachetassent. 
Une de ces cages, peinte de différentes cou- 
leurs, était spécialernent destinée à ceux 
qui devaient être sacrifiés. 

Les habitants du Yucathaa achetaient 
leurs épouses; et quand une femme n'avait 
pas d'enfants, le mari pouvait la vendre, à 
moins que son père ne consentit à lui res- 
tituer la somme qu'il l'avait payée. L’adul- 
tère et l'inceste étaient punis de mort. On 
raconte même qu'un roi mayapan fit exé- 
cuter son propre frère pour avoir commis 
ce crime. Le meurtre et la trahison étaient 
punis de la même peine. Le voleur deve- 
nait esclave de celui qu’il avait dépouillé, 
s’il n’avait pas de quoi se racheter. Ceux 
qui épousaient des esclaves partageaient 
leur condition eux et leurs enfants, Pour 
valider un marché, les parties contrac- 
tantes buvaient publiquement ensemble. 

EE EP 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE,. 


BIBLIOGRAPHIE, 


Il y a dans les sciences trois sortes d'ouvrages : 
les uns essentiellement élémentaires, renfermant 
sous forme d'aphorismes peu développés les prin- 
cipes les plus solides de la science, sont destinés à 
être mis dans les mains de ceux qui commencent à 
étudier ; les autres essentiellement philosophiques, 
développant et discutant les grandesthéories , sou- 
levant et résolvant les grands problèmes , ne sont 
lus que des hommes dont l'esprit méditatif ne peut 
pas voir un fait sans en chercher la cause; enfin il 
y à une troisième sorte d'ouvrages qui sont comme 
le complément des deux derniers. Nous voulons par- 
ler de ces livres où les faits les plus minutieux sont 
compulsés avec soin , où les plus petits détails trou- 
vent leur place, de ces ouvrages qui sont la base la 
plus inébranlable de la science puisqu'ils ne renfer- 
ment que des faits, et qu'un fait, quelque soit la 
manière de l'expliquer, est toujours un fait.—C'est 
à cette troisième catégorie qu'appartient un recueil 
dont nous allons parler et que nous recommandons 
spécialement à {ous ceux qui veulent faire de l'his- 


648 


Loire des articulés une étude complète, M. Guérin-| 
Méneville, dont le zèle et le talent sont bien con:| 
nus déjà de tous les amis de la zoologie, M. Guérin-|h 
Méneville publie maintenant un Spécies el une 1co- 

nographie générique des animaux articulés dont les! 
premiers fragments sont tombés sous nos mains, et que| 
nous jugerons comme une production remarquable 
destinée à jeter un grand jour sur l'histoire de ce cu-} 
rieux embranchement des animaux. Déjà beaucoup} 
d'observateurs se sont occupés à examiner et à dé- 
crire ces animaux dont l'organisation si délicate a be-| 
soin de tant de détails pour être bien comprise. Les 
travaux de Swammerdan, de Réaumur et de Latreille 
resteront toujours comme des productions remar- | 
quables de l'époque qui les a vu naître; mais Ja | 
science marche à pas de géant, et chaque jour be- | 
soin est d'ajouter de nouveaux faits à ceux qui 
existent déjà. D'ailleurs ces immenses travaux des 
hommes que nous citons sont longs à lire et à com-( 
prendre et ne se trouvent pas dans les mains de tout } 
le monde. C’est donc dans lé double but d'offrir | 
un tableau exact et détaillé de l’état-de la science et | 
de renfermer dans un assez court espace toutes ces | 
volunineuses recherches que M. Guérin-Méneville a 
entrepris son travail. Nous l'en félicitons, car une { 
pareille idée si bien réalisée mérite de nombreux 
éloges, même après-lestravaux de Latreille, Dans 
la première livraison de cet ouvrage, M. Guérin- | 
Méneville a commencé l'histoire des insectes coléop- | 
tères ; les genres r'hipicera, sandalus, sirles et euci- 
natus ont élé traités avec tout le développement f 
qu'ils comportent et tous les détails auxquels ils # 
peuvent donner lieu. On trouve dans ce recueil une } 
description fort exacte des espèces qui appartiennent | 
à ces principaux genres et qui ne peuvent être du 
plus petit intérêt pour l’entomologiste. Mais il était 
une condition essentielle à la réussite de ceLouvrage, 
et l’auteur l’a si bien comprise, qu’il en fait une 
partie importante de son travail. Je veux parler des 


gravures. il est uès difficile, impossible même de # 


comprendre dans tous ses détails-un livre scientifi- | 
que si l’esprit n’est pas secouru par la vue, et si les 
gravures ne viennent pas en aide au lecteur sou- 
vent embarrassé, Rappeler d'une manière à la fois 
claire et détaillée l'anatomie des insectes, dessiner 
les plus simples modifications qui se rencontrent 
dans le corps de ces petits êtres était une tache 
difficile et fastidieuse. M. Guérin-Méneville l'a en- 
Lreprise et nous pouvons assurer, sans crainle d'être 
jamais démentis, qu'il a réussi autant qu'on pou- 
vait l’espérer dans un sujet si difliciie. Ges gravures, 
dont unartiste habile s’est chargé, représentent 
sous leurs aspects les plus variés les organes les plus 
complexes des animaux articulés. Les palpes , les 
antennes y sont représentés sous le grossissement 

qu'ils comportent, et ces, gravures suffisent pour W 
donner une idée complète des faits qu'une simple 
lecture rendrait incompréhensibles. L'ouvrage de 
M. Guérin-Méneville enrichi de faits si curieux» 
orné de gravures si bien exécutées , trouvera place, 
sans aucun doute,dans les bibliothèques de tous ceux 
qui veulent acquérir sur les articulés des connais- 
sances exactes et étendues. IDR 

DE L'INFLUENCE de l'air atmosphérique sur la 
vie, et de ses rapports avec l’agriculture, l’industrie 
et le commerce , par B. G. A Paris, chez l'éditeur, 
quai Pelletier, 32. | 

ESCLAVAGE ET LIBERTÉ. Existence del'hom- 
me et des sociétés en harmonie avec les lois uni-M 
verselles; par Alph. Ride. A Paris, chez Delioye, 
chez Garnier, Palais-Royal. 

ESSAI sur la théologie morale, considérée dans 
ses rapport avec la physiologie et la médecine ; par 
P. J. C. Debreyne, D. M. P., et religieux de la 
Trappe (Orne). A Paris, chez Poussielsue-Rusand, 
rue Haute-feuille ; chez l'auteur. 


moyen du rétablissement de l'équihbre entre le 


(l 


EXTINCTION GRADUEËLE du paupérisme au | 


prix des salaires des ouvriers el le prix des aliments; 
par J. Bonhomme-Colin. 

HISTOIRE des antiquités de Laigle et de ses en- 
virons, comprenant des recherches historiques sun 
les invasions des Romains, des Francs'et des Nor= 
mands dans les Gaules, sur l'originede Verneuil, etc: 
Ouxrage posthume de J. F. Gabriel Vaugeoiss 
Edité et publié par sa famille. À Laisle, chez Bre- 
dif. 

Er r 
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


10: année. 


 L'ECHO DU MON 


j: TRAVAUX DES SAVANTES DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Jeudi, 13 Avril 1843. 
DD EE———— 


DE 


| L'Ecno DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle BIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous ia direction 


SAVANT. 


de M. le vicomte A, DE LAWALETLTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un ah 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., !6fr., 
8 fr. 50 AVÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recüucil l'ÉGHO DE LA LITTÉ- 


fl 
Î 


RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerre te" Jo@Tnal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


| L'Echo ne paraîtra pas dimanche à cause 
‘le la solennité du jour de PAQUES. 
ER EE Sn 
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES. Séance du 10 avril 1843. — — SCIEN- 
| CES PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la ther- 
mographie; Knorr de Kasan. — Derniers détails 
|! sur la comète; Arago. — CRIMIE INORGANI- 
QUE. Sur les produits de la décomposition de 
| l'acide quinique par la chaleur; Wohler. — 
* SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE. Sur 
‘ le système silurien de l'Amérique septentrionale ; 
‘  EliedeBeaumont.— SCIENCES APPLIQUEES. 
ARTS MÉTALLURGIQUES.Sur les modifications 
| quise produisent dans la structure du fer après 
“ Ja fabrication; Charles Hood.—AGRICULTURE. 
— SCIENCES HISTORIQUES. ACADEMIE 
DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES: 
Séance du ÿ avril. — PHILOLOGIE. Classifica- 
tion des racines chinoises, — GÉOGRAPHIE. La 
Valachie, premier article. — TABLEAU météo - 
rolosique du mois de mars. — FAITS DIVERS. 
— BIBLIOGRAPHIE. 


DIS Ke 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


; Séance du 10 avril 1843. 


- M. Ebelmen a envoyé à l’Académie trois 
» Mémoires importants. Le premier, inti- 
 tulé : Recherches sur la production des gaz 
\ combustibles, renferme de curieux travaux 

dont la chimie industrielie fera grand cas, 
| et où elle pourra puiser d’utiles renseigne- 

ments. Le second est constitué par des re- 

cherches sur les gaz des foyers d’affinerie. 
| On peut résumer, ainsi qu'il suit, les prin- 

cipaux résultats de ce travail. ; 
4 1. Dans un foyer d’affinerie à deux tuyè- 
res, le lieu du maximum de température 
déterminé par la position que l’on fait 
« prendre au prisme de fer à souder, corres- 
| pond, dans la composition du courant de 
| gaz provenant des tuyères, à la transforma- 
tion de l'oxygène de l'air en acide carbo- 
nique. 


Le Em 


2. La fonte placée au contrevent , fond 
dans une atmosphère dépouillée d'oxygène 
libre, et qui renferme seulement unt petite 
proportion d'acide carbonique. L'influence 
oxydante de cette atmosphère ne peut étre 
| que très faible, et la décarburation doit 
s’opérer surtout par oxygène des scories 
riches qui fondent avec la gueuse. 


3. La décarburation de la fonte par 
loxyde de fer des scories produit une ab- 
sorption considérable de chaleur latente. 

4, Dans le travail de la pièce, il y a une 
oxydation considérable de fer par l'air pro- 
jeté par les tuyères, production d’une tem- 
pératüre très élevée par celte combustion 
dans l'intérieur de la loupe, et formation 
des scories très basiques qui terminent la 
décarburation. 


Fe : , 
9° La composition des gaz qui se déga- 


gent des feux d’affinerie est variable d’un 
point à un autre du foyer, et du commen- 
cement à la fin de l’affinage entre des li- 
mites fort étendues. Leur composition 
moyenne est caractérisée dans la première 
période de l’affinage par une proportion 
considérable de gaz combustibles, tandis 
qu'à la fin du travail ils renferment une 
quantité notable d'oxygène libre. 

6. La température des fours à chaleur 
perdue varie avec la composition des gaz 


produits aux différentes époques de l’afi- 
nage. Leur disposition intérieure doit être. 


calculée, tantôt de manière à porter rapi- 


dement le fer à une température élevée, 


tantôt de façon à éviter son oxydation et le- 


déchec qui en résulte. 

Le troisième mémoire de M. Ebelmen 
renferme des recherches sur la carbonisa- 
tion des bois. Rempli de chiffres précieux, 
ce travail, aussi important que celui dont 
nous venons de présenter les résultats, in- 
téressera sans doute les savants, lorsque 
bientôt nous en dounerons un aperçu. 

M. Millon a envoyé à l’Académie un 
Mémoire sur les combinaisons oxygénés du 
chlore. L'on sait qué ce chimiste a déjà fait 
connaître une nouvelle combinaison acide 
de chlore et d'oxygène (CI 0‘), nommée 
acide chloreux. En étudiant cet acide à 
‘état de liberté, M. Millon est arrivé à pro- 
duire une autre combinaison de chlore et 
d'oxygène. C’est un composé nouveau qui 
forme une sorte d'acide complexe de la na- 
ture de l’acide hypo-azotique et qui se dé- 
truit, au contact des bases, en acides chlo- 
reux et perchlorique. fl ne se produit régu- 
lièrement que sous l'influence de la lu- 
mière solaire la plus vive, dontil fautavoir 
soin de diminuer la température de ma- 
nière à ne pas dépasser plus de 20 degrés, 
La lumiere solaire du matin réussit mieux 
que celle du soir. Dans cette transformation, 
l'acide chloreux, qui est un gaz, se conver- 
tit en un liquide d'un rouge brun très 
foncé qui n’est plus détonnant comme le 
gaz qui lui a donné naissance et qui, au 
contact de l'air humide, répand des va- 
peurs tellement épaisses qu'il suffit d’en 
verser quelques gouttes pour rendre nébu- 
leuse toute une salle fraichement arrosée. 
M. Millon a désigné ce nouveau composé 
sous le noin d'acide chloro -perchlorique. 
Ilse convertit en acide perchlorique, lors- 
que la température qui accompagne la lu- 
mière solaire n'est point modérée, ou bien 
lorsqu'on le conserve longtemps même à 
l'abri de la lumière. — La composition de 
l'acide chioro-perchlorique s'exprime par 
CL O7, et cette composition a poussé 
M. Millon à examiner les produits quise :or- 
ment dans l’action de l'acide hydro-chlori- 
que sur le chlorate de potasse. Il est par- 
venu à en séparer un liquide dont le point 
d’ébullition diffère de celui de l’'acidehypo- 


chlorique, et qui a eu effet une formule 
différente représentée par CI O', Ce com- 
posé ne se combine pas plus que le précé- 
dent aux bases alcalines, et il se sépare à 
leur contact en acides chloreux et chlo- 
rique. 

Si donc lon résume les acides formés par 
le chlore et l'oxygène , on a la série sui- 
vante : 


CI O* acide chloreux, 

CI Of acide hypochlorique, 
CO acide chloro-chlorique, 
CI 0° acide chlorique, dk 
C0" acide chlôfo-perchlorique. 
CI 07 acide perchlorique ; 


deux de ces composés oxygénés du chlore 


semblent échapper aux lois des proportions 
multiples; mais cependant ce n’est qu’une 


simple apparence, et cela peut s'expliquer 
encore par le tableau suivant. 
C1 0 acide chloreux, 
CI O7 acide perchlorique, 
CI 03 + CI O7 — 2CI O5 acide chlorique, 
201 0* C0? = 401; O13— a. chloro-chloriq- 
3CI O3 + CI O7 = 4CI 04 —acid. hypochloriq: 
C1 O3 + 201 07 = C3 O7 — a. chloro chloriq. 
Il faut remarquer que cette manière de 
formuler les acides du chlore est en rappg 
avec leurs principales réactions et £ 
pelle de suite les propriétés. Le m@fndire 
M, Milon est terminé par quelgées-€ons 
dérations de philosophie chimiqie-ot 
trouvent discutées les formules des: 
paux acides de l'azote et da soufk 
M. Gayon, chirurgien en chel 1 at 
mée d'Afrique, a transmis à l'Acädee 
l'observation curieuse d’uue double luxa- 
tion des vertèb-es cervicales observée à l'hô- 
pital de Bone.—Le 19 janvier 1834, le vé- 
téran Trouffet, étant pris de vin, tomba du 
haut d’une terrasse et fut transporté à l’hô- 
pital. Ses deux bras semblaient paralysés ; 
on aperçut à la partie postérieure du cou 
une saillie formée par une apophyse épi- 
neuse qu’on a jugé être celle de la cin- 
quième vertèbre, et qui a fait diagnosti- 
quer une luxation de cette vertèbre sur la 
sixième. L'on appliqua les antiphlogistiques 
à plusieurs reprises; un mieux sensible se 
manifesta, mais bientôt le mal augmenta 
et fut suivi de la mort. L’autopsie fut faite, 
et l’on constata les lésions suivantes : un 
écartement de près d’un demi-pouce exis- 
tait entre les surfaces articulaires des deux 
vertèbres disjointes les cinquième et sixiè- 
me. On reconnut en outre une luxation de 
lapremière vertèbre sur la deuxième, luxa- 
tion que l'épaisseur des muscles, qui était 
grande sur le sujet, avait empêché de re- 
connaître pendant la vie. Le trousseau li- 
gamentaire qui complète l'anneau dans 
lequel est recu l'apophyse odontoïde était 
rompu. Cette apophyse était rejetée en ar- 
rière dans le canal vertébral, ses ligaments 
latéraux et accessoires étant déchirés; et 


652 

telle était l'étendue du désordre de la 
moelle dans cette partie du canal, qu’on 
avait peine à concevoir que la mort n’eût 
pas été plus rapide. 

M. Guyon a encore communiqué à l'A- 
cadémie une nouvelle méthode pour lam- 
putation des membres, et un troisième mé- 
moire intitulé : De l'utilité du trépan dans 
les fractures du cräne. 

_ Les révolutions politiques qui ont agité 
le Mexique pendant la lutte entreprise pour 
son indépendance ont eu des conséquences 
fatales sur la production des métaux pré- 
cieux dans ce pays, et depuis quelques an- 
nées on sent le besoin de documents plas 
récents que les nombreux renseignements 
recueillis il y a quarante ans par M. le ba- 
ron de Humboldt, pendant son voyage à la 
Nouvelle-Espagne. M. Saint-Clair Duport, 
qui depuis 16 ans habite le Mexique et a été 
le propriétaire de l'atelier où pendant plu- 
sieurs années s’est opéré le départ des lin- 
gots présentés à la Monnaie de Mexico, a 
envoyé aujourd'hui à l’Académie des re- 
cherches de métallurgie et d'économie po- 
litique sur les métaux du Mexique. L'auteur 
de ce travail a exposé les traitements méca- 
niques et chimiques suivis dans les exploi- 
tations métallurgiques et il a donné une 
théorie de l’amalgamation mexicaine. Se- 
lon M. Saint-Clair Duport, depuis la dé- 
couverte de l’amalgamation mexicaine en 
1557, on n’est point encore parvenu à 
diminuer considérablement la perte de 
mercure. Terminant son mémoire par 
quelques considérations d'économie politi- 
que, M. Saint-Clair Duport pense que le 
manque de capitaux, de tranquillité pu- 
blique, de population et de culture dans le 
nord-ouest de la république; de connais- 
sances scientifiques suffisamment étendues, 
et enfin le haut prix du mercure, sont les 
causes qui s’opposent au développement de 
de la production des métaux précieux au 
Mexique. Ces causes exerceront encore 
longtemps leur influence fatale pendant 
plusieurs années, en empéchant que la pro- 
duction n'’atteigne et ne dépasse le chiffre 
auquel on la vu s'élever au commence- 
ment de ce siècle; mais on ne saurait leur 
trouver un caractère durables elles ne sont 
que temporaires , et doivent à la longue 
être neutralisées d’abord et dominées plus 
tard par des forces autrement imposantes, 
l’aboudance du minerai et les progrès des 
sciences qui reculent chaque jour les bor- 
nes de la puissance de l’homme. Le temps 
viendra , un siècle plus tôt un siècle plus 
tard , où la production de l'argent n’aura 
d’autres limites que celles qui lui seront 
imposées par la baisse toujours croissante 
de sa valeur. 

M. Serres a lu à l’Académie un mémoire 
intitulé : Recherehes sur les développements 
primitifs de l'embryon. Nous reviendrons 
dans un de nos prochains numéros sur ce 
mémoire, qui pêche peut-être un peu par 
une trop grande affirmation dans les faits, 
Mais contentons-nous de dire que selon 
M. Serres, les développements de l'embryon 
ne débutent pas par l'apparition de l'axe 
central du système nerveux, mais bien par 
la manifestation de deux cellules ou de 
deux sacs germinateurs, que l’on peut con- 
sidérer comme leur point de départ ou le 
zero de l’embryogénie qui depuis Aristote 
a tant occupé les physiologistes. 

M. Edmond Becquerel a exposé à l’Aca- 
démie des recherches concernant les lois 
du dégagement de la chaleur, pendant le 


653 


passage des courants électriques à travers 
les corps solides et liquides. 

M. Masson , déjà tres connu du monde 
savant par ses belles recherches sur lPélec- 
tricité dynamique, et dont le cours attirait 
il y a peu de jours encore à la Sorbonne 
un nombreux concours d’auditeurs , a fait 
connaître à l’Académie, par la voix de 
M. Arago, un fait qu'il vient de découvrir 
et qui peut jeter un grand jour sur les dé- 
couvertes communiquées. récemment par 
MM. Moser et Karsten. M. Masson a élec- 
trisé une médaille placée sur un gâteau de 
résine, saupoudré d’un mélange de fleurs 
de soufre et de minium, et il l’a vue se re- 
produire sur le plateau dont nous parlons. 
L'inscription qui entourait cette médaille 
s'est trouvée reproduiteavecuneexactitude 
parfaite, et tout porte à croire qu’en cher- 
chant à développer cette expérience, on 
parviendra bientôt à obterir d’une maniëre 
parfaite l'empreinte entière de la médaille. 
Ce fait permettra peut-être d'expliquer 
plusieurs expériences de photographie dans 
lesquelles les vapeurs déterminent sans 
doute, ainsi que le pense M. Masson , cer- 
tains états électriques, comme dans le gà- 
teau de résine qui fait le sujet de son ex- 
périence. Du reste , M. Masson se propose 
de développer cette idée et d’en faire le su- 
jet d’un mémoire qui, nous n’en doutons 
pas, renfermera une fou e de faits intéres- 


sants. E. F. 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Sur la thermographie. Extrait d’une lettre 
de M. Kworr , de Kasan à M. ARAco. 


«J'ai appris par les journaux, qui nous 
arrivent un peu tard, que les découvertes 
de M.1e professear Moser de Kôünigsberg, 
ont excité un grand intérêt parmi les phy- 
siciens; c’est pourquoi je prendsla liberté 
de vous communiquer quelques découver- 
tes que je viens de faire, et qui, se rappor- 
tant à celles de M. Moser, paraissent con- 
tredire directement l'hypothèse de ce phy- 
sicien sur la lumière invisible émanant de 
tous les corps. C'était au commencement du 
mois d'octobre de l’année passée quej'eus 
connaissance des premières découvertes de 
M. Moser relativement aux images ou em- 
preintes qui se forment sur des plaques po- 
lies par des corps très-approchés, et je re- 
connus tout de suite que la température 
exerçait une grande influence sur la forma- 
tion de ces images. 

» Une différence de température de 
50 degrés R. était suffisante pour obtenir 
une image parfaite dans un espace de temps 
de 3 à 5 secondes, et même je réussis à ob- 
tenir quelques-unes après 172 seconde de 
contact. Guidé par des idées théoriques, 
ainsi que par quelques remarques que je 
fis pendant mes expériences, j'ai concu 
l’idée qu’il doit être possible de former des 
images immédiatement visibles sans aucune 
condensation de vapeur. Jemeflatte d’avoir 
parfaitement réussi, et d’avoir ainsi posé 
le fondement d’un art tout nouveau, qui 
peut aussi trouver quelque application dans 
l’industrie, et que j'appelle Thermographie. 
Le 7 (19) novembre dernier, j'ai lu un 
Mémoire sur les découvertes de M. Moser 
et sur la Thermographie à l'assemblée de 
la Société savante de Kasan, Mémoire qui 
sera inséré dans le Recueil des Mémoïres de 
notre Université, enlanguerusse. Le 1®r (13) 
décembre , j'ai envoyé un extrait de mon 


654 


Mémoire en langue allemande, avec ün 
supplément contenant plusieurs faits nou. 
veaux, à l'Académie de Saint-Pétersbourg, 
comme la plus proche et celle à laquelle je 
devais m'adresser, à cause de ma position. 
J’y ai joint une douzaine de plaques de cui- 
vre et de plaqué d'argent avec des thermo- 
graphics pour prouver les différentes posi- 
tions énoncées dans mon Mémoire. J'espère 
que l’Académie de Saint-Pétersbourg ne 
refusera pas ma demande de publier bien- 
tôt ce travail, 

» Depuis ce temps-là, j'ai profité d’une 
douzaine de plaques qui me restaient en- 
core pour faire de nouvelles expériences , 
et Je suis parvenu à réunir dans une seule 
proposition le plus grand nombre de faits 
que j'ai trouvés, sauf quelques-nns que je 
ne peux pas encore envisager sous un point 
de vue général. Cette proposition est la sui- 
vante : 

» Quand un corps A se trouve au con- 
tact ou du moin; très-rapproché de la sur- 
face polie d’un autre corps B, l'échange 
mutuel de la chaleur entre les deux corps 
produit un changement dans l’état de la 
surface polie jusqu’à une très petite pro- 
fondeur. Ce changement peut être passa- 
ger ou devenir permanent. S'il y a sur la 
surface du corps À des endroits pour le:- 
quels l'échange de la chaleur est différent 
de ce qui s’opère dans les autres endroits, 


il y aura aussi un changement différent de 


ce qui s'opère dans les autre endroits. Il 
aura aussi un changement différent dans 
les endroits correspondants de B, et il se 
forme ainsi une espèce d’empreiate du 
corps À sur la surface polie B. Cette em- 
preinte peut être immédiatement visible, 
ou seulement elle pent être rendue visible 
par une condensation des vapeurs,qui, pour 
ainsi dire , achèvent alors son développe- 
ment. En admettant que l’échange total 
de la chaleur entre les deux corps. pendant 
un certain intervalle de temps, puisse être 
représenté par une quantité, il existe une 
certaine limite que cette quantité doit sur- 
passer pour que l’empreinte devienneimmé- 
diatement visible sans aucune condensa- 
tion de vapeurs. Ces deux limites paraissent 
dépendantes des propriétés des deux corps 
Aet B et de l'état de la surface polie. 
En nommant empreintes ou images du 
premier ordre celles qui ne deviennent vi- 
sibles que par la condensation des vapeurs, 
etimages du second ordre celles qui se mon- 
trent immédiatement visibles, il faut en- 
core pour chaque ordre distinguer des de- 
grés différents du développement del’image 
Pour les empreintes du premier ordre, 
celles découvertes par M. Moser , le degré 
du développement exerce une influence 
sur la condensation des vapeurs, ainsi que 
sur la solidité de l'empreinte même. Pour 
les images du second ordre, mes thermo- 
graphies , la solidité et la permanence de 
l'empreinte, ainsi que l'influence qu exerce 
un changement de la température, dépen- 
dent du degré de développement. Ni la lu- 
mière du jour , ni les changements ordi- 
naires de la température, ni même un 
échauffement considérable, ne peuvent dé- 
truire une empreinte de second ordre, si 
son développementestavancésuffisamment; 
mais il y a un degré de développement où 
un échauffement peut détruire l’image, un 
autre où l'échauffement la détruit et la fait 
reparaître de nouveau; enfin un autre ù 
unéchauffement continuele développement 
et l'achève. 

» Les corps que je comprends ici sous la 


655 


désignation À ont été, dans mes expériences, 


des pièces frappées de platine, d’or d’ar- 
gent , de cuivre et de laiton gravé ; d’acier, 
de jaspe , et de verre gravés ; des lames de 
mica sur les juelles étaient tracées des let- 
tres à l’encre de Chine, des gravures à 
contours un peu forts, imprimées sur du 
papier blanc ou coloré. De même, les sur- 
faces polies que je désigne par la lettre B 
ont été, daus mes essais, des surfaces d’ar- 
gent, de cuivre, de laiton et d’acier ; ce 
sont les seule; avec lesquelles j'ai obtenu 
des résultats. Il m'a paru que j'ai réussi 
deux fois sur le mica, mais je ne veux pas 
lassurer positivement. Le plus grand nom- 
bre d’essais ont été faits sur des surfaces 
d'argent et de cuivre. Les plaques pour le 
daguerréotype sont très propres pour ces 
expériences; quand la surface argentée est 
déjà trop usée, on peut se servir de l’autre 
surface en cuivre en la décapant première- 
ment avec du charbon. Il n’est pas néces- 
saire de traiter les surfaces avec des acides, 
la simple polissure avec de l'huile est saff- 
sante ; mais il faut prendre soin que la sur- 


face soit bien purgée d'huile. Avant cha- 


que essai il est bon de décaper un tant soit 


peu la surface pour bien réussir, quoique 


cela ne soit pas toujours absolument né- 
cessaire. : 

» Le nombre de thermographies que j’a- 
obtenues, étant aidé par un de mes élèves, 
est déjà assez grand et surpasse 500; mais 
tous mes essais devaient être faits d’une 
maniere un peu grossière, parce que les 
circonstances m'empêchaient de me pro- 
curer des appareils particuliers pour ces 
expériences. 

» Il m'aurait fallu des vases de feuilles 
métalliques très minces, pour mesurer les 
degrés de l’échauffement des plaques sur 
lesquelles se formaient les images, mais je 


ne pus pas me les procurer tout de suite. 


» Cependant, afin d’avoir une indication 
sur l’échauffement nécessaire pour obtenir 
une thenmographie, j'ai agi de la manière 
suivante : J'ai pris deux petites bouteilles 
sur le fond desquelles étaient gravé; les 
mots :. Tara, 1378,3/4grains; leur diamètre 
était de 19 lignes francaises et lépaisseur 
du fond 1 1/4 ligne française , leur capa- 
cité correspondait à 609 grammes d’eau 
distillée; je les ai remplies de 180 grammes 
d’eau à la température de 14° Réaumur et 
je les ai mises sur la surface argentée d’une 


plaque préparée pour le daguerréotype , : 


que je chauffais sur une autre plaque mé- 
tallique par une lampe à double courant 
d’air. L’ébullition de l’eau ayant été entre- 
tenue pendant une minute, il s'était formé 
une empreinte des mots gravés sur le fond, 
qui était parfaitement développée. L’expé- 
rience a été répétée douze fois avec le même 
succès, mais cet échauffement n’était pas 
suffisant pour des corps bon conducteurs. 

» Sur des surfaces de caivre je n’obte- 
nais ainsi que de mauvaises empreintes. 

» De ce que je viens de dire il résulte 
déjà une méthode pour obtenir une ther- 
mographie, c’est celle par laquelle j'ai tou- 
jours réussi; il n’y faut qu'un peu d’expé- 
rience : les quatre autres méthodes sont 
moins sûres et je ne connais pas encore 
toutes les circonstances dont la réussite dé- 
pend. 

» En £énéral, il faut porter la tempéra- 
ture tdes deux corps À et B qui se touchent, 
à la température ?” pendant un certain 
temps 0, pour que l’échange de la tem- 
pérature produise une empreinte ; cepen- 
dant 0 ne doit être ni trop grand ni trop 


656 


petit, mais chaque méthode parait appli- 


cable, quand elle produit à peu près le 
même échanze total de la chaleur ; et 0 et 
{’ ne sont pas entièrement indépendants 
l’un de l’autre. Il en résulte donc les mé- 
thodes suivantes. 

» 1” Méthode de l'échauffement déjà ci- 
tée, 6 — 10 à 15 minutes, si B était cuivre 
ou argent. Quand le flamme de la lampe 
était forte, 0 — 4 minutes se montraient 
déjà suffisant, mais il est mieux de ne pas 
se hâter trop. 

2° Méthode de refroidissement, l'inverse 
de la précédente, un peu difficile, mais 
j'ai réussi. 

3° Méthodes d'échauffement et refroidis- 


.sement jointe; ; elles exigent un peu plus 


d'expérience que le n° 1. J'ai obtenu une 
dizaine de bonnes images de verre et de 
jaspe sur des plaques de cuivre en ne por- 
tant la température que jusqu’à 60 degrés 
Réaumur. Elle mérite d’être perfectionnée; 
j'ai été forcé de la négliger pour le moment 
mais il n’a paru que cette méthode n’était 
avantageuse que pour les mauvais conduc- 
teurs. 

4 Méthode de l’échauffement continué, 
en mettant le corps chaud sur la plaque 
chaude et en continuant l’échauffement. 
J'ai obtenu une vingtaine de bonnes em- 
preintes d'acier sur des surfaces d'argent ; 
sur du cuivre, elle ne réussit pas bien, parce 
que ce métal s’oxyde trop tôt. Durée de l’é- 
chauffement préalable sur la plaque de la 
lampe, 3 à 4 minutes ; durée du contact, 
90 à 20 secondes. 

» Je nai pas toujours réussi par cette 
méthode. 

» 5° Méthode des hautes différences de 
température ou méthode du contact très- 
court, en touchaut la plaque froide par le 
corps très-chaud. Durée du contact 8 à 15 
secondes ; {a température du corps entre 
celle de l’eau bouillante et celle où l'acier 
poli commence à changer de couleur. J'ai 
obtenu par cette méthode plus de 60 ima- 
ges, mais je ne pourrais pas encore dire 
pourquoi on ne réussit pas toujours. Cette 
méthode est la premièreque j'ai découverte. 

» En général , je ne me suis pas occupé 
du periectionnemen pratique de ces diffe- 
rentes méthodes ; il y avait d’autres choses 
qui devaient m'occuper préalablement. Je 
remarque encore qu'il ne faut perdre de 
vue la condition d’inégalité d'échange de la 
chaleur : là où une telle inégalité ne se 
montre pas suffisamment, on peut la pro- 
duire par de l’encre de Chine, du vernis, 
ou même du tripoli de Venise. C’est pour- 
quoi il faut aussi souvent nettoyer les pla- 
ques de cuivre gravées , de l’oxyde qui se 
forme à leur surface, ou l'aciergravé quand 
sa surface montre déjà la couleur jaunâtre. 
Pour les méthodes numéros 1, 3, 4, il m'a 
paru indifférent que l’échauffement se fit à 
travers le corps À ou à travers B; il fallait 
seulement arriver à un certain degré pen- 
dant un temps pas trop prolongé. La gran- 
deur de mes plaques ne surpassait ja- 
mais D pouces carrés. 

» J'ai obtenu beaucoup d’épreuves qui 
en précision et en netteté ne laissaient rien 
à désirer; mais le cuivre l'acier le jaspe 
gravés m'ont paru les plus propres aux 
thermographies ; cependant 1l faut remar- 
quer que les détails intérieurs du dessin ne 
s’expriment pas, s’il est un peu profondé- 
ment incisé, » 


re Of E—— 


657 
ASTRONOMIE. 
LA COMÈTE, 


Depuis lundi dernier, les astronomes de 
l'Observatoire de Paris sont parvenus à dé- 
terminer de nonvelles positions du noyau 
de la comète, et à fixer la forme et la posi- 
tion de la courbe, à peu près parabolique, 
suivant laquelle ce noyau se meut. D’autre 
part, M. Araoo a recu, par l’entremise de 
son ami M de Humboldt et par d’autres 
voies, les recherches faites, à ce sujet, en 
Allemagne et en Suisse. Le temps était 
donc venu de comparer toutes ces orbites, 
Le secrétaire de l'Académie a effectué cette 
comparaison en s’attachant surtout à la 
distance périhélie. 

M. Plantamour a reconnu lui-même que 
ses observations du 28 et du 30 mars ne 
sont plus exactement représentées par les 
premiers éléments. Pour le 30 mars, les 
erreurs en ascension droite et en décli- 
naison s'élèvent, respectivement, à 434,5 
etiad1/25773; 

« Il est donc nécessaire, dit M. Planta- 
mour dans sa lettre à M. Arago, de corri- 
ger un peu les éléments.» On ne saurait 
prévoir dans quelle proportion les correc- 
tions futures altéreront la première dis- 
tance périhélie, Ainsi toutes les consé- 
quences qu’on avait déduites de la distance 
périhélie 0,0045, d’abord obtenue par le 
savant directeur de l'Observatoire de Ge- 
uève, étaient prématurées. 

Le 24 mars, M. Encke, un des astro- 
nomes, sans contredit, les plus compétents 
en pareille matière, avait calculé les élé- 
ments du nouvel astre, sur trois obser- 
vations de Berlin des 20, 21 et 22 mars. 

La distance périhélie était 0,0101. 

M. Galle, de l'Observatoire de Berlin, 
adressait, le 25 mars, à M. Schumacher, 
des éléments calculés sur ces mêmes obser- 
vations des 20, 21 et 22 mars. 

La distance périhélie était 0,0143. 

Le 25 mars, M. Littrow transmettait de 
Vienne à M. Arago, mais avec l'expression 
d'une g'ande défiance, les éléments dé- 
duits d'observations faites les 18, 24 et 23 
mars ; 

La distance périhélie y figure pour 
0,5767. 

Il s’est évidemment glissé ici des erreurs 
de calcul, d'observation ou de copie. Ces 
erreurs ont conduit à des terminaisons éga- 
lement inadmissibles sur la position du pé- 
rihélie et sur l’inclinaison. 

D'après les éléments présentés aujour- 
d’hui par M. Eugène Bouvard, éléments 
déduits des cinq observations de Paris. 

La distance périhélie serait 0,00,488. 

Ces éléments ne représentent pas encore 
les observations avec toute la précision dé- 
sirable. Il y a, sur les longitudes , des dis- 
cordances qui vont de — 20”,8 à + 147,5. 
Sur les latitudes , les écarts, plus considé- 
rubles encore, s'étendent de+26”,1 à — 
21225: 

M. Arago parle ensuite des éléments dé- 
terminés par MM. Laugier et Victor Mau- 
vais. Jusqu'à présent ces éléments sont 
ceux qui représentent le mieux les observa- 
tions. Aussi les rapporterons-nous dans leur 
ensemble. 


s t, m. de Paris, 
. L& 0 
Temps du passage au périhélie, 


1843, février 21242941 
Distance périhélie..…........,.  0,005488 
Longitude du périhélie.......  278°45'58" 
Inclinaison. soeurs. 35.31.30 
Longitude du nœud ascendant 2.10.0 


Sens du mouvement... rétrograde. 


658 


Comparaison des positions calculées et des 
positions observées. 


EXCÈS DES POSITIONS CAKCULÉES 


DATES, SUR LES POSITIONS OBSERVÉES. 

A, CR A RSS 
Alars. Longitudes. Latitudes. 
18 (Paris). + 071 0’'0 
19 (Paris). + 8,9 + 15,8 
(21 (Genève). + 1,3 + 5,1 
22 (Berlin). + 1,3 + 9,9 
24 (Berlin). + 0,8 + 8,9 
27 (Paris). — 0,7 + 0,4 
28 (Paris). — 5,1 + 5,1 
29 (Paris), +12,1 + 6,5 


En regardant, comme tout autorise à le 
faire, ces éléments comme définitifs, la co- 
mète de 1843 est, de toutes les comètes con- 
nues, celle qui s’est le plas rapprochée du 
soleil. 

Le tableau des moindres distances périhé- 
lies déterminées jusqu'ici, nous semble de 
nature à intéresser les lecteurs. 


Valeurs des distances périhélies des comètes 
qui ont le plus rapproché du soleil. 


{ La distance moyenne du soleil à la terre (58 mil- 
lions de lieues, est supposée égale à 1.) 


Comète de 1843. . . . . 0,005 
1680. . . . . 8,006 
16802: 50:02 
1593: 735.7. 0 09 
AO Rs 0:09 
1780: 2010 
156800064041 
176% 24 049 
1573. 411018 
1933222. 020 
1980 04 
etc. etc. 


Le 28 mars, le diamètre dela nébulosité 
qui formait la tête de la comète, a paru de 
2’ 40”, ce qui correspond à un diamètre 
réel de 38,000 lieues, et à un volume égal 
à dix-sept cent fois le volume de la terre. 

Le 27 février, au moment du passage au 
périhélie, le centre de la comète de 1843 
n’était éloigné de la surface du soleil que 
de 32,000 lieues de 4,000 mètres. Suppo- 
sons que le volume de la comète était le 
même le 27 février et le 28 mars ; on aura 
à retrancher 19,000 lieues (rayon de la co- 
mète) du nombre précédent, pour avoir la 
distance de la surface des deux astres au 
moment du passage au périhélie, Cette 
moindre distance des surfaces en regard de 
la comète et du soleil se trouve ainsi de 
13,000 lieues seulement. 

Le 18 mars, la grandeur angalaire de la 
queue de la comète était de 40 degrés, et 
sa longueur absolue de 60 millions de 
lieues. 

Voici quelques autres conséquences que 
MM, Laugier et Victor Mauvais ont dé- 
duites de leurs éléments : 

La comète s’est trouvée à sa moindre 
* distance de la terre le 5 mars. Cette moin- 
dre distance, exprimée en parties décimales 
de la distance moyenne de la terre au soleil 
toujours représentée par l’unité, était 0,84. 
En lieues on aurait, pour nombre équiva- 
lent, 32 millions de lieues. 

Du 27 au 28 février, la comète a décrit 
sur son orbite 272 degrés. 

Le 27, dans le court intervalle de 2! 11» 
(de 9! 24% à 11 35% du soir), la comète a 
parcouru toute la partie boréale de son or- 
bite. 

Sa latitude héliocentrique, ou vue du 


659 

soleil, à varié aussi d’une manière extraor- 
dinaire. Ainsi, un demi-jour avant le 
passage au périhélie, cette latitude était 
31° 4 australe; à l'instant du périhélie 
350 21’ boréale; un demi-jour après, 2611” 
australe, ce qui fait, pour les 24 heures, un 
mouvement en latitude de 9 36’. 

Dans le même intervalle de temps, les 
rayons vecteurs, les distances de la comète 
au soleil ont varié dans le rapport du sim- 
ple au décuple. 

La comète a été deux fois en conjonc- 
tion avec le soleil dans la journée du 27. 
Une première fois, vers 9! 24 du soir : 
l’astre était alors au delà du soleil ; une se- 
conde fois, vers 121 15". Pendant cette 
dernière conjonction la comète s’est pro- 
jetée sur l'hémisphère du soleil visible de 
la terre, et a dû y produire une éclipse 
partielle; mais le phénomène, même prévu, 
n'aurait pu être observé en Europe, puis- 
qu’il est arrivé vers minuit du méridien de 
Paris. ÿ 

Si la longueur de la queue était aussi 
grande ie 27 février que le 18 mars ; si elle 
avait, ce premier jour (27 février), 60 mil- 


lions de lieues à partir du noyau, son ex- 


trémité s’étendaient bien au delà de la di- 
stance à laquelle la terre circule autour du 
soleil. Qu’aurait-il donc fallu, au moment 
où la comète s’interposa entre la terre et 
le soleil, pour-que nous traversassions Ja 
queue? Il aurait fallu, soit que cette queue 
füt couchée, exactement ou à peu près, 
dans le plan de lorbite terrestre, soit que 
sa largeur eût une étendue suffisante. Une 
variation de 8° dans la latitude héliocen- 
trique de la comète aurait amené cette cu- 
rieuse rencontre. Pour qu'elle arrivât par 
le seul fait de la largeur de la queue, c’est- 
à-dire, sans apporter aucun changement 
aux élémeuts paraboliques de MM Laugier 
et Mauvais, cette largeur aurait dû sur- 
passer un peu le décuple de la largeur me- 
surée. Voici les éléments de cette évaiua- 
tion : 

La plus courte distance de la Terre à 
l'axe de la queue, le 27 février (au moment 
de la conjonction) était de 8,500,000 lieues; 
le demi diamètre réel de la queue était de 
660,000 lieues, en prenant 2° pour la lar- 
geur angulaire; la plus courte distance de 
la Terre au bord de la queue était donc de 
près de 8 millions de lieues. 

Ajoutons encore que la terre se trouvait 
le 23 mars, dans use région que la queue 
occupait le 27 février ; en sorte que si la 
comète était passé à son périhélie 24 jours 
plus tard, la terre aurait inévitablement 
traversé la queue dans sa plus grande jar- 
geur. 

Les éléments paraboliques de MM. Lau- 
gier et Mauvais, montrent que la queue 
de la comète n’a dù, dans nos climats, se 
dégager des rayons du soleil et commencer 
à devenir visible que vers le 5 mars. Avant 
f passage au périhélie, vers le milieu de 
évrier , une heure après le coucher du 
soleil, la hauteur du noyau au dessus de 
l'horizon , ne surpassait pas 13°. La dis- 
tance de ce noyau à la terre était d’ailleurs 
de 1,14. Il n’en faudrait pas davantage 
pour réduire au néant les reproches qu’on 
a adressés aux astronomes, si ces reproches 
méritaient de fixer un moment l'attention. 

Un coup d'œil sur la tab'e des orbites 
cométaires, montre que la comète de 1343 
est nouvelle ou ou qu'elle n'avait jamais 
été observée, Si les historiens ou les chroni- 
queurs en ont parlé, c'est dans des termes 
vagues qui ne permettent pas de calculer 


l'orbite. Or la comparaison des éléments 
de l'orbite déterminés à deux époques , est 
le seul moyen de savoir si l’astre qu’on ob- 
serve s'était déjà montré , s’il doit être rangé 
dans la catégorie des comètes périodiques. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Sur les produits de la décomposition de l’a- 
cide quinique par La la chaleur; par 
M. Wohler. 


Occupé de recherches sur les produits 
de la décomposition de l’acide quinique, 
j’ai trouvé une série de corps et de méta- 
morphoses si remarquables, que je ne puis 
me refuser au plaisir de vous en entretenir 
pendant quelques moments, quoique mon 
travail soit encore loin d’être fini. Aussi 
vous voudrez bien m’excuser si j’ose vous 
communiquer des faits isolés, sans aucune 
espèce de discussion. : 

A. Le produit volatil qu’on obtient par 
la décomposition de l'acide quinique par la 
chaleur, autrefois appelé acide pyroquini- 
que, contient, 1° de l'acide benzoïque ; 
29 un acide liquide, volatil, extrêmement 
semblable à l'acide salicylique (spiroïque) ; 
3° un corps neutre cristallisé. 

B. Ce dernier corps forme des prismes 
hexagonaux incolores ; il est soluble dans 
l’eau, Palcoo! et l’éther. Ilest distingué par 
le changement remarquable qu'il subit en 
contact avec des matières oxydantes. Si 
l'on ajoute à sa dissolution du perchlorure 
de fer, elle se colore en rouge noirâtre, et 
en peu d’instantselles se remplit de prismes 
très brillants d'une couleur verte dorée. Le 
chlore, l'acide nitrique, le nitrate d’argent, 
le chromate de potasse se comportent de 
même. Le nitrate d'argent dépose del’oxyde 
de chrome hydraté. 

C. Le corps vert ainsi formé est une des 
plus belles combinaisons qu'on puisse voir. 
Quoique non azoté, il a la plus grande res- 
semblance avec la murexide ; cependant 
son éclat métallique est encore plus parfait 
et plns beau, à peine peut-on le distinguer 
de celui des cantharides ou de celui des 


plumes du colibri. L’acte de sa formation | 


est un phénomène de cristallisation extrè- 
mement brillant ; car, même en quantités 
assez petites, il est facile d’obtenir des cris- 
taux de plasieurs centimètres de longueur. 
Il est insoluble dans l’eau froide; l'alcool 
le dissout sans changement. La dissolution 
est rouge et dépose en évaporant des cris- 
taux verts métalliques. 

D. Exposé à une douce chaleur, même 
dans l’eau , ce corps se décompose en un 
produit nouveau cristallisé, incolore et en 
quinoiïle, matière jaune cristallisée, volatile, 
découverte il y a six ans par M. Woskre- 
sensky, en décomposant l'acide quinique 
par le bioxyde de manganèse sous l’in- 
fluence de l'acide sulfurique. 

E. Le corps vert, traité par l’acide sul- 
furenx, se dissout et se change en PB, ou le 
corps incolore cristallisé primitivement 
contenu dans les produits de la distillation 
de l'acide quinique. 

F. Ces deux eorps cristallisés, le vert et 
l'incelore , sont inimédiatement produits 
du quinoïle, en l'exposant à l'influence des 
matières réduisantes, c’est à dire à l'in- 
fluence de l'hydrogène à l'état naissant. Si 
l'on verse avee précaution de l'acide sul- 
fareux ou du protochlorure d’étain dans 
une dissolution de quinoïle dans l’eau, elle 
se remplit en quelques moments de pr'ismes 
magnifiques de couleur vert doré, Aussi 
c’est la manière la plus simple de se procu- 


660 


661 


rer de ce corps. De même il se forme dans 


une dissolution de quinoïle mêlée d’acide 

hydrochlorique, en y mettant du zinc mé- 

tallique ou en y faisant passer le courant 
voltaïque. 

G. En mêlant la dissolution de quinoile 
avec un excès de protochlorure d'étain ou 
d’acide sulfureux , l'influence surpasse la 
formation du corps vert, et l’on obtient le 
corpsincolore B. Le mode de préparation 
le plus avantageux de ce dernier, c’est 
d'introduire du gaz acide sulfureux dans 
la dissolution de quinoïle et d’évaporer jus- 
qu’au point de cristallisation. L’acide sul - 
furique formé reste dans l’eau-mère sans 
altérer les cristaux. 

H. Le mode de formation le plus remar- 
quable des cristaux verts, c’est par l’action 
réciproque du corps B incolore et du qui- 
noïile. En mêlant les dissolutions de ces 
deux matières , elle se combinent au mo- 
ment même, en reproduisant les cristaux 
verts. L'alloxantine agit d’une manière ana- 
logue; elle produit avét le quinoile le corps 
vert et de l’alloxane. 

I. En faisant passer un courant d’hydro- 
gène sulfuré à travers une dissolution de 
quinoile, elle se colore en rouge, et ne 
tarde pas à se troubler et à déposer en 
grande quantité un corps amorphe d’une 
couleur vert-olive très foncée. L'alcool le 
dissout très facilement : la dissolution a une 
couleur rouge foncée; cependant il n’est 
pas cristallisable. C’est une combinaisen 
organique sulfurée qui contient près de 
20 p. 100 de soufre. 

Æ. Le liquide filtré de la préparation de 
ce dernier corps laisse après l’évaporation 
une matière incolore cristallisée qui est 
une deuxième combinaison organique sul- 
furée. Elle est caractérisée par le change- 
ment qu’elle subit sous l'influence de ces 
mêmes matières oxydantes qui changent le 
corps B en cristaux verts. En mêlant sa 
dissolution , par exempie avec le perchlo- 
rure de fer ou avec une dissolution de 
chlore, il se forme un précipité d’une cou- 
leur brune. C'est une troisième combinai- 
son organique sulfurée, soluble dans l’al- 
cool, d’où elle se dépose cristallisée. 

L. En faisant passer un courant d’hy- 
drogène telluré à travers une dissolution 
de quinoile, il se précipite momentanément 
un corps noir grisâtre : c’est du tellure 
pur; mais le quinoïle a disparu. En évapo- 
rant le liquide, on obtient le corps inco- 
lore B cristallisé. 

M. Le quinoile est . . C15 HU O5 (Wosk.) 
Le corps vert doré. C5 H10ÿ 2 2H. 
Le corps B en pris- 

mes hexagones. . 

Le corps sulfuré 

vert olive. . . . C5 HR10 05 + 2H°S. 


— 1530 em— 
SCIENCES NATURELLES. 


GEGCLOGIE. 


C1 EH 05 + 4H. 


) Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castei- 


nau, relatif au système silurien de l’Arné- 
_ rique septentrionale ; par M. Elie de Beau- 
mont, 
4 (Troisième et dernier article.) 


Le comté de Léon, dit M. de Castelnau 
dans son essai sur la Floride du milieu, est 
le plus riche et le plus peuplé de toute la 
Floride. Son sol est généralement formé 


| d’une argile rouge très ferrugineuse qui, 


dans les Etats du sud, dénote constamment 
les bonnes terres à coton. Cette couche, qui 


| varie en profondeur de 7 à 65 mètres, est 


662 

placée au dessus du caleaire; elle forme ici 
l'extrémité sud d’une bande très étendue 
qui commence dans le New-Jersey et s’é- 
tend à travers les Carolines et la Géorgie, 
en suivant toujours le versant oriental des 
Allegahnys. Peut-être serait-ce ici le lieu 
de remarquer que cette bande de limon 
fertile occupe, par rapport au grand dépôt 
erratique du nord de l'Amérique, une po- 
sition analogue à celle qu'occupe, par rap- 
port au grand dépôt erratique scandinave, 
la zone de terres limoneuses fertiles qui tra- 
verse l’Europe de la Picardie à l'Ukraine. 

On pourrait peut-être voir encore un 
trait de ressemblance entre les terrains er- 
ratiques du nord de l'Amérique et du nord 
del’ Europe dans lesdépôtssablonneux qu on 
observe sur les bords des grands lacs amé- 
ricains. M. de Castelnau a en efiet rencon- 
tré d'immenses dépôts de sable blanc et 
très pur qui, dans certaines parties, forment 
des monticules et des dunes ayant de 32 à 
80 mètres de hauteur. Il cite particulière- 
ment ceux qui forment une grande partie 
de la côte occidentale du Michigan, sur le 
lac du même nom, et entre autres celui qui 
est connu sous le nom de l’Ours endormi 
(sleeping Bear), par allusion à sa forme. 
Telles sont encore, sur le même lac, les 
îles du Castor et du Manitou. Nous ne de- 
vons cependant pas omettre de rappeler que 
M. Schoolcraft regarde ces dépôts de sable 
comme de simples dunes entassées par le 
vent. Ils semblent néanmoins avoir quel- 
ques connexions avec les blocs erratiques, 
à l'extrémité orientale du lac Huron, où 
l'établissement anglais de Palequantachine, 
au bord de la baie de Glocester, est situé 
sur des collines de sable et au milieu des 
blocs crratiquess cette question reste donc 
à éclaircir. 

Qaoi qu'il en soit, on peut remarquer 
que si la situation des grands lacs améri- 
cains vers les limites des roches cristallines 
et sédimentaires rappelle celles de la mer 
Baltique et des grands lacs de la Russie et 
de la Suède, la direction si remarquable de 
ces derniers lacs trouve des termes de com- 
paraison dans certairs traits de la configu- 
ration des premiers. Le lac Huron, comme 
la baie d'Hudson, s’allonge en pointe vers le 
sud, et le lac Michigan est dirigé” presque 
du nord au sud, avec uue légère déviation 
vers le S.-0. Cette dernière direction est 
d'autant plus remarquable qu’elle est pro- 
longée par les vastes prairies des Illinois, 
qui vont rejoindre l'Ohio et le Mississipi 
pres de leurs confluents. Leur immense 
étendue est entièrement formée d’un sol al- 
luvial et profond recouvrant des calcaires 
magnésifères. Une section dans ces prairies 
nous a présenté, dit l’auteur, la coupe sui- 
vante : 


Sol végétal de couleur noir. . Om,45 
Arpileljaunents ut 11,22 
Sable noires never und mere 0 30 
Argile d’un bleu obscur. . . 3 ,20 


On rencontre au dessous le calcaire magné- 
sien rempli de crevasses et de fissures dans 
lesquelles s’infiltre l'argile supérieure. 

Leur surface privée d'arbres, mais pré- 
sentant une végétation de graminées qui se 
distingue par son uniformité, est un des 
trails physiques les plus remarquables que 
nous offrent les parties centrales de l’Amé- 
rique du nord. L’uniformité du sol n’est 
relevée que par la présence dans quelques 
endroits de blecs erratiques nombreux ap- 
partenant aux roches primitives. 

L'origine énigmatique de ces prairies se 
rattache, dans les idées de l'auteur, à des 


663 


faits qui établissent entre ces contrées et le 
nord de l’Europe un nouveau genre de 
rapprochements non moins digne d’atten- 
tion que ceux signalés ci-dessus. 

Il n'a été impossible, dit M. de Castel- 
nau, de parcourir cette région sans éprou- 
ver la conviction qu’elle a dû, à une époque 
quelconque , avoir été recouverte par les 
eaux, en un mot, qu’elle a été le bassin 
d'un lac infiniment plus considérable que 
ceux encore si étendus qui existent dans 
les mêmes contrées. En s’approchant du 
Mississipi, les preuves de ce phénomène de- 
viennent, ajoute-t-il, encore plus frappan- 
tes. « À une ancienne époque, a déjà dit 
un voyageur célèbre (M. Schoolcraft), il y 
eut quelque obstacle au cours du Mississipi, 
près du grand tower, qui produisit une sta- 
gnation des caux et les porta à une éléva- 
tion d'environ 40 mètres au dessus de lear 
ligne ordinaire.» Il est en effet certain, 
d’après M. de Castelnau , que partout où 
les roches présentent, dans cette partie du 
Mississipi, un front abrupte sur le fleuve, 
elles laissent voir, à une trentaine de mè- 
tres d’élévation, une série de lignes d’eau 
parallèles et horizontales ou allant légère- 
ment en s’inclinant vers le nord. 

Ces anciennes lignes de niveau marque- 
raient, suivant l’auteur, la rive occiden- 
tale de l’ancien et immense lac dont nous 
avons parlé, et la hauteur des lignes au des- 
sus du niveau actuel montrerait la profon- 
deur des eaux qui en baignaient la base. 

La profondeur, successivement de moins 
en moins grande de ces mêmes eaux, aurait 
laissé des traces analogues sur les bords 
des lacs actuels. La partie S.-E. de l’extré- 
mité du lac Michigan a offert, en effet, à 
M. de Castelnau une série de plages soule- 
vées analogues à celles desrivages du N.-O. 
de l’Europe, mais beaucoup plusnombreu- 
ses, Ces plages sont placées en amphithéä- 
tre les unes au dessus des autres, et l’au- 
teur en a compté, dans certains endroits, 
jusqu’à quarante-deux ainsi disposées. 

Nous ajouterons que des faits analogues 
avaient déjà été signalés sur les rives des 
grands lacs américains. 

€ Un voyageur plein de sagacité (Mac- 
kensie) à remarqué, dit Playfair, que les 
bords du lac Supérieur présentent des tra- 
ces de la diminution de ses eaux, et qu’on 
peut y observer des marques de leur ancien 
niveau actuel. Dans les lacs moins étendus, 
cet abaisserment est encore plus visible. 

M. Lyell ajoute que, d’après les observa- 
tions du capitaine Bayfield, il existe, sur les 
bords du lac Supérieur, aussi bien que sur 
ceux des autres lacs du Canada, des traces 
qui conduisent à inférer que les eaux y ont 
OCCupé, à une époque antérieure, un ni- 
veau beaucoup plus élevé que celui auquel 
elles se tiennent aujourd’hui. A une dis 
tanceassez considérable des rivages actuels, 
on observe des lignes de cailloux roulés et 
de coquilles s'élevant l’une au dessus de 
l'autre comme les gradins d’un amphithéà- 
tre. Ces anciennes lignes de galets sont 
exactement semblables à celles que pré- 
sente aujourd’hui le rivage dans la plupart 
des baies, et elles atteignent souvent une 
bauteur de 12 on 15 mètres au dessus du 
uiveau actuel. Comme les vents les plus 
violents n’élèvent pas les eaux de plus de 
Î mètre à 1m,30, ces rivages élevés doivent 

être attribués, suivant M. Lyell, soit à 
l’abaissement du lac à des époques ancien- 
nes, par suite de la dégradation de ses bar- 
riéres, soit à l’élévation de ses rivages par 
l'effet des tremblements de terre, comme il 


664 


en existe des exemples sur les côtes du 
Chili. 

C'est à une hypothèse de ce dernier 
genre,mais formulée, en termes précis, que 
s'arrête M. de Castelnau. Suivant lui, le 
lac Supérieur aurait autrefois versé ses 
eaux dans le lac Michigan, qui lui-même 
aboutissait à un immense bassin, indiqué, 
sur la carte jointe à son Mémoire, sous le 
nom de grand lac silurien. Ce grand lac 
aurait jeté son trop plein dans la mer mexi- 
Caine, qui, à cette époque, devait couvrir 
toute la partie occupée par les formations 
tertiaires et d’alluvion de la partie méridio- 
nale des Etats-Unis. Puis serait survenu un 
événement qui arrêta le passage des eaux 
dans l'endroit qui forme aujourd’hui l'ex- 
trémité sud du lac Michigan. Get événe- 
ment aurait été le soulèvement de l'espace 
occupé par le grand lac silurien, et connu 
aujourd’hui sous le nom d Ætat des Illinois. 

Dans mon hypothèse, dit l'auteur, le 
soulèvement des Illinois aurait été autre- 
fois beaucoup plus considérable qu’il ne 
l’est aujourd'hui, et il ne serait pas même 
impossible que l’abaissement progressif de 
cette partie du sol américain se continue 
de nos jours. 

C’est là une hypothèse ingénieuse, mais 
qui a besoin d'observations plus nombreu- 
ses pour être admise sans discussion. 


——— DR ERKE- 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Sur les modifications qui se produisent dans 
la structure du fer après sa fabrication ; 
par M. Charles Hood. 


(Deuxième et dernier article. ) 


Dans la fabrication de quelques espèces 
de fer, la barre reçoit sa forme générale 
d’un laminoir; puis on chauffe, dans un 
fourneau, la moitié de sa longueur, qu’on 
forge sous le martinet ; on chauffe ensuite 
autre moitié, qu’on forge de la même ma- 
nière. Pour éviter l'inégalité des deux moi- 
tiés de la barre ou même une différence de 
couleur, lorsque ces deux opérations dis- 
tinctes sont terminées, l’ouvrier donne or- 
dinairement quelques coups de marteau 
sur la moitié qui a été forgée la première ; 
mais cette moitié est devenue comparative- 
ment froide pendant le travail fait sur la 
seconde; et si ce refroidissement a atteint 
un certain degré, lorsqu'elle recoit les 
coups de marteau additionnels, cette moi- 
tié devient immédiatement cristalline, et 
tellement cassante, qu’elle se brise en mor- 
ceaux quand on la jette à terre, bien que le 
reste de la barre présente la plus grande 
ténacité possible. Ce changement se pro- 
duit donc par la percussion, lorsque la 
barre est à une température inférieure à la 
chaude suante (weeling heat). 

Nous voyons ici les effets de la percus- 
sion sous leur forme la plus instructive. 
On remarquera que ce n’est pas un excès 
de martelage qui les produit, mais l’absence 
d’une température suffisante pendant le 
martelage; car cinq ou six coups de mar- 
tinet produiraient également le mal si la 
barre était de petites dimensions. 

Dans ce cas, nous constatons les trois in- 
fluences réunies de la percussion, de la cha- 
leur et du magnétisme. 

Lorsque la barre est forgée à la tempé- 
rature convenable, il ne s’y produit au- 
cune cristallisation, parce qu’elle est insen- 
sible au magnétisme; mais ausitôt que sa 


665 


température s'abaisse au point de donner 
prise à cet agent, les chocs qu'elle recoit 
produisent une induction magnétique, et 
par conséquent la polarité des molécales, 
qui, à l’aide des vibrations déterminées par 
de nouveaux chocs, produit la structure 
cristalline. 

On sait en effet que, dans le fer doux, le 
magnétisme peut être presque instantané- 
ment produit par la percussion, et il est 
probable que plus la température à la- 
quelle la barre reçoit le magnétisme est 
élevée, plus elle permet ce réarrangement 
moléculaire qui constitue la cristallisation 
du fer. 

Il n’est nullement difficile de produire 
les mêmes effets en frappant à coups répé- 
tés une petite barre de fer avec un mar- 
teau à main; mais cela paraît dépendre 
jusqu’à un certain point de la nature par- 
ticulière des chocs, qui, pour produire 


cet effet, doivent déterminer des vibra- 


tions complètes dans les molécules voisines 
du point choqué; etil estremarqnable que, 
dans tous les cas, les effets des chocs sont 
circonscrits dans certaines distances limi- 
tées à partir du point frappé. M. Charles 
Manby m'a signalé une circonstance qui 
confirme pleinement cette assertion. 

Dans la machine soufflante du hant four- 
neau de Beaufort, la tige du piston du cy- 
lindre soufflant faisait entendre depuis long- 
temps un son (jar) désagréable dont on ne 
pouvait découvrir la cause. Enfin, elle se 
rompit tout près du piston, et on découvrit 
que la slavette ne réanissait pas convena- 
blement la tige au piston. La fracture 
présentait une structure fortement cristal- 
line, ce qui causa une grande surprise, 
car on savait que celte tige avait été fa- 
briquée avec le meilleur fer. On la cassa 
alors à peu de distance. de la fracture, et 
l’on constata que le fer était tenace et fi- 
breux au plus haut degré, ce qui démon- 
trait que les effets de la percussion ne s’é- 
tendent généralement qu’à une très petite 
distance. 

En effet, il est naturel de comprendre 
que, puisque l'effet des vibrations diminue 
avec la distance du choc qui les produit, 
la cristallisation doit diminuer dans le 
même rapport si elle est due aux mêmes 
causes. 

On peut aussi estimer, dans cette circon- 
stance, les effets du magnétisme seul. La 
tige devait être magnétique dans toute sa 
longueur, conséquence nécessaire de sa po- 
sition , indépendamment de toute autre 
circonstance; mais la force des vibrations 
parmi les molécules ne s’étendait qu’à une 
petite distance, qui se trouve aussi être celle 
de la cristallisation. 

Je crois inutile d’insister sur l'influence 
que le magnétisme exerce sur la cristalli- 
sation, car l'emploi considérable qu’on 
fait aujourd’hui des courants galvaniques 
prouve complètement leur action cristalii- 
sante sur les substances les plus réfractaires; 
mais, par eux-mêmes, ils ne peuvent pro- 
duire ces effets sur le fer, 6n du moins 
leur action doit être extrêmement lente. 

Un autre fait, dû aux observations de 
M. Manby, confirme les considérations 
qui précèdent, On suspendit une petite 
barre de fer d'une grande ténacité, et on 
la frappa continuellement avec de petits 
marteaux pour y entretenir des vibrations 
constantes. La barre, au bout d’un temps 
considérable, devint extrêmement cassante, 
et tombait en morceaux sous le plus petit 
coup de marteau ; toute sa structure pré- 


666 
sentait au plus haut degré l'apparence crise 
talline. 

La fracture des essieux de toute espèce 
offre encore des exemples semblables, J'ai 
plusieurs fois examiné des essieux brisés, 


qui tous présentaient une fracture cristal- . 


lisée, bien qu'il fût à peu prés certain que 
ce ue füt pas le caractère prifnitif du fer : 
car ces essieux avaient résisté, pendant des 
années, à des fardeaux plus lourds, et s’é- 
taient brisés, sans cause apparente, sous 
des charges ou des efforts beaucoup moi- 
dres que ceux qu’ils avaient supportés aupa- 
ravant. \ 

Toutefois, ces effets sont très lents sur 
les essieux ordinaires, ce qui résulte, je 
pense, de ce que, bien qu’ils éprouvent des 
vibrations considérables, ils n’ont qu’une 
petite quantité de magnétisme, et ne sont 
pas soumis à une haute température. Leur 
magnétisme doit être trop faible à cause 
de leur position et de leur changement 
fréquent de relation-avec le méridien ma- 
gnétique, à causé dé l’absence de toute ro- 
tation, et enfin de leur isolement par les 
raies des roues. Il est peut-être douteux que 
ces ‘effets soient aussi lents avec les roues 
en fer sur les chemins ordinaires; mais, 
pour les essieux des chemins de fer, les 
choses sont très différentes. Dans tous les 
cas de fracture de ces essieux, le fer a pré- 
senté la même apparence cristalline. Mais 
je pense qu’on peut constater que cet effet 
se produit beaucoup plusrapidement qu’on 
ue le présumerait au premier aperçu, parce 
que ces essieux sont soumis à d’autres in- 
fluences qui, si ma théorie est exacte, 
doivent de beaucoup diminuer le temps 


nécessaire pour produire ces changements 


dans d’autres circonstances. 

Au contraire des autres essieux, ceux 
qu’on emploie sur les chemins de fer, tour- 
nent avec les roues, et doivent devenir 
très magnétiques pendant leur rotation. 
MM. Cristie et Barlow furent les premiers 
à constater le magnétisme de rotation dans 
le fer, phénomène que MM. Herschell et 
Babbage retrouvèrent dans tous les autres 
métaux, en vérifiant quelques expériences 
de M. Arago. On ne peut douter, ce me 
semble, que les essieux de chemins de fer 
he deviennent très magnétiques pendant 
leur rotation, bien qu’ils ne retiennent 
pas ce magnétisme d'une manière perma- 
nente. 

Dans les axes de locomotives, une autre 
cause doit tendre à augmenter cet effet. 
La vaporisation de l’eau et l'efflux de la 
vapeur, ainsi que je l’ai dit plus haut, pro- 
duisent de grandes quantités d'électricité 
négative sur les corps en contact avec la 
vapeur. Le docteur Ure a démontré que 
l'électricité négative, dans les cas ordinaires 
de cristallisation, détermine l’arrangement 
cristallin. A la vérité, cette électricité doit 
agir sur le fer à un degré différent que 
dans la cristallisation ordinaire; mais on 
voit cependant que les effets de ces diverses 
causes ont tous la même tendance : la pro- 
duction d’un changement plus rapide dans 
la structure du fer des essieux de locomo- 
tive que dans les autres cas. 

Le docteur Wollaston est le premier qui 
ait fait voir que les formes de la fracture 
du fer natif sont : l'octaèdre, le tétraèdre 
ou le rhomboïde réguliers combinés. Les 
caractères du fer tenace et fibreux sont 
entièrement produits par l’art, et nous 
voyons dans les modifications décrites, um 
effort pour retourner aux formes naturelles 
et primitives, la structure cristalline, qui; 


1667 
Len effet, est l’état naturel d’un grand nom- 


Lbre de métaux. Enfin, sir Humphy Davy a 
| démontré que tous les métaux fusibles par les 


7 
‘moy ensordinaires,prennentla forme de cris- 
ë 


ttaux réguliers par un refroidissement lent. 
. La conclusion générale à laquelle ces 
remarques nous conduisent est, ce me 
semble, qu'il ne peut être douteux que le 
« fer forgé a une tendance constante, dans 
1 certaines circonstances, à retourner à l’é- 
\tat cristallin : que cette cristallisation ne 
dépend pas nécessairement du temps pour 
opérer son développement, mais est déter- 
:minée seulement par d’autres circonstances, 
dont la principale est, sans aucun doute, 
les vibrations. La chaleur, dans certaines 
limites, bien qu’aidant considérablement à 
la rapidité du changement, n’est certaine- 
| ment pas une cause essentielle de cet effet; 
| mais le magnétisme d’induction produit, 
soit par la percussion, soit autrement, ac- 
compagne essentiellement le phénomène. 
| Dans une dés séances de l’Académie des 
: setences de Paris, M. Boquillon a faitquel- 
| ques remarques relatives aux causes de la 
rupture de lessieu du chemin de fer de 
Versailles. Il paraît avoir considéré cette 
| cristallisation comme l'effet combiné du 
temps et des vibrations, ou plutôt que ce 
| changement n'arrive qu'après une certaine 
|| période de temps. 
| D'après ce qui vient d'être exposé, il est 
| évident qu’un intervalle de temps fixe n’est 
| pas un élément essentiel de l’opération ; 
| que dans certaines circonstances, le chan- 
! gement a lieu instantanément, et qu’un 
Lessieu peut devenir cristallin dans un temps 
| extrêmement court, pourvu qu’on lui com- 
: munique des vibrations d’une force et d’une 
| grandeur suffisante. Cette circonstance dé- 
: montre la nécessité de prévenir toute vi- 
:bration (jar), toute percussion des essieux 
de chemins de fer. 

Sans doute, le défaut principal des loco- 
motives et des wagons, mais particulière 
ment de ces derniers, est la trop grande 

rigidité de leurs ajustements, ce qui aug- 
| mente la force de tous les chocs produits 
par les nombreuses causes que présentent 
* les transports sur Chemins de fer, en fai- 
| sant agir Ja force vive de toute la masse 
| en mouvement, en conséquence de la par- 
faite rigidité de toates les parties, tandis 
| qu’un certain degré d’élasticité les rendrait 
presque indépendantes dans le cas d’un 
) choc subit. Cette rigidité doit produire 
| beaucoup de mal, tant aux rails qu'aux 
véhicules qui les parcourent. Le jeu des 
essieux dans leurs coussinets et encore une 
nouvelle cause de dégradation. 
| Bien que j’aie plus particulièrement in- 
sister sur les changements de la structure 
du fer dans les essieux de chemins de fer, 


il est évident que ces observations s’appli- 
L| a 


\ quent à un grand nombre d’autrescas, dans 
| lesquels le fer étant soumis aux mêmes in- 
fluences, doit éprouver les mêmes chan- 
\gements. Mais les essieux de chemins de 
fer ont une importance plus particulière et 
plus pressante, et méritent l'attention sé- 
Fons des savants, surtout de ceux qui 
|s’occupent plus spécialement de l’industrie 
\des chemins de fer, et qui sont à même de 
[vérifier l’exactitude de la théorie que je 
propose; car si mes vues sont d’accord 
lavec les déductions de la science et les ré- 
Isultats de l'expérience, elles peuvent avoir 
un résultat important pour la sûreté pu- 
|blique. 

| Ilest utile de faire remarquer toutefois 
Ique, jusqu’à présent, tous ces essieux sont 


668 
infiniment plus fort qu'il ne serait néces- 
saire pour résister aux efforts qui ten- 
draient à les rompre, s'ils sont exécutés en 
bon fer, et c'est peut-être cette circonstance 
qui a rendu plus rares les accidents pro- 
duits par leur rupture. La nécessité de ré- 
sister à la flexion et à la torsion est la 
cause de cette augmentation de force. Mais 
il serait bien desirable de faire des expé- 
riences sur la force du fer forgé à divers 
états de cristallisation, et sans aucun doute, 
on y trouverait de grandes différences; 
enfin, il est probable que, dans la plupart 
des cas, une fois la cristallisation commen- 
cée, la persistance des mêmes causes doit 
s’augmenter continuellement, et diminuer 
de plus en plus la force de cohésion du fer. 

(Revue scientifique.) 


pe 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 8 mars. 


M. le secrétaire donne lecture d’une lettre 
de M. Makculok, qui en faisant hommage 
à l'Académie de la collection de ses œuvres 
la remercie de l’avoir choisi pour membre 
correspondant. 

M. Paganel fait hommage d’un exem- 
plaire de son Histoire de Joseph II. 

M. Passy en offrant de la part de M°*. 
un volume contenant les œuvres des éco- 
nomistes du siècle dernier, réunies dans 
une ordre chronologique et méthodique, 
présente quelques observations sur cet ou- 
vrage qu’il ne balance pas à placer’ au pre- 
mier rang, parmi les ouvrages utiles pu- 
bliés depuis plusieurs années. 

. Cousin a continué la communication 
de la correspondance du père André , 
dontnous avons parlé dans un de nos 
derniers numéros. Les lettres inédites qu'il 
a lues aujourd'hui à l’Académie, prou- 
vent que le Père André fut poursuivi sans 
relâche pendant sa vie, à cause de ses liai- 
sons avec Malebranche et son attachement 
au cartésianisme, mais aussi que le Père 
André,géomètre et philosophe,était de plus 
un homme d'esprit de la trempe de celui de 
l’auteur des Provinciales. Ces lettres dont 
la première date remonte à l’année 1706. 
fout connaître quelques particularités in- 
téressantes sur plusieurs personnages de 
l’époque, tels quelle Père provincial Delêtre, 
le confesseur royal Letellier, le Père Dau- 
banton et déchirent tout-à-fait le voile re- 
ligieux sous lequel la célèbre compagnie 
cachait ses prajets et ses intentions. Leur 
publication au moment présent peut ne 
pas être d’une utilité immédiate ; certains 
pourront peut être même dire que c’est 
par représailles qu’on les fait imprimer ; 
mais ceux qui croient que les enfants de 
Loyolanesont pas tout-à-fait morts approu- 
veront le zèle de l'éditeur, sans chercher à 
en deviner le motif. La correspondance du 
Père André serait une arme puissante con- 
tre les Jésuites, si jamais ils songeaient à 
se reconstituer en société. C. B.F. 


PHILOLOGIE, 


Sir Gore Ousely a présenté à la Société 
orientale de Londres un beau travail sur 
les vies des meilleurs poètes persans. Ce 
volume renferme un grand nombre d’ex- 
traits tirés de leurs ouvrages. Le savant 
orientaliste a lu devant l’assemblée toute 
la partie relative à l’origine du Shah-Na- 
meh, cette grande épopée de la Perse. 

M.J.-F. Davies, dans un Mémoire pré- 


à 669 


senté à la Société philologique, et qui traite 
de la classification des racines chinoises, 
établit que toute la langue écrite des Chi- 
nois peut se réduire à 214 signes radicaux. 
Sur ce nombre 14 servent à exprimer les 
noms de l’homwe et les rapports de paren- 
té; 8 appartiennent aux mammifères ; 
7 aux autres espèces d’animaux ; 13 aux 
végétaux ; 5 aux minéraux ; 28 sont desti- 
nés à exprimer les différentes parties des 
animaux, etc. ; 26 se rapportent aux autres 
objets de la nature; 41 aux objets de l’art; 
5 expriment les nombres; 30 les qualités 
ou modifications ; 36 les actions; et 36, en- 
fin, ne se rapportent point à des catégories 
déterminées. Total 214 caracteres. 

Le nombre des mots de la langue vul- 
gaire est d'environ 11,600, et chacun des 
signes radicaux entre dans la composition 
de ces mots dans des proportions que 
M. Davies détermine : ainsi, le signe homme 
entre dans 478; femme dans 243; corps ou 
personne dans 158 ; chien dans 136; arbre 
ou bois dans 493, etc. ; 


r 


GÉOGRAPHIE. 
La Valachie, 


(Premier article.) 


Les Valaques descendent des Daces , ap- 
pelés Gêtes par les Romains, et qui, sortis 
originairement de la Scythie, habitaient les 
régions comprises entre le Danube, les 
monts Krappacks et la Teïsse. Les Daces 
étaient sobres, laborieux, bons guerriers , 
courageux jusqu'à la témérité et dévoués 
jusqu'au fanatisme. On n’est pas d'accord 
sur lPétymologie da mot v ‘laque et dans 
l'impossibilité de remonter à leur première 
origine, les habitants, sans chercher à dé- 
brouiller par le merveilleux les obscurités 
de leur berceau, bornent leur orgueil à se 
dire les descendants des Romains. Ils ne 
désignent leur pays que par ces mots : zara 
rumaneska (terre romaine). La Valachie 
fut d’abord ce qu'est aujourd'hui la Sibérie 


pour les Moscovites , le lieu d’exil, de dé- 


portation pour les grands. Quoique envahie 
par les Saxons , les Huns, les Avares, les 
Slaves, les Lombards, les Turcomans, elle 
resta soumise à l'influence romaine, et 
pendant longtemps elle conserva la langue 
latine malgré la confusion des idiômes di- 
vers des bandes envahisseuses. Aujourd’hui 
la langue nationale valaque, formée de 
64 lettres, est un composé de slave, de la- 
tin et d'ilalien. Elle ne manque ni de ri- 
chesse, ni d'expression ; quelques essais 
heureux faits dans ces derniers temps prou- 
vent que pour devenir poétique elle n’a be- 
soin que d’être débarrassée de quelques 
mots barbares qui la souillent et la dépa- 
rent. 

La Valachie se divise en deux parties : la 
grande et la petite. Bucharest est la capitale 
de la première , Craiowa celle de la se- 
conde. La population totale s'élève envi- 
ronà 2,000,000 d'habitants, en y compre- 
nant 100,000 esclaves égyptiens. L'air de la 
Valachie est généralement pur. L'hiver s’y 
annonce par un vent vif et mordant nom- 
mé kriwaz , il arrive escorté de neiges et 
de glaces; mais cet hiver dure peu. Ce n’est 
qu’au pied des montagnes que le froid est 
bien sensible ; là, 1l est tellement rigoureux 
que la terre se fend et présente à l’œil de 
longues gercures, des crevasses de 10, 20 
et jusqu'a 100 pieds de profondeur. Les 
chaleurs en été sont excessives, mais les 
nuits sont toujours fraiches , et presque 
froides. Froid ou chaud , voilà quel est le 


670 


climat de la Valachie; point de tempéra- 
ture intermédiaire.— Le sol est très fertile 
et produit abondamment du blé, du maïs, 
des fruits et des vins excellents, Nul pays 
n'est plus riche ea mines de toute espèce 
que les montagnes qui séparent la Valachie 
” des possessions autrichiennes, et les salines 
qu'il renferme fournissent à la consomma- 
tion de la Crimée, de la Turquie, de la 
Servie et de la Russie du Caucase. Les sali- 
niers, comme les mineurs dans nos houil- 
lères, ont leurs maisons, leur ménage, 
leur famille au fond de leurs salines. Pour 
eux le cadran se partage en trois phases : 
travailler , manger, dormir. Existence de 
bétail, ne tenant rien de l'humanité quela 
forme et le langage. Ceux que l’on désigne 
sous le nom de galériens sont encore plus 
malheureux ; une fois qu’ils sont descendus 
dans les profondeurs de la terre, ils ne re- 
paraissent plus à la surface; ils ont dit au 
monde un éternel adieu ! la saline est leur 
tombeau. Aussi trouve-t-on assez fréquem- 
ment des ossements humains, même des 
squelettes entiers tenant encore à leur main 
leur marteau ou leur pioche. 

Nulle partie du monde n’est plus favo- 
rablement.située pour le commerce que la 
Valachie, et cependant le commerce n’y 
existe point, car on ne peut honorer de ce 
nom des transactions de petits brocanteurs 
faites par quelques Grecs on quelques juifs, 
qui vont tous les ans à la foire de Leipsig 
pour y acheter des marchandises de rebut, 
des vieux fonds de magasins. Que les dis- 
cussions intérieures de cette principauté 
cessent, que les machiavéliques et sourdes 
intrigues des grandes puissances euro- 
péennes fassent place à des influences 
avouables; que l'heure de la régénération 
sonne, et la Valachie prendra le rang qui 


671 


lui est assigné par sa position géogra- 
phique. Elle sera le boulevart commercial 


pour l'exportation de la Mer-Noire et de la 


Turquie d'Europe. 
Les Valaques professent la religion ca- 

tholique, et suivent le rite grec. Ils sont 
plus que pieux, ils sont fanatiques. Ils ob- 
servent quatre carêmes, sans préjudice des 
vendredi et samedi de chaque semaine; 
leurs prêtres sont mariés. et portent la 
barbe et les moustaches ; leur costume est 
à peu près semblable à celui de nos juges, 
ou plutôt de nos avoués , car ils n'ont pas 
de galon à leur toque. Les fêtes religieuses 
sont tellement nombreuses, dans la Vala- 
chie, que le nombre des Jours de travail est 
réduit par an à cent quatre-vingt. Au mi- 
lieu de ceite austère piété, de ces pratiques 
religieuses si exactement suivies, il est une 
chose qui doit étonner, car elle est une op- 
position à l’histoire de tous les peuples ct 

de toutes les religions dominantes, , c’est 

que tous les cultes sont tolérés, et qu’à côté 

des cent quatre-vingt-dix-sept églises et 

des monastères que l’on compte à Bucha- 

rest, se trouvent une église catholique ro- 

maine , deux temples, protestant et luthé- 
rien , une église arménienne, et deux syna- 
gogues. 

Un de nos Abonnés nous écrit pour nous 
demander si toutes les expériences qui sont 
rapportées dans les lecons de M. Orfila, que 
nous avons publiées, ont été faites sous les 
yeux des élèves. Nous répondrons que tou- 
tes les expériences ont été faites devant l'au- 
ditoire, et toujours avec le plus grand soin. 
Nous ajouterons même que jamais M. Or- 
fila n’a voulu qu'on fit une expérience hors 
de l’amphithéâtre pour en présenter ensuite 
les résultats à ses auditeurs. Craignant les 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — MARS 1843. 


BRUT SCIE TEINTE ENEP EEE 


672. 


mauvaises interprétations de la calomnie4: 


ui s’est quelque fois glissée dans les meil 
q quelq 6 


leures choses qu'il a produites, M. Orfila a, 1 w}} 


toujours fait commenceret fuir , séance ! 
tenante , les expériences relatées dans ses 
leçons, et jamais il n’en a cité, une sans la 
présenter aussitôt, 
RSR LE ON A RER TT) 
Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— Un concours pour l’élève du mürier a été ou- 
vert, pour le mais de septembre 1843, pari la So- 
ciété d'agriculture des Deux-Sèvres. —:Trois pri 
mes, la première, de 250 fr., la deuxième de 150 fr. 
la troisième,-de 100 fr., seront distribuées à ceux 
qui auront le mieux réussi. Les principales condi- 
tions imposées aux concurrents sont d’avoir cultivé 
au moins 1500 pieds de mürier, et de ne présenter 
au concours que des baguettes ou greffes de l’an- 
née; de bonnes espèces et variées, bien proportion 


Urées, de 150 centimètres à 2 mètres. ï 


De NTLs 
BIBLIOGRAPHIE. 

RAPPORT adressé le #7 juin 1842 à M. l'amiral 
Duperré, miuistre de la marine el des colonies, sur 
des expériences relatives à la fabrication du sucre et 
à la composition de la canne à sucre; par E. Pelli- 
got. À Paris, chez Mathias (Augustin), quai Mala- 
quais, 15. : 

RÉCHERCHES sur les commencements et les 
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine 
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun. 

ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla- 
ton ; par M. le marquis de Fortia d'Urban. A Paris, 
chez l'auteur, rue de La Rochefoucault, 2; chez Du- 
rat. 
: COLONIES étrangères et Haïti, résultais de lé- 
mancipation anglaise; par Victor Schœlche. A Paris, 
chez Pagnerre, rue de Seine, 14 bis, : 
AN ARR OR 
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 

rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


. 


9 HEURES DU MATIN. MIDI. 3 HEURES DU SOIR. | 9 HEURES DU SOIR. THERMOMETRE. ÉTAT 
LL UC re Si} ne | Le 
Barom. | Therm. |&| Barom. | Therm. &| Barom. | Therm. || Barom. | Therm. | & im aroi [is 
à Oo, extér = à 00. extér. (rz| à Oo, extér. ë à 0, extér. |? Maxim. |'Minim CIEL A MIDE,. ; 
Ex î 
fr] 2 ï ju ET irci N..0 
741,90 3,6 748,68 5,0 149,41 4,3 752,33 2,1 5,0 2,3 Eclaircies. ï N 
756,28 04 755,98 29 755,83 42 757,66 0,8 ER 12 Très nuageux. 0 
758,16 0,6 758,44 1,0 785,51 1,3 58,68 | 0,0 1,8 ii boae NE Do. 
76,69 0,7 76548 0,5 758,44 2,8 67,32 16 2,8 3,0 Bonus e NA 
768,60 3,5 768,25 6,0 166,30 5,4 167,62 3,3 6,1 0,1 |Gouvert. NS 
765,58 2,1 164,17 5,2 169,70 4,8 163,27 1,8 5,5 0, Gouyert. Lou 
760,50 1,6 160,33 3,6 168,55 5,2 759,88 2,1 5,7 Le pee SES 
761,97 1,8 761,58 5,1 759,55 6,9 163,50 4,6 1,0 08 see Non 
766,05 2,4 165,80 5,6 761,61 5,9 765,96 9,2 6,0 09 use RE 
763,66 3,6 76960 5,2 765,36 5,0 160,37 3,1 5,7 21 1 Gone AE 
761,45 3,5 760,97 6,6 761,28 8,2 760,98 3,9 8,1 D Neue 0 
739,19 4,3 757,60 9,0 760,68 9,0 154,69 7,0 10,0 0,6 Ce 0:10: 
752,88 9,5 752,69 11,3 755,96 | 10,8 754,93 6,4 11,4 2,5 En 0: 
749,32 9,5 749,82 | 11,5 751,89 | 14,0 153,73 | 10,6 14,9 pote OS. 0. 
55,08 | 149 | | 765,08 | 130 | | 76019 | 13,9 | | eu | 11,6 150 te ee Q. 
159,03 | 14,7 158,97 | 12,6 756,55 | 14,0 757,16 9,5 13,0 DS SN IETE S E. 
756,20 10,7 156,36 11,8 754,98 46,0 755,01 4,1 16,7 3,6 Sn S E. 
754,94 | 14,0 754,40, | 17,6 154,68 | 19,6 153,97 1,5 20,0 EE E SE. 
mogo1 | 124 | | 729! 160 | | 763,87 | 47,5 | | 75437 | 12 Re Ron S. E. 
748,99 12,8 748,41 16,6 752,08 17,8 741,51 18,5 OR Ce S.S. O. 
747,03 | 13,4 745,80 16,5 747,01 | 17,4 747,09 1,8 8,0 Nuageux. S 
744,66 | 13,8 744,04, | 18,1 743,32 | 18,6 745,27 20,1 22 FRA & 
746,49 14,- 746,51 16,6 745,38 17,0 745,45 18,0 OU SERRE à 2 SS. EF: 
746,67 | 13,9 74719 | 46,7 74116 | 18,4 749,00 19,7 SAS RSR Fe 
746,59 11,1 745,87 12,6 744,91 14,3 745,12 14,9 Ti Convese PUS TE 
745,71 7,5 745,6 9,1 745,16 | 10,2 745,97 11,2 AT TE EUN:E! 
746,96 5,5 747,23 7,2 741,26 7,8 TAS,24 ST LEE N. 
718,26 9,1 748,01 11,7 747,61 14,8 749,43 16,0 2,9 AS E. 
154,01 | 10,2 16479 | 13,6 155,48 | 146 156,83 15,5 5.0 [Beau É go 
756,39 | 11,7 755,42 |: 458 TA |. 172% 15165 18,2 SAS Ne à ES. FE 
746,62 12,7 746,6 15,9 745,62 12,6 78,08 | 16,0 ROM RMUAENE sb 5 
H SARUOE AMESIEE 
761,34 | 4,9 | | 6113 | 0 | | 760,00 0,1 [itoyenne du 1 au 10 ao 
755,05 | 10,0 75481 | 42,9 754.09 5,8 [hoyenne du Ta 10,22. | 
74813 | 12,3 747,92 | 153 747,20 7,1 |Moyenne du 21 au 31/ Fer SE, | 
76,68 | 78) |roau | 10,4 | | 53,88 Moyennes du mois : : + -: 


“ 
“1 L'EcH0 DU MONDE SAVANT paraît le FEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte À. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTENS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARiS pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr.,{Gfr., 
8 fr. 50- APÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉHO DELA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


10° anmée. 


. SOMMAIRE. — Deux réformes dans la mé 


decine. — ACADEMIE DES SCIENCES. 
Séance du 17 avril 1843. — SCIENCES PHY- 
SIQUES. PHYSIQUE APPLIQUÉE. Expériences 
thermométriques faites sur la lumière de la nou- 
velle comète et sur la zodiacale; Mathiessen. — 
‘CHIMIE APPLIQUÉE. Du camphre et de,ses 
applications médicales et industrieil.s.— SCIEN- 
CES , NATURELLES. PATHOLOGIE. Sur la 
«“ransformation ganglionaire des nerfs de Ja vie 
“organique et de la vie animale; Serres —SCIEN- 
‘CES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ D'ENCOURA- 
GEMENT, séance du 12 avril. — AGRICUL- 
TURE. ÉCONOMIE RURALE. Nourriture des 
moutons avec du pain; de Lokatelli. — ANI- 
MAUX DOMESTIQUES. Concours pour un prix 
relatif à la phihisie pulmonaire sur le gros bé- 
tail. — SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉO- 
LOGIE. Cabinet d'antiquité de M, Comarmond, à 
Lyon. GÉOGRAPHIE. Souvenirs de voyages dans 
l'Italie septentrionale; le baron d’Hombres Firmas. 
— FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. 


DIS 
Paris, le 20 avril 1843; 


Deux réformes dans la médecine. 


Deux grandes questions agitent main- 
tenant le monde médical, et leur, solution, 
bonne ou mauvaise, peut avoir sur l'avenir 
de la médecine l'influence la plus grande. 
Abolir Pinfâme patente qu’on impose aux 
médecins , annuler les officiers de santé, 
tels sont les deux problèmes sur lesquels 
nos législateurs sont appelés à donner leur 
avis. Depuis longtemps on y songeait, de- 
puis longtemps les esprits sérieux médi- 
taient une réforme; mais jamais les idées 
ne s'étaient aussi concentrées qu'aujour- 
d’hui pour la demander d’un commun ac- 
cord. Espérons que de cette union de tous 
les esprits sortira une heureuse production; 
Mais ayant que cet objet se réalise, jetons 
un rapide coup d’œil sur cette réforme si 
désirée. 
D'abord, que veut dire patente? C’est un 
brevet que toute personne qui veut faire 
un commerce ou exercer une industrie 
quelconque, en France, est tente d'ache- 
ter du gouvernement. Or, nous le deman- 
donsaux ennemis les plus acharnés du corps 
médical : la médecine, est-ceun commerce? 
la médecine, est-ce une industrie ? Si quel- 
ques hommes ont dégradé leur position so- 
ciaie, ont sali leur renommée par un char- 
latanisme dégoûtant, ceux-là ne méritent 
Qu un juste mépris, et la niédecine à effacé 
feür om de ses annales. Mais on l’a dit, 
üuc exception n'est pas une loi; etle ca- 
xaclére moral de la médecine restera tou- 
jours entouré du respect que lui ont attiré 
tant d'hommes de génie, A -t-on donc ou- 
 blié les services rendus à la science et à 
Vhuümanité par tant de médecins dont les 
noms sont une des plus belles gloires de la 
France? et ignore-t-on tout le dévouement 
recent encore des Petit, des Desault, des 


x: 


Paris. — Jeudi, 20 Avril 1843. 
DD CE —— 


L'ECHO DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DAN 


Larrey, dee Desgenettes, ce dévouement 
que nos ennemis comprenaient si bien, 
même. quand nous les combattions? Napo- 
léon entre à Moscou; sa main victorieuse 


va convertir en.çaserge l'asile des orphe- 


lins, l'Orphanotrophion. Mais Desgeneltes 
est là, il l’arrête ; et à la voix du médecin 
français, ce réfuge du malheur est conser- 
vé. Disgenettes est fait prisonnier ; Alexan- 
dre l'apprend, et sur-le-champ il luirend 
la liberté! Mas, vous tous qui grossissez 
vos trésors de l'impôt des médecins, rap- 
pelez-vous 1821 et 1832, la peste de Bar- 
celonne et le choléra de Paris ! Ce sont des 
médecins qui les premiers ont abordé la 
terre d Espagne, et sout venus affronter le 
fléau de Barcelone. Si MM. Pariset, Bailly et 
Jouarry ont mille fois exposé leur vie dans 
cet affreux fléau, ils ont revu du moins ja 
terre de Ja patrie ; mais combien sont res- 
tés, avec l’infortuné Mazet, victimes de leur 
courage. Le choléra de Paris n’ofire pas 
moins d'exemples de dévouement sublime; 
et si l’on voulait citer les grands faits, ce 
serait à tort, car onslaisserait ainsi dans 
ombre mille traits vertueux dont on ne 
peul pas même donner ici l'idée. Après ce- 
la, les législateur netiendraient pas compte 
de ces services et de ce dévouement ; ils as- 
simileraient la médecine aux professions 
en boutique, et ils voudraient que le mé- 
decin dounât tout pour ne rien recevoir ? 
Nousleur répondrons par ces paroles d'An- 
toine Petit, qui sont l’expression du corps 
médical tout entier : « Ce sont les riches, 
» disait-il, qui doivent payer convenable- 
» ment. Lorsque j'étais jeune, je rougissais 
» lorsqu'un ma:ade m'offrait de me payer; 
» maintenant je rougis lorsqu'on ne me 
» paie pas. » Que nos députés méditent un 
instant ces graves paroles, car si la patente 
n’est pas abolie , c’est qu’on n’y a pas ré- 
fléchi. 

Maintenant, félicitons M. Bouillaud de la 
noble action qu'ilentreprend en présentant 
à la Chambre une pétition pour l’abolition 
des officiers de santé, C’est dignement rem- 
plir à la fois la profession de médecin et 
celle de député que de saisir ainsi l’occasion 
de guérir une des plaies les plus profondes. 
delamédecine,uneplaiequijetteratoujours 
une certa'ne défaveur sur ce corps savant. 
L'existence des officiers de santé au sein de 
la médecine est une chose immorale dans 
son principe. Les soutenir, c’est établir en 
règle, c'est poser en loi qu'il ya dela 
science à tout prix, et qu’on peut exercer 
la médecine après avoir appris seu'ement 
à en balbutier les premiers mots. Nous som- 
mes de ceux qui soutiennent qu’on ne sau- 
rait exiger trop de connaissances de la part 
du médecin, et il est facile alors de penser 
quelle est votre opinion à l'égard des offi- 
ciers de santé. Nous disions à l'instant que 
l'existence de cette classe d'hommes au sein 


N° 29, 


S TOUTES LES SCIENCES. 


a 


delamédecineétaitunechose profondément 
immorale , nous ajoutons ici qu'elle est à 
nos yeux doublement iliégale : d’abord, au 
point de vue éminemment matériel, il est 
detoutejustice d’abolirles officiers de santé. 
Ces hommes, qui ont appris assez mal quel- 
ques mots vagues et confus de Ja pratique 
médicale, se réfugienti dans nos provinces 
où, sous le titre général de médecins, ils y 
jouissent des mèmes droits que les docteurs 
n’acquièrent que par de longs et pénibles 
travaux, qui en font tomber plus d’un au 
milieu de la carrière. Mais ensuite, la 
société n’a-t-elle pas un intérêt puissant à 
faire des médecins des homme: reconymag 
dables par leurs talents, et leurgéñ 


compter dans les jours de dang 
lamité pabliques? 
Espérons que la parole def 


ajouter aux nombreux titres qu’ 
déjà, à la gloire et à la reconnaissance pu- 
blique, celui d'avoir sanctionné de sa pa- 
role le généreux élan mani'esté par les 
élèves de la Faculté de Paris pour l'aboli- 
tion des officiers de santé. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance dn lundi 17 avril, 


M Daubrée, ingénieur des mives, profes- 
seur à la faculté des sciences deStrasbourg, 
a présenté à l’Académie un Mémoire sur 
les dépôts métallifères de la Suède et de la 
Norwège. Selon ce Jeune savant on peut 
diviser les gîtes métalliferes de la Suède et 
de la Norwège en quatre catégories qui 
sont : les dépôts des marais et des lacs, les 
filons proprement dits, les amas subor- 
donnés au terrain de transition ou amas 
de contact, enfin les amas enclavés dans le 

neiss. 

L’hydroxide de fer qui continue à se pré- 
cipiter journellement dans les marais et 
dans les eaux des lacs, appartient seul au 
premier genre de dépôts. Il est très abon- 
damment répandu dans plusieurs régions 
de la Suède, mais excepté au Smolande, 
l'extraction de ce minerai est peu impor- 
tante par suite de l’abondance de l’oxyde 
magnétique et il est à croire qu’elle pren- 
dra de l’extension dans la suite. 

Parmi les filons proprement dits ceux de 
Sahla, de Kongberg, d'Eidsfoss, comparés 
avec les filons classiques de l'Allemagne et 
de la France, présentent un caractère parti- 
culier, c’est la présence de différents sili- 
cates anhydres ou hydratés qui se trou- 
vent habituellement dans les roches cristal- 
lines, de telle sorte que par leur composi- 
tion comme par leur âge ils forment une 
transition entre les amas subordonnés au 


676 
gneiss et les filons de la plupart des autres 
contrées. 

Les amas intercalés dans le terrain de 
transition sont particulièrement nombreux 
dans la contrée de Christiania. Ils sont 
constamment situés à la jonction du terrain 
de transition avec les roches.plutoniques 
qui l'ont traversé. Aux environs de Cein- 
brishampn, en Scanie, il existe aussi dans les 
couches de transition des dépôts très ana- 
logues à ceux des arkoses du centre de la 
France. 

Nulle part ailleurs en Europe les amas 
enclavés dans le gneiss ne sont si nombreux 
et si développés qu’en Scandinavie, et sur- 
tout en Suède : ils comprennent plus des 

uatre-vingt-dix-neuf centièmes des ri- 
chesses métallifères de cette dernière con- 
trée. 

M. Daubrée termine son mémoire en en- 
trant dans quelques détails sur les métaux 
qui se trouvent dans les mines de la Suède 
et de la Norwége, et il pense que la for- 
mation des dépôts métallifères de la Suède 
se relie certainement aux dislocations du 
sol de la contrée, quoique la connexion en- 
tre les deux genres de phénomènes soit 
moins évidente que dans beaucoup d’autres 
pays. En effet, tous les soulèrements ou af- 
faissements du sol qui ont principalement 
imprimé à la Suède son relief actuel, à 
part le mouvement lent qui continue en- 
core aujourd'hui, paraissent remonter à 
une époque géologique fort ancienne, et 
probablement ne dépassent pas l’époque de 
transition, de même les émanations métal- 
lifères primitivement d’une abondancesi re- 
marquable en cette partie du globe ont été 
totalement arrêtées des que les brisements 
du soi ont cessé de leur frayer une voie 
dans ces régions. 

M. Guyon, chirurgien en chef de l’ar- 
mée d'Afrique, a communiqué à l’Acadé- 
mie une observalion curieuse de haute 
chirurgie. Il s’agit d’une fracture du tibia 
autiers, moyen, côté droil, avec luxation de 
l'extrémité inférieure du péroné, sortie de 
l'os à traver les téguments divisés trans- 
versalement à la longueur de cet os, luxa- 
tion et sortie de l’astragale. Ce cas eût put 
être un cas d’amputation, mais on a essayé 
de conserver le membre et le succès a ré- 
pondu à l'attente qu’on s’en était faite, 

Le pied fut porté en dedans, et formait 
un angle droit avec la jambe; la capsule de 
Varticulation fut ouverte; l’astragale fut 
remise en place, non sans difficulté, car la 
peau divisée par la sortie du péroné pré- 
sentait sa division inférieure engagée sous 
l’extrémité de cette os ,qui faisait saillie en 
dehors, mais qu'on parvint à ramener à 
V’aide d’une incision: Ensuite le pied fut 
porté en dehors, le péroné fut remis à sa 
place, et trois point de suture faiblement 
serrés réunirent les téguments. 

Maintenir le pied afin qu'il ne revint pas 
en dedans offraitquelque difficulté, à cause 
de la plaie de la partie externe qui s’oppo- 

- sait à l'application de tout moyen contentif 
de ce côté. On eut recours à l’attelle 
d'A. Cooper, mise en usage par ce chirur- 
gien pour les fractures de l'extrémité infé- 
rieure du tibia. A l'aide d’un épais coussin 
placé entre le pied et la branche atcendante 
de lattelle, le pied fut repoussé. De l’eau 
froide , légèrement saturnée, fut de suite 
employée en irrigation permanente et l’on 
en continua l'usage jusqu’au 24e jour après 
l'accident. Les accidents locaux furent fai- 
bles, mais il n’en à pas été de même des 
accidents généraux:ils furent d'autant plus 


677 


intenses que le malade est d’une constitu- 
tion forte et d’un tempérament sanguin. 
Quelques phénomènes tétaniques se mani- 
festerent le quinzième Jour après l'accident, 
mais ils cédèrent au bout de deux jours 
sous l'influence de l’opium à forte dose. 
Bientôt la plaic des téguments se cicatrisa, 
ctle malade se trouva dans le meilleur état 
possible. 


M. Tanchou a envoyé à l’Académie une 


note tendant à prouver que dans le cancer 


l'opération n’est pas toujours nécessaire. et 
qu avant de la tenter il faut essager si les 
moyens externes ne peuvent pas agir cffi- 
cacement pour la guérison de la maladie. 
M. Tanchou pense que l'opération ne doit 
être employée qu'après les moyens internes 
qui doivent être d’abord mis en pratique. 

MM. Paul Desain et F. la Provostaye 
ont lu à l’Académie un mémoire sur la 
chaleur latente de la glace. Après avoir fait 
connaître les procédés suivis déjà pour ar- 
river à ce résultat et indiqué les erreurs 
qu'ils renferment, ces savants ont décrit 
leur méthode qui n’est que celle des mé- 
langes heureusement modifiée et rendue 
plus exacte par une plus grande attention 
dans les expériences. MM. Desains et la 
Provostaye ont trouvé pour le nombre de 
la chaleur latente de la glace le nom- 
bre 79,1. 

M. Malagutti a envoyé à lAcadé- 
mie une note sur la préparation du per- 
oxyde d'uranium, On n’a jamais isolé le 
peroxyde d'uranium ou uranite, L'action 
de l'alcool sur l’azotate d’urane offre un 
moyen sur et facile pour l’obtenir à l'étal 
d'hydrate et dansun étatde puretéextrême. 
Que l’on fasse une dissolution d’azotate de 
peroxyde d'uranium bien pur dans de l’al- 
cool absolu, et que l’on évapore assez mo- 
dérément pour que le liquide n’entre pas 
en ébulition. Dès que la masse sera réduite 
à un certain point de concentration il se 
manifestera un mouvement tumultuenx, 
el il se dégagera de l’éther nitreux, de la 
vapeur nitreuse accompagnée d’une odeur 
pronor céed’aldehydeet de l'acide formique. 
Le résidu de cette réaction si vive sera une 
masse jaune-orange , spongieuse, que l’on 
séparera en deux substances, dont une so- 
luble (azotate non décomposé) et l’autre 
insoluble, d’un beau jaune serin, qui lavée 
à l'eau bouillante, jusqu’à cessation com- 
plète le toate réaction acide, présentera la 
composition du peroxyde d'uranium, plus 
un équivalent d’eau (U 303, HO). 

M. Vicat a écrit à l'académie pour lui 
faire connaître une observation curieuse 
faite à Toulouse, sur une pouzzolane arti- 
ficielle. Après quelques jours d'immersion 
dans l'eau de mer, les briques fabriquées 
avec cette pouzzolanetombaienten miettes 
en se brisant graduellement des surfaces 
aa centre. Celte pouzzolane ainsi altérée a 
été analysée et il résulte de cette analyse 
que dans cette pouzzolane une grande par- 
tie de la chaux a disparu et se trouve rem- 
placée par de la magnésie. 11 a été démon- 
tré par M. Vicat que les sels magnésiens 
de l’eau de mer ont été décomposés par la 
chaux du béton et que la désagrégation 
observée n’est que l'effet de cette décom- 
position. 

M. Delarivealu à l'Académie un mémoire 
sur l’aclionchimiqued'un seul couple voltai- 
que, etdes moyens d'en augmenter la puis- 
sance ce seul couple jouissant d’une puis- 
sance trèsénergique, décomposer l’eau avec 
une grande facilité etsurpassesans doute en 
forcela piledeM. Bunzen,dontnousparlions 


678 


dansnosderniersnaméros.Mais bientôtnous 
reviendrons surcette importante communi- 
cation, troplongueeitropeurieuse pourêtre 
analysée ici en quelques mots, EF. 


——204 5 4 860 a—— 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE APPLIQUEE, 


Expériences thermométriques, faites sur la 
lumière de la nouvelle comète et sur la 
lumière zodiaca!e. Lettre de M. Ad. Mat- 
thiessen à M. Arago. 


Si la seule manière de propagation de la 
chaleur à de grandes distances est le rayon- 
nement, la comète actuelle n’envoie pas 
sensiblement de chaleur à la surface ter- 
restre. 

Lundi, le 27 mars, à 8 heures du soir, 
un miroir concave de 1 mètre de diamètre, 
bien poli, avec un thermomètre à air très 
sensible au foyer, n’indiqua aucune élé- 
vation de température. Une élévation était 
cependant sensible en dirigeant l'axe du 
miroir sur la lumière zodiacale. 

Le soir suivant, je plaçai une très bonne 
pile thermo-électrique de M. Ruhmkopf, 
de 25 paires, dans uue ondulation légère- 
ment concave du terrain entre l'arc de 
l’Étoile el le bois de Boulozne, de sorte 
qu’elle ne pouvait regarder aucun objet 
terrestre, sauf l’herbe, dans up rayÿon de 
200 à 300 mètres, et une petite maison 
blanche à 800 mètres de distance, avec une 
seuie croisée au nord-est. $ 

L'aiguille du galvanomètre resta sur 
zéro en braquant la pile munie de son cône 
condensateur sur l'étoile polaire. En la 
tournant sur la queue de la comète au- 
dessous d'Orion elle resta sur zéro. Vers le 
noyau l'aiguille indiqua 2 degrés. Mais 
Pimpression de chaleur augmenta gra- 
duellement en tournaat la pile vers la la- 
mière zodiacale, après avoir dépassé le 
noyau de la comète. Sous les Pléiades : 
10 degrés de déviation; vers la base de la 
lumière zodiacale, 12 degrés; au-dessus du 
point où le soleil s'était couché, 5 degrés. 
À 9 heures, même résultat pour la comète : 
sous les Pléiades, 8 degrés ; à la base de la 
lumière zodiacale, 12 degrés; au-dessus 
du pointoù le soleil s'était couché, 3 de- 
grés. À 9h. 30 m. 7°, 10° 20, et mêmerésul- 
tat pour la comète. 

Pour juger de la sensibilité de l'appareil, 
il suffira de dire que ma main, assez 
froide, puisqu'elle était appuyée sur l'herbe 
humide, envoya l'aiguille frapper contre la 
pointe placée à 90 degrés à la distance de 
À mètre. Sanscône, même résultat, la main 
étant à 25 centimètres de distance de l'ou- 
verture extérieure de la pile. La petite 
maison, échauffée par les rayons du soleil 
avant son coucher, fixa l'aiguille, -à huit 
heures, à 26 degrés, à 8h 30m, à 21 de- 
grès. Alors on éteignit la chandelle qui 
brülait à la croisée, et l'aiguille descendit à 
19 degrés. À 9 heures, {3 degrés; à Oh 30m, 
9 degrés de déviation. 

A Pexception de fréquentes perturba- 
tions de l'aiguille causées par des courants 
d'air chaud, quelquefois sensiblesà la figure, 
ces résultats, quoique répétés quarante 
fois, restèrent constants. 

J'ai été surpris de voir l'aiguille rester 
sur zéro dans toutes les autres directions 
du ciel ; je m'étais attendu à ce que les par- 
ties obliques du ciel où la couche d'atmos- 
phère est plus épaisse, où bien la partie da 
ciel contenant beaucoup d'étoiles, ou enfin 


679 


- la chaleur de l'herbe et de la terre échauf- 


fées toute la journée par le soleil donne- 


-raient des impressions de chaleur. On voit 


par là combien peu de éhaleur émettent les 


fluides élastiques, et l’on voit aussi que 


l’herbe se refroidit rapidement et complé- 
tement par l'humidité du soir. 

L'indication de chaleur étant constante 
vers la lumière zodiacale, il restait à savoir 
si cette chaleur provenait de l’atmosphère 
plus chaade vers le point de coucher du 
soleil (car les objets terrestres à distance 
ne pouvaient pas en eavoyer sur la pile, 
attendu qu'elle n’en regardait aucun), ou 
si celte chaleur proveuait de la lumière 
zodiacale. Dans cette dernière hypothèse, 
la zone zodiacaie doit être d’une haute 
température, puisqu'elle est excessivement 
rare. 

En ôtant le cône condensateur de la pile, 
la lumière zodiacale ne donna que 2 à 3 
degrés de déviation vers sa base : À de- 
gré à gauche et à droite, rien pour la co- 
inete. 

Le flint très réfringent et incolore, sur- 
tout celui que M. Bontems fait pour des 
lentilles achromatiques de microscope que 
j'ai employé, laisse passer à de petites épais- 
seurs, plus des trois quarts des rayons ca- 
lorifiques provenant d'une haute tempéra- 
ture, et presque rien d’une source au des- 
sous de l’eau bouillante. 

Ma lentille à 56 centimètres de diamètre, 
et donne 16 centimètres de foyer principal. 
Placée devant la base de la lumière zodia- 
cale, la déviation de l'aiguille augmenta; 
elle s'arrêta sur 4 degrés. Au dessous des 
Pléiades elle baissa un peu, et s’arrêta à 

degrés. Au dessus du point de coucher 
du soleil, elle descendit à zéro. 

Ce résultat tient en partie à ce que la lu- 
mière zodiacale pouvait se concentrer pres- 
qu'en entier sur la pile, tandis que l’espace 
À gauche ou à droite est trop étendu pour 
produire une augmentation sensible; mais 
il est évident aussi que lPaugmentation de 
chaleur ne pouvait avoir lieu à travers le 
fhnt, sans que la source fût d’une haute 
température, Les 5 degrés de déviation de 
l'expérience avec le cône seraient donc 
produits en plus grande partie par l’at- 
mosphère chaude, et étaient éteints par 
l'absorption du flint; tandis que les 15 de- 
grés vers la lumière zodiacale étaient dus 
principalement à elle. ; 

La pile munie du cône condensateur dé- 
vie l'aiguille également de 15 degrés en 
plaçant une chandeile de suif allumée de- 
vant elle à la distance de 10 mètres à peu 
près;ce qui fait voir combien est minime la 
quantité de chaleur envoyée par la lu- 
mière zodiacale, et que l'influence de la 
comète doit être réellement imperceptible 
sur notre température. 


CHIMIE APPLIQUÉE, 


Du camphre et de ses applications médi- 
cales et industrielles. 


(Deuxième article, ) 


Proust a obtenu un seizième de camphre 
del'huile volatile de romarin, un neuvième 


de celle de marjolaine, un septième de celle 


de saage, et plus d’un quart de celle de 
lavande; celui qui voudrait répéter ce 
Senre de recherchés ne doit pas oublier 
que le romarin, ja marjolaine, la sauge et 
la lavande, qui croissent à Murcie, four- 
nisscpt des essences beaucoup plus char- 


\ 


680 


oces de camphre que celles de diverses 
contrées d’une moindre température. L’ex< 
position dans des vases applatis et à une 
température de plus de 22° centigrades, 
suffit pour obtenir le camphre des huiles 
volatiles. On peut encore distiller ces huiles 
au bains-marie, à quelques degrés au- 
dessous de l’ébullition de Peau et jusqu’à ce 
qu'il soit passé le tiers de l'huite, Dans l’un 
et l’autre cas, le camphe se précipite sous 
une forme cristalline et présente les divers 
caractères qui distinguent cette huile essen- 
tielle concrète. 

Raffinage du carmnphre. — Tout le cam- 
phre qui arrive en Europe vient de la 
Chine ou du Japon ; nous ne nous occu- 
perons que du raffinage de celui-ci. On 
nous l’expédie dans des caisses ou dans des 
tonneaux, à l’état brut; il est en masse 
formé de petits grains gris ou roussitres, 
humides, de saveur .âcre et d’une odeur 
pénétrante, et mélé avec des débris de 
paille et de bois; cette masse de camphre 
brut est d’abord enveloppée dans une tresse 
en paille de riz, placée d’abord dans un 
petit baril, entermé lui-même dans un 
tonneau recouvert de papier verni. On 
conçoit combien sont nécessaires toutes 
ces précautions pour exporter au loin une 
matière aussi volatile, 

Les Vénitiens sont Îles premiers qui aient 
imaginé de rendre ce camphre beaucoup 
plus utile, et pour les arts et pour l’art de 
guérir, en le raffinant. L'opération qu’ils 
lui firent subir dans ce but devint bien- 
tôt le monopole des Hoilandais; car il n°y 
guère qu’une trentaine d'années qu’on raf- 
fine le camphre à Paris, et cependant le 
procédé suivi en Hollande fut décrit long- 
temps avant par Geoffroy, par Valmont de 
Bomard et par Proust. Aujourd’hui nous 
avons entièrement cessé d’être tributaires 
des Hollandais pour le camphre purifié. 
Nous devons citer ici M. Buran pére, de 
Charenton, qui, le premier, a raffiné du 
camphre à Paris et en a livré de grandes 


masses au commerce; aujourd’hui, MM. Bu- 


ran et compagnie, Bergerat-Letellier, à 
Grenelle et Vaugirard, sont les fabricants 
qui en raffinent le pius. Nous allons dé- 
crire les procédés suivis dansla fabrique de 
MM. Buran et compagnie à Grenelle. 

Dans un atelier spécialement réservé au 
camphre, on commence par pulvériser le 
camphre en masse, et on le tamise afin de 
le séparer des matières étrangères dont il 
est mélangé. Quand ilest pulvérisé, on le 
mélange avec une certaine proportion de 
chaux vive pilée, proportion qui varie selon 
que le camphre est plus ou moins humide. 
On met ce mélange dans de grands baquets 
bien joints, et on le remue de temps en 
temps pour empêcher qu'il ne se prenne 
en masse. Peu à peu il s’échauffe, la chaux 
s’emparant de l'humidité renfermée dans 
le camphre brut se combine avec une cer- 
taine quantité de matière grasse qui im- 
prègne plus ou moins le camphre brut. 
On doit observer la plus grande propreté 
dans tous ces apprêts; les balayures de 
l'atelier où ils se font doivent être mises à 
part, car nous verrons qu’on en retire en- 
core quelque chose. On procède ensuite 
au raffinage, on remplit jusqu'à l’ouver- 
ture du col, des matras en verre blanc et 
à fond plat de 4 à 6 litres de capacité. Ces 
matras sont en verre très mince, égal par- 
tout, et ne devant pas présenter des dé- 
fauts. Avant de les remplir on les nettoie 
s’ilssont sales,et on les faitsécher avec soin. 
Quand on en a préparé un certain nombre, 


681 


on les dépose sur la galerie à raffiner, Il 
est plus avantageux d'avoir un seul feu 
pour chauffer plusieurs matras à la fois 
qu'un feu séparé pour chaque. Dans le 
premier cas, il faut de la part de l’ouvrier 
plus de soin, le combustible se trouve mé- 
nagé, et l'attention se trouve portée sur 
tous les vases sublimatoires à Ja fois. 

Le fourneau se compose d’un bain de 
sable rond, formé d’une feuille de tôle 
chauffée très également et maintenue par 
une muraille circulaire en briques. Onétend 
sur cette feuille de tôle, qui doit se trou- 
ver à hauteur d'appui, une couche de sable 
très sec et très fin, d’environ 9 millimètres 
d'épaisseur, et on place dessus ies matras 
en les étoignant Iles uns des autres de 81 
millimètres : la galère peut en contenir 
environ cinquante, Quand ils sont ainsi 
rangés. on les recouvre entièrement de 
sable cton allume le feu. La plaque de 
tôle ne tarde pas à rouvir, et bientôt on 
entend un bouillonnement général dans 
chaque matras, le mélange commençant à 
fondre. C’est alors qu'il faut de la part de 
ouvrier redoublement de soinset d’acti- 
vité; muni d’une petite tige en fer, il fait 
jour un peu au mélange qui se trouve dans 
le matras, afin de laisser un passage à l’ex- 
cès de vapeur qui peut alors se former, et 
qui, ne trouvant pas d’issue, ferait, par son 
expansion, briser le vase. Si cet accident 
arrive, on doit immédiatement enlever le 
vase brisé et le remplacer par du sable 
froid. Il faut toujours prendre garde à ce 
qu’il ne se répande pas de camphre sur la 
plaque de tèle, car le feu ne tarderait pas 
à s’y mettre et se communiquerait à tous 
les vases sublimatoires. Dans cette circon- 
stance, il n’y a que le matras de perdu; 
quant au mélange qu’il contenait, on le 
met à part, avant de le distiller, dans un 
appareil particulier sur lequel nous revien- 
drons. 

Quand le mélange est entièrement fondu 
on découvre les matras, c’est-à-dire qu’on 
enlève le sable qui les recouvrait, et on 
adapte à l'ouverture un tampon ou mêche 
en coton qui doit arrêter les vapeurs qui 
s’échapperaient en pure perte dans l’atmos- 
phère. 

À partir de ce moment, l’ouvrier doit 
veiller à ce que l’ebullition du camphre 
ne soit ni trop lente ni trop vive. Dans 
le premier cas, le mélange pourrait se 
prendre en masse, geler, et il faudrait, pour 
le refondre, employer du combustible qui 
ferait marcher trop vite ceux qui ne sont 
pas gelés. Autre conséquence : le point où 
le mélange s'arrête en gelant, est marqué 
par une ligne jaunâtre qui adhère au pain 
de camphre, et qu’on a beaucoup de peine 
à enlever : dans le second cas, quand le 
mélange bout trop fort, il se fait sur le 
pain qui commence à se former à la partie 
supérieure et refroidie du matras, des 
taches jaunâtres produites par les écla- 
bousssures du mélange liquide de chaux 
et de camphre brut; on a beaucoup de mal 
à enlever ces taches, et comme elles sont 
formées au commencement de la sublima- 
tion, elles vont se trouver emprisonnées 
par une nouvelle couche de camphre su- 
blimé; une ébullitiontrop prompte entraîne 
aussi quelquefois la perte du vase subli- 
matoire, une grande quantité de liquide 
se trouve perdue, et l’on court le risque 
d’un incendie. Si le feu venait à se com- 
muniquer aux matras, il n’y aurait pas 
d'autre moyen à employer que de bou- 
cher immédiatement chaque vase avec 


682 


un tampon en coton ou en étoupe, et à 
jeter de l'eau dans le foyer; du reste, cet 
accident est heureusement assez rare. L’o- 
pération dure environ douze heures. On 
s'aperçoit qu’elle est terminée lorsqu'il n’y 
a plus au fond du matras qu'une couche 
presque sèche, rougeûtre, formant des 
inégalités. 

Cette croûte constitue le culot; c’est un 
mélange de chaux, de matières étrangères, 
de matière grasse, d’eau et de campbre. 
On retire les matras de dessus la galère, 
en ayant soin de ne pas les pénétrer 
s'ils contiennent encore du liquide, parce 
que celui-ci salirait les pains formés. On 
les dispose ensuite sur une aire en planche 
dans une autre partie de l'atelier, ou en 
plein air. On donne un peu de pente au 
terrain, en réservant deux ou trois trous 
bitumés dans lesquels s'écoule l’eau dont 
on se sert pour arroser les matras, pour 
les refroidir brusquement et en détaclier le 
camphre avec facilité. Comme il arrive 
quelquefois qu'il reste encore du liquide 
bouillant au fond des matras, ceux-ci en 
éclatant sous l'impression de l’eau froide, 
le laissent échapper sur l'aire, et ce mé- 
lange s'écoule dans les trous où il est facile 
de le recueillir lorsqu'il s’y est fixé; on en- 
lève ensuite les débris du verre, on détache 
les pains, on sépare les culots, on nettoie 
les pains en les grattant avec un couteau 
quand ils sont tachés ou recouverts d’une 
pellicule blanchätre. 

Les pains de camphre sont demni-trans- 
parents, hémisphériques, et percés d’un 
trou correspondant au coldu matras; on les 
enveloppe dans une feuille de papier bleu 
ou violet, et on les livre ainsi au com- 
merce de la droguerie, en caisses ou en 
tonneaux. 

Quant aux culots, verres cassés et dé- 
chets de toutes sortes, on les distille dans 
une chaudière en fonte munie d’une al- 
longe communiquant à un récipient re- 
couvert, ainsi que la chaudière d'un cou- 
 vercle luté. 

Le camphre qui se sépare dans cette dis- 
tillation a une texture écailleuse; il est 
huileux et possède une odeur empyreuma- 
tique très forte; on mélange ce camphre en 
petite proportion avee le camphre brut, et 
on ajoute alors une plus grande quantité 
de chaux vive. 

—"<e %E—— 


SCIENCES NATURELLES. 


PATHOLOGIE. 


Observations sur la transformation gan- 
glionnaire des nerfs de la vie organique 
et de la vie animale ; par M. Serres. 


Je me propose, par cette communica- 
tion, d'appeler l’attention des observa- 
teurs sur une affection inobservée du sys- 
tème nerveux de l’homme. 

Elle consiste, cette affection, en une 
transformation ganglionnaire générale des 
nerfs de la vie de relation et de ceux de la 
vie organique, 

Les symptômes particuliers ne m'en sont 
pas connus , par la raison que nous ne l'a- 
vons rencontrée que sur le cadavre, et 
deux fois seulement, à l'Ecole d'anatomie 
des hôpitaux. 

J'ai observé le premier cas en 1829 avec 
M. Manec, chirurgien en chef de la Sal- 
pétrière, et le second ces jours derniers 
avec MM. les docteurs Pelit et Sappey, pro- 
secteurs de notre amphithéâtre (1). 

(1) Le premier de ces malades, âgé de 22 ou 2 


683 


Une circonstance cependant qui peut 
mettre sur la voie des caractères qui lui 
sont propres, c’est que les deux jeunes gens 
sur lesquels nous l'avons observée étaient 
morts des suites de la fièvre entéro-mésen- 
térique (fièvre typhoïde). 

Or, depuis que nous avons fait connai- 
tre la fièvre entéro-mésentérique, on sait 
que cette affection si commune et presque 
endémique dans Paris, est précédée de lassi- 
tudes dans tous les membres ; on sait qu’au 


début des symptômes abdominaux, ces 


douleurs sont quelquefois si-vives que les 
malades s’en plaignent comme s'ils avaient 
les membres contus ou brisés. On sait enfin 
avec quelle lenteur les mouvements se ré- 
tablissent dans la convalescence, pour peu 
que la maladie ait été grave. 

Ces prodromes constants de la fièvre en- 
téro-mésentérique indiquent peut-être une 
affection primitive du système nerveux 
dans cette maladie si meurtrière? Peut- 
être aussi l’altération particulière qui nous 
occupe n’en est-elle que le plus haut déve- 
leppement ? C’est un point de recherches 
qui nous occupe en ce moment. 

Quoi qu'il en soit, voici les caractères de 
cette altération particulière du système ner- 
veux périphérique. 

Tous les nerfs de la vie de relation, ceux 
des membres, de la face, les nerfs inter- 
costaux et lombaires, sont parsemés dans 
leur trajet d’une multitude de renflements 
gauglionnaires ayant la forme et les carac- 
tèves physiques extérieurs du ganglion cer- 
vical supérieur de l'homme (2). Ce qu’il y 
a de remarquable et ce qui doit être re- 
marqué dans la direction présente des 
études physiologiques dont le système ner- 
veux est l'objet, c'est que les cordons pos- 
térieurs des nerfs rachidiens en sont le 
siége au même degré que les cordons anté- 
rieurs. Du reste, les branches nerveuses 
de communication d’un ganglion insolite à 
l’autre paraissent intactes à l’œil nu. 

Le nombre de ces ganglions est moins 
grand sur les filets nerveux du grand sym- 
pathique que sur ceux des nerfs de la vie de 
relation; maisil est si considérable encore, 
que son aspect général en est compléte- 
ment changé. 

Les nerfs qui vont former les plexus lom- 
baires et sacrés, les grands nerfs sciatiques 
et les deux pneumo-gastriques sont ceux 
sur lesquels cette transformation ganglion- 
naire est le plus prononcée. 

À leur sortie du bassin par les échan- 
cruressciatiqueset le long de la partie posté- 
rieure des cuisses, les grands nerfs sciatiques 
ont acquis le volume de lhumérus, et leur 
surface extérieure est toute bosselée par 
l'inégalité de grosseur desrenflements anor- 
maux. 

Les deux nerfs pneumo-gastriques , 
après s'être dégagés des trous déchirés pos- 


térieurs, et dans leur marche le long du 


col, et dans le thorax, ont un volume dou- 
ble du grand sciatique normal; et cette 


ans, était vitrier ambulant ; les renseignenients que 
nous fimes prendre à son domicile apprirent qu'il 
avait parcouru Paris, comme à son ordinaire, 
quelques jours avant son entrée à l'Hôtel-Dieu, où 
il était mort de la fièvre entéro-mésentérique. Le 
second, du même âge, était décédé à l’hôpital Saint- 
Antoine, des suites de la même maladie; àl était ou- 
vrier en papiers peints, etil n'avait offert aucun symp- 
tôme nerveux pendant son séjour à l’hôpital, qui 
fut de quelques jours seulement. 

(2) Ayant dorné aux ganglions nerveux le nom 
de névroplastes dans nos recherches sur l'organogé- 
vie, cette affection pourra être désignée sous celui 
de névroplastie, 


68% 
grosseur ils la doivent au rapprochement 
des nombreux ganglions qui se sont déve- 
loppés sur leur trajet, et qui, au premier 
aspect furent pris pour des hydathides par 
MM. les docteurs Petit et Sappey, prosec= 
teurs de l’Ecole d'anatomie. 

Sur le jeune homme observé en 1829, 
nous avons compté près de cinq cents gan- 
glions insolites développés sur les radia- 
tions du système nerveux périphérique ; 
sur celui-ci le nombre en est encore plus 
considérable. 

Dans les deux cas, la structure de l'axe 
cérébro-spinal n’offrait aucune trace d’al- 
tération. 

L'intégrité de l’axe cérébro-spinal au mi- 
lieu de cette transformation ganglionnaire 
générale du système nerveux est un ar- 
gument qui s'ajoute à ceux fournis par 
l’organogénie contre la structure ganglion- 
née de la moelle épinière de l’homme et 
des vertébrés, supposée par Gall. Si cette 
opinion, déduite de l’analogie erronée de 
l'axe nerveux des insectes, avait quelque 
apparence de réalité; s’il existait une série 
de renflements, même rudimentaires , à 
l'insertion des nerfs spinaux sur la moelle 
épinière, n'est-il pas vraisemblable que 
ces renflements se fussent hypertrophiés 
sous l'influence d’une altération qui a gan- 
glionné toutes les radiations du système 
nerveux périphérique? Or,en 1829, l’inser- 
tion des nerfs spinaux à la moelle épinière, 
examinée avec le plus grand soin, ne nous 
a rien offert d’insolite ; il en a été de même 
dans le second cas, quoique les branches 
antérieures et postérieures aient été l’objet 
d’un examen spécial. Cette recherche nous 
a même montré un fait curieux, e’est que 
les branches antérieures et postérieures , à 
partir des ganglions intervertébraux jus- 
qu’à leur implantation à la moelle épinière, 
étaient presque ,exemptes de ces renfle- 
ments insolites; il n'existait qu'une et ra- 
rement deux traces de cette altération sur 
les sixième, quatorzième, seizième, dix- 
septième, dix-huitième racines postérieu- 
rés du côté gauche, et sur le dixième et 
douzième du côté droit. Des racines anté- 
rieures, la sixième àgauche et la douzième 
à droite offraient seules un léger renfle- 
ment; et au contraire, à leur sortie immé- 
diate de ces mêmes ganglions, les renfle- 
ments devenaient si nombreux et si rap- 
prochés, que le ganglion paraissait se 
prolonger à plusieurs centimètres de dis- 
tance. Cette disposition se remarquait sur- 
tout à la sortie desganglions intervertébraux 
qui correspondent aux renflements supe- 
rieur et inférieur de la moelle épinière ; et 
tous, à l'exception des onzième et ving- 
tième à droite, des seizième et vingtième à 
gauche, avaient acquis un tel développe- 
ment, qu'ils se prolongeaient à la fois 
vers la moelle et vers les branches périphé- 


riques: 


En rapprochant ce fait du nombre con- 
sidérable de ganglions insolites, que pré- 
sentaient les nerfs des membres, du vo- 
lume qu'ils offraient jusque dans leurs ra- 
meaux musculaires et cutanés, il nous a 
paru que ces nerfs avaient emprunte au 

S D ul 
volume des ganglions normaux qu ils tra- 
versent , une disposition à se ganglionner 
anormalement. 

Voici, au reste, comment ils pouvaient 
être classés sous ce rapport: 

1° Les nerfs des plexus sacrés et lom- 
baires ; | 

2 Les nerfs du plexus brachial:; 

3 Le spinal et les deux nerfs pneumo- 


1685 


gastriques dans toutes leurs radiations , 
excepté le nerf laryngé supérieur qui en 
était exempt ; 

40 Les nerfs du plexus cervical, 

5: Les nerfs intercostaux ; 


. 6, Le nerf facial ; 


7 L’hypoglosse ; 
8 Les branches de la cinquième paire, 


.et plus spécialement le nerf frontal, le lin- 
: gual, le temporal profond : le ganglion de 
: Glaser était intact ; 


9 Enfin les nerfs de la deuxième paire, 


: ceux de la troisième, de la quatrième et de 


la sixième, qui seuls étaient exempts de 
cette altération, avaient conservé leur 


| structure normale ; 


10° Le ganglion ophthalmique avait ac- 
-quis néanmoins le double de son volume 
ordinaire. 

Quant au grand sympathique, les cor- 
dons cervicaux offraient des ganglions in- 
solites, et , ce qu'il y a de particulier, c'est 
que le ganglion cervical moyen manquait 
des deux côtés. Les quatre premicrs gan- 
gliens dorsaux étaient, kypertrophiés. Le 
grand splanchnique du côté gauche était 
ganglionné, le droit ne l'était pas, el chose 
digne de remarque aussi, c’est que le gan- 
glion semi-lunaire gauche était presqu'à 


| Pétat normal, tandis que le ganglion semi- 


Junaire droit avait acquis le triple de son 
volume ordinaire. 

En détachant la moelle épinière, Îles 
ganglions intervertébraux , les branches 
intercostales, les plexus lombaires et sa- 
crés, pour faire la préparation que nous 
mettons sous les yeux de l'Académie, M. le 
docteur Petit fit une remarque importante. 
11 observa que la gouttière qui occupe le 
bord inférieur des côtes , et dans laquelle 
se logent les vaisseaux et nerfs intercos- 
taux, avait augmenté de largeur etde pro- 
fondeur. Cette augmentation de capacité 
de la gouttière paraissait produite par le 
volume que les ganglions insolites avaient 
fait acquérir aux nerfs intercostaux. 

Or, si cette dilatation de la gouttière os- 
seuse a été le résultat de la dilatation du 
nerf, il faut qu’elle ait été produite par 
une action lente et longtemps prolongée; 
ce qui porterait à croire que le début de 
l’altération du système-nerveux est lui- 
même ancien et non de formation récente. 
L’inégalité de grosseur des ganglions dé- 
veloppés dans le trajet d’un même nerf 
viendrait encore à l’appui de cette asser- 
tion. 

Il y-a dans la science quelques cas de 
névroplastie partielle, mais à notre con- 
naissance il n’en existe pas dans lesquels la 
transformation ganglionnaire des nerfs de 
la vie organique et de relation aient été 
observées simultanément. Quels sont les 
symptômes de cette transformation géné- 
rale du système nerveux périphérique? La 
réponse à cette question intéresse au plus 
haut degré la physiologie et la pathologie 
du système nerveux de l’homme. 

D'autre part, si ces renflements olivaires 


| insolites des nerfs sont de véritables gan- 


glions nerveux , comparables, soit à ceux 
du grand sympathique, soit aux ganglions 
intervertébraux,onconcoit que pour l’ana- 
tomie l'intérêt n’est guère moindre. 

Mais on conçoit aussi qu'avant de cher- 


cher à résoudre ‘cette dernière question, il 


est nécessaire de soumettre ces renflements 


| aux expériences anatomiques et microsco- 


Piques, qui seules peuvent fournir les élé- 
ments de sa solution. 
Le résultat de ces expériences , que nous 


686 


avons commencées, fera l’objet d’une nou- 
velle communication. - 


— D HP Eee — 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT. 
Séance du 12 nil 


La Société a cru devoir tenir une séance 


extraordinaire pour mettre toutes les af- 


faires au courant, avant la tenue de l’as- 
semblée générale qui aura lieu le 19 avril 
prochain. 

Au nom du comité des fonds, M. Baudon 
de Mony annonce que ce comité et celui des 
des arts chimiques sont d’avis d'accorder 
l'allocation de 2000 fr. demandée pour le 
prix relatif à la falsification des alcools pro- 
pres à l'éclairage, pouriles soustraire à la 
fraude et aux droits du fise sur les alcools 
potabies. Le conseil adhère à cette propo- 
sition. 

Le comité des arts économiques, par 
l’organe de M. Herpin, fait un rapport sur 
les marbres artiñciels exécutés par M.Mau- 
rin. Les éloges que mérite ce genre d’in- 
dustrie sont dignes de l'approbation de la 
Société ; le conseil y donne son consente- 
ment ; le rapport sera inséré au Bulletin. 

On lit pour äl. de Lambel, au nom du co- 
mité des arts mécaniques, un rapport sur 
l’armature de frein dynamométrique de 
M. Martin et Reymondon. A l’aide de cette 
ingénieuse invention le dynamomeètre est 
rendu propre à mesurer des forces huit 
fois plus considérables : le dynamomèlre 
qui mesure jusqu’à cinq cents kilom, peut 
en mesurer quatre mille. 


Au nom du même comité, M. Olivier fait 


un rapport favorable sur un nouveau com- 
pas à ellipse de M. Volowitz. Il y a un 
grand nombre d'instruments destinés à 
tracer ces courbes. Celui de M. Volowitz 
est remarquable par la’faculté dont il jouit 
d’être très facile à manœuvrer, et de pou- 
voir tracer des ellipses dont les axes sont 
très peu différents, ce que ne pouvait faire 
aucun des instruments de ce genre. 

Les détails de ces deux dernières ma- 
chines ne peuvent être compris sans le se- 
cours d’une figure : mais l’approbation que 
le conseil a accordée sera justifiée par l’in- 
sertion au Bulletin de la Société, où les 
instruments seront décrits et figurés. 

M. Olivier fait un rapport sur des figures 
en carton propres à donner les reliels de 
certains corps géométriques, afin d’en 
faire bien concevoir les formes par les jeu- 
nes étudiants. Ce sont des cartons minces 
coupés à mi-épaisseur selon diverses lignes 
droites, et susceptibles d’être pliés dans ces 
coupures qui font fonctions de charnières. 
Alors, les pièces se trouvent assemblées en 
forme de prismes, pyramides , polyè- 
dres,.etc., tous développables, et pouvant 
s'étendre sur un plan. Le conseil approuve 
cette entreprise de M. Dupin, ingénieur, 
en faisant remarquer que depuis longtemps 
M. Cowlen,en Angleterre, et M. Marie, 
en France, ont publié des traités de géo- 
métrie où ces sortes de figures ont été em- 
ployées, et que les représentations en pier- 
res ou en bois sont préférables, comme 
ayant plus de durée et se prêtant mieux à 
montrer les interjections des corps par des 
plans. 

Le même rapporteur expose avec de 
grands éloges les détails d’une machine à 
écrire pour les aveugles. A l’aide d'une in- 
génieuse disposition , de petites tiges mo- 


687 


biles, aigues à un bout et portant un bou- 
ton à l’autre, percent tour-à-tour une 
feuille de papier qui se meut sur un tam- 
bour ; on pousse ces tiges en appuyant les 
doigts sur le bouton, comme sur un cla- 
vicr. Les empreintes laissées sur le papier 
forment ainsi des lettres ponctuées à jour, 
qu’on lit facilement, et que l’aveugle qui 
les a tracées peut aussi lire par le toucher. 
Le conseil accorde son approbation à cet 
instrument qui sera décrit et figuré aw 
Bulletin. 

Au nom du même Comité, M. Vauvil- 
liers fait un rapport favorable sur un sys- 
tème de barrage mobile imaginé par M.Thé- 
nard , ingénieur des ponts et chaussées, Sur 
le bord horizontal d’un barrage en ma- 
connerie qui ne s'élève qu’à la hauteur de 
l’étiage, sont dressées des hausses verti- 
cales, qu'on peut rabattre à l’aide de char- 
bières horizontales, par un mécanisme 
très simple. Alors ces hausses qui for- 
maient un barrage en travers de la rivière 
et retenaient les eaux, les laissent passer, 
ainsi que les bateaux qui veulent descendre 
ou monter. Il s’agit ensuite de redresser 


les hausses pour reformer le barrage, ce . 


qui serait très difficile à cause de la pres- 
sion exercte par le courant; quoique le 
barrage soit divisé en plusieurs portes sé- 
parées les unes des autres, la force néces- 
saire pour faire ce redressement, en onpo- 
sition à la pression des eaux, exigerait une 
puissance qu'un seul éclusier ne pourrait 
développer, même avec le secours de 
treuils. Mais M. Thénard place en amont 
une semblable série de hausses, qu’il ap- 
pelle contrehausses, qui rabattues sur le 
sol tendent à se relever sous l'effort du 
courant , qui les attaque en sens contraire 
des hausses d’aval. Rien n’est plus aisé 
donc que de relever toutes ces contre- 
hausses, quand on veut refaire le barrage. 
Alors le courant arrêté par elles, permet 
de redresser les hausses d’aval : le barrage 
ainsi rétabli par deux rangs à peu près pa- 
rallèles de hausses verticales, l'eau qu’on 
laisse revenir entre eux presse les deux 


faces du barrage d’amont avec une puis- 


sance peu différente, et il est facile de 
rabattre toutes les contre hausses. L’expé- 
rience a prouvé que quelques minutes suf- 
fisent pour que l’éclusier puisse seul faire 
toute cette manœuvre. Cet ingénieux sys- 


tème est hautement approuvé par le con-. 


seil; il sera décrit et figuré au Bulletin. 
FRANCOEUR. 


a. RE LE 
AGRICULTURE. 


ÉCONOMIE RURALE, 


Nourriture des mouions avec «a païn. 


Le cultivateur rapporte une expérience 
faite par M. le compte Hermann de Loka- 
telli, dans le but de remplacer le foin par 
du pain pour la nourriture des moutons. 
Privé par la sécheresse d’une partie con- 
sidérable des produits de ses prairies, 
cet agriculteur fit mettre ses brebis à 
une ration qui consistait en 1/3 de litre 
d'avoine et 0kil,140 de foin seulement par 
jour et par tête. En même temps, il fit ex- 
traire de son troupeau 56 brebis portières, 
qu'il fit nourrir, pendant une espace de 40 
jours, avec une sorte de pain qu'on leur 
donnait une fois par jour, à midi, coupé en 
morceaux cubiques et mêlé avec de la paille 
hachée. 

Le pain destiné aux brebis fut préparé 


688. 
pendant les 40 jours qu'a dure cette expé- 
rience avec les produits suivants : 
4h.61 de seigle, 
5 ,00 de pomme de terre, 
et 52 bourrées pour chauffer le four. 
Avec ces matériaux on a préparé 527 
kil,500 de pain, qui ont été divisés en 
2,240 rations : ce qui fait par jour et par 
tête 0 kil,235 de pain. 
Ces produits employés à la panification 
ont coûté, au prix du marché, savoir : 
4h,61 de seigle à 4 2F 50c l’hect. 57 60 
5 ,00 pommes de terre à 4f40c.22 » 
52 bourrées à 13f 04c. . . . . 430 
Main-d'œuvre pour râpage des 
porumes de terre et cuisson 
da pains dei RUN RNS. 620 


Total des frais 102 10 

Ainsi chaque kil. de pain est revenu à 
0$18c,33m environ, et chaque ration à 
0f,04c,66m. 

Si lon compare maintenant, dansles cir- 
constances indiquées ci-dessus, le prix de 
cette nourriture avec d’autres modes, et 
que lon cherche de quel côté a été l’avan- 
tage, on trouvera : 

1° Nourriture avec l’avoine brute et le 
foin. Dans ce mode, les brebis recevaient 
433 de litre d’avoine et Okil,140 de foin seu- 
lement. La consommation a donc dû être 
pour 36 têtes pendant 40 jours : 

Avoine . 7,50 hectolitres. 
Foin . . 5,14 quint. métriq. 

Ces quantités, évaluées en argent au prix 
du marché, ont cnûté : 

7h,50 d'avoine à 10f 50c l'hect. 78 76 

3 ,14 quint. métr. de foin à 12f. 37 68 


Fotal des frais 116 43 

2° Nourriture au foin seul. Dans ce 
mode d'alimentation, les brebis auraient 
été affouragées avec Okil,500 par tête et 
par jour ce qui aurait fait pour 96 têtes pen- 
dant 40 jours, 11,20 quintaux métriques, 
qui, au prix de 12f le quintal, donnent un 
total de 131f 40c. 

En comparant les trois résultats ci-des- 
sus, on voit distinctement que, par suite 
de la rareté du fourrage, il y a eu, avec la 
nourriture au pain de seigle ct de pommes 
de terre, une éconoinie 

de 14f 33c sur celle à avoine et au foin, 
et de 32 20 sur celle au foin seul. 

Voici coinment M. de Lokatelli défend les 
avantages de ce nouveau mode de nour- 
riture: 

Lorsqu'on a comparé les animaux qui 
ont été soumis aux trois régimes que nous 
venons d'indiquer, on a remarqué au pre- 
mier coup-d’œil que les brebis portières, 
nourries au pain, avaient une meilleure 
apparence, et se trouvaient dans un état 
de santé plus ferme et plus satisfaisant que 
celles qui avaient suivi les deux autres ré- 
gimes; et, au moment de l’asnelage, on a 
remarqué que les agneaux des premicres 
brebis étaient plus pesants que ceux des 
autres bêtes du même troupeau. 


Quant à l'influence de Palimentation au 
pain sur les organes digestifs, elle a été très 
favorable : en effet, le pain, quand on le 
rapproche des fourrages, dont les tiges li- 
gneuses exigent une réaction fort éner- 
gique de la part des organes digestifs, est 
comparativement une matière alimentaire 
bieu plus délicate, bien plus douce et lé- 
gère et d’une assimilation bien plus facile ; 
en outre, sa qualité peut être plus con- 
stante, et par conséquent plus agréable 
aux organes des animaux que ne peut l'être 
le foin qui, par des circonstances multi- 


689 


pliées dépendantes des localités du mode 
de dess.ccation et de conservation, peut 
présenter des qualités extrêmement va- 
riables. 

On peut être disposé à croire que le pain 
donné dans la quantité énoncée ne leste ou 
ne remplit pas assez l'estomac des ani- 
maux; mais J'ai cherché, sous le rapport 
du volame ou du poids, à y suppléer et à 
satisfaire à cet égard au besoin de mes bre- 
bis, en leur distribuant de la paille en 
aussi grande abondance qu'elles pouvaient 
en consommer. 

J’ajouterai ici que je crois être autorisé 
à dire que le pain me semble la matière la 
plus convenable pour y allier des médica- 
ments, et pour faire prendre ceux-ci aux 
animaux, pour cela, il n'ya qu'à mélanger 
les drogues médicamentenses avec de la 
pâte de la farine an moment de la prépara- 
tion du pain. 

On présumera peutêtre que les avan- 
tages du mode d'alimentation dont j'ai fait 
l’essai pour les moutons, sont dûs :sans 
doute uniquement au prix élevé des four- 
rages à l'époque ou j’ai fait cet essai; mais 
tout imparfaites que soient encore ces expé- 
riences, et malgré cette circonstance, j'ose 


. Cspérer qu'il n’en est pas ainsi; que je trou- 


verai des imitateurs qui soumettront à des 
épreuves plus décisives les bons résultats 
que j'ai obtenus, qui suppléeront à ce qui 
manque à mes expériences et les rendront 
plus concluantes. 

Comte HERMANN pe LOKRATELLI. 


4 


ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Société vétérinaire des départements de 
l'Ouest. 


Concours ouvert pour un prix relatif à la phthisie 
pulmonaire sur le gros bétail. 

Dans les pays où l'on élève un grand 
nombre de bestiaux , l’une des maladies qui 
exercent le plus de ravages sur le gros 
bétail est sans contredit la phthisie pulmo- 
uaire, et le vétérinaire est fréquemment 
appelé à traiter cette affection, où à se pro- 
noncer sur Son existence ou sa non-exis- 
tence pour le cas de rédhibition. 

Il lui importe donc de pouvoir porter 
à l'examen des malades un diagnostic cer- 
tain , facile sans doute, lorsque la maladie 
est ancienne, mais demandant, lorsqu'elle 
est récente, beaucoup d'habitude et de sa- 
gacité de la parti de l’expert ou du médecin. 

La Société, afin d'appeler lattention 
des médecins vétérinaire sur une affection 
qui se rencontre à chaque pas dans la pra- 
tique , a décidé de mettre au concours l’é- 
tude et le traitement de celte maladie. 

Programme. — La Société vétérinaire 
des départements de l'Ouest décernera, 
dans sa séance du mois de novembre 1843, 
à Augers,une médaille d'or du prix dedeux 
cents francs À l’auteur du meilleur mé- 
moire ayant pour objets : 1. Les moyens 
de reconnaître la phthisie pulmonaire dans 
l'espèce bovine à ses diverses périodes; 2. 
les moyens curatifs à mettre en usage, sui- 
vant les diverses phases de la maladie ; 3. 
l'application de ces connaissances au cas 


- de rédhibition. 


Les mémoires devront porter en tête une 
sentence où une devise, qui sera répétée 
sur un billet cacheté contenant le nom et 
le domicile de l'auteur. 

Ils seront adressés, francs de port, avant 
le { octobre 1848, à M. Corroy, président 
de la Société, à Angers. 


—— HN Ge 2——— 


690 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ARCIHÉOLOGIE. 


Le cabinet d'antiquités de M. Comarmond, 
à&°Eyon, 


M. de Comarmond n’est pas seulement 


un savant archéologue, c’est aussi un de 
ces hommes qui se donnent tout entiers à 
leurs études de prédilection, consacrent à 
la fois temps, repos et fortune pour en- 
richir la science par de nouvelles décou- 
vertes. M. de Comarmond a rassemblé des 
riches débris de toutes les époques et de 
toutes les civilisations. Sa collection est un 
musée complet. Pour en faire apprécier 
la richesse à nos lecteurs, nous ne croyons 
pouvoir mieux faire que de reproduire un 
article publié par M. Ernest Falconnet, 
dans le journal d’agriculture, sciences et 
arts, de l’Ain : à 

« Ce cabinet renferme les antiquités de 
plusieurs peaples, des antiquités de toutes 
les dates, de, toutes les formes, de tous les 


usages. Les épnques. barbares ou civilisées 


y sont tour .àrtoar représentées par leurs 
produits. M. Comarmond s’est surtout oc- 
cupé de réunir des séries, en sorte qu’il 
peut écrire par les monuments réunis, 
l’histoire de l’art, de ses formes, de ses pro- 
grès, de ses décadences. Il s’est ainsi con- 
stitué ane collection d’études, à l'aide de 
laquelle on suit pas à pas le développement 
des civilisations matérielles. 

» Ceite collection, composée de buit 
mille pièces, embrasse une longue suite de 
siècles et de nations diverses, les Celtes, les 
Égyptiens, les Grecs, les Romains et les 
peuples du moyen-âge jhsqu'au siècle de 
Louis XIII. A côté des stèles de l'Égypte 
qui n’ont pas encore été déchiffrées, des 
scarabés chargés d’hiéroglyphes, des mo- 
mies encore enveloppées de leurs bande- 
lettes de lin, se voient des statuettes grec- 
ques et romaines de la meilleure époque, le 
bouclier du maréchal St-André, orné de 
bas-reliefs en ronde bosse, des médaillons 
de Benvenuto Cellini, des vasses de Bernard 
de Palissy, et les plus beaux émaux de 
Limoges. : 

» Tous les genres de matières ont été 
également accueillis : le bois, l'argile, la 
pierre, le verre, l'émail, les métaux, les 
substances animales. La pensée qui a pré- 
sidé à cette réunion savante et artistique, 
s'est bien gardé de proscrire un objet rare 
parce qu'il ne plaisait pas toujours à l'œil. 
Elle en a compris l'intérêt et luï a assi- 
gné la place importante qu’il devait oc- 
cuper. 

» Ainsi la série des monuments en bronze 
se compose de plus de douze cents pièces. 

» Les objets ou vases antiques en verres 
sontau nombre de trois cents. 

» La céramique en compte plus de sept 
cents, et celle des bijoux plus de deux 
cents. 

» Le médailler renferme plusieurs mil= 


liers de médailles d’or, d'argent, grand | 


bronze. : 

» Quinze cents.pièces égyptiennes, des 
coupes et des vases somptueux, une bra- 
zière en bronze destinée à chauffer un 


proscenium, des ossuaires, des bustes, de 


petites statues en marbre, complète cette 
collection. 

» N'oublions pas les colliers avec lesquels 
on attelait les panthères pour les conduire 
aux bacchanales. Et sigralons surtout; 
entre les objets les plus remarquables, un 
manuscrit orné de vignettes peintes à la 


91 


nain sur fond d'or. Je n’en ai vu aucun 
ilus-beau ! Les heures du roi René, à Aix, 
a bible de Moulins; lesmanuserits les plus 
sarfaits de la bibliothèque Richelieu ne lui 
sont pas supérieurs. Aussi sa valeur a-t-elle 
ïté jugée considérable par tous ceux qui 
nt été admis à l’examiner. 

» Enfin je vous dirai tous bas qu'il s’y 
trouve un musée secret dans le genre de 
“:elui de Naples, et qui indique à quel de- 
ré de perversité était parvenue la civilisa- 
| ion antique. 


 d » Dans cette réunion des divers objets, 
: “émoins de lépoque romaine, nos ruines 
“lIzernore, si souvent exploitées et cepen- 
Hant si riches encore, devaient fournir leur 
tribut. Les anciennes fouilles dirigées en 
1M1784, par MM. Prost, Molinard et Riboud, 
hvaient amené la découverte d’une salle de 
baïns, et d’une salle publique ornée de 
radins en marbre. Des mosaïques et des 
.nurailles peintes à Ja fréfque avaient pré- 
|édemment excité l'attébtiün des antiquai- 
res: onétait sur la tracé d'une entière re- 
constitution romaine du temple. La science 
Mroyait pouvoir affirmer son origine et sa 
“Mlate. La découverte de plusieurs médailles 
je la ville de Nîmes, faite en 1807, vint 
changer le cours de ses suppositions : mais 
IMla science ne se trompe jamais; elle a des 
“iéponses prêtes pour toutesles difficultés, 
4 La science répondit qu'Izernore était une 
T4 


|co‘onie de Nimes, ou que du moins elle 
“avait été fondée comme Nimes elle-même, 
MMpar une de ces nombreuses émigrationsque 
‘les Phocéens, peuple léger et aventureux, 
enfants perdus de la Grèce, avaient diri- 
zées sur la Gaule. Un grand bronze, repré- 
sentant l’apothéose d’Auguste, trouvé avec 
d’autres médailles en 1813, et le petit doigt 
de la main gauche d’une femme, fragment 
«de bronze qui fait supposer que la statue 
“avaitau moins huit pieds de hauteur, dé- 
“couvert en 1825, complètent avec des dé- 
“bris d'architecture, des chapiteaux, des 
fûts, des troncons épars de l’ordre corin- 
 thien, l’'énumération des antiquités enfouies 

}et retrouvées dans ces ruines. Il est diffi- 
| cile cependant de ciréonscrire d’une ma- 
| nière précise la nature'et la quantité de ces 
| objets. Il en est qui ont été remis dans des 
cabinets aujourd'hui dispersés comme celui 
\de M. Chapuys, d’autres ont été recueillis 
‘“ par des habitants voisins, d’autres enfin 
ont été perdus. Un centre commun, un 
“ point de réunion, un cabinet d’antiquités 
‘nationales manque à notre pays. Ce n’est 
‘point chose indifférente et qu’il faille trai- 
ter avec légèreté que ce sentiment naturel 
à tout homme qui lui fait désirer de con- 
| naître ses ancêtres et de se montrer digne 
d'eux. Les ancêtres de notre pays ne se 
connaissent que par l'histoire du pays, et 
. cette histoire écrite, par des ruines sur le 
sol et souvent dans le sol, ne peut être dé- 
chiffrée et écrite par les hommes patients 


pare, 
Re pu 


] 


et instruits qu'à condition qu'il leur sera 
| accordé encouragement etappui dans leurs 
. travaux. L'encouragement le plus utile, le 
ll Plus digne dé notre ville, ce serait la créa- 
4 tion d'un cabinet d’antiquités. On y réuni- 
. rait à peu de frais les inscriptions tumu- 
| laïres où monumentales signalées par Gui- 
| Chenons, MM. de Moyria et Bruant, les 
tombeaux, les cippes, les statues, les au- 
| tels, épars cä et là et dont les blocs de pierre 
servent à soutenir les coins des granges, à 
| faire des abreuvoirs, ou à compléter les 
| margelles des puits (1). 


Ë 
f 


| Bugey. 


(1) A Matafelon et dans plusieurs villages du 


692 


En attendant ce jour, qui se fera proba- 
bl:ment toujours attendre, de la fondation 
d’un cabinet désiré par les amis de la 
science, indiquons les objets provenant de 
otre département et possédés par M. Co- 
marmond : 

1. Trouvés à Izernore. Plusieurs bassins 
en bronze d’un demi-mètre de circonfé- 
rance : l’un d’eux contenait plusieurs cen- 
taines de médailles en argent depuis Géta 
jusqu’à Posthume, plusieurs têtes de fem- 
mes : Livie, Julie, etc. L'un de ces bassins, 
auxquels était adaptée une anse mobile, 
était en outre orné de moulures. Ces bas- 
sins semblent destinés à un usage domes- 
tique. Les médailles forment un petittrésor 
déposé et caché en temps de guerre, de 
même que nos paysans, sous Ja république, 
ont souvent enfoui leur argent dans -des 
marmites et sous la plaque de leurs foyers. 
Un grand nombre de pièces datent de Gal- 
lien. 

2. Sur la rive drorie du Khône, à la hau- 
teur de la Balme, des contrepoids, des 
hastes en bronze, des bracelets celtiques, 
une faucile celtique. origine celtique est 
parfaitement indiquée dans ces divers objets 
par la nature du travail. Ils ont été trouvés 
avec des masses de bronze, des débris et des 
ruines annonçant sur les lieux une an- 
cienne fonderie. 

3. Sur la rive droite du Rhône, près 
Loyettes, deux plaques de bronze incrus- 
tées d'argent, ayant servi d'ornement à 
l’enharnachement des chevaux. De travail 
gallo-romain. 

4, Dans le Valromay. — Un Jupiter 
gaulois, vêtu du sugum. £tatuette en 
bronze. 

5. Aux environs de Pont -de-Veyle. — 
Ua très bel anneau en or, d’une grande va- 
leur; il porte une cornaline, vieille roche 
sur laquelle est gravée une tête d’Antinoüs, 
du style le plus pur. Le contour est de la 
plus exacte précisio:: : on peut dire ce tra- 
vail magnifique. 

6. Prés de Pont-de-P'aux.— Petit os- 
suaire en bronze, sur ses parois sont quatre 
génies en relief; ce vase est curieux et d’un 
style tout particulier. 

7. Près de Pont-de-Faux.— Un ossuaire 
ou urne funéraire en verre, d’une jolie 
forme. — Un verre à boire, en argile 
rouge, recouvert d'ornements en relief, 

8. Plusieurs débris d’ustensiles en bronze, 
en terre, un nombre considérable de mé- 
dailles trouvées dans le département, sur- 
tout dans le Bugey. 

Tel est le cabinet de M. Comarmond. 
Celte rapide analyse n’a pu en donner 
qu’une idée incomplète. 

M. Comarmond s’est décidé à admettre 
le publie dans la connaissance intime de sa 
collection, Il va publier une description 
raisonnée des pièces qui la composent. 
Conservateur des musées archéologiques 
de Lyon, il pouvait mieux que tout autre, 
par cette position, par ces études spéciales, 
expliquer l’origine, l’usage, la date, le de- 
gré de perfection, des antiquités au milieu 
desquelles il a toujours vécu. . 

Cette publication, renfermant deux vo- 
lumes de texte et un volume de planches 
in-4°, comprendra l'explication de plu- 
sieurs milliers d’objets que M. Comarmond 
a d’abord divisées par peuples et par clas- 
ses, et ensuite en autant de sous-divisions 
qu'il y a de matières différentes. Quant 
aux dessins, on a dû se borner à faire 
choix des plus remarquables; des pièces 
d’abord réputées uniques ou inédites, puis 


693 


de celles qui se distinguent par l'élégance 
ou la bizarrerie des formes. On a cru de- 
voir aussi reproduire, par la lithographie, 
quelques débris savants, quelques objets 
rares qui rappellent des usages ou signa- 
lent des époques importantes dans l’his- 
toire. 

Chaque chapitre sera précédé de consi- 
dérations générales sur la nature des objets 
qui composent la série. C’est ainsi que se 
trouvera ‘traitée une question toute nou- 
velle, celle de la robe antique qui enve- 
loppe plus ou moins les objets découverts. 
Dans celte dissertation sont indiqués les 
moyens de reconnaître l'authenticité de 
certaines pièces et de constater les pro- 
cédés à l’aide desquels on-a essayé de don- 
nér à certains monuments un aspect an- 
tique. 

En rendant compte du cabinet de 
M. Comarmond, j'ai voulu non seulement 
signaler les objets qui ont été trouvés dans 
notre pays, mais encore faire connaître le 
travail utile et complet que ce savant se 
propose de publier. 

Ernest FALCONNGT. 


GÉOGRAPHIE. 


Extrait des Souvenirs de Foyage dans l'Éta- 
lie septentrionale. 


Venise au milieu de l’eau, manque d’eau 
potable! dans beaucoup de maisons on re- 
cueille les eaux pluviales ; des citernes sont 
creusées dans les cours , au milieu des pla- 
ces publiques, où chacun va puiser. 

Les eaux du ciel sont justement estimées 
dans bien des localités, elles se conservent 
pures, fraîches, selon les soins apportés à 
construction des citernes, la propreté et les 
précautions que l’on prend pour les rem- 
plir. À Venise, on se contente le plus sou- 
vent de revêtir le creux, d’une épaisse cou-- 
che d'argile, qui empêche la déperdition 
de l’eau douce et la salure qui pourrait 
provenir des boues et des sables des lagunes, 
au milieu desquelles s’élèvent les îles de 
maisons ; si cet enduit est mal fait, ou se 
détériore, l'infiltration gâte l’eau nécessai- 
rement. Ainsi, à Venise, il ÿ a des citernes 
plus ou moins réputées : celle de la Piaz- 
zale, à Y' Arsenal, fournit de l’eau très bonne 
et très fraîche; ailleurs, il y en a qui ne 
peut servir que pour arroser et laver. Gé= 
néralement on employe l’eau de citerne à 
différents usages domestiques, mais on pré- 
fère, comme boisson, l’eau de fontaines’ou 
plutôt des rivières du continent, que des 
barques charient continuellement dans de 
grandes cuvés, et que des porteurs ou des 
porteuses d’eau colportent dansles maisons. 

Un puits artésien suffisamment profond, 
correspondrait vraissemblablement avecles 
couches de terrain qui contiennent desfilets 
d’eau dans les environs de Trevise et de Bel- 
lune, peut-être même avec les sources qui 
alimentent les fontaines de Trieste? mais 
cette entreprise que le gouvernement seul 
devrait tenter, pourrait être longue et coû- 
teuse, quoique son succès me paraisse pro- 
bable, surtout depuis la découverte récente 
de M. Casoni, ingénieur-hydrographe de 
l’Arsenal, que je vais faire connaître. 

Dans certaines excavalions que ce savant 
avait fait faire pour ses travaux hidrauli- 
ques, il avait observé des filets d’eau qui 
u’était point salée comme l’eau de la mer. 
Perdait-elle une partie de sa salure en se 
filtrant dans les terres, ou bien était- 
ce de l’eau douce qui se mélangeait avec 
l’eau salée? C’est ce qu'il a voulu résoudre. 


694 


XI fit faire un creux dans une vigne, au 
milieu de l'ile Sar-Pietro di Castello, qui 
dépend de l’Arsenal. Des filets d'eau qui 
suintaient des parois le remplirentassez vite, 
et cette eau sans être bonne à boire, n’était 
pas à beaucoup près salée comme celle de 
la mer. M. Casoui, eut alors l’idée de vider 
son puits avec des pompes, et de goûter sé- 
parément l’eau qui y arrivait à diverses pro- 
fondeurs ; il trouva qu'à 2,56 mèt. C'était 
la plus douce et Ja plus abondante en même 
temps. M. Bixio, chimiste distingué de Ve- 
nise, constata qu’elle ne contenait rien de 
nuisible à la santé, et M. le docteur Antoine 
Galvani, qui l’analysa plus tard, partagea 
la même opinion. 

Ces messieurs étaient tous au congrès de 
Padoue , M. Casoni communiqua sa décou- 
verte à la section de physique, chimie et 
mathématique, le 26 sept., et le lendemain 
à la section de géologie et de géographie. 

Elle datait alors de près de quaïre mois ; 
l'eau continuait à couler aussi abondam- 
ment et diverses personnes en avaient fait 
usage, sans le moindre inconvénient. 

J'étais trop proche de Venise pour ne 
pas désirer de connaître cette ville extraor- 
dinaire avant de retourner en France, et 
beaucoup de scienz'ati profitèrent de la 
même occasion. J’allai en compagnie de 
MM. les professeurs Majocchi de Milan, 
Massoti de Pise, et Geromini de Crémone, 
visiter l'arsenal si grand, si plein de souve- 
nirs de la très puissante république véni- 
tienne! J'en parlerai plus tard M. lingé- 
nieur Casoni nous accueillit, nous fit tout 
parcourir avec détail, et nous condaisit en- 
suite à sa source. Nous goulâmes de ses 
eaux quenoustrouvämeslimpides, fraîches, 
sans le moindre goût de sel, et réellement 
potables, même pour des personnes préve- 
nues. 

Le creux est à 12 mit. à l’est des caser- 
mes de San-Pietro , et M. l'ingénieur nous 
dit qu'il était à 123 du canal qui sépare 
cette île de l'arsenal ; à 94 mêt. des lagunes 
du côté opposé, et à {80 mèt. des extrémi- 
tés N. et S. de l'île. Nous vérifiâmes ce qu'il 
avait aunoncé, qu'après 1,07 mèt. de boune 
terre végétale, elle se trouvait mélangée de 
coquilles, de végétaux décomposés ; qu'il ÿ 
avait dessous du sable marin, puis du sa- 
ble et quelques coquilles, puis un conglo- 
mérat de sable et d'argile, et que ces di- 
verses couches avaient ensemble 1 mèt, 
d'épaisseur, et correspondaient à la haute 
et à la basse mer : plus bas se trouvaient du 
sable mêlé de coquilles, du sable pur, et 
enfin du sable avec de la boue de marais, 
formant ensemble 0,57 mèt.; ensuite une 
couche épaisse de 0,62, toutede cette boue 
reposant sur des débris de bois de pins, 
qu'ou reconnaît à la texture des fibres et 
aux cônes qui s’y rencontrent. 

Des observations analogues , faites sur 
le littoral au N. de Venise, près du fleuve 
Sile, et plus au sud, vers les bouches du Po, 


Librairie médicale de Me V: HILDEBRAND , 45, ruè de l’École-de-Médecine. 


695 


dans la Romagne, à la Mezola; aux Mar- 
giues, près de Ravennes, sembleraient prou- 
ver à notre habile ingénieur l’exhausse- 
ment de la mer Adriatique , soutenu et nié 
par divers géologues... En attendant que 
ce problème soit résolu , revenons près de 
la source qui n’en est plus un. Je crois 
qu’elle provient du continent, qu'elle tend 
à s'élever à son niveau , en se chargeant 
plus ou moins des principes salés des cou- 
ches qui forment les îles de Venise, et qu’au 
milieu des plus grandes un puits foré, garni 
de tubes, la préserverait. M. Casoni m'a 
écrit qu'il continuait à creaser son puits, 
qu'il a tracé plus exactement la nature et 
l'épaisseur des diverses stratifications du 
terrain, dont il a joint la coupe à sa lettre. 
qu’il a fait faire d’autres ouvertures dans 
la même vigne , à diverses distances, que 
l’eau était bonne dans les plus rapprochées 
de la première, et plus où moins salée dans, 
les paits voisins de la mer. 11 se proposait 
d'étudier si la pression de la mer pendant le, 
flux et le reflux est sensible sur l’écoulement 
des eanx , ainsi que le célèbre Arago l’a 
observé dans d’autres fontaines et dans 
quelques puits artésiens. Quant à la quan- 
tité d’eau écoulée dans un temps donné , 
elle lui paraît la même, mesurée l’été 
passé, ou depuis les dernicres pluies, et il 
ajoute queceux qui ont continuéd’en boire, 
et lui-même, s’en trouvaient fort bien. 
M. Cassoni estconvaincu quesa découverte 
peut devenir réellement avantageuse à son 
pays, c'est tout ce qu'il souhaite; je suis 
persuadé qu’elle sera appréciée par les sa- 
vants et c'est dans ce but que je lui ai pro- 
mis de la publier en France. 


(Le baron Dp’Homsres-Frruas, 
membre corresp. de l’Institut, etc). 
LE ] 


Le Rédacteur-Gèrant : 
C.-B. FRAYXSSE, 


FAITS DIVERS. 


— Nous recevons de M. Deleuil la lettre 
suivante. 
Monsieur, 


J'ai l'honneur de vous donner avis que 


j'ai monté une fabrique en grand de piles 
en charbon de Bunsen, depuis le jour où 
cette pile a été présentée à J’Académie des 
Sciences, par M. Reiset : c’est vous annon- 
cer, Monsieur, que ma fabrique esten pleine 
activité. 

Je ne ferai pas ressortir l'avantage de 
ces appareils sur les autres de ce genre; il 
me suffira de vous dire que tous les phy- 
siciens et chimistes se sont prononcés en 
leur faveur. 

La dimension de mes éléments en char- 
bon, tout en leur conservant la forme vou- 
lue , est double de celle des éléments qui 
ont fonctionné devant l’Académie des Scien- 
ces et dans les établissements publics de 


ANNALES 


vL ANATOMIE: 1 PHYSIOLOGIE 
PATHOLOGIQUES 


Poouéxs rar J.-B PIGNE. 

Conservateur du Muséum DUPUYTREN, 
Awcien secrét. et Vice-Présicent de la Socitiè Analomique. 
Ces Annales, publiées sous la forme d'un journal mensuel, formeront un tout complet, 
dans lequel sera réuni tout ce qui a troit au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo- 
sique ; une Iconographie d'une exécution parfaite, retraccra les types de chaque altération; 
es médecins y trouveront la représentation des faits importans Conservés dans le Mustuu 
Duruyrnen. Le conseil de santé des armées a approuvé cette publication en la faisant plecer 


Chaque mois uneli- 
vraison de 40 pages de 
texte in-4°, de 2 plan- 
thes noires oucoloriées, 
suivant le sujet, 


daas lesbibliothéques des hôpitaux militaires. 


prix: Paris 25fr. 
Départ.28 » 
Etrang. 32 » 
on nerecoit queles 
lettres affranchies. 


Librairie de MEIRMAC, cloître Säint Benoît, {0. 


698 
Paris (1). Un seul de mes couples peut-dé: 
composer l'eau, tandis qu'il en faut deux 
de l’ancien modèle pour arriver au même 


résultat. 3 


102 5h 91 il 
Malgré ces avantages, j'ai fixé le prix de: 
chacun des couples à 4 fr. 

Je suis dès à présent en mesure de preni- 
dre les commandes qui seront exécutées 
dans un bref délai , d’après les modèles que 
j'aurai honneur de mettre sous vos yeux: 

Pour distinguer mes piles de celles de 
mes confrères, chaque vase qui les contien- 
dra portera : Deleuil à Paris. 

Je vous annonce en même,temps que jé 
suis chargé de la fabrication ;dé d'appareil 
électro-chymique que M. Delarive;:a pré- 
senté à l’Académie des Sciences ,.dans la 
séance du lundi 17 avril. 

J'ai l'honneur d’être, ete. 

Dereuz, rue du Pont-de-Lodi,.8. 


BIBLIÔGRAPHIE. 


DES GARANTIES réclamées dans les carrières 
administralives-pôuf corcilier l’intérél du service 


public et celui des employés; parM.%. CM 


Brochure :n-8° de deux feuilles. À Paris, au bu= 
reau des Annales foreslières. — Il y a plus sou- 
vent des choses bonnes et utiles dans un petil livre 
que dans des gros volumes. C’est une idée que per- 
sonne ne s’est plus avisé de rega: der comme un so - 
phisme depuis que Franklin lui donoa l’autorité d’un 
fait par ses opuscules impérissables. La vérité n’a 
guère b:som de démoustrations, il lui suffit d’être 
énoncée. Vouloir la délayer dans des phrases; l’é- 
tendre dans de gros volumes, c’est lui,ôler sa force. 
Le titre de l'ouvrage dont nous nous eccupons au- 
rail pu, grâce à son élasticité, fournir à quelque 
économiste un traité ex professo, l'auteur a préféré 
réstér au dessous des u!opies pour être simplement 
utile. Dans le petit nombre de pages qu'il à écrites, 
ila mis à nud les vices de l’organisation actuelle 
dont lé plus funeste est la centralisation, qui du 
gonvernement dont elle fait la force et passé à lad- 
ministation, qu’elle affaiblit. 11 démontre 14 né- 
cessiié d'une charte Gui fixant les aptitudes, réglant 
l'admission, l'avancement, la surveillance, donne- 
rail à la fois des garanties aux gouvernants et aux 
gouvernés. Non seulement avét-cette charte admi- 
nistrative les droits seraién®t SubStitues à la faveur, 
non seulement les ministresiSeraient délivrés pour 
toujours des sollicitationsigni Ales-assiégent, mais 
encore les propositions,qui-(ôus les ans sont repro- 
duites au sujet des incompatibililés seraient écartées 
pour toujours. Le gonyernement y gagnerait des em- 
ployés plus capables, les. fonctionnaires publics de 
la dignité, les contribuables , justiciables, adminis- 
trés, tout le monde enfin, uue sécurité plus grande. 
La brochure de M. L.-C. M. est une bonne action, 


c'est non seulement avec plaisir, mais encore par 4 


devoir que nous l'avons annoncée. 


RELATIONS du siége de Sancerre en 4873; par 
Jean dela Gessée et Jean de Lery;. conformes-aux 4 
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo= 
riques relatives à la même ville. A,Bourges , chez | 


Vermeil. : 


(1) Les éléments de zine sont dans les mêmespro-f 
portions et je me suis attaché à donner une forte f 
épaisseur aux parois. Je crois avoir réussi à établie 
la communication entre les éléments, au moyen | 


d'une modification très simple et plus commode. 


ET F4 ED ER 1£ 


ANALYTIQUE ET DESCRIPTIVE 


DU BÉPARTENENNS SN ELA VENNNX. 4 


4 vol. in. 


Ouvrage rédigé sur un plan nouveau à l'aide duquel on panel 
vient facilement à la détermination des plantes par. le concours del 
deux méthodes, se servant de contre-épreuve l’une à l’autre 
L'auteur y joint une clef analytique où les plantes sont désignées] | 
par leur nom francais, un vocabulaire explicatif des (ermes t&ch=]f 
niques, et quatre belles planches parfaitement dessinces: | 


| Paris. — Imp. de LACOUR et MAISTRASSE GK, 


rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


ge om 


.…. 10° année. 


ah 


PT a 


Paris. — Dimanche, 23 Avril 1843. 
Re RS 


 L'ECHO DU MONDE SAVAN 


} TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


N° 30. 


(L’Ecao DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine ét forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A DELAYALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les départements chez les principaux li- 


| braires, et danslés’bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARB1S pour ün an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr., 
BAT SP ATETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil P£GHO DELA LITTÉ- 


RBATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et Gui forment avec l'Echo du monde savant la revue 
“encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-8. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. Sur le dégagement de la claleur 
pendant. le passage des courants électriques à 
travers les corps solides ct liquides ; Edmond Bec- 

__querel. — CRIMIE INORGANIQUE. Sur les 


produits de décomposition de l'acide sulfocyanhy- | 
drique; Voelckel, de Marbourg. — SCIENCES | 


| NATURELLES: PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, 
| De Vinfluénée des rayons solaires transmis à tr4- 
| ="vérsides/verres de couleur sur la végétation dés 
|:splantes etrla germination des graines ; Zante- 
|-x deschi::— :ZOOLOGIE. Quelques oiseaux nou- 
| veaux ou peu connus de Colombie; de. Lafes- 
naye. — SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ 
D’ENCOURAGEMENT, séance du 19 avril. ARTS 
CHIMIQUES, Préparation d’un jaune de chrôme 
|  jonquille; le docteur Winterfeld. — HORTI- 
CULTURE. Sur les récoltes des graines: Jou- 
. : bert. — SCIENCES HISTORIQUES. ACA- 
DEMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITI- 
. QUES, Séance du 15 avril. — ARCHÉOLOGIE. 
| Découverte de sépultures antiques à Quatre- 
mares. — GÉOGRAPHIE. Notice sur le Yuca- 


| than, d'après les écrivains espagnols. — FAITS | 
| DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. ne 
DISES: Le 
PHYSIQUE. 


Extrait du memoire sur les lois du dega- 
gement de la chaleur pendant le passage 
des courants électriques à travers les corps 
solides et liquides lu par M. Edmond Bec- 
querel dans la séance de l'Académie des 
sciences du 10 avril (Voir la note du nu- 
méro du 13 avril). 


| Ce mémoire est divisé en quatre parties. 
Dans la premiére se trouvent les travaux 
| qui ont été faits sur le même sujet par dif- 
| férents physiciens, travaux qui n'avaient 
pas toute l'exactitude desirable en raison 
du mode d’expérimentation employé; en 
outre, on n avait opéré que sur les métaux 
et nullement sur les liquides ou les solu- 
_ tions capables d’éprouver la décomposition 
_électro-chimique. Ce dernier cas était le 
- plus important ct le plus délicat, en raison 
_des différentes causes qui concourent à 
_’effet général. ce 
Dans la deuxième partie, j’ai exposé un 
Rosa pour déterminer le pouvoir con- 
ducteur des métaux et’ des liquides ; ce 
pouroir, qui est en raison inverse de la ré- 
Sistance à la conductibilité, était important 
à examiner, attendu qu'il est une fonction 
de la chaleur dégagée par suité du pas- 
sage de l'électricité. Voici l'énoncé des lois 
de la conductibilité, en supposant que les 
corps soumis à l'expérience n’éprouvent 
pas de variations de tenpérature : 

1. Le ponvoir conducteur des métaux 
pour l'électricité est indépendant de l’in- 
tensité du courant qui les traverse, et ne 
dépend que des dimensions des fils d’après 


4 


les lois connues. 


-2: Lorsqu'un courant électrique passe 
- dans une diolution saline et que l'élec- 


trode positive est formée d’un métal de 
même nature que celui dont l’oxide forme 
la base du sel dissous, qu'il ne se dégage 
aucun gaz aux électrodes et que le seul ré- 
sultat final de l’action du courant est un 
dépôt métallique au pôle négatif et une so- 
lution d’une même quantité de métal au 
pôle. positif, alors le pouvoir conducteur de 
ce liquide est, comme pour les métaux, in- 
dépendant de l'intensité du courant. 


3. Lorsqu'un courant électrique traverse 
de l’eau rendue conductrice d'une ma- 
nière quelconque ou une solution d'acide 
nitrique , et qu'il y a dégagement de gaz, 
toutes choses égales d’ailleurs, le pouvoir 
conducteur dépend del'intensité du cou- 
rant. Dans les limitesède mes expériences 
on peut regarder ce pouvoir conducteur 
comme proportionnel à la racine carrée 
de la quantité d'électricité qui passe dans un 
temps donné. ; 

4. Lorsqu'un courant traverse une 507 
lution quelconque et qu’il y a en mêm£ 
temps dépôt de substances au pôle négati 
et dégagement de gaz; le pouvoir conduc- 
teur est soumis simultanément auxlois 2°et 
3°, de sorte que l’expérience seule peut en 
donner l'expression, 


La troisième partie du mémoire ren- 
ferme la description du procédé employé 
pour mesurer la quantité de chaleur déya- 
gée par le passage du courant électrique 
dans les métaux , et les lois auxquelles je 
suis arrivé. Ce procédé est semblable à 
celui dont MM. Delaroche et Bérard se sont 
servis pour mesurer la chaleur spécifique 
des gaz, lequel consiste à faire circuler dans 
le serpentin d'un calorimètre un courant 
constant dé gaz à une température déter- 
minte. Ce gaz cède une partie de sa cha- 
leur à l’eau du calorimètre, et il arrive un 
moment où la température de ce calori- 
mètre est stationnaire; on atteint cet état 
stationnaire lorsque dans un même temps, 
la quantité de chaleur perdue par le re- 
froidissement dans l’air est la même que 
celle, qui est fournie au calorimètre par 
suite du passage du gaz dans le serpentin. 

Au lieu d'un courant constant de gaz, 
j'ai employé un courant constant d’électri- 
cité, et au lieu d’un serpentin, un fil mé- 
tallique enroulé autour d’une spirale dé 
verre plongeant dans un petit calorimètre. 
Alors l’opération se conduit comme par 
le procédé de MM. Delaroche et Bérard. 

Pour mesurer la quantité d'électricité 


qui passe dans le circuit dans un temps 


donné, j'ai pris la quantité de gaz pro- 
duite par la décomposition électro -chimi- 
que de l'eau, ramenée à la même tempéra- 
ture et à la même pression. 

En faisant usage de fils de différents mé- 
taux, je suis arrivé aux lois suivantes : 

1. La quantité de chaleur dégagée par le 


passäge d’un courant électrique dans un fil 
métallique est en raison directe du carré 
de la quantité d'électricité qui passe dans 
un temps donné, c’est-à-dire du carré de 
la vitesse du: courant. 

2. Cette quantité de chaleur est en rai- 
sou.directe de la résistance du fil au pas- 
sage de l'électricité. 

3. Quelque soit la longueur d’un fil mé- 
tallique, pourvu que son diametre reste 
constant, s'il passe la même quantité d’é- 
lectricité, l’élévation de température de 
chaque point du fil sera toujours la même. 

4, L'élévation de température des dif- 
férents points d’un fil métallique est en 
raison inverse de la quatrième puissance 
du diamètre. 

Ces deux dernières lois sont les 
que pour l'électricité statique , eté 3 
conséquence des deux première "A 

J'ai donné en outre la valeuWd'des coeffi= 
cients numériques par lesquels 
tiplier Pintensité du courant, 


ques de différente nature. Niger 

Enfin la quatrième partie de ce travail 
concerne la chaleur dégagée lors du pas- 
sage de l’électricité dans les liquides. La 
méthode d’expérimentation est la même 
que pour les fils métalliques, si ce n’est 
qu’on emploie pour calorimètre un creuset 
de platine , et que ce creuset sert lui-même 
d’électrode. Voici les lois auxquelles je suis 
parvenu par de nombreuses expériences, et 
qui sont exactement représentées par les 
formules que J'ai donrées : 

1. Lorsqu'un courant électrique tra- 
verse une dissolution saline et que l’élec- 
trode positive est d’un mélal de même na- 
ture que celui dont loxyde forme la base 
du sel dissous, et qu'il ne se dégage aucun 
gaz , le seul résultat final du courant est 
un dépôt métallique au pôle négatif et une 
solution d’une même quantité de métal au 
pôle positif. Alors dans ce cas , comme je 
l'ai démontré, le pouvoir conducteur est 
indépendant de l'intensité du courant, ct la 
quantité de chaleur dégagée par le passage 
de ce courant est, comme pour les métaux, 
proportionnelle au carré de l'intensité élec- 
trique,; et en raison directe de la résis- 
tance de ce liquide à la conductibilité. 

Ce résultat très curieux montre donc 
bien nettement que, s'il y a dégagement 
de chaleur au pôle positif, par suite de 
l'oxidation du métal et de la combinaison 
de l’oxyde avec l'acide transporté , ce dé- 
gagement compense exactement l'absorp- 
tion de chaleur qui est nécessaire pour opé- 
rer la décomposition d'une même quantité 
de sel au pôle négatif. 

Le cas précédent était le plus simple. 
J'ai examiné. ensuite ce qui arrive lorsqu'on 
soumet à l'expérience de l’eau rendue con= 
ductrice par l'addition d’un acide ou 


fr, Fan ; LA 
Eat mul: 
Nour avoir‘ 
l'élévation de température des fikimétalli- : 


‘700 


d’un alcali, etque les électrodes sont inoxÿ- 
dables, Il y a dégagement de gaz et le pou- 
voir conducteur dépend de l'intensité du 
vourant, comme il à été dit précédem- 
ment: 

On arrive alors aux résultats suivants : 

Si l’on ajoute à la quantité de chaleur 
observée celle qui serait produite par la 
combinaison de l’oxygène et de l'hydrogène 
dégagé, on obtient des nombres qui sont 
proportionnels à la résistance à la con- 
ductibité, et en raison directe du carré 
de l'intensité électrique. On voit dence 
que dans la décomposition électro-chi- 
mique de l’eau, il ya bien dégagement 
de chaleur en raison de la résistance du li- 
quide, mais qu'il y a aussi absorption de 
chaleur dans l’acte même de la décompo- 
sition. 

Une fois ces lois démontrées, j'ai pris des 
cas beaucoup plus compliqués, en sou- 
mettant à l'expérience différents liquides 
et des électrodes de diverse nature. J'ai 
constamment trouvé en analysant les ré- 
sultats que, si au dégagement de chaleur 
observé on ajoute la chaleur qui serait pro- 
duite par la recomposition des éléments 
séparés, etqu’on retranche celle qui pro- 
Vient des combinaisons qui ont lieu aux 
électrodes, on obtient des nombres qui sont 
proportionnels àla résistance, à la conduc- 
tibilité au passage des James dans le li- 
quide, et en raison directe du carré de l'in- 
tensité du courant; de sorte que, dans tous 
les liquides, la quantité de chaleur déga- 
gée est exprimée par la formule 

C= Ma? — Na, 

dans laquelle 4 est la quantité d’électricité 
qui traverse le liquide dans l’unité de 
temps, M un nombre proportionnel à la 
résistance à la conductibilité que l’on dé- 
termine à l’aide des procédés indiqués dans 
la deuxième partie de ce mémoire, et N la 
diflérence entre la chaleur absorbée par 
les éléments décomposés et celle qui pro- 
vient des molécules qui se combinent, 

J’ai fait usage pour la chaleur produite 
dans les combinaisons chimiques des nom- 
bres trouvés par Dulong. 

Dans loutes les expériences on trouve 
toujours C positif, de sorte que la quantité 
de chaleur produite par le simple passage 
du courant dans un liquide est constam- 
ment plus grande que celle qui serait dé- 
gagée si les éléments séparés se combi- 
naient. 

On voit donc que les lois du dégage- 
ment de la chaleur par suite du passage 
de l’électricité dans les liquides sont les 
mêmes que dans les métaux, si l’on tient 
compte de la chaleur dégagée dans les ac- 
tions chimiques. 

Puisque les quantités de chaleur déga- 
gée lors des réactions qui s’opèrent aux 
électrodes, entrent dans l'expression de la 
chaleur produite par suite de l’action des 
courants électriques, on conçoit qu’à l’aide 
des lois précédentes il est possiblez en opé- 

-vant sur une plus grande masse de matière, 
de pouvoir déterminer avec exactitude ces 
quantités de chaleur; si l’on remarque en 
outre qu’en décomposant certains liquides 
au moyen de l'électricité, on peut faire 
naître au pôle des composés que l’on ne 
peut obtenir à l’aide des procédés chimi- 
ques ordinaires, on voit que l'on pourra 
déterminer, par ce procédé seulement, les 
quantités de chaleur dégagée lors de ces 
combinaisons. Je citerai comme exemple 
loxidation des métaux au pôle positif et la 
formation des peroxydes, 


701 


N'ayant opéré que sur tuelques gran: 
mes de matière, Je ai pu déterminer avec 
exactitude ue Îes lois des phénomènes, 
sans Vouloir donner les nombres qui ex- 
priment les quantités de chaleur dégagée 
dans les combinaisons chimiques, car ils 
n'auraient pas toute la rigueur que l’on 
desire dans ces déterminations. 


Je n’ai voulu seulement , je le répète, 
dans ce premier travail, qu'étudier les ef- 
fets calorifiques de l'électricité et leurs 
lois, et montrer leur importance dans l’é- 
tude des sciences physico-chimiques , me 
réservant de faire connaître ultérieure- 
ment à l’Académie les déterminations rela- 
tives aux quantités de chaleur dégagée 
dans les actions chimiqués auxquelles je 
serai parvenu en m’appuyant sur les prin - 
cipes précédemment énoncés. 


CHIMIE INORGANIQUE:. 


Recherches sur les produits de décomposi- 
tion de l'acide sulfocyanhydrique ; par 
M. C. Voelckel, de Marbourg. 


Les sulfocyanures et leurs produits de 
décom position ont été, à plusieurs reprises, 
l’objet de recherches étendues auxquelles 
nous devons une série de faits remarqua- 
bles et importantssous le rapport théorique. 


M. Woœbhler trouva (4nnal. de Gilbert, 
Lxix, 271) que, dans la décomposition du 
sulfocyanure de mercure par le gaz hydro- 
chlorique ou hydrosulfurique sec, l’acide 
sulfocyanhydrique se sépare à l’état d’un 
liquide huileux et incolore qui semble 
cristalliser par le refroidissement en une 
masse radiée, mais qui se décompose rapi- 
dement en un acide hydrocyanique et en 
une poudre jaune à laquelleil donna le nom 
d'acide sulfocyanhydrique sulfuré ( gesch- 
wefelte Schwefelblausaeure). Quelques pro- 
priétés de ce corps s’accordaient avec celles 
du produitobtenu par M.Waæhler,en chauf- 
fant le sulfocyanure de potassium avec l’a- 
cide nitrique, de sorte qu’on les prit pour 
identiques. 

Dans un travail postérieur , M. Liebig 
démontra (4nnal der Pharm., x, 8) que le 
sufocyanure de potassium fondu dans le 
gaz hydrochlorique sec se décompose 
aisément, en même temps que le col de la 
cornue se remplit d’une substance concrète, 
rouge, jaunâtre ou d'un rouge écarlate, 
tandis qu'il se dégage un corps gazeux. 
Lorsqu'on dirige dans l’eau froide les pro- 
duits volatls, il s’y dépose du sulfure de 
carbone en gouttelettes limpides , l’eau de- 
vient fort acide et fournit par l’évaporation 
des cristaux de sel ammoniac. Pendant 
toute la durée de l'opération on remarque 
une forte odeur d'acide prussique. 


La masse rouge déposée dans le col de la 
cornue est entièrement soluble dans l’al- 
cool, ce qui la distingue du corps jaune et 
pulvérulent formé par l'action du chlore 
ou de l’acide nitrique sur le sulfocyanure 
de potassium ; elle se dissout également 
dans l’eau bouillante, et la dissolution, d’un 
Jaune rougeâtre, dépose un corps pulvéru- 
lent jaune-rouge, qui se redissout dans 
l’eau bouillante, et peut en être extrait de 
nouveau sans altération. Cette dissolution 
précipite les sels d'argent en flocons jaunes 
abondants, qui, chauffés dans la liqueur, 
deviennent noirs ou vert-noirâtre, tandis 
qu’un gaz se dévage. Ce corps renferme du 
soufre en grande quantité. 


Il a été analysé au laboratoire de Gie- 


702 


sen par M. Woskresenski qui lui donne la 


composition : 
Cy° S5 + 1°. JS 


Cette analyse se trouve consignée dans 
le Traité de M. Liebig, E. 1 p. 193, où ce 
corps est décrit sous le nom d’acide persul- 
focyanhydrique. Nous allons le soumettre 
à quelques considérations. 

I. Acide persulfocyanhydrique. — Cette 
matière se prépare, de la manière la plus 
commode, par voie humide, par différents 
procédés : ainsi, par exemple, on l’obtient 
facilement en saturant par du gaz hydro- 
chlorique une solution du sulfocyanure de 
potassium. Le gaz est absorbé avec dégage- 


ment de chaleur, de sorte qu’une partie de - 


l’acide sulfocyanhydrique est chassée sans 
être décomposée, ainsi qu’on le remarque 


| à l'odeur qui se manifeste. Au bout de 


quelque temps l'acidepersulfocyanhydrique 
se sépare sous la forme d’une poudre jaune, 
en même temps qu'il se développe une 
grande quantité de gaz, parmi lesquels on 
remarque surtout l'acide carbonique. Dans 
certains cas il se dégage de l’hydrogène 
sulfuré et du sulfure de carbone; le liquide 
restant renferme surtout de l'acide formi- 
que, de l’acide prussique et de l’ammo- 
niaque. 

On peut éviter la plus grande partie de 
ces produits de décomposition, et l’on ob- 
tient alors bien plus d'acide persulfocyan- 
hydrique , en mélangeant une solution 
aqueuse de sulfocyanure de potassium sa- 
turée à froid avec six ou huit fois son vo- 
lume d’acide hydrochlorique concentré et 
abandonnant le mélange pendant vingt- 
quatre heures. Au commencement, le tout 
se prend en une bouillie blanche qui com- 
mence déjà après un développement de 


gaz, il se produit du gaz carbonique et de 


l’acide prussique, la masse perd sa consis- 
tance gélatineuse et se convertit en une 
bouillie de fines aiguilles qu’on n’a qu’à 
laver avec de l’eau froide pour avoir de 
l’acide persulfocyanhydrique pur. 

Cet acide est presque inseluble dans l’eau 
froide ; dans l’eau bouillante il se dissout 
complètement , mais en petite quantité, et 
cristallise, par le refroidissement, en ma- 
gnifiques aiguilles jaunes, Ils se dissout éga- 
lement dans l’alcool et dans l’éther, et 
même plus que dans l’eau bouillante, La 
dissolution dans l’eau et dans l'alcool réagit 
légèrement acide, et donne des précipités 
avec les sels métalliques suivants : avec l’a- 
cétate de plomb un beau précipité jaune; 
avec le nitrate d'argent un précipité sem- 
blable, qui se décompose aisément en sépa- 
rant du sulfure d’argent; avec le bichlorure 
de mercure un précipité blanc-jaunûtre ; 
avec le deutosulfate de cuivre un jaune ; 
avec le protochlorure d'étain un jaune; 
avec le bichlorure de platine un jaune bru- 
nâtre. Les autres sels métalliques ne sont 
pas précipités. 

Cinq analyses nous ont donné la compo- 
sition suivante pour l'acide persulfocyan- 
hydrique : 


Calcul. 
C? 151,70 | 16,05 
Az 177,04 | 18,93 
H 12,48 | 1,32 
S 603,18 | 63,90 


Ces résultats s'accordent parfaitement 
avec ceux obtenus par M. Worskresensky. 
Pour déterminer le poids atomique de 
cet acide, j'en choisis la combinaison avec 
l'oxyde de plomb. On l'obtient pur en dis- 
solvant l'acide dans l’eau bouillante, et on 


703 


le précipite par l’acétate de plomb. On ne 


peut pas employer à cette préparation une 
solution alcoolique, parce que le sel de 
plomb est décomposé par les lavages à l’al- 
cool en un sel basique quireste, et en acide 


» persulfocyanhydrique qui se dissout dans 
| l'alcool. 


Le sel de plomb est entièrement insolu- 


- ble dans'l’eau, l’alcooler les acides étendus. 
| Il a tout -à-fait l'apparence du chromate de 
plomb. On le fait sécher au bain-marie 


nt 


| à 100° avant de le soumettre à l’analyse. 


Les résultats de six analyses condaisent 
à la composition suivante : 


Calcul. 

C! 151,70 6,81 
Nr 477.04 | 795 
S3 603,48 27511 
Ph 1294,50 58,13 
2226,72 | 100,00 


£l est donc évident que le nombre absolu 
des atomes de l’acide persulfocyanhydri- 


que s'exprime par la formule : 


C' Az° H°S*, 


Let que dans les persulfocyanures, de même 


que dans les sulfocyanures, les deux atomes 
d'hydrogène de l'acide sont remplacés par 
un atome de métal. 

On pourrait donc considérer l’acide per- 
sulfocyanhydrique comme l'hydracide d’un 
radical particulier C1 Az? S'. Mais, par des 


: raisons que j'exposerai plus tard, il y a plus 


de probabilité à considérer cet acide comme 


‘un acide sulfuré, c’est-à-dire comme un 


acide où le soufre joue le même rôle que 


| l'oxygène dans les sulfacides. In partant de 


cette supposition, il faudrait le représenter 


-par la formule rationnelle : 


C* ÀAz° SES H?, 
de la même manière que l'acide sulfocyan- 
hydrique serait : 

C' Az S + SH. 

Ces deux combinaisons représenteraient 
alors deux différents degrés de sulfuration 
d'un même radical, c’est-à-dire du cyano- 
genc. 

L'hydrogène trouvé dans les analyses 
précédentes est si faible qu’on peut le con- 
sidérer comme accessoire. Il provient donc 
de la propriété hygroscopique de l’oxyde 
de cuivre, soit de la présence d’une certaine 
quanité d’eau restée dans le sel séché à 
cent degrés. On ne peut pas l’exposer à une 
température plus élevée, car déjà à cent 
degrés il s’altère légèrement en dégageant 
du sulfure de carbone. C’est là aussi la rai- 
son pour laquelle le dosage du plomb a été 
trop fort. Si l’on chauffe davantage le sel 
de plomb, il se dégage d’abord du sulfure 
de carbone, un peu d’acide sulfocyanhy- 
drique , du soufre et, par un feu vif, du 
cyanogène, tandis qu'il reste du sulfure de 


| plomb. 


Outre cette combinaison neutre, on ob- 
tient encore un sel basique, en précipitant 
une dissolution d’acide persulfocyanhydri- 


| que par un excès d’acétate de plomb ba- 


Sique. Ce sel basique a entièrement l’ap- 
parence du précédent ; les acides étendus 
le transforment en sel neutre. À chaud, le 
sel basique se décompose encore plus faci- 
lement que ce dernier : il donne par la cal- 
cination les mêmes produits. 

I. 1,3655 gr. séchés à cent degrés ont 
donné 0,257 gr. acide carbonique et 00,27 
eau, correspondant à 5,15 p. c. de carbo- 
nate et 0,219 d'hydrogène. 

IL. 0,175 or. ont donné 0,168 de sulfate 


704 

de plomb, où 66,72 plomr : 

LIT. 0,463 gr. ont donné 0,151 sulfate de 
plomb, ou 66,95 plomb. À 

IV. 0,291 gr. ont donné 0,287 sultai€ de 
plomb, ou 67,12 plomb. 

Ces nombres expriment la composition 
suivante : 


Calcul. 

C8 303,40, 5,19 
Az 354,08 6,06 
s° 1206,96 | 20,67 
P° 3883,50 | 66,53 
O 100,00 | 4,55 
5847,94 | 100,00 : 


C'est donc une combinaison de 2 at. du 
sel neutre avec 1 at. d'oxyde de plomb : 


C8 Azt S5 Ph® O=2{(Ci Az°S°HPbS)HPbO. 
L'hydrogène obtenu dans les analyses est 
si faible qu’on peut le considérer comme 
accidentel. 
—HÉE— 


SCIENCES NATURELLES. 
PHYSIOLOGIE VEGETALE, 


De l'influence qu'exercent s ur la végétation 
des plantes et la germination des graines 
les rayons solaires transmis à travers des 
verres colorés; par M. Zantedeschi. 


L'auteur résume dans les termes sui- 
vants les résaltats généraux auxquels il 
est arrivé. 

Il résulte de toutes ses observations : 

1. Que la végétation sous l'influence de 
la lumière colorée devient languissante , 
ainsi que l’avaient déjà reconnu Senebier 
et Carradori ; 

2. Que l’ordre observé dans la germina- 
tion des graines par Senebier ne s’est pas 
trouvé confirmé par les miennes. Dans les 
expériences de Senebier, cet ordre était du 
violet au rouge; dans mes observations, il 
a été, pour les graines de l’iberis amara, 
du rouge au jaune et au violet; pour celles 
de l’echinocactus ottomis du violet au rouge 
etau jaune. De même, pour la pousse des 
bulbes d’oxalis multiflora, je l’ai trouvé al- 
lant du rouge au jaune et au violet, pen- 
dant que, d’après Haut, les oignons de 
tulipe poussent le plus promptement sous 
le vérre orangé, puis sous les verres bleu et 
vert; 

3. Que , relativement à l'accroissement 
en longueur, l’ordre établi par Senebier 
n’a pas non plus été pleinement confirmé, 
ses expériences et les miennes concordant 
bien pour les extrêmes (c’est-à-dire don- 
nant l’un et l'autre le maximum dans le 
cas de l’obscurité, et le minimum dans le 
cas de la suppression de tout écran coloré), 
mais différant d’ailleurs dans les termes 
moyens : selon les expériences de Senebier, 
il y a décroissance du jaune au violet et au 
rouge, et selon les miennes, il y a , dans le 
cas de l’oxalis multiflora, décroissance du 
rouge au violet et au jaune , et dans l’echi- 
nocactus, du violet au jaune et au rouge. 
De plus, suivant Senebier, la transparence 
et la faiblesse des tiges est en raison directe 
de leur accroissement en longueur, tan- 
dis que j’ai observé ce qui suit : la tige d’un 
individu de l’oxalis multiflora,sous le verre 
bleu ciel (fturchino), avait atteint une lon- 
gueur de 42 centimètres; une autre tige, 
sous le verre jaune, avait atteint celle de 
39 centimètres , et une troisième enfin celle 
de 34 sous le verre orangé; et cependant 
la seconde ne donna aucun indice de flo- 
raison; la troisième, la plus courte, celle 


705 
qui avait été soumise à l’influence du verre 
orangé, en donna quelques signes; mais 
qui ne persistèreut point, pendant que la 
tige soumise à l’influence du verre bleu dé- 
veloppa complètement trois fleurs. 

4, Que l’action spéciale pour colorer en 
vert les euilles des végétaux, attribuée au 
ar Sencbier, qui lui accorde 


rayon violet }. ä te lie 
à cét égard une m,, UE0CE no! us ci 
fort supérieure à celle de» TAYONS IOUGEE 

ale à celle 


jaune , mais encore au moins ég. te, 

de la lumière blanche, se trouve à 12 VE- 
rité d'accord avec les résultats de mes ex- 
périences sur l’impatiens balsamina, mais 
non avec les conséquences qui se déduisent 
d’autres observations que J'ai faites sur 
loxalis multiflora ; 

5. Que, quant à la faculté corroborative, 
la faculté de donner de la force aux végé- 
taux, l’infériorité attribuée par Senebier au 
rayon violet, comparativement aux rayons 
rouge et jaune, n’est cinfirmée , ni par les 


expériences de Poggioli, ni par celles que - 


j'ai faites sur l’impatiens balsamina ; 

6. Que, pour ce qui est du pouvoir d’ac- 
tiver la végétation, l’infériorité attribuée 
par Poggioli au rayon vert , comparative- 
ment au rayon rouge , est d'accord avec les 
résultats que j'ai obtenus dans des expé- 
riences sur l’'impatiens balsamina , l'ocy- 
mum viride et le myrthus moschata. 

7. Que le cas dans lequel j’ai vu l’action 
fortifiaute se montrer de la manière la plus 
prononcée est celui d’un individu de l’oxa- 
lis multiflora soumis à l’action du verre 
bleu-ciel (turchino) ; 

8. Que, dans mes expériences, les tiges 
de l’oxalis multiflora, quand elles rece- 
vaient la lumière solaire à travers des 
verres rouges orangé et jaune, et les tiges 
de l’impatiens balsamina, quand elles la 
recevaient à travers des verres oranges et 
jaunes, se maintenaient dans une direction 
verticale, tandis qu’au contraire elles s’in- 
clinaient du côté d’où venait la lumière 
quand celle-ci leur était transmise par des 
verres différemment colorés. 


ZOOLOGIE. ° 


Quelques oiseaux nouveaux ou peu connus 
de Colombie, par F. de Lafesnaye. 

F. Ampélidées, G. Cotinga, 4mpelis. 

GC. à poitrine d’or, 4mp. aureo-pectus, 
Nob. Cette nouvelle petite espèce, voisine 
du Cotinga vert, d’Orb. et de Lafr., Voy. 
eu Am. , et de l’Ampelis Riefferir, Bois., 
Rev. zool., 1840, p. 3, s’en distingue au 
premier abord , quoique adulte, par ses 
pattes couleur de plomb et non rouge ver- 
millon comme chez eux; elle a comme eux 
toutes les parties supérieures d’un beau 
vert-pré, mais uu peu teinté de bleuâtre à 
certain jour ; le haut de la gorge, les côtés 
du cou, de la poitrine et les flancs sont de 
la même couleur qui prend une teinte 
plus foncée sur les lorums et le pourtour 
de la mandibule supérieure; le devant du 
cou et de la poitrine sont d’un beau jaune 
jonquille doré, un jaune moins vif etsouffré 
occupe le pli et le dessous de l'aile, et forme 
une bande médiane surle ventre et l’ah- 
domen, se confondant sur les côtés par mè- 
ches jaunes et vertes avec le vert des flancs; 
les couvertures inférieures de la queue sont 
ainsi variées ; toutes lesrémiges secondaires 
sont finement terminées de blanc jaunûtre; 
le bec est d’un beau rouge vermillon, et les 
pattes d’une couleur plombée avec les on - 
gles pâles.— Long. tot., 17 cent.; de Santa 
Fé de Bogota. 


706 


L’individu que nous soupçonnons ètre la 
femelle différe du précédent en ce que les 
lorums et le pourtour du bec sont jaunà- 
tres, en ce qu'il ny a que quelques mèches 
jaunes entremêlées de vertes sur la gorge 
et le devant du cou , et se prolongeant sur 
la partie médiane du ventre et de l'abdomen 
et sur les couvertures inférieures de la 
queue ; le bec est d’un rouge livide et rem- 
bruni. 

2 Tangara bleu olive. Tanagra olivi- 
cyanea nob. Cette espèce assez forte , et 
qui doit être groupée près des Tangaras 
évèque et vicaire, est singulièrement voi- 
sine, par sa coloration, de notre Taragra 
cyanocephala , Sÿnop. avium Amer. et fi- 
guré, pl. 23, n°2, du Voyage en Améri- 
que, de d'Orbigny. Comme lui, en effet, 
elle a tout le dessus de la tête et du cou 
d'un beau bleu de roi luisant , avec les lo- 
rums noirs, et tout le reste des parties su- 
périeures d'un bel olive jaunâtre , avec le 
pli et le dessous de l’aîle, les jambes et l’a- 
nus d’un jaune jouquille vif; mais elle en 
diffère en ce que la gorge, le cou, et tout 
le reste du dessous , au lieu d'être d’un 
cendré bleuîtré , sont du même bleu-vio- 
let luisant, que la tête et le dessus du cou; 
comme lui elle a le bec et les pattes noires, 
mais son bec est plus renflé , et elle est en 
tout plus forte d’un quartau moins. — Lon- 
gueur totale, en peau, 18 cent. 1/2. 

30. Tangara (S. G. Aglia, Sw.) argentin, 
T. argentea, Nob. Cette nouvelle espèce, 
qui doit être groupée près des Aglaias tri- 
coloret septicolor , est remarquable par la 
nuance soyeuse et changeante qui couvre 
tout le dessus et le dessous de son corps, 
excepté la tête et la gorge, les aîles et la 
queue qui sont noirs. Cette nuance d’un 
blanc verdâtre argenlin , prend à certain 
jour , comme chez le T«nagara passe vert, 
des teintes blanc bleuûtre, et blanc jau- 
nâtre de paille et soyeuses La tête et le cou 
par devant , sont d’un noir mat; les ailes 
et la queue sont semblables, mais leurs 
pennes sont bordées de gros bleu; bec et 
pieds noirs. — Long.tot., {4 cent. ; de Bo- 
gota ou Caracas. 

40. Tangara (S. G. Aglaia) vert-noiret, 
T. nigro viridis, Nob. Cette espèce , de la 
taille du 7. tricolor, à le fond du plumage 
noir; mais tout son corps, excepté le mi- 
lieu du dos, le front, les lorums, le pour- 

tour des yeux, les joues et la gorge, sont 
couverts de taches plus ou moins rappro- 
chées , d’un vert argentin et changeant en 
paillet sur la tête et le dessus du cou, où 
elies sont presque contiguës sur le crou- 
pion, les grandes couvertures de l’aîle, et 
tout le dessous du corps. Ces taches sont 
bleues sur les petites couvertures de l'aile, 
et d’un vert bleu sur le devant du cou. Les 
rémiges et les rectrices sont bordées de 
vert bleu, le milieu de l'abdomen est blane 
sale, le bec et les pieds sont noirs, —de 
Bogota. 

50 T'angara arthus. 7. arthus, Lesson, Il- 
lust. de zool., pl. 9. D'un jaune doré avec 
le pourtour du bec, une tache sur la joue, 
des mèches au milieu du dos, les ailes et la 
queue noires, le cou doré , le reste du des- 
sous marron, avec une plaque jaune sur 
la poitrine etle ventre. Nous ne connais- 
sons encore cette espèce que par la publi- 
cation de M. Lesson, en 1851, publication 
et figure faites d’après un individu venant 
du Mexique. ( Resue Zoologique). 


D © LE 


707 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT. 
Assemblée générale du 49 avril. 


La séance avait pour objet de décerner 
les prix que la Société avait proposés, sur 
divers sujets qu’il importait à notre indus- 
trie de voir traités. 

M. Jomard alu d’abord un compte rendu 
des travaux de la Société, et des concours 
ouverts pour résoudre les problèmes qu’elle 
avait présentés au public. Plusieurs des 
questions ont été heureusement résolues, 
d'autres le sont aussi probablement , mais 
le temps a manqué pour pouvoir juger du 
succès par des expériences qui exigent une 
durée plus longue, enfin d’autres sont re- 
mises au concours. La totalité des prix 
proposés s'élève à 216,000 francs. 

M. Gourlier fait un rapport sur le résul- 
tat du concours, pour les moyens de pré- 
venir ou de faire cesser l'humidité dans les 
constructions. Vingt el un concurrents se 
sont présentés; mais aucun n’ayant com- 
plètement satisfaitaux conditions imposées 
par le programme, les prix ne sont pas dé- 
cernés; seulement plusieurs ayant appro- 
ché du but et mérité des encouragements 
pour des expériences et des travaux utiles , 
la société leur a accordé des médailles, sa- 
voir : 


1°. À M. J'audoyer fils, architecte, une 


médaille d'argent; 

2° AM. V’aladon, la même médaille. 

3° à M. Duval, la même médaille. 

4° à M. Beulard, une médaille de bronze. 

Une mention honorab'e à été accordée à 
M. Præschel, qui à antérieurement recu 
la médaille d'argent. 

M. Huzard fait un rapport sur le résul- 


tat des concours ouverts pour la multipli- 


cation des sangsties et les moyens de les 

dégorger pour les rendre propre à une 

nouyclle succion. Dèux médailles d'argent 

sont accordées, chacune du prix de 300 fr. 
1°à M. Faber. 

2° à M. Olivier, médecin , à Pont-de- 
PArche (Eure). 

M. de Lambre fait un rapjort sur le prix 
proposé pour la rédaction d’un mémoire 
sur l’association des douanes allemandes 
(zolverein). Les conditions du programme 
ont été remplies par deux de trois concur- 
rents, excepté en ce qui concerne les inté- 
rêts qu'aurait la France à faire partie de 
cette association. Comme ce dernier sujet 
était précisément celui qu’il importait à 
la Société d'Encouragement de voir traité 
avec soin, le prix n’est pas remporté. Seu- 
lement deux médailles sont accordées aux 
auteurs de mémoires pleins d’utiles recher- 
che; sur la matière mise au concours, sa- 
Voir : 

1°à M. Faugère , un encouragement 
de 1000 fr. 

2° M. Richelot , un encouragement de 
500 fr. 

M. Guérin-Varry fait un rapport sur le 
résultat du concours ouvert pour l’établis- 
sement en grand d'une fabrication de creu- 
sets réfractaires. Le prix de 3000 fr. a été 
remporté par deux concurrents, el lasomme 
a été partagée entre eux; savoir : 

1° à M. Pinon, à Sens, 1509 fr. 

2° à M. Tesson, à Paris, 1500 fr. 

Les concurrents, s'étant successivement 
présentés pour recevoir les récompenses 
décernées par la Société, M. Thénard, pré- 
sident, a pris la parole pour exposer dans 
une belle improvisation, les nombreux 


708 


services que la Société d'Encouragement a 
rendus à l’industrie, depuis qu'elle'a été 
fondée. Il a présagé ceux qu'elle était ap- 
pelée à rendre à l’avenir; et, parmi ces avan- 
tages, il a cité la suppression des guerres 
sanglantes, fléaux qui ont si souvent affligé 


l'espèce humaine; il a montré les nations M 


ne luttant entre elles que dans les progrès 
que l’industrie fait sans cesse , pour adou- 
cir les amertumes de la vie, et améliorer le 
sort de toutes les classes. Ce discours , 
couvert d’applaudissements sera pablié par 
l’impression dans le bulletin, d'après la pro- 
position qui en a été faite par M. Sylvestre. 

Les prix qui n'ont pas été décernés dans 
cette séance sont prorogés à l’année pro- 
chaine, sauf quelques uns pour lesquels le 
concours est fermé, en réservant aux con- 
currents leurs droits, jusqu’au terme: où 
les expériences entreprises par les comités 
auront permis de juger du mérite de 
chacun. 

Au nom de M. Payen, on lit le pro- 
gramme d'un nouveau prix de 2000 fr. à. 
décerner en 1844, pour le moyen de ren- 
dre l'alcool impropre à entrer dans les 
boissons usuelles et les liqueurs de table , 
sans lui ôter ses qualités combustibles , et 
sans nuire à ses applications à l'éclairage. 

M. Huzard litle programme d’un autre 
prix pour l'introduction en France et la 
culture de plantes nouvelles , utiles à l’a- 
gricullure , aux arts ou aux manufactures. 

FRANCOEUR. 


ARTS CHIMIQUES. 


Préparation d'un jaune de chrôme jon- 
quille; par le docteur Winterfeld. 


Quelque nombreuses que soient les re- 
cettes pour la préparation d’un jaune de 
chrôme jonquille très éclatant, cependant 
il est encore des fabriques qui ont l'art de 
le préparer d'une manière encore plus par- 
faite, saus qu'on sache comment elles s'y 
preunent dans les manipulations. Un jaune 
de chrôme jonquille, et tel qu'il est recher- 
ché des consommateurs, doit être léger, 
avoir une cassure unie, et enfin presenter 
le plus grand éclat possible dans la cou- 
leur. Broyé à l’eau, il ne doit pas rougir, 
et mélangé à du bleu de Paris ou de Ber- 
lin, il doit fournir un beau vert-olive. 

La recette indiquée par M. Anthon, pour 
préparer un jaune de chrôme hydraté pro- 
pre à satisfaire le goût aujourd'hui diffi- 
cile des consommateurs, ne m'a pas fourni 
un résultat entièrement satisfaisant, quoi- 
que la couleur fût généralement bonne, 
surtout quand on comparait celle-ci aux 
produits d’une fabrique de la Thuringe qui 
sont déjà répandus en Allemagne, et com- 


mencent à être recherchés dans les pays | 


étrangers. 


J'ai réussi, par le moyen suivant, à pro- 


duire un jaune de chrôme d’un jaune plus 
beau encore que ce dernier, mais qui avait 
un poids spécifique un peu plus considéra- 


ble et un éclat un peu moindre; ce jaune | 


toutefois m2 paraît mériter la préférence 
dans plusieurs arts, et en particulier dans 


‘la peinture à l'aquarelle. 


On dissout 33 parties d'acétate de plomb 
ou sucre de saturne dans 100 parties d’eau 


pure et on filtre; la liqueur claire est sou- | 


tirée dans une cuve pouvant contenir en- 
viron le double du liquide. 
Dans unautre vase on dissout 22 parties 


de carbonate de soude cristalisé dans 60 par- 


ties d’eau pure et on filtre. ù 
La solution de soude est alors vers'e em 


1709 
(Ifiléteten agitant continuellement dans celle 
hd'acétate de plomb, ce qui donne un préci- 
+pité blanchâtre qu’on laisse déposer en dé- 
cantant la liqueur surnageante, qui est une 
« solation d’acétate de soude dont on peut 
1faire tel usage qu'on voudra. 
Pendant ce temps , on a fait d’un autre 
reôté une dissolution de 17,15 parties de 
| chromate neutre de potasse dans 59 parties 
: d’eau, qu’on verse en agitant continuelle- 
- mentsur le précipité de plomb. On continue 
de brasser le mélange jusqu'à ce que le 
chromate de potasse soit complétement dé- 
composé, c’est-à-dire jusqu'à ce que la li- 
queur abañdonnée aurepos ne paraisse plus 
colorée en jaune. 

Le jaune de chrôme ainsi obtenu est lavé 
à Veau pure, jeté sur un filtre pour égout- 
ter, soumis à la presse, découpéen mor- 
ceaux et séché. Produit : 27 parties de jaune 
de. chrôme avec la proportion des ingré- 
diens indiqués ci-dessus -— 


| (4e Héslologiste.) 


HORTICULTURE. 
Rapport de M. Loiseleur-Deslongchamps 
_ fait à la Société royale d’horticulture à 
l’occasion d'un ouvrage sur la récolte des 
- graines, etc., par M. Joubert. 


De la récolte, de la conservation, du.se- 
mis et de la germination des graines, tel est 
le titre de l'ouvrage de M. Joubert. L’au- 
teur, dans son premier chapitre et dans 
une introduction, expose que c’est sur ces 
quatre opérations fondamentales dont il a 
entrepris de traiter que repose l’ensemble 
de tous les travaux agricoles et horticoles, 

De ces quatre opérations , deux surtout 
paraissent importantes à l’auteur. 

1. Combien une graine conserve-t-elle 
ses facultés: germinätives? Combien de 
temps une graine met-elle à germer? 

Eneffet, nous pensons, comme M. Jou- 
bert, que cés deux points méritent la plus 
srande attention, parce que c’est d’eux 
principalement que dépende la réussite 
ou l’insuccès destravaux d'agriculture ou 
d'horticulture. Aussi’lauteur s’est appli- 
qué, dans les nombretisés observations que 
renferme son livre, à faire connaître, le 
plus exactement qu'il lui a été possible, 
tout ce qu'il a pu recueillir sur le temps 
pendant lequelles graines conservent léur 
facultés germinatives; et sur celui que 
chaque graine met à germer. 

Bu suitede ces premières considérations, 
il donne l'explication des ditférentes par- 
ties qui composent la graine et de leurs or- 
ganisation. É 

Quant à la récolte proprement dite, 
M. Joubert fait connaître les différentes 
| précautions qu’on doit prendre pour re- 
cueillir les diverses sortes de fruits , selon 
| quils sont simples, multiples et agrégés 
}’ou composés. Il explique en détail les ca- 
ractères qui différentient les diverses es- 
 pèces de fruits; et il donne la. nomencla- 
| ture exacte, de, toutes les dénominations 
| qui ont été appliquées à chacun d’eux par 
lesbotan'stee. ; 

Lorsque les graines ou les fruits sont ré- 
| coltés, une opération importante pour leur 
bonne conservation , c'est d’en opérer la 
dessication!$i‘la récolte a été faite pendant 
| la belle ‘sa SON, ‘il n’y a aucune difficulté; 

mais, quand les ‘pluies de l'automne arri- 
vent et que l'atmosphère est saturée d’hu- 
midité , il faut employer un moyen artifi- 
ciel, afin de parvenir à ne bonne dessica- 


710 


tion : celui que M. Joubert conseille con- 
siste dans un grenier ou séchoir , d’une 
étendue suffisante, dans lequel on entre- 
tient la température depuis 20 jusqu’à 25 
degrés centigrades, et dont il faut avoir 


soin de renouveler l'air de deux heures 


en deux heures, en établissant un courant 
qui doit traverser toute l'étendue du sé- 
choir. 

Beaucoup de graines, quand leur dessi- 
cation est complète, n’ont besoin que 
d’être criblées ou vannées pour être débar- 
rassées des corps étrangers qui y sont mêlés; 
mais il en est plusieurs qu'il faut égrener 
pour les débarrasser de. leurs enveloppes, 
de leurs péricarpes , et nême qu'il faut, à 
cet effet, piler dans un mortier de bois avec 
un pilon de même nature. Cependant 
quelques graines doivent être laissées dans 
leur péricarpe, qui, en les privant du 
contact de l'air, leur conserve plus long- 
temps leur faculté germinative. 

Unie fois la graine récoltée, desséchée et 
épurée , il ne reste plus qu’à l’enmagasi- 
ner, en la mettant à l’abri du contact de 
l'air, de l'humidité, de la chaleur et du 
froid ; ce dernier agent est cependant le 
moins redoutable, car la plus grande par- 
tie des graines peuventsupporter une très 
basse température sans en être altérée. 
Ainsi MM. Edwards et Colin ont exposé des 
grains de blé à une température capable 
de geler le mercure, et ces grains n'en ont 
pas moins germé lorsque ensuite ils ont 
été exposés aux circonstances favorables à 
leur germination. 

Après avoir parlé des diverses épreuves 
qu'on peut faire subir aux graines pour re- 
connaître celles qui sont bonnes, l’auteur 
passe à l'examen de l’importante question : 
Combien de temps une graine conserve -t- 
elle ses facultés germinatives? L'auteur cite 
à ce sujet plusieurs faits, d'après lesquels il 
faudrait croire que des graines ont germé 
après deux ou trois siècles et même bien 
davantage; mais nousne pouvons lescroire, 
et l’auteur a bien fait d'émettre des doutes 
sur la véracité de ces préteudues observa- 
tions et d’en démontrer la fausseté. 

Dans son deuxième chapitre, M. Joubert 
explique la théorie de la germination d'a- 
piès les principes adinis aujourd'hui par 
les botanistes et les chimistes. « On donne, 
dit-il, le nom de germination à la suite des 
phénomènes par lesquels une graine arri- 
vée à l’état de maturité, et étant placée 
dans des circonstances favorables, doane 
naissance à une nouvelle plante. Cet acte 
présente trois temps bien marqués, qui 
sont le gonflement de la graine, le déchire- 
ment des enveloppes de lembryon ou 
germe, etle développement de cet embryon 
lui-même; ces trois temps, qui n'ont lieu 
que successivement , sont favorisés par lin- 
troduction des fluides aqueux , qui sont mis 
en mouvement par le concours de trois 
agentsde la nature , l’eau, l'air et La cha- 
leur. » 

Après quelques autres considérations gé- 
nérales sur quelques agents particuliers qui 
peuvent activer la germination ou la ralen- 
tir, comme l'électricité et le froid, l’auteur 
parle des époques de l’année qui lui sont 
le plus favorables, et, quoique la multi- 
plication de tous les végétaux par les se- 
mis puisse avoir lieu dans toutes les sai- 
sons, il pense cependant que le printermps 
et l'automne sont plus propices à cette opé- 
ration que toute autre époque. : 

La chose la plus essentielle qui soit en- 
suite nécessaire dans la pratique des semis 


711 


consiste dans la convaissance parfaite des 
terrains, et à ce sujet l'auteur entre dans 
quelques détails sur les diflérentes natures 
de terre. 

Passant ensuite aux diverses sortes de 
graines , il les divise en graines grosses, en: 
graines fines et en graines à novaux. Les 
premières doivent être semées profondé- 
ment ; les secondes, au contraire, n’ont 
besoin que d’être très peu couvertes; 
quant aux troisièmes, il faut, de même 
que les premières, qu’elles soient profon- 
dément eufouies. 

Pour ce qui est des semis proprement 
dits, les plus simples se font à l’air libre, 
pour toutes les plantes qui n’ont besoin 
pour germer que de la température ordi- 
naire de l’atmosphère , etils se font, 1. en 
place, pour toutes les plantes qui ne de- 
mandent aucun soin particulier; 2. en 
planches, pour les plantes plus délicates 
et ordinairement naturalisées , mais qui, 
après leur germination, ont besoin d’être 
repiquées; 3. en semis faits dans des 
pots. Ces derniers se pratiqueut pour les 
plantes qui craignent le froid , et qui pour 
cette raison doivent être mises à l'abri des 
rigueursde l'hiver. 

Tous les végétaux dont les graines ont 
besoin d’une haute température pour ger- 
mer se sèment sur des couches, sous clo- 
ches ou sous châssis, soit sur la pleine 
terre de ces couches, soit dans des pots. 
qu’on y enterre. 

Telles sont, en abrégé, les notions pré- 
liminaires que M. Joubert expose dans les 
premières pages de son ouvrage, dont tout 
le reste est consacré à rechercher combien 
de temps les graines conservent leur fa- 
culté germinativeet combicn de temps elles 
mettent à germer. 

Ce temps varie infiniment, et il dépend 


Î 


_de plusieurs cireovstances, les unes pre- 


pres à la nature des graines elles-mêmes, 


les autres à l’époque depuis laquelle elles 


ont été récoltées, et aux moyens employés 
pour les conserver. En général, le premier 
point, le temps pendant lequel une graine 
conserve sa faculté germinative, est une 
chose sur laquelle on ne possède pas en- 
core assez d'expériences positives. Quant 
à l’espace de temps dont une graine a be- 
soin pour germer, cela est très variable et 
paraît dépendre du genre et de la famille 
à laquelle elle appartient. Dans les unes, 
les graines n'ont besoin que de deux à trois 
jours pour lever; dans les autres, elies ne 
lèvent qu'après plusieurs mois, et même 
après plusieurs années, 

L'art ur a exposé, dans une suite de 
tableaux divisés en huit colonnes. tont ce 
qui est propre à faire connaître ce qui a 
gapport à la conservation des graines , et 
en même temps ce qui a pour objet leur 
germination. Dansla première colonne de 
ce tableau, le genre de la plante est énoncé: 
dans la deuxième, lé num de Pespèce 5 
dans la troisième , l’année de la récolte; 
dans la quatrième, l’époque du semis; dans 
la cinquième, l’époque de la germination ; 
dans la sixième, le résultat de la conserya- 
tion; dans la septième, l’espace de temps 
que la graine à mis à germer. La huitième 
colonne, enfin, est destinée à des observa- 
tons particulières. 

Un, deux, où plusieurs tableaux sont 
consacrés aux observalions que l’auteur a 
faites sur les graines de cent quatre-vingt- 
quatre familles, dans lesquelles les bota- 
nistes distribuent aujourdhui toutes les 
familles comprises dans le règne végétal. 


712 


Cette partie du travail de M. Joubert, 
qui comprend les sept huitièmes de son 
livre, n'est ii susceptible d'analyse; il 
faut la lire dans son ouvrage lui-même, 
qui est terminé par un dictionnaire des 
principaux termes scientifiques , à l'usage 
des personnes qui ne sont pas assez fami- 
-lières avec ces expressions. 

LoiseLEUR-DESLONGCRAMPS. 


SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 45 avril. 


M. Blanqui fait un rapport verbal sur un 
ouvrage de M. Enfantin, intitulé : Colont- 
sation de l'Algérie. Avant de parcourir et 
d'étudier nos possessions d'Afrique, l’au- 
teur avait passé près de quatre: ans dans 
l'Egypte, et s'était ainsi initié aux secrets 
de la civilisation trans-méditérrannéenne. 
Dans son ouvrage, il a dabord recherché 
ce qu'était la propriété avant notre posses- 
sion ; il a établi ensuite qu'elle était divi- 
sée en propriété urbaine et en propriété 
rurale, et que c’est pour les avoir confon- 
dues l’une avec l'autre que la plupart de 
ceux qui ont écrit jusques ici sur la colo- 
nisation ont commis de graves erreurs. Lui 
aussi, il croit, qu'il faut coloniser, mais il 
ne partage pas l’avis de ceux qui ont pro- 
posé de procéder par les indigènes et par 
les Européens à la fois. Avec tout ce qui a 
été tenté jusqu'ici il était, d’après lui, impos- 
sible d'obtenir de bons résultats.Ce n’est ni 
par l’agiotage, ni par quelques établisse- 
ments éparpillés et placés selon le caprice 
de chacun , que l’on peut espérer de par- 
venir au but d’autant plus desiré qu’il sem- 
ble s'éloigner davantage à mesure que l’on 
fait plus d’efforts pour l’atteindre. M. En- 
fantin pense qu’il faudrait fonder des éta- 
blissements distincts pour les Arabes et 
pour les Européens, et que les villages de- 
vraient toujours être appuyés sur les 
camps. La colonisation devrait commen - 
cer par la province de Constantine, traver- 
ser ensuite la zone du centre, et n’arriver 
que pour se compléter aux environs d’Al- 
ger, qui n’estet ne peut être, selon lui 
jusqu’à lors, que très imparfaitement dé- 
fendue par le mur d'enceinte. Pour arriver 
à un pareil résultat, il faudrait que la di- 
reclion des affaires de l’Algérie passât du 
ministère de la guerre, qu'il appelle minis- 
tère de destruction, à celui des colonies 
qu'il croit plus capable de fonder et de 
maintenir. Malgré quelques opinions qui 
peuvent être controversées, l'impression 

qui nous est restée de l’analyse rapide de 
M. Blanqui, c’est que l’ouvrage de M. En- 
fantin mérite d’être lu avec attention et 
d’être longuement médité par ceux qui 
croient sincerement qu'il est temps, après 
douze ans d'essais, d'arriver à quelque 
chose de réel et de stable. 

M. Léon Fauché a été admis à lire un 
mémoire sur l'or et sur l’argent considérés 
comme étalon de la valeur. Outre leur va- 
leur monétaire, ces métaux en ont une 
qui leur est propre, ils ne peuvent être rem- 
placés comme mesure. Est-ce l’or, est-ce 
l'argent que l’on doit choisir comme éta- 


lon? La réponse à cette question ne peut . 


être absolue, elle est subordonnée à la 
forme , à la politique et surtout à la ri- 
chesse de chaque Etat. En Angleterre, 
c'est l'or, en France, c’est l'argent. M. Léon 
Fauché a examiné le système monétaire de 


713 

l'Angleterre, et en s'appuyant à la fois sur 
l’histoire et sur les opinions de Newton, 
d'Adam Smith et de lord Liverpool qui ont 
écrit sur la circulation etsontconsidérés au - 
delà de la Manche comme les législateurs 
sur la matière, il a tracé les fluctuations 
du système à partir du règne d'Edouard III, 
époque à laquelle, après la victoire de 
l’écluse, la monnaie d'or prit le premier 
rang, jusques au moment actuel où chez 
nos voisins l'établissement d’un double éta- 
lon monétaire est remis en question. Dc- 
puis 1687, l'argent, en Angleterre, est su- 
bordonné à l'or, il n’en est en quelque sorte 
que le billon, mais l'or à son tour ne fait 
que l’apoint du billet de banque; ilest à 
celui-ci, ce que l'argent est à lui-même. Il 
en résulte qu'avec un capital trois fois 
moindre que le capital de la France, l’An- 
gleterre fait trois fois plus d’affaires qu’elle, 
et que son commerce en relire dés ;ayan- 
tages et des économies qui augmentent,ses 
bénéfices. Ces bénéfices grandissant à me- 
sure que le cercle des transactions com- 
merciales s'étend, on pourrait prévoir 
presque mathématiquement l’époque où la 
substance de tous les peuples serait absor- 
bée par un seul si les calculs mercantilles 
n'étaient dérangés par des causes étran- 
gères, La crise commerciale de 1837 et la 
misère permanente des classes laborieuses 
prouvent que ce colosse dont la partie su- 
périeure est toute d'or, n’a cependant que 
des pieds d’argile. 

M. Cousin a continué la lecture deslettres 
inédites du père André. Cette communica- 
tion n'étant que le développement de ce 
que nous avons dit déjà au sujet des persé- 
cutions que les jésuites firent éprouver à 
leurs confrères, nous renverrons nos lec- 
teurs au livre de M. Cousin. C.-B. F. 

DEEE — > 

Trés prochainement , nous donnerons une série 
d'articles sur les îles Marquises, et un essai sur la 
grammaire de ce pays. Nous devons ces documents 
précieux à l’obl'izeance de M. Lesson, chirurgien en 
chef de ces nouvelles possessions françaisese 


DEL Lee — 
ARCHÉOLOGIE. 


Découverte de sépultures antiques à Qua- 
tremares. 


L'attention publique a été fortement ex- 
citée, il y a peu de temps, par l’annonce 
de la découverte que les ouvriers du che- 
min de fer ont faite, de deux cercueils an- 
tiques, auprès de Rouen, au hameau de 
Quatremares. 

Nous croyons faire une chose agréable 
à nos lecteurs en reproduisant les détails 
que donne à ce sujet la Revue de Rouen. 

Lesterrassiers du chemin de fer de Paris 
à Rouen, occupés à élargir la tranchée du 
chemin, entre Sotteville et Quatremares, 
pour en extraire des terres de remblai, mi- 
rent à nu, à cent pas environ de ce dernier 
hameau, un cercueil en pierre. garni de son 
couvercle, qui se trouvait placé parallèle- 
ment à la voie du chemin de fer, dans la 
direction de l’est à l’ouest : il était assis à 3 
mètres 50 centimètres environ du sol. 

Dégager ce cercueil, soulever son épais 
couvercle, fut l'affaire de peu d’instants. 
Les ossements, les débris de vases en verre 
qu'il renfermait, furent promptement dis- 
persés comme chose sans valeur. 

Un second cercueil, également en pierre, 
qui touchait côte À côte, à celui qu’on ve- 
nait de fouiller, et que le déplacement du 
premier ayait fait tout à coup apparaître, 


714 
allait probablement éprouver le mèmesort, 
lorsque l’agent comptable de la compagnie, 


averti par le mouvement que celte.décou-M 


verte avait opéré,sur la ligne, fit suspendre 
l'opération. Il eutla complaisance d'envoyer 
à l'instant même à Rouen un ouvrier pour 


me donner avis de ce qui se passait, et 


m'engager à me rendre sur les lieux. Je me 
transportai sans délai À Quatremares, sur 
le lieu de la découverte. J 
Je trouvai les choses dans le même état. 
Je constatai d’abord que le premier cer- 
cueil, celui qui avait été fouillé, était en 
pierre et d’un seul morceau, ainsi que son 


couvercle. Celui-ci était plein-et de forme. 


convexe. Je mesurai l’un et l’autre. Voici 
leurs proportions : 


endehors..en dedans. 
longueur, 2m. 13 1m. 93 
Cercueil. ? largeër, 0 68 0 3 
hauteur, 0 60 0 38 
; longueur, - 2 m.2# 
Convercl.! largeur, .598([29 {=Q T4 
( hauteuryalcentre; 0 46 


En comparautces mesures, on sera sans 
doute frappé, icommeje l’ai été moi-même, 
de l'épaisseur du couvercle, ainsi-que de 
celle qui a été laissée au fond du cercueil. 
Les parois latérales de ce dernier ne dépas- 
sent pas 10 centimètres ; son fond en a 38; 
ce qui fait presque les deux cinquièmes de 
sa hauteur totale. 

Le couvercle, ainsi que le sarcophage 
proprement dit, ne présentaient aucune 
trace de sculpture, de caractères ou d’or- 
nements quelconques; ils sont parfaite- 
ment unis. si 

Le couvercle ne paraît pointravoir été re- 
tenu-au cercueil par une couche de ciment 
ou de mortier, comme cela se pratiquait 
quelquefois, afin d'éviter ioute infiltration, 
et ainsi que je l’ai remarqué à plusieurs 
tombeaux antiquesen pierre, iladhérait au 
sarcophage par son propre poids et par 
simple superposition. Seulement;pour ren- 
dre l’adhérence plus compiète, on avait eu 
soin d'évider le dessous dæ couvercle sur 
ses quatre bandes datérales;-de manière à 
ce que le noyau resté pleinsqui correspor- 
dait exactement à Fouxerture du cercueil, 
y descendait carrément de 5 miliimètres 
environ et s’y emboîtait parfaitement, 

Après ceite première vérification, je 
m'assurai qu'il existait encore au fond du 
cercueil quelques fragments d'os et de 
verre qu'on y avait oub iés. 

Je puis parler avec plus de certitude et 
plus de détails des objets que renfermait ie 
second tombeau, puisque cest en ma pre- 
sence qu’il fut ouvert. 


Disons d’abord qu'il offrait, quant à sa | 


forme et à ses proportions, la plus complète 
analogie avec le premier : la description de 
l’un peut. à la rigueur, servir à celle de 
l'autre et en tenir lieu. Seulement, la na= 


ture de la pierre, essentiellement calcaire, "@! 


était évidemment inférieure à celle du pre- 


mier sarcophage et offrait moins de con- | 


sistance. 


RATE 5 | 
La cavité du. cercueilkétait occupée par 


un squelette, ayant là têbenplacée -vers-le 
levant, du côté de Quatremares, : les pieds 
au couchant. Les bras étaient étendus le 


long du corps; les jambes rapprochées Pune| 


contre l’autre. 

Ce squelette paraissait fortr-bien con= 
servé, et n'offrait rien de particulier, si e& 
n’est quelques taches, violettes disséminées 
chet là, qui ne s’arrêtaient pas à la surface 
des os, mais qui avaient pénétré leur sub= 
stance; la tête en était exempte. 

La petitesse du squelette, qui ne me pas 


L'E 3 © 


MAS 


 “ut-pas dépasser cinq pieds de l’ancienne 
“nesure, ainsi que la délicatesse des os, in- 

| liguatent suffisamment que c'était une 

“emme que nous avions sous les yeux. Cette 

| bremière donnée s’est trouvée confirmée 

“lus tard par l'opinion des anatomistes qui 

Mont pu s'assurer également, par l’inspec- 

“ion de la mâchoire, que l'individu devait 

“tre âgé d’une trentaine d'années au mo- 
ment de la mort. Les dents étaient petites 
2t parfaitement rangées. 
| Jusque là, rien n’indiquait d’une ma- 
:aière positive à quel âge appartenait cette 
sépulture. La forme du tombeau, son gis- 
sement détiotaient, il est vrai, une époque 
ancienue,; mais là pouvaient s'arrêter les 

conjectures. Des indices plus positifs ne de- 

vaient pas tarder à éclaircir nos doates. 
Le squelette, beaucoup plus petit que la 
cavité du cercueil, laissait, à partir de ses 
pieds, une place libre de 30 centimètres 
environ. Dans cet espace, étaient rangés, 
couchés sur le côtésplusœurs vases que 

“uous -warions pas aperçus: d’abord. Ils 

Staient au mombre de six;°cinq en verre, 

lun enterre. Un de; vases de verre était af- 

aissé sur lui-même et tellement brisé qu’il 
| Stait impossible d'apprécier sa forme; un 

“second était fendu en trois ou quatre mor- 

“seaux et n'offrait que peu de consistance à 

|la main; les trois autres étaient entiers. 

Quant au vase de terre, sa conservation était 

parfaite. 

4 Ces vases présentaient la conformité la 
:plus complète avec ceux qu’on rencontre 
iournellement dans les sépultures romai- 
nes ; ils en-avaient tous les caractères. 
| Le vase le plus grand de la collection est 

d’us verre blanctirant sur le vert. ; 1l a 30 

centimètres 172 de hauteur sur 8 centimè- 

tres environ de diamètre. Sa forme allon- 
gée, quidépasse les proportions ordinaires, 
ne lui ôte rien de son élégance, qui se fait 
surtout-sentir dans l’attache des anses et 
dans son ouverture : les anses, après s'être 

“dressées gracieusement jusqu’au collet de 

… l'orifice, l’enibrassent en se repliant sur 

elles-mêmes, commeéleiferait le cou d’un 

cygne. Il est rare-derencontrer un vase 

“antique en verre, dércette forme et de cette 
dimension, aussi bién conservé. 

, Un sécond vase, qui se rapproche beau- 

coup du premier, non seulement pour la 

Mqualité du verre, mais pour la forme, à 
- allongement près, est, comme lui rond et à 

{* leux anses. Sa hauteur n'excède pas 20 cen- 

em'imètres; son diamètre a, terme moyen, 8 

…:entimètres. 
| Ce vase, du côté où il était couché, était 

M :hargé d'un dépôt noirâtre qui, examiné 

eu microscope , a présenté le détritus de 

wetits insectes du genre des coléoptères. 

(Mes insectes s’y seront sans doute introduits 

pour dévorer la matière qu’il contenait et 


Miuront péri, ne pouvant en sortir. 

+ Un troisième vase, beaucoup plus petit 
Jue les précédents, et qui affecte une tout 
pate forme, est d'une pâte infiniment plus 
jholanche et plusfine. On dirait un cristal de 
ji roche dont le temps aurait terni l’éclat et 
(u’il auraitrevêtu d’une pellicule argentée, 
5 Ce vase.est celui qui:a été trouvé fendu 
“'n plusieurs morceaux. Différent en cela 


viles deux premiers, il a des parois fort épais- 
ones. Cette circonstance ne me paraissant 
spas suffisante pour expliquer son poids ex- 
( raordinaire, eu égard à la petitesse de ses 
Mroportions (il a 16 centimètres de haut sur 
{» 172 de large seulement), je présumai 


(uil pouvait entrer du piomb ou tout 


jui pouvait être du lait ou du miel. Ils y | 


716 

autre métal dans sa composition. Mes dou- 
tes se sont trouvés justifiés par l’analyse que 
MM. Girardin et Preisser, professeurs de 
chimie, ont bien voulu faire, à ma prière, 
d’un fragment de ce verre. Ils ont reconnu 
qu’il contenait du plomb et une trace de 
cuivre, qui entre presque toujours dans la 
composition du minium dont on se sert dans 
nos ateliers modernes pour faire le cristal. 
Ces habiles chimistes n'hésitent pas à re- 
garder la matière de ce vase comme un vé- 
ritable cristal. 

Ainsi, il ne peut rester douteux que les 
anciens n'aient connu la fabrication du 
cristal, et qu'ils n'aient devancé à cet égard 
les modernes, comme ils l'ont fait dans tant 
d’autres branches des arts. 

Le quatrième vase en terre cuite, à cou- 
verte rougeâtre, a pris avec le temps une 
teinte légèrement argentée. Deux filets, tra- 
cés à la pointe, circonscrivent la panse du 
vase Sur laquelle on remarque circulaire- 
meéñht'des dépressions au nombre de six, qui 
ont dû être obtenues par l'application du 
pouce dans la terre encore molle. Ce vase 
a éé fait au tour. Malgré l’apparente sim- 
plicité de sa forme, il ne manque pas d’élé- 
gance. 

Deux petits anneaux en cuivre fort oxidés 
étaient placés, l’un à côté de l’autre,entre 
les fémurs du squelette. Ils ne présentent 
rien de remarquable. S’ils ont servi de ba- 
gues, leur petitesse indique qu'ils n’ont pu 
s'adapter qu’à des doigts de femme. 

Il ne me reste plus, pour passer en revue 
les objets représentés sur le dessin ci-joint, 
qu’à parler des petits clousqu'on a trouvés 
mélés aux vases vers les pieds du squelette ; 
il pouvait y en avoir nne douzaine. [ls sont 
en fer et longs à peine d’an centimètre. Ccs 
clous faisaient peut-être partie de quelque 
petit cofret en bois, que-ke temps aura ré- 
duit en poussière. Si cette conjecture est 
fondée, ce coffret devait être un meuble à 
l'usage de la femme dont nous apercevions 
les restes. 

Les objets que nous venons de décrire 
appartiennent tous, par leur forme et leur 
nature, à l’époque de la, domination ro- 
maine dans nos contrées ; ce quinous donne 
un premier point de départ pour la sépul- 
ture dont iis faisaient partie. On peut en- 
core inférer, de la présence d’un corps en- 
tier au lieu de cendres, qu’elle est posté- 
rieure aux premiers temps de l’empire. On 


_sait, en effet, que les Romains, sous les pre- 


miers empereurs, étaient dans l'habitude 
de brûler les cadavres et de renfermer les 
os calcinés dans des urnes qui étaient, soit 
de terre, soit de marbre, soit de métal, soit 
enfin de toute autre matière, suivantla con- 
dition des personnes ou la piété des parents. 

Ce qu’il y a de certain, pour nos con- 
trées, c'est que, vers le milieu du troisième 
siècle, l'usage de brûler les morts était 
abandonnéetavait fait place à l’inhumation 
pure et simple. Nous en avons acquis la 
preuve par l'ouverture de plusieurs tom- 
beaux faite à Rouen même et dans les en- 
virons. Nous avons trouvé dans ces tom- 
beaux, auprès de corps entiers, des mé- 
dailles de Postume et de Tétricus, qui usur- 
pèrent la pourpre dans les Gaules, le pre- 
mier en 258, le second en 267. Quelques 
inscriptions tumulaires de la même époque 
pourraient au besoin confirmer ce premier 
témoignage. 

Mais un indice plus certain devait nous 
être fourni par l’iuspection de notre sar- 
cophage lui-même. Deux médailles en 
bronze, de petit module, fort oxidées, qui 


717 


avaient d’abord échappé à nos recherches, 
en furent retirées. Elles étaient placées en- 
tre les os des cuisses, à côté des deux an- 
neaux en cuivre dont nous avons parlé plus 
haut. J'ai pu reconnaitre sur l’une d’elles 
une tête laurée offrant tous les traits de 
Constantin-le-Grand ; ce qui nous permet, 
avec toute apparence de vraisemblance, de 
reporter au règne de ce prince cette sépul- 
ture. Elle ne pourrait pas, dans tous les 
cas, l'avoir précédé, et les. autres indices 
ne laissent guère la possibilité de lui assi- 
gner une époque beaucoup plus récente. 
Il est naturel de penser d’ailleurs que, pla- 
çant dans le tombeau deux seules médailles, 
on aura choisi de préférence la monnaie 
du prince régnant. Je n’hésite donc pas à 
regarder ces sépultures comme contempo- 
raines de Constantin qui fut proclamé em- 
péreur, comme on le sait, en Angleterre 
par les légions en l’an 306, et qui mourut 
en l’an 337 de notre ère. 

Toutefois, l'orientation des pieds et la po- 
sition des bras dans le tombeau des Quatre- 
mares éloignent l’idée d’une sépulture chré- 
tienne. Les chrétiens plaçaient les pieds des 
morts à l'orient pour que le visage fût sensé 
regarder le soleil levant, image mystique 
du Sauveur, et les bras sur la poitrine, en 
imitation du signe rédempteur de la croix. 
Ici, les pieds et les bras sont placés en sens 
inverse : ce n’est point une chrétienne qui 
a été déposée dans ce sépulcre. Cette indi- 
cation est certaine. 

Les deux sarcophages que nous venons 
de décrire ne sont pas les seules sépultures 
antiques que les travaux du chemin de fer 
de Paris à Rouen aient mises à nu, dans 
les plaines de Sotteville. 

Ces diverses sépultures se rattachent- 
elles à une agglomération de population, 
au temps de la domination romaine, sur 
cette rive de la Seine? Rien, disons-le, jus- 
qu'à ce jour, n’en avait pu même faire 
soupçonner l'existence. Voudrait-on qu’el- 
les eussent été placées là, suivant l’usage 
antique, par les habitants de Rouen, le long 
de la route allant de cette ville à Brionne 
(Breviodurum ), voie qui est marquée sur la 
carte de Peutinger, ou le long de celle con- 
duisant, d’après itinéraire d’Antonin, de 
Rouen à Evreux, qui toutes deux ont pu 
suivre cette direction? Nous n'oserions, 
quant à nous, privé que nous sommes de 
documents assez positifs, nous prononcer 
pour l’une ou pour l’autre affirmative. 

Quoi qu’il en soit, la découverte de ces 
tombeaux, à la porte de Rouen, constitue 
un fait fort curieux et fort intéressant. Il est 
à desirer que de nouvelles découvertes si- 
gnalent la fin des travaux snr cette portion 
de la ligne du chemin de fer, et viennent 
grossir la liste déja nombrense de nos an- 
tiquités gallo-romaines. A. DEVILLE, 


GÉOGRAPHIE. 


Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains 
espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag). 


(Sixième et dernier article.) 


Les Indiens du Yucathan, et particuliè- 
rement les Cupules qui habitaient le pays 
où est aujourd’hui Valladolid, se tatouaient. 
le corps avec des figures d’aigles, de ser- 
pents et d’autres animaux. C’est parce qu'il 
avait honte de s'être ainsi fait tatouer, que 
Guerrero, compagnon d’Aguilar, refusa 
d’aller rejoindre Fernand Cortez. 

Ils se servaient, dans leurs fêtes, de 
flûtes, de trompettes et d’une espèce de 


TiS 


tambour qu'ils nomment tuneul: ilest fait 
: d'un tronc d'arbre creusé et il est si so- 
nor qtreu l'entend À Ja distance de plus 
«le deux lieues dans la direction du vent. 
Is avaient des, chanteurs de profession, 
qu'ils nommaient,, Holpop; ceux-ci chan- 
taieut dans le temple et répétaient aussi 
l'histoire du pays et les anciennes légendes, 
Il y avait en outre des acteurs qui repré- 
sentaient des espèces de comédies histo- 
riques. Ils s'amusent encore aujourd’hui 
à parodier leurs supérieurs, ce qu’ils font 
avec esprit, ils nomment ces acteurs Bal- 
sam, ce qui veut dire farceurs ou bouf- 
fons. 

Ils sont très saperstitieux et croient aux 
rêves. Dans les éclipses de lune, ils font 
aboyer leurs chiens, croyant que la lune 
meurt ou qu’elle est dévorée par. une.es- 
pèce de fourmi qu’ils nomment Xulab. Ils 
avaient des sorciérs qui prétendaient gué- 
rir les malades, et jouaient avec des ser- 
pents sans en être mordus. Ils n'auraient 
pas habité une maison neuve avant qu'elle 
eût été béaie par le sorcier. 

Le calendrier en usage chez les habitants 
du Yncathan ressemblait beaucoup à celui 
des Mexicains; ils divisaient le temps en 
cycles de vingt années, -qu’ils nommaient 
Katun. Ils plaçaient la première année à 
lorient, et la nommaient Kuch-Haab; la 
seconde, placée au couchant, se nommait 
Hije; la troisième, au midi, se nommait 
Cavac; et la quatrième, au nord, se nom- 
mait El-Muluk. Ils répétaient cinq fois ce 
calcul pour faire un cycle de vingtans. 

L'année était divisée en dix-huit mois de 
vingt jours, et on y ajoutait cinq jours 
complémentaires pour former trois cent 
soixaute-cinq. Elle commençait au 12 jan- 
vier. Les mois se nommaient : 


Yaax. Paax. Cijp. 
Zac. Cayal. Zeec. 
Ceh. Cumku. Xul. 
Mac. Vaychab.  Yarkin: 
Kankin. Poop. Mool. 
Mnan. Voo. Cheen. 


Les jours complémentaires s’ajoutaient 
entre les mois de Vaychab et de Poop, 
c'est-à dire du 12 au 17 juillet. On les 
nommait Utuz-kin ou Ulubolkin, c’est-à- 
dire temps menteur ou temps malheu- 
reux. 

Ces jours-là, ils n'osaient sortir de leurs 
maisons et renouvelaient leurs prières aux 
idoles. 

Pour conserver leurs annales, les habi- 
tants de Yucathan se servaient de pierres 
sculptées, comme on en voit encore dans 
les ruines et sur quelques murailles du 
couvent de Mérida, au-dessous des cellules 
des religieux. Leurs archives générales 
étaient dans un endroit nommé Tixuah- 
Lahtun, ce qui veut dire Jieu où l’on met 
des pierres les unes sunies autres. Ils pla- 
çaient, par exemple, trois pierres pour an- 
noncer soixante ans ou trois cycles, et trois 
pierres et demie pour annoncer soixante- 
dix ans. 

Ils avaient aussi des livres d’écorce d’ar- 
bres qui avaient dix ou douze aunes de 
long. Ils étaient recouverts d’un enduit 
blanc et se pliaient comme un linge. Le 
licencié Lopez Medel, qui a longtemps ha- 
bité cette province, en fait la description 
suivante. Dans le Yucathan, on m'a mon- 
tré des espèces de lettres et de caractères 
dont se servent.les habitants de cette pro- 
vince; ils ressemblent à des arabesques 
(lato y labores moriscos), et c'est avec cela 
qu'ils écrivaient leurs affaires et leurs 


719 


comptes. Ils employaient au lieu de papier 


l'écorce de certains arbres, dont ils enle- 
vaient des morceaux qui avaient deux au- 
nes de long et un quart d’aune de large. 
Cette écorce était de l'épaisseur d’une 
peau de veau et se pliait comme un linge. 
L’usage de cette écriture n’était pas géné- 
ralement répandu, et elle n'était connue 
que des prêtres et de quelques caciques. 
Les premiers conquérants qui entrèrent 
dans cette province, y trouvèrent un grand 
nombre de ces hvres, et les religieux, qui 
les avaient accompagnés pour prêcher l’é- 
vanpile, brulérent tous ceux dont ils pu- 
rent s'emparer. Leur plus grand destruc- 
teur fut un religieux nommé Fr. Diego de 
Landa. 

Les Espaguols avaient désigné sous le 
nom général de Prospero les pays situés à 
l’ouest du Yucathan et qui les séparent du 
Guatemala. Les principales tribus qui l’Ka. 
bitent sont les Taitzaes, les Cehatchessiles 
Campims, les Chinamitas, les Locènes; les 
Ytzaes et les Lacandons. Toutes cesnations 
parlent la langue maya, excepté les Lo- 
cènes qui parlent la langue chol. Leur 
principal village peut contenir huit cents 
maisons. Le mot locenes veut dire sé- 
paré. - 

Dans le Prospero, les Indiens des deux 
sexes se percent le nez et les oreilles et y 
placent de petits morceaux de bois sculptés. 
Ils sont vêtus d’étoffes de coton, laissent 
croître leurs cheveux et se coiffent avec 
des plumes. Ils offrent à leurs idoles 
des victimes humaines et des chiens. Ils 
ont deux prètres principaux dont, l'un 
se nonime Adkulel, et l’autre Adlayum. 

Ils n’épousent qu’une seule femme : 
celle qui commet un adultère est lapidée, 
et son complice est tué à coups de flèches. 
Ils enterrent les morts dans une fosse ronde, 
et placent le cadavre de manière à ce qu'il 
ait la tête entre les genoux. Ils ont soin de 
placer des vivres à côté de lui. 

On trouve dans tout ce pays des ruines 
d'anciens édifices, comme dans le Yuca- 
than, et des idoles en pierre. 

Villagutierrez en décrit un qui avait la 
forme d’une pyramide, au haut de laquelle 
on pouvait monter par des gradins, et qui 
était surmontée d’un lion de pierre. Dans 
plusieurs endroits de son ouvrage il fait 
mention d’autres ruines dont il ne donne 
pas la description 

Selon leur propre relation, les Vtzaes 
habitaient anciennement le Yucathan qu'ils 
avaient quitté, selon quelques auteurs, ef- 
frayés par une prophétie qui leur annon- 
çait l’arrivée des Espagnols, ou, comme 
cela paraît plus vraisemblable, à la suite 
d’une querelle survenue entre leur chef et 
un autre cacique dont il avait enlevé la 
femme. Les Ytzaess’établirent dans uneileau 
milieu d’un lac qui leur offrait une retraite 
inexpugnable. Cet événement eut lieu en- 
viron cent ans avant l’arrivée des Espa- 
gnels, c’est-à-dire au commencement du 
quinzième siècle. Leur chef portait le titre 
de Canek,. Leur capitale était divisée en 
vivgt-deux quartiers qui obéissaient à au- 
tant de caciques, Ils avaient quatre villes 
moins considérables dans les autres îles du 
lac. Les cinq iles réunies pouvaient conte- 
oir vingt-cinq mille habitants. La plus 
grande est environ trois lieues de la terre 
ferme; elle contenait dix-neuf temples; les 
habitants étaient vêtus de tuniques de co- 
ton, sans manches et teintes de diverses 
couleurs. Les Ytzaes nommaient ce lac 
Chaltana, la ville principale Tayasal ou 


720 


Taisa, et l'endroit où ils avaient. leurs 
champs en terre ferme, Zinibican.:.,04241, 
Les Vtzaes étaient dans l'usage de join- 
dre à leur nom le nom de leur mère qu'ils 
faisaient suivre de celui de leur père. Leur 
principale idole se nommait Hobo; elle était 
de cuivre et creuse en dedans. On y plaçait 
les victimes qui devaient être sacrifées ; 
puis on la plaçait au milieu d’un grand feu, 
et l’on dansait à l’entour en chantant les 
louanges du dieu, jusqu'à ce que la vic- 
time fût consumée. Les Ytzaes regar- 
daient deux autres idoles, qu'ils nom- 
maient Pacok et Hexunchan; comme les, 
divinités qui présidaient à la guerre; ils les 
portaient avec eux quandils allaient com- 
battre les Chinamitas, leurs voisins, contre 
lesquels ils étaient constamment en guerre. 
Les Ytzaes résistèrent longtemps aux Espa- 
gnols et les repoussèrent plusieurs fois. Ge 
ne fut qu’en 1696:que don Martin de Ursua 
les soumit entièrement, après avoir pris 
d’assant leurcaphale; 
| 


Le Rédacteur-Gèrant!! 
C.-B. FRAYSSE. |: 


FAITS DIVERS. 


— Sur la proposition de M. P.-A, Lair, qui fait 
les frais du prix, l’Académie royale des sciences, 
arts et belles-letires de Caen met au concours le 
sujet suivant : Eloge d'Alexandre-Etienne Choron, 
né à Caen. Le prix sera une médaille d'or de la va- 
leur de 200 fr. Chaque ouvrage devra porter en 
tête une devise qui sera répétée sur un! billet ça- 
cheté, contenant le nom et lé domicile de l’auteur. 


- On n'ouvrira que les billets correspondants aux nu- | 
méros couronnés. Les membres titulaires de l'Acadé- M 
| 


mie et les associés résidents sont exclus du concours. 
Chaque concurrent adressera, avant le. 1€7 jan: 
vier 1844 son travail franc de port à M. Julien 
Travers , secrétaire de l’Académie. 


BIBLIOGRAPHIE. 


ETUDES chimiques, physiologiques et médicales, | 
faites de 1855 à 1840, sur les matières albumi- 
neuses , etc.; par P. S. Demis (de Commercy ). — | 
Chez Denis, iuprimeur, à Commercy. | 

ENQUÈTE PARLEMENTAIRE sur les colonies 
anglaises, publiée en septembre 1842. Analyse de 
l'enquête par M. Jollivet, membre de la chambre 
des députés. à 


COURS de chimie inorganique appliquée; par 
M. Payen. Analyse des leçons , données et descrip= 
tion des planches, par MM. Knab et Schmersahl, 
À Paris, au Conservatoire des arts et métiers. 


FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et consid 


rations médico-légales , relatives à l'empoisonnement# 
par l’acide prussique ; par J. Bonjean: 

FRAGMENT d'un voyage dans le Chili ct au Cusco 
patrie des anciens Incas; par Claude Gay. 


HISTOIRE des sciences naturelles , depuis leürk 
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con 
nus } commencée aù collège de France par Georges] 
Cuvier, complétée par M. Magdeleine de Saïntaggil 
A Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie: | 

LETTRE de M. J.-J. Dubois, sotis=conser valeur! 
du musée des antiques au Louvre, sur une inscrip4 
tion grecque troutée dans ine-statue antique & 
bronze appartenant à ce musée, 


RECHERCHES sur Vorisine: des Pois, et sur 
lieu d'établissément d'ane colonie de -ces penpil 
dans la Gaule; précédées d'observations sur Les reel 
de Tite-Live st des autres historiens des énusration! 
gauloises; par F. Vincent. pukier Sec | 

ASIE CENTRALE. Recherehesysur Jes chain 
de montagnes et la climatologie comparée; par #! 
de Humboldt. A Paris, chez Gid , rue des Peuks 
Augustins, D. | 
——_—— 
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fl 


rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 334 


} 
! 


10° année. 


Paris. — Jeudi, 27 Avril 1843. 
DIKE——— 


N° 51. 


ECHO DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


De 


LL'ÉCHO DU MONDE SAVANT parait le SEUDI ctle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de i,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
+ de M. le vicomte A DE LAVALETEE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
| braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARB:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr., 16 fr., 
- 8fr,50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GIKQ fr. paran et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 

- BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 40 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 


| - encyclopédique la’ plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) aM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


SOMMAIRE, — ACADEMIE DES SCIEN- 
- CES. Séance du 24 avril 1843. — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Expérien'es failes 
sur une Substance noire diathermane dans le but 
de vérifier la théorie de Melloni; Mathiessèn. — 
CHIMIE INORGANIQUE. Sur les produits de dé- 
composition <le l'acide sulfocyanhydrique; Voelc- 
kel, de Marbourg. — SCIENCES NATUREL.- 
LES. Z00LGGIE. Index ornillulogique de Les- 
son... — Oiseaux mouches nouveaux ou mal con- 
nus; Jules, Bourcier. — SCIENCES APPLI- 
| QUEES. ARTS MÉCANIQUES. Sur le mode 
| d'action de la vapeur dans les machines d’épuise- 
| ment usitées dans le comté de Cornwal; Combe. 
— AGRICULTURE. Société royale etcentrale 
d'agriculture. séance du 27 avril. — HORTI- 


boulons ; Loiseleur-Deslongchamps. — SCIEN- 
| CES HISTORIQUES. MANUSCRITS. Lettre 
| inédite de Linné. — GÉOGRAPHIE. La Vala- 
| chie, forme du gouvernement. — FAITS DI- 
VERS. — 


| DIS Ke — 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 24 avril 1845. 


ME. Adria a envoyé à l’Académie un mé- 
"moire sur induction des courants par les 
courants. D'après les recherches de ce sa- 
“vant, l'influence que la position des di- 
verses parties d’un système induit exerce 
dans leur réaction mutuelle peut être vé- 
Irifiée par les propriétés physiologiques , 
chimiques et calonifiques des courants in- 
'duits, aussi bien que par leurs propriétés 
imagnétiques. Il était en outre intéressant 
d'examiner si lon obtiendiait les mêmes 
(valeurs en appréciant l'intensité des cou 
Irants induits par lélévation de tempéra- 
ture qu'ils produisent dans un fil métal- 
\lique invariable ou par le degré de ma- 
| gnétisme que prend-sous leur influence une 
aiguille d’acier trempé. Le mémoire de 
M. Adria renferme la vérification de ce 
} point important. 
| On peut obtenir avec le galvanomètre 
|des* indices de l'existence des courants 
| d'ordres supérieurs au second. Les dévia- 
| tions de l'aiguille sont accompagnées de 
| ciréonstances particuhères qui confirment 
| l'hypothèse émise par M. Henry sur la 
| constitution des courants de troisième et 
| quatrième ordre, hypothèse d’après la- 
| quelle chacun d’eux en 2,4 courants al- 
| rnativement contraires, égaux en quan- 
tilé, différents par leurs autres propriétés. 
M. A. de Lignerolles a envoyé à l’Aca- 
démie une note sur unc nouvelle méthode 
| d'injection. Rien n’est changé dans la ma- 
nipulation mais les substances seules dif- 
férent .Ainsi M. de Lignerolles emploie la 
gomme laque blonde, Ja sandaraque ; le 
mastic , la gomme-gutte, la résine copal 
qu'il fait dissoudre à froid dans l'alcool ct 
Péther. Des matières colorantes porphyri- 


Î 


CULTURE. Appareil Lecoq pour la reprise des: 


nées sont ou fondues avec la résine, ou 
simplementajoutéesaux dissolutions.M. Li- 
gnetolles a plusieurs formules pour ces in- 
jections ; nous citerons les principales : 


Gomme laque blonde 130 gramm. 
Vérinillon d’allemagne 20 


Aléoo!l à 36° 400 

Sandaraque 70 gramm 

Gomme laque 70 

Alcool 400 

Vermillon 32 
Sandaraque 100gramm. 

Gomme gutte 50 

Alcool 400 

Dextrine 32 gramm. 
‘ Alcool 100 

Eau 50 


Noir de fumée q: s. 


À l'aide de ces injections facilement 
faites avec de grossières seringues, M. de 
Lignerolies a démontré les vaisseaux des 
cartilages, et à établi la disposition roulte, 
répliée, pelotonnée des extrémités des cou- 
duits excréteurs dans les organes glandu- 
leux. Selon lui il n’y a rien de celluleux, 
de spongieux dans ces organes. Si leur 
coupe à paru montrer ceite structure, l’in- 
jection a détruit cette illusion facile à ex- 
pliquer. Il n’y a pas loin de l'apparence 
celluleuse à la surface que présentent divi- 
sés une multitude de petits vaisseaux plus 
ou moins perpendiculaires à cette surface. 

Il résulte de; ce fait que toutes les glan- 
des offrent le même type d'organisation et 
qu'elles peuvent être comparées aux gan- 
glions lymphatiques qui sont peut être 
aussi des glandes, c’est-à-dire qu'ils mo- 
difient la lymphe d’une manière analogue. 
Une glande et son conduit excréteur re- 
présentent un ganglion lymphatique avec 
les vaisseaux efférents. Il en est peut-être 
des cellules décrites par quelques anato- 
mistes dans les ganglions comme des gra- 
pulations , elles n'existent peut-être pas. 

Les injections de M. Lignerolles l'ont 
conduit encore à la découverte d’un autre 
fait anatomique également curieux. C’est 
l’anastomose des veines pulmonaires avec 
les artères bronchiques, anastomose déjà 
vue, il est vrai, par Winslow.—Appliquées 
au placenta, les injections de M. Lignerol- 
les, poussées par l'artère ombilicale, sont 
revenues par fa veine, et »ice versa. Il n’y 
a donc pas de communication directe entre 
les vaisseaux de la mère et ceux de l'enfant. 
L'auteur de ce travail tire encore de ces 
recherches plusieurs conséquences curieu- 
ses, mais dans les détails desquelles nous 
ne pouvons pas entrer ici. 

M. Matthiessen a envoyé à l'Académie 
plusieurs communications intéressantes. 


L'une d’elle a trait aux cffets produits par 
un. verre vert qui jouit de la propriété de 
ne laisser passer que des rayons Lomogè- 
nes. Déjà on connaissait un verre rouge 
qui. donnait lieu aux mêmes résultats. À 
l’aide du verre que M. Matihiessen pré- 
sente, inais dont il ignore la composition 
chimique, les physiciens pourront peut- 
Ctre résoudre quelques unes des grandes 
questions d'optique sur la composition et 
le nombre des rayons du spectre. Faut-il, 
avec Newton, admettre sept rayons primi- 
tifs, ou bien, avec M. Brewster, n’en ad- 
mettre que trois? Faut-il croire à certaines 
expériences de ce dernier physicien, qui 
dit avoir vu dans le spectre le vert se por- 
ter jusqu’au rouge? Du reste, disons ici en 
passant que les idées énonctes aujourd’hui 
par M. Brewster ont été émises cinquante 
ans avant lui par Mathias Young, dans son 
Mémoire sur | analyse du spectre. 

M. Regnault a lu un rapport sur un in- 
strument de M. Chuard, instrument au- 


quell’auteur a donnnéle nom degazoscopee. 


Ce gaz oscope, destiné à prévenir les déton- 
nations du gaz à éclairage, se compose d’ur 
ballon qui flotte dans l'air, dont il doit i 
diquer Ja différence de densité. Ce ball 
muni d’une tige de fer à sa particinférie 
communique par cette même tige avec 
autre ballon plein d’air, plouoé dans l’eäj 
et nommé flotteur. Pour maintenir tou 
l'appareil dans une position verticale stable, 
on a attaché au dessous du flotteur une 
masse de plomb qui sert de lest. Sil’appa- 
reil se trouve placé dans un air qui con- 
tient une certaine quantité d'hydrogène 
carboné, la densité de l'air diminuant, le 
ballon aérien, entraîné par le flotteur, ten- 
dra à descendre, et en descendant viendra, 
à l’aide d’un mécanisme particulier, frap- 
per sur un petit lévier communiquant avec 
un timbre dont le bruit indiquera le dan- 
ger qu’on peut courir si l’on reste dans 
l'appartement. Nous reconnaissons tout ce 
_qu'il y a d’ingénieux dans cet appareil, mais 
sera-t-l jamais applicable? Les nombreux 
détails qu’il renferme fe rendront toujours 
d’un usage incommode pour des mains 
inexpérimentées, et le feront rejeter dans 
la majorité des cas. 
MM. Danger et Flandin en déposant un 
paquet cacheté, à l’Académie, lui ont fait 
connaître qu’ils étaient arrivés à prouver 
par des procédés qui leur sont propres qu’il 
w’existe point de cuivre dans le sang et les 
viscères de l’homme à l’état normal. Les 
mêmes chimistes prétendent avoir décou- 
vert un procédé d'analyse qui permet de 
découvrir le cuivre et le plomb dans les 
matières organiques alors que les métaux 
ne s’y trouvent mêlés que dans la propor- 
tion d’un cent-millième. On ajoute dans 
cette note que 32 grammes de tel viscère 
déterminé d'un animal empoisonné par 


724 


un composé de cuivre ou de plomb, suff- 
ront à l'expert pour fournir la démonstra- 
tion de l'empoisonnement. Nous attendons 
avec impatience l'ouverture du paquet ca- 
cheté déposé par MM. Flandin et Danger, 
mais n’a-t-on pasledroit de s’étonneràpriori 
qu'ils aient fixé d’une manière si précise 
la sensibilité de leur procédé. Ceux qui 
connaissent les innombrables chances d’er- 
reur quecomportentla plupart des procédés 
analytiques, ne pourront qu'être surpris 
d’une telle affirmation dans les faits. À en- 
tendre les chimistes qui visent ainsi aux 
millionièmes, on se croirait avec ces ho- 
méopathes qui s’écrient : Prenez un mil- 
ligranme de telle substance, faites le dis- 
soudre dans cinq cents litres d’eau, prenez 
une goutte de cette liqueur, jetez le reste, 
agitez cette goutte dans cinq cents litres de 
liquide, et après avoir opéré une vingtaine 
de dilutions pareilles, avalez un verre du 
dernier breuvage et votre guérison est 
certaine. La croyance de certains chimistes 
aux millionièmes vaut bien la dilution in- 


définie des homéopathes. E. F. 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Expériences sur une substance notre dia- 
thermane faites en vue de vérifier la théo- 
rie de M. Melloni; par M. Matthiessen. 


Cette substance est une plaque de verre 
noire , mince, provenant d’une fonte faite 
à Choisy-le-Roi il y a seize ans. Elle ne 
laisse passer aucune lumière en l’interpo- 
sant entre l’œil et le soleil, et laisse passer 
cependant à peu près30 pour 100 des rayons 
calorifiques d’une lampe Locatelli. 

Afin de voir si j'arriverais à une confir- 
mation de la théorie de M. Melloni; afin 
de décider si tous les rayons d’une même 
réfrangibilité ou d’une même longueur 
d’onde sont d’une même nature, et doués 
de toutes les propriétés lumineuses , chi- 
miques, calorifiques, etc., appartenant à 
cette réfrangibilité, j'ai examiné expéri - 
mentalement si la plaque en question in- 
tercepte toute chaleur provenant de la par- 
tie lumineuse d’un spectre solaire bien fait, 
et si elle laisse passer la chaleur obscure 
au delà du rouge ; ce qui a lieu effective- 
ment, comme le montre l'expérience sui- 
vante : : 

Un prisme équilatéral du flint le plus ré- 
fringent de Bontemps, dont les côtés n’ont 
que Amum,o de largeur, placé devant une 
lentille du même flint, très mince à la ma- 
nière de Newton, produit un spectre très 
pur dans une chambre obscure. Lorsqu'on 
fait la fente horizontalement dans un volet 
qui regarde la partie du ciel où le soleil se 
trouve actuellement à sept ou huit heures 
du matin , on reçoit les rayons solaires di- 
rectement sur la pile thermo-électrique 
sans les faire réfléchir à la surface d’un 
miroir. Le spectre se promène de lui-même 

” devant la pile couverte de la plaque noire. 
D'abord arrive la partie obscure, dans la- 
quelle se trouve le maximum de chaleur 
avec cet appareil et l'aiguille est fortement 
déviée. La déviation diminue graduelle- 
ment à mesure que le rouge extrême s’ap- 
proche de la pile; encore plus lorsque le 
rouge extrême tombe sur l'ouverture ; en- 
fin, couverte de la plaque noire, l'aiguille 
retourne à zÉrO aussitôt que la région 
rouge a entierement couvert la partie in- 
férieure de la pile. Une couleur quelcon- 


725 


que du spectre visible ne produit aucune 
chaleur sur l'instrument, ni toutes les 
couleurs du spectre ensemble , ni la partie 
au-dessus du violet. 

J'ai répété l'expérience avec un gros 
prisme très parfait de flint Guinand, mais 
elle n’a pas réussi. D'abord le flint Gui- 
nand , beaucoup moins réfrangible que ce- 
lui de Bontems, fabriqué exprès pour les 
lentilles achromatiques de microscope, 
éteint plus de rayons calorifiques de basse 
température ; d’ailleurs l’épaisseur de la 
masse d’un gros prisme en éteint une autre 
partie, de sorte que le maximun de cha- 
leur se trouve dans le rouge , ou du moins 
trop rapproché du rouge. Mais ce qui fait 
manquer l'expérience, surtout avec un 
gros prisme, c'est que les rayons, arrivant 
de la fente sous forme conique, ne peu- 
vent plus être considérés comme sensi- 
blement parallèles dans un même plan ver- 
tical, comme lorsque le prisme est très 
étroit; la lentille, d’ailleurs, engendre 
beaucoup d’aberration lorsqu'une grande 
hauteur de cette lentille est rendue eff- 
cace : de sorte qu’il y a dans un spectre 
produit par un gros prisme, beaucoup de 
chaleur obscure mêlée au rouge. 

La disposition que j'ai décrite a l’avan- 
tage que l’on n’a pas besoin de s'approcher 
ou de toucher l'appareil thermo électrique 
pendant l'expérience : il suffit de pousser 
un peu le prisme fixé sur la lentille du midi 
au nord. 


Le verre noir serait donc une substance 
rouge foncé pour la chaleur; substance 
assez rare jusqu’à ce jour, et peut-être 
l'unique matière de ce genre susceptibfe 
d'être polie; car le noir de fumée, qui 
jouit de la même propriété étant appliquée 
sur du sel gemme, se prête à plusieurs ex- 
plications, à cause du manque de poli. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Recherches sur les produits de décomposi- 
ton de l'acide sulfocyanhydrique ; par 
M. C. Voelckel, de Marbourg. 


(Deuxième artiele.) 


La formation de l’acide persulfocyanhy- 
drique repose sur une décomposition fort 
intéressante de l’acide sulfocyanhydrique. 
Nous avons déjà fait observer dans un pre- 
mier article que ce dernier se décompose, 
par l’action de l'acide hydrochlorique, en 
acide persulfocyanhydrique, sulfure de car- 
bone, hydrogène sulfuré , acide prussique, 
acide formique et ammoniaque. Il est aisé 
de comprendre que tous ces produits ne 
doivent pas leur formation à une même 
décomposition de l'acide sulfocyanhydri- 
que, et que ce dernier subit, dans des cir- 
constances peu différentes, plus d’une seule 
décomposition. La composition de l'acide 
persulfocyanhydrique , telle que nous Pa- 
vons établie plus haut, nous permet de 
poursuivre les diverses phases de ces méta- 
morphoses. 

Lorsqu'on fait arriver du gaz hydro- 
chlorique dans une solution concentrée de 
sulfocyanure de potassium en évitant l’é- 
chauffement par un refroidissement artifi- 
ciel , il se sépare au bout de quelque temps 
de l’acide persulfocyanhydrique en grande 
quantité, en même temps qu'il y a forma- 
tion d'acide prussique, d'acide formique, 
d'acide carbonique, de sulfure de carbonne 
et d’ammoniaque, tandis qu’on n'ebserve 
aucunement celle de l'hydrogène sulfuré. 


726 


L’acide carbonique et le sulfure de carbone 
ne se produisent qu’en petite quantité, et 
quelquefois même ils manquent tolt-à- 
fait. Faisons abstraction pour le moment 
de ces derniers produits: nous aurons donc 
comme produits principaux de la.décom- 
position de l'acide sulfocyanhydrique, sous 
l'influence d’un acide à la température or- 
dinaire, de l’acide persulfocyanhydrique, 
de l'acide prussique, de l'acide formiqué 
et de l’ammoniaque ; or, ces deux derniers 
sont également des produits de décompo- 
sition de l'acide prussique. La décomposi- 
tion de l'acide sulfocyanhydrique aqueux 
est entièrement semblable à celle que 
M. Vœhler avait déjà observée pour l’acide 
anhydre; 3 atomes d'acide sulfocyanhy- 
drique se décomposent en 2 atomes d’acide 
persulfocyanhydrique et un atome d’acide 
prussique : 
3CiAz H2S?—C:?Az6H686 = CSAZ4H4S6 1 CéA 22H. 
. L’acide hydrochlorique détermine cette 
métamorphose en enlevant à l’acide sulfo- 
cyanhydrique l’eau nécessaire à son exis- 
tence. D’autres acides se comportent d’une 
manière semblable à Facide hydrochlo- 
rique, ceux surtout qui ont une affinité 
prononcée pour l'eau, par exemple l’acide 
sulfurique. M. Vogel trouva qu’en mélan- 
geant de l'acide sulfocyanhydrique aqueux 
avec de l'acide sulfurique concentré , il s’en 
sépara du soufre; maisce soufre n’était 
autre chose que de l’acide persulfocyanhy- 
drique. - 

La formation de l'acide carbonique et 
du sulfure de carbone provient d’une 
autre décomposition de l'acide sulfocyan- 
hydrique. Un atome de cet acide se trans- 
forme, avec le concours de 2 atomes d’eau, 
en un atome d'acide carbonique , un atome 
de sulfure de carbone et 2 atomes d’am- 
moniaque : 

CiAz-H°$°-LH4O°—=C?074-C°S'LAz/H6, 

En faisant bouillir au contraire Pacide 
sulfocyanhydrique ou une solutien de sul- 
fure de potassium avec un grand excès d’a- 
cide hydrocyanhydrique , mais de l'acide 
carbonique , de l'hydrogène sulfuré et de 
l’ammoniaque. Un atome d'acide sulfo- 
cyanhydrique se décompose, avec le con- 
cours des éléments de 4 atomes d’eau, en 
2 atomes d'acide carbonique, 2 atomes 
d'hydrogène sulfuré et 2 atomes d’ammo- 
niaque : 

CaAz-H°S.HH804— Os; A 7: He. 

Lors donc qu’on fait passer l'acide hydro- 
chlorique dans une solution concentrée de 
sulfocyanure de potassium , sans la refroi- 
dir, toutes ces décompositions s’effectuent 
dans l’acide sulfocyanhydrique; le degré 
de concentration de la solution fait alors 
prédominer plus ou moins l’une ou lautre 
de ces décompositions. Plus elle est éten- 
due, moins on obtient d'acide persulfo- 
cyanbhydrique. 

Il est donc convenable de préparer ee 
dernier en décomposant à froid le sulfocya- 
nure de potassium. Dans ce cas, il importe 
peu que la solution soit concentrée ou 
étendue; il n'y a que cette différence que 
l'acide persulfocyanhydrique se forme dans 
une solution diluée bien plus tard que dans 
une solution concentrée, par la raison que 
l'acide sulfecyanhydrique n'est décom- 
posé en acide persulfocyanhydriqueetacide 
prussique que par un acide concentré et 
non pas par un acide étendu .Lorsqu'on pré- 
pare l'acide persulfocyanhydrique à l’aide 
du gaz hydrochlorique , la meilleure pro= 


1727 


portion est de une partie de sulfocyanure 
“de potassium pour cinq parties d’eau. 


| 


Î 


Ces faits expliquent toutes les indications 
des autres chimistes sur l'acide sulfocyan- 
hydrique. Ainsi on avait trouvé que, dans 
Ha préparation de l'acide sulfocyanhydri- 
que par le sulfocyanure de potassium et 
acide sulfurique, une grande partie de 
l'acide sulfocyanhydrique se transformait 
“souvent en un corps jaune qu'on preuait 
| pour du soufre , et que le produit était sou- 
vent souillé d'hydrogène sulfuré , et même 
“quelquefois d'acide sulfureux, le corps 
jaune de l'acide persulfocyanhydrique. 
*Dans cette préparation l'acide sulfocyauhy- 
“drique peut se décomposer de diverses 
manières. Quand l'acide sulfurique n’était 
pas employé en excès, mais à l’état de 
forte concentration, l'acide sulfocyanhy- 
drique se décomposait en partie en acide 
persulfocyanhydrique et acide prussique ; 
mais lorsque l'acide sulfurique était en 


même temps employé en excès, l'acide 


:persulfocyanhydrique se décomposait à son 
tour en dégageant de l'acide sulfureux. 
» Lorsqu'il était au contraire étendu et en 
excès , une partie seulement de l'acide sul- 
focyanhydrique se décomposait en acide 
*carbonique, hydrogène sulfuré et ammo- 
“miaque. Il est clair, d’après cela, qu’en 
étendant convenablement l'acide sulfuri- 
que, pour la préparation de l’acide sulfo- 
-cyanhydrique, et en ne l’employant pas en 
excès , on obtient ce dernier aussi pur qu’a- 
| vec l'acide phosphorique qu’on avait pro- 
) posé d'employer en place de l'acide sulfu- 
rique. 

| — Q E— 


SCIENCES NATURELLES. 


ZOOLOGIE. 
Index ornithologique ; par Lesson, 
(suile.) 


66° Genre : Tinunouzus,, Brisson (1760), 
t. p. 393; Vieillot (4807); Cerchneis, Boié 


| (1826); Gould; Falcula, Hodgs; OEgipius, 
: Kaup. : hab, Europ., Afr., Asie, Austral., 


et Amérig.—235. Tinnunculus alaudarius, 
Brisson, ornith. 1, p. 393; Falco cenchris, 
Klein; Falcotinnunculus, L.; la Cresserelle, 
Buffon, Eni., 404 et 471 (jeune); Naum., 
pl. 7; proceed. 1830, 111, et 1531, 80; 
1839, 119: Vieill. Ency.;111,1239; Temm. 


man, {, 29 ; Falco brunneus, Bechsl. (jeune 


âge); Falco fasciatus, Retz, n. 17 : hab, 


l'Europe et l'Afrique. — 236. Tinnurculus 


tinnunculoïdes; Falco tinnunculoïdes, Nat- 
terer; Term. man., 1 31, et 1v, 15; Morée, 


pl. 2 et 3; faucon cresserine, Vieill., faune, 


pl. 16, £. 3; Savi, 1 47; Falco cenchris: 
: Erisch ; Naum. Boiïé ; Lesson DO 
Falco tnnuncularius, Vieill. Eucycl., 1230: 


hab. Morée, Espagne, Sicile, Sardaigne, 
Suisse, Toscane, Inde, Bingale —237. Tin- 
aunculus rupicolus. Falco rupicolus, Dau- 
din, 2, 135; Falcacopensis, Shaw; Cerchneis 
rupicola, Boié; le Montagnard, Levaill. , 


 Afriq., pl. 35; Falco rupicola, Vieill. Ency., 


1, 1236 : hab. Cap de Bonne-Espér. — 
238. Tinnunculus punctatus ; Falco puncta- 
tus ; G. Cuv. ; Cerchneis puuctatus, Boié © 
Temm,., pl. 45 : hab. île Maurice.—239, 
Tinnunculus columbarius , Vieillot, am., 
pl. 11; Encycl., p.1236; Accipiter Caroli- 
nensis, Brisson, 1, 378; Catesby, pl. 3; Fal- 
Co Columbarius, L.; Wilson, pl. 15, fig. 3; 
Ch. Bonap., syn. 28; Nuttall, 1, 60; Swain- 
son, N. Zool., p. 35, pl. 26 et fig 68 sur 
bois; Cuba, p. 23; Falco temerarius, Au- 


728 
dubon, p. 71, et Nuttall, 1, 61 : hab. les 
Etats-Unis.—240, Tiinurculus sparverius,. 
d'Orbig., am. 119; Cuba. 25; Falco sparve- 


| rius, L.; Enl., 444 et 465; Wilson, pl. 32, 


fig. r, et pl. 16 fig. 1 (em.); Ch. Bonap., 
syn. p. 27; Swainson, N. Z., pl. 31, pl. 24; 
Nuttall, 1, 58; Vieill. Encycl., p. 1235 ; 
Brisson, pl. 32, f. 4 : hab. les deux Améiq. 
— 241, Tinnunculus sparverioides ; Falco 
sparterioides, Vigors, zool. journ., t. 3, 


| p. 436; Cuba, p. 30, pl. 1,; Falco gracilis, 


Lesson, Traité, p.93 : hab. les Antilles. — 


|? Tinnunculus? Falco cyanescens, Vieill. 


Encycl., 1234; Azava, n° 40 : hab. le Pa- 
raguay.—242, Tinnanculus cinnamomeus; 
Falco cinnamomeus, Swainson , mén., 


| p. 281 : hab. Chili. — 243. Tinnunculus 


isabellinus ; Falco isabellinus, Swainson, 
mén., p. 282 : hab. Démérara.—244, Tin- 
nunCulus gracilis ; Falco gracilis, Swaius., 
méo., p. 281 : hab, Brésil.—245. Tinnun- 
culus cenchroïdes; Falco cenchroides, Vig. 
et Horsf., transl. xv, 170; Cenchris cenchroi- 
des, Gould, proc. 1839, 113 : hab. Nouv.- 
Galles du sud.—246.T'innunculus interstince- 
tus; Falco interstinctus, MacCl., proc.1839, 
p.154: hab. Nouv./Galles du Sud.—? Fal- 
co lunuratus, Daudin, 11, 122; Falco calidus, 
Lath. : hab. Inde cont,. 


67° Genre : Eryrurorus, Brehm (1878). 
Tinnunculus, Boié, Pannychistes, Kaup 
(1829) : hab. Europe , Afrique et Asie. — 
249. Erythropus vespertinus, Brehm; Falco 
vespertinus, L.; Gm.; Enl. 431; Falco ru- 
Jfipes, Beseke; Temm., man. 1v, p. 17; Xo- 
bez, Vieill. faune, p. 32; Roux, pl. 34 à 38: 
Savi, 1 53; Cerchneis vespertinus, Boié, En- 
cycl., 111, 1232 : hab. Europe et Afrique.— 
2248. Erythropus chicquera; Falco chic- 
quera, Daudin, 11, 421 ; Lath.; Falco ca- 
pensis, Shaw—? le Chicquera , Levaill., 
af. pl. 30 ; proceed.1831, 80 et 1830, 1 et 
173, Vieillot, Encycl. 1233; Falco ruficol- 
lis, Swains., West., af., t. 1, p. 407, pl. 2: 
bab. le Cap de Bonn.-Espér., le Sénégal, 
le Bengale, Java , Chandernagor, Pondi- 
chéry.—249. Ærythropus biarmicus ; Falco 
biarmicus, Term, pl. col. 424; Falco ch:c- 
queroïdes, Smith, proc. 111, 45 : hab. Ca- 
frerie. 


68 Genre : Harpaëus , Vigors (1821 ), 
zool. journ., 1, 338; Bidens, S pix (1824) ; 
Diodon, Less. (1829); Diplodon , Nitesch 
(1840) : hab. Amériq. équat. — 250. Har- 
pagus drodon; Fulco diodon,Temm., pl.198; 
Diodon brasiliensis, Less., tr. p. 95 : hab. 
Brésil et Guyane. —251. Harpagus biden- 
talus, Vigors, zool. journ., t. 1, p. 338; Fal- 
co bidentatus , Lath., n° 98; Daudin, t. 2, 
p.118; Vieillot, Encycl., p. 1233; Temm., 
pl. 38 et 228; Bidens rufiventer, Spix, 
pl. 6; Bilens albiventer, Spix, pl. 7; Dio- 
don bidentatus, d'Orbigny, p. 122 : hab. 
Guyanne, Brésil. 

69° Genre : Hrerax, Vigors (1821); Har- 
pagus,Swainson: hab. l'Asie. —252, Hicrax 
cærulescens , Vigors, zool. journ., 1, 339; 
Falco cærulescens, L.; Temm., pl, 97; 
Edwards, pl. 108; Vieillot, Encycl., 1236; 
Falco bengalensis, Gm. ; Falco fringillarius, 
Drapiez, Dic., t. vi, p. 418, avec fig.; Dau- 
din, t. 11, p. 145; Faucon du Bengale, Bris- 
son, sup. p. 20. Dorso nigro-cærulescente; 
temporibus linea alba inclusis, rostro ni- 
gricante ; palpebris pedibusque subluteis ; 
corpore aurantiaco infra; fronteaurantiaco: 
hab. le Bengale. — 253. Hierax horsfieldii , 
Lesson; Falco cærulescens, Horsf., fig. zool, 
resear. in Java; Wilson, illustr. of zool., 
pl. 2; Vieillot, gal., pl. 18. Dorso nigro- 


124 


cœrulescente cum guttis niveis; fronte et 
corpore infra albis: hab. Java, Sumatra.— 
254, Hierax erythrogenys, Vigors, proc. 1, 
98 : Capile, et corpore supra, cauda, femor- 
ribusque intens airis; gula, collo in fronte, 
corporeque subtus albis; striga a rictu ad 
aures extendente rufa; rostro albo; pedibus 
nigris . hab. Manille (îles Philippines). — 
255. Hierax Gironniert, Gervais, Bonite, 
p.71, pl 1 : Falco corpore supra nigro- 
viridi nitente, subtus albo sericeo. Hab, 
Manille (île de Lucon ) 


Oiseaux mouches nouveaux ou mal connus, 
par M. Jules Bourcier. 


Trochilus Prunellei. — Mâle adulte. Bec 
droit, de longueur moyenne, presque cy- 
lindrique, d’un brun noir ; tête d’un nair 
brunâtre, soyeux, à légers reflets d’un vert 
bronzé. Nuque et bas du cou à légers re= 
flets d'un vert bronzé. Nuque et bas du cou 
à légers reflets d’un bleu verdâtre sur la 
première, d’un bleu violacé sur le second ; 
partie antérieure du dos d’un brun noir, 
partie postérieure plus visiblement givrée 
de vertcuivreux ; couverture caudale d’un 
violet obscur; ailes un peu plus longue- 
ment prolongées que les rectrices subex- 
ternes ; d’un brun violacé à couvertures 
d'un bleu vert glacé, brillant, passant au 
violet sur les plumes policiales ; queue 
échancrée à l’extrémité, à dix rectrices à 
larges barbules : les médianes à subexternes 
graduellement un peu plus longues ; les 
externes égales auxintermédiaires; dessous 


du corps d’un noir soyeux ; paré, sur le mi- 


lieu de la gorge, d’une plaque de plumes 
écailleuses, d’un bleu violet; côtés de la 
poitrine marqués d’une large tache blanche 
prolongée jusqu'aux épaules ; tarses blancs. 
— Loug. totale, 0,126; — du bec, 0,034; 
des aîles, 0,075 ; — de la queue, 0037. — 
Patrie, la Colombie ; se trouve aux envi- 
rons de Facativa. — Dédié à M. le docteur 
Prunelle, correspondant de l’Institut, et 
l’une des gloires scientifiques de la ville de 
Lyon. 

Trochilus cupripennis. — Bec droit, pres: 
que cylindrique, d’une longueur au-des- 
sous de la moyenne, d’un brun noir; tête 
d’un brun violâtre à sa partie antérieure, 
d’un bran vert bronzé à l’occiput; dos de 
cette dernière couleur; couverture cau- 
dale irisée de diverses teintes métalliques ; 
ailes aussi longuement prolongées que la 
queue, assez étroites, d’un cuivreux plus 
violâtre vers l’extrémité; poignets, plumes 
policiales, et la plupart des autres, dans 
leur partie cachée, d’un roux cuivreux ; 
queue à dix rectrices presque égales, à lar- 
ges barbules : les médiaires avec leurs tiers 
terminal d’un vert bronzé, teinte qui s’af= 


faiblit graduellement chez les autres, et . 


disparaît chez les externes; dessous du corps 
roux, couleur qui s'étend autour du cou 
en forme de collier; tarses et doigts noirs; 
partie inférieure de la queue plus päle. — 
Long. totale, 0,10 ; — du bec, 0,028; — des 
ailes, 0,077; — de la queue, 0,048.— Pa- 
trie, la Colombie. — Collection du Muséum 
de Paris. 


Trochilus anthophilus. — Mâle adulte. 
Bec long, assez fort, faiblement arqué, 
presque cylindrique ; mandibule supérieure 
d’un brun noir : l’inférieure rouge, à ex- 
trémité noire; tête d’un gris bran, parée 
d’une bande sourcillière d’un blanc sale, 
et marquée au dessous des yeux d'une 
bande brune inférieurement bordée d'une 


730 


raie blanche partant de 11 commissure du 
bec, dessus du cerps d'un vert cuivreux 
luisant ; plumes de la couverture caudale, 
frangées de fauve roux; ailes d’un brun 
violâtre . étroites; queue à dix rectrices 
d'un vert bronzé à la base, blanches à l’ex- 
trémité : les médiaires trois fois aussi lon- 
gues que les externessublinéaires dans leur 
dernier tiers, les autres graduellement plus 
courtes ; gorge cendrée, poitrine et ventre 
plus pâles ; tarses blanchâtres ; couverture 
sous-caudale d’un cendré blarchâtre. 

Femelle. — Plumes de la couverture 
caudale bordées de fauve pâle; queue 
moins longue, plus brièvement termi- 
née de blanc et d'une manière moins 
tranchée; gorge d’un blanc cendré, ma- 
culée de brun; poitrine, ventre et cou- 
verture sous-caudale, d’un blanc sale ; du 
reste semblable au mâle. — Longueur to- 
tale, 0,155; — longueur du bec, 0,033; — 
longueur des ailes, 0,060 ; — de la queue, 
0,070.— Patrie, la Colombie ; habite la val- 
lée supérieure de la Madeleine, région tem- 
pérée.— Collection de Jules Bourcier. 

Trochilus Guimeti. — Mâle adulte. Bec 
court, droit, assez mince, presque cylin- 
drique; tête parée,; jusqu’à l’occiput, de 
plumes écailleuses d’un bleu violet brillant; 
dessus du corps, couverture alaire et cau- 
dale d’un vert semi-doré luisant ; ailes d’un 
brun violacé, un peu plus longuement 
prolongées que la queue; celle-ci a dix 
rectrices à larges barbules, à peu près d’é- 
gale longueur : les quatres médiaires en- 
tièrement d’un vert bronzé luisant: les trois 
externes barrées de noir violet et bordées de 
blanc ; gorge écailleuse d’un bleu viol t 
brillant ; poitrine et ventre couverts de plu- 
mes d’un vert semi-doré luisant , :rangées 
de cendré; tarses gris. 

Femelle. Gorge, poitrine et ventre cen- 
drées; du reste semblable au mâle. —Long. 
totale, 0,85; —du bec , (15; — des ailes, 
0,050 ; — de la queue, 0,032. — Patrie , la 
Colombie; se trouve à Caracas, capitale de 
Vénezuéla. 

Trochilus Guerini. —Mäle adulte. Tête 
d’un vert bronzé obscur, parée de deux 
bandes d’un blanc sale, partant de chaque 
commissure du becet se réunissant près du 
vertexen uue seule, formée de plumes lon- 
gues , étroites , raides et prolongées en ar- 
rière en forme de huppe; gorge et devant 
du cou marqués ans le milieu d’une cra- 
vate eu triangle allongé, d’un blanc sale et 
parés de mouchetures longues ; subécail- 
leuses d’un vert brillant. — Patrie, la C,- 
lombie; se trouve aux environs du mont 
Paramo. 

M. Boissonneau, dans la Revue Zoolc= 
gique, 1840, p. 71, a décrit le jeune âge de 
cette espèce remarquable par la brièyeté 
de son bec et surtout par ses tarses 
robustes: 

T. Barroti. — Mâle adulte. Bec droit , de 
longueur médiocre, élargi à la base, com- 
primé et graduellement rétréci en pointe, 
- d’un brun noir ; tête parée jusqu’à l’occiput 
de plumes écailleuses d’un bleu violet; 
oreilles garnies de plumes soyeuses noires, 
formant longitudinalement sur les côtés du 
cou une bande passant au violet; dessus du 
corps, couverlures alairesetcaudales entie- 
rement d’un vert tendre luisant; ailes d’un 
brun violâtre à peine plus longuement pro- 
longées que la queue : celle-ci à six rec- 
trices à larges barbules; les quatre mé- 
diaires d’un bleu d'acier; les autres gra- 
duellement plus courtes et d’un blanc de 
lait; dessous du corps d'un blanc soyeux , 


731 


paré, sur les côtés de la gorge, de plumes 
écailleuses d’un vert brillant, — Longueur 
totale, 0,100 ; — du bee, 0,022; — des ai- 
les, 0,065 ; — de la queue, 0,040. — Patrie, 
Carthagène.— Collection du Muséum de Pa- 
ris ; dédiée à M. Barrot, ancien consul gé- 
néral à Carthagène , qui le premier l’a en- 
voyé en Europe. (Revue Géologique). 


25e 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉCANIQUES, 


Mémoire contenant la discussion de qucl- 
ques o'servations relatives au mode d’ac- 
tion de la vapeur dans les machines, 
principalement dans les machines d’épui- 
sement à détente usttées dans le comté 
de Cornwall; par M. Combe. 


(Premier article.) 


A la suite d’un voyage en Angleterre 
fait en 1834, j'ai publié un Mémoire sur les 
machines d'épuisement usitées dans le 
comté de Cornouailles, accompagné du 
premier dessin de ces machines qui ait été 
rendu public. J’ai indiqué les causes prin- 
cipales de leur supériorité sur les autres 
machines à vapeur, et donné quelques cal- 
culs fondés sur la supposition que la ten- 
sion de la vapeur dans le cylindre, au mo- 
ment de la f:rmeture de la soupape d’ad- 
mission, était égale à la tension dans la 
chaudière, et que Ja tension de la vapeur, 
pendant son expansion dans le cylindre, va- 
riait en raison inverse des volumes. Iim’a- 
vait été impossible, dans ce voyage, de me 
procurer les éléments d'une discussion un 
peu complète des phénomènes que présente 
Paction de la vapeur dans ces machines ; il 
me manquait surtout lobservation directe 
des tensions de la vapeur dansles cylindres, 
aux divers points de la course du piston 
moteur, et du poids d'ean dépensé par les 
chaudières pour chaque coup de piston de 
la machine. L'importance de ces deux elé: 
ments était, dès cette époque, parfaitement 
comprise par les ingénieurs anglais du Cor- 
nouailles et par moi-même. M. John Tay- 
lor avait, en diverses occasions, exprimé 
combien il serait utile de mesurer directe- 
ment l’eau alimentaire injectée dans les 
chaudières des machines, et l'usage du 
petit manomètre portatif à ressort dont j’ai 
publié la description dans les Annales des 
Mines était déjà fréquent en Angleterrre. 
Quelques années après la publication de 
mon Mémoire, un constructeur français, 
M. Halete, d'Arras, avait déjà construit des 
machines du système de Cornouailles; plus 
tard deux machines du même genre furent 
importées d’AngleterreenFranceetétablics, 
l’une à Rive-de-Gier, l’autre sur la mine de 
lignite du Rocher-Bleu, dans ledépartement 
des Bouches-du-Rhône. 

Les machines du Cornouailles attiraient 
de plus en plus l’attention des ingénieurs 
anglais. On appliqua sur les cylindres de 
ces machines le manomètre à ressort et 
lon obtint les courbes des tensions. On 
mesura dans quelques unes de ces ma- 
chines le volume d'eau injectée dans lés 
chaudières, au moyen d'un hydromètre 
qui avaitété le sujet d'un prix proposé par 
M. Rober-Fox, dans la société polytech- 
nique du Cornouailles. Les résullats furent 
publiés dans les Transactions de la société 
desingénieurs civilset d’autres recueuils pé- 
riodiques anglais, 

En 1840, M. Piot, élève distingué de 
l’école des Mines, fit un voyage d'instruc- 


732 


tion en Angleterre, et fut chargé de re- 
cueillir des observations faites par lui- 
même, ou par les ingénieurs de la contrée, 
sur les tensions variables de la vapeur dans 
les cylindres, avant et après la fermeture 
de la soupape d'admission, sur les quan-. 
tités d’eau vaporisées dans les chaudières, 
les formes des chaudières, les quantités de 
combustibles brûlées. 

M. Piot, grâce à l’obligeance de M. Ro- 
bert Fox, put appliquer ua manomitre à 
ressort sur les cylindres de trois machines 
etrapporter ls diagrammes ou courbes des 
tensions variables de la vapeur dans ces 
cylindres. 

Les formes et dimensions des chau- 
dières zsitées et des quantités de combus- 
tibles brülées dans un temps donné, sont 
également consignées dans le Mémoire ma- 
nuscrit rédigé pendant sou voyage. Quantà 
la mesure directe des quantitées d’eau va- 
porisées, il ne put faire aucune expérience 
directe à ce sujet, et n’obtint que des ren- 
seignements qui n’offraient pas les condi- 
tions d’exactitudeet de précision desirables; 
avant cette époque, M. Thomas, ancien 
élève de l'école centrale des arts et manu- 
factures, ét aujourd’hui professeur à cette 
école, avait appliqué sur plusieurs ma- 
chines, et entre. autres sur une machine à 
haute pression et à détente établie à Cha- 
ronne, un manomètre à ressort que j'avais. 
rapporté d'Angleterre. Il voulut bien me 
communiquer le résultat de ses observa- 
tions, et nr'inviter à venir les répéter avec 
lui. Il avait constaté que la tension de la 
vapeur dans le cylindre, pendant la dé- 
tente, variait beaucoup moins rapidement 
que suivant la raison inverse des volumes. 
Ce fait, qui s'était reproduit, me dit-il, 
daus toutes les observations qu’il avait pu 
faire, est extrêmement marqué dans la 
courbe des tensions que nous relevimes 
ensemble sur la machine de Charonne, et 
dont un calque est joint à mon Mémoire. 

M. Frimot, dans une conversalion qui 
avait eu lieu entre nous, à Brest, dans l’été 
de 1338, m'avait parlé de l’utilité des er- 
veloppes ou chemises des cylindres, comme 
prévenant la perte de chaleur occasionnée 
par la vaporisation de l’eau liquide qui 
pouvait rester dans les cylindres des ma- 
chines, à la fin de l’excursion du piston, 
au moment où l’on euvre la communica- 
tion avec le condenseur. 

Les pr'ncipales conséquences que j'ai dé- 
duites des observations faites par M. Piot 
sur les machines du Cornwall, par M. Tho- 
mas et moi-même sur la machine de Cha- 
ronne, par divers auteurs anglais sur les 
machines de Cornwall, étaient déjà arrê- 
tées et mises par écrit. J'en avais commu- 
niqué la substance à la SRE DES 
tique, dans les séances des 21 et 28 janvier 
dernier, lorsque j'ai eu connaissance des 
observationsimportantes faites par M .Wick- 
steed sur les quantités d'eau dépensées dans 
deux machines à élever leau établie à 
Londres (Oldford), l'une du système du 
Cornwall, l’autre du système de Boulton 
et Watt. J'ai discuté les expériences nou- 
velles de M. Wicksteed et elles ont pleine- 
ment confirmé iles déductions auxquelles 
j'étais parvenu. . " 

Je conviens que les observations recueil- 
lies ne sont point encore assez nombreuses 
pour mettre hors de doute la généralité de 
ces conclusions. Néanmoins il ma semblé 
qu’elles n'étaient pas tout à fait indigres 
d'être présentées au publie, ne fut-ce que, 
de nouvelles observations 


pour provo quer 


1783 
ete ‘discussion plus approfondie des 
+phénomènés quise- passent dans les ma- 


:chiñes à vapeur: "°° 


ï AGRICULTURE. 
SOCIÈTÉ ROYALE ET CENTRALE 
D'AGRICULTURE. 


: Séance publique du dimanche 23 avril 1843, pré- 
sidée par M. HéricarTt DE Taurv. 


| sAprès-lesrapport sur les travaux de la 
: Sôciété, depuis sa séance publique de 1842, 
fait par M. Leclerc-Thouin, les Rapports 
sur les concours et la distribution-des prix 
| entrété faits dans l'ordre suivant : 

Rapportsur le concours pour des assole- 

: mentsisans jachère, et l’emploi d'engrais ou 
| amendements inconnus dans le canton. — 
Médaille d’or, à l'effigie du roi, à M. le 
marquis de Tilièreh præpriétaire, commune 
deChazelet; départémremude l'Indre. 

Rapport sur le concdätisipour des ouvra- 

geset-des-observations-demédecine vétéri- 
naire pratique. Letitre de correspondant 
: à M. Blavètte; médécin-vétérinaire, à Ba ÿeux 
(Ealvados); id. à M. Raynurd, directeur de 
PEcole-Vétérinaire de Lyon ; td. de corres- 
: pondant étranger à M. Max Desaire, à 
Liége. Médaille d'or, aux trois effigies , à 
M. Loyset, médecin-vétérinaire, à Lille. Mé- 
daille d’argent à M. Papin, vétérinaire mi- 
litaire; 4. à M. Lacoste , médecin-vétéri- 
naireau dépôt de remonte, à Caen.Mention 
| honorable à M: Lafontaine, médecin-vété- 
rinaire , &: Bourbonne-les-Bains ( Haute- 
Marne); 1d%#M. Himelin, médecin-vété- 
+ rinaire, à Strasbourg ; id. à M. Delalande 
: médécin-vétérinaire, à Onezy, canton de 
|! Bourguébus (Calvados). 

Rapport sur le concours pour les machi- 
nes à battre. — Le titre de correspondant 
à M. Larclause, maître de poste, cultivateur 
à Couhé; départ. de la Vienne, pour l’em- 
ploi d’une machine à battre de son inven- 
tion. 1 és à 

Rapport sur le concours pour la traduc- 
tion d'ouvrages, ou, mémoires relatifs à l’é- 
conomierurale,écritsen languesétrangères. 
=Médaille d’or, aux {rois effigies, à M. le 

comte de Corberon, pour,sa traduction de 
l'ouvrage allemand de Ratzburg, relatifaux 
insectes qui attaquent les arbres. Médaille 
d'or, à l'effigie d'Olivier de Serres, à 
M. Royer, membre correspondant, pour sa 
traduction de l'ouvrage anglais de David 
} Low sur les races d'animaux domestiques 
de la Grande-Bretagne. 

Rapport:sur divers travaux d'améliora- 
tions agricoles pour lesquels la Société dé- 
cerne des médailles d'encouragement et des 

des mentions honorables.— Médaille d’or, à 
l'effigie, du roi, à M. le vicomte Paul de 
“| Fibraye, à Contres, département de Loir- 
“ et-Cher. 
| Rapport sur la mise en pratique de 
moyens propres à encourager la culture 
« de la batate.—Médaille d’or, à l'effigie d'O- 
. livier de Serres;:à M. J’alletde Filleneuve, 
.\ de Paris , pour é$ progrès qu'il à faire à 
| cette culture;! tant par ses écrits que par 
| ses travaux personnels. : 
Rapport sur le concours pour la rédac- 
| | tion d’un manuel théorique et pratique de 
culture maraîchère.— Le titre de corres- 
| pondant à M: Mäffre, ingénieur des ponts 
h et chaussées, x Pézenas , pour son travail 
|sur l'état de la culture maraïchère dans 
| l'arrondissement de Pézenas. Médaille d’ar- 
gent à MM. Woreau, jardinier-maraîcher, à 
| Paris, et J.-J: Daverne,jardinier-maraicher, 


| 


°734 


À la Villette, près Paris, pour des observa- 


tions sur les procédésde culture maraîchère 
des euvirons de Paris. 

Rapport sur le concours pour les obser- 
vationsrelatives à la destructiondes insectes 
nuisibles. — Médaille d'or, à l'effigie d'Oli- 
vier de Serres, à M. Chasserrau. lieutenant 
de vaisseau en retraite, membre correspon- 
dant, à Rochefort, pour ses recherches sur 
les moyens de préserver les arbres des at- 
taques des insectes. 

Rapport sur le concours pour le perce- 
ment des puits forés, suivant la méthode 
artésienne, à l'effet d'obtenir des eaux jail- 
lissantes applicables aux besoins de Pagri- 
culture.—Médaille d'or, aux trois effigie, à 
à M. Eugène Drrand, pour les puits forés 
qu'il a exécutés dans le département des 
Pyrénées-Orientales. 
eSUPETS DE PRIX PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ. 
:9/Potr être décernés en 1844 : 40 Poar l’in- 
téoduction, dans un,canton de la France, 
d'engrais ou d’amendements qui n’y étaient 
pasusités auparavant.— Prix: des médailles 
d’or, de platine ou d’argent, ou des ouvra- 
ges l’agriculture. 

2° Pour la traduction, soit complète, soit 
par extrait, d'ouvrages ou mémoires rela- 
tifs à l’économie rurale où domestique, 
écrits en langues étrangères, qui offriraient 
des observations ou des pratiques neuves 
et utiles. — Prix : des médailles d’or, de 
platine ou d'argent. ou des ouvrages d’a- 
griculture. 

30 Four l'éloge des agronomes et des 
agriculteurs dont les travaux ont acquis à 
ieur nom ure grande célébrité et sur les- 
quels aucun éloge ou rotice n'aurait encore 
été publié. — Prix : des médailles d’or, de 
platine ou d’argent, ou des ouvrages d’agri- 
culture. Ne 

4° Pour des ouvrages, des mémoires et 
des observations de médecine vétérinaire 
pratique. — Prix : des médailles d’or ou 
d'argent, ou ces ouvrages d'agriculture. 

90 Pour la pratique des irrigations, ainsi 
que pour des renseignements relatifs à la 
statistique des cours d’eau applicables aux 
besoins de l’ag:iculture.— Prix : des mé- 
dailles d’or, de platine ou d'argent, ou des 
ouvrages d'agriculture. 

6° Pourla mise en pratique.avec succès, 
des moyens indiqués pour tirer parti des 
animaux morts, notamment dans l’ouvrage 
de M. Payen, couronné par la Société ; et 
pour la formation d'établissements indus- 
triels destinés à l’emploi des parties diverses 
de ces animaux.— Prix : des médailles d’or, 
de platine ou d'argent, ou des ouvrages 
d'agriculture. 

7o Pour la construction d’une machine à 


bras qui sera reconuue propre à battre, au 


même prix, au moins un quart de grains 
en plus de la quantité que bat un batteur 
en grange dans sa journée de travail, quan- 
tité qui.est évaluée à cent cinquante kilo- 
grauumes de blé par jour. — Un prix de 


- 2,000 francs. 


80 Pour le percement de puits forés, sui- 
vaut la méthode artésienne, à l'effet d'ob- 
tenir des eaux/jaillissantes applicables aux 
besoins de l’agricalture. — Prix : 1,500 fr. 

90 Pour la substitution d’un assolement 
sans jachère périodique, et d’une rotation 
de quatre arinées au moins, aux assole- 
ments avec jachère qui sont usités dans la 
plus grande partie de la France, dans une 
exploitation d’au moins 50 hectares. —Prix: 
des médailles d’or, de platine où d'argent. 
100 Pour l'extraction du sucre de bette- 


135 
rave dans Îes petites exploitations rurales; 
et pour l'indication des moyens de perfec- 
tionner cette industrie et de hâter ses dé- 
veloppements. sl 

4110 Pour le dessécheiment des terres ar- 
gileuses et humides, au moyen de puisards 
ou boit-tout artificiels, de sondages et de 
coulisses ou rigoles souterraines. — Prix : 
1,000 francs. Premier accessit : la coilec- 
tion des Mémoires de la Société. Deuxième 
accessit : un exemplaire du Théâtre d’a- 
griculture d'Olivier Serres. 

12° Pour la composition de traités élé- 
mentaies d'agriculture applicables aux ré: 
gions du cenire , du sud-est, du sud et du 
sud-ouest de la France. — Quatre prix de 
1000 francs chacun, ou des médailles. 

13° Pour de bonnes observations sur 
l’histoire naturelle des insectes nuisibles à 
l’agriculture. — Prix : des médailles d'or, 
de platine ou des ouvrages d’agriculture. 

44° Pour l'indication ou la mise en pra- 
tique de moyens propres à encourager la 


culture de la patate. — Il sera décerné des: 
médailles d’or où d’argent de différentes. 


valeurs. 
15° Pour un manuel théorique et prati= 


que de la culture maraîchère, — Un prix 
de 1,000 francs. 


169 Pour la fabrication , en France, de- 


fromages facons de Hollande, de Chester et 
de Parmesan.— "Trois prix de 1,000 cha- 
cun, Plus, des prix de moindre valeur, ou 


des médailles d’or et d'argent aux agricul-. 


teurs fabricants de ces sortes de Fromages 
qui, sans remplir toutes les conditions exi- 
gées par le programine, satisferont aux plus 
essentielles. 

17° Pour des expériences comparatives 
sur Ja meilleur manière d’atteler les bœufs 
et les vaches. — Premier prix : 2,000 fr. ; 
deuxième prix : 1,000 fr. 

18° Pour des plantations de müriers ou 
des éducations de vers à 5oie , dans les dé- 


partements où cette industrie n’est pas en 


core répandue.— Prix : des médailles d’or, 
de platine, d'argent ou de bronze. 

Pour étre décernés en 1845 : 19% Pour 
des semis ou plantations de chênes-liéges, 
qui auront été faits avant la fin de 4838 sur 
la plus grande étendue de terrains sablon- 
neux où de mauvaise qualité, dans les par- 
iies du centre ou de l’ouest de la France, 
où quelques essais déjà faits laissent entre 
voir la possibilité d’acciimatation de cet 
arbre, de manière qu’en 1846 il se soit 
conservé, de ces semis ou plantations, au 
moins mille pieds d'arbres, espacés d’envi- 
ron quatre mètres dans tousles sens, ayant 
une tige droite et bien venante. — Prix : 
des médailles d’or ou d'argent. 

Pour être décernés en 1816 : 20° Pour des 
essais Comparatifs de cultures de plantes les 
plus propres à fournir des fourrages pré- 
coces pendant les mois de mars et avril, — 
Premier prix : 4,000 fr. ; deuxième prix : 
500 fr. 

Pour être décernés en 1846 ox 18417 : 
21° Pour le reboisement des montagnes et 
terrains en pente.—10 Un prix de 1,000 fr. 
à celui qui aura planté, en espèces les plus 
appropriées à la nature du sol, des terrains 
incultes et en pentes ayant au moins 45 de- 
grés d'inclinaison, d'une étendue de 12 hec- 
tares au moibs , soit d'une seule , soit de 
deux pièces contiguës et ne formant qu'un 
seul massif de bois ; 20 Un prix de 500 fr. 
pour une plantation au dessous de 12 hec- 
tares, mais de 6 hectares au moins, dans un 
terrain présentant Îles mêmes conditions : 
3° Une médaille &’or dela valeur de 300fr. 


136 


à celui qui aura le plus approché des con- 
ditions exigées pour les deux prix ci-dessus; 
Et 4° deux médailles d'argent de la valeur 
de 100 fr. chacane aux proprictaires qui 
auraient fait des plantations dans les condi- 
tions du présent programme. 

Pour être décernés en 1848 : 22° Pour la 
propagation des bonnes espèces d’arbres 
à fruit par la voie du semis. — Premier 
prix : 1.000 fr.; deuxième prix : médaille 
d’or à l'effigie d'Olivier de Serres; troi- 
sième prix : grande médaille d'argent. Il 
sera, en outre, décerné, en 1844, une mé- 
daille d’or et une médaille d'argent aux deux 
concurrents qui, en 1843, auront le plus 
approché du but du concours. 

Pour être décernés en 1850 : 23° Pour des 
semis ou plantation de l’une des trois es- 
pèces suivantes de chênes , qui fournissent 
une matière employée à la teinture, savoir: 
1° le Quercitron(Quercus Linctoria, Mich.), 
originaire de l'Amérique septentrionale ; 
2° le Chêne à la noix de galle (Q. énfectoria, 
Oliv.), de l’Asie-Mineure; 39 le Vélani(Q. 
ægilops, L.), indigène de la Grèce. (Les 
deux dernières espèces ne peuvent être 
plantées que dans les parties les plus chau- 
des de nos départements du Midi ou de 
l'Algérie. — Prix : des médailles d’or ou 
d'argent. 


HORTICULTURE. 


Appareil du sieur Lecoq pour faciliter la 
reprise des boutures ; par M. Loiseleur- 
Deslongchamps. 


Le sieur Lecoq s’est proposé, par le 
moyen de l’appareil dont il est l’inventeur, 
de rendre plus facile, pour les amateurs 
d'horticulture, de même que pour les hor- 
ticulteurs de profession, la reprise des bou- 
tures qui, autrement, ne réussissent qu’a- 
vec plus ou moins de difficulté. 

Cet appareil est représenté, sous les 
fig. 1 et 2; la fig. 2 le montre en pers- 
pective dans son entier; la Ag. 1 en fait 
voir la coupe verticale un peu grandie, pour 
plus de clarté dans les détails. Il est com- 
posé de six pièces que nous allons décrire 
successivement. 

La première et la plus importante de ces 
pièces est un plateau circulaire en terre 
cuite à, fig. 2, ayant 53 centim. dans son 
diamètre. Son centre est occupé par une 
pièce circulaire b, de 10 centim. seule- 
ment de largeur, faisant corps avec le 
reste, et formant le réservoir principal et 
central de chaleur. Autour de ce princi- 
pal foyer règne une rigole circulaire c, 
large de 8 centim. et de la même profon- 
deur, laquelle est remplie de sable, et des- 
tinée à placer les petits pots garnis de terre 
avec les boutures qui y sont plantées; on 
en met ordinairement une dans chaque 
pot. Cette rigole peut contenir, dans son 
pourtour, et disposés sur deux rangs, 38 à 
40 petits pots de la largeur de 2 à 4 cen- 
timèt, , et de la profondeur de 35 à 45 mil- 
limètres. 

Cette premiere rigole c est séparée d’une 
seconde par un bourrelet creux d, faisant 
un peu saillie au dessus des deux rigoles, 
et qui à son intérieur forme un conduit de 
chaleur. 


La seconde rigole e est de la même lar- 
geur et profondeur que la première; mais 
son circuit étant plus considérable, le 
nombre des petits pots qu’elle peut conte- 
nir dans ses deux rangées est aussi plus 


737 


grand. Ainsi les petits pots peuvent étreau 
nombre de 33 dans le rang intérieur et de 
53 dans l'extérieur, ce qui fait de la place 
pour 86 boutures dans cette seconde rigole, 
et dans les deux réunies 125 en tout. Mais, 
comme il est possible de réduire de 1 cen- 
timètre la capacité des potsles plus larges, 
sans nuire à la réussite des boutures d’un 
grand nombre de plantes, on voit qu'il 
devient facile, au moyen de cette réduc- 
tion, de placer 150 et même 160 boutures 
dans la totalité de l'appareil. 

Le rebord extérieur f est large de 3 cer- 
timètres, et, comme il est creux, il sert en- 
core de tuyau de chaleur. 

Le plateau entier, considéré dans son 
ensemble, a 8 centim. de hauteur, et il est 
en dessous l'opposé de ce qu'il est en des,us; 
toutes les parties saillantes de la face supé- 
rieure se trouvantcreuses dansl'inférieure, 


et les parties creuses en dessus étant, au 


contraire, saillantes en dessous. 102 
La pièce ronde du centre b, que-nou 


avons dit avoir 10 centim. de largeur, est 


creuse, ei son fond, beaucoup plus mince 
que le pourtour et le dessus, est percé de 
quatre trous disposés aux angles d’un carré 
large de 4 centim. et ayant chacun 2 mil- 
jimèt. C’est par ces trous, placés au dessus 
d’une petite cuvette g remplie d’eau chaude 
dont il sera parlé ci-après, que pénètre la 
vapeur de cette eau dansleréservoir central 
de chaleur. Par suile de cette disposition, la 
rigole la plus voisine c de ce réservoir est 
toujours de 4 à 5 degrés de chaleur au 
dessus de celle de la seconde rigole e, qui 
ne reçoit la vapeur chaude que secondai- 
rement. Par suite encore de ces 4 à 5 de- 
grés de chaleur plus élevée dans la rigole 
la plus intérieure, celle-ci se trouve plus 
propre pour faire les boutures de plantes 
de serre chaude, tandis que la rigole exté- 
rieure est tres suffisante pour celles de serre 
tempérée. 

La seconde pièce, placée au dessous du 
plateau circulaire b qui vient d’être décrit, 
est uue sorte de bas:in L également en terre 
cuite, de la même largeur que le plateau 
lui même qu’il supporte. Ce bassin est con- 
cave, perce, à son centre, d’une ouverture 
large de 15 centim.; les bords de son ou- 
verture inférieure reposent sur les bords 
d’un fourneau, comme le plateau que nous 
venons de mentionner repose sur les bords 
supérieurs de ce bassin. 

La troisième pièce est un fourneau P en 
terre caite, un peu concave en dessous, 
large de 15 à 17 centimetres et profond 
de 13; ce fourneau supporte tout lap- 
pareil. 

La quatrième pièce est un petit godet 
en faïence &, placé dans le fond du four- 
neau et suffisamment grand pour contenir 
la quantité d'huile nécessaire pour alimen- 
ter une mèche pendant 12 à 13 heures de 
nuit, durant la saison d'hiver. 

La cinquième pièce est une cuvette circu- 
laire en fer battu g, ayant 14 centim. de 
largeur et 6 de profondeur, placée ct sou- 
tenue par un trépied m dans le vide du 
fond du bassin 2, à 7 ou 8 centim. au des- 
sus de la mèche du godet 2. Cette cuvette 
est remplie d’eau qu'on a soin de mainte- 
nir tous les jours à la même hauteur, par 
un conduit 7, qui se rouve de niveau avec 
la partie supérieure de la cuvette g. L'eau 
est introduite par un entonnoir 0, placé à 
l’angle droit sur le conduit 7, et qui fait 
corps avec lui. Il ne faut verser l’eau dans 
l'entonnoir qu'avec précaution; on juge 
que la quantité en est sffisante {orsqu'on 


Li 
és 


738 


119 «3 


commence à l’apercevoir à la base de f'en- 
tonnoir. Cette cau,est chauflée par Ja 
lampe ?, continuellement allumée, qui esb 
immédiatement ai dessous d'elle. La cha- 
leur vaporeuse qui.s'exhale de cette eau 
se répand dans tous les conduits à, d, f du 
plateau supérieur, d’où elle se commu- 
nique dans les deux rigoles c, e, dons nous 
avons parlé, et dans l’une desquelles un 
thermomètre à mercure selon l'échelle 
centigrade est placé, afin de faire con- 


| naître le degré de la chaléur auquel se 


maintient l’appareil. Nous avons dit que 
cette chaleur variait ordinairement de 4à 
S degrés de la rigole la plus intérieure 
comparativement à celle qui est placéeà la 
circnférence. Ainsi, dans la première, le 
thermomètre marque communément 24 à 
25 degrés, et seulement 20 dans la se- 
conde. 


La partie inférieure ; que nous ayons 
appelée le fourneau P'est munie latérale- 
ment, à la basé, d’une porte hatte etlarge 
d'environ 9 centim., en terre cuite, 7, mu- 
nie d’un bouton saillant qui sert à Pouvrir 
pour placer la lampe allumée dans je four- 
peau, et qu’on renferme immédiatement. 
Afin que celle-ci ne s’éteigne pas par le 
manque d'air, le tour inférieur du four- 
neau est percé de huit trous arrondis r, de 
15 millim, d'ouverture, par lesquels Pair 
s’introduit pour faire brüler la mèche du 
godet i, 


Tel est l'appareil proprement dit; cepen- 
dent nous devons faire connaitre la der- 
nière pièce qui en fait partie et qui est des- 
tinée à réduire la quantité d’air ambiant 
qui circule autour des boutures, et à le 
borner assez pour que celles-ci se trouvent 
pour ainsi dire faites comme à l'étouffé. 

Cette sixième et dernière pièce est une 
cloche ?, en carreaux de xerre assemblés 
au moyen de petites lampes de piomb, se- 
lon l’ancien système des croisées; on la 
place de manière qu'ellerepose, dans toute 
la circonférence, sur Le bord extérieur de 
la seconde rigole, et. que sa base soit un 
peu enfoncée dans le sable, afin que Pair 
ue pénètre pas dans l’appareil. Cette cloche 
a 48 centim. de diamètre, 16 de hauteur 
en ses bords, et 25 dans son milieu, où elle 
est plus élevée; elle se compose, dans sa 
circonférence, de 21 carreaux unis en- 
semble ainsi que nous venons de le dire. 


Le sommet de cette cloche, qui forme à 
peu près la voûte, se compose, comme la 
circonférence, d’un pareil nombre de pe- 
tits carreaux de verre, mais taillés à angles 
très aigu du côté où ils convergent vers le 
sommet, et assemblés de même par des 
lames de plomb. 


Le sommet de la cloche, et en dehors, 
se termine par un anneau v de plomb, 
large d'environ 28 millimètres et ayant 
assez de force pour qu’on puisse s'en Servir 
à enlever la cloche toutes les fois quon a 


besoin d'examiner dans quel état sont les ! 


boutures et d'aviser aux soins qu'il con- 
vient de leur donner: 

La fig. 3 représente le quart du plateau} 
circulaire a, vu de face. La fig. repré- | 
sente la quatrième partie du réservoir à 
chaleur ou du bassin L,vu de fa même ma- f 
nière. é 


Quant aux soins nécessaires aux bou-M 
tures, ils sont fort simples, et ils consistent 


principalement à maintenir la chaleur dans} 
un degré uniforme; ce qui se fait, d'une} 
part, en entretenant très exactement law 


739 


‘MHampe constamment allumée, et, de l’autre, 
en ombrant la cloche, toutes les fois que le 
ksokeil est sur l'horizon, sans être voilé d’au- 
cun nuage : car KP on laissait les rayons 
ide cet astre frapper surf la cloche, une trop 
1grande chaleur seräfl produite à son inté- 
‘rieur et l’on risqmerait d'y tout brüler. 
Quelques feuilles de papier où un mor- 
Leeau de toile suffisent pour procurer l’om- 
‘bre nécessaire. 
| Les arrosements doivent être très rares, 
Let il ne faut en donner qu’en très petite 
Lquantité, et seulement aux espèces qui en 
:ont besoin. Un arrosoir ne vaudraït rien 
pour cela, à cause de l’exiguité des pots 
qu'il serait difficile de ne pas inonder. 
Nous avons vu M. l'Homme les pratiquer 
avec beaucoup d’art, au moyen d’une pe- 
: tite éponge imbibée d’eau, qu’il pressait lé- 
- gérement dans sa main, de manière à n’en 
laisser tomber qu’une, deux ou trois gout- 
tes, selon le besoin de chaque plante. 
|. C’est dans les préquers jours de septem 
bre que l'appareil à été placé dans la serre 
chaude de M. l'Homme, et qu'un certain 
mmombre. de boutures y fut fait; mais, 
parl'effet de plusieurs circonstances acci- 
dentelles, l’observation de ces premières 
*boutures ne put être continuée, et il fallut 
ren recommencer de nouvelles le 25 du 
hmême mois. Tous les soins convenables 
| farent dès lors continués avec toute l’exac- 
:titude possible, et ils ont eu le plus heureux 
* succès. 


| … Jusqu'à présent l’appareil n’a fonctionné 
que dans une serre chaude, et, toutes les 
‘fois qu’on voudra faire reprendre des bou- 
ltures de plantes qui exigent une tempéra- 
ture élevée, 1l faudra, de préférence, le 
placer dans cette même localité. Dans les 


SCIENCES HISTORIQUES. 
MANUSCRITS. 
Lettre inédite de Linné. 


Monsieur 1e directeur de l’'Echo du 
} monde Savant, j'avais annoncé dans la bio- 
| graphie de F. Boissiér de Sauvages ( Re- 
| cueuil de mém. ét d’obser. d'Hist. natur., 
* t. IV), que j'avais trouvé dans ses papiers 
} plusieurs lettres de Linné. Tous ses écrits 
sont précieux et la correspondance dans 
. laquelle il entretient mon oncle de ses sen- 
. timents, de sonintérieur, de consultations 
. médicales et de toutes les branches de l’his- 
| toire naturelle, ne peut qu'intéresser les 
linnéens. Je vais l’imprimer pour la leur 
offrir, et jai voulu vous adresser une de 
. ces lettres, afin que votre recueil les fasse 
« Connaître au monde savant. 
| Votre très humble, etc. 
Le baron p'Homeres Frrmas. 


Viro inelyto 

D. D. SAUVAGES DE LA Croix, 

| Professori Monspeliensium medico summo, 
TOR s. pl. d. 

OM io Carolus Linnæus. 

|  Ante mensem literas tuas amice vene- 
| rande, omni auro gratiores habui ; Ex qui- 
| bus perspexi quam sis in me gratus et be- 
| nignus, quibus autem mutua referam spe- 
| cimina néscio; cuinulla eloquentia attamen 
| solus gratissimus animus. In PBoerhaavio 
| amisi amicum integerrimum, præceptorem 
| fidelissimum , peomatorem optimum, per 
| te fata benignissima eundem mihi conces- 


serunt. 


! 


HA | 


faire” essai de toutes 


autres cas, au con- 
traire, où l’on ne vou- 
dra lemployer que 


741 


pour des boutures 
d’une reprise facile, 
on pourra trés bien le 
placer dans une serre 


ordinaire, ou même 
dans une bâche froi- 
de ; il suffira, enfin, 


qu'il soit mis à l'abri 
du contact de l’air ex- 
térieur. 

L'appareil Lecoq- 
pourraëégalement être 
fortcommod pour fa- 
ciliter la germination 
des graines qui ont be- 
soin d’une haute tem- 
pérature avant de se 
développer, et même 
quil éonviendra pour 


sortes de graines. 

Les frais que néces- 
site cet appareil sont 
très peu considéra- 
bles, puisqu'il necon- 
somme que pour fr. 
d'huile par mois y 
compris les mèches 
nécessaires. L'appareil 
lui-même est peu dis- 
pendieux , puisqu’on 
peut se le procurer 
pour 30 fr. ce qui est 
une somme très mo- 
dique, si on compare 
cette dépense aux 
avantages qu'on peut 
en tirer. 

DEsLONGcRAMS. 

PDaEKe 

Quis hodie sceptra Æsculapii inter medi- 
cos teneat; animo cordato, per omnipoten- 
tem deum juro, nulli has concessurum 
alit quam tibi me obligatum sentio, non 
amicitia ergo nec ullius causæ, sed ratione 
qualicunque mea ductus hæc scribo, ob- 
servala parentis met Boerhaavii (ut medici) 
æternum veneror,utinamita redegisset data 
utitu solus! Sipreces meæapud tevaleant, 
unice efflagito utedas classes tuas morbo- 
rum romana veste indutas! certe si feceris, 
non mihi soli, non academicis nostris tan- 
tum succurres, sed toti orbi te obstrictum 
et venerandum imo et æternum facies. Tu 
inter medicos solus es systematicus; tu gla- 
ciem fregisti solus, tu viam delexisti ; quod 
si vero hæc non feceris quid de te dicam; 
ægre tum ne feras si alius hoc in se susci- 
piat , et si quidem male susciperes solus 
communis publici anteferenda est et fama 
tua te invito propagabitur. 

Breve istud tempus, quod Parisiis con- 


Sumpsi,. jussit vacua crumena; pauperri- 


mus enim natus sum, et fui semper, redux 
in patriam nec meliora illuxere astra ante 
initium anni 1739 prœterlapsi, Nescio 
quo bono fato ægrorum turba me oppu- 
gnabat, praxis mihi contigit in regia hac 
sede, in qua vivo, Stockholmia, inter me- 
dicos patriæ certe vastissima. Medicus dein 
primarius classis navalis dictus fui , in cu- 
jus nosocomiis quotidie 400 ad 200 ægri 
delineantur ; accessit dein officium publi- 
cum, quo in auditorio illustri botanicen per 
æstates, mineralogiam per hyemes publice 
docerem, mox Societas ( academia dicta) 
scientiarum Stockholmiaextructa fuit;quæ, 


observata omni trimestri ederet lingua ver- 
nacula in mathematicis, physicis, tribus na- 
turæ regnis, œconomivis, non aliis, cujus 
Academiæ primus præses ipse electus fui ; 
sed mutatur hoc officium quotannis. Ora- 
tionem habui in eadem Academia de curio- 
sitatibus in insectis, quæ impressa est. Fer- 
beri hortum ageramensem huüuc typisedidi; 
in actis literarns et scientiarum Upsalien- 
sibus catalogum cum citationibus autho- 
rum dedi animalium Sueciæ, ubi quadru- 
pedia, aves, pisces, amphibia , insecta et 
vermes enumerata reperies. At in actis 
scientiarum Sueciæ descriptionem dedi œs- 
tri Läpponum et pici pedibus tridactylis. 

Tandem obtinui privilegium dissecandi 
de mortuorum cadavera in nosochomiis 
classis navalis, nec antea. Si per annum 
vixero responsum dabo ad causam proxi- 
mam febrium; nec prius, ne hypotheses 
dabo ullas, sed veritates æternas. 

In specifis muültum profeci per nosocomia 
plantæ quam Linnæam dixit Gronovius in 
flora Lapponica sua campanulaserpyllifolia 
CB: multum usus sum in rheumatismisinin- 
fuso ; observavi folia æque in hoc morbo 
specifica esse ac unquam China in inter- 
mittentibus. Epidemica hodie tussis viget 
cum cephalagia vehementi, dolore punc- 
torio dextri lateris, sputo sæpius cruento ; 
pulsus vile indicium febris indicat; in hoc 
morbo. — Valet ad 9 f. vüij. quater dedie 
exhibitus cum lacte, non fefellit, uti et in 
tussi ferina infantum. Vehementissimum 
frigus ante aliquot dies terras nostras ve- 
xavit, perniones non exulceratas solo illita 


| R, O. acidi semper sustuli. 


ne NE Re SES 


RER EESREEES 


742 

Sed proh dolor! maligna gonorrhæa per 
coucubitum cum lascivis et prostratæ pu- 
dicitiæ puellis omnes patriæ nostræ juvenes 
fere inquinavit; olim in Belgio morbum 
hunc centies debellavi, sed hic amplius 
valet ; audivi Monspelienses vestros in hu- 
jus cura excelleré; pro amore tuo in me 
summo doceas me hunc tollere morbum, 
non generali theoria, sed formulis et me- 
dendi methodo, quod si feceris mihi mille 
nummos aureos upico in anno dederis, 
quid ad methodum Artedi, in ornithologi- 
cis spectat fateor methodum non esse adeo 
facilem ; charactares dedit, differentias spe- 
cierum el species cum synonymis; descrip- 
tiones dein specierum nonnullarum quas 
laudabiles puto. Methodos varias et quam 
plurimas ipsi dare facillimum fuisset in 
classes naturales sérvare debuisset, voluis- 
set Statutis generibus et speciebus tua me- 
thodus longe facilior evaderet; indé tamen 
hoc incommodem sequitur, quod aliquot 
genera naturalia dilaccrari debent;'ita ut 
aliæ species hujus classis ad unam classem, 
aliæ vero ad alteram et divertissimam aman- 
dandæ sint. Confer Artedi ichtyologicam 
philosophiam, Ç 170. 

Nunc Dei gratia et valeo et bene valeo; 
ante 8 menses uxorem duxi gratissimam 
nec pauperem. Si ad me in posterum lite- 
ras dederis, amice æternum colende vene- 
rande eas mittas Stockholmiam etistas ha- 
bebo certissimas. Upsaliæ adhue vivit bota- 
nicus professor Olaus Rudbeck octogenerius 
vegetus ét robustus; qui si obicrit, forte 
Upsaliam petam, rec antea. 

Si unquam navis Monspelio Stockhol- 
miam petat , quæso mittas plantarum spe- 
cimina et semina, et literas ego certissime 
mittam hortum Clifortianum et alia quϾ- 
cunque publico deli; mecum enim omnia 
ferre Parisios non volui, non potui. Vale et 
ter vale medicorum princeps. Dabam Stoc- 
hoimiæ 1740, jan. 21, stylo grégoriano 
quæso ne cesses ad me scribere, qui te et 
epistolas tuas tanti facio, quanti affari 
erubescv. Tu mihi princeps, tu oraculum. 


GÉOGRAPHIE. 
La Valachie. 
(Deuxième article.) 
Forme du gouvernement, 


Avant de parler de la forme du gouver- 
nement actuel de la Valacbhie, il est essen- 
tiel de jeter rapidement les yeux sur les 
époques antérieures de son histoire , et de 
marquer ainsi à travers les révolutions 
dont le pays a eu à souffrir , les germes des 
institutions actuelles. La civilisation d’un 
peuple estun fait qui est curieux et instruc- 
tif que par la connaissance des causes et les 


moyens qui ontcontribué à son accomplis- 


sement. 

Obligés de fuir devant les Tartares pen- 
dant les onzième, douzième et treizième 
siècles , les Valaques se répandirent dans le 
. duché de Transylyanie,y continuërent leur 
nationalité en se donnant des chefs civils 
et militaires, sous le nom de BanEs, aux- 
quels ils obéirent jusqu’à l’époque où se- 
condés par les rois de Hongrie, ils s’avan- 
cerent vers leur première patrie, en chas- 
sèrent les hordes étrangères et sy don- 
nèrent de nouveaux chefs sous le titre de 
Waiwode (prince). 

Sous le règne de Bajazet, la Valachie fut 
de nouveau envahie par les Panariotes qui, 
avec l'appui des Tures oltomans, levèrent 
d'énormes contributions, grevéreut le pays 


743 


d'impôts et s’arrogèrent le droit de nom- 
mer les Waiwode. Poussés à bout par les 
exactions des panariotes Nicolas Mau vro- 
cordalo, la Valachie tenta plusieurs fois de 
secouer Je joug, mais ses efforts furent 
vains, et si elle protestait par lassassinat 
contre la tyrannie, le vainqueur à son 
tour faisait acte de maitre en faisant pen- 
dre ou étrangler les hospodars. Trop hu- 
mains envers les vaincus et trop peu ja- 
loux de son autorité despotique. — Les 
traités d’Ackermann et d’Andrinople mi- 
rent un terme à toutes ces horreurs. La 


74 


ceux qui, par respect pour les vieilles ha= 


bitudes nationales, sont restés fidèles al 


bonnet en forme de ballon; à la tunique," 1 
aux babouches et'aux motistaches né for- "1 
ment plus qu'undsetteptiont Les mar-l 


chands étrangers portent! le costume de 
leur nation; quant aux Valaques, ils se dis- 
tinguent par leurs vestes à grandes man- 
ches, par leur cou sans cravate, par le 
bonnet de pelleterie et leurs longues bot- 


tes. Le peuple porte des sandales et un 
pantalon de peau de mouton sur lequel re- 


Valachie redevint libre, sous la double 
protection de la Turquie et de la Russie. 

Le gouvernement de la Valachie se com- 
pose, sous la présidence suprême d’un bos- 
podar : 1. d’un wistiar; 2. d’un ministiar 
den leountrou; 3 d'un logothète bisse- 
zitschesk ; 4. d’un spathar; 5. d’un polstel- 
nick; 6. d’un logothè!e de pritchine. 

Le vistrar, c'est le ministre des finances, 
il doit toujours être d’origine valaque;,,Le ; 
ministrou den leountrou, où ministre: de: | 
l'intérieur, a pour charge, outre l’admi- 
nistration de la principauté, d'interpréter 
l'Obicei pementide ou code national. La di- 
rection de la métropole, du clergé, des 
éccles, des colléges et de tont ce qui tientà 
l'instruction religieuse, revient au logothèle 
bisseritschesk; ses arrêts et ses ordonnan-- 
ces, désignés sous le nom de crisovoulos, 
sont revêtus d’un cachet en cire. La plus 
importante de toutes les charges est celle 
du spathir. Aussi est-elle réservée au frère 
ou au plus proche parent du waiwvode. 
Ce fonctionnaire est chargé de la direction 
de l’armée et de la milice, il ordonne le 
mouvement des troupes, les commande en 
chef et dispose de tous les grades. Le grand 
polstelnik et le logothèque de pritchine sont 


à la grecque. 
Les Valaques sont braves et intrépides 


et du Dace l’héroïque obstination; ilne leur 
manque que des chefs dignes d'apprécier 
leur valeur, ou plutôt qu'un but vers le- 
quel ils puissent les diriger. On les accuse 


donner un démenti à Paie qui peut 
avoir le droit delélleur faire en présence 
de l’invasion quifpär deux fois broya leur 
nationalité, et des barbarestraitements aux-. 
quels ils furent soumis sous le despotisme. 
des hospodars. La Valachie n’est redeve- 
nue un peu elle-même que depuis quel- 
ques années, et cependant, si on étudieavec 
soin les mœurs et les caractères de ses ha- 
bitants, si on les juge sans prévention, on 
sera forcé de convenir, que les Valaques 
sont en général bons, hospitaliers, affables, 
amis des sciences et des arts, pour l'étude 


violence à l’indolence naturelle qu'ils tien- 
nent dn climat. Qu’une complèté émanci- 
patior:les délivre des ambitions rivales qui 
les parquent dans le cercle tracé par la di- 
plomatie, qu'ils redeviennent eux-mêmes, 


tombent les plis d’un lambeau de toile drapé” 


jusqu’à la témérité, ils ont gardé du Scythe 


de cruauté ; mais ce reproche, dont on ne. 
peut contester la justice sans s’exposer A4 


desquels ils se passionnent jusqu'à faire 


bien ce que nous entendons par garde-des- 
sceaux, et l’autre par ministre des affaires 
étrangéres, avec cetté différence toutefois, 
que Île premier sanctionne Jes jugements 
rendus par les tribunaux, et que le second 
a pour mission principale de maintenir la 
boune harmonie entre la Russie et la Purte- 
Ottomane, et de porter à la connaissance de 
la représentation nationale leurs tentatives 
réciproques d’empiétement; les fonctionsde 
l'aga consistent à maintenir l’ordre dans la 
ville, à veilier à la tranquillité, publique, 
et à faire exécuter les sentences criminelles 
qui n’offrent plus de grand intérêt drama- 
tique depuis que la peine de mort a été abo- 
lie par le waïvode Ypsilanti. 

Le chef suprême, comme nous l'avons 
dit, c’est le hospodar, mais sa royauté n’est 
que temporaire. IL est nommé pour sept 
ans. Il à le droit de condamner ou d’ab- 
soudre , et lesobservations des membres du 
Divan devant lesquels sont lus les actes d’ac- 
cusation ne sont pour lui que de simples 
moyens d'éclairer sa conscience. Aborda- 
ble pour tout le monde , le hospodar reçoit 
les placets qu’on lui présente, les lit, les 
apostille et les renvoie ensuite, selon la na- 
ture des affaires, aulogothèle Bésserttschesk 
ou au Divan suprème. 

Les Valaques sont divisés en quatre 
classes : 

1. Les boyards ou nobles; 

2. Les tschokoï ou petits nobles ; 

3. La bourgeoisie marchande; 

4. Le peuple, artisans, paysans ou rayas. 

Les deux premières elasses avaient au- 
trefois un costume particulier, plus ou 
moins riche, selon les ressources de celui 
qui le portait, Aujourd'hui elles ont géné- 
ralement adopté le costume européen, et 


et l’on verra s'ils sauront prendre rang 
parmi les autres peuples. 


REED DE PV RES ES 


Le Rédacteur-Gèrant : 
C.-B. FRAYSSE. 


nnol 


FAITS DIVERS. 


— Une exposition publique des produits indus- 


triels des départements dû Pas-de-Calais et du 
Nord aura lieu, cette année’, à Saint-Omer, à l'é- 


poque de la fête communale, sous la direction d’une 
commission prise parmi les. membres de la Société 
d'agriculture. —L'ouverture de l'exposition est fixée 
au 48 juin prochain, la clôture au 5 juillet suiyant. 
Les objets de tous genres, destinés à celte exposi- 


tion, devront être rendus (rranco), le 5 juin au 


plus tard , au local de l'exposition, à l'adresse du 
secrétaire de la commission. Ils seront rétournés 
également aux frais des exposants. = Chaque ex- 


posant devra joindre, à son envoi, une étiquette * 


portant le nom et l’adresse du fabricant, et le prix 
réel de l'objet ou du produit exposé, sil est à 


vendre. Des médailles en or, vermeil, argent. ebs 
bronzelainsi que des mentions honorables , seront s 
décernées par un jury spécial , à ceux de MM. les 4 
exposants qui en auront élé jugés dignes ; néan- 


moins, pour avoir droit à ces differentes distinclions 
ou encouragements , ils devront justifier de l'origine 
de leurs produits, à l'aide d'un certrlicat délivré 


par le maire de leur coma undf atbstant que les 


objets exposés ont été xémthblemeut fahriqués par 
eux. — L'exposition des pacduit iadushiels sera 


accompagnée d'une exposilion de tableaux anciens, 


modernes , de sculptures , de dessins, de gravures , 


< , I ARS QD 2 
de lithographies et d'objets d’autiquité. La douzième 
exposition des produits de l'horticulture aura lieu 

Ru 4 
en mème temps : le-programme en sert publié ultès 


rieurement, comme les années précédentés, 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fs, 
rue Saint-Hyacinthe-S:-Michel, 33. 


\ 


3 


19 
a 
y 


L 


2,5 
= = 


10e année. 


EC 


Paris. — Dimanche, 30 Avril 1813. 


f 


Ne 32, 


SA VA 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ae 


L'Ecno DU MONDE SAVANT paraît le SEUME etle BEMARTCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun: il est publié sous la direction 
de) M. le vicomte À, DE LAVALSTLE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et, dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAB:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., !Gfr., 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CEWQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ- 


RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOCIS:S du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. ©.-B. FRAWSSE, gérant-administrateur. 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE DU GLOBE. Sur la différence du 
niveau entre la mer Caspieune et la mer d’Azow; 

* Hommaire-Dehel. — CHIMIE INORGANIQUE. 
Sur les produits de décomposition de l’acide sulfo- 
cyanhydrique; Voelckel, de Marbourg. — CHI- 
MIE APPLIQUÉE. Electro-chimie, argenture, 

. perfectionnement apporté; Mourey. — SCIEN- 
CES NATURELLES. MINÉRALOGIE. Crislal- 
lisation de l'æschynite ; Descloizeaux. — ANATO. 
MIE. Nouvelle méthode de préparations analomi- 
ques, nommée hydrotomie. —. SCIENCES AP- 
PLIQUEES. ARTS MÉCANIQUES. Sur le mode 
d'action de la vapeur daus les machines d’épuise- 
ment usitées dans le comté de Cornwal ; Combe. 
— ARTS CHIMIQUES. Falsification de Ja ce- 
chenille. — AGRICULTURE. ECONOMIE RU- 
RALE Note sur la cire des ancilles; Lewy de Co- 
penhague, — HORTICULTURE. Pois très hatifs 
dits le Prirce-Afbert; Boissin. — SCIENCES 
HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES 
BMORALES ET POLITIQUES, Séance du 22 avril, 
— HISTOIRE. Recherches sur la scieuce et l'art 

- de la perspective ; Thenot,— GÉOGRAPHIE. Sé- 
jour aux îles Marquises en 1840; Lesson. — 
TAITS DIVERS. — PIBLIOGRAPHIEE. 


DIE Ge 
PHYSIQUE DU GLOBE. 
Sur. da différence de niveau entre la mer 
 Caspienne et la mer d'Azow; par 
M Hommaire-Dehel, 


(Premier article.) 

La fixation de la différence de niveau 
entre la mer Caspienne et la mer d'Azow 
est une des questions qui intéressent au 
plus haut degré la géographie physique et 
géognostique de Ja Russie méridionale. plu- 
sieurs savants s’en sont occupés et ont élé 
chargé par le gouvernement russe de faire 
le nivellement entre ces deux mers. En 
1812, Parrot et Engelhart exécutèrent, 
aux embouchures du Kouban et du Terek, 
un travail à l’aide du birometre; leur ré- 
sultat a été successivement ces trois nom- 
bres : 54, 47 et 55, 7 toises. Ce travail, 
fait à une époque où la méthode baromé- 
trique n'avait peut-être pas la précision 
qu'elle a aujourd’hui , présente peu de ga- 
rautie d’exactitude; d’un autre côté, la dis- 
tance entre les deux mers est si grande, 
surtout au pied du Caucase où le nivelle- 
ment a été fait, et la difiérence de hau- 
teur comparativement si faible, que l’on 
ne saurait admettre comme rigoureuses 
des opérations faites rapidement et non 
fondées sur un grand nombre d'observa- 
tions simultanées et continuées pendant 
un long laps de temps : on sait d’ailleurs 
quun millimètre d'erreur répond sur le 
terrain à 10 mètres de hauteur. Les diffé- 
rences énormes qui ont eu lieu dans les 
observations barométriques pour la déter- 
mination de la hauteur de Moscou, doi- 
vent du reste singulièrement nous prému- 
nir contre les opérations de ce genre. 

Eu 1839, MM. Fuss, Sabler et Savitsch, 


, de l’Académie dé Saint-Pétersbourg, furent 


chargés de faire un nouveau travail entre 
les deux mers; ces messieurs adoptèrent 
la méthode des distances zénithales. Leur 
premier résultat , annoncé dans tous les 
journaux russes, constate une différence 
de niveau de 33m,70 ; plus tard , ils don- 
pèrent un nouveau chiffre considérable- 
ment réduit : 25 mètres. Il faut avouer 
qu’un travail dans lequel s’est plissée une 
erreur si grave mérite bien peu de con- 
fiance. Je dois faire remarquer ici que 
dans toutes les contrées de la Russie mé- 
ridionale, les effets du inirage sont tels, 
que les objets paraissent généralement mo- 
biles à 200 mètres de distance, et que le 
brisement du rayon lumineux est souvent 
assez prononcé pour faire apercevoir dis- 
tinctement des villages et des forêts éloi- 
gnés de plus de 46 kilomètres et placé bien 
au-dessous de Flhorizon visuels; aussi la 
différence de un quart dans les deux ré- 
sultats indiqués parles trois académiciens 
de Saint-Pétersbourg, me ferait -elle 
croire que ces savants n’ont pas tenu 
compile de la réfraction tout exception- 

| nelie des contrées où its ont opéré, et qu’ils 

-ont dû négliger de prendre réciproque- 
ment et au mème instant physique les dis- 
lances zénithales de ieurs points d’obser- 
vation. 

Nous avons donc deux résultats bien di- 
vergents sur la diff‘rence de niveau entre 
Ja mer Caspienne et la mer d'Azow ; lun 
donne plus de 100 mètres et l’autre à peine 
25 mètres. Ces résultats jettent une nou- 
velle incertitule dans la question et obli- 
gent presque forcément de rejeter à la fois 
les deux soluiions. Desireux de résoudre 
cet important probiême, je partis d'Odessa 
vers la fin de l’éte de 1838 pour faire un 
nivellement par stations entre les deux 
mers. 

Après un examen attentif de différentes 
cartes des steppes qui séparent la mer d’A- 
zow de la mer Caspienne, je reconnus que 
la meilleure opération serait celle qui, 
s'appuyant d’un côté sur l'embouchure de 

‘la Kouma dans la mer Caspienne, longe- 
rait cette rivière jusqu’au point le plus rap- 
proché du Manitch ; et, rejoignant le ma- 
nitch, le côtoierait jusqu'au Don et à la 
mer d'Azow, On pouvait ainsi, pour abré- 
ger les opérations, profiter des nombreux 
lies salés disséminés dans ces steppes et 
tirer également parti des crues du Don 
qui, au printemps, font refluer les eaux 
dans le bassin du Manitch et inondent 
toute la plaine jusqu'à une distance de 
100 et niême 117 kilomètres. 

Ce premier voyage se borna à arriver à 
Pembouchure du Manitch; toutes les per- 
sonnes auxquelles j'étais adressé pour en 
recevoir aide et protection furent tellement 
effrayées d’une pareille exploration à tra- 
vers les steppes arides etsauvages des Kal- 


mouks et des Turcomans , que je dus for- 
cément renoncer à mon voyage. Le prin- 
temps suivant, de nouvelles excursions sur 
les bords du Dnieper et le littorak de la mer 
Noire , rendirent pour moi cetle question 
de nivellement si importante, que je me 
reinis une seconde fois en route avec l'in- 
tention de commencer mes opérations sur 
les rives mêmes de la mer Caspienne. 
Après mille et mille difficultés suscitées au- 
tant par le manque absolu de renseigne- 
inents sur les steppes que par la nature 
d’une contrée privée de toute espèce de res- 
sources , j’arrivai le 12 septenibre 1839 sur 
les bords de la mer Caspienne, à l’embou- 
chure de la Kouma. Le 15 du même mois 
je fus à même de commencer mes opéra- 
tions à l’aide d’un excellent niveau à bulle 
d’air ; grâce à l’obligeance du gouverneur 
d’Astrakan et du curateur-général des Kal- 
mouks, j'avais douze hoinmes à ma dispo- 
sition' Mes stations, suivant l’état de l’at- 
mosphère, variaient entre À 50et 300 mètres. 

Ma première station eut lieu sur les 
bords de la Kouma, à 60 kilomètres de la 
mer Caspienne et à 30 kilomètres de Houi- 


15m,355 au-dessus du niveau deA 

Caspienne. 20 kilomètres plus loir A 
naïa-Sastava, Où se trouvent les Es 
lines de ce nom, mes opérationfzhn iodi 
quèrent une élévation totale de Æin:688* 
sui” de. 


de revenir sur mes pas; les chaleurs avaient 
été si fortes dans Je courant de l’été, que la 
steppe était entièrement brûlée et les fla- 
ques d’eau saumâtre totalement dessé- 
chées. Tout le pays était désert, etles hor- 
des kalmoukes s'étaient retirées au nord de 
la Sarpa et au midi sur les rives de Ja Kou- 
ma; le deuxième jour de mon arrivée à 
Sastava, des vents d’est amenèrent heureu- 
sement de fortes pluies, et le surlendemain 
je repris mon travail : il ne me restait plus 
que 36 kilomètres à franchir pour arriver 
aux sources du Manitch. Ce nivellement, 
contrarié par des vents, dura cinq jours, 
et le résultat général fat une élévation de 
42m,66 au-dessus de la mer Caspienne, 
aux sources de Manitch, rivière qui, com- 
me nous l'avons déjà dit, se jette dans Je 
Don, non loin del’embouchure de ce fleuve 
dans la mer d’Azow. 

Je comptais dans le principe continuer 


immédiatement mes travaux et les prolon- 


ger jusqu’à la mer d’Azow; mais toute 
mon opiniâtreté échoua contre le manque 
Lotal de pâturage pour mes chameaux de 
transport, et je fus forcé de remettre à l'an- 
née suivante l’achèvement de mon nivelle- 
ment. 

Ce ne fut qu'au printemps de 1840, au 
milieu du mois de mai, que je repris mes 


714$ 


opérations, en partant de l'embouchure 
du Manitch, dans le Don. La crue de ce 
dernier fleuve était alors à sa plus grande 
hauteur, etune élévation de 4m,20 avait 
fait monter ses eaux dans la plane de Ma- 
nitch. jusqu’à 100 kilomètres de distance. 
Le point de départ de ce second nivelle- 
ment fut donc naturellement la limite des 
inondations du Don. Il me restait environ 
270 kilomètres à parcourir pour arriver 
aux sources du Manitch,où j'avais dû n'ar- 
rêter dix-huit mois auparavant. Cette dis- 
tance fut nivelée dans l’espace d’un mois, 
et le résultat fut, pour les sources du Ma- 
nitch, une élévation de 24m,356 au-dessus 
du niveau de la mer d’Azow. En retran- 
chant ce chiffre de celui obtenu dans l'o- 
pération de la mer Gaspienne, on a, poar 
la différence de niveau entre les deux mers, 
18m,304. 


CHIMIE INORGANIQUE:. 


Recherches sur les produits de décornvosi- 
tion de l'acide sulfocyanhydrique ; par 
M. C. Voelkel, de Marboursg. 

(Froisième et dernier article.) 

On sait depuis longtemps que l'acide 
sulfocyanhydrique se convertit pendant la 
conservation dans certaines circonstances, 
en un corps jaune. On admettait jusqu’à 
présent que cela s’effectuait par suite d’une 
oxidation par l’oxigène de l'air, et l’on pre- 
nait ce corps pour identique avec ceux qui 
se produisent par l’action du chlore ou de 
Vacide nitrique, sur le sulfocyanure de po- 
tassium. Mais cette opinion est erronée. 
L’acide salfocyanhydrique se conserve sans 
altération tant à l'air qu'en vase clos. Je 
n’ai pu observer aucune décomposition de 
cette espèce dans un acide étendu que je 
conserve depuis quelque temps; il est pro- 
bable qu’elle ne s'effectue que dans un acide 
bien concentré. M. Vogel a observé cette 
décomposition en abandonnant de l'acide 
sulfocyanhydrique à l’air dans un vase ou- 
vert. Mais comme l'acide sulfocyanhy- 
drique est moins volatil que l’eau, sa dé- 
composition provient probablement de ce 
que celle-ci s’évaporë en plus grande pro- 
portion que l'acide, qui alors, à un cer- 
tain degré de concentration, se décompose 
en acide persulfocyanhydrique et acide 
prussique. 

Après ces considérations sur la formation 
de l’acide persulfocyanhydrique, il ne sera 


passans intérêt de poursuivre quelques dé- 


compositions que cet acideéprouve sous cer- 
taines influences. 

L’acide hydrochlorique, qui ne le dis- 
sout à froid qu’en petite quantité et en 
plus grande proportion à l'ébullition, ne 
s'altère que fort peu, Il ne s’en décompose 
qu'une petite portion, avec le concours 
des éléments de l’eau, en acide carbo- 
nique, hydrogene sulfuré, soufre et am- 
moniaque : 

Ci Az° H° SH HO‘ = C'O'+Az H64 
; S'H1+S. 

L’acide nitrique détermine, surtout à 
chaud, la formation d'acide carbonique, 
d'acide sulfarique et d’ammoniaque. L’a- 
cide sulfurique concentré le dissout déjà 
à froid, si on l’en sépare sans altération de 
cette dissolution; mais en faisant bouillir 
le mélange. on observe un dégagement 
d’acide sulfureux. 

Le chlore anhydre ne l'attaque pas à la 
température ordinaire; mais par un échauf- 
fement modéré, l'acide sulfocyanhydrique 


749 


produit du chlorure de cyanogène et de 


l'acide hydrochlorique, en se transformant 
lui-même en un corps rouge brun inso- 
luble dans l'eau. 


Lorsqu'on fait passer du chlore dans une 


dissolution d'acide sulfocyanhydrique, il 
se sépare un corps jaune insoluble dans 
l’eau ; mais celui-ci disparait par un excès 
de chlore, en produisant de l'acide sulfu- 
rique et de l'acide hydrochlorique, 
L’acide sulfocyanhydrique se comporte 
avec les alcalis d'une manière extrêmement 
remarquable. Lorsqu’on le met en contact 
avec un alcali quelconque, parexemple avec 
de l'ammoniaque, il s'opère àl’instant même 
une décomposition; un corps blanc se sé- 
pare, tandis que le liquide surnageant est 
coloré en jaune, Ce corps blanc n’est autre 
chose que du soufre. En.elfet, il est, inso- 
luble dans l’eau, l’alcool et l'éther, il se 
dissout par l’ébullition dans la potasse çaus- 


tique en formant du sulfure de potassium; | 
chauffé dans un tube de verre, il fond-ea : 


développant de l’hydrogène sulfuré,.et.se 
sublime complètement; chauffé sur une 
lame de platine, il brûle complètement, en 
produisant de l'acide sulfureux. 

0,126 gr. calcinés avec du chlorate de 
potasse et du carbonate de soude, ont donné 
0,887 p. c. sulfate de baryte = 97,12 p. c. 
soufre. 

0,381 gr. brûlés avec de l’oxide de 
cuivre n’ont point donné d’acide carbo- 
nique, mais 0,014,eau, ce qui fait en cen- 
tièmes : 


Soufre , 974102 
Eau, 3.68 
106,00 


Ces réactions, ainsi que ces analyses, 
prouvent que le corps blanc présente une 
Composition semblable à celle du lait de 
soufre. 

La solution ammoniacale jaune ne ren- 
ferme ui sulfocyanure d’ammonium ni sul- 
fure d’ammoninm. Lorsqu'on y ajoute un 
acide fort étendu, il se sépare au bout de 
quelque temps, de l'acide persulfocyanhy- 
drique en finesaiguilles brillantes; laliqueur 
filtrée ne renferme pas d'acide sulfocyanhy- 
drique; celui-ci nese fornre que par l’échauf- 
fement. Les acides concentrés, au contraire, 
séparent de lacide persulfocyanhÿdrique, 
tandis que la liqueur filtrée renferme alors 
de l'acide sulfocyanhydrique. Par l’évapora- 
tion, soit à chaud, soit à la température 
ordinaire dans le vide sur de l’acide salfu- 
rique, la solution ammoniacale se décom- 
pose en acide persulfocyanhydrique, qui se 
dépose à l’état d’uné poudre jaune, tandis 
que le liquide se décolore de plus en plus, 
et qu'il ne reste en dissolution que du sul- 
focyanure d’ammonium. Lorsqu'on met l’a- 
cide persulfocyanhydrique ainsi séparé de 
nouveau en contact avec lammoniaque, les 
décompositions se répètent absolument de 
la même manière, si bien que l'acide per- 
sulfocyanhydriqne finit par se décomposer 
entiérementen soufre et acide sulfocyanhy- 
drique. La quantité de soufre qui sé sépare 
chaque fois dans cette décomposition n’est 
que faible, et ne s'élève qu'à passé 5 p. c. 
du poids de l'acide persulfocyanhydrique ; 
de même, la quantité de sulfocyanure 
d’ammonium quise produit par l'ébulli- 
tion n’est pas non plus considérable; la 
plus grande partie de l'acide persulfocyan- 
hydrique se sépare sans altération. 

Cette décomposition repose sur une réac- 
tion particulière de l'acide persulfoeyan- 
hydrique, décomposition qui s'opère en 


< 50 
G\ 

présence de l’eau et d’un excès d’am - 
niaque; car, si l’on fait passer sur l'acide 
sec un courant d’ammoniaque anhydre,,é 
qu’on y ajoute ensuite de l’eau , l’agide se 
dissout, sans que des traces considérables 
de soufre se séparent. Mais dès qu’on 
chauffe doucement la solution limpide, il 
se développe de l’'ammoniaque, et elle se 
trouble en séparant du soufre. Une par- 
tie de l'acide persulfocyanhydrique se 
combine donc, en présence de l’eau, avec 
l’ammoniaque, sans se décomposer, tandis 
qu’une autre, bien plus faible, se décom- 
pose en soufre et en un sulfocyanure con- 
tenant moins de soufre que l’acide persul- 
focyanhydrique et plus que l'acide sulfo- 
cyanhydrique ; par l’évaporation ou par 
l'effet des acides concentrés, ce sulfocya= 
nure se décompose à son tour en acide 
sulfocyanhydrique et acide persulfocyan- 
hydrique. 

La décomposition s’effectue probable- 
ment de la manière suivante : 2 atomes 
d’acide persulfocçanhydrique ‘se décom- 
posent en 1 atome de soufre et'1'atome 
d’une combinaison C5 Az° H*S, ét celle-ei 
de son côté se décompose en 1 atome d'a- 
cide sulfocyanhydrique et { atome d'acide 
persulfocyanhydrique. 

L'existence d’une pareille combinaison 
intermédiaire se déduit avec certitude de 
cette circonstance, que la liqueur ammo- 
niacale, obtenue après la séparation du 
soufre, ne renferme pas la moindre trace de 
sulfocyanure d’ammonium, et ce dernier 
se forme par l'évaporation de la solution 
où par l'addition d’un excès d’un acide 
concentré. Toutes les expériences exécu- 
tées dans le but d'isoler cette combinaison 
intéressante ont échoué à cause de la faci- 
lité avec laquelle elle se-déconrpose. 3 

Les autres alcalis, ainsi que les terres 
alcalines se comportent d’une manière sem- 
blable à l'ammoniaque, avec la différence 
toutefois qu'il ne se forme point d'acide 
persulfocvanhydrique par lévaporation, 
car celui-ci reste en combinaison avec l’al- 
eali. 


Les combinaisons de l’acide persulfo- 


cyanhydrique avec les alcalis ne présen- 
tent rien de particulier; on ne parvient 
pas à les séparer des sulfocyanures qui se 
produisent en même temps. Les sels inétal- 
liques en sont précipités comme par l’acide 
libre. 

Les réactions de l'acide persulfocyanhy- 
drique se concoivent aisernent. Sa décom- 
position commence déjà x 150°, en don- 
nant de l'hydrogène sulfuré et de l'acide 
sulfocyanbydrique ; elle s’accroit peu jus- 
qu’à 200°. Par un plus fort échauffement, 
il se développe en outre du sulfure de eat- 
bone et du ‘soufre ; et enfin, à une tempé= 
rature Encbre plus élevé, il se dégage de 
l’äimmoniaque, et il reste du mellon à lé 
tat d’un corps gris que la chaleur rouge 
fait disparaître complètement avec un dé- 
gagement de cyanogène. Ce dégagement 
d’ammoniaque ne S'effectuant qu'à une 
température élevée, il est probable qu'il se 
produit d’abord du mélam, qui finit par se 
décomjoser en ammoniaque et mellon. 
L'acide sulfocyanhydrique devenant libre 
dans cette métamorphose, éprouve de son 
cùté une décomposition, en se transformant 
en acide prussique et en acide persulfo- 
cyanbydrique qui se dépose à la partie su- 
périeure du vase. 

M. Licbig indique le sulfure de carbone 
comme produit de décompositon de Facide 


sulfocyanhydrique; il avait obtenu ce pro= 


tement Pr Eneee 


RSR PR EE 


“duit en faisant fondre du sulfocyanure de 
potassium dans un courant d'acide hydro- 
chlorique sec. Il est aisé de comprendre 
que l'acide sulfocyanhydrique devait se 


“décomposer en acide prussique et en acide, 


persulfocyanhydrique, et que c’est de la dé- 
composition de ce dernier dans les parties 
échauffées de la cornue, que provenait le 
sulfure de carbone. (Revue scientifique.) 


* CHIMIE APPLIQUEE. 


 Electro-chimie, argenture, perfectionnement 


apporté M. Pu. Mourey. 
«Dès que M. Auguste de la Rive eut pu- 
bliéle résultat de ses recherches relatives à 
Vapplication, d’un métal précieux sur un 
autre de moindre valeur, on vit, de toutes 
parts, savants et industriels. se mettre à 
l'œuvre, chacun cherchant dans: sa direc- 


- tion à en faire l’application manufacturière 


ou à apporter au procédé les per'ectionne- 
ments qu une expérience de tous les jours 
démontrait nécessaires ; car le principe, 
bon:entlui-même, était néanmoins suwscep- 
tible(de grandes améliorations quant à la 
pratique. 

:.« Plus heureux que le savant genevois, 
M. Elkington, qui s'était occupé de recher- 
ches à ce sujet; fit usage d’un dissolvant al- 
calin, qu’a employéégalement M. de Ruolz. 

« Très-peu de temps après, M. Becque- 
relcommuniquait à l’Académie un procédé 
par lequel, au moyen de ses appareils, on 
parvenait à dorer et à argenter les objet; 
qui, jusque-là, ne paraissaient pas suscep- 
tibles de l'être, tels que le filigrane. À da- 
ter de ce moment, la dorure et l’argenture 
entrèrent dans une voie nouvelle, et l'Aca- 
dénmiie a déjà sanctionné ce résultat en ac- 
cordant.aux inventeurs, MM. de la Rive, 
Elkington et Ruolz,. le prix Montyon. 

« Toutefois largenture laissait encore 
tout. à désirer , en ce sens que les pièces, 
d'un blaue mat parfait à leur sortie du bain, 
netardaient pas à perdre leur éclat, et 
même, au bout de quelques jours, à deve- 
nir d’un jaune sale; voulait-on les mettre 
en couleur par les moyens ordinaires , on 
lesaltérait. ë 

« Frappéde ce fâcheux résultat, qui ten- 
dait, sinon à détruire, du moins à infirmer 
une invention si parfaite , je me mis à re- 
chercher quelle en pouvait être la cause, 
et je trouvai que la couleur jaune de l’ar- 
genture provenait d’un cyanure ou sous- 
cyanure reslé à la surface après l'opération 
et que la lumière décomposait peu à peu. 

« Dans cet état, les pièces n'étaient plus 
recevables dans le commerce, accident qui 
m'arriva plusieurs fois et me:ifit un tort 
assez considérable ; je me_décidai donc à 
tenter quelques recherches dans lesquelles 
eus le bonheur de réussir, et quiime mi- 
rent à même de rendre un grand service 
aux inventeurs eux-même,.en leur commu- 
quant gratuitement. le fruit de ina décou- 
verte, dans le seul but d’être utile à l'in- 
dustrie qui, n'ayant plus à craindre ces al- 
térations de l'argenture, pourra se livrer à 
la fabrication de l’oifévrerie et autres ob- 
jets d'art susceptibles d’être argentés, 

« Voici par quels moyens je suis arrivé 
à ces résultats satisfaisants : 

» Je songeai à employer le borax, que je 
fis dissoudre et dont je couvris mes pièces 
en couche assez épaisse, puis je soumis 
celles-ci à l’action d’une température assez 
élevée, jusqu’à la calcination du borax ; Je 
m'étais servid'un moufle pour ÿ placer mes 
pièces, ayant reconnu ce moyen pour plus 
sûr et plus prompt. La température à la- 


x 


quelle j'optrai était celle au dessous da 
rouge-cerise. 

» Celte opération achevée, je fis un dé- 
rochage dans l'eau acidulée par l'acide sul- 
furique, en laissant les pièces se décaper 
dans le liquide : cette dernière opération 
peut être activée par l’actionde la chaleur, 
ensuite Je lavai les pièces, et les séchai dans 
la sciure de bois chaude ; toutefois, malgré 
ce séchage, il est urgent de les soumettre à 
la chaleur, afin de chasser l’humidité 
qu’elles pourraient encore conserver. Ce 
dernier point est aussi un tour de main qui 
a pour but de donner un plus beau mat, 
ce dont on pourra se convaincre par l’exa- 
men de mes pièces. 

» En outre, je crois mon procédé d’au- 
tant plus utile, qu’il n’est pas nécessaire 
que les pièces sortent blanches de la disso- 
lu tion ärgentifère, l’action du feu leur don- 
sant cette couleur blanc parfait qui distin- 
gueë és pièces que j’ai préparées. Tel est le 
résuitat de mes recherches que l'expérience 
est venu justifier, car M. Christofle, bijou- 
tier distingué, auquel je le communiquai 
aussitôt que je fus certain de la réussite, le 
mit de suile en exécution dans ses ate- 
liers. 

= SG de—— 


SCIENCES NATURELLES. 
MINERALOGIE. 


Cristallisation de l'Æschynite, par M. Des- 
cloizeaux. 


Jusqu'ici, les formes cristallives de l’æs- 
chynite étaient restées mal connues, les di- 
mensions de la forme primitive n'ayant pu 
être déterminées, faute de cristaux qui of-- 
frissent des terminaisons distinctes : aussi 
les divers auteurs ne sont-ils pas d’accord 
sur la forme primitive à adopter pour cette 
substance. La plupart, sur lautorité de 
Brooke, prennent un prisme rhomboïdal 
oblique d'environ 127° et 53 : Philips cite 
comme furme secondaire ce prisme ter- 
miné par un sommet à quatre faces. 

Lévy, dans sa description de la collec- 
tion Turner, regardant comme un clivage, 
difficile à la vérité, une cassure perpendi- 
culaire à l'axe qui se trouve souvent sur les 
cristaux d’æschynite, en conclut que ie 
prisme est droit, mais il ne décrit pas de 
cristaux terminés. 

Cette dernière opinion est pleinement 
confirmée par les mesures prises sur deux 
beaux cristaux dont s’est récemment enri- 
chie la collection de M. Adam, et que j'ai 
pu complétement déterminer, grâce à sa 
bienveillante complaisance. 

Je me suis assuré par unexamen atten- 
tif que la base est perpendiculaire à l’arête 
verticale du prisme. 

L’incidence des faces latérales du prisme 
a été prise au goniomètre d'application et 
au goniomètre de réflexion sur un gros 
cristal sans terminaisons distinctes, mais à 
plans unis, un peu miroitants et offrant ce 
clivage. perpendiculaire à l’axe dont J'ai 
parlé plus haut. J'ai constamment trouvé 
cette incidence de 129° et non de 127°, les 
écarts extrêmes de l'observation ont été 
128° 55° et 129° 10. 

Je prendrai donc pour forme primitive 
de l’æschynite un prisme rhomboïdal droit 
de 129, dans lequel le rapport entre un des 
côtés de la base et la hauteur est sensible- 


ment celui des nombres 11 : 13. 


Le tableau comparatif des angles obser- 
vés directement et de ceux que fournit le 
calcul, montre que les différences sont in- 
signifiantes, surtout pour des cristaux qui 


193 


ne se prêtent pas à la mesure au goniomè., 
tre de réflexion. 

Quelque imparfäites qu'on suppose les 
analyses de l’æschyÿnite et de la polymi- 
gnite, il est impossible, encomparant leurs 
résultats, de réunir ées’deux espèces. D’ail- 
leurs, la pesanteur spécifique de la pre- 
mière est plus considérable que celle de la 
seconde dans le rapport de 5, 14 à 4,8, et 
la cristallographie vient donner un nou- 
veau degré de certitude à cette distinction. 

Détermination des formes primitives et 
secondaires de la Mozanite. — La forme 
dominante de la mozanite est un prisme 
carré aplati sur une de ses faces, terminé 
de chaque côté par un sommet tétraèdre 
irrégulier. 

D’après diverses considérations et d’après 
les mesures prises directement, on peut re- 
garder comme forme primitive de la mo- 
nazite un prisme rhomboïdal oblique de 
92, 30° dont la base fait avec les faces la- 
térales un angle de 100° 35 13”. Le rap- 
port entre un côté de la base et l’une des 
arêtes latérales est à très peu près celui des 
nombres 116 : 77. 

Comme on le voit, la forme des cristaux 
de monazite qui, suivant l'analyse de 
M. Kersten, estun phosphate d’oxydes de 
cérium, de lanthane, de thorine avec un 
peu d’oxydes d’étain, de manganèse et de 
chaux, fait partie de celles que M. Beudant 
indique pour les phosphates en général, 

(Ann. des Mines.) 


"] 


ANATOMIE. 


Nouvelle méthode de préparations anato- 
miques, nommée hydrotomie. 


Dans un de nos derniers numéros nous 
signalions sans la décrire une nouvelle mé- 
thode de préparation des corps pour l'étu- 
deanatomique. Aujourd’huiquenous avons 
de cette méthode une connaissance plus 
précise, nous nous empressous de la com- 
muniquer à nos lecteurs. M. Lacauchie, 
professeur d'anatomie à l’école d’instruc- 
tion du Val-de-Grâce, recherchant les ef- 
fets de Peau introduite dans le tissu cellu- 
laire, s’imagioa un jour de soumelire un 
cadavre à une injection continue de ce li- 
quide. D’un réservoir élevé de 4 mètres, il 
fit descendre un tube qu’il adapta à une 
canule convenablement fixée dans l'artère 
carotide primitive d’uii cadavre, et illaissa 
l'expérience marcher ainsi pendant quel- 
que temps. Le cadavre augmenta peu à 
peu de volume et atteignit bientôt dans tou- 
tes ses parties un degré de distension ex= 
traordinaire :sa déformation était complète 
et ce phénomène ne s’arrêta qu'au mo- 
ment où la résistance de la peau l’empor- 
tant sur celle des membranss muqueuses, 
l’eau s’écoula abondamment par les nari- 
nes, la bouche et l'anus. Un tel change- 
ment à l'extérieur en faisait pressentir un 
bien plus grand encore à l’intérieur; mais 
quel ne fut pas l’étonnement de M. La- 
cauchie lorsqu'il vit se dérouler devant lui 
des parties que le scalpel pouvait à peine 
atteindre et ne révélait que difficilement 
aux yeux de l’anatomiste. Cette expérience 
fut un trait de lumière pour le professeur 
du Val-de-Grâce, et répétée plusieurs fois 
elle conduisit toujours aux mêmes résul- 
tats. Ainsi est née l’hydrotomie, méthode 
qui peut faire une véritable révolution dans 
les études anatomiques, puisque cest un 
procédé trop facile d'exécution pour que 
tout le monde ne puisse pas le mettre en 
pratique et arriver ainsi à des résultats cu- 


754 
rieux pour la science. Quand on réfléchit 
en effet an peu de jour qui règne sur tant 
de points encore obscurs d'anatomie, on 
doit se féliciter de la découverte d’une mé- 
thodequipermettrade résoudre, sans doute, 
quelques unes des grandes questions sur les- 
quelles les anatomistes n'ont encore fait 
que balbutier, Les travaux de Bordeu sur 
le tissu muqueux et les glandes, les recher- 
ches de Cruiskauh et de Mascagni sur les 
aisseaux lymphatiques, seront toujoursdes 
productions remarquables; mais la science 
n’a pas dit son dernier mot sur ces grands 
problèmes, et dans ces voies immenses où 
l'esprit humain se confond, il reste encore 
plus d’un sentier à parcourir, plus d'une 
lande à défricher. M. Lacauchie, prof- 
tant avec talent d'une méthode que le ha- 
sard lui a révélée, mais que déjà il a su fé- 
conder avec succès, M. Lacauchie est 
parvenu à voir des choses qui n’ont encore 
été ni vues ni décrites par personne, des 
organes qu'on avait pu soupçonner, mais 
dont l'existence n’était pasrationnellement 
démontrée. Si l’auteur de cette découverte 
avait exposé à l’Académie royale de Méde- 
cine le résultat de ses travaux, il aurait été 
mieux compris-qu'à l’Académie des Scien- 
ces, oùles plus bellesidéeslanguissent et s’é- 
teignent souvent dans l'attente d’un rap- 
port qui n'apparait qu'après plusieurs an- 
nées. Malgré cela la méthole de M. La- 
cauchie trouvera toujours des admirateurs 
dans ceux qui la connaîtront, et si nous 
pouvons contribuer ici à la propager, notre 
bat sera rempli. EXD. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉCANIQUES. 


Mémoire contenant la discussion de quel- 
ques observations relatives au mode d’ac- 
tion de la vapeur dans les machines, 
principalement dans les machines d'épui- 
sement à détente usitées dans le comté 
de Cornwall; par M. Combe. 


(Deuxième et dernier article. ) 


Je conviens que les observations recueil- 
lies ne sont point encore assez nombreuses 
pour mettre hors de doute la généralité de 
ces conclusions. Néanmoins il m'a semblé 
qu’elles n'étaient pas tout à fait indignes 
d'être présentées au public, ne füt-ce que 
pour provoquer de nouvelles observations 
et une discussion plus approfondie des phé- 
nomènes qui se passent dans les machines 
à vapeur. 

Les faits observés et les conclusions que 
j'en ai tirées, peuvent être réunis ainsi qu’il 
suit : 

2. Dans les machines à vapeur à détente, 

c’est-à-dire dans les machines où la vapeur 
de la chaudière n’est admise dans le cylin- 
dre que pendant une partie de la course 
du piston, la tension de la vapeur, après la 
fermeture de la soupape d'admission, di- 
-minue en général moins rapidement que 
suivant la raison inverse des volumes, soit 
que les cylindres soient renfermés dans 
une enveloppe et baignés extérieurement 
par la vapeur qui vient de la chaudière, 
soit que les cylindres n'aient point d’enve- 
loppes et soient exposés au contact de l'air 
extérieur; 

2. La tension de la vapeur, dans les cy- 
lindres, pendant quela soupaped’'admission 
demeure ouverte, est tantôt à peu près 
constante, tantôt variable, Dans ce second 


755 


cas, la tension arrive à son maximum pres- 
que dès l'origine de la course du piston, et 
commence immédiatement à décroitre ; la 
vapeur agit ainsi par expansion, pendant 
que la soupape d'admission est ouverte, et 
si l’on trace une courbe dont les ordon- 
nées soient proportionnelles aux tensions 
variables de la vapeur, pendant l'excur- 
sion totale du piston, et dont les abscisses 
soient proportionnelles aux distances du 
piston à l'origine de sa course, il arrive 
quelquefois que les deux parties de cette 
courbe correspondantes aux espaces par- 
courus par le piston, avant et après la fer- 
meture dela soupape d'admission, forment 
une seule et même courbe continue, sans 
jarrets ou inflexions brusques. Dans le pre- 
nier cas, la tension de la vapeur dans le 
cylindre arrive à son maximum presque dès 
l'origine de la course du piston, et demeure 
ensuite constantcjusqu’au moment de la fer- 
metare de la soupape d'admission, point à 
partir duquel elle décroît moins rapide- 
ment que suivant la raison inverse des vo- 
lames. La tension maximum de la vapeur 
dans le cylindre esttoujours très notable- 
ment inférieure à celle qui existe dans la 


chaudière. 


3. Lorsque, dans les machines à simple 
effet du système du Cornwall, où ouvre la 
soupape d'équilibre qui meten communi- 
cation les espaces séparés par le piston de 
la machine, la tension de la vapeur qui se 
répand aussitôt dans un espace plus grand 
que celui qu’elle occupait diminue, et la 
tension qui s'établit est à la tension primi- 
tive dans un rapport plus petit que le rap- 
port inverse des volumes. 

4. Connaissant le volume occupé par la 
vapeur dans le cylindre d’une machine, à 
la fin de la course du piston, la tension.de 
cette vapeur, ainsi que la tension et la tem- 
pérature dela vapeur.dans la chaudière, 
on peut déterminer par les formules::con- 
nues les limites supérieure et inférieure du 
poids de vapeur qui existe alors dans le 
cylindre; ces limites sont aussi celles du 
poids. d’eau dépensé par la chaudière, par 
coup de piston, lorsqu'il ne reste po nt 
d’eau liquide dans le cylindre à la fin de la 
course du piston. S'il reste, au contraire, 
de l’eau à l’état liquide, le poids d’eau d3- 
pensé par la chaudière peut dépasser: la li- 
mile supérieure ainsi déterminée, 

Convaissant le volume occupé par la va- 
peur dans le cylindre d’une machine à dé- 
tente, au moment où la sonpape d'admis- 
mission est fermte, la tension de cette 
vapeur ct la température de la chaudière, 
on peut déterminer les limites supérieure 
et inférieure du poids de vapeur qui existe 
alors dans le cylindre; dans tous les cas où 
la tension de la vapeur dans le cylindre de- 
meurait à peu près constante, peudant l’ou- 
vertuie de la soupape d'admission, j'ai 
trouvé que le poids d’eau réellement dé- 
pensé par la chaudière dépassait notable- 
ment la limite supérieure ainsi déterminée 
et que, par conséquent, il y avait de l'eau 
liquide dans le cylindre au moment de la 
fermeture de la soupape d'admission. (Frois 
machines d’épuisement du Cornwall. Ja 
machine de Watt et Boulton à simple elfet 
d Oldford, à Londres, ontdonné un sem- 
blable résultat.) 

Des faits exposés ci-dessus je déduis les 
conséquences suivantes : 

Dans la plupart des machines à vapeur, 
et probablement dans toutes ces machines, 
une parlie de la vapeur admise dans le ey- 
lindre se hiquéfie immédiatement par Pac- 


756 . 


tion refroidissante des parois du cyliudre, 
dont la capacité Ctait quelquesinstantsavant 
en communication avec le condenseur; 
peut-être aussi que la liquéfaction est en 
partie occasionnée par l’état de mouvement 
de la vapeur dansles tuyaux. Quoi qu'il en 
soit, il se forme dans le cylindre de l’eau 
liquide aux dépens de la vapeur admise, in- 
dépendamment de celle qui peut être en- 
traînée, à l'état globulaire de la chaudière 
dans le cylindre, 

l’eau liquéfiée se vaporise de nouveau 
pendant la détente de la vapeur, de sorte 
que de nouvelles quantités de vapeur s'a- 
joutent pendant cette détente à la vapeur 
déjà exisHnte; c’est ce qui fait que lesten- 
sions diminuent moins rapidementque swi- 
vant la raison inverse des volumes. 

Dans les machines dout les cylindres sont 
baignés par la vapeur de la chaudière, cir= 
culant dans une enveloppe, ct sont ainsi ex- 
posés à une source de chaleur extérieure, la 
totalité de l’eau liquéfiée est vaporisée de 
nouveau, lorsque le pistonarrive à la li 
imite inférieure de son excursion, pouryu 
toutefois que l’espace occupé par la vapeur, 
à la fin de la course, soit égale à deux ou 
trois fois son volume primitif. Dans les ma- 
chines dépourvues d’enveloppes dont les 
cylindres sont exposés au contact de l'air 
ambiant, la totalité de l’eau liquéfiée n'est 
point vaporiste à la fin de la course du pis- 
ton, et se réduit subitement en vapeur au 
moment où la capacité du cylindre est mise 
en communication avec le condenseur(ma- 
chine de Charonne); la même chose a lieu 
dans les mach.nes pourvues d’enveloppes, 
lorsque la détente n’a qu’ane petite étendue 
{wachine de Bouiton et Watt d'Oldford.} 

L'utilité des enveloppes, ou plutôt l’uti- 
lité d'exposer les cylindres des machines à 
vapeur à une source de chaleur extérieure, 
dans le but d'augmenter la:quantité de 
travail développé par un même poids d'eau 
vaporisée dans la chaudière, ou de com- 
bustiblés consommés, est mise hors de 
doute, taut par l'expérience directe qui en 
a été faite que par l'observation détaillée 
des phénomènes que présente l’action de la 
vapeur dans les cyiindres des machines; et 
la discussion raisonnée de ces observa= 
tions. 

Dans les machines d’épuisement à sim- 
ple effet du Cornwall, convenablement dis- 


posées et chargées, le travail transmis au : 


piston par chaque kilogramme d'eau dé- 

ensé par la chaudière, s'élève fréquem- 
ment à 35000 kil. élevés à 1 mètre de hau- 
teur par kilogramme d’eau vaporisé dans 
les chaudières, et le travail utile réalisé à 
32,000 kilogr. élevés à 1 mètre de hauteur. 
Dans la machine d’épuisement à basse pres- 
sion ct à simple effet du système de Boul- 
ton et Watt établie à Oldford, le travail 
transmis au piston par chaque kilogramme 
d’eau dépensé par la chaudière ne dépasse 
pas 17,000 à 18,000 kilogr. élevés à 1 mè- 
tre de hauteur, ni le travail utilisé 13,000 
à 14,000 kilogr. élevés à 1 mètre. 

Malgré la grande supériorité des machi- 
nes du Cornwall sur les machines de Boul- 
ton et Watt et sur toutes les autres machi- 
nes usilées, il paraît certain que l'on n'a 
pas encore atteint, dans ces machines, la 
limite de l'effet utile dù à la vaporisation 
d'un poids d'eau déterminé ou à la con- 
sommation d'une quantité donnée de com- 
bustible, que l'on peut atteindre dans la 
pratique. Cet efletseraitcertainement aug- 
mente si l'on parvenait à prévenir la liqué: 
{iction d’eau qui a lieu lorside l'admission 


/ =paieshtis 
ide la;vapeurdans le cylindre, et on arri- 
verait vraisemblablement à la prévenir ou à 
Ha diminuer beaueoup enexposant le cylin- 
‘dre à-une source:-deschaleur extérieure, 
dont la températureidépassât celle de la 
vapeur dans les chaudières. On pourrait 
utiliser pour cela les prodirits gazeux de la 
combustion qui sont probablement jetés 
‘dans la cheminée à une température de 
1250 à 300 degrés centigrades au moins. Je 
« pense qu'en adoptant des dispositions assez 
. simples, en donnantaux conduits dans les- 
quels les gaz circuleraient des dimensions 
égales à la section de lacheminée, l’activité 
de la combustion sur la grille ne‘sérait pas 
:sensiblément ralentie par la circulation des 
gaz chauds autour du eylindré: Je remar- 
que d'ailleurs que la combustion est très 
lente sur les grilles des chaudières du 
Cornwall, ce qui est plutôt avantageux que 
défavorable à l'effet utile da combus- 
| tible. Rults ne 
| Aueune des formulesmnoposées jusqu'ici 
| pour calculer le travail {ransmis au piston 
d’une machine à tapeur par.un poids dé- 
| terminé d'ean vaporiséedansles chaudières, 
ne tient compte du fait capital de la liqué- 
faction d'eau dans le cylindre, et dela va- 
-porisatisn totale ou partielle de cette eau 
| pendant la détente de la vapeur. Ces for- 
:mules supposent toutes que la tension de la 
vapeur varie suivant des lois très-différen- 
tes de celles qui ressortent de l’observation 
.\ directe. Elles sont par conséquent inexac- 
tes, et si,,en quelque cas, elles fournissent 
|| pour le rapportentrelesquant tés detravail 
transmises au-pislon et les quantités d’eau 


è 


| 
| 
| 


| assez rapprochées de celle que donne l'ob 
. servation directe, cela narriveque par une 
compensation d'erreur en sens contraire, 

et ne peut être invoqué comme une preuve 
… de leurexactitude. | 


‘ARTS CHIMIQUES. 
4 T4 : ne ; 
Falsification de la cochenille. 


M. Letellier a donné, dans la séance du 
| 15 janvier 1843 dell Société d’émulation 
de Rouen, lecture, d’an travail sur la falsi- 
| fication de la cochenille, question soulevée 
! par M. Boutigny, et continuée par M. Le- 
| tellier. 
On trouve dans le commerce deux es- 
 pèces de cochenille la grise et la noire. 
Parmi les savants qui ontétudié cette ques- 
tion, les uns pensent que cette différence 
“ tient au mode de préparation employé, au 
jumoyen par lequel on fait périr l’insecte; 
| d'auttes pensent que ce sont deux variétés. 
l Quelle estiaplusriche enmatière colorante? 
| c'est encore unéquestion controversée; d’où 
- il suit que les caractères physiques ne peu 


|vénale d'une cochenille. 6 

. MM. Robiquet et Authou ont indiqué 
chacun un procédé pour reconnaître la pro- 
| portion de carmine contenue dans une co- 
| chenille données. 45 

|  Leprocédéi-dé: M: Robiquet consiste à 
| décolorer dés voltmes égaux de dissolution 
de cochénillé/pär lé Chlore; mais la diffi- 
. culté de se procurer facilement des solu- 
tions de chlore identique doit faire renoncer 
le, qui.ne peut donner de bons ré- 
dans les mains d’un chimiste. Le 
e M:rAuthou consiste à précipiter 
| le carmine de la décoction de cochenille par 
|l’hydrate d’alumine, jusqu’à la décoloration 
complète de la décoction : la quantité d'hy- 
drate employée donne la richesse de la co- 


\ vaporistes dans les chaudières, des valeurs: 


(| ; 
vent pas suffire pour déterminer la valeur. 


TE D nn M Da I ie Ce EU UT RE 


| 7538 
chenille. Ce procédé e:t d’un usage facile ; 
il doit être préféré. 

Fa cochenille grise du commerce pré- 
sente deux variétés bien distinctes; la pre- 
mière est grosse, pesaute, régulière; on 
reconnait les onze anneaux qui composent 
l’insecte ; il a conservé sa forme, la couleur 
grise est due à une poussière blanchâtre 
dont il se recouvre pendant sa croissance, 
La seconde variété est irrégulière, informe; 
l’enduit blanichâtre est amassé entre les an- 
neaux de l’insécte qu’on ne distingue plus; 
il se compose de tale, de sable, quelquefois 
de céruse. 

La cochenille nôire présente aussi des 
variétés; celle qu'on dit zacoctillée est petite, 
ridée, informe ; elle est talsifiée et achetée 
comme telle. Ilestdes individus à Bordeaux 
qui font métier de zacotiiler la cochenille, 
et qui la vendént ensuite au dessous du 
cours?Pé quelle nature est cette opération? 
c'est ée que M: Letellier a recherché. 

D’äprès ses expériences, il pense que l’on 
traite Ia cochentile grise par l’eau chaude 
pour en extraire une partie du principe co- 
losant, ce qui eulève à l’insecte la poussière 
grise dont il était recouvert, et le trans- 
forme en cocheniile noire zacotillée, parce 
que cette dernière cochenille est toujours 
moins riche que la grise non zacotillée. 

Sur vingt-deux cochenilles essayées par 
M. Letellier, quatre conteaaient une sub- 
stance métallique ayant tous les'carac'ères 
du plomb; il pense que cette falsification , 
signalée par M. Boutiguy, se fait, ho sur 
les lieux de jroduction, mais aux lieux d’ar- 
rivage, et sur les cuchenilies en partie 
|épuisées. 

Jusqu'en 1840, nos indienneurs reje- 
taient comme épuisées des cocheniiles qu'ils 
avaicntiraitées plusieurs fois par l'eau; un 
teiuturier de Rouen, M. Lemoine! entlheu- 
reuse idie essayer sicés cochenilies reje- 
tées ne coutenaient pas encore un peu de 
carmines il en trouva jusqu'à 18 p. 070 de 
ce qu’elles en avaient conteau : aussi, de- 
puis cétte époque, la cochenille rejetée par 
les indienneurs est achetée par nos teintu- 
riers au prix de 1 fr. 89 c. jusqu’à 3 fr. le 
kilogr. 

Dans le commerce, on trouve une pous- 
sière grise, connue sous.le nom de duvet de 
cochenille , que longtemps les teisturiers 
ont accaparée; maisils ÿ renoncent aujour- 
d'hui, préférant avec raison la belle coche- 
niile. : 

Pour essa$ er une cochenille, M. Letellier 
en prend 3 décigrammes qu'il fait digérer 
dans 1000 grammes d’eau de fontaine pen- 
dant une heure, à la chaleur du baïn-marie, 
avec addition de dix gouttes d’uneé‘disso!u- 
tion d’alun; épuisement est suffisamment 
complet, la liqueur refroidie est parfaite- 
ment transparente; cette liqueur, essayée 
au calorimètre, fait connaître exactement 
la richesse: de fa cochenilie traitée, 

1 AGRICULTURE. 


Dh INSÉCONOMIE RURALE, 


Note sur la Cire des aheïlles; par M.Lewy, 
de Copenhague, 


Occupé déjà depuis quelque temps de 
Pexamen chimique de laccire, je erois être 
arrivé à un résultat qui m'a paru de nature 
à être porté à la connaissance de; chimis- 
tes, bien que mon travail, aunoncé déjà 
dans les Annales de -chimie et de physique 
du inoïis de juillet 1842, ne soit pas encore 
terminé. 


759 


Unediscussion qui a eu du retentissement 
dans le monde savant à été soutevée ré- 
cemment, relativement à la préexistence de 
matières grasses dans lès végétaux. 

M. Liebig, tout en reconnaissant l’exi- 
stence de matières grasses dans les aliments 
des herbivores, fait remarquer que les pro: 
priétés de ce corps gras sérapprochent de 
la cire, et il se refuse à admettre qu'une 
rnatière grasse non saponifiable comune celle 
de la cire puisse, sous l'influence des firces 
de l'organisme, se transformer en corps 
gras de la nature de ceux qui sont déposés 
dans les tissus des animaux, tels que les 
acides stéarique ou margarique, Les r'ésul- 
tats qui vont suivre, et qui ont été obtérus 
dans le laboratoire de M. Dumas, démon- 
trent, Je crois, que la distance qui sépare la 
cire des.corps gras d’orisine animale, n’est 
pas aussi grande que l'illustre chimiste de 
Giessen est disposé à l’admettre, d’après les 
expériences connues jusqu'ici. 

La cire des abeilles que j'ai examinée 
était d’une pureté parfaite ; son origine m'a 
été garantie par M. Boussingault, à Fobli- 
geance duquel je dois les échantillons étu- 
diés. 

Cette cire fondait à 64 desrés centigra- 
des ; elle na fourni, à l'analyse, les résul. 
tats suivants : 


I. II. ITI. 
Carbonne 79,99 80,48 80,20 
Hydrogène 45,36 13,36 13,44 
Oxygène 6,65 6,16 6,36 


es nombres s'accordent bien avec ceax ob- 
tenus récemment par M. Ettling, en faisant 
subir à ses analyses la correction relative 
au nouveau poids atomique du carbone, 

Traitée par une lessive concentrée et 
bouil'ante de potasse, cette cire se trans- 
forme entièrement en savons solubles. 

La. saponilication, opérée à l'aide de 
l'oxyde de plomb, a démontré qu’il ne se 
formait point de glyctrine pendant la réac- 
tion. 

J'ai constaté que, conformément aux 
Opinions énoncées par plusieurs chimistes, 
la cire des abeiiles, purifiée pat l’eau bouil- 
lante et l'alcool froid, contient deux prin- 
cipes immédiats, d’une solubilité très diffé- 
reute dans l’alcool chaud. 

L'un de ces principes a recu le nom de 
cérine ; 11 se dissout dans environ 16 parties 
d'alcool bouillant ; l’autre, la myricine, est 
presque irsoluble dans l'alcool eu même 
l’éther bouillant. 

La cérine m'a donnné à l'analyse : 


[. LL. [if 
Carbone 80,53 80,23 v 
Hydrosène 13,61 13,30 13,33 
Oxygène 5,86 6,47 » 


Son point de fusion est à 62°, 5 centigrades, 
et elle a une réaction acide très prononcée 
sur le papier de tournesol; dissoute dans 
l'alcool, elle cristallise par le refroidisse- 
ment en petites aiguilles £. ès fines. 

La myricine a fourni les nombres sui- 
vanis : 


; a IT. 
Carbone 80,17 80,28 
Hydrogène 13,32 13,34 
Oxigène 6,51 6,38 


Fondue à une douce chaleur, elle com- 
mence à se solidifier à 66°, 5 centigrades. 
I résulte donc des analyses précédentes, 
que les deux matières qui existent toutes 
formées dans la cire sont'isoméri ques entre 
elles et avee la cire. à 
En calculant les nombres précédents 


: d'après la formule GS H% O1 (1), on aurait : 


(1)G = 55, H = 12,5 


160 
CES 5100,0 80,31 
H6s S50,0 13,38 
O4 400,0 6,30 
63500 09,09 
résultat qui s'accorde très bien avec les 
analyses. 


J'ai commencé par étudier les réactions 
de la cérine. 

Traitée par Ja chaux potassée en chauf- 
fant au bain d’alliage , la matière dégage 
de l'hydrogène pur, et il se forme un acide 
qui reste en combinaison avec l’aleali ; l’a- 
cide extrait du savon formé et purifié avec 
les précautions employées par MM. Du- 
mas et Stas dans la préparation de l’acide 
éthalique, était parfaitement blanc et cris- 
tallisable , son point de fusion était à 70° 
centigrades, c’est-à-direexactement le même 
que celui de l'acide stéarique. 

L'analyse de cet acide n’a donné les ré- 
sultats suivants : 


1E II. IIT. 
Carbone 76,73 77,03 76,71 
Hydrogène 12,86 12,81 49,74 
Oxigène 10,41 10,16 10,55 


Ces nombres correspondent exactement 
à la formule CH 07, qui donne en effet : 


css 5100,0 76,69 
H68 850,0. . 42,18 
07 700,0 10,52 

6650,0 99,99 


Or, telle est précisément la formule admise 
par MM. Liebig et Redtenbacher pour la- 
cide stéarique. 

Il paraît donc démontré que, sous des in- 
fluences oxydantes, la cire ou la cérire peu- 
vent se transformer en acide stéarique, 
identique avec celui que l’on peut extraire 
du suif de moaton. 

L'équation suivante rend compte de la 
réaction d’une manière très simple : 
CHSHUSOi-HI O3 = C8 H'8 07 HS qui se dégage. 

On peut donc conclure des expériences 
qui précèdent : 

1° Que la cire, contrairement à l’opinion 
rêcue, est soluble dans la potasse cencen- 
irée et bouillante ; 

29 Que, sous des influences oxydantes, 
elle se convertit en acide stéarique ; 

3° Que, par une oxydation ultérieure, 
celui-ci se convertirait à son tour en acide 
margarique, comme on Je sait ; 

4° Qu'en conséquence, il n’y a entre les 
principes de la cire et ceux des corps gras 
ordinaires, d'autre différence que celle qui 
résulte d’une oxydation plus où moins 
avancée. 

J'ajoute qu'en comparant la cérine et la 
myricine , qu’en étudiant la cire jaune et 
la cire blanche, J'ai observé des particu- 
larités dignes d’attention, qui trouveront 
leur place dans le mémoire que je vais pu- 
blier incessamment sur ces matières. 


HORTICULTURE. 

Pois très hâtifs dits le Prince- Albert. 

Ce pois est l’un des plus hâtifs qui exis- 
tent parmi les espèces propres à la table 
et l’un des plus délicats. Planté en plein air 
le 14 mars de l’an dernier, il a été récolté 
le 25 avril suivant, c’est-à-dire qu’il n'y a 
eu que quarante jours entre l’époque de la 
semaille et celle de la récolte. Malgré cette 
précocité , il est très productif, d’un excel- 
lent goût et extrêmement avantageux pour 
les cultures forcées. 

Nous en avons semé dans nos cultures 
de Limours, à côté des pois michauds et 
de Hollande, et des pois quarantaines, les 
plus hâtifs. Nous serons done bientôt en 


761 


mesure de nous prononcer snr les avan- 

tages réels da pois Prince-Albert. ; Bossin. 

Grainier-pépinieriste, 5 quai aux Fleurs. 
—<9 6 =— 


SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 22 avril. 


M. Léon Fauché est admis à continuer 
lalecture qu'ilavaitcommencée àla dernière 
séance. Il s’est occupé aujourd’hui du sys- 
tème monétaire en France. Cette commu- 
nication est très importante , mais elle est 
si pleine de chiffres et de calculs, que nous 
ne pouvons en rapporter que les pricipaux 
résultats. La puissance de la France attire 
l’argent, comme celle de l’Angleterre attire 
l'or, et dans ce double mourement d’at- 
traction, Pariset Londres se servent réci- 
proquement d’intermédiaires. Chacune des 
deux nations reste si progressive dans sa 
destinée monétaire, que de 1816 à 1841, La 
réserve de l’une, en lingots d’or, celle de 
la France, a diminué de 440 millions, tan- 
dis que sa réserve en argent a augmenté 
de deux milliards, et que la réserve de Pau- 
tre, celle de l'Angleterre, a progressé dans 
la même proportion, mais en sens inverse. 
M. Léon Fauché attribue à plusieurs causes 
différentes cette tendance de l'or à s'éloigner 
de nous, et parmi ces causes il place au pre- 
mier rang les vices de notre système moné- 
taire et de notresystème de douanes. Cette 
rareté de ler et cette surabondance de l’ar- 
gent peuvent amener de grands désastres, 
En 1776 il existait en France pour 700 mil- 
lions d’or; il n’en existe plus aujourd'hui 
que poar 300 ou 350 millions. A cette même 
époque il ÿ avait pour 4500 millions d'ar- 
gent en circulation ; il y en a aujourd’hui 
pour 3 milliards, et cette réserve énorme 
s’accroit tous les ans de 400,000 kilog. d’ar- 
gent qui sont transformés en espèces. L'ac- 
tivité qui depuis quelques annéesse déploie 
dans l'exploitation des mines du Mexique 
et les perfectionnements que la science a 
introduits dans l’extraction de l'argent, en 
faisant nécessairement baisser sa valeur 


dans un avenir plus ou moins éloigné, il 


arrivera alors que notre capital monnoyé 
de trois miiliards sera réduit d’un sixième, 
peut-être d’un quart, tandis que celui de 
l'Angleterre augmentera sa valeur dansune 
égale proportion. 

On sait que J.-B. Say, voudrait qu'on 


ne désignât l'or et l'argent que par leur 


poids, qu'on dit par exemple, 5 grammes 
d'argent au lieu d’un franc ; en d’autres 
termes, que l'or et l'argent fussent consi- 
dérés comme marchandise et qu'ils fussent 
non ie prix d’une quantité de vin, de blé, 
d'huile , de drap, mais une quantité de 
marchandise échangée contre une autre. 
M. Léon Fauché a fait justice de ce sys- 
tème qui non seulement nous ramènerait à 
l'enfance de la science, mais qu’on peut 
presque appeler anti-social, et a démontré 
de plus fort, la nécessité d’un étalon, pris 
parmi les métaux précieux. Examinanten- 
suite lequel de l'or ou de l’argent est le 
plus propre à cet usage, M. Léon Faucher 
se prononce sans hésiter pour l'or, qui a 
l'avantage de ne pas S'oxider au contact 
de l'air, qui s’use moins vite que l'argent 
par Ja circulation, et qui sera moins sujet 
que lui aux effets de la dépréciation que 
doit amener la production excessive des 
métaux précieux, 

Après cette lecture , l’Académie s'est 
formée en comité secret. CB, 


| science, et Albert Durerinventa un instru= 


arts allaient en retirer, aussi chacun s’ems= 


: till 
Science et art de la perspective. =—"Recherz 
ches Historiques. | ad, 


LE L ALT EE 
(Deuxième article.) 


oull 


HISTOIRE. 


Au dixième siècle, quand saint Paulin 
eut ressuscité la peinture, en employant. 
son prestige à consolider le culte chrétien 
parmi les masses ignorantes, il n'existait. 
plus que des peintres ouvriers ; les seiences 
qui constituent cet art-élaient depuis long-= 
temps tombées dans l'oubli; aussi, les, ré 
sultats furent d’abord des: plus faibles; et 
les progrès ne marchèrent que très lente- 
ment ; il fallut plusieurssiècles de pratique 
pour faire -éclore les germes.du génie,;mais, 
une fois. dans la bonne voie, les beaux-arts 
passant de conquête en conquête , s'élan- 
cèrent rapidement au plus haut degré.de 
leur gloire. 1e 2 Âge 

Il est présumable; d’après ce qui .estidit 
dans un passagéddu septième livre de;: Vi 
truve, que c’est dansilesséléments de géo= 
métrie et d'optique d Euelide que les pein- 
tres du moyen-àge et ceux de la renaissance 
ont trouvé ou retrouvé les premiers prin- 
cipes de la perspective qui leur étaient in- 
dispensables de connaître. On trouve les 
premières traces de l’applisation‘de la pers- 
pective à la peinture, dans quelquestableaux 
du quatorzième siècle; dans le commence-k 
ment du quinzième elle avait déjà fait dem 
grands progrès; Paolo, surnommé L.Uc- 
cello, l’observait dans toutes ses-œuvres et 
Masaccio le surpassa, non à la science des 
raccourcis. Vers cette époque, Pietro della 
Francesca donna des préceptes de cette 


meut, qu'il publia en 1528, sur .lequelil 
recevait l'image des objets. Get: instrument 
servit à démontrer l'évidence.des.principes 
formulés par Pietro. Cesiprineipes s’éten- 
dirent vite, ou’sentait les: services que-les 


pressait-il de les connaître 5 ils arrivèrent 
de la sorte jusqu’à Balthazar Perruzi, qui 
les perfectionna et les éteadit, c'est à lui 
que l'on doit l’heureuse idée-de transporter 
sur le tableau ;-:sumila digne: d'horizon:,.à 
droite et à gauche dun point du centre, 
lPespace qui sépane-le tableau: de: l'œil du 
spectateur , et que l’on désigne par dis= 
tance principale. Cette découverte était 
d'autant plus heureuse qu’elle mettait Par- 
tiste à même d'obtenir avec peu de lignes 
allant concourir à cette distance reportée 
sur l’horizon, la profondeur apparente de 
tout ce qui devait entrer dans son tableau: 
L'ouvrage de Balthazar Perruzzifut mis auk 
jour en 1545,par Serlio,,son élève, cet ou=M 

vrage fut suivi d’une foule d’autres, plus 
ou moins recommandables, mais qui-n-ontf 
fait que décrire et démontrer les principes 
de Pietro, perfectionnés et augmentés:pa 
Perruzzi, Je citerai seulement parmi ces] 
auteurs: Daniel Barbaro et Nredemannw 
dont les traités parurent en 1559: Jeans 

Cousin, en 1560 ; Jarmmitzer,.en 1564; Ans 
dyé du Cerceau, en 1536:1Bartoszio.de Vis 
gnole, en 1553; Sarigatiet Viator, en 1596, 
De nouvelles. richesses furent ajoutées à.là 

pratique de la, perspective, par Guidos 
UÜbaldo, qui découvrit le prieipe général 
des points de fuite; mais quine l'appliqua 
seulement qu'aux. lignes. fuyantes placées 
horizontalement. Le. traité.qu'il publi 
en 1600, est plus étendu..ét plus savanb 
que tous ceux qui Pont précédé ; quant à 
l'application duprineipe des points de fuites 
aux lignes parallèles fuyantes, qui ne sont 
pas placées horizontalement, et aux plans 


063 


Mleaume , Baytaz, Syravesand, etc.; l'ou- 
rage de-ce dernier.a.paru en 1711. 
“ Je ne dois pas omblier,de mentionner 
ne parmi les hommes laborieux qui ont 
hnerché à simplifier la pratique de la pers- 
“ective, afin de la reudre familière aux 
Leintres, Gérard Desargue doitêtre en pre- 
hière ligne; il donna un moyen très sim- 
le pour mettre des carreaux en perspec- 
“ve sans sortir du champ du tableau ; ces 
\arreaux tracés dans divers sens, devaient 
‘ervir à obtenir la hauteur , la largeur et 
rvprofondeur apparente de tous les objets. 
Lussi'a-t-il intitulé son ouvrage : HManière 
inivérselle pour pratiqrer l& perspective 
særtpetits pieds, conume séométral. Cet ou- 
rage/de Desargue est un des plus éten- 
| «ustet des plus-importants sur la perspec- 
ve: il occasionna un grand nombre d’é- 
rits sur le même sujet, on en trouve les 
Etaïls dansles Letéreséerites au sieur Bosse. 
‘eVfut ce dernier'qai publia:en 1648, la 
l1éthode de’ Desarguessil læ professa pu- 
iquementlavec grand succès, dans ses le- 
‘ons à PAcadémieroyale de Peinture , de 
srte qu'elle fut adoptée par la plupart des 
| Mrtistes de ce temps. Enfin, rassemblant et 
iMéveloppant méthodiquement tout ce qui 
tait connu , Brook Taylor donna en an- 
| ais, en 1755, une théorie complète de la 
 d'erspective. Depuis, quelques auteurs nous 
* “init laissé de bons ouvrages, sans cependant 
:Mhvoir. été plus loin que Désargue et Taylor. 
1 Moici les‘principaux : Le Roy, en 1757, Pe- 
| Mltot, en1758 ; Lambert, en 1759; Wer- 
“er, 1764 Zamotti, de Curel et Cowley, 
un 1766; Jacobz en 1767; Priestley, en 
1770; Michel et Edw. Noble, en 1771; 
“irsini, en 1784; Malton, en 1776; Voch, 
n°1770 ;Highmore, en 1784; Burja en 
993; Walencienne, en 1809, et Lavit, en 
864. L'ouvragerde Valenciennes, de même 
neceux de plusieurs aüteurs que je viens 
é’citer, n’est nullement pratique, maisil 
l'ontient d'excellentes réflexions sur la pein- 
Lure. Ses conseils pésauraieut être trop mé- 
| “rités par les artistes. Me voici arrivé à Jean 
lhomas Thibault, :peintre et architecte , 
‘ont la méthode fut:donnée en 1827, lors 
iMleson séjour à Rome: Cet artiste eut le 
iM\onheur de découvrir sur des dessins de 
Mrands maîtres, des lignes d’opération qui 
IN donnèrent à penser qu'ils avaient eu des 
: 'rocédés plus abréviatifs et plus rationnels 
ilue ceux que l’on enseignait. Dès lors il 
occupa avec ardeur de perfectionner la 
IN ratique de la perspective et d'en modifier 
IN plus possible les opérations ; créateur de 
ilioyens ingénieux pour suppléer aux points 
ii etfuite placés hors du tableau , ou points 
iiiccessibles; sa méthode pratique, appli- 
ice à la peinture , est supérieure à cellé 
i SUses devanciers. Mais à Rome, Thibault 
I Efit-toutes ces recherches sur la perspec- 
14 ÿe que dans un but personnel, celui de se 
i| snfectionner et de se créer des moyens pra. 
M ques pour exécuter ses tableaux. Appelé, 
i'érs la fin desa carrière, à lachaire de pers- 
Il \ective de l’Écoletroyale des Beaux-Arts, 
is ans s'être particulièrement préparéau pro- 
D\ssorat,1lne sut pas mettre toujoursses dé- 
ju lontrations à la portée de ceux qui l’é- 
aù Jutaient: Sa méthode/qu'il ne publia que 
ialgrél' lui-même , et'qu'en cédant à de 
|nissantes sollicitations, manque aussi quel- 
uefois de’clarté; maisttel qu’il est encore, 
* ouvrage doit faire regarder Thibault 
A 


| 


mme un des hommes qui ont rendu le 
us de services à la peinture. 


a 
EAUX ï cf 


THENOT, 


clinés à l'horizon , elle en a été faite par 


764 
GÉOGRAPHIE. 


Séjour aux iles Marquises en 1840; par 
M. A. Lesson, 


(Premier article.) 


Le 21 avril 1810, le brick appareilla des 
îles Mangareva ou Gambier, et sortit du 
lagon central par une passe étroite située 
entre Mangareva et Taravai, passe semée 
de pâtés decoteaux, mais profonde, et dont 
les eaux sont $i transparentes que nous 
avions le spectacle des poissons qui na- 
geaient sous la quille de notre navire. 
Notre sortie s’effectua par une jolie brise 
qui nous permit de gouverner à notre vo- 
lonté; mais l'entrée doit être difficile à re- 
connaître et doit réclamer un temps pro- 
pice. Bientôt on força de voile et au soir 
nous perdimes la vue de la haute montagne 
de Mangareya, dont le nom est significatif 
dans fa langue océanienne, car il veut dire 
montagne, servant de signal. Le 29, nous 
eùmeés connaissance d’une haute terre en- 
veloppée de nuages. Des oiseaux volaient 
au dessus des eaux bleues de la mer, et la 
chaleur tiède et moite se faisait vivement 
sentir. À midi, nous n’en étions plus qu’à 
deux lieues environ, et bientôt nous la con- 
tournâmes par son revers méridional. C’est 
une terre profondément ravinée, presque 
partout couverte dans les vallées d’arbres 
qui s'élèvent sur les côtes des ravines jus- 
qu'aux hauts pitons de l'ile, pour descen- 
are sur les côtes jnsqu’au niveau de la mer. 
Toutefois, de l’autre côté de l’ile on re- 
marque des places assez vastes sur des pen- 
tes peu rapides et destinées, un jour sans 
doute, à recevoir des cultures. Cette île 
était celle de la Magdalena de Mendâna ou 
Otahi- Hoa des naturels. Le 30, nous pas- 
sèmes entre la Dominica et l’île Christine, 
pour laisser tomber l’ancre dans la baie de 
la Madre-de-Dios. 

Nous étions donc arrivés aux îles Mar- 
quises. Vues de la mer, et par un premier 
apercu, ces iles sont élevées, montueuses, 
déchiquetées sur les côtes, avec des pla- 
teaux déclivés cà et à, des pentes rapides 
ou des sortes de ressauts triangulaires et 
brusquement coupés sur plomibant les ré- 
cifs de la côte. Quiconque a va Madère et 
ses rivages peut se figurer l'île de la Domi- 
nica : ce sont des quebradas divisées à l’in- 
fini, ce sont de haüts pitons volcaniques, 
mais éteints et couverts de végétation. 

L’archipel des îles Marquises est formé de 
douze iles qui sont : 1. Otahi-Hoa ou la 
Magdalena de Mendana, découverte en 
1695. C’est une île haute, ayant environ 
six lieues de circuit, et qui est très peuplée. 


2. San-Pedro de Mandäna ou Moftané des 
naturels; île haute, ayant deux ou trois 
lieues de circonférence, et peu peuplée. 


D 


3. Tanata ou Santa-Christina de Mandâna:; 
île haute, ayant environ de sept à huit 
lieues de tour, et dont la population s’élève 
à près de 100 habitants par village, et on 
connaît exactement 23 de ceux-ci. Le 
hâvre de la Madre-de-Dios de Mendäna, 
que Cook nomma Resolution’s bay est ap- 
pelé #Vaïtahu par les naturels. 4. Ohiva- 
Hoa, est la Dominica de Mendâna, île éle- 
vée, tourmentée, ayant de 14 à 45 lieues 
de pourtour, ayant pour roi Patihi. Une 
baie, que je ne connais que de nom, se 
nomme Anapahoa. 5. L'ile Fetugu est l’île 
Hood que Cook découvrit en 1774. Elle 


est haute et n’a que trois lieues de tour. 


J'ignore si elle est peuplée. 6. Napu ou 
Napoo, est l’ile à laquelle Marchand donna 


765 


son nom quand il la découvrit en 1791. 
Cette terre est haute, ayant des rochers à 
son pourtour et près de six lieues de circuit. 
Ses côtes sont très ravinées et plusieurs 
anses n’offriraient qu’un dangereux mouil- 
lage. Elle referme onze villages ayant cha- 
cun au moins 400 à 150 naturels. 7, Nu- 
Hiva ou Nuka-Hiva, que Marcliand appela 
île Beaux en 1791, et qu'Ingraham nomma 
ile Fédérale ou Saint-Martin, est la plus 
grande de tout l’Archipel. C’est une île 
haute, dont on doit évaluer la circonfé- 
rence à une trentaine de lieues et qui a 
plusieurs baies excellentes, entre autres 
celle de Taiohaï ou d’Anna-Maria, ct celle 
du contrôleur. Une pointe avancée porte le 
nom de Tchitehatoff que lui ont donné les 
Russes. 8. Rua-Huga, nommée en 1791 
île Rioux par les Français, et île Washing- 
ton par les Américains, est élevée, ayant six 
lieues de tour, mais est encore peu con- 
nue. Q. et 10. Motou-Iti ou les Deux-Frères 
de Marchand (1791), sont deux îlots bas, 
peu boisés, inhabités, placés l’un à côté de 
l’autre. Ce sont encore les îles Hesgest des 
Anglais. 11. Ile Fatuhu ou île Masse de 
Marchand, a peu d’étendue bien qu’élevée 
et est inhabitée. Enfin, 12. L'île Hiau ou 
île Chenal de Marchand, est élevée, peu 
étendue et déserte. Un banc de corail en 
est peu éloigné à l’Est. Ces deuxilettes ont 
reçu des Anglais le nom d'îles Robert. 

Puisque j'en suissur desgénéralitéssurles 
îles Marquiges, je vais grouper avant d’en- 
trer dans les détails, quelques particulari- 
rités sommaires sur les trois îles que jai 
visitées et qui sont : Nuhiva, Tanata et 
Napu. 

Des ruisseaux assez larges et qui ne ta- 
rissent pas, fournissent aux habitants l’eau 
qui sert à leur boisson. Tanata est sous ce 
rapport la mieux partagée, mais un ressac 
assez violent s'oppose à ce que les navires 
puissent, avec leurs seules ressoures, faire 
leur eau dans la baie de Waïtahu. Il faut 
de toute nécessité recourir aux naturels 
qui se chargent de conduire les pièces à 
travers les brisans jusqu'aux embarcations. 
Nuhiva présente moins de difficultés sans 
doute, mais il faut aller quérir l’eau à une 
grande distance et sa pureté laisse beaucoup 
à desirer. 

Les pitons des montagnes en arrêétant les 
nuages, occasionnent la formation rapide 
de grains qui se renouvellent fréquem- 
ment, mais dont la durée est passagére, 

À l'exception d’une portion de la baie 
de Taïohaï, toutes les autres parties de ces 
îles sont bien boisées, et jusqu’assez avant 
dans le fond des vallées les seuls arbres 
sont des Rimas ou arbres à pain (ta mei), 
des cocotiers (ta crei), des bananiers (ta 
meillea), des bancouliers (rama) et quel- 
ques autres végétaux utiles dont il sera fait 
mention plus loin. J'ignore s'il ÿ a dans 
l'intérieur de ces îles des forêts vierges, 
mais j'ai quelques motifs d’en douter. 

Parmiles plantes utiles, soit pour les arts, 
soit pour la nourriture, je mentionnerai 
une sorte de pomme que produit un arbre 
nommé keika; une espèce de châtaigne, 
fort délicate au goût, appelée hi, la noix 
pahaha; le bois de sandal devenu trés rare : 
et nommé paalu; l’uté ou mürier à papier; 
le {«o, ou le taro des îles de la société ; hu- 
hue ou la courge; kumana, une espèce de 
pomme de terre; 1o ou canne à sucre; 4aya, 
le gingembre, etc. 

Il serait oiseux de s’appesantir sur ces 
espèces des végétaux qu'on rencontre éga- 
lement à O-Taiti et dans plusieurs autres 


766 


îles de l'Océanie. Mais pour les construc- 
tions civiles eL comme bois de charpente, 
je crois qu’on ne pourra tirer quelques res- 
sources que des keika et des tr, 

. Les demeures des insulaires sont exciu- 
SNEME st placées dans les vallées, abritées 
par des bouquets de cocotiers. À Tanata, 
elles occupent le rivage même et ne s’a- 
vancent pas dans l'intérieur de Pile, tandis 
qu'à Nu-Hiva età Mapu les habitations sont 
également très nombreuses au centre de 
ces terres. Il est à remarquer que ces mai- 
sons, contrairement à ce qui est pratiqué 
dans presque toutes les autres îtes de la mer 
du sud, sont élevées au dessus du sol, dans 
le but évident de préserver ceux qui les ha- 
bitent de l'humidité exhalée de la terre, 
humidité qui serait nuisible à des hommes 
qui vont nus. Ces insulaires, en effet, pa- 
raissent redouter l’action permanente des 
vapeurs d’eau et s’entourent des précau- 
tions les plus minutieuses pour ne pas en 
éprouver les ficheux effets. Peut-être doii- 
on attribuer. à ‘cette précaution le riche 
développement des formes corpurelles des 
Bendociens, bienqu on l'ait regardé corime 
le résultat d’un séjour fréquent dans leurs 
montagues ct à l'air vifet rafraîchi qu’on 
respire sur les hauteurs au centre de ces 
îles. Je pense qu'ils doivent la beauté de 
leurs formes herculéennes à leur manière 
de se loger. 

Autant que j'ai pu m'en assurer, il n'y a 
aux Marquises, ainsi que dans ja plupart 
des contrées situees entre les tropiques, 
que deux saisons, celle de la sécheresse et 
celle des pluies. Cette dernière est dans 
l'Océanie fréqnemment suivie d’un typhus 
assez grave et notamment dans PArchipel 
de Tonga. Je n'ai pas de renseignements 
bien positifs toutefois sur la présence de ce 
fléau aux îles Marquises, quoique je sois 
autorisé à le supposer par les réponses que 
me firent quelques insulaires et par l’as- 
pect débile de quelques uns de ceux ayant 
été atteints de maladie quelques mois 
avant mon apparition sur ces bords. 

A une classe particulière d'hommes est 
dévolue, aux îles Marquises, le traitement 
des maladies, mais ce traitement n’est pas 
réduit, ainsi que cela a lieu aux îles Gam- 
bier, à de simplesprières dites par les prè- 
tres payens, mais les médecins mendociens 
ont recours à un grand nombre de re- 
mèdes tirés du règne végétal et qu’ils va- 
rient suivant les natures des affections qu’ils 
ont à combattre. 

’île de Tanata ou Christine a 23 vil- 
lages, ai-je dit, et chacun d'eux ayant une 


centaine d'habitants, cela porte le total de. 


sa population à un chiffre plus élevé que 
celui généralement admis. 

Le bâvre le plus fréquenté est celui de 
Vaïtahou ou de la Madre-de-Dios de Man- 
dana. Au fond de deux anses qui dépen- 
dent de la baie sont établis les villages de 
Waïtahou et de Hanamiaïi, dont les mai- 
sons d’abord agglomérées en face de la 
mer finissent par s'éparpiller sur les arêtes 
des coteaux et sur les versants de deux 
vallées qui s’avancent vers la partie cen- 
trale de l'ile. 

La baie a au plus trois quarts de mille 
marin de profondeur sur deux mille de lar- 
geur. Son fond est de sable et fournit une 
excellente tenue aux ancres des navires, 
Sa profondeur varie de 10 brasses jusqu’à 
30 et même 35 brasses. Proche la côte il y 
a des pâtés de rochers, mais ils sont enfon- 
cés à une profondeur assez grande, 

Un morne élevé sépare les deux villages 


L! 
Lol L 
167 
cachés sous des massifs de cocotiers et d’ar- 
bres à pain. Plusieurs ruisseaux et une 
source d’eau excellente, se trouvent sur le 


rebord de cette baie. 


Lorsque je me trouvais aux Marquises, 
j'y rencontrai deux missionnaires angli- 
cans, établis depuis plusieurs années à Vaï- 
tahou; ils se uommaient Stolworthy ct 
Thompson. Ce dernier avait été chargé de 
l'éducation de Temoana qui règne sur une 
des tribus de Nuhiva, mais il l'avait aban- 
donné depuis peu d: temps par suite de 
mésintelligence. 

Dans le même temps la mission fran- 
çaise se composait des pères Caret, provin- 
cial, Bodichon, Borgela et Murphy. Ils ont 
donné à leur établissement le nom de la 
reine des Français, et ce lieu est appelé 
Amélie. Lorsque nous transportiämes le 
père Caret sur l’île Napu , où se trouvaient 
déjà les pères Fournier et Guilmar, le père 
Bodichon resta chargé de la mission de Vaï- 
tahou, bien que ce point soit la résidence 
habituelle du père F, Depaul, chef de la 
mission. LESSON, 

médecin en chef des îles Marquises. 


A EEE ES 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE,. 


FAITS DIVERS. 


— La Socièlé royale des antiquaires de France, 
dans sa séance du 9 avril 4533, a admis au nom- 
bre de ses membres réadents M. Auguste Bernard, 
auteur de divers ouvrages historiques sur le Forez, 
et chargé par M. le minisye de l'instruction pu- 
blique de la publication des procès-verbaux des 
états-généraux de la Ligue (1593). Dans la même 
séance, Ja Société a nommé membre correspondant 
M. l'abbé Guillaume , curé de Blénod-les-Toul. 

— Une société vient de se former à Turin sous 
le Litre d'Association agricole. Ses statuts organi- 
ques ont été approuvée par un brevet royal en date 
du 25 août 1842. Le progrès de l’agriculture, de 
Phortieulture et des arts industriels qui en dépen- 
dent immédiatement est l’objet principal de cette 
société. La Sardaigne déjà si riche en hommes sa- 
vants el utiles, ne pouvait rester étrangère au déve- 
loppement que prennent chaque jour en Europe les 
sciences agsicoles. En appelant dans son sein les 
étrangers aussi bien que les nationaux, l’association 
a prouvé qu’elle comprenait, elle aussi, que les 
hommes d'étude n’ont tous qu’une même pairie, et 
que la science doit un jour établir dans la pratique 
le dogme de la confraternité humaine. 


— Suivant le récit de M. Storer, voyageur an- 
glais, le cratère du volcan d'Owihée se présente 
comme un puits énorme de 1000 pieds de profon- 
deur, ayant deux lieues de tour, et des murailles à 
pie, à l'exception d’un seul point qui offre une 
échancrure. Ce vaste cratère est rempli de lave en 
ébullition qui lance au loin des jets de vapeur et de 
flammes. Le fluide qui s'en échappe s'élève quelque 
fois à la hauteur de 60 pieds, et retombe avec un 
bruit el un jaillissement soudain qui a quelque 
chose d'effrayant. Peu de jours avant la visite de 
M. Storer, la lave s'était fait jour à envion 6 milles 
au nord-est du cratère, ct atteignait la mer par une 
coulée de 40 milles de longueur, et de 1 à 7 milles 
de largeur , Sa lumière pouvait être aperçue à une 
distance de 100 milies. La lave aïteignit la mer en 
cinq jours; elle forma trois collines qui avaient de 
120 à 150 pieds de hauteur; elle fit avancer le ri- 
vage jusqu'à 2,000 pieds dans l'Océan, depuis l’an- 
cieune ligne, sur une lugeur de trois quarts de 
mille ; elle échaufla l'eau de la mer à 15 milles de 
distance de chaque côté de ce promontuire, et des 
myriades de poissons que la chaleur avait tués Îu- 
rent amoncelés sur le rivage. L'arrivée de la lave 
dans la mer était accompagnée d'épouvantables sif- 
flements ei de détonations semblables à celles que 
produiraient des décharges continues de grosse ar- 
tillerie; le bruit en fut distinctement entendu à 
Hilo, situé à plus de 20° de distance, 


.teurs de l'être le plus bas placé dans l'échelle zoo= 


768 

— Dans un rapport adressé à l’Institut national. 
américain, par M. Wilkes, on lit l'observation sui= 
vante : Sous la ligne nous avons trouvé une nappes 
d’eau dont la temp‘rature était de 23° plus élevée que 
celle de la surface, et plus chaude de 10° que l'eau de 
la mer au nord et au sud de cette nappe. Son éten-M 
due en largeur était d'environ 200 milles. » É 


— Une grande quantité d'ossements d'ours, d’hyé- 
nes, d'hippopotames, de rhinocéros, de daims el“ 
d’éléphants ont été découverts récemment dans une 
carrière de Durdham Down, non loin de Bristol ; ils 
se rencontrent dans une fissure qui en est remplie 
jusqu'à une très grande profondeur. À 


— On admire depuis quelques jours dans les ma- 
gasins de M. Bonneels-Wittoex , fabricant de meu- 
bles, à Bruxelles, deux magnifiques trophées d’ar- 
mes en bois doré et sculpté, d’une richesse extraor- 
dinaire et d’un goût exquis. Ces deux trophées. 
d'armes ont élé exécutés au commencement du 
dix-huitième siècle, par les ordres de Jean-Phi- 
lippe-Eugène comte de Mérode et du S. E. R. mare 
quis de Westerloo, géuéral, feld-maréehal au ser- 
vice de S. M. I. et R. Charles VI, chevaïier de la 
Toison-d’Or. 

Is portent les armoiries du maréchal et de sa 
femme donna Marie-Thérèse d’Aragony Pignatelli, « 
petite-nièce de S. 8, Innocent XI, et fille du duc 
de Montelcone, de la maison de Pisnatelli, fils du 
frère de ce souverain pontife. Les armoiries de Pi- 
gnatelli Monteleone sont décorées de drapeaux por- 
tant des têtes de mahométans , en signe des victoires 
remportées sur eux par les Pignatelli. Dona Marie- 
Thérèse porte sur.ses armoiries celles de Gortez, 
comme descendante d’'Eliennette Cortez, marquise 
d'El Valle , petite-fille du conquérant du Mexique. 


BIBLIOGRAPHIE. 


ESSAI sur les molusjues terrestres et flu- 
viales et leurs coquilles vivantes et fossiles du dépar- 
tement du Ger; par M. Dupuis, professeur d’his- 
toire naturelle, au petit séminaire d'Auch. 1 vol. 
in-#o. À Auch, chez A.-J. Portes, libraire; à Paris, - 
chez Brockaus et Avenarius, rue Richelieu, 69: 
— Cet ouvrage, dans lequel l’auteur passe en revue 
les diverses fonctions des appareils du système nu-, 
uiuf, respiratoire , circulatoire , nerveux et Jocomo- 


‘4 
1 


3 


logique, est écrit avec méthode et clarté. Il est 
plein d'observations judicieuses. Ge n'est pas comme | 
l'annonce trop modestement M. Dupuis, un livre. | 
bon seulenent pour les commencaünis, pour des 
élèves en zoologie; il peut êlre aussi quelquefois 
uiile el toujours agréabie aux maitres de la science, 
Nous le recommandons à nos lecteurs comme lunes M 
des bonnes publications sur là matière que nous 
a fournie la province. {l 

ESSAI sur la théologie morale, considérée dans" h 
ses rapport avec la physiologie et la médecine; par 
P. J. C. Debreyne, D. M. P., et religieux de la 
Trappe (Orne). À Paris, chez Poussielgue-Rusand, 
rue Haute-feuille ; chez l’auteur. 

EXTINCTION GRADUELLE du paup‘risme au 
moyen du rétablissement de l'équilibre entre le 
prix des salaires des ouvriers et le prix des aliments; 
par J. Bonhomme-Colin. il 

HISTOIRE des antiquités de Laigle el de ses en 
virons, comprenant des recherches historiques suR 
les invasions des Romains, des Francs et des Nor=} 
mands dans les Gaules, sur l'origine de Verneuil, etts 
Outrage posthume de J. F, Gabriel Vaugeoisl 
Edité et publié par sa famiile. A Laigle, chez Bre 
dif. # 

RECHERCHES sur l’origine des Poies, et sun 
lieu d'établissement d'une colenie de ces peuples 
dans la Gaule, précédées d’ebservations sur les récils 
de Tite-Live et des autres historiens des émigrations 
gauloises; par F. Vincent. 


ASIE CENTRALE. Recherches sur les chaines 
de montagnes et la climatoloyie comparée; par À} 
de Humboldt. A Paris, chez Gid , rue des Petits 
Auguslins, D. s 

FRAGMENT d'un voyage dansleChiliet au Cuseo 
patrie des anciens Incas; par Ciaude Gay. 


PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE 
ruc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


À 


que parfois subtile, 
: fixé l'attention de la commission. 


40e arnée. 


ÿ 


Paris. — Jeudi, 4 Rlai 1845. 
Ke 


U MON 


N° 33. 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


D 


| L'EcHO DU MONDE SAVANT parait le JEUMDE et le DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
“ de M. le vicomte A Dé LAVALETZTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue (es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les (épartements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR:S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr. 
8 fr. 50: Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil lÉUHO DELA LITTÉ- 


| 
' 
| 
| 


SOMMAIRE. — INSTITUT DE FRANCE, 
| séance annuelle des cinq Académies, — SCIEN- 
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE. 
Sur la différence du niveau entre la mer Cas- 
pieune et la mer d’Azow; Hommaire-Dehel. — 
PHYSIQUE APPLIQUÉE. Photographie. Sur les 
effets résullants de certains procédés pour abré- 
| ger le temps nécessaire à la formation des images 
photographiques; Fizeau, — CHIMIE. Sur les 
ferments; Rousseau. — CHIMIE APPLIQUÉE. 
Du camphre et de ses applications médicales et 
industrielles. — SCIENCES NATURELLES. 
THÉRAPEUTIQUE. Note sur un phénomène très 
curieux produit sur un malade de paralysie par 
un courant électrique très faible; Malteucci. — 
BOTANIQUE, Sur la tribu des podaxinées et fon- 
dation du nouveau genre gyrophragmium, ap- 
partenant à celle tribu; Montagne — SCIEN- 
CES APPLIQUEES. ARTS METALLURGI- 
| QUES. Sur l’état présent et l’avenir de l'indus- 
trie de la houille et du fer dans la Grande-Bre- 
lagne. — ECONOMIE INDUSTRIELLE. Pro- 
cédé pour purifier les puits des mines de certains 
gaz irrespirables. — MACHINES À VAPEUR, 
Locomotives fonctionnant avec deux fois moins 
de combustible que celles ordinaires. — AGRI- 
CULTURE, Sur l’agriculture de la Sicile; Leclere 
Thouin. — MED£ECISE VETERINAIRE. Fiè- 
vre typhoïde chez les animaux. — SCIENCES 


HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE. Nouvelle dé- 


couverte à Quatremares. — GÉOGRAPHIE. Sé- 
jour aux îles Marquises en 1840; Lesson. — 
FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. 


| INSTITUT DE FRANCE. 


Séance publique annuel'e des cinq acadé- 

cuves, du mardi 2 mai 1843, présidte 
| par M. le comte Beugnot, président de 
| Académie royale des Inscriptions et 
Bel'es-Leitres. 


| Après le discours d'usage, M. le président 


a lu le rapport sur le concours de 1843, 
pour le prix fondé par M. le comte de 


| Volney. Le prix a été accordé à M. Lafaye, 


auteur des Syzonimes français. L'objet de 
cet ouvrage est la classification en famil- 
les grammaticales des mots de la langue 
française, généralement considérés comme 
Synonimes. Cette idée est neuve, et les dé- 


| veloppements dans lesquels est entré l’au- 


| teur,guidé parune analÿseingénieuse,quoi- 


Huit mémoires, tant imprimés que ma- 


nuscrits, avaient été envoyés au concours. 
M: Eupène Burnouf, de l’Académie des 
Inscriptions et Belles-Leitres, a lu ensuite 
des considérations sur l’origine du Boud- 
dhisme, et M. Raoul-Rochette, de celledes 
Beaux-Arts, un discours sur Nicolas Pous- 
Sin. Un fragment sur la polygamie en 
Orient, par M. Blanqui, un fragment d’une 
épopée de Jeanne d’Arc, par Alexandre 
Soumet , ont complété cette solennité 
scientifique, artistique et littéraire. 


ont particulièrement 


2 


Le prix de pAylologie comparée, pour 
le concours de 1844 est une médaille d’or 
de la valeur de 1,200 fr. Il sera décerné à 
l'ouvrage qui en paraîtra le plus digne à la 
commission, parmi les ouvrages tant im- 
primés que manuscrits qui lui seront adres- 
sés. 

Il faudra que les travaux dont il s’agit 
aient été entrepris à peu près dans les mê- 
mes vues que ceux dont les langues romane 
et germanique ont été l'objet depuis quel- 

à 
ques années. 

L'analyse comparée de deux idiômes, et 
celle d’une famille entière de langues, se- 
ront égalemént admises au concours. 

Mais la commission recommande aux 
concurrents d'envisager sous le point de 
vue comparatif et historique les idiômes 
qu'ils auront choisis, et de ne pas se borner 
à l’analyse logique, ou à ce qu’on appelle 
la Grammaire générale. 

Les mémoires manuscrits, envoyés avant 
le er mars 1844, et les ouvrages imprimés 
qui seront envoyés avant la même époque, 
pourvu qu'ils aient été publiés depuis le 
1er janvier 1842, seront également admis 
au concours. 

Les mémoires, soit imprimés, soit ma- 
nuscrits, pe seront reçus que jusqu’au 
1er mars 1844. Ce terme est de rigueur. 
Ils devront être adressés, francs de port, au 
secrétariat del’Institut, avant leterme pres- 
crit. 

re Ge — 


SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE DU GLOBE. 


Sur la différence de niveau entre la mer 
Caspienne et la mer d’'Az9w; par 
M. Hommaire-Dchel. 


(Deuxième et dernier article, ) 


Examinons maintenant le bassin de la 
mer Caspienne, et voyons s’ilestréellement 
une dépression, comme le croient encore 
la plupart des savants ; ou bien si ces con- 
trées, situées au-dessous du niveau de l'O- 
céan, ne sont que la conséquence néces- 
saire d’une diminution de hauteur dans les 
eaux de la mer Caspienne. Nous ferons 
d’abord remarquer qu'il existe le long de 
la mer Caspienne, depuis Astrakan jus- 
qu'au Terek une lisière de 24 à 32 kilomè- 
tres de largeur, à peine élevée de quelques 
décimètres au-dessus du niveau de la mer. 
Aussi par les forts vents d’est, les eaux de 
la mer Caspienne sont-elles portées dans 


l’intérieur des terres Jusqu'à une très gran- 


de distance. Toute cette lisière, composée 
de sabies, de marais, de lacs salés, et for- 


! d : A DELA 
mée d'un sol limoneux, paraît avoir été 


tout récemment abandonnée par les eaux, 
et prouve une diminution moderne dans 
l'étendue de la micr Caspienac, Ctlte dimi- 


BATURE ET DES BEAUX-ARTS el les MORCEZUX CHOISIS Au mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


nution est, sans aucun doute, le résultatde 
la perte considérable qu'ont faite depuisun 
siècle les eaux du Volga, de l’Onral et de 
l’Emba, les deux seuls grands fleuves qui 
débouchent dans la mer Caspienne. Ce fait 
se comprend parfaitement lorsque l’on 
songe à l’immense déboisement des monts 
Ourals causé par l'établissement des usines 
méta'lurgiques, ainsi qu'au développement 
agricole des contrées riveraines du Volga : 
développement qui rend la terre de plusen 
plus propre à absorber les eaux pluviales, 
et empêche celles-ci de se déverser dansles 
bassins des fleuves et des rivières. Il est dé- 
montré, de la manière la plus authentique, 
qu’au commencement du dix-septième siè- 
cle, les barques à sel, destinées à la Sibérie, 
pouvaient charger sur le Volga jusqu’à 
3 millions de kilogrammes. Aujourd’hui 
elles ne sauraient en prendre plus de 
1,800,000. 

A Kasan, on construisit aussi, du temps 
de Pierre-le-Grand, des bâtiments de guez 
pour la flotte de la mer Caspienne. D 
reils travaux ne sont plus possiblés °x 
jourd'hui, et les chantiers de comstf 
tion se trouvent tous établis à At 
même. Il ne faut donc pas s’étonn 
l'équilibre a été sensiblement rompu 
les eaux enlevées par l’évaporation et cê 
amenées par les fleuves et les pluies, et sil 
en est résulté une diminution de surface 
pour la mer Caspienne. Nous avons donc 
déjà ici un abaissement de niveau des 
eaux qui ne saurait être attribué à une dé- 
pression du sol. 

Maintenant toutes les observations que 
j'ai faites sur le littoral des trois mers de la 
Russie méridionale, aux embouchures des 
fleuves et dés rivières, dans les steppes d’As- 
trakan et de la mer d’Azow, s'accordent à 
démontrer que la mer Caspienne avait au- 
trefois un niveau plus éle;é et qu'elle était 
réunie à la mer noire antérieurement à nos 
temps historiques, suivant une ligne pas- 
sant par les bassins du Manitch et de Ja 
Kouma. Le point culminant entre les deux 
mers n’a pas plus de 24m,356 de hauteur 
au-dessus du niveau de la mer d’Azow, et 
pour que la réunion des deux mers eût lieu, 
il n'aurait pas fallu que le Bosphore de 
Constantinople füt fermé par une digue de 
montagnes aussi élevées que l’ont prétendu 
Andréossy et Olivier. Si nous voulons sup- 
poser un moment le Bosphore fermé, un 
simple calcul basé sur l'évaporation de la 
mer noire et le volume des eaux excédan- 
tes s’écoulant dans la Méditerranée, nous 
ferait voir que la jonction entre les deux 
mers ne tarderait pas à se former de 
nouveau. Je n'entrerai pas maintenant 
dans la discussion des preuves en faveur 
d’une ancienne étendue de la mer Cas- 
pienne. Ces preures, consignées parloutsur 
le col, ont déjà été indiquées par Pallas, 


7172 

Gmelin et autres. Elles feront d’ailleurs 
partie d’un autre Mémoire que j'aurai 
sous peu l’honneur de soumettre à l’Aca- 
démie des Sciences. 


Admeltons pour un moment la jonction 
entre les deux mers, et voyons quelle de- 
vrait être la conséquence de lear sépara- 
tion. En jetant un coup d'œil sur la mer 
Caspienne, nous remarquerons que cette 
mer a très peu d’afiluents, et qu’une dimi- 
hution dans les eaux du Volga et de lOu- 
ral a déjà rompu une fois l'équilibre entre 
les eaux enlevées par l'évaporation et cel- 
les apportées par les pluies et les rivières. 
Cet équilibre devait bien moins exister en- 
core au moment de la séparation des deux 
mers, à une époque où la Caspienne avait 
une étendue bien plus considérable qu’au- 
jourd’hui. Cette mer a donc dû évidem- 
ment baisser de niveau jusqu’au rétablis- 
sement complet de l’équilibre. Dans son 
mouvement rétrogade et oscillatoire, elle 
a dù souvent revenir sur ses pas, envahir 
des parties déja misesà sec, et former na- 
turellement de fortes concentrations salées. 
Voilà ce qui nous explique les richesses sa- 
lines du littoral dela mer Caspienne, et ce 
sol fortement imprégné de sel. Ici encore 
il est impossible de voir une véritable dé- 
pression dans ces contréesabandonnées par 
la mer lors de sa première et grande dimi- 
nution. Cette prétendue dépression, qui a 
tant occupé les savants, n’est par le fait, 
qu'une partie du fond de la Caspienne mise 
à découvert à la suite d’un abaissement de 
niveau dans les eaux de cette mer. 


D'ailleurs, remarquons-le bien, tous les 
nivellements qui ont été faits jusqu’à pré- 
sent ne sauraient indiquer une dépression 
du sol au-dessous de la courbe régulière du 
sphéroïde terrestre. On ne pourrait, à ce 
qu’il me semble, obtenir un pareil résultat 
que par la comparaison d’une série d’ob- 
servations à la fois géodésiques et astrono- 
miques faitessur l’arc terrestre qui joindrait 
les deux points choisis sur la merCaspienne 
ét la mer Noire. Jamais l'on n’a songé à 
exécuter un pareil travail. Dans toutes les 
autres opérations, on est parti d’un niveau 
donné, en se proposant simplement pour 
but la recherche de l’élévation ou de l’a- 
baissement de l’une des deux mers compa- 
rativement à l’autre, comme on détermine 
la hauteur d’une montagne par rapport à 
la plaine. 

Toutes les observations tendent donc à 
prouver la fausseté de cette opinion géné- 
ralement admise, que la mer Caspienne se 
trouve au centre d’une large dépression 
unique sur la surface du globe. 


PHOTOGRAPHIE, 


Sur les effets résultant de certains procédés 
employés pour abréger le temps nécessaire 
à la formation des images photographi- 
ques ; par M. Fizeau. 


Si dans des expériences successives, l’on 
À 1 . . 
expose une même matière impressionnable 


à l’action des mêmes radiations, en faisant: 


varier leur intensité, on remarque que 
pour obtenir un même degré d’altération, 
il faut que le temps d'exposition varie sen- 
siblement en raison inverse de l'intensité 
des radiations ; ainsi, par exemple, si l’on 
obtient un certain degré d’altération, dans 
l'unité de temps avec l’unité d'intensité, si 
l'intensité devient 2, le même effet se pro- 
duira dans un temps égal à 1/2. 


773 


Il en résulte, d'une manière générale, 
que l’altération des substances impression 
nables à la lumière est probablement pro- 
portionnelle à l’intensité des radiations et 
au temps de l’exposition. 


Sil en est ainsi, lorsque l'on obtient les 
images dans la chambre noire par les pro- 
cédés photographiques, il faut admettre 
que l’altération de la couche sensible dans 
ses différents points, est proportionnelle à 
l'intensité de l'image lumineuse dans les 
points correspondants, et cela pendant tout 
le temps que la couche sensible sera sou- 
mise à l’image de la chambre noire. Or, 
on sait que dans la méthode de M. Da- 
guerre, la couche sensible, après avoir été 
exposée un certain temps à l'action des ra- 
diations lumineuses , devient capable de 
condenser la vapeur du mercure d’une 
manière telle que l’altération invisible de 
la couche sensible devient visible; mais 
Von sait aussi qu'il faut un certain degré 
d’altération de la couche sensible pour que 
cette curieuse réaction se manifeste, car, 
lorsque l’image de la chambre obscure n’a 
pes une intensité suffisante, on peut faire 
agir pendant assez longtemps cette image 
sur la couche sensible sans que celle-ci de- 
vienne capable d’agir sur la vapeur de mer- 
cure; et cependant il résulte de la propor- 
tionvalité dont j'ai parlé, que la couche 
sensible est modifiée, seulement d’une ma- 
nière insuffisante. Il résulte évidemment 
de là que lon peut faire subir un certain 
degré d’altération à la couche sensible, 
sans qu’elle agisse sur la vapeur du mer- 
cure. 


Or, si au lieu d'opérer dans la chambre 
noire avec une couche sensible soigneuse- 
ment préparée à l'abri des radiations, on 
opère avec une couche légèrement impres- 
sionnée jusque près du point où elle devien- 
drait sensible à la vapeur du mercure , ce 
qui peut s’obtenir d’une manière régulière 
à l’aide d’une lampe à lumière constante, 
il est facile de prévoir les résaltats de l’ex- 
périence. 


Il est évident d’abord que le dessin pho- 
tographique s'obtiendra en moins de temps, 
et, en outre, que les effets d'ombre et de 
lumière ne seront plus les mêmes, c’est-à- 
dire que les rapports entre les intensités 
des différents points de l'image seront al- 
térés. 

En effet, soient z et £’ les intensités de 
deux points de l’image lumineuse; si l’on 
opérait avec une couche sensible non im- 
pressionnée, l’altération aux points corres- 
pondants serait proportionnelle à ces in- 
tensités, et le rapport entre les degrés d’al- 
tération serait le même qu’entre les inten- 
sités, c’est-à-dire = 

? 

Mais si l’on emploie une couche déjà 
impressionnée uniformément , il est facile 
de voir que cela équivaut à ajouter une 
quantité constante de lumière à tous les 
points de l’image lumineuse; le rapport 
entre les intensités, de deux de ses points, et 
par conséquent, entre le degré d’altération 
de la couche sensible aux mêmes points sera 
i+a 
à 


donc rapport qui tend vers l’unite 
+ a? 


à mesure que 4 augmente. 

L'expérience confirme parfaitement ces 
raisonnements', et, en opérant ainsi avec 
des plaques impressionnées d'une maniere 
constante, on obtient à la chambre noire 
des dessins photographiques qui se forment 
dans un temps plus court, et dont l'aspect 


A) 
alt 

774 

offre ceci de particulier , que les parties 


obscures sont dessinées avec plus de détails 
que dans les images ordinaires. 


CHIMIE, 
Sur les ferments; par M. Rousseau. 


4. La condition essentielle pour qu’un 
ferment puisse développer la fermentation 
alcoolique, est d’être acide aux papiers co! 
lorés. Cette acidité doit en outre être pro= 
duite par certains acides végétaux, dont le 
caractère spécial est tel qu’ils peuvént 
être transformés en carbonates ou en acide 


carbonique par leur décomposition spon-* 
tanée. Ce qu'il y a surtout de remarquable 


dans le choix de ces acides, c’est que ce 
sont ceux qui préexistent dans tous les 
fruits fermentescibles, et ceux-là même 
aussi qui sont transformés en carbonates 
lorsqu'on les ingère dans l’économie ani- 
male; tels sont en effet les acidestartrique, 


citrique, malique, lactique, etc. 


2. Lorsque l’acidité du ferment est assez ” 
considérable, les poisons végétaux et miné- ! 


raux, les huiles essentielles, etc., ne font 
plus éprouver à la fermentation aucune 
modification, tandis que le contraire a lieu 
si le ferment a été lavé jusqu’à ce qu’il de- 
vienne neutre. Par un effet opposé, la fer- 
mentation peut être considérablement acti- 
vée par la présence d’un tartrate, d’un 
citrate, d’un malate ou d’un lactate... Du 
reste, depuis longtemps, MM. Colin et 


Thenard avaient signalé l'influence favo- 


rable qu’exerce la crême de tartre sur la 
fermentation. 


3. Lorsque le ferment, au lieu d’être . 


acide, offre, par une altération spontanée, 
une réaction alcaline au papier, mis en 
contact avec le sucre de canne, il ne déve- 
loppe plus d'alcool ni d’acide carbonique, 
mais il se forme du sucre de lait, et plus 
tard de l'acide lactique : c’est ainsi que le 
caséum, la diastase, les membranes ani- 
males donnent de l’acide lactique lors- 
qu’on les mêle avec une dissolution de 
sucre, comme l'ont constaté MM. Boutron 
et Frémy. Si l’on examine avec soin toutes 
les conditions à l’aide desquelles le phéno- 
mène s’accomplit, et la nature des corps 
qui y prennent naissance, Cette action n’a 
rien que de rationnel; car lorsque la le- 
vare est devenue alcaline, elle a changé 
de nature et s’est transformée en une ma- 
tière qui offre toutes les propriétés de la 
caséine. 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Du camphre et de ses applications medi- 
cales et industrielles. 


(Troisième et dernier article.) 


Le camphre est solide, blanc, cristallin, 
transparent, gras au toucher, doué d’une 
odeur très forte quile caractérise, et d'une 
saveur amère, chaude, piquante, que suit 
une sensation de froid; sa densité est de 
0,9887 (Thomson); selon M. Gay-Lussac, 
0,9968. Il est plus léger que l'eau, car il 
flotte sur ce liquide. Théodore de Saussure 
a trouvé que la force élastique de cette ma- 


tière, à 150°,33 duthermomètrecentigrade,. | 


équivaut à 4 millimètres de mercure. 


Quoique le camphre soit cassant, il jouit 
d'une certaine ductilité : ilest facile d’en 
juger par la résistance qu'il oppose au pi- 
lon, si bien qu’il est assez difficile à pulvé- 


» | 


driser, à moins qu'on y ajoute quelques 
wouttes d'alcool ou bien un intermède, 
“comme la magnésie ou l’amidon. M. Fri- 
Jzerio s’est assuré que le camphre peut 
“cristalliser au fond d’une dissolution alcoo- 
‘lique. Ayant fait dissoudre dans un mi1- 
tiras, à laide d'un bain-marie chauffé à 
50 degrés Réaumur, 240 grammes de 
*camphre raffiné dans 750 grammes d’al- 
* cool à 20: de Beaumé, M. Frigério observa 
rqu'après huit jours de refroidissement, la 
‘presque totalité du camphre avait cristal- 
Hisé plus ou moins régulièrement, et pré- 
sentait quelques cristaux réguliers assez 
Hongs. Ce sont, suivant Thomson, des oc- 
|taèdres ou des prismes pyramidaux à six 
pans. L'air atmosphérique est sans action 
Sur lui; il est si volatil qu'il se dissipe en- 
|tièrement dans l’air, même à une basse 
température. Ceci explique la nécessité de 
lé conserver dans un vase clos, la présence 
de. cette matière au haut de ces vases, et la 
| faculté dont jouit le camphre, comme l’al- 
-cool, de produire une lampe sans flamme 
au-moyen du fil de platine. Mettez, dit Da- 
‘vy, un morceau de camphre ou quelques 
: fragments sur un support convenable, et 
placez au-dessus un fil de platine roulé en 
spirale ; chauffé au rouge, le fil deviendra 
Laussitôt incandescent, et restera dans cet 
|état jusqu’à ce que tout le camphre soit 
|consumé. 
| Exposé à une chaleur de 175 degrés, le 
-camphre se fond, finit par bouillir, et se 
sublime lorsque sa température arrive à 
1201 degrés centigrades. À peine est-il en 
contact avec un corps enignition, qu'il 
"prend feu et brûle sans résidu, en répan- 
‘dant une flamme blanche et dégageant 
“beaucoup de fuliginosités : son ignition a 
‘lieu même à la surface de l’eau. 

Le camphre est insoluble dans l’eau, 
mais 1] communique à ce liquide son odeur 
d’une manière bien prononcée. On a cal- 
culé que celle-ci ne prend de celui-là que 


| Ogr., 424 par kilogramme. Projeté sur 


l’eau, un petit morceau de camphre s’agite 


| au même instant et setouruesur lui-même: 


plongé en partie dans l'air eten partie dans 


: 5 à ; à 
| l’eau, il communique à cette dernière un 


ouvement de va et vient, et se partage 
quelques jours après au point d’immer- 
sion. Il suffit de verser une goutte d'huile 
sur la surface de l’eau, pour arrêter sur-le- 
champ ce mouvement. M. Dutrochet a fait 
un mémoire très savant pour expliquer ce 
phénomène (Comptes-rendus de l’Acailé- 


| mie des Sciences, 1841 ): 


Si les alcalis fixes attaquent le camphre, 


: du moins n’en dissolvent-ils que des por- 


tions extrêmement petites. M.'Th. de Saus- 
sure s'est assuré que ce corps n’absorbe 
environ qu'une fois son volume de gaz am- 
moniac. 

Les acides affaiblis dissolvent le camphre 
sans altération, et le laissent précipiter par 


| l’eau ou par les alcalis, L’acide nitrique 


dissout beaucoup de camphre et forme un 
composé analogue aux combinaisons des 
acides avec l'alcool; lorsqu'on aide l’action 
de ce dernier acide de celle du calorique, 
etqu'onen emploieen grandes proportions, 
on change le camphre en un acide parti- 
culier, nommé acule camphorique. La dis- 
solution du camphre dans l'acide nitrique 
prend le nom d'huile de camphre. 
Théodore deSaussure a constaté que le 
camphre peut absorber près de cent qua- 
rante-quatre fois son volume de gaz acide 
hydrochlorique à 10 degrés du thermomé- 
tre et à Om,726 du baromètre. Ce produit, 


À 


776 
appelé par lui camphre muriaté, est un li- 
quide incolore, transparent, qui se trouble 
au contact de l’air, parce que la vapeur de 
celui-ci s’unit tout de suite à l'acide et dé- 
truit son action sur le camphre. 

L’acide acétique dissout très bien le cam- 
phre, et le dissout d'autant mieux qu’il est 
plus concentré; on a même avancé que cet 
acide est son meilleur dissolvant: c’est 
néanmoins avec l'alcool, ou bien avec les 
huiles fixes et volatiles, que l’on dissout ha- 
bituellement le camphre; l’éther en opère 
aussi très bien la dissolution. Les huiles 
fixes et volatiles le dissolvent en partie. Le 
camphre s’unit assez bien à la gomme et au 
sucre; on peut, par leur intermède, rendre 
cette substance intime à l'eau. C'est ce 
moyen que l’on emploie assez souvent dans 
les pharmacies pour mêler le camphre aux 
potions. 

Les anciens, trompés d’abord sur l’origine 
du camphre, ne purent prendre que des 
notions tres incertaines de sa composition 
chimique, jusqu’au moment où l’on con- 
nut la source d’oùil provient; encore cher- 
chait-on en vain des résultats utiles sur 
ce point avant l’année 1725, époque à la- 
quelle on vit Numann procéder avec plus 
de sévérité à l’analyse du camphre. 

Les chimistes qui marchèrent sur les 
traces de celui que je viens de nommer fu- 
rent d’abord Legendre et Hosegarten, en- 
suite M. Bouillon-Lagrange et Bucholz; 
enfin M. Hachette et M. Chevreul; mais ce 
n'est qu’à Th. de Saussure, et, en dernier 
lieu, à Thomson, que nous sommes rede- 
vables de la connaissance exacte de la com- 
position de cette huile volatile concrète. 
Thomson reconnaît plusieurs espèces de 


- camphre. M. Th. de Saussure dans ses ana- 


lyses sur le camphre, a observé que 44 my- 
riagrammes de camphre ont consumé 
81, 14 centimètres cubes de gaz oxigène, 
en formant 60, 86 de gaz acide carboni- 
que, et 0,12 d’azote contenu dans l’am- 
imoniaque. M. de Saussure, en concluant 
que 100 parties de camphre contiennent en 
poids, carbone, 74, 38 ; hydrogène, 10,67; 
oxigène, 14, 61? azote, 0,34, fait observer 
que la présence de ce dernier principe est 
douteuse dans cette analyse , il estime que 
le camphre peut être représenté par 4 ato- 
me de gaz oxyde de carbone, et 1 atome de 
gaz oléfiant. 

Le résultat obtenu par M. Thomson dans 
l’analyse du même corps, ne s'accorde pas 
avec ceux que nous venons d'indiquer. 

Ila opéré, en faisant passer du camphre 
en vapeur sur du bi-oxyde de cuivre in- 
candescent, ce qui l’a converti en acide 
carbonique et en eau. Il a recueilli le pre- 
mier sur le mercure, et a mesuré, le vo- 
lume, en même temps que l’eau était in- 
terceptée par le chlorure de chaux; la 
quantitéena été évaluée par l'accroissement 
de ce sel. Un grain decamphreainsi traité, 
ayant donné, sous une temy érature et une 
pression moyenne, 0, mètres cubes 0000491 
de gaz acide carbonique, et 0, mètres cu- 
bes 0000198 d’eau, Thomson en conclut 
que les principes constituants da camphre 
sont : carbone, 0,738; hydrogène, 0,144; 
oxigène, 0,118 ; ces résultats représentent 
à peu près 8 172 atomes de carbone, 10 ato- 
mes d’hydrogène et 1 atome d’oxigène. 


Suivant Liébig, le camphre est formé de : 


Carbone 81,765 ou 12 atomes — 9 ou 070 80,89 

Hydrogène 9,102ou 9 atomes = 1,125 — 10,12 

Oxigène 8,535ou {atome — 1 — 8,99 
100 11,125 400 


77 


En dernière analyse, M. Dumas a trouvé: 


Carbone 78,02 ou 10 atomes = 7,5 ou 070 78,94 

Hydrogène 10,55 ou 8 atomes—1 10,53 

Oxigène 11,59ou atome =1 10,53 
100 9,5 100 


M. Dumas a trouvé que la densité de la 
vapeur était de 5,468 
10 volumes de carbone — 4,1666 
8 d'hydrogène 0,5555 
172 d'oxigsène — 0,5555 
De sorte que le camphre en vapeur con- 
siste en 10 volumes de carbone, 8 volumes 
d'hydrogène et 172 volume d'oxigène con- 
densés en un volume. 
L'analyse du camphre par Blanchet et 
Sell, en 1833, vient ajouter un nouveau 
poids à celle de M. Dumas; ils ont obtenu : 


Carbone 77,96 

Hydrogène 10,61 

Oxigène 11,43 
100 


Usages. Le camphre a beaucoup d'usa- 
ges, mais c’est surtout en médecine qu’il 
est le plus employé. Il est administré à 
l'intérieur avec le plus grand succès, com- 
me stimulant diffusibie, comme antispas- 
modique et comme sudorifique ; on l’a em: 
ployé dans les fièvres adynamiques, putri- 
des, dites ataxiques, principalementlorsque 
la peau est sèche; dans les phlegmasies cu- 
tanées aiguës, dans lesquelles l’éruption ne 
se fait pas bien, languit ou dégénère; dans 
les angines gangréneuses el dans toutes les 
gangrènes locales; dans certaines douleurs 
rhumatismales, sciatiques, etc.; il a été 
souvent utile dans les fièvres intermitten- 
tes, dans la paralysie et dans une multi= 
tude d’affections où les antispasmodiques - 
sont indiqués. On l’a souvent administré 
avec succés comme anti-aphrodisiaque. Il 
prévient l’action des cantharides sur la 
vessie, et il la fait cesser lorsqu'elle existe 
déjà; on le donne à l'intérieur depuis 
Ogr.,956, 1gr.,062,1gr.,279, jusqu’à 7g.6, 
11g,4, 15gr.,2, dans les vingt-quatre 
heures. Les doses doivent varier suivant 
la nature et l'intensité de la maladie, mais 
on doit éviter d'en faire prendre beaucoup 
à la fois, parce qu'il agirait comme un pol+ 
son énergique, capable d’occasionner la 
mort entres peu de temps, au milieu de 
convulsions horribles. On ladministre or- 
dinairement dans un jaune d'œuf ou dans 
un mucilage ; on Le donne en lavement de- 
puis 2 grammes. Introduit par cette voie, 
il est encore susceptible d'agir comme poi- 
son et de déterminer les accidents les plus 
graves si la dose employée est trop forte. 

La dissolution du camphre dans l'huile 
est souvent employée en frictions sur la 
partie interne des cuisses et sur quelques 
autres points ; on se sert aussi de | eau-de- 
vie camphrée préparée avec 16 grammes 
de camphre et 1 kil. d'eau-de-vie : enfin le 
camphre entre dansla composition de quel- 
ques liniments résolutifs. Son emploi exté- 
rieur exige beaucoup moins de précaution 
que son administration intérieure, Car l’ex= 
périence prouve qu'il agit avec beaucoup 
moins d'énergie dans le premier cas. 

Dans les arts, le camphre a beaucoup 
d’usages. On l’emploie dans les collections 
d'histoire naturelle, pour les préserver de 
l'attaque des insectes; il entre dans la com- 
position des vernis fins destinés à des ob- 
jets précieux. 


SEE — 


718 
SCIENCES NATURELLES. 
TUERAPEUTIQUE, 


Note sur un phénomène très Curte’x pro- 
duit sur un malade de paralysie par un 
courant électrique très faible, par M. Ch. 
Matteucei. 

Le nommé Dini, agent des biens du 
grand-duc, à ête atteint depuis longtemps 
de fièvres intermittentes. Pendant cette 
maladie il prenait du sulfate de quinine à 
des doses très fortes. Lorsque les fièvres 
eurent cessé, sans laisser aucune affection 
chronique aux viscères abdominaux,ile 
malade commença. à ressentir un affaiblis- 
sement dans les mouvements et dans la 
sensibilité de.ses membres, qui finit par 
une paralysie complète. Depuis cinq à six 
mois, cette dernière maladie a été traitée 
avec tous les médicamentsordinaires, c’est- 
à-dire avec.le moxa, des scarifications, des 
sangsues et avec de la strychnine. Ce:trai- 
tement a produit uneamélioration sensible; 
la sensibilité est entierement rétablie.et.les 
mouvemebts gagnent tous les jours.Il faut 
remarquer que la strÿychuine n’a produit 
aucune action sensible sur la moelle épi- 
nière : jamais des secousses ni des contrac- 
tions involontaires n’ont été excitées par ce 
traitement. J'ai ié assuré par le médecin, 
homme éclairé. qui le soigne, et par le 
malade lui-même; qui est un individu très 
intelligent, que le seul effet apparent que 
fa strichnine ait produit, c'est celui d'avoir 
considérablement augmenté les facultés di- 
gestives. Pendant trois ou quatre fois le 
traitementde la strychnine a été suspendu, 
etles fonctions de l’estomac se sont tou- 
jours affaiblies pour se rétablir avec la 
strychnine. 

Afin d'accélérer la guérison de la para - 
Ivsie, le médecin a:eu recours au courant 
électrique. Ce courant; développé par £rois 
couples d'une pile‘à colonne de Volta, a 
été appliqué avec lPacapuncture, en intro- 
duisant l'une des aiguilles dans la région 
des dernières vertèbres dorsales, et l’autre 
dans le mollet d’une dès jambes. Le pas- 
sage de ce courant électrique de trois cou- 
ples a excité dansle malade des convulsions 
si violentes et si générales, qu'on l'aurait 
dit atteint de tétanos. Malgré la suspension 
immédiate du courant, les symptômes n’ont 
cessé qu'après trois heures. Lorsquele mé- 
decin est venu me raconter l’histoire de cet 
accident, malgré toute ma confiance en 
lui, je n'ai pu ajouter foi à son récit , et 
j'ai voulu voir le malade. Aujourd'hui, 3 
avril, j'ai appliqué un courant de deux 
couples, et sans les aiguilles de l’acupunc- 
ture, en touchant avec les deux pôles la 
région des dernières vertebres dorsales et 
le mollet d’une jambe. Quelques instants 
après j'ai vu, à ma grande surprise, se 
déclarer dans tout le corps des convulsions 
très violentes qui m'ont effrayé et forcé 
d'ouvrir le circuit. Ces phénomènes ont 
duré pendant un quart d'heure, toujours 
en s’affaiblissant. J'ai répété alors l’action 
du même courant en sens inverse du pré- 
cédent , et les phénomènes ont été les 
mêmes. Lorsque les convulsions curent 
disparu, j'ai tenté le passage du courant 
d’un seul couple dans le bras, du coude à 
la main. Le circuit étant fermé, les mou- 
vements survenus ont été faibles : mais, 
lorsque j'ai appliqué ce courant en inter- 
rompant le circuit et en interrompant le 
civeuit et en le renouvelant à de très courts 
intervalles de temps, les convulsions se 


719 


sout reproduites non-seulement dans le 
bras, mais encore dans tout le reste du 
corps. Craignant que l’imagination n’en- 


trât pour beaucoup dans ces phénomènes, 


j'ai appliqué les deux mêmes fils de la pile 
sur le corps du malade, mais sans qu'ils 
fassent réunis à la pile. Le malade n’en sa- 
vait rien, mais il n’a rien éprouvé non 
plus. Je dois ajouter que, malgré les effets 
si violents du courant électrique , lorsque 
les convulsions tétaniques avaient cessé, le 
malade était plus libre dans ses mouve- 
ments, 

C'est la première fois, Je crois, dans les 
anuales de la science, que Von voit un 
courant électrique, qui à peine fait con- 
tracter une grenouille , exciter dans 
l’homme des contractions si violentes et si 
permanentes. Ce malade me présente en 
quelque sorte l'état de surexcitation dans 
lequel sont mises les grenouilles par l’ac- 
tion des poissons narcotiques. Qui sait si 
le sulfate de quinine et le strychnine,-qui 
ont été administrés à ce malade à des doses 
très fortes et pendant très longtemps, ne 
sont pas la cause de l’état actuel du ma - 
lade? Ce qui est le plus difficile dans ce 
moment, c’est de choisir un traitement 
convenable Je crois qu’il faut suspendre le 
courant électrique, employer l’acupunc- 
ture toute seule, les bains salés à une tem- 
pérature modérée, et donner le plus d’exer- 
cice possible aux mouvements musculaires 
et aux facultés intellectuelles. 


BOTANIQUE. 


Consülérations g'nérales sur La tribu des 
Podaxiniées el fondation du nouveau genre 
Gyrophragmium , appartenant à cette 
tribu; par M. Montagne. 


Il existe parmi les champigaons tricho- 
gastres une petite triba, récemment élevée 
au rabg (le familie par M. Corda, et remar- 
quable, enlie autres caractères, par la pré- 
seance d’une columelle traversant l’axe du 
peridiun : c'est celle des Podaxinées, Cette 
tribu , qui se composait naguère des trois 
seuls genres Cycloderma Klotzch, Caulo- 
glossum Greville, et Podaron Desvaux, se 
trouve tout à coup doublée par l’adjonc- 
tion de trois autres, le S’cotium Kumze, le 
Polyplocum Berkeley, etle Gyrophragmiem 
nob., qui faiten grande partie l’ofjet de ce 
mémoirc. 

Le Gyroph'aginiun résulte du démem- 
brement du genre Afontagnea, institué par 
Fries | Genera Hymenom)cetum, p. 7) sur 
deux champignons qui croissent sur la 
plage de Maguelone, aux environs de Mont- 
pellier, et dont l'un avait recu de deCan- 
dolle le nom d’Asaricus arenarius, et l'au- 
tre de M. Delile, celui d’Agaricus ocreatus. 
L'étude suivie que j’ai faite de la seconde de 
ces espèces, retrouvée près de Bone et rap- 
portée dans toutes les phases de son évolu- 
tion par M. le capitaine Durieu, membre 
de la Commission d’Afrique, m'a permis 
de constater que ces deux champignons, 
quoique semblables, et congénères en ap- 
parence , n'appartiennent pas à la même 
famille. Un individu très jeune du Gy10- 
phragmium Dunalii m'a en effet démontré, 
de la manière la plus évidente, que ce 
quon avait pris pour le chapeau d'un 
Agaric est la moitié supérieure d'un peri- 
dir, dont la moitié inférieure est repré- 
sentée par une ample volva entourant le 
stipe, et que les prétendus feuillets on la- 
melles ne sont que des processus, de véri- 


780 
tables cloisons partant de tous les points de 
la portion piléiforme du peridium. Noïci 
les caractères sur lesquels ce genre curieux 
est établi. 

Recevriouzu stipitatum. Perrorum pri- 
mo türbinatum, dein medio orb'culatim 
ruptum superne pilciforme cum stipite 
ceutrali ad apicem usque producto, volva: 
ampla (quæ nihil aliud nisi pars peridii in- 
ferior).instructo continuum. Capiziirium 
in dissepimeuta contextum lamelliformia 
subparallela e peridii toto hemisphærio 
descendentia, a stipite distanlia, in plano 
ramosa , non autem anastomosantia, si 
nuosa, plicato crispata adeoque densata ut 
sibi cohærere videantur, primo lenta, oli- 
vacea, tandem exarescentia fragilissma, 
nigra,subtuslibera, labyrinthiforma.FLoccr 
liberi nulli. Sroræ globosæ, pedicellatæ, 
dissepimentis affixæ. ConrexTus peridii sti- 
pitisque fibrosus in dissepimenta conti- 
nuatus. { 

Funci arescentes, persistentes, habitu 
Agarico vel Bolelto similes, specie volvati 
aut annulati, stipitati, in areuosis mariti- 
mis Afiicæborealiset Galliæ australis huc 
usque obvi. 

Le genre Gyrophragmium diffère du 
Po’yplocum Berk. par la forme et la rigi- 
dité de ses cloisons d’une part, et de l’au- 
tre par l’absence de filaments libres entre- 
mêlés parmi les spores, filaments qu’on 
retrouve dans le dernier de ces genres. De 
même que chez le Secotium. ses spores sont 
fixées par un court pédicelle aux paroisdes 
cloisons : mais ces cloisons, qui sont libres 
dans le Gyrophragmiurm, forment un tissu 


-Spongieux par leurs fréquentes anastomoses 
‘dans l'autre genre. 


Considérés d’après le degré de leur com- 
position, les genres de la tribu des Poda- 
xinées peuvent être disposésainsi qu'il suit: 
Caulog'ossurr ; Cyclolerma , Podaxon, 
Secot'urn, Poliplocum et Gyrophragmium. 
Comme le’ Sécotium fait la transition da 
Podazxon au Polyplocum, de même celui- 
ci forme un passage évident entre le pre- 
mier de ces genres et le Gyrophragmium. 
J'ai tout lieu de soupçonner qu'un jour, 

uand on connaîtra bien l’histoire de son 
en sur lequel nous ne possé- 
dons aucun renseignement , le genre Mo 
tagnea Ini-même viendra prendre place 
en tête de cette tribu, dontle Batarrean'est 
peut-être pas non plus aussi éloigné qu’on 
pourrait se l’imaginer. 


2<- 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
“LARTS MÉTALLURGIQUES. 


Note sur l’état présent et l'avenir de l'in- 
dustrie de la houille et du fer dans la 
Grande-Bretagne. 


L'immence importance de tout ce qui 
concerne cette industrie, dit le journal an- 
glais (le Mining Journal) auquel nous em- 
pruntons cette note , nous engage à mettre 
sous les yeux de nos lecteurs quelques don- 
nées statistiques, recueillies à des sources 
authevtiques. On ne saurait douter que 
notre prospérité n'ait dépendu entièrement, 
jusqu’à présent, ct ne dépende encore en 
grande partie du bon marché et de 1 abon- 
dance de nos houilles et de nos fers; aussi la 
prospérité ou la souffrance de ces indus- 
tries peut-elle être considérée comme un 
symptôme de l'état général du pays. 

* AZoulle. La situation actuelle des exploi- 
tations de houille n'est pas, en ce moment 


781 
1(28 janvier), aussi satisfaisante qu’on pour- 
ait le desirer. Sans doute l'extraction qui 
“monte, y compris les menus, à 75,000 000 
“iquint. métriques, par an, augmentera 
‘platôt qu'elle ne diminuera, mais on ne 
peut guère espérer qu'il.en soit de mème 
!de l'exportation. Ce fut en, 1840 que nous 
'fimes les plus fortes expéditions, consistant 
en 3,949.540 quint. métriques pour: la 
“France, 2,057,570 quint. métriques pour 
“la Hollande, 1,267,790 quint. métriques 
| pour le Danemark, 1,213,910 quint. mé- 
\triques pour l'Allemagne, 933,700 quint. 
rmétr. pour la Russie; en tout, 9,422,510 
:quintaux métriques. La Belgique, le seul 
pays en Europe, que nous puissions re- 
| garder comme notre concarrent sous ce 
rapport, a exporté, en 1838, 7,600,210 


quint. métriques, plus que les 3/4 du mon-° 


tant des expédilions faites par la Grande- 
Bretagne, et il paraît que ce chiffre s’est 
aecru graducllement de 500,000 quint. 
: métriques envirou par an. L'Amérique 
|: fait aussi de rapides progrès et tend à pro- 
duire bientôt au delà de sa consommation. 
Les houillères des États-Unis occupent un 
“espace plus grand que toute la superficie 
» de la Grande-Bretagne, et fournissent déjà 
| la quantité considérable de 30,000,000 
: quint. métriques par an. Beaucoup de stea- 
| mers parcourent maintenant les lacs, en 
| brûlant de la houille américaine, presciue 
à l’exclusion de la houille anglaise, et € ici 
à quelques années, ceite contrée en livrera 
infaillibiement à l’exportation. 
| Fer. On ne saurait disconvenir que la 
| Grande-Bretagne ne puisse fabriquer le 
| fer à meilleur marché que quelque autre 
| pays que se soit, et c'est à cette heureuse 
| supériorité que nos autres manufactures 
doivent en graude partie la leur, Cette in- 
dustrie, qui:ne réclame aucun secours 
étranger, donne.de. l'emploi à une grande 
partie de la populationet, par conséquent, 
est d’une extrême importance pour le pays. 
En 1740, la production du fer était seu- 
lement de 173,500 quint. métriques et 
lon peut juger de l’immense développe- 
ment qu’elle a pris depuis, si l'on considère 
qu’en 1839il en a été fabriqué 13,477,900 
quint. métriques. Cependant, nous le di- 
sons à regret, quoique la production ait 
augmenté en Écosse, il est à craindre que 
le total pour la Grande-Bretagne nat- 
teizne pas le chiffre de 1839. Un maître de 
forges éminent adressait dernièrement à 
un correspondant ses remarques sur la 
flucluation du prix du fer : «Je vous dis 
avec peine que la quantité du fer embar- 
qué be prouve pas l’état prospère de cette 
industrie. L’abaissement ruineux des prix a 
porté depuis un an, des spéculateurs à faire 
| de fortes demandes, surtout pour le conti- 
. nent, et ces exportations tournent mainte- 
| nant à notre détriment, lorsque le prix 
" tend à s'élever, parce que les provisions re- 
paraissent aussitôt sur le marché et sy 
vendent souvent au dessous du cours. Cela 
| warriverait pas si l’on supprimait les con- 
| lraves qui génent notre commerce exté- 
| rieur, et les demandes de nos produits se- 
| raient généralement sûres, naturelles et 
| continues. » 
| La comparaison suivante des prix cou- 
| rants à Liverpopl, en 1836 et 1812, peut 
| 


«| faire juger de létendue de la déprécia- 
| ton. . 
“| Fonten° 1, tombée de 188. 0 à 69 £. 06 le 00/00 k. 


ÿ 


Feren barres ord., 288 90131 VO 
Fer trés doux, 339 10188 40 
Tole, 389 30213 50 
Fer de fonderie, 316 50157 » 


182 : 


Au moment actuel, il n’est presque au- 
cune sorte de fer que l’on ne puisse ache- 
ter au dessous du prix de revient. 

(#fining Journal). 


ÉCONOMIE INDUSTRIELLE. 


Procédé pour purifier les puits des mines 
de certains gaz irrespirables. 


Il est démontré par les expériences de 
M. de Srassure que le charbon rougi ré- 
cemment absorbe trente-cinq fois sa va- 
leur de gaz acide carbonique dansles vingt- 
quatre heures. — Lorsqu'on ouvré un 
puits, où l'absence d’odeur en mêrue temps 
que Pextinction d’une bougie allumée;'au- 
ront démontré la présence de l’acide car- 
bonique, il suffit de descendre jusqu'à là 
surface de l’eau un chaudron rempli de 
charbon allumé. — Le charbon s’éteindra 
bientôt, et une première absorption com 
mencera. Une heure ou deux après Pavoir 
retiré, il faudra l'allumer de nouveau et 
le redescendre pour opérer une deuxième 
absorption. — Une experience a prouté 
que deux immersions de ce genre avaient 
suffi pour purifier un puits qui contenait 
une hauteur de 3 mètres de gaz acide car- 
bonique, et qu'en une demi-jourrée on en 
avait purifié un second qui renfermait 
9 mètres de gaz. — On vérifie les progrès 
de Pabsorption ‘au moyen d’une bougie al- 
lumée; lorsqu'elle brûle bien, on peutsans 
crainte inviter les ouvriers à descendre 
dans le puits. 


MACHINES A VAPEUR. 


Locomotive fonctionnant avec deux fois 
mnoins de combustible que celles ordi- 
ZAITeS. 


Dans les douze années écoulées depuis 
lonverture du chemin de fer de Manches- 
ter à Liverpool, l'expérience à fait faire de 
grands progrès dans l’art des chemins de 
fer, et de continuels efforts ont été tentés 
avec des succès variés pour diminuer la 
dépen:e des locomotives. C’est un fait bien 
extraordinaire que leur travail coûte ac- 
tuellement sur quelques lignes le double 
que sur d'autres; cette différence tient 
principalement à celle de la consommation 
du combustible. Nous croyons que Ja 
moyenne de coke brûlé par mille, sur le 
ligues ang'aises, est de 10 livres (12 kilog. 
par kilomètre). , 

Quelques locomotives brülent beaucoup 
moins, iais nous venons d'apprendre qu'il 
est possible, de construire des locomotives 
qui ne dépensent que 20 livres de coke par 
mille (6 kilogrammes par kilomètre), pour 
le maximum de charge et une vitesse va- 
rjaut de 30 à 50 milles à l’heure (12 à 20 
lieues de 4 kilomètres à l'heure). Il appar- 
tient aux ingénieurs de chemins de fer, et 
plus encore aux propriétaires, de s'informer 
pourquoi l'on continue à se servir de ma- 
chines construites sur les anciens et coù- 
teux errements, lorsque l’on peut à volonté, 
sur ce seul article, faire une économie de 
12,500 fr. par an et par chaque locomo- 
tive. Ces observations nous ont été inspirées 
par ce que nous avons lu dans un journal 
anglais sur la machine le Satellite, appar- 
tenant au rail-way de Londres à Brighton. 
Elle a remorqué un train bien rempli, de 
neuf voitüres, pesant avec le tender et les 
voitures, 75 tonnes, sur un palier dont la 
pente, vers son extrémité , est de 20 pieds 
par mille 4/264° (3 millimètres 788 par 


- 783 
mètre ); elle a gravi sans efforts apparent 
celte montée avec une vitesse de 30 milles 
ou 12 lieues à l'heure. Dans d’autres cir- 
constances, la même machine n’a pas re- 
niorqué moins de 14 voitures sur les plans 
inc'inés, à la vitesse de 28 milles, 11 lieues 
1/2 à l'heure, et plusieurs fois elle a par- 
couru la distance entière de Londres à 
Brighton à la vitesse de près de un mille à 
la minute (24 lieues à l'heure). 

Le Satellite est entrée en service le 25 dé- 
cembre 1841, et depuis celte époque, cette 
locomotive a parcouru 30,000 milles 
(12,000 lieues) sans exiger aucune répara- 
tion, aucune autre interruption qu'une 
semaine sur six, et dans le seul but de la 
visiter, de la nettoyer. 

Une puissance aussi considérable est ob- 
tenue avec 20 livres de coke par mille (6 ki- 
logrammes par kilomètre). La supériorité 
de cette étonnante machine ne tient point 
à quelque principe nouveau de construc- 
tion, mais à la beauté, à la netteté du tra- 
vail, à la justesse des proportions, à l’art 
parfait déployé dans toutes les’ parties. Le: 
cenire de gravité est plus bas qu’à l’ordi- 
naire, et le poids de la partie postérieure 
moins grand. 

On considère Le Satellite comme la plus 
belle ocomotive qui aitjamais été faite; elle 
sort des ateliers de MA. Rennie. Le mo- 
dèle existe, pourquoi ne ferait-on pas d’au- 
tres machines qui posséderdient, sinon aw 
même degre, à peu près au moins les mé- 
mes qualités? 


2 DH — 
AGRICULTURE. 


CONSIDERATION SUR L'AGRICULTURE DÈ LA. 
SICILE. 


Extrait du rapport présenté à la Société 
royale et centrale agriculture par M. Le- 
clerc-Thouin, sur la première partie d’un 
mémoire de M. le docteur Cuppari. 


La principale question traitée par l’au- 
teur est relative aux rapports qui doivent 
exister, sur le territoire sicilien, entre la 
culture des végétaux ligneux et celle des. 
plantes herbacées. 

M. Cuppari fait connaître, dans cette 
partie de :6n travail, les diverses caltures 
du pays : celle des plantes ligneuses com- 
prend l'oranger, le murier, lolivier, la vi- 
gne, le figuier, le châtaignier. Les céréales 
ne viennent qu'en seconce ligne, et leur 
produit, ainsi que celui des autres plantes 
à grains farineux, est loin de suffire à la con- 
sommation des habitants ; les betteraves, 
les pommes de terre et autres racines qui 
pourraient être appliquées à la nourriture 
du bétail sont à peine cultivés dans les jar- 
dins ; le trefle est à peu pres inconnu; la 
luzerne ne s’est point encore montrée ; le 
sainfoin seul donne des produits assez abon- 
dants et fort recherchés. 

Les principaux produits d'exportation de 
la province de Messine sont ceux des citron- 
n.ers, des vers à soie, de l'olivier et de la 
vigne ; les principales denrées d’importa- 
tion, les grains et les animaux. La diffi- 
culté de faire réussir les plantes fourrageu- 
ses rend fort difficile l’adoption des bonnes 
rotations; aussi les seuls assolements jus= 
qu'iei connus sont-ils biennaux, avec ou 
sans jachère, selon les circonstances ou les 
lie 1x. 

Il est donc évident qu’en Sicile , comme 
dans tous les pays chauds, les cultures li- 
gneuses ou arbustives l’emportent sur les 


784 


cultures herbacées. Les froments d'au- 
tomne, particulièrement les bleds durs, 
prospèrent cependant et sembleraient pou- 
voir se propager davantage sans que le cli- 
mat ÿ mit directement obstacle. M. Cup- 
pari explique le succès de cette céréale par 
l'époque des semis, la rusticité des races 
cultivées et le peu de durée des séchereses 
habituelles au moment où les racines ont 
le plus besoin de trouver de l'humidité dans 
le sol. Il reproduit, à ce sujet , les théories 
le plus généralement professées de nos jours 
sur l’épuisement du sol par les organes 
souterrains des plantes avant et après la flo- 
raison, 

Mais bien des causes autres que les con- 
ditions météorologiques de la contrée con- 
tribuent, avec elles, à faire prédominer les 
arbres. Une, population rare, privée d’un 
matériel suffisant, des engrais et des capi- 
taux de circulation indispensables, dans 
l'impossibilité de nourriruu nombreux bé- 
tail, faute de fourrages, ne peut évidem- 
ment faire différemment ou mieux dans 
l’état actuel des choses, Aussi, en résumant 
l’auteur du mémoire propose-t-il de con- 
server les rapports aujourd'hui existants 
entre les divers produits du sol. 

Il voudrait qu’on perfectionnât d’abord 
les cultures arbustives , et, comme pour 
cela il faudrait leur donner des façons plus 
nombreuses et une plus grande quantité 
de fumier, qu’on s’occupàt plus attentive- 
ment de Ja production du bétail. Selon lui, 
les vallées arrosables ou simplement frai- 
ches, par cela seul qu’elles conviennent peu 
aux orangers, aux oliviers et aux müriers, 
devraient être couvertes de plantes fourra- 
geuses ; par l'effet de plantations mieux es- 
pacées et d’une taille mieux entendue, sous 
le ciel brillant de la Sicile il serait possible 
d'obtenir des fourrages même à l’ombre des 
arbres, etl’on arriverait ainsi, sans de gran- 
des dépenses et sans changer brusquement 
les coutumes reçues, à lesrendre cependant 
progressivement plus fructueuses. Des pen- 
tes incultes se trouveraient boisées, et la 
terre payerait largement , par un surcroît 
de produits, les intérêts d’un léger surcroît 
de travail. 

En cherchant à résoudre la première 
question qu'il s'était proposée, M. Cappari 
n'a pas seulement consulté les exigences 
du sol et du climat siciliens, il a étudiéavec 
discernement les circonstances économi- 
ques de la province de Messine. Les con- 
clusions auxquelles il a été conduit par 
suite de ce double examen semblent plei- 
nes de sagesse. 


MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. 
Fièvre typhoide chez les animaux. 


Dansune des dernières séances de l’Aca- 
démie de médecine, M. Rayer à Ju sur la 
fièvre typhoïde chez les animaux domes- 
tiques une nate qui ne manquera pas d’in- 
téresser Ceux qui pensent que la médecine 
peut retirer quelques avantages de l étude 
de la pathologie comparée. On ne peut que 
féliciter M. Rayer d’avoir soulevé ainsi une 
si grande question et d’avoir appelé l’atten- 
tion des praticiens sur un de ces fléaux qui 
décime chaque année, et à Paris surtout, 
un nombre d'hommes si considérable.Tout 
cela nous engage à reproduire en entier la 
note de M. Rayer. 

Depuis une vingtaine d’années, la fièvre 
entéro-mésentérique, plus généralement 
connue aujourd’hui sous le nom de fièvre 


785 

typhoide, a fixé À un très haut degré l'at- 
tention des médecins. Le vif intérêt avec 
lequel on a accueilli toutes les recherches 
relatives à cette maladie s’explique, non 
seulement par la fréquence et la gravité 
de cette espèce de fièvre, mais encore par 
la place importante que cette affetion a 
prise dans l’histoire et la doctrine des ma- 
ladies fébriles. 

L'étude comparative des maladies de 
l'homme et des animaux devait nécessai- 
remént conduire à se demander si cette 
maladie si fréquente et si grave chez 
l’homme existait chez les animaux domes- 
liqués; si le silence des médecins vétéri- 
naires à cet égard indiquait suffisamment 
que les animaux n’étaient point attaqués de 
cette espèce de fièvre, oa si la lésion intes- 
tinale qui constitue le caractère anato- 
mique le plus positif de cette maladie était 
resté inaperçu chez les animaux, ainsi que 
cela avait eu lieu chez l'homme jusque 
dans ces derniers temps, jusqu'aux travaux 
de MM. Petit et Serres. 

J'étais dans cette incertitude, lorsqu'un 
heureux hasard m’a mis à même, il y a 
quelques jours, d'observer un fait qui, dans 
mon esprit, ne laisse aucun doute sur la 
possibilité du développement de la fièvre 
entéro-mésentérique chez les solipèdes. Un 
ânon, âgé d'environ six semaines, meurt 
après avoir éprouvé dela diarrhée pendant 
une huitaine de jours. On l’apporte dans 
mon laboratoire, et à l'ouverture du corps, 
je ne trouve d’autres lésions que celles 
qu'on rencontre chez l’homme lorsqu'il 
succombe dans la première période de la 
fièvre tyrhoïde. 

Je crois utile de rappeler que, chez l'âne 
et l’Anon, les plaques de Peyer sont natu- 
rellement très développées, ainsi que je 
m'en suis assuré chez deux de ces ani- 
maux que jai fait abattre parfaitement 
sains; mais cet état normal des plaques de 
Peyer est bien difiérent de celui que j’ai 
observé chez l'ânon niort après avoir 
éprouvé de la diarrhée pendant une hui- 
taine de jours. Chez celui-ei, non seule- 
ment les plaqnes de Peyer faisaient un re- 
lief très considérable à la surface interne 
de l'intestin; mais plusieurs de ces plaques 
offraient une teinte rouge assez prononcée; 
autour de plusieurs autres la membrane 
muqueuse de l'intestin était rouge et les 
vaisseaux étaient fortement injectés. Une 
de ces plaques était ulcérée vers sa partie 
moyenne ; d’autres plaques étaient bour- 
soufflées,notamment sur un groupe disposé 
en bande ou en large crête, près du cœcum. 
La membrane muqueuse de l'intestin grêle 
était généralement rougeâtre. Cette colo- 
ration rouge était très marquée dans le jé- 
junum et dans la portion de l’iléon la plus 
éloignée du cœcum sur laquelle les plaques 
de Peyer étaient assez rares et ne dépas- 
saient point le niveau de la surface interne 
de l'intestin. La totalité de l'intestin grèle 
était remplie par une humeur liquide, 
d’un gris sale dans plusieurs parties de ce 
conduit, et d’une teinte rougeàtre dans un 
plus grand nombre d’autres. Examinée 
avec soin, la membrane muqueuse de l'in- 
testin grêle et celle du gros intestin n’ont 
présenté aucun dépôt de lymphe plastique 
analogue à ceux qu’on observe dans les dys- 
senteries, et la partie inférieure du gros 
intestin était saine. 

Les ganglions du mésentère étaient tu- 
méfiés; plusieurs étaient tellement injectés 
de sang qu'ils avaient une couleur rouge, 
brune, foncée; d’autres avaient une cou- 


186. 


leur rose, avec des stries rouges noirâtres. 

En résumé, l’iléon et les ganglions mé= 
sentériqnes présentaient les lésions que l’on 
a observées chez l’homme dans la pre- 
mière période de la fièvre typhride. Il en 
était de même du cœcum : la membrane 


muqueuse qui Île tapisse intérieurement, 


était d’un rouge vifet paraissait comme cou- 
verte d’une éruption considérable, due au 
développement morbide des cryptes isolés 
de cet intestin. On remarquait une disposi- 
tion analogue des criptes dans la portion du 
colon la plus voisine du cœcum. De même 
que l’intestin grêle, le grosintestin neconte- 
nait que des matières liquides, d’une teinte 
grise ou rougeâtre. La portion pylorique 
de l’estomac offrait une large echymose ; le 
foie, les reins, la vessie étaient sains. La 
rate, d’un gris brun, n’était ni ramollie, 
ni sensiblement augmentée de volume. Le 
larynx, la trachée, les poumons, le cœur, 
le cerveau, n’ont offert aucune lésion ap- 
préciable. 

Ainsi, cet animal a succombé à une ma- 
ladie aiguë, principalement caractérisée, 
pendant la vie, par la diarrhée; et, à l’ou- 
verture du corps, on a trouvé pour toute 
lésion un développement morbide des pla- 
ques de Peyer; l’ulcération de l’une d’elles; 
un développement considérable des cryptes 
isolés du cœcum, avec rougeur morbide de 
la membrane muqueuse; les ganglions 
lymphatiques du mésentère rouges et tu- 
méfiés ; des matières liquides et sanguino- 
lentes dans plusieurs parties de l'intestin 
grêle : ensemble de lésions qui, dans l’état 
actuel dé la science, ne peut trouver d’ana- 
logue que dans les lésions de la fièvre ty- 
phoïde chez homme. 

Toutefois, je me hâte d'ajouter que je ne 
regarde point comme complètement réso- 
Jue par ce simple fait, là question de l'exis- 
tence de la fièvre typhoïde chez lessoli- 


pèdes. En portant cette -ebservation à la : 


connaissance de l'Académie, mon but a été 
surtout de provoquer de la part des vétéri- 
naires des recherches plus précises que 
celles qui ont été faites jusqu à ce jour sur 
l'état des plaques de Peyer ou des cryptes 
de Brunner à la suite des diarrhées séreuses 
ou sanguinolentes qu'on a observées, et 
depuis longtemps, chez les jeunes animaux 
domestiques. Peut-être même qu'en com- 
pulsant avec plus de soin que je n'ai pu 
le faire, les recueils et les traités de méde- 
cine vétérinaire et spécialement ceux qui 
sont consacrés aux maladies de l'espèce bo- 
vine, trouverait-on, sous diverses dénomi- 
nations, quelques cas plus ou moins ana- 
logues à celui dont je viens d'entretenir 
l’Académie. À ce sujet, je crois devoir rap- 
peler un cas d’entérite observé en 1824 
par M. Rigot, aujourd'hui professeur à 
Alfort, et publié en 1839 par M. Gellé; 
cas dans lequel il est fait mention d'une 
altération des plaques de Peyer analogue 
à celle que l’on observe dans la fièvre ty- 
phoïde chez l'homme. « À l'ouverture d'un 
bœuf, dit M. Rigot, on observa une You 
geur uniforme de la muqueuse avec epais- 
sissement,ramollissementettàäches pétéchia- 
les. Dans la portion sécale de l'intestin grêle, 
ainsi que dans la portion moyenne, il exis- 
{ait sur les glandes de Peyer de petites pus- 
tules arrondies, blancuâtres à leur sommet 
et circonserites par une auréole rougeàtre. 
Dans quelques endroits et à côte de ces 
pustules il existait des ulcérations assez 
étendues qui paraissaient être le résultat 


d’une dégénérescence des pustules qui les, 


avaient précédées. Une matière noiratre 


7787 


. s’échappait des ulcères; l’inflammation qui 
‘iles accompagnait était, dans quelques 
points, diffuse, et dans d’autres, circons- 
‘icrite. Dans quelques parties, la muqueuse 
» intestinale était entièrement détruite. Les 
{ ganglions mésentériques étaient gros, rou- 
ges, ramollis. » 

Dans cette observation, il n’est pas fait 
jrmention de état des poumons; mais l’ani- 
«mal n’est point indiqué comme mort de 
phthisie, mais bien d’entérite; ce fait me 
| parait donc important dans la question que 
je soulève. 

D'un autre côté, si on consulte les nom- 
breux travaux qui ont été publiés sur les 
affections typhoïdes du bétail, on voit que 
les observateurs insistent surtout sur la 
rougeur diffuse ou echymotique de l’intes- 
tin, sur le gonflement et le ramollissement 
de la rate, quelqueïois sur le ramollisse - 
ment des poumons, sur l'altération du 
: sang, état qu’on observe assez souvent chez 

l'homme dans certaines formes de la fièvre 
typhoïde. Mais les observateurs ne font 
point mention de lésions des plaques de 
Peyer et des ganglions lymphatiques du 
mésentère, lésions si fréquentes et aux- 
quelles on attache tant d'importance chez 
l’homme. Toutefois, M. Leblanc m'a as- 
suré qu'il avait noté plusieurs fois des alté- 
rations des glandes de Peyer chez des bœufs 
morts d'états typhoïdes, peu detemps après 
leur arrivée À Paris, - 

J'aurai atteint le but que je me suis pro- 
posé, si cette note, toute imparfaite qu’elle 
est, provoque des recherches plus com- 
plètes sur la fièvre typhoïde chez les ani- 

maux domestiques, et sur la fréquence re- 
lative des lésions des glandes de Peyer chez 
l'homme et les animaux, 


—2# 52 Ce 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 

Nouvelles découvertes à Quatremares. 


| On sait que déjà il avait été découvert 
dans un hameau de la commune de Sotte- 
ville, à Quatremares , près Rouen, divers 
tombeaux qui paraissent remonter à une 
époque assez éloignée. 

Le 12 avril, on a trouvé un nouveau cer- 
| cueil renfermant une bière en plomb à peu 
près bien conservée. Divers objets étaient 
contenus dans un espace de deux à trois 
centimètres, entre le cercueil de pierre et 
celui de plomb. 

On ÿ remarquait : 1. un couvercle ayant 
Ja forme d’un bouclier, avec sa garniture 
en cuivre et sa serrure ; 

2. Un yase en verre un peu calciné ; 
| 3. Un morceau d'ivoire sculpté; 

4. Une semelle de mule antique, d’une 
forme très petite, et ayant dû servir de 
chaussure à une femme ; à 

5. Plusieurs épingles en os et en ivoire : 


| | 6. Deux fragments de fiole lacrymatoire 


en verre très fin. 

Après avoir fait l'ouverture du cercueil 
en plomb, on a trouvé: 1, Un squelette 
assez bien conservé , dans quelques parties 
et ayant les mains croisées et les pieds au 
couchant ; 

2. Un anneau-bracelet brisé, en jayet ; 

3. Plusieurs épingles à la tête et aux 
pieds. Ces tombeaux paraissaient avoir une 
origine romaine, 

. Quelques jours plus tard, une nouvelle 
découverte a encore eu lieu aw même en- 
droit, en sorte qu’on pourrait affirmer 


7188 


qu’il y a eu là jadisun champ de sépulture. 
Mais celle-ci doit remonter à une époque 
moins éloignée que les précédentes. Il se 
composait d’un cerceuil en plomb, dont 
aucun vestige n’indiquait qu'il a été ren- 
fermé dans une caisse en bois, comme on 
suppose que cela a dû avoir lieu primiti- 
vement. Il avait les pieds tournés au sud- 
est, presque à l’opposé du précédent ;.les 
objets qu’il contenait sont : un petit vase, 
deux clous, une médaille oxidée etun bra- 
cetet en jais, parfaitement conservéet.re- 
marquable par sa sculpture. 


GÉOGRAPHIE. 


Séjour aux Îles Marquises en 1840; par 
M. Lesson. 


(Deuxième article. ) 


Le roi de la baie de la Madre-de-Dios est 
Joteté, et sa femme est Taitanané. Il a pour 
chef militaire ou 404, le guerrier Panuhu. 
De sa première femme Joteté a eu plu- 
sieurs enfants, qui sont : Taïa-Totika, 
grande fille fort jolie; Tuna, garçon âgé 
de 13 ans, et une petite fille dont j'ignore 
le nom. Il a un neveu nommé Puhé, fort 
bel homme, qui a été en Angleterre avec 
Panuhu. 

Les habitants de Vaïtahu m'ont dit que 
les insulaires de la Dominica , ainsi que 
plusieurs tribus de l’intérieur étaient res- 
tés anthropophages, et ce fait que m'a 
certifié le roi Joteté, m'a également été 
répété par un insulaire intelligent, auquel 
je dois un vocabulaire assez complet, et qui 
avait perdu plusieurs de ses parents dont 
les cadavres avaient été mangés par ces ca- 
nibales. 

À Tavnata on prononce la lettre R, mais à 
Napuet à Nu-Hiva cette lettre est inusitée. 
Ainsi on prononce à Nu-Hiva çaroi, et à 
Nu-Hiva comme à Napu, caioc. À Vaïtahu 
l'N remplace le Æ, usité à Napu et à Nu- 
Hiva; ainsi à Vaïtahu on dit pour désigner 
un nom {7204, et dans les deux autres îles 
1koa; ainsi pour fête, koïna se dit dans le 
premier liea, et koika dans les deux 
autres. 

De tous les insulaires que j'ai eu l’occa- 
sion d'examiner, ceux d'Anamihiai et de 
Vaitathu sont les hommesles mieux faitset 
les plus sains que j'ai vus. Et cependant jes 
affections syphilitiques y sont communes, 
elles sont dues aux relàches des baleiniers ; 
quantà la lèpre elle ysévitavec moins d’in- 
tensité, grâce sans doute aux nombreuses 
ablutions que les naturels pratiquent plu- 
sieurs fois dans le jour. 

Tous ces naturels enduisent leur peau 
d’une couche d’huile teinte en jaune par 
le curcuma. Ce corps gras rend leur peau 
douce et souple et la protège contrel’action 
de l’air. Lesfemmes, dans leurs jeunes an- 
nées vont nues, mais bientôt elles reçoivent 
l’épithète de kgrioï, qui ne peut guère se 
rendre que par le mot coquettes, lors- 
qu’elles se parent de voiles empruntés à 
l'écorce des müriers. 

Déjà ces naturels sont pris de l'amour 
de l’argent, et ils sont surtout avides pour 
l'or, dont ils connaissent parfaitement la 
valeur et l’aloi. Ils poussent la soif pour ce 
métal, jusqu’à demander une pièce d’or 
pour le plus simple objet d'échange, pour 
une pagaie, par exemple. 

Ils ont adopté l'habitude de fumer, etil 
est très commun de voir des insulaires se 
passer une pipe à la ronde, et chaque con- 
vié lancer quelques bouffées de fumée dans 


189 


l'air. La pureté de leurs magnifiques rate- 
liers rend cet usage moins dégoütant, bien 
que ces naturels aient de moins belles den- 
tures que les insulaires de Mangauva. 

Pour allumer le feu, ils n’emploient 
point le procédé ordinaire des Océaniens, 
qui consiste à frotter vivement l’un contre 
l’autre deux morceaux de bois fort secs. Ils 
ont adopté des Espagnols l’usage de brûler 
des vieux chiffonsdans un godetet de frapper 
une petite barre d'acier placée en travers 
sur: ce charbon avec une pierre siliceuse, 
Hommes et femmes portent suspendu au 
cou, dans un petit sac, l’appareil nécessaire 
pour leur procurer instantanément du feu, 
carils jettent les quelques parcelles de chif- 
fon erubrasé sur de la bourre de cocos qui 
s’'enfflamme rapidement. Dans quelques cir- 
coustances ils prennent le soin de la frot- 
ter d'huile. Il résulte de cette nouvelle 
coutume, qu’ils attachent un haut prix 
aux pierres à fusil et que c’est un article 
d'échange avantageux. 

Pour s’éclairer, ils se servent, comme à 
O-Taïti, de noix de bancoules enfilées sur 
des petits bâtons, et qui en brülant jettent 
une flamme assez vive. 

Depuis leurs communications plus fré- 
quentes avec les baleiniers, ils ont adopté 
avec uns sorte de passion, l’usage des armes 
à feu. Ils négligent complètement la fabri- 
cation de leurs casse-têtes, en bois de fer 
et qu’ils couvraient de sculptures, et toute 
leur ambition consiste à se procurer, par 
la voie des échanges, des mousquets, de la 
poudre et des pierres à fusil. 

Parmi quelques unes des coutumes qu’on 
ne retrouve plus parmi les Océaniens, il 
en est une encore en vigueur chez les na 
turels de la Dominica, qui n'a frappé par 
son originalité, Une troupe d’une huitaine 
d'individus sembarque en pirogue et vient 
à Santa-Cbristina donner des aubades aux 
portes des cabanes, et l’un d'eux se détache 
de la troupe et vient tendre la main aux 
propriétaires qui ne doivent jamais refuser 
leur offrande, car ainsi le veut l’usage, et il 
est même de bonne manière de ne pas 
attendre leur demande et d'aller au devant 
d'eux. : ces baladins ambulants, pour les- 
quels j'ai-saisi le nom de faïoës, et aux- 
quels je n’ai pas vu d'instruments, battent 
des mains avant de commencer leur con- 
cert vocal, et chantent diverses chansons 
dont j'ignore le sens. 

On rapporte qu'il existe à Vaïtahu un 
grand temple où s’exécutent leurs sacri- 
fices, mais les missionnaires catholiques 
n’ont pas encorre pu s'assurer de ce fait. 
Seulement on croit savoir qu’il est bâti au 
fond d’un vallon et dans une des gorges 
qui conduisent à l’intérieur de l’ile. Les 
missionnaires protestants, ou comme les 
appellent les prêtres français, les voisins, 
n’ont pas été plus heureux, malgré leur 
long séjour dans l’île. Les recherches des 
misssionnaires leur ont attiré de fréquentes 
insultes, mais jamais leur vie n’a été me- 
nacée. Les jeunes insulaires et surtout 
les femmes leur ont prodigué les mo- 
queries. 

Souvent les missionnaires ont inspiré 
une vive frayeur. Les habitants de la Do- 
minique avaient projeté une descente à la 
baie de Vaïtahu pour enlever des naturels 
et chasser les prêtres. Ceux-ci firent met- 
tre le feu aux herbes du Moraï placé au 
milieu des deux anses de la Madre-de-Dios, 
pour frapper les agresseurs de crainte et 
pour leur montrer qu’on veillait et que 


| leurs projets étaient connus. 


790 

Les missionnaires ont élevé de leurs 
mains une petite église sur le bord même 
de cette baie de Vaïtahu, mais non loin de 
ce qu'ils ont nommé le Pavé-du-Roi, en la 
cabane où ils pratiquèrent pour da pre- 
mière fois les cérémonies du culte. Je n'ai 
jamais vu temple agreste plus gracieuse- 
ment orné. L'intérieur est garni de ra- 
meaux de how dépouillés de leur écorce, 
garni de tiges supportant des girandoles 
de cordes rouges et noires, lissées avec le 
brou de coco; des toiles blanches de tapa 
retombent en draperie sur lautel que 
supportent des estrades. Le père Laval me 
disait : « Vous le voyez, nous avons tiré 
toutes nosressources de cette terre payenne 
pour élever au maître du monde l’humble 
autel d’où partent nos prières. 

Je trouve ici quelques feuillets de mon 
journal consacrés à la célèbre Paëtini, cette 
reine à trois maris et aux trois royaumes; et 
en vérité, Je vais faire faire connaissance 
au lecteur avec cette princesse si jalouse 
d'établir son pouvoir sur des chefs renom- 
mes et sur des districts différents. Les 
époux de cette reine trigame, ne sont pas 
beaux, sans donte, mais ils sont puis- 
sants, et à ses yeux ce charme est préfé- 
rable aux qualités physiques. Paëtini passe 
donc pour très habile, de cette habileté que 
posséde Joteté, sorte de rouerie politique 
que ne dédaignent pas certains diplomates 
de la vielle Europe. — Quel a été votre but, 
disais-je à cette reine, par une triple al- 
liance avec les chefs de trois tribus étran- 
gères? Mon but, dit Paëtini en souriant 
avec. cette finesse des peuples que nous 
appelons sauvages, mon but à été en,cas 
de revers, de trouver dans les états de l’un 
de mes maris,-un refuge assuré et parmi 
eux un défenseur et un appui capable 
d’époaser chaudement mes intérêts. — 
Mais, ajoutais-je, comment prennent-ils 
vos nombreuses infidélités et vos escapades 
fréquentes, car on citait ceux honorés de 
ses bonnes grâces par douzaines, et Paétini 
a l'humeur bien changeante? — Mais, ré- 
pondit la reine, ils sont de bonne compo- 
sition, et nos mœurs sont faciles. Ils ont 
d’ailleurs plusieurs femmes, et quand ils 
viennent me faire visite, le premier arrivé 
cède le pas au nouveau venu, et mes maris 
aiment voir ma cabane royale toujours o4- 
verte aux étrangers, et mériter son renom 
d’hospitalité. 

Une organisation sociale aussi avancée 
m’arracha un cri d’admiration. Diable, me 
disais-je, l'Europe n’y fait plus rien, et 


les Marquises sont furieusement en pro-- 


grès. 

Ce que m'avait dit Paëétini de ses vues 
politiques, elle n’avait pas hésité à le répé- 
ter aux misssionnaires. Le jeune Nil me 
confirmait qu’elle avait souvent dit devant 
eux : Je connais l'étendue de mon pouvoir, 
et mon autorité est solidement établie, — 
Mais vos actions sont blimables, ajou- 
taient les prêtres catholiques doucement, 
et en placantimmédiatement pour correc- 
tif, car la polygamie amène la dépopuia- 
tion de votre tribu, et votre pouvoir compte 
moins de sujets. Cela n’a pas lieu en France, 
ce pays que vous aimez et qui nous à en- 
voyés vers vous pour vous inculquer ses 
mœurs. Les bons péresauraient pu ajouter 
qu’en France, suivant le poète, la polyga 
mie est un cas pendable. Mais aux Mar- 
quises le Grand-Dieu l’autorise, car lui- 
même à plusieurs femmes, et c’est bien le 
moins aux hommes de marcher sur les 
traces Ce leurs dieux. 


791 


À ces judicicuses observations, Paëtini 
répondait avec phlegme, c'est bien : en 
France on fait bien. Mais elle n’en gardait 
pas moins ses (rois maris, Sans préjudice 
des simples galanteries de chaque jour. 
Elle aimait conserver le souvenir du co- 
modore américain Porter, qu’elle avait 
connu étant fort jeune et dont elle avait 
eu les affections. 

Paëtini aime parler de l'expédition fran- 
çaise commandée par M. d'Urville, dont 
elle louait l’urbanité. Ce chef l'avait in- 
vilée à visiter ses vaisseaux, et à son ar- 
rivée à bord, il l'avait fait saluer par des 
coupsde canon. Mais notre brick,qu’elle af 
fectaitde dédaigner, ne lui avait point rendu 
cet honneur, et l’on savait, en effet, que sa 
pouissance cédait le pas à celle de quelques 
chefs renommés, ct entre autres du roi 
Pakoko. . 

Cette reine, toutefois a, plus d’un titre 
pour être aïmée des Français. Dès l’arrivée 
des missionnaires aux îles Marquises, elle 
s est prononcée en leur faveur. C’est par 
son influence et son crédit qu’ils ont pu 
vivre au milieu des naturels d’une manière 
precaire, il est vrai, et c’est par elle qu'ils 
ont toujours été informés des projets hos- 
tiles des chefs et de ce qui se traimait contre 
eux. Les femmes, par leur sensibilité et leur 
entrainement, ont toujourts été les instru- 
ments dociles, soit des conquérants, soit 
des doctrines qu'il s'agissait de propager, 
Sans Marina, fernand Cortez n’eût peut- 
être pas conquis le Mexique , et le père Nil 
me disait, les femmes et les enfants et sur- 
tout ces derniers, sont la terre la plus 
féconde pour y faire germer le blé de la 
parole de Dieu. Entourés de ces petits en- 
fants idolâtres, naïfs, comme l'est partout 
l'enfance, nos soins et nos tendresses les 
disposent aux saintes paroles. C’est par 
eux, c'est par des moniteurs candides que 
le nom de Dieu se répète cent fois dans le 
jour dans la cabane des père et mère, et 
ce nom, grâce à la miséricorde divine, se 
propage et cesse d'être étranger. Les 
femmes bientôt cherchent à s’enquérir de 
la nouvelle croyance, et leur âme s'ouvre 
facilement à ses enseignements. Mais nos 
efforts échouent devant les honimes faits:les 
guerriers cient de notre morale etles vieux 
prêtres payens nous persécutent et nous 
suscitent des ennemis. À Mangareva, on a 
remarqué la même marche dans les pro- 
grès primitifs. Les enfants ont été les pre- 
miers catéchuménes et leur mères les ont 
inuités. 

Les missionnaires actuels ont donc rai- 
son de suivre la marche des jésuites qui 
colonisèrent le Paraguay. L'éducation des 
enfants va en première ligne, c’est le pre- 


| mier but qu’il faut atteindre. C’est celui 


auquel est attaché le succès de la mis- 
sion. 

Notre première pensée, me disait le père 
Nil avec franchise, bien éloignée de la ré- 
serve froide et rusée du père Caret, est donc 
l'éducation des enfants. Par eux nous som: 
mes informés de tout ce qui se dit dans la 
cabane paternelle, car dans le bas àge on 
ne sait rien taire. Nous nous préservons 
ainsi des embüches des insulaires, Leurs 
projets nuisibles sont aussitôt évantés que 
formés : en un mot, ce sont, À leur insu, 
nos protecteurs les plus efficaces, et nos 
louangeurs les plus enthousiastes. 

LESsON , 
meédecinen chef des les Marquises. 


Le Ré lacteur-Gérant ù 


Le an 
4 


: ques et mathématiques, le droit et la médecine, 


792 


FAITS DIVERS. 


— Le Musée de Dijon vient de s'enrichir d'une M 
infiuité-d’antiques du plus baut prix; tels que va= 
ses étruiques, coupes grecques, bas-reliefs, lacry= 
matoires , et notamment d'un vase antique de verre, 
objet rare et précieux par sa rareté. On remarque 
aussi une petite statue en bronze de 25 centimè- 
tres de haut, représentant /’énus anadiomène, dé- 
couverte à Pontarlier en 1807. , 

— M. Arago commence aujourd'hui jeüdi, à une 
heure dans l'amphithéäire du bureau des fongitudes, 
son cours d’asironomie, et il le continuera tous les 
jeudis à la même heure, . 


BIBLIOGRAPHIE. 


— Quand on réfléchit aux progrès que font cha- 
que jour les diverses branches des connaissances 
humaines, on est effrayé du nombre immense de 
mots qu'il faut retenir pour parler librement le lan- 
gage des sciences , el Phomme le plus instruit est 
souvent forcé d’avouer, à cet égard, le défaut de 
sa mémoire. — Ces mots sont la plupart tirés du 
grec, et c’est là une diffisulté de plus pour ceux qui 
n'ont appris de cette langue que ce qui leur est né- 
cessaire pour l’examen du baccalauréat ès-lettres.— 
C'était donc rendre un service à la science que de 
réunir tous les mots français empruntés au grec et 
d’en faire un dictionnaire étymologique : c’est ce 
qu'a entrepris M. Marcella, et le résultat de son 
travail vient de paraître récemment. Il était dans 
cette entreprise un écueil à éviter, il fallait rendre 
ce volume portatif et par conséquent ne pas trop 
s'étendre sur l'étymologie de chaque mot. M. Mar- 
cela, comprenant que celte seule chose pouvait dc- 
cider du succès de son ouvrage, a su parfaitement 
surmonter celte difficulté. L'élymologie de chaque 
mot ne renferme que quelques lignes, elle est ex- 
primée en francais el suivie des mots grecs, sur les- 
quels elle s'appuie. Les sciences physiques, chimi- 


l'industrie et le commerce sont représentés dans le 
livre de M. Marcella; c’est ce qui proue que l’au- 
teur a fouillé dans tous les traités spéciaux pour ÿ 
trouver les mois doit, l'étymologie pouvait ètre utile 
ou intéressante. Tout cel ensemble de faits ne per- 
met pas de douter que le livre de Harcella est parmi 
les dictionnaires de ce geure celui &ont l'usage sera 
le plus utile à ceux qui sen serviront, car il leur | 
offrira promptement l’étymologie d’un mot qu'ils ne | 
trouveraicnt dans d’autres ouvrages qu'après avoir 
parcouru plusieurs volumes. Du reste, le mérite de | 
ce travail a été déjà reconnu par des hommes dont | 
l'opinion ne paraitra pas suspecte, et le ministre 
de linshuetion publique, aprés l'avoir examiné , l’a 
honoré de sa souscription. C'est assez dire le dic- 
tionnaire de M. Marcella est un bon ouvrage que 
tout le monde consultera avec fruit, et que le sa- 
vant aura toujours à côté de lui sur sa table de tra-- 
vail. E. EF. 


RAPPORT adressé le 17 juin 1842 à M. l'amiral 
Duperré, ministre de la marine et des colonies, sur 
des expériences relatives à la fabrication du sucre et 
à la composition de la canne à sucre; par E. Pelli- 
got. À Paris, chez Mathias (Augustin), quai Mala- 
quais, 15. 

RÉCHERCHES sur les commencements et les 
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine 
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun. 

ABKÈGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla- 
ton ; par M. le marquis de Forlia d'Urban. À Paris, 
chez l'auteur, rue de La Rocheloncault, 2; chez Du- 
prat. 

COLONIES étrangères et Haïti, résultats de l'e- 
mancipation anglaise; par Victor Schælche. À Paris, 
chez Faguerre, rue de Seine, 14 Dis. 

INISTOIRE des sciences naturelles , depuis Jeu 
origine jusqu'à nos jours, chez lous les peuples con: 
nus, commencée au collège de France par Georges 
Cuvier, complètée par M. Magdeleine de Saintagy. 
À Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie. 

FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé- 
ratios mélico-légales, relatives à l'empoisonnement 
pat l'acide prussique ; par J. Bonjean. 

ee ——— 
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
SEL 


de : LES 
rue San HynontheS,-Miskel, 38: 


Loare FER ; & 


| | 


ee 


40. année. 


ECH 


Paris. — Dimanche, 7 Bai 1843. 


JU MON 


N° 34, 


SAVAN 


œ 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Donne 


\ L'Ecxo DU MONDE SAVANT paraît le JEUIDE etle DIMANOME de chaque semaine et forme deux volumes dc plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 


| de M. le vicomte A. DE&AVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li- 
| braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 ; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr, 
| 8fr.50. AlÉTRANGER5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil l'ÉGHOQ DE LA ZLITTÉ- 
|" RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHO1S18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
| encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. G.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur, 


\SOMMAIRE. — INSTITUT DE FRANCE, 
séance annuelle. — SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. Sur l'hygrométrie; par M. Blondeau 
de Carolle. — CHIMIE ORGANIQUE. Sur la 
tire des fruits; Baudrimont. — SCIENCES 
NATURELLES. GÉOLOGIE. Sur la détermi- 
nation exacte de la limite des neiges éternelles à 
- un point donné; Agassiz. — PHYSIOLOGIE. 
|} Recherches sur les développements primitifs de 
| lembryon; Serres. — BOTANIQUE. Sur l’ivoire 
| végétale; Morren,, —. SCIENCES APPLI- 
: QUEES. — SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT. 


1 ‘Séance du 3 mai 1843, — SCIENCES HIS- 


| TORIQUES-: ACADEMIE DES SCIENCES MO- 


|* RALES ET POLITIQUES, Séance du 29 avril. 


| — ÉCONOMIE SOCIALE. Un. mot sur la com- 
|- municalion de M. Léon Faucher; Constancio. 

— GÉOGRAPHIE. Séjour aux îles Marquises en 
1 4840; Lesson. — FAITS DIVERS. 


| Ds ce 
INSTITUT DE FRANCE. 


Séance solennelle du 2 mai 1845. 


Dans notre dernier numéro nous avons 
fait connaître à nos lecteurs le titre des mé- 
moires qui ont été lus mardi dernier à 1x 
séance solennelle de l’Institut de France. 
Mais le temps nous manquait pour analyser 
| que'ques-unes de ces productions, et nous 
|æssaierons aujourd’hui d’en présenter un 


‘aperçu succinct. 


M. Eugène Burnouf, membre de lAca- 
démie des Inscriptions et Belles-Lettres, a 

| lu sur l’origine du bouddhisme quelques 
| considérations assez étendues, mais comme 
elles ne sont pas parvenues jusqu’à nous, 


| nous ne pourons pas en transmettre ici le 


# 
* 


À 


| résumé. Nous sommes heureux de n'avoir 
| pas à en dire autant de la lecture spiri- 
 tuelle de M. Raoul-Rochette dont la voix 
| vibrante sait à propos se faire entendre 
dans une nombreuse assemblée, M.Raoul- 
| Rochette a relracé avec esprit un tableau 


| exact et naïf de la vie de Poussin, de cette 
vie que la fortune a souvent frappé de ses 


l rigueurs, mais qui toujours apparaît sim- 
… ple et noble au milieu de la calamité, Ni- 
 colas Poussiñ est une des plus grandes 


gloires de la France; le choix noble de ses 
-Sujets, la belle ordonnance de ses tableaux, 


la justesse et la profondeur de son expres- 


\ sion sont des qualités qui l’ont placé bien 


haut dans la sphère artistique. Mais quand 


on songe aux difficultés que Poussin avait à 


Yaincre, aux obstacles qu'il avait à sur- 


monter, il nous apparaît doublement célè- 
: bre. Dans son enfance on lui fait apprendre 


le latin, mais le latin ne lui sourit guère et 
il aime mieux griffonner sur ses cahiers 


| d’élégants dessins. À dix-huit ans il quitte 
|, son pays natal, les Andelys, et se dirige 
| vers Paris, tout en barbouillant des dessus 
| de porte pour payer son voyage. Arrivé 


dans notre capitale, Poussin estengagé par 


| un gentilhomme du Poitou à faire des 


peintures pour son château; il accepte; 
mais la mère du gentilhomme le regarde 
comme un serviteur, et il quitte là le gen- 
tilhomme et le château; puis il retourne à 
Paris peignant comme la première fois, 
tantôt des Bacchanales pour une auberge, 
tantôt des tableaux de piété pour un mo- 
nastère. Il existe sans doute dans quelque 
coin obscur de la Normandie, au fond de 
quelque petit village, un de cestableaux de 
Poussin dont nos amateurs feraient si grand 
cas. Mais poursuivons, etnous apercevrons 
le jeune artiste, frappé par la maladie, for- 
cé de quitter Paris etde recourir an pays 
natal ; nous le verrons ensuite partir pour 
la terre des arts, pour | Italie, où son ta- 
lent devait briller plus tard et s'enrichir 
des plus précieux joyaux. Revenu en 
France, Poussin peignit pour les Jésuites 
six grandes compositions en détrempe, et 
ce travail ne dura que six jours. — Là vont 
s’arrêter pour quelques instants les jours 
de malheur et d’angoisses. Poussin à été 
compris par Marini, et le chevalier, auteur 
du poëme d’Adonix, l’'admet et le loge. 


[Sous Marini, à Rome, Poussin refit, ou 


plutôt commenca son éducation ; mais Ma- 
rini ne tarda pas à se retirer à Naples, où il 
mosrut. Îl est vrai qu'il avait pré-enté 
Poussin au cardinal Barberini en lui di- 
sant: « Vous verrez un jeune homme qui 
a une ardeur de diable; » mais Barberini 
partit aussi pour sa légation d’Espagne, et 
Poussin resta seul, Vous allez peut-être 
croire que Poussin va étre admis auprès 
des grands, dont chaque jour il ira saluer 
le réveils Non, Poussin ne tient pas plus 


aux grands que les grands à lui, et ilse lie 
d'amitié avec un sculpteur pauvre, Frau- 


çois Duquénoy, nommé le Flamand. Alors 
il peint, il seulpte, il écrit au commandeur 
del Pozzo pour luiexposer sa triste situation, 


mais dans l'indépendance de son caractère 


il sait encorefronder ie ridicule de ceuxau 


_ milieu desquelsilvit.A cette époquele Domi- 


nicainétaità Rome, etcomme la plupart des 
hommes de génie, il était opprimé par lamé- 


diocritéjalouse.Dans une petite chapelled’u- 


ne église de Rome, était exposé un beau ta- 
bleau du Dominicain, la Flagellation de 


Saint-André. Personne n’y jetaitles yeux, 


tandis que la foule abondait dans une cha- 
pelle voisine pour y contempler le Wartyre 
de Suint- Grégoire, par le Guy. Le premier 


‘tableau était Pœuvre du génie, le second, 


celui de la médiocrité, et assurément la 
foule devait courir vers ce dernier. Poussin 
ne l’imita pas, il sut admirer tout ce qu'il 


y avait de beau dans le tableau du Domi- 


nicain, et celui-ci malade et abattu par le 


malheur, sefit porter auprès du jeune pein- 


tre, et bientôt ils furent dans les bras l’un 
Vautre; ils se comprenaient. 

On ne rappelle qu'avec tristesse l’accueil 
que Richelieu Jui ft en France. C'était, il 


est vrai, pour lui donner le brevet de pein- 
tre du roi, mais aussi pour occuper son gé- 
nie à des futilités, comme à la peinture de 
couvertures de lit, de frontons et d’autres 
bagatelles de ce genre. IL faut avouer que 
Richelieu comprenait pien peu NicolasPous- 
sin. Mais le peintre des Andelys eut l’habi- 
leté de trouver un prétexte pour retourner 
en Italie, d’où il ne revint pas. Dans sa pe- 
tite maison, près de Rome, il vivait heu- 
reux au sein d’une famille qui laimait et 
qui lui prodiguait l’amitié et le bonheur 
que les grands n’avaient pas su lui donner. 
Il est inutile de rappeler tes beaux tableaux 
de Poussin, ils sont dans l'esprit de tout le 
monde; mais lorsq'r'on a parcouru cette.vie 
si noble et si troubiée, l'idée qui nous reste 
de Nicolas Poussin, c’est celle qui nous le 


devant nos yeux, lorsque M. Blanqui a lu 
un fragment sur la polygamie en Orient, 
M..-Blanqui a attaqué franchement la ques- 
tion, en déclarant que la polygamie était la 
plus affreuse des pestes de l'Orient, unelèpre 
sans cesse-renaissante, qui rongeaitau cœur 
les peuples du levant. La polygamie traîne 
à sa suite plus de misères que toutes les 
autres calamités, puisqu’eile agit à la fois 
sur l'homme, sur la femme, sur l'enfant, 
sur la société tout entière. Elle agit sur 
l'homme qui se dégrade, s'avilit et s’use 
avant l’âge; elle: agit. sur la femme, qui 
devient une chose..le res des esclaves Ro- 
mains ; elle agit.sur l'enfant, qui devient un 
être étranger.à.la famille, un être dont 
on se soucie peu, qui vit ou meurt sans 
qu’on s’en appercoive ; elle agit enfin sur 
la société tout entière, puisqu'une société 
polygame v’a plus de liens qui la maintien- 
nent, puisque tous ses membres sont divi- 
sés par la haine , l’ambition ou la jalousie. 

En Turquie la loi permet à un homme 


d'épouser quatre femmes , et toutes quatre 


sont légitimes. Mais rarement il se contente 


d’un nombresi peuélevé, et l’usage est d’en 


ajouter un supplément qui se borne, chez 
les pachas de nos jours, à une. trentaine 
environ. C’est là assurément un fait pro- 
fondément immoral; mais de toutes ces 
ignominies la plus grande c’est la vente des 
femmes, dont le marché est à quelques cen- 
taines de pas de l’hôtel des ambassadeurs. 
S'il fallait entrer danStous les détails de 


196 


ces infâmes trafics, l’esprit humain s'arré- 
terait confondu; il suffit, pour en avoir une 
idée précise, de rappeler les faits suivants. 
Il y a des gens qui courent les provinces 
pour recruter des femmes , comme on re- 
crute les hesuaux dans notre pays; il ya 
des villes où l’on paie des impôts en fem- 
mes, monnaie vivante dont on se débar- 
rasse, et qui va grossir les trésor: du sérail; 
il y a des sortes d'écoles où l’on enseigne 
aüx femmes l’art de séduire; enfin, l4 
femme, comme la bête de somme, est une 
chose à laquelle la rédhibition s'applique. 
On la visite de la tête aux pieds, on en exa- 
mine les défauts et les avantages de son 
corps, on l’achète ou on la refuse, et quand 
on l’a achetée, si le vendeur a trompé la- 
cheteur, c'est un cas rédhibitoire. Voilà 
jusqu’à quel point d’ignoiinie les peuples 
de l'Orient ont abaissé la femme. 

Mais, croyez-vous que la vie du harem 
soit pour la femme qui l’habite , une vie 
agréable, qui la dédommage un peu de l'i- 
gnominie qu’on a déversée sur elle? non, 
assurément non. — C’est une vie fasti- 
dieuse ou c’est une vie horrible. Pour la 
femme qui n’a plus ni parents niamis, c’est 
une vie fastidieuse par sa monotonie et la 
solitude qui l'entoure ; mais, pour celle qui 
a été ravie à des parents qui l’aimaient, 
pour celle qui a laissé quelque part un être 
qui l’adorait, c’est une vie de tortures qui 
commence par les angoisses morales pour 
finir peut être par le sac et le Bosphore. Or, 
combien de jeunes grecques ont été, dans 
la guerre de l'indépendance, arrachées 
ainsi à leurs familles, après avoir goûté les 
joies du foyer domestique. Quant aux mu- 
sulmans, ils ne veulent pas qu’on leur parle 
de leurs femmes, on ignore souvent leur 
nom et on ne le prononce jamais. Mais 
l'un des effets les plus nuisibles de la poly- 
gamie, c’est l’union d’un être très jeune à 
un être vieux et souvent malade. Ce fait 
suffit à lui seul pour prouver quelle doit 
être la vigueur d’une telle population: il 
expliquerait sans doute bien des phases po- 
litiques de son histoire; il donnerait la so- 
lution de plus d’an problême sur la fortu- 
ne passée de ce peuple. C’est ainsi qu'il ne 
restait au sultan Mammouth que deux fils 
cacochymes. 

Mais d’où viendra la réforme? M. Blan- 
qui l’a dit avec la conviction que donne 
une profonde observation des faits, elle 
viendra de la médecine. Aujourd’hui, dans 
quelques villes d'Orient, les médecins chré- 
tiens commencent à pénétrer dans les ha- 
rems; leurs sages conseils ÿ apporteront 
d’utiles réformes, et si le mal ne peut être 
guéri dun seul coup, on en diminuera peu 
à peu les terribles résultats. Si aujourd’hui 
encore, on fait un trou au voile de la 
femme dont lemédecin veutexaminer la lan- 
gue, plus tard on lèvera le voile tout entier; 
attendons beaucoup de la médecine, elle a 
des armes plus puissantes que celles de la 
politique et de la diplomatie’; il y a, il faut 
le dire, un asile contre les atrocités de la 
polygamie , c’est la maternité. La femme 
qui est devenue mère s'élève dans la so- 
ciété, elle a droit à certains égards, elle est 
plus libre enfin ; aussi malheur aux femmes 
stériles! 

Le tableau que nous venons de faire de 
la polyÿgamie ne s'applique pas seulement 
aux rangs supérieurs de la société, c’est 
aussi l’image de la polygamie dans les rangs 
inférieurs; il n’y a pas de différence à cet 
égard, Cependant, qu'on se rassure, la po- 
lygamie est dans sa période de décadence, 


797 


elle a pu avoir un moment de gra" deuf: 
mais maintenant elle a porté sec ©. : 1 

à LE truits, elle 
se [meurt, cernée detous ce 


RAS NS ra. és par la société 
à * SPETONE que les puissances de 
l’Europe hâter- 


-unt encore de tout leur pou- 
voir cette chute certaine, et que t 

RAREEN aine, et que tous ceux 
QUI S iitéressent au bonheur de l'humanité 
COPCourront à cette heureuse réforme. 
Nous terminons avecM. B'anqui. Comment! 
On ne veut pas qu'on vende des noirs en 
Afrique, et lon vendrait des femmes blan- 
ches en Orient, on punit la bigamie à Paris, 
et l’on souffrirait la polygamie à Constan- 


tinople? E. Fe 
—— SRE — 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Exrait d'un Mémoire sur l'hygrométrie; 
par M. Blondeau de Carolles, 


Si la science de l’hygrométrie est peu 
avancée, c’est qu’elle n’a pas à sa disposi- 
tion.un instrument au moyen duquel elle 
puisse, par une longue suite d'observations, 
arriver à la connaissance des lois si com- 
pliquées qui régissent les variations s’ac- 
complissant au sein de cette masse de fluides 
élastiques qui constituent notre atmos- 
phère. La première chose que doit faire 
celui qui s’occupe de cette branche de la 
physique du globe est donc de construire 
un appareil offrant assez de régularité dans 
sa marche pour pouvoir être observé fré- 
quemment pendant une période de temps 
assez longue. Telle est la route que j’ai en 
effet suivie, et, après-avoir construit un 
hygromètre sur les indications duquel j’ai 
cru pouvoir compter, j'ai étudié d'heure en 
en heure les variations qu’il éprouve dans 
sa marche ; à la suite d'observations conti- 
nuées pendant plusieurs mois, je suis par- 
venu à déméler, au milieu d’un grand 
nombre d’influences qui agissent toutes 
pour troubler les lois de l’équilibre de la 
vapeur d’eau répandue dans le sein de l’at- 
mosphère, l’effet produit par l’action seule 
du soleil, et j'ai été conduit à l’observation 
d’une loi que je puis formuler de la ma- 
nière suivante, La marche de l’humidité de 
l'air varie en sens inverse de la marche du 
soleil : à mesure que cet astre s'élève sur 
horizon, l’humidité diminue; elle aug- 
mente, au contraire, à mesure qu'il s’a- 
baisse | le minimum a lieu exactement à 
midi, le maximum à minuit. 

Pour pouvoir étudier d’une manière 
complète les lois de toutes les perturba- 
tions hygrométriques, il fagdrait cons- 
truire des tables pour toute l’étendue des va- 
riations thermométriques que l’air éprouve 
dans le cours d’une année. J’ai cherché à 
satisfaire à cette condition, mais les expé- 
riences sont si nombreuses, les calculs si 
pénibles, qu’il a fallu me borner à un petit 
nombre de degrés : c'est entre les tempé- 
ratures de 7 et 10 degrés que mes expé-- 
riences ont été faites; elles ont été exécu- 
tées par un procédé qui consiste à placer 
l’hygromètre dans un espace que l’on peut 
regarder comme entièrement dépourvu 
d’humidté, puis à y introduire peu à peu 
de petites quantités d’eau, jusqu’à ce qu'on 
atteigne le point de saturation, et à noter 
en même temps le degré de l’hygromètre 
et la tension de la vapeur qui y corres- 
pond, laquelle est mesurée au moyen d'un 
petit manomètre en communication avec 
l’espace dans lequel se trouve placé Pins- 
trument que l’on veut graduer. 

Enfin j'ai voulu vérifier si la tension 


798 


inaximum de la vapeur d’eau prise dans la 


limite des températures atmosphériques 
était telle qu’elle résulte des expériences 
de Dalton, Au lieu d'opérer dans le vide 
comme ce physicien, j'ai opéré dans l'air, 
d'abord dans l'air sec, puis dans l'air hu- 
mide, et cela sans changer les conditions 
de mon expérience, c’est-à-dire qu’après 
avoir mesuré au moyen d’un manomètre 
l'accroissement de tension qu’éprouve un 
volume donné d’air sec pour des variations 


de température déterminées, j'ai saturé ce « 


même volume de vapeur d’eau, et je lai 
fait repasser par les mêmes conditions de 
température; la différence dans la hauteur 
de la colonne manométrique m’a donné 
l'effet produit par la vapeer, et cette diffé- 
rence m'a fourni le moyen de mesurer 
l'élasticité de la vapeur d’eau à l’état de sa- 
turation : le résultat de mes expériences. 
m'a conduit à regarder les nombres de 
Dalion comme étant trop élevés. 


: 


CHIMIE ORGANIQUE. 


Sur la cire des fruits, par M. Baudrimont. 


Je lis dans les Comptes-rendus de la der- 
nière séance, que M. Liebig annonce avoir 
constaté la découverte de l’excellent obser- 
vateur Proust, que le fourrage, les feuilles 
vertes des choux, les graminées, les ce- 
rises et les prunes contiennent une cire 
blanche (pag. 663 et 664). Plus bas, ce chi- 
miste ajoute que la cire extraite du foin par 
l’éther consiste en chlorophylle et une cire 
analogue à la cérosie. Je ne sais quels sont 
les résultats obtenus par M. Liebig relati- 
vement au foin; mais je puis assurer qu'ils 
sont entièrement inexacts pour ce qui con- 
cerne ce qu’on appelle la cire des fruits. Il 
y a plus de quatre ans que M. Bérthemot 4 
isolé cette matière, et il y plus d’un an qu’i 
a eu l’obligeance de m'en remettreun échan- 
tillon pour compléter un travail que j’a- 
vais entrepris sur diverses espèces de cires. 
J’ai pu constater, ainsi que M. Berthemot 
l'avait déjà vu, que cette prétendue cire 
n'entre en fusion qu’à une température 
plus élevée que 200,, la rupture de mon 
appareil m’ayant empêché d’en déterminer 
exactement le point de fusion. Je ne saïs si 
leschimistesclasserontultérieurementcette 
matière parmi les cires, mai$ je puis assu- 
rer qu'elle est parfaitement distincte de la 
cérosie, car je connais cette dernière subs= 
tance depuis plus de huit ans, pour l'avoir 
isolée en faisant l’analyse d’an échantillon 
de la résine de l’arbre à pain (Artocarpus 
incisa, L.) que M. de Jussieu m'avait re= 
mis à la condition expresse qu'il seraitexa- 
miné chimiquement. 


—4S5. 6-0 dm—— 
SCIENCES NATURELLES. 
ZÉOLOGIE. 


Sur La détermination exacte de la limite des 
neiges éternelles en un point donné. Lettre 
de M. Agassiz à M. Arago. 

Depuis que je visite les Alpes et les glas 
ciers, je me suis demandé chaque année 
comment on pourrait parvenir à fixer ri= 
goureusement la limite des neiges eter: 
nelles, et quel serait le point qu'il faudrait 
observer dans diverses stations pour avoir 
un terme de comparaison identique dans 
toutes les chaines de nos plus hautes mon: 


tagnes. J'ai en vain consulté les ouyragesy} 


qui traitent cette, question; nulle part je 
n'ai rencontré d'indication précise sur les 
moyens de reconnaître la limite qu'il s'agit 
de mesurer, La difficulté provient de lime 


| 1799 
, possibilité où l’on a été, jusqu'ici, de dis- 
1 dltinguer d’une manière précise le niveau où 
; “s'arrête la fonte de la neige d’un hiver, 
: “pendant l’été suivant. Pour arriver aux 
. tidonnées approximatives que l’on possède, 
ton a dû avoir recours à des observations 
préalables sur la disparition successive des 
meiges dans les parties les plus accessibles 
de nos hautes vallées, et le nombre des lo- 
, “calités où leur niveau a été réellement me- 
!Suré est, je crois, bien petit. Toutes les 
recherches que j'ai faites pour apprendre 
à les connaître ont été infructueuses; j'ai 
. “du moins cru remarquer qu’on a plutôt 
. “cherché à les estimer qu’on ne les a dé- 
. duites d’une série de mesures directes. 
, «Lorsque j'ai voulu suppléer à cette lacune, 
pour nos Alpes, j'ai rencontré les mêmes 
difficultés que mes devanciers, à fixer une 
limite tranchée entre les neiges de l’année 
. “courante et celles des années précédentes, 
“et j'ai dû jusqu'ici renoncer à faire sur cet 
objet des observations exactes. En effet, 
‘lorsque l’on remonte la pente d’un glacier 
‘jusqu’à son origine, on voit la glace perdre 
, peu à peu sa consistance, ses teintes bleues 
“et passer à une hauteur variable, d'envi- 
tron 2,600 à 2,800 mètres, à l’état de neige 
_“grenue que l’on appelle névé, dans les 
] Alpes de la Suisse française, sans qu’il soit 
“possible de fixer une limite rigoureuse 
entre la région du névé et celle du glacier. 
Le névé passe lui-même insensiblement à 
. l’état de neige poudreuse, et les plus hautes 
pentes de nos Alpes sont généralement re- 
, “couvertes de champs tres étendus de cette 
vaeige incohérente. Dans une carte qui ac- 
compagne la traduction allemande que 
M. Vogt a faite du récit de notre ascension 
lu Jungfrau, publié par M. Desor, au 
commencement de 1842, j'ai cherché à 
iracer les limites approximatives de ces 
trois zones de dépôts glacés. Le bleu clair 
indique les champs de neige, le bleu foncé 
les névés, et le bleu barré les glaciers cre- 
ivassés. Mais, je le répète, quoique cette 
distinction apporte une plas grande préci- 
ision dans les indications de l’état des 
masses glacées qui recouvrent nos Alpes, 
ique les données auxquelles on s’est arrêté 
jusqu'ici, les limites de ces trois zones ne 
sont pas plus précises dans cette carte que 
celle que l’on a ordinairement assignée aux 
Mneiges éternelles. Aussi, loin de m'arrêter 
“à ces premiers résultats, j'ai cherché à les 
“circonserire dans des limites de plus en 
\ plus précises, et j'ai tout lieu de croire 
«maintenant que les observations que j'ai 
faites l'été dernier, fourniront à l’ave- 
“nir un moyen sûr de reconnaître, pendant 
“tout l'été, la limite exacte des glaciers pro- 
prement dits, celle des névés et celle des 
“champs de neige. J'espère que ces li- 
|mites paraîtront d'autant plus naturelles 
[aux physiciens que je les emprunte à la 
MStructure intime des masses mêmes. Déjà 
[AL Hugi avait cherché dans la structure 
“grenue du névé, un caractère propre à 
“fixer la limite des neiges éternelles, et dans 
(15 voyages dans les Alpes, il substitue à 
“cette ligne celle qu'il appelle la ligne du 


* 
à 


“ névé. Mais cette structure grenue n’est pas 
un caractère d'une appréciation facile, et, 
commeje l'ai déjà fait remarquer, le névé 
passe insensiblement à l’état de glace ho- 
“Imogène en descendant dans les régions 
moins élevées, et d’un autre côté, il est 
“impossible de distinguer le névé des neiges 
qui ont été exposées à l’action des varia- 
lions de température du printemps et de 
|l'été. J'ai donc dû renoncer à ce caractère 


' 


{ 
d 
| 
l 
| 
0 


800 


pour distinguer mes trois zones; mais j’en 
ai découvert d’autres qui sont plus cons- 
tants, d’une observation plus facile et en 
même temps beaucoup plus tranchés, qui 
offriront, je l'espère, un terme de compa- 
raison identique pour toutes les observa- 
tions que l’an pourra faire à l’avenir, dans 
différentes contrées, sur les niveaux ab- 
solus auxquels s'élèvent ;ces différentes 
zones. 

On devra comprendre dans la zone des 
glaciers proprement dits, toute l'étendue 
des masses glacées formées de glace 
bleuâtre, de teinte plus ou moins foncée, 
et traversées de bandes verticales de glace 
bleue, qui est de la glace d’eau et non 
point de la glace de neige imbibée d’eau. 
Cette zone est celle où les crevasses sont le 
plus fréquentes et les accidents de la sur- 
face le plus variés; c’est‘dans cette partie 
des glaciers que l’on observe les cônes gra- 
veleux, les tables de glacier, les grandes 
moraines, les baignoires, les creux méri- 
diens. Les bulles d’air contenues dans la 
glace sont ici très comprimées; les traces 
de la stratification primitive, encore très 
distinctes dans la partie supérieure des 
glaciers proprement dits, s’effacent de plus 
en plus dans leur cours inférieur, en se 
confondant avec les bandes bleues, avec 
lesquelles elles forment, vers l'extrémité 
inférieur du glacier, un système de cli- 
vage très compliqué. 

La zone du névé, ou de la glace da névé, 
est caractérisée par un système simple de 
bandes transversales, plus ou moins ar- 
quées en aval au centre du glacier. Ces 
bandes sont formées par les tranches des 
couches régulhères dont toute la masse est 
composée, et qui viennent successivement 
affleurer à la surface, par suite de son 
mouvement progressif et par l'effet de la 
fonte et de l’évaporation des parties en 
contact avec l’atmosphère. La glace de 
celte zone est très poreuse, blanchâtre; les 
bulles d’air qu’elle renferme sont très nom- 
breuses et peu comprimées; on n’y re- 
marque aucune trace de bandes bleues, La 
surface de cette région du glacier est peu 
accidentée, généralement plane ou bos- 
suée; l’eau s’y accumule en été plus que 
partout ailleurs, et y forme même des 
flaques assez étendues; on n’y voit jamais 
de tables de glaciers, nide cônes graveleux, 
ni de baignoires, ni de creux méridiens 
réguliers; les moraines ne s'y élèvent pas en 
formes de hautes digues. Enfin le centre 
du glacier n’est jamais relevé en forme du 
dôme arrondi au milieu, comme c’est ordi- 
naïirement le cas de la zone inférieure : ici 
le centre est plutôt déprimé ou régulière- 
ment concave. Les crevasses sont peu fré- 
quentes, et le plus souvent masquées par 
des croûtes de neige qui ne disparaissent 
que fort tard, vers le commencement de 
l'automne ou à la fin de l'été, tandis que, 
sur le glacier proprement dit, les cre- 
vasses se découvrent dès les mois de mai 
ou dejuin. 

Enfin la zone des champs de neige pré- 
sente des pentes uniformes et continues de 
neige poudreuse plus ou moins fines, fa- 
connées par les effets de la fonte superf- 
cielle et du tassement, qui lui donnent un 
aspect cannelé, résultant du déplacement 
continuel de ses particules suivant la plus 
grande pente, ce qui n’a plus lieu dès que 
la masse est cimentée par la congélation 
de l’eau qui s’infiltre continuellement dans 
son intérieur. Des croûtes irrégulières 
d'une glace très mince, provenant sans 


801 


doute des effets de l’évaporation, recou- 
vrent fréquemment ces surfaces qui sont 
d'une blancheur éblouissante, et dont l’é- 
clat est encore augmenté par les facettes 
innombrables de cristallisation des pail- 
lettes de la neige. On ne voit que très peu 
de crevasses dans ces champs de neige: 
mais, lorsqu'on en rencontre de profondes, 
on distingue nettement sur leurs tranches 
les bandes de stratification de leurs assises 
qui séparent les masses tombées chaque 
année. La surface des champs de neige 
étant la face extérieure de la dernière 
couche annuelle, il est évident que le bord 
inférieur de la couche, telle qu’elle est cir- 
conscrite par l’effet de la fonce qui s’op- 
père chaque année pendant la saison 
chaude, sera la limite exacte des neiges 
éternelles sur un point donné. Or, depuis 
que j'ai appris à reconnaître dans toutes 
les circonstances les traces de la stratifica- 
tion sur uu point quelconque du glacier, 
j'ai pu toujours déterminer rigoureuse- 
ment cette limite, et cela d'autant mieux 
que la couche sous-jacente de l’année pré- 
cédente s’avance dans l'intervalle d’une 
année d'environ 70m, qui est la distance 
moyenne parcourue par le glacier pendant 
ce temps. Celte dislocation successive de 
contours inférieurs de toutes les nou- 
velles couches annuelles, permet d’en fixer 
le niveau absolu avec une précision bien 
plus grande que ne l'exigent de semblabies 
-observations; car, à supposer même que 
les contours de la dernière couche ne 
soient pas encore suffisarnument façonnés 
par l'effet de la fonte, il sufüra de s'arrêter 
au contour de l'avant dernière couche, et 
de mesurer 70m en amont pour avoir, à 
quelques mètres près, le point où se limi- 
tera la couche superficielle durant l'été. 
Pour peu que l'on s'élève sur les bords 
d’un glacier au dessus du niveau de sa sur- 
face, on aperçoit toutes ces bandes de 
stratification avec la plus grande netteté 
sar toute son étendue, et même sans cette 
précaution, on les reconnaît encore à la 
teinte sale que leur donnent les matières 
terreuses qui s’y arrêtent. 

La lignée des neiges éternelles est donc 
indiquée exactement sur toutes les pentes 
de nos montagnes par les contours de la 
couche superficielle des neizestombées pen- 
dant le cours d’une année, qui se dessi- 
nent nettement à la surface des couches 
plus anciennes, par suite de la marche pro- 
gressive de celle-ci vers les régions infé- 
rieures. Tout ce qui est au dessus de cette 
ligne est dans la zone des champs de neige; 
tout ce qui est au dessous appartient à la 
zone du névé, jusqu’au point où commen- 
cent les bandes bleues qui caractérisent le 
glacier proprement dit. J’ai retrouvé ces 
limites également tranchées sur tous les 
glaciers que j'ai visités l’année dernière; 
je les ai surtout examinées sur le glacier 
de Finsteraarhorn, sur celui de Lauteraar, 
sur celui de Gauli, sur celui de i’Oberaar, 
sur celui du Thierberg; et partout elles 
m'ont paru à peu près au même niveau 
absolu. Malheureusement j'avais déjà cassé 
mon baromètre (sort presque inévitable de 
tous ceux que l’on porte sur les glaciers) 
lorsque j'aurais été en mesure de fixer 
exactement la hauteur absolue de ces ni- 
veaux. Mais la principale dificulté, celle 
de trouver un terme de comparaison iden- 
tique pour tous les points, étant vaincue, 
j'espère recueillir cette année des données 
numériques assez nombreuses pour déter- 
miner toutes les variations qu'offrent ces 


S02 


niveaux dans nos Alpes. L'espoir que d’au- 
tres observateurs pourraient utiliser éga- 
lement, dès l'été prochain, ces renseigne- 
ments, m'a engagé à les communiquer dès 
à présent à l’Académie. La connaissance 
que j'ai des localités me permet d'indiquer 
déjà, approximativemi nt, ces niveaux pour 
le glacier du Lauteraar. La limite infe- 
rieure des neiges éternelles coïncide ici 
à peu près avec les indications de M. de 
Humboldt, qui leur assigne en Suisse une 
hauteur de 2665m; celle du névé est envi- 
ron à 2535m. 


PHYSIOLOGIE. 


Recherches sur les développements primitifs 
de l’embryon, par M. Serres. 


(Premier article.) 


La détermination du premier terme de 
l’organogénie animale a été le sujet de re- 
cherches actives et fécondes depuis Aris- 
tote jusqu’à nos jours. 

Dans les sciences naturelles, l'étude de 
la génération des êtres est celle qui a le plus 
occupé les physiologistes. Hippocrate, Pla- 
ton et Aristote en faisaient , il y a près de 
trois mille ans, le sujet de leurs médita- 
tions; Galien, qui résuma leurs idées, 
donna à cette fonction l'impulsion qu’elle 
conserva jusqu à l’origine de l’anthropo- 
logie. Enfin, lors de la rénovation de l’a- 
natomie , dans le seizième siècle, Vésale, 
Fallope et Aquapendente, la dégageant 
des vues hypothétiques dans lesquelles les 
anciens l'avaient renfermée, confèrent à 
l’observation et à l’expérience la solution 
des problèmes divers dont cette question si 
difficile se compose. 

Le développement de l’homme, la com- 
paraison de l'embryon et du fœtus avec 
l’adulte , ont donc, à toutes les époques, 
excité puissamment l'intérêt des anato- 
mistes et des physiologistes. Cet intérêt, 
que nous trouvons déjà si vif dans les écrits 
de Platon et d'Aristote, dans ceux d’Hip- 
pocrate et de Galien, s'est accru de siècle 
en siècle par les révélations inattendues 
qui sortaient de cette comparaison. L’ap- 
plication du micro:cope à l'étude du dé- 
veloppement des animaux, en nous dé- 
voilant un ordre de faits que l’œil seul ne 
pouvait découvrir, nous a initiés plus pro- 
fondément dans l'étude des premières for- 
mations organiques par lesquelles la vie 
débute dans le règne animal; de sorte que, 
d’après l’immensité des faits recueillis dans 
cette direction , l’organogénie et l’embryo- 
génie, qui naguère encore n'étaient qu’une 
partie très accessoire de l'anatomie et de la 
physiologie, en sont devenues présente- 
ment une des parties principales, celles qui 
peut-être sont appelées à éclairer toutes 
les autres. 

L'organogénie marche surtout vers ce 
but depuis que la théorie de l'épigénèse des 
organismes a rempla:é le système de leur 
préexistence, et que la méthode expéri- 
mentale à définitivement remplacé la mé- 
thode hypothétique dont on faisait un si 
grand usage dans les études’ sur la géné- 
ration. 

Mais la méthode expérimentale a des 
exigences souvent difficiles à satisfaire; les 
suppositions étant interdites, les faits seuls 
peuvent lui servir de guide. Or, lorsqu'on 
s'élève vers les premiers développements 
de embryon, les faits deviennent si difli- 
ciles à constater, l'erreur est si voisine de 
la vérité que l'esprit doit sans cesse se tenir 


803 


en garde pour ne pas confondre les appa- 


rences avec la réalité. Cette marche sévère 
devient surtout indispensable lorsqu'il s’a- 
git de déterminer le premier terme des dé- 
veloppements, celui que l’on a nommé le 
zéro de l’embryogénie. 

D’après la subordination des organismes, 
que des milliers de faits ont mise hors de 
doute dans le règne animal, on concoit 
toute limportance attachée à cette pre- 
mière détermination, puisqu'elle doit servir 
de règle et de pivot à toutes lesautres. 

Dans mon ouviage sur le système ner- 
veux, couronné par l’Académie en 1821, 
J'ai fixé le premier terme des développe- 
ments aux évolutions du blastoderme et à 
l'apparition de la moelle épinière, et j'ai 
multiplié les observations et les expériences 
pour préciser le moment de cette appa- 
rition. 

Mais cette détermination du zéro de 
lorganogénie, qui sert de base à la dualité 
primitive des organismes, n’a pas été 
adoptée par tous les embryogénistes mo- 
dernes: les uns l'ont placée plus haut, les 
autres l'ont placée plus bas. L’effet de ce 
déplacement a été nécessairement d’arriver 
à des résultats différents de ceux auxquels 
nous avait conduits notre méthode d’inves- 
tigation ; car les premiers ont cru voir le 
systèmenerveux à une époque où il n'existe 
pas encore, et les aatres né l'ont aperçu 
que lorsque ses premières évolutions sont 
accomplies. Il est résulté de là un mésac- 
cord sur le premier terme de lembryogé- 
nie dont on a sans duute exagéré la portée, 
mais qui néanmoins pourrait avoir des ef- 
fets désavantageux, si au moment où cette 
branche de la science est cultivée avectant 
de zèle on ne parvenait à en fixer le crité- 
rium. ms 

D'un autre côté, si les vues de ceux qui 
ont descendu le point de départ de l’orga- 
nogénie ont peu fixé l’attention des anato= 
mistes, à raison de l’imperfection de leurs 
observations, il n’en est pas de même des 
travaux des physiologistes qui l'ont élevé, 
et parmi lesquels nous citerons particu- 
lièrement ceux de MM. Deœllinger et Pan- 
der, ceux de MM. Prevost et Dumas, ceux 
de MM. de Baer, Allen Thomson, Valen- 
tin, Ratké et Wagner. Ces derniers travaux 
ont une si grande valeur, ils ont jeté une si 
vive lumière sur l'étude des premiers dé- 
veloppements , que l'erreur qui s'y est 
glissée en devient par cela même d’aatant 
plas dangereuse, ét que par cela même 
aussi il devient plus difficile de la dégager 
des vérités capitales avec lesquelles elle 
se trouve mélangée. 

En reprenant nos recherches vingt-deux 
ans après leur première publication, nous 
avons cru devoir en comparer les résultats 
avec ceux obtenus par les physiologistes 
qui précèdent, afin d'apprécier comme 
nous le devions les objections qui ont été 
faites à la dualité primitive des organismes. 
On a reconnu, par ce préambule, que nous 
voulons désigner la ligne primitive des dé- 
veloppements, ligne toujours unique pen- 
dant la courte durée de son existence, et 
qui serait une protestation formelle contre 
le dualisme crganique, si elle était, comme 
où l’a supposé, le premier jet de lembryo- 
génie, Mais si, au contraire, cette ligne lui 
est étrangère, si elle n'est qu'un phéno- 
nomène d’incubation traduisant les méta- 
morphoses qui s’opèrent dans le blasto- 
derme, et si ces métamorphoses ont elles- 
mêmes pour objet de dualiser là membrane 
blastodermique qui précède constamment 


80% 


les premiers délinéaments de l'embryon, 
on voit que son existence, loin d’infirmer la 
dualité organique, en deviendrait non- 
seulement la confirmation, mais que, de 
plus, elle nous ferait remonter à la cause 
de ce fait général. Or, c’est ce que nous al- 
lons essayer d'établir dans ce premier mé- 
-Mmoire. 


Eu général, dans le climat de Paris, les 


dix et douze premières heures de l’incuba- 
tion sont employées par la nature à isoler 
la membrane du germe du vitellus et de 
son enveloppe propre. Cette membrane du 
germe , quiavant l’incubation adhérait au 


noyau de la cicatricule, s’en détache insen- " 


siblement ; de sorte que, cinq ou six heures 


après qu'elle. est commencée, non-scule- : 


ment elle devient libre, mais de plus un 
liquide clair s’interpose entre ces deux par- 
ties, dont l’une, le noyau , forme une dé- 
pression sur la surface du vite’ lus, tandis 


que l'autre se soulève en forme de voûte® 


sur cette dépression, De ce double mou- 


vement résulte un espace entre le noyau 


de la cicatricule et la voûte de la mem- 
brane du blastoderme, espace que nous 
nommons chambre de l’'incubation, et que 
le liquide transparent qui la remplit per- 
met de comparer à la chambre antérieure 
de œil 

Pendant que la membrane blastoder- 
mique,que l’on a aussi nommée gerrmie 
native, se soulève, comme nous venons de 
le dire, un changement des plus impor- 
tants, indiqué par Wolf et parfaitement 
apprécié par le professeur Daællinger, se 
manifeste dans sa composition intime. Cette 
membrane, dont la structure paraissait 
homogène aux premières heures de l’incu- 
bation , se divise ,.de la huitième heure à 
la douzième, en troisiames distinctes: l’une 
externe, nommée lame séreuse, la seconde 
interne en contact avec le liquide de la 
chambre d'incubation nommée muqueuse, 
et la troisième interposée entre les deux 
précédentes et qui a recu le nom de lame 
vasculeuse. Jusque là, la membrane du 
blastoderme ne subit aucun changement 
de forme; le disque qu’elle représente et 
qui, au début de l'incubation, avait de 4 à 
à 5 millimètres, en a 7 et 8 dès les six 
premières heures , 9 et 10 à la huitième, 
et 11 et 12 les douzième et quatorzième 


heures de l’incubation. L’aire transparente | 


qui, comme nous l’indiquerons bientôt, 


est la partie véritablement germinatrice de W 
cet appareil, forme un cercle à part ren- 
fermé dans celui de la membrane blasto- \ 
dermique. Ce cercle germinateur inscrit 
dans le premier, a une grandeur de 2 à 3, 


millimètres les cinq premières heures de 


l'incubation, de 4à 5 à la sixième et dixième# 
heure, et 5, 6 et 7 millimètres de la dou- 
zième à la seizième heure. Sa partie cen= 


trale est toujours plus transparente que le 


reste de sa surface, de sorte qu'à travers, 


ce point,qu'Harvey comparait à la pupille, 
on distingue Ja chambre de l’incubation , et 
dans le fond de cette chambre le noyau 
blanc de la cicatricule. Tels sont , avec les 


halons qui se dessinenten dehors du disque } 


de la membrane blastodermique, les phé- 
. . £ ICT 
namènes principaux par lesquels se décèle 
à »1 . , x 
le travail fécondateur qui s'opère dans la 


chambre d'incubation , et dont nous allons 


juger le résultat par la métamorphose rez 
marquable dont tout cet appareil Ya prés 
sentement devenir le siége. : F 

À partir, en effet, de la quatorzième où 


de la quinzième heure de l’incubation, le 


pou t pupillaire de l'aire germinatrice (a1eæ 


f 


?, 
F 
le 
le 
ïe 
À 
ee 


à 
qu 


1805 
Lpellucida) s’efface, et sur ses côtés on voit 
4 apparaitre deux lignes parrallèles, nua- 
“igeuses d’abord et ccartées l’une de ! autre; 
à la seizième , dix-septième et dix-huitième 
heure, ces lignes se soulèvent, se boursouf- 
‘lent en forme de plis. La plicature de la 
‘ menbrane s'opère de haut en bas, et de 
. dedans en dehors de chaque ligue, de sorte 
l.que le bourrelet où le rebord de lune et 
:Vautre plicature se regardent sans se tou- 
cher, de manière à laisser entre eux un 
:petit intervalle. Cette premiere métamor- 
phose a pour effet de faire disparaitre les 
deux lignes parallèles par lesquelles elle dé- 
bute, en même temps que l'intervalle qui 
: sépare lesrebordsdes plis, donne naissance 
| à une troisième et nouvelle ligne tout à 
| fait différénte des précédentes par sa na- 
| ture et son siége. Tandis, en effet, que les 
deux lignes primitives, tracées sur la mem- 
brane même, sont placées parallèlement 
surles côtés de l’axe de l’aire transparente, 
‘la ligne nouvelle, produite par l'inter- 
| valle des plis, occupe cet axe même,etna 
aucun rapport direct avec la membrane 
germinatrice. Ellen’est,d’apresl'expression 
rigoureuse des développements, que Vin- 
| dice ou le trait qui signale l’évolution im- 
portaute qui s’accomplit dans cette mem- 
brane, dont la suite des transformations va 
nous dévoiler le but. 

Commencé sur les côtés du centre de 
Vaire transparente, le plissement de la 
membrane se dirige d’abord vers sa partie 
supérieure, dont celle atteint la circonfé- 
rence ; puis, le même mouvement s'exé- 
cutant sur sa partie inférieure, l'aire trans- 
parente ou germinatrice , d'unique qu'elle 
| était aux premières heures de l’incubation, 
| se trouve divisée en deux. partics aux dix- 

huitième , dix-neuyième-ou yinglième heu- 
res. La dualité de laïre a succédé ainsi à 
l'unité. Or, comme en exécutant ce mou- 
vement, chaque moitié de la membrane 
s'est enroulée sur elle-même, le résultat 
de cet enroulementa été de convertir l'aire 
germinatrice en deux cellules ou deux sacs, 
dont l’un est situé à droite et l’autre à 
gauche del’axe del’aire. Cet axe lui-même, 
ou la ligne de séparation des deux sacs, 
a répété et suivi les évolutions de la mem- 
brane; la ligne centrale de l’aire ne forme 
d’abord qu’un demi-diamètre qui, du 
centre, va gagner le bord supérieur de la 
circonféyence, puis elle se prolonge vers 
son bord inférieur, et lorsqu'elle y est par- 
venue, elle représente un diamètre com- 
plet qui sépare les deux cellules ou les 


|. deux sacs. Il suit de là que la formation de 


la ligne diamétrale de l'aire tradait fidèle- 
ment le développement des sacs dont elle 
n’est que le résultat ou l’expression. 

Le travail dela fécondation, les change- 
ments nombreux dont la membrane blas- 
todermique est le siége, paraissent ainsi 
avoir pour objet principal la formation des 


des cellules germinatrices. Le premier con- 
cerne le développement de la ligne diamé- 


: relatif à sa nature. Quant à son dévelop- 
| pement, on voit évidemment qu’elle est le 


résultat du plissément de la membrane 
blastodermique ; puisqu'elle se manifeste 
d’abord au point même où les plis primitifs 
commencent, et qu’elle s'étend ensuite en 
haut et en bas, suivant toujours la marche 
Progressive et successive de ces plis, dont 
elletraduit la formation. Son apparition 
est donc consécutive à celle des plis, et non 


« sacs germinateurs. Deux faits principaux 
k, ressortent du mécanisme de la formation 


: trale de l'aire du blastoderme:; le second est 


806 


primitive, comme on la dit jusqu’à ce jour, 
et comme le nom qu'on lui a donné ten- 
drait à le faire croire. 

Quant à sa nature, les observations qui 
précèdent montrent que la ligne diamétrale 
de l’aire n'est autre chose qu'un espace 
vide que laissent entre eux les plis primi- 
tifs, au moment où ils se réfléchissent pour 
former les sacs germinateurs. Les expé- 
riences qui suivent ne laissent aucun doute 
à ce sujet. 

En premier lieu , si l'on obserre la ci- 
catricule en place, en l'éclairant par une 
vive lumière, la ligne diamétrale paraît 
brune et superficielle, si le bourrelet des 
sacs est peu saillant ; elle est au contraire 
noire et profonde, si le boursoufilement 
des plis est très prononcé; mais cet aspect 
brun ou noir n'existe qu'à une condition, 
qui est que les rebords des plis se touchent; 
si au contraire les rebords ne se ton- 
chent pas, s'ils laissent entre eux un petit 
espace, l'aspect de la ligne change aussitôt, 
elle n’est plus ni noire ni brune, elle pré- 
sente au contraire un trait blanc dans toute 
sa longueur. Cest la bindelette blanche 
signalée par beaucoup d’observateurs, el 
prise pour la moelle épinière, à raison de 
sa blancheur; mais cette couleur lui est 
complétement étrangère , elle l’emprunte 
au noyau de la cicatricule, qui lui est sub- 
jacent, et c’est ce noyau lui-même que l'on 
aperçoit entre l’écartement des deux plica- 
tures de la membrane. 

En second lieu, si l’on détache la cica- 
tricule de la surface du vitellus, on laisse 
alors le noyau sur le jaune, et lon a la 
ligne diamétrale dans toute sa simplicité. 
En étendant ensuite la membrane de l'aire 
germinatrice sur un verre, et la regardant 
à contre jour, on voit la lumière traverser 
le vide qui forme la ligne : si l’on place la 
préparation sur un fond noir, la ligne pa- 
rait noire, ainsi que le montrent nos des- 
sins des sacs faits à la loupe; elle devient 
blanche , au contraire, si le fond subjacent 
est blanc; le fond reproduit alorsle long 
ligre l'aspect que lui donnait le noyau de la 
cicatricule avant sa séparation du vitellus. 

En troisième lieu, si on observe la pré- 
paration au microscope sous un grossis- 
sement de 100 à 200 diamètres , Le passage 
de la lumière réfléchie du miroir faitscin- 
tiller la ligne dans toute sa longueur , en 
lai donnant un aspect blanc et éclatant qui 
tranche sur le fond obscur des bourrelets 
des saes germinateurs. La largeur de la 
ligne sous ces grossissements permet d’en 
constater la nudité. 

En quatrième lieu enfin, cette nudité de 
la ligne centrale devient visible à l'œil nu 
si on étend la préparation sur une plaque 
de verre, et si on l’observe pendant qu’elle 
se dessèche et après sa complète dessic- 
cation (1). 

Nous disions au commencement de ce 


(1) Le mécanisme par lequel la membrane blas- 
todermique , unique jusqu'à la douzième heure de 
Vincubation, se aivise en deux pour donner nais- 
sance au vide de la ligne diamétrale de l’aire, est 
un «phénomène qui se rapproche de la génération 
par scissure. Au moment où cette ligne commence à 
se deïsiner, on remarque, à un grossissement de 
200 à 300 diamètres, que les globules qui composent 
la membrane se disjoignent d’abord sur ce poiit, 
puis s’écartent, deviennent plus rares et disparaise 
sent : on croirait, dans certaines expériences, que les 
globules se retirent vers les bourrelets qui consti- 
tuent les deux lignes primitives. On distingue assez 
neltement cette disposition des globules sur les œufs 
dant le blastoderme offre l’état que nous avons re- 
présenté, pourvu toulelois qu'on soit astez heareux 


sdela 


-condé par M. le docteur Giraldez 


807 


mémoire, que le premier effet des déve- 
loppements était d'isoler la membrane blas- 
todermique du cumulus ou du uoyau de 
la cicatricule, de mauière à former entre 
eux un espace, nommé chambre d'incuba- 
tion. Si la formation de cette chambre est 
arrêtée dans son développement, c’est-à- 
dire si la membrane blastodermique et le 
cumulus conservent en totalité ou en par- 
tieleur adhésion primitive, il en résulte 
des déformations qui changent complète- 
ment la disposition des parties. D'une part, 
læligne diamétrale est défigurée; de l’au- 
tre, le fond de la chambre ou le noyau de 


‘la’cicatricule étant appliqué centre la 


membrane de l'aire transparente, ce noyau 
est vu au travers; quelquefois même les 
bords de la ligne se trouventécartés, celui- 
ci fait hernieentre cetécartement ; dans ce 
dernier cas, le fond de Ja chambre devient 
extérieur, le noyau blanc de la cicatricule 
forme une légère saillie entre les sacs ger- 
minateurs. Les sacs, légèrement défigurés, 
se trouvent écartés l’un de l’autre sur la 
ligne médiane. Le bord interne du sac ger- 
minateur droit avait contracté une adhé- 
rence avec le noyau de la cicatricule: ce- 
lui-ci, placé au milieu dela ligne diamé- 
trale, en écartait les lèvres, et il était logé 
dans le vide produit par cet écartement : 
si l’'adhérence est contractée au haut de la 
ligue, c’est sur ce point que fait saillie le 
noyau; on le voit au bas si l’adhérence est 
iwféricure. Ces cas, qui ne sont pas rares, 
prouvent que la ligne diamétrale est vide 
dans toute sa longueur, puisqu’ils ne pour- 
raient avoir lieu, si un corps quelconque se 
se trouvait placé sur son trajet. 

Ainsi, soit que l’on observe la ligne dia- 
métrale de l’airegermivatrice en place, soit 
qu'après l'avoir détachée par les procédés 
ordinaires, on l’observe à la loupe ou au 
microscope, soit qu’on l’étudie à des de- 
grés divers de dessication qui en agrandis- 
sent l'espace, soit enfir que, dans des cas 
de déformation, on remarque un corps 
étranger placé entre ses lèvres, ces expé- 
riences diverses montrent toutes que cette 
ligne est vide et dans toute sa longueur. 

Mais le fond de la chambre d’incubation 
étant occupé par le noyau de la cicatricule, 


qui est d'un blanc laiteux, on conçoit que. AE 
ce noyau est yu au travers. Or, c’est ce 


noyau. yu au travers du vide qui constitue 
la ligne ; ou la ligne elle-même, que l’on a 
pris tantôt pour l’embryon ou l'animalcule 
spermatique, tantôt pour la moelle épi- 
nière, d'autres fois pour une bandelette 
primitive qui formait l’axe nerveux ,cten 
dernier lieu, enfin, pour une corde dorsale, 

Si la formation des sacs gérminateurs est, 
ainsi que nous le disions, le but définitif 
des métamorphoses de la membrane bias- 
todermique, on conçoit que les transfor- 


pour ne pas le déranger dans les Fréparations que 
necrssile son transport sur le porte-chjet du micros= 
cope. Dans ces observations si délicates, j'ai été se- 


, dont le grand 
talent est connu de tous les anatomistes. 

. Ge phénomène de dualité constituant la règle gé- 
nérale des développements, je l'ai étudié dans es 
détails pendant la dessication du blastoderme ; 
mais, quoiqu'il devienne alors plus appar ] 
n'ai rien pu saisir de particulier, Tu net 
lement que la scission, qui ne se voÿait pas pendant 
que la membrane était imbibée de liquide, devenait 
très distincte lorsqu'elle était desséchée, A part les 
déterminations, on peut voir combien peu notre des- 
cription diffère de celles données pa MM. Prévost 
et Dumas, par M. Wagner, et surtout de celle si re- 
marquable faite par l'illustre embryogéniste M, de 
Baer, (Traité de physiologie. par M. Burdach, t. III 
p. 206, 207 et 208 ) ; 


808 

mations que subit l'aire germinatrice pour 
les développer, doit exercer une influence 
active sur les autres parties du blastoderme 
et du vitellus. Or, c'est ce que montre l’é- 
tude attentive de ces phénomènes : le 
moindre changement éprouvé par l'aire 
germinatrice se reproduit aussitôt dans les 
anneaux qui l'enlourent, et se répète, 
quant à la forme, avec une telle exacti- 
tude, que toutes les parties de cet appareil 
semblent liées intimement les unes aux au- 
tres. La subordination, qui, dans tout le 
cours des développements, réglera les évo- 
lutions des organismes, se manifeste, dès 
le début de l’incubation, avec un précision 
qui facilite beaucoup l'appréciation des 
changements confus en apparence qui 
l’accompagnent. Il suffit, en effet, pour 
apprécier ces changements si divers, d’ob- 
server ceux qui se passent sur Paire germi- 
natrice, et qui leur servent de pivot ou de 
point de ralliement. 

Ainsi , à l'instant qui précède la mani- 
festation des plis primitifs, aire germina- 
trice, de circulaire devenant ovale, ce 
changement de forme se reproduit exacte- 
ment dans les anneaux du blastoderme et 
dans les hallons du vitellus; puis, quand 
la plicature de la membrane qui doit pro- 
duire ces sacs germinateurs fronce sa partie 
moyenne, l’etranglement qui en résulte 
change de nouveau la disposition de l'aire, 
qui, d'après la comparaison de Blumen- 
bach, prend d’abord la forme du biscuit , 
puis celle de la figure que les botanistes 
désignent sous le nom de subcordijorme. 
Dès l'apparition de ces métamorphoses de 
l'aire, leur effet est répété par les parties 
qui l’environnent , avec cette circonstance 
cependant que la répétition est beaucoup 
plus prononcée dans les anneaux contigus 
à l’aire, qne dans ceux qui en sont éloi- 
gnés, ‘et sur lesquels elle semble se perdre 
insensiblement. 


BOTANIQUE. 
Sur l’ivoire végétal, par Ch. Morren. 


L'ivoire végétal est connu depuis long- 
temps, mais ce n’est que depuis peu d'an- 
nées qu’on en fait usage en Angleterre. Il 
ÿ est envisagé comme Île contenu d’une 
moix commune dans les îles Mascara, et 
provenant d’un végétal qu'on appelle vul- 
gairement Tagua où Cabeza de Negro, 
tête de nègre. Une circonstance particu- 
lière m°a mis en possession d’une noix sem- 
blable, d’une moitié de noix tournée en 
bille de billard, et du pied d’une pelote à 
épingle ciselée et imitant à s'y méprendre 
le plus belivoire; c’est sur ces corps que 
j'ai fait quelques recherches. 

La famille des cyclantacées, fondée en 
1822 par M. Poiteau, et conservée par 
M. Lindley en 1836, contient le genre de 
plantes dont la graine fournit cet ivoire. 
M. de Martius, qui en a séparé les phyté- 
léphantés en 1835, a naturellement rangé 

* Je genre dans cette dernière famille. Tou- 
tefois, on est si peu d’accord sur sa place 
que, plus récemment, M. Endlicher ne fait 
des cyclanthées qu'un sous-ordre des pan- 
danées. Le genre Phytéléphas, qui vient de 
s'y ranger, lui paraît même trop peu con- 
nu pour pouvoir en déterminer définitive- 
ment la position dans le système. 

Ce genre Phytéléphas, dont l’ét;mo- 
logie indique assez que ce sont là les plan- 
tes à ivoire, a été fondé par Ruiz et Pavon, 
et puis nommé Æléphantusia par Wilde- 
now. Les palmiers de ce genre habitent 


“ 509 


avec les cyclanthées le Pérou, et devien- 
nent plus rares au Brésil. Une note anglai- 
se que j'ai devant moi indique que les In- 
diens emploient les feuilles de ce palmier 
comme celles de ses congénères pour cou- 
vrir leurs cabanes, et qu'ils taillent de ses 
noix des boutons et d’autres objets à l'u- 
sage domestique. L'albumen de sesgraines, 
avant d'être endurei, se mange, et ce n’est 
que par un des progrès de l’âge qu'il de- 
vient osseux. 

L'ivoire qu'on retire de ces graines n’est 
autre chose que l’albumen qui, de laiteux 
qu'il était d’abord, d’albumineux qu’il était 
ensuite, à fini par acquérir la consistance 
du blanc d'amande, pour passer enfin à 
l'état dur, élastique et blanc qui l’a fait 
comparer à l’ivoire. On sait, du reste, que 
l'albumen des palmiers a exercé la plume 
savante de M. Hugo Mohl dans sa belle his- 
toire des palmiers. 

L’enveloppe externe de la noix d’ivoire 
est dure, à peu près pierreuse et d’un jaune 
gris, lisse et mate; elle est attachée à une 
seconde enveloppe brune, poreuse, mate 
aussi, et fait corps avec elle. Au-dessous 
d’un vide qui sépare ces deux téguments, 
est une troisième enveloppe aussi brune, 
bosselée et veinée, luisante. De nombreux 
fibres la traversent. C’est sous elle que se 
rencontre l’albumen qui forme l’ivoire vé- 
gétal, qui est d’un blanc de lait pur sans 
veine, ni ponctuation, ni vaisseau aucun. 
La plus constante uniformité de texture se 
présente dans cette matière, qui sous ce 
rapport est plus belle que l’ivoire animal. 
La substance est si uniformément dure 
que les moindres stries du tour qui a passé 
sur elle s’y observent et y restent indélébi- 
les jusqu’à nouvelle façon. 

Quand l'objet est ciselé, on peut recon- 
naître l'ivoire végétal à son état, dans le- 
quel un œil exercé aperçoit, outre un as- 
pect gras, de fort petites lignes qui sont les 
couches dont a parié M. Hugo Mohl. On 
serait tenté de croire que c’est une: struc- 
ture plus analogue à celle de l’os qu’à celle 
de l’ivoire, mais l'inspection microscopique 
révèle bientôt que l'ivoire végétal possède 
une structure tout à fait différente. 

Cette structure est une des plus curieu- 
ses du règne végétal, et je lai décrite dans 
mon mémoire. 

L’albumen ou l’ivoire végétal est formé 
de couches concentriques, dont les plus ex- 
ternes différent seules des plus internes. 
Quand il est endurci, il offre une matière 
blanche, transparente dans l’eau, matière 
qui paraît continue et où on ne distingue 
nullement des couches d’accroissement ; 
seulement on y voit percés une infinité de 
trous qui ne sont que les sections d'autant 
de parties. 

D'après mes récherches, il paraît donc 
que, dans son organisation, l’ivoire végétal 
n’est qu’un prismenchyme à cellules épais- 
sies où les rayons. de communication se 
sont conservés, 


JE 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


 SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT. 
Séance du 3 mai 1843. 


Au nom du comité des arts mécaniques, 
M. Vauvilliers fait un rapport favorable 
sur plusieurs dispositions heureuses que 
M. Huau a adoptées pour perfectionner le 
mécanisme qu'il a inventé, et qui ren- 
dent ses treuils d’une manœuvre plus 
commode. Les détails de ce perfectionne- 
ment ne pourraient être compris sans le 


810 
secours d’une figure, et surtout sans déve= 
loppements relatifs à l'invention primitive 
déjà approuvée par la société. Le Bulletin 
donnera connaissance de ces modifications. 

Comme l'assemblée générale de la s0= 
ciété a exigé des travaux qui ont absor= 
bé le temps des membres des comités, au= 
cune autre communication industrielle n’a 
été faite. On avait remis à une époque de 
loisir diverses propositions pour des me 
sures administratives, le reste de la séance 
a été employé à des discussions qui se rap- 
portent à cette circonstance, et dont la 
discussion sera continuée ultérieurement. 

M. Francœur, qui présidait la séance, à 
annoncé la perte douloureuse que la So- 
ciété, les arts et les sciences viennent de 
faire de M. de Chabrol, ancien préfet de «| 
la Seine. L’orateur a rendu un juste hom= 
mage aux immenses services que ce ma- 
gistrat a rendu à la ville de Paris dans sa 
longue carrière administrative, et particu= 
lièrement il a distingué la création des 
trottoirs, les projets d'établissements pour 
la distribution des eaux, etc. etc. 

FRANCOEUR. 
—È — | 


SCIENCES HISTORIQUES. 


| 
| 

ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET | 
{ 


POLITIQUES. 
Séance du samedi 29 avril. 


Après la lecture du procès-verbal, M. Bé- 
ryat-St-Prix fait un rapport verbal sur un 
ouvrage de M. Bayle Mouissard , avocat-gé= | 
néral à Riom, sur l’histoire du droit en 
en Auvergne. : : 

M. le secrétaire perpétuel communique M 
une lettre du premier aide-de-camp du roi, 
par laquelie il prévient l’Académie que Sa 
Majesté recevra l'Institut lundi à midi, à 
l'occasion de la Saint-Philippe. | 

M. le baron de Stassars fait hommage à 
l’Académie de plusieurs ouvrages publiés \ 
en Belgique. | 

M. Dufour, avocat à la Cour de cassa- 
tion, envoie un ouvrage qu’il vient de faire 
paraître, et qui a pour titre: Traité du 
Droit administratif. 

M. Moreau de Jones présente quelques 
observations au sujet du mémoire lu par 
M. Léon Faucher à la dernière séance, et 
revendique pour lui-même la priorité des 
documents statistiques insérés dans un rap- 
port dont M.Léon Faucher a fait usage; au M 
fond, il fait observer que les chiffres qu’il 
avait recueillis n’ont qu'une valeur rela- 
tive suffisante pour les faire admettre dans 
un livre, mais pas assez authentiques pour 
qu'ils puissent trouver place dans un docu- 
ment publicetofficiel. 

M. Passy a ajouté aux observations de 
M. Moreau de Jones,qu’une immense quan- 
tité de monnaie de certains millésimes à 
dispara de la circulation par suite des spé 
culations d’affinage qui ont été faites, et 
qui continuaient encore; que d'autre part 
l'enfouissement des monnaies qui est pour 
certaines gens, surtout pour les habitants 
des campagnes, une passion passée à l'état 
d'habitude, a diminué considérablement 
en apparence la quantité des espèces monss 
noyées, et qu’en ne tenant pas compte de 
ces deux circonstances, on a dù commet= 
tre de grandes erreurs. Il pense que le do- 
cument dont a parlé M. Moreau de Jones, 
et sur lequel M. Léon Faucher a établises 
calculs, ne peut avoir qu’une certitude ap; 
proximative. AT 

M. Bouillé a été admis à lire un memoire 
sur la théorie de la raison impersonnelle, Il 


b11 | 


nous est impossible de suivre l’auteur à tra- 
Mrers les raisonnements qu'il a faits pour 


wustifier son système. Le titre seul da mé- 
moire sera pour nous une excuse suffisante 
muprès de tous ceux qui auront assez de 
sonne foi pour convenir que la métaphy- 
jique est une science peu claire lors même 
que ses docteurs ne sè font pas un mérite 
“Je se rendre obscurs et inintelligibles. D’a- 
brès M. Bouillé, le fini et l'infini sont les 
“ dées constitutiveset fondamentales de l’en- 
tendement humain, et l’idée fondamentale 
idela raison, c’est l'infini. Ces prémisses po- 
es, il en conclut que l’idée de l’être infini, 
\rest-à-dire de Dieu, est dans toutes les 
consciences, etque si certaines, ayant la con- 
naissance de l'infini, n’ont pas cépendant 
la connaissance d’un Dieu unique, c’est 
qu’elles sont impuissantes pour suivre dans 
tous ses développements l’idée qu’elles ont 
‘en germe. C'est ainsi que dans toutes les 
mythologies, même les plus grossières, on 
‘trouve d’abord des dieux inférieurs qui ne 
sont, à vrai dire, que des attributs, et au- 
\dessus d'eux un être mystérieux, tout puis- 
sant, qui est l'emblème plus ou moins par- 
fait de l’être unique, infini. 
| Passant aux formes des idées et à leur 
\analyse, M. Bouillé les a toutes résumées 
\dans une seule, dans celle de l'infini. Les 
lidées d'espace, de temps, d'ordre, de bien, 
“ide beau, ne peuvent, d’après lui, être pla- 
icées en dehors de Dieu dont elles sont les 
\attributs. Elles se confondent avec lui. 
Nous ne sommes pas de ceux qui pen- 
\sent que Pascal avait tout à fait raison lors- 
qu’il disait que la philosophie ne valait pas 
un quart d'heure de peine; mais nous 
‘croyons que pour être réellement utile, la 
philosophie devrait s’occuper moins des 
mots et plus des choses, moins des théo- 
ries et plus de l’application, qu’elle devrait, 
en un mot, cesser d’être rêveuse et spécu- 
lative, pour entrer dans la vie usuelle et 
quitter le séjour des nuages pour appren- 
dre à tous les hommes à mieux régler leur 
| vie. C’est là la vraie philosophie, c’est elle 
qui devrait nous donner la solution des pro- 
| blèmes qui s’agitent à la surface des socié- 
| tés et qui en minent les fondements. Une 
telle gloire serait plus durableet plus utile 
que celle d'inventer une théorie de la raison 
limpersonnelle, quelque subtile ou ingé- 
mieuse que cette théorie soit ou puisse pa- 
raître. C. B.F. 


| 


| 
| 


ÉCONOMIE SOCIALE. 


“Un mot sur la communication de M.'Léon 
1 Faucher. 
| 


La lecture de l’analyse du discours de 
M. Léon Faucher dans la séance du 22 
M avril de l’Acacémie des sciences morales 
“let politiques, insérée dans l’Écho du 30 
mayril dernier, m'a suggéré quelques ré- 
| flexions que je vais vous communiquer. 
| . Il n’existe dans la nature aucun pro- 
“\duit dont la valeur soit invariable et abso- 
"lue, d’où il suit que l'or et l'argent sont 
comme toutes choses des matières, qui s’é- 
"changent contre des quantités variables de 
"| denrées ou de produits de l’industrie. Les 
“|métaux précieux sont donc de véritables 
marchandises’ et n’ont jamais cessé de 
1! l'être en dépit de la volonté des gouverne- 

ments. Ce que demandait feu J.-B. Say 
|était très raisonnable; mais en donnant 
aux pièces de monnaie des dénominations 
| qui expriment leur poids, ce savant éco- 
nomiste n’a jamais prétendu priver l'or et 


812 e-- 
l'argent de leurs fonctions comme moyen 
de circulation, fonctions qu'aucune subs- 
tance dans la nature ne peut remplir avec 
autant d'avantage, En effet, quoi de plus 
utile pour faciliter les transactions com- 
merciales que des métaux peu volumineux, 
et facilem@#nt transportables, peu altéra- 
bles et qui ont surtout le privilége exclusif 
de pouvoir sur tous les marchés des ua- 
tions policées s’échanger au gré du pos- 
sessear contre toutes sortes de denrées 
et de marchanchises ! De plus, la valeur de 
l'or et de l'argent étant moins variable 
que celle des autres marchandises, en rai- 
son de la lenteur avec laquelle la quantité 
de ces métaux s’accroit ou diminue, le 
marchand est assuré de son gain lorsque 
dans un pays lointain il a reçu en échange 
de ses marchandises des métaux précieux, 
tandis que s’il a été payé en autres mar- 
chandises il ne peut savoir au juste le ré- 
sultat de son opération que lors de son 
retour, car dans l'intervalle d’un seul mois, 
une marchandise quelconque subit des 
fluctuations de prix qui vont souvent à 40 
et 20 pour cent de sa valeur courante. 
Mais un autre avantage inappréciable de 
l'or et de l’argent, et que ne possède au- 
cune autre marchandise, c’est d’être les 
seules bases solides du crédit, les seuls ga- 
rants des billets de banque payables en 
espèces au porteur. 

Il est donc d’une grande importanee 
pour ume nation de posséder une quantité 
des métaux précieux en rapport avec ses 
transactions commerciales à l’intérieur et 
avec l'étranger. Chaque peuple à choisi 
pour moyen légal de circulation celui des 
deux métaux qu'il possédait er plus grande 
quantité et dont la valeur totale l’'empor- 
tait beaucoup sur celle de l’autre. C’est 
pourquoi la France et l’Espagne ont pré- 
féré l’argent, et l'Angleterre, le Portugal 
et la Hollande l'or. Dans tous ces pays on 
peut effectuer les paiements en oreten 
argent, mais on ne peut exiger en France 
que de l’argent, et en Angleterre de l'or. 

Ya-t-il un avantage dans la préférence 
donnée à l’or, comme le prétend M. Léon 
Faucher? J'en doute, et plusieurs écono- 
mistes anglais sont persuadés du contraire. 
En effet, les sources de l’or diminuent tous 
les jours: à l'exception des mines de l'Ou- 
ral et de la Caroline, toutes les autres ne 
donnent plus que de faibles produits; et quel 
avantage l’Angleterre retirera-t-elle du 
renchérissement de l’or par rapport à la 
valeur de l'argent! Il faudra payer plus 
cher le moyen légal de la circulation, c’est- 
à-dire donner en échange d’un poids d’or 
un poids plus considérable d’argent, et 
pour se procurer cet argent il faudra don- 
ner en échange des valeurs autres que de 
V’or, dont la France n’a pas le même be- 
soin, car ce n’est pas son étalon de va- 
leur. Si l'or ne s’oxyde pas comme l’argent, 
on le rogne facilement, et son peu de vo- 
lume en rend l’exportation et le transport 
très faciles. Quant aux quantités relatives 
d’or existant en Angleterre et en France, 
il est impossible de la déterminer pour une 
époque quelconque, car cette quantité va- 
rie d’une manière extraordinaire dans le 
cours d’une année. Depuis quelques mois 
des millions sterling d’or ont été exportés 
d'Angleterre aux États-Unis, et pendant la 
guerre’contre la France, l’or avait presque 
disparu en Angleterre. En ce moment il 
est plus cher à Londres qu’à Paris. 

Quant à la richesse comparative de la 
France et de l'Angleterre en métaux pré 


813 
cieux, si les calculs de M. Léon Faucher 
sont exacts, il en résulte que la France 
a beaucoup plus augmenté son capital mé- 
tallique que l'Angleterre, la diminution 
de 400 millions en or étant bien inférieure 
à l'acquisition de 1,500 millions en argent. 
Qu'importe, d’ailleurs, que par suite de la 
plus abondante extraction de ce dernier 
métal, il diminue de valeur, comme cela 
a lieu pour tous les produits de la nature 
ou de l’art? On donnera et on recevra un 
plus fort poids en argent en échange des 
autres valeurs; voilà tout. Le véritable et 
important résultat de l’accroissement de 
l'argent c'est le changement de rapport 
entre ce métal et l’or; à mesure que celui- 
ci deviendra plus rare, il faudra pour l’ob- 
tenir donner en échange plus de valeurs; 
or, payer plus cher un objet dont on ne 
peut se passer, n’est pas assurément le 
moyen de s’enrichir. 

D'après M. Saigey, dans son excellent 
Traité de métrologie, le rapport de la va- 
leur de l'or à l'argent est actuellement de 
15,5 à 1. Avant Solon, l'or valait 12,5 son 
poids d’argent, et depuis Solon, il ne valut 
que dix fois son poids d’argent; ce qui 
prouve la rareté comparative de l'argent et 
l'abondance de l'or dans l'antiquité. Tout 
porte à croire que l’or deviendra de plus 
en plus rare, et partant moins propre à 
à être l’étalon des valeurs et la base du 


crédit. F.-S. CoNsTANCIO, 
Paris, 5 mai 4845. 


GÉOGRAPHIE, 


Séjour aux Îles Marquises en 1840; par 
M. Lesson. 


(Troisième et dernier article.) 


Revenons à notre reine aux trois époux, 
dont nous avons parlé dans le deuxième ar- 
ticle, car il est curieux de se rendrecompte 
des mœurs des peuples placés près de l’état 
de nature, et comment ils ont pu être por- 
tés à adopter des usages si opposés à nos 
mœurs et à nos idées, à nous, races occi- 
dentales, que nos lois vouent à la mono- 
gamie. Chez les habitants des îles Marqui- 
ses, certaines femmes de caste noble peu- 
vent avoir légalement trois maris, mais ja- 
mais plus. Ce nombre ainsi fixé, viendrait- 
il de ce que trois maris peuvent s'entendre 
sur les limites de leur pouvoir, et que cela 
deviendrait impossible avec un plus grand 
nombre? Je n'ai jamais pu obtenir à ce su- 
jet quelque chose de satisfaisant, et cepen- 
dant j'ai interrogé la reine elle-même, des 
hommes de caste noble et des prêtres, et 
tous m'ont dit : c’est l’usage. En vérité, la 
position d’une femme légitimement unie à 
trois maris m’a paru curieuse. Leur tolé- 
rance entre eux est vraiment étonnante, 
car leurs exigences devraient prêter à de 
nombreux quiproquos. J’ai bien cherché à 
connaître les lois de préséance parmi eux; 
le cérémonial de politesse avec lequel ils se 
cèdent mutuellement leurs droits, car en- 
fin, ce doit être chose sainte qu’un mariage 
contracté devant tout un peuple, et quel- 
qu’absurdes que soient les règles qui les ré- 
gissent, il doit y avoir un but moral d’a- 
près leurs idées, dans ce que repoussent 
nos croyances. Je pense donc, que les ma- 
ris ont des temps fixés pour aller voir leur 
femme, et que les usages qui règlent tou- 
te chose en ce bas monde, font que ce serait 
du plus mauvais ton de manquer aux pres- 
criptions de ce code de l’usage. Au reste, 
Paëtini, femme riche et noble, possède plu- 


S1# 

sieurs cabanes, que dis-je, plusieurs palais 
marquisins. Elle assigne à ses époux visi- 
teurs, tels ou tels de ces gîtes, et va sans 
plus de façon s'installer où il lui plait, 
Quand elle veut leur rendre visite, elle de- 
vient leur hôte à son tour. Pour les maris, 
comme ils ont aussi plusieurs femmes, il 
faudrait qu’ils soient bien malheureux s'ils 
n'en avaient jamais une toujours disposée à 
leur ouvrir sa cabane hospitalière. Les 
femmes pauvres ont-elles la même facilité ? 
j'ignore ce fait, que j'ai cependant cherché 
à éclaircir: les reines peuvent en effet 
jouir de privilèges qui seraient interdits aux 
sujtttes. 

Les enfants sont, dit-on, peu respectueux 

et peu soumis à leurs parents. Comment le 
seraient-ils d’après de tels usages? Pour 
des femmes à plusieurs maris, pour des 
maris à plusieurs femmes, ce sont des pe- 
tits. et rien de plus. Et cependant j'ai fré- 
quemment eu occasion de remarquer la 
vive tendresse que témoignent hommes el 
femmes sans distinction, aux enfants à la 
mamelle. Forster était dans le vrai quand 
il témoiguait un vif regret de ne pouvoir 
approfondir les mœurs d’un peuple si di- 
gne de toutes les études d’un philosophe. 
_ Pour moi, j'ai trouvé dans la peinture 
de l’île Ennasin de Pentagruel, un tableau 
fidèle des îles Marquises, avec cette diffé- 
rence cependant que la race ne ressemble 
pas aux Poiterins par le nez, tandis qu’elle 
leur ressemble par mille autres choses. 

Etant à Valparaiso en décembre 1841, 
on nvapprit la mort de Paëtini dont je 
viens d’esquisser ia biographie. 

Le 30 notrebrick gouvernait sur la côte 
N.-O. de Santa-Christina et serrait le vent 
pour atteindre lemouillage que Mendäna le 
premier fit connaître, et bientôt il navi- 
guait dans le canal de la Dominique. Ja- 
mais brise plus maniable n’a enfléles voi- 
les d’un vaisseau. Jamais température n’a 
été plus douce, ni le ciel plus pur. 

Le côté de l’île Sainte-Christine, que 
nous longions, est certainement autant 
raviné que celle de la Magdalena. Ses pi- 
tons élevés, ont des crêtes décharnées. Une 
végétation active tapisse les ravins, et s’é- 
lève en séries de trainées tortueuses 
jusquessur les pics basaltiques des mornes, 
Des bouquets d’arbres à écorce rougeûtre 
sont clairsemés sur des pelouses de gra- 
mens. Cette partie de l'île est peu habitée; 
mais bientôt, à mesure que nous longeons 
le canal, des cocotiers, des bananiers appa- 
raissent dans des ravins plus répétés, sur 
des pentes de montagnes plus doucement 
ondulées. Des cäsuarinassolitaires au feuil- 
lage bizarre, se dréssent ça etlà, comme de 
vieux saules ‘pletreurs. Poussés par un 
vent favorable, féndant une mer calme et 
huileuse, nous attéignimes bientôt la baie 
Madre de Dios, et une embarcation, en 
nous accostant, nous apporta un Anglais 
établi sur ces îles, qui nous pilota au mouil- 
lage. 

Bientôt d’autres pirogues nous abordè- 
rent et jetèrent sur notre pont de grands 
“gaillards d’insulaires, qui se mirent à psal- 
modier les chansons du pays sur un ton 
lent et monotone, en accompagnant leurs 
refrains de battements de mains réguliers 
et À trois temps: le dernier choc, sur un 
ton aigre, qu'ils atteignent que par un 
procédé particulier. L'expression de phy- 
sionomie de nos hôtes était belle et martiale, 
et leurs dents, remarquables par leur exces- 
siveblañcheur,relevaientce que leur bouche 
avait dc disgracieux dans ses lèvres trop 


S15 
fortes. Seulement leur chevelure, tenue 
très courte et coupée en rond autour de la 
tête, jointe à une moitié de la face peinte 
en bleu, leur donnait un air sauvage au- 
quel on s’habitue cependant après quelques 
instants de séjour. Nous les remerciâmes 
par quelques galettes de biscuit, qui nous 
valurent de nouveaux chants. Leur ta- 
touage, leur animation dans ces jeux, leurs 
membres souples et nerveux, se déployant 
sans autre voile qu’un étroit zzaro, ou, 
comme ils l’appellent, un ham, nous firent 


aimer nos premiers visiteurs. Ils avaient 


d'ailleurs unc physionomie ouverte, un ca- 
ractère jovial, des formes accentuées, et ils 
nous promettaient des hommes encore em- 
preints de leurs croyances primitives, 
source d’étudessérieuses,etnon de ces chan- 
tres de paroisse, ainsi que le sont devenus 
les insulaires des Gambiers, couverts de 
haillons, et qui ne marchent plus sans ré- 
citer des Pater et des Ave. 

Bientôt nous fûmes distraits de ce spec- 
tacle nouveau par l’arrivée d'une pirogue. 
C'est, nous ditle pilote, le roi Jotété qui 
vient vous visiter. Jotété commande au dis- 
trict d'où dépend la baie dela Madre-de- 
Dios; il se trouvait accompagné de Tuna, 
son fils, enfant de dix à onze ans, gra- 
cieux et de gentilles manières, et de Puhé, 
son neveu, grand et beau gars, bien décou- 
plé, qui avait fait un voyage en Europe ct 
avait visité l'Angleterre sur un bâtiment de 
cette nation. La majesté nuhahiviennen’est 
pas mal étoffée, et c'est tout juste si elle 
peut entrer dans la dunette dont les portes 
lui sont ouvertes à deux battants. Un repas 
impromptu est offert à Jotété, dont le re- 
doutable appétit semble avoir été excité par 
une diète de plusieurs jours. Le pain dis- 
paraît sous ses dents de fer, et les carafes 
de vin vont le rejoindre dans sou vaste go- 
sier. Ce breuvage, qu’il nomme zamu, pa- 
raît singulièrement de son goût. 

Nous faisions cercle autour de ce roi 
océanien, heureux de voir enfin un de ces 
hommes que l'Europe appelle sauvage; et 
qui pour nous avait l'attrait d’un Insulaire 
conservant les mœurs et le costume de sa 
race, et dont le somptueux tatouage ca- 
chait la nudité de son corps sous une masse 
de broderies entailiées dans les chairs vives. 
Jotété, chef de la baie Madre-de-Dios, ou 
Waïtahou, e:t un grand et gros marqui- 
sin, tatoué de la tête aux pieds, un peu 
obèse, et qui a de quarante-cinq à cinquante 
ans environ. Sa démarche est assarée, etje 
n'ai vu sur lui aucunes traces d’infirmités, 
bien qu’au premier aspect il semble at- 
teint d’ophthalmie ou d’albinisme; cette 
particularité est due, à ce que les paupières 
sont les seules parties de la face qui ne 
soient pas tatouées, et comme celle-ci pa- 
rait noire sous les traits sans nombre qui la 
sillonnent, les paupières, par leur blanc 
mat, produisent un effet singulier, qu'on 
ne peut expliquer de prime abord. Le re- 
gard de ce chef est toutefois celui d’un 
homme rusé, habile, cauteleux, et qui doit 
être plus fin que brave. 

Dans maintes circonstances de notre sé- 
jour, j'aurai sans doute occasion d'étudier 
l'homme moral; pour le premier moment 
de notre entrevue, je me borne à peindre 
le physique. Jotété, bien que d’une corpu- 
lence épaisse, est un bel homme, et les deux 

naturels qui ’ont accompagné à bord sont 
remarquables également par leur martiale 
prestance. Leur peau est lice, leurs formes 
sont amplement et régulièrement propor- 
tionnées, Leurs maiïnscont belles ct aisto- 


816 


cratiques. Ce sont celles de personnages 


qui vivent sans se livrer à un travail Ma 
nuel, Sans la nuance de sa peau, nuance… 
difficile à caractériser, le roi nuhahivien 


pourrait être pris pour un Européen, et 
certes, il est moins bronzé que beaucoup 
d'hommes de l’Italie ou de l'Espagne. Son: 
front est large, arrondi aux angles, et bien 
fait; son nez est agréable, ses oreilles peti= 


tes, sont percées et portent pour ornement= 


des pendeloques faites de dents de cachalots 
sculptés, Sa bouche rétrécie est meublée de 
dentssuperbes, dents blanches commecelles 
de touslesmarquisins. Les lèvressenlessont 
un peu grosses, mais leur volume n'a rien 
de choquant. Jotété a beaucoup de ressem- 
blance avec Palou ,un habitant des îles Ton- 
ga, queM. d'Urville areprésentédansl’atlas 
de son second voyage. Malgré sa colora- 
tion et son tatouage, et lorsqu'il était vé= 
tu d’une ample redingotte coupée à la mode 
d'Europe, je l'aurais pris volontiers pour 
un fournisseur d'armée mangeant honora- 
blement les quelques cent mille livres d’é- 
conomies faites sur ses appointements de 
quelques centaines de francs annuels, Ger- 
tes, on ne sera pas tenté de retrouver un 
sauvage cannibale, d’après le portrait res- 
semblant que j’esquisse de son air et deses 
manières. Jotété, par ses gestesintelligents, 
annonçait l’homme habitué à visiter les 
pavires, et à comprendre par signes ce que 
le langage étranger de l'un et de l’autre ne 
permettait pas d'expliquer. D'ailleurs, le 
pilote servait de truchement dans les mo- 
ments difficiles. 

Toutefois, Jotété et sa compagnie étaient 
plus occupés de ce qu’on mettait sur la ta- 
ble, que de répondre à des questions qui 
leur paraissaient-oiseuses. Et cependant le 
navire approchait toujours et ne devait pas 
tarder à arriver au mouillage. Je restai 
donc le seul officier auprès de sa majesté, 
qui, se trouvantenfin repue. onvrit brave 
ment un éventail en feuilles de palmier 
blanchi ayec de la chaux, et se lanca force 
colonnes d’air à la face, en respirant 
bruyamment. Quant à son fils, nos mets 
Ini déplaisaient, et suivant les habitudes de 
son âge, il alla jouer après avoir quitté la 
table de bonne heure. Espiègle et folàtre, 
sans traces de tatouage, ce gracieux enfant 
possédait l’aimable étourderie de nos petits 
garçons et leur ressemblait. 

Jotété, dans la dunette, portait un regard 
scrutateur sûr tout ce qui s'y trouvait.Son 
œil faux et impassible en apparence, décela 
cependant une vive convoitise à l'aspect des 
armes rangées dans les rateliers, et une 
sorte de satisfaction vint éciairer ses traits 


et me laisser dans le doute, si l'espérance 


d'en obtenir quelques unes produisit ce 
changement d'expression. 
LEsson, 
Médecin er chef des fles Marquises: 


min à 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— M. Adolphe Brongniart, professeur de bote= 
nique et de physique végétale au Muséum d'his 
loire naturelle, a commencé son cours mercredi 
3 mai, à huit heures dù matin, et le continuera 
la mème heure, les landi , mereredi et vendredi de 
chaque semaine. Le cours de cette année traiter 
de la classification des végétaux. 


[l 
Î 
! 
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il 


’ 


40e année. 


| ) 


Paris. — Jeudi, 11 Raï 1813. 


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U M 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ne 


| L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 


de M. le vicomte À DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: BAR!S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 ; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr., 16 fr., 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GIKQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ- 


: SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES , séance du lundi 8 mai. — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE, Volcan 
de Taal; Delamarche. — CHIMIE INORGA- 

| NIQUE. Sur cerlains composés de chrome; Læ- 
vel. — MECANIQUE APPLIQUÉE. Sur l’eau li- 

quide mêlée à la vapeur dans les cylindres des 
machines à vapeur; Pambour. — SCIENCES 

NATURELLES. MÉTALLURGIE, De la pro- 

duction des métaux précieux au Mexique; Saint- 

Clair Duport. — PHYSIOLOGIE. Recherches 

| sur les développements primitifs de l'embryon; 

| Serres: — SCIENCES APPLIQUEES. — 
| ARTS MÉTALLURGIQUES. — Machines pour 

faire les clous des fers à cheval, — ARTS CHI- 
| MIQUES. Préparation d’une colle végétale; 
|. Jeffery. — ÉCONOMIE) INDUSTRIELLE. Nou- 
|  velle disposition des bassins à cuire le sucre. — 
| SCIENCES HISTORIQUES. Institut histori- 
| que, 1x° congrès. — ARCHÉOLOGIE. Arrondisse- 
| ment de Saintes; Lesson, — FAITS DIVERS.— 
| BIBLIOGRAPHIE. 


DIE Ke 
| ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 8 mai. 
EYE 111 


Dans cette séance M::Regnault a lu un 
rapport sur un mémoire de MM. Desains 
et Laprosvotaye relatif à la chaleur latente 

de Ja fusion de la glace. Déjà nous avons 
parlé de ce mémoire quand les auteurs 
l'ont présenté à l’Académie. Nous nous 

| contenterons de rappeler aujourd’hui que 
MM. Desains et Laprosvotaye ont trouvé 

| pour le nombre, marquant la chaleur la- 
tente de la fusion de la glace, lenombre 79. 
M. Becquerel à lu un rapport sur un 
mémoire de M. Payère, relatifà la tendance 
des tiges à se porter vers la lumière. On 
sait que ce phénomène a depuis longtemps 
attiré l'attention des savants, maïs les ex- 
|“ périences de M. Payère sont venues jeter 
un plus grand jour sur ce point encore 
. obscur de la physique végétale, M. Payère 
a agi sur des tiges de cresson alénois qu’il a 
fait croître dans une caisse de bois éclai- 
rée latéralement par deux lumières d’iné- 
} gale intensité. M. Payère a vu Ja tige se 
tourner vers la lumière la plus intense 
et ne pas suivre la direction de la résul- 
“| tante des deux lumières. C’est là un fait 
\ important et qu'il faut d’abord noter. De 
| plus, l’auteur de ce mémoire à soumis les 
«tiges à l’action des différents rayons lumi- 
“ ueux après avoir fait passer la lamière à 
«| travers certains verres colorés, C’est là un 
défaut dans le mode d'expérimentation. 
“| M: Payère, en agissant avec des verres co- 
1e | lorés, a mal compris le point capital de ses 
| expériences: il fallait agir avec des prismes 

| qui, décomposant nettement la lumière, 
Sont des guides certains dans ces sortes 
| d'expériences. Du reste, ce travail refait 
sur,une base plus large, enrichi d’un plus 

| grand nombre d'expériences, pourra servir 


tions, 


à résoudre de hautes et intéressantes ques- 


M. Dufrénoy a lu un rapport sur un mé- 
moire de M. Adrien Paillette, intitulé re- 
cherches sur la composition géologique des 
des terrains qui renferment, en Sicile et en 
Calabre, le soufre et le succin. Ce rapport, 
écouté avec peu d'attention par la plupart 
des académiciens, a cependant soulevé an 
moment des conclusions une longue dis- 
cussion dans laquelle ceux qui y ont pris 
part ont semblé un instant envahir le do- 
maine des personnalités. M. Cordier, le 
moteur de cette discussion et l’autagoniste 
de M. Dufrénoy, est venu déclarer haute- 
ment que la géologie moderne avait une 
puissante tendance à l’idéalité et au mer- 
veilleux, qu'il suffisait d’un simple fait 
géologique pour qu’aussitôt on bâtit dessus 


| mille hypothèses bizarres, et que l’Acadé- 


mie ne devait pas encourager de telles 
idées. Nous comprenons tout ce qu’a de sé- 
rieux la plainte de M. Cordier, et nous ap- 
prouvons avec lui les saines doctrines qui 
rejettent loin d'elle les hypothèses qui n’ex- 
pliquent rien. Cependant M. Cordier a 
semblé faire un peu trop le procès à la 
théorie en faveur de la pratique, et ses pa- 
roles paraissaient empreintes de ces princi- 
pes empiriques que les sciences modernes, 
solidement constituées, n'admettent plus. 
M. Biot a formulé en peu de mots une opi- 
uion sage et philosophique à laquelle tous 
les esprits sérieux de l’Académie sesont em- 
pressés d’applaudir. M. Biot a dit avec rai- 
son qu'un empirisme pur n'était qu'un 
amas indigeste d'observations et de faits qui 
ne devenaient intéressants que lorsque la 
théorie les groupait et en faisait saisir les 
rapportsttles différences. Ges sages paroles, 
auxquelles on n'avait rien à répondre, ont 
terminé cette longue discussion qui sou- 
vent a plutôt eu lieu sur des mots que sur 
des faits. 

M. Wertheimsa envoyé à l’Académie une 
note sur l’élasticité et Ja ténacité des allia- 
ges. Les résultats de son travail sont les 
suivants : {0si l’on suppose que toutes les 
molécules d’un alliage soient à la même 
distance les unes des autres, quelle quesoit 
leur natare, on trouve que plus cette 
moyenne distance est petite, plus le coeffi- 
cient d’élasticité est grand; on remarque 
toutefois quelques exceptions dans la série 
de ces alliages. ln outre, le produit qui 
est presque coustant pour les métaux sim- 
p'es, varie dans une assez grande étendue 
pour les alliages. Il est possible qu'une autre 
hypothèse sur l’arrangement moléculaire 
fasse disparaître ce désaccord. 2e le coefti- 
cient d’élasticité des alliages s’accorde as- 
sez bien avec la moyenne des coefficients 
d’élasticité des métaux constituants. Quel- 
ques alliages de zinc et de cuivre font seuls 
exception. Les condensations et les dilata- 
tions qui ont lieu pendant la formation de 
l’alliage n’influent pas sensiblement sur ce 


. mais il ÿ à en même temps un 


RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


coefficient. On pourra donc calculer d’a- 
vance quelle doit être la composition d’un 
alliage, pour qu’il aituneélasticité donnée, 
ou pour qu’il conduise le son avec une vi- 
tesse donnée, pourvu que cette élasticité où 
cette vitesse tombe entre les limitesdes va 
leursdeces mêmes quantités pour les métaux 
connus; 3° Ni la ténacité, ni la limite d’é- 
lasticité, ni l’allongement maximum d’un 
alliage ne pouvant être déterminés à priori 
au moyen des mêmes quantités connues 
pour les métaux qui les composent; 4° les 
alliages se comportent comme les métaux 
simples quant aux vibrations longitudina- 
les ct transversales et quant à l’allonge- 
ment. 

M. Peltier a envoyé à l’Académie une 
une note qui peut servir de complément 
aux expériences que M. Matteucci a com- 
muniqué à ce corps savant, il y à quel- 
ques années. Dès 1837 M. Pellier avait fait 
connaître à l’Institut un appareil nouveau 
au moyen duquel on pouvait distinguer 
deux états parfaitement distincts, dans la 


. désagrégation des corps, par l'intermé- 


diaire del’eau. Dans l’un, l'eau n’agissant 
que mécaniquement par son interpaské 
entre les particules des corps, 4 D 
’ $ LÀ ESS 
qu’un grand abaissement de téfipératéré, 
sansproduire decourantélectrjque. M. 


:Pel 
tier conserva le nom de solution à -ce--ré- 


désagrégation est également ak Ompagnée” 


électrique plus ou moins considérable, qui 
indique une action réciproque des molé- 
cules de l’eau sur celles du corps, c’esta- 
dire qu’il y a une action chimique entre 
les éléments. Si l’action chimique est faible, 
le courant est faible et l'abaissement de la 
température occasionné par la ségrégation 
des particules l'emporte encore sur la cha- 
leur produite par l’action chimique. Mais 
a mesure que cettel dérnière augmente , 
ce qui est indiqué par Ta présence du cou- 
rant électrique , la température se re- 
lève et finit par l'emporter sur la cause du 
refroidissement, et quelquefois par donner 
une haute température. M. Peltier a con- 
servé le nom de dissolution à cet état com- 
plexe, dans lequel l’action chimique inter- 
vient sans aucun doute. 

Certaines expériences ont démontré à 
M. Peltier que l’oxygène, l'hydrogène, le 
chlore forment avec l’eau de véritables dis= 
solutions puisqu’au moment de leur dilu- 
tion il y avait un courant électrique fort 
notable. Enfin, si l’on met en présence deux 
liquides séparés par une membrane per- 
méable, l’un saturé d'oxygène, l’autre d’hy- 
drogène, le courant qui en résulte est bien 
plus considérable que lorsqu'on n’emploie 
qu’une seule dissolution et de l’eau pure. 
Le reste de la note de M. Pellier est rem- 


820 

pli de quelques faits de détails dans lesquels 
nous ne pouvons pas entrer, mais qui con- 
firment pleinement ses idées. 

M. Arago, annonce à l’Académie la dé- 
couverte d’une nouvelle comète, décou- 
verte faite par M. Mauvais, du bureau des 
longitudes. Cette comète vue d’abord le 
2 mai, avait l'aspect d’une nébuleuse. Elle 
fut observée le 3 mai et depuis deux autres 
fois encore. M. Mauvais calculera l'orbite 
de cette nouvelle comète. Jusqu’alors il 
suffit de savoir qu'elle ne ressemble en rien 
à aucune des comètes précédemment ob- 
servées. Son inclinaison, par rapport au 
plan de l’horison, est de 70°; sa distance 
périhélie est de 90 centièmes 9/10. Elle 
s'approche de la terre et sa distance de cette 
planète est la moitié de la distance de la 
terre au soleil. La découverte de cette nou- 
velle comète sera sans doute pour les feuil- 
letonistes du Journal des Débats, une heu- 
reuse occasion de reproduire sur l'Obser- 
vatoire de Paris d’ineptes plaisanteries et de 
semer leur feuille d’injustes critiques. Mais 
les faits parlent trop haut pour que les 
hommes sérieux se méprennent sur le sens 
et sur la portée de ces attaques auxquelles 
il serait facile de trouver un autre but qu’un 
but scientifique. L'Observatoire de Paris, 
par cette découverte, comme par toutes 
celles dont il a enrichi la science tiendra 
donc toujours le premier rang parmi les 
Observatoires de l’Europe. 

M. Arago a encore communiqué à l’A- 
cadémie un fait curieux d'astronomie histo- 
rique, c’est la découverte d’une comète pour 
l’année 1378. Halley,en 1682, découvritune 
comète, et ses calculs le conduisirent à pen- 
ser que celte comète était celle de 1607 et 
celle de 1531, par conséquent que les co- 
mètes décrivaient des courbes fermées et 
partaient d’un point pour y revenir de nou- 
veau. Il prédit ainsi une comète pour 1759. 
Pingré rechercha dan; les annales chinoises 
.s'il n’y retrouverait pas l’histoire de la co- 
. mète de Halley. Il ÿ trouva l’observation 
d’une comète pour 1486, et calculant l’or- 
bite il vit que cet astre devait correspon- 
dre à la comète de Halley. M. Edouard 
Biot a repris dans les annales chinoises les 
recherches de Pingré et il est parvenu à y 
découvrir toutes les comètes qui ressem- 
blent à celles de Halléy. Dans ces annales 
l’observation de la comète de 1378 est très 
détaillée, Les astronomes Chinois ont in- 
diqué vers quelle étoile marchait cette co- 
mète, dans quelle constellation elle se trou- 
vait. Il était donc possible d'arriver à des 
résultats certains. Ces résultats sont quela 
comète de 1378 estla comète de Halle. Les 
indications sont assez précises pour qu'on 
ait pu trouver que le passage au périhelie a 
eu lieu le 8 novembre 1378. Il y a encore 
dans le travail de M. Biot plusieurs indica- 
tionsintéressantes qui fécondées par le génie 
de nos astronomes, pourront donner lieu à 
de curieuses observations. 

Ces savantes recherches nées au sein de 
l'observatoire sous les auspices des hommes 
de talent qui le régissent, sont la plus 
amère critique des discours de ceux qui 
crient sans cesse contre le bureau des lon- 
gitudes et se demandent ayec une hypo- 
crite modestie , avec un air innocent qu'on 
croirait emprunté aux temps bibliques : 
Que fait-on donc à l'Observatoire de Pa- 
vis ? E, F, 


D HAE —— 


821 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE DU GLOBE, 


Prolcan de Taal; par M. Delamarche, ingé- 
nier-hydrographe. 


Le volcan de Taal se trouve sur une île 
située au milieu de la lagune de Rong- 
bong. Celle-ci communique par une petite 
rivière à la baie comprise entre Luçon et 
Mindoro. La lagune a environ 40 kilom. de 
tour, est enceinte de terres élevées et mon- 
tagneuses. Sa profondeur varie de 7 à 30 
mètres, les eaux en sont potables, les pois- 
sons y vivent, mais elle est loin d'étre pure; 
et le flacon où j'en avais renfermé un échan- 
tillon s’est brisé. 

L'île court du N.-E. au S.-0., longue 
de 4 kilom. environ et un peu moins large. 
Frès d’elle sont deux autres îlots, anciens 
volcans aujourd’hui éteints. 

À deux encäblures du rivage, quoique 
la brise me vint pas du côté de l’île, nous 
sentimes une odeur sulfureuse très pro- 
noncée. Sur le bord seulement peu de vé- 
gétation, quelques arbres; à la plage, gra- 
vier noir formé de laves et de matières 
calcinées. Cette ceinture étroite renferme 
une montagne nue, plerreuse, grise, calci- 
née, de pente rapide, sillonnée de larges 
fissures perpendiculaires à la crête qui court 
N.-E. et S.-O. 

Nous montâmes droit au point le moins 
élevé de la crête, et arrivés là à grande 
peine, nous pûmes embrasser d’un coup 
d'œil l’intérieur de ce magnifique volcan. 
La hauteur de notre point d'observation 
est, par des mesures barométriques, de 
106 inètres au dessus du niveau de la la- 
gune., Le point le plus haut peut être plus 
élevé de 50 mètres. 

Le cratère sur le bord duquel nous nous 
trouvions est circulaire. Sun diamètre nr’a 
paru d’un miile et demi. La paroi inté- 
rieure est presque verticale. L'aspect de 
cette face est uniforme, de cette même 
couleur grise qui revêt toute la montagne. 
Tantôt le sol en est déchiqueté, et comme 
formé de fragments superposés par des 
cristallisations irrégulières; tantôt il res- 
semble à une nappe de liquide solidifié au 
moment où la brise en aurait ridé la sur- 
face. Le fond de cette espèce de chaudière 
volcanique est plus élevé que les eaux de la 
lagune, d’une trentaine de mètres (estimée 
très grossière), ce qui ferait, d’après notre 
hauteur barométrique, 75 mètres environ 
pour la profondeur du cratère. 

En bas s'élève une seconde enceinte 
montueuse, moins régulière que celle au 
haut de laquelle nous sommes, et s’élevant 
environ au cinquième de la profondeur to- 
tale. Elle renferme environ la moitié du 
terrain. L’autre moitié comprise entre les 
deux enceintes est plate et unie; elle se 
divise en deux parties : la plus grande est 
un sol pris paraissant solide; la plus petite 
est un lac à surface calme. Ce lac a à peu 
près À mille de long sur 0,2 de large; la 
couleur générale du liquide est jaune, par- 
semée de quelques taches noires qui se 
forment très vite, restent en place, quoi- 
que douées d’un léger mouvement d'ébul- 
lition, croissent, puis disparaissent peu à 
peu. 

Du côté du lac, la deuxième enceinte 
s’abaisse par une pente plus douce que vers 
les autres parties; elle y est aussi moins 
continue, et le liquide baigne plutèt les 
pieds des petits monticules intérieurs dont 
nous n'avons pas encore parlé, Ces mon- 


892 


ticules sont à des distances irrégulières, 
enfermés dans la seconde enceinte; cha 
cun est un petit cratère : c'est réellement 
là qu'est le volcan. 

Le plus remarquable d’entre eux est ré- 
gulier, circulaire; il est en petit toute la 
montagne sur la crête de laquelle nous 
somnies. Seulement sa hauteur est celle de 
l'enceinte du fond, et de sa bouche s’é- 
ch«ppent des colonnes ou plutôt des tour-« 
billons de fumée : fumée blanche, sulfu- 
reuse, épaisse, s'élancant avec plus ou 
moins de vivacité. Le bouillonnement inté=« 
rieur se fait entendre de temps à autre, et | 
le bruit passe successivement par tous les 
degrés de force. Le jour de notre visite, le 
volcan était calme, mais il n’en est pas 
toujous ainsi, et le plus souvent ses fu-! 
mécs se voient à 40 et 60 kilomètres. Néan- 
moins, depuis longtemps iln’est question ni 
de flammes, ni d’éruptions. Pourtant, quel- | 
ques ups de ces petits cratères internes 
semblent baver la lave outre celui dont 
j'ai parlé, il y a çà et là des excroissances 
que je présume sujettes à changer de 
forme, des cavités temporaires d’où sort 
aussi de la fumée, mais avec moins de | 


1 
D 


force, et plutôt en serpentant qu'en tour- 
billonnant; et enfin, entre ces champi- 
gnons ignés, dés taches de diverses cou-« 
leurs, probablement dues à des fusions de | 
sulfures, et entre autres des petites veines 

rouges : jai compté neuf de ces chemi- | 
nées. | 

Cette description, tout imparfaite qu’elle, 
est, peut vous donner une idée de la ten-t 
tation que j'ai eue de descendre. La chose) 
a été faite autrefois, mais aujourd’hui, à M 
notre grand désespoir, il y a impossibilité | 
complète; j'en ai été réduit à ramasser | 
humblement, sur la face externe du vol- | 
can, des échantillons du sol : ils renfer- 
ment, je crois, principalement du soufre, | 
du fer et de la chaux. 

Un chimiste de Manilie m'a bien en- 
voyé l’analyse de l’eau du lac intérieur, 
mais j'ai besoin de quelques explications 
avant de vous l’adresser.. 

J'ai cru un instant que j'aurais une note 
bien plus curieuse à vous écrire, et que | 
j'aurais à vous déerire une éruption; mal- | 
heureurement il faut m’en tenir aux trois 
tremblements de terre qui m avaient fait 
espérer une telle bonne fortune. 

La veille de notre arrivée à Taal, le 24 
octobre 1842, à 8 kilomètres de ce village, | 
à 9h. 30 m. du matin, j'étais couché (après || 
toute une nuit à cheval) : je fus réveillé 
par une secousse semblable à celle que 
j'aurais éprouvée si quelque mauvais plai= & 
sant s'était mit à tirer mon lit à lui, puis à | 
le repousser, puis àle tirer et ainsi de suite. | 
Nousétions quatre dans la même chambre, 
et nous nous levâmes tous à la fois en 
sursaut. Ces oscillations étaient très fortes, \ 
elles suivaient la direction E. et O., ei 
j'estimais leur durée à environ 2 mi- 
nutes. I 
10 minutes après, étant bien éveillés; | 
nous sentimes une seconde secousse moins 
forte, dont j'estimais la durée à 28 se-= 
condes, et enfin, la nuit, à 2 h. 30 m., 
une troisième oscillation moins sensible 
encore. 

Le temps avait été beau les jours qui 
précédèrent ces tremblements de terre; le 
lendemain il yeut ane forte averse de midi | 
à 2 heures. Aucun bruit souterrain n’avait 
annoncé ce phénomène, le volcan était 
comme à l'ordinaire. 

Quelquefois, au contraire, témoin le 2 


L:| 


(] 


323 

noût de-cette année, on entend daus toute 
la province des bruits souterrains qui ne 
‘sont suivis d'aucun effet. 

* Ces trois tremblements de terre ont été 
“essentis à la même heure, et avec la même 
l'orce dans tous lesendroits où noussommes 
“oassés pour revenir de Taal à Manille 
“2t à Manille même. 

| Je pourrais vous parler de tremblements 
‘de terre plus remarquables, de l'éruption 
Iduwolcan de Taal en 1716, de celle si dé- 
‘sastreuse de 1754; j'ai eu à Taal même, 
‘dans les archives du couvent, les détails les 
‘plus circonstanciés sur ces faits scientifi- 
iques; et autres de même nature; mais je 
m'apercois de la longueur de cette lettre, 
let-remeis à une autre occasion l'envoi de 
cesdocuments : 


CHIMIE INORGANIQUE: 


| Sur certains composés du chrome, par 
| M. Lœvel. 


| M.deLœvel,un desanciensélèves de M. Che- 
:vreul, qui dirige depuis plus de vingt ans 
la partie chimique de la fabrique de toiles 
‘peintes de M. Hartmann, à Munster, près 
de Colmar, lui a adressé une lettre, à la 
ldate du 5 mars 1843, dans laquelle il lui 
{fait part de plusieurs remarques relatives 
\à des propositions émises par M. Malaguti 


* G omptes rendus, t. XVI, p.456). Ces re- 


marques ont été suggérées à M. Lœvel par 


“un travail sur le chrome, qui remonte, à la 


:connaissancede M. Chevreul,al'année 1825, 
“et dans lequel il y a des expériences fort in- 
 téressantes sur l’oxyde de chrome. 
M. H. Lœvel, des 1827, combattit cette 
| opinion dans une Lettre adressée à M. D. 
IKæœchin. Il considéra cette. dissolution 
: comme celle de trois sels de potasse dans 
lesquels la potasseest saturée par les acides 
tartriques, oxalique et formique, unis cha- 
| cun à de l’oxyde de chrome. 
En cela M. Lœvel considère la réaction 
du bichromate de potasse et de l’acide tar- 


| trique comme étant plus complexe que ne 


débutants. ss 0 | 


le dit M. Malaguti; mais il pense, avec ce 
chimiste, que l'acide tartrique constitue 


| areel’oxyde de chrome nou un sel, maisun 


agide complexe. 
= Suivant M. Lœvel, laréaction du bichro- 
mate de potasse et de l'acide oxalique est 


| très simple; il ne se produit que de l'acide 


carbonique et un sel double d’oxalaie de 
chrome et d’oxalate de potasse, de couleur 
violette, cristallisant avec 10 atomes d’eau 
au moins, et non avec 8, comme l’admet 
M: Malaguti. 

M: Loœvel n’admet donc pas, comme 
M. Malaguti, que l’acide oxalique , en s’u- 
nissant à l'oxyde de chrome forme unacide 
analogue à celui qui résulte de l'union de 
ce même oxyde avec l'acide taririque. 


MÉCANIQUE APPLIQUÉE. 


Note sur Peau liquide mélée à la vapeur, 
dans le cylindre des machines à vapeur, 
par M. de Pambour. 


Dans toutes les machines à vapeur, il y 
a une certaine quantité d’eau entrainée à 

La . Q AYF . 
l’état liquide et mêlée avec la vapeur, mais 


_ sans être elle-même vaporisée. Dans les 


locomotives, tant à cause des secousses 
qu’elles éprouvent dans lemouvement, qu’à 
cause de. leur construction particulière , 
cette perte peut être évaluée moyennement 
à 0.24: de la vaporisation brute ou de la 


82% 


| dépense d'eau de la chaudière. Dans les 


machines fixes ordinaires, on n'a point 
de données certaines sur la perte dont il 
est question, mais dans les machines bien 
faites, elle ne paraît s'élever moyennement 
qu'à 0.05 de la vaporisation brute, ce qui 
a besoin , du reste, d’être déterminé d’une 
manière positive. 

Dans les machines à haute vression, à 
détente, et à cylindre non réchauffé par 
un courant de vapeur, comme l’eau en- 
trainée de la chaudière se trouve, pendant 
la détente, à une plus haute température 
que la vapeur détendue, surtout si la dé- 
tente est considérable , cette eau, après 
avoir d’abord réparé les pertes de chaleur 
du cylindre, se vaporise nécessairement en 


- partie, mais jamais totalement, et elle con- 


court à la production de l'effet utile. Il en 
résulte que, dans ces machines, la perte 
d'effet due à cette cause est moins consi- 
dérable que dans les machinessans détente; 
mais comme, d’un autre côté, la dimen- 
sion des chaudières etla haute pression de 
la vapeur, y sont plus favorables à l’en- 
trainement de l’eau, cet avantage se trouve 
à peu près contre-balancé par un désavan- 
tage contraire. 

Dans les machines de Cornwall, comme 
les passages de la vapeur sont extrêmement 
larges, qu'ils s'ouvrent subitement à leur 
largeur totale, ce qui n’a lieu dans aucune 
des autres machines, et que l’espaceréservé 
à la vapeur dans la chaudière est très exigu, 
il n’y a pas de doute qu’une portiou consi- 
dérable de l’eau ne soit d'abord entraînée à 
l'état liquide avec la vapeur. Mais, une 
fois parvenue dans le cylindre, la vapeur 
s’y détend en baissant de température , et 
elle se trouve réchauffée au moyen de la 
vapeur qui circule de la chaudière dans 
enveloppe du cylindre. Ce réchauffement 
est d'autant plus grand que la détente de 
la vapeur est plus considérable, la pression 
plus élevée dans la chaudière, et le mou- 
vement du piston interrompu par de plus 
longs intervalles de repos entre les courses. 

Le premier effet de cette addition exté- 
rieure de calorique doit être de vaporiser, 
pendant la course du piston, l’eau tenue en 
suspension dans la vapeur. Son influence 
peut aller, soit jusqu'à vaporiser partielle- 
ment cette eau , soit jusqu’à la vaporiser 
en totalité , soit jusqu’à ia vaporiser entiè- 
rement, et à réchauffer en outre la vapeur 
résultante, ainsi que toute celle contenue 
dans le cylindre, à une température voisine 
de celle de la chaudière. 

On reconnaît cet effet dans les machines 
de Cornwall, en comparant la vaporisation 
produite dans la chaudière avec le volume 
occupé par la vapeur dans le cylindre, sous 
les pressions marquées par l'indicateur, En 
effet, comme on connait le volume que de- 
vrait avoir la vapeur si la totalité de l’eau 
était transformée en fluide élastique sous 
la pression indiquée, en comparant ce vo- 
lume avec le volume réellement occupé par 
la vapeur, aux mêmes points de la course 
du piston. Ce procédé est semblable à celui 


que J'ai employé déjà pour les locomotives, 


et peut servir également pour toutes les 
machines à vapeur. 

En l’appliquant à quelques tracés d’indi- 
cateur publiés par M. Henwood , dans les 
Transactions de l'institution des ingénieurs 
civils de Londres (vol, II, pages 49 et suiv., 
et pl. IV), on trouve que la quantité d’eau 
existant à l’état liquide dans la vapeur à 
dû être considérable au commencement de 
la course, que cette eau s’est vaporisée en- 


825 


suitecomplètement, etqu’à la fin dela course 
du piston la vapeur contenue dansle cylindre 
s’est trouvé réchauffée à une temperature 
qui a augmenté notablement son volume, 
et par suite, sa pression. C’est pour tenir 
compte, autant que possible, de cette 
double circonstance, que j'ai compté, dans 
les machines de Cornwall, la vaporisation 
effective cemme égale à la vaporisation 
brate de la chaudière, tandis que pour 
toutes les autres machines, j'introduis une 
réduction à cet égard. 

En faisant le calcul pour Pun des tracés 
mentionnés plus haut, celui dela machine 
de Wilson, à Huel-Towan, et y appliquant 
la vaporisation correspondante à la quan- 
tité de combustible brûlée dans le foyer, 
d’apr èsles observations moyennes du comté 
de Cornwall, enregistrées par M. Lean 
(9.335 livres d’eau par livre de combus- 
tible ), on trouve les résultats suivants ; 

A 2.2 pieds de Pori- 
gine de la course 
(clôture de ja sou- 


pape d'admission). 0,22 d'eau liquide dans le cy- 


lindre. 
A Apieds . , . 0.11 id. 
AiOpiedss 07 -110%00) id. 
AS8pieds . . . 0,06 d'augmentation de vos 
lume. 
À 10 pieds (fin dela 
course)... »...2 0.11 id. 


Cependant , comme la vaporisation de la 
chaudière, la liberté du cylindre et quel- 
ques autres données du calcul, no sont 
pas connues exactement, nous ne citons 
ces résultats que pour montrer leur ten- 
dance. 

D'ailleurs, les effets mentionnés dépen= 
dent de plusieurs circonstances fondamen< 
tales, sur lesquelles nous sommes en ce 
moment occupé à faire des expériences , de 
sorte que nous n’en voulons rien conclure 
jusqu'ici. Ce n’est qu'afin de pouvoir con- 
tinuer ces recherches, sans qu’on croie 
qu’elles nous ont été suggérées par les tra- 
vaux d’autres personnes, que nous. avons 
voulu faire connaître que ce sujet avait at- 
tiré déjà notre attention. Nous pourrions 
même ajouter qu’il ya plus d'un an que 
nous avons mentionné à un membre de 
l’Académie la circonstance de la réabsorp- 
tion en vapeur de l’eau liquide entraînée 
dans le cylindre des machines, mais nous 
ne prétendons en aucune manière récla- 
mer une priorité quelconque pour ce 
motif. 

Nous ajouterons seulement que l’eau 
mêlée à la vapeur, dans les machines de 
Cornwall à simple action, nous paraît avoir 
été-entrainée de la chaudière à l’état li- 
quide et non produite par la condensation 
au contact du cylindre. Les motifs qui nous 
font admettre cette explication, sont : d’a- 
bord les circonstances relatives aux pas- 
sages de la vapeur, déjà mentionnées, et 
qui ont été reconnues par l'expérience, 
dans les locomotives,produire éminemment 
l’entraînement de l’eau dans les cylindres; 
de plus, que le condenseur n’est ouvert, 
dans ces machines, et, par conséquent, le 
cylindre refroidi, que pendant la course 
descendante du piston, tandis que le con- 
densateur se trouve fermé et le cylindre 
réchauffé, pendant la course remontante, 
qui dure trois fois autant que la première, 
et, en outre, pendant tout l'intervalle de 
repos de la machine qui est souvent très 
long; que la température observée dans 
l'enveloppe du cylindre par M. Wicksteed 
(On the Cornish engine , p.19.), ne s’est 
trouvée , dans les cas les plus défavorables, 


4 


826 

que de 7 degrés de Fahrenheit sur 284, 
au-dessous de la pression de la chaudière ; 
et, enfin, que s'il y avait condensation de 
la vapeur à son entrée dans le cylindre, 
comme pendant tout le temps que la sou- 
pape d'admission reste ouverte, la tempé- 
rature de la vapeur setrouve soutenue par 
l'arrivée coutinuelle de nouvelles quantités 
de vapeur de la chaudière, la vapeur ad- 
mise aurait une température supéiieure à 
celle de la paroi intérieure du reste du cy- 
lindre , avec lequel elle n’est pas encore en 
contact. Donc, dès la clôture de la soupape 
d'admission, cette vapeur, se répandant par 
le mouvement du piston sur une surface 
plus froide qu’elle, se condenserait en par- 
tie, tandis que, d’après les observations 
rapportées plus haut, nous voyons, au 
contraire, que, loin qu'il y ait condensation 
de la vapeur, il y a dès ce moment même 
vaporisation de l'eau liquide contenue dans 
la vapeur. 


— 109833 C0em— 
SCIENCES NATURELLES. 


METALLURGIE. 


Rapport de M. Becquerel sur un ouvrage 
ayant pour titre : De la production des 
métaux précieux au Mexique, considé- 
rée dans ses rapports avec la géologie, 
la métallurgie et l’économie politique, 
présenté à l’Académie des sciences par 
M. Saint-Clair Duport. 


(Premier article.) 


Dans son Essai politique sur la Nouvelle 
Espagne, M. de Humboldt a fait connaître 
l’état des mines du Mexique, le produit en 
or et en argent, la richesse moyenne des 
miverais , la consommation annuelle du 
mercure dans l’amalgamation, et, enfin, la 
quantité de métaux précieux exportée de 
la Nouvelle-Espagne , depuis la conquête 
jusqu’en 1803, époque dé son retour en 
Europe. 

La guerre de Indépendance, les chan- 
gements politiques survenus dans le pays, 
d’autres causes quien sont la conséquence, 
ayant apporté de grandes modifications 
dans la production des mines en général , 
il devenait important de reprendre la ques- 
tion au point où l'avait laissée M. de Hum- 
boldt. C’est ce que vient de faire M. Du- 
port dans un travail très étendu qu'il vient 
de présenter à l’Académie, et renvoyé à 
lexamen d’une commission composée de 
MM. Berthier, Dumas, Elie de Beaumont, 
Boussingault et moi. 

M. Duport, habitant presque sans inter- 
ruption le Mexique depuis seize ans, s’est 
trouvé, en raison de ses relations avec les 
principales compagnies minières, et de la 
considération qu’il s’y est acquise dans ses 
opérations industrielles relatives à l’affi- 
nage de la monnaie de Mexico , dans la 
position la plus favorable , non seulement 

. pour éludier, mais encore pour apporter 
des perfectionnements à la métallurgie de 
l'argent. 

Pour atteindre ce but, il a visité, à di- 
verses reprises, les principaux gîtes mc- 
tallifères, depuis Tasco jusqu’à Guadalupe 
y Calvo, dans les états de Sonora et de 
Chihuahua, en parcourant un espace de 
plus de 6000 kilomètres. Les observations 
qu'il a recueillies sur la géologie, la mi- 
néralogie, les arts métallurgiques, sont 
consignées dans l'ouvrage dont nous al- 
lons rendre compte, en suivant l'ordre 
qu'il a lui-même adopté. 


827 


Jusqu'ici nous n'avions de documents 
relatifs à la géognosie du Mexique que 
quelques renseignements de Sonneschmidt, 
publiés vers la fin du siècle dernier, les 
travaux de M. de Humboldt, ét ceux beau- 
coup plus récents de M. Burkart. M.- Du- 
port s’est particulièrement attaché, dans la 
description géologique qu’il nous à donnée 
du Mexique , aux terrains métallifères qui, 
suivant lui, sont difficilesà distinguer, soit 
suivant leur âge, soit suivant leur nature 
minéralogique. Il est entré aussi dans quel- 
ques détails sur la géologie générale du 
pays, dont nous n’avons pas à nous occu- 
per ici, attendu que nous nous attacherons 
particulièrement à la partie métallurgique; 
toutefois, nous dirons que les roches prin- 
cipales dans lesquelles se trouvent les filons 
argentifères sont les schistes argileux et 
talqueux, la diorite, le calcaire qui semble 
se rapporter à la formation jurassique, et 
quelquefois les porphyres : quant aux ro- 
ches volcaniques, à l’exception de celles 
de Bolanos , elles renferment très rarement 
de l'argent. 

Le Mexique a été divisé, sous le rapport 
de la température , en trois climats diffé- 
rents, pays froid (fierra fria), pays tem- 
péré (tierra templada), et pays chaud 
(tierra caliente), où la végétation est des 
plus actives; c’est dans le second que se 
trouvent presque tous les gîtes métallifères, 
dont M. Duport a fait quatre classes prin- 
cipales : 

1° Gites se trouvant dans des roches for- 
mant la chaîne même des montagnes, tels 
que Real del Monte et Pachuca ; 

2° Filons existants dans des roches diffé- 
rentes de celles de la chaine principale, 
comme Guanaxato et Tasco :; 

3° Filons situés dans un soulèvement 
isolé, comme Zacatecas et Catoce. 

4° Filons quise trouvent en plaine, tels 
que Ramos , le Fresnillo et Plateros. 

Presque tous les filons courent entre le 
sud et l’ouest; ceux qui ont fourni les plus 
grandes richesses se rapprochent beaucoup 
de la ligne passant par le nord-ouest et le 
sud-est. Leur inclinaison est plutôt vers le 
nord que vers le sud, et l’angle qu’elle fait 
avec l’horizon est rarement au-dessous de 
45 degrés. Les principaux gîtes métallifères 
sont de véritables filons , et en général les 
couches métallifères sont peu abondantes. 

La puissance des filons varie depuis quel- 
ques décimètres jusqu’à plus de quarante 
mètres, comme à Guanaxato; mais ce qu'il 
ya de remarquable, cest que les sal- 
bandes sont fréquemment imprégnées d’ar- 
gent, ainsi que la roche encaissante jusqu’à 
1 ou 2 mètres de distance. 

Quant à la teneur du filon, à mesure 
que l’on s'éloigne de la crète, M. Duport a 
constaté qu’il n’y a rien de fixe à cet égard; 
cependant la grande richesse en argent se 
trouve , eu général, depuis 100 jusqu’à 400 
mètres de profondeur. Néanmoins, par 
exception , les exploitations de la So- 
nora et de Chihuahua ont la plus forte te- 
neur vers la crête; toutefois , il ne faut pas 
dépasser une certaine limite au delà de la- 
quelle la teneur diminue. Cette circons- 
tance, jointe à l'augmentation des frais 
d'extraction at d'épuisement , est la cause 
de la cessation des travaux de la plus pro- 
fonde des mines du Mexique, la Valen- 
ciana, qui a produit de si grandes richesses 
et dont la profondeur est de 650 mètres. 

M. Duport considère les filons comme 
présentant deux zones tranchées à partir du 
sol, La première est composée de minerais 


828 
appelés colorados, en raison de la couleur 
que leur donne la présence de l’hydrate de 
peroxyde de fer, et qui sont formés de quartz 
grisâtre, dont les cavités sont remplies 
d'oxydes métalliques. La seconde renferme 
des minerais qui ont recu le nom de ne- 
gros, en raison de la couleur foncée que. 
lui donnent les sulfures de plomb et de 
zinc. Dans Îles deux zones, suivant l’opi- 
pion de M. Duport, les métaux étaient pri- 
mitivement à l'état de sulfures, mais dans 
la région des colorados, les agents atmos- 
phériques ont donné lieu à des actions chi- 
niques qui ont dû produire de nouvelles 
combinaisons. Il est à remarquer que cette 
zones de colorados est d’autant moins pro- 
fonde quele filon est d’une nature plus 
résistante. Quand le quartz domine et 
lorsque les sulfures métalliques sont peu 
abondants, la décomposition n'arrive qu’à 
quelques mêtres ; mais quand la gangue 
renferme de la chaux, et lorsque les py- 
rites et autres sulfures abondent, la dé- 
composition atteint quelquefois plusieurs 
centaines de mètres. 

La composition des minerais d’argent du 
Mexique n’a été bien connue que depuis 
que M. Duport a misà mémeles chimistes 
d'Europe d’analyser des échantillons pris 
sur un certain noïmbre de quintaux qu'il 
avait apportés avec lui il y a deux ans, les- 
quels provenaient des principaux gites du 
Mexique, tels que Guanaxato, Zacatecas, 
Pochuca Fresnillo, etc., dans le but de se 
livrer à des expériences dont nous parle- 
rons dans un instant. 

Ces minerais différent peu les uns des 
autres par leur nature; ils sont en général 
composés de quartz compacte, moucheté 
ou veiné de matières métalliques. La pyrite 
de fer qui domine toujours, est fréquem- 
ment accompagnée de blende, de Mispi- 


ckel et de galène'; et en outre, à l'éfat des 


dissémination extrême, de l'argent métal- 
lique, de l'argent sulfuré et de l'argent 
rouge; rarement du chlorure d'argent 
ainsi que du bromure, dont l'existence a 
été constaté par l'an des chimistes qui s’é- 
tait chargé de l'examen de ces minerais. 

Les analyses de ces minerais ne peuvent 
manquer d’intéresser les exploitants ; car, 
outrelesavantages qu'ilsrétirerontde la con- 
naissance exacte deleurcomposition, ilssau- 
ront que par des préparations mécauiques, 
en employant un lavage méthodique, ou 
un autre procédé analogue, on peut arri- 
ver, surtout pour celui de Guanaxato, à 
obtenir desschlichs qui renferment presque 
toutes les substances métalliques. Du jour 
où cette concentration du minerai d'argent 
s'effectuera, on aura fait faire un progrès 
immense à la métallurgie de l'argent. 

Les gîtes métallifères quiont particuliè- 
rement attiré l'attention de M. Duport, et 
sur lesquels portent ses observations , sont 
ceux de Guanaxato , Zacatecas, Fresnillo, 
Sombrerete, Catorce, Guadalupe y Calvo , 
Tasco , Ramos Angeles, la Blanca ojo , Ca- 
liente. Il expose avec détail tout ce qui con- 
cerne les travaux souterrains des mines, 
l'extraction, le triage et le transport du 
minerai, etc., etc. : 

Xelativement à la force motrice neces- 
saire, soit pour l'épuisement des eaux, 
Pextraction du minerai et sa trituration 
mécanique, il montre que l’on ne peut 
cmployer la vapeur que dans très peu de 
localités, en raison du manque presque 
total de combustible. Le Fresnillo , Bolanos 
es Real del Monte sont les seules exploita- 
tions où cet argent ait été utilement em= 


| 


à 
Fi a cicatricule, ainsi que l’ont reconnu par- 


 aitement reconnu MM. Prevost et Dumas, 


L 
R9 
oyé; sans lui, la première de ces mines 
sai, en 4841 et 1842, à fonrni le huctième 
£ l'argent produit au Mexique, aurait 
“ssé d’être exploitée. Aujourd’hui, son 
sine traite 100,009 kilogrammes de mi- 
ferai par vingt-quatre heures. 
.| Le souvenir des bénéfices immenses faits 
dis dans l'exploitation des mines d’argent 
:1 Mexique porte encore aujourd’hui les 
éculateurs à former de nouveaux établis- 
ments dès l'instant que l’on découvredes 
ffleurements de filons qui ne présentent 
lacore que de faibles indices de richesses ; 
hais si les exploitants, mieux informés 
lw’ils ne le sont souvent, se rendaient un 
»mpte exact, en consultant des travaux 
atistiques bien exécutés, des frais d’ex- 
“action et de traitement, des avantages 
robables qui peuvent en résulter; s’ils pos- 
“daient des connaissances géologiques ge- 
éralement plus étendues que celles qui 
2sontrépandues dans le pays, guidés alors 
ar des données plus certaines, ils pour- 
‘aient se livrer à des entreprises qui, sou- 
ent mal entendues, causent la ruine des 
ompagnies et rebutent les capitalistes sé- 
Luits d’abord par l’appât du gain. Sous ce 
apport, l'ouvrage dont nous rendons 
sompte ne pourra manquer de leur être 
itile. 


PHYSIOLOGIE. 


\echerches sur les développements primitifs 
| de l’embryon, par M. Serres. 


(Deuxième et dernier article. ) 


Nous disions, dans un premier article , 
que les sacs germinateurs avaient été mé- 
sonnus des observateurs. Cette assertion 
iurait lieu de surprendre si nous n’en dé- 
“eloppions les raisons; car personne n'i- 
znore avec quelle persévérance et quel rare 
sonheur l’histoire de l’incubation a été 
oursuivie depuis Harvey et Malpighi jus- 
qu’à nos jours. Il faut donc qu'il y ait des 
motifs qui aient détourné les physiologistes 
de l'appréciation d’un fait si capital qu'ils 
avaient sous les yeux. Ces motifs, nous 
\croyonsles avoirreconnusdans lesidées pré- 
|:onçues dont les développements de l’em- 
bryon ontété le sujet, ainsi qu’on pourra 
le juger par le court aperçu que nousal- 
!ons en présenter. 

Ainsi Malpighi (auquel il faut toujours 
‘emonter quand on traite de l’incubation), 
bréoccupé de l’idée que le fœtus doit 


réexister dans l'œuf, croit le reconnaître 


avant l’incubation dans le noyau de la ci- 
satricule , et c’est à ce noyau que se rap- 
bortent ses observations sur les premiers 
éveloppements de l'embryon. D’après cet 


“:rreur de détermination , on conçoit d’une 
jpart la confusion que porte cette méprise 


jur les évolutions premières del’appareil de 


“ton voit de l'autre comment, en dépla- 


4 


| 


|zant le sujet même de l'observation, Mal- 
vighi fut conduit à voir dans la membrane 


olastodermique les enveloppes de son pré- 
Es embryon, au lieu d’ÿ chercher les 


| 


\fbauches de l'embryon même, Il suit de là 
quil a figuré, sans les remarquer, une 
Partie des cellules germinatrices. 
Détournés par cette üirection du véri- 
able point sur lequel se montrent les pre- 
Iniers développements, les observateurs 
[jui suivirent immédiatement ce grand 
’hysiologiste ne firent guère que contro- 
/erser ses opinions, jusqu'au moment où 


' 


830 


la découverte de l’animalcule spermatique 
par Hamme et Leuvenhoek vint donner aux 
études de l’embryogénie une impulsion 
toute différente. 

Pour les ovolozistes en effet, pour Fa- 
brice d'Aquapenlente et pour Harvey, 
l'embryon provenait de l’œuf; pour Mal- 
pighi, l'embryon préexistait et l'œuf lui 
fournissait ses enveloppes et'ses matériaux 
vutritifs; pour Leuvenhoek, l'embryon ne 
préexistait pas, mais l’œuf restait complé- 
tement étranger à ses premiers développe- 
ments. Selon cet ingénieux micrographe ; 
l'embryon primitif, qui n’était autre que 
l’animalcule spermatique, était fourni par 
le mû'e , et les organes de la femelle n’a- 
vaient d’autre usage que celui de lui servir 
de réceptacle. 

Dans l'enthousiasme qu'’excita d’abord 
la découverte du zoosperme, on permit à 
Leuvenhoek de le douer d'une puissanee 
assez active pour se construire lui-même 
ses enveloppes, pour se greffer ensuite sur 
un de leurs points au moyen de sa queue 
qui, devenant plus tard le cordon ombili- 
cal, servait de racine à tous les dévelop- 
pements ultérieurs; mais lorsqu'il voulut 
établir sur ces dunnées le système des pré- 
formations animales, lorsqu'il crut distin- 
guer leur sexe et qu'il expliqua de cette 
manière l'égalité de leur reproduction dans 
le règne animal, la méfiance entra dans 
l'esprit des physiologistes, et le ridicule 
suivit de près ses autres déductions. 

Ce fut alors que Boerrhave, régulateur 
du mouvement scientifique dans le dix- 
septième siècle , intervint dans la discus- 
sion , comme il l'avait fait quelques années 
auparavant dans la lutte qui s’était engagée 
entre Malpighi et Rhuysh, au sujet de la 
structure intime des organismes. 

Cette intervention eut pour base l’al- 
liance de l'ovologisme et da zoospermisme. 

Combinant les observations de Malpighi 
avec les expériences de Leuvenhoek, Boer- 
rhave greffa l’animalcule spermatique sur 
la cicatricule de l’œuf, et fit provenir la 
moelle épinière et l’encéphale des évolu- 
tions de cet animalcule, opinion qui fut 
adoptée et soutenue par Haller. 

Le zoospermisme eut donc pour effet de 
déplacer le point de départ del’embryogénie 
en le retirant de l’appareil de la cicatricule 
de l’œufpour l’attribuer à l’animalculesper- 
matique, en faisant produire à celui-ci l’axe 
cérébro-spinal du Système nerveux; les 
évolutions du blastoderme, d’où sortent les 
cellules germinatrices, n’offrirent plus dès 
lors qu’un intérêt très secondaire à côté 
du fait capital qu’on croyait avoir établi. 

Cette phase, donnée par Boerrhave à la 
question qui nous occupe, doit être pré- 
sente à l'esprit si l’on veut apprécier la va- 
leur des recherches de MM. Dœllinger et 
Pander sur la membrane blastodermique. 

MM. Dollinger et Pander ont en effet le 
mérite d’avoir découvert que les orga- 
nismes de l’embryon sortent des métamor- 
phoses de cette membrane, et d’en avoir 
reconnu, dans son plissement, les ébauches 
premières; la description qu'ils donnent 
des plis primitifs est même si précise, qu'on 
aurait lieu d’être surpris que les sacs ger- 
minateurs aient échappé à leur sagacité si 
l’on ne trouvait la cause qui en a détourné 
leur attention. Cette cause est la préforma- 
mation de la moelle épinière substituée à 
l’animalcule spermatique. 

Voicicomment il s'exprime en décrivant 
le blastoderme : 

u Un filament délicat vient s’y ajouter 


831 


comme moelle épinière (sur le blasto- 
deime), et à peine cela est-il fait que les 
plis primitifs se forment et déterminent 
ainsi la membrane de la moelle épinière ; 
et ces plis, servant d’enveloppe à ce fila- 
ment précieux, deviennent les premiers 
fondements du corps. » 

Si l’on arrête un instant sur cette des- 
cription, on reconnait d’abord que les plis 
de la membrane blastodermique nesont pas 
primitifs, mais bien de seconde formation, 
puisqu'ils sont précédés par le trait délicat 
qui représente la moelle épinière et auquel. 
ils sont d'autant plus subordonnés qu’ils 
sont destinés à lui former une enveloppe. 
Le premier terme de l’embryogénie serait 
donc ce filament délicat surajouté au blas- 
toderme et non les deux plis de celui-ci. 

Ce point établi, on se demande ensuite 
d’où sort ce filament délicat qui vient s’a- 
jouter sur le blastoderme ? Quelle est l’o- 
rigine de cette prétendue moelle épinière. 
MM. Dœllinger et Pander ne le disent pas, 
et leur silence à ce sujetest d’autant plus- 
significatif, que l’opinion deBoerrhaveet de 
Haller sur la transformation de l’animal- 
cule spermatique en moelle épinière leur 
était bien connue. Pourquoi n’adoptent-ils 
pas cette transformation? Comment re- 
jettent-ils l’animalcule spermatique dont 
la présence sur le blastoderme leur eût été 
si nécessaire pour compléter leur théorie 
des premiers développements de l’em- 
bryon ? C’est ici que leur réserve ne saurait 


trop être loué; car il est évident que, n’a-- 
percevant ce trait délicat ou leur moelle- 
épinière qu’à la seizième heure de l’incu-- 


bation , ils n’ont pu admettre que ce fila- 
ment eût un rapport direct ou éloigné avec 
l’animalcule spermatique , qui devait être 
présent sur le blastoderme depuis le mo- 
ment de la fécondation, Que serait devenu, 
en effet, l’animalcule pendant les quinze 
premières heures du développement ? Com- 
ment fût-il resté invisible pendant ce temps. 
pour apparaître tout à coup à la seizième ? 
Cette supposition n’était.donc pas compa- 
tible avec l’ordre et la succession des faits 
qu’ils avaient observés. 

Elle devenait possible, au contraire, 
d’après les observations précoces des évo- 
lations du blastoderme faites par MM. Pre- 
vost et Dumas, puisque nos deux physio- 
logistes croyaient avoir remarqué ce trait 
délicat dès avant l’incubation. Si les recher- 


ches ultérieures avaient confirmé le gref-- 


fement sur le blastoderme d’une partie 
étrangère à la cicatricule, l'hypothèse de 
Boerrhave et de Haller sur la conversion 
duzoospermeen axe cérébro-spinal eût reçu 
un degré de probabilité qu'elle était loin 
d'offrir dans les observations de Leuven- 
hock , ainsi que dans celles de Lieberkrunn 
et de Valisneri. Quoi qu’il en soit, le point 
de départ de l’embryogénie, descendu par 
MM. Dœilinger et Pander, fut de nouveau 
remonté par MM. Prevost et Dumas. 
Remarquons toutefois que la transfor. 
mation du zoosperme en moelle épinière 
ne fut pas présentée par nos physiologistes 
dans le sens absolu de Boerrhave et de 
Haller. Loin de là, MM. Prevost et Dumas 
mirent au contraire en regard de cette hy- 
pothèse , un fait nouveau qui la renverse 
en ce qui concerne l’origine de la moelle 
épinière ; ils observèrent en effet que ce 
filament délicat, que ce trait délié, que 
MM. Dœllinger et Pander avaient pris pour 
la moelle épinière, qu’ils considéraient eux 
comme le zoosperme, n'avait sur le blasto- 
derme qu'une existence éphémère tout à 


S32 


fait passagère. De sorte qu'il paraissait n’in- 
tervenir dans les développements que pour 
leur donner l'impulsion, et qu'il s'évanouis- 
sait une fois cette impulsion donnée. 

Il résulte de là que si, en théorie, 
MM. Prevost et Dumas remontaieni le pre- 
mier terme de l’embryogénie, en fait ils le 
plaçcaiént au même point où nous l'ont 
montré nos propres expériences. 

Si le travail de MM. DϾllinger et Pander 
offre la lacune que nous avons signalée, 
relativement à l’origine de la moelle épi- 
nière, l’idée qu'ils eurent de faire de/la 
ligne primitive le pivot des premiers déve- 
loppements , fut cause de ja représentation 
assez exacte de sacs germinaieurs qu'ils 
donnèrent dans leurs figures. L’attention 
plus soutenue que portérent à ce travail 
précoce MM. Prevostet Dumas fit égale- 
ment qu'ils dessinèrent ces sacs avec encore 
plus de précision, bien qu’ils ne les men- 
tionnent ni dans le mémoire, ni dans l’ex- 
plication des planches, Nous aussi nous 
avons donné la même figure, 

On voit done, d’une part, comment l’at- 
tention trop exclusive accordée à la ligne 
centrale du blastoderme a détourné les 
observateurs de l'étude des autres méta- 
morphoses qui s’opérent sur celte mem- 
brane germinatrice; et d'autre part, on 
remarquera que cette attention persévé- 
rante des physiologistes a sa source dans la 
croyance où l’on est resté que cette ligne 
est le rudiment de l'axe cérébro-spinal du 
système nerveux, même aprèsque MM. Pre- 
vost et Dumas eurent constaté son efffa- 
cement. 

Ainsi, un des micrographes modernes 
les plus distingués, M. de Baër, après avoir 
signalé la bandelette blanchâtre , fait déve- 
lopper sur ses côtés les bourrelets des deux 
lignes primitives qu’il nomme lames dor- 
sales ; puis, sous le nom de corde dorsale, 
il introduit dans le problème déjà si com- 
pliqué une nouvelle inconnue. 

Qu'est-ce; en effet, que la corde dorsale, 
à laquelle on attribue une action si puis 
sante sur les premiers développements, 
Nous laisserons l’aut-ur la définir lui-mè- 
me : « La corde dorsale, dit M. de Baër ? 
est ce que tousles auteurs qui prétendent 
avoir vu la moelle épinière de très bonne 
heure ont pris pour cet organe. » Elle est 
donc destinée à remplacer le fœtus préexis- 
tant de Malpigli, lanimalcule spermatique 
de Boerrhave, la moelle épinière préformée 
de MM. Dœllinger et Pander, la ligne pri- 
mitive de MM. Prevost et Dumas, la suture 
des cordons de la moelle épinière de 
MM. Delpech et Coste, et enfin la bande- 
lette primitive de M. Wagner, qui termine 
les interprétations de la ligne centrale du 
blastoderme, 

Dans l'exposé de la bandelette primitive, 
M. Wagner revient à l’idée de M. Pander, 
dont M. de Baër s'était un peu écarté. Se- 
lon cet auatomiste, dont l'opinion est l’ex- 

pression dernière de ce point de la science, 
* «on voit clairement, vers la quatorzième 
heure de lincubation, dans le milieu de 
l'auréole tranparente, le premier rudiment 
de l'embryon sous forme d’une bandelette 
délicate, blanche, ayant une ligne et demie. 
c’est probablement, dit-il, Pébauche pre- 
mière du cerveau et de la moelle épinière. 
Sur ses côtés s'élève, vers la seizième ou 
dix-huitième heure, une paire d’élévations 
nouvelles symétriques : ce sont les lames 
dorsales ou spinales, ou les plis primitifs de 
Pander. 
Quant aux sacs germinateurs, ils sont 


833 


faiblement indiqués,par laraison que MM.de 
Baër et Wagner ont fait usage de figures 
schématiques. 

Si quelque chose de positif ressort de ces 
diverses opinions, c’est évidemment que 
la ligne diamétrale de l'aire germinatrice 
n’était pas encore déterminée; et la cause 
de cette indétermination nous paraît avoir 
sa source dans la persévérance que met- 
taient les physiologistes à vouloir trouver 
l'embryon à une époque des développe- 
ments où il n’en existe pas de trace. 

Pour reconnaitre les premières traces 
de l’embryogénie, il fallait donc réduire le 
problème à une question de fait, et'em- 
brasser dans son entier l’ensemble des mé- 
tamorphoses et des évolutions du blasto- 
derme, C’est ce que nous nous sommes 
efforcé de faire, en suivant dans tous leurs 
détails la formation des sacs germina- 
teurs. 

Un fait cependant sur lequel nous ne 
saurions trop fixer l’attention des physio- 
logistes, c’est le parfait accord des obser- 
vateurs sur les bases d’une des questions 
les plus difficiles de la physiologie, 

Depuis le Mémoire de M. Pander et nos 
recherches sur l'anatomie comparée du 
système nerveux, depuis surtout le beau 
travail de MM. Prevost et Dumas, tous les 
anatomistes ont reconnu, en premier lieu, 
que l'embryon était le produit des méta- 
morphoses du blastoderme. En second lieu, 
tous ont signalé les trois lignes primitives 
qui apparaissent sur cette membrane, et 
les ont reconnues pour le début des irans- 
formations d’où l'embryon va sortir. En 
troisième lieu, tous ont constaté que, de 
ces trois lignes primitives, il y en avait une 
au centre et deux sur les côtés. 

Les bases du problème relatif au point de 
départ de lembryÿogénie sont donc défini- 
tivement posées ét acquises à Ja science. 

Reste maintenant à fixer avec précision 
le premier terme des développements de 
l'embryon : c’est ici que commence le mé- 
saccord et que ics opinions se sont par- 
tagées. 

Les observateurs qui nous ont précédé 
ont cru reconnaitre que la ligne centrale 
apparaissait la première, et ils Pont regar- 
dée comme le premier terme de lembrjo- 
génie, en la prenant, soit pour l’animal- 
cule spermatique, soit pour la moelle épi- 
niére, soitpour les rudiments de cet axe 
nerveux, soit pour la suture de ses deux 
lames d’origine, soit pour l’ébauche de l’axe 
cérébro-spinal, soit enfin pour une corde 
dorsale. 

Nos expériences de 1818, 1819 et 1820, 
pour déterminer l’origine de la moelle épi- 
nière, celles que nous avons faites en 1840, 
1841et 1842, pour fixer les règles de l’orga- 
pogénie, nous ont montré le contraire. 

Elles nous ont montré que les deux lignes 
latérales précédaient constamment celle 
qu'on aperçoit plus tard sur l’axe du blas- 
toderme; de sorte que les deux premières 
sont primitives, tandis que la troisième est 
conséculive ou de seconde formation, 

Cela posé, c’est-à-dire l’apparition pre- 
mière des lignes latérales constatée, nous 
en avons suivi le développement, et nous 
avons vu leur métamorphose donner nais- 
sance à deux cellules ou à deux sacs germi- 
nateurs, situés l’un à droite et l’autre à 
gauche de l’axe de la membrane blastoder- 
mique. 

C'est alors qu’en suivant d'heure en 
heure cette évolution, nous avons pu con- 
stater que la ligne centrale, qui nest autre 


83% 
que cet axe même, est produite par le vide 
que laissent entre eux les deux bourrelets 
du blastoderme au moment où ils se réflé- 
chissent pour former les cellules germi« 
natrives. 

Il suit donc de ces recherches que les 
développements de l'embryon ne débutent 
pas par l'apparition de l’axe central du 
système nerveux; mais bien par la mani- 
festation de deux cellales, ou de deux sacs 
germinateurs, que l’on peut considérer 
comme leur point de départ, ou le zéro de 
l’'embryogénie, qui depuis Aristote a tant 
occupé les physiologistes. 

On concoit, d’après ce qui précède, que 
rien ne manquerait à notre détermination, 
et qu’elle offrirait les caractères d’une dé- 
monstration anatomique si, plus tard, la 
série des développements nous montrait 
l’effacement de cette line centrale, et si, 
à la place qu'elle occupait, ou dans l’es- 
pace vide qui la dessine, nous voyions 
apparaître les rudiments de la moelle épi- 
nière. 

On conçoit également que la dualité pri- 
mitive des organismes, dont les deux sacs 
germinateurs sont les représentants, y 
trouverait une nouvelle confirmation, si 
nous observions les rudiments du système 
nerveux, à partir d’abord de Ja faceinterne 
de ces deux sacs, puis se diriger l’un vers 
l’autre, puis se réunir après avoir été ame- 
nés au point de contact, et constituer par 
cette réunion l’axe nerveux du tronc au- 
tour duquel vont désormais se développer 
tous les autres organismes. 

Or ces deux ordres de faits, qui sont, 
comme on le voit, la conséquence du fait 
primordial que nous venons d’exposer, fe- 
ront le sujet de notre second Mémoire 
sur les dévéloppements primitifs de l'em- 
bryon. 


, 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Machine pour faire les clous des fers à 
cheval. 


M. 3. Christian vient d'établir une ma- 
chine pour la fabrication des clous qui sont 
destinés à fixer les fers sur les sabots des 
chevaux, On sait que ces clous sont d’une 
forme tout à fait différente de ceux en 
usage dans l’industrie; ils présentent une 
plus grande longueur de tige à section rec- 
tangulaire et une forte tête pyramidale. 

L'auteur a eu l’idée de forger ces clous 
au mouton, à chaud , et par un seul coup 
de balancier. Le principe de sa machine 
repose sur un phénomène assez curieux : SÈ 
l’on perce un trou très-petitaucentred'une 
enclume ou d’un marteau, et qu'on pré= 
sente à l’entrée, préalablement éridée, un 
petit cylindre de fer chauffé au rouge blanc, 
tout ce fer passe, après le choc, dans la pe= 
tite ouverture. L'auteur assure qu’ayec les 
dispositions qu'il a adoptées pour couper 
le métal, le présenter à l’action du mouton 
et chasser le clou, il peut confectionner 

uinze à vingt fois.plus de clous très doux 
et d’une malléabilité parfaite, que le forge- 
ron qui n’en fait tout au plusque cinquante 
à soixante par heure. (Publication indus= 
trielle de M. Armengaud, 3 vol., 2° li.) 


ARTS CHIMIQUES: 
Préparation d'une colle, végétale dite colle 
marine; par M. Jeflery. 

Cette colle, qui est très-adhésive, élas= 
tique et insoluble dans l’eau , et sert prin= 


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1835 

cipalement à réunir les pièces de bois em- 
ployées dans les constructions navales , se 
prépare de la manière suivante : F 


4° On fait dissoudre dans 4 gallons (18 li- 


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Î On agite de temps en temps, Jusqu à cCom- 
‘ plète dissolution du caoutchouc, et lorsque 


«le mélange a acquis la consistance de crème 


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| d’un tuyau de décharge, et qu’on place sur 
le feu. Pendant que la matière chauffe, on 
la remue constamment pour rendre la 
combinaison bien intime. Le composé qui 
en résulte est la collemarineaucaoutchouc, 
qu’on retire chaud du vase de fer, par le 
tuyau de décharge, et qu’on étend ensuite 
sur des dalles pour refroidir, après quoi on 
la brise et on la conserve pour l'usage. 
2° L'auteur prépare une seconde espèce 
de colle sans caoutchouc, en mélant en- 
semble une partie en poids de naphte brut, 
et deux parties aussi en poids de gomme 
laque ou plutôt de laque en écailles, et 
en opérant comme ci-dessus. 
Quand on veut se servir decette colle, on 
‘la fait chauffer dans un vase de fer à la tem- 
pérature de 124° centigr. environ, et on 
l’applique chaude à l’aide d'une brosse sur 
les surfaces qu’on se propose de réunir, en 
ayant soin de l’étendre en couche bien uni- 
forme. On rapproche ensuite les pièces de 
bois et on les serre fortement; comme la 
température de la colle s’abaisse aussitôt 
qu’elle est étendue et qu’elle durcit, il faut 
Ja ramellir en la ramenant à 60° centigr., 
ce qui se fait en passant dessus des fers 
| chauds; on doit alors saisir le moment 
. pour rapprocher les surfaces et les serrer à 
l’aide de frettes chassées par des coins. 
Lorsque les surfaces de contact sont bien 
dressées, l’auteur applique une couche 
mince de colle sur chacune; mais, si elles 
présentent des inégalités , la couche de 
colle doit être assez épaisse pour remplir 
ces inégalités. 
M. Jeffery emploie sa colle marine non- 
seulement pour la réunion des pièces de 
mâture et autres, mais aussi pour la répa- 
ration des pièces fendues en remplissant les 
| crevasses de colle portéea 121 centigr. Il 
| fait observer qu’on peut varier la propor- 
| tion des ingrédients suivant les circonstan- 
« ces. Ainsi, en employant une plus grande 


| 
1 quantité de laque, la colle prendra plus de 


+ consistance, seraplusdureet résisteramieux 


| aux intempéries de l’air , tandis qa’en aug- 


mentant les doses de naphtes ou de caout- 
chouc, la colle acquerra plus de douceur 


5) et d'élasticité. 


| 
ou 


ÉCONOMIE INDUSTRIELLE, 


! Nouvelle disposition des bassines & cuire 
À 


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d t} 


le sucre; par M. Stillman. 

| M. Stillmann , ingénieur américain , 
Là . 

| chargé de monter des machines à vapeur 

| pour les sucreries dans l’île de Saint-Croix, 


fourneau établi sous les bassines à sucres 
pour générer la vapeur ; pour cette effet, 
ila placé la chaudière derrière l’équipage 
des bassines, et il a profité ainsi du même 
feu, sans augmenter la consommation du 


| a eu l’idée d’utiliser la chaleur perdue du 


836 


CEE LIU 
combustible. Ce résultat économiqé à été 


obtenu de la manière la plus complète. 

L'auteur a également appliqué la vapeur 
à la cuisson du sucre dans le vide; il a em- 
ployé des bassines de tôle à double fond, 
traversées par une série de tuyaux en cui- 
vre daus lesquels on fait circuler la vapeur 
provenant de la chaudière. En adaptant une 
soupape de sûreté au tuyau de sortie, il est 
parvenu à maintenir une pression modérée 
dans l’intérieur de l'appareil etaévaporer et 
concentrer la totalité du jus, en supprimant 
une partie de l'équipage des bassins en cui- 
vre. 

C’est un point admis en pratique que 
plus l'évaporation du jus de canne se fait à 
une basse température et plus on donne 
d’étendue aux surfaces de chauffe, moins 
on a à craindre l’altération de la matière 
sucrée ; et comme la cristallisation est alors 
plus parfaite, on obtient une plus grande 
quantité de sucre et de meilleure qualité. 
Ces avantages sont obtenus en opérant la 
cuisson du jus dans le vide, à l’aide de la 
circulation de la vapeur. 

Cet appareil marche depuis deux ansavec 
suecès dans une sucrerie de l'île de Sainte- 
Croix et dans celle de Don Gaspar Hernan- 
dez, à Cale. (Civil engineer's journal, sep- 
tembre 1842.) 


SCIENCES HISTORIQUES. 


INSTITUT HISTORIQUE. 

Le neuvième Congrès historique s’ou- 
vrira le dimanche 14 mai, dans le palais 
du Fuxembourg. 

Dans ce neuvième Congrès les questions 
suivantes seront discutées : 

PremiÈrg CLassE (Aistoire générale et 
histoire de France). 1. Quels sont les ca- 
ractères des peuples primitifs, et chez 
quelle nation de l'Europe pourrait-on les 
retrouver ? 

2. De tous les peuples qui couvrent la 
surface du globe, quel est celui dont lori- 
gine remonte à la plus haute antiquité? 

3. Analyser les principaux ouvrages pu- 
bliés sur les origines gauloises, et faire 
ressortir l’importance des résultats que 
semblent promettre de nouvelles recher- 
ches comparatives sur les monuments drui- 
diques, les monnaies celtiques et les tradi- 
tions locales. 

4, Déterminer par l’histoire quel était 
dans les Gaules l’état des arts industriels 
avant et depuis les invasions des Romains 
jusqu’à la chute de l'empire. 

5. Faire l’histoire des symboles adoptés 
par la France, par ses provinces et par ses 
villes, dès les temps les plus reculés. 

6. Déterminer quelle part ont prise les 
navigateurs français à la découverte du 
continent américain. 

DEuxIÈME CLasse (Histoire des langues 
et des littératures). À. Quelle est l'influence 
que les langues germaniques ont exercée 
sur les langues romanes? 

2. Quelle a été l'influence de la langueet 
de la littérature espagnole sur la langue et 
la littérature françaises? 

3. Quelle a été l’influence de la langue 
et de la littérature italienne, sur la langue 
et la littérature françaises. 

À. Quelle influence le romantisme exer- 
ce-t-il sur la langue française ? 

TROISIÈME CLASSE ( Histoire des sciences 
physiques, mathématiques, sociales et philo- 
sopluques). 1. Rechercher les influences 
exercées sur la durée de la vie humaine 


837 


par ie cninar, es nebitudes ; le régime et 
le tempérament. 

2. Rechercher, à l’aide des monuments 
poétiques , historiques et philosophiques, 
ce que les peuples ont entendu par le mot 
Lor, aux différentes époques de leur civi- 
lisation. 

3. Comparer les divers systèmes de colo- 
nisation des Grecs, des Gaulois et des Ro- 
mains. 

4. Rechercher à laide de l’histoire 
quelle a été l’inflience de l'hygiène des 
pythagoriciens sur les doctrines médicales 
enseignées jusqu’à nos jours , et surtout 
sur celles d Hippocrate. 

5. Quelles sont les causes qui ont pré- 
paré et amené la chute des Tarquins et 
l'abolition de la royauté à Rome, et quelle 
influence ces grands événements ont-ils 
exercée sur les destinées du peuple romain? 

6. Faire l'analyse comparée des législa- 
tions mérovingienne, bourguignone et vi- 
sigothe. 

7. Quel était état de la législation en 
France avant la découverte des Pandectes, 
et quelle a été l'influence de cette décou- 
verte sur notre législation ultérieure? 

8. De quelle utilité ont été à la chré- 
tienté les ordres religieux et militaires? 

9. Quelle a été l'influence de la migra- 
tion des peuples au 1v° et au v° siècle sur 
l’état social et intellectuel de l'Europe ? 

10. Quelle a été l’influence des Normands 
sur la civilisation de l'Angleterre? 

11. Quelle influence l'irruption des Tar- 
tares a-t-elle exercée sur les destinées de 
la Russie ? 

12. Quel degré de connaissances ma- 
thématiques suppose la construction 
des grandes cathédrales des xini, xive et 
xve siècles? 

13. Dela civilisation au x1x. siècle, 

14. Quelle influence peut avoir la forme 
présente des institutions du Brésil sur les 
institutions des autres états de l’Amérique 
méridionale ? 

15. Faire l’histoire des puits artésiens, 

QUATRIÈME CLASSE (Hisiotre des beaux- 
arts). 1. Exposer, d’après les téxtes et les 
monuments , quels étaient les principaux 
usages observés par les Romains dans les 
festins, au temps de la république et de 
l’empire. 

2. Caractériser par l’histoire l’origine, 
les progrès et la décadence de l'architecture 
gothique. 

3. Résumer l’histoire de l’art chez les In- 
diens. 

ARCHÉOLOGIE. 
Arrondissement de Saintes, canton de Saintes, 
(Charente-Inf.) 

Commune DE VENÉRAND : du latin vene- 
randa, sans doute de quelque chapelle, ou 
peut-être de la source dont les eaux ont 
été conduites par les Romains dansl’aque- 
duc du Douhet. On voit encore dans cette 
commune des restes d’un castllum aque. 

La branche qui naît à la fontaine de 
Vénérand pour se rendre à l’aqueduc du 
Douhet, a été décrite par La Sauvagère et 


par Bourignon (Antiq., p.135). Le premier . 


a pensé que la fontaine de Vénérand n’é- 
tait que la continuation en ligne droite de 
l’aqueduc jusqu’à la Grañd-Font du Dou- 
het. Bourignon, lui, pense avec juste rai- 
son que cette fontaine était distincte, et 
communiquait avec l’aqueduc par un em- 
branchement, et ne fournissait sa colonne 
d’eau que dans les circonstances où cela 
était nécessaire. On trouve, dans le mou- 


838 

lin, que cette fontaine fait tourner, 
restes de construction antique. L'eau en 
sortant de sa source se perd sous terre, 
par un trou naturellement creusé dans le 
rocher. Ce trou avait été bouché par les 
Romains, et on voit encore les restes de la 
maconnerie qui servait à le masquer. Une 
voûte avait aussi été bâtie pour la con- 
duite des eaux. Elle est taillée dans le ro- 
cher, et revêtue en dedans, d’un ouyrage 
en maçonnerie, haut d’un mètre 73 centi- 
mètres. Les vestiges de ce canal se font;re- 
marquer en plusieurs lieux, jusqu'&.Ja: 
tonne, point de jonction de Font-Giraud.et 
de Vénerand. 

L'opinion générale dans le pays, est que 
l’eau de la fontaine de Vénérand se rend 
au gros roc dans la commune de Saint- 
Vaize, et que de là, elle était conduite par 
le pont romain quiexistait au village de la 
-Grand-Porte à Saintes, par les coteaux des 
vinets et de la pommeraye. }: 

L'eau de la fontaine de Vénérand dépose 
beaucoup de carbonate de chaux sur les 
corps qui sont immergés. 

Le Braud, proche Vénérand, est un lieu 

dont le nom est celte et signifie jeune tau- 
reau. 

Dans toute cette partie de Ja Saintonge, 
les sillons des champs sont appelés rer- 
sennes, du latin a versu. 

CommunE DE Fonp-CouverTE : dans des 

_-pouillés du diocèse de Saintes, le hameau 
chef-lieu de cette commune est appellé 
Fons-Coopertus. Son voisinage de l’aque- 
duc du Douhet qui passe sur son territoire 

lui a valu, sans nul doute, cette dénomi- 
nation. L’aqueduc qui conduisait les eaux 
de Fond-Girauld à Saintes, a laissé des 
traces évidentes sur le chemin avant d’ar- 

river au village, puis dans une vigne pro- 
che Montignac, et eufin à la Grimoderte, 
ou village du diable. Des murs jadis très 
enfoncés sous le sol, sont aujourd'hui à dé- 
couvert dans plusieurs endroits,et À trente 
pas de Fond-Couverte ; on observe une 
portion de canal, creusé dans la pierre, et 
enduit de ciment rougeâtre, ayant 54 cen- 
timètres de largeur sur 61 de haüteur. On 
reconnaît par les tracés de sédiment que 
l’eau y a monté de 24 céntim. De ce point, 
l’acqueduc se continuait sur le village de la 
Grimoderie, où il en existe des ruines, 
puis au vallon des #rs, dont mous avons 
déjà parlé. À la Grimoderie on voit encore 
des maisons entées sur des murs romains, 
Grin’od, en celte, signifie un souterrain, 
un canal, uu chemin couvert. 

A Mouille-Pied , métairie de cette com- 
mune, le sol est jonché de débris d’édi- 
fices romains, bâtis-en:pierres de petit ap- 
pareil. On y a: trouvé :des moulures en 
marbres de diverses couleurs, des vases, 
des ustensiles en ferietieu:-bronze et beau- 
coup de verroteries. Sans nul doute, 1l ÿ à 
eu en ce lieu une pilla de quelque riche 
Gallo-Romain. 


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uLo 


Librairie médicale de Me V' HILDEBRAND, 


839 
LA CnaPELLE-DEs-rors : l’église 
du hameau ehef-lien de cette commune 
est sous le vocable de Saint-Fronton, elle 
doit être fort ancienne, mais je n’ai pas 
encore pu aller Ja visiter. On appelait 
Chapelle, oratoire des rois, à cause de la 
Chappe de Saint-Martin, patron des Gaules, 
dont elles possédaient une relique : propter 
cappan sancti Martini. Dans cette com- 
muue sont établies depuis un temps immé- 
morial des fabriques de poteries communes 
et de faiences blanches à fleurs vivement 
peintes, créées alors que Palissy habitait 
Saintes, sans nul doute. 

Commune De CHamiens : Le nom du village 
chef-lieu de la commune est celte et doit 
s’écrire Chapniers où Chénier. I] vient de 
quercus hereus ouquerceti sacerdos, le culte 
du chêne. 

Les Scythes, dit Athenée, avaient fait du 
chêne le symbole des divinités bienfai- 
santes. Maxime de Tyr rapporte que les 
Celtes adoraient Jupiter sous la forme d’un 
chêne. 

Souvent une branche de chêne repré- 
sentait l’arbie entier, et les Druides n’of- 
fraient jamais un sacrifice sans en avoir 
un rameau à la main. Le dieu Fodun des 
Saxons et des Germains, ou Voden des 
Celtes, était le dieu des forêts, et le mot 
Fooden consacré dans les langues du Nord 
désigne une forêt. Les Romains ont donné 
à Jupiter le surnom de querquetulanus du 
culte qu'ils lui rendaient sur le mon Cælius 
au milieu d’une forêt de chênes. Les chênes 
étaient donc les Jovis arbores, parce que 
leur gland avait servi à la nourriture des 
premiers hommes, ‘4 à quercu, comme 
dit Homère. 11 s’agit du chêne a gland doux 
d'Italie et d'Espagne, et nullement de notre 
chêne à glaud àpre et astringent. 

Les Celtes et les Germains conservèrent 
de leurs pères le culte traditionnel et la 
vénération qu’ils portaient au chêne. Cet 
arbre, par son port et par les services qu’il 
leur rendait, était pour eux l’'embléme de 
la patrie. C'était le séjour des Druides ;. le 
sanctuaire du culte dont les Dolmens 
étaient les autels. La profondeur des forêts, 
l’oinbre mystérieuse, la sainte horreur 
qu'ils y puisaient, le gui sacré qui venait 
s'implanter, mais rarement, sur ses ra- 
meaux, tout concourrait à faire du chêne 
Varbre par excellence. Les Druides ti- 
raient leur nom du cello-galiois Derwyde 
din, vir pisci quercini, undè Druidæ, per 
antonomasin querquetulani viri dicti. Der- 
wyddin, vient donc du celte der, derven, 
chêne, et wydd gui (Pline, lib. 16, cap. 44, 
p. 342). R.-P. Lesson. 


Caoatax ever vs 


s= a UN D 


GÉOGRAPHIE, 


Le départ de M. Lesson pour les îles Marquises 
nous force de suspendre la série des articles dont 
trois ont déjà paru. Nous la reprendrous au mois de 
juin prochain. Nos lecteurs n’ont qu'à gagner à ce 
retard , l'auteur ayant desiré revoir sur les lieux 


15, ruê de l’École-de-Médecine. 


ANNALES 


ANATOMIE 5 PHYSIOLOGIE 
PATHOLOGIQUES 


Pusuéus rar J.-B PIGNÉ. 
Couservateur du Muséum DUPUŸTREN, 
Ancien secrét. et Vice-Président de la Société Avatomique. 


Chaque mois uneli- 
vraison de 40 pages de 
texte in-4°, de 2? plan- 
<hes noires ou coloriées, 
suivant le sujet, 


Ces Annales, publiées sous la forme d'un journal mensuel, formeront un tout complet, 
dans lequel sera réuni tout cequi a trait au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo- 
ique ; une Iconograz hie d'une exécution parfaite, retracera les types de chaque altération; 
esmédecins y trouveront la représentation des faits importans conservés dans le Muséum 
Drrcyrnex. Le conseil de santé des arn.ces a approuvé celte publication en la faisant placer 


dans les bibliothèques des hôpitaux militaires, 


prix: Paris 25fr. 
Départ.28 » 
Btrang.32 » 
on nereçoit queles 
lettres affranchies. 


————— ———— ——— —————————— — ——]—.———————————_—_—]_—————————_—— 


Librairie de MEILHAC , cloître Saint-Benoît, 10. 


DU DÉPARTERMENT DE LA VIENNE, 


Ouvrage rédigé sur un plan nouveau à l'aide duquel on pars 
vient l'acilement à la détermination des plantes par, le coucours de 
deux méthodes, se servant de contre-épreuve l’une à l'autre. 
L'auteur y joint une clef analytique où les plantes sont désignées 
par leur nom français, un vocabulaire explicatif des termes tech= 
piques, et quatre belles planches parfaitement dessinées. 


Pars. — Ip. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 


mêmes les dernières parties de son travail avant de 
les livrer à l'impression, 


RER ARR 7 DEEE LE LP RE DO) 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


a 


FAITS DIVERS. 


La Société de géographie tiendra la première as 
semblée générale de 1845 le vendredi 12 mai, à} 
sept . heures et demi du soir, dans une des salles de 
l'Hôtel-de-Vile, sous la présidence de M. Cunirew 
Gridaine , ministre de l’agriculture et du commerce. 

— M. Gouvon, envoyé d'Angleterre auprès de la 
république du Paragnay, ayant voulu essayer d’y in=r 
ne la ae ee de ant RL À 
champ. 11 paraït que les cinq consuls qui ont rem-» 
placé le dictateur Francia, se montrent encore plus ù 
hostiles que lui aux innovations, et que cette af 
faire les a déterminés à fermer de nouveau l'accès f 
du pays aux étrangers. 


FR 
“4 


— M. le chevalier Bonafous a cffert à la Société 
royale agraire de Turin le don d’une médaille en orM 
de la valeur de 400 livres, à l'effigie de l’auguste 
fondateur de la Société, pour être décernée à l’au-" 
teur de la dissertation sur le sujet suivant : 13 

Démontrer jar des faits et par le raisonnement il 
quelle influence la culture des rizières peut avoir 
sur la santé de l’homme, et indiquer les moyens 
hygiéniques les plus efficaces pour concilier cette 
culture avec la santé des personnes exposées à son 
influence. 

La société, ayant accepté l’offre , a statué ce qui 
suit : 
| 4. Les ouvrages des concurrents devront être en- 
voyés (francs de port), avant le 4€r janvier 1844, au MW 
secrétariat de celte société. Si, dans ce délai, on ne 
recevait pas de mémoire digne du prix proposé , le 
concours resterait ouvert jusqu’au 427 janvier 1845; 
et si, à celte époque, il n’y avait pas lieu non plus 1 
à assigner le prix, la question serait retirée du 


concours. om 3 

2 Les. mémoires, pourrunt ètre écrits en langue 
italienne ou en langre francaise. Aa: F 

Les niémoires ne seront pas signés parlesau- 
teurs, mais seulement ils porteront une épigraphe 
qui sera répétée dans un billet cacheté, dans le- 
quel seront écrits le nom, le prénom, le lieu de | 
naissance et le demicile de l'auteur. Le nom dut 
vainqueur sera proclamétrois mois après le terme M 
fixé pour la présentation des mémoires. | 


Je $ | 
BIBLICGRAPHIE. H 


EXTINCTION GRADUELLE du paupérisme au 
moyen du rétablissement de l'équilibre ertre le 
prix des salaires des ouvriers et le prix des aliments; 
par J. Bonhomme-Colin. 


HISTOIRE des antiquités de Laigle et de ses en< |! 
virons, comprenant des recherches historiques sur y 
les invasions des Romains, des Franes et des Nor- 
mands dans les Gaules, sur l’origine de Verneuil, etc. 
Ouvrage posthame de J. F. Gabriel Vaugeois. 
Edité et publié par sa famille. A Laiïgle, chez Bre- 
dif. 

FRAGMENT J'un voyage dansle Chili ct au Cusco 
patrie des anciens Incas; par Claude Gay. 

ASIE CENTRALE. Recherches sur les chaînes 
de montagnes et la climatologie comparée; par A: 

. de Humboldt. À Paris, chez Gid, rue des Petits- 
Augustins, D. < 


Er F4 ED ER ET 


ANALYTIQUE ET DESCRIPTIVE 


7 


4 vol. in-8. 


BALE 


rue Saint-H\ acinihe-S.-Michel, 33, 


e année. 


| 


J 40. 


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du et 


M 


DU N 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Dimanche, 14 Mai 1843. 
Ke 


N 


N° 36. 


SAVANT. 


L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUIMDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de !,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’ahonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Mesggsies Prix du journal : PAR:8 pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50!, trois mois 7 {r. — DÉPARTEMENTS 50 fr., ’Gfr., 
8 fr. 50: AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripleurs peuvent recevoir pour GEKQ:fr.- par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 

" encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


| SOMMAIRE, — SCIENCES PHYSIQUES. | est produit par un seul couple; ils ont 


PHYSIQUE. De l’action chimique d’un eu! cou- 
»  ple voltaique et des moyens d'en augmenter la 
puissance; de la Rive. — Sur les taches circu- 
laives de Priestley formée par des étincelles élec- 
| triqués très faibles ; Mateucei. — PHYSIQUE 
APPLIQUÉE. Sur l’oléomètre de M. Laurot ; Gi- 
|  xardin, Person et Preisser. — CHIMIE APPLI- 
“ QUÉE. Nouveau procédé de purification de l'air, 

“ Payerne, — SCIENCES NATURELLES. MI- 
“  NERALOGIE. Pépite d'or trouvée dans l’Oural. 

 — ANATOMIE. Conservation des substances 
animales pour les préparations anatomiques; 
- Pabbé Baldacconi. — ZOOLOGIE. Nouvelle es- 

pèce d'oiseaux du Pérou ; Lesson. — SCIENCES 

APPLIQUEES. — ARTS CHIMIQUES. Per- 
| fectionnement dans la fabrication des chandelles ; 

“ Palmer, — ÉCONGMIE DOMESTIQUE. Eclai 


ralions sur les céréales ; Loiseleur Deslongchamps. 
|  — MAGNANERIU, Sur les moyens de prévenir 
| la muscardiue; Benjamin Cauvy. — SCIENCES 
|: HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES 
BIORALES ET POLITQUES, Séance du 6 mai. 
| — LINGUISTIQUE : Essai d’une grammaire dela 
M langue des îles Marquises; Lessone — GÉOGRA- 
PHIE. Société de géographie, séance du 12 mai. 
—- ARCHÉGLOGIE. Notice sur l’église Notres 
Dame-des-Miracles, à Mauriac; Delalo. 


Des te 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


L 

… De Paction chimique d’un seul couple vol- 
taïque etdes moyens d'en augmenter la 
puissance; par M. À de la Rive, de 
Genève. 


Une lame de ziuc et une lame de platine 


ll plongent, sansse toucher, dans un même 
‘" lijuide conducteur; ces deux lames sont 

… unies extérieurement au liquide par un fil 
1 métallique ; aussitôt il s'établit un courant 


‘« dans le circuit qu'on a ainsi formé : ce cou- 
"a 


« rant peut produire de puissants effets calo- 
rifiques et magnétiques. 

Mais si le fil métallique qui unit exté- 
rieurement les deux lames du couple est 
interrompu par un conducteur liquide, et 
| siles portions du fil qui communiquent. 

axec le liquide sont en platine , le courant 
vepasse plus ou du moins passent très mal. 
| Houtefois un galvanomètre sensible, placé 

dans le circu.t, indique encore le passage 
| d'un léger courant, et la faculté qu’ac- 
. quiérent les fils de platine qui ont servi à 
| mettre le liqu'de dans le circuit, de donner 
ensuite naissance eux-mêmes à un courant 
secondaire, semble démontrer qu'il y a eu 
une d'composition électro-chimique, quoi- 
qu'en apparence cette décomposition ne soit 


wf pas sensible, 

IN Plusieurs physiciens, d'abord M. Bec- 
ir, querel père, longtemps avant tous les au- 
A tres, puis MM. Henrici, Martens, Grove, 
L Scho:nbein , Edmond Becquerel, ont 
KE éberclié à étudier l'effet du passare à tra- 


versrn liqu'de ‘on lncteur du courant qui 


rage par l'alcool. — AGRICULTURE. Considé-} 


réussi à opérer cette transmission en sub- 
stituant à l’un du moins des électrodes en 
platine . un électrode d’une autre nature 
ou de l'éponge de platine ; mails ils ne se 
sont pas spécialement occupés des moyens 
de transmettre le courant quand les deux 
électrodes sont également des lames ou des 
fils de platine. C est ce cas que j'ai désiré 
examiner de plus près en employant pour 
liquide de l'eau distillée mélangée avec une 
proportion d’acidesulfarique d'environ 1710 
en volume. 

Un couple à force constante, chargé 
avec du sulfate de cuivre et de l’eau salée, 
et dans lequel le diaphragme était en bois, 
wa point décomposé l'eau d’une manière 
sensible, quoique les électrodes fussent 
très rapprochés (à un centimètre de dis- 
tance seulement) et qu'ils présentassent 
chacun une surface de 16 centimètres car- 
rés au moins. Un galvanomètre peu sen- 
sible , placé dans le circuit, indiquait aux 
premiers instants 20 à 25 degrés et se fixait 
à 5 où Gdecrés de déviation; et les élec- 
trodes donnaient naissance, après l'inter- 
ruption un circuit, à nn courant secon- 
daire de près de 90 degrés. Il y avait:eu 
évidemment un commencement de décom- 
position chimique assez vif, puis cette dé- 
composition s'était ralentie et était devenue 
insensible. Présumant que l’adhérence des 
gaz dégagés à la surface de platine des élec- 
trodes pouvait être la cause de ce ralentis- 
sement, je plaçai l'appareil où s’opérait la 
décomposition sous une cloche dans la- 
quelle on pouvait faire le vide. Aussitôt que 
j'eus fais le vide , queiqués bulles de gaz 
très fines s'échapperent ide la surface du 
platine, et le galvanomètre indiqua üne 
déviation de {0 à 12 devrés, ce qui prou- 
vait que le courant avait au moius doublé 
d'intensité. Toutefois bientôt le galvano- 
mètre retombait à 5 ou 6 degrés, et il fal- 
lait donner de nonyeau quelques coups de 
piston pour le ramener à 10 ou 12 degrés. 
Les gaz adhèrent tellement à la surface du 
platine, que , même dans le vide le plus 
parfait, ils ne quittent pas complétement 
ces surfaces; néanmoinsl'expérience prouve 
qu'ils s’échappent en partie et rendent ainsi 
la transmission du courant plus facile. C'est 
surtout vrai pour l'hydrogène, car l’adhe- 
reuce de loxi;èue au platine est une véri- 
table combinaison chimique, ainsi que j'ai 
déjà eu occasion de le faire remarquer ail- 
leurs, observation confirmée par d'autres 


faits dont il sera question plus loin, L'a-- 


dhérence de l'hydrogène à l’électrode de 
platine m'a fait présumer que c’est égale 
ment à l'adhérence de ce gaz qu'on doit at- 
tribuer l'absence presque absolue d’action 


1 


chimique qu'éprouve une lame de zinc. 


amalgame ou ane lame de cadmium plon- 
gée dans lacide sulfurique étendu quand 


elle est isolée. Or l’action chimique a liex 
au premier iastant de, l'immersion, mais 
es bulles d'hydrogène qui se dégagent for- 
ment un couche mince adhérente à ja sur- 
face des métaux qui protège cette surface 
contre ‘toute action chimique ultérieure. 
Pour prouver que les cuoses se passent 
ainsi, J'ai placé sous la cloche de la pompe 
pneumatique, tantôt un morceau de zinc 
amalsgamé, lantôt un morceau de cadmium 
plongé dans de l’eau distillée qui renfer- 
mait 1720 d’acide sulfurique en volume. 
Aussitôt que le vide a été opéré, on a vu 
les bulles se dégager avec abondance de la 
surface de l’un et de l’autre métal, et une 
action chimique très vive a eu lieu. Dès 
qu'on rendait l'air, les bulles de gaz encore 
adhérentes aux métaux s’aplatissaient im- 
médiatement, la surface métallique prenait 
un aspect mat dû à la couche de gaz, et 
l’action chimique cessait tout à fait ou per. 
dait beaucoup de sa vivacité. Deux lames 
de cadmium ayant été plongées dans de 
l'eau aciduite, l’une dans le vide, L 

dans l'air, la première avait perdus nt 


grammes et la seconile 3 seulement éerbout K 


. g L £S F4 
de vingt: qua’re heures; elles pesatént l’ 
et l'autre 20 grammes et présager 
même surface à l’action chimid 


guide. Ainsi la:pression atmosphék 


qd'é,cen ; 


facilitant adhérence de l’hydrogète-auxi S 
surfaces métalliques, peut être un be 


à la continuation de certaines actions © i- 
miquesqui n'ont lieu que dansles premiers 
instants. Ce point de vue serait peut-être 
intéressant à suivre dans d’autres cas d’ac- 
tion chimique. 

Convaincu par les expériences qui pré- 
cèdent que le véritable chstacle à [a trans- 
mission du courant d’un couple à travers 
un liquide conducteur est la formation des 
premieres couches gazeuses sur la surface 
des électrodes, j’ai cherché les moyens de 
faire disparaitrecet obstacle en enlevant ces 
couches. Le véritablermoyen c’est de faire 
arriver alternativemeñtsur chaque élee- 
trode de l’oxygène.et-de l'hydrogène. Dans 
ce but, j'aifait construire un commutateur 
qui, interposé dans le cireuit, rend le cou- 
rant discontinu et dirigé alternativement 
ensens contraires. Aussitôt le courant d’un 
simple couple est transmis à travers le = 
quide condccteur, et les électrodes de pla- 
tine se recouvrent au bont de quelque 
temps, comme j'ai montré que cela arrive 
toujours avec les courants alternativement 
dirigés en sens contraire, d’une couche de 
platine divisée, Je me suis servi dans ces 
expériences d’un petit couple platine 2 


cadwium; la plaque de cadimium présens- 


tait une surface de 6 centimètres carrés, et 
celle de platine une surface double, Les 
deux lames plongeaient dans un flacon qui 
contenait 90 centimètres cubes d'eau aci- 


dulée. Le courant fut d'abord transmis à 


cents" 


Z3 


4 


844 

travers un fil de platine très fin placé au 
centre d’une boule de platine qui contenait 
4 grammes d'eau distillée. On recueillait le 
gaz hydrogène dégagé sur le platine du 
couple et par conséquent pour une même 
quantité d'électricité produite, l'élévation 
de température de l'eau où plongeait le fil 
de platine était la même, que le courant 
fütcontinu ou alternatif. On interposa alors 
dans le circuit un voltamètre (1) : le cou- 
rant ne passa nullement tant qu’il fut con- 
tinu; mais aussitôt qu'en faisant agir le 
commutateur, on l’eût rendu alternatif, il 
fut facilement transmis. On s’en apercut 
bien vite, parce qu'il y eut dégagement 
d'hydrogène au platine du couple, et parce 
la température du liquide du voltametre 
s’éleva sensiblement , ainsi que celle du 
liquide du couple. 11 ÿ eut 10 centimètres 
cubes de gaz hydrogène dégagé dans 15, 
sur la surface de platine du couple, la tem- 
pérature s’éleva de 13 degrés à 15; le liquide 
du voltamètre était exactement le même 
que celui du couple, et il y en avait la 
même quantité : l'élévation de température 
de ce liquide fut également de 2 degrés ; 
mals il n’y eut aucun dégagement gazeux 
sur les lames, vu que les courants étaient 
alternatifs et que les lames de platine pré- 
sentaient une surface de contact ævec le 
liquide suffisamment grande. .. 

On obtient les mêmes résultats avec un 
couple quelconque. Iln’y a qu'à interposer 
dans le circuit où se trouve déjà un volta- 
mètre , un galvanomètre calorifique sen- 
sible , tel que l’hélice d’un thermomètre de 
Breguet ou un fil de platine qui traverse la 
boule remplie d’air d’un ihermocospe. 
Tant que le courant est continu , l'instru: 


ment ne s’échaufle pas; mais, dès qu'il: 


devient alternatif, l'instrument indique un 
réchauffement de plusieurs degrés dû au 
passage du courant. 

Au lieu d'employer un, commutateur , 
on peut, au moyen d'un électro-aimant, 
avoir des courants dirigés alternativement 
en sens contraire à travers le liquide du 
voltamètre. Dans ce but on dispose alter- 
nativement par le courant du couple et 
par l’un des courants d’induction dét r- 
miné dans le fil de métal qui entoure le 
fer doux et le courant du couple lui-même. 
Ces deux courants sont dirigés en sens con- 
traire : dans les premiers moments de l’ex- 
périence, le courant d’induction l'emporte 
sur le courant du couple ; aussi y a-t-il 
dégagement gazeux sur les électrodes de 
platine G mais, AU boat d’un temps plus ou 
moins long , les électrodes se noircissent, 
il n’y a plus de dégagement gazeux, ce qui 
prouve que le courant du couple traverse 
aussi facilement le liquide que le courant 
d’induction. Ainsi le courant d’induction 
favorise cettte transmission en apportant 
constamment de l'oxygène à l’électrode où 
le courant du couple doit dégager de 
l'oxygène. M. Grove avait déjà observé un 
effet de ce genre par un procédé différent. 

Il yadans l'expérience qui précède deux 
courants alternativement en sens contrai- 
res qui traversent le liquide : le courant du 
couple et le courant d’induction qui est dû 
au courant même du couple; or, une 
chose remarquable, c'est que si la surface 
des électrodes est pelite, c’est le courant 
d'induction qui l'emporte si elle est très 
grande c'estle courant du couple : il y 

(1) J'appelle ainsi, comme l'a proposé Faraday, 
un flacon rempli d'eau acidulée dans laquelle plon- 
sent deux fils ou lames de platine qui servent à 
transmettre le courant destiné à décomposer l’eau. 


845 


cune certaine limite à laquelle les deux 
aourants sont égaux. On atteint cette 
limite avec deux petites lames au moyen 
de la poudre noire dont elles se recou- 
vrent, et qui tend à augmenter de la 
quantité justement suffisante leur surface 
de contact avec le liquide. Un galvano- 
metre à sinus, placé dans le circuit, fait 
voir très bien toutes les phases d'intensité 
relative des deux courants. 

Quand ces lames ou les fils de platine qui 
servent d’électrodes ont acquis une surface 
pulvérulente par l'effet des courants alter- 
nai ; ils deviennent, comme l'éponge de 
platine, capables de transmettre À travers 
un liquide conducteur le courant d’un 
seul couple, et ce liquide est décomposé. 
Mais lhydrogène seul se dégage d’une 
manière bien prononcée, l’oxigène paraît 
être absorbé par l’électrode. Le couple que 
J'ai employé pour ces essais était un couple 
à force constante de Daniell. 

Quant on examine de près les résistances 
que le courant d’un seul couple doit sur- 
monter pour traverser un circuit dans le- 
quel on interpose un voltamètre à élec- 
trodes de platine, on n’est pas surpris de 
la presque impossibilité où il est de Je tra- 
verser. En effet, dans un couple zinc amal- 
gamé platine plongé dans l'acide sulfurique 
étendu, le courant parti du zinc doit tra- 
verser le liquide du couple, pénétrer dans 
la platine du couple, où il dépose de l’hy- 
drogène, puis passer à travers le liquide 
du voltamètre, en déposant également des 
gaz sur l’un et l’autre des électrodes de 
platine de ce voltamètre. La résistance se 
manifeste essentiellement dans les trois 
parties du circuit où le courant doit passer 
du liquide dans le platine ou du platine 
dans le liquide. Il m’a paru que si l’on par- 
venait à diminuer l’une au moins de ces 
trois résistances, il y aurait déjà beaucoup 
de gagné > et Que, pour avoir la décompo- 
silion de l’eau complète au voltamètre, 
c'était la résistance qui à lieu au platine du 
couple qu'il fallait diminuer. M. Grove a 
déjà obtenu à cet égard un résultat im- 
portant en plongeant le platine, non dans 
l’eau aciduléc dans laquelle le zinc est 
placé, mais dans l'acide nitrique à 40 de- 
grés, qui est Jui-même séparée de l’eau 
acidulée par un diaphragme poreux en 
porcelaine dégourdie. L'hydrogène: dont 
le courant tend à recouvrir la surface du 
platine du couple , est absorbé par l’acide 
nitrique ; la résistance est, par conséquent, 
beaucoup diminuée, et l’eau est légèrement 
décomposée au voltamètre. M. Becquerel 
père m'a dit avoir aussi observé que l’eau 
peut être composée en remplaçant dans sa 
pile acide nitriqueet potasse celle des lames 
de platine qui plonge dans la potasse par 
une lame de zine, et en transmettant à tra- 
vers un voltamètre ordinaire le courant de 
cette pile simple. 


Sur les taches circulaires de Priestley for- 
mées Par des étincelles electriques très 
fables; pas M. Ch. Matteucci. 

Tous les physiciens connaissent les expé- 
riences de Priestley; en faisant passer la 
décharge d’une batterie de 40 pieds carrés 
de surface entre deux boutons de cuivre 


où à travers une lame d’étain, on obtient 


une tache circulaire fondue au centre, en- 
vironnée par un cercle de poussière noire 
autour duquel il se forme plusieurs cercles 
colorés avec des couleurs prismatiques 
très brillantes, Les phénomènes que je vais 
décrire doivent avoir une grande analogie 


846 ' 


avec les taches de Priestley. Je prends une 
lame de Dagnerre et je la présente à l’ex- 
trémité émoussée d’une tige de laiton qui 
communique au conducteur de la machine 
électrique. Après quelques tours, trois ou 
quatre, on voit apparaître sur la lame, et 
dans un point correspondant à l'extrémité 
de la tige, une tache ordinairement circu- 
laire, de couleur noirâtre. Cette tache est 
large de 2 ou 3 millimètres ou davan- 
tage, car elle semble occuper toujours la 
base du cône lumineux qui constitue l’é- 
tincelle. 

La tache se forme également en rece- 
vant à peu près sur les mêmes points quel- 
ques étincelles. Cette tache, qui n’est que 
noirâtre d’abord, si l’on contitue à faire 
passer la décharge électrique, on la voit 
s'étendre, blanchir au-centre, à Texté- 
rieur s’environner par des cercles de cou- 
leurs prismatiques, que l’on voit bien à la 
loupe. J'ai employé, au lieu de la tige de 
laiton, pour faire jaillir l’électricité de la 
machine, des corps très différents, tels 
qu'un fil d'argent ou de platine, ou de 
cuivre, ou un morceau de charbon; j'ai 
présenté à ces différents corps la lame de 
Daguerre et j'ai obtenu également la même 
tache que j'ai décrite. J’ai cherché l’in- 
fluence qu'exerçait le milieu gazeux sur 
ces phénomènes. Ainsi, jai disposé l’appa- 
reil pour faire passer une petite étincelle 
entre une tige métallique et la lame de 
Daguerre sous la cloche de la machine 
proeumatique; j'ai obtenu ia tache, et à 
peu près dans le même temps, lorsque la 
pression était réduite à moins de Om,014 ; 
je l’ai également obtenue dans l'acide car- 
bonique plus ou moins raréfié, et dans le 
gaz azote. Dans ces divers cas, il m'a sem- 
blé que la tache se formait à peu près dans 
le même temps que dans l’air atmosphé- 
rique: 

En chauffant la lame avec la flamme de 
l’aicool , il est très difficile de faire dispa- 
raître la tache, et lorsqu'on prolonge l’a- 
tion de la chaleur, elle finit par blanchir. 
Cette tache adhère assez fortement à la 
lame ; les solutions de potasse ou de 
soude assez concentrées ne Îa détruisent 
pas, non plus que l’eau acidulée avec l'a- 
cide sulfurique. Ce n’est que l’acide ni- 
trique très dilué et l’ammoniaque concentré 
qui agissent fortement pour faire dispa- 
raître cette tache, ce qui pourrait faire 
croire qu’il s’agit d'oxyde d'argent. En fai- 
sant passer à travers deux lames de Da- 
guerre une forte décharge d une batterie 
de dix grandes bouteilles, je nai rien ob- 
tenu de semblable aux taches dont je viens 
de parler; j'ai vu se former de très belles 


étoiles d'une couleur jaune d’or, qui cor- & 


réspondaient aux deux houles de l'exci- 
tateur entre lesquelles se trouvaient les 
lames. 


PHYSIQUE APPLIQUÉE. 


Sur l'oléométre de M. Laurot, par MM. J. 
Girardin , Person et Preisser. 
L'huile de colza du commerce est depuis 
longtemps soumise à de nombreuses falsi= 
fications. On la mélange communément 
avec des huiles ayant une moindre valeur, 
telles que celles de poisson, delin, d'œil- 


lette, de ravison , ete. Ce trafic est prati=| 


qué avee d'autant plus de facilité, que la 
chimie, par une exception heureusement 
fort rare , ne possède que des moyens tres 
imparfaits de reconnaitre quelques unes 
de ces sophistications. Le chimisle a bien 
un réactif certain pour découvrirde faibles 


ÿ 


ù 


1847 
Moses d’huile de poisson en mélange; mais 
quand il s’agit de se prononcer sur l’exis- 


htence de l'huile d’œillette , de lin , de chè- 


inevis et d'autres huiles végétales , ilne peut 
“employer que des moyens qui ne lui don- 
inent pas une certitude complète. 

Les marchands d'huile de colza connais- 
‘sent probablement ces faits; car, de tous 
“les produits commerciaux fraudés, et 
‘le nombre n’en est pas pelit, l'huile est 
| peut-être celui qui l’est le plus souvent , et 


de la maniere la plus hardie. 
Il 


Dans le but de mettre un terme à ces fal- 
:sifications toujours croissantes, les ache- 
teurs d'huile de colza non épurée, de Paris, 
“se sont réunis, et ont engagé M. Laurot à 


faire des recherches , dans le but de dé- 


couvrir dans l’huile de colza la présence 
d'huile étrangère. Aprés bien des essais, 
M. Laurot leur a livré un instrument dont 
nous devons d’abord vous donner Ja des- 
cription. 

Il se compose d’une burette en fer-blanc, 
| faisant fonction d’un bain-marie. On 
rplace un cylindre creux en fer-blanc, dans 
Hequel on introduit l'huile à essayer. Quand 
lon expose cet appareil au feu, l’eau ne 
| tarde pas à entrer en ébullition; la chaleur 
‘se communique à l'huile, qui prend alors 
l'une température qui ne peut pas dépasser 
00°. — Un petit aréomètre, plongé dans 
. l'huile , marque la densité de ce liquide; 
mais comme sa tige est extrêmement fine, 
| les plus légères différences dausle poids spé- 
 cifique sont rendues sensibles. La tige est 
| partagée en parties égales. Il y a 200 par- 
tes au-dessous du 0°, et 20 à 25 parties au- 
| dessus. Enfin, un thermomètre plongé 

dans le vase indique quand la température 
de l'huile est arrivée à 400. 
. M. Laurot a observé qu’a la température 
| de l’ébullition de l’eau, les huiles sont loin 
d’avoir la même densité , et que les diffé- 
| rences sont très sensibles sur la fine tige 
| de l’aréomètre, qui, dans une espèce, s’en- 
fonce peu , et beaucoup dans une autre. 


| Avec l'huile de colza, l'aréometre s’arrête 
au Zéro. 


| Avec l’huile de lin, à 210 
| Avec l'huile d'œillette, à 124 
Avec l'huile de poisson , à 63 
Avec l'huile de chénevis, à 136 


| Comme on le voit, les différences sont 
toujonrs très tranchées. — Quand l’huile 
de colza est mélangée de 5 ou 10 p. 100, 
par exemple , d’une autre huile, l’aréo- 
mètre le dénote aussitôt, en s’enfonçant 
d’une moindre quantité. 
| À l'instrument est joint une table, sur 
laquelle sont indiqués les degrés que doit 
marquer l’aréomètre, quand il- y a 5, 10, 
15, 20, etc., p. 100 d'huile de poisson ou 
d’une autre huile. 

Nous avons fait un grand nombre d’ex- 
Périences avec l’oléomètre, et nous avons 
réconnu que , quand l'huile de colza est 
pure, l'instrument s'arrête constamment 
au zéro de l'échelle, lcrsque le liquide est 
arrivé à la température de 100 degrés cen- 


tigrades. Nous nous summes ensuite assurés 


que, pour peu que l'on ajoute une huile 
étrangère plus dense, l'instrument remonte 
aussitôt et indique ainsi la fraude. Nous 
avons opéré sur un grand nombre d’espèces 
d'huiles commercialement pures, afin que 
nos expériences ne laissassent aucun doute 
à l'esprit. 4 
Mais , en examinant les poids spécifiques 
de toutes les huiles connues, nous en 
avons trouvé une plus légère que l'huile de 
colza, et dans laquelle la tige de l’aréo- 


848 


mètre s'arrête à 23»au-dessus de 0,, et par 
conséquent s'enfonce davantage que dans 
l'huile de colza. La théorie indiquait que 
l’Auile dé suif (acide oléique, résidu de la 
fabrication des bougies stéariques), mélan- 
gée avec de l'huile de colza pure’, devait 
permettre l'introduction d’une certaine 
quantité d’huiles communes plus denses, 
et que l’on pourrait, par ce moyen, faire 
un mélange d'huiles dans lequel l’aréo- 
mètre cependant marquerait 0°. Le résultat 
de la théorie . nous l’avons confirmé par 
l'expérience, et nous sommes parvenus, 
par le moyen de l’huile de suif, à frauder 
l'huile de colza, avec 30 à 40 p. 100 d’huile 
de lin, d’œillette ou de poisson, sans que 
l’aréomètre indiquât la falsification. 

Ainsi, voici un cas où l'instrument se 
trouve en défaut. Mais, heureusement, il 
est facile de remédier à cet inconvénient. 
L’acide oléique (huile de suif) a des carac- 
tères tellement tranchés, qu’il est aisé d'en 
reconnaître la présence dans les huiles, 
même quand il ne s’y trouve qu’en petite 
quantité. Son odeur repoussante est déjà 
un indice pour le chimiste. Si on plonge 
dans une huile de colza pure un papier 
bleu de tournesol, la couleur de ce dernier 
ne sera nullement altérée, alors même que 
l'huile de colza serait rance. I] n'en sera 
pas de même si elle renferme 4 à 5 p. 100 
d'huile de suif. Le papier humide qu’on y 
plonge, et qu'on presse ensuite entre deux 
feuilles de papier brouillard, prend une 
teinte rouge tres manifeste. En troisième 
lieu , l’huile mélangée étant agitée avec de 
l'alcool à 36°, cède à ce véhicule presque 
tout son acide oléique , qui apparaît, par 
l’évaporation de l'alcool, avec tous ses ca- 
ractères distinctifs. 

Il'existe encore une autre huile, celle de 
cachalot, qui possède une densité moindre 
que l'huile de colza ; mais cette huile est 
trés peu répandue dans le commerce, et 
d’ailleurs il serait toujours très facile d’en 
reconnaître la présence, par le procédé si 
simple indiqué par Fauré, de Bordeaux. 
Un peu de chlore que l'on dégagerait dans 
l'huile la colorerait aussitôt en noir. 

De tous ces faits et des nombreuses expé- 
riences auxquelles nous avons soumis l’o- 
léomètre , nous tirons la conséquence que 
l'instrument de M. Laurot est une excel- 
lente acquisition.et pour la science et pour 
le commerce. Ii permet de se prononcer 
bardiment sur la valeur d’une huile de 
colza non épurée. Le commerçant, ou plutôt 
le chimiste, après s'être assuré , au moyen 
du papier de tournesol, que l’huile à es- 
sayer ne renferme pas d'huile de suif , doit 
expérimenter avec l’oléométre. Si l'instru- 
ment ne s'arrête pas au 00, il peut en con- 
clure hardiment que l'huile est falsifiée, et 
trouver avec exaclitude dans quelles pro- 
portions existe l'huile étrangère. L'opéra- 
teur peut donc refuser toute huile qui ne 
donne pas à loléomètre l'indication conve- 
nable , c'est-à-dire qui ne marque pas 0e. 

L’oléomètre , il est vrai, ne dit rien sur 
la nature des huiles frauduleusement; mais 
il y a des réactifs, découverts par M. Lau- 
rot, qui fournissent des renseignements à 
cetégard. Aa reste , l'emploi de ces réac- 
tifs n’est pas d’absolue nécessité pour l’opé- 
rateur quiachète une kuile de colza ; pour 
lui ,la question principale est de recon- 
naître S'il y a falsification ou non, si l'huile 
de colza est pure ou additionnée d’autres 
huiles, et, sous ce rapport , l’oléomètre de 
M. Laurot, nous le répétons, présente 
toutes les garanties désirables. 


849 
CHIMIE APPLIQUEE. 
Nouveau procédé de purification de l'air, 
par M. Payerne. 

La patente qui a été accordée à M. Pa- 
yerne pour le procédé qu'il emploie pour 
purifier l'air dans la cloche du plongeur 
vient d’être publié. Nous y avons trouvé 


: Jes détails suivants : 


fo Pour priver l'air renfermé du gaz 
acide carbonique produit par la respira- 
tion, on emploie un mélange de chaux vive 
et d’alcali caustique, ou seulement de la 
chaux qu’on fait dissoudre dans 8 parties 
en poids d’eau. On force l'air à travers 
cette solution caustique, en se servant d’un 
soufflet, dont la tuyère descend presque 
jusqu’au fond du récipient; l'air vicié étant 
ainsi mis en contactavec la chaux, l’acide 
carbonique se trouvera absorbé. 

20 Pour remplacer l’oxygène absorbé, 
l’auteur emploie du chlorure de potasse ; 
ou bien il dégage l’oxigène du peroxyde de 
manganèse par la chaleur. 

3° Pour renouveler l'air contenu dans 
l’intérieur de la cloche et remplacer loxy- 
gène absorbé, l’auteur attache à la cloche 
un récipient dans lequel l'oxygène a été 
préalablement comprimé ; il permet aussi 
l'air de s'échapper de deux récipients où il 
a été comprimé à plusieurs atmosphères, 
et qu'on place à chaque extrémité de la 
cloche. Les récipients sont munis de robi- 
nets pour régler l’émission de la quantité 
d’air nécessaire. 


æ 
© D) 


SCIENCES NATURELLES. 
MINÉRALOGIE. 
Pépite d’or natif trouvée dans l'Oural. 


Les mines de Zarevo-Nicolaelsk et de 
Zarevo-Alexandrofsk, situées dans la par- 
tie méridionale de lOural, pente asiatique, 
ont déjà fourni plus de 6,500 kilog. d’or. 
C’est dans les allusions aurifères de Miask 
que, en 1826, la grande pépite de 10 kilog. 
et plusieurs autres d'un poids de 4 et 6 172 
kilog. ont été trouvées à une profondeur 
de quelques pouces sous le gazon. Des 
l'année 1837, les mines de Nicolaefsk et 
d’Alexandrofsk semblaient épuisées, et l’on 
tenta de nouvelles exploitations daus Île 
voisinage, surtout le long du ruisseau 
Tachkou-Targauka. On réussit trés bien 
dans cette plaine marecageuse ;, et déjà, au 
commencement de 1842, toute la vallée 
avait été exploitée à l'exception de la seule 
partie occupée par les usines de lavage d’or. 
Pendant l'été de 1812 , on résolut de dé- 
molir les édifices des usines ; on trouva des 
sables d’une richesse iminense , et, enfin, 
sous l’angle même de l'usine, à une pro- 
fondeur de 3 mètres, une pépite du poids 
de 36 kilog. Celle trouvée à Haïti, en 1902, 
dans les lavages d’or de Rio-Hayna, et 
tombée au fond de lä mer dans le naufrage 
où périrent Bobadilla, Roldan et le cacique 
belliqueux Guarionex, pesait 14à 15 kilog.; 
celle découverte en 1821, aux Etats-Unis, 
dans le comté d'Anson, était de 21 kilog. 
70. 

La masse d’or natif, trouvée en no- 
vembre 1812, dans les couches d’alluvion, 
reposant sur le diorite, surpasse de jlus 
du double le poids du grano de oro d'Haïti. 

Tel est le prodigieux accroissement du 
produit de l'or de lavage en Russie, surtout 
en Sibérie , à l’est de la chaîne méridienne 
de l'Ourad, que la masse totale de l'or se 
se sera élevée dans le courant de l’année 
1842, à 16,000 kilog., dont la Sibérie 


850 


seule , à l’est de l'Oural, a fourni plus de 
7,800 kilog, ( Académie des sciences, 9 jan- 
vier 1545.) 


ANATOMIE. 


Conservation des substances animales pour 
Les préparationsanatomiques, par M. l'ab- 
bé Baldacconi, préparateur du musée 
histoire naturelle de Sienne. 

On se rappelle peut-être que G. Segato 
avait découvert un moyen pour réduire à 
l’état d’une solidité pierreuse les substan- 
ces animales, tant dures que molles: mais 
cet inventeur a emporté son secret dans la 
tombe. 

Depuis cette époque, on a fait beaucoup 
de recherches sur ce sujet, et on a proposé, 
entre autres substances, le deutochlorure 
de mercure; mais je savais parfaitement 
bien que ce sel ne joignait pas à ses pro- 
priétés antiseptiques la faculté de lapidi- 
fier les substances animales. J’ai donc cru 
qu’il me serait possible d’y ajouter une au- 
tre substance! qui rendrait plus énergique 
Vaction du  deutochlorure de mercure, 
afin de remplir les conditions voulues. 

Dans cette idée, j'ai essayé de faire usage 
du sel d’ammoniaque, et l’on sait que par 
la voie humide ce sel s’unit au sublimé cor- 
rosif pour former le sel triple, connu des 
alchimistes sous le nom de sel d’Alem- 
broth. 

Les premiers objets que j'ai plongés dans 
une dissolution de ce sel composé ont com- 
merncé par flotter à la surface ; mais peu à 
pewils se sont immergés, et après quelques 
jours on les a vus gagner le fond. Alors 
jugeant qu'ils étaient saturés, je les ai reli- 
rés de ce liquide, et j'ai eu la satisfaction de 
voir qu’il avaient acquis la dureté des pier- 
res, qu’on pouvait mème Îles polir, qu'ils 
résistaient au marteau, que leur cassure 
était angulaire, leur poids spécifique cinq à 
six fois plus considérable que celui de eau, 
et qu'ils rendaient enfin un son métallique 
quand on les frappait. 

Une circonstance très intéressante, c’est 
que les objets ainsi traités conservent leur 
couleur naturelle. Depuis six ans que jai 
commencé à en préparer ainsi, non seule- 
ment ils n’ont éprouvé aucune altération, 
mais en outre je n’ai mis aucun soin parti- 
culier pour leur conservation. 

J'ai déposé dans le musée impérial et 
royal un assez grand nombre de pièces 
ainsi conservées, parmi lesquelles se trou- 
vaient des animaux à Corps mous et géla- 
tineux, dont la préparation est très diflicile 
parles méthodes ordinaires. 

… Si j'ai rapporté ces faits, c'est que je 

les crois utiles, et que j’ai l'espoir qu’en ré- 

pétant mes expériences on en confirmera 
l'exactitude. 


ORNITHOLOGIE. 


Nouvelle espèce d'oiseau : le CALLYRnYNQUE 
pu PEROU , par Lesson. 


Nous avons publié dans le No 7 de la 
Revue zoologique, de 1842, p. 209, la dia- 
sguose du genre. 

Callyrhynchus, appartenant au groupe 
des bouvreuils, etdans cette note, ilne s’a- 
gira que de l'espèce à laquelle nous! avons 
donné pour nom trivial l’épithète de peru- 
vianus, parce qu'elle se trouve aux alen- 
tours de Callao et de Lima, au Pérou. Au- 
gun auteur que je sache n’a mentionné ce 
curieux oiseau, quia le port et la forme 
d’un bouvreuil, la livrée sale et grisâtre 
d’un moineau femelle et le bec sillonné sur 


851 


les côtés de la mandibule supérieure comme 
le présente le Crotophaga sulcirostris de 
Swainson ou notre ami de Las-Casas. Le 
callyrhynque péruvien à au plus 7 centi- 
mètres 60 millimètres. Les ailes dépassent 
peu le croupion. Élles ont leurs penves 
primaires presque égales, et ladeuxième un 
peu plus longue que les premières et troi- 
sièmes. La queue est médiocre, légèrement 
échancrée. Les tarses sont moyens et arna- 
loguesà ceux des houvreuils. Le bec seul 
est remarquable par le renflement de son 
arête qui entame légèrement les plumes du 


front. Il est très comprimé sur les côtés, et 


fort élevé. Des sillons occupent les parois 
latérales de la mandibule supérieure au- 
dessous des narines. 

Le corps de cet oiseau singulier est d’un 
brunolivâtreuniforme; les ailesetla queue 
sont d'un gris brunâtre, affaibli par les 
franges olivâtres des bords de chaque plu- 
me. Les joues sont nuancées de roux ferru- 
gineux ; un collier roussâtre marque le de- 
vant du cou et sépare le grisâtre clair du 
gosier et de la gorge. Le ventre, les flancs 
et le bas-ventre sont blanchâtres avec une 
nuauce légèrement jaunâtre. Les tarses sont 
gris bleuâtre clair et le bec est de couleur 
de corne. 

Cet oiseau a-été tué sur des petits buis- 
sons par M. Adolphe Lesson, médecin én 
chef des îles Manquises. R:=P:E, 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS CHIMIQUES. 


Perfectionnement dans la fabrication des 
chandelles; par M. Palmer. 


On emploie actuellement dans la fabri- 
cation des chandelles et des bougies stéa- 
riques deux espèces; de mèches qui s’in- 
clinent à mesure de la combustion et dis- 
pensent du soin de les moucher, tout en 
empêchant les chandelles de couler. Les 
unes sont nattées , les autres sont contour- 
nées en spirale autour d’un fil de fer qu'on 
retire quand Ja chandelle est coulée. 

Les mèches, préparées par l’auteur, ont 
la même propriété, mais au lieu de les 
vatter il les enduit sur une face seulement 
d’une pâte composée d’amidon , qu'il ap- 
plique à l’aide d’une brosse. Pour cet effet, 
il prend des brins de coton d’une longueur 
proportionnée à celle dela mèche, et les 
passe dans une gouttière creusée dans une 
plaque recouverte d’une autre plaque, per- 
cée d’une rainure correspondante , et sur 
laquelle il passe la brosse enduite de la 
colle préparée ; il fait ensuite sécher ces 
mèches et les engage dans le moule à l’aide 
d'un fil de fer, portant une encoche à sa 
partie inférieure pour recevoir la mèche, 
laquelle est retenue par ses deux bouts à la 
partie supérieure. Cette mèche double est 
tenue ainsi séparée pendant que la chan- 
delle est coulée ; on retire ensuite le fil de 
fer. Pendant la combustion, les deux bouts 
de la mèche s’inclinent chacun dans des 
directions opposées et brûtent en donnant 
une flamme vive et brillante. 

L'auteur enfile sur ces mèches un petit 
anneau qui descend à mesure de la com- 
bustion ; mais, au lieu de faire ces an- 
neaux pleins, illes divise par de petites 
entailles sous la forme d’un peigne circu- 
laire, pour permettre au suif fondu de tenir 
la mèche constamment humectée. 

M. Palmer a imaginé aussi des chan- 
delles creuses, à la partie supérieure des- 
quelles il place un cône métallique , por- 


852 
tant un bout de mèche circulaire comme 
celle des lampes ; ce cône est entaillé pour 
donner passage au suif fondu sur la mèche; 
il descend avec celle-ci à mesure de la com- 
bustion ; sa forme conique empêche le suif 
de s’introduire dans le canal ménagé au 


centre de la chandelle. (Rep. of patent inv., 
février 1833.) 


ÉCONOMIE DOMESTIQUE. 


Eclairage par l'alcool. 
8e P 


L'éclairage par l'alcool occupe dans ce 
moment les propriétaires des vigues et 
plus particulièrement ceux du département 
de l'Hérault, Cest là qu'ont été faits les 
premiers essais. Ce nouveau mode d'éclai- 
rage donnerait un débouché aux produits 
de la vigne aujourd’hui sans valeur, mais 
à la condition toutefois d’un dégrèvement 
des droits, sans lequel la nouvelle indus- 
trie ne saurait être viable. Pour obtenir 
ce dégrévement il fallait rassurer le trésor 
sur ses intérêts et trouver pour la liqueur 
d'éclairage une composition telle que l’al- 
cool qu’eile renferme, où ne püût en être 
séparé de manière à être rendu potable, 
ou-du moins que son extraction présentât 
de telles difficultés que la fraude n’y trou- 
vât aucun profit, C’est pour arriver à un 
pareil résultat que le préfet de l'Hérault 
nomma une commission dans le mois de 
décembre dernier. Les membres qui la 


composent se sont livrés à une suite d’ex-. 


périences; ils sont arrivés sinon à une 
solution complète du problème qui leur 
était soumis, du moins à une solution ap- 
proximative et suffisante en attendant pour 
que l’industrie viticole ne soit pas privée 
d’un secours qui lui arrivait si à propos. 

Nous allons rapporter les conséquences 
auxquelles a été amenée la commission en 
résumant son trâvail : 

La distillation simple du mélange d’al- 
cool et d’essence qui constitue la liqueur 
de l'éclairage, ne peut point opérer la sé- 
paration de ces deux liquides. 

On parvient, au contraire, à l’effectuer 
en traitant successivement celte liqueur par 
l’eau et par Phuile. 

On obtient ainsi des eaux-de-vie qui 
conservent encore des traccs d'essence de 
térébenthine, msis qui peuvent rigoureu- 
sement être rendues potables. 

Le même traitement conduit encore au 
même résultat, lors même qu’on a ajouté 
préalablement au mélange éclairant, dans 
le but de l'infecter, une certaine propor- 
tion d'huile de Dippel, de créosote, de 
goudron, de l'éclairage au gaz, d’acroléine 
(suif distillé), ou bien certaines huiles 
âcres (essences de thim, d’aspie, de ro- 
marin). 

L'éther sulfurique introduit dans la 
liqueur de l'éclairage peut aussi en être sé- 
paré facilement, et ne s'oppose point à ce 
qu’on en retire un alcool potable. 

La coloquinte ajoutée à la liqueur de 
l'éclairage, à la dose de 17400 environ, lui 
communique une amertume intense qui 
persiste après le traitement par l'eau et 
par l'huile, et rend l'alcool qui en provient 
tout à fait impotable. — La fraude ne 
pourrait donc s'exercer sur une liqueur 
ainsi dénaturée, qu'en ajoutant au traite- 
ment par l'eau et par l’huile, une distilla- 
tion convenablement ménagée. — L'addi- 
tion de la coloquinte rend par conséquent 
la distillation indispensable, et la nécessité 
de cette opération est, à notre avis, une 
garantie suffisante contre la fraude, parce 


553 : 
hque les distillations sur une certaine échelle 
“ne sauraient être clandestines dans les villes 
‘ha octrois. 
Le camphe offre des avantages que ne 
| résente point la coloquinte, car il reste 
sini à l’alcoo!, non seulement après le trai- 
“ement de Ja liqueur de l'éclairage par 
« eau et par l’huile, mais encore après la 
Histillation.— Aussi, l'administration pour- 
“va-t-elle peut-être lui donner la préférence. 
1Qaant à nous, l’excessive amertume de la 
*coloquinte, son bas prix, et de plus, la 
‘conviction que nous avons, que la distilla- 
ition offre assez d’entraves à la fraude, nous 
ont amenés à penser que la coloquinte est 
‘suffisante pour attrindre le but. 
Toutefois, pour donner à l’administra- 
tion une garantie surabon-lante, nous lui 
proposons de faire introduire dans la li- 
queur de l'éclairage, à son entrée dane les 
villes, indépendaniment de la coloquinte, 
june faible proportion d’éther chlorydrique 
:chloruré.— Cette substance restant unie à 
Jalcool dans les divers traitements aux- 
quels les fraudeurs pourraient avoir re- 
‘cours, et ne pouvaat en étre séparée que 
par la destruction de celui-ci, deviendrait 
nn cachet au moyen duquel on pourrait 
toujours reconnaître, avee le secours d'un 
"chimiste un peu exercé, si une liqueur spi- 
ritueuse a été réellement extraite d’un mé- 


‘ lange éclairant. 


Tels sont les moyens qui nous ont été 


ksuggérés par l'étude de la question qui 


| 

| 

| nous a été soumise. 

|  Denouvellesrecherches anèneront peut- 

| être à la découverte de substances qui satis- 

| feront d’une manière plus complète encore, 

| aux conditions du problème. 

| Toutefois. les procédés que nous propo- 

‘sons aujourd hui, nous paraissent bien suf- 

fisants pour rassurer administration sur 
les intérêts du trésor, et pour l’engager à 

1 ne point percevoir un droit que le légista- 
teur n’a point eu la pensée de faire peser 
sur les alcools non destinés à la boisson. 

La suppression de ce droit, en dotant le 


| pays d'un nouveau mode d'éclairage dont 


les avantages seraient bientôt appréciés, 
offrirait un écoulement facile aux alcools 


| de nos départements méridionaux, et re- 


hausserait ainsile prix de nos vins, des- 


| cendu depuis quelque temps à un taux 
| ruineux pour lagriculteur. 


<< E—— 


AGRICULTURE. 


lment sur les froments; par M. Loise- 
leur-Deslongchamps. Un vol. in-8, 
cliez madame Bouchard-Huzard, rue de 
l'Eperon, n° 7. Prix: 4 fr. 50 c. 


nous en avons même donné quelques ex- 
traits; mais nous croyons devoir en par- 
ler encore à cause du grand intérêt dont il 
nous a paru être, tant pour les agronomes 
| qui ne sont qu'amateurs, que pour les cul- 
tivateurs de profession, Les premiers y 
trouveront de savantes recherches surl’his- 


} toire du blé dès la plus haute antiquité ; les 
| seconds en consultant les nombreuses ex- 


périences qui y sont rapportées, appren- 


| dront par quels moyens ils pourront aug- 


menter les produits de leurs cultures. 
Dans les premières pages de son livre, 
qui est distribué en deux parties, l’auteur 
indique les principaux caractères qu'on 
doit employer pour parvenir à faire une 
bonne classification des fromcnts. 11 mon- 


2 2 ÿ f ESS 
Consi«derations sur les céréales et principa-. 


Nous avons déjà annoncé cet ouvrage, et : 


854 
treensuite quelle est l’importance et la va- 
leur des céréales en France. Cette vaieur, 
dans une annte moyenne d’abondance, 
n’est pas moindre de 1,900 millions à 2mil- 
liards de francs. 

Les recherches auxquelles M. Deslong- 
champs s’est livré pour nous faire connai- 
tre la patrie du froment sont très curieu- 
ses ; 1l faut les lire dans Pouvrage lui-même, 
ainsi que la réfutation qw’il fait de l'opinion 
de Buffon et de quelques écrivains qui ont 
prétendu que le blé n’était point une es- 
pèce naturelle, maïs une herbe modifiée 
pir la culture, et en quelque sorte créée 
par l’homme. 

Tout ce que l’auteur dit de l’aucienneté 
de la culture du froment, et de l'influence 
que cette culture a eue sur la civilisation, 
sur la formation des empires. etc., deman- 
de également à être lu dans l'ouvrage lui- 
même. 


La dissertation faite dans le chapitre VIL 


sur les espèces de blé connues des anciens, 
est de nature à vivement intéresser les bo- 
tanistes. ainsi que tout ce qu'ils trouveront 
dans le chapitre suivant sur la fécondation 
de cette plante. 

L'observation que M. Deslongchamps a 
faite à ce sujet est cnlièrement nouvelle et 
de la plus haute importance. Selon lui, la 
fécondation dans les fleurs du froment s’o- 
père, tandis que les balles florales s5nt en- 
core fermées, de sorte que, par cette pré- 
voyance merveilleuse de la nature, la for- 
mation quandmême du grain dont l’homme 
fait sa principale nourriture, se trouve tou- 
Jours assurée. 

Dans sa seconde partie, l'auteur com- 
mence par cter des exemples de la grande 
fécondité du froment, entre lesquels nous 
rappellerons ceux de deux pieds de cette 
plante, qui, selon Pine, portaient l'un 
400 tiges, et le second 360; mais le plus 
extraordinaire est celui qu’on doit à Char- 
les Miller qui est parvenu, par une culture 
particulière, à faire produire à un seul 
grain, 21,109 épis, dont on a récolté 
976,810 grains. Malheureusement les exem- 
ples d’une telle fertilité sonttrès rares, sur- 
tout dans notre agriculture, et tout an con- 
traire, le terme moyen des produits en 
France n’est pour un grain quedef,217100. 
Selon M. Deslongchamps, la cause du peu 
qu'on obtient dans les récoltes ordinaires 
vient de ce que les semis se font trop tard. 
Enef et, les expériences qu'il rapporte, et 
qui toutes lui appartiennent, prouvent de 
la manière la plus positive, qu’en semant 
le bié un mois, et même deux mois avant 
l'époque ordinaire, on obtient des produits 
infiniment plus considérables. 

Nous sommes obligés, pour ne pas excé- 
der les bornes que nous devons mettre à 
cette analyse, de réduire, ce qui nous res- 
terait encore à dire, à un simple énoncé 
des chapitres. 

La méthode de semer le blé en lignes et 
àla maiu est surtout applicable aux petits 
propriétaires et aux pays dans lesquels il 
existe une nombreuse population. Elle pro- 
duirait une très grande économie dans la 
quantité des grains employés pour la se- 
mence. 

L'auteur montre ensuite quelle est l’im- 
portance des semoirs sous le même rap- 
port. Ayec ces instruments on emploie 
moins de grains pour les semis, et cepen- 
dant on récolte davantage. Ils sont en usage 
à la Chine depuis quinze à dix-huit cents 
ans, tandis que la plus grande partie denos 
cultivateurs ne les connaissent pas. 


855 


Où a proposé, il y a une quarantaine 
d’années, de semer ie blé au plantoir, mais 
cette méthode n’a été que fort peu mise en 
pratique. Après avoir apprécié ce procédé, 
M. Deslongchamps propose le repiquage ou 
la transplantation. Il croit que cette der- 
nière maniere pourrait être beaucoup plus 
avantageuse, ct il indique à quelle époque 
et comment devrait se faire cette opéra- 
tion. 

Jusqu'à présent on n’a pas jugé de la 
grosseur et de la pesanteur des grains du 
froment comme il conviendrait de le faire ; 
c’est une chose qui aurait besoin d’être en- 
core examinée, et les bases que l’auteur 
propose à ce sujet méritent d’être prises en 
considération. Pour faire mieux sentir de 
auelie importance peut être cette question, 
il compare les grains récoltés dans le midi à 
ceux produits dans le nord; la différence 
est très grande au désavantage des pre- 
miers. 

Dans ses derniers chapitres, M. Deslong- 
champs se demande si les blés peuvent dé- 
générer, et s’il est possible de les améliorer. 
Il manifeste une opinion particulière sur 
les blés d’hiver ou d'automne, et sur ceux 
dits de mars ou de printemps. Quant au 
moment le plus propre pour faire la ré- 
colte, il faut encore de nouvelles observa- 
tions avant de pouvoir fixer décidément 
cette époque importante. Enfin, l’auteur 
s'occupe de la faculté germinative du fro- 
ment, de sa prodigieuse vitalité, etil donne 
l'analyse chimique d’un certain nombre 
d'espèces ou variétés, 

En résumé, l’onvrage dont nous venons 
de donner un rapide aperçu, renferme sur 
le blé une quantité de choses nouvelles, 
curieuses et utiles. Si ce n'est pas un traité 
complet de cette plante précieuse, c’est au 
moins celui dans lequel on pourra puiser 
le plus de faits capables de faire faire de 
vrais progrès à l’agriculture des céréales. 


MAGNANERIE. 


Quelques mots sur léducation des vers à 
soie et sur les moyens de prévenir la 
muscardine; par M. Benjamin Cauvy, 
membre de la société. 


Depuis dix aus l’éducation des vers à soie 
a fait, sans contredit, de notables progrès; 
la découverte la plus importante à mes 
yeux pour cette industrie est celle de 
M. Bassi, qui nous a fait connaître la vraie 
cause de cette maladie des vers à soie dé- 
signée sous le nom de muscardine; je ne 
crains pas de le dire, ila été une époque 
où ce fléau des magnaneries dévorait tous 
les ans au moins 1/3 de la récolte de la 
soie. 

La crainte superstitieuse de la muscar- 
dine qui la placait au dessus de tous les 
moyens humains proposés pour la com- 
battre, était tellement enracinée queje ne 
crains pas de me tromper en avançant, 
qu'à part les personnes éclairées, la ma- 
jeure partie des éducateurs ne croit pas 
encore aujourd'hui à la possibilité de parer 
à cette affreuse maladie. Aussi je crois de- 
la plus haute importance de populariser 
la connaissance de la cause de la muscar- 
dine et les moyens de s’en garantir. 

Jusqu’à présent l’on n’a pas trouvé de 
remède proprement dit; bien des essais 
que j’aitentés à cet égard, dans le temps, 
ont été tous négatifs. J’ai administré aux 
vers à soic plusieurs substances, soit à 
l'état liquide, soit à l’état solide, dont au- 


| cun n’a pu sauver un seul ver atteint de 


856 

muscardine. Il aëté même de ces substances 
qui ont été assez actives pour tuer le ver 
à soie et qui n’ont pas empêché la botriis 
de se développer à la surface après sa 
mort. Aussi, sije n'avais vu dans un des bul- 
letins de l’industrie séricicole qu’un de ses 
professeurs était à la veille de communi- 
quer des procédés pour la guérison des 
vers à soie atteints de muscardine, j'au- 
rais craint qu'il ne fût tres difficile de trou- 
ver un remède d’une application simplé et 
surtout assez économique pour être: èm- 
ployé avec avantage. 

Au reste, que l’on découvre ou non un 
remède efficace contre la muscardine, il 
sera toujours de la plus haute importance 
de ne rien négliger pour en prévenir l’in- 
vasion. Voyons quels sont les moyens à em- 
ployer dans les magnaneries pour obtenir 
ce résultat. 

Déjà en 1834, sans toutefois avoir dé- 
couvert la vraie nature du germe muscar- 
dinique, j'avais trouvé le moyen de le 
détruire, et pour cela je recommandais 
l'emploi du chlore, non pas seulement en 
légères fumigations pendant l’éducation 
des vers à soie, mais aussi avant leur éclo- 
sion et en fumigations assez fortes pour tuer 
tout être vivant. 

Pendant longtemps j'ai employé avec 
succès les vapeurs du chlore pour désinfee- 
ter les locaux et les ustensiles destinés à 
une éducation de vers à soie; mais dès 
que M. Bassi nons eut fait connaître a vraie 
nature des germes de la muscardine et l’al- 
tération qu'ils éprouvaient de la part de 
presque tous les acides liquides ou gazeux, 
J'ai dù substituer au chlore, qui n’est pas 
assez connu des habitants de la campagne 
pour qu'ils n’éprouvent pas de répugnance 
et de difficulté, à l'employer, une subs- 
tance conntre de tout le monde, dont cha- 
cun a ressenti plus d’une fois les vapeurs 
piquantes produites par sa combustion 
dans l’air; je veux parler du soufre. 

Il fallait s'assurer si le gaz sulfureux tuait 
les germes muscardiniques et à.quelle dose 
il fallait l’'employer pour obtenir ce résul- 
tat; c’est ce que je fis à plusieurs,reprises 
de la manière dont j'ai parlé plus haut; 
mais ce n’est pas là assez pour sanctionner 
une méthode, il faut de plus les résultats 
d’une application en grand; eh bien ! ces 
résultats ont été obtenus dans une éduca- 
tion de vers à soie provenant de plus d’un 
kilogramme de graine. M. Charles Huc, 
qui, un des premiers dans nos contrées, a 
travaillé sans relâche à l’amélioration de 
Vindustrie séricicole, eut le malheur de 
perdre sa chambrée, en 1836, par suite de 
la muscardine; en 1838 il fit nrécéder la 
nouvelle éducation de ses vers à soie de 
très fortes fumigations au gaz sulfureux, et 
il eut la satisfaction d’obtenir une bonne 
récolte et de ne pas trouver un seul ver 
mort muscardin. Un succès aussi complet 
rend le procédé auquel il est dà préférable 
à tous ceux qui ont été proposés jusqu’au- 
zourd’hui. 

Voici la manière de l’exécuter : on fait 
disposer sur le sol des diverses pièces ser- 
vant à l'éducation des vers à soie, sans en 
excepter aucune, des espèces de petits bas- 
sins en briques bien cimentés À l’aide de 
mortier; Jeur nombre et leur dimension 
peuvent varier d'après la surface de chaque 
pièce; un bassin de 50 à 60 centimètres de 
côté est suffisant pour bien brûler de 40 à 
12kilog. de souffre concassé et étalé sur 
une mince couche de paille éparpillée elle- 
même sur le sol de chaque bassin. On doit, 


857 


après cette disposition, fermer toutes les ou- 
vertures du mieux possible. neserait-ce qu’a- 
vec dessacs garnis de paille, si l’on ne le peut 
d’une manière plus exacte. Enfin, si la toi- 
ture est à claire-voie, il convient d'étendre 
sur les tuiles des toiles mouillées, afin d’in- 
tercepter autant que possible la communi- 
cation avec l'air extérieur. Après avoir 
ainsi calfeutré pour le mieux les salles à dé- 
sinfecter et y avoir disposé toutes les claies 
et autres ustensiles, on doit jeter, en l’é- 
parpillant, un peu de braise dans chacun 
des bassins où se trouve le soufre, en com- 
mençant par celui qui est le plus éloigné 
de la porte et finissant par le plus près, s’il 
y en a plusieurs; on doit alors se retirer et 
fermer la porte. Après 24 heures d'action, 
l'effet est produit et l’on ouvre portes et 
fenêtres pendant plusieurs jours, après 
quoi l’on peut commencer l'éducation des 
vers à soie. 

On doit porter toute son attention et ses 
soins à ce que tout le soufre brûle simul- 
tanément ; de cette manière, la production 
de l’acide sulfureux sera plus prompte et 
son action plus vive ; ceci est d’autant plus 
nécessaire que les magnaneries ferment 
moins bien. 

Mais ce n’est pas assez d’avoir désinfecté 
le local et les ustensiles destinés à l’éduca- 
tion des vers à soie, il faut encore qne la 
graine d’où doivent éclore ces insectes 
soit parfaitement saine et exempte de ger- 
mes muscardiniques ; on doit donc se pro- 
curer de ja graine obtenue de cocons sor- 
tant d’une chambrée où la muscardine 
n'aura pas été apercue, ct, pour plus de 
sûreté, il convient de la laver dans une 
eau-de-vie très faibie tenant en solution 
un peu de sulfate de cuivre, qui a la pro- 
priété de détruire tous les germes muscar- 
diniques. On peut! se demander si, après 
avoir pris toutes ces précautions, il pourra 
encore se faire que les vers à soie soient 
atteints de la muscardine. Je crois qu'il 
peut en être ainsi, du moins j'ai observé 
que dans le cours des éducations négligées, 
quaud on laissait la litière trop s'épaissir 
sur quelques claies, que les vers à soie vi- 
vent dans un air humide et chaud, des 
symptômes de muscardine ne tardaient pas 
à se développer, et quoique dans ce cas 
cette maladie n’atteigne qu'une faible par- 
tie de la récolte, on ne saurait trop soigner 
les vers à soie;.leur santé d’ailleurs s’en 
trouve mieuxet la récolte est plus abon- 
dante et de meilleure qualité. 


SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 6 mai. 


Après la lecture du procès-verbal, 
M. Cousin, au nom de ja section de philo- 
sophie, a fait connaitre le sujet mis au con- 
cours pour 4815. La section avait d’abord 
songé, d’après ce que nousa appris M. le 
rapporteur, à suivre la marche qu'elle 
avait adoptée depuis quelques années, et à 
mettre au concours quelques questions 
historiques des grandes époques de la phi- 
losophie. Elle aurait cette fois choisi entre 
la philosophie de Platon et celle du moyen 
âge ; maisen présence des attaques qui sont 
dirigées contre cette science, à laquelle on 
va jusqu’à contester son existence et sa lé- 
gitimité, il a para plus convenable de choi- 
sir une question de philosophie pure, et la 
commission s'est arrêtée à celle de {a cer- 
titude. Le programme dont il a été donné 


858 


lecture embrasse la question dans ses 


points de vue logique, psychologique, onto- 


logique et historique. 

Les concurrents devront 1° déterminer 
les caractères de la certitude; 2° indiquer 
la faculté ou les facultés qui la donnent, et 
s’ily a plusieurs facultés, en exposer avec 
précision le caractère ; 30 traiter de la vé- 
rité et de ses fondements; 4° exposer les 
grands systèmes sceptiques de Sextus, Hu- 
me, Kant; 5° enfin rechercher les vérités 
qu'il convient à la philosophie moderne de 


conserver. Le terme fixé pour le dépôt des 


mémoires, est le 31 août 1844. 

Nous remarquons une lacune dans le 
cinquième paragraphe du programme. La 
commission ne dit pas ce que les concur- 
rents devront faire des vérités dont la phi- 
losophie moderne ne pourra pas s’accom- 
moder. Or, les verités étant toujours des 
vérités, sont bonnes à quelque chose, et 
elles sont en trop petit nombre, même en 
philosophie, pour qu’on les rejette comme 
choses de rebut; car, agissant ainsi, on 
pourrait faire supposer qu’il y a des vérités 
qui ne sont qu’approximatives, ou même 
simplement de circonstance. 

Un Ouvrage de M. Bayle Mouillard, sur 
lequel M. Béryat-Saint-Prix avait fait un 
rapport verbal dans la séance du 29 avril, 
et que nous n'avions fait qu'indiquer, nous 
a paru tellement intéressant pour ceux qui 


| s'occupent de la science du droit, que nous 


croyons devoir reproduire l'appréciation 


extrêmement judicieuse qu’en a présenté 


M. le rapporteur. 

Cetouvrage, a dit M. Béryat-Saint-Prix, 
est une histoire presque compiète de ce 
qu’il y avait de plus remarquable dans Île 
régime ancien de la province de France où 
la législation offrait le plus de variété, où, 
non seulement telle ville suivait des règles 
différentes, des règles auxquelles étaient 
soumis ses faubourgs, mais où telles mai- 
sons d’an village suivaient le droit remain, 
tandis que d’autres maisons observaient le 
droit coutumier..…. où l’on appelait au tri- 
bunal d’une ville, des jugements rendus 
les mois pairs, etau tribunal d'une autre 
ville, des jugements rendus les mois im- 
pairs. 

Il a rappelé, à cette occasion, un SYÿs= 
tème non moius étrange suivi à Grenoble. 
Les années impaires, la justice y était ren- 
due par un officier de l’évèque ou juge 
épiscopal, et les années paires, par un Juge 
royal ou officier du roi, fonctions que rem- 
plissait, en 1789, le célèbre Mounier, lors- 
qu'il fut nommé aux états-généraux. 

M. Bayle-Mouillard, observe-t-il ensuite, 
parcourt les matières un peu importantes 
régies en Auvergne, soit parles lois civiles, 
soit par les lois criminelles. 11 indique les 
compositions ou amendes par lesquelies on 
se rachetait jadis des peines encourues par 
des crimes ou délits, tels que le vol, le rapt; 
l’adultère, le sortilége. I signale plusieurs 
pratiques absurdes ou ridicules, par exem- 
ple, un procès intenté à des chenilles, et 
suivi d’une sentence qui leur enjoignait de 
vider le ferritoire d’une certaine commune 
(le rapporteur indique, à ce sujet, des Re- 
cherches qu'il a publiées en 1829, sur les 
procès intentés aux animaux, et où il n’en 
indique pas moins de 90). ES 

M. Béryat-SaintdPrix, apres avoir êgas 
lement cité quelques uns des exemples don: 
nés par M. Bayle-Mouillard pour les dispo 
sitions de plusieurs des lois ou coutumes 
anciennes, a déclaré, en terminant Son rap= 
port, que les Etudes historiques, lui parais- 


5159 


vent dignes de figurer auprès de l’ouvrage 
u même auteur, sur la contrainte par 
…orps, couronné par l’Académie en 1835. 
C.F. 


j 
ps 


f LINGUISTIQUE. 


JSssai d’une grammaire de la langue des îles 
Marquises, rédigé sur les documents du PF. 
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en 
chef des îles Marquises. 


(Premier article.) 


| LANGUE. 
Des lettres, de la prononciation, des genres, 


des cas. 
1] 
| 


|: La langue nu-hivienne a cinq voyelles : 
2, e, 1, 0, u, et neuf consonnes : g, À, l, m, 
MPa T0 Ve 
Il faut noter cependant que le g n’est 
usité qu’en quelques baies et encore en 
peu de mots : il se prononce ng, comme à 
Mangareva, /, L, n’est également usité que 
pour certains mots étrangers, surtout 
venus des Sandwichs. 
| Je ne marque pasau nombre des lettres 
VA, qui n’est réellement que la marque 
de l'aspiration très forte. et très usitée dans 
la baie d’Anna-Maria. Il n’y a point d’au- 
itre accent; les voyelles conservent tou- 
Hours leur’son propre; et pour léslongues 
letles brèves l'usage seul peut donner des 
‘règles. 
| Les voyelles se prononcent comme en 
‘France, sauf l’4 qui, comme dans la plu- 
\part des langues, se prononce ou, 
| Les consonnes, à l’exception du g, qui se 
iprononcent également comme en français; 
le 4 se prononce cependant un peu plus 
idur, à peu près comme l’x grec, c’est-à- 
dire comme le X avec aspiration. 

On netrouvejamais deux consonnes de 
suite dans le même mot en, cette langue, 
et elles ne terminent jamais non plus un 
mot. 

Mais on y trouve plusieurs diphtongues 
| très usitées, surtout aï, 40, ei, oi, 00, ou. 

Les augments etredoublements, comme 
dans la langue ancienne des Grecs, y sont 

“aussi tres fréquents, les premiers principa- 
lement pour marquer les temps et les 
modes des verbes, comme on le verra à 

| Particle du verbe. Les deuxièmes, tantôt 
pour la formation de certains mots com- 

“posés, tantôt pour donner plus de force à 

.“ l'expre:sion;ou pour composer un diminutif, 


| 
| PARTIES DU DISCOURS. 
F | Cette langue compte neuf parties du 


(l 

‘ verbe, l’adverbe, la préposition , la con- 

(jonction et l’interjection. 

4 1o De l'article. 

1i y a une espèce d'article indéfini qui se 

i | met devant les noms et les verbes , toutes 

iM\ les fois qu'ils se prennent dans un sens gé- 

sh néral et indéterminé, c’est e. 

“ Ux.: £eg, pierre, ekea, une pierre, des 

:B : - pierres. 

dl | kite, voir. ekite, voir en général. 
I y a aussi un article défini £e qui s’em- 

4 ploie devant les noms au singulier et au 

st pluriel, au masculin et au féminin. Il se 

| met aussi devant les verbes qui deviennent 

wi) alors substantifs ou noms et sont réelle- 


ÿ ment dans cette langue l’un et l’autre à vo- 
jbl lonté. 


Il 


1 
| 
| 


| 40, qui sert de base pour les grandes quan- 


M discours : le nom, le pronom, l’adjectif, le. 


860 


Ex.: Te aki, le ciel. 
Te henua, la terre. 
Te enana, les hommes. 
Te vehine, les femmes. 
T'e ekite, le voir ou l’acte de voir. 
20 Du nom. 

On ne trouve aucune marque distinc- 
tive des genres dans cette langue; il n’y a 
pas non plus de cas, mais à la place on se 
sert de prépositions et de l’article comme 
en francais. 

Ex. : N. te motua, le père. 
G. to te motua, du père. 
D. ite motua, au père. 
Acc.te motua, le père. 
Voc. motua, le père. 
Abl. tote motua, du père. 

Déclinez de même. te lui, la mère, etc. 

Le pluriel ressemble exactement au sin- 
gulier, cependant on trouve quelquefois la 
particule na , comme marque du pluriel. 

Ex. : na hue paura, les caisses de poudre. 

Pour marque de l'ablatif et du génitif 
on trouve aussi o et & qui ne sont que des 
abréviations des prépositions (0, {a, no,na, 
toutes usitées aussi, plus cependant les 
deux premières, mais chacune avec quel- 
que nuance de signification différente. 

NOMS DE NOMBRE. 
Les noms de nombres cardinaux sont : 
Atahi 1. Matahi 11 


Ana 2 Mana 12 
Aton 3. Maton 13 
Ahaa 4. Ma haa 14 
Aima ak Ma ima 15 
A ono0 6. Ma ono 16 
Ahitu 45 ._Mahitu 47 
Ayvau 8. Marau 18 
Ahiva 9, Ma iva 19 
Anohuu. 10. Tekauoukao20 


Les Nu-hiviens, comme la plupart des 
insulaires, comptent sur leurs doigts et 
leur calcul est décimal. La première dixaine 
d'unités simples dans l’énumération ordi- 
naire, a, Comme on le voit, poursigne l’a, 
et la deuxième 24. Mais il est à remarquer 
que s'ils appliquent ces nombres à un ob- 
jet quelconque pour la première dixaine, 
Va se changeen e et ils ne disent plus atahi, 
ahua, etc., mais bien etahr, ehua, etc. 

Ex. : etahi }enana, ehua,un, 2 hommes. 
Après T'ekao, vingt, on continue ainsi : 
Tekau metahi 21 ou tekau etahi 

Tekau mehua 22 
Tekau meonohu 30 
Tekau matahi 31 
Tekau mahua 32 
Tauha 40 
Ils affectionnent surtout le nombre {oha 


tités. Ainsi etahi tauha, une quarantaine, 
ehua tauha, deux quarantaines, etc. 
Nora. Quarante brasses se dit kumi. 
Après 40 on continue de la même ma- 
nière : 


Tauha metahi A1 ou toha etahi. 


Toha me onohu 50 
Tohame tekau 60 
Tekau me onohu 70 
Ehuatauka 80 


Ehuataukameonohu 90 
Ehua me tekau 


réellement la base du calcul. 

Le nombre 400 est également désigné 
par un nom spécifique vao où mille par 
mano (elaht mano). 

Mano-mano répété marque infini, 
comme aussi puu-puni, teni-leni, mar- 
quent un fort grand nombre, mais indé- 
terminé. 


D'où l’on voit que le nombre toha est . 


861 


À la fin de chaque calcul les insulaires 
ont assez l’habitude d'ajouter no pao, c’est 
fait. 

Les noms de nombre ordinaux ne sont 
pas faciles dans cette langue à distinguer 
des nombres cardinaux. Pour désigner le 
premier, la première ils diront quelquefois 
tohahi qui veut dire aussi, seul , ou ma- 
mua qui veut dire aussi, par devant, pre- 
mierement. Pour désigner le deuxième ils 
diront, »14 mur to mui qui signifie, à la 
suite,-par derriere. 


GÉOGRAPHIE. 
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE. 


Première assemblée générale de 1843, sous 
la présidence de 11. Cunin-Gridaine, mi- 
nistre de l’agriculture et du commerce. 

A près la lecture du procès-verbal, M. Jo- 
mard a communiqué une lettre de M. D’a- 
badie par laquelle ce savant recommande 
à la société un intrépide voyageur qui, dans 
ce moment même traverse en pélerin toute 
l'Afrique dans sa plus grande longueur, en 
passant par des contrées jusqu’aujourd’hui 
inconnues. 

La société recoit au nombre de ses mem- 
bres M. le marquis de Saint-Simon, pair de 
France, et M. Jules Chevalier. Ce dernier 
était présenté par MM. Terneaux-Com- 
pans et d’Avezac. 

M. Daussy lit un rapport de la commis- 
sion sur le concours, relatif au prix annuel 
pour la découverte la plus importante en 
géographie. La commission pense que ce 
prix doit être décerné au capitaine Roos, 
qui en 1840 et 1841 s’est le plus avancé vers 
le pôle antarctique, et ne s’arrêta que de- 
vant une haute barrière perpendiculaire 
de glace au delà de laquelle on ne pouvait 
entrevoir que les sommets élevés de quel- 
ques montagnes éloignées. 

M. Terneaux-Compans instruit la so- 
ciété qu’il a recu, il n’y a encore que deux 
jours, des nouvelles de M. D’Héricourt, en 
date du 17'janvier: La lettre de ce VOya= 
geur dissipe toutes les craintes qu'on avait 
conçues: Toutefois, M. Terneaux annonce 
aux membres de la société que leur collègue 
qui est parvenu à traverser le pays de Choa 
a éprouvé des obstacles de plus d'un genre, 
et que certainsde ces obstacles sont de telle 
nature, qu'il croit devoir garder pour les 
communiquer à la commission centrale, les 
détails que renferme la lettre qu'il a reçue. 

M. Roux de Rochelle à présenté le rap- 
port relatif au prix fondé par feu monsei- 
gneur le duc d'Orléans. Un seul Mémoire 
avait été envoyé par M. de Morino sur l’art 
de la vanerie par lui importé en France. 
La commission, en reconnaissant l'utilité 
de l'importation, n’a pas cru cependant 
que le but que s’était proposé le fondateur 
eut été atteint. À ce sujet, M. le rapporteur 
a mentionné honorablement un service 
rendu par M. Passebar qui a pénétré dans 
l’Hyemen et en a rapporté du café en coque 
et des jeunes plans pour renouveller les 
qualités de café de nos colonies. Malgré les 
détails géographiques que contient le rap- 
port de M. Patsebar « le prix ne peut être 
décerné à ce marin attendu que sa mis- 
sion lui avait été donnée par le gouverne- 
ment, et qu’elle était une obligation de son 


service.» En conséquence la commission a 


proposé, par l'organe de son rapporteur 
qu'une médaille d'encouragement fut dé: 
cernée à M. de Morino, et que le concours 
fut prorogé à 1846. 

M. Berthelot a fait l'éloge du contre ami- 
ral Dumont-Durville. Ce travail, qui est 


S62 

écrit dans des proportions académiques et 
qui a été lu par le secrétaire général de la 
commission centrale avec beaucoup de feu 
et de noblesse, a été écouté avec intérêt et 
avec le recueillement religieux que devait 
inspirer le souvenir de la catastrophe dont 
Dumont-Durville fut la plus noble et la 
plus regrettable victime. 


ARCHÉOLOGIE. 

Notice sur l'église Notre-Dame-des-Mira- 
cles à Mauriac; par M. Delalo, mspec- 
tenrs des monuments du Cantal. 

M. Delalo, inspecteur des monuments 
du Cantal, vient de publier dans les Ta- 
blettes de l’Auvergne, une très bonne no- 
tice sur l'église N.-D.-des-Miracles de Mau- 
riac. Nous allons reproduire un fragment 
de cette description. 

Le plan de l’église de N.-Dame de Mau- 
riac figure une croix latine ; elle est divisée 
en trois nefs, 

À l'intersection des transepts s'élève une 
coupole sous une tour oclcgone; deux au- 
tres tours carrées tout à fait modernes 
flanquent la façade occidentale. 

La nef est divisée en cinq travées. Les pi- 

liers carrés qui les forment ont sur cha- 

cune de leurs faces des colonnes engagées. 

Les voûtes de la nef, du chœur et des 
transepts, sont en berceau , elles sont d’a- 
rête dans les bas côtés; les uneset les autres 
sont renforcées par des arcs-doubleaux. 
Les voûtes et les arcades du chœur, des 
apsides latérales, de la croisée, et de la 
premiere travée de la nef, sont en plein 
cintre; celle du reste de la nef et des colla- 
téraux sont des égives romanes. 

La nef, les transepis et le chœur sont à 
la même hauteur ; l'hémycicle du chœur 
et les collatéraux ont moins d’élévation. 

Les chapiteaux du chœur, les apsides 
latérales de la première arcade, de la nef et 
des collatéraux, sont seuls, sculptés. Ils 
sont tous variés: les uns, sont historiés, 
d’autres sont ornés de feuillagés ou d’ani- 
maux fantastiques. Les bases. des colonnes 
sont historiés ou ornées de rinceaux et 
. .d’entrelacs. Les chapiteaux de ja nef et des 
collatéraux dans la partie ogivale, sont 
dépourvus d’ornements, quoiqueleur galbe 
soit le même que celui des chapiteaux his- 
toriés. Les bases de toutes les colonnes sans 
exception sont attiques. Il est à remarquer 
qu'on n’a représenté sur les chapiteaux 
aucun sujet chrétien. Dans un seul, on voit 
sur la surface principale un ange, et sur 
les côtés deux personnages qui approchent 
de leur bouche-unolifant. Deux autres cha- 
piteaux figurent.des.supplices. 

Autour de l'hémiciele des chapelles laté - 
rales, on observe, à une haateur d'un 
mètre 77 centimètres, une espèce de stylo- 
..bate qui supporte deux pilastres, et qui 

-Servait aussi probablement de crédence. 
Autour des collatéraux et des apsides la- 

‘iérales, règne le long des murs un banc en 

pierre qui sert à la fois de siège aux fidèles 

et de slylobate aux colonnes engagées. 

Les deux apsides latérales communi- 
quaient avec le chœur par deux arcades, 
aujourd’hui bouchées, 

Deux portes donnent accès dans l’église, 
la première à l'occident, la seconde au 
midi ; une troisième, plus petite, était per- 
cée dans le Lransept méridional, 

Le chœur était Cclairé par six fenêtres, 
dont la principaleest masquée parlerétable 
de l'autel, Chacun des transepts est percé 
par une fenêtre surmontée d’une rose ou 


863 


œil-de-Lœuf. Ces différentes ouvertures 
w’oflrent à l'intérieur aucune trace d’orne- 
mentation . si l’on excepte l’une des roses, 
qui est entourée d’un tore. Les sculptures 
de l’intérieur de l’église n'ont rien de re- 
marquable. Si les bases présentent des en- 
trelacs d’un dessin correct et bien exécuté, 
on pe peut pasen dire autant des chapileaux 
historiés, qui sont d'un travail gro:sier. Il 
semblerait qu'on avait réservé les ouvriers 
les plus habiles pour l'ornementation exté- 
rieure. 

Les troisapsides, les transeptsetle chœur, 
ont pour entablement une corniche très 
saillante ornée de lorsades et soutenue par 
des modillons sculptés avec soin. 

Tous les modillons sont variés; ils repré- 
sentent des êtres réels ou chimériques dans 
diverses positions ; il en est de fort obscè- 
Des; il n’y a point de têtes grimaçantes. 

Tous les murs de l’église sont revêtus de 
pierres d'appareil, à l'exception des deux 
tours occidentales, et de la partie supé- 
rieure de la facade, qui sont d’une époque 
récente. $ 

Les murs des apsides latérales sont ren- 
forcés par des contreforts peu épais. A l’ap- 
side centrale, deux colonnes à chapiteaux 
historiés remplacent les coutreforts : ce qui 
porterait à penser qu'ils étaient destinés 
tont à la fois à orneret à eonsolider l'édifice. 

Les fenêtres de l’apside centrale sont! 
flanquées d’élégantes colonnettes à bases et 
à chapiteaux historiés; un tore de l’épais- 
seur des colounettes en décore le cintre. 
Autour de leur archivolte règne un cordon 
en torsade. 

Les pignons des transepts figurent une 
arcade bouchée en plein cintre. Les roses 
dont ils sont. percés sont ornées d’un gros 
tore et d’une torsade. 

La porte méridionale est en ogive, mais 
l’ornementation est toute romane. L’ar- 
chivolte est ornée d’un cordon en damier; 
les arcatures en retrait sont soutenues par 
des colonnettes à chapiteaux historiés, sur 
lesqueiles s'appuient de gros tores. 

La façade est divisée en trois parties, in- 
diquant les trois nefs. Au milieu est une 
porte décorée de plusieurs rangs de moulu- 
res en retrait. Sur les côtés, deux arcades 
bouchées étaient ornées de bas-reliefs, dé- 
truits pendant la révolution. et dont l’un 
representail la Fuite en Egypte. Ces arca- 
des s'appuyaient sur deux colonnes dont la 
porte est flanquée, et qui ont pour bases 
des lions assis, L'un d’eux a été brisé, onne 
sait à quelle époque ; celui quireste est mu- 


tilé, mais il est encore parfaitement recon- 


naissable. L'archivolte du portail repré- 
sente le Zodiaque; la plupart des figures 
sont transpostes; d'autres figures ont été 
ajoutées aux signes : ce sont des brebis, des 
chèvres, un sanglier et un autre animal. 

Le cordon de l'archivolte se perpétuait 
et formait une corniche au-dessus des ar- 
cades bouchées, Elle était ornée &e diver- 
ses figures dont on ne voit que de faibles 
restes. 

Le tympan est couvert par un bas-relief 
qui représente J’Ascension. Il se divise en 
deux plans séparés par un cordén. Dans le 
plan inférieur sont treize personnages ran- 
gés sur la même ligne. Les tètes dnt dis- 
paru ; il ne reste plus que les nymbes perlés 
qui les décoraient, Dans le plan supérieur, 
on voit Jésus-christ représenté dans un ca- 
dre elliptique perlé: il a les mains levées 
au ciel, dans l'attitude décrite par l’antien- 
ne que l’on chaute À la messe de l'Ascen- 
sion; 


864 

« Ælevutis nm nibus benedixit eis, et fe=M 
rebatur in cælum.» è 

La têle est entourée d'un nymbe croisé. 
Jésus-Christ est vêlu d’une tunique et d'un 
manteau ouvert et flottant, oré nde brode- 
ries. À ses côtés sont deux anges en adora- 
tion, Sur le linteau de la porteet le cordon 
qui divise le bas-relief, on voit une inscrip- 
tion en lettres capitales conjointes et mêlées 
d'onciales, telles qu’on les employait au 
onzième siècle et au commencement du 
quatorzième. Elle paraît être en vers léo- 
nins. Voici ce quej'ai pu en lire, le reste 
étant recouvert de mortier ou détruit. 

Tres sunt atque decem, qui cernunt scan- 
dere regem. 

Celum (pour cælorum) cunctorum, domi- 
alim domiro..… 

Des traces de couleur rouge, que l’on 
remarque sur le fonds du bas-relief, sur 
les nymbes, sur les moulures du portail, 
les bandelettes noires et blanches qui ser- 
pentent sur le rouge des moulures, prou- 
vent que lartiste avait employé la sculp- 
ture polychrome, et avait voulu rehaus- 
ser les figures par l'éclat des couleurs. 

Ce bas-relief, quoique mutilé, est remar- 
quabie sous tous les rapports. Le dessin est 
correct, les détails sont terminés avec beau- 
coup de soin, les ailes des anges surtout 

sont admirablement feuillées, les draperies 
tombent bien : il y en a que l’on croirait 
imitées de l'antique, si elles avaient un 
peu moins de raideur. La hauteur de l’ar- 
chivolte, la profnsion des moulures, la pu- 
reté des lignes, donnent au portail un 
aspect tout à la fois riche et imposant. Je 
n'airien vu en Auvergne qui puisse lui 
être comparé, et c'est bien certainement 
un des restes les plus remarquables de la 
sculpture byzañtine. 

Si je suis parvenu à décrire avec exacti- 
tude les diverses parties de l’église de Mau- 
riac, il ne sera ras difficite de déterminer 
l’époque de leur construction. 

Le chœur, les apsides latérales, les tran- 
septs et la première travée de la nef, sont 
de la fin du x1° siècle. La forme des lettres 
de l'inscription du portail ne permet pas 
de fixer sa construction à une époque 
postérieure à la première moitié de ce der- 
nier siècle. Quant à la partie ogivale de la 
nef, elie est probablement de la dernière 
moitié du douzième siècle; elle ne pré- 
sente pas de caractères assez tranchés pour 
qu’on puisse déterminer d’unemavière sùre 
l’époque à laquelie elle a été élevée. 

La tour centrale fut ornée en 1335 d’une 
flèche, rétablie en 1563. La tour fut en 
partie reconstruite en 4620. En 1795 , elle 
tomba sous le marteau révolutionnaire, et 
depuis lors , l'église de Notre-Dame, dé- 
pouillée de sa couronne, n'a plus rien qui 
la distingue , au loin, des édifices civils ; 
elle semble avoir perdu son caractère; 
et ce n'est qu'en s’approchant de son beau 
portail, qu'on reconnait enfin un monu- 
ment consacré au culte. 

Les quatre chapelles adossées aux cols 
latéraux sont étrangères au plan primitit 
de l’église; elles n’ont rien de remarqua= 
ble. Celle de sainte Anne fut fondée en 1108; 
celle du Sépulère en 1542, celle de la Nas 
tivité en 1513, et celle des fonts baptiss 
maux, autrefois appelée de Gxiolo, en 
10 

ET 
Le Rédacteur-Gèrant : 
C.-B. FRAYSSE. 


PARIS .—IMP. DE LACOUR et HAISTRASSE üils, 
ru Saat-lenciothe-S.-Miehel, 33, 


fl na 10. année. 


| “ L'Ecro DU MONDE SAVANT paraît le SJEUMDE et le 


DU 


Paris. — Jeudi, 18 Mai 1843. 


N° 37, 


E SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ImA JCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 .pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 2, et dans les départements chez les principaux li- 


le W  braires, et Gans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR'S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois MOIS 7ÎT. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,26fr., 
te Sfr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. far an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ- 


à | 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES , séance du lundi 15 mai. — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE. De l’action chimique 
_ d'un seul couple voltaïique et des moyens d'en 
1 augmenter la puissance; de la Rive. — SCIEN- 
, 4 CES NATURELLES. MÉTALLURGIE, De la 
ù Ra des métaux précieux au Mexique ; 

| Saint-Clair Duport. — SCIENCES APPLI- 
-“ QUEES. — ARTS MÉFALLURGIQUES. Sur 
++ Vapplication des gaz des hauts fournaux au traite- 
| ment métallurgiques; Laurens et Thomas. — 
“ AGRICULTURE. La carie du froment. — HOR- 
“ TICULTURE. 14° exposition des produits de la 
… Socitié royale d'horticulture de Paris. — MA- 
I] GNANERIE. Moyens d'apprécier la pureté de 
it l'air dans les magnaneries; Robinet, — SC[IEN- 
CES BISTORIQUES. GÉOGRAPHIE. Socicté 
asiatique de Londres. — Voyage en Californie; 
Duflot de Mofrase — FAITS DIVERS. — BI- 
BLIOGRAPHIE. 


“ ACADÉMIE DES SCIENCES. 


! He Séance du 15 mai. 


… M: Séguier a lu un rapport sur un mé- 
«noire de M. Donné relatif au lactoscope et 
“1 son emploi. Déjà nous avons fait connai- 
… re notre opinion à l’égard de cet instru- 
nent, et l’Académie a opposé aux conclu- 
‘ons favorables du rapporteur les objec- 
“ions sérieuses et insolubles qui nous fai- 
# aient présumer, il y a quelques semaines. 
“quelle lactoscope ne vivrait pas. M. Payen 
« fort bien fait remarquer à M. Séguier que 
e lait de deux vaches prises dans les mé- 
«mes conditions pouvait, sans être falsifié, of- 
hTir au lactoscope un aspect tout différent. 
NE uu sera peu pourvu de matières grasses, 
4 °t par conséquent laissera facilement pas- 
hier les rayons lumineux ; l’autre aussi na- 
'urel que le précédent, mais abondamment 
ourvu de ces mêmes iatières qui, d’ail- 
M '€urs, peuvent varier de À à 5, Jouira de 
M PTopriétes inverses. C'est là une objection 
Mpussante que le lactoscope n’a ni comprise, 
lat résolue ; donc il est en défaut. Mais, 
b|z0omme l’ont dit MM. Thénard et Pelouze, 
ne peut-on pas rendre opaque un lait falsi- 
lié? L'esprit rusé des marchands a-t-il ou- 
iblié que certaines émulsions peuvent con- 


» lapacité de quelques hommes n’a-t-elle pas 
été chercher jusque dans la cervelle des ani- 
maux un procédé de sophistication? Ces 
| | faits Sont trop connus pour que nous y in- 
[Sistions, et nous n’avons plus qu'un mot à 
dire sur le lactoscope : vérit. 

bi M. Lassaigne a envoyé à l’Académie une 
note d’où il résulte : : 

1° Que la peau du ver à soie, différente 
id ses propriétés chimiquesdece tissu étu- 
idié dans les animaux supérieurs, présente 
Entre autres caractères, celui d’être inalté- 
[table parunesolution concentréede potasse 


Caustiqueet insoluble, même à chaud, dans 
[ce liquide ; 


Minbuer : té 600 
“'itibuer à l’opacité du lait, et la dégoütante 


2 Que, sous ce rapport, la peau de cette 
larve se rapproche des parties dures et cor- 
nées qui forment le squelette tégumentaire 
des insectes de l’ordre des coléoptères et dip- 
tères, en possède toutes les propriétés, et 
sans doute aussi la même composition élé- 
mentaire ; 

3° Que la matière organique qui est la 
base de ce tissu particulier constitue la peau 
des arachnides, mais ne se rencontre pas 
dans celle des annélides ; 

4 De lac ion exercé: à chaud par la so- 
lution concentrée de potasse caustique sur 
les larves et les insectes, il résulte donc que 
cet agent peut, par la propriété qu'il pos- 
sède, de dissoudre les viscères, les muscles 
et les organes intérieurs de ces animaux, 
laïsser intacte leur enveloppe ttgumentaire 
en Conservant à celle-ci sa forme primitive, 
et offrir ainsi un moyen simple de prépa- 
rer et d'étudier leur squelette. 

M. Biot a lu à l’Académie un mémoire 
sur la latitude dé l'extrémité australe de 
l'arc méridien de France et d’Espagne. Ce 
travail, où M. Biot rapporte les particula- 
rités scientifiques de son voyage en Espa- 
gne avec M. Arago, ne peut être analysé ici 
dans ses longs calculs et dans tous ses rai- 
sonnements mathématiques, nous en ferons 
connaître plus tard le but géognésique. 

M. J. V. Gerdy a envoyé à l’Académie 
de longues recherches sur lPanalyse des 
combinaisons solubles du soufre avec 
l’oxygène, l’hydrogène et les métaux. 
L'auteur de ce mémoire nous a fait con- 
naître un nouvel oxacide du soufre ré- 
sultant de l’action du perchlorure de fer, 
sur l’hyposuifale de souae. Si lon traite 
une dissolution concentrée d’hyposulfite 
par le perchlorure de fer liquide et acide, 
il se produit d’abord dans le mélange une 
teinte noire, puis violette, très foncée, qui 
s’éclaircit par l'agitation et revient à la 
couleur du perchlorureun peu plus étendu. 
si l’on n’a pas mis assez de sel ferrique ou 
s’il ne contient pas assez d’acide en excès, 
la dissolution se trouble bientôt et laisse 
précipiter du peroxide de fer, si au con- 
taire le chlorure est suffisamment acide, 
le liquide reste clair et prend ensuite une 
couleur demoins en moins foncée, qui finit 
par être jaune ou jaune verdâtre tres clair. 
Le peroxide de fer est passé en partie à 
l’état de protoxide, parlois presque com- 
plètement, et une portion de la base de 
lhyposulfite s'est combinée avec Paci Le 
chlorhydrique en excès, pendant que l’a- 
cide du soufre a pris un tout autre état 
de saturation et une nature différente. Ce 
nouvel acide se rapproche, par queiques 
unes de ses propriétés, de ceux qui ont été 
découverts par M. Langlois et par MM. 
Fordos et Gélis sans cependant présenter 
tous lears caractères Il s'en distingue da- 


. bord, parce qu'it forme avec la bary'e un 


F- RATURE ET DES BEAUX-ARTS cl les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. ÇC.-3. FRAYSSE, gérant-administrateur, 


sel très peu soluble, Au:si traïte:t on le 
mélange indiqué par le chlorure bary- 
tique; il se forme un précipité très abon- 
dant qui peut être lavé avec de l'alcool ou 
de l’eau distillée chaude oa froide. Si 
Von fait bouillir le précipité avec un peu 
d’acide sulfurique ou de sulfate de soude 
on obtient, dans le premier cas, le nouvel 
acide à l’état de liberté, dans le second cas 
un nouveau sel de soude. Dans les deux 
cas la dissolution peut être concentrée par 
l'évaporation et même par l’ébi 1 ticn sans 
se décomposer. À un degré suffisant de 
concentration elle est décomposée par : 
l’acide azotique qui en précipite da soufre. 
Outre cette découverte d’un nouvel acide, 
le travail de M. Gerdy renferme des vues 
ingénieuses sur les différentes combinai- 
sons du soufre, et ’es faits curieux qu’il 
révèle à la science seront, pour les chi- 
mistes, d’un haut intérêt. 

M. Sorel a fait conuaître à l’Académie 
des appareils destinés à prévenir les explo- 
sions des chaudières à vapeur. Nous n’en- 
trerons pas dans tous les détails de ces ap- 
pareils, mais nous nous contenterons de 
dire que les moyens proposés par l’auteuxg 
de ce travail, consistent : 1° dans lempfi 
du métal fusible appliqué au fond du gë 
rateur. Mais il faut que l’allage soit Le 
posé de manière à cntrer en fusion hr 
température inferieure à celle qui eâtiné 
cessaire pour produire la ca!éfaction 
dans l'emploi de argile dans la chaudiè 
ou ce qui vaut mieux de l’alun ou du 
borax. Ces sels possèdent à un haut degré, 
la propriété d'empêcher la calfaction ; 
3° enfin, dans l’éemploi de bons appareils 
alimentaires pour que l'eau ne manque 
pas dans la chaudière. Eu outre il est bon 
d'avoir des appareils avertisseurs pour don- 
ner l'éveil lorsque le niveau de l’eau des- 
cend trop bas dans la chaudière. 

Les éléments de l'orbite paraboïique de 
la comète découverte à Paris ;/le 3 mai 
1813, ont été communiqués aujourd'hui 
à l’Académie des sciences par M. Mau- 
vars ; nous les donnons ici dans le ta- 
beau suivant : 

Passage au périhélie, 1843, mai 10,962114 
Distance périhélie 1,631366 
Longitude du péri hélie 284 52° 0” 
Longitude du nœud ascendant 156° 49° 47” 
Fuclinaison 53221327 

Le sens du mouvement heliocentrique 
est direct. Ces él‘ments ont étécalculés sur 
les observations des 4, 6 et 8 mai, corri- 
gces de la parallaxe et de l’aberration. Les 
observations ont prouvé que la comète se 
rapproche très lentement de la terre, et il 
paraît, d’après des éphémérides provisoires 
calculées sur ces éléments, qu'elle sera 
visible très longtemps. On peut remarquer 
dans cette comète sa très grande distance 
périhélie. Les trois comètes de 1729, 1747 


866 


et 1826 sont les seules dont les distances 
périhélie saient surpassé celle-ci. On avait, 


en 1729 distance périhélie 4,070 
1747 id. 2,294 
1826 id. 2,008 
1843 id. 1,631 


Voici maintenant comment ces éléments 
représentent les observations : 
Excès des positions calculées de la comète 
sur les positions observées. 


Date Lieu Erreur Erreur 
* de l’observat. en longit. en latitude. 
mai. Paris. 90,2 L513,t8 
A Speob Did LS \guigu ST LEO 2 
6id: id. De 1,6 
8 id. id. —+ 1,2 2 
9 id. Marseille.  +1272 +8, 5 


M. Demidoff a envoyé à l'Académie 
quelques noticeseurieuses sur l'exploitation 
des sables aurifères, en Sibérie. 11 est in- 
téressant de voir combien les résultats des 
premières tentatives d'exploitation des sa- 
bles aurifères de Sibérie paraissent en signe 
de progrès , quand on compare l’exploita- 
tion de 1830 à celle de 1842. Les résultats 
de ces travaux métallurgiques sont consi- 
gnés dans les tableaux suivants. 


pouds., - livres. zoloniks. 
0 02 59 1/2 
1831. — 10 18 35 1/2 
4832. — 21 34 68 3/4 
4833: — 36 32 53 3/4 
1834 — 65 18 90 3/8 
1835. —.. 93 12 46 1/4 
1836. — 105 9 ai 
18372 032 39 5 1/4 
1838. — 193 6 47 4/2 
1839. — 183 8 16 1/8 
1840. — 255 277] 26 3/8 
1841. — 358 33 14 3/4 
18142. — 631 5 21 1/4 
2,093 38 46 


Tout porte à croire que le chiffrede l’an- 
née 1343 offrira sur celui de l’année der- 
niére un excédant très considérable. 

M. Leverrier a envoyé à l’Académie un 
long mémoire intitulé : Nouvelle détermi- 
nation de l'orbite de Mercure et de ses per- 
turbations. Letravail de Leverrier renferme 
la solution de plus d'un haut problèrie as- 
tronomique , il renverse plusieurs idées 
fausses entrées auj urd’hui dans la science, 
et prouve que les tables de Lindelot , aux- 
quelles on à ajouté une foi trop grande, 
sont souvent erronées. 

M. Mathiessen a communiqué à l’Acadé- 
mie des Sciences plusieurs faits d’optique 
expérimentale, dont l’un d’eux peut jeter 
un assez grand jour sur quelques questions 
de physique. Ce fait a pour but de rendre 
plus facile l'observation des raies du spec- 
tre. Déjà l'application stége à côté de la 
théorie et M. Mathiessen à construit un ins- 
trument propre à faciliter beaucoup ces 
sortes d'observations. L'auteur de ce tra- 
vail s’est ensuite servi de ce moyen pour 
étudier certaines lumières: enfin sa com- 
munication examine aussi la question des 
lumières monochromatiques, lumières qui 
peuvent se produire par la combustion de 


l'alcool et de l’eau salée. E.F. 
—— PERLE — 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


De Paction chimique d’un seul couple vol- 
laïque el des moyens d’en augmenter la 
puissance; par M. À, de la Rive, 

(Deuxitme article.) 


J'ai essayé de subitituerà l'acide nitrique 


867 


un peroxyde en poudre. J'y voyais deux 
avautages : lepremier, de diminuer, comme 
avecl’acidenitrique,larésistance; le second, 
d’obtenirun courant parla réduction du per- 


oxide, courant dont la direction, semblable 


à celle du courant provenant de l’oxydation 
du zinc, augmenterait considérablement 
la puissance électro-chimique du couple. Il 
y avaiten outre un avantage pratique dans 
la substitution d’un peroxyde à l'acide ni- 
trique , c'était de n’avoir besoin que d’un 
seul liquide pour charger le couple. 

Mes essais ont porté sur le peroxyde de 
manganèse et sur le peroxyde de plomb. 
Le second a une supériorité très prononcée. 
Le peroxyde, amené à l'état d’une poudre 
fine et sèche, est tassé avec soin dans une 
auge poreuse en porcelaine dégourdie ; une 
lame de platine est placée au milieu de 
l’auge , de facon qu’elle est complétement 
enveloppée de peroxyde. Cette lame porte 
un appendice auquel est fixé un conduc- 
teur en cuivre. Le liquide dans lequel 
plongentl’auge poreuserempliede peroxyde 
et: la lame de zinc amalgamé, peut être 
indifféremment ou de l’eau salée ou de l’a- 
cide sulfurique étendu de plus ou moins 
d’eau. 

Avec le peroxyde de manganèse , je n’ai 
obtenu que deux centimètres cubes de gaz 
par minute, et l'effet s’affaiblit assez vite. 
Avec le peroxyde de plomb, j'ai obtenu 
jusqu’à 10 centimètres cubes de gaz par 
minut:au mème voltamètre, et l’effet ne 
cesse point, tout eu saffaiblissant légère- 
ment. Un moyen de lui rendre toute son 
énergie, c'est de changer la direction du 
courant daus le voltamètre, On détruit 
ainsi la polarisation des éloctroiles de pla- 
tine, qui est la cause de la diminution ap- 
parente d'intensité du courant, 

Dans les mêmes circonstances, un couple 


de Grove ne donne naissance qu'à une dé- 


composition à peine sensible. La différence 
est beaucoup moindre en ce-qui concerne 
les effets calorifiques. Un couple de Grove 
a produit 425 degrés à une hélice de Bre- 
guet; un couple parfaitement semblable, 
mais dans lequel l'acide nitrique était rem- 
placé par le peroxyde de plomb, a produit 
450 degrés. Différents essais comparatifs 
faits avec un couple de Bunzen (couple de 
Grove dans lequel le platine est rem- 
placé par le charbon), avec un couple de 
Daniell, m'ont tous démontré la grande 
supériorité du couple à peroxyde de plomb, 
surtout pour les effets chimiques. Ces ef- 
fets, avec les autres couples, sont ou nuls 
ou presque insensibles. 

La durée de l’action est considérable avec 
le couple à peroxyde de plomb, pourvu 
qu'on ait soin de dépolariser de temps à 
autre les électrotes. Ce couple est d’un 
usage commode, parce qu'il n’exige l’em- 
ploi que d’un seul liquide facile à se pro- 
curer, l’eau salée où l'acide sulfurique 
étendu. Aussi j'estime qu'il pourra, tant 
sous ce rapport que sous le rapport écono- 
mique, remplacer utilement les piles à 
plusieurs couples; toujours plus coûteuses 
et plus compliquées, dans les applications 
de l'électricité à la dorure, à l’argenture 
et aux arts métallurgiques en général. Les 
essais que j'ai fait dans ce but ont été très 
satisfaisants. 

La supériorité des couples à peroxyde de 
plomb ne se soutient pas quand on en met 
plusieurs en série. Un seul couple donnait 
14 degrés à un galvanomètre calorifique 
formé d’un fil de platine de 12 centimètres 
de longueur et de 172 millimètre de dia- 


mètre, que traversait le courant. Deux 
couples en série ont donné 18 degrés au 
même galvauomètre, et 24 centimètreg 
cubes de gaz par minute. Deux couples de 
Grove ont donné, dans les mêmes circons-« 
tances, 19 degrés au galvanomètre calori-« 
fique, et 27 centimètres cubes de gaz par 
minute, Mais, ce qu'il y a d'assez curieux, 
c'est qu'une pile formée d'un couple de 
Grove à acide nitrique et d’un couple de pe=M 
roxyde, adonnédeseffetssupérieurs à ceux 
qui élaient obtenus avec une pile de deux 
couples de Grove on de deax couples de pe- 
roxyile de plomb. Elle a donné 24 degrés 
au galvanomètre calorifique , au lieu de 18 
degrés, et 32 centimètres cubes de gaz par « 
minute au voltumètre, au lieu de 24 où. 
de 27 centimètres cubes. Cette supériorité 
tient peut être à l’action chimique mutuelle 
du courant de chaque couple sur l’autre 
coup'e. On obtient également un effet 
Puissant en formant une pile d’un couple | 
de peroxyde de plomb et d’un couple | 
de Daniell à sulfate de cuivre. On a dans 
ce cas 31 centimètres cubes, tandis que deux 
couples de Daniell ne donnent que 10 ou 12 
centimètres cubes, et deux de peroxyde de 
plomb 24 centimètres cubes. | 
| 
} 
| 
| 
| 


Une pile de trois couples de peroxyde de 
plomb donne 72 centimaètres cubes de gaz 
par minute ; elle rougit le fil de platine du 
gaivanomètre calorifique, et enfin, elle 
donne une belle lumière avec les pointes 
de charbon, Mais, employés en série, les 
couples de peroxyde de plemb n’ont pasun 
pouvoir bien constant; il s'opère un dépôt 
d'oxyde de zine sur les paroïs des auges po- 
reuses, qu'il faut de temps à autre enlever. 

Une lame de cuivre substituée à la lame ! 
de platine dans les couples à peroxyde-de 
plomb:ou de manganèse, les rend irca- 
pables de produtre aucune action chi-w 
mique, et affaiblit d'une manière très pro- 
noncée leurs effets calorifiques. Cet effet | 
tient probablement à une action électro- 
chimique locale qui a lieu à la surface de | 
la lame de cuivre, qui er effet est rapide- 
ment altérée. 

Il semblerait résulter de ce qui précède | 
que, pour qu’un couple puisse produire 
uu effet chimique tel, par exemple, que | 
de décomposer l'eau avec des électrodes! 
de platine, il faut qu’il y ait dans le couple, 
deux actions chimiques donnant naissance 
à deux courants dont les effets s'ajoutent, | 
l'oxydation du zinc et la réduction d’un | 
peroxyde. Si l’eau n’est pas décomposée 
parun couple de Daniell, ou l’est d’une! 
d’une manière presque insensible par unk 
couple de Grove, c’est que la réduction de 
l’oxyde de cuivre dans le premier, et la 
désoxygénation de l'acide nitrique dans le 
second, ne s’opèrent que peu ou points! 
C’est pour cela que, dès qu'on ajoute à4 
chacun de ces deux couples un couple! 
semblable , le courant du nouveau couple; | 
en traversant le premier, augmente l'oxy- 
dation de son zine , facilite la réduction de 
l'oxyde de cuivre ou la désoxygénation dé 
l'acide nitrique , et accroît ainsi d’une mas 
nière énorme le courant du premier couple. 
Le courant du premier couple produit le 
mème eflet sur le second. Aussi l'effet de 
deux couples à force constante mis à la! 
suite de l’autre, est infiniment plus con- 
sidérable que l'effet d’un seul ; et ee qui est 
vrai pour deux couplesest vrai pour trois 
et pour un plus grand nombre. La limite 
à l'accroissement de l'effet n’a lieu que 
lorsque, pard'aceroissement dunombre des 
couples , la résistance de la pile devient plus 


| 


. “mander si, au lieu d'employer le coutant 
Ld’un second couple à augmenter celui du 
premier, on ne pourrait pasemployer le coi - 
1rant même d’un couple à augmenter sapro- 
pre intensité. Après diverses tentatives, j'ai 
réussi à réaliser cette conception au moyen 
lus appareil fort simple, que je propose 
«de nommer condensateur él'ctro-chimique, 
; “ou plutôt condensateur voltaïque. 
| Le principe de l’appareil consiste à em- 
\ployer le courant d’un couple à force con-- 
tante qui doit opérer la décomposition, à 
produire en mème temps un courant d’in- 
:duction et à diriger ce courant d'induction 
à travers le côupie lui-même, dans un sens 
, tel que son effet soit de nature à oxyder le 
. “ zinc ef à désoxyder le sulfate de cuivre ou 
_. l'acide nitrique. Ce courant produit ainsi 
sur le couple le même eflet que celui que 
 « produirait le courant d’un autre couple. La 
“disposition de l'appareil ne présente rien 
de compliqué. C’est un morceau de fer 
doux, entouré d'un gros fil de métal re- 
M couvert de soie; le courant du couple tra- 
“verse ce fil et aimante le morceau de fer : 
raussitôl une petite tige de cuivre mobile, 
-et munie d'un appendice de fer qui est at- 
M tiré par le fer aimanté, est soulevée de ma- 
‘M nière à interrompre le circuit ; il se déve- 
1 loppe alors dans le fil un courant d’induc- 
tion qui traverse le couple, et qui, réuni 
iravec celui du couple lui-même qu'il a ainsi 
} renforcé , traverse le voltamètre qui est 
resté dans le circuit, et décompose l'eau. 
Mais le fer doux n'étant plus aimanté, la 
In tige de cuivre retombe, le circuit métal- 
I, lique est de nouveau formé, le fer est de 
_“ nouveau aimanté et le même effet est pro- 
. duit de nouveau. Au moyen de cet appa- 
 æeil, un couple de Grove quai ne décompose 
Veau que très légèrement, un couple de 
_ Daniell qui ne la décompose pas sensible- 
ment , deviennent capables de la décompo- 
| Sen avec une grande énergie. On peut obte- 
M) nir jusqu'à 10 ou 15 centimètres cubes de 
Gaz par minute. Un:couple de peroxyde de 
plomb, qui donnait 9 centimètres cubes 
| de gaz par minute, en donne immédiate- 
I ment 18 par l’interposition de l’appareil 
, dans le circuit. Ce couple même donne éga- 
M, lement dans ce cas une forte lumière avec 
M) les pointes de charbon. 
| Les gaz qui proviennent de la décompo- 
M sitiou ne sont nullement mélangés par l’in- 
IN terposition dans le circuit du couple du 
w condensateur voltaique, le courant d'in- 
1, duction étant toujours dirigé dans le même 
I sens que celui du couple. On peut recueil- 
ir séparément ces gaz avec la plus grande 
facilité, et on les trouve dans la propor- 
4 lion exacte qui constitue l’eau. Aussi peut- 
ÿ 
| 
| 


869 


on employer avec avantage cet appareil 
simple et peu coûteux dans les applications 
métallurgiques. Sou interposition dans le 
ircuit d’un couple produit le même effet 
| que celui que produirait l'addition d'un ou 
de plusieurs couples, sans occasionner la 
| même dépense. 

J'ajouterai que je n’ai pas réussi à obte- 
1 mir par l'emploi du condensateur voltaïque 
| une décomposition de l’eau en me servant 
d'un simple couple zinc et platine plongés 
dans de l'eau salée ou acidulée, Il faut né- 
“cessairement qu'il s'opère ou qu’il puisse 
S'opérer deux actons chimiques dans le 
Couple pour que l’eau soit décomposée, 
-mêmequand on se sert de condensateur 
voltaique. C’est pour cela qu’il est néces- 
saire d'employer ou un couple à deux li- 


À 
grande que celle du conducteur interposé. 
Cette observation m'a conduit à me de- ! 


870 


quides commeceux de Daniell et de Grove, 
ou un couple dans lequel le métal négatif 
soitremplacé par un corps fortementoxydé, 
comme les couples à peroxyde dont j'ai 
parlé plus haut. 

Je dois ajouter que, pour que l'appareil 
condensateur marche bien, il faut quele 
fil de métal recouvert de soie qui entoure 
le morceau de fer doux, soit d’un fort dia- 
mètre et d’une longueur médiocre. Dans 
l'appareil dont je me suis servi, il y avait 
trois fils de cuivre de {À millimètre de dia- 
mètre faisant chacun cent tour; et réunis 
par leurs extrémités correspondantes, de 
facon à représenter un seul fil de 3 milli- 
mètres de diamètre, faisant cent tours. 

En résumé, je croisavoir réussi à établir, 
dans la notice qui précède, qu’un couple 
seul peut produire des effeis chimique; et 
même des eflets chimiques puissants. 

Je l'ai prouvé: 

1° En montrant que sous le vide, où 
l’adhérence des gaz aux surfaces de l'élec- 
trode est moindre, le courant est beaucoup 
mieux transmis ; 

2° En montrant que le courant d’un 
couple rendu alternatif par l'emploi d’un 
commutateur, traverse très facilement un 
voltamètre à lames de platine chargé avec 
de l’eau acidulée; 

3° En montrant qu'il en est de même du 
courant direct d’un couple quand on le 
transmet à travers un voltamètre que tra- 
verseen même tempsun courant d’induction 
dirigé en sens contraire de celui du couple; 

4 En construisant un couple dans le- 
quel 6n remplace le platine par un per- 
oxydeet suitout par ie peroxyde de plomb, 
ce qui rend ce couple, lors même qu’il 
n’est chargé qu'avec un seul liquide, de 
l’eau acidulée on salée, capable de décom- 
poser l’eau avec une très grande énergie , 
tout en donnant les gaz séparés ; 

50, En employant le courant du couple 
lui-même à produire an courant d’induc- 
tion qui, en traversant le couple dans unsens 
convenable, augmente tellement sa puis- 
sance, électro-chimique, que cette puissance 
à peu près uulle ou très faible, devient 
égale à celle d’une pile de plusieurs couples. 


— #98 9 2 dem—— 
SCIENCES NATURELLES. 


BMETALLURGIE. 


Rapport de M. B cquerel sur un owrage 
ayant pour titre : De la production des 
métaux précieux au Mexique, considé- 
rée dans ses rapports avec la géologie, 
la métallurgie et l’économie politique, 
présenté à l’Académie des sciences par 
M. Saint-Clair Duport. 

(suile.) 


M. Duport a traité la question de la pro: 
duction de l'or et de l’argent avant la con- 
quête, sans entrer toutefois dans des dé- 
tails aussi étendus que M. de Humboldt. 
Suivant lui, les anciens Mexicains se bor- 
naient à recueillir les métaux précieux par 
le lavage, autant qu’on en peut juger d’a- 
prèsla proportion de l’orrelativement à l’ar- 
gent, dans le butin que fitCortez. Ontrouve 
effectivement, dans la première partiede la 
lettre de Cortez à Charles-Quint, que cette 
proportion était comme 21 est à 5, et bien 
différente de ce qu’elle est aujourd’hui. 
Dès que les Espagnols furent maîtres du 
pays, ils commencèrent à traiter les mine- 
rais par la fonte; mais les produits furent 
d’abord très limités, en raison de la rareté 


871 


du combustible, ou même de son manque 
absolu dans certaines localités, et de l’ab- 
sence de chutes d’eau. 

Cet état de chose changea à l’époque de 
la découverte de Pamalgamation au patio, 
qui ne demande que 1 pour 400 en com- 
bustible de la valeur de l’argent, laquelle 
permit d'extraire l'argent de minerais, 
ayant une teneur trop faible pour être 
traités par la fonte, même dans les mines 
d'Europe. 

Trois traitements sont aujourd’hui en 
usageau Mexique: la fonte, l’amalgamation 
à froid (patio), et l’amalgamation à chaud 
(cazzo). L’amalgamation à froid domine les 
deux autres : sans l’emploi de cette mé- 
thode, les produits seraient bien faibles. 

Le traitement par la fonte est très dis= 
pendieux, à cause de la rareté du combus- 
tible et des chutes d’eau, et parce qu'il 
n’a pas reçu les perfectionnements résul- 
tant des améliorations apportées dans la 
construction des fourneaux et de l’em- 
ploi raisonné des fondants; on ne l’emploie 
ordinairementque pour les minerais riches, 
Les fondants sont la litharge et un carbo- 
nate de soude (tequez quite) qui se trouve 
en assez grande quantité dans quelques 
localités voisines des exploitations. 

L'amalgamation à froid (patio) a parti- 
culièrement attiré l'attention de M. Du- 
port,qui s’est attaché à ne rien omettre de 
ce qui peut éclairer sur ce mode de traite- 
ment. C'est ainsi qu’il donne le prix des 
ingrédients, sel marin, z2agistral ou sul- 
fate de cuivre, et du mercure; qu’il fait 
connaître les localités où chacune des usi- 
nes se procure le sel dont elle a besoin, Le 
prix du sel de colima, à Guanaxato ou à 
Zacatecas, est de 12 piastres {es 3 quint. 
espagnols, ou environ 43 francs pour 100 
kilogrammes. 

Le saltierra, qui, d’après l'analyse qui 
en à été faite dernièrement, ne renferme 
qu’un cinquième de chorure de sodium 
revient ordinairement, à Zacatecas, à 4pia= 
stres 3/8 les 209 livres de sel, qui, en sel de 
colima, coûteraient8 piastres, 

M. Duport fait connaître le mode de fa- 
brication du magistral dans divers districts 
de mines, tels que Zacatecas, Guanaxato 
et autres moins importants. 

Le magistral employé à Guanaxato ren- 
ferme un cinquième en sulfate anhydre de 
cuivre; on le forme avec des pyrites cui= 
vreuses convenablement grillées. La sul- 
fatation est faite avec tant de soin, que le 
magistral ne renferme que 4 pour 100 
d'oxyde de cuivre libre. Rien enfin n’a été 
omis de ce qui puisse éclairer l’exploita= 
tion, sur les moyens de reconnaître sa 
bonne qualité, son prix dans diverses loca= 
lités, etc., etc. 

Aussitôt la découverte de l’amalgama= 
tion, le gouvernement s’empara du mono- 
pole du mercure. Les tableaux que M. Du- 
port a dressés dans son ouvrage démon- 
trent l'influence que la baisse successive 
de son prix, consentie par la cour de Ma- 
drid, a exercée sur la production de lar- 
gent au Mexique. En 1766, il revenait à 
42 piastres 36 réaux le quintal, prix qui se 
mainlint jusqu’à l'indépendance du Mexi- 
que. Le commerce élant devenu libre, le 
prix du mercure varia de 50 à 70 piastres. 
Cet état de choses dura jusqu’à ce qu'un 
capitaliste puissant, s'étant rendu adjudi- 
cataire des produits de la mine d’Almaden, 
en porta le prix jusqu’à 130 etmême 1 50 pias- 
tres, suivant que les mines étaient plus ow 
moins éloig nées de la mer. Cette hausse de 


872 

prixetorbitante n’a pas peu contribué à pa- 
ralyser ou du moins ralentirla métallurgie 
de l'argent. 

M. Duport donne ensuite, pour ainsi 
dire, l'histoire de l’amalgamation mexi- 
caine, en commençant par décrire les pré- 
parations mécaniques, et faisant connaître 
les diverses phases de l'opération, ainsi que 
les théories qui ont été successivement 
données de ce procédé ingénieux. Il nous 
montre Sonneschmidt considérant l’action 
du sel marin et du magistral comme bor- 


née aux éléments électro-négatifs que ces 


composés renferment; M. Karsten annon- 
gant la faculté que possède une solution 
saturée de sel marin-de dissoudre le chlo- 
rure d'argent et l'influence du bichlorure 
du cuivre; l’un de vos commissaires expli- 
quant le premier de quelle manière s’opé- 
rait la chloruration du sulfure d'argent 
par le bichlorure de cuivre. Toutes ces 
découvertes successives servent aujourd’hui 
de bases à la théorie de lamalgamation ; 
mais il reste.eucore à connaître une foule 
de faits de détail, dont on sera redevable à 
M. Duport:. Nous allons exposer, le plus 
succinctement possible, les principaux phé- 
nomènes de l'amalgamation tels qu'il les a 

_ décrits. 

Le mercure se comporte comme agent 
chimique et comme simple dissolvant : 
dans le premier cas, il réagit sur le chlo- 
rure d'argent qu’il décompose pour se 
combiner avec le. chlore ; dans le second, 
il s'empare de l'argent métallique dissé- 
miné en parcelles plus ou moins tenues 
dans le minerai. 

Le bichlorure de cuivre, formé au con- 
tact du magistral et du sel marin, en réa- 
gissant sur le sulfure d’argent, chlorure 
d'argent, et se change en sulfure, suivant 
les expériences de M. Boussingault; mais 
celte chloruration n’est que superficielle, 
comme l’a observé M. Duport dans des ex- 
périences faites aveu soin. 

- En raison du double rèle que joue le 
mercure dans l'amalgamation, sa perte 
peut être attribuée à trois causes : 

1. À la réduction du chlorure d'argent 
par le mercure ; 

2. A l’action chlorurante directe du 
bichlorure de cuivre sur le mercure; 

3. À l’action mécanique. 

La dernière est peu importante. On peut 
éviter en partie la première en employant 
un métal plus oxydable que le mercure. 
Pour se rendre maître de la seconde, il 
faut séparer la chloruration des sulfures 
d’argent de l’amalgamation; mais dans le 
patio, la chloruration n’étant que superfi- 
cielle, et la quantité de sel marin employée 
étant beaucoup trop petite pour dissoudre 
à la fois tout l’argent chloruré, la présence 
du mercure devient indispensable pendant 
toute la durée de l'opération. De là vient 
la perte. M. Duport, par ces expériences, 
est arrivé à cette conclusion, qu'une solu- 
tion saturée de sel marin, à la tempéra- 
ture ordinaire, dissout par litre Ogr.,570 
d'argent combiné avec le chlore; que son 
pouvoir dissolvant semble suivre une pro- 
portion constante avec la température, et 
qu'aux environs de la température de l'é- 
bullition, ce pouvoir est quatre fois plus 
considérable qu’à 10 degrés, et qu'il est ex- 
trémement faible près de zéro. 

En chlorurant par voie sèche, comme en 
Saxe, réduisant par le fer et amalgamant 
ensuite, la perte du mercure est réduite à 
la perte mécanique. Mais cette opération 
préliminaire exige du combustible et trois 


873 


à quatre fois le poids du sel employé au 
patio, dont le prix au Mexique, représente 
une fois et demie la valeur du mercure 
perdu; quoique son prix actuel soit presque 
quadruple de celui auquel le livrait le gou- 
vernement espagnol. 


Bien que les Mexicains possèdent une 
très grande habileté dans la méthode du 
patio, néanmoins ils laissent encore dans 
les résidus une teneur en argent plus ou 
moins forte, suivant qu'il se trouve dans les 
minerais une plus ou moins forte propor- 
tion de doubles sulfures. 

À Guanaxato, où le minerai est com- 
posé d'argent natif ou de sulfure avec 
peu de pyrites, de galène ou de blende, 
la perte est de 10 p. 100 de fa richesse 
totale. 

Au Fresnillo, où le minerai abonde en 
galène, pyrites et blende, elle est de 28 p. 

À Zacatecas, dont le minerai renferme 
beaucoup d'argent antimonié sulfuré, la 
perte est de 35 à 40 p. 100 : quelquefois 
toutes ces pertes, qui vont jusqu'aux deux 
cinquièmes de la richesse totale, n’au- 
raient pas lieu si l'on possédait une bonne 
méthode de chloruration par la voie hu- 
mide, et vers laquelle toutes les richesses 
de la chimie doivent se diriger. Que d’a- 
vantages n'en résulterait-1l pas pour la pro- 
duction des métaux précieux au Mexique, 
où les exploitants se découragent facile- 
ment en raison du peu de bénéfices que 
leur procure cette [roduction ! 


Un fait bien digne de remarque, c’est que 
depuis la découverte de Pamalgamation au 
patio, due à Medina del Campo, c’est-à- 
dire depuis trois siècles, les progrès de la 
chimie n’ont apporté aucun changement 
dans la manière dout elle se pratiquait 
alors, de sorte qu'elle semble avoir atteint 
de suite la perfection. En effet, M. Duport, 
qui a eu à sa disposition les archives de la 
famille de Cortez, y a trouvé des docu- 
ments qui prouvent que la quantité d’ar- 
gent extraite des minerais de Tasco, de 
1570 à 1585, correspond à une teneur de 
0,0016, et la perte de mercure à 150 p. 
100 da poids de l'argent obtenu; propor- 
tions sensiblement les mêmes que celles 
observées dans les minerais et l'amalgama- 
tion à i’époque actuelle. 


M. Duport croit devoir conclure de ses 
observations et de ses expériences, qu’à 
moins de trouver un moyen facile et éco 
nomique de chlorurer complétement à 
froid le sulfure d'argent et les doubles sul- 
fures, ou un nouveau dissolvant pour le 
chlorure d'argent plus énérgique que 
l’eau salée et moins dispendicux que l’am- 
moniaque, le traitement du patio est peu 
susceptible d'améliorations importantes. 


DE 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Sur l'application des gaz des hauts four- 
neaux aux traitements métallurgiques,etc. 
note de MM. Laurens et Thomas. 


L’atteution se porte, depuis quelque 
temps, sur la substitution daus les foyers 
industriels des gaz aux combustibles en na- 
ture, seuls précédemment employés.Cette 
importante question se trouvant soumise 
à l'Académie par un Mémoire récent de M. 
Ebelmen, ingénieur des mines, surla forma- 
tion et la composition des gaz que la métal- 


87% 


lurgie est appelée à employer, nous avons” 


pensé qu'on accueillerait avec intérêt la 


commuuication de quelques faits, relatifs M 
surtout à l'usage des gaz sur une grande” 


échelle. 

La. généralisation de l'emploi des gaz 
combustibles à la place des combuitibles 
pourrait faire naître la crainte sérieuse 
d'exposer les ouvriers à des dangers nou- 
veaux : ces gaz, en effet, sont inflammables, 
et ils contiennent d’assez fortes proportions 
d'oxyde de carkone. Ainsi, à la possibilité 
des explosions se joint celle, plus grave 
peut-être, des asphyxies. Les travaux de 
M. Leblanc ont montré en effet combien 
était délétère une atmosphère qui contient 
une faible quantité d'oxyde de carbone, et 
combien il était dangereux d'y séjourner. 
Hâtons-nous de dire que si l’application 
des gaz dans un grand nombre d’usines a 
déjà occasionné des accidents, ces accidents 
du moins n’ont jamais eu de suites fà- 
cheuses, Des dispositions bien entendues 
mettent à l'abri de tout snistre événe- 
ment. 

Un utile préservatif contre les asphyxies 
consiste dans l'odeur que possèdent tou- 
jours les gaz, odeur qui ne permet pas que 
l’on s’expose sans le savoir à leur action. 
Nous avons vu très souvent (nous en pour- 
rions citer une trentaine d'exemples) des 
ouvriers, après avoir respiré imprudem- 
ment des gaz contenant 15 à 20 pour 100 
d'oxyde de carbone, tomber évanouis; 
mais le traitement le plus simple que l'on 


emploie en pareille circonstance leur rend 


bientôt l'usage des sens, et après quelques 
heures de repos its sont en état de re- 
prendre leur travail. Quand on se trouve 
dans une atmosphère viciée par un mé- 
lange d'oxyde de carbone, d’acide carbo- 
nique et d’azote, tel que ie gaz des hauts 
fourneaux, on ressent un mal de tête assez 
faible, suivi promptement de vertiges, et 
si l’on ne s’empresse de se retirer de cette 
atmosphère, on tombe tout à coup éva- 
noui sans pouvoir proférer une parole; 
aucune souffrance n’accompagne léva- 
nouisssement. 

Les explosions se produisent dans les 
fours principalement au moment de l’allu- 
mage, et dans les conduites quelques ins 
tants après l'extinction des foyers à gaz. 
Au moyen de précautions convenables 
apportées dans ces deux opérations, on 
parvient avec certitude à éviter les explo- 
sions. Si ces précautions viennent à être 
négligées par les ouvriers, l'effet nuisible 
de la détonation du gaz se trouve annulé 
par le jeu de nombreuses soupapes de sû- 
reté qu’il est nécessaire d'adapter aux 
fours et aux conduites de gaz : les dimen- 


sions et la meilleure position de ces sou- | 


papés nous ont été indiquées par l'étude 
des faits. 


‘ La nature des gaz a une grande in- | 
fluence sur l'intensité des explosions : ainsi | 


un mélange d'oxyde de carbone, d'acide 
carbonique et d'azote, le premier de ces 
gaz y entrant dans le rapport de 15 à 25 p. 
100, ne donne jamais d’explosion violente; 
mais l'addition de l'hydrogène même à la 
faible dose de 2 à 3 pour 100, suffit pour 
augmenter beaucoup l'énergie des détona- 
tions. 

L'échauffement des gaz dans des tuyaux 


portés au rouge, avant leur admission | 


dans les foyers de combustion, opération 
souvent nécessaire pour obtenir de hautes 
températures d’une manière constante, 
exige quelques soins particuliers, à l’aide 


L 


* “desquels les explosions ne sont ni plus fré- 
quentes ni plus dangereuses. 
Dans la production des gaz on doit évi- 
ter, autant que possible, la formation de 
l'acide carbonique. Nous avons remarqué 
que la proportion de ce gaz était d'autant 
 « plus faible que la pression sous laquelle on 
injectait l'air dans le générateur à gaz était 
plus élevée. Si l’on n'introduit pas l'air 
- avec pression, et qu'on l'appelle par le 
tirage d’une cheminée, il se produit au 
contraire une quantité notable d'acide car- 
* «bonique, quoique la couche de combus- 
-tible soit épaisse : en augmentant l'énergie 
du tirage par une action mécanique, la 
! M majeure partie du carbone passe à l’état 
d'acide carbonique. 

Au lieu d'injecter l’air avec pression par 
une machine soufflante, on peut obtenir 
‘ son insufflation à l’aide de la vapeur même 
destinée à produire de l'hydrogène dans 
‘ | le gaz. Il sera tonjours utile de surchauffer 
\ | céttévapeur, c'est-à-dire de la porter, après 
- | Sa formation, à une température plus éle- 

| vée que celle correspondante à sa pression. 
Cet échauffement de la vapeur, qui est ap- 
° | pelé à jouer un rôle important dans la pro- 
è\ duction des gaz, n'occasionne pas, comme 
| on aurait pu le craindre, la destruction 
: rapide destuyaux en fer ou en fonte dans 
iN, lesquels on l’effectue. Quoique la vapeur 
soit portée à 350 degrés, elle n’est pas dé- 
I\ composée par le métal des tuyaux, ou du 
| moinselle ne l’est qu'en detrès petites pro- 


| 875 
{ 
| 
à 


| 
$ 
f 


et que le chauffage est régulier. 

Ün résultat intéressant, que l'on obtient 
de la vapeur surchauffée, c’est qu'en la 
“ faisant agir seule, à une température qui 

atteint à peine 300 degrés, on carbonise 
complètement la houille, le bois ct la 
tourbe; il se dégage dés gaz combustibles, 
applicables à divers usages, après leur pas- 
I", sage dans un condenseur. Le résidu en 
k charbon est considérable, et ce charbon 
| présente une assez grande dureté, lors 
“ même qu'il provient de la tourbe. 


HG e— 


AGRICULTURE. 


@ La carie du froment. 


La carie est le résultat de Ja présence 
“| d’un champignon intestinal appelé wredo 
kW caries, Dec.; elle se reconnait facilement 
M à Sa poussière grasse, noire, tenace et féti- 
M, de, Son odeur peut se comparer à celle du 
| poisson poarri. La viscosité de cette pous- 
 sière la fait adhérer au grain, et c’est pour 
“ anéantir la faculté germinative des propa- 
I gules de la carie que l’on recourt au chau- 
| lage ou au sulfatage. 


| Les expériences faites par beaucoup d’a- 
l | gricultears, et les observations microsco- 
| piques répétées par plusieurs naturalistes, 
… ne laissent aucun doute sur la nature de la 
| carie, espèce de champignon parasite intes- 
 tinal qui attaque particulièrement le fro- 
ment, et en diminue la valeur. 
Il est très possible que la maturité incom- 
… plète des grains que l’on choisit pour 
.| Semences soit une des causes qui concou- 
rent à favoriser le développement de la ca- 
# rie; de la même manière que, parmi les 
| hommes, les individus cacochymes sont 
M plus fréquemment atteints d’affections ver- 
| Mineuses que les individus robustes. 
On reconnaît effectivement que tous les 
Srains qui surnagent lors du lavage, sont 


impropres à fournir un bon et beau pro- 


1 portions, tant que son courant est continu! 


“dt; mais on ne peut se dissimuler que les 


876 

expériences faites par Tillet, Tessier, Béné- 
dict Prevost, ont démontré que des grains 
bien mürs, choisis pour semences, ont été 
atteints de carie lorsqu'on les a semé: après 
après les avoir mis en contact avec les pro- 
gules de ce champignon; et que ces mêmes 
grains infectés, sumés après avoir été sou- 
mis à l’opération du chaulage ou du sulfu- 
rage, ont donné des produits saints. 

On dira peut-être que ces deux dernières 
opérations ont seulement pour but, soit 
d'augmenter l'énergie végétativedes grains 
incomplètement mûrs, soit de détruire leur 
force germinative. Quoi qu’il eu soit de ce 
raisonnement, il restera toujours démon- 
tré que les grains bien mürs et bien choi- 
sis pour semences donneront des grains ca- 
riés toutes les fois qu'ils seront saupoudrés 
de carie avant d'être confiés à la terre, ou 
qu'ils seront semés dans un terrain infecté, 
ce qui arrive lorsque le fumier qui y a été 
répandu était formé avec des pailles char- 
gées des propagules de la carie. Ainsi, dans 
tous les cas, le chaulage ou le sulfatage, 
mais principalement le dernier, offrent des 
moyens avantageux que ne doil jamais né- 
gliger le cultivateur prudent et désireux 
d’avoir du blé non moucheté, 

Les paysans anglais, dès le dix-septième 
siècle, laissaient infuser leurs semences, 
pendant vingt-quatre heares, dans une 
lessive de cendres, et les saupoudraient 
de chaux vive. (Morison, Hist. pl. oxon., 
tom. 11, p. 406, I ) 

Bénédict Prevost, ayant remarqué que 
dans la plaine entre le Tarn et la Garonne, 
où tout le monde chaule, il y avait encore 
beauconp de carie, et que celle-ci manquait 
dans les champs de deux propriétaires qui, 
paf hasard, faisaient l'opération du chau- 
lage dans une chaudière de cuivre, recon- 
nut que cette chaudière Ctait encroûtée de 
vert de gris; -il partit de ce fait curieux 
pour étudier lPaction des préparations de 
cuivre sur la carie. Après divers essais, il 
s’assura que le sulfate de cuivre était la 
substance la plus avantageuse à employer. 

Dés 1790, M. Bonnet Coqueau employait 
avec succes le vitriolage, tantôt avec le sul- 
fate de cuivre, tantôt avec l’acétate de cui- 
vre, vulgairement pert-de-gris. Par sa cons- 
tance, il est parvenu à déterminer les agri : 
culteurs de Selongey à adopter le vitrio- 
lage : pour atteindre ce but, il a prisle parti 
d'indiquer à chacun d'eux, sous Le secret, 
ce procédé. Il imitait en cela Parmentier, 
qui, voulant propager l’usage de la pom- 
me de terre, avait obtenu que des gardes 
seraient placés dans la plaine des Sablons, 
pour avoir lair d'empêcher l'enlèvement 
de ce tubercule, et faire naître ainsi le de- 
sir de s’en emparer. 

L'action du sulfate de cuivre pour dé- 
truire la force de reproduction des propa- 
gules de la carie est plus énergique que 
celle de la chaux. 

La carie est, de toutes les maladies des 
céréales, la seule que l’homme puisse pré- 
venir, et à laquelle il puisse remédier. En 
effet, par la lotion, dars l'eau, du blé mou- 
cheté, ou par son passage dans des cylin- 
dres à brosse, on parvient à enlever les pro- 
pagules de la carie appliqués à la surface 
du grain. La carie a reçu une multitude 
de noms suivant les localités; je ne les ré- 
péterai point ici, il me suffit d’avoir pré: 
cisé les caractères de cette maladie. 

(Journal d’ Agriculture de la Côte-d'Or.) 


877 
HORTICULTURE. 


Qualorzième exposition des produits de 
la société royale d’horticulture de Paris. 


C'est toujours un spectacle plein d’at- 
traits que ces expositions de fleurs et de 
fruits, brillantes conquêtes de l’homme 
sur la nature, et qui viennent accroître la 
somme de nos jouissances. Aussi ces fêtes 
ont elles le.privilége d’intéresser tontes les 
classes de la société, Le riche y puise ses 
délassements et la classe moyenne. aime 
à trouver dans les nouvelles fleurs qui flat- 
tent sa vue des consolations à ses labeurs 
journaliers. C’est un beau coup d'œil, dans 
cette vaste orangerie du palais de la Cham- 
bre des pairs que toutes ces fleurs rares 
transplantées de toutes les parties du 
monde et jetant aux vents leurs mille sen- 
teurs et leurs formes les plus variées com- 
me les plus bizarres. Disons, toutefois, 
que cette quatorzième exposition ne répond 
pas à nos yeux à ce que l’on doit attendre 
de la réputation de la culture et du grand 
centre de consommation que Paris offre 
pour la multiplication des plantes. 

Si nous commençons par la droite de cet 
élégant parterre improvisé, nous troavons 
les fleurs imitées et les riches camélias de 
Mad. Delaère ; mais quelque soit Ja bril- 
lante imitation de Ja nature, l'art se fait 
toujours sentir et nous préférons la nature, 
les fleurs peintes, de M. Bivalet père, de 
M. Cabau, les œillets de M. Planson. les 
aquarelles de Mad. Lucy de Beaurepaire, 
de Mad, Tarin , sont, par leur exactitude 
comme par leur mérite, des ornements qui 
ne perdent pas trop à se trouver placés en 
face des fleurs vivantes, C’est le plus bel 
éloge que nous puissions en faire, Les aza- 
léas de M. Cochet, et surtout son azalea de 
la reine Victoria , nous conduisent À la va- 
riété des magnifiques pensées de M. Pierre 
Sageat, qui a exposé aussi la cinéraire reine, 
et des variétés de roses, entre autres la 
belle rose dévonst. Des bruyères, sont re- 
levés pärlacuriéuse pimélie (spectabilis), 
dont les formes bizarres seront un des or- 
nements des serres. 

N'oublions pas ni la tente en coutil ex- 
posée au dehors de l'enceinte, gracieux mo- 
dèle de M. Georges , ni les poignées de blé 
semées à la volée, ni les cactées et les bu 
gainvilliers artificielles de Mayer, ni les 
pensées de Burel, les verreries et les émaux 
appliqués à l’horticulture de Leune, les 
vases à fleur en fonte de Darban, les pa- 
rures de bals en fleurs naturelles de La- 
chaume, la riche variété d’oreilles d'ours 
et de pensées de Ragonet Geoffroy. 

La collection de plantes de M: Ryfkogel 
est assez variée. Les calcéolaires, l'échicene, 
des Canaries et les rhododendron ont quel- 
ques belles espèces, et cet horticulteur a 
expose une centaine de végétaux exotiques 
parmi lesquels: figurent les kennedia , les 
grevillea, les chorisemaet unefoule d’autres. 

Les rosiers de M. Roblin attirent la 
foule , et dans le grand nombre de ces 
fleurs que la patience et la calture font 
naître, il en est plus de bizarres que de 
vraiment belles, et nulle n’a encore dé- 
possédé la rose de tous les mois de sa 
suave odeur, ni la rose des peintres de son 
admirable forme. La rose the princesse Hé- 
lene, la gloire de Guérin et la the maximin, 
sont de belle; varictés. 

M. Paillet a exposé une riche variété de 
rhododendron, tous vigoureux e! couron- 
nés de fleurs. On lui a décerné le premier 
prix, et c’est justice. M. Margotin a ob- 


878 


tenu le premier prix pour les roses; et nous 
avons surtout remarqué parmi cette va- 
riété infinie qu'il possède le bouquet de 
Flore, dont la rose est d’un jaune vifet la 
rose Adam, qui n'est pas toutefois la pre- 
mière rose de la création. 

MM. Jacquin ont obtenu le premier prix 
pour les plantes en fleurs, dont ils ont ex- 
posé une belle suite, telles que bruyères, 
cinéraires, un magnifique anagallis bleu 
à grandes fleurs, des fuchsias. La suite des 
bruyères de M. Uterthart offre de belles 
espèces. Les lauriers roses sont cultivés par 
M. Mabire. M. Duval a présenté une grande 
variété de plantes grasses, d’aloës, de cac- 
tus et d’euphales, un mamillaria rose cou- 
vert de fleurs, l'euphorbia à longue feuilles 
Sibizarres.Larenoncule à feuilles d’acanthe 
et à boutonsd argent. M. Souchet, premier 
pris pour les pelassonium , a exposé une 
série étonnante de ce végétal polymorphe 
ainsi que des caléolaires , des cinéraires et 
des verveines. Décidément ces trois genres 
sont devenus, dans les mains des horticul- 
teurs, une source d'hybrides, parmi les- 
quels il en est qui possèdent le plus riche 
éclat et les formes les plus singulières. 

M. Pelé , parmi toutes ses plantes , s’est 
plié à accroître le nombre des végétaux 
panachés. Aussi a-t-il présenté des violettes, 
des auricules, des stachys à feuilles pana- 
chées, une ancholie à fleurs très doubles et 
destaticés à grandes fleurs. 

M. Guérin a le premier prix pour les 
pivoines en arbre. Les rosages et les calcéo- 
laires ont été aussi l’objet de ses soins. 

M. Dufoy, premier prix pour les pelas- 
gonium , a donné une suite nombreuse de 
ces plantes qui n’ont d'autre mérite que 
d’émailler les massifs, mais qui n'ont ni 
charme particulier , ni aspect qui sorte de 
la ligne commune, Le pelasgoniur est pour 
moi une fleur d'agrément; on lui doit 
aussi des dahlias. 

Au milieu de toutes ces flLurs, nous arri- 
vons à la partie sérieusement utile et que 
le gastronome apprécie d'autant plus que 
c’est un impôt prélevé sur la bourse du ri- 
che. Les primeurs sont deslinées au palais 
biasé du riche. Les légumes forcés , tels 
que haricots en grains, tomates, laitues, 
scarioles, Courges , carottes, chouxfleurs 
moustreux, etc., font l'éloge des soins in- 
télligents de MM. Noblet, Davenne, Gon- 
thier. Les raisins, les courges, sont, parmi 
les fruits avancés, de beiles conquêtes ; les 
bananes, müries sous le ciel de Paris, les 
fruits conservés par MM. Malet, Monce- 
lot, nous promettent d’utiles jouissances. 

Nous avons remarqué le pœonia para- 
doxa et la gladiolus plicatus de M. Jacques, 
la grande variété de fruits du genre citrus, 
de l’orangerie de Montgeron , les plantes 
de terre de bruyère de M. Keteler, qui a ob- 
tenu un prix pour le genre de culture com- 
merciale, qui a rendu les jardins de Fro- 
mont si avantageusement connus pour ses 
azalea et ses rosages. 

Le nom de Cels figure avec un cortége 
imposant de végétaux rares et précieux. 
Pouvait-on attendre moins de ce nom jus- 
tement célèbre en horticulture. Plus de 
500 plantes ont été exposées par MM. Cels 
frères, et vraiment on ne peut qu'admirer 
leurs palmiers , et surtout le cocos austra- 
lis, lesagus rumpfi, l’oreodoxia regia, etc., 
leurs orchidées bizarres, leurs cereus si 
nombreux, leurs echinocactes, leurs ma- 
millaires, dont la nomenclature seule for- 
merait un long catalogue. J'ai remarqué , 
surtout parmi les bruyères, la gracieuse 


879 


sulphurea, l'elychrysum superbum du Cap, 
le dacrydium à feuilles de cyprès, laurau- 
caria exelsa, le cycas, l’erica vermeil avec 
ses grelots et fruits de groseille. 

M. Rousset a exposé des tulipes, M: Du- 
rand dés orangers, rosages, strelitzia et Eu 
phorbia Breonii; M. L'Homme des onéi- 
dium ; M. Mathieu une strelitzia en fleurs, 
une grevillea robuste ; M. Chauvière, pie- 
mier prix pour les plantes fleuries, une 
grande variété de calcéolaires, de géru- 
nium, etc. Puis viennent les rosiers à haute 
tige de M. Gauthier , les roses et leurs va- 
riétés infinies de la collection Lévêque, les 
petits échantillons de cactées de M. Scher- 
zer, et ses araucaria et pinus palustris ; 
les plantes grasses de M. Duval, l’echi- 
nus fastuosum de M. Audot, les’magno- 
liées de M. Tampouet ; les arbres verts de 
M. Vilmorin, etenfin, pour couronner no- 
tre note écrite rapidement, nous signale- 
rons les anémones e! le parterre de tulipes, 
dont le nom seul de Tripet indique le mé- 
rite et la beauté. Une collection d’iris, la 
plante la plus rebelle aux soins de la cul- 
ture changeante, mérite aussi une mention, 
mais les variétés obtenues sont tristes et 
uniformes, et l'iris ne sera jamais qu’une 
plante vulgaire, peu digne de figurer dans 
uu jardin d’amateur. 

Les poteries de M. Follet allient Ja 
grâce à la bonne exécutiou. L'appareil à 
boutures est ingénieux, et les vases go- 
thiques, renaissan‘e de ce fabricant, mé- 
ritent de sincères éloges. L’horticulteur 
doit avoir recours à la fabrique Tronchon. 
Espaliers, chaise en fonte, clotures, volières 
sortent de ses ateliers avec la flexibilité, la 
légéreté et la sohdité desirables. Le hâche- 
paille et le coupe-'cuilles de mürier pourles 
vers à soie de M. Parheau, paraissent fonc- 
tionner avec rapidité et exactitude, Le 
moulin coucasseur de M: Quantin Durand 
et ses vases d’orneinent sont d’are bonne 
exécution. Le chauffeur à baches pour pri- 
meur, confectionné en cuivre par M. Ger- 
vais, est un instrument fait dans les bons 
principes de la physique. Il n’y a pas jus- 
qu'au plomb filet de M. Poulet, qui ne 
puisse, pour l’attache des arbres, donner un 
bon service. Les ruches Delormes, les séca- 
teurs, arrosoirs de MM: Arnhecter et 
d’Agard, méritent une mention, car le bon 
goût des instruments arratoires dispute 
à leur variété infinie. M. Agard a exposé 
une jardinière pyramidale en fonte qui 
doit servir, dans les vastes salons, de moyen 
de décoration luxueux, et dont les déco- 
rateurs, dans les fêtes de bals, doivent tirer 
un parti avantageux. 


MAGNANERIE. 


Des moyens d'apprécier la pureté de l'air 
dans les masnaneries ; par M. Robinet, 


Il paraît évident que nous possédons 
maintenant des moyens sûrs et puissants 
de renouveler l'air d’un atelier de vers à 
soie. Lorsque l'atmosphère extérieure est 
froide, l'air échauffé par un calorifère est 
animéd'une vitesse ascensionnelle quidonne 
le résultat desiré à peu de frais; l'air monte 
dans la magnanerie, pénètre dans toutes 
ses parties et s'échappe par le sommet, 
après avoir porté partout son action bien- 
faisante. 

Dans le cas d'une température extérieure 
élevée, au contraire, le tarare soufilant 
donnera en abondance de l’air frais et pur, 
qui sera chassé dans la magnanerie avec 


880 


assez de force pour remplacer en peu de 
temps l'air trop chaud et vicié qu’elle cons 
tient. 

Il reste cependant à résoudre une ques: 
tion de localité pour laquelle le concours 
d'un certain nonibre d'hommes zélés est 
indispensable. Dans quelles circonstances 
l’air est-il réellement vicié? Dans quelles 
circonstances les moyens de ventilation 
ont-il suffi à son renouvellement? 

Il est évident que ces questions ne seront 
résolues que lorsqu'un certain nombre de 
personnes, placées dans des conditions dif- , 
férentes de climat et de constructions, au- 
ront vérifié la pureté de l'air de leurs ate- 
liers, 

Ainsi, je suppose que je me sois assuré, 
par des expériences positives, que la venti- 
lation effectuée dans la magnanerie-mo- 
dèle de Poitiers est suflisante dans tous les 
cas; en résultera-t-il que cette ventilation 
devra suffire aussi à Alaiset à Marseille? 
Non. — Il faut donc, pour que la question 
so t épuisée, qu’elie ait été traitée par les 
mêmes moyens et daus différentes locali- 
tés. Mais, pour cela, il est indispensable 
d’avoir des procédés simples, à la portée de 
tous les éducateurs et qui soient les mêmes 
pour tous. Je crois que ces procédés exis- 
tent ; je vais les décrire, et je pense que si 
quelques personnes veulent bien les met- 
tre en usage, l'art d'élever les vers à soie 
aura bientôt fait un progrès nouveau. 

Tout lemonde a remarqué le phénomène 
quise produit lorsque, par un temps chaud, 
onu monte de la cave une bouteille fraiche. 
Elle se couvre promptement d’une humi- 
dité abondante qui, dans quelques cas, 
finit par couler et se rassemble au pied de 
la bouteille. Evidemment cette eau exis- 
tait dans l’air, et c'est ia basse température 
de la bouteille qui l’a forcée à se condenser 
à sa surface: Si donc la bouteille froide 
avait été portée dans une magnanerie, nous 
aurions pu recueillir, par ce procédé sim= 
ple, une certaine quantité de l’eau conte- 
nue dans l'atmosphère de l'atelier. Si Pair 
avaitété vicié, cette eau aurait certaine- 
ment participé à son altération, et nous au- 
rions pu apprécier celle-ci par la nature de 
l'eau rassemblée. 

Voici comment on devra procéder : 
quand on pourra se procurer de la glace, 
on en remplira une carafe ou un bocal 
d’une certaine grandeur. On pilera ou on 
brisera la glace, de manière qu’elle touche 
le plus possible les parois intérieures de la 
carafe, Celle-ci sera placée dans une as- 
siette bien propre; puis le tout sera porté 
daus la magnanerie dont on voudra essayer 
l'air. 

A défaut de glace, on prendra l’eau la 
plus fraiche qu'on pourra se procurer, et 
comme en général on fera cette expé- 
rience par un temps chaud qui hâte la fer- 
mentation des litières, le plus souvent l'eau 
fraiche suffira. 

L'appareil ainsi disposé et porté vers le 
sommet de l'atelier, va se couvrir promp= 
tement d'une sueur abondante qui va ruis- 
seler de toutes parts et se rassembler dans 
l'assiette. Quand on aura recueilli ainsi 
environ 30 grammes de liquide, on le ver- 
sera dans une petite bouteille ou fole| 
blanche. | 

On aura eu soin de tenir note des cir= 
constances dans lesquelles on aura opérék 
la date : la température intérieure et exté= 
rieure, l’état de l'atmosphère, l'élévation 
du baromètre, l'âge des vers; les disposis 
tions qu'ils montrent au moment de lex= 


881 

périence; on tiendra compte de l’état des 
litières qui seront sèches ou humides, de 
l’odeur qui frappe l'odorat quand on entre 
dans l'atelier ; de la quantité de feuilles qui 
se consomme pour le moment et par jour. 
On dira si l'atelier est rempli de vers du 


“ haut en bas; s'ils sont épais ou clair-semés 
| 


| 
| 


| 


ph 


#4 


pl 
et 
ai 


sh 


fl | 


p) !: 
if 
à l 


ini 
\él 
| 


sur les tables; si la feuille a été distribuée 
sèche ou mouillée, fraîche ou fanée. Siül 
existe dans la magnanerie des moyens de 
ventilation artificielle, on aura soin de no- 
ter s'ils ont été mis en usage au momentlde 
l'expérience. Enfin, dans certains cas, on 
tiendra compte du vent régnant, puisque, 
dans beaucoup de localités, on attribue à 
certains courants d’air des influences per- 
nicieuses. 

Il s’agit maintenant d'apprécier les qua- 
lités de l’eau recueillie. 

Nous procéderons a cet examen par voie 
de comparaison. De cette manière les pro- 
cédés seront mis à la portée de tout le 
monde. 

En conséquence, dans deux ou trois pe- 
tites fioles pareilles à celle qui contient 
l’eau de la magnanerie, nous aurons de 
l’eau de pluie, si a été possible d’en recueil- 
lir à peu près au même moment. Dans une 
seconde fiole, nous mettrons de l’eau de la 
rivière ou de la source qui sert de boisson 
habituelle. À défaut de ces eaux, nous 
prendrons celle du puitsqui alimente la 
maison. Je suppose donc que nous ayons 
trois fioles : la première contient l’eau re- 
cueillie dans la magnanerie; la seconde 
contient de l'eau de pluie; la troisième, 
l'eau de source. 

Das la plupart des cas, nous pourrons 
nous procurer chez un bon pharmacien un 
petit morceau de papier curcrma. Ce pa- 
pier est jaune : nousen couperons trois pe- 
tites lanières que nous ferons tremper dans 
nos trois fioles. La couleur du papier n’é- 
prouvera dans l’eau de ja pluie d'autre al- 
tération que celle qui résulte de l’humi- 
dité elle-même. Dans l'eau de surce, il 
en sera probablement de même. Mais si 
l’eau de la magnanerie contient de l’am- 
moniaque où alcali volatil dégagé par les 
litières, le papier de curcuma y prendra 
promptement une teinte brune plus ou 
moins foncée. Ce symptôme sera fâcheux. 

Après celte expérience, qui ne durera 
que quelques minutes, nous porterons les 
trois fioles dans l'atelier et nous les place- 
rons dans la partie la plus chaude. Il ne se- 
ra pas nécessaire de les boucher autrement 


qu'avec un papier; uous tiendrons compte : 


de la température à laquelle elles seront 
exposées, en plaçant un thermomètre près 
d'elles. 

_ Les choses étant ainsi disposées, nous ob- 
serverons nos trois fioles deux fois par jour, 
et voici ce que nous observerons : - 

L'eau de la pluie n’éprouvera aucune 
altération sensible. Elle ne se troublera pas 
etne degagera aucune mauvaise odeur. 

Si l’eau de la rivière, de la source ou du 
! puits sont des eaux d’une bonne qualité, 
elles pourront aussi supporter pendant plu- 
sieurs jours, sans s’altérer, la température 
élevée à laquelle elles sont exposées. 

Quant à l’eau recueillie dans la magna- 


‘nerie, il est probable que, dans la plupart 


des cas, elle se troublera promptement, 
prendra une mauvaise odeur et deviendra 
même znfecte; elle finira par déposer des 
matières floconneuses qu'on verra se for- 
mer peu à peu dans la bouteille. 

. Noilà donc des différences notables et fa- 
ciles à observer pour tout le monde, On 


882 


aura soin de noter le jour où l’eau se sera 
troublée, le jour où elle aura commencé à 
donner de la mauvaise odeur. 

Si le papier de curcuma, dont j'ai parlé, 
n’a pas été altéré dans sa couleur le jour 
même où l’eau a été recueillie, on aurasoin 
de le replonger dans l’eau tous les jours, et 
l’on notera celui où elle aura acquis la fa- 
culté de brunir ce papier. 

À défaut de papier curcuma, on pourra 
employer avec succès quelques gouttes de 
sirop «de violettes. Voici comment : 

Dans trois verres à liqueur, on mettra 
environ plein un dé à coudre des trois 
eaux expérimentées; puis, dans chacune, 
on versera unegoutte ou deux de sirop de 
violettes. 

Dans de l’eau bien pure, le sirop conserve 
sa couleur violette un peu rouges mais, dans 
une eau qui contient de lammoniaque, la 
couleur passe à l’instant au vert très pro- 
noncé. Dans beaucoup de cas, l’eau recueil- 
lie dans l'atelier aura la faculté d'opérer ce 
changement de mauvais augure. 

Montrons maintenant les utiles applica- 
tions de cette expérience si simple. 

Je suppose d’abord: qu'un éducateur la 
fasse une première fois au moment où il 
apporte ses vers dans le grand atelier ; ils 
sont alors au deuxième ou au troisième 
âge. L'eau recueillie n'offre aucun carac- 
tere qui permette de la distinguer de l’eau 
de la pluie ou de l’eau de la source. Elle 
w’:ltère nile papier curcuma ni le sirop 
de violettes. Conservée dans la partie la 
plus chaude de l’atelier à 25 degrés ceuti- 
grades environ, elle ne se trouble pas au 
bout de plusieurs jours et ne prend pas de 
mauvaise odeur. 

Notre expérimentateur fait un second 
essai au cinquième âge, pendant la grande 
frèze, par exemple; mais cette fois l’eau re- 
cucillie brunit le papier jaune et verdit le 


sirop de violettes; elle se trouble dés le 


troisième jour et acquiert promptement 
une odeurinfecte, 


Il devient évident pour le directeur de 
l'éducation que Flair de son atelier, pur 
dans les premiers jours de ses travaux, s’est 
altéré d’une manière fâcheuse vers la fin de 
l'éducation, et que les moyens de ventila- 
tion qu’il possède sont insuffisants. Il faut 
nécessairement les améliorer. 


Je suppose maintenant qu’averti par un 
peu d'odeur, le chef de l'atelier soit dis- 
posé à mettre en mouvement le tarare sout- 
flant préparé pour les cas difficiles. Il aura 
soin de recueillir de l’eau dans l'atelier 
avant d’avoir recours à ce moyen ; puis il 
fera une seconde expérience après avoir 
fait agir le tarare. La comparaison des deux 
eaux recueillies lui démontrera dela ma- 
nière la plus évidente si le tarare à suffi 
pour remplacer var de l’air pur l'air vicié 
de la magnanerie. 

Il me paraît inutile d'insister davantage 
et d'indiquer tous les cas dans lesquels on 
pourra faire de pareilles comparaisons. On 
sentira parfaitement que s’il existait un cer- 
tain nombre de ces observations, on sau- 
rait, beaucoup mieux au moins que par des 
calculs, ce qu’on doit attendre des procé- 
dés de ventilation recommandés ; ce qu’on 
doit redouter de certaines influences at- 
mosphériques; dans quels cas on doit attri- 
buer à l’altération del’air les maladies aux- 
quelles les vers à soie sont sujets; dans 
quelles circonstances on doit, au contraire, 
rechercher les causes de ces maladies dans 
la nature des feuilles, dans la qualité des 


883 


œufs, les procédés d’incubation, le nombre 
des repas, etc., etc. 

. (Le Propagateur de l'Industrie de la soie.) 
SCIENCES HISTORIQUES. 
GÉOGRAPHIE. 

Société asiatique. — Londres — Le se- 
crétaire litun rapport sur les Bhils ou mon- 
tagnards du Rajpoûtana, par le capitaine 
Hunter, commandant le corps des Bhils- 
Mewar. D’après cet intéressant mémoire, 
il paraîtque lesmontagnards de l'Hindous- 
tan diffèrent sous presque tous les rap- 
ports des habitants de ja plaine. Ils nere- 
connaissent aucune division, aucune règle 
de castes ; ils ne suivent point la religion de 
Brahma ; enfin, leurs mœurs, leurs usages, 
leurs idiômes même sont complétement dif- 
férents de ceux des autres Hindous. On 
pense avec raison que ces peuples sont les 
descendants directs des habitants primitifs 
de l’Inde, avant l’invasion des tribus brah- 
mines qui soumirent le pays. Toute la con- 
trée qui s'étend au sud-ouest du Mewar et 
qui est habitée par les Bhiîls, est très peu- 
plée et fertile. Les chefs n’ont qu’un reve- 
nu peu considérable et qui va rarement au- 
delà de ce qu’ils peuvent arracher par la 
force, les populations ne considérant pas ce 
qui leur est réclamé comme un droit du 
chef, mais comme un tribut volontaire, Les 
Hindous attribuent l’origine des Bhîls ou 
montagnards à un fils méchant ou impie 
de Mahadea, qui tua le taureau sacré, et 
fut, pour ce crime, banni dans les monta- 
gues, où il devint le pére de la race Bhil. 
Les habitudes de pillagede ces montagnards 
qui les rendent le fléau des peuplades avoi- 
s nantes, s'étaient encore aggravées par l’é- 
tat d’anarchie dans lequel tomba le pays 
du Rana d'Odeypore, lorsque le gouverne 
ment britannique fut appelé à intervenir. 
À cette époque, depuis le prince jusqu’au 
läboarear, tous volaient et se livraient au 
plus honteuses exactions. Depuis 1818, les 
Anglais sont parvenus à les organiser en 
régiments réguliers et à ramener ces peu= 
ples vaillants et fiers à des habitudes d’or 
dre, de sobriété et d'industrie. 

Les Bhils de Mewar sont remarquable- 
ment beaux. Les femmes ont généralement 
les traits réguliers et une grande élégance 
de formes : elles sont très attachés à leurs 
maris, elles les suivent dans toutes les ex= 
péditionset combattent souvent à leurs cô- 
té, armées de frondes, Les hommes sont 
d’une fidélité à toute épreuve envers leurs 
chefs que rien ne peut les engager à trahir. 
Souvent un chef bhil se sert de sa fléche 
comme d’une traite dont il sait d'avance 
que le paiement ne sera jamais refusé. Un 
jour un de ces chefs ayant reçu une visite, 
voulut faire un présent à son hôte, il se 
contenta de tirer une flèche de son car- 
quois, et la lui présentant: « Prends ceci, 
» porte-le dans quelque village que ce 
» soit de Kotah, et demande neuf rou- 
» pies. » La traite fut exactement payée 
toutes les fois qu’on la présenta. 


Voyage en Californie; par M. Duflot de 
Mofras. 


(Premier article.) 


On désigne sous le nom de Californie 
limmense territoire situé au nord-ouest de 
la Nouvelle-Espagne, et dont les bords sont 
baignés par le grand océan Pacifique. Ce 
pays embrasse une étendue de côtes de 
près de cinq cents lieues, comprises entre 


884% 


les 25° et 12° degrés de latitude; il à pour f 


limites au sud et à l’ouest la mer, à l'est le 
golfe de Cortez, le Rio Colorallo et la Sierra 
Nevada, chaine qui court parallèlement 
aux Montagnes Rocheuses, et enfin au 
nord le territoire arrosé par Rio Colombia 
et ses affluents. 

Cette province est naturellement divisée 
en deux parties bien distinctes, la vieille où 
basse, et la haute on nouvelle Ca'ifornie. 
La premiere, formée par la prequ'ile 
qu’explora Fernand Cortez en 1535 ,Sést 
couverte de montagnes arides d'un aspect 
sauvage, habitées nag:ère par des tribus 
barbares, et où il à fallu, pour fonder des 
missions, tout le courage et toute la persé- 
vérance des jésuites. Le terrain dans cette 
partie de la Californie est rarement propre 
à la culture ; il ne produit que des dattes, 
des figues, des oranges et de la canne à 
sucre. On y exp'oite quelques mines d’ar- 
gent et les bancs de perles de la mer Ver- 
meille; mais ces bancs sont aujoud'hui 
presques épuisés. Les côtes offrent plu- 
sieurs points de refuge aux navisaiteurs, 
entre autres le Puerto Escondido et la baie 
de la Magdalena. 

La nouvelle Californie commence au 
port de San Dieco par le 32e degré, et pré- 
seute une lignc non interrompue de mis- 
sions, de puecblos et de presidios qui re- 
monte vers le nord pendant près de deux 
cents lieues. Les autres ports principaux 
sont ceux de Monte Rey, de la Bodega et 
de San Francisco, l'un des plus beaux du 
monde. Tous les points habités, séparés 
les uns des autres par des espaces de huit à 
dix lieues, se trouvent situés près de la 
mer, sur une zone assez élroite. L'aspect 
du pays est des plus riants; il se compose 
d’une suite d'immenses vallées où on cul- 
tive le tabac, le chanvre, le coton, la vigne, 
l'olivier, les orangers et tous les fruits 
d'Europe. La qualité des vins n’est pas in- 
férieure à celle des vins d'Espagne, et les 
céréales y donnent des résultats inconnus 
partout ailleurs; le blé rend jusqu’à cent 
vingt pour un, les légumineuses'et lé maïs 
quinze et seize cents pour un, ct encore 
les colons sont-ils loin de tirer du sol tout 
le parti qu'il pourrait offrir, s'il était sou- 
mis à une culture plus intelligente et ex- 
ploité avec des instruments, aratoires per- 
fectionnés. 

La température de la haute Californie 
ne diffère pas de celle du royaume de Va- 
lence et des plus belles provinces de l'Italie; 
les vents du nord-ouest y tempèrent les 
chaleurs de l’été, et ceux du sud adou- 
cissent les rigueurs de l’hiver. Le pays 
abonde en bois de construction et te mà- 
ture; ‘d’épaisses forêts couvrent les col- 
lines intérieures et la plupart des rivages. 
Le laurier royal, l’arbousier, le sycomore, 
le platane, le frêne, les diverses espèces de 
chênes, les saules, les peupliers, s’y élèvent 
à côté des arbres gigantesques de la famille 
des conifères. Les cèdres, les sapins, les 
cyprès, les pins blancs, jaunes, rouges sur- 
fout, atteignent une hauteur prodigieuse ; 
quelques ans n’ont pas moins de quatre- 
vingts mètres de haut. Les forêts sont rem- 
plies d’arbustes épineux chargés de fruits 
semblables auxgroscilles,de fraisessauvages 
et de racines bulbeuses qui servent d’ali- 
ment aux Indiens. On y rencontre aussi la 
yedra, arbrisseau dont Les propriétés véné- 
neuses produisent des effets analogues à 
ceux du mancenillier. I suffit, en effet, de 
passer À cheval, même à une assez grande 
distance de cet arbrisseau, pour en res- 


885 
sentir instantancinent l’action délétère, 
qui se manifeste par une enflure géntrale 
du corps, parfois mortelle chez les en- 
fants. 

Quelques plaines de la haute Californie 
ont cent lieues de long sur une largeur qui 
varie de quinze à vingt. Lorsque les pluies 
ont été abondantes, il n’est pas rare de 
voir l'herbe y atteindre une hauteur de dix 
pieds. Au milieu de ces pâturages paissent 
en liberté d'immenses troupeaux de che- 
vaux, de moutons, de bêtes à cornes, des 
bandes nombreuses d’antilopes, de daims, 
de chevreuils et de cerfs. Cette dernière 
espèce est particulière au pays; la taille du 
cerf californien égale celle d’un grand che- 
val, et ses bois ont souvent six pieds d’écar- 
tement et hait de hauteur. Le lion d’Amé- 
rique y est inconnu; l'ours gris et brun, le 
chien des prairies, le chat sauvage, y sont 
en revanche très communs. Dans les ri- 
vières habitent les loutres d’eau douce et 
les castors ; les côtes abondent en baleines, 
phoques de toute espèce, éléphants et tor- 
tues de mer; des bancs de sardines viennest 
s’échouer sur les plages, et le Rio del Sa- 
cramento fourmiile d'énormes saumons. 
Ce fleuve, le seul navigable de toute la Ca- 
lifornie, sort du lac Masqué auprès de la 
Sierra Nevada, et se jette au fond de la baie 
San Francisco. Parmi les reptiles, d’ailleurs 
peu nombreux, on ne trouve guère de vé- 


nimeux que le serpent à sonnettes, dont la 


taille est petite, le naturel craintif,'et qui 
fait l'homme au lieu de lattaquer. Quant 
aux oiseaux, on remarque particulièrement 
le colibri, la perdrix huppée, diverses 
espèces de canards et d’oies sauvages, des 
goëlands, des hérons gris et blancs, des al- 
cyous, des pélicans, des éperviers, des vau- 
tours noirs et de grands aigles bruns à tête 
blanche. 

Le soi recèle de veritables richesses mi- 
nérales inexploitées; on y trouve des mines 
d’or, de cuivre, de plomb, d'argent et de 
houille, des marbres de differentes cou- 
leurs, des ocres jaunes et rouges, que les 
Indiens emploient à se teindre le visage, et 
des pierres obsidiennes qu’ils taillent en 
pointe, et dont ils se servent pour armer 
leurs flèches. Bien que de nombreuses 
sources d’eaux chaudes et d’asphaite soient 
des indices de la constitution volcanique 
du sol, les tremblements de terre ne sont 
pas très fréquents, les secousses en sont 
faibles, et presque toujours isolées. Pen- 
dant un séjour d’une année nousn'enavons 
ressenti que deux, 

À une petite distance de la côte appa- 
raissent divers groupes d’iles inhabitées, 
couvertes de beaux pâturages, et où les 
bâtiments américains et russes vont chas- 
ser les veaux marins et les loutres de mer. 
Dans le canal formé par la terre ferme et 
les îles de Santa Barbara, la surface de la 
mer présente d'immenses taches noirâtres 
produites par l'écoulement des sources de 
bitume situées sur le rivage, et dont l’o- 
deur se fait sentir à plusieurs lieues au 
large. 

Fernand Cortez fut le premier qui ex- 
plora militairement la Californie. Après 
lui, plusieurs expéditions de découvertes 
par terre et par iner se dirigèrent vers 
cette province, par ordre des vice-rois de 
la Nouvelle - Espagne. Ces expéditions 
élaient accompagnées de religieux qui fon- 
daient. successivement des missions en 
avançant vers 1e nord. Le nombre de ces 
établissements jusqu’à nos jours s'est élevé 
à 43 ; mais il est certain qu'il eùt été plus 


considérable si le gouvernement de Mexico 
n'avait pas paralysé les efforts des mission 
naires eu Jeur enlevant Padministration 
temporelle. 

Sous le régime espagnol, une savante 
combinaison de missions et depresidios ar 
rêtait les déprédations des Indiens, et ré-. 
pandaient parmi leurs tribus sauvages les 
bienfaits du catholicisme et les Inmières de 
la civili ation; la ligne stratégique, qui 
comprenait une étendne de plus de douze 
cents lieues, commençait à Monte Rey, 
dans la haute Californie, et descendait du 
nord au sud jusqu’à San Diego. De là, elle 
envoyait un double embranchement pour 
ceindre les deux côtes de la basse Califor- 
nie, puis, traversant le Rio Colorado, elle 
longeait le Rio Gila, passait la Sierra Madre, 
et après avoir protégé le Nouveau-Mexique 
et le Texas, elle venait finir à l'extrémité 
des Florides, coupant ainsi’ Amérique dans 
toute sa largeur, et mettant en communi- 
cation les bords de l'Atlantique avec ceux 
de la mer Sud. En dedans de cette ligne, 
les infatigables missionnaires appelaient les 
colons, fondaient des pueblos, villages com- 


posés d'Indiens convertis, et leur ensei- 


guaient la culture des terres, lexploitation 
des mines et les arts mécaniques. Ces di- 
vers points étaient reliés entre eux et for- 
maient un système complet de colonisation 


et de défense. Les jésuites, les premiers, 


“curent la gloire de concevoir et d'exécuter 
en partie ce plan admirable. Plusieurs re- 


ligieux payérent de leur sang leur dévoue- 


ment apostolique; les Indiens les firent 


périr dans d’afireux supplices. Puissam- 
mentprotégés par un petit-fils deLouisX[V, 
Philippe V, et plus tard par le marquis de 
Croix, vice-roi du Mexique, les jésuites con- 
servèrent l'administration des missions jus- 
qu'en 1767. (Société de Géographie). 

RE 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-5. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— Dimanche, 14, a eu lieu la première séance 
du neuvième congrès historique, convoqué au palais 
du Luxembourg. Dans un discours éminemment re- 
marquable par les pensées, les apperçus et parle 
style, M. Martinez de las Rosas, a tracé l'histoire ce 
la civilisation. L'auteur, après avoir dit quels sont 
les caractères, le génie et le bescin de notre époque, 
est remonté jusqu'aux temps les plus éloignés pour 
aller prendre la civilisation à son berceau, et la 


suivant ensuite à travers les siècles et les évêne- 


ments, il en a marqué avec exactitude les progrès 
et les transformations diserses. Les pensées pro- 
fondes, Lonjours vraies et quelquefois ingénieuses du 
discours de M. Martinez de las Rosas ont exc!le à 
plusieurs reprises de nombreux applaudissements. 
On devait s'attendre à ce luxe d'érudition, de finesse 
et de jugement de la part d'un homme qui a fait de 
sa vie deux parts, l’une pour l'étude , l'autre pour 
l'application de ce qu'il avait appris au bonheur de 
ses semb'abies ; mais ce qui a été une surprise pour 
le briliant auditoire qui se. pressait dans la salle du 
Luxembourg, c’est celte richesse et celle magie de 
style dont l'accent tant soit peu étranger de l’ora- 
teur relevait encore l'éclat en lui imprimantun cer- 
tain caractère d'originalité. 


— M, Huot, connu par ses publications sur la 
géographie, la géologie et la mivéralogie, vient 
d'être autorisé par ordonnance du roi, à porter Ja 
décoration de l’ordre de Sainte Anne que l'empe- 
reur de Russie Imi a conféré comme nn témoignage 
de satisfaction pour son travail géologque sur la 
Crimée. 


ER RE = 
PARIS.—1IMP. DE LACOUR e! MAISTRASSE fils 


rue Suint-Hyacinthe-S.-Michel, 53, 


40: année. 


oi 


# a 


MIOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 


M PHYSIQUE. Sur le courant électrique développé 


W par l’action de corps gazeux sur la platine; Mat- 


®  teucci.—CHIMIE. Moyen de séparer le deutoxide 

* de cérium du deutoxide de didymium; L. Bona- 
“ parte. — SCIENCES NATURELLES. MÉ- 
TALLURGIE. De la production des métaux pré- 
cieux au Mexique ; Saint-Clair Duport, — PHY- 
| SIOLOGIE. Influence de l’asphyxie sur la secré- 
| tion de la bile; Buisson. — PHARMACOLOGIE. 
De l’urgence d’une réforme pharmaceutique. — 
ZOOLOGIE. Nouvelle espèce de seps supposé être 
Je jaculus des anciens ; Guyon. — SCIENCES 
APPLIQUEES. — ARTS CHIMIQUES. Blar- 
 chimeut, purification et rafinage. des suifs et 
autres matières organiques grasses; Watson. — 
AGRICULTURE. Maitre Jacques. — Nouvelles 
À pierres arlificielles à aiguiser les faux; Bossin, — 
INDUSTRIE SÉRICICOLE. Nouveau système de 
| filature des cocons. — SCIENCES HISTORI- 
- QUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORALES 
| ET POLITIQUES, Séance du samedi 13 mai, — 
\ HISTOIRE. Sciences el arts de Ja perspective. — 
“ —LINGUISTIQUE. Essai d’une grammaire dela 
| langue des îles Marquises; Lesson. — FAITS 
À DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. 


æ Deer Ce 
« SCIENCES PHYSIQUES, 


PHYSIQUE. 


Li 


CERN LE «2 2e: 


“our le courant électrique développé par 
l'action des corps gazeux sur le platine; 
par M. Ch. Matteucci. 


“ Dans la séance du 25 octobre 1838, je 
« ommuniquai à l’Académie une note rela- 
Mive au courant électrique qui est déve- 

…oppé par deux lames de platine qui sont 
“ longées ensemble dans un liquide, après 
Mvoir séjourné, l’une dans du gaz hydro- 
 êne, l’autre dans l’oxygène. Cette expé- 
“ience était le complément de celles de 


1 


. L. Becquerel,, par lesquelles il avait expli- 
.ué d une manière très satisfaisante les po- 
: miirités secondaires. Je viens de lire dans 
> journaux anglais que M. Grove a eu 
: M heureuse idée de réunir en piles plusieurs 
Ent: dont chacun est formé d’une 
me de platine plongée en partie dans le 
az hydrogène, et d'une autre également 
longée dans le gaz oxygène. Cette appli- 
ation, et les différentes recherches de 
= ef} 


ujet; 


li h agent à publier quelques ex 
kM\ayais faites autrefois, et< 


luées tout dernièrement. 


D: ea Dee Le " va à n 
lement de la manière suivante : Je prends 


| n tube de verre, ouvert aux deux bouts, 
Me 1 décimètre de longueur et de 2 à 3 
lMientimètres de diamètre. J'introduis dans 
“él intérieur de ce tube une lame de platine 
“hui est fixée à un bouchon de liée qui 
 “rrme exactement un des bouts du tube. 
in fil de cuivre est soudé à la lame, Cette 
me, avant d'être introduite dans le tube, 
st plongée deux ou trois fois dans une 


rh, 


1 


n-. 
& | stante que l’autre, plus grande, obtenue 


ï 9 . x 
! Ces expériences peuvent se faire très fa= 


Paris. — Dimanche, 2! Mai 1813. 
De 


solution concentrée de chlorure de platine, 
et alternativement chauffée au rouge avec 
la flamme de l'alcool. De cette manière, la 
lame est couverte uniformément d’une 
couche de platine très divisé. Avec deux 
tubes ainsi préparés et un galvanomètre à 
long filet très sensible, on peut faire toutes 
les expériences que je vais décrire. On com- 
mence par remplir avec de l’eau distillée 
et bouillie pendant longtemps, les deux 
tubes qu’on renverse ensuite dans une 
capsule remplie du même liquide. On 
ferme alors le circuit avec les deux fils sou- 
dés aux lames et les extrémités du galva- 
nomètre. 1] est bon d’avoir dans le circuit 
une interruption qu’on obtient avec une 
capsule pleine de mercure, dans laquelle 
on plonge un fil du galvanomètre et l’un 
des fils des lames, quand on veut fermer 
le circuit. Les lames que j'ai employées 
dans mes expériences avaient 4 centimèt. 
de longueur et 4 centimètre de largeur. 
Lorsqu’on ferme le circuit, comme je l’ai 
dit, on n’a pas ordinairement de déviations: 
si la déviation a lieu, il faut la‘sser le circuit 
fermé jusqu'à ce qu'elle ait disparu; en 
ouvrant et en fermant après le circuit, on 
s'assure que l'aiguille reste à zéro. 

En employant de l’eau acidulée avec de 
l'acide sulfurique au lieu d’eau distillée, 
on a dela peine à ob'enir que l’aizuille 
reste à zéro, et les résultats sont rarement 
constants. Qu’on vienne maintenant à in- 
troduire du gaz hydrogène dans un des 
tubes, de manière que les deux tiers de la 
lame de platine se trouvent au contact de 
ce gaz. En fermant alors le circuit, on 
obtient une déviation qui est, dans mon 
instrument, de 15 à 20 degrés et même 
davantage; le courant est dirigé dans le 
liquide, de la lame qui est en contact avec 
le gaz, à l’autre qui plonge entièrement 
dans le liquide. Au lieu d'introduire du 
gaz hydrogène, j'introduits du gazoxygêne; 
il est inutile de dire qu’il faut toujours 
s'assurer que l’aiguille reste à zéro quand 
les deux tubes sont entièrement remplis de 
liquide. En fermaut le circuit, lorsqu'une 
des lames est en contact avec du gaz oxy- 
gène, on obtient une déviation qui n’est 
que de 5 à 6 degrés, mais qui est aussi con- 


avec l'hydrogène. Le courant est dirigé de 
Ja lame qui est entièrement plongée dans 


Veau, à celle qui est en contact avec du 


gaz oxYgène ; ainsi, ce courant à une direc- 
tion contraire à celle du courant fourni 
par l’hydrogène. J'ai tenté l'expérience en 
introduisant l’air atmosphérique dans un 
des tubes; je n’ai jamais obtenu aucun 
mouvement sensible dañs l'aiguille. Ce rc- 
sultat, que nous parviendrons à expliquer, 
mérite d’être noté, parce qu'il nous dé- 
montre que les courants obtenus avec les 
autres gaz ne sont pas dus à l'inégalité des 


N° 36. 


 L'EGHO DU MONDE SAVANT. 


; TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


D 


“ L'Ecro DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
\ de M. le vicomte A DE LAVALETTŒÆE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARis, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
 braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., *6fr., 
| 8fr. 50. AVÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ- 
"| RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
“ encyclopédique la plus complète des Deux Mondes, — Tout ce qui concerne le journal toit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur, 


surfaces des deux lames plongées dans le 
liquide. J'ai tenté l’expérience en intro- 
duisant dans un des tubes du gaz azote. 
J'ai obtenu une déviation de 8 à 10 degrés, 
le courant était dirigé dans le liquide de 
la lame plongée dans le gaz azote, à l’autre 
entièrement plongée dans le liquide. Puis- 
que les courants développés par l'oxygène 
et l'azote sont opposés, il est natur :l de s’ex- 
pliquer par là comment il n’y a pas de cou- 
rant avec l'air atmosphérique. J'introduis 
dans un des tubes du gaz oxyde de carbone; 
ce gaz agit comme l'hydrogène, et à peu 
après avec la mêmeintensité. Au contraire, 
le gaz hydrogène carbonné agit comme 
l'oxygène, mais encore plus faiblement que 
ce dernier. Un mélange d'hydrogène et 
d'oxygène, dans les proportions de l'eau, se 
conduit comme le gaz hydrogène, mais un 
peu plus faiblement. Un mélange de ces 
deux gaz dans les proportions de 9 d’oxy- 
gène pour Î d'hydrogène, donne encore un 
courant très sensible, toujours dans le 
même seus que l'hydrogène. Dans toutes 
ces expériences, on voit le volume du 
diminuer plus ou moins rapidement; c’est 
surtout avec ie mélange explosif qué la 
diminution est plus rapide. Pour avoir des: 
résultats constants, il faut, chaque 
qu’on tente l’expérience avec un nouveà 
gaz, retirer les deux lames pour les chauf- 
fer au rouge avec la flamme de lal- 
cool. 

Quel que soit le gaz avec lequel on fasse 
l'expérience, on voit toujours que le cou- 
rant n'arrive à son maximum d'intensité 
qu'après un certain temps. Je citerai une 
des expériences qui le prouvent avec le 
plus d’évidence. J'ai fermé le circuit après 
avoir introduit du gaz hydrogène dans un 
des tubes, et j'ai obtenu 12 dégrés; jai 
ouvert tout de suite le circuit pour le fer- 
mer 4 minutes après, alors j'ai obtenu 23 
degrés. En renouvelant cette même expé- 
rience, en laissant toujours pendant le 
même intervalle de temps le circuit ouvert, 
j'ai obtenu successivement 28, 32, 35, 43, 
51, 62 degrés. Lorsque la lame a été quel- 
que temps en contact avec du gaz, le cou- 
rant continue, même après avoir enlevé le 
gaz et rempli le tube de liquide. 

L'influence du froid sur ces phénomènes 
mérite d’être signalée. Losque j'avais 60° 
dans une expérience faite avec l'hydrogène, 
jetouchaïs pendant quelques secondes avec 
un morceau de glace le {ube rempli de gaz. 
Fermant alors le circuit, la déviation n’est 
arrivée qu’à 25°, et ce n’est qu'après quel- 
que temps que j'ai obtenu de nouveau 60e. 
Le temps nécessaire pour faire disparaître 
l'influence du froid devient très court; 
on approche du tube pour un instant la 
flamme d’ane lampe l’alcool.J'ai confirmé 
ce résultat dans plusieurs expériences. 
Pour que l'influence du temps ait lieu, il 


S90 


faut refroidir la lame lorsqu'elle est en 
contact avec le gaz. Je ne rapporterai pas 
les résultats obtenus en employant des gaz 
très solubles dans l’eau; ces résultats sont 
loin d'être constants, et ce n’est qu'avec 
l'acide carbonique que j'ai toujours ob- 
tenu le courant dans le même sens que ce- 
lui donné par l'oxygène et l'hydrogène car- 
boné. 

Voici les résultats obtenus-en introdui- 
sant deux gaz différents dans les deux 
tubes; ces résultats peuvent, en quélque 
sorte, se prévoir après ceux obtenus par 
un seul gaz. Ainsi l'hydrogène et l'oxygène 
introduits séparément dans les deux tubes, 
l'azote et l'oxygène, l'hydrogène et l'hy- 
drogène carboné, lhydrogène et l’azote, 
l'oxyde de carbone et l'hoxygène, l'hydro- 
gène et le mélange explosif, le mélange 
explosif et l'oxygène, donnent un courant 
dirigé dans chaqne cas du premier gaz 
au second dans le liquide, qui est plus fort 
que celui donné par chacun des gaz sépa- 
rément. M. Becquerel, dans le chapitre de 
son ouvrage où il rapporte mes premières 
expériences, a établi le rôle de lazote par 
rapport à l'hydrogène ou à l’oxygène tout 
à fait comme je viens de le dire. Ïl est 
digne d’être noté que le gaz azote, qui 
donne le courant dans le même sens que 
l'hydrogène, et le mélange explosif, lors- 
qu'ils sont mêlés en très petite proportion 
avec ces deux derniers gaz, aflaiblissent 
sensiblement le courant qu’ils développent. 
Je n’ai plus qu’à parler des expériences 
que j'ai tentées en réunissant en pile plu- 
sieurs éléments dont chacun est formé des 
deux tubes précédemment décrits. J’ai 
réui en pile six couples de tubes; les deux 
tubes de chaque couple contenaient, l'un 
du gaz hydrogène, l’autre du gaz oxygène. 
La pile entière m'a donné 19° du courant 
dirigé, comme toujours, de l'hydrogène à 
oxygène dans la pile. Voici les déviations 
qui m'ont été données par chacun des cou- 
ples employés séparément : 23°, 140, 170, 
42°, 200, 27°. Une pile de: cinq éléments, 
qui était formée dans chaque couple d’un 
tube entièrement rempli d’eau, et d'un 
autre dans lequel j'avais indroduit de 
l’oxyde d’azote, m’a donné 11°. Les dévia- 
tions de chaque couple étaient 8, 8°,6, 
44, 230. J'ai réuni en pile les deux couples 
qui me donnaient séparément 14° et 230, et 
j'ai obtenu 210. Ces résultats ne parais- 
sent pas s’accorder avec ceux donnés par 
M. Grove. Toutefois il est juste de faire 
observer que cet habile physicien a opéré 
avec cinquante éléments, en employant 
de l’eau acidulée au lieu d’eau distillée. 

La première fois que jai observé les phé- 


nomènes dont je viens de parler, j'avais | 


émis l'hypothèse que le courant électrique 
était dû à la combinaison de deux gaz, 
oxygène et hydrogène, opérée par l’inter- 
médiaire du platine. Il m'est impossible, 
d’après les résultats qui sont contenus dans 
ce Mémoire, d’admetire cette explication ; 
-en effet, nous ayons vu que chaque gaz 
agit séparément et que le courant est dé- 
veloppé par l’action d’un gaz sur le platine 
en présence de l’eau. En admettant, comme 
il semble naturel, que le rôle du liquide 
n’est que celui d’un corps conducteur né- 
cessaire pour compléter le circuit, il nous 
reste, pour expliquer le phénomène, Pac- 
tion du gaz, quelle qu'elle soit, sur le pla- 
tine. Cette action chargerait le platine d’é- 
lectricité négative, le gaz hydrogène ou 
ceux qui agissent comme lui, d'électricité 
positive qui serait répandue dans le li- 


891 


quide. Lorsque les deux gaz, oxygène et 
hydrogène, sont mêlés et se trouvent en 
présence du platine, le courant qu’on ob- 
tient ne serait dû qu'à la différence des 
effets que chaque gaz produit séparément, 
Toujours est-il que ces deux gaz se trou- 
veraient chargés d'électricité contraire, 
et par conséquent en condition de se com- 
biner plus facilement ensemble. On aurait 
ainsi expliqué la formation de l’eau par 
le platine, mais il resterait toujours à s’ex- 
pliquer les développements d'électricité par 
l'action des différents gaz sur le platine. 
C'est un champ ouvert à de nouvelles re- 
cherches. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Sur un moyen de séparer le deutoxyde de 
cérium du deutoxyde de didymium. Ex- 
trait d'une Lettre de M. L.-L. Bonaparte. 


Je m'occupais depuis quelque temps de 
l'étude chimique de plusieurs valérianates 
métalliques, et de ceux de cérium en par- 
ticulier, lorsque j'appris par les journaux 
scientifiques la découverte du didymiam, 
faite par M. Mosander. J'ai été assez heu- 
reux pour trouver dans l'acide valériani- 
que en solution concentrée un moyen pour 
séparer le deutoxyde de cérium à l’état de 
pureté du deutoxyde de didymium. En ef- 
fet, l'acide valérianique jouit d’ure affinité 
singulière et inattendue pour le deutoxyde 
de cérium, car il précipite abondamment 
une solution concentrée et neutre d’azo- 
tate mixte de deutoxyde de cérium et de 
didymium. Le précipité blanc jaunâtre 
n’est constitué que de valérianate de deu- 
toxyde de cérium, eton n’a qu’à le bien 
laver et à le calciïer à une forte chaleur 
rouge au contact de l'air pour avoir le 
deutoxyde pur de ce métal. Cet oxyde est 
d’un jaune très pâle, comme celui de 
M. Mosauder. qui cependant a voue n'avoir 
pas encore trouvé un moyen de séparation 
absolue pour les oxydes de cérium, de lan- 
thane et de didymium... 

L’oxyde de didymium reste dissous dans 
la liqueur acide de laquelle a été précipité 
le valérianate de deutoxyde de cérium. 
Une partie du cérium se trouve cependant 
mêlée au didymium, carles valérianates de 
ces deux métauxsont un peu solubles dans 
l'eau, et encore plus dans les liqueurs aci- 
des, surtout celui de didymium, qui est 
beaucoup plus soluble dans les acides 
faibles que celui de cérium. On peut ce- 
pendant, par le moyen de l'acide valéria- 
nique, obtenir pur l’oxyde de didymium, 
quoique avec beaucoup plus de difficulté 
que celui de cérium. Dans un pro- 
chain mémoire, que j'aurai l'honneur d’of- 
frir à l’Académie, j'entrerai dans les détails 
nécessaires sur la séparation, la préparation 
et les propriétés de c:s deux oxydes à l’état 
de pureté, tels queje les obtiens par l'acide 
valérianique. 

Je finirai par faire observer que, pour 
obtenir le valérianate de deutoxyde de cé- 
rium pur de l’azotate mixte de deutoxydede 
cérium et de didymium, il faut précipiter 
cesel par la solution aqueuse et concen- 
trée d’acide valérianique ; si l'on faisait 
usage d’un valérianate soluble, on précipi- 
terait aussi le didymium, qui est très peu 
soluble à l’état de valérianate dans les li- 
quides neutres. C’est donc à la grande so- 
lubilité du valérianate de didymium dans 
les liqueurs acides et à la moindre solubi- 
lité de celui de deutoxyde de cérium dans 
ces mêmes liquides, qu? je dois la prépara- 


892 


tion facile du deutoxyde de cérium. à l'état 
de pureté, 


2m DD 4 GDm— 
SCIENCES NATURELLES. 


METALLURGIE." 


Rapport de M. Becquerel sur un ouvrage 
ayant pour titre : De la production des 
métaux précieux au Mexique, considé= 
rée dans ses rapports avec la géologie; 
la métallurgie et économie politique, 


présenté à l'Académie des sciences par 
l 


M. Saint-Clair Duport. 
(suite.) 


« 


L’amalgama'ion à chaud (cazo), ima- 
ginée par Alonzo Barba, et ainsi dénom- 
mée parce qu’elle s’opère à l’aide de la cha: 
leur dans une chaudière à fond de cuivre, 
métal qui réduit le chlorure d’argent, est 
moins usitée au Mexique que dans l’Amé- 
rique du sud, où les minerais renferment 
une plus grande quantité de chlorure d’ar- 
gent ou de bromure, condition indispen- 
sable à l’amalgamation. Au Mexique, on 
ne l’applique que dans les localités où se 
traitent les colorados qui renferment ordi- 
nairement de l’argent métallique, du chlo- 
rure et du bromure d'argent. 

On fait subir aux minerais la même pré- 
paration mécanique que pour l’amalga- 
mation au patio. L’ouvrage de M. Duport 


renferme les plans, tous les détails relatifs! 


à la construction des appareils, à la con- 
dute de l'opération au produit brut en 
argent, etc., détails qui n'étaient encore 
connus que d’une mauière imparfaite. 


Ayant reconnu sur-le-champ que ce: 


traitement, peu employé au Mexique, était 


susceptible de grands perfectionnements, 


M. Duport se transporta dans une des 
principales exploitations, y établit une 
usine (hacienda).dans le but d’y faire des 
expériences sur la plus grande échelle 
possible, c’est-à-dire sur 5 et même 10 
quintaux de minerais à la fois, pour voir 
s'il ne serait pas possible de réduire la 


perte du mercure au point de la rendre 


presque insignifiante et de s'assurer sil 
ne serait pas possible de traiter. tous les 


minerais d'argent du Mexique par ce 


procédé. Son intention est de faire con- 
naître ultérieurement à l’Académie les ré- 
sultats de ces expériences, qui sont d’autant 
plus importantes qu'elles ont été faites de 


manière à ce qu'il n’y ait rien à changer: 


dans le dispositif des appareils qui lui ont 
servi, pour être employés dans une entre- 
prise industrielle. Bien qu'il n'ait encore 
rien publié, nous devons dire, d’après la 
communication qu'il a bien voulu nous en 
faire, qu’il a trouvé l'ingénieux moyen de 
diminuer la perte du mercure en ne met- 
tant dans le minerai que quatre fois en 
mercure le poids de l'argent contenu, et 
ce à diverses reprises. de manière à faire 
un amalgame en proportion définie; car, 
tant que le mercure ne dépasse pas cette 
proportion, le chlorure d'argent est de- 
composé par le cuivre et non par le mer- 
cure, et, de plus, le fond de cuivre du cazo 
ne s’amalgame pas; inconvénient qu'on ne 
saurait trop s'attacher à éviter, par la rai- 
son que l'opération cesse sitôt que cette 
amalgamation a lieu. Nous ajouterons 
qu'un autre perfectionnement non moins 
important que le précédent, et dont M, Du- 
port se réserve la publication, perfection- 
nement dont l'un de vos commissaires, le 


rapporteur, a vérifié l'exactitude, complète” 


les travaux de recherches de M. Duport 


’ 


| 
| 
| 


- 893 


dans les perfectionnements qu'il a cherché 
à apporter dans le traitement de tous les 
minerais d'argent au cazo, les galènes ar- 
gentifères exceptées, dont l'un de vos com- 
missaires s’est particulièrement occupé. 

M. Duport, en traitant la question des 
métaux précieux au Mexique, ne s’est pa; 
borné à décrire géologiquement le pays, à 
faire convaître les principaux gîtes métal- 
lifères, le mode d'extraction du minerai 


dans chacun d’eux; les différents modes de 
| traitement, le produit moyen de chaque 


usine; mais il est encore entré dans de 
grands développements concernant les 
droits pereus sur les produits des mines, 
sur les essais, les ateliers de départ, les 
hôtels des monnaies, la comparaison des 
valeurs monnayées à diverses époques, les 
droits d'exportation, le coût moyen de la 
production, et les probabilités de variation 
dans la production. Il a donc envisagé la 
question dans toute son étendue, puisqu’il 
l’a traitée scicntifiquement, pratiquement, 


et sous le point de vue de l’économie poli- 


tique. L'Académie ne verra pas sans inté- 


rêt les résultats consignés à cet égard dans 


les chapitres relatifs aux diverses matières 
ue nous venons d'indiquer. 

En 1504, peu après la conquête, l'impôt 
fut fixé par la cour de Madrid, au cin- 
quième du produit (quinto\; en 1548, il fut 
réduit au dixième. Il existait encore des 
droits supplémentaires, sur la fonte, l’es- 
sai, la marque, qui continuèrent à être 
pereus jusqu à l'émancipation politiqne du 
Mexique. En 1822, les droits furent ré- 
duits à 3 p. 100 de la valeur des métanx ; 
ensuite on y ajouta un autre droit de 1 1/2 
p: 100, portant sur létablissement de la 
mine. 

Quant aux essais, aux ateliers de départ, 
aux hôtels des monnaies, du Mexique, bien 
que M. Duport donne à ce sujet des détails 
pleins d'intérêt et tout à fait nouveaux, il 
nous à paru impossible d’en parler, même 
succinctement, dans la crainte de donner 
une trop grande étendue à ce rapport. 
Néanmoins, nous avons cru devoir rendre 
compte du coût de la production, question 
fondamentale, où réside en quelque sorte 
lavenir de la métallargie mexicaine et 
que M. Duport à traitée de la manière la 
plus explicite et la plus satisfaisante. 

M. Duport établit ainsi la production par 
chacun des trois modes de traitement : l’a- 
malgamation à froid fournit à elle seule 
82 p. 100; l’amalgamation à chaud, 8; la 
fonde, 10. Relativement au coût de l’ar- 
gent obtenu par ces différents traitements, 
on conceyra qu'il faut prendre en consi- 
dération des éléments divers, qui compli- 
quent singulièrement la question. Pour en 
faciliter la solution, M. Duport prend pour 
point de départ 1 kilogramme d'argent 
à bord d’un navire partant d’un des ports 
du Mexique, et fixe la proportion de dé- 
pense nécessitée par sa production en 
grammes d'argent. En déduisant les droits 
et les frais de traitement, il reste un solde 
qui représente la somme libre pour les 
frais d'extraction et le bénéfice. Il suppose 
ensuite une richesse commune de deux 
millièmes (0,002), teneur moyenne des mi- 
nerais du Mexique. Il porte la perte du 
mercure à 13 onces par marc. 

Les dépenses du traitement au patio 
peuvent se calculer à raison de 14 piastres 
par monton de 1,000 kilozrammes. 

Il fait entrer, dans ses calculs de coût de 
la production, les frais de transport, droits 
de port, commissions, etc. 


894 


Ces bases posées, il établit ainsi le coût 
de 1,000 grammes d'argent embarqué: 


Droit du gouvernement, y compris le 


monnayagse 445 gr. 
Frais deforite, transport, embar- 
quement 39 
Traitement et mercure 454 
Reste libre pour Pextraction du 
mineraietles bénéfices 366 
Total 1000 


On voit donc, d’après cela, que ce solde 
de 366 grammes sur 1,000 est ia somme 
qui reste pour le coût d'extraction du mi- 
nerai et le bénéfice possible; mais, comme 
les sommes représentées en grammes d’ar- 
gent fin sont dépensées au Mexique, il faut 
ajouter au solde de 366 grammes tous les 
grammes absorbés par le transport et les 
droits d'entrée et de sortie dans les ports; 
de sorte qu'il reste un total de 446 grammes 
d'argent en espèces monnayées au Mexique 
pour faire face aux débours d’extraction ;, 
mais, si lon considère que ces 446 gram- 
mes, valant un peu moins. de 400 francs, 
doivent faire face à l'extraction de 500 ki- 
logrammes de minerai choisi, on peut se 
convaincre aisément qu’attendu la profon- 
deur des mines, le prix élevé de la main- 
d'œuvre et de tous les agents nécessaires 
aux travaux, souvent il ne reste aucan 
bénéfice, et les compagnies se trouvent en 
perte. 

Tel est le déplorable état de l’industrie 
minière au Mexique! 

Passant aux variations probables de la 
production, M. Duport énumère les causes 
générales et particulières qui peuvent in- 


fluer sur ces variations, en faisant entrer 


en premiére ligne une connaissance ap- 
profondie de la géologie des principaux 
districts de mines, et cite à cet égard un 
exemple frappant qui prouve que des gise- 
ments travaillés depuis trois siècles ne sont 
peut-être rien auprès de ceux qui restent 
à explorer pour tout mineur instruit dans 
l’art des mines. Cetexemple est celui donné 
par le Français Laborde, qui vint, vers la 
fin du siècle dernier, dans les mines de 
Zacatecas, dont les produits, bien dimi- 
nués alors, avaient fait cesser en partie les 
travaux, découvrit après quelques explo- 
rations le puissant filon de velsgrande, qui, 
de1827 à 1839, a fourni à la circulation prés 
de150millions de franes. Mais si, comme le 
disait, il y a quarante ans, M. de Hum- 
boldt, le Mexique contient assez d'argent 
pour inonder le monde, tout en reconnais- 
sant cette vérité, M. Duport n’est pas aussi 
convaincu que lui de la possibilité des 
moyens d'extraction et des avantages qu’on 


- en pourra retirer, et il se trouve par là 


conduit à traiter des perfectionnements 
probables à introduire dans les moyens 
d'exploitation et de traitement, lesquels 
se rattachent à la question d'économie po- 
litique, dont vos commissaires ont dû s'oc- 
cuper, en raison de leur dépendance mu- 
tuelle. 

Ces perfectionnements sont nombreux et 
surtout complexes; ils portent principa- 
lement sur les changements probables qui 
peuvent s’introduire dans les moyens d’ex- 
ploitation et de traitement. M. Duport a 
reconnu que dans les moyens d’exploita- 
tion actuellement en usage, il existe de 
grands défauts, en tête desquels on doit 
placer l’excessive parcimonie des travaux 
de recherche et une insouciance complète 
pour les données acquises par l’expérience. 
En outre, un bon système d’épuisement 


895 


des eaux, qui est si important pour l’a- . 
venir d'une mine, est tout à fait né- 
gligé. 

M. Duport attire ensuite l'attention du 
lecteur sur l'emploi du fer et de la poudre, 
qui sont l’objet d'une dépense assez impor- 
tante, attendu que l’on tire le premier de 
l’étranger, les Mexicains ne s’étantque peu 
ou point occupés de sa fabrication, et que 
la poudre, qui est de très mauvaise qualité, 
est en régie. 

La main-d'œuvre paraît susceptible de 
variations qui n’ont point échappé à M. Du- 
port : son prix à l’époque actuelle est peu 
élevé, et, d’après les considérations dans 
lesquelles entre l’auteur, en comparant le 
prix du travail des mines à celui de l’agri- 
culture, il en tire la conséquence que la 
main-d'œuvre doive tendre plutôt à aug= 
menter qu’à diminuer. IlLexamine ensuite 
les avantages qui pourraient résulter de 
Pintroduction de Ja vapeur dans quelques 
localités, pour l'épuisement des eaux: 
outre le Fresnillo, qui en aretiré degrands 
bénéfices, on pourrait encore citer Plateros, 
qui est sur le point d’en retirer d’avanta- 
geux résultats. Si donc, dans toutes les lo- 
calités où le combustible est à un prix peu 
élevé et en assez grande abondance pour 
ne pas craindre qu'il vienne à manquer 
tont à fait, on en faisait usage, on amélio- 
rerait saus aucun doute les produits, Néan- 
moins l'emploi de la vapeur, dans l'intérêt 
même des mines, ne peut être fait qu'avec 
beaucoup de réserve. Ainsi, si les mines de 
Sombrerete et de Zacatecas étaient exploi- 
tées avec la même activité qu'il y a qua- 
rante ans, et employaient exclusivement 
la vapeur, l’exploitation du Fresnillo qui 
est située à peu de distance cesserait de 
produire aussi avantageusement qu’elle le 
fait aujourd’hui, à cause de la rareté du 
combustible. : 

M. Duport examine ensuite les perfec- 
tionnements à apporter daus plnsieurs par- 
ties relatives à l'exploitation. 


PHYSIOLOGIE, 


Influence de Pasphyxie sur la sécrétion de 
la bike. — Extrait d'une lettre de 
M. Bouisson à M, Flourens. 

L’asphyxie produit sur la sécrétion de la 
bile une influence qui m'a été démontrée 
par des expériences réitérées sur les ani- 
maux. Les médecins légistes avaient déjà 
constaté que, sur la plupart des sujets as- 
phyxiés, le foie était le siége d’une conges« 
tion sanguine très intense, mais leur atten- 
tion ne s’était point portée sur les caractères 
que prenait la bile, bien qu’il fut naturel 
de penser que le produit de la sécrétion du 
foie devait se modifier sous l'influence de 
la congestion sanguine, quand cet état se 
prolongeait. La durée de la congestion est, 
en effet, comme je m’en suis assuré, né- 
cessaire pour qu’il survienne une altéra- 
tion appréciable dans les caractères de la 
bile; sur les animaux que j'ai fait périr 
par une asphyxie prompte, les apparences 
de ce liquide n’ont présenté aucune modi- 
fication sensible; mais il n’en a pas été de 
même de ceux qui ont été soumis à une @s= 
phyxie lente ; leur bile a pris une colora- 
tion foncée ou sanguinolente très mani- 
feste, et sa quantité s’est notablement auo- 
mentée. Les moyens d’asphyxie que j'ai 
mis enusage ont consisté à placer des ani- 
maux sous la cloche d’une machine pneu- 
matique dans laquelle un commencement 
de vide avait été opéré, et à les abandonncx 


896 


à eux-mêmes jusqu’à ce que l'air contenu 
dans la cloche fût suffisamment consommé 
ou vicié par l'acte respiratoire pour deve- 
nir impropre à la vie; sur d’autres animaux, 
les deux nerfs pneumo-gastriques ont été 
coupés. 

L'auteur, après avoir exposé les faits 
qu'il a observés dans six expériences, qui 
toutes ont donné des résultats concordants, 
en tire les conclusions dans les termes sui- 
vants : 

Ces divers résultats prouvent que l'as- 
phyæie lente, en produisant la congestion 
veineuse du foie, loin de diminuerla sécré- 
tion biliaire, comme l’avait avancé Bichat, 
Paugmente au contraire notablement ; que 
l'opinion d’après laquelle le sang veineux 
est considéré comme la source de la sécré- 
tion de la bile, est fondée ; qu’indépendam- 
ment de l'augmentation de la quantité de 
bile, celle-ci se modifie dans ses caractères, 
puisqu'elle prend une couleur foncée, san- 
guinolente, ou même noirûtre, et une plus 
plus grande consistance, apparences phy- 
siques qui appartiennent à la bile très car- 
bonée; que l'asphyxie lente, en produisant 
linaction graduelle du poumon, développe 
l’action supplémentaire du foie, et que 
l'impossibilité d’une exhalation suffisante 
de carbone par la surface pulmonuire est 
compensée par l'élimination du même corps 
au moyen de la bile. 


PHARMACOLOGIE. 


De l'urgence d'une réforme pharmaceuti- 
que. — Des élèves en pharmacie — Fal- 
sification des drogues. — Remèdes se- 
crets. 


Depuis fort longtempsnous nous promet- 
tions d'écrire sur ce sujet: si nous avons 
attendu jusqu'à ce jour, c’est qu’un mo- 
ment nous avons cru qu'on s'occupait sé 
rieusement de réprimer les abus dont il est 
question dans cet article, et qu’on allait 
tenter une réformepharmaceutique. 

Déjà plusieurs poursuites ont été diri- 
gées devant les tribunaux contre des tra- 
fiquants de drogues falsifiées, des mar- 
chands de remèdes secrets et tutti quanti; 
mais on n’a voulu que faire quelques 
exemples, et l’on n’a pas fait attention qu'il 
s’agit bien moins de condamner celui que 
l’on prend en flagrant délit que de préve- 
nir le retour du délit. 

On à beaucoup parlé et beaucoup écrit 
sur ia pharmacie, sur les remèdes secrets, 
sur la falsification des drogues, puis on 
s’est lassé de parier et d'écrire. 

Pourquoi avons-nous besoin de rappeler 
le pharmacien à ses devoirs nombreux, à 
sa sérieuse responsabilité? Parce que les 
remèdes secrets et la falsification des dro- 
gues peuvent Conduire à la fortune, parce 
que les pharmacies sont trop nombreuses 
(leur nombre devrait être limité), parce 
que les pharmaciens sont des commerçants 
qui paient patente et impôts dans les quar- 
tiers pauvres comme dans les quartiers 
riches. 

L'épicier éprouve beaucoup de peine à 
ne pas.se croire un peu pharmacien, et de 
fait, il y a souvent similitude, 

Un jour nous avons lu sur la boutique 
d'un pharmacien cette maxime : Salus po- 
puli suprema lex esto, cette maxime nous 
a paru si bien appropriée, que nous re- 
grettons de ne pas la voir inscrite au-des- 
sus de toutes les pharmacies et gravée dans 
le cœur du pharmacien. 


897 


Le devoir du pharmacien est tout aussi 
sacré que celui du médecin. Le salut du 
malade dépend presque toujours du remède 
qui luiest administré, et sur dix remèdes 
cinq sont mal préparés, incomplets ou fal- 
sifiés. 

Partant de là, nous démontrerons que 
ces abus proviennent soit de l'ignorance, 
soit de l’incurie, soit de l’avarice du phar- 
macien. 

1° Ignorance. L'élève en pharmacie n’a 
jamais fait d’études sérieuses, le plus sou- 
ventil nese décide pour cet art secon- 
daire que parce qu’il ne peut aspirer au 
premier; et croyant sans raison que puis- 
qu'il ne sera pas médecis, il aura toujours 
assez de savoir quand il saura lire une for- 
mule ct l’exécuter, il oublie sans effort 
qu’il a des inscriptions à prendre et des 
cours à suivre. Mais les plus beaux rêves 
ont un terme, ilest un temps où la réalité 
apparaît avec toutes ses exigences. Alors, 
pris au dépourvu, l'élève incapable entre 
dans une pharimacie aux appointements de 
25 fr. par mois. Cest par l’officine qu’il 
commence à étudier, c’est par lofficine 
qu’il aurait dû finir. Les jours et les mois 
se passent à couper des herbes, à faire des 
pilules, des loochs, des sparadraps, à rin- 
cer des bouteilles et ‘les bocaux. Le patron 
se soucie fort peu que son élève apprenne ou 
non son art, 1! faut avant tout que la beso- 
gne se fasse. Le jeune éléve ne reconnaît 
le plus souvent les drogues qu'à la place 
qu'occupent les flacons dans les rayons de 
la boutique ; aussi, combien de fois n’est-il 
p?$ arrivé, à la fin d'une journée de fati- 
gue, que l'élève se trompait de flacon et 
donnait à la pratique quelque chose de 
blanc pour de la magnésie, quelque chose 
de noir pour du charbon de quinquina! 

Au bout de cinqousix ans de cette phar- 
macie pratique, léève songe à son âge, à 
son temps perdu, à ses inscriptions; il suit 
les cours, passe des examens, ct priant le 
hasard de lui être favorable, il doit quel- 
quefois au hasard d'être recu d'emblée : en 
effet, il a bien cxpiqué la préparation du 
sirop de rbubarbe qu'il a fait plus de cent 
fois (souvent sans rhubarbe), et il a re- 
connu au premier coup d'œil le lierre ter 
restre, la pervenche et le pas d'âne... 

Etonné de ses succès, le jeune pharma- 
cien retourne dans son pays pour acheter 
une femme et épouser une pharmacie, et à 
quelque temps de là, on lit dans un jour- 
nal : « Notre petite ville vient d'être le 
» théâtre d'un événement déplorable, La 
» fille d’un riche négociant, M. X..... âgée 
» de dix-huit ans, vient de mourir empoi- 
» sonnée par la néglisence du pharmacien 
» de l'endroit. La justice informe. » 

De tels événements ne sont malheureu- 
sement pas rares, voilà pour le nec plus ul- 
tra de l'ignorance. Passons aux consé- 
quences d’une iguorance beaucoup plus 
générale. 

Un grand nombre d’apothicaires en sa- 
vent juste assez pour ne pas se trom- 
per de médicaments, presque tous en igno- 
rant la préparation. Les drogaistes leur 
vendentles grosses drogues et les produits 
chimiques dans un état presque constant de 
falsification où d’impureté. Le pharmacien 
ne les analyse jamais, ct pour cause. 

Il serait presque impossible aujourd'hui 
de trouver dans une pharmacie certains 
produits exempts d'impuretés ou de matiè- 
res élrangères. 

. Les produits mercuriels d'un usage si 
fréquent sont constamment falsifiés: le 


. rance et de noir de fumée. 


_898 


précipité rouge (peroxide de mercure) par « 
du minium (deutoxile de plomb) et du … 
verre pilé ; $ 
Le précipité blanc (protochlorure de 
mercure) par du sublimé corrosif (deuto- 
chlorure de mercure) et des os calcinés. 
On trouve encore l’onguent mercuriel 
sans mercure, mélange intime d’axonge 


Les extraits où ne manqueque la subs- 
tance dont ils portent le nom, et les fari- 
nes de lin et de moutarde mélangées de 
tourteaux, de son, etc., etc., et les sirops 
et pâtes de guimauve sans guimauve, les 
sirops purgatifs obtenus avec tous les rési- 
dus de Fofficine ; L 
_ Et le miel-sirop de fécule et la mauve- 
glucose; 

Et les poudres pour tout faire; 

Et les pilules toutes faites pour suppléer 
aux pilules selon l'ordonnance! Mais ce 
n'est là que la centième partie des petits 
mystères de la pharmacie, qui ont, comme 
on peut sen rendre facilement compte, 
leur côté effrayant. 

Combien d’indigents ont payé de leurs 
derniers deniers le poison qui aggravait leur 
mal ou abrégeait leurs souffrances... 
C’est qu'il y a aussi des médicaments 
pour toutes les bourses, et nous nous rap- 
pelons avoir vu donner pour purgation à 
un malheureux, une drogue qui sert ordi- 
nairement à purger ies chevaux. Voilà de 
ces crimesinconnus que commettent cha- 
que jour dans la capitale du monde civi- 
lisé, des hommes qui doiventavoirreçu une 
brillante instruction, et qui devraient être 
pénétrés de la noblesse de leur état. 

(La suite prochainement.) 


ZOOLOGIE. 


Nourelle espèce de Seps supposée être leW 
Jaculus des anciens. 


M. Guyon annonce qu’il est parvenua 
se procurer vivant un reptile qui paraît | 
être celui que les anciens ont désigné autre» 
fois sous le nom de Jaculus. Cet animal 
est connu à la côte barbaresque sous le 
nom de Zureïg, qui veut dire le grisâtres 
Les Arabes du pays disent qu’il fend l'air, 
comme un dard, traversant d’outre en ous 
tre les corps qui peuvent se trouver sur 
son passage, même des troncs d'arbre. Les 
voyageurs modernes, sans admettre, com= {\ 
me on le pense bien, ce dernier trait,avaients 
recu trop de renseignements sur le Zureiïg;! 
pour ne pas considérer son existence com=\ 
me certaine; mais aucun d'eux, sauf 
M. Desfontaines, n’avaient eu occasion de! 
le voir et de constater l'extrême rapidité! 
de ses mouvements. | 

Pendant que j'étais dans les montagnes 
de Tlemcen, dit le savant botaniste (’oyæ 
ge dans les régences de Tunis et d'Alger 
page 169), j'eus occasion de voir le ser= 
pent Zureïg, mais il me fut impossible del 
le saisir... J'en vis un qui se cacha sou 
une pierre; je la fis lever, et dans l'instan 
il sortit avec une vitesse étonnante et tra 
versa un espace de doùze à quinze pas san 
que je pusse presque l'apercevoir... J'au 
rais été bien aise de le disséquer pour cons 
naître à quoi il faut attribuer dans un rep: 
tile cette vitesse prodigieuse, que java 
jusqu'alors regardée comme une fable. 

M. Guyon est parvenu à se procurer u 
de ces reptiles, qui lui a été envoyé vivanl 
des environs de Mascara, et dans lequel ile 
reconnu non un Ophidien, comme On aVal 


: 


| 4 
: 


- 


899 

lieu de le croire d’après le témoignage des 
anciens que n’infirmait point celui des mo- 
dernes, mais un Saurien, un Seps à trois 
doigts aux pieds thoraciques comme aux 
pieds abdominaux. L'animal, dont la gros- 
seur est celle du petit doigt, est long de 
32 centimètres environ; son dos est d’une 
belle couleur de bronze; le ventre est d’un 
blanc grisätre qui, au soleil; a des reflets 
d'azur. Ilexiste en Algérie une: autre es- 
pèce qui pourrait être identique avec une 


- des deux espèces connues dans notre Eu- 


rope tempérée. 

A son arrivée à Alger, où il avait été ap- 
porté dans un flacon bien bouché, l’animal 
était engourdi ; mais bientôt il reprit sa vi- 
vacité. Il est maintenant depuis deux mois 
environ dans ki possession de M. Guyon, 
qui ne l’a encore jamais vu saisir de proie, 
mais l’a vu boire tous les jours. 

On nesaurait, dit M. Guyon, se faire une 
idée de la rapidité des mouvements du Zu- 
reïg, sion n’en a pas été le témoin. Je parle 
deses mouvements sur le sol ou de repta- 
tion. Son mouvement de projection ne doit 
pas être moins rapide, mais jusqu’à pré- 
sent je n'ai pas eu l’occasion d’en être té- 
moin. 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


ATTS CHIMIQUES. 


Procédé pour le blanchiment, la purifica- 
tion et le raffinage des suifs et autres ma- 
tières organiques grasses et oléagineuses ; 
par M. H.-H. Watson, chimiste manu- 
facturier. 


Le suif ou autre substance sur laquelle 
on veut opérer ayant été fondu dans un 
vase de plomb ou autre matière qui ue 
puisse être attaquée par Pacide sulfurique 
étendu , on ÿ mélange une solution dans 
J’eau du composé, connu sous le nom de 
caméléon minéral, et qui est une combi- 
naison d’acide manganique avec la potasse, 
la soude où une base terreuse. Alors on 
ajoute peu à peu de l'acide sulfurique (ou 
tout autre acide ayant une affinité plus 
puissante pour la base que l’acide manga- 
nique) aprés lavoir étendu de quatre à cinq 
fois son volume d'eau, jusqu'à ce que la 
liqueur qui se sépare du mélange après une 
agitation complète et un repos de quelques 
minutes n'ait plus de saveur acide. 

Si on le préfère, on peut mélanger l’aoide 
étendu au suif avant l’addition de la solu- 
tion de caméléon minéral, la température 
du méauge est alors élevée à 60°C, puis 
successivement à 100 et on brasse pendant 
une heure ; après cela on cesse l’applica- 
tion de la chaleur, on laisse en repos jus- 
qu'à ce que la matière grasse s'élève et 
flotte à la surface de la liqueur acide sur 
laquelle on la puise encore à l’état liquide 
Pour en faire tel usage qu’on juge conve- 
nable. 

Par ce moyen on blanchit le suif, ou du 
moins on améliore sa couleur en propor- 


tion de Ja quantité de caméléon qu’on a 


employée ou d’après la coloration plus ou 
moins intense que possède la matière sur 
laquelle on opère. 

, Un vingtième du poids du suif en camé- 
Jéon minéral est suffisant pour blanchir du 
Suif de qualité ordinaire. 

La quantité ja plus convenable d’eau 
qu’il convient d'employer pour dissoudre 
le caméléon destiné au blanchiment du 
suif, est d’après l'expérience de 20 à 30 fois 
le poids de ce sel. 


900 


Au licu de mélanger la solution de ce 
caméléon avec le suif fondu et d’ajouter 
ensuite l'acide, on peut mêler cette solution 
à l'acide étendu nécessaire à la saturation 
dela base. La liqueur est alors rouge, 
cramoisie ou pourpre, et c’est dans cet 
état qu’on la mélange en brassant avec le 
suif porté à la température de 60° qu’on 
élève ensuite à 100c en une heure , jusqu’à 
ce qu'on ait produit le blanc désiré. Pen- 
dant ce temps on peut, par intervalles, re- 
connaître le degré de blancheur qu'a at- 
teint le suif en en versaut quelques gouttes 
sur une plaque métallique propre. 

Siou se sert d'acides chlorhydrique ou 
nitrique au lieu d’acide sulfurique, le vase 
dans lequel on opère ne doit plus être en 
plomb, mais en bois, en pierre ou autre 
matière que ces acides n'attaquent pas 
sensiblement. 

Au lieu de se servir du caméléon et de 
l'acide sulfurique, jai encore fait usage 
avec succès d’une solution contenant de 
l’oxyde rouge ou deutoxyäe de manganèse 
ou de toute autre combinaison de ce métal 
qui renferme plus d'oxygène qu'il n’en con- 
tient à l’état de protoxyde. 

La solution pour blanchir le suif se fait 
dans ce dernier cas en versant dans un vase 
de plomb une certaine quantité d’acide 
sulfurique qu’on étend d'eau, si cela est 
nécessaire, pour que son poids spécifique , 
quand on réduit à la température de 15°, 
soit environ 1,66. Dans cet état, on jette 
par petites portions dans cet acide et lors- 
qu'ilest chaud, sait du peroxyde, soit de 
l’oxyde rouge ou deutoxyde de manga- 
nèse, et on agite la liqueur avec un rable 
de plomb. La quantité d’oxyde de manga- 
nèse qu’on ajoute ainsi doit étre supérieure 
à celle que l'acide étendu, et sans appli - 
cation d’une autre chaleur que celle qui 
résulte de son mélange avec l’eau, est sus- 
ceptible de dissoudre par une longue di- 
gestion. On laisse alors le mélange reposer 
deux à trois jours, en agitant fréquem- 
ment autant qu'ii est possible l’oxyde de 
manganèse en suspension, après quoi on 
étend d'eau, et on agite jusqu'à ce que la 


-solution qui aura acquis une couleur cra- 


moisi, et après qu’on aura laissé déposer 
l'excès d'oxyde de manganèse, n’ait plus 
qu’un poids spécifique de 1,35. Ce mélange 
en cet état est fréquemment agité pendant 
trois ou quatre jours ou même une se- 
maine, en essayant chaque jour le poids 
spécifique, et en ajoutant de l’eau tant qu'il 
est supérieur à 1,35 et jusqu'à ce qu'il y 
arrive. Quand la liqueur passe au cramoisi 
foncé , elle est prête pour l'usage. 

Les proportions les plus favorables pour 
préparer la solutiomsont 80 kilog. de bon 
peroxyde de manganèse pour 230 kilog. 
d'acide sulfurique concentré ct la quantité 
d’eau nécessaire. On peut employerd’autres 
acides pour remplacer l'acide sulfurique ou 
concurremment avec lui. 

Le suifest alors mis cn fusion dans une 
chaudière en plomb par le moyen de la va- 
peur, et lorsque la température a atteint 
environ 50°, on y ajoute pendant qu’elle 
s'élève à 55° et par degrés la liqueur cra- 
moisie ci-dessus. On agite pendant tout le 
temps qu’on verse cette solution, et on 
continue durant une heure après qu'elle 
est versée, jusqu'a ce que le suif ait at- 
teint le degré de blancheur qu’on re- 
cherche. 

Quand ce suifestau degré de blanc qu’on 
desire , on élève la température à 70° ou 
72° et on cesse d’agiter, la liqueur se sé- 


901 


pare en peu d'heures , et on puise le suif 
qui nage à la surface afin de le couler. 
Un tonneau de suif de bonne qualité peut 
ainsi être rendu blanc avec 160 litres de 
liqueur cramoisi du poids spécifique de 
1,35. Les quantités nécessaires pour blan- 
chir d’autres substances que les suifs sont 
plus ou moins considérables suivant l’inten- 
sité de la couleur des matières sur les- 
quelles on opère. 

Quand la liqueur est ajoutée au suif 
fondu , le mélange prend d’abord une cou- 
leur sale due à ce qu’elle se trouve dans un 
état de suspension mécanique dans le 
suif, mais cetteteinte se dissipe à mesure 
que le suif blanchit, et la liqueur perd en- 
fin sa couleur cramoisi. 

Le liquide qui reste après que le suif a 
étéenlevé sert à préparer et purifier d’autres 
suifs ou matières grasses. Ces matières 
grasses, telles que les livrent les bouchers, 
c'est-à-dire encore enveloppées dans leurs 
membranes cellulaires. sont mises dans le 
liquide dont on élève la température au 
moyen de la vapeur. Par ce moyen les cel- 
lules crèvent , et lorsque la matière a été 
maintenue à une température croissante 
de 60 à 100° pendant une heure ou deux, 
toute la graisse se trouve séparée des mem- 
branes. Alors on cesse de chauffer , un 
laisse reposer et on puise le suif qu’on porte 
au blanchiment ou dont on dispose autre- 
ment. 

Cette liqueur, dans les proportions in- 
diquées , suffit awtraitement d’un tonneau 
de graisse provenaut du boucher. 

Si on le desire, on peut fondre et blan- 
chir les suifs en une seule opération, en 
les mêlant au moment où ils sont livrés 
par le bcucher, avec la quantité néces- 
saire de liqueur cramoisi, et chauffant le 
mélange à la température de 65 à 70,, et 
agitant avec beaucoup de soin. Après 
qu'un a soutenu cette chaleur pendant 
une heure ou deux, on élève la tempé- 
rature à 400,, qu’on maintient pendant 
quelque temps si on le juge nécessaire. 
Quand le suif est devenu limpide par 
quelques instants de repos, on l'enlève à 
la surface. Dans celte opération, il faut 
employer une plus grande quantité de 
liqueur cramoisi que celle nécessaire pour 
blanchir simplement le suif qui a déjà été 
fondu. 

Quand dans le blanchiment des suifs ou 
autres matières grasses on n'a pas besoin 
d'un blanc parfait, ou lorsqu'on ne tient 
pas à la célérité de l'opération, on peut se 
contenter d'ajouter au suif à l’état de fu- 
sion une certaine quantité de deutoxyde 
ou peroxyde de manganèse à l'état pulvé- 
rulent. Le mélange étant agité à plusieurs 
reprises pendant quelquesheures, est main 
tenu durant ce temps à une température 
d'environ 600. Après quoi on en sépare 
l'oxyde de manganèse par la filtration, ou 
bien on laisse déposer en abandonnant au 
repos le mélange qu’on maintient chaud, 

Au lieu de cela , on peut encore mélan- 
ger le suifavec l’oxyde de manganèse et l’a- 
cide sulfurique étendu, au point de ne plus 
carboniser les matières organiques, et 
maintenir le mélange à une température 
d'environ 109, en remuant par intervalles 
jusqu’à ce qu’on ait produit le blanc re- 
cherché. Quand on à atteint ce point, on 
cesse de remuer, mais on soutient la tem 
pérature pour que le suif reste fluide jus- 
qu’à ce que le manganèse et l'acide se soient 
déposés et qu’on puisse couler le suif clair. 
L'oxyde de manganèse et l'acide peuvent 


902 


être mêlés ensemble avant d'être ajoutés au 
suif. (Le Technologiste.) 


Re KR 'E—— 


AGRICULTURE. 
Maître Jacques Bujault. 


Nos lecteurs connaissent tous Jacques 
Bujault, surnommé maître Jacques. La ré- 
putation du laboureur de Chalone n’était 
pas circonscrite dans le département des 
Deux-Sèvres, elle était connue de tous 
ceux qui s'occupent de réaliser la régé- 
nération agricole de la France, régénéra- 
tion dont chacun sent la nécessité, que 
l'on desire, que l’on entrevoit confusément 
dans l'avenir, mais qui doit se préparer 
dans les esprits avant de passer dans les 
faits. Au lieu de refaire une biographie de 
cet homme de bien que plusieurs journaux 
d'agriculture ont déjà faite, nous croyons 
plus utile de reproduire de ses nombreux 
écrits quelques préceptes qui doivent, à 
notre avis, être considérés par les agricul- 
teurs comme le sont par les médecins les 
aphorismes d'Hypocrate : 

Il faut à tout cheval un bon palirenier, 
comme à toute terre un bon cultivateur. 

Celui qui néplige ses biens perd au 
moins le tiers de son revenu, et, s'il vend, 
la moitié de son capital. 

Aimes-tu tes enfants?.. soigne tes do- 
maines. 

La bonne ménagère est un trésor. 

Tout prospère sous la main d’une fem- 
me active et soigneuse. 

Ne va aux foires et marchés que pour 
tes affaires ; il y aura toujours assez de fai- 
néants , d'ivrognes et de gourmands sans 
toi. 

Quand tu es hors de chez toi, tu ne fais 
rien, tu dépenses ton argent, et l’ouvrage 
va mal à la maison. C’est pis que de brü- 
ler la chandelle par les deux bouts. 

La première épargne est le premier ga- 
gné.On n'est pas toujours sûr de gagner, 
mais on tient ce qu’on épargne. 

Ne laisse rien perdre de ce qui est utile 
à l’'hemme, aux bestiaux ou à la terre. 

Une poignée de paille donne deux poi- 
gnées de fumier, qui donnent une poignée 
de grains. 

Mets chaque chose à sa place; aie soin 
de tes instruments; le soleil et la pluie 
gâtent tout; puis il faut du bois, du fer, 
du travail et de l’argent. 

Habitue tes enfants à tout serrer, à tout 
ramasser. 

Soigne aussi tes récoltes. On perd sou- 
vent plus dans un jour, par négligence, 
qu'on ne gagne dans une semaine par le 
travail. 

Fais mettre en écrit par tes enfants le 
produit de tes récolles, tes achats, tes ven- 
tes et tes dépenses. 

Laboure bien, fume bien, n’épargne 
pas ta terre, tu seras bon cultivateur. 

Soigne ta terre comme ton attelage, ne 
lui donne pas trop de charge. 

Celui qui épuise sa terre épuise sa 
bourse. 

Ne laboure point les terres fortes quand 
elles sont mouillées, ni les terres légères 
quand elles sont sèches. 

Il n’y a pas de bon labour sans une bonne 
charrue et un large soc pour couper les 
racines. 

Tâche d'éviter les mauvaises herbes ; 
elles sont de la famille des mauvais culti- 
vateurs, 


905 

Veux-ta du grain? fais des prés. 

Les prés sont à la terre ce que la nourri- 
ture est à l’homme. 

Si elle est épuisée, il la fortifient ; si elle 
est lasse, ils la reposent; si les mauvaises 
herbes la tuent, ils la nettoient. 

Il n’y a point de terre où l’on ne puisse 
faire un pré d’une espèce ou d’une autre. 

Les prés nourrissent le bétail ; le bétail 
fournit le fumier ; le fumier donne legrain. 

Point de fourrage sans pré ; point de bé- 
tail sans fourrage ; point de fumier sans bé- 
tail; point de prairies sans fumier. 

Les prés, le fourrage, le bétail et le fu- 
mier, amènent le grain. Maistout cela se 
tient, et si l'un manque, point de récolte. 

Celui qui a la moitié de ses terres labou- 
rables en prés excellents est un bon culti- 
vateur. Il est encore bon, s'il en a le tiers ; 
le quart n’est pas assez. 

Si je fais autant de prés, où placerais-je 
mon foin? Où on le place dans les trois 
quarts de l’Europe, à la belle étoile, 

Celui qui n’a pas de foin dehors n'a pas 
assez de foin. 

Sème chaque année des prairies, chaque 
année tu en rompras. Uu hectare de dé- 
frichement en vaut trois. 

Plâtre tes près artificiels. Pour 1 fr. 50e. 
de plâtre. tu auras douze pour cent de foin 
en sus de ta récolte habituelle. 

Ne sème que ce que tu peux fumer. Fais 
des prés, élève du bétail jusqu’à ce que tu 
puisses fumer tous te; blés. 

Nesème pas en raison de la terre que tu 
as, mais du fumier que tu fais. 

Celui qui sème sans fumier travaille mal, 
se ruine.et mettra la elef sous la porte. 

Une pièce de gros bétail fume un tiers 
d'hectare; dix moutons en fument autant. 

Si dans la plaine tu sèmes 15 hectares, 
il te faut trente-qiatre pièces de gros bé- 
tail et soixante moutons, bien nourris et 
fournis de litière. 

Si la terre est froide et humide, tu n’en 
fumeras que la moitié, avecla même quan- 
tité de bétail. 

Tu ne plantes jamais l'ail et les oignons 
deux années de suite dans le même carré; 
pourquoi sèmes-tu donc plusieurs blés de 
suite dans ton champ? 

La terre s’épuise parla même culture; 
les mauvaises herbes prennent le dessus ; et 
ta n’as que de petits épis. 

Les beaux épis font les belles récoltes. 

Cultive de tout, parce que tout ne man- 
que jamais à Ja fois, 

N'oublie pas la pomme de terre; c’est 
elle qui te nourrira dans la disette, et qui 
engraissera ton bétail dans l'abondance. 

Nourris des bestiaux de plusieurs espè- 
ces ; si l’un ne se vend pas, l’autre te fera 
de l'argent. 

Celui qui soigne son bétail soigne sa 
bourse. 

Engraisse ton bétail avant de le vendre, 
la graisse couvre les défauts. 

5ème et cultive pour chaque espèce de 


“bétail ; il faut que tout vive et vive bien. 


Je n’ai pas d'argent pour avoir du bé- 
tail... Achète de petits veaux, de petits 
agneaux. Bien nourris, ils profiteront plus 
dans un an, que dans deux mal soignés. 

Tu auras promptement du fumier, de 
l'argent et du blé, et tu seras bientôt tiré 
d’affaires, si tu es économe et laborieux. 

Il n'y a point de bonne récolte pour les 
gourmands, les ivrognes ct les fainéants. 


IRIS SO 


INSTRUMENTS D'AGRICULTURE. | DU 


Nouvelles pierres artificielles à aiguiser les 
faulx. 


Nousavons déjà eu l’occasion en 1842, 
de parler des pierres factices à aiguiser les 
faulx et les faucilles; nous venons de nou- 
veau rendre compte aujourd’hui des résul- 
sultats plus ou moins avantageux qu'on en 
a obtenus. < 

Pour bien connaître le degré de supé- 
riorilé que les pierres artificielles devaient 
avoir sur celles employées ordinairement ;, 
nous en avons offert en hommage et à titre 
d’essai, à toutes les sociétés d'agriculture, 

à tous les comices agricoles et à tous les 
principaux établissements d'agriculture, « 
ainsi qu'aux hommes spéciaux, qui ont 
bien voulu nous accorder lhonneur de 
leur confiance. Voici quelques renseigne- 
ments qui nous parviennent sur ce sujet. 

Un de nos correspondants de Nogent- « 
sur-Seine nous dit : « Vous pouvez avec M 
toute assurance conseiller l'usage de yos 
pierres artificielles à aiguiser les faulx, 
elles sont préférables à celles que nos fau- 
cheurs emploient ordinairement, si vous 
pouvez m'en céder deux cents, j'en ferai 
tenir un dépôt, afin de les faire connaître 
dans ma contrée, depuis que vous m'en 
avez fait parvenir, mes faucheurs n’en veu- 
lent plus d’autres. » 

M. Philippe Kerarmel, secrétaire de la 
société d'agriculture de Lorient, et direc- 
ieur de la ferme modèle de Kervignac, 
nous écrit : « Jacques , le gérant de notre 
ferme modèle de Kervignac et notre meil- 
leur faucheur , a bien apprécié vos pierres 
factices à aiguiser ; avec ces pierres, il fai- 
saitun quart plus de besogne que les autres 
faucheurs, et. 1l était beaucoup moins fa- 
tigué qu'eux; les pierres factices donnent 
à la faulx un mordant tel que l’ouvrier ne 
la sent presque pas passer en coupant ies 
plantes, il n’a jamais éié plus de deux 
jours sans rebattre. » 118 

Nous recevons de la ferme modèle de 
Grignon, une lettre de M. le professeur 
Pichat, qui est chargé du cours de pra- 
tique agricole davs l'institution, et qui 
s'exprime ainsi : « Nous n’avons pas obtenu. 
des pierres que vous nous avez envoyées, Wh 
tout l'effet que vous en attendiez, c’est-a- 
dire qu’elles ne nous ont pas épargné le, 
battage de la fauix.. 

» J'ai remis ces pierres à nos deux meil=#} 
leurs faucheurs, ils s’en sont servis pendant 
toute la moisson , jamais ils n’ont été 
exemptés de battre leur faulx comme à 
l'ordinaire. 

» Le premier jour ils se sont servis de 
ces pierres après les avoir préalablement 
trempées dans l’eau comme vous l’indi= 
quiez; au bout de quelques instants, elles 
se sont crassées au point qu'elles ne mors 
daient plus sur la faulx, alors ils les ont 
mises dans leur coffin, à partir de ce mo-= 
ment ils en ont été parfaitement satisfaits 

» À leur dire, ces pierres étaient incon 
testablement meilleures que les pierres or 
dinaires, mais à la condition, toutefois 
qu’elles tremperaient continuellement dan 
le coffin, et que le faucheur battrait sa faul 
comme à l'ordinaire ; moi-même, monsieur 
je m'en suis servi, et j'ai pu devant le 
élèves, constater ce que les faucheurs d 
profession nous disaient. Va 

» Si le prix de ces pierres est modéré (1 

(4) 50 cent. la pierre, chez M. Bossin, marchan 
de graines, fleuriste et pépiniériste, quai aux Fleurs 
n. D, à Paris. 


“lles auront sur les autres un avantage 
“éel, en ce qu'étant artificielles, le grain 
Hoit être uniforme dans toutes, et qu'il n’y 
nurait pas de chances à courir pour ren- 
ontrer une bonne pierre. L'on scra 
sûr que la première venue est bonne ; l’on 
ne saurait se figurer la difficulté qu’un 
aucheur a de rencontrer une pierre ordi- 
haire qui ne soit ni trop molle, n1 trop 
lure. Dans ce choix, le plus habile s'y 
“rompe ; ce n’est que par l'usage qu'il est 
bossible de constater la bonté d’une pierre. 
Ile mets en fait que sur dix, il y en a unede 
| Jonne ; aussi, quand un faucheur a été as- 
ez heureux pour reucontrer une bonne 
hoierre, c’est une bonne fortune pour lui; 
1 ne la vendrait pas pour le double de ce 
lyu’elle lui a coûté. 

» C'est un service bien grand à rendre 
ux faucheurs que de propager les pierres 
irtificielles à aiguiser; car l'emploi de ces 
bierres leur évite un grand tirage sur les 
hbrass ceci est incontestable, et l’on sait 
s#ombien le fauchage est une opération pé- 
hible, un peu de soulagement apporté au 
“ravail du faucheur est un bienfait im- 
‘nense. 
| » Le savant etzélé M. Camille Beauvais, 
 “lirecteur dela magnanerie Modele-des-Ber- 
 “xeries, nous dit : « J'ai fait faire un essai 
de vos pierres factices à aiguiser les faalx, 
“que vous avez eu la bonté de nous faire 
 “sonnaître, nos ouvriers -les ont trouvées 
rès bonnes, et le chef des faucheurs a tra- 
Wraillé pendant deux jours sans rebattre. 
“Six d'entre eux m'en ont fait des demandes; 
e vous prie de m'en envoyer six le plutèt 
mhossible, Si l'essai commencé donne les 
; “mêmes résultats durant la moisson, on en 
“rouverait un grand écoulément en Brie 
“:t dans nos environs. » 

M. Duvillers Chasseloup, architecte de 

-ardins, connu par ses vastes entreprises, 

à fait faire l'essai des pierres artificielles à 
plusieurs cultivateurs du Calvados, qui lui 

\Jisaient ne pas sentir la fauix dans l’herbe 

":n fauchant. Tous généralement en ont 
\n Sté très contents. 
m Un de nos collègues d’Angoulème, auquel 
M'iousavons déjàexpédié 24 pierresartificielles 
jar la diligence, nous écrit à la date’ du 17 
nai: «Je vousreitèré ma demande du 17 mai 
M le deux cents pierres à aiguiser les faulx, 
KL que vous avez, sans doute, fait partir par 
accéléré comme je vous le demandais, 
“ujourd'hui je viens vous prier de m'en en- 
" | ‘oyer quatre cents autres par la même voie, 
ar je vous dirai que ces messieurs du 
'omice agricole d'Angoulème les ont éprou- 
tées, et ils ont reconnu que ces pierres 
'faient supérieures à toutes celles qui ont 
|xisté jusqu’à ce jour, et qu’elles méritaient 
ous les éloges possibles. » 

M. de Pinterville de Cernon, président 
u comice agricole-de la Marne, nous fait 
‘honneur de nous dire, à la date du 15 
TMaai : « J’aieu l’occasion de faire apprécier 


2 


\rtificielles dont vous avez fait hommage 
u comice; une des deux pierres m'avait 
té adjugée. Aujourd’hui je suis chargé de 
ous demander vingt-quatre de vos pierres 
lhrtificielles. » 

À Nous aurions encore beaucoup d’autres 
litations à faire sur les résulats avanta- 
jeux que plusieurs cultivateurs ont ob- 
[aus de nos pierres, mais nous pensons en 
voir dit assez. Bossin. 


906 
INDUSTRIE SÉRICICOLE. 


Nouveau systeme de lu filature des cocons. 


Au dernier congrès de Florence, M. Poi- 
debard à communiqué une invention rela- 
tive au tirage etau moaiinage de la soie, 

Cet habile mécanicien a essayé de réunir 
ces deux opérations, et déja son appareil 
fonctionne en grand dans le riche établis- 
sement de M, Pierre Sozzi, à Caprino de 
Bergame. Mais comme il s’est réservé le 
secret de son invention, la note transmise 
au congrès n’en donne qu’une idée fort in- 
complète. Il n'est pas cependant sans inté- 
rêt de la faire connaître. 

L'édifice se divise en deux parties d’iné- 
gale dimension. Daus la première, M. Poi- 
debard fait préparer et battre des cocons 
par des jeunes filles, opération qui, dans le 
système ordinaire, est confiée aux fileuses: 
il ya de file, dix fourneaux communs qui 
sont consacrés à celte manipulation. Dans 
la seconde partie du local, s’operent le ti- 
rage et le moulinage. A droite et à gauche, 
d’une construction très simple, sont ran- 
gées sur deux lignes parallèles des bassines 
en cuivre étamé, pouvant contenir chacune 
une grande bouteille d’eau. L’eau froide y 
est distribuée par un conduit général au- 
quel s'adaptent, d'espace en espace, de pe- 
tits tuyaux; elle ÿ est réchauffée par la 
vapeur que fournit une chaudière de cui- 
vre et qu'un tuyau commun mène au fond 
des bassines. La vapeur, avant de passer 


: d’un côté à l'autre, est mise en contact 


avec deux plaques de fer-blanc qu'elle ré- 
chauffe. Au-dessus de ces plaques de fer- 
blane sont placés les roquets qui rempla- 
cent les asples, tous en ligne horizontale: 
ils sont mis en mouvement par une prande 
roue à eau et indépendants les uns des an- 
tres pour que chacun puisse s’enlever sé- 
parément sans arrêter les autres. 

Le mécanisme ainsi prêt et mis en jeu, 
les enfants qui ont battu les cocons eu por- 
tent une provision dans un petit récipient 
qui est à portée de la fileuse. Celle-ci en 
place seulement quatre ou cinq dans la bas- 
sine. Le brin se lève sur une petite poulie 
très mobile de fil de laiton; de là, il passe 
dans la courbure d’un crochet fixe, puis 
sur la plaque de fer-blanc réchauffée par 
la vapeur, ensuitesur un crochet qui a un 
mouvement de va et vient, et enfin sur le 
roquet. En traversant le fer-blanc réchauf- 
fé, le fil s’essuie et arrive sec au roquet; le 
mouvement qu’il y recoit de droite à gau- 
che l’égalise et le fortilie. Une femme sur- 
veille facilement huit de ces bassines ; ainsi, 
comme elles correspondent à deux de nos 
fourneaux, c’est la suppression de deux 
meneurs et d’une fileuse. Les enfants qui 
ont apporté les cocons en lèvent le résidu, 
ou plutôt les chrysalides, car les cocons se 
déroulent très bien jusqu’à la fin de leur 
tissu. La température de l’eau n’a que 4 dé- 
grés Réaumur. 

Le moulin qui vient ensuite se composede 
diverses pièces. Sur les unes se placent les 
roquets de la filature en vue du double- 
ment de la soie ; sur les autres, les fuseaux 
couverts de soie double qui doivent four- 
nir l’organsin sur des rouets plus grands. 
Le tout est mis en mouvement par le mê- 
me mécanisme que la filature, et en même 
temps, si l’on veut. 

Enfin, pour réduire l’organsin desgrands 
roquets en écheveaux propres au com- 
merce, M. Poidebard emploie un long as- 
ple, qui recoitle mouvement par une cour- 
roie en cuir adaptée à une broche de fer 


907 


que le moulin met en mouvement. Le fil 
s’y déroule sur la longueur desirée. 


En résumé, économie de main-d'œuvre 
pour une bonne moitié; pas de gaspillage 
dans la préparation de l’organsin; qualité 
supérieure de la soie et prix-proportionnel- 


lement plus élevé; pas de temps perdu en- 


tre le tirage et le moulinage; rendement 
aussi considérable des cocons ainsi filés ; 
tirage possible avec égal avantage en toute 
saison ; enfin, fatigue de beaucoup moin- 
dre pour les femmes qui se livrent à ces pé- 
nibles travaux : tels sont les mérites de cette 
belle invention. 


22ke 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 43 mai. 


Après la lecture du procès-verbal de la 
dernière séance , M. Berryat-Saint-Prix fait 
hommage-au nom de l’auteur, d’un traité 
théorique et pratique des preuves en droit 
civil et en droit criminel, par M. Bonnier, 
professeur suppléant à l’école de droit de 
Paris. 

L'Académie se forme en comité secret : 
à la reprise de la séance, M. Giraud fait Gr 
rapport verbal sur deux ouvrages adressés 
à l’Académie; le premier sur le pouvoir 
municipal du midi de la France, renferme 
des détails curieux sur les franchises de ces 
provinces qui , après avoir formé pendant 
plusieurs siècles des états indépendants et 
mênie des petits royaumes, furent assez 
puissantes pour garder leurs priviléses, 
même après avoir perdu leur individualité 
ou assez Courageuses pour forcer le roi de 
France à suivre l’exemple des conquérants 
romains qui, en les incorporant à l'empire, 
n'avaient pas voulu ou n’avaient pas osé, 
par politique, ce qui est à peu près la 
même chose, toucher à leurs institutions. 

Le second est un premier volume publié: 
par la ville de Strasbourg, sur les sources 
de son histoire; on sait que cette capitale 
de l'Alsace profila habilement des discus= 
sions qui s'élevèrent au quatorzième siècle 
entre le pape et l'empereur, pour se donner 
une constitution et se rendre indépendante, 
Ce volume contient outre une foule de dé- 
tails sur cette époque importante, les chro- 
DITES de l’Alsace, monuments précieux 
malgré le merveilleux et le & i 
les Nas nn 


M. de Chateauneuf commence la lec- 
ture d’un mémoire sur l’agriculture dans 
la Bretagne; s’il nous fallait rendre compte 
de cette communication sur le peu de 
phrases que nous avons entendues, nous 
serions obligés de dire qu’elle ne contient 
rien de neuf, et qu'il n’est ni bien impor- 
tant de dire, ni ben curieux d'apprendre 
que la Bretagne, qui comme toûtes les 
autres parties de la France, à sa part de 
bon et de mauvais terrain, est bien cultivée 
et fertile-en certains cantons, mal culti- 
vée el stérile dans beaucoup d’autres ; or:, 
comme il n’est pas à croire que M. Benois- 
ton de Chateauneuf ait fait un voyage en 
Bretagne, pour n’en rapporter que de sem- 
blables généralités, nous attendrons, pour 
rendre compte de son travail, que la com= 
munication soit complète. C.-B. J. 


ES 


908 
HISTOIRE. 
Science et art de la perspective. — Recher- 
ches historiques. 

Nous avons publié déjà deux articles de 
M. Thenot sur l'histoire des découvertes 
que les divers auteurs ont enregistrées dans 
leurs traités de perspective. Avant de don- 
ner à nos abonnés la suite du travail de no- 
tre judicieux collaborateur, nous avons cru 

ue le inoment était venu pour nous. de 
Lire connaitre les nombreuses découvertes 
et les importantes améliorations dont il a 
enrichi lui-même la science de la perspec- 
tive, etde placer par là au rang qui leur ap- 
partient destravaux que par la modestie il 
n’eût pas même mentiounés. 

C’est en 1827,que M. Thenot publia son 
premier essai de perspective pratique (1). 
Depuis cette époque, il n’a eu qu’une mé- 
me idée, qu'un seul but, c’est de populari- 
ser la scienceet la pratique de la perspec- 
tive. Quatre autres ouvrages qu'il a fait 
imprimer sont venus compléter sa théorie et 
en démontrer la rationalité et l’exacti- 
tude (2). Aujourd'hui nous disons hardi- 
ment que le problème que s'était proposé 
M. Thenot est résolu, que la solution en 
est complète. Le Traite de Perspective pra- 
tique pour dessin d'après na'ure, que 
MM. Carrillan-Gœury et Victor Dalmont 
viennent de faire réimprimer, peut, à lui 
seul, justifier notre sentiment. Nous allons 
en donner une analyse rapide. L'auteur, 
qui compte parmi ses élèves quelques uns 
des plus beaux noms de l’époque et même 
quelques membres de l'Institut, retrace 
dans une introduction claire et rapide les 
avantages de la perspective; puis, après 
avoir indiqué largement les règles de l’ap- 
plication de la géométrie au tracé perspec- 
tif, il aborde l'horizon et s'étend sur ce 
chapitre dont il traite à fond les détails les 
plus minutieux. Nous y avons remarqué 
particulièrement et comme une matière 
tout à fait neuve, des recherches sur la 
hauteur de l'horizon suivant les divers 
gemres de peinture. Ces recherches sont 
faites non seulement sur les tableaux des 
grands maitres que renferme le Louvre, 
mais aussi sur ceux des principales galeries 
de l’Europe. Plus de trois cents tableaux y 
sont analysés et concourent à détruire les 

(4) Essai de perspective pratique, À vol. in-8o de 
48 pl., ouvrage épuisé, dont il a été fait a New-York, 
en 1834, une traduction intitulée : Pratical pers- 
peclève, for the use of studente translatede from 
the french of J.-P. Thenot, by one of his pupils. 

(2) Cours de perspective pratique pour rectifier 
les compositions et dessins d'après nature , 1 vol. 
in-40. 1829. Traité de perspective pratique pour 
dessiner d'après natwe, À vol. in-8°, 1829, troi- 
sième édition, Traduit de l'anglais sous le titre de : 
A complete scientific and popular treatise upon 
Perspective, with the theories of reflexion and 
shadons ; by J.P. Thenot. London, 1856. — 
Principes deperspective pratique, 1 vol. in-8°. 1838. 
— Règles de la perspective pratique mise à la por- 
tée de toutes les intelligences, À vol. in-8°. 1859, 


209 

suppositions que tous les auteurs avaient 
laborieusement imagineés à ce sujet. M.'The- 
not à fait l'analyse des mêmes tableaux par 
rapport au placement du point de fuite 
principal, improprement désigné sous le 
nom de point de vue, etencore par rapport 
à la distance. Ce dernier chapitre est du 
plus grand intérêt pour les artistes; il leur 
enseivne quels secours en ont tiré les grands 
peintres dans la disposition et la représen- 
tation de ce qu'ils avaient concu. Ils y ap- 
prendront aussi comment il faut choisir 
une distance convenable pour dessiner 
d'après nature, comment ils doivent en 
faire l’application à l’enseignement du des- 
sin; etenfin, ce qui est peut-être le plus 
important et le plus difficile à expliquer, 
pourquoi tel élève doit être plus près et tel 
autre plus éloigné d’un objet pour le des- 
siner.Ce chapitre mérite, soustous les rap- 
ports que nous venons d'indiquer, une at- 
tention sérieuse de la part des hommes qui 
se livrent à l’enseignement. Les chapitres 
suivants traitent des plans inclinés et des 
points accidentels, nombreux épouvantails 
qui découragent les plus intrépides et que 
M. Thenot a rendus d’une simplicité telle, 
qu'il suffit d’'uneintelligence ordinaire pour 
les étudier et les comprendre. L'ouvrage 
est terminé par des observations judicieu- 
ses sur les points de fuite inaccessibles avec 
l'indication de moyens simples et ingénieux 
pour y suppléer, et par des procédés pour 
déterminer la forme des ombres, leur in- 
tensité, la valeur des reflets de la lumière, 
la répétition ou mirage des objets sur les 
eaux calmes. Le livre de M. Thénot est, 
sans contredit, ce qui a été écrit de plus 
complet et de plus exact jusqu'ici sur la 
perspective, considérée comme suience et 
comme base de l’art du dessin. C.F. 


LINGUISTIQUE. 


Essai d’une grammaire de la langue des îles 
Marquises, rédigé sur les documents du P. 
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en 
chef des îles Marquises. 


(Deuxième article.) 


3° Du pronom. 

Il y a divers pronoms dans cette langue 

comme dans toutes. 

1° Personnel. 
trpers. au, moi, r»atou, nous; 2° pers. 0e, 
koe, toi , tatou, nous tous; 727“hua, nous 
deux; 3° pers. ia, lui, elle; otou, vous, 
Aohua, vous deux; atou, eux, elles ; tokua, 
eux, elles deux. : 

vora. Le pronom conjonctif {out serend 
par kotoa, hua-koloa et atoa. 

20 Démonstratif. 

Pour les former on ajoute Îes particules 
nei el »a à l’article te, le premier pour mar- 
quer un objet rapproché, le deuxième pour 
marquer un objet éloigné. 

Ex. : fenei, celui-ci. 
tena, celui-là. 


Et OR 
——@————…—— 


r 911 


Nora, On ajoute aussi ce ne et na à à 
d’autres mots ponr marquer l’éloignement 


ou le rapprochement. 
Ex. : {e matou eo à na, c’est là notre parole. 
3° Interrogatif. 
Qui? lequel? laquelle? lesquels? 
quelles? se rendent par oai? 
Ex. : o ai tena ? qui est celui-là? 
4° Indéfinis, 
Les uns, les autres : 4 etahi , te ctahi. 
Quelqu’un, quelconque, qui que ce soit: 
omiea. 


les- 


_. Bo Relatifs. 

Il n’y en a pas proprement dit. Onse 
sert d’une autre tournure dans le cas où 
on en a besoin. où l’on recommence une 
autre phrase au lieu de phrase incidente. 

Ex. : J'aime le Dieu qui a fait le ciel et la 
terre , tournez : j'aime Dieu, lui a fait le 
ciel et la terre. 

6° Possessifs. 

Iln’yena pas non plus à proprement 
parler, mais en place on se sert des per- 
sonnels avec une préposition. Ex. : c’est 
mon couteau, tournez : c’est le couteau de 
moi. 

To au koe kua. 

To oe, toia, c’est le tien, c’est le sien. 

To otou, to malou, to atou, c’est le vôtre, 
le nôtre, le leur. 

S'il s’agit d’une pluralité sans exception 
ou seulement du nombre de deux , on em- 
ploie les pronoms personnels analogues. 
EE ES EE 

Le Rédacteur-Gèérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— M. Sylvester, ingénieur anglais , a découvert 
un procédé pour rendre imperméabies les pierres et 
les briques, Ce procédé consiste à tremper d’abord 
les pierres ou les briques dans une solution &e sa- 
von, puis dans une solution d’alun. On peut appli- 
quer successivement ces deux solutions avec une 
brosse. Les interstices, par suite de la réaction chi- 
nique qui s’opère, se lrouvent remplis d'un corps 
gras qui s'oppose au passage et aux effets de l’hu- 
midité. On peut introduire dans ces solutions des 
matières colorantes. 


DRPEE —— 
BIBLICGRAPHIE. 


LETTRE de M. J.-J. Dubois, sous-conservaleur, 
du musée des antiques au Louvre, sur une inscrip- 
tion grecque trouvée dans une statue antique de 
bronze appartenant à ce musée. 

RAPPORT à M. le comte Duchätel, ministre se- 
crétaire d'Etat de l’intérieur , sur les prisons de la 
Prusse; par M. Hallez-Claparède. 

ESSAI d’hématologie pathologique; par G. An- 
dral.— A Paris, chez Fortin Masson, place de l'E- 
cole-de-Médecine, 1. Ô 

ESSAI SUR L’AGRONOMIE, ou Régénératn 
de l'agriculture; par Louss Guy, pelile rue Sainte- 
Catherine, 1 à Lyon. 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


TRAITÉ 


PERSPECTIVE PRATIQUE, 


POUR DESSINER D'APRÈS NATURE, 


* mis à la portée de toutes les imtelligences , 


Par J.-B. THÉNOT, 


Peintre et professeur de perspective, nommé premier candidat 
pour la chaire de perspective à l'Ecole royale des Beaux-Arts. 
— 44 édit. entièrement revue, corrigée et considérablement 
augmentée, ornée de 28 pl. gravée par Hibun.— 1 vol, in-$°, 
À Paris, chez Carilhan Gœury et Victor Dalmont, libraires des 
corps royaux des ponts-et-chaussées et des mines , quai des Au- 


gustins, 39. 


Librairie médicale de Me V: HILDEBRAND , 15, rue de l'École-de-Médecine. 


Chaque mois uneli- 
vraison de 40 pages de 
texte in-4°, de ? plan- 
ches noires ou coloriées, 
suivant le sujet, 


Durciraex. Le conseil de sante 


ANNALES 


LANATOMEE ro PHYSIOLOGIE 
PATHOLOGIQUES 


Pusuiéss rar J.-B. PIGNE. 

Conscrvateur du Muséum DUPUYTREN, 
Ancien secrèt, et Vice-Président de la Sociélè Auatomique. 

Ces Annales, publices sous la forme d’un journal mensuel, formeront un tout complet, 

dans lequel sera réuni tout ce qui a trait au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo- 
gique ; une Iconographie d'une exécution parfaite, retracera les types de chaque altération; 
Tes médecins y trouveront la représentation des faits con S 
es ain.ces a approuvé cette publication en la faisant placer 
dans les bibliothèques des hôpitaux militaires. 


Prix: Paris 25fr. 
Départ.28 » 
Etrang.32 » 

on nerecoit queles 

lettres affranchies. 


importans conservés dans le Musëum 


| 


| Paris. — Jeudi, 25 Mai 1843. 


à 


NT 


N° 39. 


SAVANT 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


D 


LEcno DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200.pages, chacun; il est publié sous la direction 
“de M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- : 


| 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
: GES , séance du lundi 22 mais — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur les effets de la 
température qui accompagnent la transmission 
dans les liquides au moyen des divers électrodes 
des courants électriques , soil continus, soit dis- 
continus et alternatifs; de la Rive. — CHIMIE 
APPLIQUEE. Examen des eaux de Vichy après 
leur séjour dans les flacons qui servent à les 
transporter; Beaude, — SCIENCES NATU- 
RELLES. PHYSIOLOGIE. Sur un cas d'arrêt de 
|. développement observé chez une fille, de trois à 
dix-huit ans; Dancel. — CHIRURGIE. Sur un 
| procédé autoplastique pour remédier aux occlu- 
sions et à rétablir le cours de certains liquides 
comme dans la grenouillette ; Jobert de Lamballe. 
| | "ORNITHOLOGIE, Nouvelle espèce de perroquet 
de la mer du Sud; Lesson. SCIENCES APPLI- 
| .QUEES. — ARTS MÉTALLURGIQUES. Fa- 
| -brication de matrices pour estamper; Baggaly.de 
| Shfheld.— CONSTRUCTIONS. Maisons en bois. 
| — AGRICULTURE. L’ergot du seigle. — MÉË- 
| DECINE VÉTÉRINAIRE, Observations sur le 
| fournis des moutons et de linsecte qui le pro: 
| duit.—SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉO- 
 : LOGIE. Canton de Saintes; Lessons —GÉOGRA- 
“  PHIE. Voyage en Californie; Duflot de Maufras. 
… : NECROLOGIE. — BIBLIOGRAPHIE. | 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du 22 mai. 


.M. Payen à lu à l'Académie un rapport 

| sur une note de M. Beaude, relative à la 
présence du plomb dans les eaux de Vi- 

| chy. Certaines analyses des eaux de Vichy, 
“ annonçant que le plomb yexistait, sem- 
« blaient dénoncer les vases comme l'y ayant 
- introduit et jetaient dans le public une 
1 crainte qu'il était nécessaire de dissiper. 
| c'est dans ce but qu'ont été faites lesexpé- 
À riences de la commission dont M. Payen 
“ est le rapporteur. Ces expériences prou- 


de grès ne peuvent pas céder aux eaux de 
€ Vichy la plus petite quantité de plomb, car 
“ quelques morceaux de ces bouteilles en 
| grès, traités par l'acide azotique à chaud, 
| n'ont pas laissé dissoudre la moindre par- 
| celle d'oxyde métallique. Il faut donc en 
| conclure que les analyses sur lesquelles 
s’était basée cette crainte sont erronées, ou 
que les eaux dont on à fait l'analyse, con- 
tenaient accidentellement du plomb. Par 
conséquent la panique doit cesser parmi 
1! les amateurs nombreux de Vichy qui, mal- 
4. gré cette petite atteinte à leur réputation, 


EEE 


Re 


une foule de maladies. Dans noire pro- 
chain numéro nous donnerons en entier le 
rapport de M. Payen, rapport qui ne sera 
pas sans intérêt pour un grand nombre 
d’industriels..… 

M. Arago.a présenté à l’Académie, de 
la part de M. Voisin, plusieurs pièces d’or- 
févrerie gravées en relief par un nouveau 

- procédé. M. Voisin a fait attaquer le cui- 


Sr 


ER 2 M 


vent d'une manière évidente que les vases 


n'en resteront pas moins très utiles dans 


vre de ces pièces par un acide et il a eu soin 


_que cet acide agit perpendiculairement sur 


le point où on l’avait placé. Ayant recou- 
vert de cire les parties qui ne devaient pas 
être attaquées, M. Voisin a empèché l’a- 
cide de pénétrer sous les plans garantis et 
a ainsi évité mille incorrections dans ses 
gravures en relief. Les échantillons qu'il 
présente aujourd’hui à l’Académie et dont 
quelques uns sont immédiatement appli- 
cables à l'impression des étoffes, sont d'une 
finesse remarquable, d’une exécution rare, 
et comme le disait le savant secrétaire per- 
pétuel, ils marquent lère d’un arttout nou- 
veau, 

M. Séguier a communiqué à l’Académie, 
de la part de M. Sorel, certains faits ten- 
dant à jeter quelque jour sur les explosions 
des machines à vapeur, Chacun connaît 
les larmes bataviques, ces masses qui se 
forment lorsqu'on projette dans l’eau du 
verre en fusion. Or, si l’on rompt ces lar- 
mes bataviques dans un vasé, comme une 
bouteille, par exemple, remplie d’eau, on 
voit aussitôt se fracturer ce vase au niveau 
du liquide. On remarque atssi que les fé- 
lures du vase sont souvent parallèles entre 
elles et parallèles à l'axe du cylindre que 
représente ce vase. C’est là un fait curieux, 
puisque les larmes bataviques sont sans ef- 
fet sur le vase lorsque celui-ci n’est pas 
rempli d’eau. Ces expériences, répétées de- 
vant l’Académie, et qu'ou a eu soin de va- 
rier pour montrer l'identité des résultats, 
pourront peut-être éclaircir un jour des 
données encore obscures et prévenir plus 
d'un accident dont l’idée seuleeffraie, parce 
que souvent on n'en connait pas la cause. 

Au sujet de cette communication, 
M. Thénard a cité un fait emprunté à la 
chimie, fait qui n’a peut-être pas. avec les 
expériences de M. Sorel, toute l’aralogie 
qu’on pourrait lui supposer d’abord, mais 
qui prouve combien les choses changent 
quand on fait aussi changer quelques unes 
des conditions de lexpérience. Lorsqu'on 
fait passer du chlore dans de l'hydrogène 
arseniqué il ne se produit rien; mais si au 
contraire l’on fait passer de l'hydrogène ar- 
seniqué dans du chlore, il y a presque ton- 
jours une détonnation stsceptible de faire 
éclater le vase en plusieurs morceaux. 

M. Lacauchie, professeur d'anatomie au 
Val-de-Grâce, a lu à l’Académie un mé- 
moire sur la structure et le mode d'action 
des villosités intestinales, 

Il serait inutile de rapoeler ici toutes les 
opinions diverses qui, depuis Fallope jus- 
qu'à nos jours ont été émises sur les villo- 


-sités inteslinales. Les idées lesplus bizarres, 


et en même temps les plus contradictoires, 
partageaient la science sur ce point d’ana- 
tomie, et la cause de ce trouble est facile à 
comprendre, c'est que jusqu'alors on avait 
étudié les villosités sur le cadavre déjà de- 


« braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25fr., six mois 13 ir, 50 , trois mois 7 Îr. — DÉPARTEMENTS 30 {r., 16 fr. ; 
- 8fr. 50. AlÉTRANGER5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 

| RATURE ET DES BEAUX-2RTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui formentayec l’Echo du monde savant la revue 

- encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur, 


puis long-temps privé de la vie, L'auteur du 
travail dont nous parlons aujourd’hui a exa- 
miné la question sousunautre point de vue, 
en cherchantà constater l'état de la villosité 
aussitôt apres la mort. Pour cela M. La- 
cauchie prit une portion de l'intestin grêle 
d’un chien récemment tué, six ou sept 
pouces au-dessous de l’estomac, et l’exa- 
mina aussitôt à l’aide d’un-microscope. Il 
putalors observer des choses qui jusqu’a- 
lors n’avaient été ni décrites ni figurées. 
Pendant que la villosité se présentait à lui 
sous un aspect tout nouveau, M. Lacau- 
chie remarqua que chaque villosité chan- 
geait de forme et que chacun de ses élé- 
ments se comportait différemment pen- 
dant cette transformation. Quelques mo- 
ments après l'organe perdit peu à pea la 
forme qu'il venait de prendre lentement, 
mais en revenant à sa première figure il 
éprouva de nouveaux changements dans 
l’aspect et l’arrangement de ses parties 
constituantes et arriva enfin à cet éta 
spongieux vaguement strié qui est © 
qu'ont généralement observé les ang 
mistes. La villosité ainsi vue présenté rois 
ordres de parties bien distinctes : Son cénitre 
est formé par un faiscéau de filaments tr, 


gane. Ce faisceau, par sa base, se continue 
avec les partiesles plus profondes ; par son 
autre extrémité il n’atteint pas le sommet 
de la villosité. Cette partie centrale, opa- 
que et siriée est enveloppée d’un réseau 
vasculaire dont les trous principaux et les 
arcades terminales sont appliquées immé- 
diatement sur elles. En dehors de ce ré- 
seau vasculaire est une substance spon- 
gieuse transparente, et dans laquelle on 
ne distingue ni vaisseaux sanguins ni Ca- 
naux. La superficie de cette substahce pré-. 
sente de petites surfaces circulaires très 
régulières et qui se touchent toutes. A 
mesure que la villosité opère son ‘premier 
changement de forme, elle se raccourcit 
en même temps qu'elle devient plus large, 
etchacune deses partiesse comporte diffé- 
remment. L’instrument de cette contrac- 
tion ne peut exister ni dans le réseau vas- 
culaire ni dans la substance spongieuse, il 
faut donc l’admettre dans le faisceau cen- 
tral de la villosité. Quand on examine bien 
ce faisceau, on le voit formé de parties très 
nombreuses mais qui paraissent être des 
vaisseaux chylifères. Chaque viilosité se- 
rait donc un faisceau de chylifères puis 
dans l'intestin le liquide intestinal. L’ob- 
servation de plusieurs autres faits d’anato- 
mie dans lesquels nous ne pouvons pas en- 
trer a conduit M. Lacauchie à penser 1, que 
le chyle se fait dans les voies digestives par 
l'action organique des sucs de l’estomac 
des intestins du pancréas, du foie sur les 
aliments; 2° que ce chyle parfait est à l’é- 


915 


tat de globules ; 3° que ces globules ont un 
diamètre approprié à la grandeur des ou- 
vertures innombrables placées à la. surface 
de la substance spongieuse ; 4 que ces glo- 
bules s'engagent dans ces ouvertures atti- 
rés par l'aspiration qu’exercent les chyli- 
fères après leur contraction, lorsqu'ils re- 
prennent par le relichementtoute l'étendue 
de leur capacité; 5° que, dans le même 
moment, des globules qui étaient déjà dans 
la substance spongieuse sontattirés dans les 
chylifères pour remplacer le liquide dont 
les vaisseaux se sont vidés par leur con- 
traction; 6° que les chylifères de la villo- 
sité, en se contractant ne peuvent pousser 
leur liquide que du côté du cœur, leurs 
valvules forment alors.autant de soupapes 
qui s'opposent au reflux du chyle dans l'in- 
testin. 

On peut se demander maintenant où 
sont placés les orifices des vaisseaux. lactés 
de la villosité par lesquels s’introduisent 
les globules? 

M. Lacauchie pense que la villosité ab- 
sorbe par toute sa surface et que chacun 

. des chylifères n’est pas seulement ouvert à 
son extrémilé terminale, mais dans diffé- 
rents points de son étendue. 

M. Gannal envoie à l’Académie la descrip- 
tion d’un nouveau procédé de fabrication 
du blanc de céruse ou carbonate de plomb. 
Ce procédé de fabrication a pour but de 
rendre moins insalubre la préparation de 
cette substance, si souvent employée dans 
les arts. Il consiste : 1° à diviser le plomb 
eu grenaille ; 2° à le diviser indéfiniment, 
en le frottant sur lui-même dans un cy- 
lindre de plomb ; 3, à faciliter l'oxydation 
du plomb divisé par l'introduction de l'air 
atmosphérique dans l’apareil ; 40 à carbo- 
nater immédiatement cet oxyde de plomb 
en employant de l’air plus chargé d’acide 
carbonique; 5° à hâter l'oxydation du plomb 
en introduisant dans l'appareil de l'acide 
azotique ou de l’azotate de plomb; 6° à la- 
ver le produit obtenu par,ce procédé; 7° à 
hâter la dessication, en,-soumettant le ré- 
sultat à la plus forte pression possible ; 8° à 
diviser par pains carrés la pâte pressée ; 90 à 
sècher dans une étuve à courant. d’air 
chauffé le produit divisé. 

M. Jacquelain a pésenté À l’Académie 
un moyen de communiquer à, la fé- 
cule, sans le secours de la torréfaction, ni 
des acides, la propriété de se dissoudre 
dans l’eau à 70° et de conserver cette so- 
lubilité pendant un an et plus. — On a pré- 
paré à 60° une dissolution de diastase avec 
300 grammes d’eau pure et 80 grammes 
d'orge germce. La solution filtrée , pesant 
200 grammes, fut ensuite partagée en deux 
portions égales ; l’une devant mouil- 
ler 125 grammes de fécule, préalablement 
séchée à 100° afin de faciliter l’imbibition 
de la liqueur à travers la fécule. 

Une heure après ce mouillage on à mis 
chaque dose à égoutter sur des blocs de 
plâtre, puis on a terminé leur dessication 
dans une capsule de platine maintenue à 
40° degrés, par l’eau d’un bain-marie, 

,On conçoit qu’en disposant ainsi la f6- 
cule humectée sur le plâtre, M. Jacquelain 
a voulu accélérer l'écoulement du liquide 
en excès et prévenir l’altérabilité dela dias- 
tase humide au contact de l'air. Ces pré- 
parations étant terminées, il s'agissait, d’une 
part, de constater si la fécule imprégnée 
de diastase avait acquis la propriété de de 
e dissoudre dans l’eau à 70° et d'autre 
part, si la même fécule pouvait conserver 
ongtemps cette solubilité, 


916 


* La première question a été résolue affir- 
mativement. Car 5 grammesde ces? fécules 
délayées dans 30 grammes d’eau ont donné 
une dissolution complète et très fluide, 
aussitôt que l’eau avait acquis la tempéra- 
ture de 70%, Les résultats ont été les mê- 
mes, quand au lieu d'opérer comme précé- 
demment on fait tomber les 5 grammes de 
chaque fécule dans les 30 grammes d’eau à 
60*.Ces expérience tentéesle 25 mars1841 , 
ont été répétées avec un égal succès À pa- 
reille époque, en 1842, et lors même qu’on 
employait de la fécule ainsi préparée, mais 
conservée à dessin dans des vases suffisam- 
ment recouverts d’un papier, on a toujours 
obtenu la dissolution dans l’eau. En 1843 
ces mêmes fécules ne se dissolvaient plus 
dans l’eau à 70°. De ces faits il résulte évi- 
demment que la diastase, principe émi- 


. nemment éphémèreà l’état isolé, peut néan- 


moins être transportée dans la fécule et 
s’y conserver quelque temps à l’abri des 
variations de température et d'humidité 
atmosphériques , tout comme elle se con- 
serve dans l’intérieur de l'orge, dont on a 
suspendu à temps la germination par une 
dessication convenable, 

M. Jacquelain a encore présenté à l’Aca- 
démie un long mémoire sur la combinai- 
son de l’acide sulfurique et de l'ammonia- 
que anhydres, combinaison désignée jus- 
qu'ici sous le nom de sulfamide. Après 
avoir discuté les analyses de M. Rose etses 
méthodes de préparation pour la sulfa- 
mide ; après avoir présenté quelques réfle- 
xions ingénicuses sur la condensation des 
gaz et des vapeurs solubles par les corps 
pulvérulents et indiqué quelques précau- 
Hons pour obtenir l'acide sulfurique anhy- 
dre pur. L'auteur de ce travail fait connai- 
ire son appareil, pour la préparation de la 
sulfamide, puis il l’analyse et lui donne 
pour formule brute, 480 3, 3 (A z2 H 6). 
Nous reviendrons bientôt avec plus de dé- 
tail sur le mémoire de M. Jacquelain, qui 
présente une foule de faits curieux que 
nous ne pourrions pas ici faire suffisam- 
ment comprendre. 

M. Bandens, chirurgien en chef de l’hô- 
pital militaire du Val-de-Grâce, a présenté 
aujourd'hui à l’Académie un nouvel appa- 
reil à fractures, appareil qui exclut les 
attelles et paraît présenter quelques avan- 
tages dans le traitement des solutions de 
continuité des os longs. Cet appareil se 


compose d’une boîte à ciel ouvert, à pa-: 


rois articulées et percées d’une foule de 
trous. Le plancher de cette boîte doit être 
un peu plus long que le membre qu'il doit 
recevoir. La boîte destinée aux fractures 
des os de la jambe, ne dépasse pas le quart 
inférieur de la cuisse; celle destinée à la 
fracture du fémur ou de son col dépasse 
de quelques centimètres l'articulation coxo- 
fémorale. Supposons une fracture du col 
du fémur, il est évident que pour cette 
sorte de fracture l'appareil qui parvien- 
drait à remplacer d’une manière perma- 
nente l'extension faite sur le pied et le ge- 
nou d’une part, la contre extension opérée 
sur le bassin de l’autre, et la coaptation 
dont se charge le chirurgien, il est évident, 
disons-nous, que cet appareil offrirait un 
perfectionnement que jusqu'à ce jour on 
a cherché en vain. Ce perfectionnement 
M. Baudens pense l'avoir atteint. Il opère 
l'extension sur le pied et sur le genou en 
plaçant des liens autour de ces articula- 
tions préalablement garnies de ouate pour 
ne pas les blesser: il obtient la contre ex- 
tention en engageant un bourrelet annu- 


917. 
laire garni de crin et recouvert en peau 
autour de la racine de la cuisse, pourqu'il 
prenne son point d'appui sur la branche 
ascendante du pubis, et àcetanneau esbatta- 
ché un bout de corde de #piedsde longueur. 
Le membre ainsi disposé doit être placé 
sur le plancher de la boîte, munie d’un pe- 
tit matelas, plus garni dans le point corres- 
pondant au jarret que partout ailleurs ; les 
liens de la contre-extension attirés vers le 
pieds, joignent ceux de l'extension, Le chi- 
rurgien s’en empare et en tirant sur eux 
d’une manière graduée, il rend facilement 
au membre sa longueur normale et il fixe 
ensuite entre eux les liens de l’extension ef 
de la contre-extension , afin d’harmoniser 
ces deux puissances. Reste la coaptation : 
pour la faire, le chirurgien utilise les trous 
dont sont percés la boîte. Il commence; 


| par fixer solidement le bassin en plaçant 


autour de lui une cravate , dont les chefs 
viennent s’attacher à l’un des trous de la 
boite. La coaptation s'opère par le même 
mécanisme et en plaçant sur des points op- 
posés de la cuisse des bouts de large bande, 
dont les chefs se fout équilibreen venant se 
fixer sur les parois opposées dela boîte. Cet 
appareil se supporte sans douleur et a déjà 
été plusieurs fois appliqué avec succès, à 
l’hôpital du Val-de-Grâce. 

M. le professeur C. W. Wutzer envoie à 
l’Académie des Sciences deux numéros de 
son recueil périodique , pour signaler à 
Vattention de l’Académie deux mémoires 
importants : 4° l’un sur l'opération de la fis- 
tule vesico-vaginale combinée avec la ponc- 
tion sus-pubienne de la vessie urinaire, 
afin de donner une issue à l'urine, pendant 
que s'opère la cicatrisationet l’oblitération 
de la fistule ; 2° l’autre est surl’histoire des 
porte-aiguiiles ou instruments qui servent 
à pratiquer la suture des fistules vésico- 
vaginales. Ce second mémoire appartient 
au docteur Fischer. Il contient la descrip- 
tion claire et précise de la méthode et des 
iustruments de M. le professeur Wutzer, 
pour faire l’opération de la suture dans les 
cas de fistule vésico-vaginale. E.F, 


— DRE — 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Mémoire sur les effets de température qui 
accompagnent la transmission dans les 
liquides, au moyen de divers électrodes, 
des courants électriques, soit continus, 
sort discontinus et alternatifs; par M. A. 
de la Rive de Genève. (Extrait.) 


Une même quantté d'électricité mesu= 
rée par son action chimique étant donnée, 
on peut la conduire à travers les corps, 
soit sous la forme d’un courant dirigé tou- 
jours dans le même sens, soit sous la forme 
de courants dirigés alternativement ensens 
contraires. 

J'ai cherché À établir ailleurs que la 
quantité de chaleur que développe dans un, 
fil fin mis dans le cireuit-le courant con- 
duit sous l’une ou sous l’autre de ces 
formes est la mème. J’ai également mon« 
tré que la résistance qu'éprouve un cou- 
rant continu dirigé toujours dans le mème 
sens en passant d’un électrode métallique 
dans un liquide, ou d’un liquide dans un 
électrode, s’affaiblit considérablement ou, 
devient presque nulle, dans certains cas 
quand le même courant deyient.discon-, | 
tinu et dirigé alternativement en sens,con-s | 
traires. 

Le Mémoire actuel a pour objet essen- 


18 


Liel de chercher l'influence qu’exercent sur 
“à quantité de chaleur développée par des 
Bourants égaux dans des liquides qui les 
*ransmettent, la surface et la nature des 
blectrodes, ainsi que la forme sous laquelle 
#es courants sont transmis. 
Voici les principaux résultats de mon 
Lravail: 
| 4. La quantité de chaleur développée 
Hans des quantités égales de liquides con- 
“lucteurs, traversées successivement par 
Fe même courant continu et dirigé tou- 
| l'ours dans le même sens, sont d'autant 
bolus considérables que les surfaces des élec- 
“rodes sont plus petites, la distance des 
| | lectrodes entre eux étant la même. Ainsi, 
hivec des fils de platine employés comme 
Slectrodes, le même courant, agissant 
rendant le même temps, developpe beau- 
_ “soup plus de chaleur qu'avec de grandes 
| “lames. Ainsi encore, des fils dont la surface 
zst recouverte de la poudre noire de platine 
::n développent moins que des fils dont la 
surface est nette et polie. 
| 2, Quand, dans un même circuit, on 
rplace à la suite les uns des autres deux 
‘systèmes parfaitement semblables de con- 
“ducteurs liquides avec lames de platine et 
dun fil de platine très fin qui plonge dans 
“une quantité donnée de liquide qu’il doit 
réchauffer, on trouve que, pour une même 
«quantité d'électricité transmise, la somme 
ls quantités de chaleur développées dans 
les deux systèmes liquides et dans le fil de 
“platine est sensiblement la même, que le 
courant soit continu et dirigé constam- 
ment dans le même sens dans les deux 
:syStèmes liquides, ou qu'il soit dirigé dans, 
“l'un toujours dans le même sens, et dans 
“l’autre en sens alternativement contraires. 
Seulement l'élévation de température qui, 
“dans le premier cas, est la même dans les 
deux systèmes, est, dans le second cas, 
beaucop moins considérable dans le sys- 
tème liquide, où les courants sont dirigés 
\ alternativement en sens contraires, que 
| dans celui où ils sont dirigés toujours dans 
Je même sens. Le fil de platine s’échauffe 
| davantage dans le second cas que dans le 
« premier. 
3. La différence qui existeentre les quan- 
tités de chaleur dépagées dans un même 
“ liquide par la même quantité d'électricité 
… agissant pendant un même temps, tantôt 
jN sous forme de courants continus, tantôt 
# sous forme de courants dirigés alternati- 
N vement en sens contraires, est d'autant 
l moindre que la transmission du courant 
K continu de l’électrode dans le liquide pré- 
“ sente moins de résistance. C'est ce qui a lieu 
« quand la surfrce des électrodes est considé- 
‘f rable, quand le liquide est de l'acide ni- 
trique non étendu ou peu étendu, quand 
r des électrodes de cuivre plongent dans 
} une dissolution de sulfate de cuivre, etc. 
| 4. La quantité totale de gaz dégagée 
} dans le circuit ne paraît pas influer sensi- 
| blement sur la quantité totale de chaleur. 
| Ainsi, quand le courant est dirigé alterna- 
| tivement en sens contraires dans l’un des 
. systèmes de conducteurs liquides, il n’y a 
| pas de gaz dégagés dans ce système, et ce- 
| pendant il n’y a pas plus de chaleur déve- 
| loppée en totalité dans le cireuit que lors- 
| que le courant étant dirigé dans le même 


7 


toucher est important, parce qu’il est lié à 
la question de savoir si les gaz qui se déve- 
loppent dans là décomposition de l'eau 


919 


par le courant absorbent ou non une par- 
tie du calorique que ce courant est capable 
de dégager; le résultat que je viens d’indi- 
quer semblerait conduire à résoudre néga- 
tivement cette question, Cependant le su- 
jet doit être examiné de plus près avant 
qu'on puisse accorder une pleine confiance 
à cette conciusion. 

5. On sait que lorsqu'on transmet un 
courant continu à travers une colonne li- 
quide horizontale, la distribution de tem- 
pérature qui s’y opère par suite du réchauf- 
fement produit par le courant n’est point 
uniforme. La partie du liquide la plus ra- 
prochée des électrodes est tantôt plus 
chaude, tantôt moinschaude quela portion 
intermédiaire. Mais ce qui est presque con- 
stant, c'est que le liquide se réchauffe 
plus autour du pôle positif qu’autour du 
pôle négatif. Toutes ces différences dispa- 
raissent quand le courant est dirigé à tra- 
vers la colonne alternativement en -sens 
contraires, et la distribution de la tempé- 
rature dans le liquide devient parfaitement 
uniforme. 

Dans ce qui précède, on n’a pas tenu 
compte des élévations de température qui 
ont lieu dans chacun des couples de la 
pile dont on fait usage. On a supposé 
qu’elles ne variaient pas, vu qu’on emploie 
toujours la même quantité d’électricité 
transmise pendant le même temps.On peut 
cependant en tenir compte, et les résultats 
n’en sont pas sensiblement modifiés. Dans 
ce bat, on se sert d’un seul couple dont le 
courant continu traverse des fils métalli- 
ques plus ou moins fins, La somme des quan- 
titées de chaleur développées dans le fil et 
dans le liquide du couple est constante pour 
une même quantité d’électricité;seulement, 
suivant la grosseur du fil, c’est tantôt l’une 
tantôt l’autre de ces deux quantités qui est 
la plus considérable. J'employais dans ces 
expériences un couple dans lequel le liquide 
était de l’acide nitrique parfaitement pur et 
aussi concentré que possible, et dont les 
métaux étaient, d'une part, du platine, et, 
d'autre part, du zinc distillé, ou du cad- 
mium, J'ai fait quelques essais avec d’au- 
tres métaux; ils sont encore trop peu nom- 
breux pour que j'ose en consigner ici les 
résultats. 

Je ne me permettrai point encore de ti- 
rer des conséquences des recherches dont 
je viens de présenter le résumé. Je me bor- 
nerai à remarquer seulement que ce qui 
semble toujours déterminer le degré de 
rechauffements des différentes parties d’un 
circuit voltaique, c’est la résistance 
qu’elles présentent. 

Je me permettrai, en terminant, de con- 
signer ici un ou deux phénomènes curieux 
que j'ai eu l’occasion d'observer dans le 
cours des expériences que je viens de rap- 
peler. 

Le premier de ces’ phénomènes est la 
formation d’une matière noire pulvéru- 
lente qui apparaît constamment quand on 
fait passer, pendant quelque temps, un 
fort courant voltaique à travers dé l'acide 
sulfurique étendu de 6 à 10 parties d’eau, 
ou même plus. Cette poudre, qui reste 


longtemps en suspension dans le liquide, 


finit par se déposer au fond du vase; elle 
est du platine très divisé. Ici le courant est 
toujours dirigé dans le même sens, ou du 
moins chaque électrode a peut-être servi 
alternativemeut quatre où cinq fois au 
plus de pôle positif ou négatif à ia pile. La 
désagrégation du platine, à laquelle est due 
cette matière pulvérulente, proviendrait- 


920 
elle d'une oxydation qu'éprouverait l’élec- 
trode négatif par l’eflet de l’oxygène qui, 
s’'échappant en masse de l’électrodepositif, 
est tenu en partie à l’état de dissolution 
dans le l‘quide, oxydation suivie constam- 
ment d'une réduction opérée par l’hy- 
drogène qui se dégage au même pôle né- 
gatit? 

Un second phénomène que je tiens à 
signaler, c’est celui que manifeste, quand 
on le met daus lecircuif d’un fort courant, 
un jet de mercure d'environ un millimètre 
de diamètre, qui soit sous une pression de 
deux atmosphères, dans une direction 
telle qu’il décrit une parabole. Il n’y a que 
la partie du jet très rapprochée de l’orifice 
qui puisse transmettre le courant, phéno- 
mène qui est d'accord avec l'observation 
de M. Savart, que la veine liquide devient 
discontinue à une distance peu considé- 
rable de l'orifice. Et dans cette portion 
conductrice, la petite partie la plus distante 
de l’orifice est celle qui s’échaufle et de- 
vient incandescente. Mais, à cet état d’in- 
candescence, elle présente un aspect cu- 
rieux : au lieu de paraître avoir un mou- 
vement de projection en avant, le filet de 
mercure semble être composé, dans sa por: 
tion rendue lumineuse par le courant, de 
globules brillants qui tournent avec une 
grande rapidité sur eux-mêmes, 

Enfin, un dernier phénomène que j'ai 
eu l’occasion d'observer, c’est un mouve- 
ment vibratoire très prononcé qui accom- 
pagne Ja production de la lumière entre 
deux pointes de charbon mise chacune n 
communication avec les pô'es d’une pile. 
Il west pas nécessaire que la pile soit bien 
forte. Les deux pointes de charbon sont 
tenues horizontalement par des tiges métal- 
liques élastiques qui leur permettent de se 
toucher par leurs extrémités sans qu'il y 
ait la moindre pression de l’une contre 
l'autre. Aussitôt que le courant est établi, 
la lumière jaillit entre les pointes, et l’on 
entend comme une série très rapide de 
petites détonations, qui en se communi- 
quant du charbon au métal, font vibrer ce 
dernier de manière à produire un son, et 
même à ce que les vibrations soient sen- 


sibles au contact. Cet effet n’est nullement 


dû à une alternative d'attractions et de 
répulsions électriques qui auraient lieu 
entre les deux pointes de charbon placées 
aux deux pôles; c’est ce dont je me suis as- 
suré directement. Le bruit dont il s’agit 
n’a, du reste, aucun rapport avec celui que 
feraient deux pointes de charbon en étant 
frottées l’une contre l’autre ; d’ailleurs il 
est le même avec deux pointes du charbon 
le plus mou, comme du charbon de peu- 
plier, et avec deux pointes du charbon le 
plus dur, tel que celui qu'on retire des 
cornues où l’on prépare le gaz. C’est une 
espèce de craquement régulier, qui s'opère 
entre les molécules du charbon traver- 
sées par le courant; craquement qui est 
suivi, comme on le sait, d’un transport de 
particules de charbon du pôle positif au 
pôle négatif. Avec l'éponge de platine on 
n'entend pas le même bruit, quoique ce- 
pendant on voit les molécules de platine 
se détacher du pôle positif, et former par 
leur réunion comme des espèces de rami- 
fications qui se dirigent vers le pôle néga- 
tif; ramifications que la haute tempéra- 
ture produite par le courant rend incan- 
descentes et consolide par la fusion, de 
manière qu'on peut facilement les déta- 
cher sans altérer leur forme. 


921 
CHIMIE APPLIQUÉE. 


Examen des eaux de Vichy après leur sé- 
jour dans les flacons qui servent à les 
transporter. 


Certains bruits se sont propagés récem- 
ment relativement aux eaux de Vichy. 
M. Beaude a écrit à ce sujet à l’Académie, 

Il était important, dit ce médecin, de 
s'assurer sices bruits étaient fondés; ‘si 
en réalité l’eau de Vichy, livrée dans les 
dépôts, contenait les sels de plomb que 
l’on prétend y avoir trouvés, et si le plomb 
avait été enlevé à la couverte des cruchons 
de grès dans lesquels les eaux sont conte- 
nues. Je me suis livréavec un soin minu- 
tieux à l’examen des eaux et de la matière 
de l'émail qui recouvre les cruchons, et 
j'ai constaté, d'une part, que l’eau de Vi- 
chy, conservée dans les cruchons pendant 
plus de neuf mois, ne donne aucune trace 
de plomb par lhydrogène sulfuré, même 
lorsque cette eau à été concentrée par son 
ébullition dans les cruchons; de l’autre, 
que l'émail qui forme la couverte des cru- 
chons ne contientaucune trace de plomb, 
ni même d'aucune substance métallique. 

M. Beaude entre dans le détail des expé- 
riences qui l'ont conduit à ces conclusions, 
et poursuit en cestermes : 

Il résalte évidemment des faits que je 
viens d'exposer que l’eau de Vichy n'est pas 
etne peut pas être altérée par son séjour 
dans les cruchons; que ces cruchons sont 
un mode de conservation pour les eaux au 
moins égal à celui des bouteilles de verre, 
et qu'il est aussi exempt de dangers... 

Un artic'e publié il y a quelques jours 

dans le Moniteur, annonce que MM. Payen 
et Péligot ont examiné l’eau de Vichy et la 
matière des cruchons, et qu'ils n’y ont 
trouvé aucune trace de plomb Je suis heu- 
reux d’être arrivé aux mêmes conclusions 
que ces deux savants, dont on ne peut con- 
tester l'exactitude. J’ai fait remettre à 
M. Payen, afin qu’il puisse, s’il le juge con- 
venable, lesexaminer, le cruchon enduit 
de l'émail non vitrifié, les fragments de 
celui qui a servi à mes expérienceset une 
bouteille d’eau de Vichy, puisée à la fin de 
1841. La bouteille est en verre, et il sera 
facile de juger de l’analogie du dépôt quise 
forme dans les bouteilles de verre et dans 
les cruchons de grès. 

La plupart de ces expériences ont été 
répétées en présence de mes collègues ins- 
pecteurs des eaux minérales à Paris et de 
M. Miahle, pharmacien et professeur agrégé 
à la Faculté de Médecine, qui ont pu juger 
de leur exactitude. 


ppp — 
SCIENCES NATURELLES. 
PIHEYSIOLOGIE ANIMALE. 


Sur un cas d'arrêt dedéveloppement observé 
chez une fille de lrois & dix-huit ans. — 
Lettre de M. Dancel. 


En 1837, j'eus l'honneur de donner con- 
naissance à l’Académie des Sciences d’un 
cas d'arrêt de développement observé chez 
une fille de dix-huit ans et demi, née à 
Morwille, département de la Manche, et 
qui, à l’époque où j'écrivais, n'était haute 
que de 94 centimètres. Le cas présentait 
cela deremarquable, que la jeune fille était 
née avec des dimensions normales, et qu'a- 
près avoir grandi jusqu'à l’âge de trois ans 
et demi, elle avait cessé tout d’un coup de 
croître, sans nulle altération daus la santé, 


g22 


sans aucun changement dans les habitu- 
des. Son moral était évalement le même à 
dix-huit ans et demi qu’à trois ans et demi. 
Elle atteiguit vingt ct un ans en 1840; 
alors j’appris de son père qu'elle grandis- 
sait Un peu, comme on s’eu apercevait par 
ses habillements. J’allai la mesurer à la fin 
de l’année, et je la trouvai en effet haute 
de 96 centimètres, deux centimètres de 
plus qu’à l’âge de dix-huit ans; j’ai eu oc- 
casion de la voir dernièrement : elle a tou- 
jours cette taille et n’o{fre rien de nouveau 
à noter. 

Ainsi, à vingt et un ans, il s'est opéré 
chez cette fille un petit mouvement decrois- 
sance qui n’a plus reparu depuis deux ans. 


CHIRURGIE. 


Sur un procédé autoplastique destiné à re- 
médier aux occlusions et à rétablir le 
cours de certains liquides, comme dans la 
grenouillette; par M. Jobert de Lam- 
balle. (Extrait par l’auteur.) 


Frappé de la difficulté que les chirur- 
giens éprouvent à guérir les occlusions, et 
du retour fréquent de la maladie, M. Jobert 
a imaginé le procédé autoplastique suivant: 
il se divise en trois temps : le premier con- 
siste à débrider les parties accollées, dema- 
nière à former deux p'aieslimitées chacune, 
en dedans par la muqueuse, en dehors par 
la peau. Dans le deuxième, on enlève, en 
dédolant sur le bord externe des deux plaies 
obtenues, une portion de peau mince et 
ovalaire destinée à agrandir les surfaces 
saignantes produites par le débridement. 
Au troisième appartient tout le procédé : 
une épingle, présentée à la muqueuse de 
dedans en dehors, traverse son bord libre; 
sa pointe, avancant toujours, passeau-dés- 
sus de la plaie, et, faisant décrire à l’autre 
extrémité un mouvement de bascule, vient 
s'implanter au bord externe de la plaie : 
alors elle pénètre de nouveau dans les 
chairs, mais de dehors en dedans, afin d'al- 
ler sortir par la muqueuse, à quelques 
millimètres du point par lequel elle y était 
primitivenicnt entrée. Par suite de cette 
manœuvre, la plaie résultant des deux pre- 
miers temps de l’opération se trouve re- 
couverte par la muqueuse, et les bords sai- 
gants de celle-ci et de la peau demeurent 
affrontés, pour être bientôt réunis par pre- 
micre intention, C’est ce qui a lieu surtout 
à l’aide des fils qu’on place sur les épin- 
gles ainsi disposées. On voit qu’ainsi les 
surfaces opposées n'ont plus de tendance à 
se réunir, et que la guérison est immédia- 
ment solide et durable En effet, la mu- 
queuse n'a été ni décollée, ni tirée violem- 
ment, mais doucementrapprochée, etsubs- 
tituée à la peau, munie encore de tous ses 
éléments de nutrition. Aussi n’est-elle 
point alors sujette à l’inflammation et à ses 
conséquences, Cette opération, déjà prati- 
quée pour une occlusion de la vulve et de 
la bouche, et pour une oblitération du con- 
duit salivaire dans un cas de grenouillette, 
a été suivie d’un plein succès, 


GRNITHOLOGIE, 


Nouvelle espèce de perroquet de la mer du 
Sud; par M. Lesson. 


Les îles Océaniennes ont présenté la eu- 
rieuse particularité de nourrir des espèces 
du genre psittacus, aussi remarquables par 
leur petite taille que par leur coloration. 
Ce sont les psittacules (psittacula), des au- 


soyeuse et lustrée des plumes, la coloration 


92 
teurs anglais ou les vinis (vini), de mon 
traité d’ornithologie, 

Le groupe des phigys ou vinis est si na 
turel, que les oiseaux qui lui appartiennent, 


bien que différents par l'éclat vraiment ex: 
traordinaire de leur plumage, se ressem=| 


blent par la forme du bec et des tarses 
celle des ailes et de la queue, la nature” 


du bec, et surtout par les mœurs et le 
régime. Ce sont des petits oiseaux criards, 
colériques, actifs, vivant dans les cocotiers 


et dans les grands arbres à fruits d’'Evy, 


entre autres des îles Océaniennes. 
Les phigys ont le plumage vert, avec du 


rouge éclatant, et les psittacules fringil-M}, 


laire, écarlate, de Kuhl, sont certes den 


charmants oiseaux qui sont bien connusill 


aujourd’hui. Les Æ. vinis, dont la con 
naissance est due primitivement à Com- 
merson, vivent exclusivement dans les îles 
de la société. Sparman a fait une espèce 
des individus, dont le devant du cou est 
noir, tandis qu'aujourd'hui on admet assez 
génératement que cette coloration est due“ 
à une livrée, soit de jeune mâle, soit plutôt" 
de femelle ; le bec et les tarses sont noi-« 
râtres , mais le jaune orangé commence à 
apparaître sur le demi bec inférieur : il esks 


vrai que l’œil est bran, mais plus tard). 


sans doute, il doit changer de couleur. Less 
plumes dela tête et de l'occiput sont étroites 


et luisantes , et partout règne le bleu azur 


le plus suave et le plus lustré. Les pennes 


alaitres sont noires mais frangées d’azur, le k 


ventre , les flancs sont azur, le devant du 


cou seul, à partir du menton jusqu'au haut 


du thorax, est recouvert de plumes d’un 
noir mat, grises à leur base , et qui font 


place sur les vinis adultes au blanc de neige 


le plus pur. Lesindividus, dans cette livrée | 
complète, ont donc le haut du corps du! 
même bleu azur qui règne sur le ventre, 
sur les flancs, sur les épaules, mais le de-K 
vant du cou, les joues, ie haut du thorax! 
sont blanc neigeux, le bec et les tarses 
sont orangés, et l’œil est lui-même oran-| 
gé avec uniris noir , les ongles seuls sont 
noirs, C'est à Otaïti et à Borabora, que la 
perruche viui ou ari-manou de Commer- 
son et de Buffon, se trouve en grande! 
abondance. 

Nous croyons donc que chaque Archipel, 
de l’Océanie à destribus des Vinis, quisont, 
différentes. Jusqu'à ce jour. tout prouve, 
cette loi de géographie zoologique qui se= 
rait en coniradiction avec la formation 
géologique de ces îles que l'on suppose 
être le résultat de la déchirure d’un conü- 
tinent. Les animaux se seraient donc pro“ 
pagés sur ces terres par types distincis ef 
variés, bien que semblables par leur or 
ganisation intérieure et par une certatne 
similitude de formes; un autre esempl 
est celui fourni par la colombe Aurukava; 
que l’on trouve dansles Archipels et partout 
avec des variantes. 

Les îles Marquises, les îles Fidjis, les île 
Gambier doivent avoir des espèces de pe 
ruches vinis ou phigys distinctes; cela pou 
moi n’est pas douteux, et pour les îles Mar: 
quises l'espèce que nousallons décrire vien 
affirmer le fait général que nous avan 
cons; c'est sans contredit une des plus gra 
cieuses espèces que l’on puisse citer, et nou 
la dédions à M. Adolphe Lesson , médeeci 
de re classe de la marine, chargé en che 
du service de santé des îles Marquises ; à 
Nouka-Hiva même , patrie du gracieux 0} 
seau que nous decrivons. L'individu typ 
dont nous devons un beau dessin à l’habill 


| 


: 


antérieure ; 
les circonstances > varier entre O0 mètre 003 


Mmensions de soutenir le 


92% 


e 
pinceau de M. Prêtre, nous a été commu- 
niqué par notre ami Longuemare. 
La perruche ou psittacule de Lesson 
(psittacus ou psittacula Lessoni, nobis) a 
unetaille un peu plus forte que Levini 


 d’Otaïti. Comme ces dernières, son plu- 


mage est soyeux, luisant, et les plumes de 
latête et del'occiput sontallongées, étroites, 
et forment une sorte de huppe : non com- 
plétement adulte, et prenant sa parure de 
noces, cette petiteespèce de perroquet, a des 


plumes barriolées de blanc, de gris et de 


brun , sur le devant du cou , les joues , le 
thorax et le ventre, et comme une cein- 
ture d’un riche bleu azur règne sur le bas 


dela poitrine, il en résulte que l’oiseau 


adulte doit avoir tout le dessous du corps 
de ce même riche bieu azur, quand il est 
adulte. 

La psittacule de Lesson a de longueur 
totale 19 centimètres ; sa queue est poin- 
tue, et les ailes sont presque aussi longues 
qu'elie; son bec est orangé masqué de noir 
à la pointe , et entièrment noir à la man- 
dibule inférieure, les tarses sont orangés, 
et les ongles noirs; l’œil est brun bordé 
d’un cercle orangé; un bandeau d’un riche 
vert aigu-marine couvre le front; les 
plumes effilées et étroites du sinciput sont 


: d’un bleu azur fort vif et fort lustré, strié 


de bleu satiné ; ce bleu s'arrête au-delà de 
l’occiput, tout le dessus du corps, les ailes 
sont de ce même vert aigu-marine , mais à 
puance glacée et plus douce sur le bas du 
dos et le croupion ; des plumes écailleuses, 
de plumage dé mue, sont blanches et noires 
et parfois grises, et recouvrent le devant 
du cou, à partir du menton, les jouesset 
le thorax; le bas de cette partie est revêtu 
d’une écharpe bleue , le veutre et les flancs 
sont mélangés de stries lleues et de plumes 
blanches; enfin, la réoion anale et les 
plumes tibiales sont du plus riche bleu 
azur, les pennes caudales sont blanches la- 
vées de vert d’eau clair sur les extrémités, 
et de brun à leur base: les rémiges sont 
noires, mais frangées de bleu-vert sur les 
bords. 

Cette gracieuse espèce de perruche est 
nommée pehiti à Nu-Kahiva, sa patrie. 

R.-P. Lesson., 


SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 


Fabrication de matrices pour estamper; par 
M. Baggaly de Sheffield. 


On commence par faire une épreuve en 
bas-relief du sujet que l’on veut reprodui- 
re, et l’on en tire un modèle de matrice en 
soufre, en plâtre ou en toute autre matière 
convenable et d’un volume suffisant. 

Le revers de cette matrice doit être 


_ Presque parallèle à la face, c’est-à-dire 


# 


que la matière doit, comme dans une co- 
. A on f A 
quille, être à peu près partout de la même 


|” épaisseur, la figure géaérale du revers cor- 


respondant sensiblement à celle de la partie 
celte épaisseur doit, selon 


et 0 mètre 012. On fabrique ensuite, par le 
moyen d’un modèle de plâtre, un coin 


- moulé sur le revers et les côtés de la ma- 


lice ; et capable par sa matièreet ses di- 


le si choc et la pression 
pendant l'opération de l’estampage. On 


| tire aussi une épreuve de la face dè la ma- 


trice; afin de couler en fonte un autre 
Coin qui porte le relief du sujet; ce coin 


925 


doit avoir une mortaise ou un tenon qui 
permette de le fixer à la presse ou au mou- 
ton. Lorsque toutes ces pièces ont été mises 
en place, on fait rougir une plaque d’acier 
d’une forme et d'une épaisseur convena- 
bles; on la place sur la matrice en fonte, 
et on l’estampe par le moyen du coin en 
relief. Après quelques coups séparés par 
des recuits, la pièce d’acier a pris, d’un 
côté, la forme de la matrice, et de l’autre 
celle du bas relief. 

On fait alors disparaître les ébarbures et 
les autres irrégularités qui peuvent se 
trouver sur la tranche du morceau d’a- 
cier, que l'on trempe , s'il est néces- 
saire ; on le décape ensuite et on l’étame ; 
après quoi on le fixe sur le coin creux dont 


il a été parlé, par le moyen d’une soudure : 


douce , et on le presse, pendant qu'il est 
chaud, de manière à l’affermir solidement 
à sa place; on l’achève ensuite, et il ne 
reste plus qu’à s’en servir. 

Au lieu d’estamper ainsi une planche 
d’acier, on peut couler la matrice, avec 
de lacier fondu , sur l'épreuve en bas-re- 
lief, puis la faire chauffer (sans doute 
après lavoir blanchie) jusqu’à la tempé- 
rature rouge, dans un fourneau fermé, et 
la presser sur le bas-relief en fonte, afin 
de resserrer les pores de l'acier et de faire 
venir les partiesles plus délicates du sujet. 
La matrice ainsi préparée, est ensuite dé- 
capée et étamée par derrière, et attachée 
surlecoin par de la soudure ouautrement. 

L'auteur dit également que l’on peut 
employer d’une manière analogue d’autres 
matières, telles que le fer, le laiton et quel- 
ques alliages. (Journal des Usines: \ 


CONSTRUCTIONS. 


Maisons en bois (procédés du docteur Bou- 
cherie ), 

En ce moment, on peut voir au haut de 
la rue des Martyrs une maison portative 
en bois destinée aux iles Marquises. « Nous 
plaignons sincèrement, dit à ce sujet un 
journal, le malheureux destiné à rôtir 
dans cette maison, en temps ordinaire, et 
à partir dans les airs comme un ballon, en 
temps d’ouragan. Il n’y avait qu'un archi- 
tecte parisien qui pût concevoir l’idée de 
transporter sous la zdne torride une espèce 
de chalet suisse, qui n’est ni bon pour le 
soleil, n1 pour le vent ni pour la pluie. 

Puis, il ajoute en terminant: ï 

« Sans compter que le bois de construc- 
tion de l'Europe, même le chêne, ne résiste 
pas au climat des tropiques; les maisons 
toutes faites qu’on y transportera devront 
être basses, entièrement closes de jalousies 
fixes et ayant des galeries en dedans, et 
non en dehors. Dieu, qui a bien fait les cho- 
ses, a donnéaux climats tropicaux des bois 
incorruplibles; c’est avec ces bois, et non 
avec les nôtres, qu’il faut construire les 
maisons destinées aux îles Marquises; et 
quantau plan et à la disposition des pièces, 
les modèles d’Opéra-Comique sont les der- 
niers qu'il faut imiter. » 

Cet article est au moins très léger, et 
nous nous en servons pour faire de notre 
côté quelques réflexions plus utiles et un 
peu plus sensées. C’est avoir peu de pré- 
tention. 

Puisque le gouvernement fait construire 
des maisons en bois, il devrait exiger l’em- 
ploi de bois conservés par le procédé de 
M. Boucherie. Nous saisissons toutes les oc- 
casions qui se présentent pour rappeler ces 
excellents procédés qi'on semble avoir 


926 


oubliés. On pourra, quand on le voudra, 
préparer les bois indigenes de telle sorte 
qu’ils se conserveront beaucoup mieux que 


les bois tropicaux ; ils pourront avoir la- 


vantage d’être incombustibles, de résister 
à la chaleurcomme àl’humidité, d’êtreinat- 
taquables par les insectes xyiophages, en 
uh mot, indestructibles. Il y a plus, on 
pourrait employer des bois colorés par les 
mêmes procédés pour décorer l’intérieur 
dés maisons. Rien n'empêche d’ajouter 
l'agréable à l'utile..…… 

La découverte des procédés de conser- 
vation des bois doit trouver ici une appli- 
cation qui fera apprécier toute sa valeur ; 
on donne au bois toutes Jes propriétés de- 
sirables selon les espèces de sels qu’on em- 
ploie pour son infiltration. Soit qu’on le 
destine à des constructions humides ou à 
des constructions exposées à la sécheresse 
où au feu; cela vaut pourtant bien la peine 
qu'on y songe. Tous les jours des théâtres 
sont exposés à l’incendie, des villes entières 
sont construites en bois qui peuvent deve- 
bir la proie des flammes, des bâtiments sont 
établis sur pilotis, que rongent sans cesse 
eau , insectes et mollusques;  rappelez- 
vous que la chimie fait le bois, pierre et mé- 
tal; rappelez-vous les procédés du docteur 
Boucherie, le Gannal des chènes, des pins, 
des arbres, l’embaumeur du règne végé- 
tal. M. le ministre de la marine, qui est de 
l’Académie des Sciences, ne peut l’ignorer.. 


AGRICULTURE. 
L’ergot du seigle. 


L’ergot, sclerolium clavus, est une alté- 
ration du grain qui attaque plusieurs gra- 
iminées, mais principalement le seigle, pen- 
dant les années pluvieuses. L’ergot est 
commun dans les pays marécageux, tels 
que la Sologne, où il exerçait de grands 
ravages. il y a quelques années. 

L'ergot non seulement diminue la ré- 
colte de seigle, mais encore il cause de gra- 
ves maladiesaux animaux qui en mangent; 
mais notamment à l’homme, qui en de- 
vieut victime par la gangrène sèche à Ja- 
queile ilest exposé lorsqu'il se nourrit de 
pain préparé avec la farine de seigle ergoté. 

L’ergot du seigle se reconnaît facilement 
par sa taille et son volume, qui Surpassent 
ceux du grain. Celte circonstance donne la 
facilité de séparer, au moyen du crible, le 
seigle cornu du bon grain; malheureuse- 
ment, les villageois négligent de prendre 
cette précaution essentielle, aussi devien- 
nent-ils victimes de leur incurie, 

Dans le moyen-âge, la gangrène sèche, 
résultat de l'emploi de la farine de seigle 
ergoté dans la confection du pain, était 
connue sous le nom de feu-des-ardents, 
eu-sacré, mal-des-ardents, feu-saint- 4n- 
toine, feu-saint-Marcel. 

Je ne rappellerai pas les diverses opi- 
nions émises sur Ja formation de l’ergot ; je 
me bornerai à signaler l'observation sui- 
vante consignée dans la Chimie Agricole’: 
Festuca Calamaria, Bot. Anpgl., 1005; Fes- 
lucaSylvatica, Vill., Decandolle, F1. Frane., 
n° 1577. Cette plante est sujette, dit Geor- 
ges Sinclair, à une maladie très singulière 
qui détruit parfois ses semences. Quelques 
botanistes donnent le nom de c/avus à cette 
affection, Elle se manifeste par un gonfle- 
ment qui triple les dimensions de la graine. 
Le docteur Willdenow en décrit deux. es- 
pèces bien distinctes: le clapus simple, qui 
est farineux, de couleur foncée, insipide et 


927 

inodore ; le clavus compliqué, qui est d’un 
violet bleu-noiràtre, dont l’intérieur est 
aussi d’une teinte bleuâtre, d'une odeur fé- 
tide et d'un goût très piquant. Le pain 
fait avec le grain affecté de cette dernière 
espèce de maladie, est de couleur bleuâtre, 
il cause des crampes et des vertiges à ceux 
qui en mangent. » ( Chimie agricole, par 
Humphry Davy, 1819, tom. II, p. 212- 
213.) 

Les botanistes français ne connaissent 
point les deux espèces d’ergot admises par 
Willdenow ; ils reconnaissent seulement la 
dernière espèce qui cause la gangrène 
sèche. 

Les deux espèces d’ergot admises par 
Willdenow ne seraient-elles pas fondées 
sur la différence de couleur de la cassure 
de cette production? En effet, l’ergot pré- 
sente tantôt une cassure blanche, tahtôt 
une cassure violette. Ne serait-ce pas cette 
différence de couleur qui aurait engagé à 
en faire deux espèces ? 

L'ercot, recueilli immédiatement après 
son développement, ne possède, à dose 
égale, aucune action vénéneuse. Il offre 
alors la cassure blanche: son action toxi- 
que ne se développe que parla maturité, 
et six ou huit jours suffisent pour donner à 
l’ergot toute l'énergie qui le caractérise 
comme poison; sa cassure est alors vio- 
lette. 


MÉDECINE VÉTÉRINAIRE. 


Observations sur le tournis des moutons, et 
sur l’æstre qui le produit, 

Quoique, en général, on reconnaisse plu- 
sieurs causes au tournis des moutons, 
beaucoup d'auteurs s'accordent cependant 
à regarder l'hydatide du mouton comme 

“en étant la cause habituelle, pour ne pas 
dire unique. On indique alors une sorte de 
trépan, avec extraction du ver, comme le 
curatif à essayer. 

Mon troupeau ayant souffert de cette 
maladie, et plusieurs de mes voisins s’en 
plaignant, j'avais cherché à découvrir le 
siége du mal et à reconnaître l’hydatide, 
dans le but d'essayer le trépan et de ten- 
ter d’arracher à la mort une partie des 
malades. À mon grand étonnement, je n’ai 
jamais trouvé d’hydatide, non pas, bien 
entendu, que je veuille dire qu’il n’y a pas 
de cas de tournis causés par ce ver, mais 
ce n’en est pas la cause unique; et, à en 
juger par ce que j'en ai vu, ce n'est pas la 
cause habituelle. 

Dans tous les individus que j’ai fait ou- 
vrir, j'ai toujours vu le mal causé par la 
larve de l’œstre du mouton, insecte depuis 
longtemps connu et dont les ravages sont 
indiqués par plusieurs écrivains, mais qui 
semblerait avoir été comme oublié dans les 
temps modernes, par la raison sans doute 
que les symtômes du mal qu'il produit 
ressemblent à ceux que produit l’hyda- 
tide. 

La fréquence des cas de tournis causés 
par l’œstre m'engage à signaler cet insecte 
aux propriétaires de moutons et aux vété- 
rinaires. Peut-être pourra-t-on combattre 
les ravages que la larve occasionne par 
des moyens appropriés; peut-être aussi 
qu'une étude plus exacte des habitudes de 
l'insecte parfait, de l’époque où il paraît, 
de la manière dont il dépose ses œufs dans 
les animaux, pourra aider à parvenir, au 
moins en partie, le mal qu’il occasionne. 

L'œstre du mouton (æstrus ovis, Linn.) 
appartient à un genre d’insecte diptère, ou 


928 


à deux ailes, qui est très voisin de la mou- 
che commune. L'œstre du moulon res- 
semble pour la taille à la grosse mouche à 
viande; mais son corps est jaune, couvert 
de petits poils. Ces insectes n’ont pas de 
trompe; ils paraissent même manquer de 
bouche, laquelle est remplacée par trois 
tubercules. Leurs larves sont des vers 
courts, cylindriques, annelés, souvent gar- 
nis de soies courtes couchées et dirigées en 
arrière. 

Les larves ou vers des œstres habitent le 
corpsdesgrands animaux vivants: l’œstre du 
bœuf, sous la peau, où il occasionne des 
tumeurs de la grosseur d’un œuf de pi- 
geon; celui du cheval, dans l'estomac et 
les intestins du cheval; l’hémorrhoïdal, 
autour de l’anus des herbivores ; l’œstre 
du mouton, dans les sinus frontaux de 
tous les ruminants, mais surtout dans ceux 
du mouton, etc. 

La larve, ayant acquis toute sa crois- 
sance dans l'animal où eîle vit, en sort 
pour se métamorphoser; elle se laisse tom- 
ber à terre, où elle s'enfonce légèrement 
et se change nymphe ou chrysalide. 
L'œstre devenu insecte parfait vit peu de 
temps sous cette dernière forme; peut-être 
ne prend-il plus de nourriture; ce que pa- 
raît indiquer l’état informe de sa bouche; 
aussi ne tarde-il pas à s’accoupler et à dé- 
poser des œufs dans les lieux convenables 
pour la nourriture de ses petits. 

L'œstre du mouton, qui nous occupe 
plus spécialement, paraît, disent les au- 
teurs, au commencement de l’été; il se 
tient plus particulièrement dans le voisi- 
nage des bois; et les troupeaux qui fré- 
quentent les pâturages boisés sont plus 
sujets à en être attaqués que ceux des 
plaines nues. C’est sourtout au moment de 
la plus grande chaleur que l’insecte cherche 
à déposer ses œufs; et c’est à la crainte 
qu'il inspirerait aux brebis que l’on attri- 
bue lhabitude qu’elles ont contractée de 
se serrer les unes contre les autres en te- 
nant leur tête très basse et comme cachée. 


Presque tous les écrivains pensent que. 


c’est au bord des narines que les œufs sont 
déposés, et qu'après être éclos, les petits 
vers grimpent le long des fosses nasales à 
l’aide des deux crampons qui garnissent 
leur bouche et des ventouses qui terminent 
leur corps. 

Ce n’est cependant guère dans les fosses 
nasales proprement dites qu'on les trouve 
(si même on les y trouve jamais). C’est dans 
les dernières cavités des sinus frontaux, 
dans le bas des cornes des jeunes béliers ; 
elles se fixent à l’aide de leurs ventouses et 
ne marchent que si on les dérange. 

Le ver ou larve de l’œstre passe le plus 
souvent l'été et même l’hiver sans que sa 
présence paraïisse incommoder l’animal qui 
le porte. Mais vers le printemps l'animal 
est pris de tournis; il maigrit et finit pres- 
que toujours par périr. Jai compté jus- 
qu'à huit larves dans un seul animal; et 
on comprend que l’irritation causée par ses 
hôtes incommodes se communique au 
cerveau et cause une maladie mortelle. 
Une chose à noter, c’est que les agneaux 
de l’année sont seuls attaqués de l’œstre, 
ou du moins paraissent seuls en souffrir. 
On ignore si les animaux plus âgés en 
sont exempts, ou si plutôt ce parasite est 
moins dangereux pour eux que pour les 
agneaux. 

La circonstance que l’œstre ne paraît 
que sur les animaux de l'année avait fait 
penser que peut-être ces insectes, armés 


929 


d'une tarière assez forte pour percer le 
cuir des bœufs, pouvaient bien percer la 
peau du crâne et les sutures encore molles 
desos des agneaux. D'après cette manière 
de voir, on comprendrait mieux la pré- 
sence de larves apodes (sans pieds) au som- 
met du front; tandis qu'il est assez difficile 
de comprendre comment des œufs deposés 
à l’extrêmité du nez ne sont pas entraînés 
par les ébrouements, par le flux naturel 
des matières muqueuses ou par le frotte- 
ment du nez de l'animal contre la terre et 
les herbes dont il se nourrit. 

On comprend que la médication dans 
l'intérieur des fosses nasales et même dans 
les sinus frontaux, qui n’en sont que la 
suite, soit beaucoup plus facile que celle 
qui aurait pour but d’arracher un ver de 
l’intérieur du cerveau. Si trépaner, en- 
foncer un carrelet dans les enveloppes cé- 
rébrales est toujours une opération des 
plus délicates et des plus dangereuses, in- 
jecter le nez, y introduire une sonde, au 
besoin même percer de l'extérieur, sontdes 
choses comparativement très faciles. Ce- 
pendant il est remarquable que tandis que 
tant d'écrivains se sont occupés des hy- 
datides, qui sont à peu près-incurables, à 
peine s'est-on occupé des œstres, qu’il pa- 
raît si facile de prévenir ou de détruire. 
Une seule fois j’ai trouvé indiquée, comme 
en passant, l'huile empyreumatique. 

Je pense qu’il n’est pas impossible de 
prévenir, sinon totalement, du moins en 
grande partie, les ravages causés par 
l'œstre. En effet, tandis que rien encore ne 
peut nous faire connaitre comment les 
hydatides naissent et se propogent dans 


les organes les plus intérieurs et les mieux | 


défendus, nous savons que la larve de 
l’œstre est déposée par une mouche, quoi- 
que l’époque précise de l'apparition de 
cet insecte et de la manière dont il dépose 
ses œufs soit enéore,un peu obscure. 

Hurtrel d’Arboval assure que les agneaux 
que l'on ne conduit pas en pâture pendant 
l'été ne sont pas pris du tournis. Dans une 
notice publiée par M. le baron de Speck- 
Sternburg, de Leipsick, nous lisons que ses 
troupeaux sont retenus à l'étable pendant 
les grandes chateurs, et qu’on ne compte 
que 8 ou 10 tournis sur plusieurs cen- 
taines d'agneaux. Soustraire les agneaux à 
l'ardeur du soleil, les maintenir à l'écurie 
à l’aide de pâtures abondantes du soir et du 
matin, ou en les affourageant à l’intérieur, 
paraît le meilleur parti à suivre; peut- 
être pourrait-on en outre oindre le nez, le 
front, avec un corps gras qui éloignerait 
les insectes. 

Outre le tournoiement, on indique, 
comme dénotant la présence de l'œstre, 
l'ébrouement fréquent, l'écoulement du nez 
plus abondant, la rougeur delaconjonctive, 
l’engorgement du voile du palais et de l'ar- 
rière-bouche, la tuméfaction et même l'al- 
cération de la membrane pituitaire. 

Le tournoiement, indice d'une maladie 
cérébrale, paraît causé par l'irritation qui, 
des fosses nasales se communique à l'inté- 
rieur du cerveau. Il est certain que, quand 
ce mal a pris une certaine intensité, il est 


fort difficile d'y porter remède. Peut-être 


même que la disparition des œstres serait 
alors insuffisante; mais, autant que nous 
avons pu le voir, c'est un point sur le- 
quel il a été jusqu'ici fait bien peu de re-= 
cherches. | 

Eu résumé, nous appelons l'attention des 
propriétaires de troupeaux sur les points 
suivants, Sayoir : 


030 
_ 4. Que letournis est très fréquemment 
ausé par la larvé de l’œstre du mouton, 
laquelle vit dans l’intérieur des fosses na- 
Sales et dans les sinus frontaux; 
_ 2. Que cette larve provient d’une grosse 
imouche qui paraît pendant l'été et vole 
surtout au moment des plus grandes cha- 
leurs ; 
_ 3. Qu’on peut donc prévenir en partie 
\les ravages que causent ces insectes en sou- 
‘strayant les jeunes animaux à leurs atta- 
|ques, et qu'il est possible de trouver un 
“remèdelorsque, malheureusement, le mal 
est commencé. Il importe donc de con- 
|naître exactement l’insecte parfait, époque 
là laquelle il paraît, la manière dont il dé- 
“pose ses œufs et enfin les signes certains de 
‘ja présence des larves, avant qu'elles 
“n'aient causé des désordres irrréparables. 
* Nousappelons aussi l'attention de MM les 
vétérinaires sur les remèdes propres à dé- 
ltruire ces vers, soit des fumigations, soit 
‘des injections, soit des opérations. On peut 
‘essayer avec d'autant moins de crainte, 
“que les animaux atteints du tournis sont, 
‘quant à présent, réputés incurables. 
| À. Monnier. 


— 


= 2e 
SCIENCES HISTORIQUES. 
L ARCHÉOLOGIE. 


‘Arrondissement de Saintes, canton de Saintes, 
. (Charente-inf.) 

“ Commune d'Ecurar: d'Æscureium , mé- 
\ | ae . 

“htairie, ferme, etat, chef-lieu, chez les 
$ g : à 

gallo-romains. Le territoire de cette com- 


celtiques, et a servi de champ de bataille 
à Charlemagne contre les Sarrasins (gran- 
des chroniques, t. 2, pag. 224), et à saint 
“ Louis, contre Henri III d'Angleterre. 
“ Léglise de Saint-Pierre-es-liens, encore 
bien conservée, appartient à l'architecture 
romane byzantine , et les voussoirs comme 
l'Mlles chapiteaux des piliers, sont couverts de 
“violettes, de rincéaux, de palmettes, de re- 
4 présentations de chiens, d'oiseaux, de têtes 
I“ humaines, etc. Les modillons ont égale- 
L . ment des masques de bêtes, d'êtres humains 
"ou de monstres avec des feuillages histo- 
M riés. L’apside semie-arrondie est encore 
bien conservée et date du xr° siècle. On 
trouvera une description assez complète de 
\cet édifice religieux dans ma cinquième 
| lettre, pag. 521 et suivantes, de mes /ettres 
historiques et archéologiques sur la Sain- 
dionge et sur l'Aunis (1 vol. in-8, la Ro- 
“chelle , 1840). : 
lM | J'ai consigné également dans l’ouvrage 
“cité, les indications historiques sur les ba- 
tailles livrées en ce lieu par Charlemagne, 
eb plus tard par saint Louis. 
| Mais Ecurat paraît avoir été placé au 
‘centre d’une métropole des druides. Son 
lsol coupé de coteaux, de bas fonds et cou- 
. vert dans les premiers siècles de profondes 
“forêts , aretenu encore des souvenirs et des 
“monuments de l’époque gauloise. 
« «A peu de distance d’Ecurat s'élève le 4u- 
“inulus de Goutiers, et à quelque distance 
une tombelle dite le terrier des Fougéres 
oar les habitants. Podium fagi, le terrier 
Hu hêtre ou fougen, qui en Celte signifie 
au, hêtre. 
Le hêtre vénéré par les Celtes qui le 
hommaient f«o ou phao, avait été consacré 
\ Jupiter par les Grecs, qui adoptèrent le 
lhom gaulois, que les Latins traduisirent 
“in jagus, et dont nous avons fait jau, 
'outeau, fagot. Les faines du hêtre étaient 


mune possède encore plusieurs monuments’ 


F L'église, qui peut contenir plus de trois 


931 


utilisés par nos pères, dont les demeures 
préférées étaient celles que leur fournis- 
saient les forêts. 

On m’a dit qu'une épte de bronze avait 
été trouvée à Écarat; eile ressemblait, m'a- 
t-on assuré, à une épée-poignard, que 
M. C. Duteil aexhumée, dans un tumulus 
entre Guiître et Monsigault, à God. ard 
(Dieu fort), en 1838, et sur la Jisière du 
département de la Charente-Inférieure. 

La maison du peu-volant, parait ürer 
son nom d’un peulvan ou menhir, qui oc- 
cupait ce point, et qui a été renverse, mais 
suivant l'usage , ce peulvan ou pierre d’a- 
vertissement, était placé en avant des au- 
tels druidiques; aussi, à quelques pas de 
peu-volant, sur les bords de la Charente, 
dans un endroit solitaire et boisé, se trouve 
Dreux, collége des Druides, dans la San- 
tonie. Ce Dreux ( de Druis ou Derw), qui 
a conservé les traces du culte des Gaulois, 
occupait un site admirablement placé pour 
l'accomplissement des mystères de leur re- 
ligion, site qui devait être couvert de forêts 
impénétrables: c’est encore aujourd’hui un 
lieu très boisé ettrès pittoresque ; les enfants 
des campagnes environnantes n’ont pas 
perdu l'habitude de crier au gui lan neu, 
en recevant leurs étrennes. 

La plupart des communes qui environ- 
nent Saintes, ont conservé des monuments 
celtiques ou des désignations qui les rap- 
pellent. 


VOYAGES. 


Voyage en Californie; par M. Duflot de 
Mofras. 


(Deuxième et dernier article. 


Dans la Californie les missions sont 
toutes construites sur un plan analogue. 
L'une des plus vastes, eelle placée sous 
l’invocation de saint Louis, roi de France, 
s'élève à quelques lieues de la mer, dans 
une vallée délicieuse, au bord d’une petite 
rivière, dont le cours fertilise les jardins, 
des vignobles, des vergers; le bâtiment 
quadrilatère présente une façade avec ga- 
lerie couverte de près de cinq cents pieds. 


mille personnes, occupe un des côtés; le 
centre de l'édifice est formé-par une cour 
carrée, entourte d'arcades comme un 
cloitre, plantée d'arbres et ornée de fon- 
taines jaillissantes. Ces bâtiments d’une 
atchitecture simple sont construits avec 
une grande solidité ; ils renferment les cel- 
lules des moines, les ateliers des charpen- 
tiers, forgerons, tonneliers, tailleurs, les 
métiers à tisser, et des filatures de laine et 
de coton, où se fabriquent les étoffes desti- 
nées à habiller les Indiens convertis, et à 
attirer ceuxdes tribusidolâtres. Lesinfirme- 
ries et les écoles sont situées dans les parties 
les plus paisibles de l'établissement. L’ensei- 
gnement s’y exerce d’une manière patriar- 
cale; les enfants des indigènes, mélés à 
ceux de race blanche, y viennent recevoir 
les premiers éléments de l'éducation, du 
chant et de la musique. Les Indiens ont 
pour cet art une aptitude naturelle si ex- 
traordinaire, que dans les fêtes religieuses, 
qui se célèbrent avec la plus grande pompe, 
au son des cloches et au bruit de lartille- 
rie, ils touchent de l’orgue, jouent de tous 
les instruments et entonnent te plain-chant 
avec une justesse qu’on trouve rarement 
dans les villages d'Europe. Les Franciscains 
tenaient à honneur de posséder dans chaque 
mission une bonne troupe de musiciens; ils 
apportaient le plus grand soin à sa com- 


932 


_ position, et avaient donné aux exécutants 


une sorte d’uniforme. Quel ne fut pas 
notre étonnement d'entendre à la mission de 
Santa Cruz, pendant les défilés d’une pro- 
cession, la troupe des musiciens indiens 
jouer les deux airs populaires en France 
de la Marseillaise et de vive Henri 1F! 
Autour de la mission sont groupés les 
bâtiments d'exploitation, les corps-de- 
gardé des soldats, les hangars, les maga- 
sins, les cabanes des néophytes et les mai- 
sons de quelqnes colons blancs. Avant que 
l'administration civile eût été substituée 
dans les missions à l'administration toute 
paternelle des religieux, le personnel de 
chacun de ces établissements se composait 
de deux moines, relevant de la préfecture 
apostolique de Monte Rey, aujourd’hui éri- 
gée en évêché. Le plus âgé s'occupait de 
la gestion intérieure et de l'instruction re- 
ligieuse ; le plus jeune, de la direction des 
travaux agricoles. Les Indiens baptisés 
étaient divisés en escouades detravailleurs, 
commandées par leurs caciques ou aleades. 
Chaque dimanche après la messe, le moine 
distribuait les travaux de la semaine, et le 
samedi suivant, les alcades venaient lui 
rendre compte de leur exécution. C'était 
en ne reculant devant aucune fatigue et en 
préchant partout l'exemple, que les reli- 
gieux stimulaient les Indiens au travail ; il 


y a quelques mois à peine, le R. P. Caval- 


lero, président des Dominicains, est mort 
au milieu de ses néophytes la charrue à la 
main. 

Plusieurs missions, entre autres celles 
de San Gabriel, San Diego et San Luiz, 
comptaient chacune jusqu’à trois mille In- 
diens, répartis dans quinze ou vingt fermes. 
Le nombre des bestiaux appartenant à ces 
établissements était immense. En 1836, 
la mission de Saint-Louis possédait 80,000 
bêtes à cornes, 10,000 chevaux et plus de 
100,000 moutons; elle récoltait 12,000 fa- 
nègues de céréales; celle de Saint-Gabriel 


cuir, valant plus de 200,000 piastres fortes. 
Ea plus équitable répartition des produits 
dela mission avait lieu sous le régime des 
moines. Les Indiens savaient que leur bien- 
être s’accroitrait en raison de leurstravaux; 
ils comprenaient parfaitement qu'ils étaient 
toute la famille du missionnaire, ils le 
voyaient partager leurs fatigues, se vêtir 
d’une robe de laine grossière tissée de leurs 
mains, se nourrir des mêmes aliments, ef 
se refuser souvent le nécessaire pour éon- 
sacrer le fruit de ses économies à l’embel- 
lissement des chapelles. Aussi, leur respect 


écoutaient leurs instructions avec une at- 
tention religieuse, recherchaient leur ap- 
probation, et les regardaient comme des 
êtres presque esurnaturels. 

L’hospitalité, dans sa plus noble expres- 
sion, était et est encore exercé dans les mis- 
sions. Les étrangers, les Français surtout, 
sont accueillis avec cordialité. En 1831, 
deux de nos missionvaires, MM. Bachelot 
et Short, chassés des îles Sandwich par les 
intrigues des méthodistes, et jetés sans se- 
cours sur la côte de la Californie, furent 
recueillis par les Franciscains espagnols ; 
ils y séjournèrent plusieurs années, et la 
manière dont ils exercèrent leur saint mi- 
nistère leur valut les regrets de tous les ha- 
bitants. 

Lapeyrouse fut le premier voyageur 
français qui relàcha en Californie, Il y fut 
recu, en 1787; par les missionnaires, qui 
lui rendirent les plus grands honneurs, 


avait 105,000 bœufs, et envoyait à Lima des 
chargements entiers composés de suif et de. 


pour les bons pères était-il extrême : ils 


| 
Î 
| 


933 


Plusieurs vieux Indiens se rappellent en- 
core avoir vu cet illustre et infortuné na- 
vigateur, qui laissa parmi eux des traces 
de sa libéralité,. 

Sous l'administration temporelle des mis- 
sionnnaires, le nombre des Indiens tra- 
vailleurs s'élevait à plus de trente mille : 
sous celle des alcades, il est de cinq mille 
à peine. Les tribus encore sauvages for- 
ment une masse d’environ 20,000 âmes; 
on compte 4,000 individus de race espa- 
guole et 4,000 étrangers. 

L'autorité du gouverneur, résidant à 
Monte Rey, s'étend sur toute la province; 
mais l'administration des distrets se subdi- 
vise en trois sous-prefectures, celle du 
Pueblo de Nuestra Senora de los Angles, ! 
de Santa Barbara et de San José. Le reste 
de la population est réparti dans les fermes 
et les missions, transformées en véritables 
villages. La plupart des presidios où an- 
ciens points militaires sont détruits: ceux 
de Notre-Dame-de-Lorette, de Saint-Jo- 
seph, de San Diego, de Santa Barbara, de 
Monte Rey, de San Francisco, n'ofirent 
plus que murs en ruines, à peine gardés 
par quelques soldats du pays. 

Les mœurs des colons sont celles de 
l'Amérique espagnole. Quant aux indi- 
gènes, un instant améliorés par l’influence 
salutaire des missionnaires, à mesure que 
cette influence s’est affaiblie, ils ont repris 
leur vienomadeetleursanciennes habitudes. 
Quelques tribus, il est vrai, se livrent en- 
core à la culture des terres, qu’ils ont ap- 
prise des religieux ; mais c’est toujours dans 
les produits de la chasse et de la rapine 
que le plus grand nombre cherche et trouve 
ses moyens d'existence. 

En résumé, la Nouvelle-Californie nous 
semble appelée à un avenir irimense, sur- 


93% 

tout si l'Amérique équinoxiale vient à être 
traversée par un canal où un chemin de 
fer. Ce terriloire peut nourrir plusieurs 
millions d'habitants: il offre à la colonisa- 
tion des ports magnifiques, d'excellents 
bois de construction et des terrains fertiles; 
sa position géographique le met en rap- 
port avec les départements occidentaux du 
Mexique, les États de l'Amérique du sud, 
les comptoirs américains, anglais et russes 
de la côte nord-ouest, les îles Sandwich, 
les Marquises, et autres groupes du grand 
Océan, et enfin avec les Philippines et la 
Chine, Mais pour que celte colonisation ne 
Soitpoint éphémère, c’est moins à des sol- 
dats qu’à des missionnaires que la tâche 
doit être confiée : le sabre sans le catholi- 
cisme est impuissant à rien fonder, de 
durable. En Amérique et dans les Indes, la 
croix de bois de quelques pauvres religieux 
avait conquis plus de provinces à la France 
et à l'Espagne que l’épée de leurs malleurs 
capitaines. (Société de Géographie). 


ET à EE) 


& Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


NÉCROLOGIE. 


M. Félix de Boissy, savant modeste autant qu'hom- 
me aimable et plein de bienveillance, vient de mou- 
rir à Paris, la semaine dernière. M, de Boissy culli- 
vait l’histoire naturelle des mollusques avec un zèle 
et une ardeur soutenues. On lui doit les six volu- 
mes de l'Histoire des coquilles, qui font suite aux 
deux volumes de Montfort dans le Buffon édité par 
Sonnini. Il était président de la Société philoma!i- 
que quand la mort est venu le frapper. C'était un 
honme de bien dans toute la force du terme. 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — À VRIL 1843. 


935 
BIBLIOGRAPHIE. 


GUIDE des Comices et des Propriétaires, par. 
‘Jacques Bujeault, laboureur à Challoue, près Melle 
(Deux-Sèvres). — Telle est l'utilité que doit avoir: 
ce guide pour tous ceux qui s'occupent des travaux 

- des champs, que M. le ministre de l’agriculture et: 
du commerce en a fait prendre récemment 4,000. 
exemplaires; el que, pour satisfaire aux demandes 
de MM. les maires, curés et juges de paix des chefs- 
lieux de cantons, el à celles de MM. les présidents. 
des comices, il est devenu nécessaire de faire une 
nouvelle édition , les trois premières ayant été im- 
médiatement épuisées. — Brochure iu-8o, 1 fr, et 
1 fr. 15 c.,-franc de port. — Les persunnes qui 
prennent douze exemplaires, recoivent le treisième 
gratis. S’adresser à la direction du Cultivateur, 10, v: 
rue Taranne. - : 

Nora. Cette brochure est notamment destinée 
aux lauréats des concours qui vont incessamment 
s’ouvrir dans les comices. ee 


LE CULTIVATEUR, journal des progrès agri- 
coles. Cahier mensuel de quatre feuilles in-80, .avec+ ! 
gravures et lable des matières (68 pag.). — Prix de 
l'abonnement annuel (janvier et décembre) : 12 fr. 
pour Paris et les départements; 15 fr. 60 c. pour 
l'étranger. 


DE LA PUISSANCE AMERICAINE. Origine, in- 
slitation , esprit politique, ressources militaires, 
agricoles , commerciales et industrielles des Etats 
Unis; par Guillaume-Tell Poussin. — A Paris, chez 
Coquebert, rue Jacob, 48. 


MEMORIAL. de l’Artillerie, ou Recueil de mé- 
moires, expériences, observations et procédés rela- 
üfs au service de l'artillerie; rédigé par les soins 
“du comité, avec l'approbation du ministre de la 
guerre.—A Paris, chez Bachelier. 


LES COLONIES, les sucres et les vins de la Gi- 
ronde; par de Fonmartin de l’Espinasse. — Bala- 
rac, à Bordeaux. : 


PARIS.—IMP/DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


pes 1 
‘à [9 HEURESDU MATIN. D MIDI. 3 HEURES DU SOIR. | Ÿ HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS 

Ê AT ee Re NP, | 

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D arom. . | &l-Barom. | Therm. | &| Barom. | T .lE ‘ erm. | 5 11.2: ni 

BA l'aur Lel Res | leur del 0 [ur /e) Boom. Them Egg ini! Grec ame | ur 

# a En (ral (a 

4 | 751,90 | 13,0 750,85 15,8 750,43 18,6 751,91 43,5 19,3 9,0 |Couvert. S._. 

2 | 750,89 | 44,0 752,15 16,3 152,801] 470 754,88 | 11,8 47,0 | 10,2 |Eclaircies. S. Q. 

3 | 757,20 | 14,2 756,18 | 16,5 754,04 |: 17,2 749,85 | 12,8 18,3 9,3 |Très nuageux. S. 0. 

4 | 746,36 | 43,7 747,00 14,7 748,67 | 11,7 154,02 8,5 17,9 | 14,4 |Eclaircies. 0.5. 0. 

5 | 753,19 9,0 154,68 9,2 755,71 42,1 760,20 8,2 43,2 55 Forte pluie. 0. 

6 | 759,46 10,0 751,19 14,0 155,99 13,0 155,97 12,8 13,8 4,4 |Pluie. S. : 

1 | 754,38 12,3 153,60 14,5 752,12 44,5 750,60 12,9 15,2 11,0 |Couvert. S.S. ©. 

8 | 751,321" 130 752,43 15,0 752,43 14,9 751,5 11,3 15,7 19,5 Nuageux. S. O. 

9 | 744,904: 210,6 743,61 10,6 742,12 12,1 745,92 762 12,5 8,0 |Couvert. NE 

10 | 753,631: ! 5,4 754,50 5,7 755,41 2,8 756,21 2,8 7,0 2,0 |Pluies. ke n 

41 | 756,81 |; 6,5 756,83 6,4 757,05 6,0 758,88 1,8 7,3 0,1 Pluie par moments. à 0: 

12 | 756,76 5,7 755,60 713 753,48 6,4 754,76 2,5 FAI 1,3 |Couvert.. Ne 

13 | 752,80 | 8% | | 752,75 8,6 152,53 | 7,5 | | 759,9 | 713,3 10,4 LOSATÈRE N 0 

1% | 759,93 13,7 759,58 9,7 758,84 11,2 759,33 8 0 11,8 0,5 Nuageux. à as 

45 | 761,96 9,5 761,65 13,8 760,38 15,8 758,44 15,0 6,1 |Couvert. JSRUE 
16 | 752,85 42,2 751,66 17,6 150,87 49,1 751,34 19,8 6,0 |Vaporcux. S.E. 

47 | 752,46 14,8 752,85 47,6 153,29 17,2 756.00 19,5 10,5 |Couvert. | 

18 | 759,20 | 135 75935 | 411,8 751,98 | 46,4 758 05 17,0 SAR SE 

19 | 795,61 | 14,6 751,03 | 20,0 752,15 | 21,0 751,58 22,0 6.2 |Beau. ER 

20 | 751,16 18,5 751,16 22,6 750,67 22,5 751,58 25,0 10,3 |Nuageux. N' 0?! 

24 | 754,10 11,0 754,87 14,3 154,88 15,8 756,04 16,5 Joue Re 

92 | 75749 | 49° 758,44 | : 13,6 758,62 |  4%:1 760,78 16,0 BORDESSR SRE S_S.0 

23 | 759,19 9,8 758,49 11,8 756,66 13,1 757,36 1 3,0 |Couvert. See 

2% | 755,91 | 100 7597 | 495 754,45 | 13,0 255 0 5,2 | Etes RASE CT 

25 | 754,56 | 146 | | 762,83 | .43,0.| | 751,62 | 1977 | | 55218 2,3, COUNÈRE NE 

26 | 751,56 41,1 751,13 7,0 751,70 S,4 753,37 RD AE on : 0 N°0. &* 
97 | 752,60 8,0 753,50 ST 753,89 | 11,0 756 45 3,8 RES RER: cn 
98 | 755,59 | 40:8 154,39 | :442 752,92 | 45,8 151.83 LL [Beaux SE 

29 | 750,01 | 11,2 749,27 | 14,1 748,59 | 15,1 A7 74 SL RE QE 

30 | 751,85 | 15,2 752,26 | 172 151,03 | 15,8 sl 791,16 ss [Nuageux S: E: 

4 | 752 5 752,95 2, 751,96 38 #5: 8,4 [Moyenne du 4 au 10/Pluie.en cent. 
2 730 03 15 735 58 135 DUT Ta 10 50 492: [Moyenne du din 20 Cour. 3,826 
3 | 754,14 11,1 133,98 12,6 153,41 13.8 754,99 5.4 [Moyenne du 21 au 30/Terr. * 5,100 

G 11,4 153,91 | 13,0 | 753,71 13,8 | 754,54 | Moyennes du mois . . . . . . 
l 


10 année. 


ECH 


| 


| 


JU MON 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Dimanche, 29 Biai 1843. 


DE 


LD 


No 40, 


SAVANT. 


L'EcHO DU MONDE SAVANT paraît le JENDE etle DIMAWCEE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 


° de M. le vicomte À, DE LAWALETIE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les “départements chez les principaux li- 


braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 {r., {6 fr. 
8 fr. 50: APÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et ICS MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 


ï encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


: SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
4 PHYSIQUE. Sur un nouveau procédé pour pro- 
l duire , au moyen de l'électricité , les images de 
il Moser; Morren. — ASTRONOMIE. Nouveaux 
détails sur la nouvelle comète; Legrand. — CHI- 
1 MIE APPLIQUÉE. Trailé de chimie appliquée 
4 aux arts Dumas, — SCIENCES NATUREL- 
| LES. MÉTALLURGIE. Dela production des mé- 
taux précieux au Mexique; Saint-Clair Duport. 
; — PHARMACOLOGIF. Réforme pharmaceuti- 
| que. — ZOOLOGIE. Sur quelques oiseaux nou- 
10 veaux; Lesson. — SCIENCES APPLIQUEES. 
pl ARTS CHIMIQUE. Combhustible arüficiel; Kurtz. 
L 4 — AGRICULTURE. Expériences sur le guano. 
| HORTICULTURE. Cultures florales de quelques 
villes de France ;-Bossin. — Un palais pour les 
j fleurs. — SCIENCES HISTORIQUES. ACA- 
4 DEMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITI- 
QUES, Séance du samedi 20 mai. — ARCHÉO- 
| LOGIE. Canton de Saintes; Lesson. — GÉOGRA- 
| PAIE. Voyage dans le Chili; Claude Gay. — 
| NECROLOGIE.— FAITS DIVERS. 
| 


DIE Er Ke 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Sur ur nouveau procédé pour produire. au 
moyen de-lélectricité;: inlages na 
logues aux images de Moser.— Lettresde 
M. À. Morren à M. Arago. 


Ague 


« Rennes, 2 mai. 
h » Jai lu, dans le Compte-renu de la 
“ séance du 10 avril dernier, uné note de 
M: le professeur Masson, sur des images 
produites par l'électricité, et sur l’espé- 


par l'expérience qu’il cite, à -l’explication 
des curieux phénomènes observés par 
M: Môser. 

| » J'ai répété les expériences de M. Mas- 
|. Son sans pouyoir réussir à obtenir d'images 
|| satisfaisantes; peut-être dois-je ma non- 
A réussite aux précautions mêmes que j'ai 
prises. Je viens vous indiquer un procédé 
différent pour produire avec facilité, sim- 
plicité de moyens, et je dirai presque per- 
fection, des images des médailles, ete. au 


moyen de Pélectricité. 
_ » Silon projette sur une médaille sèche 
et propre un peu de poussière très fine, par 
exemple du tripoli bien pulvérisé, qu'on 
| létende avec le doigt, de manière à ce 
| qu'elle se loge dans toutes les parties pro- 
- iégées par les reliefs; si l’on frotte très lé- 
gérement avec un peu de coton, étsi, après 
- avoir retourné la médaille pour se débar- 
_ rasser du petit excès de poussière, on place 
1 : la méffaille sur une substance isolante, un 
| gateau de résine par exemple, puis qu’on 
« © Jiénne à promener au dessus d'elle un petit 
âton de gomme laque ou de cire d’Es- 
agne vivement électrisé, les corps légers 
ceumulés dans les parties qui-entoui ent 


: 1H La 
pes reliefs, {sont chassés normalement à la 
Gb 


rance que ce physicien conçoit d’arriver, - 


surface de la médaille et viennent en des- 
siner une parfaite image sur le gâteau de 
résine. Pour avoir l'impression sur une 
substance conductrice, par exemple un 
métal, une pierre polie, etc., il suffit de 
placer trois goutteleties de gomme laque 
en trois points du contour de l’objet à re- 
produire, de manière à laisser entre lui et 
la plaqué conductrice une très mince 
couche d’air. L'image ébtenue sera tout 
aussi fidèle. Par ce simple jeu de répulsion 
électrique, j'ai réussi à copier des mé- 
dailles, des planchcs gravées, On doit être 
guidé dans le choix de la couleur de la 
poussière par la couleur du corps sur lequel 
l'impression doit avoir lieu. 

» Quant aux images de M. Masson, je 
n’ai réussi à les produire qu’autant que je 
laissais sur la médaille un peu de pous- 
sière, soit de minium, soit de soufre, etc. 
Eu nettoyant parfaitement l’objet à co- 
pier, je n'ai rien pu obtenir, soit par une 
très faible, soit par une forte tension élec- 
trique. 3 

» Si, comme je le crois, les images de 


M. Masson ont de l’analogie avec celles 


dont j'ai l'honneur de vous entretenir, les 
unes et les autres, produites par un simple 
effet de répulsion électrique, ne me pa- 
raissent pas devoir apporter une grande 
lumière dans l'explication des phénomènes 
décrits par messieurs Môser, Karsten et 
Knorr... » 
« Rennes, 7 mai. 


» Depuis la lettre en date du 2 mai que 
j'ai eu l'honneur de vous écrire, je me 
suis occupé de répéter les expériences de 
M. Karsten. 

» Contrarié par l'incertitude et la non- 
réussite qui règnent souvent dans la pro- 
duction des images que doit former sur 
une plaque de verre une étincelle élec- 
tique tombant sur une médaille convena- 
blement placée, j'ai cherché ce qui me 
rendait ces expériences incertaines et je 
suis arrivé à ce résultat que, pour obtenir 
sûrement et avec netteté ces empreintes, 
il fallait que la médaille fût couverte d’une 
couche d'humidité extrêmement légère; 
si la médaille est essuyée avec un linge fin, 
ou de la soie, l'humidité n’est pas enlevée 
daus:les parties protégtes par les reliefs, et 
Pélectricité agit alors sur cette couche très 
mince, exactement comme elle agit sur la 
poussière trés: fine logte dans les mêmes 
interstices, ainsi que J'ai cu l'honneur de 
vous l'indiquer dans ma précédente lettre; 
seulement il faut, daus le cas des images de 
M. Karsten, exposer le verre au souffle de 
l'haleine humide pour apercevoir les mo- 
difications produites sur sa surface. 

» En résumé, on peut produire des 
images au moyen de l'électricité soit sur 


une lame de verre, soit sur un corps con- 
ducteur (dans ce cas il faut interposer une 
couc e d’air très mince entre la médaille 
et le corps qui doit recevoir son em- 
preinte.) 

» Ces images s'obtiennent en placant 
dans les creux de la médaille, soit une 
poussière très fine, soit une très légère 
couche ‘d'humidité (celle des doigts est 
souvent suffisante); puis, après l’avoir lé- 
gèrement essuyée, on pose la médaille sur 
une lame de verre et on approche d’elle 
soit un bâton de gomme laque électrisé, 
soit le bouton d'une boutcille de Leyde; 
seulement, dans ce dernier cas, pour avoir 
une image très mette, il faut avoir soin 
d’éloigner assez la médaille des bords de 
la lame de verre, pour que la décharge 
de la bouteille soit incomplète. Aus- 
sitôt l’image, qu'un peu d’adresse rend 
d’une grande perfection, est parfaitement 
visible si l’on opère avec des corps légers, 
du tripoli, etc.; dans le cas des images de 
M. Karsten, il faut envoyer doucement sur 
la plaque l'humidité de l’haleine. 

» Lorsque l’une ou l'autre de ces deux 
sortes d'images est produite, sion Ja place 
en renversant la lame sur une aukpé Fame. 
de verre et qu’on approche le baton d'1me ? 


DL 
LAN 


bouteille de Leyde, l’image sé tar porte, 
aussi sur la plaque nouvelle. fé” 

» L’explication de la prod ol on te 
empreintes est facile et me {bible toute :} 
différente de celle que que!dhéscphys] 
ciens sont disposés à lui donnék-ee--16" 
serait qu’un simple effet de répulsion “étéé- 
rique, » 


ASTRONOMIE. 


Sur la nouvelle comète. — Lettre de M. Le. 
grand, professeur à Montpellier, à 
M. Araco. 


Après avoir lu ce que vous avez inséré 
dans les Comptes rendus des 20 et 27 mars 
dernier, touchant la belle comète qui vient 
de surprendre les astronome; comme le 
public, je crains que les observateurs dont 
vous avez recu des communications à ce 
sujet n'aient omis une circonstance que 
j'ai remarquée et qui me semble mériter 
d'être connue; je veux par'er du change- 
ment notable de couleur qu’elle à éprouvé 
dans l’espace d’un jour. 

C’est le 11 mars, vers 7 h.15 m. du Soir, 
que je l’ai vue pour la première fois. Je ne 
la cherchais pas, elle a attiré mon atten… 
tion par sa forme régulière, sa longueur 
sa direction et sa couleur rouge très pro- 
noncée. Vous l'avez vue trop tard à Paris 
pour vous faire une juste idée de son éclat: 
la lumière zodiacale n’était réellement rien 
en comparaison, car je ne pouvais pas la 
distinguer. La lune Ctait fort élevée sur 


939 


l'horizon et répandait une grande clarté. 

Je l'ai revue le 13 et l'ai examinée assez 
longtemps : elle était encore brillante et 
rouge comme la première fois; sa largeur, 
dans le voisinage de Rigel, me paraissait 
égale à celle de l’arc-en-ciel intérieur ou 
à la moitié de l'intervalle entre Castor et 
Pollux ; je l'évaluais à 2 degrés ou 2230’ au 
plus. La continuation du beau temps me 
permit de la voir encore le lendemain 14; 
mais elle était blanche et semblait plus 
étroite que la veille d'environ 30’. Ces 
observations du 13 et du 14 ont été faites 
entre 7 h. 15 m. et 7 h. 50 m. du soir, ét 
inscrites immédiatement après ; elles sont 
donc indépendantes de la fidélité de ma 
mémoire et méritent une entière confiance; 
mais elles ne s'appliquent rigoureusement 
qu'à la partie de la queue visible à l’œil 
nu, c'est-à-dire aux 4/5 de sa longueur 
totale, car elles ont été faites sans lu- 
nette. 

Surpris de ce changement de couleur, 
je ne manquai pas d'examiner encore la 
comète les jours suivants, 15,16 et17. Elle 
continua d'être blanche et de perdre cha- 
que jour de son éclat : cependant elle était 
bien visible, malgré la vive lumière que 
répandait la lune, voisine de son plein; 
ensuite le mauvais temps interrompit mes 
observations, je ne la revis plus que le 26 
et le 27; elle était encore blanche etde plus 
en plus faible. 

Lorque vous dites que Ja queue parais- 
sait avoir. un maximun d'intensité Jumi- 


neuse au milieu de sa largeur, je trouve- 


que vous avez parfaitement raison, pourvu 
qu'il s'agisse de la partie visible à l'œil 
nu; mais la partie voisine de la tête ou du 
noyau me semble présenter une tont autre 
apparence. En l'examinant, le 17, avec 
une petite lunette de spectacle, j'y vis dis- 
tinctement deux bords brillants compre- 
nant entre eux un espace conique obscur 
dont le sommet était vers la queue. 
J'ajouterai encore une remarque rela- 
tive à a forme de ce bel astre, en réponse 
à une observation de Maraldi. Après l’a- 
voir examinée attentivement le 13, j'ai 
écrit que la queue me paraissait se termi- 
- ner en pointe au dessous d'Orion ; avant 
etaprès ce jour, je n’ai plus observé la 
même apparence, la queue m'a toujours 
paru se terminer en forme de pinceau. 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


, Traïlé de chimie appliquée aux arts; par 
M. Dumas, de l’Institut. (Tome 6°, chez 
Béchetjeune. — 1843.) 


La chimie est aujourd'hui un des plus 
puissants éléments de l’industrie nationale: 
“ = . î 
et, sil ÿ eut toujours du mérite à la con: 
naître, il y aura bientôt de la honte à li- 
gnorer. Le monde entier n’est.il pas son 
laboratoire? Pouvons-nous faire un pas 
sans rencontrer quelques unes de ses plus 
merveilleuses productions? L’encre dont 
je me sers, l’acier qui constitue la lame de 
mon canif, la cendre de mon foyer, le pa- 
pier sur lequel je trace en ce moment l’ex- 
pression de ma pensée, mes vêtements, 
l'herbe verdoyante que j’aperçcois de ma 
fenêtre, tout rentre dans son domaine. 
Disons avec Chaptal : « La chimie est un 
flambeau que la main des hommes à sus- 
pendu dansle sanctuaire des opérations de 
l'art et de la nature, pour en éclairer 
les détails. » 
La chimie est indispensable aux indus- 


tous 


940 


triels comme aux agriculteurs, comme aux 


‘savants. 


Les industriels n’ont pas besoin de deve- 
nir chimistes comme celui qui s’adonne 
spécialement à cette science; leur talent 
consiste à profiter des recherches des sa- 
vants, à modifier, à la suite de l'expérience, 
les procédés mis en circulation par les in- 
venteurs. Ces études ne dépassent pas le 
petit nombre de spécialités auxquelles s’é- 
tend leur fabrication. 

La chimie agricole est encore dans l’en- 
fance ; mais l’agronome est désormais con- 
damné à faire des études sérieuses pour 
tout ce qui concerne l’action de l'air, des 
eaux, des engrais, des terrains, etc.; sur 
les plantes dont il veut obtenir le dévelop- 
pement. 

Les commercants n’ont pas à produire, 
ilest vrai; mais il est indispensable qu'ils 
essaient les produits exposés sur les mar- 
chés, et qu'ils les comparent à des types 
primitifs 

Et pourtant, on ignore généralement les 
plus simples notions d’une science qui pré- 
sente de si nombreux éléments d’instruc- 
tion et de fortune. Dans le nombre infini 
de ceux qui boivent de l’eau, combien il y 
en a peu qui connaissent sa composition, 
qui sachent distinguer ses caractères saiu- 
bres ou insalubres! Sait-on discerner les 
mélanges frauduleux opérés sur les ali- 
ments?’ Non; la chimie nous offre ce- 
pendant les moyens de les reconnaître. 

«A la vue des progrès dus à la chimie, 
et des facilités que présente son étude, il y 
a lieu de s'étonner que les études chimi- 
ques soient ajournées après les études litté- 
raires. Il faudrait enseigner la chimie aux 
enfants de dix ans, qui la sauraient à quin- 
ze, ct ne l’oublieraient jamais. Cette étude 
aurait l'avantage de captiver leur atten- 
tion par des expériences à la fois instruc- 
tives et amusantes, et de leur faire prendre 
goût au travail, en le leur rendant apréa- 
ble. On ne saurait trop tôt apprendre com- 
ment se blanchit le linge, comment on fa- 
brique le papier, etc. Ne serait-il pas plus 
utile, par exemple, d'enseigner aux enfants 
que les alcalis neutralisent les acides, que 
de leur faire apprendre des langues mortes 
dont ils n'auront peut-être jamais besoin 
de se servir? Peut-on savoir trop tôt l’art 
d’être utile à ses semblables, et n’est-il pas 
ridicule de rechercher le superflu, lors- 
qu’on manque du nécessaire? » 

Nous avouerons cependant avec plaisir 
qu’on commence à sentir les heureux ré- 
sultats qu'on peut tirer de l’étudede la chi- 
mie. Les produitschimiques,nécessaires aux 
expériences habituelles, serencontrent dans 
toutes nos villes un peu importantes ; les 
livres de chimie se multiplient; des cours 
publics s'organisent. Espérons donc que 
celte belle science, de plus en plus répan- 
due, deviendra enfin une des parties inté- 
grantes de l'instruction publique. 

Ces considérations nous sont inspirées 
par la publication du premier volume du 
Traité de Chimie organique de M. Dumas. 
L'auteur a consacré cinq volumes à la 
chimieinorganique, il y ahuit à nenfans, et 
depuis on attendaitimpatiemmentla chimie 
végétale et animale. Nous disons impa- 
tiemment, car il y a huit à neuf ans, si 
M. Dumas était déjà connu par de nom- 
breux travaux, il n'avait pas encore la ré- 
putation qu'il s'est faite aujourd’hui. 

M. Dumas est le plus habile vulgarisa- 
teur peut-être que la chimie ait eu en Fran- 
ce. Nos pères, qui vont l'écouter à la Sor- 


A4 
bonne, à l'Ecole de Médecine, le placent 
au-dessus de Fourcroy, et certes, ce n’est 
pas peu dire. On se trouve attiré par cettes 
parole facile, éloquente et animée, par ce 
style limpide et pittoresque, par ces exem-" 
ples aussi frappants que simples qui four= 
milleut dans ses lecons ; personne n’inter- 
prète mieux que lui une si belle science 
enrichie de ses travaux, vulgarisée, ren-w 
due populaire par son enseignement. 

M. Dumas peut être comparé, sous plu-" 
sieurs rapports, à un célèbre chimiste qui 
vivait au commencement du dix-septième 


siècle, à Nicolas Lémery. 

« ..... Transportez-vous, nous disait 
M. Dumas, dans une de ses lecons sur la 
philosophie chimique au collége de France, Ml 
en 1837, transportez-vous maintenant dans 
la rue Galande; suivez la foule bruyante 
d'étudiants qui se précipite; ne vous in- 
quiétez ni des équipages dorés qui amènent M 
les seigneurs et les princes, ni les chaises 2! 
porteur qui transportent les grandes da= 
mes. Faites-vous faire place, allez tou-" 
jours. Vous trouverez une cour, au fond 
de Ja cour une porte basse, un escalier rai-" 
de, au moyen duquel vous descendrez, vous 
tomberez peut-être dans une cave éclairée 
par la Iumière rougeâtre des fourneaux. 
Bientôt vous distinguerez à son aide les usw 
tensiles de. la chimie du temps, et vous 
verrez la foule empressée,. attentive, écou- 
tant les leçons d’un jeune homme, qui 
compte au plus trente années. : 

Ce jeune homme, sur lequel tous les re-l 
gards sont fixés, aux paroles duquel toutes} 
lesoreilles prêtentunesi viveattention, vous 
le devinez : c’est une révolution personni- 
fiée; c’est Nicolas Lémery.……. 

..... Pourquoi ce grand concours et cet | 
empressement? C’est qu'à de profondes” 
connaissances il sait unir l’art de les expo- 
ser d'une maniere simple, accessible à tous, 
et d'éclairer ses leçons par des expériences 
brillantes et précises. C’est, qu’abandon- 
ant le langage énigmatique et voilé de ses“ 
devanciers, il consent à parler chimie en 
français; c’est qu’il consent à professer une 
chimie sage et réservée, qui tient tout ce 
qu’elle promet, qui ne promet quece qu’elle «h 
peut tenir. | 

..…. Nicolas Lémery professa à Paris pen-W 
dant vingt-cinqans avec une vogue inexpri- 
mable. Ce futà tel point, qu’aprèsavoirrem-"l 
pli sa maison d'élèves, il finit par occuper 
presque toute la rue Galande, pour loger. 
ceux qui se présentaient encore. Il Jui fal- 
lait chez lui une espèce de table d'hôte, 
pour donner à diner aux étudiantsqui bni- 
guaient l’honneur d’être admis à sa ta- 
ble... : 

Eh bien! avaisje raison d'établir une 
comparaison entre M Dumaset Nicolas 
Lémery? Et tenez, il n'y a que quelques 
jours, sur les onze heures du matin, les en- 
virons du collége de France, de la Sor- 
bonne et de l’Ecole de Médecine étaient | 
déserts. Le quartier latin s'était porté en 
foule à l'Ecole de Médecine. M. Dumas ou= 
vrait le cours de chimie organique. 

Rouelle, cet esprit si ardent, qui fut 
nommé démonstrateur de chimie au Jar- 


din des Plantes, en1742, quia é com« 
me professeur de grands souven: ‘ait, 
nous à encore dit M. Dumas au co de 


France, une manière de professer tre 7e 
ticulière. Il arrivait à son amphithéâtr 

bel habit, perruque en tête et chapeau 
lebras. 1l commençait posément; bient 
s'animait un peu et jetait son chapeau; p 

il s'échauffait davantage et jetait sa per. 


me, puis son habit, puis saveste, puis sa 
avate. Ah! c'est alors que vous aviez le 
ai Rouelle, l'homme du laboratoire, 
noureux des belles expériences, sachant 
:: faire réussir, etexposant ses démonstra- 
“yns avec une véhémence entraiuante. 

‘Ceux de nos lecteurs qui ont assisté à 
“e leçon de M. Dumas ne manqueront 
:s de comparer encore le doyen de la Fa- 
‘Ité des Sciences à Rouelle. Si vous ne je- 
F:, M. Dumas, votre habit, votre cravate, 
list que nous sommes en 1843 et non en 
42, Vous commencez posément, et bien- 
| vous vous animez; vous communiquez 
vos auditeurs toute votre science. Ah! 


“On s’expliquera maintenant sans diffi- 
lité le succès auquel est appelé la chimie 
|xanique de M. Dumas. On le sait, la chi- 
2 organique a fait des pas de géaut dans 
}; dernières années, et M. Dumas a réuni 
ns son livre, avec cette clarté et ce char- 
> que vous lui connaissez, car l’illustre 
ant écrit aussi bien qu'il parle, toutes 
: découvertes récentes, le tout classé avec 
esprit méthodique vraiment remar- 
able. 
Le livre de M. Dumas remplit bien son 
re. Combien d'ouvrages qui se disent 
ipliqués aux arts et qui sont purement 
éoriques. Le volume que nous avons sous 
| yeux comprend les questions indus- 
telles suivantes : 
“1° Le blanchiment des toiles ; 2 la fabri- 
{tion du papier; 3° la conservation des 
dis; 4’ la fabrication de l’amidon; 5° la fabri- 
“ion dela fécule;6° la fabrication de la dex- 
Mdne;7°la fabrication du sucre decanne;8'la 
lrication du sacre de betteraves; 9° le 
M finage du sucre; 10: la fabrication de la 
#acose; 11° Ja fabrication du vermicelle 
“ des pâtes; 12° la fabrication du pain; 
“lola fabrication de la bière; 14° la fabri- 
ï on du cidre; 15° la fabrication-du poi- 
M; 16° les vins; 17° la fabrication des eaux- 
, € vie; 18o la fabrication du vinaigre; 
dla fabrication de la céruse; 209 la fabri- 
“ion des huiles; 21° la fabrication des 
sMugies stéariques ; 22 la fabrication des 
#rons. 


| 


"| 
| 
| 
1| 


inches très svignées, dressées par l'ingé- 
|lumes à la chimie organique, son Traité 
“'endons, Ce seraun beau monument élevé 
: un des plus célèbres chimistes de notre 
SCIENCES NATURELLES. 
ayant pour titre : De la production des 
la métallurgie et l’économie politique, 
(suite et fin.) 


eur M. Koab, 
M: Dumas doit encore consacrer deux 
0 Chimie complet aura donc huit volumes 
«°c un grand atlas de planches. Nous les 
à 2 science; les savants et les manufactu- 
ins adressent des remerciments sincères 
f 
(oque. J. G. 
‘ TE SG d—— 
METALLURGIE. 
L de M. Becquerel sur un ouvrage 
métaux précieux au Mexique, considé- 
|rée dans ses rapports avec la géologie, 
\présenté à l’Académie des sciences par 
UM: Saint-Clair Duport. 
M\Une question d'économie politique a at 
|é l'attention de M. Duport; c’est celle qui 


Toutes ces fabrications sont suivies de 


943 


se rattache au dépeuplement de quelques 
districts miniers lors de la guerre de l’In- 
dépendance, qui fut causé par une émigra- 
ton d’abord volontaire, puis obligatoire 
en 1828, des propriétaires espagnols, les- 
quels se réfugièrent en Espagne et dans le 
midi de la France, emportant avec euxune 
masse énorme de capitaux. Ce numéraire, 
qui de 1820 à 1830 sortit du Mexique, for- 
mait la majeure partie du capital en circu- 
lation ; et sans les emprunts contractés en 
Angleterre par la république, et la forma- 
tion de compagnies minières anglaises, 
l'exploitation serait devenue impossible. 
Toutefois, ces emprunts ne remédierent au 
mal qu’en partie ; car le gouvernement fut 
obligé de se créer des ressources qu’il ne 
trouvait plus ailleurs. Le crédit en fut tel- 


lement ébranlé, que le taux de l'intérêt s’é- 


leva à 30 et même 40 pour cent par an. 
Cet état de choses s’opposait donc à ce que 
les mines pussent reprendre leur ancienne 
splendeur, et même paralysait toute ten- 
tative d'exploitation. D'un autre côté, les 
compagnies anglaises, en général mal ad- 
mipistrées, n’obtinrent que des résultats 
pitoyables; à l'exception de ceile de Bola- 
gnos, qui avait obtenu un bénéfice d'environ 
25 millions de francs dans ces travaux à Za- 
catecas, on ne peutsavoir quand se serait ar- 
rêtée cette décadence toujours croissante de 
l'exploitation des mines, sile trésor mieux 
administré n’eût inspiré une plus grande 
confiance, laquelle fit baisser de moitié le 
taux de l'intérêt et engagea les spécula- 
teurs à se reporter vers les mines. Il faut 
donc conclure de ce qui précède, que les 
anciennes et nouvelles exploitations ne se- 
ront poussées avec une activité suffisante 
pour que le chiffre de la production an- 
nuelle soit dépassé, que lorsque les capitaux 
seront plus abondants aux Mexique. 

M. Duport passe ensuite à la question 
non moins importante des améliorations 
dont sont susceptibles les traitements des 
minerais d’argent. Le traitement par la 
fonte est susceptible de grandes améliora- 
üons, non seulement dans la construction 
des fourneaux, mais encore dans l'emploi 
mieux raisonne desfondants, 

Les traitements par le mercure, dans la 
plupart des localités au Mexique, sont 
moins coûteux que le traitement par la 
fonte, et M. Duport pense qu'ils ne parais- 
sent susceptibles d'aucun perfectionnement, 
du moins en ce qui concerne la prépara- 
tion mécanique du minerai, mais néan- 
moins qu'il est possible que l’on par vienne à 
améliorer diverses parties du procédé et à 


-se procurer, à un prix moindre, les ingré- 


dients. Le prix élevé du mercure et sa 
perte, d'environ 13 onces en moyenne par 
marc, entravent les exploitations, et cet 
état de choses subsistera tant que durera 
le monopole de ce métal en Europe. Le 
taux du mercure exerçant une si grande 
influence sur les mines, on peut se deman- 
der quelies seraient les conséquences du 
manque de ce métal, si, par une cause 
quelconque, la mine d’Almaden cessait 
d'en produire ou que son produit fûtmoins 
grand? Les mines de la Carniole étantin- 
suffisantes pour les besoins actuels, le com- 
bustible manquant dans un grand nombre 
de localités, que deviendrait alors l’extrac- 
tion du minerai au Mexique, à moins ce- 
pendant que la Chine et le Japon, où l'on 
a lieu de supposer qu’il existe d'abundantes 
mines de mercure, n’envoyassent leurs 
produits dans le nouveau monde? Sans 
cela cette question eût été assez embarras- 


944 


sante et pour ainsi dire insoluble, alors que 
l’on ne connaissait que la fonte et l’amal- 
gamation; mais, depuis que l’on a déinon- 
tréque l’action chimiquede l'électricité peut 
être appliquée, sur une grande échelle, au 
traitement des métaux, les difficultés ont 
disparu. 

M. Duport vint lui-même, il y a trois 
ans, en Europe pour acquérir la connais- 
sance complète des recherches a faites 
à ce sujet par l’un de vos commissaires; 
et l'application de l'électricité, comme force 
chimique pour l'extraction de l'argent, fut 
faite sur 4,000 kilogrammes de minerai 
apportés du Mexique, avec l’autorisation du 
gouvernement, par l’auteur du Mémoire, 
qui répéta lui-même à Paris toutes les ex- 
périences dont les résultats généraux 
avaient été communiqués à l’Académie 
dans plusieurs des séances publiques. Il 
constata par lui-même la possibilité de l’ap- 
plication sur une grande échelle; le pro- 
blème se trouvait donc résolu d’une ma- 
nière générale, mais seulement en partie 
en présence des autres traitements, puis- 
qu'il s’agissait de comparer le coût des an- 
ciens et du nouveau système. Dans une 
question aussi importante, laissons parler 
M. Duport: Dee 

« .…. La question se réduisait à une 
comparaison de chiffres pour le coût des 
anciens et du nouveau système, et les pre- 
mières recherches que j'ai faites sur la mé- 
tallurgie de l'argent n'ont pas eu, dans le 
principe, d’autres motifs; maisje nai pas 
lardé à les rendre plus complètes, afin de 
fournir aux métallurgistes un tableau exact 
de l’état dans lequel se trouveut les divers 
traitements au Mexique, et aux économis- 
tés des renseignemests sur la question de la 
production présente et même future de l’ar- 
gent, assez complets pour établir, avec 
quelque exactitude, des calculs sur la va- 
leur de ce métal comparée à d'autres va- 
leurs. Le résultat de mes recherches a été 
favorable au procédé électro-chimique 
pour un grand nombre de minerais, je ne 
dis pas seulement dans l'hypothèse assez 
peu probable du manque absolu de mer- 
cure, mais même avec le haut prix actuel 
du vif-argent; dès lors on serait en droit 
de s'étonner que ce procédé n’ait pas déjà 
reçu un commencement d'application. Les 
causes qui s’y sont opposées ayant des ca- 
ractères généraux assez importants relati- 
vement à l’établissement de tout procédé 
nouveau, j'entrerai à cette occasion dans 
quelques détails. 

» La simplicité des appareils de l’amal- 
gamation mexicaine est d’abord un obs- 
tacle à toute innovation; vient ensuite l’ha- 
bitude d’un art pratiqué depuis trois siè- 
cles et dès lors parfaitement étudié sousle 
rapport économique ; la nécessité d’opérer 
sur des masses considérables pour que l’on 
ait foi au procédé, et l'obligation de prime 
abord d’entrer dans des débours d’autant 
plus onéreux que toute construction in- 
dustrielle est fort chère au Mexique, arri- 
vent enfin ébranler le zèle des novateurs, 
qui n’ont souvent dans le fond pour toute 
récompense, ou, pour mieux dire, pour 
seule garantie des sommes employées, que 
la protection par trop douteuse des brevets 
d'invention, dans un pays où l'administra- 
tion de la justice est souvent très lente, 
surtout pour un cas comme celui-ci, qui 
présente, dans les pays les mieux organi- 
sés, des difficultés sans nombre... » 

Parmi les autres considérations mises en 
avant par M. Duport, nous citeronsles sui- 


945 


vantes: le mercure étant le principal agent 
chimique, son prix doit hausser ou baisser 
suivant la quantité plus ou moins grandeem- 
ployée. Des lors sa chance de baisse, par 
suite de la substitution du procédé électro- 
chimique, ou de tout traitement par la voie 
humide à l’amalgamation mexicaine, pour- 
rait produire une réaction peu favorable à la 
nouvelle méthode, puisqu'on serait porté, 
par celte baisse de prix, à revenir à l'an- 
cien système. 

Le prix actuel du sel marin an Mexique 
est un obstacle, non pas que éet agent soit 
décompose dans l'opération, mais en raison 
des pertes mécaniques inévitables dans la 
manipulation. Cette perte, en raison des 
masses sur lesquelles on opère, représente 
un chiffre élevé à mettre en regard de l’é- 
conomie du mercure; mais ce chiffre peut 
être réduit par l’emploi d'appareils destinés 
à recueillir le sel qui reste dans les boue; 
métalliques. Le matériel, demande en gé- 
néral une dépense assez considérable qu'au- 
cune compaguie n'a voulu faire jusqu'ici, 
afin de comparer, sur une très grande 
échelle, le coût du traitement électro chi- 
mique à celui de l'amalgamation. Mais si, 
par suite des perfectionnements qu'on peut 
apporter aux salines du Penon blanco, le 
sel pouvait être fourni à un prix modéré, le 
procédé électro-chimique, d'aprè; l'opinion 
de M. Dsport, serait certainement em- 
ployé, puisque lon pourait négliger la 
perte du sel dans les boues. Ainsi, il de- 

.meure convaincu qué. si le mercure venait 
_à manquer, ce procédé assurerait l'exis- 
tence des mines du Mexique. 

M. Duport n’a point négligé de parler 
des te. titives faites pour diminuer la perte 
de mercure, en employant des amalgames 
de divers métaux plus oxÿdables que le 
mercure. En employant, comme au Chili, 
l’'amalgame de cuivre à Guadalupe y Cal- 
vo, on a obtenu de bons résultats par un 
procédé dû à M. Lukner, méta'lurgiste al- 
lemand. M. Duport donne aussi le détail 
d'expériences faites par MM. Mackintosh et 
Buchan pourtraiter, au moyen decetamal- 
game, les minerais d'argent sans prépara- 
tion préalable, dans des barils semblables à 
ceux de Freyÿberg. 

M. Duport a abordé dans son ouvrage 
toutes les questions relatives à la production 
de l'argent au Mexique; il les a approfon- 
dies de manière à nous faire connaître son 
état actuel, ses chances d'augmentation ou 
de diminution; par ses recherches sur la 
théorie de l’amalgamation, ila indiqné aux 
chimiste; la route à suivre pour perfection- 
ner la métallurgie de l'argent, ct a porté 
dans toutes ses discussions la justesse et la 
précision d'un esprit habitué aux grandes 
combinaisons industrielles; il à fait preuve 
en même temps de connaissances variées 
dans les sciences qui se rattachent à la mé- 
tallurpie. 


PHARMACOLOGIE, 
Dune réforme pharmaceutique ; remèdes 
secrets. 
(Deuxième article.) 


Toute pharmacie doit avoir un certain 
nombre de drogues et de médicaments 
prescrits par le codex, afin de pouvoir ré- 
pondre aux divers b.soins de la médecine ; 
eh bien! malgré cette sage ordonnance, 
beaucoup de pharmacies manquent de plu- 
sieurs médicaments, et cela non pas tem- 
porairement , non point parce que telle ou 
telle drogue ayant été épuiste, on n’a pas 


946 


trouvé le temps de la renouveler, mais 
parce que le pharmacien a cru devoir s’en 
passer, soit que la drogue lui paraisse 
d’un emploi trop rare, soit qu'il trouve 
plus convenable de la remplacer par une 
autre. 

C'est ici le lieu d'attirer Pattention des 
médecins sur un fait qui ne se renouvelie 
que trop souvent, Nous avons parlé dans 
nolre précédent article de pilules et de 
poudres, qui varient de noms autant de fois 
que cela convient à l'apothicaire, voici 
dans quels cas ces matières trouvent leur 
emploi : un médevin prescrit à son malade 
des pilules mercuriel'es dont il dose sur 
une ordonnance, la quantité de matières 
qui doit servir à les préparer; l’ordon- 
nance arrive bientôt chez l’apothicaire. qui 
demande un certain temps pour les faire ; 
au bout d’une heure ou deux on vient 
chercher les pilules, l’apothicaire les avait 
oubliées ( mais comme il ne veut pas qu’on 
aille les faire faire chez un confrère), il 
jette les ÿeux sur l'ordonnance du docteur, 
et remarque avec une joie secrète que leur 
composition diffère fort peu de celle des 
pilules dontil a provision, à quelques cen- 
tigrammes près; c’est toujours du mer- 
cure, il y a un excellent moyen de rétablir 
la balance : le médecin ordonne au ma- 
lade de prendre quatre pilules par jour, 
les pilules toutes faites du pharmacien étant 
plus fortes, le pharmacien conseille à la 
pratique de n’en prendre que deux, et 
chose remarquable, la pratiqerest tou- 
jours disposée à croire davantage son 
pharmacien que son médecin. 

Combicu de fois n’arrive-t-il pas que le 
pharmacien estconsulté sur la qualité d’un 
remède ordonné par le médecin, et com- 
bien de fois aussi le pharmacien ne donne- 
t-il pas son avis; certaines potions sont 
coin poséés d’un grand nombre de matières 
et demandent beaucoup de temps pour 
leur préparation ; l’élève en pharmacie 
prend assezsouvent sur lui de ne pasmettre 
quelque substance quand il ne pousse pas 
l’impudence jusqu'à la remplacer par une 
autre; la paresse de descendre à la cave 
ou de monter au grenier, est la cause la 
moins rare d'une pareille faute...; on ne 
saurait se faire une idée de Pavidité de 
quelques apothicaires. Il y en a qui em- 
ploient tous les moyens pour faire du tort 
à telou tel médecin du quartier,etse mettre 
en concurrence avec lui; tantôt le phar- 
macien conseille à sa pratique de changer 
de docteur pour prendre M. X. , tantôt (et 
le plus souvent) il propose un de ses mé- 
dicaments pour remplacer celui ou ceux 
que conseille un médecin ! 

On peut dire, sans crainte d’exagérer, 
que chaque pharmacien possède un ou 
plusieurs remèdes inévitables contre la 
Syphilis, et Dieu sait le nombre de ces 
malheureux qui, se livrant aux mains de 
ces marchands, perdent en peu de temps 
leur argent et les quelques chances de 
guérison qui leur restaient encore. 

Nous sommes donc arrivés aux remèdes 
secrets dout on ue nous délivrera que par 
de nouvelles lois spéciales, ou plutôt par 
une seule loi, celle qui abolira du même 
coup ctles remèdes secrets et les brevets 
d'invention accordés auxdits remèdes. 

Que l'on accorde une récompense, un 
privilége à celui qui découvre un bon mé- 
dicament, rien de plus juste, maisalorsren- 
dez ce médicament pour ainsi dire public, 
faites en profiter la société; mais quoi! 
vous protégez un charlatan qui, à force 


9#7 
d'annonces et de publicité de toute nature, 
vend au poids de l’or ou une matière * 
inerte, ou un poison. C’est ainsi qu’à l’aide 
de leur coupable industrie, quelques uns 
de ces empoisonneurs, dont le nom salit 
toutes les murailles, se jouent, protégés 
par la loi, de la santé et de la fortune pu- 
bliques; puis chaque pharmacie se met en ô 
concurrence avee ces charlatans, chaque 
pharmacie a son cabinet de consultations 
graätuiles, d’où le malade ne sort que les 
poches pleines de flacons et vides d'argent. # 

On ne sait plus quels termes employer 
pour flétrir un pareil trafic, et il faut que 
nous ayons le courage d'ajouter que plus “ 
d’un médecin se rend complice du phar- M 
macien. 

Il ÿ a des médecins qui touchent un in- 
térêt sur la vente des drogues qu'ils pres- 
crivent à leurs malades, il y ades médecins" 
qui ont le dépôt de leurs remèdes secrets 
chez l’apothicaire, il y a enfin des méde- 
cins qui donnent des consultations gra- 
tuites dans les pharmacies. 

( La suite prochainement. ) 


ZCOLOGIE. 


Sur quelques oiseaux nouveaux ; par R.-P. 
: Lesson. 


La Bolivie a enrichi nos musées d’une 
foule d'oiseaux remarquables par la ri- 
chesse de leurs livrées, et ce sont surtout 
les oiseaux mouches qui ont vu leurs es- 
pèces s'accroître par la découverte d’es- 
pèces aussi nombreuses que riches et va= 
riées, souvent bizarres ou hétéroclites, 
surtout l'oiseau monche ensifère ; il en est 
deux surtout qui méritent un examen par- 
ticulier, et toutes deux appartiennent aux 
Tavgaras, ce genre si riche en espèce, et 
surtout à la section des tangaras gros becs. 

Le Tanagra prasina, devenu assez com- 
mun depuis quelque temps, est remar- 
quable par le riche vert lustré de son plu- 
mage , qui le fait ressembler à une petite 
perruche, son bec en rouge de corail et les 
tarses ont la même colloration ; un masque 
marron occupe le front, les joues, les 
oreilles et le devant du gosier, la région 
anale et les couvertures inférieures de la 
queue sont de ce même rouge marron, 
les remiges sont brunes en dedans, mais 
frangées de vert; la queue légèrement ! 
égale et verte en dessus , et d’un vert clair | 
en dessous, cet oiseau est de la taille d'un 
loxie gros bec ou coccothrausfes. | 

Le Tanagra Eryihrotis est un fort bel W 
oiseau splendidement coloré, etdont leplu- | 
mage est velouté et petint avec un éclat 
extraordinaire; le bec est moins robuste | 
que celui du prasina, mais comme lui il! 
appartient à la même section des Tangaras | 
gros bec ; l'érythrotis a le bec et les tarses 
noirs, un plumage noir velours sur la, 
tête , le cou , le dos, les épaules, les joues, ! 
et le devant du cou, un oreillon en demi 
cercle d'un rouge vermillon embrasse les | 
côtés du cou, en arrière des oreilles; le 
devaut du thorax, les flanes, les couver- 
tures inférieures de la queuesont d’un riche 
rouge vermillon, les ailes et la queue sont 
noirs-velours, mais les épaules et le crou- 


| 


pion ont de riches plaques bleu azur ; la M4 
taille de cet oiscau est celle d'un proyer de Mt 
France. D | 

J'ai nommé dans la revue zoologique 
pipra fastuosa, une espèce nouvelle den 
manakin située à Realejo (république duMf 
centre Amérique), par mon frère, Je m'ai# à 


2er 


1918 

fait connaître cette espèce que par une 
“courte phrase diagnostique, et je vais 
maintenant en donner une description plus 
complète , détaillée et de la forme du ma- 
hnakin tigé ; le fastueux a le bec noir, les 
Itarses jaunes et les plumes frontales, lé- 
Igèrement relevées en brosse, elles sont 
Kd’un noir velours chez le mâle, ce noir 
règne sans partage sur les joues, ies côtés 
du eou , le goster et le devant, du cou, le 
ventre et les flancs, les ailes et la queue ; 
du milieu de l'inciput jusqu’à l’occiput, 
règne une plaque d’un rouge fulgide, et 
dont les plumes allongées forment une 
sorte de houpette, un demi collier noir 
encadre cette plaque rouge, et une snrte 


de frange d'un gris blanchâtre borde ce 


(Bi 


demi collier noir ; le dos et les couvertures 
des ailes sont du bleu d’azur clair et cen- 


« dré de nuance douce; la queue est tres 
| courte, mais les deux rectrices du milieu 
+ s'allongenten longs brins étroits et rubanés 


d’un noir essez intense, 

Les jeuues mâles ont le plumage vert 
olivâtre sur le corps, vert jaunâtre sur le 
ventre ; les ailes de ce mème vert olive 
mêlé de roussâtre, mais la plaque rouge 
existe sur la tête et les deux longs brinsde 
la queue sont noirs et déjà développés 
comme chez les adultes, 

La femelle est entièrement d’un vert 
olivâtre sur le corps, plus nuancé de jau- 
nâtre sur le devant du cou et au milieu 
du ventre, le bec est noir et les tarses sont 


jaunes, la queue plus alongée que chez le 


| mâle est vert olive, et les deux pennes du 


milieu sont médiocrement longues, ru- 


banées et fort étroites. 
J'ai déposé ces trois individus au mu- 
séum d’histuire naturelle. LEsson. 
DE 


SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS CHIMIQU ES 


Fabrication d’un cambustible artificiel; par 
M. À. Kurtz, chimiste- manufacturier, 
à Liverpool. (Patente anglaise.) 
Le procédé de l’auteur a pour but prin- 
cipal de rendre égales, par des moyens ar- 
tificiels, les propriétés combustibles ou 


| évaporatives des différentes houilles, en 


ramevant toutes ces houilles à une qualité 
“uniforme, 
On y parvient , dit le breveté, en mélant 
avec les houilles inférieures des quantités 
convenables de coke et de goudron miné- 
ral recuit ou de toute autre substance bi- 
tumineuse, de manière à constituer des 
composés dont la puissance évaporative 
puisse être comparée à celle des meillenres 


M “houilles de l'Angleterre ou du pays de 


Galles, 

Les quantités de matières combustibles 
qu'il est nécessaire d’ajouter aux houilles 
médiocres, pour les amener à la qualité 
des meilleures, dépendent nécessairement 
du degré d'infériorité de ces houilles. 
Comimc la règle suivie par le gouverne- 


| ment anglais, dans ses achats , est d'exiger 


«ue le combustible artificiel soit capable 
d'évaporer huit fois son, poids d’eau, on 
pourra se conformer à cette fixation. Les 
données mentionnées ci après feront voir 
des moyens d'opérer ces mélanges et les 
‘proportions que l’on doit y observer. "| 

Voici à peu près comment on peut déter- 
aminer commodément le pouvoir d’évapo- 
æation des houilles sur lesquelles on opère : 
=. 1 kilog: d’anthracite peut évaporer 8 
kilog. d'eau ; j 


949 


6 kiloy. 

Les houilles de Newcastle produisent un 
effet semblable à celui des houi les de Li- 
werpool. Il est done facile de voir que, si 
les meilleures houilles du pays de Galles 
exigent uuc partie de la matière combus- 
tible additionnelle, les houilles inférieures 
ou ordinaires en demanderont qualre ou 
plus. 

Les procédés de l’auteur consistent en- 
core daus l'application et dans l'usage d’un 
mécanisme destiné à préparer et à mêler 
les parties constituantes de ce combustible 
artificiel, et à le mouler en briquettes con- 
venables pour l'usage. 

La houille , prise dans son état naturel, 
est d’abord broyée assez menu entre une 
paire de meules horizontales ordinaires on 
dans un moulin à broyer , eton la fait sé- 
cher dans une étuve, afin d’en retirer toute 
lPhumidité : cette étuve doit se composer 
de trois chambres ou compartiments su- 
perposés, ayant 3 mètres 659 de longueur, 
2 mètres 740 de large, et ensemble 1 mètre 
830 de hauteur totale. Le plancher de ces 
compartiments doitéêtre en tôle et un peu 
creux à son milieu, où il est percé d’une 
ouverture, que l’on ferme à volonté par 
le moyen d'un registre. Entre chaque com- 
partimient et autour de cas| chambres sont 
des tuyaux chauffés par la flamme et par 
les gaz qui sortent d’un fourneau construit 
à l'extrémité de l'appareil : chacun de ces 
tuyaux est garni d’un registre destiné à 
iégler Ja chaleur. 

Le compartiment le plus élevé est ouvert 
à sa partie supérieure et peut être appelé 
le réservoir. La houilie broyée y est d'abord 
introduite cxrsortant de dessous les meules, 
puis chauffée et séchée en grande partie; 
on la fait alors tomber dans la chambre 
intermédiaire par le moyen d'un râteau, 
après avoir ouvert le registre, et l’on porte 
la température de cette seconde chambre 
à 1509 centigr. environ, ce qui achève 
d'enlever toute l’humidité de la houille, 
que l'on fait ensuite passer dans la troisième 
chambre , dite chambres à mélanges, dans 
laquelle on intreduit le brai miuéral ou la 
matière combustible quelconque par ure 


_couloire ou par tout autre moyen conve- 


nable. On brasse suffisamment le tout avec 
des ringards, et on l’emporte dans des 
caisses. 

La composition, qui se trouve dans un 
état pâteux, est soumise à l’action d’une 
machine fort analogue par sa forme et sa 
manière d'opérer avec les moulins à ma- 
nége employés pour la manipulation des 
argiles. La capacité decetappareil a 1 mètre 
830 de diamètre à sa partie supérieure , 2 
mètre 440 ou 2 mètres 740 de profondeur, 
et affecte la forme d’un cône renversé ; elle 
est revêtue de fonte et entourée d'une ca- 
vité dans Jaquelle on fait passer continuel- 
lement de la vapeur, afin de maintenir la 
composition à une température assez éle- 
vée pour que l’on puisse la travailler. La 
chambre à vapeur est alimentée à sa partie 
inférieure par un tuyau qui y amène la 
vapeur perdue de la machine employée à 
mettreen mouvement l’agitateur : ce fluide 
élastique s'échappe par en haut, tandis que 
l’eau condensée est retirée par un robinet 
situé à la partie inférieure. 

L'intérieur de cet appareil présente quel- 


950 
ques particularités dans sa construction et 
consiste en un arbre vertical central mis en 
mouvement, au moyen d’un engrenage , 
par une machine à vapeur ou par toute 
autre puissance motrice, Sur cet arbre, qui 
peut avoir O0 mètre 152 de diamètre à sa 
partie inférieure, et qui se réduit plus haut 
à O mètre 100, on établit six paires de bras 
ou d’agitateurs , ayant environ 0 mètre 228 
de large, prolongés dans le bas de l’arbre 
jusqu’à Omètre 152 seulement, et dans le 
haut jusqu'à 0 mètre 025 du revétementen 
fonte. Chacune des paires de bras croise à 
angle droit celle qui la précède et celle qui 
la suit : le plat de ces bras est incliné d’en- 
viron 20 degrés sur l'horizon, en sorte que, 
quand l’arbre exécute ses révolutions, les 
agitateurs produisent l’effet d’une vie sans: 
fin, pressent la matière vers le fond, et 
contribrent ainsi à rendre le mélange plus 
complet. On place aussi au bas de l’arbre, 
en contact avec le fond de la cuve, un bras 
séparé ou indépendant; ce bras a la forme 
d’une hélice , et son extrémité chasse con- 
tinuellement la composition par une ou- 
verture située dans le fond de l'appareil : 
cette ouverture peut être pratiquée où l’on 
veut, et l’on y adapte une couloir rectan- 
gulaire, qui donne sa forme à la pâte sor- 
tant de la machine. 

On recoit donc la composition par cette 
ouverture et on la moule dans des’ formes 
rectavgulaires , ayant la profondeur d’une. 
brique ordinaire. La matière s’y nivelle et 
s’y répaud uniformément avant de se re- 
froidir : ces formes doivent être assez gran- 
des pour contenir une centaine de bri- 
quettes. Lorsque le mélange est suffisam- 
ment refroidi, sans être encore tout à fait 
durci, on le coupe par le moyen d’un ey- 
lindre dont la périphérie est garnie de 
couteaux assez saillants pour pénétrer dans 
toute la profondeur de la matière. 

Le: moules , les couttaux et les cylindres 
doivent être constamment mouillés avec un 
épais lait de chaux, que l’on y étend avec 
une brosse abondamment fournie et placée 
au-dessus. Il en résulte que les briquettes . 
sont couvertes de chaux sur toutes leurs 
faces, ce qui les empêche d’adhérer les 
uues aux sutres lorsqu’ou les superpose 
pour les emmagasiner. 


TS EG — 


AGRICULTURE. 


Engrais, expériences faites sur le guano. 

Un navire hambourgeois chargé de cet. 
engrais (guano), n'ayant pu être admis à. 
débarquer en Angleterre, est venu à Haïm- 
bourg ct y a déchargé Sa Cargaison; elle y: 
a été immédiatement livrée à des agricui- 
teurs, qui se sont empressés de soumettre 

A # 0 
cet engrais à des expérimentations sur les 
1 D . 
avantages qu on pourrait en tirer, 

La première expérience, qui fut faite sur 
un gazon, produisit sur ces graminées une 
végétation vigoureuse et donna un produit 
dou’ le de la partie qui n’avait pas reçu de: 
guano, en même temps que ce gazon dut. 
être coupé tous les cinq jours, tandis que 
Q , . , 
jusqu'alors cn ne l’avait fauché que tous 
les dix jours. Où à observé que le matin 
les feuilles du gazon sur lequel on avait 
mis du guano étaient beaucoup plus char- 
gées de rosée que la partie qui n'avait pas 
reçu d'engrais. 

ss pe . 

Un deuxième essai, bien plus important 
encore pour l’agriculture, a été fait sur un 
sol granitique et gra veleux, où l’on n'aper- 
cevait qu'une ve étation rare et malingre. 


951 

Par l'effet du guano, il a apparu un her- 
bage d’un vert bleu foncé et très touffu, 
tandis que tout à l’entour de la partie fu- 
mée, le sol était resté dans toute sa stéri- 
lité native. On peut donc se flatter d'obte- 
nir de très bonnes prairies sur des terrains 
élevés et maigres, et d'augmenter ainsi ses 
dépaissances sur des terrains presque abso- 
lument improductifs jusqu'alors. On espère 
encore qu'au printemps suivant la végéta- 
tion sera plus précoce, et que l’on pourra y 
faire paître des bestiaux de meilleure heure 
que sur les autres prairies. On est per- 
suadé que la dépense de fumure sera am- 
plement compensée par le produit de la 
dépaissance et par l'amélioration du sol, 
quand on voudra faire un champ à céréales 
de cette prairie. 

Le guano a la propriété de détruire 
l'Equisetum palustre, les herbes aigres, les 
roseaux et les jones, qui végètent dans des 
terrains humides ou submergés, et de les 
remplacer par des graminées abondantes 
et de la meilleure qualité pour la nourri- 
ture des bestiaux. On observe toutefois que 
de pareils terrains doivent être coupés par 
des rigoles pour l’écoulement des eaux 
surabondantes. Une autre précaution à 
prendre, c’est de pulvériser le guano, qui 
a une tendance à s’agglomérer, et dans les 
lieux où les grumeaux sont tombés, ils brü- 
lent les plantes qui, à la vérité, renaissent 
plus tard avec vigueur. 

Le guano qui a été répandu au prin- 
temps dernier, en mars, sur des champs 
sablonneux de scigle et de froment semés 
l’automne précédent, a produit, tant sur 
les hampes que sur les épis, un avantage 
considérable comparativementaux champs 
fumés avec les engrais ordinaires Les 
champs guanisés ne tardèrent pas à se 
montrer supérieurs aux autres par linten- 
sité de la verdure des plants, mais encore 
par la quantité de feuilles qui se déta- 
chèrent successivement et qui couvrireut 
le sol. En outre, ces champs eurent à subir 
une sécheresse de neuf semaines (circon- 
stance fort rare dans les environs de Ham- 
bourg) sans en souffrir ie moins du monde, 
tandis que la végétation des autres champs 
était chétive et languissante. Les premiers 
ont présenté des tiges de seigle de 1m,62 à 
1m,95, et des épis de Om,135 pourvus de 
grains bien formés, tandis que les seigles 
des autres champs n'avaient pu atteindre 
à la moitié de ces dimensions et avaient, 
en outre, été atlaqués par la rouille. Les 
champs guanisés n’ont souffert d'ailleurs 
aucun dérangement dans leur végétation 
par la sécheresse, ce qui paraît indiquer 
que le guano, ayant une grande affinité 
avec l'humidité de l'atmosphère, a pu sup- 
rléer au défaut de pluie. On peut juger 
par là de quel intérêt il est d'employer le 
guano dans les terrains sablonneux, légers, 
et par là plus susceptibles d’éprouver les 
effets pernicieux d’une sécheresse prolon- 
gée. L'auteur de cette nolice conseille de 
répandre le guano immédiatement après 
avoir semé les céréales; mais comme le 
guano doit être pulvérisé et qu'il est alors 
très fin, on devra le mélanger avec de la 
terre desséchée, afin de pouvoir le répan- 
dre d’une manière plus uniforme. 

Un terrrain sablonneux qu’on sémerait 
au printemps en fléole (Phleum pratense) 
et en trèfle blanc, et sur lequel on répan- 
drait du guano, donnerait en automne un 
produit avantageux en fourrage. 

La quantité de guano à répandre sur 
un terrain pour une fumure suffisante 


952 
serait d'environ 500 kilogrammes par hec- 
tare. 

Les détenteurs de guano, à Hambourg 
loffrent : Ê 

Pour 50 à 500kil.5 rixd., 18f.75c. 

— 500 5000 4 45 » 

— 5,500 25,000 31/2 13 12 

Quoique la notice ne le dise pas précisé- 
ment, je crois que le prix doit s'entendre 
pour chaque 1,000 liv. où 500 kilog. on 
par 90 kilogrammes. 

Mais cela est peu important pour nous, 
car il est bien évident que lorsque l’on 
voudra faire usage de cet engrais, on se 
le procurera par une voie plus directe et 
par conséquent moins coûteuse. Il s'agira 
maintenant de savoir si, dans notre pays, 
on poura se procurer le gnano à un prix 
équivalent à celui de nos fumiers ocdi- 
naires; mais il paraîtrait. d’après la notice 
qui précède, qu’à prix égal, le guano aurait 
l’immense avantage de prévenir jusqu’à un 
certain point, les effets des sécheresses pro- 
longées, el d’être d'un transport et d’un 
emploi plus facile en raison de son peu de 
volume et de poids. À 
(Traduit de l'allemand par M. Vialars ainé,membre 

de la société d'agriculture de l'Hérauli). 


HORTICULTURE, 


Rappport sur les cultures florales de quel- 
ques villes de France. 


Dans le courant de septembre dernier, 
nous avons fait un voyzge dont le but 
principal était de connaitre la richesse en 
plantes des établissements d’horticuliure 
des différentes villes dans lesquelles nous 
devions séjourner. Dans plusieurs de ces 
villes, nous avons été frappé d’admiration 
en visitant ces divers jardins, soit par la 
bonne tenue, par l'étendue des cultures, 
ou par les collections de tous genres que 
lon pourrait y rencontrer. Partout où 
nous avons passé, nous ayons vu avec plai- 
sir qu'un esprit d'ordre et de progrès pré- 
side à toutes les opérations horticoles, par- 
tout, nous avons reconnu, qu'il y avait 


aisance ou fortune, chez les horticulteurs’ 


que nous allons nommer. 

Les cultures rouenuaises étant les pre- 
mières que nous ayons visitées, nous 
croyons devoir commencer par elles. En 
voici sommairement le compte - rendu : 
nous avons remarqué chez M. Tougard, 
président de la société d’horticulture de 
Rouen, grand amateur de plantes : le be- 
gonia à feuilles palmées, ondulées, bordées 
et maculées largement de vert-noir; tiges 
de 35 à 45 centimètres, fleurs roses et 
nombreuses; le mandevilla suaveolens, 
un gloxinia rubra, très fort, sur lequel 
nous avons compté 42 fleurs da plus beau 
rouge; un philivertia gracilis; un ismene 
catathinum; un syphocampylos revoluta 
speciosa; un bignonia manglesii; un gla- 
diolus roseus de semis; un lobellia robusta 
(nouveau); un glycine rosea; un parnassia 
carolineana ; un anigosanthus flavidus ; un 
anigozanthus coccineus; un eringium 
aquatieum; un eringium bronulifolium, un 
spirea speciosa, rosea plena; un gentiana 
acaulis (blanc); un anthirimum rubaniflo- 
rum (plena); vingt variétés d’alstroeme- 
ria, etc., etc. 

M. Tougard remplace la tannée par du 
poussier de charbon, qu'il place sur un 
plancher. La couche de poussier est épaisse 
de 24 centimètres environ; sousce plancher 
passe un tuyau de chaleurs. Le chauffage 
a lieu au charbon de terre. Cet amateur 


953 
assure que le poussier de charbon a la- 
vantage de ne pas prendre d'humidité, de 
ne pas produire de champignons, et ne pas 
receler les cloportes. M. Tougard conserve 
pendant l'hiver toutes les plantes aqua- 
tiques, en enfonçant dans les eaux de son 
bassin qui a cinq pieds de profondeur, les 
seeaux dans lesquels ces végétaux sont plan- 
tés. Au moyen d’un fil de fer, on peut les 
enlever à volonté. Ainsi le pontederia cor- 
data, le lemnocarisumbellata, etc., trou- 
vent abri peudant l'hiver au fond des eaux; 
quoique la surface soit entièrement gelée, 
la couche dé glace, préserve elle-même 
les plantes. 

L’obligeant M. Prévost, pépiniériste des 
plus distingués de France, a eu la bonté 
de nous faire voir tous les détails de ses 
pépinières, qui sont immenses et des mieux 
assorties de tous les genres. La réputation 
dont jouit à juste titre M. Prévost, bien 
connu par plusieurs intéressantes publi- 
cations, parle plus haut que ce que nous 
en pourrions dire. Chez cet observateur 
judicieux, nous avons vu un tulijier prove- 
nant de ses semis, ayant les feuilles con- 
tournées sur la surface inférieure; au point 
de départ de la feuille et du petiole, il 
existe un corps calleux assez fortement 
prononcé et protubérant. Chaque segment 
est muni d’un petit crochet recourbé ex- 
térieurement. Le facies de ce tulipier est 
tout à fait différent des autres, et forme 
une variété bien distincte. Ce savant pépi- 
niériste l'a obtenu de semis, il y a 12 à 13 
ans; il n’a pas encore fleuri; un arbuste 
d'agrément qui uous à paru avantageux, 
c'est le padus à grappes noires, formant 
un joli buisson arrondi naturellement, 
comme si le croissant ou les ciseaux l’a- 
vaient taillé. M. Prévost l’a trouvé dans 
un semis. Nous avons remarqué une très 
grande quantité de hêtres pourpres greffés 
en écusson, qui uous ont paru plus beaux 
et mieux venant que ceux greffés en ap- 
proche. 

Le jardin des plantes de Rouen est par- 
faitement tenu et bien distribué; il fait 
honneur au savaut M. Dabreuil qui le di- 
rige. Nous avons remarqué dans ce bel 
établissement de magnifiques espaliers de 
pêchers, de poiriers, etc., qui ser\ent de 
modèle, et sur lesquels M. Dubreuil fils. 
donne des leçons de taille à tous les ama- 
teurs. Nous verrions avec plaisir que 
toutes les villes de France sentent la néces- 
sité de créer des écoles de ce genre, qui 
sont pour les propriétaires du plus haut 
intérêt, surtout les cours pratiques de 
taille. 

M. Dubreuil a fait venir de toutes les 
contrées de la Franceles meilleures espèces 
d'arbres fruitiers, à cidre et à couteau; il 
les a réuni dans son jardin des plantes, 
avec l'intention de faire connaître les 
espèces et variétés les plus recomman- 
dables. 

Sa collection de plantes cultivées dans 
ce jardin est d'environ 6,000, c'est après 
celui de Paris, un des plus riche jardins 
des plantes. C’est peut-être le mieux fourni 
dans le genre fougère. 

Chaque plate-bande est bordée de bri- 
ques sur champs qui maintien: eat les 
terres et remplacent le buis, repaire ordi- 
naire des limacons et autres insectes nui- 
sibles à la culture et àla végétation des 
plantes. Bossix ; 

Grainier-Pépiniériste, 5, Quai-aux-Fleurs. 
(La suite au prochain numéro.) . 


Un palais pour les fleurs. 

Les fleurs ont orné notre berceau. 
elles couvriront encore notre tombe, 
comme si elles devaient par leur éclit 
masquer l'horreur de notre destruc- 
tion, 


La dernièreexposition dela Sociétéroyale 
d’horticulture a fait cette année une im- 
pression plus douce et plus vive encore que 
- les années précédentes; la presse a été una- 
| nime pour donner des éloges à la Société,qni, 

| encourageant si noblement les efforts des 
. uns, la persévérance des autres, stimulant 
| pour la culture des fleurs, pour l’ornement 
| des jardins, une passion qui devient en 
| France de plus en plus commune. 
+ Quelques journaux ont prétendu qu’il 
| était question de construire pour les expo- 
| sitions de fleurs, une salle spéciale, un ma- 
gnifique logis, Suivant les uns, un palais 
suivant les autres. Aussitôt nous nous 
sommes emparés de cette idée et nous nous 
sommes pris à desirer vivement que cette 
idée se réalisat.… 

La construction d’une salle d'exposition 
pour les produits variés de l’horticulture, 
| est d'autant plus à desirer que chaque an- 
« née les déplacements occasionnés par une 
« exposition, nécessitent de grands frais; les 
| fleurs se trouvent trop resserrées; les dis- 
{ positions de la salle ne permettent pas de 
renouveler l'air, et d’arroser aussi souvent 
“ et aussi commodément qu’il le faudrait ; 
+ d'où il résulte que les produits horticoles 
“ se nuisent les uns les autres, que les fleurs 
s’étiolent vite , et que l’exposition dure peu 
de temps, au grand déplaisir des amateurs, 
dont la foule trop pressée ne peut donner 
… un libre cours à sa curiosité. Cette salle per- 
| mettrait de rendre les expositions moins 

rares et pourrait également servir à des 

expositions purement agricoles données par 

la Société centrale d'Agriculture. Pour- 

quoi n’exposerait-on pas aussi des plantes 

fourragères, des céréales, des plantes oléa- 

gineuses, des produits séricoles, des en- 

grais, des instruments aratoires? Ces ex- 
| positions nous paraissent un complément 
indispensable aux comices agricoles. N’ou- 
« blions pas que Paris a déjà fait beaucoup 
pour les fleurs ; on connaît les charmants 
parterres du Muséum, du Luxembourg, des 
Tuileries, les serres admirables du Jardin- 
des-Plantes, les riches pépinières, les belles 
collections de la Société d’horticulture. 
Espérons que la ville de Paris compren- 
|. dra le vœu que nous formons aujourd’hui 
et que tous les journaux viennent de for- 
muler, Elevons un temple à Flore; l’em- 
placement n’est pas difficile à trouver... 
| même en ne sortant pas du Luxembourg. 


DE 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 


Séance du samedi 20 mai. 


) M. Beryat Saint-Prix communique une 
“ lettre par laquelle un haut fonctionnaire 
l du Piémont annonce qu’on s’occupe d’un 
. Gode de procédure civile, pour les États 
| du roi de Sardaigne, où l'on prendra pour 
. type le Code français; il demande de quelles 


| modifications ce dernier Code serait sus- 


! 


\ ceptible. 


En développant le sujet de cette lettre, 
M. Beryat Saint-Prix a indiqué les divers 
Codes d'Europe ou d'Amérique, qui, soit 
en matière civile, soit en matière crimi- 
| nelle, soit en matière de procédure, ont 


| 


ÿ 
| 


4 pris pour types les Codes francais. 


_de prêétresses. Le sacerdoce était organisé, 


955 


M. Cousin fait hommage à l’Académie, 
au nom de M. Sessi, de la traduction de 
Spinosa, et présente quelques courtes oh- 
servations sur cet ouvrage. Le philosophe 
d'Amsterdam n'avait été traduit jusques 
ici qu’en allemand et d'une manière très 
faib'e; c’est la première fois qu’il l’est en 
français. Aussi M. Cousin n’hésite pas à 
regarder le travail de M. Sessai comme 
un éminent service rer du, non pas seule- 
ment à la France, mais à l’Europe en- 
tière. Dans une savante introduction, le 
traducteur a suivi son original livre par 
livre et souvent chapitre par chapitre. Il 
s’est livré à un examen critique, sobre, 
mais profond ; quoique cetexamen ne soit 
pas une réfutation <n forme des doctrines 
de Spinosa. En terminaot, M. Cousin a 


- pris texte de l’ouvrage de M. Sessai, qui est 


un élève de l’École normale, pour justifier 
l’Université de quelques accusations aux- 
quelles elle est en bute en ce moment. 

L'Académie se forme en comité secret 
pour entendre le rapport de la section de 
morale sur le concours dont les prix doi- 
vent être décernés dans la séance publi- 
que du 27 courant. 

À la reprise de la séance, M. Giraud lit 
un mémoire sur les coutumes de Bretagne. 
La période dont s’est occupé l’honorable 
académicien , embrasse l’espace de temps 
comprisentrele 5e etle 10esiècle. Cette épo- 
que e;t d'autant plus intéressante, qu’elle 
est celle qui est le plusfortement empreinte 
de cette passion de nationalité, de cette 
persévérance, qui firent de la Basse-Breta- 
gne le foyer de l'insurrection contre les 
Romains, et plas tard le centre de résis- 
tance, aux dues de Normandie et aux rois 
de France. Da 5e au 8e siècle, ce n’est pas 
le droit germanique qui régit la Bretagae, 
c’est le droit national, le droit breton pur, 
dont on ne trouve des traces que dans le 
pays de Galles, en Angleterre; la confor- 
mité de langage et de mœurs des habitants 
de ce comté et de ceux de l’ancienne Ar- 
morique, est un témoignage irrécusable de 
la communauté de leur origine. 

C’est par l’église que: les lois gallo-ro- 
maines sur la propriété et la famille péné- 
trèrent dans la Bretagne; c’est par elle 
que la civilisation s'y in ‘roduisit, après de 
longs et de laborieux efforts; car il ne faut 
pas oublier que le druidisme régnait en- 
core dans tout ce pays au 7° siècle, mal- 
gré les décisions des conciles de Tours et 
de Vannes. Pendant le 9e siècle et mème au 
commencement du suivant, les femmes 
des prêtres portaient publiquement le titre 


mais c'était presque en prenant pour mo- 
dèle le sacerdoce druidique , et si l’on en 
croit quelques auteurs, la poligamie même 
était permise. Dès le 6° siècle , les ordres 
monastiques s'étaient introduits en Breta- 
gne, ils y formaient un corps qui ne ces- 
sait de travailler à la régénération civile 
et religieuse; mais pour opérer un chan- 
gement complet dans les mœurs et dans 
les lois, il fallait une force bien autre- 
ment énergique que la leur. La papauté, 
Charlemagne et les Normands devaient 
seuls opérer cette révolution. C’est elle 
qui transforma le clergé, rendit l’évêque 
de Rome le juge souverain, et fit passer la 
propriété du sol entre les mains des moines. 
L'Eglise devint alors le véritable, le seul 
légitime héritier. Elle seule comprenait 
les lois, et après avoir fait la conquête des 
âmes elle voulut marcher à celle du sol, 
elle obtint partout des donations ; ici par 


956 


exhortation ou par menaces ; là pour péni- 
tence ou pour guérison des maladies. Les 
moines avaient pour les nobles des faucons 
ct des chevaux dressés pour la chasse, ils 
les leur vendaient, ils leurs prétaient aussi 
de l’argent, et ces diverses transactions 
étaient toutes sanctionnées par des con- 
trats pignoratifs. Plus tard arrivaient sou- 
vent les regrets et à leur suite les plaintes 
et les menaces ; mais tout cela s'évanouis- 
sait aux approches de la mort et en pré- 
sence des terreurs qu’elle inspirait. Par 
tout ces moyens, les moines augmentaient 
lenrs richesses. Secondés par l'aversion que 
les nobles avaient pour la culture de la 
terre, ils les défrichèreut, fondèrent des 
villages, des communes ou platôt des pa- 
roisses, comme l'indique la syllable plebs, 
qui en Bretagne se trouve si fréquemment 
dans les noms de lieux de bourgs et même 
de villes. Si ce n’est pas encore la civilisa- 
tion, c’est l'assemblage de tous les moyens 
et des forces qui doivent la faire naître. 
La séance ayant été levée, M. Giraud a 
renvoyé à une prochaine séance la suite de 
sa communication. C. B.F. 


ARCHÉOLOGIE. 
Arrondissement de Saintes, canton de Saintes, 
(Charente-fnf.) 

COMMUME DE SAINT-GEORGES-DES-COTEAUX: 
L'église paroissiale dédiée à saint Georges 
le cappadocien, a donné son nom à cette 
commune, placé sur un relief élevé du sol, 
on y remarque les ruines du château du 
marquis de Senneterre , maréchal de 
France. 

L'église est romane, mais avec des res- 
taurations successives et postérieures, sa 
facade n’a conservé du 11° siècle qu’une 
petite fenêtre à plein cintre, fort remar- 
quable par ses voussoirs supportés par deux 
colonnes de chaque côté, ayant sur la cor- 
beille du chapiteau deux têtes humaines 
accolées. Deux gros contrefortsdu 15-siècle 
appuient les angles de cette même façade 
dont le portail unique date du 15e siècle ; 
c’est une ogive à gorgérés, ayant des pa- 
naches sur son: périmètre et deux cloche- 
tons aigus sur les côtés; uu écu blasonné 
occupe le côté gauche, et deux anges sont 
sculptés à droite , dans l'intervalle des pro- 
fils des clochetons. 

Commune DE NIEUILLES-LES-SAINTES : Le 
surnom du chef-lieu de cette commune 
dérive de ce que le seigneur du vieux castel 
dont on ne voit plus que quelques pans de 
murs, était dans l’usage de doter des ro- 
sières ; une fontaine profonde et, dont les 
eaux sont pures , jouit d’une grande répu- 
tation populaire. 

L'église de Nieuilles est dédiée à saint 
Martin, peut-être à saint Martin, évêque 
de Saintes, et disciple de saint Martin, de 
Tours. Cet édifice religieux date évidem- 
ment des 108 et 11e siècles ; un vaste portail 
a plein cintre du 11° siècle ou du commen- 
cement du 12°, occupe toute la première 
assise de la façade. Les retombés appuient 
de chaque côté sur une seule colonne , un 
mur plein dans lequel on a percé au 
16e siècle une parte ogivale à arc tudor, 
et remplacé l’ancienne baye les corbeilles 
de ces chapiteaux ont des représentations 
d'oiseaux fantastiques et des images gros- 
sières d'hommes, de rinceaux, des pal- 
meltes, des rangées de cercle et de person- 
nages nus, couvrent les plates-bandes des 
archivoltes ; une arcature de pleins-cintres 
très bas et aplalis, sans aucune ouverture, 
forme la deuxième ordonnance, un fronton 


957 


et deux contreforts modernes, terminent la 
facade et en soutiennent les angles ; les 
chapiteaux des piliers intérieurs ont des 
entrelacs byzantins, et appartiennent au 
41° siècle, mais il en est qui doivent dater 
de la renaissance et qui ont des images de 
monstres fantastiques, des sortes de grif- 
fons et une fleur de lys. 

L'apside me paraît appartenir au dixième 
siècle, elle est surbaissée, demie arrondie; 
ses contreforts sont des colonnes à demi 
engagées, mais chaque aire renferme un 
vaste plein cintre appuyant sur des jam- 
bages aplatis et qui descendent jusqu’au 
sol ; l’archivolte qui est aplati se compose 
de deux plate-bandes étroites. couvertes de 
grosses dents de scie; un entablement bas, 
à modillons taillés en biais et unis, a été 
postérieurement surhaussé d’un blocage 
uni ; la rotonde de l’apside était plus éle- 
vée que les côtés, et les modillons de l’en- 
tablement sont égaiement sans sculptures; 
dans ces arcades simulées ou bouchées, on 
a percé des ouvertures allongées sans ca- 
ractère. R. P. Lesson. 


VOYAGES, 
Fragment d'un voyage dans le Chili et au 


Cusco, partie des anciens Incas; par 
Claude Gay. 


(Premier article.) 


Pendant quelque tempsl’Amérique espa- 
gnole a a‘tiré presque à elle seule l’atten- 
tion de l'Europe entiète : c’est lorsque, se 
battant pour s'affranchir du joug espagnol, 
elle semblait faire cause commune avec 
les principes de l’époque, et cherchait pres- 
que involontairement à développer ce 
germe de liberté que les gouvernements 
absolustächaientde plus enplus d’étouffer. 
La lutte qu’elle eut à soutenir fut terrible : 
depuis le Mexique jusqu’au cap Horn, on 
se battil avec ce courage que donnent le 
désespoir et la conscience de son droit; et, 
après de grandes pertes et de grands sacri- 
fices, cette immeuse contrée parvint à pro- 
clamer son indépendance, titre protecteur 
qui changea totalement sa position poli- 
tique en exerçant une haute influence sur 
sa position sociale. C’est alors que se con- 
stituèrent ces nombreuses républiques qui, 
par leurs richesses, leurs belles positions, 
et l’admirable fécondité de leurs va-tes 
terrains, doivent attirer nne autre fois l’at- 
tention de l’Europe, et offrir à son com- 
merce, à son industrie, et surtout à sa crois- 
sante population, des ressources immenses, 
susceptibles d’extirper sa misère, et dignes 
sous ce point de vue de réveiller les senti- 
ments philanthropiques de nos manda- 
taires. Encore quelques années, et l'Amé- 
rique’ débarrassée de ses mouvements 
révolutionnaires, et enrichie de nos art; 
et de notre industrie, occupera dans les 
destinées humaines cette place que la na- 
ture, si prodigue dans ses bienfaits, semble 
lui avoir depuis longtemps réservée. 

Parmi ces républiques, il en est une, le 
Chili,qui, prenant un vol extrêmement ra- 
pide dans toutes les branches de la civilisa- 
tion, paraît devoir bientôt se soustraire aux 
préjugés nationaux, et se mettre au niveau 
des progrès de la vieille Europe. Emanci- 
pée depuis plus de vingt ans du gouverne- 
ment espagnol, elle a dû subir ces phases 
de révolutions et même d’anarchie qui sont 
les conséquences de ces Srands mouve- 
ments politiques ; maisgräce à lespritd’or- 
dre et de tranquillité, l'équilibre s’est bientôt 
sétabli, et ce pays, qui naguère ctait presque 


——————— ————_—_]—_— er 
mo. " 


958 
regardé comme une province du Pérou, 
Joue aujourd hui un rôle de premier ordre, 
et offre au Nouveau-Monde un magnifique 
exemple de progrès et de prospérité. 

Tout en effet semble favoriser l'avenir 
de ce fortuné pays. Sa position géogra- 
phique et ses riches produits agricoles at- 
urent sur ses côtes tout le commerce de 
l'etranger, et ont fait de Valparaiso ur en- 
trepôt général où viennent se pourvoir tous 
les commerçants des républiques voisines. 
Ses riches mines d'or, d'argent et de cuivre 
augmentent journellement ses ressources, 
et son industrie, quoique naissante, semble 
vouloir prendre une part très active à ce'te 
grande régénération. La forme et la dispo- 
sition du terrain ne contribueront pas 
moins au développement de cette indu- 
strie : baigné sur toute sa longuear par 
une mer profonde, avec des ports grands 
et sûrs, il possède de plus de grandes ri- 
vières qui, déchainées du haut des Cordil- 
lières. portent avec elles une rapidité et par 
conséquent une force motriceimmense.in- 
calculable,élémentderichesseextrêmement 
important, et préférable quelquefois à celui 
que nous donnent ces grandes machines à 
vapeur, dont les avantages sont souvent 
balancés par les dépenses d’achat, d’entre- 
tien, de réparations et de combustible. Le 
gouvernement lui-même ne reste pas in- 
différent à cette grande œuvre: plein de 
moralité et de bonnes intentions, il a donné 
un fort développement à son organisation 
intérieure, et a porté son crédit à une hau- 
teur telle. que bientôt il marchera presqüe 
de front avec les nations les plus favorisées 
de l'Europe, exemple unique dans l’'Amé- 
rique espagnole, et qui à lui seul résume 
toute l'histoire de ses progrès et de son 
avenir. 

Les grandes questions sociales, celles qui 
sont du domaine de l'instruction populaire, 
et qui tendent à améliorer la condition de 
la masse des habitants, n’ont pas été né- 
gligées. Tous les jours on multiplie les 
écoles primaires, et dans levr intérêt on a 
fondé à Santiago une école normale, dont 
les jeunes élèves doivent recevoir une in- 
struction toute spéciale, pour diriger plus 
tard celles des classes inftrieures. Les éta- 
blissements littéraires et scientifiques ne 
sont pas moins dignes de sa bienveillante 
attention. Dans les provinces on trouve 
quelques lycées avec des professeurs na- 
tionaux ou étrangers d’un mérite bien 
reconnu, et dans la capitale on voit un 
bon nombre d'établissements que ne désa- 
vouerait point notre haute illustration. 
Lorsque quelques années seulement ont 
suffi pour enrichir cctte capitale d’excel- 
lentes peusions, d’une bibliothèque aussi 
nombreuse que bien choisie, d’un cabinet 
d'histoire naturelle, qui ne serait même pas 
déplacé dans nos grandes villes de pro- 
vince, d'un superbe jardin d’acelimatation 
et d’une grande université qui doit veiller 
à tout ce qui est relatif à l'instruction; 
lorsqu’on voit, dis-je, des sociétés d’agri- 
culture et de bien publie s'établir et des 
journaux spécialement consacrés, les uns 
à la littérature, d'autres à la législation, à 
l’agriculture, etc., on peut prévoir avec 
certitude la haute position que d'it avoir 
bientèt cette riche et heureuse contrée. 

Ma premiere course eut lieu dans la pro- 
vince de Colchagua, située au sud de San- 
tiago. San l'ernando, sa capitale, fut en 
quelque sorte mon quartier général, et 
c'est de I\que je dirigeais ines courses, qui 
se faisaient toujours sous Ies auspices &e son 


digne et généreux intendant. Deux fois je 
franchis ces orgueilleuses Cordillères q 
longent tonte cette république et la sés 
parent de Buénos-Ayres, et une troisième 
fois j'escaladai le grand volcan de Talca 
regue, placé au centre même de ces Cors 
dillères. Cette ascension fut pénible et fas 
tigante; mais, arrivé au sommet du vol) 
can, nous oubliâmes bien vite toutes ces. 
fatigues pour jouir, à une hauteur bien su= a 
périeure à celle du Mont-Blanc, du magni- 
fique panorama qui se dessinait devants 
notre vue singulièrement étonnée. Il rem 
présentait des vallées aussi profondes qu’ac 
cidentées, des pics extrêmement élevés et 
d’une structure hardie, bizarre, capri= 
cieuse, donnant lieu à des pyramides, des 
aiguilles, des dômes de mille formes, dem 
mille couleurs, et couronnés de grands 
amas de neige, dont l’éblouiesante blan-« 
cheur contrastait singulièrement avec lan 
couleur sombre et foncée des roches et desul 
cavernes, et rehaussait encore plus le mé} 
site du tableau. Celui-ci, vraiment ma 
gique, était animé par un grand nombre 
de bruyantes cascades et par des trou- 
peaux de guanaques ou par ces viscacha, 
chevrotains et autres animaux qui fré- 
quentent une bonne partie de l’année ces 
hautes et froides solitudes. l 
De retour de ce dernier voyage, quiMh 
m'offrit d'abondantes récoltes au profit des 
sciences naturelles en général et de la bo 
tanique en particulier, j'allai visiter le 
grand lac de Taguatagaa, orné par la na=w 
ture de ces îles flottantes que l’industrie f 
chinoise est parvenue à créer dans les 
grands bassins de la Chine. En étudiant ces k 
singulières îles, vraie création ébauchée, 
je pus m’assurer qu’elles n'étaient compo: 
sées que de typha, arundoetautres roseaux | 
qui croissent sur le rivage; toutes ces tiges 
entrelacées de mille manières forment une 
espèce de tissu, qui bientôt peut recevoir 
quelques plantes aquatiques, et par suite, 
des plantes terrestres, et même quelques, 
arbustes. Ces îles ou chivines, comme les 
appellent les habitants, tiennent d'abord} 
au rivage, et plus tard eiles en sont déta=ÿ 
chées par la fureur des vagues ; et dès lors 
isolées, elles voguent sur le lac en suivant! 
la force et la direction des vents. J'ai euÿ 
occasion d’en visiter plusieurs; elles con=f 
tenaient un grand nombre de nids d’oi-ÿ 
seaux aquatiques, et quelquefois des vaches,ÿ 
bœufs ou moutons qu’un bon et abondant 
pâturage y avait attirés. 
(Société de Géographie). 
RS SR 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


NÉCROLOGIE. 

M. Bubié Dubocage, géographe du miaistère de: 
affaires étrangères , vient de mourir. 
— L'Académie des sciences a perdu un de se 
membres les plus distingués. M. Lacroix, l'un d 
premiers géomèlres de l'Europe, est mort a l'age d 
TS ans. 


FAITS DIVERS. 

_— Dans la séante du 9 mai, la Société royale 
antiquaires de France a élu deux noureaux mem 
bres résidants : M. Eugène Piot, rédacreur en ch 
du journal le Cabinet de l'antiquaire ct de d'amd 
teur, eL M. Jérôme Pchon , auditeur au MS : 
d'Etat, cornu par d'intéressants UAYaux SUP 
moyen-àgee 


PERMET EN ES PP 
PARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE l 
rue Saut-Hyacinthe-S.-Michel, 33, 


us 
pleut 
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Paris. — Jeudi, 1° Juin 1843. 


SAVAN 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


* L'EcnOo DU MONDE SAVANT paraît le FEUDI ctle DIMTAMCEUE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun: il est publié sous la direction 


de M. le vicomte A DE LAVALEÆETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21 , ét dans lesépartements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR -S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50:; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 r.,206 fr. 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GEN@ fr. par an et par fecueil l’ÉGHO DELA LIRTÉ = 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX C#01S:8 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-aduninistrateur. 


4 SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 


CES, séance dn lundi 29 mai. — SCIENCES 
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur l'électricité aniz 
male; Matteucci. CHIMIE. Rapport de 
M. Payen relatif aux vases de grès qui contien- 
nent les eaux minérales de Vichy. SCIENCES 
NATURELLES. MÉTALLURGIE, Sur les prin - 
cipaux gîles métallifères de l'Italie; Amédée Bu- 
dat. — PHARMACOLOGIF. Réforme  pharma- 
ceutique , remèdes secrets, — SCIENCES AP- 
PLIQUEES. ARTS MÉTALLURGIQUES. De la 
forme des essieux des locomotives et de la qualité 
du fer qu'il convient d'y employer, — ARTS 
MÉCANIQUES. Moyen de peiganer et de prépa- 
rer les matières filamenteuses; Smith et Bucha- 
nan, — HORTICULTURE. Sur les cultures flo- 
ralcs de quelques villes de France; Bossin. — 
SCIENCES HISTORIQUES. LINGUISTIQUE. 
Essai d’une grammaire dela langue des iles Mar- 
quises; Lesson. — FAITS DIVERS. 


DDISES Ke 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du’lundi 29 mai. 


Depuis que les eomètes sont à l’ordre du 


IN jour, tout le monde veut se mêler d’astro- 


à | 


nomie; on observe les cieux le soir , avant 


| de se coucher, et l’on se croit permis d'an- 
I noncer aussitôt} al Académie qu’on a été 


l Î 


témoin d’un phénomène remarquable et 
qu'on estheureux de le faire connaître au 
public. éclairé. On ose même,(et;ce.sont 


| les plusinstruits qui ont cette audace) on 


ose même,se lancer dans les calculsastro- 
nomiques;.on donne des mesures.d’angles, 
enfin l'on explique si clairement la-chose, 
que le public éclairé reconnait d’une.ma- 
. nière évidente que l’astre nouveau n’était 


M qu'une étoile bien connue depuis long- 
temps et bien facile à distinguer dans l’im- 


mensité des cieux. Ce sont là des faits qui 
arrivent chaque jour, et la séance d'aujour- 
d'hui pourrait nous en offrir plus d’une 
preuve, si nous ne craignions pas de sou- 
mettre nos lecteurs au plus mortel ennui 
en leur rappelant que M. X... a vu un:as- 


tre nouveau , qui dans un court espace de 


temps s’est élevé de l'horizon au zéuith, En 
leur montrant M... uniquement livré à 
la contemplation des aurores boréales et 
autres phénomènes de ce genre, se mon- 
trant à lui seul, pendant les belles nuits de 
printemps. Maïs nous aimons mieux laisser 
de côté ces fariboles astronomiques, à l’u- 
sage des fabricants d'almanachs et arriver 
aux faits qui peuvent être de quelque iu- 
térêt comme science pure ou comme 
Science appliquée. — Occupons nous d'a- 
bord du travail de M. Lereboullet. 
« M. Duvernoy alu à l'Académie, de la 
-part de M. Lereboullet, un mémoire sur 
‘la higidie de Persoon (ligidium Pérsoonii ). 
Sous le rapport zoologique, le crustacé dé- 
-crit par les auteurs sous les noms de clo- 
porte des hypnes, ligie des hyÿpnes, forme 
un Lo 1veau genre qui doit être mäintenu 


et auquel. M. Lereboullet conserve le nom 
de ligidie. On n’en connaît encore qu’une 
seule espece, la ligidie de Persoon, recon- 
naissable aux caractères du genre et à d’au- 
tres caractères que l'on peut regarder pro- 
visoirement, comme spécifiques, mais qui 
ne le seront réellement que lorsqu'on aura 
découvert d’autres espèces congénères. 

Il n'existe pas de différences extérieures 
de couleur ouwde forme entre les mâles et 
les femelles, à l'exception des organes d’ac- 
couplement des premiers, de la poche ovi- 
fère des secondes et de quelques légères 
différences dans la fornie des lames sous- 
abdominales. L'existence de la ligidie loin 
des côtes de la mer où l'on rencontre tou- 
jours les ligies proprement dites est un 
fait intéressant de géographie zoologique 
qui prouve que certaines espèces voisines 
peuvent habiter loin lune de l’autre. Si 
l’on examine , sous le rapport anatomique 
le petit crustacé décrit par M. Lereboullet, 
an voit qu’il présente un système nerveux 
analogue à celui des autres cloportides.Son 
système musculaire très développé.expli- 
que l’agilité des mouvements decet animal, 
dont la bouche présente un appendice 
composé d’une tige dentée et d’un petit 
appareil cilié, qui paraît remplir les fonc- 
tions .de palpe maudibulaire et destiné à 
hacher et à broyer la nourriture. Dans le 
reste de son organisation , le petit crustacé 
dont nous parlons, offre à peu près la stuc- 
ture des autres cloportides. 

M. Bonjean, pharmacien à Chambéry, 
envoie à l’Académie une pote sur l'emploi 
de Pacide nitrique pour rechercher l’iode 
dans les eaux mintiales, Après avoir établi 
que la sensibilité du chlore pour l’iode est de 

55 M. Bonjean prouve que celle de l’a- 


cide nitrique est. Du reste, voici 
comment il faut opérer, d'après le procédé 
de M. Bonjean, on met dans une capsule 
de porcelaine une certaine quantité de 
l'eau minérale qu’on veut essayer, on y 
ajoute un peu d’une solution d’amidon et 
l’on verse goutte à goutte de l'acide nitri- 
que dans ce mélange jusqu’à ce qu'il se 
manifeste au fond de la capsule une colo- 
ration violette, lilas ou rose, selon que 
eau est plus ou moins riche en iodure. 
On agite ensuite avec un tube de verre et 
si la couleur obtenue d’abord par l’action 
de Pacide vientà s'affaiblir où à disparaître 
par l’agitalion ; on ajoute une nouvelle'por- 
tion d'acide , toujours par goutte et en re- 
muant jusqu'à ce qu'on ait obtenu le ma- 
ximum de coloration. Un reconnait facile- 
ment qu'on est arrivé là, quand l'intensité 
de la couleur produite n’asgmente plus, 
par l'addition des dernières gouttes d'acide. 
Un grand excès d'acide fait disparaitre la 
coaleur. Quand l’eau minérale est riche 


L 


Ù 1 , : 2 
en soufre, il faut l'en priver préalablement, 


— 


C'est à l’aide de ce procédé que M. Bon- 
jean est parvenu à démontrer l’existence 
de l’iode dans le lichen d’fslande, le focus 
crispus, le fucus helmintuortes, la coral- 
line blanche:et l'éponge. 

M. Aimé a énvoyé à l'académie un mé- 
moire sur la compression des liquides. 
L'auteur de ce travail résidant à Alger a 
profité da voisinage de la mer pour s’en 
servir dans ses expériences. La plus forte 
pression qu'ait attéint M. Aimé est égale à 
220 atmosphères: les expériences ont été 
faites à la température de 12°, 6 sur l’eau 
douce, sur l’acool à 32°, à 40o sur l'acide 
oxaliqué, les acides azotique et chlorhidri- 
qué, l’ammoniaque, le naphte, la térében- 
thine et le mercure. Les résultats obtenus 
par M. Aimé sont un peu supérieurs à Ceux 
que MM. Sturm et Colladon obtinrent dans 
des expériences analogues faites 1] y a quel- 
ques années. Du reste M. Aimé a constaté 
que les résultats augmentaientavec la tem 
pérature , et il a pour ainsi dire établi èn 
loi, que la compression des liquides ctait 
proportionnelle à la pression, | 


MM. Rouchon et Gisquet ont présenté 
l’Académie un nouveau procédé pour r'oxfér > 
le chanvreet lelin sans aucune insaluite-=7 
d’une manière plus facile, plus prompte-€ 
plus économique que par les procédé 
nus jusqu'alors. Ce procédé a d’ai 
d’autres avantages; il peut être emp 
dans toutes les saisons , à ciel ouvert aussi 
bien que dans un local fermé; il produit 
une filasse belle, forte, régulière, qui ne 
contieut aucune parcelle de cette poussière 
fétide dont souffrent crucllement les ou- 
vriers occupés aux diverses transformations 
que le chanvre subit. C'est à une impor- 
tante découverte qui intéresse à la fois les 
médecins et les agriculteurs ; car, par ce 
nouveau procédé, les émanations délétères 
produites chaque année dans tous nos dé- 
partements par le rouissage des plantes 
textiles n’existeront plas et la filasse plus 
belle acquiérera dans l’industrie une plus 
grande valeur. 


MM. Basson du Mouriez et Rouen ont 
envoyé à l’Académie un mémoire sur Véz 
clairage par leshuiles essentielles de houilie, 
de schiste, etc. Les auteurs de ce travail ai 
lieu de rendre ces huiles lumineuses paie 
mélange avec. l'alcool, matière très coûi 
teuses bülent-ces huiles essentielles par 
l'emploi de l'agent général de Ja comptiss 
tion. L'air atmosphérique. Nous avons vu a 
lampe ingénieuse de MM. Bussoñ-dù Mou- 
riez et Rouen fonctionner ‘deÿänt nous 
dans le vestibule de l’Académie! La flamme 
nous ena paru belle ; mais l'odeur forte et 
bitumineuse qu'elle|répand encore à besoin 
d’être considérablement affaiblie avant 
qu'on puisse songer à introduire dans les 
maisons ce mode d'éclairage, Mais ne dé- 


963 


sespérons ni du temps ni de l’habileté de 
ceux qui ont présente aujourd’hui ce projet 
à l'Académie des sciences. Les hydrocar- 
bures employés par MM. Rouen et Busson 
du Mouriez, n’ont pas besoin d'être rectifiés 
À un haut degré; il suffit qu'ils soient à 
peu près dépouillés de soufre et d’ammo- 
niaque , et qu'ils aient une densité de 900 
à 060 degrés centigrades Leur pouvoir 


éclairant à cause de l'excès de carbone. 


qu'ils contiennent, est supérieur à celui 
de l'huile de colza brulée dans une lampe 
carcel. Par ee procédé on réduit de plus de 
6 à 1 le prix courant actuel de la matière 
première de l'éclairage. Avec 1 centime 
dépensé en hydrocarbure liquide, Péclai- 
rage de MM. Rouen et Busson du Mouriez 
fournit la même lumière que 6 centimes 
de gaz courant, 8 centimes d'huile de 
colza, 11 centimes d'hydrogène liquide. 


M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a coim- 
muniqué à l’Académie quelques notes sur 
les singes américains composant les genres 
nyctipithèque, saïmiris et callitriche. Pour 
les nyctipithèques, les espèces sont au 
monbre de quatre : 1. Le nyclipithèque fé- 
lin (nyctipithecus felinas), espèce qui ha- 
bite le Para; 2. le nyctipithèque lémurin 
{nyctipithecus lemurinus), espèce inédite 
habitant la Nouvelle: Grenade, d’un pelage 
brun: cendré , lavé de roux supérieure- 
ment, cendré sur les flancs, d’un jaune 
orangé sous le ventre et la poitrine. Sa 
queue est d’un noir plus ou moins mêlé 
de roux avec la base rousse en dessous et 
d'un cendré noirâtre en dessus. Cet ani- 
mal possède encore une tache médio-fron- 
tale noire peu étendue entre deux taches 
blanchâtres et plus en dehors deux raies 
-moires. Les oreilles sont très courtes; 3. le 
N. à trois bandes (N: trivirgatus) décou- 
vert par M. de Humbolot dans les forêts de 
la Cassiquire; 4. le N. criard (N. vocife- 
raus), espèce imparfaitement connue et 
dont l'authenticité laisse encore à desirer. 
Elle habite, selon Spin, les forêts de Caba- 
tinga, au Brésil, à peu de distance des 
frontières du Pérou. Les espèces du genre 
saimiris avaient jusqu'alors été confon- 
dues entreeiles. M. Isidore Geoffroy Saiut- 
Hilaire les a distinguées et décrites. Il en 
reconnait également quatre espèces : 1. le 
saimiri sciurin (saimiris sciureus) ; 2. le 
S. à dos brülé; 3. le S. à lunules (S. lu- 
aulatus); 4. S. entomophage (entomo- 
phagus. 

M. Dufrenoy a lu à l’Académie un rap- 
port sur un Mémoire de M. le docteur 
E,. Robert, ayant pour titre : 1. Recher- 
ches géologiques sur le miuerai de fer pi- 
solitique et sur le deoloxyde de manga- 
nèse hydrate, observés à Meudon; 2: sur la 
paléonthologie du bassinde Paris. Nous re- 
viendrons bientôt sur ce Mémoire impor- 
tant et rempli de faits curieux sur la con- 
stitution du bassin de Paris. 


M. Duvernoy a. lu à l'Académie un Mé- 
moire sur un animal fossile, dont la mäâ- 
choire inférieure a été découverte à Issou- 
dun, au mois,de décembre dernier. Ces 
ossements ont été trouvé à 20 mètres de 
profondeur dans un puits fermé depuis 
plusieurs siècles. L'animal, auquel cette 
mâchoire appartient, a dû être un grand 
ruminant, car les dents et les deux bran- 
ches de la mâchoire bien distinctes, vien- 
nent l’attester la conformation et la dispo- 
sition anatomique et physiologique de 
os font fortement présumer qu'il appar- 
tient au genre girafe. De reste cette mà- 


964 


choire est encore assez intacte; on y voit 
bien conservées cinq molaires assez fortes ; 
l'apophyse coronoïde de cet os est un peu 
brisée du côté droit un peu plus que du 
côté gauche; enfin, tous les earactères de 
cette mâchoire se rapprochent beaucoup 
des caractères que nous offre la mâchoire 
de la girafe. 


MM. Laugier et Mauvais ont communi- 
qué à l’Académie le résultat des observa- 
tions qu’ils ont foites sur le sommet des 
Pyrénées, Ces deux astronomes, aidés des 
lumières et des conseils de M. Arago, ont 
cherché à ealculer les variations magnéti- 
ques qu'éprouve une aiguille aimantée sur 
le sommet et au bas d’une montagne. Ils 
ont choisi pour cela le Canigou. P’après 
le travail qu'ils présentent aujourd’hui à 
l’Académie des sciences, si l’on représente 
par 1000 l'intensité magnétique à Vernet, 
base de la montagne 988 représentera l’in- 
tensité au sommet du Canigou. Ainsi il 
semble bien constaté que l'intensité ma- 
gnétique subit une diminution notablepour 
une différence de hauteur de 2133 mètres 
entre les deux stations. Cette diminution 
est de beaucoup supérieure aux erreurs 
possibles d'observation .L’inelinaison qu’on 
aurait pu croire plus grande au bas de 
la montagne qu’au sommet, a été trouvée 
au contraire plus faible dans 5 minutes 
environ, Ces expériences, quoique déjà 
bien faites auraient besoin d’être répétées 
plusieurs fois pour acquérir ce cachet de 
vérité qui fait l'honneur des recherches 
scientifiques, et alors plusieurs des lois 
magnétiques du globe seraient peut-être 
un peu moins obscures qu'elles le sont en- 
core aujourd'hui. 


M. Flourens présente à l’Académie ‘un 
exemplaire de son nouvel ouvrage, inti- 
tulé : 

Anatomie générale de la peau et des 
membranes muqueuses, ouvrage ou la peau 
est étudiée avec soin chez les diverses races 
du globe. 

M. de Gasparin , le premier volume d’un 
cours d'agriculture qu'il fait paraître ; en- 
fin M. Péclet envoie un exemplaire de la 
deuxième édition de son Traité de la cha- 
leur dans les applications, ouvrage qui à 
déjà eu un grand succès , et qui sera tou- 
jours d’un uüle secours aux industries et 
aux physiciens. 


m5 Gdemn——— 
SCIENCES PHYSIQUES. 
PHYSIQUE. 


Sur l'électricité animale; par M. Hh. 
Matteucci. 


La première partie de ce Mémoire a par- 
ticulièrement pour but d'établir sur un 
plus grand nombre d’expériences très va- 
riées le parallélisme que j'avais déjà apercu 
et signalé dans mes travaux précédents, 
entre, la fonction des organes électri- 
ques de la torpille et la contraction mus- 
culaire. 

Je comimencerai par démontrer ce pa- 
rallélisme dans l’action du courant élec- 
trique, Je rappellerai en peu de mots les 
lois de l'action du courant électrique sur 
les nerfs moteurs. Dans la première pé- 
riode de vitalité du nerf, le courant élec- 
trique qui agit sur lui excite la contrac- 
tion musculaire, soit au moment quil 
entre, soit au moment qu'il cesse, et cela 
quelle que soit sa direction relativement à 


" 965 


laramification du nerf. Dans la seconde pé- 
riodede vitalité du nerf, la contraction n’est 
plus excitée que par le courant direct qui 
commence et par l'inverse qui cesse. 

J'ai soumis les nerfs de l'organe élec- 
trique, séparé rapidement d’une torpille 
vivante, à l'action du courant électrique. 
Cette action, comme je lai déja prouvé, 
excite la décharge ordinaire de l'organe. 
Pour découvrir et étudier la décharge ainsi 
excitée, 11 faut poser sur l'organe des gre- 
nouilles récemment préparées et le tou- 
cher dans le même temps sur les deux 
faces avec les lames du galvanomètre. Afin 
qu'on puisse faire celte expérience avec 
soin et sans la moindre crainte de se trom- 
per, je décrirai ma manière d’opérer.J’em- 
ploie, pour obtenir le courant, une pile de 
Faraday de quinze couples que je tiens sur 
un tabouret isolé. Je sépare rapidement un 
des organes d’une torpille vivante et j'ai 
soin de lui laisser les nerfs le plus longs 
possible. En coupant avec des ciseaux les 
branchies à travers lesquelles ces nerfs 
passent avant d’entrer dans l'organe, on 
peut en avoir de la longueur de 2 à 3 cen- 
timétres. Quand l'organe est ainsi préparé, 
je le place sur un taffetas verni : je lie en- 
suite avec un fil de soie un de ces nerfs, 
et je le soulève ainsi en fixant l’autre bout 
du fil à un support quelconque. Quand 
l'expérience est ainsi disposée, je touche 
le nerf soutenu par le fil de soie avec les 
deux pôles de la pile à une distance de 10 
à 15 millimètres entre eux. Au moment où 
le circuit vient à être fermé, on voit se 
contracter toutes les grenouilles préparées 


qu’on a placées sur l'organe: dans le même 


temps l’aiguille du galvanomèire, qui doit 
être très sensible, dévie:très sensiblement, 
Cette déviation, quoique beaucoup plus 
faible que celle produite par la torpille 
vivante, indique pourtant le courant ordi- 
naire du dos au bas-ventre de la torpille. 
Tous ces vhénomènes cessent, quoique le 
circuit reste fermé. Aussitôt qu'on Pouvre, 
on voit reparaître les mêmes phénomènes 
qu’on avait obtenus quand le courant avait 


commencé à passer. Soit que le courant. 
soit dirigé du cerveau vers l'organe, où de 


l'organe vers le cerveau, la décharge est 
toujours excitée au commencement et à la 
fin du courant. À mesure que la vitalité 
du nerf s'affaiblit, les phénomènes chan- 
gent : l'électricité n’excite plus la décharge 
que lorsqu'il commence, s’il est dirigé du 
cerveau vers l’organe, taudis qu'il produit 
-ce phénomène lorsqu'il cesse, s’il est di- 
rigé de l'organe vers le cerveau. Evidem- 
ment ces lois sont les mêmes que celles de 
l’action du courant électrique sur les nerfs 
moteurs. 

La manière d'opérer que nous avons 
décrite avec soin est à l’abri de toute er- 
reur; et certainement on ne peut pas sup- 
poser que les contractions des grenouilles 
et la déviation du galvanomètre soient 
dues à une portion du courant de la pile 
qui se serait répandue, on ne sait pas com= 
ment, dans l’organe. Quand on fait cette 
expérience, on voit que si, au lieu de tou= 
cher le nerf de l'organe, on touche l'organe 
même, les phénomènes manquent : il est 
inutile de dire que cela n’arriverait pas si 
l'on touchait avec les pôles tout près des 
grenouilles. J'ajouterai encore que les phé- 
nomènes disparaissent après un certain 
temps. 

En agissant sur les nerfs de l’organe 
d'une torpille vivante ou récemment tuée, 
avec le’courant électrique, on-parvient à 


| 
| 
| 


LL _ 21 


966 
exciter la décharge dans les différentes 
parties de cet organe. En général, cette dé- 
: charge est limitée à la portion de l'organe 
dans laquelle est répandu, avec ses rami- 
) fications, le nerf excité par le courant, En 
!: irritant les différents nerfs de l’orgaue par 
| un Corps stimulant quelconque, où arrive 
| à ce même résultant. Afin de l’observer 
« plus facilement, il n’y a qu’à bien essuyer la 
| surface de l'organe pour limiter la région 
de la décharge. 
Lorsqu'on prolonge le passage du cou- 
- rant dans les nerfs de l’organe d’une tor- 
| pille vivante ou récemment tuée, on ne 
- tarde pas à s’apercevoir que l'action du 
: courant électrique est considérablement af- 
| faiblie ou entièrement détruite. Si alors on 
| ouvre le circuit et si l’on fait passer le cou- 
« rant sur le même nerf et en sen$ contraire 
à celui du courant précédemment employé, 
on obtient encore la décharge, et c’est lors- 
| que ce second courant a cessé d’agir, qu’en 
| le renversant de nouveau on s'aperçoit que 
| le nerf a repris l'excitabilité qu'il avait per- 
: due. Il est inutile de dire quela décharge 
: qu'on obtient ainsi a lieu tantôt lorsqu'on 
ferme le circuit, tantôt lorsqu’on l'ouvre, 
| Suivant que le courant est dirigé du cer- 
| veau vers l’organe, ou de l'organe vers le 
| cerveau. Voilà encore des phénomènes qui 
sont communs à la décharge électrique et 
| à la contraction musculaire : évidemment 
ces phénomènes correspondent aux alterna- 
| tives voltaiques. ; 
| J'ai essayé sur plusieurs torpilles vi- 
| vantes le passage interrompu ou continué 
| d'un courant électrique très fort. Je po- 
| Sais pour cela la torpille sur une large 
| lame de platine, et je plaçais sur sou dos 
une autre lame semblable; après cela je 
meftais en communication ces deux lames 
avec les pôles d’une pile de soixante à 
quatre-vingts couples. Tantôt je tenais le 
circuit fermé pour quelques minutes, tan- 
tôt je l’interrompais pour le recouveler un 
| instant après. Dans quelques expériences, 
| j'ai employé le courant en le dirigeant tan- 
} 1ôt du dos au bas-ventre, tantôt du bas- 
| ventre au dos. La torpille soumise au pas- 
Î sage continué du couraut électrique se 
| trouve où paralysée dans sa fonction élec- 
| trique, ou elle ia perd pour toujours en 
|} mourant. Dans le premier cas, on parvient, 
| après l'avoir laissée quelque temps dans 
« l’eau,äobtenirencorequelquesdéchargesen 
1 la serrant entre les mains. La torpille, tour- 
mentée par le passage interrompu du cou- 
| rantélectrique, donne un certain nombre 
“ de décharges très fortes, et puis elle meurt. 
“ Ces phénomènes sont encore semblables à 
« ceux qu'on obtient quand on emploie le 
| Courant électrique pour exciter la contrac- 


| tion musculaire, 

| Si l’on sépare rapidement un des or- 

| ganes d’une torpille vivante et si l’on ir- 

| rite d’une manière quelconque le bout 
|: d’un des nerfs qui s’y ramifent, on obtient 
| Ja décharge électrique. Mais, à mesure 
| que la vitalité s’affaiblit, il faut, pour obte- 


mir la décharge, irriter des points de ces 
| nerfs plus rapprochés vers leurs extrémi- 
. tés; en effet, tandis qu'on n’a plus de dé- 
| Charges en coupant les nerfs qui sortent 
. de l'organe, on en obtient encore en intro- 
duisant des ciseaux dans différents points 
de l'organe même. De même, l’excitabilité 
des nerfs moteurs se retire vers leurs ex- 
trémités à mesure que la vitalité saf- 
faiblit. 

_ J'iutroduis dans l'estomac d’une torpille 
MiYante plusieurs gouttes d’une solution 


967 


aqueuse légèrement acidulée avec de l’a- 
cide chlorhydrique d'extrait de noix vo- 
mique. Quelques minutes après, en lais- 
sant toujours la torpille hors de l’eau, on 
lui voit donner spontanément la décharge, 
et au moindre contact de son corps la dé- 
charge a lieu. En coupant sur la torpille 
ainsi narcotisée la moelle épinière, les 
contacts de son corps quiontlieu au dessous 
du point coupé ne sont plus suivis de la 
décharge; ainsi la décharge est évidem- 
ment produite par un mouvement réfléchi 
par l’intermède de la moelle épinière. Les 
célèbres travaux de Hall, de Florens, de 
Muller, ont prouvé que sur la grenouille 
narcotisée on ne produit pas des phéno- 
mènes semblables de contraction muscu- 
laire. 

En touchant avec une solution alcaline 
assez concentrée le lobe électrique d’une 
torpille vivante, on obtient des décharges 
très fortes. M. de Humbold a prouvé la 
même chose pour la contraction muscu- 
laire. 

Les faits que nous avons rapportés prou- 
vent complètement que la décharge élec- 
trique de la torpille ét la contraction mus- 
culaire sont des phénomènes soumis aux 
mêmes lois. Il résulte de là que les nerfs 
de l'organe électrique sont aussi distingués 
des autres nerfs que le sont les nerfs des 
sens et les racines antérieures et posté- 
rieures de la moelle épinière. Toujours est- 
il que l'excitation d’un nerf produit le 
phénomène qui appartient à l’organe dans 
lequel il est répandu avec ses ramifica- 
tions. 

J'ai tenté de nouvelles expériences pour 
découvrir la direction du courant élec- 
trique dans l'intérieur de l’organe de Ja 
torpille, au moment de la décharge. J'ai 
coupé pour cela l'organe. en couches pa- 
rallèles d'épaisseur différente, tout en sou- 
tenant les couches séparées les unes des 
autres à l'aide de petits crochets attachés 
à un fil de soie. En touchant avecles lames 
du galvanomètre les surfaces deces couches, 
J'ai toujours observé, comme dans tous mes 
travaux précédents, que la surface interne 
la plus rapprochée du dos est positive, et 
que l’autre, la plus rapprochée du bas- 
ventre, est négative. Dans quelques cas, 
lorsque ces couches étaient extrêmement 
minces, les signes du courant électrique 
manquaient, ce qui arrivait surtout lors- 
que le tronc nerveux appartenant à la cou- 
che tentée avait été coupé. 

J'ai également essayé, en introduisant 
des aiguilles d’acier dans différentes direc- 
tions et dans différents points de l’organe, 
si ces aiguilles s’aimantaient pendant la 
décharge. Je n'ai jamais obtenu aucune 
aimantation dans les aiguilles ainsi dispo- 


sées. Ce résultat ne prouve autre chose, si 


ce n'est que la décharge de la torpille ne 
peut se comparer à celle de la bouteille. 


| En effet, si l’on fait passer cette dernière 


décharge à travers une masse d’eau dans 
laqnelie on soutient des aiguilles d'acier en 
différentes directions, on trouve ces ai- 
guilles plus ou moins aimantées. Du reste, 
on pourrait croire, en renonçant à toutes 
les analogies entre l'organe de la torpille 
et toutes les sources électriques que nous 
connaissons, que la décharge de cet organe 
ne traverse pas son intérieur, à moins que 
cet organe n’ait été coupé. Un résultat 
assez curieux auquel je suis parvenu dans 
ces derniers temps est celui de la décharge 
qu'ou obtient par des portions très petites 
de l'organe. Voici comment Je fais l’expé- 


s 


968 


rience : je coupe l'organe électrique d’une 
torpille vivante et je détache très rapi- 
dement avec des ciseaux un des prismes 
de cet organe; alors Je pose sur ce prisme 
le nerf de la grenouille galvanoscopique, 
En blessant ce prisme d’une manière quel- 
conque, je vois la grenouille se contracter. 
Quelquefois j'ai réussi en cela avec de très 
petites portions d’un prisme, On voit par 
là que dans chaque prisme, et même dans 
chacune de ses parties élémentaires, existe 
l’organisation nécessaire pour produire la 
décharge : chacune de ses parties élémen- 
taires peut la donner lorsqu'on excite les 
petits filaments nerveux qui sy rendent, Il 
est naturel d'admettre que la décharge to- 
tale de la torpiile n'est que la somme de 


toutes les décharges élémentaires donuées 


par tous les organes élémentaires des dif 
férents prismes à la fois; mais, plus j'a- 
vance dans l'étude des phénomènes élec- 
triques de la torpiile, et plus je sens la 
difficulté de rapprocher l'origine de sa 
fonction à celle des autres sources élec- 
triques. 

En étudiant derniérement la structure de 
l'organe de la torpille avec mon collègue 
M. Savi, et en la comparant à celle de l’or- 
gane du gymnote, j'ai remarqué l’existence 
d’un rapport très important entre la struc« 
ture des organes de ces deux poissons et un 
des caractères de leur décharge électrique. 
Si l’on coupe normalement l'organe d’une 
torpille, on voit des colonnes séparées par 
des parois aponévrotiques, fixées d'une 
part, sur la peau dorsale, de l'autre, sur la 
peau ventrale. On sait que, pendant la dé- 
charge, ces deux extrémités de chaque ca- 
lonne ont, l’une l'électricité positive, l’autre 
l'électricité négative. Dans un gymnote 
fendu également tout le long de son corps 
de la tête à la queue, on voit dans son or- 
gane électrique les mêmes colonnes que 
l'on voit daus l’organe de la torpille; mais, 
dans le gymnote, ces colonnes, disposées 
parallèlement à la longueur de l’animal, 
ont leurs extrémités à la queue et à la tête. 
Les observations récentes de Faraday ont 
prouvé que, dans le gymnote, les deux 
états électriques contraires sont à la tête et 
à la queue. Toujours est-il que les extré- 
mités des colonnes de chacun de ces or- 
ganes représentent les deux pôles de leurs 
appareils électriques. 


GHIMIE. 


Rapport fait à V Académie des sciences sur 
une Note de M. Beaude, relative aux 
vases en grès qui contiennent les eaux 
minélales ; par M. Payen. 


Vous nous avez chargés, MM. Thenard, 
Dumas et moi, d'examiner les observa- 
tions de M, Beaude relatives aux vases en 
grès dans lesquels on transporte et l'on 
conserve l’eau de Vichy et diverses eaux 
minérales gazeuses. 

Les graves intérêts de salubrité publique 
engagés dans la question nous faisaient un 
devoir de remplir, sans retard, la mission 
que vous nous aviez confiée, ct de vous 
déclarer qu’il ne nous reste aucun doute 
sur les faits que nous ayons observés, ni 
sur les conséquences qui en découlent na- 
turellement. ; 

Les bouteilles en grès vernissé, dites du _- 
Montet, sont cuites et émaillées à une 
haute température ; leur pâte a pris sous 
l'influence d’un retrait prolongé, une co- 
hésion et une dureté telles due. par ie 


969 


choc, les fragments enlèvent à l'acier des 
parcelles qui scintillent et brûlent dans 
V'air. 


pi bruni par l'acide sulfhydrique; tenu 
pendant douze heures en contact avec l'a- 
si: ge azotique concentre, aux températures 
| 31 SpRprises entre 30 et 100 degrés centési- 


ie PRAUX, il n’a laissé dissoudre aucune trace 


{au oxyde métallique. ti) c 
fo'up CES, épreuves suffraient pour démon- 
510 ET qu'aucune des substances contenues 
.,; dansiles eaux potables ne saurait attaquer 
… ln.tel. vernis. 

Mais, dira-t-on, un chimiste, analysant 
la-poterie, a trouvé des indices de la pré- 
sence du plomb, et l’on en a conclu que 


TU 


les boissons conservées dans ces vases pour- 


raient devenir insalubres. 

La conclusion, en tout cas, n'étaitpoint 
justifiée, car des quantités, mêmes no- 
tables, d'oxyde de plomb combinées à l’état 
de silicate insoluble, comme dans la cou- 
verte de la faïence fine, appelée porce- 
laine opaque, n'eussent offert aucun dan- 
ger. 

Qu'un analyste yicnue aujourd'hui in- 
former le public qu'il.a découvert, dans 
un cristal actuellement fabriqué, plus de 
40 p. 100 d’oxyde de plomb; qu’ainsi, ces 

_carafes, élégantes, ces vases à brillantes 

facéttés, où l’ou verse les vins de table, les 
limonades très acides, présentent de graves 
dangers : une telle annonce effrayera 
quelques personnes, peut-être, sans 
émouvoir beaucoup les chimistes, qui 
connaissent les propriétés des silicates de 

. plombet de potasse à proportions conve- 

nables, qui savent qu'une pièce de cristal 

. remarquable, fort ancienne, pesant quinze 
"""kilogrammes, appelée miroir de Virgile, 

‘fut analysée, en 1787, par Fougcroux ; 
qu’elle contenait 0,59 d’exyde.de plomb, 
ét s'était parfaitement conservée, au tra- 
vers des siècles; qu’enfin, sa, composition 
différait peu de celle des produits magni- 
fiques et salubres de nos grandes cristal- 
leries. 

Avant de répandre l'inquiétude: sur des 
inconvéaients, imaginaires jusque; là, de 
la poterie de grès, il fallait donc démon- 
trer rigoureusement la présence de plomb, 
puis constater les proportions et lPétat où il 
se trouvait, reconnaitre enfin qu’il pou- 
vait être attaqué directement par les aci- 
des, et avant tout s'assurer que les réactifs 
et les vases emploçés pour l'aualyse ne 
donnaient pas eux-mêmes les traces impon- 
dérables de plomb observées. 

Toutes ces précautions prises; nous 
avons traité 15 grammes du. grès pulyérisé 
avec son émail, par le carbonate de soude; 
le produit saturé exactement et filtré, fut 
soumis à un courant de gaz sulfhydrique,et 
ne laissa pas apercevoir le moindre préci- 
pité brun. : 

:* Une autre: épreuve, entreprise en sou- 
mettant à l’action de la matière alcaline 
[in Neil Q “1 “ 
plusieurs fragments. dont, le po:ds s'élevait 

à 90 grammes, de façon à réagir de préfé- 

rence sur la couverte sans'attaquer toute 

la pâté, donna les mêmes résultats. Des 
expériences sémbiables ont conduit aux 
mêmes conséquences M. Péligot, dont 
l’Acadéniié connait bien le ta'ent et l'exacti- 
tude. So ie 

Enfin, et cette épreuve est encore com- 
plètement décisive, nous nous sommes pro- 
curé l’un des cruchons en grès employés 
par M. Savaresse, et qui avait été pris dans 
la falrique avant la dernière cuisson, c’est- 


Lo] 


Leur émail n’est point rayé par le fer, 


970 
à-dire couvert de l'émail seulement dessé- 
ché ct resté pulytrulent. 

Si l'oxyde de plomb était entré dans la 
composition de cette couverte, il eût été 
très facile de l’attaquer et de le dissoudre, 
soit indirectement par la soude, soit direc- 
tement même par l'acide azotique : or, cet 
acide employé concentré et bouillant, puis 
saturé, filtré, et soumis À un courant de 
gaz acide sulfhydrique, n’a manifesté au- 
cun indice de la présence de plomb. 

La couverte de la poterie de grès exa- 
minée est comparable, pour sa dureté et 
sa résistance, aux meilleurs verres à bou- 
teilles les moins fusibles ; aussi avons-nous 
observé, sans surprise, que les rares et 
légers flocons bruns de matière organique 
et d'oxyde de fer que l’eau de Vichy dé- 
pose, sont en tout semblables dans les bou- 
teilles en verre et dans ls vases en! grès. 
Cette converte vitriforme, parfaitement 
appropriée à son usage, se compose de si- 
lice combiné avec la chaux, l’alumine, 
la magnésie et des traces d'oxyde de fer. 

Les expériences et les, déductions ci- 
dessus, s'accordent cntièrement avec la 
note de M. Beaude; elles prouvent que les 
bouteilles en grès à émail dur ne renfer- 
ment pas de plomb, qu’elles offrent toutes 
les garanties désirables pour la salubrité 
dans leurs applications à conserver l’eau 
de Vichy et les autres eaux minérales. 

En conséquence, nous avons l'honneur 
de proposer à l’Académie d'accorder son ap- 
probation aux observations de M. Beaude. 

Les conclusions de ce rapport sontadop- 
tees. 


SCIENCES KNKATURELLES, 
TLI9 METALLURGIE. à 


Mémoire sur les principarx gites métalli: 
féres de P ialie; par M: Amédée Burat. 


Ces gites se trouvent dans la chaîne oc- 
cidentale de lTtalie, depuis les montagnes 
du duché de Modène jusqu’au. Monte-Ar- 
gentario, à l'extrémité sud, de la Toscane; 
ils sont surtout rassemblés dans la chaîne 
des maremmes entre, Livourne et Piom- 
bino. La plupart d'entre: eux ont été ou- 
verts par les anciens, et:on' fourni, suivant 
toute probabilité, celte imniense quantité 
de bronze employée par les Romains, alors 
qu'aucune des sources actuelles de ce mé- 
tal, le Cornwall et la Sibérie, ne donnait 
lieu à des extractions notables. 


Les gîtes métallifères de la Toscane ca- 
ractérisent une époque gtologique très 
distincte; ils sont en rélation constante 
avec des roches ‘erpentineuses et amphi- 
boliques, postérieures aux dernières cou- 
ches du terrain crétacé. Cette liaison 
n'existe pas seulement sous le rapport géo- 
graphique : les minerais sont mélangés à 
ces, roches éruptives d'une manière si in- 
time;que l'ensemble doit être considéré 
commeconstituant un seul et même phé- 
voméene d'éruption. Les lignes de fracture 
et de: soulèvement suivant lesquelles sont 
sorties les roches serpentineuses et amphi- 
boli{nesisont également celles qui ont été 
suivies parles épanchements métallifères. 
II résulte, de ces relations géo'ogi ,ucs, des 
lois de groupementsremarquables pour les 
minerais de fer, cuivre, plomb, argent et 
mercure qui abondent dans cette contrée, 
et l'étude des détails de gisement et d’al- 
lure de chacun d'eux renferme des faits 
uon moins importants pour l'exploitation 


971 


de ces minerais et la théorie de leur for- 
maliou. 

Tous les minerais peuvent étre rapportés 
à trois types de gisement : 1. de véritables. 
dykes et amas éruptives, à gangues d'am- 
phibole et ct d’iénite, comme les amas de 
fer oxydulé et de fer oligiste exploités dans 
l'ile d'Elbe, ct les dykes ou filons en stoc- 
werks plombifères et cuprifères du Campi- 
gliese; 2, des filonsirréguliers, de contact, 
placés entre les roches serpentineuses et 
les terrains crétacés et jurassiques, et qui 


pénétrent même dans les masses de serpen-- 


tine : tels sont les filous de Monte-Cattiui, 
Monte- Vaso, et Rocca-Tederighi ; 3. enfin 
certaines couches quartzeuses situées à la 
base des dépôts crétacés, dans lesquelles 
la pénétration des principes métallifères 
est tellement intime et constante (votam- 
ment dans la province du Masset2n0), que 
leurs caractères rappellent ceux des schi- 
stes cuivreux de la Thuringe. Chacun de 
ces types de gisement est assujetti à des lois 
constantes de relations gtognostique, d'al- 
lure et de composition. 

Les exploitations anciennes ont principa- 
lement été dirigées sur les amas et les filons 
en stocwerks de l’île d'Elbe et du Campi- 
gliese; les restes de,ces établissements sou- 
terrains sont immeuses, et des vallées en- 
tières remplies de -scories attestent une 
exploitation prolongée pendant des siecles. 
Au moyen-ège, secoude période de tra- 
vail dont.les ruines ne sont pas moins re- 
marquables, mais présentent des caractères 
tout à fait distincts, on a suivi surtout les 
couches plombifèr: s etargentifères du Mas- 
setano. Eufin, à l’éjoque actuelle, les 
efforts se concentrent sur les gîtes de con- 
tact des roches serpentinenses, gîtes pres- 
queintacts, et dont les ressources sont plus 
en harmonie avec les exigences de l’époque. 
Les anciens ont en effet à peine effleuré ces 
gites où l'épuisement des, eaux, présente 
quelques difficultés; ils préféraient des 
minerais dont le titre serait insuffisant au- 
jourd'hui, mais qui pouvaient être exploi- 
tés avec ayantage, alors que le cuivre avait 
lui-même une valeur ciuq fois plusgrande, 


que les combustibles abondaient dans le | 


pays,.etque la main-d'œuvre était fournie 
par une nombreuse population d'esclaves. 
Aujourd'huidonccesconditionsontchangé 
et l'industrie a plus d'intérêt à chercher des 
gîtes nouveaux qu’à rentrer dans les an- 
ciennes exploitations. 


PHARMACOLOGIE. 


D'une réforme pharmaceutique ; remèdes 
secrets. 


(Troisième et dernier article.) 


. Il ne faut pas confondre les remèdes se=. 


crets avec les remèdes spéciaux. La compo- 
sition des premiers n’est pas connue, celle 
des seconds semble être indiquée par leur 
nom; mais rien n’est plus trompeur que 
le nom d'une drogue. Citons, par exemple, 
les préparat ons au lactate etau citrate de 
ë&r, qui sont tout simplement formes de 
culfate de fer. Mais tous les sirops anti-sy- 
philitiques, tous ces anti bilieux, ces eaux 
hygiéniques de mars, de Memphis, etc ; 
ces élixirs, ces papiers chimiques, ces taf- 
{etas, ces compresses, etc., dont !es noms 
se développent en majuscules gigantesques 
sur toutes les bornes, sur tous les murs; 
dans les lieux les plus fréquentés ; dont les 
réclames envahissent la quatrième page de 
tous les journaux, et dont les annonces 


| 72 


| sont distribuées au coin des rueset dés pas- 
{ sages, par des messagers acharnés (1) : 
) yoilà ces remèdes secrets dont la consom- 
* mation fait le plus grand tort à la pharma- 
- cie et à la médecine. Le pharmacien vend 
aussi quelquefois des drogues de son inven- 
F tion, pour lesquelles il ne fait aucun frais 
| de publicité, mais qui n’en sont pas moins 

des remèdes secrets. Il les désigne sur son 
- livre de vente sous le nom de lochs, pilu- 
* les, sirops, etc., selon l’ordonnance, 

La vente des remèdes secrets devait ame- 
| ner la décadence des pharmacies, en ne 
| faisant plus de l’art qu’un commerce et en 
établissant entre les pharmaciens une con- 
curren ce honteuse. Nous avons déjà parlé 
} de variété dans les prix ; c’est ici le lieu 
} d'entrer dans quelques explications. Le 
| prix des drogues est généralement très éle- 
vé. Tout le monde sait ce que veut dire : 
mémoires d’'apothicaire, En passant par les 
| mains du pharmacien, les drogues acquiè- 
| rent, pour ainsi dire, tn prix deconvention; 
| leur valeur est plus que centuplée, et bien 
que certaiues préparations pharmaceuti- 
| ques se vendent à peu près partout au 
même taux, il en est un grand nombre 
dont le prix varie dans chaque pharmacie. 
Lessubstances communessontsurtout dans 
ce cas. Il nous semble que l’on devrait exi- 
_ger pour toutes les apothicaireries un tarif 
invariable. É 

Tous les faits que nous venons de citer 
| demandent'une réforme pharmaceutique ; 
| nous sommes! d'avis qu'on limite le nom- 
bre des pharmacies, suivant l'importance 
des villes 21 

Qu'on se moñtre plus sévère pour la no- 
mination des pharmaciens; 

Que les pliärmaciens paient plus cher 
leurs élèves. én exigeant d'eux plus de con- 
naissances et de bonre tenue; 


Que les’ pharmaciens soient tenus dé 
préparéreux-mêmes et d’après le Colex un: 


plus grand nombre de médicaments ; 
ELcs pharmacies dévraïent être complè- 
tement visitées tous les mois ;!' 


questidns aux éléves, afin de s'assurer de 


raient les matières premières, afin de con- 
stater leur état de pureté; 
Le droguier devrait être complet : 
| Toutes les matières devraient être dési- 
|! gnées parles noms scientifiques , généra- 
“ lementadoptés; on devrait exiger l'abolition 
|| des anciens termes que quelques pharma- 
ciens gardent encore et qui peuvent causer 
“| des erreurs; 
…  Eofnil faudrait abolir tous les remedes 
“ secrets. Toutes les découvertes de la thcra- 
… peutique, sanctionnées par l’espérience, 
seraieut imprimées dans un journal appen- 
dice du Codex, distribué à tous les phar- 
maciens. 
Le jour où l’on se décidera à apporter 

ces réformes daus l'exercice de la pharma- 
cie, on surveillera avec plus de soin que 
‘jamais les épiciers , les marchands de cou- 
leurs et les herboristes et l’on retirera de 
‘leur commerce, déjà bien assez étendu , 
| Certaines substances dont la vente revient 
de droit aux pharmaciens. 
(RL 
24 (1) Nous ne saurions trep insister surl’immoralité 
eu plus grand nombre de ces affiches ct surtout de 
|,,,£6s annonces qui tombent entre Jes mains des en- 
… fants, des jeunes filles du peuple. La rédaction de 
| LEES écrits pleins de: détails obscènes, ne peut que 
jeter le trouble dans de jeunes intelligences et les 
initier à d'affreuses misères et ne saurait avoir le 
mérite de les -empé-her d’y tomber, 


à toutes choses. 


- la voie pour disposer les pièces du méca- 


s'etiles frais de réparation et d'entretien en 


Lés’inspecteurs adresseräient quelques | 


. : Vétat de Téurs connaissancés ; ils examine- 


973 


Nous avons rapidement passé en revue 
les abus de la pharmacie actuelle; les lais- 
sera-t-on subsister plus long-temps? La 
santé publique,exige qu'on s’oceupe de 
cette question, à une époque qui veut avoir 
le mérite d'apporter des perfectionnements 


| 2e 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉTALLURGIQUESe 


De la forme. des essieux des locomotives; 


et de la qualité des fers qu'il convient d'y 
employer. 


Il s’estélevé dans le sein de l’associalion 
britannique; lors de sa 12: session qui a 
eu lieu à Manchester, une discussion sur la 
meilleure forme à donner aux essieux des 
locomotives, ainsique sur la qualité des fers 
qu'on emploie pour ces essieux. Géête dis- 
cussion nousayant paru présenter quelque 
intérêt, nous avons cru devoir en repro- 
duire ici les principaux éléments. 

M. Vignoles ouvre la discussion en dé- 
clarant d’abord qu'il existe un préjugé en 
faveur des éssieux coudés, mais ce préjugé 
lui paraît mal fondé. Dans son opinion, 
les essieux coudés sont, sous presque tous 
les points de vue, inférieurs aux essieux 
droits. Avec les essieux droits, on place 
généralement les manivelles en dehors des 
roues, et on obtient ainsi plus d'espace dans 


nisme moteur. On ygague encoreun autre 
avantage, c’est qu’on peut abaisser Jachau- 
dière de près de 35 à 40 eentimètres,; et par 
conséquent accroître la stabilité de la ma- 
chine ou. la sécurité, puisqu'on place le 
centre de gravité de l'appareil plus bas et 
plas près des rails. La dépense première est 
également moindre par cette disposition, 


sont notablement diminués, ©: 

Ces ayantages, ajoute M. Vignoles, sont 
aujourd'hui devenus palpablesparl'examen 
‘du chemin de fer de Dublin à Kingston, où 
cette disposition a été adoptée. En intro- 
duisant des essieux droits et des manivelles 
extérieures, la dépense a d’abord été con- 
sidérablement diminuée , ensuite nul cas 
de rupture d’essieu ne s’estencore présenté. 
On a obtenu enéore un espace disponible 
tellement étendu qu'on a pu placer un ten- 
der sur la machine, et établir le centre de 
gravité aussi bas que possible, tout en se 
dispensant en outre d’un tender distinct. 
Enfin , par cette disposition on à pu géné - 
ralement parcourir 15 milles (24 kilom.) 
sans être obligé de s'arrêter pour faire de 
l’eau. 

Jusqu’à présent il a existé un préjugé 


contre les locomotives à quatre roues; 


qu'on a considérées comme présentant 
moins de sécurité que celles à six roues, 
comme plus disposées à sortir de la voie, etc. 
Or, dans l'opinion de M. Vignoles les lo- 
comotives à quatre roues nef présentent 
pas un seul élément qui puisse servir de 
fondement à de pareilles objections. Il croit 
que les seuls avantages que soient en droit 
de réclamer les locomotives ‘à six roues, 
c'est une plus heureuse distribution de la 
chargesur ces roucs. Toutefois; un examen 
sérieux des accidents fatals qui sont surve- 
nus depuis peu, et entre autres ceux arri- 
vés sur le chemin de fer de Londres à 
Brighton et de Paris à Versailles, démon- 
itrent évidemment que ces sinistres n’ont 
pas été dus à ce que les locomotives étaient 
à quatre ou à six roues. M. Vignoles pense 


974 
que l’un et l’autre sont dus à des causes 
semblables. Dans les deux ca;, on a fait re- 
morquer des convois pesants par deux lo- 
comotives accouplées, la plus faible con- 
duisant l’autre. Dans cet état, il est sur- 
venu un accident quelconque, ét dont la 
cause est restée inconnue; le mécanicien 
a fermé aussitôt le robinet de vapeur de la 
machine directrice, et celle quid Stivait, 
et qui était la plus puissante, est venue la 


l'frapper avec l’énorme force vive qu'elle 


devait à sa masse et à sa vitesse, ét l’a forcée 
de sortir de la voie; la seconde 14 suivie, 
et par suite a entrainé la chute ef le ren- 
versement des wagons. ï 

Il est déjà arrivé une foule d'accidents 
par suite de la rupture des essieux cou- 
dés; et l’on a déjà fait en France l’impor- 
tante remarque que dans le point de rup- 
ture de ves essieux, le fer, au lieu d’être 
fibreux comme on le remarque le plus or- 
dinairement dans celvi qui sort de la forge, 
présente une structure à facettes et un 
aspect cristallin comme la fonte, ce qu’on 
a attribué à dés modifications dans la 
structure moléculaire du fer, et dans son 
état électrique ou magnétique dues au 
frottement, aux chocs où aux secousses 
continuelles auxquelles l’essieu coudé est 
exposé. TO AU 

: M. Hodgskinson déclare que, pa 
d'éxpériences nombreuses et éféndues aux- 
quelles il s’est livré depuis longtemps sur la 
résistance que présente le fer, il a acquis la 
certitude aujourd’hui qu'une succession 
d'efforts. ;:exercés sur des pièces de ce mé- 
tal, on une suite de chocs qu’on lui fait 
éprouver; produisent uue détéroriation 
permanente dans son élasticité. 

M. Fairbairn annonce, de son côté, 
que l'ingénieur du chemin de fer de Leeds. 
lui a souvent déclaré avoirobservé que tous. 
les essiéux à manivelle allaient constam- 
ment én se détériorant par suite des chocs. 
ou'des efforts auxquels ils étaient soumis, 
et que sur ce chemin , on était obligé de les 
remplacer périodiquement par denouveaax 
bien avant qu’ils fussent usés, afin d'en. 
éviter là rupture. Quoiqu'il en soit, les es- 
prits Sont encore partagés dans ce moment: 
sur la question de savoir si la structure 
cristallisée et à facettes, observé dans les - 
essieux qui se brisent, provient d’un défaut 
dans la fabrication de ces pièces et dans la . 
qualité du fer, ou bien est la conséquence 
et l’effet du travail, et enfin si elle à pour 
cause une succession de chocs ou d'efforts 
éprouvés ou un phénomé gnéti 

M. Crantban à QUE beat re 
She PAUSE 
sieux coudés dans sa pratique, et toutefois 


‘iladmet que les essieux droits sont moins 
Pisujets à se rompre. 


M. Garnétt croit qu'avant de se pronon- 
cer sur le mérite respectif desessieux droits . 
et des essieux coudés , il conviendrait d’é- 
tablir l’état statistique de ceux qui ont pu 
être brisés dans lé service journalier des 
chemins de fer. Quant à lui, il pense qu il 
y à eu plus d’éssieux droits brisés daus ce 
service que d’essieux coudés, ce qui serait 
encore en faveur de ces derniers. à 

M. Nasmyth est convaincu que tous les 
défaut qu reptnche hé aux ss 

sance dans les usines 

surtout dans celles où l'on à pour habitude 
de verser de l’eau sur le fer pendant qu’on 
le forge. Il attribue aussi en grande partie 
leur affaiblissement à un Suréchauifement 
pendant le soudage, et pense que ces deux 
causes oivent contribuer à altérer pro- 
fondement là malléabilité du fer. On trouve 


975 

de très grands avantages dans l'opération 
dite du recuit pour les articles d'un petit 
volume, et il ne pense pas qu'on éprouve- 
rait de difficulté sérieuse, ou qu’on serait 
entrainé dans des dépenses trop considéra- 
bles’ pour. appliquer ce même recuit.aux 
essieux opération qui leur serait éminem- 
ment avantageuse, Il ne partage pas l'en- 
gouement qui s’est tout À coup emparé des 
meilleures têtes, et il se gardera bien d’at- 
tribuer sans examen à des phénomènes de 
magnétisme et d'électricité tous les faits 
qu'on ne peut expliquer; toutefois il est 
convaincu que des phénomènes électriques 
fort curieux, accompagnent le passage des 
locomotives sur les rails tout aussi bien que 
la rapide génération de la vapeur. C'est 
aussiauxagentsélectriques qu'il croit qu'on 
doit rapporter la non oxidation des rails 
qu'on ue parcourt que dans un sens, et 
l'oxidation très prompie de ceux qu'on par- 
court dans les deux directions, comme le 
chemin de Londres à Blackwall. 

M. Vignoles n’est nullement disposé à 
partager l'opinion de M. Nasmyth, relati- 
vement à sa théorie de l'oxidation des rails 
qu’il attribue au passage en un seul ou en 
deux sens des locomotives et des convois. 
Pour ne citer à cet égard qu'un seul fait 
qui lui est contraire, il rappellera que le 
railway de Newton à Wigan a longtemps 
été unique ou à une seule voie, et qu’à 
cette époque, il était aussi poli que-peut 
l'être celui de Manchester à Liverpool. Le 
chemin de Blackwall, que cet ingénieur a 
allégué, ne présente pas un cas compa- 
rable, attendu qu'on n’y fait pas usage des 
locomotives. 

M. Nasmyth a déposé sur le bureau dif- 
férents échantillons à l’appui de l'opinion 
qu'ilavait fait connaître dans une précé- 
dente séance. Dans les locomotives, dit-il, 
les essieux sont les pièces qui présentent le 
plus de danger; il est donc important de 
déterminer , tant sous le rapport scienti- 
fique que sous celui de la pratique , quelle 
est la manière dont se comporte le fer 
lorsqu'on en fait un essieu de locomotive. 
L'expérience est le seul moyen d’éclaircir 
ce sujet, et il aurait voulu mettre divers 
échantillons de fer dans des circonstances 
propres à décider la question, mais jusqu’à 
cette époque, le temps lui a manqué pour 
les épreuves. Il a avancé précédemment 
que les efforts en directions opposées aux- 
quels les essieux étaient soumis, pouvaient 
bien contribuer à rendre le fer cassant par 
le glissement des parties les unes sur les 
autres. Pour rendre cela sensible, il a pris 
un gros fil de fer, il l’a ployé en sens in- 
verse plusieurs fois de suite, et le fil a 
rompu au sixième ploiement. Il avait an- 
noncé qu'il regardait le recuit comme un 
remède à ce défaut, et pour le démontrer, 
il a fait voir le même fil de fer qui avait été 
recuit, et qui à supporté dix-huit ploie- 
ments successifs, ce qui offre an rapport de 
3 à 1 en faveur du procédé de recuisson. 
Il engage donc les compagnies à faire re- 
cuire leurs essieux et à comprendre cette 
condition dans leurs brevets. Afin de faire 
voir sur une plus grande échelle l'effet pro- 
duit sur les fers marchands, il a missous les 


. Yeux des membrès'un échantillon de fer tel 


qu'on le rencontre chez les marchands, 
et après y avoir fait une entaille au ciseau, 
il l'a rompu en quatre coups de marteau 
à la température de 2° C., avec une cas- 
sure cristalline. En élevant cette tempé- 
rature encore de 25°, le fer a supporté 20 
coups et na rompu quavyec une fracture 


976 


fibreuse , de facon qu'il est démontré que 
la qualité du fer n’est pas la seule circons- 
tance qu'il faut considérer comme ayant 
une influence.sur sa rupture. M. Nasmyth 
a signalé précédemment les effets désas- 
treux du martelase à froid, comme causant 
un changement notable dans la nature et 
la cassure du fer ; ici, ajoute-t-il, il faut 
voir le côté pratique de la question sans 
avoir recours à des considérations vagues 
empruntées à lélectricité ou au galva- 
nisme. Le martelage est nécessaire dans 
bien des cas ; par exemple, lorsqu'un essieu 
porte des colliers qui lui sont soudés, ces 
colliers ne peuvent être finis au marteau, 
et l’on emploie alors certains outils appe- 
lés matoirs (swages), dont l’action pro- 
cure au fer uae grande condensation , qui 
permet de donner un beau poli à la sur- 
face, mais au détriment de la pièce, ainsi 
qu'il le démontre au moyen d’un échan- 
tillon qui a été chauffé au rouge, puis 
maté jusqu'à ce qu'il fàt froid; le fera 
rompu alors sans y pratiquer d'encoche et 
sa cassure était très serrée, très belle, et 
semblable à celle de l'acier, Ce résultat dé- 
montre évidemment combien on a tort de 
considérer un grain serré comme un bon 
caractère dela perfection du fer forgé; tou- 
tefois un martelage modéré est souvent né- 
cessaire et peu nuisible, à moins que, 
n'ayant égard qu’au fini, on le porte à l’ex- 
cès. Pour démontrer que le recuit rend de 
la malléabilité et une structure fibreuse au 
fer , on a fait chauffer une portion du der- 
nier échantillon, et on l’a martelé jusqu’à 
ce qu'il fût froid comme précédemment ; 
puis on l’a chauffé de nouveau au rouge 
sombre ét laissé refroidir progressivement; 
alors il a supporté 105 coups sans se rom- 
pre, et enfin il a été plutôt arraché que 
rompu, ce qui démontre que la structure 
fibreuse a été rétablie par le recuit. Quand 
on chauffe au blanc soudant du fer on nuit 
beaucoup à sa qualité, à moins que le fer 
ne soit ensuite martelé pour en resserrer 
la texture. Un morceau du même fer 
chauffé au blauç soudant et qu’on a laissé 
refroidir, a rompu sans encoche du pre- 
mier coup, en présentant de gros cristaux, 
surtout au centre. L'effet de l'encoche ou 
du trait est aussi fort singulier. La force du 
fer est généralement considérée comme 
proportionnelle à l'aire de sa section, mais 
un trait qui n’enlève pas 17100 de cette 
surface, affaiblit la résistance de 4710. C'est 
ce que M. Nasmyth démontre mécani- 
quement sur plusieurs échantillons de fer. 
Tout cela prouve, selon lui, que la théorie 
et la pratique sont eucore éloigntes du 
bat , et qu’il serait nécessaire d'interroger 
la pratique des ateliers pour corriger les 
formules dont les résultats sont encore loin 
d’être d'accord avec l'expérience. Enfin 
une dernière considération est que le mar- 
telage des barres de fer a pour effet réel de 
rendre celle-ci creuses. Tout coup de mar- 
teau tend à donner à cette barre la forme 
d’une ellipse, et l'intersection de toas les 
arcs de ces ellipses est sujette à être creusé 
par suite du glissement des lamelles les 
unes sur les autres. 


ARTS MÉCANIQUES. 


Moyens de peigner et de préparer les ma- 
tèères filamenteuses ; par MM. Smith , de 
Deanston, et Buchanan , de Glascow. 
La première partie de cette patente a 

pour objet de peigner les matières suscep- 

übles de cette operation, en attachant ies 


977 


poignées , mèches ou tordins a un cylindre 
tournant, dont le mouvement jette/1les 
brins sur un peigne fixé de manière à, cé- 
der lorsqu'il éprouve un trop granditirage. 
L'appareil consiste en un cylindre:où 
l'on pratique trois rainures équidistantes 
parallèles à son axe, et daus lesquelles on 
place des tringles plates, disposées conve- 
nablement pour retenir l'extrémité des 
poignées. Lor-que l'on imprimeaucylindre 
un mouvement rotatif, les filaments s’é- 
cartent, en vertu de la force centrifuge, 
et passent dans le peigne qui est placé au- 
dessous du centre du cylindre et dont les 
dents occupent une position inclinée. 
Comme il est nécessaire que les matières 
n'entrent que graduellémeñt en contact 
avec le peigne , et que l’action commence 
par l'extrémité les poignées, ces poignées 
sont renfermés d'abord entre le cylindre et 
use boîte concentrique qui recoit un mou- 
vement graduel autour d’uue partie dela 
périphérie, par le mécanisme dont nous 
allons donner une description sommaire. 
À l’une des extrémités de l’axe du cy- 
lindre se trouve une roue qui prend dans 


une autre roue semblable!, fixée à clavette 


sur un arbre contenu dans un coussinet 
monts à côté du bâti de la machine. Sur le 
bout opposé de cet arbre est une nouvelle 
roue qui en commande une autre fixée sur 
une douille ou plutôt sur deux coussinets 
mobiles autour de l'axe du cylindre: L'autre 
extrémité de cette douille porte uns roue 
conique qui commande un pignon monté 
sur un arbre disposé parallèlement à Pun 
des rayons du cylindre. Au bout opposé de 
cet arbre est une roue conique, engrenée 
dans une autre qui est fixée sur l'extrémité 
d’un arbre transversal. Ce dernier arbre 
passe dans un des bras du cylindre, et son 
extrémité opposée porte un pigñon'en- 
grené dans une rande roue droite, liée 
avec les boîtes concentriques. Il résulte de 
ce dispositif que l’axe du cylindre commu- 
nique un mouvement rotatif aux deux ar- 
bres dont il a été question, et fait parcourir 
par les boîtes une partie de la périphérie 
de ce cylindre, en même temps qu’elles 
sont, ainsi que les deux arbres, entraînées 
dans sa course. On voit donc que ce dé- 
placement des boîtes découvre graduelle- 
ment les poignéees , et les met en contact 
avec le peigne, en commençant par leurs 
extrémités. Pour retenir les brins dans 
l'espace occupé par le peigne, on fixe de- 
vant le cylindre une couleire ou boîte ou- 
verte par devant et dont les faces latérales 
sont taillées en biseau , en sorte que les fi- 
laments saillants sur le cylindre sont réu- 
nis en poignées par les côtés inclinés de 
cette couloire, dont la position les empêche, 
d’ailleurs, d'entrer trop avant dans les 
dents du peigne. Ce peigne est aussi porté 
par des tringles dirigées selon le rayon du 
cylindre , et muni d’un ressort qui permet 
à l'inclinaison des dents de varier aussitôt 
que les brins éprouvent une tension trop 
grande. 

Les auteurs décrivent ensuite un méca- 
nisme particulier par le moyen duquel le 
ruban sortant de la machine qui le produit 
est disposé en couches parallèles. Cet appa- 
reil, lorsqu'on l’applique à une carde 
composée, consiste en un pot rectangu- 
laire un peu allongé , dont l'extrémité in- 
férieure est montée sur un axe, et qui re= 
çoit un mouvement alternatif par l'inter- 
médiaire d'un excentrique porté par l'arbre 
du tambour de décharge. Cet excentrique 
communique un mouvement lent d'oscil= 


978 
‘lation à un levier, espèce de pendule, dont 
l'extrémité supérieure se meut autour d’un 
_ axe, tandis que lextrémité inférieure est 
liée par une tringle avec le pot oscillant. 
L'amplitude de l’oscillation doit étre pro 
portionnée à la longueur du ruban délivré 
- par la machine. Ce ruban , avant de des- 
cendre dans le récipient , passe entre deux 
- cylindres placés exactement au-dessus ; et 
- qui le pressent à son passage. Lorsque lon 
| applique cet appareil aux laminoirs, on le 
| modifie un peu, parce qne les rubaus sont 
plus étroits et doivent être déposés sur 
| plusieurs rangs. On donne donc alors un 
| 
| 


mouvement latéral au récipient, de ma- 
nière à distribuer le ruban sur trois ran- 
| gées différentes placées à côté l’une de 
Vautre. 
| Les brevetés appliquent, en outre, aux 
bancs d’étirage ou autres machines ana- 
logues, un appareil qui les arrête aussitôt 
qu’un des rubans finit ou se casse. Les 
‘rubans, en sortant de dedans les pots, sont 
conduits sur un guide cylindrique placé 
* en avant et à quelque distance des cylindres 


“ alimentaires. On établit sous ces rubans, 


dans une position verticale, un levier mo- 
 bileautour d'un axe, et surmonté d’un 


de dents. Lors donc que l’un des rubans se 
rompt ou se termine, le bout tombe de 
dessus le rouleau-guide, sur une des dents 


+ ‘peigne composé d’un nombre convenable 
$ 
î 


 Parsuite de ce mouvement, l'extrémité 
| opposée du levier agit sur une détente qui 
met en liberté la courroie qu'an ressort 
pousse aussitôt sur la poulie folle. Un con- 
trepoids porté par une barre recourbée 


ï 
dece peigne qu'il entraîne vers la machine. 
L 


| quiest annexée au levier, ramène ensuite 


cette pièce à sa position normale, et l’on 
voit quelle peigne doit s'étendre sur toute 
la largeur de la machine, afin que l'arrêt 


î puisse être produit par la rupture d’un fil 
L 


quelconque (Journal des Usines.) 


HORTICULTURE. 


Rappport sur les cultures florales de quel- 
ques villes de France. 


| (Deüièhié et dernier article.) 


Le Havre et ses environs possèdent des 
richesses végétales immenses. Les ama- 
teurs sont nombreux, et nous citerons prin- 
cipalement M. Courant, vice-président de 
la société d'horticulture du Havre, dans 
les serres duquel nous avons remarqué, 
à Ingouville, trois cactus senilis de plus de 
sept: pieds de hauteur; un echinocactus 
nouveau,monstrueux; mamillaria nivea de- 
dalea, astrophilon myriostygma, echino- 
cactus wiliamsii, echinocactus mondevillii, 
E.villosus,ceteus heteromorphus,C.panno- 
pleatus, antrallonium primaticum, E. tur- 
bimiformis, E. ambiguus, E. phylocan- 
thoides, £. flora virens. Un bananier de la 


amiltonnia candida , galcandra bawera, 
echinocactus primosus, extrêmement fort; 
dionea muscipula, plumeria tricolor, en 
eus; jatropha multifida, et une infinité 
d’autres. plantes appartenant à toutes les 
familles, notamment À celles des cactées et 
des orchidées, dont, M. Courant est très 


979 


Pour bien réussir dans la culture du 
diossea muscipula, je crois devoir donner 
à la suciété connaissance des moyens em- 
ployés par M: Courant. Cet amateur, dont 
les connaissances sont très étendues, place 
la plauteen pot, dans de l’eau de pluie pen- 
dant l'été, depuis mai jusqu’en octobre; il 
remporte le dionea tous les mois ; la terre 
dont il se sert est celle de bruyère brisée 
seulement, La plante fleurit et fructifie chez 
M. Courant, il faut la sortir de l’eau pen- 
dant l'hiver et l’arroser seulement. 

Ctez M. Charles Saglio, président de la 
société d’horticulture du Havre, qui ha- 
bite Irgouville, nous avons vu des plantes 
superlies comme force, entre autres un 
fucksia corymbiflora, chargé de fleurs, de 
6 à 7 pieds de hauteur; nn tecama jasmi- 
niflora, de 9 pieds de haut; plusieurs hé- 
liotropes du Perou, en arbre des erÿthrina 
crista galli, de 6 pieds de tige; des fucksia 
ordinaires de la même hauteur et tres 
gros. Le jardinier, M. Leroy, mérite des 
éloges par la belle tenue de son jardin, par 
ses bonnes cultures, et par ses beaux espa- 
liers de poiriers, pruniers, etc. 

Nous avons visité les serres et les jardins 
de M. Quesnel, qui habite aussi Ingou- 
ville, Nous avons à citer les belles collec- 
tions de toutes les espèces, parmi lesquelles 
nous avons distingué surtout l’Erica eto- 
niana, E. splendens, E. wellia, lambertia 
rosea (véritable), lineoïdes nova, magna 
biana mutabilis, banksia, chorisema pun- 
gens, erica pyramidalis, dubiana, ,calatro- 
pis gigautea, bilberyia zonata, plumbago 
rosea, fort; barrintghonia speciosa,bertho- 
lesia speciosa, justicia cornea ; des pal- 
miers nouveaux venant de Cayenne, en- 
voyés par M. Melinon des colonies, con- 
stamment en fleurs, du violet le plus léger 
et le plus joli, des variétés très nombreuses 
d’auanas, un nouveau protea cynoraides, 
à fleurs en têtes; astelma eximia, protea 
mellifera, plumosa indigofera, atropur- 
pureum, protea sinifolia, lechenaultia bi- 
loba, jonopsis tenera, oncidium crispum, 
epidendrum tessellatum, echvtis suberu- 
tum, selogia fimbriata, brassevola cus- 
pidata, epidendrum onccioldis, onuidium 
itermedium,  dendrobium pulchellum, 
amaryilis pulchella, fleurs de rose léger; 
lisianthus bussellianus, verbena mutabilis, 
à longs épis roses; contarea speciosa, gol- 
punia glomerata, guismania tricolor, man- 
devilla suaveolens, plantée en serre et pa- 
lisée en dehors; le mandevilla présente le 
plus bel aspect; il est presque toujours 
couvert de belles fleurs blanches des plus 
odorantes, très larges. Toutes ces plantes 
en très bon état distingent particulière 
ment M. Hermann le jardinier. 

M. Felix Greverie, horticulteur à In- 
gouville, nous a montré trois plantes qu’il 
avait rapporté d'Angleterre, ce sont : le 
boronia anemonæfolia, la statice d’oxtonii, 
le gompholobium splendens; ensuite une 
collection complète de geranium. et d’éri- 


cas, et beaucoup d’autres végétaux non 


moins agréables, 

La ville de Caen possède aussi de riches 
collections; nous citerons M. Lelandais, 
fleuriste, pour ses nombreuses et belles 
variétés de dahlias, qu’ik fait venir d’An- 
gleterre tous les ans; sa cülture est su- 
perbe, ses dahlias bien soignés. M. Ri- 
chard cultive avec succès les anemones, les 
dahlias, les renoncules , etc. Nous avons 
vu avec plaisir les superbes cultures de 
M. Thierry, qui sont fort riches en plantes 
grasses, les plus rares et les plus nouvelles, 


980 


ainsi que des orchidées, des camellias des 
rosiers, etc. 


Les cultures de MM, Lancezeur à Rennes, 
nous ont offert des collectionsderosiers ide 
rododendrum, de dalhias, de camelliasyde 
geranium, de chrysontanes; le tout-le 
plus nouveau, ainsi que des arbresifrui- 
tiers et d'agrément de toute espèce: 


A Quimper, l'établissement de MM, Lau: 
veur et Paugam est remarquable par ses 
nombreuses et belles variétés de plantes 
et d'arbres fruitiers. pcores 


À Morlaix, M. Guyomard,, même çul- 
ture. 


Plusieurs notes ont déjà été pub'iéessur 
les beaux jardins de Nantes; nous nous 
bornerons à citer les noms des chefs de 
ces établissements, ce sont : MM. Noirette, 
M. Nomièrre, M. Bruneau, M. Couttel, 
M. Drouard, qui nous a montré un came- 
lia axolaris. à fleurs blanches, les feuilles 
sur allongées et arrondies aux extrémités, 
M. Mabil, M. Sauvageot, M. Lefèvre, 
M. Cottineau , tous horticulteurs distin- 
gués qui collectionnent les plantes et les 
cultivent avec succès. Nous reviendrons 
prochainement sur les richesses que con- 
tiennent ces cultures, ainsi que sur celles 
d’Angers et d'Orléans, Ce sera l'objet d’une 
note spéciale. 


Dañs les serres du jardin botanique 
d'Orléans, nous avons admiré, fin d'octobre 
dernier, quatre régime du bawuanier, mnusa 
Saptentum, dont un portait 82 bananes; 
les tiges qui les ont produit n’étaient âgées 
que de dix-huit mois, la floraison a eu 
lieu le quinzième, les régimes étaient à la 
hauteur de 18 pieds. Il y avait quatre sou- 
ches de bananiers, l’une d’elles a donné des 
tiges qui avaient de 80 à 90 centimétres de 
circontérence. La collocasia antiquorum, 
qui a fleuri en 1841 pour la première fois, 
dont les petioles de la longueur de 7 à 8 
pieds, couleur lie de vin, produisent un 
très bel effet. L’anorra charifolia,en fruit, 
espèce que M. Delair croit mal nommée, 
il pense que cette plante est nouvelle et 
qu'elle serait recommandable pour forcer 
dans les cultures, oùulesfruits sont chauffés. 
L’urtica bacciféra,garnie de fleursroses dans 
toute la longueur de la tige. La fleur res- 
semble un peu, quant à la forme, à de la 
mousse des rochers. La tige, qui provient 
d’une bouture de l’année dernière, avait 
à cette époque ! mètre de hauteur et 8 
centimètres de circonférence. Le cactus 
prunosus, le mamillaria brongnartia, l’o- 
puntia salmiana, très fort et très curieux 
par la particularité qu’ont ses fruits rouges 
corails, de produire des bourgeons propres 
à la reproduction, sur les parties calyci- 
nales, au nombre de 5 à 7. Le tussilago 
japonica, garnt de 17 feuilles d’un vert le 
plus luisant et d’un port magnifique. 


Nous avons été pleinement satisfaits. de 
la bonne et belle tenue du jardin des 
plantes d'Orléans, dont la haute direction 
est confiée à M. Delair, homme studieux, 
aussi zélé qu’éclairé, qui a établi et perfec- 
tionné un système nouveau, de chauffage, 
dans les serres qu'il dirige. et sur lequel 
nous dirons un mot en,temps utile. 

BossiN , 
Grainier-Pépinicriste, 5, Quai-aux-Fleurs. 


rm One 


081 
SCIENCES HISTORIQUES. 


LINGUISTIQUE, 


Æssai d'une grammaire de la langue des îles 
Marquises, rédigé sur les documents du P. 
Mathias, et de FI. À. Lesson, médecin en 
chefides îles Marquises. 


paYÉ 


(Troisième article.) 
4° De l'adjectif. 


L'adjectif suit les mêmes règles que le 
nom, C'est-à-dire qu’il n’a non plus ni 
genres,ni..cas, et il se met quelquefois 
avant quelquefois après lui, cependant 
plus.ordinairemeut après. 

Ex, : l'homme bon, enana meitai. 

Comparatif et superlatif. — La langue 
nu-hivienne , comme toutes les autres de 
l'Océanie, n’a point de mots pour rendre 
le comparatif ni le superlatif relatif; on,se 
sert de périphrases. 

Ex. : l’homme est plus grand que la 
femme , tournez : l'homme est grand et la 
femme petite, va haua hoa, vehine iti (ou 
polo). 

Ex. : Celui-ci est le moins grand de tous, 
tournez : celui-ci est petit tout-à-fait, les 
autres grands, te nec {ti noa, hoa te kenana 
ke:.-5h.e 


Ces deux: exemples peuvent suïfire pour 


US EN 


compreudre:tous les autres cas de compa: |: 


ratifet .dessuperlatif relatifs etes 
ou delsupérionité. 

Lesaperlatif absolu se rend par ru, nu 
nuis: pakoko; noa, beaucoup, tout-à-fait, 
qu’on met après l adjectif. 

Ex.: le chemin est très beau , te 
mettabnur. 

Cet-homme est très pauvre, tupe- noa 
te chanainel. 

Ilsesrend aussi quelquefois par la répé- 
titiondu même mot : Ex. , demain, tres 
matin; oc oi ka, oi ot tikæ. noi 5 « 

5° Du verbe. 

Les auxiliairesétreet avoir, d'unsi grand 
usage dans les autres langues. n'existent 
même pas dans celle-ci : on y: supplée d’une 
autre manière, principalement par l'usage 
des prépositions. Et A 

: J'ai un couteau, fournez; Un cou-. 
teau de moi, to an koe kua, 

Le verbe être se retranche et le plus or- 
dinairement ne se supplée par rien comme 
on yient de le voir. Cependant on trouve 
souvent la particule he qui semble tenir la 
place des auxiliaires être et avoir. 

Ex. : ana he vaevae to au ua heke au, si 
j'avais des jambes je marcherais. 

Quant aux autres verbes ils sont égale- 
ment substantifs ou verbes comme il a LA ÉSà 
été dit, et vice versa. 


anti 


Des Temps. 


Il n°y a proprement que trois temps , le 
présent , le passé et le futur. Le premier, 
qui peut représenter aussi linfinitif, n’a 
guère d'autre marque que la voyelle e qui 
se niét devant ; cependant on ajoute aussi 
quelquefois après la particule. 
Ex.emalmakt, aimer. 

emahkimali ana au, j'aime. 
071% foe, tu aimes. 
‘T4, où te ia, il ou elle 
18 9119 4ime. 
19 1)Oratou, nous aimons. 
‘nallua, nous deux ai- 
Mons. 
latou , nous tous ai- 
Imons. 
otou, YOUS aimez. 


‘indéfiui) a pour 


982 | 
fohuu , vous deux ai- 
mez. 
atou, ils, elles aiment. 
tahua, Us, elles deux 
aiment. 
D'après le paradigme précédent on voit 
qu'ils ont le duel comme les Grecs, et:de 
plus une expression pour marquer l'uni- 


versalité sans exception, car le r#atou nous. 


marque exception des personnes à qui l'on 
parle, {atou, nous tous, marque qu’ellesy 
sont incluses. 

Le passé (imparfait , prétérit défini et 
marque distinctive princi- 
pale la particule ua qui se met devant. 

Ex. ua maki maki au, j'aimais,:j'aimai ;: 
jai, ou j'eusaiuné; 


koë, 
Ja 
malo 

D'autres fois au lieu de wa, avant lerverbe, 
où metisimplement 14 après le verbe, etil 
a encoré! la signification du passé; cepen- 
dant on peut dire aussi que cette particule 
ia est plutôt la marque du'passif. 

Le futur souvent n’a aucune marque 
particulière! Le radical ou Pinfinitif se 
marque suffisamment par le ‘sens de la 
phrase ou au moyen de quelque adverbe 
qu ’on y ajoute. Ex. : ekite, voir; epo lite, 
nous verrons (bientôt). 

(Quelquefois on ajoute après le verbe la 
particule ai et c’est aussi une manque de 
futur Ex. : poiti au i lau ai, j'étais encore 
tout petit lorsque j’ JY abordai. 

ID'autises fois où entend la particule e 
devant leverbe comme pour leprésent et 
l'indicatif, maisle sens de la phrase, comme: 
nous l’avons déjà dit,indique le fatur. Il est 
aussi que tépnéfois indiqué par laparticule 
a devantile verbe de même que limpéra: 
tif. 

Je ne méts pas de paradigme, ceux du 


présent'et di passé peuvent servir exeme" 


ples et de moäeles: 0 EN 


Pour marçuer'qu’uné chose se Sea aus 


sitôt qu’une autre se fera ou sera tériñinée, 
on répète ua, signe ordinaire du passé ; de- 
vant chaquemembre dé la phrase, 'et Alors 
c Fe la marque du futur conditionnel. 

: dés que nous serons prêts à monter 
à | montagne, jirai, dutadtamete hité, ua 
cke au, mot à mot: déjà prêt avec ce Fa 
déjà aller moi. 

Des Moss. : 

J'ai déjà parlé du présent'ét de l’infinitif, 
Quant à l'impératif on mêt & ou ka devant 
le verbe et plus souvent le premier, et alors 
il marque ou souhait où commandement, 
et quelquefois simplement le futur avec 
uue certaine obligation. Ex. : & maki-makr, 


aime, ou devoir aimer. 


On ne connait point de sabjonctif en 
cette langue qui manque également de 
conjonction pour les verbes. Le présent ou 
plutôt l'infinitif, qui est un mode général et 
indéterminé,remplace tout cela. 

Le participe et le gérondif manquent éga- 
lement: 

DiveRsEs ESPÈCES DE VERBES. 
Nous avons principalement parlé de l’ac- 


Pour le passif nous avons dit que sa 
marque parait être surtout la particule za 
placée après'lé verbe; du reste l'ensemble 
de la phrase l'indique le plus ordinaire- 
ment. Quant aux verbes réfléchis il est fa- 
cile de les composer avec les pronoms, 
comme on le fait dans les autres langues. 

Ainsi, je m'aime moi-même, nahi-mnaht 
au ia au. 


fabricants. Hi Fac 


-M, Deleuil. : 0 


983 


Pour Îles Wen neutres et autres, Où M 

n'en voit guère de traces. 
SYNTAXE DES VERBES. 

Tout verbe dans cette langue gouverne. Hi 
son régime avec préposition le plus:ordi« # 
nairement à et ia marquant'l direction ; 
la première vers les choses et les personnes 
indétermiuées, la deuxième les personnes 
déterminées par leur nom propre ou leurs # 
prénoms. : 

Ex. : donne de l’eau , a tuku i te var. 
Frapper l'enfant, peli à Le pohuts. 
Frapper un tel, pekia ia n. D 

Il faut noter que le régime direct ou,in- ,4 

direct demande également la préposition. 
Ex. : donne-lui à à ser -a-tuku ia ia ite 
kai kai. OIDAUEG 
Sileverbe, loinde Marquer direction vers 
quelque objet, marque au contraire qu’on 
s’en éloigne ou qu’on vientde lui ou de chez 
une personne, on se sert alors de la parti- 
cule inei pour les lieux ou les choses, et 
meio pour les personnes. Ex. : je viens de 
la montagne, ua eke mai: — au mei uta. 
Je viens de chez untel, meio n. ou me-i0. M 

Pour marquer l tes rogation, on meta … 
PARCS ha devant les verbes. 


PRRETTO 


É 


3b av 


Le Rat Gene à 
C.-B, FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— Nous avons donné connaissance Atos Iecttlis 
il y a quelque temps de la notice quefM.YDeleuil 
nous avait adressée sur es piles à charbon de Bun- 
zen, Depuis nous avons assisté à 14 Sorbonne , à la 


lecon de M. Ballard. La supériorité dé ces piles 


sur celles que nous avons vu fonctionner jusqu'à ee M 


Jour est telle que le savant professe ur a 1éabs6) aVée ON} 
quarante couples, toutes les expériencts quiay aient) üf 


été faites jusqu'à présent avec cent couples, dés’autres 


Nous avons dû signaler ce-succès comme but d'é- 
conomie et &e commodilé,et faire connaitre lesimo- 
difications qui ont été apportées a cet NRparet LES 

« " LA 

—- Pendant st de-quatre ans qu'a duré le voyage 0h 
de la corvette la -Danaïde, elle a exploré une! partie M 
de la côte est de PXméiique du Sud ;touteila côte 
occidentale du! Chili ,;-du Pérou, de léquateur;-de la 4} 
Nouvelle-Grenade, du Centre Amériques: :du, Mexi-14 
que et, de la Californie; elle r& Wrasérsé de. l'est: à 
l’ouest le grand océan Pacifique, -en visitant plu- \ 
sieurs des groupes d'îles qui le peuplent ; enfin, après 
une slation de quaicrze mois dans la mer de Chine, : 
elle est revenue en France en visitant les possessions ” 
anglaises du détroit de Malacea, Coleutta, Pordis 
chéry; Trincomolay, l'ile Bourbon, nos Étabhissé 4 
ments de Madagascar, le cap de Bonne-Espér ance et} 
Sainte-Hélène. 

Pendant le cours de la campagne ,; :les -montres 
ont .été suivies avec soin par M, FiSque , lieute- 
nant de vaisseau, qui a fait en oulre d'importants 
travaux hydrographiques. M. Rosamel a fait faire 
aussi des observations météorologiques dont les ré- 
sultats sont consignés dans des registres qui seront 
soumis à l'Académie. 

De nombreuses collections d'histoire naturelle, 
dues aux soins de M. Jaurès, lieutenant de vaisseau, 
et de M. Liantaud, chirurgien-major, ont été dépo- 
sées au Muséum. 

Ces collections se composent des mammifèr es, 
oiseaux, reptilesa Poissons, insectes ’et mollusques 
recueillis dans des localités encore peu connues. 

Enfin M. Liantaud possède des observations phy- 
siologiques et médicales détailites sur les populi- 
tions sauvages des îles de la mer du Sud, au Men: 
que et de la Californie. 

Une commission, composée de MAL! Avago),) dés 
Plainvilie, de Jussieu, Serres et Isidore Geyiroy-s 
Saint- Hilaire , est chargée de prendre, RgliiA ss) 
des collections d'histoire naturelle RORTE par & 
Dunaïde et en genéral des mater As Gques 
recueillis dans le cours du ox Age. 4 vh 


D A EE.» 


PARIS,—!MP. DE LACOUR et MAISTR \S5E lis 
rue Sunt-Hyaûrithe-S.-Michél, 335172 00 


10 année. 


Paris. — Dimanche, 4 Juin 1843. 
ee 


N° 42, 


L'ECHO DÜ MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


D 


Î L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 


de M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : 5AR18 pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,*Gfr. 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil’ ÉGHO DELA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORGEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur. 


l SOMMAIRE. — Sur les attaques dirigées contre 
| l'Université. — SCIENCES PHYSIQUES. PHY- 
| SIQUE. Sur la puissance motrice et l'intensité des 
courants de l'électricité dynamique; Haldat. — 
|  METEOROLOGIE. Aurore boréale, perturba- 
. {| tions magnétiques. — CHIMIE. Sur un nouvel 
.{ acide oxigéné de chrome ; Barreswil. — SCIEN- 
CES NATURELLES. GEOLOGIE. Rappro- 
chement entre les grès isolés de Fontainebleau et 
les glaces polaires suivi de remarques sur les grès 
mamelonnés d'Orsay ; Eugène Robert. — ZEO- 
LOGIE. Oieau mouche HÉLÈNE; De Lattre. — 

| PHYSIOLOGIE VEGÉTALE., Sur la tendance 

. des tiges vers la lumière; Dutrochet, — SCIEN- 

. CES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ. D'ENCOURA- 
.“ . GEMENT. Séance du 31 mai; Francœur. — 
CONSTRUCTIONS. Burcaux’à l'épreuve du feu ; 
Cabit, ARTS MÉTALLURGIQUES. Essieux pour 
les chemins de fer. — ARTS CHIMIQUES. Nou- 
|  velle substance colorante. — HORTICULTURE. 
.{ Nouveau greffoir bergevin, — SCIENCES HIS- 
| TORIQUES. ACADÉMIE DES-SCIENCES MO- 
| RALES ET POLITIQUES.) Séance puhlique du 
| 27 mai..— LINGUISTIQUE. Essai d’une gram- 
maire dela langue des îles Marquises ; Lesson. — 
| 
| 


SOCIÉTÉ ORIENTALE. — HISTOIRE. Note 
sur les Druides ; Constancio, — FAITS DIVERS. 
— BIBLIOGRAPHIE. : 

DIE" Ke 

as à ; Paris, le 3 juin 4842. 
L'Université, telle que l'avait concueNa- 
M poléon, et telle qu’il la constitua par le dé- 


) 


.« cret de 1808, était non seulement le mo- 


" nopole de l'instruction publique, : mais 


encore une conséquence de son système de 
« centralisation et un moyen de plus pour 
| faire de l’obéissance passive un dogme in- 
contesté. La Restauration, en gardant de 
FUniversité, tantôt représentée par un 
grand maître, tantôt par un ministre, tout 
ce qui dans le décret constitutif était favo- 
rable au pouvoir, répudia, sinon d’une 
manière ouverte, du moins clandestine- 
ment dans la pratique, et au moyen des cir- 
culaires et des ordonnances, les disposi- 
tions qui semblaient devoir présenter quel- 
ques garanties aux citoyens. De concession 
en concession, d'abus en abus, on en était 
arrivé à un point tel, qu’en 1828 on sentit 
la nécessité d’opposer une digue aux en- 
vabisseurs. La chute du ministère Marti- 
fac laissa cette salutaire réforme à l’état 
de projet. Ce fut dans ces circonstancesque 
l'on révisa la Charte de 4814. Pressés par 
les événements politiques, dominés par des 
réclamations d'autant plus impérieuses 
quelles avaient été plus long-temps com- 
primées, les législateurs de 1830 déclarè- 
Téht qu'il serait pourvu successivement, 
pardes lois séparées et dans le plus bref dé. 
-lai, à différents objets, entre autres à l’ins- 
 fruclion publique et à lu liberté d’enseigne- 
| ment, C'est sur cet article de la nouvelle 
.Q arte que sont basées les attaques que de- 
#iHPuIS quelque temps on dirige contre l’'Uni- 
| Versité, Admettons que l'esprit de parti 
n'est pour rien dans tout ce qui se passe et 


examinous la question telle qu’elle se pré- 
sente. La première condition pour un pa- 
reil examen, c'est.de bien se fixer sur les 
termes et sur l'esprit de l’article 69 qu’on 
invoque. Il sera pourvu, dit cet article, à 
l'instruction publique et à la liberté d'ensei- 
gnement. I} est clair, pour quiconque veut 
être de bonne foi, que cette liberté d’ensei- 
gnement ne peut être entendue que subor- 
donnée aux conditions et aux réglements 
que la loi promise devait apporter, et ce 
n’est que dans ce sens que Îàa promesse de 
la Charte doit être comprise, car s’il en 
était autrement. il eut suffi de dire que l’en- 
seignement était libre. En ne promettant 
de ne le déclarer tel qu’en vertu d'une loi, 
il est bien évident que ce n’est que d’une 
liberté relative que nos législateurs de 1830 
ont entendu parler. Qui peut croire d’ail- 
leurs qu’un gouvernement quelconque soit 
assez peu jaloux de sa conservation pour 
mettre lui-même, et désle premier jour de 
son établissement, entre les mains de tous 
ceux qui voudront un jour le renverser, 
une arme telle que tous les moyens de dé- 
fense dont il peut disposer seraient impuis- 
“sante contreelle, Ce serait là un suicide, et 
les gouvernements, pas plus que les indi- 
vidus ne, veulent périr par leurs propres 
mains Supposons en effet un gouyerne- 
ment non.pas seulement fortet despotique, 
tel que nous en avons connu un, mais tel 
aussi que l’histoire peut nous en fournir 
dans:les conditions les mieux établies de 
vie.et de durée; mettons à côté de lui une 
éducation libre, qui échappe à toute sur- 
veillance et quine soit soumise à aucune 
garantie, bientôt cette instruction aura 
formé autour du pouvoir une opposition 
qui, comme le géant de la fable, lèvera 
mille bras pour l’enlacer, l’étreindre et 
l’étouffer. Pour en yenirlà que faudra-t-il ? 
le temps pour façonner une génération, dix 
ans seulement. 

Nous ne voulons pas dire par ce qui pré- 
cède que l’université doit rester telle qu'elle 
est; nons convenons au contraire qu’il y a 
beaucoup à faire pour la mettre en harmo- 
nie ayec nos institutions et surtout avec 
nos mœurs; c’est plus, nous serions les 
premiers à dresser un acte d’accusation 
contre tous les ministères qui se sont suc- 
cédés depuis douze ans, si, voulant avant 
tout être juste, nous n’étions forcés de 
convenir que la réforme que nous deman- 
dons, que nous désirons, mais que nous 
voulons réelle et complète, se trouve liée à 
des questions qu'on n’étudie pas dans une 
seule année, et que pour arriver süûre- 
ment à un résultat durable, il fallait avant 
tout, non seulementconstituer, mais encore 
faire fonctionner l’enseignement primaire, 
et tout un système d’écoles intermédiaires 
imparfaitement connu et diyersement ap- 
précié. 


Et comme si ce n'était pas assez des dif- 
ficultés de toute espèce qui se pressent au- 
tour de la réforme universitaire, on a jeté 
au milieu de la discussion des attaques 
contrela philosophie et contre les philoso- 
phes. Pour la philosophie nous n’avons 
qu'un mot à répondre. Le décret de l’an vin 
dispose expressément «que l'instruction 
» universitaire devra être basée sur les 
» principes de la religion catholique. » S’il 
arrivait que quelque professeur s’affran- 
chit de cette prescription, le ministre, le 
conseil royal devraient sévir contre le pré- 
varicateur, s'ils ne le faisaient pasils se- 
raient coupables. Mais aucun reprôche 
pareil n’est adressé au corps enseignant, et 
nous devons tenir pour certain qu'il ne l’a 
point encore mérité. 

Quant aux philosophes, nous ne voulons 
pas nous enquérirsi leurs professions de foi 
sont sincères; ce que nous savons seule- 
ment, c’est que s'ils n'étaient pas chrétiens, 
ils ne seraient pas de notre époque. S'ils ne 


avançaient des propositions pe 
doxes et se formaient un dieu de 
il faudrait alors les plaindre, de 

: ; pute 
charitablement. Il “’appartientià 


de les injurier: car la liberté de‘co2scien 
est aussi écrite dans la Charte et Wire ha: 
nière plus positive que la liberté” i 
gnement. 

Pour nous qui ne sommes ni éclectiques 
ni théologiens, mais qui croyons à Jésus- 
Christ et à sa doctrine, par foi et non par 
démonstration, nous dirons aux hommes 
des deux camps, parce qu'avant tout nous 
les croyons meilleurs qu’ils ne veulent pa- 
raître les uns envers les autres, craignez 
aujourd’hui que les discussions politiques 
sont appaisées, de rallumer les querelles 
qui dans les deux derniers siècles ont fait 
peser tant de maux sur la France, et qui 
n'ont abouti qu’à faire perdre à la religion 
une partie de sa puissance et à jeter du ri- 
dicule sur les philosophes. 


7 SG dm——— 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Sur la puissance motrice et l'intensité des 
courants de l'électricité dynamique; par 
M. de Haldat. 


La puissance motrice et l'intensité des 
courants de lélectricité dynamique qui, 
depuis plusieurs années, exerce la sagacité 
des physiciens ; ces courants:merveilleux , 
dont M. Pouillet a posé les lois principales, 
ont semblé à M. de Haldat: laisser encore 
beaucoup de questions à résoudre , relati- 


‘ vement à l'influence que l’on supposait de- 


voir être exercée par {es conducteurs, à 
raison des modifications qu'ils pourraient 


987 


éprouver dans le mode d'agrégation de 
leurs molécules constitutives, dans leur 
densité , dans la stabilité ou’instabilité de 
ces mêmes molecules, dans leur passage 
de l’état solide à l’état liquide ou gazeux, 
dans l'homogénéité ou l’hétérogénéité des 
parties qui les composent, enfin selon qu’ils 
se trouvent à l’état qu’on nomme naturel 
ou qu'ils se trouvent sous l'influence des 
agents impondérables : calorique, magné- 
tisme, électricité. 

Les expériences au moyen desquelles 
l'auteur a cherché à résoudre ces ques- 
tions diverses, ont été exécutées au moyen 
de la bousolle des sinus et des conducteurs 
de dimensions égales, mais diversement 
modifiés. Les changements produits dans 
l’agrégation des molécules , opérés par la 
condensation , l’extension , la torsion , soit 
pendant que des changements s’opéraient 
dans l'état moléculaire par des actions vio- 
lentes , soit après qu’elles avaient produit 
leurs effets, se sont montrés sans influence 
sur les courants ; ce qui a été prouvé par 
la permanence dans la position normale de 
l'aiguille, lors même qu'elle a été observée 
à la loupe durant la condensation des mo- 
lécules par le marteau ou le laminoir, la 
tension ou la détente brusque des ressorts 
métalliques employés comme conducteurs. 
Il en a été de même durant les vibrations 
productrices du son, et pendant l'agitation 
violente des molécules métalliques passant 
de l’état solide à l’état liquide ou gazeux. 

Les variations dans la force d’agrégation 
moléculaire s'étant montrées impuissantes 
sur la marche des courants, on a dû cher- 
cher s’il en serait de même pour les con- 
ducteurs composés de molécules privées de 
cohésion, mais dans lesquels on supplée- 
rait à cette force par la compression ; l’ex- 
périence faite avec des poudres plus ou 
moins susceptibles de se tasser a prouvé 
que la faculté conductrice croissait avec la 
densité. Ce fait amenait la question de sa- 
voir quelle pourrait être ja distance mini- 
mum qui s'opposerait efficacement à la 
transmission d’un courant d'intensité 
donnée. Elle a été résolue approximative- 
ment au moyeu d’un conducteur dont fais 
sait partie un instrument micrometrique 
propre à mesurer la distance qu’on voulait 
introduire entre les extrémités de ce con- 
ducteur. Avec cette disposition on a prouvé 
qu'une interruption moindre que 1/200 de 
millimètre suffisait pour arrêter le courant 
produit par une pile à effet constant, dont 
les éléments avaient 1500 centimètres car- 
rés de surface. Ce résultat inattendu a 
encore conduit l’auteur à examiner la fa- 
culté conductrice des vapeurs mercurielles 
qui, s'étant montrées impuissantes pour 
opérer la transmission des courants, ont 
fourni une objection natarelle contre l’ex - 
plication de l'expérience de la combustion 
du charbon par la pile. 

L'influence de l’hétérogénéité des parties 
composant les conducteurs a été examinée 
. au moyen de chaînes de métaux hétéro- 
gènes, dont les portions égales alternées 
étaient soudées entre elles. Alternativement 
employésavec des conducteurs homogènes 
de même dimension, ils ont prouvé que 
cette disposition, Si favorable aux effets 
thermiques, a été sans influence sur l’inten- 
sité des courants. 

Les agents impondérables, les courants, 
les émanations d'agents subtils, etc., sem- 
blaient devoir opposer à la marche des cou: 
rants des obstacles plus puissants que ceux 
qu'on aurait pu attendre des modifications 


988 


dans l’état moléculaire: Cependant un con- 
ducteur, composé de petits barreaux d’a- 
cier maintenus par leur extrémité dans un 
contact immédiat ; ayantété employé, a 
offert les mêmes résultats avant et après 
l’aimantation des élénients qui la compo- 
saient. La matière de la chaleur n’a pas 
offert les résultats annoncés par d’autres 
physiciens, lors même qu’une portion de 
15 centimètres de longueur a été portée à 
lincandescence qui précède la fusion, et 
ce qui a paru plus étonnant, c’est que les 
courants de l'électricité statique ou dyna- 
mique, soit qu'ils aient recu une direction 
commune, différente ou même opposée à 
celle du courant examiné , ont été sans in- 
fluence toutes les fois qu’ils ont été trans- 
mis par des conducteursséparés, même par 
le plus petit intervallle ou l'interposition 
d’une substance isolatrice extrêmement 
mince. 


METEOROLOGIE. 
Aurore boreale, pefturbations magné- 
liques, 


Une aurore boréale très remarquable et 
accompagnée de circonstances singulières, 
a été vue en plusieurs points de la France 
et dans la Belgique pendant la nuit du 6 au 
7 mai. Voici Les observations plus intéres- 
santes, faites à Paris, àReimset à Bruxelles: 

À Paris, M. Desdouits a remarqué que la 
direction de la bande lumineuse n’était pas 
celle du méridien magnétique, elle s’in- 
clinait légèrement vers l’est. M, Moigno a 
trouvé pour l’inclination de cette bande 
sur l'horizon un angle d’environ 70°. Il a 
remarqué principalement Papparition pres- 
que soudaine de deux grands centres de 
lumière diffuse placés à droite et à gauche 
de cassiopée, mais un peu plus haut. Ces 
deux cent es répandirent pendant près d’un 
quart-d'heure une lumière assez vive pour 
faire pâlir les étoiles de 4° prandeur. 

à J 

À Reims, M. Coulvier-Gravier a remar- 
qué vers onze heures une étoile filante qui 
prit-naissance vers la queue dela grande 
ourse , se dirigea du sud-ouest au nord-est 
en traversant le quadrilatère , de la petite 
ourse,etunamas très lumineux qui couvrait 
ent.érement ce quadrilatère. Il vit distinc- 
tement cette étoile filante, obscurcie un 
peu par cet amas lumineux, reprendre son 
éclat après l'avoir traversé. Uneautre étoile 
filante vers onze heures 18, ayant traversé 
le ciel du sud au nord et rencontré égale- 
ment dansson parcoursune partie du nuage 
lumineux, parut éclipsée pendant quelque 
temps. M. Coulvier-Gravier déduit de cette 
double observation cette conséquence, que 
la hauteur de ces étoiles filantes était bien 
supérieure à celle du fluide ou gaz lumineux 
qui donne naissance aux aurores boréales. 
. À Bruxelles, à onze heures 12°, au mi- 
lieu d’un ciel parfaitement serein, on 
voyait une espèce de nuage blanchâtre, de 
forme elliptique, situé dans le méridien et 
à la hauteur de 60° environ. Ce nuage va- 
riait à chaque instant d’éclat et de gran- 
deur; ses variations brusques avaient quel- 
que chose de fatigant pour l'œil, et passaient 
alternativement de la faible lueur dela voie 
lactée à l'éclat d’un nuage blanc qui effacait 
à peu près la lumière des étoiles les ples 
brillantes placées dans sa direction. Ce phé- 
noméne était produit par l'espèce de nuage 
lumineux qui accompagne généralement 
les aurores boréales très intenses; et effec- 
tivement le nord était alors très vivement 
éclairé, et des jets de lumière se projetaient 
à une hauteur assez grande dans le méri- 


989. 


dien magnétique. Vers onze heures 24’, la 
laeur qui s'était montrée au sud avait com= 
plétement disparu, et vers le nord le ciel 
ne tarda pas à rentrer dansison état. ordi- 
naire. Pendant cette aurore boréale eut 
lieu une perturbation magnétiqueextraor- 
dinaire, mais selon M. Quetelet, ce ne (ut 
qu'après sa disparution que furent obser- 
vées les plus fortes variations ; ainsi vers 
onze heures 46, le magnétomètre mani- 
festa le plus grand écart que l'on ait ob- 
servé à Bruxelles depuis quatre années que 
l’on y étudie d'une manière régulière la 
marche du magnétisme terrestre, car sa 
déviation de son état moyen s’éleva à 54 
minutes ; savoir: de 63,00 s écarta Jusqu'à 
77,67, en présentant une différencede près 
de 15 divisions de l’échelle, dont la valeur 
esti==:191:39#;, 02 

À Parme (Italie), selon une communi- 
cation que nous avons reçue de M. Colla, 
l’aurore boréale ne fut pas aperçue, le ciel 
étant masqué de nuages sombres, mais lui- 
même a observé une perturbation extraor- 
dinaire dans l'aiguille magnétique de dé- 
clination de l’observatoire. Elle commença 
vers dix heures du:soir, et atteignit son 
maximum vers minuit, l'aiguille ayant di- 
minuée en quelques instants de son état 
moyen , d'environ 40 minutes. La pertur- 
bation continua avec des mouvements 
moins brusques, tout le restant de la nuit, 
aussi bien que pendant la journée suivante, 
etle magnétomètre ne reprit son état ré- 
gulier que dans l’après midi du 8. 


CHIMIE. 


Sur un nouvel acide oxygéné du chrome.— 
Extrait d’une letire de M. Barreswil à 
M. Pelouze. 


.… Si l’on verse dans de l’eau oxygénée, 
chargée à 10 ou 15 volumes, une dissolu- 
tion d’acide chromique, la couleur jaune 
de cet acide est instantanément remplacée 
par une coloration bleue indigo des plus 
intenses, d’une instabilité extrême, car 
souvent elle disparaît presque instantané= 
ment en même temps qu'il se produit un 
abondant dégagement d'oxygène. C'est en 
recueillant le gaz qui se dégage par l’action 
d’une quantité pesée de bichromate de 
potasse sur une eau oxygénée très acide; 

ue M. Barreswil est arrivé à la formule 
probable du nouveau composé. L’opéra= 
tion se fait à l’aide de l'appareil indiqué 
par MM. Gay-Lussac et Thenard pour J'a- 
nalyse des substances organiques. L'eau 
oxygénée est mise dans le tube, le bichro- 
mate y est introduit par petits morceaux, 
à l’aide du robinet si ingénieux que tout 
le monde connaît. À équivalent de bichro: 
mate de potasse, réagissant sur l'eau oxy= 
génée, très acide et en excès, dégage féqui- 
valents d'oxygène, et donne 2 équivaz 
lents de sel de chrome et 4 équivalents 
d'oxygène . 
KO,2CrOi+ A (*) = KOA +Cr'O*A+ 0°. 
Sur 4 équivalents d'oxygène, 3 équivalents 
sont fournis par l'acide chromique eti 
par l’eau oxygénée. En considérant la 
quantité d'oxygène dégage comme l’ex= 
pression d’un simple dédoublement, on 
est conduit à admettre la formule Cr-07. 

L'auteur a, du reste, prouvé que l'eau 
oxygénée n’est décomposée ni avant ni 
après la réaction, et qu'il ne sen forme 
pas non plus par la décomposition du com- 
posé nouveau. 

(*) A représente de l'acide sulfurique où chlorhy- 
drique, etc. 


| Veau se décolore. 
eau oxygénée, ni sel de potasse, ni sel de 


990 


Toutes les tentatives faites pour isoler 
l'acide surchromique à l’état de pureté 
absolue ontété vaines. Seulement on a pu 

l'amener à ne contenir que de l’eau. Une 

des propriétés les plus remarquables a, 
‘pour cela, été mise à profit : l’acide sur- 
:chromique se dissout dans l’éther et lui 
‘communique une couleur bleue des plus 
“intenses. 

Rien de plus simple que la préparation 
de la solution éthérée beaucoup plus stable 

que la solution aqueuse. On dissout du 
bioxyde de ‘barium par l'acide chlorhy- 
drique, en suivant les précautions indi- 
- quées par M. Thenard; on recouvre l’eau 
oxygénée impure ainsi produite d’une 
couche d’éther, on y verse peu à peu une 
dissolution de bichromate de potasse, et 
on mêle les deux liquides : f’éther en- 
traîne complètement le composé bleu, et 
L’éther ne dissout ni 


chrome, ni acide chlornydrique ; il ne 
prend que de l'acide surchromique et de 
l’eau. 

Si l’on cherche à évaporer la dissolution 
éthérée, elle se concentre, et l’éther est 


| “complètement chassé; mais tout à cou 


la couleur bleue disparaît, de l’oxygène 
se dégage, et de l’acide chromique reste 
dans le fond du vase. La décomposition, 
comme on le voit, ne va pas aussi loin en 
présence de l’eau pure que dans des liqueurs 
très acides. 

En présence des bases énergiques, la dé- 
composition de l'acide surchromique est 
encore plus rapide, à tel point qu’on serait 
porté à croire que le composé bleu de 
chrome r’est pas un acide, mais une com- 
binaison d’eau oxygénée et d’acide chro- 
mique. Cette réaction donne lieu à un dé- 
gagement d'oxygène, et à la formation 
d'un chromate de la base employée. L’am- 
moniaque et les alcalis végétaux, au sein 
de l'alcool ou de l’éther, peuvent se com- 
biner avec l'acide surchromique et donner 
naissance à des composés instables, dont 
un acide énergique chasse l’acide bleu. Le 
sel de-quinine est le plus stable : il est so- 
fuble dans l'alcool, insoluble dans l’éther ; 
on peut l'isoler el le sécher sans qu’il perde 
ses propriétés. Ces composés sont-ils de 
“vrais surchromates? ne sont-il pas plutôt 
des combinaisons de chromates et d’eau 
oxÿgénée? C'est ce que l’auteur n’a pu 
jusqu'ici déterminer, et c’est ce qu'il se 
propose de voir sitôt que le temps sera plus 
favorable à ce genre d'essai. Il compte éga- 
lement étendre les réactions de cet ordre : 
“déjà l’acide vanadique Ini a donné un com- 
posé suroxygéné d’un rouge intense, qui, 
de même que l'acide surchromique, se 
place, par ses propriétés, entre l’eau 
oxygénée et les acides instables, sans qu’on 
puisse encore le classer d’une manière dé- 
finitive. 


TT SEE 
! SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIC. 


Rapprochement entre les grès isolés de Fon- 
tainebleau et les glaces polaires; suivi 
de remarques sur les grès mamelonnés 
d'Orsay; par M. Eugène Robert. 


Les formes bizarres qu’offrent les grès 
isolés de Fontainebleau rappelent tout à 
fait, suivant M. Robert, celles des masses 
flottantes de glace que l’on trouve dans 
les mers polaires, et cette ressemblance 


991 


qui, si elle était fortuite, ne mériterait pas 

’être relevée, doit au contraire fixer l’at- 
tention dès qu'il est permis d'y soupcçon- 
ner le résultat d’une même cause agissant 
dans les deux cas. Pour les masses de 
glace, on sait bien que la configuration 
extérieure est déterminée par l’action pro- 
longée des eaux; pourquoi n’en aurait-il 
pas été de même pour les masses de grès? 
Il y a entre ces deux sortes de corps un 
rapport qu'on ne doit pas méconnaître : 
ils ont une structure homogène, étant 
composés de particules de quartz où de 
neige, particules qui, dans les deux cas, 
tendent à se grouper et à prendre une 
contexture amygdalaires de laquelle ré- 
sulte l’aspect comme guilloché des sur- 
faces que l’on observe sur les blocs de 
grès comme sur les blocs de glace flot- 
tante. 

M. E. Robert admet donc que les grès de 
Fontainebleau, qui représentent pour lui 
des dunes anciennes, ont été après leur 
dislocation longtemps battus et baignés par 
des eaux puissantes; il soupconne que ces 
eaux pourraient être celles qui ont dû for- 
mer Jadis un grand lac au fond duquel 
s’est déposé le calcaire d'eau douce qui 
recouvre le grès sur plusieurs points de la 
forêt. 


ZOOLOGIE. 


Nouvelle espèce d'oiseau mouche des plus 
remarquables, (ornismya helenæ)\; par 
À. De Lattre. 


Parmi lesespèces les plus riches comme 
les plus belles d’oiseauxmouch s, il n’en est 
pas sans contredit de plus remarquables que 
la tribu de ceux dits Lophornis, et parmi 
ceux-ci vient se placer l'espèce que M. Les- 
son lui-même a trouvée admirable, et que 
nous nommons l'oiseau Mouche -Hélène 
(orrismya Helenæ), en l'honneur D'HÉLÈNE 
D’ORLÉANS, cette noble princesse protectrice 
des arts qu’elle encourage et qu’elle cultive 
avectantde goût, etdontla grandeinfortune 
rehausse le beau caractère ; puisse la prin- 
cesse Hélène accueillir avec bonté cet hom- 
mage d’un voyageur, heureux dans les 
contrées lointaines, de conquérir cette ra- 
rissime espèce pour lui donner le nom d’une 
épouse et d’une mère si chère à la France. 

L'oiseau Mouche-Hélène a la taille du 
huppe-col, son bec est petit, court, aci- 
culé, et ses ailes étroites sont de la lon- 
gueur de la queue; celle-ci est large, pres- 
que égale, mais formant éventail. Les rec- 
trices en sont larges , rigidules. 

Lemäâle possède les plus somptueuses pa- 
rures, Son front est surmonté de deux 
huppes pointues, et sur le milieu du sin- 
ciput sont implantés desfilamentscapillacés, 
fins , au nombre de trois de chaque côté, 
qui donnent à la parure de cet oiseau gra- 
cieux Ja plus complète analogie avec celle 
de quelques crinons. Les plumes jugulaires 
évasées en éventail, forment un-hausse-col 
arrondi des plus gracieux, et ce hausse-col 
résulte d’un assemblage de plumes étroites, 
Jancéolées, pointues. 

Aux formes si coquettement gracieuses , 
l'oiseau Mouche-Hélène joint une richesse 
extraordinaire de coloris. Les deux huppes 
effilées du front brillent de l'éclat vert de 
l’émeraude, en se glaçant sous certains re- 
flets en velours , et marqué de roux sur 
quelques points ; les crins du sinciput sont 
noirs, le plus riche vert frais est saupoudré 
d’or, teint le cou, le dos, et s’arrête au 
croupion, où se dessine une barre blanche; 


992 


les couvertures supérieures dela queue sont 
d'un violet métallisé; un plastron vert éme- 
raude des plus brillants chatoie sur le go- 
sier et se trouve encadré par la large col- 
lerette de plumes étalées, teinte de noir ve= 
lours dans le bas, et dont chaque plume 
de côté est par moitié noir velours ou cha- 
mois clair ; un gris roux teint le dessous 
de cette collerette , puis des paillettes d’or 
sont semées sur le ventre, les flancs, jus- 
qu'aux couvertures inférieures qui sont 
rousses. 

Le bec est jaune, les tarses sont grêles 
etjausâtres; un pourpre violet teint les ailes 
et la queue rouge canelle en dessous, à 
chaque penne rouge cannelée bordée exté- 
rieurement de noir ; les rectrices moyennes 
sont elles-mêmes terminées largement de 
noir. 

La femelle, comme ses congénères, est 
simple dans sa parure. Du vert doré sur la 
tête et sur le dos, une barre jaune clair sur 
le croupion , du vert doré sur les côtés du 
cou et les flancs, une tache uoire sur la 
région auriculaire, la distinguent suffi- 
samment, Sa gorgeet le devant du cou 
sont blancs picotés d’or. Une ceinture dorée 
et des paillettes dorées tranchent avec le 
blanc du ventre, teint de rouille. Les 
couvertures inférieures sont entièrement 
rouille, les pennes de la queue vert doré à 
la base, puis noires.sous terminées de roux 
vif. 

Cette belle espèce vit sur les hauteurs de 
la haute Vera-Pax, sur la route de Petinck, 
dans la république de Guatimala; il a les 
mœurs des huppe-cols, et ne se trouve 
que dans les grands bois ; et jamais proche 
les habitations. 


PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 


Observations relatives au rapport fait par 
M. Becquerel , dans la séance du 8 mai 
1843, sur un mémoire de M. Payer, inti- 
tulé : Sur la tendance des tiges vers la lu- 
mière; par M. Dutrochet, 


Dans la séance du 26 décembre 1842, 
M. Payer a présenté à l’Académie un mé- 
moire sur la tendance des tiges vers la lu- 
mière, mémoire pour l’examen duquel jai 
été nommé commissaire , conjointement 
avec MM. de Mirbel et Becquerel. Ce mé- 
moire, d’abord remis à M. de Mirbel, m’a 
été renvoyé par ce dernier, après en avoir 
pris connaissance. Je me proposais de ré- 
péter les expériences contenues dans ce 
mémoire, et de faire le rapport; mais 
M. Payer ayant fortement insisté, el à 
plusieurs reprises, pour retirer ce mé-" 
moire de mes mains, afin de le confier à 
M. Becquerel, j'ai dù m'en dessaisir. Cela 
explique pourquoi le rapport sur ce mé- 
moire de physiologie végétale a été fait par 
M. Becquerel dont ce n’est pas la science 
spéciale, Je m'attendais cependant à être 
consulté par mon honorable confrère pen- 
dant que j'étais encore à Paris, d’où je ne 
suis parti qu’à la fin d'avril, mais je n’ai su 

u’il s'était occupé de répéter les expérien- 
ces de M. Payer, et je n’ai connu son rap- 
port que par l'impression de ce rapport 
dans le Comp'e rendu de la séance du 
8 mai dernier. Ainsi je n’ai point à répon- 
dre de son contenu, qui même me blesse 
en certains points, et C'est à tort que j'y 
suis implicitement censé avoir vérifié, avec 
MM. de Mirbel et Becquerel, les expériences 
de M. Payer. 

En parlant de la divergence des opinions 


993 


des physiologistes sur la cause de la ten- 
dance des tiges vers la lumière, l’hono- 
rable rapporteur s'exprime ainsi : & Ces 
opinions n'auraient pas présenté probable- 
ment autant de divergence si elles eussent 
reposé sur des expériences exactes relatives 
au mode d'action de la lumière , c’est-à- 
dire si ces physiologistes eussent recher- 
ché quelles étaient les différentes parties du 
rayonnement solaire qui donnaient lieu à 
ce phénomène, et pouvaient influer sur 
les réactions chimiques produites dans les 
tissus végétaux. » 

Je me suis beaucoup occapé de l'étude 

_ de l'influence qu’exerce la lumière sur les 
végétaux pour produire l’inflexion de leurs 
diverses parties, et j’ai donne sur ce sujet 
une théorie entièrement neuve qui repose 
sur des expériences exactes relatives au 
mode d’action de la lumière surles végé- 
taux. Si l'honorable rapporteur a émis une 
assertion contraire, c’est qu'il n’a pas en- 
visagé la question sous ses différents as- 
pects. Le mode d’action de la Inmière sur 
les végétaux demande à être considéré sous 
plusieurs points de vue : 

1° Quels sont les phénomènes physiques 
ou chimiques que l'action de la lumière 
produit chez les végétaux? Ces phénomè- 
nes sont spécialement l'augmentation de 
l’émanation aqueuse et la décomposition 
de l’acide carbonique , d’où résulte la fixa- 
tion de son carbone, et le dégagement de 
son oxygène gazeux qui, ainsi que je l'ai 
fait voir, remplit d’abord les organes pneu- 
matiques de la plante, et ne se déverse au 
dehors que lorsque ces organésisont pleins. 

20 Par quel mécanisme s'opère l'inflexion 
des tiges végétales sous l'intluence de la 
lumière? Jai fait voir, par des expériences 
exactes, quel est ce mécanisme, lequel 
consiste dans la tendance diverse à l’incur- 
vation du tissu cellulaire sous l'influence 
de l'augmentation de l’émanation aqueuse, 
et dans la tendance diverse à l'incurvation 
du tissu fibreux sous l'influence de l’aug- 
mentation du dégagement de l’oxigène qui 
remplit les organes respiratoires, et pro- 
cure, par suite, l’oxygénation du tissu fi- 
breux. 

3 Comment la lumière produit-elle 
l’augmentation de l’émanation aqueuse et 
la décomposition de l’acide carbonique? 
L'augmentation de l’émanation aqueuse 
par la lumière est un fait donné par l’ob- 
servation, mais que rien n'explique en- 
core. La décomposition de l’acide carbo- 
nique par la lumière chez les végétaux est 
incontestablement due à l’action des rayons 
chimiques. Cela ne pouvait pas être l’objet 
d’un doute, même avant les expériences de 
M. Payer, expériences qui n’ont fait que 
donner la confirmation expérimentale à ce 
qui devait être nécessairement. Ainsi, ces 
expériences n’ont véritablement rien fait 
pour expliquer la cause de la tendance des 
tiges vers la lumière. Cette cause se trouve 
primitivement, d’une part, dans l’'augmen- 

"tation de l'émanation aqueuse par l'in- 
fluence de la lumière, phénomène inex- 
pliqué;iet, d’une autre part, daus la dé- 
composition de l'acide carbonique, et, par 
suite, daus le dégagement intérieur du gaz 
oxygéné|.sous l'influence de la lumière, 
phénomëne.dû à l'action des rayons chi- 
miques. Cette: cause se trouve secondaire- 
ment dans l’incurvation des tissus végé- 
taux sous l'influence de l’augmentation de 
l’émanation aqueuse , et sous l'influence de 
l'augmentation du dégagement intérieur 
de l'oxygène, 


994 


L'honorable rapporteur ajoute, vers la 
fin de son rapport, à propos des expérien- 
ces qu’il engage M. Payer à faire : ces ex- 
périences, mises en regard ‘de celles rela- 
tives à l’inflexion des tiges, présenteraient 
d'autant plus d'intérêt que lon a cru re- 
marquer que certaines plantes éprou- 
vaient un effet inverse, c’est-à-dire qu'au 
lieu de s’infléchir vers la partie la plus 
éclairée d’une pièce, elles semblaient fuir 
la lumière, 

La tendance qu'ont certaines parties vé- 
gétales à fuire la lumière , phénomène an- 
noncé d’abord par feu M. Knight, a été 
démonstrativement établie par moi de la 
manière la plusincontestable. J'aifait voir, 
il y a longtemps, que, par exemple, lors 
de la germination de la graine du gui, la 
tigelle de cette plante s'infléchit constam- 
ment en sens inverse de celui de l’afflux de 
la lumière, et dirige, par conséquent, dans 
le même sens la radicule qui la termine. 
Ce faitn’estignoré d'aucun deceux qui s’oc- 
cupent de la physiologie végétale; il a été 
constaté par beaucoup d’observateurs, et 
notamment par M. de Candolle. Le phéno- 
mène de la fuite de la lumière par certaines 
parties végétales est donc bien établi dans 
la science ; il n’est point de ceux que l’on 
a cru remarquer. 


De 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. 


Séance du 31 mai 1843. 


M. de Colmont propose d’élire un ad- 
joint pour compléter le comité de com- 
merce; cette proposition est ajournée à la 
séance prochaine, selon les usages de la 
société. 

M. Vallot fait un rapport favorable sur 
des procédés employés par M. Sajou pour 
faire des dessins en tapisserie analogue à 
celle qu’on fabrique à Berlia et qui est très 
recherchée par le commerce. D’après l’opi- 
nion du comité des arts économiques, les 
procédés employés par linventeur sont 
d’une si faci'e exécution qu’on peut les 
faire suivre par de jeunes ouvrières peu 
exercées à ce travail, et que cependant les 
nuances des couleurs sont si parfaitement 
assorties que les produits ne le cède en rien 
à ceux de Berlin, et sont moins couteux. 

La société s'occupe ensuite des modifica- 
tions qu’elle desire voir apporter à la loi 
présentée à la Chambre des députés sur les 
brevets d'invention. Les cinq premiers ar- 
ticles sont étudiés;. mais le sivième donne 
lieu à une très vivediseussion, dont la suite 
est remise à la prochaine séance. La pro- 
position faite par un des membres de ne 
taxer les brevets d'aucun impôt est discutée 
et rejetée. FRANCOEUR. 


CONSTRUCTIONS. 


Bureaux à l'épreuve du feu, construits pour 
le duc de Bedford ; par M. Cubit. 


Ces bureaux, dit le journal The Artüzan, 
sont un chef-d'œuvre de construction sous 
le triple rapport du dessin , de l'exécution 
et de la nature des matériaux employés. 
Les critiques les plus tracassiers y trouve- 
ront difficilement à exercer leur talent, 
tandis que tous les observateurs judicieux 
auront au contraire une infinité de choses 
à louer. En ce qui nous concerne, nous 
pouvons dire consciencieusement que nous 
n'avons encore rien vu qui répondit mieux 


995 


à l’idée que nous nous sommes faite des 
conditions auxquelles doit satisfaire un 
édifice de ce genre, et qui fit plus d’hon- 
neur à son auteur. Cette construction , à la 
vérité , n’est ni vaste, ni monumentale, et 
ne peut, par conséquent, exciter l’enthou- 
siasme du vulgaire ; mais à l'homme versé 
dans la science de l’architecture, et même 
seulement à l’homme de bon sens, elle pa- 
raîtra plus digne d'intérêt que ces colonades 
somptueuses , élevées à force de dépenses, 
suivant des règles toutes tracées, qui ne 
laissent à l’architecte ni génie à déployer, 
ni difficultés à surmonter. 

Le principal objet que s’est proposé 
M. Cubitt a été de mettre les papiers dé- 
posés dans ces bureaux à l'abri de l’humi- 
dité et du feu. Pour prévenir le premier de 
ces deux dangers, on a établi une aire de 
béton de 0 mètre 600 d'épaisseur, qui s’é- 
tend au-delà des murs extérieurs. Sur cette 
aire on a construit des voütes en briques, 
communiquant par des ouvertures entre 
elles et avec une galerie couverte qui en- 
toure l’édifice. Cette galerie est percée de 
baies grillées, dont les seuils sont élevés un 
peu plus haut que le pavage extérieur. 

L'édifice se compose d'un rez-de-chaus- 
sée destiné aux archives, et d’un premier 
où se trouvent les bureaux. Pour suppri- 
mer tout danger d’iucendie , l’auteur en a 
exclu tous les matériaux combustibles, à 
l’exception des parquets du premier étage 
qui sont en chêne, bois moins combustible 
que le sapin , des dormants des fenêtres du 
premier étage qui sont aussi en chêne et 
d’une porte battante à l’entrée, porte en- 
tièrement isolée de tout autre objet com- 
bustible. Le fer, les briques, les tuiles , le 
ciment, le mortier, la pierre et l’ardoise 
sont les seuls autres matériaux employés. 

La voute du rez-de-chaussée est cons- 
truite en fer et en fonte; celle du premier 
se compose de fonte et de tuiles posées à 
bain de ciment. Le toit est aussi en tuiles 
eten fer. Toutes les portes et tous les vo- 
lets sont en fer, les châssis des croisées sont 
en ardoise, et les dormants dans la pièce 
des archives sont même en métal. 

L’aire de cette pièce est dallée en pierres 
posées sur les voûtes en briques. Quantaux 
pièces du premier étage, elles sont, comme 
on l’a dit, parquetées en chêne posé sur des 
lambourdes de même bois, supportées par 
les voûtes en briques du rez-de-chaussée ; 
mais ces parquets, au passage d’une pièce 
à l’autre, sont séparés par un dallage. 

Comme l'air ne tarderait pas à manquer, 
il est probable que, si un de ces parquets 
venait à prendre feu, la combustion s’ar- 
rêterait promptement d'elle-même et ne 
serait que partielle; mais, en supposant 
que le parquet d’une pièce fût brûlé en en- 
tier, le dailage intermédiaire empêcherait 
au moins le dommage de s'étendre aux 
pièces voisines. La destruction d'un plan- 
cher est donc la limite du dommage qu'un 
incendie peut faire éprouver à cet édifice 
qui, sous tous les autres rapports, est tout 
a fait à l'abri de ce danger. 

Les titres déposés dans les archives seront 
renfermés daus des boîtes de fer blanc, ran- 
gées dans des casiers en ferétabhs sur toute 
la hauteur de la pièce. Ces boîtes s'ouvri- 
ront par devant, afin que l'on nait pas 
besoin de les déplacer pour en retirer les 
papiers. Les casiers vont être disposés de 
manière à contenir un nombre de ‘boîtes 
aussi grand que le permettra la nécessité 
d'éelairer la pièce et de circuler facilement. 

On a fait observer qu'une couverture en 


| 
| 
| 


996 ‘° 
fer et en tailes pourrait être sujette, lors 
ides changements brusques de la tempéra- 
ture, à condenser l'humidité contenue dans 
l'air des pièces de cet édifice. Pour éviter 
cet inconvénient , ea assurant la constance 
ide la température intérieure, on a couvert 
la voûte d’une couche de coquilles de 0 
mètre 450 environ d’épaisseur, qui semble 
produire l’effet désiré. 

Quoique les portes et les volets soient en 
: fer, leur apparence extérieure est la même 


| que s'ils étaient en bois ; il faut y regarder 
q 2 Le) 


| 
| Or LA 
| facilité. 


de près pour connaître la différence, et 
ils s'ouvrent et se ferment avec la même 
(Journal des Usines. ) 


ARTS MÉTALLURGIQUESe 


Essieux pour chemins de fer. 
Des expériences du plus haut intérèt.ont 


eu lieu tout récemment à la station de 


Camden-Town, sur le chemin de fer de 
Londres ct Birmingham. Il s'agissait d’un 
essai comparatif entre les essieux creux 
brevetés de Youll et des essieux pleins, les 
plus solides, les meilleurs actuellement en 


usage. MM. le major-général Pasley, Bury, 
: Gregory, et environ trente autres Ca 
es 


nieurs ou personnes qui s'occupent 
chemins de fer, étaient présents à cette 


| importante épreuve. Le résultat a été des 


| plus satisfaisants ; il a montré une énorme 


supériorité. de-foice dans les essieux creux. 
” Les essieux ont été soumis à un effort de 
torsion de vingttonnes {vingt mille kilo- 
grammes ); un poids considérable est tombé 
sur lesessieux. La flexion des essieux creux 
a toujours été moins grande, bien qu'ils 
fussent de près de 20 0/0 plus légers que 
les pleins. Maïs le plus grand perfection: 
nement est dans Îles extrémités, dans lés 
fusées qui sont creusées aussi, et du dia- 
mètre ordinaire. Deux ou trois coups d’un 
fort marteau ontété suffisants pour briser 
des essieux pleins, trente, quarante et jus- 
qu’à cinquante coups du même marteau 
ontété nécessaires pour briser les fusées 
des essieux creux. Lorsqu'on se rappelle que 
parmi bien d'autres, le terrible accident 
du chemin de fer de Versailles a été causé 


| par larupture d’un'essiéu plein, à la fusée, 


on ne saurait attacher trop d'importance 
au fait que nous signalons. Plusieurs des 
spectateurs étaient arrivés avec une pré- 
vention marquée pour les essieux pleins, 
mais à la fin des expériences la conclusion 
unanime a été en faveur des essieux creux, 


On assure que le prix de ces essieux nedoit 


pas êtré plus considérable que celui des 


autres; on ne pourrait donc pas opposer 
+ dés raisons d'économie à l’adoption de la 
… nouvelle invention. 


ARTS CHIMIQUES. 


Note sur la paille de mil, nouvelle sub- 
stance coloranle. (Extrait d’un rapport 
de M. H, Schlumbergcr, de Mulhouse. 


M. H. Schlumberger a lu dernièrement, 
dans la société industrielle de Mulhouse, 


| un rapport sur plusieurs substances colo- 

| rantes provenant de certaines plantes de 
L 0 . . . L 
l'Afriqueoccidentale, recueillieset envoyées 


en France par MM. Jaubert et Galès, né- 
gociants français établis à Gorée (Sénégal). 
Nous nous bornons à indiquer les princi- 


| paux résultats 6blénus par l’habile rappor- 


teur sur Ja paille de mil, laseule de cessub- 
stances qu'il regarde.comme méritant de 
fixer réellement; l’attentiou, parce qu’elle 


997 


présente des propriétés nouvelles et diffé- 
rentes de celles de toutes lesautres matières 
colorantes connues jusqu'ici. 

La paille de mil , dit M. Schlumberger, 
est encore appelée, par MM. Jaubert et 
Galès, cochenille africaine, parce que, 
selon eux, réduite en poudre, elle ressemble 
à la cochenille et qu’elle développe une 
couleur rouge lorsqu'on la soumet à l’ac- 
tion de l’ammoniaque, de la soude ou de 
la chaux. 

La paille de mil est une espèce de paille 
ayant de 1 à 2 centimètres de diamètre, et 
de 2 jusqu’à 4 décimètres de longueur. 
Cette paille a une couleur d’un grenat 
foncé, tachetée par places en gris jau- 
nâtre. 

L'eau froide n’a aucune action sur la 
poudre de paille de mil. L'eau bouillante 
se colore en brun vineux. Cette décoction 
dépose , par le refroidissement, une ma- 
tière brune foncée; ce dépôt augmente par 
l’évaporation du liquide. En l’évaporant à 
siccité, on obtient une poudre noire bru - 
nâtre qui se redissout dans l'acide sulfu- 
rique concentré, en le colorant en orange 
doré. (L'auteur du rapport décrit ensuite 
la manière dont elle se comporte avec plu- 
sieurs réactifs.) 

Les tissus de coton, de soie et de laine, 
ayantété soumis à lopération tinctoriale 
de la paille de mil, le rapporteur a re- 
marqué que cette substan e était assez 
riche en matière colorante , et qu’elle tei- 
gnait très bien tous ces différents tissus, en 
produisant ; par l'intermédiaire des divers 
mordants, des couleurs variant du noir au 
rouge et du gris au violet. 

L'eau froide n'ayant presque aucune ac- 
tion sur la paille de mil, ce n’est que vers 
l'ébullition du bain que la teinture fait des 
progrès. 

L'auteur décrit ensuite les expériences 
auxquelles il à soumis des échantillons de 
coton. Ces expériences lui ont fourni plu- 
sieurs nuances et un grand nombre d’ob- 
servationsintéressantes, dont on trouvera 
le détail dans le rapport. 

En résumant ces observations, l’auteur 
dit : 

Nous conclurons que cette substance 
présente beaucoup d'intérêt sous le point 
de vue tinctorial, et qu'elle diffère de la 
plupart des matières colorantes employées 
jusqu’à présent en teinture. 

Elle produit, avec les mordants de fer, 
sur lés toiles de coton, de soie et de laine, 
une couleur noire très intense et d’une 
grande solidité, résistant parfaitement à 
l'air, au soleil, au savon, aux carbonates 
alcalins et aux acides. Avec les mordants 
d’alamine , on obtient des grenats qui s’a- 
vivent beaucoup par un passage au proto 
ou au deutochlorure d’étain, mais qui ont 
moins de solidité que les noirs. Les mor- 
dants de deutoxyde d’étain produisent des 
couleurs, variant du rouge au grenat, qui 
ont plus ou moins de vivacité, mais qui 
sont aussi moins solides que les noirs obte- 
nus par la même matière. : 

Dans les essais que j'ai entrepris pour 
les teintures en paille de mil, le fond blanc 
ou les parties non mordancées se chargent 
d’une matière colorante qui y. tient assez 
fortement. Cependant on remarque que 
l’exposition au soleil et que les passages au 


savon détruisent en partie cette teinte, et 


il est probable que, par de nouvelles expé- 
ricnces, on parviendra à obtenir un fond 
blanc plus pur. 

Néanmoins la paille de mil pourra tou- 


698 


jours être employée pour la teinture en 
uni des cotons, des soies et des laines , et 
c'est surtout pour la teinture en noir de ce 


dernier tissu qu’elle pourra présenter le 


plus d’avantage. 


Nous avons vu que la paille de mil était 
assez riche en matière colorante, car, avec. +. 


8 grammes de ce produit, on sature très 
bien les mordants d’un échantillon qui au- 
raient exigé 20 grammes de garance. 

Du reste, il uous paraît possible d’ap- 
porter de grands perfectionnements à l’em- 


be 


ploi de cette matière. Il y aurait à examiner °° 


l'influence de la méthode de culture ‘sur’! 


cette paille, l’âge et le moment favorables’: 


à sa récolte, la manière de la sécher et de 
la conserver, pour obtenir le meilleur ren- 
dement de la matière coloravte. Eufin il 
reste encore à faire un grand nombre d’es- 
sais sur son emploi en teinture, pour dé- 
terminer les moyens les plus convenables 
de s’en servir. 

(Bulletin de la société industrielle de 

Mulhouse.) 


HORTICULTURE. 
Nouveau greffoir Bergevin. 


M. Bossin, qui a fait à l'automne der- 
nier, en Normandie et en Bretagne, lun 
voyage agricole et horticole, wous'a rap: 
porté un greffoir d’une nouvelle façon, in- 
venté par M. Bergevin, ex secrétaire dé: 
missionnaire de la Société d'Agriculture 
de Brest, qui s'occupe avec un zèle assidu 
de tout ce quise rattache aux progrès de 
l'agriculture et de l’horticulture. 


La lame et le manche du greffoir Berc\: 
gevin ne différent en aucune façon de ceux } 


ordinaires; la spatule ou mèche quiiest 


placée à l'extrémité de ce manche, seule! 
n’a pas la même forme : ellea près de 40 mil: 
limètres de longueur, 5 de large au sommet 
et 8 à sa base. Au lieu d’être plate ou légè- 
rement convexe elle est concave, c’est-à- 
dire, qu’elle forme dans toute salongueur, 
une gouttière de 5 millimètres de creux à 
sa base, et dont la profondeur va sans cesse 
en diminuant, aivsi que l'épaisseur, vers le 
sommet, où l'instrument se termine en 
une espèce de bec aminci, de la forme de 
l’outil que les mécaniciens appellent une 
gouge. Cette spatule se replie sur le man- 
che et se couche sur la lame où elle ne 
court pas de risque d’être brisée lorsqu'on 
n'en fait pas usage. 

La spatule en gouttière du nouveau mo- 
dèle, dü à M. Bergevin, est destinée à enle- 
ver le bois qui se trouve adhérent à l’écus- 
son, lorsqu'on le détache du rameau en 
la faisant passer légèrement entre le bois et 
l'écorce, de manière à couper nettement le 
bourrelet formé par l'œil, Cette opération, 
souvent mal faite,par les moyensordinaires 
est presque infaillible, suivant ce qu’en à 


dit M. Bergevin qui, pour appuyer la su-, 


périorité de son instrument, assurait. à 


M. Bossin que sa cuisinière, qui n’avaitja- 
mais vu de grefloir, avait écussonné des 
orangers, etqu’elle n’en avait pas manqué 
un seul avec le greffoir Bergevin. 

Un habile fabricant d’instraments d’a- 
griculture et d’horticalture de Paris, a 
prié M. Bossin de lui confier le greffoir Ber- 
gevin comme modèle et pour en fairede pa- 
reils. L'usage de ce greffoir nous confirme- 
ra sans doute les résultats obtenus à Brest. 
Nous l’espérons, et nous prions nos lecteurs 
de nous en rendre compte. 


999 
ACADÈMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. 
Séance publique du samedi 27 mai (845. — Pré- 


sidence de M. le comte Portalis. 


La séance a été ouverte par un discours 
dans lequel M. le président à défini les 
sciences qui composent le vaste et riche 
programme de l’Académie. Remontant 
jusqu’à leur naissance, il les a suivies pas 
à pas, à marqué chacun de leur progrès, 
etrattachant par une transition habile à 
cette-revue rétrospective l’histoire de l’A- 
cadémie elle-même, il a indiqué en termi- 
nant; avec cette netteté de vues et cette 
concision qui sont les caractères des intel- 
ligences pratiques, dans quel but avait été 
fondée l’Académie des sciences morales et 
politiques, quelle était la marche qu’elle 
devait suivre pour compléter les résultats 
qu’elle avait déjà obtenus. Gediscours'a été 
terminé par un rapport sur les prix pro- 
posés. 


SUJETS DE PRIX ET PROGRAMMES ADOPTÉS PAR 


L’ACADÉMIE, POUR ÊTRE MIS AUX CONCOURS 
DES ANNÉES 18414, 1845, 1846. 


Section de philosophie. — Prix extraor- 
dinaire & décerner en 1844. — « Examen 
critique de la philosophie allemande. » 

Avec ce programme : « Faire connaître 
par des analyses étendues les principaux 
systèmes qui ont paru en Allemagne, de- 
puis Kant inclusivement jusqu’à nos jours. 

» S’attacher surtout au système deKant, 
qui est le principe de tous les autres. 

» Apprécier la philosophie allemande : 
discuter les principes sur lesquels elle re- 
pose, les méthodes qu'elle emploie, les 
résultats auxquels elle est parvenue Re- 
chercher la part d’erreurs et la part de 
vérités qui s’y rencontrent, et ce qui, en 
dernière analyse, peut légitimement sub- 
sister, sous une forme ou sous une autre, 
du mouvement philosophique de lAlle- 
magne moderne.» — Le prix est de quinze 
cents francs. 

Le terme du concours est fixé au 1% sep- 
tembre 1543, terme de rigueur. 

Les mémoires doivent être écrits en 
français ou en latin, et déposés! francs de 
port, au secretariat de l’Institut. 

L'Académie propose pour l’année 1845, 
le sujet de prix suivant : « Théorie de la 
certitude. » 

Ce prix est de la somme de quinze cents 
francs. 

Les mémoires devront être déposés, 
francs de port, au secrétariat de l’Institut, 
le 31 août 1845, terme de rigueur. Ils 
devront être écrits en français où en 
latin. ‘ 

Section de morale. —Prix à décerner en 
1845.— « Rechercher quelle influence les 
progres et le goût du bien-être matériel 
exercent sur la moralité d’un peuple. » 

Ge prix est de la somme de quinze cents 
francs. 

Les. mémoires devront être déposés, 
francs de port, au secrétariat de l’Institut, 
le 30 septembre 1844, terme de rigueur. 

L'Académie propose, pour être décerné, 
s’il ya.lieu, en 1846, le sujet de prix 
suivant : 

» Rechercher, et exposer comparative- 
ment les conditions de moralité des classes 
ouvrières agricoles, et des populations 
vouées à l’industrie manufacturière. » 

Ce prix est de la somme de quinze cents 
francs. 

Les mémoires devront être déposés au 


1000 


secrétariat de l'Institut, le 30 septembre 
4845, terme de rigueur. 

Section «le législation, de droit public et 
de jurisprudence. — L'Académie à mis au 
concours la question suivante : 

« Exposer la théorie et les principes du 
contrat d'assurance; en faire l’histoire, et 
déduire de la doctrine et des faits les déve- 
loppements que ce contrat peut recevoir, 
et les diverses applications utiles qui pour- 
raient en être faites dans l’état de progrès 
où se trouve actuellement notre commerce 
et notre industrie. » 


Quatre mémoires ontété déposés au se- 


crétariat de l’Institut et soumis à l'examen 
de l’Académie. Aucun d’eux n’ayant rem- 
pli les conditions imposées, le même sujet 
est mis au concours, lequel est prorogé au 
17 novembre 1844. ; 

Section d'économie politique et de statis- 
tique. — Prix à décerner en 1844. — L’Aca- 
démie rappelle qu’elle a proposé, pour 
1844, un prix sur la question suivante : 

«Rechercher : 4. Quels sont les modes 
de loyer ou d'amodiation de la terre actuel- 
lement en usage en France; 

» 2. À quelles causes tiennent les diffé- 
rences qui subsistent entre ces modes de 
loyer et les changements qu'ils ont éprou- 
vésy 

» 3. Quelle est l'influence de chacun 
de ces modes de loyer sur la prospérité 
agricole. » 

Ge prix est de la somme de quinze cents 
francs. 

Les mémoires 
français ou en latin, et déposés à l’Institut, 
francs de port, le 1°" septembre 1843, 
terme de rigueur. 

L'Académie rappelle également qu’elle 
a proposé, pour 1815, le sujet de prix 
suivant : 

« Déterminer les faits généraux qui 
règlent lesrapports des profits avec lesisa- 
laires, et en expliquer les oscillations res- 
pectives, » 

Ce prix est de la somme de quinze cents 
francs. 

Les mémoires devront être déposés au 
secrétariat de l’Institut, francs de port, le 
30 septembre 1844, terme de rigueur. 

Section d'histoire générale et philoso- 
phique. — L'Académie décernera, sil y a 
lieu, dans sa séance publique de 1845, un 
prix sur la question suivante : 

« Retracer l'histoire des états généraux 
en France, depuis 1302 jusqu’en 1614; 

» Indiquer le motif de leur convocation, 
la nature de leur composition, le mode de 
leurs délibérations, l'étendue de leur pou- 
voir ; 

» Déterminer les différences qui ont 
existé à cet égard entre ces assemblées et 
les parlements d'Angleterre, et faire con- 
naître les causes qui les ont empêchées 
de devenir, comme ces derniers, une insti- 
tution régulière de l'ancienne monarchie. » 

Ce prix est de quinze cents francs. 

Les mémoires devront être déposés, 
francs de port, au secrétariat de l’Institut, 
le 30 septembre 1843, terme de rigueur. 

L'Académie propose également, pour 
1545, un prix sur la question suivante : 

« Faire connaître la formation de l’ad- 
minhistration monarchique depuis Philippe- 
Auguste jusqu'à Louis XIV inclusive- 
ment; 

» Marquer ses progrès; montrer ce 
qu'elle a emprunté au régime féodal, en 
quoi elle s'en est séparée; comment elle 
l'a remplacé. » 


devront être écrits en 


. 
1001 

Ce prix est de la somme de quinze cents 
francs. k 

Les mémoires devront être: écrits «en 
français ou en latin, et déposés, .franes de 
port, au secrétariat de l’Institut, le 30 sep- 
tembre 1844, terme de rigueur. 

Prix quinquennal de cinq mille francs, 
fondé par M. le baron Félix de Beaujour. 
— L'Académie decernera, s’il y a lieu, en 
1815, un prix sur la question suivante : 

« Rechercher quelles sont les applica- 
tions les plus utiles qu'on puisse faire du 
principe de l'association volontaire ebpri- 
vée au soulagement de lamisère: » 

Telle était la question proposée par 
l’Académie pour se conformer aux vues 
qui ont présidé à.la fondation de M. Beau- 
jour, Dans un temps où tant d’esprits atten- 
dent de l'association d'immenses améliora- 
tions dans le sort de l'humanité, il y avait 
quelque importance à provoquer des re- 
cherches qui donnassent la véritable me- 
sure des ressources qu’elie pourrait oppo- 
ser à l’action des causes qui créent l'indi- 
gence. Si la question, ainsi posée, semblait 
confiner les recherches sur un. terrain 
circonscrit, elle avait du moins un sens 
précis, et s’il fût résulté des investigations 
provoquées par l’Académie, la preuve que 
l'association a tous les moyens desirables 
d’éteindre des souffrances qui jusqu'ici ont 
affligé toutes les sociétés, on eût été en 
droit d’en conclure qu’elle répandrait sur 
l'avenir d’autres bienfaits encore. Mais 
l’Académie a reconnu avec régret que son 
attente n’a pas été remplie. Ce n’est pas 
que les concurrents aicnt manqué, 25 mé- 
moires, parmi lesquels il en est de fort 
étendus, ont été soumis à son examen; 
mais ancun d'eux ue lui a paru d’un mé- 
rite assez réel et assez grand pour qu’elle 
pût lui décerner le prix, La question.a été 
maintenue au concours. 

Les mémoires devront’être déposés au 
crétariat de l’Institut, le 30septembrei 844, 
terme de rigueur. 

Une notice historique de M. Mionet, sur | 
la vieet les travaux dè M: Daunou, à ter- 
miné la séance. La: lecture de l’éloquent 
et spirituel secrétaire perpétuel a été fre- 
quemment interrompue par les applaudis- 
seinents de l'assemblée. 

Le jeune Daunou était destiné par son 
père à la profession de chirurgien, qui 
était héréditaire dans sa famille, tandis que 
son goût bien prononcé l'aitirait vers 
le barreau. Il en advint, que ne pouvant 
être avocat et ne voulant pas se faire chi- 
rurgien, il se fit moine. Laissons le jeunes 
oratorien à sa vie de cénobite, constatons 
seulement en passant que son premierh 
essai, comme écrivain, fut l'éloge de Boi= 
leau, couronné par l'Académie. Moins heu- 
reux dans le concours ouvert à Berlin, sur 
la question de la puissance paternelle, il 
ne dut, peut-être, qu’au souvenir trop vif 
d’un abus dontilayaitété victime, de ne pas 
recevoir le prix. 

En 1789 et dès les premiers Jours de la 
révolution, Daunou en embrassa tous les 
principes. Après le 14 juillet, il prononca 
au district de l’oratoire l’éloge funèbre desk 
victimes de la prise de la Bastille, et lorsque # 
les grandes questions, que la reconstrucs 
tion de l'ordre social devait emmener, 
furent jetées dans la discussion, il n’hésita 
pas à prendre la plume pour justifier 1e 
cloture des cloîtres, et soutenir que pou 
être chrétien, le clergé devait avant tout | 
être national. On comprend que la con=} 
stitution civile du clergé t'ouva en lui uu| 


ME C3 Co 


# maïs les mêmes mots qui sont à la fois 
; verbes, noms et adjectifs se transforment 
e 

M Ex. : ok0 qui signifie également enten- 


I Î dre et fort , peut aussi signifier fortement. 
Ê 


pécha pas N 


‘M adverbes proprement dits : 
… 1° Adverbes dedirection, mai 
| deuxadverbes jouent le plus grand rôle 


| 
ni 


1002 


‘défenseur zélé. Successivement vicaire 
diocésain de l’évêque d’Arras et de celui 
ide Paris, le district de Boulogne le nomma, 
après le 10'août, député à la Convention. 
Dans le procèsdu roi, il vota avec les Gi- 
rondins qui voulaient et n’osaient pas le 
sauver, mais plus hardi que la plupart 
d’entre eux, il défendit pied à pied le ter- 
rain en parlant d’abord contre la compé- 
1tence; puis pour la déportation et la réclu- 
:sion jusqu'à la paix, enfin, anrès l'arrêt 
pour le sursis et pour ’appelau peuple. Mis 
hors la loi comme ses collègues, incarcéré 
rcomme eux, il resta dans les prisons jus- 
qu'après le 9 thermidor. Rentré dans la 
Convention, il en fut tour à tour l’un des 
secrétaires et le président. Plus tard, dans 
Ja commission des onze et J’un de ses mem- 
| bres les plus actifs, il rédigea presque en 
\ entier la Constitution de l’an 3, la plus 
| parfaite ou la moins défectueuse de toutes 
| celles qu'on avait essayées jusqu'alors. La 
\ Constitution de l’an 3 devait périr comme 
\:ses devancières. Elle n’est, à l'heure qu'il 


est,qu'un monument historique,tandisque 
l Dawunou est toujours resté vivant pour nous 
: avec ce vaste plan d’instruction dont la base 


est l’école primaire du village, et dont le 


. Couronnement estformé par les cinq classes 


de savants qui recurent le nom d’Institut. 
Nommé aux Cinq-Cents par vingt- 
cinq collèges, Daunou préféra sa place 


au tribunal à celle de conseiller d'Etat que 


ui offrit le 


rémier consul. Ce refus n’em- 
apoléon de l'appeler, en 1804, 
‘à la conservation des archives du royaume. 
k C'est là que ce savant laborieux et modeste 
| a terminé sa longue carrière. Ses derniers 
|: moments furent consacrés à ses travaux 
| historiques ; quelques heures avant sa mort 
| il corrigeait les épreuves de son plus bel 
‘ouvrage. C.-B. F. 


Tete 


DCS GET 


-LINGUISTIQUE. 


| Essai d’une #rammaire ‘de la langue des îles 
Marquises, rédigé sur les documents du ?. 
Mathias, let de M. A. Lesson, médecin en 
| chef des’îles Marquises, tool 


101 s(Quatrièmie article.) 


4 …,, 6» Del'adverbe. 


Il y a peu d’adverbes proprement dits, 
| aussi souvent en adverbes, 


. Cependant on peu ranger au nombre des 


etatu. Ces 


dans cette langue et se mettent l’un ou 


" l’autre après tout mot marquant quelque 
M direction, le premier pour marquer que le 


/ mouvement se fait vers celui. qui parle, 
1 


| Hésecond, au contraire, pour marquer qu’il 


 sefait dans la direction opposée. Ex. : 4 


 kave mai, apporte moi (vers mai), « ave 


La tu i tai, porte (cela) à la mer. 

2° Adverbes de temps. Jte anei, aujour- 
ld’hui, composé de à fe a neï ; itenahi, hier; 
02 oi, demain ; atainei, maintenant; epo, 


bientôt; apopo, plus tard. De ces adver- 


} bes avec la particule i a tu marquant l’é- 


Mloisnement, on forme d’autres adverbes 
de femps composés : ainsi i £e nahi-atu, 
avant hier; 07 07 ut, après demain ; znui- 


Lau, plus tard, ensuite. | 
Umai répété avec {e pave marque une 


| longue continuité, Umai liohi, umat tiohi, 


1003 


examiner longtemps. 47 ! atu, de anae- 
atu marque de la perpétuité. 

3; Adverbes de lieux. 4e, de bas en 
haut; £ho , de haut en bas; wka, uia, des- 
sus; ao, dessous. On met ordinairement 
devant la préposition 2, i uta, i ao en kaut, 
en bas; ko, kako, à droite ou à gauche 
de celui qui est tourné vers la mer ou vers 
la montagne. 

4 Adverbe de doute, Vehe, enehe, anche, 
peut-être, Ex. : cet homme est peut-être 
le volear, he kamo nehe te kenana-nei. 

5, Adverbes d’affirmation et de néga- 

tion. He, ae, oui; eoi, sans doute; aoe, 
aore, kore, aita, ahuma, non; motaki, bien, 
admirablement. 

6» Adverbe de comparaison. Mu devant 
un mot marque égahté. Ex. : mu peke, 
également colère. 

7° De la préposition. 

Il y a diverses prépositions : 

1° Marquant l'ordre. O mua, to mua , 
mamua, pardevant, avant. O mui, to mui, 
ma mui, ma hope, matuha , par derrière. 
Me, avec. Ex.: me au, avec moi. 

Nora. Quelquefois dans une énuméra- 
tion à la place de me on entend mei ; te va 
hana, met ievehine, meite tama; les hom- 
mes, les femmes, les enfants. 

2° Marquant le lieu. lo, dedans; io a 
hae, dans la maison. Ma, par ima te anui, 
par le chemin ; na te ivi, par ia montagne; 
ma te poli, par l’'embarcation; 774 epoti, 
par embarcation; ma tai, par la mer; ma 
010, par dedans; io, chez; 10e Imanihi to 
au, chezmon ami; mei, de; meiuta, dela 
montagne; ei lai, de la mer (sous enten- 
du, je viens) ;met eia otou? d où venez-vous? 
met hapa, je viens d'Hapa (baie de Nu-Hi- 
va); met io, de chez. Ex. : meito to au mo- 
tua, de chez mon père. 

Nora. Il faut remarquer que mer to ne 
s'emploie qu'avec les noms de personnes, et 
meri.avec les noms de lieux. 

1, dans, vers, à c oto, dedans, en dedans; 
i vaho ; dehors; väpu, autour, tout au- 
tour. 

3° Marquant la cause, la fin, la direction. 
Ta, de la part de; ta te etua, cela vient de 
Dieu ; 7, vers, à, par; eke 'uta, aller vers 
la montagne. [1 marque aussi la cause : ma 
le à te taipi, tué par les Taipis;e, par ; ehemo 
ei e li neï, pris ou: vaincus par les Tai- 
pis; to, no, de, pour; te tama lote motua, le 
fils du père; to Æapa, cela est ou vient 
d'Hapa ; to ia te meanei, cela est pour lui ; 
ta marque la direction vers une personne 
déterminée. Ex. : maki-maki au ia ia, je 
l'aime. Ua, sur. Ex. : puta uahe aki, arri- 
ver au ciel; ma, sur, dans. Ex. : ma te 
henua , sur la terre. 

Nora. Il y a cette différence entre la pré- 
position ia et la préposition 2? que la pre- 
miere ne s'emploie que pour les personnes 
déterminées et la deuxième pour un objet 
quelconque, 


8° De la conjonction. 


On n’en connaît guère dans cette langue, 
toute coupée de petites phrases, comme 
sont les langues primitives et les langues 
sauvages où l’on ne fait point de périodes ; 
cependant on peut et on doit compter peut- 
être : me, et ; la mère et la fille, te kui me 
te moïi. Il signifie quelquefois, aussi : Ex. : 
va eke me 0e, tu es venu, où tu vas toi aussi. 
Ta, à cause de; ta mea makimaki ia ia, 
tamea, parce que (parce que je l’aime), à 
cause de la chose aimer. Ox, devant un 
verbe signifie prend garde de.., Ex.: ot 


100% 


vihi, prends garde de tomber , de glisser. Il 
peut se rendre aussi par pendant que... 
Ex.: oi te lihe te aumate met ohe tai, 
pendant que le soleil n’est pas encore sorti 
de la mer. Aua , si; Ex.: aua he pae vae 
oko te au ua heke aua, si j'avais de bonnes 
jambes je marcherais. Aue devant un verbe 
marque la défense; Ex. : aue kewme 
bouge pas. 4e, au , signifie, je penseque:; 
il y a peut-être quelque ellipse ou verbe 
sous-entendu ; Ex. : &e au he kamo te kana= 
na net, je pense que cet homme est:un vos 
leur. /a, devant le verbe peut représenter 
la conjonction lorsque. Ex. : 1a hoahwlite 
pure atahia, lorsque vous connaîtrez la 
prière , alors. 


SOCIÉTÉ ORIENTALE. 


La société orientale fondée à Parisen 
1841, nous semble appelée à rendre d’é- 
minents services à la civilisation. Placée 


sous le patronage d’hommes qui, par leur 


position sociale peuvent lui donner une 
direction utile aux sciences historiques, et 
en faire en même temps une école pour 
les hommes d'état ; elle est la conception 
la plus heureuse de notre époque. 

Une question qu’elle discute en ce mo- 
ment et pour la solution de laquelle appel 
a été fait aux lumières de tous ceux qui 
s’occupent des affaires d'Orient, nous a 
paru d’un si grand intérêt, que nous. en 
donnons le programme dans son entier. 


QUELLE EST L'INFLUENCE DE LA RELIGION MU-— 
SULMANE SUR LA CIVILISATION DES PAYS DE 
, 
L ORIENT OU DOMINE L'ISLAMISME ? 


1. — Comparaison de la civilisation eu- 


ropéenne avec l'état actuel de la civilisation: 
des nations musulmanes. Examiner ‘quels Ë 


sont les caractères de la civilisation eur6=° 


ts 


péenne qui se retrouvent : 

En Turquie, en Egypte, en Arabie, en 
Perse, 

II. — Des races qui professent lislaz 
misme. —|Comparaison de leur aptitude à 
la civilisation. De la race turque; de la 
race arabe ; de la race persane (adjem ). 

Ces races sont-elles aptes : 

1° À, conserver la civilisation existante 
dans les:pays où elles établissent leur do- 
mination. 

20 À se l’approprier, à la modifier, et à 
en favoriser les progrès? 

Leur inaptitude actuelle à la civilisation, 
si elle existe, tient-elle à la race ou à la 
religion. 

III. — Des principes favorables ou con- 
traires à la civilisation qui sont renfermés 
dans le Koran. Distinguer, dans les prin- 
cipes qui président à l'organisation sociale 
de l'Orient, ceux qui ressortent directe- 
ment du Koran de ceux qui résultent seu- 
lement de ses commentaires et des autres 
livres considérés comme saints par les mu- 
sulmans. ; 

De grandes sectes qui divisent l’isla- 
IMISME : s 


Des sectes: d'Omar; d'Al: des autres À 


sectes ( Wahabites, etc). 

Quelles sont les plus favorables à la 
lisation ? SOA à 

IV. — Principes civilisateurs dela reli- 
gion Chrétienne qui sont admis ou repoussés 
par l’islamisme. Fraternité dés hommes ; 
pardon des offenses; charité; 'expiation des 
fautes ; respect aux parents, respect aux 
autorités légales ; égalité de l’homme et de 
la femme ; abolition de l'esclavage, etc., etc. 

V. — Des chrétiens et des juifs soumis à 
la domination musulmane. En Orient, 


Civi- 


À 


1005 


quels sont les plus aptes à la civilisation : 
des chrétiens ou des Juifs, considérés sous 
le rapport des races et sous le rapport re: 
ligieux. 

Et parmi les chrétiens , quels sont: 1» 
les plus avancés en civilisation ; 2° les plus 
oivilisables : des catholiques, des Armé- 
niens, des Grecs, des Coptes, et des autres 
schismatiques ? 

:1Quelle est l’influence des différents eler- 
gés de l'Orient sur les populations: chré- 
tiennes ? 

‘Quelest l’effet de cette influence sur l’état 
de leur civilisation? 

Nil: De la religion musulmane et des 
peuples nègres. La religion musulmane est- 
elle ; comme un auteur contemporain sem- 
ble l'indiquer, plus propre que toute autre 
à commencer la civilisation des peuplades 
idolâtres habitant l’Afrique centrale et les 
pays très chauds? 

Doit-on croire qu’il y a des/civilisations 
relativement aussi parfaites que possible, 
en raison des races qui les possèdent , des 
climats où ces races existent, et des reli- 
gions qu'elles professent? 

Dans ce cas, une religion nouvelle ne 
peut-elle pas modifier chez ces peuples, et 
même améliorer leurcivilisation actuelle? 


VAL. =" De la famille chez les nations 
misuwlmanes. Comment la famille est-elle 
constituée chez les nations musulmanes ? 

> Quels sont les droits des pères sur les 
enfants? 

* Des femmes légitimes. Des concubines. 
Quelle est leur situation réciproque? 

Quelle est la situation réciproque des 
frères et des sœurs ? 

Du divorce. 

De l'héritage. 

: VIII. — De la polygamie. La polygamie 
est-elle un obstacle à la civilisation ? 

Quelle est son effet : sur la famille? sur 
la société ? 

Est-il possible de relever la condition des 
femmes avec la polygamie ? 

. Le divorce est-il en Eurore une institu- 
tion qui ait des conséquences analogues à 
celles de la polÿgamie ? 

IX. — De l'esclavage chez les musulmans. 

L'esclavage, si antipathique à la religion 
chrétienne est-il une conséquence de la 
civilisation telle que l’islamisme la permet? 

Cette consécration de l’esclavage par la 
religion ne serait-elle pas la principale 
cause de la douceur avec laquelle les es- 
claves sont généralement traités par les 
Musulmans? 

De l'esclavage chez les différentes na- 
tions musulmanes. / 

Sa comparaison avec : l'esclavage dans 
l'antiquité ; le servage au moyÿenäge ; l'es- 
clavage colonial; la domésticité en Europe; 
et le prolétairisme moderne. 

X. — Du pouvoir du souverain chez les 
nations musulmanes. Est-il absolu, comme 
on le prétend? 

Quelles sont ses limites, s’il en existe ? 

: Le souverain est-il maître des hommes 
et des choses? 

‘’A-t-il droit de vie et dé mort sur ses su- 
JOES 7 en 

Est-il propriétaire des meubles et des im- 
meubles. de ses sujets ? 

Quelies, sont: les propriétés (fondations 
religieuses ourauütres) qui échappent aux 
droits du souverain ? 

XI. — De l'union du pouvoir politique 
au pouvoir religreux. Chez les nations mu- 
sulmanes, le chef de l’État (sultan, shab, 


1006 


émir, etc.) est-il nécessairement pour ses 
sujets le chef de la religion? 

Ya-t-il avantage pour les progrès de la 
civilisation que le chef politique soit en 
mème temps le chef religieux (comme le 
tzar en Russie, la reine en Angleterre } ? 

Ou vaut-il mieux que le pouvoir spiri- 
tuel soit distinct du pouvoir temporel? 

Le protestantisme et le catholicisme ont- 
ils une égale puissance pour civiliser les 
musulmans, les Grecs, les Coptes et les 
Arméniens ? 

XII. — Conclusion. L'islamisme est-il 
compatible avec : 

L'exercice de l’industrie et du com- 
merce ; 

La pratique de l’agriculture; 

L’étude des sciences; 

Le perfectionnement des arts; 

La culture des lettres; 

Le développement moral de la civili- 
sation ? 

Enfin cette religion est-elle destinée à 
arrêter ou bien à activer les progrès de 
l'humanité ? 4 


HISTOIRE. 


Note sur Les Druides. 


La lecture de la notice sur la commune 
d’Escurat, arrondissement et canton de 
Saintes, insérée dans l'Écho du 25 mai 
dernier, m’a suggéré quelques conjectures 
sur les druides , et sur la langue celtique 
que je vais vous communiquer. 

Leamot druide, en irlandais drao et au- 
tréfois drur ; en gallois derwyz signifie ma- 
gicien. Owen croit ce mot dérivé de dar ou 
derw, chêne et gwiz connaissances. Cette 
opinion généralement admise ,:me paraît 
non fondée. Je crois le mot identique à der- 
viz; en persan daruich où daruiz et com- 
posé de dour, profond , et wisé,, science, 
sagesse Cette origine persane me semble 
confirmée par les mots cités, dansi l'article 
en question. Godard, Dieu fort , en per- 
san, Â/ioda arhd. La méprise.est venue de 
la ressemblance du mot dar, der, dern, 
dervqui en celte signifie chêne, fort, c’est-à- 
dire arbre fort, grand, dur, avec dour, 
profond, d’où viennent tant de noms de ri: 
vières des Gaules, telles que la Dur-ance, 
l’A-dour. La vénération pour le gui qui 
vient sur le chêne.et sur beaucoup d’au- 
tres arbres , a confirmé la fausse étymolo- 
gie du mot druide. Les forêts épaisses dans 
lesquelles s'enfoncaientlesdruides pour célé- 
brer leurs mystères et faireleurs sacrifices, 
pouvaientaussi senomimer dour-oud qui, en 
persan , signifie profonde forêt. Les savants 
pensent queles druidesarrivés dans les Gau- 
les avec les Kimris, Cimbres, Cambres ou 


Cimmériens renus des bords de la mer d’A-. 


zov et de la Crimée, introduisirent leur culte 
sanguinaire chez les Gaëls, habitants pri- 
miüfs du pays, dont la religion était douce 
et humaine. Il en fut de même chez les 
peuples Celtes de l'Angleterre , du pays de 
Galles (dont les habitats portent encore le 
non de £ymris), en Ecosse et dans l'Irlande. 
Dans toutes ces contrées le féroce drui- 
dismeprévalutsur leculte ancien. Les Cim- 
mériens habitaient sans doute des forûts, et 
c’est peut-être de là que vient l'expression 
des auteursgrecs, deténèbres cimmériennes, 
que personne, à ma connaissance, n'a ex- 
pliquée. Les druides étaient, par conséquent 
tout-à-fait étrangers à la religion de Zo- 
roastre et avaient sans doute puisé leur 
culte chez les Scytes où d'autres peuples 
rudes et farouches. 


1007 


Parmi un grand nombre de mots.celtes, 
communs aux Gaëls et aux Kimris, qui 
prouvent l’origine caspienné de ces deux 
branches d’une même langue’ et, d'une . 
même nation, jeme bornerai aux suivants!: 
Bren, chef, général, du per$ählbér, burin, 
supérieur ; 2er, près, auprès, en celté et en 
persan ; uhel, pel, haut, élevé, en persan, 
ala; hart ou ard, tort, dur, en persan, ardh; 
arm , pauvre, en persan, armul; fraii ou 
broô, beau, en persan freh; paotr, garcon, 
en zend, potre; stéréden, étoile, en persan, 
sitareh ou ster. Dour en celte signifie eau, et 
enpersan,duréa;rivière, c’est-à-dire profon- 
de (dour) eau, au. F.S. ConsrANcio, 


<< E— 
STATISTIQUE. 


— Les grandes bibliothèques publiques de Paris 
sont au nombre de huit, elles contiennent environ 
quinze cent mille volumes, ce qui fait un volume et 
demi par chaque habitant de la capitale. En 1818 
elles contenaient onze cent vingt mille volumes , et 
en 1828, quatorze cent dix-huit-mille. er 

Dans les départements, il y a deux cents quatre- 
vingt bibliothèques ; le totai des livres existant/dans 
toutes les bibliothèques publiques de France est d’en- 
viron douze millions à peuprès un voluñié par 
trois babitants. At 9 

Plusieurs grands établissements de Paris, contien- 
nen! en outres des bibliothèques spéciales. Le nom- 
bre des volumes contenus dans ces bibliothèques 
dépasse six cent vingt mille parmi lesquelles on 
trouve des publications extrémement précieuses et 
des richesses bibliosraphiques dignes du plus haut 
intérêt. ere LS Si 

16 2 : 1a È 
Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— Le Congrès archéologique de Poitiers a tenu 
sa première séance le 29 mai. Les membres de la 
réunion se sont occupés dabord des monuments ro- 
mains et de la géégraphie ancienne. La session se 
terminera par une £iude approfondie de l’histoire 
de l’art au moyen âge, en Poitou. La discussion por- 
tera sur.l'état de la, statüaire au moyen-âge , princi= 
palement au xr1® et au xne siècle. Les fanaux de 
cimetière pccuperont aussile Congrès aussi bién que 
l'histoire des sépultures depuis le ve jusqu'au xvr° siè- 
cle. D'après ce que l’on nous écrit de Poitiers, des 
travaux remarquables seront présentés sur les vi- 
traux, les fresques; ‘les! boiseries sculptées et les 
émaux. Nous espérohs ‘pouvoir donner à nos lec- 
teurs une analyse des discussions qui aurout lieu. 


PAL 
BIBLIOGRAPHIE. 


HISTOIRE des sciences naturelles , depuis leur 4 
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con- d 
nus, commencée aù coliége de, France par Georges 
Cuvier, complétée par M. Magdeleine de Saintagy. 4 
A Paris, chez Fortin, Masson elcompagnie. 

FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé- k 
rations médico-légales, relatives à l'empoisonnement 
par l'acide prussique ; par J. Bonjean. 


RECHERCHES sur les commencements et les 
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine 
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun! 

ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla-| 
ton ; par M. le marquis de Fortia d'Urban. A Paris, M 
chez l'auteur, rue de La Rochelfoueault, 2; chez Du-h 
prat. | 

COLONIES étrangères et Haïti, résultals de l'é- 
mancipalion anglaise ; par Victor Schælche. À ParisE 
chez Pagnerre, rue de Seine, 14 Dis. 

RELATIONS du siége de Sancerre en 1573; path 
Jean de la Gessée et Jean de Lery; conformes au xy 
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo=h 
riques relatives à la mème ville. A Bounges:, che 

j{oa 


Vermeil. w< 


à 


PARIS.—IMP, DE LACOUR et MAISTRASSE &is/ 
rue Saint-Hyacinthe-S,-Michel, 33. 


| 
| 
| 
| 
| 


! 
| 


10 année. 


Paris. — Jeudi, 8 Juin 1843. 
Ke 


N° 45. 


L'ECHO DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


7 
De 


IL’EcHO DU MONDE SAVANT paraît le JAUIDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction 


de M. le vicomte À, DE LAVALETEE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 24, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:8 pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fre 

8 fr. 50. AlETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CEN@ fr. par‘an et par recueil PÉGHO DELA LITEÉS 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOÏISi8 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B, FRAYWSSE, gérant-adininistrateur, 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES, séance du lundi 5 juin 1843 — SCIEN- 
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE. 
Sur un volcan qui a fait irruption entre la Gua- 
deloupe et Marie-Galande; Celloron de Blainville. 
— CHIMIE. Analyse des composés oxigénés de 
souffre; Fordos et Gélis. — SCIENCES NA- 
TURELLES. GEOLOGIE. Etudes sur la Fin- 
lande ; Durocher. — BOTANIQUE. Flore de la 
Vienne. — SCIENCES APPLIQUEES. His- 
toire des opérations de teinture. — AGRICUL- 

: TURE. Du micocoulier et de ses usages. — 
SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE, 
Consrès archéologique de Poitiers. — GÉOGRA- 
PHI£. Voyage dans le Chili; Claude Gay. — 
— BIBLICGRAPHIE. 


DISK 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 5 juin 18453. 


MM. Reiset et Millon ont lu à l'Acadé- 
mie un mémoire sur les phénomènes dus 
au contact. Chacun connaît les opinions de 


|: M. Mitscherlich et celles de M. Berzelius, 


sur les phénomènes dus au contact, et ce 


: dernier a déjà depuis longtemps désigné 
sous le nom de force catalytique , la force” 


qu'il suppose agir dans ces sortes de réac- 
tions. Les auteurs du présent mémoire 
n'ont pas la prétention de donner une théo: 


rie des faits déjà connus, ils se contentent 


_ qu'il les forme. Si 


d’en exposer de nouveaux, aussi remar- 
quables que. ceux dont la science est déjà en 
possession. Dansleursexpériences, MM. Rei- 
setet Miilon ont trouvé que les phénomènes 
contact interviennent très fréquemment 
dansle jeu des actionschimiques etilsse sont 
arrêtés plus particulièrement à l’action de 
la mousse de platine, sans cependant 
négliger celle de la pierre ponce et du char- 
bon. Les faits attribués jusqu'ici à la force 
du contact du platine, se réduisent tons à 
une association insolite de substances ga- 
zeuses ou réduites en vapeur.On y remarque 


surtout la fixation de l'oxygène, l’oxydation 


de certaines substances , comme l'alcool 5 
Véther, etc. MM. Reiset et Millon ont cher- 
che à étendre le nombre des faits observés 
etals ont vu que si dans un appareil con- 
vetnablement disposé on fait arriver de 
2 an 2 ". . 

I oxygène sur un mélange intime de mousse 
de platine et de substance organique, on 


"obtient ainsi de véritables combustions À 


des températures pen élevées. Ainsi a —+ 
160, l'acide tartrique fournit déjà de l’eau 
et de l'acide carbonique. Les autears de ce 
travail ont opéré sur plusieurs autres sub- 
Stances et ils ont toujours vu que ces mé- 
mes substances ne se brülaient en l’absence 


de la mousse de platine , qu'à une tempé- 


ralure beaucoup plus élevée. Mais le pla- 
tin . . . Q (0 0 . ; . U . 

e dissocie aussi bien qu al réunit ; il détruit 
es groupements moléculaires aussi bien 


l’on plonge, pir exem- 
ple, dans un même bain d’allisge, dont on 


élève graduellement la température, deux 
tubes contenant une même quantité de ni- 
trate d’argent, et que dans l’un le nitrate 
soit entièrement mêlé à huit ou dix fois 
son poids de mousse de platine, tandis que 
le nitrate est pur et sans mélange dans 
l'autre, le sel d'argent sera entièrement dé- 
truit dans le tube contenant le platine, 
avant que la décomposition ait commencé 
dans l’autre tube. C'est là une action cor- 
respondanute à celle des oxydes de cuivre et 
de manganèse sur le chlorate de potasse. 
St au lieu d'agir sur le nitrate d'argent on 
agit sur du nitrate d'ammoniaque , le sel 
ammoniacal, au lieu de subir la transfor- 
mation ordinaire que lui fait éprouver la 
chaleur se convertit entièrement en acide 
nitrique, en azote et en eau, ainsi que l’ex- 
prime la formule suivante : 5 À 0,5, A z 
H40 —2A105+8Az+20H0. I faut 
remarquer encore que la présence du pla- 
tine baisse de 70° la température, à la- 
quelle le nitrate -d’ammoniaque se décom- 
pose. 

Le mémoire de MM. Reiset et Millon con- 
tient plusieurs autres expériences analo- 


_gues. Ces fait jetés mainter ant dans, la 


science, y germeront sans doute um jour 
et serviront peut être de documents pré- 
cieux à un de ces esprits qni s'occupent peu 
dss détails pour tout généraliser. 

M: Emile Pereyra, médecin de l’hôpital 
de Bordeaux croit avoir résolu la grande 
question de la curabilité de la phthisie 
pulmonaire et adresse aujourd’hui à l’A- 
cadémie des Sciences un mémoire sur ce 
sujet. Depuis 1837, dit-il, « je pense que 
les tubercules pulmonaires sont de même 
pature que les tubercules des autres orga- 
nes, et depuis cette époque les observations 
de tous les jours n’ont fait qu’ajouter à ma 
conviction. De même que pour les tuber- 
cules non pulmoraires une modification 
spéciale est nécessaire pour que la nature 
en opère la résolution, de même pour les 
tubercules pulmonaires on doit recourir 
aux mêmes indications. Mais les moyens 
ne peuvent être les mêmes à cause des 
nombreuses différences qui résultent du 
nombre des tubercules et de l’importance 
de l'organe dans lequel ils sont développés. 
Sur près de 9,000 malades que j’ai eu dans 
mon service depuis 1538, j'ai observé. 362 
phthisiques dont 249 sont sortis, 110 sont 
morts, 7 restaient dans mes salles au 
4e mars 1843; la moitié au moins des ma- 
lades sortis était dans un état très satisfai- 
sant. J’en vois tous les jours un certain 
nombre quihabitent la ville etchezlesquels 
la santé s’est assez bien conservée. Le trai- 
tement que J'ai employé a été l'huile de 
foie de morue et un régime tonique et for- 
tifiant ; tous ces malades avaient des tu- 
bercules ulcérés. I était rationnel de pen- 
ser que si cette médication avait réussi 


dans un état aussi avancé de la maladie 
elie devait avoir des résultats plus certains 
alors que les tubercules étaient ou crus ou 
miliaires. La pratique est venue très sou- 
vent confirmer cette assertion. » Nous n’a- 
jouterons rien à ces paroles de M. Pereyra; 
les médecins-praticiens et surtout ceux des 
bôpitaux peuvent seuls juger la valeur des 
assertions du médecin de Bordeaux. 

M. J.-B. Dusourd, docteur en médecine 
à Saintes, a envoyé à l'Académie un mé- 
moire sur un moyen de conserver les ma= 
tières animales avec le sirop ferreux. Ce 
sirop ferreux est une combinaison de su- 
cre et de fer qui ne s’altère, ne cristallise 
et ne fermente pas quelle que soit la temait 
pérature à laquelle on lPexpose. Ce sirop 
conserve les matières animales sans altérer 
leur tissu; les viandes, en sortant du sis 
rop, sèchent sans diminuer beaucorp de 
volume, résistent sans se gâter aux agents 
les plus actifs de la putréfaction, repren- 
nent en uninstant dans l’eau froide le vo- 
lume, la couleur et l’odeur de celle 4 
boucheries et servent à faire des 
agréables et sains. | 

MM. Grubyet Delafond ont envoyé ff 
cadémie des sciences les résultats dÂE, 
recherches faites sur l'anatomie et les\fo? 
tions des villosités intestinales, labsorp, 
la préparalion et la composition organiqre 
du chyle dans les animaux. Dans un de nos” 
derniers comptes rendusnousavons faitcon- 
naître ce que M. Lacauchie nomme sub- 
stance organique spongieuse des villosités, 
Selon MM. Gruby et Delafond, 1 la sub- 
stance spongieuse des villosités n’est autre 
chose que leur épi hélium décrit par Henlé 
et dont M. Flourens, dans son ouvrage sur 
la structure des membranes muqueuses, a 
démontré l'existence par la macération et 
la dissection; 2° les villosités dans l'intestin 
grêle sont recouvertes, non seulement des 
épihéliums cylindriques d'Henié, mais en- 
core d’autres épithéliumsque les auteurs de 
ce travail appellent cap talum ou à tête ; 
3° chaque! cellule d’épithélium est pourvue 
d'une cavité dont l’ouverture externe est 
parfois béante, et d'autrefois plus où moins 
exactement fermée; 4° à la surface des épi- 
théliums des villosités de l'intestin grêle du 
chien, existent des corps vibratiles nonen- 
core décrits, dont la fonction est peutètre 
de déplacer, quandilest nécessaire, lechvle 
brut qui est en contact avec les epithé- 
liums ; 5° au-dessous des épithéliums la vil. 
losité n'est composée que d’une couche yas- 
culaire et fibrillaire, et en dedans-de cette 
couche, d’un vaisseau où canal chylifère 
unique ; 6° chaque villosité examinée de de- 
hors en dedans montre, 1° les cellules de 
l’épithélium; 2° la couche vasculaire et 
fbrillaire ; 3 le canal chylifère unique. 
/° En se contractantsuivant leur axe lonp:i- 
tudinal les villosités se raccourcissent, Ge 


1011 

ment des plis transversaux et prenuent une 
forme conique dont la base est à la mem- 
brane muqueuse. En se contractant suivant 
leur largeur. elles se rétrécissent et s’amin- 
cissent, enfin elles exécutent des mouve- 
ments d’inclinaison dans tous les sens: en 
exécutant ces mouvements, les villosités 
chassent le sang et le chyle contenus dans 
leurs vaisseaux et se mettent continuelle- 
ment en rapport avec de nouvelles partres 
de chyle brut des aliments digérés; 8° cha- 
que cellule d’épithélinm doit être conside- 
rée comme un organe spécialement chargé 
de:recevoir le chyle brut provenant de la 
digestion et de le convertir en un chyle ho- 
mogène formé d'une‘infinité de petites mo- 
lécules tenues en suspension dans un liquide 
transparent et coagulable spontanément. 
Ces molécules, ce liquide sont seuls aptes 
à passer par l’ouverture profonde et effilée 
des cellules de lépithélium pour parvenir 
dans le vaisseau chylifère unique placé au 
centre de la villosité. 9? Chaque cellule de 
l’épithélium a une.;quadruple fonction: 
1° de se remplir de chyle brut provenant 
de la dig stion ; 2° de diviser, d'atténuer ce 
chyle et de le convertir en un chyle ho- 
mogène; 3° d'expulser ce liquide ainsi con- 
fectionné et de l’engager dans le canal chy- 
lifére, à travers le tissu vasculaire et.le tissu 
fibrillaire (cet appareil est nommé par les 
auteur's.chylogène) ; 4 enfin, de s’imbiber 
enjoutre. des substances dissoutes-pax la.di- 
gestion et de les faire parveuir.dansPappa- 
reil vasculaire. Cette fonction-des épithé- 
liums est aidée dans son exécution-par la 
contraction des parois in‘estinales sur les 
alituentse!t sur les villosités.— MM.Grubyet 
Delafond terminent leur Mémoire par quel- 
..ques considérations sur l'absorption et la 
composition du chyle; mais ces données 
encore un peu trop hypotkétiques, selon 
nous; ont besoin d’être appuyées sur un 
plus grand nombre de faits pour que nous 
hasardions à les communiquer à nos lec- 
teurs. 


M. Victor Mauvais présente aujourd'hui 
à l'Académie les éléments paraboliques cor- 
rigés de l’orbite de la comète découverte à 
Paris le 3 mai 1843. Citons ces éléments : 
Passage au néribélie, 1843. mai. 5.485766 
Distance périhélie 1,613367 
Longitude du périhélie 281,446” 
Longitude du nœud ascendant 1571841” 


Inclinaison 52 38 30 
Sens du movement héliocen- 
trique direct 


Ces éléments ont été rectifiés sur les ob- 
servations des 8 et 24 mai et 2 juin. L'or- 
bite que M. V. Mauvais présenta à l’Aca- 
démie pen de temps après la découverte de 
cette comète, fut calculé surtrois-jours 
extrêmement rapprochés et très voisins du 
péribélie. Si l’on fait attention: à la grande 
distance périhélie de cette comète, on 
verra qu'il était alors impossible de déter- 
miner avec-exactitude l'instant du passage 
parce que les rayons vecteurs variaient trop 
pêu: la donc falluoattendre des observa- 
tiops plus éloignées pour corriger ces élé- 
ments, 


L'Académie reçoit dans cette séance plu- 
sieurs ,AHVKAgeS, parmi lesquels nous re- 
marquomsune, livraison du magnifique re- 
cueil que publie maintenant M. Ricord 
sous le titre d'/Zcorzographie des vénériens et 
un ouvrage intitulé : Co/lezione delle opere 
del celebre pr'ofessore L. Galvani, ouvrage 
orné de gravuros, représentant dans tous 


1012 


leurs détails les expériences du savant pro- 
fesseur de Bologne. E. F. 


108 D IG dame 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE DU GLOBE. 


Sur un volcan qui a fait éruption entre la 
Guadeloupe et Marie-Galante. — Lettre 
de M. Céloron de Blainville à M. le mi- 
pistre de la marine. 


Goyave, 17 mars 4843, 3h. 30m. 

Entre la pointe orientale de Marie-Ga- 
lante et la Guadeloupe, à mi-canal à peu 
près, une très forte colonne d'eau, d’une 
couleur noirâtre, jaillissait à une assez 
grande haateur dans Pair en tourbillon- 
nant. Elle s'élevait par jets, et, tout à l’en- 
tour, dans une distance asssez étendue, la 
fumée ou plutôt la vapeur couvrait la mer; 
ce phénomène à duré environ une demi- 
heure. 


J'ai assez vu de trombes et d’assez près, 
pour être bien persuadé que ce n’en était 
pas une; le sommet ne touchait pas aux 
nues et la colonne était trop perpendicu- 
laire, son mouvement successif d’ascen- 
sion était distinct; je ne doute pas que ce 
phénomène ne soit dû à l’action d’un vol- 
can sous-marin. Én fslande, il se renou- 
velle fréqnemment : on le désigne sous le 
nom de volcan d’eau. 


Cest probablement à l’action de ce vol- 
can sous-marin dont l’éruption vient de 
se manifester, que doivent être attribuées 
les secousses répétées de tremblement de 
terre depuis l’épouvantable catastrophe du 
8 février, et peut-être la catastrophe elle- 
même. J'en ai compté-dans une nuit jus- 
qu'à cinq; d’autres personnes. en ontres= 
senti davantage. 

I'faut espérer que l'issue du volcan 
s’étant opérée, nous seront débarras- 
sés de longtemps de pareillés convul- 


| sions. 


J'ai cru dévoir vous rendre comte de ce 
fait intéressant, qui a été remarqué. ici 
par vombre de personnes. Il aura été pro- 
bablement observé aussi aillears. 


CHIMIE. 


Analyse des composés orygénés du soufre; 
par MM. M.-J. Fordoset A. Gélis. 


L'analyse des mélanges des composés 
oxygénés du soufre présente de grandes 
difficultés dans l’état actuel de la science. 
Le chimiste parvient encore à les recon- 
paitre et à les doser lorsqu'ils sont unis 
deux à deux, mais les procédés connus 
sont tout à fait insuffisants lorsqu'ils sont 
réunis en plus grand nombre dans la même 
liqueur. Les travaux qui ont été faits dans 
ces derniers temps, en portant à six le 
nombre de ces composés, ont rendu les 
difficaltés encore plus grandes; mais en 
meme, temps ils ont attiré l'attention sur 
quelques unes des propriétés de ces corps 
qui ontla plus grande importance au point 
de vue de l'analyse. 


Ainsi l’action différente que le chlore et 
l'iode exercent sur ces acides nous a permis 
de doser d’une manière rigoureuse des 
dissolutions qui contenaient jusqu'à cinq 
dE ces composés, Bien que la plupart de 
ces différences d'action soient connue des 
chimistes, comme elles servent de base à la 


1013 


méthode analytique que nous allons dé- 
crire, nous croyons utile de les rap- 
pcler. 

Le chlore et l’iode sont sans action sur 
les acides sulfurique et hyposulfwrique; 
ils transforment au contraire rapidement 
l'acide sulfureux en acide sulfurique : l’eau 
est décomposée, et pour chaque équivalent 
d’acide sulfurique formé, il y a un équi- 
valent de chlore ou d'iode d’absorbé et un 
équivalent d’acide chlorhydrique ou iod=- 
hydrique de produit. 

Le chlore et l’iode sont loin d'agir de la 
même manière sur les trois autres acides 
du soufre, et nous sommes obligés d’entrer 
ici dans quelques détails, : 

Lorsqu'on fait arriver un courant de 

chlore dans uu hyposulfite dissons, les 
phénomènes sont différents suivant l'état 
de concentration des liqueurs : dans une 
dissolution concentrée la réaction est très 
compliquée; indépendamment du soufre, 
de acide sulfureux et de l’acide sulfurige, 
il se produit un liquide jaune qui coule au 
fond du vase et possède tous les caractères 
du chlorure de soufre. Dans une liqueur 
étendue, ce dernier produit ne se forme 
pas; mais, si diluée qu’elle soit, il se 
précipite toujours du soufre. en même 
temps qu'il se dégage de l'acide sulfu- 
reux. 
Le chlore en se dissolvant dans une dis- 
solution étendue du sel de M. Langlois ow 
d’un hyposulfate bisulfuré, transforme fa- 
cilement tout le ‘soufre en acide sulfurique; 
mais il faut que la quantité d’eau soit 
assez considérable, car une dissolution con- 
centrée donnerait aussi du chlornre de 
soufre. è 

L'iode est sans action sur les hyposulfates 
mous et les sulfurés; lamaniere dont il se 
comporte avec les hyposulfites est au con- 
traire, remarquable. Nous avons fait voir 
qu'un équivalent de sel absorbe exactement 
un demi-équivalent d'iode sans qu'il se 
produise ni‘acide sulfureux, ni! acide sul- 
furique. ni dépôt de soufre, et que le ré- 
sültal de cette action est un'iodure etun 
byposulfate bisulfuré. 

Ces faits établis, il est facile d’en faire 
l'application, sait à l'analyse des mélanges, 
soit à celle des composés isolés. 

Supposons un mélange très compliqué, 
nous aurons dans la même liqueur : un 
sulfite, un sulfite, un hyposulfite, un 
hyposulfate et un hyposulfate bisulfuré. 
Voilà comment on dev:a opérer : 

On divisera la liqueur en quatre portions 
égales. EX Re: LAS 

Premiére portion. La première servira à 
doser l'acide sulfurique; pour cela on le 
méêlera à une dissolution de chlorure de 
barium en excès, on recevra le préci- 
pité sur un filtre et on le lavera sur le filtre 
même, d’abord avec de l’eau distillée bouil- 
lante, puis ensuite avec de l’eau aiguisée 
d'acide chlorhydrique ; on n’aura plus qu’à 
le sécher, le recueillir et le poser. 

Deuxième portion. La seconde sera trai- 
tée par l'iode; mais auparavant il faudra | 
la méler à quelques grammes de carbo- | 
nate de magnésie, car sans cela l'analyse 
serait impossible. En effet, le liqueur con- 
tient un sulfite; en prenant de l'oxyde à # 
l’eau, le sulfite deviendra sulfate, mais en | 
même temys il se formera de l'acide iod- | 
hydrique; si cet acide ne trouve pas, a) 
moment où il prend naissance, une base | 
pour le saturer, il réagira Sur la portion | 
intacte de sulfate ou sur l'hyposulfite que’ 
la liqueur contient également, etil y aura 


CES Ma. AN R ie De no st ® nm _—… 


nn —— 


Se ST - ÆS- mn 


401% 


perte d'acide sulfureux et dépôt de sonfre. 
iLe carbonate de magnésie remédie à tous 
‘ces inconvénients : il n’absorbe pas d’iode 
par lui-même, et les acides le décomposen) 
1plus promptement que les sulfites. 

* La liqueur, ainsi additionnée, sera donc 
ttraitée par liode; lorsqu'elle sera saturée, 
on notera avec soin le poids de l'iode em- 
rployé, puis on déterminera de nouveau, 
[per lé chlorure de barium, la quantité 
id’acide sulfurique contenue dans la li- 
| queur. Le poids du sulfate de baryte 
{trouvé sera plus fort que dans la première 
rexpérience ; Paugmentation de poids ser- 
| vira à déterminer la quantité d'acide sul- 
!'fureux et le poids d’iode qu'il aura fallu 
l:employer pour le transformer en acide 
sulfurique. 

Lorsqu'on sera arrivé à ce point, il sera 
\'facile sans avoir recours à d’autres expé- 
riences et par uue simple soustraction, de 
se procurer tous les éléments nécessaires 
, “à la détermination. de la quantité d’acide 
| Jhyposulfureux. On retranchera du poids 
: Hitotal de l’iode employé celui qui aura 
| transformé l’acide sulfureux en acide sul- 
: Mifurique; la différence aura été absorbée 
:Mipar l'acide hyposulfureux. Or, on sait que 

\. 2 équivalents de cet acide absorbent 1 équi- 
valent d’iode. 

Pour traiter la liqueur par l’iode on se 
servira, comme dans le sulfhydromètre, 
id: d’une dissolution titrée, ou bien on ajou- 
-“itera peu à peu à la liqueur de petits frag- 
M ments d’iode, pris dans un flacon dont on 
iaura préalablement déterminé le poids. 
La dissolution est rapide, et il est facile de 
: saisir le point de saturation. Il faut s’arré- 

| ter aussitôt que la liqueur prend une teinte 
\" jaune. Le changement de coloration est 
“tres saillant, et il est tout à fail inutile 

d'ajouter à la liqueur de l’amidon ou tout 

autre corps étranger. 
Î Troisième portion, Cette partie de la li- 
w, queur servira au dosage de l’acide hypo- 
«« sulfurique bisulfuré; on la traîtera par 
.… liode en prenant les mêmes précautions 
1) que pour la précédente, jusqu’à satura- 

« tion, maïs sans qu'il soit besoin de tenir 
+W compte du poids du réactifemployé. L’iode 
| formera, comme novus l'avons dit, un sul- 
. fate aux dépens du sulfite et un hyposul- 
. fate bisulfuré aux dépess de l’hyposulfite; 
| cette quantité s’a;outera à celle déjà con- 
) tenue dans la liqueur. Cela fait, on ajou- 
) tera à la dissolution saline à analyser en- 
: viron 100 parties d’eau, et on la traitera 
. par un courant de chlore. Le gaz sulfate 

« sera tout le soufre de l’hyposulfate bisul- 
ik furé sans toucher à celui de l’hyposulfate 
bé Grdinaire. Quand la saturation sera com- 
+h plète, on saturera la liqueur par la chlo- 
-h rure de barium. Le poids du sulfate de ba- 
tb ryte qu’on obtiendra représentera le soufre 
FL du sulfate, de sulfite, de l'hyposulfite et de 
4 lhyposulfite bisulfuré. Comme les opéra- 
14 üons faites avec la première et la deuxième 
| portion delaliqueur auront fourniun chiffre 
kb indiquant la quantité de soufre contenu 
it dans les trois premières, la différence des 
| deux poids servira à déterminer la quan- 
sl) tité de soufre contenu dans le dernier et, 
jé | par suite, son poids total. 

| 


Les 


| 
| 
| 
| 


1 . I estutile d'indiquer ici que les lavages 
| du sulfate de baryte, obtenu dans le trai- 
!} tement qui précède, devront être faits à 
| l'eau distillée bouillante, et continués 


ù, 
#} pendant longtemps, parce qu’il est mêlé à 
il} beaucoup d’iodate de baryte, formé par 


suite de l’action du chlore sur les iodures 
Contenus dans la liqueur, et cet iodate est 


1015 


fort peu soluble dans l’eau. Si les lavages 
avaient été insuffisants, pendant la calci- 
nation du précipité on aurait un dégage- 
ment de vapeurs violettes qui indique- 
raient la présence d’iodate, et il resterait 
de la baryte dans le résidu; il serait alors 
facile de s’en débarrasser au moyen de 
l'acide chlorhydrique affaibli 

Quatrième portion. H ne restera plus à 
doser que l’acide hyposulfurique On con- 
çoit qu'il suffira, pour connaître la quan- 
tité de ce dernier acide, de connaître le 
poids de la totalité du soufre, car alors, 
après avoir rendu aux quatre autres acides 
ce qui leur appartiendra, la différence re- 
viendra à l’acide hyposulfurique. 

Mais le dosage de ce soufre total pré- 
sente quelques diflicultés. La sulfatisation 
des composés inférieurs du soufre est assez 
facile à opérer lorsqu'on agit sur des pro- 
duits bien desséchés, mais il est, au con- 
traire, presque impossible de ne pas perdre 
du souffre lorsqu'on traite des dissolu- 
tions. L’acide azotique, même le plus con- 
centré, et l'eau régale laissent toujours 
échapper de l’acide sulfureux. On recom- 
mande alors le chlore, mais ce réactif n’est 
pas plus sûr lorsqu'on le fait réagir sur la 
dissolution d’un hyposulfite; dès le début 
de l’opération il précipite du soufre telle- 
ment divisé, que souvent on ne peut le 
recueillir sur les filtres et qu'il est inca- 
pable de redissoudre ; d’un autre côté, 
nous avons vu qu'il ne sulfate pas l’a- 
cide hyposulfurique à la température ordi- 
naire. 

Lorsqu'on à à analyser des liqueurs qui 
ne peuvent être évaporées à siccité sans 
se décomposer et sans perdre des produits 
sulfurés gazeux, pour qu’il soit possible de 
les ramener à l’état sec sans perte de soufre, 
il faut ajouter aux liqueurs une petite 
quantité de soude caustique qui retient les 
gaz sulfurés et permet l’évaporation. Quant 
au résidu solide, il sert à doser le soufre 
total ; il suffit de le traiter à la maniére 
ordinaire par l’acide azotique fumant 

Nous avons supposé un mélange extré- 


. mement complexe, mais heureusement on 


rencontre rarement un cas de cette na- 
ture. On conçoit qu'on devra modifier le 
mode opératoire suivant la dissolution à la- 
quelle on aura affaire. 

Si, au lieu d’un hyposulfate bisulfuré, 
la liqueur contenait l’acide de M. Lan- 
glois, on n'aurait rien à changer aux 
opérations. 


Te SDKE —— 
SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIE. 


Etudes géologiques sur la Finlande; par 
M. Durocher.(Extrait par l’auteur.) 


La Laponie et Ja Finlande renferment un 
petit nombre de formations anciennes qui 
couvrent une immense étendue de pays 
sans être associées à des terrains plus mo- 
dernes : ces contrées ont été soulevées au 
dessus du niveau des mers à une époque 
géologique très reculée; leur surface est 
restée à découvert pendant les périodes suc- 
cessives de la sédimentation, et ce n’est 
qu’à l’époque diluvienne qu’elle a été de 
nouveau plongée sous les eaux. Aussi, les 
phénomènes qui concernent la production 
des roches cristallines, granitoïdes, por- 
phyroïdes et chisteuses sont ici dévelppés 
sur une grande échelle, Ayant eu l’occa- 
sion d’observer ces roches sur un théâtre 


1016 
aussi vaste, jy ai remarqué un ensemble 
de caractères constants, dont l’uniformité 
et précision m'ont paru susceptibles de je= 
ter quelque lumière sur lorigine de phéno- 
mènes qui sont encore aujourd'hui impar- 
faitement connus. 

On a observé. dans beaucoup de pays, 
l'existence de plusieurs variétés de granits 
ponvant se ramener à deux typesextrêmes, 
Pun à grains fins, l’autre à gros grains, 
renfermant de larges cristaux de feldspath 
et présentant quelquefois l'aspect porphy- 
roïde : on a pensé que ces deux états dif= 
férents caractérisaient des espèces distinctes 
qui ne s'étaient pas produites à la même 
époque; mais il est rare que l’on ait pu 
invoquer à l’appui de cette opinion des 
faits d'une évidence irrécusable : dans plu- 
sieurs cas, il peut se faire que le granit à 
gros cristaux de feldspath ne soit qu’une 
dérivation du granit à petits grains; et 
leur différence d'aspect peut bien résulter 
de ce que les circonstances de refrordisse- 
ment, et les forces physiques.et chimiques 
qui ont présidé à la cristallisation de ces 
roches, n’ont pas agi de la même ma- 
nière. Mais on ne saurait douter qu'il ÿ ait 
eu deux époques d'éruptions granitiques 
bien distinctes et séparées par intervalle 
de temps assez long, si l’on reconnait qu'il 
s’est produit entre ces deux époques une 
autre masse minérale un peu considérable, 
soit par voie de sédimentation, soit par 
voie de fusion. 

En étudiant la constitution géognostique 
de la Finlande, j'ai observé daas cette con- 
trée, ainsi que dans la partie méridionale 
de la Laponie, deux variétés de granits 
très différentes par leurs caractères; j'ai 
reconnu partout d’une manière évidente, 
depuis le 68e jusqu’au 60° degré de lati- 
tude, que l’un de ces granitsest postérieur 
à l'autre et qu'il s’est épanché assez long- 
temps après pour que, dans l’intervallé, 
ait put surgir une roche dioritique à base 
d’amphibole, 

L'origine des roches cristallines à struc- 
ture schisteuse et surtout celle des roches 
de gneiss n'est pas encore parfaitement 
éclarcie : le gneiss était regardé autrefois 
et l’est encore par beaucoup de géologues 
comme un état particulier du grauit; mais 
par suite du grand développement qu’a 
pris la théorie du métarnorphisme, il est 
surgi une manière de voir différente, d’a- 
près laquelle une partie des gneiss rentre- 
rait dans la classe des roches sédimentaires 
et métarmophiques. J'ai étudié avec soin 
cette question délicate, l’une des plus im- 
portantes de la géologie : les gneiss et les 
roches schisteuse de la Finlande m'ont of- 
fert des caractères assez précis pour faire 
disparaître toute incertitude relativement 
à lear origine. Les observations que j'ai 
faites en Finlande sur ce sujet ont été cen- 
firmées par celles que j'ai recueillies au 
Spitzberg, en Norwège, en Allemagne, dans 
les Alpes, les Pyrénées ct dernièrement 
dans la Bretagne. Les roches de gneiss me 
semblent présenter un certain nombre de 
caractères d’après lesquels il est possible 
d’aprécier l’origine et de distinguer les ro= 
ches métamorphiques de celles qui nesont 
que des pseudo-gneiss, qui ont üñe ori- 
gine éruptive et doivent êtré rattachées 
aux granits. 

Il est une troisième question dont je me 
suis occupé pendant mon voyage en Fin- 
lande, c’est l’origine des minerais de fer 
magnétique, fer oxydulé pur où mélangé 
de fer oligiste : aujourd’hui cette origine 


1017 


est encore enveloppée des mêmes ténèbres 
qui dérobent à nos investigations la con- 
naissance des procédés qu'a suivis la na- 
ture dans la formation des substances mé- 
talliques. J'aiexaminé avec attention toutes 
les circonstances du gisement des mine- 
rais de fer magnétiques, qui sont bien ca- 
ractérisées en Finlaude ; j'ai réuni diverses 
observations qui ont été faites sur ce sujet 
en Suède, Norwège, Laponie et Russie : 
cet examen conduit à une solution qui pa- 
raît assez conforme à l’ensemble des faits 
observés, 

Ainsi, mon Mémoire comprend trois 
parties : la première a pour objet l'examen 
des roches grauitiques et amphiboliques de 
la Finlande; la seconde se compose d’ob- 
servations sur la nature des roches cris- 
tallines et schisteuses; dans la troisième, 
je décrirai le gisement des minerais de fer 
magnétiques. 

J'y joindrai plusieurs coupes et dessins 
qui viennent à l'appui de mes observa- 
tions. 


BOTANIQUE. : 


Une nouvelle Flore. 


Il yeut une époque où, prenant à la 
lettre l'ironie du poète, on ne trouvait bon 
et bien fait que ce qui sentait son origine 
étrangère. Alors on se persuadait volon- 
tiers qu’une tête allemande était indispen- 
sable pour la production des œuvres qui 
demandaient une ténacité  persévérante, 
On se disait, on se dit même encore-relati- 
vement à des branches de la science hu- 
maine qui tiennent un haut rang dans les 
études intellectuelles, que doués d’une pé- 
nétration rapide, nous n’aurions point une 
volonté assez ferme, assez constante pour 
des entreprises où la sagacité n’est pas la 
seule condition de réussite, mais où la pa- 
tience doit prerdre une large part. 

Sous l'influence d'un pareil préjugé, la 
gcience, en beaucoup de points, est deve- 
nue, chez nous, anglaise, écossaise, alle- 
mande; enfin tout autre que française. 
Guidés par le mouvement général, presque 
tous, oubliant la fierté nationale, ont suivi 
la pente commune. Cependant un petit 
nombre d’hommes de cœur et de talent, 
appuyés sur une volonté qu'ils savaient ne 
devair pas faiblir, ont osé résister à l’en- 
traînement et se livrer à des travaux au 
terme reculé. Ontils failli à la tâche; et 
quel a été le résultat de cette hardiesse pré- 
tendue? 

Examinez tous les rameaux de l’arbre de 
la science qui ont été, en France, l’objet de 
soins particuliers. Quels fruits magnifi- 
ques le génie de nos écrivains et de nos 
penseurs leur a fait porter ! Une aussi belle 
série de découvertes marquantes en physi- 
que, en chimie, en anatomie, en histoire 
naturelle, etc.……, ne démontrent-eiles pas 
surabondamment que les profondes études 
ne peuvent être le domaine réservé d’une 
nation au détriment de la nôtre... Si la la- 
boricuse Allemagne y apporte son calme et 
son sang-froid, l’esprit français à la rapide 
et mobile intuition, sait en temps et lieuse 
plier à l'allure modérée et tranquille, tou- 
jours nécessaire dans les études d’observa- 
tion. 

Je pourrais donner en exemple un cer- 
tain nombre d'ouvrages qui, dans ces der- 
nières années, ont fait bruit parmi le mon- 
de savant, mais ce serait une redite dans 
ce recueil qui leur adéjà prodigué un juste 
tribut de louanges. Qu'il me soit permis de 


1018 


mettre en reliefun seul de ces livres à qui 
sa récente publication n’a pu jusqu’à pré- 
sent faire trouver dans les colonnes de 
VÆcho une place que lui méritaient un 
long travail, des investigations aussi cons- 
ciencieuses qu'éclairées. Je veux parler de 
la Flore «le la Vienne (1). Si l'importance 
d’un pareil ouvrage se mesurait à la gran- 
deur du rayon qui décrit ses limites, et non 
pas aux nombreux accidents de terrain 
qu’elles circonscrivent, ou sil était sur la 
même ligne que tant de flores locales pa- 
rues à une époque plus ou moins reculées, 
à peine aurais-je pris le soin d’écrire quel - 
ques mots à son sujet. 

« Mais en premier lieu peu de pays of- 
frent une végétation plus variée que cette 
partie du haut Poitou qui forme le dé- 
partement de [a Vienne, soit qu’on la con- 
sidère sous le point de vue géographique et 
à raison de sa situation occidentale, soit 
qu’on l’envisage sous le rapport géologi- 
que. Le caractère de transition qui distin- 
gue ce département d’une-manière si spé- 
ciale se dessine d’une façon remarquable- 
ment tranchée dans chacun des arrondis- 
sements qui entourent le cheflieu. Celui 
de Poitiers, qui occupe le centre, doit aux 
puissantes assises calcaires qui affleurent le 
sol, à la coupe souvent abrupte, et à l’ex- 
position chaude de ses coteaux, le grand 
nombre de plantes méridionales qui s’y ren- 
conirent. l'arrondissement de Châtelle- 
rault qui repose en grande partie sur des 
formations de tuf, bordé par la Creuse, 
traversé par l'Envigne qui. arrose le ma- 
gnifique vallon de Ecncloître et par la 
Vienne, affluent de la Loire, présente la 
plupart des richesses végétales du fertile 
bassin de ce fleuve. Au-delà de Lussac, le 
sol deviententierement siliceux; la Vienne, 
la Gaïrtempe, les deux Blourds. vicnnentle 
sillonner de va lées profondes. Des sources 
jallissent des points les plus élevés de ses 
collines montueuses, et la plupart des pâtis 
qui occupent leurs flancs présentent des 
fondrières de tourbe. En se rapprochant 
des limites de la Haute-Vienne, partont on 
découvre le pittoresque des pays de mon- 
tagne, et la terre se pare de la végétation 
des terrains primitifs. Civray reproduit les 
raretés des environs de Poitiers, en y ajou- 
tant quelques raretés nouvelles. Enfin 
l'arrondissement de Loudun, qui-n’est tra- 
versé par aucun ruisseau important offre 
à la Flore un contingent on ne peut plusre- 
marquable, celui d'espèces tout à fait oc- 
cidentales et parfois maritimes qui crois- 
sent spontanément à un: élévation moyen- 
ne de plus de 80 mètres au-dessus du ni- 
veau de la mer.» 


Je n'ai rien à ajouter à cet aperçu sur le 
caractère géologique de la Vienne em- 
prunté presque textuellement à l'introduc- 
tion du livre dont je rends compte. La plus 
légère connaissance des lieux-suffit pour 
faire apprécier la rigoureuse exactitude 
du tableau. Et maintenant est-il diffcile 
à celui qui a entrepris quelques herborisa- 
tions de se figurer quelles doivent être les 
richesses végétales d’un pays qui contient 
des plaines basses et des plateaux élevés, 
des calcaires de toute formation à toutes 
les expositions, des terrains primitifs et des 
terrains qui forment le passage des ca'caires 
au granit? 

À cette importance toute matérielle de 
la localité, s'en adjoint une autre pro- 

(1) Chez Meilhac, libraire, cloître Saint-Benoît, 
10. — Paris. 


1019 


pre à l’auteur et qui fait le spécial et solide 
mérite de son œuvre. | 

Nous avons vu plus d'un floriste jeune 
et sans expérience, après avoir mis en col- 
lection sept à huit centaines de plantes par= 
mi lesquelles le hasard avait glissé quel- : 
ques raretés, se croire appelé à faire une: 
botanique au moins départementale, Qué- 
tant cà et là des renseignements d’une 
exactitude douteuse, pillant dans les publi- « 
cations des devanciers, les descriptions | 
des fleurs que, sur des analogies de ter 
rain, il soupconnait croître dans les limites 
qu’il s'était tracées, il parvenait en der- 
vière analyse à compléter un volume sur 
lequel de pompeuses réclames ne faisaient 
qu'attirer le mépris des connaisseurs, en … 
attendant l'oubli général. 

M. Delastre, lui, a voulu faire une œuvre 
d'avenir. A cette œuvre il a consacré vingt- 
cinq ans de son existence, vingt-cinq ans 
de recherches et d'études; études d’herbo: 
risations, études du cabinet, études de con- 
frontation avec les plantes des herbiers 
lypes. Aussi, pas une description qui n'ait 
été calquée sur des échantillons recueillis 
tous dans le département .et réunis par ses 
soinsdans un herbiermodèledontsa généro- 
sité a doté le cabinet d’histoire naturelle de 
Poitiers. Aussi, dansles coursesnombreuses 
que suppose une période aussi prolongée, 
que de var'étés curieusès, que d’espèces 
infiniment rares, nouvelles même et figu- 
rées avec soin signalées dans des lieux où 
Jamais on n'aurait songé à les chercher! 
Quelle masse de précieux documents se 
trouvent réunis dans un livre pris à ce 
point au sérieux par bn homme que de- 
puis long-tem}s ses travaux infatigables 
ont fait connaître, et qui suivit attentive- 
ment, en s y mêlant même, le Œœurs de ju- 
dicieuses réfornes tentées par les phyto- 
graphes de nos jours sur les groupes de 
végétaux que leur imparfaite classification 
signalait aux regards des maîtres de la M 
science ! 

En pariant ainsi, j'ai surtout eu en vue 
les genres poiygala, arenaria,cerastium, 
Rosa, gallium, orobanche,verbascum, po- 
laiogeton..…., les familles des crucifères, 
haloragées, ombellifères, synanthérées, po- 
lygonées, cypéracées, graminées... Tout le 
monde sait les nombreuses difficultés que 
présentent ces genres et ces familles; on 
se rappelle les erreurs qui en ont été bien 
souvent la conséquence; on connait les 
monographies par lesquelles des hommes 
spéciaux ont cherché à corriger ces er- 
reurs, à applanir ces difficultés. La Flore 
de la Vienne résume tous ces travaux mo- 
dernes d’une manière moins restreinte 
qu'on le pourrait soupconner d’abord. De 
plus, elle offre les idées émises par l’au- 
teur sur le même sujet, idées toujours 
judicieuses comme celles que de longues 
années d'observation ont müries. 

Il est donc facile de le voir, cet ouvra- 
ge est an de ceux qui mettent le mieux 
sur la voie des véritables principes de la 
science, qui initient le mieux aux décou- 
verte; actuelles. 

Nous n'avons considéré jusqu’à présent 
l'œuvre de M. Delastre que sous le rap- 
port scientifique. Il en est un autre bien 
important encore et qui mérite de fixer 
notre attention, c'est le point de vue pra= 
tique. Comme tout naturaliste véritable= 
ment enthousiaste, l’auteur éprouvait de 
la peine à voir que son étude chérie était 
négligée, abandonnée presque dans un 
pays où la campagne semble se complaire 


1020 | 
: à faire naître sous les pas du botaniste les 
: richesses.les. plus variées. « 11 a voulu, 
dit-il, propager l'étude de l’une des bran- 
-.ches les plus, intéressantes de l’histoire 
-naturellesil a voulu rendre la botanique 
: populaire, : la: répandre dans toutes les 
classes, parce qu’indépendamment du but 

d'utilité qu’elle présente, elle peut être 
- pour tous, suivant les circonstances, un 
- vharme aux peines les plus cuisantes, 
aussi bien qu'un plaisir ou un délasse- 
ment deitous les instants; parce que son 
goût nous suit partout, au jardin, dans 
les champs, en voyage; parce qu’il calme 
et rassied les esprits; même au milieu des 
agitations les plus wivessetque la contem- 
plation de tant de merveilleuses harmo- 
 nies élève l’âme au-dessus de toutes les 
passions spéculatives qui troublent et 
| ébranlent la société. » Maïs il savait qu'il 
|. en est de la botanique comme de toutes 
| les autres sciences. Pocr l’apprendre, il 
| fautun maître complaisant et sûr, que ne 
|.rebute pas la marche lente et indécise 
-d'ub élève, et qui soit toujours disposé à 
| Jui prêter main-forte, bien loin de lui cau- 
ser une chute plus profonde par sa pro- 
pre ignorance. 

À défaut d’un tel guide bien rare à ren- 
contrer, M. Delastre à fait un livre qui bé- 
| gaye avec les commencants et grandit en 


enfia les plus aut'entiques et les plus so- 


| D 29g0 5. 2e 

| quelque sôrte avec eux ponr leur donner 
| 

: 


lides enseignements.C'est pour les novi- 
ces, qu'il à «missaw commencement une 
clé analytique, suivant la méthode de La- 
mark, baséesur des caractères constants 
| et pourtant faciles, X apercevoir dans les 
| végétaux. Dans celte analyse, les plantes 
sont désignées par leur nom français, et 
les mots itéthniquesretrarchés le plus 


ployés; trouvent leur explication dans la 
même phrase: ÀAw surplus, afin de préve- 
nir les embarras qui pourraient exister, 
même aprés ces précautions, un votabu- 


Jaire des termes scientifiques est imprimé 


) DeTIOL 


| àlafnduvolume, à 
lErioqoe zafc ; 
C'est pour les novicas encore qu’une se- 
| conde analyse, faite.sur un plan tout dif- 


 férent de la première vient lui servir de 
… contre-épreuvel et faciliter la rectification 
“ deserreursqui auraient été commises dans 
| Ia précédente recherche. Elle offre en ou- 


tre le précieux avantage de familiariser 
avec lescaractèrés distinctifs des famiiles 
et des genres, et bientôt elle rend inutile 
Femploi d’une méthode artificielle. 

Que dirai-je de plus? On voit les faci- 
lités offertes aux commencants. Ceux qui 
ont déjà marché dans la riante carrière de 
la botanique peuvent apprécier les des- 
criptions scrapuleuses des familles, des 
genres, des espèces, des variétés, où le mé- 
rite de la concision est porté au plus haut 
point, et dans lesquelles tout ce qu'il y a 
de vér tiblement caractéristique ressort en 
lettres italiques. Ils ont beaucoup à ap- 
prendre en présence de cette classification 
si logique, de ce plan qui font sortir l’ou- 
yrage de la sphère restreinte que la mo- 
| destie de l’auteur lui avait assignée, et le 
: rendent un livre non plus seulement spé- 

cial au Poitou, mais un livre que tous les 
botanistes dé France se plairont à consul- 
terSicar tous sont intéressés aux décou- 
vertes qu’il renferme, et puis-le plan et la 
méthode sont de toutes les provinces. 


eit] EAU 


"(Un Professeur de botanique. ) 
Tr De 


| possible, quand ils out été forcément em- 


1021 
SCIENCES APPLIQUÉES, 


Histoire des opérations de teinture. 


(Premier article.) 


L'histoire des arts et des industries dont | 


lesnationsontsurtoutle droit d'être fièresest 
malheureusement trop peu connue, les au- 
teurs ont presque tous négligé cette partie 
de l’histoire importante qui a eu le plus 
d'influence sur la destinée des peuples. 
Au moment où le chemin de fer vientde 
faire-de Rouen un des faubourgs de Paris, 
nos lecteurs nous sauront gré de leur avoir 
tracé en peu de mots l'histoire si intéres- 
sante de la teinture, cet art que la France 
a porté au plus haut degré de perfection, et 
dont Rouen peut à juste titre revendiquer 
une large part: 
Les couleurs que les végétaux et les ani- 


. maux renferment, ont été utilisées de 


bonne heure par l'homme qui, charmé de 
leur éclat et de leur harmonie, s'empressa 
de les appliquer sur les étoffes qui lui ser- 
vaient de vêtements. L'art de peindreetde 
teindre comnrença pour ainsi dire avec 
l’enfance des sociétés, car comme l’a ob- 
servé Bertholet, on remarque dans les 
hommes qui ont fait le moins de progrès 
das l’art social, le desir de s’attirer les re- 
gards de la multitude, ils en saisissent avec 
empressement les moyens, et l'éclat des 
couleurs est lun des premiers qui se 
présentent; chez les peuples les plus bar- 
bares , on reirouve ce goût pour les cou- 
leurs ; ainsi les sauvages se frottent le corps 
avec des terres colorées ou des: sues: de 
plantes, ils font dans quelques contrées 
(îles Marquises) une véritable toile peinte 
deleur peau ; ‘ils se teignent les cheveux, 
se colorent les dents, et cet usage commun 


| à-tous les peuples de l'antiquité, s’est per- 


pétuéde-nos jours che: les nations ériérñe 
talesu L'art de la teinture a été -prathjué 
avec un très grand succès dans les temps 
les plus recalés dont l'histoire fasse men- 
tion ;:dansiles’indes, en Perse, en Egypte 
eten Syrie, Il:y a plus de trois mille ans 
qu’une sage femme attacha un fil écarlate 
au poignet d’un des enfants de Tanmar 
( Genèse, liv. 38, p.27). Homère qui vivait 
900 ans avant Jésus-Chrit, cite les éloffes 
de toutes couleurs fabriquées à Sidon 


comme une chosé magnifique. Salomon 


faisait venir de Tyr des étoiles teintes en 
pourpre, en bleu ;en ‘écarlate et en cra- 
moisi. Les Phéniciens qui se livrèrent avec 
tant de succès aù commerce et aux arts du 
luxe, s'étaient rendus célèbres par leur 
riche couleur pourpre, couleur brillante 
et solide qu’ils retiraientdedeux mollusques 
habitant les mers qui baignent les côtes de 
la Phénicie (1). Ce sont eux qui répandirent 

(1) La chronique rapporte qu’un pâtre dont le 
chien avait cassé une coquille de pourpre, et qui 


. fut taché en rouge pourpre par le suc de ce co- 


quillage, trouva bientôt le moyen d’obtenir cette 
couleur, et de teindre par ce moyen un vêtement 
pour sa maïtresse. Au lemps de Meie, les Egÿp- 
tiens connaissuert la pourpre. Cette belle. couleur 
était si solide , que Plutarque rapporte qu’à la prise 
de Suze, Alexandre trouva dans le trésor de Darius, 
pour la valeur de 50,000 talents (20,700,000 ir.) 
d'étolfes teintes en pourpre qui étaient conservées 
là depuis 192 ans, sans avoir éprouvé la moindre 
altération, Cette couleur fut connue à Romepres- 
que à l’époque de la fondation de cetterville. Sous 
l'empire romain les vêtements pourpre ne pouvaient 
être portés que par les membres de la famille impé- 
riale. Sous Thtodose, il ne restait que deux teintu- 
reries de pourpre, l'une à Tÿr, l’autre à Constanti- 
nople. La première fut détruite par les Sarrazins, et 
la dernière par les Tures. Avec elles disparut le pro- 
cédé de la teinture au vrai pourpre, Gelle-ci fut rem- 


1022 


: en Europe la connaissance des différents. 
| procédés de teinture. Les Levantins con-| 


naissaicnt le beau rouge de garance sur.co:| 
ton, qui porte aujourd'hui les noms:ide 
rouge des Indes, de rouge d'Andrinoptei 
Dans l’Inde, on savait déjà du temps-d'Ate 
lexandre recouvrir les tissus de dessins 
versemment colorés; et suivant Hérodatig 
les-habitants du Caucase imprimaient:6hr 
leurs: vêtements des figures de différente 
animaux, à l’aide de mordants et descou* 
leurs si solides qu’elles duraient autantique 
l’étoffe. xxol SE 

Voici un passage de Pline, qui, quoique 
très obscur sous quelques rapports, montre 
que lesanciens Egyptiens connaissaient lés 
les principes de l’art de peindre sur les 
toiles :,« En Egypte, dit-il, on peint jus- 
qu'aux habits par un procédé des plus mer- 
veilleux ; pour cela, on emploie un tissu 
blauc sur Jequel on passe, non point des 
couieurs, mais des substances sur lesquelles: 
mordent les couleurs; les traits ainsi me- 
nés sur les tissus me:se:voient pas, mais 
quand on l’a plongé dans la chaudière, on: 
le retire au bout, d'un -instant chargé de 
dessins, et ce qu'il y:ade plusremarquable; 
cest que quoique x: chaudière ne -cons 
ticane qu’une seule matière colorantesyle 
tissu prend des nuances diverses, la teinte 
variant selon la nature de la substance qui, 
s'imprègne de couleur; ces couleursme 
peuvent s’effacer par l’eau, il est clair, que. 
si ce tissu était chargé de dessins coloriés 
quaudil entre dens la chaudière, toutes Jes 
couleurs seraient brouillées quand on le 
retirerail, ici toutes les couleurs se font: 
par une seule immersion, etil y a en même 
temps coction et teinture. Le tissu modifié 
par cette opération est plus solide que s’il ne 
la subissait pas (Pline, Liv. xxxv (42, p. 61 
t. 20, édition Panckoucke, 1833). co 

Les découvertes chimiques et mécaniques. 
des temps modernes ont avancé considéra=' 
blement cés'arts si beaux et si ingénienx de 
teindre et de peindre les étoffes, mais les 
citations précédentes montrentévidemment 
que nous n'avons fait que perfectionner 
des procédés connus dès l'antiquité la plus 
recnlée: so 

Cequ'il ÿ a de certain, c’est que les an- 
ciens connaissaient un grand nombre de 
substances tinctoriales dont nous nous ser- 
vons, telles que le kermès, employé pour 
tcindre en écarlate et en pourpre; le pastel, 
usité pour teindre en bleu ; l’orseille, la ga- 
rance, le bois de sappau, la laque, la co- 
chenille ; etc.; malheureusement, nous 
n'avons aucun renseignement sur la mae 


placéeparla pourpre obtenue du Kermès. Il a régné 
pendant longtemps une-grande incertitude sur l’ori= 
gine de là pourpre des anciens, Il est aujourd'hui 
à peu près constant que ce principe colorant est. 
un liquide sécrété par un organe particulier de deux 
mollusques à coquilles (gastéronodcs), nommés pe- 
tite massue d'hercule (Murex brandaris) et buccin 
(purpura capillus) et qui abondent dans la Médiie 
terranée et dans la Manche. C'est un liquide idee 
lore qui, exposé à la lumière diffuse, teint d’abgs d 
en jaune citron ;-ensuite en vert clair, verl émeraude;- 
azur, rouge et finalement, au bout de quarante-huit 
heures, en très beau pourpre; mais il ne pareourt 
ces nuances que lorsqu'on l’empêcle de se dessé- 
cher. Ce principe colorant pourprè é'rémarquable 
par sa solidité: Il résiste à l’action 488 Akalis caus- 
tiques et de la plupart des acides. I@'ÿ a’guêre que 
l'acide azotique concentré et leïchtorecqui l’altèrent 
sensiblement. M. Bizio, chimiste alien, a étudié à 
plusieurs reprises ce principe colorant qui avait 
déjà fixé l’attention de Réaumur et de Duhamel. 
Un dernier mémoire, envoyé en décembre 1842 à 
l’Académie des sciences par M. Eizio, renferme sur 
cet ohjet des détails curieux. 


1093 

nière dont les peuples de l'antiquité procé- 
daient à la teinture et à l'impression de leurs 
tissus, par la raison que les Romains qui 
hérièrent de leurs procédés industriels, 
végligèrent deles décrire, attendu que pour 
eux ce était des‘ travaux serviles. 

Au V* siècle, tous les arts s’éteignirent 
dans l'Occident , par suite de l'invasion des 
barbares du Nord, mais ils se conservèrent 
mieux dans l'Orient, d’où l’on tira Jus- 
qu'au XII siècle, tous les objets de luxe, 
et notamment les tissus colorés. C'est vers 
la. fin du X1I1I° siècle et le commencement 
du XIIIe, que l’art de la teinture reparut 
enltalie, grâce aux relations commerciales 
que les Véuitiens et les Gênois entretinrent 
avec l'Orient. En 1838 , on comptait à Flo- 
rence 200 manufactures qui fabriquaient , 
dit-on, de 70 à 80,060 pièces de drap. En 
1300, un Florentin ayant appris dans le Le- 
vant , à retirer la matière colorante des li- 
chens qui fournissent l'orseilie ; eu intro- 
duisait l'usage à Florence, et fit une si 
grande fortune , qu'il devint le chef d une 
des premières familles de cette ville C'est 
en 1449 que parut à Venisele premier re- 
cueil des procédés de la teinture ; la décou- 
verte de l'Amérique en fournissant à l'an- 
cien monde la connaissance de plusieurs 
matières tinctoriales, telles que la coche- 
nille, le bois de campêche, les divers bois 
rouges de Fernambouc-de -Sainte-Mar- 
the, ete.; le rocou, l'indigo, etc, exerça 
une grande influence sur les progrès de 
Part dont nous nous cccupons. 

C’est peu de temps après qu’on découvrit 
les procédés de la teinture en écarlate au 
moyen de la cochenille et des sels d’étain. 
On attribue l'emploi de ces sels au chimiste 
hollandais Cornélius Drebbel, dont le fils 
Kuster apporta les procédés en Angleterre 
vers 1563, et s'établit teinturier à Bow, 
près Londres, où il amassa une fortune 
considérable. Cette date fait époque dans 
l'histoire de l’art, car l'oxyde d’étain a mis 
les modernes en état de surpasser les an- 
ciens dans la beauté des couleurs. 


AGRICULTURE. 


Du micocoulier et de ses usages. 


Le micocoulier doit être compris au 
nombre des arbres indigènes de l'Italie et 
du midi de la France qui croissent sponta- 
nément et le plus vigoureusement. On 
l'appelle bagolaro fragirago!o, et il chan- 
ge de nom d’une province à l’autre. 

En 1839, M. Raggazzoni avait déjà pu- 
blié dans son Repertorio un premier arti- 
cle sur le micocoulier, sa description, sa 
culture, ses divers emplois ; j'ai cru cepen- 
dant, dit M. Barulli, devoir revenir sur ce 
sujet, auquel on n’a pas porté toute l’atten- 
tion qu’il mérite. J’ai considéré cet arbre 
sous tous les rapports pour faire mieux res- 
sortir les avantages qu'on pourrait en tirer 
si on lui laissait prendre tout l’accroisse- 

* ment dont il est susceptible, qui peut aller 
de 13m à 17m de hauteur, et de 1m,30 à 
1m,70 de diamètre. 

Le micocoulier prospère dans tous les 
terrains, se plaît aux expositions du midi 
et du levant, et plus dans les lagunes que 
dans les plaines. On a remarqué que les 
terres pierrcuses, mais fraîches et légères, 

lui convenaient parfaitement; qu'il pous- 
sait plus vite dans celles humides; mais 
qu’alors son bois avait moins d’élasticité et 
de ténacité. 

Cet arbre est commun aux environs de 


102% 


Turin, de Suze, d'Ivrée, de Voghera, etc. 

Les habitants de Chiaverano en ont 
quelques bouquets devant leurs maisous, 
qu'ils entretiennent avee grand soin. 
M. Mina, économe de l'hopital de Biella, 
en a fait semer une assez grande quantité 
qui végètent bien et vont être bons à être 
transplantés; maisje n'ai point vu ailleurs 
de micocouliers cultivés en grand, seule- 
ment j'en ai rencontré isolés dans les 
champs ou mêlés avec les autres arbres 
des bois. 

Le micocoulier se multiplie de semences, 
de marcottes et de drageons enracinés; il 
lui faut 150 ans pour atteindre son plus 
grand accroissement; mais il croît tres vite 
pendant les premiers quarante ans, et, en 
vingt-cinq à trente ans, selon les qualités 
du terrain, il peut acquérir 0m.25 à Om,35 
de diamètre; c’est alors qu’on l’abat pour 
différents usages. 

On en fait des cercles de tonneaux, des 
barres, des timons de char, des baguettes 
de fuzil, et principalement des manches de 
fouet. Ce qui semble, au premier coup 
d'œil, une minime industrie n’en est pas 
moins une spéculation fort lucrative. 

On choisit les troncs les plus droits, les 
plus lisses et sans nœuds; on les coupe de 
la longueur convenable et on les refend en 
brins proportionnés pour en tirer ces man- 
ches. 

Les paysans toscans font, avec les jeunes 
branches, des attaches pour attcler Îles 
bœuts aux chars et aux araires; les feuilles 
sont dévorées par les brebis et les chèvres. 
Je regrette de n'avoir pu reconnaître qu'elles 
pouvaient servir de nourritare aux vers à 
soie, ainsi que M. Bianchelli l'annonce. 

Pour rendre plus évidents les avantages 
de la culture du micocoulier, je présente- 
rai lerelevé du commerce des manches de 
fouet qui se fabriquent dans la commune 
de Nola; près de Lauzo. C’est un certain 
Harley qui fitles premiers, il y a trente à 
trente-cinq ans. Dans ces derniers temps, 
ceux qui lui ent succédé en fouraissaient 
40,000 à 50,000 douzaines à Ja France, 
quoique le micocoulier croisse et prospère 
dans le Languedoc, la Provence et le Rous- 
silion. Cette consommation et le peu de 
soins qu’on prend des arbres ont fait aug- 
menter les prix des manches de fouet et 
réduit à environ 10,000 douzaines ceux 
qu'on expédie dans toutes les villes de 
France. 

Les prix des marches de fouet varient 
selon leur longueur : ceux de 2m à 2m,75, 
valent 6 fr. 50 c.la douzaine; ceux de 
1m,54à 2m, 4fr. à 4 fr. 50 c.; les tordus 
ou coordonnés, 4 fr. 50 c. à 5 fr. ; ceux dits 
bâtards, de 1m, à 1m,30, 2 fr. 40 c.; les 
plus courts, 1 fr. à 1 fr. 50 c. 

Ces derniers sont en très petite quantité, 
et l’on compte qu’il se vend deux fois plus 
de longs et de cordonnés que de bâtards et 
de courts. 

Le produit annuel est de 48 à 50,000 fr., 
et il faut ajouter à cette somme le prix 
des manches de fouets consommés dans le 
pays, et des autres objets faits du même 
bois. 

Si la culture en grand du micocoulier 
réduisait ce revenu, comme c’est vraisem- 
blable, il se fabriquerait une plus grande 
quantité de manches de fouet, et le pro- 
duit de ces arbres serait toujours plus con- 
sidérable que celui des autres essences. 

Les micocouliers ne sont point cultivés 
parce que, en général, on ne connaît point 
les avantages qu'ils présentent. Aucun ar- 


1025 
bre ne saurait leur être comparé ; je le ré- 
pête, on pourrait en former dés bois seuls 
ou mêlés avecles autres essences, les plan 
ter en massifs, en allées a bord des riviè= 
res ; ils figurent parfaitement danses jar: 
dins anglais. ; 

Il me semble qu'il conviendrait de re- 
commander le micocoulier aux agricul- 
teurs, et spécialement à ceux qui se livrent 
avec plaisir à la culture des bois. - Je pro- 
pose en même temps, à M. le président de 
la Société royale d'Agriculture, de prier 
M. l’intendant général de l'administration 
d'économie rurale, d'inviter les inspecteurs 
des forêts ou les autorités compétentes. à 
encourager la culture du micocoulier, et 
d’exciter les propriétaires à introduire chez 
eux et à soigner un arbre aussi utile, ce 
qu’ils ne manqueront pas de faire lorsqu'ils 
en convaîtront toute l’importance et le bé- 
néfice qu'ils doivent en retirer. 

BARULLI. 
( Repertorio d'a gricoltura,) 

M. Barulli, qui prône avec raison le mj- 
cocoulier, qui engage les propriétaires.à le 
propager et voudrait que le gouvernement 
encourageût sa culture, n’ignore point que 
cet arbre croît et prospère dans le Roussil= 
lon et le Languedoc, et il est bien étonnant 
qu'après tant de ‘recherches il n'ait pas 
connu l'industrie et le commerce dont le 
micocoulier est l’objet auprès de la ville de 
Sauve, département du Gard, et, dit-on, 
au village de Larroques, daus le départe- 
ment des Hautes-Pyrénées. Je veux parler 


de Ja fabrication des fourches, justement 


renommées parce qu'elles sont commodes, 
solides, légères et à bon marché ; elles rap- 
portent, année commune, 25,000 fr. à la 
petite ville de Sauve. | 

Je n'aurais pas oublié le. micocoulier 
dans mon Mémoire sur les végétaux qui 
croissent Spontanément en Languedoc et mé- 
riteraient une. cullure partiçulitre, si les 
grands avantages qu'il offre n'étaient déjà 
mentionnés dans plusieurs ouvrages; en ÿ 
renvoyant les personnes qui voudraient les 
connaître -mieux, il me suffit de donner ur 
aperçu des principaux usages que nous 
faisons de ce bois, usages qui semblent 
ignorés en Italie. 

Le micocoulier s'appelle, en languedo- 
cien, fanabregou, picopulié , belcoukié et 
arigou ; dans le Roussillon, on le nomme 
adonier ; quelques personnes l'appellent, en 
français, alizier, très mal à propos; car 
l’alizier, que nous avons’ dans nos bois est 
un arbre tout à fait différent. 

En Roussillon, on fait des manches de 
fouet en assez grande quantité ; c’est la con- 
currence du Roussillon qui a diminué les 
expéditions que nous recevions de l'Italie. 
Dans le commerce etchez nos bourreliers 


et carrossiers, on les nomme manches de. 


Perpignan, quelle que soit leur origine. 

On rencontre fréquemment des mico- 
couliers dans le département du Gard, dans 
les bois, au bord des haies et des chemins. 
Les plus beaux jets sont réservés pour faire 
des cercles aux grandes cuves; mais, I1n- 
dépendamment de cesarbres isolés dans nos 
campagnes, c’est l'essence dominante qui 
est cultivée en grand et soigneusement au- 
près de Sauve. Le terrain y est partout re= 
couvert de rochers calcaires, grisätres, bi= 
zarrement groupés ; on le croirait stérile et 


inculte au premier abord, en hiver sur- } 


tout; dès le printemps, ces rocs sont tapis; 
sés de verdure, comme par magie, cequ Ar: 
thur Young ne pouvait se lasser d'admirer. 


En approchant, on voit que toutes les fen- | 


\ 


ï 


1026 

tes, toutes les cavités sont plantées en vi- 
_gnes, en figuiers, en cerisiers, et plus par- 
ticulièrement en micocouliers; les racines 
. pénêtrent dans une terre vierge, sous les 

roches qui les préservent de la sécheresse 
et de l’ardeur du soleil, tandis que la ré- 


_ verbération- à leur surface et toutes les 


influences. de l'air agissent sur les ra- 
meaux. 


Les micocouliers qui s'élèvent dans lin 
tervalle des rochers ont leurs troncs plus 


- où moîns hauts; généralement on les tient 


bas afii de pouvoir plus facilement Îles 


qu'une souche raboteuse, tous sont hé- 
rissés de jets de tout âve, et par consé- 
quent de grosseur ét lonpuieur variables. 
Lorsqu'ils ont la taille convenable, on les 
arrête en les coupant près d’un nœud, de 
manière À leur faire pousser trois bran- 
ches égales en force et en longueur, qui 
doivent former les trois pointes des four- 
ches. 11 fant cinq à six ans de soius pour 
qu'elles soient formées; mais chaque pro- 
. priétäire, ayant des rejetons de micocou- 
liers déttout âge, peut en faire une coupe 


tous les ans, et tous les ans il se fabrique à 


peu près le même nombre de fourches à 
Sauve, 25.000 douzaines, terme moyen, 
qui se consomment dans les départements 
voisins. pour la fenaison, la moisson et au- 
tres travaux champètres. 

Nous ne tépéterons pas Comment on les 
façonne en les mettant an four et dans une 
espèce de grille pour recourber- les four- 
chons; mais nous me saurions trop pu- 
blier un fait particulier à cette fabrication 
eta ce pays, fait très remarquable et qu’on 
pourrait imiter dans d’autres circonstances. 
Dans l'intérêt général, les propriétaires 


ont renoncé à la. liberté de vendre leurs, 


fourches cômme leurs autres récoltes. Une 
association chargée de toute l'exploitation 
fait reconnaître les fourches que chacun 
peut fournir, traite à un prix fixé, ayec un 
fermier qui les achete toutes, et auquel on 
fixe aussi le prix auc lil peutles revendre, 
afin qu'il ne rançonne pas les consomma- 
teurs. Avant la vente, des experts exami- 
nent et rejettent celles qui auraient la 
moindre imperfection. Tout se fait avec la 


| plus grande impartialité, et de temps immé- 


morial, au grand contentement de tout le 


| monde. 


Je ne nr'étendrai, pas davantage sur une 


: industrie et un commerce dont plusieurs 


auteurs ont traité,sainsi que je l'ai précé- 
demment dit; mais ‘aucun, je crois, n’a 


ait, mention d’un autre emploi du bois de 
. micocoulier, qui mérite cependant d’être 
, signalé ici. 


On utilise les rejetons trop courts pour 


| des fourches, ceux qui n’ont pas poussé 
| trois branches égales et régulières, et les 
* fourches rebutées par les experts, pour 
. faire des attelles où 'ailérons de colliers de 


 charrettes qui, dans d’autres pays, sont 


découpés dans une planche ; on les faconne 
? en S à l’aide du feu. 


On en fabrique annuellement un grand 


| nombre qui sont vendus aux bourreliers, 

k en paquets de douze 
| 12 ou 15 fr; 
: MAG Le RENE 


de paires, moyennant 
C > Sélon leur dimension. 
DLL €: DPIE CIS BURS 
\s11010 S’HomBres Firmas. 
{13 «biods 


DE HO9,,911: 
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? amp 10V 5 


émonder et les soigner. Quelques uns n’ont. 


s 


1027 


SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOCGIE. 
Congrès archéologique de Poitiers. 


Séance du 2 juin 1845. 


Le congrès est présidé par M. Foucart, 
doyen de la faculté de droit. M. de la Mar- 
sonuière remplit les fonctions de secrétaire 
général. La discussion générale sur la sym- 
bolique du moyen-âge se rouvre à propos 
de quelques unes des questions posées par 
M. de Caumont. MM. l’ahbé Cousseau, 
l'abbé Auber, Pressac, de Feury, et plu- 
sieurs autres membres pensent que les 
figures grotesques et même obscène; d'êtres 
vivants qui décorent les chapiteaux des 
édifices religieux du moyen-âge, comme 
celles qui se voient soit dans d’autres en- 
droits de ces édifices, soit surl:s marges des 
manuscrits, avaient toutes un point de dé- 
part et un but religieux. Sans pouvoir les 
expliquer toutes, ils pensent que toutes 
relèvent d’un systènr commun, dont Pi- 
gaorance des mœurs, des légendes du 
moyen-àge, ne permet pas de connaître 
tous les détails. L'église n’aurait ni or- 
donné ni souffert que l’on sculptât dans 
ses temples des images obscènes et immo- 
rales. La satire des individus, des indi- 
vidus même appartenant à des corpora- 
tions religieuses, a pu se glisser rarement 
et par exception dans quelques coins des 
églises; jamais celle des corporations, des 
institutions elles mêmes. 

M. Léon de la Sicotière adinet que lal- 
légorie joue:un grand rôle dacs les figures 
grotesques ou obscènes dont il s’agit. Mais 
ce rôle n’est pas exclusif et absolu. A côté 
de l'élément moral et religieux, limagi- 
nation, le caprice, la fantaisie, qui sont 
aussi des. éléments de l’art, ont joué le 
leur. Le peuple-des ouvriers, des artistes, 
qui bâtissait les églises, qui les bâtissait sou- 
vent. sans être payé, devait avoir sa part 
d'initiative. L'esprit de liberté qui, comme 
l'art lui-même, est de tous les temps, n’a- 
vait pour se donner carrière que les cha- 
piteaux et Jes missels. Si les cathédrales 
étaient les épopées du temps, les chapi- 
teaux devaient en être souvent la carica- 
ture et la satire. Comment s'expliquer 
d’ailleurs que tous les sujets aient eu un 
sens religieux, que ce. sens échappe pres- 
que tou;ours à la science, à la pénétration 
des savants de notre époque, de ceux 
même qui l’invoquent le plus hautement? 
L'église, en se réservant la disposition gé- 
nérale de l'édifice, le plan, n’aura donc pu 
exercer une surveillance sévère sur les 
détails de l’ornementation. — De là l’unité 
dans les plans, la variété dans les détails. 
— De là l'impossibilité d’expliquer d’ure 
manière satisfaisante une foule de sujets 
prétendus symboliques, à laide d’un sys- 
tème trop général, trop absolu pour être 
vrai. 

M. de la Fontenelle, M. de Lambron, 
M. Fillon appuient cette opinion par divers 
motifs. M. Foucart explique, par les lattes 
entre le clergé séculier et le clergé régu- 
lier, luttes vives et opiniâtres pendant tout 
le moyen-âge, les caricatures qui des deux 
côtés auraient pu être introduites ou souf- 
fertes dans les édifices religieux: 

M. de Cbergé objecte l'identité des types 
fantastiques qui se rencontrent simultané- 
ment dans tous nos départements, et 
même à l'étranger. 11 en conclut que ces 
types devaient ayoir quelque chose de 
symbolique. 


1028 


M: Segrétain répond que des figures 
même de caprice, même d'imagination, 


peuvent se répandre, se consacrer ‘Par 


l'usage, témoin les chapiteaux grecs et ro- 
mains. M. Sureau ajoute que les compa: 
gnies errantes d'ouvriers ont dû porter lég 
mêmes genres de sculpture dans des pays 
divers. 1er 

La discussion est fermée sur cet ‘objet: 
On’s’occupe ensuite de certaines figures, 
types souvent reproduits sur les chapi- 
teaux, puis des statues et des basréliefs 
les plus remarquablés, observés en Poitou, 
antérieurs au treizième siècle. 

Les statues du douzièmes siècle, si re- 
marquables par leurs riches costumes, 
donnent à diverses communications, M, de 
Caumont recommande le moulage de 
celles qui représentent des personnages sur 
les portails principaux. On y trouve sou- 
vent les vieillards de PApocaiypse la tête 
ornée de couronnes d’or, tenant d'une 
main un instrument de musique, et de 
l'autre une fiole où une coupe. On en 
trouve de-fort remarquables à Partenay. 

La séance du soir est présidée par M. le 
recteur de l'Académie. Les procès-ver- 
baux des séances du matin sont lus et 
adoptés. 

L'assemblée consultée décide que la pro 
chaine réunion du congrès archéologique 
aura lieu à Saintes. M. Sureau remereie 
l’assemblée, et engage vivement ses mem: 
bres à se trouver à [a réunion de Saintes. 
Dans une esquisse rapide, il indique les 
principaux monuments que Saintes et ses 
environs peuvent offrir à Pétude et à l’ad- 
miration des étrangers. 


M. Segrétain donne de vive voix d’inté 
ressants details sur l'église d’Airvaux et les” 
travaux de réparation qui y sont com- 


mencés. 


M. Bourgnon de Layre donne lecture : 


d’une partie de son Mémoire sur les arènes - 


de Poitiers: Ces-arènes pouvaient contenir 
40,000 spectateurs, et, grâce à l’heureuse 
disposition desvomitoria (sortie), tous pou- 
vaient sortir en moins de deux mipntes. 
Ce travail rédigé avec un soin, une con- 
science et une exactitude qu’on ne sau- 
raittrop louer, servira de modèle pour tous 
ceux du même genre. 

Oa passe à la question suivante : 

L'usage de conitruire dans le style ro- 
man ne s'est-il pas maintenu en Poitou 
postérieurement à l'adoption du style ogi- 
val du treizième siècle : ces deux styles 
n’auraient-ils pas été employés parallèle- 
ment jusqu’au quatorzième siècle, selon 
le caprice et le goût des architectes ? Pour- 
rait-on expliquer ainsi le nombre compa- 
rativement très considérable des monu- 
ments romans du centre et du midi de la 
France? 

M. de Caumont donne quelques détails 
sur cette question, qui s'applique à beau- 


Coup d’autres contrées. La difliculté de -. 
trouver des dates précises qui puissent … 
fournir des preuves pour étabiir d’une ma-_: 
nière incontestable que l'architecture ro+. : 


mane à continué d’être employée durant 
le cours du treizième siècle, laisse quelques 
incertitudes; tout porte à croire cependant 
que les choses se sont ainsi passées, et que 
les architectes du treizième siècle en Poi- 
tou continuérent à copier les types qu'avait 
laissés le douzième. Un fait beaucoup 
moins contestable, c'est la pesanteur du 
style ogival aquitain, comparé au style 
ogival du nord de la France. En Potou, 
les colonnes et les chapiteaux du treizième 


1029 s 

siècle sont loin d'offrir la même légèreté 
que dans le nord; on n’y trouve jamais des 
chapiteaux efilés. 

L'absence de la galerie nommte #i/d: 
rium, absence qui existe aussi le plus sou- 
vent dans les monuments du midi de la 
France etde l'Italie, est une des causes du 
peu d’élancement qu'offrent dans le Midi 

‘ Les nefs ogivales si bardies dans le Nord. 

L'enquête est reprise sur les principaux 
caractères du style monumental en Poitou 
au treizième siècle. MM. l'abbé Cousseau, 
de la-Fontenelle, de Cherge, Segrétain, 
Babault de Chaumont, Lecointre, de Cau- 
mont, Ménard, l’abbé Dubois, de Larna- 
riouze; et plusieurs autres membres pren- 
nent part à la discussion. 

M. de Caumont termine par quelques 
considérations sur la forme dës tours ro- 
manes du nord de la France, comparée à 
celle des tours dans le Poitou. On ne voyait 
pas dans ce dernier pays, éomime en Nor- 
mandie et en Picardie, les toits pyrami- 
daux à quatre pans en pierre qui devinrent 
dans le siècle suivant des fléches aériennes 
si légères et si gracieuses. Au sud de la 
Loire, les tours n’atteignaient que rare- 
ment une hauteur considérable, et n’é- 
taieat: presque jamais couronnées d'un toit 
pyramidal de la forme de celui qui vient 
d'être présenté. 


GÉOGRAPHIE. 


Fragment d'un voyage dans le Chili et au 
Cusco, patrie des anciens Incas; par 
Claude Gay. 

(Deuxième article. ) 

L’Araucanie forme une grande province 
enclavée même daus le territoire chilien, 
et située entre les 36° 50’ et 39°33° de la- 
titude S. et 75° 40’ et 74°2” de longitude 
O. de Paris. Les habitants n’appartiennent 
pas exclusivement à la racé araucanienne; 
on y trouve encore des Puélches, des Pi- 
cuntos et des Huilliches ; maïs en général 
ce sont les premiers de ces ‘Indiens qui 
sont les plus nombreux: et sous ce point 
de vue, ils ont imprimé leur physionomie 
en imposant au pays le om de leur na- 
tion, elaux habitants leursmæurs. leurs cou- 
tumes et même leur langage: Tourmentes 
par un vif amour de la liberté, ils ontcon- 
servé jusqu'à présent une indépendance 
que ni la politique espagnole ni ses armes 
redoutables n'ont pu encore entamer. Tou- 
jours disposés à la guerre, et à défendre à 
toute outrance leurs droits et leurs fron- 
tières, ils ont osé faire face à leurs ter- 
ribles ennemis, et par leur valeur ét leur 


1030 


constance, ils ont pu jusqu’à piésent con- 
server un terrain que, dans les premières 
années de la conquête, l’étonnement et la 
surprise leur avaient momentanément en- 
levé. Leurs armes consistent seulement en 
une Jance ordinairement très longue; ils 
s'en servent avec beaucoup d'adresse et de 
courage, au point qu'is attaquent avec un 
grand avantage la cavalerie chilienné; mais 
par contre, ils deviennent prudents et 
craintifs devant les fantassins, et surtout 
devant l'artillerie, qu’ils redoutent, et qu'ils 
fuient même quelquefois. 

Cet amour héréditaire qu'a l’Arauca- 
nien pour Ja liberté et l'indépendance, a 
donné à ses habitudes un caractère de sta- 
bilité que trois siècles de contact avec la 
race espagnole n'ont pu encore effacer. Ce 
Sont toujours les mêmes babillements, la 
même langue, cet amour décidé pour l'é- 
loquence, seul plaisir d’esprit qui puisse 
atlirer leur attention, parce qu'il doit sou- 
vent décider du sort de leur vie. Car l’élo- 
quence chez eux est un talent de première 
nécessité; elle leur donne de la considéra- 
tion, un certain respect, la préférence dans 
les emplois supérieurs, dans les parlements 
et même dans la nomination d'un cacique 
ou d'un gnendungu, chef militaire. Enne- 
mis des villes et des villages, ils construi- 
sent leurs cabares dans les endroits les 
plus isolés, pour jouir ainsi d'une parfaite 
solitude. Cependant ils sont d’un caractère 
conuhunicatif et social; ils aiment à se 
réunir pour se livrer à leurs amusements, 
ou assister à certaines cérémonies de peine 
ou'de plaisir. À l'époque de la: culture des 
terres ou de la réco!e des fruits, ils tra- 
vaillent en commun, s’aident mutuelle- 
ment, et terminent leurs travaux par de 
grandes orgies, et quelquefois par des jeux 
nationaux. DATE 

Extrèmement adonnés à l’ivrognerie, 


ils font leurs boissons ou poulco avec diffe- 


rents fruits on céréales; et comme une 
force irrésistible les porte à tout boire à ne 


rien garder, ils s'invitent réciproquement, . 


et ne se séparent qu'après l'avoir entière- 
ment terminée, Leur nourriture est simple 
et nullement épicée. Les Puelches se nour- 
rissent une partie,de, l’année des fruits du 
pin du pays (araucaria), qu’ils récoltenten 
abondance dans les Cordillières et sur les 
montagnes de Nahuelbuta; et les gens de 
la côte cultivent quelques légumes euro- 
péens, et surtoutdes fèves et de la graine de 
lin, qu'ils aiment beaucoup. Ils préfèrent 
la viande de jument et de poulain à celle de 
vache et de mouton, et dans leurs voyages, 
| et même chez eux, ils font usage d’une fa- 


Librairie de Lenormant, rue de Seine. 8. 


ARCHÉOLOGUE DE LA LORRAINE , 


RECUMEIL IDE NOMICES Em DOCUMENTS 
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ANTIQUITÉS DE CETTE PROVINCE, 
Par M. BAULIEU, 


résident de la Société royale des antiquaires de France. 
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de Q # RES , De Sn] 
-£ Deux volumes in-8’, asee planches, — Cet important ouvrage, dont le 2€ et dernier volu- 
me.yicpt-de paraitre, renferme les mémoires suivants : Tome premier : Antiquités de la vallCe 


supéricure de la Seille. — Cours supérieur de la äloselie, considérée comme ligne stratégique 


Ce 


rapport HR diverses époques de l'année. 


Deuxierng volume : Suites des antiquités de la vallée supérieure de la Seille, — Decempagi 
(Dieuse), emplacement l'Ad Duodecimum des anciens itinéraires. — Gippe de Francheville, — 
Bas-reliefs de Xertigny (Vosges). — Antiquités d'Autrécourt et Savoic (Meuses). — Temple, 
de Mercure, à Giriviller (V osges). — Sépultures antiques trouvées en Lorraine, — Scarponce 
— Jicreule-Bibax, bas-reliefs. : = Monuments religieux et images de divinités appartenant aux 
époques eclto gauloise el galo-romaine , qui ont été trouvés en Lorraine et sur quelques peints 


limitrophes. 


Ki] A È à REX è Ÿ Ê 2 
s de a domination romaine. — Bas-relief sur un chapiteau antique trouré à Foul 
&J22 Antiquités de Solimariaca (Soulosse). — Croyances el usages populaires qui ont 


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augmentée, ornée de 28 pl. gravée par Hibôn.— 1° vol. in-89 
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103110 
rine qu’on obtient avec l'orge rôtie, et qui! M 
délayée avec de l’eau froide ou chaude, 
est connne sous le nom de houlpo; cest « 
elle aussi qui fait la seule provision de 4 
guerre lorsqu'ils sé voient ‘obligésdel se 
mettre en campagne. AI 2948 tes à 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE,. 


BIBLIOGRAPHIE, 


DE LA PUISSANCE AMÉRICAINE. Origine, in- 
stitution, espril politiqie, ‘ressources militaires(lo 
agricoles , commerciales ét industrielles des Etats. 
Unis; par Guillaume /Tell Poussin. — A Paris, chez 
Coquebert, rue Jaxcob}48: 


MÉMORIAL de l'Artillerie, ou Recueil de mé- 
moires, expériences, observations et procédés rela- 
tifs au service de l'artillerie; rédigé par les soins 
du comité, avec l'approbation du ministre de la M 
guerre.—A Paris, chez Bachelier. F 


LUS COLONIES, les sucres et les vins de la Gi: 
ronde; par de Fonmariin de l’Espinasse. — Bala- 
rac, à Bordeaux. je PT É 

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LE CULTIVATEUR, journal des progrès) agrie 4 
coles. Cahier mensuel de quatre feuilles in-8v, avec 
gravures et table des matières (68 pag.). — Prix de 
l'abonnement annuel (janvier et décembre) : 12 fr. 14 
pour Paris el les départements; 15 fr, 60 c. pour 
l'étranger, À 

LETTRE de M. J.-J. Dubois, sons-Conservaleur, 
du musée des antiques au Louvre HP fhé inscrip- 
tion grecque ‘trouvée dans uné!'fälué antique de 
bronze appartenant à ce musée ,,21° 

RAPPORT à M. le comte Duchatél, ministre se- 
crétaire d'Etat de l’intérieur, sur les/prisons de la 
Prusse; par M. Hallez-Claparède. SICRENTT 

ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE: de la vie déiPla:: 
ton ; par M. le marquis de Fortja d'Urban::A Paris, 
chez l'auteur, rue de La Rochelouweatlt; 25 chez Du- 
prat. Jgesl en 

COLONIES étrangères et Haïli, résultats de l'é- 
mancipalion anglaise ; par Victor Schælche, A Paris, 
chez Pagnerre, rue de Seine, 4#ibis, 

RELATIONS du siége de Sancerre;en 1573; par 
Jean dela Gessée et Jean, deLery; conformes aux 
éditions, originalés ; suivæes: de dixerses pièces, histo— 
riques relatives à la;mème ville. A’Bourges , chez 
Vermeil, : 


Lersrois 

HISTOIRE des ‘soieûces naturelles ; depuis leur 
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con: 
nus, commencée au collège de Frarcepar Georges 
Cuvier, complétée par M: Magdeleine de:Saintagy. 
A Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie. 

FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé- 
rations médico-légales, relatives à l’empoisonnement 
par l'acide prussique ; par J: Bonjean. 

RÉCHERCHES sur |Iesiccammencements .eb les 
progrès de l’imprimenie; dans le duché de, Lorraine 
el dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun. 


TRAITÉ 


DE 


POUR DESSINER D'APRÈS NATURE, 


Par J.-B. THÉNOT, 


+ — 


x 
à 
S] 
S ) 


ile RER 
rue Saint Hyacinihe-S'#AMAthel, 


. 


10 année. 


Paris. — Dimanche, 11 Janin 1843. 
DD ———— 


N° 44. 


ECHO DU MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


ee 


L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction 
| de M. le vicomte A DELAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li- 


| SOMMAIRE. 
| PHYSIQUE. Nouveau moyen pour obtenir des 
| images de Moser, Bertot. — CHIMIE APPLI- 
} QUEE. Remarque à l’occasion d’une communi- 
cation de M. de la Rive; Bocquillon. — Remar- 
ques sur le mémoire de M, Gerdÿ relatif à l'ana- 
| lyse des eaux sulfureuses ; Fordos et Gélis. — 
! = PHYSIQUE DU GLOBE, Faits pour servir à la 
| . théorie de la grêle; Fournet. — SCIENCES NA- 
TURELLES. GEOLOGIE. Description du dé- 
| partement de l'Aisne; vicomte d'Archiac. — 
|. « CHIRURGIE. Sur la cataracte noire ; Magne. — 
BOTANIQUE. Sur un nouveau genre de Ja fa- 
mille des hépatiques; Bory de Saint-Vincent et 
-G: Montagne. — ZOOLOGIE. Mémoire sur l’éo- 
lidine jaradovale; Qratrefage. — SGIENCES 
APPLIQUEES. ARTS MÈCANIQUES. Foulon 
| à percussion modérable propre au foulage et au 
| dégraissage du draps; Benoit el Vergnes. — 
| ARTS METALLURGIQUES. L'acier, — AGRI- 
| : CUÉTURE. Des races de chevaux ‘el de bœufs 
| -‘ de l'Anjou. — SCIENCES HISTORIQUES. 
| 1! ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET PO- 
 LATIQUES. Séance. du, 3 juin, — LINGUISTI- 
| QUE; Essai d’une grammaire de la langue des îles 
| Marquises; Lesson. — ARCHÉOLOGIE, Congrès 


motr-hr 


ae am» nee Mir 


archéologique . de Poitiers. — KAITS DIVERS | 


— BIBLIOGRAPHIE. 
SCIENCES P PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


PS 


Nouveaux moyens. pour obtenir des, mages 
de Moser. —.Lettre de M. Bertot à 
M. Arago. 


| Je reçoisaüfoard’hui seulementle Compre- 
+ rendu dés séances de l’Académie des scien- 

ces du 45 rai dernier, qui contient une 
umote de M: Morren sur la production d’i- 
mages au moyen de l'électricité. 

| Permettez-moi de vous faire connaître 

| res résulta's analogues auxquels j'étais ar- 
L: rivé Sans avoir connaissance de ces expé- 
L) 
Î 


riences. Je suis parvenu à produire avec la 
| plus grande ficilité les images de toutes 
espèce de corps sur une plaque polie, et 
… cela en employant seulement le souffle de 
Whaleine: la nature de la plaque qui doit 
recevoir l’image est absolument indiffé- 
Mrente, pourvu qu’elle puisse condenser la 
vapeur de l’haleine d’une manière visible. 
J'ai Observé, contrairement à M. Morren, 
que plus les surfaces étaient soigneusement 
débarrassées de corps étrangers, plus les 
images étaient parfaites. 
Si l'on fiit l'expérience avec une pitec 
de monnaie, il suffit de projeter à sa sur- 
1 face la vapeur de l’haleine, de poser rapi- 
| ement la pièce sur la paie polie, exemple 
|""W'humidité, etde l'enlever aussitôt. L'image 
est/visible, mais elle est fugitive; à mesure 
| que l'humidité s'évapore, l’image s'éva- 
|" nonit : vient-on à projeter la vapeur de 
|: haleine sur la plaque, à la place où se 
voyait l'image, elle se produit encore, mais 
affaiblie, et elle offre cette particularité, 


— SCIENCES PHYSIQUES. 


que les lumières et les ombres de la pre- 
mière image sont renversées : 
image est donc négative. 

Dans mon opinion, les images de mes- 
sieurs Môser, Kuorr, Karsten, Masson, 
Morren, sont produites par une action 
complexe : les deux corps mis en préteace 
tendant à se mettre en équilibre de tem- 
pérature; ilen résulte une condensation 
de la vapeur d’eau dissoute dans l'air inter- 
posé, laquelle altère le poli des surfaces, 
soit par une action électro- chimique, soit 
par une action seulemen( mécanique, soit 
par ces deux causes à la fois. 

Si l’on fait intervenir une action chi- 
mique avec la vapeur d’eau, l’image de- 
vient permanente, et la vapeur d’eau s’éva- 
nouit, en laissant les résultats de l'action 
chimique : ainsi, après avoir produit une 
image sur une plaque de cuivre poli, par 
le procédé que j'ai mdiqué, si l’on porte 
la plaque rapidement au dessus d’un vase 
conténant de l’ammoniaque liquide, la 
plaque garde fidèlement l'empreinte plus 


la seconde 


où moins parfaite, selon qu'on a opéré au: | 


moment le plus cervenable. J'ai obtenu 
ainsi sur cuivre des copies de dessins, de 
gravures, de caractères imprimés, avec la 
seule précaution de saturer auparavant le 
papier de Ja vapeur de l’haleine, et de les 
mettre quelques instants en contact avec la 
plaque polie; si lon opêre avec une feuille 
imprimée, les lettres du! recto et du verso 
se peignent à la fois. Enfih la plaque trans- 
met à une autre plaque l’image qu'elle a 
reçue. 

La vapeur d’eau me paraissant jouer 
dans la production dé ces images un rôle 

capital, je proposerais de leur donner le 
nom d’hygrograp lie. 

Le chlore gazeux communique une re- 
marquable sensibilité pour la vapeur d’eau 
à la plaque de cuivre; les moindres émana- 
tions aqueuses donnent au chlorure rose 
vif un aspect blanc mat. Les hygrogra- 
phies sont très belles et très nettes quand 
la plaque a reçu d'avance cette prépa- 
ration. 

Mais le chlorure rose de cuivre jouit 
d’une propriété que je crois signaler le 


premier, c'est celle de se laisser impres- 
sionner dans la chambre obscure et de 


condenser ensuite les vapeurs mercurielles 
comme l'iodure d'argent des plaques da- 
guerrienues. Le € temps. de l'exposition à à la 
umière dans mes expéricpces n’a pas en- 

core été moindre d'une demi-heure; j'i- 
gnore si ce temps peut êtrè abrégé par 
l'emploi de substances accélératrices, etc., 
le temps ne m’ayant pas enccre bermis 
de rendre completes ces expériences et 
quelques autres dont je compte mettre e pro- 
chainement les résultats sous les yeux de 
l’Académie. 


| décomposition de Veau, 


-braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR.S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50, troisimois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr. 
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. 


par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉ- 


| 

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1 : e Te 

L BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois. (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
| encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journaldoit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur, 
| 

| 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Remarque à l’occasion d’une communica- 
tion récente de M. de la Rive; par M. Bo- 
quillon. 


On trouve, dans le Mémoire lu par 
M. de la Rive à l’Académie des sciences, 
dans sa séance du 17 avril 1843, le para- 
graphe suivant : : 

€... Je n'ai pas.réussi à obtenir, par 
l'emploi du condensateur voltaiqué, une 
en me servant 
d’un simple couple zinc et platine plongés 
dans de l’eau salée ou acidulée. Il faut né- 
cessairement quil s'opère ou quil puisse 
s’opérer deux actions chimiques dans le 
couple, pour que l'eau soit décomposée, 
même quand on se sert du condensateur 
voltaique. C’est pour cela qu'il est néces- 
saire d'employer où un couple à deux li- 
quides, comme ceux de Daniell et ,de 
Grove, ou un couple dans lequel le Dé 
négatif soit remplacé par un corpæ#forte 
ment OXY dé, comme les couples à féfoxydé 
dont j'ai parlé plus haut. » 

Dans le petit nombre d'expéridkie 
n’a été possible de faire, depuis qYé 
me procurer le :condensateur volt 


position dé l'eitosobtient facilement, -at 
moyen d’un: seul-des couples décrits dans 
la note que j'ai présentée à l’Académie des 
sciences; Je 23-septembre ‘dernier, et qui 
n'exigent que l'emploi d’un seul liquide. 
Ces couples ne sont qu’une modification 
économique des couples de M. Smee qui, 
dès 1840, avait constaté qu'une couche de 
platine très divisée recouvrant la surface 
de l'élément négatif d'un couple voltaïque, 
favorise le dégagement de lhydrogène 
dont l’adhérence sur la surface polie du 
platine atténue considérablement, si elle 
n'arrête pas entièrement, le développement 
du courant-électrique. 

J ajouiterai que dans la première de ces 
expériences, quelques heures ont suffi pour 
dissoudre entièrement l’électrode positif en 
platine de mon voltamètre, qui, comme le 
couple unique dont je me Fe ne con- 
tenait que de l’eau acidulée par l’acide sui- 
furique du commerce: 

Ce dernier phénomène :n’est peut-être 
dù qu’à la présencesdans cet acide, d’une 

certaine quantité d'acide chlorhydrique, 
circonstance que le temps nem'a pasen- 
core permis de vérifier. Î auoÿi 


Remarques sur le Mémoire eM*Gerdy, 
concernant l'analyse dés eñtiæ suljfureuses; 
par MM. Fordos êt Gélis: 

Dans la séance de l’Académie royale des 
sciences du 15 de ce mois, M. Gerdy a an- 
noncé la découverte d’un nouveau com- 
posé de soufre ct d'oxygère. Il l'obtient en 


1035 


traitant l’hyposulfite de soude par le per- 
chlorure de fer, et précipitant ensuite le 
nouveau composé par un sel de baryte ; 
d'où résulte un sel barÿtique peu so- 
luble, 

Nous avons plusieurs fois répété cette 
expérience, qui touche de très près aux 
recherches dont nous nous occupons; mais 
jusqu’à présent, en opérant avec des pro- 
duüits purs, nous n'avons pu obtenir le pro- 
duit indiqué par M. Gerdy. Cependant, 
comme les résultats que nous avons con- 
statés éclairent quelques phénomènes con- 
signés dans le Mémoire que nous avons 
adressé à l’Académie dans la mème séance, 
et quia pour titre : De l’action de l'acide 
sulfureux sur les métaux, phénomènes 
que nous avions laissés sans explication, 
nous croyons utile de les indiquer. 

Lorsqu'on verse goutte à goutte, dans 
une dissolution de perchlorure de fer bien 
pur, de l’eau saturée d’hyposulfite de 
soude également bien pur, jusqu’à ce que 
l’addilion de ce dernier composé cesse de 
produire une coloration violette très in- 
tense, quoique passagère, on obtient une 
liqueur transparente et sans odeur, dans 
laquelle le fer a été rarnené au minimum 
d’oxydation, mais qui ne contient aucun 
acide précipitable par les sels barytiques. 
4 équivalent de perchlorure de fer détruit 
complètement 2 équivalents d’hyposulfite 
de soude; et, en faisant avec soin l'analyse 
de la liqueur, il nous a été facile de con- 
stater que le produit principal de cette 
réaction est le même acide que nous avons 
obtenu en soumettant les hyposulfites à 
l’action de l'iode. 

La liqueur contient du chlorure de so- 
dium, que nous avons précipité au moyen 
de l'alcool, et un hvposulfate bisulfuré, 
qui, par la concentration, se décompose 
en soufre, sulfate et acide sulfureux. 

La réaction se représente exactement par 
la formule suivante : 

2{S:0*, NaO) + OC Fe’ — CINa+-2(ClFe) 
+ SiO0' Na. 

Tous les sels de fer peroxydés réagissent 
de la même manière sur les hyposulfites 
solubles. Or, dans le Mémoire déjà cité, 
en parlant des produits qui résulteut de, 
l'action de l’acide sulfureux sur le fer, 
nous avons dit : « qu’on obtient quelque- 
fois de l'hyposulfite de fer, mais quele plus 
souvent, et sans qu'on ait pu observer des 
différences bien notables, le liquide cen- 
tient, mêlé à l’hyposulfite, de l’hyposulfate 
sulfuré très instable, qui se décompose, 
ar fa concentration, en soufre, sulfate et 
acide sulfureux. » Ce que nous avons dit 
de l’action des persels de fer sur les hypo- 
posulfitesexpliqueces deux résultats.Inous 
semble donc bien prouvé que l'acide sul- 
fureux agit sur le fer comme sur tous les 
métaux dont l'acide sulfhydrique ne pré- 
cipite pas les dissolutions acides, en for- 
mant un sulfite et un hyposulfite. Mais 

comme dans ces expériences il est impos- 
sible d'éviter complètement l’accès de l'air, 
la portion de la liquéur qui se peroxyde est 
à l'instant ramenée au minimum d’oxy- 
dation par l'hyposulfite,et lhyposulfate bi- 
sulfuré de fer est le produit de cette ré- 
duction. 


PHYSIQUE DU GLOBE. 
Faits pour servir à la théorie de la grêle; 
par M. Fournet. 
Cette note est pricipalement consacrée à 
la description d’un orage observé par l'au- 


1036 


teur, le 6 août dernier ct dans lequel le 
nuage épais qui couvrait une grande éten- 
due de pays donnait de laigrèle par sa par: 
tie moyenne, et de la neige vers ses bords. 
Dans là commune de Cheny, qui se trou- 
vait sur le chemin parcouru par le nuage 
orageux, les habitants furent avertis de 
son passage par un bruits très intense qu'ils 
comparèrent à celui d’une forêt violem- 
ment agitée par le vent. « Or, dit M. Four- 
net, le bruit n’était pas dû à cette cause, 
car le pays est dépourvu de bois, et d’un 
autre côté il ne ressemblait en rien au 
bruit de la pluie. Les cultivateurs, en effet, 
connaissent parfaitement le retentissement 
particulier que les averses produisent en 
tombant sur le feuillage de la vigne, et dé- 
clarent que ce bruit n'avait rien de com- 
mun avec l'espèce de mugissement qu’ils 
entendaient et qui persista aussi longtemps 
que la chüûte de la grêle... Plusieurs mé- 
téorologistes, poursuit M. Fournet, révo- 
quent encore en doute la réalité du mur- 
mure de fa grêle, ce qui tient seulement 
à ce que le phénomène n’est observable 
que dans certaines circonstances. Ainsi il 
faut, on le conçoit très bien, une grêle ex- 
cessive etun nuage très rapproché de terre 
pour que ces craquements se fassent en- 
tendre margré les bruits que peuventcauser 
le vent et le choc des grêlons contre le sol. 
Quant à la cause de ces craquements, on 
peut supposer qu’elle consiste dans des 
myriades de petites décharges électriques, 
ou bien encore dans la décrépitation qui 


accompagne la division de chaque grélon 


en un certain nomhre de portions de 
sphère. Il est à remarquer que dans le cas 
actuel, les deux causes peuvent avoir agi 
concurremment, car il n’y eut alors aucun 
coup de tonnerre proprement dit, et de 
plus les grêlons avaient une forme habi- 
tuelle de segments sphériques dont la base 
variait entre À et 2 centimètres. 


SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIE. 


Description géologique du département de 
p " 
l'Aisne; par M. le vicomte d’Archiac, 
vice-président de la société géologique 
de France. 1 vol. in-8°, avec planches. 


Aujourd’hui que grâces aux travaux de 
MM. Cuvier et Alexandre Brongniart, sur 
les caractères et la succession des couches 
tertiaires des environs de Paris, de M. Du- 
frénoy et Elie de Beaumont, sur la forme 
et la constitution géologique de la France ; 
de M. Deshayes et Valenciennes, sur les fos- 
siles et les débris des poissons ; de M. À. de 
Dorbigny et Adolphe Brongniart, sur les 
coquilles folaminées et les végétaux fossiles, 
tous les mystères de la formation successive 
de notre globe sont expliqués et classés par 
ordre de date; il ne manque plus que 
quelques hommes à haute intelligence et 
laborieux pour étudier une à une chaque 
localité, disséquer, pour ainsi dire, chaque 
membre du corps terrestre, et faire de 
toutes ces observations partielles une his- 
toire géologique complète, C’est ce que vient 
de faire M. le vicomte d’Archiac pour le 
département de l’Aisne, et, hâtons-nous 
de le dire, l’ouvrage qu'il a publié ne laisse 
rien à désirer aux géologues les plus difi- 
ciles. Il est accompagné d’un atlas, dans 
lequel les coupes générales et les coupes 
particulières des terrains tertiaire, secon- 
daire, de transition , et les fossiles sont re- 


à la science, peuvent en saisir facilement 
| les détails les plus secrets. Nous regrettons 
que par la nature même dü travail dont 
’ nous nous occupons, et qui perdrait trop 


: sant cette courte notice, qu’il est peu d’ou- 


1037 


présentés avee un soin et une exactitude 
tels, que les personnes les moins initiées 


de sa valeur s’il n’était présenté que par 
lambeaux, nous ne puissions donner quel- 
ques extraits à nos lecteurs. Disons, en finis- 


vrages, en y comprenant même ceux des 
hommes qui.ont: établi la science sur ses 
véritables bases, où les observations géolo- 
giqnes soient classées avec autant d’ordre 
et de clarté. Constitution physique, terrains 
moderne, diluvien , calcaire, detransition, 
sables, grès, formation crétacée, oolitique, 
tout y est analysé, expliqué avec cettenet- 
teté de vues et cette élégante simplicité d’é- 
locution qui savent seules mettre la science 
à la portée de toutes les intelligences. L'ou- 
vrage de M. le vicomte d’Archiac est un 
service immense, en ce qu’il trace la mar- 
che que devront suivre ceux qui, après lui, 
voudront étudier d’autres départements et 
contribuer ainsi, pour leur part, à com- 
pléter l’histoire géologique de notre globe. 


CHIRURGIE. 


Sur La cataracte notre.— Extrait d’une note 
de M. Magne. 


Cette espèce de cataracte, dit M. Magne, 
est tellement rare, que M. Dupuytren, 
dans sa longue pratique, n’a jamais eu 
occasion de l’observer; beaucoup de chi- 
rurgiens en ont même nié complètement 
l'existence, et ceux qui l'ont admise n’ont 
pas donné les moyens de la distinguer de 
l’amaurose, affection avec laquelle elle a 
dû être plus d’une fois confondue. La aote 
que je soumets aujourd’hui au jugement de 
l'Académie a pour objet de prouver que la 
cataracte noire existe, et que, S'il est très 
difficile de la reconnaître, on peut ce- 
pendant, au moyen d’une expérience dont 
la ‘science est redevable à mon maître, feu 
le professeur Sanson, en établir le diagno- 
stic d’une manière certaine. Je n’ai jusqu'à 
présent qu'un seul fait à citer à l’appui 
de cette assertion, mais il me semble con- 
cluant. 

La personne qui est le sujet de cette 
observation avait offert à un premier exa- 
men des signes qui tous semblaient se réu- 
nir pour prouver l’existenced’uneamaurose. 
Toutefois, ayant fait un nouvel examen 
dans un cabinet noir, et à l’aide d’une bou- 
gie, suivant la méthode prescrite par Sanson, 
je reconnus qu'il ne se produisait qu'une 
seule image de la flamme, celle donnée par 
la cornée, et que les deux images pro- 
fondes manquaient entièrement. Je n'hé- 
sitai pas dès lors à déclarer qu'il y avait là 
une cataracte noire affectant le cristallin 
et sa capsule En effet, l'opération, faite 
sans grande chance de succés, et qui ce- 
pendant amena dans l'état de la malade 
une certaine amélioration, confirma plei- 
nement le diagnostic, puisque, malgré de 
de nombreuses adhérences, la capsule dé- 
chirée laissa voir le cristallin de couleur 
noire, et que celui-ci ayant été abaissé, 
plusieurs lambeaux capsulaires , égale- 
ment noiràtres, furent successivement dé- 
tachés. 


1038 
BOTANIQUE. 


ASur un nouveau genre de la famille des 
-_ Hépatiques ; par MM. Bory de Saint-Vin- 
cent et Camille Montagne. 


Dans une des excursions périlleuses exé- 


* cutées par M. le capitaine Durieu, membre 
- de la commission scientifique de l'Algérie, 


ce botaniste arriva, par un beau jour du 


- moisde mai 1842, près d’un petit lac d'eau 


saumâtre situé à environ 6 kilomètres au 
S.=E. d'Oran. En côtoyant ce lac, il re- 
marqua une petite anse abritée et consé- 
quemment plus chaude que le reste du 
rivage, et aperçut au fond de l'eau, se dé- 
tachant en beau vert sur un fona d'argile 
ochracé, une végétation commençante 
dont il se promit de suivre le progrès: 
Il revint donc visiter cette même localité 
vers le milieu du mois suivant. La plante 
avait déjà disparu dans la petite anse où il 
l'avait d'abord decouverte, mais il la re- 
trouva abondamment et dans un état de 
développement parfait en d’autres parties 
du lac, et, ce qu'ily a de remarquabie, 
nulle part ailieurs que sur les fonds d'argile 
età une profondeur d'environ 7 décimètres, 

Cette plante, recueillie, préparée , étu- 
diée sur les lieux par l’infatigable capitaine 
Durieu, est sans exagération une de ces 
merveilles que la terre d'Afrique semble se 
plaire à prodiguer : qu'on se figure, en 
effet, un axe, représenté ici par une ner- 
vure, autour duquel se contourne en spi- 
rale, de la manièce la plus régulière ei la 
plus élégante, une aile membraneuse large 
de 5 millimètres, du plus beau vert et 
d'une extrême délicatesse, de manière à 
former avec elle une sorte de vrille ou d’hé- 
lice en cône renversé. La plante entière a 
un peu plus de 5 centimètres de haut. Eïle 
est droite et fixée au sol par l'extrémité in- 
férieure de la nervure au moyen de nom- 
breuses radicelles qui lui servent à y puiser 
les éléments de sa nutrition. Un autre ca- 
ractère vient encore ajouter à l’admiration 
qu'excitent tout à la fois la forme et la 
structure de ce singulier végétal, et c’est la 
disposition toute particulière des anthéri- 
dies ou des organes mâles sur le bordd’une 
fronde différente de celle qui porte la fruc- 
tification, car les deux sexes sont séparés, 
et la plante essentiellement dioique. Ces 
anthéridies sont rangées à la file l’une de 
l’autre et nichées dans une espèce de du- 
plicature ou tout au moins dans un épais- 
sissement manifeste du bord libre de la 
fronde mâle et dans l'étendue de deux ou 
trois tours de spire. Et comme ces organes 
sont remarquables par leur belle couleur 
orangée , il en résulte qu’ils trauckent sur 
la couleur verte de l’aile membraneuse et 
qu'on les distingue très bien à l'œil nu. 
L’analogie est si grande, au moins pour 
l’aspect, avec certaines Fougères, qu’on 
croirait voir la fronde d’un Lteris ou d’une 
Hyménophyllée conformés en hélice, exac- 
tement comme celle d’une Hydrophyte déjà 
fort extraordinaire et dont l’un de nous fit 
autrefois le genre F’olubilaria. 

Nous passons sous silence et la structure 
des loges, où ces organes, placés paralle- 
lement les uns à côtés des autres, ne sont 
séparés que par une mince cloison, et les 
pores imperceptibles, mais manifestes, pra- 
tiques dans la tranche du bord même de 
la fronde, et par où doit s'échapper la fo- 
villedestinée à la fécondation des pistils, etc.; 
toutes choses qui seront exposés en détail 
dans la description. 

Les fruits, au nombre de quinze à vingt, 


1039 

sont disposés le long de la nervure ou de 
l'axe de la fronde, et, comme nous l’avons 
déjà énoncé, sur des pieds différents. Ils 
sont situés à l'aisselle d’une écaille qui ieur 
sert de bractéoleou d'involuceile. Leur évo- 
lution a lieu de bas en haut , en sorte qu'à 
la maturité on reucontre encore au som- 
met, des pistils destinés à périr avaut d'ar- 
river à cet état. Chaque fruit se compose 
d’un involucre ovoïde, acuminé, percé 
d’un pore au sommet, et dans la cavité du- 
quel on trouve une capsule sphérique, pé- 
donculée, renfermée elle-même dans une 
coiffe persistante, ou qui ne se déchire 
qu'au moment de la dissémination des 
spores. Un style court, pareillement per- 
sistant , se voit à son sommet en dedans de 
l'axe qui passerait par le centre de la cap- 
sule. Celle-ci renferme une grande quan- 
tité de spores sphériques, devenues légè- 
rement polyèdres par leur mutuelle pres- 
sion , et hérissées de nombreux aïguillons 
singulièrement conformés. On ne rencontre 
point d’élatères. 

Cette plante curieuse, qui, comme on 
vient de le voir, présente des analogies avec 
d’autres plantes de familles si différentes , 
soit de Fougères, soit d'Hydrophytes, ap- 
partient certainement, et comme pour 
compléter sa bizarrerie, à celle des Hépa- 
tiques. De toutes les espèces, au nombre 
de plus de sept cents, dont cette famille est 
composée, le Duriæa helicophylla offre seul 
la singularité de parcourir, au sein des 
eaux; toutes les phases de son existence. 
Quelques individus, à la vérité , nagent et 
vivent à leur surface; mais ils n’y fructi- 
fient jamais, ou que bien rarement. Ainsi 
le Riccia fluitans est dans le premier cas; 
on ne le rencontre chargé de fruits que 
dans les marais desséchés et sur la terre. 
Notre plante algérienne a une vie de peu 
de durée, car, d’après les observations de 
M. Durieu , elle végète et meurt dans le 
court intervalle de six semaines à deux 
mois. Sa fronde est tellement conformée , 
que , tant qu’elle reste plongée dans l’eau, 
elle ne peut avoir d’autre direction que la 
verticale. C'est au point que si, après l’a- 
voir ramollie et dépliée, on la laisse tom- 
ber dans un vase plein de ce liquide, on l'y 
voit toujours descendre perpendiculaire- 
ment au sol. 

Maintenant, dans laquelle des cinq tri- 
bus de la famille des Hépatiques inserirons- 
nous le geure Duriæa? Malgré la forme 
hétéroclite de sa fronde, malgré la direc- 
tion de sa tige , il ne peut s'élever le moin- 
dre doute sur la place à lui assigner. L’ab- 
sence des élatères formant le caractère es- 
sentiel de la tribu des Ricciées, c’est évi- 
demment parmi celles-ci qu'il doit être 
placé. Mais il y doit tenir le premier rang, 
soit à cause de la présence d’une nervure 
manifeste, composée de cellules allongées 
et ne consistantpas seulement, comme dans 
les autresespèces de cette tribu, en un épais- 
sissement du milieu des frondes dû à Pac- 
cumulation de cellules polyèdres, soit à 
cause de la direction des tiges dans l'espèce 
barbaresque que nous nous considérons 
comme le type. Cette direction, bien qu’elle 
dépende, et de la structure de la fronde, 
et du milieu dans lequel vit la plante, n’en 
fait pas moins remonter celle-ci vers les 
Marchantiées à périanthe nul et à épiderme 


privé de pores, le Targionia, à involucre 


sessile, terminal, et à capsule irréguliè- 
rement déhiscente , formant la transition. 

En d'autres termes, supposez que la 
plante d'Afrique contienne des élatères méë- 


1040 


lées avéc les spores dans sa capsule; eh 
bien ! vous aurez un genre de Marchantiée 
à fronde hélicoïide, dont la nervure, pou- 
vant être aussi considérée comme un pé- 
doncule, portera des fructilications éparses 
au lieu d’être verticillées à son sommet, 
dernier état dont se rapproche, au reste, 
singulièrement le Duriæa Notarisii de Sar- 
daigne. 

L'un de nous a décrit, sous le non de 
Sphærocarpus Notarisii, une espèce d'Hé- 
patique trouvée en Sardaigne par M. le pro- 
fesseur de Notaris, etque dès lors il re= 
gardait comme étant appelée à devenir un 
jour le type d’uu genre nouveau. En effet, 
la forme hétéroclite de la fronde, la pré- 
seuce d’une nervure, une coiffe et un style 
excentrique persistants, enfin des spores 
longuement échinulées , étaient autant de 
caractères qui s’opposaient à un solide 
rapprochement entre cette plante et les 
Sphérocarpes. Ce n’est donc que provisoi- 
rement, elen modifiant les caractères at- 
tribués à ce dernier genre , qu'on y put in- 
troduire la plante en question, laquelle, 
même après cette modification, y offrait 
encore une sorte d’anomalie. Mais la Du- 
riæa helicophilla, avec laquelle la plante 
sarde atant de rapports communs, estvenue 
lever tous nos doutes et nous fournir une 
somme de caractères tels, que les différen- 
ces qui les tiennent éloignées des Sphæro= 
carpussont désormais plus nombreuses que 
les points de ressemblance qu’elles avaient 
avec eux. 


ZOOLOGIE. 


Mémoire sur l’éolidine paradoxale ; par 
M. de Quatrefages. 


Les couches tégumentaires de l’éolidine 
paradoxale, probablement au nombre de 
deux, ressemblent à celles qu’on trouve 
chez les animaux les plus inférieurs. La 
surface en est entièrement hérissée de cils 
vibratiles; au-dessous sont placées deux 
couches musculaires dont les fibres se 
croisent à angle droit. L'élément muscu- 
laire se présente ici dans deux états dis- 
tincts. Au pied, les fibres longitudinales 
semblent former des faisceaux de fibres en 
stries, semblables à celles que j’ai eu occa- 
sion de décrire dans mes Mémoires précé- 
dents. Partout ailleurs les fibres sont iso- 
lées et forment de petits cordons assez irré- 
guliers, homogènes et semblables à des 
filaments de cristal se fondant les uns dans 
les autres. Nulle part on ne trouve des fi- 
bres isolables, se striant en travers pendant 
la contraction et qui rappellent alors les 
fibres élémentaires des muscles du mou- 
vement volontaire de l’homme et des au- 
tres vertébrés. Ces couches musculaires 
circonscrivent la cavité abdominale tra- 
versée en tout sens par un tissu aréolaire 
à mailles tres lâches et que remplit un 
liquide transparent au milieu duquel sont 
suspendus les viscères. 

L'appareil digestif de l’éolidine rappelle 
à quelques égards les faits signalés par 
MM. Milne Edwards et Lowen chez les 
éolides, mais présente néanmoins des par- 
ticularités toutes nouvelles : à une bouche 
en simple fente, à un œsophage très court 
succède un bulbe musculaire très fort que 
je crois être l'organe musculaire propre- 
ment dit. Au delà, l'intestin s'étend en ligne 
droite, et en diminuant progressivement 
de calibre, jusqu'à un anus fort petit qui 
s'ouvre à la face supérieure de l'extrémité 


101 


postérieure de l'animal. Dans ce trajet, 
l'intestin donne naissance, à droite et à 
gauche, à des branches transversales qui 
aboutissent à un canal maroginal régnant 
tout autour du corps. De ces branches 
partent des cœcums qui pénètrent dans les 
cirres ou branchies, et qu'entoure un or- 
gane glanduliforme que je regarde comme 
étaut le foie. Tout ce singulier appareil est 
rempli d'un liquide transparent ou flottent 
de petits corpuscules résidus de la digestion. 

Les organes de la circulation chez l’éoli- 
dine se composent d’un cœur dorsal, uni- 
ventriculaire,et d'un système de vaisseaux 
artériels. Le système veineux manque en- 
tièrement. Il est en quelque sorte remplacé 
par les lacunes du tissu aréolaire. 

L'absence des veines proprement dites, 
la manière dont le sang se déverse directe- 
ment des lacunes du corps dans le ventri- 
cule unique du cœur, semblent devoir en- 
trainer la disparition de l'appareil respi- 
ratoire. Aussi ne trouvons-nous rien ici 
qui rappelle le moins du monde les bran- 
chies où les poumons décrits jusqu'à ce 
jour daus les mol.usques. Mais les cirres 
qui couvrent le corps de lanimal n’en 
remplissent pas moins le rôle d'organes de 
la respiration : chacun d’eux présente assez 
bien la forme d’un doigt de gant. Un cœcum 
partant des branches intestinales pénètre 
dans son intérieur, et laisse entre lui et les 
parois du cirre un espace toujours rempli 
par le sang que les artères ont versé dans 
la cavité abdominale, sang que nous pou- 
vons considérer comme veineux, Les con- 
tractions du cirre, en se répétant à chaque 
instant, renouvellent sans esse ce liquide 
et l'exposent à l'action de l’eau aérée par 
des mouvenients qui rappellent, au moins 
pour le but, Pinspiration et l'expiration 
des animaux pulmonés. 


L'ovaire et le testicule de l'éolidine ne 
présentent rien de particulier. Nous re- 
marquerons seulement que ce sont les seuls 
organes qui s'écartent de la symétrie bi- 
naire que présentent tous les autres. Sous 
ce rapport, l'appareil de la génération est 
le seul qui rappelle le type des mollusques ;. 
tandis que le reste de lorganisalion se 
rapproche du type des anneles. 


Nulle part cette tendance à la symétrie 
binaire n’est plus marquée que dans le 
système nerveux, c’est-à dire dans l’appa- 
reil organique que l’on regarde générale- 
ment comme le plus important, comme 
déterminant à lui seul la p'ace que doit 
occuper un animal dans les grandes divi- 
sions de l'échelle zoologique: Le collier 
œsophagien se compose de quatre grandes 
masses placées au-dessus du bulbestomacal 
et réunies par une simple bandelette qui 
contourne ce dernier. Sous l'Ͼsophage, en 
avant de la bandelette, on voit un très 
petit ganglion buccal placé sur la ligne 
inédiaue et rattaché au cerveau par deux 
petits filets. Tous les nerfs de la tête et du 
corps partent dircctément des masses sus- 
æsophagiennes par: paires entièrement 
symétriques. Il est à remarquer. en outre, 
que!le mème ganglion fournit à la fois des 
nerfs/sénsilifs et des nerfs de la vie orga- 
nique Ainsi le nerf optique prend nais- 
sance A côté des nerfs génitaux et cardia- 
ques. 

M. Milne Edwards est le premier natu- 
raliste qui ait signalé l’analogie qu'offre la 
disposition de Pappareil digestif des colides 
avec celui des méduses. Dans l'éolidine, les 
rupports deviennent encore bien plus {rap - 


1042 


pants , et la comparaison peut être suivie 
jusque dans les moindres détails. 

Mais c’est peut être avec les annelés que 
notre mollusque présente le ra pproche- 
ment le plus inattendu et le plus caracté- 
risé. Sans rentrer ici dans les détails, nous 
rappellerons la symétrie binaire et latérale 
des parties, disposition si caractéristique 
dans les annelés, si anormale dans les mol- 
lusques; la tendance à lannulation que 
présentent les appareils digestifs et respi- 
ratoires aussi bien que le système nerveux; 
l’absence de veines et le passage du sang 
des artères dans un système de lacunes qui 
rappelle entièrement ce qu’on voit chez les 
crustacés; l'existence d’une grande cavité 
où flottent des viscères entièrement libres, 
comme chez les annélides errantes, tubi- 
coles, etc.; la respiration à l'aide de cirres 
disposés par paires le long du corps, comme 
chez les annélides errantes, e'c. 


DER EE — 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉCANIQUES. 


Foulon à percussion modérable, propre au 
foulage , au dégraissage et au lavage des 
draps et autres tissus, opérant & la fois 
par pression et par percussion successives, 
de MM. Benoît frères et Vergnes, méca- 
niciens à Montpellier. 


On sait que l’opération du foulage, dans 
la fabrication des draps, a pour but de res- 
serrer les fils de laine qui composent le 
tissu, afin de lui donner plus de corps, tout 
en le rendant moclleux et donx au toucher, 
Le retrait de l’Ctoffe doit nécessairement se 
faire sur les deux dimensions, longueur et 
largeur, dans des proportions déterminées ; 
et pour lesqueiles les fils ont été disposés 
préalablenrent «au tissage. Pour obtenir 
cette propriété essentielle dela dreperie, on 
est obligé d'employer simultanément deux 
agents, l'un chimique, l’autre mécanique. 
Le premier, qui préserve le tissuet facilite 
le foulage, consiste dan; l'application d’une 
alcaline on savonneuse, que lon enlève 
aussitôt l'opération terminée ; le second a 
peur objet de comprimer l’étoffe soit par 
pression soit par percussion, 

Les foulons en usage pour cette opéra- 
tion depuis fort longtemps, et qui sont en- 
core employés dans bien des fabriques, se 
composent de pilons ou de maillets qui 
frappent tour à tour sur toutes les parties 
du drap , placé dans une espèce d’auge cir- 
culaire qui renferme des eaux alcaliues, et 
où l’étoffe est tournée en tous sens. Dans 
quelques moulins; les pilons opèrent verti- 
calement, comme dans les anciennes pile- 
ries à huile, à chocolat ou à papier; mais, 
dans le plus grand nombre, ce sont des 
maillets qui agissent plus où moins obli- 
quemeut comme des martinets. 

Dans l'un comme dans l'autre cas, on 
conçoit que de telles machines doivent oc- 
casionner des éhranlements considérables; 
surtout lorsque piusieurs paires de maillets 
fonctionnent ensemble dans une même 
auge, comme cela à généralement lieu en 
France. Aussi a-t-on cherché priucipale- 
ment,.dans ces dernières années, à rem- 
placer ees appareils imparfaits par des ma- 
chines mieux entendues, agissant d’une 
manière plus continue et plus rapide, tout 
eu opérant mieux avec moins de force mo- 
trice, et sans exiger des constructions préa- 
lables pour les recevoir. 

Un inventeur anglais, M. John Dyer, de 


1043 
Trowbidge , paraît être le premier qui ait 
introduit dans ces machines un changement 
notahle , en proposant, dès 1833 , un sys-. 
tème de foulon à cylindres ou à pression 
continue. Ce système consisle à comprimer 
le drap entre un ou deux jeux de cylindres 
horizontaux où de poulies à gorge, qui, 
agissant comme laminoirs, produisent le 
foulage en largeur; puis à le faire passer 
entre deux cylindres verticaux, qui sont 
renflés vers leur milieu, et qui , en faisant 
obstacle à la marche du drap, le foulent en 
longueur. Des poids adaptés à des bras de 
leviers tendent à rapprocher ces cylindres 
ou ces poulies, de manière à permettré de 
varier la pression verticale ou horizontale, 
et par suite de diriger l’opération avec plus 
de certitude. Tout l'appareil est d'ailleurs 
renfermé dans une caisse en bois, soutenue 
par un bâtis en fonte ou en chène, et dans 
lequel on verse le liquide alcalin. 


MM. Hall, Powell et Scott, de Rouen; 
introduisirent cette machiue en France vers 
1838. époque à laquelle ils prirent, à ce 
sujet, un brevet d'importation et de per- 
fectionnement, qui leur fut délivré le 20 
mars de celte année. Ces constructeurs ne 
tardèrent pas à y apporter diverses amé- 
liorations, soit pour tâcher d'obtenir une 
pression continue qui pénétrât plus au cœur 
des tissus, soit pour éviter les prises en 
long, qui sont souvent ineffacables par les 
apprêts ultérieurs: Ainsi ils proposerent : 
1° de varier le diamètre des poulies à gorge 
ou des cylindres horizontaux, afin de pro- 
duire un glissement pendant leur mouve- 
ment de rotation; 2° de remplacer les cy- 
lindres verticaux par d’autres placés dans 
une direction horizontale et perpendiculaire 
à cel'e des premiers, où d'y substiuer un 
simple canal par lequel l’étoffe et forcée de 
pisser. C’est pour ces différentes modifica- 
tions qu’is demandèrent un brevet d’in- 
vention et de perfectionnement de 15 ans, 
le 7 février 1839, et pius tard un nouveau 
brevet d’addition, en mai 1842. 


Le système de foulage par pression con- 
tinue seulement, étant généralement re- 
connu insuffisant, parce qu'al n’est er 
quelque sorte que superficiel; a aussi Pin- 
convénient d'exiger une force motrice con- 
sidérable. C’est pourquoi des ingénieurs, 
des mécaniciens recommandablés , ont dù 
s'occuper decetteimportante question d'une 
manière toute spéciale. 


En mars eten juin 1839, MM. Benoit 
frères, ingénieurs-mécaniciens de grand 
mérite, prireut avec M. J’ergnes, de Mont- 
pellier, un brevet d'invention et de perfec- 
tionnement de 15 ans , pour un procédé de 
foulage agissant à la fois par pression et par 
percussion successives, au moyen duquel 
ils obvient entiérement aux inconvénients 
des machines de PDyer. Ils donnèrent à leur 
appareil le nom de foulon à percussion mo- 
dérable. 

Le grand nombre le machines que ces 
constructeurs ont placées dans les diffé- 
rentes fabriques de draps, en moins de trois 
anuées, les certificats vraiment honorables 
que plusieurs manufacturiers leur ont dé- M 
liviés, peaventconstater les avantages réels. | 
qu’elles présentent, etont dù nous eugager. k 
à en faire connaître le système avec dé- 
tails dans ce recueil, pour le recommander 
d'une manière particulière aux fabricants 
de lainages. 

Ce foulon , qui paraît aujourd'hui avoir 
la supériorité sur tousceux proposés depuis 
quelques années, agit sur les tissus dans 


TE pe ne va 7 toner 


404401 


les deux sens, au moyen de quatre organes 
principaux, deda manière suivante : 


1° Sur la largeur, au moyen d’une lu- 
nette ou conduit expansif par lequel s’effec- 
tue l'admission du drap, et au moyen de 
deux cylindres alimentaires ; 

2° Sur la longueur, par l’application d’un 


: clapet de plissement de la trompe de guide, 


et par celle d’un fouloir, qui frappe sans 
cesse le drap plissé sur le tablier de fou- 
Jlage. 

L'énergie particulière à chacun de ces 
quatre principaux organes peut être modé- 
rée , c'est-à-dire augmentée ou diminuée à 
volonté: pendant ia marche même de 
l’appareil. Ainsi on peut toujours la pro- 
portionner au degré de foulage , en long 
ou enlarge, que l'ou veut produire, comme 
à la nature des tissus qui sont soumis à 
l'action de la inachine: proprieté précieuse 
pour la fabrication. é 

* Les lainages de toute espèce y acquièrent 
sans contredit une qualité supérieure à 
celie qu'il; peuvent atteindre dans les di- 
vers moulins à foulon connus, parce que, 
d'une part, la percussion du fouloir, dans 
la machive, soppose à la formation de 
prises en long, que la pression su cessive 
produirait, si elle agissait seule, et, d’un 
autre côté , elle fait pénétrer rapidement le 
foulage au cœur de ces étoffes, dont elle 
corrige les défauts de tissage. 

Cette machine, qui ménage le savon, 
lorsqu'on la, compare aux foulons ordi- 
naires à maillets, débourre beaucoup moins 
les étoffes, et elle opère peut-être bien deux 
fois plusvite,tout en économisantsur la force 
motrice. Elle a de plus cet avantage qu’elle 
ne fait. aucun bruit, par conséquent ne 
cause aucun ébranlemcnt dans l'usine où 
on la fait fonctionner, et elle peut être éta- 
blie dans tous les at:lierssansconstructions 
accessoires. 

Elle est aussi, jusqu’à présent, la seule 
qui opère convenablement le foulage que le 
drap feutre doit nécessairement subir. On 
sait que ce genre d’étoffe ne peut ètre livré 
aux noulins ordindires, qui ne la foulent 
presque jamais eu long sur les rives ou li: 
sières qui restent toujours lâches, et que les 
foulons à pression continue seulement ne 
peuvent que continuer sur elle l’action de 
la machine à feutrer. JoBaRD. 


ARTS MÉTALLURGIQUES. 
L'acier. 


L'action la plussimple conduit souvent 


aëne découverte ‘importante; c’est ainsi 


Ga force de voiraffûter les faux, on se 
serkimaintenant d’un procédé qui a quelque 
analogie avec celui-là pour se procurer uu 
acier d’une qualité supérieure, surtout 
pour les tranchants d’une grande finesse, 
Quoique nous-ayons le recret, au moins 


| pour le moment, de ne pouvoir donner des 


renseignements étendus et complets, nons 


! croyons devoir signaler ce que nous con- 
» naissons maintenant, daus l'espoir que ce 
} procédé pourra recevoir beaucoup d’autres 


applications dans les arts, 
L'industrie qui a pris depuis quelques 


“années le développement le plus cousidé- 


rable, et qui a donné lieu à la fondation 


établissements fort étendus ct des plus ac- 


üfs; est sans contredit la fabrication des 
plumes métalliques. Que d’essais n’a t-on 
pas faits pour parvenir à se procurer un 
acier présentant, les qualités nécessaires 
Pour pratiquer, dans. ces plumes la fente 


1045 


qui facilite l'écoulement de l'encre, et 
donner à la plume l’élasticité nécessaire pour 
glisser sur Île papier et varier la grosseur des 
traits ! 

Aussi était-ce la plus grande difficulté à 
vaincre : car, d'an côté, il fallait que cette 
fente fût extrêmement fine et délicate, et 
produisit un écartement à peine sensible 
dans les deux parties du bec : et, de l’autre 
côté, que l'outil qui servait à cette opéra- 
tion ne s’émoussât pas trop promptement, 
et que son tranchant résistât pendant quel- 
que temps à un service régulicr et manu- 
facturier. 

Pour fabriquer ces outils, on a d’abord 
employé tous les aciers du commerce. Les 
essais ayant été infructueux, on a eu re- 
cours aux aciers de cémentation, sans ob- 
tenir un meilleur résultat, maloré les avis 
nombreux des trempeurs empiriques d’a- 
cier : les uns se sont trouvés trop grossiers, 
les autres trop mous, et la plupart se sont 
promptement égrenés lorsque sous un tran- 
chant aussi fin, on a essayé de leur donner 
une trempe dure, et de les faire fonctionner 
en cct état. 

Un contre-maître de fabrique qui avait 
forgé, limé et trempé un outil pour servir 
à cet opération, eut le même sort que tous 
les autres ; mais, s'étant rappelé la manière 
dont on affûte les faux, et voulant que 
leutil sortant en dernier lieu de ses mains 
fût le meilleur de tous: ceux qui avaient été 
fabriqués jusque là , il reprit un autre mor- 
ceau d'acier, et le fit marteler d’une ma- 
nière plus vive et parfaitement uniforme 
pendant plusieurs heures consécutives. 
L’instrument étant enfin achevé, on le fit 
fonctionner, etil servit à fendre un grand 
nombre de plumes sans s’ésrener et sans 
s’'érmousser ; tous les essai; de ce genre ont 
depuis lors été couronnés de succes. 

Où aura une idée de; qualités qu'acquiert 
l'acier par le marte'age prolongé, tel'que 
nous venons de le dire, quand on saura 
qu'un outil qui doit servir à fendre les 
pluines métalliques de toute espèce, et 
dont le tranchant est plus fin que celui d’un 
rasoir, doit faire une fente dans les plumes 
avec une activité remarquable, pendant 
un espace de temps de huit à douze heures 
consécutives, sans avoir besoin qu’on en 
rétablisse le taillant. 

Nous sommes porté à croire que, si l'on 
prenait un outil d’acier qui, soit dans la fa- 
brication, ou dans une chauffée, aurait été 
porté au rouge-blanc, et qu’il fût ce que 
ies ouvricrs appellent brélé, et. qu’on le 
soumità ua martelage peu vif et d'autant 
plus prolongé que l'acier aurait eu plus 
chaud, cet acier reprendrait le grain serré 
etgris du meilleur acier fondu. 

Du reste, nous croyons qu’un outil d’a- 
cier exécuté par ce procédé sera toujours 
de premitre qualité, et que ce sera seule- 
mentenemployant ce procédé qu’on pourra 
le garantir. JorArp. 


A 
AGRICULTURE. 


Des races de chevaux et de bœufs de 
l’Anjou. 
(Premier article.) 
8. B: l'espèce chevaline, 
L'élève des chevaux est une industrie 
assez récente dans le département de Mai- 
ne-et-Loire. En comparant le nombre d’é- 


talons qui s’y trouvaient à celui qu'on ren- 
contrait dans les provinces voisines avant 


1046 


1760, on trouve que, tandis que le Maine 
et la Touraine en possédai-nt 96, que le 
Poitou en comptait près de 200 et la Bre- 
tagne 600, l’Anjou n'en avait au plus 
qu'une trentaine. Il n’est donc pas éton- 
nant qu'on n’y rencontre pas encore une 
race à caractères bien tranchés, 

On peut croire qu’autrefois le Saumurois 
avait des chevaux peu différents de ceux 
de la Touraine, et par conséquent assez 
propres à la remonte de la cavalerie légè- 
re ; que dans le pays de Cholet et danstoute 
la partie de la contrée q'on appelle Ven- 
dée, on trouvait une race se rapprochant 
davantage de la variété poitevine, qui four: 
nissait relativement au temps, de bons che- 
vaux de’selle et de carrosse. En tirant vers 
les bords de la Loire, l’espèce devait res- 
sembler à celle des chevaux de la vallée 
qui sont de liaute taille et assez distingués. 
En passant le fleuve et en pénétrant dans 
l'arrondissement de Segré, on trouvait 
deux nouvelles variétés : l’une petite. sèche 
et nerveuse, émanée de la race bretonne, 
telle qu'elle existait dans les environs de 
Châteaubriant; l’autre, un peu plus gran- 
de et plus forte, se rapprochant davantage 
des chevaux que produisait le Craonais et 
qui étaient propres à remonter la cavalerie 
légère. Aux environs d'Angers venaient se 
Joindre à toutes ces races quelques che- 
vaux de luxe d'importation normande. 
Dans l’arrrondissement de Baugé, enfiv, 
c'était une espèce rabougrie de très mince. 
valeur et sans type aucun. 

Actuellement, il est possib'e de recon- 
naitie encore, jusqu'à un certain point, 
l'influence combinée de la localité et du 
voisinage Sur la race équestre du départe- 
ment. [l n’en serait pas moins fortdifficile 
de lui assigner des caractères particuliers, 
car le cheval angevin est ie résultat de 
sangs mêlés de croisements sans cesse va- 
riibles. La plupart des produits estima- 
bles sont exportés au profit du commerce 
ou de l’armée; avec ceux qui restent, l’a- 
mélioration, quelque évidente qu’elle soit, 
ne peul marcher aussi vite qu’elle le ferait 
autrement. Néanmoins, en général, le che- 
val angevin se distingue par un tempé- 
rament robüsie, une constitution difficile 
à ébranler, de bounes allures, de la vitesse 
ei de la solidité, une membrure assez nette, 
assez bien appuyée sur le sol. Sa tête n’est 
pas dépourvue de tout caractère, etil ne la. 
porte pas mal; son corps est assez gracieu- 
sement tourné, sa croune horizontuile et sa 
queue bien attachée Il be craint pas la. 
fatigue, il porte bien son cavalier et fran— 
chit volontiers les obstacles; son naturel 
est bon, et très généralement il n’a peur de 
rien, ce qui indique un moral sûr et une 
vue excellente. Sa taille varie de 1m,59 à 
Îm,57. 

H est à remarquer que la partie du dé- 
partement la plus riche en pacages et en 
prairies n’est pas celle où l’on rencontre 
les plus grandes ressources en chevaur : 
ainsi ies rives de la Loire ne sont pas aussi 
bien peuplées qu'on pourrait le croire, Là 
on spécule bien plus sur Pespèce bovine 
que sur l’espèce chevaline ; tous les tra- 
vaux du sol où à pen près, se faisant à bras, 
on n'utilise les chevaux qae pour fe char 
roi des fumiers ou des plantes textiles; on 
ne leur trouve du travail que momentané- 
ment, el souvent onurerend dès qu'on n’en 
a plus besoir, l'animal qu’on à acheté à 
très bas prix au moment où l'on devait im- 
médiatement lemployer. Parmi les fer- 
miers qui font de temps à autre un élève, 


10#7 


cettespéculationestconsidérée comme tout 
à fait secondaire, parce qu'on craint de dé- 
tourner de lanourriture des vaches la moiu- 
dre quantité de fourrages d'hiver. Sur les 
bords de la Mane, les circonstances n'étant 
plus les mêmes, quoique les herbages soient 
moins fertiles, les résultats sont plus satis- 
faisants. Les chevaux de l’arrondissement 
de Baugé se sont notablement relevés ; 
M. Gayot m'écrivait, avant de, quitter 


Maine-et-Loire, qu'il n'y ayait pas rencon-. 


tré un seul poulain, quelque mauvaise que 
fûtla mère, qui ne donnit des espérances. 
J'aiété maintes fois à même de constater ce 
fait, qui est tout à l'avantage de la localité 
et qui prouve qu'avec un peu d'attention, 
on arriverait probablement ‘bien ‘vite à de 
beaux résultats. La partie. de l’arrondisse- 
ment de Saumur qui avoisine. celui de 
Beaupréauettoutce dernier;sontnéanmoins 
beaucoup plus avancées; on:y. rencontre 
une excellente variété née du croisement 
des étalons du dépôt. Les bénéfices que l’on 
trouvait sur la mulasse ont long-temps 
fait obstacle à lamélioration de la race 
chevaline; mais après de premiers succès 
on s’y est livré plus en grand ; les deux in- 
dustries se sont alternativement disputé les 
femelles, et l'éducation des chevaux l'a 
emporté dès que les juments améliorées 
ont pu donner dans leur propre espèce des 
produits qui se sont mieux vendus que les 
muletons. L'un des points du département 
où l’amélioration s’est montrée plus cons- 
tante et plus facile, est l’arrondissement de 
Segré; ses chevaux nerveux, doués d’une 
grande force et de beaucoup de‘souplesse, 
ont toujours été d'autant plus recherchés 
de l’armée, pour les hussards, les chas- 
seurs et les dragons, qu'ils sont assez dis- 
tingués par leurs formes. Enfin, aux envi- 
rons d'Angers, l'espèce, quoique plus mé- 
lée, est brillante et vigoureuse; on y fait 
beaucoup de chevaux de maître, on y 
vend beaucoup de produits propres à mon- 
ter les officiers. C'est là: surtout, comme 
cela devait être, que l'influence du haras 
s’est fait largement sentir. 

J'ai déjà dit qu'avant 1789, l’Anjou ne 
possédait qu’une trentaine d’étalons. Il est 
curieux de suivre la progression croissante 
du nombre de ces animaux, puisque c’est 
à eux que l’on doit la plupart des amélio- 
rations dont il vient d’être parlé. À la suite 
des guerres de la révolution et des désas- 
tres qu’elles avaient entraînées dans ce 
pays, jusqu’en 1803, on ne put réunir à 
Angers que quatre étalons, les seuls qui 
restassent de l’ancienne administration. 
L'année suivante, le petit dépôt s'élevait à 
huit; en 1809, à vingt-quatre. Le gouver- 
nement était venu en aide au département 
et l'amélioration promettait d'être rapide. 
La proportion des saillies croissait tous les 
ans. De 1805 à 4814 inclusivement, le 
nombre des étalons resta cependant le 
même en moyenne; ils étaient alors répar- 
tis dans les départements de Maine-et- 
Loireet de la Loire-Inférieure; on compte 
qu'ils servirent 4,342 juments, dont 3,072 
en Maine-et-Loire, savoir: 1,485 à An- 
gers et 1,587 dans les stations établies sur 
divers points du département; la moyenne 
des sailliés par chaque étalon se trouva 
ainsi:d& 49 à 20 seulement par année. 

Pendant les dix années suivantes, la cir- 
conscription du dépôt s’étendit à la Mayen- 
ne, mais la moyenne des étalons s’éleva à 
34. Le nombre des saillies devint plus que 
double, puisqu'il atteignit le chiffre de 
9,267, dont 4,555 en Maine-et-Loire (2,017 


1048 
À Angers, 2,538 dans les stations du dé- 
partement). Ce fut, pour chaque étalon, 
un peu plus de 27 saillies par année. 

De 1825 à 1831, troisième période dé- 
cennale de la création du dépôt, lamoyenne 
des étalons fut de 41, et le chiffre total des 
saillies de 12,021, dont 4,846 en Maine- 
et-Loire (2,167 à Angers et 2,679 dans les 
stations). La moyenne des saillies pour 
chaque étalon se trouva ainsi: de 29 à 30 
par an. 


Dans les cinq dernières années, c’est-à- 
dire de 1835 à 1839, la moyenne en éta- 
lons a atteint le nombre 45; ils ont sailli 
8,945 juments, dont 4,593 en Maine-et- 
Loire (1,411 à Angers et 3,382 dans les 
stations). La moyenne des saillies est ainsi 
portée, pour chaque étalon, à 38 par an. 


En descendant de ces données générales 
à celles qui s'appliquent plus spécialement 
à Maine-et-Loire et en recherchant les ré- 
sultats obtenus annte par année, on voit 
que le nombre des saillies de chaque indi- 
vidu s’est accru constamment en même 
temps que celui des étalons. La progres- 
sion a surtout été remarquable dans ces 
derniers temps; par exemple, la moyenne 
qui n’était que de 10 au début, était de 38 
en 1837, de 56 en 1838, de 59 1/2 en 1839, 
puisque la première de ces trois années, 
799 et la deuxieme, 1,187 juments, ont été 
saillies par 21 étalons, et la troisième, 
1667 par 28. 

Tout calcul fait, depuis 1806, 223 éla- 
lons dont 22 de pur sang oriental ou an- 
glais, se sont succédé dans le pays, ont fait 
la monte dans la circonscription du haras 
d'Angers et donné des produits qui ont 
fondé, à juste titre, la bonne réputation 
des chevaux angevins. Une grande ‘partie 
des élèves de ce pays ont remonté la:cava- 
lerie légère ou sont allés compléter lear 
développement dans les herbages ; nor- 
mands, d’où ils sont revenus sous le nom 
de chevaux normands. Peu d'années après 
la fondation du haras, 250 jeunes chevaux 
ont remonté le 26° régiment de chasseurs, 
dont le dépôt était à Saumur ; en 1823, un 
autre régiment de chasseurs s’est remonté 
en Anjou avant de passer en Espagne, et 
tous les animaux achetés dans ce pays ont 
parfaitement résisté aux influences mor- 
bides qui ont rendu cette campagne si dé- 
sastreuse pour. Ja très grande majorité de 
nos troupes à cheval. Tant que Île dépôt 
de remonte qui doit être créé à Angers ne 
sera pas encore en activité, les meilleurs 
chevaux du dépôt de Saint-Maixent pro- 
viendront de Maine-et-Loire. Beaucoup 
sont propres à l’arme des dragons. 


_ Les éleveurs recherchent maintenant les 
étalons pur sang, ceux de race anglaise 
surtout. Ils ont vu qu'ilsgrandissaient l'es- 
pèce locale, qu’ils la corrigeaient dans ce 
qu'elle avait de défectueux; qu'ils la forti- 
fiaient même dans sa constitution, et que 
tout en la reformant des membres et en 
donnant à ceux-ci plus de distinction, ils 
ajoutaient notablement à sa valeur. Un 
premier degré franchi, ils ont reconnu qu'il 
devenait bien plus facile d’en atteindre un 
second et que la marche de l'amélioration, 
après avoir suivi pendant quelques années 
une progression arithmétique, se faisait 
bientôt sentir dans une progression géomé- 
trique. 

Du reste, non seulement, on a recours 
aux étalons étrangers pour réaliser les amé- 
liorations dont je viens de parler; plusieurs 


1049 
propriétaires ont acquis encore à grands 
frais de belles juments anglaises. Onze de 
celles-ci furent introduites à Ja fois il v a 
peu d'années par les $oins, de l'administra- 
tion locale ; placées toutes désormais chez 
des éleveurs distingués,.ellesioët déjà don- 
né de superbes produits de luxe. 


Trois statistiques ont été dressées; lune 
en1812, l'autre en 1825, la troisièmeen 
1836. La première élève le chiffre de la po= 
pulation chevaline à 30,483, la seconde à 
33,500 et la dernière à 40,936. C’est une 
différence en faveur de la troisième, sur la 
seconde, de 10,473 individus danstunrin- 
tervalle de vingt-quatre ans. Ce:chiffre 
donnerait une augmentation moyennean= 
nuelle de 436 têtes;enyiron, si la progres 
sion avait été uuiforme. Mais dela pre- 
mière à la dernière épaque, on peutcomp- 
ter bien des années malheureuses pendant 
lesquelles l’espèce chevaline, comme celle 
de tous les bestiaux en général, comme la 
populatiôn humaine, a diminué loin de 
s'accroître. Il est évident que l’accroisse- 
ment le plus considérable est très rappre= 
ché de nous : les trois chiffres comparés, le 
p'ouveraient suffisamment, puisque.de 
1812 à 1825 l'augmentation n’est que de 
3,009 sujets à peu près, tandis qu'elle est 
de plus de 7,000 de 1825 à 1836. Depuis 
cette dernière année, si l'accroissement a, 
comme tout porte à le croire;-suivi la loi 
commune, nous ne serons, pas, loinide la vé- 
rité en portant le chiffre actuel de la po- 
pulation équestre à 45,000: individus de 
tout âge et de toute condition. ; 

Bien qu'il n'existe aucune donnée fixe 
pour établir la proportion croissante-dans 
la production des chevaux de divers servi= 
ces, on peut cependant déduire dece qui 
précède : 1° que tousles chèvaux ordinaires 
élevés dans ledépartement;f&æimpetit nom- 
bre d’exceptions près, peuentêtre appliqués 
avantageusement aux travaux agricoles et 
aux charrois qu'ils nécessitent ; 2° que peu 
au contraire seraient appropriés au Fou- 
lage proprement dit;,3° que laægrande ma- 
jorité peut être employée.à.la selle: et ré- 
partie dans la tavalerie légère.ow les dra- 
gons ; 4° enfin que lernombreest moindre 
de ceux qu'on pourrait atteler à la voiture, 
quoique cette dernière catégorie soit en 
voie d’accroiître son chiffre. Ces derniers 
résultats seraient bien plusappréciables en- 
core si la plus grande partie des élèves de 
quelques portions dès vallées et de. ce que 
l’on nomme la Vendée, n'était exportée de 
bonne heure vers la Normandie, où ils for- 
ment de fait de beaux et bons carrossiers. 


La plupart des mulets qu’on rencontre 
sur quelques points du Saumurois y sont 
amenés par des marchands des Deux-Sè- 
vres, où l'on continue d’en élever une as- 
sez grande quantité. Leur race n'offre en 
elle-même aucune particularité. Dans le 
département de Maine-et-Loire, je ne con- | 
pais qu'un seul établissement renomme | 
pour l'élève de ces arimaux : c’est celui de | 
la Frogerie, sur la commune de Maulé- | 
vrier ; [à on entretient trois ou quatre éta- | 
lons de l'espèce asine, qui donnent des pro- f 
duits vendus en concurrence àvec ceux de 
Bressuire, Thouars et Parthenay. Les ânes, 
sous le point de vue qui nous oceupe ici, 
ne méritent pas non plus unémention spé 
ciale. 


O. LecgerRe=Trouin. 
(Agrèc + pratiq.) 


1050 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
. POLITIQUES. 


GET 


5 5b :Séancé! du samedi 3 juin. 


M. Cousin fait hommage à l'Académie, 
‘au nom de M. Frank, de son /Z1stoire de la 
cabalé. Bes différents mémoires qui com- 
posent cet ouvrage , ont été lus devant 
PFAcadémie. Le compte que nous en avons 
rendu antérieurement nous dispense d’en 
faire‘une nouvelle analyse. 

* M.Dünoyer lit un mémoire, qui au mé- 
rite d’être sagement pensé et parfaitement 
| bien écrit, joint celui, non moins précieux 
d’être de circonstance. Il'4 pour titre. £xa- 
men de quelques reproches adressés aux 
| tendances industrielles de notre époque. 
Les chef d’accusation que quelques es- 
| prits chagrins. ont formulé contre l’indus- 
trie sont nombreux et graves. La raison 
publique a fait déjà justice de plusieurs, 
| ePM:°Duünoyer s’est attaché dans ses com- 
| miüficatiôns à la justifier de ceux qui n’ont 
|. auprés de certaines personnes une certaine 
valeur! que parce qu’ils sont perfidement 
présentés au nom de la religion et des 
. bonnes mœurs. L'industrie, a-t-on dit et 
1 répéte-t-on tous les jours encore, sans 
| vouloir se‘donner la-neine de vérifier si le 
| reproche éstfônidé, l’industrie est avare, 
| égoïste, eMéCorrémht les mœurs, matéria- 
lise l'esprit, Arrête ses conquêtes et celles 
| des sciences! Ceux ‘qui tiennent un pareil 
| langage n'ont qu'à ouvrir les yeux, ils 
| verronbque:c’està mesure que les tendan- 
| 
| 


— 


| ces-industrielles ont grandi, que la mo- 

raleslæ-religion, ta politique et toutes les 
, vertus qui enidécoulent ont acquis une 
| force plus grande. C’est sartout dans les 
villes manufacturières que la charité , 
cette vertu-qui ; peut-être seule, pourrait 
dans unétat remplacer toutes les autres, 
a su se montrer leplusingénieuse et le plus 
| efficace. L'esprit d'ordre, de conservation, 

de progrès:; qui est inhérent à l’industrie, 
| présente: des garantiés que ne sauraient 
| donnerleslois; quelque prévoyantes quelles 
fussent. Dansles grands foyers d'industrie, 
comme dansitoutes les grandes réunions, 
dans quelque but qu’elles existent, il y a, 
et cela tient à la nature humaine, une cor- 
| Tuptlon que l’on ne trouve point au même 
degré chez l’homme isolé et vivant seul 
dans sa cabañe ; de même qu’une maladie 
Presque innocente au milieu d’un air pur, 
devient contasieuéiet” mortelle dans une 
Salle d'infirmerie. Pour être logique il fau- 
# drait donc faire le procès à la civilisation. 
Moilà pour les mœurs. Ce que l’on dit par 
intérêt pour l'esprit, pour les sciences et 
Pour les arts est plus que futile, c’est ridi- 
cule. N'est-ce pas à l’industrie que de nos 
‘Jours et de tous les temps, la poésie, la 
peinture , la sculpture ont dû les plus fla- 
| teurs encouragements et les plus riches 
|2écompenses? N'est-ce pas à l’industrie que 
les sciences sont redevables de leurs déve- 
oppements ? À qui soutiendraitle contraire 
On pourrait répondre, que la fondation de 
nos manufactures date da même règne que 
motre gloire littéraire ; que Paris actuel si 
Peu; ressemblant au Paris du dernier siè- 
cle, doit, ses somptuosités, ses élégances à 
l'agrandissement du commerce ; que c’est 
dans les deux, pays:du: monde les plus in- 
dustriels que des -ovations presque fabu- 
leuses par leur magnificence , ont été faites 
une tragédienne et à une danseuse, et 
qu'enfin, au milieu de nos tendances si 


a ÉSERDRET 


} 


| 
| 
| 


| 
| 


1051 


décriées, en France.comme partout,le plus 
sur moyen de devenir riche est encore de 
se rendre savant, 

M. Dunoyer n’a rien omis dans sa réfu- 
tation et dans un grand nombre de points 
essentiels il est d'accord avec les recher- 
ches statistique sur Mulhouse, que le 
docteur Penot vient de communiquer à la 
Société industrielle de cette ville. 

M. Dubois d'Angers a été admis à lire 
un complément à son troisième mémoire 
sur la doctrine de Broussais. Nous de- 
vrions plutôt dire sur les doctrines, car 
après avoir primitivement réfaté le philo- 
sophe, c’est aujourd'hui au médecin qu'il 
s'en est pris; de la physiologie il est des- 
cendu à la thérapeutique, et comme Brous- 
sais n’a été que le continuateur de Bichat , 
c’est jusqu’à ce dernier qu’il est remonté. 
La commanication de M. Dubois nous pa- 
raitrait très convenable à l’Académie de 
Médecine ; elle donnerait la mesure, à quel- 
ques médecins inexpérimentés, de la con- 
fiance qu’ils doiventgarder pour leurs théo- 
ries, s'il est vrai qu'elles ne sont que subti- 
les ; mais à l’Académie des Sciences mo- 
rales et politiques, nous n’en saisissons pas 
l’à-propos. Il n’y a point là de médecins à 
faire et moins encore de malades à Guérir. 

C. B.F. 


LINGUISTIQUE, 


Essai d’une grammaire de la langue des îles 
Marquises, rédigé sur les documents du P. 
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en 
chef des îles Marquises. 


(Cinquième et dernier article.) 
9°. De l'interjection. 
Il'y'a des interjections pour exprimer les 


différents sentiments de l'âme, comme 
dans toutes les langues, et plus encore peut= 


être dans celle-ci. 

Pour deniander : na, na vai, (donnez- 
moi) de l’eau; n4 thu, présente ton nez. 

Pour appeler : he !.. oh! 

Pour appeler à soi : 71e mai. 

Pour appeler l'attention : lo , parle-moi, 
dis donc. 

Pour marquer l'admiration : evai ! vaiti. 

Pour marquer la surprise’: oere. 

Pour marquer la joie ’#ofahr. 

Pour marquer le mécontentement : aita, 

Pour marquer le contentement : atika, 
alia, c’est vrai, bien, c’est céla. 

Pour imposer silence : #titui. 

Pour marquer la douleur : Le, he. 

Pour demander répétition d’une chose 
ou d’une parole : éotahi. 

Pour reprendre : eahu! quoi, eahatena 
ou.tea? qu'est cé que cela. 

Pour faire retirer quelqu'un par autorité 
ou mécontentement : 4pao. 

Pour rejeter quelque chose : avai, 

Pour remercier : 70e ou amoe. 

Pour partir avec d’autres : amai, apo he: 

Pour chasser un chien : Airau / 

Cris pour exciter à la guerre : 2ahud:hu= 
meua ! 

Pour encourager : aia, allons ! 

Pour demander à voir une chose : arar, 
montre, voyons! 

Pour exciter (cri), & ! ai ! 

Cri pour encourager à la guerre :: Aghu, 


10° Des interrogations négatives, 
affirmatives. 


Pour interroger on met assez souvent la 
particule ha devant les verbes. Il y a aussi 
plusieurs phrases elliptiques où l’interro- 
gation se fait ainsi : , 


1052 


Pourquoi cela? mea aha ia? 

Pourquoi non? hate koe(kcre) ? 

Qu'est-ce? eaha. 

Combien? ekia, combien? pehia. 

Koko o ie aha? pourquoi. s’empresser 
(s'empresser pourquoi) ? 

ÆEnana hea? Vamuses-tu? qui? quel 
homme? oui? qui? 

Quand? inehea? pour le passé. 

Quand ? uhea anehea ? pour le futur. 

D'où viens-tu ? mechea 0e? 

De la moutagne, mei ata. 

De quel endroit dela montagne? mei ula 
hea? 


IDIOTISMES DE LA LANGUE NU-HIVIENNE: 


1° Oai-hoi, je ne sais pas. 

2 Tanoho ia (peut-être), de tanoho-ia, 
répété, siguifie-que tout le monde est à sa 
place dans uneréunion, ) 


QUELQUES PRRASES. 


Kaoha, bonjour, 
Memai manihi, viens. ami, si c’est un 
étranger. 

— eahoa, viens ami, si c’est un insulaire, 

Ea hato æi koa, quel. est ton nom? 

Oai tenei, quel est celui-ci? 7 

Oai tena:, quel est celui-là? 

Oai te hakaïki, quel est le roi? 

Oai te keapu, quel est le capitaine. 

Oai te hatepeiu, quelle est la reine? 

ÆEna loeia,,te voila, 

Maki mali awia 0e. Je Vaime. 

Auc hametau, ne crains pas. 

Pimai tnei, tetao ai latou, viens ici, nous 
parlerons tous ensemble. 

Erihi ta ae, epo kite, vous êtes curieux; 
vous saurez bientôt, 

Ko ia, c’est cela. 

Aore au:eoko, pour moi je ne comprends 
pas. 

Mea mii te toiki, il y a beaucoup d’en- 
fants.- 

Vekekina ,anamai} viens vite. 

Mave, venez: vite: 

Eaha te meilai to otou? aimez-vous cela ? 


MESURE DU TEMPS. 


Année de 12 mois, calcul des étrangers, 
makaiki, 

Année de 10 lunes, calcul des insulaires, 
aa. 

Mois ou lune des insulaires, meama ou 
malhina. 

Jour (mesure d’un), 4 ou po. 

Point du jour, ua puhi te ama. 

De grand matin, oi où tika, popoiu tika, 
kehu kehu. 

Lever du soleil, na the te aomata. 

Matin, popout kapo. 

Grand jour, afea (jour blanc). 

De dix heures à midi, apa kihi kihi. 

Midi, oa-te-a, a-tea, kopuhate aomati. 

Soir, uapo, ahi, ahi. 

Nuit, po. 

Milieu de la nuit, po ere ere. 

Cette nuit (la dernière), 1te ponei. 

Dans la nuit d’hier, te po ite nahi. 

Dans la nuit d’avant-hier, & te po ite ata… 

Hier, avant-hier, ta nahi où inenahi- 
itena hiatu. e. 

Aujourd’hui, ife, anei, i ua=a-nei,ii.. 

Demain, oioi-lika, matui Ahi-ahi; soir. 

Après demain, oioi ae, oioi alu; . 

Dansunjour, deux jours, apotahi, apo ua. 

Nora. On compte par nuit et l’& marque 
le fatur. 

Bientôt, epo. 

Tous les jours, potepo. 

Plus tard, 2popo, oroi-atu. 


1053 
CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE POITIERS. 
Séance du 2 juin, 2 heures dursoir. 
Après la lecture d'un rapport dé M. Se- 
grétain sur l’excursion archéologique faite 
sila veille à Chauvigny et à Saint Savin, 
<°°M. de Caumont pose les questions rela- 
-actives à la flore murale du département au 
23itreizième siècle. La feuille de‘chêne, de 
“mnénuphar, telles sont les végétations le 
plus généralement observées dans ilés'édi- 
fices religieux de cette époque’? les fluilles 
>5de rosier, les feuilles de pampre} sônt plus 
Siyares. Sous le point de vue de lornemen- 
“Htation, le génie artistique du Poitou au 
treizième siècle était moins hardiqu’outre 
Loire; car déjà dans le Nord à crtte 
époque, un grand nombre de végélations 
indigènes étaient ulilisées'avec succès par- 
tont où ia pierre le permettait. Plusieurs 
membres, parmi lesquels MM. de la Sico- 
tière, de Chergé, de Chastiiogner,Segrétain, 
Fillon, donnent sui célPoint des ren$ei- 
gnements intéressants. 
M. de Caumünt c‘ntinue l'enquête par 
les monuments accessoires attachés au 
siservice des édifices religieux. Les baptis- 
“tères, les autels anciens, les calices, les 
-.°férs destinés à la confection des hosties, 
s\sur Iésquels des questions sont adressées, 
23deviennent l'objet d'observations qui sont 
grécoütées avec le plus vif intérêt. 
-210Parmi Îles reuseignenmients donnés par 
< M} labbe Cousseaa sur Jés objets d'art qui 
appartenaient aux douzième et treiziéme 
- sièctes, un document du plus haut intérêt 
est signalé : c’est le catalogue des ri- 
chesses possédées par les églises de Poitiers 
au qua'orzième siècle, alors qu’elles 
--étaient menacées par le vandalisme, com:- 
pagnon inséparable des guerres “reli- 
gieuses. Ce docament, enfoui dans les 
cartons de dom Fonteneau, est inédit; 
aussi M. de Caumont éngage-t-il la so- 
ciété des antiquaires de l'Ouest à le pu- 
blier incessamment dans ses volumes. 


Séance du 3 ju'n, 2 heures du soir. 

Trois lectures ont vivement intéressé 
Jauditoire. Une disertation de M. de 
Chergé, écrite avec lé talent qu'on lui 
connait, explique par Je symbolisme jes 
déviations de l’axe de l’abside des églises 
du moyen-âge. — Une notice de M. de 
Chasteigner sur les lanternes des morts, 
où L érudition est colorée de tons chauds 
qu’une imagination jeune et brillante peut 
seule trouver sur sa palette, a été écoutée 
avec le plus vif intérêt. Enfin, dans un 
rapport dé M. de la Sicotière, improvisé 
au milieu des ‘brillants joujoux scienti- 
fiques du magnifique cabinet de madame 
de la Sayette, M. de la Sicotière. a prouvé 
que s'il parlait toujours comme un homme 
de talent, il avait aussi parfois l’art d’écrire 
comme une femme d'esprit. 

La séance du 4 mai, ouverte sousila 


présidence de:M: le préfet de la Vienne, 
:a continué lenquête archéologique. Les 


sculptures du/moyen-âge ont été l’objet 
de la discussion: Plusieurs tombeaux d’une 
“ornementation ‘remarquable sont_signa- 
lées-par-MM. de Caumont, Thiollet, de la 
Foütanglle; Fillon, Pressac, Lanbron, de 
la Lihonlière, Cardin, Lecointre, Gaillard 
de lallDiounerie fils. Mais la partie de l’en- 
quête qui; sxns contredit, a été l’événe- 
ment capital de la séance, c'est la discus- 
sion qu’a fait naître eutre MM. de Caumont 
et Lecointre la question qui se rattache à 
l'origine ct à Pobjet du tombeau connu 
sous le nom populaire de la Pierre qui pue. 


105 ! 


L'homme levant les bras au ciel, et placé 
entre deux lions, qui occupe là partie 
principale des bas-reliefs de ce tombeau, 
est, pour M. Lecointre, Bacchus avec ses 
attributs; pour M. de Crumont, cette fi- 
gure représente Daniel dans la fosse aux 
lions. De puissants argumentsisont échan- 
gés, — La question est-ellé complètement 
ol eo — Nous l'ignorons:+ Mais ce que 
nous affirmons à coup sûr; c’est que la 
discassion n’a pas cessé un instant de cap- 
tiver l'attention de l’auditoire: 


Séance du 5 juin. 


L'ordre du jour appelle la suite de l’en- 
quête relative aux t°mbeaux chrétiens. 
Plusieurs renseignements intéressants sont 
donnés sur les pierres tombales du. quin- 
zième siècle, dont les figures tracées en 
creux étaient souvent remplies avec du 
cuivre et même du marbre. MM. Fillon, 
Segrétain, de Fleury, de la Fontenelle, 
Lanbron, de Chergé, de la Liborlière, 
Pressac, signalent dans le Poitou un assez 
grand nombre de monuments de ce genre. 
Maismalheureusement, pendantles guerres 
religieuses , le Yandalisme des protestants 
a fait disparaître ces ornements. 

Plusieurs monuments de grand modèle, 
sur lesquels figuraient où figurent encore 
des statues, sont l’objet de descriptions in- 
téressantes. M. de Ja Liborlière fait revivre 
un tombeau magnifique aujourd’hui dé- 
truit, mais sur lequel s’élevaient jadis, au 
couvent des Cordelicr:, lesstatues à genoux 


de deux grands personnages appartenant à 
. la famille de Mortemart, Le tombeau de la 
Trimouilie, dit le Pieux, sur lequel s’éle: 


ait la statue à genoux du noble chevalier; 
le monument funèbre des Parabèré, ‘sur 


: lequel deux figures de pierre, le front levé 
‘vers le ciel, soulevant le suaire qui les re- 


couvrait, En blaient vouloir s’élancer vers 


Ja demeure du juste; tout cela reposait jadis 
paisiblement à l'ombre du cayeau sécu- 


laire. Mais aujourd hui, arrachées aux 
morts dont elles perpétuaient Je souvenir, 
ces statues sont détruites où  mutilées. 
Parmi lés membres de Ja société qui dé- 
crivent avec le plus d'intérêt ces monu- 
ments, nous devons signaler MM. Segrétain, 
de la Fontenelle, de la Liborlière, Lan- 
bron , Gaillard ile la Dionnerie et Fillon. 

Après le rapport de M. Lecointre sur 
l’excursion de la commission chargée d’aller 
visiter Sainte-Radégonde, et le compte 
renda de M. Foucart sur la charmante vi- 
site faite aux ruines d’aqueducs romains 
qui couronnent les coteanx de l'Ermitage, 
M. de Chasteignier donne lecture des notes 
qu'il a recueillies sur le temple Saint-Jean. 
Dans ce iravail , où l’asserlion est toujours 
justifiée par une observation conscien- 
cieuse, M. de Chastecignier combat l'opinion 
adoptée par M. Mangon de la Lande, et 
établit que le temple Saint-Jean était un 
baptistère chrétien dont la constractionre- 
monte au huitième où neuvième siècle, et 
non un temple romain, comme on l'avait 
cru jusqu'alors. Au surplus, l'opinion de 
M. de Chasteignier, présentée avec la mo- 
destie d’un jeune homme, se recommande 
d'autant plus à la foi publique, que lau- 
teur en appelle en dernier ressort à l’auto- 
rité de plusieurs antiquaires, notamment 
de MM. Vitet et de Caumont. 

La séance à élé terminée par un rapport 
fait au nom de la commission des vœux 
par M. de la Fontenelle. 


Eee Aie 


8004055! 
FAITS DIVERS. 


— M. Coste, par autorisation || péciale du Mi= 
nistre de l'instruction publique, Sub Miése 
de Frauce, lundi 12 Juin, à midi p Précis , ue 
d'organogénie comparée di le te aies dis 
ctiven dredisleuteett a LA méme h MRC NE ai 


LUN Sp 


—<H e— 


BIBLIOGRAPHIE. 


ICONOGRAPHIE ZOOPHYTOLOGIQUE, des- 
cription par localité et terrains des ob piers fossiles 
de France et pays environnants, par Hardouin Mi- 
chelin, membre de la société géologiqué! de France, 
accompagnée de figures litographiéess: beplième li- 


\raison. — Prix ; 3 fr, — A Paris: chez Pi Ber- 
and, libraire fditém,/rue Saint- André-des-Ares, 
n. 38. — Nous av ons,déjà parlé du mérite Sierre 


fique de cet ouvrage. La livraison qui vient de pa- 
raître ne le cède én rien à celles qui l’ont précédé, 

les gravures dont l'importance dans de pareilles ma- 
tières est bien reconnue, sont exéculées avec tant de 
soin qu'elles sont en même temps un oo de luxe 

et d'utilité. 


DE LA DIPLOMATIE Re ds Sous. Louis 
XIV; par M'A. Filon. 


WE Ven 

ESQUISSE d’une histoire de l'éducation dépuis 
les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; par 
Théodore Fritz. A Strasbourg, chez Schmidt et 
Grucker; à Paris, chez Cherbuliez , rue de Tour- 
non, 17. : 


HISTOIRE NATURELLE DE L'HOMRIE , com- 
prenant des recherches sut l'flierice des agents 
physiques et moraux congidérés gomme cause dés 
variétés qui distinguent FAIR elle s des, différentes 
races humaines ; par J: EC “ichard, membre de la 
Société royale FT AIT cor espondant de l’Ins- 
titut de France, ete: Tradtiit de l'anglais par le doc- 
eur EF. Roullin. À:Paris, chez]. Be ailièré, r rue de 
l’Ecole-de-Médecine. : « 


INTRODUCTION. La circonférence du cercle est 
curviligne par constructibr,’el ligne" d droite et courbe 
par le caen différentiel: 


LETTRES sur les iles Hate ou Mémoires 
pour servir à l’étude religieuse, morale, politique el 
statistique des iles 1 Marquises: et de l'Océanie orien= 
tale ; par le P. Mathias G., prêtre dela Société des 
Sacrés-Cœurs (Picpus); m missionnaire de l'Océanie, 
récemment arrivé de ces'iless-A* Paris, “chez Gaume 


frères, rue du Pot;de-Femoëss * : 2107 


‘MÉMOIRES tuant la vie ét Ke écrits de Ma- 
rie de Rabutin-Chrantal, dame de Bourdiily, mar-. 
quise de Sévigné, dur le ministère du cardinal 
Mararin et la jeunesse de Louis XEV ;shivis de notes 
et d’éclaircissements, par M. le baron: W4ckenaer. 
À Paris, chez F. Didot, rue Jacob, 56. 


NOTES ÉCONOMIQUES sur l’admimistration des 
richesses et la statistique agricole de la France ; par 
G.-E. Royer. À Paris, au Bureau du Moniteur de la 
propriété, quai Voltaire, 8 bis: 


SRE 1 € 
AE) 


Le Rédacteur-Gérant: 
C.-B. FRAYSSE. 


à 


DESCRIPTION GÉOLOGIQUE 


DU 


DÉPARTEMENT DE L'AISNE,M 


Par M. le vicomte D'ARCHIA©, 


vice président de la Socicte géologique 


de France, 


Suivis de tableaux descriphifStidedh richessemet 
des produiss des minéraux du: déparienientde' Aien 
et d'un Atlas colorié contéant le déscription, de 
terrains et des fossiles. { Un magnifique volume 
de trois cents pages. — 6 LoAburs el Leclerc 
livraires, “ie de la Hatpo,. 5 à Paris. sé | 

HR Ov | 
PARISHNE. DE LACQUR et MAISTRASSE û 
rue Samnt- idees: “Michel, 33. 


40 année. 


ICHO DU 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES, SCIENCES. 


Paris. — Jeudi, 15 Juin 1845. 


ONDE 


N° 45. 


SAVANT. 


è 
La 


nes 


L'EcHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne { PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 


| 


| 


| 


"SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
+ CES ;,séance du lundi 12 juin 1843 —— SUIEN- 
| CES PHYSIQUES: MÉTÉOROLOGIE. Obser- 
| vation d'un imétéore présentant des ressemblances 
avec les chandelies romaines. — CHIMIE. INOR- 
GANIQUE. Sur l’action de l'acide sulfureux sur 
| les mélaux: Lordos et Gélis. — SCIENCES NA- 
 TURELLES. GEOLOG1IE. Recherches sur le mi- 
nerai de fer pisolitique observé à Meudon, et sur 
la paléontologie du bassin de Paris; Robert, — 
ZOOLOGIE. Index ornithologique; Lesson. — 
Oiseaux-mouches nouveaux; Delatire. — Z00C- 
| -PHYTES, Nouveau genre de médulaires prove- 
| - nant de la métamorphose des syncorynes;F. Du- 
| jardin. — SCIENCES APPLIQUEES. ARTS 
MÉCANIQUES. Machine à faire des biseaux 
sur des planches de cuivre, — ARTS Cül. 
MIQUES. Histoire des opéralions de teinture. 
— SCIENCES HISTORIQUES: ARCHEOLO- 
| - GIE, Collection de Mme” de-H-Sayette ; De la 
Sicotière. — GÉOGRAPHIE. Voyage au Chili 
et à Cusco; Claudé Gaÿ. + FAITS DIVERS.— 
BIBLIOGRAPHIE. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


_Séance,du 12 juin: 1845. 


a 


L -: | 
“ Depuis Iongtemps les humbles mortels, 
qui n’ont pas leur fauteuil au palais Maza- 


\rin croyaient dans toute la simplicité de 


leur âme que lé$ Académiciens avaient À 

jamais oublié ét liimort de M. Savary ct 
| la nécessité de lui nommer un successeur. 
Mais cette croyance était erronée et pour- 
j rail maintenant pa raître malveillante, si 
} on osait s’y arrêter encore. Car lundi der- 
«nier, Sans Qué personne y songeñt, sans 


… qu’une nouvelle éoméetc eût annoncé cet 
il heureux” incident, la section d’as'ronomie 
“ accoucha tout-à-coup d'une liste de can- 
| | didats, ainsi conçue : 


1. M. Laupier. 
2. M. Victor Mauvais. 
3. M. Eugène Bouvart, 


Bref! C'était l'observatoire tout entier 
… porté sur la liste de présentation, Ces faits 
* se passaient lundi dernier, et aujourd’hui 

la nomination avait lieu. Peu de membres 
- étaient présents à la séance ; beaucoup 
avaient quitté la ville pour aller goûter ce 
que depuis longtemps on a l'habitude 
| d'appeler par antiphrase, les agréments de 

la campagne. Malgré cela, sur 49 votants 

M. Laugier a obtenu 36 voix. 


M. Bouvart 10. 
Billets blancs 3. 
Total 49. 


On a. droit de se demander maintenant 
où est M. Mauvais? La comète qu'il a dé- 
couverte lui aurait-elle été d’un mauvais 
augine” Ou ne fait-il qu’attendre pour 
arriver plus facilement un jour? Nous 
aimons mieux nous arrêter à cette der- 
niere Opinion ; car, quand on a, comme 
M. Mauvais, une intelligence supérieure, 


et qu'on sait y joindre, une profonde éru- 
dition, on reste rarement dans l’ombre et 
l’on ne tarde, pas à prendre place à côté 
des maîtres de la science. Mais, si l’Aca- 
démie vient de faire, dans M. Lawpgier, une 
heureuse acquisition, elle a perdu la se- 
maine dernière une de ses membres les 
plus distingués, un astronome bien connu 
des savants, M. Bouvart. Néen 1767 dans 
le Haut-Faucigny au pied du Mont-Blanc, 
M. Bouvart fui destiné par ses parents à 
la carrière commerciale qui ne lui sou- 
riait guère. Aussi, bientôt il qnittaet comp- 
toirs et grands livres pour se vouer en- 
tièrement au culte des sciences qui lui 
plaisaient davantage. En 1785, il vint à 
Paris, étudia les mathématiques, se livra 
avec un zèle ét une ardeur remarquables 
à l'étude de l'astronomie et fut admis à 
l'Observatoire en 1793. On l’a vu depuis 
travailler sans cesse à la solution de hauts 
problèmes astronomiques, et se faire une 
une réputation européenne. (C'est ‘alors 
qu'il, devint le’collaborateur de Laplace, 
et fit pour son grand ouvrage de la nmÉca- 
nique céléste tous jes détails minutieux 
empruntés,à la plus scrupuleuse astrono- 
mie. Ses Jongs travaux, ses savantes. re- 
cherches.ne l’'empêcherent pas de contri- 
buer jusqu'àisa mont à la rédaction et à Ja 
publication de la Connaissance des temps, 
ouvrage Si précieux pour les astronomes. 
M. Bouvart avait découvert plusiéurs co- 
mêtes et il en calcula les: éléments para- 
boliques. En 1800, il partagea avec un 
astronome allemand, M, Burg, le prix pro- 
posé par l'institut, pour Ja détermination 
des moyens mouvements dedaæluwe. 

À cette science profondes, M: Bouvyart 
joignait une bonhomie et une affabilité 
qui le faisaient aimer de tons ceux qui 
l’approchaient. Nous l’avons vu, il ÿ a peu 
de temps encore, venir s'asseoir à l’Aca- 
démie et suivre avec une attention soute- 
nue la lecture des travaux astronomiques 
qui avaient fait la jouissance de toute sa 
vie. Enfin, nous ne pouvons pas mieux 
terminer ces quelques lignes en disant qu'il 
s’est toujours rappelé sa Savoie et qu'il était 
président honoraire de la société philan- 
tropique savoisienne. 

M. Mirbel a terminé aujourd’hui. la 
lecture d'un Mémoire intitulé : Recher- 
ches anatomiquesetphysiologiques sur quel- 
ques végétaux monocotylés. Dans ce tra- 
vail, M. Mirbel s’est étudié à combattre la 
théorie de M. Gaudichaut; mais ce dernier 
ne s’est pas tenu pour battu. « Je proleste, 
a-t-il dit, contre toute la partie théorique 
du Mémoire de M. Mirbel; Ja théorie du 
cambium me paraît être erronée, et dans 
une série de travaux j’en démontrerai la 
fausseté. » Ces paroles prouvent que 
M. Gaudichaut est prêt à entamer une 
di-cussion sérieuse; nous nous empresse- 


. vancer, ilsongeaàitirer parti de on pre- 


braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries: Prix du.journal: PAR:8 pour un an 25 fr., six mois 43 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,’6fr. | 
8fr. 50: AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- | 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOIS18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du inonde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le’ journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur. 


rons de communiquer à nos lecteurs toutes 
les idées que pourront jaillir de cette lutte 
entre deux intelligénces supérieures. Mais 
quant au Mémoire deM.‘de Mirbel, il nous 
paraît toul à fait impossible de l’ana- 
lyser. 


M, Leverrier envoie à l’Académie un 


travail volumineux et d'un grand intérêt 


pour les astronomes. Il s'agit d’un mé- 
moire intitulé : Détermination nouvelle des 
perturbations de mercure et des éléments 
de son orbite, suivie de tables numériques > 
pour la construction des éphémérides: Ces: 
tables sont; ;précédées d’une explicatiom) lue 
dans laquelle :oniles à comparées avec in 
l'observation méridienne de la planète faite: 
à l'observatoire de Paris, par M. Laugier 
le. 15 août 1842 Elles ne diffèrent de cette 
observation que de 0”,2 en longitude géo- 
centrique, tandis que les anciennes tables 
s’en éloignaient de plus de 11”. 

M. Arago présente à l’Institut, de la 
part de M. Jourdant une découverte qui: 


‘parait fort remarquable. M. Jourdant, 
“Simple mécanicien, est parvenu il y°a dix 

Ma RTS ER NN s PARA DEA SEE 
où douze ans à se débarrasser lui seul dar 


bégaiement extrêmement fort dont # 
affecte. 1l gardaï longtemps pour 
méthode sans songer à la propaskr}-Tor 

qu'il y a quelques mois, étant el-quelque- 
sorte sans état; etivoyant les années’ 


cédé, et à guérir, le bégaiement.. Ce* 
conçu ne tarda.pas à se réaliser; plusie 
guérisons furent opérées par M. Jourdant 
et un fils d'un membre bien connu de 
l'Académie est un heureux exemple des 
effets de la nouvelle méthode, 

M. Jourdant vient de déposer aujour- 
d’hui l'exposé de cette méthode dans un 
paquet cacheté, Une commission a été 
nommée,et quand elle aura constaté la réa- 
lité des guérisons:opérées par lui, le pa- 
quet sera ouvert,examiné, et, s’il y a lieu, 
un rapport‘séra fait sur la valeur de ces 
guérisons. il est digne dé remarque, en cf-. 
fet, que pour guérir, cet homme sans ins- 
truction, se compara aux personnes qu 
parlaient facilement, analysa physiologi- 
quement en quelque sorte -avec son bon 


ù | 


U}] A, & 


sens, la manière naturelle de parler, eten 


suite, puisant dans l’imitation les moyens. 
de bien parler, il ÿ parvint complètement. 
Ce moyen, qui n'emprunte, rien à la méde-.…. 
cine opératoire, paraît ingénieux dansson = 
principe comme dans son application et 
semble d'autant plus sûr du succèsze œa'il 
n’entraine avec lui aucune douleurio: 251 
MM. Pelouze et Gélis présentént'itjour- 
d'hui à l’Académie un mémoire sui lFacide 
butyrique. Les auteurs de ce travail, après 
avoir reconnu un des faits les plus curieux 
de la chimie, après avoir établi que le sucre 
peut donner lieu à une fermentation nou- 
velle dans laquelle il se transforme en 


3 


2009 

acide butyrique, font connaître le procédé 
suivant pour retirer du sucre la plusgran- 
de quantité possible d'acide butyrique. On 
mêle À une dissolution de sucre, marquant 
40° au pèse sirop une petite quantité de 
taseum et assez de craie pour saturer tout 
l’acide butyrique qui, plus tard, prendra 
naissance. Ce mélange est abandonné à 
une température constaute de 25 à 30 de- 
grés; il éprouve bientôt des altérations 
profondes; la fermentation d’abord vis- 
queuse, puis bientôt lactique, devient peu 
à peu butyrique. Dans ces décompositions 
tantôt lentes, tantôt spontanées, il se dé- 
gage une plus ou moins grande quantité 
d'hydrogène. Quand ce dégagement a 
cessé, la liqueur ne contient plus, pour 
ainsi dire, que du batyrate de chaux. — 
L'extraction de l’acide butyrique pur du 
du butyrate de chaux est facile. Voici com- 
ment on l’exécute : on délaie 1! kil. de bu- 
tyrate de chaux dans 3 à 4 kil. d’eau à la- 
quelle on ajoute 3 à 400 grammes d’acide 
d'acide hydrochlorique du commerce. On 
introduit ce mélauge dans un appareil dis- 
tillatoire et on le soumet à l’ébullition qu’on 
maintient jusqu’à ce que l’on ait obtenu 
environ un kil. de liquide distillé. Ce li- 
quide est un mélange d’eau d'acide buty- 
rique et d’une petite quantité d'acide hy- 
drochlorique et acétique. On le met en 
contact avec du chlorure de calcium qui 
détermine aussi la formation de deux li- 
quides de densité différente. Celui qui se 
maintient à la partie supérieure est de l’a- 
cide butyrique; le plus dense contient les 
autres matières. On enlève avec une pi- 
pette le liquide le plus léger et on le sou- 
met à la distillation dans une cornue tubu- 


lée munie d’un thermomètre. Les premiè- ! 


res portions qui passent dans les récipients 
sont plus ou moins aqueuses ; le point d’é- 
bullition d’abord peu élevé, monte assez 
rapidement à 164 degrés, terme auquel la 
température reste presque tout à fait sta- 
tionnaire; c’est un indice que lacide qui 
distille est désormais concentré. On le re- 
cueille à part en poussant: la distillation 
jusqu’à ce que la cornue ne renferme plus 
qu’une petite quantité d'acide mêlée d’un 
peu de matière colorante, de chlorure de 
sodium et de butyrate de chaux. II faut 
distiller de nouveau pour obtenir de l’acide 
parfaitement pur. 

L’acide butyrique est un liquide incolore, 
d’une odeur rappelant à la fois celle de l’a- 
cide acétique et en même temps du beurre 
fort. Il attaque et désorganise la peau à la 
manière des acides forts; sa densité est de 
0,965 à 150. 

MM. Pelouze et Gélis font-eusuite con- 
naitre quelques unes des combinaisons de 
l’acide butyrique avec les bases comme les 
butyrates de chaux, de baryte de plomb; 
leur mémoire est terminé par la descrip- 
tion de l’éther butyrique. L’éthérification 
de l’alcool par l’acide butyrique ne s’effec- 
. tue qu'avec lenteur et difficulté, mais lors- 
qu’on ajoute au mélange de ces deux sub- 
lances, une certaine quantité d’acide sul- 
furique, la formation de l’éther butyrique 
est pour ainsi dire instantanée. Met-on en 
contact, parensemble , 100 gr. d’acide bu- 
tyrique avec 100 gr. d'alcool et 50 gr. d’a- 
cide sulfurique concentré, ce mélange s’é- 
chauffe et se partage en deux liquides d’i- 
négale densité, Le plus léger n'est autre 
chose que l’éther butyrique même dont le 
poids est à peu près égal à celui de l'acide 
butyrique employé. La présence d’une 
grande quantité d’eau ne nuit pas à l’éthé- 


1060 


rification. -Ce liquide est inco'ore, d’une 
odeur analogue à celle de l'ananas; sa for- 
mule est : 

CSH:0,C‘H:°0. 

M. Serres communique à l’Académie un 
mémoire sur l’allantoïde de Phomme. D’a- 
près les travaux du savant physiologiste, 
dont nous parlons, l’allantoïde de l’homme 
est pyriforme , comme chez les rongeurs, 
et d'abord elle est indépendante des autres 
membranes. Elle s’unit avec le chorion, et 
de cette union résulte la communication 
par anastomose, des vaisseaux allantoïdiens 
avec ceux des villosités, pour donner nais- 
sance au placenta. D’après les faits cités 
par M. Serres, l'existence de l’allantoïde, 
comme membrane distincte, parait limitée 
chez l’embryon de l’homme entre le quin- 
zième et le vingt-unième jour de la con- 
ception, circonstance peut-être qui l’a faite 
échapper aux recherches des observateurs. 

M. Arago annonce à l’Académie qu’on a 
trouvé près de Rodez, à Saint-Paul-Defonds, 
du mercure coulant. C’est M. Lemery, 
professeur à la Faculté de Toulouse, qui le 
premier s’est aperçu de ce fait, et le nom 
d'un chimiste si distingué est de quelque 
autorité dans cette matière. Chacun con- 
çcoit de quelle importance serait pour notre 
industrie, la découverte d’une mine abon- 
dante de mercure, produit si cher et si ac- 
caparé; il serait àsouhaiter qu’oneûtsur ces 
simples faits desidées plus nettes, afin d’éta- 
blir des conjectures plus positives. 

Si nous terminions là notre compte 
rendu , nous ne donnerions à nos lecteurs 
qu'une idée incomplète de la séance de 
l’Académie , car nous leur cacherions les 
saillies et remarques plus ou moins spiri- 
tuelles faites par certains membres, dans 
le but sans doute d’amuser et leurs con- 
frères et le public. C’est ainsi qu’au théä- 
tre la comédie succède à la tragédie. Mais 
arrivons au fait : une lettre; d’ailleurs as- 
sez insignifiante, annonçait, à l’Académie 
qu’un aérolithe était tombé-dans un ‘cer- 
tain endroit, dont le nom nous échappe, et 
que la chute de cet aérolithe avait été pré- 
cédée par un bruit cadencé qu’on aurait 
pu comparer à une musique. C'était là un 
fait bien clair, et peu susceptible d’oftrir 
matière à plaisanterie. Cependant il en a 
été autrement. Un académicien, versé dans 
les mathématiques; et bien connu des lec- 
teurs du Bulletin de l’Académie, a de- 
mandé finement et malicieusement qu’on 
lui précisât le nom de l'air qu’on avait en- 
tendu. Jugez de l’étonnement de tous les 
collègues. Quelqu'un qui connaissait à 
fond les opinions politiques du savant aca- 
démicien , disait qu’on devait lui répondre 
par l'air, Vive Henri IF. Enfin, cette plai- 
santerie académique, qui aurait pu être 
prisée au Cercle catholique de la rue de 
Grenelle a été trouvée de fort mauvais 
goût à l’Institut. E..F. 


— (fi S 56 pe—— 
SCIENCES PHYSIQUES. 
MÉTÉOROLOGIE. 


Observation d'un météore présentant des 
ressemblances avec les chandelles ro- 
maïnes. (Extrait d’une lettre de M. le 
commandant du brick la Vigie.) 


Le 12 juin 1842, par 6° 21” de l’atitude 
nord et 13° 15’ de longitude ouest, à huit 
heures du soir, le ciel, qui jusqu'à cette 
heure avait été très beau, se couvrit de 
nuages très noirs; des grains de pluie et 


1061 


de vent se levèrent dans la partie du sud 
et de l’est. À 8 h. 15 m. et à 8 h. 30 m. 
nous eùmes un fort joli spectacle. On aper- 
çut à deux reprises différentes, et aux alen- 
tours du zénith, se dirigeant dans le N.-E., 
un météore dont l'effet fut absolument 
celui que produit la pièce d’artifice nom- 
mée chandelle romaine. Le météore était 
fort peu élevé au dessus de la mâture dela 
Vigie, que je commandais; aux deux fois 
ce météore se rompit avec un bruit tout 
semblable à celui de la chandelle romaine 
quand elle-éclate, et il se divisa en deux 
parties, formant chacune un petit météore, 
qui disparut presque instantanément. Cha- 
que phénomène dura environ de 4 à 8 se- 
condes. Ayant entendu moi-même, et pour 
la première fois, la détonation, peu forte à 
la vérité, dont je viens de parler, je com- 
mence à me ranger de l’avis des observa- 
teurs qui assurent que l’on entend un pe- 
tillement dans Pair lorsqu'il se forme une 
étoile filante ; jusqu’à ce jour, javais con- 
sidéré ce fait comme un peu légèrement 
avancé. À Finstant du phénomène, le ba- 
romètre marquait Om,656. Un thermo- 
mètre placé dans ma chambre en dessous 
du pont indiquait 28 degrés cent. Un ther- 
momètre de Bunten, placé sur le pont à 
toutes les impressions de l’air, marquait 
26 degrés cent. Le vent régnait du sud, 
faible; la mer était houleuse, le temps 
était à grains. 


CHIMIE INORGANIQUE. 


Mémoire sur l’action de l'acide sulfureux 


sur les métaux ; par M.-J. Fordos et 
À Gélis. È 


Nous avons formé le projet d'étudier 


successivement toutes les circonstances: 


dans lesquelles prennent naissance les hy- 
posulfites et leurs analogues, et nous avons 
commencé par l’étude de l’action de l'acide 
sulfureux sur les métaux. Cette action est 
intéressante à plusd'un titre; car non seu- 
lement elle peut produire des produits 
oxygénés du soufre très variés; mais aussi 
elle présente des particularités remarqua- 
bles qui semblent distinguer l’acide sulfu- 
reux de presque tous les autres acides. En 
effet, lorsqu'un acide dilué agit sur un 
corps simple métallique qui possède la 
propriété de décomposer l’eau, c’est ordi- 
nairement ce liquide qui fournit l'oxygène 
nécessaire à l’oxydation du métal ; l’acide 
sulfureux semble échapper à cette loi com- 
mune et agir sur le fer, le zinc, etc., sans 
que les éléments de l’eau paraissent entrer 
dans la réaction. | 
Nous avons essayé de démontrer, dans 
ce Mémoire, que les différences observées 
proviennent toujours de ce que l’action 
principale se complique de réactions se- 
condaires dont l’ensemble est difficile à 
saisir ; que tous les acides agissent de la 
même manière sar les métaux des trois 
premières sections, et, pour arriver à gé- 
néraliser cette action, nous avons été obli- 
gés d'abandonner un moment les composés 
du soufre pour examiner de nouveau, à ce 
point de vue, l’action de quelques autres 
acides, savoir : l'acide azotique et l'acide 
chlorique sur les substances métalliques. 
L'action de l'acide sulfureux sur les mé- 
taux à déjà fixé l'attention d'um grand 
nombre d’observateurs, Berthollét remar- 
qua le premier son action sur le fer ; il vit 
que sa dissolution s'opérait sans dégage 
ment de gaz. Plus tard, Foureroy et Vau= 


| 


| 


| 


| 
| 
| 
v| 
| 


a > 


1062 


 quelin complétèrent son observation et 
l’étendirent au zinc et à l’étain. Ces deux 
chimistes établirent d’une manière géné- 
rale que, lorsque l'acide sulfureux réagit 
sur un métal, il se forme toujours deux 
sels, un sulfite et un hyposulfite. Malgré 
les résultats de ces chimistes, et quoique 
leur opinion soit professée par MM. Gay- 
Lussac et Pelouze, tous les traités de chimie 
publiés dans ces derniers temps, tout en 
établissant que ce sujet demande un nou- 
vel examen, admettent qu’un hyposulfite 
seul prend naissance, 

Fe + SO: — Fe O, SO. 

M. Damas pense qu'il serait plus proba- 
ble d’y supposer la formation d’un bisul- 
fate de sulfure. 

M. Persoz, qui regarde comme démon- 
trée l’existence des hyposulfites basiques, 
MO, SO, pense que lacide sulfureux se 
combine directement au métal sans se dé- 
composer à la manière d’un corps simple. 

Dans toutes ces formules, jamais l’eau 
n'intervient. Les résultats que nous indi- 
querons plus loin répondront à chacune de 
ces hypothèses, et ce court exposé suffira 
pour donner une idée de la question que 
nous avons essayé d’éclaircir. 

Nous avons étudié l’action de l’acide sul- 
fureux sur les métaux des trois premières 
sections que nous avons pu nous procurer, 
savoir : le zinc, le fer, l’étain, le nickel, le 
cadmium, le potassium et le sodium. 

Lorsqu'on jette du potassium dans une 
dissolution aqueuse d'acide sulfureux, ce 
métal agit comme il le ferait sur de l’eau 
pure ; il brûle à la surface du liquide, en 
donnant lieu à de la potasse qui s’unit à de 
Vacide sulfureux. 

Maïs en traitant l’acide sulfureux dissous 
dans l’eau par des alliages contenant du 
potassium, l’amalgame de potassium, par 
-<xembple, la dissolution du métal se fait au 
fond de la liqueur : il se dégage encore de 
l'hydrogène, dû sans doute à la rapidité de 
la décomposition de l’eau ; mais il se forme, 
outre le su fite, de l’hyposulfite. 

. Le sodium se comporte comme le potas- 
sium. 

Le zinc nous a fourni les résultats déjà 
obtenus par Fourcroy et Vauquelin, c’est- 
dire deux sels, un sulfite et un hyposulfite. 
Ces chimistes n'avaient pas analysé ces 
composés ; nous l’avons fait. 

Le sulfite est peu soluble dans l’eau ; il a 
pour formule 

Xn O, SO: + 2H O. 

L'hyposulfite contient 2 équivalents de 
soufre pour 1 équivalent de métal, c’est-à- 
dire Zn O, S:0:. Ce n’est donc pas un sous- 
hyposulfite, comme on l'avait cru; mais 
nous n’avons pu doser son eau de cristalli- 
sation, parce qu’il n’est pas possible de l’ob- 
tenir à l’état solide. Il se détruit avec la 
plus grande facilité, et l’étude de son mode 
de décomposition nous a fourni de curieux 
résultats. 

La dissolution de l’hyposulfite de zinc 
est incolore, transparente et sans odeur; 
elle n’est pas précipitée par l’alcool absolu ; 

\mais si l’on cherche à obtenir le sel cris- 


- \llisé, soit en plaçant la liqueur dans le 


vie, soit en l’abandonnant à l’évaporation 


> Spéntanée, il arrive un moment de con- 


_Cenlration où la dissolution se trouble; il 


se forme un dépôt blanc de sulfure dezine, 
et la litueur contient de l’hyposulfate mo- 
»mosulfurs de zinc. Cette décomposition, 
qui est Conmune à un grand nombre d'hy- 


posulfites, «e représente exactement par 
cette équation, 


1063 
2 (Zn O,S: 0°) = Zn S + Zn O, S5 Où. 


L'hyposulfate monosulfuré de zine est 
lui-même un composé fort peu stable ; la 
moindre élévation de température le dé- 
compose; aussi l’hyposulfite de zinc, éva- 
poré à siccité, donne-t-il, pour résultat fi- 
nal, du sulfure de zinc, du soufre, du sul- 
fate de zinc et un dégagement d’acide sul- 
fureux. 

Le fer se dissoutrapidement dans l’acide 
sulfureux, et donne d’abord des cristaux 
de sulfite S 0? Fe O, 3 H O. Si l’on continue 
à évaporer dans le vide la liqueur dont on 
sépare ce sel, on obtient quelquefois des 
cristaux qui contiennent de l’hyposulfite ; 
mais le plus souvent, et sans qu'on ait pu 
observer de différences bien notables dans 
le mode opératoire, le liquide contient, 
mêlé à l’hyposulfite, de l’hyposulfate sul- 
furé trés instable, et qui se décompose, par 
la concentration, en soufre, acide sulfureux 
et sulfate. 

Le nickel donne un sulfite et un hyposul- 
fite; le sulfite de nickel a pour formule 

Ni O,S0:, 6HO. 

Arrivés « ce point de notre travail, il nous 
paraissait très probable que la loi énoncée 
par Fourcroy et Vauquelin serait confir- 
mée, et que l’étain et le cadmium nous 
fournissaient, comme les métaux déjà ci- 
tés, un sulfite et un hyposulfite, Mais; bien 
que toutes les raisons tirées des analogies 
fussent en faveur de cette manière de voir 
(car, en effet, quel métal ressemble pius 
au zinc que le cadmium?), les faits sont ve- 
nus lui donner un éclatant démenti. 

L’acide sulfureux dissout encore le cad- 
mium sans dégagement de gaz; mais, in- 
dépendamment du sulfite, on obtient, dès 
le début de l'opération, du sulfure de cad- 
mium en grande quantité. 

L’étain donne les mêmes résultats. 

D'où viennent ces différences ? 

Dans un casil se fait du sulfite et de l’hy- 
posulfite; dans l’autre cas, c’est du suifite 
et du sulfure. Bien qué chacun de ces ré- 
sultats puisse se concevoir séparément et 
s’exprimer par des formules très simples, 
on ne peut cependant les expliquer sans 
admettre l'intervention de l’eau, à moins 
de renoncer à admettre des analogies chi- 
miques dont mille exemples ont démontré 
l'évidence. Si, au contraire, on admet que 
l'acide sulfureux agit comme un autre 
acide, comme l'acide sulfurique par exem- 
ple, tous les faits s'expliquent d’eux-mé- 
mes. Il faut seulement se rappeler une pro- 
priété bien connue de l’hydrogène sulfuré, 
savoir : qu'il ÿ a des dissolutions métalli- 
ques qui sont toujours précipitées par ce 
réactif, tandis que d’autres ne le sont ja- 
mais lorsque la liqueur est acide; et, dans 
les circonstances qui nous occupent, il ÿ a 
toujours un grand excès d'acide sulfureux. 
Ces faits admis, nous allons expliquer les 
phénomènes. Aussilôt le contact établi en- 
tre l’eau, l’acide sulfureux et le zinc, l’eau 
est décomposée; il se forme un sulfite et 
de l'hydrogène naissant; cet hydrogène, 
au moment où il prend naissance, rencon- 
tre de l’acide sulfureux; or, nous avons 
prouvé, dans un autre Mémoire publié en 
1841, que, dans cette circonstance, l’acide 
sulfureux est réduit, et que l’hydrogène 
suliuré est le produit de cette réduction. 
Que va-t-il arriver ? Si le sulfite métallique 
contenu dans la liqueur peut être préci- 
pité à l’état de sulfure en présence d’un 
acide, par le gaz sulfhydrique, il se préci- 
pitera du sulfure, et l'excès de sulfite res- 
tera dans liqueur. C’est ce que nous avons 


106% 
observé par le cadmium et l'étain. Si, au 
coniraire, l’acide sulfhydrique est sans ac- 
tion sur la dissolution métallique daus la- 
quelle il a pris naissance, ces décomposi= 
tions suivront leur cours; il se trouve en 
présence d’un grand excès d’acide sulfu- 
reux, les deux gaz se décomposent mutuel- 
lerment ; il se forme de l’eau et du soufre, 
mais ce soufre ne peut se précipiter, car il 
rencontre un sulfite prêt à le dissoudre, 
pour former un hyposulfite ou un hyposul- 
fate sulfuré. Tels sont aussi les résultats que 
nous avons obtenus avec le zinc, le fer, le 
nickel et les métaux alcalins. 

En admettant cette manière de voir, 
non seulement on explique les phénomènes 
principaux, mais encore on éclaire com= 
plétement tous les résultats secondaires; 
pour lesquels nous renvoyons à notre Mé- 
moire. 

En agissant sur les métaux des trois pre« 
mières sections, l’acide azotique détermine 
également la décomposition de l'eau. 
M. Kuhlmann l’a prouvé pour les métaux 
de la troisième section; l’hydrogène, au 
lieu de se dégager, reste dans les liqueurs à 
l'état d’ammoniaque : il l'avait admis éga- 
lement en théorie pour les métaux alcalins ; 
mais il n’avait pu le prouver par l’expé= 
rience, ce qu’il avait attribué à la haute 
température qui se développe pendant la 
réaction. Nous sommes heureux de pou 
voir démontrer l'exactitude de cette opi= 
nion. Il nous a suffi en effet, pour obtenir 
de l’ammoniaque avec le potassium et le 
sodium, d’allier ces métaux avec le mer= 
cure : l’amalgame qui se produit est atta= 
qué par l'acide azotique étendu sans déga= 
gement de chaleur trop considérable, 
Comme le mercure traité seui par l'acide 
azotique ne donne pas d'ammoniaque, ce- 
lui qu’on obtient avec l’alliage ne peut 
provenir que du métal alcalin. se 

On peut dissoudre l'étain dans l’acide 
azotique sans dégagement d’aucun gaz; 
mais lorsqu'il s’en dégage, nous avons re= 
connu, contrairement à l’opinion admise, 
qu'ils sont d'autant plus azotés que la réac- 
tion est moins vive. 

L’acide chlorique a été à tort placé parmi 
les acides qui attaquent les métaux en dé= 
gageant de l'hydrogène; la quantité d’hy= 
drogène qui se dégage lorsqu'il attaque le 
fer est presque nulle, elle est très faible 
avec le zinc; elle est d’autant plus faible 
que l’action se fait avec plus de lenteur, 
Une expérience très simple met en évidence 
la réduction de l’acide chlorique : si l’on 
fait un mélange d’acide sulfurique, d’eau 
et de chlorate de potasse qui ne précipite 
pas l’azotate d'argent, il suffit, pour obte- 
nir des flocons très abondants de chlorure 
d’argent avec ce mélange, d'y plonger pen 
dant quelques instants une lame de zinc. 


DNKE 
SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIE. 


Rapport sur deux Mémoires de M. le doc- 
teur E. Robert, ayant pour titres : 1° Ré« 
cherches géologiques sur le minerai de 
fer pisolitique et sur le deutoxyde de 
manganèse hydraté observés à Meudon; 
2 Sur la paléontologie du bassin de 
Paris. 


Le bassin de Paris, qui a été presque la 
cause de l’immortel ouvrage de M. Cuvier 
sur les ossements fossiles, et qui lui a four- 
ni, ainsi qu'à son illustre collaborateur, 


1065 


M. Brongniart, les matériaux de leur des- 
cription des terrains tertiaires, offre encore 
chaque jour des sujets intéressants de re- 
cherches, aux géologues et aux natura- 
listes. M. le docteur E. Robert, connu par 
sa participation à l'expédition dans le Nord, 
s’est voué avec activité à son étude. Il a 
présenté à l’Académie, dans le courant de 
année 1842, deux Mémoires que vous 
avez soumis à l’examen de MM de Blainville, 
Elie de Beaumont et au mien : le premier 
avait pour objet la description du gise- 
ment du minerai de fer à Meudon: le se- 
cond est relatif à quelques recherches pa- 
léontologiques sur des dents et des copro- 
lithes de sauriens, observés à Nanterre et 
à Passy. Vos commissaires ont pensés que 
ces deux Mémoires se rapportant à un 
même ordre de terrain, il y avait quelque 
avantage à en réunir les résultats dans un 
même rapport. 

Le minerai de fer, signalé par M. E. Ro- 
bert, est disséminé dans les argiles sa- 
bleuses qui recouvrent les bois de Meu- 
don, et dans lesquelles on exploite la 
pierre meulière : il y existe tantôt en grains 
isolés analogues, par la grosseur, à du 
gros plomb de chasse, tantôt en nodules 
plus ou moins considérables, maïs formés 
eux-mêmes de la réunion de grains agglo- 
mérés par un ciment argilo-ferrugineux. 
Ce minerai constitue dans l'argile, des 
nids plus ou moins allongés, qui se réu- 
nissent entre eux par des veines ocreuses. 

Un essai par la voie sèche nous a appris 
que le minerai de Meudon contient de 30 
à 32 pour 100 de fer métalliqué, et qu’il 
est: comparable, par sa teneur et par sa 
qualité, au minerai de fer en grains 
qui forme la richesse du Nivernais et du 
Bérry. 

Le prix élevé du bois et de la houille à 
Paris ne peérmel guère d'espérer que la 
découverte intéressante de M. E. Robert 
puisse avoir, de longtemps du moins, une 


application utile. Mais si l’industrie west ! 


pas appelée à en profiter, la géologie ‘au 
contraire l'enregistrera avec soin dans ses 


annales. Elle vient eu effet confirmer le : 


gisement de minerais si longtemps incer- 
tain, que la loi elle-même avait désignés 
sous le nor de minerai d'alluvion. ÿ 

Ce n’est que depuis quelques années que 
les géologues, et permettez-moi de le dire, 
sourtout que les ingénieurs des mines ont 
montré que les terrains sablonneux, in- 
cohérents, sans stratification prononcée, 
dans lesquels on exploite les minerais de 
fer du centre de la France, appartiennent 
au terrain tertiaire moyen. La découverte 
de M. E. Robert est là pour convaincre les 
plus incrédules, si toutefois 1] en restait 
encore. L'âge des meulières de Meudon 
est en effet écrit en caractères ineffaçables 
sur la roche elle-même; les fossiles, ou 
plutôt, comme J'a dit si élégamment 
M. Bronguiart, les médailles de l’ancien 
monde qu’on y trouve, ne permettent au- 
can doute. Les Iymnées, planorbes et gy- 
rogaites, qui caractérisent partout l'étage 
moyen des terrains tertiaires, y existent 
par myriades. 

Nous ajouterons que déjà les minerais 
de fer étaient connus dans le bassin de 
Paris, et M. le marquis de Roys l'avait 
indiqué sur plusieurs points; mais Ces 
derniers minerais ne possèdent pas les ca- 
ractères d'identité avec ceux du Berry que 
nous venons de signaler. 

Le manganèse, qui partage presque 
tous les gisements du fer, se retrouve éga- 


1066 


lement dans les argiles de Meudon; M. E. 
Robert l’a découvert dans des fouilles 
faites à la porte de Châtillon, pour l'exploi- 
tation de la meulière destinée à ‘la cons- 
truction du mur d’enceinte de Paris: 

« Ce minerai court, dit-il, dans l'argile 
en veines de deux à trois pouces d’épais- 
seur, situées horizontalement; leur en- 
semble forme un véritable amas analogae 
à ceux que la manganèse constitue dans 
les terrains de sédiment. 

» Il présente une texture subgranulaire 
d’un noir mat avec reflets bleuâtres ta- 
chant les doigts en noir, léger, et happant 
fortement à la langue. » 

Analysé par M. de Chancourtois, élève- 
ingéniear des mines, il a donné : 


Oxyde rouge de manganèse 0,41 


Oxygène et eau 0,16 
Peroxyde de fer 0,10 
Argile, sable et chaux 0,32 

0,99 


Dans son second Mémoire, M. E. Robert 
rappelle d’abord, qu'il a indiqué depuis 
longtemps les ossements de paleotherium, 
d’anoplotherium, de crocodiles et de tor- 
tues d’eau douce, au milieu du calcaire 
marin grossier de Nanterre et de Passy. 
Dans une exploration récente de cesmèmes 
lieux, M. E. Robert a reconnu un nouveau 
gisement ossifère, intéressant par le nom- 
bre des ossements et par leur mélange 
avec des coprolithes. 

« Ils sont disséminés, dit-il, dans une 
argile sablonneusc, noirâtre, feuilletée, 
caractérisée par la présence d'une prodi- 
gieuse quantité de moules, d’une espèce 
de modiole nacrée, et surtout par abon- 
dance de dents de sauriens. 

» Ces dents, de dimens'ons assez va- 
riables, creuses à Ja base, arquées, aiguës 
ettranchantes sur bords, appartiennentäla 
fois à des crocodiles jeunes et à des croco- 
diles adultes. » 

Au milieu de ces couches si riches en 
dépouilles de sauriens, M. E. Robert si- 
guale des corps brunâtres, surface tuber- 
culeuse quoique lisse, qui, selon ce géo- 
logue, ont appartenu à des crocodilles. 
Quelques uns ont de l'analogie, par leur 
forme spirée, avec les coprolithes d’icthyo- 
saures dont M. Buckland a donné le dessin 
dans son important Mémoire sur ce genre 
de fossiles. 

[’un de vos commissaires, dont nous 
reconuaissons la compétence, M. de Blain- 
ville, conteste le rapprochement fait par 
M. E. Robert entre les masses tubercu- 
leuses qu'il a recueillies et les fécès actuels 
des crocodiles. M. Ë. Robert se fonde sur 
des comparaisons qui nous a paru vrai- 
semblable; mais quand même ce rappro- 
chement serait erroné, la découverte de 
ces masses tuberculeuses n’en serait pas 
moins intéressantes, attendu qu'elles con- 
tiennent en abondance du phosphate et 
de l’urate de chaux, éléments qui caracté- 
risent les coprolithes. 

La présence de ces corps singuliers, dont 
l'annonce fut recue avec quelque incre- 
dulité, peut-être même avec une certaine 
ironie,est cependantunedes découvertesles 
plus remarquables de M. Buckland: en étu: 
diantlacomposition des coprolithe*, le cé- 
lèbre professeur d'Oxford a fait connaître 
des animaux qui auraient peut-être échappé 
à la science; mais ses recherches persévé- 
rantes ont surtout prouvé, de la manière 
la plus incontestable, que les terrains de 
sédiment se sont déposés dans des eaux 


1067 
tranquilles, car la moindre agitation au- 
rait dispersé ces déjections intestinales sans 
consislances et formées de débris légère- 
ment coagulés. 

La présence de coprolithes dans les 
couches marneuses du calcaire grossier de 
Nanterre et de Passy conduit à la même 
conclusion. L'observation de M. E. Robert 
ajoute done un fait intéressant à l'histoire 
des terrains tertiaires du bassin de Paris, 
et dont il faut tenir compte dans les. théo- 
ries dont on se sert pour expliquer leur 
formation. : 

Le mélange de fossiles marins et de fos- 
siles d'eau douce nous apprend bien que 
ces terrains ont dû, comme M. C. Prévost 
l’a indiqué, se déposer à l'embouchure 
d’un vaste delta ; mais, soumis aux lois gé- 
uérales qui ont présidé aux couches de 
sédiment, le calcaire grossier s’est formé 
dans une période longue ettranquille. 

La courte analyse que lon vient de don- 
ner des deux Mémoires de M. E. Robert, 
montre que les communications que ce 
géologue a faites à l'Académie, présentent 
un véritable intérêt. 

Vos commissaires vous proposent, en 
conséquence, de remercier M. E. Robert 
de ses communications et de l’engager à 
continuer ses récherches sur:les terrains du 
bassin de Paris. 


ZOOLOGIE. 
Xndex ornitholosi sue; par Lesson. 
(suite.) 


Passerraux , passeres, L. 1° : Les Laui- 
rostres ; hiantes, Illis.; planrestres, Du- 
méril, fissirostres, G. Cuv. 1% tribu. Cres- 

usculariæ. 1° groupe Dentirostres. 18° fa- 
mille : Caprimulgide.A° prehensores. 

98e Genre: S rsatonnis, Humbold(i 817); 
nyctüibius ; Steph.; Caprimulgus, Hum- 
boldt. Hak. : Amériq. méridionale. — 377. 
Steatornis caripensis, Humboldt, ac. des 
sc. 1817, 3 mars; nouv. bull. soc. phil. 
1817, phil. 51; caprémulgus steatornis , 
Humb., journ. de phys., 1801,t. 63, p. 
57 ; Guacharo de la caverne de Caripe, 
Humb., rec:t. 2, pl. bistrée; sur le Gua- 
charo, l’'Herminier, nouv. ann. du mu- 
séum, t. 3, p. 321, pl. 15, coloriée (1835): 
roulin, ann. se. nat. v1: 145 (1856). Hab.: 
La Colombie (caverne de Caripe): pandi 
(Icon:0z0). 

99° Genre: ÆcorTueres, Vig. et horsf. 
(1825); Caprimulgus , Lath. Hab.: T'Aus- 
tralie. — 378. Ægotheles novæ. lollandiæ, 
Vig. et horsf, tr. linn., xv, 197; œgotheles 
australis, Sw.; æ. cristatus, Gray; capri- 
mulgus noræ hollandiæ ; Lath. n° 18; Ca- 
primulgus cristalus , Lath. in white, voy. 
pl. 29 et p. 170: C. novæ hollandie , 
vieill. encyc. 337. Hab. : La nouvelle Galles 
du Sud. — Ægotheles lunulata, Jard et 
Selbv. Hab. : La Nouvelle-Hollande. 

100e Genre. Ponareus, Cuvier (1829); 
caprimulqus, Lath.; Dum. ; temm. Hab.: 
La Malaisie et l'Australie. 1*° sous-geute : 
Barracnosromus, Gould (1838). — 379. 
Batrachastomus javarensis , Gould, poda» 
gus Jaanensts ÿ horsf., zool. res. fig. et 
trans. line. xnr, 141 : podargus cornuzus > 
temm. pl. col. 159. Hab. : Java et S1mar 
tra. 2e sous-genre : PorarGus, G. Cav- — 
380. Podargus cinereus, g. CUN- rég: An.) 
4817, pl. 4, f. 1; Lesson, 1200. Traite pie 
33, f. 1; podargus Cuvieri, vis et hors mn 
tr. XV; POdArgus CiNereus ; viall. SAU IAE 
p. 517 et gal. I. 123 ; caprinulgus mEgea- 


11068 


- cephalos, Lath.; vieill. ency. p. 539. Hab.: 


La Nouvelle-Galles du Sud. — 381. Po- 


-.dargus hüumeralis, vig. et horst. t. xv, 


198; Tath. gen. hist. vr, 39. Hab.: La 
le 151 


Nouvelle-Galles du Sud. — 382. Podargus 


. Stanleyanus,.Lath. ms.; vig. et horsf , 


trans. xv , 197. Hab. : La Nouvelle-Galles 
du Sud. — 383. Podargus stellatus, Gould, 
proc., 1837, p- 43. Hab. : Java. — 384. 
Podargus. phaloœnoïdes, Gould, -proc.1839, 
p. 42, Hab.: La Nouvelle-Galles du Sud. 
— 385, Podargus ocellatus,; quoy et gaim., 
Ast,, pl..144, texte, p. 208. Hab. : La Nou- 
“eHe-Guinée. — 385 bis. Podargus bra- 
chypiérus, Gould., proc. 1840, 163. ib. p. 
macrorhynchus ; Gould? Hab. : rivière des 
cygues. 3° sous-genré: CYrronnina, Less. 
— 387. Gypho:hina papuensis, podargus 
papuensis; quoy et gaim., ast.,pl. 13, texte 
p- 207, Hab. : La Nouvelle-Guinée (Havre 
de Dorey }. 

104e Genre : Nycrirus, Vieillot(1816). 
La Fresnaie (1836); nyctornis, Nitzsch. 
(1840). Hab. : l'Amérique méridionale. — 
887. Nyctibius grandis, ville ency. t. 3. 


ph 54Gi-capri mulgus grandis, L. Gin.; Bris- 


‘sen/1.2m° 7 ; le grand crapaud volant de 
‘Cayenne, Buff., enl. 325. Hab. : la Guyane. 
— 388. Nyctibus cornuus, vieil. ency. 
538; nouv. anal: orn.: p.38 n° 110 ; 7yc- 
tibius urutau, la Frenaie hermès, n° 42, 
p. 488:(0886). L'urutau azara, n° 308; 
Lichst.; cat. ño 601; cap. longicaudatus , 
spix, pl. 3, L. 1! d'Orbig., syn..p. 66. Hab.: 
Paraguay, le Brésil (san paulo).-corrientes, 
plata.. — 389. MNycabius lonsicaudatus, 
La Eren:4loc. (cit. ; caprimulgus longicau- 
datus, spix, bras., pl. 1: Hab. le Brésil. — 
20 ambulalores. 
102° Genre : Garrimuzeus, L. Hab. : 
Cosmopolite. 1" sous-genre. Antrostomus, 
gould (1833). Hab.: États-Unis. — 390. 
Anirostomus ‘cärolinensis, gould; capri- 
mulgus Carolirensis, Gm.; Audubon,-pl. 
324. 1, p« 273% Wilson, pl: 54,2 et:t. 
vip, 95; Nuttall, 1,612: Ch. Bonap. Hab.: 
la Virginie; Ja Georgie et la’ Louisiane. 2° 
sous-genre : Eurosrôpopus, Gould (1837), 
Hab. : l'Australie. — 391, Æurostopodus 
guttatus, gould, procud.: 1887 , p. 142; 
caprimulgus guttatus, vig..et-horsf., tr. 
linn.,.t. xv, p.192. — Hah. la Nouvelle- 
Galles dursud, — 392. Æurostopodus alho- 
gularis ‘’caprimulgus albogularis, vig. et 
horsf,, tr. xv, 194. Hab.: la Nouvelle- 
Oalles du sud. 39 sous-senre : LyNcornis, 
Gould (1838).:-—:393. Lyncornts cervint- 
ceps, gould, ielav.,-pl: Hab.:? 4e sous- 
enre : Nycrinromus, Gould (1838). — 394. 
rchidromus Derbyanus, Gould , ic. av. 
41, ph Hab. : ? 


Oiseaux-Mouches nouveaux ou peu Cot- 


aus, découverts au Guatimala, par M. À. 
Delattre. 


Le Guatimala possède aussi des espèces 
d’oiseaux-mouches qui lui sont propres, 
_et.si les terres refroidies de la haute Vera- 
Pax on leurs espèces, et si le district sau- 
Yage de Petinck, là où les conmunications 
sont difficiles et dangereuses, nous ont 


procuré la magnifique espèce que nous 


avons appelée d'oiséau-mouche Hélène (or- 


, MSNQ Héleñcey Echo du 4 juin 1843), les 
iérres Chaudés et basses de la Vera-Pax 
nous ont dofné iles espècés propres et 


… quelques aüres ‘qu’on retrouve au Brésil. 


Ainsi à Taleran, nous avons, eu deux es- 


pèces nouvelle, ét de plus la jucobine, qui 


1069 


diffère de la race du Brésil par une bor- 
dure noire plus prenoncée à Ia queue et 
par quelques modifications de taille. 

2°, Le camphyloptère roux (campylop- 
torus .rufus, Less, rer. z0ol.) vert-doré 
sur le corps, roux chamois fort vif en des- 
sous, ayant la queue large, rouge cannelle 
en dessousiet marquée d’une large bande 
noire. Un-point blanc derrière l'œil , le bec 
est noir , très robuste, et les tarses sont 
jauues. : 

3° Le brins blancs Guy (ornismya Guy, 
Lesson) à joues brunes, à gorge noirâtre, à 
plumage roussâtre en dessous, le demi bec 
supérieur noir à l'inférieur orangé. 

4 L'oiseau Mouche abeille (ornismya 
abeillei, Less. et Delatre, rev. zooll., 1839, 
p: 16), l'adulte en plumage parfait, la fe- 
melle a surtout un individu atteint de mé- 
lanisme , le vert doré du corps est remplacé 
par un noir glacé, luisant en dessus, pas- 
sant au noirâtre sur le gosier, et au gris 
brun sale sur le ventre, la queue est d’un 
noir d'acier avec une bordure blanche. 

5° L'oiseau Mouche roux du Mexique 
(ornismya rutila, Lesson. rev. 2001. 1842), 
que M. Adolphe Lesson a trouvéà Acapulco, 
cet espèce a le bec couleur de corail, à 
pointe noire, tout le dessus du corps vert 
doré, le dessous d’un roux tabac d’Espagne 
fort vif, le croupion roux a la queue can- 
nelle luisant avec des franges brunes aux 
bords et au sommet des pennes. 
6° L'oiseau Mouche amazili (ornismya ama- 
zilé), à queue cannelle luisante très forcée, 
à ventre grisatre. | 

7 L'oiseau Mouche ricord de la Havane, 
dans sa livrée complète et dans son jeune 
âge, la tête grisâtre , une ligne. grise sur 
Ie milieu du corps. 

- 8, Le brins bancs longuemare (ornis- 
mya longuemant, Less.). De eus | 

g: Le Constant (ornismya Constantii, De- 
lattre), espèce fort curieuse, voisine du 
Henry, son becplus long qui atteint jusqu'à 
4 centimètres , le plumage est le même, 
c'est-à-dire vert doré sombre sur le corps, 
mais en dessous il est gris brun sale sur le 
ventre, avec du blanc à la ceinture et les 
couvertures inférieures grises bordées de 
blanc. Les ailes sont d’un brun pourpré 
uniforme. La plaque qui revet le de- 
vant du cou est franchement rubis, 
mais dans certains jouts, les écailles sont 
frangées de blauc conime celles du Henry. 
Comme le Henry, il a un trait pur au des- 
sus de l’œil et un deuxième au dessous. 
Le bec et les tarses sont noires; dans le 
Henry les tarses sont jaunes. Il se tient 
dans les jardins et ne va pas dans les 


bois. 


10° Deux sortes d’oiseaux-mouches verts, 
à ventre blanc, qui ont besoin d’être com- 
parés avec les espèces décrites, mais qui 
peuvent être distincts. 

11° L’oiseau-mouche riche, cs 
ornismya eximia, Delattre. Espèce fort voi- 
sine de l’œnone (Leson), mais distingué 
par la coloration de sa queue. Cet oiseau 
a les ailes aussi longues que la queue, et 
celle-ci composée de larges rectrices est 
égale. Le bec est noir, droit, assez long. 
Les tarses sont jaunes; un riche vert co- 
lore la tête, le cou, le dos, le croupion, et 
un vert éclatant teint tout Ie dessous du 
corps, moins la région auäle qui est blan- 
che, ainsi que les couvertures inférieures. 
Une belle plaque maron vif recouvre les 
épaules. Les pennes sout bruns pourprés 
et la queue est noir d'acier en dessus, mais 
le dedans des pennes est blanc en dedans. 


1070 


‘La femelle, vert-doré sur le corps, d’un 
gris cendré en dessous, a les plaques des 
épaules, semblables à celles du mâle. La 
queue.est en partie noire et blanche. 

12° L’oiseau-mouche rufule (orrymia 
rufula, D. lattre). Taille de 7 centimètres, 
le, bec. et la queue compris dans ces dimen- 
sions,;-bec assez alongé , noir ainsi que:les 
tarses ;: tout le dessus du corps vert doré, 
marquésur le croupion de deuxtraitsblanc- 
buffle, qui annoncent que c’est unjeune 
jeune âge. Tous le dessous du corps jaune 
canelé. Les ailes aussi longues que la queue; 
celle-ci est courte, à pennes noires termi- 
nées de roux. 

Nous pensons que lindividu que nous 
décrivons est, ou le jeune âge du zeinès ou 
l'individu femelle. 

43 Le brin-blancs au long bec, ( ornis- 
mya., longirostrts, ;Delattre ). .Cet oiseau 
d’une tribu .qui.compte aujourd’hui de 
nombreuses espèces; -mesure, 15 centim. 
et 1/2 de longueur totale. Le bec seul en- 
tre dans ces dimensions pour 5 centimètres, 
et la queue pour 6. Le. bec est fort ,-re- 
courbé, à mandibule supérieure noire; 'in- 
férieure jaune, excepté la pointe quisest 
noire, l’oxiput brunâtre, dos verdâtre. 
croupion.et couvertures supérieures de la. 
queue rousses, ondées de noiràtre;; joues 
noires , masquées de deux traits blancsd'un 
au dessus .de l’œil et l’autre au dessous. 
Gosier et devant du cou gris brunâtre., 
ventre. roux vif; Queue étagée, à pennes 
voires,. bordées de roux. Les deux du mi- 
lieu terminées par deux longs brins d’un 
blanc pur; tarses jaunes. 

140. L'oiseau-Mouche Gabriel ( ornés- 
may Gabriel, Delattre). C’est près du pou- 
chet et de l’auritus , que doit être: classé 
cet oiseau, à calotte du plus riche: bleu 
pourpré scintillant, Le plumage est: vert 
luisant vif, que relève le blanc de Neige du 
dessous du corps et de la queue, à partir 
du menton. Le bec et les tarses sont noirs. 
Les côtés de la tête et les joues sont d’un 
noir de velours, que relève une bordure 
vert doré, qui part du demi-bec inférieur 
etse rend sur les Jugulaires. Parfois, à l’ex- 
trémité de la plaque noire noire des joues 
se montrent quelques écailles bleues. Les 
ailes un peu moins longues que la queue, 
sont brun-pourpré. Les pennes de la queue 
sont étagées, d’un blanc de neige, les deux 


_du milieu excepté, qui sont noires. Cet oi- 


seau à 14 centimètres de longueur totale. 
À. DELATTRE. 


:10t ZOOPHYTES, 


Observations su un nouveau genre de mc- 
dusaires, provenant de la métamorphose 
des Syncorynes ; par M. F. Dojardin. 


. . , . 6 
Depuis plusieurs années je conserve, 
dans un grand nombre de bocaux, des 


algues et des animaux marins vivants de 


diverses localités; chacanide ces vases est 
l’objet d’une série d'observations soigneu- 
sement enregistrées - j'ai eu ainsi l’occasion 
de noter une foule de faits intéressants sur 
l'apparition et sur la disparition successive 
ou alternative des êtres vivantsiäans eau 
de mer plus où moins modifiéei par l'éva- 
poration ou par l’addition denouvélle eau ; 
j'ai vu même la putréfaction:s’y manifester 
à plusieurs reprises sans détruire les œufs 
ou les germes des animaux que l'on voit 
reparaitre ensuite. 

Au nombre des observations ainsi re- 
cueillies se trouvent celles que j'ai l’hon- 


1071 
néur de présenter aujourd’hui à J’Aca- 
démie et qui me paraissent surtout dignes 
d'intérêt, parce qu’elies tendent à confir- 
mer ou à compléter, en plusieurs points, 
des observations analogues de MM. Sars, 
Lœven, Nordman, Quatrefages, Van-Be- 
neden, etc. Il s’agit en effet de la singulière 
métamorphose de certains zoophytes pré- 
cédemment rapprochés des hydres. et des 
sertulaires, et qui ne sont que l’état de 
larves des méduses que je vais décrire. 
orAu mois de juillet 1841, dans, des bo- 
£aux d’eau de mer de la Méditerranée con- 
servés depuis le mois de mars 1840, je vis, 
pour la première fois, sur les parois, un 
petitzoophyte, voisin dessyncoryÿnes, formé 
d’uve tige filiforme rampante épaisse d’an 
cinquième de millimètre, revêtue d’une 
enveloppe cornée et émettant çà et là 
quelques rameaux terminés chacun par 
une petite tête en massue; autour du ren- 
flement de cette tête se-trouvent quatre 
bras disposés en.croix avec une régularité 
parfaite, ce qne je propose d’exprimer par 
le nom de stauridie, pour désigner cette 
larve de méduse. Les bras, longs de 1 mil- 
limètre, sout terminés chacun par use 
petite pelote hérissée de pointes charnues 
et remplie de capsules spiculifères analo- 
gues à celles des hydres, un peu plus lon- 
gues, mais plus étroites. Ces mêmes cap- 
sules se trouvent aussi dans l’intérieur des 
tiges rampantes, où elles forment sonyvent 
des rar gées presque régulières autour du 
canal central; on en voit rarement quel- 
ques unes éparses sur divers points de la 
surface charnue, et, de même que pour 
l'hydre, on ne peut admettre que ce soient 
“véritablement des armes, car les pointes 
qui hérissent les pelotes des bras ne cor- 
respondent pas toujours au sommet des 
capsuies. Ce sont des pointes molles char- 
nues, analogues à celles des actinophrys 
et des acineta parmi les‘infasoires, et arrê- 
tant ou engourdissant de même; par leur 
simple contact, les petits animaux qui 
viennent les toucher en;nageant. 

Les stauridies a rêtent ainsi des cyclopes 
et les apportent à leur bouche, qui occupe 
l'extrémité dela tête; cette bouche se dilate 
considérablement et engloutit à la fois le 
cyclope et le bras qui l’apporte, mais qui 
se retire ensuite pour reprendre sa posi- 
tion. Les stauridies, après avoir avalé ainsi 
uue proie d’un volume égal au leur, sont 
gonflées et déformées jusqu'à ce qu’elles 
aient rejeté la dépouille du crustacé. 

Chaque tête de la stauridie porte à sa 
base plusieurs tentacules rudimentaires 
plus courts, plus minces qué les bras et 
sans capsules spiculiféres : c'est au même 
endroit que doivent naître les médues : 
un peu plus bas se voit le bord de l’enve- 
loppe cornée de la tige qui, pour chaque 
tête, forme une dilatation en entonnoir. La 
structure intérieure paraît être analogue à 
ce que M. Lœ ven a vu dans les syncorines, 
‘et M. de Quatrefages dans l’éleuthérie, 
mais on doit l’interpréter, je crois, autre- 

ment que ces auteurs : en effet, on a ici, 
“comme dans les bras des hydres, mais avec 
plus de régularité, des lacunes entre les 
étirements, de la substance charnue, mais 
pas. de muscles ni de fibres distincts. 
L'intérieur des tiges et des rameaux 
résente un cordon de substance charnue 
glutineuse qui ne tient que par des brides 
assez distantes à l’enveloppe cornée; ce 
cordon, rempli de capsules spiculifères, est 
creusé d’un canal central dans lequel des 
cils vibratiles très fins et flottants produi- 


1072 


sent un mouvement de tournoiement ou 
de trapslation du fluide nourricier. Ces 
cils vibratiles ne peuvent être bien vus que 
si l’on exprime le contenu d’une tige cou- 
pée en tronçons. 

J'ai lieu de croire que les stauridies 


peuvent se multipier indéfiniment par : 


germination et continuer à vivre ainsi sous 
cette seule forme, car j'ai pu les observer 
pendant presque deux ans, dans les mêmes 
vases, sur la même paroi, sans y recennai- 
tre de bourgeons de méduse ; mais, dans 
certaines circonstances, quand la nourri- 
ture est assez abondante, on voit à la base 
de chaque tête de stauridie deux ou trois 
bourgeons rougeûtres dont le diamètre 
s’accroit jusqu'à un tiers de millimètre 
avant qu’on y puisse distinguer autre chose 
que des rudiments de bras repliés vers le 
centre, comme les parties d’une fleur dans 
le bouton; un peu plus tard, ces bour- 
geons prennent la forme des prétendus 
polypes femelles de la syzcoryna sarsit ; 1ls 
se composent d’une enveloppe urcéolée 
diaphane, bordée par les huit ou dix bras 
devenus plus distincts, et à chacun des- 
quels se rend un canal partant du point 
d'attache; à la base de chaque bras se 
trouve un léger renflement et un point noir 
oculiforme ; au fond de l'enveloppe ou 
ombrelle se trouve une masse rougeûtre 
contractée : c’est l’estomac, qu’on verra 
plus tard s’allonger. L’orifice de l’ombrelle 
est d’ailleurs formé par un diaphragme 
contracule laissant une petite ouverture 
centrale dilatable, à travers laquelle la 
bouche viendra prendra sa nourriture; la 
jeune méduse, arrivée à ce degré de déve- 
loppement, et déjà large de 1 millimètre 
en\iron, se contracte fréquemment par un 
mouyement péristaltique que divers obser- 
Vateurs ont signalé dans des organismes 
analogues. Les bras s’allongent de plus en 
plus ét sont déjà bifides quand Ja jeune 
méduse va se détachcr de ja Stauridie; on 
estalors frappé de l’analogie decet acalèphe 
avec celui que M. de Quatrefages à décrit 
sous le nom d'Eleutheria, sauf le nombre 
des bras et la signification de l'estomac te- 
nant la place des œufs décrits par ce natu- 
raliste. C’est presque la même structure 
pour l’ombrelle, pour les bras bifides ter- 
minés par des pelotes,avecles mêmes points 

culiformes et les mêmes capsules spicu- 
liferes. 

Mais la méduse de la stauridie, quad 
elle est devenue libre, ne tarde pas à se 
développer encore, grâce à la nourriture 
plus abondante qu’elle va chercher elle- 
même, et qu’elle sait arrêter au moyen de 
ses bras ramifiés et garnis de pelotes nom- 


breuses qui lui servent d’hamecçons; ses” 


bras, ainsi ramifiés au pourtour de l’om- 
brelle, doivent distinguer notre méduse de 
toutes les autres, c’est pourquoi je propose 
de lui donner le nom générique de Clado- 
nème (Cladonema) ; Sa manière de s’étaler, 
en s'appliquant contre la paroi du vase, 
sera indiquée par le nom spécifique de 
radiatum. Le cladonème, quand il a atteint 
tout son développement, a son ombrelle 
hémisphérique diaphane large de 2 millim. 
50 cent., bordée par huit et quelquefois 
par neuf ou dix bras, à chacun desquels 
correspondent un canal venant du sommet 
et un point oculiforme. 

Chaque bras émet latéralement, vers sa 
face interne, deux ou {rois rameaux sim- 
ples, analogues aux bras de la stauridie, 
ayant de même des cloisons et des lacunes 
à l'intérieur, terminées par une pelote sem- 


1073 
blable , et servant comme autant de pieds 
à l'animal pour se fixer et se, soutenir sur 
le fond ou contre la paroi du. vase, Au 
delà de ces deux ou trois rameaux,, leybras 
se prolonge en s'amincissant. t.se subdi- 
vise en deux, trois , quatre et jusqu'à.cinq 
rameaux ou filaments noueux très contrac- 
tiles et susceptibles de s’allonger. jusqu’à 
6 millimètres. Chaque rameau ou filament 
partiel présente dix à quiuze pelotes héris- 
sées de pointes charnues et soutenues par 
des capsules spiculifères, comme les pelotes 
des premiers rameaux et comme celles. des 
stauridies, mais plus petites. Si ces fila- 
ments noueux flottant dans le liquide sont 
touchés par quelqme: petit crustacé, ils 
l’arrêtent tout à.coup,et par un mouve- 
ment brusque de contraction ils le rap- 
portent à Ja bouche, qui s’allonge pour le 
saisir à travers l’ouverture du diaphragme. 
L’estomac alors est lagéniforme,rougeûtre, 
suspendu librement dans la cavité de l’om- 
brelle, comme celui des océanies. Le pou- 
tour de l'estomac présente cinq lobes: ou 
cœcums peu saillants. La bouche qui le 
termine est elle-même bordée par,@inq 
tubercules globuleux. re 

La structure intime de toutes ces parties 
présente plusieurs particularités dignes 
d'intérêt On voit bien les fibres transverses 
entre les canaux de l’ombrelle, comme 
aussi dans le diaphragme..pendaat la con- 
traction. Les canaux communiquent tous 
avec un canal: marginal,,+t montrent à 
l'intérieur un mouvement yague de 
circulation produit par des cils vibratiles. 
Les capsules spiculifères,, qu'on.ne: voit 
absolument que dans les. pelotes.des bras et 
de leurs filaments, sont exactement des 
mêmes que celles des stauridies;.et.se mon- 
trent aussi à différents degxés.de -dévelop- 
pement. L’analogie de.ces.capsules m'avait 
conduit à présumer le rapport. qui unit les 
cladonèmes et les stautidies avant que je 
n’eusse. eu récemment la-conrmation de 
ce xapport. VÉLE 

J'avais vu, le 12 mai 1842;,.les premiers 


cladonèmes dans ju, ase d'eau-de.mer-de 


Saint. Malo, daus.lequel. depuis-huit mois 
j'observais des, stauridies qui n'avaient pas 
de bourgeons. Les cladonèmes disparurent, 
etje ne les revis que le 12 septembre 1842, 
dans un vase d’eau de la Méditerranée, qui 
depuis quatorze mois m'avait montré des 
stauridies sans bourgeons. Plusieurs autres 
vases avaient tonjours des, stauridies vi- 
vantes; mais enfin l'un,.d'eux, contenant 
des algues recueillies ày Lorient le 23 sep- 
tembre 1842, m'a montre tout récemment, 
le 8 mai, une foule de cladonèmes à tous 
les degrés de développement, soit sur les 
stauridies, soit libres. Quelques-uns de ces 
cladonèmes, placés isolément dans des bo- 
caux avec de l’eau de mer, ont continué à 
se développer jusqu’à présent, en dévorant 
les cyclopes que je leur fournis chaque jour. 

Il reste à savoir s'ils doivent produire 
des œufs, et si les cœcums entourant l’es- 
tomac ne doivent pas tenir lieu d'ovaires. 

Les cladonèmes sont tantôt immobiles, 
couchés sur le côté et faisant flotter leurs 
filaments ; tantôt ils sont fixés et soutenus 
contre les parois par les pelotes des ra- 
meaux inférieurs de leurs bras, et abrssils 
étendent leurs filaments'commetartant de 
rayons ; tantôt ils se meuventpar saccades, 
en contractant vivenient:leur #mbrelle : 
alors les bras:et l’estomagrsontie plas-sou- 
vent contractés; quelquefois enfin ils sont 
soutenus dans le liquide par une bulle d'air | 
logée au fond de Fombrele , et qu ils ont | 


vive Jüumières ils peuvent alors étendre 
bien davantage tous leurs filaments, et 
c’est-un signé certain qu'ils sont affamés. 
Mais ils-savent ensuite se débarrasser de 


|: éétte bulle d'air quand elle ne leur est plus 


| nécessaire. 


D’après ces détails, on concoit que le 


- cladonème doit être rangé dans la famille 
- des océanides, parmi les méduses ou disco- 


107% 
_ prise sur làmatière verte frappée par une 
: 
j 
| 


phores cryptocarpes d'Eschscholz; il se 
rapproche surtout des océanies, des thau- 


- mantias et des cytæis, qui vraisemblable- 


ment doivent tous avoir le même mode de 
développement et des métamorphoses ana- 


: Togues; mais il en différé par le nombre de 


ses tentacules ou cirrés._et surtout par les 
ramifications de ses organes. 


see 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS MÉCANIQUES. 


| Machine à faire les biseaux sur des planches 


al de cuivre. 


LD 
L 


| PIHOn$ait que pour souder les feuilles de 


cuivre qui sont destinées à former des 
tuyaux, il faut abattre sur les bords oppo- 
sésau chanfrein qui, lorsqu'il se fait à la 
main, devient très coûteux, parce que les 
ouvriers: en font peu d’une part, et que de 
l’autre onusétine grande quantité de limes. 
On vieatide Débfistruire üne machine fort 
simple pour fémplacer ce travail. 

Cette machiñé consiste en une fraise co- 
nique ; monté Sur un axe de rotation rece- 
vant son imôuvement par des engrenages, 


| défmianière à pouvoir faire 3 à 400 tours 


© 
eo 


Ë 


D ACT 


par minute ; la feuille‘ de cuivre dont le 
bord doit être raboté par la fraise, est posée 
sur une‘tablé- horizontale dont un côté, 
celui qui correspond à ce bord, présente 
une saillié en‘équerre, mais dans une di- 
rection inclinée, par‘rapport à la ligné d’axe 
de la fraïsé ; il en résulte que lorsque la 
fraise tourne, et que la feuille avance, 


_ celle-ciest obligée de‘marcher obliquement, 


touten restänt horizontalé, etse trouve ainsi 
constatiment attaquéé par les dents de la 
fraise, sur lé bord même qui doit être chan- 


freiné. (°- 


Cette disposition a été adoptée, il ya déjà! 


-pluSieurs'ännées, par MM. Derosne’et Cail, 
qui, s’occupant beaucoup d'appareils en 
Cuivre pour les sucreries, ont dû des pre- 
_miers chercher à établir une machine sim- 
plé et pouvañt remiplacer, avec un avantage 

“notable, le'travail'manuel. 

| 2 Térobees 71077 ARMENGAUD AÎNÉ. 


ARTS CHIMIQUES. 
Historre des opérations de teinture. 
(Deuxième article.) 
Vers le milieu du seizième siècle, l’art 
de la teinture commença à s’introduire en 
France. Gilles Gobelin créa un établisse- 
ment à Paris, dans ce lieu qui porte son 
nom. On regarda cette entreprise comme 


1075 


brûler tout celui qui se trouvait alors en 
Angleterre. Ce n’est que sous Charles II 
que l’emploi en fut permis. Quant à l’in- 
digo, on l’interdit non seulement en An- 
gleterre, mais encore en Allemagne et en 
France, sous des peines sévères, parce 
qu'on regardait cette couleur comme très 
passagère et même corrosive; on l’appe- 
lait, dans l’ordonnance qui fut rendue en 
Saxe contre son emploi, l’aliment du dia- 
ble. À Nuremberg, les teinturiersjuraient 
tous les ans de ne teindre en bleu qu’avec 
le pastel. Ce ne fut qu’en 1737, d’aprèsles 
essais de Dufay, que son usage devint libre 
et général en France. 

Enfin, avec le dix-huitième sièele s’ou- 
vritune ère nouvelle pour la plupart des 
arts chimiques et surtout pour la tein- 
ture. Protégés d’une manière particulière 
par le gouvernement, qui sentait le besoin 
d’affranchir le royaume des tributs oné- 
reux payés aux teintureries du Levant, les 
industriels français s’attachèrent à imiter 
ces belles couleurs que les Grecs seuls 
avaient le secret de préparer. En 1747, 
trois particuliers dont les noms méritent 
d'être cités et conservés, Pesquet, Hou- 
dard et D’Haristoy, attirérent en France 
des teinturiers grecs, et formèrent deux 
établissements pour la teinture du coton 
en rouge des Indes, l'un à Darnetal, près 
Rouen, et l’autre à Aubenas, en Langue- 
doc Neuf ans après, un autre particulier, 
nommé Flachat, qui avait séjourné long- 
temps dans le Levant, ramena des ou- 
vriers, et établit une teinlurerie à St-Cha- 
mond, près Lyon. Leurs procédés ne tar- 
dèrent pas: à être connus, et en 1765, le 
gouvernement les fit recueilir et publier. 


Dès lors plusieurs établissements se for- | 


mèrent dans le midi et le nord de la Fran- 
ce, mais plus particulièrement à Rouen et 
aux environs," où cette isdustrie fit bien- 
tôt des progres étonnants et d’où elle se ré- 
pandit ensuite en Alsace, en Suisse et en 
Allemagne. 

Ce sont deux Rouennais, MM. Arvers, 
pharmacien, et Saint-Evron, teinturier, 
qui imaginérent, en 1735, d’ayiver le 
rouge des Indes au moyen d’un sel d’étain, 
et qui donnerent ainsi à cétte couleur l’é- 
clat etle reflet qui lui assurent une supé- 
riorité marquée sur les tissus teints dans 
le Levant et dans les Indes. C’est encore 
un Français, Papillon, qui introduisit en 
Angleterre les procédés de teinture en 
rouge. 

De 1762 à 1774, un Persan, Jean Althen, 

_introduisit la culture de la garance dans le 
territoire d'Avignon et dota ainsi le midi 

de la France d’une industrie qui devait 
plus tard acquérir de tels développements, 
qu’année commune, le département de 
Vaucluse récolte pour vingt millions de 
francs degarance. 

En 1775, le chimiste Banoroff faisait 

connaître en Angleterre l’écorce de quer- 
citron, si précieuse pour la teinture en 
jaune. Un acte du parlement lui en accor- 
da l’emploi exclusif pendant un certain 
nombre d'années. Bunel, de Rouen, eut 
ensuite un privilége pour vendre cette ma- 
tière tinctoriale, dorrt l'usage est devenu si 
général. ; 

C’est à la fin du dix-septième siècle, ou 
vers le premier tiers du dix-huitième, que 
fut importé en Europe l’art de fabriquer 
les toiles peintes (1). Ces toiles, connues 


(1) L'époque précise de l'introduction en Europe 
de la fabrication des indiennes rest pas très bien 


1076 


sous le nom de perses et d’indiennes, n’a, 


vaient d'imprimé que le trait; les sujets, 
étaieñt coloriés au pinceau, opération lon- 
gue et dispendieuse qu’on remplaça en 
Europe par l'impression, à l’aide de plan- 
ches gravées (2). : 

Ce genre d'industrie fut introduit ‘én 
France! vers 1740. Les fabriques d’in- 
dienues s’établirent d abord à Paris et dans 
ses environs, puis à Orange, à Marseille, 
Nantes et à Angers. La manufacture:de 
Jouy, près Versailles, fut créée en 1759, 
par le célèbre Oberkampf, et presque en 
même temps, le Genevois Frey et le Bol- 
béquais Abraham Pouchet, élevèrent les 
deux premières fabriques d’indiennes que 
la Normandie ait possédées, à Boudeville, 
près Rouen. Derille, Maromme, Ba- 
paume, Darnetal'et Bolbec suivirent bien- 
tôt cet exemple: Mais des réclamations 
énergiques s’élevèrent de tous les points de 
la France contre cette fabrication et l’u- 
sage des cotonnades imprimées qui de- 
vaient, disaient toutes les chambres de 
commerce, ruiner les autres industries 
appliquées à la confection des tissus. Heu- 
reusement le gouvernement fut sourd! à 
cés plaintes, qui bientôt cessèrent à lag 
pect des immenses avantages que ‘Procu- 
raient au pays les manufactures d’indién- 
nes. L'abbé Morellet eut la gloire de hâte 
par ses écrits, ce mouvement de Topi- 
nion. 


PDDKE> ——— 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 

Rapport fait au congrès archéologique de 
Poitiers sur la collection de madame de 
la Sayette, par M.de la Sicotière: 

Messieurs , 

Jai cédé aux instances de quelques-uns 
de vous, et jé vais vous parler en peu de 
mots de notre visité à |a magnifique collec- 
tion d’objets'd’art et de curiosité de ma- 
dame de la Saÿette. Décrire ce que nous 
avons vu éérait impossible. Au milieu de la 
quantité d'objets qui composent cette col- 
lection, ‘et °qui°rivalisent d'éclat, de ri- 
chesse-et de rareté; dans cette confusion si 
bien rangée, de trésors de tous les genres et 


connue, Auderson prétend que cet art fut importé 
en Angleterre vers 1676. M. James Thomson, de 
Primerose, avance que la première fabrique d’in- 


dienne établie en Angleterre fut élevée sur les bords” 


de la Tamise, à Richmond par un Français, qui 
probablement était un des réfugiés de la révocation 
de l’édit de Nantes. D’après cette assertion la France 
aurait connu avant l'Angleterre, l’art d'imprimer sur 
toile. Gependantla plupart des auteurs qui ont écrit 
sur ce sujet donnent des dates bien plus récentes. à 
cette remarquable importation. ; 

(2) Les Indiens n’ont apporté aucune améliora- 
tion à leurs procédés de fabrication, ils sont en- 
core aujourd'hui, à peu de chose près, ce qu'ils 
étaient dans l'antiquité, Leurs couleurs sont belles 
et solides; la variété de leurs dessins et le grand 
nombre de couleurs qu'ils savent:fixer sur le coton ; 
donnent à leurs toiles . peintes; une grande valeur. 
Mais ieurs moyens d'appliquer ces couleurs sontes- 
cessivement longs et grossiers, comparativement aux 
nôtres. À Java, en Chine et dans quelques autres 
contrées de l'Asie, voici comment on procède : la 
peinture des toiles est faite à la main par dés fêm- 
mes et des jeunes filles. Elles couvrent défie toutes 
les parties de l’étoffe qui ne doivent pas prendre la 
couleur. La pièce ainsi enduite passeidans les mains 
du teinturier, (qui la plonge dans le bain colorant; 
dès qu'elle est sèche, elle revient dans les mains 
des peintres qui enlèvent la cire sur les parties qui 
doivent prendre une autre couleur, et ainsi de suite 
jusqu'à ce que ce minutieux travail soit terminé, 
On ne peut qu'admirer la précision avec laquelle il 
est exécuté par des femmes et des enfants, 


1077 1078 | 1079, 
de toutes les époques, l’œil voit trop de lante des pieds du défunt, étavee ces 2" 
choses pour en saisir aucune : il se fâtigue faibles débris, qui deviennent :bremtôtrle |! M 
et ne se rassasie pas d'admirer. Puis, Sily sujet de cérémonies toutes fortridicules, ! M 
a un langage pour exprimer les besoins or- le dévin, d’un ton doctoral}/"dénofcelle 
dinaires de l’homme et caractériser les ob- prétendu malfaiteur | véritable abrétdecl 
jets qui se rapportent à ces besoins, je n’en mort qu'il doit subir au miliéw d’ün(égrando( 
connais pas, je l'avoue, pour rendre ‘ces feu, et aux cris de cette foule pleine :d'au2 14 
élégantes et fragiles merveilles que lon dace et d’irritation. Jamais je ne pourrai 
craint d'effacer d’une haleine, ‘de terair 


oublier les horreurs que dans une pa- 
d’un regard. Imaginations qui ont pris un reille circonstance on fit souffrir à une 
corps, songes réalisés, fantaisies charman: pauvre et vieille femme qui, au dire du'de-! 
tes qui feraient presque oublier leSÿnibolé, vin, se trouvait impiiquée dans K/mort!!! 
voilà ce que nous avons vu, ce que je vois d’un gulmen ou noble du pays ; 5essoufzu: 


cueil qu'a bien voulu nous faire madame 
de la Sayette. Plus belle collection ne pou- 
vait assurément tomber entre des mains 
plus dignes de la posséder; lordonnance 
ne pouvait en être plus charmante et de 
meilleur goût; les honneurs ne pouvaient 
être faits avec plus d’obligeancé et de grâce. 
Madame de la Sayette sait se faire pardon- 
ner son bonheur même dés colléction- 
neurs, et c'est, je vous le jure, mes- 
sieurs, chose bien difficile. He 


GÉOGRAPHIE. 


encore; — et, le voyant, coment en frances durérent plus d’une demi-heure! :: 
parler ? Fragment d'un voyage dans le Chiliet au | et ce ne fut qu'après ce temps qu'on Jasail 


Le cabinet de madame de Ja Sayette, 
formé depuis peu d'années seulement, est 
assurément l’un des plus riches de France. 
Je ne vous parlerai pas des minéraux, des 
fossiles, des coquilles, ‘dés:oiseaux qu'il 
renferme en grand nombre; pas même des 
objets vraiment antiques qui s y trouvent, | 
et qui seraient remarqués partout ailleurs. 
Ce que le moyen âge, la renaissance, les 
siècles de Louis XIV et de Louis XV ont 
produit de plus élégant, de plus adorable- 
ment coquet, de plus.savamment gracieux, 
s'y trouvé à profusion. Ici les bahuts ad- 
mirablement sculptés, là, des meubles in- 
crustés en cuivre, en écaille, en plomb, en 
ivoire, en ébène. Les émaux ÿ tiennent 
une magnifique place ; le nombre etda va- 
riété en sont infinis, depuis les lonvtes, 
roides et austères figures byzantines, jus- 
qu'aux tabatières les plus ravissantes, aux 
plus déiicieux médaillons, aux plus jolis 
amours, aux moutons les plus apprivoisés, 
auxquels madame de Pompadour ait ja- 
mais donné l'hospitalité de son boudoir, 
en passant par ce que lltalie et Limoges 
nous ont laissé de plus brillant et de plus 
beau. Plus loin, ce sont des poteries, et 
quelles poteries, messieurs !Îe Japon avec 
ses fleurs incroyables ; là Chine avec ses 
monstres impossibles ; Faënza et ses ma- 
gnifiques assiettes; Sèvres ét $es porcelai- 
nes royales; la Saxe et ses divines statuet- 
tes; l’Angleterre et ses imitations presque 
inimitables.. Bernard de Palissy enfin |... 
Je ne sais si ce plat couvert d'animaux 
rampants, serpents, grenouilles, lézards, 
de fleurs et de fruits, si riche de forme et 

-de couleur, est celui pour la cuisson du- 
‘quel le grand artisie a brûlé ses meubles, 
sa table et son lit... en vérité, c'eût été bien 
pardonnable! Et ce baptème de N.S$., et 
le lavement des pieds? qu’en dire qui soit 
digne d'eux? Que dire aussi, messieurs, de 
ces miroirs de Venise aux encadrements 
larges et sévères, de ces tables, pieds 
sculptés à jour en double vis, de ces seriu- 
res qui appelleraient les voleurs au lieu de 
les éloigner, de ces albâtres aux attitudes 
naïves, de ces ivoires si délicatement ci- 
selés? Tout en est beau, trop beau peut- 
être... car le découragement, à cette vue, 
se mêle à l'admiration, Je finirai, messieurs, 
- par quelques mots sur des objets qui, inde- 
pendamment de leur. mérite intrinsèque, 
réunissent de précieux souvenirs. Voici les 
heures manuscrites dont se servait pour 
rier la.guchesse de Bretagne , Isabeau 
d’Ecosse.;de.flambeau en forme de pagode, 
orné de.gharmantes statuettes, qui éclaira 
peut-être les amours de Diane de Poitiers; 
ile caince offrant la tète du Sauveur, que 
portait madame de Maintenon; Je calice 
enivoire et ses accessoires, qui décoratent 
une des chapelles de Louis XIV... Je m'ar- 
rête, messieurs : je n'ai plus qu'à exprimer 
notrereconnaissance pour le gracieux ac- 


Cusco, patrie des''änciéns Incas; par 


jeta dans un grand °brasiér, où elle-fut 
Claude Gay.’ 


bientôt réduite én éétidres. 

La position malheureuse de ces super- 
stitieux sauvages n’a rien cependant qui 
doive nous étonner; car si nous ouvrons 
nos propres annales, nous verrons queces. M 
mêmes croyanceseet préjugés existaientchez M 
les anciens Juifs, qui étaient persuadés que’! 
le démon:seul tourmentait les épilepti= "14 
ques, et quelques uns parvenaïent, disait: 108 
on, à faire sortir des couleuvres, vipères et 118 
autres reptiles du corps des ensorcelés. Et:h11& 

sans remonter à cetle vieille époque, n’a- >} # 
L-on pas vu au dix-septième siècle, en An- M 
gleterre et en Allémagne, des milliers de 
personnes brülées vivantes, par ce qu’elles 
étaient soupconnées d’avoir Sas chntéhi- 
gences secrètesravec,Jes diablés 2 Æt fême 
ces croyances n’existent=ellesfas encore 
dans certaines parties de ’Europe, où les 
pierres et les. amulettes sont encore en 
grande vénération® Ainsi; ices levuütames 
barbares n’appartiennent pas seulementià .! 
l'ces sauvages, puisque es nations’ les plus 12 
‘illustres en signalent encoretdé fortèstra-: "| 
ces. Il en est de ‘même desaütres cou- 
tumes ; et lorsque le voyageéärtphilosophe 
’étudiera les mœurs. des /Indiéns’ sous un 
point de_ vue rationnel et#eomparatif, il 
vérra que, notre intelligence, tpresque-ins- 
tinctive à: cet égard, armarché à:peu près 
sur'lé même. planmidanseles: (prémières 
phases de notre civilisations #41 19907 
ps (Sovietérde géogr'aplie.) 
EE TE PE EE EE EE) 
Le Rédacteur-Gérant: 
C.-B. FRAYSSE, 


(Troisième article. ) 


Les Puelches ont une religion très simple 
qu'ils professent même avec la plus grande 
indifférence, Les seuls monuments religieux 
que j'ai eu occasion de voir sont des peou- 
| tous, espèces de fétiches naturels repré- 
sentés par des rochèrs accidentés ou par 
un,.chemin étroit. coupé naturellement sur 
la pente d'une montagne : placés dans des 
endroits très écartés, ï1$ ne les vénèrent 
que par occasion, et lorsqu'ils vont les 
consulter pour savoir s'ils doivent vivre 
longtemps. À cet effet, ils font certaines 
expériences que dicte la forme ou la na- 
ture da peoutoué, et la réussite de cette 
expérience leur donne la solution du pro- 
blème. Du reste, ils sont tont à fait sans 
culte.et ne manifestent d’autres sentiments 
religieux que celui de jeter, avant de boire, 
une partie de la chicha où boisson conte- 
nue dans le verre, cérémonie toute pas- 
sive, qui nous rappelle jusqu'à un certain 
point,ces sortes de libations qué faisaient 
les anciens Romains dans des circonstances 


à peu près semblables. FE tes 
L'idée d’uné Vie éternelle ne leur est pas 

étrangère; 1ls croient à limmortalité de 

l'âme, et.la mort n’est pour eux qu'un 

voyage d'outre-mer pour aller habiter des 

Îles plus où moins agréables. Is n'ont ni 

prêtres ni ministres religieux, mais des 

doungoubé ou. dévins, et des machis, 

espèces de médecins, dont les devoirs sont 

de chasser le grand huecuvu, esprit mal- 

faisant, et cause première de toutes les ma- 

ladies qui affligent le genre humain. Pour 

arriver à ce but, ils emploient le bruit des 

tambours, les houras des enfants, les cris 

de douleur et d’excitation des parents, en- 

fin tout ce que peuvent inventer la frayeur 
et la crainte. Le machi, de son côté, con- 

jure le huecawu, soit en suçant la partie 
malade du souffrant, soit en chantant au 
son de la huassa des conplets de plainte et 
de malédictions; quelquefois encore, pour 
apaiser la tenacité de sa colère, il immole 
un animal à livrée voire, et suçant son cœur 
;tout-palpitant, il en asperge le malade et 
“toutice qui l'entoure. 

Cette cérémonie toute superstitieuse, 
n'obtient pas toujours les résultats desirés; 
assez souvent le malade meurt, et dans ce 
cas on fait venir un doungoubé ou devin 
pour qu'il fasse connaître l'auteur de cette 
mort : car.cet, événement n'est jamais na- 
turel pour eux; il est occasionné par quel- 
que personne de la tmbu, esprit malfaisant, 
véritable sorcier dont la société doit faire 
une prompte et terrible justice! Il y a de 
cesdoungoubé d’uneréputation telle, qu’on 
va les consulter quelquefois à plus de cent 
lieues ; à cet effet on leur porte un peu des 
sourcils, des ongles, de la langue et de la 


FAITS DIVERS: 1402 0 


— La gabarre l’Æxpéditive, commandée par 
M. de Guesnet, lieutenant de vaisséaü, vient d'entrer . 
au Havre, chargée des) préduns déll'éxploration M 
scientifique de M. Texier surles vôtes de FASie=Mi- 
neure. Parmi les objets les plus remarquables, ot ? 
cite un sarcophage antique, d'une grande beauté-et198 
la frise presque entière du temple de Diane, à Ma- 
gnésie. Ce temple qui passait pour étre plus beau 
que celui d'Ephèse dont il n'était éloigné que de 
quatre lieues, avait été renversé par un tremble- 
ment de terre dans les premiers siècles de l'ère 
chrétienne. Les quatre faces du! temple avaient été 
jetées en dehors. L'une était tombée sur un terrain 
sec, le marbre a été détruit dans le moment mème 
ou par la suite. Les trois autres faces s'élaieut en- 
foncées dans des terrains humides où le marbre s’est 
parfaitement conservé. Ge sont ces trois faces qui ont 
70 mètres sans fraction el sans interruption: quel'on 
vient de recouvrer et de recucillir après un assez 
grand travail de fouilles conlrarié par des obsties 
de tout genre. \\\? 


D 2 


NOTES ÉCONOMIQUES kür Padthinisation d>s 
richesses et la slalistique agrivals ide France ;p ay 
C.-E. Royer, À Paris, au bureau du Monifeur de!u 
propriété, quiaiVehaite ; 2 bebist LL 
JTE Ti 


HOUR 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MARSTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michet, 33, 


| 


{ 


| 


10 année. 


Paris. — Dimanche, 18 Juin 1843. 
| De 


N° 46, 


L'ECHO DU MONDE SAVANT 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. - 


en 


L'Ecxo DU MONDE SAVANT parait le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 

- de M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PAnis, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,16 fr. 

- 8fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉHO DELA LITTÉ- 
BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHO1818 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAY%SSE: gérant-administrateur. 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES 
PHYSIQUE, Sur la théorie de la pile voltaïque; 
Louis-Napoléon. — ASTRONOMIE. Attaques 
contre Newion au sujet de son système d’attrac- 
tion universelle. — GÉOMÉTRIE -DESCRIP- 
TIVE. Sur la substitution des plans topographi- 
ques à des tables numérique; à double entrée, 
sur un nouveau mode de trausformation des coor- 
données et sur ses applications à ce système de 


tables topographiques ; L. Lalanne: = "SCIEN= 


CES NATURELLES. PHYSIOLOGIE - ANI- 
BIALE. Des fonctions des lobes thyroïdes des 
mammifères et du corps thyroïde dans l'espèce 
humaine; Maignien. — ZOOLOGIE. Index or- 
nithologique; Lesson. -— BOTANIQUE. Physio- 
logie végétale sur la fécondation du pollen con- 
servé. — SCIENCES APPLIQUEES. SOCIETÉ 
D'ENCOURAGEMENT, séance du 14 join ; Fran- 
cœur. — ARTS CHIMIQUES. Histoire des opé- 
rations de teinture. ÉCONOMIE AGRICOLE. De 
quelques engrais et dé leur emplois. — ANIMAUX 
DOMESTIQUES. Des races de chevaux et de 
bœufs de l'Anjou. — SCIENCES HISTORI- 
‘QUES. ACADÉMIE DES SCIENCES MÜRALES 
ET POLITIQUES. Séance du 40 juin. — CGL- 
LÉGE DE FRANCE. Cours de M. Quinet. — 
ARCHÉOLOGIE. Congrès archéologique de Poi- 
tiers. — GÉOGRAPHIE. Voyage au Chili ct à 

Cusco; Claude Gay.—FAITS DIVERS. — B1- 
BLIOGRAPAIE. 


nt 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE. 


Sur La théorie de la pile voltaique (1). (Ex- 
trait d’une lettre du prince Louis-Napo- 
léon à M. Arago.) 


Fort de Ham, le 23 avril 1845. 
L'idée que je vous soumets aujourd’hui 
esbrelative à une théorie que j'ai concue 
des fonctions de la pile voltaïique. 

La source de l'électricité galvanique a été 
attribuée par Volta au contact de deux mé- 
taux dissemblables. Davy à partagé cette 
opinion ; mais depuis, des savants, etentre 
autres l’illustre Faraday, ont émis l'opinion 
que la décomposition chimique des métaux 
était la seule cause de l'électricité. 


…  Adoptant cette dernière hypothèse , j'ai 


raisonné ainsi : Comme dans la pile il n'ya 
jamais qu’un des deux métaux qui soit 
oxidé , si l'électricité n’est duequ’à l’action 
chimique, le second métal ne doit jouer, 
dans cet accouplement, qu’un rôle secon- 
daire. Quel est ce rôle? c’est, je crois, 
attirer et de conduire l'électricité dévelop- 
pée par le premier, d'une manière analogue 
æce qui se passe dans la machine électrique 
ordinaire. En effet, dans celle-ci, l’électri- 
"cité dégagée par le frottement traverse un 
milieu conducteur imparfait, qui est l’air, 
“etestattirée et conduite par un conducteur 


parfait, qui est le métal. Dans la pile, l’é- 


lectricité produite par l’oxidation d’un mé- 
‘tal quelconque traverse un milieu IMmpar = 
fait conducteur, qui est le liquide , etestre- 


cueillie ettransmise par un conducteur par- 
fait, qui est le métal adjacent. 

Cette idée m’ayant paru si claire et si 
simple , je cherchai le moyen d'en prouver 
l'exactitude par l’expérience, et je fis cet 
autre raisonnement : S’ilest vrai qu’un des 
deux métaux employés dans la pile ne serve 


que de conducteur, on pourra le remplacer 


par un métal identique à celui qui s’oxide, 
pourvu qu’ilsoit plongé dans un liquide qui, 
tout en permeltant à l'électricité de passer, 
n’attaque pas ce métal. 

L'expérience est venue confirmer mes 
prévisions. Je construisis deux couples, sui- 
vant le principe des piles à courants con- 
stants de Daniell , maïs avec un seul métal; 
je plongeai un cylindre en cuivre dans un 
liquide composé d’eau et d'acide nitrique, 
le tout contenu dans un tube en terre po- 
reuse, et j'entourai ce tube d'un autre cy- 
lindre en cuivre, plongeant dans de l’eau 
acidulée avec de l'acide sulfurique, mé- 
lange qui n’attaque pas le cuivre. Ayant 
établi les communigations, comme on le 
pratiqueordinairement, je décomposai avec 
cette pile de deux-couples, de l'iodare de 
potassinm dissous, et, ayant placé aux 
extrémités des pôles deux plaques en cuivre 
plongeant dans une dissolution de sulfate 
du même métal, je recueillis au pôle qui 
était en rapport avec le cuivre attaqué, un 
dépôt de cuivre. 

Je fis une seconde expérience avec du 
zinc seulement. Je mis dans le tube poreux, 
du zinc avec de l’eau et de l'acide sulfu- 
rique , et j'entourai ce tube d’un autre cy- 
lindre en zinc plongeant dans de l’eau pure 
tiède. Avec deux couples semblables, je 
décomposai également l'iodure de potas- 
sium, et j'obtins, en prenant les précautions 
nécessaires, un dépôt de cuivre au pôle qui 
étaiten relation aveclezinc attaqué, comme 
précédemment. 

Enfin, je renversai l'ordre habituel des 
métaux, et mis le cuivre dans le centre 
d’une auge plongeant dans de l’eau et de 
l'acide nitrique, et j’entourai le tube po- 
reux d’un cylindre en zinc plongeant dans 
de l’eau pure, et j'obtins ainsi une pile 
assez forte. 

J'aurais voulu pouvoir mesurer avec soin 
les différeates forces des courants électri- 
ques produits, mais il m’a été impossible 
de le faire , faute d’un galvanometre. Mes 
efforts ponr en construire un ne réussirent 
pas, parce queles aiguillesaimantées furent 
toujours déviées par l'attraction des bar- 
reaux de fer qui entourent mes fenêtres. 

Cependant, d'aprés les expériences que 
j'ai pu faire , il me semble démontré : 

41° Que dans la pile, la cause de l’électri- 
cité est purement chimique, puisque deux 
métaux ne sont pas nécessaires pour pro- 
duire un courant : 


2° Que le métal qui n’est pas oxidé ne 
fait que transmettre l’électricité ; 

3° Enfin, que chaque métal est positif 
ou négatif (anode ou cathode) à lui-même 
ou à d’autres, isuivant le liquide dans le- 
quel on les plonge, 

Je vous transmets, monsieur, ces ré- 
flexions avec une extrême réserve, car je 
n’ai point fait de la chimie et de la physique 
mon étude spéciale, et c'est seulement 
l’hiver dernier que, pour abrégerles heures 
de ma captivité, je me suis livré à quelques 
expériences en étudiant avec le plus vifin- 
iérêt les ouvrages des hommesillustres, etc. 

(5) Quoïque le prince Napoléon ait été précédé 
par M. Bécquérél dans la construction d’une‘pile 
composée d'éléments d’un seul métal , nous croyons 
dévoir publier sa lettre: la netteté des raisonne- 
ments et des résultats justifiera notre détermination 
aux yeux ‘dei lout le monde. 


Nous recevons d’un de nos abonnés une 
lettre que nous croyons devoir publier par 
des motifs dont nos lecteurs apprécieront 
la délicatesse. L’attaqûe qu’elle renferme 
contre les croyances scientifiquesique nous. 
professons nous oblige tout d’abord-ïdé-\ 
clarer que nous n’entendons aucunement * 
être responsable de son content, sans pour 
cela prétendre que tout a été dit, etqu'it.; 
n'arrivera pas peut-être un jour, low quel: * 
ques unes de nos vérités actuelles seront à: 
leur tour des erreurs. Tes 


Avignon, le 8 juin 1845, 
« Monsieur, 


» Dans le Mémorial encyclopédique de 
juin 1841, j'ai vu, page 380 (1), queM. A. 
de Sainte-Barbe se proposait de publier un 
ouvrage « dans lequel, dites-vous, il pré- 
» tendrait prouver que le soleil n’est pas 
» fixe; que la terre est immobile; que les 
» lois d'attraction et de répulsion inven- 
» tées par Newton sont autant d’er- 
» reurs, etc. » Cet article me fournit l’oc- 
casion de déclarer que dans un ouvrage 
que je fis imprimer en 1831, sous le titre 
de Ærreurs dévoilées des physiciens mo- 
dernes dans l'explication des phénome- 
nes, etc., et dont j’eus l'honneur de vous 
adresser un exemplaire quelque temps 
après, il est fait mention, surtout à la 
page 322 et suivantes, du système altrac- 
tionnaire du savant anglais que je com- 
bats, non sans de grandes raisons. Depuis, 
j'ai terminé un autre ouvrage sur l'astro- 
nomie que j'ai joint au premier, augmenté 
de plusieurs articles que j'avais laissés dans 
mon portefeuille, et j’aiintitulé le tout : 
De la Recherche du vrai dans les sciences. 
Comme je suis dans ma quatre-vingt- 

(1) L'ouvrage de M, À. de Sainte-Barbe a été 
simplement par nous annoncé dans le Mémorial et 
dans l’Echo du monde savant à l’article Bibliogra- 
phie, S 


1083 

deuxième année et que je ne puis savoir 
quand il me sera possible de le faire 1m- 
primer, j'ai, en attendant. déposé une co- 
pie de mon manuscrit au Musée Calvet, de 
cette ville d'Avignon, en deux gros volu- 
mes in-4° avec huit planches de figures. 
Dans ce dernier ouvrage, Je continue mes 
attaques contre Newton, principalement 
au sujet de son systeme de l'attraction uni- 
verselle, et je fais voir qu’elle est la vraie 
cause du flux et du reflux de la mer, la- 
quelle ne dépend nullement des forces pré- 
tendues de la lune et du soleil, ainsi que 
le soutient le géomètre anglais; que la 
terre ne voyage pas dans l’espace, mais vé- 
ritablement le soleil, notre globe ayant 
seulement un mouvement de circonvolu- 
tiun autour de son axe pour l'alternative 
du jouret de la nuit, avec deux mouve- 
mêns sur ses pôles, produisant soit l’aber- 
ration et la nutation, soit la précession des 
équinoxes ; que la moindre vitesse appa- 
rente du soleil, l'été, ne dépend point, 
comme le disent les nouveaux astrono- 
mes, d’un ralentissement dans la marche 
de la terre, mais réellement de l’excentri- 
cité de celle-ci qui, n’étant pas au point 
central des orbites planétaires, s’en trouve 
éloignée d’une certaine quantité; d’où il 
s'en suit que le soleil ne parcourt pas une 
éllipse, mais un véritable cercle, et que la 
différence entre les distances de cet astre, 
l'été et l'hiver, n’est pas de 1739 comme on 
le prétend, mais de 1715, ainsi que l’ont 
cru les anciens astronomes, et comme doi- 
vent le démontrer les observations moder- 
ñhes qu’on a mal interprétées; que la terre 
n’est pas aplatie sur ses pôles, mais un peu 
allongée et un peu renflée vers le pôlenord, 
ce qui fait le sujet d’un long article que j'ai 
divisé en trois paragraphes. On pourra sans 
doute actuellement regarder encore comme 
absurde cet allongement de l’axe; mais ce- 
pendant c’est une vérité qu'ont déjà entre- 
vue quelques auteurs d’après les mesures 
connues des diverses parties du méridien 
terrestre, et qu’on regardera enfin comme 
incontestable quand on voudra y réfléchir 
mürement en cessant de vouloir tout aper- 
cevoir par les yeux de Newton, quoiqu’on 
soit Français et non Anglais, et aussi en se 
ressouvenant qu'on a déjà prouvé qu’en 
fait de théories scientifiques le faux pou- 
vait être calculé commele vrai, ce qui 
n’est pas à l’avantage des opinions new- 
toniennes qui sont basées sur le calcul et 
sur de vaines et commodes suppositions. 

» Il serait trop long d’énumérer ici tou- 
tes les autres erreurs que des réflexions 
longues et tenaces m’ont fait reconnaître 
dans les explications données .des, divers 
phénomènes astronomiques; maisje.ne suis 
pas de l'avis de M. A... de Sainte-Barbe 
qui ne donnerait que 6,000 lieues à la dis- 
tance qui nous sépare de l’astre du jour, et 
je fais voir dans mon ouvrage, et d’après les 
phénomènes que je cite, et que sans doute 
:ce savant n’a pas bien examinés, que cet 
astre est beaucoup plus éloigné de nous, et 
que cet éloignement est de 341,101 lieues, 
compte rond. 

» Je ne-sais ce que peut avoir pensé sur 
tous ces-points M. A... de Sainte-Barbe, 
mais }'aiélé bien aise de vous faire part de 
l'exposé d'une partie de mon dernier tra- 
vail, afin qu’on ne puisse pas me taxer de 
plagiat, sije venais à faire imprimer mon 
manuscrit que j'ai terminé en 1840. 

» Je vous prie, Monsieur, de vouloir 
bien m'excuser si cette lettre est si longue. 


1084 


Vous pouvez en faire l'usage qu’il vous 
plaira ; mais je vous demanderai une grà- 
ce, c’est que, pour cause, celte lettre pût 
être déposée dans vos cartons. 
» J'ai l'honneur, etc. 
P'° BREMOND. 


GÉOMETRIE DESCRIPTIVE. 


Mémoire sur la substitution de plans topo- 
graphiques & des tables numériques à 
double entrée ; sur un nouveau mode de 
transformation des coordonnées, et sur 
ses applications à ce système de tables to- 
pographiques ; par M. Léon Talanne. 


On a employé depuis longtemps, avec 
succès, la construction de courbes planes 
pour représenter la liaison mutuelle qui 
existe entre deux éléments variables. Cette 
représentalion graphique a des avantages 
qui lui sont propres, surtout lorsqu'il s’agit 
de caractériser, aussi complétement que 
possible , une loi naturelle qui n’est connue 
que d’une manière empirique. Les courbes 
de mortalité offrent un des exemples les 
plus remarquables de ce genre, parce que 
la mesure directe des ordonnées, des aires 
et des centres de gravité de certains seg- 
ments de courbe y est employée utilement 
dans la recherche de la vie probable, de la 
vie moyenne, de l'dge moyen de la popu- 
lation, etc. 


x 


Il était naturel de chercher à étendre à 
trois éléments variables l'application qui 
se présente immédiatement lorsqu'il n’y en 
a que deux ; et si cette extension n’a pas 
été faite jusqu'à ce jour, cela tient proba- 
blement à ce que l'on n'a pas pensé à se 
servir du procédé aussi simple qu’élégant 
que l’on emploie sur les plans topogra- 
phiques pour représenter le relief du ter- 
rain. Ce procédé, inventé par Ducarla, de 
Genève , qui le soumit à l’Académie des 
sciences en 1771, consiste, comme l'on 
sait, à projeter sur un plan horizontal les 
courbes de niveau que l’on obtient en cou- 
pant le terrain à diverses hauteurs équidis- 
tantes par les plans parallèles au premier. 
Des nombres ou cotes inscrits sur chacune 
des courbes de niveau, font d’ailleurs con- 
naître la hauteur à laquelle cette section a 
été faite au-dessus du plan de projection. 


Imaginons, pour fixer les idées, que nous 
voulions représenter ainsi la loi de la varia- 
tion de la température moyenne par jour 
et par heure pendant l’année, dans un cer- 
tain lieu du globe; nous compterons les 
jours sur l’axe des abscisses, dont la lon- 
gueur totale se trouvera divisée en douze 
parties principales représentant les mois; 
nous compterons les vingt-quatre heures 
sur l’axe des ordonnées, puis nous imagi- 
nerons que, par tous les points du plan 
qui correspondent à un jour de l’année et à 
une heure du jour déterminés, nous ayons 
élevé à ce plan des perpendiculaires pro- 
portionnelles à la température moyenne 
observée à cet instant; les sommets de 
toutes ces perpendiculaires seront situés 
sur une surface courbe, dont les ondula- 
tions seront évidemment très propres à 
peindre la loi de la variation diurne et an- 
nuelle de la température. Pour déterminer 
complétement cette surface sur un plan 
unique, il suffira évidemment de projeter 
sur le plan primitif les courbes d’égale tem- 
pérature que l’on y peuttracer. En appli- 
quant au tracé de ces courbes les principes 
de la géométrie descriptive, on transfor- 


1085 


mera en véritables plans topographiques 
des tables numériques à double entrée. 


J’ai appliqué ce procédé à toutes les tables 
de ce genre renfermées dans la traduction 
française des lecons de météorologie de 
M. Ch. Martins. Les plans topographiques, 
ainsi construits, ont paru dignes d'intérêt 
aux personnes qui les ont examinés; on y 
voit des sommets, des dépressions, des 
chaines de montagnes, des vallées, des 
cols , etc. , absolument comme sils repré- 
sentaient véritablement le relief d'un ter- 
rain accidenté. 

Je ne puis m'empêcher de signaler l’ana- 
logie de la représentation dont je viens de 
donner le principe, avec l'idée des courbes 
isothermes que l’illustre M. de Humboldt a 
imaginé de tracer sur les cartes terrestres. 
Tout en reconnaissant qu'il n'y avait qu’un 
pas à faire pour appliquer son ingénieuse 
idée et celle de Ducarla aux lois empiriques 
résultant de l’observation, on s’étonnéra 
davantage que ce pas n’eût pas encore été 
fait. 

L'application de la notation des plans 
cotés à des lois mathématiques où une ya- 
riable est fonction de deux autres, se dé- 
duit de ce qui précède. Ainsi un plan topo- 
graphique où les courbes de niveau sont 
des hyperboles. entre leurs asymptotes 
remplacera une table de multiplication. 
Cette applicationa déjà été faite avant moi, 
par les ingénieurs des constructions na- 
vales ; et l’un d’eux, M. Allix, a publié en 
1840 un nouveau système de tarifs. entiè- 
rement fondé sur la notation de Durcala. 


Mais des recherches postérieures entre- 
prises sur le même sujet m’ont conduit , 
pour l'établissement de. tables graphiques 
de ce genre, à des résultats d’une simplicité 
inespérée. Ainsi, en employant un nouveau 
système de coordonnées rectilignes, où les 
axes sont gradués suivant certaines lois, je 
transforme en lignes droites ou en arcs de 
cercle des courbes représentées par des 
classes nombreuses de fonctions. Une table 
de multiplication pouvant servir à des élé- 
vations aux puissances et à des extractions 
de racines de degré quelconque , se trouve 
alors établie graphiquement avec de simples 
lignes droites. Cette table peut aussi être 
employée utilement par la résolution ap- 
prochée des diverses cas dela trigonométrie 
rectiligne et sphérique, pour remplacer 
léchelle des proportions chimiques de 
Wollaston , et pour résoudre une foule de 
problèmes numériques d’un usage journa- 
lier. 


Les calculs relatifs à la rédaction des 
projets de chemins de fer qui vont sillonner 
le sol de la France ont assez d'importance 
pour que l'administration des ponts et 
chaussées ait décidé que des tables topogra- 
phiques rectilignes dans ce système soient 
gravées à ses frais et distribuées aux ingè- 
nieurs chargés de la rédaction des projets. 


Les applications des idées si simples 
sont extrêmement nombreuses et variées. 
Pour terminer par un dernier exemple, je 
dirai que la classification de tous les corps 
qui ne renferment que trois éléments pour- 
raît être faite de telle sorte, que les diffé- 
rents points de l'espace correspondant àcer- 
taines valeurs de ces éléments, pris pour 
coordonnées, fussent représentés sur un 
plan unique. 


—— "DS CC e—— 


4086 
SCIENCES NATURELLES. 


PHYSIOLOGIE ANIMALE. 


Des fonctions des lobes thyroïdes des mum- 
mifères et du corps thyroïde dans l'es- 
pèce humaine ; par M. À. Maignien. 


Les lobes thyroides des mammiferes et 
le corps thyroïde de l'homme sont des gan- 
glions vasculaires de nature artérielle, les 
quels ont la propriété , en raison de leur 
spongiosité, de se gonfler, d’entrer en tur- 
gescence et en érection sous l'influence 
d’une accélération momentauée où conti- 
nüe du cours du sang artériel; et comme 
ces ganglions sont pourvus d’un appareil 
ligamenteux et musculaire qui les cerne, 
ils peuvent, en cet é!'at d’accroissement de 
volume, comprimer les carotides primitives 
et diminuer la quantité de sang artériel 
qui s’élance par les canaux carotidiens (1). 
Mais, outre cette fonction, ils ont encore 
celle d'agir comme des compensateurs et 
des régulateurs de la quantité et de la vi- 
tesse du sang artériel dans les quatre cou- 
rants artériels qui fondent la circulation 
aorto-encéphalo-rachidienne ; car toutes 
les dispositions hydrostatiques ont été com- 
binées pour que la quantité de sang arté- 
riel prédomine dans les canaux qui font 
suite aux carotides primitives, et pour que 
la vitesse da mêmeliquide prédomine dans 
le tronc basilaire et le tronc spinal qui ré- 
sultent de la réunion des deux artères ver- 
tébrales. Si l’on me demande maintenant 
quel est le but de cette harmonie h; drau- 
lique, je répondrai, en faisant appel aux 
expériences de Legallois, que la vie de l'axe 
cérébro-spinal est dans la dépendance im- 
médiate de la qualité, de la quantité et de 
la vitesse du sang artériel qui pénètre la 
pulpe nerveuse, et que ce fluide, étant l’a- 


-gent naturel et essentiel de toute nutrition 
et de toute stimulation, mesure véritable- 


ment l'intensité fonctionnelle. La quantité 
et la vitesse du sang artériel normalement 
constitué mesurant donc jusqu’à un certain 
point la masse et l’activité des divers cen- 
tres nerveux , il devait nécessairement y 
avoir un rapport de volume et d'action 
entre le corps thyroïde, compensateur et 
régulateur de la circulation aorto-encé- 
phalo-rachidienne, et entre le volume et 


- l’action des divers centres nerveux qui cojn- 


posent l'axe cérébro-spinal; aussi ai-je 


‘rencontré le corps thyroïde d'autant plus 


développé et d'autant plus étroitement uni 
aux carotides primitives, que les lobes an- 
térieurs du cerveau étaient moins volumi- 


_neux et moins actifs, et par conséquent que - 


l'intelligence était plus faible, 

Le ganglion vasculaire artériel du col 
remplit un rôle spécial dans tous les ef- 
#orts musculaires, dans la course, le saut, 


-la parturition et l’accouchement, dans 


l'érection du pénis, le développement des 
mamelles et la menstruation; il a égale- 
ment une action particulière dans le som- 
meil, qui est l'état négatif des efforts mus- 
culaires, 

Si le ganglion vasculaire artériel du col 
offre un rapport de volume avec les lobes 
antérieurs du cerveau , siége de l’intelli- 
gence, si c’est pär l’action de ce ganglion 
que sont fondées, par l’intermede du sang 
artériel, la masse et l’activité de ces lobes 


- antérieurs, nécessairement je devais trou- 


ver, dans les modifications organiques di- 
verses de cet organe, un moyen ou une 
mesure propre à me rendre compte de la 
diversité d'action des lobes antérieurs du 


1087 


À 
cerveau, autrement dit dela diversité d’in- 
telligence remarquée entre les Hommes. 
Eh bien, j'ai constaté en effet, par des dis- 
sections particulières, que, dans les hom- 
mes originaires de l'hémisphère austral, 
le corps thyroïde est beaucoup plus volu- 
mineux, plus étroitement appliqué sur les 
carotides primitives qui sont suivies de ca- 
rotides internes munies de courbures très 
prononcées, et qu’au contraire, dans les 
indigènes de l’hémisphère boréal, jusqu’au 
60e degré de latitude nord, le corps thy- 
roïde est moins volumineux, moins intime- 
ment uni aux carotides primitives, qui 
sont ici suivies de Carotides internes pres- 
que toujours rectilignes. Chez les habi- 
tants de la zone équatoriale, le corps thy- 
roïide tient le milieu entre les dimensions 
qu'offre l’organe chez les deux autres ra- 
ces. Ces considérations m'ont servi à éta- 
blir une nouvelle classification des races 
humaines. 


ORNITHOLOGIE, 
Index ornithologique ; par Lesson. 
(suite.) 


5° Sous-genre: CHORDEILES, Swains 
(1831): hab. cercle arctique. — 395. 
Chordeiles Virginianus, Swains.,N. Zool., 
p. 337; Caprimulgus Virginianus, Bris- 
son; gm.; Lath; Edw., pl, 63; Ch. Bo- 
nap., Syn. n° 69; Wilson, Orn. Am., pl. 40, 
f. 1 et 2; Cuprim. popetue, Vieill., Ency., 
p. 542; Le popetue, Brisson, 11,477 ; Enl. 
533; Le haleur, Briss., 2,480 ; C. America- 
nus, Vieill., Ency. 540; Wils Am. orn., 
V. 63 pl. 40, f. 1 et 2; Nuttall., 1,619 : 
hab. l'Amérique arctique, les Etats-Unis 
et les grandes Antilles. 

6e Sous-genre : Carrimuzcus, L. Hi- 
rundo , L. (1736); Müxhring (1752) : 
hab. cosmopolite. 

À : Europe. — 396: Caprimulgus Eu- 
ropeus, L.; Brisson, t. 2, p. 470; Vieill., 
Encycl., p 535; Enl. 193; Selby, pl. 42: 
C. punctatus, Meyer. Naum., pl. 148: 
hab. l’Europe, l'Asie, l'Afrique (Egypte), 
— 397: Caprimulgus ruficollis, Temm., 
Man. 1,438; Vieillot, faune fr., pl. 62, f. 1; 
Roux, pl. 148; C. rufilorquis, Vieill., 
Ency., p. 546 : hab. Algésiras, Provence, 
Java, l'Afrique. 

B. AmÉRIQUE. — 398. Caprümulgus Guya- 
nensis, L.; Gm.; Enl., 733; le Mont- 
Voyau, Vieilot, Encyc. p. 541, n° 17; 
C, Variegatus, ib.; d'Orb., 68: hab. la 
Guyane française, la. Patagonie, la Plata. 
— 399: Caprimulgus rufus, L.: Gm.; 
Enl. 735; Vieil., Encyc., p. 541: hab. 
Cayenne. — 399 bis: Caprimulgus rupes- 
tris, Spix, t. 2, pl. 2; d'Orb., 68: hab. 
Moxos, rives des fleuves. — 409: Capri- 
mulous semitorquatus, L.; Gm.; Enl. 734; 
Vicill., Encyc., p. 538: hab. Cayenne. 
— 01: Caprimulgus Cayennensis, L.; 
Lath.,n°12; C. Cayanus, Gm.; Enl. 760; 
Caprimulqus leucurus,Vieill., Ency..p.544: 
bab, la Guyane, le Paraguay. — 402: Ca- 
primulgus acutus, L.; Gm.; Enl., 732, 
Vieillot, Ency., p. 536 : hab. la Guyane. 
— 403 : Caprimulgus griseus, Vieill., En- 
Cy.,p. 944; le crapaud-volant gris, Buf- 
fon, t. vi, p. 548 : hab. la Guyane fran- 
çaise. — 403 bis: Caprimulgus brasilia- 
nus, Vieillot, Ency., p. 542; le Noiibo, 
Marcgr., 195 ; Brisson, 2, 283; Buflon, vi, 
539 : hab, le Brésil, — 404 : Caprimulgus 
Natlereri, Temm., pl. col. 107: hab. le 
Brésil. — 405 : Caprimulgus Jamaïcensis, 
Lath., n°2; Vieillot, Ency., p. 515: Sloa- 


1088 


ne, Jam., liv. 6; Buffon, vr, 536 : hab. la 
Jamaïque. 406 : Caprimulgus odopteron, 
Lesson, Rev. Zool., 1839, p. 105 : hab. les 
Antilles françaises, la Martinique. — Ca- 
primulgus torquatus, Vieillot, Ency., 
p. 5414; le Guiruquerea, Buffon, t, vi: 
hab. le Brésil. — 407: Caprimulgus bi- 
fasciatus, Gould, procced, 1837, 1841, 
p. 22: hab. Chili. 408 : Caprimulgus par- 
vulus, Gould, proc., 1837, 22 : hab.? — 
409: Caprimulgus vociferus, Wilson, pl.41, 
f. 1 à3; Nuttal,t.1,p. 614; Swains, N. 
Z., p. 3363 Ch. Bonap., n° 68; le !Whp- 
poor-V'ill des Anglo-Américains; Capré» 
mulgus clametor, Nieill., Ency., p. 537 : 
hab. les états du centre de l'Union améri- 
caine. — 410: Caprimulgus longirostris, 
Ch. Bonap., Journ. ac. Philad.,1v, 384; 
Bull. vi, 412 : hab. les Etats-Unis. 

C: Arrique. — 411: Caprimulgus Isa- 
bellinus, Temm. pl. 379: C. Ægyptus, 
Lichst., Cat. n 610 : hab. l'Egypte, la Nu- 
bie. — 412: Caprimulqus eximius, Rupp:; 
Temm., pl. 398: hab. le Sennaar, — 413 : 
Caprimulgus infuscatus, Rupp., af. pl. 6; 
C Nubicus, Lichst., Cat , n° 611.—413 bis. 
Caprimulgus poliocephatlus, Rupp:, 2° voy. 
p-106: hab.l'Abyssinie. —414.Caprimulgus 
pectoralis, G. Cuv.; Levaill., af. pl. 49 ; 
Vieill., Ency., p. 545 : hab. l'Afrique mé- 
ridionale. — 414 bis: Caprimulgus tris- 
tigma, Rupp., 2°. Voy. p. 105 : hab. PA- 
byssinie. A 

D: Aste. — 415 : Caprimulgus Asiali- 
cus, Lath, n°16 : hab. Bombay. — Capri- 
mulgus Indicus, Lath.; C. Cinerascens, 
Vieil., Ency, 545 : hab. les Indes-Orien- 
tales. 


t 


BOTANIQUE. 

Sur la fécondation du pollen conservé. 

M. Haquin, de Liège, intelligent et zélé 
horticulteur, a fécondé des lis avec du 
pollen extrait depuis quarante-huit jours, 
des azalea avec du pollen de quarante-deux 
jours, et ce qui est plus étonnant encore, 
des camelia ont parfaitement fructifié avec 
du pollen de soixante-cinq jours. M. Ha- 
quin a semé les graines des lis et des aza- 
lea : elles ont très bien levé. Il en a obtenu 
des hybrides d’une belle santé, dont il at- 
tend la floraison. Les fruits du camelia an- 
noncent de belles graines. Aussitôt qu'une 
fleur s'épanouit, M. Haquin lui retranche 
son pollen, après avoir eu soin d’eloigner 
cette plante de toute autre qui pourrait. 
agir sur elle. Voici comme il s’y prend 
pour conserver le pollen : il coupe les éta- 
mines aussitôt qu'il peut les apercevoir, 
les place dans du papier bien collé et dépo- 
se le paquet pendant vingt-quatre heures 
dans un endroit sec et chaud. Au bout de 
ce temps la poussière fécondante est tout à 
fait développée. Alors il ôte le pollen du 
papier pour le placer dans une feuille de 
plomb laminé mince comme du papier et 
renferme le tout dans un papier étiqueté et 
dans un endroit froid sans être humide. Il à 
du pollen d’azalea et de camelia ainsi con- 
servé dont il se propose de faire l'essai à la 
floraison prochaine. Nous rendrons compte 
du résultat. 


—— EEE — 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT. 

Séance du 14 juin 1843. 

M. Francœur, vice-président, occupant 
le fauteuil, paie un hommage de regrets à 
la perte que le conseil d'administration 


1089 


vient de faire de M. Morin de Sainte-Co- 
lombe, membre de la Société royale et 
centrale d'Agriculture. 

Au nom du comité des arts mécaniques, 
M. Olivier fait un rapport favorable sur un 
instrument imaginé par M. Chaussenot 
aîné, qu'il appelle £chc!le-équerre, destiné 
à faciliter les tracés des plans et à en éva- 
luer les surfaces. C’est une équerre qu’on 
fait glisser le long d’une règle à l'aide d’un 
pignon et d’une crémaillère. M. le rappor- 
teur compare cette équerre à celle que 
M. Guesney a inventée pour le même ob- 
jet; il en montre les différences, et pro- 
pose de décrire et defigurer cesdenx instru- 
ments au Bulletin. Cette proposition est 
adoptée. 

Le conseil continue ensuite la discussion 
sur la loi proposée pour les brevets d’in- 
vention, et termine cet examen par celui 
de l’art. 23 de la loi. La discussion conti- 
nuera dans la séance extraordinaire de 
mercredi prochain. FRANCOEUR. 


ARTS CHIMIQUES: 
Histoire des opérations de teinture. 


(Troisième et dernier article.) 


Les Indiens n'avaient exercé leur indus- 
trie que sur le coton: on s’en tint Jà pen- 
dant très long-temps, et ce n’est que de- 
puis vingt-ciuq ans que l’on imprime, par 
des moyens analogues, les étoffes de laine, 
de soie et de lin. c 

Dans l’origine, les couleurs n’avaient 
aucune fixité; elles s’altéraient en peu de 
temps, et souvent ne résistaient point à une 
simple immersion dans l'eau. Mais de 
même que les procédés de teinture rece- 
vaient d'immenses  perfectionnements, 
grâces aux recherches des chimistes Du- 
fay,, Hellot et Macquer, qui: préludèrent 
par leurs travaux à la révolution chimique 
de 1789, de même l’art de l'impression sur 
toile ne tarda pas à profiter des découver- 
tes de la chimie moderne ‘et du perfec- 
tionnement des arts mécaniques. Bientôt 
apparurent les écrits des savants chimistes 
Berthollet (1) et Chaptal (2) qui régulari- 


(1) Claude-Louis Berihollet, né en 1749, à Tal 
loire, en Savoie , se fit naturaliser Français, et.de- 
vint médecin du duc d'Orléans. Aini du gTaud et in: 
fortuné Lavoisier, il concourut avec lui, Guyton de 
Morveau et Fourcroy, à la réforme du langage chi- 
mique et à la brillante révolution de cette science. 
Il entra, dès l’année 1780, à l’Académie des scien- 
ces, fut chargé, en 1794, de professer la-chimie à 
l'Ecole normale, puis à J’Ecole polytechnique, et 
nommé membre de l'Institut à l'époque dela :créa: 
üon de ce corps savant. Sa probité le fit désigner 
pour recueillir les objets d'arts conquis dans nos 
triomphes en Italie, et bientôt après il fil partie de 
la mémorable expédition d'Egypte. Napoléon l’ai- 
inait beaucoup et savait apprécier sa haute capa- 
cité, 11 l’éleva au rang de comte et de sénateur. Ou- 
tre un grand nombre de découvertes, on doit à Bere 
thollet l'application du chlore dans le blanchiment, 
d'importants travaux sur la teinture, et notamment 
ses Eléments de l'art de la teinture, qui ont érigé 
cel art en une science positive. Son autre ouvrage, 
l'Essai de statique chimique, dont il avait conçu 
les bases au milieu des sables brülants de l'Egypte, 
suffirait seul pour rendre son nom impérissable. 
Dévoué à la science qu'il chérissait, il fonda en 
4807, à Arcueil, dans cette célèbre retraite de ses 
vieux jours, une société composée de physiciens et 
de chimistes, ses élèves, qui se réunissaient tous les 
quinze jours pour répéter les expériences nouvelles 
et qui publièrent trois volumes de très intéressants 
mémoires, sous le titre de Mémoires de physique et 
de chimie de la société d'Arcüeil. Berthollet fut 
nommé pair de France en 1814, Il mourut le G no- 
vembre 1822, âgé de 75 ans. 

(2) Jean-Antoine Chaptal, né en 1756, à Nozaret 


1090 


sèrent les pratiques des ateliers, perfec- 
tionnèrent les procédés de blanchimentdes 
tissus et surtout des tissus de coton, de 
chanvre et de lin, en tirant parti des pro- 
priétés merveilleuses du chlore; ‘et qui 
portèrent dans l’appréciation des recettes 
de la teinture cet esprit philosophique qui 
seul pouvait dégager l’art des entraves où 
la routine et l’empirisme l'avaient empri- 
sonné depuis si longtemps. 

C’est à partir des premières années du 
dix-reuvièéme siècle qu'on a commencé à 
introduire dans les ateliers l'usage des 
matières minérales pour colorer les tis- 
sus. Aux sels de fer sout venus succes- 
sivement se joindre l’arsenite de cuivre, le 
bleu de Prusse, les sulfures d’arsenie, les 
chromates de potasse et de plomb, le pe- 
roxyde de manganèse, etc., qui ont fourni 
aux industriels de nouveaux moyens de 
varier leurs produits et de les obtenir avec 
plus d'économie. 


C’est aussi à partir de cette époque mé- 
morab'e qu’on a entrepris une étude ap- 
profondie des substances tinctoriales, en re- 
cherchant surtout à en isoler les principes 


(Creuse), fit ses études médicales à Montpellier, et 
aussitôt après sa réception, se rendit à Paris peur 
étudier la chimie sous Sage, Macquer et autres hom- 
mes célèbres qui préparaient la réforme de celte 
science, En 1781, il fut appelé, quoique bien jeune 
encore, à vecuper la chaire de chinie que les Etats 
du Languédoc venaient d'instituer à Montpellier. 1] 
débuta 5 dans Ja carrière de l'enseignement avec un 
très grand succès. Héritier d'une grande fortune, il 
voulul,joindre la pratique à la théorie, et se fit fa- 
bricant de produits chimiques. Des 1783, Chaptal 
publia le,Tableau analytique de son cours, et bien- 
tôt après, en 1790, il donna ses Eléments de chimie, 
qui füretit traduits dans toutes les langues , et dont 
la quatrième édition parut en 1803. Sa célébrité 
devint telle que Wasiugton le sollicita jusqu’à trois 
reprises différentes de venir-se fixer près de lui, et 
que , à la même époque, le roi d'Espagne lui offrit 
36,000 F. depension ei un premier don de 200,000f, 
sil voulait professer dans ses Etats. Pendant le ré- 
gime de la Terreur, en 1793, la reine de Naples 
lui offrit un asile à sa cour. Mais Je patriotisme de 
Chaptal se refusa à une émigration qui eût été une 
soite de déscrtion, et qui eût dérobé à son pays 
ses talents et ses services. La patrie le réclama 
bientôt; Chaptal appelé dans la capitale par le co- 
mité de salut public, fut chargé de diriger les ate- 
liers de Grenelle, pour Ja fabrication du salpètre et 
de la poudre. 1l réussit à livrer jusqu’à lrente-cinq 
milliers de salpètre par jour. A l'époque de la créa- 
tion de l'Ecole polytechnique, il fut appelé pour 
professer la chimie vévétale. Mais peu de temps 
après il fut envoyé à Montpellier, pour réorganiser 
lPEcole de médecine, où ‘il occupa la chaire de chi- 
mie. L'fnstitut de France, à sa formation, le compta 
parmi ses membres les plus actifs. En l'an 1x, Bo- 
naparle l’appela au ministère de l’intérieur. Dans ce 
dernier poste, il rendit. d'immenses services à la 
science, à l’agriculture et à l'industrie. Gette courte 
notice nous empêche de citer tout ce qu'il a fait de 
grand et d'utile. Malgré ses nombreuses occupa- 
tions administratives, Chaptal n'en cultivait pas 
moins sa science favorite. Indépendamment de plus 
de 80 mémoires qu’il a publiés sur les arts chimi- 
ques, on lui doit des ouvrages spéciaux sur les sal- 
pêtres et goudrons, sur le perfectionnement des 
arts chimiques en France, sur le blanchiment, sur la 
culture de La vigne ei l'art de faire le vin, les eaux- 
de-vie, esprits et vinaigres; un Traité de chimie 
appliquée aux arts, qui a été traduit dans toutes Îles 
langues; l'Art de La teinture du cotor en rouge, el 
l'Art du teinturier dégraisseur ; un grand ouvrage 
sur l'industrie française, un Mémoire sur le sucre 
de betteraves, et-enfin: une :Chimie appliquée. à 
l'agriculture. Chantal fut successivement sénateur , 
comte de l'Empire, puis pair de France en 1519. 
Pendant trente années consécutives, la Société d’en- 
couragement, dont il était un des fondateurs, le choi- 
sit pour son président. IL est mort à Paris, le 20 juil- 
let 1832, d'une hydropisie de poitrine, 


1091 


- colorants vour pouvoir mieux apprécier 


l'a ‘tion des agents chimiques sur eux etse 
rendre un compte exact du rôle qu'ils 
jouent dans les opérations quiont pour but 
de les fixer sur les tissus. Cette partie de la 
science, totalement inconnue des anciens, 
est une création toute nouvelle, dont 
l'honneur revieut en grande partie à l’un 
des chimistes contemporains les plus dis- 
tingués, M. Chevreul, dont les travaux et 
les leçons ne cessent de répandre la plus 
vive lumière sur ces curieuses réactions 
chimiques qui font de la teinture et de 
l'indienne l’une des applications chimiques 
les plus intéressantes. 

C’est donc surtout aux savants que ces 
arts sont redevablesdes immenses progrès 
auxquels ils sont parvenus depuis un demi 
siècle, et, sous ce rapport, les chimistes. 
français peuvent revendiquer la part la 
plus large et la plus glorieuse. C’est ainsi 
qu’en jugent les étrangers. L’Anglais 
Howe, dans son Histoire du Commerce, 
s'explique ainsi : « C’est à l’Académie des 
Sciences que les Français doivent la supé- 
riorité qu’ils ont en plusieurs arts, et sur- 
tout dans celui de la teinture. 

Telle est l'histoire succincte de cet art 
si utile et sibeau;-histoire dont M. Girar- 
din, savant professeur de Rouen, a su 
faire précéder ses-excellentes leçons sur la 
teinture: 

N. B. Dans un prochain article nous 
donnerons l'histoire de l’éclairage. 


Eee 
- AGRICULTURE. 
ÉCONOMIE AGRICOLE. 

De quelques engrais et de leur emploi. 


(Premier article.) 


Tourbe. -— Dans les lieux où la tourbe 
est très commune, dans ceux où les com- 
bustibles sont abondants, et où elle est, 
par conséquent, à très bon marché, on 
emploie avec avantage comme engrais. 
Mais, partout, la tourbe qui ne peut se 
tenir en briques ou les débris du façon- 
nage en mottes, et qui n'ont, par consé- 
quent, que peu de valeur, doivent être 
employés de cette maniere : 

On s’en sert le plus souvent comme de 
litière, et il est certain que c’est la ma- 
nière la plus facile de la convertir en en- 
grais, et par le piétinement des bestiaux et 
par le mélange de leurs déjections. Cepen- 
dant les Anglais en font plus souvent un 
compost, en mettant seulement un cha- 
riot de fumier frais sur trois chariots de 
tourbe, sans aucune addition de chaux. 
Mais on a essayé pas deux fois d'enfouir la 
tourbe seule et sans préparation. Sans 
addition de kali, ou de soude, ou sans une 
action suffisante de l'air, moyens qui au- 
raient dù préalablement désacidifier et 
rendre décomposable l’humus calciné, 
aigri, la tourbe, telle que la fait le temps, 
reste sans action dans la terre, si ce n est 
qu’elle rend les terrains sablouneux plus 
humides et les terrains argileux plus meu- 
bles. L'essai d’enfouir la tourbe encore 
humide n'a qu'un résultat possible, celui 
de détériorer de fond en comble le terrain 
qui sert à une pareille expérience. 

Mais, pour obtenir de cette utile subs- 
tance tous les avantages qu’elles peut pro- 
curer, il faut que la tourbe aussi divisée, 
rendue aussi pulverulente que possible, 
soit amoncelée et le monceau fréquem- 
ment arrosé avec du purin, de la lessive, 


1092 
de l’eaû de savon ou tel autre dissolvant. 
Après six semaines ou deux mois, on re- 
tourne la masse et.on y mêle de la chaux 
ou de latcendre; «Quelque temps après 
qu’on a ide-nouseauiretourné la masse, on 
peut la-xegarder comme suffisamment dé- 
composée: Dans: cetétat, elle forme un 
excellent: engrais à donner en couverture 
au printemps sur les semailles sorties. Cette 
couverture est non: seulement exempte 
de production d'aucune espèce de mau- 
vaise herbe, mais encore elle contribue à 
détruire:celles qui se trouvent dans les 
champsi:Elle-a, en; outre, la proprieté 
d’absorber-beaucoup d'humidité. Par son 
application en: couverture, elle reste en 
contact avec l'atmosphère,jet devient tou- 
jours plus soluble, par. conséquent plus 
assimilable pour les racines des. plantes, 
surtout les plus rapprochées du collet. 
Outre cet'usage, on peut encore em- 
ployer la tourbe à augmenter la masse des 
engrais ordinaires. Dans ce but, on forme 
avec dela tourbe bien desséchée et bri- 
sée une gouche: épaisse sur le sol même 
de son fumier, sur laquelle on dépose, à 
mesure;-ce qui est fourni par les étables. 
Les liquides si précieux qui filtrent à tra- 
vers les couches successives du fumier et 
qu’on commet encore souvent la faute de 
laisser se perdre, traversent: aussi la tourbe 
et l’améliorent.ljeaucoup. A: la vérité la 
couche de tourbe :-amoncelée: ‘encore 
acide, ne peut: guerg;entrer en fermenta- 
tion; lorsqu'on enlèsele fumier pour s’en 
servir, on enlève alors aussi H couche de 
tourbe pour la-remplaecr ‘par une autre. 
La tourbe/sortant du fumier $e met en tas 
à part, un peu desserrée!, et bientôt alors 
la fermentation: commence à s’y établir ; 
après quelques, Semaines, )6n retourne le 
tas, on ajoute-un;:chariot ‘de chaux par 
cinq chariots de tourbe, et on mêle bien 
toute la masse: Après quelques semaines 
encore on a un très bon engrais prêt à être 
employé. Au lièw'de chaux, lorsqu'on 
peut ensavoir plus facilement, on peut 
aussi ajouter.dela marne,bmais il en faut 
alors autant qu’on a detourbeil:: 
Enfin, la tourbe peut encore;et sans ad- 
dition d'autre ferment, se convertir en une 


- bonne terre végétale. Je fis extraire, dit un 


cultivateur anglais, :six cents voitures de 
tourbe d’une tourbière formée à une 
grande profondeur sous un sol de sable, et 
j'en laïssai séjourner ‘une partie pendant 
deux ans, en tas carrés de deux mètres et 
demi de haut. Pendant ce temps, les aci- 
des nuisibles s'étaient perdus d’eux- mêmes 
et les tas s'étaient transformésen une terre 
poire végétale. À celte ruéthode, un seul 
obstacle “oppose : l’impatience habituelle 
de la plupart des cultivateurs. 

; L'engrais de tourbe, bien consommé, 
s emploie surtout avec avantage pour les 
terrains légers et sablonnenx, auxquels il 
donne du lien et la propriété de retenir 
lhumidité. Son effet est très borné dans 
les terrains argileux, à moins que le sol ne 
forme qu’une couche maïgre et mince. 


ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Des races de chevaux et de bœufs de 
l’Anjou. 
-(Beurième article. ) 
B. De l'espèce bôvia@ En particulier, 
ss - D 6911 RE A 
Les animaux qu’on possède dañs’le dé- 
Parlement, soit comme bêtes de labour, 


El 13 AUQ 


MEET TE 


1093 


soit comme bêtes de rente, sont de cinq 
races plus ou moins distintes : 

1.. La race mancelle. — Sa couleur est 
tantôt d'un rouge blond uniforme, tirant 
plus ou moius sur l’ane on l’autre teinte; 
tantôt, et c’est, le plas ordinaire, d’un 
rouge, blond maculé de blanc. La tête est 
particulièrement/dessinée de cette couleur 
qui forme nettement l'entourage des yeux 
et se reproduit surles naseaux ; les cornes, 
d’an blanc jaunâtre ou verdâtre, sont assez 
grosses à leur base, ouvertes régulière- 
ment dans leur légère courbure et ne dé- 
passant pas d'ordinaire 22 à'25 centimètres 
de longueur. Le front est large ainsi que 
le poitrail, les flancs sont développés; la 
croupe est épaisse, carrée, formant, jusqu’à 
la distance du jarret, dans l’attitude du 
repos, une ligne plutôt droite que con- 
vexe. Les cuisses ne sont détachées qu’à 
une faible hauteur du jarret. 

On rencontre d’abord cette race au 
nord-est de l'arrondissement de Baugé, 
aux approches et aux alentours de Duitail, 
où elle m'a paru fort belle sur les bords 
du Loir. De là elle se propage au sud 
comme au nord de Châteauneuf, jusqu’au 


delà de Segré, tantôt pure ou à peu près, 


tantôt diversement modifiée par son croi- 
sement avec la race suisse dont M. de La 
Lorie avait introduit quelques beaux tau- 
reaux dès la fin du siècle dernier. Dans la 
propriété qui porte ce nom, on reconnaît 
encore Île type paternel à sa couleur noire 
ou rouge-brun , à sa haute stature; aux 
membres plus osseux, plus gros, au cor- 
vage plus vigoureux des individus. En tra- 
versant au sud les terres fraîches et fécon- 
des de la petite plaire qui s'étend de la 
Chapelle à Sainte-Gemme-d’Andigné, il est 
facile.de fre la même remarque, Toute- 
fois. les caractères manceaux l’emportent 
sur les caractères suisses;.ou du moins si 
la première race à gagné en corpulence, 
ce qui peut êlre d&, par: parenthèse, tout 
aussi bien à la richesse des herbages qu’au 
croisement, elle a conservé la disposition 
charnue qui fait, son principal mérite. Il 
n'est pas rare de voir sortir de cette pattie 
de sa contrée des animaux maigres de cinq 
ans.au prix de 8 à 900 fr. la vaire. M. Du- 
mas, dans le voisinage du Lion-d’Angers, 
en a vendu jusqu’à 4,000 fr. 

À l’ouest de Segré, on retrouve encore 
des bœufs de race mancelle bien caracté- 
risée sur quelques exploitations suffisam- 
ment affouragées où cetle race prospère ; 
mais généralement elle décroit en taille et 
elle se perd dans ses croisements avec la 
race bretonne, jusqu’à ce que celle-ci do- 
mine à son tour dans le pays. 

Les bœufs manceaux ‘ne sont pas ordi- 
nairement ardents au travail; par contre, 
ils engraissent facilement et assez promp- 
tément, même dans la jeunesse. Les her- 
bigers normands en font un cas particu- 
lier. Lorsque je parcourais la valée d'Auge, 
J'ai pu me convaincie que ce sont eux qui 
y arrivent souvent les derniers et qui en 
sortent cependant les premiers pour l’ali- 
mentation de Paris. Les engraisseurs de 
Maine-et-Loire sont persuadés qu’ils se 
font moins bien à la crèche qu’au piturage. 
Quelques uns l’ont même, disent-ils, 
éprouvé, que les essais auxquels ils se sont 
livrés aient eu ou non une valeur déci- 
sive, il est à remarquer que ces animaux 
pénètrent tout aussi peu dans l’arrondisse- 
ment de Beaupréau que ceux de la race 
choletaise dans les herbages normands, 

2. La race bretonne offre avec la sui- 


109% 
vante une fort grande analogie de couleur 
et de formes;.les différences de stature 
sont purement locales. En général, les 
bœufs provenant des marchés qui se tien- 
uvnt sur la rive droite du fleuve ont la 
tête et le col courts, les jambes peu éle- 
vées, épaisses, musculeuses, le coffre large, 
les épaules bien prises. Ils sont régulière- 
ment conformés, trapus, d’une vigaeur et 
d'un courage, remarquables, eu égard à 
leur taille. Ce.sont, à juste titre, les plus 
estimés pour letravail. Élevés dans d’as- 
sez maigres pâturages, ils n’ont qu’à ga- 
gner en pénétrant en Maine-et-Loire; 
mieux que d’autres, ils se contentent d une 
nourriture médiocre. Les bœufs bretons 
passent, des foires d’Ingrande et d’Ancenis, 
dans l’arrondissement de Beaupréau, où 
ils se confondent sur beaucoup de points 
avec les bœufs poitevins et choletais. 

3. La race choletuise, dite de nature, que 
l'on appelle plus à l’est race poitevine, 
sort des arrondissements. de, Bressuire, de 
Partheuay et des parties voisines de la 
Vendée. Elle provient aussi plus particu- 
lièrement sous la seconde dénomination, 
des marchés d'Argenton. 

La véritable race de nature, telle qu’on 
la voit journellement se consolider et s’a- 
méliorer chez plusieurs cultivateurs éclai=. 
rés de l’arrondissement de Beaupréau, a 
mérité sur les marchés de Poissy et de 
Sceaux une grande réputation pour la 
qua'ité de sa chair. Par une heureuse et 
rare coïncidence elle est aussi robuste et 
travailleusé que la race bretonne, et aussi 
facile à engraisser que la race mancelle. 
Elle convient donc aussi bien que possible 
aux localités où l’on spécule à la fois sur 
la force musculaire et sur la chair, et où 
la” tourriture au pâturage est loin d’être 
toujours abondante. Sobre et peu difficile 
sûr le choix des aliments pendant la pre- 
mière période de l’éxistence, elle se main- 
tient à peu de frais en-bon état jusqu’à la 
seconde; à poids et volame.égaux, on croit 
qu'elle donne du quart au tiers plus de 
suifque la plupart des autres races fran- 
caises. s 
!Ea couleur qui la distingue varie du 
Jaune clair au gris brunâtre ou au châtain 
foncé, presque noir, sans aucune marque 
de blanc. Le ventre est de teinte plus claire 
dans les bœufs de nuances foncées; les 
poils du front, du dessous du col et dela 
queue, sont plus sombre que ceux du 
corps. Les ciles et les paupières sont noirs 
avec. un entourage gris-blanc; quelques 
animaux de couleur rouge vif sont infini- 
ment moins prisés que les autres; les 
cornes sont régulièrement placées en forme 
d'arc demi-tendu, légèrement rétournées 
au sommet, blanches ou blanchâtres à 
leur baseet noirâtres à leur extrémité. Leur 
longueur est assez comniunément de Om,45 
à Om, 48. 

La hauteur d’un animal de 7 ans, bien 
caractérisé dans l’espèce, s’est trouvée de 
1m,43, mesurée à la hanche, et de 1m,44 
mesurée à l'épaule. 

Un bœuf de cette dimension doit attein- 
dre, pendant l'engraissement, le poids de 
450 kil. de viande au prix de 55 à 60 ec! le 
demi-kilog., en laissant au profit de là 
cheteur les extrémités, la peau, les inles2 
tins et le suif, dont la proportion est com- 
munément de 1090 kilog. 

Les qualités de conformation qui font 
surtout apprécier aux engraisseurs chole- 
tais les animaux de cette race, sont des 
os peu volumineux, une tête courte pas 


1095 


trop grosse; un fanon descendant très bas, 
une poitrine large et ressortie; des épaules 
larges, assez distantes l’une dé l'autre pour 
qu'on puisse placer plusieurs doigts aux 
points où elles se rapprochent le plus; un 
coffre large et bien descendu, une côte 
longue et bien arrondie, le flanc peu déve- 
loppé, les hanches larges peu relevées, la 
croupe également large, une peau souple, 
un poil soyeux, des cuisses charnues jus- 
qu'au jaret, une queue attachée bas et 
bien entoncée, des fesses (la broie) char- 
nues et bien descendues entre les cuisses. 

Les bœufs poitevins qui arrivent à l’est 
du département par l'intermédiaire des 
marchés d’Argentan, Thouars, etc., par- 
ticipent nécessairement de toutes ces for- 
mes, mais, faute d'une nourriture suffi- 
sante, on serait parfois tenté de les croire 
d’une autre race. Je dirais, si j'osais géné- 
raliser des observations détachées, qu'ils 
sont en général d’ün moins bon choix. 

4, Les bœufs saintongeois, qu’on rencon- 
tre aujourd hui assez fréquemment dans 
les étables de la Vendée comme on les ren- 
contre dans les pâturages normands, sont 
habituellement de couleur ‘alezan poil de 
vache ou lavé. Leur hauteur, plus grande 
que celle des animaux qui proviennent des 
parties centrales du Poitou, est, pour un 
bœuf de taille moyenne, de 1m,50 à 1m,60 ; 
leur longueur, de 2 mètres environ, du 
poitrail à la pointe de la fesse. La tête est 
volumineuse; les cornes sont longues, très 
ouvertes, assez souvent arquées en arrière 
et fort grosses. Ils sont bien faits et on les 
considère comme assez bons pour le tra- 
vail, à la condition d’une nourrriture suf- 
fisante. Grâce à leur taille, ils peuvent ac- 
quérir er engraissant le poids de 609 kil, 
mais la proportion de la chair aux os est 
relativement moindre que dans les chole- 


tais; la viande est moins estimée des bou- | 


chers du pays, et quoique la méthode d’en- 
graissement soit la même, la masse du 
suif n’est pas aussi considérable. Il faut en 
dire autant sur tous les points des bœufs 
auvergoats. 

5, La race auvergnate se propage depuis 
quelques années:assez abondamment dans 
l'arrondissement de Beaupréau, par suite 
de l'extension remarquable donnée à l'en- 
graissement ; c'est la plus élevée de toutes, 
Chez les individus de taille moyenne, je 
l'ai trouvée de 1m,70 à 1m,75. Quoique la 
tête des bæufs auvergnats soit plus légère 
que celle des bœufs de Saintonge. le cor- 
nage moins long et moins fort, les émi- 
nences osseuses m'ont paru plus dévelop- 
pées. La coaleur dela robe est uniformé- 
ment alezan-brûülé. foncé. Un caractère 
constant qui peut faire distinguer tous les 
animaux de cette origine de ceux de na- 
ture, lors même que ceux-ci s’en rap- 
prochent le plus par la teinte, c’est qu'ils 
ont l'entourage des yeux rouge, ce qui 
donne à leur regard un aspect particu- 
lier. 

Les saintongcois et les auvergnats dépé- 
riraient si on ne leur donnait pas plus de 
nourriture qu’on en donne aux bretons et 
aux choletais; aussi les fermiers qui les 
recherchent comme bêtes de trait ou d'en- 
graissement sont d'ordinaire ceux dont les 
exploitations se trouvent le mieux affoura- 
gées. IL est évident qu'à ces conditions 
mêmes, si la race du pays suffisait aux 
besoins toujours croissants de la vente, elle 
serait exclusivement recherchée par les 
engraisseurs angevins. 

Les vaches de l'arrondissement de Beau- 


1096 


préau considérées comme les meilleures 
nourrices, donnent à peu près de 10 à 12 
litres de lait par jour pendant les cinq 
mois qui suivent le velage. Presque tou- 
jours elles allaitent deux veaux à la fois. 
Celles de qualité commune produisent de 
2 à 8 kilogr. de beurre par semaine. Il en 
est, mais en petit nombre; qui en rap- 


‘portent jusqu'à 4 kilogr: Ces proportions 


restent à bien peu près les mêmes sur tous 
les points du département où les animaux 
sont convenablement nourris; elles aug- 
mentent communément dans les vallées: 
elles sont moindres sur les parties mal af- 
fouragées. Les vaches mancelles passent 
pour donner moins de beurre que les au- 
tres, à quantité égale de lait, 

Une tendance remarquable vers l’amé- 
lioration des races se manifeste surtout 
depuis quelques années dans les trois ar- 
rondissements d'Angers, de Beaupréau et 
de Saumur, ainsi qu'on a pu en juger dans 
les divers concours qui ont eu récemmint 
lieu aux alentours de Cholet. L’insuffisance 
des animaux propres à l’engraissement, la 
cherté de ceux qu’on va chercher à Bres- 
suire où à Parthenay ont appelé l’atten- 
tion des fermiers sur les bénéfices qu’ils 
pourraient retirer de l’élève des bœufs dits 
de nature. L'exemple donné par quelques 
uns a gagné les autres, et l’émulation a 
achevé ce que limitation avait commencé. 
Déjà la pratique a enrichi la théorie d’ob- 
servations importantes; on se montre plus 
difficile sur le choix des taureaux lors de la 
saillie; on paie mieux dès Jeur bas âve les 
belles productions. Aux environs de Segré, 
non seulement la race mancelle a cons: rvé 
sa taille et ses billes formes, maïs elle s’est 
élevée et sensiblement améliorée. LA, 
comme je l’ai déjà noté, il est des. bœufs 
qui passent dans les. herbages normands 
sans avoir porté le joug. On conçoit com- 
bien, avec une pareille tendance, il im- 
vorle d'avancer l'époque favorable à la 
vente. Je ne doute «lonc pas que la pré- 
sence du beau taureau de Durham, obtenu 
par l'intermédiaire dé M. Robineau, ne 
rende au pays, et plus spécialement à cette 
portion du pays, d'importants services. 
C’est au. sud de Segré, aux alentours du 
Lion, de Châteauneuf, enfin dans tout le 
nord_et le nord-ouest du département, 
que je voudrais le voir séjourner tout d’a- 
bord. O. Leczerc-Trouin. 


DK 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POLITIQUES. à 
Séance du samedi 40 juin. 

Après une analyse verbale d’un ouvrage 
sur les réformateurs contemporains, M. Du- 
noyer continue la lecture du mémoire 
qu'il avaitcommencée à la dernière séance 
L'honorable académicien a examiné au- 
jourd’hui qu'elle est l’influence de la vie 
industrielle sur les relations sociales. Une 
question se présentait d’abord qui domine 
toutes les autres. Cette question est celle- 
ci: industrie et monopole sont-ils une 
même chose ? il y a monvpole ou tendance 
au monopole chez tous ceux qui veulent 
faire des profits, mais ceux qu'on entend 
par industriels n’ont pas plus de cette ten- 
dance que les cultivateurs, les avocats, les 
médecins, et pour qu'il en fût autrement, 
il faudrait qu'ils eussent des priviléges par- 
ticuliers, car le monopole ne se comprend 
pas sans priviléges. C'est plus, rien n'est 


_ été qu'après un plein et long exercice des 


1097 
moins dans la nature de l'industrie que le 
monopole, rien n’est plus contraire, à ses 
développements; ‘la concurrence, au çon- 
traire, est de son-essenceelle Ja veut en- 
titre, extrême mème, parce que, cest par 
là seulement. qu'elle peut, abienir le çper- 
fectiounement dont elle est susceptible. 
Or, la concurrence étant l'antipode du « 
monopole, il est évident que le plus grand M 
reproche adressé à l'industrie se trouve 
sans fondement. 

Cela posé, M. Dunoyer s'est demandé 
quels sont les effets de la concurrence. Il 
ne faut pas croire que la concurrence 
constitue un état permanent d'hostilité, et 
ce serait.en, avoir uue idée fansse que de 
les comprendre avec des oppresseurs d’un 
côté et des opprimés de l’autre. Entre des 
concurrents il‘en est un plus habile que 
les autres, il réu-sit, les autres échouent. 
C'est un mal pour eux sans doute, mais 
aussi c’est un bien pour les acheteurs et 
les consommateurs. Il ya, dit-on, des abus, 
mais à quoi ne peut-on pas adresser le 
même reproche? C’est auxelois;; c'estrsaux 
magistrats chargés de les: fairel exécuter, 
qu'il appartient de punirvcess abus, -derles 
faire disparaître. Quoique: des vaisseaux 
(nous nous permettons cette comparaison 
pour rendre matériellement l'idée que 
nous avons saisie dansla communication 
de M. Dunoyer), quoique des vaisseaux 
aient-souvent fait naufrage;:est-il jamais 
venu à l’idée de quelqu'umqu'il ne fallait 
plus-entreprendreidesmwoyages sur mer. À 
côté du -mal est. le biens en toutes choses; 
et le bien que-produit-larconcurrence est 
immense, Nous-croyons avéé M:Dunoyer 
qu'elle est propre à-unir Jes- nations et 
qu’elle doit, par suite-deséchänges conti- 
nuels.et. des rencontres:scuvent répétées 
sur un marchécommumgresserrer étroite 
ment les lieas qui wnissentotous les hom- 
mes La liberté du commerce se fonde 
par la concurrence, et c'est la liberté de 
concurrence qui -doit-réaliser toutes les 
merveilles de l'industrie. Un jour viendra 
ou par la libenié-du commercetless mœurs 
palionales s’efficerontetmeseront plus que 
des monnäiesusées, rejetées de da cireula- 
tion. Alossiln'y aura-plus qu’une morale, 
qu'un droit naturel en place da droit des 
nations; les lois,le langage, le costume 
même s’établiront sur-un-seul type, :ear 
il n’y aura qu’une seule«race. d'hommes, 
qu’un seul peuple. 

A la suite de cette lecture, une conver- 
sation très intéressantess'est établie; MM. 
Philippe Dupin: Blanqui, Passy et Bunoyer 
y ont successivement prispart. Nous n en 
rapporterons que ce qui est relatif! un 
passage du mémoire de M: Dunoyer que 
nous avions omis à dessein et qui traite de 
la libre concurrence des partis dans un 
gouvernement établi. M. Dupin, évoquant 
les souvenirs historiques contre la théorie 
de son collègue, a rappelé que ce m’avait 


lois de Solon, que par suite de la libre con- 
currence était arrivée l'intronisation des 
trente tyrans, et que par la même cause la 
liberté périt à Rome après cinq cents ans 
de jea libre du gouvernement. 

M. Dunoyer a répondu très Judicieuse= 
ment qu'il n’y a aucune comparaison pos- 
sibleentre les Grecsou lesRomainset notre 
société. Que. chez,.6es peuples l'industrie 
n'existait point, que:les métiers, les arts 
mêmes étaient abandonnés aux esclaves, et 
que toutes les transformations que, selon 
lui, doit un jouvsubir la civilisation bumat- 


VD er - de 2 JE 


Ë 


11098 
ine, c’est précisément par l’industrie qu'elles 
:doivent arriver. 
- M. Blanqui à corroboré l'opinion de 
M. Dunoyer én faisant observer à l’Acadé- 
mie que pärsuite des relations industriel- 
‘les, le$ péuples s’'émpruntent déjà les m°ts 
: dont ils ont besoin; que le langage tend 
ainsi À sé généraliser, et que d'un autre 
“côté, ils se chargent réciproquement du 
| transport _de leurs lettres. Ces deux faits, 
| dont la portée est plus grande qu'on ne 
pense généralement, sont, selon lui, un 
- indice d’unefusion prochaine. 
|. M: Dubois d'Amiens a terminé la lec- 
| turé dé son dernier mémoire sur Broussais 
et sur ses doctrines. CG B.F 


COLEËGE DE FRANCE; 
Cours de M. Quinet. 


:  Mercredidernier, M. Ed. Quinet a ter- 
| miné son cours au milieu des applaudisse- 
ments®d’un nombreux auditoire. Tous 
ceux qui prennent quelque intérêt à l’ave- 
| mirmoral-etintellectuel de la France sont 
| vémûs écouteravec plaisir les dernières le- 
ions-dwsavant professeur, lecons durant 
| lesquelles il a exposé avec une impartialité 
rare; avec une-conviction et une force de 
talent peu communes, l'origine, les pro- 


. grès et la doctrine:de la Société de Jé- 


sus. M: Quinetæprisiles jésuites’à leur nais- 
sauce; il à étudié laviede Loyoia, de ce 


\ personnage ‘intrigant: qui résume en lui 
. seul tout l'esprit derlaksociété, et qui sem- 
| ble avoir empruntéisongénieà Satan ou à 
| Machiavel! Mais ces n’était pas tout que 


d'étudier: cette *existence aventureuse, il 


| fallait feuilléter-les-réglements de la so- 


ciété, trouverdansles pages de ces in-folio 
les maximesinfânress;les préceptes hideux 
qui sont toujours:restés le code du jésui- 
tisme. M. Quinetrear fait toutes ces choses, 
et sa noble conduite-dans une telle cir- 


“ constance ne:sauraït mériter trop d’élo- 
\ gésiLes jésuites, dèsleur berceau, ont porté 


‘aveceuxun-principe délétèrechez tous les 
peuples qu'ilsont salis-de-lér ange, et les 
-nätions infectées-par leur soufflé de mort 

ont toujours étéimpuissantes à’créer quel- 


| que chose de grand, — Pour preuve, je ne 


citerai que l'Espagne; — et après cela il 
vient des hommes:qui nous disent que les 
=» rise ee ste 

jésaites, parleurs missions, ont civilisé les 


| peuples barbares, et qui ne craignent pas 


de’montrer la:république du Paraguay 
commerune œuvreladmirable de la société 
de Jésus. À ces hommes nous répondrons 


. ce que M. Quinet leur a déjà répondu, c’est 
|nqu'ils m'ont pas la moindre idée de la ques- 
| tion:-Gelte république du Paraguay, que 
les partisans de la société citent comme 
| Wôge d’or des temps modernes, n’est qu’un 
}horrible chaos où des peuples 
IMluttent contre les jésuites leurs 


opprimés 
op- 
presseurs. Mais les jésuites ont encore eu 
assez de ruse pour ne pas aller crier par le 


| monde que vingt fois on avait été prêt à 
| les chasser du Paraguay. Tels ontété les 
) résultats de leurs missions. Mais viendra 
1 peut-être quelqu'un qui voudra nous offrir 
les jésuites sous un côté plus favorable et 


citera leur politique. Oh ! pour leur poli- 


| tique; ne m’enparlezpas.C’estune politique 


infernale qui a tué tous les bons principes, 
qui na pas-cessé de: lutter contre l'intelli- 
 gence etla raison, et: fait un dogme de 


2 GREC Le x PS = 
| Yhypocrisie ‘la plus'ignôble:: Les jésuites, 
M, et nous défions qu’on nous prouvée le con- 
| traire, les jésuites ont'toujours conspiré 


1099 


contre les hommes et les pouvoirs dont ils 
semblaient être les amis et les défenseurs. 
Ils ont flatté le peuple pour tuer la royauté, 
et ilsse sont faits les adulateurs du pouvoir 
royal pour conspirer contre le peuple. Au 
seizième siècle, la monarchie brillait de tout 
son éclat, et les jésuites étaient démago- 
gues; mais quand la démagogie a été au 


pouvoir, alors on les a vus royalistes. — Et 


après cela on estimerait ces hommes, on 
ne les chasserait pas de tous les pays et on 
leur permettrait de rétablir leur société ! 
Oh! non, la France les méprise trop, elle 
s’en veut plus, et s'ils s’obstinent à reparai- 


tre encore, ce dégoût qu’on a pour eux se. 


changera peut-être en un terrible sentiment 
de vengeance! Alors qui les plaindrait? 
Personne. 

M. Edgar Quinet, dans cette séance, a 
donné une noble opinion de son caractère 
et de la généreuse pensée qui l’a guidé 
pendant ces leçons, quand il s’est écrié : 
non, messieurs, je ne suis pas de la reli- 
gion de Louis XI, ni de celle de Catherine 
de Médicis, ni de celle de M: de Talleyrand, 
et encore moins de celle de M. de Maistre; 
je suis de la religion de Descartes, de celle 
de Napoléon, de la religion de tous les li- 
bres penseurs. — Si ces paroles ont fait 
honneur à celui qui les a prononcées, elles 
n’ont pas moins honoré ceux qui les ovt 
applaudies, et ces applaudissements prou- 
vent d’une manière évidente que le règne 
des jésuites n’est pas encore prêt à s'éta- 
blir. M. Quinet vient de recommencer la 
lutte contre eux; guidés par un si bon mai- 
tre nous la poursuivrons de tous nos ef- 
forts, et puissions-nous les finir sur les 
cendres dela société de Jésus. La crainte 
des mandements et des excommunications 
n’est plus de notre siècle; on peut libre- 
meët {6nner-contre nous qui ne croyons 
pas à la sainteté’ d'Ignace de Loyola ; 
nous apprendrons avéc plaisir les attaqués 
de nos adversaires, "attaques aussi remar- 
quäbles par leur ineptie que par la mau- 
vaise foi qui les inspiré, et nous ne cesse- 
rons' pas de nous ranger du côté de ceux 
qui ont encore quelques flèches à décocher 
contre le jésuitisme. ETF 


ARCHÉOLOGIE.. à 
CONGRES ARCHEOLOGIQUE DE POITIERS. 


Séance du 6 juin, 8 heures du matin. 


La séance ouverte sous la présidence 
de M. Babault de Chaumont, a été presque 
entièrement occupée par la partie de l’en- 
quête relative aux vitraux. du moyen-âge; 
plusieurs renseignements curieux ont été 
donnés. — Les belles verrières de la ca- 
thédrale , sur lesquelles M. l'abbé Auber 
prépare un important travail, ont été de sa 
part l’objet d’une description dont la fidé- 
lité prouve avec quel soin il les a étudiées. 
Suivant lui, leur fabrication remonte au 
treizième siècle. La concavité du verre 
et la vivacité des couleurs sont les carac- 
téres principaux qui lui permettent de pré- 
ciser l’époque a laquelle on doit les faire 
remonter. — D'autres vitraux sont signa- 
lés encore. — MM. de la Fontenelle, Se- 
grétain, Lecointre, de Chergé, de Bernay, 
de la Liborlière, présentent des documents 
intéressants où des considérations impor- 
tantes. 

Quelques questions sur les monuments 
civils et militaires ont terminé la séance. Le 
château de Bressuire, dont M. Segrétain 
fait la description , excite vivement la solli- 


1100 


citude de M. de Caumont, qui engage la 
société des antiquaires de l'Ouest à faire 
exécuter le dessin des restes de ce monu- 
ment. — Détruits pierre à pierre, dit-il, 
parce qu’ils n’offrent plus , comme les édi- 
fices religieux , un objet d'utilité, les vieux 
châteaux ne sont pius que des ruines qui 
vontdisparaitre. Si l'or et le zèle ne peuvent 
les relever, que le crayon du moins nous les 
conserve ! 


Séance du 6 juin, 2 heures. 


La séance , ouverte, sous la présidence 
de M. Cardin, a été consacrée à la lecture 
de divers rapportsprésentés sur les travaux 
de la société, par MM. Lecointre , Ménard, 
Fillon , de Chasteignier, Thiollet et de 
Fleury. 

Parmi ces lectures nous devons signaler 
l’élégant rapport de.M. de Fleury sur plu- 
sieurs ouvrages qu’il étaitchargé d’analyser, 
L'auteur a été écouté avec d'autant plus 
de plaisir, qu'il s’est fait l'interprète de 
chacun des membres du congrès, en sai- 
sissant l’occasion d’exprimer à M. de Cau- 
mont sa vive admiration et ses profondes 
sympathies. — Nous devons rappeler aussi 
un discours dans lequel M. de Lamariouze 
a remercié M. de Caumont d'avoir si cor- 
dialement fraternisé avec les deux sociétés 
savantes de Poitiers. 

Après ces lectures, M. de Caumont a 
pris la parole pour adresser aux deux so- 
ciétés de Poitiers et aux membres du con- 
grès des jaroles de reconnaissance pour 
l'activité avec laquelle ils ont pris part aux 
travaux de la session. Il termine par d’o- 
bligeantes paroles adressées à M. Jules de 
la Marsonnière, qu’il remercie du zèleavee 
lequel il a suppléé à M. Le:ontre dans-les 
fonctions de secrétaire général. 


) 


GÉGGRAPHIE. 


Fragment d'un voyage dans le Chili et au 


Cusco, patrie des anciens Incas; par 
Claude Gay. 


(Quatrième article.) 


Dans quelques coutses ‘scientifiques que 
je fis aux environs de Lima, j'eus occasion 
de visiter un petit:nombre de monuments 
antiques, précieux restes d'industrie et de 
civilisation péruvienne, qui nous font re- 
gretter l'espèce de vandalisme qui animait 
à cette époque reculée la superstitieuse 
bravoure du peuple conquérant, Ces mo- 
numents, digues de toute admiration, se 
trouvent en bien plus grande abondance 
dans l'intérieur du pays; ils fourmillent dans 
les vallées voisines du-Cusco, et les fonde- 
ments mêmes decétte grande ville en sont 
entièrement composés. Quoique tout-à- 
fait étranger aux sciences archéologiques, 
cependant un pouvoir presque me porta 
vers ces lointaines régions dans le but de 
visiter au moins, à titre de curieux, ces 
précieux débris d’une puissance à jamais 
célèbre. Je sortis donc de Lima, accompa- 
oué deétrois domestiques ou préparateurs, 
emportant avec moi mes boussoles de dé- 
clinaison, de variation et d'intensité ma- 
gnétique, un bon sextant, deux chrono- 
mètres et plusieurs autres instruments ‘de 
physique terrestre et de métcorolopié. 
Après quatre jours de marche, nous'fran- 
chîmes la première Cordillère par le coPde 
Tingo, élevé de 4,315 mètres au-dessus du 
niveau de la mer. Nous y éprouvâmes ce 
singulier malaise, effet de la grande raré- 
faction de l'air, et connu en Amérique sous 
le nom de soroche, pouno, etc. On ne peut 


1101 


. Mieux le comparer qu’à un véritable mal 
de mer; ce sont les mêmes Symptômes, les 
mêmes souffrances, douleurs de tête, vo- 
missements, et un abattement tel qu’il rend 
la vie presque à charge, et m'empéchait 
d'aller consulter mes baromètres et ther- 

momètres qui n'étaient qu'à deux pas de 

moi. Ce malaise me dura quelque temps ; 

mais dans la suite, je finis par m'habitaer à 

cette rareté de l’air, et je pus faire osciller 

mes aiguilles d'intensité à une hauteur de 

4,685 mètres, exécuter plusieurs autres 

travaux de physique terrestre sans ea tre 

sensiblement incommodé. 


Après avoir franchi la première Cordil- 
lère, nous suivimes une route de plus de 
cent soixante lieues, constamment entre- 
coupée d’affreuses vallées et de hautes 
montagnes, et dont les limites extrêmes de 
hauteur oscillaient entre celle du col de 
Tingo et celle du pont de l’Apuricnac, qui 
est de 1,994 mètres. Nous visitâèmes suc- 
cessivement Tarma, dont les environs me 
signalèrent encore des restes de ce grand 
chemin qui, du temps des Incas, joignait la 
capitale du Quito à celle du Cusco; Guan- 
cavelica, avecses riches mines de mercure; 
Ayacucho où Guamanga, qui donna défi- 
nitivement l'indépendance au Pérou; An- 
dahuayla et Abancay, si justement renom- 
més par la beauté et, la bonté de leurs 
sucres ; enfin le Cusco, où nous arrivâmes 
après un mois d’un voyage extrêmement 
pénible à cause de l’aspérité du, chemin et 
de la rapidité de ses pentes. 

Il me serait impossible de décrire ici les 
émotions presque religieuses que j'éprou- 
vai lorsqu'en descendant du haut de la 
porte de l’aqueduc, j'aperçus cette ville 
qui déjà me rappelait la grandeur'd'un 
peuple vertueux, entièrement éteinte!{la 
vallée qui s'étend au loin n'offre rién°de!l 
bien intéressant ; au contraire, dénuéed'ar- 
bres et presque: de végétation, bordée de 
montagnes frappées de la plus affreuse 
aridité, elle présentait un paysage plein de 
tristesse et de monotonie.On a peine à con- 
cevoir comment les Incas ont pu s'établir 
dans un endroit si sauvage, lorsque des 
vallées voisines pleines de sites de toute 
beauté auraient dù les inviter à un choix 
plus riant et plus digne de leur haute posi- 
tion ; on s’en étonne bien plus encore lors- 


Librairie de Roret, rue Hautefeuille , n. 10 bis, & Paris. 


HISTOIRE NATURELLE 


ZOOPHYTES ACALRPRES , 


M. Lessonu vient de publier les résultats de lon- 
gues études sur les animaux marins qui forment la 
la classe des acalèphes, et la plupart des z00- 
phytes. L'histoire de ces êtres est encore peu avan- 
céé, car on n'a pu trouver le moyen de les conserver 
dans les Musées , et c’est au milieu de leur élément 
qu'il faut saisir les caractères qui servent à les dis: 
tinguer; 

Les acalèphes ont été depuis le commencement de 
ce siècle l'objet de nombreux travaux partiels; mal- 
heureusement il reste encore beaucoup à faire pour 
porter leur étude au même degré que celles des au- 
tres branches de la zoologie , ais enfin ec livre ren- 


1102 


qu'on voit les travaux qu'ils firent exécuter 
pour vaincre la nature et embellir une 
ville dont le principal mérite était en quel- 
que sorte l'ivrégularité du terrain. Le 
Cusco, adossé en effet sur le penchant 
d’une colline, et à une hauteur absolue de 
3,499 mètres, présentait dans le principe 
une ville sans ordre et sans plan. Des rues 
très étroites conduisaient de la place au 
temple des Vierges ou Aëcllas, aujourd'hui 
monastère de Santa-Catilina, et au temple 
du Soleil, dont la base à servi de fonde- 
ment au couvent de Santo-Domingo. À 
l'extrémité de ce couvent, on voit encore 
une espèce de terrasse dont le mur est d’un 
fini jusqu'ici inconnu en Europe. Les pier- 
res sont si bien superposées et si bien unies, 
qu’il serait difficile de passer la pointe d’un 
canif dans le plan de jonction. Les murs 
des rues,quoique moins bien achevés, n’en 
sont pas moins surprenants à cause sur- 
tout de l'enchevêtrement des angles sor- 
tants et rentrants qui terminent le pour- 
tour des pierres, etqui donne à la masse un 
certain air cyclopéen. Mais c’est au som- 
met de Sarsahuaman, colline qui domine 
la ville, qu'il faut aller admirer ces gigan- 
tesques forteresses, construites, non avec 
des pierres ni des roches, mais avec de vé- 
ritables rochers singulièrement taillés, et 
placés de manière à pouvoir encore résis- 
ter une longue suite de siècles aux injures 
du temps et des hommes; c'est aussi du 
sommet de cette colline remplie de monu- 
ments d’une forme bizarre, incompréhen - 
sible, que l’on peut jeter un regard d’en- 
semble sur toute la vallée et sur toute la 
ville, disposée en amphithéître, avec des 
rues souvent tortueuses, cas fort rare en 
Amérique, et ses superbes églises, riches 
en grandeur et en sculpture, et que ne 
désavoueraient pas nos plus belles villes 
d'Éurope. Malbéureusement, ces monu- 


|ments, qui surpassent presque en beauté 
| tout ce qu'on pemt voir dans ce genre en 


Amérique, commencent à vieillir, ct.de 

plus à se ressentir de FPespèce d’indiffé- 

rence avec laquelle on: les regarde. 
(Societé de géograjhie.) 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


DES 


Par M. R.-P. LESSON. 
UN VOLUME IN-3, AVEC PLANCHES. 


fermant tout ce que la science a de plus avéré, est 
le traité le plus complet que nous possèdions sur les 
Izoophytes marins. Ge qui n'occupe que quelques 
feuillets dans les traités de zoologie, fait la matière 
de plus de cinq cents pages in-8°, D'auteur, tout en 
se éréant une méthode de elassification qui lui soit 
propre, fout en analysant au point de vue de sa 
doctrine les écrits de ses devanciers, a voulu re- 
cueillir avec fidélité tous les documents des nalu- 
ralistes qui ont écrit sur les especes d’une manière 
originale, et a cité constamment les textes des écri- 
vains que l'on peut citer comme sources originelles. 

L'histoire des acalèphes se compose d'un aperçu 


01103. 
FAITS DIVERS: 


— Les travaux pour la restauration du mausolée 
de Pétrarque étaient presque lerminés, lorsque le 
24 mai on reconnut qu'il était Ne pour 
bien fermer les crevassss du 10m Eau 3. d'en Souléver 
le couvercle, On’ aperçnt afors les réstés du grätd 
homme disposés de la manière Suithhté: 

Ces restes gisent sur une table dé mélèse:/ainst 
les chroniqueurs qui ont écrit que le corps de Pé- 
trarque fut enfermé dans, deux caisses se sont trom- 
pés. Le crane quoique un peu déplacé a encore 
douze dents, l’os maxillaire éloigné du crâne d’envi- 
ron un pied conserve ses dents. Le bras droit man- 
que entièrement; on sait qu’il futenlevé en 1620. 
Et c'est probablement à la violence de ce choc qu'est 
dû le déplacement du crâne, du menton et de 
presque toutes les autres parties du corpsi Lés os du 
thorax se sont'disjéints et amoncelés, les ! fémurs 
sont intacts et très blancs, les tibias sont couverts 
et enveloppés- d’une blanche étoffe. Presque tout le 
fond du cercueil est recouvert d'une tunique noire 
tombée en poussière à l'exception de quelques lam- 
beaux près de la tête. Plus bas, une croûte bleuätre 
occupeun petit espace; on la suppose le reste des * 
insignes de chanoine avéc lesquels, selon les histo- 
riens , il fut enseveli. Le tombeau a été refermé en 
présence du comte Léoni, du sculpteur Gradénigo , 
de don Giacomo Saltarini, archiprètré! @'Atia ; ét 
de plusieurs autres personnes du payÿsEtil : RINON 

fi ajit 


<< —— = 


BIBLIOGRAPHIE. 


ÉCONOMISTES FINANCIERS du xvrne siècle. 
Vauban, projet d’une dimé roÿale. Boisguillebert, 
détail de la France , factumdela France , opuscules 
divers.-Jean Law, considératfüns Sür le numéraire et 
le commerce, mémoires et lettres sur les banques, 
opuscules divers. Melon ,lessai politique sur le com- 
merce, Dutot, réflexions politiques sur le commerce 
et les finances; précédés de notices historiques sur 
chaque auteur, et accompagnés de commentaires et 
denotes explicatives par M. Eugène Daire, À Paris, 
chez Guillaumin, passage des Parioramas, 13. 

DE LA FLAMME, à .pelites, dimensions, em- 
ployée contre la douleur, la débulité, la torpeur; 
par F. Gondret, = À Paris, chez l’auteur, rue St- 
Honoré, 367. & 

ESSAI d’hématoloïïe pathologique; par G. An- 
dral.— A Paris, chez Fortin Masson, place de l’'E- 
cole-de-Médecine,'#.* * Reis AE 

ESSAI SUR L’AGRONOMIE ; où Régénératjon 
de l’agriculttiré; par Louss Guy, pelite rue Sainte- 

Catherine, à Eyon. 5 


FARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33, 


mm gemmes meme À 


des méthodes diverses de classification , d'un som- 

maire historique des découvertes successivement faites 
dans cette branche et d'une Notice bibliographique: 
Puis l'auteur traite successivement des huit familles 
d'acalèphes qu'ils nomme : béroïdes ; médusaires ; 
diphydes, polytomes, physophores ; physalies ,: vé= 
lelles et porpites, el dans ces familles, : sont suecessi= 
vement passés en revue ; les genres ,et toutes les es- 
pèces connues. Dans celle ides médusaires , l'auteur 
fait connaitre deux. gentjquarante €$peces seulement 
Ge volume est donc‘. Je ;1raité le plus complet que 
nous ayons sur celte branche de Vhistoire naturelle 
des zoophytes acalèphes. 


L'ECHO 


140 année. 


| 


Paris. — Jeudi, 22 Juin 1843. 
De 


Me 47. 


U MONDE SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


terne 


L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 


de M. le vicomte À DE RAVAZETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principauxli- 
. braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:8S pour un an 25fr., Six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ’6 fr. 
8 fr. 50. AVÉTRANGERS5 fr. en sus pour les pays payant port double, — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CI#Q fr. par’an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOIS:S du mois (qui coûtent chacun 10 ft. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur. 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES, séance du lundi 19 juin 1843. — SCIEN- 
CES PHYSIQUES. CHIMIE APPLIQUÉE. Sur 
Yemploi du cyanure de potassium dans l’analyse 
chimique; Haidlen, — SCIENCES NATU- 
RELLES. GEOLOGIE. Sur quelques accidents 
volcaniques; Bertrand de Lhom. — ORNITHOQ- 
LOGIE. Mœurs et coutumes du couroucou pavo- 
ain et sur les contrées qu'il habite; de Lattre. 
— SCIENCES APPLIQUEES. ARTS METAL- 
LURGIQUES. Grille-chaîne sans fin pour les 
foyers; Jobard. — ARTS CHIMIQUES. De l’em- 
Fi: des gaz comme combustible; Thomas et 
Laurent. — ÉCONOMIE AGRICOLE. De quel- 
ques engrais et de leur emplois. — ANIMAUX. DO- 
MESTIQUES. Des races de chevaux, de bœufs 
et de pores de l’Anjou. — SCIENCES HISTO- 
RIQUES. ARCHÉOLOGIE. Canton de Saintes; 
Lesson. — HISTOIRE. Possessions anglaises dans 
l'Afganistan. — FAITS DIVERS. — TABLEAU 
BIÉTÉOROLOGIQUE DE MAI. 


ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 19 juin 1843, 


La séance d'aujourd'hui a été remplie 
presque toute entière par une longue dis- 
cusSion entre les plus célèbres embryolo- 


-gistes de l’époque. Nos lecteurs se rappel 


Jeront sans doute que M. Serres a an- 


noncé. dans la dernière séance avoir isolé 


la membrane allantoïde de l’homme, età | 


mis à la disposition des observateurs Îles 
»Y : UNE « MST r 
pièces destinées à établir l'authenticité de 


ce fait. M, Velpeau qui à pris connais- 


sance de ces pièces et qui les a examinées 
avec ce talent observateur que nous lui 
connaissons, loin d’arriver aux mêmes 
conclusions que M. Serres vient combat- 
tre aujourd hui les opinions émises lundi 
dernier devant l’Académie parleprofesseur 
du Muséum. Suivant M. Velpeau, ce que 
M. Serres regarde comme la membrane 
allantoïde, n’est qu’un renflement qu'on 
trouve à la base du cordon ombilical. 
Dans cette discussion M. Serres ne nous 
a pas paru répondre avec précision aux 
objections qui lui ont été faites , et il s’est 
jeté dans un pathos qui aurait pu avoir 
plus de méthode et surtout plus de clarté. 
Quant à M. Velpeau, ila su placer la ques- 
tion dans son véritable jour; il en a fait 
fait connaître les points épineuxet ses paro- 
les ont été pour son adversaire de terribles 
attaques. Quant à nous qui n’avons pas 
vu les pièces de M. Serres et qui ne pou- 


LA N . « 
«ons émeitre aucune opinion sur ce sujet 
mous rappellerons seulement en terminant 


ces paroles de M. Velpeau, qui devraient 


É être gravées dans l'esprit de tous les em- 
 bryologistes et de tous les micrographes. 


«Dans, l’embryogénie les conséquences 
sont très difficiles à déduire des faits ; l’er- 
reur est à côté de la vérité, et l'illusion 
du microscope a souvent trompé d’habiles 
observateurs. » 


M. de Romanet a lu à l’Académie un 
mémoire sur ces deux questions. « 1° Les 
Juments et pouliches doivent-elles être admi- 
ses à disputer les prix de course fondés 
pour l'amélioration des races de chevaux. 
2° Les chevaux et pouluins doivent-ils pren- 
dre part à la distribution des primes locales 
que l’on a créées également pour améliorer 
les races. — Nous n'entrerons pas dans 
tous les détails da travail de M. de Roma- 
net et nous nous contenterons de citer ces 
quelques lignes quiterminent son mémoire 
et qui donnent une idée de la maniere dont 
il résout les questions qu'il a posées. « Il 
faut dit-il, avant tout, chez l'étalon , du 
feu, de l'adresse, de la docilité, qualités 
qui tiennent toutes au courage et à l'in- 
telligence, qui ont leur siége dans Te sys- 
tème cérébro-spinal, et qui sont particu- 
lièrement transmissibles par le père; il 
faut des épreuves, c'est à dire des Courses 
pour les constater. L'entraînement a pour 
but de développer ces mêmes qualités ; de 
trier. les chevaux, de les mettre en état de 
supporter l'épreuve, et il ajoute encore à 
leurs qualités transmissibles. Donc, faites 
courir les chevaux; Saiscez-les entraîner: 
plus le nombredes chevaux qui prendront! 
part-à ces exercices sera grand, plus vous 
aurez de ressources pour améliorer l’es- 
pèce que réclame l'intérêt de la défense da 
pays ét'puisque les sommes consacrées par 
l’état aux prix des courses sont très bornées, 
réservez donc exclusivement pour les che- 
vaux propres à faire des étalons ce puis- 
sant moyen d'amélioration. 

« Chez la jument poulinière ces mêmes 
qualités sont certainement très désirables , 
mais il lui faut par dessus tout la construc- 
tion, la taille, la force matérielle jointes 
autant que possible à l'harmonie des for- 
mes et à un certain embonpoint indiquant 
qu’elle doit avoir du lait. Toutes ces qua- 


: lités qui se trouvent en rapport essentiel 
| avec la part qu’elle prend dans l’acte de la 
reproduction, peuvent facilement se re- 


connaître à l’œil. Donnez-lui donc des pri- 
mes locales et réservez-les toutes pour 
elles. 

«Enfin, les juments et pouliches ne doi- 
vent point être admises à disputer les prix 
de courses fondés par l’état pour obtenir 
l'amélioration de lespèce chevaline ;:et! 
l’on ne doit distribuer les primes, dont les! 
fonds sont ésalement fournis par l'Etat ou 
les administrations publiques, qu’à des ju- 
ments poulinières. » 

M. Dumas présente à l’Académie ,-della 
part de M. Olivier, professeur: au:Conser- 
vatoire, un ouvrage qui a pourtitre : dé- 
veloppements degéométrie descriptive. Dans 
ce travail M. Olivier a en vue de démon- 
trer que la géométrie descriptive est une 
science; qu’elle a des moyens qui lui sont 
propres pour rechercher les vérités géo- 


. ception nette et exacte des choses #7 
| dimensions. ( 


métriques et qu’ainsi l'emploi des projec- 
tions ne constitue pas seulement un art 
graphique, mais encore une méthode 
scientifique: 

M. Olivier a ‘cherché à introduire dans 
la géométrie descriptive les infiniments pe- 
tits, et d’une manière nette, précise et di- 
recte de telle façon que cette idée dé- 
coulât tout naturellement de celle des 
projections. Par là M. Olivier pense avoir 
perfectionné la méthode projections 
et il a été dès-lors permi. à la géométrie 
descriptive de résou'ré tn bus grand nom- 
bre de problêmes. 

La solution de certaines questions est 
quelquefoïs il est vrai plus longue et plus, 
difficile par la méthode des projectionsque 


par l'analyse, mais souvent elle est plus 


simple et dans tous les cas elle fait mieux 
ressortir la puissance du raisonnement 
géométrique. En outre l'étude et la prà- 
tique de la géométrie descriptive, 6ntsle 
grand avantage de former l'esprit et la;c 


à volonté et subitement. Cette voiture 
dée sur un principe ingénieux, à 
née à prévenir bien des accidents, 
dant il faut dire, daus l'intérêt de la vérité, 


qu'elle paraît un peu compliquée, et a 


besoin encore de quelques modifications 
pour être désormais d’un usage utile et 
commode. : 

M. Colombat de l’Isère écrit à l’Acadé- 
mie pour lui rappeler que depuis long- 


temps il s’occupe du traitement des vices 


de la parole; il prie en même temps les 
commissaires, nommés pour constater la 
découverte de M. Jourdant, de lui adresser 
des bègues pour qu'il puisse leur prouver 
d’une manière.évidente qu il possède contre 
le bégaiementiuntraitement facile, prompt 
et qui cependant n’emprunte rien à la mé- 
decine opératoire.Espérons que de cette ri- 
valité sortira quelque chose de curieux et 
d’important au double point de vue de la 
physiologie et de la thérapeutique. 


M. Calvert, aide naturali:te au Muséum 
d'histoire naturelle, envoie à l’Académie 
uve note sur le protoxide de plomb. M:Cal- 
vert a observé que lorsque lon sature la 


soude bouillante marquant de 40 à 450 par: 
de l'hydrate de protoxyde de plomb etqun! 


laisse refroidir la liqueur il se précipite un 
oxyde rose de plomb cristallisé nf eabes 
assez réguliers. Chauffé à 400%environ cet 
oxyde augmente de volume, devient noir 
et décrépite en laissant dégager des traces 
d’eau 0,1 pour 100. Si l’on élève sa tem- 
pérature au rouge rosé il prend une cou- 
leur jaune de soufre sans perdre sa forme 


1107 


cristalline. Il est très peu soluble dans les 
acides. Sa composition est . 
92,83 de plomb. 
7,17 d'oxygène. 
100,00 

Si au lieu de prendre de la soude mar- 
quant de 40° à 45° l’on fait fondre cet al- 
cali caustique et que l’on y projette de 
l’hydrate de protoxyde de plomb, celui-ci 
devient rouge à l’instant même en donnant 
naissance à un nouvel oxyde isomère avec 
- le protoxyde. Ce nouvel oxyde est une 
substance amorphe dont la couleur rap- 
pelle celle du minium. Trituré il donne 
une poudre jaune rougetre semblable à 
celle que fournit l’oxyde rose, mais il dif- 
fère de ce dernier en ce qu’il est très so- 
luble dans les acides. Eutre 300 et 400 il 
devient rouge brun sans changer de teinte 
par le refroidissement, et au-dessus de 
400° il prend nne teinte jaune de soufre 
pendant que la température s’abaisse. Cet 
oxyde peut ètre obtenu anhydre, mais ce 
n’est qu'avec la plus grande difficulté qu’on 
le prive de son eau hÿgrométrique. Ce 
qui est curieux, c'est que la potasse à 45° 
agit sur l’hydrate de protoxyde de plomb 
en excès de la même manière que la soude 
fondue , tandis que la soude à 45° ne donne 
pas le même résultat. 

En dissolvant de l'hydrate de protoxyde 
de plomb dans de la potasse à 45° jusqu à 
saturation, M. Calvert à obtenu un troi- 
sième oxyde qui paraît avoir été étudié 
déjà par M. Mitscherlich. E.F. 

2523300 —— 
SCIENCES PHYSIQUES. 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Sur l’emploi du cyanure de potassium dans 
l'analyse chimique ; par MM. J. Haidlen 
et R. Fresenius. 


(Premier article.) 


Dans un Mémoire publiédans ces derniers 
temps sur la préparation et l'emploi du 
cyanure de potassium , M. Liebig a signaté 
les services importants que ce corps peut 
rendre comme agent de réduction ou de 
séparation dans l'analyse chimique ; il y a 
cité un grand nombre de cas où des sépa- 
rations, pénibles ou incomplètes par les 
procédés employés jusqu'alors, s’effec- 
tuaient de la manière la plus simple à l’aide 
du cyanure de potassium. Ces faits légiti- 
maient l'espérance qu’une étude encore plus 
approfondie de l’action de ce cyanure sur 
les oxides, les sulfures métalliques, etc., 
pourrait ajouter des données intéressantes 
à l'histoire des combinaisons du cianogène 
en général , ainsi qu’à l'analyse chimique 
en particulier. 

Sur l'invitation expresse de M. Liebig, 
nous avons entrepris, au laboratoire de 
Giessen , des recherches où nous nous 
sommes contrôlés réciproquement, avec 
‘tout le scru pule qu’exige un travail où rien 
ne peut se déduire par analogie, maïs où 
tout doit se décider par la voie de l’expé- 
‘rience. Dans le cours de ces recherches, 
nous avons eu la satisfaction de voir se 
réaliser nos expériences en grande partie 
et d'obtenir des résultats favorables, sur- 
tout pour l'analyse. 

Avant de passer à la description de nos 
recherches, nous  ferans observer qu'à 
moins d’une désisnation spéciale. nous en: 
tendons toujours par cyanure de potassium 


1108 


le mélange de cyanure de potassium et de 
cyanate de potasse, qu’on obtient, suivant 
M. Liebig, en faisant fondre du cyanofer- 
rure de potassium avec du carbonate de 
potasse. Nous avons fixé notre attention de 
préférence sur ce produit, sa préparation 
étant simple , fort aisée et peu coûteuse. 

Pour l'obtenir on prend sur huit parties 
de cyanoferruare de potassium, entièrement 
débarrassé de son eau de cristallisation , 
trois parties de carbonate de potasse. Ce 
dernier doit être tout à fait sec et parfai- 
tement pur, surtout exempt d'acide suifu- 
rique. Il est convenable d'opérer la fusion 
dans un creuset de fer hien couvert, attendu 
que le cyanure de potassium en fusion tra- 
verse aisément les creusets de Hesse et leur 
enlève toujours une petite quantité de si- 
lice. Si, dès le commencement de l’opéra- 
tion, on maintient la chaleur au rouge fai- 
ble , la réduction et la séparation du fer ne 
manquent pas de réussir. 

Pour servir de réactif, le cyanure de 
potassium ainsi obtenu doit, après le re- 


froidissement , se présenter sous la forme 


d’uve masse d’un blanc de lait, exemptde 
grains de fer, et donner à froid avec l’eau 
distillée une solution limpide et incolore. 
Elle ne doit point, par l'addition d’un 
excès d'acide hydrochlorique, laisser de ré- 
sidu siliceux. Les sels de plomb doivent y 
former un précipité parfaitement blanc; s’il 
est d’un aspect sale, cela prouve que le car- 
bonate de potasse avait été mélangé avec du 
sulfate de potasse, que le cyanure de po 
tassium ramène à l’état de sulfure. Nous 
avons préparé, pour les réactions une so- 
lution de 1 partie de cyanure de potas- 
sium dans 6 à 8 parties d’eau, 

Examinons d’abord l'action du cyanure 
de potassium sur des corps pris isolément, 
pour passer ensuite aux nouvelles méthodes 
de distinction et de séparation. Les pro- 
priétés du cyanure de potassium permettent 
d’en faire deux espèces d'applications qui 
n'ont presque aucun rapportentre elles : 
en effet, il sert d’abord d’agent de sépara- 
tion par voie humide, et, en second lieu, 
de inoyen de réduction et de fusion par 
voie sèche. Cette circonstance nous fait di- 
viser notre travail en deux parties. 

I. Réaction des oxides et des sulfures 
rnélulliques par la voie humide. Tous les 
sels, examinés sous ce rapport, furent na- 
turellement employés en solution aqueuse. 
“En général, il nous a paru indifférent que 
les oxides fussent unis à tel ou tel acide, et 
que l'acide prédominât ou non dans la so- 
lution. 

1. Potasse, soude, ammoniaque. Elles 
n’éprouvent aucun changement. 

2. Chaux, baryte, strontiane. Lorsqu'on 
ajoute du cyanure de potassium à la solu- 
tion aqueuse de l’un de leurs sels, il se 
forme un précipité blanc de carbonate de 
chaux , de baryte ou de strontiane. Il pro- 
vient du carbonate alcalin produit par la 
décomposition du cyanate de potasse qui 
était contenu dans le cyanure de potas- 
sum. L'ébullition favorise la séparation 
complète des carbunatesdesterres alcalines. 
Le cyanure de potassinm n’a pas la moindre 
influence sur ces carbonates, c’est-à-dire 
que le précipité y est tout aussi insoluble 
que dans l’eau. Si l’on n’ajoute pas assez 
de cyanure de potassium pour précipiter 
complétement les oxidesen question à l’état 


de carbonates, une partie reste en disso- - 


lutiou à celui de cyanure, mais celui-ci se 
convertit à l'air et plus vite encore par Ja 
chaleur, en carbonate. 


1109 


3. Magnésie. Elle se comporte comme 
les terres alcalines : seulement il se pré- 
sente ici cette circonstance qu'il se forme 
toujours, par la décomposition ducyanate 
de potasse, un sel ammoniacal qui ne se 
décompose que par l'ébullition avee du car- 
bonate de potasse, si la précipitation doit 
être complète. 

4. Alumine. Elle se précipite compléte- 
ment. Le précipité d’hydrate d’alumine est 
entièrement insoluble à froid dans un'excès 
de cyanure de potassium. Une partie se 
d ssout par l’échauffement, mais elle s’en 
précipite de nouveau par une addition de 
sel ammoniac. 

5. Manganèse. Lorsqu'on ajoute à une 
solution de cyanure de potassium très peu 
d’une solution de protoxide de manganèse, 
le liquide prend une teinte rouge-brun 
clair; par l’addition d’une plus grande 
quantité de sel de manganèse, il se produit 
un abondant précipité de cyanure de man- 
ganèse d’un jaune rouge sale et qui se dis- 
sout dans un grand excès de cyanure de 
potassium. La liqueur rouge-brun , obte- 
nue, dont les acides ne séparent plus de 
cyanure de manganèse, est une solution 
manganocyanure de potassium, à l'air 
elle se décolore et se décompose en sépa- 
rant de l’oxide de manganèse hydraté. — 
Le sulfure de manganèse récemment pré- 
cipite ne se dissout que fort difficilement 
à chaud dans un grand excès de cyanure 
de potassium. La solution d’an léger rouge 
jaunâtre ren‘erme du manganocyanure et 
du sulfure de potassium. L’addition d’un 
excès d’acide hydrochlorique en dégage de 
l'hydrogène sulfuré et de acide prussique, 
tandis que la solution retient du chlorure 
de manganèse. 5 

6. Fer. Le cyanure de potassium forme 
un précipité rouge-jaune dans la solution 
d’un protosel de fer, précipité qui exigeun 
grand excès de cyanure de potassium pour 
se dissoudre , mais qu’une addition de po- 
tasse caustique fait disparaître prompte- 
ment. Le liquide renferme du ferrocyanure 
de potassium dont on connait les réactions. 

Dans la solution des persels de fer, le 


| cyanure de potassium occasionne un pré- 


cipité brun-rouge semblable à l’hydrate 
de peroxide de fer, et juine se dissout pas 
entièrement dans un excès de.cyanure de 
potassium. Le liquide renferme du ferro- 
cyanurc de potassium. 

Le sulfure de fer récemment précipité se 
dissout difficilement à chaud dans beau- 
coùp de cyanure de potassium ; mais si Fon: 
y ajoute de la potasse caustique , la solu- 
lion est prompte et complète. Le liquide, 
d’un brun jaunâitre, contient alors du fer- 
rocyanure et du sulfure de potassium. 

7. Cobalt. En ajoutant du cyanure de 
potassium à la solution d’un protosel de 
cobalt, on obtient un précipité flocon- 
neux de cyanure de cobalt, d’un jaune sale 
et qui se dissout complétement dans un 
excès de réactif, Lorsqu'on chauffe la-so- 
lution il se produit, en présence d’acide 
prussique libre, du cobalt eyanide de:po- 
tassium que ni les acides étendus ni les al- 
calis n’alièrent. 

Le sulfure de cobalt récemment précipité 
se dissout à chaud dans le cyanure de .po- 
tassium avec une teinte jaune-brunâtre. 
Si l'on ajoute à la solution un acide-en 
excès , il se développe de l'hydrogène sal- 
furé et de l'acide prussique: La solution 
retient du cobaltocyanide de potassium. 

8. Nickel. Lorsqu'on mélange un sel de 


Î nickel avec du cyanure de potassium, 1l 


a — 


1110 

se forme un précipité de cyanure de 
nickel, en flocons gélatineux, d’un vert 
pâle, et qui se déposent lentement ; ce pré- 
cipité se dissout aisément dans un excès de 
cyanure de potassium. La solution jaune 
renferme une combinaison double de cya- 
nure de nickel et de cyanure de potas- 
sium, 


L’acide hidrochlorique, l’acide sulfurique 
et l’acide nitrique font reparaître le préci- 
pité, en décomposant le cyanure de potas- 
sium; mais la précipitation n’est jamais 
complète : il reste toujours une certaine 
quantité de nickel en dissolution, qu’on 
précipite à froid ou à chaud. L’acide acé- 
tique ne décompose pas le cyanure de po- 
tassium et de nickel. 


Le sulfare de nickel récemment précipité 
se dissout aisément à chaud dans une solu- 
tion de cyanure de potassium. Par l’addi- 
tion de l'acide acétique, la solutionincolore 
développe de l'acide prussiqne et de ’hy- 
drogène sulfuré sans se troubler; mais si 
l'on y ajoute un acide minéral, il se pro- 
duit en même temps un précipité de cya- 
nure de nickel. 


9. Zinc. Un selêde zinc , mis en contact 
avec du cyanure de potassium , donne un 
précipité blanc et gélatineux de cyanure 
de zinc, qui se dissout fort aisément dans 
le cyanure alcalin en formant une combi- 
naison double de cyanure de potassium et 
de zinc ; les acides font reparaître le préci- 
pité ; un excès d'acide (et même d'acide 
acétique ) Le redissout. Le carbonate de zinc 
lui-même se dissout aisément dans le cya- 
nure de potassium. < 


Le sulfure de zinc récemment précipité 
donne, quand on le chaufie ave cune solu= 
tion de cyanure de potassiam, une solution 
incolore , contenant, outre du suifure- de 
potassium , la combinaison double de cya- 
nure de potassium et de zinc. L’acide acé= 
tique précipite de la solution une partie du 
zinc à l’état de sulfure, en même temps 
qu’il développe de l’acide prussique et de 
l'hydrogène suifuré. 

10. Cadmium. Quant on ajoute du cya- 
nure de potassium à une solution d’un sel 
de cadmium, il se forme un précipité blanc 
de cyanure de cadmium qui se comporte 
exactement comme le cyanure de zinc. 


Lesulfure de cadmium estinsoluble dans 
le cyanurede potassium, de sorte que si l’on 
ajoute de l'hydrogène sulfuré à une solu- 
tion de cyanure de potassium et de cad- 
mium, tout le cadmium se précipite à l’état 
de sulfure. 

11. Plomb. En ajoutant du cyanure de 
potassium à la solution d’un sel de plomb, 
on obtient un précipité pesant, en grains 
fins et blancs, qui se déposé aisément , de 
manière qu’on peut le recueillir et le laver 
avec facilité. 

L'addition du cyanure de potassium ayant 
été suffisante, les réactifs (l’hydrogène sul- 


furé, etc.) ne décèlent plus de plomb dans 
le liquide filtré. 


La chaleur favorise la précipitation, Le 
précipité est aussi insoluble dans un excès 
de cyanure que dans l'eau. Il ne renferme 
pas de cyanogène. L’acide acétique et l’a- 
cide nitrique le dissolvent aisément en dé- 
veloppant de l'acide carbonique. Si l'on pré- 
cipite le plomb de la solution par l'hydro- 
gène sulfuré, il reste, par lévaporation du 
liquide filtré, une petite quantité d’un sel 
de potasse. 


Le sulfure de plomb est entièrement in- 


1111 


soluble danslecyanure depotassium, même 


à chaud. 

12. Bismuth. L'oxide et le sulfure de ce 
métal se comportent comme les combinai- 
sons correspondantes du plomb. Le préci- 
pité qui se forme par le cyanure de potas. 
sium dans les solutions de bismuth, est 
blanc , lourd, et se recueille aisément sur 
le filtre. Il renferme aussi toujours un peu 
de potasse. 

13. Urane. Lorsqu'on verse dans une so- 
lution de cyanure de potassium un peu 
d’une solution d’oxide d'urane, on obtient 
une solution jaune et limpide. Par l’addi- 
tion de plus d’urane, il se produit un pré- 
cipité jaune de cyÿanide d’urane. Celui-ci 
ne se dissout à chaud que dans un grand 
excès de cyanure de potassium Les acides 
n’occasionnent pas de précipité dans la so- 
lution jaune. 

Cette réaction, que l’urane partage avec 
le fer, le cobalt, etc., ainsi que d’autres 
circonstances encore, nous amène à cette 
conclusion , qu’il existe pour l’uraue une 
combinaison analogue au ferro-cyanure et 
au cobaltocyanide de potassium, etc. Nous 
sommes en ce moment encore occupé de 
son examen. 

Si l’on ajoute du cyanure de potassium à 
la solution d'un deutosel de cuivre, il se 
produit un précipité vert-jannâtre de cya- 
nide de cuivre, fort soluble dans un excès 
de cyanure. Les acides produisent dans la 
solution jaune un précipité blanc de cya- 
pure de cuivre qui se redissout dans un 
excès d’acide. 

Le sulfure de cuivre se dissout aisément 
dans le cyanure de potassium. 

La solution jaune renferme du sulfure de 
potassium , ainsi que du cyanure de potas- 
sium-ét de cuivre. Au bout de quelque 
temps elle se décolore sans se troubler. Si 
Von y ajoute un excès d'acide sulfurique 
ou hydrochlorique, lecyanure double et le 
sulfure de potassium se décomposent. Tout 
le cuivre se précipite à l’état de sulfure , et 
tout l’acide prussique se dégage. 

( Revue scientifique.) 


— PRE EE — 
SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIE. 
Notice sur quelques accidents volca- 
niques. 


Au congrès scientifique de Strasbourg, 
l'année dernière, j'ai démontré par des 
faits matériels très concluants, que le co- 
rindon, soit saphire du vulgaire, et le gre- 
nat à base de protoxyde de fer, gisant dans 
des formations volcaniques de diverses 
époques du département de la Haute- 
Loire, ne s'étaient point formés pendant 
l’action du volcan, comme l'ont avancé 
quelques savants, mais qu’ils s’y trou- 
vaient d’une manière purement acciden- 
telle, ce que prouvent évidemment les ro- 
gnons de roche granitique dans lesquels 
ces précieuses substances sont enga- 

ées. 

D’autres découvertes résultant encore 
de mes observations, consistant aussi en 
corindon bleu cristallisé dans des rognons 
de roches cristallines auxquelles adhère 
de la lave, mais différant notablement, 
sous le rapport minéralogique, des échan- 
tllons que j’ai soumis à l'éxamen des mem- 
bres de ce même congrès, Viennent corro- 
borer mon hypothèse. 

Les alterations, par suite de l’action vol- 
canique, de ces roches granitiques renfer- 


mant cette précieuse gomme, ne permet- 
tent pas, quant à présent, leur détermina- 


tion spécifique. 


Ces nouvelles découvertes sont des ro- 
gnons granitiques de nature différente de 
celle des échantillons que j'ai montrés au 
congrés de Strasbourg, renfermant des 
corindons bleus, et auxquels adhèrent en- 
core de la lave. J'aurai occasion de re- 
venir là dessus. 

Je pourrais citer encore, au sujet du 
corindon, son état de fusion partielle, qui 
a sensiblement oblitéré ses formes crystal- 
lines, ce qui, par la mesure des angles, 
les fait notablement différer de valeur de 
celles à l’état normal que l’on retire des 
terrains de cristallisation du nouveau 
mon le et d’ailleurs. 

Ce que j'ai dit du corindon et du grenat 
touchant leur origine, je puis le dire aussi 
du titanate de fer ou fer oxydulé titané, 
et le prouve par des faits matériels géolo- 
giques analogues précédents, observés tout 
récemment dans les communes de St-Elbe, 
de Polignac et de Taulhac. 

Cependant, bien que ces faits me per- 
mettent de conclure à l'existence par ac- 
cident, dans nos produits volcaniques, du 
fer oxidulé titané des terrains primitifs, 
je crois qu’il peut exister aussi, du moins 
en espèces analogues, de formation volca- 
pique proprement dite. 

Ce que j’ai eu occasion de dire sur ces 
intéressantes substances prouve, ce me 
semble, assez clairement leur origine. 

Celle du zircon, du pléonaste et du 
sphène ou titane silicio-calcaire. que j'ai 
eu occasion de signaler au congiès de 
Strasbourg, dans les produits volcaniques 
des communes de Ceyssac et d’Espaly, 
soupçonnée également granitique, restera 
encore dans le domaine des recherches, 
aucun fait particulier n'ayant, jusqu’à 
ce jour, soulevé le voile de ce mystère. 

En ce qui touche l’origine et la nature 
de la substance connue sous le nom de cor- 
diérite, signalée par divers auteurs dans la 
brèche volcanique de St-Michel, laquelle 
se trouve en plusieurs endroits aux envi- 
rons du Puy,en un mot presque partout 
où cette formation se manifeste, je dirai 
que sa manière d’être, ou des circons- 
tances géologiques non moins concluantes 
que ceiles qui ont dévoilé la f:rmation des 
gemmes et du titanate de fer dont je viens 
de parler, prouvent d’une manière non 
moins claire, que c’est encore un acci- 
dent volcanique. 

Je dirai de plus que la science me pa- 
raît dans l'erreur en considérant comme 
cordiérite la substance signalée dans la 
brèche de St-Michel, ayant la certitude 
minéralogique que cette substance est un 
élément constitutif essentiel du granit, 
je veux dire le quartz, en grains ordinai- 
rement amorphes, observé une fois pyra- 
midé, à pyramide composée de plans trian- 
gulaires identiques par trois; en un mot la 
pyramide du quartz, lequel, technique- 
ment parlant, par suite de modification de 
la cause ignée, qui lui a donné sa couleur 
bleue violacée, : doit être dénommé quartz 
fritté. BERTRAND-DE-Lom. 


ORNITHOLOGIE, 


Mœurs du Couroucou Pavonin, et détai's 
sur les contrées qu’il habite; par M. A. 
de Lattre. 


Ce qui manque à la plupart de noslitres 
d'histoire naturelle, ce sont des détails de 


1113 


mœurs ; et, il faut le dire, c’est que les 
voyageurs éprouvent aussi tant de difficul- 
tés, qu'il ne leur est pas toujours facile de 
se livrer à ce genre d'observations qui exige 
du loisir, du caline d’esprit et des circon- 
stances favorables. J'ai été assez heureux 
pour étudier, dans son pays natal, le cou- 
roucou pavonin, ce magnifique oiseau, le 
plus brillant peut- être de toute l’ornitholo- 
gie, surlequel onnepossédaitaucuns détails 
et dont on ignorait jusqu’à la couleur des 
yeux. Le pavonin vit dans les régions de 
l'Amérique tropicale, très élevées et pres- 
que défendues aux pas des voyageurs euro- 
péens par des difficultés sérieuses et de plu- 
sieurs sortes, ce n'est qu'avec persistance 
et tenacité qu'il est possible de pénétrer 
dans la résence dè Guatimala qu'il habite, 
et c’est par des chemins épouvantables, des 
sories de sentiers perdus, impraticables 
pour les mules, qu'on peut dépasser la 
haute Vera-Paz, dont la dernière ville est 
Toban. C’est dans ce district qu’onletrouve; 
la nature de ce côté est entièrement diffé - 
rente du reste de la république, la pluie y 
est continuelle, aussi ja végétation ne cesse 
pas d’être admirable, tandis que dans les 
autres parties de cette Amérique, l’année 
est partagée en deux, six mois de pluie et 
six mois de sécheresse ; ce charme, pour 
la belle saison, n'en est pas un pour la 
commodité du voyageur naturaliste, pour 
plusieurs raisons : 

1° Les chemins se trouvant trop mauvais 

pour les mules, il faut avoir recours aux 
Indiens pour continuer sa route; ces gens 
disposent une espèce de fauteuil on ne peut 
plus.pittoresque, et avec une courroie qui 
l’entoure et leur passe sur le front, ils le 
rendent assez sûr pour que lon puisse se 
plaeerdessuset voyager ainsi3 ou {lieues par 
jour;.ce moÿen de transport extrêmement 
fatigant pour les deux, estle seul praticable 
en ce pays, aussi j'ai dû m'en servir. 

2° La difficulté pour sécher les oiseaux 
est des plus grandes ; il m'a fallu de toute 
nécessité recourir à la chaleur du feu, ne 
me servir que de préservatifs en poudre-êt 
établir de petites cabanes disposées de ma- 
nière à avoir un courant d'air perpétuel ; 
avec tous ces moyens, j'ai dû souvent res-. 
ter un mois avant de pouvoir sécher un 
quadrupède ou un oiseau de grande taille, 
J'ai rencontré pour la première fois le cou- 
roucou pavonin, le 4 octobre, à 8 lieues 
de Toban, dans les forêts d'arbres très 
élevés et où le soleil ne pénètre jamais, 
aussi il y fait un froid hamide et fort pé- 
nible ; c’est là où se plait ce magnifique 
oiseau, qui néanmoins recherche le soleil 
du matin; il est alors impossible de le ti- 
rer, parce que, pour en sentir là chaleur, 
il faut qu’il se place sur les branches les 
plus élevées, et si un fusil portait aussi 
oin , la multiplicité des lianes retiendrait 
le pavonin. Il faut donc attendre 10 ou 11 
heures, alors l'oiseau vole et se pose en 
dedans du bois : il n’y a que deux moyens 
de se le procurer ; le premier est de savoir 
imiter exactement le ci de la femelle, alors 
on l’appelle et on peut l'attirer jusqu’à por- 
tée de fusil, ayant surtout bien soin qu'il 
ne vous voie pas. 

Le deuxième est de voyager jusqu’à ce 
que l’olt trouve près du petit chemin du 
Petink, qui date d'avant la conquête et le 
seul qui existe de ce côté, l'arbre produi- 
sant le fruit dont il se nourrit ; alors on se 
poste près de cet arbre, et il est rare que 
dans le courant de la journée un ou plu- 
sieurs couroucous ne viennent prendre leur 


111% 


repas, ce qu'ils font en volant rapidement 
d’une assez grande distance à l’autre, et 
attrapant au passage un fruit qui est de la 
grosseur d’une noisette, ils en mangent un 
assez grand nombre, aussi leur gésier est: 
il énorme, beaucoup plus volumineux que 
dans aucune autre espèce que j'ai jamais 
préparée. Quelqu'un qui penserait chasser 
le pavonin comme les autres espèces se 
tromperait , parce que cet oiseau est de son 
naturel travquille et muet, et qu’il est im- 
possible de le poursuivre dans les bois qu’il 
habite dont l'humidité continuelle se joint 
à une épaisse couche de branches tombées 
depuis bien des années, par conséquent 
pourries, ce qui fait que les jambes de 
l’homme enfoncent comme dans la boue, 
avec la différence qu'il a de la peine à les 
retirer sans s’écorcher plus ou moins; l’on 
est donc réduit au petit chemin déjà ex- 
cessivement difficile à parcourir. 

Je n’ai pu tuer de femelles avant le mois 
de janvier, parce que cette époque étant 
celle de leurs amours, en imitant leurs 
cris, la Jalousie les faisait accourir pour 
livrer combat. 

Le jeune couroucou mâle, la première 
année, ressemble à la femelle, la seule dif- 
férence consiste dans la partie inférieuredu 
ventre qui a quelques taches rouges mé- 
lées avec le gris, et les six plumes de la 
queue sont blanches, tandis que celles de 
la femelle sont rayées de noir. Le courou- 
cou adulte, c’est-à-dire à l’âge de trois ans, 
ne reste magnifique que pendant un mois 
de l’année; ce qu'il a de plus extraordi- 
naire, les grandes plames de la queue ne 
sont à leur longueur que l’espace de trois 
mois, et comme c’est la saison des amours, 
en courant sa femeile, il use bientôt des 
plumes naturellement fragiles; it est donc 
extrêmement difficile de l'avoir parfait, 
parce que s’il a été épargné par le fusil, il 
ést rare qu'il ne se déchire pas en tom- 
bant des arbres élevés sur lesquels on le 
tire : ses plus longues plumes restent en 
mue neuf mois de l’année, tandis que les 
äutres ne le sont que quatre; cet oiseau, 
le plus ordinairement gras, a la peau si fine 
et si délicate que j'ai éprouvé beaucoup 
de difficultés à bien le préparer; il n'a 
fallu le plus grand soin pour réussir. 

Lorsque le pavonin désire nicher, il 
cherche un nid de pie inhabité; alors il 
travaille longtemps pour faire un trou à. 
l'opposé de celui déjà fait. 11 dispose le mé- 
me nid à sa façon, et lorsque le mâle couve 
il entre d'un côté et sort par l'autre, uni- 
que moyen pour ménager une parure à 
laquelle 1l tient beaucoup. C'est alors que 
les Indiens fontileurs efforts pour monter 
sans bruit sur l'arbre et'attraper les deux 
grandes plumes de l'oiseau qui, effrayé, 
les leur abandonne. Ces gens les vendant 
avec facilité font une guerre continuelle 
aux couroucous; j'en ai vu installés dans 
un guépier sauvage abandonné; d'autres 
livrent combat au pic et le forcent à re- 
noncer à son nid de l’année. 

Il m'a été impossible d’obtenir le moin- 
dre renseignement des naturels, parce que 
ces gens ne comprennent aucune langue 
connue; ils ont un langage extrêmement 
bizarre, el il m'est arrivé d’être accompa- 
gné par des Indiens qui ne vivaient qu'à 
quinze heues d’autres tribus et qui se 
trouvaient fort embarrassés pour se faire 
comprendre, ce qui m'a fait éprouver en 
tout les plus grandes difficultés. 

Dans les divers musées les couroucous 
sont préparés avec des yeux d'émail blanc 


11145. 


ou d’autres couleurs; je les ai toujours 
trouvés d’un brun fauve uniforme. 


TT SIDE ———— 
SCIENCES APPLIQUÉES. 
ARTS MÉTALLURGIQUES. 
Grille-chaine sans fin pour les foyers. 


Un ingénieur vient de proposer de dis- 
poser la grille dans les foyers des usines 
d’une manière particulière , qui permet à 
chacune de ses parties d’arriver successi- 
vement dans lé point où règne la combus- 
tion la plus vive, et de consumer ainsi 
avantageusement le combustible. Nous al- 
lons chercher à donner une idée des dis- 
positions qu il a adoptées. 

Les barreaux de la grille sont établis en 
forme de chaïne sans fin, au moyen de 
boulons transverses qui passent à travers 
des trous percés dans les diverses pièces qui 
composent ces barreaux, à peu prés comme 
une chaîne de montre ou uve chaîne de 
gaile. Cet assemblage de barreaux, qui 
forme la grille ou plutôt une chaine 
sans fin , s’avance sur des rouleaux placés: 
de distance en distance , et dont les touril- 
lons reposent sur des -appuis disposés sur 
un bâtis particulier.Cette grille-chaîne est 
mise en circulation par des ‘roues ou des 
étoiles placées aux extrémités qu’on fait 
mouvoir par des moyens faciles à imaginer, 
et portés, ainsi que tout le système, sur le 
bâtis’ dont il a été question, lequel roule 
sur des galets, de facon qu’on peutà chaque 
instant ; et lorsqu'il y a des réparations à y 
faire, tirer le tout hors du foyer et l’y faire 
rentrer. Une trémie, placée à la partie pos- 
térieure du fourneau, verse peu à peu le 
combustible sur la grille àmesure qu'elle 
chemine. Une trappe verticale en fonte 
contrebalancée par un poids, et qu’on 
abaisse plus ou moin$en avant de la trémie, 
sert à régulariser l’épaisseur de la couche 
de combustible que celle-ci a versé sur la 
grille, d’après le vent où l'ouverture de 
porte qu’on donne au foyer. 

L'inventeur, qui est M. J. Juckes, fait 
remarquer qu'il ne fait usage que de houille 
en pelits morceaux, et assure qu'avec son 
mode d'alimentation et de circulation on 
peut même brûler les escarbilies et le menu 
dans les grands foyers. Pendantque la com- 
bustion a lieu, la grille chemine à raison 
de 1 centimètre par minute; un peu plus 
ou un peu moins ; et M. Juckes assure qu'on 
produit ainsi un excellent feuet qu'il n'y a 
pas de dégagement de fumée par la che- 
minée. JoBARD. 


ARTS CHIMIQUES. 


De l'emploi des gaz comme combustibles 
dans les foyers industriels, par L, Tho- 
mas et C. Laurent, ingénieurs. 


Depuis quelque temps l'attention se 
porte sur la substitution dans les foyers 
industriels des gaz aux combustibles en 
nature, seuls précédemment employés. 
Cette importante question se trouvant sou- 
mise À l'Académie par un mémoire récent 
de M. Ebelmen, sur la formation et la com- 
position des gaz que la métallurgie est ap- 
pelée à employer, nous avons pense qu on 
accueillerait avec intérêt la communiea- 
tion de quelques faits relatifs surtout à 
l'usage du gaz sur une grande échelle. 

La généralisation de l'emploi des gaz 
combustibles à la place des combustibles, 


-pourraît faixe/naître la crainte sérieuse 
_ d'exposer les ouvriers à des dangers nou- 
veaux. Ces’ 


ar. en effet, sont inflamma- 


Hätons-nous de dire que si l’application des 

| ‘gaz, dans un grand nombre d’usines, a dé- 

| jà occasionné des accidents, ceux-ci du 

‘moins n’ont jamais eu de suites fâcheuses. 
Des dispositions bien entendues mettent à 
l'abri de tout sinistre événement. 

Un utile préservatif contre lesasphyxies 
| consiste dans l’odeur quespossèdent tou- 
| jours les gaz, vdeur qui ne permet pas 

que l’on s’expose sans le savoir à leur ac- 
tion. Nous ayons vu trés souvent (nous 
| pourrions en citer une trentaine d’exem- 
| ples) des ouvriers, après avoir respiré im- 
| prudemment. des gaz contenant 15: à 20 


| p.400; d’oxide, de carbone, tomber ‘éva- 
| nouis; maissle traitement le plus simple 
. que l’on emploieen pareille circonstance 
| leur rend bientôt l’usage des sens, et après 


: quelques heures de repos ils sont en état 


| promptement' de ivertiges; et si l’on ne 
|:s’empresse de se retirer de cette. atmo- 
sphère, 6 tombe tout à coup.évanoui sans 
pouyôir proférer une parole; aucune souf- 
|francé n’accompayne l’évanouissement. 
Les explosions se produisent- dans les 
fours, principalétiént au moment de l'al- 


lumage: et dans les, conduits, quelques: 
instants après l'extinction des foyers'cà 


\gaz. Au moyen de; précautions convena- 
bles apportées dans,ces deux opérations, on 
|parvient avec certitude à éviter les explo- 
‘sions. Si, ces précautions viennent à être 
rnégligées parles ouvriers, lelfgk nuisible 
\déla détonnation du gaz se Louve annulé 
par le jeu de nombreuses soupapes de sû- 
“reté. qu'il. .est.nécessare d'adapter aux 
“fours et.aux conduites de gaz: Les dimen- 
“sions et la meilleure position de ces soupa- 
«pes nous ontété indiquées par l'étude des 
faits. 
\ La nature des gaz a unegrandeinfluence 
sur l'intensité des explosions. Ainsi, un mé- 
…lange d'oxide de carbone, d’acide carboni- 
que ct d'azote, le premier de ces gaz y en- 
“irant dans ie rapport de 15 à 20 p. 100, ne 
“donne jamais d’explosion violente. Mas 
l'addition de l’hydrogène, même à la fai- 
1ble dose de 2 à 3 p. 100, suffit pour aug- 
pacnter beaucoup l'énergie de la détonna- 
“tion. 
[Le chauffement des gaz dans des tuyaux 
portés au rouge avant leur admission dans 
les foyers de combustion, opération sou- 
«vent nécessaire pour obtenir de hautes 
mempératures d’une manière constante, 
exige quelques soins particuliers, à l’aide 
“lesquels. les explosions ne sont ni plus fré- 
“juentes ni plus-dangereuses. 
"Daris: latproduetionsdesigaz, on doit évi- 
fer, äutañt que possible, la formation de 
t ‘acide carbonique “Nots avons remarqué 
Hue la go rioN deéc'azétait d'autant 
[Plus fable que la préssiôh Séûs laqiélie on 
njectait Pair dans le géiéräteur À dax'etait 


"ITOOK 89) 


. complétement la houille, le hois et laïtour- 


: végétaux, et que ces derniers sont en pro- 


 fumiers ou de la paille. Mais lorsqu'on 


1118 


peut mettre les étangs à sec pour un cer- 
tain temps et rejeter, sans grand travail, 
la vase sur,les digues ou sur les bords, 
lorsqu'on peut, après l’avoir laissé sécher, 
la transporter facilementsur destraïneaux, 
les frais peuvent n'être plus dispropor- 
tionnés. 

La vase, comme la tourbe, a besoin de 
passer au moin$.une année exposée à l’air, 
avant d’être employée. Son emploi est 
plus favorable, aux sols légers et peu pro- 
fonds ainsi. qu'aux profonds. Une addition 
de chaux en auymente dans tous les cas la 
propriété fertilisante. 

Boues des rues. — Telles sont encore les 
différences de temps, de préjugés et de 
lumières, que dans certains pays, l’enlè- 
vement des boues est une charge pour les 
villes, tandis que, dans d’autres, il consti- 
tue un revenu. La, boue, le balayage des 
rues, les immondices qu'on enlève dans 
les grandes rues sont d’une grande vertu 
fertilisante. Quelque peine qui en coûte 
pour les réunir, de quelques frais que leur 
transport soit accompagné, elles reviennent 
encore à meilleur marché que le famier, 
lorsçiwil faut lacheter. Le cultivateur, à 
portée d’une grande ville, qui vend sa 
paille et Son fourrage, ne gardant que le 
nécessaire, qué ce qu'il lui en faut pour 
l'entretien de ses attelages, et qui em- 
ploie une partie du produit à acheter 
des boues, fait toujours une très bonne 
affaire. °° : 

Un mélange de débris animaux, végé- 
taux et minéraux ne peut qu’avoir des pro- 
 priétés très favorables à la végétation. Les 
<eules parties poudreuses enlevées par les 
roues aux pierres dont les routes sont char 
géessont déjà un bon engrais,ret le culti- 
teur'doit être attentif à recueillir ce que 
 Jesipluies en entraînent: et:à-traiter avec 

| leSentrepreneurs ou les ouvriers pour en 
| obtenir les regrattagesriet iles-terres pro- 
 duites par les travaux:d’eñtretien. 

.- L'effet des balayures des rues des grandes 

villes'se fait sentirijusqu'à trois et quatre 
ans de suite dans ‘des»champs, et on-tient 
une voiture de cetengrais: pour équivas 
lents à quatre voitures de fumier devache, 
Mais ces boues ne doivent pas non plus 
s’employer humides :et ‘encore moins im- 
médiatement, bien qu’elles n'aient absolu- 
ment besoin ni de préparation, ni d’au- 
cune addition d’autre substance. Un fer- 
mier, rapporte Arthur Young, n'ayant pas 
assez de famier pour toute sa jachère, n’en. 
sema par moins de froment la partie non 
fumée. Au printemps, cette partie était 
maigrement venue et ne donnait que très 
peu d’espérance; il la fama en couverture 
avec des boues achetées à la ville voisine. 
L'effet fut extraordinaire, et le froment 
de cette partiesurpassa de beaucoup celui 
des parties qui avaient recu du fumier 
avant la semaille. 

Sable coquillier appliqué à l'agriculture. 
— Les bienfaits de cet amendement des 
terres sont de plus en plus appréciés. Sur 
presque tout le littoral de la Bretagne, le 
sable calcaire, formé de débris de coquil- 
lages, est recherché, enlevé et mélé aux 
sols même les plus ingrats; car c'est sure 
tout. sur les bonnes terres, celles, où la 
| couche végétale est profonde et bienram en 
|blie, que ce sable opère si miraculeusésp 
ment. Il rend à l’engrais qui s'y trouve 
déjà ou qu'on y enfouit toute si’ force 
et sa puissance ; il élève à son maximum 
la production du sol : celle-ci eroît d'un fort 
tiers. 


1117 


plus élevé. Si l’on n’introduit pas l'air avec 
une pression, et qu'on l'appelle par le tira- 
ge d’une cheminée, il se produit au con- 
traire une quantité notable d’acide carbo- 
nique, quoique la couche de combustible 
soit épaisse. En axgmentant l’énergie du ti- 
rage par une autre mécanique, la majeure 
partie du carbone passe à l’état d'acide car- 
bonique. 

Au lieu d’injecter l'air avec pression par 
une machine soufflante, on peut obtenir 
son insufflation à l'aide de la vapeur mé- 
me destinée à produire de l'hydrogène dans 
le gaz. Il sera toujours utile de surchauf- 
fer cette vapeur, c'est-à-dire. de la porter 
après sa formation à une-température plus 
élevée que celle correspondant.à:sa pres- 
sion. Cet échauffement-de la. vapeur, qui 
est appelé à jouer un rôle important dans 
la production des gaz, n’occasionne pas, 
comme on aurait pu le craindre, la de;- 
truction rapide des tuyaux en fer ou en 
fonte dans lesquels on l’effectue. Quoique 
la vapeur soit portée à 350 degrés, elle n’est 
pas décomposée par le-métal.des tuyaux, 
ou du moins elle ne l’est qu’en de: très 
petites proportions, tant.que son. jcou- 
rant est continu et que le-chauffage est 
régulier. 

Un résultat intéressant que l’on obtient 
de la vapeur surchauflée, c’est qu'en la 
faisant agir seule à une température qui 
atteint à peine 300 degrés, on carbonise 


be ; il se dégage des gaz combustibles ap- 
plicables à divers usages après-leur ‘pas- 
sage dans un condernseur; le résidw en 
charbon est considérable, et ce charbon 
présente une assez grande dureté lors mê- 
me qu'il provient de la tourbe. 
(Le Technologiste.) 

SDK 
AGRICULTURE. 


ÉCONOMIE AGRICOLE. 0 25 moi 


De quelques engrais et de leur emploi. 
(Peuxième: «article. ) 


Vase. — Comme elle est formée de plus 
de parties terreuses rincipalement..de 
parties. ». principalement. d 
parties argileuses et de moins de débris 


portion d'autant plus petite que les étangs 
sont mieux tenus: comme les débris ani- 
maux provenant des poissons et des insectes 
y eutrent dans une très petite proportion, 
il s'ensuit que la vase ne contient que peu 
de parties fertilisautes. Néanmoïs ses pro- 
priétés dépendent beaucoup ‘de la nature 
des eaux qui la déposent. Lorsqu’elles tra- 
versent des contrées fertiles, elles ne lais- 
sent pas que de se charger, de temps à 
autre, de substances fertilisantes, enlevées 
aux champs et parfois même aux villages, 
dont elles se déchargent là où leur cours 
est ralenti ou arrêté, et qui donnent à la 
vase les propriétés qui lui manqueraient 
sans cela. FE 
Là où on n’est pas d’ailleurs obligé d’en- - 
lever la vase où l’on ne veut la tirer des 
étangs, que pour s’en servir comme 
moyen d'engrais ou d’amendement, il est 
nécessaire de bien rechercher d’abord, sa 
nature, pour ne pas s’exposer à avoir fait. 
inutilement une grande dépense. Les frais: 
de curage sont toujours très considérables: 
surtout lorsqu'on ne peut pas dessécher 
facilement les étangs, et dans ce cas il vaut 
mieux employer son argent à acheter des 


1119 


Dans les terres de qualité très inférieure, 
l'effet du sable calcaire paraît plus surpre- 
uant : le produit est double. C’est qu’il est 
facile d'accroître la fertilité d'un sol qui 
ne l'est pas; mais un sol déjà fertile ne 
peut être amélioré que dans de certaines 
limites qu'il n’est guère possible de pouvoir 
dépasser. 

C'est sur le froment et l’avoine que le 
sable calcaire paraît surtout le mieux faire: 
il leur fournit en abondance le phosphate 
de chaux nécessaire à leur développement. 
Il est moins favorable à la culture du blé 
noir, peut-être à cause de sa trop grande 
activité, car la deuxième année, celui- ci le 
souffre très bien. Les cultivateurs le pren- 
nent à poignée et déposent sur le sol par 
petits tas : le blé noir végète autour avec 
la plusgrande activité; mais dans l'endroit 
même, il ne vient rien. C'est sans doute 
la trop grande causticité de l'amendement. 
Peut-être serait-il préférable de dissémi- 
ner le sable sur le sol et au besoin de l’y 
mêler. 

L'importance de l'exploitation du sable 

coquillier desiles du Portrieux croît chaque 
jours ; malheureusement, l’immense quan- 
‘Lité qu’on en a extraite commence à épui- 
ser les bancs qui s’y étaient formés; et au- 
jourd’hui on est en quelque sorte obligé de 
draguer autour pour en avoir. 20 bateaux 
moniés par 60 vieux marins sont consa- 
crés à cette exploitation, Ilen retirent par 
an environ 20,000 charretées qui, vendues 
à raison de 1 fr. 50 c. font 30,000 fr. Cha- 
que marée rapporte moyennement 9 fr. à 
chaque bateau. 

Quand au sable vaseux qui se trouve sur 
la grève de Binic et qui attire aussi un 
nombre considérable de cul!ivateurs, il ne 
coûte rien. Chaque fois que ceux-ci vont 
en prendre, ils ont soin de déposer en: tas, 
sur le bord de la grève, le sable mouillé 
qu'ils en extraient. L'eau de celui-ci s’é- 
tant écoulée, ils peuvent, au tour suivant, 
en prendre avec eux une plus grande quan- 
tité sans fatiguer pour cela les chevaux de 
leur voiture. 


ANIMAUX DOYESTiQUES. 


Des races de chevaux et de bœufs de 
l’'Anjou. 
(Troisième et dernier article.) 
C. De l’espèee porcine en particulier. 


La race de porcs qu’on rencontre sur la 
plus grande partie du département est em- 
preinte des défauts qu’on reproche aux 
porcs français en général, c’est-à-dire 
qu’elle est grêle et élevée sur jambes. La 
tête est longue ét mince, le coffre resserré, 
la poitrine étroite; cependant de pareils 
defauts ne sont pas également apprécia- 
bles là même où ils existent, et je dois me 
hâter de dire qu’ils n’existent pas par- 
tout. 

Assez communément, au nord de la 
Loire, dans les fermes où l’on engraisse 
soigneusement ct sans trop de parcimonie, 
comme dans îles et les campagnes rive- 
raines, un porc, plus ou moins croisé, de 
race craonaise, acheté à l’âge de 6 ou 8 
semaines, peut peser, dès les approches de 
Noël, jusqu’à 150 kilogr. S’il ne pesait que 
dix ou onze vingtou,en d’autres termes, 100 
à 110 kilogr., on le regarderait comme au 
dessous de la moyenne. Chez les cultiva- 
teurs où l'engraissement est moins soi- 
gné, il n’atteindrait probablement pas un 
poids plus considérable à l’âge de deux 
ans. 


1120 


C'est dans l'arrondissement de Baugé 
qu'on s'occupe le plus de l'élève des pores. 
C’est là qu’on trouve le mieux réunies les 
diverses races locales et qu’elles se sont 
incontestablement améliorées davantage. 
Près de la ville, chef-lieu de la sous-pré- 
fecture, on les range sous trois dénomi- 
nations différentes : 

1. Les grands porcs, dont le nom in- 


. dique suffisamment les caractères Ils ont 


de longues jambes et un long groin; leur 
dos est relativement étroitet voûté. Malgré 
leur taille, ils arrivent rarement à peser 
plus que les suivants. Ils prennent moins 
facilement la graisse. 

2. Les matelins ont les jambes plus fortes 
et moins hautes, la tête grosse, le groin 
court, les oreilles longues, le col très fort, 
le dos large et peu bombé. On les considère 
comme meilleurs mangeurs et plus faciles 
à engraisser. 

3. Les demi-matelins forment une race 
croisée qui participe des formes des mate- 
lins et de celles des grands porcs. Ils sont 
estimés, 

J’ai eu plusieurs fois occasion de voir à 
divers concours des animaux de ces deux 
dernières races d’un développement tel, 
qu’à l’âge de deux ou trois ans, lorsqu’on 
les engraisse, les truies atteignent le 
poids de 200 kilogr., et les verrats celui de 
225. Les porcs de 15 à 18 mois, d’un vo- 
lume ordinaire, s'ils ont été soignés, doi- 
vent peser 150 kilogr. et au delà. 

La ferme-éeole de Sermaise possédait 
naguère encore des pores de race locale 
dignes, de lutter à tous égards avec les 
belles races anglaises. Lorsque les ache- 
teurs sauront mieux apprécier de pareils 
animaux, à peine connus encore dans les 
arrondissements voisins, eticependant déjà 
parfaitement faits au régime du pays, le 
département n'aura rien à envier au Crao- 
nais ni à aucune autre contrée voisine. 

Les anglo-chinois existent comme objet 
d'essais sur un petit nombre d’exploita- 
tions. 


D. De l'espèce ovine. 


C’est sur les marchés de Longué, aux 
environs de Saumur et de Fontevrault, et 
aussi dans l’arrondissement de Beaupréau, 
près de Rossay et de Montfaucon que j'ai 
vu les plus beaux moutons de Maine-et- 
Loire. 

Les premiers sont achetés à Varennes, 
d’où ils se répandent à d’assez grandes 
distances dans tout l’est du département, 
Leur couleur est généralenent uniformé- 
ment blanche. Leur taille est élevée. Ceux 
que j'ai mesurés chez M. Bruneau, entre 
Montsoreau et Fontevrault, à l’âge de 
deux ans, avaient, à la hauteur de l’é- 
prule, de Om,70 à Om,85, non compris 
l'épaisseur de la toison. Ils sont trapus et 
assez rustiques, mais ils veulent une nour- 
riture abondante. Leur poids moyen à l’é- 
tat gras, déduction faite du poids de la 
laine, est de 35 à 40 kil.; celui de leur toi- 
son de 4 à 41/2 kil., qui donnent 2 172 à 3 
kil. de laine dégraissée. : 

Dès l’âge de deux ou trois mois, les 
agneaux de cette race ne valent pas moins 
de 8 à 10 fr. La plupart ont été vendus 12 
fr. en 1839; tandis que les moutons gras, 
après la tonte, atteignaient le prix de 36 à 
40 fr. 

Les moutons de Rossay ont une grande 
réputation dans l'arrondissement de Beau- 
préau. Ceux qu'on estime le plus sont 
blancs; une bande irrégulière de teinte 


. 11211 


ferrugineuse assez vive entoure unifor+ 


mément leur yeux. Quelques taches de. 
même couleur sont disséminéessur la face, 
autour des oreilles et parfois, sur les jam= 
bes. La race de couleur.noire.se montre 
çà et à, mais elle devient de plus en, plus 
rare. Il en est de même des moutons blancs 
tachés de noir. Ceux qui composent la 
grande majorité des troupeaux de cette 
partie du pays, ont en moyenne Om,80 à 
Om,85 de hauteur et 1m,15 à 1m,18 de 
longueur. Ils sont hauts sur jambes; leur 
tête est petite; leurs formes sont effilés; 
ils acquièrent moins de poids que ceux de 
Varennes, puisqu’à l’état de graisse ils ne 
dépassent pas habituellement 30 kilogr, 
Îls donnent à peu près autant de laine de 
bonne :jualité, c'est-à-dire, les moutons de 
2 172 à 3 kil., et les brebis seulement de 
1472:à2 172: 

Hors de ces localités, la race ovine est 
généralement assez chétive et sans aucun 
caractère distinct. La production de laine 
ne dépasse pas communément et n’atteint 
pas toujours, après le dégraissage, 2 a, 2 
kil. 1/4. | RER 

Aucune tentative sérieuse n’a été faite 
jusqu'ici pour arriver à telle où telle amé- 
lioration. Même à Rassay, on est si bien 
convaincu que le sol et la nourriture suf- 
fisent pour développer les qualités qu’on 
recherche dans chaque individu, qu'on ne 
prend aucun soin pour la moste, et qu’au 
lieu de perfectionner par.un choïx raisonné 
des parents, la race qui s’est faite d’elle- 
même dans la localité, presque en dépit de 
l'homme, on ne craint pas d'introduire 
dans les troupeaux des brebis étrangères 
de qualité inférieure, et de conserver in- 
distinctement tels ou tels béliers. En 
somme, les animaux de race ovine sont 
probablement, dans tout le département, 
à très peu près cequ'ils étaient il y a un 
siècle. Le petit nombre de ceux qu’on pos- 
sède dans chaque ferme rend compte, sans 
l’excuser d'une semblable ‘incurie. Des 
essais de croisement se poursuivent, avec 
les mérinos, Le seul bélier pur-sang de 
cette race que,J'ai rencontré dans mes 
excursions existe dans la belle propriété du 
Mas, près le Lion-d'Angers. 

O. Lrccerc-THouin. 


Dé 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 


Canton de Sairtes, arrondissement de Saintes, 
(Départ. de læ Charente-Infér.) 

Commune pe Pessives: peut-être du 
gallo-romain Pessarium. Son territoire 
est arrosé par le Roumillac, et était tra- 
versé par la voie romaine de Tarmnum à 
Mediolanum, dont on retrouve les vestiges 
à Fief-Gallet. ; 

Cette partie des abords de Saintes est 
encore riche en débris de l'époque romai- 
ne. Le coteau d'Abadeus etles arènes de 
Valay, mentionnés dans une charte de 
1047. Chatignac est un manoir élevé sur 
l'emplacement d’une villa romaine, où l'on 
trouve beaucoup de briques à rebords, et 
qui devait être placée sur le bord de la 
voie de Tamnum à Mediolanum. Sur cette 
même route antique, on trouve changre- 
lou, métairie près de laquelle on a ren- 
contré des masses de briques romaines 
presque entières. Le Champ-de-la-Grèle, 


suivant la dénomination locale, occupe en 


effet le versant d'un haut coteau qui do- 
mine Saintes. Le champ de Fougerade, 


4122 


rempli de fragments de briques, et dans 
Hequel'on a rencontré des vases et autres 
objets antiques pourrait bien avoir été 
placé sur'14voie de Talmont à Saintes. 
Sur cette route se trouvait aussi le village 
: dés Güillots (du celte Gui) que Bourignon 
éité par ünel inséription sépulchrale ‘qu'il 
y atrouvé. À Ta métairie de Mouille-Pied, 
_ existent encore des restes d’édifices ro- 
- mains en pierres de petit appareil, des 
“fragments de corsiches de marbres, des 
vases, des ustensiles en fer et'en bronze, 
-des verroteries, etc. Sur la même route 
romaine ‘déjà citée, à Morignac, terre 
nozre), on a déterré des briques à doubles 
rebords, des vases, etc. ; à Pevels, ‘encore 
| 1sur Ja même voie, se rencontrent des 
| fragments de briques ; au Pin, village sur 
1Vantique voie de Mediolanum à Condate, 
. on trouve encore de ces briques romaines 
à foison; les res!es de la voie de Condate 
| sont indiqués à Roufiic par Bourignon; à 
: Trignac, sur la voie de Noviorezum à 
+ Tamnum, on à mis à nu les restes d'une 
| voûte antique, etc., etc. À Migron a existé 
| unchâtéau féodal, aujourd’hui restauré. 
| Commune DE Varzay : de var, héros celte 
divinisé, et ay, eau. L'église de cette com- 
müune, dédiée à sainte Magdeleine, n’est 
inconnue. 

Les champs environnants sont remplis 
de briques romaines, La voie militaire de 
| Novioregum à Mediolanum les traversait. 
Le Chanip Grélou à Chadisnac, dont il 
vient d’être QUuéStion, appartienn nt à son 
RRCAATOIRESS AE 

Proche Champgrelou est la Tombelle, 
connue sous lé nom de Motte de Leu ; elle 
était située sur le bord de la voie antique 
de Navioregum à Saintes. Sa longueur est 
, de 25 mètres, sur une largeur de 14. 
| M. Chaudruc de Crazannes fait dériver le 
nom de leë de Celui de peu, pour puy, 
terrier. Altésérra (p. 150) dit que leuca 
est un mot gaulois qui signifie espace de 
|  chemio, mais leuca dans quelques passages 
| signifie aussi espace décrivant un arc. 
M. D'Angibaud à publié dans le journal 
J’Echo rochellais, du 4 décembre 1810, un 
long article sur ce Tumulus ou Tombelle, 
qu'il regarde comme une butte, naturelle. 
Cela est peu probable. Les habitants ont 
évidemment défo’mé ce monument gau- 
lois en nivelant- quelques parties. On con- 
naît plusieurs tumulus qui portent le même 
nom, et derrière la Jeune-Grollière, dans 
la commune de St-Agnan, est un tumulus 
bien conservé, élevé sur une plaine, et 
nommé la Motte-a-Lew. à 


y 


cts 1! 


HISTOIRE. 


Uf mot sur les possessions anglaises dans 
g L'Afghanistan. 


Le plan de conquête adopté dans l’ori- 
gine par Clive, et constamment suivi par 
les Anglais avait été conçu par le général 
français Dupleix, lorsque cet habile officier 
commandait à Madras. Proposé au gouver- 
nement fravcçais, il fut immédiatement re- 
jeté, et sa conception même attira à son 
auteur des reproches qui ne lui ont pas été 
épargnés par les plus récents biographes. 
Ce plan consistait à n’employer à la con- 
quête de linde qu’une petite armée de 
. troupes européennes, à profiter des dissen- 
sions «des: princes.etides grands du pays, 
pour fomenter là discorde dans les ditfé- 
rents Etats, enfinà/préleraide et secours à 
celni deschefs indiens quiyaprès séssuccès, 


7 ble 


se montrerait disposé àrdévenir un idstru- 


1193 
ment docile pour la nation qui lui aurait 
porté secours. Divide et impera. 

En adoptant ce plan et en le mettant à 
exécution, la compagnie anglaise des Indes 
orientales a travaillé par degrés et s’est 
avancée de plus en plus vers le nord, en- 
vahissant les uns après les autres, princes, 
rajahs, amirs et nizams; enfin le Grand 
Mogol lui-même a dû accepter son alliance 
‘et subir sa domination. La compagnie a 
occupé Delhi, la capitale de l'empire d’Au- 
reng-Zeb, traversé le Sutlége, rendu tri- 
butaire le souverain de Lahore, «t elle a 
fait tant de chemin, sans savoir ni quand 
ni à quel point elle devait s'arrêter, qu’en- 
fin regardant devant elle, elle s’est rencon- 
trée presque face à face avec une autre 
puissance dont l'esprit est aussi actif, les 
ressources aussi efñcaces, et dont l’intérèt 
et l’habileté à s’avancer vers le sud sont 
peut-être aussi grands que ceux de l’An- 
gleterre agissant dans la direction opposée. 
Cette puissance est la Russie. 

Lorsque le plan de l'expédition de Perse 
contre Hérat fut arrêté, en 1835 et 1836, 
les limites septentrionales des possessions 
appartenant aux Anglais et leur payant 
taxe étaient : la rivière de Sutlége, qui 
coule au sud-ouest etse jette dans l’Indus 
à une distance d’environ deux cents milles 
au nord de Delhi. Au delà du Delta et dans 
le Delta même formé par le Sutlége et 
l’Indus, était le Punjaub, le royaume de 
Sikhs, avec leur remarquable souverain 
Runjeet-Singh , de Lahore, Il s'était em- 
pressé de traiter avec le gouvernement an- 
glais en 1832, et Burnes dit de lui : « Qu'on 
pouvait le regarder. comme un des alliés les 
plus sûrs de l'Angleterre. » Il le prouva en 
s’unissant àeux contreles Afohans. 

En:traversant-le royaume de Runjeet- 
Singh, onrse-trouve dans ce malheureux 
pays de l'Afghanistan, qui a été le théâtre 
des désastres; récents de l’armée anglaise: 
Au nord de Caboul:laicapitale, s'étend une 
partie dss montagnes de l'Himalaya, à 
travers lesquellesily a, dans l'été, au moins 
deux passages ouverts aux caravanes, les- 
quels conduisent directement aux Khanats 
de Balkh, de Badakshan et de Bokhara, où 
là Russie à fait de grandes négociations 
dans ‘un intérêt commercial mais où l’on 
prétend qu’elle n’a encore aucure relation 
politique bien assise. 

De Candahar, autre ville de‘VAfohanis- 
tan, le chemin est ouvert vers Hérat sur 
les frontières de la Perse, et en'passant par 
la Perse, on arrive à la mer Caspienne et à 
la frontière méridionale de la Russie. Il y a 
donc entre l'Afghanistan et la Russie, d’un 
côté, outre les trois Khanats que nous ve- 
nons de nommer, une vaste étendue de 
déserts, et d’un autre côté, la Perse, qui, 
comme la Turquie naguère, paraît oublier 
sa splendeur passée et son antique renom- 
mée. Cette puissance, affaiblie au dedans, 
faible au dehors, est de plus en!plus chan- 
celante, et semble prête à succomber sous 
l'effort du premier ennemi qui l’attaquera 
avec vigueur. 

On voit par là que le territoire de l’Afgha- 
nistan, dont on s’occupait fort peu en 
Europe il ÿ a cinquante ans, est destiné sans 
doute à devenir le théâtre de grands évé- 
nements, où peut-être seront mis en cause 
et décidés les destins de l'Asie centrale. 

C’est dans la contrée, désignée aujour- 
d'hui sous le nom d’Afsharistan, qu'A- 
lexandre-le-Grand, lors de sa marche vers 

l'Indus, s'arrêta avec son armée pour ré- 
parer les forces de ses soldats fatigués, qui 


1124 


(Arrien le rapporte dans son histoire) man- 
gérent avec délices les fruits rafraïchissants 
de; vallées où se trouve maintenantCaboul. 
Là passèrent aussi Tamerlan et Djenghis- 
Khan, lorsqu'ils entreprirent leurs expédi- 
tions dans la Péninsule indienne, Sur ce 
pays est aussi fixée l’attention sérieuse de 
ces deux grandes puissances qui le regar- 
dent comme le pivot sur lequel tourne, 
en quelque sorte , la destinée de leurs pro- 
pres intérêts en Asie. Le comte Nesselrode, 
dans une dépêche du 20 octobre 1838, in- 
vitait l'Angleterre à le respecter : « La 
Grande-Bretagne et la Russie, disait-il, ne 
peuvent avoir qu'un désir, celui de maïn- 
tenir la paix dans l'Asie centrale, en mé- 
nageant l'indépendance des peuplés qui en 
sont les légitimes possesseurs ou les anciens 
habitants. » 

L’ami de l’Angleterre, Runjeet-Sinsh, 
ne s'arrêta pas devant cétte manifestation 
d’une des plus grandes puissances de l'Asie: 
i! avait déjà commis plusieurs déprédations 
dans Afghanistan ilavaitréduitPeshawur 
à un état de vasselage,et préparait d’autres 
mouvements plus hostiles vers le sud-est, 
lorsque le shah de Perse, se souvenant que 
son ancienne domination s’étendait autre= 
fois jusqu’à Delhi, prit la résolution de 
recouvrer ou de réduire Hérat, qui avait 
fait partie de ses possessions légitimes, et 
qui est la capitale de la province de l’Afgha- 
nistan située le plus au nord-ouest. Dans 
cette rémémoration de ses anciens droits, 
il fut conseillé, à ce qu'on suppose, par le 
comte Simonich, ministre de Russie à Té- 
héran. 

L'expédition per sine contre Hérat fut le 
signal qui mit en action les manœuvres de 
la Grande-Bretagne. Plusieurs oficiers an- 
glais furent envoyés pour défendre cette 
ville. Ruujeet-Singh fut invité à se joindre 
di grand plan d'attaque éoncerté contre 
l'Afghanistan, et Shah: Shoudjah, tiré du 
granp corps des petits souverains dociles 
que le gou\ernemeñt anglo-indien tient en 
réserve pour chaqüué principauté asiatique, 
fat mis en évidence, comme le souverain 
futur destiné à porter le sceptre de l’Asie 
centrale; puis, en 1839, eut lieu l'invasion 
de l'Afghanistan: 

L'origine du peuple afghan n’est pas 
encore bien déterminée; quelgues histo- 
riens ont soutenu qu’il descendait des sol- 
dats d'Alexandre-le-Grand ou d'une colo- 
nie de Grecs, que la tradition rapporte que 
le conquérant laissa dans le pays. Marco 
Polo affirme, dans le récit de son voyage, 
qu’il vit à Badakshan des princes descen- 
dant directement d’Alexanüre; l'historien 
oriental Aboul Fuzul dit que Iskander 
(Alexandre) laissa: de grands trésors à Ca- 
boul à quelques'uns de ses parents, ct que 
leurs descendants vivent encore dans le 
pays et dans les montagnes, conservant 
avec soin leurstitres généalogiques. Burnes, 
lorsqu'il visita le Khanat de Badakshan, 
vit plusieurs de ces petits souverains, qui 
jrétendaient descendre d'Alexandre -le- 
Grand; mais il n’ajoute pas foi à leurs 
prétentions, d’ailleurs diffeiles à accorder 
avec les histoires qui rapportent que le fils 
de Philippe ne laissa aucun héritier pour 
recueillir le fruit de ses immenses Cor 
quêtes. Il ajoute cependant : « Quoique 
nous ne puissions pas admettre que.ces 
princes modernes descendent 1’Alexandre 
nous devons considérer cette tradition 
comme la preuve la plus convaincante dx 
passage de ce conquérant dans ces contrées 
encore si peu connues. » 


1125 


Quoique les princes cités par Burnes ha- 
bitent un district plus au nord-que Caboul, 
plusieurs historiens modernes ont supposé 
que les Afohans de nos jours sont aussi 
descendus ES Grecs d’Alexsndre ; d’autres 
ont soutenu qu'ils provenaient d’une des 


dix tribus d'Israël. Burnes, dont les obser- 


vations sont toujours d’un très grand poids, 
paraît admettre cette dernière opinion, 
rejetée par Elphinstone. 

Les Afghans sont aujourd'hui mahomé- 
tans, ils parlent un dialecte de la langue 
persane, et ils ont un grand mépris pour 
les juifs, peu nombreux, qui se trouvent 
dans leur pays. 

La population de l'Afghanistan propre- 
ment dit se montre à 3 millions et demi ou 
4 millions d’habitauts; l’ancien royaume 
d'Afghanistan en comptait une de 11 mil- 
lions, en y comprenant les Afghans, les 
Beloutchis. les Tartarés et les Persans. 

Tous les voyageurs s'accordent pour 
parler de ce.peuple favorablement, et re- 
présentent les Afshans comme.braves, 
tempérants et honnêtes. « Ils sont, socia- 
bles et bien élevés, dit Burnes, ils n’ont 
point de préjugés en matière de religion, et 
plusieurs d’entre eux sont versés dans l’his- 
toire d'Asie.» — Lorsque ce voyageur, 
après avoir quitté Lahore ; entre dans le 
territoire de l’Afohanistan, il ajoute : « Je 
ne regrette pas de.changerlaservilité ram- 
pante des Indiens contreles manières libres 
et indépendantes du peuple de Caboul. » 
H dit encore plus loin « qu'ils ne peuvent 
cacher leurs sensations, et qu’une personne 
qui a de la perspicacité peut toujours péné- 
trer leurs desseins. » — Tous ceux qui ont 
fait personnellement l'expérience de la du- 
plicité et de la fourberie qui parait couler 
dans le sang des nations orientales convien- 


Has MÉTÉOROLOGIQUES. MAI 1843. 


1126 


dront que cette dernière remarque est le 
plus grand éloge qu'on puisse adresser à 
une d'elles. 

À travers tous les changements qui sont 
arrivés dans l’Asie centrale, les Afghans 
ont fait tous leurs efforts pour conserver 
une sorte d'indépendance. 

Leur monarchie, dans.le court espace 
de temps qu’elle exista, fut élective : le 
choix du souverain dépendait des Sirdards 
ou chefs, qui mettaient ordinairement un 
fils de leur vieux roi sur le trône. Le choix 
d’un monarque paraît avoir causé des 
scènes aussi violentes que celles qui se sont 
passées. dans de semblables élections en 
Pologne, et les dissensions qui existèrent 
parmi les Sirdars ont certainement affaibli 
les forces du pays. 

M. Mountstuart Elphinstone , dans le 
compte-rendu de sa mission à Caboul, dit 
que, causant avec un vieillard très intelli- 
gent de la tribu de Mernkbiel, et lui repré- 
sentant l'avantage d’une vie paisible sous 
un monarque puissant, et la supériorité de 
cette vie comparée à l’état de discorde où 
les Afghans ont été si souvent plongés, le 
vieillard lui répondit : « Nous pouvons 
supporter les alarmes, nous pouvons sup- 
porter l'effusion du sang, mais jamais nous 
ne pourrons, Supporter un maître.» Le 
gentilhomme polonais disait : Halo pericu- 
losam liberlatem, quam quietum serv'tium. 

Un peuple qui possède de tels sentiments 
semble ne devoir perdre jamais sa nationa- 
lité, quelque exposé qu’il soit, comme le 
peuple afohan, aux attaques de tous les 


grands conquérants de l'Orient. 


Babur prit Caboul et Ghuzni en 1506; 
au commencement du dix-huitième siecle, 
Nadir Shah, de Perse, etendit sa domina- 
tion sur presque toutes les provinces du 


= 
72 ? 
E 9 HEURES DU MATIN. MIDI. 
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| 2 | Barom. | Thérm'|#| Barom. | FTherm. 
5 à O0, extér. ||. à O0. extér. 
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il 2 | 756,10 47,2 755,55 20,% 
3 | 792,10 18,2 752,35 18,0 
4 | 754,56 19,6 753,13 47,3 
5 | 752,81 16,8 752,04 19,1 
6 | 747,16 16,4 748,07 414,5 
7 | 749,18 16,3 748,01 15,8 
8 | 744,75 7,0 741,18 40,2 
9 | 748,97 10,4 749,54 40,8 
10 | 755,73 10,4 756,11 14,2 
41 | 760,79 44,5 760,73 17,3 
12,1,762,03 dc 14584121 761,87 18,6 
13 | 758,00 19,4] - | 758.05 15,0 
1% | 753,18 15,9 751,61 26,0 
45 | 749,55 45,6 | 1 749,63 16,6 
16 Da 29 41,0 \ 744,96 1522 
47 79 15,2 745,96 13,6 
18 rie 10,3 750,12 11,0 
19 ae 25 12,6 751,68 44,5 
20 52,78 15,3 752,11 49,4 
21. er 59 14,9 754,22: 47,5 
92 | 75216 13,2 752,00 15,8 
23 | 749,15 17,2 148,15 20,6 
2% |:746,56 18,1 716,48 18,3 
25: | 749,76 44,5 719,65 18,6 
26 1.754,68 14,7 754,35 47,4 
27 | 790,85 16,8 750,03 16,4 
28 | 749,24 15,4 750,03 16,3 
29 | 756,66 15,1 757,00 45,0 
30 | 761,06 44,5 760 74 46,6 
e 51..| 757,73 16,2 757,50 49,4 
4 | 751,19 44,0 751,69 46,0 
2 | 753,15 14,0 152, 97 46,2 
3 | 752,67 15,5 32,49 417,4 
752,54 il 14,5 752,39 | 16,5 


Die 


& 
en 
PP? 
A 
756,79 210 757,13 21,9 
754,68 91,1 753, 164 22,1 
752,52 19,0 753,92 21,9 
753,04. 47,6 152,82 19,0 
750,88 26,2 750,50 21,1 
748,971 |°1°44,2 750,65 21,0 
746,97 !110146,4 745,7 17,8 
744,65 12,2 747,12 1: 
749,97 11,4 751,90 
756,61 13,0 758,99 Î 
760,62 AT, 761,63 
760,95 49, ; 759,87 
157,34 47,2 757,04 ; 
719,92 19,0 747,18 
718,83 16,3 747,29 
745,25 11,6 747,92 
745,66 14,5 747,86 
750,56 12,0 552.56 ; 
154,05 17,3 751,28 
751,30 20/7 750,52 
751,00 17.4 752,08 
751,46 418,6 751,22 
747,00 21,8 746,00 
716,38 148 747,69 
749,91 19,5 751,28 
755,12 45,4 751,52 5 
748,37 18,7 746,69 » 
750,45 16,9 553, 02 
757,05 15,8 758 Si Ù 
760,06 16,6 T5 9,56 1,0 
757,16 19,4 756,09 
751,37 16,6 8226 | 
752,45 146,5 752,95 » 
751,93 17,7 752,18 ; 
751,92 16,9 ETS 


|3 HEURES DU SOIR. HEURES DU SOIR. 


Te 


Therm. 
extér. 


Barom, 
à:00. 


Barom. [Therm. 
à Or: | extér. 


THERMOMÈTRE. 


3 
| Maxim. 


, 
: 


4127 


royaume de l'Afghanistan Peu d'années 
après,ces provinces se soulevèrent, et en. 
1/16, Achmed-Shah-Abdalla; chef de la, 
Bnille Sudozi, se mit à la tête, des diffé 
rentes tribus, prit possession de Caboul, de 
Ghuzni, chassa les Persans de Hérat, établit 
son doute à Peshawur, à Cachemire, a 
fut enfin couronné en 1747 à Candahar,, I 
finit sa carrière glorieuse en 1773,;:son fils. 
Timour lui succéda et mourut en 17934 à 
Depuis ce temps, jusqu'en 1826, que Dost- À 
Mahomed-Khan monta sur le trône de 
Caboul, le pays a été exposé à des guerres 
continuelles, à des attaques extérieures ef 
intérieures, à des dissensions:el au carnage, 
Les descendants d’'Achmed-Shah semblent 
destinés à prouver la vérité de cette remar= 
que d’un. historien, « qu’en trois  généra- 
tions de chaque dynastie, on ne peut comp- 
ter qu’un nom célèbre. » 
| 
Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE, 


FAITS DIVERS;cc bin pils 
6h 290. syvit 
— La Société géologique, de France a, décidé 
qu ’elle tiendrait sa treizième séance extraordinair | 
à Poitiers, départeisent de la Vienne. Elle espère 
que les amis de la géologie et des sciences natu 
relles se joindront aux membres de la Société pour 
explorer un terrain qui offrira aux collecteurs de 
beaux, échantillons de roches pränitiques et de nom-" 
breux fossilles des groupes pyétacé: el oolitiques. | 
Pour le lieu de la réunfoniqui, se tieudra le 40 
septembre 1843, à sept heures du, soire, on pourra 
s'adresser à M. Mauduyt, conservateur du Musée 


d'histoire naturelle de Poitiers. 


Suds. cv 


PARIS.—IMP. DE LACOUR et MASTRASSE fils, 
rue Sant-Hyacinthé-S Michel, 33. 


HE. 


ÉTAT 


VENTS 
DU | 
Minim, )HGIEU CAMEDD. / C7 
ch epps 
11,0 Nuageux S. 8. S. 

9,0 [Quelques nuages.  |E. N.E. Ù 

8,0 |Orageux. S. I 

8,0 |Quelques nuages. S. O. $ 

7,1 |Nuageux. SHO, ; 
41,5 |Pluies. O: 

6,6 |Couvert. SSS:E: } 

5,5 |Très-nuageux. N. ©. ? 

4,» |Couyert. S. O. à 

4,3 [Nuagcux! S. O: 

89 |Trés nuageux. N.E: le 

7,9 Couvert: SO [ 
12,9 |Couxert. O.N. O.. d 

7,0 |Couvert. S. S. O: d 
10,0 |Couvert. O:S. 02 : 

S;2 |Pluie. S. ©. 

6,0 |Couvert. 0. S. O. de 

S,5 |Couvert. N. N.O. à 

8,3 |Courvert. 0. N. 0. 

9,8 |Très nuageux. E: au 
11,0 |Couxvert. S. 0. ü 
40,8 |Couvert. O. S. ©. ëh 
41,0 |Couvert. S. E. à 
13,3 |Quelq.goutt: de pluie. [S. S. E. 
11,0 |Nuageux. 0. th 
40,0 |Couvert. S. 0. ten 
12,0 [Pluies parmoment. |S. ©. “ 
11,0 |Couvert. 0. S. 0. il 
10,3 |[Pluie. Os ik 

S:4 |Couvert. 0. N. 0. # 
41,0 |Couvert. S.S. 0. | n 

(f 

7.6 [Moyenne du {au 10 Pluie en cent. ll 

S:7 [Moyenne dù 41 au 20/Cour. È à 
41,0 |Noy enne du21 au 31 |Terr: 6,150 D ui 


40,9 


19 ,4:|Moyennes du mois . 2.04 


à DU MOND 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


Paris. — Dimanche, 25 Juin 1843. 


Ke -— 


No 48. 


SAVANT 


ns 


L'EcHOo DU MONDE SAVANT paraît le JEUMDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte À, DE LAVALEETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dansiles départements chez les principaux li- 
‘braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR18 pour un an 25/fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7.fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {Gfr. 
8 fr. 50. AVETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉCHO DE LA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CH01S18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
“encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journaldoit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-adininistrateur. 


SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES. 
MÉTÉOROLOGIE. Sur deux aérolithes tombés le 
2 juin près d'Utrecht. — CHIMIE APPLIQUÉE. 

-Sur l’enploi du cyanure de: potassium dans l’a- 
-nalyse chimique; Haidlen, — SCIENCES NA- 
TÜRELLES. GÉOLOGIE. Note sur deux dépôts 
de lignites modernes dans le bassin de Paris; 
Mellevilie. — Notice sur un accident métamor— 
“phique; Bertrand-de-Lom. — MINÉRALOGIE. 
‘Gites et alluvions aurifères de la Russie asiali- 
-que. — ZOOLOGIE. Observations sur les méti- 
:morphoses de la porcellana longicornis:, et .des- 


-cription de la zoé qui est la larve de ce cruslacé ; 


F, Dujardin. — SCIENCES :APPLIQUEES. 


ARTS CHIMIQUES. Sur les nouveaux moyens de 
dorer et d’argenter au trempé; Levol. — ÉCO- 
NOMIE AGRICOLE. De quelques engrais et de 
leur emplois. — ANIMAUX DOMESTIQUES. De 
Iufluence de la douceur erivers les animaux. — 
-SCIENCES HISTORIQUES. ACADÉMIE DES 
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Séance 
du 17 juin. — ARCHEGLOGIE. Recherches sur 
le Crotoy ; Labourt. — FAITS DIVERS. — BI- 
BLIOGRAPHIE. 


D SE: Ce 
SCIENCES PHYSIQUES. 
j METLOROLOGIE. 
Sur deux aérolithes tombes le 2 juin, près 
IHon dDirecirés sc 
Le phénomène dont il est question a eu 
lieu aux environs d'Utrecht, dans-la soirée 
du 2 juin, vers 8 heures du soir, etpar un 
ciel couvert; onentendit, surtout dans]l:s 


villages voisins, et jusqu’à une distance de 


20 à 25 kilomètres, une forte détonation 


semblable à celle de trois ou quatre ca-! 


nons, suivie d’un bruissement que la plu- 
-part des: témoins comparent à une mu- 
-sique militaire ou aux sons d’une harpe 
d’Éole.. Ce phénomène jeta l'épouvante 
parmi les habitants de la campagne. Des 
personnes plus rapprochées de l’endroit 
-de la chute entendirent, en outre, distinc- 
-tement le sifflement d’un corps traversant 
rapidement les airs. Le bruit paraissait se 
diriger de l’ouest à l’est, et peut avoir duré 
deux à trois minutes. 

-En/même temps, un paysan revenant 
des champs, avec ses chevaux, dans la 
commune de Blaauwkapel, à 5 kilomètres 
au nord-est d’Utrecht, vit un corps lourd 
tomber À peu de distance sur une prairie, 
ei un tourbillon de poussière s'élever à 
une grande hauteur. Ayant reconduit ses 


chevaux, il retourna au même endroit, et 


:remarqua bientôt un trou d'une forme co- 
; . La La 

nique, évasé par le haut, au fond du juel 
il trouva une pierre noire, qu'il parvint à 


en retirer. Cette pierre, ou plutôt cet aréo- 


lithe, avait pénétré dans une direction ver- 
ticale jusqu’à un mètre de profondeur, et 
s'était arrêtée sur un banc de sable hu- 
mide] qüise trouve au dessous. La forme 
Conïque du trou paraît due à la force avec 
laquelle l’aérolithe, en pénétrant dans le 
sol, a expulsé la terre glaise qui se trouvait 


: 


projetée à de grandes distances autour du 
trou. L’aérolithe était froid au toucher. 
Il peut s'être écoulé un quart d'heure 
entre Pinstant de sa chute et celui où 
on l'enleva. Son poids est de 7 kilogr. 

Le 6 de ce mois, on a retiré d’un fossé, 
à une distance de trois kilomètres, à l’est 
du lieu où le premier-aérolithe est tombé, 
un second du poids:de 2,7 kilogr., qu’on 
avait vu tomber aussi-au moment de l’ex- 
-plesion du 2 juin. 

Les deux aérolithes-sont d’une figure 
irrégulièrement polyédrique, à arêtes ar- 
rondies. Leurs faces présenteut des enfon- 
cements qui sont surtout prononcés dans 
le plus petit des deux corps. Ces corps sont 
entièrement recouverts d’une croûte noire 
et rugueuse dans laquelle on remarque 
quelques légères fentes. Aux endroits où la 
croûte est enlevée, on aperçoit la subs- 
tance intérieure, qui est granue, grisâtre 
et parcemée de ‘parcelles brillantes de fer 
météorique. IIS appartiennent, par consé- 
quent, à l'espèce la plus commune d’aéro- 
lithes, -tels-que ceux tombés à l’Aigle, en 
1803;:et à Stannern en 1808. 


Î 


CHIMIE APPLIQUÉE. 


Sur l’emplor du cyanure de potassium dans 
l'analyse chimique ; par MM. J. Haidlen 
et R. Fresenius. 


(Deuxième article. ) 


15. Mercure. En ajoutant du cyanure de 
potassium aux protosels de mercure, on 
obtient un précipité gris de mercure mé- 
tallique, tandis que du eyanide de mercure 
reste en solution. 

En raison de la grande 'affinité que le 
mercure présente pour le: cyanogène, 
l’oxide de mercure forme, dans toutes les 
circonstances, du cyanide Jorsqu'il est mis 
en contact avec du cyanure de potassium. 


En présence d'un excès dé ce dernier, le - 


cyauide forme avec lui une combinaison 
double. Le cyanide de mercure n’est pas 
décomposé par l'ébullition avec des acides 
oxigénés étendus. 
Les deux sulfures de mercure sont inso- 
lubles dans le cyanure de potassium. 
Lorsqu'on fait passer de l'hydrogène sul- 


furé dans du cyanide de mercure dissous! 


dans le cyanure de potassium, tout le mer- 
cure se précipite à l’état de sulfure. 

16. Argent. Lorsqu'on mélange un sel 
d'argent avec du cyanure de potassium, il 
se produit un précipité blanc et caillebo- 
teux de cyanure d'argent qui se dissout ai- 
sément dans un excès de cyanure: Si l’ôn 
ajoute de l'acide nitrique à la solution, tout 
le cyanure d'argent se dépose complé- 
tement Un excès d'acide ne le dissout pas. 

Le chlorure d'argent est fort soluble dans 
le cyanure de potassium, mais le sulfure 
d'argent ne s’y dissout pas. 


17. Or. En ajoutant du cyanure de po- 
tassium à du chloride d'or, on obtient un 
précipité jauneet,cristallin de cyanure d’or 
qui se dissout dans un excès de cyanure de 
potassium ; l'acide hydrochlorique fait re- 
paraître le précipité.en. décomposant le 
cyanure de potassium ;.un excès d'acide le 
dissout. 

18. Plaline. Lorsqu'on mélange du bi- 
chlorure de platine avec du eyanure de 
potassium. , il se produit un précipité cris- 
tallin et jaune de cyanide de platine, et qui 
se dissout à chaud dans un excès de cya- 
nutce de potassium. DT 

Les acides font reparaître le précipité, 
en ‘'écomposant,.le eyanure ; l’acide hydro- 
chlorique et l'acide nitrique le dissolvent. 
L’ammoniaque,, précipite de la solution 
acide du chloroplatinate d'ammoniaque. 

19, Etain. Le protochlorure et le deuto- 
chlorure d'étain donnent avec le cyanure 
de potassium des précipités de protoxide et 
de deutoxide hydratés. Le liquide renferme 
toujours un peu d’étain en dissolution, ainsi 


rique. | 
En traitant le sulfure d 
grand excès de‘ cyanure de \potassiun 


l’ébullition il s’en dissout un Ée 7 
dition d’un acide à la liqueur : à 

plus grande partie se sépare à l'état de sul- 
fide. Lorsqu'on chauffe le sulfide d’étain 
avec du cyanure de potassium, on obtient 
l’étain en partie en solution, en partie à 
l’état d’un précipité d’oxide hydraté, 

20. Antimoine. Le protochlorure d’anti- 
moine se comporte comme le protochlo- 
rure d’étain. Le sulfure d’antimoine se dis- 
sout peu à peu par l'éballition prolongée 
avec du cyanure de potassium. Le sulfide 
d’antimoine se dissout aisément dans une 
solution de cyanure de potassium ; les 
acides l’en reprécipitent sans altération, 


€ 


21. Chrome. En mélangeant uue solu- 
tion d’oxide de chrome avec du cyanure de 
potassium, on obtient un précipité vert, 
qui se dissout par l’échauffement dans un 
excès de ce dernier, en donnant un liquide 
jaune d’où les acides ne précipitent rien. 
Ce liquide renferme, comme M. Boekmann 
l’a déjà prouvé, du chromocyanide de po- 
tassium. 


Nous avons aussi examiné les réactions 
de quelques acides métalliques avec -le 
cyanure de potassium, savoir, des acides 
arsénieux, tellureux, tétanique, tungstique 
et molybdique. Les réactions, comme on 
pouvait le prévoir, étaient semblables à 
celles que la potasse détermine. 

Si maintenant nous rangeons les métaux 
examinés jusqu'ici, d’après la manière 
dont ils se comportent avec le cyanure de 


1131 


potassium, il en résulte deux divisions 

principales. 

À. Melaux qui, par le mélange de leurs 
sels avec le cyanure de potassium, ne for- 
ment pas de combinaison avec le cyäno- 
gène. 

Cette série est formée : 

(a) De ceux qui ne sont pas précipités 
par le cyanure de potassium (potasse, soude, 
ammoniaque ); 

(b) De ceux qui ne sont précipités qu’en 
partie par le cyanure de potassium (anti- 
moine, étain) ; 

(c). De ceux que le cyanure de potassium 


sépare complétement de leurs dissolutions 


(chaux, baryte, strontiane, magnésie, alu- 

mine, plomb et bismuth). 

B. Métaux qui, par le mélange de leurs 
dissolutions avec le cyanure de potas- 
sium, se transforment en cyanures. Ils se 

partagent en trois groupes, sayoir : 

(a) Ceux dont les cyanures ne sont pas 
solubles dans l’eau, mais se dissolvent dans 
le cyanure de potassium, de telle sorte qu’il 
en résulte des combinaisons binaires du 
second ordre : 

MCy+K Cy, 
solubles dans l’eau, Les acides précipitent 
les cyanures métalliques de leurs dissolu- 
tions en décomposant ie cyanure de potas- 
sium. Ces cyanures sont ou insolubles dans 
l'acide nitrique (cyanure d’argent), ou peu 
solubles (cyanure de nickel), ou fort solu- 

-bles (cyanures de cuivre, de zinc, de cad- 

mium et de palladium, cyanide de pla- 

tine). 

(b) Ceux dont les cyanures sont insolu- 
bles dans l’eau, mais se dissolvent dans un 
grand excès de cyanure de potassium. Il en 
résulte des combinaisons où l’on peut se 
représenter tout le cyanogène comme uni 
au métal pour former un radical composé, 
et celui-ci au potassium, pour produire 
une combinaison binaire de premier ordre : 

Fe Cy$ + 2K, 

Les acides ne séparent pas de cyanures 
métalliques de ces combinaisons (fer, cobalt, 
magnésie, chrome, urane). 

(c) Mercure dont le cyanure est soluble 
dans l’eau. 

En jetant un coup d’œil sur ce que nous 
venons d'exposer, il est aisé de voir les 
nombreuses applications dont le cyanure 
de potassium est susceptible dans l’analyse, 
et la facitité avec laquelle il permet de dif- 
férencier les divers groupes de corps.Notre 
tâche ne peut pas être d’énumérer tous 
les cas où ce cyanure peut trouver de l’em- 
ploi dans l’analÿse, mais nous nous bor- 
nerons à décrire ceux où il semble mériter 
la préférence sur d’autres moyens de sépa- 
ration. 

Emploi du cyanure de potassium dans 
l'analyse qualitative. — 1. Le cyanure de 
potassium est sans contredit préférable à 
tous les autres réactifs pour reconnaître le 
nickel mélangé avec du cobalt, On ajoute 
du cyanure de potassium à la dissolution 
acidulée des deux métaux, jusqu'à ce que 
le nouveau précipité se soit redissout dans 
unexcès de cyanure, puis on y verse de 
l'acide sulfurique étendu , on chauffe et 
l’on abandonne le tout au repos. Un pré- 
cipité qui se forme aussitôt ou au bout de 
quelque.téemps, peu importe que ce soit 
du cyanure.ou du cobaltocyanide de nickel, 
démontre la présence de ce métal d’une 
manière évidente. 

2. Ce même sel fournit un très bon moyen 
de séparer les quatre métaux qu’on obtient 
réuuis, dans la marche ordinaire de l'ana- 


1132 
lyse , en dissolution dans l'acide nitrique, 
savoir, le plomb , le bismuth, le cuivre et 
le cadmium. On ajoute à la dissolution un 
excès de cyanure de potassiam; le plomb 
et le bismuth se séparent complètement et 
peuvent aisément être séparés au moyen 
de l’acide sulfurique; le cuivre et le cad- 
miam se dissolvent. On ajoute à la solu- 
tion un excès d'hydrogène sulfuré, on 
chauffe et l’on ajoute encore un peu de cya- 
nure : un précipité jaune démontre la pré- 
sence du cadmium. À la liqueur filtrée on 
ajoute de l’acide hydrochlorique : un pré- 
cipité noir indique la présence du cuivre. 

ÆEmploi du cyanure de potassium dans 
l'analyse quantitative. = Toutes les mé- 
thodes que nous indiquons permettent une 
séparation absolue. 

L. Séparation du zinc d'avec la chaux, la 
baryte et la strontiane. On ajoute du car- 
bonate de potasse à la dissolution jusqu’à 
réaction alcaline, puis un excès de cyanure 
de potassium, et l’on chauf'e. Les carbo- 
nates des terres alcalines restent complète- 
ment à l’état insoluble; le carbonate de 
zinc se dissout avec facilité. On fait bouil- 
lir la dissolution dans un petit matras avec 
de l’acide hydrochlorique , en y ajoutant 
de l’acide nitrique jusqu’à ce que l’acide 
prussique soit expulsé, et l’on précipite le 
zinc, par du carbonate de soude, en ob- 
servant les précautions exigées par la pré- 
sence d'un sel ammoniacal. 

2: Du zinc d'avec la magnésie. On pré- 
cipité par du carbonate de potasse, on 
ajoute une quantité suffisante de cyanure 
de potassium pour redissoudre le zinc, et 
l’on évapore lé tout à siécité en faisant 
bouillir eten ajoutant une nouvelle por- 
tion de carbonate de potasse. Lorsqu'on 
traite ensuite le résidu par l’eau, la ma- 
gnésie reste à l’état insoluble, et le zinc 
passe dans la dissolution sous forme de cya- 
nure de potassium et dezinc. 

3. Du zinc d'avec l'alumine: On ajoute à 
la dissolution un excès de cyanure de potas- 
sium , en évitant l'échauffement. Le zinc se 
dissout et l’on obtient un résidu d’alumine 
hydratée. 

4. Du cobalt d'avec la manganèse. Cette 
séparation a déjà été indiquée par M. Lie- 
big. 

5. Du cobalt d'avec la chaux, la baryte, 
la strontiane. On mélange la dissolution 
acidulée avec un excès de cyanure de po- 
tassiam , on chauffe, et, après avoir ajouté 
du carbonate de potasse, on fait bouillir, 
On sépare ensuite, à l’aide du filtre, le 
cobaltocyanide de potassium d’avec les car- 
bonates des terres alcalines. 

6. Du cobalt d'avec l’alumine. On pro- 
cède comme pour séparer le zine de la 
même base. 

7. Du cobalt d'avec la magnésie. On l’en 
sépare de la même manière que le zinc. 

On peut, ainsi que M. Liebig l'a déjà dit, 
extraire le cobaltocyanide de potassium en 
faisant fondre ce sel avec du nitre; de cette 
manière le métal peut se peser directe- 
ment. Le résidu noir d’oxide de cobalt qui 
reste dans le traitement par l’eau de la 
masse fondue, doit, pour que la détermi- 
nation soit rigoureuse, être dissous dans 
un acide. La potasse caustique est, comme 
on sait , le meilleur réactif pour précipiter 
le cobalt d’une dissolution. 

8. Du cobalt d'avec le nickel. Ce procédé 
a aussi été indiqué par M. Liebig. 

9. Du cobalt d'avec le zinc. On ajoute 
du cyanure de potassium à la dissolution, 
jusqu’à ce que le précipité de cyanure de 


1133 


cobalt et de cyanure de zincqui se forme 
d’abord , se soit complètement redissous 
dans un excès de cyanure de potassium, On 
ajoute alors un excès d’acide hydrochlo- 
rique à la dissolution jaunâtre et transpa - 
rente des cyanures doubles: on obtient 
ainsi, dans tous les cas, un précipité blanc 
de cobaltocyanide de zinc. Dans le cas d’un 
excès de zinc, il reste en dissolution du 
chlorure de zinc, et dans célui d’un excès 
de cobalt il y reste du cobaltocyanide de 
potassium. On fait bouillir jusqu’à ce que 
le ‘précipité soit complètement dissous et 
l'acide prussique expulsé. On ajoute alors 
de la potasse caustique jusqu’à ce que le 
précipité de cobaltocyanide de zinc formé 
d’abord , soit redissous, et l’on chauffe, 
puis on précipite le zinc par l'hydrogène 
sulfuré. On a ainsi, dans la liqueur filtrée, 
da cobaltocyanide de potassium exempt 
de zinc , et dont on détermine le cobalt par 
la méthode indiquée plus haut, 

Il est facile de voir qu’on peut aussi, à 
l’aide du cyanure de potassium, séparer 
d’une manière absolue le nickel, le zinc 
et le cobalt lorsqu'ils se trouvent ensemble. 
On procède d’abord comme on vient de le 
dire; après l’addition de la potasse caus- 
tique, on fait bouillir jusqu’à ce que tout 
l’ammoniaque soit chassée. On obtient ainsi 
un précipité d'oxide de nickel mélangé de 
zinc, et dans la dissolution alcaline, du co- 
baltocyanide de potassium avec la ma- 
jeure partie du zinc. On précipite la li- 
queur filtrée par de l'hydrogène sulfuré, 
pour séparer le cobalt et le zinc. Après 
avoir fait dissoudre dans l'acide acétique 
l’oxide de nickel mélangé dezine, on en 
précipite le zinc par l'hydrogène sulfuré, 
et l’on jette le précipité sur un filtre avec 
le sulfure obtenu en premier lieu. À l’aide 
de la potasse, on précipite l’oxide de nikel 
de la solution acctique. 

10. Du nickel d'avec la chaux, la baryie 
etla strontiane. On ajoute un excès de cya- 
nure à la solution, puis du carbonate de 
potasse ; après avoir chauffé, on sépare, 
à l’aide du filtre, la solution du cyanure 
double de potassium et de nickel d’axec les 
carbonates des terres alcalines. On fait 
bouillir pendant longtemps le liquide filtré 
avec de l'acide hydrochlorique jusqu'à ex- 
pulsion complète de l’acide prussique : 
c’est à ce signe qu'on reconnaît la décom- 
position entière des cyanures. La dissolu- 
tion renferme du. chlorure de nickel, de 
sorte qu’en ajoutant de la potasse et fai- 
sant bouillir jusqu’à ce que toute l’'ammo- 
niaque produite par la décomposition du 
cyanate de potasse se soit dégagée, on ob- 
tient tout le nickel à l’état d’oxide hydraté. 

11. Du nickel d'avec la magnésie. On 
procède comme pour séparer le zinc de 
cette base. 

12. Du nickel d’avec l’alumine. Cette sé- 
paration s'effectue comme celle du zinc. 

11. Du plomb d'avec le cadmium. On 
ajoute à la dissolution un excès de cyanure, 
et l’on chauffe. Tout le plomb se sépare, 
tandis que le cadmium se dissout à l'état 
de cyanure double de potassium et de cad- 
mium. À l'aide de lhydrogène sulfuré, 
on peut précipiter ce dernier de la dissolu- 
tion; on peut aussi le faire bouillir avec de 
l'acide hydrochlorique jusqu'à expulsion 
complète de l'acide prussique, et précipi- 
ter par du carbonate de potasse. Comme 
le précipité plombique renferme toujours 
de la potasse, on le dissout dans de l’acide 
nitrique et on le précipite par de l’oxalate 
ou du carbonate d'ammoniaque. 


1134 
SCIENCES NATURELLES. 
GÉOLOGIE. 


Note sur deux dépôts de lignites modernes 
dans les bassins de Paris ; com muniquée 
par M. Melleville, à la société géologique 
de France. 

Dans l’une de mes dernières communica- 
tions à la société, j'ai dit que les lignites 
tertiaires du bassin de Paris pouvaient 
être regardées, en genéral, comme des 
tourbes anciennes enfouies sous le sol. À 
l'appui de cette manière de voir, je vais rap- 
porter des observations que j’ai eu l'occa- 
sion de faire dans mes dernières courses 
géologiques à travers le département de 
l'Aisne. Ces observations sont relatives à 
des lignites véritablement modernes, puis- 
qu'ils continuent tous les jours à se former, 
et sur l’origine desquels on ne sauraitavoir 
des doutes, puisqu'ils font partie inté- 
grante de dépôts où la tourbe se présente 
dans tous les états, depuis celui où les vé- 
gétaux ont à peine subi une légère altéra- 
ration jusquà celui où ils sont le plus con- 
sommés. 

Le premier dépôt de ce genre est placé 
auprès du village de Naumoise, entre 
Villers -Cotterets et Crespy-en- Valois. 

Le village de Naumoise est situé à l’ex- 
trémité supérieure d’un vallon étroit, au 
au point de jonction des sables inférieurs 
avec le calcaire grossier dont les bancs af- 
fleurent de toutes parts aux environs. A 
quelques centaines de pas sons le village, 


derrièrele dernier moulin à eau établi dans 


le fond de la vallée, on extrait depuis quel- 
ques années , au milieu d’un petit marais 
tourbeux, une sorte de lignite que l’on dé- 
bite dans les environs sous le nom de cendres 
noires. 

La position de ces lignites sur le deuxième 
étage des sables inférieurs me surprit 
d'abord, car c'était pour moi un fait tout 
nouveau. Mais une observation attentive 
ne tarda pas à me faire reconnaître qu'ils 
sont tout à fait modernes , et qu’ils conti- 
nuent chaque jour à se former. 

La partie supérieure du dépôt est une 
tourbetrés poreuse, où lesvégétaux herbacés 
aquatiques sont à peine décomposés. Peu à 
peu cette tourbe devient plus compacte ; 
les végétaux dont elle est formée sont plus 
altérés, et elle se mélange d’ua peu de fer 
sulfaré. À 7 ou 8 pieds de profondeur, le 
fer sulfuré devient très abondant et se mêle 
intimement à la tourbe, alors entièrement 
décomposée. Dans cette partie, la tourbe 
noire et pyritense est tellement semblable 
au lignite tertiaire, qu’il est véritablement 
très difficile de les distinguer l’un de l’au- 
tre. Cependantles ouvriers ne s’y trompent 
pas, et quoiqu'ils la vendent sous le nom 
de cendres noires, dont elle a du reste 
presque toutes les qualités végétatives, ils 
reconnurent avec moi son origine et sa na- 
ture. 

L'existence de ce dépôt a un niveau dif- 
férent de celui que les lignites occupent 
dans les environs, et sa position dans le 
haut d’une vallée qui n’est dominée que 
par le calcaire grossier, les sables et le ter- 
rain lacustre moyens, éloignent toute idée 


de transport. D’un autre côté, j’ai pu cons- 


tater qu'il repose sur un banc d'argiles) 
jaunes ou brunâtres (argiles diluviennes, 


en tout identiques à celles qui recouvrent 
les flancs comme les plateaux des collines 


voisines, sous lesqu’elles on trouve un as- 


sez grand nombre de galets calcaires évi- 


1135 


demment arrachés au calcaire grossier des 
environs. Enfin je n’ai pu y découvrir aa- 
cune des coquilles si abondantes dans les 
lignites tertiaires; mais en revanche j'ai 
trouvé, enfouie dans toute l'épaisseur du 
dépôt, une petite paludine (la P. impura), 
qui vit assez abondamment sur le lieu. 
Cette coquille y offre ceci de particulier, 
qu'elle a conservé son lustre et sa couleur 
bistre dans la partie supérieure du dépôt, 
tandis que, comme les fossiles de l’argile 
plastique, elle est d’un blanc mat dans la 
partie inférieure, surtout dans la tourbe 
pyriteuse. 

J’ajouterai que j'ai également trouvé 
dans ces lignites modernes plusieurs végé- 
taux aquatiques, semblables à ceux qui 
peuplent nos marais, lesquels étaient chan- 
gés en pyrites; on m'a ditaussi y avoir 
déterré il y a un an des bois de cerf. £ 

Le second dépôt de ce genre, que Je 
connais, est placé dans la vallée étroite à 
l'extrémité de laquelle s'élève le village de 
Jaulgonne , près de Château-Thierry. 

Ce dépôt se présente absolument comme 
celui de Naumoise : ce sont d’abord, dans 
le haut, des tourbes poreuses, puis des 


tourbes plus compactes, enfin, dans le 


bas, des tourbes pyriteuses. Le tout repose 
sur des argiles Jaunes, entremélées ou su- 
perposées à des galets de calcaire grossier 
et de marne dure. Ces derniers proviennent 
du terrain lacustre moyen dont les diffé- 
rents bancs forment une grande partie des 
flancs de la vallée. Enfin le dépôt est re- 
couvert par un banc de 50 centimètres en- 
viron d'épaisseur, d'argile marneusebrune, 
c’est-à-dire d’une véritable vase tassée et 
durcie, tout à fait identique à celle qui se 
déposejournellement dans l'étang du mou- 
lin voisin. Cette vase est le produit du la- 
vage, par les grandes eaux pluviales, du 
terrain lacustre moyen qui constitue tous 
les plateaux des environs. Dans les années 
pluvieuses, cette vase s’accumule très ra- 
pidement: j'ai vu curer l'étang dont je viens 
de parler : en un an de temps il s’en était 
déposé une épaisseur de 25 centimètres. 
J’ajouterai qu'à Jaulgonne la tourbe est 
moins consommée et moins pyriteuse qu'à 
Naumoise, et que le lignite moderne y pré- 
sente avec le lignite tertiaire une analogie 
moins parfaite, la Paludina impura y est 
aussi plus rare. 

Enfin , je ferai remarquer que ces dépôts 
étant placés dans des vallées étroites, leurs 
extrémités se terminent en biseau sur le 
flanc des collines qui leur servent d’appui, 
en sorte que dans leur ensemble ils présen- 
tent la forme d’un amas lenticulaire, dispo- 
sition tout à fait analogue à celle qu’on ob- 
serve dans les dépôts d’argiles plastiques et 
de lignites tertiaires. 


Notice sur un accident métamorphique par 
M. Bertrand-de-Lom, membre de la S0o- 
ciété géologique de France. 


Le plus bel exemple de métamorphisme 
que la science ait jamais eu à enregistrer 
est, sans contredit, celui que je signale au- 
jourd’hui, observé récemment en place, 
dans le département de la Haute-Loire, 
et pour rendre hommage à la vérité, je 
dois dire que je tiens de M. Pascal fils, jeune 
collégien de beaucoup d’avénir, l'indication 
du gisement qui m’a mis à méme d’appré- 
cier l’accident ou de tirer des conséquences 
plus légitimes. 

Le phénomène que j’ai à décrire, touche 
au basalte comme cause seconde, et aux 


1136 


marnes siliceuses, dites sans fossiles, comme 
effet. 

C’est de la marne arrachée au sol la- 
custre et soulevée où elle s’observe aujour- 
d’hui, par la cause ignée, sous sol. Elle 
constitue dans un endroit une couche de 
deux mètres de puissance euviron, et dans 
d’autres, non loin du premier , quelques 
petits amas ou nids, Je ne parlerai ici que 
de celle qui forme une couche. Elle est en: 
clavée dans un basalte situé à gauche de 
la route , en allant du Puy à Clermont, à 
peu de distance du Collet. 

Elle se trouve en contact immédiat avec 
le basalte supérieur et le basalte inférieur 
(je dis basalte supérieur pour celui de l’ouest 
et basalte inférieur pour celui de l’est). 

À priori, l'esprit est frappé de l’anoma- 
lie apparente que présente l’état physique 
de cette marne. 

En effet, en contact avec le basalte in- 
férieur, elle a éprouvé uu retrait tel , que 
sa structure s’identifie avec celle du ba- 
salte prismé, en ua mot elle devient en mi- 
niature la représentation exacte du sys- 
tème basaltique prismé en colonnes 
polyédriques. 

Il y a cette différence seulement entre le 
basalte et cette marne que celle ci a trouvé 
dansle basalte sa cause principale de re- 
trait et le basalte Ia sienne dans l’atmos- 
phère principalement. 

Ces prismes métamorphisques sont, 
par conséquent, accolés les uns aux autres 
parallèlement à un grand axe; ils se sépa- 
rent facilement et parfois avec une netteté 
assez franche , et sont d’ordinaire des qua- 
drilatères ou des pentagones ; leur cou- 
leur ordinaire est le jaune; quelquefois le 
rouge brique , le bleu verdätre et enfin le 
noir grisâtre ; ils sont facilement dansl’eau 
mais sans faire pâte, avec dégagement 
considérablement d’air, produisantun bruit 
analogue, en quelque sorte, à celui que 
produit le dégagement d’acide carbonique 
des liqueurs mousseuses, 

Dans son état actuel, cette substance 
doit être considérée comme un véritable 
tripoli prismatique. 

D'un autre côté, par contraste, quoi- 
que en contact aussi avec le basalte supé- 
rieur, celte même marne est restée sans 
effet appréciable , c’est-à-dire dans son 
état normal. 

L'action énergique modifiante d’un côté, 
doit être prise sans hésitation , selon moi, 
etcomme je lai déjà dit, dans le calorique 
du basalte , durant son état d’incandes- 
cence. 

Et l’inertie du basalte, du côté opposé, 
dans la conservation seulement de ce qui 
ne pouvait pas perdre son calorique latent. 

Par là se trouve expliquée aussi cette 
sorte d’anomalie métamorphique et four- 
nie une preuve irrécusable de différence 
d’âge entre les basaltes auxquels est subor- 
donné le phénomène que je viens de dé- 
crire. 


MINÉRALOGIE, 


Gites et alluvions aurifères de la Russie 
asiatique. 


(Premier article. ) 


Les chaînes de l’Oural, de PAltaäï et de 
Kousnetsk, sont, avec les baëses régions, 
entre la Kya, le Jeniseï ét la Biroussa, les 
seules qui, dans l’état actuel des exploita- 
tions, font refluer de grandes richesses et 
métaux précieux d’Asie en Europe. 


1137 


La région avrifére sibérienne part de 
l'Oural et s'étend à l'est de cette chaine de 
montagnes si remarquable par les gîtes 
métalliques qu’elle renferme; elle paraît 
traverser l’Asie entière entre les 54° 172 et 
les 56° de latitude. 

Ce sont surtout les alluvions qui en 
constituent les principales richesses. Le 
produit total de l'or de lavage, qui, dans 
toute l’étendue de l’empire de Russie, n'é- 
tait encore, en 1829, que de 4,718 kil., 

s'est élevé, en 1842, à 15,890 kil. 

Cette abondance prodigieuse de lor 
asiatique, ces masses d'or natif, trouvées à 
de petites profondeurs au dessous du gazon 
etatteignant jusqu’au poids de 36 kilogr., 
rappellent presque involontairement les 
Issedons, les Arismaspes et cette source 
primitive de l'or des Grecs, vers laquelle, 
sur les traces d’Aristée de Proconnèse, 

- nous conduit l'itinéraire d'Hérodote. L’a- 

bondance actuelle, comparée à la masse 
de métaux précieux que, depuis la plus 
haute antiquité historique, d’autres gé- 
gions des deux continents ont fournie au 
commerce et aux arls, offre un intérêt 
d'économie politique assez important pour 
être signalé. 

Les dépôts arénacés ou sables aurifères 
et platinifères de l’Oural couvrent, en gé- 
néral, des roches de diverse nature, et qui 
sont dépourvues, autant du moins qu’on 
les a examinées jusqu'ici, d'or et de platine, 
— On ne peut presaue citer-comme ex- 
ception que le plateau de Beresovsk, de 
deux lieues carrées, et un terrain maréca- 
geux près de Miask. A Beresovsk, les filons 
d’or, dans leurs afileurements, sont revêtus 
d’une couche épaisse de sables aurifères, 
desorte que déjà dans la dernière moitié 
du dix-huitième siècle on avait tiré parti 
de la richessse de cette couche, en perçant 
des puits, et surtout en creusant une gale- 
rie d’éconlement. — L'exploitation conti- 
nue des alluvions n’a cependant com- 
mencé dans les chaînes de POural, même à 
Beresvosk, où elle est 11 plus ancienne, 
qu’en l'année 1814, une année après la dé- 
couverte faite par une jeune fille de Ne- 
viansk, d'une pépite d’or d’un grand poids. 
C’est de l’Oural moyen, de l'intendance de 
Catherinenbourg (à laquelle appartient 
Beresovsk) que l'exploitation des alluvions 
s’est répandue successivement vers Miask 
et Bogoslovsk, vers le sud dans l’Oural 
bachkire, et vers le nord dans FOural wo- 
goul. — Les couches d'atterrissément ou 
sables aurifères, placés sur des roches qui 
elles-mêmes ne renferment ni or ni platine, 
offrent la plus grande variété de compo- 
sition minéralogique. Elles recouvrent 
immédiatement les schistes talqueux, chlo- 
ritique et amphibolique, la serpentine, 
leuphotide, la diorite, le grauwache, le 
calcaire grenu blanc, le calcaire noir de 
transition, la dolomie noire, le thonscliefer, 
le granit et le gneiss. — L'exploitation des 

* sables aurifères au dessus de ces deux der- 

nières roches est des plus rares. — Là où 
les atterrissements recouvrent un pneiss 
qui n’alterne pas avec le micaschiste, ils 
ne renferment que des fragments angu- 
Jeux de serpentine. Quelquefois la zone 
aurifère, objet d'une seule exploitation, 
repose à la fois sur deux roches d’une na- 
ture minéralogique très différente. 

Les matières pierreuses qui composent 
les alluvions sont les plus communément 
des fragments de quartz, de schiste tal- 
queux et chloritique, de diorite, de por- 
phyre pyroxénique, de serpentine ct de 


1138 


lydienne. Parmi ces fragments, les plus 
gros ont une forme anguleuse, à bords. 
tranchants : on les trouve mêélés à des 
galets arrondis, à des sables et à des ma- 
tières argileuses. Le quartz domine sur les 
autres substances, et porte tous les carac- 
tères d'une gangue. C’est un quartz de 
filons qui ne laisse aucun doute sur son 
origine. Les espèces minérales que ren- 
ferment les alluvions, soit en cristaux par- 
faits ou brisés, soit en grains et en lames, 
sont au nombre de vingt-quatre, et ont 
été rangées par M. Rose de la manière sui- 
vante. 

1. Or (cristaux octaèdres et dodécaë- 
dres); — 2. platine; — 3. iridium naüf 
cristallisé; — 4. osmium idium (blanc 
d’étain); — 5. osmium iridium (gris de 
plomb); — 6. cuivre (en petits grains ar- 
rondis; — 7. diamants; — 8. fer oxydulé 
(sable magnétique) qui abonde dans les al- 
luvions aurifères; — 9. fer oligiste lami- 
naire; — 10. fer chromité (en grains ou 
petits cristaux octaèdres) appartenant de 
préférènce aux alluvions platinifères; — 
11. fr titané, faisant corps quelquefois 
avec un grain d’or; —1Â2. pyrites (souvent 
trés aurifères); 13. ruthile (tytane oxydé); 
— 14. anatase (en grands cristaux jaunes) ; 
— 15. cinabre {mercure sulfuré) en petits 
grains arrondiss —16. malachite; — 17. 
grenats; — 18. zircon blanc ; — 19. ceyla- 
nie vert noirâtre; — 20. pistazite; — 21. 
coriridon bleu ; — 22, barsovite blanche ; 
— 23. diallage; — 24. quarz. 

‘Telle est la prodigieuse variété des 
espétes minérales que présentent les atter- 
risséments ou lavages d'or et de platine, 
résultat à la fois de la de:truction defilons 
ét autres gîtes métallifères dans leurs af- 
fleurementecommedela dégradation qu’ont 
subie, à diverses époques, les roches cir- 
convoisines. 

La forme et la puissance des couches 
d’alluvion qu’on exploite varient beaucoup. 
Cependant, ces variations n'excèdent pas 
certaines limites. En prenant la moyenne 
d’une trentaine d'exploitations; dont j'ai 
noté les dimensions avec soin, je trouve 
que les alluvions aurifères forment des 
zones oblongues, très allongées ; le rapport 
de la largeur à la longueur étant le plus 
généralement dans les grandes alluvions 
(celles qui excèdent 250 toises), comme 
1 : 20; dans les plus courtes, 1 : 12. Elles 
sont disposées par groupes, tantô: sur des 
plateaux arides, tantôt le long des rivières 
ou dans les endroits marécageux, couverts 
de jones et de cypéracés. Dans le premier 
cas, aucun accident de la surface actuelle 
du sol n’annonce leur présence, et cepen- 
dant, parallèles entre elles, on voit les al- 
luvions de sables aurifères souvent sépa- 
rées par des atterrissements dépourvus de 
toute parcelle d’or. — Là où les sables au- 
rifères suivent le bord des rivières ou se 
trouvent dirigés perpendiculairement à ce 
bord, on remarque assez généralement que 
le cours impérieux des rivières, et surtout 
les affluents des affluents, offrent, dans 
leur proximité, les exploitations les plus 
riches. 

La puissance ou épaisseur des sables au- 
rifères est aussi variable que leur dimen- 
sions horizontales. La couche qui mérite 
d'être exploite ne forme constamment 
qu'une faible partie de l'épaisseur de Pat- 
terrissement total. Cette couche se trouve, 
soit immédiatement au dessous de la sur- 
face du sol, même adhérente aux racines 
de graminées et de plantes aquatiques, 


4139 
soit couverte de tourbe. D’autre fois, la 
couche de sables aurifères occupe le milieu 
de l'atterrissement total, étant séparée de 
la manière la plus tranchée des strates 
supérieurs et inférieurs, qui sont dépour- 
vus d’or et de platine; d’autres fois encore, 
l'or forme la couche la plus basse, celle 
qui recouvre immédiatement la roche en 
place. Enfin, j'ai vu pénétrer l’or dans 
les fentes mêmes de la roche schisteuse, 
qui, dans sa masse entière et dans ses filons 
en était entièrement dépourvue. 

La puissance moyenne des couches au 
riféres de lOural semble être de 3 pieds 
9 pouces à 5 pieds. Il yen a cependant de 
12 pieds dans le riche plateau de Bere- 
sovsk. Comme généralement les fouilles 
n'exigent que 10 à 15 pieds de profondeur, 
on les dispose en percements à ciel ouvert. 
Les percements souterrains sont très rares. 
Je ne les ai trouvés que dans j’alluvion de 
Nagornoi (près Beresovsk), où 2 à 3 pieds 
de sables aurifères sont recouverts par 
15pieds d’atterrissements stériles. C’étaient 
de véritables travaux de mineurs. 

Un des caractères les plus importants 
du terrain d’atterrisement est le mélange 
d’ossements fossiles d'anciens pachydermes 
et de sables d’or, observé plusieurs fois 
sur les points les plus éloignés de Ia chaîne 
de l'Oural: Je me citerai que les dents d’é- 
léphant (mammouth) trouvées dans les 
lavages de Kasionnaïa-Pristan, de Konev- 
skoi, d'Anninskoï, près du lac Aouchkoul. 
Dans ce dernier endïoit, une zone inter- 
calée de débris osseux sépare d’une ma- 
nière bien tranchée la couche aurifère de 
la couche stérile qui la recouvre. Une 
grande tête de pachyderme a été décou- 
verte à 15 pieds de profondeur, au milieu 
des sables aurifères de Konevskoiï. 

La presque totalité des éruptions mé- 
talliques de l’Ourel, à l'exception du pla- 
tie, appartient au versant oriental, à la 
pente asiatique. On ne peut citer qu’un très 
petit nombre de lavages d’or sur le versant 
occidental ou européen. 

Les aliuvions de l'Oural portent le ca- 
ractère de dépôts dus à de très petites ri- 
vières, à des bassins jacusires aujourd’hui 
desséchés. 

Les gîtes auriferes de quelques parties 
de l'Amérique présentent certains carac- 
tères des gites aurifères de l’Asie russe. 

A. DE HUMBOLDT. 


ZOOLOGIE. 


Observations sur les métamorphoses de la 
Porcellana longicornis, et description de 
la Zoë, qui est la larve de ce crustacé; 
par M. Félix Dujardin. 

Le fait si longtemps et si vivement con- 
troversé de la métamorphose des crustacés 
parait devoir être bientôt un des mieux 
constatés de la zoologie, et la découverte 
de M. Thompson, niée avec tant de téna- 
cité par la plupart des vaturalistes pendant 
plus de dix ans, la métamorphose des zoës 
en crustacés décapodes sera bientôt aussi 
généralement admise que celle des che- 
nilles en papillons. Déjà en 1838 (nouvelle 
édition de Lamarck), M. Milne Edwards 
déclara « qu'il était porté à adopter une 
partie des vues de M. Thompson et à con- 
sidérerles zoës comme des crustacés déca= 
podes dont le développement n'est pas 
encore achevé ; mais il pensait que ce sont 
des larves de quelques espèces de la section 
des anomoures plutôt que les larves d’un 
cancérien proprement dit.» 


1140 

Les faits à l’appui de cette opinion ont 
été fournis plus tard (Archives de WVieg- 
mann, 1840), par M. Philippi, qui décrivit 
d’une manière incomplète la larve du Pa- 
gurus hüngarus, et par Rathke lui-même, 
dont le beaw travail Sur le développement 
de lécrevisse/avait/servi d'argument prin- 
cipal‘aux contradicteurs de M. Thompson. 
Mi. Rathke a fait ses observations sur les 
larves du Homard, dela Galatée, de l’Hyas, 
et surtout du Pagure-Bernard, dont il a 
suivi avec soin le développement. Moi- 
même, enfin, je vieus aussi apporter à 
l'appui le fait de la métamorphose d’un 
autre ‘crustacé très commun à Saint-Malo, 
la Porcellana longicornis, dont j'ai pu étu- 
dier en détail la larve ou Zoé nouvellement 
éclose. Il est à remarquer Œuec’est précisé- 
ment encore un crustacé de la mème sec- 
tion des anomoures à laquelle appartient 
le Pagure. 

Je trouvai, le 26 mai dernier, des Por- 
cellanes chargées. d'œufs si près d’éclore, 
que, par la simple agitation dans l’eau, les 
jeunes larves se déploiaient aussitôt dans 
liquide, maistellés ne continuèrent pas à 
vivre. Ces larves sont d’une transparence 
paärfüte, à l'éxception de deux taches dor- 
sales noires et oblongues indiquant les 
yeux, en avant, et d’une ligne rouge entre 
les yeux. Leur longueur totale est de 
4mm,6 ; savoir : Omm,6 pour le céphalo- 
thorax, et 1smillimètre pour l'abdomen, 
qui est plus: étroitet prolongé en manière 
de queue. Les œtfs d'où elles sortent sont 
longs de Omm,6. Ea Pürcellane mère a son 
céphalothorax presque, rond, long de 
5mm,5, et son abdomen long de 7mm,5 
et replié en dessous. 

On pêut done remarquer qu'ici l'œuf a 
la dixième partie de la longueur du cé- 
phalothorax de l'animal adulte; tadis que 
les œufs d’un Crabe commun (Carcinus 
mænas), n’étantpas=plus-gros, n’ont que 
la centième partie de la longueur relative 
du céphalothorax, et que ceux du Homard 
n'ont que le cent cinquantième ou la deux 
céntième partie de cette longäeur relative. 
C'est là-cerqui expliquer pourquoi les larves 
des grosses espèces de crustacés sont pro- 


portonnellement si petites et. si difficiles à 
observer. sie D 

Le céphalothorax de la Zoé de la Porcel- 
lane est à peu près aussi long que large; 
il porte latéralement, en dessus, deux lon- 
gués pointes dirigées en arrière et attei- 
gnant le dernier tiers de l’abdomen. Ces 
pointes sont formées d’un, iube membra- 
neux, retréci peu à peurvers d'extrémité ; 
elles présentent quelques poils’, ainsi que 
des traces, darticulalion : ce sont les ana- 
logues de da pointe dorsale des autres 
Zoës. 2h 

Sous le céphalothorax, en avant, naît 
un long appendice rougeâtre, pointu à 
l'extrémité, articulé, et portant sur chacun 
_de ses vingt-trois ou vingt-six segments 
une soie courte de chaque côté. C'est le 
prolongement d’un tube intérieur, rouge, 
charnu et ridé, qu’on voit par transpa- 
rence, et que M. Philippi a pris pour l'in- 
téstin dans le Pagure. Cet appendice, qui 
ressemble par sa structure à une antenne 
imipaire, est le même que M. Rathke, aussi 
dans le jeune pagure, a nommé la trompe: 
c’est cette sorte de rostre que l’on a donné 
aux Zoés dans toutes. les anciennes figures ; 
mais ce n’est: évidemment miun rostre ni 
une trompe;-car son extrémité est fermée. 


Ses fonctions me paraissentotout fait pro- | 


4141 
que dans aucune autre Zoé, et il se pro- 
longe sous le céphalothorax, en arrière, 
jusqu’au milieu de la queue. 

Vers le milieu de la face inférieure du 
céphalothorax se voient les deux paires 
d’antenñes, savoir : 4. lesantennes internes 
simples, formées chacune de deux articles 
et terminées par cinq à six soies, d’abord 
simples, puis très longues et plumeuses; 
2, les antennes externes ou postérieures, 
qui sont bifides et se composent chacune 
d’un article basilaire supportant deux tiges: 
l'une conique, plus courte, plus épaisse, 
avec quelques soies fines à l’extrémité ; 
l’autre, plus grêle et plus longue, avec des 
soies latérales courtes et des traces d’arti- 
culation. 

A la suite de ces appendices se trouvent 
les mandibules et les deux paires de mâ- 
choires. Les mandibules, déja bien orga- 
nisées et très complexes, sont terminées 
par une forte dent crochue, au dessous de 
laquelle se trouvent trois crêtes ou rangées 
obliques de petites dents. Les mâchoires 
antérieures sont plus longues, articulées, 
munies d’un palpe dorsal de deux articles, 
garni de longues soies. L’armature de ces 
premières mâchoires se compose de six à 
sept lames étroites ou stylets barbelés. Les 
mâchoires postérieures sont de larges lames 
composées de cinq lobes ou articles conti- 
gus, prolongés parallèlement en dedans et 
terminés chacun par quatre à cinq soies. 
On voit aussi un palpe dorsal à ces. deu- 
xièmes mâchoires. 

Enfin, à l'extrémité postérieure du cé- 
phalothorax et sur une‘masse qui paraît 
formée d’un ou deux segments distincts 
de ce qui précède, se trouvent deux paires 
de pieds bifides ou à deux rames, compo- 
sés d'une hanche ou tige assez longue à 
l'extrémité: de: laquelle: sont articulées les 
deux rames, l’une externe, plus grosse, 


sans traces distinctes d’articulation, sinon 


à l'extrémité où elle est terminée par cinq 
longues et portant latéralement des soies 
plumeuses respiratoires. 

L'autre rame interne est distinctement 
articulée : on y compte quatre segments 
tous garnis de soies roides sur leur face 
interne, comme le seront plus tard les 
pieds-mâchoires; le dernier article est aussi 
terminé par de longues soies. 

Ces pieds, que M. Philippi comparé mal 
à propos aux pieds biramés des copépades, 
doivent se changer plus tard em pieds-mà- 
choires, ainsi que M. Rathke la vu sur les 
jeunes Pagures. 

Ainsiil my a point encore ici d’appen- 
dices thoraciques, ni pieds n1 branchies ; 
il n’y a que les deux paires d'antennes et 
cinq paires d’appendices buccaux au lieu 
de six qu’on doit trouver plus tard. Ces 
appendices d’ailleurs, ainsi que les an- 
tennes, sont garnis de soies plumeuses 
comme les appendices locomotears et res- 
piratoires des entomostracés, ce qui doit 
faire penser qu’ils remplissent les mêmes 
fonctions en attendant qu’ils aient été mo- 
difiés successivement pour servir à la man- 
ducation. 

Toutefois ces soies plameuses sont telle- 
ment délicates, qu’on ne les voit qu’en dia- 
phrasmant fortement le microscope, et que - 
souvent elles ont disparu, détachées par }a 
simple agitation du liquide. 

Derrière le céphalothorax, et presque 
sur la même ligne, se voit l’abdomen, for- 
mé de six articles cylindriques dont le cin- 
quième cst le plus long et terminé par une 


blémafiques. Ici il est plus-lons peut-être lame en losange dont les deux côtés posté- 


1142 


rieurs portent chacun dans autant de gai- 
nes lubuleuses cinq longues soies plu- 
meuses étalées en éventail et dont la 
racine se prolonge jusqu à la base de cette 
lame. 

Des deux angles latéraux partent deux 
pointes simples, moitié plus courtes et 
dirigées dans le même sens. 

Ici encore Il n’y a pas de fausses pattes 
abdominales. 

Ainsi, en comparant la Zoé de la Por- 
cellane avec celles des Pagures, telles que 
les ont décrites les observateurs cités plus 
baut, on voit que nous avons ici une même 
forme générale, avec les yeux. sessiles et 
amorphes engagés sous la carapace, mais 
non réticulés; que sur le dos se trouvent 
deux pointes au milieu d’'nne seule attri- 
buée aux anciennes Zoés de Slabber, Bosc, 
etc., tandis que les jeunes Pagures n’en 
ont pas; que l’appendice frontal, beau- 
coup plus long que chez cés derniers et re- 
présentant le prétendu rostre des Zoé, est 
un organe impair analogue à une antenne; 
enfin que la nageoire caudale diffère par 
sa forme en losange de la lame échancrée 
des autres Zoés. 


ES >  ( 
SCIENCES APPLIQUÉES. 


ARTS CHIMIQUES. 


Note sur de nouveaux moyers de dorer et 
ædargenter au trempé, par M. A. Le- 
voli025 


Dans le moment où l'attention est fixée 
sur les procédés de dorure par la voie hu- 
mide, imaginés dans ces dernières années, 
il m'a semblé qu’il ne serait pas sans inté- 
rêt de publier de nouveaux moyens pro- 
pres-idorer ou argenter par immersion, 
principalement à cause de leur facilité 
d'exécution, qui les met à la portée des 
personnes même étrangères à ce genre 
d opération, et qui s’y livrent pour la pre- 
miére fois; aussi pourraije me borner à 
les décrire très brièvement: 

Dorure sur argent. L'argent se dore très 
facilement au moyen du chlorure d'or 
veutre, additiouné d’une solution aqueuse 
de sulfo-cyarure de potassium jusqu’à dis- 
parition du précipité qui s'était d’abord 
formé ; il faut que la liqueur éclaircie, de 
cette manière, conserve une réaction lé- 
gèrement acide, et si elle l'avait perdue 
par une addition immodérée de sulfo-cya- 
nure, On. la lui rendrait en ajoutant quei- 
ques gouttes d'acide chlorhydrique. Pour 
dorer on plonge l’argent dans cette liqueur 
presque bouillante et médiocrement con- 
centré, état dans lequel on la maintient 
en y versant de lemps en temps de l’eau 
chaude pour remplacer celle qui s’est va- 
porisée ; on évite de cette manière, les in- 
convénients qui résulteraient d'une trop 
grande concentration de l’acide chiorhy- 
drique, dont la présence est néan moins 
utile pour s'opposer à la formation d’un 
précipité auritère qui a lieu par l'élévation 
de température, lorsque c’est l’alcali qui 
domine. 

Dorure et argeniure sur cuivre, laiton 6ë 
Üronze. On à indiqué la solution du eya= 
aure d'or ou d’argent dans le cyanure de 
potassium pour dorer et argenter sous lin: 
fluence des forces éleêtriques; je me suis 
assuré que les mêmes solutions portées à 
une température voisine de leur point d’é- 
bullition, peuvent aussi dorer et argentcr 


4 7 r Ü ù 
au trempé, À l'égard de lenr préparation, 


1143 


s'il était nécessaire de les obtenir chimi- 
quement pures , elle ne laisserait pas que 
d’être assez dispendieuse, mais on n’ob- 
tiendrait véritablement aucun avantage en 
compensation; on peut done simplifier l’o- 
pération et la rendre beaucoup moins coù- 
teuse, en traitant directement, soit le chlo- 
rure d'or, soit le nitrate d'argent , neutres, 
par du cyanure de potassium en excès, de 
manière à obtenir les cyanures doubles so- 
lubles. 

On ne peut dorer l'argent par ce pro- 
cédé, mais on a vu plus haut que le sulfo- 
cyanure d'oret de potassium dore très bien 
ce métal. 

La solution du cyanure de cuivre dans 
le cyanure de potassium, ne cuivre pas 
Vargent, même en contact avec le zinc; 
cependant elle cuivre parfaitement ce der- 
nier métal et d’une manière très solide. 

Je ferai remarquer enfin, que ces pro- 
cédés si commodes, parce qu'ils réussissent 
toujours et n’exigent que quelques minutes 
pour toute préparation, ne permettent 
malheureusement pas l’application d’une 
couche très mince de métal précipité : c’est 
un inconvénient commun à tous les pro- 
cédés au trempé. 

(LeTechnologiste.) 


AGRICULTURE. 
ÉCONOMIE AGRICOLE. 
De quelques engrais et de leur emploi. 
(Troisième et dernier article.) 


Chaumes des tréfles. — Le trèfle rouge, 
cette plante si précieuse pour le bétail, ne 
l’est pas moins pour le sol. L'effet de l’en- 
fouissement d’un trèfle bien venu est évi- 
dent sur les récoltes suivantes, et pour le: 
moins sur les deux premières. Il n’est pas! 
seulement égal à celui d’une bonne demi- 
fumure; il la surpasse encore par une in- 
fluence particulière, qui ne se manifeste 
pas uniquement par l'augmentation im- 
médiate de la force productive du sol. 
Lavoine se succédant au trèfle semé dans 
une céréale surpasse l’avoine succédant au 
froment de jachère, et après l’avoine suc- 
cédant au trèfle semé avec le froment, les 
pommes de terre se ressentent encore visi- 
blement des bienfaits du trèfle enfoui. L’ef- 
fet sur les pommes de terre est bien plus 
remarquable encore, lorsqu'elles succè- 
dent au trèfle. Mais cette observation et 
plusieurs autres trouveront leur place plus 
loin. 

Sans doute, lorsque le trèfle est maigre, 
clair-semé et infesté de mauvaises herbes : 
lorsque, par nécessité, ou par économie 
mal entendue, il a été fauché jusqu’à épui- 
sement, l'effet de l’enfouissement de son 
chaume et de ses racines ne sera pas consi- 
dérable. Mais un cultivateur quelque peu 
intelligent et soigneux ne fera jamais une 
“pareille faute. À mon sens, il y a toujours 
plus de profit à enfouir la troisième coupe 
du trèfle, qu’à la faire manger aux bes- 
tiaux, si ce n’est lorsque la première coupe 
a pu être faite de très bonne heure et 
qu'on peut en attendre une quatrième, 
J'avais semé du trèfle, me dit un bon cul- 
tivateur, dans un de mes champs, dans 
lequel l’avoine n’atteignait jamais une hau- 
teur de plus d’un tiers de mètre, et qui, 
même fortement fumé, ne me donnait ja- 
mais que de misérable froment. La pre- 
mière pousse du trèfle réussit mal; je la fis 


114% 


faucher et la laissai sur le champ; j'y ajou- 
tai quelque peu de fumier consommé et 
quelques balayures de basse-cour. Sous 
cette couverture légère, le trèfle prit une 
croissance active. Je laissai mürir, pour la 
récolter, la graine de cette seconde coupe. 
Lorsque, après cette coupe, le trèfle eût 
réatteint la hauteur d’un bon sixième de 
mètre, je le fis enfonir, malgré les regrets 
que donnèrent au sacrifice de cette belle 
coupe les cultivateurs mes voisins. J'y fis 


. semer du froment, devant lequel, l’année 


suivante, ceux qui m'avait blâmé d’abord 
Ôtaient leur chapeau. 

Le trèfle, arrivé à un certain dévelop- 
pement, est toujours, dit Schmalz, un très 
bon engrais. Ayant fait enfouir du trèfle, à 
des degrés de développement différents, et 
ayant fait semer du scigle, j'ai toujours 
trouvé la récolte et la vigueur de végéta- 
tion du seigle dans un rapport presque 
rigoureusement exact avec la force du 
trèfle enfoui. Là oùon avaitenfoui du trèfle 
de 324 millimètres de haut, le seigle res- 
semblait à une forêt de roseaux, et les 
épis, courbés par leur poids, formaient 
comme un toit mouvant au dessus des 
tiges. Là où le trèfle avait été enfoui plus 
court, la récolte de seigle était proportion- 
nellement moins belle, Là où était du 
trèfle de 54 millimètres de hauteur seule- 
ment, la récolte de seigle était misérable, 
le sol de la pièce, comme celui des autres 
soumis à la même expérience, n’ayant pas 
été fumé et le seigle ayant été semé sur un 
seul labour. C’est pourquoi je laisse tou- 
jours, croître le trèfle autant qu’il le peut 
après la seconde coupe, pour l’enfouir, 
saus chercher à en tirer aucun autre 
partis. # 

Le bienfait du trèfle, comme. engrais et 
comme amendement, encore probléma- 
tique pour certains esprits prévenus et 
obstinés, est tellement, reconnu aujour- 
d’hui, dans quelques contrées, que, dans 
le Palatinat, par exemple, on le cultive 
dans le but exclusif de le faire servir d’en- 
grais. Lorsque la première pousse est. en 
fleur, on la renverse avec la herse et on 
l’enfouit avec la charrue. On sème immé- 
diatement de la navette. Dans le comté de 
Mark, on sème beaucoup aujourd’hui un 
mélange de trèfle blanc, de seigle et au- 
quel on ne donne pas d'engrais; on fait 
pâturer en automne et l’on obtient, l’an- 
née suivante, une bonne récolte d’avoine. 
La culture du trèfle s'étend ainsi de jour 
en jour, et ceux qui ne sont pas absolu- 
ment obligés de le faire pâturer y gagnent 
toujours à l’enfouir dans sa plus grande 
croissance. Cette pratique est à considérer 
comme le pendant de celle suivie dans le 
Palatinat pour l'emploi des vesces. 

La luzerne et l’esparcette n’occupant 
pas la terre pendant dix-huit mois seule- 
ment, comme le trèfle, mais pendant six, 
huit et dix ans, les racines deviennent beau- 
coup plus fortes, et leur action, comme 
engrais vert enfoui, proportionnée au 
temps nécessaire pour leur décomposi- 
tion, est d’autant plus durable. Il sera 
aussi traité plus amplement, en lieu plus 
convenable, des effets utiles de ces plantes 
ainsi employées. 


ANIMAUX DOMESTIQUES. 


Élève du bétail. —Jnfluence de la douceur 
envers les animaAUT. 


Les animaux menés avec douceur sont 
vifs, ardents, dociles ; ils travaillent à leur 


1145 


ous elle 
aise, emploient leur force d’une manière 
régulière, continue, et font beaucoup de 


travail sans fatigue, sans efforts. Les voya= 


geurs qui ont visité l'Orient attribuent les 
qualités du cheval. arabe, l'attachement 
extraordinaire dont il donne des preuves à 
son maître, aux soins avec lesquels il est 
élevé sous la tente de la tribu. Le Circas- 
sien traite son cheval à la manière des Bé- 
douins; il le regarde comme son enfant, 
couche, joue avec lui; si le cheval com- 
met quelque faute, il ne le frappe jamais, 
mais il met.un terme momentaué à ses 
Jeux et à ses carresses. Cette privation. est 
pour les chevaux la plus sévère punition, 
et lorqu’ils sont assez forts pour porter ün 
homme; on lesidirige sans avoir recours à 
des moyens violents. Ces chevaux ressem- 
blent à ceux du Nedji par les formes, par 
la légèreté et la solidité de la marche, par 
la force et l'énergie comme par le carae- 
tère; ils sont très intelligents, comprennent 
merveilleusement la parole du maître. On 
voit le cavalier circassien, obligé de battre 
en retraite, et voulant arrêter ou retarder 
l'ennemi, « faire signe à son cheval de se 
coucher, de s'étendre et de/faire le mort, 
pendant que, couché derrière le corps de 
sa monture, il ajuste son fusil et fait feu, 
en appuyent sur la tête de l'animal le ca- 
non de son arme. » On voit ces chevaux 
« jouer avec les enfants, se prêter à leurs 
fantaisies et éviter soigneusement de leur 
faire mal.» (Journal des Haras, 1840.) 

Les animaux, conduits avec brutalité 
sont toujours de mauvaises bêles; ils sont 
stupides, méfiants,, indociles. « Presque 
tous les chevaux méchants ne le sont de- 
venus que pour avoir été maltraités dans 
leur enfance; ils étaient d’un caractère 
fier ; un brutal a excité leur colère vindi- 
cative, et ils ont pris.en haine l’espèce hu- 
maine toute entière.» (Grognier..) 

La brutalité est un très mauvais moyen 
de gouverner les animaux; c’est elle qui 
rend quelques unes de nos races si ché- 
tives, si faibles, malgré les quantités de 
nourriture qu’elles consomment. Quel est 
le propriétaire. qui n’a, pas remarqué dans 
ses étables des bêtes maigres, quoique man- 
geant autant et ne travaillant pas. plus 
que les autres? Celles qui sont conduites 
par des valets méchants, irascibles, peu 
intelligents, qui sans motifs tourmentent 
leurs attelages, sont toujours en mauvais 
état, souvent boiteuses et malades; elles 
sont molles, ne travaillent que par se- 
cousses et quandelles sont battues, elles 
font alors des.efforts instantanés, se jettent 
à droite, à gauche, glissent, tombent, con- 
tractent des distensions de ligaments, des 
contusions, des fractures, des anévrismes. 

Continuellement tourmentés, les ani- 
maux conduits avec cruauté digèrent mal, 
ont souvent des indigestions, sont maigres, 
ont le poil terne, la peau adhérente. Soit 
que la constitution en ait été altérée, soit 
qu’ils craignent l’homme, ils ne profitent 
ni de la nourriture qu'ils consomment, nt 
des soins qu'on leur donne. Tous les en- 
graissears savent que les bœufs qui aiment 
le bouvier, qui le recherchent, qui reçor- 
vent ses soins, ses caresses avec plaisir, sont 
infiniment plus faciles à engraisser que 
ceux à moitié sauvages. qui ne voient ap= 
procher l'homme qui les soigne qu avec 
méfiance. 

La manière de conduire les femelles a 
beaucoup d'influence sur la sécrétion et 
l’excrétion du lati, Une main amie ou la 
bouche du nourrisson produisent sur les 


| 1) 


0 


2146 

mamelles une sensation de volupté dont 
la vache témoigne l’expression en rumi- 
nant lentement ét en regardant la trayeuse 


- avec satisfaction et tendresse. Cet état 


d’érection dés mamelles est favorable à la 
sécrétion du lait et nécessaire à l’excrétion 
de ce liquide; les vaches qui ne l’éprou- 


- vent pas, celles'qui regrettent les veaux, 


celles qui sont traitées par des personnes 
étrangères ou brutales ne donnent sou- 
vent pas une goutte de lait; il en existe 
beaucoup qui ne se laissent traire que par 
des mains connues ou amies, ou lors- 
qu'on se présente à elles avec des frian- 
dises. : 

Les mâles reproducteurs ont besoin 
d'exercice pour conserver la faculté pro- 
lifique ét engendrer des descendants ro- 


bustes. Si les vaches se plaisent dans la : 


stabulation et le repos, il faut que le tau- 
reau travaille, transpire, pour ne pas 
tomber dans l’obésité, pour ne pas devenir 
dangereux et ennemi de l’homme. On ne 
peut le réduire par la force et les mauvais 
traitements, il n’y a qu'un travail modéré 
et la douceur qui le maintiennent léger, 
facile ét sans méchanceté. Il est donc né- 


‘céssaire qu'il soit dressé au collier, au 


trait, afin de pouvoir l’atteler pour faire 
des transports légers, des hersages, un 
travail, enfin, qui soit en rapport avec 
son âge. 

Il faut bien éviter d’atteler les taureaux 
au limon et de’ les charger à dos, avant 
l’âge de quatre à cihq ans, afin de ne pas 
déprimer la colonné'vértébrale, la défor- 
mer, et les rendre impropres à la repro- 
production : car ils communiquent ce dé- 
faut à leurs descéndants. 

Les taureaux ne doivent saillir qu’une 
fois par jour, surtout avant l’âge de trois 
ans;’ils peuvent commencer sans incon- 
vénient entre quifize et dix-huit mois, se- 


l’âge de quatre ans : du foin et des racines 
en hiver, de l'herbe en été, et dans toutes 
les saisons une poignée de’$el le matin à 
jeun; cela les rend'amis de l'fiomme, faci- 
lité les sécrétions, entretient le pdil luisant, 
même en hiver.” 

Un soin important est de les étriller, 
brosser, bouchonnér tous les jours sans 
faute : les démangeaisons les rendent in- 
quiets, malfaisants ; ils ont besoin de fric- 
tions, et vont se frotter partout quand ils 
sont en liberté : il faut donc suppléer à ce 
besoin dans la domesticité. Le vacher qui 
étrille est toujours bien venu du taureau ; 
le plus méchant se laisse approcher par 
l’homme qui a une étrille à la main. 

On doit infliger des punitions aux ani- 
maux avec discernement, en leur faisant 
comprendre qu'ils sont coupables, et im- 
médiatement après qu’ils ont mérité d’être 
punis, afin qu’ensuite le souvenir de leur 
faute leur rappelle la correction. «Legrand 
secret, dit M. Rodat, consiste à savoir 
donner aux bêtes la conscience de leurs 
méfaits, sans quoi leur âme muette bouil- 
lonne sourdement le sentiment de l'injus- 
tice. On doit toujours traiter les ani- 
maux avec douceur dans leur jeunesse, 
gagner leur affection par des caresses, par 
des friandises, par du sucre, du sel. Les 
animaux peuvent être conduits sans bru- 
talité, sans punitions. Ils apprécient tous 
nos sentiments à leur égard, Ils sont sus- 


Ceptibles d’attachement, ‘de crainte, de 


respect, et quelques uns ont beaucoup 


1147 


d'amour-propre. Ils ont besoin d’être ai- 
més, caressés, loués. On ne doit d’abord 
les punir, à l'exemple des peuples de la 
Circacie, qu’en les privant des marques 
d’attachement qu’on a l’habitude de leur 
donner. » 

Beaucoup d’animaux ne sont difficiles à 


conduire que parce qu’ils ont trop de force; . 


ils sont impatients, incapables de rester 
tranquilles ni d’obéir. Ils suivent involon- 
tairement toutes leurs idées. Il faut dimi- 
nuer le régime de ces animaux, les saïi- 
gner et les soumettre à un travail assez 
pénible pour user leur excès de vie, les 
rendre plus paisibles. 

Si ces moyens sont insuffisants, on élè- 
vera la voix, on aura recours à des me- 
naces; toutefois, il faut encore les em- 
ployer rarement, afin qu’elles soient ef- 


‘ficaces, quand on sera obligé d’y avoir re- 


cours. 

Les instruments de punitions ne doivent 
être employés que dans des cas exception- 
nels ; il faut toujours choisir de préférence 
ceux qui ne peuvent produire ni plaies ni 
contusion, ceux qui occasionnent une dou- 
leur de courte durée, füt-elle vive. 

Outre les moyens ordinaires de correc- 
tion, la privation du sommeil, la diète, 
sont d’excellents moyens de dompter les 
animaux rebelles. Pendant quelques jours 
on les empêche de dormir, on ne leur 
donne point à manger, et l’on se présente 
ensuite à eux avec de la nourriture: S’ils 
sont dociles, obéissants, on leur offre des 
aliments, on les laisse tranquilles; dans le 
cas contraire, on continue à les contrarier 
et à les tenir à la diète. Macne, 

profes. à l'école vétérinaire à Lyon. 


Ke 
SCIENCES HISTORIQUES. 


ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET 
POÉITIQUES. 


Séance du samedi 17 juin. 


M. Blanqui lit un mémoire sur les avan- 
tages commerciaux à la suite des traités 
nouvellement faits entre la Chine et la 
Grande-Bretagne. — Quoique les Chinois 
soient le peuple le plus ancien et que le 
céleste empire soit le gouvernement fondé 
depuis le plus grand nombre de siècles, il 
n’en est pas moins yrai que cette partie 
de l’Asie est restée jusqu'ici tout-à-fait in- 
connue , et que par suite de l'isolement 
dans lequel les Chinois ont constamment 
voulu vivre et se mouvoir, tout ce que 
nous savons sur leur industrie, leurs arts, 
leurs mœurs, leur forme de gouvernement, 
tient encore plus du conte que de l’histoire. 
Il ne peut en être autrement, la Chine 
ayant été constamment fermée aux Euro- 
péens, malgré les tentatives faites à plu- 
sieurs reprises par la France, la Russie et 
l’Angleterre.Quelquefois des envoyés char- 
gés de présents et déguisant sous cette cour- 
toisie leur véritable mission , ont bien pu 
parvenir jusqu’au sein de la capitale et 
même jusqu’au trône de l’empereur , mais 
on exercait sur eux une telle surveillance, 
qu'ils se trouvaient réellement et sans exa- 
gération sous le scellé. La cour de Nankin 
en les traitant avec bienveillance, savait 
leur faire sentir quelle ne les accueillait 
que comme des voyageurs qui s'étaient 
trompés de chemin. 

Le port de Canton était le seul ouvert 
aux étrangers, et les factoreries étaient 
même séparées par de gros murs du reste 


1148 


de la ville. Une congrégation avait le pri= 
vilége exclusif de traiter avec les barbares, 
C'était entre les chefs de cette corporation 
et les chefs de la Compagnie des Indes, 
seule intermédiaire , peñdant longtemps, 
du commerce de Canton, que tout se pas- 
sait. M. Blanqui a tracé le tableau des vi- 
cissitudes qu’a éprouvé le commerce, pen: 
dant les cinquante dernières années, et 
après avoir esquissé les négociations qui 
ont mis un terme à la guerre que le com- 
merce de lopium avait allumée, il est ar- 
rivé à l’examen des conséquences de la 
liberté du commerce , proclamée par les 
Anglais et dont le résultat instantané a été 
la ruine de Macao et le déplacement du 
centre des relations. Les marchandises qui 
étaient expédiées par terre, le sont aujour- 
d’hui par mer. C'est à Ou-tcheou qu’elles 
arrivent. Ce port doit être un jour l'entre- 
pôt de tout le commerce de la Chine. 

Par l’article 2 du traité,"un tarif régu- 
lier de transit doit être fait et quatre au- 
tres ports doivent être ouverts. Il est pré- 
samable que ces dispositions deviendront 
communes à toutes les nations; mais en 
présence de ces faits tout nouveaux, n’est- 
il pas à craindre qu'un engouement trop 
irréfléchi et une précipitation trop avantu- 
reuse n’engagent le commerce dans des 
spéculations peu lucratives? Ce pays est 
encore pour nous l'inconnu. Aussi croyons 
nous très sages les considérations qui ter- 
minent le mémoire de M. Blanqui. Nous 
avons hâte de les reproduire. La Chine, 
a dit le savant académicien, peut se suffire 
à elle-même; les produits de son sol sont 
riches, abondants et variés; elle ne peut 
nous acheter que quelques cotonnades, 
des draps et des vins, et nous donner en 
échange que ses thés et ses soieries; ses 
goûts s’éloignent de nos produits manu- 
facturiers, ses mœurs de nos articles de 
modes , et avec l’immobilité qui forme le 
caractère de ses habitants, il va pour bien 
longtemps avant qu’une révolution morale 
aittransformé ce peuple.Cen’est, commeon 
le voit, qu’à la longue et par contre-coup 
que l’Europe pourra tirer parti des évêne- 
mens actuels, Cela dépend du gouvernement 
du céleste empireet.de la bonnefoiavec la- 
quelleil exécutera les traités.Les Chinois ne 
feront que ce qu’il voudra, car ils sont des 
automates et rien de plus. Pour preuve de 
cette passivité absolue , M. Blanqui a rap- 
pelé que dans la dernière guerre plusieurs 
milliers d'hommes sont morts, par ordre, 
pour ne pas tomber entre les mains des 
Anglais. Ils se sont comportés par esprit 
d’obéissance comme l'ont fait au commen- 
cement de ce siècle, par fanatisme, les 
Russes de Souwarow, et comme dans des 
temps plus anciens, les Spartiates l'avaient 
fait par bravoure. 

Au moment présent la science a plus à 
gagner en Chine que le commerce. Les 
secrets que ses habitants plus industrieux 
qu'intelligents possédent seuls, dans des 
arts dont les perfections nous étonnent , 
sont peut-être les seules acquisitions utiles 
que nous pouvons y faire. 

À la suite de cette lecture, une conver- 
sation s’est engagée entre MM. Dunoyer, 
de Rémusat et Passy. Les idées émises par 
ces honorables membres ont prêté une 
nouvelle force à celle de M. Blanqui. 

M. Béranger a donné lecture d’une no- 
tice sur Barnave.Il est peu d’éloges acadé- 
miques où l'élévation des pensées , la jus- 
tesse des aperçus, la solidité des jugements, 
la sévérité des expressions, la variété du 


1149 


style se fassent autant remarquer que dans 
cet ouvrage que M, Béranger avec sa mo- 
destie habituelle, a simplement appelé une 
notice. Nous ne devons pas nous hasarder 
sur la foi de quelqites notes ‘prises rapide- 
ment, à reproduire même par extrait ce 
travail, nous ne pourrions qu'en altérer le 
fini, et en rendre mal l’exquise délicatesse, 
Cependart nous ne pouvonsirésister au dé- 
sir de rapporter quelques détails jusqu'à 
ce jour inconnus, sur cet-homme qui OC- 
cupe une des premières. places parmi les 
orateurs de nos assemblées législatives , et 
auquel il ne manqua pour être un grand 
homme que d'entrer tout-à-fait dans la 
vie. Barnave mourut à 32 ans. Dès sa Jeu- 
nesse il avait pris l'habitude de se rendre 
compte, non pas seulement de ses actions, 
mais aussi des acquisitions de son esprit et 
des changements de son caractère. Il te- 
nait à cet effet un registre jour par jour. 
Ses sensations; ses pensées, ses plaisirs, ses 
jugements y étaient inscrits avec abandon, 
tels qu'il les avait éprouvées, et lorsqu'il 
eut débuté au barreau, après chacune de 
ses plaidoiries, il y couchait ses observa- 
tions etsur les causes et sur la manière dont 
illes avait plaidées. 

Choisi en 1783 par les avocats de Gre- 
noble pour prononce: le discours de clo- 
ture : il prit pour texte, Dela division des 
pouvors. Cette hardiesserattira sur lui les 
yeux de sos concitoyens: Quelques années 
après arrivèrent dans le: Dauphiné les évé- 
nements qui ne furent d’abord que la ré- 
volution d’une province, mais qui plus 
tard devaient enseigner comment se fait 
une révolution dans un royaume. Au chà- 
teau de Vizille, Barnave trouva un rival 
avec lequel il devait se rencontrer encore 
aux Etats-Généraux de Versailles : c'était 
Mounier. M. Béranger a terminé sa lecture 
par le parallèle de ces deux hommes ,; 


pourvus également des qualités de l’hom- 


me d'état et. de l'orateur, qui rivaux 
sans jalousie, et quelquefois opposés dans 
les moyens, quoique d'accord pour le but, 
eurent l’un pour l’autre l’estime qu’accor- 
daient à touts les deux les assemblées aux- 
quelles ils appartinrent. C.B.F. 


ARCHEOLOGIE. 


Recherches archéologiques sur le Crotoy, 
par M. Labourt. 


Dans les funestes guerres du règne de 
Charles VI et du commencement de celui 
de Charles VIT, la ville du Crotoy joue un 
grand rôle. Ce fut dans la tour de son châ- 
teau que les Anglais enfermèrent Jeanne 
d'Arc. Cette ville-n’estplus depuis 1690, 
et les flots enont presque. eflacé ses der- 
niers véstiges en couvrant. de sable les dé- 
bris échappés à la destruction, Au moment 
où le sol est fouillé dans tous les sens, où 
les archéologues consultent toutesles rui- 
nes et par elles corrigent où revonstrui- 
sent notre histoire, cette ville ne>pouvait 
échapper à leurs investigations. Dès le siè- 
cle dernier:et: après Cluvier, Adrien de 
Valois, Sanson, Danville, le bénédictin don 
Grenier avait fait du Crotoy l'objet de ses 
savantes investigations. De nos jours, quel- 
ques membres de la société d’émulation 
d’Abbeville ont repris ces études long- 
temps interrompues. 

Les uns, parmi lesquels il faut ranger 
Adrien de Valois, ont pensé que le Cro- 
toy Ctait l’ancien Carocotinum d’où serait 
partieune route quiconduisait à Zuliobona, 


1150 

puis à Augustobona qui n'est autre que 
Troyes. Mais Danville a établi que Julio- 
bona était aujourd’hui Lillebonne et non 
Dieppe. comme l'avait dit Adrien de Valois, 
et en calculant les distances et les compa: 
rant avec celles indiquées par l'itinéraire 
romain, Carocotinum ne peut être le Cro- 
toy. D'autres, Sanson et M. Estancelin 
sont de cet avis, ont prétendu que le quar- 
tensis sive hornensis locus était le Crotoy. 

Quelques uns enfin ont été portés à 
soupçonner que cette ville pourrait bien 
n'avoir été autre que le portus itius de Cé- 
sa. 

En présence de ces opinions opposées, 

M. Labourt a voulu reconstruire en entier, 
et autant que cela est possible, cette partie 
de l’histoire ;:de la Picardie. Il a divisé son 
travailen deux parties, C’est de la première 
seule , que pous nous occupons aujour- 
d’hui. Après avoir ramené à leur véritable 
signification, par un examen judicieux de 
la langue celtique, les mots que chacun 
de ses devanciers avait appropriés à son: 
opinion® dans la recherche de l’origine du 
Crotoy;, il établit que tous les liens que 
l’on appelle croq, crique, cringuet, sont 
élevés; que le mot {oy, provenant du # 
toas dontnous avons fait toit, étaitemployé 
par les Celtes pour désigner une ou plu- 
sieurs habitations, et en conclut que Cro- 
toy se trouve composé de deux locutions 
gauloises désignant des habitations élevées 
qui s’ayancent au milieu de la mer. Il éta- 
blit ensuite que, placée à l'embouchure de 
la Somme, cette ville était dès le cinquième 
siècle d'une grande importance, et que le 
monastère de Mayoc, qui en faisait parue, 
est antérieur d’ün siècle à celui de The- 
rouanne, bâti par Rhadezonde, fille de Clo- 
taire Ier, qu'on ‘avait eru jusqu'icile plus 
ancien du nord de ja France. 
, D’après M. Labourt, cen’est pas à Mayoc 
comme le. disent quelques légendes, que 
furent inhumés Flaudebert Blésiude ainsi 
qué leurs petits-enfants, Leger, Lucinius, 
Théodore et Thierry. Cest plas, ses recher- 
ches rendent problématiques l'existence de 
Flaudebert, et par suite :celle de ses des- 
cendants. 

Dans tous les cas, la tombe du Crotoy, 
dont l’origine et la destination restent obs- 
cures, ne peut être celle de ce chef de clan 
qui serait mort, dit-on, en combattant 
contre Attila. Don Grenier, qui a fait un 
travail complet sur les tombeaux, les sar- 
cophages, les cercueils, les vases mêmes 
trouvés dans le Ponthieu, le Soissonnais, 
l’ancienne Morinie, et quiavisitéle Crotoy, 
n’en parle en aucune façon. Ce silence est 
regardé à juste raison par M. 'ELabourt 
comme d'un grand poids, et lui qui a visité 
avec un soin minutieux les lieux dont nous 
parlons, qui a interrogé un à un chaque 
débris, il se prononce pour une origine 
moins ancienne. Il pense que les pierres 
tumulaires trouvées vis à vis le Crotoy, dé- 
posées maintenant aux musées d’Abbeville 
et d'Amiens, ont tous les caractères du 
quatorzième siècle et qu’elles avaient été 
apportées des lieux d’où on les a retirées 
pour consolider les jetées d’un moulin. — 
Ce ne sont peut-être là que des probabili- 
tés, mais ce qui est plus solidement établi 


dans la première partie de l’ouvrage de 
M. Labourt, c'est que Mayoc existait au 


cinquième siècle et avant le Crotoy, que 
c'était là une abbaye riche dont l’origine 
remonte aux premiers temps de la monar- 
chie; qu'au règne de Louis-le-Débounaire 
Mayoc et le Croloy formaient deux églises 


1151S 


distinctes, et qu'après avoirs souffeht des 
invasioss des Vandales, la: première périt 
au quinzième siècle parles guerres contre 
les Bourguignons. VHS EI 

Dans la deuxième pañtie de son ouvrage 
M. Labourt examine: si l# ville» quitexista 
autrefois dans la plaine quirs’étend entre) 
Mayoc et Saint-Pierre n’à pas ltissé de trai 
ces chez lès historiens etles géographes de 
l'antiquité. Cette seconde partie fera le su- 
jet de notre prochain article. C:B.F. 
EEE 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. :: 


1 à 151) 


#” 


D ICT 


FAITS DIVERS. 


— Dansila séance du 9 juin la société royale des 
Antiquairés, dej France-a admis au, nombre de ses 
membres.résidents M. le baron de la Pylaie, connu 
depuis longlemps pour ses recherches et ses écrits 
sur les antiquités celtiques. 


— La société du magnétisme de Paris, fondée en 
1815 par MM. de Puysegur et Deleuze, vient de se 
reconstituer, Son bureau est ainsi composé : doc- 
teur Chapelain, président; Mialle, vice-président; 
Aubin Gauthier, secrétaire général; Fillassiér, se- 
crétaire particulier ; Engler, trésorier: SonSiése test” 
rue de Clichy, 50. EZAIA 


—<E =— ; 
BIBLIOGRAPHIE. 


NOTES ÉCONOMIQUES sur l'administration les 
richesses et la statistique agricole de la France; par 
C.-E. Royer. À Paris, au bureau ‘du Moniteur de la 
propriété, quai Vollañie; 216Bi57 01 ” 

ICONOGRAPHIE ZOOPHYTOLOGIQUE, des- 
cription: par localité et terrdins dés polypiers fossiles 
de France.ei,pays environnants, tpär Hardouin Mi- 
chelin, membre de la société géologique :de France, - 
accompagnée de figures litographiéesscseptième li- 


[Hi (Y ia 


vraison. —, Prix : 3 fr. — A Paris, chez-P. Ber- 
trand , libraire éditeur, rue Saint-André-des- Ares, 
n. 38. — Nous avons déjà parlé du mérite scienti- 


fique de cet ouvrage La livraison qui vient de pa- 
raître ne le cède en rien à celles qui l’ont précédé, 
les gravures dont l'importancé'däns de pareilles ma- 
tières est bien reconntüe, sonl'exécuiées avec tant de 
soiu.qu'elles sont én tuême temps un objet de luxe 
et d'utilité. ; AG Là 

DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE sous Louis 
XIV; par M.rAxrRilon: par 7 at 

ESQUISSE dune histoire de l'éducation, dephis 
les temps les! plus réculés jusqu'à nos jours ; ‘par! 
Théodore Fritz. À Strasbourg , chez Schmidt «et 
Grucker; à Paris, chez Cherbuliez , rue de Tour- 
non, 17. 

HISTOIRE NATURELLE DE L'HOMME, com- 
prenant des recherches sur l'influence des, agents 
physiques et moraux considérés comme cause des 
variétés qui distinguent entre elles les différentes 
races humaines : par J.=C. Prichard, membre de la 
Société royale de Ebndres, correspondant de l’Ins- 
titut de France, ete. Traduit de l’anglais par le doc- 
teur F. Roullin. A Paris, chez J.-B. Baillière, rue de 
l'Ecole-de-Médecine. US 

INTRODUCTION. La circonférence da cercle est 
curiligne par construction, et ligne droîte et courbe 
par le calcul différentiel. 


LETTRES sur les îles Marquises, ou Mémoires 
pour servir à l’étude religieuse, morale, politique et 
statistique desiles Marquises et de l'Océanie orien- 
tale; par le P. Mathias G, prêtre de la Société des 
Sacrés-Cœurs (Picpus), missionnaire de l'Océanie, 
récemment arrivé de ces iles. A Paris, chez Gaume 
frères, rue du Pot-de-Fer, 5. 

MÉMOIRES touchant la vie et les écrits de Ma- 
rie de Rabutin-Chantal , dame de Bourdilly, mar- 
quise de Sévigué, durant le ministère, du cardinal 
Mararin et la jeunesse de Louis XIV ; suivis de notes 
et d'éclaireissements, par M. 1e baron Walckenaer. 
A Paris, chez F, Didot, rue Jacob #86 :4 
 pARIS:IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
| lrue Saint-Hyacinthe-S.-Miche!, 33. 


Cu LU 


à 


à 


40 année. 


ECHO DU 


Paris. — Jeudi, 29 Juin 18415. 


ON 


N° 49, 


SAVANT. 


TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. 


D 


L'EcHoO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DEMANCHME de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 5,200 pages chacun ; il est publié sous la direction 
de M. le vicomte À, DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- 
braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ?6 fr. 
8 fr. 50. Al’ETRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'É:HO DELA LITTÉ- 
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fx. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue 
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur. - 


SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN- 
CES, séance du- lundi 26 juin 1843 — SCIEN- 
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE. Sur 
les tremblements de terre aux Antilles; Perrey. 
— CHIMIE APPLIQUÉE. Sur l'emploi du cya- 
nure de potassium dans l'analyse chimique ; Haïd- 
len, — Préparation de l'huile de roses.—SCIEN- 
CES NATURELLES. GÉOLOGIE. Notice sur 
les relations géologiques du Jade Nephrite, etc.; 

- Bertrand-de-Lom. — ANATOMIE COMPARÉE. 
Disposition de l'encéphale chez certains singes; 
Leuret. — SCIENCES APPLIQUEES. Moyens 
de fabriquer et d’atfirer immédiatement le fer ; 
W. Clay. — SCIENCES HISTORIQUES. Ar- 
CHEGLOGIE. Canton de Saintes ; Lesson.—GÉO. 

GRAPHIE. Voyage dans le Chili et au Cusco; 
Claude Gay. — FAITS DIVERS. — BIBLIO- 
GRAPBIE. 6 


TT see 
ACADÉMIE DES SCIENCES. 


Séance du lundi 26 juin 1843. 


- 


M. Gaudichaud a_ commencé aujour- 
d’hui ses attaques contre les idées et les 
théories de M. de Mirbel par la lecture 
d'un mémoire intitulé : Premières notes 
relatives à la protestation faite dans la 


séance du 12 Juin à la suite de la lecture 


du mémoire de M. de Mirhel ayant pour 
titre : Recherches anatomiques et physiolo- 
giques Sur, quelques végétaux monocotylés. 
Les paroles de M. Gaudichaud étaient em- 
preintes d’une indignation assez profonde 
et semblaient n'être que l’imposant début 


d'une longue suite de mémoires: destinés à | 


terrasser la théorie du cambiam. 

D'abord M. Gaudichaud s’est plaint 
des attaques indirectes de M. de Mir- 
bel, et il à demandé un peu plus de fran- 


* chise de la part de son adversaire. « Lors- 


» qu'on veut détruire une doctrine qu’on 


» croit fausse, a-t-il dit, on doit l’attaquer 


» en face, la combattre jusqu’à ce qu’elle 
» soit anéantie, et ne pas se borner à lui 
» lancer quelques traits éloignés qui ne 


» peuvent au plus que la blesser légère- 


» ment. » 

Passant ensuite à la partie vraiment im- 
portante de la discussion, M. de Gaudi- 
chaud résume d'abord les opinions de M. de 


Mirbel. Pour M. Mirbel un végétal mono- 


cotylédoné est un individu qui produit à 
son sommet une masse cellulaire ou phyi- 
lophore, dans laquelle des vaisseaux échap- 
pés de la tige vont pénétrer pour en for- 
mer le système vasculaire: De là les feuil- 
les el autres corps analogues, de là aussi 
Vorganisation du tronc. D'où viennent ces 
vaisseaux ? De la périphérie interne de la 


- partie jeune du stipe et de toutes les hau- 
teurs, Par où passent-ils? Par la partie 


haute ct centrale du phyllophore dont ils 
suivent intérieurement les contours siper- 
ficiels. M, Gaudichaud explique ensuite la 
formation de la feuille selon les idées de 
M. de Mirbel. Quant aux racines, selon la 


théorie du professeur du Museum elles 
n'ont primitivement aucune liaison directe 
avec les feuilles. La première de ces raci- 
nes excepté, toutes sont auxiliaires. Celles- 
ci commencent par de petites peloteshémi- 
sphériques composées de tissus utriculai- 
res. Tandis que ces pelotes s’allongent ex- 

térieurement par leur partie conique, el- 
les envoient vers le tronc des filets de deux - 
origines, les uns, qui partent du centre de 

Ja pelote se dirigent vers l'axe du végétal, 

les autres qui viennent de la périphérie se 

courbent, les uns vers la partie supérieure 

de l’arbre, les autres vers la partie infé- 

rieure. à 

Les racines auxiliaires, loin de recevoir 
des fibres du tronc lui en envoient donc 
vers le sommet et vers la base. Le: pre- 
mières se mettent probablement en rap- 
port avec les feuilles. La preuve, selon 
M. de Mirbel, que les vaisseaux partent 
d'en bas, c’est qu'ils sont plus gros et plus 
ligueux à la base qu’au sommet. 

Arès avoir analysé les opinions de M.de 
Mirbel, M. Gaudichaud passe à l’exposi- 
tion des siennes. Selon lui tous les corps 
organisés commencent par une cellule, ou 
autrement dit, par un œuf, C’est là l’ex- 
pression de Harvey : Omne vivum ex 0vo. 
La cellule organisée produit un être rudi- 
mentaire qui, une fois constitué, se déve- 
loppe normalement avec ou sans régula- 
rilé dans toutes ses parties à la fois pour 
produire ce que nous appelons un indi- 
vidu. 

La loi est générale pour les animaux et 
les végétaux. Les individus animaux, à 
quelques exceptions près, restent isolés. 
Les individus végétaux se gretfent dès leur 
origine et forment des associations d'une 
grande complexité sans doute, mais quiest” 
beaucoup moins grande qu’on se le figure 
généralement. 

Dans les monocodylédonés, l'embryon 
le plus réduit, le phyton simple est nor- 
malement composé d’un méritbale tigel- 
laire qui doit persister; d'un mérithale 
pétiolaire et d’un mérithale limbaire qui 
se détachent du végétal dès qu’ils ont rem- 
pli les fonctions physiologiques qui leur 
sont départies. Quelques unes de ces par- 
ties avortent constamment. 

Le mérithale tigellaire seul persiste. Au 
sommet du mérithale tigellaire se trouve 
un bourgeon naissantcomposé de plusieurs 
petites feuilles rudimentaires emboîtées 
les unes dans les autres, fouilles qui, selon 
M. Gaudichaud, proviennent chacune d'une 
cellule animée; à la base, une radicule, ou 
racine embryonnaire. Dans l’acte de la ger- 
mination ou de l’évolution de l'embryon, 
toutes les parties s'allongent et cet allonge- 
ment est subordonné à des lois d’agence- 


ment que régissent certains types généraux 
où naturels. 


Puisque le premier individu, l'embryon 
a une racine, il n’y a pas de raison pour 
que tous les autres qui se forment succes- 
svement dans le bourgeon n'ait pas ia leur. 
Ici commence laccroissement des tiges en 
largeur. Chaque phyton est composé d’un 
nombre déterminé de fibres qui s’organi- 
sent normalement en lui; de la base de ces 
phytons, et conséquernment de leurs fibres 
s'organisent des tissus vasculaires, nom- 
més par M. Gaudichand, radiculaires ‘ou 
descendants. Ces üssus se forment conc de 
haut en bas. Dans l'embryon ils sont réu- 
n'sen un ceul corps au moyen d’une masse 
cellulaire qui les précède toujours et sans 
laquelle ils ne pourraient ni se développer 
ni pénétrer dans le sol. Les tissus tubuleux 
radiculaires des individus qui se forment 
daus le bourgeon se développent différem- 
ment. Trouvant dans embryon les condi- 
tions nécessaires à leur développement, ils 
le traversent de haut en bas et vont se réu- 
nir à la base de son mérithale tigellaire 
d’où ils pénètrent aussi à l’état de racine 
dans le sol, en sorte que le véggff qi r 


F con 
sées. En général, chaque! 
monocotylédones, produif 
tière ou divisée en plusi 


position de mérithalles très élevés quelque 
petits et variés qu’ils soient ; en largeur, 
par l'adjection des tissas rudimentaires de 
tous les phytons, tissus au nombre des- 
quels se trouvent des tissus latixifères, et 
enfin par les tissus celiulaires divers. 

Selon M.de Mirbel les tiges s’accrois- 
sent et les: feuilles se forment par lexten- 
sion de tissus ligneux dont on ignore l’ori- 
gine, tandis que, selon M. Gaudichaud, 
c’est par la distension des mêmes tissus, 
émanés des bourgeons et de toutes les 
parties qui les constituent. Ainsi donc, 
d’après M. de Mirbel, la greffe s’opérera 
par la pénétration des tissus du sujet dans 
la greffe, tandis que M. Gaudichaud sou- 
tient que c’est par la distension des tissus 
et des sucs organisateurs de la greffe sur 
le sujet, 

La longue et intéressante notede M. Gau- 
dichaud se termine par une vive opposi- 
tion aux idées et aux théories de M. de 
Mirbel, idées et théories qui, selon lui, 
n'ont fait faire à la science aucun progrès 
réel et ne peuvent que l’immobiliser en- 
core pour longtemps. 

En observant les phénomènes dont 
M. Moser a entretenu l’Académie M. Mas- 
son s'est demandé s’il ne pourrait pas 
produire, par Pélectricité, toute; les im- 
pressions mosériennes, et les résultats de 
l'expérience sont venus confirmer ses pré- 


1155 

visions. Voici comment M. Masson opère : 
il prend pour condensateur des plaques 
de daguérréotype hors de service qui of- 
frent une surface parfaitement plane. Sur 
ces plaques il fait étendre une couche 
d’une substance isolante, dont l'épaisseur 
varie d'un demi à un millimètre. M. Mas- 
son emploie la substance qui constitue 
l’électrophore, de la cire d'Espagne, de la 
cire jaune, de la gomme lacque. 

Après avoir placé sur la couche isolante 
la médaille à reproduire, M. Masson l’élec- 
trise, et la plaque étant électrisée, pour 
faire apparaître l'impression, il faut pro- 
sjeter sur sa surface une poudre très tenue 
comme le minium. Si la médaille recoit 
l'électricité positive, les parties de la cou- 
che isolante en regard des reliefs sont rem- 
plies de poussière; M. Masson nomme cette 
image positive. Lorsqu’au contraire la mé- 
daille recoit l'électricité négative, les par- 
ties en regard des reliefs restent unies. — 
Cependant il faut dire que ces résultats 
peuvent être inverses, selon la nature dela 
couche isolante, son épaisseur, etc. M. Mas. 
son à présenté à l’Académie quelques 
épreuves obtenues par son procédé, et dans 
ces épreuves la précision des details est si 
bien marquée qu'on ne peut qu'admirer 
l’heureuse idée de l’ingénieux physicien. 

MM. Rouchardat et Sandras envoient 
aujourd’hui à l’Académie, seulement dans 
le but de prendre date, quelques proposi- 
tions résumant des recherches nouvel!es sur 
la digestion et Passimilation des corps gras. 
Ces recherches semblent venir confirmer 
quelques unes des idées émises récemment 
par MM. Dumas, Boussingault et Payen, 
sur la digestion des substances grasses. 
MM. Bouchardat et Sandras ont nouiri 
des animaux avec des huiles, avec du suif, 
avec de la cire. Dans le premier eas où l'on 
aadministré une nourriture contenant une 
assez grande quantité d'huile d'amande; 
douces. on a constaté la présence d'un chyle 
blanc.comme:le lait et plus opaque : on a 
pu extraire- facilement de 10 à 14 p. 070 
d'huilé d'amandes. Le chyle des animaux 
qui ont pris une nourriture où domine le 
suif, est très abondant ;'il'est blanc comme 
du lait: traité par l’éther: il-devient trans- 
parent : l'éther laisse de 10 à 13 p. 070 de 
suif. Enfin le chyle des antmaux qui ont 
pris une nourriture où le corps gras est la 
cire, soit jaune, SOit blanche, est extrêine- 
ment peu abondant ; demi-transparent : 
opalin ; il ne contient que des traces de cire 
dont le point de fusion est toujours de 8 à 
10 degrés : cela peut tenir à la difficulté 
d'obtenir des aliments dépourvas de corps 
gras qui se mélent avec la cire et facilitent 
ainsi l'absorption d'une petite quantité de 
ce produit. Il ressort des experiences de 
MM. Bouchardat et Sandras:,! que la cire 
prise isolément est absorbée en très faible 
quantité, puisqu’on la retrouve presque 
entièrement dans les excréments. Un fait 
rémarqué par les auteurs de ce travail, 
c'est que quand le corps gras a été coloré 
avec du cureuma, on le retrouve décoloré 
dans le chyle. Del ensemble de ces expe- 
viences, il résulte que les chylifères n’ab- 
Sorbent dans l'intestin que les corps gras, 
puisqu'on les trouve non modifiés dans le 
Chylé" quand on les administre après les 
avoir éblorés, ils y passent incolores. La 
bouilliét contenue dans l'intestin grêle a 
presqué toujours une réaction acide, et le 
chyle ést toujours alcalin. Hu 

M. Coste a lu un premier mémoire sur 
le développement de homme, et, dans ce 


1156 


travail , il a eu pour but d'étudier le déve- 
loppement de l’amnios. Dans un de nos 
prochains numéros, nous reviendrons sur 
la communication de M. Coste et sur celle 
qu'il doit faire encore touchant l’allan- 
toïde et les corps de Wolff. 

MM. Vincendon-Dumoulins et Coup- 
vent-Desbois ont envoyé à l’Académie un 
mémoire sur une nouvelle méthode de 
calcul pour déterminer les longitudes par 
les chronomètres. 

Ce mémoire contient deux parties: dans 
la première, les auteurs donnent des for- 
mules simples et très commodes pour cal- 
culer la marche des chronomètres, en 
avant égard à tous les états combinés deux 
à deux ; conclus d'observations faites dans 
le même lieu. 

Dans la seconde partie on a essayé, au- 
tant que les données le permettent, la 
courbe pouvant représenter la loi de retard 
ou d'avance du chronomètre. Les obser- 
vations de marches faites dans les diffé- 
rents relâches, donnent les coordonnées ; 
d’aprèscette courheet la marche qu’elle ac- 
cuse pour chaque jour, on a calculé l’état 
du chronomètre sur le temps moyen du 
point de départ et celui de chaque relâche; 
enfin connaissant les longitudes des points 
de départ et du point d'arrivée, on a donné 
des formules pour déterminer celle des 
relâches intermédiaires en repartissant les 
erreurs d’une manière proportionnelle. 

À cinq heures moins un quart, l’Aca- 
démie se forme en comité secret pour passer 
à la-discussion relative à la présentation 
d’un candidat pour la chaire vacanteau col- 
lége de France. Déjà M. Liouville a déclaré 
hautement qu’il renonçait aujourd’hui et 
pour toujours à cette candidature; déjà 
M. Cauchy ne consent à être porté candi- 


: dat qu'à la seule condition de n'avoir plus 


deobstacles devant lui. Sur quel membre 
l'Académie fixera-telle donc son choix, et 
quels vont être les candidats? c’est là une 
question que chacun fait, etqu’il est dif- 
ficile de résoudre. Cepeudant nous parais- 
sons assez bien informés pour pouvoir 
avancer que M. Libri a été présen'é comme 
candidat par la section de géométrie: reste 
maintenant [a sanction du vote. — Sans 
nous adresser à personne , nous pouvons 
dire qu'its se tromperaient étrangement 
ceux qui penseraientun seul instant, qu'il 
suffil, pour professer au collége de France, 


de posséder dans sa mémoire une foule de 


faits et de: théorèmes, et que l'érudition 
peut remplacer un enseignement intelli- 
gent. — C’est cette erreur que les membres 
de PAcadémie auront sans doute à cœur 
d'éviter, er qui les fera, dévager detoutes- 
prit de système et de parti, voter pour 
l'homme dont l’enseignement peut être le 
plus utile aux progrès des sciences mathé- 
matiques. Si la plupart de nos cours publics 
sont déserts, si la faculté de théologie a 
rendu le dernier soupir, si la faculté des 
lettres tombe chaque jour dans un effrayant 
marasme, c'est moins aux élèves qu'aux 
professeurs qu'il faut adresser un reproche. 

| ESF. 

DS EE — 
SCIENCES PHYSIQUES. 


PHYSIQUE DU GLOBE. 


Note historique sur les tremblements de 
terre aux Antilles; par M. Perrey. 

La théorie des tremblements de terre 

n’est pas faite encore, toutes les hypo- 

thèses émises jusqu'à ce jour rendent 


1157 
compte de faits particuliers isolés; mais il 
n’en est aucune contre laquelle on ne 
puisse citer des phénomènes aüssi nom- 
breux que ceux qu’on allègue en sa faveur. 
Ce n'est qu’ens'appuyant sur un catalogue 
aussi complet que possible qu'on parviendra 
à reconvaître et formuler les lois quirégis- 
sent les tremblements de terre. 
M. Perrey a communiqué, dans ce but, 
à l’Académie des sciences, une longue note 
sur les tremblements de terre aux Antilles, 
dont nous allons rapporter.le résumé qu'il 
en a donné dans un tableau comprenant les 
trois derniers siècles et les années écoulées 
de celui-ci, et nous y ajouterons les ré- 
flexions qui terminent la communication 
par lui faite. 


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«Les secousses qui ne se sont renouvelées 
que pendant quelques jours ou à quelques 
jours d'intervalle, ont été regardées comme 
constituant un seul phénomène, effet uni- 
que, quoique complexe, d’une cause per- 
sistante: car si chaque Secousse devait être 
envisagée comme un phénomene distinct, 
comme étant ce qu'on entend par l'expres- 
sion de tremblement de terre, tout cata- 
logue deviendrait im] ossible, et d’ailleurs 
cette manière d'envisager les faits ne pour- 
rait conduire à aucun résultat utile dans 
la recherche de leurs causes. 

> Néanmoins, quand les secousses se 
sont répétées pendant un mois ou plus; on 
ne sait trop alors comment envisager le 
fait sous le point de vue de la date à Jui 
attribuée : tels sontles phénomènes des an- 
nées suivantes : ! 

» 1. Les secousses que la Jamaïque 
éprouva pendant des mois entiers en 
1695 ; : s ji 
» 2, Celles qui, après avoir ébranlé la 


- 4158 


Dominique plus de 150 fois dans les seuls 
mois de février et mars 1765, se continuè- 
rent jusqu'au 30 juin; my 

» 3. Le tremblement de terre de Cuba, 
qui dura du {1 juin au 1° août 1766, et 
celui de Caraccas, qui, ayant commencé le 
21 octobre suivant, ébranla ce pays pres- 
que chaque jour pendant le reste de l’an- 
née et jusqu’à la fin de 1667; 

» 4. Celui de 1797, dont les secousses 
commencèrent en même temps à peu près 
que celles qui détruisirent Tacunga, Am- 
bato, Rio-Bamba, etc., en février, et ne 
cessèrent qu’à l’éruption du volcan de la 
Guadeloupe, le 27 septembre. 

» 5. Je n'ai pas non plus compris dans le 
tableau précédent, plus de 200 secousses 
que ressentirent les Antilles, de mai 1811 à 
avril 1812. 

» 6. Enfin, les secousses qui ont causé 
la ruine récente de la Pointe-à-Pitre, et 
qui paraissent s'être continuées du 8 fé- 
vrier au 17 mars, n'entrent pas dans ce 
catalogue; j'ai aussi omis celles des 21 
et 30 mars dernier, à la Havane et à la Ja- 
maïque. 

» À l'inspection du tableau précédent, 
il paraîtrait que les secousses sont devenues 
plus fréquentes aux Antilles depuis le com- 
mencement de ce siècle. Mais si l’on ré- 
fléchit un peu sur un pareil catalogue , on 
reconnait bientôt qu'une telle conséqnence 
serait au moins prématurée. Les sources 
où jai pu puiser m'ont presque tout à fait 
manqué pour les siècles antérieurs : je n’ai 
pu consulter que des ouvrages d'histoire 
ou des relations de voyages, où je n'ai dû 
trouver que les tremblements de terre re- 
marquables soit par leur intensité, soit par 
leur durée; ou quelquefois des secousses 
peu importantes par leurs effets, mais que 
les auteurs avaient eux-mêmes éprouvées. 
Ecs journaux quotidiens m’ont beaucoup 
mieux servi depuis le commencement de 
ce siècle, surtout depuis le rétablissement 
de la paix eu Europe. Car, on l'a dit : «Les 
révolutions du mondephysique sont décrites 
avec d'autant moins de soin qu’elles coïn- 
cident avec les révolutions humaines. » 
(A. de Humboldt.) 

» La même prépondérance de faits se 
retrouve d’ailleurs dans ce siècle pour les 
obseryations de tout genre. 

» La conclusion que les tremblements 
de terreseraient plus fréquentsaux Antilles 
pendant l'automne que dans chacune des 
autres saisons, serait peut-être plus ra- 
tionnelle. 11 est même difficile de s’empé- 
cher d'accorder une certaine influence à 
l’'équinoxe de cette saison, c’est-à-dire d’ad- 
mettre que les causes des commotions 
souterraines agissent avec plus d'intensité, 
sont plus actives pendant les deux mois 
qui précèdent et les deux mois qui suivent 
cet-équinoxe. Toutefois, n'oublions pas que 
les faits sont encore bien peu nombreux 
pour tormuler quelque loi. 

» Si l’on divise l’année en deux parties, 
- la première du 1° octobre au 31 mars, la 
deuxième du 1e avril au 30 septembre, on 
trouve 74 tremblements de terre dans la 
première, et 70 dans la deuxième, c’est-à- 
-dire presque un nombre égal, résultat tout 
à fait différent de celui que j'ai signalé 
. pour l’Europe. 

-b Si l’on voulait dresser un tableau dans 
- lequel on compterait tous les jours où la 


-“wterrela trermblé, on trouverait des nombres 


* un,peu diflérents de ceux que j'ai présen- 
tés, mais dont les rapports conduiraient 
encore aux mêmes conséquences. 


1159 


» Quant à la Seconde partie de la propo- 
sition de M. Bochet, elle me paraît tout à 
fait erronée. En effet, de tout temps, les 


commotions souterraines ont été désas- 


trenses aux Antilles, comme le prouverait 
à lui seul l’aspect de ces contrées. La géo- 
logie du pays ne laisse aueun doute à cet 
égard pour les temps reculés. Voyons pour 
les derniers siècles. La catastrophe la plus 
ancienne des Antilles remonte presque 
à la découverte de l'Amérique : c’est le 
bouleversement de la côte de Cumana en 
1530. 

» Pendant le dix-septième siècle, on 
peut citer les années 1667, 1668, 1677, 
1688, 1691 et 1692, comme marquées par 
des désastres plus où moins considérables. 
Pendant que Fort-Royal était si fortement 
ébranlé par des secousses souterraines en 
1688, un vaisseau à l'est de l’ile était con- 
siderablement battu par un ouragan. 

» Dans le dix huitième, on signale les 
années 1702, 1718, 1727, 1751, 1761, 
1765 et 1766, comme marquées par des 
ruines. Dans cette dernière surtout, les se- 
cousses furent violentes, désastreuses et 
multipliées; celles du 13 août furent ac- 
compagnées. d'ouragans. On peut ajou- 
ter à cette longue liste : 1770, de funeste 
mémoire, 1771, 1783, 1784, 1788 et 
197 : 

» Eofin, depuis le commencement de ce 
siècle, 1812 fut une année des plus désas- 
treuses pour les Antilles, ou au moins 
pour la terre ferme de cette région. Suit 
une période de dix ans sans désastres no- 
tables; puis viennent 1822, 1824, 1826 et 
1830, nouvelle période dans laquelle on eut 
des dégâts plus ou moins grands à déplo- 
rer. Les journées des 10 et 11 août 1832 
furent. des jours funestes pour la Barbade, 
qui perdit 3,000 personnes. Il y eut coïin- 
cidence de tremblement de terre et d'é- 
ruption volcanique pendant un ouragan 
excessivement violent. Les ouragans du 
26 juillet avec raz de marée terrible et 
commotions souterraines, suivis immédia- 
tement de l'ouragan plus terrible encore 
du 2 août 1837, ne sont pas effacés du 
souvenir des, habitants des Antilles. La 
ville du Cap a beaucoup souffert en 1842, 
mais son malheur le cède aux désastres de 
Fort-Royal en 1839 et surtout à ceux dela 
Pointe-à Pitre. 

» Je viens de signaler quelques coïnci- 
dences de tremblements de:terre et d'ou- 
ragans; quelques autres se trouvent en- 
core dans la liste qui fait l'objet de cette 
note; mais malheureusement, n'ayant pas 
uvté les ouragans ressentis aux Antilles, 
parce que jai pensé que le travail de 
M. Espy sur ce sujet ne laissait rien à de- 
sirer, Je ne puis établir de comparaison 
synchronique des deux phénomènes. Tou- 
tefois, je lerai observer que souvent aussi 
les marées atmosphériques ont été régu- 
lières pendant des secousses assez fortes 
qui ont eu d’autres influences, comme 
celles de 1799 par exemple, après les- 
quelles la force magnétique se trouva 
affaiblie à Cumana. 

» Dans plusieurs régions de l'Amérique, 
des croyances populaires se sont promp- 
tement établies relativement aux tremble- 
ments de terre, et cela se conçoit facile- 
ment, puisque les secousses y sont fré- 
quentes. Ainsi, dès 1692 aux Aatilles, on 
s'attendait tous les ans à des tremblements 
de terre après de grandes pluies. On peut 
Pourtant citer plus d’un fait qui prouve 
le contraire. Plus d’une fois des pluies di- 


1160 


luviales ont suivi, mais non précédé les 
commotions du £ol; plus d’une fois, con- 
trairerwent à une opinion accréditée, la 
terre a tremblé après une longue séche- 
resse.' Ainsi, pour ne citer que des faits 
récents, je trouve sept secousses ressenties 
aux Antilles, du 7 février 1833 au 4 mai, 
et pourtant il y avait eu une sécheresse 
assez grande. En 1839, le temps sec, pen- 
dant la première moitié de l’année, n’a pas 
empêché les-secousses du 11 janvier, du 
21 du même mois, du 9 juin et du 2 
août. 

» Celles-ci furent suivies immédiatement 
de la pluie, par une chaleur étonffante. 
Aussi, est-ce une opinion assez commune, 
aux Antilles, que les commotions souter- 
raines exercent leur influence très sensible 
sur l’atmosphère, et sont suivies de la pluie. 
Il est vrai que le fait a été observé plu- 
sieurs fois. Ainsi, l’on peut citer, comme 
ayant présenté cette-coïncidence, les an- 
nées 1751, 1957, 1771: et 1777 dans le 
siècle passé. Dans celui-ci, on aremarqué 
cette coïncidence lors de quelques se- 
cousses ressenties en 1823 et 1824. Mais 
les nombreuses secousses de 1827 après 
lesquelles la pluie a presque toujours im- 
médiatement commencé àtomber, avaient 
donné quelque importance à cette opinion. 
Depuis, hâtons-nous de le faire remarquer, 
cette coïncidence n’a été observée que 
deux fois, l'une en 1839, comme nous 
VPavons déjà dit,.et l’autre en 1841. Et que 
de secousses, même depuis 1827, où l’on 
ne saurait signaler la concomitance des 
deux phénomenes! 

» Resterait à envisager le phénomène 
sous le point de vue de la direction des 
secousses. On a dit que les secousses les 
plus générales se dirigeaient du nord au 
sud, suivant la chaîve des îles. Les années 
1827 et 1830 ont présenté des phénomènes 
favorables à cette opinion; le tremblement 
de terre du 8 février dernier lui paraît 
contraire. Toutefois, quand on étudie les: 
tremblements de terre sous ce point de 
vue, on éprouve des difficultés assez gra- 
ves : non seulement la direction est sou- 
vent mal observée, non seulement la di- 
rection change pendant la suite des se- 
cousses et peut quelquefois faire le tour 
du compas, comme cela a eu lieu en 1770, 
mais encore il faudrait bien distinguer le 
sens de la propagation, c’est-à-dire la di- 
rection suivant laquelle se propagent les 
secousses, et le sens des oscillations qui, 
plus d’une fois, a été perpenuiculaire au 
premier. 

» Je ne parle pas de l’opinion de Hales, 
qui prétendait qu'il n’y avait pas de trem- 
blement de: terre quand il avait fait beau- 
coup de vent; cette opinion, plus d’une fois 
démentie ‘par les faits, 1ime paraît aban- 
donnée. Les dernières années, et surtout 
1824, ont offert des phénomènes con- 
traires : les secousses très fortes du 10 
avril ont été précédées d’un vent vio- 
lent. 

» Des opinions analogues se retrouvent 
partout : ainsi, à Lima, c’est une opinion 
reçue que les tremblements de terre sont 
accompagnés de bouleversements des eaux 
de Ja mer, comme au Chili on pense qu'ils 

sont suivis de soulèvements persistants 
de la croûte du globe. Ces croyances ne 
sont fondées que sur des faits isolés; fus- 
sent-elles vraies, il ne serait, pas permis 
encore de les donner comme telles. Les 
lois physiques se fondent sur le nombre des 
faits, surtout les lois de la physique du 


1161 


globe. 1] peut être curieux de rapprocher 
certains phénomènes, comme les agita- 
tions extraordinaires des eaux remarquées 
dans la Polynésie, du côté de la Nouvelle- 
Hollande, lors d’un des plus fameux trem- 
blements de terre d'Amérique, celui du 7 
novembre 1837; les ouragans récents de la 
Manche, lors de la catastrophe de notre 
malheureuse colonie; les pluies presque 
diluviales qui eurent lieu le 27 novembre 
1822 à Valparaiso (pays où il ne pleut 
presque jamais), après le fameux tremble- 
ment de terre du 19. Il y a sans doute, 
dans ces concomitances isolées, qnelque 
chose qui plaît, quelque chose qu'un ob- 
servateur ne négligera pas de faire remar- 
quer; mais, répétons-le, ces concomitances 
ne prouvent rien encore, dans l’état actuel 
de la science, relativement aux tremble- 
ments de terre. D'ailleurs, les lois particu- 
lières qu’on voudrait en déduire ne de- 
vraient pas s'étendre à toute la surface du 
globe : ainsi année 1782, si féconde en 
tempêtes et en ouragans dont on trouve 
des descriptions dans presque toutes les 
feuilles périodiques de l’époque, ne pré- 
sente que cinq fois le phénomène des trem- 
blements comme ayant été observé en 
Europe, et une seule fois dans le reste du 
monde, pendant un ouragan épouvantable, 
à Formose; et pourtant je ne pense pas 
qu'on puisse citer cette année comme une 
preuve que les ouragans sont d'autant plus 
fréquents que les tremblements de terre le 
sont moins, ou réciproquement. A l’île de 
France, à l’ile Bourbon, les tremblements 
de terre sont rares, les ouragans assez fré- 
quents, et pourtant le petit nombre de se- 
cousses souterraines dont on ait conservé 
le souvenir dans ces contrées, ont accom- 
pagné les violentes commotions atmosphé- 


riques qui désolent et ravagent si sou-. 


vent ces belles contrées de l’hémisphère 
austral. » 


CITIMIE APPLIQUÉE. 


Sur l'emploi du cyanure de potassium dans 
l'ana’yse chimique ; par MM. 3. Haidlen 
et R, Fresenius. 

(Troisième et dernier .article.) 

14, Du bismuth d'avec le cadmium. On 
procède exactement comme pour la sépa- 
ration du plomb d’avec le cadmium. Le 
précipité de bismuth contient aussi tou- 
jours de la potasse; il faut donc la dis- 
.soudre dans de l'acide nitrique:et précipi- 
ter le bismuth de la dissolution: par du 
carbonate d’ammoniaque. 

45. Du cuivre d'avec le bismuth. Cette 
séparation s’opére absolument comme celle 
du cadmium d’avec le bismuth. On trans- 
forme, par une longue ébullition avec de 
Vacide hydrochlorique mélangé d'acide 
nitrique, le cyanure double de cuivre et 
de potassium en chlorure de cuivre, et l’on 
précipite le cuivre par la potasse. Les sul- 
fures de ces métaux se laissent aussi sé- 
parer complètement par la dissolution du 
cyanure de potassium. Le sulfure de cuivre 
se dissout aisément et d’une manière com- 
plète, tandis que le sulfure de bismuth ne 
se dissout pas. 

16. Du cuivre d'avec le plomb. On pro- 
cède exactement comme pour le cuivre et 
le bismwth. Les deux méthodes citées pour 
ces ‘dérniers s'appliquent aussi dans ce 
cas ci. 

47. Du cuivre d'avec le cadmium. On 
ajoute du cyanure de potassium à la li- 
queur jusqu’à ce que les précipités qui se 


1162 


KR . . . , 
forment se soient redissous, puis on dirige 


de l'hydrogène sulfuré dans la solution 
renfermant les cyanures doubles de po'as- 
sium et de cuivre, de potassium et de cad- 
mium, Le sulfure de cadmium se préci- 
pite complètement, tandis que tout le sul- 
fure de cuivre reste en dissolution, si l’on 
chasse par la chaleur l'excès d'hydrogène 
sulfuré, et qu’on y ajoute encore un peu 
de cyanure de potassium. 

On peut précipiter le sulfure de cuivre 
à l’aide de l'acide hydrochlorique; tou- 
tefois il vaut mieux le faire bouillir avec 
de l’eau régale et précipiter par la po- 
tasse. 

18. De l'argent d'avee le plomb. On fait 
chauffer avec un excès de cyanure de po- 
tasstum. Le plomb reste dans le résidu, 
l'argent se dissout à l’état de cyanure 
double de potassium et d'argent; on sé- 
pare le cyanure d’argent à l'aide de l’acide 
nitrique, et on le pèse sous cette forme. 

19. De l'argent d’aves le cui re. On ajoute 
du cyanure de potassium jusqu’à ce que 
les préeipités soient redissous, et l’on pré- 
cipite l’argent de cette dissolution au 
moyen de l'hydrogène sulfuré ; après avoir 
chassé l'excès de ce gaz par la chaleur, on 
ajoute de nouveau un peu de cyanure de 
potassium, et alors le cuivre reste cntiè- 
rementen dissolution. On peut aussi ajou- 
ter un excès d'acide nitrique à la dissola- 
tion-des deux métaux dans le cyanure; cet 
acide sépare complétement le cyanure 
d'argent et dissout le cyanure de cuivre, 
Onfait bouillir la dissolution jusqu’à l’ex- 
pulsion de tout acide prussique, et l’on 
précipite le cuivre par la potasse. 

20. De l'argent d'avec le cadmium. On 
ajoute du cyanure de potassium jusqu'à :ce 
que les précipités soient redissous, et l’on 
précipite le cyanure d’argen! par un excès 
d’acide nitrique; l’on décompose facile- 
ment le cyanure de cadmium en le dissol- 
vaut, On le précipite de la dissolution 
par du carbonate de potasse, après avoir 
chassé tout l’acide prussique par l’ébul- 
lition. 

21. De l'argent d'avec le bismuth. Le 
procédé est le même que pour la sépa- 
ration de l’ardent d’avec le plomb. Bien 
que l’argent soit si facile à séparer par l’a- 
cide hydrochlorique, du bismuth, du cui- 
vre et cadmium, il est certaines circons- 
tances, surtout la présence du plomb, qui 
pourraient rendre cette séparation très 
difficile. Dans les cas de ce genre, on 
arrive au but d’une manière fort simple au 
moyen du cyanure de potassium. 

22. Duw mercure d'avec l'argent. La même 
observation s'applique à la séparation de 
ces deux métaux par le cyanure de potas- 
sium. Dans tous les cas le mercure doit 
d’abord être transformé en bioxide; en- 
suite on y ajoute un excès de cyanure de 
potassium jusqu’à ce que le nouveau pré- 
cipité soit redissous. De cette manière on 
a en dissolution des cyanures doubles de 
potassium et d’argent, de potassium et de 
mercure. On y ajoute alors un excès d’a- 
cide nitrique qui décompose les deux com- 
binaisons doubles, de sorte que tout le 
cyanure de potassium passe à l’état de 
nitrate de potasse. Le cyanure d'argent 
insoluble se sépare, tandis que celui de 
mercure.lreste en dissolation. On le pré- 
cipite à l'état de sulfure par le gaz sulfhy- 
drique. 

23. Du mercure d'avec le cuivre. Le pro- 
cédé est le même que pour le cadmium et 
le cuivre. 


1163 


24. Du mercure d'asec le plomb. On 
chauffe, avec un excès de cyanure de 
potassium, le plomb reste complètement 
dans le résidu, tandis que le mercure se 
dissout; on le précipite à l’état de sul- 
fare. 

25. Du mercure d'avec le bismuth. Comme 
la séparation des deux précédentes. 

26. Du mercure d'avec le cadmium. On 
verse du cyanure de potassium jusqu’à ce 
que le nouveau précipité soit redissous ; 
ensuite, après avoir ajouté un excès d'a- 
cide nitrique fort étendu, on fait bouillir. 
Le cyanure de mercure n’est pas décom- 
posé, mais le cyanure de potassium et le 
cyanure de cadmium se transforment en 
nitrates. Après avoir chassé tout l’acide 
prussique, on précipite le cadmium par 
du carbonate de potasse, puis on filtre et 
lon sépare le mercure par l'hydrogène 
sulfuré. ) 

27. Du platine d'avec le plomb et le bis- 
mmutk. On ajoute un excès de cyanure de 
potassium. Le plomb et le bismuth se pré- 
cipitent, Le platine se dissout à l'état de 
cyanure double de platine et de potassium. 
On fait bouillir le li juide avec l'acide hy- 
drochlorique jusqu’à l'explosion complète 
de l’acide prussique; après avoir ajouté de 
Valcool, on précipite le platine par l’am- 
moniaque à l’état de chloroplatinate. 

La question de ‘avoir comment il fant 
procéder lorsqu'il s’agit de la séparation de 
plusieurs métaux, <e résout d’elle-même 
par ce que nous venons d'exposer. 

IT. Action du cyanure de potassium sur 
les oxides, les sulfures, les sels, etc., par 
la voie sèche. — Le cyanure de potassium 
peut s'employer de deux manières par la 
voie sèche : & à 

1. Comme réactif au chalumeau; 

2. Comme moyen de réduction dans le 
creuset ou dans le tube de verre. 

Nous avons, sous ce double rapport, 
étudié son action sur un grand nombre 
d’oxides, de sulfures, de sels, etc., mais 
nous ne citerons que les résulats qui pa- 
raissent offrir de l'intérêt en eux-mêmes 
ou pour l'analyse chimique. Dans ces ex- 
périences nous nous sommes servi tantôt 
du cyanure de potassium sans mélange , 
tantôt d’un mélange de parties égales de 
carbonate de soude anhydre et de cya- 
nure de potassium. Les détails se trouve- 
ront indiqués à chaque expérience. 

Au chalumeau nous avons toujours em- 
ployé ce mélange à cause de la trop grande 
fusibilité du cyanure de potassium. Ce 
mélange offre en général tant de rapports 
avec le carbonate de soude pur qu’il nous 
semble inutile d'en parler d’une manière 
spéciale ; nous ne saurions toutefois passer 
sous silence quelques avantages qu'il a sur 
ce dernier, D'abord les réductions se font 
avec une facilité tellement extraordinaire 
que des opérateurs, même peu exercés, 
sont en état d'exécuter sans peine des ré- 
ductions autrement assez difficiles, comme 
celle de l’oxide ou du sulfure d’étain, etc.; 
ensuite le mélange de cyanure et de car- 
bonate, une fois fondu, se rêtire si promp- 
tement dans le charbon qu'on peut tou- 
jours reconnaître de la manière la plus 
évidente les parcelles métalliques qui ont 
été réduites, les isoler avec facilité etlessou- 
mettre à d’autres essais. 

L'action du cyanure de potassium sur 
les nitrates et les chlorates est toute parti- 
culière. Fondus avec ce corps, ces sels se 
décomposent avee une forte explosion et 
avec ignition : aussi faut-il user de beau- 


| 
| 


116% 


coup delprécaution lorsqu'on opère avec 
de grandes quantités, surtout avec des 
chlorates. Voilà done un réactif très sen- 
sible pour découvrir ces sels par la voie 
sèche: Sion mélange avec du cyanure de 
potassium etiqu'ont chauffé sur la lame de 
platine; ibenrésulte tonjours, même avec 
des: quantités infiniment faibles, une dé- 
tonation.et.un dégagement de lumière en- 
core fort sensible. 

Les propriétés réductives du cyanure de 
potassium fondu avec les oxides et les sul- 
fures métalliques, ont déjà été signalées 
par M:Liebig:z Nous nous sommes assuré 
qu'elles permettent aussi les applications 
suivantes : 

4. Découverte de l'arsénic dans le sulfure 
d'antirmoine brul: On sait que dans l'essai 
au chalumeau du sulfure d'antimoine arsé- 
nifère, il n'est pas toujours possible de re- 
connaître l’odeur alliacéedel’arsenic, mas- 
quée le plus souvent par celle du gaz 
sulfureux. On à, par cette raison, proposé 
de réduire d'abord l’antimoine en le fai- 
sant. fondre avec du fer, du sulfate de soude 
et.du,gharbon, ou par tout autre procédé, 
et. ded'essayer.ensuite au,.chalumeau. Cet 
essai ne laisserait rien à désirer si la for- 
mation du culot métallique. n’exigeait pas 
une si haute température, assez incom- 
mode pour des recherches ‘en petit. Le 
cyanure de potassium obvie à cet inconvé- 
nient, car, en moins de quelques minutes, 
il donne un, culot bien fondu, si l’on en 
chauffe 3ou4 parlies avec le sulfure d’an- 
timoine en poudre,.daus un, creuset. de 
porcelaine et sur une lampe à esprit-de- 
vin. Il nese perd pas plus d’arsenic dans 
cette réduction. que par l’autre procédé, 

2. Préparation des miroirs métalliques 
avec les combinaisons arsenicales. Un mé- 
lange de parties égalesdecarbonate de soude 
etde cyanure de potassium fournitunexcel- 
Jentmoyen pourlar 


laréduction desarséniteset 
des arséniates. On introduit la'combinaison 
arsenicale parfaitement sèche-dans un pe- 
tit tube terminé en boule à l’nn des bouts, 
et l’on répand par dessus environ six fois 
antant du mélange préalablement séché. 
On n’en met que jusqu’a:wn/peu-plus de la 
moitié de la. boule, autrementilaanasse en 
fusion s’élèverait dans le tube. La réduc- 
tion s'effectue à l’aide d’une lampe à al- 
cool. Tous lés arsénites et arséniates , dont 
les bases sont irréductibles ou se réduisent 
en arséniures qui. perdent par la chaleur 
la totalité. de l'arseuic, donnent des mi- 
roirs métalliques quand on les fait fondre 
‘avec du cyanure de potassium. Les com- 
binaisons suivantes nous;onf fourni les plus 
beaux, miroirs : acide arsénieux, sulfure 
d’arsenic;\arséniates de potasse , de baryte, 
de chaux, d'argent, arsénite de cuivre. Les 
arséniates de peroxide de fer et de plomb 
n’ont pas donné de miroirs, ou n’en ont 
donné que d’impariaits. Cette méthode de 
réduction des combinaisons arsénicales 
mérite une attention toute particulière à 
cause de sa simplicité, de la sûreté du ré- 
sultat, même avec des doses d’arsenic très 
faibles, et de la propriété avec laquelle 
ee peut être mise à exécution. 
:! Outre les propriétés réductives qui don- 
nent un si haut prix au cyavure de po- 
tassium, ce sel possède encore une effica- 
cité spéciale comme fondant. A ce titre, il 
nous parait offrir quelques avantages dans 
les:cas suivantss tou. 10bta i 
Décomposition des sulfates à bases de 
terres-alcalines.. Én faisant fondre du.sa - 
fate de chaux; de baryte où de strontiane 


1165 

avec qua!re ou cinq fois son poids du mé- 
lange de carbonate de soude et de cyanure 
de potassinm , on obtient, par la dissolu- 
tion dans l’eau, du sulfate de soude et les 
carbonates des terres alcalines, La décom- 
position s'effectue comne par lPemploi 
de la soude pure. Maïs la présence du cya- 
nure de potassium très fusible a cet avan- 
tage, qu'on n’a pas besoin, comme avec 
le carbonate de soude et le carbonate de 
potasse, d'employer un creuset de platine 
et de chauffer très fort: il suffit d'un creu- 
set de porcelaine et d'une lampe à esprit 
de vin. Cette méthode, bien que moins 
commode pour l’analyse quantitative, pré- 
sente néanmoins des avantages dans l’ana- 
lyse qualitative. 

Décomposition des silieates. Le cyanure 
de potassium n'agit aussi dans ce cas que 
comme fondant très fusible, et permet 
ainsi de décomposer des silicates réduits en 
poudre fine dans le creuset de porcelaine, 
à l’aide de la lampe à esprit de vin; nous 
en avons fait l’expérience avec du sable, 
du verre, etc. Cette propriété offre sou- 
vent de grands avantages dans l'analyse 
qualitative. Pour une partie de silicate on 
prend cinq parties du mélange de carbo- 
nate de soude et de cyanure de potassium. 

Séparation des combinaisons insolubles 
dans l’eau et les acides, pour les essais qua- 
litatifs. Dans les essais qualitatifs ,; après 
l'extraction des substances solubles dans 
l'eau et les acides, on obtient finalemént 
celles qui y sont insolubles, telles que le 
sulfate de plomb, le sulfate de baryÿtée et 
la silice. La séparation de ces derhiers 
corps présente quelques inconvénients, en 
ce qu'il est difficile d'enlever compléte- 
ment le plomb par la voie humide, ct que 
d’ailleurs la lampe à esprit de vin ne donne 
pas la chaleur nécessaire la décomposition 
par la soude dans le-creuset de porcelaine : 
à une température:plus élevée, celui-ci 
serait lui même attaqué.\ Le mélange: de 
Cyanure de potassium et de-carboraté ‘de 
soudée reémédie entièrement à cet inconvé- 
nent. En effct, si l'on fait fondre les subs- 
tances indiquées avec quatre ou. cinq fois 
leur poids du mélange, le sulfate de plomb 
se réduit, le sulfate de baryte passe à l’état 
de carbonate, et la silice se combine avec 
Valcali ; traitant ensuite le tout par l’eau, 
on obtient ce dernier en dissolution. 

L’acide acétique , versé sur le résidu , 
dissout le carbonate de baryte. Le plomb à 
l'état de métal ne le dissout pas. 

Après avoir exposé dans ce mémoire les 
résultats les plus essentiels de nos recher- 
ches sur le cyanure de potassium, nous 
croyons pouvoir exprimer la conviction que 
ce sel est appelé à occuper un rang distin- 
gué parmi les plus importants auxiliaires 
de l'analyse , à cause des applications par- 
ticulières et nombreuses dont il est suscep- 
tible, ( Revue scientifique. ) 


Sur la préparation de l’huile de roses. 
Prep 


Une lettre adressée d'Arabie à M. Lan- 
derer, à Athènes, donne les détails sui- 
vants sur cette p'éparalion. 

On porte les roses dans les distilleries où 
se trouvent de trois à six alambics de cui- 


vre sans le moindre appareil refrigérant.,, 
on jette les roses épluchées dans la cucurs; 


bite et on verse de l’eau par-dessus avec 
additi »n d'une assez grande quantité de sel; 
au bout de deux ou trois jours de macéra- 
tion on commence la distillation que l’on 


continue jusqu’à ce que la liqueur distil- 


1166 


lée prenne uriè couleur jaune. L’eau de 
roses retirée de temps à autre est versée, 
pour qu’elle se refroidisse, dans des vases 
d'argile placés dans l'eau ; elle reçoit diffé- 
rents noms et a une valeur différente , 
suivant qu’elle est recueillie tout à fait au 
commencement ou à la fin de la distilla= 
tion. 

C'e:t l’eau de‘roses obtenue au commen- 
cement que l’on-emploie pour la prépa- 
ration de l’huile deroses, et voici de quelle 
manière on l’opère : après avoir rempli de 
cette eau de grands vases d’argile poreux 
et les avoir couverts avec du linge, on les 
enfonce par rangées dans la terre et on les 
y laisse neuf à dix jours suivant la frai- 
cheur des nuits. On les reccuvre à l'exté- 
rieur de paille que l’on a arrosée d’eau 
pour les tenir aussi froids que possible. 
Peu à peu l'eau se couvre-d’une couche 
huiïleuse qui se solidifie; on enlève cette 
masse cristalline avec un -éeumoire et on 
soumet leau à plusieurs réfrigérations 
semblables jusqu’à ce qu'il ne se montre 
plus de trace d'huile. L'eau con:plétement 
privée dercette dernière est cnvoyte surles 
iwarchés pour y tre veñdue, où bieu sert 
encore à la préparation d’une sorte infé- 
rieure d'huile de roses que l’on envoie en 
Europe comme huile de roses orientale: 
Cette dernière se trouve dans les bazars de 
Corstantinople, Smyrne, ete., et s'obtient 
en agitant l'eau de roses, dont l’odeur est 
encore forte, avec une-huile venant d’'A- 
friqjue et quirrésulte de la distillation du 
bois d’arbres très élevés et odoriférants (ne 
serait-ce pas le bois de sandal? ) 


TT PDU —— 
SCIENCES NATURELLES. 


GÉOLOGIE. 


Notice Sur les relations géologique du jade 
Nephriteetc., par Bertrand'de Lom ,mem- 
bre de la Société géologique de France. 


La science a eu à enregistrer en peu de 
temps, du département dela Haute-Loire, 
des faits nombreux géologiques et minéra- : 
logiques du plus hautintérêt. 

Je viens signaler de ce même départe- 
ment, d’autres découvertes, résultant aussi 
de mes observations, dont une amènera 
enfin fa solution si vivement désirée, du 
problème qui touche aux relations géolo- 
giques du jade néphrite. 

Sous cetie dénomivation de jade nephrite 
ou neéphritique on comprend plusieurs 
substances, dont les relations chimiques, 
comme on le pense généralement, ne sont 
probablement pas identiques, et peuvent, 
par conséquent, con$tituer un jour des es- 
pèces différentes.sp29 

La variété de jade; dont j'ai à parier au- 
jourd'hui plus: particulièrement, est celle 
connue sous les dénominations «le pierre 
de hache, de casse-tête, de pierre de fou=- 
dre du vulgaire, etc. 

Lesanciensattribuaient à cettesubstance, : 


| Comme -on sait, plusieurs vertus dont Je 
 bonsens a su faire justice, comme de celles 


de tantd’autres matières également inertes. 

Ces remèdes d'imagination étaient de gué=. 
rir des colliques, de préserver des malése 
fices; de chasser le tonnerre, et si je ne mer 


trompe, celle d’étrangler les voleurs. *4'b 


En réalité, toutes ces merveilleuses pr'o= 


priétés se résument à celle toute inerte de 


la physique, d’une très grande tenacité , 
qui la faisait rechercher des anciens pour 
l'usage de leurs instruments contondants. 


1167 


Cette curieuse substance, que l’archéo- 
logie recherche encore denos jours comme 
objet d'étude où de euriosité, n’est connue 
dans la nature que dans le sol de transport, 
principalement dans des contrées de la 
France centrale. 

C’est dans le sol cultivé de la Limagne 
d'Auvergne, en 1836, où je l’ai rencontré 
premièrement. 

Plus tard, et toujours dans les mêmes 
Circonstances , aux environs de Brioude, 
de Langeac, de Villeneuve et de Paulha- 
guet. 

Dans ces derniers tempsenfn, en place, 
c’est-à-dire dans sa position normale. 

La composition minéralogique du sol 
dans lequel roule cette substance, la con- 
naissance des montagnes qui alimentent 
ces transports, telles sont les considérations 
qui m'ont guidé dans les recherches de 
cette intéressante découverte, 

C'est dans un gneis situé aux environs 
d'Ourouze, canton de Paulhaguet, l'un où 
j'ai découvert aussi des pseudomorphoses 
de quartz octaëdres , d’une beauté telle 
que la science n’en connaissait pas de sem- 
blables, découverte que je me suis em- 
pressé d’annoncer au congrès scientifique 
qui eut lieu à Lyon à cette époque, que 
git ce jade nephrite. 

Il fait partie constituante essentielle de 
nombreux filons dune sorte de granit à 
grandes parties, subordonnés au gneis in- 
dépendant. 

Il fait portion de feldspath dans ses com- 
posés granitiques et se trouve, comme le 
mica, très peu abondant, ce qui fait pa- 
raîitre comme exclusivement formés de 
Œuartz, les filons en question. 

Ces lieux sont en outre sillonvés par un 
autre grand nombre de filons de nature di- 
verse , consistant en fluorure de calcium , 
en quartz pseudomorphique par épygenie 
de la substance précédente ; ce que prou- 
vent evidemment les formes cristalines 
prêtées au quartz par la flnorine et des 
traces de ceile-ci, qu’on rencontre quelque- 
fois en divisant des masses de ces pseudo- 
morphoses ; et enfin, de puissants filons de 
sulfate de barytetexploités avec activité, 
et il faut le dire, comme question d’inté- 
rêt général, pour la falsification de la cé- 
ruse. C’est sur Clermont et Paris que ces 
produits sont dirigés. 

Un tel fait m'a paru devoir être rendu 
public, afin que les fabriquants ne profi- 
tent pas seuls des avantages jue présente 
le mélange de sulfate de baryte et de car- 
bonate de plomb. 

Le vil prix du sulfate de baryte, résul= 
tant de son abondance dans la nature, as- 
sure aux fabriquants des bénéfices consi- 
dérables, au detriment de la consomma- 
tion. 

Un moyen très simple de reconnaitre si 
le sulfate de baryte est entré dans le mé- 
lange en question, est celui-ci : 
prenez quelques décigrammes de céruse , 
que vous soumettez à l'action de l'acide 
acétique , le carbonate de plomb ou vrai 
céruse se transformera en acétate de plomb 
qui est liquide , et le résidu, s’il en reste, 
sera du sulfate de baryte. 

Les filons dont il vient d'être question , 
à l'exception de deux ou trois, de nature 
granitique, qui se croisent avec les autres 
presque À angles droits , sunt à peu près 
parallèles et se dirigent du nord-est au sud- 
ouest. 

Ils se montrent sur plusieurs points de 
ces lieux fortement accidentés et doivent 


1168 
leur dénudation partielle, principalement à 
l'action corosive des eaux torrentielles. 

Je terminerai cette notice par le signa- 
lement de deux autres minéraux, gisant 
aussi dans ces mêmes lieux; dont un assez 
remarquable et jouant le même rôle géo- 
logique que la nephrite, c’est-à-dire faisant 
partie constituante essentielle de filons de 
granit à grandes parties ou à grands élé- 
ments, et se présente quelquefois aussi , 
mais bien rarement, en rognons enclavés 
dans le gneis. 

Cette substance est fibreuse, à fibres pa- 
rallèles, et quoique assez tenace elle se di- 
vise sans grands obstacles parallèiement à 
ses fibres. 

Elle est fasible, ce qui peut la faire ran- 
ger à côté des felds-spaths, tant à cause de 
ce caractère que du rôle qu’elle joue dans 
la constitution de ces sortes de granits. 

Je propose de joindre à cette substancele 
mot/bro qui rappellera sa structure, ce qui 
fera fibro-nephrite , pour la distinguer de 


la nephrite avec laquelle elle a quelque 


analogie. 

L'une et l'autre se trouvent en quantité 
notable et principalement la néphrite et 
parfois en rognons volumineux, dans le sol 
de transport des environs d’Aurouze , et 
particulièrement sur la direction du sud, 
vers Chavagnac. 

£t pour dernier fait, quoique moins im- 
portant, le phosphate de plomb vert, en 


petits prismes exaèdres, en quantité peu n0- 


table, et accompaguant le sulfate de baryte, 

Dans ces mèmes circonstances le sul 
fure de plomb manifeste aussi sa présence. 
Il pourrait se faire, que par suite de l’ex- 
plaitation des filons de sulfate de baryte,on 
arrive à la découverte de quantités plus 
importantes de ce suliure. 


ANATOMIE  COMPAREE., 


Sur. la disposition: de l'encéphale chez cer- 
tans singes ; par M. Leuret. 


Dans un mémoire sur la conformation 
générale de la tête et sur l'encéphale chez 
les Singes, lu récemment à l'Académie, 
Panteur, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, 


a cherché à établir que les circonvolutions : 


cérébrales manquent chez les Ouistitis. Il 
s’est assuré, dit-1l, dès l’année 1840, de 
l'absence de ces circonvolutions chez un 
marikina; il a vérifié la même disposition 
chez deux ouistitis ordinaires où il n’a 
trouvé, à la surface de chaque hémisphère 
cérébral, qu'un sillon, celui qui sépare le 
lobe antérieur du lobe moyen; il n’a pas 
cru devoir tenir compte de quelques sil- 
lons linéaires correspondant au trajet des 
vaisseaux de la pie-mère, parce qu'il ne 
pense pas que ces sillons puissent être as- 
similés à des anfractuosités; et il signale 
l'absence des circonvolutions cérébrales 
chez les ouistitis, comme un fait d'autant 
plus remarquable, que le cerveau de ces 
animaux, si semblable sous ce rapport au 
cerveau des rongeurs, se place, sous un 
autre point de vue, à l’autre extrémité de 
la série, et au-dessus même des cerveaux 
à circonvolutions bien développées. 

Ce sillon qui sépare le lobe antérieur du 
lobe moyen, ces quelques sillons linéaires 
dont M. {sidore Geoffroy Saint-Hilaire n’a 
pas cru devoir tenir compte, ont, à mon 
avis, une très grande valeur ; car, par leur 
siége et par leur direction, ils appartien- 
nent à un ordre de circonvolutions qui ca- 


ractérisent le cerveau de l'homme, celui 


1169 
du singe et celui de l’éléphant. Geseircon- 
volütions, ct, pour ce -qui regarde les 
ouistitis, ces rudimentsde..circonvolutions 
ne se retrouvent ni chez lesrongeurs, ni 
chez aucun animal, le: singe. et l'éléphant 
exceptés. Dans mon Anatomie, EPA ANSE 
du système nerveux; ouvrage dans, equel 
j'ai décit les circonvolutions cérébrales 
des différents ordres de mammifères, j’ai 
fait graver le cervean du maki, espèce de 
singe inférieur au marikina : en étudiant 
ce cerveau avec attention, on pourra s'as— 
surer que le cerveau des derniers:singesest 
une ébauche du cerveau. de l'orang-ou- 
tang, comme le cerveau ded’orang-outang 
est une ébauche du cerveau de l’homme. 
Les sillons qui, se remarquent_à Ja surface 
du cerveaudes,singes inférieurs n’ont ja- 
mais leurs analogues chez les rongeurs ; 
ils sont des rudiments de circonvolutions 
propresausinge, à l'éléphant et à l'homme, 


“et;:par la conformation spéciale qu’ils pré- 


sentent chez les singes, ils peuvent servir à 
caractériser ces animaux ayec autant de 
certitude que les dents ou les mains. 


JRPEE—— 01e 
SCIENCES APPLIQUÉES, : | 


ARTS MÉTALLURGIQUES. î 


Moyens de fabriquer et d'affiner immédia- 
tement Le fer, par M. W. Clay. 


» L'auteur propose d'abord de fabriquer 
immédiatement le, fer.en.mélant au mine- 
rai une proportior de.carbone qui excède 
28 p.100, et en pudlant le mélange dans 
un four à réverbère, sans avoir fait d’abord 
passer le fer à. l'état de fonte dans un haut 
fourneau. * 

On prend du minerai de fer en roche, 
grillé ou non, contenant 45 p. 100 de fer; 
on le broie entre deux ymeules et le passe 
au tamis, dont les mailleS sont au nombre 
de 15 au centimétreicarré. Cela fait, on 
mélange ce minerai avec 30 à 40 p. 100 
de houille, de braise, de coke, de charbon 
de bois, de tourbe, d'anthracite on de tou- 
te autre matièré charbouseufe réduite au 
même dègré de finesse, et-p'acet cemélan- 
ge ans un! four à pudéler -convenable- , 
ment disposé, où on'letbrasse toutesiles 
cinq minutes, jusqu’à ce qu’on lui voie 
prendre l'aspect wétallique,etqueles par- 
ties les plus chaudes commencent à deve- 
nir adhérentes. On donae alors un violent 
coup de feu, ei on forme la balle qu’on 
porte sous le martinet ou dans la presse. 

M. Clay ne croit pas qu'il soit avanta- 
geux d’appliquer ce procédé à des mine- 


‘rais qui contiendraient moins dé 45 p- 100 


de fer ; et en règle gé.érale, 51 faut; pour le 
mélange de la matiere charbonneuse; em- 
ployer 30 parties decette matière pourd 00 
de minerai, contenant 50 p. 100; de er. 
Lorsque le minerai est encore plus riche, 
il ajoute une demi-partie de matière char- 
bonneuse par chaque centième.de fer eu 
sus de 50 p. 100. ve 

On peut, suivant l’auteur, faire passer 
la cheminée da four à pudder dans use 
chambre où l’on échauffe la charge qui 
doit passer au puddlage après le traite- 
ment de celle qui se trouve actuellement 
sur la sole : de plus, il propose de fabriquer 
le fer en combinant le procédé qui vient 
d'être expusé avec l'emploi d'une certaine 
quantité de foute qu'il mélange à parties 
égales avec leminerai. : : 

Dans le éas où l'on emploie un four à 
pudüler simple, l'époque la plus convena- 


1170 

ble pour Vaddition de la fonte est celle où 
le mélange se {rouvre parfaitement échauf- 
fé ; Mais sile fourestà deux soles, on doit 
faire cetté addition au moment où l'on 
attire le minerai et le charbon sur la 
sole de travail" : se 

Ce procédé arété employé à l’uine de 
Shirva. près ‘dë Kirkintilloch en Ecosse. 
Le minerai de fer hématite, ou tout autre 
minerai riche, mêlé au charbon, passe 
graduellement à des intervalles réglés dans 
une trémie qui le contient dans un four- 
neau voisin où il s’échauffe convenable- 
ment, et qui fait partie d’un four à pudd- 
der. Chaque charge, arrivée dans ce der- 
nier fout, est traitée comme à lordinaire. 
Ce traitement v est même, dit-on, plvs fa- 
cile que le puddlage pratiqué sur du fine- 
métal ordinaï. e. et il ne faut:pas plus d’une 
heure et demie pour obtenir du fer prêt à 
être cinglé au passé dans les laminoirs. On 
le réchauffe, on le cingle et on le lamine 
une seconde fois, et l’on obtient après cette 
nouvelle opération des barres de qua- 
lité supérieure, assure-t-on, à celle du 
meilleur fer à boulons ou pour chaînes 
qu’on,obtient par les procédés en usage. 
Ce fer est aussi susceptible de fournir de 
l'acier d’ane qualité supérieure qu’il suffit, 
dit-on, de combiner avec du manganèse 
par la méthode de M. Heath pour obte- 
nir un acier fondu facilement soudable 
avec le fer; ce qui permettra de fabriquer 
en acier fondu la coutellerie qu’on établit 
aujourd'hui en dtieér’ de cémentation. La 
fonte que fournissent les scories est aussi 
de meéillenre qualité, en ce qu’elle est 
exempte de la portion de phosphore qui est 
souvent apportée par Ja castine' qu’on em- 


ploie. (Le Technologiste.) 
2e | 
SCIENCES HISTORIQUES. 
ARCHÉOLOGIE. 


Canton de Sairtes, arrondissement de Saintes, 
(Départ. de la Charente-Xnfér.) 


Commune, DE, CHermIGNAC: de Cherina, 
duteuton,. Kerno, terre riche.en blé. Le 
>ffoment est encore la principale produc- 
tion de cette commune. 

Son éslise, dédiée à saint Quentin, est 
romane, et date duonzième siècle. Elle a 
subi toutefois de nombreuses restaurations 
postérieures. La façade n’a conservé de l’é- 
poque de sa primitive construction que 
quelques mascarons  grimacants et un 
vaste portail à plein. cintre, à trois vous- 
sures-et à archivoltes garnis sur le pour- 
tour d'étoiles chausses-trapes, Les fenêtres 
et le reste de la façade ont été rebâtis sans 
aucun caractère. L’abside est remplacée 
parun chevet droit, ayant à l’orient, et 
sur les côtés, des fenêtres romanes à plein 
cintre. Le clocher a sur ses côtés un esca- 
lier à vis coiffé d’un toit en pierre écaillé ; 
il est à six pans et assis sur un massif 
quadrilatère, placé à droite; un petit toit 
à quatre faces le termine. Sur chaque face 
est percée une baie tréflée du treizième 
siècle. La croix ou phanum est fort remar- 
quable ; c’est un socle portant une grosse 
colonne cylindrique, courte et: formant 
base, à un fût quadrangulaire ayant quatre 
colonnesjaux quatre angles et portant des 
daïs sous lesquels devaient être des statuet- 
tes. Le sommet, amorti en Cône aigu, porte 
une croix. Near 

COMMUNE DE TRENAG: dans une plaine, 


voisine du village, on remarque un tertre: 


1171 


circulaire et conique, dont l'élévation est 
assez considérable. Quelques personnes y 
voient la motte d’un donjon féodal, mais 
il semble appartenir aux tombliles par 
tous ses caractères: 

Au viilage des Arènes sont les ruines 
d'unemaison de campagne romaine, au 
milieu desquelles on a retrouvé des débris 
de thermes, de piscine, des médailles, etc. 
Ces ruines consistent en plusieurs murs et 


en une façade haute de 14 mètres, cons- . 


truite en pierres de petit appareil et en 
briques. Les paysans des environs appel- 
lent ce lieu Fille-Poïitivre. Des vestiges de 
voûtes, attenant à une vaste enceinte de 
terre, qui aurait bien pu appartenir à l'aire 
d’un amphithéâtre, semblent légitimer ce 
nom d’Arènes, que le hameau a conservé. 

L'église de Thenac est dédiée à saint 
Pierre. C’est un édifice roman qui a subi 
de graves injures et de nombreuses muti- 
lations. La facade n’a conservé des cons- 
tructions du onzième siècle, qu'un vaste 
portail à plein cintre, à six voussures, 
ayant à droite un petit portail bouché. 
Celui de gauche a disparu dans l’applique 
d’un énorme contrefort du quatorzième 
siècle, L’angle de droite de la façade a 
aussi conservé quelques colonnes primiti- 
ves. L’abside a été remplacée par un che- 
vet droit, ayant à son milieu une fenêtre à 
lancette du treizième siècle, Le clocher est 
bas, carré, coiffé d’un toit en ‘cône:àsix 
pans. Les baies sont ogivales et du trei- 
zième siècle. 

Commune ne PrécuirrAc : l’église de Pré- 
guillac est des plus remarquables; et la 
Saintonge n’en possède que peu bâties sur 
ce modèle, C’est un vaisseau fort écrasé, 
très large, dont la facade surbaissée est en 
retrait, à partir d'une console soutenue 
par de nombreux modillons. Trois por- 
tails à ogives, à tores et à colonnettes, for- 
ment arc dertriomphe:sun cette façade, et 
appartiennent évidemment à l'architec- 
ture de la fin du douzième siècle. Tousles 
droits ont des murs pleins qui les remp'is- 
sent; celui du milieu seul a reçu une porte 
étroite. également ogivale. L’apside est 
remplacée par un chevet droit, n’ayant 
qu’une seule fenêtre, et celle-ci est à plein 
cintre. Deux colonnes aux ansgles suppor- 
tent une console ayant neuf corbeaux ro- 
mans. Le clocher est bas, carré, à quatre 
faces, et sur chacune de celles-ei s'ouvrent 
deux baies romanes ayant une rentrée di- 
visée au milieu, Un toit plat, à quatre 
pans, recouvre le tout. 


R. P. Lesson. 


GÉOGRAPHIE, 


Fragment d'un voyage dans le Chili et au 


Cusco, patrie des anciens Incas; par 
Claude Gay. 


(Cinquième et dernier article.) 


Si maintenant, poussé par la curiosité 
ou par esprit d'observation, on parcourt 
les environs du Cusco, et même une par- 
tie de son département, les monuments 
antiques se présenteront bien plus frais et 
bien plus nomb:eux : c’est que, placés à 
une certaine distance de toute civilisation, 
les matériaux dont ils sont construits ne 
peuvent donner aucune prise à l’avide cu- 
pidité de l'habitant, et alors leur solide et 
colossale structure se charge avec succès 
de cette intéressante conservation. C’est 
ainsi qu'entre Abancai et Saïhuita, dans 


1172 


un endroit appelé Coyaftiana, j'ai vu des 
maisons de plaisance presque entières creu- 
sées dans le roc, et entourées d’autres 
pierres isolées, avec des figures représene 
tant des singes, des crapauds, des renards, 
des couleuvres, des plans de ville, des des- 
sins géométriques, etc.; dans d’autres en- 
droits, comme à Curahuassi, qui était le 
jardin botanique: des ancien Incas; Lima 
tambo, non moins renommé par ses plan- 
tes médicinales, Zurita, Oropessa.,etc., on 
voit de grandes forteresses, citadelles, an- 
denves, et même des villes à demi-ruinées, 
quelquefois très grandes, et plactes au 
sommet des collines, en général dépour- 
vues d’eau jusqu'à plus. d’une lieue à la 
ronde ; singularité bien notable, dont au- 
jourd’hui encore les habitants ne peuvent 
se rendre raison. La vallée d’Urubamba 
n’est pas moins remarquable par la pré- 
sence de ves sortes d’antiquités. Extrême- 
ment fertile et pittoresque, jouissant d’un 
climat doux et serein, ele attira dès le 
commencement l'attention des anciens In- 
cas, qui y firent construire ces beaux pa- 
lais et châteaux, pour y passer une partie 
de l’année. C’est dans la mème vallée, et à 
une petite distance d’Urubamba, que se 
trouve Ollaytaytambo. petit village tirant 
son nom du fameux général Ollaytay, qui, 
du temps de l’Inca Tupac-Inca-Yupanqui, 
eut l’audace d’enleverune Gnusta ou fille de 
l’Inca, vouée au culte du Soleil. Ce grand 
sacrilége, alors sans exemple dans les an- 
nales de Cusco, fit une telle sensation, que 
Ollaytay, obligé de se sauver, alla se reti- 
rer à l'endroit qui porte son nom, où, 
pour se défendre, il fit élever des forte- 
resses qui surpassaient presque tout. ce 
qui avait été fait jusqu'alors Ni savants 
ni voyageurs n’ont encore parlé de.ces 
beaux monuments, dont quelques uns 
sont’'presque encore intacts. Garsilasso et 
lés'aütres historiensn’ont même pas-connu 
cé fait, d’une haute portée: dans l’histoire 
des Incas ; il n’a été conservé que par tra- 
dition, et il n’y a paslaïigtempsqu’un curé 
de Sicuaui, Don Antoine Valdes, en: fit le 
sujet d’une espèce de mélodrame intitulé : 
les Rigueurs d'un père; et écrit en langue 
quechua. Enfin, un; autre pays, digneaussi 
de l’attention de l'historien et de l’archéo- 
logue, c'est Vilcobambha, dernier retran- 
chement des Incas contre le pouvoir des 
Espagnols. Situé à une très grande hau- 
teur, il abonde encore en, forteresses, an- 
dennes; et c’est aux environs que lon 
trouve la mystérieuse Choquiquiraou, 
ville immense, embellie de beaux édifices, 
de superbes colonnes, etque le hasard na- 
guère fit découvrir. Malheureusement en- 
sevelie sous une forte végétation, elleiest 
devenue le repaire des:ours, des Jaguars et 
d’autres animauxmon moins féroces. 

Les Indiens de Cusce sont à peu près ci- 
vilisés; ils obéissent aux lois du gouver- 
nement péruvien, et contribuent aux be- 
sons de l'État par un tribut qu’ils paient 
depuis quinze jusqu'à soixante. ans;- ils 
parlent très rarement l'espagnol, et tou- 
jours le quechua, qui est leur langue.na- 
turelle. Quoique quelques uns tiennent 
un rang distingué, cepeudant ils appar- 
tiennent en général à une classe assez mi- 
sérable et chargée da travail le plus gros- 
sier. Ceux de la campagne sont ou bergers 
ou agriculteurs ; les premiers vivent:dans 
des régions extrêmement élevées, occupés 
du soin de leurs troupeaux de moutons et 
du travail de la laine, Quoique constam- 


ment à une hauteur de 10 à 12,000 pieds, 


1173 


cependant ils ne sont nullement incom- 
modés de la grande rareté de l'air; ils 
marchent et courent avec autant de faci- 
lité que nous dans les plaines basses : 
aussi trouve-t-on dans ces régionsles villes 
et les villages les plus élevés de notre 
globe ; Ocoruro 14,232 mètres de hauteur 
absolue : Condroma à 4 343. On voit quel- 
ques maisons de poste, celle par exemple 
de Rumihuassi, qui s’élêvent jusqu'à 4,685 
mètres, et des maisons de bergers jusqu'à 
4,778 mètres, c’est-à-dire presque à la 
hauteur du Mont-Blanc, qui estla montagne 
la plus élevée de l'Europe. À ces grandes 
hauteurs l’agriculture n’a plus de prises 
sur les plantes de l'Europe; la pomme de 
terre, le blé, n’y prospèrent plus, et on n'y 
cultive que l'orge, qui ne fleurit jamais, 
et s'élève à peine à la hauteur d’un demi- 
pied. Les Indiens agriculteurs habitent les 
plaines ou endroits peu élevés, où ils s’oc- 
cupent exclusivement de la culture des 
terres. Comme les Indiens pasteurs, ils ai- 
ment passionnément les chants nationaux, 
etsurtout ces touchantes ef mélancoliques 
yaviries, qui donnent tant de sensibilité à 
l'âme et de tendresse au cœur; l'effet 
qu’elles produisent sur eux est prodigieux ; 
on ne peut que le comparer à ce:ui que 
produit le ranz des vaches sur le cœur du 
Suisse hors de sa patrie; ils les chantent 
chez eux, ils les chantent en voyage, et 
souvent j'ai vu des jeunes demoiseiles les 
chanter pendant que les hommes étaient 
occupés à labourer la terre : on croirait 
qu’elles le font pour les exciter au tra- 
vail, et pour leur en faire oublier les 
peines. 

Le Pérou, comme le Chili, a aussi ses 
Indiens barbares et tout à fait indépen- 
dants. En raison de la vaste étendue de 
cette république, ces Indiens y sont incom- 
parablement plus nombreux, et habitent 
tous sans exception ces immenses forêts 
vierges, cause première de cette indé- 
pendance. Ceux que j'ai visités, savoir: 
les Chahuaris, les Tuyunires, les Paucar- 
tambinos, etc., ne peuvent nullement sou- 
tenir la comparaison avec les Arauca- 
niens. Ils sont traîtres, méfiants, et on ne 
trouve jamais chez eux cette fiérié et cette 
bravoure qui caractérisent à un si haut 
degré les Indiens du Chili. Armés seule- 
ment de la flèche, ils s’en servent, suivant 
sa forme ou sa longueur, pour la pêche, 
pour la chasse ou pour la guerre; ces der- 
nières sont le plus souvent dentelées et 
même quelquefois empoisonné: s. Les Cha- 
huaris se couvrent le corps avec une 
espèce de chemise d’un coton particu- 
lier au pays, et qu’ils tissent eux-mêmes ; 
les autres sont tout à fait nus, se barbouil- 
lent de mille couleurs, et ornent leur fi- 
gure par de gros morceau de bois qu'ils 
mettent au cartilage inférieur des oreilles 
et au dessous de la lèvre inférieure. Aux 
commissures de ces lèvres, ils plantent de 
petits tuyaux de canne avec de longues 
plumes peintes, et quelquefois festonnées. 
Du reste, cette figure est sans expression, 
sans physioromie; elle ne Signale vérita- 
blement que des traits. Leur intelligence 
est assez bornée; ils ne savent compter 
que jusqu'à quatre, et ils ne manifestent 
aucune surprise en voyant quelques des- 
sins que je fis devant eux. Leur langue est 
douce, agréable et cadancée; elle varie à 
Vinfini; mais ce qu’elle présente de parti- 
culier, c’est que les noms de toutes les 
parties du corps commencent par la même 


Syllabe hua caractérise les PencAn en 
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1174 


huacu, la tête; huanamu, le nez; hua- 
quista, la bouche, ete Chez les Chahuaris, 
c'est la syllabe-pi : piguito, la tête; pigri- 
mari, le nez; pichera, la bouche, etc. Cette 
tribu offre une autie particularité bien 
notable : séparée en denx, la nouvelle con- 
serva sa langue mère, mais changea la 
première syllabe de ces parties du corps: 
au lieu de pi, c'est ni : niguito, la tête; 
nigrimari, le nez; nichera, la bouche, etc. 
D'après cela, on voit que cette singulière 
construction, digne de fixer l'attention des 
philologues, donne un air de famille à la 
tribu, et leur sert en quelque sorte de 
blason. Leurs habitudes sont toutes sau- 

vages, et à part le caractère, on trouve 

dans ces habitudes une grande analogie 
avec celles des Araucaniens, éloignés de 

plus de huit cents licues : ce sont les 
mêmes préjugés, les mêmes croyances; 

ce sont encore les sorciers ou esprits ma- 

lins qui occasionnent les maladies, et des 

siripigaris ou médecins occupés à les chas- 

ser du corps par des succions, par des cris, 

par des chants, et par tius ces moyens 
que nous avons vu pratiquer en Arauca- 

nie; nouvelle preuve qui vient à l’appui de 

notre opinion sur l'identité de cet instinct 

universel qui, dans le commencement de 

nos sociétés, a présidé à Ja marche et au 
développement de notre civilisation. 


De retour au Cusco, après une absence 
de plus de deux mois, je n’occupai à faire 
encore quelques recherches de statistique, 
à lever le plan de la ville et à désigner plu- 
sieurs anciens monuments. Ensuite je me 
mis en route pour Arequipa en passant 
par un chemin dont la plus petite hauteur 
a été de 3,189 mètres, et qui s'est élevé 
insensiblement jusqu’à celle de 4,943. C’est 
dans ces régions élevées que se présentent, 
sur une échelle vraiment magique, tous ces 
phénomènes relatifs à la météorolosie, 
Tous les jours, depuis une heure jusqu’à 
cinq heures du soir, l’atmosphére est con- 
tinuellement embrasée par d'immenses 
éclairs, et tourmentée par des pluies de 


-grêles et par des coups de tonnerre dont 


on ne peut avoir aucune idée ea Europe. 
Le voyageur, d’un pas inquiet, et silen- 
cieux, parcourt quelquefois avec danger, 


. mais toujours avec crainte, ces mornes s0- 


litudes que le manque de végétation rend 
encore plus mélancoliques. Nous mimes 
quinze jours pour arriver à Arequipa, ville 
qui du haut du chemin de Cangallo nous 
fit l'effet d'une viile ruinée et placée dans 
un désért de sable au milieu d'une véri- 
table oasis. D Arequipa, je pensais retour- 
ner au Chili par la Bolivie, Salta et le Ta- 
cuman, malheureusement les bruits de 
guerre m’empéchèrent d'exécuter ce grand 
voyage; je ne pus pas non plus traverser le 
vaste désert d'Atacama à cause de Ja grande 
sécheresse de l'année ; je me vis donc obligé 
de m’embarquer une seconde fois pour le 
Callao, et de là pour le Chili, où j'arrivai 
après une absence d'un peu plus d’une an- 
née. J'allai passer encore quelque temps à 
Santiago, pour y terminer mes travaux 
historiques et statistiques, et ensuite je re- 
vins en France, pour publier, à l’aide de 
quelques savants collaborateurs et de mes 
nombreux manuscrits, une boune histoire 
physique et politique de la républi ;ue du 
Chili. Le gouvernement chilien , que l'on 
trouve toujours prêt lorsqu'il s’agit de l'il- 
lustration de son pays, a bien voulu faire 
les frais d’une grande édition eu langue 


Triagnole: tout me fait espérer qu'une édi- 
SAN 


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à 


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4 


1175 


tion en langue française se publiera en 
même temps.  (Wociété de géograplue.) 


Le Rédacteur-Gérant : 
C.-B. FRAYSSE. 


FAITS DIVERS. 


— M.le baron de la Pylaie, membre de la so- 
ciété royale des Antiquaires, vient de partir, chargé 
par le ministère de l'intérieur de visiter les monu- 
ments druidiques de la France, Les travaux cons- 
ciencieux de M..de la Pylaie font espérer que sa 
tournée viendra jeter un nouveau jour Sur cette 
branche de l'archéologie si intéressante pour nous 
puisqu'elle est nationale. M. de la Pylaie s’est en- 
tendu, dit-on, avec M. Camille Duteil, professeur 
à l'Athénée royal, pour la publication d’un grand 
ouvrage sur les monuments celtiques ; nous tiendrons 
nos lecteurs au courant des recherches et des dé- 
couvertes de ces deux savants, 


— On à fait récemment à Elbeuf, dans l’établisse= 
ment de M. Lescré Cremont, l'essai d’un appareil 
propre à remplacer, dans le cas de sinistre, une 
pompe à incendie de première force, L'expérience 
a donné les résultats qu'on en altendait; elle a 
prouvé que dans toute usine où il y a une pompe à 
eau destinée soit au lavage de draps , de Jaines ou 
d’autres matières, soit à l'alimentation de la chau= 
dière d'une pompe à feu, on peut disposerun ap- 
pareil simple, très peu dispendicux, dont le ser- 
vice remplacerait celui d'uné pompe à incendie, 
dans le cas où le feu se manifesterait dans quelques 
parties des bâtiments dépendant de l'usine, 

La force de vression qu’on obtient ainsi est telle, 
que l'on peut élever l'eau en jet continu à une hau- 
teur de plus de 33 mètres {plus de 400 pieds), 
dans une sphère de plus de 66 mètres (200 pieds} 
de diamètre; en sorte qu'une seule pompe ainsi 
montée pourrait presque loujours sufhre pour étein- 
dre un incendie naïssant, avec le secours seule- 
ment de quelques personnes qui sachent diriger 
convenablement le jet d'eau. Avec cet appareil, en 
effet, il n'est plus besoin de seaux ni de tant de 
moüde ; puisque l'eau arrive seule et en plus grande 
quantité qu'avec le service de la chaine la mieux ot- 
ganisée. 


BIBLIOGRAPHIE. 


ANTIQUITÉS de l'arrondissement de Castellanne 
(Basses-Alpes), par Gras-Gourguet, A Digne, chez 
Repos. 

HISTOIRE civile, morale et monumentale de Pa- 
ris depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos 
jours; par J.-L. Belin et A. Pujol. A Paris, chez 
Belin Leprieur, rue Pavée-StAndré, 3; et au comp- 
Loir des imprimeurs-unis, quai Malaquais, 15. 

LEÇONS de métaphysique de Kant, publiées par 
M. Pœlitz; précédées d'une introduction, ete. Tra- 
duites de l'allemand par M. J. Tissot. A Paris, chez 
Ladrange, quai des Augustins, 19. 

NOTICES et Mémoires historiques; par M. Mi- 
guet. A Paris, chez Paulin, rue de Seine, 33. 


PENSÉES de Blaise Pascal , précédées. d’une No- 
tice sur sa vie , par \me Périer, sa sœur. A Paris, 
chez Charpentier, rue de Seine, 29. 

PROJET de prison cellulaire pour 585 condam- 
nés, précédé d'observations sur le système péni- 
tentiaire; par G. Abel Blouet, A Paris, chez F. Di- 
dot , rue Jacob, 56. 

UN MOT sur le rafnage et la fabrication des su- 
cres indigènes et exotiques, des procédés, appareil 
et ustensiles employés dans les usines. Nouvelles 
formes à sucre, ete., par L. Huard. A Paris, chez 
l'auteur, faubourg Saint-Martin, 102-103. 

CAUSERIE philosophique , morale et politique, 
suivie d'observations sur le gouvernement repré- 
sentatif ; par M. Grandin. À Paris, chez Amyot, rue 
de la Paix, 6. 

CONSIDERATIONS sur l’état-social de la Tur- 
quie d'Europe; par Blanqui ainé. A Paris, chez W. 
Coquebert , rue Jacob, 48. 


PARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils, 
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 


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