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7,
PREMIER SEMESTRE.
Sous La Direction de
M: LE VICOMTE A. DE LAVALETTE,
AVEC LE CONCOURS ET LA COLLABORATION
De MM. les Membres de l'Institut :
De Bramnmvizre, Becquerecz, Bory DE ST-VincENT, CuAMPOLLION ,
Duwas, Durix (baron), ne Mises, ErEe De Beaumont, GEOFFROY
St-Haizainre , JomarD, pe Jussreu (Adrien), LETRONE,
Raouz Rocuerte, D'Hougres Firmas;
el de MM,
De Caumont, Chevalier, d'Orbigny, Dujardin, Francœur, de Lattre, de £a Fontenelle,
Follin, Goldscheider, Possin, Guérard, Guyon, Bertrand de Lom , Lassaigne , Lauguier,
Lesson, L iseleur de Longehamps, Mar el de S'rres, Orfila, de Reiffenberg, L. Roux,
Rédacteurs en chef :
MA. LE V'S A, DE LAVALETTE ET C. B. FRAYSSE,
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SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur le mouvement des liquides dans les tubes de
très petite dimension, Regnaull, 4. — Sur les ima-
ges produites, à la surface d’un métal poli, par la
proximité d’un autre corps, Moser, 25. — Sur
l'écoulement des liquides, Poiseuille, 51, 102,121.
— Direction du courant électrique dans les mines,
Hunt, 53. — Du double arrangement moléculaire,
75. — Observations barométriques et thermométri-
ques, Arago, 148.— Sur les pressions supportées
dans un corps solide ou fluide par deux portions de
surface très voisines, l’une extérieure, l’autre inté-
rieure, de ce même corps, Cauchy, 197. — Sur le
contact électrique des muscles des animaux vivants
ou récemment tués, C. Mateucci, 292. — Opti-
que sur l’action chimique de la lumière, Arago,
361. — Travail sur le baromètre, De Vi leneuve,
365, 412. — Nouie!lle pile à effet constant, Re-
gnauit, 585. — Sur la nouvelle pile de M. Reizet,
Regnault, 461. — Recherches sur la formation
des images de Moser, Fiseau, 481. — Sur la pro-
priété attribuée à l'huile de calmer les vagues de la
mer, 829. — Sur la production de la chaleur chez
les mollusques et sur la génération de la salamandre
terrestre, Joly, 654..— Observations sur la pile de
M. Reizet, Becquerel, 577. — Recherches sur la
force épipolique, Dutrochel, 606, 625. — Sur les
lois du dégagement de la chaleur pendant le passage
des courants électriques à travers les corps solides et
liquides, E. Becquerel, 652, — Sur la chaleur la-
tente de la glace, Paul Desain et Le Prevostaye
677. — Sur le dégagement de la chaléur pendant
- Je passage des courants électriques à travers les corps
liquides et solides, Æ. Becquerel, 697. — Sur l’in-
duction des courants par les courants, Adria, 721:
— Expériences sur une substance noire diather-
male faites en vue de vérifier la théorie de Meiloni,
Mauthiessen, 124.— Sur l'hygrométrie, Blondeau
de Carrolles, 197. — Sur la chaleur latente de la
fusion de la glace, Desain et La Prevostaye, 817.
— Sur la tendance des tiges à se porter vers la lu
mière, Payère, 817, — Note sur deux états parfai-
tement distincts dans la désagrégation des corps,
Pellier, 819. — De l’acuon chimique d'un seul
couple voltaïque et des moyens d'en augmenter la
puissance, De la Rive, 841-866. — Sur les taches
eirculaires de Priestley, formées par des étincelles
électriques, Malteuci, 845. — Sur le courant élec-
trique déveluppé par l’action des corps gazeux sur
le platine Malleuci, 587. — Sur les effets de
la température qui accompagnent la transmis-
sion dans les liquides, au moyen de divers élec-
trodes des courants électriques, soit continus, soit
discontinus et alternatifs, De la Rive, 917. —
Nouveau procédé pour produire, au moyen de l’é-
lectricité des images analogues aux images de Moser,
Morrer, 936. — Sur la compression des liquides,
Aimé, 902. — Sur l'électricité aninate, Malleucr,
964. — Sur la puissance motrice et l'intensité des
courants de l'électricité dynamique, de Haldat,
986, — Nouveaux moyens pour obtenir des ima,es
dl
TABLE DES MATIÈRES
de Moser, Bertot, 1052. — Sur la théorie de la
pile voltaïque, Louis Nopoléon, 1080.
PHYSIQUE APPLIQUEE.
Modification à l'appareil d’Atwood, Dupré, 149.
— Expériences sur la perméabilité des liquides
pour les gaz, Dujardin, 169. — Sur le lactoscope
de M. Doré, 337. — Nouvel héliostat, Silber-
mann, 338. — Thermo-manromètre pour les loco-
motives de M. Aoxte pe Luverroor, 436. — Obser-
vations sur le daguéréotype et sur les différences des
résultats obtenus dans des conditions égales, Da-
guerre, 458. — Application industrielle de la lu-
mière et du pouvoir moteur de l'électricité, Ho-
leyns de Cheltenham , 463. — Thermo-manomé-
tre pour les locomotives, 482, — Nouvelles expé-
riences sur la torpille, Matleuci, 532. — Sur la
thermographie, KHnorr de Kasan, 653.—Expérien-
ces thermumétriques faites sur la lumière de la nou-
velle comète et sur la lumière zodiacale, Mathies-
sen, 678. — Gazoscope de M. Chuard, Regnaull,
723. — Sur les effets résultant de certains procé-
dés pour abréger le temps nécessaire à la formation
des images photographiques, Fiseau, 112. — Sur
l’oléomètre de M. Laurot, Person et Preisser,
846. — Sur le lactoscope, 863. — Faits d’optique
expérimentale, Mathiessen, 866. — Observations
magnétiques faites au sommet des Pyrénées, Laugier
et Mauvais, 964. — Sur la formation des images
de Moser, Masson, 1154.
ASTRONOMIE.
Note de M. Marcel de Serres sur les étoiles fi-
Jantes, 217. — De la constitution physique du so-
leil, Arago, 388, 433. — Changement probable
dans le système solaire, Hauff, 432. — Atlas de
M. Siebold sur le Japon, 460. — Examen d’une
classe d'équations différentielles et application à un
cas particulier du problème des trois corps, Gas-
cheau, 465. — Sur la comète de 1843, Arago,
505-507-553. — Sur le mouvement propre du s0-
leil, Bravais, 556. — Quelques nouveaux détails
sur la comète, Arago, 605-657. — Nouvelle comète
découverte par M. Mauvais, 820. — Sur la certi-
tude de lextrémité australe de l'arc méridien de
France et d’Epagne, Biot, 86%. — Éléments de l'or-
bite parabolique de la comete de 1843, Mauvars,
865. — Nouselle dé'ermination de l'orbite de Mer-
cure et de ses perturbations, Leverrier, 866. —
Sur la nouvelle comète, Legrand, 938. — Éié-
ments paraboliques corrigés de l'orbite de la comète
de 1843, PV. Mauvais, 1011. — Détermivation
nouvelle des peruwbatious de Mercure et des élé-
ments de son orbite, Leverrier, 1058. — Sur le
système d'attraction uuiverselle de Newton, Bre-
mond, 1082,
MÉTÉOROLOGIE.
Dépressions extraordinaires du baromètre, obser-
vées à Parme, les 42, 15 et 16 janvier, Golla. di-
recteur de l'observatoire, 293. — Aurore borcale,
perturbations magnétiques, 988. — Météore pré-
sentant des ressemblances avec Les chandelles romai
ues, 4060, — Sur deux aérolithes tombés le 2 Juin,
pres d'Utecht, t 128,
PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur des incendies qui paraissent dues à des chu-
tes d’aérolithes, 217. — Sur la différence du niveau
entre la mer Caspienne et la mer d’Azow, Hom-
maire-Dehel, 745-770. — Le volcan d'Owihée,
767. — Volcan du Taal, Delamarche, 821. —
Volcan qui a fait ivrupuon entre la Guadeloupe et
Marie-Galante, 1012 — Faits pour servir à la
théorie de la srêle, Fournet, 1035. — Note histo-
rique sur les tremblements de terres aux Autiiles,
Perrey, 1156.
HYDRAULIQUE. — GÉNIE NAVAL. — ART
NAUTIQUE — NAVIGATION, — CONSTRUC-
TIONS NAVALES.
Flotteur aspirant, De Caligny, Î7. -- Expé-
riences ayant pour but de concilier Les hypothèses
sur les mouvements intérieurs des flots dans les
courbes ouvertes et dans les courbes fermécs, De
Caligny, 511, 532. — Observations eurieuses sur
une pouzoulane artificielle, Vicat, 677.
CHIMIE.
$. 1. CHIMIE INORGANIQUE.
Méthode pour condenser et reconnaitre les
quantités notables ou imperceptibles du gaz hydro-
géné arséniqué phosphoré ou gaz sullureux, Jac-
quelain, 4. — Solubilité du chlore dans l'eau,
Letouxe, 50. — Sur l'acide hypochloreux et su
les mêmes corps considérées à l'état amorphe et à
l’état cristalhisé, 105. — Sur l’analyse des cyanures
et des composés sulfureux, Gerdy, 126. — Sur les
concréiions intestinales d'animaux connus sous Je
nom de Bezoards, suivi de l'analyse d'un nouveau
Bezoard minéral, Guibourt, 171. — Procédé pour
reconnaitre la falsification du vinaigre, 291, —
Procédé de M. Soubiran pour obtenir le protochlo-
rure de mercure, 219, — Sur un nouvel oxacide
de soufre, Fordos et Gélis, 219. — Sur une nou-
velle combinaison de platine, Knof, 313. — Re-
cherches sur les poids atomiques de l'hydrogène et
du calcium, Erdmann et Marchand, 391, 414.
— Sur une série de composés dont les oxides de
chrome d'aluminium, de fer et d’antiwoine forment
un des elements, Gauthier de Chaubry, 580. —
Recherches sur la producuon des gaz combustibles,
Lbelmen, 649. — Sur les combinaisons oxigénées
du chlore, Milon, 550 — Produit de !a décompo=
siuou quinique par la chaleur, Wohler, 660. —
Sur les produits de décomposition de I acide sul-
focyaubydrique, Voelckel, 101. — Recherches sur
les produits de décomposition de l’acide sulfocyan-
hydrique, Voelckel,725.— Composée du chrôme,
analyse des combiuaisons solubles du soutre avce
l'oxigene, l'hydrogene et les métaux, Gerdy, 864.
— Moyen de séparer le deutvxide de cerium du
deutoxide de didunium, L Bunaparte, 891. —
Sur un nouvel acide ox!pene de chrome, Bar-
resvil, 909 — analyse des composes oxigénés
de souire, Fordos et Gélis, 1U12. — Sur l'acide
buurique, Péluuze et Grélis, 1058. — Action de
laude sulfureux sur les métaux, Fordos et Gélis,
iv
1061. — Sur le protoxide de plomb, Calvert,
4106.
S: 11. CHIMIE ORGANIQUE.
Recherches sur les acides métalliques, Fremy,
449. — Description de quelques nouvelles bases or
ganiques obtenues par l’action de l'hydrogène sul-
furé sur des combinaisons d'hydrogène carboné avec
l'acide hyponitrique, Zinin, 269. — Procédé pour
constater la présence de l'azote dans des quantités
minimes de matière organique, Lasseigne, 290.
— Sur l'existence du soufre dans les plantes, Poti-
teau, 484. — Sur la cire des fruits, Baudrimont,
798. — Su: les phénomènes dus au contact, Reixel
et Millon, 1608.
S: 11 CHIMIE ANIMALE.
Analyse chimique de la peau du ver à soie, Payen,
865. — Sur la digestion et l'assimilation des corps
gras, Bouchardat et Sandras, 1155.
{. IV. CHIMIE LEGALE ET CHIMIE MÉDICALE.
De l'essai de l’arsenic par le cuivre. Hugo-
Reinsch, 266. — Sur l'absorption du sulfate de
quinine et de la salicine, suivie des moyens de dé-
couvrir ces subtances dans l’urine et dans le foie,
Follin et Lannaux, 359.
$: V. CHIMIE APPLIQUÉE.
Application du procédé de M. le docteur Bou-
cherie sur quelques arbres de la forêt de Compiègne,
Poirson, 123. — Procédé de carbonisation pour
déceler, duns les matières organiques, les poisons
minéraux qui ont pour racine l’arsenic, l’antimoine,
le plomb, etc., Gallier, 1#7.— Formation du sul-
fate de baryte pour la peinture, 341. — Falsifica-
lion des farines de graines de lin et de moutarde,
438. — Extraction de la quinine et de la chincho-
nine. Calvert, 508. — Extraction du principe actif
du garou, Pleischls, 510.— Préparation de l’oxyde
blanc d’anlimoine, 935. — Da campbre et de ses
applications médicales et industrielles, 628-679-
77%. — Préparation du peroxyde d'uranium, Ma-
lagutti, 617. — Eleclro-chimie, argenture, perfec-
tionnement apporté, Mourey, 751. — Examen des
eaux de Vichy, 913-921-968. —Moyÿen de commu-
uiquer à là févcule, sans le secours de la torréfaction
ni des acides, la propriété de se dissoudre dans
l'eau à 70°. Jacquelain, 9153. — Traité de chimie
appliquée aux arts, Dumas, 939. — Sur l'emploi
de l'acide nitrique pour rechercher l’iode dans les
eaux minérales, Bonjean, 961. — Moyen de con-
server les matières animales, Dusourd, 1010. —
Décomposition de l’eau par le condensateur voltaï-
que, 105%. — Sur l'analyse des eaux sulfureuses,
Fordos et Gelis, 10 34.— Sur l’emploi du cyanure
de potassium dans l’analyse chimique, Hailden et
Fresenius, 1107-1129-1161. Sur la préparation
de l'huile de roses. 41165.
MATHEMATIQUES,
Nouvelle méthode de génération et de discussion
des surfaces du deuxième ordre, théorie des façades
et des plans directeurs, Amiol, 53. — Mémoire sur
l'histoire de l’arithmétique suivie d’une analyse de
l'Abacus de Gerbert, Chasles, 148, — Note rela-
tive à l'intégration des equetions linéaires, À. Cau-
ehy, 411. — Démonstration d'un nouveau théo-
rème de calcul intégral, 555. — Sur la substitution
des plans topographiqnes à des tables numériques
à double entrée; sur un nouveau mode de trans-
formation des coordonnées, el sur ses app icalions
à ce système de tables topographiques, Léon La-
lande, 1084. — Déxcloppements de géométrie des-
criplive, Olivier, 1105. — Nouvelle méthode de
caleul pour déte:miner les longitudes par le chro-
momètre, Vincendon Dumoulins, 1156.
MÉCANIQUE ET SES APPLICATIONS.
Note sur l'eau liquide mêlée à la vapeur dans le
cylindre de machines à vapenr, Pambour, 823.
— Appareils destinés à prévenir les explosions des
chaudières à vapeur, Sorel, 865.
CRITIQUE POLÉMIQUE.
Un mot sur la bibliothèque royale, 191. — Deux
réformes dans la médecine, 673. — Des attaques
contre l'Université, Fraysse, 98%. — Sur la précau-
tion d'un candidat à la chaire vacante au collége de
France, 1153.
TABLE DES MATIERES
SCIENCES NATURELLES.
QUESTIONS GÉNÉRALES.
Théorie des Glaciers. Lettre de M. Agassiz à
M. Humboldt, 5%.— Sur les glaces flottantes, 580.
— Sur l'ige des plus grands glaciers des Alpes,
Agassiz, 604. — Réfutation du système du traus-
port des blocs erratiques sur des glaces universelles
et observations relatives an transport de ces blocs,
Fauverge, 634. — Sur la détermination exacte de
la limite des neiges éternelles en un point donné,
Agassiz, 198. — Sur quelques accidents volca-
niques, 4111.
I. Géologie.
Û I. ROCHES ET TERRAINS.
Sur la composition géologique des terrains qui
en Siciles et en Calabre renferment le soufre ct
le succin, À. Pailletle, 818. — Sur les rélations
géologiques du Jade Nepbrite, Bertrand de Lom,
1166.
À. 11e ÉTUDES LOCALES.
Sur les formations sédimentaires situées an nord
d’Eisenak, Crener, 26. — Notice géognostique sur
la Moravie, Glocker, 56. — Sur les produits plu-
toniques stratifiés et non stratifiés du nord de lPAn-
gleterre, Davide Williams, 76. — Description
géologique de la plus grande partie du gouverne-
ment de Pultawa, Golllieb de Blonde. — Note
sur le gisement des diamants au Brésil, Lomono-
soff, 150. — Sur les terrains diluviens des Pyré-
nées, Collegua, 202. — Etudes des montagnes de
la Thuringe, Credner, 245. — Sur le diluvium de
la France, Fournet, 248. — Sur le phénomene
erratique du nord de l’Europe, et sur les mouve
ments récents du sol scandinave, Daubrée, 315.
— Sur les sables tertiaires iuférieurs du bassin de
Paris, 563. — Sur quelques empreintes à la surface
de la couche à ossements du lias dans le Glouches-
terkire, Strickland, 583.— Sur le système silurien
de lAmérique septentrionale, Castelnau, 610,
631, G61.— Recherches sur le minerai de fer pi-
solitique et sur le déoloxide de manganèse hydraté,
observés à Meudon, et sur.la paléonthologie du
Bassin de Paris, E. Robert, 963. — Rapproche-
ment entre les grès isolés de Fontainebleau et les
glaces polaires, Eug. Robert, 990. — Études géo-
logiques de la Finlande, 1045. — Description du
département de l'Aisne, D’Archiac, 1056. — Sur
le minerai de fer pisolilique et sur le deutoxide de
mangauése hydraté, observés à Meudon. Sur la pa-
léontholosie du bassin de Paris, &#. Robert, 106%.
— Sur deux dépôts de lignites modernes, dans les
bassins de Paris, Melesville, 1134. — Sur un acei-
dent métamorphique, Bertrand de Lom, 1135.
Métallurgie.
Sur les dépôts métalhfères de la Suède, Daubrée,
675. — Sur la ténacité et l’élesticité des alliages,
Wertheims, 818. — De la production des métaux
précieux au Mexique, Saint-Clair Duport, 826,
870, 872, 942. — Exploitation des sables aurifères
de Sibérie, Demidoff, 866. — Sur les principaux
gites mélallifères de l'Italie, Amedée Burat, 9:0.
— Mines de mercure coulant près de Rodez, Le-
mery, 1060.
Paléontologie.
Mémoire sur les fossiles du mont Aventin, par le
I. P. Pianciani, professeur au collége romain, 68.
— Coquilles fossiles de Colombie, recueillies par
M. Boussingault, À. D'orbigny, 221. — Sur le
mode d'observation des végétaux ligneux, Under
de Gralz 224. — Sur les carnassiers à Canines,
comprimées et trauchantes dans les alluvions du Val
d'Arno et d'Auverne, 583, — Débris trouvés dans
la vallée de la Marne, Lalanne, 602. — Michoire
d'un animal fossile, découverte à Issoudun, Du-
vernoy, 963.
Minéralogsic.
Découverte de la plus grande pépite rencontrée
jusqu’ à ce jour, Humboldt, 51. —Romaniste, nou-
velle espèce minérale, Salomon, 57. — Description
de l'arénico sidérite Du Frenoy, 58. — Mines
d'or dans les indes, 77. — Remarques sur les dia-
mants présentés par M. Lomonosolf, Arago, 97.
Analyse de la marceline, Damour, 129. — Obser-
valion de M. Arago relative à quelques taches
noires dans les diamants, présentés par M. Lomono-
soff, 195, — Sur la combus'ibihité du diamant,
Guibourt, 243.— Cristallisution du l'æschynite,
Deseloizeuax, 752. — lépite d'or natif, trouvée
dans l'Oural, 849. — Gites et al'uvions aurilères de
la Russie asiatiques, De Humbotdt, 1136.
SCIENCES MÉDICALES.
$: 1 PAYSIOLOGIE ANIMALE.
Analyse d'une leçon de M. Milne Edwads, sur
l’histoire des découvertes faites sur la circulation,
80. — Recherches sur la quantité d'acide carbo-
nique exhalé par le poumon, daus l'espèce humaine,
Andral et Cavarrel, 101.— Sur les rapports de
la structure intime avec la capacité fonctionnelle
des poumons dans les deux sexes et à divers âges,
Bourgery, 345. — Sur la constitution du sang et
sur les effets de l'injection du lait dans les vais-
seaux, Donné, 194. — Sur la digestion, Faudras
et Bouchardat. 196. — Analyse d’une leçon de
M. Milne Edwards, sur l'histoire des vaisseaux lim-
phatiques, 203. — Sur la théorie positive de la
fécondation, Constancio, 271. — De l'unité et de :
la solidarité scientifiques de la physiologie, de l’ana-
tomie, de la pathologie et de la thérapeutique dans
l’étude des phénomènes de l'organisme animal,
Jules Guérin, 340. — Analyse d’une leçon de
M. Milne Edwards, sur lhistoire de la respira-
tion, 342. —Expériences sur Ja fécondation, Pou-
chet, 366. — ‘Jbservations sur l’engraissement des
bestiaux et la formation du lait, Liebig, A1. —
Note sur l’article du docteur Pouchet, sur la fécon-
dation, Constancio, 516. — Sur les développe-
mepts primitifs de l'embryon, Serres, 632.— Sur
les développements primitifs de l'embryon, Serres,
802, 829. — Influence de l’asphyxie, sur la sécré-
tion de la bile, Bouisson, 895. — Sur un cas d’ar-
rêt de développement observé chez une fille de
trois à dix-huit ans, Dancel, 221.—Sur l'allantoïde
de l'homme Serres, 1060. — Des fonctions des
lobes thyroïdes des mammiferes et du corps thy-
roïde dans l'espèce humaine, Maignien, 1086. —
Observations sur la communication de M.Serres, au
sujet de l’allantoïde de l'homme, Velpeau, 1104.
— Sur le developpement de l'homme, Æoste,
115. :
À. 11. ANATOMIE.
Procédé de Doyère pour injecter les vaisseaux
capillaires, 84. — Nouvelles recherches sur Pana-
tomie du cervelet, Forville, 174. — Sirop de dex-
trine employé comme agent de conservation des ca-
davres, Cornay, 243.— Sur la structure de l'utérus,
Jobert, 340. — Nouvelle méthode de préparations
anatomiques, ‘753. — Conservation des substances
animales pour les préparations anatomiques, Bal-
dacconi, 850. — Sur la strûciure et le mode d'ac-
tion des villosités intestinales, Lachauchie, 914. —
Recherches sur l'anatomie et les fonctions des villo-
sités intestinales, l'absorption, la préparation et la
composition organique du chyle dans les animaux,
Gruby et Delafond, 1010.
f. 111. ANATOMIE COMPARÉE.
Sur la structure intime des os à l'état naturel
L. Mandi, 29:59.— Observations sur ce mémoire,
Doyère, 150.— Remarques sur le sternum du Di-
delphis virginiana, Eudes Deslongchamps, 418.
Sur la disposition de l'encéphale chez certains sin-
ges, Leurele
= À. IV. ANTROPOLOGHE.
Sur les cagots, Guyon, 317.
Ÿ. V. PHRÉNOLOGIE.
Aperçu historique, 28. — Des aliénés, des idiots,
crâne de Soufilard. — Types de meuririers, tête de
Lacenaire, un mot sur les condamnés des b:gnes.
Conclusion, Thenot, 108. — Nouvelles observa-
tions, 248.
. VI. FATHOLOGIE ANIMALE.
Sur les symptômes et la marche de l'inflammation
des os, Gerdy, 385. — Recherches expérimentales
sur la formation des anévrismes traumatiques, Amus-
sat, 3S7. — Sur uue altération vermineuse du sang
d'un chien, déterminée par uu grand nombre d'he-
matozoaires du genre filaire, {ruby et Delafona,
593. — Recherches expérimentales sur la formation
des cicatrices artérielles et veineuses, Amuss@{, 489.
— Recherches sur l’action délétère du sang noir,
Leroy d'Etiolles, 568. — Sur la formation gan-
glionnaire des nerfs de la vie organique et de la vie
animale, Serres, 682.
(. vrr. MÉDECINE. — CHIRURGIE.
Blessés des 15 et 16 septembre à Barcelonne, 7.
— Constitution régnante, 79. — Recherches sur
les maladies de la rate, sur les fièvres intermittentes
et sur le traitement des unes et des autres, Piorry,
400. — Del'exiraction de l’astragale dans certaines
lésions du pied, Rognella, 292. — Sur l'emploi de
la pâte arsénicale pour le traitement local du cancer,
Manec, 322. — Sur la diathèse et la dégénéres-
cence cancéreuse, Leroy d’Etiolles, 338. — Sur
Ja résection de la mâchoire inférieure, Begin, 340.
Sur la formation des cicatrices artérielles et vel-
neuses, Amussal, 341. — Sur la flamme à petites
dimensions, employée contre la douleur, la débilité,
la torpeur, L. Gondrel, 396. — Sur les cavités
closes de l'économie animale et sur le traitement
chirurgical des hydropisies, Pelpeau, 409. — Sur
la réduction des herui:s étrauglées, Amussal, 410.
— Méthode hémospasique du docteur Junod, 490,
— Opération pour enlever les taches de la cornée,
Malgaigne, 605. — Double luxation des vertèbres
cervicales, Guyon, 651. — Fracture du tibia,
Guyon, 676. — Traitement du cancer, Tanchon,
671. — Nouvelle méthode d'injection, Lignerolles,
7214. — Sur un phénonène produit sur un malade
de paralysie par un courant électrique très faible,
Matteuci, 718. — Nouvel appareil à fractures,
Baudens, 916. — Curabilité de la phthisie, Pe-
reyra, 1009. — Sur la cataracte noire, Magne,
4057.— Guérison du bégayement, Jourdan, 1058.
— Id., Colombat, 1106.
Û. vrn1, PHARMACOLOGIE,
De l’urgence d’une réforme pharmaceutique, 896,
945, 970.
f. 1x. MÉDECINE LÉGALE.
Sur Pinfanticide, 398.
f. x. TOXICOLOGIE.
L'arsenic employé comme remède sans empoison-
nement de la pleurésie chronique chez les moutons,
Magendie, 50. — Sur l’action de l'électricité dans
les cas d’empoisonnement par la strychnine et la
brucire, Ducros, 51.— Empoisonnement par l'acide
prussique, Orfila, 112. — Empoisonnement par
l'acide cyanhydrique, Orfila, 133. — Emyoison-
nement par le sublimé corrosif, guéri par le proto-
suliure defer, Orfila, 221. — De l’empoisonne-
ment par l'acide arsénieux, Chatin, 250. — Cours
de M. Orfila, 439, 466, 484, 513, 557, 565, 584,
613 ‘
BOTANIQUE.
Sur l'ivoire végétale, Morren, 808,
PHYSIOLGGIE VÉGÉTALE.
Sur la tendance des tiges vers la lumière, Payer,
34. — Recherches sur l’action des sels ammonia-
caux sur la végétation, Bouchardat, 2%. — Sur le
mode et les circonstances de développement d’on
végétal microscopique dans les liquides albumineux,
normaux et pathologiques, Andral et Gavarret,
25u, 268, 300. — De l'influence qu’exercent sur la
végétation des plantes et la germination des graines
les rayons solaires transmis à travers des verres de
couleur, Zantédeschi, 704.— Sur la tendance des
tiges vers la lumière, Dulrochet, 992. — Recher-
ches anatomiques et physiologiques sur quelques
végétaux monocotylés, Mirbel, 1057. — Sur la fé-
condation du p-llen conservé, Haquin, 1088. —
Observations sur les recherches anatomiques et phy-
siologiques sur quelques végétaux monocotylés de
M. Mibel, Gaudichaud, 1153.
BOTANIQUE PROPREMENT DITE,
Sur le silphion des Grecs, le silphium ou le laser-
pitium,des Latins, Guyon, 492, 542. — Sur la tribu
des pradaxinées et fondation du nouveau genre Gy-
rophragmium, Montagne, 779. — Flore de la
Vienne, Delaltre, 10.7. — Sur un nouveau genre
de la famille des Hépatiques, Bory de Saint-Vin-
cent et Camille Montagne, 1033.
CHIMIE VÉGÉTALE.
Formation et développement de la cellulose pen-
dant le cours de la végétation, Mérbel et Payen,
®
DU i:" SEMESTRE DE 184.3
98. — Note sur le nectar des fleurs, Braconnot,
154.
Foologie.
Û. 1. MAMMIFÈRES.
Sciurus volans, 216. — Sur le tapir-pinchaque,
J. Gounot, 523. — Notice sur les cochons à pen-
deloques, variété ou monstruosité du cochon domes-
tique, Eudes Deslongchamps, 443. Sur les singes
américains composant les genres Nyctipihtèque, Jai-
miris et Callitriche, Isidore Geoffroy Saint-Hi-
laire, 963.
Û. 17. OISEAUX.
Index ornithologique, Lesson, 13, 36, 60, 295,
353, 346, 588, 721, 1067, 1087. — Description
de trois nouvelles espèces d'oiseaux-mouches, Jules
Bourcier, 176.— Quelques oiseaux nouveaux ou
peu connus de la Colombie, De Lafresnaye, 705.
— Oiseaux=mouches nouveaux ou mal connus,
J. Bourcier, 129. — Nouvelle espèce d'oiseau, le
Cal'yrhynque du Pérou, Lesson, 850. — Nou-
velle espèce de perroquet de la mer du sud, Lesson,
922, 947. — Oiseau-mouche Hélène, Deluttre,
991. — Oiseaux-mouches nouveaux ou peu connus,
déconveris à Griatimala, Delaltre, 1068. —Mœurs
du couroucou pavonin et détails sur les contrées qu'il
habite, Delattre, 1112.
Ô. 111. REPTILES.
Nouvelle espèce de Seps supposé être le Jaculus
des anciens, Guyon, 898.
Ô.1V. MOLLUSQUES ET COQUILLES, INVERTÉBRÉS.
Recherches relatives à des animaux invertébrés
faites à Saint-Vaast-la-Houge, Quatrefages, 85.
— Sur des coquilles vivantes, mais jusqu’à ce jour,
connues seulement à l’état fossile, et retirées du
fond de la mer au moyen de draguages faits par
M. lorbes, 254 — Considération sur la station
normale comparative des animaux mollusques bival-
les, À. D'Orbigny, 411. — Sur l’éolidine para=
doxale, Quatrefages, 1040.
. v. INSECTES, ANNÉLIDES, CRUSTACÉS.
Sur une nouvelle espèce du genre drilus, Lucas,
11. — Sur les vaisseaux biliaires ou le foie des in-
sectes, L. Dufour, 151. — Mœurs, développe-
meut et mélamorphoses de la caridina dumaretii,
Milne Edwards, 326. — Sur quelques insectes
ob.ervés pendant l’éclipse de soleil du 8 juillet, À.
Villa, 541. — Nouveau genre d’orthoptères de la
famille des mantides, Guenèin-Menneville, 569. —
Sur la ligidie de Persoon. Lereboullet, 960. — Sur
les métamorphoses de la porcellana longicornis et
description de la zoé qui est la larve de ve crustacé
Félix Dujardin, 1139.
$: VI. ZOOPHYTES , INFUSOIRES,
MYCROSCOPIQUES.
Sur un nouveau genre de médullaires, prove-
nant de la métamorphose des syncorynes, Du-
jardin, 1070.
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS INDUSTRIELS, AGRICOLES.
Û. 1. ARTS MÉCANIQUES.
Machine à forger, Ryder de Bolton, 178. —
Modification aux machines à fabriquer le papier,
T. Sweelapple, 178. — Procédés employés dans
la fabrication du papier de tenture pour obtenir, à
peu de frais, de grandes figures coloriées, 231, —
Machines à vapeur sur les établissements affectés
à leur construction, Calla, 276, 307, 367,398, 420,
447. — Pièce d’horlogerie indiquant les millièmes
de seconde, 330. — Nouvelle locomotive de M. Ste-
phenson, 494. — Filatures anglaises, Manchester,
591. — Sur l'action de la vapeur dans les machi-
nes, principalement dans celles d'épuisement usitées
dans le comté de Cornwall Combe, 151, 754. —
Nouveau procédé pour rouir le chanvre et le lin
sans aucune insalubrité, Rouchon et Gisquet, 962.
Moÿens de peigner et de préparer les matières fila=
menteuses, Smith et Buchanan, 916. — Foulon à
percussion pour le dégraissage et le lavage des draps,
1042. — Machine à faire des biseaux sur des
planches de cuivre, 1074. — Voiture pour l'en-
rayage ct le dételase des chevaux, Fusz, 1106.
à
j.
V
$: 11. ARTS MÉTALLURGIQUES.
Nouveaux procédés de fabrication du fer, au
moyen du gaz des hauts fournaux, 115. — Progrès
de la fabrication du fer à l'anthracite, en Amérique,
Johnson, 153. — Moyen de recouvrir les surfaces
métalliques, Tatbot de Laycoock-Abbey, 207. —
Action de l'air et de l’eau sur le fer, Mallel, 275.
— Nouveau système des chaudières des brasseries
belges de Louvain, La Cambre et Persac, 369.—
Modifications dans la structure du fer après sa fabri-
cation, Hood, 370. — Nouveaux moyens de fabri-
quer le fer, Meckenheim, 548. — Sur les modifi-
cations dans la structure du fer après la fabrication,
Charles Hood, 617, 664. — Sur l’état présent et
à venir de la houille et du fer dans la Grande-Bre-
tagne, 780. — Machine pour faire les clous de fer
à cheval, 834. — Application du gaz des hauts
fourneaux aux traitements métallurgiques, 873. —
Gravures en relief sur métaux par un nouveau pro-
cédé, 913. — Fabrication des matrices pour estam-
per, Baggaly e Sheffield, 924. — Sur la forme
des essieux des locomotives et de la qualité des fers
qu’il convient d’y employer, 973. — Essieux pour
chemin de fer, 996, — L'acier, 1044. — Grille-
chaîne sans fin pour les foyers, Jobard, 1115, —
Moyens de fabriquer et d'affiner immédiatement le
fer, W. Clay. 4169.
Ô. 111. ART PYROTHECNIQUES.
Sur les effets de la force expansive de la poudre
dans les mines et les armes à feu, Plazanet, lieu-
terant-colonel du génie, 16.
f. 1V. CONSTRUCTIONS.
Édifices à l'épreuve du feu, Dyer, 156. — Mai-
sons en bois, 925. — Bureaux à l'épreuve du feu,
Cubit, 994.
(3 V. ARTS CHIMIQUES.
De l’emploi du sulfate acide d’alumine artificiel
dans la teinture et l’impression des matières anima—
les et végétales, 6%. — De l'emploi du naphte en
Perse, comme matière éclairante, 90. — De l'emploi
du suifate acide d’alumine artificielle dans lateinture
et l'impression des matières animales et végétales
(2e art.), 137. — Du tannage mécanique et de ses
perfectionnements récents, 298, 273, 327. — Pro-
cédés d’impressions en creux et en couleur sur cuir
et sur peau, Bazin, 352. — Application des cou=
leurs sur les cristaux dans lesquels il entre du plomb,
Robert, 511, — Carton imprégné de divers oxi-
des et destiné à remplacer les cuirs à rasoir, Finot,
372. — Sur les moyens de reconnaître la présence
de l’acide sulfureux dans les produits du commerce,
Fordos et Gélis, 468. — Éelairage à l'alcool,
Emile Castelnau, 546. — Emploi du mactura au-
rantiaca à la teinture, le docteur Mierques, 570.—
Moyen d'imprimer les étoffes, Kent Kingdon, 571.
Moyen de coller les papiers, Midleton, 589. — En-
collage des chaînes pour tissus, Andrew, 590. —
Préparation d’un jaune chrôme jonquille, Winter-
feld, 109. — Falsification de la cochenille, 757, —
Colle végétale, Jefferg, 834. — Perfectionnément
dans la fabrication des chandelles, Palmer, 851.—
Procédé pour le blanchiment, la purification et le
raffiuage des suifs et autres matières organiques
grasses, Watson; 899, — Nouveau procédé de fae.
brication du blane de céruse, Gannal, 915. — Fa-
. brication d’un combustible artificiel, Æur{z, 948.
— Sur l'éclairage par les huiles essentielles de
houille, de schiste, etc., Busson du Mouriez et
Rouen, 962. — Sur la paille de mil comme sub-
slancé colorante, Sch/umberger, 996. — Histoire
de l'opération de teinture, 1024, 1074, 1089. —-
De l'emploi du gaz comme combustible, dans les
foyers industriels, Thomas et Laurent, ingénieurs,
1115. — Nouveaux moyens de dorer et d’argenter
au trempé, Level, 1142.
Ê. VI. ART. TYPOGRAPHIQUE.
Procédé pour obtenir par la pression sur du cui -
vre métallique des copies de médailles et d'autres
objets semblables, Osann, 373.
{. VII. CHEMINS DE FER, BATEAUX ET MACHINES
A VAPEUR.
Des accidents sur les chemins de fer, de leurs
causes et des moyens de les prévenir, Locart, 292.
— Bateau à vapeur à roues, à aubes horizontales et
noyées, Fauloy, 583. — Locomotive fonctionnant
avec deux fois moins de combustible que celles ordi-
V1
paires, 782: — Sur les explosions des machines à
vapeur, Sorel, 714.
Ê. vi1r. EXPOSITION DE L'INDUSTRIE.
44e exposition des produits de l’horticulture,
192, 877.
Ÿ. IX. ECONOMIE INDUSTRIELLE.
Procédé pour préserver les puits des mines de
certains gaz irrespirables, 782, — Nouvelle dispo-
sition des bassines de sucre, 835.
Ÿ. X. ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Nouveau procédé pour la salaison des viandes,
Payne, 980. — Conservation des substances ali-
mentaires, J. @., 472, 496, 571, 618. — Système
raisonné des prises d'air et des bouches de chaleur
des poëles et des calorifères, Darcer, 636.—Eclai-
rage par l'alcool, 544.
AGRECULEURE.
Ê. 1. QUESTIONS GÉNÉRALES.
Notice sur le chène de Saint-Jean dans la forêt
de Compiègne, Potrson, inspecteur des forêts de
la couronne, {8.— Sur la variété du blé, dit de
Sainte-Hélène, D'Hombres, 37. — Considérations
sur les céréales et principalement sur les froments,
Loiseieur de Lonchamps, 89. — De l'époque la
plus favorable pour la récolte des froments, le
mème, 118, 157. — De la faculté germinatuive du
froment, 458, 179. — De l'agriculture dans
l'ouest de la France, Leclairc-Thouin, 193. —
culture du mürier-loup, 208. — Culture du coton
dans le midi de la France, 215. — De la conser-
vation des blés, 256. — Industrie vinicole, le
comte Odart, 422. — De l'amélioration des prés,
Félix Villeroy, 449. — Culture du cotonnier dans
l'Hérault, 592. — Préparation de la semence de
froment, pour préserver celui-ci dela nielle, 620.
— Cultures des sols calcaires. 588. — Considéra-
tion sur l'agriculture de la Sicile, le doct. Cuppar,
783. — Considération sur les céréales, Loiseleur
de Longchamps, 853. — Engrais, expériences sur
le guano, 950. — Du micocoulier et de ses usages,
D'Hombres Firmain, 1021.
f. 11. INSTRUMENTS AGRICOLES.
Brouetle composée ou brouette jardinière, 594.
— Nouvelles pierres artificielles pour aiguiser les
Fauls, Bossin, 904. — Nouveau grefloir, Berge-
vin, 998.
$. 111. ÉCONOMIE AGRICOLE.
Sur lagriculture de l’ouest de la France, considé-
rée spécialement dans le département de Maine-et-
Loire, 209. — Du topinambourg comme nourriture
des bestiaux, 232. — Essai sur la croissance des
arbres, D'hombres-Firusac, 281, 306, 331. —
Considérations sur les sevheresses qui affligent les
cantons élevés dans les années où les pluies sont
rares et sur les moyens d'y remédier, Loiseleur de
Longchamps, 353. — Engrais liquides, 374. —
Comparaison des bœufs avec les chevaux. 373. —
Nourriture des moutons avec du pain, Hermann
de Lockalelli, 687. — Sur la cire des abeilles,
Lewy de Copenhague , 158. — La carie du fro-
ment, 879. — Maitre Jacques Bujault, 902. —
L'ergot du seigle, 926, — De quelques engrais et
de leur emplois Tourbe, 1091. — Vase-boue des
rues, Sables coquilles, 1118, — Chaumes des
trèfles. 1443.
Û. 1V. ANIMAUX DOMESTIQUES.
Éducation des animaux domestiques, Teæier,
181.— Races chevalines orientales, Hamont, 277.
— Méthode orthopédique pour le redressement des
cornes des taureaux et des génisses, Lassarade,
516. — Concours pour un prix relatif à la phthisie
pulmonaire sur le gros bétail, 689. — Fièvre 1y=
phoide chez les animaux, 784. — Les races de
chevaux ct de bœufs de l’Anjou, Leclerc-Thouin,
1045, 1092, 1119, — Sur l'aptitude des juments
et des pouliches à disputer les prix des courses,
De Romanet, 1105. — Influence de la douceur
envers les animaux, Magne, 1144.
À. vr. ENTOMOLOGIE AGRICOLE.
Nouveau moyen pour détruire les insectes, 47. —
Histoire du thrips olivarius, le vicomte de Thury,
259.
Û. V. MAGNANERIES.
Sur quelques progrès de l’industrie séricicole en
| Cambessède, 4.
TABLE DES MATIERES
en 1842, 500. — De la muscardine Felice-Amalo
Duboin de Turin, 519. — Sur les moyens d'ap-
précier Ja pureté de l'air dans les magnanneries,
Robinet, 879. — Nouveau système de filature des
cocons, 90.
À. VI. MEDECINE VÉTÉRINAIRE.
Emploi de l'arsenic à haute dose pour le traite-
ment de la pleurésie chronique chez les moutons,
— Sur l’angine gangréneuse ,
Rigal, 32. — Sur l'acide arsénieux considéré
comme remède chez les animaux domestiques, Ro-
gnelta, 52. — Note de MM. Danger et Flandin au
sujet de l'emploi de l'arsenic chez la race ovine,
52. — Rapport de M. Magendie sur la même
question, 50. — Nouvelle note de MM. Danger et
Flandin à ce sujet, 99. — Maladie analogue au
hoquet de l'homme observée sur un cheval, Palu,
182. — Tumeurs du mésentère et des valvules tri-
cuspides du cœur, Thomas Mather, 213, 291. —
Addition au mémoire de MM. Danger et Flandin
sur l’arsenic, 388. — Sur le tournis des moutons
et sur l'æstre qui le produit. 927.
HORTICULTURE.
Quelques nouveaux détails sur l'origine du Pau-
lowsnia imperialis, Bossin, 213. — Greffe du
châtaigner sur le chène, 258. — Notice sur les
dablias, Bossin, 309, 333. — Importance de lé-
chenillage, 335. — Taille de formation pour les ar-
bres fruitiers dans les pépinières, 378. — Culture
des gladiolus à l'air libre, 379. — Observations sur
la théorie de Van Mons, Loiseleur de Longchamps,
400. — Modifications à la taille du pêcher, Pa-
quel, 423. — Culture des fougères, Neumann,
470, — Considérations sur les pivoines en arbre,
His, 498. — Système de plantation de pins et de
| sapins, 518. — Sur la taille du mürier, Richard,
640. — Sur la récolte des graines, Joubert, T09.—
| Appareil du sieur Lecoq pour faciliter la reprise des
| boutures, 756. — Sur les cultures florales de quel-
ques villes de France, Bossin, 952, 978. — Un pa-
lais pour les fleurs, 954. — Nouveau greffoir-Ber-
gevin, 998,
SCIENTES HISTORIQUES.
f. 1. FAITS GÉNÉRAUX.
Cabinet archéologique de M. de Comarmond, à
Lyon, Ernest Falconet, 693.
Ô. 11. PHILOSOPHIE, LINGUISTIQUE;
PHILOLOGIE,
Essai de psychologie empirique pour servir de
base à une symptomatologie de la folie, Par-
chappe, 245. — Classification des racines chi-
noises, 669. — Essai d’une grammaire des îles Mar -
| quises, Lesson, 859, 909, 981, 1002, 1051.
(. 11. HISTOIRE.
Les gloires de la France, — Godefroy de Bouil-
| Jon. — Suger. — La reine Blanche. — Madame de
| Sévigné, 460. -- Recherches historiques sur la
| perspective, Thenot, 521, 762, 908. — Note sur
les druides, Constancio, 1006. — Un mot sur les
populations anglaises de l'Afghanistan, 1122, —
Recherches archéologiques sur le Crotoy, Labourt,
1149.
Û. 1V. ÉCONOMIE SOCIALE.
Question des sucres, C. B. Fraysse, 254. —
Question vinicole, le même, 325. — De l’industrie
des sucres, 348. — Un mot sur le mémoire de
M. Léon Faucher, relatif au système monétaire,
Constancio, S11.
Û. v. MANUSCRITS, MINIATURES ; CARTES, AU-
TOGRAPHES ; CHANTS ANCIENS, LIVRES IM-
PRIMÉS RARES.
Lettre inédite de Linné, 759.
Û. vI. MONUMENTS ANCIENS, RUINES.
Sur une brique de l'ancienne Babylone, Dureau-
Delamalle, 410.
Ê. VI. MONUMENTS GRECS.
Sarcophage antique et frise du temple de Diane à
Magnésie, apportés en France par les soins de
M. Texier, 1079.
Ê. VIII. MONUMENTS ROMAINS.
Sur la distribution, la valeur et la législation des
eaux dans l’ancienne Rome, Dureau-Delamalle,
495, 475,
$. IX. MONUMENTS DJ MOYEN-AGE
Sur les édifices les plus remarquables du départe-
ment de la Sarthe, 19, 65. — Canton de Saujon,
arrondissement de Saintes, Lesson, 141, 162, —
Habitation de larchitecte Philibert de Lorme,
C. Grouet, 185. — Canton de Cozec, arrondisse-
ment de Saintes (Charente-Inférieure), Lesson, 237,
— Canton de Gemozac, Lesson, 284, — Canton
de Gemozac, 311, 557, 382, 597. — Canton de
Saintes, 620, 837, 950, 956, 1121, 1170. — Sur
l'architecture du moyen âge dans le Forez, l'abbé
Roux, 549.— Notre-Dame-des-Miracles, à Mau-
riac, Delalo, 862.
f. XII. MUSÉES , COLLECTIONS.
Acquisitions d’antiques pour le musée de Dijon,
792. — Rapport sur la collection de madame de la
Sayette, de la Sicotière, 1076.
(. XIV. SÉPULTURES, MOMIES.
Sépultures antiques à Quatre-Mares, A. Deville,
718.— Nouvelles découvertes de cercueils à Quatre-
Mares, 787. — Tombeau de Pétrarque, 1103. —
.$ XV. USTENSILES , MEUBLES SACRÉS ET PRO-
FANES, VÉTEMENTS.
Notice sur les calices depuis l'établissement de la
religion chrétienne, Barraud, 41. — Palenes,
68.
$. XVI. BIJOUX, ORNEMENTS ANTIQUES,
DIVERS,
Costumes, ornements et décorations du moyen
âge depuis le 7° siècle jusqu'au 178, Henry Schaw,
645.
Û. X. FOUILLES ET DÉCOUVERTES.
Fouilles du château Gaïlard dans lParrondisse-
ment du Hävre, Pabbé Cochet, 261.
GEOGRAPHIE.
Ô. 1. QUESTIONS GÉNÉRALES.
Sur les cartes en relief de M. Bauerkeller, Jo-
mard, 427.
$. ir. EUROPE.
Défrichement du lac Haarsem, en Hollande, 188.
— La Valachie, 669, 742.
f. 1. AFRIQUE.
Résultat des voyages à la découverte des sources
du Nil-Blane, 20. — Sur les pays limitrophes de la
Nubie et du Sennaar, Gautier d'Arc, 45. — Car-
thage, 94, —- Ruines de Carthage, F. Flachènaker,
476, 525, 551, 515.
$. 1Y. AMÉRIQUE.
Sur un nouveau projet de canal à travers l'isthme
de Panama, Warden, 119. — Notice sur le Yuca-
than, 406, 503, 599, 623, 646, 717. — Séjour aux
| îles Marquises en 1840. Lesson, 764, 738, S13. —
| Voyage en Californie, Duflot de Mofras, 883,
931. — Voyage dans le Chili et à Cusco, Claude
Gay, 1029, 1078, 1100, 1171.
f.xr. VOYAGES SCIENTIFIQUES.
Extrait des souvenirs de voyage dans l'Italie sep-
tentrionale, le baron d'Hombres Firmas, 693.—
Voyage dans le Chili et à Cusco, patrie des anciens
incas, Claude Gay, 957. Voyage de la Danaide,
983.
STATISTIQUE.
Sur les développements de la Caisse d'épargne de
Paris et leur influence sur la population parisienne,
C. Dupin, 70. — Population de la Belgique, 384.
Statistique des individus atteints de folie en Angle-
terre, 527. — Statistique des bibliothèques de
France et de Paris. 4007.
Etablissements publies.
SOCIÉTÉS SAVANTES EN FRANCE.
INSTITUT DE FRANCE.
Séance annuelle, 769, 793. — Prix décernés :
prix de phylologie comparée à M. Lafaye, 769. —
Prix proposé, 170. — Sur l’origine du Boudhisme,
Burnouf, 793. — Notice sur la vie et les ouvrages
de Nicolas Poussin, Raoul-Rochette, 193. — Sur
là polygamie en Orient, Blanqui, 795.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séances ordinaires, pages 1°, 49, 99, 145, 241,
289, 385, 409, 457, 505 553, 601, 647,675, 721,
8 17,863, 9L0, 960, 1008, 1056, 1104, 1153.
Nominations : Nominations de M. Audral, 241.
— De M. Rayer, 299. — De M. Hansen, membre
correspondant, 339. — Nomination de M. Lamé,
409. — Nomination de M. Henry Roze,-chimiste
de Berlin, en qualité de membre correspondant, 457.
__ Nomination de M. Velpeau, 601. — Nomina-
tion de M. Langier, 1056.
ACADÈMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance annuelle, 999. — Séances ordinaires, p.
58, 49, 92, 97, 138, 193, 255, 283, 336, 555,
404, 452, 501, 549, 595, 643, 668, 712, 760;
810, 857, 907, 954, 1850, 1096, 1147. — For-
mation du bureau, 92. ;
Prix proposé : de la certitude. Sujet proposé
pour le concours de 1846, par la section de phylo-
sophie, 857. — Prix proposé pour 1844 et 1845,
999.
Nominations : De M. Duchatel, 38. — De
M. Williams Senior. 482.
Compte-rendus des communications. — Sur la
condition légale des débiteurs à Rome, Gyraud,
38, 501, 349. — Sur le travail et la condi-
tion des enfants employés au liavail des mines en
Angleterre, Villermé, 92, 138.— Sur le contrat de
société civil et commercial, Troplong, 93, 139,
183. — Deplacement de la population de Paris,
. Benoiston de Châteauneuf, 255. — Des pouvoirs
éminents des papes, Berryat Saint-Prix, 236. —
Sur les aliénés, les sourds muets et les aveugles des
Etats-Unis, Ramon de la Sagra, 256. — Biblio-
graphie de Spinosa, Damiron, 283. — Réfutation
de la doctrine de Broussais, Dubois d'Amiens,
283, 356, 353. — Notice sur Néron, Nodel, 556.
— Sur la politique de Louis XI, Michelet, 355. —
Sur les mœurs et le langage des habitants de la
Bretagne, Villermé, 356, 405. — Sur les recense-
ments en Amérique, Vüllermé, #04. — Sur la lé-
gislation douaniaire de la France avant Colbert,
Wolowski, 432. — Budjet romain sous le règne
d’Auguste, Dureau de la Malle, 595. — Lettres
inédites du père André, Cousin, 643, 668. — Sur
la population de la Grande Bretagne, De Chäteau-
neuf, 64%. — Caractère de la domination romaine
dans la Gaule et la Grande Bretagne, Bonnechose,
645. — Sur la colonisation de l’Algerie, Enfantin,
72. — Sur l'or et sur l'argent, comme étalons de
la valeur, Léon Fauché, 712, 161. — Observa-
tions sur le Mémoire de M. Faucher, Moreau de
Jonez, 810. — Sur la théorie de la raison imper-
sonnélle , Boudllé, 810. — Histoire de la législa-
tion‘ancienne en Auvergne, Bayle Mouillard, 858.
— Sur le pouvoir municipal dans les provinces du
Midi, et sur les sources de l’histoire de la ville de
Strasbourg, Giraud, 907. — Sur l’agriculture de
la Bretagne, De Chäleauneuf, 907. — Sur les
coutumes de Pretagne, (riraud, 955. — Eloges de
Daunou, Mignet, 1001. — Examen de quelques
reproches adressés aux tendances industrielles de
notre époque, Dunoyer, 1050, 1096. — Sur
les avantages commerciaux à la suite des traités
faits entre la Chine et la Grande Bretagne, Blanqui,
1147, — Notice sur Barnave, Beranger, 1148.
ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-
LETTRES.
Nomination de M. Ampère, 47.
SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séances, 86, 177, 347, 445, 545, 636, 686,
107, 810, 994, 1088.
Nomination : M. Philipart en remplacement de
M. Soulange-Bodin, 177. SRE
Prix proposés : prix de 2000 fr, pour la théorie
et la pratique des assurances de tout genre, 178,
972. — Pour un moyen de rendre l'alcool im-
propre à entrer dans les boissons usuelles, 545. —
Prix de 2000 fr. pour le moyen de rendre l'alcool
impropre à entrer dans les boissons; pour la cul-
ture des plartes nouvelles, 708.
Prix décernés : à M. Vaudoyer et Valadon, 545.
— Duval, Boulard, pour les moyens de prévenir
l'humidité dans les constructions, 546. — Tesson
et Pinon, pour la construction des creusets, 546.
— Fauger et Henry Richelot sur les associations al-
lemandes, 656.
DU 1 SEMESTRE 1843.
Comptes-rendus : Sur des tableaux représentants
des objets industriels, exécutés par Knab, À. Du-
rand , 81. — Sur une machine pour tailler les
bouchons de liése, Cassa, 87. — Sur le concours
relatifs à l'introduction en France des plantes exo-
tique, Leclerc-Thouin, id. — Nouveau manomètre
de M. Thomas, 177. — Procédés de M. Aubert,
pour recouvrir la perkaline, les ouvrages brochés
ou réliés, 177. — Sur l’industrie sucrière, 272. |
— Lévier frain de M. Huau. — Observations au
sujet de la loi présentée sur les brevets d'invention,
Franceur, 347. — Rapports sur les résultats du
concours relatif aux perfectionnements des arts cé-
ramiques, Gauthier de Chaubry, 445. — Sur la
fabrique de fer creux de M. Gaudillot, 446.—
Sur le dégorgement des sangsues, Husard, 446. —
Sur l'héliostat de M. Sibermann, Seguier, 446.
— Rapport sur le résullat du concours pour moyens
de prévenir l'humidité dans les constructions,
Gourtier , 545. — Rapport sur la fabrication des
creusets, 546. — Rapport sur la rédaction d’un
Mémoire relatif aux douanes allemandes, 546. —
Marbres artificiels de M. Maurin, 686. — Sur la
mature du frein dynamométrique de M. Martin
et Reymondon, 686. — Compas à étipse de Volo-
awilz, 686. — Figures en carton pour donner les
reliefs de certains corps géométriques, Dupin. —
Machine à écrire pour les aveugles, 686. — Bar-
rage mobile de M. Thenard, 687. — Perfection-
nements du mécanisme des treuils, Huan, 809. —
Rapport sur les procédés de M... Sajon, pour les
dessins de tapisserie analogue à celle de Berlin,
Vallot, 994,—Echelle équerre, Chaussenot, 1089.
SOCIÉTE DE GEOGRAPHIE.
Séance générale et annuelle, 45, 840, 861. —
Rapport sur les prix proposés, 851.
SOCIETE GEOLOGIQUE DE FRANCE.
Composition du bureau, 102. — Séance extraor- :
dinaire à Poitiers, 1127.
SOCIETE ROYALE DES ANTIQUAIRES.
Séances, 102, 408, 503, 767, 1151. — Formae
üion du bureau, 102.
SOCIETE FRANÇAISE POUR LA CONSERVA-
TION DES MONUMENTS.
Séances ordinaires, 140.— Prix décernés, 141.
SOCIETE POUR LE PATRONAGE DES JEUNES
GARÇONS.
Fondation de la société, 512.
SOCIETE ROYALE ET CENTRALE
D'AGRICULTURE,
Séances, 733. — Prix décernés, 733. — Prix
proposés pour 1844, 73%. — Pour 1845, 735. —
Pour 1846, 735. — Pour 1848 et 1850, 756.
INSTITUT HISTORIQUE.
Neuvième congrès. Programme des questions,
836. — Séance d'ouverture, 886.
SOCIETE ORIENTALE,
Questions proposées, 1004.
SOCIETE DU MAGNETISME DE PARIS.
Reconstitution, 1151.
COURS PUBLICS.
Cours d'économie sociale de M. Blanqui, au Con-
servaloire des arts et métiers, 15, — Cours. de
M. Dumas, à la Sorbonne, 73.— Cours de M. Or-
fila, 112, 133, 439, 466, 484, 515, 537, 565, 584,
613. Cours d’embryogénie comparée, de M. Coste,
192, — Cours de chimie à l’Athénée, de Moyen-
court, 240. — Cours de langue malaye et javanaise,
de M. Delaurier, 431. — Cours de botanique et
de physique végétale, de M. Adolphe Brongniart,
professeur au Muséum d'histoire naturelle, 816. —
Cours d’organogénie comparée, de M. Coste, 1055.
Cours de M. Quinet, au collége de France, 1098.
SOCIÉTÉS SAVANTES EN PROVINCE.
CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Onzième session, à Angers, 432,
SOCIÉTÉ DES SCIENCES, ARTS ET LETTRES DE
PAU, 026.
vi]
SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE LA MORINIE. 527.
SOCIÈTÉ DES ANTIQUAIRES DE LA
NORMANDIE, 592,
SOCIÉTÉ D’AGRICULTURE DES DEUX-SÈVRES.
Concours pour l'élève du mürier, 672.
SOCIÉTÉ VÉTÉRINAIRE DES DÉPARTEMENTS
DE L'OUEST.
Concours pour un prix relatif à la phthisie pul-
monaire sur le gros bétail, 689.
SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES, ARTSET BELLES-
LETTRES DE CAEN,
Prix proposés, 720.
SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE DE SAINT-OMER.
Exposition d’horüculture, de peinture, et des
produits de l'industrie pour les départements du
Nord et du Pas-de-Calais, 744,
CONGRÈS ARCHEOLOGIQUE À POITIERS.
432, 1007; 1027.
Séance du 2, 5, 4 et 5 juin. 1053, 4099.
SOCIÉTÉS ÉTRANGÈRES.
ANGLETERRE.
Sociéte asiatique de Londres, 883.
ALLEMAGNE «
Société royale d’archéologie de Copenhague. —
Compte rendu des séances, 581.
ITALIE,
Association agricole à Turin, 7617, S40. —
Prix proposés, — Quelle influence la culture des
rizières peut avoir sur la santé de l'homme, et indi-
quer les moyens bysiéniques les plus efficaces pour
concilier cette culture avec la santé des personnes
exposées à son influence, 840.
AMÉRIQUE.
Sociélé d’'horlicullure de Massachusetts (Amé-
rique seplentrionale), 456.
BIBLIOGRAPHIE.
Pages : 48, 79, 96, 102, 144, 168, 192, 216,
240, 264, 288, 319, 360, 584, 408, 432, 456; 480,
504,528, 552, 576, 600, 624, GA, 672, 696, 720,
768, 192, 840, 910, 935, 1007, 1031, 1055., 1079,
1103, 1151, 1175,
NECROLOGIE:
Félix de Boissy, 934, 1057, Barbier du Bocage,
959. — Lacroix, 959. — Bouvart, 1057.
BULLETIN MEXEOROLOGIQUE DU MOIS.
Pages : 166, 167, 168, 353, 359, 360, 528,
670, 671, 672, 933, 934, 935, 1125, 1126, 1127.
FAITS DIVERS.
Réorganisation de l’école des chartres, 48. —
Nomination de M. Gyraud comme inspectenr ex-
traordinaire des écoles de droit, 72.— L'arbre de
Martigny, 264. — Propagation de la truffe, 336.
— Pétition de la société industrielle de Mulhouse
au sujet de la loi sur le travail des enfonts dans les
marufactures, 309. — Guérison des maladies des
yeux, 408. — Graines de plantes rares du jardin
de Padoue, 432. — Le prince Charles Bonaparte,
membre honoraire de l'Académie des sciences de
Saint-Pétersbourg, 504.— Découverte du brouillard
des aphorisme d’Hypocrate, écrit en quatre langues,
par Marc-Antoine Gaiot d’Annonay, 527, — Per-
fectionnement au Daguerréotype, 62%. — Echenil-.
leur de M. Arnheiïter, 624. — Nappe d'eau chaude
au milieu de la mer, 768. — Ossements d’animaux,
découverts dans une carrière de Durham Down, 768.
— Trophées d'armes sculptées, du dix-huitième
siècle. — Ouverture du cours de M. Arago, 792. —
Proscription de la vaccine au Paraguay, 840. —
M. Huot, 886. — Procédé pour rendre les pierres
et les briques imperméables, 910. — Piles de char-
bon perfectionnées par Deseuil, 983.— Mission de
M. de la Pilaye pour visiter les monuments druidi-
ques de la Francé, 1175. — Essai d'un appareil
pour remplacer une pompe à incendie de première
force, 1175.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES,
ÉCHO
PLAN ET BUT DU JOURNAL.
La science aujourd’hui {ouche à tous les
intérêts de la société, à tous les plaisirs de
l'intelligence , et tout le monde veut suivre
son mouvement, ses progrès : le savant et
l'industriel, pour féconder la spécialité qu’il
a embrassée ; le littérateur et l'artiste, pour
enrichir l’œuvre de son imagination, et
l'homme du monde pour occuper utilement
ses loisirs et apprécier toutes les créations.
Les connaissances encyclopédiques ont péné-
tré partout, parce qu’elles sont utiles à tous.
Au milieu de cette tendance générale, au
milieu de tous ces écrits qui s’impriment en
Europe pour chaque branche de la science,
il est important qu’il y ait un foyer commun
où viennent se concentrer toutes les spécia-
dités, une feuille encyclopédique qui enregis-
fre avec ensemble et méthode les découver-
tes et les perfectionnements, pour répandre
ensuite dans tous les pays le nom et les tra-
vaux des hommes dévoués aux sciences. Tel
est le but que l’Écho du Monde savant s'offre
d’atteindredepuis quatre ans.sous la nouvelle
direction de M. le vicomte ADRIEN DE LAVA-
LETTE.
Ce journal, quirenferme par an la matière
de QUARANTE-SIX VOLUMES ordinaires in-#°,
et qui, dans chaque semestre, publie, comme
onle voit par les tables des matières, plus
de deux mille articles, est, sans contredit,
aujourd’hui, le plus complet des journaux
scientifiques des deux mondes : aussi est-il
demandé pour les bibliothèques et les grands
établissements d'instruction publique. Sou-
tenue par les savants les plus distingués, ai-
dée par de nombreux correspondants, nour-
rie par tous les écrits scientifiques publiés en
Europe, la rédaction ne laisse échapper au-
eun fait important dans les sciences, les arts
industriels et l’agriculture, et elle tâche tou-
jours de tenir un juste milieu entre les longs
mémoires que l'on ne lit pas, et les analyses
trop courtes qui ne rendent pas clairement
la pensée de l’auteur.
L'Ecuo pu monDe s\vanr parait le jeudi et le di-
manche en 24 colonnes petit in-folio, et donne ré-
vulièrement : 4° les observations météorologiques ;
Do les nouvelles scientifiques; 3° le compte rendu des
académies et des sociétés savantes de tous les pays;
%o les travaux des savants des deux mondes dans
toutes les sciences; 5° la bibliographie ; 6° les cours
scientifiques.
Des figures descriptives accampagnent le Journal
toutes les fois qu'elles sont nécessaires à l'intelligence
du texte,
Une table des matières est toujours le prospectus
le plus vrai, le plus complet, et elle peut seule faire
apprécier d’une manière juste l'importance d'un
journal et la part que prend à sa rédaction chaque
collaborateur.
CONDITIONS D'ABONNEMENT,
On s’abonne à Paris, au bureau du Journal,
rue des Beaux-Arts, 6, près du palais des
Beaux-Arts , au prix de:
3 mois. 6 mois. t'an*
PARIS, 7 ff.» 13 f. 50 95 f.
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départements :
L'ECHO DE LA LITTÉRATURE
ET DES
BAUX-ARTS DANS LES DEUX MONDES
dont le prix est de 10 f. par an pris séparément,
Ce recueil, qui paraît le 25 de chaque mois,
donne régulièrement : 1° la revue critique
des ouvrages nouveaux, en France ei à l’é-
tranger;2°la chronique littéraire;3e le compte
rendu des sociétés littéraires ; #4 le bulletin
et les nouvelles des beaux-arts ; 5’ la revue
et la chronique des théâtres de tous les pays ;
6, la chronique des salons; 7° la revue des
modes ; 8° la biographie des hommes distin-
gués morts dans le mois ; 9% la bibliographie
littéraire.
(Voyez la table d’un numéro de cette revue.)
L’ECHO DE LA LITTERATURE ET DES
BEAUX-ARTS est indispensable à tous ceux qui
veulent conuaître le mouvement littéraire et artus-
tique dans les deux mondes , étant le seul journal
qui suive ce mouvement d’une manière réguliere et
méthodique.
Au milieu des écrits qui inondent tout les ans la
librairie et le théâtre; il faut un guide pour ehoisir,
un souvenir pour se rappeler : les feuilles sont en
cela insuffisantes, elles s’occupent peu de littérature
étrangère , ne vivent qu'un jour, et lors même
qu’elles sont conservées, on ne peut, faute de table,
y retrouver un compte-rendu noyé dans une foule
d'articles.
Complété par l’Echo de la littérature, V ECHO
DU MONDE SAVANT fait revivre mainte-
nant le BULLETIN UNIVERSEL de M. Férussac,
et forme une REVUE ENCYCLOPÉDIQUE qui
peut remplacer la plupart des recueils publiés
en Europe, et qui devient indispensable à
tous ceux qui veulent être au courant des
acquisitions de l'esprit humain.
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vant reçoivent aussi, moyennant 5 francs
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tements, LES
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MORCEAUX CHOISIS
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dont le prix est de 10 fr. par an pris séparément;
Qui paraissent chaque mois et contiennent
tout ce qu’il y a de plus remarquable dans
les livres uouveaux, les pièces de théâtre, les
feuilletons, les recueils et les journaux. On
y trouve les meilleures pièces de vers, les
plus jolies nouvelles, les pages et les pensées
les plus remarquables de chaque ouvrage,
les anecdotes du mois et ce qu’il y a de plus
saillant dans les chroniques, les albums, les
causeries et les revues. Plusieurs articles
sont inédits.
L’ECHO DU MONDE SAVANT, l'ECHO DE LA
LITTÉRATURE ET DES BEAUX ARTS et les MOR-
CEAUX CHOISIS DE LA LITTÉRATURE DU MOIS,
contiennent ensemble les matières d'environ
SOIXANTE VOLUMES ordinaires in octavo
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RIES, et chez les PRINUIPAUX LIBRAIRES.
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kaus et Avenarius, rue Richelieu, 66. — Chame-
rot, quai des Augustins, 33. — Genella, rue Ri-
chelieu, 104. — Roret, rue Hautefeuille, 10. —
J. Renouard, rüe Tournon, 6. — Salva, rue de
Lille, 4. — Schwarts et Gzgnot, quai des Augus-
tins, 9. — Treuttei et Wuriz rue de Lille, 17, —
Grimbert et Dorez, rue des Grands-Augustins, 20.
— Hector Bossange, quai Voltaire, 11. — Daguin
frères, quai Malaquais, 7. — Didier, quai des Au-
gustins, 30. — Rey et Gravier, quai des Augus-
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Lyon, Beaudiers. — Bordeaux , Delpech. —
Toulouse; Douladoure et Pruret. — Nantes, Fo-
rest. — Caen, Huet-Cobourg. — Le Hävre, Le
Normand de l'Osier. — Strasbourg, Alexandre. —
Dijon, Douillier. — Sens, Théodore Tarbé, —
Rouen, W'arney et comp. — Metz, Verronnais.
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dam, Conongetle. — La Haye, Fan-Cleef. —
Borda, Bræsse et comp. — Gand, Dujardin. —
Milan, Dumolard fils. — Anvers, Fan- Woile. —
Florence, f'ieusseux. — Athènes, Vas. — Reit-
zel. — Zurich, Fuessey et comp. — Leipzick, Mic-
kelsem. New-York, Berard et Mondon. —
Mevico, Mariano-Galban. — Rio-Janeyro, Da
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commence au premier janvier 1510, elle sera composée de dix volumes. Les six premiers volumes de cette série (comprenant les années
1840, 1841, et 1842), seront donnés pour 60 fr. au lieu de 75 fr., à tout souscripteur de l'année 1543.
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PARIS,
TT
œ
: DCS
SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 2 janvier 1843.— SCIENCES
PHYSIQUES. Rapport sur un mémoire de M. le
docteur Poiseuille ayant pour ttre : Recherches
expérimentales sur ie mouvement des liquides
dans les tubes de petite dimension; par M. Re-
gnaul. — SCIENCES NATURELLES. M=-
DECINE. Hôpital militaire de Barcelone. Blessés
des 45 et 16 novembre. — ZOGLOGIE. Obser-
vaiions sur une nouvelle espèce du genre drilus ;
Lucas. — Index ornithologique: Lescon. —
SCIENCES APPLIQUÉES. Cours de M. Blan-
qui, de l'Iastitut; À M. — ARTS PYROT£ECH-
NIQUES. Sur la force expansive de la poudre
dans les mines et les srmes à feu ; Plazonet, lieu-
tenant-colonel du génie. — Hydraulique flottant
aspirant de Caligny. — AGRICULTURE, Note
sur le chéne de Saint-Jean dans la forêt de Com-
piègne; Poirson, inspecteur des forêts de la cou:
ronne, — ARCHÉOLOGIE. Edifices les plus re-
marquables dans le département de la Sarthe;
GEOGRAPHIE. — Résultats des voyages à la
découverte du Nil Blanc.
DIRE Ce
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 2 janvier.
_ L'Académie avait à nommer un vice-
- président à la place de M. Dumas, qui
passe cette année à la présidence. Cette
nomination a été vivemeut discutée, ce
n’est qu'après trois tours de scrutin que
M. le baron Charles Dupin a été nommé
en cette qualité à la majorité de 30 voix
contre 19,
Entre le comité secret et la séance pu-
blique il n’y a de différence que le genre
de discussions soulevées. Or, les discussions
telles que celle de la séance de lundi, peu-
vent donner une idée des débats du comité
secret. L’Académie qui déplore, par l’or-
gane d’un de ses plus illustres et de ses
plus respectables membres, la présence du
public dans la salle des séances, devrait
éviter de s'occuper publiquement de se;
affaires administratives.
Il s'agissait de nommer deux membres
pour la commission centrale et adminis-
trative. A-t-on nommé, n’a-t-on pas vom-
mé? Nous deyous l'oublier. M. de Blain-
ville, dont nous admirons la verve à ses
excellentes leçons de la Sorbonne, devrait
en dépenser un peu moins à l’Académie.
CHIMIE. — M. Jacquelain adres.e à l'Aca-
démie une méthode d'analyse pour con-
denser el reconnaître des quantités no-
tables où imperceptibles de gaz hydrogène
les
} “UN
RUT DES PETITS AUGUSTINS;21-7E
ne VER TN à
arseniqué. phosphoré ou de gaz sulfureux.
2° Une méthode nouvelle pour extraire
tout l’arsenic d’une matière animale em-
poisonnée.
M. Jacquelain entre dans des considéra-
lions qui établissent, d’une manière claire
et positive, les avantages de la méthode
senic dans les cas d’empoisonnements ou
d'analyse quantitative.
Ainsi, au lieu d’une carbonisation par
l'acide sulfurique d'une dessication de la
matière charbonneuse et d’une attaque à
siccité par l'eau régale ; opérations désa-
gréables. M. Jacquelain fait usage d’un
courant de chloreetopère avec des liqueurs
jaugées.
Quant à la seconde, il évite avec un
tube en S la perte d'hydrogène arsenié
qui se fait par le Eube droit, destiné à
l'introduction de l'acide, ce tube fut-il
effilé, puis recourhé.
Il recueille à l’aide du chlorure d’or des
quantités d'hydrogène arséniqué, fort peu
appréciables. Il évite les pertes de ce gaz,
auxquelles expose l'appareil recommandé
par la commission de l’Académie, quani
on se borne à l’unique emploi du tube
effilé, recouvert de clinquant.
Nous ne reproduirons pas ici la longue
suite d’expériences analogues exécutées
pour recueillir l'hydrogène antimonié ,
danslechlorure. Toutes les opérat:ons diri-
gées de la même façon que pour l’hyüro-
gène arséniqué, ont été suivies de résnltats
aussi précis. Il en a été de même pour l'hy-
drogène phesphoré, car des masses d’hy-
drogène humide circulant à travers un
petit tube contenant 1 centigramme de
phosphore de Barÿum pulvérulent ont
abandonné tout leur hydrogène phosphoré
dans la première courbure du tube laveur.
Mais de ce que l'hydrogène antimonié
peut être condensé par le chlorure d’or
tout comme l'hydrogène arséniqué, il n’en
faudrait pas conclure que lä méthode pour
découvrir l’arsenic dans les matières orga-
niques, serait applicable à lantimoine.
Toute combinaison antimoniale rendue
soluble de manère à ne point le troubler
par l’eau n’abandonne qu'une fraction de
l'antimoine sous forme d'hydrogène ant.-
monié, l'autre se précipite. Cette difficulté
étant prise en considération, il ne faudrait
donc jamais doser l’antimoine d’une combi-
naison au moyen du zine et de l'acide sul-
furique étendu et jamais non plus employer
qu'il propose, pour la recherche de lar-
| 1e
l'appareil à hydrogène
timoine d'une ;
sonnce par cé
d’or exerce
"Puisque le chlorure
action décomposante si
prompte et siéxacte à l'égard d’infiniment
HS fier À ;
petites proporlitas#e gaz sullureux sul-
fhydrique et des Hxd e arséniqué; an-
timonié, phosphoré* cé réactif jouirait en-
core de la même puissance de condensation
à l'égard de ces mêmes composés mélangés
en proportion beaucoup plus grande à
d’autres gaz compatibles. M. Jacquelain a
enfin employé, dans ses analyses, un tube
laveur qui permet d’obtenir les gaz dans
leur plus grand état de pureté.
BOTANIQUE APPLIQUÉE. — M. O Leclerc
Thomis offre à l’Académie trois mémoires
imprimés, les deux premiers relatifs aux
effets du froid sur la végétation, le troi-
sième à lélude des races végétales da
ses rapports avec la naturalisition des p
tes ec des arbres.
Ces traveaux lus à la Société cent
d'Agriculture se rattachent à des questi
de physiologie et de météorologie sur le
quelles M. Oscar Leclerc se propose d’'ap-
peler prochainement l’attention de l’Aca-
démie, dans un nouveau mémoire, à l’oc-
casion de la maturation des fruits de la
vigne.
Tuérap.U:1QUE. — Le docteur Goudret
avait indiqué le 20 juin 1842 l'application
de la flamme à petites dimensions, contre
différentes maladies. Il adresse aujourd hui
à l’Académie plusieurs certificats de per-
sonnes qui se trouvent parfaitement satis-
faites de ce singulier traitement.
M. Cazénave, professeur agrégé de la
faculté de médecine de Paris, présente un
ouvrage intitulé Traité des syphilides, ete.,
accompagné d’un Atlas ix folio, il prie
qu'on veuille bien l’admettre au concours
pour le prix Monthyon.
MÉDECINE VÉTERINAIRE — M. de Gasparin
a fait part à l’Académie d'une expérience
dont nous avons déjà entretenu nos lec-
teurs (Voir notre naméro du 8 septembre).
M. Cambessèdes ayant un troupeau nom-
breux qui, par suite de transitions de tem-
pérature, était attaqué de pleurésie chro-
nique, dont un grand nombre de moutons
était déjà mort, et les autres paraissaient
être dans un état désespéré; apprit avec sur-
prise qu’un garçon chapelier avait obtenu
des succès dans un cas pareil, en adminis-
trant l’arsenic à haute dose. L'état déses-
péré de vingt de ses moutons le décida à
4.
tenter l'expérience; il administra à chacun
trente grammes d'arsenic blanc en poudre,
mélangé avec le sel commun. Sur ces vingt
bêtes, il n’en mourut que deux ; huit jours
après l'empoisonnement, les autres furent
guéris.
Ce premier succès l’encouragea à em-
ployer les mêmes moyens sur le reste du
troupeau de près de cent têtes, et il obtint
le même résultat. La perte totale n’a été
que de sept sur le nombre des moutons qui
avaient pris l’arsenic.
Cette substance n'a produit aucun effet
nuisible sur les moutons dans l’état de santé.
Il semble donc évident que l'arsenic n’est
pas un poison pour les bêtes à laine, et l'on
a assuré à M. Cambessèdes qu'il avait des
effets tout aussi innocents sur le bœuf.
M. de Gasparin appelle avec raison l’at-
tention de l’Académie sur ce fait impor-
tant par ses nombreuses conséquences, et
principalement à propos de l'influence
qu'il peut avoir sur la santé publique.
NOUVEAU SYSTÈME DU MONDE |— « À M. le
ministre de l'instruction publique, chargé
de faire passer le second Mémoire ci-joint
à l’Académie...»
Ce Mémoire, intitulé vrai système du
monde, est dû à M. Godard, astronome de
Vienne. Il est accompagné d’un tablean
représentant Îe plan de ce vrai système et
orné de ces suscriptions assez curieuses :
« L'auteur honore sa patrie ! Il ne recon-
naît qu'un Dieu, qu’un système et qu’un
Godard pour le démontrer.
» Signé, le savant de l’Isère,
» Gaspard Goparp. »
Encore un rival de M. Durand, de Bor-
deaux.
L'académie a reçu dans cette séance les
ouvrages dont les titres suivent :
* Traité élémentaire d' Astronomie, ou con-
paissance de la nature et des mouvements
des corps célestes, par C. Bailly de Mer-
lieux (1). —Mémoria su l’applicazione del
Calcolo dei Residui all’integrazione dell’e
quazioni lineari a derivate parziali di Bar-
naba Tortolini. — Notions sur la machine
analytique de M. Charles Barbage, par M.
L.-F. Menabrea. — Notes économiques
sur l'administration des richesses et la sta-
tistique agricole de la France , par C.-C.
Roger.— Chemie als naturliche grundiage
Wissenschaftlicher_ nafeor - une gerverb-
hunde nach dev wichtigstin resultaten
physikalischer und chemischer forschun-
gen, etc., vou karl Aug. Neumaun. —
Traité des Syphilides ou maladies véné-
riennes de la peau, par P.-L. Alphée Caze-
nave.
La séance est levée à 5 heures.
— pee —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Rapport sur un mémoire de M. le doct. Foi-
seuille, ayant pour titre : Recherches expé-
rimentales sur le mouvement des liquides
dans les tubes de très petits diamètres; par
M. Regnault.
Les hydrauliciens ont cherché depuis
long-temps à déterminer, par la voie di-
recte de lexpérience, les conditions du
mouvement de l’eau dans des tubes; mais
comme ils avaient principalement en vue
l'application au mouvement de l’eau dans
(4) Faisant partie de l’Zncyclopédie portative,
chez Mairet et Fournier, libraires-éditeurs, rue
Neuve-des-Petits-Champs, 59. Nous reviendrons
prochainement sur cet ouvrage.
5
les tuyaux de conduite, leurs essais ont
été faits sur des tubes de grand dia-
mètre. Quelques-uns cependant ont fait
des expériences sur des tubes de quelques
millimètres seulement de diamètre ; il con-
vient de citer, sous ce rapport, les recher-
ches de Dubuat, de Gerstuer et de Girard.
Ce dernier physicien a fait un grand
nombre d'expériences sur l'écoulement de
l'eau et de plusieurs autres liquides à tra-
vers des tubes de cuivre et de verre de
diverses longueurs, maintenus dans une
position horizontale, sous des charges va-
riables de liquide, et il a comparé les ré-
saltats de ses expériences avec les nombres
que l’on déduit d’une formule obtenue par
le calcul. :
Les diamètres des tubes employés par
Girard ont varié depuis 1"", 8 jusqu’à
Je 2,
M. le docteur Poiseuille a entrepris ses
recherches sous un point de vue phy;io-
logique, il a cherché À déterminer expé-
rimentalement les lois qui règlent le mou-
vement de l’eau distiliée dans des tubes de
verre dont les diamètres se rapprochent de
ceux que nous présentent les vaisseaux ca-
pillaires à travers lesquels coulent les li-
quides de l'économie animale. Il a opéré
sur des tubes de verre dont les diamètres
ont varié de 0,40 jusqu’à 0"",02 et sous
des pressions beaucoup plus considérables
que ne l’avaient fait ses devanciers.
Lorsque l'eau-s’écoule dans l'air par un
tube de diamètre très petit, elle ne coule
pas à plein jet, même sous une pression
considérable : l’affinité du liquide pour
la matière du tube le fait adhérer contre
la partie pleine de la section, il s’y accu-
mule, forme une goutte qui grossit et finit
par tomber. Il résulte de là une réaction
en arrière, une pression à l’orifice, en sens
contraire d2 l’écoulement qui est ainsi
continuellement variable et n’arrive pas à
l'état uniforme. C’est ce que M. Poiseuille
a reconnu d’abord par des expériences
directes, et il fait voir que, dans ce cas,
les vitesses d'écoulement ne sont pas les
mêmes dans deux expériences consécutives
faites dans des circonstances identiques en
apparence. L’uniformité ne se rétablit pas
complètement quand on approche l’orifice
du tube de la paroi d’une éprouvette, de
manière à ce que le liquide qui s'écoule,
mouille continuellement cette paroi.
Un moyen d'obvier à cet inconvénient
est de faire couler l’eau au milieu de l'eau
elle-même ; en d’autres termes, il faut que
l'écoulement ait lieu à travers un tube ca-
pillaire qui établit la communication entre
deux réservoirs à la surface desquels s'exer-
cent des pressions différentes.
Nousallons chercher à fairecomprendre,
en peu de mots, l’appareil employé par
M. Poiseuille, et la manière de disposer
les expériences.
Un vase de verre M, sous forme de fu-
seau, communique par sa partie supérieure
avec un tuyau en cuivre qui se rend à un
renflement d’où naissent trois branches.
La première de ces branches est en com-
munication avec uue pompe foulante; la
seconde, communique avec un manomètre
à air libre. Ce manomètre est un mano-
mètre & eau pour les faibles pressions, et
un manomètre à mercure pour les pressions
plus considérables. La troisième branche
cominupique avec un réservoir d'air en
cuivre de forte épaisseur, et ayant une ca-
pacité de 60 litres environ; l'air refoulé
dans ce réservoir, au moyen de la pompe
6
foulante, exerce une pression sensible-
ment constante à la surface du liquide qui
s'écoule.
Le tube capillaire ef, à travers lequel se
fait l'écoulement, est placé dans une direc-
tion horizontale : il est en communication
avec le fuseau et, par suite, avec le réser-
voir à air comprimé, par l'intermédiaire
d'un tube recourbé abcde ; ce dernier tube
est soudé sur la paroi latérale du fuseau.
Cette disposition est indispensable : toutes
les petites poussières qui nagent dans l'air
et dont il est impossible de se garantir en-
tièrement, tendent à se rendre dans la
pointe N du fuseau, de sorte que si le tube
abcde était soudé en N, les poussières pas-
seraiént dans le tube capillaire et apporte-
raient nécessairement une perturbation
dans l’écoulement, surtout quand celui-ci
2 lieu à travers un tube très étroit.
Le fuseau porte donc sur le côté en & une
ouverture à laquelle on a soudé un tube ab
recourbé à angle droit. Ce tube est lui-
même soudé en b à une ampoule A placée
entre deux tubes diamétralement opposés
bc et de, de 374 de millimètre de diamètre
intérieur. Le tube dc est recourbé à angle
droit et se te: mine par un renflement sphé-
roïde, auquel est soudé le tube capillaire ef
à travers lequel on veut étudier l’écoule-
ment. La soudure est faite de telle sorte
que la cavité capillaire du tube se dilatant
brusquement, est en rapport avec celle du
renflement e. Cette disposition est indis-
pensable pour pouvoir tenir compte de la
longueur du tube capillaire; celle-ci serait
difficile à déterminer, si le tube ef, d’un
diamètre beaucoup plus petit que le tube
de, se terminait en cône vers le point de sa
soudure avec ce dernier,
Deux traits de lime en #2 et n sur le tube
vertical abcd servent de repères. Ils sont
placés à une distance de 2 millimètres en-
viron de l'ampoule. La capacité de l'am-
poule et des petites portions du tube ver-
tical a été déterminée préalablement avec le
plus grand soin. :
Une lunette horizontale, munie d’un ré-
ticule, se meut le long d’une coulisse ver-
ticale, et sert à viser de loin vers les points
de repère mn et n.
Le tube ef, ainsi que l’ampoule, se trou-
vent plongés dans un vase en verre plein
d’eau ; le niveau du liquide s'élève jusqu’à
1 “millimètre au-dessous du trait 2. Un
thermomètre plonge dans ce liquide et
donne sa température : pour rendre celle-
ci plus constante, on a placé le vase en
verre au milieu d’un baquet plein d'eau à
la même température.
Cela posé, pour faire l'expérience, on
commence par remplir deau distillée,
filtrée plusieurs fois, la petite ampoule et
le tube aui la surmonte. À cet eflet, on
adapte le fuseau à une pompe aspirante,
on plonge le tube capillaire dans ur flacon
renfermant l’eau distillée. En faisant jouer
la pompe, l’eau est aspirée dans l'ampoule ;
lorsque celle-ci est remplie jusque vers a,
on dévisse le fuseau et on le met en place
dans l'appareil pour faire l'expériance de
l'écoulement. Au moyen d'une pompe fou-
lante, on a préalablement comprime _de
l'air dans le réservoir jusqu’à la pression
sous laquelle on veut opérer. En ouvrant
un robinet, la pression de l'air du réser-
voir s’exeree sur le liquide, et l'écoulement
commence.
La lunette horizontale est dirigée sur le
premier trait de repère 2 : au moment où
le niveau da liquide passe à ce repere, on
7
fait partir un compteur à secondes, et l’on
dirige la lunette sur le second trait de re-
père. L’observateur note maintenant la
température de l’eau et la pression indi-
quée par le manomètre.
Lorsque ampoule est sur le point de se
vider, l'observateur se met à la lunette, et,
au moment où le niveau du liquide passe
au seconde repère, il arrête le compteur.
Il note le nombre de secondes écoulées, et
il prend de nouveau la mesure de la pres-
sion. Celle-ci a varié quelquefois d’une
très petite quantité pendant la durée de
l'expérience; on adopte pour le calcul
la moyenne entre les deux observations.
Les tubes capillaires étaient choisis aussi
cylindriques que possible parmi un très
grand nombre de tubes à thermomètres
en cristal. Leur diamètre était mesuré à la
chambre claire, au microscope, sur une
section da tube convenablement préparée.
On mesurait ce diamètre en un grand
nombre de points, et l’on s’assurait ainsi
si la section du vide intérieur du tube était
circulaire ou elliptique. On ne conservait
que les tubes dont la section était à très
peu près circulaire. et lon prenait pour
diamètre du tube la moyenne géométrique
entre les deux valeurs trouvées sur deux
directions rectangulaires.
— HO RER
SCIENCES NATURELLES.
MÉDECINE,
Hôpilal militaire de Barcelone. — Blessés
des 15 et 16 septembre.
Nous empruntons au numéro de décem-
bre du Repertorio medico, journal de Bar-
celone, les renseignements suivants sur les
blessés qui ont été admis à l’hôpital mili-
taire de cette ville lors de l'insurrection de
cette grande cité.
Les chirurgiens attachés à cet établisse-
ment, Don Jose Oriol Navarra, D. Tomas
Mer, D. Pedro Felipe Monlau, D. Juan
Achard et D. Juan Parès, ont eu Ja bonté
de nous fournir les renseignements néce:-
saires pour dresser l’état suivant :
Etat raisonné des blessés reçus à la suite des
engagements qui ont eu lieu les 15 et 16
novembre, dans les rues et les forts de
Barcelone.
Nombre
des blessés.
Contusions et blessures provenant
balles de fusils, simples, sous-cu-
tanées ou intéressant seulement
les parties musculaires superfi-
cielles de la tête et du tronc (parmi
elles il s’en trouve une dela pointe
de la langue qui a été guérie en
peu de jours), A1
Idem, ayant leur siége sur les mem-
bres, 41
Blessures graves de la téte ou du
tronc, Sans lésion apparente des
os.
Blessure ayant son orifice d'entrée à
la région fessière droite, et son
orifice de sortiedans le pli qui sé-
pare le pénis du scrotum, Î
Blessure à la région scapulaire
droite, avec présence probable du
projectile, 1
Blessure non pénétrante à là région
iliaque droite, et autre blessure
contuse très forte au tiers supé -
rieur de l’avant-bras droit, 1
Blessure ayant son orifice d’entrée
8
et de sortie à la partie myenne
de la région iliaque gauche, 1
Blessure ayant son orifice d'entrée
à la partie supérieure et moyenne
de la région scapulaire droite, et
sou orifice de sortie en avant de
la 3° vert. dorsale, dl
Blessure ayant son orifice d’entrée à
la partie supérieure et moyenne
de la région scapulaire gauche, et
son orihice de sortie en avant de
3e vertèbre dorsale, 1
Blessure à la région interscapulaire,
compliquée d'un abcès à la ré-
gion mamillaire droite, 1
Blessures à la région mésogastrique
et à la région mamillaire gauche,
Pane et l’autre superficielles,
mais compliquées de tétanos,
Blessures graves des membres, sans
lésion apparente des os.
Blessure à la partie supérieure du
bras; une autre à la partie infé-
rieure de l’avant-bras : etunetroi-
sième à la partie supérieure de
la jambe; toutes les trois du côté
gauche, 1
Blessure au tiers inférieur du bras
gauche, avec une seule ouverture
par laquel'e le projectile a été
extrait, 1
Blessure ayant son orifice d’entrée
à la partie inférieure et interne de
l’avant-bras, et son orifice de
sortie au tiers inférieur et posté-
rieur du bras droit, 1
Blessure contuse très forte à la par-
tie moyenue de l'avant - bras
droit, compliquée par la présence
du projectile, pour l'extraction
duquel il a été indispensable de
pratiquer une contre-ouverture, 1
Blessure ayant son orifice d’entrée
à la région crurale externe gau-
che, et son orifice de sortie au
tiers supérieur de la face interne
de la cuisse, et ayant donné lieu
à plusieurs hémorrhagies, L
Blessure au centre de la région cru-
rale antérieure droite, avec pré-
sence probable da projectile, 1
Blessure au centre de la région ro-
tulienne droite, |
Blessure très étendue à la région
tibiale postérieure gauche, 1
Blessure à la partie‘interne du tiers
supérieur de la jambe gauche,
sans orifice de sortie, 1
Blessure au voisinage de l’articula-
tion tibio tarsienne gauche, 1
Blessure au dos du pied droit, com
pliquée de tétanos (1), 1—11
(1) Ni le caractère superficiel des blessures chez
les deux sujets qui ont été pris du tétanos sans lé-
| sion probable de filets nerveux considérables, ni le
peu de gravité des premiers symptômes, ne pou-
| vaient faire redouter une disposition au tétanos qui
| est survenu vers le dixième et le douzième jour, et
| qui s’est terminé par la mort dans l'espacé de trois
à quatre jours,sans qu'il ait été possible de se ren-
| dre maître des accidents et d’enrayer leur marche
| . # .
| par l’emploi des moyens les plus énergiques, entie
| autres par l’administration de lopium associé au
musc, à la dose énorme de #4, 6 et 10 décigram-
: mes, trois, quatre el cinq fois dans la journée.
MM les rédacteurs du Reperlorio medico pa-
raissent attribuer l'apparition de eette formidable
complication à la place qu'occupaient les deux su-
jets dans les salles où ils étaient couchés: leurs lits
se trouvaient situés devant une ouverture par la-
quelle ils étaient exposés à l'action subite d’un cou
| Blessures avec fracture ou autre le-
sion apparente des os.
Blessure ayant ses orifices d’entrée
et de sortie dans l'épaisseur du
pariétal gauche, avec lésion pro-
bable de la masse cérébrale, et
hémorrhagies répétées (très gra-
ves), 1
Blessure au front, avec fracture du
coronal, mais sans accidents (cu-
rable), 1
Blessure à la région maxillaire
gauche, avec fracture de l'os ma-
xilaire, etdont il a été impossible
d'extraire la balle (grave), 1
Blessure à la région scapulaire pos-
térieure droite, avec fracture de
l'omoplate (très grave), 1
Blessure à l'épaule droite, avec frac-
tare probable, et autre blessure
très étendue et contuse à la par-
tie inférieure de l'avant - bras
gauche, avec fracture comminu-
üve du cubitus (très grave), 4
Blessure ayant ses orifices d’entrée
ct de sortie à l’avant-bras gau-
che, avec lésion probable du cu-
bitus (grave), 1
Blessure avec fracture à la partie
moyenne de lhumérus gauche
(grave), 1
Blessure à l’avant-bras droit, avec
fracture du radius }curable), 1
Blessure au tiers iuférieur de l’a-
vant-bras gauche, avec fracture
du radius (curable), 1
Blessure ayant son orifice d’entrée
au bord cubital du cinquième os
du métacarpe, et son orifice de
sortie entre les premier et second
os mé'acarpiens, avec fracture
(curäble), 1
Blessure avec fracture d’une pha-
lange du petit doigt de la main
gauche, qui a été amputé ( lé-
gere), 1
Blessure avec fracture du petit doigt
de la main droite, et blessures
simples du doigt annulaire de la
même main et du petit doigt de
la main gauche, avec orifice
d’entrée et de sortie (grave), 1
Blessure à la région fessière droité,
et lésion probable des os du bas-
sin, 1
Blessure à la partie inférieure de la
région crurale externe gauche,
avec fracturé comminutivé du
fémur, présence du projectile
dans la profondeur de la plaie
(très grave) 1
| Blessure contuse très forte du genou
droit, avec fracture des extrémi-
tés arliculaires du fémur et du
tibia (si le sujet ne succombe pas
aux accidents inflammatoires sur-
aigus qui se sont développés,
peut-être deviendra-t-il néces-
saire de pratiquer l'amputation
de la cuisse), ed
Blessure très étendue et contuse de
la partie moyenne de la jambe
gauche, avec légère fracture pro-
bable du tibia et du péroné (très
grave), 1
Blessure ayant ses orifices d’entrée
et de sortie à la partie moyenne
rant d'air venant du nord. Il paraît d’ailleurs que,.
dans la plupart des hôpitaux militaires d'Espagne ,
les salles où sant couchés les malades offrent à peu
près toutes le même vice de disposition.
10
de la jambe gauche, avecfractnre
du tibia (très grave), L
Blessure avec fracture du tibia
droit, à la partie moyenne de cet
os (grave), 1
Blessure au tiers supérieur de la
jambe, avec fracture comminu-
tive (grave), 1
Blessure au tiers inférieur de la
jambe droite, avec lésion légère
du péroné (curable), {
Blessure à la partie inférieure de la
jambe gauche, avecfracture com-
minulive (très grave), L
Brulures du second degré à la main
gauche et à la face, et autre bru-
lure du troisième degré à la main
droite, produites toutes trois par
l'inflammation de la poudre (lé-
gères) (2). 1—22
Résame : Légeres, 29
Curables, 30
Graves, 34
Yotal, 93
Les 16,17 et 18 novembre, on a trans-
porté à l'hôpital de Junqueres un bon
nombre de mouroants et des cadavres d’in-
dividus qui avaient succombé à des bles-
sures pénétrantes dans les cavités splanch-
niques.
Une blessure produite par une balle
qui était entrée par la région molaire gau-
che, et qui était allée sortir en avant de
l’apophyse épineuse de la sixième vertèbre
cervicale, a été compliquée par une péri-
tonite consécutive à un coup de pierre reçu
dans le ventre, et qui s’est terminé par
gangrène vers le septième jour.
Une autre blessure, déterminée par une
balle qui traversa la cuisse gauche de de-
hors en dedans, au point d'union du quart
inférieur avee les trois quarts supérieurs,
se trouva compliquée de fracture commi-
nutive du fémur et de la lésion des princi-
paux vaisseaux et nerfs du membre. Il sur-
viut du refroidissement el de l’œdème dans
toute cette extrémilé, des mouvements
convulsifs, du délire, et tous les autres
symptômes caractéristiques d’une affection
des séreuses abdominale et cérébrale, et le
sujet succomba le quinzieine jour.
. On présume qu'il y a eu, dans les mêmes
journées, quelques autres blessés qui ne
sont pas eutrés dans cet hôpital; mais on
pense aussi que le nombre en aurait été
insuffisant pour apporter une modification
notable à la proportion relative ‘des cas
graves qui sont relatés dans | état précé-
dent. La prédominance ds ces cas graves
ne peut sexpliquer que par la direction
des coups de feu, beaucoup plus certaine
que daus une bataille rangée, et encore À
ce qu'ils étaient généralement tirés à cette
courte distance, que l’on désigne par l’ex-
pression de & brüle-pourpoint.
Barcelone, 39 novembre.
(Gazette des ÆT6pilaux).
({, El se trouve dans le même hôpital, ‘un eapi-
taine de la milice nationale, blessé d'une balle qui
a pénétré par la partie gauche de la région cervi-
cale postérieure, eLest ressortie trois à quatre centi:
mètres plus baut, au milieu de la mème région, et
dans le point même où cet oflicier venait de rece-
voir un coup de sabre (cette blessure n'offre rien de
grave),
{11
ZOOLOGIE.
Observations sur une nouvelle espèce du genre
drilus; par M. Lucas.
Pendant le séjour que je fis en Afrique,
dans les années 1840, 1841 et 1842.
comme membre de la Commission scien-
tifique de l'Algérie, spécialement chargé
d'étudier l’entomologie de nos possessions
françaises dans le Nord de cette grande
presqu'île, j'ai été souvent à même de
vérifier quelques faits intéressants sur
l’organisation et surtout sur les mœurs
des animaux articulés. Le travail que j'ai
l'honneur d’adresser à l’Académie est le
résultat d'observations faites sur ane nou-
velle espèce du genre des Drilus, que
j'aie suivie dans ses différentes métamor-
phoses et dont les manières de vivre de
la larve diffèrent beaucoup de celle d’une
autre espèce appelée Drilus flavescens ,
Olivier. Cette espèce, qui se nourrit de
la chair de l'{Zelix némoralis, coquille
dans laquelle el'e subit ensuite toutes ses
métamorphoses , a été l’objet de trois
mémoires fort interessants, dont le pre-
mier est dû à M. Mielzinski , le deu-
xième à M. Desmarest, et enfin le troi-
sième à M. Audouin. Celle du Nord de
l'Afrique, et que j'ai appelée Drilus mau-
rilanicus, fait sa nourriture de l'animal
des Cyclostoma #obzianum, et voici
comment J'ai rencontré la larve de cette
espèce intéressante : dans les derniers
temps de mon séjour en Afrique, ayant
été envoyé dans l'ouest, je m'arrêtai à
Oran et me mis à explorer les environs
de cette ville. Parmi les diverses excur-
sions que je fis dans des lieux accilentés
qui se trouvent à l’ouest d'Oran, particu-
lièrement sur le versant est du Djebel
Santa-Craz, je rencontrai souvent, en
soulevant les pierres, des Cyclostoma
1Vobzianum dont les coquilles, encore pa-
rées des couleurs de la vie, étaient privées
de leur animal, et cependant possédaient
leur opercule encore adhérent à leur bou-
che. Je ne sus d’abord à quoi attribuer
cette mortalité parmi les Cyclostoma , et
désirant m'expliquer ce fait, j'en ramassai
un grand nombre de vivants et de morts,
et les plaçai tous ensemble dans une
même boîte; deux ou trois jours après,
voulant ajouter d’autres individus que
J'avais rencontrés, pourvus de leur ani-
mal, dans les ravins du Djebel Santun,
je visitai la boîte dans la juelle j'avais
placé mes premiers cyclostèmes et fus
très-surpris de trouver, contre les parois
de cette dernière, une petite larve à dé-
marche peu vive, et hérissée de tuber-
cules ornés de bouquets de poils allongés,
d’un ferrugineax foncé.
Rappelé en France dans le courant
du mois de mars, et désirant suivre
cette observation, j'emportai avec moi
onze de ces larves, et un très- grand
nombre de Cyclostoma Vobzianum, afin
de pouvoir les nourrir. Arrivé à Paris
vers le milieu d'Avril, je mis, dans un
vase, de la terre que j'eus soin de tenir
sans cesse humide, et j'y plaçai mes larves
avec quelques cyclostèmes.
Les moyens et IR patience mis en usage
par ces larves pour s'emparer de lani-
mal du Cyclostomx Wobzianum sont fort
remarquables et vraiment dignes de fixer
l'attention du naturaliste ami de l’ento-
mologie.
On sait que
Cyclostoma ont
animaux du genre
pied pourvu dun
les
leur
12
opercule calcaire, avec lequel la bouche
de la coquille se trouve fermée hermé-
tiquement lorsque l'habitant est tout à fait
rentré dans sa demeure. Tel est l’obstacle
à surmonter que la petite larve rencontre,
obstacle que l’on pourrait croire iufran-
chissable pour cette dernière; car, en
effet, ses organes buccaux ne sont-pas
assez robustes pour pouvoir briser ou au
moins perforer cette opercule de cons's-
tance ca'caire; mais la nature, si pré-
voyante pour les êtres qu'elle a créés,
tout en privant d’instinct les animaux
placés plus bas dans l'échelle, a donné à
ces derniers des moyens de conservation
qui, le plus souvent, se trouvent repré-
sentés par la force, et, lorsque celle-ci
vient à manquer, par la ruse : c'est ce
dernier moyen que la petite larve met en
usage pour s'emparer de l’habitant de
cette coquille, vers lequel elle est attirée
pour sa conservation.
C’est pendant les mois de janvier, fé-
vrier et mars que les Cyclostoma se met-
tent en mouvement, c’est-à-dire qn’à cette
époque, les pluies ayant détrempé la
terre qui Lous les ans se trouve profondé-
ment fissurée par les sécheresses de l’été,
ces mollusques viennent à la surface du
sol et sortent de leur habitation, soit pour
pourvoir à leur nourriture, soit pour s’ac-
coupler ou pour jouir de cette humidité
atmosphérique dont ils sont privés pen-
dant neuf mois de l’année; c’est aussi à
cette époque que les jarves de Drilus
attaquent les Cyclostoma FVobzianum.
Lorsqu'une larve désire s'emparer de l'a-
nimal d’un Cyclostoma, elle place son
dernier segment sur le bord extérieur
de la bouche de la coquiile, sur lequel
elle se tient solidement fixée, par le
moyen d’un tubercule en forme de ven-
touse ou de patie en couronne dont le
dernier segment est armé, et, surtout
après avoir eu soin de se poster à la
partie que }animal ouvre pour sortir de
son habitation, libre alors de tout son
corps et de ses pattes , elle dirige ses or-
ganes de la manducation du côté où le
mollnsque soulève son opercule , soit pour
respirer, soit pour marcher ; mais l’ha-
bitant de la coquille, sentant eet hôte
incommode sur son opercule, se garde
bien d'ouvrir ce dernier, et espère, en
faisant durer longtemps cette manœuvre,
lasser son ennemi, mais la petite larve,
en sentinelle attentive, ne quitte pas un
instant le Cyclostoma, et reste à l’épier
ainsi, non yas une heure, mais des jours
entiers. L’habitant de la coquille, après
avoir employé toutes les ruses possibles,
se trouve enfin forcé de sortir de cette
fausse position ; je ne sais si c'est pour re-
nouveler Pair de ses poumons ou pour se
hvrer à l'acte auquel la nature l’a des-
tiné, mais il se rend, c'est-à-dire que le
besoin d’une de ces deux fonctions le
pousse À entr’ouvrir son opercule. L’assié-
geant, qui est toujours posté en senti-
nelle et qui épie le moment favorable,
profite de cette circoustance pour placer,
dans l'intervalle que laisse l’opercule entre
la coquille, ses mandibules avec lesquelles
il coupe le muscle qui retient l’opercule
au pied de lanimal, ou lui fait une bles-
sure assez profonde pour en rendre l'action
impuissante ; c'est alors que la petite
larve se rend maitre, non-seulement de
la place, mais encore de la garnison, dont
elle fait sa nourriture.
Le travail que j'ai l'honneur de prè-
13
senter à l'Académie se termine par une
monographie du genre des Drilus, et j'ai
cru devoir l'accompagner d’un croquis
donnant la larve et la nymphe très-grossis,
et la position qu'occupe cette larve lors-
qu’elle cherche à s'emparer de l'animal
d’un Cyclostona Wobziarum.
Index ornithologique} par Lesson.
(suite.)
Ome famille aquileideæ.
26° Genre : Aquila, Brisson (1760); G.
Cuv.; falco, L. Mœbhring, 1752. Europe;
Afrique. Malaisie; Asie; Australie. — 68.
Aquila chrysiêtos, Brisson: falco chrysaëtos,
L.; falco niger, fulvus et melanaëtos, L.;
Gm.; Eul. 409 (jeune) et 410 (adulte);
aquila fulra, Vieill.;.Encyel. ur, 1188;
falco chrysaëlos, tenim., man.; falco ful-
vus Canadensis, Nuttall, 1, 62; Sw, N.
Zool., p. 12; proceed. 2 79; 111, 15; l'Ins-
titut, 195; fa/co n'ger, Brown, pl. 2; Less.,
tr. pl. 8 f. 13 aigle commun, faune fr., pl.
4 f. 1. Hab. les montagnes d'Europe, d’A-
sie, d'Afrique et de l'Amérique septentrio-
nale. — 69. Aquila Heleica, Sav., pl. 12;
falco mogilnik, Gm.? aigle de Thébes,
Vieill., gal. pl. 9; falco imnerta!is, Temm.,
pl. col. 151 (adulte) et 152 (jeune) Naum.,
pl. 6 e: 7. Hah. : le midi de l Europe et le
nord de l'Afrique, jusqu'au Sénégal. —
70. Aqu'li nœvia. Falco nœvius et macu-
latus, Gm.; Aquila Melanaëlos, Savig.,
Eg. pl. 1 et pl. 2, f. 1; aigle plaintif,
Vieill., faune franc. pl. 4, f. 2; 4quila bi-
fasciata,, Hornsch. et Brehm. hab. les Ap-
peanins, les chaînes du midi de l'Europe.—
71. Aquila Bonelli, Vieiil. Mém. ac. Turin;
temm , pi. col. 288 ; Savi. hab. la Sardai-
gne , l'Egypte, Tripoli et Tunis. — 72.
Aquila pennata; fulco pennatus, Brisson,
supp., pl. 1; aigle Lolté, temm., pl. col.
33; proceed. 1v, 53; Brehm, pl. 2 f. 2, pen-
natus, Lath. hab. La France (rare), l'Es-
pagne.— 73. Aquila nœvioïdes, Cuv. règ.,
1, 326; falco rapax, hab. le cap de Bonne-
Espérance. — 74. Aqui'a armigera ; fulco
armiger, Shaw; le grifjard. Levaill. , af.
pl. 4; falco bellicosus, Daudim, 2, 38. hab.
le cap de Bonne-Espérance.— 75. 4qu l4
Vulturina; falco Fuliurinus, Shaw ; Vieil-
lot, Encycl. r1, 1197; le Caffre, Levail-
lant, af., pl. 6; Daudin, f. 2, p. 53. hab.
la Cafrerie.—76. Aquila Ferreauxi, Less.,
Cent. zool. pl. 38 (1839) p. 105. voy. de
Bélang., p. 216, Aquia choka, Smith,
proceed., 1837 p. 45. hab. le cap de
Bonne-Espérance. — 77. Aquila albicans.
faico albicans, ruppell, 2° voy. pl. 13.
hab. l’Abyssinie. — 78. 4quila malayana,
Less.; fulco malayensis Reinw.; temm. pl.
117; Cuv., 1, 326. hab. lesiles de la Sonde.
— 19. Aquila vindhiana, Franklin, Pro-
ceed. 1, 144. hab. l'Indostan.—80. 4quila
bifasciata, Hardw. et Gray, Zool. ind.
hab. l'Inde continentale. — 81. Aquila
morphnoïdes, Gould, proceed. 1840, p.
161 hab. l'intérieur de la Nouvelle-Galles
du sud. — 82. Aquila fucosa, Less. Tr.
p: 39; falco fucosus, Cuv., règ. pi. 3,1.
1; temm. pl. 32; trans Linn. xv; 188.
* hab. la Nouvelle-Galles du sud.
27e Genre : Limnæerus, Vigors, 1831;
ruisaëtus, hodgs (1836). hab. la Malaisie. —
83. Lirnaëtus horsfieldit, Nig.; falco lim-
nœtus, Horsf., Zool. res. in Java; .flco
unicolor, temm. pl. col. 134; Lake fulcon,
Lath.; trans. x111, 138. hab. Java. — 81.
Limnaëtus niveus ; falco niveus, temm. pl.
col. 127. hab. l'île de Java. — 85. Limnaë-
tus hastatus ; morphnus hastatus, Lesson,
14
voy. de Bélang., p. 217. hab. l’île de Java.
— 86. Limneætus caligatus. falco caligatus,
Raffles, Cat. trans. xi1, p. 278. hab. l’île
de Sumatra.
28e Genre : Srizagrus, Vieill. (1816);
gypaëlos, Daudin; plumipeda ; flemiog,
(1822); karpyta, Spix. hab. l'Amériq. mé-
ridionale, l'Asie et l'Afrique. — 87. Spi-
zaëtus ornatus, Vieïll., gal. pl. 21 ; gypaetos
ornatus, Daudin, t. 2, p. 77; fa/co superbus
et coronatus, Shaw, harpyia braccata, Spix,
pl. 3, f. 1 (jeune); Epervier pattu , azara;
urutaurana, Marcgrave, aigle moyen de la
Guyane, Mauduit, hab. le Brésil, la Guyane,
le Paraguay. — 88. Spizaëtus cristatellus.
falco cristatellus, Temm., pl. col. 282.
hab. l’île de Ceylan. — 89. Sprzaëtus oc-
cipitalis; falco occipitalis, Daudin, t.2,
p-. 40; Vieillot, Encycl. 3, 1259; Bruce,
atl. pl: 32; le huppard, Levaill., af. pl. 2.
hab. la Cafrerie, le Sénégal, la Gambie. —
90. Spizaëtus albescens ; falco albescens,
Shaw ; le blanchard, Levaill., af. pl. 3.
hab. le cap de Bonne-Espérance. — 91.
Spizaëlus tyrannus; falco tyrannus, Wicd,
t. 2,174; Temm., pl. 73. hab le Brésil.
-- 92. Spizaëtus rufitinctus, Macclell.;
Proceed., 1839, p. 153. hab. l'Inde ( As-
sam). — 93, Spizaëtus Kienerii ; falco Kie-
nerit, Gervais, mag. de zool., 1835, pl.
35; Spizastur Kienerii, Less. Compl. 2,
119. hab. les monts Himalayas (Inde).
29e Genre : Srizasrur,- Less., compl. à
Bufr., t. 2, p. 119. hab. l'Amérique méri-
dionale. — 94. Spizastur atricapillus ; falco
atricapillus, Cuv., Temm., pl. 79. hab.
la Guyane francaise.
30e Genre : IcraxopnaGa, Less: ; Zcthyuë-
tus, La Fresn. (nom usité en 1829 par
Kaup); haliæius, Horsf. hab. la Malaisie.
— Îcihyiophaga javana ; falco icthyiaëtus,
Horsf., tran. Linn. xux, p. 136, et Zoo)l,
resear. fis.; icthyaëtus bicolor, gray; La
Fresne. dict. un., 1839. hab. les bords des
lacs et rivières de Java.
31° Genre : Harryra, Cuv. (1817); gy-
paëtos, Daudin; Thrasaëtos, gray (1837).
hab. l'Amérique méridiouale. — 96. Har-
prix ferox , Less., tr. pl. 10 ; vultur crista-
tus, L.; Lilig., Jacquiu? falco harpyia,
L.; falco Jacquini, Gw.? grand aigle de la
Guiane, Mauduit; falco destructor, Dau-
din, t. 2, p. 60; Temm., pl: 14 ; fa!co im-
perialis, Shaw ; yizquanhily, Fernand., 67,
p.28; D'Orbig., p. 8l. hab. la Guyane et
le Brésil.
32e Genre : Morpanus, Cuv. (1817);
harpyia, Sw.; urubitinga, Less. (1837);
aquila, Spix; Busarellus, La Fresn., Dict.
univ., 1, 215. hab. l'Amérique méridionale.
— 97. Morphnus urubitinga, Cuv.; Temm.,
pl. 55, urubitinga l nyipes, Less., compl.
1, 112; falco urubiinga, L., Gm.; falco
long pes, Ilig ? aquila picta, Spix; D’Orb.
voy. p. 84. hab. le Brésil et la Guyane. —
98. Morphnus Guyanensis ; morphaus cris-
talus, Less., tr. pl. 11,f. 2; petit aigle de
la Guyane, Mauduit; falco Guyanensis,
Daudin , t. 2, p. 78; Sprzaëtus variegatus,
Vieill., Encycl., rm, 1257. hab. Ja Guyane.
— 99. Morphnus capistratus, Less., Esp.
nouv.; ailes aussi longues que la queue,
des poils entre l’œil et la commisure, tarses
longs, bleuâtres, à ongles droits, à doigts
courts; dessus de la tête noir intense, der-
rière du cou et du dos rouge canelle; ailes
noirâtres, variées de gris et de blanc; pen-
nes primaires noires; croupion varié de
gris ; queue blanche rayée de noir finement,
puis largement bordée d’un ruban noir re-
levé d’une frange blanche à l'extrémité de
15
la queue; devant du cou et du thorax
blanc de neige ; ventre et couvertures in-
-férieures gris-blanc avec rayures brunes;
plumes tibiales gris-blanc avec des rayures
brunes. hab. le Centre-Amérique sur l’O-
céan Pacifique.
He
SCIENCES APPLIQUÉES.
COURS DE M BLANQUI DE L'INSTITUT.
De nos anciennes colonies dans l’Inde-
Orientale , il ne nous reste plus que les
villes de Pondichéry, Chandernagor, Kari-
kal, Mahé et Yanaon, qui certainement
pourraient être des points d'appui d’une
grande importance pour notre commerce
maritime, mais qui tendent tous les jours
vers une décadence de plus en plus com-
plète.
Nous allons passer successivement en
revue chacune de ces villes, et exposer ce
qu’elles peuvent offrir d’important sous le
rapport de leur production et de leur in- -
dustrie particulières.
Pondichéry, après avoir été prise et re-
prise six fois, nous a été enfin rendue par
les traités de 1814. Cette ville est aujour-
d’hui bien déchue de son ancienne splen=
deur, et son territoire n'offre plus qu’une
très-faible étendue. Elle n’a pas de port,
mais elle possède une bonne rade, quoique
la barre en soit dangereuse. Sa population,
en y comprenant celle des aldées ou villages
qui l'entourent, s'élève à environ 175,000
habitants, parmi lesquels on compte de
700 à 1000 blancs.
Cette colonie est essentiellement propre
pour la culture, quoique nous ayons vu
dans la dernière leçon qu’elle exportât une
quantité assez considérable de guinées au
Sénégal. D'ailleurs, ce qui donne de la
valeur aux guinées, c’est surtout la couleur
bleue qui leur est donnée à Pondichéry, et
dont on attribue la bonté aux sources
d'eau du pays. La canne à sucre et le mû-
rier prospèrent dans le territoire de cette
colonie, et l'indigo y a fait également de
grands grogrès. En 1834, on ÿ comptait
10,613 hect. de terre en culture, et ses
productions étaient de 6,488,640 kilog. de
riz, 15,180 kilog. d’indigo, 7,429 kilogram-
mes de tabac. Le cocotier y donnait aussi
12,345,550 noix.
Avec ün semblable résultat, il est facile
de supposer que la colonie de Pondichéry
vise à reconquérir son ancienne importance,
et sa place parmi les possessions françaises ;
mais malheureusement la métropole ne
s'empresse pas de prêter son appui à une
si noble entreprise; on dirait, au contraire,
qu'elle feint d’ignorer les efforts de sa co-
lonie vers un but aussi louable. En effet,
les guinées, qui forment une branche im-
portaute de l'industrie de Pondichéry, sont
refusécs en France et frappées d'un droit
de 20 pour 100 à l'ile de Bourbon. Or, il
convient de remarquer à ce sujet que notre
gouvernement, en agissant selon de tels
principes, prive ses habitants d’une mar-
chandise qui pourrait devenir l’objet d’une
très-grande consommation dansle royaume
En effet, en employant les toiles de Pondi-
chéry au confectionnemenf des blouses
dont l'usage est aujourd’hui si étendu,
elles auraient sur celles que nous employons
actuellement une supériorité incontestable
qui consisterait d'abord à réunir plus de
force à une égale finesse, et ensuite à ne
pas blanchir par l'usure. Les mousselines
se trouvent dans le même cas que les gui-
16
nées. Le savon, la bougie et les jouets d’en-
fants, qui sont si bien faits par les Indiens,
sont également prohibés à nos frontières.
Il existe en outre une ordonnance maritime
qui défend à nos navires d'aller de l'Inde à
la Guyane.
Des mesures aussi rigoureuses ont donné
lieu à une conséquence que nous pouvons
dire naturelle, car on a pu la remarquer
en pareille circonstance dans les autres
colonies; c’est que la France exporte seu-
lement pour 250,000 franes de produits à
Pondichéry.
Il est donc à desirer que le gouvernement
français ne se montre pas toujours insensi-
ble aux progrès naissants d’uve colonie qui
non-seulement n’est pas à charge au tré-
sor de la métropole, mais qui, ayant
échappé , on ne sait comment, au grand
empire des Anglais, ne tarderait pas à en
devenir tributaire.
Les autres villes de l'Inde-Orientale qui
dépendent de la France w'ayant que peu ou
point d'importance, nous ne ferons que
les mentionner.
Jadis florissant, le commerce de Chan-
dernagor se trouve aujourd’hui dans une
stagnation complète. Pour en donner une
preuve, il nous suffira de dire qu'il y a
deux ou trois ans qu’un navire n’est entré
dans le port pour y traiter une affaire. Son
territoire peut être considéré comme à peu
près nul. La misère y est déplorable ; et on
rapporte que nos représentants font si triste
figure, que pour sortir décemment, ils
-sont obligés d'emprunter les palanquins de
leurs administrés.
Karikal n’est remarqnable que par les
vastes salines établies sur la côte et dans
les environs, et dont les produits sont l'ob-
jet d’un assez grand commerce. Cette pe-
tite colonie produit en outre du riz, du
tabac et de l’indigo. Ses exportations ont
dépassé 2 millions.
La petite ville de Mahé, sur la côte de
Malabar, a un assez bon port; son territoire
a environ deux lieues de rayon. Ses produc-
tions sont du reste les mêmes que celles de
Pondichéry et de Karikal.
Yanaon n’est citée que parce qu’elle est
le chantier de la France dans l'Inde.
A. M.
ARTS PYROTECHNIQUES.
Mémoire sur Les effets de la force expansive de
la poudre dans les mines et les armes à feu;
par M. Plazanet, lieatenant-colonel du génie.
Après avoir signalé l'insuffisance des
formules employées pour proportionner
les charges aux effets qu’on veut produire
par le jeu des fourneaux , l'auteur déduit
d'une théorie nouvelle, fondée sur des
données d'expérience , Ja solution des
principales questions qui peuvent se pré-
senter dans la guerre souterraine , et
parmi lesquelles se trouvent les suivantes :
1° L'expérience ayant fait connaître Ja
charge qui, dans un milieu consistant,
tel que la terre, a produit un enton-
noir de forme quelconque, déterminer
la charge qui, dans le même milieu,
produirait un entonnoir semblable, sous
toute autre ligne de moindre résistance.
2 Déduire des dimensions de l’enton-
noir létendue du globe de compression
ou de rupture , et l'intersection de cc
globe , par la surface horizontale du
milieu.
3° Connaissant la charge qui, sous une
ligne de moindre résistance donnée, à
produit la rupture d'une galerie située à
17
une distance également donnée; trouver
la position et la charge d’un second four-
neau, qui, dans un terrain de même
nature, produirait le même effet, sur une
galerie semblablement placée par rapport
au centre des poudres, mais à une dis-
tance plus grande ou moindre que la
précédente.
4 Déterminer le rapport entre l’aug-
mentation de la charge et la diminution
du bourrage, ou de la ligne de moindre
résistance, pour produire le même effet
de compression ou de rupture.
5° La tenacité d’un terrain étant connue,
trouver l'expression de‘la tenarité d’un
terrain de nature différente, par la com-
paraison de l’effet de deux fourneaux
également chargés , et placés sous la
mème ligne de moindre résistance dans
chacun de ces milieux.
6° Dans la difhculté de déterminer par
l'expérience , pour chaque nature de ter-
rains , les charges qui conviennent aux
entonnoirs plusou moins évasés sous la
même ligne de moindre résistance, dé-
terminer ces charges en fonction de celles
qui se rapportent à lentonnoir ordinaire.
L'auteur termine par ane application
de sa théorie à la détermination de la
force initiale des projectiles dans les armes
à feu.
HYDRAULIQUE ; FLOTTEUR ASPIRANT,.
M. de Caligny a construit un appareil
hydraulique élévatoire sur les applications
particulières duquel il reviendra ultérieu-
rement.
Un tuyau, courbé en acc de centre et
ouvert à une de ces extrémités, étant sus-
pendu à un axe autour duquel il peut os
ciller librement , est plongé en partie à une
petite profondeur (par la portion inférieure
de sa courbure) dans l’eau à épuiser. Dans
la partie plougée il est séparé en deux par
une cloison près de laquelle est disposée
une soupape ouvrant de dehors en dedans
et par laquelle doit être aspirée l’eau qui
sortira par l’extremité du tuyau qui est
toujours ouverte. Le mouvement de ce
tuyau est réglé au moyen d’un flotteur
qui donne lieu , comme on va voir, au jeu
cette espèce de pompe aspirante sans pis-
ton. Il est clair que si l’on soulève de l’eau
dans le tube avee une vitesse suffisante et
que l’on diminue la vitesse du tube, sans
agir directement sur l’eau, celle-ci conti-
nuera à monter en vertu de sa vitesse rela-
tive, en produisant une aspiration ; mais
on n’agirait pas selon les vrais principes de
la mécanique si Pon produisait cet effet
par le moyen d’un obstacle extérieur. Or,
si un flotteur entrainé dans le mouvement
du tube sort de l’eauà épuiser ou d’un ré-
servoir particulier disposé à cet effet, à l’é-
poque où l’on veut que le tube diminue de
vitesse, on jouit de cet avantage que, pour
y parvenir, on n’a à craindre aucune per-
cussion entre corps solides comme si l’on
avait à vaincre l'inertie d’un obstacle exté-
rieur. Lorsque le système est ramené en
arrière par le mouvement oscillatoire , im-
primé par le moteur, l'immersion du flot-
teur diminue encore la vitesse du tabe sans
agir directement sur l’eau qu'il contient,
et dont la force vive est utilisée dans le ba-
lancement rétrograde dont la puissance
reviendra en aide à l'effet direct pendant
lequel se fait l'aspiration, si le moteur n'a-
git que dans un sens
On voit que l'idée de cet appareil con-
siste dans le mode d'action du flotteur qui
18
permet de produire l'effet voulu sans choc,
malgré l’inertie des pièces mobiles, comme
si l’on disposait de forces inimatérielles. On
voit aussi qu’il n’y a aucun effet de canne
hydraulique , bien que la partie inférieure
du tube ne soit enfoncée qu’à une très pe-
tite profondeur dans l’eau à épuiser.
Hp pee
AGRICULTURE.
Notice sur le chêne de Saint-Jean, dans la
forêt de Compiègne; par A. Poirson , inspec-
teur des forêts de la couronne. -
Le puissant intérêt qu’inspire à l’homme
tout ce qui se rattache au passé, semble
être un utile instinct qui le porte à recher-
cher, dans les traditions , des lecons pour
avenir : qui de nous n’a pas éprouvé ce
pieux recueillement qui saisit l’âme en
présence des temples édifiés par le moyen-
| âge, où l’homme vient, depuis des siècles,
fléchir le genou devant l'autel élevé au
Créateur ? Qui n’a pas senti sa curiosité
vivement excitée, à la vue des vieux châ-
teaux forts, où les puissants d'alors bra-
| vaient l’animosité jalouse de leurs vassaux
ou la colère de leurs suzerains ? Ce senti-
| ment, le forestier l’'éprouve aussi dans la
| contemplation des héritages vivants que le
| passé lui a légués, et les enseignements
| qu'il y trouve ne peuvent être que très
profitables à l'étude des forêts.
Quoi de plus imposant et de plus ins-
tructif qu’un arbre qui a vécu plusieurs
| siècles, témoin muet de tant d'événements
| divers, et qui, favorisé par la nature, a
acquis le maximum de développement que
| comporte son essence ?
Le chêne de Saint-Jean est de l'espèce
| rouvre; il porte à Om 50e du sol une cir-
conférence de 6m 40 c.
La tige, très élevée pendant un certain
| temps, s’est trouvée réduite à 2m 60e de
hauteur par un jet de branches qui est
venu, à un âge déjà très avancé, changer
toute la conformation primitive du sujet.
La hauteur totale est de 35m 00c.
Le cabe compacte. . . 83st 14c.
L'espace qu'il occupe. . 5a 31c.
Plusieurs branches latérales, d’assez forte
dimension , se trouvant couvertes par la
tête de l'arbre, sont mortes depuis fort
longtemps ; quelques-unes existent encore,
et, quoique très sèches et dépourvues de
leur écorce , elles présentent une grande
résistance. D’autres ont cédé à leur propre
pesanteur, et se sont rompues près du
tronc, laissant quelques chicots, dont plu-
sieurs, par une force de végétation très
remarquable , sont totalement recouverts
d'écorce, ce qui forme les protabérances
que l’on remarque au corps de l'arbre.
L'âge de ce chêne est, très certainement,
de 250 à 300 ans; car un arbre de gros-
seur analogue, mort et exploité l’année
dernière dans le voisinage de celui-ci,
avait, d'après le compte de ses couches an-
nuelles, 252 ans.
Le cube étant de 88st 15e, et l'espace
occupé par l'arbre 5a 31e, s'il était possible
que des arbres aussi volumineux se trou-
vassent réunis sur un hectare, il pourrait
en contenir 49, cubant 1599st 66c.
Le chêne a cru longtemps d'une manière
assez régulière : réservé comme baliveau
lorsqu'il avait 100 à 130 ans, sa tige a pu
se garnir de branches latérales qui, Jus-
ques là , ne changeaient rien à sa régula-
rité. Il était vraisemblable, et la verifica-
tion du fait a justifié cette opinion, que les
racines, après avoir occupé longtemps une
49
couche assez riche pour alimenter un bon
accroissement ordinaire, ont atteint, en
s'allongeant, une couche beaucoup plus
riche que la première, et qu’ainsi cet arbre
a reçu inopinément un surcroît d’alimenta-
tion que sa tige ne pouvait absorber : mais
le recru avait manqué au sud-ouest , et il
restait là une place vague que rien ne pou-
vait lui disputer; il était donc tout naturel
qne l’excédant de sève résultant de l’enva-
hissement par les racines d’un sol plus
riche, se jetât dans l’espace qui restait libre;
il était tout simple aussi que cette projec-
tion de branches, destinées à absorber
l'excédant de sève , eut lieu très bas sur la
tige, la partie supérieure n'étant plus apte
à se prêter à la circulation d’une plus
grande quantité de fluide séveux.
Ainsi donc, la nature trouve toujours
des ressources et des forces toutes prêtes
pour tous les cas susceptibles de modifier
la vie des végétaux; et un arbre, quoique
déjà très vieux, peut encore profiter des
améliorations qui surviennent dans ses
moyens d’accroissement.
(Annales forestières.)
ARCHÉOLOGIE,
Sur les édifices les plus remarquables classés
par ordre d’intérét, sous Le rapport de lhis-
toire et de l'art, dans le département de la
Sarthe; par M. l'abbé Tourxesac, inspecleur
des monuments historiques.
(Deuxième article.)
Sablé. — Les quatre vitraux de l’église
paroissiale de N.-D. de Sablé, furent exécu-
tés dans les premières années du seizième
siècle.
L'un représente douze tableaux de Ja
passion du Sauveur, surmontés des armes
de France et de Luxembourg.
Les autres fenêtres offrent des sujets de
la vie de N.-S. et de la Sainte-Vierge.
Enfin la quatrième fenêtre est toute oc-
cupée par quinze pannaux de l’histoire de
Sainte-Madeleine.
Eglise de l’ancienne Visitation au Mans.
— Si le moyen-âge nous offre des monu-
ments qui excitent notre admiration, le
dernier siècle a produit aussi ses chefs-
d'œuvre au nombre desquels noas classons,
dans la ville du Mans, la charmante église
de l’ancienne Visitation, bénite en 1737, et
construite à très grands frais, d’après les
plans de Soufflot.
Son plan, en forme de croix, offre une
longueur dans son œuvre de 30 mètres et
une largeur de 16-65. Le tout surmonté
d’un dôme à huit arcades,couverten plomb
et ardoise, élevé au-dessus du sol d’envi-
ron 40 mètres.
Sa façade, tout en calcaire blanc, de haut
appareil, élevée de quinze degrés, se com-
pose d’un avant-corps, de quatre colonnes
accouplées et cannelées, d'ordre corinthien
à feuilles de laurier.
La menuiserie du portail, divisé en pan-
neaux, ornés des symboles de la religion et
de guirlandes de fleurs délicatement senlp-
tées, est accompagnée d’une ferrure à
équerres doubles, terminées par des pal-
mettes découpées à jour. L'intérieur de
cette église, toute voûtte en tuffau appa-
reillé, est remarquable par ses galeries à la
naissance des voûtes, avec balcons en fer et
panneaux en tôle repoussée; par ses dix-
huit pilastres corintbiens , ses fenêtres avec
appuis fleuronnés, et sous le dôme la voûte
sphérique, de 45 mètres 60 centimètres de
diamètre, enrichie de monogrammes ac-
compagnés de rinceaux etautresornements.
20
S'aint-Calaïs. — Cette église paroissiale,
sous l’invocation de N.-D., offre un carré
long avec deux latéraux, sans transepts,
dont la longueur dans œuvre est de 38 mè-
tres, et la largeur 18 mètres 30 centimètres.
Entièrement voütée, sa construction est
de deux époques : le chœur, qui appartient
à la fin du quinzième siècle, et la nef exé-
cutée en 1740.
La façade, percée de trois portes , est la
plus complète dans ce style.
On remarque aussi une tour surmontée
d’une flèche en pierre découpée à jour, el
dont l'élévation est de 55 mètres 80 centi-
mètres depuis le sol jusqu’à la croix.
N.-D. du Pré.— Cette église, servant
autrefois à l’abbaye desBénédictins de Saint-
Julien-du-Pré, est devenue paroissiale de-
puis 1800.
En forme de croix latine, avec latéraux
dans la nef et autour du chœur, elle est
voûtée en tuffau appareillé.
C'était le lieu de la sépulture de nos pre-
miers évêques jusqu’au milieu du neuvième
siècle, quand saint Aldric, évêque du Mans,
fit transférer, le 25 juin 838, leurs corps et
ceux de plusieurs autres saints et saintes
dans la cathédrale, pour les sauver de la
fureur des Normands.
Son architecture, du onzième et du dou-
zième siècle, fixent l'attention des archéo-
logues, qui remarquent les chapiteaux à
entrelas et animaux imaginaires, le pour-
tour du chœur et ses apsides, et enfin le
portail élevé dans le style de transition.
Fresnay. — Cette église paroissiale, du
roman de transition, qui n’a éprouvé au-
cune modification dans son premier plan,
est une basilique terminée à lorient par
une apside, sans transepis ni latéraux, et
offre une longueur de 35-50 et une lar-
geur de 9-80 dans œuvre.
Les parties les plus remarquables sont :
4° la tour, terminée par une flèche en bois,
et accompagnée de quatre clochetons en
pierre ;
2° La façade, qai se compose d’une porte
cintrée à 3 arcs en retrait, ornés de tores et
de grosses dents de scie ;
3° Le portail, qui offre deux ventaux en
bois de chêne, exécutés en 1528, divisés
en 24 panneaux pour les deux côtés.
Sur celui de l’évangile, on remarque
l'arbre de Jessé partant du sein d'Abraham,
et étendant ses rameaux entre les douze
panneaux que remplissent les portraits des
douze rois de Juda.
Sur le ventail du côté de l’épitre : Jésus
en croix entre deux larrons ; Jésus en jar-
dinier paraît à Magdeleine après sa résur-
rection; puis les douze apôtres et la date
miLccccexxvirr. Enfin sur les traverses sépa-
ratives, à chaque panneau est gravé en
lignes horizontales une partie du symbole
de la foi. (Bulletin monumental.
—— 55 Eh Ke —
GÉOGRAPHIE.
Résullat des voyages à la découverte des
sources du Nil-Blanc.
Depuis l’époque la plus reculée de l’his-
toire jusqu’à ces derniers temps, les efforts
des Européens pour pénétrer au cœur de
l'Afrique avaient été à peu près sans succès.
Presque rien n’avait changé jusque vers
1792; mais depuis une cinquantaine d'an-
nées, les travaux des Sociétés de décou-
vertes , aidées surtout du courage des ex-
plorateurs , ont réussi à vaincre de grands
obstacles ; on a enfin pénétré jusqu'à plu-
sicurs points très-avancés dans l’intérieur ;
21
toutefois , ces points restaient isolés entre
eux.
L'Europe , entraînée par des intérêts
bien différents, et inattentive de ce côté du
globe , a peu songé aux résultats obtenus
par des hommes intrépides, par les voya-
geurs français , anglais et allemands, suc-
cesseurs de Bruce, Browne, Mungo-Park
et Hornemann. C'était [à cependant un
spectacle bien digne d'intérêt, que ces
nombreuses trouées faites dans l’intérieur
de l’Afrique.
De tous les côtés, par le nord, par
‘orient, par le couchant, le continent afri-
cain est attaqué et entamé. Tout annonce
que le moment n’est pas très loin où il sera
traversé de part en part, où les points iso-
lés dont la science a pris possession se re-
joindront de proche en proche, et forme-
ront des lignes continues, sur lesquelles se
rencontreront quelque jour les voyageurs
de tous les pays.
Les voyages que vient d’ordonner le
maître de l'Egypte dans ces contrées qui
touchent à l'équateur, ne contribueront pas
peu à ce résultat. En effet, le Soudan orien-
tal est en rapport habituel par les caravanes
avec le Soudau central, et, par là, avec la
région du Dhiohba; ii n'est donc pas im-
possible que nos voyageurs du haut Séné-
gal se donnent un jour la main avec ceux
qui explorent en ce moment les rives de
l'Aouach ou bien celles du Bahr-el-Abiad ,
en se rencontrant sur les rives du lac
Tchad. -
Derx expéditions, ayant pour but la
recherche des sources du Nil Blanc, ont
eu déjà lieu. En voici les phases principales
et les circonstances géographiques les plus
intéressantes :
Depuis le Mémoire de D'Anville, qui
date de 1745, les géosraphes s'étaient ac-
cordés à faire descendre du sud-ouest, et à
une grande distance, les premières sources
du Bahr-el-Abyad , c’est-5-dire le fleuve
Blanc, regardé comme le véritable Nil ou
sa branche principale. Ils avaient en con-
séquence placé vers le 6tet le 7e degré de
Jatitude N., entre le 21: et le 25° de longi-
tude E,, les montagues de ja Lune , autre-
ment le Djebel-el-Kamar ou el-Koumri des
écrivains arabes, considéré comme l’ori-
gine du fleuve.
Depuis D’Anville plusieurs tentatives ont
été faites pour décider la question des
sources du Nil; mais rien n'avait été en-
core éclairei lorsque, en 1831, un voyage
de découvertes fut organisé à Paris pour le
même objel; une somme suflisante fut
accordée , des instruments furent envoyés
à Alexandrie avec des instructions. M. Li-
nant, trés instruit sur ce qui regarde le
pays supérieur, et au fait des mœurs et des
idiomes, devait diriger l’expédition : des
circonslances qu’il est inutile de rapporter
la firent ajourner. |
Enfin, en 1837, le vice-roi étant allé
voir par lui-même les travaux d’exploita-
tion des sables auriféres du Fazoglo et de
Fazangoro sur la rivière Bleue (vers le
10° degré de latitude N.), résolut de faire
explorer la branche occidentale, etordonna
une expédition toute égyptienne de 400 hom-
mes, montés sur un grand nombre de
barques. À sa tète il plaça un capitaine de
sa marine, Selim Binbachy. Il résulte
clairement du journal du voyage, tenu à
l'européenne heure par heure , 1o que l’on
ne trouve sur la rive gauche, c’est-à-dire
vers l'occident, aucun affluent, mais seu-
lement des marécages ; 2° que vers la fin
22
de la navigation, l’on remarqua une bran-
che assez importante (Bahr-el-Seboth ou
Ei-Telkhy), mais venant du sud-est ; plus
loin , une bifurcation , qui est simplement
produite par une grande île ; 3° qu'aucune
chaine de montagne n'existe dans ces pa-
rages au dire des naturels; 4° que la pro-
fondeur et la largeur du fleuve étaient con-
sidérablement réduites, au point d’arrêter
la navigation ; 5° enfin, que le Bahr-el-
Abiad , au terme de l’expédition , vers le
6° degré de latitude, ne s’écartait pas sen-
siblement du méridien de Khartoum, et
même était à lorient de celui du Kaire.
Un nouveau voyage a été prescrit à
Selim Binbachy par le souverain de lE-
gypte, impatient d’atteindre par ses offi-
ciers jusqu'aux sources du Nil. Cette fois,
des Européens étaient associés au chef
égyptien. Cette expédition a remonté plus
haut que la première d'environ deux de-
grés ; elle n’a point vu, ni entendu parler
de chaînes de montagnes, quoiqu’elle fût
parvenue au 4 degré 42 min.; pas d’af-
fluents venant de l’ouest ou du sud-ouest;
pas de cataracte; direction de la branche
maîtresse vers le sud ; le fleuve prenant
parfois une plus grande largeur, mais tou-
jours moins profond, du moins dans la
saison des basses eaux; enfin, le dernier
point atteint par les voyageurs , placé sous
le 29° 1/2 environ, c’est-à-dire encore à
l’est du méridien du Kaire. Ce résultat est,
comme le premier, tout contraire à l’opi-
nion reçue.
Mais que faut-il penser maintenant de
Djebel-Koumri , des montagnes de la Lune,
placées jusqu'ici vers le 6° et le 7° degré
de latitude? Faut-il les chercher sous l’é-
23
posait Ptolémée? Ou faut-il croire qu’elles
sont très-loin à l'ouest , et alors, que l’ex-
pédition n’a du en avoir connaissance .
surtout si leur direction n’est pas de
l'ouest à l’est, mais du sud au nord (ou à
peu près); qu'enfin, un affluent du sud-
ouest, déguisé par les marais immenses du
9 degré, aura échappé aux explorateurs ?
Entre ces deux suppositions l'opinion peut
flotter encore. Ce qui permet le doute,
c’est que Selim dit dans sa relation que les
nombreuses peuplades des deux rives, dif-
férentes de race et de langage, souvent
hostiles entre elles, lui ont souvent dit
n'avoir aucune connaissance de ce qui
existe au delà de leur territoire.
Ce qui est encore à noter relativement à
l'opinion des anciens, c’est qu'ils placent
les Lunæ montes au delà de l'équateur.
D'un autre côté, M. d'Arnaud parle du
Misselad de Browne; on sait que cette ri-
vière douteuse , tracée par Browne au sud-
ouest du Darfour, du 40° au 15° degré de
latitude N., à 6 et 8 degrés à l’occident du
fleuve Blanc, n’a ni source ni issue connue.
Comment concevoir son existence tout au-
près du Bahr-el-Abiad? Mais si, en effet,
vers le 7° degré de latitude , il y a un grand
afiluent venant de l’ouest, appelé Keilak ou
Misselad (peu importe), cela n’expliquerait-
il pas la donnée généralement admise? On
voit qu'il reste encore de l’incertitude sur
cette partie de la question.
Ce qui en présente moins, et offre peut-
être plus d'importance, c’est le fait de
l’existence de plusieurs nations distribuées
sar les rives du Nil-Blanc, toutes intéres-
santes par leurs mœurs, leurs usages,
leur caractère de race. Ici :es voyageurs ont
quateur, ou même au delà , comme le sup- | fait de curieuses découvertes. Depuis le
Expositions de 1823,1827, 1834,1939,
SOCIÉTÉ ROYALE D'HORTICULTURE, MÉDAILLE D'ARGENT 1832 er 1836 , méDarrre D'ENCOURAGEMENT
1834.
Membre de la Société royale d’horticulture, d
Académie de l’industrie, mécanicien bréveté du roi et
fournisseur de la reine.
Hache-légumes, hache-paille, charrue à ratisser, baratte à beurre, instruments d'agriculture ‘et de jar”
dinage, leis que sécateurs perfectionnés pour la taille des arbres, nouveau greffoir pour toutes greffes»
ébranchoir coupant seize lignes de diamètre, échenilloir, nouvelles cisailles pour la taille des espaliers sans
dépaliser, pinces pour treillageurs tordant et coupant le fil de fer; cueilloir à corbeille et de diffe-
rentes formes, Pince annulaire pour empêcher la vigne de couler, pince à dégoudronner les bouteilles,
Echelle-brouette, idem pliante, pompe-brouette | pompe-seringue pour les serres, boîtes à pucerons à
double fond. Transplantoirs , cadenas à combinaison , cache-entrée, dynamomètre pour comparer les forces,
éprouvettes de chasse servant de peson, manequin mécanique perfectionné pour les peintres, nouveau
coupe-racine à l'usage des pharmaciens, approuvé par l'Académie de médecine et de pharmace,
« Cette fabrique d'instruments d’agriculture et de jardinage, établie sur une base modeste, a réalisé tout
ce qu'on doit attendre de succès d’une entreprise dirigée par un praticien habile, intelligent et conscien-
cieux, Les instruments que confectionne M. Arnheiter se recommandent généralement par une exécution
franche, et dans beaucoup on rencontre de l'invention; ils justifent pleinement la confiance que leur ont
accordée les consommateurs. Ses cisailles à chariot pour tondre les gazons, son enfumeur pour la destruc-
tion des insectes et sa pompe à brouette pour l’arrosement des serres et jardins, ont été l'objet d'une at-
tention particulière, etont paru au jury étendre d'une manière très heureuse la collection déjà si nom-
breuse de ses instruments d’horticulture. C’est ainsi que M. Aruheiter s’est rendu de plus en plus digne du
rappel de médaille qui récompensa ses travaux en 183%, » (Rapport du jury central.)
PRÉPARATIONS ANATOMIQUES
DE GUY Arné,
rue de l'Ecole-de Médecine, 4.
Les préparations anatomiques qui depuis quelque temps se sont singulièrement perfectionnées, nous
paraissent devoir s'améliorer encore par les soins de M. Guÿ ainé, préparateur de la Faculté de Paris.
Son cabinet, riche en préparations de toutes sortes, tant humaines qu’en cire, offre À messieurs les sa-
vants et professeurs d'immenses ressources, Ses préparations d'ostéologie, faites avec un soin extrême, ne
laissent rien à désirer sous le rapport de la perfection, et celles en cire sont certainement tant sous le
rapport de l'exactitude que sous celui de limitation, ce qui a été fait de mieux jusqu’à présent.
24
grand confluent d'El Khartoum, vers le
15° degré 172 jusqu’au 4° degré 172, et au-
delà des tribus arabes, on trouve six ou
sept peuplades distinctes.
La facilité du voyage sera bien plus
grande qu’elle ne l’a été, si l'on part au
mois de septembre pour profiter des hautes
eaux; alors le haut Nil demeure navigable,
au moins jusqu'au 3° degré de latitude.
Un des points les plus curieux à éclaircir
pour une expédition européenne, si elle
pouvait se réaliser, serait la nature des
rapports que les Behrs entretiennent avec
les Indes. On a trouvé chez eux (les mar-
chandises qui sembleraient mettre ces rela-
tions hors de doute; ce sont des étoffes de
Surate.
Si la différence radicale des races dans
un espace qui n’a pas trois cents lieues en
ligne droite est un objet digne d'attention,
il en est un autre encore plus curieux que
tous; je veux dire la présence d'un corps
militaire uniquement composé de femmes,
lequel compose la garde du roi des Behrs.
L’antiquité ne nous a parlé que des ama-
zones de l'Asie; encore sont-elles contestées
par la critique; celles de l'Amérique sont
plus certainement une fiction: mais l’on
n'avait pas encore connaissance des ama-
zones du Nil. Toutefois, un religieux por-
fugais , le père Jean de Los Santos, a men-
tionné en Ethiopie une république guer-
riere de femmes. Quant aux amazones d'A.
frique, il est difficile de révoquer en doute
le témoignage d’une personne qui voya-
geait en compagnie de près de trois cents
autres. (Bulletin de la Soc. de géographie.)
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte 4. PE LAVALETTE.
INSTRUMENTS
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE, D'OPTIQUE, DE MATHÉMATIQUES,
DE CHIRURGIE, D'HYGIËNE
ET D'ÉCONOMIE DOMESTIQUE
-De M. DELEUIL,
Balancier de la commission des Monnaies et ées
Médailles, fournisseur des essayeurs du com-
merce de Paris et de la garantie, charge, à l'école
Normale, de la direction de l'atelier où les élèves
apprennent la construction des instruments qui
ont rapport aux sciences, fournisseur des Fa-
cultés et colléges reyaux.
BRÉVETÉ EN 1823, 1832 et 1842.
À PARIS, RUE DU PONT-DE-TODI, 8, ET À L'HOTEE
DES MONNAIES,
INSERUMENTS DE CHIRURGIE,
FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE
CHIRURGIE EN OR ,; EN ARGENT, EN ACIER,
DE CAPRON ame,
rue de l'Ecole-de-Médecine, 10.
Cette coutellerie, fondée depuis près de trente
ans , est parvenue, après de grandes recherches, à
fabriquer des lancettes tellement appréciées, que
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de /ancettes
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en
médecine tiennent à houneur de posséder au moins
une Jancette Capron. La coutellerie de cette maison
n'est pas moins renommée que ses lanceltes ; elle
tient aussi un assortiment complet de bandages et
d'instruments de gomme élastique.
PARIS. — IMPRIMERIE DE LACOUR,
Rue des Boucheries.$.-G , 38.
10° année.
L'EC
DU M
Paris. — Pimmanehe, 3 Janvier 1843.
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L£'EcHo DU MONDE SAVANT paraît ie JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
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25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {6 fr., 8 fr. 50. À ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du moi (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte A DELAVALETUTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant,
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
Sur les nuages reprodoits à la surface d’un métal
poli par la proximité d'un autre corps; Moser ;
— SCIENCES NATURELLES. GECLOGIE.
Sur les formations sédimentaires situées au nord
d’Eisenbac; Crener. — PHRÉNOLOSGIE. Aperçu
historique (deuxième article). — ANATOMIE
COMPARÉE. Sur la structure intime des os;
L. Mandl. — MEDECINE VETERINAIRE. Note
sur l’angine gangreneuse ; Rigat. — PHYSIOLO-
GIE VEGETALE. Tendance des tiges vers la lu-
mière; Payer. — ZOOLOGIE. — Index orni-
thologique; Lessons — SCIENCES APPLI-
QUÉES. AGRICULTURE. Sur la variété du
blé dit de Sainte-Hélène; le baron d'Hombres.
— SCIENCES HISTORIQUES. — ACADE-
MIE DES SCIENCES MORALES ET POLI-
TIQUES. Séance du 31 décembre. —ARCHÉO-
LOGIE. Notice historique sur les calices, depuis
l'établissement de la religion chrétienne jusqu’à
nos jous, — GEOGRAPHIE. Société de géogra-
phie (deuxième séance annuelle), sur les pays li-
mitrophes de la Nubie et du Sennaar; Gauthier
d'Arc, — FAITS DIVERS.
rer Le
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur les images produiles à la surface d'un mé-
tal poli par la proxæimilé d'un autre corps.
Extrait d’une lettre de M. Moser, de Konigsberg,
à M. de Humboldt,
7 décembre 1842,
« Je m’empresse de vous communiquer
mes nouvelles recherches sur la forma-
tion des images produites par l’action des
rayous invisibles: Lorsque ces rayons
ont agi, l’image ne paraît qu'en souflant
sur Ja plaque ou en l’exposant à la vapeur
d'une tension plus élevée. Si les rayons
invisibles ont agi pendant longtemps
(comme c’est le cas dans les gravures cppo-
sées, sans contact, à une glace), l’humidité
de l'atmosphère suffit. Cette humidité se
condense sur les parties qui ont éprouvé
l’action des rayons; les vapeurs y adhèrent.
L'image se montre comme lorsque des va-
peurs de mercure adhèrent à la plaque
soumise au procédé daguerrien. Cette ex-
plication, sur laquelle il ne me reste aucun
doute, m'a conduit aux inductions qui sui-
vent. J'ai déjà prouvé que des rayons de
tonte réfrangibilité produisent les mêmes
effets, mais qu’ils exigent un temps plus ou
moins long. Si donc les rayons invisibles
condensent les vapeurs contenues dans
l'air, les rayons visibles doivent faire la
même chose si on les fait agir pendant
longtemps et avec une grande intensité.
Une plaque restera longtemps exposée au
soleil, et, quoique élevée à une haute tem-
Pérature, elle se couvrira de rosée, J'ai, en
effet, exposé l'été dernier, des plaques de
inétal et de verre couvertes d'écrans dans
lesquels j'avais fait des découpures, c’est-
à-dire dont j'avais enlevé des parties, pen-
dart plusieurs heures, au soleil. J’oblins
des images très nettes représentant les dé-
coupures, les parties de lécran enlevées.
Ces images étaient entierement semblables
à celles que vous m'avez envoyées et qui
s'étaient formées, pendant de longues an-
nées, en regard d’une gravure. Dans mon
expérience directe, la vapeur de l’atmos-
pbère s'était précipitée sur les plaques,
quoique celles-ci n’étaient aucunement
au-dessous de la température de l'air, con-
dition requise par la rosée ordinaire. Je me
trouve 1orcé d'admettre que du soleil éma-
nent deux forces , la lumière et la chaleur.
Sous le rapport de la composition de la ro-
sée, elles ont des propriétés diamétr'alement
opposées. Notre théorie de la rosée n’était
donc pas complète : on ne connaissait pas
le rôle que joue la lumière dans ce phéno-
mèna. Pour faire voir comment la chaleur
peut favoriser la formation des images et
l’adhésion de l'humidité, je vous rappelle-
rai que dans mes expériences, l’élevation
de température d’une plaque de laiton
gravée au barin favorise la production des
images. La vapeur se condense très rapide-
ment sur la plaque polie qui est en contact
avec la plaqüe gravée, quoique la dernière
soit foutement chauffée. Dans la produc-
tion de ces images, le contact immédiat
n’est aucunement nécessaire, on peut éloi-
gner les deux plaques, celle qui donne de
celle qui recoit, par l’interposition de la-
mes de mica. La chaleur favorisera encore
la production des images, mais l’action sera
plus lente et plus faible. Lorsqu'on échauffe
trop, après que l’image est déjà formée , la
vapeur condensée se dissipe de nouveau.
J'ai été très satisfait d'apprendre que vous
ayez bien voulu communiquer ma der-
nière lettre à l’Académie des Sciences.
J'ai envoyé, d’après vos conseils, à l’Aca -
démie de Berlin, des images produites par
des rayons invisibles. J'ai exposé en même
temps mes doutes sur l'identité de la lu-
mière et de la chaleur. Je suis toujours oc-
cupé d'expériences sur la lumière latente.
C'est un travail difücile et qui demande
beaucoup de repos et de la patience. »
———-DÈRe ——
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Mémoires sur les formations sédimentaires
situées au nord d’Eisenach, par M. Crener.
La contrée que nous décrivous est limi-
tée au nord par une petite rivière nommée
Horsel, et à l’ouest par la Werra. On re-
marque, près de Gross-Behringen et de
Lupaitz, un bassin étroit qui est entouré
de tous les côtés par des montagnes cal-
caires très-escarpées. Ce bassin est entre-
coupé par quelques montagnes moins éle-
vées, qui s'étendent vers le nord jusqu’au
mont de Hainich, et vers le sud jusqu’au
mont de Landgrafenberg. On voit ainsi trois
plus petits bassins : celui de Gross-Lupnitz,
celui de Mihla et celui de Krauthausen.
Dans ce dernier bassin s’élèvent quelques
montagnes isolées, savoir : le Moseberg,
l'Eichelberg, le Schlierberg, et particulie-
rement le Hageleite au sommet conique,
qui a une hauteur de 1,100 pieds {alle-
mands) au-dessus du niveau de la mer,
les autres montagnes qui entourent le bas-
sin, ont 1,300 à 1.400 pieds dehauteur.
Dans le petit bassin de Gross Lupnitz,
il y a une égale quantité de keuper et de
muschelkalk. La même chose se répète
dans le bassin de Mihla; mais dans celui de
Krauthausen, les roches sont plus variées.
Là des couches de sel s'étendent dans une
direction nord-ouest de Langrafenberg, et
traversent même le Werra jusqu’auprès
d’Isla. L'existence de quelques dépôts d’ar-
gile et d’autres roches, prouve que la
grande différence entre la longueur et la
largeur des couches de sel a été encore plus
considérable. Tout ce bassin de Krauthau-
sen est entouré de mortagn:s de muschel-
kalk, et l’on trouve au-dessus du grès bi-4(
æÆ
Er
garré quelques couches de calcaire, dé =
gypse et de dolomie. fes
Sur le versant ouest du Michelsberg;
près d’Eisenach, le grès bigarré se no e
au jour , il est représenté par du grès mar
neux d'un brun rouge et d’un vert tirant
sur le blanc, ainsi que par de la marne
bigarrée. Le sommet consiste en calcaire,
dans le voisinage duquel on trouve du gypse
des marnes irisées.
Le Michelsberg est sépare du Ramsberg
par une petite rivière nommée Michels-
bach. Ici nous trouvons au lieu du keuper,
de l’argille et du calcaire. Ce calcaire, des
environs du Galgenberg, appartient au
muschelkalk, car on y voit l’Encrinites
liliiformis, le Pecten Albertii et l’Avicula
Bronni.
Le calcaire du Galgenberg s'étend jus-
qu’au haut de l'Arnsherg, qui est séparé
du Reïhersberg par une vallée bien étroite,
À l’ouest de cette vallée se trouvent des
couches de calcaire et du grès bigarré, et
à l'est da muschelkalk.
Les couches sont encore plus différentes
entre Madelungen et Utteroda an nord de
la rivière nommée Hageleite. De Goldberg,
près de Stedlefeld, quelques hauteurs tra-
versent le bassin de Krauthausen dans une
direction nord-ncrd-ouest, jusqu’à Kreutz-
barget jusqu'à la saline de Wilhelmsglücks-
brunn. Elles consistent en calcaire et gypse
avec beaucoup d’'Encrinites liliiformis, Pla-
giostoma striatum, Terebratula vulgaris,
Turritella scalata et Avicula socialis.
Nous devons parler à présent des for-
mations qui se sont déposées dans le bas-
sin de Krauthausen et sur les hauteurs
qui l'entourent. Elles consistent en keuper
eten has. Au milieu du bassin est le grès
du lias, semblable à celui qui se trouve au
pied du grand Seeberg, près de Gotha, Il
bah
28
29
CRAN ES IE RTE
forme la hauteur et la pente nord-ouest | philogéniture , l'instinct de sociabilité , la
du Moseberg, le sommet de l'Eichelberg,
le sommet ainsi que la pente sud-ouest du
Hageleite et des monts nommés Schlier
berg. Il est jaune-blanchâtre, à grains fins,
plus dur que le grès du keuper et fournit
de bons matériaux de construction. On
voit quelquefois diverses petites couches
d'argile d’une couleur grise parmi les cou-
ches du grès.
Le schiste marneux noirâtre de Scha-
lierberg est connu depuis long-temps. [I
est mêlé avec de la pyrite qui repose sur le
grès blanc. Plus bas sont dés couches d’une
marne jaune et sablonneuse. Ce schiste
argileux appartient à la formation du
lias.
Suivant M. Grumprecht, un autre dé-
pôt de lias existe encore au Moseberg.
Voigt raconte, dans ses Voyages minéru-
logiques, qu'on a fait, au milieu du siècle
passé, des recherches de houille sur les
Kohlberg au sud &’Eisenach; on y a trouvé
des Astéries, des Bélemnites et des Peignes;
moi-même, j'ai reconnu les Bélemnites pa-
xillosus et pistilliformis, Pentacrinites ba-
saltiformis, Ammonites amaltheus, Tere-
bratula vicinalis et T. subserrata.
Au sud-est d’Eisenach, on voit, dans un
petit espace qui est borné par le Güpels-
berg, la vallée Marienthal, et par la Hoer-
sel, toutes les formations sédimentaires
qu'on trouve dans toute la Thuringe. Dans
les environs d’Eisenach , on reconnaît
l'existence du lias sur trois points.
Au grand Seeberg, nous remarquons,
au-dessus du grès jaune-blanchâtre : 40 de
l’argile grise; 2e du grès marneux verdâtre
avec quelques empreintes de plantes; 3° un
schiste marneux jaunâtre, et de l'argile
marneuse rougeâtre ct jaune, avec des
empreintes de Modiola minima, Inocera-
mus amygdaloïdes et Cardiam truncatum.
Au Rennberg, nous y trouvons: 1° de
l'argile marneuse, verdâtre et brunâtre;
2, de la marne; 30 de l’ocre jaune et sa-
bleuse ; 4° de l'argile grisâtre ; 5° de l’ar-
gile bitumineuse; 6» de }’argile sableuse
jaune; 7° du grès marueux; 1ongeûtre et
jaune, avec Equisetum.
Après toutes ces remarques sur l’exis-
tence du lias dans les environs d’Eisenach
et de Gotha, nous devons dire encore qu’à
une demi-lieue au sud-ouest de Kreutz-
burg, est située la saline de Wilhelms-
glücksbrunn. On y a fait quelques essais
pour trouver du sel, mais ces essais n’ont
pas été heureux.
(Annales des sciences géologiques).
DRE RE —
FPHRÉNOLOGEES.
APERÇU HISTORIQUE.
Deuxième article.
Examinons actuellement la phrénologie
dans ses rapports avec la psychologie; nous
trouverons qu'elle vient encore confirmer
les faits principaux de cette science.
Platon, avous-nous dit, admettait quatre
âmes, l'âme énstinctive, lâme sensitive,
l'âme intellectuelle et Yâme morale. Ces
quatre âmes correspondent exactement aux
quatre grandes divisions phrénologiques.
Les zsnstncts existent chez tous les animaux,
les principaux de ces instincts sont ceux
de la conservation et de la reproduction,
Gall a placé l'alimentivité en avant de
l'oreille et Spurzheim l’amativilé à la ré-
gion du cervelet. Autour de ces instincts,
viennent se grouper nécessairement la
destruction, la ruse , la tendance à com-
battre, à dérober, et ces groupes étaient né-
cessaires à l’accomplissement des actes ins-
tinctifs; je crois qu’il n'y a rien à objecter à
cette classification de l’âme instinctive,
L'âme sensitive correspond au groupe
d'organes destinés à aider les sensations
percues par l’animal; l’âme intellectuelle
principalement en relief chez l'homme, est
située dans cette portion développée du cer-
veau qui est en avant et qui se trouve à
l’état rudimentaire chez les animaux; en-
fin, l'âme morale est placée à la partie su-
périeure du crâne et offre cette partie plus
ou moins remarquable chez l’homme, là
se trouve la vénération, l'amour de Dieu,
le sentiment du juste, la conscience d’où
découle le libre arbitre, donné seulement
à l’homme commeétant la plus belle œuvre
du créateur; je ne vois rien d’arbitraire
dans le placement des facultés , elles sont
indiquées par la nature elle-même. Reste
maintenant à savoir si la localisation em-
pruntée aux circonvolutions est toujours
en rapport exact avec les facultés, mais
que sont les observations des faits tant em-
piriques qu'on les suppose, si l’on a remar-
qué que tels ou tels renflemeut correspon-
daient exactement à telle ou telle circonvo-
lution, pourquoi ne pas les admettre
comme faisant partie de la-science; pour-
suivons notreexamen psychologique.
La doctrine écossaise est citée comme la
philosophie du sens commun, M. Garnier,
professeur de philosophie à la faculté des
lettres, la compare à la doctrine de Gall, il
y trouve des points de contacts exacts; en
effet, l'amour physique de Gall, nommé
amativité par Spurzheim, n’e:t autre chose
que l’amour des enfans du philosophe écos-
sais, l'attachement individuel de Gall, atta-
chement de Spurzheim , correspond à l’a-
mitié de Rerd; l'instinct des hauteurs, l’or-
gueil de Gall; l'estime de soi de Spurzheim,
sont la même chose que le desir d'estime.
desir de la supériorité, l’émuiation de
Feid ; la bonté de Gall, la bienveillance de
Spurzheim, correspondent à la bienveil-
lance, la pitié, la sympathie deReid.Lesens
des localités de Gall, des localités de Spur-
zheim, correspondent à la nature de posi-
tion et d’espace de Reid, et ainsi de toutes.
les facultés indiquées par le créateur mo-
derne de la phrénologie:
M. Garnier a fait partie des auditeurs de
Gall et de Spurzheim; à la page 16 de son
livre intitulé de la psychologie et de la
phrénologie , il les regarde l’un et l’autre,
et surtout le premier comme doués à un
très haut degré du sens psychologique.
L’anatomie comparée a démontré que la
base du cerveau existe chez tous les ani-
maux qui ont un ganglion cérébral et
qu’il correspond à leur degré d'instinct; ce
n’est que lorsque le cerveau prend de l’ex-
tension dans les animaux supérieurs, que la
partie antérieure des hémisphières se déve-
loppe; alors de nouvelles facultés apparais-
sent. L'homme seul a un cerveau proëémi-
nant, aussi observe-t-on chez lui une
intelligence développée et des sentiments;
on ne pouvait donc classer le meurtre qu’à
la base du cerveau; là où il existe chez tous
les animaux même inférieurs dans l'échelle.
Objectera-t-on que le tigre a cette région
du crâne très développée? figure 4 et 5. On
voit que la partie la plus large chez le mou-
ton se trouve en avant et la partie la plus
rétrécie en arrière, le contraire a lieu chez
le tigre.
Voici les mesures exactes de ces crâ-
nes; celui du mouton a en avant six
centimètres, deux millimètres, et en ar-
rière au-dessus des oreilles, six centimètres;
celui du tigre a en avant cinq centimètres,
et en arrière près de sept centimètres, et il
faut tenir compte da la grosseur générale
du crâne qui est plus fort chez le mouton:
Bichat, à la page 70 du 3e volume de son
Anatomie descriptive, s'exprime ainsi
« Les saillies des circonvolutions suivent la
même disposition que les cavités crânien-
nes. » M. Lafargue dit dans son mémoire :
« La cavité crânienne est l’image exacte du
cerveau, à tel point que sur la voûte orbi-
taire dans les fosses temporales à l’occipi-
tal , on remarque, des éminences encépha-
lique. » En outre, si à lPexemple du pro-
fesseur Cruveilher, on coule du plâtre dans
un crâne, le résultat simulera parfaitement
bien la configuration de la surface céré-
brale, je pense done comme les phrénolo-
gistes, qu en général la forme du cerveau
peut être représentée par l'extérieur, en
tenant compte toutefois des sinus frontaux
et des saillies servant d'attache aux mus-
cles.
ANATORIE COMPARÉE.
MÉMOIRE SUR LA STRUCTURE INTIME DES
OS; par M: Louis Mandl.
1. De la structure intime des os à l’état
naturel.
« Il existe , dans la substance compacte
des os, deux éléments distincts : les canali-
cules et les cor puscules osseux.
« Chacun des canalicules laisse aperce-
voir un centre creux et une paroi. La
partie centra'e creuse contient un vaisseau
sanguin capillaire, qui se distribue dans
toute sa largeur. Son diamètre est très va-
riabie : tantôt ie canalicule peut à peine
contenir le vaisseau capillaire; d’autres
fois, comme par exemple dans le voisinage
de la moelle, la portion creuse atteint une
longneur dix à quinze fois Les grande, et
renferme , outre le vaisseau capillaire,
beaucoup de graisse. La paroë du canali-
cule est formée de trois, quatre où un
plus grand nombre de lamelles concentri -
ques, qui sont traversées par des lignes
très fines, rayonnant du centre à la péri-
phérie.
« Les l’gnes rayonnantes du centre à la
périphérie sont d’un diamètre de un mil-
ième à un douze millièeme de millimètre. À
…hn grossissement de 500 ou 400 fois, on
roit que chacune de ces lignes est formée
ile deux lignes qui s’écartent davantage à
mesure qu'elles se rapprochent du centre.
‘| nous semble qu’elles jouent, dans le tissu
bsseux, le rôle que jouent ailleurs les cana-
icules dentaires.
« Les canalicules ont en général une
\'orme cylindrique, quelquefois aplatie sur
Les côtés. Les sections transversales sont
ondes ou un peu ovales, si le canicule a
rité coupé perpendiculairement à son axe ;
lles sont allongées , et rarement prismat -
jque:, si la section a été faite obliquement.
: «Le diamètre des canalicules est très
variable; les plus petits se trouvent à quel-
‘que distance de la surface externe de l'os,
|2t leur diamètre n’est quelquefois que de
12,005 à 0,01 de millimètre ; d’autres sont
13, 5 fois, ou même beaucoup plus grands.
|C'est dans le voisinage de la moelle qu’ils
! s’élargissent le plus : là ils communiquent
lavec les cellules de la moelle et forment ce
lqu’on a appelé le tissu aréolaire. Ce sont
des canalieules qu’on a décrits sous l: nom
ide fibres osseuses, de canalicules de Havers,
etc. Dans les oiseaux , la partie crense ac-
Iquiert quelquefois un diamètre 3 à 4 fois
‘plus considérable que la paroi.
| « Le zomb'e des canalicules diminue
| d’antant plus qu’ils se rapprochent davan-
| tage de la surface externr de los.
| « À la surface externe de l'os existent
quelquefois, en petit nombre, des lamelles
parallèles à la surface externe de los, et
Idans lesquelles ne se trouvent que peu ou
: point de canalicules. Quelques auteurs ont
avancé que le nombre de ces lamelles aug-
:mente avec l’âge. Nous ne les avons ren-
contrées que rarement, et jamais nous
n’avons pu constater leur existence parmi
les canalicules des os de mammiféres et
| d'oiseaux que nous avons examinés.
| «Les corpuscules osseux sont placés dans
les lamelles concentriques des canalicules.
| Ils sont oblongs ou anguleux , entourés de
| lignes très déliées, qui partent de leur pé-
riphérie et s’anastomosent fréquemment,
non seulement entre elles, ma:s souvent
| aussi avec celles des corpuscules voisins.
| Observés peut-être par Leeuwenhoeck,
jemais par Malpighi, décrits par M. Pur-
kinje dans le tissu dentaire, ils ont été, dans
le tissu osseux , l’objet de recherches sui-
vies de la part de M. Müller. Ce physiolo-
giste distingué suppose que les sels cal-
caires sont déposés en partie dans la paroi
de ces corpuscules, et-il se dentande si ces
corpuscules , avec le réseau intermédiaire
des lignes anastamosées, ne pourraient pas
servir à la circulation d'un fluide qui serait
destiné à la nutrition de l'os (1); mais, ob-
servateur trop consciencieux pour affirmer
une hypothèse qui ne s’appuie pas d’expé-
riences positives, il s’est abstenu de se pro-
noncer d’une manière absolue , confiant à
des recherches ultérieures la solution de
cette question.
«a MM. Serres et Doyère ont récemment
annoncé que les corpuscules osseux con-
tiennent un fluide pendant la vie (2). Ces
corpuscules ne sont pour eux que des ca-
vités microscopiques. Ils sont arrivés à ce
résultat en étudiant des lamelles de tissu
osseux sec plongées dans un bain d'huile.
« Les prétendus corpusenles, disent-ils,
« prennent instantanément l'aspect de
« taches noires et opaques, avec un point
« brillant à leur centre. Quiconque aura
« étudié la réfringence des corps plongés
32
« dans les liquides prononcera immédiate-
« ment qu'un gaz seul peut produire l'effet
« optique qu'il a sous les yeux.» D'ailleurs,
pour que la conviction de l’observatear se
change en certitude, « il suffira de pro-
« longer l'observation , car bientôt les li-
« gnes noires disparaîtront, les plus déliées
« d’abord, les plus grosses et les points d'a-
« hastomose ensuite; les angles des cor-
« puscules s’arrondiront; le corpuscule
« lui-même ne sera bientôt plus qu’un
« ovoide microscopique, puis une petite
« sphère, dans laqueïle tout le monde re-
« connaîtra une bulle d'air. Enfin, la bulle
« d'air elle-même finit par disparaitre. »
« Nous née partageons pas lopision de
MM. Serres et Doyère. Nous avons répété
leurs observations ; nous avons vu se re-
produire les apparences qui les ont irom-
pés : nous allons les apprécier à leur juste
valeur.
« Les phénomènes que présente une la-
melle de tissu osseux sec plongée dans un
bain d'huile, ne sont autres que les chan-
gements optiques qui s’opèrent dans un
tissu lorsqu'il devient transparent, d’opa-
que qu'il était. La transparence gagne d’a-
bord les lignes les plus déliées , ensuite les
plus grosses, et enfin les corpuscules eux-
mêmes. Mais il n'est pas exact de dire
que les corpuscules , ni même que les li-
gnes disparaissent : les uns et les autres
persistent; seulement leur transparenceles
a rendus beaucoup plus difficiles à voir.
.« S'il pouvait rester quelque doute sur
l'erreur que nous signalons , il serait levé
par cette simple réflexion, qu’une bulle
d'air, plongée dans un bain d'huile, ne
peut pas disparaître. Ce qui se passe à
l'œil nu, dans les conditions annoncées,
doit nécessairement se passer de la même
manière sous le microscope. C’est, du
res'e, ce que tont le monde pourra cons-
tater, en soumettant à lPobservation mi-
croscopique, et dans un bain d'huile, un
objet quelconque rempli d'air; par exem-
ple , un poil de cerf, qui est composé de
cellules aérifères, comme nous l’avons dé
montré (Anatomie microscopique. Appen-
dices tégumentaires, première partie. Pa-
ris, 1841). Au furet à mesure que lair
s'échappera de l’intérieur du poil coupé,
on verra des bulles d'air nager dans le li-
quide ou rester attachées aux bords du
poil, mais elles ne disparaîtront jamais.
« Les recherches que nous venons d’ex-
poser ont été faites à un grossissement de
300 à 400 fois.
(La suite au prochain namero )
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.
Note sur l'angine gangréneuse, par M. Rigal,
médecin-vétérinaire de Saint-Pons.
L'Angine gangréneuse, affection grave,
quiattaqueindistictement tous'esanimaux,
ayant sévi, durant le cours de ce trimestre,
sur les monodactyles, je vais en tracer les
principaux caracteresétindiquer les moyens
qui ont le plus généralement réussi.
Cette Angine s’est montrée le plus sou-
ventsur les mulets et les anes, sans distinc-
tion des conditions hygiéniques dans les-
quelles se trouvaient ces animaux, de leur
âge, etc.
Comme toutes les phlegmasies qui offrent
ce même caractère, cette affection s’annorn-
ce par un appareil formidable de symptô-
mes graves : elle envahit en un inslant, et
bientôt frappe de mort la surface muqueuse
de toute l’arrière-bouche et souvent de l'en-
33
trée des voies aériennes et du commence-
ment de l’œsophage. Il s'établit d’abord du
malaise, de ja fatigue et bientôt de l’anxié-
té, un abattement très grand. Ii y a prostra-
tion générale des forces, conséquence de
l’exaltation de l’action vitale et de sa con-
centration sur le siége du mal. La fièvre
est caractérisée par la force et la plénitude
du pouls, il y a battement des flancs; la
difficulté d’avaler et de respirer est grande;
la membrane muqueuse de la bouche et du
nez est d’un rouge foncé; toute la tête et
particulièrement les oreilles sont chaudes ;
il ya une douleur trés vive de toutes les
parties de la gorge.
Tels sont les symptômes que cette mala-
die offre au début ; mais comme elle fait
des progrès rapides, on voit la surface du
corps se refroidir, les extrémités surtout,
les membres, les oreilles, le bout du nez;
le pouls devient petit, concentré ; l'air ex-
piré, ainsi que la bouche, exhale une mau-
vaise odeur; les muqueuses reflètent une
couleur rouge violet, La maladie étant plus
avancée, l’animal ’affaiblit de plus en plus;
il s'établit, par les naseaux et par la bou-
che, un flux d'une matière comme puru-
lente; la déglutition est impossible ; la res-
piration devient de plus en plus difficile; la
tête, que l'animal, dans la première pério-
de de cette affection, appuyait sur la cré-
che, est alors élevée et tendue; l’encolure
et le corps sont tellement raides, qu'ils ne
peuvent exécuter aucun mouvement laté -
ral. Bientôt un affaiblissement mortel s’em-
pare de tout le corps; l’animal tombe et
meurt.
A l'ouverture du cadavre, on remarque
que la putréfactioa suit de près la mort; le
corps est comme soufflé : toutes les chairs
exhalent une odeur putride plus ou moins
forte, selon que le cadavre est mort depuis
plus où moins longtemps; il existe des infil-
trations dans le tissu cellulaire sous-cutané
de la tête, de l’encolure et des autres ré-
gions; la menibrane muqueuse du nez, du
pharynx, du larynx, des autres parties de
la gorge et de la bouche est décomposée,
ramollie, détachée par plaques plus ou
moins épaisses et étendues. La phlegmasie
désorganisatrice a quelquefois exercé ses
ravages plus loin; on en observe les effets
jusqu'aux bronches, à l’estomac, aux intes-
tins; le sang est liquide, noir, poisseux, et a
une odeur fétide.
En général, l'Angine gangréneusese mon-
tre là où les animaux sont exposés aux é-
manations de matières putréfiées, lorsqu'ils
sont nourris de fourrages altérés, de foins
vasés ou qui métaient point secs quand on
les à rentrés; quand on leur donne pour
boisson des eaux stagnantes, corrompues;
iorsqu'ils sont sujets à des changements su-
bits de température, surtout dans les cli-
mats chauds et humides, et chez des ani-
maux placés sous l'influence de causes qui
gênent ou interrompent les fonctions de la
peau et irritent directement ou sympathi-
quement la membrane muqueuse des or-
ganes de la respiration et de la déglutition.
Le traitemert, dans ces circonstances,
consistait, dans la première période de cette
affection, en une petite saignée faite à ja
veine jugulaire (le sang restait de 25 à 30
minutes à se coaguler et formait deux cail-
lots bien distincts : le supérieur, peu con-
sistant, d’un blanc grisâtre; l’inférieur beau-
coup moins considérable, demi-fluide, d’une
couieur noire foncée; à la partie supérieure
de ces deux raillots, on voyait une grande
quantité de sérum). Peu après, je placçais à
34 -
l'encolure deux grands sétons, fortement
animes avec l’onguent-vésicatoire, et je fai-
sas recouvrir la gorge d’un cataplasme de
farine de moutarde. À ces moyens, je joi-
gnais les gargarismes légèren.ent excitants,
dans lesquels je faisais entrer la teinture de
quinquina, le camphre le sel ammoniac;
l’usage d'une couverture, les frictions sè-
ches, les fumigations aromatiques et toni-
ques, etc.
Ces moyens, employés à temps et sage-
ment dirigés, produisaient de bons résul-
tats ; mais la maladie parvenue au troisième
degré, alors rien ne pouvait en arrêter les
progrès.
On doit s’attacher à préserver nos ani-
maux d'une maladie qu’il est si difficile et
souvent impossible de guérir. Pour cela,
on doit isoler les animaux sains des mala-
des, les soustraire aux causes qui la déve-
loppent, les préserver, autant que possible,
des influences des variations atmosphéri-
ques, aciduler les eaux qui servent de bois-
son, et donner la préférence aux plus salu-
bres; asperger d’eau salée les aliments après
les avoir bien secoués, et les donner de
bonne qualité; ne pas les soumettre à des
travanx trop pénibles , les bien panser et
régulièrement. C’est en agissant ainsi qu’on
peut prévenir cette redoutable affection.
(Société d'agriculture de l'Hérault.)
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.,
Mémoire sur la tendance des tiges vers la lu-
mière, par M. J. Payer.
« 1°. Toutes les fois qu'on fait germer
une plante, du cresson alénois par exem-
ple, sur du coton humide, dans un appar-
tement éclairé par une seule fenêtre, ou
dans une boîte à une seule ouverture, Ja
jeune tige au lieu de s'élever perpendicu-
lairement au sol, comme cela lui arrive
toujours à ciel découvert ou dans l’obscu-
rité complète, s'incline vers la fenêtre, en
restant toujours droite et formant avec la
verticale un angle d'un certain nombre de
degrés.
« 20 Toutes les fois, au con‘raire, qu'on
place dans cet appartement ou dans cette
boîte une plante déjà née , et qui, ayant
poussée dans l'obscurité ou à ciel décou-
vert, est verticale, la jeune tige se courbe
d’abord, puis s'incline vers la lumiere,
c’est-à-dire qu'il y a ici deux phénomènes
successifs. Dans le premier , la partie infé-
rieurede la tige est encore verticale, mais
la partie supérieure est plus ou moins ho-
rizontale. Dans le second , la partie supé-
rieure s'étant un peu redressée et la partie
inférieure légèrement inclinée, la tige est
redevenue droite, de courbe qu’elle était,
et se trouve dirigée vers la lumière.
« 3° Pour que la plante se courbe ainsi
du côté où vient la lumière, il n’est pas né-
cessaire, comme paraissent le penser MM.
de Candolle et Dutrochet, que le point de
courbure recoive que'ques rayons de cette
lumière.
« 4°, Cette courbure ne persiste point
‘dans les jeunes tiges lorsque la cause qui
Pa produite vient à cesser.
« 5°, G°et 70. Mais son intensité est loin
d'être la même dans les diverses circons-
tances où l’on place les jeunes plantes.
« Ainsi, on peut établir comme règle
générale que la tendance des liges vers la
lumière est d'autant plus grande, que cette
lumière est moins intense où qu'elle arrive
de plus bas.
« 8°. Le milieu dans lequel la plante se
35
trouve n’a d'influence que sur la vitesse
avec laquelle la courbure s'opère ; car, au
sein des eaux comme dans une atmosphère
d'azote où d'hydrogène, la courbure finit
toujours, avec des temps différents sans
doute , par avoir le même degré, lorsque
toutes les autres circonstances sont égales.
d’ailleurs.
« %, Si, au lieu d’être placées dans une
boite à une seule ouverture, les jeunes
plantes sont mises dans une boîte à deux
ouvertures, et partant reçoivent l’action de
la lumière dans deux directions différen-
tes, des phénomènes non moins curieux se
présentent.
« Ces deux ouvertures peuvent se trou-
ver sur le même côté de la boîte, de ma-
nière à ce que les rayons qu’elles laissent
passer fassent entre eux une angle plus ou
moins aigu, ou être placées l’une vis-à-vis
de l’autre.
« Daus le premier cas, lorsque l’intensité
des deux lumières estégale, la tige se courbe
dans la direction de la résultante, c’est-à-
dire de la bissectrice de l’angle formé par
les deux rayons. Mais lorsque cette inten-
sité est inégale , soit au moyen d’ouvertures
d’étendue différente, soit au moyen d’é-
crans à l’une des ouvertures, la tige ne se
courbe plus dans la direction de la résul-
tante, mais bien dans La direction de la lu-
rmière la plus forte.
« On peut donc , à l’aide d’une jeune
plante, déterminer, en quelques heures,
de deux lumières laquelle est la plus in-
tense, de deux verres lequel est le plus
transparent, et, dans des circonstances
données, on pourrait s’en servir comme
d'un véritable photomèire.
a 100. Dans le second cas, c’est-à-dire
lorsque les deux ouvertures sont vis-à-vis
l’une de l’autre sur des côtés opposés, l’in-
tensité des deux rayons est-elle égale : la
plante, sollicitée également de part et d’au-
tre, ne se courbe ni d'un côté ni de l’au-
tre. Cette intensité est-elle, au contraire,
inégale : elle se conrbe du côté de la plus
grande lumière, à moins toutefois qu'il lui
arrive des deux côtés une Inmière suffi-
sante, auquel cas elle ne se courbe point
non plus, quoiqu'elle soit plus éclarée d’un
côté qne de l’autre.
« 11°. Pour que tous ces phénomènes
s’accomplissent, le concours des d'fférentcs
paties dont la iumière se compose n’est
point nécessaire.
« Car, de toutes mes expériences soit
avec l'héliostat, soit avec des verres colo-
rés et analysés, en procédant par élimina-
tion, il résulte que, sous les rayons rouges,
orangés, jaunes et verts, la plante se con-
duit comme dans l'obscurité complète,
c’est-à dire qu’elle ne se courbe jamais ;
tandis que, sous les rayons bleus et vio-
lets, elle se courbe toujours.
« 12°. Cette absence complète d'action
dans certains rayons n’est point due à la
pature de la substarice colorante oa verte.
Entre deux lumières traversant, l’une un
écran d’eau et l’autre un écran d'essence
de térébentine, la plante s’est courbée dans
la direction de la bissectrice, c’est-à-dire
qu'elle s’est comportée comme s'il n’y
avait point eu d’écrans interposés.
« Donc, pour le phénomène du mouve-
ment au moins, la lumière chimique n’a
aucune influence.
« 13°. Comme la plante qui se trouve
entre deux rayons lumineux d'intensité
différente se courbe toujours du côté de la
lumière fa plus grande, il m'a été facile de
36
déterminer lequel, du bleu ou du violet,
avait le plus d'influence, et j'ai toujours
trouvé que c'était le bleu,
« 14. Enfin, comme la tige se courbe
d'autant plus qu'il y a moins de lumière,
j'ai pu facilement, à l’aide de plantes pla-
cées à divers endroits dans ma chambre
noire, m'assurer si l'obscurité était com-
plète.
« Tels sont les résultats principaux que
j'ai obtenus; quant aux appareils dont je
me suis servi. je les décris dans mon mé-
moire ; ainsi que la manière dont j'ai opé-
re pour arriver à ces résultats. »
ZOOLOG1IE.
Index ornithologique ; par Lesson.
(suite.)
33° Genre : Hozmaronnis, Vigors (1831);
Spilornis, Gray (1810). Hab. : Asie, Afri-
que, Malaisie. —100 : Hæn:atornis Bacha ,
Vigors, proc., 1,170, Falco bacha,Latham:;
Shaw; le bacha, Levaill. , Afriq.. p. 4t pl.
15; Buteo bacha, Vieih, encycl., p. 1219.
Hab. : Cap de B.-Espérance. -- 101 : Hœ-
matlornis b'do; falco bido, horsf., Linn. tr.
xin1, 437. Hab. Java. — 102. Hæœmatornis
undulatus, Nig, proc. 1,170 et 2.15; Gould,
cent. of birds; hab. l'Inde (Himalayas). —
103. Hæmatornis holospilus, vig., proc. 1,
171; Buteo holospilus, ib. 1, 96; hab. Ma-
nille (Phillipines).
34° Genre : Haliastur, Selby (4840) ; a-
quila, Eris.; milvus, Jard.; hab. Asie, Ma-
laisie, Australie, — 104, /Zaliastur indus,
Gray. falcoindus, Bodd., fa!co pond.ceria-
nus ,gm., Enl. 416; huliœtus cirrenera ,
Vieill., gal. pl. 10; proc. 11, 78 ; haliœtus-
pondicerianus, proc., 1838, 153 ; H. Gar-
ruda, Less., tr. 44; Raffles, cat.; Daudin,
11,55; hab. Inde Continentale et les iles
de la Malaisie jusqu’à l'Océanie orientale.
—105:Hal astur leucosternus: hal'etus leu-
costernus, Gould, proceel., 1837, 138:
bab. Nouvelle Galles du Sud.
35° Genre : TEeraruopius, Less. (1829):
helotarsus, Smith (4830); hab. Afriq. mérid.
et occid. — 106. Terathopius ecaudatis ,
Less ,tr. 47; le bateleur, Levaill. , af. pi.
7 et 8; he'otarsus typus, Smith, proc. 1833,
45, fulco ecaudatus , Daudin . 11, 45; hab.
le Sénégal et le Cap de Bonne-Espérance.
36° Genre : Harioœrus , Savig. (1810); a-
quila, Ilig. ; concuma. Hodgs (1536). hab.
Ancien Continent.
A. du N. de l'Europe et de T Amérique.
— 107. Haliœtrs nisus, Sav., Es. p.25; H.
albicilla. Boié; ni.us, Virgile, Ovide; al'ætos,
Aristote; vuliur albicilla, L. ; fabric.; falca
ossifragus, L.; Enl. 112 et 415; raffles, cat.
p. 277? H. albicillus, Gould, proc., 1837,
138 ; falco ossi/ragus. albicilla et alticau-
dus, Gm.; Less., tr. pl. 8, f. 2, Daudin, t.
2, p. 6H. hab. le Cercle arctique. en Eur.,
en Afrique et en Asie, d'ou ils'avance jus-
que sous les Tropiques. — 108. Ha icius
leucocephalus, Less., tr. p. 40; face leuco-
cephalus, L.; Gm.; aquila cauda alba.
Edw. gl. pl. s; permant n° 89; Wilson, pl.
36; falco ossifragus, Wilson, p!. 55, £ 2,
(jeune); aquila lucocephala, Vieillot, am.
sept., pl. 3; Bonap., syn. 26; Swains., N.
Z.,p, 15; Nuttall, 1, 72. Audubon, pl;
l'aigle de mer, Buffon, Enl. 411; Daudin,
11,62. hab. le nord de l'Amérique et le
Groënland. — 109. Haliœtus FF'ashingto-
nianus, falco FFashingtonianus, Audabon,
Loudon’s nat. mag.. 1828, 115; Nutt., 1,
67. Hab. les État -Unis (rives 1 Ohio et du
Kentucky.)
ré
B. de l'Amérique méridionale. — 110.
IHaliætus aguia, Lest. tr. 42; falco aguia,
emm. pl. 302, l'aguia, Azara, 4, 43,n° 8;
LYOrbig., am. p. 76; spizaetus leucurus,
Vicillot, Encycl., 1256; hab. Brésil, Guiane
het Paraguay.
C. de la Malaiïsie. — 111. Haliætus leu-
Fcogaster; falco leucogaster, Temm. pl. 49.
lhab. les Moluques (Célèbes) jusqu'aux îles
de ‘Tonga, dans l'Océanie.
D. d'Asie. —112. Haliætus macei,Less.,
“tr, 41; falco macei, Cuv.; Temm. pl. 8
(adulte)et 223 (jeune); proceed., 1838, 153.
‘hab. Bengale (Calcutta). —?113. Haliœtus
| leucopterus; falco leucopterus, Temm. pl.
| 489. hab. le nord de l'Asie?
E. d'Australie. — 114. Haliætus Ca-
lei, Vig. et Horsf , tr. x, 486. hab. la
Nouvelle-Galles du Sud. — 115. Haliætus
canorus, Vig. et Horsf., ib. 187; hab. le
Port-Jackson. — 116, Haliætus sphænurus,
Goull, proc. 1837, 138. hab. la terre de
Van-Diémen.
| Æ. d'Afrique — 117. Hal.®tus blagrus»
rs:
| Less., tr. 40; le blagre, Levaill., af., pl 5;
. falco blagrus, Daudin, 11, 70; Shaw, gen:
1001.; pandion blagrus, Vieill., Encycl. 111;
1,200. hab. le Cap de Bonne-Espérance. --
4141. Haliætus vecifer, Less., tr. 41; le v-
cifer, Levaill.. af. pl. 4; falco vocifer, Dau-
din, 11, 65; aïg'e nonette, Gaby, it. en Ni-
grit.hab. le Cap de B.-Espérance.
SCIENCES APPLIQUÉES.
Sur la variété de blé dit de Sainte-Hélène, par
le baron G. d’Hombres.
Les quatre premières années que je cul-
tivai la variété de blé dit de Sainte-Hélène,
je le fis semer dans de bonnes terres bien
amendées et p'éparées avec soin; mais, afin
de m'assurer de sa robusticité, je crus de-
voir faire ma cinquième expérience dans les
conditions les moins favorables. Mes ré-
sultats n’ont pas été aussi satisfaisants que
ceux des années précédentes. Je n’ai ob-
tenu que huit fois et demi ma semence,
tandis que, l’année dernière, mes pro-
duits avaient été deux fois plus considéra-
bles.
Un terrain bas, argileux et très compacte
avait été préparé de bonne heure; je le fis
Jlabourer dans les premiers jours de novem-
bre, et l'on y sema six décalitres de blé de
Sainte-Hélène, sulfaté la veille. A côté, sur
une terre séparée par un large fossé bordé
de mûiers, environ à cinq mètres de dis-
tance, je fis semer une pareille quantité de
froment du pays.
Ces deux variétés de blé poussèrent en
même temps, et je remarquai, comme dans
mes précédents essais, que le blé de Sainte-
Hélène sortait plus épais, plus touffu que
l'autre. Son accroissement fut aussi plus ra-
pide; à la fin de mars, il avait de vingt-cinq
à trente centimètres de haut : tandis que
le froment ordinaire s'élevait à peine à
vingt. On le distinguait facilement de ce-
lui-ci à la largeur et à la couleur de ses
femlles.
Le terrain avait été profondément hu-
mecté par les pluies de l'hiver et du com-
meucement du printemps. Les gelées blan-
ches qui survinrent dans les premiers jours
d'avril brouirent davantage le blé de Sainte-
Hélène, et après la neige du 42 du même
mois, je crus m'apercevoir qu'il avait
beaucoup plus souffert que les blés du
pays.
Ste-Hélène.—4 h. 5 d. 0 h. 7 d.
38
Les brouillards que nous eùmes en mai,
et notamment ceux des 23 et 25, nous en-
levèrent tous nos fruits dans les bas-fonds et
parurent exercer une fâcheuse influence sur
mes blés. Dès la fin du mois, la fane com-
mençait à sécher, et plusieurs des nombreu-
ses tiges, qui s’élevaient de chaque trochet,
étaient flétries.
Cependant j'avais encore l'espoir d’une
belle récolte. Mais vers le milieu de juin,
tout changea : il ne fut plus douteux qu'elle
était à moitié perdue, une grar.de partie des
épis étaient jaunis et desséchés.
Au moment de la maturité, le blé de
Sainte-Hélène et le froment du pays avaient
à peu près la même hauteur, { mètre 15
centimètres ; terme moyen. Dans la pre-
mière variété, on comptait à peine cinq épis
par chaque trocbet, au lieu de quinze que
j'avais eus à mes autres récoltes. Ils étaient
moins longs et contenaient au plus soixante-
et-dix grains chacun ; tandis que ce nom-
bre variait de quatrevingt-dix à cent, les an-
nées précédentes.
J’ai obteuu pour produit de mes six dé-
calitres :
Total.
5 h.2 d.
Froment. —#% 1 0: 4,245
C’est bien peu sans doute pour une année
où les céréales ont généralement réussi, Ce-
pendant, je regarde toujours comme avan-
tageuse la culture du blé de Sainte Hélène.
Et pour encourager les cultivateurs qui se-
raient tentés de l’essayer, je dois leur rap-
peler que ma récolte de cette année est le
produit de sept grains de blé au bout de
cinq ans.
La première année je ne pus semer que
très tard, car ce ne fut qu’à la fin de janvier
que je recus le blé de Sainte-Hélène. Je n’ob-
tins que quelques épis grêles, qui ne justi-
fiaient nullement la dénomination de blé
monstre, sous laquelle il m'avait été en-
voyé.
La seconde et la troisième récolte me
donnèrent des produits vraiment admira-
bles ; il est vrai que c’était dans un coin de
mon jardin que le blé avait été placé grain à
grain,etque j’enavais eu un soin tout par-
ticulier.
La quatrième année j'essayai une expé-
rience comparative. J'avais donné à mes
amis uve partie de ma récolte, il m’en res-
tait 6 litres 2 décilitres. Je les fis semer dans
une de mes terres, dont j'avais réservé une
portion pour semer en même temps une
égale quantité de blé de pays.
Celui-ci me rendit à peiue cinq pour un,
et le blé dit de Sainte-Hélène me donna seize
fois la semence.
J'en fis moudre une partie, j'en distri-
buai encore à quelques personnes, et j'en
réservai pour moi 5 décalitres. Ils m ont
produit cette année 5 hectolities 2 déca-
litres.
Blé 1re qual. Men. gr.
ADF EE —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 31 décembre.
Après la lecture du procès-verbal, M. le
secrétaire a donné communication d’une
ambpliatiou de l’ordonnance royale, par la-
quelle la nomination de M. Duchatel est
approuvée.
M. Gyraud lit un mémoire sur la con-
dition légale des débiteurs à Rome. Des
documents recueillis à ce sujet par le sa-
vant académicien, il résulle que l'in-
39
, térêt fut primitivement annuel à Rome
avant d’être mensuel. Il subit cette trans-
formation à l’époque où les mœurs grec-
ques eurent fait invasion, c’est-à-dire à
l’époque où commença la dégénération de
la république, à l’époque où les exigences
du luxe vinrent augmenter les besoins de
toutes les classes, et fournir aux usuriers
l’occasion d’exercer leur rapace industrie.
L'intérêt légal était de 12 pour 100; mais,
comme c'était au dernier jour des Calendes
qu'était fixé le paiement, il en résultait que
ce paiement ne se renouvelant que dix fois
au lieu de doute, l'intérêt n’était en réalité
que de dix pour 100. Les brocanteurs d’ar-
gent étaient loin de se conformer aux pres-
criptions de la loi, et l’on peut croire que
le nombre de ceux qui les enfreignaient
était grand, puisque Marcus Brutus lui-
même, ce républicain rigide, ne prêtait son
argent qu’au taux de 40 pour 100. C’est
encore, de nos jours, le cours de l'argent
à Paris pour les jeunes gens qui veulent
faire escompter leur fortune à venir. Ces
détails expliquent, et cette demande inces-
sante que faisait le peuple-roi de l'abolition
des dettes, et ces discussions intestines qui,
pendant les beaux jours de la république,
compromirent si souvent sa stabilité. Au
temps où la monnaie de cuivre était seule
en circulation, on la pesait; mais lorsque
celle d’argent fut introduite, on compta les
espèces.Il fallut alors examiner, non pas
seu'ement le poids, mais encore le titre.
Après ces observations préliminaires,
M. Gyraud est arrivé à l'examen et à
l'appréciation des conditions législatives du
prêt et de la position que le prêt faisait au
débiteur. Cette condition était, comme on
le sait, la servitude. Primitivement, elle
était le résultat d’une condamnation. mais
ue pouvait résulter du contrat; c'était la
contrainte par corps de l’époque. Il existait
chez les Romains une grande différence
entre les dettes pour prêt d’argent, et celles
provenant d’autres causes. Les premières
avaient des priviléges tout particuliers ; les
lois qui les régissaient étaient prodigues de
rigueurs et de garanties. Nous ne pouvons
suivre M. Gyraud dans l’examen de l'obli-
gation qui, à Rome, était connue sous le
titre de z7exum, ni de la condition dans Ja-
quelle se trouvait le débiteur désigné sous
le nom de nzexus. Nous nous bornons à faire
remarquer : 1° que chez les romains, on
savait parfois éluder la loi et simuler un
nextum, comme encore on simule une lettre
de change pour lui donner la force qu’elle,
aurait, si elle était sincère ; 2° que les Ro-
mains ne confondaient pas comme nous le
capital et les intérêts, qu'ils en faisaient
deux obligations différentes, lorsque, tou-
tefois, par le secours du nexum, ils ne fai-
saient pas de l’un et de l’autre une seule et
même chose.
D’après les passages de Cicéron, de Tite-
Live, d’Aulugelle, cités par M. Gyraud, il
est établi que le neœum exposait le débiteur
à un esclavage temporare, c’est-à-dire
qu'un Romain libre se vendait lui et sta
opera et se soumettait à la servitude. M. Gy-
raud a considéré trois choses dans ce con-
trat : sa forme, son objet et son exécution ju-
diciaire. Comparant le nexum avec la lettre
de change, il a trouvé cette différence que
la contrainte par corps, chez nous, provient
de la forme de la lettre de change et non
du prêt, tandis que c'était du -prêt et nou
de la forme que la servitude découlait sous
la législation romaine. D’après la loi des
Douze Tables, le nexus, devenu débiteur
10
rétardataire ou insolvable, se trouvait placé
dans la position la plus triste et la plus
malheureuse. Le créancier avait lé droit
de se saisir de lui, de le mettre dans les fers
êt de le faire mourir, s’il ne se libérait pas
dans les soixante jours qui suivaient son
arrestation. Cette manière de procéder
s'appelait manus injectio. Tertulien a pré-
tendu que les priviléges du créancier al-
laient jusqu’à lui permettre de couper le dé-
biteur par morceaux, mais il est permis de
croire que cette opinion est erronnée , et
qu'elle est basée sur une fausse interpréta-
tion du mot secto, qui s’'appliquait au
corps des biens du débiteur, et non au sien
propre. On est d’autant plus autorisé à pen-
sér de cette manière, que, dans une ciicon-
stance, un créancier ayant voulu commet-
tre un attentat à la pudeur sur son débi-
teur incarcéré, ce créancier fut traduit de-
vant le peuple et condamné.
Le nexum fut aboli par une loi que rap-
portent Cicéron et Tite-Live, mais 1l survé-
cüt et ne fut pas totalement détræt par la
loi Petilia. 11 en résulta seulement que le
prêt d’argent fut distinct de toute autre
dette ; que la contrainte ne put être exercée
pour les intérêts, et qne les rigueurs de la
sérvitudé ne furent plus aggravées par le
de : j
poids des chaînes. À partir de celte époque,
là contrainte ne fut pius la conséquence du
contrat, mais seulement d’une condamna-
tiün judiciaire. Les créanciers en abnsèrent
souvent encoré, mais ce ue fut qu’en vio-
lant la loi.
L'’exécution judiciaire sur la personne
du débiteur mettait celui-ci dans une con-
dition la dernière de toutes. De nexus, il
devenait abdictus. Dans le premier état, il
n'était que préparé pour être esclave;
dans le second, il l’est devenu. Ses biens,
sés enfants sont passés avec lui sous la puis-
sance du maitre. Cependant l'abdictus con-
sérvait encore quelques droits qui étaient
inséparables de sa qualité d'homme libre.
D’après la loi des Douze Tables, il pouvait
vivre de son bien et introduire certaines
actions en justice. 4bdictus libertate fit in -
genuus, à dit Quintillien, et il ajoute abdic-
tus legem habet. En résumé, l'abdictus n'é-
tait dans aucune des conditions de l’esclave,
ni pour lui, ni pour ses enfants, ni même
pour ses biens ; et c’est le cas de faire sen-
üir ici la différence qu'il y avait à Rome
éntre servir et être en servitude : dans la
première acception, c'était être e clave par
sa naissance ; dans la seconde, c’était seu-
lement le devenir par accident. La fortune
du débiteur était dévolue au créancier,
mais ses biens ne pouvaient être saisis
qu'après jugement, où sur la poursuite
d’un magistrat ; au prêteur appartenait
cette autorité, C'était sur ses biens qu’é-
taient dirigées les poursuites pour les dettes
ordinaires , l'exécution sur sa personne
n'étant autorisée que pour les prêts d’ar-
gent. Telle était la législation romaine lors-
que le christianisme apparut. Les modifi-
cations que lui fit subir le droit canonique
furent la conséquence de cet esprit de con-
fraternité humaine, qui, pour être reçu
comme un dogme par des peuples accou-
tumés à se voir partagés en maîtres et en
esclaves, avait besoin de leur être apporté,
uon par un philosophe, non par un légis-
latéur, mais par un Dieu.
M. Gyraud ayant terminé la lecture de
son mémoire, l’Académie s’est occupée de
la nomination de diverses commi:sions,
pour dresser la liste des candi:lats aux pla-
ces de correspondant devenues vacantes
A1
| dans les sections de philosophie, de morale
et d'économie sociale, à celle d'académicien
libre qu'occupait M. de Sismondi; et pour
présenter un rapport sur les mémoires en-
voyés au concours, pourile prix fondé par
M. le baron Félix de Beaujour.
La séance a été terminée par la lecture
d’une lettre de M. Lelut, qui sé présente
comme candidat à la place vacaute par la
mort de M. de Gérando. M. Lelut s’était
déja présenté pour le fauteuil de M.
Edwards, mais la section de philosophie
u’est pas pressée de se compléter. Elle a
renvoyé à un an ses présentations. Ce n’est
pas trop. On réfléchit longtemps et beau-
coup quand on tient école de sagesse. Mal-
heureusement, pour qui est pressé d'arri-
ver,unanest bien long. Qui peut,d’ailleurs;
garantir à quelqu'un, même à un candidat,
douze longs mois de vie; qui oserait dire
que le monde durera encore jusqu’en
18142... M. Lelut a donc fait sagement de
se présenter pro duplicata, il ne peut être
nommé qu'une seule fois ; le sera-t-il ou
plus tôt ou plus tard, c’est là, pour lui,
toute la question. C. B. F.
ARCHÉOLOGLE,
Notice historique sur les calires depuis l'éla-
blissement de la religion chrélienne jusqu'à
nos jours.
Nous empruntons quelques détails cu-
rieux sur les calices et les patènes, à une
notice que M. l'abbé Barraud, professeur
d'archéologie au grand séminaire de Beau-
vais, vient de publier dans le Bulletin mo
numental.
Calices. — V’usage du calice rémonte,
comme on le sait, jusqu'à Jésus-Christ lui-
même.
Le sacrifice devant toujours s'offrir sous
les espèces du pain et da vin comme Jésus-
Christ l’a offert luimême, on n’a jamais pu
se dispenser de faire usage du calice dans
la célébration des saints mystères, aussi en
est-il fait mention dans les écrivains ecclé-
siastiqués de tous les siècles.
On doit distinguer plusieurs espèces de
calices : les calices ordinaires servant pour
le célébrant lui-même dans l’oblation du
saint sacrifice ; ceux avec lesquels on admi-
nistrait aux fidèles la communion sous
l'espèce du vin et qui étaient désignés sous
le nom de calices ministériels, calices minis-
tertales ; les calices du baptème, çalices
baptismi qu’on employait pour communier
les nouveaux baptisés et pour mettre le lait
et le miel qu’on leur faisait prendre; enfin
ceux qui ne servaient que pour l’ornement
des autels.
On a employé pour la fabrication plu-
sieurs espèces de substances.
Dans les premiers temps du christia-
nisme, on s’est quelquefois servi de calices
de bois. Tout le monde connaît ces paroles
de saint Boniface de Mayence rapportées
dans le concile de Tribur : « Autrefois les
prêtres étaient d’or et les calices de bois;
maintenant les'calices sont d’or et les prè-
tres de bois.» L'usage de ces sortes de
calices parait s'être conserve dans plusieurs
endroits Jusqu'au neuviènre siècle. Léon IV
en effet qui occupait le siége pontifical en
817, défendit expressément dans son ins-
tuction pastorale de s'en servir désormais :
ne quis lègneo calice aut vitreo audeati
missam cantare.
On a fait encore usage avant le neuvième
sièele de calices de verre. Saint Jérdme rap-
porte de saint Exupère, évêque de Toulouse,
qu'ayant vendu les vases dé son église pour
secourir les pauvres, il portait lé corps de
Jésus-Christ dans un petit panier d’osier et
son sang précieux dans une coupe de verre.
Saint Honorat de Marseille, dans la vié de
saint Hilaire d’Arles, dit que ce saint ayant
vendu tous les vases de l’église pour sub-
venir aux nécessités des pauvres, se servit
dé calices dé verre.
Le concile de Calchut, en Angleterre,
tenu sous Adrien [*", parle de calices de
corne dont il défend de se servir dans la
suite. Thomas Bartholin, dans son livré de
medecinâ Danorum domesticæ, dit qu’il pos-
sédait un calice de ce génre avec lequel on
avait offert autrefois, en Norvege, le saint
sacrifice de la messe.
Il est question de calices de marbré dans
une vie de saint Théodore Archimandrite.
Lé prêtre Georges, auteur de cette vie,
rapporte que le monastère construit par
Théodore ne possédant que des vases de
marbre, le saint envoya son archidiacre à
la ville royale pour acheter un calice d’ar-
ent.
Le comte Everard, fondateur de l’abbaye
de Chisoing, diocèse de ‘f'ournay, légua par
son testament à Béranger, le plus jeune de
ses fils, un calice d'ivoire qui faisait partie
de sa chapelle.
Saint Colomban, ainsi que nous l’apprend
l’auteur de sa vie, offrait toujours le saint
sacrifice avec un calice de cuivre, parce
que la tradition rapportait que les clous qui
avaient percé les pieds et les mains de
Jésus-Christ étaient de cuivre ou d’airain.
Gratien cite un concile de Rheiïms que l’on
dit être du temps de Charlemagne et qui
défend de se servir de ces calices parce
qu'ils s’oxident facilement.
Saint Benoit d’Aniane faisait usage de
calice d’étain ne voulant pas par humilité
offrir le saint sacrifice avec des vases pré-
cieux. Le concile de Rheïms que nous ve-
nons de citer permet ces calices d’étain aux
pauvres églises. Mais Pierre Damien, au-
teur du onzième siècle, s'élève dans ses
opuscules, contre les prêtres qui en em-
ploient de semblables, et Richard, arche-
vêque de Cantorbéry, dans ses constitutions
de l’an 1175, défend de consacrer pour le
service de l’autel des vases faits avec ce
métal et d’en bénir aucun qui ne soit d’or
ou d’argent. Cependant dans beaucoup de
diocèses de France on les toléra pour les
églises pauvres jusqu’après la révolution
de 1793.
Ce ne fut pas seulement au temps de
Pierre Damien et de Richard de Cantorbéry
que l’on commença à faire usage de calices
d’or et d’argent. Dans les siècles précédents
on en possédait déjà ; et lorsque les évèques
ou les prêtres offraient les saints mystères
avec des vases de verre, de marbre, de
corne,de cuivre ou d'étain ; ils nele faisaient
ordinairement que par des mo'ifs particu-
liers d'humilité ou de charité.
Paul Orose, auteur du cinquième siècle,
rapport: dans le septième livre de son his-
toire, que lorsqu’Alarie, roi des Goths, pilla
la ville de Rome, la basilique du prince des
apôtres possédait un grand nombre de vases
et d'ornements d’er et d'argent. Saint Au-
gustin, qui vivait à la même époque, sex-
prime ainsi : « Nous avons pour la célé-
bration des saints mystères des instruments
et des vases qui pour la plupart sont d'or
et d'argent et que nous appelons saints à
cause de l'usage auquel nous les consa-
crons. Dans son troisième livre contre Cres-
conius, il nous apprend qu'il y avait à Car-
5
x
nage deux calices d’or et six d’argent.
- Grégoire de Tours raconte que Chilpéric
fupporta de son expédition d’Espagne,
pixante calices, quinze patènes, vingt cof-
rets pour les évangiles, et que tout cela
Lait d'or el garni de pierreries. Il fait
ussi mention de vases sacrés en argent
rue l’on avait trouvés dans des souterrains
ü les fidèles s'étaient retirés dans Jes temps
Le persécution pour offrir le sacrifice de la
3 \1esse. È
| Enfin plusieurs églises ont possédé des
* falices en pierres précieuses. La reine Bru-
! {ehault donna à l’église d'Auxerre un ma
1! {inifique calice en onyx garni d’or très-fin.
bn lit dans le concile de Douzi tenu en 871
5 u’un des crimes dont on accusa Hincmar
= fe Laon fut d'avoir enlevé un calice égale-
luent en onyx orné d’or et de diamants
lont le roi avait fait présent. Léon d'Hostie,
£ {: la fin du troisième livre de la chronique
4 {lu mont Cassin,compte au nombre des or-
{iements laissés à ce monastère par le pape
Victor IL, deux calices en onyx. L'abbé
* {juger rapporte dans les mémoires de son
1 fidministration, qu'il acheta un calice en
ë Lardoine pour l’usage de l'autel ; ce calice
* {st probablement celui qui existait avant la
évolution de 1793 dans le trésor de Saint-
Denis ; la coupe seule, d’après l’éditeur de
:e volume, était faite avec une agathe
? {prientale, et sur la garniture qui était en
| {rermeil et enrichie de pierreries, on lisait :
? | vGEr ABBAS.
» | Les calices étaient souvent ornés de pier-
1 reries. Ces pierres y étaient diversement
l llisposées ;on en placait principalement sur
Le pied et près des bords de la coupe,
| Dans les premiers siècles on a aussi dé-
? Wroré les calices de peintures et de bas-
: Vreliefs représentant divers sujets tirés de la
+ lainte écriture. Tertulien, mort au com-
lmencement du troisième siècle, nous ap-
‘ lbrend que cela se pratiquait de son temps.
| Aux onzième, douzième et treizième siè-
i Uiles, ou se servait fréquemment pour l’or-
: “moyen desquels on figurait sur le pied, sur
‘ Ua tige ei même quelquefois sur la coupe,
: Miles feuilles, des fleurons, des rosaces, des
: d’nroulements, des damiers et plus souvent
! ducore des personnages. On incrustait ces
: J'maux de manière à ne laisser apparaître
“1 la surface que des filets métalliques des-
| d'inant les principaux traits et les principaux
ontours. Les couleurs employées étaient
d'urtout le rouge, le bleu et le vert. M. Du-
“'ommerard, dans son magnifique atlas des
“iris au moyen-âge, a représenté un fort
1 *au calice émaillé du douzième ou trei-
| ièmesiecle. Les parties les plus ornées sont
e pied et le nœud de la tige. On y remarque
les fleurons, des têtes d'angeset des figures
le saints. Dés le septième siacle on émail-
aitainsi les calices, car te calice d’or donné
i Pabbaye de Chelles par la reine Bathilde,
|t fait par saint Eloy, était émaillé.
On a quelquefois gravé sur les calices des
uscriptions et des devises en rapport avec
e mystère auquel ils sont consacrés.
| Sur la coupe d’un calice ministériel qui
J'tait gardé avant la révolution de 1793,
| ians l'abbaye de Saint-Jossesur-Mer, on
isait au-dessus des figures, ces deux vers
atins :
BE
Gum vino mixta fit Christi sanguis et unda, :
Talbus his sumptis salvatur quisque fidelis.
nesure de Montreuil.
Ce calice contenait deux pintes et demie,
On peut encore placer parmi les orne- :
44
ments des calices les clochettes qu'on y a
quelquefois attachées. Mabillon, dans son
commentaire sur l'ordre romain, cite un
calice au bord duquel étaient ainsi suspen-
dues de petites sonnettes. Ce calice, con-
servé alors dans le trésor de Clairveau,
avait appartenu à Malachie, primat d’Ir-
lande.
La plupart des calices qui servaient à
l’ornement de l'autel avaient deux anses au
moyen desquels on les suspendait, On a
aussi, à différentes époques, garni d’anses
les calices ministériels et les calices ordi-
naires, Bède rapporte que de son temps, on
montrait à Jérusalem un calice d'argent à
à deux anses qui contenait an setier de
France, et que l’on assurait être celui dont
Jesus-Christ s'était servi.
Du reste, les calices ont eu, dès l’origine,
à peu près la même forme qu’on leur donne
encore actuellement. Ils ont toujours con-
sisté en une couple plus ou moins haute,
plus ou moins ouverte, soutenue par une
tige munie d'un ou de plusieurs nœuds, et
reposant sur un pied plat, hémisphérique,
conique ou pyramidal.
Les calices représentés sur les monnaies
de Charibert sont munis d’anses ou d’oreil-
lettes. Le pied est très élevé, de forme co-
nique ou pyramidale. La tige qui l’unit à
la coupe consiste en un simple nœud.
Le calice d’or donné à l’abbaye de Chelles
par la reine Bathilde était haut de 33 cen-
timètres et enrichi de pierreries au haut et
au bas de la coupe, La coupe était plus
longue et l'ouverture plus étroite que dans
nos calices ordinaires,
Le calice de l’abbaye de Saint Denis, qui
portait l'inscription sVGER ABBAS, était com-
posé d’une coupe à anses de forme semi-
elliptique et d’un pied conique séparé de
la coupe par un gros nœud. La coupe était
ornée de cannelure. Près du bord se trou-
vait une rangée de pierreries.
On trouve dans une histoire de saint
Bonaventure, imprimée en 1747, la repré-
sentation du calice qui avait servi, dit-on,
à ce saint docteur, et que l’on censervait à
Lyon. Le pied de ce calice ést très élevé. Il
est formé de huit pans arqués, séparés les
uns des autres par des côtes aiguës, la tige,
munie d’un nœud assez étroit, présente
quelques cannelures.
Dans l’histoire de l’art de Seroux Dagin-
court, on voit le dessin du calice de l'abbaye
de Wingarten, en Souabe, chef-d'œuvre
de l’orfèvrerie allemande au quatorzième
siècle.
Grancolas avance que quelques calices
ministériels avaient la forme de nos mor-
tiers. Il assure qu’ils sont ainsi dépeints
quelquefois; mais il n'indique pas où il a
vu ces peintures. Au reste, son assertion
s'accorde assez avec ce qu'on lit dans la pa-
uoplie évangélique de Lindanus, auteur du
seizième sièc e. Cet écrivain rapporte qu'il
vit daus le monastère de Fulde deux cali-
ces dont saint Boniface avait fait usage pen-
dant sa vie; l’un de ces vases était fort
petit, et avait servi pour la célébration des
saints mystères, l’autre, beaucoup plus
grand, était sans doute un calice ministériel,
il offraiten sculpture dans sa circonférence
douze figures de prêtres vêtus de chasubles,
et ayant un calice en main. 1l avait deux
anses, et sa forme n’était ni globuleuse ni
carrée, mais orbiculaire, et res emblait
assez à celle d’une pomme.
45
GÉOGRAPHIE.
SOCIÉTÉ DE G£OGRAPNIE.
La Société de géographie a tenue sa séan-
ce générale le 30 décembre dernier, dans
une des salles de l’Hôtel-de-Ville, sous la
présidence du ministre de l’agriculture et
du commerce, Dans un discours plein de
savoir et du patriotisme le plus vrai, M. le
président a examiné quelle devait être l’im-
portance de la science géographique, au-
jourd hui, que les rapports des peuples en-
tre eux, ne sont con idérés que comme des
moyens d'échanger les produits et les ri-
chesses de leur sol.
M. le ministre a promis de contribuer à
la publication d’un dictionnaire de la lan-
gue berbère, dictionnaire composé par un
des membres de la Société.
M, de la Roquette a fait un rapport sur
les travaux géographiques de l’année, et a
lu des notices sur plusieurs membres dont
la Société de géographie a eu à regretter Ja
perte.
M. Duflot de Mofras a lu un fragment de
la relation de son voyage en Californie. La
Californie est destinée, suivant lui, à pren-
dre un grand développement si l'Océan-Pa-
cifique vient à être mis en communication
avec l'Atlantique, par l'ouverture d’un ca-
pal, ou par l'exécution d’un chemin de fer, à
travers l’isthme de Panama.
De tout:s les républiques de l'Amérique
méridionale, celle du Chili est la première
qui ait su régulariser son état politique et se
donner une bonne administration. M. Gav
a lu à la Société une communication au su-
Jet de cette partie du continent américain.
Le tableau qu’il en a fait a été accueilli ayec
des marques non équivoques de la plus vive
satisfaction. fi
Sur les pays limitrophes de la Nubie et du
Sernaar. Extrait d'une lettre de M. E. Gautier
d’Are, consul de France en Egypte.
À 100 millesenviron au-dessus de Khar-
toum se trouvent les îles Schlouks ; Ià le
cours du fleuve Blanc s’embarrasse de pier-
res granitiques à fleur d'eau. Son cours est
d’une lenteur extrême. Les populations sau-
vages qui habitent ces îles et des rives du
fleuve, pillent fréquemment les voyageurs;
elles se retranchent derrière les bosquets de
mimosa qui couvrent ces parages, et profi-
tent surtout d’un bas-fond, où l’on ne trouve
guère en avrilet en mai que 14 pouces
d’eau,
Plus loin les bois disparaissent, et font
place à de hautes herbes marécageuses qui
s'élèvent à plus de 15 pieds au-dessus du
niveau de l'eau (komsouf). Les hippopota-
mes deviennent très nombreux dans ces
parages. On les chasse pour manger leur
chair.
Au-dessus de cette région commence fa
Yégétation de tamarins. Là se trouve sur la
rive gauche du fleuve la peuplade des Dinn-
kas, qui révere la lune, et ne se permet ja-
mais d’altaquer ses ennemis tant que cet
astre brille sur lhorizon. Là croît aussi le
palmier Deleb, dont le tronc est bombé vers
le centre de l'arbre, de sorte qu'il est extré-
mement difficile d’avoir son fruit. Les po-
pulations de plus en plus nombreuses ap-
paraissent au voyageur quiremontelefleuve.
Les toits couverts en chaume abritent de
nombreuses tribus, qui vivent sous la do-
mination du meck. Tel est le spectacle que
l’on rencontre pendant un espace de 260
milles.
On re peut toutefois apercevoir du fleuve
46
la bourgade de Fachoura, résidence du
meck. Elle est située dans l’iniérieur, à 4
millesenviron du Nil-Blanc. Ses abords sont
défendus par une épaisse forêt, et par des
ravins profonds qui se remplissent d’eau du-
rant l’inondation. Les abords de la maison
royale sont mieux défendus encore par une
garde composée de deux bataillons de fem-
mes, qui ne laissent approcher du souve-
rain que ses deux ministres. Ceux-ci ne pé-
nètrent point dans l’enceinte sacrée, mais
le roi sort pour les entendre. Ils ne sont ad-
mis dans l’intérieur du palais que lorsque
le roi paraîtatteint d’une maladie mortelle.
Alors leur devoir est, dit on, d’étrangler le
souverain pour empêcher qu’il ne meure
de maladie comme le plus humble de ses
sujets.
En quittant ce pays, onrencontrele Telfi,
ou rivière Bleue, dont le cours rapide et
profond vient du sud-est ; les Dinnkas la
nomment Kety. Les habitants, pasteurs no-
mades, font paître des troupeaux de bœufs
sur ses bords.
C’estau-dessus de cette embouchure que
F'on aperçoit dans l’est, à 25 ou 30 milles,
une très haute montagne où se trouvent, à
ce qu’on assure, des mines de fer.
Par 8e latitude N., on rencontre un lac
qui n’a pas moins de 9 milles de circonfé-
rence. C’est là que commence le pays des
Nouers, peuple cultivateur qui entoure ses
bestiaux et ses habitations de clôtures, et
construit des cabanes vastes et bien aérées.
On dit ces peuplades rusées et cruelles. La
couleur de leur peau tire sur le rouge ; les
cheveux ne sont point crépus.
Par 7° 43’ le Nil sedivise en quatre bran-
ches, au S.-0. — S.-S.-0. et S.-E. ; les af-
fluents ont moins d'importance, et parais-
sent provenir des marécages voisins ; mais
le rameau principal vient de l'E.-S -E. Telle
est la douceur des mœurs de ces sauvages,
qu'ils ne tuent jamais pour s’alimenter les
immenses troupeaux de bœufs dont ils sont
environnés. Ils vivent de pêche, de grains,
de racines etde laitage, et suppiéent au sel,
47
u’ils ne connaissent pas, par l’urine de
Pa$;
vache.
ARS RTE EEE)
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
— Voici l'expédient qu'emploie, pour parvenir à
la complète destruction des insectes, un habitant
d’Auxonne (Côte-d'Or). Ïl a fixé, dans ses vergers,
un nombre considérable d'oiseaux mésanges, qui
passent des journées entières à visiter les arbres, à
les purger des chenilles et de leurs œufs, ainsi que
des vers et autres insectes qui se cachent sous l'é-
corce et dans les cavités à l’abri du froid.
Il s’est procuré des morceaux de troncs ou bran-
chages de 40 à 50 centimètres de longueur, et de
la grosseur d’au moins 50 centimètres de tour, d'une
écorce grossière, mousseuse. Avec une tarrière, le
cœur du morceau est perforé de 30 centimètres de
profondeur, sur un diamètre de 7 à 8 centimètres;
une ouverture latérale est établie de même diamètre
en forme de lumière vers l'extrémité. L'entrée par
ce bout est bouchée avec de la terre glaise ou grasse
et de la mousse. Puis ces nids, d'un nouveau genre,
sont fixés sur les arbres du verger. Sur vingt nids de
cette epèce singulière, dix-huit ont été occupés en
1839 chez M. T..., et dans chaque nid il y avait de
dix-huit à vingt-quatre petits oiseaux.
Si bien placées à l’abri des animaux malfaisants,
toutes les nichées réussirent, et bientôt, trois à qua-
tre cents petits oiseaux vinrent, sur un seul point,
réclamer pour leur nourriture au moins trois à qua-
tre mille chenilles par jour; cette nourriture obligée,
pendaat au moins trente jours, fait, sur place, une
destruction de plus cent vingt mille chenilles. Voilà,
certes, un grand avantage pour un verger; et si
l’on calcule que ces jeunes oiseaux reviendront
l’année suivante, par un instinct tout naturel, visiter
leur patrie au mois de mars, et nettoyer les arbres
qui leur ont servi de berceau des œufs, de chenilles
qui y sont logés, on ne peut calculer, mais on peut
apprécier les avantages à retirer de cette méthode
qu'on ne saurait trop recommander.
—Par ordonnance du roi, en date du 25 décem-
bre, rendue sur le rapport de M. le ministre de l'In-
struction publique, l'élection de M. Ampère, faite
par l'Académie royale des Inscriptions et Belles-
Lettres, pour remplir la place vacante dans son sein
par le décès de M. le baron de Gérando, est ap-
prouvée.
| ICONOGRAPHIE DU RÈGNE ANIMAL
(BE CUVEIF ER ),
OU REPRÉSENTATION D'APRÈS NATURE , DE L'UNE DES ESPÈCES LES PLUS REMARQUABLES , ET
SOUVENT NON ENCORE FIGURÉE , DE CHAQUE GENRE D'ANIMAUX.
Ouvrage pouvant servir d’atlas à tous les traités de zoologie.
Par M. GUÉRIN MÉNEVILLE.
Ce grand et bel ouvrage, composé de 450 planches in-8°, contenant plus de 6,200 figures originales,
est terminé depuis plusieurs années et a été lc sujet de rapports successifs et très favorables, faits à l'A-
cadémie royale des sciences par MM. Georges Cuvier, Frédéric Cuvier et Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire.
On attendait avec impatience le texte explaüf, contenant un grand nombre de notes sur les travaux qui
ont été faits depuis la mort de Cuvier et une foule de descriptions d’objets nouveaux: ce texte vient
d'être terminé. Après quatre ans de travaux incessants , de recherches consciencieuses dans les ouvrages
qui se publient daus tous les pays, M. Guérin Méneville est parvenu à compléter cet immense travail, il
en a présenté le manuscrit à l’Académie des sciences, et le rapport flatteur que M. Duméril à fait sur ce
manuscrit est un garant irrécusable de son utilité, Ce texte est actuellement sous presse et paraitra dans
les premiers mois de 4845.
Prix de chaque livraison, figures coloriées. . 45 fr.
— figures noires, . . Gr.
Le prix du volume de texte n’est pas encrre fixé.
Librairie encyclopédique de Roret, rue Hautefeuille, 10 bis.
THÉORIE POSITIVE
DE LA FÉCONDATION DES MAMMIFERES..
BASÉE SUR L'OBSERVATION DE TOUTE LA SÉRIE ANIMALE,
Par F.-A. POUCHET,
Docteur médecin , professeur de zoologie au Muséum d'histoire naturelle de Rouen, membre de l'Académie
des sciences, leltres et arts de cette ville, et de plusieurs Académies françaises et étrangères. — Un vo-
lume in-8°, Broché 8 fr.
48%
— Le ministre de l'instruction publique s'utcupe
en ce moment de la réorganisation de l'Ecole des
Chartres. Le programme des études sera, dit-on,
complété; mais surtout, une carrière et un avenir se-
ront assurés aux élèves émérites de cette Ecole, soit ||
qu'on leur réserve et qu’on leur attribue un certain
nombre de places daus les bibliothèques publiques, «
soit qu'on leur confie des missions scientifiques, tant
en France qu’à l'étranger,
La Société de géographie a tenu sa deuxième
assemblée générale de 1842, le vendredi 30 décem-
bre, à sept heures et demie du soir, dans une des
salles de l'Hôtel-de-Ville.
— M. Achille Comte, professeur d'histoire natu-
relle au collége Charlemagne, a été admis à F'hon-
neur de présenter au roi le Grand Atlas de zoolo-
gie qu'il vient de terminer. S. M. a bien voulu aussi
accueillir avec intérêt l'hommage et la quatrième
édition de l'ouvrage qui a pour titre : Organisation
et Physiologie de l'homme. Le roi, que ses con-
naissances scientifiques rendent si capable d'appré-
cier des ouvrages de ce genre, a bien voulu accor-.
der à l’auteur un suffrage qui devient une honorable
récompense des travaux qu’il poursuit depuis long-
temps, dans le but de populariser l’utile enseigne-
ment de l'histoire naturelle,
© a
œ
BIBLIOGRAPHIE.
LE BON JARDINIER , almanach pour l'année
18453.— À Paris, chez Audot, rue du Paou.
CLASSIFICATION et caractères dislinctifs des
champignons comestibles et des champignons véné-
neux.
COXSIDÉRATIONS historiques et critiques sur
les vitraux anciens el modernes etsur la peinture sur
verre; par Émile Thibaud. — A Clermoni-Fer-
rand, chez Thibaud-Landriot, chez l’auteur ; à Pa-
ris , chez Cousin et Imbert,
CONSEILS aux ouvriers sur les avantages des
caisses d’epargne et de prévoyance. — Paris, chez
Tètu, rue J.-J. Rousseau.
INSTRUCTION PASTORALE sur le schisme de
France ; par le cardinal de La Luzerne. — A Pa-
ris, chez Méquignon Junior, rue des Grands-Au-
gustins , 9. ë
7 =
PARIS, IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
Rue des Boucheries.S .-G, 38.
INSTRUMENTS
DE PHYSIQUE,
DE CHIMIE, D'OPTIQUE, DE MATHÉMATIQUES,
DE CHIRURGIE, D'HYGIÈNE
ET D'ÉCONOMIE DOMESTIQUE
De M. DELEUIL,
Balancier de Ja commission des Monnaies et des
Médailles, fournisseur des essayeurs du eom-
merce de Paris et de la garantie, chargé, à l’école
Normale, de la direction de l'atelier où les élèves
apprennent la construction des instruments qui
ont rapport aux sciences ;\ fournisseur des Fa-
cultés et colléges royaux.
BRÉVETÉ EN 18923, 1832 et 1842.
À PARIS, RGE DU PONT-DE-KODI, 8, ET À L'HOTEL
DES MONNAIES.
INTROMENTS DE CHIRURGIE.
FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE
CHIRURGIE EN OR ,; EN ARGENT, EN ACIS8,
pe CAPRON ane,
rue de l'Ecole-de-Médecine, i0.
Cette coutellerie, fondée depuis près de trente
ans, est parvenue, après de grandes recherches SE
fabriquer des lanceltes tellement appréciées, que
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de lancetres
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en
médecine tiennent à houneur de posséder au moins
une lavcette Capron. La coutellerie de celle maison
n'est pas moins renommée que ses lancettes ; elle
tient aussi un assortiment complet de bandages et
d'in trumeuts de gomme élastique.
{
ï
|
{
(2
| L'EC
10° année.
nn
+
DU
Paris. — Jeudi, 12 Janvier 1843.
pee —— ——
MONDE
Ne 3.
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ne à
| ’EcHO DU MONDE SAVAN1 paraît le FEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de ,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
| CES. Séance du 9 janvier 1843.— SCIENCES
& | PHYSIQUES. Direction du courant électrique
dans les miues; Hunt — MATHEMATIQUES.
Sur une nouvelle méthode de pénétiation et de
discussion des surfaces du deuxième otdre;
| Amiot. — SCIENCES NATURELLES. G£0-
| LOGIE Thévrie des glaciers; Agassiz. — For-
| mation jurassique de la contrée nommée March ;
| Glocker. — MINERALOGIE. Romanésite —
Nouvelle substance minérale ; Saimon.— Descrip-
| tion de l’arsenio-sidérite, nouvelle espèce d'arsé-
| niate de fer; Dufrénoy. — SCIENCES MEDI-
| CALES. Mémoire sur la structure des os.—Exa-
| men microscopique des os colorés par la garance;
| Mandl. — ZOOLOGIE. Index ornithologique ;
| Lesson. — SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS
| CHIMIQUES. De l’emploi du suifate acide d’alu-
| mine artificiel dans la teinture et l'impression des
matières animales et végétales. — SCIENCES
HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE. Sur les édi-
fices les plus remarquables de la Sarthe; l'abbé
Tournesic.—l'atènes. — Leur forme depuis l'éta-
|
|
blissement du christianisme. — STATISTIQUE
|
|
sur les développements de la caisse d’épargne, et
leur influence sur la pooulation parisienne ; le ba-
| ron Charles Dupin. — FAITS DIVERS.
CR) SE er
| ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 9 janvier 1843.
. Une légère discussion s’est clevée au
commencement de la séance au sujet de la
rédaction du procès-verbal, mais bientôt
ordre du jour demandé par quelques
membres à mis fin à cette discussion.
L'Académie a, dans cette séance, pro-
cédé, pour la partieadministrative, à la no-
mination d'un membre pris dans la sec-
tion mathématique, en remplacement de
M. Poinsot, qui pouvait être réélu,
Cette nomination a soulevé une discus-
. sion qui a duré près d'une heare, au grand
déplaisir des mortels qui viennent chaque
lundi assister aux travaux des savants fran-
çais, — Le promoteur de cette discussion
était M. Beudant; beaucoup de membres
de l’Académie ÿ ont pris part, mais nous
ne voudrions pas entretenir nos lecteurs
des différents points de vue sous lesquels
ils ont considéré la question.
Nous leur dirons seulement que l'usage
de l'Académie est de nommer pour cette
partie de l'administration deux membres À
six mois de distance. — La nomination d'a
mois de janvier porte sur un membre pris
dans la section mathémathique; celle du
mois de juillet sur un membre de la sec-
tion des sciences physiques,
On a protesté contre cet usage;
M. Arago a voulu qu’on se soumit entièrt=
ment à l'ordonnance royale qui l’établit ;
d’autres, enfin, ont demandé un comité
secret, et la discussion s’est terminée par
un vote qui, donnant six mois de réflexion
à l'Académie, lui permettra de méditer sa-
gement sur ces ordonnances républicaines,
consulaire, royales et mivistérielles dont
que'ques membres ont bien voulu Conner
lecture, sans doute, pour assoupir davan-
tage le public ennuyé:
Le résultat du vote de l’Académie a été
de nommer M. Poinsot qui, sur 41 voix en
a obtenu 37. Deux membres au lieu de vo-
ter ont cru convenable de remplir leur pa-
pier par un aphorisme réglementaire.
M. Pelouze a lu à l’Académie un long
mémoire sur l'acide bypochloreux , suivi
de quelques observations sur les mêmes
corps,considérés à l’état amorpheet à l’état
cristallisé. Nous en donnerons l'analyse
dans un de nos prochains numéros.
Le mémoire de M. Pelouze était terminé
par une note sur la solubilité du chlore dans
l’eau, dont nous allons extraire le tableau
suivant :
Vol. de chlore
Volume d’e:u. FE Température.
100 475 à 180 Go
100 270 à 275 9°
100 270 à 275 10°
400 250 à 260 41%
400 250 à 260 14°
100 245 à 950 14
100 200 à 210 30
190 455 à 160 40
109 115 à 120 50
100 60 à 65 70
Le maximum de solubilité à donc lieu
vers 9 à 10, au-dessus de zéro. C'est pré-
cisément la température à laquelle les cris-
taux d’hydrate de chlore cessent de se for-
mer dans l'eau, ou disparaissent complé-
tement dans ce liquide.
Quand l’eau est chargée de chlore et
qu'on l’agite avec de l'air, eilé perd pour
ainsi dire instantanément la presque tota-
lité du gaz qu’elle tenait en dissolution, et
devient incolore. Appliquant ce fait à la
préparation de la dissolution de chlore ;
M. Pelouze en conclut qu'il ne faut pa;
agiter l’eau dans la quelle ou fait arriver le
gaz, car on mettrait ce liquide en contact
avec lair du flacon et sa saturation n’au-
rait pas lieu.
Toxicococ1e. — M. Magendie a rendu
compte à l’Académie des premierstravaux
qui ont été faits par la commission chargée
d'examiner le fait obervé par M. Cambes-
sèdes ; il y avait deux questions à examiner,
1° l'arsenic peut-il guérir, sans empoison-
nement, des moutons attaqués de pleuré-
sie chronique ? 2° l’arsenic est-il sans ac-
tion sur des moutons sains. — La commis-
sion n’a pu résoudre la première, question ;
mais, pour la seconde, elle a donné une
réponse négative.
La commission a fait acheter deux mou-
tons qui n'avaient pas mangé depuis deux
jours. — On a fait avaler à l’un 5 grammes
d'acide ar.énieux mêlés et broyés avec 10
grammes de sel commun; l’autre a pris 10
grammes d’arsenic mêlés avec 20 gramnes
PETITS-AUGUSTENS , 21, et dans les (épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an
25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ‘6 fr., 8 fr. 50. Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du moi: (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M, C.-B. FRAYSSE, gérant,
de sel commun. — 24 heures après avoir
pris ces substances, ces animaux étaient
dans un trés-mauvais états de nouveau on
leur a fait prendre les mêmes doses du mé-
lange et quelques heures après ils étaient
morts. —. M. Gaylussac fait remarquer
qu’on n'avait pas donné les doses indiquées
par M. Cambessèdes, doses qui étaient de
30 grammes pour les moutons malades,
et de 8 grammes pour ceux qui étaient
sains; du reste, la commission semble s’être
placée dans de mauvaises conditions pour
opérer, elle a pris des moutous qui depuis
longtemps n'avaient pas mangé; l'acide
arséuieux , introduit dans leur es'omac a
déterminé une irritation, qui a produit une
sécrétion abondante de liquide, dans ce li-
quide l'acide arsénieux s’est dissous et a pu
être alors absorbé bien plus facilement que
cela aurait lieu daus l’état normal.
MINÉRALOGIE. — M. D. Humbold a trans-
mis à l’Académie une notice très-intéres-
sante qui lai a été communiquée par Un:
officier russe. Il s’agit de la déconverté de
la plus grande’pépite rencontrée jusqu'à
lors. Elle à été trouvée le 7 novembre41842,.
dans la partie méridionale de l’'Oural:-Gett
pépite pèse 36 kil. 025. Elle est mainte
dans Va collection du corps des mings!
St-Pétersbourg.
PaysiQue. — M. Poiseuille a présen
à l’Académie ue suite de son travail sur
l'écoulement des liquides. 11 a trouvé qu’un
liquide coulant dan: les canaux veineux ou
artéricls , présentaient un phénomène fort
remarquable. — 11 a vu qu'une couche de
liquide restait immobile et comme adhé- .
rente aux parois des vaisseaux, et que c’étaif
dans cette couche circulaire qu’un filet de
liquide coulait. Il a été conduit à ces résul-
tats en observant que l'écoulement était
le même dans un tube raboteux ou lisse
lorsque le iiquide ne changeait pas. — M.
Poiseuille à trouvé que l'alcool coulait plus
lentement que l'eau et que les liquides qui
hâtent la circulation dans les tubes hâtent
la circulation daus les vaisseaux veineux ou
artériels,
M. Pierre Leroux, à propos d’un appa-
reil présenté par M. Gaubert, est venu
rappeler à l’Académie que le premier, il y
a 25 ans, il a eu l’idée de composer des
pages d'imprimerie avec une machine, et
que cette idée il la réalisée. — Pour le
prouver, il dépose une brochure publiée
en 1822, chez M. Didot.
M. Ducios a envoyé à l'académie une
suite de son travail sur l’action de l'électri-
cilé dans les cas d’empoisonnement par la
strychuine et la brucine. — L'électricité
négative arrêierait cet empoisonnement ou
du moins l’atténuerait beaucoup; l’électri-
cité positive en hâterait les progrès, Nous
reviendrons sur ce travail.
M. Rognetta , docteur en médecine ,
99
a présenté à l'académie une longue note sur
l'acide arsénieux considéré comme remède
chez les animaux domestiques. — Selon
lui, l'acide arsénieux, peut être donné à
haute dose aux animaux herbivores , et en
particulier aux ruminants parceque le poi-
son se trouve mêlé à des aliments grossiers,
et n’est presque pas absorbé. Si cet acide
était en dissolution, la mort serait très-
prompte ; c'est ee que prouve une expé-
rience faile sur un cheval, par M. Ro-
gnetta. — Cette expérience de M. Rognetta
prouve que le minimum de la dose mor-
telle de l’arsenic chez le cheval diffère dans
la proportion de 4 à 32, suivant qu’on
l’emploie en solution ou en poudre, — On
est done conduit à dire que quand on a ad-
ministré aux brebis de M. Cambessèdes, 32
grammes d’arsenicen poudre, c’est comme
si on leur en eut ingéré un seul gramme
en dissolution. — Or cela n’a rien d'ef-
frayant si l’on considère | état dela maladie.
M. Rognetta a vu que l'arsenic en pou-
dre, administré à des lapins bien portants,
n'agissait qu'au bout de plusieurs jours;
tandis qu’en solution il déterminait une
mort prompte. — Passant ensuite aux effets
médicamenteux de l’arsenic, M. Rognetta
établit qu'il agit comme antiphlogistique et
il cite alors une observation de la Gazette
des Hôpitaux de 18439 qui confirme son
opinion. Le mémoire de M. Rognetta se
termine par différentes propositions rela-
tives aux conditions dans lesquelles on doit
se placer pour faire ces sortes d'expériences
et il finit en rassurant les esprits timorés
qui auraient pu craindre les effets de Par -
senic administré aux animaux malades.
MM. Danger et Flandin ont adressé à
VAcadémie une note à propos de la com-
munication faite dans la séance du 2 jan-
vier, par M. Gasparin. — Ces deux savants
se proposent deux questions; la première est:
l'arsenic est-il ou n'est-il pas un poison
pour la race ovine?
Ils ont expérimenté sur un mouton au-
quel ils ont fait prendre, pendant deux
jours de suite, 8grammes d’acide arsénieux
mêlé avec du sel marin. L'animal ne mou-
rut pas; on analysa ses urines; on y trouva
peu d’arsenic; les féces en contenaient beau-
coup. MM Danger et Flandin expliquent
ces faiis en disant que l’arsenic n’a fait que
toucher et irriter les parois du tube di-
gestif et que n'étant point absorbé il n’a pu
produire la mort.
Dans une seconde expérience ils ont in-
troduit, sous la peau de la cuisse, d’un au-
tre animal, 30 centigrammes d’acide arsé-
nieux; l'animal a dès-lors refusé toute
nourriture et est devenu de plus en plus
malade. Cette expérience a été faite le 9
janvier; lPanimal vivait encore lundi 7.
Les urines ont été analysées et ont fourni
‘de larsenic dont la proportion augmentait
chaque fois que l'animal urinait de nou-
veau. De là MM. Danger et Flandin con-
.cluent que l’arsenic est un poison pour la
race ovine, mais qu'il n’agit pas violemment
parce qu'il est lentement absorbé.
La deuxième question est celle-ci : des
moutons, traités par l'acide arsénieux à
haute dose, pourront-ils, sans danger, être
livrés à la consommation et au bout de quel
temps pourra-t-on le faire. MM. Danger ct
Flandin expérimentent sur cctte dernière
question et bicntôt ils soumettront À l'Aca-
démie le résultat de leurs recherches.
M. Arthur Morin, professeur de mécani-
que industrielle au conservatoire des Arts-
et-Métiers, a fait hommage à l'Académie
53
d'un livreintitulé Aide mémoire de méca-
n'que pratique à l'usage des officiers d'artil-
lerie et des ingénieurs civils et militaires. —
C’est la troisième édition d’un ouvrage ré-
cent encore.
DOS CP.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Direction du courant électrique dans les
mines.
Les observations de M. Huut, faites sur
les veines métalliques dans les mines situées
eutre Camborne et Redruth, à East-Wheal -
Crofty, East-Pool et Dolcoath, ont conduit
aux résultats suivants. Quand les filons
plongeaient au sud, la direction du cou-
rantélectrique était constamment de l’ouest
à l’est. Une communication ayant été éta-
blie entre deux filons, l’un plongeant au
sud et l’autre au nord, le courant a été de
l’est à l’ouest, ou du filon méridional au fi-
lon septentrional. Le rapport ayant été éta-
bli entre la partie supérieure du filon nord,
ce courant a été de bas en haut; mais, dans
le filon sud, la direction du courant a été
de la surface en bas, ce qui vérifie com-
plétement l'opinion émise déjà depuis long-
temps par M. Robert Were Fox, savoir : que
les filons nord et sud ont, à de certaines
profondeurs dans le sol, quelque connexion
entre eux, et qu'un courant d'électricité les
lie. Dans une autre série d'expériences fai-
tes à Dolcoath, le courant a été de l’est à
l’ouest dans un filon qui plongeait au nord;
un courant transverse (cross-course) a croi-
sé ce filon, et du côté oriental, au-dessus de
ce courant transverse, le filon s’est trouvé
extrêmement riche en minerai de cuivre
pourpre, et mêlé d’une grande quantité de
peroxyde de fer, tandis que du côté situé à
l'ouest du même courant transverse on
n’a rencontré que du minerai jaune. Cette
circonstance semble prouver en faveur
des conclusions auxquelles M. Fox est ar-
rivé par d'autres expériences, savoir : la
conversion du minerai jaune en minerai
gris par la simple action du courant élec-
trique.
MATHEMATIQUES.
Sur une nouvelle méthode de génération et de
discussion des surfaces du deuxième ordre.
— Théorie des focales el des plans directeurs;
par A. Amiot.
Voici les privcipaux théorèmes dévelop-
pés dans ce Mémoire :
« Il existe pour toute surface du deu-
xième ordre des lignes (les focales) dont les
différents points jouissent, entre autres,
des propriétés suivantes :
« s’. L'expression du carré de la distance
d’un point d’une focale à un point quel-
conque de la surface est décomposable en
deux facteurs entiers, rationnels et du
premier degré, en fonction des coordon-
nées de ce dernier point;
«2°. Il y a généralement, pour chaque
point d'une focale, un système de deux
plans (plans directeurs) tels que le carré
de la distance d’un point quelconque de
la surface au premier point est constam-
ment proportionnel au rectangle des dis-
tances du même point aux deux plans ;
« 3°. Pour chaque section d'un ellipsoi-
de, par exemple, par un plan perpendieu-
laire à l’un des axes, il y a deux points
d’une focale (foyers conjugués ) dont la
somme des distances À un point quelcon-
que de la section est constante;
54
«4. La normale à !a surface en un
point quelconque de cette section est tou-
jours située dans le plan des rayons vec-
teurs menés de ce même point aux deux
foyers conjugués;
« 5°. La normale divise en deux parties
égales l’angle des mêmes rayons vecteurs.»
—— HD -— —-
SCIENCES NATURELLES.
GÉOELOGIE.
Théorie des glaciers. — Extrait d'une lettre de
de M. Agassiz à M. de Humboldt, en date du
19 novembre 1842.
« J'ai vu par le compte rendu des obser-
vations de M. Forbes sur les glaciers, qu'il
a laissé la plupart des questions qui s’y rat-
tachent bien loin du point où je les ai ame-
nées cette année. C’est ainsi qu’il a entiè-
rement méconnu la stratification, et qu’il
en confond partout les indications avec les
accidents variés des bandes bleues. Les
coupes ne donnent qu'uue espèce de lignes
de séparation dans la masse, tandis qu'il y
en a deux systèmes qui s'entrecroisent. Îl
résulte de cette première méprise une im-
possibilité absolue pour fui de lier les phé-
nomènes des hautes régions avec ceux du
glacier proprement dit; aussi ne trouve-t-
on pas un mot sur ce point important dans
les remarques qu’il a publiées. La plupart
de'ses autres ob-ervations sont tout aussi
incomplètes; ses données sur le mouve-
ment général du glacier ne reposent que
sur des faits observés pendant les mois
d'été, tandis que j’ai des chilfres du mou-
vement annuel d'une série de points sur
toute la longueur du glacier qui offrent
des résultats diamétralement opposés à
ceux de M. Forbes, aïnsi, j'ai t:ouvé l’avan-
cement d’un bloé
à 3077 pieds du rocher de l’Abschwung de 274
pieds ; celui d'un second bloc plus bas à 5176 pied
du même rocher de 294 pieds ; celui d’un troisième
plus bas à 13930 pieds du même rocher de 219
pieds ; celui d’un quatrième plus bas à 21970 pieds
du même rocher de 1{8 pieds; celui d’un cin-
quième enfin à 24470 pieds du même rocher de
265,
tandis que M: Forbes affirme que la partie
inférieure des glaciers se meut plus rapi-
dement qne la partie supérieure , dans la
proportion de 3 à 5. J'ai pris des mesures
pour pouvoir constater le mouvement par-
ticulier de chaque saison dans différents
points : en attendant que je puisse répéter
ces mesures, il n’est pas sans importance de
faire remarquer que mes trois blocs supé-
rieurssetrouventsur la partie la plus unifor-
me et la moinsinclinée du glacier de l’Aar,
tandis que le quatrième, qui a le moins
avancé , est sur la plus forte pente de son
cours; le cinquième, enfin , est près de son
extrémité, dans un endroit très crevassé,
où le fond est creusé de grands et nom-
breux vides. :
» M. Forbes prétend, en outre, que le
mouvement diurne parait plus considéra-
ble que le mouvement nocturne; vous vous
souvenez sans doute que j'ai observé le
contraire. Cette différence provient proba-
blement de la différence dans les heures
de nos observations. M. Forbes observait à
G heures du matin et à 6 heures du soir,
tandis que mes observations ont été faites
à 7 heures du matin et à 7 heures dusoir.
Ce n’est pas sans intention que j'ai choisi
ces heures. Le matin les nombreux filets
d’eau ne se mettant courir que vers les 7
heures, j'ai envisagé que ce moment seule-
|
55
- ment était le commencement du jour pour
_ les glaciers ; le soir l’eau tarit peu à peu
après le coucher du soleil, et continue sou-
- vent à couler encore fort tard dans la nuit,
: malgré le froid du soir.
_ «Il résulte de là que M. Forbes, en
choisissant pour ses observations les heu-
res de 6 heures, le soir et le matin, a sous-
- trait à la nuit l'heure qui est peut-être
celle du plus grand mouvement, pour y
comprendre une heure de jour de plus.
_ J'ai en effet tout lieu de croire que, si
_ eau qui pénètre dans l'intérieur du gla-
cier est la cause déterminante du mouve-
ment, c’est le matin qu’il doit être Le plus
prononcé. Je me représente les choses de
la manière suivante : Peudanat l'hiver, le
glacier est à une température inférieure à
zéro ; mes observations ont au moins dé-
montré ce fait dans certaines limites. Lors-
qu’au printemps il se forme ou qu'il tombe
de l’eau à la surface plus ou moins désa-
grégée du glacier, cette eau y pénètre et
tend à ramener la glace à zéro; aussi long-
temps qu'il coule de l’eau à sa surface, cette
eau cherche donc à se mettre en équilibre
de température avec le glacier, et il arrive
de deux choses l’une : ou elle fond la glace,
si elle est au-dessus de zéro, ou elle se gèle
quand elle s'infi'tre dans la partie du gla-
cier dont la température est encore au
dessous de zéro. Voilà pourquoi cette an-
née , qui a été très chaude, j'ai toujours
trouvé zéro dans le glacier, même à 200
pieds; tandis qu’en 1841, dont l'été a com-
mencé plus tard que cette année, la glace
n’ayantété ramenée à zéro que jusqu’à une
centaine de pieds , j'ai souvent trouvé mes
instruments gelés à cette profondeur et
* même avant. Les alternances de tempéra-
ture du jour et de la nuit doivent produire
des effets semblables dans des limites plus
étroites. L'eau coulant continuellement de
jour, doit tendre à ramener à zéro les zones
de plus en plus profondes du glacier, tan-
dis que lorsqu'elle cesse de couler, une par-
tie de celie qui a pénétré dans la par‘ie de
sa masse encore inféricure à zéro doit se
congeler, et cet cffet se prolonger sar l'eau
arrêtée dans les fissures capillaires, jusqu’a
ce que le lendemain les courants d'eau re-
prennent leur activité. Je serais mainte-
nant porté à croire que j'ai même pris le
commencement du jour du glacier à une
heure trop matinale, et que les effets de la
nuit, c’est-à-dire d’un excès de gel, au lieu
d’un excès de fonte, se prolongent encore
plus tard. Ce n’est point à dire qu’une par-
tie de l'eau qui pénètre dans les canaux les
plus menus du glacier ne se gèle égale-
ment de jour, à certaines profondeurs de
sa masse, et n’occasionne le mouvement
diurne ; je crois seulement que l’accéléra-
tion du mouvement nocturne est due aux
circonstances qui font que ie gel l’emporte
- sur la fonte, et, d’après les faits que j'ai re-
cueillis sur le mouvement du glacier, c’est
avec le ralentissement des courants d eau
dans les niveaux où la glace n’est pas encore
ramenée à zéro par le dégel de la surface,
c’est-à-dire lorsqu'il y a possibilité qu’une
partie de cette eau se congèle et se dilate,
que ces circonstances existent. Vous le
voyez, ces phénomènes sont bien difficiles à
analyser, et il importe de multiplier à l’in-
fiui les observations, pour arriver à une
solution définitive de toutcs ces difficultés
Maintenant que les mesures sont prises pour
pouvoir continuer ces observations, il serait
déplorable qu’elles fassent interrompues.
Pour ma part, je voudrais pouvoir envoyer
56
M. Wild prochainement mesurer tous nos
signaux, puis les faire mesurer de nouveau
au printemps, pour constater l’immobilité
du glacier pendant l'hiver, sur laquelle
M. Forbes élève de nouveau des doutes. Je
désirerais aussi pouvoir publier les obser-
vations de cette année d une manière con-
venable et à temps, afin d'engager le plus
de personnes possible à faire des observa-
tions l’année prochaine. Desor pourrait
soigner la rédaction de mes notes, en sorte
que ce travail ne me détournerait point de
mes recherches sur les poissons fossiles
Vous verrez même prochainement les re-
sultats curieux auxquels je suis arrivé en
examinant ceux que M. Murchison a rap-
portés de Russie, et sur lesquels je viens de
lui adresser un rapport.»
NOTICE GEOGNOSTIQUE SUR LA MORAVIE;
par M E.-F. Glocker.
Formation jurassique de la contrée nom-
mée March.
Près du village de Kurowitz, à deux
lieues S.-E. de Kremsier, sur la rive gauche
de la rivière nommée March, s'élève une
montagne escarpée dout le sommet est
formé de calcaire jurassique grisätre et
blanchâtre. On le voit dans deux carrières
où l’on extrait du calcaire hydraulique. Jai
parcouru cette contrée au mois d'octobre
1840, époque à laquelle on ignorait encore
la préseuce du calcaire jurassique dans
cette partie de la Morarvie; car on ne le
conpaissait que dans deux loca'ités, savoir :
près de Nickolsburg au sud du départe-
ment de Brüun, et près de Stramberg, à
l'est du département de Prerau.
Ayant trouvé le calcaire jurassique près
de Kurowitz, on peut indiquer la direc-
tion que prend probablement le calcaire
de Nickolsburg, puisqu'on peut regarder le
premier comme une continuation du der-
nier, On connaît donc à présent la direc-
tion du calcuire jurassiqne dans toute la
Moravie : elle a lieu du N.-E. au S.-O.,
en traversant la contrée de la March. Dans
cette direction on trouve aussi le calcaire
de Stramberg, Nessselsdorf, Tichau et Skot-
schau; enfin, le calcaire de ce dernier en-
droit se joint plus loin avec le calcaire de
Cracovie et de la Haute-Silésie.
Le calcaire jurassique de Kurowitz se
présente en couches qui alternent avec des
couches de marne grisâtre d’une épaisseur .
de 1 à 2 pouces, et avec des couches d’un
conglomérat, qui consiste en petits mor-
ceaux de calcaire jurassique et en restes
d’aptychuas imbricatus, liés par de iamarne.
Quelquefois on y trouve aussi des frag-
ments de glauconie et de calcaire spa-
thique.
Il est étonnant qu'on n'ait pas trouvé
dans le calcaire jurassique de Kurowitz
d’autres fossiles que les aptychus, et que
ces aphychus s’y montrent en si grande
abondance. Il résulte de ces faits, que les
animaux dont provienuent ces restes ont
vécu en nombreuses familles dans les
eaux, où le calcaire jurassique et le conglo-
mérat se sont formés.
Calcaire de la grauwacke appartenant
au système silurien des environs d'O!-
PUz.
Malgré le grand développement de la
formation de la grauwacke, en Moravie, et
les différentes carrières qu’on y a ouvertes,
on n'avait encore remarqué aucune trace
de fossiles avant 1839. À cette époque,
57
des ouvriers ont trouvé sur une colline de
calcaire de la formation de la grauwacke,
tout près du village de Rittberg, au S.-0.
d’Olmütz, des fossiles que le général major
de Kock a signalés ensuite. Sur toutes les
cartes géognostiques de la Moravie, qui ont
paru jusqu’à présent, on ne voit indiqué,
près d'Olmütz; que du diluvium, quoi-
qu’on trouve la formation de la grau-
wacke dans beaucoup de lieux, par exemple
près d’Olmütz, de Hatschein,de Kokor, etc.
La ville d’Olmuütz est même bâtie sur de la
grauwacke, qui quelquefois est couverte
par des couches gypseuses (comme au mi-
lieu de la ville, où l’on a percé le gypse
jusqu'à une profondeur considérable pour
faire un puits artésien). Les fossiles de ce
calcaire se trouvent seulement sur une
pente de la colline nommée Rittberg, vers
Czellechowitz, tandis qu’au sommet et sur
les autres versants, il ny a aucune trace
de fossiles. On en voit aussi dans les cou-
ches de marne, qui couvrent quelquefois
la grauwacke ; or,en détrempant la marne,
on obtient des fossiles très-bien conservés
et très complets.
Au nombre des. fossiles qu'on a trouvés,
nous citerons les suivants : Calyÿmene ma-
crophthalma, Alex, Brong. (petits échan-
tions qui sont dans du calcaire noir);
Bellerophon apertus, Sow. ; Spirula (Am-
blyceras Ritthergensis, N.); Clymenia ?
Euomphalus Dionysii, Goldf. (rare); Eu.
depressus, Goldf. (encore plus rare); Eu.,
qui ressemble beaucoup à PE. pentangu-
latus, Sow.;s Murbo; Phasianella (très-
petite); Turritella, probablemert le T.
obsoleta; Lucina proavia, Goldf.; Lucina,
semblable à la L. rugosa; Goldf. (plus
petite); Cardium elongatum ? Goldf. ; [no-
ceramus ou Posidonomya; pecten (très-
petit); Terebraiula reticularis (Atrypa re-
tic., Daim.); Tercbratua Wilsoni, Sow.;
Spirifer elevatus, de Buch (PDelthyris ele.
vata, Dalm.); Spirifer ostiolatus, Schloth-
(Sp. rotundaius, Sow., Trigonotreta ostio-
laia, Br.)? Cyathocrinites pinnatus, Goldf.;
Cyathophyilam vermiculare; Stromato-
Pora serpens, Bronn (Aulopora serpens,
Goldf.), Calamopora pothlandica, Goldf.;
Cal. polymorpha, Goldf.; Cal: spongites,
Goldf.;, Heliopora interstincta, Br. (Helio-
pora pyriformis, Blainv.; Astrea porosa,
Goidf.); Cyathophyllum dianthus, Goldf.;
Cyath. turbioatum, Goldf.; Cyath. cera-
tites, Goldf.; Cyath. vermiculare, Goldf.;
Cyath. quadrigeminum, Goldf.; Cyath.
hypocrateriforme, Goldf,; Cyath. plica-
tum. (Annales des sciences géologiques).
MINÉRALOGIE.
Un de no: abonnés nous adresse la note
suivante au sujet d’une substance miné-
rale, par lui recueillie dans des minerais
de manganèse; il la nomme fRomanésite,
et M. Dufrénoy lui a donué le nom de
Romanèche. Nous croyons devoir repro-
duire cette note avant de donner la des-<
cription de l’arsénio-sidérile, faite par le
savant professeur de l’école des mines
Romanoste, nouvelte substance minérale.
Une nouvelle substance minérale a été
recueillie par moi, en septembre 1841, à
la Romanèche, dans les minérais de man-
gauèse. Cette substance, à laquelle je pro-
poserai de donner le nom de Rormané-
site, comme pouvant rappeler le lieu qui
l’a produite,se présente en concrétions sur
le psilomélane lui-même concrétionné. Sa
28
forme et sa couleur sont comparables à
celles des agaries bruns jaunâtres qui crois-
sent sur nos arbres fraitiers; sa texture est
fibreuse et bacillaire, et offre dans la cas-
sure fraîche an reflet brillant, sa denisté
est considérable. Au chalumeau, sur le
charbon, elle émet d'abondantes vapeurs
alliacées, et le résidu dissous dans les acides
précipite fortement en bleu par le cyanure
de fer et potassium. Ce nouveau minéral
serait donc un arséniate de fer, mais com-
plètement différent, sons tous les rapports,
de ceux connus jusqu’à présent. Je n'anti-
ciperai pas sur les détails que se propose
de publier incessamment, au sujet de cette
remarquable variété, M. Dufrénoy qui en
a fait l'analyse et un examen particulier ;
je me contenterai d'ajouter qu'en sep-
tembre 1841, seule époque à laquelle il ait
été trouvé, il n’en existait qu’une très
petite quantité qui depuis a disparu : peut-
être les travaux d'exploitation n’en ren-
contreront-ils plus. Étant assez heureux
pour posséder quelques doubles de cette
substance si rare et si singulière, j'en fe-
rai volontiers l'échange contre d’autres
substances, avec les amateurs qui le dési-
reraient. SALOMON.
Rue Neuve-Chabrol, 11.
Description de l'arsénio-sidérite, nouvelle es-
pèce d’arséniale de fer ; par M. Dufrénoy.
« M. Lacroix, pharmacien à Mäcon,
m'a communiqué, il ya plusieurs mois, des
échantillons d’une substance fibreuse, d’un
brun jaunâtre, trouvée dans la mine de
manganèse de la Romanèche prés de
Mâcon.
» La disposition fibreuse de cette sub-
stance, jointe à son gisement, avait fait
supposer qu'elle pouvait appartenir à du
peroxyde hydraté de manganèse, dont la
couleur a quelqne analogie avec les échan-
tillons de la Romanèche.
» L'analyse que j'en ai faite n’a pas
confirm cette supposition ; elle m'a appris
que la substance contenait de l'acide arsé-
nique, du peroxyde de fer et de la chaux,
et que c'était un arséniate double qui con-
stituait une espèce nouvelle fort différente,
par sa composition et par ses caractères,
ds arséniates déjà connus.
» Les proportions de ses éléments sont :
Oxygène. Rapport.
Acide arsénique. . 34,26 11,89 5
Oxyde de fer. . . . 41,31 12,66 6
Oxydedemanganèse 1,39 0,39 6
Chaux... ....150843 9361
Silices ie 20e 4,04 2,10 1
Potasse..… : 5.010,76
Hauts 48,707 07200785
qu’on peut présenter par la formule
3F° Ar + CAr: + 3Aq... HS.
» Dans cette formule, j'ai considéré la
silice gélatineuse comme étrangère au mi-
néral. L'analyse du calcaire de Champigny,
près de Paris, qui contient jusqu’à 10 pour
100 de silice soluble dans les acides, sans
le mélange de la moindre proportion d’alu-
mine, celle du grès vert de Vouziers, don.
née par M Sauvage dans son important ou-
vrage sur la Géologie des Ardennes, qui
nous apprend que cette roche contient 56
pour 109 de silice soluble dans une lessive
de potasse caustique, prouvent avec cerli-
tude que la silice gélatineuse est mélange
mécaniquement avec des minéraux dont
les proportions clairement définies ne peu-
vent admettre de silice en combinaison. .
59
La silice s'est donc trouvé fréquemment en
dissolution dans les mêmes eaux qui dé-
posaient de la chaux carbonatée; nous
croyons qu'il en a été de même pour la
substance de la Romanèche, qui se pré-
sente avec tous les caractères d’une con-
crétion, et que la silice gélatineuse y est
également à l’état de mélange.
» L’arsenic et le fer étant les deux élé-
ments de cette nouvelle substance, je lui ai
donné le nom d’arsénio-sidérite, qui les
rappelle.
» L’arsénio-sidérite forme des masses
concrétionnées fibreuses adhérentes sur la
surface des tubercules de manganèse.
» Ses fibres larges et distinctes, peuvent
se séparer comme celles de l’asbeste dure.
L’arsénio-sidérite est tendre et s'écrase fa-
cilement par la simple pression des doigts.
Sa couleur est d’un bran jaunâtre, qui de-
vient plus foncé par l'exposition à l’air.
Très-fusible au chalumeau, il donne à la
fois les réactions de l’arsénic et celles des
oxydes de fer.
» Sa pesanteur spécifique est 3,52.
SPP
SCIENCES MEDICALES.
ANATOMIE COMPARÉE.
MÉMOIRE SUR LA STR{ CTURE INTIME DES
OS; par M. Louis Mandl.
(Deuxième article.)
II. Examen microscopique des os colorés
par la garance.
« {o Coloration par immersion. — Des
parcelles d’os de mammifères , plongées
dans une dissolution de garance , ont pré-
senté successivement les phénomènes sui-
vants : d’abord ce sont les bords qui se co-
lorent; la couleur pénètre plus avant,
mais celle des bords est plus intense ; l’in-
tensité de Ja couleur se répand sur toute la
surface. Enfin toute la parcelle osseuse est
profondément colorée , seulement çà et là
existent quelquefois des parties vlus colo-
rées qui correspondent habituellement aux
points les plus épais de la lamelle.
a Il suit de là que, dans les os teints arti-
ficiellement, la coloration ne suit pas une
marche dépendante de a distribution , soit
des canalicules, soit de tout autre élément,
mais qu'elle se propage, au contraire,
d’une manitre toute physico-chimique, de
dehors en dedans.
« 2° Coloration par l'alimentat'on. —
Examinons d’abord les os colorés du pi-
geon. Ces os offrent une intensité de cou-
leur qui se retrouve même dans les lamel-
les les plus minces et les plustransparentes;
il est facile d’ailleurs d’obtenir, à l’aide du
scalpel, des tranches très minces, soit lon-
gitudinales, soit transversales. Cela est
d'autant plus avantageux, que les os colo-
rés ne peuvent pas être soumis à l’action
de l’acide hydrochlorique qui détruirait
presque entièrement leur couleur. Il n’en
sera pas moins utile de se procurer toujours
deux tranches tout-à-fait semblables prises
sur le même os, et de traiter l’ane d’elles
par l'acide hydrochlorique. Cette dernière,
après avoir perdu presque entièrement sa
couleur, acquerra , par l’action de l'acide,
une transparence qui permeltra d'étudier
avec la plus grande facilité sa structure, la
distribution des canalicules, l'épaisseur de
la paroi et de la partie centrale creuse,
elc,, points de comparaison précieax pour
l'étude de l’os coloré.
« En examinant des coupes longitudina-
les et transversales d'os d'oiseaux nourris
60
par la garance, on est bientôt convaincu
que la couleur rouge occupe toute l’épais-
seur de la paroi du canalicule; ce qui reste
incolore n’est que la partie centrale creuse,
destinée à recevoir le vaisseau capillaire et
la graisse. Cet aspect se présente même
dans les os de pigeons qui n’ont élé nourris
que pendant vingt-quatre heures avec de
la yarance.
« Parri les os de mammifères, ceux du
cochon offrent une grande facilité pour
l’étude microscopique de la coloration. On
distingue déjà à l'œil nu des parties qui
sont moins colorées et d’autres qui le sont
davantage, en examinant une portion dont
la couleur est peu intense, on voit que
celle-ci n’occupe qu’une partie de la paroi
du canalicule, la partie qui entoure la
portion centrale creuse. D'autre fois, le
canalicule est entièrement coloré, mais les
branches latérales ne le sont pas, ou peu;
mais il fant bien se garder de généraliser
ce résultat de l'observation, et de croire
cet aspect propre à l'os entier. En effet, en
examinant la portion dont la couleur est
plus intense, on ne tardera pas à recon-
naître que toute la paroi du canalicule est
colorée comme dans les os de pigeons, et
qu'il n'existe pas. d’espace incolore entre
les canalicules. Des coupes longitudinales
ne laissent pas le moindre doute à ce sujet.
Les os minces de lapin nous ont paru co-
lorés dans toute leur profondeur,
a Lorsqu'on examine une parcelle d os
peu colorée, on peut facilement distinguer
les corpuscules osseux qui présentent une
couleur plus intense, Cette circonstance
paraît favorable à l'opinion de Müller, qui
croit que les corpuscules sont le siége de
sels calcaires; toutefois, en examinant au
microscope les os colorés , il dit n’avoir
observé qu’une couleur uniforme répandue
sur tout le tissu. Il nous paraît probable
que Müller avait examiné des parcelles
d’unè couleur intense ; dans ce cas, il n'est
plus permis de distinguer la différence de
couleur qui existe entre le tissu et les cor-
puscules.
« Qu'il nous soit permis d'exprimer ici
les remerciments que nous devons à M.
Flourens, qui a bien voulu mettre à notre
disposition , avec une obligeance extrême,
sa belle et riche collection d'os colorés. »
ZOOLOGLE.
Index ornithologique] par Lesson.
(suite.)
37° Genre : Cincaerus, Vieill. (1846 ;
pygyargues, Brisson; aquila, Meyer. bab.
Cosmopolite. — 119. Circaëtus gallicus ,
Vieill., Ency. 111, 4201, falco gallicus, gm.,
faico leucopsis, Bechst.; falco brachy dacty-
lus, Wolff, Temm., man., 1, 46; Jean-Le-
blanc, Buff.. Enl. 413; naum., pl. 15. hab.
l'Europe. —190. Circaëtus thoracicus, Less.
tr. 48; falco thoracicus, Cuv.; Circaëtus
pectoralis, Smith, proc. 1833, 45. hab. le
Cap de B.-Espéance. — 12f. Circaëtus ci-
nereus, Vieill., gal., pl. 42; falco circaëtus,
Temm .; falco senegalus, Cuv., règ. 1, 326.
hab. le Sénégal. — 122. Circaëtus corona-
tus, Less., tr. 48; harpyiacoronata.Vieill.,
Encyel. 4252; aïgle couronné, Azara, n° 7;
D'Orbig., am. 75; falco coronatus, Temm.,
pl. 234; falco tharus, Molina ; falco crista-
tus, Dillon, pl 3, Daudin, r, 43. hab. Bré-
sil, Paraguay, Plata. — 123. Circaëtus fu-
nereus, Rupp., 2, voy. p. 14, pl. 35. hab.
PAbyssinie (Gondar).
38 Genre: Panpiow, Sav. (1810), Bal-
busardus , Ray; aquila, Meyer; /riorches ,
l
|
bÂ
each. hab. cosmopolite. — 124. Pandino
naliœtus, Cuv.
A. Var. d'Europe : falco haliætus , L.,
‘orfraie, Bélon, ch. 7, p. 96; Eul. 414 ;
Less., tr. pl. 9,f. 1; pandion fluviatilis,
Wieill., Encycl., 1198; ‘aune franç., pl. 6,
. 4; pandion fluviatilis, Sav., Eg. p. 36;
‘Daudin, 11, 67. hab. toute l’Europe et le
nord de lAfriq.
B. Variété de la Caroline : falco Caroli-
brensis, et leverianus, Gm. ; aquila haliæta,
55w., N.Z., p. 20, Audubon, pl. 81; Cates-
y, 2; Nutt., 1, 78; hab. New-York, la Ca-
oline du sud.
C. Var. de lu Guyane : falco cayennen-
ls, Vieill., Ency.
* D. Var. de l'oural : falco arundinaceus,
*Gm.; falco\leucoryphus, Pallas; hab. la Si-
bérie, l'Irtisch.
E. .Var. australienne : pandion leucoce-
\phalus, Gould, proceed. 1837, p. 438; hab.
“la Nouvelle-Galles du sud.
| X° Famille : HERPETOTHERÆ.
| 39° Genre: Herperormeres, Vieill. (1825);
Idædalion, Sav., Vig.; macagua, Less. tr.
(4831) ; cachinra , Fleming (1822). hab.
V’Amérique mérid. et Equat. — 125. Her-
petotheres cachinnans, L.; Spix, pl. 8, À ;
macagua, Azara; 1, 84, n°16; macagua
:cachinnans, D'Orb., p. 96; Dumont, dict.
tsc. nat., xv, 35: var. cayennensis. hab.
Plata, Haraguay, Guyane.
| 409 Genre : Paysera , Vieillot (1816).
| hab. Amérique mérid. — 126. Physeta suf-
l'flator, Less.; falco sufflator, Gm. n° 17;
\ surinam fa'con, Lath., n° 70; Vieillot, ana.
!d’ornith., p.; Stedman, voy. 2, 84. hab.
Guyan Hollandaise (Surinam).
41° Genre : Carnirex, Less., Écho, 4842,
“p. 1084. hab. Amérique tropicale. — 127.
| Carnifex naso, Less., Loc. cit. hab. Rea-
! lejo (Centre-Amériq.) -
| 42° Geure : Asrorini, Vicillot (1819).
| hab. Amérique mérid. — 128. Asturina
* cinerea, Vieïl., gal. pl. 20, p. 49, nouv.
dict., ur, 41; falco fuscus, Lath. habit.
| Cayenne.
| 43° Genre : Caonpronterax. Less, hab.
l Amériq. tropicale. — 129. Chondrohierax
|
|
\ erythrofrons, Dædalion erythrofrons, Les-
} son, Echo, n° 45, 11 déc. 1842. hab. San-
. Carlos (Centre-Amérique).
, XI° fam.: Cyminnæ. — 44e Genre : Cv-
+ minis, Cuv. (1817); astur, Spix ; Leptodon,
‘ Sundew. (1836). hab. Amériq. mé id. —
. 130. Cymindis Cayennensis, Less., tr. 55;
falco Cayennensis, Gm., Enl. 473; Spix,
. pl. 8; Temm., pl. 270; Less., pl. 13,f. 2;
| asturina cyanopus , hab. Brésil, Guyane.—
1431. Cymindis pall'atus; falco pulliatus ,
| Wied ; Temm., pl. col. 204;, C. Butconi-
des ; Less., tr. 55. hab. Brésil , Guyane. —
1132. Cymindis uncinatus, Less., tr. 55:
faico uncinatus, Wlig.; Temm., pl. 103
(mâle), 104(fem.) et 115 (jeune) ; Far. noire,
La Fresn., Mag. z0ol., 1v, pl. 21. hab.
Brésil, Guyane.
45° Genre : Rosrrnamus, Less. (1 ei
| Cymindis, Sw.; herpetotheres, Vieill.:
| falco, illig. hab. Amérique méridionale. —
133. Rosthramus hamatus, Gray; falco ha-
malus, Illig.; Temm., pl. 61 et 231 ; Lerpe-
totheres sociabilis, Vieill., Encycl. 11,
1248 ; gavilan sociable, azara, 1, 16; Cy-
| mindis leucopygus, Spix, pl. 2; La Fresn.,
Mag. de zool., 1834, pl. 20; rosthramus
soctabilis , D'Oibi, Am., p. 75, ib., Cuba.
P. 15; R. niger, Less., tr. p. 56. hab. Pa-
raguay, Brésil.
46e Genre : Gamrsonyx, Vigors (1826).
hab. l'Amériq. mérid. — 134. Gampsonyx
)
62
S'wainsonii, Vigors, Zool. journ., t. 2,
p- 69. hab. Brésil (Bahia).
47e Genre : PEanis , Cuv. (1817); aquila,
Mœbhr. (1752). hab. l’ancien Continent. —
135. Pernis ap vorus, Guv.; falco apivorus,
L.; La Bondrée, Enl., 420 ; Naum., pl. 36
et 35; faune fr., pl. 9, f. 4. hab. toute
l'Europe. — 436. Pcrnis cristata, Cuv.,
règ. an,,1,pl. 3, f. 4, p. 335; Less., tr.
p. 76, pl. 15, f. À ; Buteo cristatus, Vieill.,
Evcycl., mr, 1125; falco ptilorhynchus,
Temm., pl. 44. hab. l'Inde (Pondichéry). —
Pernis maculosa, Less., voy. de Bélang.,
p. 223. hab. le Bengale.— Pernis torquata,
Less., tr. 76.— Pernis ruficollis, Less., tr.
77.— Pernis albogularis, Less. tr. 77.
48 Genre : Lormotes, Less. (1829);
Isid. Geoff.; Zuteo, Vieill.; falco , Temm.;
Baza , Hodgs. (1836); Lepidogenys, Gray
(1839); Æyptiopus, Hodgs. (1841). hab.
l'Asie et l'Australie. —137. Lophotes indi-
cus, Less., tr. 96 ; fa/co lophotes, Cuv.;
Temm', pl. 10; Buteo cristatus, Vieillot ;
Lepidogenys Lathami, Gray, pro. 1840,
140; Lophotes, Isid. Geoff., nouv. ann
mus., 1833; Baza Syama, Hodgs., 1836 ;
Baxa lophotes, Gray, p. 4. hab. l’Inde
continentale).—138. Lophotes subcristatus;
Lepidogenys subcrislatus, Gould, Proc.,
1837, 140. hab. la Nouv.-Galles du sud.
XIT° famille : Minvinæ. — 49 Genre.
Avicera, Sw. (1837). hab. l'Afrique. —
139. Aviceda Cuculoïdes , Sw., Birds of W.
af. 1, 104, pl. 1. hab. l'Afrique occidentale.
50° Genre : Icrinra , Vieill. (1816); Ner-
tus , Boié (1818). hab. l'Amérique. — 140.
Ictinia plumbea, Vieïll., Encycl., 1, 1208 ;
falco cinereus et plumbea, Gm.; Enl. 187;
falco plumbeus, Lath., pl. 12 ; Vieill., Am.
sept., pl. 10 bis; Wied, 12; Temm., pl.
180 ; Edw. gl. pl. 53; Nuttal, 1, 92. Spix,
pl. 8? Buteo plumbeus, Cuv., 1, 337;
D'Orbig., p. 10; azara, 37. — JEUNE AGE :
Icünia ophiophasa, Vieill., Encyel., nr,
1207; Gal. pl. 17; Wilson, pl. 25, f. 1;
Ch. Bonap., Syn., p. 30; falco Mississi-
piensis, Wilson; nertus Mossissipiens:s,
Boié. hab. le Brésil . la Guyane, le Mexique,
la Floride et es Etats-Unis. ? /ctinia : falco
rufifrons, Wied.
51e Genre : ELanus , Savig. (1810); Ela-
noïdes, Vieill. hab. l'Afrique, l'Asie, l'A-
mériq. et l'Australie —141, Elanus cæsius,
Sav. Eg., p. 38, n° 18, pl. 2, f. 2; le Cou-
hich ou Blac, Levaill., af. pl. 36 et 37;
falco melanopterus, Daudin, 11, 152;
Leach , misce., t. 3, pl. 122; Sonnini, Eg.,
p. 11, 99; Jerax, OËlien ; proceed. r, 115 :
Ch. Bonap., syn., p. 30? Vigors et Horsf,
trans. xv, 185. hab. l'Egypte, le cap de
B.-Esp., les Etats-Unis, l’Inde et la Nouv.
Hollande. — 142. ÆElanus torquatus, Cuv.;
Less., Traité, p. 72. hab. le Brésil. — Ælu-
nus notatus, Gould, proceed., 1837, p. 41.
hab. Nouvelle-Galles du sud. — 144. Ela-
nus leucurus, Less.; faucon blanc, azara,
n° 36; muélous leucurus, Vieill., Dict-; Æla-
noïdes leucurus, Nieill., Encycl., 1,
1205 ; falco dispar, Temm., pl. 319 ; ela-
nus dispar, Less., tr. p. 72 ; mlvius leucu-
rus, D’Orbig., p. 98; Nutt., 1, 93. hab.
Paraguay, Brésil, Chili, etc.
52° Genre : Naucuenus, Vigors (1825 ).
hab. l'Amérique. — 145. Nauclerus furca-
tus, Vigors, Zool. Journ., n° 7, p. 386;
Jalco furcatus, L.; Gm.; Catesby, pl. 4;
ÆElanoïdes furcatus, Vieill., Encycl. 111,
1204 ; milvus furcatus, Cuv.; Icon., pl.3,
fig. 1; nauclerus furcatus, Less., Traité,
pl. 14, f. 2; Wibon, pl. 51, f. 2; Vieill.,
Am. sept., pl.10; Æ£ noïdes yetapa, Vieil.,
63
Encycl., 1205; azara , 1, no 38; Buffon, 1,
22 ; Nuttal, 1, 95; D'Orbigny, voy.
p: 100. hab, le Brésil, les Etats-Unis, la
Guyane, le Paraguay, la Bolivie.
93°. Genre : CaeuicriniA, Lesson. hab.
Afriq. oecidentale.— 146. Chelictinia Rio-
couriè, Less.; Elanus Riocourii, Vig. z0ol.
journ., 2,386; Elanoides riocourii, Vieill.,
Eocycl. 111, 1206, et gal., pl. 16 ; le mulan
riocourt, Temm., pl. 85. hab. Sénégal,
SCIENCES APPLIQUEÉES.
ARTS CHIMIQUES.
De l'emploi du sulfate acide d'alumine artif-
ciel dans la teinture el l'impression des ma-
lières animales el végélales.
Depuis l’origine de la teinture et de
l'impression des étoffes, on avait fait usage
comme mordant alumineux du sulfate d’a-
lumine et de potasse, soit en l’employant
directement, soit en le transformant en
acétate d’alumine; sous ce dernier état , il
n’est employé que par les imprimeurs sur
étoffes et les teinturiers en coton. Plus loin
nous aurons occasion d'y revenir Les trois
sels alumineux qui nous ont servi de base
aux essais sont 1° l’alun du commerce pu-
rifié; 2° le sulfate acide d’alumine prove-
nant de la fabrique de M. F. Ador; 3° le
sulfate acide naturel que nous a remis M,
Quesneville , sulfate dont Porigine nous
est inconnu.
Avant de procéder aux essais, nous
avous dû nous assurer de la richesse en
alumine de chacun d'eux.
Ainsi, nous avons trouvé que le sulfate
d’alumine et de potasse était formé de :
Sulfate d’alumine , 36,87
Sulfate de potasse, 18,12
Eau et perte, 45,01
Acide sulfurique, 26,01
Alumine, 10,86
Sulfate de potassse , 18,12
Eau et perte , : 45,01
Le sulfate acide d’alumine de la fabrique
déjà citée contient :
Acide sulfurique , 35,01
Alumine , 13,67
Eau ctperte, 51,29
Fer, ‘Quantité indéterminable.
Le sulfite d’alumine naturel remis à M.
Quesneville :
Acide sulfurique, 36,05
Alumine, 15,41
Eau et perte, 48,54
Cuivre, Traces.
Nous devons faire observer que nous n'a-
vons eu pour but dans ces analyses que
de déterminer d’une manière exacte la ri-
chesse en alumine et en acide sulfurique.
Nous avons dû choisir, dans le suifate d’a-
lumine naturel, celui qui était crista!lisé
en aiguilles soyeuses. Il était toujours ac-
compagné de sulfate basique que nousavons
eu la précaution de séparer, afin d'obtenir
un sel entièrement soluble dans l’eau.
Nous n’entrerons dans aucun des détails
nécessaires pour disposer les diverses ma-
tières à recevoir les opérations de teinture,
notre but étant moins de donner des ren-
seignements pratiques que de faire con-
naître les résultats obtenus par l'emploi du
sulfate acide d’alumine.
SI. Alunage de la laine.
Nous avons opéré sur 4000 grammes de
laine pour chacun des essais , la quantité
d’eau étant de 20 kilogrammes; le poids
des matières colorantes étant exactement
le même.
64
A. 1000 grammes de laine ont été bouil-
lis avec 200 grammes d’alun purifié et 120
grammes de crème de tartre.
B. 1000 grammes de laine ont été égale-
ment bouillis avec 200 grammes de sulfate
d'alumine de fabrique et 120 grammes de
crème de tartre.
C. 1000 grammes de laine ont été traités
avec 200 grammes de sulfate d’alumine
naturel et 120 grammes de crème de
tartre.
Ces trois opérations ont été faites autant
que possible dans les mêmes conditions.
Chacun des échantillons , avant l’opéra-
tion de l’alunage, avait été partagé en
quatre parties , soit en 250 grammes. Nous
les désignerons par les lettres À, B, C.
1° Dans uue case à compartiment qui
d'habitude est employée dans les ateliers
de teinture , pour ces sortes d’essais, on a
plongé chacun des échantillons. L’essai a
‘été fait avec la cochenille ammoniacale.
Après une heure d’ébullition, nous avons
remarqué que le bain de teinture où était
plongé l'échantillon C était complétement
tiré; celui où se trouvait l'échantillon B lais-
sait au bain une légère teinte jauvâtre , et
qu'enfin celui A laissait à la liqueur uve
teinte vineuse. Ce dernier a été plongé de
nouveau et maintenu dans son bain primi-
tif de teinture pendant trente-cinq minutes
en pius, afin d’épuiser le bain colorant,
qui néanmoins a conservé une légère teinte
violacée.
Les trois essais convenablement lavés
ont présenté des nuances différentes :
A. Teinte groseille inclinant au jau-
nâtre ; <
B. Teinte groseille inclinant au rosé ;
C. Teinte groseille inclinant au violet.
2° Les trois échantillons À, B, C, ont été
plongés dans le même bain de teinture
{cochenille ammoniacale), bouillis pendant
quarante minutes, le bain ayant été com-
plétement tiré. Après l’examen nous avons
remarqué que ceux B et G étaient montés
au double de nuance de celui À, et que
celui C avait une teinte vineuse.
3, Les essais ont été ensuite répétés en
employant l’indigo soluble (indigotate de
soude) en même proportion d’eauet de ma-
tière colorante pour chacun des trois écha1 -
tillons À, B, C. Les résultats suivants ont
été remarqués :
A. Teinte bleu vif moins prononcé que
B. et C;
B. Teinte plus prononcée et se tirant
plus vite ;
C. Teinte égale à B, mais montant moin:
vite.
4° Les mêmes essais répétés avec la dé-
coction du bois jaune nous ont fourni les
résultats ci-après :
À. Teinte plus pâle qu'avec B. et C ;
B. Teinte vive incliuant à l’orangé ;
C. Teinte vive inclinant au verdâtre.
En comparant ces quatre essais de tein-
ture, deux en groseille, en bleu et en
jaune , nous voyons que la préférence doit
être attribuée aux essais B. et G, et que dans
les teintes obtenues par la cochenille on
le bois jaune, on doit donner la préférence
au résultat fourni par B, préférence sur C
qui provient du cuivre que renferme le sul
fate naturel. Nous devons faire remarquer
qu’en prenant le même poids des trois sels
alumineux , il devait nécessairement exis-
ter une différence sensible dans les résul-
tats, puisque la proportion en sulfate d’a-
lumine était elle-même variable. Nou:
avons donc dà répéter les essais en emplo-
65
yant des proportions de chacun des trois
sels alumineux correspondant à une même
quantité de richesse en sulfate d’alumine ;
ainsi, nons aVOns trouvé que :
200 grammes d’alun contiennent 21,73
alumine ;
158,88 sulfate de fabrique contiennent
21,72 alumine ;
140,246 sulfate naturel
21,79 alumine.
Nous avons dù négliger quelques frac-
tions qui sont insensibles dans les résultats
de teinture.
La proportion de crème de tartre à été
conservée la même, 120 grammes.
L’alunage ainsi que la teinture ont été
faits dans les mêmes conditions que pré-
cédemment.
Les résultats obtenus ont été les suivants:
l'alun et les deux sulfates conservent le
contiennent
même ordre À, B, C. L'échantillon A (alun)
a été constamment de plus de moitié au-
dessous des tons fournis par B (sulfate de
fabrique) et par € (sulfate naturel); la dif.
férence entre Bet CG a toujours été peu
sensible. (La suite au prochain n°.)
———SUNESO—
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE,
Sur les édifices les plus remarquables classés
par ordre d'intérêt, sous le rapport de l’his
toire et de l'art, dans le département de la
Sarthe; par M. l'abbé Tournesac, inspecteur
des monuments historiques.
(Troisième article.)
Neuvy-en-Champagne. — Cette église,
dédiée à saint Laurent, autrefois prieuré de
Bénédictins de l’abbaye de la Couture, ap-
partient au roman secondaire et de transi-
tion ; elle est en forme de croix laïine sans
latéraux, avec trois apsides orientales, une
tour au centre des transepts : elle est toute
voütée en moëllon. Son étendue dans œuvre
est de 34-20 sur 19-70.
Sa partie la plus intéressante est l’apside
principale, dont l'extérieur, formé de petites
arcades cintrées à claveaux symétriques,
que supportent des colonnettes à chapi-
teaux ornées d'entrelas, de volutes ou de
feuillages , offre une décoration que nous
n'avons rencontrée nulle part dans le dé-
partement.
V'aas. — L'église abbatiale qui sert au-
jourd’hui à la paroisse, appartenait à des
moines de l’ordre de Prémontré; elle est
sous l’invocation de la Sainte- Vierge.
On ignore l’époque de sa fondation et le
nom du fondateur.
En forme de croix latine, sans latéraux,
celte église offre une étendue dans œuvre
de 41 mètres sur 26-50 ; elle est entière-
ment voûtée en tuffau appareillé et de
deux époques, comme la construction des
murs. On pourrait la rapporter à la pre-
mière moitié du treizième sècle et à la fin
du quinzième.
Luché. — Cette église, dédiée à Saint-
Martin, dépendait d’un prieuré que Raoul
de Beaumont et Emmeline de Montsoreau,
sa femme, dame du Lude et de Luché, don-
uèrent et vendirent en partie pour 500 sous
aux moines de Saint-Aubin, vers Le milieu
du onzième siècle.
La construction actuelle, postérieure à
l'acte de donation, offre deux époques bien
distinctes : La partie orientale, qui appar-
tient à la première moitié du treizième
siècle, consiste dans une tour centrale et
un chœur rectangulaire d'une très grande
étendue relative, puisque sa largeur répond
à peu près à la longueur d’une extrémité à
l’autre des transepts. Le tout voûté en
tuffau appareillé, à nervures rondes dispo-
sées en sautoir, accompagnées d’autres ner-
vares qui suivent la direction du faitage et
d'autres la direction des tirans de la char-
pente, soutenue d’un côté par les colon-
nettes groupées le long des murs, et de
l'autre par deux colonnes cylindriques et
isolées au milieu de l’édifice.
Ce chœur est éclairé par huit fenêtres à
lancettes, avec pieds droits ornés de colon-
nes à l’intérieur, deux au nord, deux au
midi, et quatre à l'orient.
La tour centrale reposesur quatre piliers
cantonnés de quatre demi-colonnes qui
supportent les arcs-doubleaux, et de colon-
nettes interposées pour recevoir les ner-
vures des arrêtures.
On remarque à l'un des transepts voûtés
au seizième siècle, cinq médaillons qui re-
présentent J.-C. et les symboles évangéli-
ques de l’Apocalypse.
La vaste nef, élevée an commencement
du seizième siècle, n’a de remarquable que
ses fenêtres à meneaux ornées de tympans
flamboyants.
Cette église possède quatre autels bien
conservés avec retable en pierre, accom-
pagné de niches et de dais dans le style ogi-
val secondaire, et celui de la renaissance.
S'ain!-Grimgallois , à Château-du-Loir.
Avant la révolution de 1790, la ville de
Château-du-Loir possédait deux églises
paroissiales : Saint-Martin et Saint-Grim-
gallois. La première fut entièrement dé-
molie, et la seconde rendue au culte vers
1809, reçut un accroissement considérable
per la réunion de l’église du prieuré cons-
truite à l’est, immédiatement à la suite de
l’autre. .. :
Le mur séparatif fut renversé, l'ancienne
église paroissiale retint le nom de nef et
celle du prieuré fut réservée pour le chœur
et le sanctuaire.
Ce prieuré, foudéfau dixième siècle par
le seigneur de Château-du-Loir, dépendait
de l’abbaye de Marmoutiers.
La nef seulement est accompagnée de
latéraux voûtés, ouvrage du seizième siè-
cle, et le chœur est terminé à l’orient par
une apside à cinq pans, éclairée par des
fenêtres à me2neaux surmontés de quatre
feuilles au tympan, dass le style du quator-
zième siècle.
Son étendue dans œuvre est de 47 mètres
50 centimètres sur 17 mètres.
La partie la plus remarquable après le
chœur est la crypte que nous croyons être
une construction du dixième siècle, longue
de 12 mètres et large de 6 mètres, ayant 3
apsides et des voûtes d’arrête en moellon,
qui soutiennent neuf colonnes de différents
modules et mal rangées.
Notre-Dame à Mamers. L'on rapporte
à l'an 1145 la fondation du prieuré con-
ventuel de Notre-Dame, de l’ordre de
Saint-Benoît, par Guillaume Talvas I,
comte du Perche; il dépendait de l’abbaye
de Saint-Laumer, à Blois.
En 1743, les moines quittèrent le prieu-
ré, et l'église fut cédée aux paroissiens.
Son plan est un parallélogramme divise
par une nef principale, accompagncée _de
deux latéraux et de trois chapelles au midi.
Quelques fenêtres cintrées au nord indi-
quent le style de la première église qui
devait, suivant la forme ls plus commune,
être terminée par une apside orientale.
Mais vers 1500. Catherine d’Alençon,
a
PR
cl É t n S e n 0
j
raron du Saonnois, fit reconstruire l’église
u Prieuré.
- Un portique, très élevé et voûté en plein
intre sans arrêtiers, précède le portail
ont l'ouverture est divisée par un meneau
u colonne d'ordre dorique. Au-dessus
l'élève une élégante petite flèche en bois,
terminée en 4776.
* L'intérieur dépourvu de sculptures,
“isque les colonnes prismatiques s'élèvent
‘ans chapiteaux sous les arcades et jusqu'aux
roûtes, satisfait néanmoins par l’harmonie
des lignes et la distribution des travées de
Fa nef qui reçoit la lumière par des fenêtres
à meneaux et tympansflamboyants.
| Les latéraux et les chapelles offrent des
voûtes en tuffau appareillé, mais au lam-
bris qui couronnait la nef principale a suc-
}2édé en 1831 un lattis en plâtre avec ner-
toir quiimitent parfaitement une voûte en
pierre. ;
Saint- Christophe-du-Jambet. L'église
\paroissiale de Saint-Christophe est située
sur l’un des monts les plus élevés du dé-
partement de la Sarthe, et: offre avec le
style roman de transition, le plan d’une
basilique rectangulaire à l’occident et hé-
-micyclique à lorient. Sa longueur se divise
l'en quatre travées, outre l’apside ; dont les
trois premières forment la nef et la qua-
trième l’emplacement de la tour surmontée
d’une flèche en bois couverte d’ardoises.
Son étendue dans œuvre est de 33 mè-
tres et de 6 mètres 50 centimètres.
La partie la plus remarquable de cette
église est la facade occidentale soutenue
par deux contreforts entre lesquels existe
le portail à plein cintre à trois rangs de
claveaux symétriques en retrait ornés, Pun
d’un tore , l’autre de grosses dents de scie,
et le troisième de frètes crenelées auxquelles
on a donné aussi le nom de méandres.
Ce dessin jusqu'ici est le seul exemple
vures prismatiques transversales et en sau-
{
|
_ rencontré dans le département.
Notre Dame, à Ségré. Cette église pa-
roissiale, du roman de transition, offre un
plan extraordinaire pour son style, dans le
département, et qui consiste dans une nef
sans latéraux, ter minée rectangulairement
à ses deux extrémités.
Son étendue est de 36 mètres sur 7
mètres.
Ce vaisseau est divisé en cinq travées
avec voûtés en moëllon de blocage, sépa-
rées par des, arcs doubleaux ogives que
supportent des pilastres à demi colonues,
adossés aux murs, butés par de vigoureux
contreforts à l’extéricur.
À droite et à gauche s'élèvent des colon-
nettes qui recoivent les nervures des arré-
tures.
Chaque travée reçoit la lumière par une
seule fenêtre de chaque côté, mais la der-
nière, à l'extrémité orientale, possède six
fenêtres disposées deux à deux sur les trois
faces.
Enfin, au-dessus du point central des
cinq voûtes, s'élève une tour, terminée par
deux pignons et un toit à deux eaux.
La façade qni se compose d’une porte
ogive avec jambages ornés de trois colon-
nettes à base attique et chapiteaux ornés
de feuilles larges et de tailloirs à dents de
scie , offre une voussure composée de trois
tores et une archivolte garnie de fleurs
crucifères aux feuilles lancéolées et dispo-
sees en sautoir.
Le tout est surmonté d’une fenêtre ogive
relativement assez grande, avec tore pro-
68
iprès le décès de Jean de Laval, son mari, | filé aux jambages et aux cintres, dont les
claveaux un peu épais et symétriques sont
entourés d’une archivolte à dents de scie.
Notre-Dame à Siilé-le-Guillaume. Notre-
Dame, qui appartenait à un chapitre dont
on ignore et le nom du fondateur et l'é-
poque de la fondation servait à la paroisse
du même nom.
Elle est en forme de croix latine saus
latéraux, avec chœur à trois pans, dont
l’étenduc dans œuvre est de 38 mètres 33
centimètres et 29 mètres 33 millimètres,
n’a de remarquable que son portail occi-
dental, et son pignon méridional au pied
duquel est l'entrée d’une vaste crypte.
Le portail, ouvrage du quinzième siècle,
est orné de deux colonnes de chaque côté,
avec entre-colonnements à feuilles de chène
et de rosier très détachées , supportant la
voussure composée de quatre rangs de
claveaux ogives , concentriques et en re-
trait. Le tympan offre une scène du juge-
ment dernier.
Le pignon méridional est composé de
deux arcades cintrées à claveaux minces,
symétriques avec archivoltes profilées d’un
cavet, dans l’une desquelles est établi en
retrait une porte à linteau droit.
Si l’on pénètre dans la crypte, longue
de 29 mètres dans la direction des tran-
septs, voûtée en plein cintre sans arrêtiers
et en moëllon, et ayant environ 4 mètres
d'élévation sous clef, on remarque trois
apsides orientales dont l’une contient quel-
ques peintures.
Quoiqu'il en soit, cette crypte, la plus
vaste du diocèse du Mans, est d’une forme
peu commune, pourrait bien avoir été
originairement l’église paroissiale, sur la-
quelle, au treizième siècle, aurait été cons-
truite l’église du chapitre.
Chateau de Sillé-le-Guillaume. Le chà-
teau de Sillé, construction du quatorzième
siècle, propriété de la ville, est un des mo-
numents les mieux conservés en ce genre,
et riche encore de souvenirs historiques.
11 est composé d’un carré long avec une
cour intérieure, flanqué de quatre tours
dont une nommée le donjon ou la grosse
tour, remarquable par ses murs en grés
appareillés de moyenne grosseur, et par
sa charpente ronde d’un côté, hexagone
de l’autre, il a 38 mètres d’élévation et 14
de diamètre, ses murailles ont 3 mètres
50 centimètres d'épaisseur.
Cette tour se divise en trois étages offrant
un cachot au rez-de-chaussée, une prison
au premier et au second la demeure du
geôlier.
Enfn, le troisième étage voûté en moël-
lon, se nomme la salle des collecteurs.
Le tout est surmonté d’un grerier à cré-
neaux et macbhi-coulis. Du haut de cetie
tour qui domine toute la ville et ja riante
vallée du sud-ouest, on jouit d’un ravissant
spectacle.
Les trois autrestours moins considérables
ayant des murs de 3 mètres 50 centimètres
d'épaisseur, se composent d’une cave voû-
tée , de deux étages el d’un grenier sur le
tont. (Bulletin monumental.)
PATÈNES.
On appelle patène le vase que l’on place
sur le calice, et qui est destiné à supporter
l’hostie; ce nom qui, suivant la plupart
des liturgistes, vient du verbe latin patere,
lui a été donné parce qu'il est applati et
ouvert, et qu’il ressemble aux patères que
les païens employaient fréquemment dans
69
leurs sacrifices. Les Grecs l’appellent tor
agion discon.
Les évangélistes ne nous disent pas que
Jésus-Christ ne soit servi de patènes en ins-
tituant l’Eucharistie, mais il est incontes-
table que l usage de ces sortes de vases re-
monte aux premiers siècles de l'Eglise.
Les palènes peuvent être comme les
calices rangées en plusieurs classes, selon
leur destination : les patènes ordinaires,
dont le célébrant se sert pour lui-même
dans l’oblation du saint sacrifice; les patè-
nes ministérielles, pateræ ministeriales,
pour la communion des fidèles sous l'espèce
du pain; les patènes crismales, patenæ
crismales, en usage dans l'administration
du baptême et de la confirmation, et enfin
les patènes qui servaient à l’ornement des
temples et des autels.
Les substances employées pour la fabri-
cation des patènes sont à peu près les mêmes
que celle dont on s’est servi pour les calices.
On a quelquefois fait usage de petites
corbeilles d’osier en guise de patènes, mais
cela n’a jamais eu lieu que lorsque des mo-
tifs de piété où la nécessité forcèrent à
vendre les vases sacrés que possédaient les
églises,
Auastase rapporte dans le Ziber pontifi-
calis que Zéphirin prescrivit de porter des
patènes de verre devant les prêtres lorsque
l’évêque célébrait la messe. Saint Hilaire,
d’Arles, se trouva réduit à n'en avoir point
d’autres pour célébrer les saints mystères,
parce qu'il avait donné tous les vases de son
église pour subvenir aux nécessités des in-
digents.
Le concile de Calchat, en proscrivant les
calices de corne, défendit aussi de se servir
de patènes faites avec la même substance,
ce qui suppose qu’on en faisait alors usage
dans certaines églises.
Dans un inventaire de saint Riquier, fait
en 831, et reproduit dans la chronique de
cette abbaye, il est question d'un offertorium
d'ivoire orné d'or et d'argent. M. Du Som-
merard croit que par o0/ffertorium il faut en-
tendre ici une patène. On peut alléguer
contre cetle opinion qu'avant de parler des
offertoires, l’auteur de l'inventaire a déjà
énuméré les patènes : patenæ aureæ I,
argentæ majores IF, minores XIII, etc...
Cependant, comme ces cffertoires sont pla-
cés avant les grands calices appelés scyphi
avant les burettes, les aiguières et les cha-
lumeaux, on peut croire que c'étaient des
patènes servant à administrer la commu-
nion aux fidé'es, mais ce pouvait bien être
aussi des plateaux destinés à recevoir les
offrandes.
Saint Colomban, qui ne voulait se servir
que de calices de cuivre, parce qu’il pen-
sait que Jésus-Christ avait été attaché à la
croix avec des clous de cuivre, n'avait aussi
que des patènes faites avec ce métal. Dans
l'inventaire de saint Riquier, il est fait aussi
mention d’une patène d’auricalque, espèce
de cuivre jaune ou de laiton imitant l'er.
Les patènes d’étain ont presque toujours
été tolérces pour les églises pauvres, main-
tenant encore dans beaucoup de sacristies
de campagne on en retrouve de sembla-
bles qui avaient servi avant la révolution
de 03:
Presque chaque page du liber pontifi-
calis, il est question de patènes d’argent
données par des papes ou des princes.
Etienne V fit faire une patène d’argent
doré, Pascal I, Léon IV en firent fabriquer
de semilables, etc.
Il est encore souvent question dans le
70
Liber pontificalis de patènes d’or d’un poids
plus ou moins considérable, données par
des souverains pontifes, des empereurs ou
des rois. L'empereur Justin offrit une pa-
tène d’or du poids de 20 livres. Grégoire III
en fit faire une qui pesait 27 livres. Adrien I
donna à la basilique de Saint-Pierre une
patène et un calice de l’or le plus pur, pesant
ensemble 24 livres, et à la basilique de
Saint-Paul une patène également d’or, du
poids de 20 livres.
Les patènes ont souvent été ornées,
comme les calices, de perles et de pierres
précieuses. La grande patène d’or du poids
de 27 livres, que fit faire Grégoire II, était
enrichie de diverses pierreries. Il y en avait
d'enchassées dans une patène de 30 livres
offerte par Charlemagne. Celle donnée à
l’église de Saint-Pierre par Léon Ill, en
était également couverte. Une patène d’or
très pur, qu'avait fait faire Constantin, était
ornée don grand nombre de prases, d’hya-
cinthes et de perles blanches.
On a encore décoré les patènes de pein-
tures, de bas-reliefs et d’émaux représen-
tant des sujets sacrés. Anastase, dans la
vie de Paschal I*r parle d'une patène d’ar-
gent doré sur laquelle l’on voyait une croix
avec Ja représentation de Jésns, de Marie et
des apôtres. Dans la vie de Léon IV, cet
auteur rapporte que ce souverain pontife
fit don d’une patène semblab'e qui offrait
également l’image de la croix et la figure
de Jésus et des apôtres. Du Saussai, dans sa
Panoplie sacerdotale, dit qu'il existait de
son temps, dans son é2lise paroissiale de
Saiut-Loup et Saint-Gilles, deux patènes
ministérielles fort anciennes sur lesquelles
était gravée des deux côtés l’image de la
croix. De La Saussaie, dans ses Annales de
l'église d'Orléans, cite parmi les objets dont
les édifices sacrés de cette ville furent dé-
pouillés par les calvinistes, en 1562, une
patène d’argent doré sur laquelle était re-
présentée l’ascension du Sauveur.
Enfin l’on traçait quelquefois sur les pa-
tènes des inscriptions, des monogrammes,
et même des hiéroglyphes, Sur une patène
d’argent qui avait appartenu à saint Pierre
Crysologue,'et qui pesait 14 onces, il y
ayait une multitude de figures, de lettres
et d’hiéroglyphes dont Jean Pastritius, pro-
fesseur de théologie au collége de la Pro-
pagande, a donné l'explication dans un
ouvrage spécial publié en 1706.
Les patènes étaient de différentes gran-
deurs; celles qui ne servaient que pour le
célébrant étaient petites et plates. Les pa-
tènes ministérielles étaient plus grandes et
profondes ; celles d'ornement dépendaient
de la coutume et de la dévotion de ceux qui
en faisaient offrande à l'Eglise. Quelques
unes étaient garnies de petites oreillettes.
Au reste, la forme générale a été toujours
la même, celle d’un plateau à larges bords
applatis.
<a fi E—
STATISTIQUE,
M. le baron Charles Dupin a lu à la der-
nière séance de l’Académie des Sciences,
un mémoire sur les développements de la
caisse d'épargne de Paris et leur influence
sur la population parisienne. Après avoir
saisi ceile utile institution dans tous les
pas qu'elle à faits depuis sa fondation en
1818, et résumé en des tableaux concis et à
la portée de toutes les intelligences , son
action civilisatrice sur toutes les classes,
plus particulièrement sur les classes ma-
nouvrières; après avoir pris le nombre des
71
y déposants en bloc, après l'avoir ensuite
; fractionné, sous le rapport du travail, de
l’aisance, de la position, des habitudes, des
sexes, il est arrivé à une conclusion dont
l’enseignement est d’une utilité pratique si
grande pour les gouvernants comme pour
les gouvernés que nous croyons devoir
le rapporter dans tout son entier. Plus d'une
des hautes questions qui s’agitent en ce
mornent, plus d’un des problèmes de la
science sociale peuvent y puiser des élé-
ments pour hâter et rendre plus facile leur
solution. :
« Il y a vingt-quatre ans, le peuple de
Paris jouait, par année, 29 millions de
francs à la loterie : il n’y joue plus;
« Il perdait de 6 à 9 millions à ce jeu
funeste : il ne les perd plus;
« Il trouvait des maisons de jeu, scanda-
leusement autorisées ou tolérées, pour dé-
vorer l'extrême opulence du riche et le
dernier centime de lartisan : il ne les
trouve plus sur le chemin de sa ruine. Nos
lois.les ont abolies; ï
«Il ne mettait rien à | épargne, il y met
aujourd’hui 36 millions par an;
« 150,000 individus sont déjà déposi-
taires , et chaque anné> le nombre moyen
s’en accroît de 12 à 14,000;
« Par un progrès doublement rapide, la
proportion des classes manouvrières, d’a-
bord déplorablement faible lorsque peu
de personnes allaient à la caisse d’épargue,
s'éève à présent aux trois quarts de ce
grand nombre de citoyens économes qui
confient leurs dépôts à la probité natio-
nale;
« Le nombre proportionnel des indi-
gents, au lieu d'augmenter, diminue, ainsi
que celui des bâtards, mais avec une len-
teur déplorable;
« Àu commencement de l’époque dont
nous résumons les progrès, le peuple de
Paris abandonnait chaque année 205 en-
fants sur 1,000 nouveau-nés; il n'en aban-
donne plus que 120 : c’est beaucoup
moins, et pourtant c'est cent vingt fois
trop;
« Aujourd'hui les rues, les places publi-
ques ne sont plus déshonorées par l'aspect
dégoütant de ces créatures cyniques qui
soilicitaient en plein jour, au vom des dé-
bauches vénales , le désæœuvrement, la fai-
blesse et l’inexpérience.
« Voilà le côté des bons résultats; voici
le mauvais côté :
a Encore aujourd hui, le tiers du peuple
vit dans le concubinage ou dans le liberti-
nage; un tiers de ses enfants sont bâtards ;
un tiers de ses morts expirent à l’hôpital
ou sur le grabat du pauvre; et ni père, ni
mère, ni fils , ni filles, n'ont le cœur, pour
dernier tribut humain, de donner un cer-
cueil, un linceuil au cadavre de leurs pro-
ches : du côté des mœurs, voilà Paris, et
Paris amélioré!
« Dans la cité des Crésus, ne soyons pas
surpris de la misère; {a disipation l'en-
fante. Les deux tiers du peuple ne pren-
nent pas encore part au bienfait des caisses
d'épargne;
« L'autre tiers n'apporte ses économies
à Ja caisse qu’une fois en six mois; c'est
une immense occasion de pertes;
» Les déposants actuels ne persistent en-
core à conserver leur dépôt que pendant
cinq ans et demi, valeur moyenne,
« De sorte que la caisse d'épargne, au
lieu d'être le trésor perpétuel du peuple,
n'est en réalité, pour la masse, que la lan-
terne migique de ses économies p'assagè. e».
72
« Pour obvier à cet énorme inconvé- A
nient , il faut encourager la persévérance ;
il faut la recommander infatigablement, il
faut l’honorer, la faciliter, la récompen-
ser;
QI faut demander à l'administration
départementale, et même au gouverne-
ment, des moyens suffisants pour atteindre
ce but.
« Un grand exemple, celui de LL. AA,
RR. le duc et la duchesse d'Orléans, fait
voir combien est fertile et généreux ce ter-
rain des cœurs francais, lorsqu'on y sème
le bienfait.
« S. À. R. M. le duc d'Orléans avait, en
1837, donné 40,090 francs pour 2,000
Jeunes apprentis de Paris. Cinq ans après,
loin de trouver que la somme fût diminuée,
elle s'élevait à 137,000 francs! Voilà, du
côté des obligés , la bénédiction répandue
sur la munificence la plus royale qui pût
encourager au travail, à l’ordre, à l’écono-
mie, les enfants des familles manouvrières.
Les ouvriers, enorgueillis, ont regardé les
livrets donnés au nom du prince comme
des titres de famille qu’il fallait conserver
précieusement , et qu’il fallait grossir par
l'épargne, pour justifier l'espérance du gé-
néreux donateur. » :
CRE EEE)
. Le Rédacteur en chef : -
Le vicomte À. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
M. le ministre de l'instruction publique vient de
charger M. Charles Gyraud, membre de l’Institut
(Académie des sciences morales et politiques)
d’une inspection extraordinaire des facultés de
droit. Le but de cette mesure est de déterminer les
améliorations à introduire dans celte partie du
baut enseignement, et de le ramener à une unité
de doctrine dont l’absence pourrait finir par vicier
celle de notre législation. 11 faut savoir gré à M. le
ministre de la détermination qu'il a prise et du
choix qu'il a fait pour eu préparer l'accomplisse-
ment.
Dee —
BIBLIOGRAPHIE.
MÉMOIRE sur l'ancienne abbaye de Saint-Mes-
min de Mici, près d'Orléans ; par C.-F. Vergnaud-
Romagnesi, À Orléans, chez l’auteur; à Paris, chez
Roret.
MANIPULATIONS ÉLECTROTYPIQUES ; Ou
Traité de galvanoplastie, contenant la description
des procédés les plus faciles peur dorer, argenter,
graver sur cuivre, etc., au moyen du galvanisme;
par Charles V. Walker. Traduit de l'anglais sur la
dixième édition et augmentée de notes , elc., par le
docteur J.Fau. Paris, chez Méquignon-Marvis, rue
de l’'Ecole-de-Médecine , 5.
SINICO-ÆGYPTIACA. Essai sur l'origine de la
formation similaire des écritures figuratives chi-
noise et égyplienne, composé principalement d'a-
près les écrivains indigènes ; traduits pour la pre-
mière fois, dans une laugue européeane, par G-
Pauthier. À Paris, chez F, Didot , rue Jacob, 36.
NÉGOCIATIOKNS relatives à la succession d’'Es-
pagne sous Louis XIV, ou Correspondances, Mé-
moires et Acles diplomatiques concernant les pre-
tentions et l’avénement de la maisou de Bourbon
au trône d'Espagne; accompagnés d’un texte his-
torique et précédés d’une Introduction; par M. Mi-
gnet,
NOTICE historique sur Decize, ancierne vilie du
Nivernais; par F. Girard, avocat et juge-suppléant,
A Nevers, chez Duclos.
INTRODUCTION à la science de l’histoire; par
P..J.-B. Buchez, — A Paris, chez Guillaumin, pas-
sage des Panoramas.
PARIS. IMP.: DE LACOUR et MAISTRASSE jh,
Rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33
3
4 Le,
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
| PHYSIQUE. Du double arrangement melécu-
laire. —- CHIMIE. Cours de M. Dumas.
SCIENCES NATURELLES. Sur les produits
plutoniques et non stratifiés de l’ouest de lAn-
gleterre; David William. — MINERALOGIE.
Mines d'or dans les Indes.— PALEONTOLOGIE.
Mémoire sur les fossiles du mont Aventin; le
professeur Plancini. — SCIENCES MEDICA-
LES. Constitution régnante. — PHYS1OLOGIE.
Sur l’histoire des découvertes faites sur la cireu-
lation ; Milne Edwards. — ANATOMIE. Procédé
pour injecter les vaisseaux capillaires; Doÿère,
— ZOOLOGIE. Résultat de quelques recherches
relatives à des animaux invertébrés faites à Sarnt-
Wasi-la-Hongue; Quatrefagess — SCIENCES
APPLIQUÉES. SOCIETE D'ENCOURAGE-
MENT. Séance du 11 janvier ; Francœur. — De
l'emploi du naph'e en Perse comme matière éclai-
rante, — AGRICULTURE, Considéralions sur
les céréales, et principalement sur le froment;
Loiseleur de Longchamps. — SCIENCES HI{S-
ŒTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MG-
RALES ET POLITIQUES, Séance du samedi 7
janvier. — GEOGRAPHIE. Ruines de Carthage.
— BIBLIOGRAPHIE.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Du double arrangement moléculaire.
La différence de cristallisation d'un corps
provient en général de la différence de ses
éléments constitutifs , qui exercent une in-
| fluence particulière et distincte sur Ja cris
tallisation. Le fer cristallise en cubes et en
| octaëdres , tandis que le peroxyde de fer
cristallise en rhomboëdres dont les angles
sont 85° 58’ et 115° 71”, 2 atomes de-fer,
| en se combinant avec 3 atomes d'oxygène,
| perdront ainsi la forme cubique pour se
transformer en rbomboëdres de 85° 26 et
114 26°, ceux de l’acide arsénieux sont des
octaèdres et quelquefois des prismes. D'où
il résulte clairement que les cristaux du fer
et de l'acide arsénieux sont identiques ; il
| enest de même de ceux du peroxyde de fer
| et de l’arsenic. L'intervention de oxygène
| dans la cristallisation paraît être bien con-
| stante, quand on voit trois atomes d’oxy-
| gène se combiner à deux atomes de fer pour
| prendre la même cristallisation que l’acide
ie 4 ;
arsénieux privé de ces 3 atomes d’oxygène,
| c’est-à-dire réduit à l’état de méto] (arse-
| nic). Les cubes du fer métal sont devenus
| des rhombcèdres, lorsque le métal s’est
peroxidé, de même les rhomboëdres de
l'arsenic métal sont devenus des cubes,
quand le métal est deutoxydé.
(Extrait des Pogéendorf. Annal. 3. 1842).
CHIMIE
COURS DE M. DUMAS.
Qui pourrait méconnaître les tendances
de la chimie dans les mains de M. Dumas
il suffit d’avoir assisté à quelques unes des
+
Paris. — Dimanche, 15 anvier 1843.
savantes lecons du professeur pour rester
convaincu que les théories étroites aui veu-
lent maintenir la science dans un cercle
rétréci vont bientôt être renver.ées pour
toujours. À leur place vont venir se placer
les iigénieuses idées du professeur de la
Sorbonne; et ces idées communiquées à
un nombreux auditoire, germeront bientôt
dans l'esprit de cette jeuvesse studieuse
qui, à juste raison, attache tant d’impor-
tance aux paroles de M. Dumas.
La dernière lecon de M. Dumas a été
écoutée avec l'attention la plus soutenue,
car jamais lecon n’a présenté à l'esprit de
plus hautes questions à méditer, de plus
beaux problèmes à résoudre; nous allons
essayer de J’analyser èn présentant à nos
lecteurs les théories et les expériences
qu’elle renferme.
Les divers carbures d'hydrogène, a dit
M. Dumas, se comportent absolument
commme l’ammoniaque, lorsqu'on les met
en présence des acides. Ainsi, 4 litres d'es-
sence de térébenthine Se combinent avec 4
litres d'acide chlorhydrique pour former
du chlorhydrate d'essence de térébenthine,
comme 4 litres d’ammoniaque se combi-
nent avec 4 litres d'acide chlorhydrique
pour former du chlorhydrate d’ammo-
niaque.
Le methylène, la cétine, l'amylène, le
gaz oléfiant, l’essence de citron, se eom-
portent comme l'essence de térébenthine
lorsqu'on fait réagir sur ces corps l'acide
chlorhydrique ; le composé formé par. la
combinaison de cet acide avec l'essence de
térébenthine est un corps cristallisé qui
renferme parties égales des deux compo-
sants; il peut se faire directement le paz
oléfiant, dont nous allons étudier le com-
posé avec l’acide chlorhydrique pour nous
servir de type, ne S’unit point directement
à cet acide. Mais on peut l'obtenir d’une
autre manière : il suffit de distiller dans un
appareil convenable un mélange d’alcool
et d'acide chlorhydrique; il se dégagera
un corps formé de 4 volumes de gaz olé-
tant et de 4 volumes d'acide chlorhy-
drique. Si on conduit ce corps à travers
un flacon contenant un peu d’eau, pour
quil s’y lave, si on le recueille dans une
| éprouvette entourée de glace, on obtien-
| dra un corps liquide à la température ordi-
| naire, très-volatil, se volatilisant sur Ja
main avec un petit bruit. Ce composé est
neutre comme le sel ammoniac, et sans
action sur le tournesol; il ne précipite pas
le nitrate d'argent. Mais si on l'expose à
l’action d’une bougie, il s’enflamme, se
décompose et brûle avec une flamme ver-
dâtre qui indique la présence du chlore.
Alors le tournesol est rougi, et le nitrate
d'argent précipité. La chaux ne dégage pas
ces carbures de leurs combinaisons avec
les acides, comme elle le fait pour les sels
N° 4.
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ne
| L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEULE et le DIMATICHMHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de : ,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
PETITS-AUGUSTINS , 21 , ©t dans les “épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an
25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr., 8 fr. 50. APSTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour GINQ fr. par an et par recueil l'ÉCHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS el les MORCEAUX CHOISIS du moi (qui coûtent chacun
40 fr, pris séparément } et qui forment avec l'Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte À DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M, € -B, FRAYSSE, gérant.
ammouiacaux, différence attribuée à la so-
lubihté de lammoniaque.
M. Dumas a établi deux groupes dans les
composés hydrogénés. En tête de l’un de
ces groupes se place Pacide chlorhydrique,
puis viennent les acides fluorhydrique,
bromhydrique, iodhydrique, sulfhydrique
et sélenhydrique, jouant tous le rôle d’a-
cides L'autre groupe comprend l’'ammo-
niaque, le gaz hydrogène phosphoré, l’hy-
drogène arsénié et les carbures d’hydro-
gène, parties égales d'hydrogène phosphoré
et d'acide iodhydrique forment un com-
posé cristallin, analogue au sel ammoniac.
Ce composé ne verdit pas le sirop de vio-
lettes.
Ces premiers faits étant posés, M. Dumas
a soulevé une grave question dont la ré-
ponse, sous l'influence de sa parole, n’a pas
‘tardé à devenir claire pour tous. Il s’est
demandé : L'eau est-elle une base ou un
acide? Se rangera-t-elle à côté de l’ammo-
niaque ou de j’acide chlorhydrique? Oui
et non a répondu M. Dumas.
En faisant arriver l’eau lentement e
petite dose sur l’oxide de Barium anhydie_-
celui-ci S'y combine; une effervescefée-à
l eu avec dégagement de beaucoup d
leur et production ée lumière quelq
fois. 11 reste toujours une molécule €
cule qu’on ne peut en séparer que sous
l'influence d’un acide puissant qui la dé-
place. Or, tous les corps qui se déplacent
se ressemblent, Peau est donc un acide.
D'un autre côté, l'acide phosphorique aï-
hydre s’unit à l'eau avec bruit, il ne peut
la perdre par l'influence de la chaleur;
une molécule d’eau y reste toujours com-
binée et ne peut être chassée que par une
base. Les mêmes faits se passent avec l'acide
sulfurique anhydre; l’eau joue là le rôle
d’une base.
Pour M. Duinas, l’eau joue tantôt le rôle
d’acide, tantôt le rôle de base. Les acides
phosphorique, sulfurique, ne sont pour lui
que des corps incomplèts. il leur faut des
corps qui les complètent; ces corps sont ou
l'eau ou une base. Ainsi, au lieu de consi-
dérer l'acide sulfurique, combiné à l’eau,
comme un.corps dont la formule est :
S0’ÆH0, on peut très-bien lui substituer
celle-ci : SO‘H. On sait que l’acide sulfu-
rique anhydre ne se combine point à f’am-
moniaque, et que, pour que cette combi-
naison ait lieu, il faut la présence d’an
équivalent d’eau. Or, ces faits s'expliquent
fort bien en donnant à l'acide sulfurique
la formule S0O'H. En effet, SO'H est un
véritable hydracide, tout à fait analogue à
l'acide chlorhydrique dont la formule est :
CPH. La combinaison de ces deux acides
avec l’ammoniaque présente des caractères
analogues. Il en serait de même de tous les
acides oxygénés.
16
Il y aurait peut être de la témérité, a
ajouté M Dumas, à avancer dans cette en-
ceinte la théorie que j’expose, si déjà Davy
et Dulong n'avaient adopté les mêmes
idées ; ces idées ont commencé à Stahl qui
rêvait un corps idéal, le phlogistique ; elles
se sont transformées, et c’est la théorie des
phlogisticiens que nous reproduisons. Pour
nous, il n’y a que des hydracides; car les
acides oxygènes ne se combinent jamais
qu'avec le concours d’une molteule d’eau
qui les change en un véritable hydracide.
Ainsi, le sulfate d’ammoniaque aura une
formule analogue à celle äu chlorhydrate
d’ammoniaque (S0:H<+AzH* corme
Cl°H+ Az Hs).
L'école opposée se présente ayant à sa
tête Lavoisier. Elle pense que l'eau ne se
portepointsur l’acide mais sur l’autre corps
pour en former une base oxygènée car iln’y
a point de base hydrogénée pour eux. Ainsi,
dans les formules précédentes : AzH° de-
vient AzHiO véritable oxide d’un radical
HAz. Le methylène(C’H-)en se eombinant
à l’eau devient une base dont la formule
est : C-H°0 (ehter methylique), base qui se
combine aux acides directement.
_ Tous ces corps ammoniacaux, tous ces
carbures d'hydrogène peuvent se combiner
à un atôme d’eau.
En mettant en contact une base hydro-
génée avec un hydracide quel qu'il soit,
le poids du composé est toujours égal à
ceux des composants; avec un oxacide, il
faut toujours ajouter une molécule d’eau.
C’est sur la place de cette molécule d’eau
que roulent toutes les discussions des chi-
mistes ; les faits heureusement sont tou-
jours vrais, mais on les explique différem-
ment.
Ainsi, prenez du gaz olifiant (C:H:), de
l'acide sulfurique (S0:), de l’eau (HO); com-
binez ces trois corps, le composé pourra
avoir deux formules différentes qui seront
C;H:,0 <S 0; ou CH 480 H. Si l’on rem-
plaçait l’acide sulfurique par l'acide chlo-
rhydrique, les formules se modifieraient
et l’on aurait C“H‘+CI:H ou C:H°+CPr.
M. Dumas a terminé cette brillante leçon
en faisant remarquer que l'acide sulfureux
et l'ammoniaque en se réunissant ne for-
maient pas un sel, mais un composé parti-
culier, la sulfimide, et qu'il fallait une
molécule d’eau pour faire un sulfite.
Rarement la Sorbonne voit ses profes-
seurs développer de si belles théories: il
n’appartenait qu'à M. Dumas de porter,
comme il la fait, la persuasion dans les
esprits; lui seul aussi pouvait sans crainte
hasarder des questions aussi difficiles, car
lui seul est capable de les résoudre et deles
défendre envers et contre tous. E.F.
C2} tee —
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE,.
Sur les produits pluloniques stralifiés el non
stratifiés de l'ouest de l'Angleterre, par le
révérend David William.
Cette communication est an supplément
au mémoire présenté par M. William,
l’année dernière, à la réunion de Plymouth.
Des recherches subséquentes, sur une plus
large échelle, ont confirmé les résultats
qu'il avait annoncés , savoir : que les gra
nite, gueiss, micaschiste, porphyre, dio-
rite, tufs, brèches, cendres et conglomé-
rats volcaniques, chloritoschiste , tales-
chiste et phyllade étaient tous produits
77
par l’action des roches volcaniques ; qu'ils
étaient associés ensemble par leur com-
mune origine et liés entre eux par une
série de mutuelles dépendances ; enfin,
qu'ils n'étaient susceptibles de classifica-
tion définie, que comme roches qui au-
raient été fondues, demic-fondues , ou
soumises à quelque degré de fusion parti-
culière, ou bien comme roches simplement
altérées par le contact des laves injectées.
Le but de l’auteur est donc de réduire
la famille entière des anciens produits plu-
toniques , dans les limites des lois recon-
nues et des opérations ordinaires de la na-
ture. I! suppose un noyau intérieur de lave
incandescente , entouré immédiatement
d’une zone de gneiss, celle-ci d’une autre
zone concentrique de micaschiste, et le mi-
caschiste de quelques couches sédimentai-
res; sous de certaines circonstances , ces
couches, les zones intérieures concentri-
ques de micaschiste, et le gneiss pourront
être traversés par des veines du fluide cen-
tral, se ramifiant et s’anastomosant, jus-
qu’à une distance proportionnée à la tem-
pérature ; ces veines convertiront la zone
de gneiss en laves incandescentes, le nicas-
chiste en gneiss , et les couches sédimen-
taires sur une épaisseur proportionnelle
en micaschiste; et sile vis a tergo de la
chaleur se maintient, de telles transforma-
tions avanceront progressivement, jusqu’à
ce que les couches susjacentes ou de plus
eu plus éloignées, étant réduites à leur
point de moindre résistance, elles céderont
nécessairement à la pression ou à la force
expansive du volume d’accroissement de la
matière liquide, en présentant tous les
phénomènes d’un cratère de soulèvement.
D'après ces diverses observations, recueil-
lies sur les granites de Dartmosr, Bodmir,
Moor, etc., M. William pense que si M.
de Bach n’eut point proposé la théorie des
cratères de soulèvement, les géologues
eussent été éventuellement contraints d’a-
voir recours à quelque hypothèse de ce
genre, pour expliquer l’apparence de ces
dômes granitiques. Une série d’échanril-
lons pourrait être recueillie dans le Devon
méridional et le Cornwall, qui montre-
raient une transition insensible des con-
glomérats volcaniques les plus grossiers,
jusqu'aux schistes argi'eux les plus fins.
M. William établit donc, d’après ses
recherches, que les gneiss-granites, les
micaschis'es, l'argile, les schistes, etc.,
ne comportent aucune évidence d'âge, ni
de position, dans l’écheile géologique ,
mais qu’ils appartiennent à toutes les for-
mations , depuis les plus anciennes jus-
qu'aux plus récentes. Il pense que les
gueiss et micaschistes ne sont pas des ro-
ches simplement modifiées, mais des ro-
ches qui ont été dans un état particulier
de fasion, et que les granite, porphyre,
trapp, brèche, conglomérat , cendre , chlo-
ritoschiste, taleschiste, schistes argileux
sont des produits immédiats de l’action
volcanique.
(Annales des Sciences géologiques).
MINÉRALOGIE.
Mines d'or dans les Indes.
Il est bien reconnu que l'or se rencontre
en dépôts abondants dans les possessions
anglaises, depuis les monts Himalaya,
Jusqu'à Singapore , sur une étendue d’en-
viron 200 milles, et il n’est pas moins vrai
qu'au point de vue des applications du
génie européen , ces mines n’ont encore
eté nullement explorées. Exploitées par les
grossiers procédés des indigènes, an grand
uombre d’entre elles ont donné de beaux
résultats, quoiqu'il soit vrai qu'on en ait
abandonné beaucoup, parce qu’on les sup-
posait trop pauvres. Le lieutenant New-
bold fait remarquer que cette pauvreté
n’est apparente que dans les couches ex-
ternes. La première couche aurifère citée
occupe, au sud de la province de Mahratta,
une partie de Huppel Gode, entre 45° et
26° de latitude et 75° et 76° de longitude.
Des paillettes d’or ont été trouvées dans le
lit d'une petite rivière voisine du village de
Doui, à environ deux ou trois milles au sud
de Dummul. Le lieutenant Newbold a suc- Î
cessivement rencontré de l’or en paillettes
dans un ruisseau au sul de Gudduch, et
dans le voisinage. Dans toutes ces contrées
les naturels sont à la recherche de ce mé-
tal , immédiatement après la saison des
pluies , lorsqu'il a été détaché des monta-
gnes et débarrassé par l’eau du sable qui
le cachait. On n’en trouve plus daus la sai-
son chaude. M. Newbold a constaté que le
produitde ces exploitations grossières donne
cent pour cent de bénéfice.
PALÉONTOLOGIE.
Mémoire sur les fossiles du mont Aventin, par
le révérend père Pianciani, professeur au collége
Romain.
On trouve à Rome, et principalement
sur le mont Aventin, un assez grand nom-
bre de fossiles, des défenses et des vertè-
bres d’éléphant, des cornes de grands
bœufs, etc. Le musée du Collége romain
et riche des débris des générations anti-
ques. La multitude de grands animaux,
lions, tigres, panthères, girafes, éléphants,
que les Romains: nourrissaient, a fait croire
à plusieurs érudits que c'était là I origine
de ces fossiles. Le R. P. Pianciani réfute
cette opinion, en faisant observer : 1e que
l’on rencontre ces fossiles dans un terrain
vierge, sans aucun objet d'art ou vestiges
humains ; 2° que ce sont des ossements iso-
lés, dispersés, jamais des squelettes entiers;
30 qu'il n’est nullement probable que les
Romains aient accordé, dans l'enceinte de
leurs murs, à des animaux, la sépulture
qu'ils refusaient mème à leurs consuls ; 4°
que la présence de ces défenses enfouies
s'accorde mal avec le prix excessif de l'i-
voire à Rome (une des défenses trouvées
sur le mont Aventin est longue ‘de 1 mètre
76 centimètres); 5° que ces fossiles sont mé-
lés aux pierres ponces amenées par les tra-
vaux sur les collines de Rome, bien avant
les temps historiques; 6° qu'on trouve
moins de ces restes à Rome que dans beau-
coup d’autres lieux, où l’on importait un
bien plus petit nombre d'animaux ; 7° en-
fin, que dans les couches immédiatement
supérieures à celles qui renferment les fos-
siles, on découvre des restes d'art avec les
seules coquilles employées alors à l’orne-
ment des édifices.
On a trouvé récemment sur le mont
Aventin quelques défenses d’hippopotames
et le crâne mutilé d’un cerus ou bœuf sau-
vage.
Ce mémoire du R. P. Pianciani est plein
d'intérêt dans sa brièveté. Familiarisé avec
les poètes de l’antiquité, le savant profes-
seur, l’un des quarante membres de la So-
ciété italienne, sait tempérer l’aridité du su-
jet scientifique quil traite par des citations
pleines d’à-propos.
78.
"4 79
#4, Dans un second mémoire présenté aussi
à 1 Académie, le R. P. Pianciani rend comp-
nd te d'expériences faites par lui sur la torpille,
à Fiumicano, près de | embouchure du Ti-
bre. Dès 1837 il avait constaté que le cou-
… Grant électrique produit par ce curieux pois-
! {son détermine des phénomènes d’attraction
.: Let de répulsion dans des conducteurs mo-
biles. Il montre avec beaucoup de sagacité
que l'organe électrique de la torpille ne peut
pas être considéré comme un simple con-
ducteur, ni comme un excitateur d’électri-
cité, ni comme un condensateur ordinaire;
‘qu'il ressemble en réalité à ces condensa-
teurs électrodynamiques dans lesquels un
faible courant croît en intensité par son pas-
sage à travers les innombrables spires d’un
| très long fil. Ces spires, dans lorgane de la
torpille, sontremplacées par un grand nom-
bre de petits tubes isolés. Dans cette ma-
| nière de voir, les secousses seraient dues à
| un courant secondaire ou à un extra-cou-
rant. Il faut bien d’ailleurs qu'il ensoit ainsi,
, car il est impossible d'expliquer au'rement
| comment la commotion se fait sentir alors
: même que le courant principal s'échappe
| par la peau humide de l'animal, par le gros
fil d’un multiplicateur, ou par de larges piè-
ces de métal communiquant avec les deux
| surfaces de l’organe.
> ee
SCIENCES MÉDICALES.
CONSTITUTION RÉGNAXTE.
La Gazette Mérlicale a publié, dans son
| numéro du samedi 6 janvier 1843. un ar-
ticle sur les maladies qui ont régné à Paris
dans les deux derniers mois et dans le com-
! ! mencement du nôtre. Cet article , rempli
4 de faits curieux sur l’état de l'atmosphère
| « vendant ce laps de temps et sur le caractère
des maladies qui se sont manifestées alors,
serait trop long pour être reproduit tont
entier. Nous nous permettrons d’en faire
une analyse succinte et d’en citer les pas-
sages les plus remarquables.
_ La Gazette Médicale fait d’abord voir
que l’état de la saison a été jusqu’à ce jour
un état anormal; car, au froid qui s’est fait
sentir dans la première quinzaine du mois
de novembre a succédé une température
douce tout-à-fait contraire à celle à laqueile
on est habitué à cette époque.— On se rap-
pelle que le 6,le7, le 8et le9 novembre ont
été marqués par un froid excessif; mais du
9 au 12, la température a changé d’une
manière notable, car, du 9 au 12, les ins-
truments de l’Observatoire-Royal ont donné
une différence de 19 degrés, qui s’est éten-
due le 15 jusqu’à près de 21 degrés.
Le mois de décembre a présenté à peu
près le même caractère que le mois de no-
vembre; seulement, d’épais brouillards,
qui ont duré dix jours, sont venus troubler
cette douce température, Mais la fin du
- mois a fourni également une température
moyenne de 10 degrés — L'état atmosphé-
| rique des premiers jours du moi5 de janvier
n'a Cté que la continuation de celui du
mois de décembre.
On conçoit qu'une telle mutation dans
‘état de l’atmosphère ait amené aussi des
changements dans Le caractère des maladies
qui règnent ordinairement à cette époque.
La Gazette Médicale émet sur ce sujet
une réflexion qui nous paraît fort juste, en
disant : « Les affections régnantes ne res-
» semblent nullement à celles que nous
» rencontrons pour l'ordinaire aux envi-
» rons du solstice d'hiver, elles présen-
it
lat et pre, 1 ee LCD) CD. CD NE)
., EX RE OA me
D
3 ma
80
» tent évidemment l'empreinte des affec-
» tions propres du printemps: »
Les maladies régnantes sont des affec-
tious éruptives, specialement des scarla.
tines, des rougeoles et des varioles, des an-
gives, des rhumatismes partiels et généraux
et des apoplexies. — Les pleurésies et les
paeumonies, affections ordinaires de l’épo-
que, sont en petit nombre et ne se présen-
tent point avec les caractères qu’elles pos-
sèdent ordinairement dans cette saison.
« Une fièvre particulière, ajsute la Gazette
Médicale, domine les maladies que nous
venons de citer, pour peu qu'elles soient
graves. Il convient de dire que cette fièvre
commune se ressemble, sauf des variétés ou
des nuances dans tous les cas de ces ma-
ladies. D’autres malades ne présentent que
les symptômes de la fièvi'e. »
Après avoir exposé ces premiers faits, la
Gazette décrit les symptômes de ces sortes
d'affections, symptômes qui sont un senti-
ment de courbature générale, des alterna-
tives de froid et de chaud, de la céphalal-
gie, du coryza, de la toux, uneirritation
de la gorge et des tuyaux bronchiques.
Si on néglige ces premiers accidents, la
maladie peut devenir grave, très grave
même ; mais en gardant le lit, en prenant
une légère boisson pectorale, anodine, dia-
phorétique, on résout souvent la maladie
en vingt-quatre ou quarante-huit heures.
Si la maladie est néjligée, elle revêt un
caractère spécial ; une fièvre vive l'accom-
pagae, et cette fièvre dure sept à huit
jours.
Différents symptômes particuliers signa.
lent la terminaison de la maladie, dont la
convalescence est marquée par une fai-
blesse extrême.
Comment maintenant traitera-t-on ces
affections ? quel élément morbide atta-
quera-t-on d’abord? Le médecin doit pre-
mièrement faire disparaître le spasme à
l’aide des antiphlogistiques, des émissions
sanguines des agents tempérants. — Mais,
an commencement de la maladie, ce qui
offre le plus de chance de succès, c'est
l'emploi de lémétique précédé ou non
d'une saignée déplétive ou locale.— À près
l’'émétique, on usera de potions composées
avec les eaux distillées et addition de quel-
ques gouttes d’acétate d’ammoniaque et
d’une vingtaine de gouttes de laudanum li-
quide de Sydenham. Tous ces moyens ac-
célèrent la guérisoa de la maladie. — Dans
la convalescence, les toniques, comme le
vin, s’emploieront avec succès. — La rhu-
barbe pourra encore étre prise, car elle
facilitera la digestion et tiendra le ventre
libre.
La Gazette Médicale termiue son long
article eu se demandant quelle est la natare
des affections réguantes, et elle répond que
ces affections sont des affectionscatharrales
compliquées d’un élément saburral ou gas-
trique, aisément reconnaissable, et que la
Gazette attribue à l'été chaud que nous
avons eu cette année. EF.
PEHYSIOLOGIE.
Analyse d'une leçon de M. Milne-Edwards sur
l'histoire des découvertes failes sur La circu-
lation.
C’est une chose rare de voir un profes-
seur de faculté exposer, même d’une ma-
nière succcinte, le tableau historique des
découvertes faites successivement dans la
science qu'il développe à ses élèves. — On
aime cependant à connaitre les noms de;
81
hommes qui ont fait progresser la science,
et c'est quelque chose qui délasse d’une
étude souvent aride. — Un savant profes-
seur de la Sorbonne, M. Mi ne-Ewards, a
parfaitewent bien compris qu'il fallait rem-
plir cette lacune de l’enseignement, et dans
uue de ses dernières séances, avant de com-
mencer l’étude de la circulation, il a cru
nécessaire de tracer à ses auditeurs l'his--
toire des travaax qui ont été faits sur cette
partie de la physiologie. Alors il a exposé de
curieux détails, et nous croyons faire plai-
sir à nos lecteurs en leur présentant l’ana-
lyse de cette savante leçon.
D abord le professeur a fait voir que l'ana-
tomie avait été peu cultivée chez les peuples
de l'antiquité , Car les préjugés religieux
s’opposaient à cette étude; puis il est entré
dans quelques détails sur lexercice de la
médecine dans l’antiquité, et il a parlé des
Asclépiades, établis à Epidaure, à Rhodes,
à Cuide ct à Cos. La plus célèbre de ces
cooles, a-t-il dit, c’est celle de Cos, illustrée
par Hippocrate. — Alors le professeur s’est
demandé ce que savait Hippocrate sur la
circulation. Hippocrate, a-t-1l dit, connais-
sait les ventricules, les oreillettes, les val-
vules da cœur, mais il avait sur ces parties
des idées erronées, car il pensait que les
oreillettes servaient à attirer l'air qui était
distribué dans tout le corps. — D'ailleurs
chacun connaît sa description des veines,
œuvre de pure imagination, et preuve de
son savoir en anatomie.
Aristote avança nos connaissances sur
les organes de la circulation : il décrivit
l'aorte, distingua fort bien la veine cave
de la veine pulmonaire, mais il-commit de
graves erreurs touchant le rôle des parties
qu'il connaissait. Ainsi il confondit les ar-
teres et les nerfs, etil crut que les artères,
aussi bien que les nerfs naissaient du cœur.
Après la mort d’Aristote et d’Alexandre,-la
Grèce devint le théâtre de troubles san-
glants, et les sciences allèrent se réfugier
dans la capitale des Ptolémée, où la faveur
les attendait.
Parmi les savants qui vinrent à Alexan-
drie se trouvait Praxagoras.
Praxagoras avait des notions sur le mode
de distribution de Paorte, et il coustata que
le pouls, déjà connu des médecins, avait son
siége dans les artères.
Érasistrate, petit-fils d’Aristote, et bien
connu dans l’histoire pour avoir traité le
jeune Antiochus, malade d'amour pour sa
belle-mère Stratonice, Erasistrate cultiva
aussi l'anatomie à Alexandrie. Le premier
il disséqua des cadavres humains. Ses ou-
vrages sont perdus, mais d’après des pas-
sages conservés dans Galien, qui l’a souvent
réfuté, on voit qu'Erasistrate connaissait le
jeu des valvules du cœur. Ce premier germe
d’une grande découverte resta infécond, et
on n'alla pas plus loin. —Quelque chose,
en effet, s’opposait à la connaissance du
mouvement circulatoire, c’est qu'après la
mort, les artères sont toujours vides et
remplies d’air. Aussi croyait-on que les ar-
tères servaient à porter de l'air dans toute
l'économie. On peut même dire qu’Erasis-
trate expliquait d’une manière assez raison-
nable pour son époque ce passage de l'air
dans les artères. Il disait Pair va par la
trachée artère aux poumons, des poumons
au cœur par les veines pulmonaires, et du
cœur il se rend aux artères.
Un élève de Praxagoras, Hérophile, qui
vivait vers lan 320 avant Jésus-Christ,
constata unautre fait très important, l'iso-
chronisme des battements du cœur
S2
battements des artères. I vit les artères se
dilater quand le cœur se contractait. Cette
observation capitale resta encore inaperçue,
et l’on n’en tira pas de conclusion
Galien de Pergame, qui vivait sous
Adrien, vers 131 deJésus-Christ, reconnut
la présence du sang dans les artères à
l’aide d’une expérience bien simple,—T lia
une artère en deux points différents, il la
perça entre les deux ligatures, le sang
jaillit, et il en conclut que les artères con-
tenaient du sang. Ïl donna aussi une fort
bonne description du cœur. Il était donc
sur la voie de la grande découverte de la
circulation , mais des idées singulières
montrent qu'il l'a complétement ignorée.
Après Galien, un temps d’arrêt existe ; Les
Barbares font leurs.invasions, les lumières
s'éteignent dans l'empire, et le moÿen-âge,
quicommence et s’avance, ne nous présente
aucun nom important à signaler. Je sais
bien que, dans le traité de la nature de
l’homme par Némésius, évêque d'Emèse en
Syrle, qui vivait sur la fin du 1ve siècle, ou
au commencement du v°, on trouve quel-
ques idées vagues sur la circulation pulmo-
naire ; mais probablement Némésius ne
comprenait pas ce qu'il écrivait.
Le moyÿen-âge est rempli par les écoles
arabes ; mais ces écoles suivent Galien, et
les erreurs du médecin de Pergame sont
aveuglément admises, Laissons donc de côté
le moyen-âge.
Arrivons aux savants du xvie siècle, qui
ont contribué à hâter la grande découverte
de la circulation. En première ligne, nous
rencontrons un anatomiste de Bruxelles,
un médecin de Charles-Quint et de Phi-
lippe IL, Vésale, né en 1514, qui vint étu-
dier à Montpellier, puis à Paris. —Vésale,
nommé professeur d'anatomie à Pavie, ne
se contenta pas des opinions de Galien, et
dès vingt-cinq ans, il publia une série de
belles planches anatomiques, résultat de
ses travaux. Vésale décrivit le cœur avec
plus d’exactitude que ne l'avaient fait ses
prédécesseurs. Il savait que le cœur lance
le sang dans les artères; il avait vu que,
quand on lie une artère, le pouls se fait
sentir au-dessus et non au-dessous de la
ligature.—De tous ces faits il pouvait tirer
des conclusions, mais il ne le fit pas, et ces
éléments d'une grande découverte resté-
rent inactifs dans les mains du célèbre Vé-
sale. -
Charles Etienne, un des membres d
cette famille d'imprimeurs si célèbres, Char-
les Etienne, professeur à la faculté de Pa-
ris, découvrit une disposition anatomique
importante, constatée aussi par Sylvius.—
Il vit qu’il existe dans l'intérieur des vei-
nes, des replis en forme de valvules, sortes
de soupapes qui s’ouvrent seulement de
bas en haut. Cette seule observation pou-
vait lui donner l’idée de la circulation dans
les veines; mais il ne vit là qu’an fait dont
il ne chercha pas à se rendre compte.
Canalus, professeur à Ferrare, en 1547,
reconnut la même chose dans la veine
azygos; mais il ne constata pas le jeu de
- ces valvules,
Le malheureux Michel Servet, dont cha-
cun connaît l’histoire, et qui fut brûlé vif
à Genève, en 1553 , par Calvin, était , au
moment de sa mort, occupé à publier un
ouvrage de Christianismi restitutione.
Deux exemplaires de cet ouvrage ont été
sauvés de la destruction qni pesait à la fois
sur l’auteur et sur ses écrits.—Dans ce li-
vre , Michel Servet, après avoir parlé des
différentes forces, des agents matériels qui
83
existent dans l’économie, décrit la petite
circulation, c’est-à-dire la circulation qui
s'effectue du cœur aux poumons. — On a
cru que Servet avait puisé ces idées dans
les ouvrages de Nemesius; mais cela est
peu probable.
Vers la même époque, à peu près vers
1540, Levasseur de Câhlons-sur-Marne pu -
bliait un traité d'anatomie où l’on trouve
une description plus juste du jeu des val-
vules du cœur,
Ainsi les connaissances augmentent, les
faits s'ajoutent aux faits, encore trois noms
à passer en revue et le grand mot du pro-
blème va être prononcé.
Colombus, élève de Vesale , professeur à
Padoue , publia un traité d'anatomie où il
décrit la circulation pulmonaire, on peut:
penser qu'il ne connaissait pas la décou-
verte de Servet, dont l'ouvrage purement
théologique devait être peu lu des médecins
du temps. — Colombus doit donc être cité
parmi ceux qui ont contribué à hâter la
dévouverte de la circulation du sang.
A la fin du XV: siècle nous rencontrons
Cisalpin , professeur à Pise et médecin de
Clément VIEIL. C’est un savant qui a avancé
nos connaissances sur cette partie de la
science que nous traitons. Il a décrit la
circulation pulmonaire beaucoup mieux
que ses prédécesseurs. On peut même dire
qu’il avait quelques notions vagues sur la
grande circulation. Il fait aller le sang du
cœur au foie par la veine porte.
Nous arrivons maintenant à un homme
qui a entrevu de bien près la découverte de
Harvey, je veux parler de Fabricius d’Ac-
quapendente , l'élève et le successeur de
Fallope, dans la chaire d’anatomie de Pa-
doue. — Fabricius d’Acquapendente, né
en 1537, mort en 1619, décrivit les val-
vules des veines et en constata la direction
dans son ouvrage de venarum ostiolis, A
vit que ces valvules étaient bien disposées
pour permettre la marche du sang des ex-
trémités vers le cœur, et pour l'arrêter si
cette marche voulait s'effectuer en sens
contraire.
Mais c’està William Harvey qu’on doit la
découverte de la grande circulation. Har-
vey était né en 1578, dans une petite ville
du comté de Kent. Il étudia à Padoue sous
Fabricius d’Acquapendente, et devint mé-
decin de Charles I: qui le favorisa dans
ses travaux. — Harvey mourut en 4657.
—— Les curieuses observations de Harvey
sur la génération des insectes ont été per-
dues pendant la révolution d'Angleterre,
mais ce qu'on n'a pas oublié, ce qui lui
restera toujours , c’est son immortelle dé-
couverte des lois de la circulation. Dès
1616 il expérimenta ; en 1619 il professa
sa découverte , et en 1628 il la publia dans
un ouvrage intitulé : Exercitatio anato-
mica de motu cordis et sanquinis in anima-
libus.
La découverte de Harvey fut d’abord
combattue, et souvent avec l’arme et la
calomnie. Mais si un habile anatomiste,
Riolan la repoussa, elle ne tarda pas à être
adoptée partout, et Descartes la sanc-
tionna du poids de son autorité.
Il n’y avait dans cette découverte qu’une
lacune , et Harvey dans la sagacité de son
esprit l’avait si bien aperçue qu'il avouait
ne pouvoir la combler. Il s'agissait de savoir
comment la communication s’opère entre
les artères et les veines.
Pour résoudre cette question il fallait le
microscope, et c'était à Malpighi qu’il était
84
réservé de poser la dernière pierre de lédi-
fice élevé par Harvey. ne
Marcel Malpighi , né à Crémone en 1628,
mort à Rome en 1694, découvrit la circu-
lation capillaire par laquelle le sang passe
des artères dans les veines , en examinant
à l’aide du microseope, les poumons des
grenouilles. La découverte de Harvey était
ainsi complétée.
Là M. Milne Edwards s’est arrêté, en fai-
sant remarquer que Malpighi fermait la
liste des savants dont il avait à analyser les
travaux , etque les grands faits de la circu-
lation étaient désormais posés dans leur
ensemble. Puis il a terminé en disant qu’à
mesure qu’il étudierait les différents détails
de la fonction de la circulation, il signale-
rait les hommes qui ont enrichi la science
de ces détails et de ces découvertes. E. F.
ANATOMIE.
Procédé de M. Doyère pour injecter les
vaisseaux capillaires.
S'il serencontre dans l’anatomie pratique
des opérations difficiles, celle qui consiste à
injecter les artères doit être placée dans
cette catégorie, Chacun saitqu’àla difficulté
de choisir un sujet convenable se joint tou-
jours celle de bien préparer les matières
à injecter. Différentes compositions ont été
indiquées et préconisées tour à tour. Gé-
néralement on se contente d’un mélange de
suif, de cire et de vermiilon, ou de noir de
fumée. Les doses de ces substances sont in-
diquées dans tous les livres d'anatomie, et
connues de tous lesétudiants en médecine,
il nous serait inutile de les rapporter ici.
— Les injections dont nous parlons, et
qu’on pratique chaque jour bien ou mal,
sont des injections grossières qui ne péné-
trent pas jusque dans les dernières ramifi-
cations des vaisseaux capillaires. L’homme
qui voulait, il y'a quelques années encore,
se livrer à ces études d’anatomie, fine et
transcendante, se trouvait arrêté par l’im-
possibilité d’injecter ces vaisseaux si tenus,
ces ramifications si déliées. Heureusement
pour la science, un jeune anatomiste fran-
çais, M. Doyère, a comblé cette lacune qui
existait dans l'anatomie pratique.
La découverte de M. Doyère, quoique
récente encore, n'est pas une découverte
d'hier, et nous nous sérions abtenus d’en
parler si elle avait été plus connue du pu-
blic savant. Comme notre œuvre est de
propager la science, nous croyons qu'il est
utile de rappeler, en peu de mots, le prin-
cipe de cette découverte et l’idée ingénieu-
se qu’elle renferme.
L'injection que fait M. Doyère est une
injection qu'on peut nommer chimique ;
elle a pour but de développer, au milieu
des vaisseaux capillaires, un précipité co-
loré, qui permette de distinguer tout à coup
leur direction, leurs anastomoses si nom-
breuses, anastomoses qui constituent ce
qu'on nomme en anatomie le réseau des
vaisseaux intermédiaires.
La question est done bien posée. Il s'agit
de former, à l’aide de deux liquides qui pé-
nètrent facilement dans l'économie, un pré-
cipité coloré. Or, la chimie a fourni à
M. Doyère, deux sels qui jouissent de ces
propriétés. Ces deux sels sont l'acétate de
plomb et le chromate de potasse. Tous deux
sont assez solubles dans l'eau. L'eau à 100°
dissout plusieurs fois son poids d'acétate de
plomb ; à 45° l’eau peut dissoudre la moi-
tié de son poids de chromate de potasse.
Mais si elle est portée à l’ébullition, elle en
|
|
\
|
|
|
di.
(19
ê
dl.
\wA
issoudra plusieurs fois son poids. Ainsi, la
emiére condition du problème, celle de la
bubilité est remplie.
Ces deux dissolutions salines mélangées
»nnent lieu à une double décomposition ;
1! y a formation d’acétate de potasse solu-
le et de chromate de plomb jaune inso-
ble.
La seconde condition du probléme se
’ouve ainsi résolue. M. Doyère injecte donc
l1ccessivement dans les vaisseaux Capillai-
:s une dissolution d’acétate de plomb et
:e chromate de potasse. La double décom -
osition se fait au sein même des vaisseaux
apillaires. On conçoit alors que le pré-
lipité jaune formé s'y dépose et y reste.
la coloration bien tranchée permet de
| istinguer la direction des vaisseaux in-
2ctés.
\ La découverte de M. Doyère, que nous
le rappelons ici que pour la populariser
uisqu'elle est déjà connue de quelques
bersonnes, peut conduire les observateurs
jlans une voie nouvelle de recherches. On
eut chercher d’autres liquides qui, par
eur réunion, puissent donner lieu à un pré-
“ipité plus tenu que le chromate de plomb,
brécipité qui pénétrerait alors plus loin dans
Ê dernières ramifications des vaisseaux
>apillaires. D'ailleurs, la découverte de
pe Doyère, permettant d’observer les der-
aières terminaisous des vaisseaux capillai-
l'es, tend à donner aux naturalistes de nou-
l'elles idées sur la manière dont s’opère la
‘autrition. Ce phénomène si obscur et en-
jpore sans solution s’éclaircira peut-être un
'aur lorsqu'on connaitra mieux les organes
richie de quelques faits nouveaux ne sera
plus alors forcée d’avouer sa complète igno-
mrance sur un des plus beaux mécanismes de
|A , . .
« organisation humaine. E. F.
à
pi il semble s’effectuer, et la science en-
| ZOOLOGIE.
Résultats de quelques recherches relatives à des
animaux inverlébrés failes à Saint-Vast-la -
| Hougue. (Extrait d’une note de M. de Quatre-
| fages.)
|
11
|
|
| « .. J'ai dirigé plus particulièrement
}mon attention sur les espèces qui servent
. le passage d’un type à l’autre, dont l’exa-
men sérieux confirme tous les jours d’avan-
age la vérité du célèbre aphorisme de
. Linné : Natura non facit saltus. À ce titre,
le mollusque gastéropode, sur lequel jai
lait des observations dont M. Edwards a
eu la bonté de faire connaître les résultats
1 l’Académie, l'Æolidina paradoxa, nobis,
st, je crois, un animal des plus curieux.
«J'ai l'honneur de mettre sous vos yeux les
“dessins qui représentent avec détails cette
“singulière organisation.
» L’'embranchement des articulés est cer-
‘Lainement celuiquirenfermele plus de types
disparates ; et l'étude des derniers êtres
jui doivent y être comprisoffre un intérêt
autant plus grand, que la place qui leur
‘revient a été méconnue par plusieurs na-
Bluralistes. De ce nombre sontles Némertes,
‘rejetées par Cuvier avec les autres vers
intestinaux parmi les Rayonnés. La plu-
“part des zoologistes modernes, et M. de
Blainville un des premiers, les ont, il est
Ivrai, replacés parmi les Articulés; mais
{on ne connaissait nullement leur anatomie.
Je montrerais que, tout en se rattachant
j1ux Articulés (ou mieux aux Annelés), ces
animaux forment un type distinct très-re-
|marquable. Mes recherches ont porté non-
86 ;
seulement sur lespèce connue de Cuvier
(N. Borlasü, Cuv.; Borlasia anglia, DE
BLainv.), dont j'ai trouvé des individus de
10 mètres de long, mais encore sur dix
espèces nouvelles, que j'ai découvertes
dans la seule localité de Saint - Vast.
MM. Milne Edwards, Duvernoy, Valen-
ciennes, Doyére, ont bien voulu vérifier la
plupart de mes observations sur des indi-
vidus conservés vivants dans de l’eau de
mer et apportés à Paris.
» J'ai également étudié dans les plus
grands détails l'Échiure (G. Æchiurus ,
Paz ), placé par Cuvier avecles Séponcles,
parmi les Échinodermes, et par M. de
Blainville à la fin des Annélides. Ce Mé-
moire prouvéra, j'espère, que l’Echiure
rattache les Annélides errantes aux Sé-
poncles, tout en présentant des rapports
remarquables avec les Holothuries. Il sert
ainsi de lien entre deux classes différentes
etentre deux embranchements, bien qu’ap-
partenant réellement au type des An-
nelés.
» La génération des Rayonnés nous a
offert, dans ces dernières années, des faits
aussi curieux qu’inattendus. J’ajouterai
quelque chose à ce que nous ont fait con-
naître les naturalistes allemands etsuédois,
en décrivant un mode nouveau de propa-
gation observé chez un Polype voisin des
Corynes (G. Synhydra, nobis), qui se re-
produit aussi par bourgeons. J’ai suivi
toutes les phases de ces deux modes de mul-
tiplication et fait en outre l'anatomie com-
plète de l’animal.
» L'étude de l’organisation intime des
tissus est un des caractères de la science
moderne. Je m’y suis attaché d'autant plus
qu'elle seule peut souvent nous donner des
idées justes sur l'anatomie proprement dite
des animaux inférieurs. C’est ainsi que j’ai
reconnu l'existence de téguments bien dis-
tincts chez les Némertes, que j'ai constaté
la nature réellementsensitive de leur yeux.
C'est ainsi que, dans les parois da corps
d’une Synhydre, j'ai compté huit couches
de tissus différents superposés dans une
épaisseur de 1710 de millimètre.
» La phosphorescence des animaux tient
à des causes très-différentes et qu’on n’a,
jusqu’à ce jour, étudiées que d’une ma-
nière fort imparfaite. Des observations,
com mencées l’annéedernière et poursuivies
cette année sur plusieurs petites espèces
d’Annélides et d'Ophyures, m'ont conduit
aux conclusions suivantes : 4° 1l y a chez
ces animaux production de lumière sous,
forme d'étincelles dans lintérieur du corps,
à abri du contact de l'air; 2° cette pro-
duction de lumière est indépendante de
toute sécrétion matérielle; 3° elle se rap-
proche, sous ce rapport, de la production
d'électricité observée chez plusieurs pois-
sons; 4° cette lumière se montre unique-
ment dans les tissus musculaires et au
moment de la contraction; 5° la produc-
tion de cette lumière épuise rapidement
l'animal. Ici encoreil y a analogie entreles,
phénomènes lumineux que nous signalons
et les phénomènes électriques des pois-
sons.» - nes
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT.
Séance du 11 janvier 1845.
Au nom de la Commission du Bulletin,
M. Amédée Durand fait un rapport favora-
87
ble sur des tableaux représentant des ob-
jets industriels exécutés par M. Knab. Les
professeurs , dans leurs leçons publiques,
ont rarement le pouvoir de mettre sous les
yeux de leurs élèves les machines et appa-
reils dont ils sont forcés de donner la des-
cription pour en faire comprendre l’usage.
Ils suppléent à ces objets par des dessins
qu'ils tracent sur tableau noir avec un
crayon blanc, et la figure ainsi dessinée
suit dans son tracé les progrès de ’impro-
visation. Mais ces dessins font perdre beau-
coup de temps, et sont rarement exécutés
evec le soin convenable, M Knab a ima-
giné de faire des dessins coloriés et d'y re-
présenter parfaitement toutes les parties
que le discours comporte. En faisant l’é-
loge de ce genre d'exécution, M. le rappor-
teur demande et obtient que ces tableaux
soient recommandés au public par la voie
du Bulletin.
M. Cassa au nom du comité des arts mé-
caniques, fait un rapport favorable sur une
machine de M. de Saillet pour tailler les
bouchons de liége. Cette industrie est fort
importante, puisqu'on assure que la con-
sommation de Paris est d'environ 300 mille
bouchons par jour. La machine est ingé-
nieusement conçue. Une lame d’acier, dont
le tranchant est horizontal, a un mouve-
ment de droite à gauche ; un petit prisme
de liége se présente au tranchant pendant
que le liége tourne sur lui-même ; le tran-
chant enlève au prisme, en un seul
tour, tout ce qui excède la surface courbe
du bouchon, qui tombe ensuite sous forme
d’un petit cône tronqué ; il fait place, à
son tour, à un autre prisme de liége qui
est taillé de même. L’ouvrier imprime les
mouvements de translation de la lame et
de rotation du bouchon, en faisant tourner
une manivelle. L'opération va très vite, et
quoique l'exécution de la machine soit assez
médiocre, les produits en sont très avanta-
geux. Quand l’ouvrier taille des bouchons
à la main, il perd beauconp de liége, opère
lentement, et. est forcé d’affiler incessam-
ment son outil. La machine de M. de Sail-
let n’a aucun de ces défauts; il n’y a pas
besoin que le tranchant soit vif la matière
est très économisée, et les bouchons sont
tous d’un calibre identique, quoiqu’on
puisse le faire plus ou moins grand à vo-
lonté. Le conseil approuve cet appareil qui
sera décrit au Bulletin.
M. Cassa fait en outre deux rapports fa-
vorables sur les fabrications de poids mé-
triques, l’une de M. Bourgeois, l’autre de
M. Parent. Ces poids sont exécutés à la ma-
chine et construits de manière à s'emboîter
les uus dans les autres, selon la manière
accoutumée. Dans le système de M. Parent,
les dispositions sont même telles que, les
poids n’ayant pas toujonrs le calibre dé-
croissant, et ayant une hauteur inégale, les
emboîtements sont assez justes pour ne pas
laisser d’intervalles entre eux.
M. Leclerc -Thouin fait un rapport, au
nom du Comité d'agriculture, sur le con-
cours relatif à l'introduction en France de
plantes exotiques utiles à l’industrie ou à la
uourriture. Le prix proposé n’est point
remporté, et on ne peut reconnaître que la
culture de la grande espèce de spergula,
de préférence à la spergnla arvensis, soit
de nature à le mériter. Le comité propose
de faire une modification au programme,
et l'examen de cette question lui est ren-
voyé, pour qu'il en soit délibéré ultérieu-
rement.
ss
M. Arthur propose que la Société d’en-
couragement, dans l'intérêt de l’agricul-
ture et de l’industrie, adresse des observa-
tions au Comité de la Chambre des députés
sur la loi présentée, ayant pour objet de
fermer les fabriques de sucre indigène, Une
discussion s'ouvre À ce sujet, et le Conseil
décide qu’une Commission examinera cette
question , et fera connaître au Conseil ses
vues, pour qu’il en soit délibéré sous bref
délai. FRANCOEUR.
D Eh Ke
De l'emploi du naphte en Perse comme
matière éclairante.
Les transactions philosophiques ont pu-
blié en 1748 un article assez curieux inti-
tulé : Détails sur le feu perpétuel en Perse,
par M. James Mounsey, médecin du roi de
Russie.
Maintenant que l'emploi du gaz à éclai-
rage est devenu si général, il n'est peut-
être pas sans intérêt de reprendre quelques-
uns des faits que le journal anglais signalait
alors au monde savant.
Chacun sait avec quelle étonnante rapi-
dité l'emploi du gaz se propage en France,
mais ce que toutle monde ne sait peut-être
pas, c'est que depuis longtemps les Perses
se servent de becs de gaz d’une simplicité
extrême.
Le mémoire que je viens de citer et qui
depuis longtemps sans doute est oublié
dans l'immense recueil des transactions
philosophiques , est rempli de faits curieux
sur ce sujet. a
De toute antiquité , le sol de Perse a été
fécond en productions bitumineuses. L'as-
phalte et le naphte s’y sont toujours ren-
conirés en grande quantité, et ce dernier
produit a souvent été assez abondant pour
recouvrir la surface de certains lacs. Cté-
sias, médecin qui suivit les 10,000 Grecs
envoyés au secours du jeune Cyrus contre
son frère Artaxercès, avait observé souvent
ce phénomène durant son séjour en Perse;
et il ne l'avait pas compris; la chimie mo-
derne, qui a tout analysé, nous a expliqué
ce fait. Mais ce n’est pas seulement à la
surface de certains lacs que cet hydrogène
carboré se rencontre ; le sol en est sou-
vent assez imbibé, pour en laisser conti-
nuellement dégager une certaine quan-
tité, car le naphte est assez volatil.
Dans la presque île d'Abschéron, à envi-
ron 20 milles de Bakou et à 3 milles de la
mer Caspienne, il suffit de creuser le sol à
peu de profondeuret de plonger dans cette
cavité un flambeaa allumé, pour qu 'aus-
sitôt on voie se manifester une flanime
blanche et fuligineuse qui dure quelques
instants. Les Guèbres, adorateurs du feu,
se servent, pour perpétuer leur calte, de
cette propriété qu'a le sol de fournir des
gaz inflammables. A Bakou, les Dome
phénomènes se présentent, aussi Bakou est
pour les Guèbres un lieu saint.
Dans la même presqu'île d’Abschéron,
se trouvait, vers la moitié du siecle dernier,
un caravansérail habité par 12 prêtres in-
diens et d’autres dévots. Cette antique cons-
truction avait ses murs parsemes de cre-
vasses. Si de ces fentes on approchait un
flambeau allumé, une flamme se produisait
aussitôt et ne tardait pas à se propager de
proche en proche. Ce phénomène inexpli-
cable sans doute pour les habitants de la
Perse, s'explique chez nous assez facile-
ment, Le sol de la presque îte d’Abschéron
est imprégné d'huile de Naphte ; on con-
coit que ce liquide, se volatilisant sans
89
cesse, sorte par les crevasses dans les con-
ditions nécessaires pour brûler. Ces prêtres
du Caravansérail dont j’ai parlé, construi-
saient à peu de frais des flambeaux écono-
miques. Ils enfonçaient dans le sol des ro-
seaux creux ; le naphte gazéifié montait à
travers ces sortes de tubes et ils l’enflam-
maient à sa sortie par l'orifice supérieur.
S'agissait-il d’éteindre ces sortes de flam-
beaux . ils les recouvraient d’un léger en-
tonnoir.
De ce que je parle des usages pratiqués
en Perse au siècle dernier, il ne faut pas
en conclure que ces usages ont disparu de
ce pays. Le naphte est de nos jours encore
employé en Perse comme matière éclai-
rante, et depuis Mossul jusqu’à Bagdad , le
peuple s’éclaire avec le pétrole qui est du
naphte altéré par des matières hétéro-
gènes.
Sans aller si loin, l'Italie nous offre le
même emploi da naphte ou du pétrole, La
ville de Parme, en effet , est éclairée par le
pétrole du village d’Amiano.
La France n’est pas aussi heureuse que
ces contrées, car le naphte ne sy trouve
qu'en petite quantité. On n’en rencontre
que dans un village du département de
l'Hérault. à Gabian, près Pézenas.
Ainsi, de l'Orient à l'Occident, les peu-
ples ont compris l’avantage qui existe à
s’éclairer à l’aide d’un hydrogène carboné.
Les Perses et peut-être aussi les Chinois,
ont conçu les premiers cette heureuse idée,
et ils l'ont mise en pratique sans trop s’en
rendre compte. Le peu d'activité de leur
esprit ne leur a pas permis de féconder le
germe de cette grande découverte indus-
trielle, Ce fut un ingénieur français, Lebon,
qui le premier répandit cette idée en
France. M. Murdoch, vers 1800, en fit en
Angleterre , l’application sur une large
échelle, Depuis cette époque, bien des
moyens ontété proposés pour produire un
gaz pur et beau. Cependant, beaucoup de
modifications doivent encore être intro-
duites dans cette curieuse préparation, et
de nombreux problèmes sur cette magni-
fique question se présentent chaque jour à
nos industriels et à nos chimistes. Que leur
patience ne soit pas épuisée ! ils ont beau-
coup fait, mais il leur reste encore beau-
coup à faire. E. F.
= — De ————
AGRICULTURE.
CONSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS.
Des blés d'hiver ou d'automne ; des blés de mars
ou de printemps ; par M. Loiseleur-Deslong-
champs.
En général, les blés ne sont pas sujets à
geler, à moins que lefroid ne soit très con-
sidérable, et encore faut-il des circonstan-
ces particulières pour que ceux qui ont été
cultivés depuis longtemps dans un pays
puissent périr par suite de la gelée. Si une
grande partie des blés périt par l'effet du
“roid dans l'hiver désastreux de 1709, ce
ne fut point l'intensité de la gelée qui
causa le mal, mais parce que, à la suite
d’un dégel, le froid reprit subitement avec
force, tandis que les terres étaient encore
trop humectées et que les grains furent,
pour ainsi dire, surpris dans la glace.
L'hiver de 1788 à 1789 fut encore plus ri-
goureax, puisque le maximum du froid
s'éleva à 17 degrés et demi au thermomètre
de Réaumur, et cependant la récolte qui
suivit fut abondante. Mais ce qui a contri-
90
bué à préserver les blés pendant les gran-
des gelées de la fin de l'année 1788, c'e
. x
que la terre fut couverte de neige duran
presque tout ce temps.
Est-ce parce que les blés sont, eu géné-
ral, susceptibles de résister aux gelées et ne
présentent, d’ailleurs, aucun caractère qui
puisse les faire reconnaître, que la distine.
tion des froments en blés d'automne et en
blés de mars n’a pas été admise par Tessier ?
Il est permis de le croire; car voici com-
ment cet auteur s'exprime à ce sujet : « La
distinction des blés en froments d'automne
et en froments de mars est chimérique :
voilà pourquoi je n’ai pas cru devoir en
faire mention. Tous les froments, suivant
les pays, sont ou de mars ou d’automne.
. Ils passent tous, avec le temps, à l’état de
blés d'automne ou de blés de mars, comme
je m'en suis assuré. Il ne s'agit que de les
ÿ accoutumer peu à peu, en semant gra-
duellement, plus tard qu’on ne le fait, les
blés d'automne, et plus tôt les blés de mars,
comme je lai observé. »
Ce qu’il y a de certain et ce qui confirme
pleinement l'opinion du célèbre agronome
que je viens de citer, c’est que, le 16 oc:
tobre 1836, ayant semé cent onze variétés
différentes de froment. et ayant resemé les
mêmes le 9 mars 1837, les unes et les au-
tres ont également bien müri leurs grains,
avec une différence de dix jours seulement
pour les variétés qui avaient été semées les
dernières.
Cette expérience prouve, de la manière
la plus positive, que tous les froments peu-
vent être semés indifféremment, soit à
l'automne, soit au mois de mars. puisque
les mêmes sortes ont pu accomplir leur vé-
gétation, les premières semées dans une
période de deux cent quatre-vingt huit
jours, parce que la végétation, dans les
premiers, est restée, pour ainsi dire, sta-
tionnaire pendant cent trente-huit jours :
tandis que, dans les secondes, une fois
commencée, elle n’a pas été interrompue,
et s’est accomplie en cent cinquante-cinq
jours seulement. En effet. mes premiers
blés, semés le 16 octobre 1836, étaient, ên
général, mürs le {°° août suivant, et ceux
qui n'avaient été semés qne le 9 mars 1837
se trouvaient également mûrs le 11 août,
c’est à.dire dix jours seulement plus tard.
Et encore je dois mentionner que tous
avaient été semés, ainsi que je l'ai dit, les
uns en automne, les autres en mars, Sans
avoir été aucunement préparés à ce chan-
gement par des semis préliminaires, soit
avancés, soit retardés graduellement, ainsi
que Tessier dit qu'il convient de le faire
pour changer leurs habitudes. Le chan-
gement opéré dans les semailles de ces blés
fut brusque et sans aucune préparation,
puisque je n'avais, de chaque sorte, qu’un
petit nombre de grains que je partageai en
deux portions, dont l’une fut semée,comme
je l'ai dit plus haut, au mois d'octobre, et
l'autre au mois de mars de l’année suivante.
Tessier a donc eu raison de dire que, à
bien prendre, tous les froments pouvaient
être semés indifféremment à l'automne ou
au mois de mars, parce que les mêmes
sortes sont Susceptbles d'accomplir inditfe-
remment et également bien toutes les pha-
ses de leur végétation à ces deux époques
si différentes en apparence, seulement les
produits que donnent les premiers semés
sont beaucoup plus considérables.
Cependant presque tous les caltivateurs
de profe;sion sont dans l'usage de faire uue
distinction entre les froments d'automne
11
emps; mais la distinction admise par le
lus grand nombre n’est fondée que sur ce
lue certains blés supportent moins bien les
igueurs de l’hiver que d’autres, et sur ce
qu'il y en a qui paraissent demander plus
le temps pour parvenir à leur maturité;
‘elles sont les espèces nommées par Linné
riticum composttum et triticum turgidum.
La dernière de ces espèces comprend beau-
soup de variétés connues vulgairementsous
les noms de poulards.Les semis de ces deux
:spèces ne pourraient pas être retardés au-
ant que celui de plusieurs autres; mais,
laits dans les premiers jours de mars, la
imaturité des grains qu’ils donnent peut
ncore s’accomplir en dix jours environ de
retard, comparativement aux blés semés
V2n octobre.
| L'espèce que Linné a nommée friticum
Lhybernum (froment d'hiver) a donné un
“grand nombre de variétés qui sont aujour-
‘l'hui plus répandues que tous les autres
blés dans la grande culture, et qu’on sème,
len général, à l’automne; mais elles four-
inissent aussi des variétés aux blés dits de
mars, variétés qui n’offrent aucune diffé-
‘rence avec les mêmes sortes qu’on est dans
l'usage de semer avant l'hiver; c’est seule-
iment une habitude qu’on a fait prendre,
depuis plus ou moins longtemps, à ces va-
riétés, qu’on a rendues ainsi printanières.
Quant aux sortes qui appartiennent au
trilicum æstèvum de Linné, ce sont elles qui
fournissent plus particulièrement les véri-
tables variétés de printemps, connues sous
kles noms de trémois, de blé de quatre-vingt-
\dix jours, de blé de mai, etc. -
| Pour revenir aux blés dits d'automne ou
\d’hiver, il y a une considération importante
“qui n'est point à négliver, c'est que, dans
les nombreuses variétés que nous connais-
“sons, il en est qui, lorsque le froid a une
lcertaine intensité, le supportent moins bien
les unes que les autres. Peut-on croire
aussi que, selon l'état de végétation dans
| lequel se trouvent les blés, ou selon les cir-
“ constances dont ils sont environnés, ils
. peuvent souffrir où même périr pendant
‘un hiver, tandis que, durant un autre, ils
\bravent sesrigueurs? C’est ce qui me paraît
très vraisemblable d'après mes propres ob-
servations. Ainsi, au mois d'octobre 1836,
j'ai semé cent onze variétés de fioment,
comme je l’ai dit ci-dessus , et il n’en a gelé
qu’une seule. Au contraire, sur cent
Isoixante-quinze variétés semées depuis le
“14 septembre 1840 jusqu'au 16 novembre
suivant, trente-neuf out gelé au quart, à
|moitié, au trois quarts et même en totalité.
Il est vrai de dire, à ce sujet, que toutes les
variétés, qui ont gelé pendant l'hiver de
1840 à 1811, venaient de n'être envoyées
du midi de la France, et que plusieurs pro-
venaient .des provinces russes de la mer
Noire : tels étaient le blé d’Irka, le blé dur
de Taganrock, le blé dur d'Odessa, etc.
De plus, je cultive, depuis 1836, un fro-
ment particulier que feu Tripet avait dans
Son jardin, et qui lui avait été envoyé de
l'Amérique méridionale ; eh bien! ce blé a
constamment gelé tous les hivers depuis ce
temps, et je n’ai jamais pu le recueillir que
de semis faits au mois de mars.
Je tiens aussi de M. Vilmorin qu il a vu,
il y a vingt et quelques années, une variété
de froment qui, à cause de la beauté des
blés qu’elle produisait, se répandit dans la
grande culture d’un canton et même d’un
arrondissement, au point qu’il y avait plu-
leurs centaines d’hectares ensemencés de
u d'hiver, et ceux de mars ou de prin-
92
cette sorte. Ce blé avait passé plusieurs
hivers sans en souffrir, lorsque celui de
1820 fut tellement désastreux pour lui,que
la plus grande partie de ce blé fut gelée, et
que tous les cultivateurs qui n'avaient semé
que cette sorte éprouvèrent des pertes con-
sidérables.
En définitive, quoiqu'’on soit fondé à dire
que la plus grande partie des froments
affronte les gelées de l'hiver sans en souffrir,
et que, sous ce rapport, on ne puisse établir
d’une manière précise la division de ces
grains pour les distinguer en blés d'hiver
et en blés de printemps, on voit cependant
que, lorsqu'il s’agit d'admettre une variété
nouvelle dans la grande culture d'automne,
on ne doit le faire qu'avec la plus grande
circonspection.
DDEKE ————
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 7 janvier.
L'Académie procède à la nomination
d’un vice-président en remplacement de
M. Portalis, qui doit occuper le fauteuil de
la présidence pendant cette année.
Nombre des votants, 23
Majorité absolue, 12
Au premier tour du scrutin les suffrages
ont été repartis comme suit :
MM. Naudet, À
Dunoyer,
Lacanal,
De Tocqueville,
De Remusat,
Billets blancs,
M. Naudet a été proclamé vice-président.
En quittant le fauteuil, M. Passy a re-
mercié l’Académie de la bienveillance
quelle lui avait témoignée pendant la durée
de sa présidence, et M. Portalis, à son tour,
s’est rendu l'interprète de ses collèsues au-
près de son honorab'e prédécesseur, en Jui
témoignant toute leur reconnaissance,pour
le zèle et les soins affectueux qu'il avait
apporté dans l'exercice de ses fonctions.
L'Académie a procédé encore à la nomi-
nation de sa commission centrale adminis-
trative, et de la commission administrative
de ses fonds particuliers. Après deux tours
de scrutin, MM. Villermé et Blanqui ont
été réélus pour ces doubles fonctions.
M. Villermé fait connaître les résultats
d’une enquête faite en Angleterre sur le
travail et la condition des enfants employés
à l’exploitation des mines et aux autres in-
dustries qui échappent aux actes du Par-
lement.
C’est dès l’âge de quatre ans quelquefois,
à celui de six le plus souvent, et jamais
après celui de neuf que les enfants com-
mencent a être employés aux travaux des
mines. D’après l'enquête, parvenus à leur
treizième année, ils sont considérés comme
adolescents ; les uns sont attelés avec une
chaine à des charriots, qu'ils conduisent
dans des galeries étroites et humides en
marchant sur leurs pieds et sur leurs
mains; d’autres les aident dans ce travail
pénible en poussant les chariots par der-
rière. Les souffrances qu’endurent ces mal-
heureux dans les divers travaux auxquels
ils sont employés dépassent tout ce qu’on
a écrit sur les souffrances des hommes de
couleur dans les mines du Pérou et du
Mexique. Aussi la mortalité est conside-
rable, et malgré la négligence que mettent
les employés à constater les blessure: et les
OS |
93
décès, ont peut l’évaluer à un sixième des
enfants employés par eux à l'exploitation.
La nourriture qu’on leur fournit est cepen-
dant suffisante, et généralement les jours
de repos, ils sont habillés convenablement
et même avec une certaine recherche. Il
faut cependant en excepter ceux qui sont
employés dans les exploitations de l’Ecosse.
Ceux-là ont les mêmes souffrances à sup-
porter, sans pouvoir compter sur quelques
compensations. Dans les mines sont aussi
employées des femmes, des jeunes filles,
concurremment avec des hommes, des adul-
tes et des enfants. Les uns et les autres tra-
vaillent le plus souvent entièrement nuds.
Cette circonstance suffit pour expliquer
comment, dans les pays où les mines sont
exploitées, les mœurs sont dépravées et
corrompues. La communication de M.Vil-
lermé est d’une haute importance. Elle
peut servir à prévenir bien des maux que
l'exploitation des mines a déjà produit
parmi nous et qu'elle doit augmenter à
mesure quelle prendra un plus grand dé-
veloppement.
M. Troplony a commencé la lecture
d’un Mémoire sur le contrat de société
civil et commercial. Dans une introduction
concise et cependant pleine de faits et sur-
tout d'observations, 1l a considéré l’asso-
ciatiou dans les différentes transformations
quelle prend dans la vie sociale. Elle est
utile. Deux hommes qui forment une asso-
ciation, a-t-il dit, ne sauraient être mieux
comparés qu’à un infirme et un aveugle
qui s'unissent dans leur intérêt commun,
Celui qui est aveugle prend linfirme sur
ses épaules, et celui-ci sert de guide à son
compagnon. Mais avec la préoccapation des
intérêts matériels, on a abusé étrangement
de l’association, on a cru pouvoir tout faire
avec des capitalistes et des consommateurs.
Les systèmes de Saint-Simon, d’Owen, de
Fourrier, débris des systèmes d’une époque
antérieure, ont produit à leur tour toutes
les conceptions auxquelles de nos jours se
sont laissés prendre tant de crédules spécu-
lateurs.
Les Romains connaissaient les ressources
qu’ils pouvaient retirer de l'association, et
c'est dans leurs lois que furent puisées les
dispositions du contrat de société tel qu’il
a été établi chez nous. À Rome, le petit
commerce était exercé par les affranchis,
mais les grandes spéculations étaient seules
entreprises par les hommes riches et de
famille noble; ces grandes spéculations
avaient pour objet la banque, la fourniture
des vivres aux armées, ct le fermage des
impôts. Elles étaient toutes faites par une
société de banquiers. À l’époque où tout le
monde connu était tributaire de la répu-
blique, les Romains seuls faisaient le com-
merce en Afrique, en Asie, dans la Gaule-
Cisalpine , et l'esprit d'association qu'ils
avaient fait si bien servir à leur prospérité,
passa avec toute sa puissance à ces hornmes
du moyen -âge auxquels nous devons tant
de monuments et de si grandes entreprises.
Ce n’est pas seulement comme philosophe
et comme historien que M. Troplong veut
considérer le contrat de société, c’est aussi
et surtout comme jurisconsulte. Cette par-
tie de son travail qu’il doit lire à une des
prochaines séances de l’Académie, sera si
non la plus curieuse, du moins la plus
utile, C. B.F.
GÉOGRAPHIE.
RUINES DE CARTHAGE.
Extrait des voyages de M. Félix Flachènac-
ker en 1838, 1889 et 1840 dans les Etats bar-
baresques.
Au N.-E. de Tunis et à trois lieues de
cette ville, sur une presqu'île, formée d’un
côté par la Méditérannée, de l’autre, par le
lac de Tunis (il Baheïra), c’est-à-dire sur
un espace de près de trois lieues , se trou-
vent disséminés les débris de Carthage,
cette rivale de Rome qui fut la première
puissance commerciale de ancien monde.
Selon le texte samaritain, elle aurait été
fondée vers l'an 1554 avant J.-C., à l’'épo-
que de la conquête du pays de Chanaan,
mais ilest plus vraisemblable que Didon,
sa fondatrice, n’arriva en Afrique que la
7° année du règne de Pygmalion, 853 ans
avant J.-C. selon S$olin, ou 853 selon le
président Desbrosses.
D’après Strabon et Appien, Carthage
était située au fond d’un golfe dans une
presqu'île qui avait 360 stades de circuit,
dont l’isthme ou le col était large de 25
stades. Une longueur de terre large d’une
demi-stade séparait la mer d’un marais,
aujourd'hui le lac de la Goulette. Elle se
trouvait fermée par une muraille du côté
de la mer, et dans la partie du continent la
ville était fortifiée par une triple muraille
haute de 30 coudées et flanquée de tours à
des distances égales. Ges murailles étaient
construites de manière à laisser assez d’em-
placement pour contenir 300 éléphants,
ainsi que les magasins nécessaires à leur
subsistance; des greniers, des écuries pour
4,000 chevaux et de quoi loger 20,000 fan-
tassins et 4,000 cavaliers. Deux poris qui
communiquaient entre eux, mais qui n'a-
vaient qu'une même entrée, étaient fermées
par des chaines. Le premier était pour le
commerce, le second pour les galères. Ce
dernier avait au milieu un îlot bordé, ainsi
que le port lui-même, de grands quais où
étaient des loges pour mettre à couvert
220 bâtiments.
Détruite et rasée par Scipion, après un
embrâsement de 17 jours, Carthage fut en
partie reconstruite 127 ou 116 avant J.-C.,
on J’appela Colonia Junonia. Plus tard et
souslesempereurs.elleparutsortir tout à fait
de ses ruines. De l’un elle prit le nom d’4n-
drinopolis, de Vautre celui d’Alexantria
-Commodiana Togata. Sous Dioclétien elle
était florissante, et c’est à cette époque de
son histoire , que se rapportent les pre-
mières lueurs de cet éclat que devaient lui
donner les apôtres les plus éloquents du
christianisme. La ville de Didon fut, de nou-
veau, saccagée par Maxence en 318 après
95
J.-C.; en 442 par Genséric, et deux fois par
Gelinser dans le sixième siècle. Bélizaire en
détruisant par sa victoire l'empire des Van-
dales, sauva la capitale de l'Afrique ro-
maine d’une destruction presque certaine;
cette destruction devait lui venir d’ailleurs.
En 647, les Arabes envahirent le nord de
l'Afrique; eu 696, ilss’emparèrent de Car-
thage et la rasèrent jusqu'aux fondements,
malgré les efforts du patrice Jean, elle
resta au pouvoir des vainqueurs, qui con-
tinuèrent de régner sur ses ruines jusqu'au
moment où l'épée de St-Louis les leur dis-
puta.
Couverte de socles, de chapiteaux, de
fragments de bas-reliefs, de débris de co-
lonnes de marbre et de porphyre, cette
immense solitude qui s'appelait autrefois
Carthage , n’est plus troublée maintenant
que par le chant monotone de l'arabe de-
mi-nu et aussi iguorant d’Annibal que de
St-Louis.
Plusieurs voyageurs célèbres ont visité les
ruines de Carthage, et ont cherché à éclair-
cir les doutes qui s'élèvent sur la situation
des quartiers et des principaux édifices de
cette ville. Toutes les recherches n’ont,
jusqu’à ce jour, que de faibles lumières sur
ces mystères historiques. Toutefois , il est
évident que c'est là seulement où se ren-
contrent des vestiges importants de cette
cité qui tint si longtemps l'empire des mers
qu’il faut chercher la Carthage phéni-
cienne,
En sortant de la Goutelette, on suit une
langue de terre ou plulôt une langue de
sable. On laisse à gauche le lac et en co-
toyant le rivage, on arrive à la partie qui
décrit une courbe. Eà sont les premières
ruines. Elles consistent en murs d’une cham-
bre voisine de la mer, ils ont 0,65 de hau-
teur, en quelques endroits. Des blocs de
pierre noircis par les flots, s'étendent dans
l’eau à une distance environ de deux cents
pas. On trouve ensuite plusieurs chambres
dont les débris prouvent qu’elles étaient
voûlées. Environ 600 pas plus loin, à l’ex-
trémité d’une courbe que décrit le rivage,
on aperçoit quatre pièces de fonte dont
lune a son orifice obstrué par un boulet,
elles gissent a terre près d’une colonne de
marbre rouge, En avant de ces ruines et
perpendiculairement au rivage, s’avance
dans la mer une masse de pierres qui a dû
former une jetée ou la partie droite d’un
môle. On en retrouve, à 300 pas, la partie
gauche présentant la même forme. Ces
deux bras en grande partie hors de l’eau
sont composés d'énormes pierres ou plutôt
de masses de roches. En arrière du môle ,
près d’un bassin oblong sont deux colonnes
de marbre blanc rayé de noir dans leur
TELE RAX GO EX ER EC
SUR LES EFFETS
DE LA FORCE RAPANSITS DE LA POUDRE,
DANS LES MINES ET LES ARMES À FEU.
IPAZE FE. FPEAZANET,
lieutenant - colonel de
Brochure in-8°. — Paris, 1842. — Librairie militaire de Gauzrien-LacuroNr, rue et
génie.
passage Dauphine , 36.
=
Paris. — Jmp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
longueur, et à quelques pas plus loi
trouve une colonne de granit gris de 4
de longueur sur 0,49 de diamètre.
delà on rencontre les ruines d’une infinitéek|
de chambres, des caves voûtées, des cellules.
Les mêmes vestiges de construction se re:
trouvent en quittant l’ancien port de Co-
thon et en redescendant vers-la mer. Les
murs de séparation de neuf ou dix cellules
sont encore debout, ils ant de 02,395 à
Uw,650 d’élévation, Devant chaque cellule
et à égale distance se trouve un amas de}|
pierres de forme ronde de 1" à 3 de dia“
mètre, base qui sembleraitindiquer la place«
d’une colonne. À 50 pas au-delà des cellu-
les se montrent des ruines de massifs mi-
parte dans l'eau, mi-partie sur le rivage
ces massifs ont pu autrefois servir de tours
ou de custodium. Tout prèset sur un ter-
rain peu élevé on voit desfragmeats nom-
breux de colonnes des chapitaux disséminés
çà et là qui semblent appartenir aux ruines
d’un temple construit sur la limite de la
ville et du port. Les uns ont voulu que les
débris fussent ceux d’un temple consacré à
Neptune ; d’autres, ceux d’une église bâtie
par les fidèlesenl’honneur de saint Cyprien.
Cet édifice devait avoir son entrée du côté“
du rivage. Il était soutenu par d'énormes
piliers qui sont encore debout. Dansla par-
tie du fond, on remarque 4 niches desti-
nées sans doute à recevoir des statues. L'in-
térieur du temple est rempli de fûts, de
colonnes , de chapiteaux coryÿnthiens dans
un parfait état de conservation. Quelques-
uns représentent des fleurs et des fruits en-
trelacés de serpents. Dansun prochain nu-«
L4 Là .
méro nous compléteront cette notice par
quelques détails sur la forteresse Byrza, le“
cap Carthage, les citernes, les aquedues
dont on trouve les débris enfouis dans le”
sol africain ! et le fort Saint-Louis, auquel
on à donné, fort im proprement, le nom de
tombeau. :
Em mm
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte £4. DE LAVALETTE.
BIBLIOGRAPHIE.
TRAITÉ PRATIQUE sur les maladies des or-
ganes génilo-urinaires ; par le docteur Civiale. — A
Paris, chez Fortin, Masson, place de l’Ecole-de-Mé-
decine, À
MEMOIRE sur la topographie médicale du qua-
trième arrondissement de Paris ; recherches histo-
riques et statistiques sur les conditions hygiéniques
des quartiers qui composent cet arrondissement ;
par M. le doeteur Henry Fayard. — A Paris, chez
Baillière, rue de l'Ecole-de-Médecine, 17.
LIVRET TOPOGRAPHIQUE ; par le capitaine F.,
du 46° de ligne.
D RE EU RES
INSTRUMENTS DE CHIRURGIE.
FABRICATION DES LANCETTES ET INSTRUMENTS DE
CHIRURGIE EN OR , EN ARGENT, EN ACIER,
DE CAPRON are,
rue de l'Ecole-de-Médecine, 10.
Cette coutellerie, fondée depuis près de trente
ans , est parvenue, après de grandes recherches, à
fabriquer des lancettes tellement appréciées, que
déjà l'on ne les désigne que sous le nom de /ancettes
Capron. MM. les médecins et MM. les élèves en
médecine tiennent à honneur de posséder au moins
une Jancette Capron. La coutellerie de celle maison
n'est pas moins renommée que ses lancettes ; elle
tient aussi un assortiment complet de bandages et
d'instruments de gomme élastique.
À 0 RC EE A
10° anmée.
CHO
x SOMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
ù { CES. Séance du lundi 16 janvier. — SCIENCES
& # PHYSIQUES. PHYSIQUE. Rapport de
M. Regnault sur les recherches expérimentales
sur le mouvement des liquides de M. Poiseuille.
louse sur acide hypochlorcux, suivi de quelques
observations sur les mêmes corps considérés à
l'état amorphe et à l'état cristallisé. —SCIENCES
NATURELLES. — G'GLOGIE Description
géologique de la plus grande partie du gouverne-
ment dé Poltawa: Gottheb de Blode. — Notice
sur la présence d'empreinte de pas daus le nou-
veau Grey rouge de la carlière de Symm (Ches-
kKire); Hawhshaw. — PHRÉNOLOGIE. Des alié-
nés, des idiots; crâne de Soufflard; type des
meurtriers ; tête de Laceénaite; un mot sur les
condamnés au bague; conclusion. — TOXICO-
LOGIE, Cours de M. Oifila.— Empoisonnement
par l’acide prussique. — SCIENCES APPLI-
-QUÉES. Nouveau procédé de fabrication du fer
au moyen du gaz des hauts fourneaux.—Considé-
! rations sur les céréales, et principalement sur les
l | froments; Loiseleur de Longchamps. — SCIEN-
i CES HISTORIQUES. GEOGRAPHIE. — Sur
un nouveau projet de canalisation à travers
ï l'isthme de Panama; Wardau. — FAITS.
DIE —— — —
ACADEÈMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 16 janvier 1843.
| Ue sont trois savants professeurs de la
. faculté de médecine de Paris qui ont fait
| aujourd'hui les honneurs de la séance.
MM. Piorry, Andral et Cruveilhier sout
venus lire tour à tour des mémoires qui
n'ont pas cessé un seul instant d intéresser
ceux qui les écoutaient. Les questions
qu’ils ont soulevées et résolues avec tant
de succès sont des questions qui touchent
à toutes les branches des sciences , qui inté-
ressent toutes les spécialités; c'était donc
là ie moyen d’éveiller l'attention de l’Aca-
démie. — L'Académie, dans cette séance a
| procédé au vote d’une commission chargée
d’examiner les mémoires présentés pour
obtenir le prix d'astronomie fondé par La-
lande ; elle a aussi voté un candidat pour la
chaire de physique à l'école de pharmacie
de Montpellier. M. Cauvy a obtenu les suf-
frages de la savante assemblée, C’est là tout
ce qu'il y a eu de plus frappant dans cette
séance, car nous ne parlons plus de M. de
Blainville qui a pris la funeste habitude
| d'ouvrir toujours la séance par des récla-
| mations sur ses réclamations, et par la lec-
|
|
. ture de sa correspondance avec MM. Flou-
| rens et Arago. :
M. Arago communique à l’Académie des
| remarques sur les diamants présentés par
M. Lomonosoff. La q'estion fondamentale
était de savoir si les minéraux présentés
par M. Loirnonosoff étaient de véritables
diamants, et pour arriver à sa solution il
fallait déterminer l'angie de polarisation.
— On sait Que pour les diamants l’angle
de polarisation maximum est de 24, —
Or, M Arago et les autres commissaires ont
— CHIMIE, Analyse d’un Mémoire de M. Pe-
Paris. — Jeudi, 19 Famnvier 1843.
ne
NC
obtenu un angle qui approchait beaucoup
du 24. — Quand la face sur laquelle on
opère n’est pas bien polie, la polarisation
n’est point complète. —- M. Arago montre
ensuite à l’Académie un diamant de Boruëo
dont la disposition curieuse ferait croire
qu'il est enchâssé dans un bouton; il an-
nonce aussi que parmi Îles minéraux qu’il
a examinés s’en trouve un plus dur que le
diamant, et qui l'use. Ce corps est noir Le
savaut secrétaire perpétuel croit se rappeler
qu'il existe un oxyde plus dur que le
diamant.
MM. Mirbel et Payen ont déposé sur le
burean de l’Académie, le 12 septembre
1842, un paquet cacheté. M. Arago en a
aujourd’hui donné la lecture.
La matière globulo-cellulaire, disent
MM. M:rbel et Payen, qui précède lappa-
rition des cellules et que l'on retrouve
constamment partout où le végétal est en
voie de croissance, le cambium en un
mot, contient toujours des corps analogues
par leur composition élémentaire à celle
qui constitue la matière animale, et, par
conséquent, ils sont azotés. Ces corps sont
en présence de principes immédiats non
azotés qui se composent chimiquement de
carbone et d’eau ; tels sont la dextrine, la
gomme, l’amidon, le sucre, la glucose, la
inannite. etc.
Au moment où la végétation se mani-
feste par le développement des cellules,
apparaît la cellulose, nouveau principe im-
médiat formé de carbone et d’eau, de même
que les précédents, et que l’on peut consi-
dérer comme le prodait d’une azgrégation
de ceux-ci ou de leurs transformations.
La cellulose augmente en volume par la
superposition de nouvelles couches toutes
semblables entre elles par leur composi-
tion chimique et quelquefois aussi par
adjonction de principes immédiats, tels
que ceux qui constituent les parties ligneu-
ses ou le bois.
L'épaississement des parois des cellules
et le départ des substanres azotées, expli-
quent bien comment le cœur, dans un
chène séculaire, contient à peine quelques
millièmes d’azote, tandis que tous les jeu-
nes organismes tels que les spongioles, les
bourgeons, les ovules naissants en renfer-
ment plusieurs centièmes, c’est-à-dire de
10 à 20 fois plus.
Dans quelques espèces de plantes, cer-
taines partie de l’organisme éprouvent de
brusques modifications, témoin le tissu
cellulaire du perisperme du dattier et de
beaucoup de palmiers. La production su-
bite et inattendue d’une quantité considé-
rable de cellulose donne immédiatement
aux parois des cellules une épaisseur énor-
me, et ce qui n’est pas moins remarquable,
c'est que ces parois, closes d’abord, se cri-
blent de pertuis canaliculés qui contien-
L'EcHo pu MONDE SAVANT paraît le FEUIDK etle BIMABRYOEHHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de
- PETITS-AUGUSTINS, 2{, et dans les “départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un an
25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 (r., {6 fr., 8 {r. 50. Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour GINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
10 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte À D&8 LAYAËEETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M, C.-B. FRAYSSE, gérant.
+
Ne 5.
NDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
:,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue de
nent, ainsi que la cavité centrale, une
quantité considérable de matière azotée.
On observe des parois et pertuis sem-
blables à lPépoque de Îa rapide formation
du ligneux dans les noyaux ou pépins des
fruits de l’amandier, du pêcher, du noyer,
de la vigne , etc., et dans les concrétions
éparses des poires. Ces concrétions ne sont
physio'ogiquement parlant, jue des noyaux
imparfaits.
De nombreux pertuis s'ouvrent aussi
dans les cellules des nervures des feuilles,
et il est probable qu'à la faveur de ces
voies, les substances azotées se répandent
dans les nervures et le parenchyme du
limbe.
Durant le cours des dévelo :pements des
feuilles et quelquefois aussi des tiges et des
racines, dans des cellules spéciales qui con-
tiennent des masses de matière azotée, il
s'opère des sécrétions de diverses natures
et surtout de substances minérales en gé-
néra] cristallisées. On constate aussi la pré-
sence de dépôts inorganiques à la surface
des chara-hispida, chara-vulgaris, etc. 1
Après avoir posé ces faits, les auteu
du mémoire établissent que le cambiufit
est doué de la propriété de sécréter la c
lulose, matière d’abord extensible, ma
qui finit par devenir concrète et inerte:
Toutes les parties solides du végétal. à com-
mencer par les cellules naissantes jusqu'aux
vaissaux exclusivement, sont formées de
cellulo e; mais à mesure que ces organis-
mes vieillissent, le cambium diminue.
MM. Payen et Mirbel passent ensuite
aux propriétés qui caractérisent la cellu-
lose et le cambium. La cellulose tend à
devenir concrète et inerte; le cambium
reste toujours liquide. Ces propriétés leur
permettent d'établir des analogies entre les
deux grandes classes des êtres organisés.
Dans un grand nombre d'animaux, le car -
bonate de chaux, matière de composition
simple, qui constitue la majeure partie de
leur enveloppe, et entre dans la composi-
tion de leur squelette, ne rappelle-t-il pas
jusqu’à un certain point le rôle que joue la
cellulose dans les végétaux? Le cambiam,
cette matière molle, active, puissante qui
accroît le végétal et y entretient la vie, ne
corresponudil pas à ces appareils organi-
ques, infiniment plus parfaits sans doute,
mais qui toutefois remplissent des fonctions
semblables dans les animaux.
MM. Danger et Flandin ont envoyé à
l'Académie une seconde note, à propos de
la communication faite par M. de Gasparin.
— Ces chimistes ont expérimenté avec soin,
et de leurs expériences il résulte : 1° que
l’emploi empirique de l’acide arsénieux à
haute dose sur les bêtes ovines n’est pas
sans danger pour la vie de ces animaux, et
qu'avant d'introduire dans la médecine vé-
térinatre ce contre-s imulant nouveau, °n
100
devra l’étudier avec soin et rechercher
avant tout, s’il ne peut pas être remplacé
par toute autre substance moins nuisible de
sa nature. — 2% Que, dans l'intérêt bien
entendu de la santé publique , il n’est pas
aussi dangereux qu'on avait pu le supposer
d’abord de livrer à la consommation la
chair d'animaux qui auraient pris, quelque
temps auparavant des doses considérables
d'acide arsénieux; d’une part, parce que
les animaux qui ont absorbé les plus faibles
proportions d’arseuie sont infailliblement
malades; de l’autre, parce qu’ils ne peu-
vent guérir sans éliminer jusqu'aux der-
niers vestiges du poison qui a été transporté
par absorption dans leurs organes.
M. Coriolis a lu à l'Académie un Mémoire
de M. Colladon sur la mesure des machines
marines et sur la résistance des coques des
bateaux à vapeur.
M. Piorry, professeur de pathologie in-
terne à la Faculté de médecine de Paris, a
lu à l'Académie un Mémoire d'un grand
intérêt intitulé : Recherches sur les maladies
de la rate, sur les fièvres intermittentes et
sur le traitement des unes et des autres.
M. Piorry établit d'abord cette loi géné-
rale que tout symptôme ou toute collection
de phénomènes maladifs est la conséquence
d'un état organique. — Les fièvres inter-
mittentes ont pendant longtemps semblé
faire exception à cette loi générale, mais
M. Piorry est venu prouver qu’elles s’y rat-
lachaient parfaitement.—Il a vu que. dans
les fièvres, la rate est presque toujours
augmentée de volume ou altérée dans sa
texture ou devenue douloureuse ; mais son
grand mérite est d’avoir établi que les fiè-
vres intermittentes sont le résultat des al-
térations de la rate.
M. Piorry, avant de faire connaître ses
propres observations, rappelle celles qui ont
été faites avant lessiennes. Ces travaux sont
ceux d'Audouant de Bally et de quelques
autres médecins, mais ils sont incomplets
et laissaient un grand vide daus la science.
M. Piorry est venu remplir cette la-
cune.
Les diverses fièvres d'accès, fièvres quo-
tidiennes, tierces, etc., sont toutes de
même nature, et la’ lésion de la rate qui
co-existe avec elles, est identique dans ces
affections diverses en apparence. À Paris
comme ailleurs, les influences maréca-
geuses sont les causes les plus fréquentes
des fièvres d'accès. Dans les fièvres d’accès,
on ne prouve ni dans les organes de la cir-
culation ou de la respiration, ni daus ceux
de la digestion ou de la sécrétion biliaire
des lésions ou des symptômes auxquels on
puisse rapporter le point de départ de ces
fièvres. Ce mémoire établit que certaines
affections fébriles'intermittentes maïs assez
irrégulières, [peuvent bien avoir pour points
de départ éloignés des souffrances de l’uté-
rus ou des ovaires, mais ce n’est pas
d’une manière directe que cela a lieu. Les
faits paraissent démontrer que les accès
fébriles sont des affections nerveuses dont
les points de départ existent dans les par-
ties des nerfs rachidiens et ganglionnaires
qui correspondent à la rate et que les lé-
sions les plus variées de cet organe peuvent
donner naissance à des phénomènes ner-
veux.
Le traitement est en rapport avec ces
faits , car le sulfate de quinine , qui opère
la diminution de volame de la rate, arrête
les mouvements fébriles. On l’emploie à la
dose de 2 ou 3 grammes. — Le sulfate de
quinine rendu soluble par laddition de
101 P
quantités minimes d’acide sulfurique , ou
l’acétate ou le citrate de quinine solubles
agissent plus promptement à cause de
leur solubilité ; il suffit de les employer à
la dose de 50 centigrammes. Portées dans
l’extrémité'inférieure de l'intestin ces sub-
stances agissent d’une manière plus rapide
encore.
D'après les expériences de M. Piorry
pour guérir les hypertrophies de la rate et‘
les fièvres intermittentes anciennes il suffit
de porter un petit nombre de fois dans le
rectum ou même dans la bouche, sans que
ce médicament soit avalé, 50 centigrammes
d'un sel soluble de quinine. — Tout autre
traitement est inutite dans les cas ordinai-
res. — M. Piorry termine son mémoire
par quelques considérations sur l'emploi du
sulfate de quinine dans des cas d'épilepsie,
d'hystérie, de manie, d’angine de poitrine,
de névralgie , etc., etc., et par l'examen
des résultats de son travail, par rapport à
la physiologie , à la pathologie, à la sthé-
rapeutique et à l’économie sociale.
Nous avons écouté avec le plus grand
intérêt un mémoire de MM. Andral et
Gavarret intitulé : Recherches sur la quan-
tité d’acide carbonique exhalé par le pou-
mon dans l'espèce humaine.
Ces savants indiquent d’abord Îles pro -
cédés qu’ils ont employé pour recueillir et
analyser le gaz de l'expiration, puis ils pas-
sent à l'influence de l’âge du sexe. etc., etc.,
sur l’exhalation de l'acide carbonique par
le poumon. Les auteurs du mémoire ont
résumé leurs observations d’une manière
claire et précise, nous exposerons ce résu-
mé qui donnera une ample idée de leur
travail.
4° La quantité d’acide carbonique ex-
halé par le poumon dans un temps donné,
varie en raison de l’âge, du sexe, et de la
constitution des sujets.
2° Chez l'homme comme chez la femme,
cette quantité se modifie suivant les âges
et cela indépendamment du poids des indi-
vidus mis en expérience.
3° Dans toutes les périodes de leur vie,
comprises entre huit ans et la vieillesse la
plus avancée, l’homme et la femme se dis-
tinguent par la différence de quantité d’a-
cide carbonique qui est exhalée par leurs
poumons dans un temps donné. Toutes
choses étant égales d’ailleurs, l’homme en
exhale une quantité plus eonsidérable que
la femme. Cette différence est surtout très-
marquée entre seize et quarante ans,
époque pendant laquelle l’homme fournit
généralement par le poumon presque deux
fois autant d'acide carbonique que la
femme.
4 Chez l'homme, la quantité d'acide
carbonique exhalé va sans cesse croissant
de huit à trente ans, et cet accroissement
continu devient subitement très-grand à
l’époque de la puberté. À partir de trente
ans, l’exhalation d'acide carbonique com-
mence à décroitre, et ce décroissement a
lieu par degrés d’autant plus marqués que
l'homme s'approche d'avantage de l’ex-
trème vieillesse, à tel point qu’à la dernière
limite de la vie, l’exhalation d’acide carbo-
nique par le poumon peut redevenir ce
qu’elle était vers l'âge de dix ans.
5° Chez la femme l’exhalation de l'acide
carbonique augmente suivant les mêmes
lois que chez l'homme pendant toute la
durée de la seconde enfance. Mais au mo-
ment de la puberté, en même temps que
la menstruation apparaît, cette exhalation,
contrairement à cequiarrive chez l’homme,
:et reste stationnaire (à peu près ce qu’elle
102
s'arrête tout à coup dans son accroissement
était dans l'enfance), tant que les époques
menstruelles se conservent dans leur état |
d’intégrité. Au moment de la suppression}
des règles, l’exhalation de l'acide carbo-
nique par le pormon augmente tout à
coup d'une manière notable; puis elle dé-
croît, comme chez l’homme, à mesure
que la femme avance vers l’extrême vieil-
lesse.
6o Pendant toute la durée de la grossesse,
l’exhalation de l'acide carbonique s'élève
momentanément au chiffre fourni par les
femmes parvenues à l'époque de retour.
7° Dans les deux sexes et à tous les âges,
la quantité d'acide carbonique exhalé par
le poumon est d'autant plus grande que la
constitution est plus forte et-le système
musculaire plus développé.
Dee
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Suite du rapport de M. Regnaull sur les re-
cherches expérimentales sur le mouvement
des liquides de M. Poiseuille.
M. Poiseuille a exposé les résultats de ses
expériences dans quatre chapitres distincts.
Dans le premier, il s'occupe à déterminer
l'influence de la pression sur la quantité de
liquide qui traverse dans le même temps
des tubes de très-petit diamètre. A cet ef-
fet, il détermine le temps que met à se
vider la même ampoule munie du même
tube capillaire, lorsque le liquide intérieur
est soumis à des pres-ions différentes. Ces
pressions étaient déterminées au moyen
d’un manomètre à eau lorsqu'elles étaient
inférieures à celle qui aurait été produite
par une colonne de mercure de 150 milli-
mètres. Les pressions plus considérables,
s'étendant jusqu’à une atmosphère ; étaient
mesurées sur un manomèlre à mercure.
Enfin quelques expériences ont pu être
faites sous des pressions beaucoup plus con-
sidérables qui se sont élevées jusqu’à 8 at-
mosphères, au moyen d’un manomètre à
mercure, à air libre, appartenant à M. Col-
lardeau.
M. Poiseuille a reconnu ainsi que, pour
le même tube, les quantités d’eau écoulées
dansle même tempsétaient proportionnelles
aux pressions.
Il s'agissait de savoir si cette loi était gé-
nérale et se présentait sur les tubes étroits,
quels que fussent leurs diamètres et leurs
longueurs.
Pour déterminer l'influence de la lon-
gueur, M. Poiseuille détachait successive-
ment des portions du tube qui avait servi à
la première série d’expériences, et il entre-
prenait une nouvelle série d'expériences
sur le tube raccourci Il a reconnu qu'il
existait pour chaque tubeune limite de lon-
gueur au dessous de laquelle la loi des pres-
sions n'avait plus lieu : la valeur de cette
limite est variable suivant le diamètre du
tube.
Les résultats des expériences de M. Poi
seuille s'accordent d’une manière parfaite
avec les nombres calculés d’après la loi.
Nous avons dit que la loi des pressions
n'existait plus au-dessous d'une certaine
longueur du tube, qui est variable suivant
son diamètre. Un tube de 0"",029 de dia-
mètre a satisfait à la loi, lors même qu'il
n'avait que 2"",10 de longueur; tandis
qu'un tube de 0,65, qui avait montré la
loi des pressions pour une longueur de
384 millimètres, ne l’a plus présentée
IN {103
en
el
0e
‘quand il a été réduit à une longueur de
2200 millimètres.
Lorsque la longueur du tube se trouve
sau-dessous de la limite, la vitesse de l’é-
‘coulement augmente plus rapidement que
Ja pression. : 2
Dans le second chapitre de son Mé-
1moire, M. Poiseuille étudie l’influence de
la longueur du tube.
Cette détermination présente une diffi-
.… teulté particulière, qui tient à ce que les
. {tubes n'étant jamais parfaitement cylindri-
1 | ques, lorsqu'on les raccourcit, on ne
* {change pas seulement leur longueur, mais
| on change aussi, d'une manière sensible,
leur diamètre à l’orifice de sortie. M. Poi-
” &seuille a eu soin de déterminer à la chambre
* {claire adaptée au microscope d’Amici, les
diamètres des tubes à chaque nouvelle sec-
| tion, et il a pu ainsi faire la petite correc-
. tion due à la variation du diamètre, en
| admettant la loi suivant laquelle varie l’é-
| coulement du liquide avec le diamètre du
:tube, loi que nous énoncerons tout à
l'heure.
Les expériences montrent que les femps
Lemployés pour l'écoulement d’une même
|
104
l'influence du diamètre sur la quantité de
liquide qui s'écoule par les tubes très-étroits.
S'il est rare de trouver des tubes parfai-
tement cylindriques, il ne l'est pas moins
d'en rencontrer dont les sections soient
parfaitement circulaires : en général celles-
ci sont ovales. On a choisi les tubes dont les
sections s’approchaient le plus d'être circu-
| laires, et l’on à déterminé à la chambre
claire les longueurs des diamètres maxi-
mum et minimum. La moyenne géomé-
trique de ces deux détermivations a été
prise pour le diamètre de la section sup-
posée circulaire.
Toutes les expériences ont été faites sur
des tubes ayant des longueurs assez grandes
pour que les deux premières lois se trou-
vent satisfaites; par conséquent elles ont
été exécutées sur des tubes de longueurs
très- diverses. Mais, en partant de la loi
des longueurs établie par les expériences
du second chapitre, on calculait les pro-
duits de l'écoulement pour avoir une même
longueur des tubes, celle de 25 millimètres.
La pression constante adoptée est celle
de 775 millimètres de mercure, et la tem-
pérature de 10 degrés.
$ { quantité de liquide, à la même température, M. Poiseuille dédait de ses expériences
W {sous La même pression et à travers des tubes | cette loi:
{de méme diamètre, sont proportionnels à la Lesproduits de l’écoulement, toutes choses
à longueur des tubes. égales d'ailleurs, sont entre eux comme les
1 Cette loi, de même que la loi des pres- | quatrièmes puissances des diamètres.
# {sions, ne commence à se manifester qu’à On peut voir, par le tableau suivant,
* {partir d’une certaine longueur, qui paraît extrait du Mémoire de M. Poiseuille, jus-
” { être la même pour les deux lois. qu’à quel point les résultats de l'expérience
il | Le chapitre II est consacré à l'étude de | satisfont à cette loi.
#5 (
2 4 Noms des tubes. Diamètres moyens. ;Produits en millimètres cubes
nl À écoulés en 500”.
(0 | mm. mil. cub
. À M 0,013949 1,4548
| E 0,029380 28,8260
b D 0,043738 14,5002
" C 0,085492 2067,3912
* Be 0,113400 6598,29 33
D | A 0,141600 15532,8451
D | F 0,682170 6995870,2463
F | . « s
IN Si l’on compare ces produits deux à deux, on voit qu'ils suivent très exacte-
: 4 ment la loi énoncée. Si nous comparons en effet le produit du tube M au produit du
tube E, nous avons :
D (0,02938)4 : (0,04 3949) :: 28,826 : & — 1,4630 au lieu de 1,4648
| De même le produit de E comparé à D est 28,808 au lieu de 28,826
‘4 C 141,63 141,500
| C B 2066,93 2067,391
| B A 6289,24 6398,293
{ A F 15547,10 15332,865
. On obtient des résultats aussi satisfaisants
en comparant les produits dans un autre
| ordre. a
Ïl est facile maintenant d'établir une for-
| mule qui donne le produit de l'écoulement
| dans l’unité de temps, de l’eau prise à la
même température, à travers des tubes
capillaires de diamètres et de longueurs
différentes , et sous des pressions diverses,
la longueur du tube se trouvant toutefois
| au delà de la limite au-dessous de laquelle
les lois précédentes cessent d’avoir lieu.
Soient Q le produit de l'écoulement, H la
pression en millimètres de mercure à 0,
: D le diamètre du tube et L sa longueur,
on a évidemment , d’après ce qui précède,
HD‘
Q on
a
k étant un coefficient constant , dépendant
de la température.
La valeur de ce coefficient pour la tem-
pérature de 100 peut être déterminée au
moyen des données du tableau précédent.
QL
La formule À — © donne alors :
HD4
Pour le tube M k — 2495,5
| DRE 2496,0
D 2494 ,4
C 2496,8
B 296,2
A 2499,7
F 2495,0
Moyenne. — 2495,22
Ainsi l’on a pour la température de 10°
et pour une seconde de temps :
HD!
Q— 2495,22
H est ici la pression exprimée en colonne
de mercure ; si l’on veut exprimer la pres-
sion en colonne d’eau H', on a
H—13,577.H d'où h — 4
13,577
ED
Q = 249599 1577 443 93 MD
105
Si V désigne la vitesse moyenne de l’eau
dans le tube, on a
Q=— TD: y. ou ue Val HD},
4 4 L
d'où V se 26 HD
T L -
DD D - —
CHIMIE
Analyse d’un mémoire de M. Pelouze sur l'acide
* hypochloreux, suivie de quelques observa -
lions sur les mêmes corps considérés à l'élat
amorphe el à l’élal cristallisé.
L’oxide rouge de mercure préparé, en
décomposant par un excès de potasse, le
nitrate ou le bi-chlorure de mercure, lavé
et séché à la température ordinaire, projeté
dans un flacon complétement rempli de
chlore sec, donne lieu à un vif dégagement
de chaleur et de lamière. De nombreux
cristaux de bi-chlorure de mercure rem-
plissent la capacité du flacon, la couleur du
chlore disparaît; une couleur d’un jaune
orangé se manifeste ; si on ouvre dans l’eau
le vase refroidi , elle s’y précipite et en oc-
cipe la plus grande partie ; mais on observe
constamment un résidu insoluble qui con-
siste en oxigene libre. Sionagit à ure basse
température, il n’y a plus ni lumière ni
forte élévation de température, et la presque
totalité du chlore se change en acide hyÿpo-
chloreux. La proportion d’oxigène éliminé
est faible ou nulle.
Si l’on fait arriver avec rapidité du
chlore sur de l’oxide de mercure, on
rentre dansla première expérience ; agit-on
lentement, on obtient de l'acide hypo-
chloreux. — Quand le tube est entouré de
glace, quelque prompt que soit le courant,
il se forme de l’acide hypo-chloreux. —
Après un certain laps de temps, l’oxide de
mercure encore incomplétement décom-
posé et dont la température s’est considé-
rablement élevée par son contact avec un
courant rapide de chlore acquiert la pro-
priété de donner de l'acide hypo-chloreux
presque pur par l'action subséquente avec
ce même gaz.
Ce résultat suggéra à M. Pelouze, l'idée
d'employer immédiatement à la prépara-
tion de l'acide hypo-chloreux l’oxide rouge
de mercure obtenu par précipitation et
calciné à une température de 3 à 400 —
Après avoir signalé le procédé de M. Ba-
lard et celui de M. Gay-Lussac pour pré-
parer l'acide hypo-chloreux, M. Pelouze en
propose un nouveau. — Ce procédé est
ainsi décrit par M. Pelouze : « On fait
passer bulle à bulle du chlore dans un fla-
con d’eau de lavage et de là dans deux
tabes, dont le premier est rempli de chlo-
rure de calcium pour dessécher, et l’autre,
de bi-oxide de mercure précipité et calciné
jusqu’à une température: voisine de celle à
laquelle il se décompose.— Ce dernier tube
est soudé à un autre d’un décimètre plus
étroit, dont l’extrémité plonge dans le fla-
con que l’on veut remplir d'acide hypo-
chloreux. L'air en est bientôt expulsé par
ce dernier gaz. »
M. Pelouze, sous la press'on ordinaire a
liquéfié l'acide hypo-chloreux par un froid
de 20° ; sa couleur est celle du sang arté-
riel, Son odeur analogue à celle du chlore
et de l’iode est très pénétrante ; il bout à
19 et 20° La couleur de la vapeur est d’un
jaune-rougeâtre qu'on ne confondra point
avec celle du chlore : elle provoque la
toux, des crachements de sang; elle agirait
comme poison
106
L'acide hypo-chloreux liquide est plus
dense que l’eau où il se dissout peu à peu
en lui communiquant une couleur d’un
jaune-orange.
L'arsenie, le phosphore et le potassium
brülent avec flamme, el souvent avec une
vio'ente explosion quand on les projette
dans l'acide hypo-chloreux liquide ou
gazeux.
L'antimoine en poudre agit de même,
mais on peut distiller à 20° l'acide hypo-
chloreux liquide sur de l’antimoine en pe-
tits fragments, sans que rien ne se produise.
Cette action de l’antimoine en poudre est
analogue à celle du platine en mousse sur
un mélange d'hydrogène et d'oxygène. —
L’acide hypo-chloreux détone sous l'in-
fluence d’une légère chaleur ; des vibra-
tions communiquées à un tube où se trou-
vent quelques gouttes d'acide hypo-chlo-
reux suffisent pour le faire détoner même
à —20».
L'eau dans laquelle on reçoit le gaz acide
hyÿpo-chloreux ne se colore que lentement ;
cette dissolution agitée avec le bi-oxyde de
mercure ne se décolore pas.
M. Pelouze énonce ensuite quelques expé-
riences moins Curieuses, que nous ne rap-
porterons pas.
Les solutions concentrées d’acide hypo-
chloreux, soumises à l’action d’une douce
chaleur, laissent dégager un gaz coloré en
jaune-rougeûtre.
M1. Pelouze explique tous ces faits en di-
sant que l'acide hypo-chloreux est un gaz
coloré en jaune-rougeûtre, qui forme avec
l'eau un hydrate d’une couleur jaune, mais
légèrement foncée, lorsque la dissolution
est peu chargée. Ainsi se trouve combattue
l'opinion de M. Gay-Lussac, qui croyait ce
gaz incolore, parce qu’il avait opéré sur
des dissolutions peu concentrées. — L'eau :
dissout à peu près deux cents fois son vo-
lume d'acide hypo-chloreux. La densité de
ce gaz est de 2,977.
La dissolution d'acide hÿpo-chloreux est
d’un jaune semblable à celui du chlorure
d’or; son odeur est pénétrante; elle agit
aveu une grande causticité sur la peau;
une vive douleur, une plaie se produisent,
et cette plaie se cicatrise difficilement.
Cette dissolution fait passer subitement
le sulfure de plomb à l’état de sulfate. -— On
peut mettre à profit cette propriété vour
blanchir des boiseries et à la surface des-
quelles la céruse aurait été noircie par des
émanations sulfureuses.
La dissolution aqueuse d'acide hypo-
chloreux produit dans les sels de protoxide
de manganèse un précipité noir velouté
d’hydrate de peroxyde de manganèse pur ;
dans les sels de plomb elle forme un pré-
cipité d’oxide pur. On peut donc ainsi
obtenir ces deux oxides.
L’acide hypo:chloreux peut être comparé
à l’eau oxygénée, si l’on examine la facilité
avec laquelle ses éléments se dissocient. —
Aivsi le chlorure d'argent, l'acide chlorhy-
drique décomposent cette dissolution. Par
le dernier de ces moyens, on peut obtenir
facilement de l’hydrate de chlore.
Si l’on employait au lieu d’oxide de mer-
cure préparé par la voie humide de l’oxide
préparé par la voie sèche à l’aide de la
calcination du nitrate, ou à l’aide de l’oxi-
dation directe du mercure, oxide qui est
cristallisé, on arriverait à des résultats diffé
rents.Soumis à l’action du chlore, cet oxide
cristallisé ne produit ni chaleur ni éléva
tion de température, il se produit peu
d'acide hypo-chloreux. Si l’on triture cet
107
oxide, on obtiendra un peu plus d'acide
hypo-chlorcux : ces différences cessent
d'avoir lieu en présence de l’eau.
M. Pelouze conclut de ces faits, que
l’'oxide amorphe est seul susceptible d’être
décomposé par le chlore à la température
ordinaire, et que l’oxide cristallisé résiste
dans les mêmes circonstances. — 1} appuie
son opiuion en considérant l’action du
chlore sur le sulfate tribasique de mercure.
L'auteur du Mémoire passe ensuite ea
revue quelques objections qui pourraient
être faites à son opinion; puis il examine
si l’oxide amorphe et l'oxide cristallisé se
comportent de la même manière sous l'in-
fluence de la chaleur.— Il voit que l’oxide
amorphe se décompose avant l’oxide eris-
tallise. — Plusieurs autres faits semblables
ont été observés par M. Pelouze, et il en
conclut généra'ement que toujours le com-
posé amorphe se décompose avant le
composé cristallisé.
D Ep —
SCIENCES NATURELLES.
GÉCEIOGIE.
Descriplion géologique de la plus grande par-
tie du gouvernement de Poliawa ; par M. Gott-
lieb de Blode.
J'ai fait mes observations depuis le gou-
vernement de Knosk, par Krakow, Pol-
tawa, jusqu'à Krementschug.
Près du Dnieper, on trouve du gneiss
qui ressemble à celui de Freiberg, mais
renferme beaucoup de granit. À quatorze
werstes plus au nord, le gneiss forme des
collines.
On a toujours pensé qu'on trouverait
de la houiile dans le sud de la Russie; or,
je n’en ai vu aucune trace. Le gneiss s’é-
tend jusqu’à Keleberda; et à la base du
rocher sur lequel est située cette petite
ville, on aperçoit encore, sur les bords
granitiques du Dnieper, des traces de l’ac-
tion destructive des eaux.
Ces roches sont bientôt remplacées par
des couches diluviennes, et en s’éloignant
des bords du Dnieper, on ne trouve que du
gypse, de l'argile et du sable diluviens.
L’étendue des couches diluviennes est fort
remarquable. L’argile la plus ancienne est
marneuse est quelquefois remplie de con-
crétions calcaires; d’un autre côté, le sable
le plus ancien est le plus cristallin.
Sur une étendue de 20 à 40 werstes à
l’ouest du gouvernement de Krakow et au
sud du gouvernement de Poltawa, j'ai
trouvé huit dépôts de grès : ils sont entou-
rés de masses diluviennes. Les dépôts dilu-
viens sableux résultent vraisemblablement
de la destruction de ce grès. Quant à l’é-
poque de la formation du grès, je ne pour-
rais me prononcer, les fossiles qu'on y
trouve étant en très-petit nombre et n’of-
frant que des restes de plantes qui ressem-
blent aux Calamites.
Je crois que cette formation de grès est
trés-étendue vers le sud de la Russie, mais
qu'elle ne traverse pas le Dnieper.
(Extrait du Meues Jahrbuch, etc., n° 2
de 1842).
Notice sur la présence d'empreintes de pas dans
le nouveau grès rouge de la carrière de
Lymm (Cheshire); par M. Hawkshaw.
La-carrière ou l’on rencontre ces em-
preintes est située à une petite distance à
LE. de Lymm ; les couches plongent géné-
ralement vers le S.-S.-0., sous un angle
d'environ 5°. On y voit des grès rouges et
108
gris en lits de quelques pouces d'épaisseur,
alternant avec des marnes grises et des.
schistes lamellaires ; la roche sur laquelle
ces couches reposent est un grès d’une
puissance considérable et très-souillé d’o-
xydle de fer. Les empreintes varient en
longueur, depuis un demi-pouce jusqu’à
un pouce et quart sur quelques surfaces
impressionnées; sur d’autres, elles ont trois
ou quatre pouces; sur une plaque de grès
d'un rouge foncé, une empreinte n’avait
pas moins de 10 pouces de long et présen-
tait une forme particulière, comme si Je
pied qu’elle retraçait eût eu des griffes ;
sur une plaque de 20 pouces de diamètre
on comptait deux impressions , l'une petite
précédant une autre plus grande qui avait
9 pouces et demi de long ; enfin un autre
pas avait 7 pouces et demi. Les deux der-
nières empreintes étaient couvertes de pe-
ttes grapilles , 100 environ par pouce car-
ré dans le plus grand échantillon, eten-
virou 220 dans le plus petit. Leur appa-
rence bien distincte et leur distribution
semblent , à M. Hawkshaw, assurer que
l'animal qui les a laissées, portait une
peau rude.
(Annales des Sciences géologiques).
PHRENOLOGIE.
Des aliénés, des idiots, crâne de Soufflard,
types de meurtriers, téle de Lacenaire, un
mot sur les condamnés au bagne. conclusion:
(Troisième et dernier article.)
Nous voici arrivés aux aliénés ; la phré-
nologie qui s’applique à l’étude de l’homme
sain, peut être aussi vraie lorsqu'on la
consulte pour des têtes d’aliénés ; mais
pour ceia, il faut s'adresser à des aliénés
affectés de monomanie, sans mélange de
manie ou de démence; si l’on parcourt les
travaux des phrénologistes sur ce point on
est étouné de la précision de feurs recher-
ches.
&
Voici entr’autres exemples, la tête d’une
femme essentiellement monomane , et qui
a succombé à une maladie accidentelle ;
comme elle avait habitée fort longtemps en
qualité de pensionnaire, l'établissement
modèle de M. Belhomme, ce professeur
voulut savoir si les phrénologistes lui dési-
gneraient à priori, qu’elle était sa mono-
manie ; le rapport qui fut fait à la société
phrénologique fut parfaitement confirmatif
de ses observations.
Cette femme avait eu tout le temps de sa
folie des idées de grandeur. Elle se croyait
dame d'atours de la reine, son frère avait
des dignités, toute sa famille était haute-
ment placée à la cour, et aussi le type de
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109
l’orgueil est-il fortement accentué sur sa
tête ; et les facultés intellectuelles ne man-
iquent pas d’une certaine étendue.
| Les idiots ont en général des déforma-
| tions crâniennes plus ou moins saillantes,
| voyez cette tête d’idiot (1) et parcourez la
ithèse que M. Belhomme a soutenue en
1824, et vous pourrez vous convaincre que
sur cent individus affectés d’idiotisme qua -
tre- vingt dix présentent des déformations
plus ou moins saillartes.
Arrivons au crâne de Soufflard ; ce crâne,
pe fut-il pas celui de Soufflard, est la re-
présentation d’un homme purementinstinc-
tif, fort peu intelligent et nul pour les
| sentiments.
Voici le plâtre de ce crâne tel qu'il a été
| coulé dans le cabinet de M. le professeur
Cruveilhier.
AA SN |)
à MA j
| KL 7 ui {
| On apperçoit en À un développement
enorme des lobes moyens du cerveau, ct
M. le professeur Bouillaud qui a assisté à
l’autopsie de Soufflard a éét frappé de la lar-
geur de la base du crâne.
Crâne d’un condamné à mort qui n’a pas
(1) Cette tête a déjà été donnée par erreur, dans
le premier article’; c'est lici que se trouve sa vérita-
ble place.
110
été exécuté; remarquez comme la forme
de la boîte osseuse est étroite ea avant et
large en arrière.
Crâne d’un autre condamné à mort qui
a été exécuté à Troyes, et qui possède aussi
le vrai type du meurtrier.
Certainement avec une telle organisation
il est fort difficile de ne pas se laisser entrai-
ner à ses penchants destructeurs ; la bien-
veillance, la vénération, tous les sentiments
moraux se trouvant presque à l’état rudi-
mentaire, leur influence est donc nulle.
Les facultés intellectuelles ne se trouvant
guère plus développées que chez la brute,
les raisonnements de la conscience éloigne-
ront difficilement les mauvaises pensées ;
cependant il ne faut pas en conclure qu'a-
vec une disposition cérébrale aussi vicieuse,
on doive de rigueur être un assassin ; il y
a seulement plus de chance de le devenir.
Si l’on passe en revue la vie des meurtriers
instinctifs , on verra que c’est presque tou-
jours les circonstances qui provoquent leurs
excès ; qu'il y en a qui entrent à la moindre
résistance, dans un délire de férocité. On
comprend facilement cet entrainement
quand on examine leurs organes de comba-
tivité, de destructivité, qu’on les trouve
développés dans des proportions tellement
considérables , tellement supérieures à l’é-
tendue des autres organes , qu’ils doivent
facilement les maîtriser. Tel est l’organisa-
tion du tigre, monstre qui le plus souvent
ne déchire ses victimes que sous l'influence
du besoin du carnage, besoin impérieux
qui domine tous les autres.
LL
Voici le crâne d’un homme livré habi-
tuellement à la débauche et qui a violé sa
fille ; il a la proéminence de l’amativité
(amour physique) extraordinairement dé-
veloppé.
11
Cette tête qui présente un diamètre si
long d'avant en arrière , et surtout tant de
développement dans sa partie postérieure
est celle d’une femme qui se faisait remar-
quer par son impiété et sa lubricité; qu’elle
conformation !
Finissons par la ressemblance exacte de
la tête de Lacenaire , de ce génie du mail;
dans cette physionomie satanique ne trou-
ve-t-on pas toute l'intelligence du crime ?
M. L'Auvergne dans son ouvrage sur
les forçats de Toulon s'exprime ainsi :
« I est de fait que les trois quarts des
forçats du bague portent avec eux une
structure crânienne ordinaire et commune,
il est on ne peut plus rare de rencontrer
des hommes auxquels on reconnaît à la
simple vue, une belle tête, une tête de gé-
nie; celles-ci appartiennent aux hommes
artistes du mal (tel était Lacenaire), indivi-
dus d’une espèce heureusement restreinte
et qui, une fois dans les fers, se font re-
marquer par une résignation stoïque, affi-
chant aux yeux de leurs compagnons l’es-
time d’eux-même et voulant toujours pa-
raître hommes supérieurs. Ils l’eussent été
réellement; Dieu ne leur avait-il pas de-
parti une forte étincelle du feu sacré? Ils
l’eussent été, si leur orgueil se fut satis-
fait d’une position obscure ou moyenne,
qui entretient l’ordre et le travail, mais le
pouvaient-ils? L'instinct, l'intelligence, le
génie, son! trois transfigurations de l’homme
et sont représentés matériellement partrois
états du cerveau. »
Plus loin il dit encore : « Il y a dans la
classe des criminels des hommes chez qui
est inné plus que le génie du crime, il ya
sur révélation; la conformation de leur
crâne est étrange, et qu’on nous passe le
'
112
mot, salanique. Leur cerveau est pétri,
comme dans un moment de mauvais ca-
price. »
M. Lauvergne admet donc, comme je le
signale moi-même, deux genres de crimi-
nels : le criminel instinctif et le criminel
intelligent; chez l’un, on trouve le crâne
d’une forme en pain de sucre, aplati à son
sommet; chez l’autre, on rencontre une
certaine proéminence du front de la mer-
veillosité, de l'idéalité, mais il a des ins-
tincts énormes qui l'entraineront malgré
les conseils de sa conscience et de son in=
telligence; ils jugeront, ils combineront
leur crime d'une manière effrayante.
Voilà plus de faits qu’il n’en faut pour
faire réfléchir les détracteurs d’une science
que les grands artistes d'autrefois obser-
vaient religieusement dans leurs chefs-
d'œuvres, et dont l'importance des applica-
* tions est reconnue en Angleterre, en Alle-
magne, en Danemarck, etc. La phrénolo-
gie fait partie de l’enseignement universi-
{aire en Écosse et en Amérique. Dans tous
ces pays, des sociétés constituées sous les
patronages les plus respectables, publient
régulièrement sous le titre de Revue phré-
nologique, les résultats de leurs nombreuses
observations.
Il est regrettable qu’étant cultivé en
France par des hommes recommandables
et faisant partie des premiers corps sa-
vants, il n'existe pas un recueil qui traite
spécialement de cette matière, d’où il ré-
sulte que les études interressantes faites
jounellement par les phrénologues fran-
çais, se trouvent ensevelies dans les ar-
chives de la société phrénologique de Paris,
et que là même, elles n'existent le plus
souvent que sous la récapitulation de
simple procès verbal, et ne peuvent par
cette raison être utiles qu'aux membres de
cette société, qui assistent régulièrement
aux séances.
Je venais de terminer cet article, lorsque
j'ai reçu de M. de Machado, le savant au
teur de la Théorie des ressemblances, quel-
ques notes, et entre autres celle-ci : « Par
» ordonnance, en date du 5 mai 1841,
» $S. M. la reine de Portugal a décidé que
» la tête du nommé François de Mattos
» Lobo condamné à mort, exécuté, pour
» avoir Ôté la vie à quatre personnes, sa
» tente, ses deux cousines et leur domes-
» tique, serait déposée à l’école de méde-
» cine de Lisbonne, pour y être soumise à
» un examen phrénologique. Le docteur
» José Pereira Mendes, professeur à ladite
» école, a fait un rapport, duquel il résulte
» que la tête de François de Mattos Lobo
» présente des organes de la destructivité
» et de l'amour physique (amativité) très
» développés, et l'organe dela bienveillance
» très-déprimé , d’après les principes de
» Gall, Broussais, Cox et Georges Combes. »
Cette tête est demeurée au cabinet d’ana-
tomie de l'école de Lisbonne, pour y servir
aux études phrénologiques. TuéNor.
TOXICOLOGIE.
Cours de M. Orfila.
Une affaire grave qui va se juger bientôt
devant les tribunaux de Chambéry, éveille
l'attention des savants et des médecins lé-
gistes. Nous allons en quelques mots en
faire connaître les priucipaax détails. —
Un homme,nommé François Praslet, mou-
rut, il y a quelque temps, en Suisse , avec
tous les symptômes qui caractérisent une
—
113
attaque d’apoplexie foudroyante. Le neveu,
l'héritier de cet homme, fut accusé de lui
avoir donné la mort à l'aide de l'acide
prussique. La justice informa aussitôt; une
accusation fut dressée contre le neveu et on
procéda à l'ouverture du cadavre de Fran-
çois Praslet. Les médecins trouvèrent dans
les veutricules du cerveau un caillot de
sang de la grosseur d’un œuf de poule, et
sans avoir fait aucune expérience, guidés
seulement par des vues théoriques très
vagues, ils déclarèrent que François Praslet
était mort empoisonné par l’acide prussi-
que. La justice ne s'en tint pas à ces pre-
mières données et l’on en appela aux lu-
micres des chimistes. Les chimistes expé-
rimentèrent et expérimentèrent fort mal.
Cependant de leurs conclusions il résultait
encore que la mort de François. Praslet a -
vait été produite par l'acide prussique.
Tout venait donc corroborer l’accusation.
Mais M. Orfila qu’on rencontre toujours
quand il faut défendre la vérité, soit en
sauvant un innocent, soit en éclairant la
justice sur un crime affreux , M. Orfila est
‘venutraiter la question en main de maître.
Dans un premier mémoire, il a attaqué les
expériences des chimistes de Chambéry et
il a prouvé leur peu d'importance avec
cette clarté et cette profondeur de talent
qui ne lui font jamais défaut. Genève et
Gênes consultées dans cette affaire se sont
rangées du côté du célèbre chimiste fran-
çais. Il est vrai que les experts de Chambéry
ont répondu à M. Orfila, mais cetteréponse
ne Inontre qu'un orgueil froissé, honteux
d’avoir été démenti. M. Orfila a cru devoir
publier sur cette affaire un second mémoire
qui paraîtra bientôt dans les annales d’hy-
giène.
Samedi dernier M. Orfila traitait, de-
vant un nombreux auditoire, la question
de l’empoisonnement par l'acide prussique.
Il nous est inutile de dire avec quelle at-
tention on écoutait les moindres paroles du
professeur. Après avoir étudié les proprié-
tés de l’acide cyanhydrique, après avoir
exposé les détails de l’aftaire de François
Praslet, M. Orfila a fait connaître les réac-
tifs employés en médecine légale pour dé-
celer la présence de cet acide.
Si l’on verse, a-t-il dit, dans l’azotate
d'argent un peu d’acide cyanhydrique, on
obtient un précipité blane, caillebotté , in-
soluble dans l’eau, soluble dans l’ammo-
niaque et insoluble dans l’acide nitrique à
froid ; ces caractères sont jusqu'alors ceux
du chlorure d'argent. Mais si le précipité
blanc formé par l'acide cyanhydrique, pré-
cipité qui n’est que du cyanure d'argent,
n’est pas soluble dans l'acide ni’rique et
froid, il se dissout dans lacide nitrique
bouillant. Ce dernier caractère le différen-
cie complètement du chlorure d’argent.
Cette disparition du cyanure d’argent
dans lacide azotique bouillant n’est pas
une simple dissolution ; une véritable dé-
camposition s'opère et il se dégage de lPa-
cide cyanhydrique.
Le cyanure d'argent se reconnaîtra en-
core à ce que, chauffé dans un petit tube
effilé, il laissera dégager du cyanogène
qu'on pourra enflammer et qu'on VeTTa
brûler avec une flamme purpurine. Il suf-
fit de 2 ou 3 centig. de cyanure d'argent
pour obtenir cette flamme caractéristique.
Sans enflammer ce cyanogène où peut
le conduire dans de l’eau. Ii s'y dissoudra
ct le solutum offrira les propriétés suivan-
tes : 1° Il portera l'odeur du eyanogène ;
2° Il précipitera l’azotate d’argenten blanc;
11%
3° Si on le met en contact avec un mélange
de sulfate de protoxide et de sulfate de ses-"
qui-oxide de fer, il ne se produira rien ;«
mais si on ajoute un peu de potasse, il
se formera un précipité verdâtre qui, par
l'addition de quelques gouttes d’acide
chlorhydrique, passera au bleu. Ce sera
alors du bleu de Prusse, du protocyanure
et sesqui-cyanure de fer.
Un dernier caractère pour reconnaître le
cyanure d’argent, c’est de le chauffer dans
un petit tube avec du potassium. Il se forme
du cyanure de potassium soluble, on dis-
sout le tout et on essaie la dissolution par
l’azotate d'argent,
La présence de 172 milligramme de cya-
nure d’argent a été déterminée à l’aide de
ce procédé par M. Lassaigne.
Les chimistes de Chambéry ont employé
l'avant dernier procédé, mais ils ont telle-
ment mal opéré qu’on ne peut baser sur
leurs expériences une opinion plausible.
Ainsi, ils out obtenu un précipité bleu ver-
dâtre qui, après trois jours, est devenu tout
à fait bleu.
Nous ferons remarquer encore que dans
l'essai, par le mélange de sulfate de pro-
toxyde et de sulfate de sesqui-oxyde de fer,
ils n’ont point employé d'acide chlorhydri- »
que. Or, c’est comme on va le voir un fait
de la plus grande importance. Qu’on
prenne des matières animales fraîches ou
pourries, privées d'acide cyanhydrique;
qu’on les distille dans un appareil convena-
ble, on obtiendra un liquide qu'on pourra
soumettre aux réactifs. Or, cette liqueur,
traitée par le mélange des sels de fer et par
la potasse, laisse déposer un précipité bleu.
Mais ce précipité devient Jaune par l’acide
chlorydrique; ce n’est donc pas du bleu de
Prusse ; iln’y a point d’acidecyanhydrique.
Si dans une seconde expérience on prend
des matières contenant de l'acide cyanhy-
drique ; si on les-distille comme précédem-
ment; si on traite le liquide distillé par le
mélange des deux sels de fer et par la po-
tasse on obtient un précipité bleuâtre, co-
loré en jaune par l’oxyde de fer. Mais l’a-
cide chlorhydrique fait disparaître la cou-
leur jaune et le précipité bleu reste seul :
ce précipité est alors du bleu de Prusse.
Les experts de Chambéry ont distillé les
matières , les ont traitées par le mélange
des deux sels de fer et par la potasse, mais -
ils n’ont pas employé l’acide chlorhydrique
quiaurait prouvé clairement si le précipité
obtenu était ou n'était pas du bleu de
Prusse.
Un mauvais procédé que les chimistes de
Chambéry ont employé avec autant d’in-
succès que de ténacité est le procédé par le
sulfate de cuivre. On sait, d’après les expé-
riences de M. Lassaigne, que si on ajoute
à de l'acide cyanhydrique du sulfate de cui-
vre et de la potasse, on obtient des précipi-
tés variables pour la couleur. Si dans ces
liqueurs on verse de l’acide chlorhydrique
elles deviennent opalines. Ce procédé dé-
fectueux ne doit jamais être employé en
médecine légale.
Ces réactions étant connues , passons
maintenant à la question d'empoisonne-
ment.
L’acide cyanhydrique-anhydre est le poi-
son le plus actif. Appliqué sur l'œil d’un
animal il le foudroie à l'instant même; et
cela s'explique, si l'on se rappelle que, d'a=
près des expériences de Black, 12 secondes
suffisent pour qu'un acide absorbé fasse le
tour de la circulation.
Si l'acide cyanhydrique, au lieu d’être
{
1
|
|
| {5
% fhydre, est étendu de 5 fois son poids
+ ffeau, l’empoisonnementest également ac-
7, mais on peut cependant en distinguer
| &s symptômes. Ainsi on y réconnaît trois
à {ériodes bien distinctes : la premières, qui
k {are à peu près une minute, est marquée
ü far des vertiges, par une sorte d'ivresse;
* F seconde offre des mouvements convul-
fs et le renversement de la tête en arrière;
# fans la troisième, c’est un relâchement qui
ù fopère.Chezles mammifères,chezl homme,
# {près cette période de relâchement et pen-
De qu’elle existe, on voit ordinairement
1} FoNUe un second accès tétanique. Or
ren de tout cela n’a été ebservé chez Fran-
Û | is Praslet.
k € Voyons maintenant les lésions des or-
| anes.
| Ordinairement on trouve du sang épan-
+ Uhé entre la dure-mère et les os; la pie-
#aère est injectée; une congestion pulmo-
Maire existe , enfin les animaux ont suc-
+ Hombé à une véritable asphyxie.
Il | Une question s'élève maintenant et il est
}nportant de la résoudre. Le sang et les or-
i fanes porteront-ils l’odeur d'amandes a-
héres ? on peut répondre oui et non. Quel-
, fues animaux empoisonnés par l'acide
: [russique ont donné cette odeur d'amandes
il {mères, chez d’autres elle ne s’est pas ma-
1 fifestée,
1 { Les médecins de Chambéry ont dit qu’à
; {ouverture du cadavre de Praslet ils ont
- {enti une odeur qu'ils n’ont pu caractéri-
‘ Wr, odeur qui n’est pas celle qu’on sent or-
; tinairement ; mais on lit dans leurs conclu-
! bons qu'ils ont senti une odeur d'amandes
| mères. Citons ce fait pour montrer la va-
: dur qu’on doit attacher aux réponses de
: #2s médecins,
. ' Le poison a été pris, il y a empoisonne-
| “rent, existe-t-il un antidote? Le meilleur
* satidote, dans l’état actuel de la science,
est de faire inspirer de l’eau chlorée com-
: tosée de 1 partie de chlore en dissolution
dir 4 à 5 parties d’eau. De temps en temps
- #nen aspergera Îles narines et la bouche :
° “ir ce moyen beaucoup d'animaux ont été
.1éris. Si l’eau chlorée manquait, on pour-
: “uit y substituer, mais avec moins d’avan-
«ge cependant, un mélange de 1 partie
ammoniaque et de 12 à 14 parties d’eau.
: { Un médecin allemand a annoncé que les
. fusions d’eau froide sur Ja tête et sur la
hlonne vertébrale peuvent ramener à la
. € un animal empoisonné par l’acide prus-
“que. Ges expériences répétées ont prouvé
16 ce moyen était inférieur au précédent;
«ais en les combinant on peut obtenir de
: “ès bons résultats.
:“ On se demandera peut-être si le chlore
“it ici chimiquement? cela n’est pas pro-
able; il y a là une action inconnue, ana-
\gue à celle du mercure dans la syphilis.
Il nous reste à traiter maintenant la
aestion médico-légale, c’est ce que nous
:rrons dans la prochaine séance.
| ji EF.
| (La suite au prochain n°.)
DO -—
- SCIENCES APPLIQUÉES.
louveau procédé de fabrication du fer au
moyen du gaz des hauts-fourneaux.
Depuis trente ans, la métallurgie du fer
fait de très grands progrès, et le prix tou-
urs croissant du combustible a forcé de
:rfectionner les hauts-fourneaux dans les-
1els le charbon allait autrefois s’engloutir
‘ec profusion. D'abord on a été conduit à
116
rechercher s’il n’était pas possible d’utiliser
les gaz pris à la partie supérieure du haut-
fourneau, ou les flammes du gueulard aux-
quelles on donnait le nom de flammes per-
dues, et on a reconnu qu'on pouvait les
employer avec le plus grand avantage pour
échauffer l’air, pour calciner les minerais,
cuire des briques ou de la chaux, torréfier
ou carboniser le bois, pour chauffer les
chaudières des machines à vapeur qui met-
taient en mouvement la soufflerie, etc. Dans
ces derniers temps enfin, la métallurgie
vient de faire un pas immense : l’idée de se
servir du gaz pour le puddlage de la fonte et
le travail du fer a été conçue et réalisée ; en
sorte qu'un haut-fourneau devient un appareil
à l’aide duquel on peut immédiatement fabri-
quer le fer sans dépense de combustible. C’est
vers la fin de 1827 que M. Taber da Taur,
conseiller supérieur des mines du roi de
Wurtemberg, a entrepris à Wasserailingen
ses premières expériences sur le puddlaze
au moyen du gaz. Après des recherches pé-
nibles et multipliées, il parvint à exécuter
toutes les opérations du travail du fer, et
ileut le bonheur de voir ses efforts couron-
nés par le succès le plus complet. Par cette
nouvelle découverte, M. Taber du Taur s’est
créé un nom immortel dans les annales de
l’industrie, et qui viendra se placer à côté de
celui des Jacquart et des Watt. L'économie
de ce nouveau procédé est, du reste, évi-
dente pour tout le monde; car elle porte
sur la quantité du combustible nécessaire
pour transformer la fonte en fer, et par
conséquent elle représente une somme très
considérable, Les industriels et les métal-
lurgistes de tous les pays de l'Europe, ont
bientôt compris toute l’importance de la
méthode de fabrication du fer au gaz, et ils
se sont hâtés de faire des essais dans la même
voie, Cet empressement même avec lequel
la méthode a été accueillie en Allemagne,
ce pays où, en métallurgie comme en po-
litique, on redoute les innovations, où les
progrès sont lents, et ont plus que partout
ailleurs à lutter contre la routine, dont les
habitants enfin sont, par caractère, enne-
mis de tout ce qui est nouveau, nous sem-
ble le plus bel éloge qu’on en puisse faire,
et doit encourager les maîtres de forges
français à suivre l'exemple qui leur a été
donné.
Tout le monde sait que le produit qu’on
obtient dans les hauts-fourneaux, par le
traitement immédiat des minerais, est la
fonte ou une combinaison de fer avec du
carbone, du silicium, du phosphore et di-
verses matières étrangères; pour obtenir le
fer pur, il faut ensuite débarrasser la fonte
de ces matières; c’est ce qu’on appelle l’af-
Jiner. Dans l’affinage, qu'on emploie du
charbon ou de la houille, on est toujours
obligé de consommer une énorme quantité
de combustible, et, par conséquent, cette
Opération occasionne une très grande dé-
pense. Dans le nouveau procédé, au con-
traire, cette dépense disparaît compléte-
ment, car le combustible qu’on emploie est
le gaz qui s'échappe du haut-fourneau, le-
quel renferme une grande proportion de
matières non brülées et dont l'effet avait été
perdu jusqu’à présent.
Ce gaz est pris par une ou plusieurs ou-
vertares, au tiers environ de la hauteur to-
tale du fourneau, et à partir du gueulard ;
puis, au moyen d’un conduit eu fonte, on
l'amène dans un foyer particulier, où on le
brûle par un courant d’air forcé et chaud.
Ce foyer prend le nom de four de rnaziage,
de puddlage ou de réchauffage, suivant l'o-
A7
pération qu’il s’agit de pratiquer : four de
maziage, quand on veut mazer ou blanchir
la fonte, c’est-à-dire la faire passer de l’état
de fonte grise à l’état de fonte blanche; four
de puddlage, pour puddler la fonte ou la
convertir en fer, en la débarrassant des
matières étrangères qui se trouvent combi-
nées ou mélangées avec elle ; four de ré-
chauffage, pour réchauffer et façonner
ensuite les lopins et les trousses de gros
fer.
Quelle que soit celle de ces trois opéra-
tions qu’on veuille pratiquer, les trois con-
ditions suivantes paraissent indispensables :
1° produire la combustion du gaz au moyen
d’un courant d’air forcé ; 2° rendre le mé-
lange du gaz et de l'air aussi intime que
possible ; 3° chauffer à une haute tempé-
rature l’air qui doit servir à la combustion.
Elles sont, du reste, suffisantes, et quand
elles sont remplies on peut très facilement
avoir dans l’intérieur du foyer une tempé-
rature assez élevée pour produire le mazia-
ge, le puddlage et même le réchauffage du
fer : en travaillant alors d’après la méthode
anglaise ordinaire, on trouve qu'il faut au
plus 125 kil. de fonte pour en obtenir 100
de fer en barre, tout forgé et propre à être
livré au commerce. Comme, d’ailleurs, la
dépense du combustible est nulle et qu’il y
a très peu de main-d'œuvre, le prix de fa-
brication du fer, par ce nouveau procédé,
est évidemment très peu élevé et de beau-
coup inférieur à ce qu'il est dans la plupart
de nos usines de France.
Du reste, pour se faire une juste idée des
avantages que présente la méthode au gaz,
il suffit de la rapprocher de celles qu’on em-
ploie ordinairement en France pour l’affi-
nage de la méthode champenoise, par exem-
ple, qui est chez nous très répandue. La
comparaison est d'autant plus facile, qu’il
y a la plus grande analogie entre les deux
procédés : seulement, dans un cas, le com-
bustible est le gaz du haut-fourneau ; dans
l’antre, au contraire, le combustible est de
la houille. Les frais généraux peuvent d’ail-
leurs, ainsi que dans une usine à l’anglaise,
être considérés comme étant à peu près les
mêmes. en sorte qu il suffit de comparer les
frais spéciaux. Or, pour une forge champe-
noise travaillant dans des circonstances
moyennes, les frais spéciaux se montenten-
viron à 29 fr.; par le procédé du gaz, ces
mêmes frais se réduisent, au contraire, à 20
ou 21 fr.; par conséquent on voit que par
quintal métrique de fer, le bénéfice serait
supérieur de 8 à 9 fr. à celui qu’on obtient
dapsles forges champenoises, qui sont dans
des circonstances moyennes. Nous recom-
mandons ces chiffres, qui ne sont certai-
nement pas exagérés, à l’attention des mai-
tres de forge; ils parlent assez d'eux-mêmes
et montrent quel doit être l’avenir du nou-
veau procédé. Il est inutile, ce nous sem-
ble, de s'arrêter plus longtemps à faire res-
sortir desavantages qui sont évidents etin-
contestables, lorsqu'on songe que ces gaz
qu'on peut employer maintenant à la fa-
brication des fers étaient perdus autrefois :
cest surtout en France, où le charbon de
bois est à un prix si élevé, que ce mode de
fabrication du fer produira une immense
économie. En l’adoptant, lesusines en souf-
france, celles mêmes que la cherté des com-
bustibles a forcées de suspendre leur tra -
vail, peuvent se relever, se replacer au pre-
wier rang. Ces considérations nous sem-
blent surtout du plus grand intérêt pour nos
forges de Champagne, de Franche-Comté
et des départements de l’est de la France ;
lis
pour celles de Bretagne et de Normandie,
qui, éloignées des grands bassins houillers,
ne travaillent guère qu'avec le charbon de
bois. Pour ces forges, Les fours à puddler au
gaz deviendront peu à peu le complément in-
dispensable de tous les hauts-fourneaux, et
ils finiront par remplacer les foyers d'affi-
rerie. La révolution sera peut-être lente, de
nême que toutes celles qui s’opèrent en in-
dustrie, mais elle est inévitable et doit né-
cessairement s’opérer. Quant à nous, nous
croirons avoir atteint un but très utile pour
l'avenir métallurgique du pays, si les indi-
cations et les nombres que nous venons de
présenter, avec l'extension qu'on peut leur
donner dans un article de journal, ont pu
porter quelque conviction chez les mai-
tres de forges français, et les décider à or-
ganiser leurs usines d'après le nouveau
système,
DE
AGRICULTURE.
CONSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS,
(suite)
De l’époque la plus convenable pour faire la
récolte des froments ; par M. Loiseleur-Deslong-
champs.
La question de l’époque la plus conve-
nable pour faire la moisson n’est pas nou-
velle , elle a été traitée par les agronomes
de l'antiquité de même que par les mo-
dernes.
Columelle dit, àce sujet, qu'il ne faut
pas remettre au lendemain à moissonner,
mais qu’il faut le faire dès que les blés sont
uniformément Jaunis, avant que les grains
en soient absolument durs et dès qu'ils
commencent à tirer sur le rouge, afin
qu'ils grossissent dans Paire ; « car il est
constant, ajoute-t-il, que, lorsqu'ils sont
récoltés à temps, ils prennent de l’accrois-
sement par la suite. »
Pline a adopté en entier la manière de
voir de Columelle, et il dit même à ce sujet,
« qu’use maxime que les laboureurs regar-
dent comme un oracle, c’est qu'il vaut
mieux faire la moisson deux jours trop tô!
que deux jours trop tard. »
L'opinion des anciens sur les avantages
des récoltes prématurées, après avoir été
oubliée pendant des siècles, a été de nou-
veau reproduite par les modernes; et, parmi
ceux-ci, M. Coke, riche propriétaire et agro:
nome anglais, a principalement soutenu
que, par la moisson des céréales faite huit
à dix jours avant la parfaite maturité, ni la
qualité ni la quantité des grains n’en étaient
altérées; que la qualité de la paille pour la
nourriture des bestiaux en était sensible-
ment améliorée; que les récoltes étaient
d’ailleurs plutôt mises à l'abri des désastres
que la grèle, les pluies et les vents peuvent
occasionner, et que les frais en étaient
aussi diminués.
Suivant M. Coke, le blé complétement
ur contient plus de son et moins de farine
que celui qui est récolté prématurément.
Ce dernier, toujours d’après cet agronome,
a une plus belle apparence, et la preuve en
est, selon lui, que, dans le commerce, ses
grains el ceux de ses fermiers sont à un
prix plus élevé que ceux des autres culti-
vateurs qui ne les coupent qu’à l'époque
de la parfaite maturité,
Cependant, un compatriote de M. Coke,
tout en étant de l'avis de cet agronome, dit
que, après avoir scrupuleusement examiné
les résultats d’un grand nombre d'essais,
119
il a jugé que la différence de qualité entre
un blé récolté complétement mûr, et un
autre récolté douze à quatorze jours avant
la maturité, était de { à 3 pour 100 en fa-
veur du blé mûr, mais qu’il n'avait remar-
qué aucune différence lorsque le blé ré-
colté prématurément ne l'avait été que six
à huit jours avant.
En France, plusieurs cultivateurs ou
agronomes se sont aussi occupés de la
question des récoltes prématurées, et entre
autres MM. de Dombasle, Féburier et le
comte Louis de Villeneuve, qui se sont
prononcés pour cette méthode.
Les deux premiers de ces auteurs ap-
puient leur opinion sur des expériences
qu’il serait trop long de rapporter ici, et le
dernier cite d’ailleurs, comme preuve de sa
théorie, deux rapports de la Société d’agri-
culture, sciences et arts du département du
Nord, desquels il résulte que, depuis plu-
sieurs années, un certain nombre de cul-
tivateurs, dans ce département, coupent
leurs grains avant leur parfaite maturité,
et qu'ils ne suivent cette pratique qu'après
avoir comparé ses avantages et ses incon-
vénients.
Les raisons qui déterminent M. le comte
deVilleneuve sont principalement la crainte
des grands vents et des orages qui peuvent
faire redouter la perte totale ou au moins
partielle de la récolte, lorsqu'elle est diffé-
rée jusqu’à la parfaite maturité; car, selon
ses expériences, les blés récoltés avant la
maturité présentaient un grain luisant, bien
p'ein et de plus belle vente que celui qui
est récolté mûr, mais ils pesaient 2 kil. et
demi à 4 kil. et demi de moins par hec-
tolitre. Il eût été curieux de voir dans ce
cas si les grains des blés récoltés prématu-
rément n'étaient pas individuellement plus
gros, plus pesants et moins nombreux dans
] hectolitre, ce qui aurait pu rétablir la
balance entre les deux, ainsi que j'ai fait
voir plus haut que cela était possible.
—< >—
SCIENCES HISTORIQUES.
GÉOGRAPHIE.
Sur un nouveau projel de canal à travers
l’isthme de Panama. Note communiquée par
M. Warden.
La compagnie autorisée, par le gouver-
nement de la Nouvelle-Grenade, à cons-
truire un canal entre ces deux océans, a
terminé l'exploration des terrains à travers
l’isthme, et a fait un chemin provisoire à
partir de la baie de Charera. sur locéan
Pacifique, jusqu’à la ville de Chagrès, sur
l'océan Atlantique. Ces explorations, sous
la direction de M. l’ingénieur Morel, ont
démontré que l’isthme de Panama, au lieu
d’être une chaîne de rochers, comme le
disent la plupart des géographes, est, au
contraire, une vallée de 4 à 13 milles de
longueur où se trouvent plusieurs éléva-
tions de forme conique, de 6 mètres 50 cen-
timètres à 19 mèt. 50 cent. de haut. Parmi
ces petites hauteurs coulent plusieurs ri-
viéres qui descendent de l’extrémité des
Andes pour se jeter par deux canaux prin-
cipaux, les unes dans la mer Caribéeune,
par la rivière Chagrès, les autres dans l’o-
céan Pacifique, par le Rio-Graude. L’éléva-
tion du terrain entre ces rivières n’est que
de 13 mètres au-dessus de la plus haute
marée, et de 21 mètres 50 cent. au-dessus
de la basse marée.
Le creusement nécessaire pour unir les
deux mers, au moyen des trois rivières
Vino-Tinto, Bernardino et Farzan, n'a que
12 milles et demi de longueur. La chuté
sera régularisée par quatre écluses double
de 45 mètres de longueur. Le canal aura
en tout 49 milles; 43 mètres 50 cent. de
largeur à la surface de l’eau, et 17 mètre
950 cent. en profondeur; il sera navigable“
pour les bâtiments de 1,000 à 1,400 ton
neaux. Les rivières, dans les parties où elles”
ont de 2 mètres 50 cent. à 4 mètres 50 cent.
d’eau , serviront comme canal après avoirs
été creusées de manière à obtenir une pro=
fondeur de 6 mètres 50 cent.; et l’eau sera
maintenue à cette hauteur par deux écluses
de garde.
Tous les matériaux nécessaires à la con-
struction du canal se trouvent sur le ter-
rain même qu'il doit traverser. On a évalués
la dépense totale à 2,778,615 dollars ou
1,4,821,800 francs, y compris les frais dem}
quatre bateaux à vapeur, et de deux ponts
de fer, de 46 mètres de long, qui s’ouvri
ront pour le passage des navires. 2.
—
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
— La société géologique de France vient de re-«
nouveler son bureau et son conseil qui se trouvent
composés ainsi qu'il suit, pour l’année 1843 :
Président : M. ‘Ale. Doibigny. — Vice-prési-m
dents : MM. le vicomte d’Archiac, de Saint-Simon,
de Verneuil, comte Prévost, Michelin. — Secré-«
Laires : MM. Angelots, de Pinteville. — J’ice-secré-
iaires : MM, de Wevmann, Raulin. — Trésorier:
M. Viquesnel. — Archivisie : M. le marquis de
Roys. —Membres du conseil: MM. Al. Brongniart,
Clement ggullet, Thirria, de Bounard, Ant. Passy,
La Joye, Boblaye, Cordier, Dufrénoy, Rozet, J. Des
noyers, Leblanc. a |
— La société royale des Antiquaires de France
a procédé, dans sa séance du 9 janvier 1843, au
renouvellement de son bureau. Eile a nommé pré-
sident, M. Beaulieu; 4° vice-président, M. Ber-
riat St-Prix; 2e vice-président, M. de la Villesille;”
secrétaire, M. Bourquelot, secrétaire - adjoint,
M. A. Maury; trésorier, M. Bottée de Toulmont,
et archiviste, M. de Martoune. ;
REVUE
SCIENTIFIQUE
INDUSTRIELLE,
PUBLIÉE SOUS LA DIRECT:ON
DU D' QUESNEVILLE,
Fabricant de produits chimiques et réactifs, sucees-
seur de N.-L. Vauquelin, membre de l'Institut
et directeur du collége de Pharmacie de Paris.
La Revue scientifique parait tous les mois pan
cahier de huit ou dix feuilles, et forme au bout de
l’année 4 volumes in-$°, de 450 a 500 pages.
Le prix est de 20 fr. pour Paris et 23 fr. pour la
province.
On s'abonne pour Paris, à partir d'octobre {842
ou de janvier 1843 (prévenir de suite).
La Revue scientifique, qui a commencé en jan
vier 1840, a déjà publié {0 volumes. Son 11° vo=
lume a commenté en octobre 4842. Le prix de ces
10 volumes , dont il ne reste que fort peu d'exem-
plaires, est de 50 fr. à Paris, et par la poste 62 frs
50 cent.
Les abonnés qui, en prenant cette collections
souscriront en mème temps à l'année courante, jouts
ront, comme remise, de l'Histoire de la chimie, |
formant 2 vol. in-S9, et publiée comme supplément
à la Revue scientifijue.
La mème faveur est accordée à ccux qui, Sans
prendre la collection entière, s'abanneratent de suiLes
à deux années de la Revue.
PARIS. IMP. de LACOUR et MAIST RASSE Is
rue Saint-Hvacnthe-S.-Michel, 33. 4.
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10° année.
4 £ ÿ ||
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DMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 23 janvier. — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE APPLIQUEEZ. Mo-
idification à l'appareil d'Athwood; Dupré. —
'SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE Note
\sur le gisement des diamants au Brésil; Lomo-
pusoff.—— BOTANIQUE. CHIMIE BOTANIQUE,
Composition du nectar-des fleurs; Braconnot.—
/ZOOLOGIE. Sur les vaisseaux biliaires ou le foie
ides insectes; Léon Dufour. — SCIENCES AP
PLIQUÉES. METALLURGIE. Progrès de la fa-
tbrication du fer à l’anthracite en Amérique;
|Johnson de Boston. — CONSTRUCTIONS. Edi-
fice à l'épreuve du feu; Dyer.—AGRICULTURE,
De l’époque la plas convenable pour faire la ré -
colte du froment; Loiseleur de Longehamps. —
SCIENCES HISTORIQUES. HISTOIRE. Les
:gloires de la France. — ARCHÉOLOGIE. Canton
de Saujon ( Charente-Iaférieure); Lesson. —
FBIBLIOGRAPHIE. — Tableau météorologique
du mois,
IEEE — — —
| ACADÉMIE DES SCIENCES.
| Séance du 23 janvier 1843.
|
|| La question des odeurs, de leur nature
:deleur action physiologique, n’estpasune
)uestion neuve, mais c’est du moins une
uestion qui n’a pas encore obtenu de ré-
onse satisfaisante. Les plus grands phy-
lologistes s’en sont occupés, et Haller, qui
‘avait profondément méditée, avouait que
‘e son temps on se rendait bien comptede la
“arche de la lumière, mais qu’on ignorait
| ncorela nature des odsurs. Lefilsde M. Du-
mr ete
néril est venu lire sur ce sujet un mémoire
| l'Académie. Nous avons porté l'attention
a plus soutenue à la lecture de ce travail,
t nous avons reconnu bientôt que nous
ouvions encore répéter ce que Haller écri-
Jrait avec tant deraison.M.Duméril filsafait
reuve d’une érudition assez étendue, il a
.'ité beaucoup de faits empruntés à la chi-
«nie, à l'anatomie et aux diverses branches
les sciences naturelles, mais ces faits sont
nalco-ordonnés, etilest soavent très-diff-
‘ile d'apercevoir pourquoi ils se trouvent
à. Du reste, tout ce que M. Duméril fils a
:noncé c’est ce que son père professait et
icrivait autrefois. Nous ne critiquons qu'a-
rec réserve les travaux d’un jeune homme
Hui débute dans la science, mais le peu de
méthode qui règne dans ce mémoire, le
peu d'idées neuves qui s'y rencontrent,
nous forcent à avouer que des communi-
cations plus intéressantes occuperaient
“mieux les instants de l’illustre assemblée.
M. Bourgery a lu à l’Académie un Mc-
moire sur les rapports de la structure intime
avec la capacité fonctionnelle des poumons
dans les deux sexes et à divers âges. Ce
travail consciencieux et intéressant est le
Gavarret lu dans la dernière séance. Nous
croyons qu’on peut résumer dans les faits
complément de celui de MM. Audral ct
Paris. — Jeudi, 26 Jamvier 1843.
suivants tout ce que contient le mémoire de
habile anatomiste déjà cité.
1° Toutes circonstances égales d’ailleurs,
la respiration, par rapport à l’ensemble de
l'organisme, estd’autant plus puissante que
le sujet est plus jeune et plus mince; au-
cune autre condition de force ou de santé
inaltérable ne supplée à la jeunesse.
2° La respiration virile est pour un
même âge, le double en volume de la res-
piration feminine; différence fondamentale
et qui suffirait à expliquer la supériorité
des actes vitaux de l’erganisme de l’homme
sur celui de la femme.
3° La plénitude de la respiration dans les
deux sexes appartient à l’âge de trente ans,
qui correspond avec le complet dévelop-
pement de l'appareil capillaire aérien du
poumon.
Chez le sujet bien constitué, le chiffre
de la respiration forcée, à cet âge, est,
dans l’homme, de 2 litres 50 à 4 litres 30,
et, dans la femme, de 1 litre 10 à 2 litres
20; le jeune garçon de 15 ans respire 2
litres, et le vieillard de 80 ans, 1 litre
35. :
4 Le volume d'air dont un individu a
besoin pour une respiration ordinaire aug-
mente graduellement avec l’âge. Les rap-
ports entre les âges de 7, 15, 40 et 80 ans
sont géométriques et représentés par les
nombres 1, 2, 4,8. L'adulte parfait res-
pire habituellement le quadruple du jeune
enfant et double de Ja femme et du gar-
con de 15 ans. Le vieillard respire le double
de l’adulte. L'augmentation progressive ou
le besoin d’un plus grand volume d'air
n’exprime que la diminution d'énergie de
l'hématose pulmonaire; c’est-à-dire que
cette faculté relative décroit de l'enfant au
vieillard dans un rapport représenté par
les nombres fractionnels inverses des pre-
miers, 1, 172, 174, 178.
5° Daus la respiration forcée, la capacité
aérienne ou la perméabilité du ponmon à
l’air, présente deux périodes : l'une ascen-
dante de l'enfance à 30 ans, l’autre des-
cendante de 30 ans à la vieillesse. La pre-
mière augmente suivantle rapport régulier
de 1, 2,3, de 7 ans à 15 et à 30; la se-
conde diminue de 3 à 2 172 de 30 ans à 50,
et de 2 172 à 1 174 de 50 à 80 ans.
Sur l’ensemble, la respiration se triple
en 23 ans, dans la jeunesse, et augmente
de 179 pour chaque année. Dansl’âge mûr,
elle diminue en 20 ans de 475 ou 1 4700 pour
chaque année; de 50 à 60 ans elle décroît
seulement en 10 années, aussi d’un cin-
quième ou 1750 pour chaque année. Dans
la vieillesse, de 60 à 80 ans elle tombe
encore de près de moitié en 20 ans ou 1720
pour chaque année.
6° Ainsi la respiration à un âge déter-
miné peut-être plus ou moins étendue chez
ua sujet relativement à un autre ; mais sa
N° 7.
AVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
co DU MONDE SAVANT paraît le FEÉUMDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes dc plus de ?,200 pages chacun On s’abonne : Paris, rue des
PETITS-AUGUSTINS, 2{, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PARYS pour un an
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40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte À. DàLAVWALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. ©C.-B. FRAWSSE, gérant.
diminution est constante dans tous pour
une proportion à peu près égale. L'affai-
blissement de la faculté respiratoire doit
réclamer une part considérable dans l’ex-
tinction graduelle des forces avec l’âge.
7° En preuve de cette dernière propo-
sition, le rapport de l'inspiration ordinaire
à l'inspiration forcée, diminue avec l’âge;
Il est de 1 à 12 à 7 ans ; 4 à 10 à 15 ans:
4 à 9 à 20 ans ; 1 à 6, 25 à 30 ans ; 1 à 3 à
60 ans; 1 à 172 ou 173 à 80 ans; d’où il ré-
sulte que le jeune homme possède, pour
les moments violents, une immense fa-
culté respiratoire en réserve , tandis que le
vieillard est tout de suite essoufflé.
80 Dans le vo:ume d'air de l'inspiration
forcée , certains âges se rencontrent, ap-
partenantaux périodes inverses d’augmenta-
tion etde déclin, ettémoiguent par la diffé
renceavec l'inspiration ordinaire dela p
sancerelatived'hématose qniles caracté
Ainsi 10 ans et 80 ans respirent égalementà
litre 35; mais l’inspiration ordinaire deVun-
n'est que de décilitre 12, et celle de l’aiNre -
atteini9 décilitres 0/0; avec une masse 3 fo
moindre, l’enfant possède une énergie d’hé-
matose 8 foispius forte; 15 anset 60 ansres-
pirent 2 litres, mais l'inspiration ordi-
naire de | un n’est que de 2 décilitres 25, et
celle de l’autre s'élève à 6 décilitres 75;
l'adolescent offre une hématose 3 fois plus
forte. Enfin 20 ans et 40 ans atteignent en
respiration forcée de 2 litres 80 ; mais les
chiffres de l'inspiration ordinaire donnent
pour l’un 3décilitres, 50 ; et pour l’autre 5
décilitres 25 ; la supériorité d’hématose du
jeune hommesur l’adulteest dans lerappot
de 10 à 7, ou à peu près comme 3 est à 2.
9% La faculté respiratoire s’use d’elle-
même par la déchirure capillaire des ca-
neaux aériens et sanguins, improprement
nommée l'emphysème du poumon. Cette
déchirure accompagne plus ou moins, mais
inévitablement tous les grands efforts res-
piratoires, quoiqu’elle semble l’usure sé-
nile du poumon. Elle commence néan-
moins dès l’enfance et augmente graduel-
lement avec l’âge jusqu’à la vieillesse, pat
la seule réitération des actes fonctionnels.
Toutes les maladies du poumon, méme
passagères , hâtent ce genre de destruction.
10° Le dernier résultat de l'emphysème
sénile sans autre maladie, est d’assimiler le
poumon caverneux et Ja respiration mi
partie à sang rouge et noir du vieillard
décrépi au poumon loculaire et à la res-
piration incomplète du reptile.
M. Galtier a adressé à l’académie une
note sur un procédé général de carboni-
sation pour déceler dans les matières or-
ganiques les poisons minéraux: qui ont
pour radical l'arsenic, l’antimoine, l’étain,
le plomb , le bismuth, le cuivre, l'argent,
l'or et le zinc.
Ce procédé consiste à mêler dans une
118
capsule de porcelaine les matières orga-
niques desséchées où même encore hu-
mides avec de l'acide azotique et du chlo-
rate de potasse, à chauffer jusqu’à ce
qu'elles soient complétement dissoutes et
à conduire ainsi l'opération comme dans la
carbonisation par l'acide azotique. On ob-
tient ua charbon très sec, qui chauffe, dans
la capsule même à une température plus
ou moins élevée , selon qu'on opère sur un
métal fixe ou volatil, laisse un résidu du
poids de 50 à 80 centigrammes pour 120
grammes de matières organiques.
Le résidu étant chauffé dans un litre de
verre, dans un creuset ou entre deux
charbons ardents, selon la nature du poi-
son, donne le métal dont il est facile de
constater le caractère physique aiasi que
les réactions chimiques, après l'avoir dis-
sous dans un acide ; ou bien encore ce ré-
sidu étant chauffé avec de l’eau régale,
sans cependant dégager complétement cet
acide, et traité ensuite par l’eau , donne
des liqueurs qu’on peut essayer. Pour le
plomb et l’argent, on remplace l’eau ré-
gale par l’acide azotique. Il est vrai que
M. Orfila se sert d’azotique et de chlorate
de potasse pour les préparations antimo-
niales, mais c'est seulement pour ces pré-
parations. M. Galtier a généralisé l’idée
première du maître.
M. Arago a communiqué à l’Académie
les observations barométriques et thermo-
métriques qui ont été faites le 12 et le
14 janvier de cette année à Paris. Le ta-
bleau suivant présente le résultat de ces
curieuses observations; ainsi , pour le 12
janvier :
BAROMÈTRE. THERMOM.
à minuit 30 min. 729,36 millim. 6°,6
matin { n. 30 728,20 6°,6
2 30 727,80 69,5
3 40 72,2% 6°,5
A 0 727,09 69,5
6 20 727,38 60,5
9 10 728,62 60,5
pour le 14 janvier, à
BAROMÉTRE. THERMOM.
soir 8 h. 729,22 00.3
10 727,90 50,1
10 30 727,40 50,4
41 30 728,20 59,5
Un mémoire aussi intéressant qu’érudit
sur Phistoire de l’arithmétique a été pré-
senté à l’Académie. —Ce mémoire était sui-
vi d’une analyse de l’Abacus de Gerbert.
Ce livre avait jusqu'alors embarrassé les sa-
vants, et son obscurité effrayait ceux qui
essayaient de l’expliquer. M, Chasles est
venu éclaircir tout ce qu'il y avait d'inin-
telligible dans le livre de Gerbert. Il est
vrai que le savant auteur du mémoire dont
nous parlons a été aidé par des matériaux
que ses prédécesseurs ne possédaient pas.
Mais il a su user avec habileté de ces pré-
cieux matériaux. D'après le travail de
M. Chasle, les opérations arithmétiques
renfermées dans le livre de Gerbert seraient
faites comine nous les faisons maintenant,
c'est-à-dire avec des chiffres, possédant à
la fois une valeur absolue et une valeur re-
lative.—Mais, qu'est-ce qui avait empêché
les savants d’apercevoir, avant M. Chasle,
ce curieux résultat? C'est que les savants
n'avaient pas réfléchi que pour expliquer
aux autres celte nouvelle arithmétique il
fallait se servir de l'arithmétique ancienne,
c'est-à-dire des chiffres romains. Dans ces
chiffres romains on n'avait pas reconnu la
valeur absolue et la valeur relative ; aussi
le livre de Gerbert était un grimoire inin-
telligible pour tous.
119
M. Frémy a lu dans cette séance une
suite de ses recherches sur les acides métal-
liques. L'étude qu'il a faite de l'acide an-
timonique et des antimoniates l’a conduit
à découvrir un nouveau moyen de recon-
naître un sel de soude mélangé à un sel de
potasse. Lorsqu'on traite un antimoniate
de potasse, que l'on a préparé en faisant
fondre de l'acide antimonique avec un
excès de potasse, par un sel de soude en
dissolution, on forme un précipité cristalin
et insoluble dont la formule est Sboÿ,Nao
+16Ho. Ce sel perd 8 équivalents d’eau par
la cristallisation. D’après ce procédé on
peut reconnaître dans une liqueur 1/350
de sel de soude ; mais quelquefois ce pré-
cipité ne se forme qu'après quelques seeon-
ces d’agitation.
M. Amussat adresse à l’Académie un mé-
moire sur l’anatomie pathologique des tu-
meurs fibreuses de lutérus et sur la possi-
bilité d’extirper ces tumeurs lorsqu'elles
sont encore contenues dans les parois de
cet organe. L'auteur joint à son travail le
dessin de deux tumeurs fbreuses qu’il a
extirpées avec succès.
Des recherches faites sur ce sujet pendant
quatre années qu'il a passées comme jin-
terne à la salpêirière lui ont perruis d’ob-
server et de recueillir un assez grand nom-
bre de ces tumeurs. Il avait été d'abord
frappé de leur enchatonnemeut et de leur
dureté; IL avait fait macérer les plus dures
et il avait collecté celles qui étaient osseuses.
Une de ces tumeurs a été mise sous les yeux
de l’Académie, Elle est éburnée; elle a une
grande ressemb'ance avec un hémisphère
cérébral et elle est remarquable par son
volume , par sa consistance et par sa
forme.
L’académie dans cette séance à recu plu-
sieurs ouvrages intéressants parmi lesquels
nous en avons remarqaé un très-curieux
intitulé: L'’ectat de l'église du Périgord,
depuis le christianisme, par le R. P. Dupuy
Récolet, annoté par M. l’abbé Audierne et
reproduit par le procédé litho-typographi-
que Dupont.
DE
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE APPLIQUEE.
Modification à l'appareil d’Atwood ,
Dupré.
Un cercle horizontal d’environ 0.8 de
diamètre, et dont la circonférence est gra-
duée en 100 parties égales, se meut d'un
mouvement uniforme autour de son axe
qui est vertical ; il fait, par exemple, deux
tours par seconde. En dehors de ce cercle,
près de sa circonférence, s'élève verticale-
ment un montant divisé en centimètres qui
porte quatre petits leviers horizontaux con-
tenus dans un plan passant par le centre
du cercle et situés à des hauteurs de Om,
136, Om,515, 1,226, 2m, 180, qui sont
entre elles comme 1°, 2?, 3°, 4, Des balles
de plomb enduites de poussière lésèrement
humide et de couleurs différentes sont po-
sées sur les extrémités de ces leviers, au-
dessus du bord du cercle. Un cinquième
levier, un peu moins long que les autres,
est placé de telle sorte que son extrémité
rase la surface du cercle, très près de la
circonférence. Les bras opposés de ces le-
viers sont attachés À une même tringle ver-
ticale avec laquelle ils font des angles mo-
biles.
Lorsqu'on veut conserver à la machine
toute la simplicité possible, on fait mouvoir
le cercle avec la main, et si son axe est
disposé convenablement, on lui fait faire.
aisément cinq ou six cents tours au moyen”
d’une seule impulsion. On conçoit que là
diminution de vitesse pendant un tour est
alors négligeable, et que-le mouvement.
peut être considéré comme uniforme. Après
cette impulsion, on lève brusquement la
tringle, les bras de levier qui portent les
balles s’abattent et les laissent libres toutes
à la fois dans l’atmosphère, En frappant sur
le cercle, ces mobiles font des taches, le le:
vier inférieur laisse aussi une trace qui a
peu d’étendue, parce qu'il est construit de
manière à se relever aussitôt qu’il a touehé.
Les distances entre cette dernière tache et
chacune des autres conliennent des nom-
bres de divisions qui sont entre eux comme
1, 2, 3, 4; les espaces parcourus étant, par
construction, comme 1°, 27, 3°, 4°, il est.
prouvé par là qu’ils sont entre eux comme
les carrés des temps. On en déduit, par des
raisonnements simples et faciles, que les vi-
tesses sont proportionuelles aux temps et
que la vitesse, après une seconde, est dou-
ble de l'espace parcouru pendant la pre-
mière seconde.
L'approximation sur laquelle on peut
compter est beaucoup plus grande qu'avec
la machine d’'Atwood, où le ralentissement
de la chute fait paraître les résultats plus
parfaitement d'accord avec les lois qu’ils
ne le sont en réalité. En effet, l'erreur
dans le nombre des divisions ne pouvant
pas être de un 2, l’erreur, dans l’appré-
ciation du temps de la chute, est moindre
que un 400° de seconde, temps qui corres-
pond à une demi-divisiou. Elle a été plus
faible que un 590e de seconde dans les ex-
périences que j'ai faites avec un instrument
grossier.
On atteindrait facilement un degré
d’exactitude beaucoup plus grand en con
struisant l'appareil avec plus de soin, mais
on £entirait alors le besoin d’onérer dans le
vide, ce qui ne pourrait se faire qu'en éle-
vant le prix de l’instrumeut jusqu'a celui
des machines d'Atwood: Dans ce cas. un
mouvement d'horlogerie ferait mirchec le
plateau, et, à un moment déterminé. ferait
partir une détente qui abattrait brusque=
ment les leviers ; le levier inférieur devrait
manquer alors, ia position de la détente
faisant connaître le poini de départ des mo:
biles.
SCIENCES NATURELLES.
CÉOLOSYE.
Note sur le gisement des diamants au Brésil,
par M. Lomonosoff.
Les roches ou les diamants gisent dans
des massifs d’Itacolumite , se trouvent si-
tuées sur la rive gauche du Co:rego dos
Rois, sur la Serra du Grammagoa, qui est
à 43 lieues portugaises au nord de la ville
de Tijuco ou Diamantena. On y a exploité
les diamants avantageusement pendant plu-
sieurs anntes, en faisant sauter les rochers
réduisant Îes fragments en sable au moyen
de marteaux et faisant subir à ce sable des
lavages à l’aide de la Baica. À cette heure
les travaux ont cessé, parce que le restant
des roches à gisement de diamants à com
mencé à offrir plus d'une difficulté à l'ex-
ploitation, et parce que ces diamants sont
obtenus ailleurs avec plus de facilite à cette
uote sont joints divers échantillons que
M. Lomonosoff à soumis à l'examen de
l’Académie ; savoir :
bi
° | Gisement de diamants sur la Serra de Gram-
ô | magoa, à 43 lieues de Tijuco.
‘* | Diamants dans la Canga, de Riberao das Da-
bu tas, à 6 lieues de Tijuco.
i. Antonio Pereira ( ap-
partenant à la compa-
gnie de Gongo-Socco).
Or dans jun conglo-
: meral ferrugineux.
}ÿ. Gongo-Socco. (Or dans
le jacutinga (fer oli-
giste). 3
|f. Santa - Anna d’Itabira
| de natto-grosso {id.).
3. Candongo. (Or avec fa-
cettes'cristallines dans
. { le jacotinga fridble. |
* 1. Brucutu (jacotinga au- !
à 4 rifère)..
0. Poudre d'or de Minas Novas. (Or en paillettes.)
11, Or en paillettes présentant quelques facettes cris:
tallines de la rivière Jacotintonha (Minas Ge-
raes, limites du district des diamants).
Echantillons . mon-
trant le gisement de
l'or natif de diffé-
renteslocalités de la
province de Minas
Geraes.
S'il existait quelques doutes sur la na-
\ure de ces cristaux, on pourrait, malgré
leur petite dimension, et sans rien faire qui
* xposât à les détacher de leur gangue, cons-
later, au moyen d'une expérience de pola-
isation, que ce sont bien réellement des
liamants.
|
1 BOTANIQUE. — CHIMIE BOTANIQUE.
Note sur le neclar des fleurs (extrait d’un travail
| de M. Braconnot, publié dans le Journal de
|- Pharmacie de janvier 1843).
| On nomme nectar la liqueur sucrée,
récrétée par des corps glandulaires situés
Hans le voisinage de lovaire , dans les co-
olles de beaucoup de plantes, etc., etc.
— C'est avec ce nectar que les abeiiles
lorment leur miel. Aussi M. de Candolle Je
“regardait comme un sucre hydraté , sem-
Iblable à celui dun miel, sans cependant
qu'aucune analyse justifiat son opinion.
C'est pour décider cette question que M.
Braconnot- a entrepris l’analyse du nectar
:qu'il a obtenu en exprimant sur des verres
de monüre les tubes des corolles. Ce nectar
jaimsi produit est liquide, sucré, limpide,
incolore, sans réaction sur le tournesol.
. 11 se comporte avec les réactifs comme une
| dissolution de sucre. Mais ce sucre n’est
| pas semblable à celur du miel , comme on
le eroit , car il est facilement cristallisable
| en prismes courts à 4 ou 6 faces et à vives
larrètes. Ces cristaux ont du reste tous les
| caractères du sucre de canne le plus pur.
| Indépendamment de ce sucre cristallisable
| M. Braconnot a trouvé dans le nectar un
peu d’un autre sucre incristallisable. Pour
| M: Braconnot la composition du nectar
} serait :
Sucre: de canne 13
à Sucre meristallisable 10
| Eau: 77
fl 100
“ Ina pwreconnaître dans cette substance
… la présence de la gomme , de la marnite,
| du-sucre dé miel.
AOOLOGIE,
Extrait d'un mémoire sur les vaisseaux biliai-
res ow le foie des insectes; par M. Léon Du-
four.
Le mémoire dont nous nous occupons a
pour but de décider ure question sur la-
quelle les anatomisles étaient partagés d’o-
pinion.
= «= ot
152
Il en résulte que dans tous les huit
ordres d'insectes ailés, sauf les Pucerons
et les Chermès , il existe, à l'extrémité du
ventricule chylifique, un nombre plus ou
moins considérable de filets tubuleux très-
déliés , presque toujours simples, tantôt
forts longs et moins multipliés, tantôt
plus courts et plus nombreux , qui va-
rient pour le mode et le lieu de leur inser-
tion.
Le foie qui, dans les animaux à circula-
tion liquide , forme une glande parenchy-
mateuse à texture compliquée, se réduit,
dans les animaux à cireulation aérienne,
à un nombre plus ou moins considérable
de vaisseaux isolés et séparés les uns des
autres, à une glande déroulée. Dans les
vertébrés comme dans les insectes, cet or-
gave sécrète la bile qui est versée dans cette
portion du canal alimentaire destinée au
chyme avec lequel elle se combine pour sa
conversion en chyle.
Sur les huit ordres d'insectes ailés , il y
en a sept el demi où les vaisseaux héjati-
ques , n'ayant qu’une seule insertion , la
ventriculaire, on ne saurait élever une
contestation sérieuse sur leur’ fonction
essentiellement et exclusivement biliaire.
Les faits et le raisonnement confirment
cette opinion.
La combinaison où ces vaisseaux se fixent
en même temps au ventricule et au rectum
a inspiré à quelques auteurs (#eckel,
Müller, Audouin, Duvernoy,) l'opinion
mixte et antiphysiologique d’une sécrétion
urino-biliaire. Le fait anatomique, plu-
sieurs fois constaté, de l’imperforation des
tuniques du rectum; par conséquent le
défaut de communication de ces vaisseaux
avec la cavité de cette poche excrémen-
titielle et la découverte , tout aussi positive,
des vaisseaux sous-cuticulaires en lesquels
se divisent les troncs rectaux , réduisent
les explications physiologiques , d’abord si
embarassantes, à la même théorie que dans
le cas des insertions uniquement ventricu-
laires. Les faits qui étaçent cette manière
de voir s'accumulent de toutes parts, et
on en trouve la trace irréfragable dans fes
écrits de Po:selts et Ramdohr.
Eofin, une question des plus ardues , et
à peine entrevue par les entomotomistes ,
termine le chapitre physiologique de ma
dissertation : cest cette dispositian des
vaisseaux hépatiques où ils semblent s’a-
boucher directement et uniquement ‘au
rectum , dans quelques hémiptères hété-
roptères. Que l’insertion se fasse à nu ou
par l'intermédiaire d’une poche vésiculaire,
£il y à toujours dans ces insectes absence de
pertion grêle de lintestin, et le ventricule
chylifique, d’uue longueur considérable ,
est toujours séparé du rectum par une sal.
vule ventriculo-reciale qui s'appose, pen-
dant la vie, à l’épanchement immédiat de
la bile dans le rectum. La poche vésicu-
laire n'est pas un réservoir propre de la
bile, mais bien une dilatation du ventri-
cule lui-même, et malgré sor implantation
sessile à la base ou au milieu du rectum,
c’est une insertion aussi illusoire que celle
du tronc rectal des coléoptères hétéromérés.
La théorie physiologique de ce mode de
connexion rentre donc encore dans la loi
commune.
Ainsi , dans tous les insectes sans excep-
tion, les vaisseaux hépatiques s’'abouchent
uniquement dans le ventricule chylifique ,
et dans tous, la sécrétion biliaire est incon-
testable.
SCIENCES APPLIQUÉES,
METALLURGIÏE,
Progrès de la fabrication du fer à l'anthracite,
en Amérique; par M. Johnson, de Boston (Etats-
Unis.
C’est depuis peu d’années seulement que
l’on a commencé, dans les États-Unis, à em-
ployer en grandequantité l’enthracite pour
les usages domestiques. Ilya moins de temps
encore que la possibilité de se servir de ce
combustible pour la production de la va-
peur, dans tous les cas, a cessé d’être un
sujet de controverse, et, bien que de nom-
breuses machines fixes en usassent avec
avantage depuis plusieurs années, principa-
lement à Philadelphie, on a douté pendant
longtemps s’il pourrait remplacer le bois sur
les bateaux à vapeur et les locomotives.
Toutes ces questions ont été résolues d’une
manière favorable, aussi bien que celle de
la fusion de la fonte dans les cubilots.
L'usage de lPanthracite est devenu géné-
ral pour l’alimentation des feux de forge-
ron, la cuisson de la chaux, la préparation
de la drêche et les autres travaux sembla-
bles. Enfin, ce qui n'est peut-être pas moins
important, on en a fait l’application au
travail du fer dans les hauts-fourneaux,
les fineries, les fours à puddler et les chauf-
feries.
La fabrication du fer, par le moyen du
coke, si répandue en Angleterre, en Écosse,
dans le pays de Galles, et sur le continent
européen, a été mise à peine en pratique aux
États-Unis. On a cependant fait un assez
grand nombre de tentatives pour y intro-
daire cette importante branché d’indus-
trie, principalement dans l'Etat de Pensyl-
vanie, dont le territoire abonde en gise-
ments de houille bitumineuse,contigus avec
des mines de fer ex des exploitations de cas-
tine. La législature de Pensylvanie rendit,
en 1836, un acte par lequel elle donnait au
gouvernement les pouvoirs nécessaires pour
encourager la fabrication du fer par le
moyen du combustible minéral, et pour
faire, à des compagnies , les concessions
que pourrait exiger l’établissement de cette
fabrication. La même année, M. F. H. Oli-
phant , du comté de la Fayette, quoiqu’en
dehors des avantages de cet acte, fabriqua
une certaine'quautité de fer avec du coke,
et ft parvenir à l'institut de Franklin des
échantillons de ce métal et de toutes les
matières employées. Cependant, ce manu-
facturier n’a pas continué cette entreprise,
vraisemblablement à cause de la meilleure
qualité du fer au charbon de bois, préféra-
ble surtout pour la conversion en acier,
opération qui se pratique dans son établis-
sement. Il est probable aussi que, dans un
canton où le bois est encore abondant, et
où lon se procure difficilement des mi-
neurs, l'emploi du coke ne présente pas
une économie bien réelle, surtout à cause
de Pexcédant de puissance et de dépenses
que: les hauts-fourneaux chauffés an ‘coke
exigent deplus que ceux qui sont chauffés
aa charbon de bois.
Pendant les années 1835, 1836 et 1837,
on consiruisit des fourneaux à Karthaus
età Farrandsville, sur le bras occidental
de la rivière de Susquehann2h, et à Fro-
zenrun, près de la Lycoming-creek. Dans
le premier de ces établissements, on obtint
plusieurs centaines de mille kilog. de fonte;
mais, faute de discernement dans le choix
et la préparation des minerais, ces produits
se trouvèrentinvendables. Cette usine avait
d’ailleurs le désavantage d’être située dans
154
un canton où les progrès actuels n'unt
point encore pénétré, ce qui rendait tr6p
incertain et trrop coûteux le transport des
matières premièresetdes produits. Le four-
neau de Farrandsvillen'était pas moins mal-
heureusement placé par rapport aux mi-
perais qu'il tirait de distances de 32 à 160
kilomètres, par le canal de Larrey-creek
à Bloomsburg.
Les riches particuliers à la libéralité des-
quels on doit l'érection de cette belle usine
se sont, dit-on, déterminés à la vendre et à
renoncer à l'honneur que les amis de no-
tre industrie espéraient leur voir acquérir,
celui d'introduire, dans la fabrication du
fer, l'usage profitable de la houille de Pen-
sylvauie. Le fourneau de Frozenrun est
bien situé par rapport au minerai qui lui
est fourni principalement par une couche
de carbonate blanc jaunâtre, de 9 décimè-
tres de puissance ; mais les houilles voisi-
nes ne paraissent pas actuellement d’un
usage aussi avantageux que celui des bois
fournis en grande abondance par les forêts
qui les recouvrent; aussi ce fourneau,
lorsque l’auteur le visita pour la dernière
fois, en septembre 1839, brûlait-ii du char-
bon de bois qui fournissait des fontes excel-
lentes. Dans cette courte mention des four-
neaux ou coke de la Pensylvanie, il serait
injuste d’omettre celui de Lonakoniug, si-
tué sur la George’s creek, dans le Maryland,
à quelques milles au sud des limites du
premier État, et dans le riche bassin houil-
ler qui s'étend entre les montagnes sauva-
geset celles d’Alleghany. Lorsque M. Jhon-
son le visita, au commencement de juin
1839, ce fourneau rendait, par semaine,
environ 70,000 kilog. de bonne fonte pour
fonderie, et tout faisait espérer le succès de
l'entreprise. Malheureusement il était éloi-
gné de toute grande ligne de communica-
tion, et la dépense nécessaire pour trans-
porter les produits sur le marché a paralysé.
les opérations. ;
Sur le bras méridional de la Jenny's-
Run, dans le même bassin houiiler que
Lonakoning, à peu de distance et au nord-
est de Frostburg.- on édifie en ce moment
deux hauts-fourneaux considérables, sur le
plan usité dans le paÿs de Galles, pour y
brûler du coke ou de la houille bitu-
mineuse.
Par un contraste frappant avec la len-
teur du développement de la fabrication du
coke, nous voyons , en moins de trois ans,
les fourneaux à l’anthracite attirer l’atten-
tion d’un assez grand nombre de compa-
gnies entreprenantes, qui, déjà, dans l’État
de Pensylvanie, ont élevé onze ou douze de
ces fourneaux. L'établissement de trois ou
quatre autres est encore en délibération, et
ne tardera probablement pas à être décidé.
Quatre sont en construction ou peat-être
même sont achevés à Stanhope, près du
canal de Morris, dans le New-Jersey.
Tous ceux qui se sont bien rendu compte
des propriétés de l’anthricite ont reconnu
depuis longtemps combien il importait de
Pappliquer à la fabrication du fer. C’est le
plus dense des combustibles minéraux, c’est
celui qui éprouve le moins de déchet par
le transport, qui souffre le moins de l’in-
fluence de l'air, et par conséquent il est
particulièrement utile pour les fourneaux
situcs à une certaine distance du lieu d’où
où l'extrait. Mais le développement des for-
mations d’anthracite a bientôt fait recon-
naître qu'il n'est pas, en général, plus né-
cessaire de porter le combustible vers le mi-
nerai, que le minerai vers le combustible,
155
Lorsque ce transport est réellement indis-
pensable, le premier mede paraît presque
toujours préférable, parce que le poids du
minerai nécessaire pour fournir une quan-
tité donnée de fer fabriqué est générale-
ment plus grand que celui de l’anthricite
employé à la réduction. Ainsi le riche mi-
nerai fossilifère de Bloomsburg ne fournit
que 1,000 kilog. de fonte pour 2,000 ou
2,250 kil. de minerai, tandis qu'il ne faut
que 1,500 à 1,600 kil. d’anthracite de Wil-
kesbarre, pour obtenir la même quantité, y
comprisle chauffage de l'air. Lorsque l’on
ne dispose pas d’une puissance hydraulique
et qu'il faut, de plus, mouvoir la soufflerie
par une machine à vapeur chauffée avec
l'anthracite, les poids à transporter sont à
peu près égaux dans les deux hypothèses,
et la situation de l'établissement doit être
déterminée par d’autres considérations.
Mais, pour en revenir aux usagesde l’an-
thracite, ce n’est pas seulement pour la
fusion du minerai ni pour Ja production
de la fonte brute, qu'ils présentent des avan-
tages à nos manufactures de fer. El a été
clairement démontré que la préparation du
fine-metal, le puddlage, et le réchauffage,
peuvent être exécutés avec ce seul combus-
tible, qui, en outre, est employé dans le
feu des forgerons, et qui, par conséquent,
suffit au traitement du fer, depuis son ex-
traction à l’état de minerai, jusqu’à son
emploi comme article manufacturé.
La fusion des minerais, l’affinage et le
puddlage, au moyen de l’anthracite, sont
regardés, dit l’auteur, comme inventés aux
Etats-Unis. On peut évidemment appliquer
les deux derniers procédés à de la fonte
obtenue avec un autre chauffage que l’an-
thracite , ce qui ouvrira certainement un
vaste débouché à ce combustible.
Au nombre des tentatives les plus an-
ciennes, faites pour l’emploi de l’anthracite
dans la fabrication de la fonte, on peut
mentionner l’entreprises de quelques mem-
bres de la compagnie des houilles et de La
navigation de Lehigh, lesquels construisi-
rent, en 1820, dans ce dessein, un fourneau
près de Mauch-Chuuk. Ce premier essai ne
réussit pas mieux qu’une tentative du même
genre faite à Vizille, près des froñtières de
la France et de la Suisse,
Après plusieurs détails sur ces expérien-
ces, l’auteur continue ainsi :
De tout ce qui précède, il résulte que
l'on a probablement réalisé à Vizille tout
ce que l’anthracite brülé à l'air froid est
susceptible de donuer ; il est fort possible
qu’en Pensylvauie, où nos anthracites va-
rient graduellement d’une sécheresse et
d'une compacité extrêmes, à l'état de
houille bitumineuse, contenant de 12 à 18
pour 100 de matières volatiles , on trouve
quelques variétés intermédiaires suscepti-
bies d’être employées pour la fabrication
de la fonte à l'air froid, quoique impropres
à la fabrication du coke, et par conséquent
appartenant à la classe des anthracites.
Cependant les caractères de cette classe
sont si bien représentés par les qualités du
combustible employé à Vizille, qu'il ne
semble pasraisonnable d'espérer un résultat
différent de celui des expériences françaises.
Dans les partis des mêmes bassins où le
combustible affecte une nature réellement
bitumineuse,ilne paraît pas que l’emploi de
l'air froid et de la houille crue, comme on
le pratique à Dowlas et dans quelques au-
tres usines du pays de Galles, ne pt ob-
tenir du succès. Mais les expériences faites
en France, celles quiont été exécutées au-
156
paravant et postérieurement dans les usi-
nes galloises, aussi bien que les tentatives
faites à Mauch-Chunk et à Pottsville,avant
l'application du procédé du D' Geisenhei-
mer, sontde salutaires avertissements pour
les personnes qui voudraient essayer de
fabriquer la fonte avec de véritable anthra-
cite chauffé à l'air froid.
——_—_—_—_——— mm,
, CONSTRUCTIONS.
Édifice à ME par de Dyer, de
M. Dyer, qui a été chargé de construire
dernièrement, dans la cité de Londres, un
vaste édifice composé de pièces et de bu-
reaux à l’épreuve de lincendie , vient de
publier les détails suivants :
On a employé dans cette construction,
au lieu de bois de charpente, dessommiers
en fonte et des voûtes en briques.
On a placé dansles murs, à chaqueétage,
selon sa hauteur, cinq ou six chaînes com-
posées de bandes en fer de 0 mèt. 037 sur
© mèt. 003. Ces chaînes sont posées bien à
plai, et solidementattachées l’une à l’autre,
ou tournées autour d’une brique à chaque
rencontre. Elles sont goudronnées etsablées
pour que le mortier y adhère mieux, et on
les a placées à 0 mèt. 025 environ de dis-
tance du parement, pour que la rouille ne
pût traverser et tacher l’enduit.
Les sommiers en fonte sont de différentes
longueurs, depuis 3 mèt. 340 jusqu’à 5
mèt. 630 dans œuvre, et sont engagés de
0 mèt. 225 dans les murs. Ils sont distants
de 2 mèt. 130 d’axe en axe. Les sommiers
représentés dans les figures sont de 4 mèt.
560 dans œuvre; ils ont 0 mèt. 304 de hau-
teur au milieu, et G imèt. 200 aux extrémi-
tés. Leur épaisseur, aussi au milieu, est de
0 mèt. 028.
Entre les sommiers on a construit, avee
du ciment, des voûtes d'une demi-brique
d'épaisseur , à joints tellement serrés, que
les bords se touchent à la partieinférieure.
Les cinq ou six assises près du centre ont
même été posées et serrées sans ciment,
après quoi on les a liées par un coulis. La
fièche de ces voûtes est de 0 mèt. 127 , et
les reins n’ont pas été remplis. Pendant la
construction, les briques ont été mouillées
avecsoin.
Les couchis ont toujours été suspendus
aux somnuiers par des tirants en fer, en
sorte que ces sommiers ont été chargés pro-
gressivement, ce qui n'aurait pas eu lieu si
ces couchis eussent été, selon l’usage ordi-
naire, portés sur des cintres en charpente
soutenus de fond.
On a construit plus de 2,000 mètres car-
rés de ces voûtes, et l’on n’a cependant re-
marqué nulle part le moindre tassement.
Les planchers sont posés, comme à l’ordi-
paire, sur des solives et des lombourdes.
L’intrados est plafonné, et des moulures en
carton-pâte cachent la partie inférieure de
chacun des sommiers.
Une épreuve bien convaincante a pu
faire juger de la confiance que ce genre de
construction doit inspirer. On a fait, au
milieu de chacune des pièces, un grand feu
de coke sur le plancher bas du rez-de-chaus-
sée, qui n'a que 2 mètres 430 de hauteur,
dans la vue de sécher les enduits, et, quoi-
que la chaleur ait été entretenue à un très
haut degré pendant plusieurs jours, il n’en
est résulté d'autre inconvénient qu'un peu
de boursouflement dansles planchers, dont
deux sur dix-huit se sont gonflés seulement
DT
sez pour que l'on s’en aperçüt; encore cet
et devait-il évidemment être attribué à
:7rande quantité de la vapeur qui s’échap-
ït du ciment et des plâtres des voûtes.
- (Journal des Usines. )
ls —— HQE —
AGRICULTURE.
|
HNSIDERATIONS SUR LES CEREALES ET
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS.
(suite.)
} l'époque la plus convenable pour faire la
récolte des froments ; par M. Loiseleur-Deslong-
champs.
l'A la fin du Mémoire de M. de Villeneuve,
bsc a ajouté une note en opposition à ce
v’avance M. Coke, et de laquelle il résul-
lrait, au contraire, que les grains des fro-
Lents coupés avant leur complète matu-
té : 40 donnent-moins de farine ou de la
“rive qui est moins de garde ; 2° que la
lite faite avec cette farine lève moins bien ;
| que le pain résultant de l'emploi de la-
te farine est plus lourd et plus sucré.
iUne chose intéressante à savoir, c’est
ans quelle proportion se trouve le gluten
hmparativement à l’amidon, dans la farine
rovenant des blés coupés prématurément,
| dans la farine faite avec des blés récoltés
irfaitement mürs
| Au reste, cette question est loin d’être
braplétement jugée, il y-a encore plusieurs
bints importants à éclaircir ; par exemple,
}s suivants :
| 4° Si les grains récoltés avant la parfaite
haturité peuvent acquérir réellement la
1ème grosseur et pesanteur que ceux
ju’on laisse attachés par leurs racines, et
ils peuvent même prendre, étant entassés
ans l'aire, plus de poids et de volume,
-nsi que l'ont dit Columelle et Pline ;
| 20 Si les qualités de leurs farines respec-
‘ves sont les mêmes, ou si, comme le dit
osc, la farine des blésimparfaitement mûrs
\st sujette, lors de la fabrication du pain,
tux inconvénients dont il parle.
3° Si, comme l'avance M. Coke, au con-
raire, les grains des froments récoltés quel-
ues jours avant la maturité contiennent
“oins de son et plus de farine ;
|. 4 Si les blés coupés prématurément ne
‘ont pas plus sujets à produire des grains
lariés que ceux qui n’ont été récoltés que
larfaitement mûrs, plusieurs agriculteurs
2commandables ayant signalé comme une
\es principales causes de la carie l'emploi
|
our semences de grains qui n'étaient pas
omplétement mûrs ;
| 5° En quelles proportions la quantité de
.luten peut varier dans les uns et dans les
‘utres.
Quant à la paille récoltée encore un peu
erte, il n’est pas douteux qu’elle doit être
lus savoureuse, et faire par conséquent un
ieilleur fourrage ; mais cetle raison serait-
ile un motif suffisant, si le blé, la partie
1 plus précieuse et la plus chère, devait en
souffrir à
| Pour ce qui est de la crainte des grêles,
es ouragans ou autres phénomènes atmos-
hériques, dont le développement subit
eut nuire aux récoltes ou même les anéan-
r, point de doute que c’est un motif bien
1pable de déterminer à avancer la moisson,
pee encore faut-il ne pas trop la précipiter.
| Enfin je crois que la matière est de la
|lus haute importance et qu’elle mérite
l'en que de nouvelles expériences soient
ites à ce sujet, en ayant égard à toutes les
msidérations dont je viens de parler.
158
J'avais eu l'intention, lors de la récolte
dernière (celle de 1842), qui, en général, a
été complétement terminée, aux environs
de Paris, avant la fin de juillet, de faire
quelques essais sur ce sujet, et j'avais, à cet
effet, récolté prématarément un certain
nombre de variétés de froment, le 27 et le
29 juin, avec l'intention de laisser les mêmes
sortes huit à dix jours plus tard; mais je
n'ai pu exécuter ce projet qu’en partie, à
cause des moineaux qui menaçaient de tout
dévorer. Sur quelques variétés que j'ai pu
sauver, le poids des grains, à ces deux épo-
ques différentes, a été à peu près le même;
dans quelques autres, il y a eu 5 à 10 pour
100 en faveur des blés que j'ai récoltés les
derniérs. Il est vrai de dire que, n'ayant
pas beaucoup de chaque sorte, je n’ai pu
former que de petites poignées d'épis de
mes blés recueillis les premiers, et non des
gerbes amoncelées en tas, dans lesquels les
grains auraient pu se perfectionner en
empruntant aux pailles le reste de sève
qu’elles pouvaient avoir encore; car c’est
probablement ainsi qu’il faut entendre ce
que les anciens ont dit des blés qui ga-
goaient dans l'aire après avoir été coupés.
De la faculté germinative du froment et de
sa prodigieuse vitalité.
Les auteurs qui ont parlé de la faculté
germinalive du froment ne sont pas d'accord
sur le temps durant lequel elle peut se con-
server. L’un des plus anciens, Pline, dit
que la meilleure semence de blé est celle
de l’année, que celle qui a deux ans n’est
pas si bonne, que de trois ans elle est pire
eucore, et qu'à quatre ans elle devient sté-
rile.
Cependant Duhamel assure, comme en
ayant fait l’expérience, que du froment
gardé pendant dix ans dans le tiroir d’une
commode avait levé. Le même auteur rap-
porte que Lullin de Châteauvieux ayant
semé trois quarts d’once d'un blé qu’il
avait conservé avec soin durant huit an-
nées, cette semence avait levé assez bien et
avait donné d’assez belles productions.
Tessier, après avoir dit que le froment
récolté bien mûr et soigné eonvenablement
conservait longtemps sa faculté germina-
tive, se borne à assurer que celui des deux
à trois dernières récoltes peat servir pour
lès semences comme celui de la dernière.
Dans la pratique ordinaire, les cultiva -
teurs ne sèment guère que du blé de la
précédente récolte, et ce n’est que lorsqu'ils
y sont forcés par quelque circonstance par-
ticulière qu'ils prennent, pour leurs semen-
ces, celui de deux ans ; ils craindraient, en
semant du blé plus vieux, qu'il ne levât pas.
Trouvant, d’après ces témoignages assez
opposés, qu'il existait encore trop d’incer-
titude à cet égard, j'ai cru utile de faire
quelques nouvelles expériences pour m’as-
surer, d’une manière plus positive, combien
de temps le froment, placé dans les cir-
constances les plus favorables, pouvait
effectivement conserver la propriété de
germer.
M. Darblay jeune, que j'ai déja eu oc-
casion de citer, m’ayant donné, en novem-
bre 1839, un assez grand nombre de fro-
ments qu’il avait conservés dans des bo-
caux depuis neuf à dix ans, j'en ai semé, à
la fin de février 1840, six cents grains ap-
partenant à six variétés, et il n’en a levé
que cinq, dont deux d’une variété et les
trois autres de trois variétés différentes. La
terre avait cependant été bien fumée avec
159
beaucoup de crottin de cheval, ce qui eût
dû activer la germination.
L'année suivante, j’ai semé de nouveau
mille onze grains de douze autres variétés
des mêmes blés, et de ce grand nombre je
n'en ai vu que trois sortir de terre.
D’après cela il doit être bien prouvé que
la faculté germinative est éteinte dans du
b'é récolté depuis neuf à dix ans, car huit
grains qui ont levé sur seize cent onze peu-
vent être considérés comme nuls.
Au commencement de septembre 1839,
j'ai semé trois cents grains de trois variétés
de ma récolte de 1834, et ayant par con-
séquent cinq ans. De ce nombre, il n’en a
levé que quarante-six en tout, mais la ger-
mination s’est opérée d’une manière fort
inégale entre les différentes variétés; car,
de cent grains de poulard lisse, il est sorti
de terre quarante et une tiges, tandis que
cent grains de blé de mars barbu de Tos-
cane n’en ont produit que quinze, et que
les derniers cent grains, appartenant au blé
blanc de Hongrie, n’ont rien donné du tout.
Ainsi la faculié germinative était presque à
moitié conservée dans la première variété :
elle ne restait pas tout à fait au septième
dans la seconde, et elle se trouvait entière-
ment abolie dans la troisième.
Ayant ressemé, au commencement de
mars de l’année suivante, trois cents autres
grains appartenant par parties égales au
blé de mars barbu de Toscane, au blé hé-
risson et au poulaid blanc lisse, il a levé
cinq grains du premier, trente-neaf du
second et dix-huit du troisième, en tout
soixante-deux. C’est comparativement plus
que pour les premiers trois cents grains
semés six mois plus tôt Cependant le pon-
lard blanc lisse n’a donné que dix-huit tiges
au lieu de quarante et une, et dansle der-
nier semis que Jai fait de ce blé, en octobre
de cette année (1842), et qui avait par con-
séquent huit ans, il n’a pas levé un seul
grain sur cent trente-six qui me restaient
et que j'avais mis en terre.
Cependant, comme je viens de le faire
observer, certaines variétés conservent bien
plus longtemps les unes que les autres leurs
propriétés gurminatives, et ce n’est pas en
raison de leur volume et de leur pesanteur ;
car, dans une expérience autre que les
précédentes, et que je ne rapporte ici que
sommairement pour ne point trop allonger
cet article, sur cent grains de blé carré de
Sicile de ma récolte de 1835, et ayant par
conséquent cinq ans et demi quand ils fu-
rent semés, à la fin de février 1841, il en a
levé soixante-douze, tandis que de cent
grains de blé géant de Sainte-Hélène, du
même àge et semés à la même époque, il
n'en est sorti de terre que seize, quoique
les derniers fussent presque du double en
grosseur.
Mais la faculté germinative du blé carré
de Sicile lui-même a des bornes ; car, ayant
semé en octobre dernier (1842) deux cents
grains de la récolte de 1834, et ayant par
couséquent huit ans et deux mois, il n’en a
pas levé un seul.
Enfin, à la même époque, j'ai tenu sub-
mergés, pendant cinq jours entiers, deux
cents grains de blé de la Trinité et la même
quantité de blé blanc de Hongrie, récoltés
tous deux en 1335, sans que l'embryon se
soit développé dans un seul, tandis que,
dans cette sorte d’épreuve, il ne faut que
deux jours pour que l’on puisse voir l’em-
bryon percer les téguments à la base du
grain et se faire jour à travers. Tous ces
grains se sont seulement uniformément
160
gonflés, et leur intérieur formait une sorte
de bouillie, mais sans la moindre apparence
de germination.
Il doit donc être prouvé, d'après ces dif-
férentes expériences, que, au bout de quatre
à cinq ans de récolte, le froment, à quel-
ques exceptions près et assez rares, perd
les trois quarts de sa faculté reprodactrice,
que certaines sortes, le blé blane de Hongrie
par exemple, l’ont tout à fait perdue à cette
époque, et qu'enfin , à sept ou huit ans,
elle est entièrement éteinte dans le plus
grand nombre des variétés.
—_— 29 @Ee—
SCIENCES HISTORIQUES.
HISTOIRE.
Les gloires de la France.
C’est une belle et grande idée que de
réunir en un corps d'ouvrage les vies de
tous les personnages qui, à des époques dif-
férentes et à divers titres, ont à la fois il-
lustré leur nom et leur pays. Détacher ces
figures imposantes des tableaux où l’his-
toire les a placées, les isoler en quelque
sorte, les individualiser, concentrer sur
elles seules l'intérêt que rappellent les
actions auxquelles elles se rattachent, les
encadrer dans les détails de la vie privée,
et loin de diminuer par là le culte qu'on
leur rend, laugmenter au contraire, en
rehaussant sa légitimité par des titres nou-
veaux, ce n’est pas là sans doute une con-
ception neuve; il y a seize cents ans que
Plutarque composa ses hommes illustres ;
mais vouloir imiter Plutarque est une
noble audace, si ce n’est pas du génie.
Pour atteindre un tel but, ce n’est pas assez
d'avoir beaucoup d’érudition, de savoir par
l'énergie et la finesse du style rendre cette
érudition agréable, il faut encore et avant
tout être assez fort pour se placer Lien haut
au-dessus de la foule, et de ce point Jus-
qu’où l’opinion, qui le plus souvent nest
qu'un composé de préjugés, ne peut étendre
son pouvoir despotique, oser écrire face à
face de sa conscience et de son personnage
seulement.
_Il est dès lors à regretter qu’un homme
seul n'ait pu se charger d’un travail aussi
vaste que celui dont nous nous occupons.
Sans être de l'avis de ceux qui ne voudront
peut-être, voir dans une telle entreprise
qu’une affaire d'argent où qu'un but poli-
tique, nons devons convenir que par le fait
seul de collaboration elie perd un peu de ce
prestige de conviction individuelle, d'unité
de conscience qui devrait eu faire le pre-
mier et le véritable mérite.
Ces observations préliminaires étant
faites, nous venons aux quatre prenmyers
volumes publiés, M. d'Exauvillez à fait
précéder l’histoire de Godefroy de Bouillon
d'une introduction dans laquelle il a tracé
un rapide tableau des Croisades jusqu’au
départ de son héros pour la Terre-Sainte
Les souffrances des chrétiens de l'Orient,
les prédications de Pierre l’'hermite, les
résolutions arrêtées au concile deClermont,
les fautes, les excès, les crimes des pre-
mières bandes de Croisés d'autant plus in-
disciplinés qu'ils n'avaient d'autre chef
aw'un faible hermite, d'autre règle que
les inspirations de leur enthousiasme;
tout y est raconté avec concision et fidé-
lité.
De quelque manière que Von Juge man:
tenant ces entreprises, bien autrement
importantes par leur but que toutes les
161
actions épiques de l’antiquité, et dont le
résultat le plus grand fut de préparer les
voies à la civilisation moderne, on est
forcé de regarder en pitié Agamemnon, ce
roi des rois ligués pour détruire et brûler
Troie, lorsqu'on a devant soi cette grande
figure de Godefroy, et que de siége en siége,
de combat en combat, on entre avec lui,
après un troisième assaut, dans Jérusalem.
Tout ce qui tient à l’action militaire est
rapporté avec soin par M. d'Exauvillez Il
est à regretter que ce qui concerne ladmi-
nistration du nouveau royaume de la chré-
tienté n'ait été traité que d’une manière
secondaire. Les assises de Jérusalem, par
exemple, ont une si grande importance
comme monument de la législation, elles
furent si utiles lorsque le droit romain,
modifié par le christianisme, devint sous
le titre de droit canonique, la loi écrite de
presque tous les peuples del’Occident, qu'on
ne peut s'empêcher de déplorer cette la-
cune dans une histoire de Godefroy de
Bouillon.
L'histoire de Suger, par M. Nettement,
est plutôt l’histoire du règne de Louis -le-
Gros et de Louis VII, que celle de l'abbé
de Saint-Denis. Toutefois la faute n’en
est pas à l'historien, il a pris son person-
nage tel qu il la trouvé, tel qu’il fut. Gé-
péral, diplomate, moine, Suger était tout
cela. Dansles camps, au conseil, à Pabbaye
de Saint-Denis, sous la cuirasse et sous le
froc, cet homme, qui, pour être autant
au-dessus de Richelieu que Richelieu fut
au-dessus des hommes de son temps,
n'aurait eu besoin, peut-être, que de
naître cinq siècles plus tard, resta seul
chargé de la royauté, à une époque où la
royauté encore sous la tutelle des grands
vassaux, pouvait à chaque instant se trou-
ver par les excommunicationssans sujets et
même sans serviteurs. Au milieu de tant
de périls aggravés par les expéditions loin-
taines, lesembarras du trésor, les intrigues
de la cour et les chagrins de mésage de
Louis le Jeune, conserver le pouvoir royal,
le rendre plus grand et plus vénéré, était
une tâche bien difficile, Suger sut la rem-
plir. M. Nettemeut a terminé son volume
par une appréciation des faits, des mœurs
et des idées pendant la vie de Suger. Il
a, comme il l’a dit lui-même, groupé le
siècle autour de l’homme afin qu'on put
juger de l’influence réciproque que lun et
l’autre ont subie et exercée. C’est la partie
philosophique de l’ouvrage, et celle aussi
qui nous a paru la plus neuve et la plus
intéressante.
De toutes les reines, de toutes les femmes
dont les noms se trouvent mêlés à notre
histoire, celui de la mère de Saint-Louis
est, sans contredit, le plus vénéré. La vie
de Blanche de (Castille, embrasse une des
périodes les plus glorieuses de la monar-
chie. Elle déjoua les complots de la féoda-
lité, dompta l’hérésie et sut conserver
intact à son fils un héritage qui peut-être
eut été morcélé si le soin de le défendre
eut été remis en d’autres mains. Avec de
tels éléments, il était aisé de faire un livre,
mais le faire bon et mériter le titre d’his-
torien de la reine Blanche, c'était à le
point difficile. Ce titre, M. Théodore Ni-
sard l’a rendu sien. On peut ne pas approu-
ver entièrement sa manière d'envisager
quelques événements de l’époque surtout
si pour les juger on ne veut se placer qu’au
point de vue de la nôtre, mais il faut lui
savoir gré et de l’art avec lequel il les pre-
sente, les apprécie, les développe, etds soin
162
patriotique qu’il emploie pour effacer
jusqu'à la trace de taches que la calomnie.
avait tenté de faire sur une vie aussi pure
que glorieuse.
Godefroy, Suger, Blanche de Castille,
ce sont là trois gloires de notre France.
mais placer sur la même ligne madame de
Sévigné, c’est, nous devons le dire, ouvrir
les rangs à des personnages secondaires.
Que madame de Sévigné soit encore de nos
jours un modèle du style épistolaire, per-
sonne ne voudra le contester. On la tiendra
pour inimitée peut-étreaussipourinimitable,
on aimera sa grâce, sa naïveté, on répé-
tera ses bons mots, comme s'ils n'étaient
dits que d'hier, mais sa tendresse de mère
ne passera jamais pour une de ces passions
grandes pour une de ces vertus sublimes
qui font la gloire d’un état, et quelque ha-
bile historien que soit M. le vicomte Walsh,
ceux qui prennent les mots pour ce qu’ils
signifient, auront le droit de lui demander
quelle action d’éclat, quelle noble entre-
prise, quelle découverte importanteapu va-
loir à la mère de M“*de Grignand d'être pla-
cée à côté de la mère de Saint-Louis. La
beauté, l’amabilité, sont deux vertus sans
doute, mais elles sont les vertus de la vie
commune ; le bon style aussi est une qua-
lité dans un ouvrage, puisque seul il ouvre
à un auteur les portes d’une Académie et
à ses ouvrages la bibliothèque de l’homme
de goût, mais en somme, ce n’est pas ie
style qui fait les actions d’éclat, qui fonde
les états, les sauve ou les gouverne.
C.-B. F.
© ÿE——
ARCHÉCLOGIZ.
Canton de Saujon, arrondissement de Saintes
(Chkarente-fnf.)
Commune DE Cozes. — Le territoire de
cette commune est très productif en grains
et possède plusieurs manufactures d’an
drap de laine gris très usité par les paysans.
De là peuvent proveuir le nom du bourg;
Cozzo, vêtement de laïne appellé cozetta
par les lialiens; ou cozolium, mesure de
grains. Vingt quatre cozolia font un sextier
(Carpent.) : Dueange écrit coyzium.
Cozes a été une mansion romaine. Lors-
que les Romains établirent une grande voie
entre T'amnum sur les bords de la Gironde
et Jfediolanum ou Saintes , ils la firent pas-
ser de Falmont actuel à Arces, À Théon
qu’elle laissa à droite, à Cozes,qu’elle cotoya
en laissant le village à gauche, aux Sou-
lards, à Morigrac, à Fougerade, aux Arè-
nes, au Fief-Gallet, aux Gaïllots, À Chadi-
gnac, et elle venait aboutir vis à vis la
Motte-&-Leu, à la voie militaire de Norio-
regum, à Alediclanum. Cette route impé-
riale indiquée sur la table théodosienne
devait être alors la seule pratiquée, puis-
qu'on lit T'amnum, puis Aediolanum, sans
aucune indication de la station de Noviore-
gum signalée danS l'itinéraire d'Antonin.
Nul doute que les changements survenus
dans le parcours de la Gironde et dans les
modifications survenues dans la Seudre,
aient fait négliger peu à peu les établisse-
ments importants placés sur les rivages et
dans les ruines nous sont revelées depuis
quelques temps. Les champs à droite de
Cozes sont remplis de débris de briques
romaines et les habitants ont conservé à
cette zône le nom de Foie romaine. Fhéon,
qui appartenait pout-être à Théon, l'ami
du poète ausone, possesseur d'une autre
propriété du même nom dans le pays d'Ar-
vert, à été un manoir du moyen-âge, à
|
|
|
|
163
entour duquel les débris de tuiles à re-
words sont excessivement communes. Le
‘ief-Gallet, où passait la voie romaine qui
ous occupe, à lui-même conservé des
aces de l'ancienne chaussée. Cette route
jevait passer aussi à Foungerade, car un
‘hamp a donné en abondance des débris de
rriques, des vases et divers autres objets
intiques. Le Champ-Grélon, proche Saintes,
Fà cette voie de Tamnum aboutissait à
iZediolanum. a fourni également de grandes
uantités de briques, et quelques unes ayant
incore 0,55 cent. de longueur.
L'église de Cozes est dédiée au prince des
Hpôtres. C'est un vaste vaisseau presque
intièrement restauré dans le quatorzième,
It malgré les mutilations qu’il a subi, on
retrouve encore au chevet trois fenêtres
ccolées, du douzième siècle, ayant des
* culptures romanes, des colonnettes fluettes
lux angles. Les autres fenêtres à ogives
rent du quatorzième siècle. Il en est de
\nême du clocher qui est carré, à quatre
Jontreforts massifs et droits, terminés par
ljuatre pignons aigus et qui est surmonté
lun pyramidion à huit faces, percé de
nuit baies ogivales, ouvertes ou bouchées
Lt coiffé d’une toiture à quatre pans.
| Il ne reste que quelques ruines du chà-
eau féodal de la Ferrière, qui avait d'assez
|rastes souterrains : les débris existants da-
rent de l’époque de la renaissance.
Commune pe GRÉzac : Gresiacum. Le sol
lune partie de cette commune est siliceux,
| Poù lui vient son nom, dérivé de Gresun
ou Gresium, champ où le silex abonde. La
désinence ac, dérivée d’acum signifie lieu
habité, et fait remonter à l'époque romaine
a plupart des villages dont te nom finit
ainsi. La terminaison en ac est excessive-
ment commune en Sxintonge.
M. Gauthier, dans sa statistique (p.140),
ndique , à quelque distance de la Seudre
es ruines d'un ancien monastère, dont il
. ne reste plus que des pans de murs avec des
sculptures romanes et des voûtes.
L'église du hameau de Grézac est sous le
vocable de saint Symphorien. Son archi-
Itecture est fort curieuse, et il existe fort
peu d’édifices religieux bâtis sur ce modèle
|en Saintonge. C'est un vaisseau large,
‘écrasé, dont la façade présente à droite un
«petit clocher à six pans, coiffé d’une toîture
jaigue à six faces, et à gaache deux contre-
|forts, de la même époque que le clocher,
c'est à dire da dixseptième siècle. Sur cette
lfaçade est simulé un immense portail ogi-
val, qui en occupe toute l'étendue, Cette
ogive surbaissée et largement ouverte, a
| Lrois voussures en volute et trois colonnet-
hs ste DE
tes. Dans cette ogive simulant le portail et
bouchée, sont deux arcs plein-cintre acco-
E lés, appuyant au milieu sur une seule co-
l .
.'onne, Ces deux arcs simulent deux portes,
|dont l’une estouverteetl’autrebouchée Une
{
“console qui coupela façade etla deuxième
assise, présente deux fenêtres ogivales fer-
“mées, ayant de pieuses images sculptées
ne lenr plate-bande et des animaux sur
À
le côté. Tout accuse le faire du douzième
siècle dans ce frontispice.
L'apside est remplacée par un chevet
‘droit, au milieu duquel s’ouvrent deux fe-
|nêtres accolées de la fin du douzième siècle,
fenêtres en ogives largement ouvertes, à
jarchivolte bordé. Une portion attenante à
= chevet et qui a dû dépendre de l’apside
primitive, est à demi-arroudie et porte en-
|core des modil'ons romans, et les pleins-
ciatres du onzième siècle, des fenêtres dis-
posées en arcature. J'ai fait dessiner cette
16%
église sous ses deux aspects, eton la trou-
vera dans mon portefeuille avec toutes
celles que j’ai déja décrites.
Commune DE SEmussac-EN-Dinonne. Le
territoire de cette commune qui est crayeux
et arvileux, ne produit guère que des grains
de toutes espèces. De ce genre de produc-
tion découle le nom de Semussacum , de
Semeurus, Terra Semeura, et Acum, lieu
habité. Les Romains avaient établi une
mausion en ce lieu, et on a déblayé entre
La Tallade et Trignac des restes de voûtes
enfouies sous le sol, dont l’appareil et le
ciment étaient d’origine romaine évidente,
Ces débris placés près du vieux castrum de
Didonne, se trouvaient sur les bords d'une
voie romaine qui devait longer Cozes et se
rendre à Médis. Le castrum de Didonne,
placé sur un territoire consacré par les
Celtes au culte du druïdisme, était le siége
d’une baronnie, dont le maréchal deSennec-
terre a été le dernier suzerain. Le château
actuel est de l’époque de la renaissance.
L'église est moderne, et a été rebâtie en
1780. Un acte du 10 juin 1,366, fait hom-
mage au prince d'Aquitaine et de Galles de
sa seigneurerie de Didonne par Soudan de
Latran, fait seigneur de Montendre. Bousi-
gnon fait venir le nom de Didonne, des
mots celtes : di, le jour, et cunum, éléva-
tien.
Commune DE Mécuers. Le bourg de Mé-
chers, situé sur le bord de la Gironde, a
été jadis une petite ville dont le port était
très-fréquenté. Les Espagnols la bombar-
dèrent en 1620. Le nom de ce bourg doit
être Cette; mais nous en ignorons la signi-
fication. En 1840, on a découvert, à une
faible distance de ses murs, un dolmen
parfaitement bien conservé, dont la table
était formée d'un puddisg ayant des ro-
gnons siliceux de la grosseur d’un œuf et
ornés de vives couleurs. Gette tabie mesu-
rait 62 centimètres d'épaisseur. Méchers
est dédiée à saint Saturnin, elle a été rebâ
tie plusieurs fois, et la nef a même été re-
faite il y a quelques aunées au plus. Le
clocher actuel en est la seule partie un peu
ancienne. C’est un morceau d'architecture
du style ogival du xv° siècle, lourd, qua-
drilatère, ayant une tourelle hexagonale
s'éievant jusqu’à la première assise, ayant
quatre baies ogivales brochées. La dernière
assise a deux longues fenêtres en ogives,
très-étroites et épaisses accoltes. Des quatre
clochetons avec pinacle, quatre angles du
sommet ayant aujourd'hui ua toit plat, il
n’en reste plus que deux,
Commune De T'ALmMONT, tamnum de l'Iti-
néraire d’'Antonin. Le nom de Talmont,
est Celte, et vient de tal, hant. front,
borne. Le coteau sur lequel est bâti le bourg
est la limite des eaux de la Gironde qu'il
surplombe à une assez grande élévation.
Tamnum était, lors de l’occupation de la
Saintonge par les Romains, une mansion
militaire placée sur la voie de Burdisala
par Blavia à Mediolanum (Saintes). Ce
nom est écrit Lmnum sur la carte de Peu-
tinger. Valois et D’Anville ont admis que
Tamnum de itinéraire d’Antonin était
Talmont actuel , et que Nov:oregum était
Royan. Quant au Novioregum , il est placé
avec juste raison à Toulon ; mais T'amnum
a été, d'un avis unanime, conservé au
bourg actuel de Talmont. La carte d’An-
tonin , en donnant la route de Bordeaux à
Autun, cite: Blavio, M. P.xvin; Tamnum,
M. P. xvi; Novioregum, M. P. x, Medio-
lanum Santonum, M. P. xx; et celle de
Théodose cite : S'inus aquaticus ; Burdigala
165
ix, Blavia xxix, Lamnum xin et Mediolano
sanctonum xVI. M. Hue a placé le Tamnum
des Romains à Saint-Ciers du Taïlion.
Bourignon (Rech., p. 290), cite l'opinion
de Beverus qui voit dans Talmont le pro-
montoire des Pictones, et celle d’Ortellius,
qui retrouve dans le Tmnnum le Tano de
la Gaule-Lyonnaise. « Talmon, ajoute cet
érudit, doit venir de Talum mundi, la fin de
la terre. Il place la imansion romaine à un
quart de lieue du bourg actuel, aux alen-
tours du village de Barzan. « La voie ro-
maine, dit Boarignon, après avoir traversé
cette station, s'éloigne un peu de ja côte,
pour passer à Aaces et à Semussac, et de là
en ligne directe à Médis, où l’on a décou-
vert une voûte et des fragments de briques
romaives. » Dans le champ de Pevels, situé
sur Ja route de Talmont à Novioregum, on
trouve encore des masses de fragments de
briques antiques.
Le nom de Talmont est écrit Talamon
dans un titre d'Edouard IT, de 1308, con-
servé dans les rôles gascons. C'était une
principauté appartenant à la famille his-
torique des Latremouille, et plus tard, au
même titre, à celle des Montansier (Mai-
chin, p.166.).
Un autre Talmont existait aux environs
des Sab'es-d'Oionne. Il est cependant pro-
bable qu'il est question du Talmont Sain-
tongeois dans une charte de 1080, qui
fait cession au prieuré de Fontaines, par
jugement du seigneur d? Talmont, de
terres situées près le monastère d’Angles.
Le castrum de Talmont est ruiné. Son
église placée sur le point culminant de la
falaise, que ruinent eu dessous les vagues,
occupe une position des plus pittoresques,
et tôt ou tard disparaîtra par l’usure du
sol qui la supporte. On voit que la mer a
déjà rongé une bande de terre, assez épaisse
pour arriver jusqu’au côlean sur lequel
elle est bâtie, et qui devait être assez éloigné
du rivage proprement dit dans les premiers
siècles de notre histoire. Cette église est
une véritable basilique , avec nef ét tran-
sept, dédiée à sainte Radégonde, la reine-
nonne des Poitevins, et du style roman du
onzième siècle le plus fleuri et le plus orné.
Besly nous a conservé la date de l’édifica-
tion de ce monument religieux (p. 444):
il dit dans la Vie de Guiilaume VI ou le
hardi : « Le sire de Talmont, bâtit en Pan
1040 Sainte-Croix de Thalmont ; » Ii se
pourrait toutefois que cette citation soit re-
lative à la fondation de l'église de Talmout
proche les Sab'es-d’Olonne.
Daos l'édifice actuel du Talmon qui vous
occupe, tout annonce la puissance dés fon-
dateurs et la richesse des seigneurs de cette
localité, en même temps que le faire du
onzième siècle, arec des restaurations pos-
térieures. La facade occidenta!e a un porche
barbare et une fenêtre ogivale du quinzième
siècle, et sous le porche un portail ogival à
pauaches et à gouttières du commence-
ment du seizième siècle. L'apside est semi-
arrondie, fort élevée, À trois assises, dont
les pleins cintres décrivent des arcatures
bouchées, à archivolles garnis de dentelu -
res. Des colonnettes séparent les aires de la
surface et des tailloirs marquent chaque
étage. Desrière les deux transepts sont deux
chapelles accolées et sans ouvertures. Le
bras septentrional a trois portails romans
en arc-de-triomphe. Les deux latéraux ont
toujours été bouchés, et celui du milieu,
rempli postérieurement et percé d’une porte
batarde a deux voussures, encadrées par
un tailloir en ressaut. La deuxième assise
166 167 168
présente une suite de pleins cintres à pen- BIBLIOGRAPHIE CONSEILS aux ouvriers sur les avantages des
ditifs, et une corniche À modillons sur la- N caisses d'épargne et de prévoyance, — Paris, chez
quelle est percé un œil-de-bœuf précédant CONSIDÉRATIONS historiques et critiques sur | Tètu, rue J.-J. Rousseau,
une attique bâtie postérieurement. Des ou- | les vitraux anciens et modernes etsur la peinture sur INSTRUCTION PASTORALE sur le schisme de
vertures romano-ogivales du douzième | verre; par Émile Thibaud. — A Clermont-Fer- | France, par le cardinal de La Luzerne. — A Pa-
atele occupent la première assiette l'ap- rand, chez Thibaud-Landriot, chez l’auteur; à Pa- | ris, chez Méquignon Junior, rue des Grands-Au-
side et accusent un remaniement de cette ri chez COUR er Amber Busins
partie, J’ai fait exécuter plusieurs dessins CLASSIFICATION et caractères distinctifs des L'INTÉRIEUR D'UN PENSIONNAT; par ma-
à l’aquarelle et à la mine de plomb , de | champignons comestibles et des champignons véné- dame Caroy. Revue par M. l'abbé Rousier. — À
cette église fort remarquable. Lesson. | neux. Fee Fe NARNIA LRAANL ET AIpAr Le PES
EXPOSITION des principes actuels de la philo- FUIT AE mass
## | sophie; par M. Edouard Cournault. À Paris, chez PRO oras et Rene prises
ANR ED Eu TEE Ladrange, quai des Augustins, 19. AE CEE nt A Compiègne, chez Langlois
Le vicomte À. DE LAVALETTE. LE BON JARDINIER , almanach pour l'année HISTOIRE maritime de France depuis les temps
1845.— À Paris, chez Audot, rue du Paon. anciens jusqu’à nos jours ; par Léon Guérin. À Paris,
chez Ledoux , rue Guénégaud, 9.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, — DECEMBRE 1842.
|
Ê MIDI, 3 HEURES DU SOIR.| 9 HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS
\ = DR. PO air
T à
| se Therm. | &| Barom. | Therm.
E extér. = | à Oo. extér. CIEL A MIDI. MIDI.
ñ 1 7 A 3 2 À
PER m'lmn) de HP |
ll) 3 | 765,37 1,1 6,2 753,61 7,4 433 7,9 0,5 |[Beau. S.
ë Ë LS 0,4 5,3 155,98 4,4 2,9 6,0 1,8 |Brouillard épais. S.
ë ee 0,4 5,4 156,54 4,8 0,8 5,0 0,8 |Brouillard. épais. S.
| , pute La ve re 0e De 4,4 2 sa épais. SR à
is , » , 54 ,0 1,7 ñ iel voi 5 . AN. U.
8 | 766,55 0,4 2,0 158,83 3,0 0,6 3.0 19 [Brouillard léger. [N. N.E.
ia) t ul A
; 2 , 2, 4, 1 4, #, rouillard. Ê
ÿ| 11 | 760,69 0,3 8,9 741,12 114,0 11,2 11,3 3,5 [Brouillard trés léger.|E. S. E.
F| 12 | 760,10 47 413,2 746,28 | 134 8,0 14,0 8,8 |Couvert. S.
5 13 | 762,76 7,1 11,0 750,55 | 106 11,4 118 6,9 |Beau. 1
5| 14 | 762,96 1,6 11,9 753,65 | 12,6 752,03 9.8 12,8 8,0 |Beau. S. E.
ë| 145 | 764,45 475 45,0 750,56 | 151 75148 | 128 15,5 9,1 |Beau. S. E.
#| 16 | 763,46 0,5 11,3 749,34 | 1421 750,41 89: 2.0 9,5 |Beau. S. E.
à] 17 | 761,39 0,7 4,2 760,06 4,9 766,28 0,9 5,0 2,9 |Couvert. S.O.
É 18 | 766,74 S,8 2,8 774,70 4,0 772 10 0,7 4,3 1,8 |Couvert. 0.
ë| 19 | 772,20 6,0 1,3 767,11 2,1 762,54 1,8 12,3 3,8 |Couvert. 0.S. 0.
4, 20 | 771,06 61 10, à | 749,97 | 112 | | 749,35 T8 1,8 1,0 |Couvert. 0: S. 0.
ë| 21 | 766,84 8,2 6,3 751,00 5,9 752,70 3.0 6,5 5,0 |Pluie fine. S. O.
ï 22 | 765,41 8,8 4,9 740,02 40,0 743,56 7,3 10,3 0,0 |Couvert. O.S. O.
Ë| 23 | 753,24 77 5,9 747,23 7,2 TA,43 5,4 7,0 4,1 |Couvert. ! 0.S. 0.
ä| 2% | 752,06 5,0 10,0 737,86 9,2 738,97 58 10,0 4,4 |Beau. N. O.
| 25 | 757,77 0,4 6,5 736,63 8,7 738,55 48 8,0 4,9 |Beau. O. N. O.
3) 26 | 755,96 0,6 3,6 739,47 5,3 743,13 23 5,2 0,5 |Beau. S. O.
27 | 747,03 5,6 .T,0 744,80 76 738,59 8,3 9,0 1,5 |Trés-nuageux. 5. $. O.
ë| 98 | 758,32 1,4 154 736,29 | 152 744,94 8,7 15,8 8,1 |Beau. (0. S. O.
ñ| 29 | 768,01 1,0 8,1 748,73 8,7 747,34 5,7- 9,2 5,6 |Beau. LE.
ë| 30 | 768,51 8,4 40,4 751,29 9,7 760,03 5,8 0,2 5,0 |Couvecrt. 0. S. O.
| 31 | 766,93 8,8 8,6 764,06 9,3 762,17 9,8 9,9 8,0 |Couvert. 0. S. O0.
| 1 | 765,81 765,49 2,3 764,179 3,4 0,5 [Moyenne du 4 au 40 |Pluie en cent.|$
2 | 764,58 764,15 7,0 763,82 8,1 1,9 [Moyenne du 11 au 20 Cour. 0,915.|f
| 3 | 743,40 758,38 6,6 758,74 7,4 34 [Moyenne du 21 au 31|Terr.’ 0,650. 8
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D [D' QUESNAV EME) de Saint-Esprit; Vie de la reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Gode-
Fubricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin, de l'Institut, etc. froy de Bouillon, par M. D'Exauvilliers ; Fie de Saint- Vincent de Paul » par
l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné ; par M. le vicomte de Walsh: Pie
Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages). | de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy; Fie de
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de chimie l'abbé de L'Epée, par Duplessy: Vie de Mallebranche, par Lourdoueix ; Vie
et de physique , dont ce jonrnal est, pour les travaux des savanis étrangers, | Qy cardinal de Bérulle, par l'abbé de Genoude : Pie du connétable de Clis
le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à la Revue Ve = :
RSS den à A RAR È FR on, par M, de Clisson; D rt, par M. Alfred de Servich.
pour deux années à la fois ont droit à l’istoire de La chimie de F. Hoëfer, for- son, par M. de Clisson; Pie de Colbert, par
mant deux volumes in-8° de 17 francs. —————— — —— ———————— —————————————…—…—…— _ —
Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de ?0 fr. par année
pour Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au Pants. — Imp. de LACOUR et MAISTRASSE fils,
Bureau de la Revue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans ne £aint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
doivent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l'Histoire de la
chimie par la poste.
|
10: année.
L'EC
L :
SOMMAIRE. - SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE APPLIQUEE. Expérience sur la per-
| œméabilité des liquides pour le gaz; Desjardin.—
CHIMIE INORGANIQUE. Sur les concrétions
intestinales d'animaux connues sous le nom de
bezoards; analyse d’un nouveau bezoard minéral;
Guibourt. — SCIENCES NATURELLES.
SCIENCES MEDICALES. ANATOMIE. Nouvel-
les recherches sur le cervelet; Forville. — ZGO-
LOGIE. Description de trois nouvelles espèces
d'animaux mouches; Bourcier. — SCIENCES
APPLIQUÉES. SOCIETE D'ENCOURAGE-
MENT. Séance du 27 janvier; Francœur. —
ARTS MECANIQUES. Machines pour forger ;
Hyder. — Modifications dans les machines à fa-
briquer le papier. — AGRICULTURE. Considé-
rations sur les céréales et principalement sur le
froment ; Loiseleur de Longchamps.—ANIMAUX
DOMESTIQUES. Résultats obtenus par M. Texier
en élevant dans le Poituu es chevaux de sang
nés en Limousin.—MEDECINE VETERINAIRE.
Maladie analogue au hoquet de l'homme obser-
vée sur un cheval; Paiu. — SCIENCES HIS-
TORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MO-
| RALES ET POLITIQUES. Séance du samedi 21
| janvier, — ARCHÉOLOGIE, Habitation de l’ar-
| chitecte Philibert Delorme. — GEOGRAPHIE,
! Défrichement du lac de Haarlem en Hollande. —
| FAITS DIVERS. — BIBLICGRAPHIE.
SCIENCES PHYSIQUES.
| PHYSIQUE APPLIQUÉE.
. Expériences sur la perméabilité des liquides
pour les gaz; par M. Dujardin.
! La moelle blanche des tiges de plume, et
les autres substances sèehes formées d’an
“amas de cellules closes, comme le liège,
la moelle de sureau, etc., étant coupées
|en lames minces et soumises au micros-
cope entre des plaques de verre avec un
. liquide, laissent voir dans chaque cellule
une bulle d'air qui bientôt, par suite de
. l’imbibition du tissu, devient globuleuse.
| Celles des bulles d’air qui sont plus près du
. bord se d'ssolent peu à peu et disparais-
| sent successivement, comme quand un gaz
se dissout.
Ce phérromène est d'autant plus pro-
|noncé que le liquide est plus susceptible
| d'imbiber le tissu, et que les bulles d’air
sont plus petites et plus isolées ; il est sur-
tout d'autant plus visible que le contact du
| liquide avec le tissu est plus récent. Ainsi,
en faisant arriver, par capillarité, une huile
| ire sur des lames de moeile de plume, on
voit d'abord des bulles larges de 1750 de
| millim. disparaître en moins de deux mi-
\nutes; un peu plus tard, il faut à des bulles
| pareilles cinq à six minutes pour se dis-
| soudre, et au bout d’une ou deux heures,
| fes bullés sont une demi-heure et plus à se
dissoudre.
La disparition d’une de ces bulles suit
une marche’ singulièrement accélérée, et
qui paraît en rapport avec la diminution
| de son volume. Ainsi, une bulle, dont le
Î
Paris. — Dimanche, 29 Janvier 184.
HS ee — — ——
DU MONDE
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
décroissement a paru d’abord insensible,
décroît très rapidement et à vue quand son
diamètre est devenu quatre ou cinq fois
moindre (ou son volume soixante-quatre à
cent vingt-cinq fois moindre), comme si le
liquide environnant devait dissoudre un
même volume dans le même temps.
Sur un groupe de bulles d’air contenues
dans autant de cellules, action du liquide
ne s'exerce pas uniformément; ce sont
d’abord, seulement, quelques unes des
bulles extérieures qui sont dissoutes, et
pendant ce temps-là les bulles centrales se
gonflent plutôt qu’elles ne diminuent ; en-
suite, les premières bulles étant dissoutes,
d’autres bulles, devenues extérieures, com-
mencent aussi à se dissoudre, et les bulles
du milieu ne se dissolvent que quand
toutes les autres ont disparu.
On peut faire la même expérience avec
les baciliariées dont se compose le tripoli
ou la farine fossile, en y ajoutant de l'huile.
il en est de même aussi quand on a laissé
sécher entre des plaques de verre des ba-
cillariées vivantes, et notamment la Syne-
dra ulna, en forme de prisme creux, long
de 1/4 de millim. et épais de 17100 de mil-
limétre; en faisant arriverl'eau par capil-
larité, on voit l'air contenu céder la place
à ce liquide en se dissolvant à vue d'œil. Des
observations analogues se font fréquem-
ment, si l’on ajoute de l’eau à des lames de
divers tissus végétaux, ou à des animaux
articulés microscopiques qu’on a laissés
sécher entre les plaques de verre sous le
microscope. Cette eau dissout rapidement
l'air occupant les cavités tubulaires ayant
moins de 1 centième de millimètre.
On observe d’ailleurs aussi que de très
petites bulles emprisonnées simplement
entre des lames de verre avec un liquide,
sont dissoutes ou absorbées, quoique bien
plus lentement que si elles sont enfermées
dans les tissus organiques.
Dans les expériences faites sur une plus
grande échelle, le phénomène est notable.
ment influencé par la température, par la
pression, et surtout aussi par la volatilité
du liquide, dont Ja vapeur peut augmenter
le ressort de l’air ; c’est en partie pourquoi
l’action de l’eau est moins prononcée que
celle de l'huile fixe.
Les lois de la capillarité ne peuvent suf-
fire pour expliquer ce phénomène; mais,
pour expliquer comment le gaz perd ainsi
son état Clastique au contact du liquide
qu'il doit trayerser, il faut admettre une
autre cause, vraisemblablement analogue
ouù identique à celle que M. Dutrochet a
signalée récemment, ceite cause agissant
d'autant moins que Île contact est plus pro-
longé, puisque les dernières bulles d’air
sont dissoutes bien plus lentement que les
premières.
K° 6.
SAVANT.
RE ous
,; ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUBI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARïS, rue des
PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal { PARIS pour un an
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peuvent recevoir pour GINQ fr. par an et par recueil lÉCHO DB LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte A. DE MAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant.
mt
CHIMIE INORGANIQUE,
Sur Les concrélions inleslinales d'animaux con-
nues sous le nom de bésoards, suivi de l'ana-
lyse d'un nouveau bézoard minéral ; par H.Gui
bourte -
Depuis que Fourcroy et Vauquelin ont
annoncé que les bézoards d'animaux, les
plus fréquents et les plus volumineux,
étaient formés de phosphate ammoniaco-
magnésien, cette opinion a éprouvé si peu.
de contradiction, surtout pour ce qui re-
garde l'espèce chevaline, qu’il est généra-
lement admis aujourd’hui que toutes les
concrétions intestinales de chevaux sont
formées de phosphate ammoniaco-magné-
sien. Il est dès lors fort remarquable que
sur cinq calculs intestinaux d'animaux,
dont je viens de faire l’analyse, il n’y en ait
aucun qui offre cette composition.
Le premier de ces calculs, qui est attri-
bué à un cheval et qui ne pèse pas moin
de 1088 grammes, est composé d’oxalate de
chaux contenant une petite quantité 4£
sulfate de la même base. C’est la premjere
fois, je pense, que l'on trouve un bézéätd-
animal ainsi composé. ETES
Un second calcul intestinal d’'herbivèré;
du poids de 125 grammes, que je possédajs Ée
depuis long-temps, m'a offert exactemen®T
la même composition: oxalate dechaux mc-
Jangé d’une petite quantité de sulfate.
Un troisième bézoard, qui n’a été donné
par M. Lassaigne, comme étant un calcui
intestinal de cheval, m’a offert une compo-
sition plus compliquée, mais dans laquelle
on retrouve encore les deux sels précé-
dents. Ce calcul est composé de :
Carbonate de chaux. .. . .:. 43,55
Oxalate de chaux. .. .. . . 34,30
Sulfate dé-chaux..:.:4:, 2.211295
Carbonate de magnésie. . . . . 2,34
Graisse, matière jaune et chlo-
Lure SOdiques: 40m: 001 4237
Matière extractive. :. . . . : 1,17
Ligneux, matière jaune et
MUCUS. . . +. « «.. . . . « 13,02
au ss lumens ee AS
100,09
Un qnatrième calcul, désigné sous le
nom de bézoard occidental, s’est trouvé
formé de phosphate de chanx mélangé d’un
peu de phosphate ammoniaco-magnésien.
J'ai jugé peu important d'en déterminer
l'exacte proportion, mais ce bézoard m'a
permis de faire une observation que je ne
crois pas dénuée d'intérêt,
Fourcroy et Vauquelin admettaient,
parmi les bézoards animaux, des calculs de
phosphate ammoniaco-magnésien, des cal-
culs de phosphate de magnésie, et des cal-
culs de phosphate acidule de chaux, con-
tenant quelquefoisun peu de phosphate de
magnesie. Îl n’était pas question dans cette
nomenclature du phosphate de chaux neu-
ee
172
tre ou basique, dont la présence dans les
caleuls était cependant bien plus probable
que celle d'un phosphate acidule. Aussi
Vauquelin a-t-il ajouté plus tard à cette
classification des caiculs de phosphate de
chaux, ce qui n’a pas empêché M. Berzé-
hus de remarquer que l’existence de cal-
culs de surphosphate calcique n’était rien
moins que vraisemblable.
Or, voici ce qui m'est arrivé en analy-
sant le quatrième bézoard dont je viens de
parler. Ce bézoard, étant bouilli dans l’eau
y perd le tiers de son poids, et forme une
solution de phosphate acide de chaux mé-
langé d'un peu de phosphate de magnésie.
[1 semble dès iors que Vauquelin avait eu
raison d'admettre des calculs de phosphate
acidule de chaux; mais, comme, en exami-
nant le résidu insoluble dans Peau, je l’ai
trouvé composé de phosphate sesquibasique,
il devenait certain que le calcul était formé
de phosphate neutre que lébullition dans
l'eau avait changé en surphosphate soluble
et en sousphosphate insoluble. J'ai d’ail-
leurs vérifié par expérience que le phos-
phate de chaux neutre et même légère-
ment basique, comme on lobtient toujours
artificiellement, se décompose de la même
manière dans l'eau bouillante, Le phos-
phate de magnésie neutre éprouve la même
décomposition; le phosphate ammoniaco-
magnésien lui-même, soumis à une longue
ébuilition dans l’eau, perd toute son am-
moniaque, et se convertit ea surphosphate
de magnésie solable et sousphosphate in-
soluble. A
Je passe sous silence une cinquième
espèce de bézoards que je crois originaire
d'Asie, et que j'ai trouvée formée de phos-
phate de chaux mélangé d’une petite quan-
tité de phosphate de magnésie, tous deux
neutres et décomposabies par l’eau, et
j'arrive aux véritab'es bézoards orientaux
que Fourcroy et Vauquelin ont décrits sous
le nom de bésoards résineux, et dont ils
ont distingué deux espèces, les bézoards
résineux verts, et les bruns fauves.
J'ai été à méme de vérifier l’exactitude
de cette distinction, et l’on me permettr#
de m'y arrêter, en raison de la présence
de l'acide lithofeilique dans l’une des deux
espèces et non dans l’autre.
La première espèce de bézoards rési-
peux est formée de couches concentriques
de différentes nuances de vert.
Loin d'offrir aucune structure cristal-
line, ce bézoard présente la cassure nette
et luisante d’un morceau de résine; il est
fragile, d'une pesanteur spécifique de
1,132, amer au goût et doué d'une odeur
aromatique végétale ; il est très-fusible,
brûle avec flamme, est soluble dans l’al-
cool, même à froid, et Jorsque la liqueur
a été faite à chaud et concentrée, ou qu’on
l'évapore suffisamment, elle laisse cristal-
liser une matière blanche et brillante,
obtenue par Foureroy et Vauquelin, et
que M. Gôbel a nommée acide lithofel-
ligue, après en avoir étudié plus compléte-
ment les propriétés.
La seconde espèce de bézoards résineux
est d'une couleur fauve, à couches con-
centriques, et à cassure résineuse comme la
précédente. Elle pèse spécifiquement 1,595,
ne se fond pas au feu, est fort peu soluble
dans l'alcool, même à l’aide de la chaleur:
cépendant Palcool refroidi laisse déposer
une matière cristaline qui diffère de l’acide
lithofellique par une solubihté beaucoup
plus faible dans l'alcool, et par son inso-
lubilité dans l’'ammoniaque, qui d’ailleurs
173
la dénature et lui enlève sa solublité dans
l'alcool et sa propriété de cristalliser.
La partie du bézoard fauve, insoluble
dans l’alcool, est principalement composée
de cette matière jaune dont M. Thenard a
sigualé l'existence dans les calculs biliaires
d'un grand nombre d'animaux, et à la-
quelle j'ai reconnu quelques propriétés
nouvelles ; mais ce résidu contient encore
d’autres principes à réactions intéressantes,
qui devront être vérifiées et approfondies,
lorsqu'on pourra y consacrer une plus
grande quantité de substance première.
Quant à l’origine de ces concrétions, le
bézoard fauve dont je viens de parler, me
paraît identique avec ceux envoyés en 1808
par le shah de Perse à Napoléon, et dont
l'examen chimique fut confié à Berthollet,
C'est probablement aussi la pierre de porc
dont il est parlé dans un grand nombre
d'ouvrages, et d’ailleurs l’odeur que ce bé-
zoard exhale lorsqu'on le scie ou qu’on le
pulvérise, odeur tout à fait semblable à
celle qui se dégage d’un mélange de sang
de porc et d’acide sulfurique, vient ap-
puyer cette supposition.
Quant aux bézoards résineux verts, que
lon peut nommer aujourd'hui bézoards
lithofelliques, 1 me paraît certain que ce
sont ceux de l’wgagre ou de la chèvre Pa-
sen, de Perse, décrite par Kœmpfer; et à
l'occasion del’insistanceavec laquelle Koœm-
pfer cherche à prouver que les bézoards
doivent presque directement leur forma-
tion et leurs qualités particulières aux sucs
résineux de quelques végétaux que les
chèvres broutent dans certaines parties de
la Perse ; j'ai mentionné un autre fait qui
m'avait montré depuis long-temps qu'il
existe un rapport remarquable entre les
végétaux dominant d’une contrée et cer-
taines sécrétions proiluites par les animaux
qui les habitent. Aujourd’hui, sans doute,
rien ne paraîtra plus naturel; car s’il est
prouvé que les: animaux herbivores ne fa-
briquent pas les matériaux de leur nutri-
tion, mais les prennent tout formés dans
les végétaux, que veut-on que ces animaux
fassent des résines, des huiles volatiles, des
matières colorantes qui leur sont inutiles
ou nuisibles, si ce n’est de les déposer dans
des organes qui, d’abord, les retirent de
la circulation, pour ensuite les verser au
dehors sous forme d’excrétion? Il
ques années, j'aurais à peine ose le dire;
voici cependant le fait qui m'avait conduit
vers cet ordre d'idées.
1l existe deux sortes principales de casto-
réum : lune venant du Canada et de la
baie d'Hudson, l’autre de la Sibérie. Ces
deux productions d'un même animal, ont
une odeur et une composition fort diffé-
rentes. Le castoréum d'Amérique possède
une odeur dont j'ai trouvé lanalogue dans
la résine de plusieurs pins, et surtout dans
celle du pin laricio, qui est la même que le
pin rouge de Michaux. si abondant dans
tout le nord de l'Amérique, et dont l’é-
corce résineuse est nécessairement une de
celles qui servent à la nourriture du cas-
tor du Canada, Est-il donc étonnant qu’on
en retrouve la résine et surtont le principe
aromatique concentré, dans une humeur
sécrétée par des glandes qui font partie de
l'appareil recto-urétral de ce castor? Quant
au castoréum de Sibérie, il est pourvu d’une
vive odeur de cuir de Russie, qui n'est
autre que l'odeur de l’huile obtenue par la
chaleur de l'écorce de bouleau, et cet arbre
est un de ceux qui s'élèvent le plus au nord
dans l’ancien continent, depuis la Norvège
a quel-
174
jusqu'au Kamstchatka. Que l’on veuille
bien remarquer de plus que le carbonate
de chaux est un des principes constituants …
de l'écorce de bouleau, et que le carbonate
de chaux, qui n'existe pas dans le casto-
réum du Canada, forme du quart au tiers
de celui de la Sibérie, et l’on sera persuadé
que la différence des deux sécrétions ne
üent qu’à celle desécorces dont les éléments
les produisent. La même diversité d’odeur
et de qualité des muscs tonquins et kabar-
dins ne peut-être expliquée non plus que par
celle des végétarx dont se nourrit le porte-
muse.
Le Mémoire de M. Guibourt est terminé
par l'analyse d’un bézoard minéral qui fai- M
sait partie d’une collection de roches, for-
mées par M. Pelletier. Or, tandis que les
auteurs les plus modernes ne font mention
de ces sortes de concrétions que pour les
assimiler à la chaux carbonatée pisiforme.
M. Guibourt a trouvé celle-ci composée de
phosphate de chaux sesquibasique combiné.
à 6 atomes d’eau; c'est une nouvelle espèce
minéral que M. Guibourt propose d’appe-
ler Pelletiérite, en honneur du savant dont
le nom est encore dans tous les esprits.
SCIENCES NATURELLES.
SCIENCES MÉDICALES. — ANATOMIE.
Nouvelles recherches sur l'anatomie du cervelel;
par M. Forville,
Il existe entre le cervelet et les deux nerfs
qui se détachent dela base de son pédoncule,
une continuité de tissu que personne, à ma
connaissance, n’a soupçennée depuis Ga-
lien. Quant à ce grand homme, il a dit:
Cerebrum verd est omnium nervorum mol-
lium origo, pensée susceptible d'interpré-
tations diverses.
Voici, d’ailleurs, comment est établie la
continuité des ner!s auditif et trijumeau
avec la substance du cervelet.
Du tronc des nerfs auditif et trijumeau,
au lieu de leur insertion aux côtés de la
protubérance, se détache une membrane
de matière nerveuse blanche, qu’on peut
comparer à celle qui, sous le nom de ré-
tine, existe à l’extrémité périphérique du
nerf optique, et tapisse l'intérieur de
Pœil.
L'expansion membraniforme de matière
nerveuse hlanche, qui se détache du nerf
auditif et du trijumeau, au lieu de leur in-
sertion à la base du pédoncule cérébelieux,
et beaucoup plus forte que la rétine du
nerf optique. Elle tapisse d'abord le côté
externe du pédoncule cérébelleux, et lui
donne un aspect lisse, différent de l'aspect
fasciculé de la protubérance, de laquelle
procède le faisceau pédonculaire externe du
cervelet.
Cette membrane nerveuse se prolonge
ensuite sous les bases des lobes cérébel-
leux qui se trouvent soudées à sa face ex-
centrique. ;
Tous les lobes dela face supérieure da
cervelet naissent, par ane extrémité simple,
d'une petite bordure fibreuse située sous
la marge commune de tous ces lobes, à la
partie supérieure de la face externe du pé-
doncule cerébelleux.
Cette petite bordure fibreuse se prolonge
dans la substance même du nerf triju-
meau. Tontes les extrémités des lobes céré-
belleux attachées sur cette bordure conver-
gent avec elle dans la direction du nerf
trijumeau, qui semble ainsi leur centre
d’origine. De ce lieu d'origine, tous les
dr éthemintes sf VS sd à. à ,
75
hbes de la face supérieure de lhémisphère
Frébelleux se portent , en divergeant,
ans l’'éminence vermiforme supérieure.
La doublure fibreuse immédiate de tous
s lobes, faisant suite à la bordure fibreuse
imanée du trijimeau, rayonnede cette bor-
ture dans la direction de l‘'éminence ver-
aiforme, répétant au-dessous de ces lobes
‘ont elle est la base, la direction qu'ils
‘résentent eux-mêmes à la périphérie cé-
belleuse.
Voici pour les Iobes de la partie supé-
ieure de l'hémisphère cérébelleux.
Ceux de la partie inférieure de ce même
émisphère se comportent exactement de
taême: par: rapport au nerf auditif. Tous
s convergent par leur exirémité externe,
ans la direction de ce nerf, et sont atta-
hés à la surface excentrique de la mem-
rane nerveuse, qui.en émane, et produit
hne petite bordure fibreuse, au point de
loncours de tous ces lobes, dans la direc-
ion du nerf auditif,
La direction des fibres de cette menm-
brane nerveuse émanée du nerf auditif,
‘st parallèle à celle des bases des lobes cé-
‘ébelleux fixée à sa face externe.
Ainsi, les lobes de la face supérieure de
‘hémisphère cérébelleux sont fixés sur
l1ne membrane nerveuse émanée du nerf
|rijumeau.
| Les lobes de la face inférieure de l’hé-
inisphère cérébelleux sont également sou-
lés à la surface externe d’une membrane
Lerveuse émanée du nerf auditif, de sorte
ue les replis de la couche corticale, qui
sonstituent la partie principale des lobes
rérébelleux pourraient être comparés aux
tranglions développés sur:les racines posté-
‘rieures des nerfs spinaux; surtout si l’on
\emarquait que, par un prolongement ulté-
lrieur de matière fibreuse, que ce n’est pas
re lieu de décrire ici, ces mêmes replis de
ha couche corticale du cervelet se ratta-
|2hent au faisceau postérieur de la moelle.
| Voici maintenant d’autres faits remar-
‘ quables. :
, Des replis internes que présente la mem-
.brane nerveuse blanche, émanée des nerfs
auditif et trijumeau, et combinée avee la
couche corticale du cervelet, se détachent
des cloisons fibreuses, dont les fibres, par
Heurs terminaisons périphériques, pénètrent.
la couche corticale, tandis que, par leur
prolongement centripète, ces mêmes cloi-
sons se rendent à la surface d’un noyau
\fibreux, que revêtait la membrane ner-
| veuse, émanée de l’auditif et du triju-
meau.
La couche la plus superficielle de ce
| noyau fibreux est celle dans laquelle con-
courent toutes ces cloisons fibreuses, qui
| procède de l’intérieur des lobes cérébel-
| leux. Cette couche fibreuse superficielle du
| noyau cérébelleux se rend enfin dans la par-
tie fasciculée du pédoncule cérébelleux qui
‘vient de la protubérance.
; De sorte: que, par sa doublure fibreuse
\1mmédiate, la couche corticale du cervelet
communique directement avec les nerfs
‘auditif et-trijumeau, et avec les organes
sénsoriaux, auxquels se rendent les extré-
mités périphériques de ces nerfs, tandis que,
par les cloisons fibreuses, contenues dans
les replis internes de l’espèce de rétine cé-
rébelleuse de lauditif et du trijumeau,
cette même couche corticale communique
avec les fibres transversales de la protu-
bérance, et par suite, avec les faisceaux an-
térieurs de la moelle.
|
|!
|
|
es
Ces données sont loin de contenir toute
176
l'anatomie du cervelet; elles révelent sim-
plement, dans l’état normal de cet organe,
des dispositions inconnues que je crois im-
portantes. e
L’inspection, post mortem, du cervelet,
chez les aliénés, m’a permis de constater,
un assez grand nombre de fois depuis deux
ans, un état pathologique de cet organe,
consistant en adhérences intimes de sa
couche corticale avec les parties corres-
pondantes de la pie-mèreet de l’arachnoïde.
Cet état pathologique est surtout fréquent
chez les hallucinés. C’est quelquefois la
seule altération qu’on rencontre dans l’en-
céphale de ceux dont le délire avait pour
base unique des hallucinations.
Un semblable résultat, rapproché des
données anatomiques précéaentes, me
semble hautement significatif.
J'ajouterai que, dans bien des cas, la
maladie du cervelet à laquelle je fais allu-
sion a succédé à l’altération préalable de
parties périphériques des nerfs auditif et
trijumeau.
Dans des cas de ce genre, la maladie du
cervelet pourrait être comparée, par rap-
port à sa cause première, à la maladie d’un
ganglion lymphatique, déterminée par la
phlegmasie de quelqu’un des vaisseaux qui
se rendent à ce ganglion.
Il existe entre la couche corticale du cer-
veau, et les nerfs olfactif et optique, des
connexions du même genre que celles que,
j'ai signalées entre la couche corticale du
cervelet, et les nerfs auditif et trijumeau.
ÆZOCLOGIE.
Description de trois nouvelles espèces
d’oiseaux-mouches.
Par M. Jules Bourcies.
OrNismyi4a ALINE. (Adulte). Bec droit,
mince , légèrement renflé vers l’extrémité,
noir ; tête ronde , parée sur le sinciput de
plumes écailleuses d’un vert étincelant, re-
vêtue sur la partie postérieure de plumes
d’un vert semi-doré, qui se continue sur
la nuque , le dos , les couvertures des ailes
et de la queue, tache post-oculaire blan-
che ; ailes falciformes , étroites , aussi lon-
gaes que la queue, celle-ci bifurquée à dix
rectrices entièrement d’un vert bronzé ;
gorge , cou , ventre et flancs couverts de
plumes écailleuses d’un vert giacé très-bril-
lant ; la poitrine marquée d’une tache blan-
che oblongue de 15 mill. de longueur;
cuisses et jambes postérieurement hérissées
de plumes duveteuses d’un très-beau blanc;
région anale garnie des mêmes plumes d’un
gris cendré; couvertures inférieures de la
queue vert brillant. Longueur totale 88
mill. Bec 18 mill., ailes 50 mill. Patrie:
Tuvnja en Colombie.
OrnismyiA Juie. (Adnlte). Bec droit,
court , légèrement dilaté à sa base ; mandi-
bule supérieure noire, inférieure blarc li.
vide sur les deux tiers de sa longueur ; tête
parée de plumes écailleuses semi-dorées
brillantes , occiput, nuque, dos, couver-
tures alaires et caudales d’un vert peu lui-
sant; ailes falciformes, étroites, moins
prolongées que les rectrices ; queue large,
de forme ovale, à dix rectrices entièrement
d’un bleu obscur ; gorge et cou garnis de
plumes écailleuses d’un vert glacé brillant;
thorax et abdomen d’un bleu très-brillant,
tache blanche sur les flanc; ; jambes légè-
rement emplumées ; tarses bruns; région
anale hérissée d’un duvet grisâtre; couver-
tures inférieures de la queue bleu obscur.
177
Longueur totale 77 mill. Bec 46, ailes 44,
queue 30 millim. Patrie: Tunja en Co-
lombie.
Ornismy1a Muisanr. (Adulte). Bec droit,
légèrement renflé vers son extrémité, brun
poir ; mandibules supérieure et inférieure
recouvertes de plumes à leur base; tête,
nuque ; dos , couvertures alaires et cauda-
les d’un vert foncé, un peu bleuâtre, semi-
brillant, tache post-oculaire blanche ; ailes
falciformes étroites , aussi longues que les
rectrices; queue à dix rectrices d’un brun-
noir violacé, les médiaires courtes , ellip-
tiques à longues balbules , les intermédiai-
res plus longues et plus aiguës que les pré-
cédentes et formant avec celles-ci une bi-
furcation très prononcée, les deux externes
linéaires; gorge revètue de plumes écailleu-
ses se prolongeant sur les côtés du cou, d’un
violet rouge glacé brillant ; -thorax paré
d’uve cciniure blanche circulairement pro-
longée jusqu'à la naissance des ailes et re-
montant sur les côtés du cou: abdomen
blanc terne, d’un vert bleuâtre sur les
flancs ; tache pleurale très prononcée, for-
mée de plumes soyeuses d’un beau blanc ;
tarses courts et noirs; région anale duve-
teuse, blanche ; couvertures inférieures de
Ja queue d’un fauve roux. Longueur totale
75. Bec 21, ailes 39, queue 27 mill. Patrie:
la Colombie ; il se trouve aussi à Yungas
(Bolivie).
(Revue zovlogique. — Décembre 1842).
De
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT.
séance du 95 janvier.
Au nom du comité des arts mécaniques,
M. Combes fait un rapport favorable sur
un nouveau manomètre inventé par M.
Thomas. Ce manomètre fonctionne à l'air
libre, et un flotteur, qui est dans le tube en
fer, nageant sur le mercure contenu dans
le tube , indique la pression de la vapeur
par ses mouvements d'ascensionet d’abais-
sement. La disposition est telle que le mer-
cure ne peutjamais se perdre, et la colonne
n’est pas interrompue par la vapeur. Com-
parant ce manomètre à celui qui est en
usage, M. Combes en montre les avantages,
sous le rapport des fonctions et de l’impos-
sibilité d’éprouver des dérangements. Cet
instrument recoit l'approbation du conseil;
il sera décrit et figuré dans le bulletin de
la Société.
On fait,en Angleterre, un fréquent usa-
ge de la perkaline pour recouvrir les ou-
vrages brochés, cartonnés et reliés. M. Au-
bert a introduit cette industrie en France,
en donrant à l'étoffe toutes les formes élé-
gantes et variées qu’elle est susceptible de
recevoir. M. Dizé, par l'organe de M. Tré-
buchet, et au nom du comité des arts éco-
nomiques, fait un rapport favorable sur les
procédés de M. Aubert ; il montre tous les
avantages que présente la perkaline ainsi
employée, comparée aux peaux qui sont en
usage, et reconnaît qu’il y à plus d'élégance
et de solidité dans ces sortes de reliures. Le
conseil approuve le rapport qui sera inséré
au bulletin.
Le comité d'agriculture propose l'adjonc-
tion de M. Philippart à ce comité, en rem-
placement de M. Soulange Bodin, démis-
sionnaire. Selon les formes réglementaires
en usage, cette proposition sera discutée
dans la prochaine séance.
Au nom du comité de commerce, M. Col-
mont propose pour sujet d’un prix de
178
2,000 fr. la théorie et la pratique des assu-
rances de tout genre, soit par commandite,
soit par le mode mutuel. L'auteur devra
donner unestatistique générale d'Europe et
d'Amérique, de ces sortes d'entreprises,
pour les incendies, pour la grêle, pour les
risquesmaritimes, etc. Une discussion s’ou-
vre à ce sujet, d'où résulte qu'on s'accorde
à reconnaître l’utilité d’un pareil concours
qui produirait un bon ouvrage sur les as-
surances, et le prix est élevé à la somme
de 3,000 fr., à raison des recherches im-
menses dont le sujet est susceptible.Le co-
mité des fonds devra donner son consente-
ment à la valeur proposée pour ce prix
dont le programme est adopté.
FRANCŒUR.
ARTS MÉCANIQUES.
Machine pour forger; par M. Ryder, de Bolton.
Le Leeds Mercury donne quelques dé-
tails sur les effets de cette mashine dont il
fait un éloge pompeux. Cet appareil , sui-
vant ce journal, était l’objet le plus remar-
quable de l'exposition faite à l’occasion de
la dernière session de l'association britan-
nique. Il n’occupe qu’un espace de 0 mèt.
916 sur 4 mèt. 219, est tout à fait portatif,
etrepose sur un principe nouveau,enthéo-
rie comme en pratique. Il peut être müû par
la vapeur ou par l’eau. Comme son action
ne consiste pas dans le choc d'un marteau,
mais dans une pression transmise par un
excentrique, il ne produit pas le moindre
bruit, quoique, cequi a eu lieu notamment
pendant les expériences faites lors de l’ex-
position , le nombre des pressions par mi-
nute atteigne six cent cinquante. La ma-
chine contient plusieurs assortiments de ce
que l'on peut appeler des enclumes ou des
étampes. La rapidité et la régularité avec
lesquelles elle exécute le travail sont très
grandes, et l'on peut en juger par un seul
fait. On l’a employée à forger un cylindre
portant un carré d'assemblage, et destiné
à être ensuite tourné et cannelé; ce travail
a été achevé en cinquante secondes, par
conséquent en une mise au feu, et le pro-
duit par la machine même s’est trouvé si
régulier, qu'aucun autre moyen n’aurait
permis de le mieux faire. Dans une autre
épreuve, un morceau de fer rond, de 0 m.
043 de diamètre, a été réduit, en une seule
chaude, à l’état d’une barre carrée de 0 mèt.
009 de côté et de 0 mèt. 736 de longueur.
Cette machine exécute , selon l’article que
nous citons, le travail de trois forgerous,
avec uneextrême perfection, et mérite l’at-
tention de toutes les personnes qui sont en-
gagées dans le travail du fer ; nous regret-
tons de ne pouvoir , pour le moment, en
donner aucune description.
(Journal des Usines).
Modifications dans les machines à fabriquer le
papier, par M. Th. Swectapple, fabricant de pa-
pier, à l'usine de Cotteshall, Godalmin. (Patente
anglaise.)
Ces modificatipns peuvent être appliquées
à toutes les machines où le papier se forme
sur une toile métallique sans fin mue ho-
rizontalement.
Elles consistent à placer, sous la surface
qui recoit la pâte, une ou plusieurs auges
rectangulaires un peu plus larges que la
toile et garniesd’un certain nombre de rou-
leaux creux destinés à la soutenir. L'eau
qui s'échappe de la pâte entretient les au-
ces constamment pleines, et la toile sans
179
fin effleure, dans son mouvement , la sun
face de Feau. De cette manière , la pâte,
tenae plus longtemps en suspension, se dé-
pose lentement dans une direction longitu-
dinale, ce qui, selon le breveté, produit un
entrelacement des fibres plus parfait que
quand l’eau quitte brasquement la pâte au
moment où elle est versée sur la toile mé-
tallique. (Journal des Usines).
aies ———
AGRICULTURE.
CONSIDERATIONS SUR LES CÊREALES ET
PRINCIPALEMENT SUR LES FROMENTS.
“. (suite.)
De la faculté germinative du froment et de
sa prodigieuse vitalité,
par M. Loiseleur-Deslongehamps.
Si la faculté germinative des grains du
froment s'éteint entièrement après un laps
de sept à huit années, et même plus tôt,
selon les espèces et les variétés, ces grains,
lorsqu'ils n’ont encore qu’un an ou deux,
jouissent d’ailleurs de la propriété de pou-
voir regermer après avoir été desséchés
postérieurement à leur première germi-
nation, pourvu, toutefois, que celle-ci n’ait
pas été poussée trop loin.
J'avais commencé, en 1836, des expé-
riences pour connaître la profondeur la
plus convenable à laquelle il convenait
d’enterrer les grains de froment pour en
obtenir la meilleure germination possible ;
mais ayant semé mes blés dans une cam-
pagne, à 20 lieues de Paris, je n’ai pu m’y
rendre dans le temps convenable pour en
savoir les résultats. A peu près dans le
même temps, M. Barran a fait les mêmes
expériences, et, n'ayant pas répété les
miennes, je väis donner un extrait des
siennes. Selon cet agronome, les profon-
deurs les plus favorables pour la germina-
tion du froment sont de 1 à 2 pouces. Tous
les grains moins enterrés ne germent plus
qu’en petit nombre, de même que eeux qui
le sont davantage, et tous ceux qui sont
recouverts de 6 à 12 pouces de terre ne
produisent aucune germination.
Dans l'état ordinaire, la germination
complète du blé s’accomplit en plus ou
moins de temps selon le degré de tempéra-
ture atmosphérique; au printemps et en
été, par une chaleur de 18 à 20 degrés
Réaumur, les blés sortent de terre six à sept
jours après avoir été semés. Si la chaleur
est moindre de 5 à 6 degrés, il leur faudra
dix à douze jours, et par un abaissement
de température encore plus considérable,
ils ne lèveront qu’en seize à vingt jours.
En novembre et décembre, lorsque les nuits
sont froides, quand il ÿ a souvent de petites
gelées le matin, les blés ne sortent guère
de terre avant un mois ou six semaines
aprés y avoir été mis. Enfin, lorsque la
terre reste constamment gelée, aussitôt ou
peu après les semailles faites, ou qu'il ne
dévèle qu’à de courts intervalles, les blés
peuvent rester en terre jusqu'à la fiu des
gelées avant qu'on ne les voie pousser.
C’est ce qui n'est arrivé dans l'hiver, de
1310 à 1841, où plusieurs variétés de blé,
que j'avais semées le 16 novembre, n'ont
com.nencé à lever que vers le 13 février,
ou près de trois mois après. lessier rapporte
que la même chose arriva dans l'hiver
encore plus rigoureux de 1788 à 1789.
J'ai voulu connaître la plus basse tem-
pérature à laquelle il était impossible au
froment de germer, en conséquence J'ai
180
semé dans un vase, le 25 décembre 1841, :
le thermomètre n'étant qu'à quelques de=
grés au-dessus de zéro, cent grains de blé
richelle blanche, et la gelée étant survenuç”
le 4°" janvier suivant, J'ai rentré, dans une
chambre sans feu, le vase dans lequel mon
blé était semé. Le froid ayant continué les
jours suivants, et le thermomètre extérieur
ayant marqué plusieurs fois dans son maxi-
mum sept à neuf degrés au-dessous du
terme de la congélation, celui de la chambre.
dans laquelle était le vase avec le blé s’est,
abaissé au minimum à 1 etdemi et 2 degrés
au-dessus de glace. Enfin, le 24 janvier, il
marquait depuis quatre à cinq jours 3 de-
grés trois quarts, lorsque j'ai vu uue dou-
zaine de grains dont la jeune pousse parais-
sait hors de terre. Le 25, le 26 et le 27 du
même mois, plusieurs autres plantes ont
paru hors de terre, et après en avoirs
compté quarante-sept à quarante-huit,
j'ai cessé de les observer exactement , mou
but n'ayant été que de m’assurer à quelle
plus basse température il était possible au
froment de lever. Mon expérience prouve
qu'il lui suffit de 5 degrés trois quarts aus
thermomètre de Réauinur pour accomplir
parfaitement sa germination, en trente
jours, quoique d’ailleurs le thermomètre
durant cet espace de temps ait été pendant
plusieurs jours seulement à 1 et demi et 2
deocrés. DR
Des grains de blé à l’état de siccité ont
été exposés pendant 15 minutes, d'après
MM. Edwards et Colin , à une basse tem-
pérature capable de geler le mercure, sans
que cela les ait empêchés de germer dès
qu'ils ont été soumis à descirconstances fa-
vorables. ;
Quant à la limite de chaleur que ces se
mences peuvent éprouver sans en être al-
térées , les mêmes auteurs la fixent à 45
degrés centigrades; les graines de froment
ayant parfaitement levé dans du sable le-
gérement humecté , à une chaleur de 40
degrés, et une grande partie de ces graines
ayant avorté lorsque lachaleura été portée
à 5 au-dessus.
Je viens de parler de la vitalité du fro-
ment quant à sa germination, en voici une M
nouvelle preuve. Cette vitalité est si grande,
en général, que, lorsqu'il survientdes pluies
un peu abondantes avant la récolte ou tout
de suite après , de plante annuelle qu'il est
naturellement, il se change en quelquè
sorte en plante vivace, car il n’est pas rare
de voir une nouvelle végétation se déve-
lopper au pied des épis qui vont porter ou
qui viennent de porter des grains. Quel-
que fois même lorsque les pluies sont fre-
quentes à cette époque, on voit reverdit
ainsi une grande partie des chaumes. Je
ne sache pas qu’on ait jamais pensé à voir
ce qu'il pourrait arriver de cette nonvelle
végétation ; le seul emploi qu'on en fasse
dans les campagnes, c’est de la faire servir
au pâturage des brebis.
Dans les premiers jours de juillet 1541 , 4
des pluies fréquentes étant survenues, je
vis ainsi unenouvelle végétation surgir à |
la base des tiges de plusieurs de mes varic- W
tés de froment, portant des épis très avan
cés. Curieux de voir ce que les nouvelles |
pousses pourraient produire, dès que j'eus
moissonné les épis , je fis arracher et re-
planter en pépinière une trentaine de ces M
nouvelles pousses. Un peu plus tard, à Ja
fin du mois d'octobre suivant, jai fait ar- |
racher pour la seconde fois tous les pieds M,
qui en étaient provenus et dont plu- |
sieurs s'étaient ramifiés, de manière qu'on
en fit plus de soixante en les dirisant |
|
(D
} nouveau. Enfin, dans les derniers
urs du mois de juin 1842, la plupart des
eds de cette recrue produisirentcinq à dix
ris, quelques uns même jusqu’à douze et
“inze ; ceux qui n’en donnèrent que deux
Itrois furent les moins nombreux. Quant
ax épis et aux grains, ils étaient aussi
aux que ceux de la récolte de 1841.
Cette faculté qu’a le froment de pouvoir
pousser de ses racines même après la
oisson peut, à plus forte raison, être ap-
'iquée lorsqu'il n’a pas müri ses épis, et
1e ceux-ci ou les tiges qui doivent les
rrter se trouvent tout à coup brisés par
. fne grêle qui a anéanti tout espoir de re-
bite. Dans ce cas on voit, le plus souvent
.. un peu après, de nouvelles pousses sortir
|2 la base des tiges, et si la saison n’est
15 trop avancée, si l’on n’est, par exem-
‘le, qu'à la fin d’avril ou dans le courant
2 mai, selon que le climat est plus méri-
\ional ou plus septentrional, ces nouvelles
housses peuvent encore donner des pro-
luits passables; mais, au lieu de les at-
rndre naturellement , il vaut mieux, le
lus tôt possible après la grêle, faire fau-
‘her les champs dévastés, et on les verra
lientôt se couvrir d’une verdure nouvelle,
.. fui, deux mois et demi ou trois mois après,
F | ourra donner une moisson assez satisfai-
jante. On a plusieurs exemples que ce
€ moyen, employé convenablement, a
lien réussi.
| ANIMAUX DOMESTIQUES.
l'ducalion des animaux; domestiques : résultats
la obtenus par M. Texier, vétérinaire , en élevant
| dans le Poitou des chevaux de sang nés dans le
Limousin. à
Au milieu du mouvement progressif im-
rimé de toutes parts à l’agriculture et à
‘amélioration des races, nous nous applau-
, “lissons d’avoir à enregistrer les heureux
ésultats obtenus, après de persévérants
fforts, par un de nos concitoyens, qui s’est
barticalièrement attaché à l'éducation de
a race chevaline.
| M. Texier, vétérinaire au dépôt d’étalons
|l& Saint-Maixent, vient, suivant nous, de
* ésoudre un problème qui, n’en doutons
* ras, doit avoir une grande influence sur
” «'élère du cheval de sang, et apporter une
” diotable amélioration dans nos remontes,
” “ibjet jusqu’à ce jour de systèmes si divers
l Wit si contradictoires.
/ La question qui, depuis plusieursannées,
* “réoccupait l’esprit de ce vétérinaire, était
selle de savoir si les chevaux limousins,
* {jui remplissent d’ailleurs toutes les condi-
; lions voulues pour faire d'excellents che-
Jaux, pouvaient prendre dans nos pacages
! Île la taille et du gros departout, sans rien
* erdre de leur distinction native, de ma-
aière à les rendre plus propres au service
Ml l’armée et aux exigences du luxe.
|
|
| Pour arriver à ce résultat, vers lequel il
M\endait avec la persévérance d’un homme
M\ür de ses moyens, alors que nul appui
n’était donné à ce qu'on appelait une expé-
ience inutile, M. Texier a fait venir du
mousin, depuis plusieurs années, plus de
leux cents poulains de race arabe et an-
slaise, qu’il a distribués dans les départe-
nents des Deux-Sèvres, de la Vendée et de
a Charente-Inférieure.
| Cette importation dans nos contrées a eu
pour premier résultat, 4° d'offrir un dé-
pouché avantageux aux éleveurs du Limou-
in; et le conseil général de la Haute-
Vienne a tellement compris l'immense ser-
182
vice rendu au pays par l'acquisition an- }
nuélle d’une grande quantité de poulains,
que, dans sa session de 4842, il vient de
décerner une prime et de voter des remer-
ciments à notre compatriote;
2° De fournir aux éleveurs auxquels a
été confiée l’éducation de ces jeunes ani-
maux un puissant mobile d’émulation pour
l'amélioration de l’espèce'chevaline, par la
perspective de bénéfices assurés;
3° Enfin de procurer à l’armée des che-
vaux qui réuniront à la vitesse et au fond
l'élégance et les qualités d’un bon cheval de
guerre, bien supérieur en tout aux chevaux
qu’on va chercher à l'étranger.
Nous avons assisté à la dernière inspec-
tion de M. le lieutenant-général Watier;
une partie des élèves importés par M.Texier
lui a été présentée. Cet officier-général,
ainsi que l'avait déjà remarqué M. l’inspec-
teur-général des haras, dans ses précé-
dentes revues, a pu lui-même juger des
résultats par ce qu'il a vu, et l'opinion fa-
vorable exprimée par ces deux hommes spé-
ciaux serait, au besoin, un puissant motif
d’encouragement.
Pour nous, sans être guidé par un intérêt
autre que lintérêt gériéral, nous faisons
des vœux pour que le gouvernement prête
lui-même un concours efficace au dévelop-
pement d’une industrie dont il doit retirer
un immense avantage, et qui, en définitive,
est toute nationale.
(Mémorial de l'Ouest.)
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.
Maladie analogue au hoquet de l'homme, ob-
servée sur un cheval; par M. Palu, vétérinaire
du Dépôt d'étalons de Braisne.
Vers les premiers jours de septembre
1842, je fus appelé par un voyageur pour
visiter une petite jument de six ans, d’une
parfaite santé en apparence ; elle ne présen-
tait d’anormal qu’une contraction spasmo-
dique, quelquefois de la durée de quelques
heures, soit du diaphragme, soit de l’æso-
phage. Lorsque cette contraction intermit-
tente avait lieu, un bruit sourd se faisait
entendre à la distance de plusieurs pas;
une secousse assez forte était imprimée
d’arrière en avant à tout le corps, sans que
les parois abdominales présentassent la plus
petite contraction; une expiration forcée et
saccadée était accompagnée d’un bruit
analogue à celui que font entendre les che-
vaux qui tiquent en appuyant leurs dents
incisives sur un corps dur, et, dans ce mo-
ment même, les narines se dilataient outre
mesure. Une saignée, la diète et quelques
diurétiques n’apportèrent aucun amende-
ment, Ce phénomène se reproduisait plu-
sieurs fois dans la journée, et cela depuis
trois semaines environ ; j’eus l’idée de faire |
aciduler l’eau de sa boisson avec lacide
sulfurique. A peine le malade avait-il avalé
quelques gorgées de ce liquide, que toute
contraction cessait comme par enchante-
ment. Les derniers jours, les accès per-
daient de leur fréquence et de leur inten-
sité.
Les contractions avaient probablement
leur siége dans la portion thoracique de
l'œsophage, puisqu'elles ne coïncidaient
pas avec des mouvements des parois abdo-
minales. Il m'a semblé, du reste, avoir ob-
servé une continuité de contraction dans
la portion trachéale du conduit alimen-
taire.
Je crois avoir eu à combattre une affec-
tion analogue au hoquet de l'homme, qui
1835
est considéré comme un symptôme d’un
état maladif des organes digestifs.
Ce fait n’offre pas beaucoup d'intérêt
par sa gravité; mais il est curieux, parce
qu'il n’en a pas été publié d’analogues jus-
qu'ici. (la Clinique vétérinaire.)
De
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MÔRALES
ET POLITIQUES.
séance du samedi 21 janvier,
La parole est à M. Troplong , pour ter-
miner la lecture de son mémoire sur le
contrat de société. Dans la précédente
séance, le savant académicien avait tracé
l’histoire des sociétés à Rome, et pendant
le moyen-âge, il a complété aujourd’hui
son travail en les suivant pas à pas dans les
développements qu’elles ont pris et les for-
mes qu'elles ont revêtues pendant les trois
derniers siècles.
L'établissement des sociétés par actions
est de beaucoup antérieur en Europe et
même en France, au règne de Laws, au-
quel malgré le titre d'aventurier dont l’his.
toire l’a Justementflétri on ne peutcontes-
ter l’honneur d’avoir deviné le premier la
puissance du crédit public. Dès1544, une
société par actions avait pris en fermeles re-
venus des états du pape, et antérieurement,
au douzième siècle, ce fut aussi une s0-
ciété par actions qui fonda le moulin du
Basacle à Toulouse. Les coupons furent
désignés par le nom de Sache, qu’elles con-
servent encore. Celle association qui avait
un caractère plutôt civil que commercial ,
voulant se procurer un appui et se rendre
plus stable, donna une action au roi Char-
les V, et le compta par ce moyen parmi
ses membres. Ce fut vers la même époque
que furent construits par lesmêmes moyens
le moulin de Moissac et celui de Montau-
ban. Les actionsdu premier prirent le nom
de Meule, et celles du second celui de
Raze.
Au seizième siècle, les grandes entre-
prises commerciales passèrent des Lom-
bards et des Juifs entre les mains des hom-
mes riches et puissants dans l’état, On
fonda la société du Canada et celle des
côtes d’Afrique. Au dix-septième siècle et
pendant le ministère du cardinal de Ri-
chelieu , s’établirent des associations pour
aller prendre possession de nouveaux con-
tinents, les défricher, les peupler et y
fonder des villes. La première qui fut auto-
risée par lettres patentes, fut celle de Saint-
Christophe, puis vint celle d Orient en
1651, puis celle de Cayenne. En 1664, Col-
bert institua la société des Indes orien-
tales et occidentales; elle s'enrichit des
débris de celles de Saint-Christophe et de
la Nouvelle-France ; le roi, son ministre,
et toutes les grandes corporations y furent
associés ; enfin en 1673, la pêche du corail
et la traite des noirs, donnèrentnaissance à
deux nouvelles sociétés en actions. Cette
dernière fut de toutes celle qui se main-
tint le plus longtemps. Louis XIV don-
na une impulsion immense à ces établisse-
ments moitié civils, moitié commerciaux,
et l’ordonnance qu’il rendit en 1679, ne
fut pas seulement un élément de prospé-
rité pour son règne, elle a été aussi un
document législatif très utile pour notre
siècle, puisqu'elle a servi de base au code
de commerce promulgué en 1807.
À ces sociétés dont nous venons de par-
ler et qui étaient toutes en actions, la
184
France doit ses colonies, sa marine, ses
manufactures, et le respect que trouvait
son pavillon sur les côtes d'Afrique où
d’Asie, et jusques parmi les peuplades sau-
vages du nouveau monde.
La banque de Laws quadrupla presque
instantanément la richesse nationale, elle
eût pu , elle devait rétablir les finances du
royaumes mais chacun voulut devenir
riche et riche tout de suite. On perdit la
raison ; la rue Quincanpois vit s’écrouler
autant et plus de fortanes qu’elle n’en avait
vu s'élever. Avec elles périt celle de Pétat.
M. Troplong, en parlant de cette époque,
a été sévère mais juste, il a distingué l’u-
sage de l'abus, et tout en rendant hom-
mage à la vertueuse indignation du chan-
celier d’Aguessau contre les exploitations
malhonnétes, il a fait la part à l’exagéra-
tion du casuiste timoré.
En 1789 toutesles sociétés furent ébran-
lées; pendant les années qui suivirent,
elles périrent dans le naufrage commun à
toutes les institutions de la monarchie ;
mais elles se réformèrent dès les premiers
jours de calme , et vinrent se classer
d'elles mêmes dans les codes qui nous
régissent. Dans ces derniers temps, on
a pendant deux ans, en 1837 et en
1838, beaucoup crié étsurtout beaucoup
écrit contre la société en actions, princi-
palement contre la commandite. On a
voulu refaire sa charte. Ce n'était pas à la
loi qu'on devait faire le procès, c'était aux
intrigants ; il suffisait du tribunal de police
correctionuelle ; le pouvoir législatif n’a-
vait rien à dire, tout avait été fait. Autre-
fois, non pas seulement sous la monar-
chie absolue, mais dansiles républiques du
moyen-âge , et plus avant, à Rome, impé-
riale ou républicaine, on mettait en actions
les royaumes , les îles, les sontinents, l’ad-
ministration entière des provinces , la per-
ception de tous les impôts. Pourquoi s’é-
tonner que de nos jours on en use de même
pour l'exploitation des mines, des usines,
des canaux ou des brevets. Murer la bourse
pour en interdire l'entrée à quelques fri-
pons, serait un singulier moyen de favo-
riser le commerce et de fonder le crédit.
Quel peuple a jamais songé à détruire ses
vaisseaux, parce que de temps à autre il
en a perdu quelques-uns par les naufragés;
le bon sens public a fait justicé de tous ces
prétendus projets de réforme et de leurs
auteurs. Avec les codes tels que nous les
avons, iln’ya rien à craindre de la com-
mandite; les commerçants sérieux lont
compris, et ils se sont complétement ras-
surés. :
M. Troplong ayant terminé la lecture de
san mémoire, l'Académie a procédé à la
nomination d’un associé étranger, en rem-
placement de M. de Sysmondi; les candi-
dats étaient MM. Makülok, Hugot et le
baron Galoupy. M. Makulok a obtenu 16
voix sur 48 au premier tour de scrutin.
M. Remusat a lu un rapport sur un mé-
moire de M. Bouchité sur l’entropomor-
phisme. Nous renverrons nos lecteurs à
l'analyse jque nous en avons faite à l'é-
poque où il fut communiqué à l'académie,
et nous nous contenterons de donner les
conciusions du rapporteur; il a proposé
au nom de la section de philosophie, l’in-
sertion dans le recueil des mémoires des
savants étrangers.
M. Cousin a demandé que l’auteur fat
invité à faire quelques changements à cer-
tains passages , et que le rapport fut im-
primé en tête du mémoire. Il ne voudrait
185
pas, a-t-il dit, que l’Académie, par son ap-
probation descendit du haut rang où elle
est, pour se placer avec l’auteur sur le
terrain brûlant de la théologie. Le rapport
servirait de correctif à ce que renferme
d’un peu hasardé le travail de M.Bouchité,
en même temps qu'il en serait le plus bel
ornement. Il a terminé par quelques ré-
flexions sur les opinions antropomorphi-
ques, qu'il a résumé à peu près ainsi:
Entre le Dieu de l'abstraction et Le Dieu de
l’imagination, il y a le Dieu de là philoso-
plie, pourvude tous les attributs nécessaires
mais non accélentels. Cela peut être ainsi,
mais ce qui est plus certain et seulement
certain, c’est qu'il y a un Dieu, sur la na-
iure et les attributs duquel on diseutera
encore pendant quelques mille ans sans
pouvoir s'entendre. Que de temps perdu!
que de p&ine prise sans aucun fruit! que
d'intelligence usée dans de stériles spécu-
lations! Croire à Dieu est un devoir, vou-
loir le définir est un rêve. C’est à connaître
- l’homme que l’homme devrait mettre toute
sa science. Les philosophes ont beaucoup à
faire avant d’avoir réduit sa nature com-
plexe à l’évidence d'un axiome.
L'Académie se forme en comité secret
C. B. F.
ARCHÉCLOGLIE.
Habitation de l'architecte Philibert de L'Orme,
conseiller et aumonier ordinaire du roi
Henri IT, abbé d'Ivry, de Saint-Eloy de
Noyon et de Saïnt-Serge d'Angers.
À l'extrémité du quartier de l’Arsenal,
derrière le couvent gothique des Célestins,
dans la rue de la Cerisaie, rue étroite et
sombre, s'élève un charmant hôtel de la Re-
naissance (1). Vingt fois menacé par lemar-
teau destructeur des iconoclastes moder-
nes, il est parvenu cependant jusqu’à nous
presque intact et comme par miracle. Peut-
être ne mentionnerions-nous pas cet hôtel,
si le souvenir d’un des artistes les plus dis-
tingués du seizième siècle, qui en fut à la
fois l’architecte et le propriétaire, ne venait
s’y rattacher. Nous avons nommé Philibert
Delorme.
Né à Lyon dans les premières années du
seizième siècle, le jeune Philibert partit pour
l'Italie à l’âge de quatorze ans. Nourri d’é-
tudes sérieuses sur l'antiquité, it revint à
Lyon en 1536, et y construisit le portail de
Saint-Nizier, ainsi que plusieurs maisons
ornées de voûtes et d’escaliers en trompe.
Appelé à la cour de Henri IT, il construisit
successivement le fer à cheval de Fontai-
nebleau, Anet et Meudon. Il ne reste plus
de ce dernier château, tel que Delorme
VPavait bâti, que la grande terrasse en bri-
ques. Ce fat lui qui répara Willers-Cottrets
et la Muette, et acheva Saint-Maur. Per-
soune m'ignore qu'indépendamment du
tombeau circulaire des Valois à Saint-De-
nis, il construisit le pavillon du milieu du
palais des Tuileries, les deux corps de logis
contigus ei les pavillons qui le$ terminent.
Ce qui contribue à éterniser la mémoire
de Philibert Delorme, ce n’est pas seu'e-
ment l’amélioration qu’il introduisit dans
le style architectural de la Renaissance, en
l'épurant par l’imitation des grands maîtres
d'Italie ; on lui doit en outre la composition
d'ouvrages très importants sur son art, et
que l’on consulte avec fruit. Son traité in-
folio intitulé : Nouvelles Inventions pour
bien bätir et à petits frais, pirut en 1561.
(4) Cet hôtel , situé au fond d’une our, porte le
n° 8.
. cultéz ne pourraïent soutenir si grand frais;
186
On croit qu'il en publia une deuxième éd#-
tion une année avant sa mort arrivée en
1577. En 1557, il fit paraître neuf livres
sur son art imprimés avec figures en bois
dans le texte. Une autre édition de cet ou=
vrage est datée de 1626, ou de Rouen
1648 ; les deux livres des Nouvelles Inven:
tions pour bien bâtir y sont réunis. |
Cet ouvrage est rare. On y trouve gravés
dans le texte le dessin exact de la façadein-
térieure et de la coupe de sa maison, dont
il dirigea lui-même les travaux avec un soin
tout particulier. :
Voici le passage qui y est relatif (Voyez
l'OŒEuvre de Philibert Delorme , 1 vol. in-
folio, Paris, Regnauld-Chaudière , 1626,
pages 252 et suivantes.) :
» CHAPITRE XvI1, — Autre face de mai-
son monstrant comme l’on y peut appli-
quer les fenestres et. portes sans aucunes
colomnes et piliers, ouy bien leurs corni-
ches et ornements pour les entablements.
»En ce mesme chapitre, l’auteur descrit
et monstre les deux faces d’une maison qu’il
a fait édifier pour soy : l'une du costé de la
court, et l’autre du costé des iardins. Et
encores tine autre face troisiesme pour un
corps d’hostel qu’il délibéroit faire sur Le
deuant de la rüe de la Cerisaye à Paris,
estant le tout proposé par manière d’exem-
ple, et pour monstrer comme l’on doit ap-"
pliquer les fenestres et portes.
» Aucuns pourront penser, après avoir
leu ce que jai escrit des faces des basti-
ments, pour monstrer la disposition des f:-«
nestres, que ie les voudrais contraindre,
où bien assuiectir, de mettre des colomnes
et piliers aux faces des maisons, ce que ie
ne prétens aucanement : car tous ceux qui
veulent faire petites despenses n’ont besoinz
de si grande curiosité et enrichassement de
face de maison, pour autant que leurs fa-
mais il est bien vray que ie voudrais que la
constitution et ordre des fenestres qui doi-
vent estre plantées aux faces des logis. fust
par telles proportions et mesures gardé,
voire sans colomnes on piliers, qui ainsi le
voudra, et le pouvez clairement voir en la
prochaine figure suivant : en laquelle ie
mets au premier estage des fenestres croi-
sées simplement , et au second ie monstre
comme vous pouvez faire entre lesdictesm
croisées, des chaînes de pierre sous forme
de piliers, chapiteaux et autres : et encore,
mettre aux couvertures des fenestres croi-
sées, si vous voulez dela pierre detaille, en
forme rustique, ou bien toute unie, commen
aussi par les angles du bastiment. Vous
voyez aussi qu’à l’entablement de tout le
logis sur lequel est plantée la charpenterie
et les lucarnes, au lieu que aucuns y font
des corniches, j'y ai fait des mutules en
forme de rouleau, pour décorer ct faire
monstrer plus beau le logis. Je vous pro-
pose aussi en ladicte figure des piliers
quarrez, et de Fun à l’autre voutez, pour
faire par ledessous une facon de pérystile,
et au-dessus une galerie, le tout sous forme
de colomne, ny moins de pieds de stats
chapiteaux et corniches : pour seulement
monstrer Comme le docte et expert ar
chitecte peut faire un bastiment de bonném
grâce, et sans excessive despense, lequel sem
monstrera autant bien faict que d'autres
qui sont beaucoup plus riches : ainsi que
vous pouvez voir etiuger par la figure pro
chaine. :
» Puisque ie suis sur ce propos, i'achehM
verav de vous monStrer l’autre face du lo*
ais précédent : laquelle est d’un coité du
à
EE —
oré
idin. Doncié luy ai fait par le milieu ane
ime de tour toute ronde, de laquelle le
>mier estage sert de chapelle, accompa-
‘é d’une gallerie par le devant, avecques
5 ouvertures et des fenestres d’autre sorte
ie les autres : car elles sont rondes et
ont point la hauteur suivant leur largeur;
ais ie leur ay baillé ainsi grande ouver-
re de largeur pour donner plus de plaisir
lladicte gallerie : laquellé toutes fois se
uve de bonne grâce et grande beauté
1si qu’elle est : mais beaucoup plus estant
F œuvre que par le dessing que vous en
irrez cy-après. Au second estage de la-
icte tour, est un cabinet très fort pour
lire voûüté de pierre de taille dessus et des-
jus et ferré. Aux cotés sout autres cabi-
ts et terrasses; et par le derrière est le
brps d'hostel principal, estant lé tout,
int aux fenestres que entabiemens et lu-
rnes, faict (ainsi que vous voyezle dessing)
: bien bonne matière,avecquesunegrande
sance, tant pour les caves que autres
sux. Vous advisant que le tout a été faict
“mme pour moy, estant mon propre lo-
:s, tel que vous le voyez au précédent et
‘oche desseing.
:» Jaçoit que toute la maison cy-devant
“entionnée ne soit encores accompagnée
un corps d’hostel que j’avois délibéré faire
2r le devant sur la rue de la Cerisaye près
s Célestins à Paris, si est ce que ie ne
array de devoir mettre la face dudict corps
> logis que j'avaieenvie d’y faire bastir, et
eusse faict longtemps, si Dieu m'eust
resté mon très souverain prince et bon
aaistre le feu Roy Henry, de qui Dieu ait
jime. Le vous présenteray donc la face du-
let corps d’hostel, afin que vous cognois-
Lez la disposition et ordre des portes et
:nestres, comme aussi des enrichissemens
‘1’on peut leur donner, sans y faire grand
javrage ny grand crdre de colomnes avec
hurs ornements. Estant sur ces propos, vo-
hntiers je montreray tout d’une venüe les
1esures et départiments du dedans du lo-
is, comme iis doivent estre, mais ie me
‘estournerois de ma délibération, qui ne
nd ici à autre fin, sinon de vous mons-
er, après les portes, la constitution et or-
‘onnance des fenestres et lucarnes : ainsi
ue ie feray, Dieu aidant, et reserveray le
2ste pour le 2e tome (1) de notre Architec-
ire, auquel je donneray non seulement ce
1gis quej’ay faict faire pour moy à Parts,
vais encore plusieurs autres «le diverses
>rtes, soit pour les grands ou pour les petits,
vec leurs plans, et ce qui sera requis pour
S COgnoistre.»
! La maison de la rue de la Cerisaie est
ÿsez bien conservée extérieurement. On
loitregretter la démolition de deux élégants
ortiques à arcades que Philibert avait éri-
$s de chaque côté du bâtiment principal.
€ dallage octogone de la cour, qui pro-
uisait un effet pittoresque, a disparu pour
ire place à un pavé inégal et raboteux.
lépuis la mort du célèbre architecte lÿon-
jais, on y a éilifié un puits qu'il eût certai-
|
:
lement désavoué, à cause de:sa lourdeur.
rompt l'harmonie des lignts et produit
| (1) Malgré nos investigalions multiplhiées: nous
|'asons pu découvrir le deuxième tôme annoncé par
hilibert de l'Orme. Il est certain qu'il n’a jamais
jaru. Dans l'épitre dédicatcire à la reine il annonce
[u'il « ytraitera des divines proportions et mesures
| de l'ancienne et première architecture des pièces du
Viel-Testament accomodées à l'architecture mo-
|derne. » Peut-être le manuscrit original repose-t-
ignoré dans la poussière d’une bibliothèque ?
ï Ch. G.
188
un effet disgracieux. Quant à l’intérieur
des appartements, il a été tellement défi-
guré qu'il est devenu méconnaissable.
Cu. GRoUET.
GEOGRAPHIE.
Défrichement du lac de Haarlem en Hollande.
La Hollande se trouve dans une position
exceptionnelle, obligée de lutter constam-
ment contre l’envahissement des eaux. Ce
besoin de veiller jour et nuit à sa propre
conservation, a développé dans ce peuple
une énergie de résistance, une tenacité telle,
que même en voyant les travaux qui ont
été faits, on comprend à peine, comment un
aussi petit peuple a pu les exécuter. Il a
fallu pour cela, une puissance de volonté
et de persévérance prodigieuse. 2,500,000
individus ont réellement créé des merveil-
les en Hollande, et cet esprit de lutte con-
tre {es eaux, est bien remarquable.
Au premier rang des travaux extraordi-
naires par eux entrepris dans ces derniers
temps, il faut placer le défrichement du
lac de Haarlem , opération gigantesque,
quand on songe que ce lac a plus de 18,000
hectares de superficie, sur une profondeur
moyenne de 4 mètres d’eau.
Une inondation le forma au commence-
ment du XVI° siècle. En 1506 il avait seu-
lement 3,700 hectares de superficie ; mais
en 1534, il ex avait déjà 5,607 : il s'était
donc agrandi de 4,907 hectares en 25 ans,
ce qui fait près de 75 hectares par an. Les
propriétaires riverains commencèrent à
s’afiliger de cet ennemi intérieur, que rien
ne pouvait arrêter; un premier essai de dé-
frichement fut essayé en 1572, au moyen
d’un conduit en bois. qui devait conduire à
travers les dunes, l’eau dans la mer du
Nord ; mais les sables vinrent contrarier ce
travail ; il fut abandonné, et cependant le
lac grandissait tous les jours. En 1591 il
était parvenu à une superficie de 10,000
hectares , il engloutissait les riches villages
de Vufheizen, de Niewmerkerh et de
Kychb.
En 1641, le lacavait 14,000hectares; rien
n'avait pu lui résister, et c’est alors qu’un
hollandais, Jean Adrianus Leeghwater son-
geait déjà à le détruire, à le dessécher ; il
demandait pour ce travail 160 moulins
d’eau à vent, et estimait la dépense à
7,560,000 fr. Le projet tomba dans l'oubli;
un siècle plus tard ie lac avait 17,000 hec-
tares. On espérait encore au moyen d'un
canal de dérivation dirigé vers Katwich si-
non dessécherle canal, du moins mettre un
terme à ses envahissements; et certes il était
temps d’y songer, il était prouvé que le lac
enlevait 60 hectares tous les ans et avec
eux leur valeur estimée à 13,500 fr. Ams-
terdam, Haarlem et Leyde voyaient, avec
effroi, ce lac grandir au milieu d'elles ;
déjà l’on avait calculé le moment où cha-
cune de ces villes devait disparaître, de
même qu'ayant la fixation des dunes on
avait prévu le moment où Bordeaux serait
englouti par les sables.
L'on continuait toujours à dépenser des
sommes énormes pour défendre les rives du
lac, sans chercher , à faire cesser la cause
du mal ; cependant en 1802, MM. $S. D.
Conrad et Blanken prouvèrent que la déri-
vation dans la mer du Nord était possible,
et l’écluse de Katwich fut un peu cons-
truite dans ce bat; elle fut terminée le 21
Octobre 1807; le succès fut satisfaisant, le
lac grandissait moins il est vrai, mais il
189
grandissait toujours. Il fallait revenir au
projet de défrichement complet; seulement
en1821, on estimait la dépense à 14,000,000
francs et la durée des travaux à 21 mois:
ce n’est qu'en 1835, que le gouvernement
comprit enfin la nécessité de ce travail, et
ure commissionsous la présidence de M. H.
Ewyk chargée de faire les études, estime la
dépense totale à 16,000,000 fr. La loi fut
présentée aux Chambres le 12 décembre
1837, et adoptée à une immense majorité
le 2 avril 1838 ; le 6 mai 1840 les travaux
commencèrent, il était temps, le lac était
parvenu à 18,100 hectares de superficie.
Le défrichement de la grande mare de
Zuid-Plas, en 1838, indiquait la marche à
suivre pour arriver à celui du lac de Haar-
lem; aussi, un arrêté du 21 novembre 1841
a-t-il ordonné que ce défrichement aurait
lieu au moyen de machines à vapeur fai-
sant mouvoir des pompes aspirantes, qui,
outre qu’elles élèvent l’eau à une plus
grande hauteur que les vis ou les roues,
sont aussi plus économiques, appliquées
surtout à des machines à basse pression.
Rien ne peint mieux je crois ce caractère
tenace et persévérant du peuple hollandais,
que ces travaux du lac de Haarlem. Apres
avoir lutté pendant nombre de siècles con-
tre ce lac, dont les envahissements leur
causaient tant de mal, ils ont pris le parti
de le détruire, et ni la difficulté des travaux,
ni les sommes énormes qu'il faudra dépen-
ser n’ont pu les arrêter. Ce n’est pas tout,
il est vrai, de voir dans cette opération un
pays reconquis sur les eaux, une source de
mal et de destruction, changée en une sour-
ce de prospérité, l'existence de la Hollande,
on peut le dire. était attachée au défriche-
ment du lac de Haarlem. Après les inonda-
tions qui formèrent le Zuiderzée en 1287,
et dans d’autres contrées, et à d’autres épo-
ues, détruisirent quelquefois dans une nuit
plus de 100,000 hommes, n’avait-on pas à
craindre de voir un jour le lac de Haarlem,
grandissant tous les jours , détruire peu à
peu les terres qui le séparent de la mer du
Nord, et creuser ensuite à travers les dunes
une vaste brèche, par où les fiots se préci-
pitant, viendraient envahirtous ces terrains
qui sont submersibles, et détruire des con-
trées que des siècles et des millions ont
créées comme spéculation: en outre, l’opé-
ration ne sèra pas mauvaise, surtout si on
compare les polders que l’on aura, avec les
riches polders quientourent le lac de Haar-
lem. Les sondages ont prouvés que l’on a-
avait, au fond du lac, une profondeur
moyenne de 040 cent. de bonne terre,
propre à l’agriculture, et l'on a Fespoir de
revendre 14,000,000 fr. les terrains ainsi
défrichés. L'entretien des digues dulac était
de 60,000fr. La valeur des terrains englou-
tis, 20,000 fr. , et l'opération devant coûter
16,000,000 fr., le capital émis sera, en peu
d'années, tout à fait retrouvé, et de plus
on aura, outre une cause de mal anéantie,
une vaste étendue de terrain à convertir en
praïries. Les travaux néanmoins offrent de
grandes difficultés et le fond tourbeux sur
lequel jes digues doivent reposer par place,
exige beaucoup de précautions pour leur
construction, etcommeleur développement
sera pour chacune de 50,000 mètres envi-
ron , sur une hauteur moyenne de 5 mè-
tres 90 cent. , la quantité de mètres cubes
de terre à remuer est énorme, et une par-
tie même devra être draguée au prix de
90 fr. le mètre cube, tandis que non dra-
guée le prix du mètre cube est de moitié;
iransporté à 50 mètres de distance. Le ca-
190
ual de dérivation auraunelargeurmoyenne
de 45 mètres sur 29 au plat-fond, et 3 mèt.
de profondeur d’eau; la navigation y aura
lieu, et sera même moins dangereuse que
sur le lac lui-même.
La masse d’eau à enlever est de 724,000,000
de mètres cubes, et encore, il faut ajouter
l'excès des pluies sur l’évaporation et les
eaux qui proviendront des infiltrations;
98 années d'observations donnent 0,1960
de mètres cubes, comme le maximun de
l'excès de ces eaux sur l’évaporation en
trois mois, ce qui donne environ 0 mètre
80 cent. par an; la moyenne de l'excès des
pluies est de O0 mètres 70 cent. pour la
Hollande, et l’on estime donc à 0,20 cent.
les eaux d’infiltrations. Ces O0 mètres 20
cent. d’excès surl’évaporation en trois mois
donnent encore 36,200,000 mètres cubes
de plus à enlever par trimestre, ce qui fait
pour les 14 mois de travail, 168,932,000
mètres cubes, qui joints aux premiers, don-
nent un total de 892,932,000 mètres cubes
d’eau à enlever, et il a fallu que les tra-
vaux fussent établis d’après ces bases.
Un moulin d’eau à vent portant environ
110 à 120 mètres carrés de voilure, élève
60 mètres cubes d’eau, à la hauteur dun
mètre, par minute, mais aussi on ne compte
que sur 60 jours de travail effectif au ma-
ximum; un moulin ne peut donc élever
que 5,184,000 mètres cubes dans une an-
née; à la hauteur d’un mètre à un mètre
25 décim. 114 moulins étaient donc néces-
saires pour dessécher le lac de Haarlem et
le travail risquait de durer près de trois
ans, c'était trop long ; les Hollandais con-
naissent trop bien le prix du temps pour ne
pas chercher des moyens plus expéditifs,
aussi la commission a préféré l’emploi des
inachines à vapeur appliquées à des pom-
pes.
. Six machines à vapeur de 200 chevaux
chacune etréunies ensemble deux par deux,
doivent être établies aux trois endroits où
auront lieu les épuisements, et exécute-
ront ce travail en 14 mois au moyen de
pompes, tandis que si l’on avait construit
des roues ou des vis d’Archimède mues par
la vapeur, il aurait fallu 2 ans, puisqne
l'eau devant être élevée en deux plans , on
n’aurait pu établir les trois machines infé-
rieures qu'après l'épuisement de la moitié
du lac. Le desséchement devant durer moins
longtemps par les pompes, ne coûtera, par
191
machine à vapeur, que 2,427,258 fr., tan-
dis que par les roues à pallettes ou les vis,
il aurait coûté par machine 3,352,856 fr.
La masse d'eau À élever étant de
892,932,000 mètres cubes, il faudra épui-
ser pour que le travail ne dure que 14
mois.
Én un mois 63,780,857 m. cub.
En un jour 2,126,028
En une heure 88,585
En une minute 1,476
Une machine par minute 246
De grands obstacles se présentèrent à la
pensée des membres de la commission char-
gée de faire les études; n’avait-on pas à
craindre en effet que cette grande masse
d’eau ne fut en communication souterraine
avec la mer ; n’avait-on pas à craindre de
voir des sources abondantes se déclarer.
Mais la réflexion est venue détruire ces
craintes; l’eau est douce dans le lac, et
quand même il y aurait des sources, les
machines à vapeur après avoir épuisé, doi-
vent rester en permanence pour entretenir
le dessèchemet, elle n’auront pas même à
travailler toute l’année, et leurs moments
perdus seront utiliséspour servir desusines.
On craignait aussi que le dessèchement
trop rapide de ces terrains ne donnût lieu
à un lit de miasmes , et qu'aussi les gaz pu-
trides produits par la décomposition de la
masse énorme de poissons qui vivent dans
ces eaux, et que le dessèchement devait tuer,
ne rendissent les pays voisins inhabitables ;
mais cette crainteétait mal fondée. À Haar- ’
lem le dessèchement ne sera pas aussi ra-
pide qu’une rivière qui se retire après une
inondation, en laissant les terres couvertes
de boues, l’eau baissera de fort peu chaque
jour, la végétation s’emparera bien vite des
terrains découverts , et comme le dessèche-
ment ne pourra même avoir lieu complé-
tement, qu’il restera des parties basses et
noyées, et qu'il faut laisser des canaux de
navigation, les poissons se refugieront là,
et l’on n'aura pas à craindre leur décompo-
sition.
Tout porte donc à croire que 14 mois a-
près l’endiguement, cet immense lac sera
desséché, la dépense sans doute ira au-delà
des prévisions, mais qu'importe si le résul-
tat que l’on cherche est obtenu.
Cuarzes HÉRICART ne THURY.
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte 4. DE LAVALETTE.
SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE
OÙ TRAVAUX DES
Librairie de Decbécourt,, rue des Saints-Pères, 69.
Savante et des Mamufaceturiers de Ia France,
de l’'Allemagme et de l'Angleterre,
m GOD ET ER TR AR TE 4
SPÉCIALEMENT CONSACRÉ
Prix de l'abonnement : 12 vol. 36 fr.; de chaque volume
À LA PHYSIQUE, À LA CHIMIE, A LA PHARMACIE
ET A L'INDUSTRIE,
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
DU 1D' QUBSNEY RME
labricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L. Vanquelin, de l'Institut. ete.
Ce Journal paraît {ous les mois par cahier de 10 à 12 feuilles (192 pages).
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de cliimie
et de physique , dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers,
ersonnes qui s'abonnent à la Aevue
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la chimie de F. Hoëfer, for-
lè complément indispensable. — Les
mant deux volumes in-$° de 17 francs.
Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de ?0 fr. par année
pour Paris, êt 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au
Bureau de la Æevue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans
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LES GLOIRES DE LA FRANCE,
OUVRAGE PARAISSANT PAR LIVRAISON DE TROIS VOLUMES
FORMAT GRAND IN-8° ANGLAIS.
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de Saint-Esprit; Vie de La reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Goû6=
froy de Bouillon, par M. D'Exauilliers ; Vie de Saint-} incent de Paul » Pa
l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné ; par M. le vicomte de Walsh ; Viet
de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy;
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son, par M. de Clisson; Pie de Colbert, par M. Alfred de Servich.
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FAITS DIVERS.
M. Coste, par autorisation spéciale du minist
de l'instruction publique, ouvrira, au collége!
France, le vendredi 3 février prochain, à une heu
précise , son cours d’embryogénie comparée , et le
continuera les lundis et vendredis suivants à lan
snême heure. |
Il traitera plus spécialement, cette année, du dé
veloppement des organes. |
— La quatorzième exposition des produits deu
l'horticulture aura lieu du 40 au 48 mai prochain,
dans l’orangerie du palais du Luxembourg.
—— HER —
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LA BONNE ECOLE, ouvrage au moyen duquel
l'enfant; en s’exerçant à la lecture, apprend rapid
ment et sans efforts tous les faits grammaticauxys
par Chantard, — Gap. 1843. — 1 vol. in-42. ;
LE GARDE MEBLE ancien et moderne, jour=
nal d'ameublement, publiant par an 54 planches”
18 de siéges, 18 de meubles, 18 de tentures. Di-
rection artistique: D. Guilmard ; rédaction : H. Hos
tein; bureaux : rue de Bondy, 66, à Paris. — Ce
recueil qui compte quatre années d'existence, a pris
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VEUSES, par le docteur Pinel de Golleville. 4 vol
in-8° , chez Just Rouviers — Cet ouvrage contien
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et sur le traitement des maladies chroniques. M. Pi &
nel a commencé la traduction du Dictionnaire de
chirurgie pratique de Samuel Cooper. Des circons
tances imprévues en ont suspendu la publication.
Ch. G. k
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universelle de toutes les connaissances humaines
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n. 40. < 1
ESSAI SUR L’AGRONOMIE, ou Régénérafæn
de l'agriculture; par Louss Guy, petite rue Sainte
Catherine, À à Lyon.
DE L'IDENTITÉ de nature des fièvres d'origine
paludéenne de différents types, à l’occasion de deux}
mémoires de M. le docteur Rufz, sur la fiévrejaune «||
qui a régné à la Martinique de 1838 à 1841, et den
l’urgence d’abolir les quarantaines relatives à cette
maladie. Rapport fait à l'Académie royale de méés
cine, par Chervin.— A Paris, chez Baïllière, rue de
l’'Ecole-de-Médecine, n. 17.
LIVRET TOPOGRAPHIQUE ; par le capitaine F5.
du 46° de ligne. l
TRAITÉ PRATIQUE sur les maladies des or
ganes génito-urinaires ; par le docteur Civiale. — A
Paris, chez Fortin, Masson, place de l’Ecole-de-Rlé-
decine, À
séparément, 5 fr. 50 c.
Vic de Bayard, par M. Delndinen
paru)
Vie de
Vie de Aallebranckhe, par Lourdoueix ; Vie
de Genoude ; Fie du connétable de Cliss
40° année.
L'EC
Paris. — Jeudi, 2 Février 1843.
No 9.
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
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‘EcHo DU MONDE SAVANT paraît le FEUMDI etle DEMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
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peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX GHOISIS du mois (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte À, DELAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant,
IDMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 30 janvier. — SCIENCES
: Note sur les pressions supportées dans un corps
solide ou fluide par deux portions de surface
L très voisines, l’une extérieure, l’autre intérieure du
| même corps; Cauchy. — CHIMIE, Procédé pour
| reconnaître la falsification du vinaigre. —SCIEN-
CES NATURELLES. GEOLOGIE Mémoire
sur certains diluviens des Pyrénées; Collegon. —
[| PHYSIOLOGIE. Analyse de M. Milne Edwards
‘sur l’histoire des vaisseaux Ilymphatiques. —
SCIENCES APPLIQUEES. ARTS METAL-
LURGIQUES. Moyens de recouvrir les surfaces
métalliques ; Talbot de Layeock Abbey.—AGRI-
CULTURE. Culture du mürier-loup. — ÉCONO-
> MIE RURALE. De l’agriculture de l'ouest de la
: France, considérée spécialement dans le départe-
l: ment de Maine-et-Loire; Leclerc-Thouin. —
MEDECINE VETERINAIRE. Tumeurs du mésen-
| tère et des valrules tricuspides du cœur; Thomas
| Mather d'Edimbourg. — HORTICULTURE:.
|: Nouveaux détails sur le paulownia imperialis ;
| Bossin.— FAITS DIVERS.—BIBLIOGRAPHIE.
DIRE Ge —
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 30 janvier.
La séance d'aujourd'hui, dépourvue de
out intérêt, n’a présenté aucun travail ori-
sinal capable de réveiller l’atteution des
hcadémiciens toujours prêts à se livrer à
l1n profond assoupissement. Quelques rap-
sorts ont été lus, et selon un vieil et saint
.1sage de l'Académie, les rapporteurs ont eu
:oujours soin d’être de l'avis de ceux dont
11 analysaient les travaux. Si nous cher-
chions 1naintenant avec une scrupuleuse
ittention les causes qui paralysaient ainsi
l’activité de l'Académie, peut-être les trou-
verions-nous dans ce comité secret dont la
plupart des Académicienssont toujours prêts
là se dispenser. Mais nous aimons mieux
croire que l’Académie partageait l’anxiété
des savants qui se sont présentés comme
candidats dans la section de médecine, et
sur l'admission desquels le comité secret
avait à décider. Ce dernier sentiment est
plus rempli d'humanité, plus noble pour
une si illustre assemblée. Mais quels ont
été les résultats du comité secret? quels
noms ont été prononcés dans son sein?
“ quels sont les élus? quels sont les réprou-
vés? Ce sont là les questions qu’on se fait,
| et quelques bruits vagues se sont chargés
. d'y répondre. Si l’on ajoutait foi à ces
|bruits, certains professeurs de la Faculté de
‘médecine n'auraient pas à se plaindre du
choix de l’Académie, et le nom de M. An-
dral aurait été mis à la tête de ceux des
candidats. Si cela est ainsi, nous félicitons
l’Académie d’avoir jeté les yeux sur un
homme que de savantes et cousciencieuses
recherches placent dans un rang distingué
parmi les médecins français. Sur Ja même
ligne que M. Andral, se trouverait M Pois-
| PHYSIQUES. PHYSIQUE MATHEMATIQUE, -
seuille; puis viendraient, dans un rang in-
férieur, MM. Cruveilhier et Jules Guérin.
— Attendons encore quelques jours, et la
solution du problème sera donnée,
M. de Gasparin a lu à l’Académie un
rapport sur un Mémoire de M. Leclerc-
Thouin intitulé : Agriculture dans l’ouest
de la France. Les paroles de M. de Gasparin
ont été tout à fait favorables au Mémoire
dont nous parlons ici. Ce travail, en effet,
est une production remarquable qui doit
jeter un grand jour sur l’état agronomique
de la Bretagne et surtout du département
de Maine-et-Loire. L'auteur parcourt pas
à pas et discute tout ce qui a rapport à
l’agriculture, la situation géographique, le
climat, le sol, les voies de communication,
la population, le mode de jouissance du
sol, la constitution de la propriété, les capi-
taux, la culture, les engrais, les assole-
ments, et enfin il donne le détail technique
qui a trait aux différentes plantes cultivées
dans le pays.
Après la lecture de ce Mémoire, l’idée
qui nous reste du département de Maine-
et-Loire est celle d’un pays qui, sous le
rapport de son agriculture, comme sous
celui de son climat, est dans une position
de transition entrele nord et le midi, entre
les bords de la mer et Pintérieur. La distri-
bution de sa température entre les saisons,
le peu de chaleur de ses étés, l’absence de
grands froids de ses hivers, la bonne ré-
partition de ses pluies le placent dans cette
région des herbages et de l’agriculture à
assolements réguliers, qui caractérise la
Grande-Bretagne, la Belgique et l’ouest de
la France, climat où l’agriculture peut se
réduire en règles pratiques, en systèmes
arrêtés, rarement dérangés par les intem-
péries des saisons. D’un autre côté, la lati-
tude de ce département lui permet encore
plusieurs cultures méridionales, celle de la
vigne par exemple, et le froid survient as-
sez tard pour que les blés d'hiver puissent
être semés sans inconvénient après les ré-
coltes-racines. — 11 serait impossible de
suivre M. Leclerc-Thouin dans ses savan-
tes remarques sur les différences qui exis-
tent entre plusieurs cantons du départe-
ment de Maine-et-Loire, mais nous signa
lerons la distinction établie par lui entre les
vallées et les plateaux. La richesse du sol
des vallées, comparée à celle des plateaux,
a amené, en effet, des différences remar-
quables dans l’agriculture des unes et des
autres. Ainsi, quant à la répartition de la
population, elle s’est multipliée en propor-
tion de la richesse du sol, là où l'on obte-
nait avec moins de travail une plus grande
masse de produits. Dans les vallées, les ter-
res sont divisées par parties de un ou deux
hectares ; sur les plateaux de 20 à 40 et 50
hectares; dans les vallées, le prix de fermage
est de 150 francs l’hectare, ct monte quel:
quefois, dans des fermesprivilégiées, jusqu’à
450 francs; sur les plateaux, il est de 40 a
50 francs, et descend quelquefois jusqu’à
12 francs.
Si nous partons de ce nouveau point de
vue, nous trouverons dansles vallées un ma-
gnifique résultat de la petite culture. C’est
la culture du chanvre et celle du jardinage
qui fait la richesse de toute cette contrée.
Le lin paraît s'être retiré devant l’introduc-
tion des fils étrangers ; mais la bonne qua-
lité du chanvre lui a assuré des débouchés
certains, etest devenue l’occasion d’un com-
merce de plus de 8,000 francs.
Au milieu des faits intéressants que ren-
ferme le Mémoire de M. Leclerc-Thouin,
nous en remarquons surtout quelques uns
sur l'alimentation du peuple dans le dépar-
tement de Maine-et-Loire. — M. Leclerc-
Thouin à constaté que l’orge a presque
complétement disparu de l'alimentation, et
que le froment l'emporte de plus en plus
sur le seigle dons le pain qui nourrit le pen=:
ple.— Le lard est la seule viande consôm- |
mée dans les campagnes, mais il ne parait
que le dimanche sur les tables dans les par-_
ties les plus pauvres du départèmen
Les choux, les pommes de terre akéaison ss
nés d’une petite quantité de beurkg \
peu de fromage et des fruits formént
base des repas. En se rapprochant de
Vendée, le lait joue un grand rôle dans la
nourriture. Dans l'arrondissement de Sau-
mur, les paysans boivent du vin; ailleurs,
ils lui substituent une boisson de Cormes,
de prunes et de poires, mais la grande
masse des cultivateurs ne boit que de
l'eau.
M. Arago a communiqué à l'Académie
quelques observations sur ce petit corps
noir qui se trouvait parmi les diamants
présentés par M. Lomonosoff. Pendant
vingt-quatre heures, on a essayé de l’user,
mais on n’a jamais pu y parvenir, et les as-
pérités qui le recouvraient n’ont en aucune
sorte disparu. Il a donc été impossible de
faire une facette qui pût servir pour déter-
miner l’angle de polarisation de ce miné-
ral. M. Dumas pense que ce corps noir est
un de ces diamants qu’on nomme dia-
mants de nature et qu'il est impossible de
cliver.
Un rapportsur un Mémoire de M. Donné
relatif à la constitution du sang et aux ef-
fets de l’injection du Jait dans les vaisseaux,
a été lu à l’Académie. On sait qu’il résulte
d'anciens travaux de l’auteur que le lait
consiste en un liquide aqueux, tenant en
dissolution du sucre de laitet de la matière
caséeuse, et en suspension des globules de
matière grasse, M. Donné a également pu-
blié depuis longtemps des expériences con-
cernant la constitution du sang, desquelles
il résulte que le sang renferme 1° des glo-
bules rouges qui sont généralement con-
196
nus ? des globules blancs plus volumineux
et doués de propriétés fort distinctes ; 3° des
globulins chyleux très reconnaissables et
faciles à distinguer.
Les globulins chyleux du sang sont en
tout semblables aux globulins du chyle.
M. Donné a cru voir dans les globulins
du chyle l’origine des divers globules du
sang ; et convaincu de l'analogie qui existe
entre le lait et le chyle, il a essayé de faire
des injections de lait dans lès veines, per-
suadé qu’il assisterait ainsi à la conversion
du lait en sang, ou du moins à celle des
globules du lait en globules da sang. La
plupart des animaux, exceptéle cheval, sup-
portent les injections de lait. Le lait, injecté
dans les veines, se mêle au sang et circule
avec lui, comme on peut s’en convaincre
en examinant ce liquide pris dans différen-
tes parties du corps. — Au bout de quel-
ques jours, on remarque que tous les glo-
bules de lait ont disparu et que le sang a
repris son aspect accoutumé. Mais avant de
disparaître, les globules du lait se mon-
trent associés deux à deux, trois à trois, et
s’entourent d’une auréoie lumineuse qu’on
prendrait pour quelque mucosité condensée
autour d'eux, et qui pourrait provenir de
quelque modification du liquide en contact
avec eux.
Cette aggrégation de globules d’abord
isolés dans le sang et séparés par tant d'au-
tres globules en suspension, est certaine-
ment un fait fort remarquable.
Faut-il admettre avec l’auteur que ces
aggrégats se réunissent dans la rate, y
passent à l'état de globules blanes, et que
ceux-ci produisent à leur tour les globules
rouges? Faut-il accepter cette assimilation
complète entre les globules du chyle et
ceux du lait? C’est là une question qu’il est
diff cile de résoudre, et sur laquelle l'Aca-
démie a craint de donner une réponse ha-
sardée.
M. Milne-Edwards a lu à l'Académie un
rapport de M. Dumas sur un mémoire de
MM. Sandras et Bouchardat, relatif à la di-
gestion. Nous allons essayer d'analyser ce
rapport etde faire ainsi connaître les expé-
riences de MM. PBouchardat et Sandras.
Les chimistes modernes ont admis avec le
docteur Prout, qu’il convient de diviser les
principaux aliments en trois classes, les
aliments azotés , les aliments gras, les aii-
ments sucrés où féculents. Chacun joue
dans la digestion ainsi que dans la nutri-
tion un rôle distinct; les auteurs du mé-
moire se sont proposés de l’éclairer par des
expériences nouvelles. Admettant que | ob-
jet de la digestion contiste à faire passer
dans le sang les matières alimentaires qu’il
veut utihser, ils ont cherché à déterminer
par l'expérience à qu’elle voie d'absorption
ja nature a recours pour cela. {ls sont par-
ts d’ailleurs de ce point de vue, en général
vrai, que les aliments solubles sont absor-
bés par les veines et que les aliments inso-
iubles passent par les conduits chylifères.
Ceci admis, restait donc à savoir seule-
“ment comment la nature avait pourvu aux
moyens de rendre certains aliments solu-
bles, ou bien de les diviser au degré conve-
nable pour les rendre propres à passer dans
les vaisseaux chylifères.
Les auteurs ont fait dans ce but deux sé-
ries d'expériences, les unes purement chi-
miques, tes autres physiologiques,
Les expériences chimiques ont mis en
évidence uu fait nouveau et très remar-
quable, consistant dans l'action de l’eau
faiblement acidulée par Facide chlorhy-
197
drique exerce sur la fibrine, l’albumine, le
caséum, le gluten et le tissu gélatineux.
Toutes ces matières se gonflent, deviennent
translucides et quelques unes se dissolvent;
il suffit d'ajouter à 4000 grammes d’eau 6
grammes d’acide chlorhydrique pour pro-
duire tous ces phénomènes.
Toutefois, les auteurs ont été trop
loin , en considérant l'acide chlorhydrique
comme le seul agent de la dissolution des
aliments azotés. En effet, tandis que sous
son influence, la fibrine se borne à se dis-
tendre à l’excès mais sans se dissoudre ; il
suffit de faire intervenir quelques gouttes
de présure pour que la dissolution soit
complète. Ainsi dans le suc gastrique, l’a-
cide chlorhydrique n’est pas le seul agent
de la dissolution , il faut peut être aussi
tenir compte de ceite matière animale
qu’on nomme la pepsine ou la chymosine,
qui fonctionne probablement à la manière
de la diastase, et que MM. Schwann et
Deschamps ont signalée dans l’estomac.
Il semble donc bien probable, d’après
les expériences des auteurs, que les ma-
tières azotées animales neutres, une fois
dissoutes dans l'estomac, passent directe-
ment dans les veines , le gluten se com-
porte comme elle; l’amidon , les fécules se
convertissent en toutou en partie dans l’es-
tomac en acide lactique et s’absorbent sous
cette forme. On ne retrouve ni amidon, ni
sucre dans le chyle, pendant la durée
d’une alimentation féculente.
Les graisses résistent évidemment à Pac-
tion de l'estomac, elles passent dans le canal
intestinal , et là elles forment une bouillie
crêmeuse, en même temps que le chyle se
montre sous leur influence d’une abon-
dance et d’une richesse inaccoutumée en
globules capables de le rendre laiteux et
opaque. ï
MM. Bouchardat et Sandras voient donc
dans les graisses les agents principaux de
la production du chyle, les produits ali-
mentaires dont la digestion rend surtout
uécessaire l'intervention de l’appareil chy-
lifère.
——— SEE ——
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE.
Nole sur les pressions supportées, dansun corps
solide où fluide, par deux portions &e sur-
face très voisines, l'une extérieure, l'autre in-
lérieure à ce même corps ; par M. A Cauchy.
J'ai remarqué, dans un mémoire pré-
senté à l’Acadéinie le 30 septembre 1822,
et dans le 2° volume des £rercices de ma-
themaliques, que la pression ou tension
suppurtée cn un point donné d’un corps
par une surface plane, devait être généra-
lement, non pas normale, mais oblique à
cette surface. J'ai de plus développé les lois
suivant lesquelles cette pression ou tension
varie en grandeur et en direction, lorsque
le plan qui renferme la surface tourne au-
tour du point donné. Pour trouver ces lois,
il m'a suffi d’étabiir l’équilibre entre les
pressions où {ensions supportées par les
différentes faces d’un très petit élément de
volume, qne J'ai fait successivement coin-
cider avec un prisme droit, dont la base
était supposée tiès petite par rapport à la
hauteur, avec un parallélipipède rectangle,
et enfin avec un tétraèdre dont trois arêtes
étaient parallèles à trois axes rectangulaires
entre eux. Quand on considère un corps
comme un système de points matériels qui
agissent les uns sur les autres à de très pe- |
qui reproduisent les équations d'équilibre} |}
- lative à un point situé près de la surface
"
19 ‘
tites distances, les lois obtenues ainsi qu’on
vient de le dire se trouvent vérifiées, non»
seulement par les valeurs particulières des
pressions auxquelles M. Poisson était d’as
bord parvenu, c’est-à-dire par les valeurs} |;
et de mouvement des milieux isotropes
trouvées par M. Navier, mais encore paf |
les valeurs plus générales que j'ai données
dans le 3 volume des Exercices, et qui sem
rapportent à des milieux non isotropes. M
La considération d'un prisme droit élé=
mentaire, dont la base est très petite rela-
tivement à la hauteur , m'avait, dans le} |
2e volume des Exercices, conduit à cette te
conclusion générale, que Les pressions oëMR {|
tensions exercées en un point donné dun
corps contre les deux faces dun plan quelk
conque passant par ce point, sont deux} |}
forces égales et directement opposées. Enp|
d’autres termes, une couche infiniment
mince renfermée dans le corps à une dis
tance sensible de la surface, et comprise
entre deux plans parallèles, supporte sum
ses deux faces des pressions ou tensions
égales , mais dirigées en sens contraires. IM
restait à savoir si la même proposition doit
être étendue au cas où l’un des deux plans.
parallèles est remplacé par une portion élé
mentaire de la surfaceextérieure du corps
et où l'épaisseur de la couche infiniment
mince est remplacée par le rayon de la
sphere d’activité sensible d’une molécule
Cette extension est nécessaire pour que lon
puisse mesurer la pression intérieure et re-
RÉ RENNES
d'un corps solide par la pression extérieure,
comme nous l’avons fait, M. Poisson et
moi, dans les Mémoires que nous avons
publiés sur les surfaces, les lames et les"
verges élastiques. Mais avons-nous raison
de le faire, et cette manière d opèrer est
elle légitime? C’est un point sur lequel
s'était élevé dans mon esprit quelques dou
tes, que j’ai cru devoir loyalement exposer
aux géomèetres, non-seulement dans le Me- À
moire lithographié sur la théorie de la iu=« |
mière, mais aussi dans le Mémoire pre=h
senté à l’Académie le 18 mars 1839. Au-h
jourd’hui ces doutes sont heureusement
dissipés, ainsi que je vais l'expliquer en peus
de mots. e
Pour qu'un élément de surface plaues
mené par up point intérieur dans un corps
ou dans ur système de mojiécules, sup=n
porte une pression dont la grandeur et la
direction demeurent sensiblement invas
riables , tandis quel on pas*e d’un point à
un autre de cet élément, ilest nécessaire
en général que les deux dimensions de
l'élément soient t.ès petites. Mais, quelque
petites que soient ces deux dimensions, Ai
la hauteur d’un prisme droit, qui à l'ÉIC=M
ment pour base, devient infiniment petite,
c'est-à-dire décroît indéfiniment, il arni=
vera bientôt un instant où cette hauteun
pouria ètre négligée vis-à-vis de chacuue
des deux dimensions de la base: et alors, la
surface latérale du prisme devenant (rés
petite par rapport à la base, le SYSTÈME CHEN
tier des pressions supportées par ja surfaces
latérale pourra être négligé relativemeniM
aux pressions totales supportées par la baxe
sur laquelle le prisme a ete construit, et
par la base opposée. Donc l'équilibre, qui ‘*
devra subsister entre les diverses PresSIONSA
supportées par les diverses faces du prisme,
se réduira $ensiblement à l'équilibre des
pressions totales supporices par les deux
bases. Done ces pressions totales, quisse
changeront quelquefois en deux tension$y
«e
ïont deux forces sensiblement égales,
is dirigées en sens contraires. Telle est
idémonstration que jai donnée depuis
Ikgtemps de l'égalité des pressions ou ten-
ns exercées en un point donné d’un corps
tre les deux faces d’un plan quelconque,
r, ce qui revient au même, contre les
ax faces d’une couche infiniment mince
ssant par Ce point.
Si maintenant on veut démontrer l’éga-
: des pressions extérieure et intérieure
-respondantesà deux points très voisins,
\1és sur une même droite normale à la
#face qui termine le corps, savoir, des
essions supportées : 1° en un pointdonné
la surface du corps par cette surface
me; 2° en un second point dontla dis-
lice à la surface soit au moins égale au
ron de la sphère d’activité sensible d’une
lblécule, par nn plan perpendiculaire à la
trmale, ou, ce qui revient au même,
rallèle à celui qui touche la surface
premier point; la démonstration pourra
ser d’être exacte, et ne subsistera que
|1$ certaines conditions qu’il importe de
-naler. A la vérité, on pourra toujours
incevoir que l’on construise un prisme ou
Hindre droit qui ait pour hauteur la dis-
lace entre les deux points avec des bases
és petites, dont l’une pourra être censée
confondre avec un élément de la surface
térieure du corps. Mais, après avoir
indu ces bases assez petites pour que les
bessions supportées par elles ne varient
}s sensiblement dans le passage d’un point
lun autre, on ne pourra faire décroitre
tdéfiniment la hauteur du prisme; et,
bur que la démonstration précédemment
rppelée soit applicable, 57 faudra que la
inite inférieure assignée à cette hauteur,
est-a-dire , le rayon de la sphère d'acti-
té sensible d'une molécule, soit effective-
lent une quantité très petite, relativement
u1æ dimensions qu’il sera possible d'atiri-
Ler aux deux bases du prisme sans faire
taïier sensiblement la pression soit inté-
Yeure, soit extérieure.
! Si, comme nous le supposerons généra-
ment dans ce qui va suivre, les variations
2 la pression extérieure restent toujours
l'es petites pour de très petites distances
larcourues sur la surface du corps, la
tule condition à vérifier sera que le rayon
e la sphère d'activité sensible d’une moté-
ile reste trés petit relativement à la dis-
pence qu'il faudra parcourir dans le corps
un plan quelconque, pour obtenir des
\zrtattons sensibles de la pression suppor-
2e par Ce même plan.
Dans un corps homogène considéré
jomme un système de moléculés, les va-
iations , que la pression supportée par un
lan éprouve quand on passe d’un joint à
in autre, sont dues aux déplacements des
molécules. Si d’aillears le corps est animé
e lun des mouvements infiniment petits
jue nous appelons mouvements simples ou
rar ondes planes, les déplacements molé-
ïulaires ne varieront pas sensiblement
jand en parcourra des distances très pe-
lites relativement aux épaisseurs des ondes.
Donc alors la condition ci-dessus énoncée
e réduira simplement à ce. que Ze r«yon de
‘a sphère d'activité sensible d'itne molécule
demeure très petit relativement aux épais-
seurs des ondes planes. Sous cette condition,
la pression extérieure supportée par la sur-
face du corps ne différera pas sensiblement
de Ja pression intérieure supportée par un
plan parallèle au plan tangent et mené à
une distance équivalente au rayon de la
200
j sphère d'activité sensible d’une molécule.
En général , lorsqu’un corps homogène
est doué d’un mouvement infiniment petit,
ce mouvement peut être censé résulter de
la superposition d’un nombre fini ou infini
de mouvements simples. Alors la condition
précédemment énoncée se réduit à ce que
le rayon de la sphère d'activité sensible
d’une molécule demeure très petit relati-
vement aux épaisseurs eles diverses ondes
planes.
Dans la théorie des surfaces des lames et
des verges élastiques , on peut aux épais-
seurs des ondes substituer des quantités du
même ordre, telles que les dimensions des
diverses portions de courbes décrites par
des points qui s’écartent dans un sens ou
dans un autre de leurs positions primi-
tives. Alors on obtient les conditions qui
doivent être vérifiées pour l’exactitude des
formules relatives aux vibrations des sur-
faces des lames ou des verges élastiques,
telles qu’elles ont été données par M. Pois-
son ou par moi-même dans divers Mé-
moires. L'accord général de ces formules
avec l’expérience ne permet guère de dou-
ter que les conditions ci-dessus indiquées ,
et sous lesquelles elles subsistent, ne se
trouvent effectivement remplies.
Dans le tome VIII des Mémoires de l’ A.
cadémie (page 390), et dans le XX° cahier
du Journal de l’école Polytechnique (page
56), M. Poisson avait déjà cherché à dé-
montrer l'égalité des pressions extérieure
et intérieure correspondantes à deux points
situés, l'un sur la surface d’un corps,
l’autre près de cette surface. Mais la dé-
monstration qu’il a donnée dans les Mé-
moires de l’Institut, et modifiée dans le
Journal de l’école Polytechnique, en com-
parant l’une à l’autre les pressions sup-
portées par les bases, tantôt d’un très petit
segment de volume, tantôt d’un cylindre
dont la hauteur et. les bases sont très petites,
me paraît sujette à quelquesdifficultés qu’il
serait trop long de développer ici; et ce qui
me persuade que ces difficultés sont réel-
les, c’est, en premier lieu, que la démon-
stration dont 1l s’agit n’a jamais été oppo-
sée, à ma connaissance, ni par son auteur
ni par aucun autre géomètre , aux doules
que J'avais énoncés publiquement et par
écrit, en assurant que l'égalité des pres-
sions extérieure et intérieure n'était pas
démontrée ; c’est. en second lieu, que dans
les passages cités, M. Poisson ne fait pas
mention de la condition à laquelle nous
sommes parvenus, et sans laquelle, néan-
moins, le théorème que constitue cette
égalité peut, à notre avis, devenir inexact.
Si, au lieu d’un seul système de molé-
cules , on considère deux semblables sys-
tèmes séparés l’un de l’autre par uvre sur-
face plane, alors, en raisonnant toujours
de la même maniere, on obtiendra de nou-
velles propositions analogues à celles que
nous avons énoncées, et en particulier les
suivantes :
A Théorème. Etant donnés deux milieux
séparés par une surface plane, et composés
de molécules qui éprouvent de très petits
déplacements, si dans chaque milieu le
rayon de la sphère d’activité d’une molé-
cule est une quantité très petite que lon
puisse négliger relativement à la distance
qu’il faut parcourir pour que ies pressions
ou les déplacements subissent des varia-
tions sensibles, les pressions mesurées dans
les deux milieux en deux points situés sur
une perpendiculaire à la surface de sépa-
ration, de manière que la distance de cha-
201
) can à la surface soit le rayon de la sphère
d'activité sensible d’une molécule, et sup-
portées en ces deux points par deux plans
parallèles à la surface, seront sensiblement
égales entre elles.
2° Théorème. Les mêmes choses étant
posées que dans le premier théorème , sup-
posons que des mouvements infiniment
petits, simples ou à ondes planes, se pro-
pagent dans les deux milieux. Si le rayon
dela sphère d’activité sensible dans chaque
milieu est une quantité très petite relati-
vement aux épaisseurs des ondes planes,
les pressions mesurées dans les deux milieux
en deux points situés sur une perpendicu-
laire à la surface de séparation, de maniere
que la distance de chacun à la surface soit
le rayon de la sphère d’activité sensible
d'une molécule, et supportées en ces deux
points par deux plans parallèles à la sur-
face, seront sensiblement égales entre elles.
CHIMIE.
Procédé pour reconnaitre la falsification du
vinaigre.
Un des produits dont la falsification est
la plus fréquente, c'est, sans aucun doute,
le vinaigre. Cette substance qui, chaque
année, se consomme en grandes masses, SC
voit souvent altérée d’une manière dange-
reuse. Pour rendre le vinaigre plus actif,
plus piquant, on n’a pas craint d'y mêler
souvent une assez forte quantité d'acide sul-
furique ou d’acide azotique. Ces deux aci-
des puissants introduits ainsi dans l’écono-
mie peuvent souvent produire de fâächeux
résultats: d’abord ils enlèvent l’émail des
dents , prédisposent ces organes à la carie
et sont ainsi la source des douleurs les plus
fortes.Maisleur sphère d’activités’étend au-
delà, et leur action sur les organes de la &i-
gestion est souvent assez prononcée pour
déterminer des irritations d'estomac ou des
autres parties du tube digestif.
Depuis longtemps on avait reconnu la
nécessité de pouvoir prouver la présence
anormale de ces acides dans le vinaigre.
Bien des moyens ont été proposés pour ar-
river à ce but, mais la plupart d’entre eux
reposent entièrement sur des opérations
chimiques qui ne peuvent être pratiquées
que par des hommes de l'art. il étaitindis-
pensable de placer dans toutes les mains un
moyen sûr de constater la présence de l'a-
cide sulfurique ou de lacide azotique dans
le vinaigre. Un chiniiste allemand est arrivé
à ce résultat et son procédé, que nousallons
faire connaître, est si simple, si ingénieux,
que tout le monde pourra le comprendre
et le mettre en pratique. S'il s’agit de cons-
tater dans du vinaigre la présence de l’acide
sulfurique, on prendra quelques gouttes de
cette substance, on les placera dans une
petite capsule de porcelaine avec quelques
gouttes d’eau dans laquelle on aura fait
dissoudre du sucre, Il suffit d'évaporer le
tout à une douce chaleur, à une chaleur in-
férieure à celle où le sucre devient caramel.
et si le produit de la dessication est noir on
peut en conclure que le vinaigre contenait
Jos
de l'acide sulfurique. Cet acide, en effet, à
la propriété de noircir les matières organi-
ques.
Il n’est done pas besoin de connaître un
seul fait de chimie pour constater, dans un
vinaigre, la présence de l’acide sulfurique.
Pour l'acide azotique le procédé est
aussi simple. On met, dans une capsule,
quelques gouttes du vinaigre soupconné et
dans cette liqueur on rape un peu de ce
202
ui forme letuyau de la plume à écrire. On
chauffe et si cette légère matière organique
acquiert une couleur jaune on peut être
assuré que le vinaigre contient de l’acide
azotique. Ces procédés intéressent tout le
monde, mais surtout les médecins et les
experts; nous les recommandons à l’atten-
tion de ces derniers pour qu’ils les popula-
risent et les mettent souvent en pratique.
Ainsi diminuera , peut-être, cette dange-
reuse falsification du vinaigre, car nous ne
pouvons pas espérer qu’elle s’anéantisse ja-
mais.
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Mémoire sur les (errains diluviens des Pyré-
nées ; par M. deCollegno.
On sait que MM. de Charpentier et
Agassiz ont cherché depuis quelques an-
nées à rendre compte de la dispersion des
blocs erratiques des Alpes et du nord de
l’Europe, à l’aide des glaciers immenses
quiauraientoccupéjadis toute l'étendue des
vallées actuelles, qui auraient même re-
couvert une partie considérable de notre
hémisphère boréal. L'hypothèse glaciale a
été appliqnée récemment aux Pyrénées, et
Académie a entendu, il y a quelques mois,
une communication dans laquelle l’exis-
tence d’anciens glaciers trés-étendus dans
les Pyrénées est admise comme un fait in-
contestable. On en donne pour preuve les
surfaces polies et striées de la vallée de la
Pique, du Lys, du Larboust, etc., et les
grandes moraines que lon rencontre à
chaque pas plus ou moinsintactes, plus ou
moins démantelées. J'ai visité, à mon tour,
une grande partie des Pyrénées, et le Mé-
moire que je soumets au jugement de
l'Académie est îe fruit de deux étés passés
dans cette chaîne de montagnes. Les faits
que j y ai observés m’ont conduit à des con-
clusions fort différentes de celles indiquées
ci-dessus, et qui se rapprochent beaucoup
au contraire, de celles annoncées précé-
demment par M. Durocher. Voici com-
ment je crois pouvoir exprimer le résultat
de mes observations :
1° Le fond des vallées des Pyrénées est
généralement occupé par un terrain de
transport composé de blocs plus ou moins
roulés, provenant des roches cristallines
des hautes cimes centrales.
2° Le terrain de transport est accumulé
en grandes masses partout où les vallées se
rétrécissent brusquement et partout où
elles changent de direction, sous un angle
un peu considérable ; la masse du terrain
de transport est disposée dans les deux cas
en terrasses sensiblement horizontales, et
quelques blocs anguleux seulement sont
disposés à diverses hauteurs au-dessus de
ces terrasses.
3". Le terrain de transport se présente
‘aussi quelquefois à l'extrémité des vallées,
sous forme d’ôsar gigantesques, qui conti-
nuent à eux seuls Les contre-forts latéraux
de ces vallées : ces dsar se rattachent par
des terrasses horizontales ou peu inclinées
à la partie supérieure des dépôts meubles
du fond des vallées.
4° Rien n'autorise dans les Pyrénées la
supposition d'anciens glaciers qui auraient
eu une étendue de beaucoup supérieure
aux glaciers actuels de cette chaîne. Le
passage desavalanches produit de nos jours
des «ur/aces polies et striées ; le passage vio-
203
lent d’une grande masse d’eau suffit pour
produire des sillons et des érosions vertis
cales; de sorte que les diverses modifica-
tions de la surface des roches, dans les-
quelles on à eru voir des preuves de l’an-
cienne extension des glaciers des Pyrénées,
peuvent être expliquées par des actions
d’un ordre tout différent.
90 Le transport du terrain meuble des
Pyrénées peut-être rattaché à la fusion des
glaces et des neiges, et aux phénomènes
météorologiques qui ont dû accompagner
l'apparition desophites. Le terrain de trans-
port des Pyrénées est donc essentiellement
un {errain diluvien.
PHYSIOLOGIE.
Analysed'une leçon de M. Milne-Edwards sur
l'histoire des vaisseaux lymphatiques.
Dans un de nos derniers numéros nous,
avons analysé une lecon de M. Milne-Ed-
wards sur l’histoire des découvertes faites
successivement dans la fonction de circula-
tion. Lorsque le savant professeur de la
Sorbonne traçait d’une manière si habile
le tableau historique que nous avons pré-
senté à nos lecteurs nous avions tout lieu
de penser qu’il agirait de même lorsqu'il
traiterait les autres fonctionsde l’économie.
Nos prévisions n’ont pas été décues, et
quand M. Milne-Edwards a abordé la fonc-
tion d’absorption il a analysé les travaux
d’Eustachi, de Pecquet, de Rudbeck et de
Bartholin sur les vaisseaux lympbatiques
aussi bien qu'il avait analysé ceux de Vé-
sale, de Fabricius d’Acquapendente et de
Harvey sur la circulation. C’est cette ana-
lyse que nous allons tâcher de reproduire
aujourd'hdi; et chaque fois que M. Milne-
Edwards voudra bien tracer aux hommes
qui l’'écoutent l'histoire de la science qu'il
professe, nous nous empresserons de la
communiquer à ceux qui sont privés du
plaisir &e l'entendre.
La leçon que nous avons déjà publiée,
celle q&e nous publions aujourd’hui et
celles que nous avons l'intention de publier
dans la suite, offriront un aperçu succinct
sur l’histoire de la physiologie et de l’ana-
tomie.
Quand nous avons exposé l’histoire de
de la circulation, a dit M. Milne-Edwards,
nous avons vu que l'antiquité si riche en
productions littéraires ne l'était pas autant
en découvertes scientifiques. Les grands
hommes qui ont illustré les temps anciens
par leur génie ignoraient souvent les lois
les plus simples de l’organisation humaine,
ou, comme Platon, inventaient pour les
expliquer des chimères bizarres, des théo-
ries erronées. Les préjugés de leur époque,
les uns empêchaient, il est vrai, de se livrer
à l'anatomie pratique sans laquelle il n°y a
pas de progrès possible en physiologie, et
dela nous pouvons penser à priori que l’his-
toire des vaisseaux lympbatiques, qui fait
le sujet de la leçon d'aujourd'hui, n’a pas
reçu de grande éclaircissements de la part
des anatomistes anciens.
Disons d’abord que les savants de l’anti-
quité n’ont eu aucune idée précise sur les
vaisseaux lymphatiques. Si quelques phra-
ses de leurs écrits ont pu faire croire qu'ils
les ont vaguement entrevus, e’est là une de
ces opinions qui doit encore rester dans le
domaine des probabilités.
Dans un passage d'un livre qui porte le
nom d'Hippocrate, on parle, à la vérité, du
sang blanc des glandes, analogue à la pi-
tuite, plus loin, on rencontre qu’en pres-
20%.
sant les glandes on en fait sortir une hu-"
meur oléagineuse, j 1
Aristote, dont l'immense génie a par-
couru tout le cercle des connaissances hu
maines, Aristote parle de fibres qui tiennent
le milieu entre les artères et les veines, et
selon lui, quelques unes de ces fibres sont
pleines de sanie. Haller, qui cite ces deux
observations, n'hésite pas à dire qu’elles
se rapportent aux vaisseaux lymphatiques.
Mais quel que soit le respect qu’on professe
pour le savant physiologiste allemand, il
est difficile de se ranger de son opinion et
d'admettre, comme lui, les faits observés
par Hippocrate et Aristote aient trait au
sujet qui nous occupe.
Erasistrate, dont nous avons déjà parlé,
en faisant l’histoire de la circulation, dé-
couvrit, en ouvrant un chevreau qui venait M
de tirer des vaisseaux blancs qu’il nomma
vaisseaux lactés parce qu’il croyait que
ces vaisseaux contenaient du lait. Erasis-
trate n’alla pas plus loin, et ce fait mieux A
observé plus tard par un habile anatomiste,
deviendra un des titres de gloire de ce
dernier. É
Il faut laisser bien loin ces trois grands
noms si l’on veut rencontrer des hommes
qui aieut eu quelques idées plus justes sur
les vaisseaux Jlymphatiques, car nous ne
parlons pas de Galien qui pensait que
absorption s’opère par les veines misa-
raïques. |
Vers la moitié du seizième siècle, vers
1532, Nicolas Massa apercçut sur le cadavre
humain une disposition anatomique ana-m
logue à celle des vaisseaux lymphatiques.
Mais un célèbre disciple de Vesale, Gabriel 4
Fallope, né à Modène en 1523 et mort en |
1562, commence vraiment la série de dé-
couvertes que nous allons voir se succéder
sur le sujet que nous traitons. Fallope,
tour à tour professeur à Modène, à Pise et
à Padoue, eut le premier connaissance des M
lymphatiques du foie. Il vit des vaisseaux
pleins d'une liqueur jaunâtre marcher du
foie au pancréas, et ces vaisseaux étaient
sans doute les vaisseaux lymphatiques du
premier de ces organes. Mais Fallope n’a-
perçut rien au dela de ce simple fait, et son
nom n'aurait pas la célébrité qu’il possède
s’il n'avait point enrichi la science de plus
importants travaux et de plus curieuses re |
cherches. |
Un contemporain de Fallope, Eustachio,
né vers 1510 à San-Severino, dans la |
marche d’Ancône, et mort en 1574, décou-\»
vrit le caual thoracique. Eustachio porte}
un nom fameux, nom qui est resté attaché
à plusieurs dispositions anatomiques impor- 1
tantes. Mais parmi ses découvertes, s'ilen |
est quelques unes qui aient popularisé son À
nom, on doit ajouter à sestitres de gloire, la
découverte du canal thoracique. On sait
qu’Eustachio a publié plasieurs ouvrages;M
il avait laissé des tables anatomiques d'une
admirable exactitude qui n'ont été publiées
qu’en 1714 par Lancisi. GR
Un autre Italien qui vécut de 1581 à
1626, Gaspard Aselli de Crémone, décou=«
vrit les vaisseaux lactés en 1622. Le 23
juillet 1622, en disséquant un chien vivant
il les aperçut et les prit pour des NET
Peu de temps après, il répéta ses expé-M
riences sur un second chien et il ne putles
découvrir. Mais ce chien était à jeun, et CE
fait explique la différence, car un troisième
chien, ouvert après avoir bien mangé, offrit,
la disposition anatomique remarquée SUD
le premier de ces animaux. Le savant ana=
tomiste de Crémone pensait que ces Vais=M
L
!
:
; :
)
À =
D
rux conduisaient la lymphe au foie. Après f
mort on a imprimé un ouvrage intitulé: |
sserlatio de venis lacteis, 1627, et ce
ire a souvent dans la suite été réim=
kmé.
Vers la même époque, dans le midi de
France; Pieresc, sénateur d’Aix, livra à
s médecins, ses amis, un criminel sur
tuel ils expérimentèrent, après l'avoir
t manger. Ils aperçurent alors fort bien
vaisseaux lactés, découverts par Aselli
“entrevus par Erasistrate bien avant l’a-
‘tomiste de Crémone.
Maintenant les découvertes se succèdent
:pidement et avant d'arriver aux trois
ummes qui démontrèrent d’une manière
réfragable l’existenee des vaisseaux lym-
atiques dans tout le reste du corps, nous
ions rencontrer des observateurs qui ont
\outé chacun quelques faits curieux à l’his-
ire que nous développons aujourd’hui.
Adrien Spigellius fit quelques observa-
ons sur le chyle. Jean Veslingius, en 1549,
couvrit plusieurs vaisseaux semblables
ax lactés, vaisseaux par lesquels le pan-
‘éas adhère à la rate. Vers la même époque
an Valaus vit des vaisseaux lactés dans
s environs de la veine porte et de la veine
nve. Son opinion était que les vaisseaux
ictés allaient seulement au foie, À ces
oms nous pourrions en ajouter d’autres,
bus pourrions citer quelques hommes qui
int remarqué dans d’autres parties du
ibrps des vaisseaux qu’une observation at-
tive fait reconnaître pour être des vais:
saux lymphatique. Maës ces faits curieux
a eux-même, ne sont pas assez importants
our nous occuper et pour avoirillustré les
oms de Van Horne, de Sylvius, de Schnei-
er, etc., etc.
. L'histoire des vaisseaux lymphatiques
|ugmente et se consolide, mais il ne faut
as croire que tous les anatomistes de l’é-
| oque dont nous parlons l’aient considérée
omme vraie. Gassendi, Riolan et Harvey
rurent que les vaisseaux lactés étaient de
.imples veines non remplies de sang, et
ar conséquent n’adhérèrent pas à la dé-
| ouverte de Gaspard Aselli.
| 11 fallait des observations plus nom-
vreuses, des faits plus positifs pour con-
'aincre entièrement les esprits et plusieurs
|natomistes fameux vinrent par des expé-
liences décisives résoudre cette question
ncore indécise.
Jean Pecquet, médecin, né à Dieppe vers
| 610, mort à Paris en 4674, découvrit la
lerminaison des vaisseaux lactés, ou comme
in les nomme aujourd’hui, des vaisseaux
ÿymphatiques, dans le canal thoracique, il
ipercut à la partie inférieure du canal tho-
acique, le réservoir où tous ces vaisseaux
iboutissent, aussi ce réservoir porte le
10m de réservoir de Pecquet. 1] vit encore
e canal thoracique monter le long de la
olonne vertébrale et venir déboucher
|
|
“lans la veine sous-clavière gauche. Il
existe aussi des vaisseaux semblables à la
‘ace inférieure du foie. Glisson, qui s’est
“heaucoup occupé de cet organe, a remar-
qué des valvules dans ces vaisseaux etil s’est
nssuré que les lymphatiques du foie ne
*onduisent pas des intestins à cette glande,
mais du foie au canal thoracique.
Derrière toutes ces découvertes, il en
restait encore une qui consistait à démon-
rer l'existence des vaisseaux lymphatiques
Mans tout le reste du corps. Trois anato-
mistes se disputent l'honneur de la décou-
verte du système lymphatique général. Ces
trois savants sont : Rudbeck, Bartholin et
206
Jolyffe. Ils ont peut-être autant de droits
l’un que l’autre à ce titre de gloire, mais
cependant une juste critique en accorde
moins à Jolyffe.
Le premier de ces trois anatomistes est
OlaüsRudbeck. Ilnaquit en 1630 à Arosie,
dans la province suèdoise de Westermen-
land, et mouruten 1702. Rudbeck fut pro-
fesseur de médecine à Upsal et s’acquit un
nom célèbre par ses ouvrages. Un de ses
livres qui ne se rapporte pas à notre sujet,
est intitulé : Atlantica ou Manheim, et se
fait remarquer par une profonde érudi-
tion. Il a essayé dans cet écrit de prouver
que les Allemands, les Anglais et plusieurs
autres peuples doivent leur origine à la
Suède. Mais ce n’est pas ce patriotique
ouvrage qui aurait illustré le nom de Rud-
beck s’il n'avait pas publié une dissertation
anatomique d’une haute importance scien-
tifique. Cette dissertation intitulée : Disser-
tatio anatomica de ductibus novis hepaticis
aquosis et vasis glandularum serosis, ren-
ferme toute sa découverte des vaisseaux
lymphatiques. Dans cet opuscule, il s’attri-
buait à lui seul l'honneur de l’invention.
Mais Martin Bogdan, qui prétendait que
Thomas Bartholin y avait autant de part,
prit la défense de celui-ci contre Rudbeck.
On combattit à coups de brochures, et
l’honneur du combat sembla rester à Rud-
beck, La découverte de Rudbeck date de
1651 ; en 1652 il fit devant la reine Chris-
tine une démonsrration publique des vais-
seaux lymphatiques.
Thomas Bartholin, un des membres de
cette famille danoise qui a produit plu-
sieurs médecins célèbres, Thomas Bartho-
lin, né à Copenhague en 1616 et mort en
1589, publia sa découverte des vaisseaux
lymphatiques en 1652. Dans son traité de
lacteis thoracicis in homine brutisque nuper-
rime observatis, il reconnaît comme Rud-
beck que les vaisseaux lymphatiques de
tout le reste du corps ont à peu près la
même structure que les vaisseaux lactés
de l'intestin et contiennent de la lymphe,
Jolyffe, médecin anglais, a peu de droit,
comme nous l'avons dit, à la découverte
qui illustra Rudbeck et Bartholin. Cepen-
dant quelques écrivains, ses compatriotes,
n'ont pas craint de le placer à côté de deux
savants déjà cité. Nous n’adopterons pas
l'opinion de ces écrivains.
La découverte des vaisseaux lympha-
tiques était désormais acquise à la science ;
il ne s’agissait plus que de l’étendre, de la
populariser, et le talent de Ruysch devait
à merveille remplir ce but important.
Frédéric Ruysch, né à la Haye en 1638,
mort à Amsterdam en 1731: est connu de
tout le monde par son talent remarquable
pour les injections. Il publia en 1665 un
livre intitulé : Dilucidatio valvularum in
vasis lymphaticis et lacteis, et dès la même
année cet ouvrage le fit appeler à Amster-
dam pour y professer l'anatomie. Ruysch a
vu que les valvules des vaisseaux lÿmpha-
tiques sont placées de telle manière que le
liquide contenu dans ces vaisseaux ne peut
se mouvoir que dans un seul sens, tou-
jours vers le canal thoracique.
AntoineNuck avait fait, commeRuysch,
de curieusespréparations anatomiques pour
la démonstration des vaisseaux lympha-
tiques. Mais la mort l’enleva au milieu de
ses travaux et le résultat de ses observa-
tions ne fut pas publié.
Georges Duvernoy donna la représen-
tation des vaisseaux lymphatiques de l’ab-
domen, et Richard Hale en apercut auprès
207
de lamâchoire inférieure. W. Hunter, l’aîné
des deux frères de ce nom, W. Hunter, né
en 17148 dans le comté de Larnak, mort à
Londres en 1783, constata la présence des
vaisseaux lymphatiques chez les oiseaux.
Alexandre Monroo, médecin écossais pro-
fesseur d’anatomie à Edimbourg, vers la
première moitié du siècle dernier, décou-
vrit ces vaisseaux chez les poissons et chez
les reptiles. On a d’Alex. Monroo une ana-
tomie du corps humain et un Essai sur les
tniyections.
Paul Mascagni, né en Toscane en 1732
et mort en 4815, professeur d’anatomie et
de physiologie tour à tour à Sienne, à Pise
et à Florence, a aussi contribué à éclaircir
le sujet dont nous faisons l’histoire. Cha-
cun sait que $on Anatomie universelle qui
parut après sa mort à Pise, est un des plus
beaux ouvrages de ce genre.
Pour terminer par un beau nom la série
des anatomistes qui ont travaillé avec suc-
cès sur les vaisseaux lymphatiques, il faut
citer Guillaume Cruiskshank. Ce savant,
né à Edimbourg en 1746, mort à Londres
en 1800, fut l'élève de Guillaume Huster.
On a de lui un livreintitulé : Anatomie des
vaisseaux absorbants, 1786, livretraduit en
français par Petit-Radel l’année suivante;
cet ouvrage renferme ce que l’on sait de
plus exact sur le système lymphatique.
Nous arrivons maintenant aux anato-
mistes de notre époque, dont les travaux
n’ont pas peu contribué à sanctionner ceux
de leurs prédécessenrs. Nous ne pouvons
citer que des noms, et ces noms se pré-
sentent eu foule à notre esprit. Contentons-
nous de rappeler ceux de Palinza, de Lauth,
de Fohman, de Muller et celui de M. Ma-
gendie, qui se trouve mêlé avec bonheur
à toutes les grandes questions de physio-
logie.
Avant de terminer, qu’il nous soit per-
mis de faire une remarque importante.
Les anatomistes de l’antiquité pensaient
mais à tort, que l'absorption s’opérait seu
lement par les veines. C'était là l’opinion
de Galien, comme nous l'avons déjà vu, et
celte opinion resta long-temps dans la
science. Elle y resta jusqu’à ce qu’on eut
bien connu la structure et les fonctions des
vaisseaux lÿmphatiques. Mais dès qi’on eut
sur ces organes des idées justes et précises
on abandonna tout à fait l'opinion des an.
ciens pour admettre que l'absorption avait
uniquement lieu par les vaisseaux lympbha.
tiques. Cette opinion exclusive ne valait
pas mieux que la première et ne devait pas
résister à l'observation attentive de M. Ma-
gendie.
Ce savant physiologiste, par des expé-
riences aussi ingénieuses que convaincantes
a démontré que l'absorption s'opère aussi
par les veines. Mais l’expérience apprend
aussi à ceux qui la consultent et qui ne
font pas de la physiologie à priori que l’ab-
sorption peut s’opérer par les vaisseaux
lymphatiques. De tous ces faits, nous pou-
vons donc tirer une conclusion rationnelle
et nous voulons l’énoncer en terminant.
C'est que l’absorption s’opère à la fois par
les veines et par les vaisseaux Iyinpha-
tiques. : E. F.
TT DE PRE —— 7
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Moyens de recouvrir les surfaces mélalliques ;
rar M. Talbot, de Laycock Abbey, comté d
Witts. (Patente anglaise.) À M
Ces moyens sont au nombre de quatre.
208
Le premier consiste à ajouter de l'acide
gallique aus dissolutions salines dont on
se propose de précipiter le métal. On prend
done une dissolution anses ; d'or, de
platine, et l’on y ajoute de l'acide gallique
dissous dans de l’eau, de l’éther ou de l’al-
cool. (L'auteur préfère le dernier de ces li-
quides.) On plonge ensuite dans le mélange
la pièce bien décapée jusqu’à ce qu’elle soit
couverte de métal. L'auteur recommande
de commencer avec une dissolution faible ,
puis d’en employer une autre plus concen-
trée. Il n’est pas nécessaire que l'acide soit
pur.
Le second a pour objet d'argenter les
surfaces métalliques. On dissout dans de
l'hyposulfite de soude, ou dans tout autre
hyposulfite , du chlorure d'argent fraîche-
nent précipité, et l’on plonge dans cette li-
queur une pièce de métal bien décapée,
qui se couvre rapidement d'une brillante
couche d’argent. Si l'on veut obtenir une
plus grande épaisseur, on emploie une pile
voltaïque, dont un des pôles est formé d’une
pièce de métal de même nature que celui
qui doit être précipité.
En troisième lieu, l’auteur exécute des
dessins d’ornement sur le laiton et sur le
cuivre, en dorant leur surface partielle
ment, d’après un dessin donné , et en la-
vant ensuite les pièces avec une dissolution
de chlorure de platine qui relève les parties
dorées en donnant aux autres un noir
mat.
Enfin le quatrième moyen consiste à co-
lorer les surfaces polies des pièces en cuivre,
par l’action de l'acide sulfhydrique gazeux,
où dégagé des dissolutions qui le contien-
nent. L'auteur emploie aussi pour cet effet
les vapeurs du soufre, de l’iode, du brôme
et du chlore, ou bien il plonge les pièces
dans des liquides où ces substances exis-
tent à l’état de combinaison.
(Journal des Usines.)
— 245$ 236 be———
AGRICULTURE.
Culture du mürier-loup.
M. Gardes a renda compte au Comice
agricole de Montauban (Tarn-et-Garonne),
du résultat qu'il avait obtenu dans la cul-
ture d’un plan de mrier-loup qui avait
été confié à ses soins. Nous croyons devoir
faire connaître à nos lecteurs les détais
communiqués par cet agronome.
«Le plan désigné sous le nom de mürier-
loup, a été mis en terre vers la mi-février,
et recépé sur deux bourgeons au-dessus
de la surface du terrain ; les deux jets de
recépage m'ont fourni les moyens de faire
dix bouturess sur ce nombre, cinq ont réus-
si complétement et ont atteint 50 centi-
mètres de hauteur ; trois ont réussi mé-
diocrement , et deux n’ont pas poussé du
toute ;
» La distance des bourgeons entr'eux,
leur disposition et leur forme allongée,
présentaient une grande ressemblance avec
ceux du mürier des Philippines (ou rulti-
caule); la couleur du bois faisait même
présumer que cette espèce pouvait en être
une variété, mais la pousse a démontré le
contraire.
» La végétation s’est manifestée en même
temps que celle des müriers indigènes ;
mais il pourrait être inexact de préciser l’é-
poque , attendu qne les gelées tardives, qui
ont eu lien jusqu'au 15 avril dernier, ont
irrêté le mouvement de la sève , 3 deux ou
209
trois reprises différentes , et fait périr plu-
sieurs bourgeons,
» Les pousses sont parvenues à 1 mètre
25 centimètres de hauteur ; les feuilles sont
parfaitement dessinées, dentelées, lancé-
olées , de moyenne grandeur (8 centimè-
tres de large sur 11 centimètres de long);
mais, mais, à mesure que les plants se
fortifieront , il est probable que les feuilles
prendront un plus grand développement.
» La facilité de multiplier le mürier-loup
par le moyen de la bouture est un avantage
incontestable contre la perte de temps. L'o-
pération de la greffe ne réussit pas toujours,
on déforme plus ou moins la tige de l’arbre,
et on court plusieurs chances malheureuses
à l’époque de la transplantation, tandis
que le mürier-loup peut être mis en place,
sinon en bouture , du moins à un âge où
les arbres ne souffrent pas de leur déplace-
ment , réussissent beaucoup mieux, et
croissent bien plus vite. »
ECONOMIE RURALE:
Sur l'agricullure de l’ouest de la France, consi-
dérée spécialement dans le département de
Maine-et-Loire; par M. Leclerc-Thouin,
Après avoir rappelé la position géogra-
phique et recherché rapidement quelle in-
fluence l'état ancien du pays, sous le
double point de vue de sa position territo-
riale et des coutumes qui le régissaient.
peut encore exercer sur sa situation agri-
cole à l’époque présente, j'ai examiné suc-
cessivement pour chaque arrondissement
la nature et la qualité du sol de chacun
d’eux ; tel est l’objet du premier chapitre.
Dans un second , j'ai traité du climat dans
ses rapports directs avec le choix des végé-
taux cultivés, l’adoption des systèmes d’as-
solement et les procédés de culture ; dans
un troisième, des voies de communication,
sans lesquelles la fécondité de la terre et
l'heureuse influence du climat seraient
encore aujourd'hui des éléments inutiles
d’une richesse long-temps restée comme
ensevelie au milieu des sentiers étroits et
des chemins inabordables de la plupart des
régions occidentales. Dans un quatrième,
je me suis attaché à faire bien connaître
non-seulement le chiffre total de la popu-
lation , la manière dont elle est répartie
sur le territoire angevin et les conséquences
agronomiques qui en dérivent impérieu-
sement, mais l'état physique comparé des
classes industrielles et fermières, leur état
moral , le degré actuel de leur instruction.
J'ai noté, dans le chapitre suivant,
l'étendue , l’état actael des terrains com-
munaux , les divers modes adoptés par les
administrations locales pour en tirer parti;
les entraves que le parcours et les autres
charges passives apportent encore aux
améliorations en limitant le droit de pro-
priété.
Le chapitre VII comprend tout ee qui a
trait au mode de jouissance du sol. Il in-
dique le nombre relatif des propriétaires
qui font valoir directement, de ceux qui
afferment à partage de fruits ou de ceux
qui louent à prix d’argent. Il énumère les
conditions diverses du métayage selon les
lieux, l’augmentation de richesse du sol et
les progrès de la culture; celles du fer-
mage dans leurs rapports avec les obli-
gations mutuelles desparties coutractantes;
la durée des baux; les clauses restrictives
destinées à empêcher l'abus de la part du
preneur ; les clauses d'amélioration ; celles
du paiement en argent, en denrées, en
sortie. |
Le chapitre VIIT traite en deux para:
graphes distincts des bâtiments ruraux
considérés d'abord en eux-mêmes dans leur
construction, puis dans leur disposition et}
leurs rappports avec les diverses branches
de l'exploitation. Le chapitre IX, de l’é-4
tendue, de la topographie, de la subdivi-M
sion parcellaire et de la circonscription des
propriétés. Le chapitre X , de l’état général}
de fortune des cultivateurs; des capitaux
qu’ils possèdent ou qu'ils devraient possé
der et des intérêts qu'ils en retirent ou,
qu’ils devraient en retirer annuellement
Le chapitre XI, des relations qui existent,
d’une part, entre les propriétaires et lesm
fermiers, de l’autre entre les fermiers et:
leurs domestiques ou journaliers; du prix
du travail, de sa répartition entre les
hommes , les femmes et les enfants ; desé
émigrations de travailleurs ; du régime des
populations rurales, de leurs habitations,
de leurs vêtements et de‘leur nourriture. Les}
chapitre XII, des instruments et des mal
chines diverses qui ont pour but l’exploita-
tion directe du sol, la culture, les récoltes},
et la conservation des produits.
Après avoir décrit les instruments de la}
bour , je n'ai pas hésité à consacrer un cha-
pitre entier aux façons générales de prépa“
ration du sol, qui acquièrent une impor- :
tance toute particulière, sous le point deu
vue économique et physiologique, dansunm
pays où la grande culture est, à chaque
pas, en présence de la petite.
Sous le tire d’engrais , j'ai noté d'abord
quels sont ceux que l'on produit sur cha
que ferme; eeux que l'on est dans l'usage
d'acheter au-dehors. Sous le titre d'anan=
dements, j'ai parlé des matières minérales
dont l’action vient puissamment en aide à
celle des fermiers, sans toutefois jamais
les remplacer. Sous le titre de compostes};
j'ai fait connaître les mélanges de substan-
ces organiques et inorganiques qui jouent,
dans cette localité, un rôle d’ane très
grande importance. Enfin, j'ai recherché |
quelle est la production moyenne d'engrais
par tête d2 bétail et par hectare, pour
|
|
|
chaque ferme. pour chaque mode d’assole#
ment, la manière dont on l’emploie, et la}
quantité qu’on en attribue aux diverses
cultures.
Le chapitre XV, c'est-à-dire celui desh
assolements , est le dernier qui se rapporte
aux généralités. Jai cru, malgré la 1en#
teur et les fatigues d’un travail qui ne pou
vait s'achever sans un dépouillement mi}
nutieux du cadastre, devoir indiquer lesh
rapports d’étendue qui existent dans cha}
que arrondissement, ou plutôt dans chaquemk
canton cultural, entre les terres laboura-
bles et les propriétés imposables; entre lesk
prairies, les pâturages et les propriétés im
posables d'une part, les terres labourables
seulement de l'autre; entre les fourragess
artificiels et les diverses cultures des terres è
$
de l'importance réelle qu’on attache sur less :
divers points du département aux diffé=#
rentes natures de produits , j'ai mis en re}
gard les évalaations des répartiteurs com
munaux, qui sont, à cet égard, les juges
les moins récusables, Enfin, j'ai traité avec}
détail des systèmes d'exploitation adoptés
et des principales rotations suivies.
Après avoir ainsi passé en revue les faits
principaux de la culture d'ensemble, Je
pouvais aborder les détails des cultures
spéciales, parler du froment et des autres
CPE -
À.
id rréales, des plantes oléagineuses, des
antes textiles, des plantes fourrageuses
ju iturelles et artificielles, des racines, etc.
propos de chacune d’elles, je me suis
lyfforcé de faire bien connaître les espèces
m4$ les variétés cultivées ; leurs qualités par-
ulières , la place qu’elles occupent isolé-
, tent dans les assolements; les conditions
tn €: leur calture, de leur récolte, de leur
nnservation; les détails des frais semis et
wytentretien qu'elles occasionnent, et des
‘néfices qu’elles rapportent.
- La vigne occupe, en Maine-et-Loire,
“assez vastes espaces ; sa culture est extré-
ment variée. Je l'ai décrite pour chaque
'calité principale.
| J'ai consacré: {° un chapitre aux arbres
lfruits comestibles ou oléagineux qui ont
x tel ou tel arrondissement une impor-
‘Lfnce plus que jardinière, tels que les
x Pyers, les châtaigniers, les pommiers ;
:, À Un autre au mürier, dont les planta-
(ns semblent reprendre faveur , notam-
ent dans le Saumurois , où du reste elles
‘Ont jamais complétement cessé.
Les cultures forestières comprennent,
\ six paragraphes, le choix des diverses
sences , leur évaluation cadastrale com-
ire; leur multiplication; leurs trans-
antation ; les soin d’entretien qu’on ac-
>rde aux bois; la manière dont on les
nénage et les produits qu’on en retire
y#mmunément. Elles terminent la partie
1 travail relative à la production végétale,
n à Dans la seconde partie, je me suis oc-
Tfipé d’abord de l'étude des espèces et des
, d1ces; de recherches sur l’histoire récente
\1 cheval angevin, ses caractères, ses
sages, l’état de ses croisementset le chiffre
‘:tuel de sa production; de recherches
ralogues sur les animaux de l'espèce bo-
fne, de l'espèce porcine, de l'espèce ovi-
>; j'ai indiqué plus loin quels sont, sur
:5 différents points du département, les
jrimaux qu'on utilise pour le travail, les
HIDE | fe e , .
Mauses qui les font préférer, les manières
el pe , Rte ;
, Mont on les emploie ; puis j'ai passé succes-
LE .
, M 'ement en revue tous les animaux de
toi
note, tracé la partie purement technique
M: leur éducation, de leur engraissemnent,
{| fait enfin ressorur les rapports qui exi.
ent entre leur multiplication et l'écono-
# de la ferme ou de la contrée.
il ne me restait plus qu’à parier des
lincipales branches industrielles qui se
# itachent directement à l’agriculture; Je
ii fait à propos de la fabrication du vin ;
“cire, des huiles, du beurre, comme
l'avais fait à d’autres occasions, à propos
5 ilasses, de la chaux , etc.
|
[les |
MÉDECINE VÉTERINAIRE.
meurs du mésenière el des valvules trieuspi-
des du cœur. (Cheval) Par M, Thomas Mather,
in M\vétérinaire à Edimbourg.
Le malade était un poney noir, de cinq
Ms. qui était depuis environ deux ans en-
> les mains du propriétaire. Pendant ce
ups, il éprouva des attaques répétées de
nfluence (influenza); mais il recouvra sa
nté de manière à pouvoir faire un travail
arnalier.
Le 26 juiliet dernier (1842), au matin, je
°M15 de nouveau appelé pour le visiter : il
it tombé subitement boiteux la nuit pré-
dente, et le propriétaire supposa quil
uit atteint d’une affection spasmodique
M5 muscles fléchisseurs de la jambe. Je
IM'empressai de me rendre auprès de l’ani-
il l'après-midi.
212
À mon arrivée, je le trouvai dans un état
très grave, Il boitait très fort du derrière;
je crus que c'était du jarret, ou plutôtde la
partie antérieure et supérieure du mèta-
| tarse. Il éprouvait de la douleur quand on
comprimait cette région. Il tournait diffi-
cilement dans sa stalle. Le pouls était in-
termittent et à peine sensible aux deux ar-
tères radiale et sous-maxillaire; les flancs
LA . \ °£? % C 7
étaient tres agitès; les naseaux très dilatés ;
les membranes muqueuses des yeux et des
narines légèrement injectées ; les extrémi-
: tés d’une température modérée, Peu d’ap-
P
pétit; constipation.
D'après ces symptômes, je fus porté à
penser qu’il y avait une affection vive des
articulations des jarrets qui était accompa-
gnée d’une fièvre de réaction. Jene pus bien
établir mon diagnostic qu’en appliquant
mon oreille sur le côté gauche de la poi-
trine dans la partie correspondant au cœur,
et j'entendis distinctement qu'il y avait de
l’irrégularité dans les mouvements de sys-
tole et de diastole du cœur. Enfin j’en vins
à cette conclusion que, quelle qu'’ait été la
cause de la boiterie, le dérangement du
système sanguin venait d’une lésion du
centre de la circulation.
J’eus cependant le soin d’examiner les
pieds, et je reconnus que la boiterie prove-
nait évidemment d’une inflammation du
jarret. Comme les excréments du cheval
étaient bien moulés, une dose de médecine
était indiquée, et on l’administra, J’ordon-
nai en outre de faire des fumigations trois
fois le jour, en dedans du jarret. Je fis tenir
le cheval très chaudement; sa nourriture
consista principalement en mash d'orge et
| -un peu d'herbe verte. Je priai que l’on
| m'informit le lendemain si son état avait
empiré.
Le 28, le cheval était un peu plus vif,
ses excréments avaient la consistance de
ceux d’une vache. Sa soif était très vive ;
on lui donna un peu d'avoine bouillie ; il
mangea sa mash avec appétit.
Le 29, je ne pus voir le cheval ; mais je
fus informé que les symptômes s'étaient
aggravés,
Le 30, le cheval est plus mal; le pouls est
plus intermittent ; il y a prostration des for-
ces; les extrémités sont plus froides et les
mouvements du cœur sont plus irréguliers.
Je donnai en une pilule 3 j de sulfate de
fer, 3 j de poudre de racine de gingembre;
| je lui fis faire des frictions aux membres et
| je fs appliquer des bandes.
Le 31, point de mieux. La faiblesse aug-
mente. Il ne pui se lever pour manger son
avoine bouillie, qu'il ne put achever tant
qu’il resta couché. La médecine tonique
est répétée deux fois dans la journée.
Le 1er août, la boiterie existait à l’autre
membre postérieur. On continua les toni-
ques deux fois le jour. On lui donna en
plus de son avoine bouillie un peu de ca-
rottes coupées.
Le 2 août, le membre entier était impo-
tent. Le pouls était à peine sensible. Le
sang refluait dans la jugulaire. Je donnai
3 ij de carbonate d’ammoniaque dans son
avoine cuite. Je continuai aussi à lui admi-
nistrer une petite quantité de la médecine
deux fois le jour, dans le même aliment que
nous lui avions fait avaler.
Le lendemain, les symptômes s'aggrave.
rent encore. La respiration devenait ra-
pide et laborieuse. Les yeux s'enflammè-
rent dans leur orbite et les pupilles se dila-
tèrent. Les extrémités étaient très froides et
le pouls diffcile à explorer. En consultant
213
la région du cœur, je constatai que cet or-
gane ne battait pas plus de trois fois dans
cinq minutes. L’ondulation veineuse s’éten-
dait jusqu’à la base de l'oreille. L'état gé-
uéral du cheval annonçait une fin pro-
chaine. Il expira en effet deux heures
après.
Autopsie, douze heures après la mort.
| Les organes abdominaux étaient à l’état
normal en apparence. L’extérieur des intes-
tins n’était pas malade. Les intestins grêles
étaient remplis d’un liquide jaunâtre qui
avait une odeur désagréable. Une petite
quantité d’herbe mâchée nageait sur le
fluide. En plongeant ma main vers l’épine
dorsale, je trouvai une masse de la gros-
seur de mon poing; en l’examiuant de
près, je reconnus que c'était une tumeur
qui était située près des ganglions mésenté-
riques. En pressant la tumeur, je vis sortir
une petite quantité de liquide purulent. Le
foie était très friable, d’un bleu livide : il
contenait deux calculs. La rate était tumé-
fiée et remplie de sang. La vessie était dis-
tendue. Les autres viscères étaient sains.
J'ouvris ensuite la poitrine en enlevant
une partie du sternum et des côtes, afin
d’examiner facilement les viscères pecto-
raux. Les poumonsétaientle siège de lésions
chroniques. La totalité de la surface du
poumon gauche était couverte de taches
ecchymotiques, et une portion de la plèvre
adhérait aux côtes. Ces lésions prouvérent
qu’il avait eu une pleurésie antérieure
ment ; le péricarde était enflammé, sa ca-
vité contenait une grande quantité de fluide
rougeûâtre.
Les parois du cœur étaient couvertes de
taches sanguinolentes. En ouvrant l’oreil-
Jette droite, et en continuant l’incision de
haut en bas vers le ventricule, je vis une
tumeur volumineuse et dure qui adhérait
fortement à la valvule tricuspide, et qui
fermait si complélement l'ouverture auri -
culo-ventriculaire droite, qu’à peine si je
pus y introduire le bout de mon petit doigt.
La valvule mitrale était un peu épaisse , et
la plus grande partie du cœur était trans-
formée en tissu tendineux. D'après ce qui
précède, on ne peut douter que ces lésions
ne fussent la cause de la mort.
Remarques. Cette maladie peut-elle pro-
venir de plusieurs incidents de la maladie
dite tr/luenza ? S'il en était ainsi, il pour -
rait bien arriver que cette épidémie qui a
fait tant de ravages consistàt en une ma-
ladie du cœur. Ce qui le prouverait, c’est
que je puis assurer que toutes les fois que
j'ai eu occasion d'examiner les organes ma-
lades après la mort, j'ai trouvé le cœur
plus ou moins malade,
(Clinique vétérinaire.)
Quelques nouveaux détails sur l’origine de
paulownia imperialise
Depuis quelques années il est question
dans le monde horticole d’un arbre récem-
ment introduit en Europe, le Paulownia
tmperialis (4), qui a fleuri pour la pre-
mière fois sur le continent, fin avril 1842,
au Museum d'histoire naturelle de Paris :
où tous les amateurs ont pu admirer cet
arbre, dont le port est magnifique, à très
(1) Nous avons parlé plusieurs fois de ce végétal
dans l’'Echo du Monde savant de 1842, imais nous
insérons avec d'autant plus de plaisir la note que
nous adresse notre abonné, qu’elle renferme sur
son importation, et sur les résultats qu'ont déjà ob-
tenus ceux qui l'ont cultivé, des détails ignorés jus-
qu'à ce jour.
914
larges feuilles et à fleurs en panicules, d'un
beau bleu, odorantes. En nous en rappor-
tant complètement à ce qu'en a dit M. New-
mann, directeur des serres, au Jardin des
Plantes, sous les bons soins duquel le Pau-
lownia a pris naissance ; nous croyons de-
voir faire connaître quelques renseigne-
ments sur l’origine et qui pourraient servir
à l'histoire du Paulownia imperialis, que
vient de me faire l'honneur de m'adresser
M. le vicomte de Cussy, ancien officier su-
périeur de l’armée, quihabite Saint-Mandé,
près Paris, où il cultive quelques jolies
fleurs de son choix et où il s’occupe d’ar-
chéologie, de science, etc. Voici la subs-
tance de ces renseignements et comment
s'exprime M. de Cussy sur l'introduction
en France du Paulownia imperialis :
« En 1806 , pendant un de mes voyages
en Angleterre , des amis communs me mi-
mirent en rapport avec M. le docteur Kier-
nom, de la Compagnie des Indes, arrivé
depuis peu de jours seulement de la Chine
et du Japon. On parla de l’horticulture de
ces pays, de la beauté d’un très grand nom-
bre d'arbres et de plautes non encore cul-
tivés en Europe, et j'appris que ce savant
voyageur avait rapporté une certaine quan-
tité de grines. La pensée me vint que c'était
l'occasion, peut être, de doter notre chère
France de quelques plantes utiles, ou au
moins agréables, et je fus assez heureux
pour obtenir huit petits pots de porcelaine,
renfermant autant de genres divers. Sur
chaque pot se trouvaitun nom tracé en ca-
ractéres chinois ou japouais, et il est fort à
regretter que ces précieuses étiquettes aient
été égarées lors des semailles.
» À peinerevenu à Paris, je courus plein
d’espoir au Jardin du Roi, et confiai ma
trouvaille aux soins éclairés de M. New-
mann ; mais, quel fut mon désapointement
quand après quelques mois il me fut ré-
pondu qu'aucune graine n'était venu à
bien! C'était toutefois une erreur, car nous
venions d’acquérir le Paulownis, dont au
reste , l’existence m'a été révélée cette an-
née seulement; en même temps que des té-
moins irrécusables, auxquels s’est jomt
M. Newmannlui-même, constataient men
droit d’importation. »
Planté en pleine terre, devant la maison
d'habitation de M. André Leroy, à Angers,
le Paulowwnia imperialis a poussé, pendant
l'été dernier, une tige de cinq mètres. Les
215
feuilles que nous avons mesurées, présen-
-taient le diamètre extraordinaire de plus
de 70 centimètres. Chez M. Bertin, à Ver-
sailles, nous avons également vu que dans
les mêmes conditions de culture, un Pawu-
lownia, a donné une flèche de plus de
4 mètres, dans le courant de l’année 1842:
chez celui-ci les feuilles avaient 74 centi-
mètres de large et la longueur des pétioles
50 centimètres. À Angers, comme à Ver-
sailles, les arrosements ont été on ne peut
plus abondants, pendant la chaleur et la
longue sécheresse de l'été.
Le Paulownia imperialis, par sa-rare et
grande beauté, se trouvant placé dans la
catégorie des arbres d'agrément, indispen-
sables dans tous les jardins d'amateurs ; la
société entière, de tous les pays, doit ren-
dre hommage à M. le vicomte de Cussy et
luiadresser de bien sincères remerciments,
pour avoir bien voulu doter la France et
l'Europe d’un végétalaussi précieux ; d’une
culture etd’une multiplication faciles, d’une
végétation des plus vigoureuses , d’un port
majestueux et digne d’admiration ; en un
mot, c’est une des plus belles créations du
règne végétal. La croissance du Paulow-
mia est tellement rapide, que nos plans at-
teignent souvent la hauteur de plus d’un
mètre la première année. Bossin.
Grainier-Pépinériste, 5, quaiaux Fleurs,
à Paris.
a "|
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
— Le Courier du Midi annonce qu'un proprié-
taire de la vallée de l'Hérault a obtenu une récolte
parfaitement réussie de coton provenant de graines
dé la Louisiane qui ont donné des arbustes de cent
trente à cent soixante centimètres d’élévation. £a
qualité du coton est surtout remarquable par sa fi-
nesse et sa blancheur. Si cette culture pouvait s’o-
pérer en grand, ce serait un bienfait pour le paÿs,
que cet essai dont l’auteur doit prochainement pu-
blier les détails.
Digne. — M; B... se trouvait ces jours-ci à la
chasse et aperçut, dans les hautes branches d'uu
chêne , un grand nombre de petits quadrupèdes aux
mouvements saccadés, qu'il prit pour des écureuils.
Il tira ses deux coups de fusils; mais quel fut son
étonnement de voir toute la bande s'envoler bruyam-
ment et fuir à tire d’aile pour aller se poser au loin
dans un massif d'arbres! Le coup avait porté; un
21
de ces animaux était allé tomber à quelques pas di
æhène. M. B... reconnut qu'en effet il avait tué up]
écureuil, Seulement celui-ci était d’un pelage gti||
cendré sur le dos et entièrement blanc sous le ven:ll
tre, La peau de ses flancs s'étendant comme
membrane des pieds de devant à ceux de derriè
formait- deux ailes soutenues par de longs appen-||
dices osseux partant des pieds. |
Ce curieux individu paraît appartenir à la clasiel
des rongeurs décrite par Buffon sous le nom de |
sciurus volucella, et par Cuvier sous celui de sci||
rus volans, Cette variété de l’espèce qui se trou |
|
|
|
|
dans l’Amérique du Nord, et surlout au Canada |
dans l’Huüson , ne se rencontre en Europe que dar ||
les régions les plus froides, Ce n’est pas pourtaï{||
le seul exemple que nous ayons en France d’un fail|
aussi extraordinaire. Le docteur Heuraz, qui s'il}
particulièrement occupé des rongeurs , assure se | L-
vu dans les montagnes de [Alsace deux individus del
cette curieuse famille; et un autre, trouvé dans l& IP
landes de Bordeaux en 4829, fut envoyé à M. Geof
froy de Saint-Hilaire. Celui qu'a tué M. B... n’est|l
presque pas endommagé et doit être envoyé, dit
on, au cabinet d’histoire naturelle de Marseille. |
(Ann. forestières.)
— On a observé dans la mine de Wall’send (Ne#l
castle) un phénomène très singulier. On rencontre
peu d'eau au-dessous de la couche de grès qu
porte le nom de 70 fathoms post ; une machine
de 55 chevaux travaillant au plus dix-huit heure
par jour, suffit complètement pour l'épuisementMll
Or, on a observé que, dans certains puits, à la pros
fondeur de trente ou quarante fathoms, l’eau el
fraiche et t'es bonne à boire, tandis qu’au-dessous
elle est fortement salée; dans tous les autres puit
l'eau est constamment fraîche, douce et potable
Pour expliquer cette différence, it paraît difficile
de supposer que l’eau salée provient du lit de lan
Tyne, car celle-ci n’est elle-même salée à Wall's end
qu'aux fortes marées d’équinoxe. Il est permis dé
penser plutôt que l’eau fraîche des couches supé”
rieures se charge de principes salins en traversanb|}
quelque roche inconnue pour arriver au fond del
mine. - 5 l
—R ÊE— |
BIBLIOGRAPHIE.
ANALYSE PHYSIOLOGIQUE de l'entendemen
humain, d’après l'ordre dans lequel se manifesient,
se développent et s’opèrent les mouvemenis sensitifsb
intellectuels, affectifs et moraux ; suivie d’exercicem
sur divers sujets de philosophie. Par J. C. Coliineau»
— À Paris, chez Baillière, rue de l'Ecole-de- Méde-|
cine. n. 17. Ÿ
ee
TRAITÉ de cristallographie; par W. H. Miller.
Traduction française, par H. de Senarmont, ins-
pecteur des mines. À Paris, chez Bachelier, qual
des Augustins, 55. À
DISCOURS sur l’histoire universelle; par B0SM
suet. Edition conforme à celle de 1700. —A Pariss
chez F. Didot, rue Jacob, 56.
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REVUE
SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE
OÙ TRAVAUX DES
Librairie de Debécourt, rue des Saints-Pères, 69.
Savants et des Manufaeturiers de Ia Framce,
de l’Allemmagme et de l'Angleterre,
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SPÉCIALEMENT CONSACRÉ
A LA PHYSIQUE, A LA CHIMIS, À LA PHARMACIES
Ô ET A L'INDUSTRIE,
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
DU 1D' QUESNEVREER)9
Fabricant de produitschimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin, de l'Institut,ete.
Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages).
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Ænnales de chimie
et de physique , dont ce journal est, pour les travaux des savants étrangers,
ersonnes qui s’abonnent à la Aevue
istoire de la chimie de F. Hoëfer, for-
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pour deux années à la fois ont droit à l’
mant deux volumes in-8° de 17 francs.
Le prix de l'abonnement à la Revue scientifique est de 20 fr. par année
Les douze premiers volumes seront : Vie de Bayard, par M. Delans bu |
de Saint-Esprit; Vie de la reine Blanche, par T. Nisard; Vie de Godæ/
froy de Bouillon, par M. D'Exauvilliers; Vie de Saint-Vincent de Paul ,p
l'abbé Orsini; Vie de Mme de Sévigné; par M. le vicomte de Walsh;
de Suger, par M. A. Nettement; Vie de Charles V, par Barthélemy; Vie
l'abbé de l’Epée, par Duplessy: Vie de Mallebranche, par Lourdoueix ; Hg
du cardinal de Bérulle, par l’abbe de Genoude ; Fie du connétable de CIS
son, par M, de Clisson; Vèe de Colbert, par M. Alfred de Servich. À
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peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS €l les MORCEAUX CHOISISdu mois (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément } et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. Ç.-B. FRAYSSE, gérant.
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
ASTRONOMIE. Note de M. Marcel de Serres sur
“D les étoiles filantés. — PHYSIQUE DC GLOBE.
51 {| Sur des incendies qui paraissent dus à des chûtes
g d’aérolites.— CHIMIE INORGANIQUE. Procédé
re pour obtenir le protochlorure de mercure. —
— SCIENCES NATURELLES. SCIENCES
MÉDICALES. — TOXICOLOGIE. — PALEON-
TOLOGIE. Cogquilles fossiles de Colombie re-
- cueillies par M. Boussingault, sur le mode d'ob-
servalion du tronc des végétaux ligneux fossiles ;
Unger de Gratz — ZOOLOGIE. Index ornitho-
logique ; Lesson. — Mœurs, développements, mé-
tamorphoses de la caridina Desmarets; Milne
Edwards. —SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS
CHIMIQUES. Du tannage mécanique et autres
perfectionnements récents. — Perfectionnements
à Ja fabrication des papiers de tenture — AGRI-
CULTURE. Du topiaambourg comme nourritu!e
de bestiaux. — SCIENCES HISTORIQUES.
ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET PO-
LITIQUES. Séance du samedi 28 janvier. —AR-
CHÉOLOGIE. Canton de Coze, arrondissement
de Saintes. — COURS PUBLIC. ATHÉNÉE.
Cours de ehimie. — BIBLIOGRAPHIE.
Him —
| SCIENCES PHYSIQUES.
"ASTRONOMIE.
Note de M. Marcel de Serres sur les étoiles
flantes.
« Des ctoiles filantes ont été apercnes à
|Moutpellier pendant les suits du 7 an 8, du
3 au 9 et du 10 au 11 novembre 1849, II
|n a été peut-être de même dans les nuits
uivantes; le ciel étant couvert et nuageux,
1 a pas permis de les apercevoir.
» Ces étoiles se dirigeaient presque toutes
lu sud au nord ; plusieurs étaient très bril-
lantes ; lune d'elles, malgré l'éclat de la
une, répandait une lumiere plus vive que
:elle de Jupiter.
| »Le nombre des étoiles filantes a été
blus considérable dans la nuit du 10 au 11
ioût, que pendant la nuit précédente. J'en
ii compté dans la j remière, de neuf à dix
ieures du soir, environ 25 dans moins du
iers du ciel, ce qui donnerait 75 pour le
‘iel entier et par heure.
» J'étais tourné vers le sud pendant que
e faisais ces observations ; les étoiles pa-
laissaient se mouvoir ou se diriger de l’est
| l’ouest, direction bien différente de celle
tuiaété assignée par M. Bohard aux étoi-
“es filantes qu'il a aperçues à Rennes. Seu-
ement il m'a paru, comme à lui, queleurs
litesses apparentes étaienttres inégales. Les
{nêmes faits ont été constatés à Montpellier
ar M. Elouard Roche, licencié ès sciences
Inathématiques de notre Faculté. »
à
]
PHYSIQUE DU GLOBE,
"ur des incendies qui paraissent dus à des chu-
* Les d’aérolithes. (Lettre de M. le jnge de paix de
* Montierender à M, Arago. )
« Depuis quatre ou cinq mois, de trop
lombreux incendies désolent nos contrées, -
et toutes le; rechercheset les investigations
de l'autorité, quoique des plus actives et
des plus scrupuleuses pour découvrir les
causes de ces tristes événements, sont jus-
qu'à ce jour restées sans résultat.
» Est-ce la malveillance, est-ce la négli-
gence ou l’imprudence qu'il faut accuser?
Voilà les questions que chacun se fait sans
pouvoir les résoudre.
» Ilest remarquable que souvent deux
incendies ont éclaté presqu’en mêmetemps,
c’est-à-dire à quelques heures l’un de l’au-
tre, et à une distance assez rapprochée et
telle que si ce n’est dans le même endroit,
c’est au pius à 5 ou 10 kilomètres.
» Il n’est pas moins remarquable qu'au-
cun de ces sinistres n’a pris paissance dans
la partie des habitations où il y a des foyers
et où l’on porte habituellement du feu ou
de la lumière; c’est au contraire dans des
granges, des écuries, des remises ou autres
bâtiments séparés et souvent éloignés du
principal corps habité, et toujours dans les
combles, que le feu a pris.
» Dès le principe, ces circonstances tou-
tes particulières ont naturellement porté
à attribuer ces malheurs à la malveillance;
ais la non-découverte d'aucun coupable
dans des cas aussi multipliés a nécessaire -
ment fait changer d'opinion et rejeter les
causes tantôt sur la négligence, tantôt sur
l’imprudence. Ceci est-il mieux fondé; c’est
douteux. Et en effet, en présence de sinis-
tres se renouvelant à chaque instant, et
lorsque chacun tremble d’être victime à
son tour , est-on négligent ou imprudent ?
Non certainement, et la police atteste d’ail-
leurs des soins et de la vigilance apportés
de toutes parts pour prévenir de si terribles
accidents.
» Cependant ils ne sont pas moins fré-
quents aujourd’hui que précédemment, et
il y a évidemment une cause : ne pourrait-
elle pas résulter des phénomènes assez sin-
guliers qui ont été signalés ici, et que je vais
avoir l'honneur de vous faire connaître.
» 1° À Montierender, le 18 novembre
dernier, à 11 heures du soir, une jeune
fille, entrant dans sa chambre ayant jour
sur un jardin clos, vit une forte lueur pas-
ser et frapper les vitres de sa fenêtre: elle
ne vit plus rien ni n’entendit personne. Le
lendemain 12, à 2 heures après midi, le
grenier de cette chambre et ceux de quatre
maisons voisines étaient enflammés avant
qu'aucan secours eût pu être porté.
» 2 À Boulancourt, distant de Montie-
render de À myriamètre le 10 novembre, à
9 heures du soir, on aperçut une grande
flamme s'échapper de la toiture d’une
grange, bien séparée de la ferme; on eut
peur d’abord,pais on prit cetle flamme pour
une étoile filante et on ne s’en occupa pas
davantage ; mais le 12, entre 11 heures et
minuit, cette grange était en feu dans toute
l'étendue de son faîte, avant même qu’on
eût pu s’en apercevoir.
» 3° À Montierender , dans les premiers
jours de décembre, entre 5 et 6 heures du
matin, on vit, allant de l’ouest à l’est, un
globe lumineux jetant une si grande lu-
miére, que plusieurs personnes sortirent de
leurs maisons, persuadées que ces maisons
étaient en feu, et elles entendirent d'assez
forts petillements au passage de ce phéno-
mene.
» Les personnes de Montierender cru-
rent voir ce globe peu élevé au-dessus des
maisons, et se jeter dans une prairies à peu
de distance entre le pays et la forêt; et des
individus se trouvant sur les routes et dans
la campagne, rapportèrent avoir vu ce
globe au-delà de Montierender et descendre
sur la forêt.
» 4° Enfin, le 8 du présent mois, entre 8
et 9 heures du soir, à Montierender on vit
un pareil globe qu’on s'imagina sortir d'une
cheminée à l’ouest du pays et marc
aussi à l’est. Arrivé au-dessus du cime
ce globe, qui cette fois ne produisait
petillement, se divisa en trois parti
l'une descendit sur le cimetière, tan
les deux autres se perdaient derriè
maisons; on fut sur-le-champ exanà
l’endroit du cimetière où la première pa
tie semblait être tombée, et on n’y remar-
qua absolument rien.
» Le lendemain, 9, à 8 heures du soir,
à 5kilomètres et à l’ouest de Montierender,
un incendie éclatait dans une grange et la
réduisaiten cendres, ainsi que les bâtiments
qui y tenaient; les fermiers ne s'apercu-
rent du désastre que lersque la grange était
totalement enveloppée par les flammes, et
que déjà les combles de la maison fermière
étaient atteints. »
L'auteur de cette lettre termine en sou-
mettant ces faits à l'attention de l’Académie
et en lui demandant la solution d’une ques-
tion aussi intéressante,
CHIMIE INORGANIQUE.
Procédé de M. Soubeiran pour obtenir le
proto-chlorure de mercure.
Depuis long-temps fa préparation du pro-
to-chlorure de mercure est l’objet del’atten-
tion et des études des chimistes. Mais mal-
gré ces études persévérantes nous n'étions
pas encore parvenus à rivaliser avec l’An-
gleterre dans la préparation de ce produit.
Le procédé de M. Henry fils, qui consiste
à faire arriver dans un même espace de la
vapeur d'eau et du calomel en vapeur,
est défectueux sous bien des rapports.
M. Soubeiran, à qui la pharmacie doit de
si ingénieuses découvertes, avait proposé
vers la moitié de l’année dernière de sub -
stituer à la vapeur d'eau un simple cou-
«
290
rant d'air. Pour cela, il chauffait du calo-
mel dans un tube placé sur un fourneau
et il dirigeait dans l'intérieur de ce tube un
courant d'air à l’aide d’un ventilateur à
force centrifuge. Ce courant enlevait la
vapeur, la portait dans le récipient et là
elle s’y condensait, Ce procédé donnait de
fort beau calomel; mais M. Soubeiran
avait compris qu'il pouvait aller plus
loin, et bientôt il n’a pas tardé à supprimer
le courant d'air lui-même.
Chacun sait qu’elle est la ténuité de la
fleur de soufre, et chacun sait également
qu'il suffit pour la préparer de la vapori-
ser dans un grand espace dont la tempé-
rature est inférieure à celle du point de
fusion du soufre, c’est-à-dire inférieure à
408. Partant de ce fait connu, M. Soubei-
ran s’est demandé si l’on ne pouvait pas
préparer du calomel en poudre comme
on prépare du soufre en fleurs. Il a expé-
rimenté et l’expérience est venue confir-
mer son opinion.
Pour cela, il chauffe le calomel dans des
tubes en terre, fermés à un bout, ouverts
à l’autre, de 40 centimètres de diamètre
sur 50 à 60 centimètres de longueur. Ces
tubes contiennent 4 à 5 kilog. de calomel.
M. Soubeiran enduit ces tubes à l'extérieur
d’une couche de terre argileuse et les place
dans un fourneau allongé. Ils sortent du
fourneau de 4 centimètres pour pénétrer à
fleur de la paroi d’un récipient. Cette der-
nière circonstance est très utile, car le
mercure doux vaporisé pourrait se con-
denser dans cette portion du tube qui pé-
nétrerait dans le récipient et l’obstruerait
sans doute.
Le récipient de M. Soubeirant est une
grande fontaine qui, vers les deux tiers de
sa hauteur, est percée d’un trou pour l’in-
troduction du tube de terre. On a soin de
placer du lut dans cette jointure; on en
place aussi autour du couvercle de la fon-
taine, mais on laisse en haut une ouverture
pour l'air dilaté, ouverture qu’on recouvre
avec une plaque de verre. Dans la dispo-
sition de cet appareil il faut avoir égale-
ment soin de rapprocher le récipient le
plus près possible du fourneau, car sans
cela le calomel pourrait se condenser dans
la partie extérieure du tube. Cependant
il faut soustraire le récipient à l’action trop
vive du feu, action qui se produirait par
la chaleur rayonnante. Pour cela l'on
bouche avec de la terre l’espace qui existe
entre la circonférence du tube et la circon-
férence du trou par lequel il passe. Deplus,
on dispose deux diaphragmes en tôle entre
le récipient et le fourneau, diaphragmes
À travers lesquels le tube passe librement. La
chaleur rayonnante se trouve ainsi arrê-
tée d’une manière suffisante.
Si l'appareil est simple, la manière de
s’en servir l’est aussi. On chauffe d’abord
le tube au rouge sombre dans la partie la
plus voisine du récipient, puis on porte peu
à peu le feu dans toute la longueur du
tube. En unehz2ure et demie ou deux heures
on volatilise 4 à 5 kilg. de proto-chlorure
de mercure. Cela fait, on laisse refroidir
le tout, puis on démonte l'appareil et on
lave le calomel avec de l’eau distillée jus-
qu’à ce que les eaux de lavage ne se colo-
rent plus par l'hydrogène sulfuré. On fait
sécher à une douce chaleur.
L'appareil de M. Soubeiran suffit pour
préparer une grande quantité de calomel;
mais si besoin était d'en avoir davantage,
on pourrait substituer à cette fontaine une
petite chambre dont la paroi du côté du
291
fourneau serait construite en briques.
Cette modification apportée dans la pré-
paration du calomel est sans contredit un
fait. important, surtout si l’on remarque
que M. Soubeiran cherche à préparer de
la même manière diverses autres subs-
tances, et qu'il a obtenu déjà quelques
succès en voulant préparer ainsi plusieurs
produits pharmaceutiques.
La France n’est donc plus réduite à en-
vier à l'Angleterre le secret de son procédé
puisqu'elle en possède un qui, s’il n’e:t pas
le même, ne craint pas du moins la concu-
rence. Tout porte à croire que la fabrication
du calomel va prendre une extension impor-
tante, et dans quelques années nos voisins
d'outre-mer viendront peut-être chercher
chez nous un produit qu'ils trouveront
plus pur et plus beau que chez eux.
E. F.
DIE ——
SCIENCES NATURELLES.
SCIENCES MÉDICALES.
TOXICOLOGIE.
M. Mialhe avait annoncé, il ÿ a quelque
temps, à l’Académie de médecine, qu'ayant
introduit dans sa bouche une dissolution de
sublimé corrosif, il avait fait sur-le-cham
disparaître la saveur insupportable de ce
corps en le mettant en contact avec du
protosulfure dé fer récemment préparé et
délayé dans l’eau. De là il concluait que le
protosulfure de fer est l’antidote du su-
blimé corrosif qu'il décompose instantané-
ment en formant du chlorure de fer et du
sulfure de mercure, tous deux sans action
nuisible sur l'économie animale. M. Orfila
a répété les expériences de M. Mialhe et a
cherché à constater la valeur de son anti-
dote. Alors il a publié dans le Journal de
pharmacie et de chimie, une note de laquelle
il résulte : {° que le protosulfure de fer
anéantit complètement les propriétés véné-
neuses du sublimé corrosif s’il est admi-
nistré à dose suffisante immédiatement
après l’ingestion du poison; 2° qu'il est
inefficace s’il n’est donné qu’au bout de
dix à quinze minutes, lorsque le poison a
déjà exercé une action délétère assez forte
pour causer la mort; 3° tout en accordant
qu'il décompose le sublimé corrosif plus
énergiquement que l'albumine et qu’on
doit le préférer quand on peut ladminis-
trer immédiatement après l’empoisonne-
ment, cependant on retirera toujours ou
presque toujours plus d'avantages de lal-
bumine qui, délayée dans l’eau, est À la
portée de tout le monde, que du proto-
sulfure de fer qui, ne se débitant que dans
les pharmacies, ne pourra être administré
qu'après un temps assez long.
Un autre fait curieux de toxicologie in-
séré dans le même journal, a trait à un
empoisonnement de moutons par le sel
marin. M. Testu a constaté un cas d’empoi-
sonnement chez des bêtes à laine par l’em-
ploi inconsidéré du sel de cuisine. 5 kilog.
de chlorure de sodium donnés à 70 moutons
en ont fait périr 24 en trois heures eten ont
indisposé plusieurs autres d'une manière
assez grave. L'autopsie des animaux a con-
firmé le diagnostic de M. Testu. M. Barbe,
par l’usige de pailles salées a occasionné
de légères gastrites à ces animaux.
PALEONTOLOGIE.
Rapport sur un mémoire de M. Alcide d'Orbi-
gny, intitulé : Coquilles fossiles de Colombie
recueillies par M. Boussingault.
M. Alcide d'Orbigny a présenté à l’Aca-
22
démie ; le 10 septembre dernier, un Mé-
moire intitulé : Coquilles fossiles de Co-
lombie recueillies par M. Boussingault,
notre confrère.
Ce Mémoire avait pour premier objet de
faire connaître exactement les corps orga-
nisés fossiles d’un pays où l’on en cite de-
puis longtemps, mais dont on ne connaît
réellement quelques espèces que depuis la
publication , faite récemment par M. L. de
Buch , de coquilles des mêmes régions, re-
cueillies , il y avait déjà longtemps, par
MM. de Humboldt et Degenhard.
M. d'Orbigny n’a pas voulu se borner à
une simple, mais exacte description ac-
compagnée de bonnes figures de ces corps,
devenus si intéressants depuis qu'ils sont à
la géologie ce que les médailles sont à l’his-
toire ; il a voulu en faire immédiatement
l'application à la géologie et montrer, par
la détermination précise des genres et des
espèces et par une comparaison raisonnée
de ces espèces avec celles d'Europe aux-
quelles elles ressemblent, quelle sorte de
terrain, quelle formation, comme le disent
les géologues , elles signalaient en Amé-
rique, par conséquent à quelle époque
géologique on devait rapporter les terrains
qui les renferment, de même qu'on établit
l’époque d’un monument, à l’aide des mé-
dailles qu’on y.trouve.
Il y avait donc deux classes d’étades à
faire sur les dépouilles assez nombreuses,
la plupart assez bien conservées, recueil-
lies de 1821 à 1833 par M. Boussingault.
L'une était la détermination appuyée sur
l’examen le plus minutieux et la critique
la plus sévère de ces corps comparés avec
ceux qui leur ressemblent et qui ont déjà
été décrits.
L'autre la détermination de la formation
géologique qu’elles font connaître.
La première étude, celle des espèces,
devait conduire à des résultats certains,
pour donner à la seconde une égale certi-
tude.
La description des quarante-trois espèces
de coquilles et d’échinodermes qui, parmi
tout ce qui avait été rapporté par M. Bous-
singault , étaient en état d’être reconnues ,
a été faite avec la netteté et la critique de
comparaison auxquelles M. Alcide d'Orbi-
gny nous a accoulumés.
Après la description de chaque espèce
considérée comme inconnue, faite avec
méthode et de suffisants détails, M. d’Or-
bigny a procédé à ce que nous appelons les
considérations critiques, qui l'ont porté à
regarder cette espèce comme nouvelle pour
la science ou comme étant la même qu une
espèce déjà décrite ; il a appuyé sur les ca-
ractères qui les distinguent des espèces les
plus voisines déjà connues, en en faisant
logiquement ressortir et les différences,
et la valeur de ces différences.
Il faut voir dans le Mémoire même les
détails de cette discussion pour en juger le
mérite et l'importance, car, nous le répé-
tons , il ne s’agit plus ici d'examiner si le
corps qu’on veut ajouter au catalogue des
êtres naturels est réellement différent de
tous ceux qui y sont déjà inscrits ; une er-
reur, dans une semblable détermination,
n’a presque aucune conséquence ; elle se
borne à avoir augmenté ou réduit de quel-
ques unités cette immense catalogue; mais
les corps organisés fossiles et les coquilles
surtout, qui, pour continuer notre compa-
raison, sont les médailles les plus nom-
breuses, les plus variées, les plus inalté-
rables de l'histoire de notre science, ont
D
ei
D
RE M M CE
(
l
293
une bien autre valeur : une erreur entraîne
une autre érreur bien plus importante, en
conduisant à établir dans un pays une for-
mation géologique qui n’y existe peut-être
pas, ou en faisant méconnaître une de
celles qui le composent. C’est donc, selon
î Re
uous , la partie du travail de M. d’Orbigny
qui exigeait l'examen le plus scrupuleux,
la discussion la plus approfondie; il l’a senti
et a procédé par une méthode qui nous a
paru la plus logique, la voie d’élimination.
Aprèsavoir appelé l'attention sur les pré-
somptions positives, c’est-à-dire sur les
genres et espèces de coquilles que les re-
cherches de M. Boussingault nous ont fait
conmaître, et avoir indiqué les terrains de
l'Europe où se présentent les coquilles qui
jeur ressemblent le plus, il s’est aidé de
quelques arguments négatifs impuissants
tout seuls, mais acquérant de la valeur
par leur association avec les précédents, et
il a fait remarquer quels étaient les genres
et les espèces caractéristiques des forma-
tions qui ne se montraient pas parmi ceux
qu'avait recueillis M. Boussingault dans
différentes localités: il a éliminé ainsi avec
une complète exactitude, d'une part, les.
deux divisions des terrains de transition et
les terrains carbonifères; et d’une autre,
toutes les divisions des terrains tertiaires;
il a éliminé ensuite , mais après quelques
discussions sur des caractères moins tran-
chés, le terrain nommé {riasique , qui pré-
sente des caractères moins absolus que ceux
que nous venons de citer.
Il ne lui restait plus qu’à choisir entre
les terrains jurassiques et les crétacés : ici
il y a eu quelques moments d'incertitude,
ila fallu entrer avec plus de détails de
comparaison dans la discussion de la valeur
des ressemblances et des différences, va-
leur pour la quelle les comparaisons numé-
riques sont devenues d’un grand poids.
Or, sur quarante-trois espèces recueillies
et décrites, il ne s’en est présenté que
quatre qui pourraient être attribuées aux
terrains jurassiques, tandis que les trente
autres peuvent se rapporter avec évidence
aux terrains crétacés.
Il ny a donc pas eu de doute pour
M. d'Orbigny, que les terrains d’où vien-
nent les coquilles de Colombie, recueillies
par M. Boussingault, doivent être rappor-
tés à la grande formation des terrains de
l’Europe qu’on désigne sous le nom de ter-
rains crétacés.
Mais ces terrains peuvent être partagés
en quatre sous-formations assez distinctes.
La plus inférieure, et par conséquent la
plus ancienne, a été déterminée récemment
d’une manière assez précise : c’est la néo-
comienne. M. d'Orbigny, poussant l'emploi
des corps organisés fossiles jusque dans son
application la plus minutieuse et la plus
hardie, a fait voir, par un tableau de com-
| paraison en trois colonnes . que c’était non-
seulement aux terrains crétacés, mais à la
partie inférieure de ces terrains, À celle
qu'on nomme néocomienne, que devaient
être rapportés les terrains dont M. Boussin-
gault avait extrait les coquilles livrées à
notre étude ; car, dans ce tableau , on voit
| que sur environ quarante coquilles exa-
minées , six peuvent appartenir à la craie
chloritée, une seulement à cette petite sous-
formation qu’on appelle le gault, et vingt-
trois au moins au terrain néocomien.
Ne peut on pas regarder comme un vrai
triomphe des caractères zoologiques ap-
pliqués à la géologie, cette certitude de
détermination d’une formation importante
294
par son étendue en tous sens, d’une forma-
tion qu’on avait à peine signalée en Europe
il ya cinquante ans, dont les caractères
minéralogiquessont plutôttrompeurs qu’in-
structifs, reconnue maintenant dans l’A-
mérique méridionale avec toute la certi-
tude qu’on puisse exiger dans de telles
questions, et reconnue par des géologues
européens qui ne l’avaient pas visitée,
tandis que le savant distingué qui l'avait
habitée n'avait pu la reconnaître, parce
qu’il ne possédait pas la vraie pierre de
touche des terrains de sédiment, la con-
naissance profonde et comparée des corps
organisés fossiles.
Jusqu’à présent nous n’avons parlé que
de M. d'Orbigny, mais il n’est pas le seul
qui ait reconnu par ces moyens la forma-
tion crétacée dans l'Amérique méridionale.
M. Léopold de Buck avait recu de
MM. de Humbold et Degenhard, des co-
quilles venant de même de l'Amérique mé-
ridionale, mais de cantons très différents
de ceux d’où M. Boussingault a extrait les
siennes. Quoiqu’en petit nombre, elles
étaient suffisamment caractérisées pour
être déterminées avec certitude, et enfin
assez distinctes en général de celles de
M. Boussingault (il ne s’en est trouvé que
deux qui fussent évidemment les mêmes),
pour apporter de nouveaux moyens d'ar-
river au même résultat. M. Léopold de
Buch a déclaré en 1839 , comme M. d'Or-
bigny en 1841 , que les terrains d’où ve-
naient ces coquilles appartenaient à la
même formation géologique que les ter-
rains crétacés de l'Europe, que cette for-
mation était connue maintenant sur une
étendue de 40 à 50 degrés de latitude au
moins, du golfe de Mexique jusqu’à Cusco,
au Pérou, et même dans les Andes du Chili
jusqu'au détroit de Magellan. Enfin, la
commission qui, le 14 avri! 18142, a fait un
rapport sur un Mémoire de M. Domeiko,
relatif aux gîtes de minerai d'argent du
Chili , avait signalé aussi la présence du
terrain crétacé dans cette partie de l'Amé-
rique méridionale.
Sur le mode d’observation des troncs des
végétaux ligneux fossiles; par M. Unger
de Gratz.
Il n’y a pas longtemps qu’on a commencé
à étudier la structure des troncs des végé-
taux fossiles; en outre on a toujours trouvé
ces troncs dans un état complet : l’intérieur
ou l'extérieur en était détruit. On est ce-
pendant parvenu à rencontrer des plantes
fossiles qui ont permis de déterminer à
quelle famille elles appartiennent, quoique
ces plantes n'aient plus de représentants
aujourd’hui.
Le seul moyen dont nous puissions nous
servir pour déterminer un petit morceau
de bois fossile est la comparaison avec les
plantes de notre époque et avec les fossiles
qu’on a trouvés jusqu’à présent. Une telle
comparaison doit s'étendre : 1° à une ob-
servation bien exacte de la structures 2° à
une comparaison de cette structure avec
celle des plantes de notre époque; 3° à une
diagnostique appuyée sur ces observations.
Pour atteindre ce but, il faut employer
l'observation microscopique des bois fos-
siles, qui parfois est presque impossible,
quoiqu’elle soit presque toujours nécessai-
re. Or, en polissant les bois fossiles, on peut
quelquefois examiner la structure. M. Nicol
est parvenu le premier à obtenir des pla-
ques assez minces pour pouvoir être bien
225
étudiées au microscope. Cesavant et M. Wi-
tham , ont publié les résultats de leurs ob-
servations.
Pour faire des observations utiles, il est
nécessaire de préparer également des mor-
ceaux des végétaux qui existent à présent.
Quant à la manière de faire les observa-
tions, il faut diriger l’attention sur les points
suivants : 1° Strata ligni concentrica :
2° Medulla s. corpus medullare ; 3° Radii
medullares ; 4 Cellule ligni, etc. , etc.
(Ann. des sc. géolog.)
ZOOLOGIE.
Index ornithologique; par Lesson.
(suite.)
54 Genre : Mizvus, Brisson (1760);
Cuv. (1799); Aquika, Mœhring (1752);
falco, L. hab. l-Europe, l'Afrique, l'Asie
et l'Australie.
À queue fourchue — 147. Milvus rega-
lis, Brisson, pl. 33; falco milvus, L. ;
milvus regalis, Vieill., Encycl., nr, 1202;
le rnilan, Buff., Enl. 422; milvus ictinus ,
Savig., Egyp., p 28, n° 10; Naum., pl.
31, f. 4. hab. l’Europe, 1 Afrique — 148.
Milvus ætolius, Bélon, liv. 2, ch. 27;
falco œgyptius, Gm.; f. ater et forskahlii,
Gm.; le rnilan noir, Baff, En]. 472 ; milan
ætolien, Aristote; milvus ætolius, Savig.,
Eg. p. 29, n° 11; le parasite, Levaill.. af.
pl. 22; falcoparasiticus, Lath.s milous ater,
Gould, proceed., 1839, 119 ; falco austria-
cus , Kramer; falco ater, L.; Gm. hab.
l'Europe, l'Asie et l'Afrique (France, Perse,
Nide, Sumatra, etc.) — 149, Milous affinis,
Gould, proceed., 1837, 140. Voisin ou peu
distinct du précédent. hab. l’Australie
(Nouv.-Galles du sud). — 150. Milvus go-
vinda, Sykes, proc., 4839, p. 155? hab.
l’'Assam (Inde).
B : queue carrée. — 151. Milvus isurus,
Gould, proc. 1837, 140. hab. l'Australie.
O : queue étagée. — 152. Milvus sphenu-
rus , Vieill., gal. pl. 45; Ency. 11, 1204.
hab. l'Australie,
13° fam. : ASTURINE : accipitrinæ, auct.,
les autours, Less., tr. 64. — 55° Genre :
AstuR, Brisson (1760); Lacép. (1800);
Falco, L. ; Dædalion, Sasig. (1810); Spur-
vius, Viellot (1816); hab. Europe, Afrique,
Asie, Australie.
I. Europe et nonp de L'AMÉRIQUE. — 1 53.
Astur palumbarius, Dædalion palumba-
rius, Savigny, Eg.; falco palumbarius, L. ;
falco gallinarius, Gm.; Enl. 418, 425
(jeune) et 461. Sw., N. 100l., p. 39, pl.
26 (mâle); falco gentilis, Lath. ; falco pa-
lumbarius ; Sabine, 670 ; Bonap. syn. 28,
n° 12, et Am. ornith., pl. 10, f 1 (jeune).
Falco flavescens, Daudin, 2, 70 (jeune), et
Enl. 493; hab. toute l'Europe et le nord
de l'Amérique.
IL. AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. — 154. 4s-
tur pennsylvalicus, Wils., Am. orn., pl. 54,
f. 1; falco latissimus, Ord. ; falco pennsyl-
vaticus, Bonap., Syn.,p 29, no 13: acci-
püter pennsylvaticus, Sw., N. zool., p. 44 ;
accipiter fringilloides, Vigors, Zool. journ,
1, 436; falco platypterus, Vieillot, En-
cycl. 11, 1273 ; falco pennsylvanicus, Nut-
tal, 4, 105; Audubon, pl. 81 ; Ann. lyc.,
11, 29 ; Temm., pl. 67 (jeune) ; hab. Etats-
Unis (rare). — 155. Astur atricapillus,
falco atricapillus, Wilson, Am. ornith., pl.
93, f. 3; dædalion pictum, Less., tr. p. 67 ;
Jalco regalis, Temm., pl. col. 495 ; Nuttal,
1, 89; hab. les Etats-Unis. -—- 456. 4stur
Juscus, Nutt., 1, 87; falco pennsylvanicus,
Wilson, pl. 46, f. 1 (adulte), et falco velox
226
pl. 45, f. 1 (femelle jeune); falco veloxy
Bonap., Syn , n° 14; falco fuscus, Gm. ;
dubius falcon, Pennant; hab. New-Jersey,
Pensylvanie (commun), Alabama. — 157.
Astur Cooperti; falco Cooperi, Bonap., pl.
10, f. 4 (jeune); Nutt., r, 90; Sw., N. z00l.,
p. 66 ; hab. New-York, New-Jersey. — 158.
Astur Stanleïi, Nutt., 1 91; falco Stanleii,
Audubon, pl. 36; hab. Etats-Unis.
Ÿ LIT. AMÉRIQUE MÉRIDIONALE. — 158. 4s-
tur poliogaster ; falco poliogaster, Temm. ,
pl. 264 et 295; hab. le Brésil.
Nota. L'asturina cinerea, n° 128 de ce
catalogue , est, pour beaucoup d'auteurs,
un astur, et devrait être placé ici; c'est le
falco nitidus de Latham, n° 97, le falco
striatus de Temm., pl. 87 et 294, l’astur
nitidus d'Orbig., p. 95; mais les narines
sont operculées.
— 160. Astur unicinetus ; fa!co unicinctus,
Temm., pl. col. 313; d’Orbig., p. 93 ; hab.
Brésil (rio-grande). — 161. Æstur leucau-
chen ; falco leucauchen , Temme., nl. co!.
306; hab. Brésil. — 162. 4stur leucorrhous ;
falco leucorrhous, Quoy et Gaim., Ur., pl.
43, hab. Brésil. — 163. Æstur melanops;
alco melanops , Lath. , n° 89 ; Temm. , pl.
105; hab. Guyanne. —164. Astur magni-
rostris ; falco magniroitris, Lath.; Temm. ,
pl. 464 (adulte) et 86 (jeune); Daudin , n,
84; D'Orbig., p. 94; Enl., 464; Vieill.,
Encycl. 1265; hab. Brésil, Guyane.
$ IV. AFRIQUE. — 165. Astur monogram -
micus; aster monogrammicus , Sw., Birds
of west. af.,t. 1, p. 114, pl. 4; falco mo-
nogrammicus, Temm., pl. 314; hab. Séné-
gal. — 166. Astur tachiro; falco tachiro,
Daudin, t. 2, p. 90; le tachiro, Levaill. , af.
pl. 24; Temm., pl. 377 (adulte) et 420
(jeune fem.); Vieill., Encycl. 1268; hab.
Cafrerie.—167. 4stur unduliventer, Rupp.,
2e voy., pl. 18, fig. 1 ; hab. l'Abyssinie. —
168. Astur perspiciilatus, Rupp. , 2° voy.,
pl. 18, fig. 25 hab. l'Abyssinie.
$ V. AstE. — 169. Astur trivirgata; falco
trivirgata, Temm., pl. 303; hab. Sumatra.
— 170. Astur hyder, Sykes, proceed., 11,
79 ; hab. l’fnde continentale.
Rapport sur un mémoire de M. Joly, intitulé :
Etudes sur les mœurs, le développement et les
métamorphoses de la caridina Desmarestlii;
par M. Milne-Edwards.
Jusqu’en ces derniers temps, la classe
des crustacés n’avait occupé que peu l’at-
tention des zoologistes ; le nombre des es-
pèces connues était fort restreint, et l’on
ne possédait que des notions très incom-
plètes sur l’organisation de ces animaux,
ainsi que sur leur histoire physiologique ;
mais, depuis une vingtaine d'années, cette
branche de l’entomologie a fait des progrès
rapides , et aujourd’hui elle est cultivée
avec succès par plusieurs observateurs ha-
biles, parmi lesquels nous nous plaisons à
citer MM. Nordmann, Rathke, Thompson,
‘Dehaan, Burmeister, Kroyer et Bell. Le
nom de M. Joly, professeur à la faculté des
sciences à Toulouse, doit aussi figurer sur
cette liste; car ce jeune naturaliste a déjà
publié un travail considérable sur l_4rtemia
des marais salants du midi de la France;
et on lui doit des recherches non moins
approfondies sur une espèce nouvelle de
Branchiopode, voisine de la ZLimnadie
d'Herman. Eofin, dans un troisième Mé-
moire , soumis au jugement de l’Académie
en septembre dernier, il a rendu compte
de ses observations sur une petite salicoque
297
qui habite les eaux du canal du Midi. Cette
série de travaux porte, comme on le voit,
sur des crustacés fluviatiles ou lacustres ,
animaux que les carcinologistes avaient
Jusqu'ici un peu trop négligés , pour s’oc-
cuper presque exclusivement des espèces
marines. Mais ce qui contribue surtout à
donner de l'intérêt aux recherches de
M. Joly, c’est le soin avec lequel ce natu -
raliste a étudié les principales phases du
développement de ces petits êtres. En ef-
fet , la science ne possède encore que fort
peu de données précises sur de pareilles
questions, et cependant elles offrent un
double intérêt, car leur solution importe
également aux progrès de la physiologie
entomologique et à ceux de la classification
naturelle des animaux, la connaissance des
états transitoires des crustacés étant un élé-
ment indispensable pour la juste apprécia-
tion de leurs affinités organiques, affinités
dont nos méthodes zoologiques doivent être
l'expression.
La petite salicoque qui fait l’objet du
Mémoire de M. Joly, avait été découverte
dans leseaux de la Mayenne et de la Sarthe
par M. Millet, et désignée par cet auteur
sous le nom d’H'ppolyte Desmarestii ;
M. Audouin l'avait également trouvée aux
environs de Paris, mais n'avait rien publié
sur son histoire, et les caractères de ce
crustacé étaient encore si imparfaitement
connus, que sa véritable place dans les di-
visions génériques de la famille des Sali-
coques n'avait pas été reconnue. M. Joly a
trouvé ce petit animal en assez grande
abondance dans le canal du Midi, et s’est
assuré qu’il n'appartient pas au genre
Hippolyte de Leach, mais au groupe établi
récemment ct qui porte le nom générique
de Caridina. Dans la première partie de
son Mémoire, M. Joly en donne une des-
cription extrêmement détaillée , et, dans
| un second chapitre , il traite du dévelop-
pement de l'embryon dans l'œuf et des
métamorphoses que le jeune animal subit
après sa naissance, Ce long travail ne pou-
vant être analysé dans tous ses détails, nous
nous cententerons de reproduire quelques
uns des résultats obtenus par M. Joly.
L'existence de métamorphoses chez les
crustacés supérieurs, annoncée d’abord par
Thompson, a été dans le principe vivement
combattue par quelques entomologistes,
mais est aujourd’hui parfaitement démon-
trée chez un assez grand nombre de ces
animaux, bien que chez d’autres espèces
appartenant aux mêmes groupes, les chan-
gements qui s’opèrent dans le jeune âge ne
semblent être que peu considérables. Ce
n’est donc pas la découverte de ces méta-
morphoses chez la Caridine qui pouvait in-
téresser vivement les entomologistes ; mais
nous ne possédons que des notions très
incomplètes sur la série de changements
qui se manifestent dans l'organisation
des jeunes décapodes, et les obseuva-
tions de M. Joly remplissent une partie
de cette lacune. Ainsi il a vu que, dans son
premier état, la Caridine ne possède que
trois paires d’appendices buccaux, tandis
que l'adulte en a six paires, et que cette
espèce de larve n’a qne trois paires de
pattes, bien qu’à l’état parfait il en aura
cinq paires; sous le rapport du système ap-
pendiculaire , la jeune Caridine ressemble
donc à un insecte plutôt qu’à un crustacé
normal, et un autre fait qui vient pleine-
ment confirmer la belle théorie de M. Sa-
vigny, relativement À la transformation
des parties homologues en organes variés,
228
c'est que les trois paires de pattes de la
jeune Caridine se changent en mâchoirés
auxiliaires, tandis que les cinq paires de
pattes proprement dites se forment de
toutes pièces.
Les métamorphoses de ce crustacé nous
fournis:ent aussi un nouvel exemple de la
tendance de la nature à faire passer les ani-
maux les plus élevés de chaque groupe par
des états transitoires analogues aux modes
permaneuts d'organisation pour les espèces
inférieures appartenant au même type gé-
néral. Effectivement, les crustacés déca-
podes , on Île sait, respirent à l’aide d’un
appareil branchial très développé, situésur
les côtés du thorax, et je m'étais assuré
que, chez les Mysis, animaux dont la con-
formation générale est assez semblable à
celle des salicoques, mais dont la structure
est moins parfaite, les branchies manquent
complétement , et la respiration ne peut
s'effectuer que par la surface des téguments
communs. Or, M. Joly a constaté que ces
deux modes de structure si difiérents se
succèdent chez les Caridines : en naissant,
ces salicoques manquent de branchies,
comme les Mysis; mais cet état, au lieu
d'être permanent, comme chez ces der-
niers, n'est que transitoire, et à une pé-
riode plus avancée du développement de
ces petits êtres, l’ensemble des caractères
propres à l’ordre des décapodes se complète
par l’apparition des branchies. Ce fait, très
intéressant pour la physiologie et pour la
philosophie anatomique, aura aussi de l’in-
fluence pour la solution d’une question
encore en litige , relativement à la classifi-
cation naturelle des crustacés, Latreille
avait rangé les Mysis dans l’ordre des dé-
capodes; mais l’absence de branchies chez
ces animaux , et quelques autres particu-
larités d'organisation, m'avaient paru être
des motifs suffisants pour les en exclure et
pour les reléguer parmi les stomapodes
qui, en général, sont également dépour-
vus d’un appareil respiratoire spécial : cette
innovation avait reçu la sanction de Cu-
vier et du grand entomologiste que je viens
de citer ; mais aujourd'hui elle me semble
devoir être abandonnée, car le fait con-
staté par M. Joly nous montre que les Mysis
sont les représentants des larves des sali-
coques, et non des animaux conformés
d’après un plan essentiellement distinct.
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQUES.
Du tannage mécanique et autres perfeclionne-
ments récents du lannage.
De nombreux perfectionnements de la
plus haute importance ont été apportés,
dans ces derniers temps, au tannage. Nous
croyons devoir consacrer un ou deux arti-
cles à ce sujet. Nous ne dirons rien du tan-
nage ancien, et tel qu'il est pratiqué dars
la plupart des tanneries où l’on suit encore
exactement la même routine qu'il y a deux
cents ans, modifiée toutefois par la décou-
verte déjà bien ancienne de Séguin.
Un des nouveaux procédés de tannage,
celui qui paraît avoir le plus de chances de
réussite, le tannage mécanique, permet de
tanuer :
Les peaux de bœufs en 90 jours,
Celles de vaches en 60
Celles de veaux en 30
La durée des opérations était autrefois de
dix-huit mois pour les premières, d’un an
pour les secondes, et de huit mois pour les
dernières. C’est là an bien beau résultat, et
929
- remarquez que, n’importe dans quelle phase
_ de la fabrication, l'acide sulfurique est pros-
crit.
Les peaux desséchées sans aucune pré-
. paration, dit M. Girardin, habile profes-
seur de Rouen, se pourris-ent aisément,
s’imprègnent d’eau avec facilité, et se dé-
truisent par un frottement répété. On remé-
die à tous ces inconvénients, et on les rend
propres à la confection de nos chaussures,
en tivaut parti d’une propriété qui leur est
communeavecpresque tous lesautres tissus
des animaux, c'est de pouvoir s’anir intime-
ment au tannin. Qu'on plonge un morceau
de peau dans une dissolution aqueuse de
tannin ou dans la décoction d’une substance
astringente quelconque, ilenlève peu à peu
ce principe à l’eau, qui, au bout d’un temps
suffisant, n’en renferme plus aucune trace.
Le composé ainsi produit est très dur,
tout à fait insoluble, imputrescible, et peut
supporter les alternatives de sécheresse et
d'humidité sans absorber l’eau. Cette réac-
tiou nous indique la théorie du tannage, ou
l'opération qui convertit les peaux des ani-
maux en cuir.
Le tannage a été pratiqué de loute anti-
quité, etl’on en retrouve des notions chez
les peuplades les plus sauvages. Les Grecs
et les Romains le portèrent à une assez
grande perfection ; mais c’est surtout de-
puis une quarantaine d’années qu'il a fait
des progrès immenses, grâce aux secours
de plusiears chimistes, et entre autres de
Ségain. Il est cependant loin d’être arrivé
à son apogée.
Cette industrie est sans contredit une
des industries les plus importantes : elle in-
téresse tout le monde. En effet, elle fournit
à la fois les instruments et la matière pre-
mière à une multitude de travailleurs, et
satisfait également des besoins communs à
tous les hommes. Dans les ateliers, dans
les manufactures, dans les exploitations ru-
rales, dans les habitations, partout on ren-
contre ses produits déguiséssous mille -for -
mes, mais toujours nécessaires, et souvent
indispensables. Pour avoir une idée du
mouvement des capitaux que le tannage
entraîne, il suffit de mentionner un de ses
produits les plus communs. Il ya quelques
années, J. D. Say estimait que le nombre
de souliers fabriqués en France s'élevait à
100,000,000 de paires, et que le salaire des
ouvriers était de 300,000,000 de francs.
Le tannage mécanique de M. Vauquelin
est sans contredit destiné à exercer une
grande influence sur l’art du tarnage. Nous
allons rlétudier avec tout le soin qu'il
mérite. Nous décrirons successivement
toutes les opérations avec les appareils
imaginés ou perfectionnés par M. Vauque-
lin, en tenant compte des travaux que la
Société d’encouragement à fait faire par
MM. Dumas et Gaultier de Claubry, qui
ont suivi avec soin toutes les opérations.
Pour le tanuage, uu problème d’une im-
mense importance dont la solution présente
de grandes difficultés, c’est de déterminer
parfaitement et en peu de temps la combi
naison du tanuin avec la matière qui com-
pose la peau, sans altérer celle-ci en au-
cune manière.
Voici la composition de la peau brute :
EAU ee eee... 07,5
Hald, Atenase tissu cellulaire et fibraire 52,55
; etes dalbumine,..../123 455
üssu articulaire, DS 2
Me pau extrait. . 0 26 LOOMUE AS 7, 6
Éton peut eule- atière soluble dansl’al-
ea cool.............. 0, 8
matére grasse en propor-
\ tions variables, .....,100,00
$
3
Û
!
!
230
Le procédé de M.Vauquelin consiste,après
avoir fait tremper les peaux comme dans les
procédés ordinaires, seulement moins long-
temps, à les exposer à l’action de la vapeur
dans une étuve, ou à celle d’un courant
d’eau tiède, dont l’action modérée déter-
mine le gonflement de la peau, de laquelie
il est facile alors d’arracher le gros poil,
tandis que les chairs sont enlevées en éten-
dant la peau sur un cylindre, et en l’y sou-
mettant à l’action d’un couteau-dragoir
qui la rend parfaitement nette, et permet
de ne soumettre à l’opération du tannage
que la partie réellement utile, Les rognures
peuvent servir à la fabrication de la colle-
forte, tandis qu’obtenues sur le cuir tanné
eiles n’ont plus aucun usage utile; on ne
peut que les brüler. Ce travail a l'avantage
de supprimer le travail de rivière, pendant
lequel il se dégage une odeur infecte, et
pendant lequel aussi la peau s’altère par
l'influence de la grande quantité de chaux
dont elle est pénétrée, et qu'il est difficile
de faire sortir entièrement.
Les peaux, abandonnées à elles-mêmes,
s’altèrent promptement, surtout quand
elles sont gonflées ; dans l'impossibilité de
les travailler toutes immédiatement, M.Vau-
quelin les plonge, au sortir de l’étuve
ou de l’eau tiède, dans une eau de chaux
très faible qu'il substitue au lait de chaux
que l’on emploie dans le travail ordiuaire ;
au lieu d’extraire l’eau avec le couteau à
écharner ou avec une presse, il tend les
peaux sur des tendoirs à doubles lames adap-
tées au couteau-dragoir, et en extrait ainsi
le liquide avec une grande économie de
main-d'œuvre. Les peaux sont alors placées
dans un bocard ; des pilons en bois, mus
par des cames, viennent frapper sur ces
peaux qui se présentent successivement à
leur action par la mobilité de la caisse dans
laquelle elles sont placées; de l’eau tiède ou
un courant de vapeur pénètre dans cette
caisse.
Pour opérer le coudrement, les peanx
sont réunies dans une cuve ou dans des
camescourbes ou droites, fixées sur un arbre
horizontal; elles les soulèvent et les agi-
tent au sein de jus faibles et tièdes. On sou-
met ensuite un certain nombre de fois ces
peaux à l’action du bocard et à celle de la
cuve à cames, dans des jus forts, jusqu’à ce
que le tannage soit complet,
Le choc des pilons assouplit les peaux que
pénètre le tan sans altérer leur tissu ; il en
résulte que le tannage est opéré dans un
temps très court, qu'il est uniforme et sus-
ceptible de s'appliquer à des peaux qui ré-
sistent au travail ordinaire. Ainsi, l’on fa-
brique avec des culées de cheval (parties de
la peau qui occupent le bas des reins) du
cuir propre à la confection des bottes mili-
taires, tandis que jusqu'’icionne pouvait uti-
liser cette portion que pour la sellerie. Ainsi
encore,des peaux trop desséchées parla tem-
pérature élevée des climats d’où elles pro-
viennent, ou d’une nature tellement sèche,
qu'on ne peut les tanner par le travail or-
dinaire, fournissent detrès beaux produits.
Dans le procédé que nous venons d'indi-
quer, les peaux peuvent être dépouillées de
la plus grande partie de leur eau sur les
tendoirs à doubles lames.
Corroyage. La peau étendue sur une
forte table, on l’arrose avec de l’eau, on la
défonce au moyen d’une masseen bois fixée
à l’extrémité d'un manche, et garnie de
chevilles, ou au moyen des pieds garnis de
forts souliers, et on enlève, avec le couteau
à revers ou dragoir, toute la chair pour
231
rendre la peau égale d'épaisseur. On étend
sur une forte table deux peaux fleur contre
fleur, ct à l’aide d’une masse en bois courbe
en dessus, appelée pommelle, ou d’un ins-
trument désigné sousle nom de marguerite,
on donne de la souplesse à la peau, en la
froissaut sur tous les points, et on agit de
même sur la fleur.
La peau étant ensuite étendue sur le mar-
bre, on la gratte avec une plaque en cuivre
ou en fer à tranchants mous. Enfin, au
moyen d’un couteau circulaire appelé /u-
nette faiblement affûté, on pare la peau.
À cet état, les peaux n'auraient pas la
souplesse et toutes les qualités nécessaires ;
on en pénètre la fleur avec du degras, mé-
lange d'huile de poisson et de potasse, et
quand elles sont bien parées, on les empile;
on les met en huile sur chair, et on les
laisse sécher suspendues ; après avoir en-
levé l’excès de graisse, on blanchit avec le
couteau anglais, et l’on passe à la cire.
Les peaux, préparées par les procédés or-
dinaires, perdent au corroyage par la né-
cessité d'enlever au couteau dragoir toutes
les parties étrangères, que l’on n’avait pu
enlever dans le travail de rivière ; dans Le
procédé Vauquelin, le travailen tripe, au
moyen de son couteau dragoir donnant
des peaux à veines découvertes, produit une
augmentation de poids au corroyeur.
Les tiges et avant-pieds peuvent être,
dans ce procédé, blanchis tout cambrés,
sans se diformer, ce qui offre beaucoup
d'avantages.
I n’y à pas de comparaison à établir en-
tre la durée du tannage ordinaire et celle
du tannage mécanique ; ici la trempe des
peaux ne dure que de 24 à 48 heur., suivant
la nature des peaux. Le foulage dure d’une
demi-heure à une heure. Le débourrage,
qui se fait dans la cuve à cames, espèce de
pétrin mécanique qui peut contenir vingt
douzaines de peaux, ne demande que 12
heures pour que le poil s’enlève facile-
ment. Lorsque le débourrage se fait dans le
tonneau à chevilles. cylindre qui peut con-
tenir douze douzaines de peaux, il n’exige
qu'une heure seulement. Le coudrement,
qui se fait dans la cuve à cames, où l’on
met 310 parties d’eau et 75 de tan, ne dure
que 5 heures.
On voit qu'avec ces procédés, le tannage
s'opère d’une manière fort rapide; il n’y à
réellement pas de comparaison à établir,
sous le rapport du temps, entre cenouveau
système et l'ancien: Ajoutons, en finissant,
que les cuirs ainsi préparés résistent à une
température de cent degrés.
ARTS MECANIQUES.
Apptication des procédés employés dans la fa-
bricalion des papiers de tenture pour obtenir
à peu de frais de grande figures coloriées,
des appareils el instruments qu'on doit faire
connaitre dans les cours publics. (Knab.)
Depuis longtemps on sait combien il se-
rait utile d’avoir , pour l’enseignement des
sciences, de grands dessins représentant
avec exactitude les objets dont la descrip-
tion fidèle est nécessaire à l'intelligence des
phénomènes.
Cette utilité est tellement sentie, qu'il
n’est presque pas de professeur qui netrace,
avant ou pendant ses leçons, des dessins de
ce genre. :
Mais souvent les dessins sont incorrects
ou incomplets, ou ne sont pas faits sur
une échelle assez étendue, dans tous les
cas , ils exigent un long temps qui pour-
232
rait être beaucoup plus utilement employé.
Frappé de ces inconvénients, M. Knab,
ingénieur civil , a cherché à y remédier; et
il yest parvenu, du moins pour l'étude
de la mécanique , de la physique, de la chi-
mie théorique et de la chimie appliquée,
Il imprime, sans retouche à la main,
les machines et les appareils les plus com-
pliqués avec assez de précision pour qu’on
puisse saisir facilement leur ensemble , les
pièces qui les composent, leurs rapports et
leurs fonctions.
Il met un soin tout particulier, et c’est
un point fort essentiel , à donner à chaque
partie la couleur naturelle qui lui est pro-
pre : le dessin, par cela même, devient bien
plus intelligible.
Nous avons vu les tableaux de M. Knab
exposés dans une des salles de PInstitut,
l'un représentait une machine à vapeur,
l'autre des machines à élever l’eau : toutes
deux avaient les mêmes dimensions, 1
mètre 70 , sur 1 mètre 45.
Chaque tableau est tiré à 200 exem-
plaires; il pourait l’être à 2000; et alors
le prix, qui est aujourd’hui de 16 à 18 fr.
sur toile et rouleau, pourrait être de beau-
coup réduit, quoique déjà fort modique.
Tout porte à croire que les tableaux de
M. Knab seront adoptés par les professeurs
de physiqueet chimie, qui rendront ainsi
leurs descriptions plus claires et plus intel-
intelligibles pour les élèves.
m0 SC De————
AGRICULTURE.
Du lopinambourg comme nourrilure des
bestiaux.
L’ Agriculture que publie, à Bordeaux,
M. Auguste Petit-Lafitte, contient dans son
numéro de janvier, quelques considérations
de M. Couhé de Moissac, Tarn-et-Garonne,
sur l'utilité et la culture du topinambour.
Les essais qui ont été faits, dans les parties
du sol les plus arides même du midi , nous
portent à croire que l'emploi de cette plante
peut être utile à tous les propriétaires. Ils
nous sauront gré de leur donner quelques
détails.
Le topinambour semble avoir été donné
pour les temps de malaise; il sort de sous
terre avec ses qualités nutritives; il est sa-
voureux : et, quand l'hiver a détérioré les
betteraves, quand les pommes de terre qui
germent seraient nuisibles, lui est sain et
prépare, on ne peut pas mieux, les bestiaux
à la nourriture verte qui leur convient tant:
l'époque dele cueillir est donc parfaitement
indiquée, il vient remplir une lacune et
nous est donné par une prévoyance toujours
généreuse pour qui sait profiter de ses
dons.
Les bœufs etles vaches les mangent avec
une grande avidité ; quand le moment de
le leur distribuer arrive, ils s’agitent à la
crèche avec cetteimpatience qu’on voit aux
chevaux quand on leur porte la ration d’a-
voine. On ne doit pas songer à en faire leur
seule nourriture, c’est comme supplément
en leur en donnant deux fois par jour avec
mesure qu'on soutient leur appétit; ils
perdent bientôt cette apparence terne, ce
poil d’hiver qu’ils garderaienf deux mois de
plus; onles donne crus, bien lavés, coupés
menu pour les petits veaux, entier pour le
gros bétail ; il serait plus prudent d’em-
plover le coupe-racines où de les triturer;
mais multipliez les précautions, vous com-
pliquez le service, et ce qu’on ne peut faire
par soi-même doit être simplifié.
233
Je dois consigner ici un fait qui contrarie À
les notions qu’on nous donne sur le topi-
nambour. On trouve partout que ce tuber-
cule craint l'humidité, qu'il ne doit pas
rester trop longtemps dans l'eau, qu’il y
contracte de la pourriture, et que dans cet
état il est mal-sain et météorise les bestiaux.
Voici ce qui m'arrive tous les ans : au mo-
ment de la récolte, je fais porter mes topi-
nambours auprès d’un réservoir alimenté
par une petite source; la disposition des
lieux se prête à cet arrangement; on les
lave en les remuant dans des comportes
pour en détacher la terre; on se sert de
corbeilles pour les ressuyer ; on les porte
ensuite avec le tombereau dans un coin de
la grange, et tous les jours on tire de ce tas
ce qu'on donne au bétail; l’opération de les
cueillir et de les laver se fait ordinairement
le même jour à la fin de février.
Cette plante si vivace dans le sol, a be-
soin d'une certaine humidité pour se conser-
ver ; dans un endroit trop sec elle se flétrit
assez promptement et perd de sa faculté
nutritive et germinative; on ne voit guère
de tubercule récemment cueilli, et semé
bientôt après, qui ne pousse sa tige; sou-
vent des semences retardées et faites avec
des tubercules qui auraient éprouvé une
certaine dessiccation trompent l'espoir du
cultivateur. J’ai vu des champs en culture
où ne poussaient que des tiges rares, tandis
qu'ailleurs pas une ne manquait à son rang,
et je n’ai pu trouver la cause de cette dif-
férence que dans le choix du tubercule, qui
aurait été semé plus ou moins frais. Après
avoir été cueillis, ils doivent être semés Ie
plus tôt possible , les ôter de terre et les y
remeltre serait le meilleur procédé : c’est
même ainsi qu’on peut en user quand on
veut les cultiver une seconde fois dans le
même champ. Après l’extraction et deux
labours préparatoires, en faisant le labour
qui sert à les semer, si on ramaese ceux que
découvre la charrue et qui s'étaient déro-
bés aux premières recherches, on en trou-
ve souvent assez pour suffire à la nouvelle
production; qu’on les mette à la place et
dans le rang où ils doivent rester , ceux-là
sont les meilleurs.
La manière de les cultiver est celle qui
convient à la pomme de terre; tous nos la-
boureurs savent qu’elle a besoin d’un sol
ameubli, il savent quelle distance ils doi-
vent mettre entre chaque pied ; qu'ils fas-
sent en tout lapplication de ce mode de
culture aux topinambours, ils auront une
récolte plus abondante que celle qu'ils
pourraient obtenir du même champ cultivé
en pommes de terre, même dans les cir-
constances les plus favorables.
On reproche à cette plante d’envahir le
sol; les p'us petits tubercules étles moindres
fragments donnent naissance à de nou-
velles tiges que les sarclages ne détruisent
pas toujours, il est difficile d’en purger la
terre,etdans un système d’assolement c’est
un véritable inconvénient, On recomman-
de d'employer l’échardonnette ou quelque
instrument tranchant ; c’est souveut l’em-
ploi de ces instruments qui favorisent la re-
production. Un moyen qui réussit beau-
coup mieux, c’est l'extirpation à la main,
quand la tige est assez haute pour pouvoir
être saisie ; après une pluie qui a ramolli la
terre, je suis ce procédé qui est d’une ex-
trême économie; et si l’on examine ce
qu'est celte plante à cette période de sa vé-
gétation, on se rend compte du succès que
lon obtient infailliblement. La matière
pulpeuse du tubercule à servi de nourri-
234
ture à la tige, de sorte qu’il ne reste à la ra-
cine qu’une poche vide qui ne résiste plus #
l'effort que l’on fait pour l’arracher; on
n’'endommage point ainsi les autres récol-
tes qui succèdent, on détruit ceux qui au-
raient poussé hors de ligne dans les champs
où la culture aurait été renouvelée, en
ayant soin de mettre en tas et d’emporter
ce qu'on arrache : avec un peu de persis-
tance et de cet à-propos qu’il faut en toutes
choses , on remédie à un inconvénierit® si-
gnalé par tous ceux qui se sont occupés.dé
cette plante. $
Les tiges hautes, ligneuses, qu’on coupe
quand elles sont dépouillées de la feuille,
sont un produit qui peut avoir quelque va-
leur ; on dit qu’en été elles pourraient ser-
vir de fourrage vert, c’est une aberration
qui ferait perdre de vue ce qu’on doit par-
ticulièrement se proposer, le parfait déve-
loppement du tubercule.
Ceux qui voudront profiter de ce que je
viens de dire et en faire l'application, au-
ront beaucoup plus de chances de succès
que je n’en avais moi-même lors de mon
premier essai; ce ne fut qu'avec difficulté
que je me procurai les tubercules que je
semais; il u’y avait alors dans le pays que
des pieds isolés de cette plante, assez rare,
abandonnés à eux-mêmes sans aucune cul-
ture; j’obtins facilement de beaux et de
nombreux produits qui furent mis en ré-
serve pour prendre, l’année suivante , une
plus grande extension : à la seconde récolte
nous étions pressés de jouir, elle fut faite en
automne; soit que le bétail ne fût point
préparé à cette alimentation par une lon-
gue privation de nourriture verte, soit que
cette racine n’eüt-pas acquis cette consis-
tance que lui donne un séjour prolongé
dans la terre, soit que les préjugés et les ha-
bitudes de ceux qui soignaient mon bétail
leur fissent prendre'des préventions pour
des réalités, on accusa mes topinambours
de tenir le ventre lâche. Un beau jour, par
zèle pour mes intérêts, ils furent proscrits à
mon insu et enfouis dans le furnier, il m’en
restait heureusement en place en assez
grande quantité pour semer de vouveau;
bien averti, mes précautions furent mieux
prises. Aujourd’hui, et depuis quatre ans,
je n’ai qu'à réprimer la disposition qui porte
ceux qui soignent l’étable à n'être pas assez
économes de tout ce qui donne au bétail ce
bon entretien et eet embonpoint dont le
maître de grange tire vanité.
Nous qui pour nos labourages ne nous
servons que de bœufs, quel intérêtn’avons-
nous pas à les bien soigner, non-seulement
pour obtenir plus de travail , mais aussi à
cause de la grande cherté des attelages qui
n'est plus en rapport avec le produit de la
terre ! Il faut être sans cesse occupé de leur
fournir une nourriture appropriée, il faut
les maintenir en vigueur pour travailler et
en embonpoint pour qu'il ne soit pas trop
difficile et trop coûteux de les engraisser
quand on ne peut en tirer parti que pour
la boucherie. Les chevaux se trouveraient
fort mal d’être misau vert toute l’année:
les bœufs ne supportent longtemps une
nourriture sèche qu'au détriment de leur
santé. Heureusement que les productions
de la terre se succèdent dans un ordre si ré-
gulier et si continu, qu’il y a moyen de
pourvoir à cette nécessité.
C’est aux premières gelées blanches que
commence pour le bétail la nourriture sè-
che, qui n'est tempérée communément que
par l'emploi encore bien restreint d'un peu
de fèves ramollies dans l'eau; lescultiva-
235
leurs soigneux ont pour cette époque des
lracines, et particulièrement la betterave,
lui est bien précieuse ; puisqu elle réussit
Lau mieux sous notre climat et qu’elle peut
hse conserver tout l’hiver, plus utile pour
les bestiaux que la pomme de terre, qu'on
ba’aime pas à faire manger crue et dont les
Lproduits sont plus incertains : l’une et l’au-
ltre, comme nourriture accessoire et variée,
ksont d'un très bon emploi pendant la saison
rigoureuse; et s’il arrive qu’elle se prolon-
Lxe, -si dans le mois de mars, si dans le mois
‘d'avril la végétation est retardée , les bes-
‘tiaux sont au dépourvu, quelquefois du
“nécessaire, toujours de tout ce qui pourrait
[les maintenir dans cet état de bien-être et
‘de vigueur qu'ils ne doivent qu'à des ali-
ments frais. Le topinambour, qui se cueille
Len février et mars, quia tant de saveur que
| les enfants le mangent cru, qui ne peut
‘rester plus longtemps sous terre puisqu'il
‘germerait, qui ne peut rester hors de terre
isans se détériorer que pendant ces deux
mois qui précèdent les fourrages verts À
| u’a-t-il pas sa destination marquée, provi-
identielle; et sa place parmi tous ces pro-
duits du premier ordre, en ne le cédant à
aucun autre par son importance et son op-
vportunité? L’extension de sa culture nous
Laidera à peupler nos étables de bœufs, de
lvaches et de veaux : la bonne agriculture
est d’en avoir beaucoup et de trouver dans
an bon système d’exploitation des ressour-
:ces suffisantes pour les maintenir en bon
état.
—@ Ê =—
SCIENCES HISTORIQUES.
‘ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 28 janvier 1843.
M. Benoiston de Château-Neuf a la pa-
role pour un rapport sur un Mémoire de
M. Ravaisson relatif au mouvement de la
| population de Paris. Le déplacement de
: cette population a lieu de la rive gauche, et
| surtout du centre de la ville, dans la direc-
| tion du nord-ouest. C’est là un fait certain,
et un fait qui est ancien; car, longtemps
« avant la révolution de 1789, le territoire
- sur lequel se trouvent aujourd’hui les
dixième, onzième et douzième arrondisse-
| ments, malgré ses églises, ses couvents, ses
| écoles et ses colléges, avait perda beaucoup
de l’importance numérique qu’il avait au
temps où la capitale du royaume de France
v était toute pressée autour de la Cité son
… premier berceau. C’est sans fondement au-
- cun que l’on accuse l'administration muni-
|cipale de n'avoir rien fait pour s'opposer à
| ce déplacement. On est injuste en ne lui
tenant pas compte de ses efforts. Deux jar-
| dins, celui des Plantes et celui du Luxem-
| bourg, agrandis, rendus plus commodes et
| plus agréables, des rues percées, presque
| toutes les autres élargies, des ponts, des
{ marchés, une ligne de quais, des casernes,
| plusieurs monuments, l'éclairage au gaz
tintrodait jusque dans les quartiers les plus
pauvres du faubourg Saint- Marceau, tels
| sont les faits par lesquels elle peut ré-
» pondre à des accusations irréfléchies. Depuis
11816, la population de Paris s’est accrue de
| 12 172 070, et quoique les quartiers de la
|rive gauche n'aient profité de-cette aug-
jmentation que pour 1737, il n’en faut pas
moins reconnaitre que cette augmentation,
jils la doivent en entier à la largepart qu’ils
| ont eue dans les améliorations exécutées
| pendant les vingt dernières années. La po-
|
236
pulation, c'est un fait incontestable, tend
de plus en plus à se porter, non pas seule-
ment sur les hauteurs de Montmartre et de
Tivoli, mais à'se répandre sur la partie de
la plaine qui est ‘bornée par la Seine du
côté de Clichy et de Saint-Ouen. Ce fait,
de quelle manière qu’on veuille lexpliquer,
est un fait prévu et dont nous ne voyons
aujourd’hui que le développement. Sans le
faire remonter à la fondation de Lutèce,
on peut dire que, depuis deux siècles, il
poursuit sa marche régulière, et ne s’est
point arrêté devant les révolutions. Sous
Louis XIV, la rue Saint-Honoré était le cen-
tre de Paris; soixante ans plus tard, ce fut
le Palais-Royal; dans cemoment même, où
toute l’activité commerciale l’a transporté
dans les environs de la Bourse, il tend à
franchir les boulevarts intérieurs. Il est
probable que ce ne sera encore là qu’une
halte.
La communication de M. de Chateau-
neuf a donné naissance à une discussion à
laquelle plusieurs membres ont pris part.
— M. Charles Dupin a expliqué le mouve-
ment de la population de Paris par la ten-
dance uniforme qu’ont les habitants de
toutes les capitales à se porter vers l’ouest
pourse mettre à l’abri des vents qui règnent
le plus pendant l'hiver. Ainsi, depuis l’em-
pereur Julien, qui bâtit le palais des Ther-
mes, c’est toujours vers l’ouest que la ville
s'est étendue, et cela malgré les obstacles
primitifs que présentaient les débordements
de la Seine et les marécages qui la bordaient
sur les deux rives.
M. Mignet a rappelé que sous Charles V,
et plus tard sous Louis XIIT, à deux épo-
ques bien importantes dans l'histoire de
Paris, ce n’était pas vers l’ouest, mais bien
vers l’est que la ville s'était agrandie.
M. Dunoyer a prétendu que la cause pré-
pondérante de ce mouvement était l’acti-
vité industrielle qui, développée avec le
plus d'énergie dans les provinces de l'ouest
et du nord-ouest de la France, devait por-
ter les habitants de Paris à s’en rapprocher
le plus possible.
M. Charles Dupin, sans contester entiè-
rement la justesse de cette réflexion, a fait
observer, que c’est vers l’est qu’est le plus
grand foyer de notre industrie, dans l'AI-
sace, à Strasbourg et à Lyon; que, de ce
côté, ce foyer avait une profondeur de 130
lieues, tandis que, de l’autre, il ne s’éten-
dait que jusqu’à l'extrémité du départe-
ment de la Seine-Inférieure, et sur un es-
pace de 56 lieues.
M. Dunoyer a répondu que l’industrie
des départements de l’est étant à une plus
grande distance, devait exercer sur Paris
une puissance attractive moins grande que
l'industrie qui était établie presque à ses
portes. -
M. Béryat-Saint-Prix a communiqué à
l’Académie un document que nous regret-
tons de ne pouvoir reproduire. Ce docu-
ment est une énumération en douze arti-
cles ou propositions des pouvoirs éminents
du pape, écrite en latin par un juriscon-
sulte italien du dix-septième siècle.
M. Mignet a lu un Mémoire de M. Ramon
de la Sagra sur trois classes de la popula-
tion des Etats-Unis, les aliénés, les sourds-
muets et les aveugles. Parmi les nombres
donnés par l’auteur, nombres toutefois pris
par lui dans des relevés officiels, il s'en
est trouvé un qui a de quoi surprendre.
Dans l'Etat du Maine, le nombre des alié-
nés, parmi les hommes libres de couleur,
serait de 1 sur 14, d’après M. Ramon de la
; 237
Sagra, ou plutôt d’après des états dressés
par le gouvernement américain. Des ob-
servations qui ont été faites à ce sujet par
MM. Villermé, Lucas, Rossi, Moreau, de
Jones, Cousin et Passy, il faut conclure que
la statistique dont on use et dont on abuse
tant, n’est réellement une science qu’au-
tant qu’elle opère sur des nombres vrais.
Les chiffres sont si élastiques de leur na-
ture qu’ils se prêtent à tout ce que l’on
veut. Aussi voilà pourquoi la plus grande
partie des calculsstatistiques ne sont, comme
l’a très bien dit M. Rossi, qu’une règle de
trois.
La séance a été terminée par la nomina-
tion qu’a faite l'Académie de M. Gueyer,
en qualité de membre correspondant dans
la section d’histoire, en remplacement de
M. de Sismondi. C. B F.
—— JEEe —
ARCHÉOLOGIE.
Canton de Cozes, arrondissement de Sain'es;
(Charente-Anf.)
Commune D’Arces: Arx, chateau fortifié;
ou du latin arx, monticule. Arces est sur
un haut coteau.
La voie romaine qui partait de Tamnum
pour se rendre directement à Mediolanum
passait à Arces : on y trouve encore des
briques romaines.
Son église est dédiée à Saint-Martin, pa-
tron des Gaules. C’est un vaste bâtiment
restauré plusieurs fois et qui n’a conservé
du style romano-ogival du douzième siècle
que son abside à trois pans, les autres pans
ayant été engagés dans les murs des tran-
septs refaits et agrandis dans le quator-
zième siècle: Cette église appartenait à un
prieuré, et j'ai trouvé dans de vieux titres
l'indication d’un prieur d’Arces du nom
d'Arnaud Sauvestres, dont la signature est
apposée sur la charte d’Obédience de Saint-
Etienne de Vaux envers Maillezais, en
1239.
La façade de Saint-Martin d’Arces a été
refaite dans le dix-septième siècle, ainsi
que les murs de côté de la nef. Les contre-
forts, les bras sont du quatorzième siècle,
Le clocher placé sur le chœur est octo-
gone, et le pyramidion qui le coiffe a huit
pans. On remarque encore les restes du
massif où se logeait un escalier à vis exté-
rieur, dont la partie supérieure est intacte
et s'élève en cône aigu. €e qui reste de
l’'apside présente sur la façade orientale un
encadrement roman du douzième siècle,
sous lequel on avait ouvert une large fe-
nêtre ogivale du treizième siècle, aujour-
d'hui bouchée. Les faces latérales ont
conservé des doubles arcs roman-ogivales
surchargés de dentelures et de reliefs et
supportés par deux longues colonnettes à
chapiteaux sculptés. La fenêtre simulée
dans l’intérieur de l’arc romano-ogival est
franchement à plein-cintre et pourrait bien
appartenir au onzième siècle.
Le comte de Vaudreuil, chef d’escadre,
connu par de beaux faits d'armes, est né,
dit-on, dans la commune d’Arces, d’autres
disent à Rochefort. Ii commandait une
escadre en 1778.
Commune DE Barzan. Le nom de Barzan
est celte. Il vient de Barz, poésie, inspira-
tion, et ann ou hann, ici, lieu-ci. La borde,
placée près de Barzan, vient du saxon, et
signifie métairie.
Une maison romaine occupait l’espace
qui sépare aujourd’hui Barzan de Talmon.
Les ruines sont éparses sur une assez large
surface du Sol. On y remarque plus
258
particulièrement un môle (Bourignon,
rech. p. 293), qui a 2 mètres 12 environ:
d’élévation et 150 pas de circonférence, et
sous lequel existe une voûte à cintre aplati.
On a bâti sur cette masse le moulin du Fa,
dont la dénomination latine annonce l’em-
placement d’un de ces temples appelés
Fanum, du celte fa, parole, dont les latins
ont fait le verbe fare, parler.» Or, ce nom
de fa, concourt avec celui de Barzan,
à prouver que le vicus gaulois était la re-
traite de Druides émettant des oracles sur
Te Dolmen où les Gallo-Romains ont bâti le
massif actuel du fu. Le mortier de cette
construction est blanchâtre, et paraît com-
posé de sable de mer et de chaux. On
trouve sur le territoire de cette commune
une grande quantité de briques romaines
et de fragments de marbre.
L'église de Barzan est de la période ogi-
vale de la renaissance.
Comuune DE Cnenac : Chenacurr, nom
gallo-romain signifiant le chêne habité,
sans nul doute pour rappeler le chêne des
Druidées vénérés par la population celte du
hameau. Le territoire excessivement pit-
toresque de cette commune, ondulé, varié
de coteaux, découpé par des sources vives,
notamment celle de Chauvignac, était jadis
couvert de forêts, et on y trouve encore
des bois d’une certaine étendue qui four-
nissent des arbres de grande dimension
pour les constructions. Son église est dé-
diée à Saint-Martin. Tout dans Chenac
prouve que le village a été uu vicus qau-
lois.
- CoMMUNE DE MOorTAGNE : Mortagne à eu
une assez grande importance dans les pre-
miers temps de notre hisioire. C'était une
petite ville très fortifiée au moyen-âge,
érigée en principauté en faveur de la mai-
son de Montberon. Maïhcin cite (p.171)
une Beatrix de Mortagne mariée à Mille
Ze Thouars, seigneur de Chabanais et de
Confolens, puis une Marguerite de Mor-
tagne, vicomtesse d’Aunay et Dame de
Mortagne, de Saujon, de Cosnac et de
Cozes, ;
Mortagne a été bâtie par les Gaulois,
son nom est celte et vient de 20r, mer, ta,
@roupe où borne de lu mer. Mortagne est
en effet bâtie sur la croupe d’un coteau
qui sert de limite aux flots de la mer se
mélant aux eaux de la Gironde. Pour quel-
ques écrivains, Mortagne signifie terre sur
la mer.
La vieille ville appelée 7/ieille-Mortagne
était placée à une certaine distance du
bourg actuel au N.-0. On y rencontre sou-
vent en labourant des voûtes et des restes
de fours construits en briques.
Au $. E. sont les ruines d'un formidable
castrum qui occupait un rocher escarpé,
et dont les abords étaient défeudus par des
fossés profonds, des remparts, des chemins
couverts et des souterrains. On rapporte
qu’on y trouva, en 1810, une pièce d'or
octogone, frappéeen l’an 118 de notre ere,
‘ayant deux têtes couronnées, et sur lerevers
un faisceau de flèches, surmonté d’un aigle.
Cette forme insolite doit faire suspecter
cette trouvaille (Gauthier, stal. 55); ce qui
est plus positif, c’est qu'en 1840 on a dé-
terré une amphore dans laquelle étaient
en grand nombre des monnaies romaines
en argent et en bronze du haut et bas
empire.
Deux fontaines ont dû jouer un rôle dans
les anciennes croyances populaires. L'une
se nomme fondevine, fons devina où di-
vona, fontaine sacrée, et l’autre fontaurtt,
239
fons auricularia, source conseillère ou ins-
piratrice.
Dansles rochers qui bordent la Gironde,
est creusé dans le roc vif l’ermitage dédié
à Saint-Martial. Cette retraite fort célèbre
passe pour avoir été la demeure de Saint-
Martial lui-même, dont le zèle évangélique
et les prédications firent de nombreux pro-
sélites au christianisme. Les prédications
du saint hermite enflammèrent l’ardeur
d’un enfantde Mortagne, de Saint-Auzonne,
qui fut le disciple le plus célèbre de Martial,
et qui partit de Mortagne pour aller conver-
tir à la foi chrétienne les habitants payens
d'Angoulême et leur gouverneur romain
Garrulus. Saint-Auzonne recut le martyre
à Angoulême sur l'emplacement où plns
tard fut élevé le couvent des Ursulines, et
la première église bâtie à /nco/isma lui fut
dédiée, Une des prosélites du saint, nom-
mée Calefagia dans les légendes, vécut
dans une retraite avec quelques saintes
femmes au lieu où Auzonne avait perdu
la vie.
Arnaud de Corbon chassa les Anglais
qui assiégeaient Mortagne en 1375, sous
Charles V, On lit dans les rôles gascons le
titre d'une charte de Richard II, du 24
février 1396, qui concède à Edmond, duc
d'York, le château et la chatellenie de Mou-
reteigne-sur-Gironde. :
Je nai trouvé qu'une seule fois une cita-
tion relative à Mortagne dans les titres du
ouzième siècle. Vers 1037, Besly rapporte
(p. 160) dans la vie de Guy-Geoffroy-Guil-
laume VII, duc de Guyenne et comte de
Poitiers, « que Mortaigne-sur-Gironde, fut
assiégée et réduite à une telle extrémité,
qu’elle était preste à se rendre sans une
bonne armée qui vint à son secours. »
Son église est dédiée à saint Etienne, mais
des. chartes de 1374 et de 1398 citent les
églises de Saint-Jacques et de Notre-Dame-
de-Mortagne. Cette dernière appartenait à
ua abbaye, etil yavait aussi un monas-
tère de femmes sous-le vocable de Sainte-
Catherine. ;
Commune pe Brie-sous-MorTaene : Brie,
du celie briga ou briva, lieu sur une ri-
vière, ou du celte bry, terre glaise. Ce
nom se reproduit fréquemment dans la
Saintonge, et on a Briou, Brou, Brie-sous-
Matha, etc., dont les dénominations appar-
tiennent à la langue celtique. Il se pou:rait
que ce nom vint également da mot gaulois
brigies, colonie.
Commune D ÉPaRGnes : D'épar fosse (Glos-
saire, de 1352). Son église dédiée à saint
Vincent n’a rien de remarquable.
Commune DE Froirac. Il y a plusieurs
endroits de ce nom en Guyenne. Son église
dédiée à saint Etienne, occupe une position
isoiée dans une gorge profonde et appar-
tient à l'époque roman-byzantine, Par ses
vastes proportions, elle a dû dépendre de
quelque communauté religieuse. Dans les
rochers coupés à pic qu'en remarque sur
le territoire de cette commune sont creu-
sées plusieurs excavations, larges de deux
inètre, qui ont dù être des demeures gau-
loises en temps de guerre et qui ont pu
servir plus tard à des retraites de Céno-
bites. Des sentiers étroits aussi creusés
dans le roc, font communiquer ces cellules
entre elles.
Commune DE Bourenac : Du celte bou,
eau, ruisseau, et acum, lieu habité, ainsi
nommé à l’époque gallo-romaine. Ce ha-
meau est placé sur un ruissean qui va se
perdre à la Gironde.
COMMUNE DE Sainr Seunin D Uzer : Saint-
ne
|
240
Seurin était abbé de Saint-Maurice de :
Gaunes en 509 (Chroniq. de St-Denis, 1, 59)
et uzet, vient d’uzagium, coutume.
Dans la partie élevée du bourg, sur un
rocher s'élevait un castrum fortifié par
l'art et par la nature. Ce hameau placé sur
la voie militaire de Blaye, Blavium à Tam-
num; talmont, paraît avoir été une man-
sion romaine, car on y a découvert en
1836 des restes d’édifices romains.
COMMUNE DE SAINT - ROMAIN -DE = BEAU-
MONT. Ce hameau, chef-lieu de la coms
mune est placé sur les bords de la Gironde,
et a dû être traversé par la voie militaire
romaine de Blays à Talmon. Il y a un foule
de lieux dans le département dédiés à saint
Romain, pieux personnage qui vivait au
temps de Saint-Benoît et de Saint-Seurin
dans le sixième siècle, et qui était abbé du
monastère d'Auxerre. Cette commune n’a
rien conservé à ma connaissance, qui puisse
intéresser l’archéologie. Lesson.
COURS PUBLICS.
ATHÉNEE.
Cours de chimie.
M. Anatole Demoyencourt a commencé
mardi dernier à l’Athénée un cours de chi.
mie appliquée à l’industrie et. il a rempli
avec succès la mission dont il a été chargé.
Quand on se rappelle qu’à l’Athénée ont
commencé, il y a peu de temps encore, ces
professeurs qui attirent maintenant à la Sor-
bonne et au Conservatoire un si nombreux
concours d’auditeurs, on aime à voir un
jeune homme qui débute si bien dans la
science venir s'exercer aussi sur ce même
théâtre. M. Demoyencourt avait pris pour
sujet de sa leçon /4 conservation des bois par
le procédé Boucherie. Ki a exposé avec une
lacidité remarquable l’histoire des altéra-
tions du bois et des moyens qui ont été suc-
cessivement proposés pour les arrêter. L’au-
ditoire nombreux s’est trouvé compléte-
ment satisfait de ce jeune professeur, et les
applaudissements qu’il a reçus à la fin de sa
leçon sont pour lui un gage certain de lin-
térêt qu’on lui porte et un bel encourage-
ment pour ce qu'il doit faire dans l’avenir.
Si lP'Athénée voyait ses professeurs animés
du même zèle, imbus du même esprit et réus-
sissant aussi bien que M. Demoyencourt,
nous pourrions lui assurer e::core quelques
siècles d'existence.
a ——_—_— ee —__——_———
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte 4. DE LAVALETTE.
BIBLIOGRAPHIE,
ALMANACH-BOTTIN du commerce de Paris,
des départements de la France et des principales
villes du monde ; 600,000 indications ou renseigne-
meats; un fort volume grand in-8. de 1,800 pages.
( Quarante-sixième année). Prix à Paris: broché,
12 fr. ; relié, 14 fr. Le bureau de l_Æmanach-Bouir
est à Paris, rue J.-J. Rousseau, 20.
L'Almanach. publié par M. Bottin, est uu in-
dicateur commercial et statistique toujours bien
complet, ILest, chique année, recoposé en entier,
au moyen d’éiéments recueillis à Paris par des cm-
ployés surs et honnètes, et au dehors de Paris, &u
moyen de voyageurs dirigés sur tous les points de la
France et d'une correspondance immense.
Aux notices statistiques placées en tète de chaque
département, où qui sont répandues dans tout le
Livre, on reconnait le faire de celui qui a introduit
cn France les Annuaires stalistiques de départe-
ments.
PARIS.—JIMP. DE LACOUR ey MAISTRASSE fs;
rue Sant-Hyacinthe-S.-Michel, 43.
à
+
$
10° armée.
L'EC
a =
(OMMAIRE. — ACADÉMIE DES SCIEN-
: CES. Séance du lundi G février. —SCIENCES
| NATURELLES. GEOLOGIE, Etudes des mon-
| tagnes de la Thuringe ; Cradner. — Sur le dilu-
vium de la France; Fournet. — SCIENCES ME-
DICALES. PHRÉNOLOGIE. Quelques observa-
tions sur les articles publiés par l’Echo. — TO-
XICOLOGIE. Résultats de l’empoisonnement par
l'acide arsénieux; Chalin. — PtYSIOLOGIE
VEGETALE. Sur le mode et les circonstances de
développement d'un végétal mycroscopique dans
les liquides albumineux, normaux et patholosi-
ques (premier article) ; Andral et Guvarrel, —
ZOOLOGIE. Jndex ornithologique; Lesson. —
Sur les coquilles vivantes, mais jusqu’à ce jour
seulement connues à l’état fossile; Forbes. —
SCIENCES APPLIQUÉES. ECONOMIE SO-
CIALE. Question des sucres. Observations préli-
minaires. — AGRICULTURE, Conservation des
blés. — HORTICULTURE. Greïfe du châtaignier
sur le chêne. — ENTOMOLOGIE AGRICOLE,
Histoire du thrips olivarius ; le vicomte de Thury.
| — ARCHÉOLOGIE. Fouilles du Château-Gail-
| lard; l'abbé Cochet. — FAITS DIVERS. —
BIBLIO GRAPHIE.
!
| DRE (ee
| ACADÉMIE DES SCIENCES.
|
| -Séence du lundi 6 février.
|
| . 9 BA . p y ,
|. L'Académie, dans cette séance a procédé
\\Ja nomination d’un membre dans la sec-
| tion de médecine et de chirurgie, en rem-
* placement de M. Double. Les candidats
| étaient, en premiéreligne,exæquo, MM. An-
dral et Poisseuille ; en seconde ligne, M. Cru-
veilhier ; en troisième ligne, ex æquo ,
MM. Bourgery et Jules Guérin Au milieu
| de ces hommes à mérites si divers, mais
| mon à mérites égaux, l’Académie à su faire
un choix digne d'elle en appelant dans son
sein M. Andral. 56 membres avaient droit
| de voter; 55 ont usé de ce droit, et, sur ces
55, M. Andral a obtenu 42 voix. M. Jules
Guérin en a obtenu 5, M. Poisseville 4 et
| M. Cruveilhier 4,
|
k Tous ceux qui prennent quelque intérêt
à l'avancement des sciences verront avec
plaisir M. Andral entrer à l’Académie.
Sans analyser tous les travaux de ce sa-
* vant, sans rappeler tous ses titres à la place
| d’académicien, disons en passant que ses
: recherches sont empreintes d’un esprit d’ob-
Servation péu commun à notre époque, et
que ses derniers mémoires présentés à l’A-
: cadémie sont , depuis quelque temps, ce
que cette sayante assemblée a reçu de plus
veuf et de plus intéressant.
M. Bouchardat a envoyé à l’Académie
un mémoire intitulé : Recherches sur Lac-
lion des sels ammontacaux sur La végétation.
Déjà plusieurs chimistes se sont occupés de
cette question et l'efficacité des sels am-
moniacaux dans les engrais, est admise au-
jourd’hui par les savants qui ont porté leurs
Re À
Paris. — Jeudi, 9 Février 1843.
DILE————
U MONDE
vues sur les applications agricoles. M. Bou-
chardat, pour étudier l’influence des sels
ammoniacaux sur la végétation, s’est servi
du sesqui-carbonate, du bi-carbonate, du
sulfate, du chlorhydrate, du nitrate d’am-
moniaque. Ce sont les seuls sels qui peu-
vent s'offrir dans le cours naturel des cho-
ses aux racines des plantes.
Des branches du mimosa pudica furent
placées dans des flacons munis d’un bou-
chon foré, remplis d'eau de Seine filtrée
(chaque branche contenue dans un vase
séparé). On ne soumit ces branches à l’ex-
périence que lorsqu’elles furent pourvues
de racines adventives ; on n’admit que
celles qui étaient vigoureuses et dont le
feuillage était à la fois bien vert et très sen-
sible.
D'autre part on fit dans l'eau distillée
des solutions contenant 171000 des sels am-
moniacaux précédemment désignés. Ces
solutions remplacèrent dans les flacons
l’eau de Seise; plusieurs plantes furent
conservées dans l’eau pure pour avoir un
terme de comparaison.
Après 24 heuresles plantes végétaienten-
core bien, mais les feuilles avaient perdu
une partie de leur sensib. lité: Après 48 heu-
res les plantes végétant dans les flacons con-
tenant les solutions de carbonate d’amr:o-
niaque étaient privées de toute motilité, les
feuilles inférieures étaient tombées ; le len-
demain la branche était morte.
La plante de mimosa végétant dans la
solution de nitrate d’ammoniaque résista
un jour de plus ; celle qui était dans la so-
lution d’hydrochiorate deux jours, mais
après 6 jours tous les plans avaient péri.
On a réduit la solution des sels ammo-
niacaux à 171500 et des résultats analogues
furent observés.
M. Bouchardat , pour répondre à toutes
les objections qui auraient pu lui être faites,
a répété ses expériences sur les mentha aqua-
tica sylvestris et sur le polygonum orten-
tale. Il a vu que tout se passait comme
chez les plantes qui ne peuvent vivre long-
temps dans l’eau sans périr. L’auteur du
mémoire a constaté aussi que l'influence
fâcheuse des sels ammoniacaux est encore
évidente à 173000. 11 est vrai que M. Bou-
chardat a expérimenté dans l’eau. Il fal-
Jait maintenant agir avec les plantes, dans
la terre, Il a pris alors le chou cuitivé ( bras-
sica oleracea). Il en plante plusieurs plants
dans un mélange de terreau et de bonne
terre de jardin, à parties égales. Ces choux
étaient placés chacun dans une caisse de
même capacité, avec un poids semblable de
terre. On les arrosa avec de l’eau pure,
jusqu’à ce qu’on les vit bien repris. Puis on
commença à les arroser avec des solutions
de suls ammoniacaux contenant 171000
des sels en dissolution. L'expérience fut
ainsi continuée 30 jours pendant les mois
N° 11.
SAVANT.
TRAVAUX BES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
'Ecxo pu MONDE SAVANT paraît le SEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun. On $’abonne : PAR1s, rue des
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peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISES du mois (qui coûtent chacun
10 fr. pris séparément } et qui forment avec.PEcho du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef, et cé qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant.
dejuinet juillet. Les clioux profitérent, mais
on ne remarqua rien, ni en bien, ni en mal;
l'effet de l’arrosement avec les sels ammo-
niacaux parut alors complètement nul.
Les choux arrosés avec de l’eau de Seine
filtrée prirent un développement sembla-
ble, et leur poids, après l’expérience, n’in-
diqua pas de différences constantes a 1pré-
ciables.
Cette action nulle des seis ammoniacaux
sur les choux arrosés avec des dissoiutions
de ces sels semblerait infirmer les premië-
res expériences de M. Bouchardat. Mais
M. Bouchardat prouvera dans des travaux
subséquents que les sels ammoniacaux n’ont
produit aucun effet nuisible parce qu'ils
n’ont pas été absorbés ; ils ont été retenus
par le terreau. De là M. Boachardat con-
clut : 1° que les dissolutions des sels am.
moniacaux déjà nommés ne fournissent pas
aux végétaux l'azote qu'ils s’assimilent :
2° que, lorque cesdissolutions à 111000 sont
absorbées par les racines des plantes, elles
agissent toutes comme des poisons éncrgi-
ques.
M. Cornay a adressé à l’Académie la fin
de son mémoire sur l’embaumement. Après
ayoir fait conpaître plusieurs formules qui
pourraient être employées pour conserver
les cadavres, et après avoir signalé les in-
convénients plus ou moins graves qu'ils
renferment M. Cornay finit par énoncer
que le sirop de dextrine obvie à tous ces
inconvénients et peut rendre de grands
services en anatomie, Ainsi, une simple in-
jection dans les artères de sirop de dextrine
suffira pour préserver les cadavres de la
putréfaction pendant le temps de leur dis-
section ; et si l’on vouiait pousser plus loin
la préparation , on pourrait leur faire des
injections sous-cntanées, Ainsi on s’en ser-
"virait acc avantage dans l’embaumement.
Plusieurs expériences de M. Cornay prou-
vent que la viande peut se conserver sous
l'influence du sirop de dextrine. Aussitôt
que la viande est imbibée de sirop (ce qui
se fait dans deux ou trois jours) on peut ia
faire dessécher, elle se conserve parfaite-
ment.
M. Cornay pense que le sirop agit d'abord
sur la viande en absorbant son humidité ;
il la pénètre et s'étend avec l’eau de la
viande. Mais, si on les laisse au contact sans
les dessécher, il y aura fermentation alcoc-
lique , et l'alcool pourra bien agir secon-
dairement sur la viande.
Ainsi le sirop de dextrine peut être em-
ployé avec avec avantage dans les amphi-
théâtres, vu sa faible valeur, et parce qu'il
ne change pas la couleur des matières or-
ganiques, si ce n’est qu'elles pourraient
devenir, après une longue macération, la
peau, par exemple, très blanche, les muscles
un peu moins vifs en rougeur.
M. G. Guibourt a envoyé à l’Académie
\r
N
D44
une note historique sur la combustibilité
du diamant. Selon M. Guibourt l'hon-
neur d'avoir découvert que le diamantest
combustible n'appartient pas à Newton,
mais à Poëce de Boot, médecin de l’empereur
Rodolphe IT et auteur d'une.histoire des
pierres précieuses. Cet ouvrage est certai-
nement antérieur à la mort de Rodolphe,
arrivée en 1612, car ce prince ne s'y trouve
pas nommé sans que Boëce n’ajoute aussi-
tôt : Empereur auguste, très invincible et
mon seigneur très clément. D'ailleurs, une
seconde édition en a paru à Leyde en 1636,
avec des annotations d’'Audré Toll, six ans
avant la naissance de Newton, et l’on en
trouve assez facilement une traductiôn
française, imprimée à Lyon en 1644.
« Le propre du vrai diamant, dit Boëce
de Boot, est de recevoir la teinture qui s’y
applique et s'y unit tellement quelesrayons
qu'il jette en sont considérablement au-
gmentés, Aucune autre pierre précieuse
ne peut s’y unir ainsi, ni en tirer aucun
éclat. Or cette teinture se fait avec du
mastic mondé, noirci avec un peu de noir
d'ivoire. Le diamant chauffé étant appliqué
sur ce mastic un peu chauffé lui-même, il
y adhère incontinent d’une vraie et forte
union que toutes les autres pierres pré-
cieuses repoussent. dJ’estime que cette
mutuelle union du diamant et du mastic
procède d’une ressemblance dans leurs
matières et qualités; car les choses sem-
blables se plaisent et s'unissent avec leurs
semblables. Ainsi, les choses aqueuses
se mêlent aux aqueuses, etc., etc., etc.
Les choses qui ont une matière dissem-
blable ne se conjoingnent pas : ainsi l’eau
ne peut étre mêlée à l'huile, quoique l'huile
soit liquide, parce qu’elle est de la nature
du feu ; la gomme de cérisier peut se dis-
soudre dans l’eau à cause qu’elle est de
nature aqueuse; la gomme de mastic ja-
mais, parce qu’elle est de nature ignée
(combustible), et pour cette raison, elle
estjointe facilement à l’huile, comme toutes
les choses qui sont de nature ignée et qui
peuvent être facilement réduites en flamme.
Donc, puisque le mastic, qui est de nature
ignée, peut être uni facilement au diamant,
c’est un signe que cette union se fait à
+ cause de la ressemblance de ia matière, et
que la matière du diamant est ignée et sul-
furée , et que l’'humide intrinsèque et pri-
mogène d’icelui, par le moyen duquel il a
été coagulé (c’est-à-dire que le dissolvant
primitif duquel il s’est séparé à l’état solide)
a été entièrement huileux et igné , tandis
que l’humide (le dissolvant) des autres
pierres précieuses a été aqueux de plus à
cause qu'étant échauffé il attire (comme
l’ambre qui est de nature ignée) les petites
pailles, il ne faut pas s’étonner si la sub-
stance grasse , huileuse et ignée du mastic
lui puisse tellement être appliquée et unie
que la vue n’en soit pas terminée eti qu'il
n’en soit pas ainsi pour les autres pierres
précieuses. que celui à quimon epinion ne
.salisfera pas en apporte une meilleure.
Vouloir donner une analyse des phéno-
mènes psychiques, vouloir expliquer la fo-
lie en s'appuyant sur les données de la psy-
chologie, d’une science qui n'existe que de
nom, c'est une tentative bien vaine et tou-
jours infructueuse. Quelques hommes im-
bus d'idées métaphysiques ont bien pu cou-
cevoir une pareille entreprise, mais qu'un
savant, éclairé par les lumières de l’anato-
mie et de la physiologie, vienne pour la
réaliser, c’est là une chose qui ne se com-
prend pas. Nous avons vu avec peine un
245
medecin de l'asile des aliénés de la Seine-
Inférieure envoyer à l’Académie un long
mémoire où la psychologie souille de son
contact une science basée sur des observa-
tions positives, la physiologie. Le Mémoire
de M. Parchappe est intitulé: Æssai de
psychologie empirique pour servir de base à
une $yÿmptomatologie de la folie. Nous de-
manderons à l’auteur de ce travail de jus-
tifier ces mots de psychologie empirique,
qui, si nous les comprenons bien, veulent
dire psychologie déduite de l'observation.
Or, quels sont les faits, quelles sont les ob-
servations sur lesquels repose la psycholo-
gie ? La psychologie aurait-elle la préten-
tion de nous fournir autre chose que des
hypothèses et des idées spéculatives ? non ;
son rôle se borne là, et le mémoire de
M. Parchappe, quoiqu'il renferme une
pompeuse analyse de l’entendement, n’est
pas encore destiné à la constituer en science
réelle. M. Flourens, en rendant compte de
ce travail, a observé avec juste raison qu'il
aurait dù être envoyé à l’Académie des
sciences morales et politiques. Là, en effet,
il est permis de tout dire en fait d'hypo-
thèses et de théories philosophiques. Mais
à l’Académie des sciences on rit des philo-
sophes et l’on veut des observateurs.
nee ———
SCIENCES NATURELLES.
GEOLOGIE.
Étude des montagnes de la Thuringe.
M. Credner.
La Thuringe est une des contrées qui,
avant toutes les autres, furent examinées
d’après les principes de Werner. Jusqu'en
1820, le sol d'aucune province de PAlle-
magne n'était si bien connu que celui de
la Thuringe : les ouvrages importants de
Heim , de Voigt, de Freisleben et de Hoff
nous en ont donné des descriptions juste-
ment appréciées. Depuis cette époque, la
Thuringe a été négligée par les géologues.
A la vérité, MM. de Buch, Krug de Fidila,
de Hoff, Cotta et Mahr ont publié quelques
mémoires concernant cette province, mais
ces travaux sont restreints à des localités,
Il en est de même des cartes géologiques.
Une carte du comté de Henneberg, et quel-
ques esquisses de M. de Hoff sur la forma-
tion des grès dans la Thuringe , ainsi que
sur les rapports géologiques de Cobourg et
de Gotha, voilà à peu près tout ce qui a
été publié.
C'est aux soins de ce dernier géologue
que nous devons la section de Gotha, de la
grande carte géologique du nord-ouest de
l'Allemagne, publiée par M. Hoffmann en
1829. Cependant, quelque bonne et quel-
que exacte que soit la carte de de Hoff,
elle ne représente guère que la plaine entre
Eisenach et Weimar, où le grès bigarré, le
muschelkalk et le keuper dominent. La
constitution des montagnes de ce même
pays serait mieux connue, si M. Kuhn, de
Freiberg , avait pu publier la belle carte
géologique qu'il a faite, il y a plus de trente
ans, par ordre du gouvernement de la Saxe.
En ordonnant l'exécution d'un travail aussi
important, conçu d’abord par le célèbre
Werner, ce gouvernement éclairé s'est mis
à la tête des entreprises de ce genre, dans
lesquelles, du reste, il n'a été suivi, jusqu’à
présent, que par les gouvernements de la
France et de l'Angleterre. Malheureuse-
ment , la carte de M. Kuhn est restée ma-
nuscrite.
. kalkfeldspath ( labrador ) ; alors seulement
246
Eu travaillant sur ces matériaux, j'ai
composé une carte géologique des monta-
gnes de la Thuringe qui fait suite à la sec-"
tion de Gotha et qui fait partie de la grande
carte du nord-ouest de l’Allemagne, de
M. Fr. Hoffmann. Composée de deux feuil-
les, elle donne le tableau géologique de
toute la contrée comprise entre le revers
méridional du Harz, d’un côté, et les villes
de Cobourg, de Gotha et de Meiningen, de
l’autre. L'échelle en est assez grande pour
représenter certaines couches isolées et de
peu d’étendue, mais répandues sur toute la
surface de la Thuringe.
Cependant, quelque exacte que soit cette
carte, elle est loin d’avoir atteint ce degré
d’exactitude qui donne une si grande va-
leur aux cartes géognostiques de notre épo-
que. La cause en est peut-être dans la trop
grande attention avec laquelle l'auteur a
traité les formations récentes de cette con-
trée au détriment des formations primai-
res; on y verrait peut-être d’autres défauts
encore : ainsi, la section de Gotha, par
M. Hoffmann, donne une fausse direction
aux limites du muschelkalk, en les éten-
dant jusqu'a Schwabhausen , au sud de
Gotha. Quant à la limite entre le keuper et «
le muschelkalk, dans la pleine entre Eise- «
nach et Erfurt, on peut la fixer avec pré M
cision aussitôt qu’on est d’accord sur les
couches qu'il faut attribuer soit à l’une soit
à l’autre de ces deux formations. On peut
en dire autant des formations de la partie
montagneuse de la Thuringe, surtout des
masses que M. Credner , en suivant M. de
Buch, désigne sous le nom de mélaphyre.
Si l’on comprend sous ce nom une compo-
sition d’augite et de labradorite , comme le
mélaphyre du Tyrol méridional, on risque
de tomber dans une erreur manifeste, au
moins pour cette formation telle qu’elle se
trouseen Thuringe; car jusque aujourd’hui
personne n'y a découvert de pyroxène;
aussi M. Credner, qui mieux que tout au-
tre connaît les minéraux de ce pays, ne
mentionne-t-il qu'un seul minéral qui ait
de la ressemblance avec le pyroxène. Quant
à moi, j'ai examiné avec tout le soin possi-
ble les prétendus mélaphyres de Suhl, de
Benshausen, de Frauenwalde, de Schmie-
defeld , d’Ilmenau, sans y avoir trouvé la
moindre trace de pyroxène. Il se pourrait
cependant que le minéral trouvé dans ces
prétendus mélaphyres, et nommé feldspath
par M. Credner, ne fût en réalité que le
DRE RUN Pots M ST RS
on serait autorisé à désigner la roche noire
de la Thuringe par le nom de mélaphyre ,
en supposant, toutefois, que M. G. Rose soit
dans le vrai, lorsqu'il prétend que le labra-
dor ne paraît qu'avec l’augite, et jamais
avec l’amphibole. En attendant, cette dé-
nomination de mélaphyre ne pourra être
que provisoire.
Un autre caractère du mélaphyre est
qu'il ne contient pas de quartz : Voigt l’a
prouvé il y a cinquante ans, et M. Credner
vient de confirmer l'opinion de ce géologue
distingué. Or, je n’ai trouvé adu quartz ni
dans le mélaphyre rouge-brunâtre de Ben-
shausen, ni dans le mélaphyre noir fonce
de Suhl, de Schmiedefeld et de Frauen-
walde; mais j’en ai découvert dans le mé- |
laphyre vert clair près du moulin Butt-
mühle, au-dessous de Mehlis.Ce mélaphyr e |
contient beaucoup de caleaire , et il se lie
intimement aux roches rouge-brunâtre de
Benshauser. M. Cotta le nomme ineélaphyre
quoique l'extérieur en soit d’une couleur
différente de celle des autres mélaphyres,
20 M nl défense tot dé
Se
:qu'il ne contienne pas de pyroxène vi-
ible. Je crois néanmoins ÿ avoir découvert
tuelques différences en le comparant aux
ibches analogues du Harz, de la Hesse, du
richtelgebirge, de Nassau, de la Bohème et
re l'Ecosse.
En suivant la vallée de Mehlis jusqu à
enshausen, on rencontre une suite de ro-
‘hes d’une nature très différente.On y voit :
‘° ces masses d’un vert clair dont j'ai parlé
lus haut, et qui contiennent beaucoup de
arbonate de potasse et un peu de quartz;
du schiste argileux noir à couches bien
istinctes , ayant une direction constante
Le 11, 3, 4, d’aprèsla boussoie de Freiberg;
: ° des roches schisteuses, prenant une cou-
eur rouge-brunâtre après avoir été expo-
-ées à l'air pendant quelque temps, et pré-
“entant alors un brillant métallique dans
eur cassure longitudinale; 4 rune roche
ion scbisteuse, mais d'une couleur rouge-
>ruvâtre, et semblable à la sanguine. Tou-
es ces roches passent les unes aux autres
ans que l’on puisse y remarquer aucune li-
yne de démarcation. Le schiste argileux
noir s’ychange pea à peu en unschiste argi-
“eux rouge-brunâtre non stratifié, c’est-à-
lire en mélaphyre. C'est ce Gui prouve
qu'il faut attribuer ces transformations à
l'oxydation du fer, qui entre de plus en
blus dans la composition de ces roches. La
richesse en fer de ces roches est si con-idé-
able, que M. de Buch appelle son méla-
iphyre la mère du fer.
| Ne pourrait-on pas conclure de ces faits
qu'il existe une grande liaison entre toutes
1ces roches, lesquelles ne se distinguent les
lunes des autres que par leur composition
(comme le granite et le gneiss), ou par les
(rapports de la quantité de silice qu’elles
icontiennent aux bases, et aux sels, tels que
le carbonate de chaux ou de magnésie ? Or,
si cela est vrai, toutes les roches dont, se-
‘on Werner, sont composées les formations
primaire et secondaire n’appartiendraient
|qu’à une seule et grande chaine de forma-
|tion : les extrêmes en seraient, d’un côté,
. l'acide silicique pur, comme le quartz dans
le granite; de l’autre côté, des oxydes, tels
| que de l’oxyde de fer, ou des sels, tels que
le carbonate de chaux et le carbonate de
}magnésie; enfin, il y aurait aussi des com-
| binaisons de carbonates et d’oxydes, comme
on en trouve près de Wetziar et de Suhl.
Actuellement, je parlerai du grès jaune
de Gotha. Après l'avoir rangé parmi les
| grès bigarrées, M. de Hoff l’a cru identique
} au quadersandstein , en l’attribuant à une
formation plus récente que celle du grès
bigarré. Ce n’est qu'après la découverte du
: keuper entre Weimar et Eisenach qu’on a
commencé à Jui donner lé nom de grès-
keuper, et c'estsous ce nom qu’on le trouve
sur la carte de M. Hoffmann. M. Credner,
|aucontraire, range le grès jaune parmi les
grès du lias en se basant sur l’analogie
de cette roche avec le grès-lias de Co-
bourg. Peu de géologues ont adhéré à
cette hypothèse, par la raison que le lias
me se trouve point sur le revers septen-
_ tronal de la chaine du Thuringer-Wald,
| Cependant une découverte récente vient
| à l’appui de cette hyÿpothèse, puisqu'on a
trouvé du lias sur ce mêruc revers septen-
trional. Dans une chaîne de montagnes,
près d’Eisenach, on distingue les sommets
du Mosenberg et du Schierberg, formés de
grès jaune, mais que la carte de M. Hoff-
man indiqué sous le nom de grès bigarré,
probablemént à cause del’argile rouge qui
couvre le pied de toute cette chaîne ) Sans
248
cependant entrer dans la composition des
différen'es espèces de grès qu’on y trouve;
or, c’est là qu’on a découvert le lias.
M. Credner a consacré une partie de son
mémoire à l'analyse du grès-lias d’'Eise-
nach. fl a trouvé dans ce lias des corps cy-
lindriques ressemblant à des bélemnites et
analogues à ceux qu’on a extraits du lias
de Saint-Loup, près de Montpellier.
* (Ann. des sc. géolog.)
Sur le diluvium dela France,
par M. Fournet.
M. Fournet a présenté a l'Académie un
mémoire sur le diluvium de la France,
nous croyons devoir en rapporter les con-
clusions, nous réservant de donner à nos
lecteurs le rapport qui sera fait plus tard.
En examinant, dit M. Fournet, la di-
men ion des blocs transportés, on voit que
les plus gros de ceux de la France n’attei-
gnent généralement pas 1 mètre cube,
quand ils sont réellement arrondis. Ils
peuvent bien aller au double dans quelques
cas, mais alors ils sont simplement jetés à
quelques pas de leur gîte primitif.
Onssait , au contraire, que ceux des Alpes
sont colossaux. Ainsi donc l'intensité du
phénomène erratique est, jusqu’à un cer-
tain point, proportionnelle aux pentes et
aux vitesse des courants.
Les glaciers auraient-ils produit un as-
sortiment pareil? j’en doute; car leur pres-
sion lente, mais continue, devait démolir
et pousser indifféremment des quartiers gi-
gantesques dans les vailées de la France
centrale aussi bien que sur les rampes des
Alpes. Il résulte donc de là que les glaciers
n'ont évidemment joué aucun rôle dans les
effets dont il a été question dans ce mé-
moire.
SCIENCES MÉDICALES.
PHRÉNOLOGIE.
Lorsque nous avons publié , dans notre
tourpal, quelques articles sur la phrénolo-
gie, nous n'avons eu qu'un seul but, celui
de constater l’état actuel de la science. En
nous abstenant de toute réflexion ; nous
avons indiqué suffisamment à nos lecteurs
que nos opinions particulières étaient hors
de cause. Cette réserve sur des points
de lorganisation humaine qui ont en-
core besoin d’expériences et de temps
pour être formulés en doctrine, nous au-
torise à reproduire la lettre que nous a-
x
dresse à ce sujet un de nos abonnés.
Angers, 31 janvier 1843.
Monsieur,
Les derniers articles de votre journal,
sur la phrénologie, m'ont fait naître quel-
ques pensées que je prends la liberté de
vous transmettre.
Trois classes de savants me semblent s’é-
tre occupés de la phrénologie par des mo-
üfs bien différents :
Les premiers ont cru, (je n’oserais dire
désiré) trouver dans les phénomènes phré-
nologiques , au moins de fortes raisons de
douter de l’existence de l'âme humaine, et
ont donné lieu par là à des accusations de
matérialisme:;.
Les seconds, plus rationnels, ne se sont
occupés de ces phéuomènes que comme
physiciens ; :
Les troisièmes , enfin, trop préoccupés
sans doute, mais mus par des sentiments
que je respecte infiniment, ont craint de
voir tourner au détriment de la morale et
de la religion les conséquences que lon pa-
[
249
raissait vouloir tirer de ces mêmes phéno-
mènes.
Je crois que c’est bien ici le cas d’appli-
quér'cét adage: In medio stat virtus.
Avant d'aborder cette ques ion, je pose-
rai deux principes confirmés par l’expé-
rience :
1° L'homme naît avec une prédisposition
à telle vertu ou à tel vice , de là la diversité
des penchants et des caractères.
En d’autres termes, il y a des différences
nalives dans les dispositions morales des
hommes, commeil y en a dans leurs formes
physiques ; je crois que la philosophie et la
religion, la raison et la foi sont ici d'accord.
Que ces différences soient inhérentes aux
facultés de l'âme ou viennent de la confoc-
mation des organes physiques, qu'importe,
le fait n'en demeure pas moins certain.
2° L'éducation modifie profondément ces
prédispositions natives ; un homme né pour
la vertu peut devenir pervers par suite
d’une mauvaise éducation , et réciproque-
ment; ce fait est reconnu et avoué par tous
les partis.
Cela posé, je dirais aux premiers: Vous
avez remarqué que des altérations plus ou
moins profondes dans les organes physi-
ques influent (ou du moins jaraissent in-
fluer) sur Îles phénomènes intellectuels,
soit ; mais en conclure que ces organes pro-
duisent ces phénomènes, c’est faire dire à
J’expérience ce qu’elle ne dit pas, ce qu’elle
ne dira jamais.
L'âme, alors mal servie par ces organes,
est entravée dans ses manifestations exté-
rieures ; ses relations avec les autres inte!-
ligences, qui ne peuvent s'établir que par
les sens , sont en partie rompues, ce qui
constitue la déraison: voilà seulement ce
qu'il nous est permis de conclure , et peut-
être tout ce qu il nous est donné d’ensavoir.
J’ajouterais à cela : Vous admettez que
l'éducation peut modifier ces prédisposi-
lions natives , est-ce donc que l’éducation
modifie les formes physiques des organes ?
Non : le crâne du scélérat devenu homme
de bien par suite d’une bonne éducation,
n’en conserve pas moins tousles caractères
phrénologiques de la scélératesse ; done,
sans nier absolument l'influence des orga-
nes , il est légitime de conclure que l’édu-
cation atteint l'âme elle-même, puisque les
phénomènes moraux se trouvent si profon-
dément modifiés sans que les organes phy-
siques le soient, ï
Ce peu de mots suffit pour prouver aux
troisièmes qu'its ont tort de s’effrayer au-
tant des travaux des seconds.
L'homme se sent, il est vrai, plus ou
moins entraîné vers telle ou telle action
coupable; mais il ne sent pas moins que
quand il cède c’est librement, et qu’il pour-
rait résister ; mais en a-til toujours Ja
force ?.... Sans entrer dans une discussion
que ne comporte pas la nature de cette
lettre, ne suffit-il pas, pour justifier la pro-
vidence , de supposer que les seccurs sont
proportionnés aux obstacles et ia récom-
pense aux efforts ?
Je dirai en finissint(sans admettre néna-
moins que toujours les caractères phrénc-
logiques s'accordent avec les dispositions
de l’âme), qu'il est possible que cela arrive
souvent ; c'est à l'expérience à nous éclai-
rer sur ce point, et en ce sens les travaux
des seconds me paraissent dignes d'intérêt :
sans doute on pourra abuser de cette science
au profit des mauvaises passions; de quoi
n'abuse-t-on pas? Mais on ne pourra ja-
mais, quoiqu’on fasse, en tirer aucune oh-
250
jection sérieuse, et nuisible aux intérêts de
la morale et de la religion,
L'un de vos abonnés,
L. G.
TOXICOLOGIE,
Résultats de l'empoisonnement par l'acide
arsénieux ; par M. Chatin.
L'auteur croit devoir tirer les conclu-
sions suivantes des observations et des ex-
périences qu'il a faites.
i° L’acide arsénieux est absorbé par les
voies respiratoires, comme par l’estomac et
la surface sous-cutanée.
2° Il est porté dans les organes, mais
plus particulièrement daus le foie, et est
éliminé par les urines; toutes choses que
M. Orfila avait prouvées pour les deux
autres modes.
3° L’acide arsénieux est éliminé en des
temps qui varient suivant les espèces ani-
males.
4 Chez certains animaux, le premier
effet de l'acide arsénieux est d'augmenter
l'appétit.
5° Les animaux ne supportent pas tous
également cette substance toxique.
6° La différence d'action de l’arsenic ne
peut être rapportée seulement au volume
des individus, non plus qu’à leur nature
carnivore ou végétivore.
7° Les animaux qui supportent le moins
l'acide arsénieux sont aussi ceux qui Péli-
minent le plus proprement par les urines.
8° Les faits relatifs À l'espèce humaine,
- les expériences de M. Orfila sur les carnas-
siers, celles de M. Chatin sur le même
groupe d'animaux, sur les rongeurs et les
oiseaux, les communications de MM. Cam-
bessède, Lassaigne, Renault, Flandin et
Danger, etc., relatives aux pachydermes et
aux ruminants, conduisent à penser que
l’action toxique de l'acide arsénieux et son
élimination par les urines sont en raison
composée dela perfection des systèmes res-
piratoire et cérébro-spinal.
9 Enän, la présence de sérosités abon-
dantes dans les plèvres d'animaux qui
étaient bien portants avant l’empoisonne-
ment semble un fait pathologique d'autant
plus curieux, que c’est dans la pleurésie
que l’arsenic est préconisé comme uu re-
méde souverain.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Recherches sur le mode et Les circonstances de
développement d'un végétal microscopique
dans les liquides albumineux , normaux et
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret.
(Premier article.)
« En poursuivant nos recherches sur les
modifications que le sang peut recevoir,
dans sa composition, d’un certain nombre
d’influences de l’ordre physiologique et pa-
thologique, nous avons été vivemont préoc-
cupés d’une communication faite à l’Aca-
démie des sciences par M. Liebig, dans la-
quelle, après avoir déclaré que la fibrine et
l’'albumine étaient des substances parfaite-
ment identiques et qu’il était parvenu à re-
tirer de la fibrine des globules du sang, il
ajoutait :
& Nous avons également réussi à précipi-
» ter l’albumine sous forme de globules
» en ajoutant une suffisante quantité co
» à du sérum rendu neutre par un acide.»
» j'était là une question capitale qui ve-
nait à être soulevée. Il ne s'agissait de rien
moius en effet que de savoir si l’albumine
Y
Q
à
|
251
pouvait, par un simple changement de for-
me, constituer les noyaux des globules rou-
ges. Or, un pareil résultat nous paraissait
trop important, pour que nous ne cher-
chassions pas à nous assurer de son exac-
titude; nous répétâmes donc l'expérience
de l’illustre chimiste allemand , et nous ne
fûmes pas peu surpris de constater que les
corps, plus ou moins exactement arrondis,
que nous développions effectivement ainsi
au sein du sérum n'étaient autre chose que
les premiers rudiments d’un végétal qui a
la plus grande ressemblance avec celui qui
se retrouve dans certains liquides après la
fermentation , et qui a été étudié dans ces
derniers temps par M. Turpin. Après a-
voir trouvé ce végétal dans le sérum du
sang, nous l’avons cherché, et nous l’avons
aussi retrouvé d’abord dans le blanc del’œuf,
puis dans diverses sérosités produites par
la maladie, et enfin dans la partie séreuse
du pus ; de telle sorte que, quel que soit le
liquide albumineux auquel on enlève son
alcalinité par un acide, on y développe un
végétal microscopique, et comme ce fait,
intéressant en lui-même, n’est pas non plus
sans application possible à la physiologie et
à la pathologie, et que nous l'avons trouvé
sur le chemin de nos recherches, nous
avons cru devoir en exposer les détails à
l’Académie.
1.D’un végétal microscopique dans le sérum
du sang. ‘
» Nous avons étendu, d’à peu près deux
fois son volume d’eau distillée, du sérum du
sang frais et bien pur, préalablement traité
par de l'acide sulfurique très affaibli, de
manière à obtenir une réaction très légère-
ment acide.
» Cette expérience ainsi instituée nous a
donné les résultats suivants :
» Le liquide, d'abord parfaitement trans-
parent, devient immédiatement opalin; il
est légèrement troublé par une matière en
suspension, qui, placée au foyer du micros-
cope, est absolumentidentique à de l’aibu -
mine précipitée par la chalear, l'acide azo-
tique ou l'alcool. Peu à peu cette ma-
lière amorphe gagne le fond du vase et s’y
accumule en dépôt grisâtre, tandis que la
liqueurredevientparfaitementtransparente.
Une fois produit, ce dépôt grisâtre reste au
fond du vase comme une poudre inerte,
et ne devient le siége d’aucun travail spé-
cial, Mais il n’en est pas de même du li-
quide redevenu transparent : celui-ci ne
tarde pas à présenter des phénomènes d'or-
ganisation qu’on peut suivre pas à pas
dans toutes les phases de leur développe-
ment. :
» Au bout de douze heures environ,
quoique ce liquide n’ait encore rien perdu
de sa transparence, il suffit d’en placer une
goutte au foyer du microscope, pour cons-
tater qu'il s’est produit dans son sein une
quantité variable de vésicules sphériques,
elliptiques, ovales, parfaitement indépen-
dantes les unes des autres. Ces vésicules
sont constituées par des parois extrême-
ment minces et d’une diaphanéité parfaite;
les unes paraissent complétement vides,
d’autres sont remplies d’une espèce de se-
mis amorphe; d’autres enfin renferment
quelques globules en petit nombre, très
distincts, de grandeur variable et irrégu-
lièrement dispersés dans leur cavité. C'est
toujours dans les parties du liquide immé-
diatement en contact avec l'air extérieur
que se forment d’abord ces vésicules, et à
cette époque elles n'existent encore que
dans les couches les plus superficielles.
259
» Cependant d’autres objets ne tardent
pas à apparaître : bientôt à la surface de
ces vésicules , poussent des bourgeons va-
riables dans leur nombre et leur disposi-
tion, les uns transparents et paraissant vi-
des, les autres remplis, comme la vésicule-
mère, d’un semis amorphe où de quelques
globules irrégalièrementespacés. Ces bour-
geons se développent eux-mêmes; ilss’allon-
gent en tiges qui, en divers points de leur
circonférence , fournissent des rameaux
plus ou moins nombreux : ceux-ci à leur
tour donnent des ramuscules, et ainsi de
suite, jusqu’à un accroissement presque in-
défini. Maïs toujours cestiges, ces rameaux,
ces ramuscules, se terminent délinitive-
ment en cul-de-sac, en sorte que l'individu
tout entier forme une vaste cavité fermée
de toutes parts. On peut retrouver encore,
dans ces diverses parties, le semis et les
globules que nous ont déjà offerts la vési-
cule-mère et les bourgeons.
» Jusqu'à présent, nous avons vu le vé-
gétal constitué à son origine par une seule
vésicule qui pousse des bourgeons , des ti-
ges, etc., mais il peut présenter un autre
mode de formation, que nous devons main-
tenant étudier.
» Il arrive en effet qu’au lieu de rester
solitaires, des vésicules, soit parfaitement
sphériques, soit légèrement elliptiques, se
groupent deux à deux, trois à trois, etc., et
se soudent entre elles, de manière à consti-
tuer un système complet. Bientôt chacune
de ces vésicules s’allonge, sans que la por-
tion de leurs parois, par laquelle elles sont
accolées, se détruise. Du développement
simultané de toutes ces vésicules résultent
des tiges creuses, dont les unes conservent
encore des étranglements correspondants
aux soudures des vésicules, et elles pren-
vent ainsi un aspect moniliforme. D'autres,
au contraire, parvenues à un développe-
ment plus complet, ont perdu ce caractère
moliniforme primitif, et elles représentent
de vrais cylindres dont la cavité est séparée
en loges distinctes par des diaphragmes in-
également espacés,placés de champ, et tou-
Jours perpendiculaires à la direction des pa-
rois. Ces nouveaux individus, produits
ainsi par la fusion de plusieurs vésicules en
un seul être, sont également terminés par
des culs-de-sac, et, comme les précédents,
ils sont ou vides, ou remplis de semis amor-
phe et de globules.
» Tels sont les objets qu’on observe au
microscope, dans le sérum du sang, pen-
dant les quatre premiers jours qui suivent
le moment où on l’a traité par l’acide sul-
furique. Lorsque le sérum est pauvre, ou
étendu de beaucoup d'eau, on y trouve
surtout de simples vésicules, dont l’appari-
tion coïncide avec un trouble de la trans-
parence du liquide. Lorsque le sérum est
plus riche ou étendu de moins d’eau, on ÿ
trouve encore les simples vésicules pendant
les douzes premières heures ; puis, au bout
de ce temps, se montrent les deux autres
types que nous avons indiqués, d'une part
le végétal qui s'est produit aux dépens
d’une seule vésicule, et d'autre part celui
qui est résulté de l’accolement ou de Ja sou-
dure de plusieurs vésicules. Pendant que
ces deux types se développent, le liquide
reste trouble, et de plus on remarque, dans
son sein el à sa surface, des flocons muci-
lagineux épars, qui, au bout d’un certain |
temps, gagnent le fond du vase, et sont
remplacés par d'autres. Ces flocons, étalés
en membranes au foyer du microscope,
offrent un véritable lacet inextricable formé
Eee ee ST CR
53
ar l’entre-croisement , en tous sens, de
ges inégalement développées et ramifiées.
sans les mailles lâches de cette espèce de
ssus sont emprisonnées des vésicules par-
enues à divers degrés de développement.
ers la fin du troisième ou quatrième jour,
poque où le liquide a perdu constamment
à transparence, on peut rencontrer, à côté
=s uns des autres , tous les états possibles
latermédiaires entre la vésicule sphérique
rinitive, et Ja tige rameuse la plus com-
'ête.
» Les quatre jours pendant lesquels nous
|‘énons de suivre les évolutions diverses du
{régétal développé au sein dusérum du sang
\'oidifié, constituent, pour la vie de cetêtre,
in premier temps pendant lequel on peut
acilement saisir ses différents modes de
.ormation.
» Au bout de ces quatre jours commence
lun second temps, qui peut avoir jusqu'à
lun mois de durée, et pendant lequel le vé-
Ixétal peut présenter des formes beau-
coup plus complexes, mais qui peuvent
être généralement ramenées aux types fon-
damentaux que nous avons indiqués, ainsi
qu'on le verra dans un deuxième article.
|
|: ZOCLOGIE.
| fndex ornithologique; par Eesson.
|
{
(suite.)
|: (VI. Marais. —171. Astur longicauda ;
| falco longicauda, Garnot, Zool. coq., pl. 10;
‘hab. Nouvelle-Guinée.
.. $ VII. Ausrraute. — 172. Astur Novæ-
: Hollandiæ ; falco Novæ-Hollandiæ, Lath. ;
White, it., pl. et p. 250; Vig. et Horsf.,
(tr. xv, 1703 Daudin, 2, 56 (jeune âge); falco
| Rayir, Vig. et Horsf., ib., p. 170; hab,
Nouvelle-Galles du sud. — 173. Astur ra-
diatus ; falco radiatus, Lath., sup., n° 40:
Temm., pl. 123; hab. la Nouvelle-Hollande.
| — 174, Astur fasciatus, Vig. et Horsf., tr,
| xv, p.170: hab. l'Australie. — 175.— 4s-
_tur approximans, Vig. et Horsf., tr. xv, p.
| 470 ; hab. la Nouvelle-Galles du sud.
56e genre : Bracuayrterus, Less. (1837);
astur, Spix ; micrastur, Gray (1841) ; hab.
| l'Amérique méridionale. — 176. Brachyp-
| erus concentricus, Less., compl., 11, 126:
| falco concentricus, Wlig. ; falco érachypte-
rus, Temm., pl. col. 141 (mâle), et 416
| (fem.); micrastur trachydactylus, Gray;
| épervier noir et blanc, azara, n° 28, et n° 29
| (fem.); nisus concentricus , D'Orbigny, voy.
| p. 88; sparverius semitorquaius, Nieill.,
Enc., p. 4263 ; hab. Brésil, Plata, Guyane.
—177. Brachypterus hemidactylus; falco he-
nudactylus, Temm., pl. 3 ; nisus hemidac-
tylus , D'Orbig., Am., p. 86; hab, Brésil.
— 178. Brachypterus gracilis; falco graci-
lis, Temm., pl. 91; hab. Brésil.
57e genre : Muvrerax, Gray (1840); fa/co,
Daudin ; sparverius, Vieill. ; nisus, g. Cuv.;
hab. Afriq. méridion.—179. Mulierax mu-
sicus, Gray; falco musicus, Daudin, t. I],
p. 126; Lath. ; sparvertus musicus, Vieill.,
Encycl., p. 1271 ; Levaill., Af, pl. 27; hab.
Cafrerie.
58° genre : Gymnocenys, Less. tr. (1828);
polyboroides, Smith, proc. nt, 45 ; nisus,
Cuv. ; vultur, Scopoli ; hab. l’Afriq. orien-
tale insulaire, — 180. Gymnogenys radia-
tus ; vultur radiatus, Scopoli; falco mada-
gascariensis , Gm. ; Daudin, t. IL, p. 75;
_polyboroiïdes capensis, Smith; Sonnerat,
voy. pl. 96; falco gymnogenys, Temm.,
pl4307; Lesson, atlas, pl. 6, f. 2; hab,
Madagascar.
254
59° genre : Micronisus, Gray (1840);
hab. l’Afrique. — 181. Micronisus gabar,
Gray, 5 ; falco gabar, Daudin ,t. II, p. 87;
Shaw; le gabar, Levaill., Af., pl. 33;
Temm , pl. 140 et 122 (mâle adulte); spar-
vertus gabar, Vieill., Encycl., p. 1264; ac-
cipiter erythrorhynchus, Sw., Birds of West.
Af.,t. 1, p. 121 ; hab. Cap-de-Bonne-Es-
pérance, Sénégambie.
Sur des coquilles vivantes, mais jusqu'à ce
jour connues seulement à l’état fossile,
qui ont été retirées du fond de la mer au
moyen de draguages faits par M. Forbes.
Dans une lettre datée de Xanthus, Asie-
Miveure, M. Forbes écrit : « Jusqu'ici j'ai
poursuivi mes recherches exclusivement
dans les Cyclades et sur la côte sud-ouest
de l’Asie-Mineure. Pardes draguagesà tra-
vers l’Archipel et le long de la côte de Ly-
cie, J'ai reussi à obtenir des animaux ma-
rins à des profondeurs encore inconnues, à
plus de 100 et 200 fathoms (brasses). Le sol
à ces profondeurs est très uniforme; il se
compose d’un dépôt de sédiment blanc,
probablement d’une grande épaisseur, qui
s'étend à travers la Méditerranée orientale,
dont les animaux vivants ne varient pas
beaucoup pour des distances de 300 milles.
À une profondear de 200 fathoms, j'ai
trouvé des Mollusques des genres Tellina,
Corbula et Arca, des Anélides alliés aux
Serpula , plusieurs Crustacés et des Ophio-
coma, Des Zoophytes se trouvent presque
à la même profondeur. Le limon, par 200
fathoms, est plein de coquilles de Pteropo-
des et autres flotteurs. Parmi les résultats
de mes draguages, je citerai en particulier
des coquilles vivantes analogues à plusieurs
espèces tertiaires supposées éteintes.»
Dans une autre lettre datée de Macri,
Asie-Mineure , on lit: « J'ai maintenant
pratiqué des draguages à travers l’archipel
de Cerigo jusqu’en Lycie. Pendant deux
mois j’ai accompagné notre petit schooner
sur ces côtes, et dragué chaque fois qu’il
était possible, enregistrant tous les résul-
tats ; l’eau est profonde, et ces résultats se-
ront d'autant plus intéressants que, jusqu’à
ce jour, personne n’a recherché à d'aussi
grandes profondeurs (100 et 220 fathoms);
il en sortira, Je crois, de grandes lumières
pour la géologie. Une chose étonnante,
c’est que les espèces les plus caractéristiques
de coquilles, à ces profondeurs, sont pré-
cisément des espèces connues seulement à
l’état fossile jusqu’à ce jour. »
( L'Institut.)
Ke
SCIENCES APPLIQUÉES.
ECONOMIE SOCIALE.
Questions des sucres, observalions
préliminaires.
La question des sucres était simple dans
son origine, elle est aujourd’hui complexe.
Comment et dans quel but a-t-elle changé
de nature, c’est ce que nous devons laisser
à d’autres à examiner. Nous nous propo-
sons de donner dans une série d’articles les
détails les plus circonstanciés et les plus
‘exacts sur la fabrication'indigène et sur celle
des colonies, et de contribuer ainsi pour
notre part à préparer la discussion qui va
bientôt avoir lieu; mais, avant d’aborder
ces détails purement industriels, il n’est pas
sans utilité de revenir sur quelques consi-
dérations économiques disséminées dans les
285
écrits qui ont été publiés jusqu’à ce jour,
et qui, présentés avec ensemble et briève-
ment, serviront d'introduction à ce que
nous avons à dire de neuf.
Dans la question des sucres deux grands
intérêts sont en jeu, celui de la production
et celui du trésor. Pour la poser avec exac-
titude, il faut en introduire un troisième,
celui des consommateurs.
En 1842 (nous croyons inutile de faire
remonter plus haut les citations), les pro-
duits du sucre de canne se sont élevés à 90
millions de kilogrammes, et ceux du sucre
de betterave à 31 miilions.
Total de la production, 120 millions de
kilogrammes. Ces produits onû fait entrer
au trésor 42 millions de francs.
Les 120 millions de kilogrammes de su-
cre consommés en France donnent une
moyenne de 3 kil. 56 cent. par chacun de
ses 34 millions d'habitants.
À la Havane, à Cuba, dans l’Inde, un
homme libre consomme de 39 à 50 kil. de
sucre. En Angleterre, la consommation de
chaque habitant est de 8 kil. ; en Hollande,
de 9, et ce n’est qu’en Italie, en Suisse et
en Belgique que le chiffre se rapproche de
celui de la France. il varie de 4 à 5 kilog.
Si la consommation en France pouvait
s'élever au niveau de la consommation de
PAngleterre et de la Hollande, le problème
qui nous occupe aurait, ce nous semble,
par ce fait seul, chtenu sa solution ; car,
alors la consommation étant double, la pro-
duction devrait aussi le devenir, et pour
fournir à ces nouveaux besoins, les deux
‘industries sucrières n’auraient pas trop de
toute l’activité qu’elles peuvent développer.
Le trésor, sans rien perdre, pourrait auss
réduire de moitié les droits qu’il perçoit,
puisque la matière imposable, étant aug-
mentée dans la même proportion que l’im-
pôt aurait diminué, la recette seule reste-
rait invariable. On objectera peut-être que
ce calcul manque de bases, et que rien ne
peut donner la certitude que la consom-
mation deviendra, dans un temps donné,
telle que nous la supposons. A cela, nous
pourrions répondre que le sucre n’est plus
aujourd’hui un objet de luxe, même en
France, mais plutôt un objet de nécessité,
et que cependant, le prix auquel le font
monter l'impôt et la surtaxe, en interdit
l’usage aux sept dixièmes de la population.
S'il s'agissait d’ailleurs de faire un essai, la
matière est assez importante pour qu’on ne
dût pas hésiter à ÿ consacrer une partie
des 40 millions que l’on destine au rachat
des fabriques francaises,
Dans la question telle quelle est mainte-
nant, se trouvent ou se présentent comme
intéressées des industries étrangères à la fa-
brication du sucre, et même les ports de
mer dont le mouvement général d’entrée
et de sortie contredit les assertions, puisque
dans les deux dernières années le chiffre qui
représente ce mouvement s'est élevé de
2,243,000 tonnes à 3,092,000. Toutefois,
en admettant comme fondées les plaintes
diverses qu'on a fait entendre, le remède
le plus efficace , le seul remède peut-être
seraitencore dans la mesure que nous avons
indiquée, l’accroissement de la consomma-
tion par l’abaissement des droits; car on ne
peut eroire sérieusement qu'il se rencon-
trera dans nos Chambres législatives une
majorité qui veuille et qui ose déshériter la
France d'une industrie à laquelle pendant
trente ans elle a tout accordé, honneurs,
protection, encouragement. Un pareil vote
serait un démenti donné à la plus belle page
256
de nos fastes industriels, et n'aurait d'autre
avantage que de transplanter nos fabriques
à quelques lieues de nos frontières, ‘et de
rendre impossible dans un avenir : plus où
moins éloigné l’approvisionnement d'un
produit aujourd’hui moins utile encore
que nécessaire CB. F.
2158 4 e——
AGRICULTURE.
Conservation des blés.
C’est à Duhamel que l'on doit la plapart
des ingénieuses conceptions et des expé-
riences fondamentales sur la conservation
des grains Une dessiccation aussi complète
que possible, à l’aide de courants graduel-
lement échauffés jusqu’à 90°C. avait paru
à cet habile agronome réunir économique-
ment les conditions utiles pour arrêter les
dégâts du charançon et de l'alucite, et
mettre les grains à l'abri des attaques ulté-
rieures de leur lignée, pourvu que l’on en-
ferme alors le blé dans de grandes caisses
en bois bien closes et maintenues au-dessus
du sol. Il démontra en outre que les pro-
duits de la mouture des grains desséchés
pouvaient, à l’aide de quelques précau-
tions, donner des farines de bonne qualité
relativement à la panification. Duhamel,
enfin, avait observé les altérations qui se
reproduisent entre les intervalles des pel-
letages dans les blés humides, comme dans
ceux que les charançons ont attaques.
Avant d'indiquer sommairement les
moyens de conservation récemment pu-
bliés, on fera observer : 1° que l'infection
des blés par les œufs des alucites a lieu dans
les champs, avant même la rentrée des
gerbes; que les larves se développent ulté-
rieurement, attaquent et dévorent l’inté-
rieur des grains, puis se métamorphosent
et reproduisent les papillons; 2° que l’hu-
midité répandue dans les blés est une des
causes puissantes de leur altération ulté-
rieure ; qu'elle occasionne parfois un com-
mencement de germination des blés dansles
épis eux-mêmes, et plus tard ces modifica -
tions fâcheuses, à différents degrés qui ré-
sultent de fermentations spontanées parmi
les embryons, les périspermes et leurs tégu-
ments; 3° que les charancons n attaquent
en général les grains que dans les greniers
et ne se perpétuent qu'à la faveur de Pa-
sile et de la nourriture offerts par ces sortes
de magasins, de toutes parts accessibles.
Les premiers soins à recommander sem-
blent donc porter sur la moisson, à faire
en temps opportun, dès que la maturation
utile est arrivée; puis sur une extraction
rapide des grains pour les placer aussitôt
dans les conditions de lemmagasinage
adopté. À cet égard, le battage mécanique
rendrait souvent service aux agriculteurs,
en évitant de mettre le succès de la conser-
vation sous la dépendance des batteurs en
grange.
Après ces précautions, tout moyen de
produire économiquement, dès que le bat-
tage est fait, une dessiccation des grains
suffisante pour prévenir la fermentation et
les moisissures, capable aussi d empêcher
la propagation des insectes, puis un em-
magasinage qui prévienne le retour des
mêmes causes d’avaries devraient réunir
les conditions nécessaires pour la solution
du problème.
Les constructions de divers appareils
actuellement en cours d’expérimentation
ayant été sans doute entreprises dans ces
vues, le moment opportun pour bien poser
257
la question. Voici, du reste, l'exposé des ÿ letage continu opéré par un grenier mo-
résultats des procédés connus jusqu'ici pour
la conservation des grains.
Pelletage dans les greniers. — Ce moyen,
connu de tous les agriculteurs, le seul qui
Soit aujourd’hui généralement employé,
diminue les elfets de l’altération spontanée
des blés, et entrave évidemment la repro-
duclion des insectes; mais relativement
aux années humides, aux constructions
anciennes infectées de charançons, aux
blés attaqués par les alucites, il est tout à
fait insufäsant ; les pertes énormes éprou-
vées par ces causes, en France, en four-
nissent la preuve irrécusable,
Silos. — Aux divers essais infructueux
répélés chez nous depuis 25 ans, on a opposé
des exemples de longue conservation, sur-
tout en Espagne, en Italie, en Afrique. Les
heureux résultats obtenus en Toscane sont
dus à des circonstances particulières. À Li-
vourne, par exemple, où 1l se fait un grand
commerce de blés, on ne tente pas, comme
on l’a toujours fait chez nous, de garder les
blés renfermés deux ou trois ans sans plus
s’en occuper; mais on les extrait des silos
tous les trois ou quatre mois, pour les
étendre et les retourner à l'air sur une
plate-forme sèche. Les tre ses ou bourre-
lets en paille qui garnissent toutes les pa-
rois intérieures sont mis dehors séchés ou
réparés. On remplit alors les silos avec les
mêmes précautions que la première fois;
on les ferme à l'aile d’une dalle circulaire,
qui est ensuite recouverte de terre. C'est
ainsi que l’on évite de propager, dans la
masse, quelques altérations-partielles, et
que le grain est entretenu dans un très bon
état de conservation.
À Florence, à Pise, où les silos restent
plus long-temps remplis, on prend lesmêmes
précautions.
Il ne faut pas toutefois omettre ici de
rappeler l'influence favorable du climat
sur ces utiles pratiques. La même obser-
vation fera bien comprendre l'efficacité des
procédés usuels de conservation suivis dans
plusieurs domaines de cette contrée; ils
consistent à battre les gerbés aussitôt après
la moisson, puis à verser immédiatement
le grain nettoyé, soit dans de grandes jarres
en grés, soit dans des cuves en bois éle-
vées au-dessus du sol, et recouvertes avec
des douves ou des toiles grossières. Souvent,
sur les jarres remplies de blé, on se con-
tente de mettre une couche comble de pe-
tites fèves dures, que les charançons n’at-
taquent pas, et qui préservent le reste. On
conçoit d’ailleurs comment de tels soins
doivent empêcher la propagation des in-
sectes les plus pernicieux; sans doute ils se-
raient applicables chez nous, mais l’humi -
dité habituelle de Pair atmosphériques les
rendrait insuffisants.
Quoiqu'il en soite il serait intéressant de
faire de nouvelles tentatives sur l’emploi
des silos, notamment dans certaines loca-
lités offrant, comme les tafs de la Tou-
raine, des circonstances vaturelles très fa-
vorables à la constraction économique de
ces sortes de réservoirs souterrains.
Uu procédé ingénieux imaginé par M. Val.
lery celui des greniers mobiles, semble réu-
nir aux pratiques agricoles si utiles en
Toscane, plusieurs circonstances indispen-
sables au succès des moyens analogues chez
nous; il est fondé sur les effets bien consta-
tés du mouvement contre le séjour ou la
propagation des insectes parmi les grains,
et l'utilité de la ventilation contre un excès
d'humidité : c'est en quelque sorte un pel-
bile, depuis le moment de la récolte jusqu'à.
la vente. Si l’auteur démontre par une
pratique en grand, que ce moyen est l’un
des plus économiques, on est fondé à croire,
d’après les expériences suivies par la so-
ciété royale et centrale d'agriculture, qu'il
donnera une solution remarquable du pro-
blème ; enfin, que le même procédé suffira
pour débarrasser les blés des charançons et
des papillons de l’alucite.
Une méthode plus simple, proposé par
M. Dubreuil, consiste dans le mélange du
blé nettoyé avec un demi-volume de 8
balle; sans doute il diminuerait beaucoup
les inconvénients de l'humidité, mais n'of-
frirait pas les mêmes garanties contre les
attaques et la propagation des insectes.
Il convient encore de signaler l’applica-
tion heureuse de nouveaux séchoirs et
étuves, qui ont permis à MM. Wattebled et
Maupeon de ramener à un état de siccité
convenable les grains'altérés par les in-
sectes ou la fermentation, ou boutés par la
carie, qu'ils net'oÿent préalablement à
l’aide ‘d’an lavage énergique; ces grains
peuvent d’ailleurs, lorsque leur dessiccation:
n’a pas été brusquée par une trop haute
température;0devenir propres à T4 mou-
ture, si l’on'a eu'soin de faire absorber à
leurs téguments une proportion d’eau qui
leur rende la souplesse utile. :
Enfin, on connaît l'efficacité du gaz sul :
fureux employé par M. de Dombasle pour
tuer les insectes développés, et l'appareil
ingénieux de M. Robin, appliqué avec suc-
cès à Ja destruction des œufs et larves des
alucites.
Parmi ces différents moyens, essayés où
mis en pratique, il y asurtout lieu de croire
qu’à l’aide de plusieurs perfectionnements,
on parviendra eufin à trouver une méthode
simple, à la portée de tous, susceptible
d'être généralement adoptée dans les cam-
pagnes, et c’est dans le but d’atteindre ce
résultat que la société d’encouragement a
proposé deux prix à déëerner en 1843, l'un
de la valeur de 4,000 fr., à l'auteur du
meilleur procédé parmi ceux qui sufüsent
à la conservation des grains dans les fermes
et les magasins, et qui aura été adopté dé-
finitivement par quatre fermiers au moins,
et par autant de négociants en grains; et
l’autre au meilleur mode de nettoyage des
grains attaqués par les insectes et infectés
de care. (L’Agriculteur Praticien.)
HORTICULTURE.
Greffe du châtaiïgner sur le chêne.
On a cru jusqu ici qu'il était impossible
d'obtenir des châtaigners au moyen de la
greffe sur le chène. M. Méline de Dijon ne
partage pas cette manière de penser. Nous
emprantons au journal d'agriculture de la
Côte-d'Or, les détails donnés par cet habile
praticien, sur les essais qu’il a faits et les
résultats qu'il a obtenus jusqn’à ce jour.
« J'ai pensé que des chênes obtenus de
semis faits dans un bon terrain présente-
raient une vigueur plus, grande que des
chênes transplantes, et que; cetle, rigueur
était le premier élément. de succès. J'ai
done semé des glands, et j'ai greffé en
fente et en écusson les sujets que je m'étais
ainsi procurés. Une seule de ces greffes a
reussi : c'est une de celles en fente. Cette
greffe a grandi, dans sa première année
(1839), d'un mètre vingt centimètres ; dans
la seconde, les rameaux latéraux se sont
développés de soixante centimètre en lon-
9
eur. et de trente-cinq seulement dans la
bisième année.
:» J'ai eu soin de faire des incisions lon-
kudinales depuis la base du sujet jus-
aux premiers rameaux latéraux de la
feffe. Ces incisions ont eu pour effet de
re développer l'arbre et la greffe d’une
anière uniforme et de mettre obstacle à
- formation du bourelet qui cemmencait
5e manifester à la jonction de la greffe et
11 sujet. J'aurais obtenu le même résultat
lune faisant des incisions qüe sur le sujet.
a Sève qui se serait portée sur ces incisions
pur les fermer, aurait ainsi abandonné la
veffe, et j'aurais été plus certain d’arriver à
équilibre que je cherchais à établ'irentre le
sveloppement du sujetet celui dela greffe,
lin d’empêcher la naissance du bourrelet.
est ainsi que j'ai opéré plus tard; et cette
“anée (1842), le bourrelet qui se formait à
\ jonction de la greffe et du sujet, s’est
facé entièrement ; l’arbre est d’une végé-
on admirable, et il,a même porté quel-
rues châtaignes.
. » J'ai fait au printemps de cette année
ing greffes en fente, dont quatre ont par-
iitement réussi. Une de celles-ci a été dé-
bolléepar le vent; mais lestrois qui restent
nt d’une très belle végétation, Cesgreffes
int toutes encore à leur base un -bourrelet
jui disparaitra promptement :au. moyen
l’incisions longitudinales sur le sujet, ainsi
que je lai dit. Je laisserai également
juelques jeunes pousses sur ce dernier
our lui donner de la force et amuser la
lève. si 1
|. Jai greffé aussi cette année le chêne-
liége et le chêne vert sur le chêne ordi-
haire. Ces greffes ont aujourd'hui an très
sel aspect. Ce n’est qu'en 4843 que l'on
pourra apprécier le, résultat de ce nouvel
P=ssai, parce que ces greffes appartiennent
à des arbres à feuilles persistantes, tandis
hque les chênes de notre pays que j'ai em-
)ployés comme sujets sont à feuilles cadu-
‘ques. (Journal d'agric.de la Côte-d'Or.
ns
‘| ENTOMOLOGIE AGRICOLE,
| Histoire du thrips olivarius.
| M. le vicomte de Thury a lu à la société
| d'agriculture un rapport au sujet d’ane
. brochure de M. Tamburin de Vaucluse,
| relative aux insectes qui attaquent l'olivier.
| Nous extrairons les passages suivants du
. rapport de M. de Thury.
, Le #hrips olivarius est depuis long-temps
connu des entomologistes quoique M.'Tam-
burin le considère comme une espèce nou-
| velle.
2 .
Il existe, en effet, dans la plupart de nos
collections; il y fait partie du genre #hrips,
qui fut établi par Linné, genre qui com-
preud aujourd’hui six espèces, savoir : 1° le
thrips de Polivier; 2° celui de l’orme:
3° celui du genévrier ; 4° celui du blé, du
seigle, et, en général, des céréales; 5° celui
des scabieuses ; et 6° enfin les thrips ravé,
| quon trouve souvent, avec le précédent,
* au milieu des fleurs composées.
Le thrips de olivier ne doit pas être con-
: fondu avec le bostriche oléiperde, bostri-
chus oleiperda, ainsi que l'ont fait, mal à
propos, quelques auteurs : ils diffèrent
essentiellement l’un de l’autre,
Le thrips, l’nn des plus grands fléaux
des oliviers, est connu dans le Midi sous les
noms du petit staphylin, du puceron ou
de la punaise de l'olivier; ailleurs, sous
celui de taragnon; à Nice, sous celui de
260
barban; en Italie, sous celui de bar-
bano, etc., etc.
M. Tamburin a décrit et parfaitement
décrit les thrips des oliviers, insectes bien
distincts de ceux de l’orme et du gené-
vrier. I! a fait une histoire détaillée de
leurs mœurs, de leurs habitudes, de leur
propagation, de l’éclosion de leurs larves,
de l'effet de leur succion sur les feuilles des
oliviers, dans lesquelles, ainsi que Pavait
déjà dit Bose, leurs larves ne portent aucun
venin, comme on le suppose communé-
ment, mais dont elles sucent ou aspirent
la sève après en avoir coupé la nervure
principale. Une fois coupée et interrom-
pue, cette nervure ne laisse plus circuler
la sève, alors les feuilles se crispent, elles
se roulent sur elles-mêmes et enveloppent
ces insectes, qui y déposent leurs œufs.
que M. Tamburin est parvenu à découvrir
et bien reconnaître, à l’aide d’une forte
lentille de biloupe.
Voulant s'assurer de l'influence du froid
surces œufs, M. Tamburin en a soumis à un
froid artificiel de 15 à 16 degrés; mais leur
éclosion a eu lieu comme s’ils n’avaient pas
subi cette épreuve, à laquelle il a égale-
ment soumis les thrips qui ont péri à 4 de-
grés centigrades.
Après avoir décrit ces insectes et leurs
habitudes, M. Tamburin passe à l'examen
des moyens par lesquels il a cherché à les
détruire, Ces moyens sont des agents chi-
miques ou des procédés mécaniques.
Les agents chimiques qu'il a essayés sont,
1°desgaz délétères aux insectes, tels quel’hy-
drogène arsénié, le gaz hydrogène sulfuré et
le gaz sulfureux qui les tuent instantané-
ment, mais dont l'emploi esttrop dangereux
pour pouvoir être à des mains inhabiles ou
peu sûres; 2odes huiles ou des graisses com-
munes ; 3° des solutions acides, alcalines et
salines, mais dont l’usage est, dit-il, trop
difficile et trop incertain lorsqu'elles sont
étendues d’eau; et 4 des huiles volatiles
ou des preparations savonneuses d’huile,
de térébenthine, d’aspic ou de cade, qui
sont d’un effet prompt et efficace lorsque
ces essences sont employées pures, mais
dont l’emploi est également difficile, puis-
que, pour en obtenir un plein succès, il faut
un lavage complet de tout l'arbre, afin de
mouiller et d’imbiber tous les insectes pour
les tuer.
Les moyens mécaniques qui ont été
essayés sont les enveloppes de paille ou de
chaume que l’on brûle pour détruire les
insectes et les œufs de thrips; les fumiga-
tions et le feu d’arbres résineux, moyens
insuffisants et d’ailleurs dangereux, aussi
bien que le fouet de ficelle avec lequel, dans
quelques cantons, on flagelle et on secoue
les branches d’oliviers pour en faire tomber
les insectes et leurs œufs.
M. Tamburin, ayant reconnu l’insuff-
sance de ces moyens a essayé avec un plein
succès l’élagage des oliviers attaqués des
tbrips, et le brülement immédiat de toutes
les branches et feuilles coupées, puis le
labour au pied de l'arbre, pour enterrer
toutes les feuilles chargées d'œufs qui
n’auraient pas été ramassées ou brûlées.
Ce moyen, qui rappelle celui que M. Au-
douin a proposé pour la destruction de la
pyrale de la vigne, a parfaitement réussi à
M. Tamburin; le moment le plus conve-
nable pour le pratiquer est après la cueil-
lette des olives. L’élagage doit se faire au
vif, avec la serpe ou la hachette, et ja-
mais par rupture ou déchirure de branches.
La coupure ou plaie doit être parée etamin-
261
| cie avec soin, pour être ensuite recouverte
delut ou de mastic. M. Tamburin donne
diverses comnrositions de mastics, mais aux-
quels il préfère celui qu'il appelle son ma@s-
tic à olivier, mastic qui a beaucoup d’ana-
logie avec l’engluement d’Isnard, en usage
dans plusieurs oliviers du Midi. Le mastie
de M. Tamburin se compose :
1° De poix blanche. . . . . 6kil.
2 D’huile d'olive commune. 1
3 Deciré jaune. 4". 20#077250
Et 4o d'argile sèche en poudre. 1
À défaut d'argile, on emploi de la brique
pilée ou du sable tamisé.
Ces matières, bien fondues, sont long-
temps brassées ou retournées pour les bien
mêler, de manière à former, après leur re-
froidissement, un “mastic ou pâte molle
qui doit s'étendre facilement et rester ad-
hérente sur la plaie de l'arbre après yavoir
été appliquée.
En terminant son Mémoire, M. Tambu-
rin rappelle snccinctement toutes les re-
cherches et les études qu’il a faites sur les
thrips de l'olivier, les essais des divers
moyens chimiques et mécaniques pour par-
venir à les détruire, essais auxquels il a dû
renoncer, en ayant reconnu l'insuffisance
et les difficultés, pour s’attacher à l’élagage,
au masticage des plaies et au brûlement
immédiat de toutes les branches et feuilles
abattues. (Annales d'agriculture.)
HE —
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHEOLOGIE.
Fouilles du Château-Gaillard, dans l’arron-
dissement du Häâvre; faites par labbé
Cochet.
Le Château-Gaillard, ou plutôt l’empla-
cement du Château-Gaillard, est situé dans
le bois des Loges , sur les coufins de cette
dernière commune et celle de Bordeaux-
Saint-Clair, dans un enfoncement du grand
val qui conduit à Etretat. Trois pointes de
coteau semblent avoir été amenées exprès
pour former sa redoutable assise. On voit
encore, à chaque pointe de ces trois colli-
nes, les terrassements, les fossés et les cou-
pures qui entraient autrefois dans le sys-
tème de défense de la forteresse, Vers lO-
rient, s'élève une motte énorme, défendue,
du côté de la vallée par la seule déclivité
du terrain. Cette motte couverte de bruyè-
res, et ces fossés remplis de broussailles ,
rappellent ces débris de châteaux des dixie-
me et onzième siècles, si bien décrits par
M. de Caumont, dans son Histoire sommaire
de l'Architecture du moyen-äge.
Au somruet de la même colline, on trouve
encore une grande motte prise à même le
coteau, et isolée de la plaine par une cou- -
pure profonde. On communique avec cette
butte circulaire par un pont en terre, qui
a été jeté à dessein sur je va!/lum. Ces mot-
tes rappellent les villes de Dinan et de Ren-
nes, grossièrement figurées sur la tapisserie
de Bayeux. Tout porte à croire qne ce tu-
mulus était une vigie destinée à avertir Le
chiteau des mouvements qui s’opéraient
sur la plaine et dans la vallée.
C'est au pied de cette colline que nous
avons pratiqué nos fouilles. Ce qui nous a
engagé à faire des fouilles dans ce quartier,
c'estiqu'’en 1839, lorsque l’on fit laroute de
grande communication de Criquetot aux
Loges, M. Lomet, agent-voyer du canton,
avait rencontré un chemin percé large de
cinq mètres, des tuiles à rebords, des frag-
262
ments de poterie et des meules à broyer en
poudingue.
Le 29 août 1842, des fouilles furent com-
mencées dans l'endroit indiqué par les tra-
ditions du pays et par les trouvailles pré-
cédentes, En dix jours, nous miîimes à dé-
couvert une maison romaine d'environ
onze mètres de long sur huit de large, avec
un retour d'équerre d'environ cinq mètres.
Cette maison se composait de quatre ap-
partements, plus une petite tourelle à
l'ouest , saillante dans le mur comme un
contrefort.
Le premier appartement, et le plus beau
incontestablement, était la salle de l’hypo-
causte, chauffée par le procédé inventé par
Sergius Orata, procédé qui fut bientôt adop-
té dans tout l'empire romain, puisque, parti
de Rome, nous le trouvons dans cette par-
tie reculée de la Gaule que nous habitons.
Ce n’est pas seulement au Château-Gaillard
qu'il se rencontre, mais à Lillebonne, dans
le balnéaire; au Vieil-Evreux; enfin, à
Sainte-Marguerite-sur-Saàne , où M. Féret
a trouvé, en 4841 , le fourneau, le chauf-
foir et l'escalier dans un état parfait de
conservation.
À l’aide de ces découvertes, et de toutes
celles qui ont été faites dans les villas ro-
maines de la Gaule et de la Grande-Bre-
tagne, on pourrait reconstituer un vitruve
gallo-romain.
Cet appartement, long de sept mètres et
large de trois, est formé avec des murs en
moellons, taillés en petit appareil. L’épais-
seur des murs est de soixante-dix à quatre-
vingts centimètres, et leur hauteur conser-
vée varie de deux à trois mêtres.
Le fond de l’appartement est cimenté et
recouvert avec de larges briques rayées.
C’est sur ce pavage inférieur que sont po-
sés les piliers en briques, dits piliers de
chaleur, qui soutiennent le pavé de la salle.
On en compte vingt-six de conservés, et les
plus hauts ont encore quatre-vingts centi-
mètres ; ils sont disposés sur trois rangs, à
distance à peu près égale, quoique la posi-
tion de chaque pilier en particulier ne soit
pas parfaitement régulière. Le pavage qui
recouvrait ces piliers était formé avec de
belles dalles de pierre de liais , dont il ne
restait plus qu'une seule entière, Les murs
farent tapissés jusqu'à hauteur d’appui
avec des étuves où tuyaux de chaleur, la
plupart cassés et en morceaux. Ces étuves
étaient attachées solidement au mur avec
de longs clous de fer ou des fiches pattes,
dont le pied est encore resté entre deux
moeilons.
Nous croyons que la tourelle carrée qui
se voit dans le mur de l'ouest, était la che-
minée ou le conduit par où s’'échappait la
fumée de l'hypocauste. Ce que le poète ex-
prime si biea quand il dit :
Cum tenuem volvunt hypocausta vaporeme
Le chauffoir , selon nous, était au nord;
l'appartement qui forme l'éperon de ce côté
était la cuisine, Ce qui nous le fait croire,
c’est que . là, nous avons trouvé le propi-
gneur , ou pignon de l’hypocauste, et des
débris de poterie grise. Cet appartement
n'était pas pas pavé; seulement, sur le sol,
nous avous trouvé deux grosses pierres cal-
caires semblables à deux dalles informeset
mal dégrossies.
Le troisieme appartement, Cœalement
long de sept mètres et large det pis, était
pavé en pierre de liais etavait des hourre-
lets comme nous en avons remarqué à
Etretat, au Vicil-Evreux et à Lillebonne,
263
La pierre de pavage reposait sur une cou-
che de ciment rouge, qui n’avait pas moins
de vingt-cinq centimètres d'épaisseur. Cet
appartement communiquait avec la salle
de l’hypocauste par une porte placée à l’an-
gle sud : mais nous ne lui connaissons pas
d’autre issue, ni aucune communication
avec le quatrième appartement non pavé,
qui termine l’édifice du côté de l’est,
Toutefois, il faut ajouter une singulière
particularité, qui est relative à cette salle.
C’est qu'environ à deux mètres du mur
nord le pavage s'arrête, et un léger rebord
de trois centimètres indique la fin du ni-
veau et le commencement d’une dépres-
sion légère.
Il nous est difficile d’apprécier la desti-
nation de ce reste d'appartement, ainsi sé-
questré de la partie plus élevée. Nous se-
rions presque tenté d’y voir la place d’un
lit ou d’un triclinium. Cette pièce était dé-
corée avec un certain luxe, car, dans les
déblais nous avons rencontré beaucoup de
stucs coloriés. Ces peinturesétaient plus ri-
ches et moins simples qu’à Etretat et à
Sainte-Marguerite. Il y avait une grande
ressemblance avec les crépis trouvés par
M. Friboulet , à Saint-Jean-de-Folleville ,
dans le Champ-aux-Tuiles. On y remar-
quait des feuillages verts, des baies, des gre-
nades , des rameaux de laurier, et même
quelque chose qui ressemblait à une croix,
ce qui ferait présumer que cette habitation
a pu appartenir à un chrétien. L'absence
de symboles païens le ferait d’ailleurs sin-
guliérement soupçonner. Sidoine Apolli-
saire est formel sur ce point dans sa lettre
à Donatius, où il décrit sa demeure; il dit
expressément « qu’il se contente de la blan-
cheur des murs; qu'on ne voit point chez
lui de ces peintures honteuses , de ces ob-
cénités, de ces nudités révoltantes et dis-
solues qui déshonorent les maisons des
païens. Chez lui, tout est édifiant et chaste,
et si quelques vers sont écrits sur la mu-
raille, ce n’est que pour la plus agréable
distraction du lecteur. »
À l’angle nord de la portion pavée est
un trou pratiqué pour l’écoulement des
eaux. Ce trou était encore bouché avec un
tampon de liége, qui n’était pas to'alement
cousumé. L'eau versée dans ce trou, qui
n’avait pas plus de dix centimètres de cir-
conférence , descendait dans un canal qui
la conduisait vers l’est en s’élargissant tou-
jours. Le canal, dont il ne reste que le fond
et les coilatéraux, est maçonné avec des
briques et pavé avec des pierres de liais.
Son parcours continu est de quatre mètres,
dont la largeur varie de treute-cinq à cin-
quante centimètres.
‘Actuellement il paraît se perdre dans le
quatrième appartement non pavé, qui ter-
mine l'édifice du côté de l’est ; les murs de
ce quatrième appartement sont grossière
ment bâtis : ils sont en silex mal taillé, et
semblent une addition postérieure à la con-
struction primitive. On dirait une loge, un
cellier ou un hangar destiné à mettre le
bois et les choses encombrantes de la mai-
son.
Du reste , dans cet appartement , nous
avons rencontré quinze médailles , grand
et moyen bronze, toutes du Haut-Embpire.
La plupart étaient oxydées et totalement
frustes. Cependant, sur quelques-unes, nous
avons pu lire les noms d’Adrien, de Trajan
et d'Antonin , et nous avons reconnu les
figures des impératrices Faustine et Julia
Dompna, Nous y avons trouvé aussi un mor-
ceau de verre blanc, que je crois le fond
st
à 264
d’une urne cinéraire ; on y voyait quelques :
lettres en saillie , qui semblaient le com-
mencement d’une inscription : je nai pu
lire que les trois lettres suivantes, F R 0...
Maintenant, on nous demandera si cet
édifice était une habitation séparée de la dé-
pendance d’une grande exploitation. Nous
avouons sur ce point notre ignorance. Aux
alentours de la portion explorée se voient
d’autres murailles, des tuiles à rebords, des
poteries et uneifoule d’autres débris.
Si c'était là une habitation particulière,
ce ne pourrait être que la demeure d’un
homme du peuple ou de condition médio-
cre ; en ce cas, notre découverte mériterait
un intérêt de plus, car l’on connaît bien les
v'llas des riches, mais ce que l’on ignore le
plus, c’est la demeure du pauvre.
(Revue «le Rouen.)
EE
£ . Le Rédacteur en chef :
Le vicomte À. DE LAVALETTE.,
FAITS DIVERS.
— On trouve, dans le Journal de l'Aine du 12
janvier, quelques détails au sujet d'un tilleul, connu
sous le nom d'arbre de Martigny, qu’on aperçoit à
l'horizon , au-dessus dé la chaîne de montagnes
midi de Laon, et dont les rameaux ont une env U
gure d'au moins cinquante mètres. er=
Ce tilleul pourrait être considéré comme
que dans l'enfance, puisqu'il ne remont
règne de Henri IV. Cet arbre étant un des repères
indicateurs établis sur tous les points culminants du
royaume, à l'époque où Sully fit travailler à la
construction de la carie de France. =
De plus de vingt lieues de Laon, dit le Journal
de l'Aisne, on nous écrit, nous demandant s'il est
vrai que l'arbre de Martigny a été partagé en quatre.
Voici ce qui a donné lieu à la nouvelle répandue à
cet égard,
Nous avons fait connaitre, vers Ja fin de décem-
bre, les dégats et les mutilations extraordinaires que,
dans un grand nombre de localités, avaient éprou-
vés les plus forts atbres par suite des givres qui ont
duré plusieurs jours et dont jusqu'ici on n'avait pas
eu de pareil exemple. L'arbre de Martigny n'a point
été épargné. Des branches-maitresses d'une énorme
grosseur, faisant parlie dela couronne inférieure,
courbant sousle faix dont elles étaient accablées,
ont élé arrachées du tronc; mais ce tronc n'a point
éprouvé d'autre dommage. Vu de Laon, l'arbre de
Martigny n’a plus cette belle forme d'oranger qu’on.
lui connaissait ; mais M. de Blécourt, maire de la
commune , a pris de sages précautions, afin que le
dernier accident n'ait pas de suites fâcheuses pour
ce bel arbre.
BIBLICGRAPEHIE.
ADMINISTRATION DES DOUANES. Tableau gé-
néral du mouvement du cabotage pendant l’année
1841.
AUX CHAMBRES. AU PAYS. Nécessité de dé-
fendre les colonies, le sucre de betteraves et les au-
tres produits du sol français contre le parti ultra-ma-
nufarturier. à
CAHIERS D'HISTOIRE UNIVERSELLE; par
MM. Edouard Dumont, Théodose Burette et Casimir
Gaillardin. Histoire du moyen êge; par M. Casimir
Gaillardin. 3° cahier (fin).
CHEMINS DE FER du nord de Ja France, ligne
de Paris à Londres. Examen des sysièmes de trace,
l'un circulaire et l'autre intérieur. Nouvelle diree-
tion sur Calais et sur Boulogne.
DE DELHI A BOMBAY, fragment d'un voyage
dans les provinces intérieures de lInde, en 4841 ;
par M. le docteur G. Roberts. Publié par la Socrète
orientale.
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
séng ele TS 21 ET IENAREN
ep ON a it cat ers rt. Sn PP End da mt dû" hs à
10? amrnée.
Paris. — Dimanche, 12 Février 1843.
N
N° 12.
SAVANT.
É TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
eg
|
|
À
|
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
| CHIMIE. Description de quelques nouvelles bases
|: organiques obtenues par l'hydrosène carbonné
avec l'acide hyponitrique; Zinin, — CHIMIE
ÉGALE. De Pessai de l’arsenie par le enivre;
| Hugo-Reinch. — SCIENCES NATURELLES.
| BOTANIQUE, PHYSIOLOGIE VEGETALF. Sur
le mode et les circonstances de développement
d'un végétal myc oscopique dans les liquides al-
Eumineux, normaux et pathologiques (deuxième
article) ; Andral et Gavarret, — PHYSIOLOGIE
ANIMALE. Note sur la théorie posihive de la fé-
N condation de M. Pouchet: Constancio.—- SCIEN-
| CES APPLIQUÉES. SOCIÉTÉ D'ENCOURA-
| GEMENT. Stance du 8 février; Francœure —
| ARTS CHIMIQUES. Du tannage mécanique et
| autres perfectionnemeuts récents dun tannage
. (deuxième articie); J. Garvier.—ARTS METAL-
EURGIQUES. Action de l'air et de l’eau sur le
fer; Mallet. — ARTS MÉCANIQUES. Sur les
| établissements affectés à la construction des gran-
| es machines à vapeur; Calla. — AGRICUL-
| TURE. — ANIMAUX DOMESTIQUES. Races
| chevalines orientales, ECONOMIE AGRICOLE.
| Moyen de détruire les fourmis; Bossin, — HOR-
|
TICULTURE. Sur la croissance des arbres;
d'Hombres Firmas. — SCIENCES HISTORI-
QUES. ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES
| ET POLITIQUES. Séance du samedi 4 février.
—ARCHÉOLOGIE. Commune de Gémozac (Cha-
rente-lnférieure ; Lesson. — BIBLIOGRAPHIE.
Dee:
SCIENCES PHVSIQUES.
) | _ CHIMIE,
Description de quelques nouvelles bases orga-
| niques oblenues par l'aclion de l'hydrogène
| sulfuré sur des combinaïsons d'hydrogène
| carbon éavecl'acidehyponitrique, par M.Zinin.
| Dans un long et curieux mémoire
M. Laurent a montré que l’action de l’a-
“side nitrique sur la naphtaline, donne
. naissance à des aignilles jaunes qui sont Ja
ritrophtalase, corps peu soluble dans l'eau,
moins encore dans l'alcool et dans l’éther.
\ En traitant la nitrophtalase par l’hydrogène
sulfuré, M. Zinin a obtenu une nouvelle
base , le naphtalidam qui se combine avce
tous les sxacides el tous les hydracides. Le
naphtalidam se présente avec l’aspect d’ai-
guilles blanches, aplaties, Il fond à 509
sentigrades, bout à 200° et distille sans dé-
composition, sous forme d’une liqueur
transparente, faiblement jaunâtre. Le
laaphtalidam prend une couleur violette
par le contact de l'air ; il a une odeur forte,
particubère , désagréable; sa saveur est
très amère et caustique, il est insoluble
ans l’eau et très soluble dans l’alcool et
Véther. Son action sur le tournesol est
nulle. Le naphtalidam a toujours pour for-
“mule COHEN: ; c’est par conséquent une
nase sans. oxigène. Pouvant se combiner
avec MA RAÈRS il forme avec l’acide sulfu-
rique un su fate de naphtalidam dont la
ormule est C‘°H°°N°SO4, et avec l'acide
chlorhydrique un chlorhydrate de naph-
alidam quia pour formule CH'8N-CL'H.
ou C'HON°CL>.
Le naphtalidam se comporte avec le
chlore comme les autres bases organiques.
Si l’on sature d’ammoniaque une disso-
lution alcoolique de nitrobenzamide et si
l’on traite la dissolution par de l'hydrogène
sulfuré, elle laisse déposer du soufre et il
se forme au milieu de la liqueur des ai-
guilles fines qui ont une saveur âcre, cor-
rosive peu solubles dans l’eau et l'alcool.
Après avoir laissé le tout en repos pendant
un jour, si on vient à séparer laliqueur du
précipité de soufre et à la distiler, il se
dépose de cette liqueur une huile jaune,
pesante, d'ure odeur analogue à la benzine.
On sépare cette huile de la liqueur surna-
geante, on la distille seule et l’on obtient
un liquide d'apparence oléagineuse et plus
lourd que l’eau ; l’air le colore en rouge,
il se combine à tous les oxacides et à tous
les hyÿdracides ; c’est une base nouvelle à
laquelle M Zinin a donné le nom de Benzi-
dam. Sa formule est C'H'#N"; elle ne con-
tient donc pas d’oxigène.
Les autres combinaisons de lanaphtaline
avec l’acide hypo-azotique ; donnent aussi
des bases organiques particulières. La nr-
tronaphtalise fournit une base en aiguilles
ronges qui, avec l'acide chlorhydrique
donne un sel blanc en écailles.
M. Zinin termine son mémoire par 'a
description d’une nouvelle combinaison du
chlore avec la naphtaline. Si l’on traite la
chloronaphtialase par Vacide sulfurique
concentré à 440° de température, il se sé-
pare de la liqueur qui est devenue brune,
un corps bhuileux qui, par le refroidisse-
ment se prend en une masse analogue à la
cire. Cette masse est insoluble dans l’eau,
soluble dans l’alcool, cristailisable en lon-
gues aiguilles soyeuses, insipides, inodores,
fusibles à 74°, dont le point d’ébullition est
à 200” et qui distillent sans résidu. Leur
formule est C°°H'°CL., on pourrait appeler
ce corps chloronaphtalise.
CHIMIE LEGALE:+
De l'essai de l'arsenic par le cuivre, par |
M. Hugo-Reinsch.
L'appareil de Marsh, si bien modifié par
M. Orfila, est pour les recherches médico-
légales sur l’arsenic un appareil précieux
et d’une grande sensibilité. Mais la mousse
quise produit souvent pendant l’expérience,
et la carbonisation qu’en doit faire subir
aux matières à essayer, sont deux inconvé -
nients graves qui compliquent beaucoup
l'opération. M. Hugo-Reinsch a proposé un
moyen assez simple pour rechercher l’ar-
senic, moyen qui simplifierait beaucoup
l'appareil de Mar;h
Le procédé de M. Reinsch consiste à aci-
duler par de l'acide chlorbydrique les li-
Gueursarsénicales et à les faire bouillir avec
EE es eee
| LEcHo pu MONDE sAVAN% paraît le FEURDE etle DIMAPTOHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun. On s’ahonne : Paris, rue des
_ PETITS-AUGUSTENS , 21, et dans les Cépartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un an
| 25fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 20 fr., 6 fr., 8 {r. 50. Al’ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
| peuvent recevoir pour CEN@ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
| 40 fr, pris séparément ) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
{ adressé (franco) à M. le vicomte A, në LAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M, C.-B. FRAYSSE, gra 1
du cuivre métailique, qui bientôt se recou-
vre d’une couche grisâtre d'arsenic. Une
très faible proportion d'arsenic est décélée
par ce procédé.
Plusieurs autres métaux, il est vrai,
se précipitent comme l'arsenic, sous l’in-
fluence du cuivre, mais il est toujours facile
de les distinguer de l’arsenic. Souvent la
couleur du métal précipité ne permet pas
d'erreur. Quant au bismuth et à lanti-
moine qui se précipitent dans les mêmes cir-
constances que l’arsenic, on ne les confon-
dra pas avec ce corps. Le bismuth se préci-
pite toujours à l’état cristallin et l’antimoine
recouvre constamment le cuivre d’une pei-
licule métallique violette dans les dissoln-
tions étendues et blanche-grisâtre avec les
dissolutions concentrées.
Des matières alimentaires, des matières
vomies contenant de l'arsenic, peuvent être
traitées d’une manière analogue pour y
constater la présence de ce corps. On fera
bouillir ces matières avec de l’acide chlor-
hydrique pur, étendu de son poids d’eau #
l'on filtrera ce liquide et on le traitera pgr!
des lames de cuivre, comme nous l’av
indiqué précédemment. Tout l’arsenic c
tenu dans ces matières se déposera sur |
lames de cuivre.
Dans une recherche médico-légale, be-
soin est toujours de contrôler une expé-
rience par uve autre. Il faut done, lorsque
l’arsenic se trouve ainsi fixé sur les lame:
de cuivre, prouver par plusieurs autres
moyens que c’est vraiment de l’arsenic.
Pour cela M. Reinsch introduit les lames
de cuivre chargées d’arsenic dans un tube
effilé à l’une de ses extrémités, à l’autre s’a-
dapte un tube d un diamètre plus petit. En
chauffant le tube avec uné lampe à alcool
à l’endroit où sont déposées les lames de
cuivre, l'acide arsénieux, formé par l’u-
nion de l’arsenic avec l’oxigène de l'air, se
sublime et se condense, sous forme de pe-
üts cristaux brillants, bien reconnaissables.
Mais, comme le faisait remarquer un jour
M. Orfila, la yplus belle solution qu'on
puisse donner du problème c’estdemontrer
l’arsenic métallique lui même. M. Reinsch
arrive à ce résultat de la manière suivante:
Il place les James ile cuivre couvertes d’ar-
senic dans un tube de verre effilé à l’une de
ses extrémités; dans ce tube il fait passer un
courant d'hydrogène pur et sec,ct enmême
temps il chauffe les lames de cuivre. L'hy-
drogène se combine avec l’arsenic et forme
de l’hydrogène-arseniqué. On enflamme
cet hydrogène arseniqué à sa sortie par
l'extrémité effilée du tube, et l’on agitcomme
avec l’appareil de Marsh.
Nous avons répété avec un grand sois
les expériences de M. Reinsch ; nous avons
traité par le cuivre une liqueur contenant
un peu d’arsénite de potasse et nous avons
réduit par l'hydrogène l’arsén'ure decuitre
508
formé. Tout cela nous amène à dire que le
procédé de M. Reinsch est un procédé aussi
simple qu'ingénieux , une heureuse modifi-
cation assortie à l'appareil de Marsh.
Nous croyons cependant qu’on peut bien
s'assurer que la couche qui recouvre le
cuivre est une couche d’arsenic, sans faire
passer sur les lames de cuivre un courant
d'hydrogène.
Ne suffit-il pas de placer dans l’appareil
de Marsh les lames de cuivre recouvertes
d’arsenie, pour obtenir aussitôt des taches
arsenicales. Nous avons essayé cette expé-
rience et elle nous a parfaitement réussi ;
il est vrai qu’il faut s'assurer par avance
que le cuivre qu’on emploie ne contient
pas d’arsenic; mais ce petit essai à faire
compense bien les désagréments de la car-
bonisation et les inconvénients de la mousse
qui souvent projette hors de l’appareil les
matières sur lesquelles on agit. Cet arsé-
niure de cuivre introduit ainsi dans un ap-
pareil de Marsh ne produit jamais demousse.
À tous ces avantages, nous pouvons en
ajouter deux autres , qui sont d’une grande
importance. Le premier c’est que ce procédé
est d’ane exécution plus facile que l’appa-
reil de Marsh et qu'il demande moins de
temps; d’un autre côté, il est d’une sensibi-
lité qui lui permet derivaliser avec tous les
autres procédés connus. E.-F.
—— De —
SCIENCES NATURELLES.
BOTANIQUE.
PIYSIOLOGIE VEGETALE,
Recherches sur le mode et Les circonstances de
développement d'un végétal microscopique
dans les liquides albumineux , normaux et
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret.
(Deuxième article.)
« Soit que, vers la fin Au quatrième jour,
on ne trouve encore dans le sérum que des
vésicules, soit que déjà on y rencontre des
tiges, on voit alors la surface du liquide se
recouvrir de plaques irrégulières, espèces
d’iles flottantes que l’on prendrait, à l'œil
nu, pour des agglomérations informesd’im-
puretés déposées accidentellement par le mi-
lieu ambiant. Cette couche, examinée au
microscope, se décompose en une quantité
iunombrable de vésicules de grandeur va-
riable, et très diversement disposées. [ci
elles sont placées les unes à côté des autres
sans ordre, sans symétrie, sans lien com-
mun. à, on les trauve soudées et rangées
en séries moniliformes rectilignes, ou di-
versement incurvées. Ailleurs elles sont
disposées en véritables arborisations.
» Cependant , au sein de cette sorte d’é-
cume, composée d’une accumulation de
véritables germes, et dans les couches les
plus superficielles du liquide, netardent pas
à apparaître toutes ces formes végétales que
nous avons constatées pendant les quatre
premiers jours, mais quisont ici moins sim-
ples et plus variées.
© » Ainsi, 1° nous y retrouvons des vési-
cules isolées d’où naissent des bourgeons,
puis des tiges, etc. ;
» 2° Il y a de ces vésicules isolées qui se
développent par deux points diamétrale-
ment opposés. À mesure que cette sorte de
développement s’accomplit, la vésicule
elle-même finit par disparaître , et l’on ne
voit plus qu'un cylindre creux qui se rami-
fie dans dans divers directions, sans dia-
phragme à son intérieur.
» Nous retrouvons aussi, au sein de cette
269
écume et au-dessous d'elle, des séries de
vésicules soudées entre elles, de telle sorte
que de leur développement ultérieur il ré-
sulte, soit des tiges moniliformes, soit des
tiges cylindriques, dont la cavité est divi-
sée par des diaphragmes.
» Ces vésicules, rangées en séries, se dé-
veloppent indépendamment les unes des
autres, et en vertu d’un travail qui se passe,
non dans leur ensemble, mais dans cha-
cune en particulier ; ce qui le prouve, c’est
qu’il arrive quelquefois, que, dans une sé-
rie de vésicules soudées, les unes restent
stationnaires, tandis que d’autres s’allon-
gent incesssamment. Alors se présentent
des individus singuliers dont les formes ex-
térieures varient à chaque point de leur
étendue. Ici c’est une tige parfaitement cy-
lindrique et cloisonnée, plus loin un vérita-
ble chapelet de vésicules accolées; ailleurs
une suite de cylindres réunis par des ren-
flements, qui ne sont autre chose que des
germes incomplétement développés.
» 4° D’autres vésicules, au lieu d’être dis-
posées en séries , comme les précédentes,
s’arrangent les unes par rapportaux autres
de manière à former de véritables arbori-
sations, et celles-là peuvent ainsi éprouver
individuellement un travail de développe-
ment; une petite arborisation peut ainsi
devenir un très vaste végétal, dont les ra-
meaux occupent un espace quatre à cinq
fois plus grand que le champ du micros-
cope.
» 9° Il arrive quelquefois qu’une vésicule
sert de point de départ on d'aboutissant à
plusieurs séries de vésicules plus petites
qu’elle, et placées bout à bout. Dans ce cas,
pendant que chacune de ces séries de vé-
sicules se développe suivant le mode ordi-
naire, la vésicule centrale se développe
dans tous les sens à la fois, de manière à se
transformer en une vaste ampoule ronde
ou irrégulièrement polygonale, servant de
moyen d'union à des tiges cloisonnées ou
moniliformes, qui rayonnent dans diverses
directions.
» Ainsi la production végétale qui se
forme au sein du sérum da sang acidifié
est de deux sortes : constituée tantôt par
un seul individu, et tan Ôt par l’aggloméra-
tion fortuite de plusieurs, qui, tout en se
réunissant, se développent et vivent indé-
pendamment les uns des autres.
» 6° Enfin en dehors de ces productions,
qui, malgré leurs apparences si diverses,
ont un développement régulier dont on
peut saisir les lois, on en trouve quelques
unes pour lesquelles il semble, au premier
abord, ne plus en être ainsi; ce sont des
formes bizarres et singulières, qui ne se
prêtent plus à aucune description générale,
et cependant, en les étudiant avec soin, on
s'aperçoit bientôt que cette irrégularité ne
tient qu’à une modification survenue dans
d'exercice des lois fondamentales qui ne
cessent pas de rester les mêmes, et c’est
ainsi que, pour ce végétal comme pour tous
les autres êtres organisés, l'étude des mons-
tres vient jeter un grand jour sur certaines
formes primitives dont la disparition ulté-
rieure ne permet plus d’apercevoir les
phases diverses que ces êtres ont traver-
’
sées.
» Du reste tous ces végétaux se dévelop-
pent simultanément dans cette mince et
légère couche d’écume que nous avons vue
apparaître vers le quatrième jour à la sur-
face du liquide albumineux. De leur entre-
lacement résulte une membrane épaisse
qui, vers le douzième jour, recouvre toute
270.
la surface libre de la liqueur, et adhère de
toutes parts aux bords du vase. Le liquide
placé au-dessous d’elle renferme une mul-
titude de vésicules et de végétaux à divers
degrés de développement; si l’on enlève
cette membrane, on en voit bientôt une
nouvelle se former, et ainsi de suite jusqu’à
ce que la putréfaction s'empare du liquide
albumineux. Nous avons vu ce travail de
production se prolonger au-delà d'un mois;
à une certaine époque apparaissent à la
surface de la membrane des moisissures.
Nous avons. représenté des végétaux com-
plets trouvés dans cette membrane, tout-à-
fait semblables à ceux qui ont été désignés
sous le nom de mycodermes.
» Telle est la description générale du vé-
gétal que nous avons trouvé dans le sérum
du sang traité par l’acide sulfurique. Nous
avons à ajouter maintenant quelques re-
marques sur le mode de terminaison des
tiges végétales, et sur les matières qu’on dé-
couvre à leur intérieur.
» La terminaison brusque des tiges en
cul-de-sac, que nous avons déjà indiquée,
est quelquefois remplacée par leur division
en prolongements que l’on trouve généra-
lement au nombre de deux, souvent de
trois, rarement de quatre, et jamais en plus
grand nombre; ce-sont alors ces prolonge-
ments auxquels appartient la terminaison
en cul-de-sac. Ils affectent le plus ordinai-
rement dés directions divergentes, quel-
quefois cependant ils restent parallèles ;
une seule fois nous en avons vu deux en-
roulés en spirale l’un sur l’autre.
» Ces prolongements terminaux sont
susceptibles d’un développement ultérieur,
indépendant de celui de la tige dont ils
émanent. Voici une preuve directe de cette
assertion.
» Nous avons conservé entredeux verres,
dansle champ du: microscope, pendant une
heure , deux tiges cylindriques terminées
chacune par deux prolongements. En sui-
vant de l’œil le travail de développement
qui se passait dans ces végétaux, nous cons-
tatâmes ce qui suit :
» Les tiges cylindriques ne changèrent ni
de forme, ni de position, ni de dimension,
de telle sorte qu’au bout d’une heure, ils
avaient en longueur des dimensions à peu
près triples de celles que nous avions mesu-
rées au début de l’observation. Toutes les
images que nous présentons ici à l’appuide
cette description ont été dessinées au gros-
sissement de 400.
» Revenons maintenant à l'examen des
matières contenues dans l’intériear du vé-
gétal , ces matières, nous l'avons déjà vu,
sont de deux sortes relativement à leur ap:
parence : c'est un semis, ou ce sont des glo-
bules ; mais ces matières ne sont pas égale-
ment réparties dans toutes les portions du
végétal. Les rameaux de nouvelle formation
n’en contiennent pas, et paraissent com-
plétement vides; dans ceux qui les ont im=
médiatement précédés, on constate l’exis-
tence d’un semis amorphe uniformément
répandu, et enfin, dans les tiges plus ar-
ciennes. se présentent des globules de gros-
seur variable, quelquefois à peine distincts
du semis environnant, tant ils sont petits;
d'autres fois remplissant exactement la ca-
vitéqui les renferme. Mais, lorsqu'on pousse
plus loin l'observation, on s'aperçoit que
ces rameaux, qui naguère paraissaient ab-
solument vides, ne tardent pas à se remplir
eux-mêmes d’un semis extrêmement fin, et
qu'au milieu de ce semis apparaissent plus
tard des globules de plus en plus gros; de
71
Lorte que la cavité du végétal finit par être
“emplie tout entière de globules, jusque
lans ses extrémités terminales,
» La vacuité des vésicules primitives et
kes rameaux de nouvelle formation n'est
lonc qu’une illusion d’optique. Toutes ces
avités sont remplies d’un liquide organi-
able lui-même. Pendant que le végétal,
»béissant à un travail de développement
blus où moins actif, passe de l'état vésicu-
aire à l’état d’individu complet, le liquide
intérieur devient aussi le siège de transfor-
imations, en vertu desquelles la matière or-
tranisable, d’abord dissoute, se concrète en
lLemis extrêmement fin, et donne naissance
1 un véritable-globule. Les globules eux-
mêmes une fois formés, sont susceptibles
He s’accroître. D'abord extrêmement petits
bt à peine distincts, ils acquièrent un vo-
tume de plus en plus considérable, et attei-
‘nent le diamètre inférieur des tiges. Mais
|à ne s'arrêtent pas leur accroissement.
Bientôt génés dans la cavité où ils ont pris
|aissance, ils se déforment, s’allongent, se
mouient exactement sur les parois des tiges
Fi se transforment en véritable cylin-
tres (1).
| » Quelle est la nature de ces globules ?
[Quel rôle sont-ils destinés à remplir ulté-
lcieurement? Voilà des questions dont nous
!sentons l'importance, mais auxquelles nous
‘ne pourrions répondre que par des hypo
Lthèses. Jamais nous ne les avons vus s'é-
| chapper des tiges au sein desquelles ils sont
Lormés. Quelquefois nous avons cru cons-
“tater un mouvement de déplacement dans
\ces globules ; mais la sensation était obs-
cure , de fort courte durée, et, quelque
lsoin que nous ayons apporté à cette étude,
\il nous à été impossible de constater une
circulation bien distincte.
| LIRE MATE
| PHYSIOLOGIE ANIMALE.
Note sur lathéoriepositivedela fécondation.
L'écrit récent du docteur Pouchet sur la
| fécondation des mammifères , se fait re-
, marquer par la justesse des raisonnements
« sur cet important sujet , à l’égard du quel
| il existe tant d’opinions divergentes. Mon
| but, dans cet article , est de signaler une
lacune que nul ne pourra mieux remplir
que ce savant physiologiste. Il s’agit de dé-
terminer, par des expériences décisives, si
Vapplication immédiate du fluide sperma-
. tique est indispensable à la fécondation.
| Les expériences de Haighton, et surtout
. celles du docteur Blundell , professeur de
| physiologie et d’accouchements à l’hopital
| de Guy, à Londres, paraissent décider la
question négativement. Je me bornerai ici
à rapporter le résultat de quelques unes
des expériences de Blundell, contenues dans
un mémoire inséré dans le Xe volume des
Transactions méd.co-chirurgicale.
Ayant ouvert l'abdomen dans plusieurs
1 lapines > On fit sortir par l'ouverture la ma-
« irice et une portion du vagin, et on coupa
| transversalement l’utérus près du col, de
| Tanière à partager cet organe en deux par-
ties, supérieure ou Falopienne, et inférieure
ou vaginale. Cela fait on replaça les parties
et on réunit la plaie par des points de su-
ture. Les animaux se rétablirent assez
(1) Quand, on examine une tige moniliforme ou
cloisonnée, qui est remplie de globules, il devient
facile de constater la réalité de l'existence de ces
diaphragmes dont nous avons parlé, et de voir qu'ils
Separent compléiement la cavité totale en loges ab-
solument indépendantes les unes dés autres.
279
promptement, les uns dans quelques jours,
les autres dans peu de semaines, Aussitôt
queleslapineséprouvèrent l’ardeur sexuelle
elles furent livrées aux mâles, et sur dix à
douze, presque toutes se trouvèrent fécon-
dées dès la première copulation. On les tua
ensuite à diverses époques de la gestation,
et on trouva des petits dans la partie falo-
pienne de leurs matrices. Après un examen
attentif, on reconnut que la portion vagi-
nale avait formé une excroissance sur la
ligne de la section , et que toute communi-
cation avec la portion falopienne de Putérus
était interceptée.
Il faut donc que le fluide séminal du
mâle ait été transmis à travers la double
cicatrice des deux portions de la matrice
séparées par l’opération, pour pai venir aux
ovules déposés dans la partie falopienne de
l’organe. Cela a dû être facilité par la na-
ture plus perméable du tissu de formation
nouvelle sur la ligne de la section; car je
repousse l’idée de l'aura seminalis, et suis
intimement persuadé que le fluide séminal
est parvenu à la matrice de la même ma-
nière qu'il traverse l’hymen imperforé des,
fermimes chez qui cette conformation n’a pas
empêché la conception. J’ajouterai, en pas-
sant, que les expériences de B ontell sont
très favorables à l'opinion émise par M. Pon-
chet sur le lieu où s'opère la fécondation.
Quant à l'aptitude d’être fécondées, va-
riable chez les femmes, comme dans les fe-
meiles des animaux ; il est reconnu que
dans tous les climats, un ou deux mois de
l'année, ofirent incomparablement plus
d’accouchements, et répondent, par con-
séquent à deux autres époques où les con-
ceptions sont plus nombreuses. Le fait est
admis par tous les observateurs : ils ne dif-
fèrent que sur les mois. D'après M. Ray -
mond , il paraîtrait qu'à Marseille c’est le
mois d'octobre qui est le plus favorable
aux conceptions, et mars celui où elles sont
moins fréquentes. Burus est porté à croire
qu’en Ecosse c'est en mai qu’il y a le plus
d’accouchements et en octobre le moins :
par conséquent août et septembre seraient
les mois les plus favorables à la conception.
D'après un registre très exact tenu par
le docteur Bland , il paraîtrait que l’âge le
plus favorable à la conception, est de 26 à
30 ans. Sur 2102 femmes acconchées. 85
avaient de 45 à 20 ans: 578 de 21 à 25;
699 de 26 à 30; 407 de 31 à 35; 291 de 36
à 40; 36 de 41 à 45 et 6 de 46 à 49.
F.-S, Consrancio, doct.-méd.
DE
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 8 février 1845.
Dans l'intention de présenter à la Cham-
bre des députés des réclamations contre la
loi proposée, pour supprimer la fabrication
du sucre indigène ; les commités de la So-
ciété se sont plusieurs fois réunis depuis
quinze jours, pour rédiger un mémoire
circonstancié sur la question, Une com-
mission composée des délégués.des comités
a débattu les arguments présentés, et
M. Olivier à été chargé de faire un rap-
port, qui a été lu dans la séance du conseil
d’administration.Cemémoire, qui envisage
la question sous tous les rapports est trop
étendu pour trouver place ici, etil perdrait
sa clarté etson importance si on se bornait
à l’analyser.
Toute la séance a été employée À ce long
273
débat , d’où est résulté que d’importantes
modifications seraient apportées à ce tra-
vail. Les comités se réuniront de nouveau
à cet effet, et vû l’urgence, la Société tien-
dra une séance extraordinaire mercredi
prochain, pour entendre de nouveau le rap-
port. Du reste , les conclusions sont adop-
tées, qui ont pour objet de demander la con-
servation de l’industrie du suc de bettera-
ves, concuremment avec le sucre de cannes;
quant aux impôts dont ces sucres doivent
être frappés , la Société pense qu’on peut
arriver, avec le temps, à égaliser les droits,
surtout si le gouvernement consentait à les
abaisser ; l'exemple du passé démontrant
qu'alors le prix du sucre diminueräit , que
la consommation en augmenterait , et que
le trésor public y gagnerait plus qu'il ne
perdrait, en même temps que les intérêts
de nos colonies, de notre marine et de nos
ports de mer seraient ménagés.
La séance a été terminée par une délibé-
ration relative à la distribution d’une somme
de 3,600 fr. à six industriels âgés et tom-
bés dans la détresse, conformément aux
intentions de M. Bapst, qui a légué 1400 fr.
de rentes perpétuelles à la Société d’encou-
ragement, pour subvenir à cette dépense.
FRANCOEUR.
ARTS CHIMIQUES.
Du lannage mécanique et autres perfeclionne-
ments récents du lannage.
(Deuxième article.)
Dans an précédent numéro nous avons
placé le tannage mécanique de M. Vau-
quelin, eu tête des perfectionnements ré-
cents apportés dans l'industrie qui nous oc-
cupe. Nous allons aujourd’hui compléter
notre sujet par l’exposé de quelques autres
améliorations récentes.
M. Félix Boudet, à Saint-Germain, a
proposé de débourrer les peaux par l’em-
ploi de la soude caustique. Pour 1000 kilo-
erammes de peaux, on prend 20 kilogr. de
soude cristallisée et 15 kilogr. de chaux,
qu'on met dans les bassins avec de l’eau;
en deux ou trois jours seulement l’opéra-
tion est terminée.
Les deux procédés à la chaux et à la sou-
de ont chacun leurs avantages et leurs in-
convénients, Celui à la chaux est bon pour
les grosses peaux et mauvaise pour les
peaux minces, tellesque celles de moutons,
de veaux, etc. ; car elles risquent d’être al-
térées, pour peu que la chaux ne soit pas
tout à fait éteinte.
Puis la chaux forme aussi dansl’intérieur
du derme de la peau des sels calcaires in-
solubles ; la chaux absorbe aussi du tan-
nin, et il se forme du tannate de chaux en
pure perte. Ce sont là de grands inconvé-
nients , que les sels formés par la soude
n’ont pas, car on sait que les sels de soude
sont solubles, Le seul inconvénient qui
pourrait résulter d’un défaut de pratique
serait qu’un excès de soude pourrait trop
assouplir la peau. D'ailleurs, par l'emploi
de la soude , on fait absorber aux peaux
une plus grande quantité de tannin.
Un autre procédé de débourrage est aussi
connu aujourd’hui. Il consiste à enlever les
poils , sans les toucher, par des agents
chimiques. C’est le procédé de dépilage des
Turcs. On fait un mélange pâteux de chaux
hydratée et d'orpiment (sulfure d’arsenic
jaune), qu’on applique en couche de 1[4 de
centimètre sur la chair de la peau. M. Fé-
lix Boudet a vu qu'il se forme du sulfure
274
de calcium, lequel agit sur la matière ani-
male; il a remplacé l’orpiment par du sul-
fure de sodium.
Les procédés de débourrage ont subi
d'autres perfectionnements. D'abord on a
fait subir aux peaux un commencement de
putréfaction qui permettait d'enlever les
sabots, les onglons. Puis on a eu recours à
la vapeur; pour cela on étend les peaux
dans un lieu clos, eton y fait arriver la va-
peur perdue d'une machine Au bont de
24 heures les poils s’enlèvent aisément avec
le couteau. Ce sont MM. Ogerau , Sterlin-
gue , deux de nos tanneurs les plus habiles
que nous ayons aujourd'hui, qui les pre-
miers ont introduit cette amélioration daus
leurs tanneries.
Ou sait que le moyen de séguin, pour
opérer le gonflement des peaux, se borne
à les tremper, débourrées , dans de l’eau
aiguisée de 171500 d’acide sulfurique, dont
la dose est ensuite portée à 17100. « Apiès
48 heures d'immersion, les peaux sont suf-
fisamment renflées , et ont acquis une cou-
leur jaune jusque dans l’intérieur ; en cou-
pant l’anglede l’une d’elles, on n'y distingue
pas de raie blanche, et l’on voit que dans
toute son épaisseur elle a pris une teinte
jaune et une demi-transparence. »
On conçoit tout le parti que Part à pu
tirer d’une action aussi prompte et aussi
énergique. Par cela même, l'acide sulfu-
rique , qui est à très bas prix dans le com-
merce , est devenu d'un usage journalier
dans les tanneries de tous les pays, pour le
gonflement, et même dans quelques-unes
pour le débourrage des peaux.Chacun mo-
difie à sa manière ce moyen prompt de
gonflement. Quelques tanneurs etendent
l’acide d’une grande quantité d’eau ordi-
paire ; d’autres le font entrer à très petites
doses dans des jus de ianné plus ou moins
chargés.
Sur quoi repase ce système de gonfle-
ment? Quand on met dans de l’eau de l’ich-
thyocolle ou co.le de poisson , celle-ci se
gonfle peu à peu de la moitié de son volume;
mais elle se gonfle énormément, mise dans
l'acide sulfurique étendu d'eau. Mainte-
nant cette colle ainsi gonflée, mise dans
une dissolution detannin, perd sa souplesse,
prend de la dureté, en un mot elle se
tanne.
Les efforts des tanneurs amis du progrès
tendent tous les jours à diminuer l’action
de l'acide sulfurique. Car il est bien connu
de tous que le mauvais cuir étant chauffé
se casse, parce que l’acide sulfurique n’étant
pas volatit , il se concentre et désorganise
complétement le cuir. Déjà on emploie
moins d'acide. L'éloquent M. Dumas disait,
dans une de ses dernières leçons, l’année
dernière , qu’il pensait sérieusement qu'à
une époque qui n’est pas éloignée de nous,
on n’emploiera plus d'acide. Nous avons
vu dans notre premier article que l'acide
sulfurique est proscrit dans le tannage mé-
canique de M. Vauquelin.
On a conclu que, pour vérifier si un cuir
“est bon, il n’y a qu’à le soumettre à la
1
dessication et voir s’il résiste. C’est Là un
essai approximalif, qui est loin d’être d’une
exactitule rigourèuse.
Il y a quelques années, en Angleterre,
on avait tenté le tannage rapide en faisant
passer le jus de tan au travers de la peau
par le moyen de la pression. On obtenait
ainsi un tannage complet de tous les points
de la peau en contact avec le tannin; mais
ce qu'on aurait pu prévoir, chacun de ses
points était séparé par des interstices qui
275
avaient donné passage à la liqueur, de sorte
que le cuir était un véritable réseau criblé
d’un nombre infini de pores. Ce procédé
n’a pas eu de suite.
Du reste , depuis longtemps on emploie
pour les peaux minces, sous le nom de tan-
nage au sippage où apprèt à la danoise,
un procédé danois qui consiste à coudre les
peaux comme des sacs, à les remplir de
tan et d’eau, à fermer les sacs et à les cou-
cher dans des fosses pleines d’eau et de tan.
Deux mois suffisent pour cette sorte de
tannage. -
On peut encore aëcélérer beaucoup le
tannage en faisant passer sur les peaux cou-
chées dans les cuves les jus que l’on re-
cueille au moyen d’une pompe. En 1835.
M. Loisel a pris un brevet pour l'emploi
de ce procédé.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Acti n de l'air et de l'eau sur le fer.
Par M. R. Mallet.
M. Mallet avait présenté, dans un précés
dent travail, le tableau des pertes réelle-
que les fers de la Grande Bretagne éprou-
vaient, dans un temps donné, par suite de
l’oxidation, afin de rechercher s'il n’y au-
rait pas lieu d’augmenter leur durée. Dan;
le tableau des expériences qu’il a présenté
cette année à l'association britannique pour
l'avancement des sciences, il fait voir que
la marche de la corrosion décroit propor-
tiounellement au temps dans la plupart des
cas, et que la rapidité de la corrosion de la
fonte dépend moins de la constitution chi-
mique du métal que de l'état de sa struc-
ture cristalline et de la condition du carbone
qui y entre comme parte constituante.
Le rapport actuel a étendu aussi les re-
cherches aux fers forgés et à l’acier, dont
quarante à cinquante variétés ont été sou-
mises aux expériences. Les résultats démon-
trent que la corrosion du fer forgé est en
général beaucoup plus rapide que celle de
la fonte ou de l'acier. Plus le fer a de pu-
reté, plus il est uniforme dans sa texture,
plus sa corrosion est à la fois lente et uni-
forme.
l'acier se corrode en général plus lente-
ment et plus uniformément que le fer forgé
et la fonte.
Les résultats de l’action de l’air et de
l’eau sur différentes classes de fer ont été
examinés et déterminés chimiquement. La
substance appelée plombagine se pro-
duit par l’action de l'air et de l'eau de
la même manière, sur l'acier, principale-
ment en lingots bruts, que sur la fonte.
Une certaine quantité de plombagine, ex-
traite des débris du vaisseau le Royal-Georges,
absorbait l’otigène lors de son exposition à
l'air avec une telle rapidité, qu’elle deve-
nait presque rouge de chaleur.
M. Mallet à décrit enfin une méthode
pour protéger le fer au moyen d’une modi-
fication au procédé de zincage. Il est diffi-
cile de recouvrir la surface du fer avec du
zinc, attendu que le premier a peu d’aff-
nilé pour le second métal. Le premier pro-
cédé cotisiste à décaper la surface du fer,
à enlever la couche d’oxide qui le recouvre,
puis à le plonger dans un chloride de zinc
et d’ammoniaque, qui le recouvre d’une lé-
gère couche d'hydrogène, laquelle aug-
mente son affinité pour le zinc M. Mallet
a aussi recouvert le fer d’un alliage triple
de zinc, de sodium et de mercure, et a fait
voir diverses pièces en fer qui avaient été
recouvertes avec cet alliage, et qui, à la
276
suite d’une exposition prolongée à l'air, et
dans des situations critiques, ne paraissent
pas avoir éprouvé de détérioralion.
Eu terminant celte partie de ses recher=
ches, l’auteur a traité une question qui
n'est pas sans intérêt. On croit géuérale-
ment que les chemins de fer qui sont par-
courus journellement ne sont pas exposés
à la corrosion. M. Mallet a eu l’occasion de
soumettre, sous ce poiutde vue, aux épreu-#
ves trois séries de rails du chemin de Du-
blin à Kiogstown, l’une sur laquelle on ne
marche pas, la seconde faisant actuelle-
ment le service. et la troisième faisant aussi
le service, mais recouverte d’un enduit
contre l'humidité. La perte de la première
série a été 2,555, celle de la seconde 2,344,
et celle de la troisième 2,650, résultats qui
semblent indiquer que les rails sur lesquels
on marche et roule se corrodent plus len-
tement que ceux qai sont hors d'usage.
(T'echnologiste.)
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR.
Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en-
couragement, au nom du comité des arts mé-
caniques, sur plusieurs établissements affec- .
tés à la construction des grandes machines à
vapeur et des machines locomotives,
(Premier art:cle.)
Dans la session de 4840. au mois dejuin,
les chambres délibéraient sur le projet de
loi relatif à l'établissement de grands paque-
bots transatlantiques.
Quatorze machines de 450 chevaux cha-
cune et plusieurs machines de moindre
force devaient être installées à bord de ces
bâtiments.
Quelques membres influents de la cham-
bre des députés inclinaient pour que toutes
ces machines fussent demandées à l’Angle-
terre ; on disait que nos ateliers français
ne présentaient aucune garantie pour l'exé-
cution de machines de cette puissance,
qu'ils ne pourraient pas les construire, et
que, s'ils y parvenaient, ce ne serait que
dans des délais et avec des retards qui com-
promettraient l'importante mesure propo-
sée par le ministère.
Nous n'avions, suivant eux, d'autre Tes
source que l’Angleterre, et c'était à elle
que nous devions demander ces éléments
indispensables de notre puissance maritime
et de notre influence politique.
Nous disous influence politique, car, vous
le savez, messieurs, la vapeur a étendu le
champ de bataille, et, en politique, il ne s’a-
git plus seulement aujourd'hui de léquili-
bre européen. Toutefois, ces allégations
rencontrèrent des contradicteurs dans le
sein même des chambres. M. Salvandy,
rapporteur de la commission des paquebots,
M. Arago, qui, dans le courant de cette
session, saisit plusieurs occasions de défen-
fre énergiquement l'honneur et les intérêts
de l'industrie nationale, M. le baron Thé-
nard, uotre président, et plusieurs autres
membres, firent valoir les nombreux mo-
tifs qui devaient déterminer l'administra -
tion à donner la préférence aux ateliers
français. à
Les constructeurs de machines s’ému -
rent en présence de cette grave discussion;
ils se constituèrent en comité et s'adressè-
rent aux commissions des deux chambres;
les notes qu'ils rédigèrent alors sont impri-
mées et déposées dans votre bibliothèque ;
vous pourrez y voir qu'ils revendiquèrent
pour la France l'honneur de produire, par
2
17
s propres ressources, Ces armes puissan-
s de l'avenir, et qu'ils s’engagèrent à faire
assi bien et plus vite que les ateliers an-
hais.
- Aujourd'hui, messieurs, nous sommes
ers de pouvoir vous dire qu'ils ont tenu
rarole.
Le gouvernement comptant sur l'émula-
on de nos principaux constructeurs de
hrachines, dont les travaux antérieurs don-
aient la mesure de ce que leurs efforts
ourraient produire à l'avenir, leur a con-
ré l’exécution de onze de ces grands appa-
reils de 450 chevaux, et de plusieurs ma -
'hines de 120, 160, 220, 340 chevaux, etc.;
uelques autres appareils ont été réservés
vour l’usine royale d’Indret. Ces comman-
:+s de l'aëministration ont été distribuées
,ntre les grands établissements de MM. Cuve,
Lie Paris, Schneider frères, du Creuzot,
\Zallette, d'Arras, Pauwels, de Paris, Ben-
Nzetl et comp., de la Ciotat, près Mar-
etlle, Séehelin et Huber, de Bitschwil -
ler, etc.
| Ces appareils sont exécutés avec une ra-
.bidité et un soin dont votre comité des arts
mécaniques a pu voir un bel exemple dans
Ma visite qu'il vient de faire. de l'établisse-
|ment de M. Cave.
Moivs.de deux années se sontécoulées de-
puis que les constructeurs français ont reçu
«les commandes de la marine royale, et déjà
‘elles sont exécutées pour plus de la moitié
de leur importance; chacun des établisse-
ments que mous venons de nommer a déjà
‘achevé plusieurs appareïis.
| Quelques uns sont en montage à Brest, à
Cherbourg, à Toulon, à Indret, et nous
avons la satisfaction de pouvoir vous dire
ique la hardiesse et l'exactitude de leur
| exécution ont dépassé toutes les espé-
|rances.
| Le rapporteur de votre conimission a con-
duit, dans les ateliers de M. Cavé, un ingé-
'mieur anglais très distingué, M. Richar«t
| Roberts, de Manchester, et c'est avec uu
juste sentiment d’orgueii national qu'il l’a
entendu déclarer que les appareils cons-
truits dans cet établissement ne le cédaient
|en rien aux meilleures machines anglai-
| ses et les surpassaient sous plusieurs rap-
| ports,
| Il y a peu de temps encore, Fawcett, de
| Liverpool, disait à un de nes premiers in-
* génieurs de la marine royale, qu’il était
}
;
à
À
||
}
\ jour obtenir des commandes du gouverne-
| ment français reposaît :ur les perfectionne-
ments qu'il s'efforçait d'apporter dans le
| forcé de reconnaitre que la marine était
| maintenant er mesure de r.cevoir des ate-
| liers francais d'excellentes machines de na-
sigalron, et que le seul espoir qui lui restait
système de ses apzareils. Espér. ns, mes-
sieurs, que nos ingénieurs français, déjà ex-
périmentés dans cette matière, n’attendront
pas les perfectionnements étrangers pou:
| les imiter et sauront, au contraire, les de-
| vancer dans les machines de navigation
| comme ils le font déjà pour certaines espèces
| de machines à vapeur.
De
AGRICULTURE,
ANIMAUX DOMESTIQUES.
Races chevalines orientales.
Jusqu’à présent, généralement au moins,
on a compris sous le nom de chevaux ara-
bes tous les chevaux qui nous provenaient
des contrées orientales. Ainsi, on confon-
1
Ë 278
dait dans une même catégorie Îes chevaux
égyptiens, les Syriens, ceux de l’intérieur
de l’Afiique et de l'Arabie proprement
dite. La France, plusieurs fois, a reçu des
étalons orientaux pour améliorer ses races
chevalines, et chaque fois on disait que ces
étalons étaient arabes.
Puis, lorsqu'après un certain nombre
d'années, les chevaux importés n’avaient
pas fourni tous les résultats qu'on en: at-
tendait , on s’empressait de condamner les
races arabes auxquelles. peut-être, ces
chevaux n'avaient jamais appartenu.
Ce point nous paraît extrêmement im-
portant. — Il convient, aujourd'hui plus
que jamais, de bien s'entendre sur la va-
leur des étalons qui nous arrivent des pays
étrangers.
Les chevaux syriens, les chevaux égyp-
tiens, ceux de l’Arabie centrale comme
ceux du sud de l’Afrique, ont-ils une même
origine? tous ces chevaux enfin sont égale-
ment propres à servir comme reproduc-
teurs.
Les caractères de chacune de ces races
serviront de réponse.
Une grande dissidence est née dans le
monde hippique, et ne paraît pas de sitôt
réunir les deux camps.
Les uns veulent, pour régénérer nos ra-
ces, des étalons anglais ; les autres excluent
ces derniers et n’admettent, comme régé-
nérateurs par exceilence, que des chevaux
arabes. Des débats ont eu lieu; de part et
d'autre, anglomanes ou partisans des ara-
bes, chacun a défendu son drapeau et n’a
pas voulu céder la place à ses adversaires.
Ilest une première considération ma-
jeure que es partisans du cheval anglais
opposent à ceux qui vantent les avantages
du cheval arabe.
Cette considération, la voici :
« Le cheval arabe cest de petite taille;
pour obtenir de suite des grands produits,
la France doit recourir aux étalons anglais;
sans quoi elle s'expose à attendre centan;,
peut-être, ces résultats que lui procure
immédiatement l'emploi des étalons an-
glais » ;
Cette raison l’a emporté; le public a cru
l'administration qui lui a fait cette décla-
ration , et les chevaux anglais ont inondé
la France.
Deux points se présentent sous ma plume.
S’agit il réellement d'améliorer nos races?
L'administration qui importe du sang an-
glais dans nos haras est induite en erreur ;
elle cause un tort immense. -- S'agit-il, au
contraire, d’un cheval de service? Veut-où
des chevaux anglais pour tirer une voiture,
pour monter les amateurs? C’est tout-à-fait
différent. Très certainement, un grand
cheval anglais très gros, très fort, tirera
mieux qu'un cheval arabe; on à raison de
l’employer.
Mais lorsqu'il agit d'améliorer les races
de tout un pays, il doit être permis à cha-
cun d'émettre son opinion et de combattre
celie d’autiui quand elle lui semble er-
ronée.
Posez cette question : pourquoi deman-
dez-vous chaque année à l’Angleterre des
étalons anglais? — On vous fait cette ré-
ponse : parce que le cheval anglais pur
sang descend de l'arabe, et parce qu’il offre
des avantages que n'ont pas ses ascendants.
Ces avantages sont : une taiile élevée,
une ossature plus grande, plus w’étoffe.
Posez cette, autre question : Comment
est-on parvenu à créer les races anglaises?
On a pris des étalons de saug arabe, des
279
femelles normandes ou celles d'une autre
contrée de l’Europe, et à l’aide de croise-
ments répétés, avec des étalons orientaux,
à l'aide d’une nourriture abondante, choi-
sie, et de soins entendus, nous sommes
parvenus à créer ce que vous voyez.
Il y a eu du génie chez les hommes qui
ont entrepris cette création. Il a fallu de la
persévérance, une volonté ferme à toute
épreuve, Les résultats obtenus font honneur
à la nation anglaise.
Mais voyez donc le génie de nos admini-
strateurs? 1ls ont introduit en France le
cheval anglais ! Et pour faire les honneurs
de cette importation on a créé une vaste
administration, dont les rouages extrême-
ment compliqués exigent, pour être entre-
tenus, l’emploi de sommes considérables.
— Nous n’avonsrien créé, nous ; nous nous
sommes contentés de placer les étaions an-
glais dans des stalles magnifiques; nous
leur avons donné des logements superbes,
et dans une grande localité décorée du nom
de haras, on est venu livrer à ces étalons
des juments françaises.— L’Angleteire n'a
pas de haras; la uation anglaise n’en a pas
besoin. Les arabes n’en ont pas non plus ;
mais on a dità la masse des Français: Vous
ne connaissez pas l’art des chevaux ; cet art
est difficile , il demande une très grande
intelligence. Permettez donc que nous pre-
nions annuellement une partie des impôts
pour vous instruire et donner au pays la
quantité de chevaux nécessaire à ses be-
soins.
Les Français ont laissé faire, ils n’ont
pas demandé si les Arabes et les Anglais
avaient aussi des gouvernants salariés de
la science hippique ; ils ont donné, ils don-
nent leur argent, et la France achète en-
core à l'étranger des chevaux pour ses
besoins.
Demandez-vous ce que sont devenues les
anciennes races françaises. Un homme qui
appartenait aux haras se retourne brusque-
ment, et avec cet air grave, d'un ton plein
d'assurance : — Toutes sont en voie d’a-
mélioration, dit-il, mais nous ne pouvons
aller plus vite, car le gonvernement refuse
les allocations que nous lui demandons.
Nous voulons établir partout des courses à
l'anglaise; nous voulons répandre dans
chaque arrondissement les bienfaits de cette
institution ; mais malheureusement, tout
le monde aujourd'hui prétend connaître
l'art d'élever les chevaux, et chaque jour
voit s'élever des obstacles que nous étions
loin d’attendre. ÿ
L'administration, établie sur de larges
bases, a exercé vue influence très grande ;
elle a eu un pouvoir illimité, et cette in-
fluence et ce pouvoir absorbent des millions
sans donner d'avantages.
L'administration s’est arrogé l’autorité
suprême ; elle condamne, elle absout, et
met à l'index quiconque refuse d'accepter
les principes de sa constitution; la science,
dit-elle, c'est moi.
Et afin d’amuser le public qui veut bien
entretenir le personnel du baras, payer
ces grandes constructions inutiles, où des
centaines de chevaux vivent sans rien
faire, on donne chaque année deux ou
trois grandes représentations ; on fait
courir.
Plusieurs mois à l’avance, on répand
des affiches. Fiametta, Esméralda, Anetta,
sont à l'entraînement; ou prépare le Champ-
de-Mars ; des tentes sont établies ; il y en a
une bien parée, c’est celle qui recevra l’a-
ristocratie du monde hippique.
280
Le jour venu, les élégants se portent sur }
le lieu du rendez-vous Un grand luxe se
déploie, des paris sont ouverts; on pèse
les hommes qui vont conduire les coursiers.
À un signal donné, les chevaux partent,
courent quelques minutes, et celui qui
arrive le premier au but est proclamé le
vainqueur.
Il y a longtemps que cet état de choses
dure; ily a longtemps que la France paie
de ses deniers l’entretien de ce charlata-
nisme , Ou si vous préférez, de cette igno-
rance.
Je reprends l’objection principale, l’arme
favorite des partisans du sang anglais, et
je l'examine sur toutes ses faces. La taille
du cheval ne provient pas de étalon; elle
est le fait d’une nourriture abondante den-
née en temps opportun; elle est le. fait de
la mère et non pas du père. Unissez un
grand cheval à une grande jument, vous
avez up poulain de taille élevée ; mais ne
nourrissez pas suffisamment ce poulain
dans le jeune âge, il reste bien inférieur
en hauteur à ses ascendants mâle ou fe-
melle.
Prenez un petit étalon, donnez-lui une
grande jument ; le produit obtenu est beau-
coup plus grand que le père. Dès que le
nouveau né aura huit jours , donnez-lui du
grain concassé, des farineux ; répétez les
repas; quele poulain trouye constamment
à manger, faites qu’il puisse prendre beau-
coup d'exercice, variez la nourriture, et si
elle est toujours abondante pendant tout
le temps que dure la croissance, vous au-
rezun cheval très grand, un cheval vi-
goureux, peu disposé aux maladies. Ce fait
est incontestable ; il ne s'applique pas seu-
lement aux animaux, il s'applique encore
à l'homme.
Partout où l’homme trouve des aliments
en quantité suffisante, il acquiert de Ja
taille. Dans le cas contraire, il reste ra-
bougri. De même pour les animaux.
Entrez dans un village pauvre, ce village
a des bestiaux très petits, sans énergie,
mais au milieu du troupeau, vous aperce-
vez une ou deux grandes vaches, un ou
deux grands bœufs ; interrogez le pasteur
sur cette différence; il vous répond que
tous ces animaux appartiennent à la même
race, celle du pays, mais que les vaches,
que les bœufs dont vous lui parlez, sont ja
propriété de M. le curé.
M. le curé n’a pas fait saillir ses vaches
par de grands taureaux; il achète des
vaux des paysans, les nourrit bien , et ob-
tient ainsi les plus beaux animaux de la
commune.
Un haras possède de grands étalons et
des jumentstrèshautes; les poulains naissent
élevés en taille.
La coutume du pays est de ne point don-
ner beaucoup d'aliments tant que les aui-
maux n’ont pas atteint l’âge de trois ans.
Qu'arrive-t-1l? Les produits obtenus n’ac-
quièrent jamais la grandeur des parents;
ils sont malingres et aptes à contracter des
‘maladies de misère. Une direction nouvelle
succède à la première; au lieu de grands
chevaux, on se sert de chevaux d’une taille
moyenne, les juments sont les mêmes.
Mais dès que les poulains mangent, on
varie, on augmente la nourriture. À deux
ans, ces poulains sont plus grands que les
premiers âgés de quatre ans. Fous les âges
ne présentent pas également les mêmes
chances de succès. Le poulain croît prin-
cipalement dans la première et dans la
deuxième année, mais pendant la première
281
surtout. C'est donc alors qu'il importe de
favoriser le travail de la nature, ce qui se
fait en donnant aux poulains une alimen-
tation abondante.
Les forces d'un cheval, sa constitution,
si elles dépendent deses parents, dépendent
aussi du genre de nourriture adopté dans
le premier âge.
Nous donnons à l’Angleterre des millions
pour avoir des chevaux de taille, et les
Anglais vous disent que /a taille du cheval
est dans le coffre à avoine. HamoNwrT.
HORTICULTURE,
Moyen de détruire les fourmis.
M. le marquis de Forghet, dont les soins
et les efforts constants tendent toujours à
enrichir la science horticole, vient de nous
communiquer un moyen pour la destruc-
tion des fourmis, que lui-même a essayé
dans son beau domaine de la Ferté-Aleps.
Dans le courant de mai, M. le marquis de
Forghet fut tout à coup assailli par une
grande quantité de fourmis rouges et gros-
ses noires, qui s'étaient introduites dans sa
melonnière, et qui dévoraient tous ses pieds
de melons. Il y avait près de trois semaines
qu’elles y étaient entrées, et rien ne sem-
blait devoir les en éloigner malgré toutes
les précautions que l’on prenait pour y par-
venir, quand M. le marquis de Forghet
résolut (afin de détruire ces insectes, dont
les atteintes sont si défavorables,) de s’en
débarrasser au moyen d’une dissolution
qui lui a trés bien réussi. En voici la com-
position :
Savon noir. . . . . .
Potasse lueur 150 id.
Eau naturelle. . . . 1. litre 1/2.
Il a fait bouillir le tout pendant quelque
temps ; puis, au moyen d'un petit bâton,
ayant fait des trous qui traversaient le ter-
reau jusque sur le fumier, il les a rempli
du liquide qu’il avait composé. IL répéta
cette opération deux fois (la seconde par
précaution). Il est inutile de dire que tous
les soins nécessairesavaient été pris afin que
leliquide ne porta pas préjudice à la végé-
tation des melons, si toutefois préjudice il
pouvait y avoir. Ce procédé a éloigné ou
détruit toutes les fourmis de la melonnièere,
car M. le marquis de Forghet n’en a plus
vu une seule. Tous les melons sont main-
tenant dans l’état de végétation le plus fa-
vorable.
Nous engageons les personnes qui se
trouverait dans le même cas à user du bon
moyen que M. le marquis de Forghet a
bien voulu nous communiquer, en les
priant de nous faire connaitre les résultats
qu'ils en obtiendront.
Paris, ce 9 février 1843. Bossin,
Grainier Pépiaiériste, 5, quai aux Fleurs,
31 grammes.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
Essai sur la croissance des arbres, par M. ie
baron D'Hombres Firmas.
Les naturalistes admettent généralement
que l'accroissement des arbres exogènes se
fait par l'addition d'une nouvelle couche
ligneuse autour des anciennes et sous leur
écorce. Cette règle n’est ecpendant pas sans
exceptions ; la sève du printemps et la sève
d'automne forment quelquefois deux cou-
ches distinctes. Selon M. Leelere-Thoüin,
plusieurs arbres, et le figuier entre autres,
offrent cinq à six couches concentriques
dès les premières années; parfois, au con-
282
traire, les couches de plusieurs années se
confondent ensemble; il devient, du moins,
très difficile de les distinguer. Il convien
drait de rechercher quelles sont les essences
dont la végétation s'éloigne ainsi de la règle
commune ; si {a transplantation, le chan-
gement de climat, de terrain, de culture,
n’y apportent pas de modification ; si cette
règle est plus constante dans les arbres fo-
restiers que dans ceux que nous cultivons..….
Mais je vais montrer que le nombre de
couches ligneuses serait-il toujours égal à
celui des années d'un arbre, ce fait, cu-
rieux sans doute, n’en resterait pas moins
sans application pour la pratique fores-
tière, et ne nous ferait pas connaître l’âge
des arbres vivants.
Tous ceux qui ont examiné les diverses
couches concentriques d'un arbre coupé
en travers doivent avoir remarqué qu'elles
sont inégales ; que leur épaisseur ne suit
aucune progression du centre à la circon-
férence; que, généralement, après quel-
ques années elles s'élargissent, et que, dans
les vieux troncs, les dernières sont très
minces, très resserrées.
Il est probable que les couches étroites
qu’on remarque parfois entre de plus larges
indiquent l’époque de la transplantation
pour certains arbres, ou bien une végéta-
tion contrariée par quelques circonstances.
Quant aux dernières, toujours si minces
dans les très gros arbres, bien loin d’y voir
une diminution de vigueur, je calcule, au
contraire, qu'il y a plus de matière li-
gneuse, dans une enveloppe mince comme
une feuille de papier de 2 mètres de cir-
conférence, que dans une couche cent fois
plus épaisse vers le milieu. d’un arbre de
cette proportion. :
Ces dernières couches sont, il est vrai,
difficiles à compter : je les écarte en cou-
pant le bois obliquement, je les rends plus
sensibles en les colorant, en les polissant, et
je les compte sur plusieurs points, si j'ai
des doutes.
Il y a des arbres dans lesquels, au con-
traire, ce sont les couches intérieures qu’on
ne saurait connaître, parce qu’elles man-
quent. Le centre de nos vieux châtaigniers,
de nos plus vieux müriers est pourri et
creux. J'avais essayé d'y suppléer avec des
tranches de bois sain! On ne doit pas
compter sur ce moyen non plus que sur la
comparaison des arbres vivants ayec la
coupe d’un arbre de la même espèce. Je
m'en suis convaincu: Je dirai plus, nous
ne pouvons pas comparer les arbres que
nous avons plantés, ceux dont nous savons
l'âge par tradition et les vieux arbres qui
existent dans le pays, pour caiculer la du-
rée de ces derniers avec quelque exacti-
tude: Ja nature du sol, son exposition, la
culture, rendent fort difficile la solution
d’un probléme physiologique si simple en
apparence. à
Dans le mème climat, avec des soins
égaux, l'influence da sol est prodigieuse ;
j'en citerai deux exemples : ris
40 J'avais semé, en 1811, des gledisichia
dans mon jardin de Saint-Hippolyte-de-
Caton. Le terrain est argilo-calcaire, sec,
compacte, malgré les amendements. Lors-
qu'ils eurent environ 2 mètres de haut et
4,15 cent. de diamètre, j'en transplantai
quatre dans mon jardin d’Alais, dans un
humus noir, léger et frais. Maintenant un
de ces derniers a 1,03 cent. de tour, et
s'elèva a 14,5 cent. Le plus gros de ceux
restés en place n’a que 39,75 cent., et /
mètres de hauteur: leur diamètre ==
0: 378.Si je recherchais, par leur moyen,
ge du gleditschia du jardin de Montpel-
1r qui m'avait fourni la graine, je trouve-
ïs des nombres très différents en em-
pyant l’uæ ou l’autre de ces types, et
-aisemblablement une sorte de medium
trait tout à fait illusoire.
29 J'avais semé des chênes-liéges à Sau-
:ges, dans un sol primitif de micaschiste ;
:y en a de 12 centimètres de diamètre.
2n semai en même temps à Saint-Hippo-
te, qui -périrent les premières anués; un
ul qui a résisté, a 4,24 cent. de tour. Sa
‘oissance a été neuf fois moindre dans le
‘ême intervalle!
J'en tire cette conséquence qu'il en est
ls terrains pour les végétaux, comme des
ibstances alimentaires diverses qu’on
Dune aux animaux, qui leur conviennent
: les engraissent plus, ou plus vite, sans
ier pour cela que lair contribue puis-
“imment à la nourriture des uns et des
tres. Nous voyons, dans nos jardins, des
Urbres languir, malgré nos soins, quand
autres espèces s’y plaisent, quoique négli-
‘ées. Nous ne saurions l’attribuer qu’à la
jature du terrain, puisque nous ranimons
hs premiers en leur faisant ce qu’on ap-
elle un encaissement d'une quantité de
! ©
[>rre qui leur convient mieux; et l’on re-
lonnaît vite que leurs racines ont épuisé
l'ebte terre transportée, et l’on peut, en la
.enouvelant, prévenir le dépérissement des
€
| rbres précieux, comme en changeant la
Î
|
lerre de ceux qui sont.en pots. Quelquefois
}s s'accoutument au mélange, et finissent
Jar végéter assez bien dans une terre qui
ce leur avait pas été propice d'abord;
Lomme d’autres arbres des pays plus chauds
Lu plus froids s’acclimatent dans le nôtre;
mais les uns ou les autres ne réussissent
jamais comme ils le feraient dans le terrain
‘t le c'imat qui leur sont propres. :
(Annales d'agriculture.)
EG —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
| POLITIQUES.
| Séance du samedi 4 février.
Monsieur Damiron a lu une notice sur la
Wie, et plus particulièrement sur les ou-
:rages de Spinosa. Comme cette biogra-
* phie ne contient rien qui ne soit connu sur
.c philosophe Juif, d'Amsterdam, nousren-
verrons nos lecteurs aux essais, d’Æemster-
“huys, d'Heydenreich, de Paulus, de Lucas,
de Richer, de Sabatier, de Boulainvilliers,
“de Lami, d'Orobio , etc., ou au Diction-
[naire de Bayle, ou à la biographie de
"Michaud, car sur Spinosa il y a des écrits
en bon nombre, pour tout les goûts. La
biographie de M. Damiron vaut, sans con-
tredit, mieux que toutes celles qui l’ont pré-
cédée ; mais elle a un petit défaut , celui
(d'arriver trop tard.
| M. Dubois (d'Amiens), qui à deux repri-
ses différentes avait précédemment entrete-
mu l’Académie de ses opinions sur l’anta-
gonisme qui existe entre les psychologistes
[et les physiologistes, et qui avait essayé de
réfuter Cabanis et Gall, est venu aujour-
d'huilcompléter, par un troisième mémoire,
la tâche qu'’ils’était imposée. C’est de Brous-
Sais qu’il s’est occupé Mettant de côté, et
| les services que lemédecin du Val-de-Grâce
|1a rendu à la science, et les découvertes dont
il Ja enrichie , et les idées neuves qu'il a
lancées le premier dans la circulation, et
284
les titres que durant sa vie il avait acquis
à l'estime de ses collègues, les membres de
l'Académie des sciences morales et politi-
ques. M. Dubois n’a vu dans le professeur
à la Faculté de médecine, autrefois aussi
son collègue et son maître, que le physio-
logiste exagéré dansses déductions, quiavait
cru trouver l’homme moral, tout entier
dans l’encéphale, et qui, semblable à un
de ces querelleurs habitués à compter sur
leur habileté à manier l'épée, croyait, lui
aussi, forcer avec la pointe de son scalpel
tous ses contradicteurs à se taire.
Broussais a avancé une grande erreur,
nous le croyons, lorsqu'il a soutenu que les
psychologistes ne pouvaient pas, avec les
faits de conscience, juger et conuaître
l’homme moral,et que l’anatomie seule
était suffisante pour expliquer cette créa-
tion, la plus parfaite des créations de l’être
infini ; mais en réfutant l'erreur, il ne faut
pas oublier ce que fut Broussais, ce qu’il
est encore par ses ouvrages. Les exagéra-
tions , les haines théologiques ne sont plus
de notre époque. Il y a dans notre société,
telle qu’elle est, place pour toutes les opi-
nions, pour toutes les croyances. Le despo-
tisme en philosophie , comme partout, use
vite la puissance. La doctrine qui serait
celle de tous le monde, serait, par cela seul,
si elle n’était pas vraie, plus durableet plus
dangereuse. Le spiritualisme a repris la
place qui lui appartenait, desirons qu’il la
conserve, et dans son intérêt aussi, laissons
aux seneualistes, aux matérialistesmême, la
faculté de se faire entendre quelque part.
Conseiller au spiritualisme d'étouffer leur
voix, de lancer une sorte d’excommunica-
tion contre leurs écrits, au lieu de les ré-
futer froidement, serait une complaisance
de courtisan, de laquelle les esprits oisifs
ou méchants chercheraient le motif, lors
même qu’il n’en existeraitaucun. C.-B.-F.
ARCHÉOLOGIE.
Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes;
(Cherente-fnf.)
Commune DE GEMOZAC : Gemosacum. En-
tre le bourg de Gémozac et le village de
Tanzac s'élève un terrier appelé par les ha-
bitants le château du Chaillou, monticule
décrivant un cône haut de 18 mètres, par-
faitement arrondi à sa base, et entourée de
fossés profonds. Le sommet de cette émi-
nence faite de pierres et de terre battue, a
une sorte de plate-forme ayant cinq mètres
sur chaque face, et qui supportait sans nul
doute un donjon du huitième siècle.
La statistique du département dit qu’un
monastère du onzième siècle a été rasé vers
1699, et que le castrum de Gémozac, qui
reposait sur de vastes souterrains, a été
complétement déblayé en 1829. En 1612,
on voit ce château être la propriété d’un
seigneur de Gémozac nommé de Candelai.
L'église du bourg qui nous occupe, placée
sous l’invocation de saint Pierre, a, malgré
les mutilations et les restaurations qu’elle
a subies, de l’intérêt pour l’archéologue. I]
n’est rien resté de la facade primitive que
les trois ordres de colonnes groupées en
faisceaux les unes au dessus des autres aux
angles de cette même façade. On retrouve
encore des vestiges des pleins-cintres qui
décrivaient trois arcatures. La façade ac-
tuelle a son portail surmonté d’un œil de
bœuf, et l’un et l’autre du dix-septième sié-
cle. L’abside est remplacée par un chevet
droit ayant trois fenêtres ogivales à lancet-
tes du treizième siècle, mais bouchées.
285
Les côtés de la nef ont subi de nombreu-
ses restaurations, tout en conservant des fe-
nêtres à plein-cintre du onzième siècle sur
le côté du septentrion, et de longues fené-
tres ogivales du treizième siècle sur celui du
midi. Les transepts sont remplacés au midi
par un corps de maçonnerie à demi arrondi,
ayant des fenêtres romanes et des corbeaux
du onzième siècle. Trois portails à plein-
cintre de la même époque formaient une
entrée en arc-de-triomphe. Des murs, per-
cés de baies petites et modernes remplis-
sent ces trois portails à une seule voussure.
Le clocher, lourd et massif, mais peu élevé,
appartient au treizième siècle. Le socle
est carré, à contreforts peu épais, ayant
une galerie de fenêtres ogivales bouchées, et
à la deuxième assise, quatre baies romanes
avec quatre baies ogivales. Le toit est pyra-
midal, octogone.
COMMUNE DE SANT -ANDRE- pu - LiDon
L'église du hameau, chef-lieu de Ja com-
mune est dédiée à Saint-André. et le sur-
nom de Lidon annonce une origine francke.
Ce mot vient de Lidi, ayant pour synoni-
mes ladi où fiscalini, les attachés au fisc, les
lites, chez les peuples d’origine germanique.
Saint-André-du-Lidon a été occupé, et
peut-être bâti par des hommes de race tu-
desque, sous les premiers Carlovingiens.
C’est à eux quon doit attribuer la construc-
tion du château féodal de La Motte, vieux
donjon entouré de profondes douves de
l'époque carlovingienne, aujourd’hui dé-
truit. Saint André, Andreas, dont le nora
en grec signifie courageux, est le disciple de
saint Jean-Baptiste. Il fat crucifié par or-
dre du proconsul Egée. Les Ecossais l'ont
pris pour patron.
CoMMuxE DE BERNEUIL : La désinence æi/
signifie splendeur, et les Grecs l'avaient
transformée en Ælé ou Æl/é. Ce village, an-
cienne dépendance de la principauté de
Pons, avait un vieux château dont il ne
reste plus que des vestiges.
Son église sous le vocable de Notre-
Dame passe pour avoir appartenu aux Tem-
pliers ; cette église a des proportions assez
vastes qui témoignent de son ancienne im-
portance, mais elle a subi des restaurations
barbares et sans nom. Son porche et sa fa-
çade actuelle sont des plus rustiques. Son
abside semi-arrondi, n’a conservé d’antique
que sa forme. Les bas côtés, le chœur, les
bras, ont été rebâtis par des mâcons limou-
sins.
Le clocher seul de cette église est remar-
quable par sa belle conservation et par sa
masse imposante. Les deux assises au des-
sus du chœur sont à plein-cintre roman, et
les quatre arcs du bas forment arcature
bouchée. Les deux fenêtres d’en haut ont
été ouvertes et sont à plein-cintre égale-
ment. Une tourelle, coiflée d’un cône
écaillé s'élève avec un escalier à vis à un
des angles du clocher, dont le faire accuse
la fin du onzième siécle ou le commence-
ment du douzième. Le sommet de ce clo-
cher a reçu un faîtage à pans tronqués dans
le treizième siècle et un toit conique à six
pans.
Commune De frRavans. De crava, campus
lapideus, d’où on a fait crau, du grec cruzo,
qui crie. Cravan est aussi le nom d’une oie
ou d’un coquillage adhérant par un pédon-
cule et nommé anatif. |
Son église est dédiée à Saint-Pierre. Elle
est mutilée, et n’a conservé du treizième
siècle que son clocher et son chevet. Le
clocher est bas et carré, ayant une toiture
plate à quatre pans, et deux fenêtres ogiva-
286 |
les étroites. Le chevet est droit, ayant'une
grande baie ogivale bonchée, renfermant
elle-même les ressauts de trois ogives tref-
flées à leur sommet. Les contreforts sont
épais et massifs et datent du seizième siècle
au plus.
Commune DE JAZzENNEs : Le nom du ha-
meau chef-lieu de la commune est peut-
être corrompu de Jarrigia pour Garrigia,
terre inculte. Jazeran, au moyen-âge, se
disait d’une sorte de cotte de mailles.
Son église est dédiée à Notre-Dame. C'est
un édifice roman admirablement bien con:-
servé et d’une architecture gracieuse, qui
date de la fin du onzième siècle, et qui sert
à prouver les efforts que faisaient les archi-
tectes du temps pour se rapprocher de l’art
romain.
La facade est divisée en trois ordres, que
des colonnes groupées trois de face mar-
quent en formant trois groupes sur ses CÔ-
tés. Le premier étage est en arc de triom-
phe, à trois portails romans inégaux, c’est-
à-dire un grand et deux plus petits bou-
chés. Les chapitaux des colonnes qui sou-
tiennent les arcs plein-cintresout au niveau
des colonnes du premier ordre, et les cin-
tres forment le second. Le troisième ordre
présente uue fenêtre romane centrale ayant
de chaque cô'é deux pleins-cintres en re-
lief, imais sans colonnettes pour support.
Un tailloir à modillons forme la circon-
scription de cet ordre que surmonte un
fronton triangulaire, portant une croix au
pignon. Les voussures du grand portail sont
couvertes de rinceaux, d’oves, de violettes,
de tribules et de lozanges de l’époque by-
zantine.
L’apside est semi-arrondie, à colonnettes
longues et grêles pour contreforts, à mo-
dillons sur le pourtour de l’entablement,
et coupé dans le bas, par un tailloir circu-
laire couvert de sculptures. Les fenêtres
sont à plein-cintresansjambages. Elles sont
bouchées.
Le clocher, placé sur le chœur, est carré.
à fenêtres romanes bouchées à la première
assise, et à deux fenêtres à plein-cintre ou-
vertes à la deuxième, Une toiture à quatre
pans coiffe le tout. Des colonnes fluettes oc-
cupentles angles.Dans le treizième siècle, on
a ajouté un escalier à visà droite du clocher.
Il est carré, coiffé d’un pyramidion à six
»ans en pierre de taille.
Notre-Dame de Jazennes date donc du
——
DST a
onzième siècle dont elle est un des monu-
ments les mieux conservés.
R. P. LeEsson.
EE
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTE.
BIBLIOGRAPHIE.
Au milieu des nombreux défauts qui fourmillen!
dans l’enseignement universitaire, il en est‘ deux que
nous ne craindrons pas de signaler aujourd’hui, en
indiquant ie moyen de les corriger et en plaçant
ainsi à cô!é du mal un remède assuré. — Ces deux
défauts cousistent dans la double ignorance où sont
les élèves de ns colléges à l'égard du système mé-
trique et des simples éléments de la physique du
globe. Besoin est cependant de populariser chez la
génération qui s'élève la connaissance si belle et si
utile du systeme métrique ; d’une autre part, n’est il
pas honteux que des jeunes gens destinés peut-être
à occuper un jour les premières places de l'Etat,
ignorent complétement la cause des phénomènes qui
à chaque instant se présentent sous leurs yeux.
Trouver la raison de ces deux défauts de l’enseigne-
meul-ne serait pent-être pas chose difhcile, si l'on
voulait examiner certains réglements universilaires
destinés à l'étude des sciences dans les écoles de
PEtat. Chacun sait que les élèves de nos colléges
passent les dix plus belles années de leur vie sur des
livres grecs qu'ils ne somprennent pas et qu’on ne
cherche pas à leur faire comprendre. Sous prétexte
de leur enseigner la littérature grecque ou latine, on
les prive des plus simples éléments des sciences que
chaque jour ils sont destinés à meltre en pratique.
Siau lieu de reléguer l'étude des sciences dans la
classe de philosophie, on les avait dès le jeune âge
initiés aux belles lois qui régissent le monde, ils ne
seraient pas destinés à ignorer jusqu’à vingt ans les
plus simples notions des sciences naturelles.—C'est
pour obvier à ces inconvénients graves, c’est pour
remplir ces deux lacunes de l’enseignement que
M. Demoyencourt vient de publier deux excellents
petits livres, l’un sur le système métrique, l’autre
sur la météorologie.
Toute prétention defaire de la science a été bannie
de ces ouvrages qui doivent ètre mis dains les mains
de l'enfance. Mais quand nous disons que ces ouvrages
sont destinés spécialement à l’enfance, nous n’énon-
çons pas là une proposition générale, et nous
croyons que certains hommes feraient bien d’y venr
puiser, soit les premiers éléments de la science, soit
de ces petits faits curieux que M. Demoÿencourt a
su grouper avec habileté autour le chaque ordre de
phénomènes, Si nous n'avions vu dans cés livres que
des idées communes, des réflexions peu neuves, nous
nous serions dispensés d’en parler, mais tel n’est pas
le caractère de ces ouvrages, et l'originalité de la
forme se joint aux heureuses peusées qui en consti-
tuent le fonds. Mais en produisant cet ouvrage, il
REVUE
NCIENTIFIQUE ET INDUNTRIELLE
OÙ TRAVAUX DES
28
fallait rendre agréables des choses souvent arides et
ennuyeuses. M. Demoyencourt a pensé avec juste
raison que la forme de dialogues serait la plus con-
venable pour faire goûter sans peine toute Ja séche
resse de ces premiers faite, Il a donc adopté la forme
de dialogue, et là, comme partout ailleurs, son idée
Jui a réussi. La forme de dialogues permet de mêler
à des faits arides des faits curieux mais vrais qui in
téressent et éveillent l'attention. Nous avons lu avec
un véritable plaisir le passage du livre sur la météo-
rologie, où M. Demojencourt a traité la question
des trombes:; mais s’il fallait citer tous les autres
passages curieux; il faudrait citer ‘out l’ouvrage; nous
aimons mieux y renvoyer nos lecteurs.
Quant au petit livre qui traite du système métri-m
que, la même clarté, la même précision s’y ren
contrent. Toute l'histoire du système métrique se
trouve tracée avec cette simplicité qui caractérise les
ouvrages de Pabbé Gaultier dont M. Demoyencourt
a été un des élèves les plus distingués. L'œuvre en-
treprise par cet habile maître de pension mérite donc
de nombreuses félicitations, puisqu'elle est destinée M
à populariser avec la connaissance si nécessaire du
système métrique les preniers éléments de la physi-
que du globe, Les instituteurs, les pères de famille
liront avec intérêt un livre qui leur prouvera qu'on
peut initier les enfants aux loix de la physiquerét
leur aplauir ainsi des difficultés que plus tardpéut-
être ils trouveraient insurmontables. Les enfants
eux-mêmes prendront plaisir à la lecture de ces li-
vres qui laisseront dans leur esprit des germes fé-
conds et d'heureux souvenirs qu’ils ne rencontrent
Jamais dans ces pelils romans avec lesquels on les
amuse, el qui les accoutument à sacrifier plus tard
les choses positives aux idées syéculatives de l’ima-
gination.
ALMANACH-BOTTIN du commerce de Paris,
des départements de la France et des principales
villes du monde ; 600,000 indications ou renseigne-
meuts; un fort volume grand in-8. de 1,800 pages.
( Quarantc-s‘x'ème année). Prix à Paris: broché,
12 fr.; relié, 14 fr, Le bureau de l'Æmanach-Bottin
est à Paris, rue J.-}. Rousseau. 20.
L'Almunach publié -par M. Bottin, est un in-
dicateur commercial et statistique toujours bien
complet. ILest, chaque année, recomposé en entier,
au moyen d’éiéments recueillis à Paris par des em-
ployés surs et honnêtes, el au dehors de Paris, au
moyen de voyageurs dirigés sur tous les points de la
France et d’une correspondance immense.
Aux notices s{atistiques placées en tête de chaque
département, ou qui sont répandues dans tout le
Livre, on reconnaît le faire de celui qui a introduit
en France les Annuaires slaustiques de départe-
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irième arrondissement de Paris ; recherches bisto-
riques et statistiques sur les conditions hygiéniques
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Par HARDOUIN MICHELIN,
memb'e de la Société géologique de France,
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
DU ID' QUESNEVY MERS.
Fabricant de produits chimiques et réactifs, Successeur de N.-L.Vauquelin,de l'Institut, ete.
Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuilles (192 pages).
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Ænnales de chimie
et de physique, dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers,
le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à là Aevxe
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la <himie de F. Hoëfer, for-
mant deux volumes in-8° de 17 francs.
Le prix de l'abonnement à la Æevue scientifique est de 20 fr. par année
Jour Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s’abonne au
ureau de la Revue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans
doivent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils wulent recevoir l’Æistoire de la
chimie par la poste.
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de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage (feuille 10,
planches 16, 17 et 18 vient de paraître.
« Déjà duns l'Æcho nous avons parlé plusieurs fois des travaux de M. Miche-
» lin. Lorsque l'ouvrage sera terminé nous en donnerons à nos lecteurs une
Paris. — Inp. de LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
___ 10e année.
4
‘|
OMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
|| CES. Séance du lundi 15 février. — SCIENCES
! PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur le courant élec-
| irique des muscles des animaux vivants ou récem-
: ment tués; Matteucci. — MÉTÉOROLOGIE.
| Dépression extraordinaire des baromètres obser-
vée à Parme, les 12, 13 et 16 janvier; Colla. —
CHIAIE INGRGANIQUE. Sur un nouvel oxide
| de soufre; Fundas et Gelis. — SCIENCES NA-
: TURELLES. BOTANIQUE. PHYSIOLOGIE
VEGETALY#. Sur le mode et les circonstances
de développement d’un végétal mycroscopique
| dans les liquides albumineux, normaux et patho—
1} logiques (troisième article); Andral et Gavarret,
— SCIENCES APPLIQUÉES. ARTS HÉCA-
|! NIQUES. Machines à vapeur; Calla. — AGRI-
| CULTURE. ECONOMIE AGRICOLE. Sur la erois-
| sance des arbres. — HORTICULTURE. Notice
| sur les dahlias; Bossin. — SCIENCES HISTO-
| RIQUES. ARCHÉOLOGIE. Canton de Gémo-
sac; Lesson. — FAITS DIVERS. — BIBLIO-
| GRAPHIE,
| = Passer
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 13 février.
\ L'Académie depuis que:que temps ne
rit que de présentations et d'éleclions.Dans
‘a dernière séance c’était la section de mé-
ecine qui appelait dans ses rangs M. Au-
“Aral; aujourd'hui, c’est la section d’agri-
culture qui réclame un agronome con-
somme pour remplacer M. Morel-Vindé.
Du dernier comité secret est sortie une
&
liste de candidats, tous éyalement capables
d'entrer à l’Académie, mais non pas tous
|
|
| dans la section d'agriculture. Cette liste est
|
|
|ainsi formée : en première ligne, M.Rayer.
len seconde M. Decaisne, en troisième ex-
æquo M. Leclerc-Thouin et Vilmonin,
| Sur 56 votants,
M. Rayer a obtenu 4 voix.
M. Decaisne, 414.
M. Leclerc-Thouin, 1.
M. Bayer a donc été nommé membre de
PAcademie. Nous ne prétendons pas con-
tester ici le mérite médical de M. Raÿer ;
nous savous qu’il est bien connu du public
savant et que sa renommée est justement
acquise, mais nous avons droit de deman-
|
|
|
der quels sont les travaux d’agriculture du
médecin de la Charité. M: Rayer, dans sou
hôpital, a constaté des cas de morve, trans-
mise du cheval à l'homme; sur ces obser-
vations, il à fait un fort beau mémoire,
selon nous, tout médical, et ce mémoire
lui onvre aujourd’hui les portes de l'Aca-
démie dans la section d'agriculture. On
s'étonne de cette transposition de choses
et l'on se démande maintenant si le monde
savant est tellement dépourvu d’agro-
nomes qu’on me puisse en trouver un ct
qu'on soit forcé d’y substituer un médrein.
Non, le monde savant n’en est pas réduit
la, et M. Leclerc: Thouin, quoiqu'il n'ait
Paris. — Jeudi, 16 Lévrier 18413.
Gbtenu qu’une seule voix, peut prouver par
ses écrits et ses leçons que l’Académie a
bien voulu se tromperen faisant deM.Ravyer
un agriculteur. Quant à MM. Decaisne et
Vilmorin, leurs droits n'étaient pas à mé-
connaître. Maintenant ce sont les chuur-
giensquiaccablent lPAcadémiede leurstitres
et de lears mémoires. Espérons qu'on choi.
sra parmi eux un bomme digne de rempla-
cer l’illustre Larrey, et qu'on ne prendra
pas alors un agriculteur pour un chirur-
ien.
M. Lassaigne a envoyé à l’Académie un
Mémoire sur un jrocédé simple pour cons-
tater la présence de l'azote dans des quantités
minimes de matière organique. Après avoir
rappelé en quelques niots la manière ordi-
aire de doser l'azote quand on agit sur des
quantités assez fortes de matière, le savant
professeur Je l’école d’Alfort passe à la de:--
cription de son procédé. Ce procédé repose
sur la facilité avec laquelle se forme le cya-
nure-de potassium Îorsqu’on calcine au
rouge obscur et à l'abri de l'air du potas-
sium en excès avec une malière organique,
même très peu azotée, Le produit de cette
calcination étant délayé dans quelques
gouttes d’eau distillée froide donne uxe
liqueur alcaline qui, mêlée à un sel ferroso-
ferrique soluble, occasionne un précipité
bleu verdâtre ou jaunâtre que le contact
de quelques gouttes d’acide chlorhydrique
pur rend d’un beau bleu, des quantités
inappréciables à une bala-ce de Fortin d'U-
sée, d'acide urique, d’allentoïne, d’albu-
mine, de fibrine, de gluten desséché, de
morphine, de narcotine et de cinchonine
calcinées dans uu petit tube de verre,
après les avoir posées sur un petit mor-
ceau de potassinm, ont donné des réactions
toujours nettes et bien tranchées, quiontété
en rapport avec les proportions d'azote que
contenaient naturellement ces substances
organiques. Les expériences comparatives,
faites sur des principes dépourvus d’azote,
tels que le sucre pur, l’amidon, la gomme,
etc., n’ont fourni aucune réaction ana-
logue. Enfin, en opérant avec des matières
présentant dans leur composition com-
plexe la réunion de principes azotés et non
azotés, il a été possible, même sur des quan-
tités minimes s’élevant tont au plus aun
demi milligranime, d'établir d’une ma-
uière non équivoque l'existence de l'azote
dans ces produits. C’est ainsi qu'on a décelé
en moins de quelques minutes de l’azote
dans une légère parcelle de froment, d’orge,
de mie de pain desséché. Mais pour arriver
à ces résultats il faut certaines précautions
sur lesquelles M Lassaigne s’est beaucoup
appuyé, et qu'il serait trop long de rappe-
ler ici.
M. Lassaigne a voulu voir si l’on obtien-
drait du cyanure potassique en calciuant
les matières organiques avec de l'hydrate
No 15,
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péuvent recevoir pour GERQ fr. par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
40 fr. pris séparément }) et qui forment avec l'Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète &es Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte 4 DE LAVALETZÆE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant.
de potasse ou du carbonate de potasse; mais
l'expérience lui a prouvé que cela n'avait
pas lieu. Il est vrai que, si une matière or-
ganique non azotée est accidentellement
mélangée à une petite quantité d’un nitrate
ou d’un sel ammoniacal, le résultat peutêtre
douteux, car il peut se produire un peu de
cyanure potassique ; mais l’on doit agir
alors sur une matière organique purifiée
et dépourvue de nitrates et de sels ammo-
niacaux dont la présence est d’ailleurs fa-
cile à constater par les moyens connus.
Appliquant ensuite son procédé aussi
simple qu'ingénieux, M. Lassaigne a cons-
taté la présence d’une matière azotée dans
les excréments d’un mulot qui avait été ce-
pendant nourri avec de l'arridon pur et du
sucre pur. Cette observation, qui, au pre
mier aperçu, paraît être en désaccord avec
les phénomènes physiologiques et chimi-
ques qui ont été admis dans ces derniers
temps, confirmerait ce que MM, Lassaione
et Leuret ont connu en 1825. Ces savants
ont vu que la matière alimentaire en pas-
sant dans le eanal intestinal se mélangeai
à des principes qui lui sont étrangers, ef£}
2 Cap ?
que la matiére excrémentitielle renduë
après l’acte de la digestion ne devait pas
être formée exclusivement par le résidu de:
cette fonction, mais était plus ou moins
mélangée à des principes fournis par les di-
verses sécrétions du canal digestif.
Le même moyen d'investigation, appli-
qué à l'étude de divers produits résultant
de l'action prolongée de l’ammoniaque li-
quide sur l'huile d’olives, a permis à M. Las-
saigne de reconnaître la formation d’une
matière azotée neutre ct cristallisable dési-
gnée provisoirement en raison de son mode
de productiou sous le nom d’é/armmine.
Le procédé de M. Lassaigne ne peut pas
manquer de fixer l'attention des chimistes
par la simplicité du principe sur lequel il
repose et par la facilité de son exécution.
Du reste, M. Lassaigne nous a depuis long-
temps habitués à d’aussi bons, d’aussi con-
sciencieux travaux, et tout ce qu'il produit
est imbu de cet esprit d'observation qui
laisse de côté les vaines hypothèses pour ne
s'attacher qu'aux faits incontestables , et
pour assurer à la chimie une part chaque
jour plus large dans le domaine des sciences
positives.
MM. Danger et Flandin ont envoyé à V’A-
cadémie un long mémoire sur cette éter-
nelle question de l'arsenic. Le mémoire de
MM. Danger et Flaudin est intitulé : d>
lact'on d: l'arienic sur les moutons et de
l'intervalle de tenps nécessaire pour que ces
animaux se débarrassent complétement de
ce poison, alors qu’il leur a êté administré
à haute dose. De nombreases expériences
ont été faites par ces chimistes et de ces ex-
périences il résuite que l’arsenic est un
poison pour les herbivores comme pour les
292
chiens et pour l’homme. Quant à la seconde
question qui se trouve renfermée daus la
fin du mémoire de MM. Danger et Flandin,
ils l’ont traitée avec tout le soin et tous Îles
détails qu'elle comporte, et ils sont con-
duits à dire que dans les cas d'empoisonne-
ment aigu la nature ne se débarrasse qu’a-
vec difficulté et lenteur de l’arsenic ab-
sor bé.
Pour les moutons traités par les prépa-
rations arsénicales à haute dose, il ne fau-
drait pas en livrer la chair à la consomma-
tion avant six semaines, à partir de l’admi-
nistration du poison, ou, en d’autrestermes,
six à huit joursaprès la complète disparition
de l’arsenic dans les urines. Il est d'autant
plus important de s'imposer ce délai que
sur les moutons les signes extérieurs de ma-
ladie sont très obscurs, et que, sous l’in-
fluence de l’intoxication arsénicale, ils pa-
raissent dans leur état normal, alors qu’ils
rendent encore le poison par les urines et
même par les selles.
Terminant leur mémoire par quelques
réflexions sur la vente si dangereuse de
Vacide arsénieux , MM. Danger et Flandiu
annoncent que très prochainement ils se-
ront en mesure de pouvoir indiquer une
préparation d’arsenic qui, propre à tous les
usages domestiques, ne pourrait cependant
jamais être employée dans des vues crimi-
nelles.
M. Rognetta a lu à l’Académie l’extrait
d’un long Mémoire sur l'extraction de l’as-
tragale dans certaines lésions du pied.
Après avoir tracé le tableau historique de
cette question, M. Rognetta se déclare
partisan zélé de l'extraction de l'astragale et
ennemi acharné de ceux qui penchent pour
l’amputation. Nous admirons les vues d’hu-
manité que contient le Mémoire de M. Ro-
gnetta, mais nous aurions bien voulu ne pas
y voir ces paroles dédaigneuses et même
quelquefois un peu grossières qu’il jete sur
des confrères respectables et dont le talent
est incontesté. M. Bégin peut bien ne pas
penser comme M. Rognetta, mais cela n’ac-
quiert pas à M. Rognetta le droit d'insulter
M. Bégin. Cependant le Mémoire dont nous
parlons est rempli de faits curieux, de
chiffres que nous croyons vrais, et il aurait
pu intéresser sans doute les immortels de
la rue de Poitiers.
Un savant ingénieur du chemin de fer
de Saint-Étienne à Lyon, M. E. Locart, a
adressé à l’Académie un long travail inti-
tulé : des accidents sur Les chemins de fer,
de leurs causes et des moyens de les prévenir.
Ce mémoire, sur lequel nous nous proposons
de revenir, est d’un haut intérêt. Fait par
un homme aussi intelligent dans la pratique
que dans la théorie, ce travail résoudra
saus doute quelques unes des grande: ques-
tions qui s’agitent encore à l’égard des uc-
cidents sur les chemins de fer.
—— De ——
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur le courant électrique des muscles des
animaux vivauts ou récemment tués.
M. Ch. Matteucci.
« 1° Les signes du courant propre de la
« grenouille , démontrés par le galvano-
« mètre, augmentent au même instrument
« dans Pacte de la contraction. »
« J'ai tenté inutilement de faire contrac-
ter ma pile de grenouilles avec un courant
électrique; une difficulté, que je n'avais pas
293
prévue d’abord, se présente : ily a toujours
une portion du courant électrique qui
prend la route du fil du galvanomètre, à
cause de la mauvaise conductibilité de l’arc
et de sa longueur. Un fait physiologique,
découvert autrefois par M. de Humboldt,
m'a servi dans cette expérience. Je prépare
une pile de grenouilles en posant, comme
à l'ordinaire, les jambes d’une des gre-
nouilles sur les nerfs de l’autre. Je touche
les extrémités de cette pile avec les deux
lames de platine du galvanomètre. J’ob-
tiens d’abord une certaine déviation ; Vai-
guille revient ensuite, et, aprés avoir os-
cillé, se maintient à une déviation toujours
inférieure à la première. Quand cela est
arrivé, je touche, avec un pinceau imbibé
de solution de potasse, les points de ma
pile où les nerfs et les museles se touchent.
Il suffit de toucher légèrement pour voir
les grenouilles se contracter. Si l’expérience
est bien faite, et si l’on a eu soin de tou-
cher légèrementet à peu près dans le même
temps , on voit les contractions assez mo-
dérées dans les grenouilles et continues
pendant quelques secondes. 11 ne faut ja-
mais toucher avec l’alcali aucun point ex-
trême des grenouilles, afin que l'alcali ne
vienne pas en contact des lames de platine.
En même temps que les grenouilles se con
tractent. on voit l'aiguille du galvanomètre
dévier davantage , arriver jusqu’à un cer-
tain degré, puis redescendre de nouveau
jusqu’à 0°, ce qui arrive quand même on
a touché les grenouilles avec l'alcali, après
un certain temps.
» Voici les nombres d’une expérience :
Pile de cinq grenouiiles; la première dé-
viation est de 28”, l'aiguille s'arrête à 5°. Au
coa!act de lalcali, quand les grenouilles se
contraclent, l'aiguille monte à 20, où elle
s'arrête pour quelques secondes, et elle re-
descend de nouveau à 59, à 40, etc.
» J'attends que l'aiguille soit de nouveau
assez fixe et je touche de nouveau avec l'al-
cali : les conctractions manquent et lai-
guille ne souffre pas la moindre angmen-
tation de déviation; au contraire, elle con-
tinue vers le 00,
» J'ai pris des grenouilles qui avaient été
préparées depuis trente heures; j'ai com-
posé une pile, et j'ai touché avec l’alcali :
l'aiguille n’a pas bougé. Il faut bien s assu-
rer que l’alcaii ne produit plus de contrac-
tions, car j'ai vu des cuisses de grenouilles
se contracter avec l’alcali, quarante heures
après leur préparation.
» J'aurai soin de continuer ces recher-
ches; mais il me semble qu’il est permis
d’entirer la conciusion que j'ai déjà don-
nce.
» D'autres expériences dont je vais main-
tenant parler conduisent aux conclasions
suivantes :
» Le courant électrique musculaire, que
« désormais j’appellerai courant muscu-
« laire , se trouve dans toutes les masses
«a musculaires, quel que soit l’animal. »
» J'ai pris des muscles pectoraux de pi-
geon, des muscles du dos d'un lapin, des
cœurs de pigeon , des muscles de tanche,
des morceaux d’une anguille à laquelle
J'avais enlevé Ja peau. J'ai composé des pi-
les avec ces différents muscles de manière
à faire toucher l'intérieur du musele avec
la surface tendineuse de l'élément muscu-
laire voisin. Dans tous les cas, j'ai obtenu
un courant qui va de l’intérieur du muscle
à la surface : les signes de ce courant, qui
augmentent avec le nombre des éléments,
cessent après un certain temps d'autant
29
plus court, que l’animalest plus élevé dans
l'échelle. Voici quelques nombres :
7 _élém, où demi-cuisses de grenouilles donnent 570,
1. 24 id'anguille. WF TM SUR
Quinze minutes après, j'ai obtenu
7 éléments degrenouille, 48°,
Ti Ne d'ansuilleeenon
CE . .
La première pile, comme on le voit, a un
peu plus diminué proportionnellement que
la seconde.
« Quand on étudie le courant musculaire
a sur des: animaux qui ont été tués par
« l'hydrogène sulfuré, on trouve que ce
«courant est considérablement affaibli ; il
«en est de même pour le courant propre
« de Ja grenouilles»
x Comme la mort opérée par ce gaz est
presque instantanée, j'introduisles animaux
dans ce gaz, ct en même temps Je fais pré
parer des animaux semblables qui ne sont
pas soumis à l’action du gaz.
12 jambes de grenouilles saines donnent ‘48°,
12 id. de grenouilles empoisonnées. 357.
» J’oppose les deux piles l’une à l'autre
AE ren =
et j'obtiens un courant différentiel de 250.
» Avec les cuisses. de ces mêmes gre-
nouilles, je coupe à moitié, je prépare deux
piles pour étudier le courant musculaire.
12 demi-cuisses de grenouilles saines donnent 300,
12 id. de grenouilles empoisonnées Bo.
» J'ai, en les opposant, un courant diffé-
rentiel de 259 à 260,
« 40 J'ai trouvé, pour tous les animaux
à sang chaud comme pour ceux à sang
froid, que le refroidissement affaiblit
considérablement, et quelquefois fait dis-
paraître, les signes du courant muscu-
laire, et principalement pour les pre-
miers, »
«99 J'ai introduit dans l'estomac des
« grenouilles de'l'extrait d'opium en solu-
« tion, et j'ai trouvé que le courant mus-
culaire, en général, s’affaiblit. J'ai vu sur
« trois individus, pris dans un tel état de
a surexcitation,qu'ilsuffisait de toucher à la
« table sur laquelle ils étaient pour les voir:
« sauter, que les signes de leur courant
a musculaire n'étaient pas affaiblis. » ñ
« 60 J'ai déterminé, avec toute l’exacti-
« tude qu’il est possible dans cette sorte
« d'expérience , la conductibilité poar le
« courant électrique de la substance des
« nerfs, du cerveau, de la moelle épinière
«et du muscle. J'ai employé, pour cela,
« le principe des courants dérivés. Je mets «
« en série contiguë des morceaux de mus-
« cle, de nerf, de cerveau et de moelle épi-
a nière; à peu près de mêmes dimensions.
Le
a
A 2 rer A
Z
Je fais passer un courant électrique par M
cet arc, et j'attends que la déviation soit M
« constante. Alors je touche, avec deux
« pointes en platine, réunies aux extrémités
« d’un bon galvanomètre , deux points de
« cet arc; je touche tantôt le muscle et
« tantôt les autres parties de l’arc. Les deux M
« pointes sont mobileset je m'arrête quand
«a je trouve le mème courant dérivé. On
« sait que, suivant la conductibilité de l’arc,
« il faut tenir les deux pointes plus ou m
« moins éloignées. La conductibilité du M
« muscle est très supérieure à celles des M
« nerfs, de la moelle et du cerveau, qui ne
« différent pas beaucoup entre elles. La
« difiérence de conductibilité entre la sub-
ustance musculaire et les autres est de
«
4h14.
15
MÉTÉOROLOGIÉ.
pressions cætraordinaires du baromètre
observées à Parme le 12, 15 et 16 jan-
ivrer.
iLes journées du 11 au 16 de janvier qui
nt de s’écouler, ont élé signalées dans
“esque toute l'Europe et dans les côtes
totentrionalés de l’Afrique par des tem-
tes et des ouragants épouvantables et par
dépressions barométriques extraordi-
hires. Tous les journaux politiques et
»mmerciau* ont déjà rapporté de longs
itails des désastres occasionnés par la vio-
}nce de la perturbation atmosphérique,
hais rien ou presque rien ont parlé des
baissements barométriques constatés si-
'ultanément, comme un sujet réservé plus
n firticulièrement aux recueils scientifi-
”» daes. Mon intention est de donner une
Btite notice sur ces abaissements baromé-
liques , aussitôt que j'aurai reçu les ren-
ignements que j'ai demandés à mes cor-
spondants ; pour le moment je me borne
| publier les observations que moi-même
faites à l'Observatoire météorologique
2e Parme (Italie), pendant les trois jour-
ées plus remarquables du 12, 15 et 16 (1).
! Le baromètre que j’ai employé est, selon
L'ortin, dont les valeurs sont exprimées en
louces, lignes et dixièmes de ligne du pied
1e Paris. La hauteur moyenne générale
léduite de quelques années d'observation,
I5t d'environ pouces 27 11,0. Les dates
ont en temps vrai civil.
|
| +
|| BAROM,
| 1843. réduit à
[: Janvier. 12. 8 h. M 27
| 9 27
10 27
41 97
12 27
S, 27
172 27
27
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»
|
| 4)Le n° 7 de l'Echo renferme les observations
| faites à l'Observatoire de Paris, pendant le 42 et
le 14.
(2) Les minima barométriques plus exlraordi-
maires, registrés à Parme, de 4825 à 1842, ont eu
lieu le 20 octobre 1893, lc 26 février 1838 ct le
6 octobre 1841. Les valeurs respectives furent
27010, 260401,4 et 26p1418 ( V. l'Institut 434 ):
Pendant Ja nuit du 25 décembre 4821 le baromètre
descendit à 26P111,8.
296
BAROM.
1845. réduit.
Jauvier 16, 12 271:0:3
145$. 2034:0
2 27 12
3 97 19
4 DL SEE)
71492 0 © 971 5,9
9 27 410
10 27 45
Se
Pendant la journée du 12 soufflèrent des
vents très variables accompagnés de
pluie. La nuit du 14 au 15 les vents re-
doublèrent de violence et particulière-
ment le sud-ouest, dont le souffle était si
chaud que des thermomètres exposés au
nord s’élevèrent jusqu’à + 8, S. R. La
commotion atmosphérique continua avec
plus où moins de violence jusqu’au 19.
Parme, 1% février 1843.
A. COLLA.
Directeur de l'Observatoire.
CHIMIE INORGANIQUE.
Mémoire sur un nousel oxacide de soufre,
par MM. J. Fordos et A. Gélis.
Les hyposulfites étaient en quelque sorte
oubliés des chimistes, lorsque M. Daguerre,
en employant l'hyposulfite de soude dans
ses curieuses recherches, vint leur donner
un nouveau degré d'intérêt. De toutes
parts on s’occupa alors de leur préparation,
et on y trouva des difficultés inattendues.
La découverte de l’acide sulfhyposulfuri-
que, qui prend naissance presque dans les
mêmes conditions que l’acide hyposulfu-
reux, augmenta l’incertitudedes fabricants,
et les consommateurs parurent craindre
qu'on ne vendit sous le même nom tantôt
de l’hyposulfite , tantôt du sulfhyposulfate
de soude; ce qui pouvait avoir de l’impor-
tance, si les deux sels n'avaient pas les
mêmes propriétés au point de vue de leur
application.
Désirant dissiper tous les doutes à cet
égard, nous réunimes un grand nombre
d'échantillons du sel du commerce afin de
les comparer, et nous ne tardâmes pas à
reconnaître leur identité.
Tous les échantillons examinés avaient
la même forme cristalline; tous précipi-
taient en blanc les sels de plomb et de ba-
ryte, et,soumis à l’analyse, ils fournissaient
des résultats semblables.
Nous avions eu d’abord l’idée de les ana-
lyser en transformant tout leur soufre en
acide sulfurique au moyen du chlore, mais
nous fûmes obligés de renoncer à cet espoir;
car lorsqu'on fait réagir le chlore sur un
hyposulfite, même étendu de cent fois son
poids d’eau, il y a aussitôt un dépôt de sou-
fre que le chlore en excès ne peut dissou-
dre, et dont l’état de division est tellement
grand qu’on ne peut le réunir sur les
filtres.
Nous voulûmes alors employer l'iode,
mais nous fûmesarrêtésuneseconde fois. On
sait que, lorsqu'on fait réagir ce corpssur un
sulfite dissous dans l’eau, il y a décompo-
sition de ce liquide, l’oxigène se porte sur
l'acide du soufre qu’il transforme en acide
sulfurique, et l'hydrogène se combine avec
l’iode et fournit de l'acide iodhydrique.
Nous espérions obtenir des résultats sembla-
bles en opérant sur les hyposulfites : l’expé-
rience n’avait pas été faite, mais l’analogie
rendait cela probable; nous reconnûmes
bientôt notre erreur.
Lorsqu'on ajoute de l’iode à de l’hypo-
sulfite de baryte délayé dans l'eau, une
207
grande quantité de ce réactif est absorbé ;
mais , au lieu d’un dépôt de sulfate de
baryte, on obtient une liqueur transpa-
rente. $
Il y avait là une réaction curieuse à ap-
profondir, et après nous être assurés qu’elle
était propre à tous les hyposulfites, nous
résolümes de l’étudier en nous servant de
l’hyposulfite de soude. La facilité que nous
avions de nous procurer ce sel dans le
commerce, qui le fournit abondamment à
l’état cristallisé, fut le motif de cette pré-
férence.
Nous analysâmes ce sel et trois analyses
nous ont donné les résultats suivants.
Pour 100 grammes de sel.
I. II. IIT. Moyenn. Rapports.
Soufre, 25,90 95,93 925,95 25,92 2 équiv.
Soude, 25,19 925,21 » 25,20 1 équiv.
Ces sels étaient donc bien des hyposulf-
tes, contenant 1 équivalent de base pour
une quantité d'acide renfermant 2 équiva-
lents de soufre ; etla quantité d’eau conte-
nue dans leurs cristaux, calculée d’après les
résultats indiqués plus haut, est de 5 équi-
valents; leur formule est donc :
$ O°, Na O, 5 HO.
Ce sel a été dissous dans l’eau et traité
par l’iode; ce corps disparaît rapidement
dans la dissolution sans y faire naître au-
cun dépôt et sans la colorer. Le point de
saturation cest facile à saisir, le moindre
excès d’iode lui faisant prendre une teinte
jaune. La liqueur, après cette réaction, ne
contient ni sulfate, ni acide sulfurique, ni
aucun sel capable de précipiter la baryte.
L'eau n’est pas décomposée et aucun acide
ne prend naissance, car la dissolution est
neutre avant l'expérience et l’est encore
quand elle est terminée ; elle est également
saus odeur , ce qui n’arriverait pas si elle
contenait de l’acide sulfureux à l'état de li-
berté.Le sel cristallisé du commerce absorbe
environ la moitié de son poids d'iode,
I. 1 gramme de sel a absorbé 0,501 d’iode.
II. 3,95 un 2,000
IE. 4,0 ee 0,508
IV. 1,0 = 0,508
Comme le sel cristallisé contient 5 équiv.
d’eau, et qu'un gramme de sel ne repré-
sente réellement que 0,638 d’hyposuifite
anhydre.il s'ensuit qu'un équivalent de sel
ne peut absorber qu’un demi équivalent où
unat, d’iode. Cetiode se retrouve dans lali-
queur à l’état d’iodure, car elle donne avec
les dissolutions métalliques tous les préci-
pités caractéristiques decetteclassedecorps.
Comme pendant cette réaction il ne se
forme ni acide sulfurique, ni acide sulfu-
reux et qu’il ne se précipite pas de soufre,
il est naturel de penser que l’iode enlève à
l’hyposulfite la moitié du sodium qu'il con-
tient, tandis que l’oxigène qui est combiné
à cette portion de métal s'ajoute au reste
des éléments pour former un nouvel acide,
Si O5, analogue à celui de M. Langlois,
mais plus riche en soufre que ce dernier,
réaction qui serait exprimée par cette équa-
tion :
2 (S° O?, Na O)+I— I Na Si 05, Na O.
Un examen plus complet de la liqueur
iodée est venu confirmer cette hypothèse,
Lorsqu'on labandonne à elle-même pen-
dant longtemps ou lorsqu'on la chauffe
jusqu’à l’ébullition, elle se décompose, il se
dégage de l’acide sulfureux, il se précipite
du soufre et il se forme de l’acide sulfuri-
que, car la liqueur précipite abondamment
par le chlorure de baryum, propriété qu’elle
ne possédait pas auparavant.
298
On voit que cette destruction est compa-
rable à celle que les composés de M. Lan-
glois éprouvent dans les mêmes cirecons-
tances; toute la différence gît dans la
quantité de soufre précipité qui est double
de celle qui serait fournie par les sulfhypo-
sulfat s.
Pour 1 équivalent d'acide sulfurique qui
prend naissance, 2 équivalents de soufre
deviennent libres, et l'hyposulfite, après
l’action de l'iode, abandonne, lorsqu'on
évapore à siccité, la moitié du soufre qu'il
contenait primitivement.
Il existe donc un acide du soufre dont la
formule S' O. Cet acide, que nous nomme-
rons acide hyposulfurique bi-sulfuré, vient
compléter une série curieuse des o racides
du soufre, dans laquelle la quantité d’oxi-
gène restant invariable , celle du soufre
augmente comme les nombres 2, 3, 4.
Acide hyposulfurique O5 s2
Acide hyposulfurique sulfuré (Langlois) OS:
Acide hyposulfurique bi-sulfuré OS
L’acide hyposulfureux, en le représen-
tant par 0° $’, pourrait terminer cette sé-
rie s’il n'en était éloigné par sa capacité de
saturation.
Ces faits, tout concluants qu'ils nous pa-
raissent, auraient pu être regardés comme
insuffisants pour faire admettre l'existence
de l'acide S' 0’, si nous n’étions parvenus
à l’isoler, ainsi que quelques uns de ses
principaux composés. La propriété d’absor-
ber 1/2 équiv. d’iode par équivalent de sel
appartient, comme nous l'avons dit, à tous
les hyposulfites. Ainsi, lorsqu'on traite par
l’iode de l’hyposulfite de plomb délayé
dans de l’eau, il ÿ a également absorption
de ce métalloïde ; il se forme un dépôt jaune
et cristallisé d’io lure de plomb, et la li-
queur tient en dissolution l'kyposulfate
bi-sulfuré de protoxide de plomb. Il suffit
de faire passer un excès d’acide sulfhydri-
que dans cette liqueur, de filtrer et de
chasser l’excès d'acide sulfhydrique par
un courant de gaz pour obtenir le nouvel
acide. Mais ce procédé a deux inconvénients:
l’iodure de plomb est un peu soluble dans
l’eau froide, et l’action de l’iode sur l’hypo-
sulfite de plomb est fort lente. La lenteur
de cette réaction provient de l’insolubilité
des deux corps réagissants, et surtout de
celle de l’iodure qui prend naissance ; et il
faut souvent prolonger le contact pendant
plusieurs jours pour que la saturation soit
complète. Nous nous sommes donc arrêtés
à un autre procédé qui consiste à décom-
poser le sel barytique par l'acide sulfuri-
que.
L'hyposulfate bisulfuré de baryte s'ob-
tient en saturant d’iode l’hyposulfite de
celte base. Les traités de chimie n’indiquant
pas la manière de préparer | hyposulfite de
baryte, nous croyons utile de dire par quel
moyen nous nous sommes procuré ce sel.
. Nous l'avons obtenu par la double décom-
position de l’hyposulfite de soude et de l’a-
cétate de baryte; mais comme l’hyposul-
fite de baryte est loin d’être complétement
insoluble dans l’eau, il faut opérer la pré-
cipitation avec des liqueurs concentrées et
faire les lavages avec de l'alcool faible.
L’hyposulfite obtenu, on le mêle avec de
l’eau de manière à former une bouillie
claire, et on ajoute peu à peu des fragments
d’iode jusqu’à ce que le mélange commence
à se colorer; la dissolution est très rapide.
A mesure que l’iode est absorbé , on voit
l’'hyposulfite disparaitre, parce qu'il se
forme de l’iodure de baryum et de l’Aypo-
299
sulfate bi-su/furé de baryte, tous deux solu -
bles. Mais bientôt ce dernier sel, ne trou-
vant plus assez d'eau pour le dissoudre , se
précipite en flocons qui augmentent de plus
en plus, et ne tardent pas à faire prendre en
masse toute la liqueur. Arrivé à ce point,
ou traite cette bouillie épaisse par de l’al-
cool concentré, qui dissout l’excès d’iode
employé et et l’ivdure de baryum formé,
et laisse l’hyposulfate bi-sulfuré de baryte
sous forme d'une poudre blanche cristalline.
On continue les lavages à l'alcool, jusqu’à
ce que le sel ne contienne plus ni iode, ni
iodure
La poudre blanche ainsi obtenue est très
soluble dans l'eau; on la dissout dans une
tres petite quantité de ce menstrue, on fil-
tre la dissolution, et par l'évaporation spon-
tanée on obtient de très beaux cristaux
d'hyposulfate bi-sulfuré de baryte.
Ces cristaux s’obtiennent eucore plus fa-
cilement lorsqu'on ajoute de l’alcool à la
dissolution aqueuse concentrée. On ne re-
marque d’abord aucun phénomène, mais
du jour au lendemain on obtient une belle
cristallisation.
L’hyposulfate bi-su/furé de baryte est
un sel blanc d’une saveur amère ; il est très
soluble dans l’eau et peu soluble dans l’al-
cool. 1l se conserve assez bien dans l'air
sec à la température ordinaire ; il jaunit à
la longue dans l’air humide.
Il n’est pas altéré par l'acide chlorydri-
que à la manière des hyposulfites ; l'acide
azotique l’attaque vivement; il se dégage
des vapeurs rutilantes, et il se précipite du
soufre en grande quantité.
. Le chlore, lorsqu'il agit sur une dissolu-
tion concentrée, donne lieu à du chlorure
de soufre qui se précipite au fond du vase :
mais si on le fait agir sur une dissolution
étendue, il transforme tout le soufre en aci-
de sulfurique. à
Nous nous sommes servis de l’hyposul-
fate bi-sulfuré de baryte pour préparer
tous les autres. Nous ayons obtenu ceux de
fer, de zinc, de cuivre, de potasse, de soude,
en décomposant la dissolution barytique
par les sulfates de ces bases. On pourrait en
préparer beaucoup d’autres par le même
moyen, car presque tous les hyposulfates
bi-sulfurés sont solubles dans l’eau. On ne
peut les obtenir solides par l’évaporation
spontanée qu’en opérant sur desdissolutions
concentrées, ou en les précipitant de la
—
même manière que le sel de baryte, car.
leursdissolutionsétendues s’altèrent promp-
tement à l'air. On ne peut pas non plusen
élever la température; car si on les chauf-
fe, elle se décomposent, et donnent pour
produit du soufre , de l’acide sulfureux et
du sulfate :
Si 0°, MO — 8: + SO: + SO’, MO.
Pour isoler l’acide, nous avons suivi le
procédé qui déjà a servi à MM. Gay-Lussac
et Walter pour préparer l'acide hyposulfu-
rique; procédé qui consiste à décomposer
le sel barytique par la quantité d’acide sul-
furique strictement nécessaire pour préci-
piter toute la base. Les rapports nécessaires
sont environ de 24,67 d'acide sulfurique à
6Go pour 100 gr. de sel. L'expérience est
facile à faire, il faut seulement avoir le soin
d'étendre l’acide de quatre fois son poids
d’eau, et de nele verser que lentement sur
le sel barytique, afin d'éviter une élévation
trop forte de température qui décompose-
rait l'acide. q
L'acide hyposulfurique bi-sulfuré n’est
guère plus altérable que l'acide de MM.Gay-
300
Lussac et Walter; il est possible de lui
faire atteindre un degré assez avancé de
concentration; il est incolore et inodore;
il a une saveur acide très pronancée et il
rougit fortement la teinture de tournesol.
S'il est très étendu d’eau, on peut faire
bouillir sa dissoluticn sans remarquer d’al-
tération, mais peu à peu il se concentre, et
arrivé à an certain point de concentration
il se décompose, du soufre se dépose, de
l’acide sulfureux se dégage, et la liqueur
acquiert la ‘propriété de précipiter abon-m
dasmment par les sels de baryte.
Cependant , quelquefois cette décompo-
sition est plus rapide et se produit en quel-
ques heures à froid et dans des flacons bou-
chés.
L'acide y posulfurique bi-sulfuré libre ou
combiné n’est pas altéré par les acides chlo-
rhydrique et sulfurique étendus. L’acide
azotique , au contraire, en précipite du
soufre.
Il se comporte avec les dissolutions mé-
talliques comme l'acide sulfhy posulfurique,
car il ne précipite pas les sels de zinc, de
fer, de cuivre, etc. Il précipite en blanc le
protochlorure d’étain et le bichlorure de «
mercure. Il donne avec le proto-azotate de
mercure un précipité jaunâtre qu'un excès
d'acide fait passer au noir. Celui qu’on ob-
tient avec l’azotate d'argent est blanc d'a-
bord ; après quelques secondes il jaunit,
puis enfin devient noir.
Ces caractères, réunis à ceux que nous
avons déjà indiqués, distinguent suffisam-
ment l’acide que nous avons obtenu de tous
les composés oxigénés du soufre décrits jus-
qu'à ce jour.
Indépendamment de l'intérêt que la for-
mation de ce nouvel acide donne à la réac-
tion de l’iode sur les hyposulfites , elle en
acquiert un nouveau par l'application qu’on
peul en faire au dosage des mélanges des
différents composés oxigénés du soufre, a-
palyse qui présente beaucoup de difficultés
dans l’état actuel de la science.
—— IEEE
SCIENCES NATURELLES.
BOTANIQUE.
PHYSIOLOGIE VEGETALE.
Recherches sur le mode el Les circonstances de
développement d'un végélal microscopique
dans les liquides albumineux , normaux et
pathologiques ; par MM. Andral et Gavarret.
(Troisième et dernier article.)
« En étudiant le mode de développe-
ment des vésicules, et leur transformation
en véritables végétaux, nous avons signalé
une circonstance fort importante , savoir,
leur apparition constante et plus abondante
dans les couches les plus superficielles du
liquide, au contact de l'air ambiant. La
présence de l’oxygène serait-elle donc indis-
pensable à la production des vésicules et à
leur germination ultérieure? Telle est la
question que nous avous dà naturellement
nous poser, et voici comment nous avons
essayé de la résoudre.
» Dans un flacon de verre à moitié rem-
pli de sérum de sang frais et pur, étendu de
deux fois son volume d’eau distillée, et
rendu très légèrement acide par l’addition
d'acide sulfurique très affaibli, nous avons
fait arriver un courant d’acide carbonique
au moyen d’an tube qui plongeaïit jusqu’au
fond du vase. Après avoir ainsi compléte-
ment chassé l’air qui pouvait être dissous
dans le sérum et créé une atmosphère ar-
D
hcielle d’acide carbonique, nous avons
tiré le tube; et le fiacon, hermétique-
ent bouché, a été abandonné à lui-même
»ndant dix jours dans un repos complet.
-» Au bout de quelques heures, la ma-
ère amorphe,-semblable à de l’albumine
ragulée, qui étaiten suspension, s’est pré-
1pitée, comme à l’ordinaire , sous forme
‘un, dépôt grisâtre, et le liquide est deve-
u d’une transparence parfaite. Pendant
s dix jours suivants que le flacon est resté
en bouché, nous n'avons pu découvrir, à
œil nu, aucune trace de travail organisa-
leur dans le sein de la liqueur, la transpa-
lence est restée parfaite, la surface ne s’est
‘ecouverte d'aucune écume , aucune pro-
L'uction membraniforme n’est apparue.
» Le dixième Jour, le flacon a été débou-
\hé; le liquide n’a présenté aucun indice de
'utréfaction ; il a.été versé dans un verre
lirdinaire, Le dépôt grisâtre n’avait changé
li d'aspect ni de nature ; c'était toujours
1 ie sorte de poudre amorphe, identique à
lle l’albumine coagulée par la chaleur, Pa-
dipsgzofique ou l'alcool, Nous avons en-
( uite procédé à l'examen microscopique du
riquide lui-même , et, malgré les recher-
|zhes les plus minautieuses.et les plus atten-
ives, il nous a été impossible d’ÿ saisir la
moindre production organique: nous n'y
avons pas rencontré une seule vésicule.
» Il était donc démontré que le végétal
microscopique ne pouvait pas se dévelop-
hper dans une atmosphère entièrement et
“exclusivement formée d'acide carbonique.
l'ATais le gaz employé avait-il agi dans cette
circonstance comme corps délétère, ou seu-
\Jement en empêchant l’action de l’oxygène
sur la matière organisable? Pour résoudre
cette nouvelle quéstion, nous avons aban-
‘donné au contact de l'air le liquide trans-
“ parent que nous avions retiré du flacon, et
placé dans un verre ordinaire. Dès le len-
demain, la production des vésicules a com-
: mencé, et le végétal s'est développé dans
cette liqueur albumineuse , absolument
! comme dans du sérum frais. L’acide car-
bonique n'avait donc fait que retarder le
| phénomène, il n’ayait donc nullement agi
| comme poison, mais seulement comme
corps isolant, s’opposant au libre accès de
l'oxygène.
» Cette expérience, répétée avec les
mêmes précautions et dans une atmosphère
artificielle d'hydrogène, a fourni des résul-
taits absolument identiques aux précé-
dents.
» Nous sommes donc en droitde conclure
que la présence de l’oxygène est nécessaire
au développement de ce végétal dans du
sérum de sang étendu d’eau distillée et
traité par l’acide sulfurique affaibli.
» Bien que, dans ces expériences, l'acide
sulfurique ne nous parût pas agir autre-
ment que comme acide, et nullement en
vertu de propriétés particulières, nous a-
vons dû cependant chercher si les mêmes
phénomènes se produiraient en traitant le
serum par un acide d’une autre nature. À
cet. effet, nous avons employé l’acide acé-
tique, et. les végétaux infusoires se sont
développés avec la même rapidité, suivant
le même mode, ont revêtu les mêmes for-
mes extérieures , ont présenté le même tra-
vail d'organisation intérieure.
» Ces deux essais, tentés avec deux corps
entre lesquels existent si peu de points de
contact, l’acide sulfurique et l’acide acéti-
que, nous ont paru suffisants pour démon-
trer que le choix de l'acide est indiffé-
rent, pourvu toutefois qu'il ne jouisse pas
302
de la propriété de coaguler immédiatement
toute l’albumine, comme ferait l’acide azo-
tique, par exemple.
IL. Même végétal dans le blanc de l'œuf.
» Il existe une identité si parfaite entre
l’albumine du sang, et celle de l'œuf, qu'on
devait penser à priori que les phénomènes
que nous venons d'étudier dans le sérum
du sang, se reproduiraient dass le liquide
connu sous le nom de blanc de l'œuf. Cette
prévision , quelque naturelle qu'elle fût,
méritait cependant d’être soumise au creu-
set de l’exptrience.
» Après avoir délayé un blanc d'œuf
dans une quantité suffisante d’eau distillée,
et l'avoir filtré pour le dépouiller de tous
les débris membraneux, nous l'avons traité
soit par de l'acide sulfurique, soit par de
l'acide acétique très affaiblis, de maniere
à ohtenir une réaction très légèrement
acide , et nous avons vu se reproduire
de la manière la plus fidèle les phénomènes
que nous avions observés avec le sérum du
sang : mode de développement, formes ex-
térieures, productions intérieures, tout
était identique de part et d’autre. À moins
d’être prévenu à l'avance, il serait complé-
tement impossible de distinguer le végétal
développé dans le blanc de l'œuf de celui
qu’aurait fourni du sérum du saug soumis
à la même expérience. Nous n'insisterons
donc pas plus longtemps sur ce sujet; nous
n’aurions qu'à répéter mot pour mot ce
que nous avons dit dans les pages précé-
dentes.
IL. Même végétal retrouvé dans les liquides
albumineux pathologiques.
» Si les expériences, tentées sur le sérum
du sang et sur le blanc de l'œuf, étaient
suffisantes pour nous äutoriser à dire que
ce végétal microscopique peut se dévelop-
per dans tous les liquides albumineux nor-
maux, rendus légèrement acides et placés
au contact de l'air, il eût été sans doute
imprudent d'étendre une semblable con-
clusion aux liquides albumineux qui sont
exhalés sous l’influence de maladies diver-
ses. Ici, en effet, l’analogie n’était plus aussi
complète; l'intervention du travail patho-
logique pouvait avoir profondément modi-
fié les qualités intimes de la matière orga-
nisable ; il fallait donc, pour ces liquides,
pe pas nous contenter de l'induction, et
avoir recours à des expériences directes.
» Nous avons donc traité comme le sé-
rum du sang et le blanc d'œuf, puis exa-
miné au microscope :
» 4° La sérosité , mécaniquement accu-
mulée au sein du péritoine, dans un cas de
cirrhose du foie.
» 2° La sérosité d’une hydrocèle.
» 3° La sérosité contenue dans l'ampoule
des vésicatoires.
» 4° Une autre sorte de sérosité, parfai-
tement limpide et transparente, qu’on re-
üre du pus en le plaçant sur un filtre qui
retient les globules au-dessus de lui et ne
laisse passer que cette sérosité.
» Dans ces cas divers, qui nous représen-
tent tous les types et toutes les variétés de
nature que peuvent présenter les liquides
albumineux morbides, nous avons toujours
constaté la production du végétal, dont
nous avons esquissé l’histoire à propos du
sérum du sang et du blanc de l'œuf, et l’on
ne peut saisir aucune différence, ni dans le
mode de développement, ni dans les formes
extérieures, ni dans le travail qui se passe
au sein des cavités des vésicules-mères et
303
des tiges cylindriques ou moniliformes
qu’elles fournissent.
» Quelle que soit donc l’origine d’un li-
quide albumineux, qu’on le prenne dans
l’état physiologique, ou qu'il reconnaisse
pour cause productrice un travail patholo-
gique quelconque, il suffit de le rendre lé-
gèrement acide et de l’étendre d’eau distil-
_ lée pour qu'un végétal microscopique se
développe dans son sein, sous l’influence
de l'oxygène de l’air ambiant.
De
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR.
Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en-
couragement, au nom du comité des arts mé-
caniques, sur plusieurs établissements affec-
tés à la construction des grandes machines à
vapeur et des machines locomotives.
(Deuxième artigle.)
Etablissement de M- Cavé.
En juillet 1834, ie comité des arts méca-
niques vous a rendu compte des développe-
ments importants qu'avait pris cet établis-
sement dans un petit nombre d'années : de-
puis cette époque, les travaux de cet éta-
blissement de construction de machines se
sont accrus dans une progression encore
plus rapide.
Depuis 1834, M. Cavé a exécuté, pourle
service de diverses usines, quatre-vingt-
huit machines à vapeur représentant une
force de 1345 chevaux.
Pour la navigation fluviale, treize machi-
nes doubles, représentant ensemble plus de
500 chevaux. St
Pour la mer, sept machines doubles, dont
quatre de 160 chevaux, une de 220 et deux
de 450, ensemble 1760 chevaux.
Enfin nous venons de voir en cours d’exé-
cution, dans cet établissement, quatre ma-
chines de navigation maritime produisant
ensemble 1340 chevaux de force, savoir :
deux machines de 450 chevaux pour la ma-
rine royale, et deux machines de 220 che-
vaux pour les paquebots de l'administration
des postes.
Si à cette récapitulation nous ajoutons
les machines déjà livrées avant l’année 1834,
nous trouvons un chiffre total de 6,460 che-
vaux de force. Tel est, messieurs, et sans
comprendre nn très grand nombre d’ap-
pareils de divers genres exécutés pour
Padministration et pour l’industrie pri-
vée, le résumé des importants travaux de
M. Cave.
Cet aperçu rapide est bien propre à nous
donner confiance dans la puissance de pro-
duction des ateliers français, surtout si nous
considérons, d’une part, les dimensions pres-
que colossales des principaux organes des
grands appareils transatlantiques, et, de
l’autre, l'étendue et la puissance de l’ou-
tillage spécial qui a dû être créé pour les
produire.
Les machines de 450 chevaux que novs
avons vues sont à basse pression et compo-
sées de deux machines jumelles de 225 chez
vaux chacune ; voici quelques détails sur
leur forme et les dimensions des principales
pièces :
Le cylindre à vapeur a 3 mètres de lon-
gueur et 1,93 de diamètre intérieur. Les
bâtis latéraux sont composés chacun de
deux pièces principales, dont la plusgrande
a 5m,70 de hauteur, 3,40 de largenr, et
pèse près de 11,000 kilog.
30%
La base ou plaque de fondation a 8",65 |
de longueur et 2m,20 de largeur; elle est
coulée d'un seul jet et pèse 13,600 kilo-
grammes.
Le condensateur présente de très gran-
des difficultés de moulage ; l'axe des ba-
lanciers le traverse de part en part, et il
renferme, én outre, plusieurs eloisons; son
poids est de 15,500 kilogrammes.
Les pièces en fer forgé sont en quelque
sorte encore plus remarquables ; chacune
des quatre manivelles d’un appareil pèse
2,000 kilogrammes, ét le grand arbre qui
lie le mouvement des deux machines ju-
melles pèse, en sortant de la forge, 8,500
kilogrammes; sa longueur est de 7 mètres,
et son diamètre fini de 44 centimètres. En-
fin les chaudières en tôle sont du poids de
100,000 kiiogrammes pour chaque appa-
reil de 450 chevaux.
Pour l'exécution de ces travaux cyclo-
péens , les machines-outils de M. Cavé,
quelque puissantes qu’elles fussent, étaient
évidemment insuffisantes : aussi n’a-t-il pas
hésité à développer ses ateliers dans de très
grandes proportions.
Une fonderie nouvelle de 36 mètres de
longueur, 26 mètres de largeur, 10 mètres
de hauteur sous les entraits et 9 mètres de
hauteur sous le nez des grues, et un atelier
de moutage de mêmes dimensions, ont été
ajoutés aux bâtiments existants. Ces ateliers
sont disposés pour pouvoir y établir des
machines de 600 chevaux. Aujourd’hui l’é-
tablissement de M. Casé, en y comprenant
l'atelier de construction pour les chaudiè-
res établi à la Chapelle-Saint-Denis, sous la
direction de M. Lemaitre, occupe une su-
perficie de 22,880 mètres carrés et emploie
euviron huit cents ouvriers.
Nous ne pouvons faire une description
complète de l'immense matériel qui com-
pose l'établissement : qu’il nous suffise de
dire que les quatre marteaux de forge, les
trente-deux tours, les machines à planer,
la soufflerie et le reste des machines-outils
sont mus par huit machines à vapeur d'une
force collective de 115 chevaux; que deux
autres machines à vapeur, ensemble de 50
chevaux, sont en montage pour deux mar-
teaux qu’on construit encore; de sorte que,
prochainement, la force motrice totale sera
_de 165 chevaux.
Les pièces de fonte sont coulées au moyen
de quatre fourneaux à la ##ilkinson ou cu-
bilots, dont les deux plus grands peuvent re-
cevoir à la fois chacun environ 40,000 kilo-
grammes de matière.en fusion.
Tous es moules de ces grandes pièces
sont préparés avec soin et étuvés ; aussi la
netteté des ouvrages excède-t elle tout ce
que nous counaissons de mieux jusqu’à pré-
sent; il en résulte que la matière en est par-
faitement saine.
Les pièces de forge sont travaillées au four
à réverbère et au moyen de marteaux très
énergiques mus par des machines à vapeur
spéciales,
Pour l'exécution de ces énormes pièces,
où emploie du fer méplat, fabriqué avec du
riblon dans les forges voisines de Paris, et
on en furme des masses de 3 à 4 mètres de
longueur sur 65 à 80 centimèt, d’équarris-
sage. Ces masses, appelées fagots, dépas-
sent souvent le poids de 10,000 kilogram-
mes ; on les chauffe à cœur dans les fours
à réverbère, ct on leur donne au marteau
les formes voulues, en suivant cet excellent
principe, qu'une pièce de forge de grande
dimension ne peut être bonne si elle n’est
forgée suivant la méthode qu’emploierait
305
un bon forgeron pour produire une petite
pièce de même forme,
Quelques personnes ont remarqué avec
regret que le métal était employé avec,une
certaine prodigalité dans les forges. de
M. Cavé, et que souvent la quantité de: fer
qu'on avait en excédant, après la pièce finie,
dépassait les proportions voulues. IL faut
sans doute attribuer cette habitude au be-
soin d'éviter un inconvénient beaucoup plus
grave, Celui de manquer une pièce par in-
suffisancé de matière ; toutefois on incline
à penser qu’il ÿ aurait, sous ce rapport, quel-
ques améliorations à désirer,
Les tours ont été instaliés dans les propor-
tions voulues par les dimensions des pièces
à travailler,
Un tour à plateau peut recevoir les pis-
tons, les couvercles de cylindres qui ont
plus de 2 mètres de diamètre.
Des tours parallèles d’une grande puis-
sance achèvent les arbres principaux, les
bielles, les sommiers, etc.
Une machine à planer, de 13 mètres de
longueur et 3 mètres de largeur, dresse les
plaques de fondation, de manière que les
surfaces qui doivent recevoir les bâtis, les
cylindres et lecondensateur forment un seul
plan.
Une fosse très profonde réservéeentre les
longs côtés donne la facilité de l'appliquer à
dresser les surfaces portantes des grands bâ-
tis des appareils de 450 chevaux.
La même machine a recu une addition
importante.
Lorsqu'on veat aléser, dans un balan-
cier, les yeux qui doivent recevoir l’axe prin-
cipal et les divers tourillons doubles qui le
rattachent aux bielles, il est important que
ces ouvertures soient ajustées suivant des
axes parallèles : à cet effet, un des deux
porte-ouüls de la machine à planer recoit
un appareil supplémentaire composé d’une
barre verticale d’alésoir pouvant se mou-
voir parallèlement dans toute la longueur
du chariot et munie de la transmission de
mouvement nécessaire; comme le chariot
à son tour, se meut à volonté dans un plan
parallèle à la base de la machine, il en ré-
salte que, à quelque point que soit placé
l'appareil que nous venons de décrire, l’axe
de la barre d’alésoir sera perpendiculaire au
plan du balancier, si ce balancier a été placé
d’abord parallèlement à la base de la ma-
chine à planer.
Enfin M. Cavé a encore ajouté aux pla-
teaux porte-outils de cette machine un
mouvement oscillatoire suivant un rayon
variable, ce qui donne la facilité de dres-
ser les parties courbes des sommiers, ma-
nivelles, etc.
Sept autres machines à planer, de diver-
ses formes, dressent les pièces de moindre
grandeur.
Les mauivelles, nous l’avons dit, sont de
très fortes dimensions ; elles sont alésées et
dressées sur toutes leurs faces au moyen
d’une grande machine qui a été pubhée
dans le Bulletin de septembre, avec l’auto-
risation de M. Cave.
La pièce principale de cette machine est
une tige ronde qui peut recevoir à volonté
un mouvement de rotation et un mouve-
ment vertical alternatif; dans le premier
cas, elle sert de barre d’alésoir pour les
deux ouvertures des manivelles. Pour ajus-
ter les contours extérieurs de ces mêmes
pièces, on se sert du mouvement vertical,
et, comme la pièce à travailler est fixée sur
un triple plateau qui peut recevoir deux
mouvements rectiligaes perpendiculaires
306
entre eux et un mouvement rotatoire, oh
conçoit qu'il devient facile de présenter sue-
cessivement à l’action de l'outil toutes les
parties du contour à travailler et d'obtenir
des surfaces exactes.
Cette même machine à buriner travaille
les autres grandes pièces, et des machines
analogues de moindre dimension complè-
tent cette partie de l'outillage.
Les grands cylindres sont achevés parun
alésoir de dimension saffisante pour opérer
sur des cylindres de force b aucoup plus
grande encore : cet alésoir est vertical, ce
qui permet d'éviter dans le travail l’in-
fluence toujours sensible du poids de la
barre et du plateau porte-outils, et celle du
poids du cylindre lui:même; il est placé au-
dessous du sol dans un espèce de puits cons-
truit en briques, contre les parois duquel
sont assujettis les cylindres, Cette disposi-
tion offre pour avantages une-très grande
stabilité dans les pières à aléser et une éco-
nomie de place.-dans les ateliers.
Pour les cylindres des pompes à air, leur
moindre diamètre. permet de les exécuter
sur des alésoirs horizontaux. au
. Nous n’entreprendrons pas de décrire an
grand nombre d’autres machines-outils très
ingénieuses el surtout appropriées: avec
beaucoup d'intelligence et d'économie de
construction au travail qu'elles doivent pro-
duire : nous ne pouvons toutefois passer
sous silence une machine radiale à percer,
dont l'entente générale et la construction
sont réellement supérieures aux machines
analogues connues; elle otfre l'avantage de
pouvoir atteindre avec une grande facilité
tous les pointsd’une surface tres étendue, et
elle trouve une bonne-application pour le
percement des brides des cylindres.
L'atelier spécial pour la construction des
chaudières est situé à la Chapelle Saint-De-
nis; il est dirigé par M. Lermnaüre, beau-
frère de M. Cave.
Une machine à vapeur de 8 chevaux
fait mouvoir une machine à cintrer les tô -
les, plusieurs débouchoirs et cisailles à Le-
vier, un appareil pour chanfrener les tôles
et une série de machines à percer. Chaque
débouchoir est accompagné d’une table en
fonte à chariot, avec les mouyements né-
cessaires pour percer les trous de riveis à
distances égales. On ÿ monte, dans ce mo-
ment, un débouchoir d'une forme particu-
lière pour percer les trous dans les chau-
dières cylindriques ou dans des plaques cin-
trées d'avance. CALLA.
— SDK
AGRICULTURE.
ÉCONONIE AGRICQEE.
Essai sur la croissance des arbres, par M. le
baron D'Hombres Firmas,
(Deuxième article.)
Non-seulement la croissance des arbres
varie dans des terrains de différentes quali-
tés, au bord des rivières, dans les pays de
plaines et sur les montagnes; mais elle va-
sie aussi dans un champ qui nous paraît
de même nature, qui sera entièrement ce
qu'on appelle crayeux, argileux, ocreux,
limoneux, grès, terre de bois, qualités de
terrain les plus communes dans les Cé-
vennes. Il n'est pas de propriétaire qui n'ait
observé cette difference de croissance, dans
ses plantations de màriers, par exemple :
tous les arbres y sont exposés pareillement
au soleil, aux vents, à la pluie, également
espacés, travaillés et fumés ensemble, tous
L
n07
vrospèrent les premières années et sont à
seu près semblables; mais après quinze ou
ringt ans, dans une plantation un peu
‘tendue, il en manque plusieurs, et tousdii-
ièrent sensiblement, soit que leurs racines
fient rencontré des couches de terrain plus
vu moins propices, un filet d’eau, des
bierres, d’autres racines de végétaux vivants
vu morts, soit qu’on les ait effeuillés ou
raillés plutôt ou plus tard, ou pas du tout;
oit que, parmi Îles arbres, comme entre
ous les êtres vivants en communauté, il y
un ait de différemment conétitués, de plus
rigoureux qui profitent mieux que leurs
voisins, et parfois à leurs dépens.
Plus tard, la différence devient plus
narquée. J'ai fait, en 1808, un cordon de
nüriers à 8%, 65 l’un de l’autre, qui par-
agent, du nord au sud, la terre de la
Condamine (campus domini), à Saint-Hip-
‘polyte-de-Caton. Choisis égaux dans ma
pépinière, arrachés, plantés, cultivés avec
les mêmes soins, leur croissance inégale
hprouva, comme disent les paysans, que la
værre change à chaque pas. Leurs troncs,
que je viens de mesurér, varient tous de
\ l’un à l’autre; les plus minces ont de 65 à
\0centimèires de circonférence, les plus
“gros de 72 à 78. Les uns n'ont produit,
|cette année, que 25 kil. de feuille; il y en
a qui en ont fait 80 kilog.
| J'ai, dans la même terre, une autre allée
ide deux cents mûriers plantés en 1773,
\ Plusieurs manquent, et quelques uns ont
l'été remplacés, à diverses époques; ils sont
.exemptés de la comparaison que j’ai faite
des arbres contemporains, quoique tous
| soient numérotés dans mon tableau. Il yen
la qui ont deux fois plus de diamètre que
‘leurs voisins ; il y en a de 100 et 162 cen-
« timètres de tour, d’autres de 86 à 80 seule-
ment, et ce ne sont pas toujours les plus
:gros qui ont le plus de branches et font le
plus de feuilles.
J'ai fait des observations analogues sur
deux allées d’ormes, l'une plantée en 1827,
avec des arbres de mêmes grandeur et
grosseur qui ne différaient, les premières
années que par la largeur de leurs feuilles,
leur écorce unie et raboteuse, puisqu'ils
| étaient de différentes variétés, ayant voulu
rechercher celle qui réussirait le mieux
dans mon terrain, y serait moins exposée
aux chenilles. Je ferai connaître mes re-
marques dans une autre occasion, ne de-
vant traiter ici que de l'accroissement de
mes ormes; ceux à grandes et à petites
feuilles, ceux dits à feuiile de tilleul, à
| feuille de châtaignier, l’orme pyramidal,
| Pormezliége, ont, les uns et les autres, des
pieds de toutes les grosseurs, entre 27,5 et
43,75 cent. de tour. Je les ai toutes notées
—<
Cette différence de croissance est très
remarquable entre les arbres des espla-
:nades, des boulevards et des grandes
| dans un registre à cet effet.
:
|
| routes, si rarement semblables, quoique,
.: en apparence, dans les mêmes circons-
tances. À la fin de 18292, on planta une
‘ quarantaine de platanes sur la promenade
devant le temple des protestants à Saint-
: Hippolyte-le-Fort : ceux du côté des jar-
dins sont généralement deux fois plus gros
que ceux du côté de la ville. La raison en
est toute simple : les premiers profitent de
la culture et des engrais; mais leur accrois-
sement m'a paru très considérable, en les
comparant avec d’autres platanes plantés
ailleurs, le climat, la nature du terrain,
les amendements, les irrigations, les abris,
influent sur tous les arbres en général, et,
308
je crois, d’une manière plus marquée sur
ceux dont l'aceroissement est le plus
prompt. J'ai mesuré tous les platanes de la
promenade de Saint-Hippolyte-de-Fort,
afia qu’on puisse juger leurs progrès; je
dirai seulement que celui à droite de la
fontaine manqua la première année, fut
remplacé, et, par conséquent, a un an de
moins que les autres, et qu'il est le plus
gros. Il a 198,6 cent. de tour, à { mètre du
sol — 63,4 de diamètre. Son accroisse-
ment est donc 3,5 centimètres. Son pen-
dant, également bien arrosé, a un quart de
moins.
Je citcrai encore un exemple plus mar-
qué de la différence d’accroissement dans
les ormes plantés en 1812 sur la chaussée
d’Alais. Il est visible que le rang du côté
du nord a ses racines dans les prairies que
borde cette avenue, et que ceux du côté
opposé, non-seulement plongent les leurs
dans le gravier, mais sont brûlés ou forte-
ment chauffés par le soleil à travers le mur
de soutenement de la chaussée, aussi la
différence est énorme entre les arbres de la
droite et de la gauche de cette allée; on
pourrait y trouver des ormes du même âge
deux fois et demie, trois fois plus gros les
uns que les autres. Je crois, comme si je
le voyais, qu'ils présenteraient le même
nombre de couches concentriques; que
les douze à quinze du centre seraient égales,
parce qu’elles correspondraient à la jeu-
nesse des arbres dans les pépinières, aux
premiers temps qu'ils auraient vécu dans
leurs creux remplis de bon limon; mais
dans les onze à quinze années suivantes, et
à présent, les couches ligneuses des ormes,
du côté du nord, seraient nécessairement
deux ou trois fois plus épaisses que celles
qui leur correspondent dans les ormes du
côté du midi.
Admettons pour un-instant queles arbres
dont on veut comparer l'accroissement sont
absolument dans les mêmes circonstances,
l'influence du terrain nulle, ou plutôt égale
pour tous, conditions qui ne sauraient
exister que pour des arbres cultivés et des
arbres jeunes. Nous verrons ceux-ci crois-
sant rapidement, parce que les proprié-
taires qui les plantent veulent les voir
prospérer et les soignent ; mais après quel-
ques années leurs racines s'étendent avec
difficulté dans la terre non remuée, leurs
branches se touchent et se gênent, la végé-
tation souffre de la négligence du maître,
et la croissance est insensible. Que l’on ef-
fondre le sol, que les pluies s’y imbibent;
que l’on élague les branches pour faire
circuler plus librement l’air et la lumière
entre les rameaux, la grosseur des troncs
sera la conséquence de ces nouveaux soins.
Un deces arbres. coupé en travers, présen-
terait, je n’en doute pas, les detes de ces
alternatives d’accroissement. Dans les ar-
bres devenus très vieux, les zones annuelles
s'étendant en diamétre seront toutes très
minces; il y en aura cependant de plus
apparentes qui correspondront aux époques
de l’abatage des arbres voisins ou de quel-
que culture.
L'aménageinent bien entendu des forêts
influe sur l’accroissement des essences qui
les composent; les trop nombreux rejetons
se nuisent, si on en élague une partie,
les autres ponssent plus vite; si on coupe
tous les drageons qui sortent de la souche
d’un arbre, celui-ci proftera de la sève
qu'ils soutiraient. Les coupes réglées per-
meltent de juger l’âge des plançons réser-
vés ou arbres de marque; on en voit de
309
; plus favorablement placés qui, ménagés
lors d’une dernière vente, par exemple
égalent ou surpassent en grosseur les plan-
çons de la vente antérieure. En général, un
plançon poussera pius dans les dix ans qui
suivront une coupe que pendant les dix ans
qui l'ont précédée ; connaissant dans un de
mes bois ceux conservés depuis vingt,
quarante et soixante ans, je n’ai pu trouver
entre eux de rapports de croissance en pre-
nant leurs moyens diamètres. _
Des châtaigniers lrop resserrés montens
droit et forment de longues poutres ; tandis
que ceux qui peuvent étendre leurs bran-
ches couvrent une grande surface de leur
ombre, ont une tête arrondie, un tronc
raccourci, mais incomparablement plus
gros que les premiers; quoique du même
âge.
Nous voyons, au milieu des champs, des
arbres isolés très remarquables, des chênes
particulièrementt que je regarde comme
les témoins des antiques forêts qui cou-
vralent autrefois notre pays ; épargnés peut-
être lors des défrichements, parce qu'ils
étaient les plus beaux à cette époque re-
culée. Les besoins de nos mines et de nos
usines, et l'établissement d’un chemin de
fer, ont fait abattre, en peu de jours, la
majeure partie de ces chênes qui avaient
résisté à des siècles. Je dirai, traitant de la
croissance des arbres, qu’en la croyant
réeile pour l'observateur, elle n’était pas
moins insensible pour beaucoup de pro-
priétaires de ces vieux chênes, quien ont
tiré très bon parti, persuadés que, bien loin
de croître, ils dépérissent.
(Annales d'agriculture.)
HORTICULTURE.
Notice sur les Dahlias.
Le Dahlia est originaire du Mexique, il à
été introduit en France dans les premières
années du dix-neuvième siècle, par le cé-
lèbre André Thouin, qui l’a recu directe-
ment de Cavanilles, directeur du Jardin
Botanique de Madrid. On ne connaissait
guère alors que trois couleurs : le rouge, le
pourpre et le rouge cocciné. Les fleurs en
étaient simples et les tiges très élevées , de
sorte que ces plantes, qui sont aujourd’hui
le plus bel ornement de tous les jardins
d'agrément, ne pouvaient être à cette épo-
que que d’un mérite très secondaire. Ce
n'esl que par les semis multipliés et nom-
breux, tantde la partdes horticulteurs quede
celle des amateurs qui concoururent entre
eux simultanément, sur presque tous les
points du globe, que l’on parvint à réunir
ces belles collections et les variétés bien dis-
tinctes que l'on voit avec plaisir chez tous
les amateurs de ce joli genre, et chez beau-
coup d’horticulteurs marchands, qui, cha -
que année, parviennent à enrichir le do-
maine de Flore de quelques nouvelles con-
quêtes, par cette voie, par des échanges ow
des achats. :
Plus qu'aucune autre plante, par son ex-
trême docilité, le Dahlia a eu et a encore
des modes. Dans le principe, on ne possé-
dait dans les collections que des plantes à
tiges gigantesques et À fleurs doubles ; quel-
que temps après, nous avons eu les nains
qui ont permis d'accepter cette jolie fleur
dans le plus petit parterre, sur la partie
adventive des plates-bandes, dans les cor-
beilles ; dans les massifs comme sur les ter-
rasses ; en formant des gradins grâcieuce-
ment étagés, comme on en voit souvent
dans les jardins des connaisseurs qui, tout
310
en graduant la taille des plantes , savent
aussi faire ressortir les couleurs et les for-
mes. Ensuite les Dahlias panachés où bor-
dés de rose, de lilas, de violet, de car-
min, etc. , sur fonds blanc, ont eu une
vogue telle que l'on avait presque entière-
ment abandonné les anciennes plantes à
fleurs unicolores. Depuis , nous avons eu
les Dahlias surnommés les 2nconstants, qui
sont panachés ou pointillés de blanc ou de
rose clair aux extrémités des pétales, sur
fonds bruns , rouges, violets, etc., qui sé-
duisent la vue par leur éclatante beauté ;
rien n’est, effectivement, plus agréable à
l’œil que ces belles variétés, mais rien jus-
qu’à présent de bien régulier dans leur
forme.
Il n’y a guère en Europe que M. Pirolle,
qui habite Paris, botaniste de la plus grande
distinction, qui se soit occupé sérieusement
des Dahlias; c’est lui qui a suivi cette
plante dans tous ses détails et ses progrès,
ui a été, on peut le dire, le premier chef
e file des amateurs tant Francais qu’étran-
gers. M. Pirolle a publiéen 1840 un Traité
spécial et didactique , ouvrage fort utile et
remarquable par toutes les indications in-
dispensables ; en 1841, ce savant auteur a
publié également une Revue des Dahlies,
qui est le complément de la première pu-
blication. Nous pensons que cet ouvage,
en deux volumes, est de première nécessité
comme guide et manuel (1). Nous pouvons
affirmer que c’est ce savant agronome qui
a fait le Dahlia ce qu'il est aujourd’hui, en
faisant connaître les nouvelles plantes en
épurant les collections , et en indiquant
avec soin et constance toutes les conditions
que devait avoir un Dabhlia avant son ad-
mission dans la famille. Aujourd’hui ce sont
les Dablias à fleurs parfaites et pour ainsi
dire unicolores, qui sont en réputation. Il
leur faut de 15 à 25 rangs de demi-fleurons
symétriquement arrangés, imbriqués ;ar-
rondis, globuleux, parfaitement placés. La
fleur doit être poriée sur un pédoncule
droit, long , en se présentant en dehors et
se détachant bien de la plante, et s’élevant
un peu au dessus du feuillage. La dimen-
sion de la fleur doit aussi être proportion-
née à la hauteur des plantes. Depuis deux
ans on à obtenu des semis de Dahlias jau-
nes, pointillés de blanc, qui sont également
inconstants.
La physiologie végétale n'a pas encore
établi à qu’elle cause on pouvait attribuer
la simultanéité des couleurs obtenues dans
les fleurs de Dabhlias de semis. Ainsi, par
exemple, 10 ou 12 ans de culture s'étaient
écoulés avant que la nature donnât un
Dablia blanc. Un ou deux ans après, tous
les semis en donnèrent. Il en fut de même
pour les panachés, les inconstants et les
jaunes pointillés de blanc. Il est à remar-
quer que la même année , ou la suivante,
la France, Allemagne, la Belgique et l’An-
gleterre, produisaient des Dahlias dont les
fleurs portaient le même caractères dans le
coloris avec quelques légeres différences.
‘Le Dahlia offre quatre moyens de repro-
duction ou de régénération : par le semis,
paréclat, par bouture et par la greffe. Nous
nous en ocecuperons dans un deuxième
article.
Bossin, grainicr-pépiniériste,
5, quai aux Fleurs.
(La suite à un prochair numéro.)
eo 2 eme me
(4) On peut se les procurer séparément chez l'au-
teur, 12, rue de Vaugirard,
311
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes;
(Charente-Xnf.)
Commune DE Meursac : Mursiacum , de
mursia , muro , village , à l’époque gallo-
romaine.— Des vestiges d’édifices romains,
consistant en pans de murs fort épais et
encore hauts de 4 à 5 mètres, existent au
lieu appelé le Boës-du-Chäteau , et on re-
marque en quelques autres endroits des
souterrains creusés dans la roche vive, qui
ont dû servir de refuge aux Gaulois lors des
invasions des barbares.
Le bourg des Epaux appartient à cette
commune. Au moyen-âge, on appelait les
détenses ou les réserves faites dans les fo-
rêts des Epaux. Sa chapelle dépendait
d’une commanderie de Malte.
L'église de Meursac est dédiée à saint
Martin, le patron des Gaules. C’est un vaste
vaisseau du onzième siècle, qui a reçu de
nombreuses restaurations dans les dou-
zième, treizième, quinzième et seizième siè-
cles. Le premier étage de la facade est
rempli par un vaste cintre qui a remplacé
l’ancien portail roman. La deuxième assise
a conservé ses fenêtres romanes , bien
qu’elles so ent bouchées.Une frise sculptée,
et que soutiennent des modillons romans,
sépare la deuxième assise d’un fronton
triangulaire fort élevé. L'abside est détruite
et à sa place on a badigeonné un chevet
droit, ayant deux fenêtres à ogives du trei-
zième siècle, et à droite une fenêtre ogivale
du quatorzième siècle. Les côtés de la nef
ort conservé des arcs en tiers-point du
quatorzième siècle , et des contreforts apla-
tis du douzième siècle. L’entablement est
soutenu par une rangée de modillons. Le
clocher est bas et carré. percé de fenêtres
du treizième siècle.Un escalier à vis, cylin-
drique et coiffé d’un cône écaillé , s'élève à
l'angle droit.
Commune DE MonrPELLIER -DE- MÉDILIAN :
Mons pellis, le coteau aux toisons ou aux
moutons , et Medilian, nom celte primitif,
qui vient de r7ed, pâturages, et de lan, ter-
ritoire. — Saint Ambroise et Sidoine Apol-
linaire s’exprimentainsi : « 4 sua Demidia
parte lanata. » Le sol de cette commune est
élevé et pierreux.
L'église du village de Montpellier est sous
le vocable de saint Martin, C’est un édifice
fort bien conservé de l’époque romano-
ogivale et de la fin du douzième siècle. Sa
façade , coupée par deux étages que sur-
monte un fronton triangulaire moderne,
présente dans le bas un portail à 4 voussu-
res en plein cintre pur , et deux pet'ts por-
tails simulés sur les côtés el à ogives roma-
nes. Le deuxième étage a au centre une
fenêtre romane, et sur les côtés ; de chaque
côté, trois fenêtres simulées déciivant une
arcature ogivale. Toutes les colonettes de
ces fenêtres sont longues et grêtes et plu-
sieurs ont des rinceaux. Quatre rangées de
colonnes en applique, séparent en quatre
aires la surface de la facade, et s'arrêtent
à une frise que supportent des modillons.
Deux colonnettes sont accolées aux angles
de la deuxième assise, et sont remplacées
dans le bas par des jambages.
Les côtés de la nef ont été restaurés.
L'abside cst rasée. Le clocher est bas et.
carré , coiffé d'un toit plat à quatre pans.
Denx fenêtres accoltes, à plein cintre et à
large voussure en volute, rétrécies à leur
milieu avec une sorte de petite rose ap-
À rue Saint-Hyaciathe-S.-Michel, 33,
partiennent à la fin du douzième siècle.
Saint-Martin-de-Montpellier est un curieux
spécimen de l’architecture de transition,"
| dile romano-ogivale. R. P. Lesson.
RE
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
Société pour le patronage dans les ateliers et La
fondation de colonies agricoles en faveur des jeunes #
garçons pauvres du département de la Seine. Tel
est le titre d'une association de bienfaisance qui
vient de se former sous les auspices de M. le comte
de Portalis, vice-président de la Chambre des pairs,
et premier président de la Cour de cassation, qui
accepté la présidence de l’œuvre.
Donner ou compléter l'instruction morale, reli-
gieuse el professionnelle de ces enfants, soit en
leur procurant un apprentissage et ‘er les confiant
au patronage de l'un des membres de la société, soit
er les envoyant dans les colonies agricoles de
l'œuvre. Tel estle but de cette société qui, nous
n’en doutons pas, rendra d'importants services à l'hu-
mauité et à l’ordre social, en préservant de la men-
dicité, du désespoir et de la prison. k
Nous reviendrons bientôt sur ce sujet pour en
parler plus longuement. Nous nous bornons en ce
moment à annoncer à nos lecteurs que, pour devenir
membre de cette société, on peut adresser son adhé-
sion à M. le comte Portalis, président; à MM. G. de
Beaumont, député ; d’Arblay, député ; au due d'Es-
tissac, de Larochefoucault, pairs de France; au lieu-
tenant-général Jacqueminot, dépuié, de Rémusat,
député, de Tocqueville, député, vice-président de
l'association; à M. le baron Mallet, régent de la
banque de France, trésorier de l’œuvre ;ouà MM.R.
Allier, homme de lettres, secrétaire-général, d’As-
sailly, propriétaire, Grün, rédacteur en-chef du
Moniteur Universel,, Hallez-Claparède, maître des
requêtes, inspecteur-général-adjoint des prisons du
royaume, secrétaires-généraux-adjoints de la So-
ciélé (1).
RE =—
BIBLIOGRAPHIE,
DE L'INDUSTRIE CHEVALINE en France, et
des moyens pratiques d'en assurer la prospérité ; par
M. le docteur G Robert. Publié par la Société
orientale. Imp. de Firmin Didot, à Paris.
DE LA MÉDECINE en France et en ftalie. Ad-
ministralion, doctrine , pratique, par le docteur
Hippolyte Combes. À Paris, chez Bailliere, rue de
l'Ecole-de-Médecine, 13 bis. e
DE L'ART DRAMATIQUE au point de vue de
la phrénologie : appréciation de M. Kemble, de \
Mms Adélaïde et Fanny Kemble, tragédiens an-
glais, ser les bustes de M. Dantan jeune; par
M. Charles Place.
e
SES —
ERRATA. — Dans noire numéro du 2 févr'er,
il s'est glissé une erreur de date que nous nous em-
pressons de rectifier. Il faut lire 1836 ct non 1806
à l’article sur le Paulownia imperialis deM. Bos-
sin 4 2142 col., 49° lignes, et plus bas: üignes 29,
graines au lieu de grènes. L'omission de l'a dans
le dernier mot n'aura pas du reste échappé à nus
lecteurs.
dE natation Mi aps AA
(4) Est donateur celui qui souserit pour cent fr.
au moius pendant quatre ans.
Est patron celui qui sou:crit pour ciiq francs au
moins pendant quatre ans, el s'engage à surveiller
l'enfant qui lui sera confié. à
Est souscripteur celui ou celle qui donne, pendant
une ou plusieurs années, cinq francs au moins.
Les noms des cinq cen's premiers donateurs, pa-
trons où souscripteurs, seront inscrits à perpétuité
sur un tableau déposé au lieu des délibérations de
la Société à Paris et daus les principales salles des
colonies.
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE ils,
_40e aumée. £
EC
——_—
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
| CHIMIE INORGANIQUE. Sur une nouvelle com-
| hinaison de platine ; Knof. — SCIENCES NA-
TURELLES. GÉOLOGIE. Sur les phénomènes
| ærratiques du nord de l’Europe; Daubrée. —
! SCIENCES MÉDICALES. ANTROPOLOGIE. Sur
Fes Cagots; Guyon. — THERAPEUTIQUE. Sur
l'emploi de la pâte arsénicale pour le traitement
| {ocal du cancer; Mance.— ZOULOGIE. Observa-
| tions sur le tapir Pinchaque Goudot — SCIEN-
CES APPLIQUÉES. ECONOMIE SOCIALE.
|
“Question vinicole; C. B. F:— ARTS CHIMI-
QUES. Du tannage mécanique et autres perfec-
tionnements du tannoge; J. Garnier. — ARTS
MÉCANIQUES. Pièce d horlogerie indiquant les
fractions les plus minimes de seconde; F. Leo-
“ xhart. — AGRICULTURE. ECONOMIE AGRI-
“COLE. Essai sur la croissance des arbres; d'Hom-
! bres Firmas. — HORTICULTURE. Sur les dah-
| lias; Bossin — Imporiance de l'échenillage. —
|
SCIENCES HISTORIQUES. ACADEMIE DES
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Séance
du 11 février. — FAITS DIVERS.
———
| SCIENCES PHYSIQUES.
CHIMIE INORGANIQUE.. …
| Sur une nouvelle combinaison de platine.
| Par M. W. Knop.
| Suivant M. Gmeliu, le chlore en agissant
. sur une solution de ferro-cyanure de po-
“ tassium , le transforme en ferri-cyanure
| rouge. Cette découverte me fit supposer
que d’autres cyanures doubles se compor-
}teraient d'unexmavière semblable. En sui-
| vant cette idée . j’ai entrepris, sur l’invita-
tion de M. Wæhleret sous sa direction, une
« série d'expériences, en commercant par le
platino-cyanure de potassium. Le sel se
comporte en effet comme le ferro-cyanure,
‘car il se convertit, par l’action du chlore,
en platini cyanure de potassium, dont nous
allons décrire le mode de formation et les
| propriétés.
Je préparai d'abord le platino-cyanure
ide M. Gmelin, soit en calcinant du ferro-
| Cyanure de potassium avec de l'éponge de
platine, d’après la méthode connue, soit par
| “a autre procédé qui me paraît plus avan-
tageux et plus sûr. Ce procédé consiste à
. Préparer du protochlorure de platine en
. chauffant le bichlorure, et à dissoudre le
» L . .
| protochiorure.dans une dissolution de cya-
| nure de potassium , concentrée et récem-
| ment préparée, de manière à maintenir un
léger excès de protochorure non dissous.
On filtre et on évapore à cristallisation, ce
Qui donne une grande quantité de platino-
| cyanure de potassium.
Pour le transformer en platini-cyanure,
où s en prépare à chaud nne solution telle,
qu'elle commence à déposer des cristaux
par le refroidissement. Dans cette solution
on fait passer du chlore, ce qui détermine
Paris. — Dimanche, 19 Tévrier 1845.
Ke
MON
bientôt la formation de pelites aiguilles d’un
rouge cuivré,etdontla quantité augmente,
si bien que le liquide finit par se prendre
en un magma cristallin. Dès que cela s’est
effectué , on arrête le courant de chlore,
autrement on décomposerait le nouveau
produit. On jette la masse sur un enton-
noir, on la presse légèrement de manière à
faciliter l'écoulement de l’eau-mère , puis
on l’exprime fortemententre des doubles de
papier joseph. Le sel est trop soluble pour
être lavé à l’eau ; cela ne peut pas se faire
non plus par l'alcool, car celui-ci précipi-
terait l'eau-mère. Pour le purifier complé-
ment on le dissout à plusieurs reprises dans
fort peu d'eau bouillante, aiguisée par un
peu d'acide hydrochlorique, afin de saturer
le cyanate ou le carbonate de potasse dont
il serait mélangé, et qui le ramènerait à
chaud à l’état de platino-cyanure.
Le platini-cyanure de potassium est un
des plus beaux sels que la chimie possède.
Il forme de beaux prismes d’un éclat mé-
tallique cuivré. Vu en masse, il ressemble
à un tissu métallique composé de fines ai-
guilles de cuivre. En l’esaminant au mi-
croscope, on remarque que les cristaux se
composent de quatre prismes quadrangu-
laires , d’un vert pâle par transmission.
Cette transparence s'observe déjà au soleil
à l'œil nu.
Le sel se dissout fort aisément dans l'eau
sans coloration ; lorsqu’on évapore sa solu-
tion à cristallisation, on remarque ce phé-
nomène extraordinaire que le liquide in-
colore dépose un corps rouge à éclat mé-
tallique. Il est insoluble dans l’alcool.
Sa solution donne avec les sels de cuivre
un précipité bleu-verdâtre, avec ceux d’ar-
gent et de bi-oxyde de mercure un préci-
pité blanc, et avec ceux de protoxyÿde de
mercure un précipité bleu foncé.
Mis en digestion avec une solution de
carbonate de potasse , il est ramené à l'état
de platino-cyanure. L’acide sulfurique con-
centré le détruit en séparant un corps jau-
nâtre et pulvérulent, qui dégage du cyano-
gène par la calcination, et laisse un résidu
renfermant du plative et du potassium à
froid ; l’acide hydrochlorique concentré le
rend d'abord orangé, puis incolore; à
chaud , le sei redevient d’un rouge cuivré.
Ce sel se décompose fort aisément par la
chaleur ; déjà, par un séjour prolongé
dans le vide sur de l'acide sulfuique, à la
température ordinaire, il se décompose en
partie en perdant son eau de cristallisation
et en noircissant, de sorte qu'il nese dissout
plus entièrement. Par l’échauffement, il
commence par noircir en dégageant du
cyanogène, puis il devieut d’un blanc jau-
nâtre, et enfin il fond en une masse brune.
Pour déterminer le potassium et le pla-
tine je mélangeailesel séchéavec précaution
avecaumoinstrois fois son poidsde selammo-
N° 14
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
a
1. ÉcHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMAFCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les (épartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un a8
25 fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr., 8 fr. 50. A l'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS Ct les MORCEAUX CHOZS:S du mois (qui coûtent checun
40 fr, pris séparément } €t qui forment avec l’Echo du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M: le vicomte A, DE LAYALE®T%XE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant,
niacet je le chauffai, de manière que tout le
cyanogènce se dégageàt à l’état de cyanure
d’ammoniam , et quil restàt un mélange
de platine et de chlorure de potassium.
I. 1,0 gr. de sel donua 0,7715 de résidu,
composé de 0,431 platine et 0,337 chlorure
de potassium.
IL. 4,0 gr. de sel donna 0,768 de rési-
du , composé de 0,435 platine et 0,331
chlorure de potassium.
L'eau et le cyanogène furent déterminés
per la combustion avecl’oxyde de cuivre.
I. 0,542 gr. de sel donnèrent 0,059 eau
et 0,23 acide carbonique dans lappareil à
potasse, ainsi que 0,0528 acide carbonique
retenus par la potasse dans le tube à com-
bustion, ensemble 0,2828 — 14,34 p. c. de
carbone — 31,0 p. c. de cyanogène.
IT. 0,8055 gr. de sel donnerent 0,08 eau
et 0,341 acide carbonique dans l'appareil à
boules, ainsi que 0,0785 acide carbonique
retenus par la potasse dans le tube à com-
bustion, ensemble 0,4495 — 14,54 p. ce. de
carbonne — 30,9 p. c. de cyanogène.
Ces données conduisent à la composition
suivante :
Calcul. I,
K? 17,33 17,704
pi? 43,63 43,400
Cy!2 29,10 31,000
5 H°0 9,94 10,800
100,00
La composition de ce sel s'exprime donc
par la formule :
(2K Cy° + PL, 3 Cy?) +5 aq.
L’excès de cyanogène que présentent les
analyses provient sans doute dela difficulté
d’avoir le sel parfaitement sec sans le dé-
composer légèrement Comme la propor-
tion du cyanogène a été calculee d'apres le
carbone obtenu dans les combustions, il est
évident que l’erreur paraissait ainsi deux
fois plus forte.
(Revue scientifique.)
SARe 7
— PELLE 5
SCIENCES NATURELLES.
GEOLOGIE.
Note sur le phénomène erralique du nord de
l'Europe, et sur les mouvements récents du
sol scandinave; par M. A. Daubrée, ingénieur
des Mines, professeur de minéralogie et de géo-
logie à la Facnlté des sciences de Strasbourg.
«La constance danslesdirections moyen-
nes des sillons et des stries que M. Sefstrôm
a sigualée sur une partie de la Suëde, et
celle qui aété observée aussi par M. Bôht-
lingk et par M. Durocher, en Finlande et
dans les parties adjacentes de la Laponie,
ne se retrouvent plus dans lesrégions mor
tagneuses de la Norwége. Dans cette der-
nicre contrée, les traces de transport et de
316
frottement, à part desinflexions qui n’exis-
tent que sur une petite échelle, divergent à
partir des régions culminantes en se rap-
prochant des lignes des plas grandes peu-
tes du massif. C’est ce que J'ai observé dans
plusieurs des grandes vallées qui prennent
naissance dans les cimes neigeuses du Ber-
genstilt, et débouchent dans la mer entre
Arenlal et Christiania : la direction des
stries suit le cours de ces vallées, en se con-
formant à leurs principales courbures. Les
observations faites par M. le professeur
Keilhau et par M. Siljestrom dans d’autres
parties des Alpes scandinaves, et Jusqu'à
une altitude de 4000 pieds norwégiens(1160
mètres), conduisent au même résultat.
Ainsi, l’agent auquel le sol de la Norwége
doit ses proéminences partiellement arrou-
dies et strices, paraît avoir rayonné antour
des principales crêtes en suivant les gran-
des vallées qui en descendent, absolument
de même que dans les Alpes de Ja Suisse.
Ce n’est que loin des montagnes propre-
ment dites, sur les plateaux faiblement on-
dulés de Ja Laponie, de la Suède et de la
Finlande. que ces accidents prennent une
uniformité d’allure qui a d’abort été consi-
dérée d'une manière tropexcelusive comme
caractéristique de tout le phénomène er-
ratique du Nord.
» On trouve au sortir de Christiania, et
sur le ciemin d'Agoersbach, la preuve
évidente que l'argile qui couvre une partie
des contrées littérales de la Norwége, a été
déposée postérieurement au polissage des
rochers et au creusement des stries, et dans
üne mer tranquille. Un rocher, élevé à
environ 70 mètres au dessus de la mer, a
été dégagé, il y a peu de temps, de l'argile
qui l’entourait, sur l’une de ses parois, qui
offre des stries profondes, on observe des
serpules, au nombre d’à peu près quarante,
qui ÿy sont -adhérentes comme celles qui
vivent aujourd'hui près du niveau de la
mer, ou comme les balares d'Uddewaila ;
quelques unes ont aussi pénétré dans une
fissure que l’ou pourrait croire ouverte de-
puis quelques. mois seulement. Ce même
rocher est aussi très remarquable, en ce
que les stries y sont gravées avec la-même
vigueur sur les faces inclinées, sur les pa-
rois verticales, et au dessous d’une corni-
che qui surplombe à 45 degrés.
» Le dépôt d'argile dont il s’agit a été
observé par M. le professeur Keïlhau, dans
le S.-E. de la Norwége, à uae hauteur de
183 mètres au dessus du niveau de la mer,
etjusqu'à 12 myriamètres du littoral dans
l’intérieur des terres. D’un autre côté, les
îles et îlots des archipelsqui bordent la côte,
particulièrement aux environs de Friedri-
kswävrn, ont des surfaces très fortement ar-
rondies, caunelées et striées, qui se pro-
longent jusqu’à perte de vue dans le sein
de la mer.
» Si l’on admet que lorsque ces rochers
ont été sculptés comme nous les voyons
aujourd'hui, le sol de la Norwége n’occu-
pait pas un niveau plus élevé que quand
les argiles bleues ont commencé à se dé-
poser, il faut conclure que le frottement,
qui a arrondi et sculpté d’une manière si
frappante beaucoup desîles de la côte S.-
E., a agi sous une nappe d'eau de plus de
200 mètres de profondeur, à une distance
du rivage de 8 à 12 myriamètres au moins,
» Or, ce résultat est difficile à concilier
avec toutes les hypothèses actuellement en
présence. La vitesse de courants fluides qui
se précipiteraient dans une grande masse
d’eau en repos, serait bientôt amortie, et
317
l'action des glaces pourrait difficilement
s'exercer dans de semblables conditions,
» Si doncil Cté démontré que les glaciers
ne peuvent avoir produit des stries à 25
lieues du littoral et sous 200 mètres d’eau,
on serait en droit de conclure que lors de
la première période du phénomène, c’est-
à-dire lors du creusement des sillons et des
stries, le sol de la Norwége était plus élevé
que plus tard, quand le dépôt argileux s’est
formé, et que par conséquent depuis lors
et antérieurement à la période de soulève-
ment actuelle, le sol a subi un mouvement
descendant. L'absence en Norwége et dans
la plus grande partie de la Suède, des ter-
rains compris entre l'époque de transition
et les derniers dépôts tertiaires, bien que
la Scanie et le Danemark renferment des
couclies appartenant aux terrains houiller,
triasique, jurassique, crétacé eltertiaireia-
férieur, confirmerait encore dans cette
idée, qu'à une époque postérieure au com-
mencement. des dépôts tertiaires, la pres-
que totalité de la péninsule actuelle était
émergée.
» Ainsi, dans la supposition que le fait
fondamental serait prouvé, une partiede la
Scandinavie aurait subi, à une époque ex-
trêment récente, deux mouvementsen sens
contraire, chacun d’eux aurait eu une am-
plitude verticale de 150 à 20G mètres.
C’est, du reste, un phénomène dont M. Elie
de Beaumont a reconnu la possibilité dans
son Rapport sur le travail de M. Bravais,
en disant, tome XV. page 844 : Des con-
trées voisines ont été et sont encore travail-
les par des mouvements contraires, ct
peut-être une même contrée a-t-elle éprouvé
successivement des mouvements en Sens in-
verses, comme semblerait l'indiquer la forêt
Sous-marine de Penzance, st voisine des
plages soulevées de divers points de Cor-
uouailles. J'ajoulerai que dans des régions
plus rapprochées de la Norwége, en Da-
nemark, M. Forchammer a reconnu en des
lieux voisins, des lignes de soulèvement et
d’abaissement qui auraient eu lieu à une
époque récente.
» Enfin, la Scanie, quiest aujourd’hui en
voie descendante, était très vraisemblable
ment, à en juger d’après fes dépôts moder-
nes qu’on y trouve, couverte par la mer
lors du phénomène diluvien. Depuis lors
il y a donc eu d’abord soulèvement, au
moins jusqu'à la hauteur actuelle de cette
province au dessus de la mer, puis est sur-
venu le mouvement descendant dans lequel
elle se trouve actaeilement. Seulement,
cette région méridionale a subi ces deux
mouvements en sens inverse de ceux du
reste de la Scandinavie, de même que se-
lon la comparaison de M. de Beaumont,
dans une planche faïsant bascule, chacune
de ses extrémités monte et descend alternu-
livemerit. »
— HIER —
SCIENCES MÉDICALES.
ANTHROPOLOGIE.
. Sur les Cagots.
Vœ victis !.....
Nous avons donné, dans notre numéro du
15 septembre dernier, une très courte note
sur les Cagots. L'auteur, M. Guyun, chirur-
gien en chef de l'armée d'Afrique, vient de
nous adresser, sur le même objet , un tra-
vail plus complet que nous nous empres-
sons de communiquer à nos lecteurs.
« Pour beaucoup, le mot cagot est syno-
318.
nime de crétin, c'est-à-dire d’un être plus .
ou moins déformé et qui, sous tous les rap-
ports, constitue une véritable dégénéres-
sence de l’homme. Cette dégénérescence,
il est vrai, nous est offerte par bon nombre
de Cagots, mais, ces individus ne forment
pas la masse de la population ; ils n’en sont
que des exceptions, ils ne sont, en un mot,
que des accidents produits par les localités
où on les observe. Ces localités sont les vai-
lées, et l’on sait que, dans tous les pays du
monde, depuis l'équateur jusque vers les
pôles, les vallées produisent le crétinisme,
dout le premier degré, pour nous, est le
goître.
» Les Cagots qui n'habitent pas des val-
lées, ceux qui vivent sur des lieux décou-
verts, que ce soient des montagnes ou des
plaines; ceux-là, dis je, r’offrentrien que de
normal dans leur organisation. Ce sont, en
général, des hommes à taille élevée, d’une
constitution sèche , musclés, à crâne bien
développé, nez long etsaillant, traits forte-
ment dessinés, cheveux pressés et ch 4 tains.
Ces caractères Serviraient peu à les distin-
gner des autres habitants du pays; mais,
il en est un autre qui a déjà été signalé par:
quelques voyagéursi ‘et qui, sil n'est pas
constant, est du‘imcins très répandu. Nous
voulons parler de la forme de l'oreille, qui
est ronde et sans.lobules, Cette conforma
tion se modifie par le croise ment arecles-
autres habitants, modification que j'ai pu
suivre dans plasieurs générations. C'est une
étude intéressante à faire, et je la signale,
avec le regret que la rapidité de mon pas-
sage dans le pays, ne m'ait pas permis de
n'en occuper âutant que je laurais de-
siré. aa
« Mais , que sont doncles Cagots? les Ca
gots constituent une population étrangère
aux Pyrénées; ils sont, dans les traditions du
pays, les descendantsdes Gothsou Visigoths,
qui furent défaits par Clovisà la bataille
de Vouillé, près Poitiers, en 507, et de là
le nom de vaincus quils portent, dit-on.
sur quelques points des Pyrénées espa-
gnoles. 2
» En admettant cette origimertes Cagots,
on pourrait supposer-queileurs-ancètres se
sont augmentés; plus tard;des Goths refou-
lés de la Péninsule espagnole; lors de lFin-
vasion musulmane. L’originel gothique des
Cagots se retrouve, toute entière , daus le
nom même qu'ils portent } ebiqui. est leur
nom lui-même, précédé d’aneépithète in-
. Jurieuse, le mot c«. Eneffet, la syllabe ou
lesmot ca, en langue basque; veut dire
chien. L’auleur de l’article Cagot, dans le
Grand Dictionnalre des sciences méd'caler,
fait veuir le mot cæ, qui entre dans la com-
position du mot cagot, du latin cazis, ce qui
revient au même. Il est à remarquer que
l'épithète de chiens a souvent été donné à
un peuple par un autre. Ainsi, par exem-
pie, dans tout le nord de lAfrique, les
Européens ne sont désignés, par les indi-
gènes, que sous les nom de keleb el cafér,
chien d’infidèle, ou de kelebelroumi, chien
de chrétien. J'ajoute que ia forme de l'e=
reille, offerte par le Cagot , dépose encore
de son origine gothique où septentrionale,
car elle m'a paru très répandue parmi les
peuples du Nord.
» Des personnes qui ont habité longtemps
les Pyrénées, assurent que le Cagotne san-
rait être confondu avec l’aborigène, et
qu'il ne s'en distingue pas moins au moral
qu'au physique. On s'accorde assez géné
ralement, dans le pays, pour reconnaitre,
dans le Cagot, une grande loquacité , et de
pré
Là ce dicton en cours parmi les Basques :
Laseur , bavard comme un Cagot. J'ai cru
remarquer,pour ma part, que le Cagot mé-
ritait ceite épithète. Un, entre autres, que
Le rencontrai dans la vallée de Campan,
“tait un véritable moulin à paroles ; il ne
tarissait pas. Ji joignait, à cette loquacité,
a plus grande pétulence et un esprit de ré-
parties fort heureux. Il était essentiellement
ergoteur, etc. ; quoique J'aie pu faire, pour
Famener à me dire son nom , il me fut im-
possible de le lui faire décliner.
» Un ecclésiastique, qui ne compte pas
moins de quatre cenis Cagots parmi ses
iparoissiens, m'a fait, du Cagot, le portrait
le plus favorable. Le Cagot, me disait-il,
est docile, soumis. religieux, reconnaissant.
\Mais, dans la vallée de Campan , où Je vis
! des Cagots pour la première fois, ils ne jouis-
sent pas d'une aussi bonne renommée. Un
: garde forestier, avec qui je visitai la grotte
de la vallée, se plaignæit d’avoir trop sou-
| vent'affaire avec eux, à l'occasion des bois
dont la garde lui était confiée ; il les accu-
|
| sait, en même temps, d'être un peu rela-
{
»chés dans leurs mœurs; d’avoir peu de pen-
| chant Il
| pour une union durable, etc.
| y avait déjà quelque temps que je le ques-
| tionnais sur les Cagots, n’en ayant encore
vu aucun, lorsque portant tout-à coup ses
regards sur les oreilles d'un homme de no-
tre suite, il s’écrie : Mais, Alonsieur en est
un /... Celui-ci ne fit aucune objection :
ses oreilles ètaient là, déposant de son ori-
: gine. C'était, dureste, un très brave homme;
chargé de nous conduire dans la grotte, il
s'était acquitté de ce soin a vec un zèle tout-
à-fait désintéressé.
» L'établissement des Cagots, dans les Py-
rénées, ne fut consenti, par les aborigènes,
! Que sous certaines conditions, dont la pre-
mière fut ladoptien du christianisme , car
ils étaient ariens. Ils ne pouvaient s'établir
que plus où moins loin de la population
aborigène; plus tard, à cequ'il paraît, ils pu-
rent s'en rapprocher et vivre même avec
elle; mais, seulement, dans des quartiers
tout-à-fait séparés ; 1ls ne pouvaient s'allier
à celle-ci, ettoutes les professions libérales
leur étaientinterdites. Ainsi, par exemple,
un Cagot ne pouvait être prètre, et de là ce
vieux proverbedes pays basques, pour faire
allusion à uñe: chose impossible : ça arri-
vera quandun Cagot sera prétre. Cet état
de choses persista jusqu'à notre révolution
de 93, époque à laquelle les Cagots virent
disparaître l'injuste législation qui les avait
xépis jusqu'alors. Malheureusement, et nous
devons le dire, il en reste encore des traces
profondes dans les préjugés du pays. Ainsi,
par exemple, les alliances des Cagots avec
les Basques, sont toajours rares et seule-
ment acceptées, par ceux-ci, en échange
d’un certain état d’aisance; elles ne le sont
même que par les hormmes, jamais, ou
presque Jamais, parles femmes, à moins que
celles ci, par quelque faute, ne soient tom-
bées, parmi les leurs, dans une sorte de dé-
gradätion. Ainsi encore, partout, ou pres-
que partout, où se trouvent réunis des abo-
oènestet des :Cagots, ceux-ci vivent,
comme panle-passé, dans des quartiers sé-
parés. C'est ce que j’ai vu, tout récemment,
à Campan, village dans la vallée du même
nom, oùole quartier des Cagots est séparé
de la population aborisène par le joli tor-
rent derl Adour; à Saint-Palais, bourgade
Sur la route de Pau à Saint-Jean-Pied-de-
Port, où le quartier des Cagots est au-delà
de la ville, qu'il domine, sur Ja route de
Roncevaux, Ses habitants nous rappelaient,
[e
lorsque nous les visitâmes, que ce fut par
celte même route que M. le maréchal
Soult opéra sa retraite en 1814. Disons aussi
que bon nombre déglises des Pyréuées
conservent encore la porte particulière par
la juelle les Cagots y entraient; leur place
était derrière le bénitier; ils ne pouvaient
s'avancer plus avant dans le sanctuaire.
» Un voyageur, Cervini, qui visitait, il ya
une quinzaine d'années, l'église de Lux (1),
ancienne église des Templiers, parle,en ces
termes, de la porte qui y était affectée au
passage des Cagots : « Mais, en entrant dans
» l'église, quels pénibles sentiments n'é-
» prouvâmes-nous pas à la vue de cette porte
» latérale, la seule par Joquelle pouvaient
» péuétrer dans la nef, les goitreux pros-
» crits, pendant longtemps, de loute so-
» ciété, et désignés sous le nom de Cagots?...»
Voyage piltoresque dans les P) rérées fran-
çarses.
» Comme nous l'avons vu, les Cagots, lors
de leur établissement dans les Pyrénées,
n'eurent pas le choix des lieux; saus doute
que les plus découverts, les plus favorables,
les plus salubres, en un mot, étaient déja
occupés par les aborigènes , et que les
Cagots durent se rejeter sur les autres,
sur Îes vallées où nous Îles retrouvons
encore en si grand nombre aujour-
d'hui. De là Ja fréquence, la multiplicité
du crétinisme parmi les Cagots, à tel point
que les voyageurs ont pu prendre leur nom
comme synonime de celui de ces êtres dé-
gradés connus sous le nom de crétins, et
dont l'existence est le fait des localités où on
les rencontre. Cette erreur, pourtant, eût
été évitée; alors même qu'on eût négligé
tous les documents historiques, toutes les
traditions locales, si on se fût rappelé que
nulle part ailleurs que dans les Pyrénées,
les crétins ne sont l’objet de l’injuste ab-
jection dans laquelle lés Cagots ont vécu
longtemps. Loin de là, les Crétins, dans
tuus les pays qui en fournissent, jouissent
de la vénération publique , et les familles
qui en possèdent se croient privilégiées et
favorisées du ciel. C’est ce qui se voit en
Suisse, dans les Alpes, et ce que nousavons
vu même dans sa haute Autriche. Là, par-
tout, le Crétin est considéré comme un être
innocent, un bienheureux, ainsi qu’on dit;
il yest, à la lettre, le pauvre d'esprit de
l'Écriture.
» Les Cagots sont encore très multipliés
dans les Pyrénées. Les villages suivants,
situés au pourtour de Saint-Jean-Pied-de-
Port, en comptent un grand nombre :
Anhaux, Olhéguy, Ousouron, Michelené,
Cyrénalde, Baigory et Harritalde. Les ha-
meaux de la Madelaine et de Chubitua,
dans la même localité, ne sont encore ha-
bités, comme par le passé, que par des Ca-
gots seulement.
»Les exemples delongévitésont communs
parmi les Cagots placés dans de bonnes
conditions hygiéniques. Une cagote, morte,
Van dernier , à Saint-Jean-Pied-de-Poit, a-
vait atteint l'âge de 193 ans. À mon passa-
ge à Chubitua, hameau déjà mentionné,
j'eus occasion de voir un vieillard de 73 à
74 ans, qui travaillait dans son jardin; une
femme, du même âge, qui était grimpée
sur un cerisier, pour en cueillir le fruit;
une autre femme de 53 ans, qui était cou-
chée sur l'herbe, où elle se faisait peigner
par une de ses arrières-petites-filles; elle
était encore forte et robuste, avec toutes
ses dents antérieures , incisives el canines.
(1) Jolie petite villo située entre Barèges et Saint-
Sauveur,
» Je regrette que les bornes d’un article
ne me pérmette pas de m étendre davanta-
ge sur les restes d’un penple dont l'histoire
occupe une si grande place dans celle des
anciens peuples de l'Europe.
» Sans doute les Cagots, ou, pour mieux
dire, les Goths des Pyrénées, ne peuvent
tarder à s’éteindre dans la population abo-
rigène, malpré les préjugés qui les en éloi=
guentencore. Une autre cause de leur pro-
chaine extinction, ce sont les émigrations
qui s'en font depuis quelque temps, car, ce
sont eux qui constituent, presqu'à eux seuls,
les émigrations des pays basques sur l'Amé-
rique. Elles me sugoèrent une réflexion par
laquelle je terminerai ce qui nous reste à
dire sur les Cagots.
» Les Goths, partis, comme on sait, du
nord de | Europe, se sont répandus, dans
toutes les directions, dans les parties méri-
dionales, jusqu'en Espagne, d'où ils sont
passés en Afrique. C'était donc, à ce qu’il
paraît, un peuple voyageur, aventureux :
les Goths des Pyrénées auraient-ils conservé
quelque chose de cet esprit de leurs ancè-
tres, de cette disposition à quitter ie foyer
domestique , pour émigrer au loin? On se-
rait vraiment tenté de Île supposer, en re-
gard des émigrations dont nous parlons.
Des Cagots, hommes et femmes, interro-
géspar nous sur les motifs de Icurs émigra-
tions, assignaient tous, d’une part, leur
état de pauvreté, et de l’autre, la bonne
fortune de quelques ans de leurs compa-
triotes émigrés en Amérique.
» Sans doute, 1l serait facile de faire
prendre, aux émivrants des Pyrénées, une
autre direction. Pourquoi ne pas tenter de
les diriger sur l'Algérie? Le moment de co-
loniser ce beau pays est arrivé, ou il n'ar-
rivera jamais. Hàtons-nous de nous ratta-
cher au sol de notre belle conquête ; hâtons-
nous d'y implanter quelques jalons, d'y
remplacer le fusil par la bêche, d'y jeter
des populations derrière nos colonnes !.....
Seules, ces populations peuvent assurer le
fruit des immenses sacrifices faits par la
France depuis douze années, sur la terre
d'Afrique. Abdel-Kader, tout récemment
encore, dans son langage figuré, compa-
rait le résultat de nos efforts contre lui, au
sillon d’un navire sur la mer, ou au pas de
la gazelle sur le sable... Ces paroles sont
éloquentes pour la France; elles lui tra-
cent sa conduite. »
P. #. Depuis que nous écrivions ces li-
gnes, nous avons appris que M. Francisque
Michel, professeur à la faculté des lettres de
Bordeaux, s'occupe, depuis plusieurs an-
nées, de l’histoire des Jtaces maudites de la
France et del'Espagne ; que, pour les mieux
connaître, il a visité les Pyrénées françaises
et espagnoles; que les recherches qu'il a
faites, dans les archives de ces contrées,
l'ont conduit à des découvertes tellement
importantes, qu'il peut reconstruire lhis-
toire des Cagots, depuis le 1x° siècle jusqu’à
nos jours, et que ceite histoire doit être pro-
chainementlivrée à la publicité. Félicitons-
nous d'avance d’un travail qui nous man-
quait, ct que nous devrions posséder de-
puis longtemps.
En effet, on a lieu de s'étonner qu’à
une époque où l'an s’occupestant des ra-
ces humaines, et où un voyage de cireum-
navigation a été entrepris tout exprès dans
ce but, le dernier de l'amiral Damont-Dur-
ville; on a lieu de s'étonner, dis-je, qu’à
cette époque on n'ait encore rien fait de sé-
rieux sur des races qui vivent au milieu de
nous, nous voulons parler des Cagots des
osÀ
Pyrénées et des Bohémiens dont l'existence,
en Europe, constitue toujours un grand
problème historique.
THER APEUTIQUE.
Sur l'emploi de la pâte arsénicale pour le
traitement local du cancer; par M.Manec.
» Dans les premières applications que
j'eus à faire de la pâte arsenicale, considé-
rant son action comme purement escarro-
tique, je pratiquai, selon Fusage, l'ablation
des fongosités cancéreuses.
» J'eus lieu d'observer que, dans Îles
épaisseurs augmentées par les prolonge-
ments internes du cancer, sa chute n'avait
été ni moinsprompte, ni moins préciseque
dans ses parties les plus minces. L'action
escarrotique avait complétement détruit
celles-ci, tandis que, dans celles-là, elle
s'était limitée à une couche d'environ un
demi centimètre d'épaisseur, et qu’au-des-
sous, toute la profondeur de la masse car-
einomateuse se treuvait flétrie, atrophiée,
sans que sa texture en fût désorganisée.
__» J'en dus conclure, 1° quant à la théo-
rie, qu'au lieu d’interposer entre la pâte
arsénicale et lestissus sains un 72edium
capable d'empêcher ou ralentir l'action da
médicament, le corps cancéreux en était,
avant la suppuration éliminatoire, frappé
d’une sorte d’'empoisonnement dans sa vi-
talité particuhère, et 2° quant à la prati-
que, que l'ablation préalable des fongosi-
tés cancéreuses est parfaitement inutile.
» Deux femmesentrées dans mon service,
et âgées, l'une de 62 ans, l’autre de 59,
portaient au cou d'énormes uicères cancé-
reux dont la circonférence n'avait pas
moins de 25 à 30 centimètres. Une autre
femme, âgée de 66 aus, en portait un de
12 centimetresde circonférence, qui s’éten-
dait presque superficiellement de la joue
sur l’aile du nez. Ici l'épaisseur du cancer
était d'autant plus mince qu'il n’offrait
point de fongosités. Or, dans ce dernier
cas, comme dans les deux autres, l’appli-
cation, à même dose, de la pâte arsénicale
amena le détachement du cancer sans que
la joue ni l'aile du nez en fussent perfo-
rées.
» J'en dus tirer cette importante consé-
quence que l’action destructive de la pâte
arsénicale demeure limitéé aux tissus car-
cinomateux et ne provoque au delà que la
suppuration éliminatoire.
» Rassuré par dé nombreuses observa-
tions de ce genre, j'ai appliqué, depuis près
d’un an, ce mode de traitement aux can-
cers de l’utérus. Tout ee que cette appli-
cation nr'a offert de nouveau, c’est une ab-
sorption plus prompte de l’arseuic et une
réaction générale plus rapide.
» Les urines, examinées selon la mé-
thode de Marsh ont toujours fourni des ta-
ches arsénicales, au plus tôt huit heures
après l’applicatiou du médicament, et au
plus tard, quinze heures après. J'ai observé
que l'élimination s’opère selon la prompti-
tude de l'absorption. Quand celle-ci a été
rapide, les urines présentent de l’arsenic
pendant quatre ou cinq jours, et dans le
cas contraire, jusqu'auseptième. Mais l’ar-
senic paraît aussi dans les matières fécales,
où l'élimination continue sept à huit jours
après que les urines n’en offrent plus au-
cune trace. »
324
ZOOLOGIE.
Nouvelles observations sur le Tapir Pin-
chaque ; par M. Justin Goudot.
« M. le docteur Roulin, dans un Mémoire
lu à l'Academne des Sciences en 1829, a
fait connaître une nouvelle espèce de Ta-
pir qu’il avait découverte dans la Cordillère
orientale de la Nouvelle-Grenade, et dont
il soupçonnait l'existence dans la Cordil-
lère moyenne. Ayant reconnu, par la lec-
ture de ce Mémoire, que l'individu décrit
formait uue seconde espèce américaine, ce
qui n'était point connu, je crois, même
dans le pays, j'ai cherché à obtenir de nou-
veaux renseignements sur cette espèce,
dout l’auteur du Mémoire cité n'avait pu
observer que deux individus, tous deux
mâles.
» Je me suis assuré d’abord que, comme
le soupconnait M. Roulin, le Pinchaque
existe en effet dans la Cordillère moyenne,
et c’est là que J'ai tué lPindividuqne je vais
décrire et dont J'ai rapporté la dépouille
en Europe.
» Je ferai observer que lPespèce est com-
mune, bien qu’inconsue jusqu'en ces der-
niers temps aux naturalistes; que ses habi-
tudes paraissent se rapprocher beaucoup
de celles de espèce anciennement connue,
et qu’ainsi les observations dont elle a été
le sujet offrent un nouvel intérêt, en con-
firmant jusqu'à un certain Point des faits
avancés, relativement à l’espècecomruune,
par d’anciens écrivains, et niés par des na-
turalistes modernes.
» Ainsi, c’est principalement de nuit que
les Tapirs Pinchaques fréquentent les, en -
droits escarpés où le terrain offre un schiste
argileux (salitre), Ils y forment de légères
excavations , où l’on voit l’empreinte de
leurs dents; ce qui n'arrive d’ailleurs que
dans les cantons où ts sont peu poursuivis.
» Piusieurs fois, en parcourant les bois
avec des homimes du pays qui me servaient
de guides ou portaient mon bagage, j'ai
profité des sentiers formés par le passage
de ces animaux, surtout dans la région
très élevée, où une atmosphère presque
toujours humide et froide donne à l’enséim-
ble de la végétation un caractère singulier.
Dans cette région, en effet, les troncs des
arbres etleurs rameaux étant tout couverts
de petites fougères et de lichens, particu-
hèrement du genre Usnea, forment par
leur entrelacement: un sol factice où nous
pouvions parcourir des espace, assez consi-
dérables à une élévation de 13,30 à 2,60
au dessus du vrai sol. Aussi, lorsqu'un che-
min de Fapir Pinchaque (camino de Dante)
s'offrait dans notre direction, nous avions
soin de profiter de cette route royale, ainsi
que lPappelaient pompeusement les gens
qui m’accompagnaient. J'étais étonné de
voir les trouées que forment dans les bois
ces sentiers, bien que les Tapirs marchent
d'ordinaire à la suite les uns des autres.
ainsi que J'ai eu occasion de le voir une
fois au point du jour, où quatre de ces ani-
maux, dont un petit, se retiraient d’un sa-
litre. Ces salitres sont si habituellement
fréquentés par les Tapirs Pinchaques, lors-
qu'ils n’y ont pas encore été poursuivis, que
des chasseurs étaient sûrs, en s'y rendant
avec des chiens un peu avant le lever du
soleil, d'en trouver toujours quelques uns
(les paresseux, disaient-ils). En général,
cependant, ces animaux sont très méliants;
car, ayant fait tendre des lacs en corde et
en lianes près du salitre, placés avec toute
la ruse et la précaution dont sont capables
| 33%
les chasseurs du pays, et sur les passageg
les plus fréquentés, qu'on reconnaissait à
des traces aussi nombreuses que celles qui.
se voient aux environs d’une petite source:
d’eau isolée à portée du bêtail, aucun n'a
repassé par ces endroits, bien que j'aie
trouvé plus tard la preuve qu'ils étaient
revenus au salitre.
» J'ai trouvé de ces battues (rastros) de-
puis 1109 mètres au dessus du niveau de Ja
mer jusqu’à 4109 mètres, presque au pied
des neiges du Tolima (M. Boussingault donne
pour la limite inférieure 4686). Ainsi l’on
voit que l’animal peut passer d’une région
où la chaleur moyenne est de 18: et 20°
Réaumur à une autre où, dans la nuit, le
thermomètre descend souvent à zéro. Bien
qu'il monte si haut, là où le sol se couvre
plus particulièrement de graminées et de
frailejon ( EÆspeletiu grandiflora), car; y ai
vu iréquemment les sisnes de son passage,
ainsi que les débris des jeunes pousses de
PEspeletia dunt il avait mangé la partie
tendre (cogollo), il paraît peu s’accoutu -
mer à ces terrains découverts, et habite de
préférence la partie boisée, les grands bois
fourrés de la région froide plus particuliè-
rement encore que ceux plus clairs de la.
région un peu inférieure connue sous le-
nom de terre lempérée.
» Une fois à l’eau il paraît qu'il y reste:
tout le temps qu'il se croitpoursuivi. À ma
connaissance, un de ces animaux, plutôt
que de quitter le torrent où il s'était réfu-
gié, s’est laissé assommer par les grosses
pierres qu’un chasseur lui laissait tomber
sur la tête; seulement parfois il remoniait
ou descendait le torrent pour fuir.
» À terre, il n’est guère plus dasgereux,
et je ne eonnais que trois cas où il a donné.
quelque signe de courage : le premier esè
relatif à un J'apir raui, poursuivi par de
mauvais chiens, leur fit face en arrivant
près de l’eau; le chasseur quise présenta le
premier hésitant à l’approcher, le Tapir
courut sur lui et le renrersa ayec sa trom-
pe. Les deux autres cas sont relatifs à des
femelles avec leurs petits :Vune, dans les
bois, renversa un ca’guero, etfautre, quoi-
qu’en domesticité, culbutasaussi une per-
sonne qui touchait le petit avec avec son
parapluie. Je n’ai jamais entendu dire que
personne ait été mordu paï cekte espèce."
« L'individu que j'ai pume-procurer fut
débusqué sur les huit heures du matin;
près du lieu appelé {as Juntas, au pied du
pic de Tolima, sur les bords du Combayma,
à 1918 mètres de hauteur suivaat M. Beus-
singault. IL arriva de suite à l’eau; là,en-
touré de chiens qui pour la plupart se te-
naient sur la rive, il restait stationnaire a
milieu du torrent, haussant de temp; en
temps sa trompe, faisant entendre un bruit
que le fracas des eaux et les aboiements cou-
vraient presque entièrement; il rompait le
courant avec une grande facilité, et ceux
des chiens qui cherchaient à arriver jus=
qu'à lui en se jetantplus haut à l’eau étaient
parfois submergés; maisaucunne fut blesse,
et je crois même qu'en pareils eas ils Le sont
très rarement. Après a oir recu une balle
qui lui traversa l’aorie à la sortie du cœur,
l'animal put encore passer la rivière.
» C'était un jeune individu femelle qui
portait encore à la partie postérieure du
corps les restes de sa livrée, où Kon-distin-
guait plusieurs bandes et taches@blongues
d'un blanc sale : le pelage, trésfourhi Sur
le corps, était d'un brun tirant$ur le noir;
les quatre jambes offraient des poils blancs
clairs-semés, surtout entre les cuisses; Sous
Jérentre on en voyait aussi que’ques uns;
: poils blancs autour del’organe femelle;
| avait, aux quatre pieds, une raie blan-
sans poil ; le bord des lèvres, au deux
tchoires, était garni de poils gris, avec
nètres depuis son extrémité jusqu'aux
ñts; l'animal la tenait inclinée ou pen-
te; la tête avait 54 centimètres de l'ex-
mité de la trompe jus qu’aw bord interne
| l'oreille; 80 nullimètres dedistance en-
les deux oreilies; 38: centimètres: du
ut de la trompe jusqu’à la nuque; l'o-
lle, longue de 1i5-miilimètres, avait son
‘rd supérieur liseré de poils blancs, une
tite touffe de poils blancs se voyait aussi
| bas de sou bord postérieur près la con-
He ; le cou était rond; il n'y avait point, à
* croupe, d'espace dénué de poil. Les chas-
.urs qui avaient tué depuis peu d’années
Ê grand nombre dè ces animaux (plus de
} ou 40) m'assurèrent.que l’espace nu de
croupe varie, suivant les individus et
Hit se voit plus grand chezles vieux; ils
poor que l'animal acquierb cette cal-
:
l
|
site par le frottement en iglissantsouvent
r un sol très fortement=iatliné! Quoi
1il ensoit, plusieurs dé cé peñuv que j'ai
\1es conservées pour l'ufäge domestique
L5n sen sert comme de Couchettes) m'ont
l'fert ces mêmes plaques plus où moins
‘:endues.
! » L'estomac a offert une grande masse
Le différents végétaux fraichement tritu-
\£s; principalement du Chusquea scandens,
linsi que l'avait déjà annoncé M. Roulin,
Lt des fougères ( Helechos).
|-ȣLa chair de celanimalest rouge comme
elle. de l'ours et est‘bonie manger.
» Il résulté”’de mes vbservations que
espèce du 'apir Pinchaque habite de pré-
‘érence la région froide des Cordillères, et
pue, bien qu’elle descende souveut jus-
huaux rivières ou torrents qui coulent
Lans les gorges des montagnes élevées ei
jui n'offrent guère un voiume d’eau assez
ldnsidérable qu'à leur arrivée dans la ré-
“sion tempérée, elle narrive:pas jusqu'aux
“;rands fleuves on cours d’eau de la région
lasse, qui est fréquentée, au Contraire, par
|e Tapir commun. On peut dire de cette
:spèce qu’elle habite (du moins dans la
Nouvelle-Grenade) la parte des Andes qui
est aussi parcourue par l'Ursus ornatus;
“mes observations établissent aussi quelques
“ocints sur lesquels M. le docteur Roulin
‘n'avait pu offiir que des conjectures, sa-
ere
|Cordillère centrale aussi bien que là chaîne
| n
“est noire comme celle du mâle; 3’ que le
|jeune porte ia livrée comme celui de l’es-
tes n'est point une disposition congénilale.
)M. Roulin avait fait remarquer:l'absence
‘du liseré; blanc au bord dé/lorcilie des
\deux inditidusgmales qu'il avait observés :
‘ma jeune, femé Ie présentait ce liseré; mais
Ja différencé Épendait-elle du sexe ou de
| Vâge ? C'estcæque je ne saurais décider. »
SCIENCES APPLIQUÉES.
"ÉCONOMIE SOCIALE,
BE >
Question vinicole.
Irésulte d’un rapport fait par M. Coste,
ment de l'Hérault, en réponse aux ques-
itcémité brune; la trompe avait 80 mil-
voir : 1° que la nouvelle espece habite la
lorientale ; 2° que la couleur dé la femelle
pêce commune; À° que la place nue de la,
croupe qui paraît coustaute chez les adul-
au nom du comité vinicole du départez |
326
tions proposées par la reunion de Partie,
sur l’état de l’industrie vinicole et sur les
causes de sa décadence: 1° que depuis 1825
le nombre d'hectares: de terre eomplantée
en vignes s'est accru de 14,000 (les co-
teaux ctla plaine ont eu une part à peu
près. égale: dans cette augmentation ) ;
D'quesdepuis 1810, le prix des vignes qui
avaittjusqu'alors suivi la progression as-
cendante. des autres terrains est allé cons-
tamment.en diminuant, de telle sorte que
saus exception d'aucuve localité, les vignes
u’out au moment présent d'aûtre valeur
que celle du soi sur lequel elles se trou-
vent; 3° que depuis la même époque le
prix moyen des diverses qualités de vin a
diminué de moitié au moins; que malgré
cette diminuiion la vente des vins de chau-
dière.est la seule facile; que pour se dé-
faire des vins de commerce le propriétaire
se trouve obligé de les livrer à la distilla-
tion, et de se contenter ainsi du prix de
leur matière alcoolique, 4° que les expé-
ditiuns pour l’intérieur ont augmenté mal-
gré les vices des lois des finances, et que
celles à l'extérieur ont suivi à peu près la
même progression, .si lon en excepte tou-
tefois Le Brésil pour lequel les exportations
sont devennies plus rare, et plus diificiles.
L'auteur du rapport-dont nous nous oc-
cupons et la commission dont il est Por-
gane, justement alarmés de la position des
prupriélaires vinicoles qui, produisant et
veudant à Pintérieur ou à l'étrauger une
quattilé-double de vin de celle qui se ré-
coltaitien :1823 dans le département de
l'Hérault/retirent de leurs produits un prix
inférieur de imoitié à celui qu’ils perce-
vaient à cètté époque, ont recherchés les
causes de cette anomalie. Ces causes ils les
ont trouvé à l’intérieur dans l’exagération
des droits, surtout dans Îles droits d'octroi
et dans les:moyens acerbes de perception;
à lextérieur, dans l'influence du système
protecteur qui depuis plus de vingt ans
profite à quelques milliers d’industrieis au
préjudice de l’agriculture et des deux tiers
de la population. Si les vins n’ont pas été
exportés dans Ta même proportion pendant
ces dernières années que les marchandises
que produisent nos autres diverses indus-
tries, c'est Au système dit protecteur et aux
droits imposés sur les sucres qu'il faut s’en
prendre. Usant d’une réciprocité légitime,
‘les États du nord de l'Europe comme ceux
de l'Amérique , ont établi sur nos vins des
droits tels qu'on peut Îles regarder comme
une prohibition.
Il cst à remarquer que les propriétaires
:vinicoles de la Gu'onde, de la Champayne,
:de la Bourgogne, arrivent par les mêmes
-molifs avec quelques raisons de pius qui
tiennent à la qualité de leurs produits, à la
imême conclusion que l£ comité vinicole de
PHérault.
Les uns et les autresont beaucoup parlé,
et peut-être trop, de la falsification. Sans
vouloir nier qu'elle soit pour quelque chose
dans la dépréciation des vius réccités, il faat
reconnaître qu’elle n’est qu'une cause se-
condaire qui s’effacera tont à fait dès le
moment que l’abaissement des droits en-
lèvera aux marchands de drogues et de
teintures toute certitude de gain.
En résumé, de toutes les enquêtes, de
tous les renscisnements, il sert une vérité.
C’est que le sysième sur lequel nous vivoas
est usé ; qu'il est temps de songer à le re-
construire à neuf, et que les replâtrages
qu’on essayerait de faire sur l'édifice finan-
-cier-erevassé de toutes parts, ne serviraient
Ne)
24
auwàarendre.sa chrte plus prochaine et pius
désastreuse. Aujourd’hui surtout, l’indus-
trie n’est plus divisée en catégories, elie
n'a point d'intérêts opposés , elle est une.
C’est une grande erreur de croire que cer-
taines. fabrications cesseront d'exister dès
le moment où ciles ne subsisteront plus
sous une protection spéciale. Lorsqu'elles
s'établirent en France, il y a vingt-cinq ans,
elles avaient besoin d'être encouragées ,
d'être soutenues ; on inagina le systétie
protecteur, ce fut bien. Aujourd'hui fortes,
puissantes, curichies comme leurs rivales
de Belgique où d'Angleterre, par les dé-
couvertes de toutes les sciences, elles n’ont
plus à craindre d’être vaincues den la luite.
Leur âze de virilité est venu meintenani;
vouloir qu'on les traite comme si elles
étaient encore au berceau serait de leur
part, non point de la modestie, mai, le ré-
sultat d’un calcul ou Paveu complet de leur
impuissance. GBLE 10
}
ARTS CHIMIQUES.
Du lannage mécanique et autres perfectionne-
ments récents du lannage.
(Troisième et dernier article.)
Les peaux tannées contiennent une gran-
de quantité d'eau, dont une partie au moins
doit être enlevée ; pour cela, on les suspend
dans des greniers que l'on aëre à volont:
par le moyen de persiennes mobiles. Mais
les variations d’hygrométricité de l'air et
celles de la température rendent la dessica-
tion très irrégulière et fort longue. Avec
des espaces beaucoup moindres, on peut,au
moyen d'un veutilateur à force centrifuge,
dessécher rapidement les cuirs, et diminuer
ainsi l'un des inconvéuieuts de la fabrica-
tion.
M. Ogerau est parvenu tout récemment
à diminuer de beaucoup la durée du tan-
hage. Son système peut s'appeler tannage.
par filtration continue pour les gros cuirs à
semelles. On sait qu’on est parvenu à ac-
célérer le taunage des petites peaux, pour
la rnallerie, en les malaxant avec l'écorce:
le malaxage. en rompant le nerf dela peau,
la rend plus douce et plus disposée à pren-
dre le tanunage; la peau ainsi traitée reste
molle, soyeuse et convenable à l'emploi.
M. Ogerau tanne | ainsi tous les ans une
quantité considérable de petites peaux.C’est.
peut-être ici leñieu de ‘rappeler qu’à Bor-
deaux on tanne parfaitément bien les peaux
minces surtout; Îles premiers tanneurs de
Paris conviennent eux-mêmes de ce fait.
Les gros cuirs à semélles ayant besoin,
au contraire, de conserver le nerf,la cohé-
sion Ja fermeté, qui constituent la qualité
de la semelle, ne pouvaient être traités par
les mêmes procédés que les petites peaux ;
il fallait trouver le moyen de jeter dans
leur fabrication du mouvement, de l'ac-
tion, de la vie, sans cependant les heurter,
les déranger. Voici les dispositions que:
M. Ogerau a imagiuées : :
Les fosses entassées jusqu'au sol, expa-
sées dans les cours aux intempéries des
saisons, ne lui parurent pas dans des condi-
tons convenables; aussi ses fosses sont po=
sées sur Je sol, à couvert dans un endroit.
clos , de manière cependant recevoir de
Pair à volonté, suivant les-saisons , le plus
possible dans les températures modérées ,
et de manière à les préserver des gelées et
des grandes chaleurs.
Les peaux, après les préparations pre-
mières de l'ébourrage et du gonflemeut ,
IT
VU m0
sont placées dans ces fosses Sivant la mé
thode ordinaire, chaque pean recouvcrte
d’unecouchedetan(l). La fosse ainsi remplie
jusqu’à 30 où 40 centim. de l'embouchure
est ensuite abreuvée d’eau.Il a été pratiqué
au fond de chaque fosse un double fond
avec quelques petites ouvertures qui per-
inettent au liquide sen! de passer. Du dou-
ble fond le liquide passe dans un récipient
auquel est adaptée une pompe qui reporte
ce nième jus au dessus de la fosse; ainsi il
s'établit uue circulation continue de liquide
qui, se trouvant au deæus de la fosse, tra-
verse cette masse, arrive au récipient d'où
il est rejeté à la surface. Pendant ce trajet
il s'imprégne d’air et arrive sur les cuirs
-avec upe force et des propriétés nouvelles.
Par ce procédé, la force des jus peut-être
observée à chaque instant , et le fabricant
expérimenté peut les réduire ou les forcer,
suivant qu'il le juge utiie.
Les cuirs demeurent ainsi un mois sur la
première poudre; six semaines sur Îa
deuxième poudre, et autant sur la troi-
sième poudre. Après quoi fa peau est com-
plétement pénétrée.
L'empioi des matières tannantes est le
même que pour la méthode ordinaire; cha-
que peau est recouchée de la même ma-
nière. La main-d'œuvre est aussi la même,
Le liquide tombant très lentement dans le
récipient, il ne faut que que'ques instants
pour lg ramener au dessus de la fosse ; ce
sont deux heures de travaii d'un ouvrier
tous les jours, pour plusieurs fosses,
Les cuirs ainsi obtenus out la même qua-
lité, la même couleur,la même apparence,
le même poids que traités par la methode
ordinaire; on comprénd donc de quelle
importance sera le nouveau système de
M. Ogerau , quand il sera pratiqué en
grand.
Trois ou quatre mois suffisent pour la
fabrication des gros eu'rs à semelle ; au lieu
de dix-huit à vingt mois en France, et de
deux, trois et jusqu'à quatre années en Bel-
gique ; toutes choses égales d'ailleurs.
M. Sterlingue, dont nous avons déjà par-
lé, emploie une machine qui peut hacher
4,500 kilog. par heure d’écorce de chêne.
Le premier, il a fait usage d’un foulon
pour assouplir les peaux venant de Buénos-
Ayres. Le premier encore, nous croyons, il
a remplacé le battage à la main par le bat-
tage mécanique.
Nous terminerons notre exposé par quel-
ques mots sur une nouvelle méthode de
tannage, proposée dans ces derniers temps,
par M; d’Arcet. ;
Le tannage par le sulfate de sesqui-oxyde
de fer est un procédé tout nouveau , pour
léquel il a été pris an brevet. Il est simple
et économique ; la durée est très courte ,
les matières premières sont à très bas prix;
de sorte qu’au premier abord ce procédé
semble préférable à tout autre,
La dissolation de sulfate de sesqui-oxyde
de fer versée dans une dissolution de géla-
tine ou d'albumine, produit un précipité
abondant, consistant et analogue à celui
que l'on oblient au moyen de l'acide tan-
nique. De sorte qu'on peut tremper les
peaux , préalablement préparées, dans une
dissolution de sulfate de sesqui-oxyde de
fer, et elles se tannent.
il y a peut-être un inconvénient, C'est
que le sulfate doit laisser dans le cuir une
(1) Depuis quelques années, plusieurs tauneurs
remplacent en partie où en totalité le tan par le di-
vidivi ou le divi, excroissance d'un arbre d’Amé-
rique.
certaine quantité d'acide sulfurique libre
(qui ne connaît pas les résultats fâcheux de
la présence de cet acide dans le cuir?); puis
les sels de fer désagrègent la matière orga-
nique. M. le docteur Boucherie à vu qu'en
introduisant de l'huile de liu, on pouvait
remédier à ce dernier inconvénient.
Ainsi on reproche à ce nouveau procédé
de tannage ce qu’on reproche à éelui de
Séguin : où croit que le cuir pourtate cas-
ser, au bout d'un certain temps, en perdant
la matière grasse mise dans le corroyage.
Il faudrait donc imprégner constamment
ses chaussures de matières grasses, surtout
quand Ja température est basse et qu'on
chauffe les chaussures?
Ce taunage est très court; quatre jours
suffisent pour les peanx minces; huil jours
pour les grosses peaux. En résumé, ce pro-
cédé de tannage peut être avantageux dans
quelques circonstances ; avant de le con-
damner, il faut attendre qu'on y soit auto-
1isé par l'expérience, ce juge sévère et im-
partial de tous les procédés industriels qui
éclosent.
I! y a quelques mois, M. Valery Hannoye
a fait connaître un procédé de tannage
fondé sur l'application au tannage du /ültre-
presse Réal: L'auteur assure que par son
procédé les peaux de veanx sont tannées en
20 jours, celles de bœuf en 69 jours. Nos
lecteurs trouveront la description du tan-
nage de M. Valery Hannoÿe dansle nu-
méro du 31 décembre dernier de lEcho
du Monde sa’ait.
M. Vyarington a aussi indiqué, il ya
quelques mois à peine, un nouveau procédé
de tannage plus expéditif que le procédé or-
dinauire., Mais nous craignons bien que ce
système ne soit pas applicable , à cause de
son prix élevé, En effet, les matières pre-
micres tannantes sont : le carbonate de po-
tasse où de soude; la baryte, ou la potasse,
ou la soude ; le carbonate d’ammoviaque ;
le bichromate de potasse. D'ailleurs, pour
de plus amples rense:gnements, nous ren-
voyons au numéro de l’Æclo du 28 décem-
bre dernier.
En résumé, le tannage, tel qu'il est en-
core le plus généralement pratiqué dans les
grandes tanneries de Paris et des environs,
dans les tanneries de la France et de lé-
tranger, constitue une opération excessive-
ment longue ; il exige l'emploi de grands
capitaux; il expose à des chances très fà-
cheuses, car où peut difficilement prévoir
à quel prix on vendraun produit, lorsqu'on
est obligé de l'acheter deux ans avant l’é-
poque où il pourra être mis en vente.
Le tanvage constitue donc encore au-
jourd’hui plutôt un commerce qu'une in-
dustrie; il exige de la part de celui qui
l'exerce toutes les qualilés du comfercant,
tandis que celles de l'industriel leur sont
nécessaires : les dépenses de combustibles
ou de force qui, dans la plupart des indu-
stries, jouent un si grand rôle, étant ivi
remplacées par des dépenses de temps et
d'argent.
Il y a donc vraiment licu de s'étonner
qu'on ne vienne pas à l’aide de celui ou de
ceux de ces inventeurs dont le système de
tannage semble irréprochable. Il nous sem-
ble qu’il s'agit ici d'une de ces grandes dé-
couvertes nationales qu’on ne saurait trop
encourager. Dans un temps de guerre,
d’une révolution, comment attendre des
années entières pour transformer les peaux
en cuirs, et partant, donner des souliers à
nos soldats. J. G.
————_— À mu
QE
ARTS MECANIQUES,
Pièce horlogerie indiquant ‘es millièmes «
de seconde.
Un habile horloger de Berlin, M. Ferdi-
pand Leonhardt,vientdeterminer une pièce
d’horlogerie qui marque le temps jusqu’à
un 1000 de seconde, et est destinée au co-
mité d'artillerie du royaume de Prusse:
L'artillerie avant d'admettre au service
les pièces destinées à lancer les projectiles,
leur fait subir diverses épreuves, et entre
autres celles relatives à la charge qu’elles
exigent, à Icur portée, à leur justesse. ete.
Une chose importante à constater, c'est la
vitesse avec laquelle le projectile, sous une
charge de poudre donnce, parcourt la dis-
tauce entre la bouche du canon et la cible
où but. On admet qu'une distance de 1,500
pas est ordinairement parcourue par un
bou'et de calibre et de poids en moins de
deux secondes, et par une bombe en cinq
à six secondes environ : du moins l’expé-
rience avait indiqué ces vitesses comme les
pius ordinaires; mais pour mesurer si un
boulet a! une marche plus rapide qu'an
autre, les chrônomitres et les montres à
secondes les plus délicates sont impuissan-
tes, et l’imasination à de la peine à se faire
une idée qu'il soit possible d'arriver à cet
égard à quelque résultat satisfaisant:
M. Leonhardt n’a pas cependant hésité à !
se charger de fabriquer un instrument pro-
pre à mesurer une fraction iufiniment pe-
tite du temps, et, ani plus est, il vient de
terminer eelte pièce dont les résultats ont
encore dépassé les espérances des officiers
et des savants qui l’avaient cimmandée,
Dans cette pièce, on voit un cadran en mé-
tal divisé en mille parties que parcourt em
une seconde une aiguil'e fine comme un:
cheveu, Cette aiguille peut, à la volonté de
l'observateur, être mise instantanément en
mouvement et être arrêtée de même. Par
conséquent, si à l'instant où le boulet aban-
donne le canon, l'aiguille est mise en liberté,
et qu'au moment suivant où ce boulet
frappe le but, cette aiguille s'arrête, on
aura, avec la plusgrande précision, le temps
que le boulet aura mis à parcourir l’espace
entre le point de départ et celui d'arrivée.
On comprend aisément qu'il était difficile
de confier à Ja main d’un homme le soin
de mettre ainsi en liberté et d’arrèêter Pai-
guille, attendu qu’il se passe toujours un
temps moral assez considérable entre la
perception et l'exécution mécanique, et
que, dans ce cas, on donnerait lieu néces-
sairement à des erreurs d’un tel ordre, re-
lativement au temps à mesurer, que les ré-
sultats n'auraient aucune valeur. C'est ici
que les découvertes les plus récentes ont
reçu une application importante que nous
allons indiquer.
On a disposé un appareil galvanique dont
le fil établit une communication entre le
canon, la cibeet Finstrunxent; puis par
une disposition extrêmementsimgénieuse,
le boulet, au moment oùilsent de la bou.
che du canon, met l'aisuillesen liberté,
tandis qu'au moyen dwfil:de communica-
tion cette aiguille s'arrête à l'instant où le
boulet frappe le but. Cette dernière opéra-
tion est à peu près instantanée, car on sait
que l'électricité parcourt les corps conduc-
leurs avec une vitesse énorme, et à côté de
laquelle une distance de 1,500 pas est pres-
que nulle,
Ce merveilleux instrument divise done
la seconde sexagésimale en 1,000 parties, la
minute en 60,000, et l'heure en 3,600,000,
hmir 7dé
+
Bi
c’est en observant son aiguille qu'on
»mmence à comprendre qu'une seconde
it un espace de temps sensible qu'il est
bssible de partager en un grand nombre
2 parties pour la mesure des phénomenes
aturels les plus délicats. Du reste, la pièce
it pourvue du mécanisme ordinaire pour
1arquer les secondes, les minutes et les
eures, ce quisert à régler l'instrument
Lans sa marche et à.se convaincre qu'il
’altère pas la durée de la seconde.
Comme régulateur de la pièce , M. Leo-
(hardta adopté un pendule à secondes rota-
if qui recoit son impulsion par une con-
:ruction toute particulière ; le tout est
‘enfermé dans une caisse solide dans la-
uelle linstrament peut ètre transporté
jans danger sur les voiiures. Celui qui a
lté livré au comité d'artillerie prussien à
“oûté 1,600 thalers, ou environ 6,000 fr.
(le Technotogiste.)
] AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
Essai sur La croissance des @rbres, par M. ie
baron D'Iombres Fumas,
{Troisième et dernier article.)
4
| De sayants physiologistes, et, MM. le ba-
lon Seguier et le vicomte Héricart de
IThury, entre autres, croient que; parvenus
| un certain maximum de croissance, les
libres restent stationnaires, quoique con-
hervabt une belle vigueur. Je pense, mal-
lsré ces autorités, que tant qu'un arbre
lrégète, et même pendant son dépérisse-
nent, la vie se maüifeste par lagrégat
l:ontinu de nouvelles, couches, excessive
pnent minces, à lavérité, et d’aulant moins
hppréciables, que leur trone peut se pour-
Fe ou se dessécher, mourir partiellement,
rester stationnaire et même diminuer réel-
lement de volume, maloré l’addition d'une
l'anière qui porte la séve à ses plus hautes
ranches, j'ajouterai que l'arbre croît alors
même en diminuant, quoique cela semble
lin paradoxe,
La croissance n’est,pas proportionnée à
l’âge, je le répète, etchacun peut se con-
J
‘ aincre, comme moi,.que-des arbres de Ja
. rémeessence peuventêtre également âgés,
| quoique de différents diamètres ; et, réci-
“oroquement, que des tranches du même
\ liamètre peuvent être composées de plusou
“noins de couches concentriques, et prove-
air d'arbres plus vieux les uns que les
iutres, de la même espèce, bien entendu.
lPadmets, comme prouvé, qu'on apprécie
la durée des individus qui ont fourni ces
‘ranches, en les comptant; ainsi Àf. Jaume
Saint-Hilaire a vérifié qu’un marronier da
jardin des Plantes avait cent onze ans lors-
qu'il mourut, en 1767. M. Loiseleur-Des-
ongchamps a un tronc de buis deux fois
blus vieux et des coupes horizontales de
bèdre dont les couches indiquent le grand
hige, et comme type de la plus ancienne
végétation, je veux citer un tronc d'arbre
que j'airtrouvé dans le bois de Bouquet,
ui, d’aprèsdes cercles bien distincts de sa
surface polie, avait évidemment quatre-
“vingts et quelques ans à l'époque du dé-
luge!... Il est agatisé.
Mais je ne pense pas qu’on puisse calcu-
er l’âge des arbres vivants en comparant
leurs diamètres, à moins qu’on ne se con-
lente de ce qu'on appelle des à peu près.
Ainsi nous connaîtrons la durée des vété-
ns
rans du règne végétal, pour lesquels ce |
332
n’est pas la peine de compter quelques an-
nées, en faisant observer, avec M. de Can-
dolle, que, sauf les circonstances locales,
« la moyenneprise sur un arbre plus jeune
» doune toujours un résultat tron grand
» pour, l'accroissement ou trop faible pour
» l'âge des vieux arbres. » J'ajonterai avec
ce célèbre professeur qu'il est utile de
prendre la cireonférence des arbres, même
quand on i:nore leur date; que ces me-
sures répétées à certains intervalles feraient
connaitre Ja loi de leur accroissement en
diamètre, et, comparées avec d'autres me-
sures, donneraient les moyens approxima-
Lifs d'estimer leur âge.
La vie de l’homme est trop courte pour
de telles études; elles n'appartiennent
qu'aux sociétés savantes qui sont éternelles!
Duhamel du Monce:u avait commencé à
s’en occuper en 4743; divers physiologistes
ent continué ses expériences. et M. Jaume
Saint-Hilaire. qui s’y estlivré assidüment,
a demandé à la société roçale et centrale
d'agriculture, le 28 avril dernier, qu'une
commission spéciale en fût chargée à l’ave-
ir. On a proposé de mesurer tous les cinq
ans certains arbres choisis dans le domaine
d'Harcourt, d'établir des tables de compa-
raison entre les diverses essences, afin de
connaitre celles dont la végétation serait la
plus prompte.
Jai mesuré un grand nombre d'arbres,
particulièrement dans mes propriétés et
dans mon jardin d’acclimatation. Plu-
sieurs de ceux-ci sont dans des massifs ser-
rés entre eux, ce qui contrarie leur crois-
sance. J'en conviens; j'y aurai égard dans
les notes qui accompagaeront mes tableaux
et cet inconvénient se trouve compensé,
d'ailleurs, en ce que, ayant planté tous les
arbres de cet enclos, je sais leur âge, et que
mes successeurs pourront évaluer leurs
progres.
J'ai dressé trois tableaux, pour mes-re-
cherches : le premier Gffre les mesures des
arbres de mon jardin; le second, celles de
différents arbres dans mes propriétés; dans
le troisième je réunis les mesures de plu-
sieurs arbres remarquables, que j'ai prises
dans différentes localités.: Les premières
colonnes de ces tableaux.présentent leurs
noms linnéens, francais,etmême les noms
vulgaires; viennent ensuite l’âge des arbres,
leur. grosseur actuelle, à 1 mètre du sol,
exprimée en centimètres: la hauteur de
quelques uns, leur belle venue, leur vi-
gueur; quelques notes sur leur position
sont indiquées dans des colonnes particu-
lières.
Il y a des arbres dont le tour est presque
cylindrique, d’autres, au contraire, pré-
senteraient des dimensions différentes si
l’on prenait leur circonférence quelques
centimètres plus haat ou plus bas, comme
si l’on employait un cordon élastique plus
ou moins tendu, si l’on ne le plaçait pas
bien horizontalement. Je me sers d’une
mesure métrique en tissu de fil vernissé,
enroulée dans une boîte.
Ua nœud, une brindille avortée après
avoir produit un petit renflement sur l'au-
bier, une gerçure de l'écorce, de la sève
extravasée qui la soulèvent d'un côté, suf-
fisent pour nous induire en erreur, sur-
tout si nous faisons prendre nos mesures
per un tiers, qui peut avoir une manière
d'opérer différente de la nôtre.
Nous ne saurions trop recommander
d'attention et demander de détails à ceux
qui voudront recueillir des observations de
ce genre, qui seraient inutiles et même
D PR ER A RU LP AR RP RE
0 oo
339:
nuisibles à la s'ience, si elles étaient mal:
faites. Toutes les fois qu'il s’agit de com-
parer des observations, quelques simples
qu’elles soient, il faut que ceux qui sy:
livrent commencent par s'entendre.
(Annales d'agriculture.)
HORTICULTURE.
Notice sur les Dahlias.
(Deuxième et dernier article. )
Par le semis: — On commence le semis
des dablias fin février, et on peut le prolon-
ger Jusqu'en mai; on sème ordinairement
dans des terrines où de grands po's remplis
de bonne terre substantielle. Lorsjue le
Jeune plan est à sa troisième ou quatrième
feuille ; ou le repique séparément dans de
petits godets ou sur une couche. Ce n'est
que dans le courant de mai qu’on pent
mettreles premiers semis en place en pleine
terre, à la distance de six à sept décimètres
en tous sens. Ces plantesfleurissent la même
année et sont fort souvent agréables pour
garnir les grandes parties éloignées des ha-
bitations , après toutelois en avoir retiré
les conquettes ou gains.
Par éclats : — C’est le moyen le plus
commode en ce qu’il n'exige aucune pré-
caufion ni soin. C’est aussi le plus sûr de
tous. Il consiste tout simplement à diviser
chaque tubercule de manière à ce qu'il y
ait un morceau dela tigéau colletqui ÿ soit
adhérant. Pour être plus sûr encore, deison
opération, on met, en février, les dalhlias
dans uve orangerie, dans une serre chaude
où sous chàssis; et, lorsque les nouveaux
bourgeons sont appareats, on fait la sépa-
ration avec une entière sécurité et beau-
coup d'économie. Chaque éclat ne devra
être muni que d'un œil; et selon l'époque
de l'opération, on le mettra dans un pot où
en place. Dans tous les cas on le laissera
subsister qu'une seuletige aux dahlias desti-
nés à la floraison; la plante n’en est que plus
grècieuse, les fleurs plus abondantes, leur
couleur plus vive ct plus fraiche, la forme
mieux faite. On devra planter à l'époque
ordinaire, depuis mai jusqu’en juillet ; il en
sera de même pour les greffes et les bou-
tures dont nous allons parler.
Par la greffe : — Nous ne conseillerons
la greffe des dahlias que pour les plantes
rares ou malades,.et celles qui auraient été
attaquées par les insectes, ou qui auraient
éprouvé quelques accidents graves, comme
vent, grêle, étc. Les jardiniers marchands
emploientpresque toujours ce procédé pour
alimenter les marchés aux fleurs. La végé-
tation des dahlias greffés étant excessive-
ment vigoureuse et rapide , il en résulte
pour le producteur un grindavantage dont
dépendent souvent les moyens d’existeuce
de toute une famille. L'opération, du reste,
est très simple en elle-même à pratiquer ;
seulement il faut savoir si l’on veut ou non
affranchir le dahlia que l’on veut conserver
ou régénérer. Cette note étant faite pour
les amateurs principalement, je vais entrer
dans quelques détails sur la greffe appelée
affranchie. Oa prend un tubercule de dah-
liade l’année précédente, on le coupe trans-
versalement par la moitié ou environ, en
ne conservant quesa partie inférieure; avec
un instrument tranchant on fend légère-
ment l’écorce, en ayant soin de ne pas en-
dommager la partie charnue qui est im-
médiate ; on passe dans l’ouverture , à
droite et à gauche de l'incision, la spatule
du greffoir comme dans la greffe en écus-
33
-son; on prend ensuite une branche jenne de
dabhla, on la taille comme une grefle en
couronne en laissant un œil à Ja base ; c’est
ce bourgeon qui est destiné à affranchir la
la plante, duquel sortent plusieurs tuber -
cules, tandis que les autres yeux donneront
naissance à des branches ou à des tiges. On
fait descendre avec précaution la gr:ffe
dans lincision ; on fait une ligature avec
«es écorces d'arbres, ou d’autres ligaments;
on place le tubercule grefté dans un pot,
sur couche, sous châssis ou sous cloche, en
le privant d'air; quinze jours ou trois se-
maines après, le dahlia est ordinairement
repris et bon à mettre en place ; sile temps
le permet, on peut le faire.
Par bouture : — Après avoir conservé les
dablias dans des endroits sains. fin de jan-
vier ou dans les premiers jours de février,
on les met en végétation dans la tannée,
dans la serre chaude ou sous châssis. Lors-
que les jeunes ponsses ont atteint la lon-
gueur de 5 à 8 centimètres, on les détache
du collet avec la poiate du greffair, et pour
être plus sûr de réussir, on enlèvera un peu
du ta'on On placera cette petite branche
dans un petit pot ou godet de 3 à 4 centi-
mètres de diamètre , que l’on placera en-
suite sous une cloche, Chaque cloche ordi-
maire doit en contenir de 50 à 60. Les bou-
turesdoivent être faites dans une serre dont
la température sera de 10 à 20 degrés Réau-
mur au dessus de zéro, et on devra aussi
les visiter régulièrement une fois par jour.
Fa terre de vieux saule est la plus propre
pour la reprise des boutures, Il est donc
nécessaire de s’en procurer et de la mélan-
ger avec du terreau et de la terre de
bruyère; celle-ci seule est également très
convenable, ete'leestemployéeavecle plus
grand succès dans les cultures de Paris,
motamment dans les nôtres. Nous nous ser-
ons avec assez d'avantage de petits godets
ea verre (semblables à de petits verres à
eau de vie sans pied, percés en dessous, )
pour nos boutures, et nous nous en trou-
vons bien; ces godets sont préférables à
ceux en terre pour ce genre de multiplica-
lion, surtout en ce que aussitôt que l’émis-
sion des racines a lieu, il est facile de le
voir; alors on retire le petit verre de la
tannée, et l’on aperçoit au travers les jeunes
chevelus, tandis qu'avec les petiis pots or-
dipaires en terre il faut les dépoter, puis
remettre la motte dans le pot. Celte opé-
ration fatigue ou gène les boutures. Huit
ou dix jours après que la bouture a donné
des racines, on la met dans un pot de
6 à 8 centimètres de grandeur, que l'on
place ensuite sur les tablettes dans un
endroit dont la température sera à peu près
égale.
La floraison passée , vers la fin du mois
d'octobre, on arrache par le plus beau
teimps possible les p'eds de dahlias; et sil
fait du soleil, on les laisse ressuyer pendant
une journée au moins avant de les mettre
dans un endroit sûr et à l'abri des gelées,
contre lesquelles plusieurs moyens sont
employés avec un égal succès par l’horti-
-culteur amateur et par l'horticulteur mar-
chand. Les uns pratiquent à une bonne ex-
position des fosses ou silos, de la profondeur:
-de 3 à 4 pieds, qu'ils garnissent et recou-
vrent de paille sèche, en ajoutant un lit de
feuilles et de terre par dessus; d’autres les
laissenten terre et les couvrent etles battent
comme les arlichauts ; d’autres , enfin, les
placent sur les tablettes en bois de leur
serre, ou dans la terre sous les gradins des
serres et orangeries ; dans les caves, cel-
———————— ——————— —_—
339
liers, etc., avec le soin de les visiter une
fois par semaine au moins.
Le dahlia qui nous a offert de si nom-
breuses et si belles variétés est le Dallia
pirrata. Depuis quelques années on a in-
troduit des espèces nouvelles, et qui ne va-
lent pas les premières à beancoup près ; ce
sont : le Dallia arborea, le Dahtia squar-
rosa , le Dahlia scapigera, et le Dahlia cos-
mæfclia. M. Jacques nous a présenté, dans
l’une de nos expositions de la Société royale
d'Horticulture, au Luxembourg, un Dahlia
a fleurs vertes, obtenu de semis au domaine
royal de Neuilly.
Comme nous l'avons déjà dit plus haut,
la plantation des dahlias doit avoir lieu de-
puis la fin d'avril jusque vers le milieu de
Juillet, dans une terre-meublesubstantielle,
composée de bon terreau et de bonne terre
du sol par moitié environ; On ouvrira un
trou de 30 à 35 centim. en tous sens, que
l’on remplira de ce mélange de terre, dans
lequel on placera le dihlia. Lorsque la tige
aura atteint la hauteur de 25 à 30 centim.,
on enfoncera en terre et au pied un fort
tuteur, après lequel on attachera la plante
pendant sa végétation. On aura soin de ne
laisser qu’une seule tige à chaque pied, en
supprimant les branches de la base. La flo:
raison commence dans le mois de juillet et
se prolonge jusqu’à la fin d'octobre ou jus-
qu'aux premières gelées.
Nous avons remarqué avec plaisir, à
Morlaix , chez un amateur distingué,
M. Chaperon, un tuteur de son invention
dont il se sert pour soutenir ses Dahlias.
Au moyen de ces tuteurs, qui ressemblent
beaucoup (pour en donner l'idée) à un bà-
ton de perroquet,les dahlias présentent une
jolie masse de verdure régulière et une
belle corbeille de fleurs. M. Chaperon, qui
s'occupe constamment d'horticulture, à
imaginé cet ingénieux prote-teur du dah
lia, il ya quelques annces. Nous en con-
seillons l'essai. Bossin ,
grainier-pépin., 5, quai aux Fleurs,
à Paris.
Importance de l'échenillage.
Pour apprécier l'importance extrême de
l'échenillage et juger combien il est néces-
saire que cette opération soit pratiquée en
temps opportun et d’une manière intelli-
gente, 1} est bon de citer les travaux aux-
quels se livre, dans le département de la
Charente-Inférieure , M. Chasseriau, lieu-
tenant de vaisseau en retraite.
M. Chasseriau a fait pratiquer l’échenil-
lage vers le 25 septembre sur les palisses,
buissons et haies. Il a recueilli les nids ap-
parents de la chenille provenant du bombyx
papillon , la chrysorée dite commune. En
trois semaives à peu près, 1l a ramassé de la
sorte de quoi remplir seize grand sacs con-
tenant chacun 1,510 poches de chenilles.
M. Chasseriau a eu la patience de dépe-
cer ces nids où le papillon femelle dépose
ses œufs, et voici le résultat auquel il est
arrivé :
0 Une poche prise sur le chêne, dépouillée
avecprécaut.,adonné 490 ch.
2 id. prise sur l’orme, 310
30 id. prisesur l’aubépine, 295
40 id. prisesur la ronce, 100
Soit, terme moyen, 300 œufs par poche.
En multipliant les 1,509 poches de chaque
sac par 300, on à 450,000 œuf; or,il y
avait seize sacs, ce qui produit un total de
7,200,000 œufs de chenilles détruits en
{rois semaines,
pratiquer l'échenillage aussitôt après la
chute des feuilles que de renvoyer cette
opération au mois de février, ainsi que le
prescrit la loi.
cadémie d’un rapport par lui lu dans la
dernière séance du mois d'octobre dernier, «
sur plusieurs ouvrages de M. Pellat, pro.
fesseur à l’école de Droit.
ture de sa biographie sur Spinosa, l’Aca-
démie décide au scrutin secret que ce tra-
vail sera publié dans le Recueil de ses Mé-
moires.
fils d'Agrippine dont le nom est consacré
comme l'injure la plus violente pour un
souverain, eSf assez Connu pour que nous
pous abstenrons de rapporter les circons-
tances particulières de sa vie. Cependant
M. Nodet à su jeter sur ce sujet vieux et
usé tout l’intérêt de la nouveauté. C’est
que les deux pages qu’il a lues à l’Acadé=
mie sont écrites avec cette élégance et cet
esprit qui font écoutcr avec plaisir, même
ce que tout le monde sait par cœur.
336
M. Chasserian estime qu'il vaut mieu
(Revue horticole.)
D Ke
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 11 février,
M. Berriat-St-Prix fait hommage à l’A-
M. Damiron continue et termine Ja lec-
r
M. Nodet À lu une notice sur Néron. Ce
La séance a été terminée par la commu-
cation qu’à faite M. Dubois d'Amiens, d’un
supplément au Mémoire qu’il avait lu à la
derniere séance contre Broussais et sa doc-
trine. Dans son ouvrage sur la folie le pro-
fesseur du Val-de- Grâce avait osé se mon-
trer sur quelques points d’un aviscontraire
aux philosophes de Pantiquité. M. Dubois a
cru qu'il lui appartenait de venger l’injure
qui avait été faiteà ces vénérables reliques.
Parune transition habile et toute naturelle,
il a su passer de Platon à son traducteur
et se placer ainsi par un double éloge sous
la protection du philosophe d'Athènes qui
n'était pas du tout éclectique, et du philo-
sophe de la Sorbonne qui n’est pas Platoni-
| cien tout entier. Cela prouve en faveur de
M. Dubois et contre une vieille opinion que
les hommes de beaucoup de savoir ont
aussi quelquefois beaucoup de savoir faire.
CGBF.
Le Rédacteur en chef :
Le vicomte A. DE LAVALETTS.
FAITS DIVERS.
La propagation de la truffe est considérée par
beaucoup de personnes comme une impossibilité.
Les essais qui ont été faits jusqu'ici pour obtenir un
pareil résultat, sans êlre concluants, avaient ce-
pendant laissé quelque doute dans l'esprit
hommes spéciaux, Si nous en croyons
de Périgueux, le doute philosophiqueeaurait eu en-
| core raison cette fois. D'après cette lettre, c'est à
. Henri d'Escatha, propriétaire, Que’ la science
et ia gastronomie seront redevables de cette impor-
tante amélioration: C'est après de longues et intelli-
geutes expériences qu'il a arraché à là nature un de
ses mystérieux secrets. M. Escatha prépare un mé-
moire sur la manière de propager la famille nom-
breuse des eryplogames; ce travail, rempli de faits
nouveaux, curieux eLauthentiques, sera bienlôi pré-
senté à l'Académie des sciences. ‘ L
des
une lettre
—— —_———_—_—_—_—_—_—
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe S.-Michel, 33,
À
RS
mn |0e nanée. Paris. — Bimancehe, 26 Février 1813. N° 15.
L'ECHO DU MONDE SAVANT.
ï TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
TERRE TN NE RE UT NE IS ER TERRE i
L'EcHxo DU MONDE SAVANT paraît le JRUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’abonne : PARIS, rue des
(PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les départements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR:S pour un 2a
"25 fr, six mois 43 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENFS80{r., 46 fr., 8 fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fi. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs
‘peuvent recevoir pour CINQ fr. par anet par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
540 fx, pris séparément }) et qui forment avec lEcho du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte À. DEEAVALETEE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant.
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 20 février 1841. — SCIEN-
- CES PHYSIQUES. CHIMIE APPLIQUEE. Fa-
brication du sulfate de baryte pour la peinture.
— SCIENCES NATURELLES. PHYSIOLO-
GIë. Analyse d’une leçon de M. Milne-Edwars
sur l’histoire de la respiration. — ZOGLOGIE.
Index ornithologique ; Lesson. — SCIENCES
. APPLIQUÉES. Société d'encouragement, Séan-
ce du 22 février; Francœur. — ECONOMIE
SOCIALE. Question desisueres, premier arti-
cle. — ARTS CHIMIQUES. . Procédé d’'impres-
sion en creux et en couleur sur cuir et sur peau;
Dazin, — AGRICULTURE. ECONOMIE AGRI-
COLE. Coniidérations sur les sécheresses qui
affliseut les cautons élevés et sur les moyens d'y
remédier ; Loiseleur Deslongchamps. — SCIEN-
CES HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIEN-
CES MORALES ET POLITIQUES. Séance du 18
février. ARCHÉOLOGIE. Canton de Ge-
mozac ; Lesson. — FAITS DIVERS. — BIBLIO-
GRAPAIE. — TABLEAU MÉTÉOROLOGIQUE
du mois de janvier.
DISEE re
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 20 février 1843.
… Ha-séance s'est fortement ressentie de la
nomination qui doit avoir lieu prochaine-
“ment dans la section de médecine et de
chirurgie, en remplacement de l’illustre
Larrey. Les chirurgiens sont arrivés en
foule avec leurs titres et leurs mémoires
pour se rappeler à l'esprit oublieux des aca-
démiciens ,et tel était l'aspect de la séance,
qu'on auraitipü se croire reporté aux temps
de l’ancienne Académie de chirurgie. A
côté de cesisavants travaux, dont nous
allons parler-à Pinstant, est venu se placer
-un instrument de M. Donné, portant le joli
nom de lactoscope. Depuis longtemps le
professeur de micrographie a fait du lait le
sujet de ses études ; 11 yÿ a vu des globules,
des globulins , et, probablement s’il conti-
nuait à regarder encore, il y verrait bien
d’autres choses. Nous croyons, sur la foi de
-M.Donné, quetoutes ces substances existent
dans ce liquide , et nous admirons les théo-
ries qu'il pose et qu’il développe sur ce su-
jet. Mais M. Donné ne s’est pas arrêté là ;
inspiré pardes vues d'humanité, sans doute,
il a construit un instrument propre à dé-
couvrir la falsification du lait. Nous dirons
d'abord que le lactoscope est une fort
mauvaise imitation du décolorimètre de
. M. Payen. M. Donné, dans cet essai, s’ap-
puie Sur l’opacité du lait qu'il regarde
comme un caractère de sa pureté. Il place
entre deux lames de verre parallèles une
certaine quantité de lait et regarde à tra-
vers cette couche liquide la flamme d’une
bougies(Si une couche très mince suffit
pour étéindre la lumière, le lait est bon; la
couche augmente-t-elle, la falsification est
évidente. l'el est l’exposé du lactoscope se-
lon les idées de M. Donné. Nous pensons
que ce savant, trop ocenpé de petites cho-
ses, n’a pas vu dans son lactoscope deux
énormes défauts qui auraient dù l’empê-
cher de le présenter à l'Académie, et qui le
feront toujours rejeter par ceux qui vou-
draient sen servir. D'abord l'instrument
de M. Donné ne précise pas l'épaisseur de
la couche de lait suffisante pour inter-
cepter le passage des rayons lumineux.
C'était là une base fondamentale qu'il fal-
lait poser d’abord, et sans laquelle lédifice
ne peut exister. Que signifient, en effet ,
ces mots de couche mince et de couche plus
épaisse ? M. Donné devait graduer son ins-
trument et indiquer l'épaisseur des couches
en millimètres ; il ne Pa pas fait, c’est là le
premier défaut que nous lui reprochons.
Mais supposons l'instrument gradué,
sapposons le lactoscope devenu un meuble
essentiel, qui empêcherait les vendeurs de
lait de rendre opaque ce liquide ? C’est une
chosetrop facile à faire pour qu’elle échappe
à leur esprit.
De tout cela nous concluons que le lac-
| toscope est une tentative inutile, aussi Inu-
tile que celles qui ont été essayées jusqu’a-
lors, et sur lesquelles M. Donné a jeté un
œil de mépris, sans doute pour qu’on aper-
çoive mieux toute la supériorité de son ins-
trument.
L'Académie, dans cette séance, a pro-
cédé à la nomination d’un membre corres-
pondant dans la section d’astronomie. Les
candidats étaient :
MM. Hansen, à Gotha.
Santini, à Padoue.
Robinson, à Armagh.
Argelander, à Bonn (Prusse).
de Vico, à Rome.
M. Hansen a obtenu 45 suffrages,
M. Santini 1 suffrage.
M. Hansen a été nommé membre corres-
pondant.
Une commission formée de MM. Magen-
die, Blainville, Serres, Flourens et Andral
a été nommée pour examiner les mémoires
envoyés au concours, pour le prix Mon-
thyon, dephysiologie expérimentale.
M. Leroy d’Etiolles a lu à l’Académie un
mémoire intitulé : Sur la diaihèse et la dé-
générescence cancéreuses. Après avoir exa
miné les différentes opinions émises sur la
nature du cancer, M. Leroy d’Etiolles passe
aux recherches statistiques auxquelles i:
s'est livré.
Selon l’auteur du mémoire , Paris est
Pune des villes du monde où sont réunies
en plus grand nombre les maladies can-
céreuses et celle où se pratique le plus d'ex-
lirpations, et cependant il est fort difficile
d’y recueillir des observations. Les malades
que l’on opère dans les hôpitaux ne peu-
vent être suivis après leur sortie, et l'on ne
mm
les retrouve pour la plupart que lorsqu'it
viennent à la Salpêtriere où à Bicêtre, ter-
miner, comme incurables, leur vie de souf-
frances et de misère,
M. Leroy d’Etiolles a fait relever, dans
la plupart des départernents, destables ren-
fermant le nombre et Ja nature des mala-
dies cancéreuses. De cette statistique il ré-
sulte que parmi 2781 malades, 1227 avaient
plus de 40 ans; 1061 avaient plus de 69
ans. Dans ces états, le cancer de l'utérus
figure pour 30/100, celni des seins pour
24/100. Le cancer des lèvres est dans la
proportions de 1 et {/2 centième chez les
femmes, tandis que pour les hommes (pro-
bablement par suite de l'usage de la pipe) il
est de 26/100. Il n’est pas sans intérêt d’ap-
prendre que la transmission héréditaire est
pour un 10°" seulement ; lés scrophules
pour un 10%"; la syphilis un 5°", et que
pour tout le reste la cause première est in-
connue. M. Leroy d'Etiolles examine en-
suite si l'on fait vivre plus longtemps les
malades en extirpant le mal qu’en l'aban-
donvant aux seuls efforts de la nature et !
il voit que sur 1,192 malades non opérés |
qui vivent encore ou qui sont morts gr
céreux , 18 ont vécu plus de 30 a
le développement de la maladie ,/
survenue à un certain degré dé
stationnaire et indolente, tandik
801 cancéreux opérés, soit par l'i
tranchant, soit par les caustiques ne
trouvons seulement #4 dont l’existéSg
soit prolongée pendant le même laps te
temps. Pour la durée de 20 à 30 ans, nous.
trouvons 34 non opérés et 14 opérés; pour
la période de 6 à 20 ans, la catégorie des
opérations nous donne 88 et celle de la non
extirpation 228. L'avantage , sous le rap-
port des longues durées d’existence, n’est
donc pas du côté des opérations. Si l’on
examine seulement les petites durées , Fan
voit que prenant pour point de départ l’ap-
parition de la maladie, la durée de la vie
des non opérés est de 5 ans pour les hom-
mes, 5 ans 6 mois pour les femmes; tandis
que pour les cancéreux opérés, la darée
moyenne ;, toujours à partir du développe-
ment, est de 5 ans 2 mois pour les hommes,
6 ans pour les femmes; mais si, décompo-
sant ee résultat, nous recherchons quel
temps s’est écoulé avant et après l'opéra-
tion , on trouve une durée moyenne pour
les hommes de 3 ans 9 mois avant l'opéra-
tion, et de 1 an et 5 mois seulement après;
pour les femmes, de 3 ans 6 mois avant
l'opération et de 2 ans 6 mois après.
L'on dira peut-être : l’extirpation n'a pas
été opérée assez LÔ!. Mais sachons que dans
le nombre des maladies cancéreuses qui
out récidivé et se sont terminées d'une ma-
nière funeste, 61 avaientété extirpées moins
d’un an après lear apparition; et comme
contre-partie de ce résultat, nous voyons
340
que 30 malades opérés après 5 ans écoulés:
depuis le-dévéloppement ; ont'étéexempts?
de récidive et qu'il en à été dé ème pour!
22 autres opérés après plus dé 2 %nis.i2 «10!
M. Leroy d'Etiolles termine son mémoire
eu faisant remarquer qu'il est métessaire
daos ces recherches statistiques den'établir
de comparaison qu'entre des €as sémbla-
bles, car les affections cancéreuses diffèrent
essentiellement, suivant qu’ellesintéressent
tel ou tel organe. Ce sont pour ainsi dire
des maladies distinctes qu'on trailera diffe-
remment.
Les conclusions auxquelles l’auteur de ce
travail arrive sontque l’extirpation du can-
cer par les moyens chirurgicaux est une
opération souvent dangereuse pour la vie
des malades.
M. Jobert a envoyé à l’Académie un long
mémoire sur Ja structure de l'utérus.
L'auteur de ce travail établit : 10 que le
tissu propre de ce viscère n'est point un
tissu fibreux , puisque la chimie démontre
dans celui-ci l'absence complète de la fibri-
ue qui te trouve dans la matrice à toutes
les époques de la vie, et qu'en outre l’ana-
tomie comparée prouve que le tissu fibreux
jaune ne se transiorme jamais en tissu
musculaire ; 2 que l’état de grossesse ne
fait que montrer Fatérns dans un état
d'hypertrophie musculaire ; 30 que cet or-
gane est constitué par un véritable muscle
et non par plusieurs, 4° qu'il existe une
maqueuse utérine, mais dépourvue dépi-
théléum; 5%enfn, quela direction desfibres
de l'utérus fañt voir parfaitement comment
celles-ci tendent à effacer ses différents dia-
imétrés et concourent à l'exonération du
produit de la conception.
M. Bégin a lu à l'Académie un mémoire
sur la résection de la mâchoire inférieure
davs ses rapports avec la fonction du pha-
æynx et du larynx. Il résulte de ce travail,
qu'après la grande ablation de la mâchoire
inférieure , la langue, l’os hyoïde et le la-
ryÿnx peuvent être graduellement et lente -
ment portés vers le pharynx, de manière à
produire l’asphyxie à une époque où géné
ralement on ne croit plus avoir à la redou-
‘ter. Mais cet accident peut être prévenu en
fixant, par l'intermédiaire de la langue le
larynx en avant, au moyen d'une sorte de
mâchoire artificielle, jusqu’à ce que la na-
ture ait formé aux parties divisées de nou-
velles adhérences, En s’abstenant demoyens
{orcés de réunion d’un côté à l’autre , eten
ne recourant qu'à des pansements doux,
simplement contentifs qui ne provoquent
ni éréthisme dans le système nerveux, ni
contraction dans les muscles, le chirurgien
favorise la guérison sans rendre la diffor-
mité plus grande ou plus difficile à ré-
parer.
Un long extrait d’un long mémoire inti-
tulé : de l'Unité et de la Solidarité scienti-
fiques de l’anatomie, de la physiologie, de
la pathologie et de la thérapeutique dans
l'étude des phénomènes de l'organisme ani-
mal, a été présenté à l’Académie par M.Ju-
les Guerin. Ce travail, considéré sous un
point de vue purement théorique, intéres-
sera sans doute ceux qui voient la science
dans les livres et non dans l’expérimenta-
tion. Mais les hommes, amis dela méthode
expérimentale, sont forcés d’avouer que ce
travail n’éclaire aucune question, ne résout
aucun problème. Quand on se rappelle ce
qui se professe au Collége-de-France, sous
le nom pompeux de philosophie de l'histoire,
on est tenté d'appeler cela philosophie de
la médecine.
341
OM Amussat a fit connaître à l'Académie
des recherches expérimentales Su la :for-
mation des cicatrices artériellesret veinen -
ses. Les planches si curieuseset |si bien! fai-!
ites que renferme le mémoire-de M. Amus-:
sat ne mançgneront pas sd’intéresserples
académiciens qui ont fait de la chirurgie
le but de leurs travaux, ID Sen
M. le docteur Papadopoulo-Vrétasoaiilu
une note sur des expériences faites sur un
cadavre humain et sur un animal:Vivant
revêtus d’un plastron de pilima. Un coup
de pistolet chargé à balle a été tiré àrbont
portant sur un cadavre et sur un jeune
veau revêtus d'une cuirasse de pilima. Non
seulement on n’a pas constaté d’altération
dans les organes situés à l’intérieur, mais
aucune blessure exterire ne s’est nranifes-
tée, Ces recherches tendraient à rendre
moins sangiantes les luttes de peuple:rà
peuple, s'il était difficile de trouver un
moyen de percer le pilima lui-même en fai-
sant prendre aux balles une disposition
toute particulière , car M. Papadopoulo -
Vrétas semble annoncer qu'il à toujours
agi sur des balles de forme sphérique.
E.F.
— bee —
SCIENCES PIIYSIQUES.
CHIMIE APPLIQUEE.
Fabrication du sulfate de baryte pour la
peinture.
Le duc d'Hamilton ayant fait établir de
puis pen dans l'ile d’Arrao, à l'embouchure
de la Clyde, une fabrique de sulfate delhaz
ryte propre à la peinture, M. le professeur
Traill a depuis peu visité cet établissement
intéressant, et a publié à ce sujet quelques
détails que nous croyons devoir reproduire,
La fabrique est établie à une petite dis-
tance d'un gisemenñtconsidérable de sulfate :
naturel de baryte qui traverse un granite,
et qu'on exploite aujourd hui par puits et
galeries, Le sulfate est très pur, cristallin et
translucide ; quelques masses sont légère-
ment colorées en brun. Il appartient à Ja
variété lamellaire droite, et surpasse sous
le rapport de pureté tous les gisenients qui
paraissent actuellement exploités.
Toutes les machines de l’usine, qui ‘est
bien disposée, sont mises en mouvement
par une roue en dessus de 8 mètres de dia-
mètre et 2 mètres de large: le spath y'est
d’abord assorti, puis lavé. Il est tellement
cassant que rien n'est plus facile que de le
briser en morceaux, état sous lequel on le
lave avec de l’acide sulfurique étendu pour
Jai enlever toutetrace de matière colo-
rante. Après cette opération, on le réduit
en poudre au moyen de deux meules ver-
ticales en granit cerclées en fonte, qui
tournent dans une auge également en gra-
nit; ces meules pèsent cinq tonneaux.
La poussière qu'ontproduit ainsi est in-
troduite dans des tonneaux de fonte d'envi-
ron 3 mètres de diamètre et pavés de dalles
de granit, où on la pulvérise dans l'eau par
trituration au moyen de quatre gros blocs
d> granit attachés chacun par des chaînes
de fer à des bras d’un axe vertical mis en
mouvement par la roue hydraulique.
Un courant d'eau; admis par intervalle
dans ces tonneaux, emporte avec lui les
particules les plus fines qui se rassemblent
dans de vastes auges sous forme de poudre
impalpable. Il y a quatre de ces grands
mortiers dansune même salle, quirenferime
aussi l'appareil à briser et pulvériser lesul-
.fate brut, |
Le sédiment recueilli est séché etmoulé:
sous forme de briques, qu'ou porte dans
une étuve à 95° C., ct qui, lorsqu'elles sont
sèches, :sont brisées etemballées dans des
tonneaux qu’on expédie.
Les machines de l'établissement pour-
raieut préparer ainsi 20 tonnes de blanc
par semaive, et plus avec deux relsis d’ou-
vriers ; actuellement avecsix:hhommes, elles
en produisent dix tonnes par semaine. )
Ce sulfate.est. broyé-à l'huile.commele;
blanc de céruse auquelonde mélange sous
vent, comme onisait;:pour faire-un:blaméh
inférieur et d’un prix moins-élevé ; mais:
daus ja fabrique d’Arran, on donne aussi
à ce sulfate diverses couleurs, telles que
le bleu, le jaune.et-le vert-de plusieurs
nuances,
M. Traill n’a pas demandé comment on
préparait ces couleurs, mais il les a aua-
lysées, et est parvenu à lesimiter en préci-
pitant diverses couleurs! surle-sulfate pré-
paré, flottant et délayé dans l’eau, ou plu-
tôt. dans les solutions métalliques propres à
fournir Les diverses teintes. Ainsi, quand
on le délaye.dans-une dissolution de:prus-
siate triple de-potasse, ‘addition du sulfate
de fer produitiwh:hbeau bleu; quand on
l’étend dans une Solution de chromate de
potasse, l’acétate de plomb y produit -um
jaune excellent. fl est plus difticile deïse
procurer un-béau vert avec le cuivre,!eti
M. Traill n'a pas encore réussi à en obtenir!
un aussi éclatant que celui que débite Ja
fabrique; toutefois, on en prépare un. as-
sez beau en produisant du vert de Schelle,
c’est-à-dire en précipitant du sulfate de ba-
ryte étendu dans une solution de sulfate
ammoniacal de cuivre au moyen de l’ar-
senic.- [rs
Un fait remarquable; c’est-que, précipi-
tée ainsi, la matière colorante-est plus dif-
ficile à séparer par les acides que si c'était
un simple mélange des matériaux, ce qui
semblerait démontrer qu’il y a affinité en-
tre les couleurs métalliques et le sulfate de
baryte. À
TD RER —— 7
_ SCIENCES NATURELLES.
PHYSIOLOGEE: $
Analyse d’une leçon de A1. Milne -Edward
sur l’histoire de la respiratior.
Les physiologistes les plus anciens :sa-
vaiept que la respiration est nécessaire à da
vie des animaux, mais, sur cette fonction
comme sur les autres, ils avaient des idées
erronées produites par des observations
mal faites. 1ls pensaient qu'une combustion
s'opère dans le cœur, etque l'air introduit
dans le corps rafraichit les ponmonséchauf-
fés par cette combustion voisine. Platon,
avec tout son spirilualisme, n'était guère
avancé même pour son époque, car pour
lui Peau qu’on boit descend dans les pou-
mons et Pair sertà rafraichir lecænr, siège
de l'âme sensitive. *Hippocrate: dont d'es-
prit n'était pas le jouet dessi bizarresihypo-
thèses avait vu que quand on plongedesani-
maux dans de l’eau colorée, onermetroute
dans les poumons. Erasistraté, simagihait
que les poumons servent à introduiretdair
dans les artères pour qu'il cireulerensuite
dans toute l'écononie. Ces trois rerands
génies, auxquels on pourrait -siiserainte
ajouter celui d’Aristote, n'avaïenthonesur
la respiration que des idées biiapres qui ne:
reposaient sur aucune expérient@rproban«
te. La manie de tout expliquer a voulu
faire voir dans un passage assez obscur des
LS
#erits- de: Cicéron, l’idée première d’un
wrincipe vital dans Pair. Mais ce passage
me prouve rien:pour nous, et nous n'y
lroyons qu'une idée vague dont son auteur
Était loin sans doute’de comprendre toute
ia“portée.
Après ce beau siécle littéraire: de Cicé-
ron les sciences firentus pasirétrograde, et
1e moyen-âgen’apportarien de nouveau à
tsette partie des connaissances : physiologi-
jesues anciens. Be moyenge est unepé-
| ryde de réédifieatiom tente :-ilrassemble
| Pimmenses matériaux, rebâtit peu à peu
“cerque les barbares’ont détruit, mais il ne
“créerrien de neuf'et: marche: servilement
‘ans la route tracée par ses prédécesseurs.
Darrenaissance succède au moyen-âge; mais
| à-cette époque, commie pendant cette lon-
lrue période qui s'étend du 4 au 16e sièele,
l'histoire de la respiration est encore dans
\senenfance. Il fallait, en eflet, des notions
| dechimie pour expliquer les phénomènes
| respiratoires, mais: ces notions de Chimie
|manquaient:à là renaissai ce! qui les rem
lplagait par des-théoriesplusow moins dif:
l'ficilesà admettre.Quelquessavants de cette
époque, et Vesalerentré autres, croyaient
ique la respiration a pourdsut! dé dilater les
organes pulmonairesietcte faciliter ainsi la
:cireulation du sang 4 9b is
| “D'autres non moinstæéièbres que Vésale,
Hales, Sauvages, n’ont vu'‘dans la respira-
, Lion qu une fonction destinée à raréfer ou
|ävcondenser le sang. C'était pour eux un
‘simple mécanisme; de là le nom de méca=
"niciens qu'on a donné aux partisans de
| cette opinion . Harvey, Boyle, supposaient
que la respiration est destinée à la sortie
des efflux. D'autres savants l’ont considérée
comme un travail d'absorption par lequel
des substancesmutritives sont introduites
dans l’écouomie: Ainsi, tout le dix-septième
siècle et la moitié du dix-huitième n’offrent
que de pareilles hypothèses au milieu des-
quelles sont perdus aue'ques faits vrais en
bien petit nombre. Mais, pour bien juger
| des théories actuelles, il faut examiner
celles par lesquetlés a passé l'esprit humain
depuis plusieursisièeles, il faut analyser les
| faits importants observés par les grands
génies de ces teñps'passés:
Vésale, vers Ja moitié du seizième siècle,
vers 1540, fit une expérience propre à jeter
beaucoup de jour sur la nature de la res-
piration, mais qui, cependant, n'eut pas la
| destinée qu’elle était appelée à jouer. — I
vit qu’un animal qui vient de mourir peut
être rappelé à la vie par une respiration
artificielle. Mais de ce fait si important et
si bien appliqué de nos jours, il ne tira au-
‘ cune conclusion.
ï Robert Boyle, dont l'esprit philosophique
na pas peu contribué à préconiser la mé-
thode expérimentale de, Bacon , Robert
Boyle s'était assuré que l'air a besoin d’être
renouvelé davs la respiration. La machine
pneumatique dont il est l’inventeur lui per-
mit de faireplusieursexpériences d’un haut
intérêt scientifique,
Après Boyle, ua savant physiologiste an-
glais;: Lower, constata un fait bien impor-
tant quisert presque de base À toate Ja
théorie de la respiration. On savait alors
que le sangartériel diffère du sans vCineux,
mais Plon croyait que la transformation du
Sang veineux en sang artériel s'opéraitdans
lecœur.iLower fit voir qu’on s'était trom-
pe et que:cette transformation a lieu au
sein même des poumons. Il avait aussi ob-
serve que l'air est nécessaire à cette trans-
formation, et que du sang veineux , retiré
iduicorps:, change et devient artérielfäu
‘contact derd'air: ;
344
f
25
Ünicontemyporain de Lower, Mayow; en
1674:;-fit descurieuses expérienecs sur la:
respiration dés’animaux. Il eu plaça dans:
des'quantités-diverses d'air; il vit que le
volume:ide ce-fluide diminuait, ct de Ja al
pensa qu’une certaine: quantité de. l’air
aväitsété absorbée: Mais, quoiquil soit ar-
r'ivé äicette conséquence importante, qu'il
existe dans l’itmosphère un principe nitro-
aérien servant à la respiration comme à la
combustion, ses expériences mêlées de théo-
ries vagues n’ont cu aucune influence sur
la marche de la science.
S'il fallait mairitenant rappeler toutes
les opinions discordantes qui ont partagé
les savants de cette époque, on n’er fini-
rait jamais. Citons seulement les grands
noms. dont les théories peuvent avoir eu
quelque effet. Haller était mécanicien, car
il pensait que la respiration sert à mélan-
ger les différentes matières qui composent
le sang. Helvétius, plus connu par son livre
de PÆsprit que par ses théories physiolo-
giques, renouvela; vers le commencement
du dix-huitième siècle, l'opinion qui admet
que la respiration sert à rafraîchir le sang
et les poumons. C'était, comme on le voit,
retourner aux premières erreurs. Black, en
faisant pa:ser de l'air expiré dans de l’eau
de chaux, reconnait la présence d'un pré-
cipité de sel calcaire et en conclut que
l'air expiré contient un gaz qui était déjà
connu à cette époque sous les noms d'air
fixe; d'air sylvestre. C'était l’acide carbo-
nique. Black savait aussi que ce même gaz
Se-produit pendant la fermentation. Cette
observation devait avoir une immense im-
portance au momentoù la chimie marchait
à pas de géant.
Priestley, en 17714, constata dans l'air la
présence d'un :principeæspariiculier qu'il
nomme air déphlogistiqué : il vit que ce
principe donne à l'air la propritté de servir
à Ja respiration, et it s’assura encore qu'il
existe dans ce fluide un autre principe ,
c'est fe:gaz azote. Les expériences de Pries-
ley ontété faites sur des souris: Ce chimiste
s'apercat que la transformation du sang
veineux er sang artériel s'opère sous l'in-
fluence de l’air déphlogistiqué ou gaz oxy-
géné, et quele gaz azote w’agit en rien dans
cette réaction qui n'est pas arrêtée par l'in-
terposition dune membrane. A ces faits
bien observés, Priestley mêla de vagues
théories qui le conduisirent à pen.er que
la respiration sert à enlever du phlogistique
à l'air.
Antoine-Laurent Lavoisier, né à Paris
en 1743 , et tombé sous la hache révolu-
tionnaire le 8 mai 1794, Lavoisier, cher-
chant à résoudre toutes les grandes ques-
tions qui se rapportent à la chimie, posa
une théorie nouvelle dela respiration. A près
avoir examiné l’analogie qui seiub'e exister
entre l3 respiration et la combustion;
après avoir rassemblé plusieurs faits dé-
duits d'expériences remarquables, Lavoisier
avança que dans la respiration tout se passe
comme dans la combustion. Du carbone
est brûlé par l'oxygène de l'air: ii se pro-
duit de l'acide carbonique, et l'excès d'oxy-
gene se combine à de l'hydrogène pour
donner naissance à de l’eau.
Cette théorie rencontra dès sa naissance
des objections nombreuses. On se demanda
d'abord comment les poumons, orgäne si
délicat, pouvaient être le siége d’une com-
bustion si intense. Cette difficulté se pré-
senta surtout à l'esprit de Lagrange. La-
345.
grange pensa:que l'oxugène ne brûle pas
an carbone:dans l'intérieur des poumons ,
mais qu'il:se.combine au saug, cireuleavec
lui, et quependant ectte cirenlation il sue
uit. à du carbone et forme de Pacide curbo-
nique. Mais cette théorie de Lagrange ve
repose pas-Sur des faits positifs.
Il-faut dire que certaines expériences,
comme: l'injection du phosphore dans les
veines..sorlant ensuite exhalé par les pou-
mons sous forme d'acide phosphorique,
semblaient confirmer la théorie. de Lavoi-
sier. Cependant. Spallauzani, néà Scandia-
no, en 1729, mort en 1799, constata plu-
sieurs fois que cette combustion directe, .
immédiate , ne.peut pas avoir lieu. Il vit
des animaux placés dans de l'hydrogène ou
de l’azote produire de lacide varboaique.
C'était là un faitimportant; mais les expé-
riences de Spallauzani n'étaient pas assez
parfaites pour prouver contre la théorie de
Lavoisier.
Hamphry Davy remarqua que la quan-
tité d’acide carhouique exhalé excédait sou-
vent la quautité d'oxygène absorbé. Mais
on répondit aiors qu'il y avait déjà de l’oxy-
gène dans les poumons. li fa'lait prouver
le contraire par des expériences précises,
c'est ce que fit un savant physiologiste
dont la perte douloureuse est récente en-
core, William-Edward. Expérimentant sur
des animaux difficiles à asphyxier et deé-
pourvas de parois thoraciques résistantes ,
William-Edwards constata que acide car-
bonique n’est pas formé dans les poumons,
au'il dépasse souvent le volume du corps
de l'animal, et qu’il vientseulement s'exha-
ler à la surface pulmonaire tandis que de
l’oxygène est absorbé, — Nysten avait fait
quelques expériences qui ponvaient corro-
borer l'opinion de Wiliam-Edwards. il a-
vait injecté dans les veines d’un chien de
l'hydrogène , et d'autres gaz faciles à re-
connaître , et 1l avait toujours vu que ces
gaz étaient exhalés par la voie pulmonaire.
William-Ediwards avança que pour la-
zote il devait y avoir aussi absorption et
exhalation , car tantôt le volume d’azote
expiré reste constant. tantôt ilaugmente,
d’autres fois enfin i! diminue. -
Quant à la vapeur aqueuse, des expt-
riences sont venues prouver qu'elle n'est
pas formée au sein des poumons par la
combinaison de l'hydrogène et de l'oxy-
gène.
S:lon M. Collard de Montigny, la va-
peur aqueuse exbalée est proportionnelle
à la quantité des liquides contenus dans les
poumons et d’une autre part, M. Magendie
a vu quecetteexhalation de vapeuraqueuse
a lieu dans toute la longueur du tube res-
piratoire. Donc, ce n'est pas une combus-
tion de l’hydrogene et de l’oxysène qui
produit la vapeur aqueu.e.
MM. Mitcherlich et Gwelia ont cherché
à faire revivre la théorie de Lagrange ea lui
donnant un air de précision qu’elle n'avait
pas jusqu'alors; mais cetle tentative est
restée sans succès.
Revenons maintenant à l'opinion de Wil-
liam-Edwards, relativement à l'acide car-
bonique exhalé, car nous ne nous étendrons
pas sur les idées de ces physiologistes qui
n'ontvu dans la respiration qu'une fonction
de sécrétion , S'appuyant sur ce fait que la
vessie natatoire des poissons contient des
gaz, et que ces gaz doivent être sécrétés par
cette vessie.
William Edwards, posant en pr'ncipe
que l'acide carbonique n’est pas formé dans
les poumons, n'avait pas prouvé qu'il pré-
|
546
existe dans l’économie. C'était là le RER
capital de la question. si
M. Magnus, de Berlin, cherchant àtétæ!
blir la théorie de William-Edwards hpañ P
l'expérience, vit que lacide carboniquequi
préexiste dans le sang, et en ‘assez grande
qu pour expliquer son exhalation à/la
surface pulmonaire. Il constata en outre la
piéence du gaz oxygène dans le sang ar-
tériel. Evfin , faisant passer un courant
d'oxygène à travers du sang veineux conte-
nant de, l’aeide carbonique, M.Magnus le
transforma en sang artériel. Toute la théo-
rie.de la respiration est 1à; l'expérience de
chaque jour la confirme et l’étend', et la
gloire en revient de droit à Will.-Edwards.
ZAOOLOGIE.
Index ornithologique ; par Lesson.
(suite.)
Ge Genre : Acarirer, Ray, Brisson(1760);
Misus,g. Cuv. (1799); 4stur, Steph. ; Spar-
vius, Vieill. hab. l'Europe, l'Afriq., PAsie
Amérique.
ÊE. D'Eurore. — 182. Accipiter nisus,
Macg.; accipiter fr netllarius, Ray; Nisus
communs, g. Cuv.; falco nisus, L.; Enl.
M2et466-467 ; Naum., pl. 19 et 20 ; pro-
ceed., ne p.130; Soarvius nisus,Vieill.,
Encycl., p. 1262 ; var. : maculatus, Briss.,
et Denis Lath. ; hab. l’Europe, l'Afrique
septentr. et:le N. de l'Asie ? Accipüer
sparviusmacrurus, Vieill. Encycl.,p. 1265:
falcomacrurus, Gm., voy. p. 48 ; act. Pe-
tersb. pl. 8 et : hab. Sibérie, Race
(IL. D’Arrique.— 185. Accipiter minul-
lus, falco rrinullus, Daudin, t. 2; Latham,
esp.155; Sparvius minullus, Vieill., ue
p. 1266; Le Minule, Levaill., Afriq., pi. 34;
Nisus polyzonos, Less. , tr. p. 58 ; hab. le
Cap de B.-Espér. — 184. Accipiter exilis.
Falco exilis, Temm., pi. 496 (mâle aduite);
hab, le Cap de B.-E:pér.. — 185. Accipiter
brachydactylus , Sw., West. af. 1, p.118;
hab. Sénégambie. — 186. Accipiter nsger.
Nisus niger, Less., tr. 59; Sparvius ne
Vieill. Encycl., 1269, et gal. p: 92: pl. 29"
Niue Bank: jë, gal. ‘de Paris : hab. Séné-
gambie.— 187. Accipiter leucorhous. Spa:-
vius leucorhous , Vieill. Encycl., p.1269 ;
hab. Sénégambie.— 188. Accipiter polyzo-
nus, Rupp., 2° voy., pl. 15; hab. l’Abyssi-
nie.
$ EI, D’Astr. À : Continent de l'Inde. —
489. Accipiter Dusswmieri; falco Dussu-
mueri, Temm., pl. 308 (adulte) et 337 (jeu
ne femelle); hab. le Bengale ; Mahrattes.
—190.4ccipiter dukhunensis, SVkes, proc.
11, 79; bab. le paysdes Mahrattes. — 191,
Accipiter badius. ARE badius, Vieill.,
Encycl., p. 1262; Brown , Illust., pl. 3;
Daudin, 2, 86; Dit Ceylan. — 192, ec
ter nulles Sparvius minutus, Vieill.,
p. 1267 ; Falco ménutus, Lath., esp. 121;
hab. Ceylan, Sumatra , la côte de Coro-
mandel? Falco melanoleucus , Vieill., En-
cycl.,; p. 1263. Ile de Ceylan.
B : Îles d'Asie où Malaiste et Australie.
193. Accipiter solvensis. Falco soloensis,
Horsf., cat. 13, p. 137; Nisus solocnsis,
Less., tr. p. 61 ; Falco bicolor, Vieill., En-
cycl., p. 1265; Falco cuculoïdes, Temm.,
pl. 110 (fem.) et 120 (mâle) : hab. Java,
Soulon, — 194, Hoerpiter cirrhocephalus.
Falco torquatus g. Cave; Temm., pl. 43
(adalte) et 93 (jeune) mâle » ; Falco nisus,
var. Australis, Lath. Nisus australis, Horsf.
et Vig.,trans. xv,182; Sparvies lunulatus?
Vicill., Enoyel., p. 1264: Nisus australis,
JT
Less. , tr. p. 61; Sparvius cirrhocephalus ,
AUS Encvyel. , p. 1269 : hab. Timor, le
nord de la Nouv. - Hollande, 4 95. M cote
piter virgatus. Falco virgalus, Temm,, pl.
109 {mâle adulte) : hab. Java. :
{ IV. D'AMEÉRIQUE.
leatus , falco pileatus,
tus , D'Orbig., am. p. 90: ES Brésil.
197. Accipiter xæathothorax; Falco: TuR-
thothorax, Temm. , pl. 92 (mâle) : hab.
Guyanne et Brésil, — 198. Accipiter ser-
Jascirtus, Swains., Ménag., p. 289 : hab.
Guyanne holland. — 199. Accipiter frin-
gilloides , Vigors, zool. Journ. 3, p. 434;
Caba , p. 18. — 200. Æccipiter strtatus,
Less.. tr. p. 58; Falco striatus, Vieill., Am.,
pl. 14 ; Sparvius striatus , Vieill., Encycl.,
p. 1265 ; le Malfinr, de St-Domingue, Du-
tertre, Ant., p. 252; Visus striatus, D'Orb
p. 88; Falco Ant ja Daudin, 23 57 :
hab. les Antilles. —? Accipiter sparviusgri-
seus, Vieill,, Encycl., p. 1267: bab. Guvan.
Falco accipitrinus, Daudin, 2, 87? — 201.
Accipiler cærulescens ; RON cærules-
cenr, Vieill., Encycel., p.1262: hab. l’Amé-
rique méridion., —? Accipiler subniser ;
Sparvius subniger,Vieill., Encycel., p. 1263:
hab. Guyane. — 202. Accipiter semitor =
quatus; Sparvius s. torq., Vieillot, Encyc.,
p: 1263 : hab, Amériq. méridion. — 203.
Accipiter ruficollis, Vieill., Ency., p. 1263:
hab. l’Amériq. méridion.— 204, Acciprter
Sparvius Guyanensis, Vieill.,
Encycl., p. 1264 ; Falco Cayenensis, Da
din, 2, 78: petit Aigle de la Guyane, Mau-
GATE Sonuini, t. 38 , p. 62 : hab. Guyane,
—: > 4 ccipiter gultatus , Vieill., Encycl.:,
4266; Azara , n° 24 : hab. Paraguay. —
205. Zccipiter melanoleucus, Vieill., 1267;
Azara, n° 48 : hab. ‘Paraguay. NÉtsur
riatus, Less., tr. p. 61 ; Azara, voy. pl. 24.
p. 74. —? Récit: Sparvins grisens ,
Vieill., Encycl. , 1267 : hab. Guyane.—
Accipiter; Spartius minutus, Vieill., Ene
cycl., 1267 : hab. Guyane. — 206. Accipi-
ter cricolor ; Sp. tricolor, Vieill. , Ençycl.,
1268 : hab. Amériq. mérid. — 207. 4cci-
piler rufiventris ; Falco rufiventris, Daudiu
2,86; Mauduit; Vieillot, Encycl., 1269
L'alco rufus, Lath. : hab. Cayenne.— 208.
Accipiter superciliaris ; Sparvius , V ieill.,
Eacycl., 1268 ; Azara, n° 25 : hab. Para-
guay.
IDE
SCIENCES APPLIQUÉES
SOCIÉIÉ D'ENCOURAGEMENT,
Séance du 22 février.
Au nom du comité des arts mécaniques,
M. Vauvilliers fait un rapport favorable
sur une machine de M. Huau, appelée Le-
vier-frein. Lorsqu'on veut faire tourner un
cabestan destiné à ;surinonter une résis-
tance, on engage les bouts des leviers dans
des mortaises pratiquées au cylindre du
cabestan, qui tourne sur son axe par l’ef-
fort qu'on exerce à l'aide des leviers ; mais
ces leviers ont nécessairement une lon-
gueur très limitée par l'espace dans lequel
on Îles maneurvre : en outre, quand on a
fait tourner un peu le cylindre, un des
ouvriers maintient son levier, tandis qu'un
autre dégage le. sien, pou le faire agir
sur une autre mortaise , ce qui fait perdre
du temps. hf. Huau à imaginé de suppri-
mer ces morlaises, et de faire saisir le cy-
lindre dans une gorge par un frein en
acier, qui, à l'aide une disposition parti-
culière, le serre assez for tement pour dé-
496. Accipiler UE
Temm., pl, 205.
(mâle); Falco pilealus, Wied ; Nisus pris.
ETTI
terminer la rotation, qu’un encliquetage …
retient, Il en résulte que les deux leviers.
appliqués aux bouts du cylindre, en agis:.
sant successivement font prendre à ce rou-.
leau une rotation continue. Ce système
produit l'effet du levier de Lagarousse,
mals par un Moyen nouveau et particu-
lier. L'intellisnce de.ce mécanisme ne se :
peut obtenir sans Je.seçours d'une figure : |
il sera décrit. et figuré au Bulletin de la
Société ,
cette ingénieuse invention.
M. “Huzard. fait lire un rapport sur les
titres de M. Pbilipar pour être admis en.
qualité d° adjoint au comité d'agriculture.
M. Francœur expose que, dans les der-
nières années, lorsqu'on s’occupait d’une
réforme à faire subir à la législation des
brevets d'inventions, la Société d’encoura-
_gementavait présenté aux chambres untra-
vail sur ce sujet. La nouvelle loi présentée
‘cette annéelui paraît réclamer d’utiles mo-
difications , et il propose de renouveler les
tentatives. Sur sa. proposition , le conseil,
après une discussion approfondie,
qu’on agira pré
séquence les dix
sentés par le ministère; chaque comité dé-
lécuera deux de ses membres pour défen-
dre les propositions qu'il fera, et ces déléa
gués, réunis en commission au bureau,
prépareront un travail qu'on soumettra
incessamment au conseil, pour être en-
suite, après approbation , présenté aux
Chambres. Le bureau est chargé de faire
imprimer immédiatement tous les docu-
ments propres à éclairer les comités sur les
questions que soulève ce sujet important, -
dont l'industrie réclame ‘depuis longtemps
l'examen et la modification, Francoetr.
ECONOMIE SOGIALE. \
De l'industrie du sucre.
(Premier article.)
Au moment où le gouvernement, après
tant d hésitations, propose de prendre a plus
grave des résolutions-qui puisse atteindre
l’industrie du pays;sehaeun doit s’efforcer
de grossir le nombre des renseignements
capables d'assurer et d'éclairer laconviction
du législateur. Pendant ce long débat de
pourparlers, de pétitions, d'enquêtes de
mille sortes, la question des sucres, il nous
semble, a toujours été résumée en une
question de chiffres, balancée entre les in-
dustriels comme particuliers et le tré-
sor ; envisagée seulement sous un seul point
de vue de son économie politique, mais ja-
mais considérée dans le sein même dela pro-
duction iudustrielle, dans le terre à terre
de l'atelier, 1à où l’on pourrait s'assurer
si l'industrie plaiguante n'est pas elle-
même passible de son mal, en ne sortant
pas d’une routme, qu une. fabrication
Que entendue laisse. loin derrière elle
par la qualite et la quantité des: ‘produits
obtenus avec des matières premiènes d'é-
gale richesse ; du bien si des intéréls/privés!
affectés par de fausses spéculations, où par
toute autre cause individuelle, ne sont! pas
venus, en réunissant les intéressés chacun
à chacun » faire croire à un semblant de
gène générale, dans laquelle d'autres au-
raient pu être entrainés par l'appät d'une
indemnité qui permettrait aux uns de sor-
tir sains et saufs d’une gène commerciale.
toute per$onneile, et aux autres de réaliser
qui accorde. son approbation à.
décide
écisément comme on: l’a fait -
pour la loi sur,le sucre indigène. En con=
TS ‘comités se réuniront :
pour examinerla. lois étudier les motifs pré-
1
id
9
“ec bénéfice et en un seul instant un capi-
14 important dont ilne perçoivent lintérêt
n’en raison des fluctuations du commerce.
à preuve de cette assertion ne ressort- elle
xs elle-même de l’accroissement sur les
inées précédentes des fabriques de sucre
digène mises en activité cette. année où
on parle sérieusement du rachat de la fa-
frication avec indemnité. Le but que nous
Jus proposons aujourd'hui est d'envisager
latte question seulement en ce qu’elle a de
bécialement industrie}, laïssant de côté la
fuestion politique depuis longtemps, déjà
‘iscutée, et de combler autant qu'il sera en
* otre pouvoir la lacune que nous signalons,
!n faisant pénétrer nos lecteurs au milieu
es ateliers par exposé pratique de la fa-
! rication du sucreindigène et colonial et par
1 comparaison impartiale des chiffres de
:evient et des bénéfices de l’un et de l’au-
lre, en tant que cette production sera par-
Lenue au même point de perfcction ; toute-
ais, comme Ja position est tranchée maiu-
lenant par le geuvernément, voyons quelle
} st et quel-doit être la situation de l’indus -
\rielsucrière aujourdhui, °°
| La découverte et l’usage du sucre re-
|moûtent à la plus haute antiquité, et se
herd même dans la nuit des temps, Cepen-
|Aant’on peut dire que c’est dass l'Inde, en
|hine et dans toute {a partie méridionale
1e l'Asie que le sucre fut extrait primitive-
\ment, car l’Europe occidentale a tiré pen-
dant longtemps des marchés de Moscou et
le Casan le sucre impur connu dans le com-
| nerce sous le nom de moscouade, que les
}saravanes tartares et chinoises y appor-
|aient. Ce ne fut qu'après la découverte du
ap de Bonne-Espérance que la route directe
de l'Inde permit de se procurer cette denrée
de luxe à moins de frais. On importa en-
suite des boutures de cannes en Sicile et sur
l les côtes méridionales de l'Espagne pour les
y cultiver, et où, du reste, il existe encore
quelques plantations; de là la canne fut
transportée aux îles de Madère, aux Cana-
ries, et pénétra à Saint-Domingue vers
1495. Ce ne fut en outre qu'après la décou-
verte de l’Amérique par les Européens que
lla canne y fut importée, ‘car avant elle y
était totalement inconñue: Enfin, l'impu-
| reté si grande des sucres provenant de tous
:ces centres de production, faisant une né-
cessité d’un moyen d'épuration, on vit bien-
| tôt les Vénitiens, en imitation de ce que le
hasard avait fait découvrir dans l’Inde,
» employer un mode de terrage dont ils firent
| bientôt l'art du raffineur tel que nous le
possédâmes jusqu’au dix-neuvième siècle.
— Dans cet état, comme on le voit, le sucre
| Ctait rare et ne pouvait être encore qu’un
objet de grand luxe; mais alors-qu’il n’était
|
|
|
produit que par les établissements des co-
lonies euopéennes encore dans l'enfance,
. ei que la canne était-considérée comme la
seule plante qui pût fournir ainsi le sucre,
uu chimiste prussien, Margraff, annonca,
eu 1747, au mondeentier quella betterave,
cette plante cultivée sous presque tous les
climatsipouida-nourriture dés animaux,
contenalb cemêine sucré qué nous allions
chercherisiiloins; découverte qui fut confir-
née en 1797 par un autre prussien nommé
Achard. Enfin, par suite de l'intérêt que
l'un porta saccessivement à cette question,
l'Institut de France nomma, en 1799, une
commission prise parmi ce qu’elle comp-
tait de plus illustre; pour examiner les
meilleurs procédés à employer pour ex-
traïre le sucre de cette racine. Quoique
alors ce sucre ne füt livré au commerce! ‘compromettre toute l'industrie, au point de
350
qu'à un prix élevé, il était déjà devenu, }
pour une. certaine classe, un objet de con:
sommätion habituelle et presque une né-.
cessité. Aussi, lorsque, plus tard, la France; ;
b'oquée,. dans toutes ses ports, fut privée
de_$ÿn commerce maritime et de ses colo-
niës,. là politique s’empara-t-elle avide-.
meñt de cette découverte, et malgré tous
les encouragements et la faveur que l'Em-
pereur lui prodiguait, elle ne s’éleva que
péuiblement, et le sucre se vendit alors 3
et 4 francs la livre. Cependant on s’énor-
gueillissait de la conquête, en regard du
monopole qu'exercait l'Angleterre sur le
monde, et dont le chiffre des bénéfices en
cetle circonstance, surpasse, dit-on, de
beaucoup les évaluations les plus exagé-
rées. Enfin la France, devenue plus tran-
quille, vit s'élever peu à peu cette belle in-
dustrie créée par tant d’efforts et tant de
sacrifices; mais sil y eut peine d’un côté,
il y eut rivalité de récompenses de l’autre,
car si l’on jette un coup d’œil sur les années
passées de la fabrication du sucre depuis sa
naissance jusqu'a l’époque actuelle, nou
seulement que de croix d'honneur et que
d'éloges distribués comme réeompenses el
encouragements à tous Ceux qui s’occu-
paient un peu de cette nouvelle production!
Mais ne voyons-nous pas tous les corps sa-
vants mettre des prix pour ainsi dire en
permanence, dans le but de faire atteindre
à la fabrication du sucre une perfection
telle que cette denrée puisse être mise à la
disposition de tous sans exception. Tout le
monde avait compris, à la vérité, que le su-
cre ne dévait plus être un objet de luxe ré-
servé aux priviléges du riche, mais bien
un aliment indispensable à l’éconouiie ani-
male elle-même , comme le pain, la
viande. etc... Cette assertion ne peut pa-
raître exagérée de notre part, car tout le
monde peut savoir aujourd'hui que si l'é-
conomie ne recoit pas de sucre tout pro-
duit, certains aliments sont convertis en
cette substance dans le travail de la diges-
tion, pour concourir avec les autres ma-
tières alimentaires au maintien de la cha-
leur animale, et, par conséquent de la vie.
Le rôle du sucre, comme matière de pre-
mière nécessité, n’est plus à débattre; l'u-
sage a prévalu, et la science a prononcé.
Après tant d'efforts, tant de sacrifices de
toutes parts, au milieu même de la lutte
progressive des industriels entre eux, lors-
que la fabrication de ce sucre devenue une
chose toute nationale, a acquis presque la
perfection, et pourvoit chez nous-mêmes à
la majeure partie de nos besoins ; lorsque
enfin, si une nouvelle guerre venait encore
fermer nos ports, nous pourrions ne plus
craindre l'impôt de l'étranger ou la priva-
tion, le gouvernement sollicite, propose
l’anéantissement complet de cette industrie
sans aucune réserve et sous bref délai, sous
le prétexte que nos colonies, écrasées par
les droits d’entrée, ne peuvent plus exister
en rivalité de l'industrie indigène, qui elle-
même place le dégrèvement de son impôt
comme condition extrême sans laquelle elle
ne peut plus se maintenir! Le gouverne-
ment, il est vrai, doit écouter les plaintes
du commerce et de l’industrie du pays et
veiller à leur prospérité, mais il doit le faire
avec réserve et après ample informé, non
par des pétitions ni des commissions com-
posées des iudustr,els intéressés, mais par
Ses propres yeux. Car ce serait un mal
presque sans remède, un précédent qui, en
atteignant les libertés du pays, peut en
Ç :. 351
la voir successivement étré-détruite aussitôt
qu'rin: moment de gène se manifeste chez
quelques industriels, sous un prétexte plus
ouùmoins valable: Le rachat de la fabrica-
tion, du sucre indigène avec indemnité,
nous le;disons avec conviction, n’est pas
une question bornée seulement aux limites
de son commerce, renfermée dans son ter-
rain; c’est une question qui compromet une
grande partie de notre population ouviière,
qui la frappe dans son existence, et'c'est
encore une question qui doit être envisagée
avec bonheur par la politique d’unñé puis=
sance étrangère, puisque infailliblement -
nousen seronstributares,sans pouvoir nôus .
en libérer autrement que par la reconstitu-
tion de ce qui aura été détruit. L'indemnité
en eftet, est un puissant moyen de venir
au secours des fabricants qui se plaignent ;
non seulement elle les remboursera de la
valeur de leurs ustensiles et de leurs maté-
riaux, mais encore elle ne peut le faire qu’en
leur laissant une marge de bénéfices qui
comble toutes les exigences de leur nou-
velle situation, et leur permette d’embras-
ser une nouvelle industrie ou quelque spé-
culation ; elle leur doit donc un intérêt à un
taux élevé de leur capital d'intelligence et
de temps perdu. Le chiffre sera gros! Mais
cette indemnité ne s’adressera qu'au pro-
priétaire de la fabrique, où il existe, terme
moyen, 35 à 40 hommes employés dans
l’intérieur‘ ce qui fait, pour 400: fabriques,
à peu pres 16 mille personnes, qui, en un
jour, au même instant, serontsans ouvrage
etla majeure partie sanspain ! L'indemnité,
nous pouvons le dire, fera parmi les fabri-
cants plus d'un heureux, en mettra plus
d’un à l’abri de petits ennuis commerciaux
souvent trop génants, mais elle laissera sans
pitié cette masse d'ouvriers tout à coup
abandonnés. Si à ce nombre nous joignons
celui des ouvriers occupés à la récolte de la
betterave, celui des cultivateurs qui ont
fait &e cette industrie une question de for-
tune ct d'avenir, le chiffre ea deviendrait
effrayant et cependant l'indemnité n’at-
teindra pas tous ces hommes nécessiteux ;
ils n'auront que l'oubli ou une parole de
comumisération en partage... Tous ces fa-
bricants d'appareils spéciaux pour la fabri-
cation du sucre, qui n’ont monté leursate-
liers qu'avec des frais énormes, se fondant
sur un avenir riche et fécond, seront ce-
pendant abandonnés... Tous ces fabricants
de noir animal qui se:-sont-établis spéciale-
ment pour cette fabrication, passeront éga-
lement inaperçus...Cependant tous ces
hommes n'ont-ils pas droit à l'indemnité ?..….
On nous opposera, en regard de tous ces
malheurs, la fâcheuse situation des colons,
qui sont aussi des Français, et qui, dans
leur ruine, entrainerait celle de notre ma-
rine. Notre réponse est la teneur même
des articles qui vont suivre. Elle ne sera
dictée que par les faits, que par l'examen de
l’état de l’industrie aux colonies, et enfin
par l'appréciation que chacun pourra
faire des efforts que les deux industries
auront faits simultanément pour atteindre
la perfection.
(La suite au prochain numéro).
Après trois semaines d’une discussion
non interrompue, la Société d'encourage-
ment vient de publier des observations sur
la loi des sucres. Ce travail, savant et con-
sciencieux a été imprimé et distribué aux
membres des deux chambres législatives.
Nous allons en rapporter les conclusions
352
« La Société d'encouragementpour l'in
dustrie nationale.desire : e sl Sinon
» Dans l'intérêt de l’agriculterelqui &fan
» besoin indispensable de la :eulture-de:la
» betterave ; NT
» Dans l’intérèt bien entendu:desicolonies
»qui. en préserce du sucre de’betterave,
seront amenés à perfectionner l'extraction
» du suere de canne, et dès lors à doubler
les-produits de leur fabrication sans aug-
»merter leur culture ;
» Daws l'intérêt du commerce:intérieur
»etextérieur; dans l'intérêt du consonrma:
teur, de l'hygiène publique et du travail
»-national;
» Dans l'intérêt de la-France, si une
guerre venait à éclater,
» 40 Que ia fabrication dusucre indigène
» soit maintenue ; E
» 20 Que l’on arrive à l'égalité des droits
»-sur le sucre de betterave et le sucre colo-
» nial, dans un délai qui ne comprometra
» pas l'existence de l’industrie sucrière in-
» digène ;
» 3° Que la surtaxe sur les sucres bruts,
» blancs, les sucres terrés et les différents
» types de sucre indigène, soit réglée de
» manière à permettre les perfectionne-
» ments de la fabrication du sucre colonial
» et du sucre indigène ;
» 4° Que le glucose ne puisse dans aucun
» ças être imposé. »
2
Y
ÿ
2
Z
ARTS CHIMIQUES.
Procëlé d'impression en creux et en couleur
sur cuir et sur peau; par M. Bazin.
Ce procédé consiste à appliquer, à la fois,
sur la peau un mordant et un gras qui lui
donnent la propriété d’absorber la couleur,
etàla couleur une ténacité gommeuse et
légèrement grasse qui lui rermet,au moyen
dela chaleur, de s’incorporer dansla peau.
La préparation des peaux n'est pas la
même pour toutes, soit à cause de leur
nuance, soit à cause de leur nature, soit à
cause de l’emploi de la couleur à l’état de
pâte ou de poudre. Voici comment se pré-
parent les peaux quand on emploie la cou-
leur en pâte :
Lorsqu'il s’agit de l’application de cou-
leurs foncées, on étend sur les peaux de
chèvre ou de maroquin', avec:un linge ou
une éponge, de l'acide sulfurique coupé au
centième, et ensuite une couche d'huile de
noix : cette préparation me! doit pas être
sèche au moment de l'impression ;'elle doit
présenter un peu d'humidité.
On remplace , pour les peaux de mou-
tons, l’acide sulfurique par de l’acide ni-
trique, et l'huile de noix par l’huile de lin
ou l’huile-d’olive: pour le veau, on substi-
tue à l’huile une dissolution de sel am-
moniac.
Quant aux papiers maroquinés et aux
parchemins de différentes couleurs, on y
étend une couche de blanc d'œuf et une
deuxième couche très légère d'huile de noix
ou d'olive,
Lorsqu'on veut imprimer des couleurs
claires, on étend sur les peaux de chèvre et
de mouton, une couche, soit d'acide sulfu-
rique, soit d'acide nitrique ou de sel am-
moniac, selon que la peau est plus ou moins
sèche : pour le veau, on preud une dissolu-
tion d’alun dans le vinaigre.
Les couleurs qu’on emploie sont broyées
à l’eau avec addition de gomme laque, de
gomme adragante, de gomme arabique ou
autres corps gommeux; on y ajoute du
|
|
|
Î
353
blanc d'œuf, dusuif, de l'huile d'amande
ou-autres corps gras , afin de. faire adhérer
la couleur à la matrice’et pour'qu'elle se
mélange avec la préparation ducuir. La
proportion de ces matières! varie suivant
que les couleurs sont:plus‘on moitis grasses
par elles-mêmes; mais: il:ne fautpas! en
mettre trap, car il est nécessaire que’ la
couleur sèche aussitôt après l’impression'ét
qu'elle ne formetpas tache par <es bavures:
Les couleurs sont appliquées, au moyen
d’un tampon où dun cylindre, sur la ma-
trice, qu’on à fait préalablement chauffer,
et l'impression se fait par les movens ordi-
nairement employés dans la dorureou les-
tampage des peaux. Ou laisse sécher l’im-
pression et, pour enlever les bavures qui se
trouvent autour des lignes de dessins, on
frotte avec un linge ou du drap.
Ainsi appliquées en creux, les couleurs
auront l'avantage de résister au frottement
comme les incrustations faites en or ou en
argent sur les peaux pour la reliure ou les
meubles.
AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
Considérations sur les sécheresses qui affli-
gent les cantons élevés, dans les années où
les pluies sont rares, el sur les moyens d'y
remédier; par M. Loiscleur-Deslongchamps-
:. — (Extrait de la séance de la Société royale. el
centrale d'agriculture. ) At
Dans les années de sécheresse ; la plu-
part des villages qui sont situés sur le pla+
teau entre Dreux et Chartres ; ‘dépañte:
ment d'Eure-et-Loire, éprouvent un°be-
soin d'eau tel que, pendant trois à quatre
mois, et quelquefois davantage, les labou-
reurs de ces cantons sont obligés d'en-
voyer, tous les'jours, une voiture attelée
de trois à ‘quatre chevaux, avec des ton-
peaux, pour aller chercherde l'eau à deux,
trois ou quatre lieues, aux rivières les plus
voisines, qui sont, d’un côté, l'Eure, et de
l’autre, la Blaise. { 21
Ce plateau, qui est si dépourvu d’eau
dans les temps de sécheresse , -est;° d’ail-
leurs, coupé, de distance en distance, par
cinq à six ravins qui sont tellement rem-
plis d’eau, lors des grandes pluies et! des
orages, qu'il a fallu pratiquer autant de
ponts à une ou plusieurs arches, sur la
route de Dreux:à Chartres, pour faciliter,
dans le temps des pluies , l'écoulement des
eaux surabondantes, qui vont se jeter,
pour la plus grande partie, dans la ri-
vière d’Eure, et je crois que, sur la route
de Dreux à Châteauneuf, il existe aussi de
semblables ravins, qui vont se rendre dans
la Blaise.
I ya, en France, un nombre considé-
rable de localités dont les habitants éprou-
vent, lors des temps secs, la même pénu-
rie d'eau que ceux du plateau entre Dreux
et Chartres.
Il n’y a pas deux mois qu'on me parlait
de Saint-André, dans le département de
l'Eure, où les essais d’un puits artésien
n’ont encore pu réussir jusqu'à présent, et
où l’eau était si rare, durant la dernière
sécheresse, qu'elle s’y vendait, en quelque
sorte, aussi cher qu'à Paris.
Dans un voyage que j'ai fait, en Nor-
mandie, en 1835, année qui fut aussi très
sèche, l'eau était déjà si rare et si chère
au mois de juin, sur les hauteurs siluées
au dessus de Pont Audemer, que le ton-
neau d'eau s’y vendait un et deux francs.
354
Dans certaine partie du même départes:
ment, la disette d’eau füt si grande un!
peu plus tard, qu'il fallait payer, à cer
qui allaient s’en approvisionner à la Seinet
ou à d’autres rivieres, un centime poum
abreuver un mouton, deux pour un co
chon et cinq pour uné vache, un bœuf ow
un cheval.
Lorsque , malheureusement, des incen:
dies viennent À éclatéri dans ces pays pri
vés d’eau, ces’incendies y font sowverit 16%
plas grandéravages.Lorside lun déetst
désastres , arrivé en 1 835 dans une COM
mrne dé Normandie, -le- maire donna,
m'a-t-on dit.trente tonneaux de son cidre
pour éteindre le feu.
Dans cette même année, la sécheresse
fut si considérable dans le Poitou, et prin-
cipalement aux environs de Châtellerault,
selon ce que m’écrivait, peu après, M. le
comte de Montbron , correspondant de la
| Société royale et cétitrale d'agriculture;
| qu’une petite source qui faisait tournez
trois moulins fut tarie mometitinement,
parce” qué’le‘propriétaire! eheéz lequeleher
se trou'aîtisé fit à en vendre l'eau, q’ont
venait “cheréhüts eliez lui d'une’ätdeux
lieues x la ronde; avec: des tonneaur dans
des voitures de là procès entrées ineu-"
niers, dont'lës müwlins ne pouvaièst plus
tourner, et ‘Te proprittaire qui ‘les avait
privés d’eau en la vendant.
Les habitants de la piupart de ces pays
ne font d'ailleurs, habituellement , usage
que de l’ean des mares pour tous leurs be=
soins de la vie et ceux de leurs bestiaux..
et ces mares se tarissent toujours plus tôt.
ou plus tard, quand il ne survient pas de
pluies pen lant le printemps.et l'été ; lors:
qu’on y trouve éncor@ ide l'eau danses:
mois de juin, juillet et août}! cet'e eau est
véritablement déguûtante;et- l'on a peine
à croire comment l'on pent sen servir
pour la préparation des aliments.
Ne pourrait-on pas trouver les moyens
de pratiquer des réservoirs assez vastes
dans le voisinage des bourgset villages qui
sont privés d’eaux courantes, pour que cès
réservoirs pussent, dans tons les temps,
subvenir à tousiles besoins.de leurs habi-
tants? >
Le prix des réservoirs à pratiquer de-
vrait nécessairement être inférieur aux de-
penses que font maintenant les laboureurs
où autres habitants pour aîiler chercher
de l’eau aux rivières voisines, et les réser-
voirs devraient, d’ailleurs, leur fournir de
l’eau en bien plus grande abondance.
Dans les temps de pluies, les eaux ne
manqueraient nulle part pour remplir les
plus vastes réservoirs; car leseaux sura-
bondantes aux époques des grandes pluies
et lors des orages vont se rendre dans les
vallées inférieures, où souvent elles les inon-
dent au point d'en gaspiller les récoltes ,
surtout celles des prairies. Ainsi, en 1851,
les pluies abondantes qui eurent lieu pen-
daut une grande partie du mois de mai
inondèrent la vallée de l'Eure à un tel
point que , durant dix à doute jours elle
fut couverte de plus d’un pied d'eat: Toutes
les prairies du bord de fa riviere: furent
inondées pendant tout ce temps, et: commre
cette inondation arriva à la fin de mai et
se continua pendant les premiers jours de
juin, les foins de toutes les prairies furent
couverts de vase et devinrent impropres à
la nourriture des bestiaux. Le même dé-
sastre s’est encore renouvelé, il y à quatre
ans, mais il a été moins considérable.
Si l'on pouvait trouver des moyens éco-
|
“nt d'être question , et, en général , sur
ïux qui surabondent, lors des grandes
hies , dans les rivières de l'Eure, de la
aise et autres,.on rendrait. un service si-
Lalé aux cultivateurs qui les habitent, et
les moyens employés pouvaient per-
‘ettre de conserver.-assez des eaux plu-
ales. pour.qu'il fit possible d’en-employer
he partie. à desiirrigations lors.des séche-
‘ses le.bienfait;pour l'agriculture, serait
hicore plus grand. de
| Dans tous les cas, et principalement, d’a-
lès cette dernière supposition, c’est une
hiose digne , je crois, de la Société royale
| centrale, d'appeler l'attention du gou-
‘nement sur des travaux dont l’exécu-
on pourrait avoir les conséquences les
lus heureuses.pour l’agriculture.
D’après ces considérations, je fais la pro-
sition qu'ilsoit.inomimé -une commission
»“ciale: à Feffet;;dexaminer la. question
ont. al sagit,.-et.de demander, à M,le mi-
istre.de Pagriculture et du commerce de
Louwkoir, bien fonder, un ou plusieurs prix
lui-Serént..décernés aux, auteurs desmé-
haeiespe-qui. préseateront,fles. meilleurs
l1oyens-de remédier, aux -sécheresses, ex-
Lessives qui ,'dans certaines années, déso-
xt, en Franee, un grand nombre de can-
‘ons élevés et privés d'eaux courautes.
Si M. le ministre acquiesce aux propoii-
ions de prix qui lui seront faites par la
wciété, la même commission sera chargée
lle rédiger un programme à ce sujet,
La proposition faite par M. Loiseleur-
léstonchamps est appuyée par plusieurs
membres, et la Société nomme pour exa-
miner cette: question. ;une , commission
‘omposée: de: MM:4devicomte Héricart de
Uaury , Loiseleur-Deslongchamps, Fran-
-œur-et Boussingault. :
D Eh Ke —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 18 février.
M. Béranger fait hommage du 3° volume
\de l'ouvrage de M*°* professeur à la Fa-
cuité de Droit, sur le Code civil. Ce volume
est consacré en entier au titre le plus im-
portant de tous, celui des Successions.
M. Michelet donne lecture d’un mémoire
sur la politique de Louis XI etsur le carac-
tère des premières années de son règne.
| La politique de Louis XI fit une révo-
lution toute entière , mais une révolution
'manquée , parce qu'elle se trouva dans la,
|'tête d’un seul au lieu d'être dans les mas-
ses. On n’a que des chroniques inexactes
l'et incomplètes sur les époques antérieures.
!Sous Charles VII on écrivait peu ;sous son
| fils, au contraire, on écrivit beaucoup. Ce-
pendant ce;sn'est que; depuis peu d'années
|que l’on possèdeles documents certains qui
. avajent-1manqué.à l'historiographe Ma-
‘thieu, à Dueleset.à.M. de Barente. M. Mi-
* Chelet,profiant avec son talent d historien
habile desichroniques qui ont été publiées
|
|memis naturels tous ceux qui avaient gou-
en 1834, est venu aujourd’hui compléter
yerné sous Charle VI; pour amis, ou plu-
et justifier le jugement qu’avaient porté ses
devanciers sur.un règne qui , tout hideux
qu’il est, m'en est pas moins un des plus
importants de la monarchie. En passant de
l'exil sur le trône, Louis XI avait pour en-.
356
mmiques de retenir sur:le plateau dont il Y tôt pour smi, celui qui croyait gouverner
sous son nom;,-cétait le duc de Bourgognes
plateaux privés d’eau, une partie des } Il dépouilla:les premiers, fit arrêter l'en
voyé du second, et-déployant plus d'adresse
et.plus d'activité -à mesure que le nombre
desses-adversaires:devenait plus grand , il
S'attachait par ses largesses les hommes qui
dirigeaient:les affaires de l'Angleterre, de
ltahe:ét.de la Hollande. Après la con-
quête du! Roussillon, il concut et exécuta le
projet.de:s’affranchir à la fois de la tutelle
du Pape et de celle des nobles. Chacune de
ses haltes, en revenant des Pyrénées , fut
marquée par une ordonnance contre eux.
En faisant saisir le nonce et poursuivre les
cardinaux, en exigeant les représentations
des titres des biens possédés par l'Eglise, en
chassant ses collecteurs, il parut être fort ;
cette force lui valut l'alliance de la Savoie ,
des. Suisses et de la Hollande. En deman-
dant ensuite aux nobles ce qu'ils lui de-
vaient pour leurs redevances , en gardant
auprès de lui comme des. otages les enfants
des grands dont il se défait, en destituant
d’un seul coup tous les élus qui en se main-
tenant dans leurs fonctions presque héré-
ditaires avaient formé dans les villes une
semi-noblesse sons le nom denotables, en je-
tant an premier venu des titres de noblesse,
en forçant Toulouse, eette Romegasconne,
à recevoir dans son Capitole jusqu’à des
forgerons et des eurdonniers , il trouva un
appui dans le peuple qui, compté pour
rien jusqu'alors, s’imagina, lai aussi, qu'il
allait à Jui tout seul être la nation.
Les parlements, qui l'avaient puissam-
ment aïidé contre les nobles et contre les
papes; voulurent arrêter leur élan d’obsé-
quiosité, 11 était trop tard ; Louis XI leur
enleva leur part de rovauté; restreignit
leur juridiction , et ramena à des limites
raisonnables ceux de Paris et de Toulouse,
dont il détacha des provinces pour doter des
parlements nouveaux. On conçoit qu'en-
touré d'ennemis si nombreux et si puis-
sants, ce roi niveleur ne voulut près de lui
que des hommes hardis, habiles, et d'autant
plus sûrs pour lui qu'ils les avait fait lui-
même ce-qu'ls étaient. Il les voulait siens.
Les crimes de Louis XI sont ici hors de
cause,.et..quel que fût le but de sa poli-
tique, ils,ne peuvent pas être excusés, Il
faut, lui tenir compte et des efforts qu'il a
fait pour l'émancipation de la royauté , et
des établissements qu'il fonda. Il ne faut
pas oublier qu'il est le créateur de notre
marine, et que le commerce lui doit le pre-
mier encouragement qu'il a reçu de la
royauté. Il eut le tort d’agir trop vite et de
ue tenir aucun compte du temps où il vi-
vait. Celui qu’il voyait ou qu’il prévoyait
n’était pas encore venu , rien n’était prêt
pour la révolution dont il était la person-
nification vivante. Cette révolution,.ne fat
qu'un essai ; mais cet ;jessai fut. utile plus
tard, lorsque Richelieu voulut reprendre
l’œuvre avortée de Louis XI. Rien ne sert
mieux à faire connaître l’époque dont nous
parlons qu’un fait que M. Michelet à mis
en relief avec beaucoup de soin.
Les ordonnances contre la chasse furent
la cause réelle et immédiate de cette levée
d'armes, connue sousle nom mensonger de
Ligue du bien public, et qui, dirigée avec
plus d'ensemble, eñt été funeste. à celui
qu'on titrait alors du nom. deroi des petits.
Nous pensions que M. Dubois (d'Amiens)
avait dit son dernier mot, au sujet de
M. Broussais, Nous nous étions trompé; il
a recommencé aujoard'hui la lecture d’un
quatrième-ou d’un cinquième mémoire sur
{
|
357
| lemême sujet; et la continuera probable-
| ment à la séance prochaine!
NE Villermé a la quelques considérations
sursbes> m@æurs et la langue dés Bretons.
Aprés une description géographique exacte
etrigourvuse de cette partie de la France,
autrefois l'Armorique, devenue la province
de Bretagne au sixième siècle, et réunie à
la France sous le règne de Louis XIE. El la
peint telle qu’elle est aujourd’hui, avec:ses
mœurs d'autrefois et ses regrets toujours
vivants pour les franchises et les privilèges
dont elle a été si jalouse à toutes-les épo=<
ques de sa vie politique. Les Bretons ‘fini«
ront par comprendre que ces priviléges:et
ces franchises sont un anachronisme.En at-
tendant, il faut savoir gré à M. Villermé,
ou plutôt à MM. Villermé et Benoiston de
Châteauneuf, eur ce travail leur est com-
mun, des faits curieux et des aperçus utiles
que renferme leur mémoire, Il peut être
d’un grand secours pour préparer les amé-
liorations dont cette partie de la France
est susceptible. C.5.F.
— 135% EG de
ARCIHÉOLOGIE.
Canton de Gémozac, arrondissement de Saintes;
(Charente-{nf.)
COMMUNE DESAINT-QUANTIN-DE-RANSANNE:
Sanctus-Quentinus est le martyr du Ver-
mandois et de la Touraine, et l’histoire
littéraire des Bénédictins donne sa vie (to-
me-I1T, p. 500). Ransanne découle de raz:
sonium , rédemption. — Les noms de cette
commune appartiennent donc au moyen-
àgé.et sont une médaille traditionrelle de
l'époque de mysticisme où le village a été
établi ou a pris de l'extension.
Un vieux château protégeait le hameau,
et a été rebti plusieurs fois. Il appartenait
au prince de Lambesc. Aujourd’hui il n’en
reste plus que des ruines.
L'église dédiée à saint Quantin est cer
tainement dans son genre un des monu-
ments romans les plus curieux du départe-
ment. ,
La façade, surmontée d’un fronton élevé
percé de deux -campanilles, a été restaurée.
Elle n’a conservé de sa primitive construc-
tion que son portail central, dont ou a re-
touché une partie dans le seizième siècle.
Les portails latéraux ont été remplacés par
un mur uni: Mais, sur le haut de cette
première assise existent encore 23 modil-
lons saillants représentant des têtes de
bœufs. Puis le deuxième étage est occupé
par une arcature à plein cintre d'arcs pe-
tits, à colonnettes courtes, appuyant sur
une consolle. Deux gros contreforts du quin-
zième siècle servent d’arc-boutant aux :an-
gles. Les sculptures prodiguées sur celte
façade sont byzantines eti:se:composent
d'entrelacs, de damiers, de cercles perlés et
de figures de monstres. Entre les modiilons
sont des représentations de cercles ou de
roues. Les modillons sont couverts de têtes
bizarres. Parmi les reliefs de ces modillons,
j'ai remarqué une croix épatée de templier,
un homme qui mange une fouace, une tête
de veau, etc., etc.
L’apside est bien conservée, Elle est ar-
rondie, conpée par des colonnettes en aires
séparées, au milieu desquelles sont des fe-
nêlres simuiées à plein cintre ou de l'épo-
que romane pure , c’est-à-dire du onzième
siècle. L’archivolte de ces fenêtres est en
saillie et couvert de dents de scie; leur
voussure est peu profonde. Les rétombtes
de l'arc appuient sur des pieds droits. Un
CR |
358
309
cordon sert de frise et supporte un entable- ! des étoiles sculptées et des fleurons sur les
ment sans ornementation. Les chapitaux |
des colonnes n'ont aucuns reliefs. |
Cette église est d'autant plus curieuse
que je n’ai rencontré sur aucun autre 1no-
nument des sculpturesanalogues. L'histoire
se tait sur les propriétaires de cette église
que les templiers ont dù posséder et orner
dans les premières années de l'établisse-
ment de leur ordre.
Cowuxe De Réraun : De retoreria, sei-
gneurerie, d’où on a fait retorerie. On a dit
Reto et puis Retaud.
Un ancien Castrum des plus fortifiés
existait à Brassaud. Le proprietaire, Charles
de la Chambre, en faisant hommage dans
-le quinzième siècle à l’évêque de Saintes,
comme seigneur suzerain; il lui devait, en
lui faisant d'obédience , l'hommage de deux
coqs blancs portant au cou une sonnette
d'argent doré du poids de 30 grammes
(Statistique, p. 159).
Une charte de 971 parle d’un hämeau
appelé Rete dans la vicaria Brionensis, qui
ne peut être Retaud. Mais il s’agit, sans
nul doute, de son église dans la charte de
1072, par laquelle Rainulfe, donne à l’ab-
baye de Saint-Jean-d'Angely, l'église de
Saint-Trojan.
L'église de Retaud est en effet dédiée à
Saint Trojan ou Troyen, évêque de Saintes,
mort vers 532, et inhumé dans la paroisse
Saint-Vivien de Saintes. Grégoire de Tours
nous a laissé sa vie. C’est un admirable
édifice roman-bysantin, et le mot admi-
rable n'est pas trop fort. Bâtie sur un co-
teau élevé, cette église date de la fin du
onzième siècle, ou du commencement du
douzième, car le portail central roman
a de chaque côté un petit portail bou-
ché mais en arc ogival. Les archivoltes ont
voussures. L'’abside coupée en sept pans, et
bâtie en arrêtes de poissons à sa base, a des
arcatures plein-cintre, décorées avec beau-
coup de goût. Les modillonis sont couverts
s figures grimaçantes, d'obcæna, d'entre
lacs, de tètes de monstres, de nœuds, de
frètes perlées, de fleurs, etc., ete. Lés tha-
piteaux des quatre colonnés de la facade
portent sur leurs corbeilles des têtes, des
oiseaux avec des têtes humaines, des mas-
ques de reprouvés, des entrelacs fleuris ét
perles,
Le clocher placé sur le cœur, date du
treizième siècle.
Le cimetière qui entoure l’église, est en-
core riche en cercueils en pierres creusées,
ayant un évidement pour la tête.
J'ai donné des détails plus complets sur
Saint-Trojan de Rétaud dans mes lettres
historiques et archéologiques (p. 62) et; y
renvoie le lecteur.
RD)
Le Rédacteur en chef :
LE vicomte À. DE LAVALETTE.
FAITS DIVERS.
— La société industrielle de Mulhouse a adressé
aux Chambres une pétition dans laquelle elle de-
mande que le gouvernement tienne strictement la
main à l’exécution de la loi sur le travail des enfants
dans les manufactures, loi qui paraît étre restée |
jusqu'ici sans application dans plusieurs localitésin-
dustrielles, et peut-être partout. « C'est du moins,
disent les pétilionnaires, ce que nous pouvons affr-
mer de notre pays, et ce qu’on nous a appuis de
Saint-Quentin, de Lille, de Reims, etc. Ainsi, j jus
qu’à présent, tout serait resté dans le même état;
on aurait seulement ajouté au mal, le mal uon moins
grave d'avoir une loi demeurée sans vigueur.»
La société industrielle de Mulhouse demande la
ï
360
création d’inspecteurs salariés, puisqu'il paraît établi
que les inspecteurs hénévoles ne produisent auçun
résultat.
Mème en présence des nombreux concurrents
qui, l'an dernier, sollicitaient les places d'inspec-
teurs, on devait s'attendre à un pareil dénoûmert
En administration, il ne faut eroire à la philan-
thropie que comme exception.
— Dans la séance du 16 février la Société géo-
logique, présidée par M.J. Warburton, a voté deux
médailles d’or à denX savants français : MM: Elie,
de Beaumont et Dufresrioy, en récompense de PS
travaux scientifiques en général et notamnient à
l'excellente carte géologique de l'rance qu'ils dit Fe
cemiment publiée.
—<GÉ —
BIBLICGRAPHMIE,
CONSIDÉRATIONS sur les céréales et principa-
lement sur les froments; par M. Loiseleur de Long-
champs, chevalier de la Légion d'Honneur, docteur
médecin, membre de l’Académie royale de méde-
cine, de la Sociélé royale et cenlrale d'agriculture,
vice- “président honoraire dé la Société royale d'hor-
ücullure de Paris. — Paris, librairie de madame
veuve Bouchard-Huzard, 7, r. de l'Eperon, { v.in-8-
Nous avons dû à l'obligeance de l'auteur de don-
ner dans noire jowmal avant l'impression dé cet ou-
vrage les chapitres les plus intéressants. N6s abonnés
ont pu apprécier déjà {'i importance et l'utilité de ce
travail (1). La réputation que s’est justement ac.
quise M. Loiseleur de Longchamps par les, services
de plus d’un genre que dépuis près de trente ans il
a rendns à la science agricole, est d’ailleurs, auprès
des agriculieurs et des économistes, une recomman-
dation plus puissante que fout ce que nous pourrions
ajouter.
(4) Voir les numéros de l’' Ecko, 40, 41, 42, 43,
44, 45, 46, 47 de 1849; 4, 5, 7, 8 de 1843.
PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE fs,
rue Saint- Res «Michel, 33.
ns Le 5 MÉTÉOROLOGIQUES. — JANVIER 1843.
! È 9 HEURES DU MATIN. MIDI,
: 5 Re A Re
| = :
| & | Barom. | Therm. Barom, | Therm. | %
Ne à O0. extér. à O0. extér. |=
| =
| 4 | 762, ee. 762,63 5,9
dl 2 | 757 2,0 751,52 4,0
| 3 | 762,68 0,2 762,91 2,6
4 | 763,39 0,8 761,35 1,3
5 | 759,05 3,3 755,9 3,8
6 | 761,10 2,1 760,62 4,8
7 | 759,87 6,% 759,11 8,4
8 | 71816 9,2 745,1 8,6
9 | 750,47 0,4 752,46 2,5
40 | 734,71 8,4 736,62 5,1
11 | 739,12 5,1 738,52 6,7
12 | 730, è 6,2 728,69 6,9
13 | 7277 ñ,7 729,43 8,8
1% | 730 116 2,1 71,47 4,6
15 | 740.88 2,9 730,87 5,1
16 | 73,9% 1,0 743,83 1,4
17 | 743,03 2,6 763,80 4,5
18 | 762,16 3,1 768,92 6,5
19 | 768,30 1,3 769,93 3,5
20 | 770,88 0,8 762,20 3,t
2 | 764,06 0,2 760,47 3,9
22 | 760,52 2,0 760,38 4,1
23 | 760,88 0,7 761,99 0,1
2% | 762,19 0,3 758,63 1,6
23 | 760 57 4,1 761,25 5,2
1 26 | 763,62 5,6 162,08 72
97 | 761,93 9,4 761,53 10,8
98 158, 92 42,0 758,20 12,7
29 | 759,83 10,6 759,55 12,1
30 TT. ,33 9,6 756,56 11,4
31 | 76016 8,1 760,97 11,3
4 | 756,01 3,6 155,46 4,7
2 | 748,15 2,9 747,75 5,1
3 | 760,47 5,2 760,23 7,0
RU RE A ju ion
755,06 | 4,0 | 754,66 | 5,6
a
3 HEURES DU SOIR.| 9 HEURES DU <OIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS
Te A, Re ES D CS
y DU A
Barom. cs à = d Te
à Ov, es Ë us Fo E Maxim. | Minim. CIEL À MIDI. MIDI
=
762,61 5,5 762,39 4,4 6,1 4,2 |Très nuageux. N. 0.
757,24 4,3 758,65 0,6 4,3 1,0 |Très-nuageux. N. 0.
763,44 5,7 765,36 0,2 3,9 7,2 |Beau. N. O.
758,95 1,3 760,38 2,8 3,0 0,3 Couvert. S.
152,8 4,3 756,99 2,5 ST 0,9 |Couvert. S. O.
160,91 4,0 762,28 3,0 5,0 0,8 |Beau. 0. N. 0.
757,81 7,4 755,93 9,7 10,6 4,8 |Quelques éclaircies. |O.S. 0.
745,79 5,3 745,14 3,1 ol 8,4 |Pluie. 0.5. 0.
753,21 3,6 750,20 3,5 4,0 0,6 |Beau. N. O.
739,62 6,6 741,03 4,3 7,0 2,9 |Couvert. 0. 6
736,76 7,0 730,73 7,4 7,6 3,4 |Couvert. 0. Sue
130,24 6,8 758,84 3,1 7,4 5,6 Très nuageut. S. 0.
729,54 7,3 734,35 4,6 9,5 0,8 |Nuageux. SA
136,01 4,6 728,00 5,3 4,9 1,1 |Couvert. S. Le
131,35 5,0 73,20 0,9 5,7 1,0 |Couvert. D S. O.
744,36 4,7 753,08 1,4 4.6 1,2 |Neige. Lo
764,74 5,6 766.41 3,5 5,5 0,8 |Vaporeux. N Se 0
769,12 6,8 770,61 4,5 71 1,8 |Couvert. SN
168,58 4,9 767,87 4,5 4,8 1,9 Beau. à 2 5 =
760,78 A 760,59 0,6 4,2 0,4 | Beau. SE . L.
159,98 6,1 761,00 1,7 6,5 2,9 |Beau. dE.
159,95 2,4 761,65 0,6 92,2 3,1 |Brouillard. SE
761,16 0,4 760,81 0,0 0,8 0,9 Couvert, S: & E.
757,49 2,8 757,60 2,6 2,8 0,8 |Couvert. RE
761,70 7,8 763,32 6,3 7,5 0,0 Couvert. ele
762,2 | 8,0 | | 762,94 | 8,4 S,3 |. 47) Convert: À 9:
760,57 11,4 760,98 41,2 12,0 8,1 |Couvert. SO!
756,45 | 13/8 5741 | 123 13,9 | 10,3 |Couvert. es
759,17 | 129 758,49 | 12,6 13,0 RES 0. $. ©.
756,06 | 44,4 357,75 | 10,9 {{, IN 0.S. 0.
759,30 11,1 759,84 9,1 ; 6,91 /Couvert.
7 MERE Moyenne du 1 au 10 |Pluie en cent-
Lee 29 795,19 du Moyenne du 14 au 20/Cour. Cr
75946 ne coul 37 [Moyenne du 24 au 31|Terr. T
Fa , ; : Re ae et Re
754,11 6,1 | i£ 754,98 6,7 2,3 |Moyennes du mois . « : « a,5| |
Sante
{
D
40% année.
L'ECHO
Paris. — Jeudi, 2 Hiars 1845.
DIN —————
DU MONDE SAVA
Ne 15.
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| 1? EcHo DU MONDE SAVANT parait le SEUMDLctle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de ! ,200 pages chacun. On s’abonne : PAR1s, rue des
[
PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les Cépartements chez les principaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:8 pour un an
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peuvent recevoir pour CINQ fr: par âh/et pañrécüeil lÉGHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
19 fr. pris séparément ):et qui forment avec l'Echo-du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
|
sdressé (franco) à M, le vicomte A ..DE LAWALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l’administration à M. C =8.'FRAYSSE, gérant.
| SOMMAIRE. ea) SCIENCES ç PHYSIQUES. | ciété royale reçut lé 20 février 1840, un mémoire
OPTIQUE. Considérations relatives à l’action chi-
aique dé la lumière; Arago. — PHYSIQUE.
Œravail sur le baromètre, présent® par M: de
| ‘Nillenenve, irgénieur des. Mines, à la séance du
| 1143 février de l'Académie dessciences..-— SCIEN-
| CES NATURELLES. PHYSIOLOGIE _ANI-
| 3 MALE. Expériences sur la fécondarion : Ponchet,
::.— SCIENCES APPLIQUÉES. MACHINES A
VAPEUR. Etablissement du Creuzot. — Nou-
veau système de chaudières établies aux brasse-
ries de Louvain. — METALLURGIE. Modifica-
| tions qui surviennent dans la fabrication du fer ;
| Hood. — ARTS CHIMIQUES: Application des
| couleurs sur les cristaux dans lesquelsil:entre du
plomb; Robert. — Cartons: destinés. à-remplacer
| | les enirs à rasoir ; Finote — ARTS, TYPOGRA-
-: PHIQUES. Procédé pour obtenir sur. du cuivre
Î
| métallique des copies de médailles et d’autres
objets semblables ; Osann. "AGRICULTURE,
ECONOMIE AGRICOLE. Engrais liquides, —
* HORTICULTURE. Taille des formations pour
Les arbres fruitiers dans les pépisièies, — De la
*” æülture du gladiolus à l'air libre, — ECONO-
1] ‘MLE DOMESTIQUE. Nouveau procédé pour la
: rsalaison des viandes. — SCIENCES HISTO-
RIQUES. Société royale d'archéologie de Co-
|. pehhague. — ARCHÉOLOGIE. Canton de Ge-
| mozac; Lesson. — STATISTIQUE. Populations
H de La Belgique. — FAITS DIVERS: BIBLIO-
GRAPHIE.
Eu Dr EEE: Ke-
SCIENCES PHYSIQUES.
OPTIQUE.
Considérations relatives-à; l'&ction chimique de
la lumière; Arago,
Peu de temps après le vote de la loi qui accor-
- dait une récompense natiowale à MM, Daguerre et
Nièpee, il se manifesta ; dans ane petite portion du
ÿ; publie, des opinions, à mon avis trés crronées , et
-.qui,.Cépendant, m'imposérent le devoir.de mc
_trer que la nouvelle découvérte ne devai PAS être
seulement considérée du point de ste in à el
qu'elle enrichirait la physique de Imoÿensd'inves
tigativn très précieux. Tel futile but d'oneynote qui
parut dans le Compte-rendu de la séance du‘19 août
4859. Elle érait ainsi conçue : AT
os © Voici une application dent le Daguerréotype
ent susceptible, et qui me semble très digne d’in-
» L'observation a montré que le spectre solaire
nest pas-coutinu, qu'il ÿ éxisle des solutions de
- coutinuitésrabsvérsales}des æaigstentièrement noires
. X a-i-il des solutions de continuité pareilles dans
lss'rayons/obscurs qui paraissent pruduire les effets
photbéémquesz 1511 ,159108 pl 51:
» S'il yen a, correspondent-elles aux raies noires
du spectre lumineux ?
ANT T et
PTE TRUE
— ‘vPüisque plusieurs des raies transversales du
D, SPEVENES Se < à
spectre sont visibles à l’œit nu, on quand elles se
E T4 eo ral SALE
3 pergnentsur la rétine sans amplification aucune , le
rfpioblème que je viens ae poser sera aisément ré-
LSISO M»
ps -Getle solution très facile du problème que je
m'éjais proposé, je ne pouvais pas, en 1839, la
Ÿ chercher -expérimentalement moi-même, l'ancienne
Chambre obscure de l'Observatoire ayant alors reçu
. aNé/autre destination, etla nouvelle n'étant pas eu
Core conslruite: Au reste, je dois supposer que mon
appel fut entendu, J'ai appris; en effet, que la So-
de sir John Herschel où la question est effleurée, et
chacuwse ‘rappelle ici qué M. Edmond Becquerel
entre'int l'Académie de ce même sujel, dans la
séance du 13 juin 1842. M. Herschel, n'ayant pas
pu disposer d’un héliostat, erut ne point devoir se
prononcer positivement sur l’existence des stries
dans l’image photographique du spectre. M. E. Bec-
querel, au contraire, projela sur sa plaque ivdurée
un spectre stationnaire, el vit neltement, après
l'expérience, dans la résion de la plaque que ce
spectre occupait, des stries transversales le long
désqueïles la matière chimique était restée intacte,
ou du moins n'avait reeu aucune modification per-
ceptible. Il reconnut, de plus, que ces stries cor-
-respondaient exactement aux lignes sombies du
spectre lumineux.
Au premier aperçu, l'expérience dont je viens de
parler aurait pu sembler superflüe : le résultat ch-
tenu n'étaitil pas, en effet, de vérité nécessaire ?
Comment attendre des actions photogéniques là où
la lumière manquait entièrement ?
Voici ma réponse : 1] n’est nfllement démontré
que les modifications photogéniques des substances
impreéssionnables, résultent de l'action de la lumière
solaire elle-mèmce.:Ces modifications sont peut-être
engendrées par des radiations obscures méiées à la
lumière proprement dite, marchant avec elle, se
réfracfant comuie elle. En'ce cas, Lexpérienec prou-
verait, nou-seulement que le Spectre formé par ces
rayons invisibles n’est pas continu, qu'il y existe des
solutions de continuité, comme dans le spectre vi-
sible, mais encore que dans les deux spectres super-
posés ces solulions se correspondent exactement. Ce
serait, là un des plus curieux, un-des plus étranges
résultats de la physique.
ee) £
introduisons dans la discussion un” élément dé-
pendant de_la vitesse-de Ja lumière , et les consé-
quences_ de l'observation ne seront pas moins inté-
- ressantes. © Ra
Je montrai, il y a bien des années, que les rayons
des étoiles” vérSlésquelles la terre marche, et les
rayons des étoiles dout la terre s'éloigne, se réfrac-
tent cxactémênt dé fa même quantité. Un tel résul-
‘tit ne peut concilier avec la théorie de l'émis-
sion, quà laide d'une aditionsimportante à faire
à cette théorie; dhntf En nécessité soffrit jadis à
mon esprit, et qui à été généralement bien ac-
cueillie par ‘les phgsiciens : il faut ‘admettre que les
corps lumineux émetient'des rayons de toutes les
vitesses, el que les seuls rayons d’üne vilesse dé-
terniinée sont visib'es, qu'eux seuls produisent dans
l'œil la sensation de lumière, Dans la théorie de
l'émission , le rouge, le jaune, le bleu, le violet so-
laires sont respectivement accompagnés de rayons
pareils, mais obscurs par défaut ou par excès de
vitesse, À plus de vitesse correspond une moindre
réfraction, comme moins de vitesse entraine une ré-
fraction plus grande. Ainsi, chäque raÿon rouge vi-
sible est accompagné de rayonS:obscurs de la même
nature, qui se réfractent:les uns plus, les autres
moins que lui: ainsi il'existé des rayons dans les
stries noires de la portion ronge.du spectre; la même
chose doit étre dite des stries:situées dans les por:
tions Jaunes, vertes, bleues el vialettes. L'expé-
rience ayant montré que lès rayons contenus dans
les stries sont sans effet:sur les substances impres-
sionuables , il se trouvé‘établi que toute augmenta-
lioù ou diminution de vitesseenlève aux rayons lumi-
neux les propriétés photogéniques dont ils étaient
primitivement doués; que les rayons solaires cessent
d'agir chimiquement à l'instant même où ils perdent,
par un changement de vitesse, la faculté de pro-
T$ ei
duire sur la-rétiue les sensations lumineuses. Je n'ai
pas besoin de faire ressortir eut ce qu’il ÿ a de cu-
vieux dans un mode d'action chimique de la lu-
mière dép ndant de la vitesse des rayons.
Le lundi même où M. Ed. Becquerel présenta à
l’Académie le résultat de l'expérience que j'avais
proposée deux ans et dix mois auparavant, je l'in-
vitai ‘pabliquement à la recommencer, eu s'impo- :
samtodes: couditione nouvelles qui. semblaient de-
voir;jetér du jour sur la manière dont la vilesse mo-
difiel'action.chimique de la lumière, Je fis remärquer
que les. rayoës solaires se mouvant de plus en'plus
“Vite à mesure .que les milieux qu'ils traversent sont
plus: réfringents, on arriverait à quelque résultat
utile, en étudiant, comparativement et simultané-
ment, l’action du spectre sur la plaque iodurée
plongée par moitié dans deux milieux tlès dissem-
blables : dans de l'eau et de l'air, par exemple.
M. Ed. Becquerel voulut bien suivre cette idée,
Voici Ja lettre qu'il m'écrivit à la date du 25 no-
vembre 1842.
« Lorsque vous avez eu la complaisance de pré-
senter à l’Académie des sciencés , au mois de juin
dérniér, moñmémoire sur la constitation du spec-
tre solaire Ÿ vous avez bien voulu:m'indiquer une
expérience àfairerdans le but Ue sayroir,si, lorsqu'une
substance, inipréssionnable à l'action des rayons so-
laires est; plongée dens un milieu autre que l'air, le
changement de vitesse des rayons solaires, au pas-
sise de l'air dans ce milieu, ne déplacait pas la p
tion des raies ou des stries transversales du speft
des rayons chimiques.
» Je 'mestis empressé aussitôt de faire ces
riences, eti commencant par employer de
comme nouveau milieu. Mon départ pour la
pagne m'a forcé de les interrompre. Jai l'hunné
néanmoins, de vous adresser le résultat de deu:
expériences que j'ai faites, avec Ja description du
pructdé que j’ai suivi.
» J'ai fait usage d’une petite cuve à cau en cris-
tal, à bords bien plans, et d'une piaque préparée à
la manière de M. Dagnerre, que l'on peut placer ver-
tüicalement dans la cuve, de manière à ce que sa
surface soit parallèle à la face antérieure de la cuve.
Dans les deux expériences, la distance entre la prla-
que iodurée et cette face a été d'un centimètre. On
introduit alors dans une chambre obscure un fais-
ceau de rayens solaires à travers une fente étroite
pratiquée dans le volet; on réfracte ces rayons à
travers un prisme de flint bien pur, devant lequel se
trouve placée une lentille à long foÿer, de façon à
obtenir un spectre solaire par projection avec toutes
ses raies, Uue fois ce résultat obtenu, on place
devant la route du rayon réfracté, la cuve à eau, de
manière à ce que le spectre se dessine bien borizon-
F talement avec toutes ses raies sur la plaque iodu-
rée et de sorte que les rayons vivlets entrent nor-
malement à la face antérieure de la cuve. On a eu
soin, avant de commencer l'expérience; de verser
dans cette cuve de l’eau jusqu'à ve que sonlñivean
coupe longitudinalement eu deux parties, égales l'i-
mage du spectre. MA Aer
-:» Si, au.bout d'une ou deux minutes d'action, on
enlève la :plaque, en l'exposant à la vapeur mer-
curielle, on voit l'image du spectre se dessiner de-
puis la limite du vertet du bleu jusque bien au-delà
de l'extrème violel; et, comme je Faïdit daus le
mémoire, célie image a loutes ses raies semblables
à celles du spectre lumineux pour les portions de
mème réfrangibilité. Eh bien! on n'appercoit au-
cune différence bien sensible entre l'image du spce-
tre sur Ja portion de la plaque qui estrestée dans
l'air ét celle qui s'est formée sur la portion qui a
\
364
Sijourné dans l'eau ; les rates de ces deux portions
de spectre semblent très bien dans le prolongement
l'une de l'autre, excepté toutefois dans les portions
extrêmes du spectre chimique,à droite et à gauche,
où les raies de l'image qui s'est produite dans l'eau
semblent se resserrer un peu entre clles. Cela me
paraît devoir être attribué à la réfraction des rayons
obliques.
» Ces deux expériences tendent à montrer que la
nature du milieu dans lequel est plongé la subs
tance chimiquement impressionnable à Faction des
rayons solaires, ne modifie pas l’action de ceux-ci,
de sorte que l'impression du spectre solaire sur cette
substance présente toujours les mêmes raies et aux
mêmes places.
» Lorsque le temps le permettra, je compte re-
prendre ces expériences, les varier, et parvenir
peut-être à des résultats plus concluants.
» J'ai l'honneur d’être, ete. »
Voilà donc les rayons solaires se comportant exac-
tement de même dans l'air et dans l'eau. Dans l'air,
cependant, suivant le système de l'émission, la lu-
mière se meul beaucoup moins vite que dans l'eau.
La vitesse esh done ci sans influence, conséquence
qui, au p:emier aspect, semble en contradiction
manifeste avec ce que nous avons déduit de la pre-
mière expérience. Les deux résultats, toutefois, ne
sont pas inconciliables. Une nouvelle hypothè-e
peut, ce me semble, les faire concorder, Au reste,
chacun va en juger :
La vitesse avec laquelle un rayon Inmineux tra-
verse un corps donné, dépend exclusivement de la
réfringence de ce corps et de la vitesse d'émiss'on
durayon, de la vitesse qu’il avait dans le vide. Le
rayon qui arrive à la surface de la couche d'icde à
travers l’eau, possède, au point où il rencontre cette
surface, une vitesse supérieure à celle qu'avait au
même point, le rayon qui se mouvait à travers l'air;
mais dans l’intérieur même de la couche, à une
profondeur suffisante , les deux rayons ont exacte-
ment les mêmes vitesses, Faisons dépendre les phé-
nomènes photogéniques , non d'une action exercée
à la surface, mais d’une action naissant dans lPinté—
rieur dela couche, et toute difficulté disparait, Seu-
lement, chose singulière, nous sommes amenés for-
cément à établir une distinction essentielle entre
l'intérieur et la surface d’une couche dent lépais-
seur est d’une petitesse incroyable
En envisageant ainsi les phénomènes photogé-
niques, comme des exemples d’actions moléculaires
susceptibles d'évaluations précises, tout le monde
sentira comlyen il scrail intéressant d’intercaler
des chiffres dans les raisonneiments généraux que
je viens de présenter. On atteindra ce but en com-
plétant d'abord les expériences à l'aide desquelles
M. Damas avait commencé à déterminer l’épais-
seur de la couche d'’iode sur laquelle se forment les
imases daguerriennes, d’après les pesées compara-
üves d'une large plaque argentée avant et après
son ioduration. On portera ensuite dans l’observa-
tion des positions relatives des raies obscures tra-
cées eur la matière impressionnable, toute l'exac=
Utude possible; même en s’aidant sil le faut du
microscope; enfin, au lieu de passer, par un saut
brusque, de l’air à l’eau, on comparera les posi-
tions relatives des stries produites dans deux milieux’
- légèrement différentsen densité ou en refringence.
Dès à présent, dans le système de l'émission, les
conséquences suivantes découlent rigoureusement de
la discussion à laquelle je viens de me livrer :
Si les effets photogéniques de la lumière solaire
résultent exclusivement de l’action de rayons ob-
seurs mêlés aux rayons visibles, marchant comme
eux et avec des vitesses du même ordre, les spec-
tres superposés de ces deux espèces de rayons, ont
leurs solutions de continuité exactement aux mêmes
places;
Si les rayons visibles produisent les effets pho-
togéniques en lotalité ou en partie, cette propriété
est tellement inhérente à leur vitesse, qu'ils la
perdent également quand cette vitesse s’accroit et
quand elle diminue;
Les effets photogéniques de la lumière solaire, soit
qu'ils proviennent de rayons visibles où de rayons
invisibles, ne peuvent pas être attribués à une action
exercée à la surface de la couche’ impressionnable :
c'est à l’intérieur de la matière qu'on doit chercher
le foyer de ce genre d'action.
Les conclusions précédentes pouront être éten-
dues quand on connaîtra l'épaisseur de la moindre
couche d'iode dans laquelle s'engendrent les phéno-
mènes daguerrieus; quand il sera possible de com-
365
parer celte épaisseur à la longueur des accès ou à
celle des ondes lumineuses.
PHYSIQUE.
Travail sur le baromètre présenté par M. de
Villencuve, ingénieur des mines, à la
séance du 13 février, de l’Académie des
sciences.
Le mercure qui forme l'intérieur du
baromètre est presque toujours, à une tem-
pérature notablement différente de celle
indiquée par le thermomètre, attaché à l’ap-
pareil.
Cette différence entraine une erreur de
plusieurs disièmes de miliimètre dans l'ap-
préciation de la pression barométriques et
des inexactitudes plus graves encore dans
les nivellements faits à l’aide du baro-
mètre,
Trouver dans tous les baromètres de
Gay-Lussac les éléments nécessaires pour
calculer la température en même temps
que la pression. Tel est le problème inté-
ressant que s’est proposé l'auteur du Mé-
moire et qu'il a résolu avec une grande
simplicité.
On n'avait pas jusqu'ici apercu que les
variations de niveau de la branche infé-
rieure et de la branche supérieure du ba-
romètre Gay-Lussac, sont proportionnelles
à la température du mercure intérieur.
Il a suffi de mettre ce principe en évi-
dence pour en conclure que latempérature
du baromètre est toujours exactement in-
diquée par la différence de deux nombres
dont la soume exprime la pression totale:
de sorte qu’un baromètre de Gay-Lussac
n'exige que deux observations fondamen-
tales pour déterminer deux coefficients
constants, à l’aide desquels on peut com-
plètement élémirer les observations ther-
mométriques et mesurer la température
intérieure avec une rigueur presque abso-
lue. 6
De ces principes, l'auteur déduit un
moyen de. modifier le baromètre de Gay-
lussac, de.telle sorte que l'on puisse avec
cet appareil, mesurer la température inté-
rieure jusqu’à un vingt-cinquième degré
et pousser même plus loin encore l’exacti-
tude de l'appréciation du calorique. M. de
Villeneuve a fait exécuter cette modifica-
lion et il en annonce le succès.
En adoptant un ventilateur capable d’ac-
célérer la mise en équilibre du baromètre
avec la température de Pair ambiant,
M. de Villeneuve espère arriver même à
mesurer la température de l'air avec le
baromètre,
L'auteur indique, enfin, un moyen bien
simple de détruire l’oxide de mercure qui
rend les observations plus difficiles et moins
exactes, lorsqu'il s'attache aux parois de la
branche inférieure de l’appareil, de ma-
nière À l'obscarcir et à changer la capilla-
rité. Quelquesgouttes d'huile de nay hte suf-
fisent pour vivifier le mercure oxidé et
ramener toutes choses à l'état normal.
La découverte de M. de Villeneuve per-
mettra d'obtenir une même pression à l'aide
de plusieurs chiffres différents, obtenue à
chaque variation de température, On aura
ainsi pour chaque pression une moyenne
déduite de plusieurs observations réguliè-
rement faites dans un temps très court, la
mesure des pressions acquerra ainsi une
précision remarquable.
— HAE — >
D
366
SCIENCES NATURELLES.
PHYSIOLOGIE ANTMALE,
Expériences sur La fécondation ; par. Pou-
chet.
Dans un article publié dans l'un dés dér-
niers numéros de ce journal, M. le docteur
Constancio signale qu'il serait utile d’en-
treprendre une série d'expériences, afin de
déterminer précisément si application im-
médiate du fluide séminal est indispensable
à la fécondation. Ce savant distingué-fait
remarquer que Îles expériences de Blun-
dell semblent décider la question négative-
ment.
Depuis les beaux travaux de Spallanzani
et de MM. Piévost ct Dumas, comme le
sent très bien M. Constancio, 1l n'est plus
possible d'admettre que laura séminalis
suffit pour opérer la fécondation, aussi ce
physiologiste se demande si dans les expé-
ricnces du médecin angiais, le fluide sémi-
pal n'aurait pu être transmis aux œnfs à
l’aide de la perméabilité des tissus de nou-
velle formation. F
Je pense qu’il aura trouvé une voie plus
directe, et que probablement. dans les ex-
périences de Blundell, les orifices béants des
cordes du lutérus divisées, ne se bouchent
pas hermétiquement; ces canaux excré-
teurs sont très larges, et les sécrétions qui
se font à leur surface interne doivent.en-
traver jeur obturation complète.
Du reste, les expériences de Blundell ne
contrarient nullement Îles bases dela théo-
rie de la fécondation que je viens de pu-
blier, et celle-ci, que déjà plusieur: savants
ont eu la bienveillance de trouver plusræ
tionnellement établie que les précédentes,
sera, j'en ai la conviction, tôt ou tard ac-
ceptée comme positive, parce qu’elle re-
pose sur l’observation de toute la série ani-
male, et qu'elle donne, avec la plus grande
facilité, l'explication de divers phénomènes,
qu’il était impossible de concevoir, en ae-
ceptant les hypothèses que l’on à jusqu'à
ce moment professées.
Une expérience que j'ai répétée plusieurs
fois, et que l'on va pouvoir reproduire
très incessamment, démontre, selon mot,
jusqu’à l'évidence, que le contact direct du
fluide séminal est indispensable pour que
la fécondation s'opère, et que le moindre
obstacle empêche celle-ci de se produire.
Ainsi que Spallanzaniet MM. Prévost et
Damas, je n’ai jamais pu féconder artificiel-
lement des œufs de grenouille enlevés aux
ovaires; mais avec la plus grande facilite
j'ai pu féconder ceux que je prenais dans
la dilatation de l'oviducte appelée rratrice,
en ayant la précaution de ne les y enlever
qu’un temps fort court avant l’époque à la-
quelle ils allaient être spontanément expui=
sés par l’animal, et au moment où le male
était étroitement accouplé avec la fe-
melle.
Dans mes expériences, après avoir extrait
les œufs du ventre d'une grenouille, je les
étalais dans une cuvette ovalaire à fond
plan, et qui était placée dans un endroit
tranquille où elle se trouvait à l'abri de
toute oscillation.
. Ces œufs en occupaient entièrement fe
fond et étaient ensuite recouverts, d'une
couche d’eau d'environ 40 millimètres J'é-
paisseur.Aussitètque toutmouvementavaié
cessé dans le liquide, je laissais tomber à Fa
surface de celui ci,et dans un seul endroit,
une certaine quantité de fluide séminal de
grenouille provenant de la dilactration des
testicules d’un mèie.
|
H
167
Pour éviter que la surface du liquide
#rouvâtle moindre déplacement dela part
Les causes extérieures, je recouvraisensuite
t cuvette d’un chassis vitré qui laissait le
lorique et la lumière parvenir jusqu'aux
fs.
- Dans toutes mes expériences, au bout
jun temps fort court, J'ai constamment
-ouvé des rudiments de tétards dans les
Lufs sur lesquels le sperme avait été pro-
stéret jamais il n’en existait dansles autres.
| influence ne s’étendait nullementau-delà
Fe l’espace sur lequel la goutte de fluide
#minal avait pu s'étaler en tombant; aussi
ln petit nombre d'œufs se trouvaient seu-
ement fécondés et donnaient naissance à
Le jeunes grenouilles, tandis que les autres
\c détérioraient successivement.
Lorsque je versais beaucoup de fluide
|permaüque sur les œufs placés à l’une des
\xtrémités des cuvettes, celui-ci fécondait
leulement ceux sur lesquels 11 se trouvait
lnanifestement étalé, mais jarwais il ne se
produisait de tétards dans les œufs qui
!'taient à l’autre extrémité de cs vases, ni
\néme dans ceux qui existaient à leur partie
moyenne.
| Ces expériences ne prouvent «elles pas
lyue le moindre obstacle, la moindre mem-
lprane doivent entraver la fécondation?
|Xertainement oui, puisque malgré les mou-
vements des zoospermes, malgré la ten-
lance que les fluides ont pour se mélan-
ser, et malgré diverses autres causes trop
‘longues à énumérer, le +perme ne peut
lème pas étendre son action fécondante
hax environs du lieu où 1l est versé, lors-
Hu'on le projete dans un liquide parfai-
tement immobile.
224 Ge"
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR.
Rapport fait par M. Caïla, à la Société d'en-
couragement,au nom du comité des arts mé-
cariques, sur plusieurs établissements affec-
tés à la construction des grandes machines à
vapeur et des machines locomastives.
| {Troisième article.)
(|
| Etablissement du Creuzot.
n Les ateliers du Creuzot, département de
. Saône-et-Loire, après avoir subi plusieurs
. vicissitudes, sont passés, au mois de janvier
| 1837; dans les mains de MM. Schneider frè-
xes, qui annoncent avoir consacré plus d’un
million à leur développement, afin de les
|ncttre en état d'exécuter avec économie et
précision les travaux importants dont ils
ontété chargés. Il est bien certain que ces
àteliers peuvent être classés maintenant au
premier rang parmi ceux parliculièrement
installés pour la construction des machines
4rapeur, et ils sont aujourd’hui constitués
de manière à pouvoir livrer annuellement
“quatre appareils de 450 chevaux.
_ _Depus 1837, deux de ces appareils de
490 chevaux et deux de 220 ont cté expé-
diés du Creuzot pour les ports militaires de
Brest, Toulon, etc.
rois autres appäreils de 450 chevaux et
un de 220 sont achevés ou en cours de cons-
truction, aussi pour la marine royale.
Pour la navigation fluviale, le Creuzot a
déjà expédié ou livré au commerce : deux
bateaux.en fer de 100 chevaux et deux de
80 chevaux chacun, pour le service des
Voyageurs el des marchandises sur le Rhône:
; 268
Rhin : un de 60 chevaux pour la Saône;
deux de chacun 36 chevaux pour le haut
Rhône et les lacs de la Suisse (ces deux ba-
teaux ont, depuis, changé de destination) ;
et un de 30 chevaux pour le port de Mar-
scille et le Rhône inférieur,
Les ateliers contiennent aujourd’hui, en
cours de construction, deux bateaux de 100
chevaux pour le Rhône et un remorqueur
de 60 chevaux pour la Saône.
C’est done un ensemble de vingt appa-
reils pour la navigation maritime ou flu-
viale, produisant une force totale de 3,380
chevaux.
Les bateaux à vapeur de 100 chevaux qui
naviguent sur le Rhône méritent une men-
tion particulière.
MM. Bonardet frères, propriétaires de
ces bateaux, lesont installés en concurrence
avec quatre autres compagnies montées de
bateaux et de machines anglaises ; ils ont
parfaitement soutenu cette lutte ditficile, et
il paraît que la puissance remarquable des
bateaux du Creuzot qui remontent d'Avi-
gnon à Lyon avec un chargement de 400
tonneaux leur a donné une supériorité com-
plète sur les bâtiments préexistants,
La force totale des machines fixes livrées
par l'établissement, depuis le 1e Janvier
1837 jusqu’à ce jour, est d’environ 3,600
chesaux, en y comprenant une machine de
250 chevaux affectée à l'épuisement d’une
mine de houille.
MM. Schnerder ont aussi construit un as-
sez grand nombre de machines locomotives
dont voici la nomenclature :
6à.6 r. p. le ch. de fer.de Versailles (r. d.),
2 de do de Milan à Monza,
1 de do de Strasb. à Bâle,
2 d° do de Versailles (r. g.),
3 7 #d “d de Valercien. à la f.,
1 de de d'Orléans,
2à kr. de de Lyon à St.Etien.,
2 à #r. a. tender acco., de St.-Ft, à Roanne,
2à kr. de S.-E. à Audrezieux.
Ens. 2{ machines,
Si nous supposons à 20 chevaux la force
de chacune de ces machines locomotives, :
nous trouverons que la quantité totale de
force motrice représentée par les machines
à vapeur fournies par le Creuzot, depuis
1837, est de 7,400 chevaux.
170 chevaux de machines à vapeur sont
employés au service des ateliers.
Cette force se décompose ainsi :
Deux machines de 24 chevaux chacune
pour les ateliers d’ajustage;
Une machine soufflante de 30 chevaux don-
nant le vent à cinquante feux de forge;
Uue machine de 12 chevaux pour lesate-
liers de chaudières ; ë
Deux machines de 20 chevaux pour deux
marteaux à cames ;
Une de 16 chevaux pour un martinet, et
enfin un marteau à vapeur de construction
uouveile évalué à une force de 24 che-
Vaux.
Les ateliers de construction du Creuzot
occujent environ 600 ouvriers.
Les principales machines-outils sont les
quatre marteaux ci-dessus énoncés, une
grande machine à planer de 10 mètres, une
dé 6 mètres. cinq de 2 mètres et au-dessus,
trois au-dessous de 2 mëtres ; huit alésoirs
dont un vertical de très grande dimension,
et des tours et autres outils de diverses es-
pèces, tels que machines à buriner, à parer,
à faire les entailles, à percer au forêt ou au
poinçon ; à fendre les dents des engrena-
mes. etc.
369
.culière du marteau à vapeur récemment
établi par MM. Schneider, pour l'exécution
de leurs plus grosses pièces de forge. Cet ap-
pareil consiste en un bâti en fonte de très
forte dimension, qui porte à sa partie supé-
rieure un cylindre vertical; ce cylindre est
ouvert par le haut ét ne reçoit la vapeur
qu’au-dessous du piston, au moyen d'un ti-
roir manœuvré par l’ouvrier chargé de ré-
gler l'amplitude et la vitesse des coups de
marteau. La tige du piston traverse le fond
du cylindre et vient s'attacher au marteau,
qui est guidé dans sa course par deux glis-
sières réservées dans le bâti; des corpsélas-
tiques sont introduits dans les points d’at-
tache des deux extrémités de cette tige pour
éviter les ruptures qui résuiteraient néces-
sairement des chocs du marteau sur l’ou-
vrage.
Cet appareil, d’une grande simplicité,
remplit son but d’une manière extrême-
ment remarquable. L'emploi de la valeur
à haute pression permet à l’ouvrier chargé
de la marche de la machine de multiplier
les coups autant que l'exige le travaul, et,
en manœuvrani le tiroir à la main, on s'est
réservé la facilité de varier la course du
marteau depuis 39 centimètres jusqu’à 2
mètres 50 centimètres.
Du reste, nous aurons occasion de reve-
nir sur cette machine intéressante, car
M. Schncider aîné a bien voulu nos en pro-
mettre le dessin complet et en autoriser la
publication dansle Bulletin.
Vous levoyez, messieurs, moins de six an
nées se sont écoulées depuis que les proprié-
taires actuels du Creuzot en ont pris la di-
rection, et déjà cet établissement est cons-
titué pour livrer à l’industrie et au gouver-
nement les machines les plus puissantes, et
pour une valeur annuelle de 3 à 4 millions
de francs. Nous sommes heureux de cette
occasion pour rendre homimaye à l'habileté
et à l’activité de MM. S'cAneïder frères.
CALLA.
Nouveau système de chaudières établies
aux brasseries belges de Louvain.
Par AIM. La Cambre et Persac, ingénieurs
à Bruxelles.
Ces chaudières, quand elles sont destinées
à la macération des céréales, sont comme
les chaudières dites & farine pour les bières
de Louvain, chauffées à la vapeur, et À cet
effet elles sont munies d’une enveloppe en
tôle forte fixée à la chaudière au moyende
boulons etservant à chauffer la chaudière
par la vapeur. Quand elles doivent servir
à la cuisson des bières brunes, elles sont
chauffées à feu nu.
Ces chaudières, d’une forme cylindrique
ct termininées par des calottes sphériques,
peuvent, quoique très légères, être fort so=
lides et supporter une pression inténeure
assez forte sans être fatiguées. Elles sont
entièrement fermées et munies de deux
grands troug d'homme fermant ñerméti-
quement au moyeu de couvercles à vis de
pression, de telle manière que l’on peut faire
bouillir le moût, le houblon, la farine, etc.,
sous une pression voulue qui, en élevant la
température au dessus de l’ébullition, aug-
mente considérablement le pouvoir dissot-
vant de l’eau. Cette action est encore fava-
risée par le mouvement de rotation d'un
moulinet intérieur qui brasse parfaitement
les matières et les épuise très promptement.
Ainsi, comme on épuise mieux, et qu'il ne
veut v avoir dans les principes du houblon
370
de matières premières, de temps et de com-
bustible.
Mais de tous les avantages, les plus
gtands saus doute, pour les chaudières de
macération que nous désignerons sous l’an-
cien nom vulgaire de chaudières à farine,
consistent à pouvoir facilement maintenir
le mélange des matières dans les chaudiè-
res à une température fixe et déterminée ;
puis de pouvoir chauffer et refroidir très
promptement le moût sans détériorer les
chaudières et surtout sans brûler ni colo-
rer les matières qui y sont renfermées. Ces
derniers avantages sont immenses pour les
bières blanches où l’on macère de grandes
quantités de froment dans les chaudières à
farine, comme pour les bières de Louvain
où l’on emploie jusqu’à 40 pour 100 de la
quantité de céréales qui entrent dans la fa-
brication de cette bière. En effet, d’une
bonne macération dépend un bon épuise-
ment ; or. eette opération si pénible et si
difficile dans les anciennes chaudières se
fait admirablement dans les nouveaux ap-
pareils ; aussi le rendement est-il considé-
rablement augmenté. (Technologiste.)
METALLURGIE,
Modifications qui surviennent dans la struc-
ture du fer après sa fabrication; par
M. Hood.
Les deux grandes distinctions que l’on
fait dans le fer forgé sont le fer fibreux
malléable à froid, et le fer brillant et cris-
tallin cassant à froid. Ce dernier se forge
très bien à chaud, mais devient ‘facile à
casser lorsqu'il est refroidi, tandis que le
premier conserve à froid une: force consi-
dérable. Or, ilexiste, suivant l’auteur, plu-
sieurs circonstances sous l’inflence des-
quelles le fer fibreux peut se convertir rapi-
dement en fer cristallin, changement par
lequel sa force est diminuée dans une
énorme proportion. Les principales causes
qui produisent cette conversion, sont la
percussion, la chaleur et le magnétisme.
Chaque fois que le fer est porté à une
haute température, il éprouve un chan-
gement dans sa condition électrique et ma-
gnétique; car, par une forte chaleur, il
perd entièrement son pouvoir magnétique,
qu'il reprend ensuite lorsqu'il se refroidit
* graduellement : dans la trempe, il ÿ a un
‘effet magnétique et électrique encore plus
prononcé. Ces résultats ont toutelois peu
d'importance pratique; mais les effets dela
percussion sont à la fois variés, étendas et
- considérables.
Lorsqu'on procède à la fabrication de
quelques variétés de fer forgé, on donne
d'abord au fer la forme convenable par
l'étirage, puis on chauffe la moitié de la
barre et on la porte de suite sous le mar-
teau du martinet, apres quoi, on chautfe
la seconde portion pour la soumettre de
même à l’action du marteau. Afin d'éviter
toute inégalité dans la lame et toute diffé-
rence de couleur là où les deux opérations
distinctes se sont terminées, les ouvriers
donnent souvent quelques coups de mar-
teau sur la portion qui a été la première
mise en œuvre; or cette portion a eu le
temps de se refroidir un peu, et, si ce re-
froidissement est porté trop loin lorsqu’elle
recoit ce martelage additionnel, et devient
immédiatement cristalline et si cassante,
qu'il suffit quelquefois de la jeter à terre
pour la briser, quoique tout le reste de la
barre soit de la plus fibreuse et de la meil-
371
leure qualité. 11 faut remarquer que ce
n'est pas un excès de martelage qui pro-
duit cet effet, car il suffit seulement de
trois ou quatre coups si le barreau est de
petite dimension. La cristallisation du fer
paraît due ici à l’action combinée de la
chaleur, de l'électricité et de la percussion.
Tant que la barre est soumise à l’action du
marteau, à la température convenable, la
cristallisation n'a pas lieu; mais, aussitôt
que la température s’abaisse assez pour
qu’elle soit affectée par le magnétisme,
l’effet des coups de marteau tend à pro-
duire une induction magnétique et la po-
larité des mol‘cules, qui en est la consé-
quence, phénomènes qui, favorisés par les
vibrations caustes par de nourelles per-
cussions, produisent une structure cristal-
line
La fracture des cssieux de voitures vient
à l'appui de cette opinion. Souvent ils se
brisent tout à coup, sans cause apparente,
sous une charge et des chocs plus faibles
que ceux qu’ils avaient fort bien supportés
jusqu'alors; néanmoins les effets de ce
changement moléculaire sont très lents. Il
en est tout autrement des essieux des voi-
tures des chemins de fer; {ous ceux qui se
sont brisés ont été trouvés présenter une
structure fortement cristalline, et cet effet
doit se produire avec bien plus de rapidité
qu’on aurait pu le supposer. Ces essieux
tournent avec les roues et doivent devenir
fortement magnétiques par l'influence de
cette rotation; il est donc essentiel d’éloi-
gner, pour ces essieux, toutes les causes de
percussion, et, dans ce but, il faudrait di-
minuer la rigidité de toutes les parties, de
manière à les rendre moins dépendantes
les unes des autres dans les cas si fréquents
de chocs ou de secousses,
(Philosophical Mag., août 1842.
%
ARTS CHIMIQUES.
Application des couleurs sur les cristaux
dans lesquels il entre du plomb ; par
M. Robert.
L'auteur est parvenu à combiner les
éléments connus , soit des fondants ,
soit des oxydes colorants, en telles pro-
portions, qu'il obtient à la fois colora-
tion, stabilité, sans porter atteinte aux for-
mes de la pièce sur laquelle l'application
des couleurs est exécutée. Pour les matières
colorants , l'oxyde de cobalt constitue le
bleu, l’oxyde d'or, les couleurs purpurines,
l’oxyde de chrome.et de cuivre le vert, le
chlorure d’argent le jaune et le rouge,
l’oxyde de fer les bruns, l’oxyde de cobalt,
de manganèse et de cuivre le noir. Pour les
fondants, on emploie la silice ; le borax,
l'oxyde de plomb et les alcalis.
Fondant n° 1, Une partie de cristal, trois
de borax, une et demie de minium : faire
fondre et couler.
Fondant n° 2. Trois parties de minium,
une de eristal , une de borax : faire fondre
et couler.
Fondant n° 3. Trois parties de minium,
une de cristal : faire fondre et couler.
Bleu foncé : Une partie et demie de po-
tasse blanche , une partie un quart de mi-
nium, une partie un quart et un huitième
de borax , une partie et demie de cristal ,
une partie et demie d'oxyde de cobalt : faire
fondre et couler,
Vert foncé : Deux parties de minium ,
une de borax, une de cristal, demi-partie
d'oxyde de cuivre ; faire fondre et couler.
372
Vert jaunâtre : Quatre parties et demie
de vert foncé, un quart d'oxyde de chrome,
broyés ensemble.
Carmin : Quatre parties de fondant n°1,
une partie de précipité de Cassius, une cine
quantième partie de muriate d'argent,
broyées ensemble.
Jaune : Neuf parties d'oxyde de fer, une
partie de chlorure d'argent, broyées en-
semble.
Pourpre : Deux parties et demie de fon-
dant n° 1 ; une partie de précipité de Cas-
sius, broyées ensemble.
Violet : Quatre parties de pourpre, une
partie de bleu, broyÿées ensemble.
Rouge : Sept parties de fondant n° 2, une
partie d’oxyde de fer calciné au rouge,
broyées ensemble.
Noir : Une demi-partie de carbonate de
fer, une demi-partie d'oxyde de cobalt,
sept parties de fondant 1.0 2; broyées en-"
semble.
Brun jaune : Un tiers de partie de car-
bonate de fer , deux tiers d’oxyde de zine,
broyées ensemble.
Brun foncé : Un quart de partie de cax-
bonate de fer, deux tiers de partie d'oxyde
de zinc, un huitième de partie d'oxyde de
cobalt, sept parties de fondant n° 2; frittes
ensemble.
Blanc opaque : ‘Trois parties d’émail
blanc, deux parties de fondant no 2; broyées
ensemble.
Le véhicule pour peindre est l’eau, les-
sence de térébenthine, l'essence de lavande.
La cuisson des couleurs sur les cristaux
se fait dans des moufles semblables à ceiles
qui servent pour euire la porcelaine, ex-.
cepté que l'emmouflement se fait sur des
plaques de fer ou de terre cuite.
L'or, l'argent et le platine s'appliquent
sur les cristaux également comme sur la
porcelaine ; le fondant seul est changé.
Fendant pour l'or, l’argent et le platine :
Trois parties d'oxyde de bismuth, un quart
de partie de borax, un huitième de mi-
nium ; broyés ensemble.
Il faut mettre, dans chacun des oxydes
d’or, d'argent et de platine, 1 décigr. pour
4 gram. de chacun des oxydes.
Carton imprégné de divers oxydes et «lesti-
né à remplacer les cuirs à rasoirs; par
M. Finot.
La pâte propre à faire un bon papier
blane, telle qu’elle se prépare dans les pa-
peteries, exempte de tout mélange de corps
durs, reçoit les substances aiguisantes avee
lesquelles on la combine de.la manière sui-u
vante :
Prenez de cette pâte sèche dix-huit par-M
ties : émeri, en poudre fine, trois parties;
amidon, deux parties.
On peut substituer à l'émeri un mélange
À parties égales de protoxyde, deutoxyde ct
tritoxyde de fer, de deutoxyde d'étain et de
fer oligiste artificiel , et de ce mélange on
emploie deux parties seulement.
Tout ce qui est nécessaire pour l’une cu
l'autre composition étant pesé en quantité
proportionnée à l'étendue des feuilles den
carton qu’on veut obtenir, on le met dans
un vase avec suffisante quantité d'eau ponm
former une pâte en consistance de bouijlie/
peu épaisse, que l'on rend aussi homogène
que possible par l'agitation , puis on la
verse dans une forme semblable à celleskh
employées dans les papeteries pour faire le
carton , ayant les dimensions de la plaque
que l’on desire obtenir, et garnie d'un chàs=|h
,
13
is assez élevé pour contenir tout le liquide;
Lors on favorise l'écoulement de l’eau, en
mprimant un léger mouvement horizon-
jhl par secousses . après quoi on soumet la
hatière qui reste à l’action de la presse,
our chasser encore l’eau et donner l’épais-
Ê et la forme que l’on veut obtenir :
fela fait, on l’expose pendant deux heures
F la vapeur de l’eau bouillante et on la fait
lécher à l’étuve.
- Quand ona obtenu l’une ou l’autre com-
sosition, il ne s’agit plus que d’eu coller
ine de chaque espèce sur un bois et de les
aisser sécher , de les imprégner de suif à
aide de la chaleur et de polir les surfaces
vec de la pierre ponce; alors l'instrument
sen état de servir.
Le côté dont l'émeri est la substance
ictive sert à rétablir le taillant lorsqu'il est
rop épais, et le côté où sont les oxydes à
..e polir et à l’entretenir en bon état.
|
|
f
|
Al
ARTS TYPOGRAPHIQUES,.
Procédé pour obtenir par la pression, sur
| du cuïtre métallique, des copies de mé-
| dalles et d’autres objets semblables ; par
M. Osann. :
On fait bouillir pendant une demi-heure
rune dissolution de sulfate de cuivre ; après
avoir filtré, on fait bouillir de nouveau et
l'on précipite à chaud par le carbonate de
*soude versé lentement. On laisse déposer ,
!puis on fave par décantation; on filtre sur
jun papicr double, eton sèche lentement
sur du papier joseph ; ensuite on tamise au
‘travers d'une gaze pour obtenir la poudre
| la plus fine.
On place ce carbonate dans un lons tube
de verre ; et on le réduit par de l'hydr. =
gèue purifié au moyen d'un pea dacétate
«de plomb, puis de potasse. On chauffe le
tube à l'aide d’une lampe qu’on promène
|
|
|
dessous. Pen.lant la réduction, on remarque
ssù
|
RL,
_une odeur piquante d'acide suifurenux qui
provient d'un peu de sulfate qui est resté
mêlé au carbonate, Ce gaz et l'eau qui se
dégagent, se rendant au bout du tube le
plus éloigné , empêchent que la réduction
ne dorue là une poudre très fine ; on la re-
tre donc la première, avec un petit cro-
chet de fer , et on la sépare pour la traiter
de nouveau. La poudre fine présente l’a-
grégation de l'éponge de platine, et sa cou-
leur est le rouge de cuivre clair; on la met
dans un vase bien fermé.
. Pour comprimer cette poudre sur la mé-
daille, on prend un tube de fer blarc du
diamètre de la médaille et de 4 pouces en-
. Mixon de hauteur ; après lavoir enveloppé
de papiers, on y tasse de la poudre de bri-
Que, puis on met la médaille, et par dessus
une couche de cuivre réduit, tamisé très
fin, ensuite de la poudre moins fine jusqu'à
Ja hauteur de 10 à 12 lignes environ. Après
avoir tassé doucement avec un cylindre de
fer massif, qui entre dans le tube, on porte
le tout sur une enclume, et on frappe au
- marteau jusqu’à ce qu'on s’aperçoive que
la poudre ne comprime plus. On fait alors
sortir le tout en frappant le tube sans l’ap-
puyer ; la poudre est alors devenue cohé-
rente et solide, et on la sépare aisément de
la médaille.
Il faut enfin chauffer au rouge les copies
obtenues , afin d'achever Pagglomération.
Pour éviter l’accès de l’air, on place, dans
une boîte de cuivre munie d’un couvercle,
- deux copies l’une sur l’autre et séparées
par trois petits morceaux de feuilles de cui-
yre. On luie la boîte avec de l'argile , et on
374
chauffe jusqu'au commencement du rouge
blanc ; on laisse refroidir , et l’empreinte
est achevée, solide, d’une b2lle couleur
rouge de cuivre.
EE
AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
Engrais liquides.
Aucun engrais, ainsi que l’a remarqué
Davy, ne peut être absorbé par les racines
des plantes sans la présence de l’eau ; l’eau
entre comme élément dans tous les pro-
duits de la végétation Cette absolue néces-
sité de rendre solubles les substances desti -
nées à activer la végétation n'avait point
échappé à la sagacité des Égyptiens et des
Grecs; mais ils avaient trop généralisé les
conséquences de ce principe, en concluant
que l’eau était l'agent unique de la vie des
végétaux. C'était aussi l’opinion de Van
Helmont, célèbre chimiste hollandais da
dix-septième siècle.
Toujours est-il constant qu'une sub-
stance quelconque, organique, terreuse ou
saline, destinée à fertiliser le sol, ne peut
influer sur la végétation que lorsqu'étant
en état de solution, elle est mise en con-
tact avec les racines des plantes, dans l'in-
térieur du sol. Le fumier, les os broyés,
l'huile, les arêtes de poisson, le plâtre, la
magnésie, la chaux, la silice et tous les en-
grais salins, sont dissous de manière ou
d'autre, avant de pouvoir être absorbés
par les végétaux. On a souvent renouvelé,
sans en pouvoir obtenir aucun effet, l’ex-
périence de plonger les racines des plantes
dans différentes poudres amenées au plus
grand état de division que la science puisse
produire, mais sans aucune humidité. On
connait les tentatives de Davy au moyen
de la poudre impalpable de charbon de
bois ; je puisajouter que-je les ai renouve-
lées avec la plus constante persévérance,
en employant une foule de substances di-
verses, et que les résultats ont toujours été
négatifs. Néanmoins , l’eau parfaitement
pure ne suffit point à faire parcourir aux
plantes le cercle entier de leur végétation.
Piusieurs plantes bulbeuses ‘et graminées
ont pu croître, à la vérité, dans ‘l’eau pure
en apparence; mais l’analÿse démontre
clairement la présence de matières dans
l’eau de pluie, même la plus limpide. Lors-
qu'on aessayé de faire végéter les plantes
au moyen de l’eau rnmenée par la chimie
à son plus grand état possible de pureté,
on n’a jamais réussi à les faire fructifier , ce
sont des essais que j'ai rénouvélés moi-même
bien des fois, toujour#sans succès; Hassen-
fratz, Saussures, et de nos jours le docteur
Thompson, ont fait de semblables expérien-
ces avec des résultats identiques.
D’autres expériences, quej’aisuivies avec :
le plus grand soin, démontrent que la quan-
tité de nourriture ou de matière solide ab
sorbée par les racines des plautes est tou-
jours en proportion avec la quantité de
matières étrangères existant dansl’eau dont
elles ont été nourries. Je citerai celle où
trois fèves végétérent, l’une dans l’eau dis-
tillée, l’autre dans du sable arrosé d’eau de
pluie, et la troisième dans du terreau. Les
plantes qu’elles produisirent furent seru-
puleusement analysées; lescendres fournics
par la coinbustion de chacune d'elles étaient
dans la proportion suivante :
Fève venue dans l’eau distillée, 39
— dans l’eau depluie, 7,5
— dans le terreau, 42,0
375
Des essais réitérés pour faire fructifier
des végétaux à l’aide de terres pures, arro-
sées avec de l'eau chimiquement pure, ont
constamment échoué; ils ont réussi au
contraire quand j’ai employé une solution
trouble, véritable engrais liquide. Ces ré-
sultats s'accordent avec ceux des expérien-
ces de M. Piobert, Ce savant mélangea de
la silice, de lalumine, de la chaux et de la
magnésie, dans les proportions les meilleu-
res pour former un sol fertile ; il ne put
réussir à obtenir des fleurs des végétaux ve-
nus dans ce compost arrosé d’eau chimi-
quement pure ; les mêmes plantes donnè-
rent une végétation luxuriante quand il eut
arrosé Son mélange avec da jus de fumier,
Les substances abxorbées par les racines
des plantes sont quelquefois absorbées sans
altération ; mais souvent aussi, elles sont
décomposées. Dans la première catégorie se
rangent les terres, le sulfate de chaux et les
autres sels; dans la seconde, les huiles et
toutes les matières purement animales.
Davy ayant fait croître quelques pieds de
menthe dans de l'eau surcée, le sucre fut
absorbé sans altération appréciable, et se re-
trouva dans l'extractif que fournit la plante
analysée,
Un fait positif non moins remarquable,
c'est la manière dont les végétaux croissant,
soit dans le sol, soit dans une solution sa-
line, absorbent ou rejetent différentes sub-
stances,
Deux quantités égales de sucre et de
gomme ont été dissoutes dans deux quan-
tités égales d'eau pure; les deux solutions
ont recu deux plantes aussi semblables que
possible de polygonum persicaria, parvenues
à leur entier développement; leurs racines
absorbèrent 36 parties de sucre, et seule-
ment 26 parties de gomme. La même ex-
périence fut répétée exactement de la même
manière en substituant au sucre et à ja
gomme du sulfate de sodium, du chlorure
de sodium et de l’acétate de chaux; les ra-
cines de persicaire absorbèrent avec beau-
coup de rapidité 6 partics de sulfate de so-
dium et 10 parties de chlorure de sodium,
mais elles n’absorbèreut pas un atome d’a-
cétate de chaux. Ces faits jetent déjà quel-
-que luinière sur le mode d'action de l’eau
à l'égard de certains terrains.
Chaque agriculteur a pour ainsi dire sa
mauière à lui de concevoir l'influence puis-
sante des irrigations sur la fécondité du
sol. Les travaux de Davy montrent com-
ment une inondation pendant l'hiver pré-
serve le gazon des prairies contre les effets
pernicieux de la ge'ée. Ayant expérimenté
avec son habileté accoutumée dans une
prairie inondée de Hungerford, dans le
comté de Berk, le thermomètre indiqua
pour le sol une température supérieure de
10 degrés à celle de la surface de l'eau,
peudant une gelée blincheau mois de mars.
Il remarqua, en outre, comme un fait con-
firmé par l'opinion unanime des cultiva-
teurs, que l’eau qui nourrit le meilleur
poisson est aussi la meilleure pour l’irriga-
tion des prairies.
Telles sont les opinions de Davy sur les
propriétés fertilisantes de l’eau. Lorsque
l'on considère avec quelle attention minu-
tieuse ce savant a pratiqué ses expériences,
on regrette vivement qu'il n’en ait pas fait
un plus grand nombre sur les objets qui
concernent l’agriculture. C’est ainsi qu'a-
près avoir scrupuleusement analysé l’eau
de rivière, dans le but de démontrer ses
avantages pour l'irrigation des prairies, il
est parvenu à déterminer la valeur de plu-
ose
D nn
Sy
sieurs des substances qui la troublent. Le
sulfate de chanx, par exemple, dont la pré-
sence est constatée dans l'eau de plusieurs
rivières, doit contribuer puissamment à
fertiliser les prairies, puisqu'il entre en
proportion notable dans la composition des
plantes graminées. En admetlant que l'eau
contint seulement un deux-millième de son
poids de sulfate de chaux, et que chaque
mètre carré absorbât 40 litres d’eau, on
trouvera que chaque irrigation répandra
sur le sol plus de 200 Kilogr. de ce sulfate
par hectare, quantité égale à la dose géné-
ralement adoptée pour plâtrer le trètle, la
luzerne etfle sainfoin, de quelque manière
qu'on l’emploie Appliquons ce calcul aux
substances organiques tonjours contenues
en petite quantité dans l'eau des rivières
débordées; nous trouverons pour chaque
irrigatiou, en supposant que l’eau contienne
seulement 2 et demi pour 100 de débris or-
ganiques, 16,000 kilog. de ces débris par
hectare; d’où il suit qu'en donnont aux
prairies cinq irrigations par an, elles re-
coivent par hectare l'équivalent de 89,000
kilogr. de matières animales ou végétales,
M Symons de Sainte-Croix, cultivateur
des environs de Winchester, regarde les dé-
pôts que laisse l'eau bourbeuse sur les prai-
ries comme le premier avantage de ces
inondations ; il met en seconde ligne leur
effet protecteur sur le gazon, qu’elles pré-
servent des variations de la température
atmosphtrique. Possédant des prairies ar-
rosables au-dessus et au-dessous de Win-
chester, sur le cours de la rivière d'Itche,
M. Symons de Sainte-Croix peut mieux que
personne apprécier ee que les égouts de
cette ville ajoutent aux eaux de la rivière
en propriétés fertilisantes. L'eau déjà em-
Ployée à des irrigations ne produit presque
lus d’effet sensible en passant sur d’autres
prairies, après s être dépouillée de ses prin-
-cipes fertilisants. Ce fait, si concluant dans
Ja question qui nous occupe, a été éprouvé
pendant longues années par cet agronome,
- qui disposait poursesirrigations d’une bran-
che de la rivière d’Itche.
Telles sont les données sur lesquelles re-
pose l'utilité des engrais liquides. Parmi les
auteurs modernes qui eu ont recommandé
lemploi, nous devons citer Evelyn, dont
les receltes ont souvent été reproduites
comme nouvelles L'une des plus simples
consiste dans un mélange d’une partie de
chlorure de sodium (sel commun) et deux
parties de chaux. On laisse ces deux sub-
Stances en tas pendant deux ou trois mois;
M. Bennet recommande de les brasser trois
ou quatre fois durant ect intervalle. La dose
est de 20 à 30 hectolitres par hectare, dé-
layés dans 59 à 60 hectolitres d’eau, quan-
tités qui répondert à ce qu'une terre sèche
peut absorber de liquide; on répand cet
engrais sur la terre préparée pour recevoir
ane. semaille de froment, Pour moi, ayant
appliqué cet engrais à un froment sur trè-
fe rompu, j'ai obtenu une récolte abon-
daute en grain lustré et pesant; la paille
était d’une force et d’une hauteur remar-
quables.
C’est cucore à Evelyn qu'on doit les mé-
langes de fiente de bétail avec l'urine, le
sel, la chaux ct le nitrate de potasse.
L'emploi de l’engrais liquide artificiel,
bien qu’il ne soit pratiqué depuis peu de
temps en Angleterre, est très répandu sur
le continent ; les paysanssuisses lé nomment
.gulle; en France, on le nomme lizier, et en
Allemaone mist-wasser. Dans la plupart
371
Pays-Bas, on le prépareen mélant à cinq‘ou
six fois leur poids d’eau les excréments du
bétail recueillis dans des citernes. Les grau-
des exploitations ont ordinairement cinq
de ces réservoirs de grandeur uniforme,
construits pour recevoir l’engrais qui peut
être produit en une semaine, afin que cha-
que portion, vidée successivement, ait au
moins un mois pour fermenter, Au moyen
d’une pompe portative. on le transvase dans
des tonneaux ou des baquets couverts.
Cette méthode est usitée dans le nord de
l'Italie ; les Chinois la suivent de temps im-
mémorial.
Les agronomes allemands s'accordent à
reconnaître, d’aprèsunelongueexpérience,
que, de tous les engra's dont ils font usage,
aucun n égale en puissance fertilisante les
engrais liquides, et entre ceux-ci l'urine et
ie sang provenant des boucheries. Il y a
quelques années, les gouvernements de
Saxe et de Prusse soumirent au professeur
Hermbstaed la question de savoir si l'on
pouvait utiliser fes eaux des égouts de
Dresde et de Berlin pour féconder les terres
stériles des environs de ces deux capitales.
Ce savant agronome fit en conséquence une
série d'expériences variées et suivies long-
temps avec persévérance de toutes les ma-
nières imaginab'es. L'Allemagne a retiré
pour son agriculture de grands avantages
dela publicité donnée aux travaux de Herin-
bstaed. Le profesceur Schübler tes a répé-
tés avec le même succès; en voici le ré-
sumé :
Un sol supposé susceptible de produire
sans aucun engrais trois fois la semence
qui lui avait été confiée donnera, pour une
superficie égale,
Fumée avec des herbes sèches, du vieux
foin, des feuilles et d’autres débris pure-
ment végétaux, 3 fois la sem.
Par le fumier d’étabie, 7
Par la colombine, 9
Par le fumier d’écurie, 10
Par l'urine humaire, 12
Par les excréments hu-
mains, 14
Par le sang provenant des
boucheries, 44
De toutes ces substances employées
comme engrais, on voit que les plus actives
sont l'urine humaine ct le sang, engrais li-
quides.
Les doses ét la méthode pour répandre
l’engrais liquide dépendent entiérement et
de la qualité de cet eugrais et des circon-
stances où se trouve placé le cultivateur.
Pour les jardins-et les champs de peu d’é-
tendue, une pompeportative ou un simple
arrosoir servent à Île distribuer fort égale-
ment et aussi promptement que possible
aux plantes cultivées. Pour les champs plus
étendus, on peut faire usage du tonneau
muni d'une traverse percée de trous, tel
qu'il est employé pour l'arrosage des rues
et des promenades dans les grandes villes.
Le meilleur procédé est celuique pratiquent
les Flamands : leur tonneau d'arrosage, au
lieu d’une traverse percée de trous que
l’'engrais tant soit peu épais ne tarderait pas
à boucher, n’a qu’une seule ouverture, d’où
le liquide coule sur une pianche pour ar-
river à terre sous forme d'une nappe parfai-
tement uniforme. Quelquefois aussi l'en-
grais est transporté dans des baquets munis
d'un couvercle mobile, et distribué sur le
sol à l'aide de l'écope où pelle de batelier,
Jepuisrecommander comme ayant éprouvé
constamment lee avantages de cette prati-!
III
318
immédiatement après qu'il est versé sur Ja
terre. d
La dépense qu’entraîne cet engrais pour
un hectare, -en le supposant préparé avec
des excréments de bêtes à cornes, peut être
représentée par les chifires suivants :
Eograis récent de bêtes à
cornes, 800 kil., 30 fr. »ce.
Main-d’œuvre pour le mé-
ler avec 100 ou 120 hec-
tolitres d’eau, 7 »
Transport'et répandage, 23 50
Total 60 50
Lorsque cet engrais est appliqué sur un
trèfle rompu pour recevoir une semaille de
froment, il doit être enfoui très rapidement
par uu labour, et, autant que possible, par
un temps humide ou au moins couvert:
l'engrais liquide étant formé de particules
très divisées de substances animales ct vé-
gétales, l'influence de la chaleur ct des
rayons solaires ne peut que-lui être fort
préjudiciable.
La principale puissance fertilisante de
l'engrais liquide, tel qu'on l’emploie sur le
continent, doit être attribuée à la présence
dans cet engrais d'une grande quantité
d’uriue. Toute urine, dit un chimiste mo-
derne, contient, à l’état de solution, les
principes essentiels des végétaux. Les pro-
priétés fertilisantes de l’urine du bétail, dit
Burke, sent essentiellement modifiées par
la nourriture qu'il reçoit : cette urine-est
meilleure lorsque les animaux sont nourris
de rutabagas ou navets de Suède, que quand
ils ne mangent que des turneps; elle ‘est
eucore meilleure quand ils recoivent des
graius distillés.
L'emploi des eaux des égouts des:gran-
des villes sur les prairics offre de grands
ayantases comme substance fertilisante : on
en voit un exemple frappant dans les admi-
rables récoltes de fourrages que fournis-
sent les prairies de Craigintinning, près
d'Edimbourg, qui reçoivent cet engrais tel
qu'il sort des égouts.
(Revue sc'entijique .)
HORTICULTURE.
Tüilie de formation pour les arbres frut-
tiers dans les pépinières.
Si l'on veut donner à un arbre, dès sa
plus tendre jeunesse, la forme qu'il doit
conserver® toute sa vie, il faut suivre avec
beaucoup de soin le développement de la
greffe sur le sujet. Aussitôt que l'on aper-
cevra trois yeux Sur la greffe, pour obtenir
un espalier de quelque nom qu'il soit, on
pincera l’œil supérieur, les deux yeux res-
tants formeront les branches mères, On
peut encore former ainsi, la première an-
uées, les deux sous-mères pour compléter
la charpente de l'arbre.
Pour obtenir une quenouile ou tout
autre arbre de forme pyramidale destiné à
supporter la taille, dès que la greffe a
poussé quatre veux, on pince le premier ;
les trois resteront, savoir : les deux du bas,
les branches latérales; et l'œil terminal,
la flèche ou axe central. En continuant
cette opération, c’est-à-dire en pinçant une
seconde fois la flèche, on peutobtenirquatre
branches latérales dès la première année
de la greffe.
Les arbres conduits de cette manière au-
raient, sur ces traités, suivant le procédé
ordinaire, deux années d'avance, et en
outre l'avantage de n'avoir point été mu-
nbst
EC ue ee”
_Qr
toujours la conséquence de la section opé-
rée au milieu ou au tiers de la hauteur de:
la grefie. Si l'arbre, après cette section, ne
trouve pas un terrain réunissant toutes les
conditions les plus favorables à son déve-
loppement, "il languit, devient rachitique,
et la mort arrive souvent peu après la
transplantation. Tous ces. inconvénients
disparaissent par la taille de formation exé-
cutée dans les pépinières.
La taille que j'appellerai de continuation
servirait à perfectionner la première. Le
ravalement n aurait plus lieu, on taillerait
seulement sur la pousse de l'année précé-
dente du jeune arbre; et commeil est nou-
vellement transplanté, cette taille se tien-
drait plus courte que si l'arbre avait été
greffé sur place. Si l’on adoptait la, mé-
thode que je propose, la taille de forma-
tion deviendrait tout entière dans les attri-
butions des pépiniéristes, et la: taille de
‘continuation dars celles des jardiniers
chargés des soins à donner aux arbres
fruitiers. Je puis déjà présenter aux ama-
teurs d'horticuliure un grand nombre de
sujets de formes variées sur lesquels j'ai
appliqué, dans la pépinière du Jardin des
Plantes, les principes que je vient de déve-
lopper sur la taille de formation...
MÉLINE.
Sur La culture des Gladio'us à l'air libre.
(Floricuitural ma ;azime.)
Le gladiolus, ainsi que plusieurs plantes
bulbeuses du Cap, trop peu cultivées dans
les jardins, est pourtant d’an bel eflet, et
sa cuiture n’est pas entourée de difficultés
télles:>qu'elles ne puissent être facilement
surmôntées. Comme bien d’autres plantes
déstinées à lornement des jardins, les gla-
diolus se cultivent de diverses manières :
mis en pots durant février etænars , on les
laisse en orangerie jusqu’à 'ce que la végé-
tation ait pris son cours; si alors on les
place sous un châssis tempéré: jusqu'aux
premiers jours de mai, 1ls donueront des
fleurs de bonne heure en été; les genres
les plus délicats, tels que le G. cardinalis
et ses hybrides, peuvent être traités ainsi
pour les avancer assez pour les faire fleu-
rir, On trailera aussi de même les espèces
plus robustes pour les forcér plus tôt à la
fleur ; si ces derniers sont plantés en pleine
terre, vers le milieu d'avril, dans un sol
préparé exprès, ils produiront de belles et
pombreuses fleurs de juillet à septembre.
La préparation du sol est importante;
cette opération devra être faite dans les
premiers mois d'hiver , afin que la terre
puisse recevoir le bienfait du froid.
Sile sol est trop léger, on y mélera une
portion de terre forte ; si au contraire, il
est compacte et d’une nature froide, on en
Ôtera une partie pour la remplacer par un
mélunge de sable ordinaire et de terre de
bruyère bien confondu avec le sol naturel.
Dans l’un ou l’autre cas le sol sera défoncé
à 50 centimètres de profoudeur.
Sur un lit préparé à dessin et bien nivelé,
on tracera à 30 centimètres de distance
l’un de l’autre des sillons profondsd’environ
42 centimètres, au fond desquels on répan-
dra un peu de sable fin; on y placera en-
suite les bulbes à 30 centimètres l'une de
_ Vautre et on les entourera de sable, Dé-
truire les mauvaises herbes est ensuite la
seule précaution à prendre, surtout jus-
qu'à ce que les tiges des fleurs aient atteint
une certaine hauteur, Lorsque la fleur
commence à se montrer et si le temps de-
380.
vient sec, on les arrosera un peu le soir.
L'eau séjournant dans les aisselles des feuil-
les pouvant leur être nuisible, 1l faut pren-
dre soin de n’arroser que la terre.
Quaad les feailles sont entièrement des-
séchées et conséquemment la végétation
arrêtée , les bulb s seront déterrées, net-
toyées et séchées au soleil, puis transpor-
tées à une température sèche et à l'abri
du froid, jusqu'à la saison nouvelle. Les
bulbes seront divisées et plantées séparé-
ment.
On met les espèces délicates en pot au
commencement de mars et on les conserve
en serre tempérée jusqu’au moment de les
exposer à l’air libre.
Lorsqu'on veut les élever de graines, on
sémera en mars en pots dans un mélange
de terre de bruyère , le terreau végétal et
de terre sableuse forte ; on les couvrira de
terre d'environ 12 à 15 millimètres, —Ces
semis demandent peu d’eau, il faut seule-
ment prendre soin d’éloigner les limaces.
Au moment de les transplanter on choi-
sira une exposition tant soit peu fraîche et
sèche. (Revue horticole. )
ECONOMIE DOMESTIQUE.
Nouveau procédé pour la salaison des viandes.
Pair M. Ch. Payne.
Le procédé que je vais indiquer a pour
but d’imprégner de sel et de saumure les
viandes et matières animales qu’on destine
à la conservation et aux approvisionne-
ments, en soumettant ces viandes et ces
matières à la pression, ou simultanément à
une pxession et à l’action du vide,
On sait que les maiières animales sont
remplies dans leurs aréoles d’une quantité
assez considérab e d’air ou d'un fluide aé-
riforme répandu dans toute leur masse, On
comprend aisément que si cet air élait en-
levé et chas:é, ies sauimures ou les liquides
pénétreraient plus aisémeut dan: l'intérieur
des chairs; or, rien n’est plus facile à pro-
duire que cette exhaustion de l'air en opé-
rant le vide dans de vase qui renferme les
matières animales, puis en faisant arriver
les saumures on dissolulions dans ce vase,
les y comprimant, les chassant dans toutes
les cavités précédemment occupées par
l'air, et les faisant ainsi pénétrer dans toute
la masse qui doit se trouver ainsi parfaite=
ment imprégnée et salée.
La construction des appareils pour effec-
tuer cette opération est extrêmement sim-
ple; elle est basée sur le principe de la
pompe ordinaire employée aux expériences
preumatiques, avec addition d’une pompe
foulante pour fournir les liqueurs.
Le vase ou récipient qui doit contenir les
matières animales est en fonte ou autre mé-
tal, et assez fort pour résister à la pression;
ses dimensions dépendent de la quantité de
viandes qu'on veut saler en une seule fois,
Les pièces de viandes qu’il s’agit de prépa-
rer sont placées ou rangées dans ce réci-
pient, mais sans le remplir complétement,
et on s'oppose à ce que les pièces viennent
flotter sur la saumure par un faux fond
percé de trous qu’on place et assujettit des-
sus.
Le couvercle en est impénétrable à Pair,
soit par le moyen des boîtes à étoupes, soit
par d’autres procédés connus; on le place
sur le vase, ou on l’assujettit par des vis ou
par tout autre moyen. Le tuyau. d’épuise-
ment de l’air débouche au sommet ou très
près du couvercle du récipient, afin d'éviter
que la saumure passe dans la pompe à air,
381
On obtient ensuiteavec celle-ci nn vide aussi
parfait qu'on peut l'espérer dans la prati-
que, vide dont le degré est indiqué par un
manomètre à merçure adaité à l'appareil.
Lorsqu'on a ainsi fait le vide dans le vase,
on introduit la saumure par un autre
tuyau pourvu d’un robinet et qu’on puise
dans un tonneau ou autre vase qui en et
plein. On neremplit pas d’abord en entier
le récipient avec la satmure; on n’en laisse
arriver que la quantité nécessaire pour l’em-
plir à moitié, puis on fait de nouveau jouer
la pompe à air ; cela fait, on livre de noù-
veau l'accès à cette saumure jusqu'à ce
qu'elle reconvre entiérement fes viandes
renfermées dans le récipient. À ce moment
ou fait encore jouer la ponipe pour enlever
jusqu'anx. moindres particules d’air qui
pourraient encore être lozées dans les
chairs. En cet élat, on peut remplir entrè-
rement le récipient et faire agir une petite
pompe foulante semblable à celles dont an
se sert dans les pompes hydrauliques, jus-
qu'à ce qu'une soupape de sûreté, chargée
de 7 à 10 kilog. par centimètre carré, indi-
que par son soulèvement que cette même
pression exi-te à l’intérieur; cette pression
facilite la pénétration de la sanmure dans
toutes les parties de la masse de la viande.
L'appareil est alors abandonné pendant
un temps qui peut varier de quinze minu-
tes à une heure suivant le volume des mor-
ceaux de viande ; au bout de ce temps, on
enlève le couvercle, on retire les viandes,
et l'opération est terminée.
On peut aussi, avec la pompe foulante
seule, saler les viandes avec ces appareils,
mais j'ai remarqué qu'à l’aide du vide.le
procédé est. reudu plus certain et plus
prompt, (Technolosiste,)
SCIENCES HISTORIQUES.
SOCIÉTÉ ROVALI D'ARCUÉOLOGIE
DE COPENHAGUE,
La Société royale d'archéologie septen-
trionale de Copenhague, vient de tenir sa
séance publique annuelle, que S. A. Je
prince royal, président honoraire de la
compagoie, à bien voulu présider en per-
sonne.
Ce que cette séance à offert de plus in-
téressant, c'est la présentation de l’expli-
cation de divers monuments récemment
découverts en Amérique, et qui semblent
corroborer l'opinion que cette partie du
monde a été connue des Européens long-
temps avant les voyages de Christophe Go.
lomb.
Ces monument; sont :
1. Une pierre en forme de dalie, portant
une inscription composée de vingt-quatre
caractères rhuniques, et qui a été décou-
verte dans la vallée de l'Ohio par M. Na-
thaniel Schoolseraft, agent du gouverne-
ment des Etats-Unis , à Machilimakivac,
ile dans le lac Huron.
2. Une paire de pincettesen argent mas-
sif , trouvée dans province de Bahia (Bré-
sil), par M. Kroyer, naturaliste danois, ins-
trument exactement pareil à ceux du même
genre, en bronze, qu’on rencontre si sou-
vent dans les collines tumulaires des pays
scandinaves.
3 Des flèches à bout cordiforme, en
cristal de roche, et des scies faites avee des
dents de requin et des fragments de cail-
loux, découvertes dans la Californie, et qui
ressemblent sous tous les rapports à celles
dont se servaient les anciens Groëntamdais.
, |
382
4, Trois vases péruviens fort anciens, et
dont la forme et, les ornements semblent
calques sur SEUX des vases étrusques.
M,le PASteUr, Pontoppidan, qui a été au-
moner de ES fre égate royale /a Bellone pen-
dant le dernier voyage autour du monde dé
ce bâtiment , a annoncé que, sur sa de-
mande, appuyée par l” archevêque de Bahia,
don Rodrigue, le gouvernement du Bré-
sù venat de prendre des mesures pour
faire explorer le terrain où l’on a trouvé
tant de ruines qui semblent annoncer qu’il
y aurait existé anciennement une colonie
scandinave. Ce terrain est situé dans la
partie méridionale dela province de Bahia,
sar la rive gauche du Braço-do-Cinçora,
au midi de la Sierra-do-Cinçora.
La société a aussi reçu la nouvelle de la
découverte des fondements d'une église
dans le Groënland, de laquelle on n’a eu
jusqu’ ici aucune on
j
#
Q
6h
ARCHÉOLOGIE. {1 “
ZHSVINTQ
Gditoÿ de Gxidrac. arrondissement ds Seétes;
(Cherente-Tnf.)
Commune DE Rioux : Peut:ëfre dé riote,
riotare, batailler. Le pape Gélase IT, par
ga bulle de 1119, confirma l'abbaye de
Noaillé, du Poitou, dans la possession d’une
foule d’ églises parmi lesquelles on voit figu-
rer celle de Rioux.
L'ancien château, souvent restauré, avait
de profondes douves et un pont-levis, Il est
saus caractère aujourd’hui.
L'église de Rioux, sous le vocable de
Notre-Dañié!, est un vaisseatt fortrémar-
quable, et'parson étendié, et'par sa belle
conservation” C’est encore üne des églises
les plus curieuses de notre département,
bien que restaurée À plusieurs époques,
Bâtie à la fin du onzième siècle, Notre-
Dame de Rioux étale les broderies byzan-
tines qu'on a prodiguées sur sa façade ou
sur son abside, et les coupes de pierres en
feuilles de fougères ou en écailles de pois-
sons.
La façade n’a qu’un vaste portail roman
à voussures en volute couverte de dents de
sgie et de moulures. Deux énormes arcs-
boutants, placés dans le quinzième siècle,
soutiennent ses angles. Une arcature de
petites fenêtres simulées, étroites et à co-
lonnettes, marquent la deuxième assise.
REVUE
383
Dans la fenêtre centrale du milieu est un
mélaillon oblons avec une figure de la
Vierge. Un évasement de la base du cloe-
cher © placé, dans. le treizième siècle, :sur,
cette façade, est percé d’un œil de, bœuf
garni de dents sur ses bords, et qui se
trouve ouvert au milieu d’unesurface dont
les pierres sont placées en échiquier. Deux
fenêtres à lancettes, du treizième siècle,
donnent de la lumière au clocher qui est
carré. Les transepts ont été restaurés.
L’ab:ide est poligonale. Chaque angle ap-
puie sur des colonnes grîles, formant
quatre assises et qui s'élèvent aïusi les unes
au-dessus des autres jusqu’à l'entäblement.
Une plate bande coupe au-milieu. le socle.
de l’abside, construit en pieuresidisposées.
en feuilles de fougères ou: imbriquées en
écailles de poissons. Trois fenêtres ouvertes
à l'extrémité sont petites relativement au
développement de leur large cintre ro-
man, et à la profonde voussure qui en ré-
sulte et que deux grêles colonnes suppor-
tent aux angles. Des dentelures, des tores,
des câbles et des rinceaux décorent à pro-
fusion ces belles fenêtres. Enfin une arca-
ture romane également surchargée de re-
liefs, contourne le haut de cette gracieuse
partie de l'église de Rioux. Un entablement
soutenu par des modillons surchargés'de
figures, termine le tout. Proche l'église
s'élève, sur un socle arrondi de quatre
marches, une colonne cylindrique, forraée
de fûts assemblés et inégaux, assez élevé et
que termine non pas une croix mais une
sorte de losange en pierre, découpé et
bordé, où a di exister une inscription où
peut-être les initiales Nr. Ce fanum ou
croix pourrait bien être du treizième siècle.
125 200 vmriLESSON.
DEL ——
STATISTIQUE,
Population de la Belgique.
Les 86 villes de la Belgique comptent
une population de 1,006,117 mes; celle
des. 2,429 unes rurales est de
3 111,485 âmes; total pourile pays: au 31
slécemhes 4 BA: 4,147,602, ,
Pendantl'année 1841, il ya eu, re les
villes, 37,222 naissances, ei 1. 06, 438 dans
les villages. Le nombre. des:décés a élé de
30,391 dans les villes, -et de. 12,227 dans
lés communes rurales. Il .ÿ, a eu. en tout
28,963 mariages et 22. divotees. j
384
Eu Belsique, le nombre des femmes sur+
passe uu pèu celui des hommes. Le nom-
bre des veuves est double environ de celui
des veufs. Il y a autant d'hommes qui ont,
moins de 23 ans que d’autres qui ont dé-,
passé cet âge. La population des femmes
se que partagée en deux parties égales
par l’âge de 25 ans. La Belgique renferme
778, 38 hommes en âge de porter les ar-
mes (20 à 50 ans).
jf Le Rédacteur en chef :
| Be visqune A. DE LAVALETTE,
a
La Société d'agriculture et de’botanique de Gand
vient de décider que. ‘son : deuxième festival quin+
quennal aura lieu au mois de mars 4 844; telle a fait
en conséquence-un appel à tous.ceux, qui,: en, Bel.
gique-.et, dans les pays voisins, s'occupent de la
culture des fleurs, afin de les engager. à prendre
part à ce concours dont les prix seront décernés par
un jury composé de botanographes et des cultivai
teurs fleuristes les plus distingués des diverses par-
ties de l'Europe.
— Par ordennance du roi rendue sur le rapport
de M. le ministre de l'instruction publique, M. le
docteur Pouchet, professeur d'histoire naturelle à
Rouen, aété nommé chevalier de lordre ua de
la Légion-d'Honneur.
2 5 =— .
BIBLIOGRAPHIE,
LA BOTANIQUE médicale et populaire , ou Des
criptiou des plantes utiles au trailement des fièvres
continues, simpies, fièvres quartes, nee les
dartres, les hémorroïdes , la jaunisse . Ph dropisie,
les ere le cancer, Ja colique; cpntehañ l'analyse
de la maladie, la description dés lplafes © wules et
leurs verlus, la nature du terrain qu les’produit, la
saison propice à les récolter, les moyens de des des !
sécher, les proportions dé’ leurs réurmons et, leur
emploi, par Mme Garnier, née Sabatier, codselle
édition, deux volumes in-18. Prix : 11. .f, chez Le-
cap'ain, éditeur, rue Racine, et rue de là Harpe,
82, à Paris.
DE L’INDUSTRIE CHEVALINE en France, et
des moyens pratiques d’en assurer la prospérité ; par
M. le docteur G., Robert. Publié par la Société
orientale. FD äc Sirifin Didol, à Paris.
DE L'ART PRAMATIQUE au point de vue de
la phrénologie : .appréciation de M. Kemble, de
Mm:s, Adélaïde et Fanny Kemble, lragédiens an-
plais , sur les bustes de M. Dantan jeune; par
M. Charles Place.
eRiGE
110$ où
iibhtitse de Berbr and rue e Saint-André des-Arls, 38.
DC
SCIENTIFIQUE ET ne mare
OÙ TRAVAUX DES
Savants et des Manufacturiers de Ia France,
de l'Allemagne et de l'Angleterre ,
ce GB W/HETWN MM
SPÉCIALEMENT CONSACRÉ
de re MÉRYÉIQUE A LA CHIMIE, A LA PHARMACIE
ET A L'INDUSTRIE,
>: PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
ae : DU D'OUBSNRYILER,
DESCRIPFTON ) 12):
96 L0 D Et
PAR LOCALITÉS ET TERRAINS DES :POMKPIERS: FOSSIHES DE FRA
ET DES PAYS ENVIRONNANS j
Par HARDOUIN MICHBEN,
membre de la Société géblos gique Rs France,
Accomp agnée des figures lithographiees par Eudovie Michelin,
abri icant de produits chimiques et réactifs, Successeur de LÉ -L.Vauquelin, de l'Institut, etc.
l
Ce Journal parait tous les mois par cahier de {0 à 12 feuiiles (192 pages).
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de chimie
et de physique, dont ce jonrnal est, pour les travaux des savants étrangers ,
16 complément indispensable. — Les pérsônnes qui s’abonnent à la Aervre
Pour deux années à la fois ont droit à l'Aistoire de la chimie de F. Hoëfer, for-
Man{ deux volumes in-8° de 17 francs.
Le prix de l'abonnement à la Aevue scientifique est de 20 fr. par année
#oux Paris, et 25 fr. par Ja poste pour les départements. On s'abonne au
au de la Revue scientifique, rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans
vent ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l’Æistoire de la
pui par Ja poste.
En 20 livraisons de une ou deux feuilles de texte et trois planches, + Prix
de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage (feuille 10,
planches 16, 17 et 18 vient de paraifre.
« Déjà dans l'EcAo nous avons parlé plusieurs fois des ETS ul jg Miche-
» lin. Lorsque l'ouvrage sera terminé nous en donnerons S QE es une
» analyse complète, » VONE
Re k re
a.
2N0x
198
Paris. — Ip. de LACOUR et MAISTRASSE [EE ?
rue Saint-Hyacinihe-S.-Michel, 33,
4 ZSr.,six mois 13 fr. 50,
10° année.
Paris. — Dimanche, 5 Mars 1843.
DD CE———
Q 17
L'ECHO DU MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
LL ECHO DU MONDE SAVANT parait le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun. On s’ahonne : PARIS, rue des
| PETITS-AUGUSTINS,
21, et dans les départements chez les prineipaux libraires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PARiS pour un an
trois mois 7.fr..—, DÉPARTEMENTS 30 fr., °6 fr., 8 fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour Iles pays payant port double, — Les souscripteurs
peuvent recevoir pour CINQ fr. par : an et par. peneil PÉCHO DE LA LITTÉRATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun
410 fr. pris séparément ) et qui forment avec
PÉCho du monde savant la revue encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne la rédaction doit être
adressé (franco) à M. le vicomte pt DE SLAVALETTE, rédacteur en chef, et ce qui concerne l'administration à M. C.-B. FRAYSSE, gérant.
SOMMAIRE. La ACADEMIE DES SCIEN- Mésaor des os. Arésulte des travaux du sa-
CES: Séauce du 27 février. 1841. — SUIEN-
CES PHYSIQUES. ASTRONOMIE. De la cons.
titution physique du soleil; Arago. CHIMIE
| INORGANIQUE. Réherehes sur fée poids ato-
| niques dé l'hydrogène et du calcium; Erdmann
et Marchand. — SCIENCES NATURELLES.
‘PHYXSIOLOGIE ANIMALE. Sur une ‘altération
verninense d'un chier, détermince par un grand
nombre d’hematozoaire du genre filaire: Gruby et
Delfond. THERAPFUTIQUE. De la flamme à
petites dimensions employée contre les douleurs,
la d bilité, la torpeur; L. Gondret. MEDECINE
| : LEGALE. Sur Pinfanticide. — SCIENCES AP-
PLIQUÉES. MACHINES À VAPEUR, 4° ariicle;
Cälla. — AGRICULTURE, HORTICULTURE.
Observations sur la théorie de V&i-Mons > Loise-
leur=Deslongchamps. — SCIENCES :HISTO-
RIQUES. AGADEMIE DES! SCIENCES MO-
RALES ET POLITIQUES. Séance du 25 février.
GEOGRAPHIE. Notice sur le .Yucathan dejuis
les écrivains espagnolss — FAITS DIVERS. —
BIBLIOGRAPIISE.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
- Séance du 27 février 1843.
-M.-Réguault a ouvert la séance par une
communication impoitante. Ce june et
savant physicien a fait connaître à l'Aca-
démie une nouvelle espèce de pile à effet
constant, due à M. Bunzen , où l'élément
cuivre est remplacé par du charbon.
Les effets de cette pile sont vraiment pro-
digieux, car 40 élémeñts'suffisent pour dé-
composer l’eau avec umésviteise à laquelle
vous ne sommes pas babitaés#L eau distil-
lée elle-même, si difficile à déc“mposer à
l’aide des piles oi dihar es, voitses deuxélé-
mentsse séparer facitement sion la soumet
à l’action de cette nouvelle puissanée "La
combustion du ‘charbon daus l'oxyeènt se
produit à l’aide de cet instrumentaveciuñe
grande facilité et la lumière est: des’ ne
intenses.
Le charbon qui, daus cette pile ; rém-
placeile cuivre, n’est pas du charbon or-
dingieu à Il est formé: de: la manière sui-
Faute on fait unélauge pulvér ülent
de c ÊRE on de houille grasse et de coke ;
l’on réduit le tout en te qu'on calcive ;
puis on tourne la mat tRe ct Où lui impri-
me la forme qu’on désire: eeseylindres ob-
tenus, on les plonge dans une dissolution
d'eau sucrée très concentrée et on les cal-
cine de nouveau. Ils acquièrent alors une
dureté considérable et sout propres à être
employés. Cette pile, outre sa grande in-
tensité, possède plusieurs autres avantages
qui ne tarderont pas à la faire adopter par
tout, L'un des principaux, c'est que le zinc
n'est presque pas détruit par l’exercice de
ia pile. Or, l’on sait combien cet élément
s’altère vite dans les piles ordinaires.
M. Gerdy a lu à l’Académie un mémoire
Sur les symptômes et La marche de l’inflam-
vant. professeur de clinique chirurgicale
que malgréles grandes différences que lor-
ganisation des os présente au premier abord
lorsqu on la compare avec celle des parties
molles, comme ia vaseularisation y est ana-
logue, cette vascularisation commune ef-
face et affaiblit considérablement ces diffé-
rences, Par suite de l’abondance de leurs
vaisseaux , les os s’enflamment très facile-
ment et beaucoup plus fréquemment qu’on
ue. le croit. L:s vaisseaux y prennent ;
comme dans les parties molles, un déve
loppement extraordinaire, D’ Fe able
ruisseaux de sang, qui pénètrent leur sub-
stance:; comme celle d'une éponge, y por-
tent avec.la vice, ainsi que dans les parties
molles, le principal élémentde l'inflanma-
tion. Le gonflement des os est la suite de
leur inilammation , comme ia tuméfaction
des parties molles est l'effet de leur phleg-
masie. Ils souffrent encore de même que
les parties molles ; mais, bicn qu'ils souf-
frent des douleursmorbides ou spontanées,
ils manquent-de sensibilité physique.
Comme les parties molles enflamimées,
ils sécrètent des fluides erganisables sons
le périoste, dans leurs cavités médullaires
ou Giploïquesetdans lcur trame intérieure.
Ils peuvents'ulcérer, suppureret être par-
tiellemrént frappés de mortparuneinflam-
mation ciréonférentielleulcérative, Comme
les parties moiles enflammées; li iischusent
des symptônres: d'hypérémie et: d’inflame
mation ‘dans dlesiparties voisines; ls provo-
quent des symipathies pénibles, douloureu-
ses ou gravés dans les autres organes et
dans l’énsenrblétdes fonctions. Mais si lcur
inflamimatiofitéuit y eamme dans les parties
molles ; une arctie aigue cu chronique,
elle en diffère par sa persistance indé finie
et latente, parrses assbupiséenrunts proon-
vés qui en: imposer por des: gu érisons
réelles et par se8réveils tardifs ét inatten-
dus. Il'en résuliéque, lors même que les
os sont tellement guéris, on peut conser-
ver des doute; légitimes sur la solidité et
sur la consistance de leur guérison. Ainsi
comparées sous tous les points de vue, sous
les rapports divers de la vascularisation,
des altérations matérielles, des symptômes
iocaux, des symptômes dé voisinage, des
symptômes généraux, de Ja marche, des
terminaisons et même des'causes, l’inflam-
mation des os et l'inflamimation des parties
molles offrent à l'attention‘de l'observateur
de frapppantes analogies? mais elles pré-
sentent aussi de notables différences. Les
principales se re emarquent dans la persi-
saance et la j'erpétuité des altérations ma-
térielles, de la vascularisation morbide des
os ; daps l’exteusion et la dispersion de ces
altérations sur plusieurs où sur tous les
points d'un os primitivement malade sur
un seul; dans le gonflement qui se mani-
feste seulement dans certaines circonstan-
ces ; dans le contraste de douleurs mor-
bides parfois très vives dans un os qui est
en même temps profondém-nt insensible
aux opérations les plus cruelles en appa-
rence; daus la marche intermittente de
l’iflammation des os avec exacerbations
irrégnlhères reparaissant à plusieurs mois ;:
plusieurs années et même à un grand nom-
bre d’annéés de distance les unes des autres.
M. Amussat a envoyé à l’Académne des
Recherches expérimentales sur la forination
des Ancorysmes traumatiques. Ce travail
peut se résumer dans les conclusions sui-
vaDtes :
19 La formation de ces anévrysmes n’a
vait pas été suffisaiment observée. Non
seulement on ne les avait pas autant étudiés
que les anévrysmes vrais, Mais encore on
n'avait pas profité de la possibilité de les
produire À volonté sur les animaux vivants
pour les étudier avec plus de facilité ;
20 On doit rayer de la nomeëñclature des
anévrysmes. ceux qu'on.appelle faux, pri-
milifs où diffus, parce que ce ne sont pas
des auévi'ysmes, mais bien de simples épan-
chements survenus immédiatement après
la blessure d’une artère : il n’y a AE _
me ue los SRE e, Ja poche est IE mée ;
D abticns que anévrysmes one £
c’est-à-dire artériels peineux ou par ge x
fusion. M. Amussat n’a pas obtenu un s
anévrysme artériel simple, c’est-à-dire unë
poche surajoutée à la blessure d’une artère,
peut-être parce qu'il n’a pas conservé les
animaux assez longtemps,
40 M. Amussat à constaté plusieurs va=
rictés de l’anévrysme artériel veineux ou
par trans[usion.
A. Le latéral simple, qui est établi par
un trou de communication entre une ar-
tèrce et une veine accolées ;
B. Le latéral avec poche anévrysmnale : La
communication étant établie par le sac en-
tre l'artère et la veine;
C. L'anévrysme double , c’est-à-dire,
qu’une artère ayant été lranspercée , il s’é-
tablitune poche anévirysmatique d’un côté
ct de lPautre, une communication RUE
l’aitère et la veine ;
D. Le «direct : ie aitère etrune veine
ayantélé divisées; st
: L.cÆEnofin, l'auérr ysme direct en eue de-
Sac: une poche anévrysmale s'étant for-
mée à l'extrémité du bout cardiaque d'une
artère et d’une veine entièrement divisés.
59 Les anévrysmes traumatiques sur
l’homme doivent êlre étudiés avec beau-
coup de soin afin de comparer les résultats
que fournit l'esjèce humaine avec ceux
obtenus sur les animaux vivants;
6° Enfin, les conséquences pratiques re-
latives à l'opération de lanévrysme sont
388
les mêmes que celles qui ont été parfaite-
ment déduites par M. Breschet dans son
mémoire sur les anévrysmes par transfu»
sion, observés dans l'espèce humaine.
MM. Danger et Flaudin ent présenté à
l'Académie une addition à leur mémoire
du 13 février, Le mouton qui à survécu à
la prise de 16 gram. d'acide arsénieux a été
tué le trente-huitième jour de l’empoison-
nement. Sa chair ne contenait pas d’arse-
nic ; six personnes en ont mangé, mônre
pendant assez longtemps, etaucune d'elles
da été incommodée.
Un chien a mangé les viscères des trois
moutons empoisonnés par l’acide arsénieux
et il n’a pas succombé. Au bout de six
jours il a cessé de rendre de l’arsenic dans
ses urines. Sacrifié le neuvième jour, on
n’a constaté à l’autopsie que son extrême
Maigreur. Ses organes internes étaient
sains, et, par l'analyse chimique, on n°y a
découvert aucune trace d’arseuic. Cet ani-
mal s’est done débarrassé du poison ab-
sorbé beaucoup plus vite que le mouton.
Ce fait S’explique par les donuées de l’ana-
tomie comparée. ee
Un nouvel héliostat, remarquable par
sa simplicité et par sa manœuvre facile, a
été présenté à l’Académie par M. Silber-
mann aîné, préparateur au Conservatoire
des arts et métiers et à la Faculté des scien-
ces. Cet instrument . si bien construit par
M. Soleil, remplacera avantageusement
l’héliostat de M. Gambet. Du reste, M. Sil-
bermann a résolu, dans la construction de
cet appareil, une question importante, c'est
celle de la modicité du prix.
L'Académie a reçu une note de M. Faul-
toy sur un bateau à vapeur à roues à au-
bes horizontales ét noyées.
Les roues de ce bateau sont placées dans
Ja cale et renfermées dans deux tambours
- circulaires, séparés l’un de lPautre et pre-
nant le plus exactement possible la forme
de ces roues, en leur laissant toutefois leur
iiberlé d’action; leur partie moyenne est
pleine.
Les avantages de ce bateau sur ceux ac-
tuellement employés sont les suivants :
49 Les voues à aulies motrices, étant au
dessous de la flottaison , sont à l'abri du
canon ; 5
20 Les flancs et le pont du bateau sont
libres, et par conséquent peuvent avoir une
suite non interrompue de sabords ;
30 Dans le roulis le plus fort, les roues
motrices travaillent aussi utilement que
lorsque le bateau a la position verticale ;
ainsi, l'effet des roues et des voiles peut être
simultané ;
4° Les aubes ne présentent jamais qu'une
partie tranchante à la lame et sont ainsi à
l'abri des coups de vent.
M. Bravais a présenté à l'Académie un
long mémoire sur le mouvemeut propre
du système solaire dans l’espace. Nous re-
viendrous bicntôtsar cet important travail.
À cinq heures l'Académie se forme en
comité secret pour discuter la présentation
des candidats dans la section de géométrie.
SCIENCES PHYSIQUES.
ASTRONOMIE.
De la constitution physique du Soleil; par
M. F. Arago. (Extrait.)
(Premier art:cle.)
Les anciens ne nous ont rien laissé de
plausible, ni même de raisonnable à ce
389
sujet. Toutes leurs disputes paraissent avoir
roulé sur cette question : « Le solcikestsil
un feu pur, où un feu grossier; nn feu qni
se maintienne de lui-même, ou un feu
ayaut besoin d'aliment; un feu éternel ou
un feu susceptible de s’éteindre ? »
Anaximandre,né à Millet, 610 ans avant
J.-C., disciple de Thalès et un des chefs
de la secteionienne, aurait soutenu, s'il fal-
lait s'en rapporter aveuglément à Plutar-
que, que le soleil était « un chariot rem-
pli d'un feu très vif » qui s’'échappait par
‘une ouverture circule. Mais Diogène
Laërce se contente d'attribuer à Anaxi-
mandre l'opinion que le soleil est un feu
pur.
Anaxagore, né 900 ans avant J.-C., re-
gardüit le soleil, encore d’après Plutarque
et Diogène Laërce, comme « une pierre er-
flammée, comme un fer chaud. » Cette as-
similation du feu solaire aux feux terrestres
était, dans les temps reculés, une idée ex-
traordinaire. Xénophon, en effet, crut pou-
voir la tourner en dérision.
Archelaüs, le dernier philosophe de la
secte ionienne, disait du soleil : « Gest une
étoile; seuletnent cette étoile surpasse en
grandeur toules les autres.» La conjecture
était très belle; mais puisqu’on ignorait le
mode d’incandescence des étoiles, la ques-
tion relative au soleil resta stationnaire.
Zénon, le fondateur de la secte stoïque ,
composait le suleil d’un feu pur plus grand
que la terre.
On prête à Epicure, au philosophe qui
rendit si célèbre le système des atomes,
l’opinion que le soleil S'allumait le matin et
s'éteignait le soir dans les eaux de l'Océan.
Selon Plutarque, les idées d'Epicure au-
raient (té un peu moins étranges. Il aurait
fait du soleil « une masse terrestre, percée
à jour comme les pierres ponces, et en état
d’incandescence. » Mais, pourquoi percée
à jour? On ne sait; c’est à s’y perdre vrai-
ment.
La découverte des lunettes, celle des ta-
ches qui en fut la conséquence, vont main-
tevant nous conduire, continue M. Araco,
à des choses plus substantielles.
Après avoir remarqué combien lestaches
solaires changent rapidement de figures,
Galilée fut naturellement conduit à sup-
poser qu'il existe autour du soleil un fluide
subtil, élastique. Les taches , à raison de
leur imparfaite obscurité, furent assimilées
à nos nuages. « Si la terre, dit l'illustre
philosophe, était lumineuse par elle-même,
et qu'on l’examinit de loin , elle offrirait
les mêmes apparences que le soleil. Suivant
que telle ou telle région se trouverait der-
rière un nuage, On apercevrait des taches,
tantôt dans une portion du disque appa-
rent, tantôt dans une portion différente ;
la plus ou moins grande opacité du nuage
amènerait un affaiblissement plusou moins
grand de la lumière terrestre. À certaines
époques il y aurait peu de taches ; ensuite
on pourrait en voir beaucoup; ici elles
s’étendraient, ailleurs elles se rétréciraient;
ces taches parliciperaient au mouvement
de rotation -de la lerre, en supposant que
notre globe ne fût pas fixe; et comme elles
auraient une profondeur très petite com-
parativement à leur largeur, dès qu'eiles
s’approcheraient des limites, leur diamètre
s'amoindrirait notablement. »
Scheiner entourait le soleil s d'un océan
de feu, » ayant ses mouvements tumul-
tueux, ses abimes, ses écueils, ses brisants.
Hévélius ÿ ajoutait « une atmosphère » su-
jette à des générations , à des corruptions
390
semblables à celles que l'atmosphère ter-
restre nous offre.
. Huygens nevoyaitque déux suppositions,
possibles touchant la näture de la pætion «
| incandescentedutsoleil;it ne devait y avoir,
d'après lui, d'incertitude que sur la ques-
tion de savoir « si l’astre est solide ou li-
quide. » Ov, il se montrait très disposé à
. admettre « que le soleil est.lijuide, ».
Suivant La Hire, le soleil est. «une masse
fluide dans laquelle nagent des corps ob-
* settrs.!» Ordinairement ces eorps sont en-
titrement plongés; quelquefois is viennent
| à Ja surface ; le fluide extérieur, en re-
tournant autour du centre de l’astre, les
: entraîne avec lui.
En rendant: compte de cette-cxplication,
Fontenelle échappait aux énfovncements et
. surgissements successifs, à ces mouvements
mystérieux des corps vbscurs, à l’aide d’une
remarque.qne nous retrouverons bientôt
sous un autre nom. Au lieu de corps flots
tants, Fontenèlle prenait un noyau solide
et noir adhérent au globe : « Ce sera la
même chose, ajoutaitil, si l'on veut que ce
liquide ait uu mouvement par lequel tan-
tôt il couvre entièrement la grande masse
solide, tantôt il la laisse plus ou moins dé-
couverte. »
Voici une explication, dit M. Arago, que
je me garderais bien de rappeler, si Gas-
coigne , son auteur, n'était pas un astro-
nome de grande réputation. Gascoigne sup-
pose qu'il y a, au tour du soleil, « un grand
nombre de corps presque diaphanes, » qui
circulent dans des cercles de diamètres dif-
férents, mais dont aucun ne s'éloigne ce-
pendant de la surface solaire de plus du
dixième du rayon de l’astre. Les vitesses de
ces divers corps doivent être inégales et
d'autant plus grandes que leurs sorbitres
ont de moindres dimensions. De tels corps
sont alors fort souvent en conjonction, et
c’est la conjonction qui fait apparaître une
unetache ; un seul corps n’affaiblit pas suf-
fisamment la lunuère pour que l'œil puisse
rien voir desombre sur le soleil, tandis que
deux, que trois, ou qu’un plus grand nom-
bre de ces carps superposés doivent pro- :
duire toutes les nuances d’obscurité que les
taches solaires ont offertes aux observa-
teurs. Crabtrée, qui a combattu cette ri=
dicule opinion dans une lettre adressée à
Gascoigne lui-même, fait remarquer que;
daos cette hypothèse, les taches change-
raieut continuellement de formes ; comme
change une volée d'oiseaux, et qu’elles au-
raient.les vitesses les plus inégaies.
Derham imaginait que les taches solaires
sont toujours « les effets de quelques érup-
tions volcaniques. » Les fumées, les scories
projetées constituaient, suivant lui, la ta=
che noire. L'apparition plus tardiverrdes
flammes et des laves incandescentes:,:don=
pait naissance aux facules ou taches bril-
lantes. Mais, fait observer le savant astro-
nome auquel nous empruntons ces détails,
lé système, au moins, quant à l'explication
des facules : est renversé d’un seul mot,
car les facules ou taches lumineuses se mon-
trent bien souvent avant les taches noires.
Au nombre de ceux qui ont regardé les
taches comme des cratères de volcans , il
faut ranger le célèbre physicien F. Wollas=
ton. Une condition, indispensable suivant
lui, était que ces cratères devaient se trou
ver, à une grande hauteur, sur des som=
mités de montagnes.
Maupertuis croyaitii vraiment donner
une théorie satisfaisante des taches solaires,
en disant à peu près comme La Hire : « Ce
LL
bnt des corps qui nagent dans un fluide
»mcandescent), qui en paraissent les écu-
nes , ou qui s’y consument » A, Arago
“mande alors d'où viennent ées corps..el
onrquoi ils sont entourés de pénombres ?
omment il se fait qu'il existe des rapports
e position entre eux et les facule. ? et s'é-
ronne, avec raison, que Maupeituis n’ait
has prévu une seule de ces ob;ections,.
Développant lapensée deFontenelle, que
ljeusavons rapportée plus hant, De Lalande
idmit que « la matière luminease dont le
roleil est entouré, éprouve ‘un {lux et un
ceflux, » qui alternativement recouvre où
paie émerger d'énormes pointes de ro-
‘hers. Dans cette hypothèse , il serait ex-
irêémement difficile de seendre compte des
rariétés de lumière des pénombres et des
hénomènes que présente la division des
:aowaux, Maisles systèmes, que nous allons
lxatminer maintenant, vont mous fournir
Hles' explications beaucoup plus complètes
‘et beaucoup mieux en rapport avec les ob-
parnoes
|
| CHIMIE INORGANIQUE.
\Recherches sur les poids atomiques de l’hy-
| drogène et du calcium; par MM. O.-L.
- Erdmann et R.-F. Marchand.
| Chaque jour l’histoire des équivalents
} chimiques prend un nouvel intérêt et oc-
| cupe une plus large place dans le domaine
t des sciences physiques. Les belles analyses
de M. Dumas ont déjà apporté d’heureuses
| modifications dans cette partie de la chi-
mie. Cette année, M. Pelouse l'a traitée,
| dans ses leçons, avee tout le développement
|qu'elle mérite, et quoique le sayant pro-
fesseur du «collége de France n'entre pas
toujours dans les idées de la Sorbonne, on
‘ue peut mécounaître le talent qu’il a dé-
| xeloppé en exposant à ses auditeurs les
longues théories, les:curieuses expériences
| qui servent de base aux équivalents chi-
miques. De cette lutte des intelligences sor-
tront des faits nouveaux et quelques obser-
yatioens non coordonnées eucore viendront
se réunir et formeront :uw ensemble im-
posant. C’est dans le but de hàter ce pro-
grès quenous publions aujourd hui l'extrait
d’un travail inséré dans la Revue scienti-
fique et ayant pour ‘objet la détermination
| des-équivalents de l'hydrogène et du cal-
| cium. Ce travail dû à deux Allemands ne
manque pas d'interêt, et la précision:avec
laquelle il est fait prouve beaucoup en fa-
reur de l'exactitude des résultats.
Hydrogène.—Nous avons cherché à dé-
terminer la composition de l'eau par le pro-
cédéemployé naguère par M. Berzélius, et
|
useduantité pésée d’oxide de cuivre dans
|
1]
|
|
|
| récémment par M. Dumas, en calcinant
|
|
|
|
|
|
|
un courant de gaz hydrogène et en pesant
l'eau produite. Le poids de celle-ci, com-
paré avec la perte éprouvéé par l’oxide de
cuivre, donne la quantité de l'hydrogène
contenu dans l’eau.
L'hydrogène fut dégagé par un mélange
de zine, d'acide sulfurique et d’eau. Le zinc
provenait de la fabrique de Schæœnebeck,
et ne renfermait qu'un peu de plomb et
d'étain, avec de très faibles traces de char-
Lon et de fer: il était exempt d’arsenic et
soufre. L’acide sulfurique ne renfermait
que des traces de fer; l’eau fut préaltable-
ment bouillie avant d'être versée dans le
ballon. Le vase de Gégagement Ctait un
ballon en verre, muni de tube de sûreté et
de tube de conduite. 0e
392
Le gaz traversa d'abord uvre série de fla-
cons de Woulf, dont le premier renfermait
une solution de potasse concentrée, le se-
cond une so ution de perchlorure de mer-
cure, Île troisième de Pacide sulfurique
concentré; de cette manière il se dépouil-
lait d'hydrogène sulfuré ou arsénié, ainsi
que de la plus grande partie de la vapeur
aqueuse.
Ea sortant du troisième flacon, le gaz se
rendit dans un large tube rempli de chlo-
rure de calcium, et de là dans un tube
métallique à trois branches, muni d’un ro-
binet, iei que nous l’'employons daus les dé-
terminations d'azote. (Journal f, prait.
Chem, x1v, 214.)
La branche fxée latéralementétait adap-
tée au moyen d’un ajutage en caoutchouc
à un tube long de 30 pouces, et plongeait
dans du mercure, de facon que le gaz,
après la fermeture du robinet, était forcé
de traverser le mercure, tandis quil s’é-
chappait par le grand tube ouvert lorsque
le robinet lui-même était ouvert.
Le gaz bien desséché se rendait du grand
tube dans un large tube, long de trois pieds,
recourbé en U, et rempli de potasse caus-
tique, fondue et concassée; nous nous
sommes assurés directement, au moyen de
fragments de chlorure de calcium pesés,
que Île gaz sortait parfaitement desséché
lors même que le courant était un peu ra-
pide.
Du tube à potasse le gaz arrivait dans
l'appareil destiné à la réduction de l’oxide
de cuivre.
Celui-ci était logé dans ées tubes longs
de 3 172 pieds, et larges de 1 à 1 172 pouce,
qui du côté de l'appareil à hydrogène
étaient rétrécis de manière à permettre d’y
introduire l'oxide, tandis que l’autre bout
était effilé en une pointe recourbée en col
de cygne, pour laisser échapper l’eau.
Les tubes à réduction furent d’abord
desséchés an moyen de la pompe, remplis
d’air et pesés à une température définie.
L'oxide de cuivre employé provenait
soit de la calcination du nitcate, soit de
cuivre grillé tel que le fouruit lecommerce,
renfermant un peu de protoxside et d’une
densité de 6,04.
Pour remplir le tube, on enfonça d’abord
dans l'extrémité munie de la pointe, un
écheveau de tournure de cuivre, afin d'em-
pêcher que Poxide ne glissàt dans le col,
puis on y mit l’oxide en le tassant assez
pour permettre au gaz de circuler libre-
ment. Le tube rempli fut ensuite couché
dans un autre tube de clinquant très fort
et garni intérieurement de magnésie, de
manière à empêcher tout contact du verre
avec la cendre et la braise; on adapta à une
de ses extrémités un long tube rempli de
fragments de potasse et on le chauffa au
rouge faible, tandis qu’on faisait passer de
l'air par l’autre bout au moyen d’une
pompe à main. Quelquefois on déterminait
ce courant d'air au moyen d’un gazomètre.
Le tube bien calciné et refroidi dans le cou-
rant d'air sec fut pesé ensuite à la même
température que le tube vidé, afin d’avoir
ainsi la quantité de l’oxide qu'il conte-
nait.
On adapta au col du tube pesé et recou-
ché daus le clinquant placé dans le four-
neau, l'appareil destiné à recueillir Peau.
Cet appareil se composa € d'un ballon à
deux cols de verre mince, et pourvu, au
moyen d'ajutages de caoutchouc, de deux
tubes remplis de chlorure de cacium. Le
premier de ces tubes, immédiatement fixé
393
au ballon, était muni d’une boule égale-
ment remplie de fragments de chlorure ;
l’autre, pesé separément avant.et.après l’ex-
périence, ne présentait aucune. différence
de poids. Ce second tube était en commu-
nication avec un troisième chargé de mor-
ceaux de potasse, afin d'empêcher Pin-
fluence de l'air extérieur, et celui-ci enfin
était fixé à une pompe à main. A l’aide
d’un tube horizontal adapté à la partie in-
férieure de cette dernière et communiquant
avec un autre tube plongeant dans le mer-
cure, le gaz pouvait s'échapper lorsque le
robinet était ouvert, tandis qu’on pouvait
faire le vide dans l’appareil, cnfermant ce
robinet ainsi que celui qui était placé der-
rière le tube à réduction.
Voilà, d'une manière générale, comment
notre appareil était monté dans les trois
premières expériences; cette construction
fut légérement modifiée dans les autres.
Ainsi, pour év ter l'influence fâcheuse de
la petite quantité d’oxigène qui aurait pu
être dissoute dans l'acide sulfurique versé
successivement dansle ballon à dégagement,
nous adaptâmes, dans les cinq dernières
expériences, entre les flacons de Woulf'et le
tube à chlorure de calcium, un tube rem-
pli de cuivre bien äivisé, que l’on mainte-
pait au rouge pendant toute la durée de
l'opération. Cette précaution parait avoir
été favorable à l’exactitude des dernières
expériences.
Ensuite, dans quelques cas, on fit le vide
dans les tubes remplis d'oxide de cuivre, et
on les pesa ainsi, après les avoirmunis d’un
pelit robinet fixé à l’un des bouts et les
avoir scellés à la lampe à l’alçool. Une pesée
semblable fut faite après la réduction. Dans
les quatre premières expériences, où cette
précaution n'avait pas élé prise, nous avons
dit faire une légère correction, relative-
ment à la condensation inégale qu'éprouve
l'air atmosphtrique dans l’oxide de cuivre
et dans le. cuivre métailique très divisé.
Voici les faits sur lesquels on s’est basé dans
ces corr. ctions: -
Uu tube d’une capacité connue fut rem-
pli de cuivre grillé ou de metal obtenu
par la réduction de celui-ci; après l'avoir
pesé, on en déduisit, à l'aide de la densité
- de l’oxide (6,10)ou de celle du métal (8,94),
le volume de l'air contenu encore dans le
tube; puis l'on fit passer, pendant 12 ou
15 heures, un courant d’acide carbonique
chimiquement pur, et l’on recueillit le gaz
dans de la potasse préalablement bouillie
et placée sur du mercure également bouilli,
de sorte que la potasse absorba l'acide car-
boniqne, tandis que l'air expulsé restait
sans se dissoudre.
La moyenne de trois expériences, non
entièrement concordantes, il estvrai, donna
pour 100 pr. d oxide(cuivre grillé),5,5c.e.,
pour 100 gr, de cuivre réduit, 16,0 c. ce,
d'air condensé. On a régligé dans ces expé-
riences d'observer le thermomètre et le
baromètre, les résultats n'étant pour cela
pas assez rigoureux. Toutefois nous avons
cru devoir les employer pour notre cor-
rection, plutôt que de la négliger entière-
ment.
Dans ces expériences, l’air était main-
tenu à l’état sec, au muyen de chaux caus-
tique et de carbonate de potasse calciné,
disposé dans des capsules. Les pesées se
faisaient entre 12 et 15'; avant de les exé-
cuter, on maintenait les apparails dans fa
cage sèche, jusqn'à ce qu'ils eussent à peu
près acquis la température de la balance.
Les valeurs obtenues pour l’eau, l'oxide
394
de cuivre et le cuivre réduit, furent corri-
gées sur la pesée dans le vide, lorsque
celle-ci n'avait pas été faite sur des tubes
préalablement vidés d'air,
Après avoir décrit les appareils, nous
n'avons besoin que d’ajouter encore les ex-
plications suivantes :
Lersque le ballon destiné an dégagement
de lhydrogène eut été entièrement rempli
d’eau bouillie et que le zinc y eut été intro:
duit, ainsi qu’un peu d’acide, on y placa
un bouchon qu'on luta de telle manière
qu’une partie du liquide était obligée de
s'échapper par le tube de sûreté; puis on
mit ce ballon en communication avec les
autres appareils et l’on fit passer de l’hy-
drogène pendant quelqnes heures pour en
chasser tout l'air atmosphérique. Pour y
arriver encore plus sûrement, on ferma de
temps à autre le robinet placé entre le tube
de dégagement et le tuhe à réduction, et
l’on pompa l'air. L'appareil ayant été en-
tièrement rempli d'hydrogène, on entoura
le tube à réduction decharbonincandescent
et on le chauffa jusqu’au rouge faible, de
manière à déterminer la formation de l’eau.
On n’éleva pas trop la température, pas
même versla fin dela réduction, afin de ne
pas mettre les tubes en péril et de les em-
pêcher de se ramollir et d’adhérer. Dès que
l'opération cessa, ce qui s’effectuait dans
nos plus grandes expériences déjà au bout
de cinq ou six heures, on éloigna ies char-
bons, et on laissa refroidir l'appareil en y
faissant constamment passer de l’hydro-
gène. [’appareil étant refroidi, on en sépara
le ballon à dégagement, et l'on y fit passer
doucement de l'air atmosphérique au
moyen de la pompe adaptée à l’autre bout;
on ferma le robinet, on fit le vide dans l’ap-
pareil, on remplit de nouveau avec de l'air
sec, et l'on continua ainsi alternativement
jusqu’à ce que tout l’hydrogène fàt expulsé.
Enfin on scella la pointe du tube à réduc-
tion, et on procéda aux pesées en observant
les précautions indiquées.
Ce qui prouve que notre gaz hydrogène
était bien pur, c'est que les réactifs placés
dans les tubes laveurs n’éprouvaient aucune
altération sensible, notamment la solution
de perchlorure de mercure. Malgré cela,
le gaz, tel qu'il se développait du mélange,
possédait une légère odeur; mais il était
parfaitement inodore au sortir des appa-
reils. Enfin, pour plus de précaution en-
core, nous avons examiné avec soin l'eau
employée : elle était parfaitement pure,
surtout exempte d'acide carbonique, de
sorte que l'eau de baryte ne la troubla au-
cunement.
Nous avons fait huit expériences, dans
lesquelles nous avons obtenu environ 500
gr. d’eau.
La moyenne arithmétique de ces huit
expériences donne pour :
L’équivalent de l'hydrogène 12 520
_— de l'eau 412,520
Mais si l’on range ces expériences en
deax séries, comprenant, l'une les 4 pre-
mières, et l’autre les 4 dernières expé-
riences où les pesées de l’oxide et du cuivre
réduit ont été faites dans le vide, et qui,
en général ont été exécutées d’après une
méthode un peu modifiée, on obtient :
Pour la première moyenne 12,548
Pour {a deuxième moyenne 12,492
En calculant d’après cela, au moyen de
la méthode des plus petits carrés, l’équi-
valent le plus probable de l'hydrogène, on
obtient, pour la première strie, l'erreur
moyenne des observations étant 0,03239
395
(E°), l'errear probable étant 0,02184 (r),
avec Pincertitude probable de 0 01664 à
0,02704, et l'erreur probable de la moyenne
arithmétique=0,01092, le nombre 112,548
“O0
La série 2 donne E*, — 0,00819, r —
0,00476. L'erreur probable de la moyenne
arithmétique = 0,00238, avec une incerti-
tude probable de 0,0059 à 0,0037. Donc
l'éjuivalent de Peau — 112,499 + 0,0024.
Si nous faisons centrer dans ces calculs
les nombres obtenus par M. Dumas, ils
donnent une moyenne arithmétique de
112,515,E° = 0,038,r = 0,02078, avec une
incertitude probable de 0,0230 à 0 0186.
Donc l'équivalent de Peau — 112,515 +
0,0050.
D'après cela, ces équivalents seraient :
112,548 %°0:0109,r— 0:0218
112,492 + 0,0024, r = 0,0048
412,515 + 0,0050, r = 0,0208
L’équivalent le plus probable qui résulte
de ces nombres est 112,498, avec une in-
certitude probable de + 0,092.
Mais si l’on prend directement de tous
les nombres obtenus la véritable moyenne
arithmétique
4. 112,5485 + 4, 112,4918 + 19. 112,515
4 + 4 + 19.
on obtient 112,516 avec une erreur pro-
bable de 0,004. En calculant la composi-
tion de l’eau d’après le nombre probable
112,498, on obtient le rapport de l’oxygène
à l’hydrogène comme 8,00000 : 0,99984, et
celui de Fhydrogène à l’oxigène comme 1 :
80012,en centièmes 88,8903: 11,1097. Mais
la nature même des expériences peut occa-
sionner des erreurs que ne permettent pas
de déterminer les quantités d’cau obtenues
jusqu'aux limites de l'erreur probable de
0,002; nous whésitons done pas à ad-
meltre le rapport simple de 1 : 8 comme
le véritable, ‘en attribuant les légères dif-
férences aux erreurs cominises dans les
expériences. Cela posé, l’équivalent de l'hy-
drogène sera 12,5 et son atome 6,25.
= — JE —
SCIENCES NATURELLES,
PHYSIOLOGIE ANIMALE.
Note sur une aliératio nvermineuse du sang
d'un chien, détermince par un grand
nombre d’hematozoaire du genre Filaire:
par MM. Gruby et Delafond.
« Les physiologistes et les anatomistes
ont depuis longtemps constaté la présence
de certains entozoaires dans le liquide nour-
ricier des animaux à sang froid comme les
grenouilles et les poissons, Dans les mam-
mifères, on à même trouvé quelquefois des
vers dans le sang ; mais ces vers n’y étaient
probablement parvenus qu'après avoir per-
foré les organes oüils s'étaient développés.
1! est d’une haute importance, pour la phy-
siologie, la pathologie et l’histoire naturelle,
de démontrer, non seulement l'existence
de vers entozoaires dans le sang, mais en-
core de prouver leur circulation constante
dans ce fluide, chez les animaux qui se rap-
prochent del’homme. Or, comme lascience
ne possède encore aujourd'hui aucun exem-
ple démontrant d'une manière absolue la
circulation de vers dans le sang des mam-
mifères. On apprendra avec intérêt la dé-
couverte que nous avons faite d’entozoaires
circulant dans le sang d’un chien d'une vi-
goureuse constitution, et dans un état ap-
parent de bonne santé.
396
» Ces vers ont un diamètre de 0m",003
à 0w%,005 et une longueur de 0"",25. Le
corps est transparent et incolore. L''extré-
mité antérieure est obtuse et l'extrémité
postérieure ou caudale se termine par un
filament très mince. A la partie antérieure,
on observe un petit sillon court de 0®",005
de long , qui peut être considéré comme
une fissure buccale.
» Par tous ses caractères, cette espèce
d'hématozoaires se rattache au genre filaire.
« Le mouvement de ces animaux est très
vif. Leur vie persiste même dix jours après
que le sang a été retiré des vaisseaux et dé-
posé dans un vase placé dans une tempé-
rature de 159 centigrades. En examinant
une goutte de sang sous la lentille du mi-
croscope, ou voit ces hématozoaires nager
par un mouvement ondulatoire entre Îles
globules sanguins, se courber et se recour-
ber, se tortiller et se détortiller avec beau-
coup de vivacité.
» Pour nous assurer si ces vers existaient
dans le torrent circulatoire, nous avons
examiné le sang des artères coccygiennes;
des jugulaires externes, descapillaires de la
conjonctive, de la muqueuse buccale, de
la peau, des muscles , et partout ce liquide
nous a offert des entozoaires.
» Depuis vingt jours, nous ouvrons quo-
tidiennement les capillaires de diverses par-
ties de la peau , de la muqueuse buccale,
et toujours nous constatons la présence de
ces animaux.
» Les urines, les matières excrémentielles
n’en. contiennent point.
» Le diamètre des globules du sang du
chien est de 0"",007 à 0,008, celui de
la filaire est de 0 :",003 à 0w",005. 11 n'y
donc pasle moindre doute que ce ver puisse
circuler partout où le sang doit passer. Nous
estimons, d’après plusieurs recherches fai-
tes pour nous assurer de la quantité de sang
existant dans les vaisseaux de chiens de
taille moyenne, que le chien dont il s’agit
a 1kil.,500 de sang en circu'ation. Or, une
goutte de son sang pèse 0kil.,067 et dans
cette goutte, on constate ordinairement
quatre à cinq filaires. Ce chien aurait done
plus de 100,000 de ces vers dans tout son
sang. :
# Le nombre prodigieux de ces animaux
doit d'autant plus étonner, que le chien
paraît jouir d’une bonne santé. Cependant
nous ferons remarquer que les entozoaires
du tube digestif des chiens ; les tœnia,
même en très grand nombre, ne déran-
gent que rarement les fonctions vitales.
» Depuis un an, nous avons examiné le
sang de 70 à 80 chiens sans rencontrer la
filaire, et, à dater de sa découverte, nous
l'avons cherchée, mais en vain, dans le
sang de 15 chiens. »
TILER APEUTIQUE.
De la flamme à petites dimensions employée
contre la douleur, la débilité, la torpeur ;
par M. Louis Gondret.
Dans un de nos derniers numéros nous
avons signalé une application récente du
calorique au traitement des maladies. 1}
nous était difficile alors de porter un ju-
gement sur cette découverte, car nous ne
la cennaissions que par une courte note,
présentée à l'Académie des sciences. Depuis
cette époque, son auteur, M. Gondret, a
réuni en un petit livre le résultat de ses
recherches sur l'application médicale de la
flamme à petites dimensious. Nous pouxons
donc aujourd'hui nous faire une idée plus
k M
| fite de ces curieux travaux et quoiqu’une
#mmission de l'Académie ait été nommée
\ur les examiuer, nous nous permettrons
en dire ici quelques mots, car nous sa-
ins avec quelle promptitude procèdent les
kmmissions académiques.
Avant d'étudier l'application d’un corps,
* {soin est de se demander : Qu'est-ce que
| corps? Qr'est-ce donc que le calorique ?
lt-ce untluide élémentaire, different de
* {ectricité, ou est-ce une simple modifica-
l5n du fluide électrique? Toutes les sa-
: ntes recherches de nos physiciens ne sont
* {is encore parvenues à résoudre ces pro-
> Lndes questions. Îl faut prendre le calo-
| “que tel qu'il existe sans trop s'inquiéter
»- belles théories qui lui assignent tel ou
1 rang dans la physique ; il faut l'étudier,
ymme l’a fait M. Gondret, en étudiant ses
ropriétés par rapport à nous. Cependant
ppinion qui rapproche le calorique de
ectricité pourrait, peut-être, prendre
luelques preuves dans les résultats théra-
‘eutiques obtenus par M, Gondret. Ce mé-
ecin a vu la flamme, appliquée à petites
limensions sur la peau, produire une exci-
lition nerveuse et musculaire, analogue,
lon nous, aux effets de la pile de Volta.
ke simple fait, aperçu par un homme qui
liusieurs fois déjà a donné des preuves de
lon savoir et de son excellente observation,
ist devenu l’origine d’un application thé-
lapeutique importante. En effet, la flamme
lient d'être employée avec succès par
I. Gondret contre des douleurs rhuma-
lsmales ou gouteuses, des crampes vio-
‘entes, certaines paralysies, des engourdis-
ements, étc., etc. Les résultats de ce
avant, se rapprochent donc beaucoup de
eux qu'on obtint les premières décou-
vertes de Volta. L'on sait que plans tard
11: Mariani guérit complètement plusieurs
varalÿsies par des ‘décharges électriques
‘uccessives, très rapides. fl eut soin cepen-
lant de graduer peu à peu leur intensité
* de prolonger les effets pendant plusieurs
ours et quelque fois pendant plusieurs se-
maines. Les résultats .ournis par le calo-
‘rique et l'électricité possèdent donc une si-
aulitude parfaite. Mais un fait plus curieux
encore, c’est uue expérience de M. Goudret,
analogue sous mille rapports à celles faites
par MM. Magendie, Audral, Roulin et
Pouillet, ;
|. M. Gondret asjhyxia deux lapins par
des chocs imprimés sur l’oceiput, aban-
| donna l’un d'eux aux suites de la contu-
\sion etil mourut, tandis que Pautre fut
|promptement rétabli par la flamme diri-
) gée sur les différents points de la colonne
“vertébrale. Or les savants dont nous ve-
|nons de citer les noms ont reconnu dans
» le cours de leurs recherches que les ani-
| maux asphyxiés sont promptement rappe-
… lés à la vie dès qu’on les met entre les deux
« pôles de la pile ; ils ontmême ranimé des
: lapins asphyxiés depuis plus d’une demi-
heure. Si l’on continuait à chercher enccre
-. des analogies, on en trouverait de bien plus
- | nombreuses.
. Du reste, la découverte de M. Goudret
ne repose pas sur des faits vagueset sans im-
«| portance scientifique. Trente observations
«| recueillies avec soin ct analysées avec in-
telligence viennent témoigner des heureux
résultats du traitement par la flamme, ré-
sultats confirmés encore par des réflexions
sur l'influence thérapeutique de la gravité
et de la pression atmosphérique. — Espé-
rons que les médecins ne laisseront pas pas-
ser ces travaux sans y chercher un moyen
0 mi 2 10 Us I ON
398
de guérison contre tant de maladies si dif-
ficiles à faire disparaître. C’est en répétant
eux-mêmes les expériences de M: Gondret
qu'ils s’assureront de l'efficacité de sa mé-
thode et la perfectionneront sans cepen-
dant enlever à l’auteur la gloire de l’idée
première. E;E:
MÉDECINE LÉGALE.
Sur l’infanticide.
L'absence complète de la respiration
chez un enfant nouveau-né, n'exclut pas
la possibilité de l'infanticide. Tel est le
principe médico-légal que M. Olivier d’An-
gers établit, avec sa supériorité ordinaire,
en s'appuyant sur des faits qu’il rapporte.
Par une cause ou par une autre, la mani-
festation de la vie chez l'enfant nouveau-né
peut être suspendue plus ou moins long-
temps. Un grand nombre d’accoucheurs
sont parvenus, après une demi-heure, une
heure et plus de soins incessants et sage-
ment combinés, à opérer une véritable ré-
surrection chez un enfant qui m'avait pas
respiré, qui semblait être un cadavre, et
qui cependant était vivant. On doit con-
clure de là que le commencement de la vie
indépendante pour l’enfant ne résulte pas
nécessairement de l'établissement de la
respiration, que l'enfant peut, dans cer-
tains cas, vivre plus ou moins longtemps
sans respirer. — On comprend dès lors que
l'enfant puisse être tué dans cette courte et
première période de sa vie extra-utérine,
et qu’alors ses poumons aient tous les ca-
ractères qu'ils otfrent chez les enfants
morts-nés. À quel phénomène positif pour-
ra-t-on, dans ces cas, reconnaître que l’en-
fant a vécu avant le crime? A la coagula-
tion du sang qui ne se manifeste que pen-
dant la vie par suite, des, blessures ou des
coups violents. On peut bin, sur le ca-
davre, déterminer des echimoses ou infil-
trations de sang, mais toujours alors le
sang extravasé est liquide; sa coagulation
n’a lieu dans la profondeur des organes, ou
sous la peau, qu'autant que la blessure qui
détermine l'épanchement sanguin a été
faite pendant la vie. Dès lors, quand on
constate sur le cadavre d’un nouveau-né
des blessures plus ou moins graves avec
coagulation du sang des parties intéressées,
on peut en conclure que ces bléssures ont
été faites pendant la vie de l’enfant, quand
même l’autopsie démontrerait qu’il n’a pas
respiré ; et si ces blessures sont de nature
à entraîner la mort, on est autorisé à pen-
ser qu’elles ont empêché l'établissement de
la respiration, c’est-à-dire de la vie indé-
pendant, eet qu’ainsi il y a euinfanticide.
(Annales d'hygiène et de médecine légale.)
pee
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR.
Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en-
couragement, au nom du comité des arts mé-
caniques, sur plusieurs établissements affec-
tés à la construction des grandes machines à
vapeur et des machines locomotives,
(Quatrième article.)
Etablissement de M. Haleite.
L'établissement de M. Hallette, qui oc-
cupe près de cinq cents ouvriers, se distin-
gue particulièrement par une bonne distri-
bution des ateliers ; la fonderie, la tôlerie,
la grosse et la moyenne forge, les ateliers
d’ajustage, de tournage et de montage sont
399
convenablement divisés. Des additionsim-
portantes y ont été faites depuis deux ans,
pour les rendre propres à l'exécution des ap-
pareils de 450 chevaux et au-dessus. Nous
citerons particulièrement le grosse forge,
la tôlerie et la fonderie, qui occupent les
trois divisions d’un bâtiment d'environ 1,400
mètres de superficie construit en briques et
couvert en métal. La charpente de la toi-
ture présente une très bonne combinaison
etun emploi ingénieux du fer et de la fonte,
Un des prochains Bulletins en contiendra la
gravure et la description.
La fonderie est vaste et bien éclairée; elle
est alimentée par plusieurs cubilots d’une
capacité suffisante pour couler les pièces du
poids de 20,000 kil.; une grue en fonte très
élevée permet la manœuvre des plus grands
moules, et une machine à vapeur de 12
chevaux fait mouvoir le ventilateur, en
même lemps que les cisailles et débouchoirs
de la chaudronnerie.
La grosse forge contient deux marteaux
à cames mus par une machine à vapeur de
40 chevaux; l’un de ces marteaux pèse
7,500 Kdogrammes, et l’autre 3,200 kilo-
grammes.
La moyenne forge contient, iudépen-
damment des feux ordinaires, un marteau
de 3,200 kilog. et deux martinets inus par
une machine de 20 chevaux. Une autre ma-
chine de 30 chevaux donne le mouvement
aux ateliers de tournage et d’ajustage dans
lesquels nous avons vu huit machines à pla-
ner, vingt-six tours, sept machines à forer,
sik machines à tarauder, trois alésoirs. dont
l’un, vertical, peut aléser des cylindres de
2m,50 de diamètre, et enfiu trois machines
à buriner ou mortaiser. La force motrice
des ateliers est donc, en totalité, de 102
chevaux.
Le principal tour, dont le plateau est d’un
très grand diamètre, offre une combinaison
de support ingénieuse, qui permet de tour -
ner des surfaces coniques d’une très grande
éterdue, tout en conservant la transmission
de mouvement qui établit la communica-
tion entre l’arbre principal du tour et la
progression latérale de l'outil. Cette combi-
naison mérite une description spéciale: nous
espérons que M. Hallette nous perme:tra
d’en publier les dessins.
Nous devons faire une mention particu-
lière d'une grande machine à buriner qui
vient d’être exécutée par M. Hallette, et
qui travaille depuis quelque temps à l'ajus-
tage des grandes pièces en fer des machi-
nes de navigation. Cet important appareil
rappelle, dans ses dispositions principa'es,
la machine à buriner de M. Cavé qui
a été publiée dans le Bulletin de La Société
d'encouragement du mois de septembre der-
nier ; mais il en diffère par une combi-
naison de béti toute nouvelle, et qui donne
la facilité de soumettre à l’action de l'outil
des pièces de dimensions presque illimi-
tées; sous ce rapport, la combinaison
adoptée par M. Hallette est incontestable-
ment supérieure À celle des machines de
même espèce employées jusqu’à ce jour.
Remarquons, en passant que lacourse ver-
ticale de l'outil est variable et peut s'élever
à 90 centimètres, et que la puissance des
organes de la machine est telle, qu’une
pièce de forge, dont le poids brut excéde-
rait de 500 kilog. le poids de la même
pièce finie , serait réduite, en six journées
de travail, à ses dimensions normales, et
cela avec l'exactitude que l'outillage mé-
canique bien entendu peut seul produire.
M. Hallette ajoute en ce moment, à
l'outillage dont nous venons de donner un
400
apercu sommaire, une machine à planer
de 5 mètres de large et de 15 mètres de
course, ét un tour parallèle de grande
puissance pouvant recevoir entre ses poin-
tés -uné'pieté! dé 10 mètres de longueur, il
assure qu avec ses atéliers ainsi constitués
il pourrait htrer une machine de 450 che-
vaux chaque trimestre, sil recevait une
commande assez considérable pour que la
progression du travail püt être suivie sans
interruption.
Nous avous vu, dans l'atelier de mon-
tagne , uue de ces machines destinées aux
paquebots transailantiques , élle était pres-
que terminée au commencement d'octo:
bre , et l'exécution nous en à paruü tres re-
marquable ; deux autres machines de même
puissance sont actuellement en construc-
tion , aussi pour la marine reyale.
Les forges de cette établissement livrent
à plusieurs constructeurs de machines ct à
des compagnies de chemin de fer les pièces
de forge destinées aux machines 1otomo-
tirés, et qui offrent quelque difficulté
d'ékécution, particulièrement lé$ essieux
couëés M. Haliette s'organise poür pou-
voir prochainement consacrer une divi-
sion de ses ateliers à la fabrication spé-
ciale des locemotives, sur une tehelle qui
permettrait d'en livrer dix ou douze chaque
année. CALLA.
HORTICULTURE.
Observations sur la théorie Van ons; par
M. Loÿseleur- Deslongchamps.
Le système de Van Mons sur les moyens
de se procurer de bons fruits-deitalle n’est |
pas fondé sur l’expériencetét sur la prati-
que, c'est une idée préconcüe des les plus
jeunes ans de son’ auteur;:qu'il a cherché
par tous les moyens de vérifier et de-déve-
opper, et dont il a fait l'enfant chéri de son.
imaginaton. Van Mons n'avaitencone, sui-
vaut M. Poiteau, que 20 à 22 ans lorsqu'il
imagina C1 fixa les bases de sa théorie ; dès
lors anssi il consacra toute son existence à
en chercher des preuves.
Il Sema beaucoup de graines d'arbres
fruitiers, il en sema énormément, puisque,
de poiriers seulement, il sema plus de qua-
tre-vingt imille pepins, avec intention de
les élever et de les soigner jusqu'à ee qu'il
eût vu tous les nouveaux arbres ‘qui en
seraient provenns lui donner des fruits. Il
achetait aussi et faisait transporter dansses
propres pépinières tous les sauvageons et
les arbres francs de pied qu’il rencontrait
lors des excursions qu'il faisait dans le but
de ses recherches. Aussi nous ne craignons
as de dire que Van Mons a peut-être fait
à lui scul plus que tout ce qui avait été
fait avant lui depuis l'origine de l'horticul-
ture; car, avant qu'il parût, où ne trouve,
que je sache, rien de semblable où même
qui en approche. Je me plais donc à re-
connaitre que, sous ce rapport, la pomo-
logie luiales plus grandes obligations. Eu
effctyye'esbde son époque que nous avons
vu les bons fruits de toute sorte, et princi-
palementles poires, se multiplier dans nos
jardins d’une manière extraordinaire; et
quels que soient les reproches qi'on puisse
faire à son système, et je ne craïns pas de
lui en adresser moi-même, ce sera toujours
une Justice qu'il faudra lui reudre, et dont
j'aime à convenir, que jamais et dans au-
cun temps mul autre homme n’a fait con-
naîtie une si prande quantité de nouveaux
et de‘bons fruits que Van Mons.
401
On ne sait point'encore d'une manière
positive ce qu'il faut faire pour produire
avec certitude des fruits nouveaux et de
bonne qualité ; c’est un mystère dont Ja na-
ture garde le secret. Tout ce que l'on peut
présumer à cet égard, c’est que la bonté du
sol et les soins de la culture sant des cho-
ses indispensables pour faire naître de nou-
velles variétés ; ensuite, je crois pour mon
compte, et cela me semble plus ration-
nel, qu’il vaut beaucoup mieux semer des
graines de bons fruits déja connus, que
celles des fruits sauvages. C'est cependant
de cette deruière manière que Van Mons a
prétendu faire, et qu’il a été jusqu’à nous
dire que, en agissant ainsi, il avait arraché
son secret à la nature et trouvé le moyen
par lequel elle procréait de,bonnes espèces,
Mais, ea suivant ce procédé, c'est vouloir
se priver de tout ce que l’on a acquis de-
puis l’origine de lhorticulture, c'est re-
commencer la science ab ovo.
En prenant, au contraire, les graines des,
meilleurs fruits de nos Jardins pour les se-
mer, afin de s'en procurer de plus parfaits
encore, s'il est possible, c’est suivre la mar-
che que l’on prend tous les jours pour les
fleurs destinées à embellir nos parterres.
Aiusi nos plus habiles jardiniers sèment
de préférence les graines des plus belles va
riétés, dans l'espérance d'en voir, naître
d’autres qui les surpasseront en beauté:
C’est de cette manière que, en moins .de
quarante ans, on a perfectiouné les camel-
has et les dahlias au point surprenant où
- nous les voyons maintenant.
Lorsque ces deux genres parnrent pour
la première fois dans les collections de bo-
tanique, leurs fleurs élaient simples, d’uue
seule couleur ou de deux 1out au plus;
maintenant elles offreut, surtout dans le
dernier geure, mille nuances différentes,
les couleurs les plus riches etles plus écla-
tantes, et elles sont aussi doubles qu'il est
possible : depuis qu'on en a obtenu de si
magnifiques variélés, on a négligé les pre-
mières qui avaient d'abord élé distinguées
il y à 25. à 30 ans. Mairtepaut, ou ne sème
plus, principalement pour les dahlias, que
jes graines des varictés regardées comme
les plus bel'es; aussi, presque tout ce qu’on
obtient est-il, le plus souvent,iplus ou moins,
beau, tandis que, lors des premiers semis,
on ne trouvait que des fleurs semi-doubles,
de deux ou trois couleurs seulement, tou-
jours uniformes, et encore ces fleurs, déjà
plus parfaites que le; typés des espèces pri-
mitives, ne s’y faisaieñt-elles voir qu'assez
rarement.
Il en est de même.dans les autres genres
dont la culiure a perfectionné les fleurs,
mais dont les perfectionnements remon-
tent à une époque plus ancienne. C'est
à force de multiplier leurs semis que
les patients Hollandais et les Flamands ont
obtenu de si belleset de si nombreuses va-
riétés de tulipes, de Jacinthes, d’auricules,
d'anémones, de renoncules et d'œiliets,
qu'ils comptent aujourd'hui par milliers.
C'est chez nous que ces deux peuples indus-
trieux, habitant des pays qu’on aurait cru
devoir être 1chelles à la culture, sont renus
chercher presque tous les types de ces plan-
tes qui, aupara ant, croissaient sauvages
daus nos provinces méridionales où dans
uos montagnes alpines, et que, par lis
soins assidus qu'ils leur ont donnés, ils ont
métamorphosces en des fleurs charmantes,
douces de couleurs varices de mille nuances
différentes.
C'est aussi en semant et en ressemant les
_roses, les pélargoniums, les Chrysanthièmes]
cession de fruits toujours .amliorés, qu'il
402
les pensées, etc., que nos moderne; horti-
culteurs ont produit dans ces genres des
fleurs si belles et si magnifiques.
Quoi qu'ilen soit, Vau Mous, au lieu de
suivre les errements de ceux qui l'avaient.
précédé, a préféré semer les pepins de poi-
riers et de pommiers sauvages, ou des
noyaux de prunes de même nature et au-
tres, puis de semer les graines des arbres
qui en sont provenus, et ainsi de suite Jus-
qu'àla neuvièmegénération (voyez les Ad-
nales dela. Société royale d'horticulture,
tome x. page 264), et ce fut seulement
alors, quand, i:fut parvenu. là par une suc-
finit par en ob'enir qui, selon lui, étaient
des plus parfaits. Il est bon de.faire-:obser=
ver, d’ailleurs, que, à chaque génération;
Van Mons avait soin de ne semer-que les!
graines des meilleurs fruits qu'il avait trou-
vés jusque là; et c’est ainsi, selon lhouo-
rable M. Paiteau, qu'il a fini par en obte-
nir qui étaient tous excellentset délicieux:
- La première observation que je me per-
mettrai de faire sur ce qui précède, c’est
qu'il me semble que Van Mons a perdu de
nombreuses années pour arriver à avoir
des fruits améliorés qui lui ont:servi à faire
ses derniers semis, dont ilaenfin obtenu
ceux qu'il a vantéscomme les plusparfaits.
N'eût-il pas été beaucoup plus simple,
pour lui, d’employe: tout d'abord les grai-
nes des meilleures espèces connues de son
temps et.qu'il avait sous la main ? 3
J'ai dit qu’on devait à Van Mons beau-
coup de Lons fruits qu'il a fait connaître ;
mais encore il est permis de croire qu’den'a
dû tous les bons fruits qu'il a-trouras qu'à
la quantité énorme de semis qu'ila faitss
puisqu'elle s’est élevée à au moins 80,00
Cela, selon moi, rend beaucoup moins
étonnante la découverte des bons:fruits
qu'on Jui doit ; il faut seulement almurer
la patience et la per sévérance qu'il:a mises
dansses expériences multipliées.
J'ai semé aussi des graines de quelques
arbres fruitiers, principalement des vignes,
des poiriers, des abricotiers, des pruniers et
des pêchers, mais en nombre infiniment
moivws considérable. Les occupations de la
pratique de la médecine ne m'ont pas per-
mis de suivre les progrès de mes semis
comme je l'aurais dà faire, et je ne puis
donner à ce sujet des renseignements aussi
exacts qu'il eùt été à desirer.
Cependant j'ai obtenu deux variétés de
vignes différentes dont j'ai parlé ailleurs
(Annales de la Société d’horticulture de Pa
ris, tome xvi, p. 51 et 55), et dont les rai-
sins étaient bons à manger dès la première
récolte, qui eut lieu la huitième année du
semis.
Quant aux poiriers, d'un pepin de
Doyeuné j'ai.eu. uu, très bel arbre qui, à
l'âge de 12 ans, ayrapporté ses premiers
fruits, lesquels. étaient des peires moitié
plus petites que,leur mère, mais d’une saz
veur beaucoup plus parfumée, très mus-
quée, et d'une chair fondante délicieuse:
Malheureusement, ayant changé de jawdinstl
l'année suivante, j'ai perdu mon arbre :paim
la transplantation, el j'ai toujours regrettll
depuis de n'en avoir pas fait greffer quels
ques rameaux, afin d’en conserver l'espèce:
Je ne parle pas de plusieurs poiiersiieise-
mis dont j'attends encore les fRRit&iL »
uni
act
Dans le même jardin où.faygisrsélentn |
mon premier poiricr, j avais SeRéyleIUIE
1820 ou 1821, des abricots-pêches tlenü
quatre des mieux venant n'ont ra ppOnE pra
"
Fr
sl
D3
“quatrième année du semis, de très bons
its qui étaient tout aussi beaux que ceux
»s abricotiers dontils provenaïent,.
Six à huit pêchers, semés vers la même
koque dans le même terrain, ont aussi
uctifié la quatrième année, mais ne m'ont
oduit que des pêches médiocres et infé-
eures en qualité à celles qui leur avaient
‘inné naissance.
Enfin j'ai également semé, quelques an-
es plus tard, des prunes de différentes
ïrtes; mais, n’ayan! pas assez de place
ans mon jardin près de la capitale pour y
|
nserver les plants, je les-ai fhititransplan-
l:r à ma campagne à vingt lieues dé Paris,
ces arbres furent abandonnés presque
ms culture, ce qui n'a pas empéelié que,
wmois de séptembre dernier, j'ai trouvé
eux pruniers de Reine-Claude violette por-
wtchacunquelques fruits aussi bons ct
1551 beaux que les prunes dont ils sont
trovenus. :
\ D’aprés la reproduction des abricots-pé-
| hes et des prüniers de Reine-Claude vio-
l'tte, qui a été parfaitement identique aux
“ruits dont ils provenaient, je crois pouvoir
ranclure que ces deux espèces se reprodui-
rent de leurs noyaux dès la première géné-
ation, sans’avoir besoin d'attendre la troi-
:ème et laquatrième, comme le dit Van
llons, c’est-à-dire 12 à 16 ans. :
| Dan autre côté, les raisins, ét particu-
l'èërement les poires, s'ils ne rendent pas,
lrar leurs semis, espèce tout à fait sembla-
le à celle dont ils sont issus, peuvent aussi
lroduire de bons fruits sans qu’il soit néces-
raire d'attendre neuf générations et au
noink cipquante ans, ce qui est vraimient
ésespépanbiicar quel est l’homme, à moïns
cuib'aitimaginé une théorie, qui voudra
ratiémient se soumettre À faire Les expé-
ienceside Van Mons?
Cependant cet auteur donne sa théorie
ommelle meilleur moyen et Le plus prompt
nour remplacer par de nouvelles variétés
ien saines et portant d'excellents fruits,
"es anciennes variétés qui, selon lui, sont
aujourd’hui détériorées et ont une ten-
lance à dégénérer; mais je crois devoir
lire à ce sujet que Van Mons s’est beau-
:oup trop plu à décrier nos'anciens fruits
:t prétendre qu’ils dégénéraient. Quant à
Inoifqui suis tout près d’avoir soixante-neuf
ins, je déclare que, depuis soixante années
I{ue je me souviens d’avoir mangé despoi-
res de beurré, de crassane, etc., jai trouvé
elles que j'ai goûtées, à la fin de l’année
) lernière, tout aussi helles et tout aussi éx-
ellentes que celles que je mangeais dans
mon enfance,
|, Ce qu’on peut d'ailleurs reprocher à ce
célèbre pomologiste, c'est la trop grande
1 prédilection qu'il avait pour les fruits de sa
“ Création; ce sentiment, qui fut chez lni, si
l’on peut dire, en quelque'sorte paternel,
laveuglait à un tel point} qu'il les voyait
avec une prévention si favorable, qu'il les
exaltait bien au dessus de tous ceux qui
étaient connus avant lui. Ainsi il écrivait
à Ms Vilmorin, en 1810, que les poires de
“ beurré, de crassanne et de Doyenné ne de-
\vaient plus occuper que le troisième rang
dam l'ordre des qualités, parce qu'il avait
obtenu plusieurs autres poires qui étaient
infiniment plus excellentes et plus exquises.
11 disait encore, dans uue autre lettre à
Bosc : « J'äi obtenu par le semis une nou-
velle variétéde raisin portant des grappes
nombrèuses, à grains de la grosseur d’une
forte Reine:Claude, qui mûrit (à Bruxelles)
en‘juillet, ou, au plus tard, dans la pre-
ce
AY DÉS E Scn pro
EE
40%
mière moitié d'août, eb qui ne manque ja-
| mais de rapporter. Son suc est presque
aussi consistant et aussi sucré que le sirop
de Sérullas.» Cependant personne n’a ja-
mais pu voir ce raisin merveilleux, et l’es-
pèce en est perdue peut-être avant que d’é-
tre née. Au reste, plusieurs horticulteurs,
et en‘re autres M. Vilmorin, m'ont: assuré
que, des nombreuses variétés de poires
qu'ils avaient reçues de Van Mons, quel-
ques unes étaient bonnes, mais non supé-
rieures à celles qui, selon lui, devaient
descendre au troisièmerang ; que plusieurs
étaient médiocres, et que beaucoup d'autres
étaient assez mauvaises. :
Evfin notré honorable collègue, M. Poi-
teau avoue Jui-même que, dans les poiriers
qu'il a reçus dé Van Mons, il y en avait un
assez grand nombre qui ne répondaient en
aucune manièré aux excellentes qualités
que ce pomologiste leur attribuait.
M.Poiteau, pour ne pas nuire à ce sa-
vant, veut bien, dans cette circonstance,
ne regarder ce qu’il a trouvé de défectueux
dans les fruits 1u maître que comme un
manque d'ordre ou comme des erreurs de
son jardinier.
Je ne veux pas être plus sévère que
M. Poiteau, et j'admettrai d'autant plus fa-
cilerhent la manière dont il escuse Van
Mons, qu'il doit être presque impossible de
ne pas commettre des erreurs dans une
pépinière aussi nombreuse que la sienne ;
et que, quelle que soit ma facon de penser
sur sa théorie ou sur son système, je me
plais à reconnaître combien l’horticulture
des fruits latest redevaule ; mais, en même
temps, cela ne m'empéchera pas d'engager
tous ceux qui voudront chercher à pro-
créer de nouveaux et de bons fruits à sui-
vre une marche plus simple que la sienne,
et qui sera, je pen.e, beaucou> plus prompte.
Je suis persuadé que-si, ilya près de soi-
xante ans, M. Van Mons se fût appliqué à
ne semer que des graines de Beurré, de
Chanmontel, de Crassane, de Colmar de
Doyenné, de Saint-Germain, etc., et qu'il
en eût semé autant de pepins qu'il a fait en
prenant ceux-ci sur des sauvageons,; il eût
peat-être obtenu dix fois plus de bons
fruits qu'il en à putrouver en commencant
par seiner les graine; de poires sauvages.
J'aurais bien encore plusieurs observa-
tions à faire sur quelques unes des cinq pro-
positions sur lesqüe les repose la théorie
du pomoïogiste h:hre, mais je m’arrête ici,
ne voulant pas proloncer ceite discussion.
HD Eh Ke —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MGRALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 25 février.
M. le secrétaire donne lecture d’une let.
tre par laquelle M. Makulok remercie
l'Académie de lavoir nommé membre cor-
respondant.
M. Dupin fait un rapport verbal sur un
ouvrage de M. Félix sur le droit des gens
dans tous les pays. Parmi les mérites nom
breux que M. Dupin a énumérés, et dont
mieux que tout autre il pouvait faire sentir
limportance, il er est un qui nous a paru
surtout d’une utilité incontestable. L’exé-
cution des jugements en pays étranger est
si difficile, qu’il est peu de légistes, et à plus
forte raison peu d'hommes d'affaires-qui
sachent au juste quelles sont les formalités
à remplir pour cela. M. Félix, dans un cha-
pitre spécial, a indiqué la procédure à sui-
405
vre dans les différents Etats. Pour se faire
une idée des recherches auxquelles à dû se
livrer l’auteur, il faut ne pas oublier, qu'il
n'est point deux Etats, quelqués petits et
quelque rapprochés qu'ils soient, qui aient
dans leurs lois des formes de; procédure
tout à fait semblables.
M.., Villermé à communiqué une lettre
qui lui a été adressée au sujet des recense-
ments en Amérique. On se rappelle qu'à
une des dernières séancesil s'éleva une dis-
cussion au sein de FAcadémie à propos
d’une communication faite par 47. Ramond
de ld.Sasra, D'après le correspondant de
M. Villermé, les opératiotis du recensement
seraient faites en Amérique avec un tél
, soin et une si grande exactitude que les
chiffres qui en sont le résultat pourraient
! être considérés comme des bases certaines
pour les calculs statistiques. Cette lettre a
fourni l’occasion à MM. Rossy, Passy,
Charles Dupin et Dunoyer de renouveler
leur profession d’incrédulité, et à M. Ra-
mond de la Sagra de rappeler à l’Académie
que ses calculs, dans la communication que:
M. Mignet avait lue en son nom, portaient
non sur la population entière des Etats de
lUnion, mais sur trois classes seulement
de cette population, celle des idiots, celle
des aveugles et celle des sourds-muets, et
que le chiffre de 1 sur 14 qui avait étonné
l'Académie était relatif, non point à la po-
pulation libre de couleur prise dans son
entier, mais à celle seulement de quelques
localités.
M. Passy, sans admettre la vérité du chif-
fre fournit à M: Ramond de la Sagra par
les statistiques américaines, a présenté quel-
ques nouvelles observations: ‘Le chiffre de
1 sur 14, s’ilétaitvrat, devrait être attribué,
d'après lui, à trois causes: la première,
l'oppression moralequipèse sur leshommes
de couleur; la deuxième, le mélange des
deux sangs qui, en portant la perturbation
das l’économie, doit réagir avec force sur
l’encéphale ; la troisième, l'habitude où l’on
est dans plusieurs contrées de l'Amérique,
et notamment dans celles dont s’est occupé
M. Ramond de la Sagra, de désigner par le
nom générique d’idiots tous ceux qui ont
l'esprit un peu faible.
M. Villermé a continué la lecture de son
Mémoire sur la Bretagne. Les mœurs de
cette contrée qui a échappé jusques ici au
nivellement de la centralisation , et qui a
gardé à travers tous les changements son
caractère national, ontété décrites dans ces
derniers temps par tant de romanciers et
par tant de poètes, que l'observateur n’a
plus rien à y trouver de neuf. L’imagina-
tion, par ses peintures exagérées, a rendu
plus diffcile la tâche qui était dévolue à la
raison et à la philosophie, Aussi ue citerons-
nous de cette partie du Mémoire de M. Vil-
lermé que quelques détails qui ont rapport
à l'enseignement primaire. Encore aujour-
d'hui, et malgré les lois qui remontent à
l’Assemblée constituante, l'instruction ,
parmi le peuple, etsurtout parmi le peuple
des campagnes, est restée presque station-
naire ; les quatre cinquièmes des popula-
tions des cinq départements qui formaient
autrefois la province de Bretagne ne savent
ni lire ni écrire. Sous la République, sous
l'Empire et sous la Restauration, le nembre
des écoles primaires dansle département des
Côtes-du-Nord n'a jamais été au delà de
quinze. Elles étaient toutes dirigées par les
bedeaux et les sacristains. Depuis la loi de
1833, ce nombre s’estaugmentésansdoute,
mais cela a plus été fictivement et sur le
406
papier qu'en réalité. Aussi les Bretons sont-
Als toujours ce qu’ils étaient il y a 50 ans,
ignorants, supeñstitieux et pauvres.
Ces\détails, peut-être trop véridiques,
ontidenné naissance à une discussion à la-
quellesont:pris part MM. Lucas, Cousin et
Charles Dupin. De leurs observations ila
résulté que l’établis ement des écoles pri-
maires en Bretagne avait éprouvé de gran-
desdifficultés pendant tout letemps qu'elles
furent confiées à des laïques; que la con-
grégation des Petits-Frères, fondée par Jo-
seph de Lamenais, a pr esque seule, jusques
en 1835, répandu quelque instruétion dans
la ‘Bretagne ; qu "à cette époque, Hésfrères de
la doctrine chrétienne, soutenus par le gou-
vernementel puissammentäidés par l'Ecole
normale de Rennes, ont fait une concur-
rence d'autant plus forte aux Lamenai-
siens, qu'ils se présentaient avec des mé-
thodes empruntées aux modes d’enseigne-
ment lesmieux perfectionnés, et rehaussées
aux-yeux des populations par la pureté de
leur môrale et la saintete de leur éoStuine.
A l'heure qu'il est, les écoles dès villes ét des
grosbourgssouttoutesdirigées paflèsfrères
de la doctrine chrétienne, et cellés des cam-
pagnes par les Petits: Frères de Lamenais,
Grâce à cette concurrence, l'instruction va
croissant dans la Bretagne. Puisqu’il en est
ainsi, bations des mains. Le prog rès, de
quelque côté qu'il vienne, n’en est pas
moins un progrès. Il faut l'accepter, il faut
surtout savoir le reconnaître, sans cher-
cher à descendre dans les consciences pour
expliquer un fait réel par un mystère, Si
jh une des deux congrégalions qui se’ par ta-
gent la Bretagne a besoin; come on l’a
dit, d'être coiènue etsurvenll ésoin re-
vient tout éntiér’ ‘au gou nèment et à
l'Université L'un et Pautré Sént trop ja-
loux de leurs priviléges pour qu'une usur-
}
pation, quelque légère qu'elle fût, soit une
chose possible où même Da lp
. B. LE
GÉGGRAPHIE,
No'ice sur leYucathan, d’après les écrivarns
espagnols. (Extrait des Ann. des Voyag.)
(Premier article.)
Francisco Hernandez de Cordova, le pre-
mier Européen qui aborda dans ce pays,
en l'an 1517, lui donna le nom de Fuca-
than, par suite d’une méprise que les his-
toriens expliquent de différentes manières.
Il n'avait pas alors de nom général, étant
divisé en diverses provinces gouvernées par
des chefs iudépeudants qui portaient le ti-
tre de Calachuni; tels que ceux de Chacan,
de Cepech, de Choaca ; mais il s'était au-
trelois appelé Hayapan, et avait été gou-
verné par un seul monarque dont les vas-
saux s'étaient depuis rendus indépendants.
Lopez de Cogolludo, qui prétend avoir
écrit son histoire de Yucathan sur des mé-
moires composés en 1582 par Gaspard An:
tonio,..descendant des rois de Mayapan,
rapporte que les premiers habitants de ce
pa)s #inrent, les uns du côté de l'occident,
lesautres-.du côté de l’orient, Les pr emiers
avaientavec eux un prêtre, nommé Zamna,
qui donna un rom aux rivières, aux baies,
aux montagnes et à tous les endroits re-
mar quables du pays qui n’en avaient pas
eu jusque Îà. Quant à ceux qui arrivèrent
du côté,de l’orient, on ignore leur point de
départ ; cependant quelques auteurs ont
prétenilu qu'ils venarent de lie de Cuba.
Onne parle dans tout le Yucathan qu'une
seule langue, très ancienne et entièrement
femme. De, récitest con
Vill lagutierrez.
407
différente du mexicain. Il est possible que
les deux nations se soient confondueset que
la moins nombreuse ait adopté la langue.
de l’autre, c’est-à-dire celle des peuples < qui
étaient venus de l'accident , et qui paraïis-
sent avoir été les plus anciens et les plus
puissants, puisque ce fut leur prêtre Zam-
na qu donna un nom aux divers endroits
du pays.
Selon de cette contrée, qui por-
tait à cette époque le nom de Mayapan, fut
longtemps g gouvernée par un seul chef dont
le dernier descendant, au moment de l’ar-
rivéedes Espagnols, étaitl'atulxiuh ,Cacique
du district du même nom. Les grands vas-
saux du roi de Mayapan s'étaient soulevés
vers l’an 1520 et s'étaient rendus indépen-
dants , après avoir pris el sagcagé la caji-
tale qui portait le même nom, 270 caviron
après sa fondation. Depuis cette époque, le
descendant des anciens rois ne fut plus que
simple cacique ou calchaqui de Mani,
Herrera entre dans plus de détails. Les
habitants du Yucathan, dit cet auteur, af-
firment avoir appris de leurs ancôtres que
ce pays fut peuplé par des gens venus d’o-
rient par mer. On ÿ parle partout la même
langue, mais les habitants des côtes préten-
dent s'exprimer avec plus dé pureté. Ils.
placent le commencement de leur hi
au règne de trois frères qui habitaient en=
semble à Chy cheny tza. Ils Cfaient venus de.
l'occident et avaient réuni une population
nombreuse Ces trois frères n'étaient pas
mariés et ils vécurent d’ahord très chaste-
ment; mais l'un des trois étant venu à
mourir, les autres s’'abandonnérent à tou-
tes sortes d'excès et ma altraitèrent tellement
les habitants, que ceux -ci se, révoltèrent et
abandonnèrent {a viflé aprés les avoir mas-
sacrés. Herrera ajoute que ces peuples se
nommaient les Itzaes. Cagoliudo ra pporte
en effet, en parlant de cette nation qui ha-
bite aujourd’ hui entre Gratemala etle Yu-
cathan, qu'elle avait autrefois son élablis-
sement dans cette dernière proyince, et
qu elle Fat forcée. del abandouuer à.la suite
d’uue e querelle survenuéentre eur cacique
et nn autre chef dont, jl
Herrera ajoute, qu'à; l'époque. de cette
révolte, il Y avail dans le pays un puissant
seigneur nommé Cuculeams-tous les indi-
gènes s'accordent à dire qu? il était venu de
L occident; lesuns assurént que cë fatavant,
d’autres que ce Fa apr arrivée.des trois
frères dont il vien! d'é ait mention;
dans tous dés. à
époque. - 7.
Après la destruction 4 la ville de Chy-
chenyÿtza , Cuculcan fonda sur la côte, à
huit lieues de ses ruines, la ville de Maya-
pan, sur l'emplacement de laquelle est
aujourd'hui Merida. Il y fit construire une
muraille circulaire en pierres, qui pouvait
avoir un demi-quart de lieue de tour.
1j construisit dans cette enceinte les tem-
ples dont le principal fut nommé «après
Jui Cuculcan , et.lès maisons des seigneurs
auxquels ii Gistéibua le guurernement des
villages du pays: Cuculcan gouverna long-
temps et paisiblenient ce bays, puis il re-
tourna au Mexique d'où il ctait venu.
Après son dépit, les chefs du pays ;
voyant que tout s° Hésorganiserait s s'ils n’a-
vaient plus dé voi, oflrirent la couronne àu
chef de la tribu des Cocomes , qui était si
puissante, quelle possédait vingt-deux vil-
lages. Elle habitait sur le versant méridio-
nal des montagnes des Lacandons.
1
mais à
fat vers Ja même | …
à ce qu'il paraît, de la province de Chiapa,
avec Jes
Mexitf ue éntreténait dans les provinces vor-
‘lu. Le chef des Tutuxies s "oppos
| Den panons ce qui Jui concilia le
| moyeus cutaufs poutehareuérison des yeux,
Quelques temps après, des gens venant,
traversèrent les ns et vinrent s’é-
tablir à dix lieues de Mayapan. Au bout de
quelques années, les habitants de cette der-
nière ville les invitérent à se réunir à eux.
Les Tutuxies, c’est ainsi qu'un nommait les
nouveaux venus, y consentirent, adoptèrent
les lois et les usages de leurs hôtes, et, de-
puis cette époque , ils ne formèrent "plus
avec eux qu’une seule nation.
| Après « de longues années de paix et de
pros} lé roi de Mayapan fit alliance
es 20 ivétneurs que l'empereur du
sines de Xicalango et de Tabasco, fitentrer
des troupes : mexicaines dans sa capitale ne
s’en servit pour rendre son Pouvoir: abso=”
à cétté”
conspiration dont celui a Tutuxies “fit
cher. Ils surprirent le roi dans son palai
et le massacrèrent avec tous ses fils, à l’ex-.
ception d'un seul qui était absent, pillèrent
ses biens et se partagèrent ses terres ; ils
abandonnèrent ensuite la capitale; chaque
chef alla vivre dans son village au milieu M
de ses vassanx, et y éleva son. mple. Cet à |
état de choses aa jusqu'à l’arrivée des 4
Espagnols, ét cette destruction du centre
de civilisation explique très bien comment, 1
elle a reculé dépuis cette époque.
Cette révolte fut le signal d’un décors
universel. Les caciques , n'ayant plus ic
chef, ne tardêrent pas à se Ta fo tE E.
eux et à se faire la guerre. V. rs Ja. fin
quiuzième siècle, ils se livr 2 une sbatalle ss
dans laquelle, selon Herrera, il ne périt pas 7
moins de 150,000, homnies. Ce mob 14
qui me semble extrêmement exagéré, ESA
cependant confirmé par Gomara.”
Ce qui me oc certain, c'est que le
Mayapan, après avoir formé une puissante
monarchie , aie fut renversée par une ré-
vole, retomba davs l'anarchie et presque
dans l'état sauvage ; car il y a une diffé-
rence immense entre la BNUENGE .
avancée qui €
l'arrivée dés Ne et Li qu’ Ron
cent les ruines anciennes qui couvrent}
Pa.
Le Rédacteur en chef::,22
Le vicomte &$. DE LAVALETTE.
: auf : EAÏES DIVERS.
Dans’ là séaice du 9 février 4845, 14 Société © :
royale des antiquaires de France a adnris-au nome
bre de-ses résidents M. Gaucherol , auteur d'ure
Histoire des contes ide Foix, et M. Jules Marion,
élève pensionnaire deLEcoie des Chartes.
— Male déetcusDonlhs, inventeur de nouverux
publie
un ouvrage: {sis leur hygiène. Ce livre s'occupe eu-
cure de la. santé gemérale de l'homme. Il indique"
les moyens de. prévenir les maladies qui mesaceul ft
Phumanité. L'ouvrage de M. Goullin, que les inède ss
cius lisent avec profit, est à Ja portée des sens, du
monde. Nous croyons rendre service à nos Ieigue au
en le leur indiquant. F
ee SA
MEMOIRE sur les systèmes géographiques DES |
Grecs et des Arabes ; par M. L.-Am. . Sèdillot: _—
HISTOIRE du moyen-âge , sur un AUQUS LUE À
fait es te EE Letranc. À D
rue du Pot-de-Fer, 8. E Svente 1e
PARIS.—1HNP, DE LACOUR et NES À
rue Saint-Hyacinthe-S, Miche!
10° année.
Paris. — Jeudi, 9 Mars 1843.
RE ————
Ne 18.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
| L'ECHO DU MONDE SAVANT.
=
ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine. et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
| le M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, ruê des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
| braïres, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 (r., /6fr.,
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‘RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui. forment avec l’Echo du monde savant la revue
î encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le jourpal doit être adressé (franco) àM. C.-B, FRAYSSE, gérant-adiinistrateur.
*DMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
* CES. Séance du 6 mars 1841. — SCIENCES
+ PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la température
-intériear de l’intérieur barométrique; de Ville-
neuve. CHIMIE INORGANIQUE. Recherches sur
les poids atomiques de l'hydrogène et du calcium;
| ÆErdmapnn et Marchand. — SCIENCES NATU
'RELLES. ANATOMIE COMPAREE. Remai-
.;ques anatomiques sur Le stersum du didelphis vir-
“:giniana: Eudes Deslougchamps, — SCIENCES
:APPLIQUEES. MACHINES A VAPEUR, 5° ar-
hicle; Cala — AGRICULTURE, Industrie vi-
#@gnicole { essais d’ampelographie ; le comte Odart.
:MORTICULTURE. Modification de la taille du
l:pècher. — SCIENCES HISTORIQUES. ARr-
|: -CHEOLOGIE. Sur la distribution, la valeur et la
législation des eaux dans l'ancienne Rome; Du-
| reau de la Malle. — GEOGRAPHIE, Sur les
| cartes en relief de M. Bauerkell; par M. Jomard.
| — FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. —
ANNONCES.
|
DD ISÈEC (> — — ————
“ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 6 mars.
|
!
* Fée
‘ E’dcadémie a procédé aujourd’hui à la
“somination d’un membre dans la section
lle géométrie, en remplacement de M, Puis-
+
“ant, récemment enlevé à la science. Dans
“\a dernière séance, une liste des candidats
a été présentée, et ces candidats sont en
'première ligne ex æquo MM. Binet et Lamé;
eu seconde ligne M. Chasles; en troisième,
M. Blanchet. ele
Sar 57 votants :: : sl:
| M. Lamé a obten ï Di Noix
 M. Binet TOUTE
3
ÿ
3
;
v
f
1
1
. M. Lamé a donc été nommé membre de
11’Académie. L'Académie, en choisissant
M. Lamé, appelle dans ses rangs ünhomme
d’un haut mérite, d’un esprit pew'com-
“ mun. 1l n'est pas donné à tout le monde de
| soulever de hautes questions sciéntifiques,
fl N # É ;
. comme l’a fait M. Lamé. Cela seul prouve
que le nouvel académicien a des grandes
18%
fées etqu'il n’est pas destiné à marcher
19J1Ey 2 . ‘
| Sàns gloire dans le sentier parcouru par le
2.) DEEE : c ’
| dlgaire.Puisse ce nonveau titre d'honneur
2090 90 RAA TS) » 7
| chgourager M. Lamé dans ses études per-
| sie S ° pe vf ;
j sévérantes et lui permettre d'aborder plus
| franchement les grandes qüestions que son
| esprit a conçues. Re
M. Velpeau a lu à l’Académie des Re-
cherches sur les cavités closes de l’écouo-
Mie animale et sur le traitement chirurgi-
gal des hydropisies. L’illustre chirurgien de
la Charité, ‘dont les nomhreux travaux et
les savantes leçons ne seront pas oubliés
des Académiciens, au jour de la nomina -
‘tion dans la section de médecine et de chi-
rurgie,-a examiné sous tous les points
de vue la question qu'il a soulevée dans
son Mémoire. Ce travail important est un
heureux moyen de ne pas se faire oublier
de l’Académie et de se faire distinguer des
|
nombreux concurrents qui se présentent, | neuses, sonores et légères, dont l'origine
mais parmi lesquels nous en connaissons
beaucoup dont les titres ne seront pas longs
à discuter.
M. Amussat, qui depuis plusieurs séances
envoie à l'Académie une foule de Méiioires,
a gralifié encore aujoürd’hui la savante
assemblée de ses recherches sur la réduc-
tion des hernies étrang'ées par l’association
simultanée des forces d’un chirurgien et de
celles d’un ou de plusieurs aides. Selon
M. Amussat le taxis ofdinaire est insuff-
sant. Dans b'aucoup de cas, il faut une
force plus soutenue et‘ plus grande que
celle d’un scul opérateur, parce que les
forces du chirurgien s'épuisent prompte-
ment et que la résistance à vaincre est trop
grande. Pour agir efficacement, lors que
l’opérateur ne peut suffire, il faut s'associer
les forces d’un ou de plusieurs aides, comme
pour les luxations, les fractures, etc., afin
de prolonger et de graduer le taxis conve-
nablement et l'on aura ainsi quelques
chances de succès, Le procédé auquel
M. Amussat donne la préférence consiste,
le siége du malade étant placé sur un plan
résistant, à embrasser fa tumeur avec les
mains, à la circonscrire en l’allongeant au
lieu de l’applatir, et à comprimer sa base
perpendiculairement à l'anneau avec 2, 4
ou 6 mains en même temps. Nous admi-
rons le procédé opératoire de M: Amussat,
mais il est permis de s'étonner de cette
grande vérité qui termine son Mémoirc :
« Pour réduire méthodiquement une her-
nie étranglée et pour être en mesure de
pratiquer la chirurgie des hernies, il faut
étudier l'anatomie chirurgicale, l’anatomie
pathologique; suivre les cliniques, les pra-
tiques particülières et méditer sur ce sujet
important.» M: Amussat dévrait nous ap-
prendre aussi qué pour voir il faut avoir des
veus. Autrelois on nommait les vérités de
cette sorte, vérités de M. Lapalisse : peut-
être vont-elles changer de nom.
M. Dureau de la Malle a communiqué à
l’Académie quelques remarques sur une
brique de l'ancienne Babylone. Au pied
du Birs-Nemrod, dans l'enceinte de l’an-
cienne Babylone, on trouve un groupe de
collines qui sont formées par les débris de
constructions antiques.En fouillant la terre
onrencontre, à quelques mètres au-dessous
du sol, les constructions primitives faites
en briques crues cimentéesavec du bitume.
La plus élevée de ces collines est composée
de scories de différentes sortes. On recon-
naît au premier coup d'œil que l'édifice,
dont elle occupe la place, a été détruit par
un violent incendie. Les scories les plus
nombreuses sont des masses vitrifiées d’un
jaune verdätre. L’émail durci qui les re-
couvre indique que ces scories ont appar-
tenu aux parois verticales des murs du
palais. On trouve aussi des scories ferrugi-
n’est pas difficile à déterminer. Elles sont
en masses dont la grosseur moyenne est
égale à une tête d'homme.
Les terres de l'enceinte de Babylone sont
imprégnées de différents sels et particulié-
rement de natron. Lorsque lestribusarabes
établies dans cette contrée ont séjourné
quelques temps dans un campement, tous
les fours construits par elles sont recou-
verts à l’intérieur d’un émail semblable
aux scories des collines du Birs-Nemrod.
M. Augustin Cauchy présente à l’Acadé-
mie une note relative à l'intégration des
équations linéaires sous certaines condi-
tions, et spécialement à l'intégration de l’é-
qualion qui représente l'équilibre de tem-
pérature dans un cylindre de forme quel-
conque.
M. Alcide d'Orbigny a envoyé à l’Aca-
démie un mémoire intitulé : Quelques con-
sidérations sur la station normale compara-
tive des animäux mollusques bivalves. La
station normale des coquilles des mollus-
ques acéphales" est verticale ; les tubes en
haut , la bouche en bas chez toutes les bi-
valves symétriques, tandis qu'elle est hori-
zoutale, la bouche d’un côté et l'anus dé
l’autre chez toutes les coquilles non sy
triques. Dans le premier cas il y aura
valve droite et une valve gauche; [&
autre, une valve supérieure et une |
grande utilité dans les observations géoloS
giques relativement à l’état des mers aux
différentes époques et sur divers points
d’un bassin. doit être conservée scrupuleu-
sement dans la représentation de toutes les
coquilles ; et cette station ayant été sou-
mise à des observations nombreuses faites
par toutes les latitudes, les géologues pour-
ront s’y fier entièrement et y comparer l’é-
tat des faunes au sein des couches ter-
restres.
Le dernier mémoire de MM. Dumas,
Bussingault et Payen sur l’engraissement
des bestiaux et la formation du lait a fait
faire à M. Liebig quelques réflexions et
quelques expériences qu’il a communi-
quées aujourd’hui à l’Académie des scien-
ces. Les résultatsdu célèbre chimistede Gie-
senne s'accordent gnèreavec ceux des chi-
mistes français On sait que ces chimistes
ont sur la formation de la graisse des idées
que tout le monde savant ne partage pas.
Selon eux ,ce sont les matières cireuses
produites dans l'organisme des plantes qui
se changent dans le corps de l'animal en
acide stéarique , oléique ou margarique.
Cette idée est fort belle en théorie, mais elle
est contredite fortement par une expérience
de M. Liebig, dont les soins et l'habileté ne
sont ni contestés ni contestables. M. Liebig
a examiné les excréments d’une vache,
112
nourrie depuis longtemps de foin et de
pommes de terre, et il a trouvé que ces
excréments renfermaient à très peu de
choses près toute la matière grasse ou ci-
reuse contenue-dans leséléments La vache
qui consomme journellement 15:kilog. de
pommes de terre, 7 k. 1/2 de foin y reçoit
126 gramm. de matières-solubles dans lé-
ther; cela fait en six jours 756 gramm.
Or, les excréments ont fourni en six Jours
747 g. 56 des mêmes matières.
Mais d’après des expériences antérieures
de M. Boussingault, une vache nourrie de
pommes de terre et de foin avec la ration
indiquée, fournit en six jours 64,52:litres
de lait qui renferment 3116 gramm. de
beurre, toujours d’après l'analyse de
M. Boussiugault. FH est donc absolument
impossible que les 3116 gramm. de beurre
dans le lait de la vache puissent provenir
de 756 gramm. de matière cireuse con-
tenue dans leurs aliments, puisque les ex-
créments de la vache renfermentune quan-
tité de matière soluble dans l'éther!, égale
à celle qui a été consommée. 01
- Les faits apportés par M. Liebig étaient
trop positifs pour être réfutés, cependant
ils ont soulevé au sein de l’Académie une
discussion qui s’est terminée sans donner
gain de cause aux adversaires du chimiste
de Giesen.
La lune exerce-t-elle sur la menstrua-
tion une influence appréciable ? Telle est la
question posée par M ‘Parchappe et qu'il
réscut négativement, EE.
—— 2 PEL Gdenm——
SCIENCES PAVSIQUES.
PHYSIQUE:
Deuxième Mémoire sur la température inté-
rieure dans l'appareïl barométrique; pré-
senté par M. de Villeneuve, le 27 février
1843, à l'Académie des Sciences.
Dans ce nouveau travail , M. de Ville-
neuve a établi la formule générale à l’aide
de laquelle on peut calculer les variations
de la températureintérieure du baromètre,
au moyen de la mesure des variations du
nivau aux deux extrémités de l'appareil,
quelle que soit d’ailleurs la forme du baro-
mètre. Ce problème vient d’être résolu
pour tous les baromètres à syphon et à cu-
vette, comme il l'avait été déjà pour le ba-
roinètre Guay-Lussac. On conçoit très bien
en effet que le baromètre à cuvette se com-
porte comme un appareil à syphon dont la
branche inférieure serait beaucoup plus
large que la branche supérieure.
À une température constante, quels que
soient les changements de pression, l’aug-
mentalion du volume dans l'extrémité sa-
périeure, doit être exactement égale à la
diminution du volume de l’extrémité infé-
rieure du baromètre. D'où l’on est forcé
de conclure, que lorsque la température
varie, la différence entre la variation de la
branche supérieure et la variation de la
branche inférieure donne exactement le
changement da volume total ; or, le chan-
gement du volume total est proportionnel
à la variation de température. Donc, « La
» différence des deux variations de volume
» dans le haut et dans le bas de l'appareil,
» est proportionnelle à la variation de
» température. »
Lorsque les deux branches du baromètre
ont un rapport constant dans leur section,
celte loi se traduit en une expression algé-
#13
brique très simple, et dans ce cas, l'appré-
ciation de la température est très facile,
pourvu que Île rapport des deux sections
soit connu. Si le rapport n’était pas donné, !
une observation suflirait pour le déter-.
miner.
On voit ainsi comment M. de Villeneuve
est amené à critiquer la disposition qui,
dans le baromètrede Fortin, masque com-
plètement la variation du volume du mer-
cure de la cuvette ; tandis qu’il eût été con -
venable de chercher un moyen simpie de
mesurer cette même variation.
M. de Villeneuve arrive à une consé-
quence remarquable de la loi précédente.
Puisque la variation des nivaux inférieur
et supérieur permet de calculer la tempé-
ratuceintérieure, il faut conclure.avec l’au-
teur que « si la température de l'appareil
»est donnée, ainsi qne la variation deniveau
»d'uneseule extrémité, on peut calculer im-
»médiatement soit la variation de niveau. à
» l’autre extrémité, soit la pression totale.»
D'où il résulte qu’on peut obtenir très
exactement la pression barométrique avec
un baromètre dont on ne suit les variations
que daps une seule branche.
Ainsi, il suffit de suivre, par exemple,
les oscillations de la branche inférieure du
baromètre et de voir les températures cor-
respondantes signalées par un thermomètre
introduit dans le corps de l'instrument pour
que l'appareil barométrique soit complet.
Ces remarques conduisent M. de Ville-
neuve à un système de construction d'un
barométrographe plus exact que tous ceux
qu on a établi jusqu'à présent, et à indi-
quer des biromètres de voyage dont tout le
tube serait entièrement opaque, IL suffit
d'introduire un flotteur dans la, branche
inférieure d’un appareul barométrique cons-
truit en métal pour qu’on puisse mesu.er
toutes les variations de niveau decet'e bran-
che, sans les voir directement,
Or, les baromètres de voyage non fra-
giles et les barométrographes exacts, sont
les deux appareils qui jusqu'ici ont mauqué
au perfectionnement de la baroméirie et
des nivéllëments barométriques.…
Nous espérons aussi que ces nouvelles
données permettront d’ajouter plus d’exac-
titude aux baromètres étalons déposés dans
les observatoires, et de rendre leur vérifica-
tion plus facile et plus précise.
M. de Villeneuve a hasardé , dans la
deuxième partie de son mémoire, quelques
aperçus signales comme ingénieux sur une
question importante et. obscure , la cause
des périodes barométriques.
L'auteur explique simplement ces pério-
des dans la région équatoriale : 1° par l’ef-
fet de ’échauffement diurne et du refroi-
dissement nocturne de l'atmosphère; 2° par
la vitesse de rotation de l'atmosphère crois-
sant avec la hauteur de la partie de l’atmo-
sphère que l’ou considère. Avec ces deux
principes, M. de Villeneuve démontre qu'il
yaurait nécessairementdeuxmininum dans
la pression atmosphérique : l’un après midi,
l'autre après minuit; et deux maximum :
l’un après b heures du matin, l’autre après
6 heures du soir.
Vers la région polaire, les oscillations ba-
rométriques ne sont pas diurnes, mais elles
sont causes, suivant l’auteur :
49 Par la lougueur des deux périodes de
chaud et de froid qui assimilent l'année po-
laire au jour équatorial ;
20 Par l’affluence vers la région polaire
du courant d’air chaud et humide qui,
chassé de la zone équatoriale par les vents
A14
alisés et leurs analogues, se déverseraitvers
les poles avec une vitesse de rotation de
l’ouest à l'est.Ce courant ogcuperait la/zone
supérieure deil'atmasphère ,et serublaiert
se rapprocher,de Ja {surface vers [a région
polaire.
Pour les pays situés entre la zone glaciale
et la zone torride, les variations du baro-
mètre seraient dominées tantôt par le mou-
vement polaire, tantôt par le régime équa-
torial. :
Le courant d’air chaud supérieur cau-
serait/les grandes dépressions de notre ba-
romètrepeudant l'hiver , en-:même temps
que ces élévations de température atmg-
sphérique qui adoucissent les rigueurs des
froids.
Le voisinage des montagnes agiraitde
manière àaccroitrelesvariationsextrèmes.
Le Mémoire est terminé par des-rappro-
chements entre le magnétisme-terrestreet
les variations barométriques. 1
L'identité de direction du courant d’air
chaud que nous venons de signaler avee
celle du courant électro-magnétique du
globe, la coïncidence du minimum des
oscillations magnétiques et du minimum
des oscillations barométriques qui se ma-
nifeste en décembre dans notre hémi-
sphère. Le maximum de lintensité mra-
guétique quai s'offre dans la région polaire.
en mêmé temps que le maximum des varia-
tions annuelles du baromètre, tendraient
à faire croire que le magnétisme terrestre
et les variations barométriques tiennent.aux
mêmes causes, etque c’est dans l’électrieité
de l'atmosphère qu’il faudrait chercher le
secret du magnétisme que l’on a jusqu'ici
attribué à la partie solide de notre globe.
Il existe cependant encore bien des.diffé-
rences inexpliquées, comme l’abserre, M.-A-
rago, entre les oscillations magnétiques et
les variations. barométriques. La coiïnei-
dence, par exemple, entre le maximum des
des périodes barométriques et ie maximum
des oscillations magnétiques n’a pas lieu,
comme l’auteur l'avait admis sur la foi d'un
savant physicien.
Quoi qu'il en soit de ces dernières idées
théoriques, elles ouvrent des points de vue
nouveaux aux problèmes si délicats de ja
physique générale du globe ; et dans tous
les cas les recherches de M. de Villeneuve
offrent d'excellents moyens de plus pour
étudier avèc précision la partie de ces belles
questions qui $e rattache au baromètre. Il
est évident que le baromètre vient.de faire
un pas important.
CHIMIE INORGANIQUE.
Recherches sur les poids atomiques de l'hy-
drogène et du calcium; par MM.0b:
Erdmann et R:-F. Marchand.
Deuxième ët Uernier article.
ensii
2aob
Calcium. HE
En décomposant avec précaution le car-
bonate de chaux à l’aide de la chaleur, nous
espérions pouvoir déterminer le rapport
réel entre l'acide carbonique et la chaux;
puis, partant du poids atomique connu de
celle-ci, contrôler le poids atomique de
lacide carbonique. Cependant Ia compo-
sition de celui-ciayant été déterminée par
des exptriences exactes, nous pouvons au-
jourd'hui préciser la composition du ear-
bonate de chaux en partant du véritable
poids atomique de l'acide carbonique. et
arriver conséquemment au poids atomique
du calcium.
5
Nos premiéres analyses furent faites sur
»s échantillons de spath d'Islande très pur;
fat pulvérisé très fin et séché entre 140 et
50°::Le minéral séché et pesé fut chauffé
l1 rouge, dans un creuset de platine, pen-
sant plusieures heures, jusqu'à ce que
ois pesées consécutives ne présentassent
lus: de différence. Puis après la dernière
pesée, nous fimes de nouveau roupgir le
treuset, et nous lintroduisimes, pendant
wik était: encore rouge et après l'avoir
Fæpméavec un couvercle, dans une cage
là se: trouvait une grande quantité de
aux caustique. Après l'y avoir laissé re-
roidir,. nous le pesàämes de nouveau, ce
wi pouvait se faire assez promptement,
on poids étant déjà à peu près connu.
jette: opération fut répétée jusqu'à ce que
leux pesées consécutives s’accordassent
rarfaitement. Dans la cage de la balance
e-mèême, il:y avait deux capsules rem-
lies, lune d'acide sulfurique et l'autre de
‘phaux:
442225er. de spath d'Islande laissèrent
12,3425:grt de chaux-caustique, c'est-à-dire
:36,09-p. c.
4,51225 gr. de même minéral laissèrent
.2,5495 gr. de chaux caustique, c’est-à-dire
556,18 p. c.
| Enadoptant pour le poids atomique de
a chaux, le nombre 356,019, et pour ce-
lui: de l'acide carbonique 275, nous au-
“ions; dans la conrbinaison des deux corps,
156,42°p. c..de chaux et43,58 p. c. d’atide
"carbonique: Ces: nombres différent consi-
‘idérablement: des résultats obtenus; ceux-
rci donnent, 275 étant pris-pour l'acide car-
l'bonique, les’ valèurs 351,2 et 352,8 pour
} Ja chaux. Nous-avous dû chercher la cause
ide ces différénces; qui se répétérént dans
rplasieurs autres opérations, dans la com-
position même du minéral. Celui-ci, en
effet; n'était pas entièrement pur, même
|dans:les plus beauxéchantiHons. L'analyse
exacte d'un échantillon entièrement inco-
lore:et transparent, a dnnné les résultats
h suivants : 3
25,000 gr. féurnirent :
0,0035 gr: de‘silice.
| 0,0050 —de péroxide de fr,
0,0012 — de mänganèse, de mayriésie et peut-être
d’alcali.
Nous n’ÿ pûmes découvrir ni chlore, ni
fluor, ni acide sulfurique. 100,000 p. du
minéral contenait conséquemment :
99,961 carbonate de chaux,
0,014 silice,
0,020 peroxide de fer,
0,005 manganèse, magnésie, etc.
| 400,000
| Nous allons maintenant apporter quel-
| ques expériences dans lesquelles nous avons
! transformé eu sulfates de très beanx échan-
| tillons de spath d'Islande, quoiqu’elles
n'aient pu fournir des résultats parfaite-
. ment exacts, à cause de l'impureté de ce
spath.
| Ce minéral, séché et réduit en poudre
‘ fine, fut introduit dans un creuset de pla-
| tive, muni d’un couvercle qui fermait bien.
Dans ce creuset il s’en trouvait un autre
plus petit, et donc la tare avait été prise;
la chaux ayant été pesée, ce dernier fut
“ remplid'acide sulfurique; puis, le couvercle
ayant été bien fixé, on inclina le tout succes-
“ sirement de manière à faire écouler l’acide
| sülfurique dans le grand creuset. L’acide
coula lentement sur le spath et en expulsa
l’acide carbonique; l'excès d'acide fut
chassé par une chaleur toujours crois-
|
|
Le Sas
RC.
416
sante, et finalement très violente, et'avec
quelques fragments de carbonate d'ammo-
niaque placés dans le petit creuset, on favo-
risa cette opération.
Quatre expériences nous ont donné en
moyenne, pour 100 de carbonate, 136,05
de sulfate.
Si l'on admet 201,16 pour le poids ato-
mique du soufre et 356,01 pour celui de la
chaux, on obtient, pour la composition du
carbonate de chaux, des nombres qui peu-
vent se concilier avec les résultats précé-
dents.
Nousavons fait une troisième série d’ex-
périences sur la calcination du carbonate de
chaux, en employant, non pas du spath
naturel, mais du carbonate préparé artifi-
ciellement, au moyen de chlorure de cal-
cium chimiquement pur et cristallisé et de
carbonate d’ammoniaque. Le précipité,
lavé longtemps à l’eau bouillante, fut sé-
ché à 160-180°, jusqu’ace qu'iln’y eût plus,
de différence dans trois pesées successives.
Avant chaque pesée, nous laissâmes re-
froidir le creuset sous une cloche où se
trouvait de l’acide sulfarique.
Le creuset exactement taré et rempli
avec une ,quantité pesée de carbonate de
chaux, fut placé dans un autre creuset de
platine, muni d’un couvercle à large bord,
et ce dernier creuset dans un troisième en
terre également bien fermé. Les creusets
fatent maintenus dans un bon fourneau à
vent, à une chaleur extrêmement forte,
pendant une heure et demie à deux heures,
puis on'les en retira encore roûges, et l'on
introdüisit immédiatement lès deux: creu-
sets de platine dans la cage à chaux dont
nous avons parlé plus haüt} de sorte qu’ils
se refroidirent dans une atnrosphère sèche
et exempte d’acide carbonique. Ensuite la
chaux calcinée fut vivement'pésée.
La pesée étant faite, on rétira la chaux
du creuset; elle avait conservé la forme
du creuset et s'était assez fortement gril-
lée, de sorte que cela se’ fit‘aisément. Le
creuset fut purifié avec soin de’‘toutes les
poussières de chaux, et'taré de nouveau.
Cette’ précaution était nécessaire; car,
après chaque expérience; là tarte avait un
peu changé, de trop peu de chose, il est
vrai, pour influer les résultats d’une ma-
nière notable.
Il‘y avait dans cette méthode uve lé-
gère erreur inévitable; c’est qne, après la
calcination, il y avait toujours dans les
creusets une atmosphère d’acide carbo-
nique qui devait nécessairement être réab-
sorbée par la chaux caustique, et augmen-
ter ainsi légèrement le poids du résidu.
Toutefois, l’espace vide qui se trouvait
dans les creusets était si faible, que l’er-
reur qui en résultait ne pouvait pas être
d’un grand inconvénient. Cet espace s’éle-
vait tout au plus à { c. c. qui, à la tempé-
rature ordinaire, compreudrait environ
2 milligr. d'acide carbonique; mais comme
la température où les creusets étaient in-
troduits dans la cage à chaux était presque
encore blane, il est probable qu'il y avait à
peine un demi-milligr. dans cette atmos-
phère. On devrait plutôt supposer une er-
reur dans le sens contraire; c'est qu'il se
pourrait que l’acide carbonique, au mo-
ment de se développer, entrainât mécani-
quement un peu de substance solide et
occasionnät ainsi une certaine perte. Si
l’on enfonce trop le calcaire pulvérulent
dans le creuset, cette circonstance pour-
rait bien se présenter; cela nous est ar-
rivé une fois d’une manière fort sensible.
AT
Si l’on prend lerésultat de quatre expé-
riences, l’on trouve que le carbonate de
chaux contient 56,00 de chaux pour 100
de carbonate.
Nous n’avons pas calculé plus de déci-
males,la deuxième se trouvantdéjà hors des
limites de la pesée.
La différence que l'on observe entre ces
uombres et ceux adoptés jusqu'à présent
est trop considérable pour que nous eus-
sions pu nous contenter de ces expé-
riences.
D'après l'ancien poids atomique du
carbone et de la chaux, le carbonate de
chaux renfermait 56,292 p. c. de chaux;
l'acide carbonique étant placé égal à 275
et l’ancien poids atomique de la chaux
étant conservé, on aurait 56,43. Ces nom-
bres s'accordent avec les indications de
plusieurs chimistes, tandis qu'ils diffèrent
de certains autres.
Ainsi. :
M. Berzélius trouva 56,4p. c. de chaux.
M. Thénard 56,3 —
M: Stromeyer 96,19 —
en décomposant le carbonate de chaux par
la calcination.
Pour éviter, dans la détermination de la
décomposition du carbonate de chaux, une
erreur qui pouvait être inhérente à la mé-
thode elle-même, nous fimes enfin usage
d’un autre procédé, assez simple pour être
exécuté avec exactitude.
Au nioÿen d’une quantité d’acide pesée,
nous expulsèmes l'acide carbonique d’une
quantité pesée de carbonate calcaire.
M. Critzsche, qui a déjà employé cette mé-
thode { Annal. de Poggend., xxxviu, 304),
se servit à cet effet d’un appareil fort judi-
cieusement combiné, mais peu commode
à mabier et ne pouvant vetevoir que peu
de matière, Voici celui que nous avons
employé :
Ün tube de verre; large de 1 à 1 pouce
472:de diamètre et de 6 à 8 pouces delong,
est destiné à recëevoir le carbonate; un
bouchon convenable, recouvert dé cire à
cacheter:et percé de deux trous, ferme ce
tube après que la substance et un’ petit
verre à réactif large de 172 pouce et rem-
pli d'acide hydrolique ou sulfurique dilué
y ont été introduits. Le bouchon est tra-
versé par deux tubes, dont l’un étroit est
recourbé en dessus, en angle droit et effilé
en poiute fine; l’autre plus large renferme
du chlorure de calcium. Lorsqu’ou a déter-
miné le poids de la substance employée, et
quon a monté l'appareil de manière qu’il
ferme hermétiquement, on donne un lé-
ger coup de lime sur la pointe sans la cas-
ser, où tare l'appareil avec la substance,
on incline lé verre de façon à faire couler
lentement Vacide sur le sel, et qu'il n'y ait
pas de forte effervescence ; on répète cette
opération jusqu’à ce que le petit verre à
réactifsoit vide et que le carbonate soit en-
tièrement décomposé. On peut favoriser la
réaction à l’aide d'une douce chaleur.
Quelque temps après on fait sauter la pointe
au moyen d’un charbon rouge ;' on la
place sur la balance, on adapte au tube
ouvert au moyen d’un tube en caoutchouc,
nn autre tube rempli de fragments de chlo-
rure de calcium, et l’on fait passer de l'air
sec à travers l'appareil, à peu près dix ou
vingt fois son volume. On pèse alors l’ap-
pareil avec la pointe : la perte de poids in-
dique immédiatement la quantité de l'acide
carbonique expulsé.
Bien que le sulfate de chaux soit presque
insoluble dans l’eau, il est plus convenable
AS
d'employer de l’acide sulfurique que de l'a-
cide hydrochlorique, puisque ce dernier,
même é'endu de leaucoup d’eau se vo-
latise aisément et occasionne alors une
perte. à
I. 3,5385 gr. perdirent 1,557 gr. d'acide
carbonique = 44 p. c.
II. 3,2125 gr. perdirent 1,413 gr. d’a-
cide carbonique = 43,98.
Ces expériences donnent conséquem-
ment, pour la composition du carbonate de
chaux, sensiblement le rapport de :
56,00 chaux,
44,00 acide carbonique.
La véritable moyenne arithmétique des
deux séries d'expériences, est :
56,003 chaux,
43,997 acide carbonique.
Calculés d’après la méthode des plus pe-
tits carrés, ces rapports éprouvent à peine
quelques changements. De même, les ré-
sultats ne sont passans influence, si lon ra-
mène au vide les poids obtenus, car les den-
sités du carbonate de chaux et dela chaux
caustique diffèrent peu entre elles, puis-
qu’on n'a employé que peu de substance.
Nous avons donc sensiblement 275
pouces d'acide carbonique pour 350 de
chaux ; d’après cela, le poids atomique du
calcium est égal à 250.
DEEE —
SCIENCES NATURELLES.
ANATOMIE COMPARÉE.
Reinarques anatomiques sur (8 sternum du
Didelphis Virginiana.
La Société linéenne de Normandie vient
de publier le 7e volume de ses Mémoires. Il
contient plusieurs travaux importants, au
premier rang desquels il faut placer les re-
cherches sur les terrains secondaires du
Calvados, par M. Eudes Deslongchamps.
Nous regrettons d'autant plus de ne pou-
voir les reproduire dans leur entier, que
nous ne pensons pas qu'on puisse faire
l'analyse des Mémoires qui les renferment,
ou enciter même des extraits, sans affaiblir
l'intérêt qui s’y rattache. Pour justifier au-
tant qu'il est en nous ce que nous venons
de dire, nous allons reproduire des remar-
ques analomijues de M. de Longchamps
sur le sternum du d'delphis virginiana.
Ayant observé sur une femelle de didel-
phis virginiana que je disséquais, une con-
formation de sternumqui me parut extraor-
dinaire, j'ai dû rechercher, dans les ouvra-
ges d’anatomie comparée que je possède, si
cette conformation était connue et décrite;
je n’ai trouvé rien de satisfaisant à cet
égard. Meckel, dont l'article sternum des
mammifères (Anat. comparée, t. ILE, trad.
franc.) m'a paru fort bien fait et le plus
complet que je connaisse, cite à peine en
passant le nom de Didelphes, et n’entre à
à leur sujet dans aucun détail.
Le didelphis virginiana n’est pourtant
pas un animal rare, et a dû être souvent
disséqué. De plus, comme il n’est pas pro-
bable que le conformation que J'ai observée
soit propre au sarigue de Virginie, mais
qu’elle doit être doit être commune à d'au-
tres sarigues et peut-être à tous les didel-
phes, il est assez singulier que la conforma-
tion remarquée par moi, et qui me paraît
mériter toute l'attention, ait échappé aux
anatomistes.
Serais-je tombé sur une anomalie, sur
un Gas particulier, individuel? Cela n'est
A9
guère probable. Il est bon d’ailleurs d'ob-
server que la conformation que je vais dé-
crire veut étre examinée de près pour être
reconnue. Un défaut de précaution, en dé- :
tachant les muscles pour préparer le sque-
lette, peut aisément déformer ou détruire
ce que cette configuration a de plus essen-
üel : la dessication l’annule complètement.
C’est ainsi que je ne puis m'expliquer le si-
lence des anatomistes, si toutefois, je le ré-
pète, cette remarque n’a point été faite
dans des ouvrages que je ne possède pas.
À l'exception de la pièce antérieure du
sternum ou mänubrium, le reste de cet os
n’a rien de particulier et qui ne se retrouve
dans la plupart des sternums normaux des
mammifères et particulièrement celui des
carnassiers. Aussi je-crois inutile de décrire
cette partie du sternum du didelphis virgi-
niana.
La pièce antérieure où manubrium pré-
sente à peu près la, forme d’une croix la-
tine, dont la branche postérieure, épaisse
et plus longue que les latérales, s'articule
avec la deuxième pièce du sternum. La
branche antérieure, courbée un peu en des-
sous, peaucoup plus étroite que la posté-
rieure, fait saillie sous la région du cou et
se termine par une. portion cartilagineuse
non pénétrée de grains osseux (1).
C’est sur cette portion cartilagineuse que
s'attache l'extrémité sternale des clavicules,
mais non immédiatement. Il existe, en ef-
fet, entre cet os et l’extrémité cartilagi-
neuse du manubrium deux pièces -(une de
chaque côté ) aussi de nature cartilagi-
neuse, de forme oblongue, un peu plus
large en avant qu’en arrière, qui sert de
moyen d'union entre les clavicules et le
steruum. Cette pièce représenterait-elle le
fibro-cartilage inter-articulaire qui se voit
dans l'articulation sterno-claviculaire de
l'homme et des quadrumanes?Cela.est pos-
sible; mais ses rapports avec les pièces
osseuses qu'elle réunit sont un peu dif-
férents, et sa taille, toutes proportions
gardées, est beaucoup plus grande. Par son
extrémité postérieure, cette pièee surnumé-
raire est appliquée au côté externe du pro-
longement cartilagineux du manubrium et
lui est unie par des ligaments et une cap-
sule ; son extrémité antérieure s'applique à
la face externe de l’extrémité interne de la
clavicule qui, dans ce point, est plate et
élargie; elle est également unie à cet os
par une capsule et des fibres ligamen-
teuses.
Il résulte de cette conformation une très
grande mobilité des clavicules sur le ster-
num, un soutien peu efficace pour l’épaule
et le membre antérieur ; enfin presqu’au-
cun des avantages que ce membre peut re-
tirer de la présence des clavicules, ou plus
exactement peut-être, une nouvelle modi-
fication dans les mouvements du membre
antérieur, au moyen d’une clavicule à peine
fixée.
Lorsque les deux clavicules du sarigue
sont aussi rapprochées l’une de l’autre que
possible, les deux pièces cartilagineuses
surnuméraires sont alors appliquées l’une
contre l’autre par leur face interne; les
clavicules, dans cet état, ressemblent à la
fourchette de certains oiseaux et notam-
ment des gallinacés; les cartilages surnu-
be RULES Le
(1) L'animal dont je décris le sternum était au
moins adulte; ses os ne présentaient nulle trace
d’épiphyse, et déjà tous les cartilages sterno-cos-
taux étaient pénétrés de grains osseux , sans être
néanmoins complètement ossifiés , les grains osseux
n'étant pas encore confluents,
420
méraires simulent le pédicule de cette même
fourchette. rs
Les branches latérales du manubriuny
sont plus courtes, moins épaisses et un peu
plus larges que la branche postérieure::il
existe à leur extrémité deux facettes articu-
laires : la postérieure donne insertion a
cartilage de la première côte; l’antérieuré
donne également insertion à un autre cars
lage assez semblable à celui de la première
côte, mais dont l’extrémitéest libre ; il donne:
attache par sa.base au musele sous-elavier.
Que représente ce cartillage qui, comme
ceux des côtes, était pénétré de grains os:
seux non confluents? Faut-il le considérer
comme un vrai cartilage costal se rappore
tant à la septième vertèbre du cou ? On sait
que l’apophyse transverse de cette vertèbre
est complétée das le premier âge par'une
pièce osseuse, alors distincte, qui représente
évidemment un côte cervicale restée à l’état
rudimentaire. On saitaussi que M. Breschet
a signalé sur le manubrium du sternum de
l’homme quelque chose d’analogue à l’ap-
pendice cartilagineuse si bien développéé
sur le sarigue, et qu'il a adopté, comme
explication, la tendance organique que je
viens de rapporter. : £
Je dois faire observer que, dans le sari-
gue, l'apophyse transverse de la septième
vertèbre cervicale est petite et bien moins
développée que celle des vertèbres qui la
précèdent. Dans l'hypothèse dont nous par:
lons, le développement notable du cartilage
costal rudimentaire semblerait exiger un
développement analogue de la part de s&
côte; mais c'est ce qui n’a pas lieu.
Plus on étudie l’organisation des marsu-
piaux, plus on est convaincu que ces ani-
maux se rapprochent des vertébrés ovipa-
res ct surtout des oiseaux plus qu'aucuns
des autres marmmifères.
Ne pourrait-on pas eonsidérer le cart "
lage à extrémité libre du manubrium du sa-
rigue comme un rudiment de la clavicule-
postérieure ou coracoïdienre des ovipares.
On sait que cette deuxième clavicule (4) est
très developpée chez les monotrèmes plus
voisins encore des ovipares que les marsu-
piaux. Cette seconde hypothèse n'a pas, je:
pense, moins de valeur que la première.
Au reste, je m’empresse de quitter ce ter-
rain qui n'est pas celui ou j’aime à con-
struire. La science ne se devine ni ne s’en-
richit par des raisonnements fondés sur des.
hypothèses seules : les faits constatés doi-
vent uniquement lui servir de bases.
Mais ce qui me semble ressortir de mot
mémoire, c'est qu'il existe une lacune sur
l'anatomie comparée du sternum de l'ordre
des marsupiaux. Je m’estimerais heureux .
d’avoir attiré sur ce point de philosophie 1m
anatomique l'attention des observateurs
assez heureusement placés pour entrepreti: #\
dre convenablement ce genre de recher=
ches. -
SDK
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR,
(Cinquième article.)
Etablissement de MM. Bennett et comp. à
la Ciotat.
La navigation française à la vapeur à
pris un tel développement dans la Méditer-
+ fsigià
(4) Je n'ignore pas que cet os, dans les cas or».
dinaires, parait être plutôt une dépendance de l'o-
moplate que du sternum; et il est juste d'ajouter
que l'apophyse coracoïde qui existe sur l'emoplate-
tée, que de grands ateliers de construc-
WIM. Bennett et comp. ont fondé, en
18 , à la Ciotat près Marseille, un éta-
“sement peu connu dans le nord de la
\nce, mais qui peut prendre rang au-
rrd’hui parmi les ateliers les mieux or-
ñisés du pays; sa position sur le quai
din port capable de recevoir les plus forts
tl
frce des bâtiments à vapeur complets,
dpues et machines : nous ne pouvons pas
18 en rendre compte de visu, mais nous
Sons toute raison de considérer comme
thentiques les renseignements que nous
{ons vous communiquer.
L'établissement de la Ciotat se distingue
{ ceux dont nous vous avons entretenus
j" sa vaste étendue et par son chantier
{: constructions.
La surface du terrain employé par lu-
te pricipale, et par ses deux annexes de
hulon et de Marseille , est de 40,000 mè-
{:s carrés environ.
ILes ateliers qui la composent se divisent
asi :
Les forges ; qui comportent quarante
1x ordinaires, etune machine à vapeur.
huit chevaux employée au service d’un
lurtinet ;
ILes grandes forges avec fourneau à ré-
\rbère , et marteau mû par une machine
{:apeur de vingt chevaux ;
La chaudronnerie, avec dix feux de
lrge; fourneau à réverbère, grande ci-
lle, iachines à percer mues par une
lachine de Huit chevaux;
“ L'atelier d’ajustage, dans lequel une ima-
ine de xingt chevaux donne le mouve-
lent à un'assortirnent d'outils mécani-
les de fortes dimensions et de construc-
lin récente ;
L’atelier de montage, renfermant trois
landes grues; et assez vaste pour monter
\la fois quatre grands appareils de naviga-
|n maritime; Lmp Ass
| Une fonderie , un gazomètre , et enfin un
'emin de fer reliant tous les ateliers entre
me
ï x, pénétrant dans l’intérieur pour ame-.
|r les grandes pièces auprès des machi-
| s-outils qui doivent les travailler, et les
“induisant au port de la Ciotat , jusqu'à
lmbarcadèrc.
Une is à chariot circule sur le che-
ln de fer, pour les besoins du service.
‘En 4841 , l'établissement occupait plus
1 sept cents ouvriers, fondeurs, forge-
| ns, tôliers , ajusteurs, tourneurs, char-
|ntiers et menuisiers. Nous ignorons quel
.: le nombre des ouvriers actuellement
laployés, mais nous pouvons vous dire
1e malgré sa formation récente, et quoi-
‘ e l’année 1839 se soit presque entière-
‘ent écoulée en installation , l'établisse-
ent de la Ciotat a déjà livré des ouvrages
\:s importants :
Deux machines de cent soixante che-
“\ux pour l'administration des postes ;
Unbâtiment à vapeur complet, coque
machine, de cent quarante chevaux, le
\séricien, qui fait depuis quinze mois le
‘#ellibsc
ee RE UP NV dou
| sarigué ÿ'el ‘peu développée; mais j'ajoute,
\l'à mion sens, le point d'origine d’un os qui, quand
st arrivé à son maximum de développement, sert
| DEEE pièces, du squelette, est assez indif-
lent à fixer, en théorie, sur l’une ou sur l’autre
pieces qu'il est destiné à unir,
Le
1 de machines devenaient nécessaires
jjuebots a permis d'y joindre un chan-,
* de constructions navales, de sorte;:que.
ll ateliers de la Ciotat livrent au com-
422
service des côtes de la méditerranée, depuis
Cadix jusqu’à Gènes ;
Un bâtiment de cent vingt chevaux, le
Rubis, coque et machine, pour le port de
Tunis;
Un bateau en fer et ses machines, pour
le service du Danube.
On achève, en ce moment, deux bâti-
ments de deux cents vingt chevaux, et
leurs machines, pour l’administration des
postes. à à
|Vous le voyez, deux années d'exercice se
_sont à peine écoulées, que cet établisse-
|. ment a déjà fourni sept appareils de navi-
gation, de cent vingt à deux cent vingt
chevaux, et plusieurs navires ; ajoutons
quatre machines locomotives, dont une
pour le chemin de fer de Naples à Castel-
lamare et trois pour le chemin de Beau-
caire.
Deux ateliers annexes de l'usine de Ja
Ciotat sont situés l’un à Toulon, Pautre à
Marseille.
Celui de Toulon, mû par une machine
à vapeur de douze chevaux, a été plus spé-
cialement employé, jusqu’à présent, à la
construction oa à la réparation des grands
générateurs à vapeur ; en 1841, il livrait à
l'arsenal maritime trois générateurs de cent
| soixante chevaux.
L’annexe de Marseille, située sur une
anse, près du port, occupe une superficie
de 12,000 mètres carrés; elle contient une
grosse chaudronnerie, une forge avec mar-
tinet et un atelier d’ajustage mus par
une machine de quatorze chevaux; ces
ateliers sont combinés de manière À pou-
voir réparer les différentes parties des
grands appareils de navigation.
La force motrice employée pàr l'atelier
principal et ses deux annexes est de quatre
vingt-deux chevaux.
L'établissement de la Ciotat ‘paraît donc,
en ce moment , particulièrement constitué
pour la construction et la réparation des
bâtiments à vapeur ; son heureuse situa-
tion sur un bon port, le développement
qu'il a recu et les améliorations en voie de
construction doivent faire espérer qu'il
remplira complètement son but et qu'il
sera d’une très grande utilité pour la navi-
gation à vapeur dé la Méditerranée.
CaLLa.
rs
AGRICULTURE.
INDUSTRIE VINICOEK.
M. le comte Odart vient de publier la
première partie d’un travail d’une grande
importance économique et d’un extrême à-
propos. C’estun essais d’Ampélographie ou
description des cépages les plus estimés
dans les vignobles de l’Europe de quelque.
renem. Après avoir démontré combien il y
a de l’exagération dans l'opinion de ceux
qui attribuent au climat la propriété de
ramenertoutesles variétés vers untypelocal
qui serait le produit d’effets météorologi-
ques, sans contester toutefois les modifi-
cations que les plantes cultivées peuvent
recevoir pendant le cours de leur existence
sous l’influence de climats différents. M. le
comte Odart admet comme cause agissante
sur la valeur des produits vittioles la puis-
sance combinée de la nature propre des
cépages et du climat. Cette opinion, qui est
la plus logique, à notre avis, de toutes celles
qui ont été émises à ce sujet, est corrobo-
rée dans l’ouvrage de M. Odart, par an
grand nombre d'observations. L’examen
des variétés à maturation tardive a fait
423.
aborder à l’auteur la question du :refroi-
dissement du globe, au sujet -delaquelte il
est loin d'admettre les opinions émises par
divers sayants. Quelques curieuxique soient:
les faits à l’aide desquels il prétend.démon: ‘:
ter que la température actuelle, st'elle n’est
pus moins féconde que celle des siècles pas-
sés, n’est pas du moins plus rigoureuse,
Nous laisserens à nos lecteurs le plaisir de
les lire dans l'ouvrage, car en admettant
même que le refroidissement terrestre cone
tinuât. à réagir du centre à la circonfé-
rence, ce, refroidissement devrait, d’après
les calculs.faits, se communiquer avec une
telle lenteur, que pour le moment cette
question n’est grave que très médiocre-
ment.
Les divers modes de classification des
vignes proposée par Don Simon Roxas
Clémente, Vougok, Burger, Metzger et
Vou-Vest, n’ont pas satisfait l’auteur de
l'Ampélographie. Il s'est déterminé:'à ne *
suivre d’autre.ordre que celuides latitudes, 11°!
sous lesquelles }es cépages sont particuliè-!"!
rement conus.par leur influence surlx
qualité du vin, En les groupant, il les à
cependant réunis autant que possible en
familles. Laissant de côté les modifications
trop minutieuses pour présenter une cer-
taine fixité, il s’est appliqué à faire ressor-
ür les caractères les plus saillants tirés,
selon la natute, de chaque cépage, princi-
palement ds feuilles, soit dans les deux
premiers, soit dans les derniers mois de
leur végétation. Il a pris en grande con-
sidération le contour plus ou moins entier,
plus ou moins découpé du limbe, la pré-
sence ou l'absence du duvet. cotonneux,
ou seulement des poils sur les nervures ; la
couleur de celles-ci et celle des écorces; la
force et la direction des sarments: la struc-
ture des ceps; la forme des raisins; celle
des grains; le bourgeonnement plus ou
moins tardif, l’époque plus ou moins ha-
tive de leur maturité, caractères qui tous
étaient des éléments indispensables ponr la
nouvelle classification.
La dernière moitié du travail de M. Odart
‘n’est point encore terminée, maïs s’il nous
était permis de juger de l’ensemble par
quelques chapitres sur les cépages de la
Hongrie, de la France, de l'Espagne, de
l'Italie, du Portugal, qui terminent la pre-
mière, et surtout par les essais de culture
que fait M. Odart depuis plusieurs années,
nons dirions que l’Ampélographie doit
combler une lacune, qui, sentie par tous
les nologues, avait déjà dans les premières.
années de ce siècle attiré lattention de
Chaptal et celle de son successeur.
HORTICULTURE.
Modifications à lu taille du pêcher.
Après avoir étudié les deux Traités sur
la taille des arbres fruitiers, publiés depuis
peu par deux habiles cultivateurs de Mon-
treuil, MM. Lepère et Malot, et surtout en
visitant à Montreuil même les magnifiques
pêchers de M. Lepère, on hésite à faire une
observation, à donner un conseil à des pra-
ticiens aussi consommés. Il est cependant
dans la forme carrée de leurs arbres un
point important qui nous paraît digne de
fixer l'attention. On sait que la méthode de
MM. Lepère et Malot est un admirable per-
fectionnement de tout ce qui avait été tenté
jusqu’à ce jour. Un pêcher, façonné d'après
leur méthode, se compose de 44 membres
ou branches-mères, 7 de chaque côté, dis:
posés de manière que l'arbre présente dans
424%
son ensemble un V ouvert; mais au lien
-d'être vide au milien, et mal:garni en des
saus,.comme dans. la.taille aneienne et la
moderne de M. Dalbret, ilest rempli par
6 belles branches, dont 3 appartiennent à
chaque aile de l'arbre. Voiei comment.on
les obtient:
En plantant un pêcher ou quelque temps
après l'avoir planté, on le rabat à On,08 ou
On,10 de la greffe dans le: but de lui-faire
pousser deux branches, l’une à droite, l’au-
tre à gauche. A la fin de l'été ces deux
branches ontla forme d’un V; au printemps
suivant on les taille à On,50 de la tige,afin
de faire sortir sur chacune une branche se-
-condaire inférieure, et ainsi de suite d’an-
née en année Les 6 branches inférieures, 3
de chaque côté, une fois formées, repré-
sentent trois lignes horizontales, dont la pre -
imière est à 0M,50 du sol, la deux:ème à
Ow,50 de la première et la troisième à
Om:50 de la deuxième. C’est alors que l'on
garnit l'intérieur du V avec6 branches que:
l’on fait altcrner avec les inférieures; mais,
MM. Lepère et Malot font. naître leur pre
mière branche supérieure plus. bas que la
première inférieure, de manière que la
deuxième branche supérieure se trouve pla-
cée entre les deux inférieures. I peut ct il
doit nécessairement résulter de cette dispo-
sition un inconvéuient très grave, consistant
dans la tendance qu’a la sève à se porter de
préférence dans les voies qui lui sont verti-
calement ouvertes Or, les branches-mères:
de l’arbre affectant la forme d’un V; il en:
résulte que les branches secondaires infé-
-rieures- sont horizontales.et les supérieures
verticales. Ne doit-on pas craindre que-:ces:
dernières, qui se trouvent insérées alterua=-
tivement en avant des branches inférieures
qui eur correspondent, et quisont une.di-
reéhon beaucoup plus avantageuse, n'ab-
sorbent, aux dépens de celles-ci, un excès
de sève qui affaiblira les unes pour faire des
autres des gourmands, où l'emploi raisonné
del’ébourgeonnemcnt, du pincementiet du
palissage ne suffira plus pour rétablir J’é=
quilibre ?
Nous livrons ces réflexions au jugement
des hoinmes qui ont étudié:les lois de la:phy-
siologie végétale: Les modifications que:
nous proposons d'adopter nôus paraissent
avantageuses. Nous nous permettons cette
observation, non pas pour le plaisir de:cri-
tiquéer l’œuvre de deux-estimables praticiens
devant le talent desquels-nous nous incli-
uonss mais déja nous savons que la mise.en
pratique de leur système de taille dans les:
terres substantielles de la Normandie où les
arbres poussent avec une vigueur étonnante,
a mérité les reproches que nous lui adres-
sons aujourd’hui.
Engager les jardiniers à faire ces légères
modifications à la méthode de MM. Lepère
et Malot, c'est leur dire qu’elle est la seule
que nous considérons comme digne d'une
attention sérieuse; les deux branches supé-
rieures du pêcher carré, par leur direction
vértica'e et leur insertion sur la branche-
mere avant les deux inférieures correspon-
dantes, menacent l'existence de ces deux
branches. Par la méthode que nous propo-
sons d'adopter comme étant mieux en rap-
portavec ce que nous connaissons sur la cir-
culation de la sève dans les plantes, les deux
premières branches inférieures sont insérées
avant les supérieures; elles auront donc sur
celles ci un avantage qui compensera celui
de la direction verticale qu'on ne peut leur
donner. Vict. Paquer.
(Journal d'agriculture pratique.)
425
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGI
Sür la distribution, l& valeur et la législa-
Lion des eaux dans l'ancienne Rome; par
M. Dureau de la Malle.
Les aquédues, bien que leur.construc-
tion fût assez coûteuse, étaient néanmoius
une dépense productive. Ceux de la capi-
tale de l'empire subsistent eacore en par-
tie, et leurs débris, leurs arcades, qui rayon-
nent dans tous les sens à travers la cam-
pagne de: Rome, frappent d'étonnement
par leur nombre et lenr hauteur, Mais
l'eau qu'ils amenaicnt,à Rome était.chère-
ment vendue à ses riches.et. voluptueux
habitants; oa l'a frappa d'un impôt nommé
vecligal ex aquæductibus,:on bien vectigal
formæ. Les maisons des particuliers, ,eE
même les bains publics, payaient à PÉtat,
dit Vitrave (VIIT, vr, 3, édition Schnei-
der), une redevance annuelle pour l'usage
de l’eau...
Les seuls jardins et.les villas placés près
des conduits, des châteaux d’eau, des bas-
sins et des: fontaines, payaient au trésor
250,000 sesterces (67,500 francs). Celui qui
prenait plus d’eau qu'il ne lui en avait été
concédé, payait une amende d’une livre
d’or pour la valeur en eau d'une obole.
Le chiffre total de la dépense et de la
recette des conduites d'eau nous manque.
(On pouræait le déduire sinousavions le prix
du:pouce d’eau et la dimension moyenne
des conduits. On voit seulement.que pour
les villeset l'administration centrale, c'était
un produit plutôtqu’une dépense. Le grand
nombre d'aquéducs:semés autour de Rome
me ferait croire que, de même que l’indu-
‘strie-prinée a construit plusieurs ponts au-
tour de Paris, de même plusieurs dériva-
tions d'eau furent opérées à. Rome par des
spéculations particulières. J'en trouve la
preuve dans: une ancienne : inscription
d'Eporacum donnée. par Robert Keuchen,
‘où l’on voit un certain Sertorius amener à
ses frais, dans sa..ville, l'eau de plusieurs
Isourees-réunies dans des conduits : Q. Ser-
{orius... honorem noménis-sui et cohort. fort.
Lborensum munie. vet. emer. virtutis ergo
don. don. celiiberico deq. manubis in pu-
blic. munic. ejus utilitatem urb. mænivit
Leoque aqua diverseis in.duct. unum col-
lectis fontib. perducendumcurav.
Quantité d'eau apportée à Rome par les
aquéducs. Revenu de: la vente de l'eau. —
La longueur réunie de tous les conduits
“qui apportaient de l’eau à Rome était de
107 lieues de 4000 mètres, ou de 428000
mètres, dont 32000 en arcades. La masse
puisée aux sources était de 24500 quinaïres.
Pour se faire une idée de celte quantité
d’eau, il faut essayer de déterminer le dia-
mètre du quinaire. Deux passages, l’un de
Vitruve, l'autre de Pline l'Ancien, nous
apprennent que le tuyau appelé quinaire
était formé d’une lame de plomb, laquel'e,
avant d'être roulée sur elle-même pour for-
mer un tuyau, avait une largeur de cinq
doigts. Ces deux passages, indiquant seule-
ment la circonférence du quinaire, ne
peuvent servir à en déterminer le diamètre
avec précision. En effet, d’un côté le eal-
cul ne peut fixer d’une manière rigoureuse
le rapport du diamètre à la circonférence;
de l'autre, Vitruve et Pline ne nous donnent
même pas la circonférence exacte du qui-
naire : Car, comme l'a remarqué judicieu-
sement Frontin, en roulant sur elle-même
la lame de plomb destinée à former le
tuyaw, ilifant, pour qu'on:la puisse souélenÿ
qu'un des’bords de la lame enrouléé s'as
vauce de quelques lignes :at-dessus des
l'autre bord; en sorte que la ‘circonféz
rence intérieure, et par conséquent Pot
rifice du tuyau, seront moindres queMat
largeur qu'avait la lame ‘avant d’étre-en®
roulée:
Mais.les passages de Vitruve etde:Pline.
ont au moins lavantage de nousapprendré:
quen'aucun cas, le diamètre du-quinaires
ne devait dépasser celui d’unecireonférencet
deiginq-doigts, c’est-r-dite un doigt.173, Le!
diamètre indiqué par Krontin n’atteint pas:
cette dimension. «Hl:est trés probable, dit.
il, que le-quinaire tire:son nom de son-diat
mètre, lequelest-de cinq quarts-de doigts
Et ailleurs : « Le diamètre du-tuyan-quiss
naire est un doigtet un quart. »: JT
Le doigt romain étant égal à 19 milli-
mètres, un. doigt et un quart correspons
dent à 23 :millimètres 344, soit :24-millis
mètres. Etcomme le pouce français équivaut
à 27 millimètres, les. 24500 quinairestre
24\> [813
présentent 24500 X G) ow 245000 é s',
2e ;
ou.enfin 19358 pouces d’eau que fournis-
saient ensemble tous les aquéducs dissémi
nés autour, de Rome, Mais: comme:il se
distribuait hors de la ville auxparticuliers
1063 quipaires.ou: 3210 pouces, et que,-del
plus, une grande partie était frauduleuse
ment détournée dans le parcours des eaux!
depuis leur, source: jusqu'aux murs de la:
cité, il n'arrivait à Rome que 14018 qui
aires, ou.:11073 pouces d’eau. Sur ce!
nombre, 555 { quinaires, on. 4388; pouces;
étaient distribués aux propriétairesilerestes
était destiné aux usages publics: Ainsi, das
quantité d’eau:vendue par l'État, soit dans
Rome soit au dehors, était seulement-dét
9617 quinaires,-ou 73598 pouces. +,
Cetie quantité d'eau, jointe à-eelle qui:
était concédée pour les usages publicsfar-
mait, d’après des registres de l’administra-
tion, un total de.12755 quinaires,.ou 10078
pouces. Mais la dépense réelle. montaïit}
ainsi que nous l'avons dit, à. 14018 qui-
naires; ou.41073. pouces..Il y avait donc
encore {263 quinaires, ou 997 pouces d'eau.
qui étaient frauduleusement détonrnésdans.
la ville même;.et ne rapportaient-rien aus
trésor. 3E
La distinclien faite:sans cesse par: Fren+
lin, entre les castella publica.et:les-castelaw
privata, entre les eaux distribuées-7omne.
Cæsaris, et dont le revenu entrait danse"
fisc impérial, et celles qu’on concédait auxk
particuliers moyennant ane redevaneeafis
fectée au trésor de l’État, æranie publieaÿ*
le rescrit de Nerva, qui défend même d'u-
ser sans sa permission de l’eau qui se perd
caducam; les lois, les sénatus-consultes, les
édits des empereurs, portant des amendes
énormes (1 livre d’or pour Î once d’eau),
décrètent les peines les plus sévères contre!
ceux qui fraudaient, détournaient, usur=
paient l'eau des conduits et des réservoirs,
prouvent assez, ce me semble, que læ verte
de l’eau était un revenu annuel pouril'Eaf4
et pour l'empereur. + «SUD
Le texte positif du consul Frontin. aires
tor aquarum, en chef des travaux %hyd
liques, le montre évidemment, eL’eau-qu®
déborde de la fontaine, que-nous appelons
caduque, était, dit-il, destinée àlliusage des
bains et des blanchisseriess ful/onir4ramen
C'était un impôt annuel et fixespagé au
trésor. Il en était de mêmerpotr lelut
cédée aux particuliers; par là, dit-il, era
aqua quam privati ducunt ad usum pu-
Brum pertinet. Les concessions d’eau faites
Mitre gratuit ou à litre ontreux ,. n’é-
tint plus que viagères sous lesempereurs,
dime pour les bains publies ; sous la ré-
alique,. elles avaient élé perpétuelles
ar. ces.sortes de bains. De plus; le pro-
it:de la confiscation ‘des-terres.sur-les-
alles les eaux avaient été frauduleuse-
nt détournées, le prix des amendes de
) mille sesterces (26000 fr.), pronou-
ïs, en 743, par la loi du cousul'FiiQuine-
s Crispinus, contre chacun deceux'qui
ournent lea, percent, altèrent::les
lhduits, les réservoirs, les: aquéduds ,
udent en élargissant le module concédé,
{ enbâtissant à moins de quinze pieds de
ésconstructiens ; ces: revenus, dis-je, en-
tient dans l'ærurium.'kes coutraventions
tient jugées sansappel par les curatores
tuarwm.-Un édit d'Auguste fixa les règles
n leemode d'administration de la distribu-
badeseaux. Un sénatus-conswlte équitable
{ même genre, et empreint du vieux res-
pl pour la propriété fonciere, stipule que
prix des matériaux, terre glaise, pierres,
ques, sable, bois nécessaires pour la ré-
\tion-desaquéducs, sera payé aux pro-
Létuires riverains à dire d'experts; ils
\raient seulement livrer le passage.
On voit doncqu'il s'agissait 1, ‘pour
ume-seule, d’un reveru assez important:
peut en juger approximativement par
| rente annuelle de 250,000 sesterces
|!,500 fr.) que payaient les jardins et les
junts d'oliviers situés autour des conduits,
k châteaux d’eau et des fontaines. À coup
lelesplants d'oliviers et les jardins situés
Iinsredtteæ"hbairde resserrée n’absorbaient
|skparileuvihérigation , le vingtième des
dé dmindires Iconvédés aux particuliers.
lysémaitdionc au moins 1244000 fr. que
pportait x vente des eaux à Rome où
Imsdesenvirons. Le passage suivant in-
l'jueque le revenu des concessions faites
| ilempereur suffisait pour tout le plomb
| toutes les dépenses nécessaires à l’entre-
n des conduits, des châteaux d’eau et des
lntaines : Cæsaris farnilia erfisco accipit
|\mmoda; unde et omne piumiburn ét onines
\pensæ ad ductus et castella'ètlacus por
lentes erogantur. HDHET 659 117]
l Ceïqui peut faire juger de la gravité et
| l'importance de cet impôt, c’est la quan"
‘au frauduleusement détournée, ét que.
lontin fit rentrer dan; le domaine publié:
1'es'élevait à 10000 quinaires sûr 245000
1888 pouces sur 21777). Je renvoie x
l'ontin pour le détail des fourberies ingé-
uses employées alors pour détourner les
ux et frauder le trésor.
GÉOGRAPHIE. 0! 22! ‘
ctrait d'un rapport fait p : M. Jomard
\sur lescartes enreliefdeMM.Bauerkeller
:et comp. : NS
D NP CS
ï HN
“ A mesure que les études géologiques ont
\hdesprogrès, on a reconnu de plus en
-.astlimportance de la géographie phy-
“\\ue, et l’on a surtout senti le besoin de se
ledae compte des formes extérieures du
…bbe; de l'exposition et de la pente des
J'rains,'de tous les accidents qui déter-
s\ineutile cours des eaux et qui, par con-
wentzinflüent sur Ja végétation et sur
l'ericulture)\én un mot du relief du sol.
»|C'eskopout ee motif que l'on a essayé
“| puissdong-temps de rendre le relief du
lxäin, par un véritable relief. Ces essais
gr mad:
428
ont été faits principalement en Suisse et
antérieurement.en: Espagne ; mais l’un des
premiers qui aient réussi à ce genre de
travail est.un ingénieur francais de la ma-
sit plusieurs eartes de ce genre, en em-
ployant diverses matières, divers procédés;
il représenta des contrées, ides parties du
monde, comme l’Europe entière, avec la
courbure du globe; des:parties maritimes
comme le globe du Mexique avec le relief
sous-marin.
Il m'est aucun voyageur, visitant la
Suisse, qui n’ait vu avec intérêt, à Lucerne,
à Berne, Zurich, Neuchâtel, Genève, etc..
les cartes de MM: Pfvffer, Mulier, Gaudin
et autres, représéntant le pays, les glaciers,
les montagnes les plus connues. Tous ces
ouvrages out coûté ‘un temps iofini, une
grande dépense; ils sont d’un trausport dif-
ficile et ne peuvent servir qu’à un petit
nombre d'individus, or c’est un tout autre
but, c’est l'instruction générale qu’on doit
se proposer ; l'Allemagne, qui est à la tête
des études géographiques, a marché dans
celte voie.
Vers 1828, M. Kummer de Berlin, di-
rigé par le savant docteur Ritter, a exécuté
par des moyens nouveaux une série de
cartes-relief réunissant les deux conditions
essentielles; l’une, d'être exécutées très
soisneusement ; l’autre, de pouvoir être
répandues dans les écoles et partout, Les
procédés n’ont pas éte publiés : quels sont
les moyens mécaniques employés? on
l'ignore; on sait seulement que la matière
est la pâte de papier mâché, mais il paraît
évident que les moyens de multiplication
doivent être simples, sûrs et économiques,
puisqu'on met les produits daus lé com-
merce au cinquième prix que coûteraient
les reliefs suisses.
A Drésde, à Heilbronn et Tübingen dans
le Wurtembers, MM.Schuster et Carl Rath
fabriquent beaucoup de cartes en relief,
Francfort surtout en produit d'excellentes:
de grands travaux sont faits, de plus grands
se préparent; une société se fermé à Frauc-
fort pour faire exécuter un grand relief de
l'Allemagne; 32,000 francs y seront con-
sacrés par les socictairés ; les deux échelles
sont 1 : 300,900 et À : 50,000. Un autre
géographe, M. Etbe, publie à Stutigard
un relief de la Palestine ét un de l’Europe,
itrès estimés. Il existe * Francfort une carte
ide la Suisse qi à 5 ‘mètres de côté: c’est
june des plus grandes qui étistent. À Ge-
nève, M, Séné a exécuté uné carte du Sim-
plon en bois, d'environ 3 mètres de côté,
qu'on peut regarder comme un chef-
d'œuvre en ce genre, pour l'exactitude et
la précision des mesures, la vérité des
formes, la beauté du travail; cette pièce est
en France.
L’Angleterre a produit plusieurs de ces
cartes dans les derniers temps ; il en existe
une remarquable, celle de la forêt de Dean,
pays des mines; l’auteur a eu l’idée de sé-
parer toutes les couches géologiques : elles
sont mobiles; en les enlevant l’une après
lPautre, on arrive au terrain primitif.
Depuis quelquesannées, cetart a fait des
progrès ; 1l a pénétré, ou plutôt, comme
quelques autres inventions, il est revenu
en France. Un des premiers quiaient essayé
d'introduire les cartes-relief dans l’ensei-
gnement est M. Sanis; il a pris pour point
de départ les cartes de M. Kummer réunies
à la bibliothèque royale de Paris depuis
1830; il ne les a pas dépassées ni atteintes,
mais son zèle mérite d’être encouragé,
rine, feu Lartigue. Vers 1780, il:construi- :
139
Personne n’ignore combien serait per
sensible la hauteur des montagnes de la
terre, si on essayait de les représenter sur
un globe. à la mênie échelle que les dimen-
sions horizontales : par exemple, les petites
rugosités d’une orange ont plus de saillie
que n’en ont, par rapport à son rayon, les
montagnes les plus élevées de la terre, les
Cordilières et l'Himalaya. À une échelle
même beaucoup plus grande, les inégalités
pe seraient pas assez sensibles si l’on n’a-.
doptaii pas une certaine proportion con-
venue et varrable suivant l'étendue du su-
jer. La troisième coordonnée, l'altitude,
doit donc avéir pour échelle une fraction
plus grande que celle qui exprime les deux
autres. Le rapport de deux fractions étant
connu (s’ila été partout fidélen:ent observé),
il “en résulte aucune erreur proprement
dite. D’ailleurs, toutes les hauteurs étant
affectées des mêmes coefficients, leur diffé-
rence relative se trouve exactement expri-
mée; quant aux pentes qui se trouvent par
là exagérées.'il est facile de les rectifier à Ja
premitre vue. Au reste, la différence des
échelles doit diminuer en même temps que
l'étendue à représenter, et même on peut
la reduire à zéro dans certains cas, quand
on dispose d'un local suffisant; ainsi le
principe de l’utilité ne saurait souffrir de
l’objection.
Je passe aux divers procédés employés par
les constructeurs de cartesen relief. Toutes
sortes de matières ont été employés : la
cire, l'argile, la pâte de papier, le bois, le
carton, le plâtre. En général, les auteurs
ont plutôt lravaillé en artistes qu’en géo-
graphes, et ils né $e sont pas assez préoc-
cupés de la prémièré condition de toutes,
l'exactitude géométrique. S'il importe de
mettre sous les yeux les hauteurs relatives
vraies, on doit rejeter sévèrement toutes
les formes arbitraires qui nauraient d’au-
tre but que offrir un aspect agréable à
la vue. Les cartes les plus exactes de toutes
sont peut-être celles qui ont été faites pour
le comité de Mayo, puis la carte du Mont-
Blanc par M. Kummer, la carte du Rhein-
Jand en trente sections par M. Ravensteine.
Les auteurs ont pris la peiue, ou de mesu-
rer eux-mêmes les hauteurs par les pro-
cédés géodésiques, le baromètre, etc., où
bien de relever ces hauteurs dans les ou-
vrages spéciaux; puis ils ont établi ces me-
sures sur le cadre de la projection et y
ont assujetti la matière plastique, en don-
nant les formes de détail avec l’ébauchoir;
d’après les meilleures études topographi-
ques, à peu près comme ferait un sculp-
teur d’après de bons dessins, en travaillant
sur l’argile.
Plusieurs autres opérations sont néces-
saires; il faut exprimer les différentes na-
tures de superficie, les eaux, les forêts,
les cultures. Un autre objet important est
la nomenclaturs, difficile même, à cause de
l’espace qu’elle exige et de la position des
surfaces où on doit l'inscrire. Aucune carte
en relief ne l'emporte pour la perfection des’
écriture sur celles de Berlin; mais, comme
elle sont écrites à la main, elles ne remplis-
sent pas la condition économiques ; ici sur-
tout on doit s'attacher de préférence aux
moyens mécaniques pour la multiplication
des produits; car la cause qui à, depuis
soixante ans, retardé la propagation de ces
utiles cartes est leur rareté, leur excessive
et inévitable cherté.
Il était temps qu'on découvrit un nou-
veau mode d'exécution; c’est à quoi est
_ parvenu un artiste laborieux, intellizent,
430
AM. Bauerkeller. I} a trouvé le moyen d'ap-
pliquer le même procédé mécanique à la
reproduction des cartes en relief, et il a
également employé le secours de la pres.e
typographique pour les écritures des cartes,
en ce Sens qu'il se sert de cartes planes
imprimées. Ainsi les formes du terrain et
la nomenclature s'obtiennent également
par la presse; le reste est facile à faire par
les moyens ordinaires. Parles moyens qu'a
imaginés M. Bauerkeller, on se procure
des pièces très solides, tandis que les cartes
connues jusqu’à présent ont plus ou moins
de fragilité. x. 8
M. Bauerkeller a consulté les plus sa-
vants ouvrages d’orog raphie et de géo-
désie, publiés en France et en Allemagne,
avant de construire ses cartes-relif; après
S être fait un tableau exact des a/titudes des
points culminants pour régler l'échelle ver-
ticale, il a fait le même travail pour les
sommités du secondordre et pour les points
inférieurs, et il a rempli les intervalles,
tracé les grandes vallées, les vallons et les
affluents, d'après les meilleurs ouvrages de
topographie. Un instrument divisé, portant
une vis de pression et construit ad hoc, lui
sert pour vérifier toutesses hauteurs. Le co-
loriage est soigné et représente bien les eaux
et les différentes natures du sol. Quant à la
lisibilité des mots, elle ne laisse rien à dé-
sirer, puisqu'ils sortent de la presse; l'opé-
ration du gaufrage n'ôte rien au texte de sa
pureté; la carte imprimée qui est la base
du relief, est coloriée, savoir : les eaux en
bleu, les forêtsen vert, les villes et les rou-
tes en rouge.
Il paraît en cemoment, chez MM. Bauer-
keller, 1° la ‘carte de- Mont-Blanc; 46 cent.
sur 34; échelle, 1 : 400,000; prix 12 fr.,
toute cartonnée et vernissée. (Le Mont-
Blanc de Kummer se vend 60 à 70 fr.)
2° Le relief de la Suisse, 68 ceut. sur 51;
prix, 25 fr. et 20 fr.
3° Le relief de l'Europe cartonné et
verni, 67 cent. sur 55: échelle 1 :7,500,000;
prix, 45 fr. et 12 fr. Cette carte est à peine
terminée, elle est de nature, à cause de
son importance, à S’améliorer de plus en
plus, elle demanderait seulement une
échelle plus grande.
4s La carte du cours du Rhin, modelée
par M. Ravenstein, à Francfort, en deux
sections; échelle, 4 : 60,000, etc.
À chacune est jointe une carte plane.
REVUE
SCIENTIFIQUE ET INDUSTRIELLE
OU TRAVAUX DES
431
M. Bauerkeller prépare une carte de la
France et de la Belgique, qui dépassera
toutes les autres par les soins minutieux
qu'il a pris pour la construction exacte et
pour toutes les parties de l’exécution; il
consulte les sources les plus estimées et les
hommes les plus instruits.
Nous terminerons ce rapport par une
remaque. Des cartes en relief de la France
ont été exécutées à l'étranger, en Prusse et
et ailleurs; les matériaux en ont été em-
prantés à nos établissements publics pen-
dant l'occupation ; peut-être a-t-on eu pour |
but de faire: connaître les points vulné-
rables de notre territoire; on sait que,
dans certaines écoles d'AHemagne, on a
donné pour problèmes les mesures straté-
giques tendant à assürér, à une armée
étrangère, la possession de Ja capitale. On
se demande comment il se fait que la
France, intéressée à connaître les accidents
du sol sur tous les points et seule en me-
sure de bien connaître tous les éléments
d’un pareil travail, n’ait pas fait encore
exécuter une carte-relief sur une très
grande échelle, avec toute la précision qui
appartientaux opérations géodésiques et to-
pographiques de nos ingénieurs, en y ajou-
tant tous les documents et tous les maté-
riaux géologiques recueillis parle corps
royal de mines. Il suffit de cette simple
indication pour comprendre quel parti l’on
pourrait tirer d'un tel ouvrage dans l'inté-
rêt du tracé des canaux, des projets de
voies ferrées, et, pour l’avevir, de toutes
les lignes de communication; n’ont pas que
les ingénieurs aient besoin de ce genre de
cartes, mais pour l'instruction et l’usage de
ceux qui jugent leurs projets et qui ont la
mission et le pouvoir de les adopter ou d
les rejeter. :
3 Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,
FAITS DIVERS...
— Dans le cours de langiies malaye ét javanaise,
et des idiomes ‘océaniens Côngéñères, que M. Diu=
laurier fait ‘à la Bibliothëquerroyale, par autorisa-
tion de M. le ministre de: d'instruction publique,
plusieurs lecons seront consacrées cette année à
l'exposé des notions que nous.possédons sur le dia:
lecte des Marquises , à l'histoire et à la géographie
de ceï archipel, destiné à devenir un jour l’ane des
stations commerciales les plus importantes du globe,
PGätherine, 4 à Lyon.
1
Ce
— M. de Visiani, professeur de bottanique et di=
recteur du jardin de Padoue, a fait imprimer, eW
1842, le catalogue des graines de plantes rares réu=
n'es dans ce jardin, et qu'il offre en échange contre
d’autres semences ou plantes qui ne sont pas dans
le jardin. Ces plantes sont au nombre d'environ
1,800 espèces , parmi lesquelles un certain nombre
manque à l'Ecole du Muséum d'histoire naturelle de
Paris, qui, à son Lour, en possède beaucoup d’autres
qui ne sont pas sur le catalogue du jardin de Padoue
Toutes ces graines appartiennent à des plantes bo=
taniques ; Il y en a peu qui conviennent au com
merce de l’horticulture.
12 Le.congrès scientifique de France tiendra sa
onzième session à Angers (Maine-et-Loire), le 1eT sep-
tembre 1843, d'apres la délibération prise en oc-
tobre dernier à Strasbourg; les secrétaires généraux
s’empressent d'en donner avis aux sociétés qui s’oc-
cupent de scicnces, d’agriculture-et d'arts, afin.que
toütes/les spécialilés y soient représentées.et puis-
sent concourir à éclairer et résoudre Jes problêmes
et questions qui seront traités au .Congrèss
— Un journal publie les observations suivantes
de l’astronome Hauff, de Berlin, et qui: méritent de
fixer l'attention des hommes spéciaux: @ Il se pré-
pare quelque changement extraordinaire dans Île
système solaire. If est évident qu'il sopère un
changement dans l'inclinaison de l'axe de [a terre,
l'équateur tendant, plus qu'on ne l'avait jamais re-
marqué, à une coïncidence avec l’écliptique. Depuis
léquiuoxe d'automne, Pobliquité,-dans la marche de
la terre, a -subitement diminué; et:s'il n'intervient
aucune;influence compensatrice, sil. y; aura. bientôt
un-changement perceptible dans.les saisons et dans
la durée relative des jours et des nuits D
— Lé conerès archéologique de la Société fran-
OBS siq |
caise pour la conservation des monuments se tien-
dra cette année à Poitiers. Il commencera le 29
mai et se terminera le G juin. Tout fait espérer un
nombreux concours d’antiquaires. On annonce dejà
que 150 adhérents de la Vienne et des départements
voisins se sont fait inscrire, 2315p
BIBLIOGRAPHIE
CO N5IDÉRATIONS SUR LES MALADIES NER-
VEUSES, par le docteur Pinel de Gollexille. 1 xol.
in=8° , chez Just Rouvier. — Cet ouyrage contient
des recherches savantes sur l'histoire de a médecine
et sur le traitement des maladies ch:oniques. M. Pi
nel. a commencé la traduction du Dictiornriaire de
chirurgie pratique de Samuel Cooper. Des circons-
tancés mprévues en ont suspendu la publication.
TRAITÉ de cristallographie; par W. H. Miller
Traduction française, par H. de Senarmont, ins-
pecteur des mines. À Paris, chez Bachelier, quaiw
des Augustips ; 55°
ESSAI SUR L’AGRONOMIE, où Régénérationn
de l'agriculture; par Louss Guy, petile rue Sainte:
Labbe Librairie. de Bertrand, rue Saint-André-des-Arts, 38.
Savants et des Manufneturiers de Ia Franee,
de l'Allemagne et de l’Angleterre ,
el D EU HR TU 4 Er
SPÉCIALEMENT CONSACRÉ
A LA PHYSIQUE, A LA CHIMIE, À LA PHARMACIE
ET A L'INDUSTRIE,
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION
DU D' QUESNEVY LIER
Accomp agnée des figures lithographiees par Ludovic Michelin, :£&
IGONDERAPNIS LODPNTIOLOCIQUE,
DESCRIPTION
PAR LOCALITÉS ET TERRAINS DES PÜÉYPIERS FOSSILES DE FRANCE,
ET DES PAYS ENVIRONNANTS ;
Par HARDOUIN MICHELIN,
memb e de 14 Socièté géologique de France,
LES
Ge. Gt
Fabricant de produits chimiques et réactifs, Suecesseur de N:-L,Vauquelin, dé l'Institut, etc.
Ce Journal parait tous les mois par cahier de 10 à 12 feuiiles (192 pages).
Chaque numéro contient la matière de deux numéros des Annales de cliimie
et de physique, dont ce journal est, pour les travaux des savants étrangers ,
le complément indispensable. — Les personnes qui s'abonnent à la A'evue
pour deux années à la fois ont droit à l’Aistoire de la ehimie de F. Hoëfer, for-
mant deux volumes in-8° de 17 francs.
Le prix de l’abonnement à la Æevue scientifique est de 20 fr. par année
rs Paris, et 25 fr. par la poste pour les départements. On s'abonne au
eau de la Æevue scientifique,rue Jacob, 30.—Les abonnés pour deux ans
‘æiven£ ajouter 3 fr. à leur mandat, s'ils veulent recevoir l’Aistoire de la
#äeie par la poste.
Eu 20 livraisons de une ou deux feuilles de texte et trois planches. —"Pri
de la livraison : 3 fr. La sixième livraison de cet important ouvrage ({euillé 40
planches 16, 17 et 1$ vient de paraitre. FES 5 Y..
> 6195b5 ;
« Déjà dans l'Æcho nous avons parlé plusieurs fois des trataub def, Miche
» lin. Lorsqu® l'ouvrage sera terminé nous en donnerons-à3nos decteurs ure
» analyse complète, » 100 'TUOT Ie8
Paris. — Iimp. de LACOUR et MAISTRASSE fils, 1610 va
vue Saint-Hyacinthe-S.-Hichel, 33. NE «
10° année.
L'ECHO DU
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAŸS DANS TOUTES LES SCIENCES.
Paris. — Dimañehe, 12 Mars 1845.
Re ——
NDE
N° 19.
SAVAN
Ba
| L'EcHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDIctle DIMANCMES de chaque semaine ct forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
| de M. le vicomte À, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue deS PETITS-AUGUSTINS, 2{, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:S pour un aû 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois-mois-7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fr.,
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LÎTTÉ-
| RATURE ET DES BEAUX-ARTS etles MORCEAUX CHOIS18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
ASTRONOMIE. De la constitution physique du
soleil; Arago. — PHYSIQUE APPLIQUÉE.
Thermo-manomètre pour les locomotives de
-M.Aïdes de Liverpocl; Delaveleye. — CHIMIE
| | APPLIQUEE. Falsification des farines de graines
_dellin et de moutarde. — SCIENCES NATU-
| RELLES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila.
— ZOOLOGIE. Mammifères. Cochons à pende-
loques, variété ou mopstruosité des cochons do-
imestiques ; Eudes Deslongchamps. —SCIENCES
| APPLIQUEES.Société d'encouragement, séance
|” Qu S'mars. — MACHINES À VAPEUR , 6e et
| dernicr article; Calla. — AGRICULTURE. De
| l'amélioration des prés; Félix Villeroy de Riet-
terkoff en Bavière. — SCIENCES HISTORI-
QUES: ACADEMIE DES SCIENCES MORALES
ET POLITIQUES. Séance du 4 mars, — FAITS
DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE.
DDISES-:(
SCIENCES PHYSIQUES.
Le ASTRONOMIE.
1 De la constitution physique du Soleil; par
" M. F. Arago. (Extrait.
(Deuxième article.) --
Après avoir démontré, par des observa-
tions bien faites, que les laches du soleil
sont dues à des excavations au fond des-
| quelles on aperçoit le noyau ou corps de
l'astre, A. Wilson reconnut que le soleil est
} composé de deux malières de pature très
| différente. Pour lui, la masse solaire est
| masse obscure de l’astre, s'en élève, passe,
| formée q« d’un corps solide non lumineux
et noir, enveloppé d’une légère couche de
| substance enflammée » Il admet, en outre,
qu'un fluide élastique, élaboré dans Ja
en l’écartant et en la refoulant dans tous
. les sens, à travers la matière lumineuse.en-
| veloppante, d’où il résulte des enfonce-
ments qui nous permetlent de voir à nu
.: une portion du globe obscur intérieur. Les
‘effets de lumière, qui nous viennent des
:talus{®sont ce qui, dans celte ingénieuse
spécälation, constitue la pénombre. Quant
à la-Gäture des facules, Wilson déclare
sans détôu# n'avoir absolument rien pu ap-
prendre à eur égard. me
{Juelques années plus tard, Bode, astro-
: nome prussien, a reproduit,avec quelques
\ variations toutefois, les idées émises par
® Maison. Nous n’avons donc pas à nous en
occuper spécialement; nous dirons seule-
ment que, pour expliquer les facules,
Bode donne à l'enveloppe lumineuse du
soleil une forme irrégulière et comme bos-
selée ; puis comparant les ondulations qui
s'y font aux vagues des la mer, il fait re-
marquer qué si on considérait ces vagues
d’un point situé verticalement au-dessus
d'elles, on ne les distinguerait que difficile-
nent, tandis qu'elles nous apparaissent si
étendues lorsque nous sommes sur le ri-
‘encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
vage. De là aussi, dit-il, la raison pour la-
quelle les facules disparaissent communc-
ment en marchant du bord vers le centre
du soleil.
C'est ici le lieu, d’après l’ordre des dates,
de rapporter une anecdote pleine d’inté-
rêt : Dès l’année 1787, le docteur Elliot
avait soutenu que la lumière du soleil était
due à une aurore douce et universelle. De
plus, il croyait avec d’anciens philosophes
et avec des savants modernes extrêmement
recommandables, que, malgré les torrents
de chaleur et de lumière qu'il vous envoie,
ce grand astre pouvait trés bien être ha-
bité. Le docteur Elliot ayant eu le mal-
heur de tuer miss Boydell, fut traduit aux
assises de Old-Bailey. Ses amis cherchèrent
à le faire passer pour fou et yréussirenten -
tièrement, en remettant aux mains du jury
les brochures qui contenaient les idées que
nous venons d'exposer. Eh bien! presque
tous les astronomes de nos jours, et les
plus éminents d’entre eux, admettent très
volontiers ces opinions qu'on estimait na-
guère ne pouvoir provenir.que de la cer-
velle.d'unfous… 162" us
W. Herschel, un des plus grand astro-
nomes de tous les temps et de tous les
pays, s’émpara, l’un des premiers, des
idées condamnées du docteur Elliot, et basa
sur elle sa théorie de la constitution phy-
sique du soleil, généralement adoptée au-
jourd’hui. Le savant hanovrien pense que
le globe solide du soleil est entouré d’une
double atmosphère, dont l’iutérieure, dense
et peu ou point lumineuse, est totalement
séparée de lextérieure qui est briilante et
chargée de nuages-phosphoriques. Pour
lui, comme pour Wilsonet Bode, les taches
apparaissent lorsque, ‘par lPeffet de cou-
rapts ascendants échappés:des soupiraux
du corps de l'astre, des ouvertures ou cre-
vasses se forment dans les deux atmos-
_phères. On voit alors, par ces ouvertures,
le corps obscur intérieur, tout comme un
observateur, placé dans la lune pourrait
apercevoir la partie solide de la terre à la
faveur des éclaircies qui se font daus notre
atmosphère.
Des ouvertures correspondantes dans les
deux enveloppes superposées donnent nais-
sance aux taches noires, où si l’on aime
mieux au noyau sans pénombre.
Lorsque les grandeurs relatives des ou-
vertures ne coincident pas exactement et
laissent apercevoir, indépendammant du
noyau solide, une certaine étendue de l’at-
mosphère intérieure non-lumineuse, on
a, dans ce cas nn noyau environié d'une
pénombre.
S'il ne se fait d'ouvertures que dans
l'atmosphère phosphorique ou extérieure,
il n'en résulte qu'une pénombre sans
710y a.
Mais si les nuages lumineux ne cèdent
pas facilement à l’action impulsive du
courant qui tend à les séparer, ils se con-
densent sur les bords de l'ouverture, et y
constituent des facules.
Quand le gaz, dont l’ascension à travers
les couches atmosphériques de l'astre, est
peu abondant, il ny engendre que de pe-
tites ouvertures qu'on est convenu dappe-
ler pores.
En parvenant à la région des nuages lu-
mineux, le gaz est brûlé ou bien se combine
avec d’autres gaz. La lumicre concomi-
tante que dégage cette action chimique,
n'étant pas partout d’une égale inten-
sité, il en résulte, pour nous, les appa-
rences connues sous la dénomination de
rides.
Enfin, continue linfatigable auteur de
de cette savante analyse, les nuages lumi-
neux me se touchent pas parfaitement, eu
sorte que leursintérstices nous permettent
de voir les nuages profonds onintérieurs à
l’aide de la réflexion qui s’opèze à leur sur-
face. Le contraste de cette lumière réflé-
chie plas faible et dela vive clarté émise par
les parties élevées des rides, domne-à toute
la surface du soleil apparence pointillée
que nous lui voyons lurque nous ne l’exa-
minons pas avec de trop forts grossisse
ments. ;
Maintenant veut-on opposer à la con
tion d’Herschelce qu’elle peutavoir d'in
tain, de douteux? Je répondrai d'abord,
M. Arago, par cette remarque de Fon
nelle : « Il n’est pas étonnant que la philo
sophie bégaye sur des choses si éloignées
de la portée de nos yeux et si faiblement
aperçues; il lPest seulement qu'on ait été
si loin et qu'on ait pu, par exemple, dis-
tinguer géométriquement les deux hémis-
phères réels du soleil. » J'ajouterat ensuite
que s’il m'était permis de sortir du cadre
de cette notice, des phénomènes de polari-
sation permettraient, en plus d’un point,
de substituer des faits positifs, des démons-
trations catégoriques, aux raisonnements
simplement bégayés dont parlait l'ingé-
nieux secrétaire de lAcadémiedes sciences.
De même que le docteur Elliot, l’illustre
Herschel croyait que le soleil est habité. On
n’a pas oublié qu’il ne regarde pas comme
contiguë la superposition des deux atmos-
phères, et établit au contrare qu'il existe
un intervalle entre elles. Il leur suppose
aussi une très grande épaisseur, parexemple
cinq à six cents myriamètres, ce qui porte
la région, dans laquelle nagent les nuages
phosphoriques,à une grande distance de la
surface même de l'astre. Un dais qui au-
rait une forte puissance de réfléxion (et
c’est là précisément l'office que remplit la
couche atmosphérique dense qui est à l'in
térieur), défendrait efficacement les habi-
tants supposés du soleil de Ja radiation des
régions lumineuses situtes extérieurement;
436
et nulle chaleur incommode ne serait
transmise de haut en bas par un milieu ga-
zeux augmentant rapidèément en densité.
Que les'nuées pénombrales, dit le fils du
célèbre astronome et grand astfonome lui-
même, soient puissamment réfléchissantes,
c'est ce dont le fait même de leur visibilité
dans une pareille circonstance né peut lais-
ser aucun doute. Sir J. Herschel croit donc
aussi, comme sonillustre père, à la possibi-
lité du soleil habitable?
Au surplus, dit en terminant le savant
et éloquent professeur de l'Observatoire de
Paris, les arguments sur lesqéels le grand
astronome se fonde pour prouver, en tout
cas que le noyau solaire peut ne pas être
très chaud rmalgré l’incandeseence de son
atmosphère, ne sont ni les seuls, ni les meil-
leurs qu’on pourrait invoquer.
(Journal des drcouvertes.)
PHYSIQUE APPLIQUÉE.
Thermo-manomètres peur le$ locomotives,
construits par À. Adie, de Liverpool, —
Notice par A. Delave!eye.
Lorsque l’eau est chauflée dans un vase
ouvert, sa température s'élève successive-
ment jusqu'à cent degrés centigrades; puis
elle bout, c'est-à-dire se transforme en va-
peur.
Quelle que soit l’ardeur du feu, l'eau ne
dépassera point ce degré; tout le calorique
surabondant sert à la transformer en va-
peur. Rite
Lorsqu'on dit que l’eau: bout à cent de-
grés,. on,sous-entend, que. la pression. de
l'air indiquée par le baromètre est Om,76
de mercurè car si celle pression venait à
diminuer comme, cela a lieu sur les hautes
montagnes, l’eau se amettrait.en ébullition
à un degré de chaleur inférieur à 100 de-
grés, et d'autant plus bas que la pression
atmosphérique deviendrait plus faible.
Sur le sommet du Mont-Blanc, l’eau bout
à 84 degrés environ,
Dans le vide, l'eau bout même à z‘ro.
Ce que nous avons dit pour les pressions |
inférieures à Om,76, se dirait également
pour les pressions supérieures.
La pression de l’air peut être remplacée
par la pression d'un autre gaz quelcorque
et même par celle dela vapeur qui se forme
aux dépens de l’eau.
C'est ainsi que l’eau chauffée en vase
clos acquiert uue température supérieure
à 100 degrés, parce que la vapeur qui se
trouve emprisonnée exerce sur sa surface
une pression qui l'empêche de bouillir aussi
longtemps que cette Vapeur n'acquiert pas
un degré de tension capable de surmon-
ter Lobstacie qui s'oppose à sa sortie du
vase.
Si donc on chauffe de l’eau en vase clos,
il y a une certaine relation entre la lempé-
ralure et la tension de la vapeur,
. Les physiciens, voyant l importance qu'il
y aurait à connaître avec exactitude la rela-
tion qui existe entre la température de
l'eau et la tension de la vapeur, ont fait des
recherches exp‘rimentales très précises à
ce sujet et en ont dressé des tables.
Malheureusement les savants ne se sont
point entendus sur lunité à choisir pour
exprimer ces résultats eu chiffres, en sorte
que les tables qui expriment les relations
d’un même phénomène sont composées de
chiffres totalement différents et nécessitent
des réductions pour passer de l’une À l'an-
tre : en France, on à remplacé le thermo-
i
437
mètre de Réaumur par le thermomètre
centigrade ; en Angleterre, on se sert du
thermomètre Fahrenheit.
Dermême, pour mesurer l'énergie de la
tension de la vapeur, on se sert de plu
sieurs eXpressions différentes, quoiqu’elles
aient un rapportintime entre elles, et qu’on
puisse les déduire les unes des autres par
réduction.
Les Anglais expriment la pression de la
vapeur en livres par pouces carrés ;les Fran- |
çais en kilogrammes par centimètres car-
rés, et ous deux expriment encore cette
pression en atmesphères.
Voici ce qu'on entend par ces différentes
Expressions.
Il faut se ressouvenirrque la vapeur,
aussi bien que les gaz; exercé sa pression
également en tout sens contre les parois
des vases qui la renferment, en sorte que si
un centimètre carré de surface du vase sup-
porte un kilogramme de pression, chaque
autre centimètre carré supportera la même
pression d’un kilogramme.
C'est ce que lon exprime en disant que
la vapeur est tendue à un kilog. par cen-
timètre carré.
Si la tension est double, chaque centi-
mètre supportera deux kilog., on dira donc
que la vapeur est tendue à deux kilog.
Et aiusi de suite pour toute autre ten-
sion.
Lesexpressions anglaises sont analogues ;
seulement on yprend pour unité la livre an-
glaise de 0k,453, et le poucecarréanglais de
centim.,552, d’où l’on déduit que la ten-
sion d'un kileg, par centimètre repond à 14
livres 46/100 par poucecarré anglais.
Enfin on exprime souvent la tevsion de la
vapeur en afmosphères. Cette expression se
déduit de ce que Pair:qui nous environne
exerce dans sk état moyen sur la sarface!
de tous les corps une pression équivalente
ù 103k,3 par décimètre carré de surface,
ou, ce qui revient au même,:la pression
d’une atmosphère est équivalente au poids
d’une colonnede meréure qui añrait Om,76
de hauteur, parce qu’une colonne de cette
dimension pèse 103k,3 par chaque décimè-
tre carré de base. sn
Où dit donc que la tension de la vapeur
est d une atmosphère. lorsqu’elleexerce une
pression de 103k,3:par:chaque décimètre |
carré de surface;: ou ce-qui revient sensi- |
blement; au, même; lorsqu'elle exercerunèe
pression-detä livres-anglaises par poucésu- |
perficiél anglais. 2:
Les éxpressions, 4 atmosphères, où 413k
par décimètre carré, ou 60 livres au pouce
anglais, sont donc des expressions équiva-
lentes.
Et en thèse générale, un nombre quel-
conque 7 d’atmosphères s’exprimera :
Eu pression anglaise au pouce carré, en
multipliant n par 15.
En pression de kilogramunes par déci-
mètres Carrés, en multipliant ce même
nombre» par 405,3.
On voit qu'ici, comme dans toutes les
mesures, ilest à regretter que les mécani-
ciens de tous les pays n'aient point adopté
le même étalon, et se soient ainsi astreints
de gaîté de cœurà des calculs de réduction,
et à retenir de mémoire où x rechercher
dans les livres des nombres pour les effec-
tuer. Les physiciens français avaient pris
en ceci le meilleur étalon, puisque le poid;
de l'atmosphère est une idée identique pour
tous les peuples.
Non seulement on ne s’est pas entendu
pour l'unité de mesure, mais on n'est pas
438
même d’accord sur le point de départ où .
l’on fixeraitle zéro de l'échelle.
Voici les raisons qui ont conduità pren- .
dre deux'origines différentes. |
L'air, pressant tous les corps, exerce
donc aussi sa pression sur les cliaudières ;
pour que cette pression soit contrebalancée
par la tension de la vapeur, il faut que l’eau
ait acquis 100 degrés centigrades du tem-
pérature ; alors la tension intérieure de la
vapeur fait équilibre à la pression extérieure
delair. 2
Dans. ,ces circonstances , lés uns disent :
la. tension de la vapeur est d'uñe atmo-
sphère et, marquent le zuméro un de l’é-
chelle à ce point.
Les autres disent : Ja tension à l’ettérieur
et à l’intérieur se balançant, la pression
libre pour le service des machines ne doit
être comptée qu’à partir de ce point, etils
mettent le zéro de l'échelle manométrique
à l'eau bouillante. j
C'est-à-dire que les uns comptent une
atmosphère lorsque d’antres comptent zéro,
et par suite on est obligé, sous peine de
confusion, d’ajonter une phrase à l'expres-
sion suivante, qui devrait suffire par elle-
même,
Une machine travaille à 5 atmosphères.
IL faut, dis-je, allonger la phraseet dire :
à cinqatmosphères, y compris la pression
habituelle de l’air, ou bien, non compris
la pression habituelle dé l'air.
En Angleterre, on a pour habitude gé-
nérale de ne compter la pression qu'à par-
tir de l’eau bouillante; leurs manomètres
mettent le zéro à ce point. foie
En Frauce;au contraire, les ingénieurs
du gousernement essayent les chandières
en comptant une atmosphère à l'eau. bouil-
lante au lieu de zéro comme les Anglais,
et timbrent les chaudières d'après ce mode
d'essai. FE
L'une et l'autre de ces manières de comp-
ter sont bonnes, seulément il est à regretier
que l’on n'en ait pas exclusivement adopté
uNes) sms
L'usage anglais commence à prévaloir,
et l'on :marque,déjà en France le zéro &
l’eau bouillante, sur la plupart des mane-
mètres que Lon. y construit. Espérons que
cet usage dexicndra général et fera règle,
Letliermo-manomètre anglais, dont nous
donnons la théorie et la description,compte
Jeyzéro à l'eau bouillante. ne
CAES Le
«Nous..avons vu précédemment que. Ja
pression de la vapeur croît d'autant plus
que la température dé l’eau s’élève davan-
tage, et nous avons ajouté qu'il y a, entre
les nombres qui expriment la température
de l’eau et la tension de la vapeur; nae.re-
lation fixe et déterminée, en sortg;quec Si
l'on connaît l’une on peut en déduire l'au-
tre. —— =
Dans.le prochain numéro nous donne-
rons la table qui sert à cet objet.
(Bulletin de l’industrie, Jobard.)
CHIMIE APPLIQUÉE.
à
Falsificatien des farines de graïnes de lin et
de moutarde.
Ces deux farines, si souvent employées
en médecine ou dans les arts, sont, de la
part des marchands, Fobjet d'une falsifica-
tion qui en altère beaucoup les proprietes.
Il est à Ja fois intéresssant et utile de pou-
voir déceler dans ces substances la présence
de matières qui ne devraient pas y être con-
tenues. Nous ne prétendons pas indiquer
ici la manière d'analyser les farines de grai-
|
3
]
139
ws de linet de moutarde ; nous voulons
xdiquer le procédé par lequel on recon-
mels on les sophistique le plus souvent. Ces
:roduitssont, pour la farine de graine de Jin
rvi à Ja filtration des huiles pour l’éclai-
age, tantôt du petit son, d'autres fois en-
mn de la farine provenant de tourteaux de
kn:dont on a déjà déjà extrait l'huile. Cette
atroduction de matières hétérogènes dans
| farine-de graine de lin détruit tellement
propriétés oléagineuses qu’elle ne donne
| lus que12/100 d'huile, tandis que, pure,
l Ile peut en amener jusqu’à 35/100. D’ail-
ours ces matières peuvent amener d’autres
rincipes qui nuisent d’une mauière notable
“ans les opérations auxquelles on soumet
rdinairement la farine dont nous parlons.
laintenant que sous. connaissons le secret
*e la falsification ordinaire de ces matières,
‘osssédons-nous des moyens d'y reconnai-
ce la sophistication? Nous répondrons af-
lrmativement pour quelques cas. D'abord
ne solution aqueuse. au alcoolique d’iode
‘exerce aucune action sur la farive de
traine de lin pure. Mais si cette farine con-
rent du son, ou quelque autre principe
milacé, une coloration bleue se manifeste
“assitôt. Maintenant veut-on connaître la
iuantité plus ou moins grande d'huile que
bar l'éther sulfurique. qui dissondra l’huile
u'on peut ensuite précipiter par lPean.
‘on déterminera la quantité de mucilage
bontenue daus la-farine en la traitant par
beau. Le.mucilage en effet recouvre tou-
ours les graines de lin. Si des matières, mi-
‘érales avaient été introduites.dans ces fa-
nes, soit pour.en augmenter le peids, soit
our en rendre. l’aspect plus-beau, il.serait
acile, par la,calcination, d'en déclarer la
résence. :
Tels.sont les.procédés.généraux à l’aide
.esquels on peut déceuvrir:la falsification
e la farine de graines de lin. Mais quand
n'agit sur la farine de graines de mou-
“arde, onn’éprouve pas la même facilité
exécution. Cette dernière farine en eftet
eut être mélangée de:semences de sénevé,
. Le colza on de navette, qui ne se colorent
as en bleu par l’iode: Quels seront donc
“ 2s signes indicateurs de la falsifivation de
*'ette farine? Nous sommes forcés de répon-
‘ire qu'il n’y en a pas de précis et qu’on ne
eut s’a percevoir de cette falsification que
‘ar la différence d’âcreté de la farine, car
. a graine de moutarde contient deux huiles
. lifférentes. L’une est douce, fixe et légère;
l'autre est âcre, volatile et pesante. Or, les
xaines de colza, de navette, qui contri-
ent à la falsification de ces huiles, re con-
ieñeént pas un principe aussi actif.
5 THAT E. FE.
Fr DEEE —
SCIENCES NATURELLES.
| Le TOXICOLOGIE.
Cours de 11. Orfila.
5 il } a peu d’années encore une science ba-
ce maintenant sur lesobservations les plus
positives, enrichie des faits les plus curieux,
[les expériences les moins contestables,
|A existait pas. Cette science, c'était la toxi-
zologie. Quelques matériaux, épars cà et là,
ndiquaient bien aux chimistes et aux mé-
lecins qu’elle devait naître bientôt . mais
2es matériaux ne constituaient pas une scien-
ze. Un seul homme, par la force de son es-
prit, l’a eréée toute entière et la cultive en-
nitra facilement les produits à laide des-.
“tout . tantôt de la sciure de bois avant
“antient une: farine donnée, on,la traitera .
440
1 core en ce moment avec un suecès sans
‘égal. On sait que nous parlons ici du doyen
de la Faculté de Paris. Mais dans la toxi-
cologieil est une question plus importante,
plus étudiée, plus intéressante. que toutes
les autres, cette question c’est celle de l’em-
poisonnement par l’arsenic. Assurément ce,
n'est pas une question neuve, car trop de
monde a voulu en trop parler; mais cha-
que année M. Orfila lui reud l'attrait de la
nouveauté quand il en fait-le sujet de ses
lecons. Les nombreuses recherches de ce
savant, sur cet important problème ont in-
téressé tout le monde, et l’on se rappelle
encore cette foule , il y a deux ans , qui se
pressait au tour de sa chaire pourreceuillir
ses moiudres paroles. Cette foule n’a pas di-
minué cetfe année. Eneffet, M. Orfila doit
examiner la question de l'empoisonnement
sous tous les points de vue, et il ne posera
pas uu problème sans le résoudre. Depuis
l'an dervier, de nouveaux moyens de re-
chercher l’arsenic ont été proposés, M.Or-
fila les fera connaître et les discutera; enfin
les leçons seront d’un haut intérêt pour
tous ceux qui pensent comme nous, que la
toxicologie a rendu bien des services à f’hu-
manité. Tout cela nous engage à publier
une analyse exacte des lecons du savant
professeur.
Commençons par établir, à dit M. Orfla,
qu'un expert appelé à se-prononcer:sur un
empoisonnement doit constater troisordres
de faits. D'abord il doit se livrer à des re-
cherches chimiques ayant pour but de dé-
couvrir le poison , soit dans les.organes ,
soit dans les vomissements , suit dans les
malières alimentaires. Le premier.ordre de
faits appartient donc à la chimie, Le se-
cond se rapporte à la symptomatologie,
c’est-à-dire que l'expert prendra connais-
sance des-symplômes éprouvés-par la, per-
sonne qu'on suppose avoir étéempoisannée.
Le troisième ordre de faits est du domaine
de l’anatomie pathologique; l'expert étu-
diera les lésions des organes, les perfora-
tions des tissus, etc., etc., qui peuvent être
d’un grand secours dans une affaire de ce
genre.
Cela nous conduit tout d’abord à diviser
l'étude toxicologique que nous devons‘faire
de l’arsenic. Nous indiquerons en premier
lieu les recherches chimiques nécessaires
pour découvrir le poison; et nous passe-
rons successivement en revue et les symp-
tômes qu'il produit et les lésions auxquelles
il donue lieu. Enfin, nous terminerons par
l'examen des objections qui ont été faites au
système suivi dans ces sortes de recherches.
Un individu est empoisonné; on trouve
dans un vase, soit au fond des matières vo-
mies ou des matières contenues daus son
estomac, une poudre blanche; il s’agit de
constater si cette poudre est de l'acide ar-
sénieux. Comment procéderons-nous À cette
recherche? Nous constaterons d’abord les
caractères physiques de cette poudre; puis
nous la dissoudrons dans l’eau et nous fe-
rons passer dans le liquide un courant d’a-
cide sulfhydrique. S'il se forme un préci-
pité jaune, insoluble dans l'eau, soluble,
dans l’ammoniaque, nous en conclurons
que ce précipité peat être du sulfure d’ar-
senic et la poudre blanche de l'acide ar-
sénieux. Du reste, si le sulfate de cuivre
ammoniacal produisait dans la liqueur un
précipité vert, ce précipité confirmerait
l'opinion tendant à faire croire à la pré-
sence de l’arsenic. Mais il ne faut ajouter
foi à ces précipités qu'autant qu’ils pour-
ront donner de l’arsenic métallique.
441
Si l’on veut s'assurer que le précipité jaune
ou. la poudre blanclie contient de l’arse-
nic, on les placera dans un tube deverre
avec du carbonate de K O (potasse) et du
charbon et on chauffera assez fortement le
mélange. S'il ÿ a de larsenic, nn anneau
métallijue se produira bientôt et il sera
facile de l'essayer par les réactifs ordi-
paires.
Telle est, Messieurs, l'expérience qui fut
faite à Brives, dans le fameux procès La-
farce. Mais le tube se brisa pendant l'essai,
et si les experts de Brives ont cu un tort,
c’est d’avoir, à la vue de ce simple précipité
jaune, conclu à l’empoisonnement.
Pour obvier à cette rupture possible de
l'appareil, on peut agir d’une autre ma-
nière , préférable peut être sous bien des
rapports, Méêlez le précipité jaune ou la
poudre blanche avec de l’'azotate de potasse;
chauffez le mélange dans une capsule, vous
formerez, dans le cas d'un sulfure, dun sul-
fate et de l’arséniate de KO. Faites bouillir
la matière avec de l'acide sulfurique pour
chasser l'excès de nitrate , et il se produira
du sulfate de KO et de l'acide arsénique.
Flacez le tout dans un appareil de Marsh et
vous aurez des taches arsénicales.
Dans le département de Maine-et-Loire,
une fille empoisonna son père, qui fut ex-
humé au bout de 7 ans. L'affaire fut portée
devant les tribunaux; l’on trouva de l’ar-
senic, et l’accusée fut condamnée à mort,
mais par contumace. Au bout de 3 ou 4
ans elle reparut pour.se laver de sa con-
damnation. L'un des experts avoua bien
qu’il y avait de l’arsenic dans les matières
soumises à l'expérience, mais il soutint que
cet ‘arsenic venait du verre. Devant cetle
objection grave, il était nécessaire de faire
des expériences. L'Académie de médecine
s'en occupa beaucoup et il résulta de ses
travaux qu’en France on prépare rarement
le verre avec de l'acide arsénieux ; que du
verre préparé avec 11500 ou 11600 d’acide
arsénieux.et fortement chauffé de manière
à être transparent, n’en renferme pas un
atome. Du verre préparé avec 1129 d’acide
arsénieux en retient toujours , même lors-
qu’il a été fortement chauflé; mais il est
complétement opaque. Un verre préparé
avec de l’arséniate de KO à petite dose
peut retenir de l’arsenic, mêmeaprès avoir
été fortementchauffé, mais alors il est vert.
Quelle conséquence pouvons-nous tirer de
tous ces faits? C’est qu’en prenant un verre
transparent, incolore, nous n’aurons pas à
craindre la présence de l’acide arsénieux.
Toutefois, l'Académie de médecine a re-
commandé de faire rougir le verre avant
de commencer l'espérience.
Je vous disais à l'instant qu’on trouve
souvent dans l’estomac des personnes em-
poisonnées par l'acide arsénieux en poudre
cette poudre elle-même. Cependant J'ai be-
soin de vous faire une remarque qui vous
prouvera combien il est nécessaire d’exa-
miner avec attention toutes les choses qui
ont trait à l’empoisonnement, Au bout de
quelques jours d’inhumation , il se déve-
loppe souvent dans le canal digestif des
grains graisseux et albumineux possédant
sous le rapport de l'aspect une grande ana-
logie avec l'acide arsénieux. Cette analogie
est tulle qu’elle a induit en erreur des ex-
perts de Saint-Brieuc, dans une affaire
d’empoisonnement.
Nous avons vu jusqu'alors l'acide arsé-
nieux donné en poudre; supposons qu'il à
été donné en dissolution. Le problème
change-t-il ? Non, il reste le même; et par
4492
conséquent, il ne nous occupera pas. Mais
si l'acide arsénieux st mélangé avec du thé,
du café, du vin, ete., peut-on le recon-
naître? Nous répondrons affirmativement :
Oui, messieurs, on peut le reconnaitre ;
mais on ne le peut pas à l'aide de ces réac-
tifs tant prônés dont les résultats sont dou-
teux, et quelquefois si complétement op-
posés à ce qu'ils devraient être, qu’ils ne
sont d'aucune valeur.— Je prends du café
contenant un peu d’acide arsénieux; j'y
verse du sulfate de cuivre ammoniacal pour
obtenir un précipité vert; mais le précipité
qui se forme est un précipité noir. L'eau de
chaux qu’on a tant vantée, et qui précipite
en blanc l'acide arsénieux, donne avec le
café arsenical un précipité noiràtre. Vous
voyez que ces essais ne sont d'aucune va-
leur en médecine lépale , et je déclare for-
mellement qu'ils doivent être tout-à-fait re-
jetés. Cepeudant, jusqu’en 1812 on jugeait
sur ces précipités les questions d’empoison-
nement; mais aujourd'hui que la toxicolo-
gie a fail tant de progrès, vouloir se servir
de ces précipités, c’est vouloir ne rien
trouver.
Ce sont les Allemands qui ont prôné ou-
tre mesure le sulfate de cuivre ammoniacal
comme doué d’une grande sensibilité. Les
Anglais, et à leur tête le docteur Hume, se
déclarent pour l'azotate d’argent ammo-
niacal.
Nous venons déjà de voir combien était
inexacte l’indication du sulfate de cuivre.
Mais nous pouvons ajouter ici des faits qui
doivent le faire abandonner absolument.
Je prends une dissolution de gélatine con-
tenant de l’acide arsénieux; }'y ajoute du
sulfate de cuivre ammoniacal et ce sulfate
reste bleu ; il ne se forme pas de précipité.
Nous voyons ici qu'il nese forme pas de
précipité quand il y a de l’arsenic. Main-
tenaut je vais vous montrer, au contraire,
qu'il peut se former un précipité dans une
liqueur sans qu’il y ait de la substance véné-
neuse. Prenez une simple décoction d’o-
gnon , ajoutez-y du suliate de cuivre am-
moniacäl et la liqueur se colorera en vert.
Sur ce simple aperçu, un pharmacien n’a
pas craint de conclure à l'empuisonnement.
J'arrive maintenant au réactif du doc-
téur Hume, à l’azotate d'argent ammonia-
cal. Messieurs, ce préapité ne vaut pas
inicux que le précédent , et il doit égale-
ment être proscrit de nos recherches mé-
dico-légales. Je verse dans de l’azotate d’ar-
gent ammoniacal quelques gouttesd'acide
arsénieux et j'obtiens un précipité jaune
d’arséniate d’argent.'Fout cela est fort bien,
mais prenez du suc d’ognon, versez-y de
V’azotate d'argent ammoniacal et un peu de
chlorure de sodium, et vous aurez bientôt
un précipité jaune analogue à celui que
j'ai obtenu d’abord. —Que conclure encore
de ces faits? C'est que lazotate d’argent
ammoniacal doit être également proscrit
comme pouvant induire en erreur,
Jusqu’alors nous avons tout détruit ;
Maintenantréhabilitons quelque chose L’a-
cide sulfhydrique est, dans les recherches
toxicologiques , d’une haute importance ;
car sa sensibilité est très grande et ses ré-
sultats bien tranchés. M, Raspail, après les
chimistes anglais, a répété que l'acide sul-
fhydrique précipitait en jaune la décoction
d'ognon. C’est une erreur complète qu'une
simple expérience contredit et renverse.
Maintenant, qu’elle méthode suivrons-
nous , lorsque nous aurons à agir soit sur
les matières des vomissements, soit sur les
matières contenues dans l’estomac ? Pre-
L s
443
nons ces matières, auxquelles nous ajoute-
rons un peu d’eau si elles sont trop épaisses.
Soumettons-les À l'action de la chaleur
pour coaguler tout ce qui est primitive-
ment coagulable, et filtrons-les. Mais elles
contiennent encore beaucoup de matières
organiques ; et remarquons ici en passant
que la plus importante de toutes les opéra-
tions de toxicologie c’est celle qui a pour
but de se débarrasser de la matière orga-
nique. Faisons donc évaporer la liqueur
jusqu’an quart de son volume, et traitons-
la par alcool à 44° qui coagulera encore
beaucoup de matières organiques. Au reste,
l'alcool tiendra l'acide arsénieux en disso-
lution. Filtrons la liqueur, et faisons passer
à travers elle un courant d'hydrogène sul-
furé : s’il y a de l’arsenic , ce précipité
jaune insoluble dans l’eau, soluble dans
Pammoniaque , se formera aussitôt et il
sera facile d'en retirer l’arsenic.
Remarquons ici, messieurs, qu’il est im-
portant de coaguler par l'alcool, car sans
elle la matière organique serait un obstacle
àla formation du précipité jauneet, comme
dans le cadavre de Soufflard, on seraitobli-
gé peut-être d'attendre 3 mois. E.F.
ZOOLOGIE.
Note sur les cochons à pendeloques , variélé ou
monstruosité du cochon domestique qui pa-
rail n'être pas encoreremarquée par Les na-
Luralisles ; par M. Eudes-Deslongchamps.
Je fis acheter au marché, il y a deux ans,
un jeune cochon destiné à être engraissé
chez moi, à la campagne. On me fit remar-
quer que cet animal portait une sorte de
pendeloque fort singulière : elle était située
sous la mâchoire inférieure, du côté gau-
che, un peu en arrière de la ligne de la
comumnissure des Jèvres; sa forme était cy-
lindrique ; sa longueur de 7 à 8 centimè-
tres, son diamètre de 2; elle était un peu
rétrécie à sa base, arrondie à son extrémité
libre , et partout recouverle de longues
soies qui ue différaient point de celles des
autres parties de la peau ; elle ressemblait,
en quelque sorte, à ces pinceaux de poils
divergents dont on se seit pour neltoyer
les bouteilles. La peau qui la recouvrait ne
présentait aucune altération dans sa cou-
leur ni dans sa consistance.
J’attachai d’abord fort peu d'intérêt à
cette conformation que je regardais comme
une excroissance tout à fait accidentelle et
individuelle ; mais quelqu'un me dit que
cette particularité n'était pas rare dans les
cochons , qu’on voyait même assez souvent
de ces animaux qui avaient deux de ces or-
nements, un de chaque côté, et occupant
toujours la même place; qu’on les distin-
guait sous le nom de cochons & marjolles ;
qu’on les achetait de préférence, quand on
en trouvait aux marchés, car, quoiqu'ils
fussent plus méchants que les autres, ils se
nourrissaient mieux et S’engraissaient très
bien, Il est certain que le cochon pendelo-
qué que j’ai eu chez moi était fort méchant,
cherchant à mordre et à se jeter sur la fille
de basse-cour lorsqu'elle lui donnait à man-
ger ; il fallait prendre des précautions pour
nettoyer sa bauge. Il est certain aussi qu’il
s’est fort bien engraissé, sans qu'on lui ait
donné d’orge sur la fin de sa vie ; il n'a ja-
mais eu d'autre nourriture que des pommes
de terre, du lait aigri et des épluchures de
légumes.
J'ai questionné, touchant cette particu-
larité, plusieurs cultivateurs de la com-
mune où est située ma maison, et plusieurs
44%
personnes de diverses communes, presque
tous m'ont dit que les cochons à marjolles
leur étaient bien connus, de même que
leurs qualités et leurs défauts.
Ainsi cette variété du cochon domesti-
que, ou plutôt cette anomalie dans cette
variété d'animal domestique, n’est pas rare
et mériterait attention sous ce rapport. =
Lors de la mort de mon cochon, je fist
conserver sa pendeloque que l’on eutssoin,
d’après mon ordre, d'enlever avec une cer-
taine quantité de la peau où elle adhéraïit”
Pouvaut l’examiner alors plus attentive-
ment, jy remarquai une sorte de pertuis
large de deux miilimètres environ, existant
dans un point de la circonférence par où
la pendeloque tenait à la peau : de ce per-
tuis sortait une touffe serrée de soies raïdes,
en forme de pinceau; ce pertuis était l’ori-
fice d’un sinus profond de quatre à cinq
millimètres que tapissait la peau amincie;
les soies naissaient de toute la surface du
sinus, et se réunissaient en faisceau à leur
sortie par ouverture.
J'incisai longitudinalement la pendelo-
que : la peau avait l'épaisseur ordinaire
qu’elle présente dans cette partie de la màâ-
choire ; au-dessous était une couche de lard
qui n’offrait rien de patticulier, et au mi-
lieu une tige cartilagineuse un peu con-
tournée. Ce cartilage, recouvert d’un péri-
chondre normal, était semblable, pour la
couleur et la consistance, à celui des oreil-
les; sur un des côtés de cette tige cartila=
gineuse étaient deux petits muscles longi-
tudinaux, superposés l’un à l’autre, bien
organisés et s'étendant depuis la partie su
périeure du cartilage jusque vers la moitié
de sa longueur, où ils se terminaient eu se
confondant avec le périchondre. Je m'as:
surai que la tige cartilaginease et les mus-
cles devaient se prolonger au delà de la pen-
: deloque, car cette tige était coupce et même
plus large en ce point que dans le reste de
son étendue. Se perdait-elle dans le tissu
cellulaire sous-cutané, s’attachait-elle à læ&
mâchoire, à los hyoïde ou à quelque partie
du larynx? Malheureusement je ne puis
rien dire à ce sujet, et mon observation
reste incomplète dans ce point qu’il eûtété
pourtant fort curieux d’éclaireir, puisqu'it
eût fait connaître les connexions de cette
production anomale.
Si elle n’eût été formée que de peau et de
graisse, elle n’aurait donné lieu à aucañe
déduction importante, puisque les tumeurs
de cette sorte sont communes et peuvent se
ranger dans la classe des aitérations orga-
niques les plus simples. Mais [a présence
d’un cartilage et de muscles bien organisés
doit la faire considérer comme provenant
d’une autre source que d’une altération
pathologique. C'est un organe rudimen-
taire ou bien une partie d'organe déplacé
ou atrophié ; mais que représente-il?.
C'est une anomalie, sans doute; mais com-
ment la ramener à son orgine ou à sa
tendance organique?..…. D ailleurs elle se
reproduit trop fréquemment dans notre
variété de cochons domestiques (et même
parfois avec un caractère de symétrie, puis-
qu'elle se développe de deux côtés à la fois),
pour qu'on puisse le regarder comme sans
importance. On voit par là combien il est
à regretter que je n’aic pu connaître les
connexions profondes de cette pendeloque.
Malgré d'innombrables travaux, les lois
qui président au développement des orga-
nes sont encore imparfaitement connues,
surtout en ce qui concerne les développe-
ments anormaux. et l’on doitrecucilliravec
5
in tout ce qui peut éclairer cette branche
1V’anatomie cet de la physiologie transcen-
mtes. D’un autre côté, nous voyons lin-
vence de la domestication se prononcer
fon manifestement sur les animaux soumis
L'homme; certains organes changent de
me, s’accroissent, se réduisent ou même
paraissent, et ces modifications tantôt se
‘rpétuent par la génération, tantôt s’effa-
int avee les individus, sans que nous puis-
bons toujours nous rendre compte des
uses de ces altérations survenues à des
pes que noüssommes autorisés À regarder
mme entrés primitivement dans le plan
|: la création. To
! J'ai dû faire toutes les recherches à ma
bortée pour ‘savoir si les cochons à pende-
® ques sous laimâchoire: inférieure avaient
* é signalés parles naturalistes. Je n’ai rien
'ouvé à cet égard.
Parmiles ruminants réduits en :domes-
lcité, on trouve quelques variétés chez les-
uelles existent des pendeloques sous la
âchoire inférieure; certaines variétés de
chèvre ordinaire, celle dite de la Haute-
Hgypte, par. exemple, Ces organes singu-
rers ont été désignés sous les noms de
Hands et de verrues pendantes; ils ont été
tegardés comme de simples replis de la
nt:
on ait fait une dissection soignée; ‘ainsi je
ve puis savoir jusqu'à quel point ces ap-
réndices sont analogues aux pendeloques
Les cochons.
Le sanglier ordinaire, d’où nos variétés
re cochons sont sont sorties, ne montre
Loint, que je sache, aucune sorte de pen-
} cloques. À la vérité, les phascochæres,
ortes de sangliers africains, ont constam-
aents.sous_ les yeux un lobe pendant et
“häfnu ; mais le genre phascochære dif-
Lère éssentiellement de celui des sangliers
‘roprement: dits, par la structure des:
. lents. I n’y a donc là qu’une analogie fort
… loignée, ou plutôt il ny a d'analogie ni
“ ians la forme ni dans la position.
. Du reste, tant que l’on ne connaîtra pas
- es rapports profonds des pendeloques des
:ochons, on ne pourra, à mou avis, rien
“ nférer de la présence de ces appendices,
| our y voir un retour vers certaines formes
. 1atureiles à quelques espèces de pachyder-
ines voisins des sangliers.
| Aussi me contenterai-je de signaler le
sait et d'attirer l'attention sur l'importance
juil paraît avoir, sans m’étendre davan-
age sur: un sujet déjà conjectnral en lui-
inême, et qui a besoin d’être éclairé par de
nouvelles recherches.
De
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT:
ue RS ne
a
RS Met
Séance du 8 mars,
| Au nom du Comité des arts chimiques,
1° Gaulthier de Claubry fait un rapport
lur les résultats du concours relatif aux
serfectionnements des arts céramiques,
Hjuatre prix ont été proposés par la Societé,
{ui a fait venir d'Angleterre des superbes
.POteriés pour servir de modèles aux con-
‘urrents. Mais il paraît que les program-
[nes de la Société n’ont pas eu toute la pu-
licitébdesirable, car peu de concurrents
esontprésentés. Des mesures seront pri-
es pour porter remède à l'avenir à ce fà-
|‘heux état de choses. Le prix est prorogé
|: l’année 1844. On a craint que la réunion
ü un même programme des quatre prix,
eau. Il ne paraît pas, au reste, que l’on
446
ait été cause de ce résultat, chacun pou-
vant croire qu'il fallait réunir les quatre
sortes de fabrication pour mériter le prix
proposé, tandis qu’il est dans les intentions
de ja Société de récompenser chacune en
particulier. On avisera aux moyens d'éviter
cette confusion.
Le même rapporteur fait proroger le
prix pour le perfectionnement des four-
neaux, et fait l’énumération des expérien-
ces que les concurrents doivent faire pour
mériter ce prix.
M. Payen propose de fonder un prix pour
l'extraction de la matière colorante du bois
de Santal. Ce sujet est prix en considéra-
lion; le,programme.en sera rédigé pour
être lu et adopté dans. la prochaine séance.
On propose d'envoyer des commissaires
dans la fabrique de, fer creux de M. Gan-
dillot, afin d'examiner le système de calo-
rifères établis dans cette usine, ainsi qu'en
d’autres lieux, et d'éclairer le conseil sur
les avantages qui sont attribués à ce mode
de chauffage. Une discussion s'élève pour
savoir si le chauffage est produit par la
vapeur d’eau à haute température, selon
le système de Perkins, qui a Cté usité, puis
abandonné en Angleterre, à cause des gra-
ves inconvénients qui ont été reconnus,
soit à raison des explosions, soit à cause des
incendies, etc. Mais M. Gauthier de Clau-
bry expose qu'ayant été chargé par M. le
préfet de police de visiter l'usine Gandillot,
avec M Péclet, etc., il a reconnu que le
chauffage s’y produit par l’eau à une tem-
pérature élevée, suivant la méthode de Bon-
nemain, à l’aide de la c'renlation de l’eau
par refroidissement. Le conse | décide que
MM. Gauthier de Claubry, Combes , Sé-
guier et Gourlier visiteront cel établisse-
ment, et en rendront compte à la Socitté.
Au nom du comité d'agriculture, M. Hu-
zard fait un rappoit sr les expériences
qu'il a tenttes pour s'assurer de la réalité
des faits consignés dans un Mémoire pré-
senté au concours, pour le dégorgement
des sangsues, et l'emploi à des nouvelles
succions. Ces, expériences ont été con-
cluantes ; il est certain qu’en percant une
sangsue gorgée desang, près de son disque
postérieur, de manière à percer les deux
sacs remplis de sang, lanimal se vide in-
stanlanément; sa plaie se guéril prompte-
ment, et au bout de peu de jours, il peut
être appliqué de nouveau. La plus grande
partie des sangsues résiste très bien à cette
opération, qui d’ailleurs n’a aucun incon-
vénient : car des expériences réitérées ont
appris que les morsures de l’animal, quel-
ques jours après qu'il a été vidé de sang,
n’ont jamais inoculé le venin des malades
qui avaient été piqué précédemment par
lui. Le Mémoire sera imprimé dans les
bulletins de la société, pour éclairer les per-
sonnes qui voudraient se présenter au cou
cours proposé par la société, relatif à la
multiplication des sangsues. L'auteur de ce
mémoire est M. Olivier, à qui la société
décernera une médaille de 300 fr. dans la
prochaine assemblée générale.
La Société procède au scrutin pour nom-
mer un adjoint au Comité d'Agriculture,
en remplacement de M. Soulange-Bodin,
démissionnaire. L’unanimité des suffrages
prononce l’admission de M. Philipar, meim-
bre de la Société royale et centrale d'Agri-
culture, professeur aux écoles de Grignon
et Versailles.
M. Séguier donne l'explication, et ex-
pose l’usage d’un héliostat , inventé par
M. Silbermann et exécuté par M. Soleil.
447
Cet instrument , conçu sur un plan très-
ingénieux , présente les avantages d’une
grande exactitude , d’une manœuvre facile
et d’un prix très modéré; il ne coute que
350 fr., tandis que ceux qui sont en usage
dans Ilés courset les cabinets de physique
sont du prix de 1,200 fr. au moins. Il se-
rait impossible de comprendre la descrip-
tion de cet héliostat sans le secours de fi-
gures. Le Bulletin de la Société contiendra
l’une et les autres.
FRANCOEUR.
ARTS MÉCANIQUES.
MACHINES A VAPEUR.
Rapport fait par M. Calla, à la Société d’en-
couragement, au nom du comité des arts mé-
caniques, sur plusieurs établissements 2ffec-
tés à la construction des grandes machines à
vapeur et des machines locomotives.
(Sixième et dernier article.)
Etablissement de M. Pausvels.
Le département de la Seine contient en-
core uu atelier affecté aux machines à va-
peur de navigation et aux locomotives ;
c'est l’établissement de la Chapelle-Saint-
Denis.
Fondé en 1836 par M. Pauwels, et dis-
posé, dès son origine , pour cette destina-
tion spéciale, cet établissement est très con-
venablement distribué : des ateliers de
forge, de chaudronnerie, d’ajustage et de
modeicurs; deux ateliers de montage, l’un
pour les appareils” de navigation, l’autre
pour les locomotives, sont bien divisés et
communiquent facilement entre eux.
L'usine est construite sur un terrain de
la contenance de près de 13,000 mètres
carrés, dont plus de 5,000 mètressont cou-
verts d'ateliers ; elle occupe environ 400
ouvriers, et la force des machines motrices
réunies est de 5{ chevaux.
L'usine de la Chapelle-Saint-Denis a déjà
fourni à l’industrie un assez grand nombre
de machines à vapeur. En 1841, le gou-
veruement a confié à M. Pauwels la cons-
truction de quatre appareils à vapeur pour
la navigation maritime.
Un de ces appareils de 220 chevaux est
expédié et en montage à Indret, un autre
de même force est presque achevé. La con-
struction de deux machines de 1460 che-
vaux, destinées à l’administration des pos-
tes, est assez avancée Sur trois machines
locomotives commandées en mars dernier
pour le chemin de fer de Lille à la fron-
tière, deux sont livrées et ont déjà fonc-
tionné sur les rails, la troisième est ache-
vée; ces dernières machines nous ont paru
très bien exécutées.
Les forges contiennent vingt-huit feux
ordinaires dont le ventilateur est mû par
une machine de 4 chevaux ; un four à re-
verbère et un four à réchauffer les cercles
des roues des locomotives. Une machine à
vapeur de 20 chevaux yÿ fait mouvoir un
martinet, et plusieurs grues complètent
l'outillage de cette partie des ateliers.
L'atelier de chaudronnerie est très bien
monté, son outillage est assez complet; le
perçage , le cintrage, l’'emboutissage des
tôles s’exécutent par des procédés méca -
niques et au moyen de mandrins en fonte
bien combinés; aussi les chaudières qui sor-
tent de cet établissement peuvent-elles être
citées parmi les meilleurs des ateliers de
Paris; et permettez-nous de vous rappeler,
en passant, qu'il est difficile d'obtenir un
rang distingué dans cette spécialité, car il
est depuis longtemps reconnu que la fabri-
448
cation des générateurs et des grands appa-
reils de chaudronnerie est poussée , à Pa-
ris, à un degré de perfection très remar-
quable : supériorité que peuvent seuls ex-
pliquer les développements considérables
qu'a reçus cette industrie davs un dépar-
tement d'où le haut prix de la houïlle et de
la main-d'œuvre semblait devoir repousser
certaines grandes exploitations métallur-
giques.
L'atelier d'ajustage contient :
Un grand alésoir vertical très solide-
mnt construit :
Deux grandes machines à ‘aléser et ra-
-boter circulairement, principalement dis-
posées pour lalésage parallèle des ouver-
- tures des balanciers et des bielles ;
Quatre machines à planer dont l’une
peut planer 10 mètres de longueur sur
3m,30 de largeur.
Cette machine, à outil mobile, nous a
paru une des meilleures de cette espèce;
une fosse de grande dimension , garnie de
tables mobiles et de supports à répos éche-
fonnés, permet de recevoir et dé!fixer. avec
autant de solidité que de facilité, des pièces
de forte dimension.
Le porte-outil est mû par deux fortes
chaînes de Galle soutenues dans leur lon-
gueur par une glissière, et les moyens de
déterminer la marche latérale de l'outil
sonttrès bien entendus.
Nous avons surtout remarqué une dis-
position qui nous à paru très complète et
dont le but est de donner mécaniquement
à Foutil, même lersqu'il est incliné pour
produire des surfaces angulaires , l’avance-
meot progressif qu'il doit recévoir à cha-
que course de la machine.
Nousavons vu encore dans l'atelier d’a-
jastage :
Prois machines à buriner et mortaiser ;
Quatre tours parallèles, dont un de huit
inètres de banc ;
Plus un grand nombre de tours de di-
- rs erses formes, des machines à percer, à
tailler les dents d'engrenage, etc.
L'atelier de montage renferme deux ap-
pareils de lavage à mouvement pärallèle,
qui offrent lavantage de reporterla charge
sur lés murs du bâtiment dans un sens
tout-à-fait vertical, de ne pas embarrasser
l’espace comme le font les grues pivo-
tuuites, et de pouvoir desservir toute la
Hongueur du bâtiment sans décharger et
reprendre les fardeaux à transporter.
Tous les détails de ces appareils de la-
vage ne sont pas irréprochables, mais c'est
une bonne application, et nous pensons
--que quelques perfectionnements dans leur
construction les rendraient d'un usage
- complétement utile.
Un chemin de fer établit une commu-
‘mication entre les divers ateliers et les
cours de l'établissement, et donne de
grandes facilités pour la construction et le
montage des locomotives et des tenders.
Liablissement de MM. Mazceline frères,
au Hävre.
Au Hivre, sur le bord du canal Vau-
ban, MM. Mazeline frères ont créé un ate-
‘lier de construction de machines à vapeur,
qui, bien que récemment mis en activité,
a déjà fourni à la navigation quatre ma-
chines depuis 40 jusqu’à 120 chevaux, et à
l'industrie vingt-neuf machines de diverses
dimensions jusqu'à 40 ehevaux de force.
Cet établissement est fondé sur d'assez
larges bases , et sa superficie totale est de
6 800 mètres carrés; le bâtiment principal
449
destiné à l'ajustage et au montage couvre
une surface de 2,000 mètres ; les bâtiments
cantenant les forges , la chaudronnerie et
les ateliers de modeleurs occupent, avec
les cours et magasins, 4,600 mètres de
lerrain.
Les ouvriers de diverses professions em-
pleyés dans l'établissement sont au nombre
de 250, et:deux machines À vapeur d’une
force de 32 chevaux y font mouvoir un
marteau à vapeur et outillage mécanique.
La chandronmerie est pourvue de machi-
nes nécessaires à la construction et à la ré-
paration des grands générateurs des bâti-
ments à vapeur. Un tel atelier, daus un de
nos principaux ports, est une ressource pré-
cieuse pour notre navigation. .
MM. Mazeline viennent dé livrer récem-
ment, à la compagnie des apparaux du
port du Hâvre, une machine à mâter les
navires. et à transborder les fardeaux d'un
grand poids. Elle est composée de deux
mâts ou bigues, construits en tubes de
tôle superposés et assemblés, et dont le
diamètre moyenest de Om,72,centimètres ;
la longueur de chacune de ces bigues est
de 25 mètres; elles se terminent par une
forte traverse en fer forgé sur laquelle
sont fixées les poulies d'appareil.
CALLA.
Ke
AGRICULTURE.
De l'amélioraoion des prés; par Félix Vil-
leroy, cultivateur à Riettershoff ( Ba-
vière).
De tous les perfectionnements apportés à
l'agriculture hu vingt-cinq ans, il n’en
est pas de plus importants que Paméliora-
tion des prés par Lirrigation. Tous les pro-
duits du sok-arable ne s’obtiennent qu'à
force detravail et d'engrais, tandis que, par
l'eau seule, on tire d’abondautes récoltes
de terrains qui, sans eaux, seraient tout à
fait improductifs. À la vérité, des travaux
préparatoires sont nécessaires : il faut d’'a-
bord des fossés pour l'écoulement des eaux
stagnantes ; il faut d’autres fossés, des di-
gues, des écluses pour faire monter l'eau
qui doit servir à arroser ; il faut enfin dis-
poser le sal de manière à ce qu’on puisse
répandre l'eau sur toute ‘sa surface, rézu-
lièrement, san; qu'elle séjourne nulle part,
et qu'on puisse la donner ét l'ô er à vo-
lonté. Sans doute ces. travaux occasionnent
parfois des dépenses considérables, mais si
l’on considère qu'une prairie bien disposée
pour l'irrigation peut produire, par hec-
tare, jusqu’à vingt-quatre milliers (cent
vingt quintaux métriques) de fourrage, on
comprendra que des lravaux bien entendus,
pour soumeitre des prés mauvais où mé-
diocres à l'irrigation, doiveut être en géné:
ral une spéculation excellente.
Des agriculteurs d’un méritereconnuont
dit que les prés ne méritaient pas l’impor-
tance qu'on y attache généralement, etque
les terres cultivées doivent se suffire à el-
les-mêmes pour la production du fourrage.
Il est vrai, et les faits le prouvent, que des
terres amences depuis longtemps à uu
haut degré de fertilité, peuvent produire
tout le fourrage nécessaire à leur entre-
tien; mais il n’en est pas moins vrai que
c'est pour le cultivateur un immense avan-
tage d'obtenir des prés naturels le fourrage
qui doit produire le fumier nécessaire aux
terres. Celui qui manque de prés doit con-
sacrer une grande étendue de ses champs,
au moins la moitié, à la production du four-
| seulement d’arroser, mais surtout de dis-
450.
rage, et ainsi la moitié des produits de la
terre est consommée par 1e bétail pour faire
du fumier. Celui, au contraive,.qui a dp.
foin en abondance, peut demander à ses
terres d'autant moins de fourrage, at d'au:
tant plus de produits destinés à être vendus
et immédiatement convertis en argent. Ces
vérités ont été parfaitement senties en Al-
lemagne, où les cultivateurs tendent géné-
ralement à entretenir la plus grande quan-
tité possible de bétail. On ne saurait dire
combien: d'anciens prés ont été améliorés,
combién de nouveaux ont été créés, eteela
sans que la culture du trèfle ait été res-
treinte, et lorsque celle des pommes de
terre prenait une immense extension.
De tous les endroits où l'on s'est adaonné
à l'amélioration des prés et à l'irrigation,
il n’en point où l’on soit arrivé à une aussi
gronde perfection que dans le petit pays de.
Siegen, qui attire aujourd'hui l'attention
de tous les cultivateurs de PAHemagne.
Beaucoup y vont chercher des lecons ét
des exemples. Quoique les préceptes écrits
aient bien peu de mérite, comparative-
ment aux leçons qu'on reçoit sur le terrain,
on pourra cependant lire avec profit ces
règles données, non par un théoricien, mais.
par un praticien (Wiesen Baumeiïster), mai-
tré dans la culture des prés, terrassier-ivri-
gateur, homme dont {a profession est ncm
poser le sol, 6n d'anciens prés on de terrains
nouveaux, sur lesquels on veut amener ur
cours d'eau pour les soumettre à l'irriga-
tion.
Cette profession est encore inconnue en
France; elle n'y a pas même de nom. Les
maîtres de Siegen se transportent dans
d’autres parties de l’Allemagne pour ÿ «li:
riger des travaux d'établissement de prés à
arroser, et il est probable qu'ils iraient
aussi en France s'ils y étaient appelés.
Convertir un marais en un pré arrosé
est une opération qui exige plus ou moins
de travail, mais qui, du reste, ne présente
pas de grandes difficultés d'exécution. I!
suffit de niveler, de marquer .ayec des pi-
quets la hauteur etla largeur des plan-
ches, et ces bases une fois posées, le trans:
port des terres et leur répartition peuvent
être confiés aux mavœuvres les plus gros- .
siers. Aussi n'est-ce pas en cela que con-
siste l'art des terrassiers-irrigateurs de Sie-
gen. ;
Si d'un terrain de conformation irrégu-
lière, présentant des creux et des éminen-
ces, on veut faire un pré arrosé, la forme
que l'on donnera au sol et le mode d’'exé-
cation des travaux peuvent présenter
d'énormes différences dans les résultats et
dans les frais. Le terrassier qui entend son
métier, après avoir constaté la plus grande
bauteur à laquelle il peut amener les eaux
qu'il a sa dispoñition pour arroser, après
s'être assuré de leur écoulement, lors-
qu'elles auront servi à l'irrigation, étudie
son terraiu pour savoir quelle est la meil
leure forme à lui donuer. Ces points étant
réplés, il trace son plan, puis il commence
les mouvements de terres, qui doivent être
combinés de telle facon que toute la Sur
face du pré soit portée à la hauteur la plus
convenable dans chacune des parties, que
les planches aient la forme voulue pourne
bonne irrigation, et que les déblaisret rem-
blais se balancent de telle sorte, qe les mi
nences abaissées fournissent la:téfrénéces
saire pour remplir les creux: Cette dernière
condition, souvent la plus difficile à rem
plir exactement, est importante. Dansb
(O4
54
»s cas, “on rne Pourrait pas trouver hors
E l'espace ser lequel on travaille la
rrre nécessaire aux remblais, ou les
»mblaisétent terminés, s’il se trouvait de
: terre de reste, on ne saurait qu’en faire.
in outre, si c’est un ancien pré qu’on dis-
sé. pour lirrigation, on re peut le pré-
farer d’un seul jet; le gazon est d’abord
‘roprement enlevé, le sous-sol recoit la
wrme qu'il doit avoir, puis le gazon est re-
lâcé avec soin. De cette manière, si le ya-
irest ménagé, si on ne lui laisse le. temps
ii de se dessécher ni dé pourrir en (as, on
eut tout de suite arroser et obtenir, dès la
tremière année, une récolte de fourrage.
n fait ainsi successivement une planche
près l’autre, et si le travail était manqué,
fs corrections. seraient peut-être aussi coû-
*zuses que Ja première opération. On com-
‘rendra, par ce peu de mots , que les ter-
| assiers- irrigateurs exercent réellement un
rt, et que leur talent peut être d’une
rande importance ; d’abord, par la bonne
11 mauvaise exécution des travaux d'éta-
lissement, et le plus où moins de frais
iu’ils occasionnent, ensuite par les résul-
ats qu'on obtient d'une i irr igation plus ou
haoins disposée, plus ou moins bien dirigée.
SL. Jes eaux qui coulent en pure
L erte des champs, des villages et « des sour-
Les dans Jes ruisseaux, des TUISSEAUX AUX
leuves, des fleuves à la mer, si partout où
vela est possible ces eaux étaient judicieu-
*ement employée; à l'irrigation, le nombre
Les bestiaux pourrait être certainement
“oub'é, on obtiendrait deux fois plus de
esse et par suitedeux fois plus de grains,
; os sea des produits de four:-
4
‘els et de racines. Les résultats
le amélioration si facile sont in-
ja ables.
El faut l'avoir vu pour croire aux mer-
eilles. que produit l'irrigation. Avec de
lean en sufisante quantité et bien dirigée,
> sol le plus aride produit d’ abondantes
Écoltes de fourrage de bonne qualité. Aussi
| st-ce Sur les plus 1 mauvais terrains que. les
‘ rais d’établissement d'uriga tion se paient
2e mieux.
| Daus le Me nieh. par eË montagneuse
| e.la Bavièrerhénane, on. voit fréquemment
|
i
|
|
ransformer en bons Prés des marais tour-
eux, impraticables aux hommes, comme
u bétail, qui ne produiraient que dela
housse et quelques mauvaises plantes aqua:
ques. Dans ce pays de forêts, où le bois.
eu. de: valear, on.commence. ordinaire
ï
ientpar couvrir la surface du marais d'une
ouchede branches de pin, qui forment
omme un plancher sur lequel, à l’aide de
‘aelques planches, peuvent d’abord circu-
2r les hommes et les brouettes.
Ces marais étant presque. Loujours dans
les vallons, on a, à proximité, le sol des
ollines qui doit les combler, et cette con-
ition est essentielle, car s’il, fallait amener
:s matériaux de loin, les frais pourraient
‘evenir trop considérables. Par. contre, on
“egarde peu à la qualité de ces matériaux,
file plus souvent on ne peut disposer que
Fun säble aride , où ne végètent que les
ins et les bouléaax. Sur Les branches de
im, @ujette d’abord des pierres, des quar-
iersderoches, puis pardessus on étend du
lableiparsiqui forme avec les roches de
rés dal base des collines. La tourbe qui fait
l#fénd: duimarais se tassant sous ce poids,
|megrâande-épaisseur de pierres et de sable
stsnécessaire; mais du moment qu’on a an
okferme, sur lequel peuvent circuler les
oitures, le travail devient beaucoup plus
| minent les conditions du trav
Let physique, et qui en régissent le dévelop-
452
facile, Lôrsqu’on s’est élevé suffisamment
au dessus de l’eau, on divise le sol én plan-
ches,; auxquelles on done la forme qu’elles
doivent avoir pour l” irrigation. Si l’on à à sa
disposition dela terre végétale, ôn l'étend à
lasurlace. Les planchés étant términ“es,on
se contente d'y répandre des fleurs de fôin,
balayutes des greniers à foiû On laisse alors
ce nouveau sol se consolider, et lorsque
l’année suivante quelques maigres herbes
y ont poussé et Jui dénnent de la consis-
tance, on commence à irriguer. Alors,
comme par enchantemeñt, l'eau fait Sortir
d’an sable stérile d'abondantes récèltes de
graminées, et l’on obtient au moins deux
coupes d'un fourrage qui n'est pas de pre-
mière qualité, mais qui est sain et que tou-
tes les bêtes wangent volontiers.
Que ceux qui oût à leur disposition de
l’eau én suffisante quantité fassent seule-
ment un éssai en petit, et quand ils en au-
ront vu les résultats, ils ne s'arrêteront
certainement pas.
(l'Agriculture pratique.)
—— 2 ee —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 4 mars.
L'Académie procède à la nomination
d’un mefnbre correspondant dans la section
de statistique.
M. Williams Senior, ayant obtenu 19
suffrages sur 20 au premier tour de scru-
tin, a été proclamé en cette qualité.
M. Wolowski a été admis à lire un Mé-
moire sur la lévislation douanière de la
France avant le ministère de Colbert.
La partie du travail communiquée an-
jourd'hui à l'Académie par M. Wolowski,
nous a paru Si intéressante, que nous
croyons devoir en rapporter en entier les
passages les plus saillants.
L'orgauisation industrielle de Ta France
repose sur u semblé de. dispositions 1e-
gislatives, dont Pétade a trop.été négligée
jusqu ’Xcesderniers temps. Elle touchait, en
effet, aux problèmes les pins importants de
la vie sociale ; elle saisissait le fait même
de la production de la richesse, de l’appro-
| priation des. nratières premières aux be-
soins de homme: c ce sont elles qui déter-
1 intellectuel
pement ; ce sont elles. qui réglent les rap-
ports des travailleurs entre eux et ceax de
la production intéricure de chaque pays
avec la production extérieure. Elles exer-
cent dans une large influence sur la créa-
tion des produits, comme sur leur distri-
bution.
L'espèce d’oubli, auquel une branche
si riche de notre législation a été con-
damnée, contribue à donner cours à des
assertions, tout au moins hasardées, quand
elles ne sont pas injustes et passionnées.
Peut-être, en fixant sur nos institutions
un regard plus attentif, en les compa-
raut à celles qui protègent l'activité in-
dustrielle des autres états, deviendrait on
moins sévère dans ses appréciations. Mais
surtout, pour bien comprendre le présent et
pour lui rendre justice, il faut connaître
le passé; c’est alors seulement que nous
pourrons mesurer les progrès accomplis,
sous l'empire des institutions dont nous
accusons aujourd’hui l'insuffisance.
Le progrès est lent quand il doit se dé-
453
gager de lattirail méthodique de la régle-
mentation ; il est rapide quañid l'esprit et
le travail de Phommé ont conquis ube en-
tière liberté. Mais cette liberté même im
pose au législateur des devoirs nombreux.
et difficile; il faut qu'elle se éoncilie avec
la sécurité; la régularité et la foÿauté des .
transactions, qu’elle ne trouble point Ja.
discipline de lâtelier.
Saus doute, il resté éncore beaucoup à
faire pour. méttre nos lois en harmonie
avec le principe nouveau dont là révolu-
tion:.a Cousacré le triomphe définitif, et
pour. combler lès lacunes de notre régime
industriel. Cependant, que dés vœux lé-
gitimes, que la recherche dés améliorations
nécessaires ne nous fasseñt point mécon-
naître les immenses avantages dont Ja hi.
berté du travail nous a mis en possession.
On se laisse facilement séduire par l’ap-
parente symétrie des anciennes institutions;
cet.ordre, cette régularité de mouyement
dontrien ne semble devoir troubler l'har-
monie, saisissent l'imagination, et dispo-
sent à envisager sévèrement les luttes de la
concurrence, Mais quand on pénètre au
fond, quand on écarte cette brillante enve-
loppe pour sonder la misère qu'elle savait
masquer, on se prend à rougir de sa cré-.
dulité.
D'ailleurs, la marche lente et routinière
de la reproduction, retenue captive par
lasser vissemént de la pensée, pouvait seule
s’accommoder de ces liens factices, que
l'esprit humain, rendu à son libre essor,
devait promptement briser. On-pouvait en-
régimenter, les. travailleurs sous, des ba-
nières diverses, ériger. en dispositions ja-
louses la.séparation des matières, imposer
les rudes servitudes de l'apprentissage et du
compagnonage, classer aux honneurs et
aux profits, de la maitrise les chefs de la
famille industrielle, quand aucun déplace-
ment soudain ne menaçait les cases de ce
vaste échiquier, quand le morcellement du
travril ne laissait apparaître que l'exploi-
tation restreinte de l'atelier. Mais il serait
teméraire et insensé de vouloir suivre de
pareils errements en présence des inven-
| Lions sans cesse renaissantes, qui modifient
les: procédés et déclassent les travailleurs ;
eu présence de ces immenses manufactures,
de ce grandes communes industrielles qui
réunissent dans leur sein des milliers d’ou-
vrieré, Sans presque exiger d'eux aucune
initiation spéciale.
D’autres nécessités appellent d’autres rè-
gles d’ action; néanmoins les enseignements
du passé ne perdent rien de leur utilité ;
quand ils n'auraient d’autre intérêt que de
nous mettre en garde contre de prétendues
innovations , dont l’épreuve a été faite de-
puis longtemps, ils mériteraient déjà d’être
recueillis. Mais il y a mieux, ce n’est pas
seulement un service en quelque sorte né-
gatif, que nous devons leur demander.
Dégagées de l’alliance du monopole et du
privilége, quelques unes des anciennes ins-
titutions, destinées à régulariser le mouve-
ment de la production, peuvent être encore
maintenant étudiées avec fruit. Cette étude
devient surtout d’un attrait puissant, elle
estune fécondeet admirable leçon, quand on
recherche les rapports entre le travail in-
digène et les pays étrangers.
L'intérêt du travail est en dehors des
prescriptions jalouses des anciennes aggré-
gations industrielles, puisque l'agriculture
en a toujours élé affranchie; l'organisa-
tion industrielle, détruite en 1789, laissant
en dehors de ses prévisions les grandes
454
manufactures, ne repondrait nullement
aux besoins de la société moderne; car
c'est le développement des grandes ta-
briques, la réunion de celte multitude
d'ouvriers dans une autre commune, sous
la direction souveraine de l’entrepreneur,
qui appellent surtout les méditations des
hommes, occupés sérieusement d'améliorer
le sort des classes laborieuses.
Est-ce à dire que les corporations, hos-
tiles aujourd'hui aux intérêts de notre con-
stitution sociale et industrielle, n'aient ja-
mais eu leur utilité, n'aient été. d'aucun
secours à la formation des richesses et à
l'émancipation des travailleurs? Ceux qui
viendraient le prétendre, commettraient
une grave erreur. [l n’est pas d’abus, qui
ue se rattache à une origine respectable et
qui n'ait d'abord servi la cause de lPhu-
manité, cette pensée, si vraie, d’un grand
écrivain, donne la clé de l’existence des
corps des métiers et de leur importance
historique.
Leur formation a été le point de départ
d’use grande révolution politique et indu-
strielle: grâce au pouvoir des métiers, le
travail a pu se développer, la richesse s’est
accrue, et par conséquent la liberte a ren-
contré son aliment nécessaire. Car chaque
pas fait dans l'augmentation de la richesse
est un pas fait vers l'égalité. Grâce au pou-
voir des métiers, la bourgeoisie a pris nais-
sance, elle a grandi erunie au pouvoir royal
elle a vaincu la féodalité.
Mais durant la longue lutte engagée
avec les seigneurs, Îles prérogatives des
métiers, auxiliaires du trône, allaient en
augmentant. Formés ‘d’äbord pour la dé-
fense ils ne tardèrent pas'à se constituer
en communautés privilégiées. :Ils s'étaient
fortifiés contre l'autorité féodale; quand
elle disparut, quand le libre exercice de
l'industrie n’est plus à redouter la tyranie
et les extorsions de seigneurs, de nouveaux
liens étaient formés, de Doi vÈtlEs entraves
s'opposaient à l’activité des travailleurs;
les corporations qui ne tiraient plus leur
raison d’être de la sécurité nécessaire au
travail, continuaient de subsister comme
instrument de domination et de monopole.
La féodalité industrielle succéda à la féoda-
lité politique.
La royauté, l’expression de l’unité fran-
caise, eut donc une nouvelle æuvre à ac-
complir; mais celle-là, il ne lui était pas
donné dela mener à son terme. Le pouvoir
monarchique s’essaya bien à enlever aux
communauté Jeurs priviléges exclusifs ou
du moins à restreindre ceux-ci, en procla-
mant la maxime que le droit de travail
était ur droit domanial et roy al, et non pas
ur droit dévolu à l'arbitraire des corps de
métiers; mais pour traduire ce principe
d'une manière large dans la pratique, il
n'aurait pas fallu qu’un trésor besogneux
vint à chaque instant battre monnaie au
moyen du maintient ct de l’extension des
- anciens abus.
Les corporations avaient servi d’abord
d’instrument de travail et de défense contre
l'oppression des seigneurs, plus tard elles
devinrent entre les mains de la royauté un
puissant instrument politique, pour la fon-
dation de l’unité monarchique sur les dé-
bris du morcellement féodal. Cette œuvre
une fois accomplie, elles avaient rempli
leur mission; elles auraient dù disparaitre
pour faire place à une organisation indus-
trielle mieux en harmonie avec les intérêts
des travailleurs, couverts de la protection
du pouvoir central, affranchi de leur an-
455
cienne servitude. Mais des finauces en dé-
sordre suggéraient sans cesse de nouveaux
expédients, pour augmenter les ressources
du trésor. Les corporations se survirent
donc à elles-mêmes eu devenant un instru-
ment commode de la fiscalité. Tel était
leur véritable caractère, quand le dix-hui-
tième siècle leur arracha le masque trom-
peur de l'intérêt publie, et les fit disparaître
sans retour...
Sans entrer dans les explications qui
nous entraîneraient trop loin, nous croyons
nécessaire de rappeler ici en peu de mots,
l'ensemble de l’organisation des corps des
métiers, sur lesquels on se fait trop souvent
des idées peu conformes à la réalité des
choses.
Cette organisation industrielle.admettait
deux grandes catégories : le commerce et
l’industrie proprement dite. Les vénérables
six corps des marchands formaient comme
l'aristocratie du travail. C’est dans leur
sein que se trouvaient choisis les membres
de la magistrature consulaire. Leurs digni-
taires portaient le nom de maîtres et de
gardes. Les artisans étaient divisés en un
grand nombre de corporations d’arts et
métiers, dont les supérieurs elus Bpttaient
le titre de jurés.
Trois classes composaient la grande fa-
mille des travailleurs : les apprentis, les
compagnons, les maitres. Les apprentis-
sages étaient longs, couteux et difficiles;
ils n’affranchissaient pas l’ouvrier qui de-
vait se soumettre encore à la servitude de
plusieurs années decompagnonage, à moins
que la main d’une veuve de maître, ou
d’une fille de maître ne vint le Dies dans
une position privilégiée.
Car le privilége était âme de cette or-
ganisation qu’on s’est plu à glorifier comme
un régime de sécurité et d'indépendance
pour les classes laborieuses. Aux fils, aux
gendres des maîtres, tout était faci!e; ils
n'avaient ni apprentissage, ni compagno-
nage à subir, ni frais ruineux à supporter;
on lesrenvoyait:sur une simple expérience,
sorte, d'examen sommaire de leur capa-
cité,:-Les rigueurs du chef-d'œuvre, les
charges énormes de la réception, la dure
servitude qui attachait en quelque sorte
l’ouvrier à la glèbe de l'atelier, toutes les
vexalions à subir, tous les obstacles à sur-
monter, tel était le lot de ceux qui n’ap-
partenaient pas par les Jiens du sang à la
caste dontiwante, à la 69/poration.
Carles maîtrés seuls formaient la corpo-
ration ; enx seuls composaient le pouvoir
dirigeant ; lés ouvriers étaient exclus de
toutes part d'influence ; ils ne participaient
ui directement, ni indirectement à l’élec-
tion des membres de la Jurande, de ce tri-
bunal de famille, qui disposait de leur
existence. Tous les maîtres ne jouissaient
pas des mêmes priviléges. Ceux qui avaient
moins de dix ans d’exercice de la maîtrise,
connus sous le nom de jeunes maëtres,
étaient suppléants électeurs; les maîtres
modernes aYant plus de dix ans d’exercice,
étaient électeurs et éligibles ; dans les com-
munautés nombreuses, on n'appelait à
chaque nomination d'officier qu’an certain
nombre de jeunes maîtres et de maitres
modernes, suivant l’ordre d'inscription au
tableau. Mais les anciens maîtres, ceux qui
étaient passés par la 7urande. exercaient en
toute occasion leur droit électoral.
Dans eette savante gradation, nulle place
n'est faite aux hommes que leur naissance
ou leur défaut de fortune avaient empè-
ché de participer avx honneurs et aux pro-
tous les bénéfices de ce régime étaient ré
:d'éntourer le tronc de l'arbre d une ceinture d' étofre,
,
fits de la maîtrise. L’obéissance passive
telle était leur unique loi. Aussi, quand on
parle de notre ancienne organisation in”
dustrielle, ne devrait-on pas oublier que
servés aux maîtres. Comme celase pratique
encore aujourd'hui dans les pays où le
corporations se sont conservées, cristal=
lisées pour ainsi dire dans leur forme au”
tique.
L'édit de décembre 4581, ne modifia ei
rien le régime de la jurande, mais il essayan
de. fonder. en faveur des ouvriers une sortes
de droit d'appel : le pouvoir pénétrait dans.
LE intérieur des cor poratious ; C ‘était aux
possesseurs des maîtrises à dire : les rois
ont les mains longues.
La féodalité politique avait. été frappée à
mort du jour où l'appel au roi donna une.
forme tangible, en quelque sorte, à l'in
fluence de l'autorité centrale; l« féodalité,,
industrielle fut frappée au cœur par upgs)
intervention de même nature. old
Le Mémoire de M. Wolowski a don
naissance à une discussion à laquelle ont
successivement pris part MM. Lucas, dem
Remusat el Passy. Nous regrettons quel
défaut d'espace ne nous permette pas de
rapporter même sommairement les obsen
vations présentées par ces honorablés Aca*
démiciens. G=B. FE.
2
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
1
FAITS DIVERS.
9
Société d'horticulture de ses (Améri
que septentrionale.) — Gette société, & 1. PLOr «
posé un prix pour la destructien ou-p
empêcher une espèce d’insecte du génré
détruire les jeunes fruits, a eru, avant ne
prix, devoir publier'les femelles qui lui ont déjà été
adressés , sans doute pour en voir augmenter le
nombre et choisir le RÉRIenRe cr de Eee Se
publiés depuis plus d :
d'arriver à la Société Rte de Paris, 4
de la part de M. B.-V. French, président de la So-
ciété d'horticulture de Massachusetts, afin que, si
quelques-uns de ses membres connaissaient up | |
moyen cfficace de s'oppo-er aux dévastalions de cet
insecte, ils voulussent bien le communiquer.
L'un ‘des coneurren{s américains a reconnu que cel ;
insecte ne vole pas-habituellement, mais qu'il grimpe
sur le-tronc des arbres pour gagner les fruits dansk
lesquels il introduit ses œufs. Il a donc. imaginé:
imbibée de goudron préparé de manière à ce qu
reste Tibide pendant un certain temps, afin qu'eu=
cun imsecte coureur ne puisse passer. L' auteur as-
sure que ce procédé Jui a parfaitement FOUSSIe Un
autre concurrent a employé le même moyen el y®
ajouté un ämalgame de vif-argent et du soufre. LÉ
ben effet a été encore plus complet ; à la récolle ss
aucune de ses pommes n'avait de ver. F
D =—
BIBLIOGRAPHIE.
BIBLIOTHÈQUE de M. le baron Silvestre dé
Sacy, paie de France, ele. — A Paris, chez Merlitl
quai dés Aneustins, 7 1, Ge catalogue aura trois VO
lumes dont le deuxième sera peul-êire er deux pal
ties, Des trente-six feuilles et demie qui compose ÿ
la première livraison, trente-deux appartiennent Te
n° emier volume, qui sera complété par des_p
minaires, et comprend les imprimés sur la phil
phie et la théologie et les sciences naturelles. Quane
feuilles et demi , comprenant les manuscrits, afps
tiennent au Rene volume, qui SETa. complé
par les tables générales. lo: 5h 08
DISCOURS sur l'histoire dde FU EP Bus:
suct, Edition couforme à celle de 47
chez F. Didot, rue Jacob, 56.
ITA Pari po: |
iiotr $i | inait
ete ren ne LE SION SESSSE ]
PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE Île,
ruc Saint-Iyaeinthe-S.-Michel, 33.
10° année.
*
H1MMAÎIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
ES. Séance di 13° mars 1843. — SCIENCES
| >HYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la nouvelle pile
le M. Reizet; Régnauit. — PHYSIQUE APPLI-
| JUÉE. Application industrielle de la lumière et
‘|y pouvoir moteur de l'électricité; Moleyns. —
JECANIQUE CELESTE. Examen d’une classe
l'équations diflérentielles et application à un cas
jarticulier du problème des trois eorps; Gascheau.
= SCIENCES NATURELLES. TOXICOLO-
I3LE. Cours de M. Orfila. — SCIENCES AP-
DLIQUEES. ARTS CHIMIQUES. Moyens de
keconnaître la présence de l'acide sulfureux dans
Les produits du commerces —HORTICULTURE.
dulture des fougères. — ECONOMIE DOMESTI-
QUE. Conservation des substances alimentaires.
-— SCIENCES: HISTORIQUES. ARCHEOLO-
1ME. Comparaison de la qüantité d’eau fournie à
ha Ville de Paris, et de celle que Rome concédait
Ê ses habitants; Dureau de [a Malle. — GEO-
SRAPHIE: Ruines de Carthage; F. Flachena-
\«er. — BIBLIOGRAPHIE.
DD SEE Ce
| ACADÉMIE DES SCIENCES.
| xt ce Séance du lundi 15 mars.
IL ‘séance d’aujour(hui a été absorbée
tesque’ entièrement RE le comité secret
MPa lt nomimation d'un membre corres-
.indant dans la section de chimie, car les
lminations sont maintenant à l'ordre du
ur. Les candidats étaient :
| 1° M. Henri Rose, à Berlin.
+ 2° M. Wôhler, à Gættiugue.
| 3° M. Graham, à Londres.
M: Dôbereiner, à Léna. “9.
6
;
Me à Marbourg; Mosauder, à Stoc-
one ne
“ ntissent à chaque instant dans la scie
. Henri Rose a doncété proclamé membre
brrespondant de l’Académie des sciences.
! Gette élection finie, est venu le tour du
I>mté secret. Si les candidats abondent
uglpôrtes de nos Académiciens, s'ils pul-
1tét] dans leurs antichambres, c’est pour
wonAneîles oublie pas d’abord dans la
ussion a présenté un intérêt proportion-
‘elau temps qu’elle a duré, noùs avons
eu de croire qu’elle en a présenté beau-
où , Mais il ne faut pas s'en étonner :
tan on est en face de mérites si éminents
[rest difficile d’assigner un premier rang.
ailleurs, une grande question s’est élevée;
| Académie ve veut pas de spécialistes, On
“ roirait à cette décision suprême que l'A-
| adémie ne renferme dans son sein que des
| rc) clopédistes. Mais est-ce un encyclopé-
liste celui dont la vie toute entière se
rasse sur des x et des y ? Sont-ils des ency-
| lopédistes ceux qui expliquent tout par des
‘actions chimiques? Nous n’hésiterions pas
| 53 Exacquo, MM. Robert Kane, à Dublin ce
Parmi tous ces savants dont les noms re-.
\cadémie a choisi le chimiste de Berlin.
. Henri Rose a obtenu 48 su ffrages ; M. Dé.
-reiner 3; M. Wôhler 2, et M. Graham 1:
pebane je 2 Has MOTO BARON EE
iscussion‘du comité secret, Si cette dis-.
Paris. — Jeudi, 16 Mars 1813.
L'ECHO DU MONDE SAVANT. |
D TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
CHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’ahonne : PARIS, rue des F7TITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li
rraïres, et dans lés bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un af 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 ‘r.,’Gfr.
fr. 50. A lÉTRANGER 5 fr. en sus pour: les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ-
LATURE ET DES BEAUX-ARTS ct les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10.fr. pris séparément) et qui forment:ayec l’'Echo du monde savant la revue
'icyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur,
à les placer parmi les spécialistes purs.
Mais enfin les maîtres ont dit : il n’y aura
pas de spécialistes et les spécialistes se sont
enfuis. Les grands encyclopédistes restent,
et parmi eux quel est celui qu’on choisira?
Dépouillera-t-on Montpellier de son pro-
fesseur ? Appellera-t-on à la place de Larrey
l’illustre auteur des Éléments de médecine
opéraloire, le savant chirurgien de la Cha-
rité Oubienouvrira-t-onla porte à des rangs
inférieurs? Selon nous, la lutte ne doit
exister qu'entre ces deux hômmes, et tous
deux ils sont dignes de lutter ensemble.
M. Lallemand est la gloire de la faculté de
Montpellier, mais M. Velpeau honore bien
celle de Paris : les Éléments de médecine
opératoire, les Récherches sur l'embryolo-
gie humaine, peuvent marcher de pair avec
les Travaux sur les maladies de l’encéphale
et sur les pertes seminales; enfin, M. Vel-
peau est de la taille de M. Lallemaud. Du
reste le professeur de la faculté de Paris
n'a pas produit tout ce qu'il peut produire,
et ses derniers Mémoires, présentés à l'A-
cadémie des sciences, prouvent que s'il
?
_m'accable pas la savante aszmblée de pré-
ee ë >
tendues recherches sur des bagatelles, les
grandes idées ne lui manquent pas, et qu’a-
près les avoir connues et bien conçues il
les féconde lentement et avec succès. Cette
glorieuse Jenteur-est préférable à: la préci-
pitation de certains:-chirurgriens-qui. au
moment de la: lutte, produisent en foule
de nombreux Mémoires. comme s'ils n’a-
vaient rien produit; où comme s'ils vou-
laient par leuvs-travaux présents faire on-
blier des travaux passés dont ils n’auraient
pas à se glorifier, L
| Dans les expériences du daguerrcotype,
chacun sait qu’on ncbtient; pas toujours
les.-mêmes résultats:en se plaçant dans les
mêmes conditions ::on n'avait: pas jusque
alors trouvé la causé de ce singulièr phé-
nomène, mais M. Daguerre vient de nous
l'apprendre par uné note envoyée à l’Aca-
démie des sciences. M. Daguerre attribue
cet inconvénient à deux causes princi-
pales :
La première tient à l'opération du polis-
sage qu'il est physiquement impossible
d'effectuer sans laisser à la surface de la
plaque des traces du liquide et des autres
substances qui servent à cette opération ;
le coton lui-même suffit pour laisser un
voile de erasse sur largent. Cette pre-
mière cause constitue déjà un obstacle très
grand au succès de l'épreuve parce qu’elle
retarde l’action photogénique en empé-
chant l’iode d’être en contact direct avec
l'argent.
La seconde consiste dans les change-
ments de température de l'air avec lequel
la plaque se trouve en contact depuis les
premières opérations jusqu’à celle du mer-
cure. On sait que toutes les fois qu’un
Ko 29.
corps froid se trouve environné d’un air
plus chaud :l en condense l'humidité. Il
faut attribuer à cet effet la difficulté que
l'on éprouve d'opérer dans un milieu hu-
mide, surtout lorsqu'on arrive à l’opéra-
tion du mercure qui demande pour s’éle-
ver en vapeur convenable, une chaleur
d’au moins 50 dégrés centigrades. Cette va-
peur qui échauffe d’abord l'air contenu
daus l'appareil, produit sur le métal une
buée qui affaiblit l'image. Il est bien évi- |
dent que cette couche humide est très nui- |
sible puisque si, par exemple, on fait tomber
à plusieurs reprises la vapeur de l’halleine
sur la plaque sortant de la chambre noire,
la vapeur n'y peut plus faire paraître l’é-
preuve.
L'eau qui se condense même à la plus
légère différence de température entre la
surface d’un corps et l'air cuvironnant
contient en suspension une matière non
volatile qu'on pourrait appeler mon at-
mosphérique jet dès que l'équilibre de tem-
pérature s'établit entre l'air et la surface
du corps, la vapeur humide qui s’y était
codes sé volat lise et y déposant lel=
mon quelle éontient, Va se saturer dai
l'air d’une nouvelle quantité de cettes
stance impure:
Detous les moyens de débarrasser larg
de toute crasse où limon, le suivant
celui qui a paru leplus convenable à M.D
guerre, Ce procédé consiste à couvrir la
plaque après l’avoir polie, d’uue ecuche
d’eau très pure, à la chauffer très forte-
ment avec une lamye à l'esprit de vin et à
verser ensuite cette couche d’eau de ma-
nière que sa partie supérieure, où surnage
le Timon qu'elle a soulevé, ne touche pas ia
plaque.
11 faut avoir un chassis de fil de fer, de
la grandeur de la plaque, ayant à un de ses
angles un manche et au milieu de deux
côtés opposé deux petits erampons pour
retenir la plaque quand on lincline. Après
avoir placé sur un plan horizontal ce chas-
sis, on y pose la plaque que l’on couvre
d’une couche d’eau très pure et en met-
tant autant d’eau que la surface peut en
retenir. On chauffe ensuite fortement le
dessus de la plaque, à la surface de la-
quelle il se forme de très petites bulles.
Petit à petit ces bulles grossissent et dispa-
raissenf, on continue à chauffer jusqu'à
faîre bouillir, et alors on doit faire écouler
l’eau. On commence par porter la lampe
sous langle du chassis où se trouve le
manche; mais avant de soulever le chassis
il faut chauffer très vivement cet angle, et
alors, en soulevant très peu à l’aide du
manche, l’eau commence immédiatement
à se retirer. Il faut faire en sorte que la
lampe suive sous la plaque la napre d’eau
dans sa marche, et incliner que peu à peu
et juste assez pour que la couche d’eau en
460
se retirant ne perde rien de son épaisseur;
car si l’eau venait à se dessécher, il reste-
rait des gouttes isolées qui, ne pouvant pas
couler, ‘feraient des taches en séchant,
puisqu'elles laisseraient sur l'argent le li-
mon qu’elles contiennent. Aprèsicela il ne
faut plus frotter la plaque dont l’eau bien
pure ne détruit pas le poli.
On nedoitfaire cette opération qu’au mo-
ment d’'iodurer la plaque. Pendant qu'elle
est encore chaude,on la pose de suite dans
la boîte à l’iode, et sans la laisser refroidir
on la soumet à la vapeur des substances ac-
célératrices. On peut conserver les plaques
ainsi préparées un ou deux Jours (quoique
la sensibilité diminue un peu), pourvu
qu'on place plusieurs plaques ainsi prépa-
rées en regard l’une de l’autre à une très
petite distance et soigueusement envelop-
ptes pour éviter le renouvellement de l'air
entre les plaques.
M. Siebold a communiqué à l’Académie
des sciences les quatre première cartes de
sou atlas du Japon. Ce savant a puisé d’u -
tiles matériaux dans les connaissances des
astronomes de la cour de Jedo. Le plus il-
lustre de ces astronomes est le fameux Ta-
kahasi-Sakoù-Sazemou, qui a aidé de ses
lumières M. Siebold , et qui, comme le sa-
vant hollandais, a eu à souffrir la prison et
beaucoup d’autres persécutions. M. Siebold
nous a fait connaître de curieux détails sur
la civilisation du Japon.Toutela civilisation
dans les îles japonaises s’est propagée du
midi vers le nord. D’après les renscigne-
ments les plus authentiques puisés daus la
tradilion et dans la littérature des Japonais,
l’époque de leur première civilisation peut
être placée huit à neuf siècles avant l’ère
chrétienne. Ce fut au midi du Japon, dans
la province Hinga, que 660 ans avant notre
ère parut un conquérant qui fonda la dy-
mastie des Mikado, régnans jusqu'à ce jour.
L'histoire commence à partir de lu. Il
avait atteint déjà un haut degré de civilisa-
tion et l’on possédait à la cour de ce Mi-
kado des no‘ions astronomiques assez éten-
dues. C’est lui qui établit la division du
temps ; il connaissait le gzomo et le polos.
Cet instrument que les’ Grecs ont reçu des
Babyloniens était connu en Chine dans les
temps les plus reculés. L'usage ile la clepsy-
dre était également connu des princes Ja-
ponnais, avant l’ère chrétienne, et les plus
anciens exemplaires figurés par les Japo-
hais offrent une grande ressemblance avec
les clepsydres égyptiennes quisont décrites
par Horappollo et dont un échantillon est
conservé au âlusée des antiquités à Leyde.
L'aiguille airmantce était connue en Chine
dès le commencement du &euxième siecle
de notre ère, ainsi que M. Klaproth la dé-
montré, et les Japonais apprirent à la con-
naître vers le milieu du septième siècle. Le
zodiaque des Japonais est identique à celui
des Chinois, des Mandchous et des Mon-
gols.
- Il s'est opéré de temps en temps des com-
municalons entre le Japon et le continent
d'Asie, mais il semble que toutes les acqui-
sitions scicuilifiques qui en résultèrent sont
restées la propriété de la dynastie régnante
de Mikado. Ce n’est qu’au milieu du sixième
siècle (552) que les arts ct les sciences du
Céleste-Empire ont été introduits au Japon
par les prêtres boudhistes et ont été plus
généralement répandus.
Au commencement du septième siècle
on transporta de la corée au Japon, des
livres astronomiques et chronologiques, et
dans Je huitième siècle les Japonais sa
461
vaient déjà faire eux-mêmes leurs calen-
driers. Les Annales du Japon rédigées dans
le neuvième siècle, sont encore la meil-
leure source de l'histoire du Japou.
Dès lors leseonnaissauces astronomiques
des Japonais marclièrent du même--pas
que celles des Chinois jusqu’au milieu du
seizième siècle où les premiers entrèrent en
communication directe avec les Européens
et s’appropritrent les notions mathéma-
tiques et astronomiques des savants mis-
sionnaires qui.péné:rèrent dans leurs îles.
Ce fut le célèbre père Rieri qui répan-
dit en Chine les premiers rudiments de
géographie et de physique. Les ouvrages
écrits dans la langue des Chinois et deve-
nus populaires au milieu d'eux se sont en-
suite étendus jusqu’au Japon; et ce sont
les seuls livres, rédigés par un prêtre chré-
tien, que la censure japonaise ait tolérés
jusqu’à ce jour. Seulement le gouverne-
ment a pris la précaution de substituer au
nom del auteur ceux de ses élèves chinois.
Tout le monde connait les travaux ulté-
térieurs des missionnaires à Pékin et l'in-
fluence qu’ils ont exercée sur l’état scien-
tifique de ce peuple, tandis qu’an Japon,
depuis la proseription du christianisme, en
1642 , les marins hollandais se sont vus
chargés d'enseigner les mathématiques et
la géographie.
À partir de ce moment, les Japonais ont
marché côte à côte avec les Hollan lais,
leurs amis, qui les ont tenus au courant des
progrès accomplis par les sciences en En-
rope. les Japonais font des sextans, des lu-
nettes d'approche , des télescopes et les as-
tronomes de Jédo possèdent des sextans
d'origine anglaise et une montre maïiüe
faite à Paris.
On à fait l'éaumération detoutesles îles,
ilots et rochers de l'empire japonais, y com. |
pris les îles Kuriles et celle de Liukin. Le
total est de 3,859 dont la superficie calculée
d’après les cartes les p'us exactes, a été fixée
à 7,520 milles carrés d'Allemagne. L'ile de
Kinsin commande à elle seule un groupe
de 1,550 îles et rochers, ce qui prouve
jusqu'à quel point ces terres ont été déchi-
rées par des commotions volcaniques. Tous
ces curieux, détails ont été fournis par
M. Siebo!d qui n'a pas craint, pour les re-
cueillir, d’affronter souvent les plusgrands
dangers, et qui, comme nous l’avons déjà
dit, a éprouvé la persécution des princes
japonais. EF,
SCIENCES PHYSIQUES.
| PHYSIQUE.
Sur l& nouvelle pile de M. Reizet.
Dans un de nos derniers numéros nous
avons dit quelques mots sur une nouvelle
espèce de pile présentée à l'Académie par
M. Rgnault au nom de M. Reizet. Cette
pile, offrant un grand intérêt scientifique,
nous croyons nécessaire d'ajouter à cette
première description les remarques sui-
vantes communiquées par M Reizet :
Pendant le séjour que je fis à Marbourg
au mois de septembre dernier, dit M. Rei-
zèt, M. Bunsen, professeur de chimie à
l’Université de cette ville, a bien voulu me
faire connaitre une nouvelle pile de son
invention, Dans cette pile à effet constant,
un cylindre de charbon remplace d’une
manicre très ingénieuse des lames de pla-
tine de la pile de Grove.
» Grâce aux bons conseils de M. Bunsen,
462
on fabrique aujourd’hui à Paris la nou-
velle pile de charbon, et je m'estime heu-
reux d’avoir pu contribuer à répandre en
France la connaissance d'un appañeil si
digne de l'intérêt des savants, et sk pré-
cieux pour l’industrie.
» Les documents suivants sont extraits
de la correspondance de M. Bunsen, qui
lui-même m'a prié de les communiquer au
public. <
» Chaque couple de cette pile se conrpose
de quatre pièces solides de forme cylinri-
que, qui s’emboîtent les:unes dans les :an-
tres sans frottement. Voici l'ordre dans le-
quel cés pièces sont disp sées, en commen-
cant par Ja pièce extérieure qui renferme
toutesdes autres : 4
» 4. Un bocal en verre plein d’acide ni-
trique du commerce ; 1e
» 2. Un cylinlre creux de charbon ‘|,
percé de trous , ouvert aux deux extré-
mités et qui (la pile étant en action), plonge
dans acide nitrique jusqu'aux trois quarts
de sa hauteur. Sur le co:let hors du bocal
et qui ne plonge point dans l'acide , s’a-
dapte à frottement un anneau en zinc bien
décapé; au bord supérieur de cet anneau
est soudée une patte métallique recourbée,
destinée à établir le contact avec le pôle
vontraire. à
» 3. Une cellule ou diaphragme en terre
poreuse, qui s'iutroduit dans l'intérieur
du cylindre üe charbon, de manière à lais-
ser un intervalle de deux millimètres enwi-
ron, Cette cellule. recoit de l'acide sulfn -
rique étendu (1 partie d'acide du commerce
pour 7 à 8 parties d'eau).
» 4. Un cylindre ereux en zinc amalga-
mé, qai plonge dans l'acide suifurique de
la cellule précédente Le bord supérieur
de ce cylindre est surmonté d'une patte
(de zinc), propre à établir le.contaet avec
‘“e pôle contraires 418
» La réunion de ces pièces constitue um
couple de la nouvelle pile : Le cylindre de
charbon muni de son anneau et plongeant
dans l’acide nitrique du bocal, joue le rô'e
d'élément électro-positif; le cylindre de
zinc amalsamé, plongeant dans l'acide sul-
furique de la cellule, joue le rèle d'élé-
ment électro-négatif.
» Pour réunir plusieurs couples en bat=
terie, on fait communiquer le cylindre de
zinc avec le cylindre de charbon. €ette
communication s'effectue en appliquant
l'une contre l’autre les pattes ou lames re=
courbées qui dépassent le bord supérieur
de ces cylindres, et en les maintenant ser:
rées au moyen d'une petile pince de Cuivres
munie d’une vis de pression. Il va sans dire
que les extrémités ou pèles d’une batterie,
sont représentées d'un côté par la queue
d’un anneau de zinc embrassant le coblet
du charboa (pôle électro-positif};set ide
l'autre par la queue d’un cylindre:de zinc
amalgamé (pôle électro-négautif). k
» Un seul coup suffit pour fondre ua fil
de fer mince, et peut servir utilement aux
expériences de galvanoplastie et de dorures
Avec deux éléments on obtent la decoms
position de l’eau. L'Académie à pu juger
par elle-même des effets remarquables ob»
tenus à l'aide d'une batterie de 10 couples
appliquée à la fusion des métaux, l'inean-
descence des charbous dans le vide et à ia
décomposition de l'eau.
» M. Bunsen a comparé. l'intensité du
(1) Qu prépare ce cha:bon en ca'cinant conven
blement , dans un moule de tèle, ua mélange m-
time de coke et de houille grasse finement puvé
risés. 2
53
urant de la pile de charbon avec la pile
+ Grove; perfectionnée par M. Poggen-
vrff, en employant deux appareils d'égales
“mensions ; et il est ainsi parvenu à cons-
‘ter que le maximum des courants de la
mterie de Grove, toutes choses étant
tiales d’ailleurs, est à peine de trois cen-
“mes plus considérable que celui de la
|le. de charbon; différence qui devient
balle dans les applications pratiques. Il à
»nstaté, en outre, que la pile de charbon
l'avautaged’être d’un effet plus constant.
tour apprécier la constance des courants
ibles dans la pile de charbon, il s’est ser-
| d’un fil considérable en mesurant l'in-
jnsité du courant d'heure en heure, et il
| pu se convaincre qu'il n'y avait pas la
roindre diminution pendant la durée de
uatre heures.
» M. Bunsen a, de plus, fait des expé-
L'ences relativement à un mode d'éclairage
snsistant : dans: le jet de lumière produit
ar le-couvant entre deux pointes de char-
on. H s’est, pour cela, servi d’une batte-
lie de 48 couples; le jet: de lumière, en
Moignant les, pointes de charbon, pouvait
tre allongé jusqu'à 7 millimètres. M. Bun-
‘en a mesuré l'intensité de cette lumière
lu moyen d’un appareil photométrique de
“on invention , et la compare à celle que
hroduiraient 572 bougies stéariques. Le
‘ourant employé pour cet effet, avait uue
ratensité absolue-de 52,32; la dépense pour
‘ntretenirvette lumière pendant nne heure
‘tait pour le zinc; 0k,300; pour l’acide sal-
urique ,:0k,456 ; et pour l’acide nitrique
\i'une densité de 1,306), 0k,6U8.
| » Bien que ces données approchent de la
ltérité autant que possible, M.Bunsen n’o-e
las en conclure que ce mode d'écairage
ln grand puisse-être facilement mis en
lratique.. Cette question importante ne
bourra recevoir une. solution. convenable
'jue-par une série d'expériencestechniques.
!
è
PHYSIQUE APPLIQUEE:
Application industrielle de la lumière et. du
pouvoir, moleur de l'électricité, el nouvelle
mavière doblenir celle puissance électrique
pendant'une assez longue période de temps.
. lepns deClieltenham a pris, en Angleterre,
nue ‘patente: pour les: modifications sui-
. vante, qu'ilditavoir apportées à la produc-
‘tion .de l'électricité, en l’obtenant, d’une :
. manière continue:par de nouvelles combi-
{ uaisons de substances connues, au moyeu
desquelles, malgré leur emploi en petites
|quantités, le pouvoir électrique est large-
lnenb développé sur de petites surfaces; ce
qui offrirait l'important avantage d'éviter
l'usage du mercure et de diverses autres
substances nuisibles, et d’assurér une pro-
duction d'électricité pendant une assez
longue période de temps; d'obtenir par
cetic application de l'électricité la faculté
| deproduire de la lumière en quantité telle-
ment suffisante qu’on puisse la faire servir
| à éclairer des appartements, et enfin dans
| la manière de produire un pouvoir magné-
tique au moyen du fer, et de construire de
nouveaux appareils électro galvaniques.
Pour donner une idée des moyens qu'il
propose, nous dirons simplement :
-Qu'il prend une livre de nitrate d’amme-
uiaque qu'il fait dissoudre dans 49 onces
d'eau donce, puisil ajonte à une quantité
donnée de cette solution une même quan-
tité d'acide sulfurique pur: Pour faire cette
Dans le mois de février dernier M. Mo-:
46%
addition, il met cette solution dans un vase
contenant une assez forte quantité de glace
ou de tout autre mélange frigorifique, et
il ajoute l'acide sulfurique peu à peu, de
manière à prévenir un développement de
chaleur; cette mixtion est alors renfer-
mée dans une boîte pour s’en servir au
besoin,
D'un autre eôté, une solution d’hydro-
chlorate d'ammouiaque est également pré-
parée.
La batterie consiste en un vase de verre
ou de porcelaine, ou de toute autre nature
convenable, pouvant avoir un diamètre
de deux pouces et demi à trois pouces et
demi.
Alors-on place dans ce vase un morceau
de,zine qu’on recouvre d’une pctite coupe
de bois de syÿcomore ou de biscuit poreur,
ayant environ 374 de pouce de diamètre
de largeur et de hauteur: Sur le haut ex-
térieur de cette coupe on soutient, au
| moyen d'une vis, deux petits barreaux de
cuivre qu'on place en croix, et sur lesquels
on pose une feuille mince de platine.
Cette pile galvanique est mise en action
en versant un peu de la solut:on de nitrate
d'ammonjaque et d’acide dans la coupe
qui supporte le platine, puis en versant
dans le grand vase, où est le zinc, une
solution saturée de muriste d'ammo-
niaque.
Une vis avec un tertre de cuivre est ri-
vée, où micux soudée, au morceau de zine
et forme le cercle voltaïque; alors la bat-
terie possède un pouvoir d’action qu'elle
conserve sans qu'elle s’affaiblisse pendant
un temps considérable.
L'auteur indique ensuite deux autres ap-
pareils électro-galvaniques, dans lesquels
le fer développe un pouvoir électrique bien
plus puissant que dans: tous: les appareils
connus jus ju’alors.
Dans le premier de ces appareils on
prend un gros fil de cuivre ou tout'autre,
proprement couvert et posé sur une bande
ou feuille de fer, cette bande de fer est
'roulée sur un cylindre:contenant le fil mé-
'tallique.
Dans le second appareil le: fit métallique
est roulé autour d’un pe'it cylindre de fer
doux, qui est placé dans:un autre d'un
‘diamètre un peu plus grand. Alors le fil
étant roulé sur le second cylindre, est
plaeë. dans un troisième, et aïusi de suite
à l'infini, jusqu’à ce qu'on: ait obtenu le
‘pouvoir électro-galvanique qu’on désire.
L'auteur finit par indiquer comment on
peut faire l'application de ces petits appa-
reils en en réunissant une grande quantité
sur les jantes et les rais d’une roue, de
manière qu'ils soient posé de chaque côté
des faces de la roue parallèlement à son
axe; mais celte description est trop obs-
cure, et les physiciens, du reste, ne seront
pas embarrassés pour les réunir convena-
blement:en batterie et en tirer tout le parti
possible, si vraiment ils offrent par leur
nature un pouvoir électro-galvanique suf-
fisant.
Pour produire une lumière continue
avec la première batterie, composée de
zinc et platine, on met un fort globe de
verre à chaque extrémité de deux points
opposés, et ces globes, qui ont été préala-
blement ouverts, sont couverts d’un cha-
peau en airain, à travers lequel le vide
peut être fait dans chaque globe, et la ca-
lotte est traversée par un tube en verre qui
va gagner le milieu de la sphère. Ce tube
est fait de manière à être de forme conique,
465
desoriè que son ouverture n'ait pas plus
d’un huitième de pouce de diamètre. Un
gros fil de cuivre passe à travers ce tube,
dans lequel son extrémité, lorsqu'elle ar-
rive à environ un pouce, est réunie à un
fil de platine.
Ce fil de platine, qui est roulé en spi-
rale, forme une espèce de vis qui traverse
l'ouverture du tube et se perd au centre du
globe,
On oppose à ce fil un autre gros fil
de cuivre qui passe à travers le chapeau
| opposé, et est terminé aussi d'un fil de
platine semblable au premier, seulement
il porte une petite éponge de platine. Le
haut du tube en verre est couvert d’une
boîte remplie avec dela poudre de charbon
ou de la plombagine. Alors, dès qu’on éta! lit
lacommunication entre ces électrodes et la
batterie, on laisse tomber de la poudre de
! charbon sur le fil de platine, et aussitôt
apparaît une Jumière vive et continue.
Quant à la grosseur des fils de platine, ils
doivent être proportionnés à la force de la
batterie et à l'in'ensité de chaleur qu'on
doit obtenir, car elle doit toujours être cal-
culée de manière à ne pas fondre jes globes.
(Journal des Travaux de l'Académie et
se é
| de l'industrie française.)
MÉCANIQUE CÉLESTE.
| Examen d'une classe d'équations d'fféren-
tielles et application-à un cas particulier
du problème des trois corps; par M. Gas-
cheau.
On trouve, dans le dixième livre de la
Mécanique céleste, les solutions de deux
cas particuliers du problème des trois
corps : dans le premier cas, les mobiles
occupent constamment les trois sommets
d’un triangle équilatéral ; et dans le second,
les corps, restant toujours en ligne droite,
conservent entre leurs distances mutuelles
des rapports constants qui dépendent des
| valeurs relatives des masses.
D: cette dernière proposition Laplace
‘conclut que, si les conditions qu'elle sup-
‘pose avaient été remplies à l’origine du
monvement, la lune aurait pu éclairer re-
gulièrement toutes nos nuits. Mais M. Liou-
ville, dans un mémoire lu à l’Académie des
‘sciences le 4 avril 1842, a examiné la ques-
tion d: stabilité qui, seule, pouvait assurer
l’exactitude de cette conclusion, et il a rez
connu que le mouvement dont :l s’agit ne
peut exister d’une manière permanente
dans la nature.
Quant au premier cas, qui n’est pas l'ob-
jet d’une assertion analogue, il n°y a, sans
doute, pas autant d'intérêt à savoir si le
mouvement dont il fixe les lois est stable
ou instable. Toutefois, comme la solution
que j'en ai obtenue est très symétrique, et
conduit à un résultat simple, j'ai pensé
qu’elle ne paraitrait pas entièrement In
digne de l’attention des géomètres. Je
prouve que, dans l’hypothèse d’une orbite
peu excentrique, « le mouvement est sta
ble ou instable, suivant que le rapport
du carré de la somme des trois masces à Ja
somme des produits deux à deux de ces
masses est supérieur ou inférieur à 27, »II
n'arrive donc pas ici, comme dans les cas
des corps rangés en ligne droite, que le
mouvement soit toujours instable : il est
facile de voir, au contraire, par la condi-
tion indiquée, que la stabilité sera assurée
si l’une des masses est très grande par r'ap-
port aux deux autres, ainsi que cc {a a lieu
pour le soleil, la terre et la lune.
466
Pour résoudre cette question, j'établis
d’abord une méthode d’épreuve qui sert à
reconnaître les cas d’intégrabilité d'une
classe d'équations différentielles linéaires,et
à laquelle on parvient par une élimination
assez heureuse. Il est vrai que cette mé-
thode qui, dans mon mémoire, remplace
une transformation employée par M. Liou-
ville, est plus laborieuse que le moyen
adopté par cet habile géomètre; mais la
marche à suivre ici pourrait, dans d’au-
tres cas, conduire à trouver des intégrales
particulières que ne donnerait pas la trans-
formation citée.
Ke
SCIENCES NATURELLES.
TOXICOLOGIE.
Cours de A1. Orfila.
Messieurs,
Dans la dernière séance, après avoir
stigmatisé autant qu'il nous était possible
ces réactifs trompeurs ou douteux sur les-
quels certains chimistes ont voulu baser
des recherches médico-légales, nons avons
indiqué un moyeu toujours sur de re-
chercher l’arsenic, lorsqu'on agit sur des
matières alimentaires ou sur des matières
contenues dans le tube digestif. Le résul-
tat de ce procélé a été d’obteuir une sul-
fure jaune d’arsenic, dont nous avons
extrait l’arsenic métallique. L’arsenie mé-
tallique peut être obtenu sous forme de
taches, sous farme d’anneau, enfin, il
peut être obtenu en masse. Etablissons
d'abord que, sous l’une ou l’autre de ces
formes, c’est toujours de l'arsenic.
Prenons un anneau ét des taches qui
pour nous sont bien de l’arsenic, et prenons
d'un autre côté de l’arsenic en masse. Trai-
tons séparément à chaud par l'acide azo-
tique ces trois matières d’un aspect diffé-
rent. Il se forinera trois résidus blancs,
solubles dans l’eau et que nous considé-
rons comme de l’acide arsenique uni à un
peu d’acide arsénieux. Ces trois résidus,
traités par l'azotate d’argent, donneront un
précipité rouge brique d’arséniate d’ar-
gent. Remarquons qu'il faut laisser refroi-
dir la capsule dans laquelle se fait l'expé-
rience, car, par la seule action de la cha-
leur, l’azotate d'argent pourrait s: colorer
en pourpre et induire en erreur un expert
inhabile.
Ces trois résidus dissous dans l'eau don-
nent par l’acide sulfhydrique un précipité
jaune insoluble dans l’eau, soluble dans
Pammoniaque, possèdant tous les caractères
du sulfure jaune d’arsenic.
Ces expériences prouvent d’une manière
évidente que les trois substances, sur les-
quelles nous avons agi, sont les mêmes,
car les corps qui réagissent de la même
manière sont pour nous les mêmes corps.
Mais nous pouvons aller plus loin, mes-
sieurs, nous pouvons transformerles taches
en anneaux et les anneaux en taches. Veut-
on transformer un anneau en taches, on
fera passer sur cet anneau chauffé à la
lampe un courant de gaz hydrogène. L’ar-
senic se combinera à l'hydrogène et si l’on
enflamme le gaz à sa sortie du tube, il sera
facile de recueillir des taches arsénicales.
Maintenant faisons l’expérience inverse,
transformons des taches en anneau. Pour
cela traitons-les par l'acide azotique,
chauffons jusqu’à siccité et introduisons
dans l'appareil de marsh le résidu dissous
dans l’eau. Il suffira de chauffer une par-
467
tie du tube recourbé, où se tronve de l’a-
miante pour obtenir l'anneau.
Maintenant, messicurs, arrivons à une
grande question soulevée par MM. Flandin
et Danger. Ces chimistes n’ont pas craint
d'avancer qu'ils pouvaient produire des
taches ressemblant sous tous les rapports
physiques et chimiques aux taches arséni-
cales. Ils prennent du phosphite, du sulfite
d'ammoniaque et de l'essence de térében-
thine ; ils placent ce mélange dans l'appa-
reilde marsh et ce mélange leur donne ces
taches dont ils ont fait tant de bruit. Mes-
sieurs, commençons par dire qu'ils se sont
gravement trompés ceux qui ont confondu
l'aspect de ces pseudo-taches avec celui
des taches arsénicales, car les premières
‘sont noirâtres et ternes, tandis que les se-
condes sont brillantes. Mais l'erreur a été
bien plus grande lorsqu'on a ajouté que
“ Ô . . « A
les caractères chimiques étaient les mêmes.
Je traite par l'acide azotique les tâches de
MM. Flandin et Danger et elles ne s’y dis-
solvent pas. Je prends cet acide azotique,
je l'évapore à siccité et le résidu à peine
sensible ne donne aucune réaction par l’a-
zotate d'argent et l’acide sulfhydrique. Or,
MM. Flandin et Danger ont soutenu que
leurs taches précipitaient comme lestaches
arsénicales par ces derniers réactifs. Quelles
substances constituent donc ces taches?
Selon MM. Fordos et Gélis ces taches sont
du charbon, plus un peu de phosphore
et un peu de soufre. Du reste, pour dire
notre dernier mot sur ces taches, énoncons
quels ne peuvent jamais se produire
aus les expériences médico-légales aux-
qu’elles nous nous livrons, et que bien
avant MM. Flandin et Danger nous avons
parlé de pseudo-taches que nous avons
désignées sous le nom de faches de crasse.
Mais outre ces taches dont je viens de
dire ici quelques mots, il peut s’en pro--
duire bien d’autres, plus importantes que
celles de MM. Flandin et Danger et que
nous allons passer successivementen revue.
Abordons d’abord les taches antimoniales.
L'antimoine comme l’arsenic peut donner
naissance à des taches et à un anneau mé-
talliques. Ces taches et cet anneau possè-
dent un aspect bleuâtre que des yeux exer-
cés ne confondront pas avec celui des
taches et de l'anneau d’arsenic. Mais sup-
posons cetle première erreur possible,
bientôt nous allons en sortir, car les pro-
priétés chimiques ne sont pas les mêmes.
Une flamme de gaz hydrogène peut faire
disparaître les taches arsénicales, mais
celles d’antimoine persistent et ne dispa-
raissent pas. Le chlorure de soude ou le
chlorure de chaux enlèvent les taches ar-
sénicales, mais sont sans action sur celles
d’antimoine. L’acide azotique dissout com-
plètement les taches arsénicales et les ta-
ches antimoniales, mais avec les taches
antimoniales il se forme toujours un résidu
jaunâtre d’acide antimonieux. Cet acide
antimonieux, traité par l’azotate d'argent,
ne donne pas un précipité rouge brique.
L'acide chlorhydrique dissoudra les taches
antimoniales et si, dans cette dissolution,
on fait arriver un courant d'hydrogène
sulfuré, on verra se former un précipité
Jaune orangé qu’on ne pourra jamais con-
fondre avec celui que donnent les taches
arsénicales. Quant à l’annçau antimonial
on le distinguera facilement de l’anneau
arsénical par son mode de formation
même. L’anneau antimonial se forme-tou-
Jours au centre de l'espace chauffé par la
flamme tandis que l'anneau arsénical se
“468.
forme des deux côtés de cette flamme, ce
qui s'explique par sa plus grande vola-
tilité.
Messieurs, j'ai encore à vous faire con-
naître plusieurs autres espèces de taches, …
mais l’heure avancée de la séance ne me
permet pas d'entreprendre ce sujet trop
important pour être résumé en quelques
mots. E. F.
ELA Sr
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQUES.
Note sur les moyens de reconnaître la pré-
sence de l'acide sulfureux dans les pro=
duits du commerce; par MM. M. J Fordos
et A. Gélis.
[’odeur de l'acide sulfureux est telle-
ment caractéristique qu’il peut paraître su=
perflu d'apporter de nouveaux moyens de
reconnaître sa présence ; mais sans répéter
tout ce qui a été dit contre les réactifs,
dont l’exactitude n’a d’autres bornes que
la sensibilité plus ou moins grande de l'o-
dorat, nous ferons observer que ce carac-
tère, excellent dans certains cas pour gui-
der lexpérimentateur, est tout-à-fait im-
puissant si l’acide sulfureux est mêlé à des.
matières odorantes elles-mêmes.
Cependant la présence de l'acide sulfa-
reux dans quelques produits employés, soit
dans la médecine, soit dans les arts, en-
traîne souvent des inconvénients assez
grands pour qu’on ait intérêt à posséder
des moyens faciles pour la reconnaitre ou
pour léviter; aussi dès 4836 M. Girardie
fournissait-il à l'industrie un moyen de con-
stater la présence de l'acide sulfureux dans
l'acide chlorhydrique du commerce.
Ce moÿen est facile à exécuter : on met
dans un verre à expérience 16 grammes
environ de l’âcide dont on veut faire l’essai,-
on y ajoute 8 à 12 grammes de sel d'étain
bien blanc et non altéré par l'air; on re-
mue avec un tube, puis on verse sur le
tout deux ou trois fois autant d’eau distillée
en agitant. Si l’acide chlorhydrique con-
tient de l'acide sulfureux en quantité un peu
forte; on voit aussitôt après l'addition da
sel d’étain l’acidese troubler, devenir jaune,
et dès qu’on a ajouté l’eau distillée on sent
très manifestement l'odeur de lacide sulf-
hydrique; la liqueur prend une teiute brune”
en déposant uue poudre de même couleur.
Ce procédé, qui est une application d’une
réaction anciennement indiquée par B. Pel-
letier et étudiée depuis par M. Héring, est
généralement regardé comme très conve-
nable. En effet, ilsuffit aux besoins du plus
grand nombre des fabricants, qui n'ont à
se prémunir que contre des quantités trop …
considérables d’acide sulfureux. Mais les
chimistes sont moins favorisés; car ce pro-
cédé, qui, au dire de son auteur lui-même,
ne peut décéler qu'environ un centième
de ce gaz, cesse d’être applicable lorsque
des quantités même très faibles d’acide sul-
fureux peuvent être nuisibles aux opéra-
tions. C’est là le cas de l'acide chlorhydri-
que, destiné à l'usage médical ou à des re-
cherches scientifiques, par exemple à des
travaux de toxicologie ou à la fabrication
des eaux gazeuses.
Nous avons donc pensé qu'il serait utile
d'apporter un moyen analytique plus sen-
sible et en même temps aussi facile à exé-
cuter. Déjà, l’année dernière, nous avions
eu l'idée d'utiliser dans ce but la réaction
curieuse que nous venions de découvrir,
et qui se produit toutes les fois que l'acide
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À fureux et d'acide chlorhydrique, la ma-
4 mmetBertholet l’a fait voir le premier en
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“
stureux est mis en présence de l'hydro- Ÿ drique, et par différence celui de Pacide
gl> naissant. Il nous suffira donc, dans | sulfureux. Mais, au lieu des résultats an-
noncés comme probables, on en obtient de
tont différents. Ainsi lorsqu'on opére dans
certaines proportions, celle-ci par exemple:
55 vol. de gaz acide chlorhydrique,
18 — sulfureux ;
Il ne se dégage aucun gaz. Du protochlo-
rure de fer prend naissance et se dissout
dans la liqueur, du soufre se dépose, et au
bout de quelque temps se combine avec
l’excès de fer contenu dans la cloche.
Notre travail sur la réduction de l'acide
sulfureux dans l'appareil de Marsh rendait
ce résultat probable. En effet l'hydrogène,
au lieu de se dégager, réagit sur une partie
de l'acide sulfureux pour former de l'acide
sulfhydrique; et cet acide sulfhydrique ré-
agissant à son lour sur une autre portion
d’acide sulfureux, donne le déj ôt de soufre
que nous avons observé.
Le procédé qui fait le sujet de cette note
décèle d’une manière certaine la présence
ou l'absence de l'acide sulfureux ; mais il ne
peut indiquer si cet acide préexiste dans la
matière examinée, ou s’il a pris naissance
par suite de la décomposition d’un autre
composé oxigéné de soufre. Pour avoir ces
indications il faudra avoir recours à des
moyens plus compliqués.
e note, d'indiquer le mode opératoire et
expériences que nous avons faites de-
pt pour déterminer la sensibilité de ce
nf veau procédé analytique.
in présence de lhydrogène naissant
pivenant des métaux de la troisième sec-
tit de M. Thénard, la réduction de Pacide
stureux est inévitable, si faible qu'en soit
Id uantité. Il se forme toujours de l'acide
sl'hydrique, et l’action de ce corps sur és
sé de plomb est tellement caractéristique
q'elle peut décéler la présence dé traces
\ iment incroyables de ce gaz. La manière
à sérer ne présente aucune difficulté : on
itroduit dans un petit flacon quelques
fizments de zinc pur; on ajoute ensuite
substance \'examiner. Si c'est un acide
éable de fournir de l'hydrogène avec te
20, ilsuffit de recueillir le gaz qui se dé-
“é"dans une dissolution de sous-acétate
À ibmb (extrait de saturne des pharma-
\s). Si la substance n’est pas acide, on la
die d’abord avec de l'acide sulfurique
dmdu de quatre ou cinq fois sen volume
‘au, puis on verse le mélange dans la
ÎLe, et on recueille ce gaz de la même ma-
ire ‘dans lune dissolution &’acétate de
ee L'appareil de plus simple suffit pour
a, un petit col droit et un tube recour-
Ï Sila matière contient de l’acide sulfu-
. il se forme de l’acide sulfhydrique,
d'dés fors du sulfure de plomb. Ce corps
tellement insoluble daus l'extrait de sa-
tome , que la plus faible trace suffit pour
loforer,
Petit) donner une idée de sensibilité de
{ proëtüé on a préparé une dissolution
side sulfureux dans l’eau , contenant |
trctement sen volumede gaz. Il fallait de |
| à 50 gouttes de cette dissolution, mêlée |
‘15 grammes d'acide chklorhydrique, pour
{teniriles réactions indiquées par M. Gi- !
\rdin, tandis qu'une seule goutte de ce :
| ilange., centenant 43 de cent. cube de :
| z acide sulfureux, mélée à 15 grammes :
l'acide étendu d'eau, donnait encore dans :
cétate de plomb “une coloration très vi-
ile. i
| Ce procédé est d’autant plus précieux :
ralitativement, qu'il peut servir:à recon-
litre la présence de l'acide sulfureux,
| el que soit-son degré de dilution; mais il :
st d'aucun secours dans l'analyse quanti-
live, si ce n'est pour de très faibles quan-
ls, parce que , lorsque l’acide sulfureux
1 ste dans les liqueurs.exzminées en quan-
| un peu considérable, un dépôt de sou-
1:est toujours le premier effet du contact
| 5 deux gaz, il accompagne toujours le dé-
|
HORTICULTURE.
Culiure des fougères (1).
Jusqu'à présent on a vu peu d'amateurs
prendre goût à la culture des fougères, ce-
pendant il est parmi cette belle et vaste fa-
mille un très grand nombre d'espèces qui
sont véritablement des plantes d'ornement,
autant pour les serres chaudes que pour les
“serres tempérées. C” st Ià une. vérité dont
je suis convaincu et que je vais essayer de
démontrer. J1 est vrai que ce n'est guère
qu’au Jardin des Plantes que l’on peut voir
aujourd’hui un assez grand nombre de fou-
gères. Il n’est personre qui, à la vue de
certaines espèces, dans.nos serres, ne reste
‘en extase devant elles, et jusqu'aux enfants
eux-mêmes, appellent leurs mères, pour
leur faire remarquer ces jolies miniatures
végétales qui ne ressemblent en rien à ce
que leurs yeux ont l'habitude de voir ; les
‘enfants ne s’attachent guère ordinairement
qu'aux fleurs dans les serres, et cependant
pas un seul ne peut passer devant un adiar-
lum tenerum sans jeter un cri de.joie..
_ Beaucoupde personunespensentsansdoute
que es plantes sont difficiles à cultiver, et
c’est là peut-être la raison qui les empêche
d’en adopter la culture.
Ces plantes, cependant, croissent dans les
serres à des places où beaucoup d’autres
souvent ne pourraient végéter, par exem-
ple, à J’ombre des autres plantes ou dans
les coins les plus obscurs et les plus humi-
des. Les fougères n’ont pas besoin d’une
grande profondeur de terre pour se nour-
rir, leurs racines n'étant composées que
d’un chevelu.
Un sol de Om,08 à Om,13 d'épaisseur
peut suffire au développement des epèces
moyennes. La terre de bruyères est celle qui
généralement convient le mieux à ce genre
de culture. Les arrosements fréquents sont
de première nécessité, car jamais une fou-
gère ne doit souffrir de la soif.
Je n'attache à parler ici des fougères que
l’on devrait, selon mai, cultiver pour orner
sn
sement d’acide sulfhydrique.
[2 de
(Nous avons eutendu indiquer dans les
urs, comme un moyen probablement très
1:ile de doser ur mélange gazeux d’acide
rulation suivante : On fera arriver dans
Icloche contenant le mélange une quan-
|é d’eau suffisante pour absorber les deux
2. On introduira dans cette dissolution
lelques grammes de fer divisé, et voilà,
d:-on,1ce qui se passera : l'acide sulfureux
isoudra le fer sans dégagement de gaz,
189; l'acide chlorhydrique, au contraire,
‘mera du chlorure de fer en abandon-
nt son hjdrogène qu’on pourra mesurer;
comrne où sait que l’acide chlorhydrique
ntient la moitié de son volume d’hydro-
1e,;,en doublant le volume obtenu on
ra le volume primitif de l'acide chlorhy- (4) Extrait de l'Horticulieur universel,
471
les serres. Ces plantes seraient également
très propres à garnir les jardiuières et
les cheminées des appartements. Il faut
dire, toutefois, qu’elles n’aiment point la
poussière, mais avec quelques soins l’on
pourrait les ÿy conserver plus de huit jours.
Pourvu que la température de l’apparte-
ment ne descendit pas au-dessous de cinq
degrés, que la chaleur n'y fût point trop
forte, la sécheresse de l'air ne les détruirait
pas et altérerait à peine la beauté des feuil-
les, lesquelles font seules le mérite de la
plante, puisque les fleurs ne sont jamais.
apparentes à nos yeux ctse cachent à la.
face inférieure, sous la forme de granules.
Il faut cependant excepter de cette catégo-
rie les ophioglossum, les ancimia, etc.,
chez lesquelles ces granules se groupent
en sorte de panicule.
Une corbeille de fruits, ornée avec des
tiges de /ycopodium denticulatum, brasiliense
et stolcniferunt, ferait rejeter bien loin Ja
mousse que l'onempleie à cet effet. Dans
les serres, toutes les superficies nues du sol
peuvent également être garnies de ces trois
lycopodiacées, qui ne géneront en rien la
végétation des autres plantes.
J'ai vu des personnes, dans la saison où
il n’y a point de persil, orner des plats de
poissons avec du lycopodium denticulatum,
et ces plats ainsi garnis faisaient l’admira-
tion des convives. Aux colonies. les jeunes
filles garnissent de ces mêmes plantes leurs
robes de bal.
Pour donner une preuve du peu de dif-
ficultés de la culture de ces plantes, je ci-
terai un semis de fougère en arbre (cyuthea),
que je fis moi-même, l’année dernière, au
mois de juillet, et dont les jeunes plantes
ont déjà atteint la hauteur de Om:,50, c’est
cependant un des genres les plus difficiles
à cultiver de la famille.
Les aspidium molle,simile,violascens,ete.,
qui sont vraiment de fort jolies plantes, se
reproduisent d'eux-mêmes, et il ne s’agit
pour cela que de secouer sur le sol les feuil-
les lorsqu'elles sont en fructification, ce
dont on s'aperçoit facilement en les visi-
tant, À la partie inférieure on remarque
une multitude de petits points, de formes,
de couleurs diverses, que l'on nomme vul-
gairement sporanses (sores, industes), ren-
fermant une grande quantité de petits corps
aussi ténus que des grains de poussière, et
tombant facilement lorsqu'ils sont à l’état
de maturité. Ces petits grains en renfer-
ment encore une masse d’autres (spores),
presque imperceptibles à Ja loupe, et qui,
jetés dans le bassin où l’on tient ordinaire
ment l'eau des arrosements, se mélent à
elle. Puisés en même temps qu’elle, pour
arroser les plantes ou pour les seringuer,
ces grains se trouvent alors semés tout na-
turellement et manifestent bientôt leur pré
sence par une rapide végétation, quand ils
Sont tombés en lieu convenable.
Dans les serres, il n’est Pas une place où
il y ait quelque humidité qui ne soit propre
à la génération et au développement de ces:
plantes ; souvent les muraillesen sont elles-
mêmes tapissées.
no Er nn en omettant les
peut-être . je ne e RE PeUE
’. que Je m'abstiens de citer,
_celles que je conseille de cultiver de préfé-
! asplenium bipartitum strictum ; chei.
pape a dt pese»
mmOStWn plyÿmatodes (care S Aro “SE
: € espece croit par-
faitement le long des murs), adiantum con-
CERRUN; trapeziforme, pubescens, tencrur:
#72
(une des plus belles du genre et des moins
difficiles à cultiver), nephordium tubero-
surr, peclinatum , etc., tmorkiæ hurifuqa,
aucimia collina, axpidium coriaceurn; serra
exaltatum, acrostichum alcicorne, cymna-
gramma chrysophylle, calomelanos, tarta-
rea hybrida. Cts quatre dernières espèces
sont très remarquables, en ce qu’elles sont
pourvues d’une espèce de cire farineuse au-
dessous des feuilles, l’une de couleur d'or,
l’autre de soufre; et les deux dernières
d'une blancheur éblouissante.
Il est des espèces qui se multiplient non
seulement par la division de leurs vhizô-
mes, qui rampent sur la terre, mais aussi
par boutures de feuilles, telles que les Le-
mionitis palmata. On prend une feuille en-
tière, ayec son pétiole, que l’on enfonce en
terre jusqu’à ce que la base de la feuille
sienne en toucher la superficie ; comme
-cette feuille est lobée, on l’étale de manière
à ce que l’échancrure des lobes 5: rte en
_p'ein sur la terre; on met alors une cloche
pardessus, et au bout de quelque temps
on voit sortir du sinus de ces lobes des bour-
geons qui s’enracinent, et, étant séparés
plus tard, donnent de très beaux individus.
Une autre espèce, le cœnopterts viv/para,
produit des bourgeons qui se développent
ser la feuille même, sans autre soin que
tenir la plante dans une atmosphère hu-
mide ; beaucoup d’autres se multiplient en-
core de cet'e manière. Chez quelques nnes
ce n’est que l'extrémité des feuilles qui peut
- servir à propager la plante; telles sonit :
: V'asplenium flabelliforme, le 1v0odwardia
radicans, ete. Lorsque les'extrémités deces
- espèces touchent à la terre, et telle est leur
habitude, il sy développe un bourgeon qui
senracine bientôt dans le sol et pousse
avec une vigueur étonnante, parce qu'il
est alimenté d’un côté par la mère et de
l’autre par les racines qui se développent
et lui envoient des sucs nourrickrs.
Il semblerait que la: nature a voulu que
les mères de ces plantes ne pussent point
élever leurs enfants trop près d’elles, puis-
que c’est an moins à un mètre de distance
du pied générateur que le wocdwardia
radicans peut toucher la terre par Fextré-
mité de ses feuilles.
_Il-y'aurait une foule de choses:extrème-
ment intéressantes à dire sur la famille si
nombreuse des fougères; je dois me borner
pour le moment à recommander leur in-
troduction dans les serres des amateurs, et
à/avertir de ne. les point:cultiver au soleil,
car ilest très peu d’espèces qui:en puissent
supporter les rayons, si tantiest même qu'il
y en ait. NEUMANN.
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Conservation des substances alimentarres.
(Premier article.)
Les matières organiques s’altèérent rapi-
dement après avoir perdu la vie; elle se
décomposent et exhalent tune odeur fétide
et repoussante. Ces phénomènes, très cu-
rieux sous le point de vue physiologique,
constituent la fermentation putride. Les
matières végétales l'éprouvent moins vite
que les substances animales. Ne
De nombreuses conditions sont indis-
pensables pour que celte fermentation ait
lieu ; une température de 15 à 35° est favo-
rable : la matière -doit être humide, sèche,
elle se conserve indéfiniment ; presque tou-
jours la présence de l'air est nécessaire. Les
produits qui résultent de cette transtorma-
473
tion sontnombreux et toujours d'une odeur
forte, :repoussante même; leurinature varie
suivant la nature de la matière soumise à la
fermentation. On sait que les substances
azottes donnent ure odeur plus intense
que celles qui ne le sont pas. Ces produits
varient encore. selon le milieu dans lequel
se trouvent les matières qui entrent en pu-
tréfaction. Ainsi l’eau, l'air, la terre don-
nent des résultats différents.
aie . Lé
Voici les produits que donne la putréfac-
tion dans l'air :
Les rnatières non azol'es : acide carbo-
nique, hydrogène carboné, des traces d’a-
zote, de l’eau, de l'acide acétique, une subs-
tance huileuse, un résidu noir dans lequel
le charbon prédomine;
Les malières azolées : acide carbonique,
hydrogène carbone, beaucoup d'azote, de
l'hydrogène sulfuré, de lhydrogène phos-
phoré, de l'ammoniaque, de l’eau, de acide
acétique, un résidu terreux peu considéra-
ble, composé de sels, de charbon, d'huile et
: d’ammontaque,de plus, les plautes qui pour-
rissent à la surface «le la terre, laissent.pour
résidu de leur décomposition, une masse
informe, souvent pulvérulente, d'un noir
brunâtre connue sous :e nom de terreau ou
d'humus, et qui renferme, indépendam-
ment des sels qui existaient dans les plautes,
des principes huileux,résineux,des matières
solubles dans l’eau, et un acide très riche
en carbone l'acide ulmiqne.
Sous terre, la putréfaction s'opère beau-
coup plus lentement. Les composés qui
prennent naissance ne soni pas encore bien
connus. Sous l'eau, la putréfaction présente
à peu près les mêmes phénomènes que sous
terre.
Les matières animales plongtes dans
l’eau se transforment plus promptement
| que sous terre, en grasdes cadavrer, puis-
qu'ilne faut, en été, que six semaines à
deux mois. C'est ce que reconnut, en 1794,
le docteur Sinith Gibb:s, en enfermant des
muscles dans-une caisse percée de trous,
qui fut maintenue dans un courant: d'eau.
Le chimiste anglais chercha à tirer parti de
ce gras, en introduisant son emploi dans
les manufactures où l'on fait usage du suif;
il lui enlevait une partie desonodeur fétide,
en le lisant exposé pendantiquelque temps
à l'air et à la:tumière, le malaxant pendant
une heure:où deux avec de l'acide nitrique
faible, puis le-fondant dans l’eau bouillante,
Hren faisait.ensuite-des bougies.
Le chimiste Schmeisser, de Hambourg,
en envoyant quelques unes de ces bougies
à Blumenbach, lui apprit qu'elles avaient
été préparées avec les jambes d'un homme
qui n'avait rien fait de bin pendant sa vie.
: Blamenbach lui répondit : ceux qui vécu-
. rent dans l'obscurité, brillent après leur
mort (mortui lucent qui in vitä obscuri fue-
rurit).
On a essayé beaucoup de moyens pour
retarder les progrès destructeurs de la pu=
tréfaction, afin de conserver les matières
: organiques, surtout cellesqui servent à no-
tre alimentation. Nous indiquerons ici ceux
quioffrent les meilleurs résultats.
Les procédés de conservation varient,
nécessairement, suivant le volume et la
forme des objets, leur plus ou moins grande
altérabilité, et suivant l’usage qu'on veut
en faire. Ils reposent tous sur ce prin-
cipe, qu'il faut priver les matières organi-
ques du contact de l'air et de l'humidité,
causes principales de leur altération. On
arrive à ce but, soit par la dessication, soit
par la cuisson, soit aussi par l'erxploi de
certains agens qui absorbent l'eau contenue:
dans les substances, on qui les isolentidu,
contact de l'air et de l'humidité atmospltié…
rique, |
Il ne peut y avoir de putréfaction là où |
il.n°y à pas d’eau; aussi une matière orga-
nique, soumise, à une température capable:
de la dessécher complétement; peut: être
très bien conservée. Des cadavres, enfouis,
depuis des siècles dans les sables brûlants,
des déserts de l'Afrique, de l’Axabie, des.
Pamipas du Nouveau-Monde, ont été re-
trouvés dans. un état parfait de conserva,
tion.
A l'appui de ces données- le fait suivant,
n’est pas sans importance. En 1787, Waser,
chirurgien anglais, ayant débarqué à Vis-
mejo, dans le Pérou, marcha’environ pen-
dant quatre milles sur le sable d'une baie
qui, à l'en croire, était couverte de cada-
vres d'hommes, de femmes et d'enfants’ si
serrés, qu'il aurait pu marcher un demi-
mille (800 mètres) sans jamais poser le pied,
ailleurs que.sur un.corps mort. Leur ap-
parence était celle de personnes mortes de-
puis une semaine au plus; mais, au tou-
cher, on les trouvait. aussi légères et aussi
sèches qu’un morceau de liége. C’étaient
les restes d’une tribu d’Indiens qui, plutôt
que de tomber aux mains des Espagnols,
avaient creusé des trous. dans le sable et
s'étaient ensevelis vivants. Les hommes,
dans cette posture, avaient avec eux leurs
arcs brisés ; les femmes, leurs reuets et leurs
quenouilles entourées de coton.
Les Tartares et les Américains du Sud,
qui vivent sous des climats si différents,
font dessécher les viandes :; les premiers,
pour les préserver de la gelée ; les autres,
pour les garantir de la chaleur. atmosphé-
rique qui les altère promptement. Dans
une partie de la Tartarie, on réduit eu
poudre les viandes desséchées qui servent,
dans cet état, aux longs voyages de, terre
et de mer. Le charquides Américains n'est
que de la viande coupée.par petits mor-
ceaux, et desséchée afin de pouvoir être
transportée au loin.
Les fruits secs, qui forment un objet de
commerce considérableentre le Midi et le
Nord, tels .que les pruneaux, les fij;ues, les
dattes, les jujubes, les raisins:muscats, les
poires tapées, etc., sont desséchés. au soleil,.
dans des étuves ou dans des-fours. Lorsque
les fruits sont volumineux, on les coure par
tranches, pour faciliter l’éva peration de
l’eau contenue dansle parenebyme charnu;
c'est ainsi qu’on agit pour les pommes et |
les poires qui servent à fabriquer des pi-=M
quelles. |
as
Le froid est un préservatif efficace contre
la putréfaction, pendant tout aussi long-
tempsque les substances organiques y sons
exposées. La température de 0° est suffi-M
sante. De 1, l'habitude dans bsaucoup den
pays de placer la viande dans la neige, d’em
baller le poisson et les chairs dans {a glace,
lorsqu'on les doit transporter au Join, den
mettre les matières alimentaires danses
caves et autres endroits frais, à l'époquem
des chaleurs de l'été. “aan 0
On dit que c'est en tenant leurs ere
dans une glacière que les bouchers autri=«
chiens les préservent d’altératidh pendant
les chaleurs de l'été. On arteonvé dansides
montagnes de neige en Sibévie; sum les
bords de la Néva, des animaux entiers;ides"
éléphants à crinière, des nrdmwmouthis dans
un parfait état de conservation, hencquen
leur enfouissement dût remonter à6/000.
is, d’après VPassertion des géologues.
ILa cuisson retarde aussi pendänt un cèr-
in tempsles progrès'de la décomposition
ontanée; comme l'éxpérience de chaque
für le démentre. On sait que la viande
nitése conserve bien p'us longtemps, sans
quérir desmamvaise 6 leur, que la viande
fue. Dahs l'été, 1 suffit souvent d’un jour
pur’ faisærder le gibier, la viande de bou-
:erie ; meis par üne demi-cuisson, en S’op-
ntréfactiôn:Goninient agit la cuisson dans
ichions, une explication nette.
‘ivés plus-.de quelques jours avee toutes
urs-propriétés. Ontparvient à les garantir
toute altération, en les concentrant:sur
|. feu, jusqu'à ce qu'ils aient acquis une!
lont,.des exemples de sucs ainsi desséchés.
| Lemout de raisin,;rapproché par la cha-
1 . L . .
ur en consistance épaisse, forme le rai-
né. J. G.
><
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIS.
'omparaison de la quantité d’eau fournie
à la ville de Paris par l'administration,
“el ue cele que Rome concédait à ses ha-
| bilarts.
(Deuxième et deraier article. )
| Test curieux de comparer le nombre et
te 1 EP 2 £ ù .
!JNié dés, pouces d'eau que la ville de
LäriS” Céncèd aux particuliers, en 1843,
fre # que l'Etat coucédait, sous Tra-
4
|
ÿ
il
DANS propriétaires de Rome et des en-
irons...
A Eondres,
eau étaient distribués par sept compa-
nies. En 1823, Paris ne jouissait, pour une
|spulation de 713090 habitants, que de
1016 pouces d'eau. Les porteurs d’eau n’en
.uisaient dans la Seine que 300. pouces.
Etat des eaux conduites à Paris em1823.
f
,
1 au de Seine par les pompes à feu
369; pouc.
* achine du pont Notre-Dame 109
1 quéduc d’Arcueil sQ
«hurces de Belleville 10
Lhurces des prés Saint-Gervais 10
“'inat de l'Ourcq 4000
liviere du Cliguon, dérivée dans le
* canal 809
its artésien de Grenelle à 32m,50 au:
» dessus du sol 89
| Total 5380
Revenu des eaux.— Le volume des eaux
-ndues à Paris est d'environ 390 pouces,
ont 90 en eau de Seine et -des,sources, et
J0 pouces en eau de l'Oureq: .::: ;
Le prix varie suivant la natureïdes eaux
: le mode de vente. Dans les abonnements
lomestiques ordinaires, l’eau. de Seine et
iesisources se vend à raison de 40 fr. par
awpour-un hectolitre par jour : c’est en-
imon 18000 fr. le pouce. Les moindres. abo-
lements sont de 100 fr. (250 litres par
mx). L'eau de l’Ourcq se distribue à raison
eJäfr.par an pour 15 hectolitres par jour:
est 1000 fr. le pouce. Dans les abonne-
rents industriels et pour des quantité d’eau
mmsidéradlés, la ville de Paris consent à
esréductions sur les prix ordinaires. En-
Mndé prix de l'eau vendue aux fontaines
Mhiarchandes: est de 9 centimes pa: hecto-
tre, environ 6200 fr. par pouce,
se avec/siccès à’ce commeucement de!
» ças? Gn n’a pazencore donné, quernous!
| Les sucs des plantesine peuvent être con-
| onsistance ferme et solide. On en forme |
hnsi des-exéraits. Le suc.de réglisse, l’ex-
L'aitide rathania, l’opium du commerce
en 1826, 5 à 6900 Ponces
476
Voici maintenant les produits de ces
diverses ventes ;
Eaux de Seine et de POurcq vendues aux fontaines;
marchandes à 9 cent: l'hectol,;oucnviron 6 200f.1
le poure 450 000 F.:
Abonnements en eaux de Seine et des
sources, à S O0U F. le pouce
Abonnements en eaux de l'Ourcq, à
4 000 F.
140,000
Total du reveñu: 890 000
On voit qu'eu égard au volume respectif
des eaux distribuées dans le Paris actuer et
dans la Rome impériale, la valeur relative
de l'argent, du: blé ét de la journée de tra-
vail étant, comme je l'ai prouvé ailleurs, à
peu près lésmêmessouslesrègnes d'Auguste
et de Trajan que sous celui de Louis-Phi-
lippe, mon évaluation du prix dé la vente
des eaux à Rome est excessivement modé-
rée. Il devait y avoir des prix différents à
Rome, comme à Paris, selon la qualité des
eaux et leur emploi. De même que Peau
concédée aux fontaines marchandes se vend
6200 fr. le pouce, les eaux de Seine et des
sources aux propriétaires, 8080 fr. le pouce;
et les eaux de l'Ourcq pour irrigations,
1000 fr. seulement : de même l’eau Marcia,
reuomméeanciennementetaujourd'hut en-
core poursa légèreté, sa fraîcheur, sa pureté
et sa salubrité, était destinée à la boisson des
riches Romains, et devait se payer bien plus
cher que l’eau d’Alsium dérivée d’un lac,
et qui, désagréable à boire, fut employée
- par Auguste à l'irrigation des jardins et au
service des naumachies.
Auguste soumit la construction: des
aquéducset leur entretien à une adminis-
tration particulière; le chef avait le titre de
curator aquartm. en firune magistrature
honorable, dont le premier titulaire fut le
célèbre Messala.
Enfin, pour abréxer et pour éviter les
rédites, on se convaincra, en lisant le cha-
pitre des aquéducs dans mon Æconomie
politique des Romains, que ces grands tra-
vaux d'utilité publique n’était pas une dé-
pense improductivé; et que, de mêmeqre
les eaux de Paüuédié d’Arcueil, du canal
de l’Ourcq, du puits artésien de Grénélle,
forment une branche ‘importante du re-
venu de la viilede Paris, de même à Rome,
l’eau conduite par les dix acquéducs qui
l'entourent était, coômure les objets de con-
sommation, asujettié à un droit fixe, et
figurait en recetté ‘ét'en dépense dans le
budget de l’État ‘Durean defaMalle.
RARE ER
GÉOGRAPHIE.
Ruines de Carthage ; par M. Félix Flaché-
naker.
(Premier article.)
Au nord-est de Tunis, et à 3 lieues de
cette ville , sur une presqu'île formée d’un
côté par la méditerranée, et de l’autre par
le lac de Tunis (el Baheïra), c'est-à-dire sur
un espace de près de 3 lieues, se trouvent
disséminés les nombreux vestiges de la su-
perbe Carthage, la première puissance ma-
ritime-de l’ancien monde , qui vit son port
rempli de flottes auxquelles elle dut long-
temps la souveraineté des mers, et dont
plusieurs expéditions devaient découvrir de
nouvelles contrées et ouvrir de nouveaux
débouchés à son commerce.
La fondation de cette ville semblerait re-
monter vers l’an 1554 avant J.-C., selon le
texte samaritain, à l’époque de la conquête
du pays de Chanaan. Il est plus vraisem-
blable de croire que Didon arriva en Afri-
que la septième année du règne de Pygma-
309 000 :
477
lion, 883 ans avant J.-C.; selon Solin ; ou
: | Van 853, selon‘ le président de Brosses.
Carthage, selon Strabon et Appien, était
| située au fond d'aa:golfe, dans une:pres-
qu'ite qui avait 360 stades de circuit;en-
viron 48 liéues, dont listhme ou le col était
-large de 25 stades (une lieue et quart). Be
-cét isthme, s'avançait vers l'occidentune
langue de terre large d'un demi-stade::elle
séparait la mer d’un marais (aujourd’hui
le lac de la Goulette } et se trouvait fermiée-
par des rochers ou par une muraille au
sud, c’est-à-dire‘du côté de la mer. Dans la
partie du continent, c’est-à-dire où était la
citadelle Byrsa ; la ville était fortifite par
une triple‘muraille, haute de :30 coudées
et flanquée de tours à des: distance épales ;
on trouve des ruines de ces tours placces
sur de petites buttes et à environ 190 ou
200 pas l’une de l'autre.
Strabon ajoute que les murailles étarent
construites de manière à laisser assez d’em-
placement pour contenir 300 éléphants
ainsi que.les magasins nécessaires à leur
subsistance , des écuries pour 4,000 che-
vaux et des greniers à fourrages, en outre
de quoi loger 26,000 fantassins et 4,000 ca-
valiers.
Deux ports, le grand et celui qu'on avait
creusé, communiquaient entre eux, mais ils
n'avaient qu'une même entrée large de
70 pieds et fermée par des chaînes ; le pre-
micr pôrt élait destiné au commerce.
Le portintérieur était réservé aux galères:
au milieu de ce port se trouvait un ilot ap-
pelé Co‘hon , du phénicien kathuin (con-
pure), bordé, aussi bien que.le port , de
grands quais où étaient des logés séparées
pour mettre à couvert 220 bât ments.
Les murs de cette ville furent cependant
relevés, 127 avant J.-C., sous le consulat
d'Octavius Luscus et de T. Auuius Euscus.
Appien ,’au contraire, et quelques autres
historiens , rapportent que ce ne fut que
30 ans après sa chute, c'est-à-dire 116 ans
avantJ.-C., que l’un des Gracques, voulant
flatter le peuple romain, y conduisit une
colonie.
Plus tard, Carthage, à la voix puissante
d’Auguste, paraît sortir de ses ruines. Cette
Carthage romaine prend un accroissement
si considérable par la suite qu’elle devient,
sous les empereurs , la capitale de PAfri-
que. L'un d'eux, Adrieñ, veut lui donner
le nom d’Adrianopolis. L’empereur Com-
mode la fait appeler Æ/exandria Comnro-
diana togata. Cependant, mal gouvernée
pendant les troubles de l'empire, cette ville
ne recouvre une partie de son ancienne
splendeur que sous le règne des empereurs
Maximin et Dioclétien, c'est-à-dire de 235
à 394 de l'ère vulgaire. Plus tard, ses ha-
bitants ayant embrassé le christianisme,
lou voit s’ouvrir à Carthage des écoles cé-
lèbres où fleurissent léloquent Cyprien,
Arnobe, Lactance le Cicéron chrétien, et
plus tard saint Augustin que son mérite,
ses vertus et son repentir appelèrent à l’é-
piscopat d’Hippone.
En 530 , nous voyons Gélimer se faire
couronner à Carthage, et, trois ans après,
il est obligé de fuir précipitamment, après
avoir été vaincu dans une sanglante ba-
taille. Le lendemain, Bélisaire entre tran-
quillement dans la ville dont les habitants
lui ouvrent les portes, et où il sait faire res-
pecter les propriétés et la vie de ses enne-
mis. Ce même Gélimer, persistant dans ses
projets, revient en 534, à la tête d’une forte
armée , assiéger dans Carthage le général
romain , qui, sans s'inquiéter des mouve-
#78
ments de son ennemi, continue à réparer
les murs de la ville et marche ensuite sur
Gélimer qu'il met en déroute complète,
détruisaut ainsi l'empire des Vandales qui
avait dure 95 ans.
Carthage , qui était sortie de ses ruines
300 années auparavant , comme par en-
chantement, grâces à sa merveilleuse posi-
tion, et qui était redevenue une des villes
les plus florissantes de l'Afrique romaine;
Carthage, ruinée par les Vandales, achève
de tomber sous les coups de l'invasion des
Arabes, qui font leur première expédition
en Afrique. l'an 647,.et; qui; après.s'être
emparés de la ville en 696:, la rasent jus-
qu'aux fondements. Un an après, Carthage
est reprise par le patrice Jean , général de
l'empereur Léonce; enfiu, en 695, elle est
prise de nouveau par les Arabes commau-
dés par Hassan, général du calife Abd-el-
Melek-Ben-Merwan, et elle est ruinée de
fond en comble. En 1270, un princemaure
avait entrepris de relever lesimuxs de Car-
thage; un grand nombre de imaisons s’éle-
vait déjà parmi les ruines de l’ancienne
ville, et un fort avait été construitsur l’an-
tique colline de Byrsa. À peine débarqué
eu Afrique, saint Louis forme le projet de
s'emparer de Carthage avant d’assiéger Tu-
nis, qui était déjà à cette époque une cité
riche, commercaute et fortifiée.
Le roi chrétien chasse les Maures d’une
tour qui défendait les citernes, et prend
d’assaut le fort dont la nouvelle ville suivit
la destinée.
Couverte de socles , de chapitaux, de
fragments de bas relifs, ide débris de co-
lonnes de marbre et deporphy re, de vastes
et nombreuses citernes encore presque in-
tactes , cette immense-solitude qui s’ap-
pelait autrefois Carthage , et sur laquelle
semble errer maintenant le génie des rui-
nes, n'est plus troublée aujourd'hui que par
le chant monotone de l'Arabe demi-nu,
qui conduit paître son troupeau parmi les
décombhres des temples et des palais, aussi
ignorant d’Annibal que de sait Louis.
Plusieurs voyageurs célèbres ont visité
les ruines de Carthage, entre autres, Schaw,
en 1727; 80 aus plus tard, M. de Château
briand , et enfin tout récemment , le capi-
taine Falbe.'Lous ont cherché à éclaircir
les doutes quise sontélevés sur la situation
des principaux quartiers et des édifices les
plus remarquables de cette ville ; mais ou-
tre la stérilité des documents que nous ont
transmis les auteurs anciens à cet égard,
outre la difficuité de constater les construc-
tions diverses dans un pays où la manière
de bâtir est restée la même depuis des sie-
cles, il est à remarquer que, détruite et re-
construite plusieurs fois, il n’est pas éton-
nant que les savantes recherches faites jus-
qu'à ces jours n'aient jeté que fort peu de
lumières sur ces matières. Toujours paraît-
il certain , d’après les faibles indices qu'on
a pu recueillir, et d’après le témoignage
des anciens (Appien, Strabon, Polybe), que
la Carthage phénicienne était élevée sur
une presqu'ile de forme irrégulière, bornée
au nord par le cap Gamarth (auj. Jbell
Kawi), à l’est par le golfe, au sud et à-
l’ouest par un lac, à partir duquel doivent
se compter les 25 stades de largeur qu a-
vait l’isthme qui réunissait la presqu ile à
la terre ferme , jusqu'au point appelé au-
jourd'hui lagune de Soukara,' laquelle, se-
lon les apparences, formait le fond du golle
d'Utique. 1
Il est Lien positif, du reste, que ce nest
que dans le vaste espace circonscrit entre
479
ces différents points, que se rencontre des
vestiges plus ou moins importants de cette
fière cité qui tint si longtemps le sceptre
des mers, et que c’est là et non ailleurs
qu'il faut chercher la Carthage phéni-
cienne.
En eôtoyant le rivage et après ayoir tra-
versé, non sans quelque fatigue, cette mer
de sable, on arrive à la partie du rivage
qui décrit une courbe : c’est là qu'on trouve
après une demi-heure de marche les pre-
mières ruines qui consistent en murs d’une
chambre voisine de la mer, qui à 5,2 de
longueur sur 3m,41 de largeur; les murs
ont encore 0,65 de hauteur en quelques
endroits. De nombreux. blocs de pierres
noircis par les flots s'étendent dans l’eau à
une portée de fusil , battus par les vagues
qui viennent se briser sur eux en les cou-
vrant d’une blanche écume.
On trouve ensuite plusieurs chambres
de 2m,60 de largeur et dont les murs de
séparation ont de Om.81 à Oin,975 d'épais-
seur : ces chambres , dont les débris prou-
ventqu'elles étaient veütées, sont éloignées
de 29n,235 de l'endroit du rivage où la
mer vient mourir; l'épaisseur des voûtes
subsistantes est 0,325, dont il faut déduire
Om,027 d'épaisseur pour l’enduit ou mastic
dont les parois intérieures sont revêtues.
Viennent ensuite une foule de petites
chambres carrées; 600 pas environ plus
loin, après avoir côtoyé le rivage qui dé-
crit une courbe très prononcée, à l’extré-
mité de laquelle on trouve un marabout
‘qui, je crois, sert aussi de corps de garde,
on apercoit quatre pièces de fonte, dont
lune a son orifice obstrué par un boulet,
gisant à terre près d’un fût de co'onne de
marbre rouge de 0m,650 dehauteur, ados-
sé à de faibles vestiges de construction, En
avant de ces ruines mformes, s’avance dans
ja mer, en ligne droite et perpendiculaire-
ment au rivage, une masse de pierres qui
a dû former une jetée ou plutôt la partie
droite d’un môle, dont on retrouve, 300 pas
plus. loin, la partie gauche, présentant la
wuême forme et s'étendant à.égale distance
dans.lamer ; ces deux bras, qui se trou-
vént.en grande partie-hors. de l’eau, sont
composés d'énormes. pierres.ou plutôt de
masses de roches, :ainsi.que le mole lui-
même dont les débrisis’aperçoivent à 112,95
ou 2,6 sous l’eau ; on.distingue très bien:
la ligne qui réunissait ces deux bras à leur
extrémité dans. la mer, au. niveau de la: :
quelle cette. immense. tête de môle s'élève
encore.
En arrière du môle, et non loin du ma-
rabout, on arrive par un‘terrain formant
un talus de 4m,87 à 6m,497, à un bassin
oblong , ayant peu d'eau et sur les bords
duquel gisent deux colonnes de marbre
blanc, rayées de noir dans leur longueur ;
l’une ayant 4,5 de longueur sur Om,55
de diamètre, et l’autre 52,93 sur0m,812; à
quelques pas de là, se trouve une troisième
colonne de granit gris, de 4m,76 de lon-
gueur sur 0m, 49 de diamètre.
Au delà de cette espèce d’embarcadère,
on trouve les ruines de deux chambres,
l'une à côté de l’autre, ayant chacune
11m,69 de long sur 3m,57 de large; le mur
qui les sépare , et dont on voit encore une
partie de 3m,90 de longueur, a 0m,65 d'é-
paisseur à sa base et forme voûte sous ces
chambres à droite et à gauche : la longueur
de ces chambres est parallèle au rivage,
qui en cet endroit forme une petite anse,
au fond de laquelle et à environ 200 pas de
l'échaffaudage élevé par les Maures, on
rencontre des caves voûtées,
Om,75 sur 4m,95.
En quittant la dernière saline, ou plutôt.
l’ancien port de Cothon , et redescendan
vers la mer, on compte neuf cellules, pui
90 pas plus loin cinquante-deux autres cel:
lules rangées parallèlement sur le rivage,
dont elles ne sont éloignées que de 12mèêt,;
elles sont adossées au talus; on en compte
encore neuf ou dix autres dont les murs de
séparatiou sont restés debout et ont de
0m,325 à Om,650 d’élévation; elles sont
toutes voûtées et séparées l'une de l’autre
par .un mur dont les vestiges s'élèvent en-
core à quelques centimètres au dessus du
sol. Chacune de ces cellules à 5m,847 de
long sur 4,548 de large ; les murs de re:
fend sont en pierres meulièreset ont0m,81%
d'épaisseur. Devant chaque cellule, et 34
égale distance, se trouve un amas de pierres}
de forme ronde, de 12,3 de diamètre, base}
qui semblerait indiquer la place d’une co
lonne. Rien n’empêcherait de croire quey|
ces cellules étaient occupées par les mars
chands du port, et en tout cas, cette hÿpo-
thèse serait toujours plus admissible que
celle de certain voyageur qui voit dans ces
chambres des espèces de cales couvertes où
les Carthaginois retiraient à sec leurs ga=
lères.
Eu arrière de la vingt-quatrième cellule,
on trouve les ruines d'un vaste édifice qui
a dû être un temple; les murs ont 2m,92344
d'épaisseur et sont composés de pierres ins
formes, liées entre elles par un ciment gris
très dur et dont j'ai conservé plusieurs fragr M
ments. On distingue dans ces murs desres-s
tes nombreux de tuyaux deconduite en po-#M
terie rouge d’un grain extrêmement fin.
(997 JISTFATS RES
[EE
Le Rédacteur-Gérant : 20300
C.-B. FRAYSSE
BIBLIOGRAPHIE,
ARCHIVES historiques et ecclésiastiques de la Pi
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DE LA/CONQUÈTE DE CLOVIS, par Aug. Nou-
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|DIPTÈRES exotiques nouveaux ou Peu CONNUSEN M,
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faites de 1835 à 1840, sur les matières albumis
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Chez Denis, imprimeur, à Commercy.
HISTOIRE du Moyeu-Age ; par E. Lefranc. —"#,.
À Lyon et à Paris , chez Périsse. LA
MÉMORIAL de l'Artillerie, ou Recueil de me,
moires, expériences, observations et procèdés relas
tifs aû service de l'artillerie; rédigé par les Soins,
du comité, avec l'approbation du minisht°de ‘HN
guerre.—A Paris, chez Bachelier. AIS
TOILES PEINTES et tapisieries de la ville
Reims, ou la Mise en scène du théâtre des confrère
de la Passion. Planches dessinées et graxées pariGn
Lebertais. Etudes des mystères et FRERE hista
riques, par Louis Paris. — A Paris, chez Le vicomt |
Hyp. de Bruslart, employé au minis dès traraux tr
publics, rue du Four St-Germain, 48.00 © “l'
4 HSE — “Ur
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE El, |
truc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33. 5h 1
10° année.
L'ECH(
“fr. 50. AlÉTRANGERS5 fr. en suspour:
RRATURE ET DES BEAUX-ARTS EL des
)JMMAIRE: 5: SCIENCES PIIYSIQUES.
“ Recherches sur formation des images dé Mo-
. ser; Fizeau:.— PHYSIQUE APPLIQUÉE. Ther-
|: mo-manomèlre pOur les locomotives. — CHIMIE
'ORGANIQUE. Existence du souffre dans les plan
Gé Poiteau. — SCIENCES NATURELLES
COLOGIE. Cours de M: Orfila. — ve
MAOLOGTE. Récherches expérimentales Sur la
formation des cicatrices artériclles et veineuses;
Amussat.— THERAPEUÎQUE. Méthode hé-
limospatique du doctenir Junod, — BOTANIQUE:
Sur le silphion des Grecs, le sylphium ou: le la-
serpilium des latins ; Guyon. — SCILNGES AP-
IPLIQUÉES. ARTS, MÉCANIQUES. - Nouvelle
ocomotive de M. Sthephanen. — ECONOMIE
DOMESTIQUE. Conseriation des substances. ali-
mentäires; J. Garnier. — HORTICULTURE.
Gonsitlérations sur les pivoines en arbré’; HIE
IBLAGNANERIE.— SCIENCES HISTORIQUES:
| rACADEMIE DES SCIERCES HIORALES ET PO-
LLTIQUES. Séance du 11 mars. — GÉOGRA-
:PHIE. Sur le Yucathan, — FAITS DIVERS. —
| || BIBLIOGRAPHIE.
pre Ge
> SCIENCES PHYSIQUES.
l-
L
|
|
|
|
|
APAIE
PAT sur la formation des images de
| Moser. (Ext. d’une lettre de M.H,Fizrau
à M. Arago.)
nero,
« Dans une lettre que j'ai eu l’honneur
le ous adresser et que vous avez bien voulu
:ommuniquer à l’Académie des Sciences
L'ians sa s'ance du 7 novembre ;j Je Vous, [ai
barlé d'expériences rlatives, aux: ,Phén )=:
“ nènes observés par M. Moser, c’est-à-dire
“1 la formation des images qui se montrent
ur une surface polie, lorsque des COrps
es
| es faits HOUVEAUX, contrairement à l Opiyon
“le M. Moser, comme étrangers à toute,es
|2spèce de radiations, et à 1e rattacher. à
“es et volaliles qui souillent la plupart des
Lane: à leur surface.
»aNayant pas achevé le travail que j'au-
\rai shpnneur 6 de présenter à j Académie sur
ce SiftsJe., vais chercher à yous énoncer
les ppingipaux faits sur les ucls appuie
explication que je propose. 7 à
| » 1, La propriété de Porner des.images
| jour uxe surface polie n’est pas ptrn anente
dans les corps; mais si avec un même corps
| | on. cher erche à obtenir successivement un
grand nombre d'images, on voit que son
pouxoir,saffaiblit peu à peu, et devient
presque nul après un certain nombre d’é-
preues, nombre variable avec la pature,
mais surtout avec la texture des ue les
corps compactes comme ies métaux perdant
rapidement cette propritté, les corps po-
reux la conservant, au contraire, d'une
manière remarquable.
» o- Lorsque la propriété de produire des
images s'est perdue ou affaiklie dans un
ont placés très près de cette surface. Ces:
xpériences m’avaient conduit à considérer, .
l'existence bien constatée de matières gras;
DU M0
= TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS PANS TOUTES LES SCIENCES.
Paris. — Dimanche, 19 Mars 1843.
ONDE
ECHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUBDI etle DEMANCEAHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de i
e M. le vicomte A pe LAYALETEE, rédacteur, en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS,
‘raires, et dans les bureaux de la Poste etes Méssaägeries. Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,16fr.,
les p&G payant port double. = Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr,, paranet par rectiu l'ÉGHO DELA LITTÉ-
IORCGEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment av ec JEcho. du monde savant la revue
L'incyclopédique la plus SOnDIÈiE des Deux Monüles, — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. €.-8. FRAVYSSE, gérant-admninistrateur,
corps, on fa lui rend instantanément en
promenant les doigts à sa surface, où en
frottant cétié Hiéhie sukface avec les poils
d’un animal vivant qui, contme on le sait,
sont toujours imprégués de matières orga-
niques connües sous le nom de suint.
» 3° Lorsqu'on élève la température du
corps formant image, celle de la surface
polie restant la même, l'image se forme
dans un temps très court.
» 4° Lorsqu’ une surface polie a recu
Pimage d'un corps, cette même surface,
| placée très près d'une seconde surface polie,
| ést susceptible de former, à son tour, une
image que l’on peut appeler secondaire, et
qui elle-même pourrait former des images
tertiaires, si-la uetteté de l'impression ne
2
diminuait pas très rapidement par ces
: transports successifs.
» 90 En interposant une lame très mince
de mica entre le corps formant image et la
surface polie, j'ai constamment trouvé que
l’action était nulle. Cependant, dans cer-
taines circonstances, on obtient ainsi des
images qu'il est important de ne pas con-
D ————
PHYSIQUE APPLIQUÉE.
THERMO-MANOMÈTRE POUR LES LOCOMOTIVES.
(PDeuxiè ne
Table des présions en, sus de l'atmosphère ambiante, relative à la température centigrade de
Lequ. dans 163 chaudières (.
021.
SAVAN
,200 pages chacun; il est publié sous la direction
21, et dans les départements chez les principaux li-
fondre avec celles qu'aurait produites le
corps lui-même; c’est le cas dans lequel
une même lame de mica, servant à deux
expériences consécutives, sera placée, dans
la seconde expérience, dans une position
inverse de, celle qu’elle aura occupée dans
la premiere ;‘alors la surface de mica, qui
pendant la première expérience aura été en
con'act avecléitor ps formanti image etaura
ainsi été impressionnée, se trouvera en
contact avec la! surface polie pendant la
seconde, et devra dès iors donner lieu à une
image secondaire. Celte image pourra tou-
jours être distinguée de l'image directe, en
ce que celle-ci est évidemment une repré-
sentation symétrique de la surface du
corps, tandis que l’image secondaire, étant
symétrique par rapport à la précédente, se
trouve être;:une représentation identique
du corps...
» 6° Enfini les diverses expériencés rela-
tives à ces imagesontabsolumentles mêmes
résultats, soit que lonopère sous l'influence
dela lumière, soitque{’on opère dans une
obscurité complète. »
article.)
RARE Me PRESSION EN SUS DE L ATHOSPHÈRE. HAUTEUR
OR ne mr er cet H de Ja
en A) EXPRIMÉE EN K:EOG. EN LIVRES À ee
pEcrés cEnrrén 0 (n. Dé cie À AO ATNR
É > |ATNQSPHERES. CENT. CARRÉ. AU POUCE. à l'air libre
| Frog À AR AS A CCR à 0 lis. à Om
-poA2r0 SADILOG ER RE 0 516 7 172 é 0,38
! 124,55 HO -JOI98 LHBD 1 033 45 ; 0,76
128,85 à: 0b.2 gai 1,549 92 472 h 1,14
135 » E 2) 2,065 3 À 1,52
140,35 2 172 2,585 37 192 F 1,90
144,95 É 3 5,098 45. ë 2,28
149,15 3 472 3,614 52 142 s 2,66
153,30 4 4,130 60 k 3,04
156,70 4 172 4,646 67 172 A 3,42
160 » 5 5.162 75 f 3,80
63,25 É 5 472 5,679 82 172 4,18
166,42 6 ! 6,195 90 A 4,56
472,13 7h 7,228 105 A 5,32
ATT,40 0 À S EM S,260 | 120 ; 6,08
182 » 9 | 9,293 1145 è 6,54
se a = LE _
Si doncon plonge la boule d’un thermo-
mètre dans la vapeur d’une chaudière , de
façon à ce que la tige soiten dehors, on
pourra y lire la température de la vapeur
et en conclure, au moyen de la table pré-
cédente, la pression qui y répond.
Si l on fait maintenant attention que ce
{1) Les pressions sont celles en sus de l’atmos-
phere ambiante, c’est-à-dire que ie O est marqué
à l'eau bouillante.
n'est point Ja température que l'on a be-
soin de connaître, mais Lien la pression, on
concevra que l’on peut se dispenser de
marquer les degrés de chaleur sur l'échelle
et les remplacer par les pressions cories-
oundantes.
Telle est la théorie extrêment simple sur
laquelle cet instrument est basé.
Celui que nous décrivons ayant été
fabriqué en Angleterre, on ÿ_a adapté Pé-
AS
chelle pour la pression en livres anglaises
par pouce carré indiquée dans la qna-
trième colonne.
Rien ne serait plus aisé que de rempla-
cer cette échelle par une autre divisée en
atmosphère ou en kilogrammes at centi-
mètre carré. Pour cela on ferait usage du
tableau précédent.
Passons à la construction de l'instru-
ment : La partie principale est comme
nous lavons dit, un thermomètre que
l'on voit en AB, la fig 3 et 4, pl. 13.
La tige de ce Lhermomètre passe dans
un tuyau un peu conique en cuivre, mar-
qué €, et le vide entre ce tuyau et le ther-
momètre est rempli d'un bonrrage d'é-
toupe qui s'oppose au passage de la va-
peur.
Læ petit tuyau est soudé dans l'intérieur
d'une pièce de raccord en cuivre D sur la-
quelle viennent s’emmancher toutes Îles
parties de l’appareil.
Savoir: {. une douilleen cuivre Ese visse
à la partie inférieure; cette douille enve-
loppe lattéralement la houlle du thermo-
mètre et en s’ajustant à la chaudière sert
à l'y suspendre.
2. La pièce de raccord porte dans la par-
tie supérieure deux baguettes en cuivre F,
que l’on voitreproduite dans la coupe 2.4,
les baguettes servent à fixer et consolider
des lames en cuivre G sur lesquelles les
divis ons de l’échelle sont marquées. :
Ces lames ont leurs faces divisées tour-
nées à l'opposé l'une de l’autre, afin qu'on
puisse apercevoir la division des deux côtés
cpposés.
3. Enfin cette pièce de raccord est ta-
raudée à la partie supérieure pour y visser
une enveloppe H eu cuivre, destinée à pré-
server du choc des corps extérieurs, la tige
du thermo-manomètre et les lames de
cuivre qui portent les divisions.
Cette enveloppe est largement échancrée
des deux côtés opposés afin de laisser aper-
cevoir les divisions.
De plus ellé est fixée à la pièce de rac-
cord par une petite vis dont on aperçoit la
tète en Ï, et qui a pour bui d'empêcher
l'enveloppe de se dévisser.
On voit donc que cette pièce de raccord
D, tout à la fois, sert de bouchon percé qui
laisse passer la tige du thermo-manomètre
et arrête la vapeur, sert en outre dans la
partie supérieure à porter les échelles et
l'enveloppe protectrice, eteufin, en se vis-
saut par le bas à une douille, sert à facili-
ter l'adaptation de l'instrument aux chau-
dières.
L'ensemble de cet appareil est représenté
COOL
(Bull. de l'industrie, de M. Jobard.)
CHIMIE ORGANIQUE.
.Sur existence du soufre dans les plantes.
par M. Poiteau.
On trouve dans le Gardener”s Magazine,
numéro de novembre 1842, page 571, un
article de M.Vogzel, qui fait remarquer que
M. Planche ct d’autres chimistes ont prouvé
que beaucoup de plantes contiennent du
soufre. Le Water cress, cresson d'eau,
Sisyimbrium rasturtium, L., est particu-
lièrement une de celles qui contiennent
beaucoup de soufre.
Comme les sols éloignés des terrains vol-
caniques ne contiennent pas de traces per-
ceptibles de soufre, M. Vogei pense qu'il
n’est pas impossible que les plantes, qui sont
485
très disposées à s’assimiler le soufre, aient
la propriété de le tirer de la décomposition
de l'acide sulfurique des sulfates. Néan-
moins ce chimiste a trouvé que des graines,
semées dans un sol parfaitement exempt de
soufre et de sulfates, produisaient des plan-
tes qui contenaient une quantité notable de
soufre, Le sol factice, employé pour cette
expérience, consistait en verre blanc gros-
sièrement réduit en poudres il avait été for-
tement chauffé, mais non fondu, dans uu
creuset, ensuite lavé avee de l'eau bouil-
lante, et on n'y put déconvrir la plus légère
trace d’aucun suifate. Des graines de cres-
son, conservées dans un état humide, ont
été semées dans ce sot; et, quand les plantes
qai en provinrent eurent plusieurs pouces
de hauteur, on les enleva avec leurs raci-
nes. Après qu’elles farent lavées et que
leurs racines blanches ét fibreuses farent
coupées, et que celles-ci aussi bien que les
plantes furent séchées, on les chauff{ dans
une cornue, et on trouva que les unes et
les autres rendaient considérablement plus
de suufre que les graines n’en contenaient.
Le jus, exprimé de plantes cultivées dans
du verre en poudre, contenait des sulfates
solubles. Des graines de cresson, semées
dans du quartz grossièrement pulvérisé,
dans du flint-plass et dans une très belle
silice obtenue de Pacide hydrofluorique si-
licé, donnerent an semblable résultat qüant
au soufre et aux suliates, quoique les plan-
tes n’aient pas anssi bien fleuri dans cette
dernière substance que dans les deux pre-
mières.
M. Vogel a fait encore d'autres expé-
riences que je ne traduis pas, mais par les-
quelles il est arrivé à cette conclusion que:
109 livres de plantes (cresson: sèches, don-
neraient un cinquiène de soufre, quoique
venues dans un sol où elles n'auraient pu
en absorber la moindre parcelle par les
racines. Quant aux jéunes plantes decresson,
comme leur croissance a eu lieu dans un
sol exempt de soufre et de sulfure, dans une
chambre exempte de vapeurs sulfureuses,
l’origine du soufre dans ces plantes est une
énigme pour M. Vogel, et il avouait, le
18 mars 1842, qu'il était incapable d’en
donner une explication satisfaisante.
Observation du traducteur. Le soufre est
un corps simple, non métallique; il est in-
soluble dans Peau, mais l’hydrogène le
dissout et peut l’introduire dans les plautes
qui sont-apies à le recevoir, comme [le
cresson, plusieurs autres crucifères, la pa-
tience, etc. (Annales d’Horticulture.)
ie
SCIENCES NATURELLES.
TOXICOLOGIE.
Cours &e M. Orfila.
Messieurs,
Dans la dernière séance, nous nous som-
mes occupés des diverses formes que peut
revêtir l’arsenic et nous avons avons vu
que sous forme d’anneau ou sous forme de
taches, c'était toujours la même substance.
Je me suis demandé si, dans une affaire de
tuédecine légale, on doitse borner à recueil-
lir des taches, ou si l’ondoit obtenir la fois
et des taches et un anneau. Un expert ha-
bile peut bien, Messieurs, ne recueillir que
des taches, dont il reconnaitra d’aileurs
les caractères. Mais, dans la majorité des
cas, il est utile de recueillir à la fois et un
anneau ct des taches. Ce conseil, je l'ai
donné dans mon Mémoire publié en 1839,
486
et l'Iustitut a cru nécessaire de le recom-"
mander de nouvean.
Après avoir fait celte remarque impor=
tante, nous allons continuer l'étude des
fausses taches. Je vous ai déjà signalé les
taches de crasse, les taches antimoniales ;
parlons maintenant des taches de zine ct
des taches de plomb. Les taches de zinc ont
dans leurs earactères physiques quelque
analogie avec les taches arsénicales. Mais
les caractères chimiques ne permettent pas
qu'on puisse être iaduit en erreur. Quand
elles sont minces et récentes. elles peuvent,
il est vrai, se volatilisér par l’action du gaz
hydrogène, mais si elles sont un peu épais=
ses, elles 5e disparaissent pas. Lorsqu'elles
sont minces, élles se détruisent au bout de
quelque te-ups à Pair libre, et à leur place
on aperçoit des taches blanches nnique=
ment formées d'oxyde de zine. L’acide azo-
tique les dissout très bien; la dissolntiou
évaporée jusqu'à siccité fournit un résidu
blanc d’azotate de zinc, mais qui ne donne
pas par l'acide sulfhydrique et l'azotate d'a:
gent, les précipfiés jaune ou rouge bri-
Que qui vous sont déjà connus. Enfin ce
résidu est et se comporte tout à fait comme.
un sel de zinc.
Messieurs, vous nous demanderez peut
être comment se produisent les taches de
zinc: Rien de plus facile que de les faire
naître: Un appareil de Marsh fonctionne-
t-il trop vite, contient-il trop d'acide sulfa-
rique, il donne naissance à ces taches, ebil
est facile de s'expliquer ce résultat. Da sul-
fate de zinc est entraîné par le gaz qu se
dégage promptement ; ce sulfate vient se
déposer sur assiette, il est décompose par
le gaz hydrogène, et laisse du zinc métafli-
que sous forme de taches. Pu restencesita-
ches se produisent bien plus facilement
quaud on substitue Pacide ehlorbyari ;e à
l’acide suffurique, et c’est même un des plus
puissants arguments que j'aurai à faire var
loir contre le procédé suivi par M. Derer-
gie. Pour éviter la production de ces taches,
l'Institut a recommandé de faire passer le
gaz à travers de l’amiante.. Mais abordons
une autre espèce de taches, celles qui se
produisent lorsqu'on emploie des assiettes
de faïence: Duns le département de l'Avey-
ron, se jugeait une affaire &’empoisonne-
ment; des experts inhabiles employèrent
des assiettes de faïence et ils obtinrent des
péeudo-taches qu'ils confondirent avec les.
vaches arsénicales. Heureusement pour la
vérité, des experts d’un autre ordre parmi
lesquels se trouvait M. Bérard, de Mont-
pellier, démontrèrent que ces taches ne-
taient pas des taches arsénicales ; mais ils
démontrèrent aussi qu'il y avait eu empoi-
sonnement. Messieurs, il est facile de s'ex-
pliquer la production de ces taches. Mous
savez que le vernis qui recouvre lfaïente
coutintdestoxydes de plomb:et-d'étain.
Le gaz hydrogène qui arrive sur ce vernis
réduit:proniptement ces métaux et forme
ces taches dont je vous parle maintenant.
Mais ces taches ne se dissolvent pas dans
l'acide azotique, et la flamme du gaz hy-
drogèue ne les volatilise pas. 98p
Messieurs, voili tout ce quej’avais àvous
dire sur le traitement par l'eau froides des
matières contenues dans le tube digestif.
Maintenant traitons à chaud ces mêmes
matières qui peuvent ne nous avoir rien
donné à froil. Nous les ferons bouillir pour
détacher les parcelles d'acide arsénieux qui
auraient pu se loger dans certains replis du
tube digestif et échapper ainsi à l'action
dissolrante de l'eau froide. Cette dissolution
7
ltbnue, nous agirons comme nous avons
1 sur la dissolution faite à froid.
Maintenant, Messieurs, deux grandes
estions s'élèvent, et il est important de
- résoudre, car ce sont des objections sé-
‘uses,
1° Ünindividu estempoisonné par l'acide
‘sénienx, on lui fait prendre du sesqui-
l'yde de fer hydraté; ce corps peut-il ap-
rrter quelque modification dans nos opé -
tions ?
2° Un individu estempoisonné par l’acide
sénieux, il prend de l’émétique; cet-émé-
jjne modilie-t-il nos opérations ?
: J'ai démontré que le sesqui oxyde de fer
lrdraté, débité dans les pharmacies, était
-aveut arsénical. J'en ai pris neuf échan-
} ons différents et j'en ai trouvé cinq qui
ntenaient de l’arsenic. J'ai aussi examiné
colcothar, et plus souvent encore je
lai vu. arsénical. Messieurs, .on devait
abord nous faire cette objection : vous
onnez à un indivividu du sesqui-oxyde de
re arsénical ; il meurt; vous trouvez de
‘arseuic dans son corps; mais cet arsenic
| ent du sesqui-oxyde de fer. Répondons à
‘tte grave objection par des expériences
Psitives.
\ J'ai pendant cinq heures soumis à l’ébul-
Ition dans l’eau le plus arsénical.de tous
:s sesqui-oxydes de fer que j'ai pu trou-
Ler, et jamais la dissolution ne m’a donné
‘race d’arsenic, soit par l’acide sulfhydri-
ue, soit par l’appareil de Marsh. Donc
eau ne dissout pas la plus petite quantité
’arséniate de fer, car c’est à l’état d'arsé-
‘riatc que l’arsenic existe dans le sesqui-
“xyde. Mais si l'on fait bouillir le sesqui-
nxyde de fer arsépical avec de l’acide sulfu-
\ique on de l'acide chlorhydrique étendus
le leur poids d’eau, on dissout une portion
\le l’arsenic contenu dans le sesqui oxyde,
\:omme on peut s’en assurer à l’aide de l’ap-
areil de Marsh. Ou pourrait objecter que
e sesqui-oxyde de fer arsénical, qui aurait
séjourné -pendant un certain temps dans
’estomac avec les acides que contient ce
| viscère, aurait pu céder une partie de son
arsenic à ces acideset qu’alorsle décoctum
“contiendrait de larsenic, quand même il
n'y aurait pas eu empoisonnement. A cela
je réponds que, sans prétendre que cela
Soit impossible, il est pourtant certain que
«la quantité d’arsenic dissoute ne pourrait
être qu'excessivement faible et tout à fait
« insuffisante pour être décelée par l'acide
\sulfhydrique, comme je l'ai vu souvent,
|Gar, en effet, dans le sesqui-oxyde de fer
arsénical, indépendamment de ce qu’il y a
… fort peu d’arséniate de fer, celui-ci est très
difficile à attaquer par les acides étendus,
-xraison de la grande quantité de base qu'il
. meuferme. Mais, du reste, Messieurs, il est
facile: de résoudre maintenant la question,
Car désormais les pharmaciens ne:vendront
plus de sesqui-oxyde de fer arsénical. M. Le-
: Sripp a indiqué un moyen de débarrassser
- Complètement le sesqui-oxyde de fer de l’ar-
| Senic qu'il pourrait renfermer. Pour cela,
| on le fat dissoudre dans l'acide chlorhydri-
que et l’on fait passer à travers la dissola-
| tion un courant de gaz hydrogène sulfuré
‘qui précipite tout l’arsenic, ainsi que je
men suis assuréen examinant la liqueur
Sürnageaute. On chauffe ensuite cette li-
|"queur pour la débarrasser de l’excès d’acide
û sulfhydrique qu’elle pourrait contenir, et
Ton prépare le sesqui-oxyde par les moyens
Ordivaires.
Maintenant, Messieurs, un problème in-
verse peut se préseuter, et il offre un im-
Mets
488
mense intérêt, Un individu a été empoi-
sonné par l'acide arsénieux, il a pris du
ses qjui-oxyde de fer, et l’on ne trouve pas
d'arseuic dans les matières soumises à l’ex-
périence après leur ébullition dans l'eau,
car l'acide arsénieux s’est combiné à l’oyde
de fer. Messieurs, il faut vaincre cette diffi-
culté, et elle est grande, car 15 à 16 gram.
de sesqui-oxyde de fer peuvent absorber
99 centig. d acide arsénieux au moins. Je
prendrai alors les matières de l'estomac et
je les traiterai à froid par de la potasse caus-
tique. Il se formera un arsénite de potassé
soluble, ce qui n’a pas lieu losrque le sesqui-
oxyde de fer est naturellement arsénical.
Je filtrerai et je saturerai par un acide l'ex -
cès de potasse, La liqueur, traitée alors par
l'acide sulfhydrique me donnera le préci-
pité jaune caractéristique.
Maintenant arrivons au second pro-
blème : Pindividu a pris de l'émétique S'il
y a encore de l’émétique dans le canal di-
gestif, cette substance se dissoudra dans
l’eau comme l'acide arsénieux. Vous trai-
terez la dissolution par un courant d’acide
sulfhydrique, et vous formerez ainsi un
précipité de couleur orangé composé de
sulfure d'arsenic et de sulfure d’antimoine.
Ce mélange des deux sulfures sera calciné
dans un tube de verre avec du carbonate
de potasse et du charbon. L’arsenic réduit
se volatilisera et formera cet anneau mé-
tallique que vous connaissez déjà. Quant à
l’antimoine, il restera au fond du tube, sur-
tout à l’état d'oxyde, avec le carbonate de
potasse et le chabon en excès. Vous pour-
rez traiter par l’acide chlorhydrique ce ré-
sidu noirâtre, et vous formerez ainsi du
chlorure d’antimoine dont vous reconnai-
trez facilement les caractères,
Mais on peut traiter d’une autre manière
le sulfure mixte. On peut le chauffer avec
de l'acide azotique. et obtenir ainsi
de Pacide sulfurique, de lacide anti-
monieux et de l'acide arsénique. On
placera le tout dans l'appareil de Marsh, et
l’on aura, soit des taches m'xtes, soit deux
anneaux. L’anneau arsénical sera condensé
au delà du point chauffé, tandis que lan-
neau antimonial se trouvera au centre
même de la partie chauffée, Non pas que
je prétende que chacun de ces anneaux soit
uniquement formé par chacun des métaux
seulement ; maisil sera aisé de reconnaître,
par tout ce qui a été dit, s’il existe un peu
d'antimoine dans l'anneau arsénical, ou
un peu d'arsenic dans l’annean antimo-
nial, Quant aux taches, il est à la fois facile
et curieux de séparer l’arsenic de l’anti-
moine. Traitez les par l'acide azotique, vous
formerez de l’acide arsénique et de l'acide
antimonieux. Mais L’acide antimonieux est
insoluble dans l’eau, et par cette insolubi-
lité même, vous le séparerez promptement
de l'acide arsénieux.
Actuellement que nous avons indiqué
les moyens de reconnaître l'arsenic, voyons
quels sont les appareils les plus propres à
le recueillir, et commençons par l’histori-
que de ce sujet. En 1775, Scheele avanca
que l’hydrogène peut se combiner à l’ar-
senic, et que le gaz formé par cette combi-
naison peut laisser déposer l’arsenie qu'il
renferme. En 1798, Proust dit qu’en trai-
- tant de l’étain arsénical, il avait obtenu du
gaz hydrogène arséniqué dont l’arsenic s’é-
tait déposé. Mais ce fut en 1821 que Sérul-
las, pharmacien en chef du Val-de-Grâce,
iudiqua qu’on pouvait appliquer ces con-
naissances à la toxicologie. Mais cela ne fit
aucune sensation à l’époque, et Marsh, en
489
1836, imagina de faire l’application indi-
quée par Sérullas. L'appareil inventé par
Marsh ne ressemble guère, Messieurs, à ce-
lui qui porte maintenant ce nom. 1] con-
siste dans un large tube de verre reconrbé
en U et effilé à l’un de ses bouts. L'on in-
troduit dans ce tube du zinc, de l’eau, de
l'acide sulfurique et la matière orgauiqne
soumise à l'expérience. L'on ferme la partie
du titre non effilée, et l’on allume le gaz à
sa sortie par l’autre bout. Disons d'abord
qu'il est impossible de faire fonctionner cet
appareil. La mousse qui se produit arrête
le dégagement du gaz et empêche de con-
tinuer l'expérience. Marsh , pour obvier à
ce grave inconvénient, a proposé d'adapter
un robinet à son appareil ; mais ce robinet
u’arrète pas la mousse et est tout à fait in-
utile. Quant à l'huile qu’on a recomman-
dée, elle empêche, pour quelques instants
la production de la mousse, mais ses heu-
reux effets ne sont pas de longue durée,
quand il s’en forme beaucoup.
1l faut complétement abandonner cet ap-
pareil ; son imperfection ne permettra ja-
mais de le mettre en pratique. Devant une
ébauche aussi grossière que fallait-il faire,
Messieurs? Il fallait détruire la matière or-
ganique. C’est ce que j'ai commencé par
faire, et je vous indiquerai plus tard les
moyens que j'ai employts. La matière or-
ganique détruite, il s'agissait de substituer
à l'appareil de Marsh un appareil plus fa-
cile à manier. Or, celui que je propose me
paraît atteindre ce résultat, puisqu'il con-
siste en un simple flacon et en un tube re-
courbé êt effilé à lun de ses bouts. Du
reste, j'emploie comme Marsh du zinc, de
l’eau et de l’acile sulfurique. Je ne vous
recommanderai pas une chose que vous
savez déjà, c’est d'employer de l’acide sul-
furique et du zinc très purs. Je vous ferai
seulement, à l'égard da zinc, une remarque
importante : il a besoin d’être décapé, car,
sans cela, le dégagement du gaz s'opérerait
d’abord avec lenteur, On le décapera avec
de l’acide sulfurique concentré, mais on
aura soin de le faire dans un verre à expé-
rience, et de bien laver ensuite le zinc pour
éviter ainsi la formation de l’acide sul-
fureux qui serait très nuisible dans l’opéra-
| ton, ainsi que je le dirai plus tard. Après
avoir fait connaître ces premières remar-
ques, je devrais vous développer celles qui
ont trait à la marche même de l’opération ;
mis je n’aborderai que dans la prochaine
séance ces détails carieux et assez impor-
tants pour décider souvent du succès de
l'expérience. E. F.
PATHOLOGIE,
Recherches expérimentales sur la formation
des cicatrices artérielles et veireuses; par
M. Amussat.
Dans ce nouveau mémoire qui n’est que
la continuation de celui que j'ai fait sur
les tumeurs sanguines consécutives à la
blessure des vaisseaux, au lieu de me bor-
ner aux effets des accidents immédiats ou
primitifs des blessures artérielles et vei-
neuses , je recherche ce qui arrive après
un certain temps et je montre que tantôt
il se montre des cicatrices artérielles et
tantôt des anévrismes Aujourd'hui je ne
m'occuperai que des cicatrices artérielles
et veineuses.. Mes recherches sur ce sujet
me permettent d'établir les conclusions
suivantes :
4. La fréquence des anévrismes après la
490
blessure des artères sur l'homme avait fait
renoncer à l'espoir d'obtenir des cicatrices
artérielles, et il était passé en principe que
les plaies des artères ne pouvaient se cica-
triser solidement.
2. Mes expériences sur les animaux vi-
vants, et quelques faits observés sur
l’homme, prouvent la possibilité d'obtenir
des cicatrices artérielles durables; elles
confirment pleinement les idées de J.-L.
Petit et la théorie qu'il a déduite simple-
ment de quelques faits observés sur
l'homme.
3. Les cicatrices artériclles ne se for-
ment jamais par la réunion immédiate
des lèvres de la blessure du vaisseau; c'est
toujours par l’interposition d’un caillot de
fibrine qui se soude aux bords de l’ouver-
ture, se durcit, s'organise ef prend tous
les caractères des parois de lartère avec
lesquels il s'identifie.
4. Les faits de pratique générale, dans
les cas de blessure desartères sur l’homme,
prouvent qu'on ne fait pas tout ce quil
faut pour obteuir des cicatrices artérielles
solides.
5. En général, on se presse trop d'opé-
rer pour obturer le vaisseau blessé, sans
doute parce qu’on est trop effrayé par les
blessures artérielles , et dans la prévision
d’un anévrisme inévitable.
6. Pour abtenir des cicatrices artérielles
solides, durables , il faat soutenir conve-
nablement le caillot, affaiblir l’impulsion
du cœur ettenir la partie dans l’immo-
bilité la plus complète, en ‘un mot faire
comme pour les fractures des 05, c'est-à-
dire remplir toutes les conditions pour ob-
tenir une véritable consolidation.
Relativement aux cicatrices veineuses, je
puis résumer, dans les propositions sui-
vantes, les résultats de mes recherches :
4. Les cicatrices des plaies veineuses se
font comme celles des artères, c’est-à-dire
par un caillot de fibrine, qui bouche la
plaie, et finit par s'organiser et se souder
au pourtour de la blessuré, pour former
une pièce en empoule.
2. L’empoule veineuse qui existe à la
suite d'une blessnre n’est qu'une soudure
de cicatrice distendue par la faible impul-
sion du sang veineux.
3. Cette ampoule n’est pas une hernie
de la membrane interne, comme on le
croit généralement, et comme on serait
tenté de le croire en observant une veine
insufflée.
4. Mes expériences, et quelques faits ob-
servés sur | homme, prouvent que les ci-
catrices veincuses se font sur l’homme
comme sur les animaux.
5. La seule conséquence pratique à tirer
de ce fait, c’est la nécessité de bien soute-
nir la compression, deux ou trois jours et
plus après la blessure d’une veine.
Ê
THERAPEUTIQUE.
Méthode hémospasique du docteur Junod.
De tous les organes de l’homme, l'organe
de la voix est celui qui, dans de nom-
breases conditions sociales, est soumis aux
lus continuels efforts, aux plus incessantes
fatigues. Orateurs politiques ou sacrés,
avocats, professeurs, chanteurs drama-
tiques, tous associent ce frêle et précieux
instrument à leurs rudes travaux et aux
élans les plus énergiques et les plus pas-
sionnés de leur âme. Sous tant d'efforts,
et par l'effet de cette vive ou fréquente
491
surexcitation, l'organe de la voix s’affecte
d’une congestion sanguine, alors se mani-
feste cette chaleur actrée de la gorge,
suivie bientôt d’un enrouement funeste,
qui, sans des soins prévoyants et sans le
repos de l’organe, divient l'infaillible pré-
curseur d’altérations profondes. Mais ces
soins, mais ce repos, trop souvent les exi-
gences de la vie publique, les devoirs de la
profession, les désirs d’un publieimpatient,
ÿ opposent un insurmontable obstacle. Il
faut parler, il faut déclamer, il faut chan-
ter avec un organe fatigué et malade, au
risque de compromettre le succès et l’hon-
neur présents, au risque surtout de com-
promettre, par l'aggravation du mal, le
succès et l’honneur à venir. Que faire ce-
pendant pour oonjurer ce double danger?
À quel remède avoir recours? Aux émol-
lients? Mais leur action est lente et a be-
soin d’être sontenue du repos... A Fappli-
cation de sangsues à la gorge ? Mais, outre
les nombreux désagréments qui en résultent
et les inconvénients qu'eu redontent les
femmes, n'est-ce pas courir le risque de
joindre l’affaiblissement à la fatisue?
_Nagutre se trouvait dans cette per-
plexité si fréquente dans la vie des artistes
une de nos cantatrices les plus distingnées.
C'était un jour de première représentation.
Notre jeune artiste avait étudié avec ar-
deur et amour le rôle confié à son talent;
le moment de l'épreuve était arrivé, mais,
hélas! la voix de la jeune première semblait
vouloir trahir ses efforts. La fatigue avait
produit un enrouement, léger d’abord,
mais qui, s’augmentant rapidement, me-
naÇait de devenir funeste au succès de la
soirée. Il était cinq heures. déjà le publie
se pressait aux portes du théâtre; le direc-
reur averti accourait alarmé : mais que
faire? le mal était réel et grave.
Ce jour-là même, le: hasard avait fait
tomber entre les mains de notre canta-
trice le Mémoire lu à l’Académie de méde-
cine par le docteur Junod, sur les effets de
son appareil hémospasique. Une pensée
d’espérance vint traverser l'esprit de l’ar-
tiste. Elle accourt chez le docteur : bientôt
sous l’action de l’appareil, le sang se dé-
place et se porte aux extrémités; la cha-
leur et l’irritation du larynx se dissipent;
l'artiste prélude, un rayon de joie illumine
son regard, elle a retrouvé sa voix dans
toute sa pureté et dans toute sa force.
Une heure après, madame Rossi Caccia
(elle a permis de la nommer) soulevait les
transports du public par des accents qui
n'avaient jamais eu plus de fraicheur ni
d'éclat,
Ce que le hasard a fait pour instruire
madame Rossi Caccia des heureux résul-
tats de la méthode hémospasique, pourquoi
une utile publicité ne le ferait-elle pas pour
ceux qui se trouvent dans une position
analogue? Leur faire connaître un moyen
de guérison rationnel, facile, sans danger
possible, dont les résultats sont immédiats
et instantanés, et qui n’occasionne aucun
des ennuis ni des inconvénients qu’en-
traîne l’application des sangsues dont il
faut redouter l'abus, n’est-ce pas à la fois
servir l’art et bien mériter les artistes?
Et si nous disons que la méthode hémos-
pasique a obtenu la haute approbation des
corps savants, et a valu à son auteur un
prix Montyon, il ne nous restera qu’à
ajouter que le docteur Junod pratique son
art non en spéculateur, mais en médecin
qui respecte sa profession.
Nous nous contenterons de citer un fait
492"
qui se trouva dans l'intéressant Mémoire
mentionné plus haut : M. Asnac, artiste
dramatique, attaché au théâtre du Havre;
est venu à Paris dans un état de cécité
complète qui avait résisté à tous les moyens.
Il n’a dù sa guérison qu'à l'emploi de lan
méthode hémospasique, due aux recher-«
ches du docteur Junod, laquelle, sans affai-
lir les organes, ne fait pas attendre long-\
temps ses résultats.
BOTANIQUE.
Sur le Silphion des Grecs, le Silphium ow
le Laserpitium des Latins.
(Premier article.)
Les anciens distinguaient plusieurs sortes
de Silphion, où Silphium : le Silph'um de
Perse, celui de Médie, celui d Arménie et,
enfin , celui que produisait la terre de Cy-
rène ou la Cyrénaïque. Nous ne nous oc-
cuperons que du dernier , qui était le plus
célèbre, et auquel se rapporte presque tout
ce que les anciens nous ont transmis sur le
Silphium. On sait que tel était le prix qu’on
y attachait à Rome, qu’on l'y désigaait sous
le nom de trésor de l'Afrique.
Selon les auteurs les plus renommés de
la Grèce, le Silphion ou Silphiurm, aurait
apparu tout à coup dans la Cyrénaïque, à
la suite d’une-pluie noire et épaisse comme
de la poix, tombée, dans ce pays, sept ans
avant la fondation de Cyrène, qui fut bâtie
lan 143 de Rome.D'après les mêmes auto-
rités, rapportées par Pline, la vertu pro-
ductrice de la pluie nese serait étendue que
sur un espace de quatre mille stades (1).
Posidonius, dans Straban. donne pourtant
une plus grande étendue à la contrée qui
produisait le S'ilphium : selon lui, sa ion-
gueur,de l'Est à l’ouest.était de 2.000 stades,
sur une largeur de 300 et plus. Il ajoute
qu’il ne parle que’ des contrées connues de
la Cyrénaïque, et qu'il est à présumer que!
tout le pays compris sous le même paral-
lèle, produisait le S'/phium. 11 était devenu
très rare du temps de Néron, à ce point,
qu'au rapport de Pline, or lui porta, en
présent, le seul pied qu’on en découvrit
sous son règne (2). Son suc se vendait au
poids de l'argent (Pline). À Rome, on en
déposait au trésor public , où 1l représen-
tait une valeur numérique (Pline). Sous le
consulat de Gaïus Valérius et de Marcus
Hérennius, on en vendittrente livres qu’on
venait de recevoir de Cyrène (Pline). Au
commencement de la guerre civile, César,
alors dictateur, en relira, du trésor publie,
cent onze livres qui s'y trouvaient avec
d'autres valeurs, tant en or qu'en argent
(Pline). Le cas qu'en faisaient les anciens
Cyrénéens nous est encore attesté par la re-
présentation, sur leurs médailles , de la
plante qui le fournissait. Ces médailles por- W
tent, sur leur revers, la tête de Jupiter Am- |
mon, dont l'oracle , comme ou sait, Ctait MW
voisin de Cyrène. D’autres médailles de Ia W
Cyrénaïque représentent le palmier (phæ- |
|
:
nix dactylifera ), comme si l’antique popu-
lation eût voulu transmettre à la postérité
le souvenir de ce qu’elle possédait de plus
précieux, à savoir : dans le palmier, comme
aliment agréable, et dans le Sphium ,
1) De Laserpitis et Lacere. ue à
(2) Solin assigne deux causes à la disparition du
Silphium : Les ravages de la guerre faite contre les
indigènes , et sa destruction par les habitants eux-
mêmes, à cause de la taxe élevée dont il était impo-
sé. Ainsi s'exprime Solin : Quæ germina iRitio bar-
baricæ impressionis vaslalis agrès, posiea ob into -
lerandam vectigalis nimi etatem, fermé penttus PSE, \
acco/æ eruerunt.
nl
\
pomme médicament. Toutefois, et nous
evons le faire remarquer, les médailles au
Vphium sont infiniment plus multipliées
1e celles au palmier, comme pour expri-
ner cette pensée, que ce qui rétablit les res-
wrts dérangés de la vie est plus précieux
bacore que les choses les plus agréables qui
“rvent à son alimentation.
Un de nos anciens consuls à Tripoli,
| emaire, crut reconnaitre, dans une plante
25 montagnes de Derne, le Silphium de
2 l’antique Cyrène; il en parle, en ces
lirmes, dans la relation d’un voyage qu’il |
l'isait en 1706 : « Toutes les montagnes
* de Dérne sont garnies de plantes de Sil-
| fione ou Serpissionne, que les Arabes ap-
pellent aujourd’hui Tvfie ou Zérra. Cette
plante, qui est marquée au revers des
médailles dé Jupiter Ammon, se trouve à
Cyrène èt à Libida, ci-devant le petit
| Magna (voyage du sieur Paul Lucas, fait
par ordre duroi,t. 11. p.112. Paris, 1712»
‘ais, je me hâte d’en faire la remarque, ce
lué dit Lemaire des carac!ères de la plante
ibpélée , par les Arabes, Cefie ou Zerra,
re saurait s'appliquer à celle qui se trouve
gurée sur le revers des médailles de Ju-
liter Ammon.. =
| La représentation de cette plante, sur
»s médailles de la Cyrénaïque, permet d’
connaître une plante de la famille des
rmbellifères (3). D'un autre côté, M. Vi-
ani, botaniste italien, a reconnu dans une
imbellifère des états de Tripoli, dont Ja Cy-
ractéres signalés , dans le Sï/phium, par
?s autres anciens. Cette ombellifère lui
at rapp riée, en 1817, par M. Della Cella,
[ui vénait de parcourir l’ancienne Cyré-
laïqüe, comme médecin attaché au service
es troupes du Bey. C'est un Thapsia, que
\!. Viviani a spécifié sous le nom TAapsia
\tiphium, dans sa Floro libyque. Ce Thap--
& est done, pour M. Viviani, le Si/phion
es Grecs, le Silphium ou le Leserprtium
es Latins. Nous partageons cette opinion,
|: notre but en revenant sur le même sujet,
st de la confirmer encore par l'usage que
ant, d’une plante de leur pays, les habi-
jants de lAlgérie. Vraisemblablement les
ripolitains ne laissent pas sans emploi le
hapsia dont nous devons la connaissance
M. Della Cella. Aussi est-il à regretter
u’en le recueillant, le voyageur ne se soit
lir dans le pays.
| Pline, parlant du Si/phium , dit : « On
en mange la tige après la chute des feuil-
les, mais cuite, bouillie ou rôtie. »
| Il'existe, en Algérie, une plante dont la
acine se manve bouillie; on en use sur-
out en décoction ; peut-être use-t-on aussi
e sa tige.
« Pendant les quarante premiers jours,
it Pline, le Silphium purgeait le corps de
Jutes ses humeurs vicieuses. » k
Les indigènes de PAlgétie sont dans l’u-
age de s’assujétir, pendant leurs maladies,
Certains régimes, à certaines médica-
ons, dont la durée est de quarante jours,
ps de temps auquel se rattachent des idées
cligieuses. Cette durée de quarante jours
D D A,
|
endant Tequel ils ne mangent qu'après le
>ucher du Soleil. Lis usent donc de la ra-
ne dont nous parlons comme de tout au-
*e remède ou æédication pendant quarante
(3) Toutes les médailles de la Cyrénaïque que j'ai
1es dernièrement à la Bibliothèque-Royale , repré-
tent’ là fleur tout à fait dégagée de son involucre
sans aucune trace de celle-ci, à
,
\én0ïque faisait partie, les principaux ca-
as entjuis des usages anxquels il peut ser
st en'effet celle de leur Ramadan, temps.
49%
jours. De plus, cette racine, qui est purga-
tive, passe, parmi les Arabes, pour avoir la
propriété de nettoyer le corps de toutes ses
impuretés.
« Le bétail, dit Pline, aimait fort cette
plante qui le purgeait d’abord et l’engrais-
sait ensuite, »
La racine que nous avons en vue est con-
nue sous le nom de Bou-néfa; elle passe
aussi, parmi les Arabes. pour avoir la pro-
priété de purger d’abord et d'engraisser
ensuite (4). Au dire des Arabes, elle join
drait à la propriété d’engraisser celle de
blanchir la peau en renouvelant l’épider-
me (5), et c’est à ce titre qu'elle est si re-
cherchée des Muüsüinianes qui, avant tou-
tes choses, comme où sait, tiennent à être
bien grasses et bien blanches. Une autre
propriété qui ne serait pas moins précieuse,
est encore attribuée an Bou-neéfa, c’est
celle de remédier à la stérilité. De là Fem-
ploi qu’en font beaucoup de Musulmañes
dans le but d’avoir des enfants. Elles en
font alors un usage continu, sous forme de
décoction. Cette décoction, elles ne la boi-
vent pas, mais elles s’en servent seutewent
pour faire cuire tous leurs aliments, dont la
plupart consistent, comme on sait, dans
desp réparations farineuses.
Alger, dans ces derniers temps, s’est
trouvée plusieursfois en disette de Bou-néfa
à raison des hostilités qui ne permettaient
pas de l'aller chercher dans les localités où
on le rencontre. Cette disette était vivement
sentie par les fernmes, qui ne cessaient de
faire demander aux marchands ia précieuse
racine. Les indigènes attachent réellement
un grand prix au Bou-néfa, etson nom seul
le témoigne suffisimment. En effet, Bou-
néfa veut dire père de l’utile , de l'util'té.
comme qui dirait ce qui est utile pardessus
tout, l'utilité même. N'est-ce pas exprimer,
en d’autres termes, la-même pensée que les
Romains d'autrefois , qui appelaient le La
ser, ainsi que nous l’avons déjà dit, le té-
sor de l Afrique?
J'ajoute sur la racine dont nous parlons, :
qu’à part sa couleur, qui est brunâtre (6),
on peut lui appliquer tout ce que dit Pline
desqualitésphysiques de celles du Silphium.
Ainsi elle est forte et nombreuse comme
celle du Siphium ( multa brassaque) ; elle
peut acquérir, commecelle du Silphium, la
longueur d'unecoudée {fuisse Majorem cu-
Ditali); ellerend, par incision, comme celle
du Silphium, un suc laiteux (inciso profue-
re, SOlilum succum). Ce suc est une gomme
résine , qui jaunit à l'air, en s'épaississant.
Je ne sache pas que les indigènes du nord
de l'Afrique, du moins ceux de VAlgérie ,
soient dans l'usage d'en faire l'extraction.
D' Guyon.
S —J pee —
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
Nouvelle locomotive; par M. Stephenson.
Les recherches de l’auteur se sont diri-
gées vers les moyens de diminuer la con-
(4) Shaw parle en cestermes du Bou-ncfa, qu'il
écrit Bonéfa : « Les Algériens l'appellent Boréfa ,
» et les femmes ont coutume d'en manger pour aug-
» menter leur embonpoint.» (T.z1r, p. 121.)
(>) Le renouvellement de l’épiderme est une con-
séquence de la dilatation et de l'épanouissement du
derme, par suite de l'accumulation de la graisse dans
les cellules du tissu adipeux.
(6) La racine du Si/phium était noire (Radice cor-
tex niger), au rapport de Pline,
495
sommation du combustible dans les ma-
chines locomotives, et de simplifier leur
mécanisme.
Il atteint le premier but en augmentant
la surface de chauffe, c’est-à-dire en allon-
geant les tuyaux conducteurs dela chaleur,
Sans augmenter la distance entre le train
de devant et celui de derrière. Dès lors,
l’espace occupé par la machine est le même
que dans celles ordinaires, et il n’est besoin
d'aucune modification dans les plateaux
tournants,
M Stephenson a placé les essieux direc-
tement souslachawditre, celui de l’arrière-
train, prés: de la partie antérieure de Ja
boîte à feu. De cette manière, l’une des
roues motrices se trouve placée au milieu,
ou à des distauces égales des deux autres
essieux.
Les modifications apportées dans la con-
struction de là chaudière ct des tubes,
procurent une surface de chauffe de 250
mètres de longueur, tandis que dans lés
locomotives ‘ordinaires elle excède rare-
ment 140 mètres ; &ussi la presque totalité
de la chaleur est'absorbée au proût de la
chaudière, d'où résultent une économie
notable dans la consommation du combu-
stible, et un tirage moins actif; une très
petite quantité de cendres rouges est pro-
jetée par la cheminée. Cet effet est surtout
remarquable dans les locomotives qui cir-
culent actuellemeut sur le chemin de fer
d’York : pendant un trajet de 90 milles
(30 lieues), aucune parcelle de cendre ne
fut lancée par la cheminée, et l'accumula-
tion de la fumée fût peu considérable: La
vitesse a été de 284 30 milles (9210 lieues)
à l'heure; avec-ume charge de 8 Wagons ;.
on a consemmé 9 kilogrammes decharbon.
par heure.
M. Siephenson a remplacé les tubes en
cuivre par des tubes en fer forgé, ce qui
lui a permis d'en augmeuter le nombre
sans accroissement de dépense ; il y en a
150. I à aussi disposé les tiroirs sur les
côtés du cylindre, au lieu de les placer au-
dessus, et il a simplifié le mécanisme de la
pompe alimentaire.
Le dian:être du cylindre à vapeur est de
0®,37, la longueur du coup de piston, de .
0,52. Le dianètre des roues motrices est
de 1,70, et celui des autres roues de 1
mètre. Le poids total de la locomotive est
de 15 tonneaux (15,000 kilog).
(Civil Engineer's Journal).
En France, M. Pauwels vient aussi, dans
les nouvelles locomotives qu'il s’est chargé
de constuire pour le Souvernement, d’a-
dopter la disposition des tiroirs de distribu=
tion placés sur les côtés des cylindres, et
mus directement par les tringles des ex-
centriques, ce qui simplifie évidemment le
mécanisme ; ces tiroirs sont alors verticaux.
et parallèles, au lien d’être couchés hori-
zontalement comme précédemment. I} a
également augmenté la surface de chauffe
de Ja chaudière, d’une manière notable,
mais NOUS croyons que pour rendre pro-
fitable Papplication de Ja détente, telle
qu’elle est employée aujourd’hui, les dia-
mètres des cylindres à Vapeur, qui n'ont
que 33 centimètres, devraient être sensi-
blement plus grands, et être portés à 37 ou
38 centimètres, comme on l'a fait dans plu-
sieurs locomotives du chemin de fer de
Versailles (rive droite),
ARMENGAUD AINE.
ge |
496
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Conservation des substances alimenteures,
(Deuxième article.)
En préservant les matières organiques
du contact de l'air, on les conserve parfai-
tement. Il ya plusieurs manières d’atiein-
dre ce but : l'une consiste à placer les ma-
tières dans un milieu dépourvu d’oxigère,
dans un gaz, par exemple , tel que l'azote,
l'hydrogène, etc.; mais on conçoit que ce
moyen ne peut recevoir d'application en
grand. Un autre procédé éousiste à sou-
meltre les substances à l’action du bain-
marie, en vase clos ; c'est le procédé d'Ap-
pert. ë
L'essentiel, pour la réussite de ce proce-
dé, est de boucher hermétiquement les
bouteilles on les vases dans lesquels on ren-,
ferme les objets à conserver. Si ce sont des
liquides, on se sert de bouteilles ordinaires ;
mais si ce sont des légumes 6u des fruits ,
on emploie des bouteilles 4 Färge ouverture.
En tout cas, on remplit éès bouteilles des
matières alimentaires, on'les ferme exacte-
ment avec des bouchons de liége fin, on les
entoure d’un cordon de foin, puis on les
met dans une bassine à fona plat, sur le-
quel on place un peu de paille; on y verse
de l'eau de manière à ce que les bouteilles
y soient enfoncées jusqu’à la bague, et on
porte à l'ébullition pendant plus ou moins
de temps, suivant la nature des substances,
mais rarement au-delà d'une demi-heure.
On laisse ensuite refroidir, on retire les
bouteilles et on les goudronne.
Ainsi traitées, és matières organiques
-se conservent intaëtes pendant un temps
dont on peu fixer la durée, pourvu que les
bouchons ferment parfaitemert; car si l'air
pénètre dans les bouteilles et s’y renouvelle,
la putréfaction se détermine bientôt.
Ce procédé, dansles mains d'Appert, son
inventeurest devenu la sourcedenombreuses
applicitions pour l’économie domestique.
Les ménagères l’ontadojté pour laconserva-
tion des légumes frais, tels que petits-pois , |
fèves de marais, haricots verts,itomates etc.;
pour celle des fruits, abricots, pêches, pru-
pes, fraises, groseilles, etc. Pour l’usage de
la marine, on prépare très en grand , sur-
tout à Nantes, à Marscilles , au Maus et à
Bordeaux, des conserves végétales et ani-
males, en remplaçant les bouteil'es par des
caisses en fer blanc. Les confseurs ct les
pharmaciens gardent aus-i, par ce moyen,
les sucs végétaux de coings, de groseilles , :
de framboises, etc,
Les Anglais font un usage immense des
‘conserves d’Appert ; ils en approvisionnent
leurs escadres et jusqu’à leurs hôpitaux du
Bengale. MM. Freyciuet et Kotzebue qui,
dans leurs voyages autour êu monde, firent
un usage continuel des conserves d'Appert,
ont accordé un juste tribut d’éloges à leur
inventeur. Fa
Le soufrage ou mutisme est une opéra-
tion qui se pratique très en grand pour la
conservation des liquides sucrés ou vieux,
tels que le vin, le moût de raisin , les sucs
de pommes, de poires, de coings. Elle a
pour but, tout en désoxygénant la matière
fermentescible de ces liquides, de les priver
du contact de l'air qui oxygènerait la partie
du ferment qui ne peut agir qu'en passant
à l'état de ferment oxygéné.
On mûte snit en agitant le suc dans des
boutcilles ou tonneaux où l’on a brülé au-
paravant des mèches soufrées, soit en y
versant du sulfite de chaux, 8 décigram-
497
mes envicon par litre de liquide, — Dans
quelques lieux , on fait dissoudre de l'acide
sulfureux dans une certaine quantité de
vin, et cette liqueur, appelée muet, est mise
en réserve pour muter les autres vins. Cette
: méthode est la plus efficace.
MT. Braconnuot a constalé récemment
qu'en exposant au contact du gaz acide
sulfureux les légumes susceptibles de cuire
promptemeit, tels que l’oscille, la laitue,
les asperges, etc., on peut les conserver
pendant tout l'hiver dans-un parfait état de
fraicheur, Quand on veut s'en serviril ne
s’agit que de les laisser treniper dans l’eau
pendant quelques heures. Ce procédé très
simple , puisqu'il suffit: de brûler une ou
deux mèches sonfrées dans le tonneau où
l’on a placé les légumes, permet de conser-
ver des masses considérables de produits
alhuentaires pour les besoins des hôpitaux,
de la marine et autres grands établisse-
ments.
La soustraction du contact de l'air peut
encore avoir lieu si l’on entoure les sub-
stances de matières solides ou liquides qui
empêchent l'accès de ce fluide. C'est ce
qu'on pratique presque généralement dans
plusieurs départements de louest et du
midi de la France, en placant certaines
viandes dans des vases remplis d'huile, de
graisse, de beurre ou de suif. Les habitants
du Périgord , du Poitou, de la Saintonge,
conservent ainsi, pendant très longtemps,
des cuisses et des ailes de diverses volailles
au milieu de la graisse de ces mêmes ani-
maux. Les pharmaciens garantissent les
sucs végétaux de toute altération en les re-
couvrant d’une légère couche d’huile frai-
che et peu susceptible de rancidité. En
1826, les fouilles faites à Pompéia firent
découvrir quelques bouteilles pleines d’o-
lives qui avaient été mises dans de huile, et
quiétaienten Lrès bon état, quoique l'huile
devenue rance se lrouvätconverlicenacide :
gras.
Les œufs ne peuvent être gardés long-
temps au contact de l'air sans se dessécher,
se vider en partie et:sé putréfier. Soustraits
à l'influence de l'air, on peut au contraire
les conserver très longtemps frais. Dans les
campagnes, on les enterre dans des cendres,
du sable fin où du charbon pulvérisé , en
ayant soin qu’ils ne se touchent pas.
Cadet de Vaux à proposé de les plonger
pendant 20 secondes dans l’eau bouillante,
afin d'y former-une: pellicule d'albumine
concrète, qui s'oppose à l'introduction de !
l'air, puis de dés essuyer et de les placer :
dans un vase qu'on remplit de cendres ta-
wmisées. Ce procédé, suivi dans les monta-
gnes d'Écosse, commence à être employé
en grand pour l'approvisionnement de !
Paris.
Mais le meilleur moyen , toutefois, est
celui qui consiste à les tenir plongés dans
de l’eau où l’on a délayé 1710 de chaux
éteinte. On a soin que les œufs soient re- !
couverts d’une couche de ce liquide.
M. Chevet, célèbre marchand de comes-
tibles, À Paris, conserve des raisins, des pa-
tates, des noix , des amandes , des chatai-
gnes, ete, pendant fort longtemps dans un
état satisfaisant de fraicheur, en les ran -
geant par lits entre lesquels il sème un lit
de chaux éteinte et pulvérisée, d'une épais-
seur plus où moins grande, selon l'espèce
de végétal, Le vase non bouché dans lequel
on à disposé ainsi les produits est renversé
sur un lit de chaux, de 3 à 6 centim. d’é-
paisseur, dans lequel son orifice se trouve
enterré.
Dans beaucoup de pays on conserve lef.
racines de toute espèce , et notamment les
pommes de terre, les carottes, les betteras
ves, dans des fosses profondes ; crenséek
dans un sol sec et abrité de tous côtés. Les
racines y cout déposées aussi sèches qué
possible, et placées en lignes qu’on séparé
les unes des autres par un peu de paille. DM}
cette manière elles échappent à l’action dé
l'air et de l'humidité, et restent parfaite
ment saines jusqu'à l’êté suivant. |
C'est également dans des fosses que IesM|l
anciens conservaient les graines céréales
«Nousiconsacrerons un article spécial- à la
conservation des grains.) L
L’alcoo! garantit parfaitement les mas
tières organiques de toute altération. Il agit
comme uue substance tres avide d’eau, én
s’emparant de celle qui est propre à l'objet
qu'on y tient plongé. Il agit aussi en coa*
gulant les principes les plus altérables ; ét"
les mettant ainsi dans l’impossibilité-de se
décomposer. >3 518
Un grand nombre de substances vésiétales
sont conservées par ce moyeu, tels sont
entre autres les fruits à l'eau de vie, qu'on
sert sur nos tables.
Le sucre est, comme l'alcool , un agent
précieux de conservation, surtout lorsqu'il
est employé en assez grande quantité; ile
agit par son'aflinité pour l’eau.
Le iniel peut remplacer le sucre. Chez
les Romains , le poisson des contrées loin-
taines était apporté dans des vases pleins
de miel. Les Dadas, habitants de Cevlang
coupent la viande crue par morceaux; la
couvent de miel, la placent dans le troù
d’uu gros arbre, à quelque distance du sol,
et bouchent le trou avec unébrasche en-
duite de terre. Un ar après } lcette viande
est de fort bon goût, confite et parfumée.
La plupart des aromates ou‘parfums,,
tels que le camphre, les huiles volatiles, les.
baumes, les résines, peuvent être cônsidé-
rés comme d’assez bons préservatifs de ja
puirélaction. Il y a fort longtemps déjà
qu’on leur a reconnu des propriétés anti-
septiques, car les premiers embaumements
eurent lieu avec des baumes.
On sait que les viandes farcies de poivre
se gardent beaucoup plus longtemps que
ls autres: Le pain d'épices et générale-
lement toutes Les pâtisseries épicées sont
beaucoup moins sujets à se moisir que le
pain ordinaire.
L'efficacité des aromates et parfumssem-
ble être due à leur odeur forte qui éloigne
les insectes et les empèche ainsi de depo-
ser aucune de ces matières exerémenti-
tielles qui agissent toujours conme un fer-«
ment puissant, cause première de toute
décomposition spontanée. J. G.
HORTICULTURE.
Extrait d'une notice de M. His adressée à l'A="
cadémie des sciences et à la Suciété royale
d'horticulture, sur quelques nouvelles consi
déralions louchant les Pivoines en arbre.
M. His n'est pas horticulteur de profes=
sion ; maisil a toujours été amateur'de €ul-
ture et de belles plantes, De plus, lxphÿste-
logie des plantes l'a aussi Loujours otcu pe
L'idée que toutes les fleurs ont dù naître}
régulières avait pris racine ebèr#lui avant
que nous connussions les HéEtmorphoses…
de Gæthe, avant que l'illastèeBéCandollen
eût érigé cette idée en prinétpé, en établis
sant que toutes les fleurs irrépuliérés ele
sont que par métamorphose, var Sôt@üte
et par avortement. Dès 1505, ‘M His était
|
_——
plein de cette idée, qu'il cherchait à
mpuyer par des preuves dans ses herbo-
nations dans la forêt de Fontainebleau.
rêt si pittoresque, si pleine de souvenirs.
favorable aux études philosophiques et
x inspirations poétiques. Là il truva ce
il cherchait dans une famille de plantes
la régularité, la symétrie dans la fleur
mvaient jamais été observées par aucun
‘taniste. Le genre ophris lai offrit plu-
1
Fe dans ses recherches; tantôticié-
pere trois, tantôt c'étaient quatreiéta-
nes qui avaient pris, ou mieux 1epris
ir place envahie depuis longtemps par
Dnitrut lanières : mais-ce n'était pas
core une fleur, régulière. Enfin Forplhis
tiectifern, orphis. mouche, lui montra
ls fleurs régulières à six étamines dis-
| ctes,iqui avaient repris la place du labelle
dés lanières intérieures. Cette découverte
l'té l’objet d’un mémoire avec figure,que
| .His-a adressé à l'Académie des sciences
11807. Mais, alors, les botanistes de l'Aca-
hinie n'avaient encore aucune notion sur
métamorphoses, les soudures et les avor-
ments ; ils dirent M. His n'avait vu qu’une
pnstruostté,, expression employée: alors
Lux désigner! ce-qui retournait à fa-régu-
“ité aussi bien! que pour cc qui s’eméloi-
hat ;et le mémoire de M. His aurait passé
aperçu et serait resté enfou dans:les ar-
Hiwies de l'Académie, si M. De Decandolls
| deût exhumé pour s’en servir comme
la point d'appui, en expliquant les mé-
imoxpheses des plantes dans sa Th‘orie
rnentare.de botanique, publiée en 1813.
| » litidan-réetouvrage, page 98 : « L’exem-
Dphérave.et cufieux de certaines orchidées,
quiruelquefois ont leurs pétales changés
emsétamines, tend à faire penser, avec
NN. His, que les pétales même ordinaires
des plantes ne sont que des étamines qui
lavortent plus constamment que les au-
tres, »
| La structure du fruit de l'oranzer a été et
t encore un objet d'étude pour M: His:
It persuadé que les botanistes l’ont mal
imprise, mal décrite; mais-il m'acpas en-
1 re publié sa manière de la considérer,
Les pivoines en arbre ont aussi occupé
dre place dans les investigations auxquelles
lsst livré M. His, et elles forment le sujet
Le mémoire dont il vient de faire hoim-
age à la Société royale d’horticulture, |
oujours logique et précis, M. His. dans ce
émoire, rappelle que ces pivoines ne sont
des arbres ni des herbes, où plutôt
velles participent des deux. En effet, si
ae pivoine dite en arbre pousse 50 centi-
ètres au printemps, 10 centimètres seu-
ment passeront à l’état ligneux, et le reste
bira toutes les conditions de la plante
‘rbacte, et se desséchera pour ne laisser
entôt aucune trace de sa:prenüère éxis-
nce. Il ya dans la végétation decés plan-
S, dit M. His, un double phénomène dou-
“'ement imparfait : elles ont trop de force
pur rester de simples herbes; elles n’en
it pas assez pour devenir tont à fait des
bes. Luxe et misère : excès de vigueur
symptôme d'impuissance.
Uneïsecande particularité qui distingue
S pivoinesdités en arbre, c’est une sorte
:chemise:qui enveloppe leurs ovaires, et
£un-savantiacadémicien a nommée Phy-
sieme, en supposant que cet organe était
mé d'étarniaes déguisées ou métamor-
osées. M. His prouve aisément que le
yantacadémicien s'est trompé, et qu'il n°y
ursexemples d'une symétrie incomplete, |
in retour vers la régularité, qui l'eucon-
- profit.
; 500
a aucun rapport entre cet organe et les
étamines.
Je vais finir par dire un mot d’un fait
curicux qui intéresse l'horticulture, et que
M. His explique.
On sait que les graïnes de pivoines en
arbre sont fort lentes à germer ; qu’une de
ces graines, mise en terre, par exemple, en
octobre 1842, ne lèvera qu'au printemps de
184: et la cause de cette lenteur était en-
core inconnue aux horticulteurs. M. His
lenr explique ce fait, en disant d’abord
qu’ane graine est d'autant plus lente à ger-
merqu’elle contient une plus grande quan-
tité de carbonne , et que celle des pivoines
en arbre en contenant plus que toute au-
tre, il lui- faut aussi-plus de temps pour
brûler ce carbone et dégager l'acide car-
bonique, sans lequel la végétation ne peut
commencer. — Un autre fait qu’il importe
beaucoup aux horuculteurs de connaître,
c’est que, quand une graine de pivoine en
arbre germe, ses feuilles séminales forment,
à leur base, une sorte de godet qui retient
l’eau des pluies ou des arrosemeuts, ce qui
souvent fait périr la plante sans qu'on en
voie la cause.
Je n’ai pu, dans cet extrait, qu'indiquer
les principaux points dela notice de M. His,
qui est écrite avec l'élégance et la pureté
qui distinguent tont ce qui sort de sa
plume, et qu’on Hit toujours avec plaisir et
PoiTEAU.
MAGNANERIE.
De toutes les branches de l’art agricole,
aucune ne s’est developpe, depuis quelques
années, avec plusde rapidité que l’industrie
séricicole; sa croissance, toujoursconstante,
a été dirigée avécune régularité remar-
quable par la Société séricicole de Paris,
qui poursuit ardemmeut, jusque dans les
moindres détails, le:perfectiognement de
son industrie spéciale. L'année 1812 ne
s'est point écoulée sans lai ser quelques tra-
ces de progrès Ct d'amélioration dans la
pratique : trois inventions principalesifire-
ront certamement; l'attention dés édircaz |
teurs de vers à soie. Nous voulons parler
de-la coconière de M.::Davril, de Paris, de
la -bassine à cuire et dépémmer, de M. de
Buros, de Bagnols (Gard), et du tour de
M. Locatelli.
M. Davril a imaginé d'établir à la partie
inférieure de chacune des claies sur les-
quelles vivent les vers asie; une sérietré-
-guhères de cellules triangulaires ponriser-
vir de logement aux vers lorsqu'ils veulent
filer leurs cocons. A l'époque de la montée,
on place sur les claies de petites échelles
qui établissent une communication facile
d’un étage à l’autre, sans gêner la circula-
tion de l'air, autant que les boisements or-
dinaires. L'épreuve de ces claies-coconières
a été faite dans la magnanerie de M. Ber-
nier, à Saint-Maur, et les juges compétents
lui ont accordé leur approbation. On a re-
connu que la montée s'était opérée parfai-
tement : les cocons étaient bien placés, et it
y en avait très peu de doubles. Le décoco-
nage, sartout, a paru beaucoup plus facile
qu'avec tous les autres systèmes. Enfin,
l'appareil de M. Davril est peu coûteux, et
la pose n’en présente aucune difficulté.
Nos lecteurs savent, qu'avant de filer des
cocons, il faut les plonger dans de l’eau
chaude, afin de dissoudre l'enduit gom-
meux qui tient le fil de chaque cocon collé
contre lui-même, dane ses di férents replis;
c’est ce que l'on appelle le dégommage,
opération préliminaire indispensable, sans
501
laquelle le fil ne pourrait être déroulé et
réuni en écheveau sur le tour; une ce»-
taine adresse est nécessaire pour l’exteuter
convenablement; quelques ouvrières n’y
réussissent même jamais bien : en tous cas
il faut beaucoup. de temps pour parvenir,
même avecde l’habileté, à rendre complète
et égale l’irmbibition des cocons qui nagent
sur l'eau comme des morceaux de liége. La
bassine proposée par M. de Buros rend cette
opération tout à la fois facile et prompte ;
tous les cocons d'une battue sont immergés
d’un seul coup, parfaitement dégonimés
en une demi-minute,.et tellement assouplis
que le frison se dégage au premier coup de
balai, Son usage peut donc rendre un véri-
table service dans les filatures.
Mais l'invention capitale de cette année
sera assurément le tour de #f. Locatelli, qui
doit ouvrir une ère nouvelle à l’industrie
des soies, si la pratique vient confirmer les
avantages qu'on lui attribue. Avec le tour
dont M. Locatelli est l’auteur, la première
personne qui.se présente, pour peu qu’elle
ait d'intelligence ;;;peut filer à l'instant
même, L'opération de jeter le brin, qui de-
mande une si longue habitude et tant d’a-
dresse avec les tours ordinaires, devient de
la plus grande facilité au moyen d'un go-
beletaus“i simple qu'ingénieux, dans lequel
on Jette le cocon; la maniére de croiser et
le mouvement, imprimé avec le pied, pour
lui donner toute la vitesse desirable. Nous
sommes trop ignorants en filature pour
émettre uue opinion quelconque sur un
tour ; aussi devons-nous déclarer que nous
avons emprunté. à M. de Boullenois, l'ha-
bile secrétaire de la Société séricicole, l’ap-
préciation qu'ou.yient.de: lire.
Les plantations demmüricrs ont continué
à s’accroître d’une manière fort remarqua-
ble ; et de nouvelles: filatures ont été créées
ou sont en voie d'exécution sur plusieurs
points de la France, ce qui indique à coup
sûr une production active des matières pre-
mières, c'est-à-dire des cocons, dars cer-
taines localités qui n’en produisaient point
il ÿ a plusieurs années. Lorsque la Société
séricicole de Paris aura publié le compte-
rendu de ses travaux, nous donnerons plus
de détails.
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 11 mars 1S42.
M. Giraud coutinue la lecture de son mé-
moire sur la condition des débiteurs à
Rome.
La population de Rome était toute agri-
cole ; le peu d'industrie qu'il y avait dans
l’ancienne capitale du monde était laissée
aux esclaves et à quelques affranchis, qui
en se rapprochant de la condition de ci-
toyen, conservaient leurs premières habi-
tudes. Il résulta de cet état de choses, que
le champ ne pouvant donner l'intérêt de
l'argent, le prêt devint général, et que les :
produits de l’agriculture ayant moins de
valeur à mesure qu’ils augmentaient, le
taux de l'argent dut s’accroître avec le
notmbre des emprunteurs, et aussi avec les .
difficultés pour obtenir les paiements. La
misère du peuple et l'avidité des richesses
étaient deux choses qui avaient marché
parallèlement et grandi ensemble. Eiles
étaient arrivées à leurs dernières limites,
lorsque fut promulguée la loi des Douze-
Tables. Le taux de l'intérêt fut alors réglé;
il cessa d'être arbitraire, et s’il ne resta pas
902
toujours dans les limites trop restreintes de
la loi, on peut cependant, à partir de cette
époque, considérer le douze pour cent
comme un fait général tacitement ap-
prouvé. Plus tard et lorsque les mœurs
grecques se furent introduites à Rome, lin-
térêt devint mensuel, sous le nom de cen-
tesima usura. Quelques écrivains lui ont
ajouté celui de legitima, d'où il faudrait
conclure que le demi pour cent par mois
ou le douze pour cent par an était l'intérêt
légal , désigné aussi dans les lois romaines
sous le titre de Untiarium, færts.
De quelques observatignsprésentées suc-
cessivement par MM, Nauülèt, Dureau de
Lamalle, Rossy et Rémüsat,: il paraîtrait
résulter que la derrière loi #ibutiana avait
réduit lintérêt à un viogt-quatrième ou
demi p.0,0 parmois sous lenom de semon-
siana ; que le calendarium dont on se ser -
vait à Rome étant particulièrement ua livre
destiné à coucher les paiements des inté-
réts ‘indique suffisamment par son nom
même, que ce parement Se faisait tous Îles
mois à l'époque descalédes, et que ces
mots de Tite-Live , en Barlañt des débiteurs
tristæ vencre cal/endéæ; en sont aussi une
preuve; qu'enfin ces mots : postremo vetita
versura employés par Tacite, ne s’appli-
quent pas au renouvellement au moyen du-
quel le créancier ruinait périodiquement
tous les mois son débiteur, mais au prêt lui-
même, ou que si ce mot versura avait
dans le langage des Romains la sigmfication
que Jui donne M. Giraud ,‘cela ne pouvait
être que par corruption , pareillement au
mot itsura; qui dans l'origine indiquait le
prix léval, et qui plis tard” signifia seule-
ment iè prixk-criminel,:
M. Giraud, répondant'aux diverses ob-
servalions, a résine Fa question principale
en ces termes. La ceztesina etleuntiarium
fænus étaient<ils chez es’ Romains une
même chose, ou bien le untéarium fænus
n’était-il que le douzième de la centésima,
l'intérêt total de l'année? Il hésite pas à
se prononcer pour la première opinion.
Reprenant la suite de sa communication;
M. Giraud montre ce qu'é ‘était l’usure avañes
la loi des Douze-Tables, ce qu’elle dévint
après. Quelque légal que fut par-toléranée
{e taux de douze pour cent, quelque modéré
qu’on le trouve, si on le compare à l'intérêt
devant lequel ne reculait pas la probité
républicaine de Brutus, il n’en fut pas
moins Ja cause principale des séditions qui
troublerent Rome si souvent; mais ce n'é-
tait pas seulement contre l'usure que la
sédition leva létendard, ce fut aussi et
simultanément contre le nexum et Ja nu-
mération symbolique appellée mancipatio,
dont les résultats soumettaient toutes les
obligations dégaisées sous cette forme
trompeuse aux sévères dispositions de Ja
loi romaine sur le prêt d'argent. Nous a-
vons précédemment rapportéavec une cer-
taine étendue les judicieuses considérations
de M. Giraud sur le nexum, etsur les chan-
&ements qu'éprouvait le sort du débiteur,
en cessant d’être simplement rexus, et en
devenant abdictus ; nous croyons inutile de
rapporter les nouveaux développements
que le savant académicien a donnés aujour-
d’hui à son opiuion. Nous nous contentons
de faire remar quer en terminant, que mal-
gré les nombreux écrits qui ont été publiés
sur leslois romaines, il existe encore pour
nous bon nombre de points obscurs, et
obscurs seulement peut-être parce qu'ils
ont lé traités par trop de légistes et par
trop peu de philosophes. C.-B. F.
‘
503
VOYAGES.
Notice sur leYucathan, d’aprésles écriva'ns
espagnols. (Extrait des Ann, des l'oyag:)
(Deuxième article.)
Les édifices trouvés dans le Yucathan lors
de sa découverte firent l'admiration des Es-
pegnols, particulièrement ceux de Uxmal,
de Chychenytza, et d’autres qui sont sur le
chemin de Bolonchen à Ticul près de Noh-
tacab.
Non loin des
voit les maisons des vierges qui le Teur ét afin
consacrées. Leur abbesse se hommiait Ixna=
can-Calun. Elles pouvaient sortir de 1x
pour se marier; mais On tuait à coups de
flèches celles qui violaient Ja chastets. El-
les devaient entretenir un feu perpétueldans
le temple: On voit éncore à Uxmal les rui-
nes d’un magnifique édifice qui leur servait
d'habitation. Les murs sont tout couverts
de bas-reliefs, qui représentent des figures
d'hommes, d'animaux et d'oiseaux. Un
énormeserpent de 400 pieds delong,
en pierre, fait tout le tour de cet édifice
se termine en plaçant sa queue sous sa .
Près de là sont les ruines d’un grand
édifice qui servait de demeure au souve-
rain, et celles de plusieurs autres moins
considérables qui étaient habités parles ca-
ciques. On y voit un mur dont la corniche
est sculptée
surtout du côté du midi.
Frère Lorenzo de Bienvenida, dans ane
lettre datée du Yucathan, le 15 février
1548, s'exprime en ces termes : « La ville
de Merida a recu ce nom à cause des rui-
nes de superbes édifices en pierre que lon
voit dans cet endroit} On ignore qui les a
construits, mais ce sont les lus beaux que
l'on ait vus dabs les Indes: 1B doivent avoir
été construits avant la naissance de J.-C.;
car, st leurs ruines, les broussailles sont
aussi épaisses et les arbres aussi élevés que
dans le reste de la forit. Ces bâtiments ont
cinq toises de haut, et on y voit quatre
étages de: cellales semblables à celles de nos
religieux; elles ont! vingtpieds de longsur
‘ix déclarge. Lesi rnontaaite des portes Sônt
faits d’une ‘seule pierre, et le haut est voûtt.
Il y a beaucouprd'édifices de ce genre dans
le pays; mais les naturels ne les babitant
pas, ils sont tous-äbandonnés. Les Indiens
n’ont que des maisonsde paille.
Le licencié Mhônias: Lopez Mede}, qi
avait-visité de Yuéathan:au nom de PAL à
diencé de Guatemala, fait aussi l'éloge de”
la magnificéwcedu temple deGhy cheny tra.
Il paraît-mêmeique, du temps de leur
puissance, les:wois de Mayÿapan avaient
étendu leurs conquêtes an delà des bornes
du Yucathan, et y avaient élevé des monu-
ments. Voici ce que dit lelicencié Palacios;:
dans une lettre adressée au roi d'Espagne
et datée de Guatemala, du 15 mai 1576.
« Près de là (de Chiquimula), on trouve
dans le premier village de la province de
la province de Honduras, qui se nomme
Copan, des ruines de superbes édifices qui
font voir qu'ily avait li autrefois unegrande
ville, telie qu’il n'est pas présumable que
les natürels du pays en aient jamais pu con-
struires 1
Parmi ces ruines, 1l ya des arbres qui pa-
raissentavoin été plantés de main d'homme,
et d’autres choses fort remarquables, Avant
d'y arriver, on trouve des murailles très
épaisses et un énorme aigle en pierre; il a
sur la poitrine un carré dont chaque eûté a
environ un quart de vara ect sur lequel
sont gravés des caractères inconnus.
s temples, dit Cosolludo, on ;
avec unc'extrème élégance
>Moyale des Antiquaires de France a admis au nom ät
504
Quand on approche davantage, ontrouté
la figure d'un grand géant en pierre. Les
Indieos disent que c’est le garde du sanc-
tuaire. Plus loin est une croix de pierre de,
trois palmes de haut, dont une des traver-
ses est cassée. On trouve ensuite des édifi-
ces ruinés, dont les pierres sont sculptées
avec beaucoup d'art, et une statue de plus
de quatre varas de haut, qui ressemble à
. Un évêque dans ses ornements pontificaux,
. av ec une mitre très bien travaillée et une
Daguë au doigt. Pres de la est une grande
?plaëé ‘entourée de gradins qui ressemble à
là désétiption que l’on fait du Colysée de
© Ronré.HIv à dans quelques endr oits jusqu'à
80 gradins d'élévation, tous carreléset con-
struits en Bulle pierré très bien travaillée,
Il y a six statues: trois représentant des.
hommes avec des armures en mosaique et
avec des rubans autour des jambes. Leurs
armes sont: parsemées d’ornements. , Les.
autreS statues représentent des femmes av eC.
des robes longues et des coiffures à la ro=, soil
maine. La statue de l’évêque tient dans ses
Mains un paquet qui ressemble à un cof-
fret. [l parait que ces statues étaient des. .
idoles, car devant chacune d’eiles Il y à
une ‘pierre semblable à celles .quir servent
pour les sacrifices, avec une rigole pour
faire couler le sang. On voit encore les au- .
tols- sür lesquels on brülait les parfums. Il
y a au‘miilieu de la place an bassin de pierre
quis ace qu'il paraït, servait pour bap =
ser, et dans lequel ils faisaient en com
leurs sacrifices.
Après avoir traversé cette place, on a
contre un tertre sur lequel on monte 4
un grand nombre de gradins. Loi est de
doute, qu'ils célébraient le No ob
mitotes. Il paraît qu’il avait té. élevé
grand soir, car on y trouve part
pierres tés bien travaillées. =
A côté, il y a une tour ou terrasse trés
élevée, dominant lefleuve qui coule au piéd;
un grand pan de mur s'est écroulé et à
laissé à à découvert l'entrée de deux caves
très longues, très étroites et fort bien con-
struites.
Ouyvoïitiencore beaucoup de choses qui
déménts peñt qu'autrefois ce pays a été ha-
Dité parue population civilisée et assez
avancée dans les arts.
RE -
Le Rédacteur-Gérant : es |
C.-B. FRAYSSE. 0°
x | FAITS DIVERS.
2 Dansla séance du 9 mars courant, la Sociéte 199,
SE
‘bre de ses membres résidents M. L. de la Saussoye;: 10
_ plusieurs fois couronné par l’Académie des inserip- . H
tions et belles-letires, Fun des directeurs de la Re
vue de runismatique, el M. Chabaille, qui a rendu
d’éminents services aux sciences bistoriques par di
verses publications intéressantes. $
+ Le-roi Gharles-Albert de Sardaigne a fait re-
mettre àMéde: ebevalier de Grégory, l’auteur de
l'Enätation de Jésus et de son véritable auteur, une
grande médaille. en or sur le revers de laquelle est
lache, au milieu d'uve couroune d'olivier, Pins-
enption suivante : M. cavalier Gaspare. de Gregory:
presidehte onorario della Corte reale d'Aix, 4
— Au nombre des nouveaux membres “hole M
res , noumés par l'Académie des scientes äe St rai
Pétersbotue, figure le prince Chartes Bonhphaté
fils de Lucien, connu du monde savant par 1
écrits sur l'histoire naturelle. pétition 594
yaroi 9 b's 50 cal
MEMOIRE sur la culture du pristioeAle Guisne ai
française , depuis son introduclion{ aps gets colorbhi
nie en 4757, jusqu'à la PIN ss Par Le seza gr
néral Louis Beruard. RATE sbno sbuti
PARIS. —IMP, DE LACOUR el MANSTRAR FER
SE De9'E
us Saint-Hyaciathe-S.-Michel, 33°
: INA ËE
10° année.
EC
DU MON
Paris. — Jeudi, 23 Mars 1845.
DDC ———
SAVANT.
à | TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
—
%L'EcHO DU MONDE SAVANT parait le JEUBPI ctle DIMAMCME de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun ; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef: On s’ahonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTFINS, 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR.S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr.,
| 8fr. 50: Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les .paÿs payantiport double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an ‘et par réèueil l'EGHO DE LA LITTÉ-
| RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec. PEcho| du anonde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. Tout cé qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-adninistrateur.
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES. Séauce du 20 mars 1843. —— SCIEN-
CES PHYSIQUES. ASTRONOMIE. La comète
de 1843, — CHIMIE APPLIQUÉE. Extrait de
la quinine et de la chiichonine; Calvert. — Ex-
traction /du principe actif du garou; Pleichi. —
| HYDRAUHIQUE. Expériences ayant pour but
| de concilier les hypothèses sur le mouvement in-
térieur des flots dans les courbes ouvertes et
dans Les courbes fermées. —SCIENCES NATU-
RELLES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila.
— Note sur J’artiele du docteur Pouchet, sur 1
fécondation ; Constancio. — SCIENCES APPLI-
QUÉES. AGRICULTURE. ANIMAUX DOULSTI-
QUE. Méthode orthopédique pour le redresse-
ment des!cornes des taureaux et génisses; Lassa=
rade; — HORTICULTURE. Système de planta-
tion, de,pivs et de sapins. — MAGNANERIE» De:
| la muscardine ; Signor Amato Daboin. —SCIEN-
| CES HISTORIQUES. Recherches historiques
sur là perspective; Thénot. — GÉOGRAPHIE.
Ruices' de Carthage; Félix Flachëénaker.—FAITS
DEVERS: — BIBLIOGRAPHIE. — OBSER-
WATIONS' MÉTEOROLOGIQUE du mois de fé-
vrieri: € +
ACADÉMIE DES SCIENCES.
- 1 Séance du lundi 20 mars 48432.
La séance d'aujourd'hui ne renferme
qu’une seule communication, mais eile est
importante, car elle se rapporte à la co-
mète qui-depuis quelques jours occupe .le
monde savant. M. Arago a exposé à l'Aca-
démie, avec cette lucidité quine lui fait
jamais défaut, le résultat des principales
observations faites sur cet astres
La comète a été apercue à Paris le 17
et dès le 1 # un officier du régiment en gar-
nison à Aussoune la dislisgua. On $éton-
nera peut-être que les astronomes de POb-.
l'apercevoir,..
servatciré ont tant tardé à
mais cela s'explique facilement. Si l’on con-
sulte le tableau météorologique du mois,
on reconnaît que jusqu'au 15 le ciel a été
“couvert. Le 16 le ciel était beau, mais le
coucher du soleil correspondait presque
au leyér de là lune et c'était là un obstacle
qui s'opposait à ce que l’on aperçut la co-
mête.
pu
21
M. Arago.a observé que, dans,cette co-.
mète le centre était plus lumineux queles.
bords. Jusqu’alors on avait vu les bords.
plus lumineux que le centre, ce qui ten.
dait à faire croire que ces astres étaient un
cône lumineux vide à l'intérieur. Dans la
comèfe acfuelle, au contraire, le cône serait
Dre à
La queue de celle comète est assez lon-
gue. Le 17, cette queue à été vue de 39° à
40°; le 18, de 43°, etle 19, de 41,5. Cepen-
dant il, he faut pas croire que ce soit la co-
mète dont la queue est la plus longue. Chez
la comète de 1811, la longueur apparente
de la queue était de 23°; chez celie de 1744
de 30° à 44e. Cette dernière comète fut obser-
vécavec beaucoup de soin à Lausanne par
Cheseaux. Sa queue se:partageait en six
faisceaux divergents.. Chez la comète de
1689, la longueur apparente de la queue
était de 68; chez celle de 1680, de 90’;
chez celle de 1769, de 97°; enfin chez celle
de 1618, de104° .La longueur absolue de la
queue de Ja comète de 1680, était de 41
imillions de lieues. Pour la comète de 1741
on trouva 13 millions de lieues, et pour
celle de 1769, 16 millions, Ces nombres
prouvent donc qu'on a eutort d'avancer
que la queue de la comète actuelle était la
plus longue, qu’on-eût vue. Nous ne par-
lons ici que de la longueur relative, car
l'Observatoire n’a pas encore déterminé la
longueur réelle S'il. y a quelque chose à
remärquer dans la queue de cette comète,
c'est sa très petite largeur relativement à
sa longueur.
L'apparition de cet astre a fourni aux
astronomes de l'Observatoire l’occasion de
chercher à résoudre un important pro-
blème d’optique céleste. Les comètes sont-
elles lumineuses par elles-mêmes, ou bien,
empruntent-elles au soleil la lumière dont
elles jouissent? Telle est la question que le
savant secrétaire perpétuel s'est posée, et
sur laquelle il a donné desexplications assez
satisfaisantes.
M. Arago a comparé la nature de la lu-
paru moins vive, plus: rongeñtre que la
Jumière de la comète. Or, l’on sait que la
nature de la lumière ne change pas par la
réflexion seule. Done, siles deux lumières
provepaient du soleil, elles devraient être
ddentiques. On est conduit ainsi à venser
que_la lumière de la comète est-une lu-
‘mière,qui lui estpropres27 ici
» (Cependant, M: Arago n'aspas affirmé
cette idée, 1} l’a seulement donnée:comme
une vue hypothétique que le raisonnèment
semble confirmer. Cette communication
faite, l’Académie s’est réunie en comité
secret pour continuer cette longue discus-
sion relative à la présentation des candi-
dats. Nous nous absticndrons de parler
du désir prononcé qu'ont certaiñns mem-
bres de placer parmiles candidats M. Ci-
viale, Nous reconnaissons tout le talent de
M. Civiale pour briser des pierres, mais!
jamais nous ue nous serions doutés qu'il
pensât à entrer à l’Académie. L'Académie
a-t-elle oublié que M. Civiale est un spé-
cialisté et qu’elle ne vent pas de spécia-
listes. Quels sont donc les éminents tra<
vaux de M. Civiale qui permettent qu’on
fasse exception pour lui ? Représente:t-il la
chirurgie toute entière? Peut-il marcher
de pair avec M. Velpeau et avec M. Lalle-
mand? Nous ne le croyons pas et nous
avons Ja persuasion que bien des hommes
pensent comme nous. Pour remplacer
Larrey il faut un homme à grandes idées,
mière de Ja comète. avec celle de:la u=.
mière zodiacale. La, lumière :zodiacale:a
qui fasse marcher la science à pas de
géant, qui la professe avec un talent in-
contesté et dont les ouvrages deviennent
classiques. MM. Velpeau et Lallemand ré-
pondent à toutes ces conditions dont M. Ci-
viale ne s’est jamais douté. Espérons donc
quela liste des candidats restera telle qu’on
nous assure qu'elle-estektelle que nous la
transmettons à nos.lecléurs.
1° M. Lallemand.
2° M: Lisfranc.
3, M. Ribes.
4, MM. Velpeau et Gerdy.
5 MM. Amussat, Begin et Jobert.
HSE
SCIENCES PHYSIQUES.
ASTRONGWIE.
La comète de 1813.
Tourville, près Pont- Audener,-18 mars 1843, à 10
heur. et demie duisoir. ;
Monsieur, permettez-moi de vous entre-
tenir d’un phénomène fort extraordinaj
pour nous, dontnous avous été témoi ci _
hier 17 mars, depuis 7 heures ct 3 nie
du soir jusqu’à 9, et aujourd’hui encokè’aux:7
mêmes heures el dans la même pañtie du
ciel. C'est une magnifique lueur imniblile,
une longue bande assez étroite, mais très
nettement dessinée qui, partant presque de
l'horizon au sud-sud-ouest, s'élevait oblique-
ment presque jusqu’au point d’atteindre la
ligne méridienne sous une inclinaison plus
abaissée vers l’équateur que la ligne de
parcours du soleil au solstice d'hiver, avec
cette différence que cette ligne oblique ne
paraissait nullement arquée, mais pure-
ment rectiligne. Sans l'absence complète,
à nos yeux du moins, de tout astre d’où
cette lumière parût provenir, je l’eusse
prise pour une immense queue de comète
dont les deux extrémités embrassaient un
angle visuel de plus de 40°, c'est-à-dire trois
ou quatre fois plus de longueur apparente
que la qüeue de la comète de 1812, dont je
me souviens fort bien, mais beaucoup plus
étroite et non divergente comme celle-là
était.
D'un autre côté, la blancheur de cette
clarté, son immobilité, ainsi que sa position
presque méridionale ne me laissent pas
croire que ce puisse être une aurore boréale,
mais ne serait-ce point plutôt le phénomène
désigné sous le nom de lumière zodiacale?
Cette idée ne m'était pas venue hier, parce
que malgré la singularité de cette blancheur
si droite et si prolongée, et l’extrême pureté
du ciel, partout ailleurs, je m'étais persuadé
que ce devait être un simple filet nuageux
comme on en voit parfois flotter dans
508
lathmosphère,et j'attribuai son immobilité
au grand calme de l'air, car il ne faisait pas
un soufle de vent alors. Mais la réapparition
de la même lumière aujourd’hui 18 mars,
aux mêmes heures, dans la même région et
avec le même aspect, ne me laissent plus
aucun doute sur la réalité et l'importance
du fait que j'avais observé. Malheureuse-
ment, averti trop tard aujourd’hui par mes
gens,Jene suis sorti qu'à 9 heures ct demie
du soir, lorsque cette lueur était déjà prête
de s’'évanouir ; néanmoins elle occupait en-
Core le même grand espace duns la même
région etla même direction qu'hier soir. Du
reste, mes gens n'affirment qu'à 8 heures
aujourd'hui cette lueur était tout aussi in-
tense et pareille à celle qu'ils avaient vue
hier. En ce moment, à 10 heures et demie
du soir, il n’en parait plus rien ; l'air est
très calme et le ciel très pur.
Il est probable que ce phénomène n'aura
pas été visible dans cette localité seulement,
et que d’autres que moi vous auront trans-
mis des observations sur le même sujet, qui
seront plus dignes d'appeler l'attention des
savants.
Agréez, etc. Fréd. de CACHELEU.
— On nousécrit de la Ferté-sous-Jouarre,
à la date du 19 mars : « La comète dont la
queue a été observée par M. Rigault, les 17
et 18 courant. présente le soir. à l'horizon
sud-ouest, une trace lumineuse de plus de
trente drgrés, »
CHIMIE APPLIQUÉE.
Extraction de la quinine et de la cincho-
zine; par M. Caivert.
On doit à M. Calvert, aide-naturaliste
au Muséam d'histoire naturelle, de nou-
velles recherches sur l'extraction de la qui-
nine et de la cinchouine. Rarement on
peut obtenir des résultats identiques dans
la préparation en grand de ces alcaloïdes,
même en opérant sur des écorces de même
qualité, et ceite incertitude des résultats
doit être rapportée à ce que la chaux et le
chlorure de calcium possèdent la propriété
de dissoudre la quinine; de sorte que, mal-
gré la saturation bien exacte de l'acide
chlorhydrique par la chaux, l’opération
entraîne toujours une perte. En précipi-
tant le chlorhydrate de quinine et de cin-
chonine par la potasse ou par l’ammo-
niaque, l'addition d’un excès de l’un ou de
l’autre de ces alcalis donne lieu au même
inconvenient, toutefois, il est vrai de dire
que le chlorure de potassium ne dissout
pas sensiblement les alcaloïdes du quin-
quinà, et qu'alors, en saturant exactement,
on peut éviter la perte.
Avec la soude, le résultat est tout diffé-
rent; en effet, les sulfates et chlorhydrates
de quinine et de cinchonine, décomposés
par cette base, donnent des précipités qui
ne sont redissous ni par l'alcali en excès,
ni par le sulfate sodique, ou par le chlo-
rure de sodium. On reconnaît que les li-
queurs ne contiennent plus de quinine à ce
qu'elles ne se colorent plus en vert par le
chlore ou par l’ammoniaque, ni de ciucho-
nine, parce qu’elles ne sont plus précipitées
par l’hypochlorite de chaux.
L'insolubilité de la quinine dans le sul-
fate de soude et le chlorure de sodium est
d’ailleurs prouvée par l'expérience sui-
vante, Si l'on prend 50 grammes de leur
dissolution (marquant 10 à 16° à l'aréo-
mètre), et qu'ou les mette en contact pen-
dant vingt-quatre heures avec 0,084 de
quinine, on ne retrouve plus après le lavage
509
que 0,015 de cet alcaloïde; 0,039 ont donc
disparu, et, en admettant que 0,010 aient
été enlevés par l’eau de lavage, il en résul-
terait que les sels n'auraient dissous que
0,029, c'est-à-dire 0,004 de plus que Peau
pure, car 30 gram. d'eau à 16” dissolvent
0,025 de quinine.
Lorsqu'on verse des solutions saturées
de sulfate de potasse ou de soude dans
une solution également saturée de sul-
fate de quinine, ce dernier sel se sépare
à l'état cristallin. Quant au sulfate de
cinchouine, non seulemeut le soluté ean-
centré de chlorure de sodium le précipite
de sa solution aqueuse saturée, maisencore,
lorsqu'on étend le liquide de quatre parties
d'eau distillée, l’eau saturée de sel marin
y détermine encore la formation d’un pré-
cipité cristallin.
Pour arriver à mieux déterminer lin-
fluence exercée par la chaux sur la disso-
lution des précipités de quinine, M. Calvert
a d’abord opéré sur deux solutions saturées
de sulfate de quinine (contenant 0,100 de
sel pour 30,30 d’eau); il les a précipitées
l’une et l’autre par 8 grammes d’eau de
chaux également saturée, c’est-à-dire con-
tenant 0,01096 de chaux. Il a ensuiteétendu
l’une des liqueurs d’eau distillée, et la se-
conde d’eau de chaux, jusqu’à disparition
compiète des précipitéss; ce qui a demandé
d'une part 170 d'eau distillée, et de l’autre
130 d’eau de chaux: la chaux a donc rem-
placé, dans ce cas, 40 parties d’eau.
Pour mieux apprécier le degré de sola-
bilité de la quinine dans l'eau de chaux,
0,084 de quinine ont été introduits dans
un flacon avec 30 grammes d’eau dechaux
saturée à + 16° cent. Après un contact de
vingt-quatre heures, pendant lequel le mé-
lange avait été fréquemment agité, on à
lavé et desséché la quinine restant : son
poids était de 0,036. Or, le lavage devait
en avoir enlevé 0,010; done l’eau de chaux
en avait dissous 0.038; et, comme 30 gram.
d'eau à 16° ne dissolvent que 0,025 de
quinine, il en résulte que la chaux en a
dissous 0,013.
En répétant l'opération avec un soluté
aqueux de chlorure de calcium marquant
100 aréométriques à la température de 16°
centigr., 100 parties de ce sel ont dissous
0.064 de quinine,
Partant de ces résultats, M. Calvert pro-
pose de traiter les quinquinas par l’acide
chlorhydrique, comme on le faisait autre-
fois; puis de saturer l'excès d’acide par
le carbonate de soude, et d'opérer la pré-
cipitation de la quinine et de la cincho-
nine à l’aide de la soude caustique, jusqu’à
ce que la liqueur soit légèrement alcaline;
alors les deux a'caloïdes seront entière-
ment précipités.
L’autcur s’est ensuite occupé des moyens
de reconnaître le mélange frauduleux de la
cinchonine avec le quinine. Ordinaire-
ment, pour y arriver, on précipite par un
k alcali, et l'on traite le précipité par l’éther,
qui dissout la quinine sans attaquer la cin-
chonine; mais on arrive plus facilement
et plus vite à s'assurer de semblables mé-
langes par le chlorure de chaux, par l'eau
de chaux, l’'ammoniaque ou le carbonate
d'ammoniaque; tous ces corps agis:entde la
même manière sur les solutions de sulfate
de quinine et de cinchonine, so;t isolées,
soit réunies; les deux alealoïdes sont d'’a-
bord précipités, puis un excès du réactif
redissout la quinine seule, et laisse Ja cin-
chonine.
Le chlorure de calcium neutre précipite
10
le sulfate de cinchonine, mais non le sul-
fate de quinine.
La potasse détermine la précipitation de
la quinine à l’état pulvéruleut, et de la
cinchonine à l’état caillebotté; un excès du
réactif dissout la plus grande partie du
premier de ces précipités, mais ne produit
rien de pareil avec le second.
La soude précipite de la même manière:
les solutés de quinine et de cinchonine,
mais n’exerce point d'action dissolvante sur
les précipités.
Les carbonates de potasse et de soude
agissent comme cette dernière base, avec:
cette différence cependant qu'il reste en
solution des traces de l'un et de autre al-
caloïde.
La solution d'hydrate de magnésie pré-
cipile la cinchonine, mais n’exerce aucune
action sur ke sulfate de quinine.
Le c‘lorure platinique détermine dans
le sulfate de quinine en précipité blane
pulvcrulent, et, dans celui de cinchonine,
un précipité de même couleur, mais d'as-
pect caséeux.
Le sulfate de quinine est précipité par le
cyanure rouge de potassium; mais un excès
de ce réactif redissout le précipité, et la
liqueur prend une couleur vert-bois noir,
inaltérable par l'ammoniaque : avec le sul-
fate de cinchonine, au contraire, on obtient
un précipité moins foncé qui, redissons
dans un excès du réactif, reparaît ensuite
par l’ammoniaque, avec décoloration pres-
que complète du liquide.
Enfin, M. Calvert conclat de ses obser-
vations: 1° que l'emploi de la chamx deit
être rejeté dans l'extraction de la quinine
et la cinchonine, et qu'il convient de lui
substituer celui de la soude et du carbo-
nate de cette base ; 2° que la soude doit
. étre employée dans l'analÿse quantitative
du sulfate de quiuine; 3° que les réactifs
qui conviennent le mieux pour l'analyse
qualitative de ce sel sont les suivants, et
daas l’ordre où ils sont rangés : chlorure de
chaux, chaux, ammon'aq:e, carbonate
| d’ammoniaque et chlorure de sodium.
Extraction du principe actif du garcu;
par M. Pleischl.
M. Pleischl vient d'indiquer le procédé
suivant pour préparer la matière verte ac-
tive de l'écorce de garou. Cette écorce doit
être recueillie lorsque le végétal est en
fleurs. Après l'avoir desséchée, on la coupe
en morceaux et on la plonge dans de l’alcoo!
à 90° c., de manière que le liquide la re-
couvre de quelques centimètres au moins.
Au bout de deux à trois heures de contact,
on décante l'alcoolé obtenu, et on seumet
le résidu à deux autres traitements.suëces-
sifs semblables avec de nouvelles doses
d'alcool. Tous les alcoolés sont ensuite
réunis et agités avec de l'hydrate de chaux
(formé d’une partie en poids de chaax vive
et de trois parties d'eau), dans la propor=
tion de 41 grammes environ de chaux
éteinte, pour 300 grammes de l'écorce em-
ployée. On laisse le tout en digestion à une
température moyenne et en ayant soin
d’agiter fréquennment, jusquà ce que la
liqueur ait pris une teinte vert jaune clair.
S'il ue se formait pas de précipité, il fau-
drait ajouter un peu de chaux hydratée,
en évitant toutefois d'en mettre un trop
grand excès, parce qu'on diminuerait ainsi
la quantité du produit, et qu'onenaltérerait
la honte,
Re
» L'atcoolése décolore assez promptement,
… car cet effet peut être produit dansd'es ace
: d’un jour au plus. L’hydrate de chaux sé-
* pare une résine dure, brune, avec laquelle
il forme une combinaison insoluble, tandis
que la substance verte active reste dissoute.
. Peu de temps après la séparation du dépôt
par le filtre, la liqueur se trouble ordinai-
- rement, en raison de la présence d’une
petite proportion de chaux qu’elle a retenue
. à Fétat de solution, On peut prévenir l'ap-
paritien de ce trouble par l'addition de
: quelques gouttes d'acide chlorhydrique ; le
Téver précipité qui se serait formé se redis-
soudrait, d'ailleurs, à la faveur de cet acide.
Méanmoins, il est possible d'éliminer toute
la chaux contenue dans la liqueur en fai-
sant traverser ceile-ci par un courant de
gaz acide carbonique, eten filtrant ensuite,
Alors, la liqueur, devenue parfaitement
élaire, est soumise à la distillation au bain-
marie, et l'opération est poussée presque
jusqu’à siccité, car e résidu ne doit être que
de 60 à 90 grammes à peu près. Ce résidu se
compose de la substance verte active, sous
la forme d’une masse mol'e, baignée par
uu liquide épais comme du miel, et qui ré-
sulte d’un mélauge de matières extractives
et de sels calcaires. Ces matières étant
solub'es dans l’eau, ce liquide offre un
moyen facile de les enlever ; après quoi, la
substance verte, constituant le résidu pro-
prement dit, est soumise à un léger lavage à
Veau, puis retirée du bain-marie et desxé-
chée à une très douce chaleur.
Ainsi obtenue. cette substance présente
une couleur verte tres helle, uue odeur
toute spéciale, une consistance butyreme
et une saveur âcre prononcte; elle est
soluble dans l'alcool, l'éther, les huiles et
les graisses. mais insoluble dans l'eau ; elle
n'est pas volatile, et elle se décompose aisé-
_mentsous l'iufluence de la chaleur.
(Revue scientifique )
HTYDRAULIQUE.
Eæpériences ayant pour but de concilier Les
hypothèses sur les mouvements intérieurs des
flots dans des courbes ouverles cl dans des
courbes fermés.
(Premier article.)
On trouve depuis plusieurs auntes, dans
divers ouvrages, une discussion intéres-
sante sur la nature des mouvements qui se
présentent à l'intérieur des flots. Les uns
prétendent, avec Newton, que les molé-
cules y oscillent comme dans des syphons,
c'est-à-dire d’une manière plus où moins
analogue, en un mot se meuvent dans des
courbes ouvertes. Ce système est connu
sousdenom de siphonnement des flots. Les
autres prétendent qu'elles se meuvent
d'une manière continue en décrivant des
courbes fermées , analosues à des espèces
d'ellipses. Ce système est connu sous le
noni de mouvement orbitaire des flots.
. Les partisans de chacune de ces opinions
Sopposent des faits qui semblent se contre-
dire ; mais je me suis apercu qu'ils pou-
Nalent se concilier au moyen d’un phéno-
MmENC qui n'était pas connu en France à
l'époque où cette discussion a commencé :
Je veux parler de celui qui est désigné sous
le nom d’onde solitaire, qu’un heureux ac-
cident a fait découvrir en Angleterre, et qui
a depuis été l’objet de billes expériences de
M. Russel.
. En définitive, on n’avait point ; à ma
Connaissance , fait d'expériences suffisantes
512
513
pour décider cette question, qui n’est ce- | cipe du siphonnement est le fond du sys-
pendant pas sans importance , puisqu'il ne
s'agissait de rieu moins, selon un de ces
| auteurs, que de savoir si l'on devait con-
tinuerou abandonner le système de la digue :
| de Cherbourg.
Un si grand nombre 1e phénomènes se
| mêlent dansle phénomène général des flots,
qu'il n'a paru indispensable , avant de les
étudier d’une manière convenable dans l'O-
céan, de les isoler autant que possible dans
un canal factice, afin de pouvoir se former
une idée de la cause qni produit chacun
d'eux, et des efleis que manifeste leur en-
semble. Mais, en se bornant à des observa-
tions en petit, il fallait cependant prendre
garde de confondre les phénomènes des
flots proprement dits avec ceux des simples
rides ou des ondulations dans lesquels la -
capillarité et l’élasticité jouent un trop
grand rôle. Il failait surtout ne pas em-
ployer un eanal d’un trop petit diamètre,
et tâcher de se garantir des défauts repro-
chés par les partisans du syphonnement
aux expériences des frères Weber. Le ca-
pal dont je mesuis servi avait un peu moins
de 24 mètres de long, 72 centim. de dia-
mètre, et de 42 centim. de profondeur. Ce
Canal, rectangulaire, en bois, est doublé à
l'intérieur en:zinc. J'y ai produit des ondu-
lations en variant successivement les hau-
teurs d’eau. à
Pour douner lien à un système d'ondes,
je soulevais périodiquement un cylindre
en bois vertical , en le disposant vers le
milieu de la largeur du eamal , de façon à
ce que chaque onde s'étendit sur toute
cette largeur comme une seule barre hori-
zontale rectiligne ; il n’est pas nécessaire
que le diamètre du eylindre soit trop large
par rapport à celui du canal. Par ce moyen
on voyait, avec un peu d'attention, quelle
était a courbure des flots et des creux,
Cette courbure dépevdait de l'intervalle de
temps qui séparait chaque oscillation du
cylindre; les flots étaieut évidemment d’au-
taut plus aigus par rapport aux creux, que
cet intervalle était plus long. Quand le
moteur produisait des oseïillations trop ra-
pides, les ondes se brouillaient, et le milieu
du canal était alternativement convexe ou
| eoncave sur la longueur de plusieurs on-
des. Mais il y avait une certaine vitesse
d'oscillation pour laquelle Ja courbure des
flots ne paraissait pas différer beaucoup de
celle des creux, autant du moins qu’on en
pouvait juger sans mesures précises, quand
la profondeur de l'eau dans le canal dépas-
sait 30 centim. Cette courbure était d’au-
tant plus aiguë que la profondeur de l’eau
dans le canal était moindre, et cela suffirait
peut-être seul pour expliquer les dissidences
d'opinions sur la forme des vagues. Pour
mieux voir comment les choses se pas-
Saient, on n'observait la forme des ondes
que lorsqu’elles avaient au moins 1 décim.
de hant.
En répandant du sable ou des corps lé-
gerssur le fond du canal, j'airemarqué très
distinctement un mouvement oscillatoire
de va-et-vient, ce qui, au premier aperçu,
semble exclusivement en faveur de 1 hypo-
thèse du syphonnement des flo's. Mais en
répandant des corps légers tenus en sus-
pension à une certaine hauteur au dessus
du fond, et considérant chacun de ces petits
corps en particulier , je les ai vus très dis-
tinctement décrire des ellipses ou courbes
fermées analogues, ce qui, d’un autre côté,
semble entièrement opposé au système du
. Siphonnement. J'en ai conelu que si le prin-
téme, ce sÿyphonnement ne peut s'effectuer
sans nécessiter dans les régions intermé-
diaires des contre-courants qui donnent
lieu au mouvement en courbes fermées que
nous venons de signaler. Quand la profon-
deur de l’eau n’est pas trop grande par
rapport à la hauteur du flot, ce contre-
courant des régions intermédiaires se fait
sentir jusque sur le fond du canal, de ma-
nière à ce que l’oscillation des petits corps
roulants sur ce fond, dans le sens du mou-
vement apparent de l'onde, est un peu
moindre sous chaque flot que l’oscillation
en sens contraire, Mais le mouvement en
courbe fermée que nous venons de consi-
dérer n'est pas le mouvement orbitaire,
dans lequel on supposerait que chaque mo-
léculz tourne autour d’un centre fixe et
immatériel, et que le mouvement général
est analogue à celui des anneaux d’une
chaine. Eu considérant un ensemble de pe-
tits corps, on les voit, ilest vrai, chacun
décrire des ellipses comme nous l'avons dit:
cependant les masses liquides se moulent
les unes sur les autres: en conservant au-
tant que possible les distances mutuelles de
leurs molécules. Il est clair, en effet, que
l’espace ne serait pas rempli sil n'y avait
que des anneaux de chaîne.
Cette espèce de mouvement, jusqu'à un
certain pointorbitaire, est une conséquence
du mouvement oscillatoire, au lien d’être
ici le principe du mouvement de va-et-
vient sur le fond. En voici une des rai-
sons : la courbure des flots m’a semblé se
rapprocher beaucouÿ plus de la courbure,
conséquence connue de l'hyp-thèse du sy-
phonnement des flots, que de la courbure
beaucoup plus aiguë qui serait, comme on
sait, la conséquence du mouvement orbi-
taire. On peut voir les tracés de ces deux
courbes limites dans les 4nnales des ponts
et chaussées, année 1835.
Dans ce qui précède nous n'avons évi-
demment cousidéré que les ondes dites cou-
rantes, qui onË un mouvement de transla-
tion apparent d’une extrémité à l’autre du
‘canal. Mais nous devon; prévenir que cette
translation n’est pas seulement apparente,
elle est réel!e, quoiqu'à la vérité bien moin-
dre que la translation apparente. Il serait
impossible d'expliquer sans cela comment
il se fait qu'un système de quelques ondes ,
se dirigeant d’une extrémité à l’autre du
canal , ne laisse pas derrière lui des ondes
d’une hauteur analogue. En un mot, on
concevrait bien un système d’ondes dans
lesquelles les molécules tourneraient dans
des espèces d’orbites à peu près fixes ; mais
comment se ferait-il que ces orbites fussent
abandonnées par les ondes qui cheminent
en avant, si elles n'avaient pas un mouve-
ment quelconque de translation horizontale
réelle. Cela serait évidemment beaucoup
plus difficile à expliquer que la disparition
qui se présente aussi de quelques unes des
oncles antérieures qui ont à vaincre de l'i-
nertie dans la masse à mettre en ondula-
tion. DE Canicxy.
DD
SCIENCES NATURELLES.
TOXICOLOGIE.
Cours àe M. Orfila.
Messieurs,
J'ai encore à vous communiquer quelques
remarques importantes sur l'appareil qui
nous occupait à la fin de la séance der-
nière. Il est de toute nécessité de ne pas
D14
employer une flammetrop grande, car alors
on pourrait ne pas obtenir trace d’arsenic.
La flamme dans l'appareil dont je me sers
doit avoir de 3 à 4 millimètres au plus, et
il faut toujours, pour recueillir les taches,
placer l'assiette dans la flamme de réduc-
tion. Il faut encore, pour que l'opération
réussisse, employer un tube bien éfülé, de
manière que la flamme ne soit pas épa-
nouie, mais bien pyramidale et régulière.
Je sais que, dans cet appareil, quand on
se borne à recueillir des taches, on perd
une portion notable d’arsenice ; mais en pla-
cant dans le tube recourbé une certaine
portion d'amiante, et en la chauffant à la
lampe, on obtient un anneau, et la perte
est moins grande.
Messieurs, il faut bien, dans ces expé-
riences, éviter la production de Pacide
sulfureux. L’acide sulfureux donnerait lieu
à des taches de soufre, et dans lappareil
de Marsh lui-même, pourrat former un
sulfure jaune d'arsenic indécomposable,
Ainsi l'on pourrait bienne pas trouver d’ar-
senic dans des matières qui en contien-
draient. Ce fait grave, à mon avis suffirait
pour faire rejeter le procédé de MM. Flan-
din et Danger.
Mais examinons s’il y aurait avantage à
employer l’acide chlorhydrique au lieu de
l'acide sulfurique. Messieurs, je ne le crois
pas, car il y à dans cet emploi plusieurs
inconvénients graves que je vais vous faire
connaitre. — L'acide chlorhydrique atta-
que très rapidement le zinc, etil se forme
du chlorure de zinc très volatil qui, comme
je l'ai déjà dit, peut donner lieu à des ta-
ches de zinc. De plus, l'acide chlorhydri-
que est souvent arsénical. Ii peut encore
contenir de l'acide sulfureux. et il est im-
possible de l'en débarrasser, Nous repous-
serons donc de toutes nos forces l’emp'oi de
l'acide chlorkydrique. -
Mais par le procédé que nous venons de
vous faire connaître, il se perd une certaine
quantité d’arsenic: je vais maintenant vous
en indiquer quelques uns qui ont la préten-
tion de ne pas en laisser passer un atome
sans le recueillir,
D'abord, parlons du procédé de M. Las-
saigne. Ce savant fait passer le gaz hydro-
gène arséniqué à travers une dissolution
d’azotate d'argent. A la fin de l'expérience,
on trouve de l’argent métallique précipité
et de l’acide arsénieux dans la liqueur. On
filtre, on précipite par l'acide chlorhydri-
que l'excès d’azotate d'argent; on lave le
précipité formé, et l’on fait passer à travers
les liqueurs réunies un courant d'acide sul-
fhydrique pour déceler l'arsenic. Mais, se-
Jon M. Lassaigne lui-même, l'argent retient
toujoursune certaine portion d'arsenic, et,
sur 30 centièmes, il en reste 43 combinés
avec le zinc. Donc ce procédé ne donne pas
toute la quantité d’arsenic contenue dans
les matières sur lesquelles on expérimente.
Après ce procédé, vient celui de l’Insti-
tut. l’Institut fait passer l'hydrogène arsé-
niqué provenant toujours d’un appareil de
Marsb, à travers un tube rempli d'amiante,
À ce tube en succède un autre dont une
portion est recouverte de clinquant dans
l'étendue &'un diamètre et placée dans une
grille de fer de manière à être fortement
chauffée, Il se forme, dans cetteexpérience,
et vousle pensez déjà, un anneau arsénical.
Mais de l’aveu de l'Institut lui-même , cet
appareil laisse perdre une certaine quantité
d’arsenic, puisque ce corps savant dit dans
son rapport «qu'on peut mettre le feu au gaz
qui sort de l’appareil et essayer de recueil-
15
lir des taches sur une soucoupe de porce-
laine; et qu'on en obtient quelquefois.» De
plus, le tube droit à l’aide duquel on verse
l’acide dans le flacon laisse dégager une
portion d'hydrogène arséniqué. Enfin cet
appareil est trop long pour être utilement
et facilement employé.
M. Malappert a proposé un autre moyen
de rechercher l’arsenic Ce procédé assez
simple consiste à faire arriver bulle à bulle
de l'hydrogène arséniqué dans une atmo-
sphère de chlore. Le chlore est humide ;
l'eau qu'il contient est décomposée ; son
oxygène se porte sur l’arsenic, forme de.
l'acide asénieux, tandis que son hydro-
gène et celui du gaz hydrogène arséniqué
se combinent au chlore your former de
l'acide chlorhydrique.
Ce procédé est bon, Messicurs; mais si
l’on cherche la sensibilité, le meilleur de
tous ces procédés, c’est celui que vient de
proposer M. Jacquelain. M Jacquelain fait
passer le gaz hydrogène arséniqué à travers
du chlorure d’or très pur. Il se dépose de
l’or métallique et se forme de lPacide arsé-
nique qui reste uni à un excès de chlorure
d’or. On traite cette liqueur par de FPacide
sulfureux qui précipite tout l’or du chlorure
et réduit l’acide arsénique à Pétat d’acide
arsénieux. L'on filtrera et l'on fera passer
un courant d'acide sulfhydrique à tra-
vers la liqueur, après l’avoir chauffée pour
chasser l'excès d’acide sulfureux. S'il est
une objection à faire à ce procédé, c’est
qu'il est d'une exécution difficile, impossible
même pour des hommes peu expérimentés.
Maintenant , Messieurs, abordons une
grande question, la question de -quantité.
Est-il nécessaire, pour établir que lempoi-
sonnement a eu lieu, de recueillir une quan-
tité de substance vénéneuse qui ne soit pas
trop faible, ou bien saffit-il de prouver que
cette substance existe dans une proportion
quelconque? Je ne crains pas de poser en
principe, car je vais le prouver, que du
jour où l’on voudra dans une recherche
médico-légale doser Parsenic ou un poison
quelconque, il n’y aura plus de condamna-
tion possible. D'abord, sachant qu'il n’y a
pas d’arsenic normal dans le corps, Si nous
en trouvons une quantité même très mi-
nime, nous pouvons en conclure qu'elle y
a été introduite, soit comme poison, soit
comme médicament ; c'est ce qu'il sera fa-
cile de déterminer dans la suite. Mais'à
cette remarque nous pouvons en ajouter|
d’autres: Un'chien est empoisonné par lar-
senic, ilmeurt, je l’ouvre et je trouve le
poison. Un autre chien est également em-
poisonné, je le soigne, il guérit, et arsenic
est éliminé par les urines et les selles. Au
bout de dix jours, je le pends, j'analyse son
foie, ses principaux viscères, je n’y trouve
pas d’arsenic, pouvez-vous en conclure qu'il
n’y a pas eu empoisannement? Non, assu*
rément non. Mais si je l'avais tué le hui-
tième, le septième, j'aurais peut-être trouvé
de l’arsenic dans son corps. Si je l'avais
tué le second jour de son empoisonnement,
j'aurais décelé la présence du produit vé-
néneux. Tous ces faits tendent donc à éta-
blir que vouloir doser le poison, c'est rou-
loir renverser la médecine légale.
Mais je peux dire encore à ceux qui vou-
draient doser : tel procédé vous donne plus
d’arsenic que tel autre; vous, expert habile,
vous trouvez plus de poison que celui dont
la main est maladroite; enfin, si vous pré-
tendez qu'il faut apporter devant les tribu-
naux une quantité d’arsenic pondérable et
suffisante pour empoisonner, alors, vous
516
devez dans vos recherches chimiques, agir
sur la totalité du cadavre. Le poison est ab-
sorbé; il va dans toutes les parties de l’éco-
nomie, et si vous ne donnez pas tout ce que:
le corps renferme, alors vous n’avez pas
dosé. Mais qui pourrait jamais, Messieurs,
essayer d’ar alyser un cadavre tout entier?
Résumons donc en deux mots ce que nous
venons de dire. On ne dosera pas, parce |
qu'il est impossible de doser; et si jamais:
vous êtes appelé à vous prononcer dans une
‘affaire d’empoisonnement, vous direz, il y
a où il n’y a pas d'arsenic.
Jusqu’alors nous ayons examiné les di-
vers procédés suivis lorsqu'on agit sur les
liquides de l’estomac ou sur les matières
que l’eau a pu dissoudre. Mais ces liquides
peuvent ne nous avoir rien donné; le poi-
son peut-être resté dans les solides eux-
mêmes ; il s’agit maintenant d'aller l'y dé-
celer ; c’est ce qui fera le sujet de notre
prochaine réunion. EF.
Note sur l'article du docteur Pouchet, sur
la fécondation.
Je m'empresse de rectifier une erreur
grave qui s’est glissée dans mon article in-
séré dans l'Echo du Monde savant du 12 fé-
vrier, erreur due à un extrait mal fait du
Mémoire du docteur Blundell.
Les lapines, comme on sait, ont deux
utérus tubulaires et deux orifices vagtraux
distincts, et n’ayant aucune communica-
tion l’un avec l’autre. Le docteur Blundell
intercepta la communication entre un des
vagins avec l'uléras correspondant; et le
résultat fut qu'aucun fœtus ne fat trouré
dans cet utérus, tandis que l’autre (où Pute-
rus sain dont l’orifice vaginal était intact, of-
frit plasieurs fœtus. C'est ce que je viens de
lire dans le Mémoire original. L’expérimen-
tateur ajoute que dans ces expériences ct
dans d'autres faites sur des biches, il s’est
assuré que quoique linterception de la
communication qui empèche l’arrivée du
semen à la matrice, rende impossible la fé-
condation, complète ou la formation d’un
fœtus, toutefois, l’'accouplement développe
dans l'ovaire et dans la matrice des chan-
ments notables , et il pense que la vésicule
rudimentaire descend dans la trompe et
parvient àla matrice, où elle forme ane es-
pèce de germe abortif, Tous ces faits n'ont
rien, comme on voit, de con'raire à lopi-
nion du docteur Pouchet, et la confirment
même jusqu'à un certain point, car si Po-
vule descend dans la matrice des vivipares
comme l'œuf dans l'oviduct des ovipares
sans qu'il y ait contact séminal ct féconda-
tion , n’est-ce pas une forte présomption
que cela a lieu dans les cas ordinaires gt
que c'est dans la matière que s'opère la
fécondation normale chez les mamanfères
et chez la femme, et non dans les trompes
ou dans les cornes de l’utérus ?
F.S. Consrancio, D. M.
= — SSL —
SCIENCES APPLIQUÉES... :
AGRICULTURE. =
ANIMAUX DOMESTIQUES.
Méthode orthopedique pour le redressement
des cornes des tawraur et genisses.
Dans le midi de la France, où les bœufs.
sont attelés sous le joug, la direction vi-
cieuse de leurs cornes est un obstacle pour
les lier. Cette difformité, lorsqu'elle se
produit, occasionne une perte considérable
EE
e_——
517
sur la valeur de l’animal. L'opération qu’on
fait alors pour scier les cornes, n’est pas
toujours exempte de dangers; et dans beau-
coup de contrées les cultivateurs n’achè-
tent pas, sans la plus grande répugnance,
un animal qui a été écorné.
Les moyens que M. Lassarade met en
usave pour corriger la direction vicieuse
des cornes des jeunes taureaux, varient se-
lon que l’animal est au dessous de quinze!
mois. ou qu'il a passé cet âge. Après le!
trentiëème mois, ses procédés ne préséntent |
plus les mêmes chances de succès: |
Pour les jeunes taureaux au dessous de
de quinze mois, il a inventé une ‘espèce
d’étui en bois: dur ,: fabriqué extérieure-
ment et intérieurement en forme de corne.
Cet étui, dont la longueur est de 20 cent.
environ,’pré-ente à sa base une ouverture
de 3centim., dont le bord est entouré d’une
petite virole en fer pour lui prêter plus de
solidité. :
Dans les arts on ramollit la corne morte
par l’action du feu, pour en faire une foule
d'objets qui prennent, en se refroiaissant ,
Ja forme aw’on veut leur donner.
M, Lassarade a fait la même application
à la corne wivante ; et pour cela, il ramol-
lit par, de calorique les cornes des jeunes
taureauxdont la direction est vicieuse:
Lorsqu’elles lui paraissent suffisamment
ramgllies, il les engage peu à peu dans son
étuienleur donnant successivemeut la di-
ectioh:qu'il veut leur communiquer, et en
lès laissant refroidir dans cet état. Une fois
ætter direction donnée, elle se conserve
toujours dans la succession croissante de la
produetionide la corne. C'est ordinaire-
meukäaLaide.d'un gâteau de farine récem-
ment retiré, du four qu'il ramollit les cor-
nessparle calorique , avant de les engager
dan: son instrument pour les diriger à vo-
lonté.
Lorsque le taureau a passé quinze mois
et que la corne , devenue plus forte, n’est
plus éga'emeut susceptible de céder par
l'emploi du calorique, cet agriculteur met
en usage un autre moyen ; il applique.sur
le devant du front de l’animal.um petit
joug en bois de 50centim. de long. Cejoug,
que repose sur un coussinet ; est 'assujéti
sur le front à l’aide de longues lanières en
cuir. A chaque extrémité de ce petit joug
se trotive unc échancrure où ces courroies
qui préalablement ont été fixées au bout de
chaque corne, viennent prendre un point
d'appui en les attirant vers l'instrument.
Chaque jonf on serre d’un point de plus la
courroie, et successivement on rapproche
ainsi les extrémités des cornes des extrémi-
tés du joug , jusqu’à ce qu’elles aient at-
teint la direction qu’on veut leur donner.
de cette manière la corne peut être rame-
née en avant ou en bas autant quon. le.
veut, en lui faisant décrire, jour par jour,
au point de son implantalion sur la tête de
lanimal , un mouvement gradué de rota-
tion. 11 est rare qu’au bout d’un mois la
difformité n’ait pas complétement disparu
Pour ne plus se reproduire.
Les inétruments dont M. Lassarade se
Sertsont-tellement simples, qu’il n’est au-
can, cultivateur qui ne puisse lui-même en
faire Papplication. Avec moins de 5 francs
on peut se les procurer. Sur une quinzaine
de taurenx°@u de génisses sur lesquels
M? Lassarhe"% fait usage de son procédé,
il a toujonrs Lean réussi.
a Agriculture, journal de la Gironde.)
518
HORTICULTURE.
Système de plantation des pins et des sapins.
La feuiile centrale de la Société d’agri-
culture de Bavière (3 février 4842) contient
une communication faite par le comte de
Mendelsloh, conseiller forestier à Ulm,
sur les procédés employés à diverses plan-
tations exécutées sur une grande échelle,
et spécialement aux forêts du Harz.
-s 4 Voici le système de plantation quon suit
dans ces contrées où les pins et les sapins
poussent, même, sur les côtes rapides des
montagnes, comme par enchantement.
Au milieu desterrains destinés à la plan-
tation, ou choisit des places convenables et
d'une contenance calculée, dans la propor-
tion d’un are à peu! près par hectare. Ce
terrain est soigneusement labouré en au-
tomne etau printemps; on le fait épierrer,
on l'entoure, contre l'approche des ani-
maux, d'un fossé, ou mieux d’une haie sè-
che d’épines. En automne, dans les terres
arides, au printemps, dans le courant d'a-
vril, et au plus tard avant la seconde moi-
tié de mai, dans les terrains plus frais, on
procède au semis de la manière suivante.
On-ouvre-au cordeau des petits sillons
dela largeur de6 x8 centimètres, profonds
d'un centimètre et demi et distants l’un de
l’autre de 30 à 33 centimètres ; on y sème
ses graines dans la proportion d’un kilo-
gramme à peu près par arc, eton les re-
couvre d’un centimètre de terre légère.
Quand le plant a levé, on éherbe soigneu-
sement ces petites places, et on répète cette
opération pendant les premières années,
autant que le besoin dela propreté l'exige.
La quatrième ou cinquième année, les
jeunes arbres ont de 12 à 15 centimètres
d’élévation, et c’est alors qu’on procède à
là plantation en place,
À cette fin, on coupe soigneusement à la
bêche les sillons ensemencés, par lanières
et par plaques, à peu près de la forme d’une
forte brique. Au moment de planter, on
divise ces plaques à /æ main, de manière'à
former des petites touffes de 2 à 4 plants:
on pose ensuite ces touffes, ayant conservé
leur motte de terre, dans des petits trous
préparés d’avance, à 11/2 à 2 mètres de
distance, un peu plus creux que l'épaisseur
de Ja motte.
-Celte manière de planter par toufle a les
avantages suivants : les racines deplusietrs
plants ensemble empêchent Hacterre des
:mottes de tomber; les plants s’abritent
mutuellement, et un entre eux aura tou-
jours le dessus et formera l’arbre; les au-
tres, s'ils ne périssent pas d'eux-mêmes,
sont détruits quelques années plus tard.
Il n’y a pas d'exemple qu'une telle plan-
tation ait manqué; au bout de vingt au-
nées, les arbres ont généralement de 6 à 9
mètres d’élévation,
En résumé, on a eu l’avantage de profiter
du terrain destiné à la plantation pendant
trois ou quatre années, et celui, beaucoup
plus grand d’avoir eu le temps pour le bien
préparer à l'usage par l'établissement préa-
lable de prairies, qui, retournées l'année
qui précède le semis, lui sont infiniment
profitables. On n’a employé que du jeune
plant vifet sain, sans avoir dérangé leurs
racines ni interrompu la végétation; on a
enfin celui d’avoir pu planter sans obsta-
cles les pentes les plus rapides.
519
Extrait d’un Mémoire lu à la Société
d'agriculture de Turin, par le Sisnor
Felice-Amato Duboin. — De la Muscar-
dine.
L'influence fâcheuse qu’à mon avis peut
exercer, sur l'éducation des vers à soie,
l’opinion que la muscardine est contagieuse,
si elle vient à prévaloir sur l'opinion con-
traire, me détermine à consigner ici mes
doutes à cet égard.
Ceux quigroient à la contagion de la
muscardine,, ;au.lieu, de. gouverner leurs
vers de manière à rendre cette maladie
comme impossible, ou sont découragés en
désespérant de trouver moyen de la préve-
nir, ou se fatiguent et se consument inutile-
ment à en détruire les germes, si toutefois
ils ont les connaissances nécessaires pour
employer les moyens qui leur sont indi-
qués.
Afin d'éclairer, une question qui divise
les éducateurs, ik faut, avant tout, bieu éta-
blir ce qu’on entend|par la contagion de la
muscardine.
Pour déclarer cette maladie contagicuse,
il faudrait pouvoir considérer comme
prouvé que le contact est la cause princi-
pale de la communication de la maladie,
soit qu’elle provienne d’un contact sur ge=
neris où du germe d’une plante parasite ;
mais celte preuve, on l'a si peu jusqu’à pré-
sent, qu'il est reconnu que dans une ma-
gnanerie bien gouvernée, au dire du signor
Bassi lui-même, bien qu'il y ait quelques
muscardins, le mal.ne:se propage pas.
Quand ensuite.on mous dit que le contact
ne suffit pas pour déterminer cette maladie,
mais qu’il faut des circonstances particu-
lières, que lon sait d’ailleurs suffire à la
faire naître, je ne :sais comment l’on peut
affirmer qu’elle est due au contact plutôt
qu'aux circonstances propres à la pro-
duire. S
En laissant des vers sur une litière de
plusieurs jours,humide ou en fermentati 1,
dans des chambres closes et non ventilées,
| avec une nourriture peu abondante et mau-
vaise, on à toujours des muscard'ns: en
les tenant, au contraire, dans un lieu spa-
cieux et ventilé, avec une litière peu épaisse
el sèche, en les nourrissant suffisamment
de bonnes feuilles, il ne m’a jamais été pos-
sible de communiquer la muscardine par le
simp'e contact, bien que j'aie tenu, pen-
dant toute la quatrième mue, des muscar-
dins, mêlés avec les sains, de manière que
le contact fût presque continuel, et que j'aie
toujours remarqué quelques muscardins
sur mes toiles et mes claies.
Après cela, comment croire que les vers
que l’on voit mélés accidentement au mi-
lieu de tant d’autres bien portants, sans
leur communiquer leur mal, laient recu
d’une cause contagieuse? Pourquoi ne le
communiqueraient-ils pas à d’autres ?
Il y a quelques années, ayant par hasard
des vers nés d’une graine éclose naturelle-
ment, et la température ayant baissé cx-
traordinairement, ils furent placés dans un
panier, au dessus de charbons allumés, cou.
verts de cendres : mes bergers ayant recou-
vert le panier peu d'heures après, tous mes
vers se trouvèrent muscardinés et blancs,
à l'exception de ceux de la couche su pé-
ricure, qui firent un cocon tel qu’on n’en
peut guère desirer de meilleur.
Il m'est arrivé aussi d'employer des
branchages qui avaient été couverts de :
muscardins après leur monte, et que j’ache-
tai de voisins dont la muscardine détruisait
320
eus les ans les espérances ; aucun de mes
vers n'a péri de cette maladie.
Si la muscardine étaitune plante cry pto-
game. on devrait, À mou sens. distingner la
muscardine proprement dite de la maladie
nmonencore bien définie, à Ja suite de la-
quelle cette plante peut apparaître sur le
cadavre du ver, je dis surie cadavre, parce
qu'il me semble bien douteux que ee végé
tal, dont on veu: faire la cause de la mus-
cardine, prenne racine sur un ver vivant et
puisse le tuer: il me semble plus probable
qu’elle ne se produit qu'après la mort et à
la suite serlement d'une maladie qui ne
laisse pas le cadavre comme dissous en une
Substance molle, mais le rend sec, dur et
æaide.1l nest arrivé de reconnaître au tact
le principe de cette durcté sur des vers en-
&ore vivants et avant qu'il y eùt le moindre
indice de mascardine et de cette végétation
qui est, à mes yeux, l’effet plutôt que la
cause de la mort de l’ixecte. Fajoulerai
même que je crois avoir réconnu que, dans
les cas où l’on éprouve quelqne dureté an
contact. le corps du ver, à la mort, devient
mou et ne prend sa raileur que quelque
temps apres.
Bien que certains auteuis attribuent la
muscardine à cette plante que l'on ait nai-
£re et croître sur le ver tant vif que mort
(chose étrange, puisque la vi: et la mort
devraient présenter des éléments de végé-
tation dif. érents), je ne trouve pas suffisam-
ment démontrée son exis ence sur les vers
vivants, et encore moin qu'elie occasionne
la mort avec les symptômes qui l’accompa-
guent et auxquels succède la muscardine.
1l est encore plus difficte de croire que
le germe de e tte plante se tronve dans la
coque où est rent rmé le ver avant de nai-
tre, ou plu ôt dans la substance dontils'ex-
gendre par le concours de là chaleur, et
dans le cocon où il se cache en se transfor-
mant en chrysalide, comme le prétendent
les partisans de la contagion, en 5e fon-
dant, non sur un vice des hnmeurs qui
seul peut se transmettre avec la semence,
mais uniquement sur l'existence d'une
plante dent la poussière féeondante qni ne
<e voitnine se connaît serait à les entendre,
le miasme contagieux.
S'il était vrai, comme Je suis porté à le
croire, que ce ne soit pas la plante erypto-
game qui tuc le ver, mais que, pour d’au-
tres causes, le ver meure d’une maladie
particulière qui rend le cadavre apte à la
développer, au lieu de s'occuper des effets
de cette maladie après la mort, il convien-
drait plutèt de rechercher quelles causes
Aa produisent, et d'introduire dans les édu-
cations les pratiques simples et certaines
que l’expérience démontre propres à les
éloisner.
On devrait d'autant plus insister sur
leur observation plutôt que sur les lavages,
fumigations et autres opérations désinfec-
tantes, dispendienses et difficiles à prati-
“quer par des villageois, qu'elles prévien-
draient aussi lesautres maladiesetconcour-
aient à faire obtenir de meilleurs produits.
‘Foutefois, ceux qui croient à la conta-
gion de cette maladie et à la nécessité d’en
détruire annuellement les germes, de-
vraient, avant que de l'étudier sur le cada -
vre, longtemps après Ja mort, l'examiner
pendant la vie et, au moment où elle cesse,
en observer les principes et les progrès et
tâcher de saisir l'opération qui se fait dans
le corps du ver, et surtout dans la substance
soyeuse qui change promptement de cou-
leur et de nature, devenant dure et friable,
521
de molle, gommeuse et adhérente qu'elle
était d'abord de la couleur de Ja soie, sur-
tout après la quatrième nue, phénomènes
bien étranges, je le répète, pour une cause
telle que la présence d'une plante crypto-
game.
S'il m'est permis de hasarder une con-
jecture, je dirai que Àà plus vraisemblable
pour le moment, c'est que, la maladie est
une altération chimique de la constitution
organique du ver, due à lPabsorption de
principes miasmatiques qui se développent
dans les circonstances que j'ai déjà men-
tionuces, altéralion qu'on peut prévenir
par les procédés tout à l'heure rappelés. et
peut-être aussi par les moyens curalifs si-
gnalés par les auteurs, si réellement leur
efficacité a été constatée par ceux qui les
ont essayés.
Dans cette hvpathèses, tous les vers d’une
! magnancrie étant également sajets à l'in-
flience des mêmes causes, on compren-
drait pourquii tous sont infectés de la ma-
ladie presqu'en même temps, et cela expli-
querait aussi pourquoi, cetle cause étaut in-
visible et difhcile à apprécier, on a inventéla
théorie du contact. Mais si l’ou fait atten-
tion à son mode de propagation, on recon-
naît qu'elle ue se manifeste pas davantage
au voisinage des muscardins que des sains,
mais bien séparément çà et là, et moins
qu'ailleurs partout où l'air circule plus li-
brement, et sur les Htières bien sèches.
(fraduit par M. Duval, substitut à Rodez.)
(Le Propagateur de la soïe.)
—— pe
SCIENCES HHSTORIQUES.
Science rt arb de La perspective (1) — Re-
cherches historiques.
C'est une question qui a été longuement
débattue que celle de savoir jusqu'à quel
point les anci: ns ont connu la perspective ;
les différents auteurs qui se sout occupés
de cette discu:sion ont été d'opinions très
différentes ; les uns out été admirateurs
: aveugles de tout cequi venait de ces artistes
dantrefois , et ont soutenu qu'ils devaient
connaître parfaitement cette science, ait
indispensable au peintre; Îles autres ont
donné dans l’extrémeopposé : ils ont avancé
qu'ils ignoraieutentierement la perspective,
et pour cela ils sé fondent sur les peintures
d'Herculanum, parmi lesqnelles il y a beau-
coup de paysages, qui tous, disent-ils, ont
des défauts de perspective ; mais il est à re-
de Pompéi, et quelqnes autres trouvées
dans les Thermes de Titus ont été généra-
lement exécutées par des artistes médiocres.
Les peintures trouvées à Herculanum, ne
peuvent guère servir à nous donner des
idées justes sur l’état de l'art, à l'époque où
elles ont été exécutées; car, après avoir
existé déjà peut-être depuis fort longtemps,
elle ont été cnseveliés pendant près de deux
mille aus sous la lave et les cendres. Du
reste, Pompéi et Heérculanum n'étaient pas
des villes du premier rang, et encore les
peintures ne s'étant trouvées que dans les
maisons dé campagnes, on ne doit pas s'at-
tendre que ce soient des chefs d'œuvre peints
par les grands artistes d'alors; si l’une de nos
villes du troisitine où même dusecond ordre,
avait le malheur d’être engloutie, et qu'a-
près un intervalle de deux mille ans on la
1) Nous donnerons sous ce titre, une suite d’arti-
cles qui traiteront spécialement, à part historique
des progrès de Penseignement, de la manière dont la
perspeelive a été envisagée par les grands artistes,
par rapport à la représentatjon de leurs conceptions.
marquer que ces peintures ainsi que celles !
522
déterrât, on aurait tort de vonloir établir
un jugement sur les ouvrages de l'école
francaise et de juger nos grands maîties
d'après des peintures de mur, ou d’autres
tableaux qui pourraent Sy trouver; au
surplus, plusieurs auteurs anciens, Pline,
Quintilien, Philostrate, etc., nous ont laissé
| le récit des effets que plusieurs peintres des
| temps les plus réculés ont produit par la
pratique de la perspective ; ces récits sont
suffisants pour attester qu'elle était connue
ét pratiquée.
Horace, Art poétique, v. 272, et Vitruve,
dans la préface du livre vir, mous appren-
nent qu'Eschyle fut le premier qui fit cons-
trairé à Athènes un théâtre solide, pour y
faire représenter ses tragédies; qu’il le fit
oruer de peintures convenables aux sujets
qu'il mettait en scène, et que le peintre
Avatharque, chargé de la décoration, vou-
: lant obtenir le plus d’effet possible eut
: recours à la perspective. Geci n’est pas ane
preuve, comme on l’a dit, que les peintres
ne l'employaient pas avant cette époque
dans Fexécution de leurs tableanx, mais
qu'Agatharque lappliqua seulement alors
au théâtre. Un autre exemple de la pers-
pective des anciensestencore cité dans cette
préface, Vittuve décrit use décoration
exécutée par Apaturius, sur nu petitthéâtre
dans la ville de Trace, et il dit: que Paspect
de cette décoration flattait agréablement la
vue par son relief et ses sullies apparentes.
Agatharquecomposa untraité de perspée-
tive, d'après lequel Démoerite et Anaxagore
écrivirent sur le même sujet pour démon-
trer comment on pent donner une appa-
| rence de réalité à des édifices qui #e“sent
qu’ figurés, sur des surfaces planes; vues
de front, et qui néanmoins paraissent, les
uns saillants ou approchés,- les” autres
fu yants ou éloignés.
Selon Piine: Pamphile d'Amphipolis, fut
le premier qui réunit | étude des lettres et
des sciences à celle de ia peinture; il s’at-
tacha surtout à la géométrie, sans iquelie
il suutenait que l'art de peindre ne pouvait
avriver à sa perfection ; mais Pamphile con-
fonduit vraisemblablement sous une même
: dénomination la perspective et la géomé-
Die quai l'euseigue, sinon quel autre seeonrs
cette dernière science pouvait elle eftrir à
la peinture.
Le mème auteur nous apprend qu’Apel-
les, qui fut disciple de Pamphile, avait des
connaissances profondes de son art, et
qu’en se vantant de sa supériorité en cer-
taiues parties, il avait la modestie de con-
venir qu'il était inférieur à Ampbion pour
l'ordonnance, et à Asclépiodore pour les
mesures et la distance relative qu’il fallait
mettre entre les figures dans un tableau ;
or, ces mesures et cette distance dépendent
de la perspective.
Pline, d'après Valère Maxime, rapporte,
qu'aux jeux publics, donnés par Claudius
Pulcher, il y avait une des peintures du
théâtre qui était si parfaite, comme imila -
tion produite par la perspective, que des
corbeaux vinrent s'abattre contre!la partie
qui représentait le toit d’un édifice, tro né
par la vérité qu'offrait l'aspect des-tiiiles
imitces. À RACIUEE
Pline nous a transmis encore d'autres
exemples de l'application de laipèrspeetive,
eutre autres, celui d'un bænfohetat: par
Pausias de Sicyone, et quisfabaitrpartie
d'une grande composition qu décorait le
portique de Pompée à RomerrCet animal
avait tout le relief que présente la nature,
et il semblait venir vers le spectatemmsn
6 pe RTE pt = D
Dan nes
EE D D © RÉ V r
523
semblable résultat ne pouvait être obtenu
que par la science des raccourcis, science
qui dérivé naturellement de l’étude de la
perspective.
. Ces exemples prouvent suffisamment
que la perspective n'ême dans les temps
les plus reculés, faisait partie des connais-
sances du peintre; il ne pouvait en être
autremrent, seulement on est autorisé à
croire qu'ils n'avaient pas autant usé de ses
ressources qu'ont pu le faire lesartistes mo-
dernes, dont les compositions sont en gént-
ral beaucoup plus étendues et offrent divers
plans; les anciens, comme l'a observé
Mengs, faisaient entrer peu de figares dans.
leurs tableaux, et encore les plaçaïent-ils:
les unes à côté des autres, afin de concen-
trer l'intérêt. Cependant on ne doit se pro-
woncer suf ce point qu'avec de grades
résérves. car aucun de; ouvrages des grands
maîtres ne nous est parvenu; nous ne les
coupaissons que par les descriplions des
auteurs anciens; or, on doit naturellement
être porté à croire que ces peintures étaient
dignes des éloges qui leur ont été accor-
dés, puisque les statues que nous possédons
et qui sont des mêmes époques,confirment
en tous points ce que les mêmes historiens
nous ont transmis sur elles. TuéNorT.
GÉOGRAPHIE.
Ruïnes de Carthage ; par M. Félix Flaché-
& paker.
= (Deuxième article.)
AÀ.59 pas au delà des cellules, on trouve
de-grandes ruines de massifs, mi parte
dans, Leau,n.i partie sur le rivage, sur les-
quelles les vagues vieunent déferler avec
fureur, car la mer dans cet endroit est très
profonde et le sirocco soufile avec force
daus eelte partie du golfe. Ces massifs ont
pu servir de tours ou de custodium. Vien-
nent ensuite trente-sept cellules semblables
à celles que je viens de décrire : 100 pasau
delà , se trouve un quai de 0,975 de lar-
geur, séparé du rivage par un cauat de
5,847 de large; la mer vient briser ses
vagues avec force en cet endroit : restes iu-
signifiants de constructions sur le rivage, à
quelques mètres duquel on trouve sur uv
terrain un peu élevé des fragments nom-
breux decolonnes,de chapiteaux disséminés
çà etlà et qui semblent former introduc-
tion aux ruines imposantes d’un temple,
quon dirait avoir été construit en cet en-
üyoit comme pour indiquer la limite de la
ville et du port. Ge temple paraît avoir été
consacré à Neptune ou à Junon Céleste ;
d’autres y ont retrouvé l’église dont parle
Procope, et qui avait eté bâtie par les fi-
dèles de Carthage en l'honneur de saint Cy-
prien.
Cet édifice, qui a 56 pas de profondeur
sur 50 de large ; avait son entrée du côté
du rivage dont il n’est éloigné , comme je
Vai dit, que d’une faible distance. 1] était
Soutenu. -par d'énormes piliers qui sont en-
| gore.debout et qui ont 2m, 17 d'épaisseur.
} Bans la partie du fond on remarque quatre
niches destinées probablement à recevoir
dessstatues ; à droite et à gauche de ces ni-
chessontd'immen,es ouver.ures qui don-
naientdetrière sur la campagne et qui sont
en grande:partie comblées.
1 #Sur-là droite du temple, on trouve une
partie latéraletrès vaste soutenue par d’au-
wes piliers énormes et ayant également plu-
‘sieurs ouvertures encombrées qui don-
524
vaient dans d’autres pièces et sur la cam-
pagne. Ce lieu devait servir d'habitation
aux prêtres de la divinité.
L'intérieur du temple est rempli de fûts
de colonnes, de sacles, de chapitaux corin-
thiens dans le meilleur état de conserva-
tiou. Quelqnes uns que j'ai dessinés repré-
senteut des fleurs et des fruits entrelacés
de serpents; puis on voit des caisses rerm-
plies de marbres et de bis-reliefs. Le nom-
bre des colonnes et des chapiteaux est con-
sidérable : chaque pièce est marquée et
numérotée ainsi que les caisses, comme uu
article dem agasin ; c'est sir Granville Tern-
ple qui a.entreris-ces fouilles auxquelles il
a consacré six mois, et quisont sarveillées
en son absence;ow plutôtqui ne le sont pus,
par sir lakram, vice-consul anglais. Il a
trouvé dans ces ruiaes divers obj-tsen verre
et en argile, outre 700 pièces de monnaie;
mais Ja plus remarquable de ses découver-
tes est celle d’une villa située au bord de la
mer, et dont je parlerai.
Les vestises d’antiquités les plus remar-
quables et sans contredit les mieux conser-
vés sont les citernes, à la droite desquelles
s'élève le petit fort Saint-Louis impropre-
ment nommé par les chrétiens, Tombeau de
saint Louis. |
Ces citernes, qui sont au nombre de
dix-sept et dont la façade est obstruée par
une foule d'énormes pierres, an milieu
desquelles croît en grande abondance le
Camærops humilis, étaent ornées, à leur
entrée, de deux pelites tours dont les dé-
bris sont encore assez bien conservés. Les
citernes sont rangées parallèlement l'une
derrière Pautre; à droite ét à gauche, sur
les côtés, sont pratiqués des couloirs qui
conduisent jusqu'aux dernières qui se trou-
vent entièrement dans Pobscurite ct où il
serait dangereux d2 s'engager à cause des
accidents de terrainet des éboulements qui
peuvent arriver. Leur hauteur moyenne
est de 3,25 à 3,898, du moins dans les
premieres, où il n'y a pas d’eau, elles ont
5",982 de largeet une longueur dei 2,993
dans œuvre ; les murs ont 1",3 d'épaisseur.
Dans chaque mur qui les sépare l’ane de
l’autreest pratiquée une large ouverture qui
leur communique la lumière et qui peut-
être avait encore une autre destination. Les
voûtes de ces citernes n’ont guère que
0.216 d'épaisseur, etsont formées de pe-
tites pierres noires etrouges mêlées dans un
mortier de pouzzolane plusdur quedu gra-
nit: ilfautemployer le marteau pour en cas-
ser de faibles parcelles; telle est la dureté de
ce ciment, que dans plusieurs endroits,
les parois latérales sont tombées, et que la
voûte s’est conservée elle seule presque
intacte. Les deux ou trois premières ci-
terues, dans lesquelles on peut pénétrer,
comme je viens de le dire, sont à sec et
deviennent souveut un lieu de halte et de
repos pour les voyageurs fatigués
Au-dessus des petites citernes, on gravit
une colline sur les flancs et au delà de la-
quelle on trouve des ruines de souterrains
partagés en plusieurs petites cellules, qui
pourraient bien avoir servi de bains, vu
leur proximité des citernes, auxqueiles, du
reste, nul conduit ne paraîtavoir amené
l’eau du ciel, comme les réservoirs et les
citernes particulières de Tunis.
La pensée la plus naturelle et qui vient
saisir l'esprit et attrister l’âme, en repor-
tant ses regards sur cette vaste étendue de
ruines, c’est le souvenir de ce que fut cette
ville superbe, qui, de même que Palmyre,
Babylonne et tant d’autres capitales,
033
\ n'offre plus que des monceaux de décom-
| bres, que sillonne péniblement la charrue.
du laboureur.
Tombeau ou fort Saint-Louis. — C’est
une construction de peu d'importance,
iuabordab'e d'u côté de la mer, et qui vient
! s'arroudir au-dessus des rochers et dés mu-
railles eu talus qui dominent le golfe à une
!: hauteur de 38 ",98.
Une petite esplanade se développe de-
vaut la facade de ce fort qui n'est garni
que de huit ou dix pièces en mauvais état,
et dont Ja garnison se compose d’une dou-
zaine de soldats dégnenillés.
Non loin du fort Saint-Louis, et en avant
de Pancien aquéduc, se trouve cette partie
haute de Pantique Carthage, qui a reçu le
nom de Hont-Louwrs-Philippe, deprus le don
que, l’année dernière, le bey Sidi-Ahmed a
fait au roi des Français d'un terrain situé
entre [a mer et les ruines de cette ville, Là,
s'élève, sous les auspices de M. Jonrdair;
architecte, une chapelle que le roi a con-
sacré à la mémoire de Lou's IX, sur la
terre même où le pieux monarque ex-
pira.
Le 25 août 1841, le gouverneur de la
Goulette, Sidi-Mahmouth Cogia, le même.
qui fut envoyé en France lors du sacre
de Charles X, fit solennellement la remise:
de ce terrain, au nom du bey, à M. de
Lagau, consul général de France, en pré-
sence de M. le vice-amiral de Rosamel,
commandant l’escadre en station devant
Tuuis, de la population française et des
étrangers résidant eu cette vi le.
La chapelle est bâtie en pierre appelée
marbre de Soliman, avec des remplissages
en pierre de tuf du sol de la baie de Car-
thage, et voûtée en briques de Gênes, avec
enduit de mortier de chaux, formant stuc,
à la manière du pays
La porte d'entrée de la chapelle regarde
celte mer si souvent sillonnée avec gloire
par les vaisstaux français, depuis les mer-
veilleuses prouesses des croisades jusqu'aux
derniers triomphes de nos armes sur la pi-
raterie barbaresque. Au dessus de cette
porte est une table de bronze, longue de
1,80 sur 0,65 de hauteur et destinée
à recevoir l'inscription en quatre lignes,
demandée par le roi à l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres.
En quittant le fort Saint-Louis ét en des-
cendant vers le rivage, on arrive à un sen-
tier qui remonte au sommet de la colline,
à droite et à gauche de laquelle gisent des
débris nombreux; de toutes parts le cactus
au feuillage glauque forme une haie impé-
nétrable, À cinquante pas du sentier, Pen
trouve une large coupure taillée dans ja
colline et qui contient les ruines d'un con-
duit ou kandak qui devait verser les im-
mondices à la mer.
On passe ensuite le lit d’un torrent, et
l’oa arrive, après avoir rencontré plusieurs
ruines insignifiæntes, à une villa située ax
bord de la mer et ensevelie à 4,872 sous
terre. Huit chambres sont entièrement dé-
blayées, et leur forme, ainsi que leur déco-
ration, prouvent que cette maison de plai-
sance appartcnait à un riche personnage .
les murailles sont peintes etle vestibule est
pavé en superbe mostique, dans le même
style que celles de Pompei et d'Hercula-
num. La salle de bains, qui est la pièce la
plus voisine du rivage, est surtout remar=
quable : on y descend par trois marches,
ayant chacune 0,,,32 de hauteur, sur ( 378
de large: cette salle à 3",573 de longueur
sur 3,03 de large; sa profondeur est de
026
1»,08; les parois intérieures sont stukées À
la truelle avec une telle perfection qu’on
ies dirait recouvertes d’un vernis : le re-
bord qui encadre la salle de bains et qui la
met au niveau du sol, n’a pas moins de
0®,975 de large, et est recouvert de mo-
saiques vertes et blanches dont une grande
partie est détruite,
En continuant à cotoyer le rivage, on
remarque que les rochers qui étaient jus-
que-là très escarpées s’adoucissent dans leur
pente et finissent par s’abaisser progressi-
vement jusqu'à un endroit isolé où le sol
est de niveau avec le rivage, à soixante pas
duquel on trouve les débris imposants
d’une des portes de la ville : cette porte
se compose de deux massifs ayant environ
40 à 12 mètres de hauteur, formant au mi-
lieu une grande ouverture de 5 mètres, et
latéralement deux petites. Ces deux mas-
sifs, ayant forme de tours, sont percés
d'énormes trous ronds dans la partie qui
regarde la mer; l’un de .ces massifs, demi-
circulaire, a 16 mètres pour l'arc et 7 mè-
tres de corde. ed
En suivant les contours du rivage, qui
décrit une courbe depuis les vestiges de
porte que je viens de citer jusqu'au pied
du cap Carthage, on retronve des masses
de ruines qui paraissent avoir appartenu à
des fortifications qui se reliaient peut-être
à cette porte même.
(Æxtrait des Annales des voyages.)
LRETS SLT U
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,.
Ci
FAITS DIVERS.
— Pau. La Société des’Scientes, Lettres et Arts
dé Pau a décidé, dans sa derniere séance, que les
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — FÉVRIE
527
sujets suivants seront mis au Concours : 1° Quel
était l'état des personnes dans le Béarn au moyeh-
âge, c'est-à-dire du cinquième au quinzième siècle?
2° Quelles sont les industries qu'il serait le plus
utile de développer dans le département? Les prix
consistant en deux médailles, l'une de 100 fraues et
l'autre de 50, seront décernés en séance publique.
Une demande a été adressée au conseil municipal de
Pau pour qu'il fasse les fonds d’un troisième prix.
— Saint-Omer. La société des Antiquaires de la
Morinie, siégeant à Saint-Omer, décernera, le 24
décembre 1843, une médaille d’or de 500 francs: à
l'auteur du meilleur mémoire sur cette question ;
« Déterminer la différence qui existe entre les insti-:
tutions communales de la Flandre au moyen-ûge,
et les institutions communales. dela France à la
même époque, tant sous le l'apport de leur origine
que sous celui des lois'et eoutumes qui les ont régies
jusqu'au siècle de Louis XIV:» Les Mémoires de-
vront être remis, en lb forme -ordinaire, avant le
167 octubre 1843. La mmêmie société propose pour
l'année 1844 uue médaille d'or de 500 francs au
meilleur Mémoire présenté sur un sujet important
d'histoire, de géographie ou d'archéologie relatif à
la Morinie pendant l'époque dite du moyen-äge (de
500 à 150Ù). La Svciété verrait avec plaisir qu’on
taftat de la géographie de la Morinie sous Charle-
mage el ses successeurs jusqu'à Charles-le-Chauve
inclusivement. On devra adresser également, avant
le 197 octobre 184%, les Mémoires à M. Louis dé
Givenchy, secrétaire de la Société à Saint-Omer,
— Tournon, Un bibliophile de Tournon vient.de
faire une précieuse trouvaille danses environs d’An-
nonay, au fond d'uue pauvre ferme: C’est, dil-on,
le premier manuscrit, le brouillard du savant ous
vrage, les Aphorismes d Hippocrate, publié en grec,
en latin et en hébreu, en 1647, par le célèbre
Marc-Antoine Gaiot d’Annonay, professeur d’hé-
breu à Rome pendant de longues aunées.
__ (Gaïeite spéciale de Instruction publique.)
— ] parait que dans l’espace des vingt dernières
années, le nombre des individus atteimts de folie en
Angleterre a plus que triplé. Le nombre total se di-
vise ainsi : fous, 6,808; idiots, 5741 ; ensemble,
12,547 : c'est à la population, dans le rapport de 1
à 1.000.
928.
Dans le comté de Galles : fous, 133 ; idiots, 763;
total, 896; proportion, de 1 à S00.
Il y a en Ecosse, 3,652 fous, environ 1 sur 700;
et en Irlande. je nombre s'élève à plus de 8,000.
Des études faites sur 1,000 individus atteints de
folie ‘ont permis d'en donner à peu près les différen-
tes causes avecJeurs chiffres respectifs ; boisson, 110;
banqueroute, 100 ; atteints d'epilepsie, 78 ; ambi-
tion, 73 ; travail forcé, 73 ; idiots nés, 74; misère,
69; caducité, 69; chagrin, 54; amour, 473 acci-
dents, 39 ; dévotion, 29 ; opinions politiques, 26 ;
-empoisonnement, 47 ; illusion, 12 ; crimes, remords
jou:désespor, 9 ; folie prétendue, 5 ; mauvalse con-
; formalion du-cràne, 4; diverses autres causes in-
. connues, 115.
—On lit dans le Diaro do governo de Lisbonne :
Dans la Chambre des Pairs, séance du 16 janvier
1845, sur une proposition de M: le comte de La-
vradio, la Chambre a décidé ‘qu’une lettre serait
écrite, en son nom, à M. le ‘chevalier da Gama Ma-
chado, résidant en France, pour lai faire connaître
combien elle apprécie le curieux ouvrage de la
Théorie des ressemblances , que cetillustre écrivain
portugais a publié en y consacrant de grandes‘som-
mes, œuvre aujourd'hui généralement appréeiée:par,
les savants francais et anglais.
To DE
BIBLICGRADEHNINE,
AMSCHASPANDS ET DARVANDS;:par F: La-
mennais. — À Paris, chez Pagnerre , rue de Seine,
n:4, À ss
LES COLOKNIES, les sucres etles vins de la Gr
ronde; par de Fonmartin de l’Espinasse. —,Balas
rac, à Bordeaux. 3 fa) dns
DE LA FLAMME, à petites dimensions, em:5jil
ployée contre la douleur, la débilité, la torpewrs:5et
par F. Gondret, — A Paris, chez l'auteur, rue Si: 06
1 3
5 f CERN LOL GEETN
Honoré, 367.
cs
ar:
;
FARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE
ruc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
É 9 HEURES DU MATIN. MIDI. 3 IEURES DU SOIR. 9 HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS
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S RE =
4 | 761,08 8,9 760,59 10,8 160,26 10,9 760,66 40,1 4,2 7,0 Couvert, S. É _
2 | 757,86 8,2 7 6,€5 9,8 155,24 11,0 756,46 6,5 44,1 7,2 |Couvert. S. Re
3 | 752,62 5,7 749,41 8,6 745,2 80 | | 737,09 4,4 9/0 4,2 |Nuageux. S. à.
4 | 742,76 1,2 742,76 0,2 741,18 0,6 747,61 0.2 A, 2,8 |Neige. à Le
5 | 759,49 1,8 751,03 2,5 150,89 2,238 "151,93 1,8 2,9 . 2,2 |Couvert. DR Re
6 | 151,42 1,3 751,08 2,0 154,10 233 152,03 0,4 18973 0,5. Couvert. ), N: 0:
7 | 754,52 0,4 753,38 4,6 298,07 |, 2,6 755,02 0,3 si 7 2,3 |Beau. L N. LE
8 | 755,98 0,1 155,26 4,7 15,90 2,6 755,65 0,1 3,0 0,9 |Très-nuageux. NN: Le
9 | 754,82 0,2 154,43 0,9 153,63 1,4 753,02 0,9 AT 4,2 |Neige abondante. E. N. &
10 | 749,82 0,9 749,51 4,5 749,3 46 752,08 13 d'9 0,2 |Couvert. NN. pe
11 | TA 0,6 153,84 2,0 153,32 2,2 154,24 4,0 2,2 0,0 |Brouillard. F E. are
12 | 754,67 2,0 154,86 3,0 754,36 3,0 755,16 2,8 3,9 0,0 |Couvert, brouill.léger.|N. E. :
43 | 755,46 0,4 755,08 2,5 153,79 4,2 713,71 4,0 4,2 0,7 |Beau. E. N. ;
13 | 750,90 0,% 749,97 2,3 748,19 3.6 74710 0,1 7.0 3,8 |[Beau. de
45 | 742,50 0,6 140,95 1,2 136,14 4,6 738,45 0,0 9,0 2,0,:|Couvert. NE.
16 | 733,49 0,1 733,34 0,2 731,99 4,2 732,77 4,0 1,5 0,7. {Pluie fine. N.E.
17 | 743,32 0,9 744,17 1,0 742,66 1,0 758,68 4.0 14 0,2 |Neige abondante. |E-
18 | 738,19 1,9 739,16 3,1 739,07 4,4 739,81 3,6 4,6 0,8 |Brouillard.
19 | 738,49 3,9 738,44 9,8 231,14 |. 49,2 730,43 10,3 12,0 3,# Couvert, brouillard.
20 | 740,86 8,6 720,08 11,0 740,71 |..,.,9,8 742,26 FA 41,5 9,1 |Couvert. d
24 | 744,45 8,6 743,55 41,7 742,21 42,5 70,86 8,5 12,8 5,4 Très nuageux.
22 | 742,68 VO 742,91 11,8 742,18 12,8 745,90 7,5 43,2 4,5 |Beau.
23 | 743,16 5,4 122,14 10,3 741,32 $1549,5 742,98 S,5 DT 30 |Beau.
2% | 744,91 5,2 745,02 6,0 74,88 Lao 6 715,39 5,0 6,0 9,1 |Couvert.
25 | 744,59 1,0 741,44 6,0 74,11 6,0 744,78 5,3 6,0 3,0 |Pluie.
26 | 747,16 4,9 746,84 5,2 745,12 6,0 741,29 4,2 6,0 3,3 Pluie.
27 | 730,73 8,2 729,24 40,6 727,99 10,2 727,18 6,7 10,$ 3,5 |Couvert.
28 | 727,94 6,8 130,57 8,0 733,41 6,8 711,39 5,2 S,0 %,0 |Couvert.
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1997 0: DH
re le rie T4 MERE — ITE LISTER
4 | 753,14 2,5 759,51 3,9 751,65 1,3 752,15 4,7 0,9 [Moyenne du { au 10 {Pluie enseent.
2 | 745,29 2,0 741,99 3,6 741,10 4,3 741,22 4,7 0,2 [Moyenne du {1 au 20/Gour,. 2,96
3 | 740,70 6,3 740,59 8,6 749,69 9,1 740,97 0,4 3,6 [Moyenne du 21 au 28/Tet
| 746,78 3,4 | 746,12 9,1 | | 715,69 5,7 746,12 | 6,0 | 1,1 [Moyennes du mois . . ... …
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10° anmée.
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Paris. — Dimanche, 26 Mars 1843.
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à DU MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
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‘L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de :,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue (es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARIS pour un an 25fr., six mois 18 fr, 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {6 fr.
8 fr. 50. AlÉTRANGER5 fr. en sus pour les paÿs payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recucil l£GHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX GHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment'avec lEcho du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes, — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
* 2 SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE. Expériences faites par une commis-
sion de l’Institut royal des Pays-Bas sur la pro-
- priété attribuée à l'huile de calmer ics vagues de
la mer. — PHYSIQUE APPLIQUÉE. Nouvelles
expériences sur Ja torpille ; Matteuci. — NY.
DRAULIQUE. Expériences ayant pour but de
concilier les hypothèses sur Ie mouvement inté-
rieur des flots dans les courbes ouvertes et dans
les courbes fermées. — CHIMIE APPLIQUÉE,
Préparation de l’oxide blanc d’antimoinee —
SCIENCES NATURELLES. TOXICOLOGIE.
Cours de M. Orfila. — ZOOLOGIE. Insectes ob-
servés pendant l'éclipse de soleil de 1842; Villa.
— BOTANIQUE. Sur le silphion des Grecs;
Guyon.— SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ
D'ENCOURAGEMENT, séance du 22 marse —
ARTS CHIMIQUES. Sur l'éclairage par l'alcool ;
Emile de Castelnau. — ARTS MÉTALLURGI-
QUES. Nouveaux moyens de fabriquer le fer;
-Meckenheim de Londres. — SCIENCES HIS-
TORIQUES..ACADEMIE DES SCIENCES RO-
RALES ET POLITIQUES, Séance du 18 mars.
— ARCHÉOLOGIE. L'architecture au moyen-
. Âge dans le Forez; l’abbé Roux. — GÉOGRA-
PHIE. Ruines de Carthace; Félix Flachénaker.
— FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE,
DIE Ke
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Note sur des expériences [ailes par une com-
mission de l'Inslilul royal des Pays - Bas,
dans le but de vérifier la propriété attribuée
à l'huile de caliner les vagues de la mer.
« Les Annales de chimie et de physique du
mois de mars 1842 contiennent un mémoire
de M. V. van Beek, sur la propriété qu’au-
raient les huiles de calmer les flots, et de
vendre la surface de l’eau parfaitement
‘transparente. Après avoir rapporté plu-
sieurs témoignages pour prouver l'existence
de cette faculté et son efficacité, l’auteur
va jusqu'à émettre l'idée qu’on pourrait.
“trouver, dans l’emploi de l'huile pendant
les tempêtes, un moyen de protéger les
digues et autres constructions maritimes
@bntre la violence des vagues, en la versant
Sür #édu, non loin des bords.
+ » Une supposition aussi hardie et aussi
singuhère ne pouvait manquer d'attirer
l’attention des savants; aussi l'Académie
des sciences de Paris vient-elle de nommer
une commission pour l’examiner. Mais, à
ceite occasion, il ne sera ni sans utilité, ni |
sans intérêt pour nos lecteurs, de savoir que
la même question a déjà été agitée en
Hollande.
. # M. van Beck, qui est membre de l’Ins-
titut royal des Pays-Has, fit, l’année der-
nière, dans l’une des séances de sa classe
(celle des sciences), une proposition tendant
à obtenir du gouvernement qu’il fit exécu-
ter des expériences dans le but de se con-
vaincre du pouvoir que l'huile aurait de
préserver les digues contre la violence de
Ja mer.
» Cette proposition ne fut pas générale-
ment approuvée. On choisit trois membres
pour en examiner de plus près l'importance;
mais à leur tour ces trois personnes ne
s'étant pas trouvées unanimes dans les con-
sidérations et les avis qu’elles émirent, on
pensa que, pour sortir d embarras, le mieux
était d’ajourner la déibération sur la pro-
position. mais de se procurer préalablement
et de suite quelques lumières positives sur
la question même. En couséquence, on
nomma une comiwission de cinq membres,
les chargeant de faire des expériences di-
rectes sur le pouvoir que l'huile pourrait
exercer sur les vagues dans la proximité
des côtes; et c’est le rapport de cette com-
mission dont on va donner ici la commu-
nication :
» La commission nommée parmi les
membres de la première classe de l’Institut
royal des Pays-Bas, et chargée de faire des
expériences sur le pouvoir qu’on attribue
aux huiles et autres substances grasses de
diminuer la violence des vagues.a l’honneur
de faire parvenir ci-joint à la première
classe, le rapport de ce qui a été exécuté et
observé par elle à ce sujet.
» La commission, ayant choisi le village
de Zandvoork, situé sur ies bords de la mer
du Nord, pour le lieu d’où elle partirait
pour faire des expériences, convint de se
réunir au premier jour orageux.
» Elle se vit cependantobligée de changer
d’avis et de fixer un jour quelconque, à
cause de la saison (c'était au mois de juin)
dans laquelle les tempêtes sont rares; et
les coups de vent un peu forts n'étant
même que de courte durée, il eût élé im-
possible de se trouver réuni à temps au
.xillage indiqué.- Elle s’y décida d'autant
plus aisément, vu que s'il devait être re-
conou que l'huile exerçât en effet sur une
cau fortement agitée la puissance qu’on lui
suppose, il devait être encore plus facile de
reconnaître cette propriété sur une mer
mise en mouvement par un vent de force
moyenne. Cependant deux des commis-
saires, se trouvant à la campagne un jour
que le vent soufilait avec violence, firent
un essai en yersant une petite quantité
d'huile sur l’eau d’un ruisseau, et obser-
vèrent un changement évident dans l'aspect
et le mouvement de l’eau.
» Un autre membre de la commission
avait fait le même jour un essai semb'able
sur la Spaarne (petite rivière près de Har-
lem), et avait obtenu le même résultat.
» Encouragé par ces observations, on
fixa le 28 juin pour procéler aux expé-
riences ultérieure*.
» Les commissaires se réunirent le jour
indiqué, à 9 heures du matin, à Zandvoort,
Une partie se fit conduire dans la mer à
une petite distance du rivage, afin d'
verser l'huile et observer les résultats; les
autres, restés à terre. et ne sachant ni en
quels instants, ni en combien de fois l’effu-
sion aurait lieu, devaient fixer leurs regards
sur les vagues, qui du bateau roulaient vers
la côte ; par ce moyen,leur opinion,exempte
de tonte influence, pourrait être considérée
comme d’autant plus impartiale.
» Le ventétait S.-0. et de force moyenne ;
la quantité d'huile versée à quatre reprises,
savoir, à 9 heures 43, 45, 50, 54 minutes,
était de 15 litres ; la marée était montante,
etne devait atteindre qu’à 11 heures 21 mi-
nutes sa plus grande élévation.
» Lescomimissaires qui se trouvaient sur
le bord de la mer n’ayant remarqué aucun
effet qui dût être attribué à l’effusion de
l’huile, non plus que ceux qui s'étaient oc-
cupés à la verser, on pouvait déjà consi-
dérer Ja question, si l'huile versée à une
petite distance de nos digues pourrait les
protéger contre la fureur des flots, comme
résolue négativement.
» Néanmoins les commissaires crurent
de leur devoir de faire une seconde expé
de la côte. Deux d'entre eux se fireñf
duire au-delà des brisants et y
l’ancre.
» La distance fut évaluée par les Ya
à 300 mètres ; la sonde indiqua 3%
environ, la mer élait houleuse. Plus
moitié de 45 litres d'huile fut versée,
l’espace de cinq minutes (de quinze à dix
minutes avant midi) sans que les commis-
saires remarquassent le moindre effet en
rapport avec l’objet de leur mission. Ils
virent l’huile surnager sur l’eau, en partie
réunie en taches d'une forme irrégulière,
en partie s’ét:ndant et formant une pehi-
cule, en partie se mêlant à l’écume des
vagues et partageant leur mouvement oscil-
latoire.
» En retournant à terre, et au moment
où l’on retraversait les brisants, les com-
missaires firent verser le restant de l’huile
sur l’eau, ét ils peuvent altester que cette
effusion n’apporta aucuñe diminution dans
le mouvement des vagues, car ils en furent
plusieurs fois mouillés abondamment.
» Il est inutile d'ajouter que ceux qui
étaient restés à terre n'avaient absolument
rien remarqué qui pût être attribué à l’effu-
sion de l'huile.
» Après tout ce qui a été dit et écrit sur
ce sujet, les commissaires sont étonnés du
résultat négatif de leurs expériences, et, se
hornant à leur exposé, ils n’ajouteront au-
cuue observation. Ils se croient cependant
autorisés à dire, comme leur opinion per-
sonuelle , que l’idée de protéger nos digues
par le moyen de l’huile n’est pas une idée
heurcuse. » È
232
PHYSIQUE APPLIQUEE.
Nouvelles expériences sur la torpille. (Ex-
trait d’une lettre de M. Matteuci à M.de
Blainville.)
« J'espère que vous ne serez pas fèché
d'apprendre plusieurs observations très cu-
rieuses que J'ai faites dernièrement sur la
torpille et qui viennent confirmer lumi-
neusement vos idées et cellesque j'ai émises
moi-même en établissant le parallélisme
entre la contraction musculaire et la dé-
charge électrique. J'ai introduit dans l’es-
tomac d'une torpille; vivante une, petite
quantité d'une solution aqueuse d’opium.
J'ai fait la même chose sur une autre tor-
pille en employant une solntion alcoolique
de noix vomique. Peu de temps après, j'ai
retiré de l’eau les deux poissons, qu'on au-
rait dits morts J'ai disposé sur le dos de
ces deux poissons les grenouilles préparées
et le galvanomètre. Voici ce que j'ai observé
en présence de mon collèsue M. Piria et de
plusieurs de mes élèves. Les deux poissons
étaient dans l’état où l’on:trouve souvent
les grenouilles soumises au même traite-
ment. Si on touche légèrement l'animal ou
seulement le pan sur lequel il est posé, on
le voit se contracter. La torpille, à peine
touchée et dans un point quelconque, don-
nait la décharge, tandis qu'avant il fallait
l’irriter fortement.La ressemblance est par-
faite.
» J'ai découvert le cerveau d’une torpille
très affaiblie; j'ai appliqué une solution
alcaline de potasse sur.le quatrième lobe,
Le poisson est mort en donnant de très
fortes décharges. _ :
» J'ai enlevé rapidement l’organe élec-
trique à une torpille vivante, et j'ai disposé
sur cet orgaue des grenouilles préparées.
En coupant avec un couteau introduit
dans l'organe les filamentsnerveux les plus
petits, on voyait les grenouilles sauter. et
tantôt l’une, tantôt l’autre, suivant l’en-
droit coupe. Je n'avais jamais aussi bien vu
l’action limitée des filaments nerveux.
-#%» De même, je n'avais jamais si bien vu
l'action singuliere du lobe électrique. J’ai
reçu six torpiiles qui avaient voyagé la nuit;
elles étaient en apparenceinertes, ct, malgré
toutes les irritations ,il m’a été impossible
d'obtenir la décharge; c'était l'influence du
froid qui les avait tuées. J’ai découvert le
cerveau, et, en touchant le quatrième lobe,
j'ai obtenu de trés fortes décharges. M. Piria
était présent à cette expérience.
» J'ai coupé en tous les sens l'organe
d’une torpille vivante, et j'ai appliqué en
différents points les extrémités du galva-
nomètre ; la direction du courant est tou-
jours , des points voisins du dos aux points
rapprochés du bas-ventre. Il est impossible
d'admettre la moindre analogie entre les
piles, les spirales d’induction, les batteries
et l’organe électrique. »
HYDRAULIQUE,
Expériences ayant pour but de concilier les
hypothèses sur les mouvements intérieurs des
flots dans des courbes ouvertes et dans des
courbes fermées.
(Deuxième article. )
Nous n'avons point considéré encore,
dans notre premicr article, ce qui se passe
quand les ondes courantes arrivent à l'au-
tre extrémité du canal. Alors elles s’y ba-
lancent et la première paraît coupée en
deux. Le mouvement de translation le plus
33
apparent cesse alors, les ondes se pressent
et se raccourcissent, leurs traces s'élèvent
au dessus de la liyne du niveau marquée
sur la paroi par les ondes courantes dans
les parties intérmédiaires du canal, Puis,
en vertu de l'accumulation de l’eau vers
l'extrémité considérée , une force motrice
renvoie sur leurs pas les ondes : celles-ci
reprennent-bientôt un mouvenient qui pa-
rait sensiblement uniforme.
En observant le mouvement des corps
légers tenus en suspension dans le liquide,
ou observe, même à une assez grande dis-
tances de l'extrémité du canal, que les cs-
pèces d'orbites se rétrécissent et que pen-
dant un certain tempsil:n'y a qu'un véri-
table mouvement de -siphonnement dans
les flots, sauf, bien entendu, Les irrégula-
rités qui font de temps en tempsarriver les
sommets ati milieu des creux et empêchent
de bien juger le phénomène au moyen des
seules traces desondesle long desextrénutés
du canal. Il s’agit seulement ici évidem-
ment de ce qu’il y à de plus général dans
le phénomène. Or, quand on observe bien
ce qui se passe le long du parement vertical
à chaque extrémité, on voit que bientôt le
mouvement est sensiblement vertical le
long de ces parements, qui,ne sont par
conséquent frappés qu'à une certaine pro-
fondeur par un véritable siphonnement, le
mouvement étant horizontal dans le creux
des ondes.
Lorsque ensuite les ondes reviennent sur
leurs pas en redevenant courantes, on ob-
serve que les trajectoires redevienneut des
especes d’ellipses, mais que ce mouvement
elliptique est en sens contraire, comme on
devait bien le penser, jusqu’à ce que les
ondes se réfléchissent dela même manière
en revenant à l'extrémité d’où elle sont
parties, et ainsi de suite.
Où voit par cé qui vient d’être dit à
quel point il est indispensable d'étudier ces
phénomènes à d'assez grandes distances des
rivages, si l'on veut apercevoir dislincte-
ment les phénomènes du mouvement dans
les régions intermédiaires des flots.
Voici maintenant.la principale raison
pour laquelle les- expériences des partisans
du.mouvement orbitaire et du siphonne-
ment semblaient se contredire.
Le phénomène qu’un accident a fait dé-
couvrir , et quiest connu sous le nom
d'onde solitaire, consiste, comme on sait,
en ce‘que si umcorps plongé dans le liquide
est en mouvement et s'arrête tout à coup ,
l'est précédé d’une intumescence qui se |
propage très loin devant lui, sans être né-
cessairement précédée ou suivie par des
ondes d'une hauteur analogue. Il y a,
COMME On sait, dans cette onde un mou-
vement de transport réel. En passant sur
un poiat donné, elle balaye le fond du ca-
nal à cet endroit, puis la masse d’eau qu'elle
a mise en mouvement revient au repos pen-
dant que la masse suivante est également
transportée à la surface et au fond de Peau.
Ce phénomène est également produit quand
à une extrémité du canal on ajoute subite -
ment une masse d'eau suffisante.
Or, quelque régulier que soit le mouve-
ment quioccasionne la production des on-
des courantes, il est évidemment presque
impossible, d'après ce qui vient d'être dit,
qu'il ne s'y mèle pas des systèmes d'ondes
à mouvement de translation réel. Aussi,
quand on croit un système d'ondes bien
réglé, on s'aperçoit souvent qu'une onde
solitaire se précipite dessus en déformant
les sommets des flots. Quand ces ondes di-
534
tes solitaires ne sont pas très fortes, elles se
perdent peu à peu en tombant dans les
creux qu'elles remplissent en partie aux dé-
pens dé leur force vive. Quand elles sont
très fortes, il est évident d'avance que dans
un canal d’une longueur limitée ellesrem-
plissent les creux et finissent par dominer
seules en se promenant d’une extrémité du
canal à l’autre.
Dans tous les cas, quelque faibles qu'elles
soient, elles servent à expliquer d'une ma-
_bière tres simple pourquoi, selon les parti-
sans du mouvement orbitaire , il n’est pas
nécessaire qu'il y ait du vent pour que les
Ÿ
sommets dés fluts se courbent en volutes,
Il n’est plus nécessaire de recourir pour
cela à l'hypothèseexelusivé dumouvement
orbitaire, puisque les partisans div syphon-
nement des flots ont vu, 'aïnisi que moi, des
flots qui ne se courbaient point en volutes
quand il n'y avait pas de vent; ilm'asem-
blé que lorsque des hommes dé mérite
aflirment des faits aussi faciles x vérifier,
il est prudent de ne pas les rejeter et:deme
se fier qu'au système qui les explique tous.
On fera la même remarque pour le mou-
vement de translation apparente des corps
légers d'une certaine grosseur qui flottent
sur les ondes. Les partisans du mouvement
orbilaire les ont vus cheminer dans le sens
du müuvement de translation apparente ,
sans doute comme je l'ai souvent remarqué
moi-même dans le-canal, quaadiil yawait
des ondes dites solitaires. Dans les autresicas
ils restaient aussi sensiblement à la même
place après le passage des ondes courantes
qu'avant leur arrivée. On remarquait mème
quelquefois que ces corps glissaient umpeu
en arrière sur le plan postérieur de la der-
nière onde couraule. Quant aux expérien-
ces faites sur la verticahté du mouvement
des n.olécules, j'ai dit plus haut penrquoi
je pense qu’elles doivent . pour être con-
cluantes, ne se faire qu à une assez grande-
distance du rivage.
Le principal objet de la discussion entre
les partisans de l'hypothèse du siphonne-
ment et ceux du mouvementorbitaire était
hypothèse dite des flots de fond. Les der-
niers prétendaient, du moins en partie, que
les molécules en parcourant leurs orbites
devaient , lorsque des sommets de flots in-
férieurs étaient interceptés par des ressauts,
pousser en avant ces espèces de bourrelets
liquides. Nons avons vu que l'action du
coutre-courant inférieur s’exerçait précisé-
ment en sens contraire sur les corps rou-
lants , tels que des grains de raisin bien
sphériques répandus sur le fond du canal.
J'ai disposé des ressauts sur une certaine
iongueur du canal, et j'ai toujours remar-
qué que les corps légers répandus surifeur
surface étaient plus repoussés ensafrière
que poussés en avant dans la direction ap-
parente du flot. Il faut bien prendre garde
pour ne pas se méprendre sur latalure du
phénomène s'il n’y a pas d'onde solitaire ,
parce qu'alors les corps légers sont repous-
sés en aval: mais alors ils le sont bien
avant d’êtreatteints par les andes courantes,
de sorte que les deux phénomènes sont bien
distincts. On a, il est vrai, rassemblé beau-
coup de faits qui sont en faveur d'un sys-
tème de mouvement horizontal analogue à
celui des flots de fond, mais ils peuvent
tous s'expliquer par le phénomène des on-
des solitaires souvent mèlées aux ondes cou
rantes.
Si le mode d'action du contre-courant
n'était pas suffisamment éclairei par le re-
cul d2s corps roulants sur le fond du canal.
935
il serait sans doute nécessaire, pour bien
connaitre le phénomène. de dispostr un-
ressaut d’une longueur plus gravde que
celle de deux ondes ; mais comme le recul
observé sur le fond du canal se présente
aussi sur le ressaut dont la surface est à
moitié environ de la profondeur de l'eau,
il me semble que le mode d’action de la
puissance qui devait pousser ces flots de
fond dans un sens opposé, ne peut plus lais-
ser de doute sérieux. Dé,
Conclusion. — Le phénomène du mou-
vement des ondes courantes régulières se
compose de deux phénomènes bien dis-
tincts : il ya au fond du canal un yéritable
mouvement oscillatoire, et dans les régions
supérieures. il y a une sorte de mouvement
elliptique, analogue à celui d’un nombre
indéfini de chaînes sans fin. Mais ce dernier
mouvement, causé par une espèce particu-
liène de contre-courant, ne doit nullement
être confondu avec l'hypothèse du mouve-
mentorbitaire , en ce sens qu’il se fait en
masse, le contre-courant se trouvant lié à
la courbure en masse des molécules de
chaque flot. Il y a d’ailleurs un peu de
translation.
Quant à l'action progressive sur le fond,
causée par la courbure des trajectoires in-
férieures, elle ne donne lieu qu’à un trans-
port horizontal, en général assez faible par
rapport au transport apparent de la sur-
: face, soit qu'il y ait des ressauts, soit qu'il
ny en ait pas. Ce qu'il y a de remarquable
cest que ce transport est dirigé précisé-
ment en sens contraire du mouvement ap-
“parent des oudes, tandis qu’on croyait que
leurs directions étaient les mêmes.
Sans doute il sera nécessaire d'étudier la
question en mer; mais j'ai pensé qu’un ré-
sultat bien net obtenu dans ce canal n’était
pas’sans intérêt dans une matiére aussi dé-
licate, où il aurait été bien plus difficile de
voir quelque chose de positif si l’on avait
commencé par l’étudier seulement sur une
très grande échelle.
Dans un prochain travail, je reviendrai
sur les phénomènes du recul dans les.flots
DE ,Cazieny.
CHIMIE APPLIQUÉE.
Préparation de l'oride lance d'antimoine.
L'expérience a souvent démontré com:
bien un même agent peut varier dans ses
propriétés médicinales, en raison de la mé-
thode suivie pour sa préparation. L'oxide
blanc d’antimoine, par exemple, dont l'u-
W$sage a été si répandu naguère dans le trai-
wsitement de certaines affections phlegmasi-
hérques aiguës de l'appareil respiratoire, offre
1e cetisavantage sur les autres préparations
sStibiées qu’il n’exerce en, général aucune
action -émétique : néanmoins, il peut se
faire que, dans quelques officines, ce médi-
£ament se rencontre à un état tel qu'il ne
puisse être supporté et qu'il détermine de
“uiolents vomissements, même à la dose mi-
jui mime. de 19 centigrammes.
soi 2MsDurand, pharmaciea des hospices de
Main, rapporte, dans une thèse qu’il a pré-
senite et soutenue récemment, que déjà de
nombreux faits de cette nature avaient
attiré l'attention de M. le docteur lafosse,
lorsque dans l'été de 1841, la provision de
l'hôpital de Caen ayant été renouvelée. ce
médicament, qui jusque Jà avait pu être
administré depuis 1 jusqu'à 4 grammes
sans déterminer de vomissements, en pro-
xoqua tout à coup,même lorsqu'on le donna
30
en trés faib'e quantité. Des oxides d'anti-
moiue, pris dans les diverses officines de la
ville, furent alors essayés, ct tous donnè-
rent lieu à des vomissements plus ou moins
forts et répétés. Or, il fut reconnu que, à
l'exception du premier, tous ces oxides
avaient été préparés comme lindique le
Codex, c’est-à-dire en décomposant par le
bicarborate de potasse la poudre d’Alga-
roth, qui provient, comme on le sait, du
chlorure d’antimoine, Quant à l'oxide pri-
mitivement fourni par la pharmacie de
l'hôpital , il avait été obtenu en décompo-
sant l’'émétique par un alcali. 11 restait à
découvrir comment cette différence dans la
préparation pouvait en apporter une aussi
grande dans les propriétés des produits.
M. Durand s'assura d’abord que l’une et
l’autre de ces préparations étaient exemptes
d'ar-enic, et l’on ponvait le présumer à
l'avance en se rappelant que Sérullas,après
avoir constaté la présence de l’arsenic dans
plusieurs préparations antimoniales, a re-
connu qu'il n'en existe pas dans le chlorure
d’antimoine ni dans le tartre stibié. D’ail-
leurs, en reprenant l'oxide de l'émétique
par l'acide chlorhydrique, le chlorure ob-
tenu étant traité d’après la prescription du
Codex, il en résulta un nouvel oxide dont
l'administration occasionna des vomisse-
ments.
En se servant d’une dissolution d’acide
tartriquedans l'eau distillée pour reprendre
les oxidesqu'’il voalait comparer entre eux,
M. Durand arriva à des résultats plus satis-
faisants. Les liqueurs incolores furent fil-
trées, puis traitées par le nitrate d'argent,
Le tartrate provenant de l’oxide du Codex
donva seul un précipité blanc, insoluble
dans l'acide nitrique, soluble dans l’ammo-
niaque, passant au noir sous l'influence de
la lumière, réductible.par la fusion avec la
potasse et par l’ébullition avec la limaille
de fer, et fournissant ainsi de l’argent mé-
tallique. Dans ce dernier cas, la liqueur
présumée contenir un sel de fer fut préci-
pitée par l’eau de baryte,saturéepar l'acide
pitrique pur, traitée par le nitrate d'argent,
et l’on obtint encore du chlorure d'argent.
Ilrésulte évidemment de ces expériences,
convenablement répétées, que l’oxide d’an-
timoine du Codex contient du chlore, c’est-
à-dire qu’il retient quelques traces de chlo-
rure d’antimoine auxquelles doivent être
rapportées ses propriétés émétiques. M, Du-
rand pense que les lavages sonL insuffisants
pour purifier cet oxide, car:après les avoir
prolongés sans interruption pendant qua-
rante-huit heures, il renfermait encore du
chlore. Toutefois, M. Bussy croit que cette
impureté est due seulement au manque de
soins dans les lavages, et qu’il sera toujours
possible de s’en garantir en suivant à Ja
lettre le procédé indiqué par le Codex.
Quelle que soit, d’ailleurs, celle de ces deux
opinions contraires qui mérite confiance,
voici comment on peut relirer l’oxide d’ar-
timoïne du tartre stibié :
En décomposant un solutéaqueux d’émé-
tique par le carbonate de soude (24 d’alcali
pour 137 de tartre stibié), le méfange des
deux solutés ne donne que 25 d’oxide; et si
l'on double la proportion du carbonate so-
dique, on n'obtient que 6 parties d'oxide
en plus. Ce n’est donc guère que la moitié
de l’oxide contenu dans le tartre stibié que
l'on parvient à retirer, par l’un ou l'autre
de ces procédés. Aussi, sous ce rapport,
l'emploi de l’ammoniaque est-il préférable
à celui du carbonate de soude, car on peut,
avec cet agent, recueillir à peu près les
937
cinq sixièmes de l'oxide, et le produit ne
revient pas à plus de 16 fr. le kilogramme.
Ainsi, on fait dissoudre l’émétique dans
dix parties d'eau distillée, on verse un excès
d’ammoniaque dans la liqueur bouillante,
et, après avoir soutenu la chaleur pendant
quelques instants, tout en agitant le mé-
lange, on jette sur un filtre, on lave jusqu’à
ce qu'il n’y ait plus d'alcalivité dans les
eaux de lavage, ct on fait sécher convena-
blement le prodnit. Dans tous les cas, que
l’on ait recours à l’ammoniique ou au car-
bonate de soude pour la décomposition, il
est nécessaire d'opérer à la température de
l’ébullition pour activer la précipitation de
l'oxide, et pour empêcher en même temps
qu'il ne s'attache aux parois du vase dans
lequel on opère. (Revue scientifique).
DD
SCIENCES NATURELLES.
TOXICOLOGIE.
Cours àe M. Orfila.
Messieurs,
Dans les recherches médico-légales aux-
quelles nous nous sommes livrés jusqu’a-
lors, nous avons seulement agi sur les
matières liquides de l'estomac ou des vo-
missements, il faut maintenant aller cher-
cher dans les solides le poison qui peat y
être contenu, et c’est cet important travail
qui va nous occuper aujourd'hui.
Les substances solides contiennent,
comme vous le savez déjà, une énorme
quantité de matière organique qu'il est de
toute nécessité de commencer pardétruire;
mais en détruisant cette matière animale,
ilfaut cependant conserver l’arsenie, ou du
moins en perdre le moins possible. Le pre-
mier procédé que je vais vous faire con-
naître, consiste dans l’emploi de l'acide
azotique. Ce procédé fut employé dans le
procès Lafarge, et je ne crains pas de dire
qu'il est tout à l’avantage de l’accusé.
L'on prend la matière organique, on la
met en contact avec son volume d'acide
azotique et l’on chauffe légèrement. Bien-
tôt la décomposition s opère avec ef'erves-
cence, d’'épaisses vapeurs se produisent, et
il reste dans le vase où se fait l'expérience,
un charbon léger qu’on traite par l'eau
bouillante. La li jueur est ensuite fiitrée et
placée dans l'appareil de Marsh. Mais quoi-
que ce procédé soit bon, l’acide azotiqueest
souvent impuissant contre le gras des ça-
davres dont il n’opère pasla décomposition.
D'ailleurs une certaine quantité du composé
arsénical est enlevée par les vapeurs qui se
produisent pendant l’expérience, et sou-
vent la matière organique n'est pas assez
détruite pour qu'il ne se forme pas de
mousse quand on met la liqueur dans Pap-
pareil de Marsh. Mais du reste, la mousse
dépend souvent de la manière dont on in-
troduit les matières dans l'appareil. Il faut
introduire d’abord la matière organique,
puis l'huile, enfin l'acide sulfurique. Si l’on
changeait cet ordre, on pourrait donner
lieu à la production d’une trés forte quan-
tité de mousse. Il faut donc à ce procédé
en substituer un qui agisse avec plus d’é-
nergie, je veux parler de la décomposition
de la matière organique par l’azotate de
potasse.
Vous prendrez la matière organique,
reduite en pulpe, vous en peserez 100 par-
‘ties que vous unirez avec 200 &’azotate de
potasse, puis vous ajouterez de l'eau et vous
ferez évaporer lentement le tout jusqu’à
338
siccité. La matière organique s’unira entiè-
rement avec l'azotate de potasse qui l’en-
tourera de toutes parts; puis vous intro-
duirez par parties ce mélange dansun creu-
set rouge de feu. Toute la matière orga-
pique sera détruite, et l'acide arsénieux
passera à l’état d’acide arsénique qui s’u-
nira à la potasse pour former un arsé-
niate.
La matière fondue dans le creuset sera
coulée dans une capsule chaude. Deman-
dons-nous maintenant quels sout les ma-
tériaux qui la constituent ? Messieurs, elle
est formée d’arséniate de potasse, de carbo-
nate de potasse, d'une certaine quantité
d’azotite de potasse en excès et d’un peu
d'azotate de potasse. Quand cette masse
sera refroidie, on la traitera à chaud par
l'acide sulfurige concentré; pour 100 par-
ties de foie il est nécessaire d'employer 86
parties d'acide sulfurique. Vous pensez
bien que sous l’influence de l'acide sulfu-
rique tous ces sels seront décomposés et
qu'il ne restera à la fin de l'expérience que
de l'acide arsénique et du sulfate de potasse.
Vous laisserez refroidir le tout et vous trai-
terez ensuite par l'eau froide qui dissoudra
tout l’acide arsénique et fort peut de sul-
fate de potasse, Vousfiltrerezet vous place-
rez dans l'appareil de Marsh le liquide filtré.
Le sulfate de potasse retient sans doute un
peu d'acide arsénique, mais on l’en prive
facilement en le traitant par l'alcool qui
dissout Pacide arsénique. On évapore l’al-
cool et l’on introduit encore le résidu dans
l'appareil de Marsh. Il est nécessaire, dans
ces expériences, de décomposer la totalité de
l'azotate de potasse, car sans cela on s’expo-
serait à de violentes détonations.
L’azotate de potasse agit fortement sur
la matière animale et la décompose lors
même qu’elle est à l’état de gras des ca-
davres. Ce procédé peut donc être utile-
ment substitué à celui dans lequel on em-
ploie de laide azotique. Mais on a cru
apporter une heureuse modification à ce
procédé en formant l’azotate de potasse au
sein même de la matière animale. M. Che-
vallier, et après lui MM. Fordos et Gelis,
dans le but d'éviter l'emploi d’une grande
quantité d’azotate de potasse et de rendre
plus intime le mélange du sel avec la ma-
tière organique. ont proposé de dissoudre à
chaud Ja matière solide dans de la potasse
à Palcoo! dissoute dans l’eau, de saturer la
liqueur par l'acide uzotique pur, de laisser
déposer une certaine quantité de matière
animale, de filtrer, d’évaporer Ja dissolu-
Lion jusqu’à siccité et d'incinérer le produit
dans un creuset de hesse. Mais l’expérience
nous à appris que cette modification est
tout-à-fait défectueuse, car on ne précipite
ainsique le quart de la matière organique,
etquelquefois on n'obtient pas du tout d’ar-
senic. Ainsi ce procédé doit être com-
plètement abandonné. Toutefois, je dirai
bientôt que si l’arsenic qu’on obtient par
mon procédé est parfaitement pur, on en
perd une quantité notable pendant l’inci-
nération.
Arrivons maintenant au procédé suivi
par M. Devergie. M. Devergie dissout la
matière organique dans la potasse, puis il
ajoute à la dissolution de l’azotate de chaux
et de la chaux, ce qui, d’après les réactions
chimiques , est la même chose que s’il
avait mis de l’azotate de potasse : il chauffe
le tout dans une capsule de porcelaine, et
bientôt la matière devient presque incan-
descente. À quel état, Messieurs, l'arsenic
existe-t-il dans ce mélange? I] y est à l’état
d'arséniate de potasse et d'arséniate de
chaux. On traitera le tout par l'acide chlor-
hydrique et les opérations subséquentes
s’effectueront comme dans le procédé que
nous venons de vous faire connaître. Mais
veuillez remarquer, Messieurs, combien il
est grave et dangereux d’employer l'acide
chlorhydrique, très souvent il est arsénical
et il est à peu près impossible de le priver
de l’arsenic qu'il contient. M. Girardin,
professeur de chimie à Rouen, a démontré
que l'acide chlorhydrique contenait sou-
vent de l'acide sulfureux, dont la présence
est un obstacle puissant à la réussite des
expériences. Enfin, avec cette manière
d'agir, on peut produire des taches de
zinc.
Depuis longtemps, Messieurs, on savait
que l'acide sulfurique avait la propriété de
charbonner les matières organiques, et
déjà M. Barsse, pharmacien à Riom, avait
appliqué ce fait aux recherches toxicolo-
giques, lorsque MM. Flandin et Danger
ont annoncé leur nouveau mode de carbo-
nisation par l'acide sulfurique. MM. Flan-
din et Danger placent dans une capsule de
porcelaine leur matière organigue, et ils
la chauffent avec de l'acide sulfurique con-
centré. Vous avez déjà prévu ce qui se
produit dans cette expérience, et vous sa-
vez que son résultat est la formation d’une
matière charbonneuse. Mais veuillez re-
marquer, Messieurs, qu'il s'échappe de
l’arsenic par ce procédé, et l'institut a si
bien compris la gravité de ce fait qu'il a
recommandé de faire l'expérience dans
une cornue munie d’un récipient, et de ne
pas négliger le liqnide contenu dans ce der-
nier vase. Cette matière charbonneuse obte-
nue, vous la traiterez par l’acide azotique ;
vous évaporerez et vous placerez le résidu
dans l’appareil de Maxsh, après avoir traité
par l’eau.
Mais MM.Fordos et Gélis ont prouvé que
le charbon obtenu contient toujours de
Pacide sulfureux, et je vous ai fait con-
naître les inconvénients de la présence de
cet acide. Ce procédé est donc encore un
procédé inpraticable,
Vient enfin le procédé de M. Jacquelain.
Ce chimiste a proposé de détruire la ma-
tière organique parle chlore, ce que j'avais
déjà fait en 1836, dans l'empoisonnement
par le sublimé corrosif. Dès l’année 1828,
M. Devergie conseillait dans le même em-
poisonnement de dissoudre la matière orga-
nique dans l'acide chlorhydrique affaibli,
ce qui est vicieux, et de faire passer un
courant de chlore dansla dissolution. M, Jac-
quelain a eu l’heureuse idée de transpor-
ter ce fait à l’empoisonnement par l’arse-
nic. Si l’on agit sur un foie, on le réduira
en pulpe, on ajoutera de l’eau et l’on fera
passer à travers un courant de chlore ga-
zeux. Le tout se réduira en une matière
blancheet en ane liqueur à peu près inco-
lore qui surnagera. On prendra ce liquide,
on le chauffera pour chasser l'excès de
chlore, et on le placera dans l'appareil de
marsh. M. Jacquelain détermine alors la
présence de l’arsenic à l’aide du chlorure
d'or. On pourrait aussi bien introduire ce
liquide dans le simple appareil dont je me
sers, et obtenir un anneau et des taches.
Du reste, dans cette liqueur l’arsenic existe
à l’état d’acide arsénique.
Tirant parti de tous ces faits, Messieurs,
j'ai vu qu'on peut, quand on agit sur des
matiéres qui ne sout pas trop putréfées,
substituer à tous les procédés que je vous
ai fait connaître le procédé suivant qui me
540
paraît bon. Vous détruirez la matière orga-
nique par le chlore lavé à l’aide d’une dis-
solution affublie de potasse; vous chauf-
ferez la liqueur pour chasser l'excès de ce
gaz, vous l’acidulerez par l’acide chlorhy-
drique, et vous y ferez passer un courant
d'hydrogène sulfuré pour obtenir du sul-
fure d’arsenie, dont il sera facile d'extraire
le métal.
Je termine, Messieurs, par trois procédés
proposés récemment, et tous trois n’offrant
pas assez de résultats heureux pour nous
occuper longtemps. Je commence par le
procédé de M. Pettenkofer. M. Pettenkofer
a proposé de faire bouillir pendant une ou
deux heures 350 grammes de chair, d’un
viscère et avec 8 grammes de potasse
cau-tique pure et de l’eau distillée, lor:que
la majeure partie de la matière organique
est dissoute il sépare le liquide du résidu,
en passant à travers un linge, et quand ce
liquide est froid, il ajoute de l’acide chlor-
hydrique jusqu’à ce qu'il ne se forme plus
de précipité ; alors il filtre à travers un
papier non collé, et fait évaporer la liqueur
pour la concentrer un peu; dans cet état,
il la précipite par un excès de tannin, afin
d'enlever la majeure partie de la matière
organique, et il filtre de nouveau ; cette
liqueur concentrée jusqu'à ce quelle soit
réduite à un très petit volume (150 gram.
par exemple), est introduite dans un appa-
reil de Marsh; on obtient bientôt de lar-
senic métallique, et le mélange ne mousse
pas où mousse à peine. Pour reconnaître
que c’est bien de l’arsenic qui s’est con-
densé dans le tube, M. Pettenkofer chauffe
la portion de ce tube où se trouve l'anneau
métallique en même temps qu'il fait ar-
river un courant de gaz acide sulfhydrique,
il se forme de suite du sulfure jaune d’ar-
senic. Telle est l'indication donnée par
M. Petteukufer; mais l’expérience nous a
appris que son procédé ne peut pas être
adopté dans les recherches médico-légales,
car souvent ont est forcé d'employer des
doses énormes de tannin et d'acide chlor-
hydrique ; du reste, après avoir obtenu
d'abord de belles taches arsénicales, on en
obtient de jaunes et de brillantes comme
celles quisont formées de sulfure d’arsenic.
M. Hugo Reinsch a proposé de recueillir
l’arsenic en faisant bouillir dans de l'eau,
acidulée par l’acide chlorhydrique, les ma-
tières suspectes avec des lames de cuivre.
L'arsenic se dépose sur le cuivre, et en
chauffant ces lames dans un courant d'air,
on obtient des anneaux blanes d'acide arsé-
nieux ; mais notons qu'il se dépose toujours
avec l’arsenic de la matière animale. Du
reste, ce procédé ne pourrait être employé
que comme un simple essai. M. Hugo
Reinsch a ajouté qu’en faisant passer un
courant de gaz hydrogène sur les lames de
cuivre chauffées , on obtenait de l'hydro-
gène arséniqué, et par conséquent, faci-
lement des taches où anneaux d'arsenic.
Mais ces résultats de nos expériences rela-
tives à ce dernier point ont été tout-à-fait
négatifs.
Enfin, Messieurs, terminons par les ex-
périences communiquées l’an dernier au
congrès de Florence, par M. Gianelli (de
Lucques). M. Gianelli.a imaginé de faire
avaler à des moineaux, à des oiseaux de nid
(passeri di nido), tantôt des grumeaux de
sang, tantôt des fragments de poumon où
de l’urine de lapins, de chiens ou de che-
vaux empoisonnès par des préparations ar-
sénicales. Il a vu ces oiseaux mourir, €t de
là il a pensé qu'on pourrait, en faisant
5H.
avaler aux oiseaux des fragments de sang
d’un individu qu’on soupçonuerait avoir
été empoisonné, on aurait ainsi un indice
de l’empoisonnement. — Nous répondrons
à ces faits en disant que, par de nombreuses
+ expériences , nous nous sommes assurés
qu'en faisant avaler à des moineaux du
‘ sang d’un chien empoisonné, tanlôt ils
n’éprouvent aucun accident, tantôt ils suc-
combent à l’ingestion de cette substance.
| Enfin, des ciseaux qui n'avaient rien pris,
| ont succombé, sans qu'on puisse attribuer
1
leur mort à aucune substance quelconque,
et même deux de ces petits oiseaux sont
morts avant ceux qui avaient pris le sang
arsénical. |
Les expériences de M. Gianelli ne seront
donc jamais d'aucune valeur en médecine
légale; elles ne nous occuperons pas da-
vantage, et dans la prochaine séance, nous
aborderons la grande question de l’absorp-
TRE E. F.
ZOOLOGIE.
Note sur quelques insectes observés pendant
Péclipse de soleil du 8 juillet 1842; par
M. A. Villa. (Lettre adressée au comte
Contarini:}
M. Villa, entomologiste distingué de Mi-
lan , a profité de cette éclipse totale pour
observer quelques insectes, afin de voir
: l'effet que produirait sur eux ce phénomène,
Il a d’abord étudié la veille une localité
plantée de carottes en fleur, afin d'établir
une comparaison eutre ce qui se passait les
jours ordinaires et ce qu'il verrait pendant
l'éclipse: 1'a reconnu que des leptures, qui
volaient agilement la veille, suivant leur
coutume, restèrent tapies dans la fleur pen-
dant toute la durée de ce phénomène. Ilen
! fut de même des cétoines. Les élaters, au
contraire, qui étaient restés tranquilles jn-
qu’au commencement de éclipse, com-
mencèrent à agiter fortement leurs anten-
nes, et parcouraient avec inquiétude la cime
des herbes ; ils cherchèrent enfin nn refuge
lorsque les ténèbres furent plus épaisses ;
ils manifestèrent la même agitation qu'à
l'approche d’un orage, puis ils retombèrent
dans leur état léthargique en affectant ce-
pendant des positions différentes.
Les cocciuelies furent les dernières qui,
pendant la-durée de l’éclipse, cherchèrent
à se cacher, et quoiqu’elles ne fissent point
usage de leurs ailes, elles témoignaient beau-
coup d'inquiétude. Elles ne restèrent im-
mobiles que pendant la courte durée de
l’immersion totale.
. Les tipules et les syrphes continuërent
à voler et ne se posèrent sur les sommités
des herbes qu’au moment où l'obscurité
. était le plus intense.
Il n’y avait sur les fleurs qu’un petit
nombre d’hyménoptères de petites espèces,
les grandes avaient disparu.
La libellula flaveola était en plus grande
abondance que tous les autres insectes. Elle
disparut une demi-heure avant l’immersion
: et reparut une demi-heure après.
M: Villa n'a vu de lépidoptères diurnes
qu’à la fin de l’éclipse. Après les élaters, ce
qui occupa surtout, ce fut une petite es-
pèce d'alucite qui agitait ses antennes avec
une sorle de terreur, en signe d’épouvan'e,
puis se tapit®$oüSlune fleur, les antennes
tendues et-patalièles. Un quart d’heure
après Je retour dé la Jumière elle reprit son
attitude ordinaire, agita ses antennes et se
disposa à Senvoler.
IL résulte de ces ob£ervations, dit M.Villa
en terminant ;
#2
40 Que les carabiques, les phalènes et les
bombyx, en un mot les insectes nocturnes,
n’ont pas paru p-ndant la durée de l’éclipse:
il serait difficile de dire si on le doit à la
brièveté du phénomène, ou à d’autres causes
qui se rapportent à un instinct plus exquis
de ces animaux.
9° Les insectes qai devaient s’éveiller à
l'époque de l’éelipse, ou un peu avant, con-
tinuèrent leur somme, à l'exception des
élaters, jusqu’à la fin du phénomène.
3° Les insectes qui s'étaient réveillés
avant l'éclipse éprouvèrent une agitation
extraordinaire et semblable à celle qui pré-
cède les orages, ce que l’on pourrait attri-
buer au changement électrique de l’atmos-
phère. Enfin, si l’on a vu une couple de
coccinelles résister entièrement à ces in-
fluences extérieures, on doit l’attribuer à
l'exaltation qui les dominait, et qui était
supérieure à toute susceptibilité indivi-
duelle. {Revue zoologique.)
BOTANIQUE.
Sur le Silphion des Grecs, le Silphium ou
le Laserpitium des Latins.
(Deuxième et dernier article.)
Nous croyons devoir faire précéder le
secoud article sur le stlphion par la repro-
duction de la médaille dont il est question
dans le premier.
Le bou-néfa est, sans contredit, le meil-
leur purgatif que possèdent les Indigènes du
nord de l'Afrique. Comme tel, son mode
de préparation le plus usité est la décoc-
tion, qui se fait avec trois ou quatre tran-
ches de racine de l'épaisseur d’une à deux
lignes au plus. Cette quantité de bou-néfa
est mise dans une verrée d’eau, qu’on ré-
duit aux trois quarts par: l’ébullition. En-
core fraîche, la racine produit des vomis-
sements, à moins qu'on n’en diminue la
dose. Du reste, il entre assez dans les vues
des Indigènes qui se mettent à l’usage du
bou-néfa, de vomir et de se purger tout à
la fois, selon leurs idées, que le vomisse-
ment nettoie le haut du corps, et la pur-
gation, le bas.
Les Arabes emploient aussi le bou-néfa
en frictions, après l'avoir fait bouillir dans
l'huile. On se sert de cette préparation dans
- les affections goutteuses et rhuma!ismales;
elle produit une éruption de petits boutons,
accompagnée d’une forte chaleur, avec
démangeaison. L’irritation a souvent be-
soin d’être modérée, ce qu’on fait à l’aide
d'applications émollientes. J'ajoute que j'ai
expérimenté le bou-néfa, et comme rubé-
fiant, et comme purgatif, et que je ferai
connaître ailleurs les résultats que j'en ai
obtenus sous ces deux rapports.
Le luser ou suc du si/phïum, était un pro-
duit stimulant, excitant, une sorte de con-
diment : ou en assaisonnait certains mets
- (Pline), an en fa'sait une sauce qui en por-
tait le nom, laseratunr (Apic), On s’associait
aussi au vin, sans doute pour lui donner
‘plus de piquant, et Pétrone, dans son Sa-
543
tyricon car. xxxv, met, dans la bouche
d’un esclave égyptien, un hymne en hon-
peur d’une préparation de laser et de vin,
laserpitiano vinc. L’àäne d’Apulée, dans la
Métamorphose, Li8. x, parle du laser dans
ie même sens, c'est-à-dire comme d’une
substance épicée. a Pour mettre ma pa-
tience à l'épreuve, dit l'animal, on s’étu-
diait à servir et à mettre devant moi, tout
ce qui répugne le plus au goût d’un àne :
viandes assaisonnées au /aser, carnes la-
seres infectas, volaille à la poivrade, poisson
à la sauce exotique. » Cette propriété exci-
tante du laser, nous la retrouvons, à un
haut degré, dans le bou-néfa.
H; ppocrate, Traité des maladics les fem=
mes, et Galien, Traité des maladies ai-
guës, parlent de l’odeur agréable du laser.
Sous ce rapport, disons-le, le suc de bou-
néfa n'offre rien- de remarquable; mais
peut-être que, l'oleur du /aser lui était
communiquée par.-des substances aroma-
tiques qu’on y ajoutait. Ce qui permettrait
de le supposer, c’est que nous voyons, dans
Pline, que le laser n’était pas toujours pur;
qu'on le falsifiait avec différentes subs-
tances : celui de Cyrène avec du son, fur-
fure, et celui des autres contrées, soit avec
de la gomme, gummi, où avec du sacopé--
nium, sagapeno, où avec de la farine de
fève faba, fracta.
Arrien, dans sa relation de l’expédition
d'Alexandre, parle non de l'odeur du suc
du silphium, mais de celle de la plante:
elle-même, odeur qui la signalait au loin;.
et dont les bestiaux étaient fort avides.
Mais ue perdons pas de vue que les anciens.
admettaient plusieurs sortes de sphium,..
et que celui dont parle Arrien, croissait
sur la cime du Caucase. Voici, du reste:
tout entier, le passage d’Arrien, relatif aur
silph'um :
« Sa cime (du Caucase) paraissait, à l’or-
dinaire, aride et dépouillée; il ne eroît sur
cette partie éloignée du Caucase, que le
térébinte et le silphium:; elle ne laisse ce-
pendant pas d’être habitée et couverte de
nombreux troupeaux, qui se nourrissent.
de ces plantes, attirés par l'odeur du sil
plium, dont ils Proutent la fleur et la tige.
jusques dans ses racines (7). » Les Kabiles,.
quisontles herboristes de l'Algerie,n’appor-
tent jamais, sur les marchés, la plante du
bou-néfa, et ce ne fut pas sans peine que
nous parvinmes à nous la procurer. Ce fut:
à l’aide de racines plus ou moins fraîches, .
que nous mimes en terre, et dont une finit
par prendre. MM. les docteurs Monard, à. -
qui je la laissai, pendant un voyage que js -
fis en France, eurent ainsi la plante com-
plète, qui se trouva être le thapsia garga=-
nica de Sahw et de Desfontaines dont læ
racine est, comme on saif, le faux turbith
végétal de nos anciennes pharmacopées.
Maintenant, le tkapsia ne serait-il pas
le même que celui auquel M. Viviani rap-
porte le silphium des anciens? IL est, je
crois, permis de le supposer. En attendant
les recherches qui pourront être faites &
cet égard, je ferai remarquer qu’en Al-
gérie le thapsia garganica croît à peu près
par la même latitude et dans les mêmes.
localités, où sc rencontre, dans les états.
.de Tripoli, le #hapsia silphium du bota-.
niste italien (8).
(7) Dans notre expédition des Portes-de-Fer, en
1839, je rencontrai, à l'entrée même de cette remar-
quable localité, une ombellifère à tige grèle et éle-
vée, et dont la fleur répandait au loin l'odeur la plus
suase Les mombreux échantillons que j'en ai rap-
portés permettron! saus doute de la déterminer.
(S) En Algérie, le Thapsia garganica ne se rep.
944
Je termine ce qui me reste à dire du si-
phium en rappelant, qu'au rapport de
Pline, il avait, dans quelques circonstances,
des propriétés délétères pour le bétail, qu'il
pouvait même faire périr.
« Elle ne purgvait pas le bétail, dit Pline,
parlant de la plante, mais eïle le guéris-
sait, quand il était malade, ou le faisait
périr sur le champ. » Il est vrai que Pline
venait de dire le connaître; mais aussi,
faisons en la remarque, sa description du
du si/phium est une sorte de pot-pourri:ily
traite à la fois et dustlphrum: de Cyrène, et
de celui de Perse, et de ceiui d’'Armé-
nie.
Un voyageur arabe, El-Yman Abou
Celam el Ayachi, qui, sur la fin du dix-
septième siècle. traversait le nord de l’A-
frique, à la limite du désert, signale, dans
un journal qu’il tenait régulièrement, une
plante près de laquelle la caras ane dont il
faisait partie évitait de camper, parce
qu’on avait reconnu “qu'elle étail un poi-
son pour les chameaux qui en mangeaient;
elle les exténuait par les superpurgations
qu’elle occasionnait. Cette plante était celle
dont la racine est connue, dés Algériens,
sous le nom de bou-ne/fa, et qui, dans la
partie de l'Afrique parcourue par notre
voyageur. porte le rom de dryace(9). Elle
était très multipliée sur la route; aussi re-
vient-elle souvent sous la plume du voya-
géur arabe, à l'occasion des soins qu’on
prenait pour l’éviter (19).
Rappelens que le {hapsta rencontré dans
la Cyrénaïque par M. Della Cella, et cette
circonstance est encore propre à corrobo :
rer notré Opinion sur son identité avec je
thapsia garganica; rappelons, dis-je, que ce
thapsia est un poison aussi pour les che-
saux. « Les montagnes, dit Ritter parlant
des montagnes.de la Cyrénaïque, sont cou-
vertes de quantité d'herbes inconnues en
Europe, et parmi lesquelles il en est de
très véntneuses; car, à peine arrives dans
cette région, une partie des chevaux tomba
malade et mourut. On attribua ce dé-
sastre à l'effet d'une plante que les Arabes
appellent koinon, et que Della Cella prend
pour le célebre silphium des Cyrénéens
(Géographie générale, t. 3 p. 240.» Un
autre voyageur dans la Cyrénaïque, M. Pez-
gant, qui désigne la même plante sous le
aom de spaghe, parle de ses effets meur-
triers sur les chameaux d’une caravane
dont il faisait partie (Yoyage en Afrique,
au royaume de Barcah et duns la Cyré-
naïque, ete., p.187, Paris, 1810). J'ajoute
que les Indigènes, de différents points de
l'Algérie, que j'ai interrogés sur les pro-
priétés de la dryace ou du bou-néfa, s'ac-
cordent tous sur les effets vénéneux de
cette plante pour le chameau. Selon eux,
l'animal meurt rapidement si la dose est
un peu forte; dans le cas contraire, il
contre que sur les lieux élevés de l'intérieur, comme
le Thapsia silphium de M. Viviaoi. M. Durieu, bo-
taniste de Ja commission scientifique d'Afrique, l’a
trouvé en grand nombre dans les environs de Tlem-
cen, notamment dans les cimetières. Tlemcen, comme
on sait, est situé dans un pays élevé el montagneux.
Le T'hapsia garganica existe aussi dans les environs
de Médeah, où M. Pascal Monard l'a rencontré tout
récemment. Or, l'élévation de Médeah au dessus du
niveau de Ja mer est évaluée à 920 mètres.
(9) C'est le nom sous lequel elle est connnte des
Biskris, des Mozabites et autres habitants de l'Alcé-
rie du sud. à
(10) Le publie, sans doute, ne tardera pas à jouir
de cet intéressant journal que vient de traduire
M. Borbrugger, à qui nous devons déjà tant d'im-
portantes publications sur l'Afrique du nord.
TE RE TE TT RTS EEE TR ET EE ET EDP TR SR TT PRE DESERT EEE TITRE TS TITRE
es
545
éprouve seulement des vertiges. qui se ter-
minent par un sommeil plus où moins pro-
fond.
Nous terminerons ce qui nous reste à
dire du si/phium ou silphion, en rappelant
des différents noms sous lesquels les habi-
tant de Tripoli désignent le thapsia de
M. Viviani. Ce sont ceux de cefie et dezerra,
Paul Lucas; de Aoinon. Della Cella, et de
spaghe, Pezzant. Ils pourront favoriser les
recherehes, ayant pour but de constater on
d'infirmer l'identité du thapsia de M. Vi-
viani, et de celui connu des Algériens sous
les noms de bounéfa et de dryace.
D', Guxox,
STE — —
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 22 mars 1845.
Au nom du comité des arts chimiques,
M. Payer propose le programme d’un prix
pour un moyen de rendre lalcool impro-
pre à entrer dans les boissons usuelles,
sans Ôter à ce liquide ses qualités combus-
tibles et sans nuire à ses applications à l’é-
clairage. Le conseil approuve ce program-
me. Nos fabriques d’aleool demandent un
écoulement facile de leurs produits, sur-
tout dans le midi de la France, où l’abon-
dance et le bas prix des vins rend nécessaire
de les bràler. Mais le droit élevé dont l’al-
cool est frappé paralyse celte ressource, et
le commerce espère que ces droits pour-
raient être abaissés si l’alcool n’était propre
qu'à l'éclairage et à la combustion. On y
parvient, ilest vrai, en y mêlant une cer-
taine proportion d'essence de thérébentine;
mais il est aisé de désinfecter cette liqueur
et de la rendre propre à la boisson , en y
mêlant de l’eau et la distillant au moins
deux fois. Comme Îes frais de cette opéra-
tion sont moindres que les droits des contri-
butions indirectes, il ÿ aurait intérêt à faire
ce genre de fraude, ce qui est un obstacie
à la suppression des droits. La Société d’en-
couragement espère lever cet obstacle par
un procédé nouveau qu’elle demande pour
que l'opération quirendraitl'alcoo! potable
soit trop coûteuse pour y recourir.
Au nom d’une commission spéciale,
M. Gourlier fait le rapport sur les résul-
tats du concours proposé pour les moyens
de prévébhir ou de faire cesser l’humidité
danslés constructions. Ua prix de 2,000 fr.,
un autre de 500 fr. et des médailles d’ac-
cessit ont élé promis aux personnes qui at-
teindraient le but indiqué dans le pro-
gramme, Vingt et un concurrents se sont
présentés, et le rapport très étendu de
M. Gourlier est destiné à Cclairer le conseil
d’adiwinistration sur le mérite de chacun.
Aucun d'eux n’a encore satisfait aux con-
ditions prescrites, et les prix ne peuvent
être accordés : mais comme plusieurs des
concurrents ont fait des tentatives plus ou
moins heureuses, et que le temps d'expé-
rience à manqué pour porter un jugement
exact et équitable sur les résultats, le
conseil déclare que le concours est clos,
mais que les droits des concurrents sont
réservés, si d'ici à deux ou trois ans les pro-
cédés qu'ils ont décrits où mis en pratique
sont jugés utiles et dignes des prix pro-
posés, après, que le temps aura permis
de s'assurer de l’efficacité de ces moyens
d'assainissement des édifices. Pour le pré-
sent, la Société se borne à décerner des
médailles d'encouragement en argent à
MM, Vaudoyer et Valadou, architectes, et
LEC
546,
à M, Duval, une médaille de bronzæ sera
donpée à M, Beulard. | |
M. Combes propose. au nom:du comité
des arts mécaniques, d’ajourner à six mois.
la décision relative au prix pour empêcher
l'explosion des machines à wapeur, afin
d’avoir le temps de suivre les expériences
entreprises par les concurrents, Le conseil |
accède à cette proposition. |
Au nom du comité des arts chimiques, !
M. Guérin-Verry fait un rapport sur le |
concours relatif a la fabrication des creusets !
réfractaires Le prix de 3 000.fr. sera par- |
tagé entre M. Tesson et M. Pinon, dont les
creusetsont résisté aux plusrudes épreuves,
telles que de servir, sans être altérés, à la
fonte du fer doux, à êtré jetés dans Peau |
froide pendant qu'ils sontrougis au blanc. |
M. Delambre, organe du comité de |
commerce, fait un rapport sur le concours
relatif à la rédaction d’un raémoire! sur les
douanes allemandes. Ce rapport quin’ac- |
corde pas le prix de 2,000 fr. proposé, at- |
tendu que les conditions prescrites par le
programme n’ont pas été remplies, de-
mande que le concoutssoit pro:ogé, et que
des récompenses d'encouragement soient
accordées aux deux mémoires présentés.
La quotité des sommes allouées pour ces
récompenses donne lieu à une discussion
que l'heure avancée de la séance n’a
pas permis de terminer , et la décision ne
sera prise que dans la séance prochamie, Ea
séance générale où les prix et médailles
seront distribués est fixée au mercredi 19
avril prochain. FRANGOEUR,
ARTS CHIMIQUES: 0
35 24}
Rapport au nom de la commission chargée
de l’examien des projets & éclairage à
l'alcool ; par M. Enule Castelnau, mem-
bre de la société centrale d'agriculture
de l'Hérault.
Il est vivement question depuis quelque
temps parmi nous d'un nonyeau mode d'é-
eclairage à l'alcool. Au milieu de nos misères
vinicoles, cette espérance imprévue de salut
a été saisie avec ardeur. On s’est ému :
sociétés d'agriculture, conseils munici-
paux, etc., les hommes de science se sont
mis à l’œuvre, et les choses ont marché si
rapidement, qu'aujourd'hui, après quel-
ques semaines, se présentent de tons cotes
des liquides éclairants à bases alcooliques,
n’attendant pour envahir les salons et les |
chaumières, qu'une seule conquête, Ja plus
difficile peut-être, celle des barrières fis- !
cales opposées à la circulation des alcools. |
Sur votre appel, la commussion dont je !
suis l'organe a cru devoir entrer dans l'exa-
men un peu approfondi de la qnestion.
Dans une réunion récente, à laquelle un |
grand nombre d’entre vous ont assisté, di- |
vers Jiquiles lu ont été présentés, divers
modes de lampes lui ont été soumis. Tous |
ont parfaitement rempli son atlente; ila vu |
à la fois, avec une vive satisfaction, la
lampe parisienne à jets de gaz, Si gracieuse; }
et la lampe à double courant “d'air, de |
M. Apolis, dont la clarté, intenseæt vive, |
peut à volonté être au gmentée staffaiblie |
instantanément : idée ingeénieuse; Si propre!
à populariser son emploi. “e TÉ
Quant aux liquides, 8 pou la
<el vivacité!
et la netteté de la lame; il a cru devoir
distinguer celui compose par M: Cauvy,
dont vous connaissez déjà les intéressants
travaux, il n'en à pas moins ap udi
l'heureuse pensée qu'a eue M.
pharmacien, d'obtenir par
-
e5#7
éther, l'élévation du titre alcoolique né-
- eessaire pour une combinaison suffisante de
J’essence de térébenthine, évitant ainsi la
| difficuïté d'obtenir par la distillation avic
nos appareils ordinaires, un alcool de 920 à
930 centésimaux et utilisant l'alcool 216,
marchandise commune. Mais après l’appré-
ciation des yeux, est venue celle du point le
plus grave et le plus important du point
économique. Ici, messieurs, laissant de côt*
là question fiscale, le comité a voulu d’a-
bord se rendre compte du revient vrai des
deux liquides présentés. Il résulte de $es
| calculs, que le liquide Canvy, composé de
| 4 parties d’alcool 92, et d'une partie es-
sence de térébenthine, ressort à 0,565 c. le
| litre: et que le liquide Sauvan, formé d’é-
ther, de 3/6 ordinaire et d'essenc:, ressort
0,555 c.ile litre, en comprenant dans ce
prix un bénéfice de 15 pour cent pour le
vendeur. ;
| Si-maintenant nous prenons pour base
| le‘rapport constaté par M. Cauvy, de 13 à
| 8, éntre la faculté éclairante de son liquide
| ketcelle d'une bonne huile d'olive, c’est-à-
| dire, que 13 litres de liquide donnent pour
|} la durée et l'intensité, une lumière égale à
| celle fournie par 8 litres d'huile; si nous
| caleulons le-revient de l’huile à 1 fr. 50 c.
| Jelitre, nous arrivons à ce résultat, savoir:
que;,avec fr. 35 c. coût de 13 litres alcool
| mélangé, à.0,565 c. le litre, on peut sé-
. clairer aussilongtemps et aussi bien qu'avec
» 12%fr., coût de 8 litres d'huile à 1 fr. 30°c.
| IlEditre,
“ 1 iSams doute une différence aussi cansi-
« dérable ne saurait longtemps exister telle ;
* car si d’une part, l'emploi p'us général de
l’alcool doit fendre à en élever le prix, et
est la. nous devons le dire, la conséquence
ATplusdésirable du nouveau procédé; de
| Fautreile prix de l’huile éprouvera néces-
| Véairement quelque réduction. Mais la dis-
tance est grande, . et il est facile de prévoir
que nonobstant cette dernière circons-
tance, un long avenir est réserré à léclai-
rage par l'alcool, tant sous le rapport éco-
nomique que sous celui de l'agrément et de
la facilité bien plus grande que présentera
son usage, comparativement à cel de
Phuile. Enfin, sil saccombe un jour, il ne
le devra sans doute qu'à une haute éléva-
tion. de prix, et alors, Messieurs, ce sera
ane mort glorieuse et à tous profitable.
+ Mais ici surgit la question fiscale, que
“votre comité à d’abord écartée, question.
1 de vie ou de mort pour le nouveau système. ||
Eneffet, les droits perçus par le trésor et.
Poctroi, à l'entrée de notre ville, s’élèvent, :
d'après les bases actuelles, à 0,61 ,21 Je litre
d'alcool à 920. S'il faut ajouter ces chiffres
à ceux de 0,565, coût réel du liquide, alors
| plus de concurrence possible. Le prix de
|. lhuile est dépassé. A
| C'est donc contre la suppression de ces
| “droits que tous les efforts doivent se diriger
dès ce moment. Nous ne voulons pas dire
| par là qu'il faille demander la sappression
| de ceux qui frappent généralement les al-
| Cools, mais bien l’affranchissement des al-
| .@ools destinés à l'éclairage.
|» 1Sous. le régime de la loi de 1816, cet
| raffranchissement existait pour les alcools à
certaines destinations, moyennant qu’ils
fussent dénaturés préalablement par un
( mélange de térébenthine. Pius tard, il fut
| supprimé parce que l'administration crut
PR connaitre. que Îe mélange pouvait être
| #6spmpose , El que des fraudes onéreuses
ui trésor étaient commises ; mais à cette
| Époque, le mélange autorisé se composait
libhe
518
d’une très faible partie de térébenthine
(essence) relativement à celle d'alcool. Au-
jourd’hui, cette part s’élèverait jusqu’au
cinquième, et d’après des expériences sé-
rieuses qui ont été faites, nous pouvons
presque assurer que la combinaison de
l'essence avec l'alcool à 92° est si intime,
que la séparation des deux substances serait
sinon impossible, du moins trop difficile et
trop coûteuse pour qu'on püt la tenter avec
fruit au détriment du trésor.
Nous aions lien de croire qu'une de-
‘maände de cette nature trouverait ici, dans
le prémier administrateur de notre dépar-
tement, et dans le chef de l'administration
des contributions indirectes, des organes
bienveillants et favorables. La chambre de
commerce s'est déjà livrée à de pressantis
démarches à cet égard. Il appartient à la
société d'agriculture dé joindre son con-
cours au sien, car elle représente en quei-
que sorte immédiatement l'intérêt agricole
et foncier.
Le gouvernement, alors que lés raisons
les plus graves le pressent de porter à l’'in-
dustrie vinicole expirante une efficace
assistance, ne saurait, sous le vain prétexte
de garantie pour les droits du trésor, re-
fuser une mesure qui se lierait si évidem-
ment à tout système de secours.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Nouveaux moyens de fabriquer le fer; par
M. de Meckenheim, ingénieur, & Londres.
(Patente anglatse).
L'auteur, pour employer les gaz perdus
des hauts-fourneaux ou des autres four-
neaux, recueille ‘ces gaz par des ouver-
tures pratiquées dans l& circonférence du
fourneau, ordinairement de: 3 mètres à 4
tuètres 50 au-dessous du gueulard. Ces
onvertures, dit-il, doivent être suffisam-
ment grandes et les passages considéra-
blement inclinés. Près da fourneau, ilssont
construits en briques réfractaires et fermés
tous, chacun par deux plaques de; fonte
percées de deux trous: À l'un de ces-trous,
on adapte un the: pour:reeueillir les gaz :
l’autre sert à nettoyer l'ouverture qui com-
munique avec le-fourneau, et on deit le
clore hermé'iquemenut lorsqu'il ne sert pas.
Legueulardest tenu fermé, ce qui force les
gaz comprimés dans-le fournean par l'ac-
tion de la machine: soufflante | et, par leur
propres expansion, de.se rendre,dans les
“conduits qui leurs sont préparés. Dans les
‘circonstances où ces moyens ne-suffiraient
pas, dit l’auteur, on pourrait employer un
ventilateur. Les gaz, après avoir traverse
les passages en briques dont il vient d’être
question, arrivent dans les récipients, et de
là, chassés, s’il le faut, par le ventilateur,
dans le fourneau mênxe d’ou ils sont sortis
ou bien dans un autre foyer. Les dessins de
la spécification indiquent plusieurs moÿens
de recueillir ces gaz, que l'inventeur pro-
pose aussi d'employer à chauffer des chau-
dières et à d’autres usages connus: il règle,
d’ailleurs, par le moyen de registre, leur
arrivée et celle de l’air atmosphérique qui
doit y être mêlé.
Il indique donc d'employer le gaz, con-
jointement avec le coke, pour la fabrica-
tion de la fonte, tandis que, pour celle du
fer malléable,il n’emploie que les gaz seuls,
soit qu’il obtienne le fer par l’affinage de la
fonte, soit qu'il le fabrique immédia!ement
par la méthode catalane.
(Journal des usines).
b49
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADEVIE DES SCIENCES MORALES ET.
POLITIQUES,
S'ance du samedi 1$ marse
En terminant la lecture de son mémoire
sur la Condition des débiteurs à Rome,
M. Gyraud a rappelé les modifications que
la contrainte personuelle éprouva sous $es
empereurs, et a marqué l’état de la légis-
lation à l'époque ou le droit canonique mit
fin au sauvage, despotisme des lois ro-
maiucs. CA ne
À la suite de celte communication,
MM. Blondeau, ‘Troplong et Dupin on pris
successivement la parole au sujet du 2exum
ct principalement de la mans injectio, qui
élait une forme de procéder toute particu-
lière aux Romains. Nous croyons résumer
fidèlement cette partie de la discussion en
disant, d’après ces spécialistes, que la ma-
nus fnjectio. était le droit qu'avait le créan-
cier de saisir lui-même son débiteur, de le
traîner devantle juge qui déclarait valable
la caution offerte, ou livrait, faute de paie-
ment , le débiteur au créancier, par cette
formule sacramentelle : Tecum ducas.
Dans son mémoire, M. Gyraud avait dit
que les mots sectio corports, qui se trou-
vaient dans les Douze Tables, devaient s’en-
tendre non du corps de l’'abdicti, maïs sim-
plement du corp; de ses biens. Cette opi-
ion, qui est aussi celle de plusieurs lé-
sistes, a paru erronée à M. Troplong.
S'appuyant sur des passages de Tertullien,
de Quintiliten.et d’Aulugelle, ii a soutenu
que la sectio corporis devait êtie entendue
dans le sens réel, non alléroriquement, et
que quelque barbare que duive nous pa-
raitre aujourd hui cette disposition, ‘elle
est trop en rapport avec le droit de vie et
de mort quele père avait sur ses enfants,
le mari sur son épouse, le maître sur son
esclave , le vainqueur Sur le vaincu , pour
qu’on puisse ne pas la considérer comme
ayant fait réellement partie de l’impitoya-
ble droit romain. La sévérité des lois sur le
prêt, le mépris qui revenait au débiteur
iusolvable , tout concourt à éloigner des
motssec{io abdicti une interprétation pure-
ment allégorique. On n’a pas, il est vrai,
des preuves certaines que le créancier se
soit servi d’une telle prérogative, mais ou-
tre que les documents historiques sur les
premiers siècles de Rome sont incomplets,
il s’agit de savoir Seulement si cette disposi-
tion de la loi était sérieuse, et sur ce point
on ne peut conserver aucun doute.
Après quelques nouvelles observations de
M. Gyraud, conformes à l’opinion par lui
émise, l’Académie ordonne, au scrutin se-
cret, l'impression du mémoire. C.B.F.
ARCHÉOLOGIE.
Observations sur l’architecture du moyen-
âge dans le Forez, par M. l'abbé Roux.
L'architecture militaire et religieuse du
Forez a quelque chose de singulièrement
pittoresque pour l'observateur; depuis les
châteaux aux ‘tourelles menacantes jus-
qu'aux églises fortifites, qui devenaient le
point central dans les invasions ou les que-
relles féodales.
Cette architecture, si j'en excepte quel-
ques monuments qui sortent de la ligne
commune, porte un caractère d’äpreté
rude et sévère qu’elle a peine à quitter,
lors même qu’elle se rapproche des pro-
350
vinces plus avancées dans l'appréciation et
le goût du beau.
Voici les caractères principaux que j'ai
pu recueillir et analÿser dans une course
archéologique, où j'ai passé en revue pres-
que une moitié du département de la
Loire.
Architecture religieuse. — Les plus an-
ciennes églises romaines dans le Forez,
peuvent remonter, ce me semble, aux
neuvième ou dixième siècles. Je n’en ai
trouvé que deux, ce sont deux rectangles
terminés par une apside simple à trois baies.
Les fenêtres sont d’une petitesse remar-
quable : à peine pouvait-on lire. Leur hau-
teur est d’un mètre sur vingt centimètres
de largeur; la partie cintrée est d’une seule
pierre sur laquelle on a figuré au trait un
assemblage de claveaux.
Toutes les églises romanes ont leur apside
tournée à lorient. Un grand nombre, et
ce sont les plus grandes, présentent un
système de fortification toujours le même ;
ce sont des tours qui terminent les apsides,
quelquefois le transept;'et qui sélèvent au-
dessus du toit (Chaudleu Saint-Romain-le-
“Puy, Pommiers, l’Hôpital-sur-Roche-
fort, etc). :
L’apside principale est toujours garnie
d'arcatures et de colonnes, et quel que soit
le nombre de ces arcades qui est de trois,
cinq ou sept, il n’y en a que trois ouver-
tures; les apsides secondaires n’ont jamais
d'ornement.
Les églises à une seule nef ont généra-
lement leurs parois ornées de grandes ar-
cades appliquées, au-dessus desquelles
règne quelquefois une corniche. Les piliers
des travées sont lourds et carrés, excepté
ceux qui soutiennent la voûte du chœur,
qui presque partout en coupole, ces piliers
sont ornés alors de colonnes engagées et à
chapiteaux de feuillage. Dans la période que
j'appellcrai romano-ogivale, les arcs dou-
bleaux retombent souvent sur des pilastres
qui s’interrompent au milieu du pilier
principal, et se terminent en consoles. Ces
églises sont longues, élevées et très étroites,
aussi sont-elles toujours voûtées.
A l'intérieur, les arcs sont tous des cin-
tres surhanssés ou des ogives à peine sen-
ties; on trouve quelquefois un doubleau
pleiu-cintre, et le suivant romano-ogival,
suivi d’un troisième à plein-cintre.
Les fenêtres sont généralement très
étroites ct rares {trois seulement de chaque
côté, quelle que soit la longueur de Pédi-
fice).
Elles sont toujours à plein-cintre, même
dans les églises romano-ooivales, et c'est
dans ces dernières que j'en ai trouvé avec
colonnes et archivoltes.
Les colonnes sont en général lourdes et
À fût droit. La plus grande variété règne
dans les chapiteaux, qui diffèrent toujours
d'ornements et de sculptures, lorsque les
colonnes sont accouplées ou placées vis-à-
. vis. Il en est de même pour les bases qui
ont des ornements.
Le travail de ces chapiteaux, sauf quel-
ques exceptions, est extrêmement grossier;
äl faut l'attribuer, sans doute, à l’igno-
vance de l'époque et peut-être aussi à la
difficulté de travailler la pierre qui est
prèsque partout un granite très dur.
Aussi un très grand nombre de ces cha-
piteaux sont des cônes tronqués et appla-
tis, sur lesquels on a indiqué au trait des
feuilles, des étoiles, des animaux, des cer-
cles concentriques, des chevrons, et autres
figures bizarres. Ceux qu'une main plus
99!
habile à favorisés, représentent des feuilles
entremèlées d'étoiles, de têtes, de disques,
etc. Ces feuilles sont au nombre de huit,
quatre aux angles et quatre sur les faces,
ou bien elles vont en s’imbriquant jusqu’au
milieu du chapiteau; J'ai trouvé aussi plu-
sieurs de ces feuilles cordées et épaisses,
qui se terminent par un crochet figurant
de Join une tête de bélier; et encore des
oiseaux ou des quadrupèdes qui boivent
dans des coupes, emblême, je crois, de.
l’immortalité. |
Toutes ces églises ont des corniches
simples avec des modillons sans sculpture.
Les contreforts ont de deux à trois déci-
mètres de saillie. Les seuls ornements sont
des damiers, quelques nébules et des tores
coupés.
Les clochers sont lourds et carrés, avec
des fenêtres dont les pleins cintres reposent
sur des colonnes ou des piliers carrés. J'ai
trouvé beaucoup de petites églises romanes
qui n'avaient qu'un campanile, à une ou
deux baies, placé sur la façade ou sur le
rond-point. [1 y a aussi quelques cryptes
sous les églises romanes.
Le plus grand nombre de ces églises
sont des prieurés ou des abbayes de béné-
dictins.
Toutes ces églises sont construites avec
une solidité telle que plusieurs ne doivent
leur conservation qu’à la difficulté qu’é-
prouvaient, pour les renverser les vandales
des quinzième et dixhuitième siècles.
L'époque ogivale compte peu d'églises
remarquables, qui soient bities sur une
grande échelle. On trouve cependant dans
les montagnes quelques jolis vaisseaux,
mais petits, et encore ceux qu'on y ren-
contre portent presque partout les carac-
tères d’une époque antérieure à leur cons-
truction ; ainsi les églises du quinzième
siècle ont les caractères du style rayonnant
avec les nervures prismatiques. Une autre
particularité remarquable, c’est que toutes
les églises du treizième et du quatorzième
siècles, j'en excepte un très petit nombre,
ont leur apside carrée avec des contreforts
aux angles. Cette apside est percée dans le
foud d’une ou trois fenêtres à lancettes
simples ou d’une fenêtre rayonnante. Plu-
sieurs églises ont le chœur roman et la nef
ogivale. La tradition rapporte que le baron
des Adrels faisait-abbattre toutes les nefs et
laissait subsister le chœur. Les feuilles-qui
ornent les chapiteaux sont la vigne, lelierre,
le choux, le nymphea, le chardon, lechëne;
le marrornnier, etc. Ts
: Le style ogival a régné jusqu’au milieu
du dix-septième siècle. L'église de Saint-
André-d'Apehon est un modèle des cons-
tructions religieuses de cette époque; j'y ai
remarqué une fenêtre dont les meneaux
forment une grande croix.
(Bulletin monumental).
VOYAGES.
Ruines de Carthage ; par M. Félix Flachë-
naker.
(Troisième article, )
En sortant de la Goulette, et prenant la
route de gauche qui côtoie le lac {e! Bahe-
ria) ; de distance en distance, on trouve
des fontaines ou réservoirs qui se prolon-
gent jusqu'a la Malga et qui paraissent
avoir appartenu à un aqueduc moderne :
on laisse à gauche une route qui, suivant
les contours du lae vers le nord ouest,vous
ramènerait à Tunis; bientôt on arnve à
Douair-el -Schatt; c’est un petit village, ou°
552 |
plutôt la réunion de quelques masures de
peu d'importance , avec une chétive mos-
quée du nom de Sidi-Massouf; il est situé
sur la gauche de la route; après l'avoir
traversé, je me trouvai, quelques instants
après, en me dirigeant vers le nord-est,
dans un terrain assez bas, eù je vis les rui-
nes d’un cirque immense, de forme cellip-
tique dont le grand axe me donna 488n et
le petit 98m; Ja direction de ce cirque est
du sud au nord-ouest; du reste, rien de
conservé, rien debout, des imonceaux de
Pierres seulement indiquant des gradins.
Au milieu et dans la longueur se trouve une
longue construction, assez étroite, qui peut-
êlre formait un conduit, mais dont cepen-
dant je n'ai pu découvrir la destination.
En approchant de la Malga, on trouve
la terre littéralement semée de débris de
marbre, de ciments, de fer oligiste, puis
une partie d’aquedue moitié au-dessus du
sol, moitié enfoui sous terre ; sur la droite
et à quelque distance, on aperçoit la colline
de Byrsa.
Le village moderne de la Malga s'élève
sur les voûtes de nombreuses et vastes ci-
ternes parfaitement conservées et dont
quelques-unes sont excessivement larges et
profondes ; c'est dans ces souterrains que
les Bédouins ont établi leur domicile et où
ils trouvent de magnifiques écuries pour
leurs chevaux, leurs ânes et leurs bestiaux,
dont. le fumier amoncelé depuis longues
années, jette une odeur des plus nauséabon-
des, inais dont les Arabes paraissent s’ac-. |
commoder. En avant de ces immenses ré-
servoirs, on trouve encore quatre autres
citernes plus petites.
(Extr. des Annales des voyages.)
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE:
FAITS DIVERS.
— La société des antiquañes de Normandie a
demanpé au gouvernement l'autorisation d’exécuter
des fouilles dans la forêt de Broihonne (Seine-In-
férieure). Cette forêt, connue par ses belles futaies
de hètre,, recèle, à ce qu'il parait, sous leur om-
bragés , d'importintes ruines dont l'existence fut
reconnue en1838, Déjà, à cette époque, l’autorisa-
tion d'explorer le terrain avait été demandée, mais
l’abserce de la personne chargée par la société de
diriger les explorations empècha l'exécution de ce
projet. Les ruines dont il est question gisept au
triage de la Petite-Hloussaie. Les vestiges apparents
oécupeut à peu près la superficie d’un hectare; rbais,
comme il ne s’agit que d'explorer les parties Jes-plus
intéressantes, il parait que les fouilles se borneront
à quelques ares.
La découverte de 183$ consistait en une mosai-
que du Bas-Empire et un tumulus. Cest aux envi-
rons de cette mosaique que doivent avoir lieu les
nouvelles fouilles.
L'emplacement où se trouve la mosaïque semble
être celui d’une habitation romaine assez considé-
rable, cenire, elle-même , d’une population agglo-
mérée de quelqu'importance, puisque, dans un
rayun-d'uue demi-lieue environ, et même sur d'au-
tres points de la forèt , on retrouve les mêmes ves-
tiges enfouis sous le sol.
BIBLIOGRAPHIE. ..:
ENQUÊTE PARLEMENTAIRE sur les Cbfones
anglaises, publiée en septembie 1842. Analyse ‘de
l'enquête par M. Jollivet, membre delnjchambre |
des députés. el se:it
ESSAI d’hématologie pathologique; parrG-+ An
dral.— A Paris, chez Fortin Masson,place, de PE
cole-de-Médecine, 1. Dr
j oi 15
PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAÏSTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
10° année.
L'EC
Paris. — Jeudi, 20 Mars 1845.
DIE ——
ONDE
Me 24.
SAVAN
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS BANS TOUTES LES SCIENCES.
a ——
L'Ecxo Du MONDE SAVANT paraît le SEUDI et le DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DE LAVALETTEE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les épartements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 {r.,Gfr.,
"Sfr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscriptéurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil l’'ÉGHO DE LA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS ei les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec lEcho du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
Das te be mu
SOMMAIRE. - ACADEMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 21 mars 1843. — SUIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Observations sur la
production de la chaleur chez les mollusques et
sur la génération de la salamandre; Joly. — MA-
THÉMATIQUE. Considératuions sur la composi-
tion et la décomposition des équations différen-
tielles ; Brassine. — MECANIQUE CELESTE.
Sur le mouvement propre du soleil; Bravais. —
CHIMIE MÉDICALE. Sur l'absorption du sul-
fate de quinine et de la salicine et moyens de dé-
couvrir les substances dans l'urine et dans le foie;
Lanneau et Follin. — SCIENCES NATU-
RELLES. GEOLOGIE. Sur les sables tertiaires
inférieurs du bassin de Paris; Meïlevillee —
TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila. — PA-
THOLOGIE. Observations sur l’action délétère
du sang noir; Leroy d'Etiolles. — ZOOLOGIE.
Nouveau genre d’orihoptère de la famille des
mantides; Guérin Méneville, — SCIENCES
APPLIQUEES. ARTS CHIMIQUES. Emploi
- du maclura aurantiaca à la teinture; Miergue.
. — Moyen d'imprimer sur les étoffes ; Kent King-
don, d'Exter, comté de Devon. — ÉCONOMIE
DOMESTIQUE. Couservation de substances ali-
mentaires. — ÉCONOMIE AGRICOLE. Compa-
raison des bœufs avec les chevaux. — SCIEN-
CES HISTORIQUES. GÉOGRAPHIE Ruines
de Carthavec; Félix Flachénaker. BIBLIOGRA-
. PHIE,
—
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 27 mars 1845.
La séance d'aujourd'hui a été comme les
séances précédentes consacrée presquetoute
entière au comité secret, qui probablement
verra finir (nous l’espérons du moins) cette
longue discussion, relative à la nomination
dans la section de médecine et de chirur-
gie. Cependant M. Arago a trouvé quelques
minutes pour communiquer de nouveiles
réfléxions sur Ja comète et sur sa constitu-
tion. Les astronomes de l'Observatoire de
Paris n’ont encore pu détermirer que deux
fois la position de cet astre, et chacun sait
que deux points ne suffisent pas pour fixer
la courbe dans laquelle se meut un astre,.
Une troisième observation est donc de toute
utilité pour trouver l'orbite.
La comète a été vue en Angleterre, à.
Touiouse et à Marseille. Un ancien élève de
l'Observatoire , de Paris , M. Plantansons,
directeur de l'Observatoire de Genève, l'a
vue le 18 et l’a observée le 19 et le 21 ; se-
lon M. Plantansons , la distance périhélie
de la comète, c’est-à-dire la plus petite dis-
tance de cet astre au soleil est de 0, 00045.
De toutes les comètes connues ce serait
donc celle qui s’approcherait le plus du so-
leil et M. Arago ne serait pas éloigné de
penser quelle aurait pénétré dans sa matière
mème.
La queue de la comète actuelle possède
une énorme longueur qu'on a trouvée
égale à 63 millions de lieues, en calculant
depuis le centre de l’astre jusqu’à l’extré-
mité de sa queue. Il était curieux de se de-
mander si la comète actuelle avait déjà
été vue dans les temps passés, et si on pou-
vait lassimiler aux comètes déjà observées
par d’habiles astronomes. C’est la question
que s’est posée M. Arago et sur laquelle il
a donné des détails intéressants, mais qui
pour Jui n’ont pas une immense valeur.
En 1702 l’on vit à Rome, peodant le
mois de mars une comèle qui présentait
quelque anologie avec la comète actuelle.
Cette comète fut observée par Maraldi. Une
autre également semblable, sous quelques
rapports, à celle qui nous occupe depuis
quelques jours, fut observée par Cassini en
1668, dans la constellation de la Baleine,
d’'Eridan et d’Orion. Ge fut aussi au mois
de mars que Cassini apercut cette comète.
Cassini rechercha dans Aristote s’il ne trou-
verait pas quelques indices sur les appari-
tions antérieures de l’astre qui l’occupait
alors. Il y trouva que 373 avant notre re,
une cométeavaitété aperçue en Grèce dans
la constellation d Orion et pendant le mois
de mars, Il fat conduit à penser que la co-
mète de 1668 était la comète de 373, et il
trouva que de 373 à 1668 cet astre aurait
fait 60 révolutions de ans. M. Cowper,
astronome anglais, a prétendu que la co-
mète actuelle ét rit la comète de 373; mais
rien ne peut confirmer cet opinion, car
pour avancer uve pareille idée il peut con-
firmer cette opinion. car pour avancer une
pareille idée il fant connaître l'orbite de cet
astre, or, c'est ce qu'on ne connait pas.
Durant l’année 373 plusieur: inondations
ravapérent la Grèce, un tremblement de
terre se fit sentir, et la ville d'Elis fat de-
truite. Assurément les amateurs de prophé-
ties ne manqueront pas de rapprocher ces
faits de ceux qui se sont passés il y a peu
de temps à ia Guadeloupe, et les amis du
merveilleax vont sans douté prédire pour
cette année d’horribles malheurs, d’a!freux
désastres. — Nous nenous amuserons pas à
réfuter ces erreurs, qu’on pourrait croire
empruntées aux siècles qui nous ont pré-
cédé et qui sont assez répandues parmi les
geus du monde, pour ne pas faire honneur
à l’époque où nous vivons. EE
15202200
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Observations surla production de la chaleur
chez les mollusques, el sur la génération
de la salamandre terrestre ; par M. Joly.
« Le 14 août de l’année dernière, je pris
dans le canal du Midi quelques-unes des
paludina vivipara (Lam.) et des anodonta
cygnea (Lam.) qui s'y trouvent en abon-
dance, et je les mis séparément dans deux
vases peu profonds, que je remplis d’eau
jusqu'au bord. Je renouvelai de temps en.
temps le liquide, mais je ne donnai aucun
autre aliment à mes prisonnières, qui, après
trois mois de ce régime, ne m'en parurent
nullement affaiblies. Le9 novembre te ther-
momètre descendit à plusieurs degrés au-
dessous de zéro, et je trouvai mes paludines
et mes anolontes entourées d’un épais gla-
cou. Désireux de m'assurer si elles avaient
pu résister au froid, je fis dégeler lentement
le liquide, et je fus surpris de les trouver
toutes vivantes, La plupart des anodontes
(il y en avait une dizaine) vécurent encore
jusqu'au 28 novembre; le 10 décembre,
toutes avaient succombé. À celte dernière
époque , aucune de mes paludines n'avait
péri; bien plus. deux d’entre elles avaient
fait des petits trois jours après la congéla-
tion à laquelle avait été soumis le liquide
où elles étaient plongées. Enfin ces mêmes
paludines ont supporté, vers le milieu du
mois de janvier, une seconde congélati
à noter que sa coquille avait été, |
cembre. limée et percée surle dern
de spire, et qu'aucun travail répa
ment où l'animal a péri. La perforation ar?
tificielle de la coquille ne doit pas avoir été,
ce me semble, étrangère à la mort de cette
palud'ne. »
Le second fait annoncé par M. Joly est
relatif à la reproduction de la salamandre
terrestre (salamandra maculosa), dont un
individu observé par l’auteur a donné naïs-
sance. en un seul jour, à vingt-cinq petts
vivants.
MATHEMATIQUES.
Démonstration d'un nouveau théorème de
calcul intégral. Considérations sur l&
composition et la décomposition des équa-
tions différentielles; par M Brassinne.
« 10 Considérations générales sur la com-
position et la décomposition des équations
différentielles.
» 2° Théorème. « Si des équations diffé-
rentielles linéaires, en nombre quelconque,
ont des solutions communes, et si ces solu-
tions sont données par une équation diffé-
renticlle de l’ordre p (équation qu'il est
toujours facile de trouver), on pourra ra-
mener l'intégration des équations différen-
tielles données à l'intégration d’un second
système d'équations différentielles linéaires
dont les ordres seront plus faibles de p uni-
tés. »
» 3 Principes de la composition des
équations : pour établir l’analogie de Pai-
gèbre et du calcul intégral, quelle forme
doivent avoir les solutions des équations
différentielles qui sont analogues aux ra-
cines égales en algèbre. »
256
MÉCANIQUE CÉLESTE.
Hémotrre sur le mouvement propre du soleil;
par M. Bravais.
« La direction du mouvement de trans-
lation du soleil a été récemment établie par
M. Argelander avec un degré de precision
qui laisse peu de chose à désirer; mais les
bases de la méthode suivie jusqu ici ne sont
pas à l'abri de toute objection. Cette mé-
thode suppose, en effet, tantôt que le mou-
vement du soleil doit être déterminé de
manière à ce que les étoiles soient ausse en
repos que possible, tantôt que là: distribu-
tion de leurs mouvements à eu lieu com-
plétement au hasard. et qu'il existe une
égale facilité de direction vers toutes les
régions de l’espace, principes qui,én toute
rigueur, peuvent être déniés.
» Il m'a paru possible d’afiranchir de ces
entraves la détermination dir mouvement
propre du soleil, en substituant des consi-
dérations mécaniques aux ‘considérations
géométriques employées jasqu’à ce jour, et
en faisant intervenir chaque étoile, pro-
portionnellement à la masse qu’elle possède
vu qu’elle représente. La nécessité de l’in-
troduction des masses est rendue sensible
par cette circonstance singulière, qu'il
existe dans le ciel des groupes binaires
dont les deux composantes, fort écartées
l’une de l’autre, ont cependant le même
mouvement propre, telles sont À du ser-
pentaire et l’étoile 30 du scorpion, quoique
séparées par un intervalle angulaire de
13 minutes. Devons-nous: faire entrer ce
groupe dans nos calculs comme une étoile
unique ou comme deux étoiles distinctes ?
Une multitude d’autres cas pareils peut se
présenter; qui sait même sil n'existe pas
une gradation insensible qui mène des sys-
tèmes binaires à composantes très rappro-
chées, jusqu'aux systèmes d'étoiles décidé-
ment indépendantes entre elles? Et com-
ment alors devons-nous envisager les étoiles
doubles et les étoiles multiples ? Cette diffi-
culté disparaît si l’on tient compte de la
masse des étoiles,
» Des considérations fort simples ménent
alors aux équations du mouvement solaire.
Ce mouvement ne pouvant être déterminé
d’une manière absolue, puisque nous ne
pouvons répondre de la fixité des repères
auxquels nous comparerions Je soleil, la
question se trouve réduite à la détermina-
tion d’un mouvement relatif, soit qu’il s’a-
gisse d'obtenir ce dernier par rapport au
centre de gravité d’un groupe défini d’étoi-
les, ou relativement au centre de gravité
de toutes les étoiles existantes. Il est éga-
lement permis, dans ces deux cas, de sup-
poser en repos le centre de gravité du
système , et cette condition fournit immé-
diatement les trois composantes rectangu-
laires de la vitesse solaire relative.
» Au point de vue théorique, les formu-
les ne laissent rien à désirer. Si, par exem-
‘ple, on les appliquait à la terre considérée
comine étant en mouvement par rapport
au centre de gravité du système planétaire,
elles donneraient immédiatement la vitesse
de translation de notre globe et la direc-
tion de son mouvement, Mais, dans le cas
spécial du mouvement solaire, l'ignorance
dans laquelle nous sommes au sujet des
masses et des distances des Ctoiles, et sur-
tout au sujet des déplacements qui ont lieu
suivant les rayons vecteurs géométriques,
rend difücile l'application des formules. Je
suis parvenu à éliminer les variations des
distances, €n admettant que le centre de
257
gravité du système formé par les ttoiles
projetées sur leurs rayons vecteurs initiaux,
reste invariable avec le temps, et voincide
constamment avec le véritable centre de
gravité du système. Le théorème général
qui détermine les trois composantes de la
vitesse solaire peut alors s’énoncer comme
il suit : « Si, d’une part, l'ou rapporte les
étoiles sur unesurfacesphérique derayon1,
en leur conservant leurs ma.ses et leurs
positions relatives angulaires, et si d'autre
part, on projette, sur un axe passant par Je
soleil, leurs quantités de mouvement nor-
males aux rayons vecteurs, la somme de
ces quantités de mouvement divisées par le
moment d'inertie que possède autour du
même axe la surface sphérique étoilee du
rayon 1, donnera, son signe étant changé,
la composante de la vitesse solañe suivant
ect axe, si celui-ci est d’ailleurs ou l'undes
trois axes principaux de lasphérederayon,
où la droite suivant laquelle se meut le
soleil, »
» Dans l'application, j'ai supposé toutes
les masses égales entre elles; et qnant aux
distances, j'ai adopté une hypothèse,fautive,
il est vrai, mais fautive en un.sens inverse
de celui dans lequel péchait Fhypothèse de
M. Argelander, de sorte que la. vérité de-
vra être comprise entre les deux résultats.
Suivant l’une des hypothèses, les distances
seraient, en général , en raison inverse des
mouvements propres; suivant l’autre, elles
seraient indépendantes de la grandeur de
ce mouvement. Il est à croire que, par le
fait, les distances suivent à peu près la rai-
son inverse des racines cubiques des mou-
vemenuis propres moyeps qui leur corres-
pondent.
» Le point du ciel vers lequel marche le
soleil (point que l’on peut nommer pôle
des mouvements parallactiques, pôle paral-
lactique), étant déterminé par l'hypothèse
que j'ai adoptée pour les distances, et par
les soixante et onze étoiles dont le mouve-
meut propre annuel surpasse une demi-
seconde, est distant. de 10 degrés de celui
qu'a obtenu M. Argelander pour les mêmes
étoiles ; et, si l’on adopte la moyenne des
deux évaluations, on peut espérer d’être
aussi près de la vérité que nos conuais-
sances actuelles nous le permettent.
» Quant à la vitesse absolue de la trans-
lation du soleil, sa détermination n’est pas :
actuellement possible ; mais comme elle.est :
en rapport. avec Ja. vitesse moyenne. .de
translation des étoiles, quantité que nous
ne pouvons non plus mesurer, on peut du
moins obtenir assez exactement le rapport
de ces deux vitesses. En les comparant, j’ai
trouvé que le soleil était une étoile à faible
mouvement propre, et Que sa vitesse attei-
gnait environ les six dixièmes dela moyenne
vitesse des étoiles.
» Ce résultat différant beaucoup de celui
auquel est arrivé M. Argelander par des
considérations qui sont, il est vrai, d'une
autre nature, j’ai indiqué quelle me parais-
sait être la cause de cette différence.
« Le mouvement propre moyen des étoi-
les, lorsqu'on l’observe du soleil mobile,est
augmenté par l'effet da mouvement de
transport de l'observateur. Dans la recher-
che de la vitesse moyenne des étoiles, il
était indispensable de remplacer les mou-
vements propres vus du soleil mobile, et
tels que les donne l'observation, par les
mouvements corrigés, c’est-à-dire tels qu’ils
seraient vus du soleil immobile. J'ai em-
ployé dans ce but le théorème suivant :
« L’excès des forces vives stellaires esti-
598
mées parallèlement à la surface de la sphère
héliocentrique à centre mobile, sur les for-
ces vives stellaires estimées parallèlement à
la surface de la sphère fixe est une quantité
qui reste constante , quelles que soient la
direction et la grandeur des mouements
absolus des étoiles, et a pour mesure le mo-
ment d'inertie des étoiles préalablement
transportées, à la surface de la sphère dont
le rayon égale la vitesse solaire, la route de
cel astre étant prise pour axe de ce mo-
ment, » : ‘
;1 J'ai conclu de 1à que le moyen mou-
veméènt, propre des étoiles était agrandi,
par le fait de la translation du soleil, dans
le rapport de 1H à 13.
» Il est remarquable que, parmi le noin-
bre infini de systèmes différents de vitesse
et de directiou du mouvement solaire, le
système fourni par nos formules sera. pré-
cisément celui qui rendra un minimum de
cette partie de la somme des forces vives
des étoiles, qui seule est appréciable, et vi-
sible pour nous, c’est-à-dire les forces vives
normales aux rayons visuels des étoiles; de
sorte que le vrai système dela nature est
précisément celui dans lequel {a moinlre
action, ou la plus grande économie de foree
vive, se trouve réalisée.
» On retomberait aussi sur ros trois
équations fondamentales, en admettant
que les quantités de mouvement estimés
parallèlement à la surface de ia sphère fixe,
ct, dégagées ainsi de toute cause d'erreur
parallactique, doivent étant projetées sur
Chacun des axes coordonnés, s’y entre-
détruire par compensation de signes; hypo-
thèse qui revient à dire, en d’autres termes,
qu’il existe une égale propension au mou-
vement vers toutes les régions de l’espace
pour chaque unité de masse des corps de
notre univers Ainsi, en définitive, ces trois
principes si différents en apparence, « de
la permanence des centres de gravité, de la
facilité égale pour le mouvement dans tous
les sens, enfin de la plus petite somme de
mouvement à dépenser dans l'explication
des déplacements stellaires » viennent se
réunir et, pour ainsi dire, se confondre en
un seul et même résultat.
» J'ai recherché, en outre, l'influence
que pourrait avoir sur les résultats précé-
dents l’addition des étoiles inconnues dont
le mouvement propre est inférieur à .une
demi-seconde, et qui, réunies aux soixante-
onze. étoiles fondamentales, complètent le
groupe des étoiles les plus rapprochées du
soleil. La prise en considération de ces nou-
veaux astres ne change rien à la direction
probable du mouvement solaire, mais tend
à diminuer la vitesse linéaire de cet astre:
comme d'ailleurs la vitesse moyenne stelz
laire diminue sensiblement dans le mème
-rapport, le rapport des deux vitesses-jest
fort peu modifié. Quant aux étoiles vaisines
du pôle austral,etaux grands corps obscurs
qui peuvent aussi faire partie du système,
leur introduction n'altèfe ni la direction
probable du mouvement, ni la valeur pro-
bable de la vitesse. ue
» J'examine, en terminant, si le mode de
distribution des soixante-onzeétoiles au rn-
lieu des espaces ctlestes peut être considéré
comme uniorme. L'ignoranee où nous
sommes encore aujourd’hui sur les mon-
vements propres de la moitié inférieure da
ciel austral est une circenstance gêvante
pour la complète solution de la question:
On peut cependant regarder comme pre:
bable que ce mode de distribution n'est
pas uniforme. L'hypothèse qui se présente
—
cotations" "4
|
|
1
|
599
d’abord pour expliquer le fait consiste à
admettre une tendance primordiale &es
étoiles à grand mouvement propre à se
trouver placées non loin d'un certain plan
fixe qui passerait par le centre du soleil,
Onexprime analytiquement cette tendance,
en distribuant par la pensée une partie des
étoiles uniforméinent sur la surface de la
sphère entière; l'autre partie, le long de la
circouférence d’uv graud cercle, En plaçant
de pôle boréal de ce grand cercle par 51 de-
grés de déclinaison et 106 degrés d'ascen- |
sion droite, en admettant, de plus, que le
nombre des étoiles distribuées sphérique-
ment ét celui des étoiles distribuées anna-
Jairement soient représentés par es frac-
tious 0,70 et!0 30 , on obtient un système
idéal qui reprodait, à pen de cho-e près,
celui de la nature, du moins quant à la
position des axes principaux et à 1 valeur
- des moments d'inertie correspondants. 11
est rémarquable que le grand cercle ainsi
obtenu et près duquel les étoiles À fort;
-‘mouvements propres se rencontrent plus
- pressées qu'ailleurs, n’est incliné que de
20 degrés sur cet autre grand cercle que
M. Madler a nommé équateur stellaire, et
- qui, d’après cet astronome, représenterait
la position moyenne ou dominante des
: plans des orbites des étoiles donbles.‘ J'ai
cru inutile d'essayer d’autres hypothèses
vékitivement à ce mode de distribution, à
eäuse de la lacune offerte par le ciel aus-
-ral qui fait craindre que de semblables
tentatives ne deviennent ‘ultérieurement
-illusoires; la même cause s'oppose à ce que
nous puissions déterminer rigoureusement,
des aujourd'hui, la probabilité de l'existence
d'une cause spéciale et originelle qui aurait
présidé à cette inégalité de distribution. »
+
CHIMIE MÉDICALE.
Recherches sur l'absorption dx sulfate de
quinine, et de la salicine suivies des
moyens de découvrir ces substances dans
Purine et dans le foie; par MM. A.-P.
LannauxetE. Follin. . .
Le sulfate de:quinine est-il absorbé et se
rencontre-t-il dans le foie et dans les uri- !
nes ?
La salicine est-elle absorbée et se ren-
contre-t-elle dans les urines? e
Dansde cas où on aurait administré du
Sulfate de quinine frelaté par de Ja salicine, :
peut-on, en analysant les urines, arriver à |
la-connaïissance de ce fait? À
Nous nous sommes posé ces trois ques-
tions, et les expériences que nous avons
faites et que nous transcrivons plus bas
mous permettent de répondre par l’affirma-
tive. Quant à la première question, M. Pior-
l'a résolue dès 1836. Nous né l'avons re-
prodüite que parce au’elle concotrt à la
solution de notre troisième question. D’ail-
leurs, notre procédé, comme on le verra,
diffère de celui que donne M. Piorry.
* Première expérience. — Nous avons in-
troduit dans l’estomac d’un chien robuste
ét dé Moyenne taille, huit grammes de sul-
fate dé quinine en suspension dans cent
vingt-cinq grammes d’eau, puis nous
avous lié lœsophage et la verge (avant l'o-
pération l'animal avait uriné). La mort ar-
riva au bout de six heures. Le foie détaché
avec soin sans que le canal digestif eût été
ouvert,a été coupé en morceaux, introduit
dans un matras avec de l'alcool à quarante
dégrés et soumis à une ébulition d’une demi
heure. La dissolution alcoolique, filtrée,
‘560
était saus action sur les papicrs rouge et
bleu de tournesol. — Cette liqueur d’un
jaune clair a été traitée à chaud par le noir
animal lavéañn de la déco'orer, puis filtrée
de nouveau. Le produit obtenu, parfaite-
ment incolore, a été évaporé au bain-ma-
rie dans ure capsule de porcelaine. A me-
sure que l’évaporation avait lieu, la sa-
veur du liquide aicoolique devenait nota-
blement amère et enmême temps, leliquide
prenait une teinte sensiblement jaunâtre.
Arrivé à un degré de concentration conve-
nable, il à été retiré du bain-marie et aban-
donné à l’'évaporation spontanée:
Le lendemain, on trouva au fond de la
capsule un léger résidu solide, d’une cou-
leur jaune claire , d’une saveur excessive-
ment amère et n'ayant point d'action sur
le papier de ‘iournesol. Afin de nous
assurer que ce produit contenait réelle-
ment du sulfate de quinine, nous avons dû
chercher à en extraire de la quinine. A cet
effet nous l'avons fait bouillir dans de l’eau
distillée avec environ un gramme de ma-
gnésie calcinée et aous avons porté l'action
de la chaleur jusqu'à siccité. La masse
obtenue, agitée pendant quelques minutes
avec de l'alcool à quarante degrés a été
chauffée au bain-marie, puis jetée sur un
filtre. — La liqueur filtrée, franchement
alcaline et d’une saveur très amère , a été
évaporée au bain-marie, pressurée jusqu'à
siccité et abandonnée ensuite à l’évapora-
tion spontanée. — Au bout de quelques
heures il ne restait au fond de la capsule
qu’un résidu d'un blanc grisâtre, d’une sa-
veur excessivement amère , bleuissant un
papier de tournesol rougi et préalable-
ment trempé dans de l'alcool, — Ce résidu
traité à chaud par l’eau distillée ne s’y est
point dissout, mais la dissolution s'est
promptement opérée par l'addition d’une
goutte d’acide sulfurique. Quelques gouttes
d’ammoniaque versées dans cette liqueur y
ont fait naître des flocons blancs , de nou-
veaux solubles dans l'acide sulfurique, ‘et
possédant dailleurs tous les caractères de
l’hydrate de quinine.
Analyse de l'urtre. —"La vessie conte-
pait vingt-cinq grammes d'urine que nous
avons fait évaporer au bain-marie, dans
une capsu'e de porcelaine, jusqu’à con-
Sistance sirupeuse. L’ayant alors reprise
par l'alcool à quarante, bouillant et ayant
filtré le liquide, nous avons obtenu une li-
queur, qui, soumise aux mères Opérations
que celles faites sur la liqueur fournie par
le traitement alcoolique du foie, nous a
donné les mêmes résultats.
L’urine contenait moins de sulfate de
quinine que le foie, ce qui s'explique faci-
lemeut et ce que nous avions prévu d’a-
vance. [l nous à été impossible de décéler
dans la rate la presence du sulfate de qui-
nine.
Cette expérience nous permet cependant
d'affirmer que le sulfate de quinine est
absorbé, qu'il va au foie et dans l'urine
où il est facile de le découvrir.
Deuxième expérience. — Nous avons fait
prendre à un chien 2 orammes de salicine
en dissolution dans l’eau. Quatre heures
après, nous avons recueilli son urine et
nous l'avons fait évaporer au bain marie!
dans une capsule de porcelaine jusqu’à
consistance sirupeuse. Nous l'avons reprise.
alors par de l'alcool à 40 degrés, nous l’a-
vons fait chauffer pendant trois à quatre
minutes, puis nous avons filtré. La liqueur
obtenue colorée en brun foncé, a été trai-
tée à chaud par le noir animal, lavéeet fil-
561
nouveau, celle ci passe à travers le
filtre à peine colorée en janne cla r. Nous
l'avons fait alors évaporvr jusqu’à siccité.
Le produit de cette opération, d’une amer-
tume prononcée, a été repris à la tempéra-
ture de l'ébullition par l’eau distillée à la-
quelle nous avons ajouté une pincée de
noir animal afin d'obtenir an produit inco-
lore. Après quelques minutes d'ébullition,
nous avons filtré et nous avons obtenu un
liquide parfaitement limpide, dans lequel
nous avons, versé apiès, refroidissement,
du sousacétatede plomb qui y a fait naître
un précipité-bhanc'jaunâtre très abondavt.
La liqueur qui surnageait le précipité a été
filtrée et soumise à un courant de gaz hy-
drogène sulfuré lavé, afin de décomposer
l'excès d'acétate de plomb. Cette opération
terminée, nous avons filtré de nouveau et
nous avons obtenu un liquide que nous
avous fait, évaporer au bain-marie jusqu’à
siccité. L'ayant retiré du bain et l'ayant
placé dabs un ;lieu tranquille, nous avons
trouvé, quelques heures après, an fond de
la capsule, un léger dépôt cristallin, d'au
blanc sale et d'une saveur amère très mar-
quée, rougissant faiblement un papier bleu
de tournesol (condition due à un peu d’a-
cide acétique). Ce résidu touché par las
cide sul'urique s'est fortement coloré en
rouge, caractère qui, comme on le sait, ap-
partient également à la salicine et 4 l'acide
rosacique, mais qui, dans notreexpér'ence,
n’était dû qu’à la saliciue, car nous avions
détruit l'acide rosacique. Aussi conseillons-
nous dans le traitement de l'urine l'emploi
du sousacétate de plomb, afin de précipiter
ce dernier acides ear:$i on se contentait de
traiter l'urine par Æalcool sans faire usage
du sel de plomb, on pourrait; en essayant
son résidu, par l'acide sulfurique, croire à
la présence de la salicine alors même que
l'urine n’en contieudrait pas un atome,
Nous avons traité directement par l’al-
cool plusieurs urines normales, et les rési-
dus obtenus nous ont constamment donné
par l'acide sulfurique une coloration ronge
pius ou moins foncée, coloration évidem-
ment due à l’action de ce réactif sur l'äcide |
rosacique. À la vérité, l'analyse de ces uri-
trée de
-nes normales ne nous'a jamais donné une
saveur amère. Ces mêmes urines traitées
par le sousacétate de plomb, nous ort
donné des résidus, qui, par l'acide sulfu-
rique, prenaient une tres légère colora-
tion brune, bien manifestement différente
de celle dont il vient d’être question.
Troisième expérience. — Nous avons fait
prendre à un chien un mélange soluble de
deux grammes de salicine et d’un gramme
de sulfate de quinine. Cinq heurcs après
nous avons recueilli son urine et nous l’à-
vons fait évaporer au bain-marie jusqu’à
consistance sirupeuse ; puis, ayant versé
dans cette liqueur de l'alcool à 40 degrés,
nous avons fait chauffer le tout pendant
quelques minutes, et nous l’avons filtré,
Le produit alcoolique, décoloré par le
noir animal, a été filtré de nouveau, puis
évaporé jusqu'à siccité; nous avons #lors
obtenu un résidu jaunâtre d’une saveur
amère et rougissant très faiblement un pa-
pier bleu de tournesol. Ce résidu, qui,
selon nous, devait contenir à la fois Le sul
fate de quinine et la salicine, a été repris
par l'eau distillée et traité par la magnésie
calcinée, afin de transformer le sulfate de
quinine en quinine insoluble dans l'eau, et
de pouvoir ainsi séparer par cet agent la
salicine de la quinine. Nous avons donc
fait bouillir au bain-marie jusqu'à çom«
Se
562
plète évaporation, et nous avons obtenu une
masse b'anche que nous avons traitée par
Palcoo! à 40" bouillant afin de dissoudre et
de séparer, par la filtration, Ia quinine et la.
salicine du sulfate de magnésie formé. La
liqueur alcooline évaporée jusqu'à siccité
nous à donné une substance solide, d'une
couleur jaunâtre, que nous avons traité, à
la température de l'ébulition par quelques
grammes d'eau distillée, afin de dissuudre
la salicine et de pouvoir, en filtrant, la sé-
parer de là quinine; après quelques mi-
nutes, nous avons retiré la capsule du
bain-marie, et ayant laissé reposer la li-
queur, il s'est précipité une poudre d'un
blanc sale. À Paide d’une pipette nous
avons enlevé le liquide surnageant, que
nous avons jeté sur un filtre, nous nous
sommes assurés que la poudre blanche
était de la quinine. Quant au liquide filtré,
nous l’avous traité par le sousacétate de
plomb et l’acide sulfurique, il nons a donné
de la salicine en quantité notable.
Que faut-il conclure maintenant de ces
expériences répétées plusieurs fois? Il faut
répondre par laflirmative aux questions
que nous nous sommes posées en com-
mençant. Oui, le sulfate de quinine est
absorbé, il est porté dans le torrent circu-
latoire comme la plupart des poisons sur
lesquels on a expérimenté déjà. On le ren-
contre dans les organes, dans les organes
sécréteurs, dans le foie surtout, et c’est ce
qu'on pouvait prévoir d'avance, en pen-
sant aux belles expériences de M. Orfila sur
l’absorption des poisons. Le sulfate de qui-
nine est porté dans le foie, et l’on peut, à
l'aide des expériences que nous avons indi-
quées, en déceler la présence soit dans cet
organe, soit dans les urines. Quant à la sa-
lic ne, elle est absorbée comme le salfate
de quinine, et l’on peut la découvrir dans
les mêmes organes. Si la salicine est mt-
langée au sulfate de quinine, on peut, en
aÿissant comme nous l'avons dit, prouver
d’une manière évidente que la sophistica-
tion a eu l'eu.
, Les expériences dont nous tracons ici les
résultats, ne seront pas, nous le croyons
bien, d'une grande importance toxicolo-
gique, car rarement où verra un individu
s’empoisonner ou empoisonner un autre
par le sulfate de quinine. Cependant nous
savons que M. Giacomini a rapporté l'ob-
servation d'un homme qui, par mégarde,
Sétall empoisonné avec 12 grammes de
sulfate de quinine. Mais nos expériences
pourront surtout aider ceux qui seraient
appelés à constater si le sulfate de quinine
donné à un malade, est pur ou mélangé à
de la salicine. En procédant sur les urines
de cet individu, comme nous l'avons indi-
qué, on arriverait assez facilement à la so-
lution du problème.
Nous pourrions nous demander mainte-
nant : à quelle dose le sulfate de quinine
“est-il un poison pour les animaux? Quels
sont les symptômes\de son empoisonne-
inent? Quels sont les lésions de tissus qu'il
produit? Ces questions sont importantes
et graves. Nous nous proposons de les ré-
soudre, mais nos expériences à cet égard
n'étant pas assez complètes, nous ne pou-
vons en donner ici les résultats.
LOPN
—DÉPFRELEr—
563
SCIENCES NATURELLES.
GEOLOGIE.
Sur les Sables tertiaires inférieure du bassin
de Paris.
M. Melleville vient de publier dans les
Annales des sciences géologiques un très
long Mémoire sur les sables tertiaires infé-
rieurs du bassin de Paris. Nous croyons de-
voir en donner à nos lecteurs la partie la
plus importante.
Gisement, éteridue, altitude et pu'ssance.
Les sab'es tertiaires in'érieurs occupent,
dens le nord da bassin de Paris, une sur-
face quin'a pas moins de 600 lieues car-
rées. Ils reposent partout, et sans aucun
intermédiaire, sur la craie.
Ils commencent à se montrer des deux
côtés de la montagne de Reims (entre cette
ville et Epernay), associés à des argiles à
ligaites. À fa hauteur de Damery,ontrouve,
sous le calcaire grossier, des bancs régu-
liers qui appartiennent à ta partie moyenne
de cette formation sableuse. L’étage infé-
rieur ny montre que quelques lambeaux
épars au fond de la vallée, notamment au-
près de Châtillon et de Passy. De là on les
suit jusqu'aux environs de la Ferté-sous-
Jouarre, où ils disparaissent sous le calcaire
grossier et les terrains qui le recouvrent.
Ils se retrouvent aux environs de Parissous
ce même calcaire grossier, mais avec une
faible épaisseur.
Nous ne les avons point vus dans la val-
lée de lOurcq. On ne saurait douter néan-
moins qu’ils n’existent sous les couches ar-
gileuses qui forment le fond de cette vallée,
Ils constituent les flancs de la vallée de
l’Authonne.
Dans la vallée de lOise, ils constituent
partout aussi la base des collines, et entre
: Verberie et Beanmont, ils s’avancent à
l’ouest jusques auprès de Beauvais, dans
une espèce d’ancienne baie formée par la
craie.
Dans les grardes vallées de PArdre, de
la Vesle, de l'Aisne, de la Crise, del’Ailette,
de l’Ardon, de la Verse, et dans tous les
vallons latéraux qui y aboutissent, ils con-
stituent encore la base des collines.
Quelques lambeaux épars près de Roye,
de Nesle, de Ham et Saint-Quention, for-
ment de ce côté la limite extrême de la
grande masse des sables inférieurs pari-
siens. Cette limite passe ensuite par les en-
virons de Lafère, de Laon et de Reims, et
vient se terminer à Versenay. En dehors
de cette ligne,. d’autres amas s’avancent
isolément sur la craie vers le nord et ne
sauraient laisser aucun doute, ainsi que l’a
depuis longtemps démontré M. Elie de
Beaumont, sur l’ancienne liaison de cette
puissante formation sableuse avee celle de
la Belgique. D’autres lambeaux qui gisent
dans le département de la Seine-Inférieure,
notammententre Dieppe et le phare d’Ailly,
montrent que, dans l'origine, ils s’avan-
çaient aussi de ce côté vers l'Angleterre.
La disposition de plusieurs amas de sable
entre les villages de Gueux et de Rilly, au
S.-E. de Reims, à un niveau bien inférieur
à celai que la craie atteint dans les envi-
rons, semble indiquer que celle-ci formait
originairement dans ces contrées des buttes
considérables et même des collines élevées,
dont les intervalles furent plus tard com-
blés par les sables inférieurs. Ceci est plus
frappant encore dans le haut de la vallée
de la Marne. Comme nous l'avons dit. l'étage
inférieur des sables ÿ manque presque en-
56%
tièrement ; mais quelques lambeaux épars
cret là dans le fond de la vallée ne sauraient
guère laisser de doute qu'elle n’en fût au-
trefois remplie tout entiere. Sous Chätillon,
ces lambeaux s'élèvent à peine de 30 me-
tres au-dessus de la Marne, tandis que la
craie forme partout, aux alentours, la base
des collines, jusqu’à plus de 100 mètres de
hauteur.
C'est aussi dans ces contrées que les sa-
bles inférieurs présentaient autrefois leur
plus grande puissance, comme ils y attei-
gnent encore leur niveau extrême. El est
certain, en effet, que les bancs de Venteuil
et des environs appartiennent à la partie
supérieure de l'étage moyen de ce terrain.
Or, ces bancs se trouvent là à 110 mètres
(plus de 120 mètres à Cumières) audessus
du fond de la vallée, Si, à ce chifire, l’on
ajoute l'épaisseur du troisième étage, dont
quelques lambeaux se rencontrent au des-
sus de Cumières, d'Ai, d'Ambonnay, etc.,
on trouvera que, dans l’origine, les sables
inférieurs n'avaient pas moins de 160 mè-
tres d'épaisseur dans ces contrées, où ils
s'élèvent aujourd’hui à 230 mètres environ
au dessus de la mer.
De ce point culminant, les sables Infé-
rieurs s’amincissent et s’abaissent assez ra-
pidement dans les directions du S.-0., de
l'O. et du N.-0., et vont se terminer en bi-
seau vers le centre dun bassin et les environs
de Beauvais. Dans la colline de Laon, leur
puissance n’est déjà plus que de 100 mètres
environ, et leur altitude de 170 mètres.
Usages dans les arts ; influence sur la vé=
gétation. Les sables inférieurs sont em-
ployés à de nombreux usages dans les arts.
Tout le monde connaît les dépôts locaux de
Rilly, Montchenot et Sermiers, auxquels
il faut ajouter ceux de Sapicourt, Pévy,
Prouilly et Friguy. Les sables de ces loca-
lités, d’une pureté et d'une blancheur re-
marquables, sont recherché: pour la fabri-
catiou des glaces dans les manufactures de
France, et sont exportés jusqu’en Allewma -
gne. Les autres bancs ne sont pas assez
purs pour servir à cet usage, mais on les
emploie à la fabrication de la verrerie com-
mune. Leurs grès pour le pavage des villes
et des roues, et quelquefois aussi (à Bucy-
les-Cerny) pour le polissage des glaces; en
fin les sables inférieurs servent partout à la
contection des mortiers de chaux.
Ces sables sont un exemple frappant de
l'influence du sol végétation. Lorsque, ce
qui est très rare, ils ne sont pas recouverts
par cette couche d'argiles jaunes (dilavium,
deuxième assise ), qui forme partout le sol
superficiel des contrées dont nous parlons,
ils ne présentent aucune ressource à l'agri-
culture. Dans cet état, ils ne conviennent
guère qu'à la végétation des arbres fores-
tiers, particulièrement de certains bois
blancs, comme bouleaux, peupliers, etc.
Associés aux argiles plastiques, 1ls nourris-
sent des espèces plus dures, dont la qualité
rappelle souvent celle des bois de la Thié-
rache.
C’est sur les sables inférieurs que crois-
sent les forêts de Compiègne, de l'Aigue,
d'Ourscamp, de Bouvresse, et ces grands
bois qui entourent Villequier-au-Mont. Les
forêts basses de Coucy et de Saint-Gobain,
celle de Samoussy, et une foule de bois plus
ou moins étendus situés, en général, sur le
versant nord des collines tertiaires, ou sur
des lambeaux de sable ordinairement asso-
ciés à des argiles plastiques et isolés dans
les plaines crélacées des environs de Reims,
de Laon, de La Fère et de Saint-Quentin,
565
repos: nt encore sur les sables inférieurs.
Lorsqu'ils sont recouverts par les argiles
diluviennes et qu’ils se trouvent dans une
exposition convenable, ces sables devien-
nent particulièrement propres à la culture
de la vigne. C’est ainsi que toutes les pen-
tes des collines du Laonnois,du Soissonuais,
des environs de Reims, et même en partie
de la vallée de la Marne, constitutes par
eux, sont partout plantées de vignes, dont
la culture disparaît entièrement lorsqu'on
s’avance vers le nord, c'est-à-dire, quand
ces sables disparaissent eux-mêmes tout à
fait.
Division en trois étages. Les sables ter-
tiaires inférieurs semblent se diviser natu-
rellement en trois étages, moins par une
différence sensible dans leur nature miné-
ralogique,que par les circonstances de Jenr
position.et la diversité des corps organisés
fossiles que-chacun d’eux renferme.
Le premier étage ou le plus inférieur ne
se compose que d'un seul banc fort épais,
dont le dépôt semble s'être effectué pres-
que d’un seul jet. Le second étage, au con-
traire, est formé de plusieurs bancs dis-
tincts, dont l’ordre de superposition et la
régularité se conservent sur de grans espa-
ces. Ceux-ci semblent s'être déposés, tan-
tôt trop rapidement pour avoir permis l’en-
fouissement des mollusques qui vivaient
dans les eaux sous lesquelles ils se for-
maient ; tantôt avec assez de lenteur pour
faciliterrcet enfouissement, et même l’ag-
glomération d’une certaine espèce d’huître
en bancs considérables. Enfin le troisième
étage ne se compose généralement, comme
le premier, que d’un seul banc sans strati-
fication yisible,
De ces trois étages, deux, le premier et
le troisième, renferment et enveloppent
souvent des amas d’argiles associées parfois
à des lignites; le deuxième n’en à jamais.
Tout semble prouver que celui-ci a dû se
déposer sous des eaux marines profondes,
tandis que les deux autres, surtout le troi-
sième, se sont plutôt formés à la manière
des dunes.
Les différents bancs qui composent la
formation des sables inférieurs sont sou-
vent partagés de fentes verticales très étroi-
tes remplies par des sables d'une autre |
couleur, le plus souvent par de la chaux
carbonatée grasse ou pulvérulente.
On y trouve fréquemmeut des nodules
ferrugineuses et solides, présentant une ap-
parencerayonnée et paraissant n'être autre
chose que des pyrites décomposées. Les sa-
bles sont souvent eux-mêmes souillés de fer
hydroxydé, ou traversés de veines et de lits
très chargés d’oxyde de fer.
Le Mémoire de M. Melleville est terminé
par la description particulière des trois
étages des sables inférieurs, et de soixante-
dix- huit espèces de coquilles fossiles inédites
qu'ils renferment. JA
1 TOXICOLOGIE.
| Cours de M. Orfila.
ah
Messieurs,
Voussavez que jusqu'alors nous avons
Ctudié Parsenic sous le point de vue chimi-
que, etïque nos recherches toxicologiques
sur Ce corpsse-sont bornées à en déceler la
présendeidarisie canal digestif. Aujourd'hui
nous aMons aborder une question d’an or-
dre pludéievé. Je veux parler de la grande
question de l’absorption.
En 1812, j'écrivais dans mon Traité de
566
Toxicologie : tel poison est absorbé, tel au-
tre ne l’est pas; et en parlant de Parsenic,
j'affirinais, conduit par des données phy-
siologiques , que ce corps était absorbé.
Pendant vingt-cinq ans, cette idée resta en-
sevelie dans notre ouvrage, et personne ne
vint la développer. Un jour, j'imaginai d’al-
ler chercher dans la profondeur des orga-
nes le poison qui avait été absorbé, et pour
cela, il me fallait démontrer d'une manière
évidente l'absorption de larsenic. Je pris
un chien ; je plaçai sur sa jambe dénudée
un sachet d’un poids déterminé contenant
une quantité donnée d'acide arsénieux. Au
bout de peu de temps, l'animal mourut.
J’enlevaile sachet, Je le pesai, et je trou-
vai que, sur 100 grains d'acide arsénieux,
deux seulement avaient disparu. Ces deux
grains donc avaient déterminé la mort, et
l'absorption avait diminué à mesure que la
maladie avait fait des progres.
Après s'être convaincu qu'une si faible
quantité d’arsenic était disséminée dans la
totalité du corps, il fallait se résigner à en
découvrir bien peu dans chaque organe, et
il fallait aussi trouver le moyen de détruire
cette immense quantité de matière organi-
que entourant l'acide arsénieux. C’est ce
que nous avons fait, Messieurs, et les résul-
tats de ces expériences vous ont été exposés
dans les séances précédentes.
Maintenant, il était nécessaire de se de-
mander si c'était la portion absorbée qui
tuait ou bien celle qui se trouvait renfermée
dans le canal digestif. Dès 1812, j'ai avancé
que c'était le produit absorbé qui détermi-
nait la mort, et, aujourd’hui, je soutiens
encore cette opinion. J’insiste un peu sur
ce point, parce qu'il est important de dé-
truire une erreur généralement reçue, er-
reur qui consiste à croire que l'acide arsé-
nieux est in violeutcorrosifagissant comme
les matières âcres les-plus prononctes. Ce
fait de Ï absorption étant constaté, j'eu ai
tiré, pour le traitement de l’empoisonne-
ment, une conséquence d’un haut iutérêt
pratique : le poison est absorbé; c’est cette
partie absorbée qui détermine la mort;
c’est donc cette partie absorbée qu'il faut
expulser ou détruire. Or l'expérience nous
apprend que le poison s’en va par l’urine.
Il faut donc altérer cette sécrétion ;: et tout
individu empoisonné qui urinera copieuse-
ment a une grande chance de salut.
MM. Flandin et Danger ont prétendu que !
les animaux empoisonnés n’urinaient pas.
Nous ne poavons pas admettre cette er-
reur, contredite tout récemment par ceux
même qui l'ont avancée et par de curieuses
expériences de M. de Lafond.
Ainsi, je me résume, et je dis : l’arsenic
est absorbé plus ou moins vite et en plus
ou moins grande quantité ; il va dans tous
les organes; il y reste plus ou moiüs long-
temps, et il est éliminé par les urines. D'où
je conclus que, dans cet empoisonnement,
il faut faire uriner.
Mais demandons-nous maintenant quelle
est la partie du corps où l’arsenic se rend
en plus grande quantité? Messieurs, c’est
dans les organes sécréteurs, dans le foie
surtout, que vous le rencontrerez plus abon-
damment. Le foie est un organc très vas-
culaire; le sang y circule plus lentement,
y reste plus longtemps, et toutes ces causes
sont suffisantes pour expliquer la richesse
du foie en arsenic, dans un empoisonne-
ment par ce métal.
Nous venons de tracer les principaux
traits de la grande question de l'absorption,
arrivons maintenant aux objections qui ont
567
été faites aux systèmes que nous suivons,
et commençons par Jes objections raison-
nables.
4. Les réactifs et les vases qu’on emploie
ne contiennent-ils pas de l’arsenic?
2. Existe-t-il de l'arsenic normal dans le
corps de l’homme ?
3. Les terrains des cimetières sont quel-
quefois arsénicaux. Ces terrains ne peu-
vent-ils pas céder aux cadavres l’arsenic
qu'ils contiennent ?
4. L’arsenic peut par malveil'ance avoir
été introduit après la mort ; il y a imbibi-
tion. Cela ne peut-il pas induire eu erreur
l'expert le plus habile ?
6. Vous avez trouvé de l’arsenic dans le
foie, dans la rate d’un individu. Mais cet
homme avait, pour certaines maladies de
peau, été médicamenté par des prépara-
tions arsénicales, et l'arsenic que vous trou-
vez provient de ces médicaments.
b. Enfin cet arsenic avait été inspiré.
Après ces objections sérieuses, il en vient
quelques autres tout à fait insignifiantes et
qui ne nous arréterons pas longtemps.
M. Couerbe a dit : il se développe de l’ar-
senic pendant la putréfaction. Il suffit de
vous citer cette phrase pour vous donner
toute la valeur d'une sembiable objection.
Nous placerons sur le même rang les objec-
tions faites par M. Raspail et les paroles de
M. Magendie. Je vous les énoncerai bien
tôt; et les livrer au grand jour, cé sera le
meilleur moyen d'en découvrir l’ineptie et
le ridicule,
Messieurs, les réactifs peuvent être arsé-
nicaux. et c'est la plus grave objection qui
puisse être faite dans une affaire de méde-
cine légale. Commençons par étudivr l'acide
sulfurique.
L’acide sulfurique peut-être quelquefois
arsénical. Suivant Vozel, l'acide sulfurique
fait par la méthode anglaise en contient un
peu, maïs l’acide fumant d’Allemahne n’en
retient iamais. Quant à nous, médecins lé-
gistes, nous supposerons que l’un et l’autre
peuventen contenir, persuadés, cependant,
que cet acide est rarement arsénical. Si
l'on veut s'assurer qu'il est ou qu'il n’est
pas arsénical, on le fera par l’appareil de
Marsh, et si l’on suppose qu'on sera, dans
une expertise, obligé d’agir sur 500 gram-
mes de cet acide, on essaiera d’abord 500
gram. On peut encore prendre 500 gram,
d'acide sulfurique, les saturer par de la
potasse ; le sulfate assez peu soluble cristal-
lisera , et la liqueur surnageante qui con-
tiendra le composé arsénical pourra être
facilement placée dans l’appateil de Marsh.
L'on peut priver un acide sulfurique de
l’arsenic qu'il contient, et pour cela, on |
fait passer un courant d'acide sul'hydrique ;
il se forme un précipité qu’on sépare en fil-
trant à travers de l'amiante. On chauffe
ensuite le liquide pour chasser de l'excès
d’acide sulfhydrique. Cependant, remar-
quons, Messieurs, qu'il vaut mieux, dans
une expertise médico-légale, agir sur l'acide
sulfurique non arsénical. <
Maintenant, voulez-vous essayer de la pa-
tasse, rien de plus facile: vouslatraiterez par
l'acide sulfurique; vous formerez un sulfate
de potasse, et vous agirez comme dans l’opé-
ration précédente.
Le zinc est rarement arsénical, et dans
une expérience dont j'ai rendu compte à
l’Académie royale de médecine, et dans la-
quelle j'ai sur deux kilog. @e zine, je n'ai,
pas trouvé un ato‘ie d'arsenic. Du reste, il
est toujours bon d’estayer préalablement.
le zinc dans l'appareil de Marsh.
068
L’acide azotique, distillé par du nitrate
d'agent, n’est jamais arsénical: Cependant,
uous le supposerons tel, et pour détermi-
ner la présence de l’arsenie, nous sature-
rons cet acide par la potasse, nous décom-
poserons l'azotate par l'acide sulfurique,
nous traiterons par l’eau froide, nous filtre-
rous, et nous placerons la liqueur dans
l'appareil de Marsh. Si l’on avait à agir sur,
de l’azotate de potasse que, du reste, je mai :
Jumais trouvé arsénical, on procéderait
comme je viens derlerdire.
L'acide chlorhÿdique est souvent arsé-
pical, et la distillation ne:le prive point de
son arsenic, comme le prive M. Duvergie.
Il faut, pour expuiser ce métal, ‘traiter
acide chlorhydrique par un courant d’hy-:
drogène sulfuré bien pur, et en filtrer en-
suite la liqueur pour la séparer du sulfure
jaune qui se sera déposé. Pour s'assurer si
cèt acide est arsénical,:on en saturera 500
grämimes par la petaise pure ; on séparera
Je chlorure de-potassium qui pourrait se
déposer à l'état depoudre cristallisée, et on
versera la liqueur surnageante dans un ap-
pareil de Marsh.
Quant aux vases que vous emploierez
-daus vos expertises, il est indispensable de |
bien les laver, de les laver même avec une
eau légèrement alcaline.—A l'aide ‘de tou-
tes ces précautions, vous ponrvez être assuré
d'avance que vous n'introduirez pas un élé-
ment troublé dans vos recherches ‘et que
vous éviterez ainsi la plus grave objection
qui puisse être/faite à un expert. Dans la
prochaine séance, nous continuerons la
nouvelle étude que nous avons'comm'encée
aujourd'hui. EST
PATHOLOGIE.
Recherches concernant l'action délétère du
sang nor; par M. Leroy d’Etiolles.
J'ai montré dans mes recherches sur
l'asphyxie, les dangers d'une pratique gé-
néralément admise : empêcher que l’on
éteignit par une manœuvre imprudente un
reste de vie, était la première condition à
remplir; substituer à l'insufflalion pulmo-
“aire nn moyeu simple qui la remplace ct
établisse une respiration artificielle, était la
seconde condition Ce moyen ni aucnn
autre ne peuvent réussir lorsque la mort
est complète, cela est évident; mais au
bout de combien de temps l’est-elle, voilà
une question à laquelle on ne peut répon-.
dre, car il y a des exemples de personnes
rappelées à la vie après une heure de sub-
mersion, et un bien plus grand nombre
qui, après cinq minutes seulement, sont
complétement mortes. Ce que nous savons
des fonctions respiratoires, de la nécessité
de la transformation du sans veineux en
sang aitériel, de l'influence stupéfiante du
Sang noir sur les organes, autorise à pen-
ser qu'une telle différence ne peut prove-
nir que de larrêt de la circulation au mo-
‘ment de la submersion, ou peu d'instants
aprés : être pris de syncope en ce moment
ést donc une condition favorable.
Sur quels organes plus particulièrement
l'influence léthifère du sang veineux cireu -
fant dans les artères se fait-elle sentir? Bi-
chat, dont il est permis de discuter les opi-
“ionstout en l’admirant, Bichat pensait que
la stupéfaction du cerveau par le sang
noir était la cause de la mort. J’ai pensé
qu'il était intéressant pour la physiologie
et qu’il pouvait devenir utile à la médecine
de savoir si, en effet, le cerveau à une aussi
569
grande part dans la production du phéno-
mène,'et pour cela, j'ai fait ane série d’ex-
périences que je vais rappeler sommai-
rement. J'ai commencé par lier sur un
mouton les deux carotides, pour empêcher
l’'abord du sang noir, j'ai lié ensuite la tra-
chée-artère, et la mort a eu lieu dans le
même temps et avec les mêmes circons-
lances, que si les carotides avaient èté
libres.
Dans une autre expérience, le‘conrs'du
sang fat suspendu dans les carotides'de
Panimal asphyxié, comme dans la préce-
dente, et du’sang'artériel ‘pris à un'autre
mouton futiinjecté-dans l’une dés caro-
tides; la mort eat lien de la même ma-
nivre,
J'ai opéré, dansrine troisième expérience,
par transmission direc'e, au moyen dun
tube à robinet qui établissait la communi-
cation entre la carotide de l'animal respi-
rant et celle de lanimal asphyxié. Les
tubes de communication, aussi courts que
possible, et le robiuet étaient entourés
d’une vessie remplie d'eau à 40 degrés; :
la mort eut encore lieu aussi prompte-
ment.
Il est dons évident que ce n’est pas seu-
lement le cervea qui ressent directement
l'influence délétère du sang veineux, et
que d'autres organes en sont stupéhés, le
cœur, par exemple, dont on voit rapide-
ment les contractions s’affaiblir. Pour le.
soustraire àcette influence.jai fait üne qua-
trième expérience : je n'ai plus fait arriver
le sang artériel supplémentaire au cerveau
“eulement par les carotides, mais j'ai établi :
la communicalion entre les carotides de :
deux mrutovset les veines de la cuisse d’un
troisième mouton, dont je liai la trachée-
artère, la mort a encore eu lieu, un peu
plus lentement cependant que précédem-
ment.
El était permis à priori de prévoir que
latransfusion du sang artériel ne rem pla-
cerait pas la respiration, maïs il était bon
de le démontrer, ce qui était plus inattendu,
c'est que cette transfusion ne ralentirait
même pas la mort.
ZOOLOGIE.
Description d’un nouveau genre &'Orthop-
téres, de la famille des MHantid.Ss, décou-
vert par M. Allibert dans le midi, de Ja
France; par M. Guérin-Méneville.
Au premier aspect, cet insecte ressemble
tellement à un névroptère, que nous au-
rions été tenté de le placer parmi les perles
ou les némoures, si nous n'avions pas exa-
miné très attentivement ses caractères. En
suivant la méthode adoptée par M: Serville,
dans son Histoire naturelle des Orthoptères
(suites à Buffon de Roret), notre inseéte
devrait être placé assez près de sa m@itis
phryganoïdes. Mais si l’en veut suivre’ celle
que M. Burmeister a présentée dans son
Manuel d'Entomologie, il faut en former
ungenre nouveau entre ses chaelessa et ses
tarachodes. En effet, notre insecte appar-
tient à la première division de son tableau
par son prothorax à peine plus long que le
mésothorax 3 il a des élytres et des ailes
parfaites , le vertex sans corne et le corps
glabre ; mais il n’est pas métallique, ce qui
le rapproche du genre chaetessa. D'un autre
côté, comme ses formes générales et la ner-
vation de ses élytres le rapprochent beau-
coup des farachodes , mais qu'il en diffère
par la brièveté de son prothorax et des filets
articulés du dernier segment de son'abdo-
men, il faut en former un sous-genre dans
le grand genre mantis en lui assignant les
caractères suivants :
Perlamantis. Prothorax court, à peine
plas long que le mésothorax ;"tête trans-
versale, sans corne. Antennes sétacées,
ayant à peine la moitié de la longueur du
corps. Élytres et ailes semblables, allongées,
transparentes, à nervures longitudinales et
transverses semblables à celles des perles.
Pattes antérieures ravisseuses, ayant les
cuisses armées, en dedans et au milieu, de
quatre fortes épines dont l’une est articulée.
Abdomen terminé par deux filets ou appeu-
dices courts, ve dépassant pas les pièces de
l'organe générateur dans les mâles, aplatis
et plus épais-au bont ; pattes grêles.
Perlamantis Allibertiis Obscure fusca,
corpore subtus pedibusque fusco-flavidis,
nigro-maculatis. Elytris alisque:sub-bya-
linis, fusco-nervosis. L. 15 enverg. 30mill.
M. Alibert a rencontré cetorthoptère à
Puimoissons (Basses- Alpes), et il n’en à
trouvé qu’un seul individu qu'il nous à
généreusement remis. Nous avons cru de-
voir dédier ce curieux insecte au jeune mé-
decin et zélé entomologiste qui l’a décou-
vert, afin de l‘encourager à faire de nou-
velles recherches dans cette-partie de la
France encore si peu conuue sous le rapport
de sa faune entomologique. 214
(Reiue zoologique:
SCIENCES APPLIQUÉES::
ARTS CHIMIQUES...
rrinii sl
Emploi du maclura auréntach &lé brn-
ture, par 21. Et. Miergue; DM @An-
duze. Ê TRÈS
,
Sile maclura aurantiaca a resté rélégué
dans les jardins botaniques où chez quel-
ques curieux, on ne peut attribuer cette
négligence qu'au manque-d’emploi de cet
article, soit dans les arts, soit dans l’éco-
nomie rurale et industrielle.
Dans le but'de tirer cet intéressant vé-
gélal de l'oubli, auquel on Pavait déjà
voué, je me suis livré à quelques expé-
riences. :
Non-seulement le rr7aclure est ‘remar-
quable par la dureté, l'incorruptibilité et
la beauté de son bois, mais il offre aussi
l’avantage de douner aux étoffes une belle
nuance nankin, qui résiste aux savonuages,
qui s’avive et devient plus belle parilés les :
sivages. Voici le moçen de procéder à Ja
teinture. On fait bouillir dans de l’eau de
chaux, contenant un cinquantième de po-
tasse, une quantité de copeaux de maclura
suffisante pour donner au bain une teinte
jaune obscure ; on ÿ plonge l'étoile pen-
dant que le bain est bouillant jusqu à ce
qu'elle ait pris la couleur de gomme gutte;
on l'exprime, on la plonge dans l'eau con-
tenant un trent.ème de sel d’étain (proto-
chlorure d’étain), qui lui doñne une nuance
jaune soufre; on la rince dans l'eau ct on
la savonne fortement. Cette opération dis-
sout toute la partie colorant jaune et ne
laisse sur l'étoffe que la couleur nañkiu:
avant de plonger l’étofle daus le bain, il
serait avantageux de la mort ancer par | a-
cétate d’alumine. Le bois de, Maélura ofri-
rait une ressource de plus à Tébén'Sterie
et à la marqueterie; il présente des nuarices
très variées et des tons très chauds Hu dis
le marron foncé jusqu'au jaune Sen, vec
: 4 2 ke 2:
_ des reflets satinés; la couleur de ce Pois est
À
f
ÉTÉ
très fixe et ne ternit pas à l’air; si on passe
sur ce bois une dissolution de potasse avant
de douner le dernier poli, on obtient des
reflets orangés très agréables; le grain en
est fin et serré, ce qui permet de lurdonner
un beau poli; il est dur, élastique et très
propre à faire des coins, des manches, des
sergents, des arcs. et lous les-outils qui fa-
tiguent beaucoup.
(Bulletin d'agric. de l'Herault).
Moyens d'imprimer sur les éloffes; par
M. Kent Kingdon, 4’ Æxeter, comte de
Devon. (Patente anglaise).
Ces moyens consistent, premièrement,
à produire avec de x laine tontisse des
dessins en relief sur les étoffes de laine, de
coton, de int ou de soie; secondement,
dans l’usage d’une solution de caoutchouc,
qui augaiente: Ja durée et la perfection de
cès dééSinss troisièmement, dans l’applica-
tion: d'unesolation de caoutchouc sur les
étoffes, pour les rendre imperméables et
susceptibles d être bronzées ou dorées. L'é-
toffe, après avoir subi ces préparations,
passe sous un ou plusieurs cylindres gra-
vés, qui y produisent des reliefs ou gau-
frures.
Voici comment l'auteur exécute son pro-
cédé: ::: 21:
sin est sec, on le recouvre, par le moyen
du même Bloe ou d’un awtre semblable,
avec un vernis où mordant capable de re-
tenir la laine tôntisse, que l’on répand en-
suite par. dessus, commune à l'ordinaire, ce
qui formerun dessin velouté,
Si l’on se propose de durer ou de bronzer
le fond, on étend une solution de caontchoc
sar-uneétoffe; par exemple, sur du éâlicot
mince, et, après l'avoir laissée sécher, on
applique, par les procédés ordinaires, une
assiette sur laquelle on fixe une couche
d'or ou de bronze. La gaufrure peut en-
suite être obtenue par le passage du drap
doré ou bronzé entre des cylindres gravés.
Si l'on désire y produire un dessin ve outé,
on opère comme il a dit ci-dessus ; mais,
dans ce dernier cas, le relief est produit par
la seule application de la laine tontisse.
FF GII (Journal des usines.)
i
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Conservation des substances alimentaires.
(Troisième article.)
On sait depuis bien longtemps que les
viandes et les substances végétales marinées
dans le vinaigre se conservent fort bien, et.
l’économie domestique tire un grand parti
de ce moyen peu coûteux et bien simple.
Mais tous les acides minéraux et organiques
jouissent également de cette propriété. L'a-
cide pyroligneux brut ou non compléte-
ment privé de toute odeur empyreumatique
est surtout, un excellent antiseptique. Les
substances annales charnues, plongées
péndant. quelque tempsdans ce liquide, puis
abandonnées à l'air, se dessèchent peu à peu
sans Se putréfier.
Les chimistes admettent que le vinaigre
de bois, l'eau ç € goudron, la suie, la fumée
de bois, doivent leur propriété antiseptique
à une Substance. huileuse empyreuma-
tique ;quuls renferment, et qu’on retire
en plus grande quantité du goudron de
LP e {re ’
bois. Nous voulons parler de la créosote,
912
dont le nom signifie conservateur de la
chair, en raison de sa vertu antiputride
très prononcée.
En effet, les viandes fraîches plongées
dans la solution aqueuse de créosote , puis
retirées au bout d'une demi-heure et sé-
. chées, penvent être exposées à la chaleur
du soleil sans entrer en putréfaction ; elies
se durcissent dans l’espace de huit Jours,
prennent une odeur agréable de bonne
viande; fumée. et la couleur passe au rouge-
brun.'Les poissons se conservent de même.
Le, sel marin est un antiseptique très
puissant ; et c’est de, celte propriété bien
constatée depuis des siècles que dérive la
pratique de la salaison des viandes, qui de-
vievuent, par cette opération, Susceptibles,
d’une conservation indéfinie. Mais il n’est
pas indiflérent d'employer tel outel sel ma-
nn pour faire ce qu’on appelle vulgaire-
ment la saumure. Plusieurs pays sont re-
nommés pour la bonté de leurs viandes sa-
lées, ce qui tient évidemment à la nature
du sel qu'on y emploie; telle est l’irlande,
tel est Saiut-Ubès, en Portugal ; le sel de ce
dernier pays est le meilleur que l'on con-
naisse pour la salaison de la morue. Il est
extrait de la mer.dans les marais salans ; sa
saveur. est sensiblement amère. M. Derthier
attribue sa supériorité ; pour les salaisons,
à la grande proportion de sulfates de ma-
gnésie, de soude et de chaux qu’:l contient.
La manière de saler les substances ani-
males est très simple. On les divise d’abord
en tranch:s ou morceaux de peu d'épais-
seur, puis on les role dans Le sel ct l'on
forme, dans des pots ou des bariis, des
couches superposées et alternatives de sel
et de substances salées on recouvre d'un
dernier lit de sel, puis on fcrine aussi exac-
tement que possible.
La salaison des viandes est une industrie
: très importante, puisque i unique nourri-
ture des marins consiste dans les viandes
salées dont l’usage prolongé occasionne ou
ou accélère malheureusement lé dévelop-
pement des maladies dont les relations de
voyages offrent de si nombreux exemples.
Le cav'ar, dont on fuit «ue si grande
consommation en Rusiie, en Allemagne,
en Autriche, en Italie eten Angleterre, est
le frai de l’esturgeon qu’on pêche dans le
Volga. Le frai débarrassé des pellicules, du
sang qui s’y trouve mêlé, est lavé avec.soin,
puis ploñgé dans la sanmure ;‘expriméet
pétri dans des tonueaax jusqu'à ce qu'ibait
été réduit en une pâte bien homogène.
Ainsi préparé, ce mets est susceptible d'une
longue conservation. I! est très recherché
en Russie,
Plusieurs autres sels, et spécialement le
nitrate de potasse , agissent comme le sel
marin (chlorure de sodium) dans la con-
servation des viandes. Les charcutiers as-
socient toujours un peu de nitre au sel avec
lequel ils salent la viande de porc, parce
qus le premier communique aux chairs
une teinte rose agréable.
Très souvent on ne se contente pas de
saler les viandes et les poissons, maïs on les
dessèche encore en les exposant à la fumée.
L’art de fumer ou de boucaner les viandes a
été porté, à Hambourg, à une telle perfec-
tion, que les autres nations n’ont pu l'at-
teindre, et le éœuf fumé de Hambourg jouit
d’une grande réputation. Cet art est ce-
pendant assez simple, puisqu'il consiste à
exposer pendant quatre à cinq semaines
les viandes dépectes, salées et suspendues
daus une chambre, à l’action de la fumée
produite par des copeauxde chêne Lrès secs.
573
Le saurage des harengs est une opéra-
tion semblable , seulement on suspend:les
poissons salés dans des espèces de fours ou
de cheminées faits ‘exprès , qu'on appeile
roussables, et où l'on fait un petit feu de
menu bois qu'on ménage de manière à ce
qu'il doune peu de flamme et beaucoup de
fumée. On laisse les harengs jusqu'à ee
qu'ils soient.entièrement saurés ou secs et
enfurmés. 24 heures suffisent. 10 à 12,009
harengs peuvent étresaurés à la fois. C'est
en Hollande que‘ctipenre d'industrie est.
le plus étendu.-Les Hollandais vendent
annuellement aux autres peuples pour plus.
de 60,080,000 de francs de harengs blancs
ou salés, et de harenys rouges:ou saurs:,
saurés ou fumés.
La découverte du mode de préparer et
d’encaquer les harengs, par Beuckels, vers
le milieu du quinzième siècle, a beaucoup
contribué à accroître. ls force maritime et
l’opulence des Hollandais;;
Dans le séchage. à lafamée , les viandes
sont pénétrées d’acide pyroligneuxetd’huile
pyrogénée où créosote, qui constituent
presque en totalité la fumée. Ces principes
conservateurs ajoutent donc leur action à
celle du sel marin.
Nous croyons avoir donné les principaux:
procédés de conservation des substances ali-
mentaires ; le sujet est si important qu’on
ne nous accusera peut-être pas d’avoir dé-
crit certains modes de conservation géné--
ralement connus; nous avons voulu don-
ner un ensemble complet: Nous nous fai-
sons un devoir de reconnaître: que nous
avons résumé les- belles leçonside M. Girar-
din sur la putréfaction. J—s G,
ÉCONOMIE AGRICOLE,
Comparaison des bœufs avec les chevaux.
L'agriculture doit-elle préf'rer les bœufs
aux chevaux, sous les rapports du travail,
du nombre, de a nourriture, de la qualité
du fumier et de son aboudance?
Nous répondrons à cette question qu’il
n'existe de supériorité absolue ni pour les
chevaux ni pour les bœufs, mais les uns.
ou les autres ont une supériorité relative,
déterminée par la position ou les circons-
tances où se trouve chaque cultivateur.
Le travail des œufs est à celui des che-
vaux comme 2est à 3, mais les frais de nour-
riture et d’entretien sout dans la mème
proportion.
M. de Dombasle qu’il faudra toujours
citer quand il sera question d’une compta-
bilité régulièrement tenue, établit que le
travail des chevaux est à celui des bœufs
comme 4 est à 5; ainsi, sous ce rapport, il
semble traiter les bœufs plus favorablement
quemoi. Cependantile:t une considération
importante à faire valoir en faveur des
bœufs.S'ils travaillent peu,etparconséquent
restent plus à l’étable, ils y font du fumier,
ils augmentent de poids et ils ont plus de:
valeur au moment où on les met à l'en-
grais. Si l’on achète, pour le travail, des
bœufs de quatre ans, ils grandissent sou-
vent beaucoup. Pour que le compte fût
exact, il faudrait que les bœafs fussent
pesés d’abord lorsqu'on les achète, puis
lorsqu’onles met en graisse, et qu'ils fussent
crédités de I cxcédant du poids qu'ils doi-
vent avoir acquis, s'ils ont été bien gou-
vernés. Je crois qu'il est généralement
avantageux de n'exiger des bœufs que peu
de travail : les chevaux, au contraire, s'ils
restent à l'écurie, font peu de fumier, et
074
souvent se détériorent plutôt qu'ils n'aug-
mentent de valeur.
Les chevaux conviennent mieux aux sols
pierreux, aux terres fortes, partout où il y
a des transports à exécuter.
Les bœufs convienuent particulièrement
pour les terres légères, pour la charrue et
pour tous les travaux qui ne leur font
pas dépasser les limites de la ferme qu'ils
cultivent ; les terres fortes produisent l’a-
voine et lesféveroles, dont cn nourrit géué-
lement les chevaux, tandis que les terres
légères produisent des racines pour les
bêtes à cornes.
L'emploi bien entendu des hœufs et des
chevaux, réunis pour une même exploita-
tion, nous semble présenter les plusgrands
avantages. La proportion numériquedes uns
et des autres est, dans ce cas encore, déter-
minée par la nature des travaux à exécuter
et les circonstances particulières.
Sur le Glane, tous les cultivateurs ont
une paire de chevaux, ou au moins un
cheval pour les transports et tous les tra-
vaux pénibles, afin de pouvoir ménager les
jeunes bœufs.
Dans le pays de Deux-Ponts, chaque
ferme n’a ordinairement qu’un attelage de
quatre chevaux, pour la herse et lestrans-
ports; les labours sont ex‘cutés par des
bœufs, qui sont en nombre double ou triple
des chevaux. On n’en attelle que deux à
une charrue, mais tous les cultivatears
tâchent toujours d’en avoir au-delà du
nombre nécessaire, afin de les ménager et
- deles maintenir en bon état, jusqu’au mo-
ment où ils seront engraissés.
Quant au fumier, l'avantage est certai-
nement du côté des bœufs, et personne n’a
—encore songé à le contester.
Schwerz nous atteste qu’une vache belge
produit 50 à 60 voitures à un cheval de
fumier dans une année, et ce fait est tres
certain, tout incroyable qu'il puisse pa-
raître à bien des cultivateurs français.
J'ai pesé avec une grande exactitude la
paille employée pour litière et le famier
produit par un bœuf en graisse. J'ai trouvé
que 10 kilogr. de paille donnent par Jour
75 kilogr. de fumier (1 kilog. de paille? 172
de fumier).
Le pavé de l'écurie a une forte pente
qui laisse échapper la presque totalité des
urines; elles aboutissent à un réservoir, où
elles sont utilisées; mais si on voulait les
retenir comme dans une Ctable flamande,
et les faire absorber par une suffisante
quantité de litière, on pourrait certaine-
ment doubler la quantité de fumier.
La prodigieuse quantité de fumier qu’ob-
tiennent les Flamands, vient de ce que l’es-
pace creux qui se trouve derrière les bêtes
retient la totalité des urines, et qu'ils y
jettent, outre le fumier produit par une
abondante litière, des herbes, des gazons,
des bruyères, en un mot toutes les matières
qu'ils ont à leur disposition pour absorber
“les urines.
Un cheval de travail, avec 15 kilogr. de
paille par jour, ne produira pas par année
plus de 8 voiture de fumier de mille kilog.
lune.
Thaer, que tous les jeunes cultivateurs
doivent lire et méditer, a traité cette ques-
tion avec des développements assez éten-
dus. F, Vizrenoy.
D ET Ke
575
SCIENCES HISTORIQUES.
VOYAGES,
Ruines de Carthage ; par M. Félix Flachë-
naker.
Aqueduc. — En entrant dans le village
de la Malga, on trouve dans la cour de la
maison d’un Maure, un débris de l’ancien
aqueduc, assez bien conservé.
Ce débris imposant a 15 pas de longueur
sous voûte; il est construit en pierres meu-
lières, reliées cntre elles par un ciment
d’une dureté extraordinaire. Sa hauteur
intérieure est de 1M,773 ; sa largeur inté-
rieure, prise à la moitié de la hauteur et
d’une paroi à l’antre,est de Om,865; l’épais-
seur de la voûte est de 0m,378, «t chaque
paroi latérale n’a pas moins de Om.,865 d’é-
paisseur, c’est-à-dire justement la fargeur
intérieure de l’aqueduc.
Quant à la cuvette, dont l'intérieur est
garni d’une espèce de pouzzolane où d'une
couche de sédiment laissée par les eaux.le
fond est formé par un ciment composé de
briques pilées et de béton. Sa largeur in-
férieure varie de 0m,607 à Om,621, et sa
largeur supérieure est de 0m,875 sur 0m108
de profondeur.
M. Benoît, chargé du plan de l'usine de
Toubourba, et qui a visité les ruines de cet.
aqueduc monstre (il portait les eaux de la
source de Zawan (Mons Zeugis) jusqu'aux
réservoirs établis à Carthage, parcourant
une distance circulaire de 45 milles, mais
qui en ligne droite ne serait guère plus de
30 milles), M. Benoît, dis-je, a fait des
expériences très intéressantes sur la qan-
tité d’eau qui devait arriver dans cette ville
au moyen de l’aqueduc, et partant de là, il
donne le chiffre approximatif de la popu-
lation de cette immense cité, qu’il porte à
1,300,000 habitants.
Bien des doutes et des controverses se
sont élevés sur l’époque de la éonstruction
de ce monument gigantesque, et la ques-
tion n’a pas encore été éclaircie. Tout donne
à peuser cependant qu'il n’est pas dû aux
Carthaginois,mais bien plutôtaux Romains,
peut-être du temps des empereurs Maxi-
in et Dioclétien, ;
Byrsa. — Le plateau sur lequel s'élevait
l’acropolis de Carthage, la forteresse Byrsa
(du phénicien Bosra) est situé au sud de la
ville et à égale distance des villages de la
Malya et de Douair-el-Schatt, avec lesquels
il forme un triangle dont il occuperait le
sommet. Ce plateau, de forme carrée et as-
sez uni, s'élèvede61 mètresau-dessusdusol;
tout à l’entouron remarque un grand nom-
bre de débris deconstructions qui viennent
à l'appui de cequedisentStrabon et Appien,
savoir que la colline sur laquelle se trouvait
Byrsa était roide, située au milieu de la
ville et habitée tout à l’entour. Strabon
ajoute que le sommet de cette colline était
couronné par un temple d'Esculape dans
lequel se retirèrent, sous les ordres d’As-
drubal, ies neuf cents transfuges qui étaient
dans la citadelle. La position de ce temple,
élevé de soixante marches au-dessus du
sol, dut rendre leur défense désespérée ; les
transfuges, se voyant abandonnés par leur
général, mirent le feu au temple et aimè-
rent mieux périr dans les flammes que de
se livrer à leurs implacables ennemis. En
avant du plateau de Byrsa, et presque à ses
pieds, se trouvent les ruines d'un édifice
qu'on peut supposer être le temple d'Apol-
lon que pillèrent, selon Appien, les troupes
576
de Scipion, lorsqu'elles se furent emparées
des murs du port Cothon.
A la partie sud et sur un plan légèrement
incliné, sont restés debout d'énormes pans
de muraille qu’on peut regarder comme
appartenant à la citadelle; sur le devant on
remarquait encore, il y a quelque temps,
des fragments de mosaïques : du reste, le
plateau en entier est couvert de débris plus
ou moins considérables; sur le flanc de la
colline, du côté nord, il existe des voûtes de
9m,8 de profondeur, et an nord-ouest, sur
üuu penchant rapide, on retrouve des ruines
de murs assez imporiantes et qui semblent
attendre la réparation de leur toiture : cette
peute conduit à un petit vallon ou plutôt à
uue gorge qui se trouve ainsi resserrée
entre le plateau de Byrsa et une autre pe-
tite colline pareillement recouverte de dé-
bris, au delà de laquelle se retrouve le
chemin qui ramène à la Malga.
La Marsa. — Komarth.— L’Ariana.—
Le village de la Marsa (l’ancienne Maxula),
autrefois ville de la seigneurie de la Gou-
lette, qui, fondée par Méhédi, calife de
Kairwau, fut détruite pendant les guerres
des rois de Tunis, et ensuite rebâtie par
des pêcheurs et des laboureurs :'on y voyait
autrefois uu fort beau palais, une mosquée
et un collége fondé par Muley-Mohamed :
aujourd’hui ce n’est plus qu’une réunion
de villas habitées par les consuls et les né-
gociants européens. C’est le nom de Marsa
(port) qui avait donné à penser que le port
de Carthage se trouvait ea cetendroit. Au
delà de cette réunion d'habitations choisies,
on arrive au mont Gamarth, au pied du-
quel est le village de ce nom.
Ce mont offre encore les traces recon-
naissables d'une ancienne et vaste caia-
combe ; mais il est imprudent d'y pénétrer,
tant à cause des ‘éboulements qui s’y sont
formés, qu'à cause des précipices qu'on y
peut rencontrer ; aussi personne n'ose la
visiter, quoiqu’elle soit ouverteendifférents
endroits.
En suivant les ruines de laqueduc, on
passe par Sidi-Daoud, qui n’est qu'un point,
et l'on arrive à l’4rrane, joli village situé
sur la route de Cartage à Tunis ; c'est avec
les murs qui entourent ce village que vien-
ueut se coufondre les ruines de l'aqueduc.
Au milieu des masure: de jardiniers et de
laboureurs se trouvent quelques maisons
de plaisance appartenant à des négociants
de "unis : plusieurs morceaux de sculpture
et d'architecture qu’on y a trouvés donnent
à penser que c'était une ville assez consi-
dérable, où au moins qu’il ÿ avait eu en ce
lieu quelques maisons de riches Cartha-
ginois.
EE
Le Rédacteur-Gèrant :
C.-5. FRAYSSE.
BIBLIOGRAPHIE.
ABRÈGÉ DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE, ré-
digé dans le même ordre que le nouvean programme
de l'Université , avec la mnémonique de toutes les
dates et de tous les hommes remarquables dans la
paix, dans la guerre, dans la littérature, ele., d’après
la belle Afethode du protogranme, inventée par
Alphonsine-Théolinde Cotte, précédé de l'expose
de cette méthode mnémonique qui n'exige mi la-
bleaux ni jetons : Ouvrage indispensable pour les
personnes de lout âge qui desirent retenir saus peine
des faits el des dates. Première partie, /Zistoire an-
cienne, par L.-H. Cotte , homme de lettres. —
Paris, direction de la Mnémonique du protogramme,
ruc Dauphine, 26.
——_——
FARIS.—IMP, DE LACOUR el MAISTRASSE fs,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
10e année.
L'ECH
Paris. — Dimanche, 2 Avril 1815.
DD ——
N° 25,
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
a
'L'ECHO DU MONDE SAVANT parait le SEUDE etle DEMACME Ge chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la Cirection
de M. le vicomte À, DE LAVALETME, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux l:-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR -S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 îr., 26 fr.,
‘8 fr. 50. Al'ETRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peavent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'É:HO DELA LITTÉ-
F RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec PEcho du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) al. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
: SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE. Observations sur la pile de M. Rei-
zet; Becquerel, — CHIMIE INORGANIQUE.
Recherches sur une série de composés dont les
oxides de chrome, d'aluminium, de fer et d’an-
timoine forment un des éléments ; Gauthier de
Claubry. — SCIENCES NATURELLES. GEG-
LOGIE. Sur les glaces flottantes; Couthouy., —
Sur quelques empreintes existant à la surface de
la ie à ossemenis du lias dans le Glouces-
tershire ; Slrichland. — PALÉOX*TOLOGIE.
Sur les carnassiers à canines comprimées et tran-
chantes trouvés dans les alluvionus du val d'Arno
et de l'Auvergne; Pomel. — SCIENCES MÉDI-
.CALES. TOXICOLOGIE. Cours de M. Orfila.
—ZOOLOGIE. Index ornithologique; Lesson.—
SCIENCES APPLIQUEES. ARTS CHEMI-
QUES. Moÿen de coller le papier ; Middleton.—
Encoiagse des chaines pour les tissus; Andrew. —
ARTS MÉCANIQUES. Filature anglaise de Man-
chester. — AGRICULTURE. Culture du coto=
nier dans l'Hérault — HORTICULTURE.
Brouette jardinière. — SCIENCES HISTO-
RIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORA-
LES ET POLITIQUES. Séance du 25 mars. —
ARCHEOLOGIE. Canton de Gémozac; Lesson.
GÉOGRAPHIE. Note sur le Yucathan, — BI-
BLIOGRAPHIE.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Observations sur la pile présentée par
M. Reizet, dans la séance du 27 février
4843 ; par M. Becquerel.
La pile de M. Reizet n’a de nouveau dans
sa construction que la substitution du coke
au platine, pour former l'électricité néga-
tive.
Cette substitution est due à M. Bunsen,
de Marbourg, qui, au lieu de lames de pla-
tine, a façonné un cylindre de coke, de ma-
nière à entourer l'élément zinc. Chaque
couple de cette pile est composé de quatre
pièces cylindriques, s’emboîitant les unes
dans les autres. La pièce extérieure est un
bocal de verre rempli d’acile nitrique du
commerce. Dans ce bocal plonge le cylin-
dre creux de charbon, ouvert à ses deux
extrémités, et portant à sa partiesupérieure,
hors de l’acide, un anneau en zinc bien dé-
capé, au bord duquel est une languette de
métal destinée à établir le contact avec le
zinc du couple voisin. Dans l’intérieur du
cylindre de charbon est placé un autre cy-
lindre en biscuit de porcelaine ou terre po-
reuse, fermé par en bas, et distant du pre-
mier d'environ ! millimètre; ce cylindre,
nommé dia)hragme, est rempli d’eau aci-
dulée par l’acide sulfurique, dans la pro-
portion d'une partie d’acide du commerce
pour 7 à 8 d'eau. Enfin, dans ce liquide :
plonge un cylindre en zinc amalgamé, ter-
iné par une languette destinée à établir
la communication avec le cylindre de coke
du conple voisin. Quarante couples réunis
produisent des effets prodigieux,
En présentant cette pile, M. Reizet a an-
noncé qu'un seul couple pourrait servir
aux expériences de galvanoplastie et de do-
rure. L'auteur de cette pile, M. Bunsen, en
comparant son action à la pile de M Grove.
a trouvé que celle-ci était à peine de 17100
plus considérable dans ses effets que la
sienne.
Je crois n'avoir oublié aucune des con-
ditions principales pour la construction de
la pile présentée par M. Reizet ; voici main-
tenant mes observations :
La premicre pile à courant constant, et
qui méritit réellement ce nom, en raison
de la durée de ses elfets, se eomposait :
1° d’un bocal en verre, rempli d'acide ni-
trique concentré. dans lequel plongeait un
cylindre en porcelaine dégourdte,contenant
une solution également concentrée de pa-
tasse ; dans chacun des liquides plongeait
une lame de platine. Dès linstant que la
communication était établie entre les
deux lames de platine, l’eau et l’acide
nitrique étaient décomposés avec tant de
force, qu'il se dégapeait un torrent de gaz
oxygeneautour de lame de platine plongeant
dans Ja solution de potasée. Le courant élec-
trique, cause d’une action aussi énergique,
était dû à la réaction de l'acide sur lal-
cali par suite de laquelle l'acide prenait
l'électricité positive, l’alcali l'électricité né-
gative. Cet appareil recut alors le nom de
pile à gaz exygène. Je fis voir pour quels
motifs Jes effets étaient constants, Des piles
construites avec cet élément présentaient
toutefois un inconvénient. Le nitrate de
potasse, au fur et à mesure qu'il cristalli-
sait dans les pores du diaphragme, en Îles
obstruant , diminuait l’action de la pile et
finissait par la faire éclater. Je substituai
de l'argile humide au cylinlre de porce-
laine, et me servis de tubes recourbés en Ü,
à grand diamètre. J'obtins alors des effets
constants pendant plusieurs jours; mais
cette pile présentait encore un inconvénient
qui se trouve et dans la pile de M, Grove
et dans celle nrésentée par M. Reizet : c'e:t
que l'acide nitrique est décomposé en d'au-
tant plus grande quantité que l'action est
plus vive; de sorte qu’il y a un dépagement
continuel de gaz nitreux qui finit par in-
commoder les expérimentateurs. Pour pa-
rer à cet inconvénient, je subslituai à l’acide
hitrique une solution saturée de sulfate de
“cuivre; à la solution de potasse une solution
d’eau salée; et la séparation entre les deux
liquides fut Ctablie soit avec un diaphragme
de porcelaine, soit avec de l'argile humide,
soit avec de la toile à voile. Dans le sulfate
de cuivre plongeait une lame de cuivre, et
daus l’eau salée une lame de zinc amalgamé.
Douze éléments seulement de cette pile pro-
duisent les plus grands effets d'incanles-
cence, de fusiou et de décomposition chi-
mique , effets dont je me suis servi
pour opérer des essais de minerais d’or.
M. Grove substitua à la solution de po-
tasse une solution d’eau acidulée par l'acide
. sulfurique, et à la lame de platine une lame
de zinc amalgamé.
D’après cet exposé, il n'y a réellement
qu'une seule chose nouvelle dans la pile de
M. Bansen, c’est l'emploi d’un cylindre en
coke au lieu d’une lame de platine, substi-
luton qui, du reste, me paraît excellente.
Quant à l'effet, à surfaces égales, il doit
être le même, puisque le platine, comme le
charbon, forment l'élément non oxydabie,
Il est eucore nn point sur lequel je dois
appeler VPattention des personnes qui veu-
nt se servir de eet appareil : ce sont les
effets d'endosmose qui ont lieu eatre les
deux liquides, par l'intermédiaire du dia-
phragme en terre porense ; et par suite
desquels, les liquides venant à se mélanger,
il arrive un point où le courant cesse d'être
constant. Dans celte pile, le couxant est c
à deux causes : 1° à l’action de l’eau ag
lée par l’acide sulfurique sur lezine,
tal prenant l'électricité négative e
acidalée l'électricité positive ; 2° à I
tion des deux dissolutions l’une sur lhut
par suite de laquelle Pacide nitrique
Pélectricité positive. Ces deux causes,
joutant, donnent plus d'énergie à la pileT
C'est précisément cette condition que j'ai
toujours remplie dans mes apoareils.
Dès lors, il est important de créer tous
les obstacles possibles pour empêcher le mé-
lange des ceux liquides, sans nuire à l’in-
tensité du courant.
Voici le résultat d’une expérience que j'ai
faite pour connaître la vitesse d'endosmose
entre deux liquides, lPacide sulfurique
étendu dans les proportions indiquées plu;
haut et l'acide nitrique du commerce, sé-
parés par un diaphragme en terre cuite.
J'aimis dans un bocal de verre 1 {4 gram-
mes d’eau distillée et 19 grammes d'acide
sulfurique anhydre. J'ai plongé dans ce li-
quide un cylindre en porcelaine dégourdie
de 3 à 4 millimètres d'épaisseur, renfer-
maut 95 grammes d'acide nitrique, et j'ai
laissé Pendosmose s’opérer pendant qua-
rante-hnit heures ; j'ai cherché ensuite la
quantité d’acide sulfurique passée dans
l'acide nitrique, et j'ai trouvé qu'il y en
avait 3,5 grammes, à peu près le sixième de
l'acide sulfurique qui se trouvait dans l’eau
acidulée. Dans cette dernière, il était passé
une quantité proportionnelle d'acide nitri-
que ; car il n’y a jamais endosmose sans
exosmose. Cet acide, en se rendant de l'au-
tre côté, devait augmenter la réaction de
l'eau aciluléce sur le zinc, et niême atta-
quer le mercure.
D'après les observations que je viens de
présenter, on voit que la pile de M. Bansen
ne diffère des piles à courant constant déjà
connues, qu’en ce qu'on a substitué au pla-
389
tine plongeant dans l’acide, un cylindre de
coke beaucoup moins dispendieux, et que
les diaphragmes sont plus rapprochés ; mais
il est douteux qju'eu raison du dégagement
de gaz uitreux, on la préfère, dans les arts,
aux piles aujourd’hui généralement en
usage, lesquelles, quand elles sont com-
posées de douze couples seulement à large
surface, au lieu de quarante, produisent les
plus grands effets physiques et chimiques,
sans qu'il y ait à craindre les effets délétè-
res des vapeurs nitreuses.
CHIMIE INCRGANIQUE.
Recherches sur une série de composés dont
des orydes de chrome, l’aliuminiurr. de
fer et d'antimoineforment undes éléments.
Extrait d'une lettre de M. GAuLTIER DE
CLausry à M. Dumas, à l'occasion d'une
communication récente de M. Malaguti.
«Les oxydes dela formule générale MO"
forment, avec la presque totalité des acides,
des composés dont la série peut être envi-
sagée de deux manières :
» Ou comme des aluns que je suis par-
venu à obtenir avec la plus grande partie
des acides organiques ou anorganiques ;
» Ou comme des se/s dans lesquels M*0°
formerait un ac'de complere. ce qui revien-
drait à peu près aux idées émises dès long-
temps par Wallquist.
» L’isomorphie des oxydes M°O0° se re-
trouve dans la presque totalité des selsque
j'ai obtenus, ou de ceux qui, antérieure-
ment observés, peuvent presque tous être
ramenés à ce type, en distinguant bien les
uns des autres des composés à divers degrés
de baséité que plusieurs chimistes ont ob-
tenus en mélange.
» En admettaut cette manière de voir,
j'ai obtenu, avec des acides anorganiques
ou organiques, beaucoup de sels qui man-
quaient dans les séries déjà connues, comme
les tartrates de potasse, de chrome ou d’a-
lumine, par exemple, ou les aluns d’aside
borique , acétique, citrique, etc. , base de
chrome, d’antimoine, de fer ou d’alumine.
» Jusqu'ici je n’ai pu séparer à l’état de
pureté les acides dont l’un des éléments se-
rait le chrome, le fer, l'aluminium et lan-
timoine; leur obtention rendrait certaine
lune des deux manières d'expliquer la for-
mation des sels dont il est question. »
SCIENCES NATURELLES.
GEOLOGIE.
Sur les glaces flottantes.
Dans la troisième session des géologues
américains ; tenue à Boston en 1842,
M. Couthouy a donné connaissance de tous
les faits qu'il a pu recueiilir sur les places
flottantes , leur action et leur transport en
général. Il comntence par tracer la posi-
tion géographique d’un grand nombre de
ces glaces flottantes, d’après des renseigne-
ments authentiques. L'auteur cite un pre-
mier exemple de ce phénomène, qui fut
observé le 28 mai 1822, dans le trajet de
la Havanne à Rotterdam, par 420 10° lati-
tude N. et 449 50° long. O. de Greenwich.
Le bloc flottant (berg) était d'une grosseur
remarquable ; on l'apercevait à une dis-
tance de 16 milles. Bien que la ner fat
calme et que le temps fut tranquille, le
bloc de giace tournait constamment sur
lui-même. Un autre exemple fut observé
la même anuce, en septembre, sur le
581
grand banc de Terre-Neuve, À 43° 18° lat.
N., 48° 30° long. O. Il avait près de 420
à 130 fathoms.
Depuis cette époque, M. Couthouy a ob-
servé plusieurs exemples de glace flottante,
et le dernier qu’il eite remonte au 4 mars
1841. C’est dans l'Océan pacifique et pen-
dant une traversée des îles Hawaï à Boston
qu'il le remarqua.
Le bloc n'avait pas moins de 280 à 300
pieds de haut, et son plus grand diamètre
avait deux tiers. de mille Le vaisseau, dont
le sillage donnait plus de 7 milles à l'heure,
ne mit pas moins de deux heures trois
quarts pour arriver jusqu’à lui. On Pavait
d'abord pris pour un très grand îlot. D’é-
normes blocs de pierre faisaient saillie de
toutes parts de cette véritable montagne
de glace; quelqnes-uns ne mesuraient pas
moins de 20 pieds carrés. Un fort vent de
l’ouest, qui battait violemment ses flancs,
faisait ruisseler à sa surface de véritables
torrents qui retombaient de toutes parts en
larges nappes. L'eau, à plus d’un mille de
distance , était remplie de fragments dont
quelques uns était assez gros pour endom-
mager le vaisseau. Le phénomène le plus
remarquable qu’il présentait était la révo-
lution rapide et presque incroyable qu'il
paraissait opérer sur son axe vertical, revo-
lution au moyen de laquelle il ne présen-
tait pas pendant deux minutes consécuti-
ves le même aspect.
La masse de glace dont il est ici question
fut rencontrée par 530 de lat. S. et 104950?
de long. O., étant airsi éloignée de 1450
milles de la terre de Feu, la terre orientale
la plus proche, et de 1000 milles des îles
Saint-Pierre et Alexandre, les terres méri-
dicnales les plus rapprochées d'où elle ait
pu provenir. D'après sa grosseur, M. Cou-
thouy pense qu’elle a bien pu être entrai-
née par le vent d'ouest qui règne dans cette
région de l'Océan pacifique, pendant une
si grande partie de l’année , dans le cou-
rant qui court constamment vers le nord
le long de toute la côte occidentale de lA-
mérique du Sud ; elle aura pu ensuite flot-
ter jusque vers les tropiques, où elle aura
été fondue en partie, et ensuite renvoyée
vers les plages de l'archipel de Chiloë.
La fonte des glaces flottantes dans les
eaux de la mer donne lieu à un phénomène
remarquable : leur dissolution par les eaux
et les éléments atmosphériques étant iné-
gale dans les différentes parties de la masse
flottante, l'équilibre peut être détruit acci-
dentellement ; la masse tourne, et apporte
à la surface des fragments de rochers et de
la terre arrachés au fond de la mer. Si
cette masse parcourt de vastes étendues,
elle ärrachera successivement et déposera
continuellement les matériaux nouvelle-
ment acquis, en laissant ainsi une longue
trace de son passage. C’est même de cette
manière que les glaces chassées du sud,
arrivaut successivement sur les côtes de
l'Amérique du sud, puis poussées par le
vent de l’ouest par les tropiques, etc., lais-
sent accidentellement à chaque point quel-
que débris du sol antarctique. Ces phéno-
mènes actuels sont sans doute bien propres
à expliquer le mode de formation de notre
térrain de transport, et peut ètre pour-
raient-ils suffire à toutes les exigences de
la science.
Quant à la limite septentrionale des gla-
ces flottantesantarctiquesdansl'hémisphère
oriental, M. Couthouy dit, d’après le résul-
tat de ses observations, qu'elles se présen-
tent encore fréquemment jusqu'au moins
582
au 39e parallèle de latitude. Durant son
séjour dans la Nouvelle-Galles du sud, dans
l'été et l'automne de 1839-40 ( de décem-
bre à mars), plusieurs vaisseaux arrivant
de l'Angleterre À Sydney, rapportèrent
avoir vu des glaces flottantes en grand
vombre, et d'une grosseur remarquable,
dans le voisinage du cap de Bonne-Espé-
rance , à une distance au moins de 4800
milles de la terre la plus rapprochée du
sud ; sans doute, tout le long de leur tra-
Jet, ces glaces avaient déposé de larges trat-
nées des matériaux de transport dont elles
s'étaient chargées à leur point de dé-
part. :
Avec ces faits préliminaires, si l’on re-
tourne à la question de l’action aquéo gla-
ciale des époques anciennes, eten particulier
aux elfcts produits sur les roches sous-ja-
centes par le transport des glaces flottantes,
ilest bien difficile d’admetire , avec plu-
sieurs géolcgues éminents, que la circon-
stance du transport des glaces ait eu la
moindre part dans la production des sillons
parallèles qui forment un trait si remar-
quable des roches de la Nouvelle-Angle-
terre. Même en admettant qu’à une époque
antérieure les masses de glace aient suivi
une direction uniforme du nord au sud,
bien que cette opinion explique la distri-
bution générale des blocs erratiques , il
semblerait cependant tout à fait improba-
ble que leur action de frottement sur le
sol, et leur progression par les forces
combinées du vent et de la mer, ait jamais
pu produire les sillons en question. Il n°
a pas de raison pour ne pas admettre que
le mouvement oscillatoire où semi-rotatoire
des masses flottantes n'ait été jadis soumis
aux mêmes accidents qu'aujourd'hui; et##
dans ce cas, il est naturél de penser que ces
divers mouvements auraient plutôt servi à
effacer de telles traces, et à former des ca-
vités profondes en passant sur les fonds
meubles où peu durs. Or, il est démontré
que les glaces flo!tantes suivent aujourd hui
une direction très irrégulière ; et bien que
leur progression générale sait du nord au
sud, ou vice versä, cependant les vents et
les courants les font dévier plus ou moins,
et quelquelois très au loin, à l'est et à
l’ouest d’un méridien. Ce fait ne semble-
t-il pas propre à expliquer la différence
que M. Hitchcock croit reconnaître dans la
distribution des blocs erratiques et les tra-
ces du déluge ? En résumé, admettre que
ces sillons parallèles aient été produits par
l’action des glaces flottantes, c'est supposer
un état de choses et un concours de circon-
stances physiquement impossibles.
Etaitil nécessaire, pour l’explication de
nos terrains de transport , d'admettre que
la distribution des blocs et la production
des sillons que l’on a voulu appeler dilu-
viens étaient entièrement le résultat d’ac-
tions contemporaines ? N'a t-il pas existé
une certaine époque où la portiou nord de
notre hémisphère était couverte de glaciers
ressemblant à ceux des Alpes, où des sil-
lons parallèles ont été produits par leur
progression graduelle et rayonnante ? A
cette époque en aurait succédé une autre
où les glaces fondant (soitqu'il fut surveau
une irruption subite des eaux, causée par
un soulèvement paroxysmal de quelque
terre dans le voisinage du pèle, ou par des
inondations successives résultant de la fonte
de la masse) auraient déposé les blocs sur
leur passage, distribué des couches de ma-
tières de détritus, et produit sut les roches
meubles les singuliers accidents de sillon-
—
583
nement, les cavités, etc., que l’on y ob-
serve, et que l’on à voulu attribuer au dé-
luge. (Ann. des Se. géol.)
Sur quelques empreintes existant à& la
surface de la couche à ossements du lias
«ans le Gloucestershire ; par M. Strick-
jand.
Ces empr-intes ont cté signalées au ro-
cher de Waculode, dans la partie supé-
rieure du grès micacé, qui représente en?
cet endroit la couche à osseinents. Le grès
esttrès fin et argileux; l'argile pure qui le
recouvre présentait toutes les conditions
nécessaires pour la conservation de ces em-
preintes. On en distingue quatre espèces dif-
férentes : 1. des sillons allongés et presque
droits, d'environ un dixième de pouce de
"large et de plusieurs pouces de long, avec
leur fond arrondi et lisse, produits appa-
remment par quelque corps frottant la
vase avec nneimpétuosité trèsgrande : telle
aurait été la trace produite par un poisson
nageant avec vélocité en direction droite,
‘et touchant accidentellement le fond de
l’eau avec ses nageoires. 2, De petits creux
irréguliers, larges d’un quart de pouce sur
un huitième de pouce de profondeur, qui
auraient pu être produits par quelque
poisson fouillant dans le limon pour y cher.
cher sa nourriture. 3. Des sillons étroits et
profonds, larges d'un douzième de pouce, à
côtes angulaires vers le fond ; ces sillons
auraient été creusés par quelque molus-
que acéphale, tel que le pul'astra areni-
cola de Strickland? 4. Une trace tortueuse
avec des bords légèrement arrondis, large
d'environ un dixième de pouce, avec un
sillon fin, linéaire de chaque côté ; selon
toute probabilité, ces traces auraieut été
produites par quelque annélide rampant
au fond de l'eau. (4nn. des Sc. géolos.)
PALEONTOLOGIE.
Sur les carnassiers & Canines comprimées
et tranchuntes trouvées dans les allu-
vions du vald’Arno et de l'Auvergne.
À une des dernières séances de la Société
géologique de France, M. Ponel a lu une
notice : Swr les carnassiers à canines com-
primées el tranchantes, trouvés dans les
alluvions du val d’Arno et de l'Auvergne.
Il rappelle que de longues canines aplaties
et tranchantes trouvées dans le val d’Arno,
furent rapportées par les naturalistes tos-
cans et par MM. Cuvier et Bu kland, à un
ours qu'ils appelèrent ursus cultridens.
MM. Bravard et Croizet, qui découvri-
rent quelques-unes de ces dents aux en-
virons d'Issoire , adoptèrent eette opinion.
Des doutes naquirent cependant dans l'es-
prit de M. Bravard, et il s'apercut bientôt
que ces dents appartenaient à son felis me-
ganthereon. M. Croizet, qui adopta un pen
plus tard cette opinion, fit de ce type re-
marquable un genre nouveau sous le nom
de steneodon. Les naturalistes toscans refu-
sent cependant encore d'admettre cette ma-
rière de voir, car, à la dernière réunion
des naturalistes italiens à Florence, M. Nesti
a ajouté quelques arguments à l'appui de
l'opinion par lui publiée, que les dents c1-
nines de carnivore du val d’Arno appar-
tiennent au genre ursus plutôt qu’au genre
felis et précisément à l’ursus cultridens.
M. Pomel passe ensuite à la description
détaillée d’une tête découverte par lui et par
A Bravard dansles fouilles pratiquées au mi-
584
lieu des terrains ossifèresde la montagne de
Perrier, prés d'Issoire, qui, en raison de sa
bellz conservation, lève tous les doutes à
cet égard. Il rappelle ensuite les divers os-
semeuts se rapp riant à ces animaux dé-
crits dans divers auteurs, et il termine
ainsi : « La faune de l'Auvergne, à l’époque
où son sol était bouleversé par les convul-
sions volcaniques, renfermait deux espèces
de ce type; la mieux connue, celle que
M. Bravard a décrite sous le nom spécifique
de 7zeganthereon , était un peu plus forte
que le felis pardalis (panthere) ; mais sa
taille surpassait de beaucoup celle de cette
dernière espece; elle était seulement d’un
cinquième inférieure à celle du tigre royal.
La seconde espèce, dont on possède peu de
débris, avait des dimension; plus grandes :
avec un corps de la grosseur de celui du
lion , elle devait avoir une hauteur beau-
coup plus considérable, Elle différait sur-
tout de la première par les dentelures de
l’arrête postérieure de la canine; c’est le
felis cultridens de M: Bravard. M. Croizet
avait attribué les ossements de cette espèce
au felis antiqua de Cuvier, En résumé, il
est maintenant établi que les dents canines
comprimées et tranchantes trouvées dans
les dépôts diluviens de certaines contrées
de l'Europe (Italie, France, Angleterre),
ont appartenu à des carnassiers qui avaient
dans leur ostéologie les plus grands rap-
ports avec le genre fel's. Les principales
différences se trouvent dans l’organisation
de la tête, et elles semblent toutes résulter
de la modification des canines. Elles con-
sistent en quelques variations dans les pro-
portions des divers os de la tête, et plus
particulièrement de la face. Cependant les
rapports généraux de ces os entre eux, et
l’ensemble de leurs formes rappellent tout
à fait les caractères des felis ; ous pensons
donc qu’on peut tout au plus considérer
nos fossiles cultridens comme le type d'un
sous-genre anquel on ‘pourra conserver le
nom de steneodon, antérieurement appli-
qué par M. Croizet au genre nouveau qu’il
en avait formé.» (Ann. des Sc. géol.)
TOXICOLOGIE.
Cours de A1. Orfila:
Messieurs,
Nous allons continuer dans cette séance
l'étude des objections sérieuses qui ont été
faites à notre système, et nous atlons en
rencontrer quelques unes qui seront pour
nous d’un haut intérêt au double point de
vue de la toxicologie et de la physiologie.
Messieurs , on a dit, et c'est M. Couerbe
qui le premier à avancé ce fait, on a dit :
« Il existe de l’arsenic dans le corps de
l’homme, » Aussitôt que cette idée fut lan-
cée dans le monde savant, nous nous mi-
mes à expérimenter. Nos expériences, faites
avec le plus grand soin, nous ont prouvé,
à cette époque, qu'il existait de l’arsenic
normal dans les os. Mais en 1839 nous
avons annoncé qu'il n’y en avait pas dans
les viscères. Nous expérimentions d’une
manière assez facile et assez simple : nous
prenions des os, nous les calcinions Jus-
qu'au gris, ct nous ajoutions pour 8 parties
d'os 3 d’acide sulfurique. Une réaction, qui
vous est déjà connue, se produisait aussi-
tôt, el la matière étendue d’eau était aban-
donnée à elle-même pendant 3 ou 4 jours.
Alors on faisait bouillir, l’on filtrait, et le
liquide filtré, mis dans l'appareilde Marsh,
nous donnait des taches arsénicales. Mes-
sieurs, j'insiste sur ces derniers mots, car
982
je puis affirmer que Îles taches obtenues
alors étaient bien des taches arsénicales,
En 1839, pendant les trois quarts de lan-
née 1840, nous obtinmes ces taches; et
M. Devergie alla plus loin que nous, car
il affirma par desexpériences qui Jui étaient
propres que non seulement les os fournis -
saient une proportion notable d’arsenic sus-
ceptible d’être isolé par les moyens chimi…
ques, mais qu’on en trouvait aussi dans les
muscles en quantité extrêmement faible,
il est vrai.
Ce fait était donc bien constaté et acquis
à la scienc?, lorsqu’à la fin de 4840 il nous
fut impossible de retrouver ce que nous
nommions alors l’arsenic normal. Depuis,
quelque variées qu’aieutété nos expériences,
nous n'avons jamais pu décéler de nouveau
dans les os l’arsenic que nous y avions déjà
trouvé plusieurs fois: Comment. messicurs,
expliquerez-vous ce fait? Je vous ie de-
mande; pour moi, c'est nne énigme. Je
sais que MM. Flandin et Danger ont tran-
ché d’une maniere assez facile une que:-
tion si ardue. Ils ont dit : « Mais, ce que
vous obteniez alors, c’étaient nos taches l»
Non, cela n’était pas vos taches, mais bien
des taches arsénicalesdont, d’ailleurs, nons
avions reconnu tous les caractères. Au
reste, MM. Flandin et Danger n’ont qu’à
former maintenant leurs pseudo - taches
avec les mêmes substances dont nous nous
servions alors. Iis ve l'ont pas encorepu ils
uc le pourront Jamais, et leur objection
tombe d'elle-même.
Avant de dire, messieurs, que l’arsenie
normal était pour moi une énigme , J'ai
cherché bien des moyens de l'expliquer. Je
me suis dit : Les os ‘ont je me servais pro-
venaient peut-être d'individus trait 's à |'hô-
pital Saint-Louis par l'arsenic. ais, je me
suis assuré que cela n'était pas, et d’ailleurs
les os de bœuf, les os de mouton m ont
donné de l’arsenic. Pai pensé que les os
d'individus ayant vécu pendant longtemps
dans des pays où l’on chaule la terre avec
l'acide arsénienx pourraient me donuer des
taches arsénicales Le squelette d’un hom-
me qui, pendant 40 ans, avait vécu dans la
Somme, où cet usage est mis en pratique,
me fut envoyé par M. Barbier. J'expcri-
mevutai sur les os de ce squelette, et je ne
trouvai pas d’arsenic. Ainsi, pour moi,
messieurs, cette question e-t insoluble.
Quoi qu'il en soit, la médecine légale ne
peut que se féliciter de ce fait, car eela
eût été une arme puissante entre les mains
de Ja défense lorsque l’empoisonnement
eût été réel.
Passons à une autre objection : certains
terrains de cimetières fournissent de l’ar-
senic, en sorte que le métal retiré des ca-
davres enterrés dans ces cimetières peut
provenir des terrains et non de ces cada-
vres. J'ai examiné les terrains de plusieurs
cimetières de Paris, et quelquefois j'y ai
trouvé de l’arsenic. Cet arsenic existe à
l'état insoluble, à l’état d'arsénite ou d’ar-
séniate de chaux ; de sorte que ces terres,
traitées par l'eau bouillante, ne dissolveut
pas un atome des sels arsenicaux.
Placous- nous d’abord dans les condi-
tions les plus favorables du problème, Je
suppose un cadavre entouré de son lin:
ceul, enfermé dans ane bière neuve et so-
lide; assurément la terre ne pourra pas
parvenir sur le cadavre. Je sais qu'on ie
dira : mais les eaux ont filtré, ont pénetre
àtravers le cercueil. A cela je réponds que
cela m'est tout à fait indiflérent, puisque
l'arsenie est dans ces terres à l’état inso=
f
386
luble , et que Jj'agis sur le foie intimement |
privé du contact de ces fluiles. Mais, la
bière peut être feudillée, la terre peut y
avoir penélré ? J'admets toutes ces condi-
tions et elles ne me troublent pas dans mes
experiences, puisque j'agis sur un organe
interne, sur le foie. D'ailleurs, j'ai fait une
expérience curieuse que je vais vous faire
counaître. J'ai enterré un foie à deux pieds
de profondeur dans une terre déjà humec-
tée d'acide arsénieux; j’ai arrosé souvent
cette terre d’une dissolution du mêine acide,
ct au bout de quelques jours j'ai déterré le
foie ; je l'ai analysé, et je n’ai pas extrait un
atome d’asenie. J'explique ce fait facile-
ment, en disant : l'acide arsénieux trou-
vant dans la terre des sels calcaires, s'y est
constitue à l'état insoluble , à l’état d’arsé-
nite de chaux; d’ailleurs l’eau qui tombe
sur le sol ne suit pas dans la terre une
route rectiligne ; elle se dévie de tous les
côtés et pénètre bien rarement jusqu’à la
profondeur de sic pieds, où l’on enterre
ordinairement Îles cadaires. Je sais que
vous allez dire : « Mais M. Devergie a fait
une expérience analogue, et il a trouvé de
l'arsenic dans le foie. » À cela je réponds
que l'expérience de M. Devereie ditfère to-
talement de la nôtre. M. Devergie à placé
un foie daus un seau percé par ses deux
bouts ct rempli de terre. Il a arrosé à plu-
sieurs reprises cette terre avec de l'acide
arsénieux, et je ne doute pas alors qu’il ait
rencontré de l’arsenic. Mais M. Devergie ne
s’est pas du tout placé dans les conditions
du problème, et son expérience n’est d’au-
cune valeur, Supposons maintenant le ca-
davre réduit à l'état de terreau et mélangé
à la terre. Si en traitant ce mélange par
Peau froide, on obtient une dissolution ar-
sénicale; il faudra rechercher si la terre
yrise à 3 on 4 mètres de distance se com-
porte de même, en cas denégative ou pourra
soupconner que l’arsenic retiré du terreau
provient du cadavie et non de la terre.
D'ailleurs , messieurs, dans un cas de ce
genre , vous ne vous reposerez pas seule-
ment sur vos analyses chimiques et vous
emprunterez quelques lumières aux symp-
tôèmes éprouvés par l'individu qu’on soup-
conne avoir été empoisonné, Maintenant
que cettequestion est bien résolue pour nous,
passons à une autre, importante surtout
au point de vue de la physiologie; car ja-
mais elle n’a eu d'application en médecine
légale.
On a dit : ia préparation arsénicale peut
avoir été introduite dans le canal digestif
d’un individu qui n’a pas succombé à un
empoisonnement et avoir été portée au loin
dans quelques uns de nus viscères, par
l'effet de limbibition cadavérique. Mes-
sicurs, établissons d’abord qu’il y a imbi-
bition. Du sulfate de cuivre a été injecté
dans l'estomac de ce cadavre, et vous voyez
qu'il a pénétré à travers les membranes qui
le renferment et qu’il a été jusque dans les
poumons, que vousapercevez ici colorés en
bleu. L’imbibition est donc un fait bien po-
sitif. Si jamais devant un tribunal, un avo-
cat vous faisait une pareille objection, il
ne faudrait pas croire qu’il estimpossible de
la résoudre. D'abord vous prendrez con«
naissance des symptômes et vous v trouve-
rez quelques lumières. Ensuite il vous
faudra déterminer la quantité de poison
contenue dans l'estomac ou le rectum. Si
ce poison y a été introduit après la mort,
vous en rencontrercz presque la totalité.
S'ilavait été donné comme poison, ce se-
rait l'inverse. D'ailleurs vous avez les lé
587
sions de tissu qui peuvent vous guider
encore. Si le poison à été donné pendant la
vie, l'inflammation du tube intestinal ira
en décroissant, de la bouche au rectum.
Au contraire, dans le cas d'injection du
poison après la mort, une ligne de démar-
cation existe dans le tube digestif et l'action
da poison ne s'étend pas au-de'à du point
où une main coupable l’a poussé. Mais mes-
sieurs, pour qu'il y ait inflammation des
tissus, il faut que le poison ait été in-
jectétrès peu de temps après la mort ;
quand les tissus possèdent encore quelque
vie, si cette opération s'effectue vingt-qua-
tre heures après le décès, il n'y a plus
trace d'inflammation. Je tirerai aiusi un
grand parti du lemps ; car il est difiicile à
un homme de venir de suite injecter un
poison dans un cadavre récemment privé
de vie. Il y a là des difficultés d'exécution
que vous comprenez tous et qu’un juge
d'instruction sait aualyser et dévoiler sans
peine. Enfin, messieurs, dans le cas d’im-
bibition, l’arsenie n’est pas porté dans tous
les organes; il y a des parties qui n’en con-
tiennent pas, et en analysant par tranches
les différents organes, les différents tissus,
on en trouvera qui en contiennent et d’au-
res qui n'en contiennent pas. Si le cadavre
était réduit à l’état de terreau, je croisqu’a-
lors le problème serait tout à fait insolu -
ble; mais du reste je termine cette ques-
tion, en vous disant que jamais il ne s’est
présenté un cas de ce geure.
Abordons enfin la dernière objection sé-
rieuse. L’individu que l’on soupçonne être
mort empoisonné , et des viscères duquel
on retire de l’arsenic, pouvait avoir été
soumis pendant la vie à usage d'une mé-
dication arsénicale, en sorte que l'arsenic
recueiili par l'analyse, ne proviendrait pas
d’un empoisonnement. Si Findividu meurt
après avoir cessé son traitement depuis
quinze jours, vous pouvez sans crainte con-
clure à l’empoisonnement, Car depuis ce
temps, l’arsenic administré déjà en bien
faible quantité, doit avoir été éliminé par
les urines. D'ailleurs vous étudierez les
symptômes. Mais supposons que l'individu
succombe deux jours après son traitement,
je concluerai encore à l'empoisounement; si
sa maladie a été de courte durée, si elle a
présenté les caractères d’un empoisonne-
ment par l’arsenic, si les lésions «le tissu
sont profondes et si je retire du foie une
quantité notable d’arsenic; si l'arsenic ob-
tenu était en bien faible quantité , alors je
resterai dans le doute. Enfin, j’avouerai
l'insuffisance de l’art pour résoudre le pro-
blème, si la maladie datait déjà de plusieurs
semaines; si pendant toute sa durée, le ma-
lade, soumis à l’usage d'une médication ar-
sénicale, avait éprouvé quelques uus des
symptômes de l'empoisonnement; si son
cadavre ne présentait pas des lésions de
tissus et ne fournissait que des atomes d’ar-
senie dans les recherches chimiques.
M. Paillet, dans l'affaire Lafarge, a fait
une objection, par laquelle je termine et
qui ne nous arrêtera pas longtemps, Il a
dit : « Mais M. Lafarge était maître de for-
ges, le fer contient de l’arsenic; l’arsenic
que vous avez trouvé ne provenait-il pas de
l'arsenic inspiré? » Je réponds de suite que
de l’arsenic ainsi absorbé disparaît au bout
de quelques jours, par conséquent dans le
procès Lafarge, l'objection tombait d'elle-
même, puisque Lafarge est mort 55 jours
après avoir quitté ses travaux. Du reste, de
curieuses expériences de M. Chatin confir-
ment mes résultats et démontrent que des
animaux soumis à l'inspiration des vapeurs
arsénicales, n’en fournissent pas un atome
au bout de 15 jours. Ici finissent nos ob-
jectionssérieu es; dans notre prochaine réu-
nion.je vous signalerai seulement celles qui
n'ont de remarquable que leur ineptie ou
la mauvaise foi qui les a dictées, et j’abor-
derai la grande question des symptômes,
des lésions de tissus et du traitement. E.F.
ZOOLOGIE.
Index ornithologique; par Lesson,
(suite.)
XIV®° famille : FarconinÆ. Les rapaces
nobles, g. Cuv.— 61e Genre : HieroFazco,
Ray. hab. cercle arctique. 209. Hierofalco
Islandicus, Cuv.; Falco hierofa'co, Brisson;
Falco gyrfalco, L ; Lath.; Falco Is!'and =
cus, Gm.; Sw., North. Zool., p.27; Lath.,
esp 69; Ent. 210 et 446; Falco Candicans
(adulte), L.; Enl. 462 ; Lesson, tr., p. 97,
pl. 16, fig. 2; Revue Zool., 1839, p. 193;
Nutt., 1, 51; Temm., t. sv, p. 9; Gould,
pl. 22.— Jeune : Falco sacer, Gm.; le Sa=
cre, Buffon, 1, pl. 24; Vieill., p. 1233;
hab. l'Islande, le nord del’Amériane; Aiero-
falco Groenlandicus , Brehm.; Hancock,
Rev. Zool., 1839, p. 124; Gyrfulcon, Pen-
nant; Arct. Zool., 1, 232; hab. le Groën-.
land.
62° Genre : IEnaciDEA, Gould (1837), hab.
Australie. —210.Zeracidce berigora. Gould,
proc., 1837, p. 140 et 1839, p. 113; Falco
Berigora, Nig.et Hartf., Trans. xv, p. 180:
hab. la Nouvelle-Galles du Sud.
63° Genre : Farco, L.; ARhinchodon.
Nitzsch (1810): hab. l'Europe, l'Afrique,
J'Amérique, l'Australie et l'Océanie.
Ÿ I. Europe et norû de l'AmÉRIQUE. —
2144. Falco pe:egrunus, L.; le Pélerin, Enl.,
430 (vieux mäle), 421 (fem.), 470 (jeune)
et 469 (jeune); Falco communis et stellaris,
Gm. ; Vieillot, Faune francaise, pl. 13;
Roux. pl. 29 et 30 ; Wilsou, pl. 76; Nuttal!,
1,93; Audubow, pl. 16; Sw., N. Z., p. 23:
tafles, cat. 13 : Falco cornicum , Biehm :
Viaill., Eucycl., p. 1228 : hab. l'Europe, le
nord de Amérique. la Malaisie.
$ Il. ArriQue. — 212. Falco frontalis,
Daudiu, t. 2, p. 118; Falco piscator, Gm.?
le Tanasou faucon pécheur, Buff. ,enl. 478:
Levaill., Af., pl. 28; Falco ga’ericulatus ,
Shaw; le Firas, Spanzin, Mém. Strasb, p. 19;
Falco piscator, Vieill., Encycl., p. 1233 : hab.
le Sénégal , le Cap de Bonne-Espérance et
Madagascar. — 213. Falco tibialis, Dau-
din, t. 11, 120 ; Shaw ; le Faucon à culotte
noir,Levail.,Af. pl. 29; Viel., Enc.,p.1231.
—214. Falco concolur, Temm., pl 350;
Swainson, West. ,-Af., t. 13 p. 112, pl. 3;
Falco arltestacus,Niellot, Encvel., p. 1233:
hab. Sénégambie. — 215. Falco pelegrinoi-
des, Temm., pl. 479 : hab. PAfrique. —
216. Falco rufuscus, Sw., West, Af,, t, 1,
p. 109 : hab. Sénégambie,
(LIL. Amérique. — 217. Falco cucullatus,
Sw., Ménag., p. 340 : hab. Brésil, île de
la Trinité.
$LV. AusrraLte et OGEANIE. — 918. Falco
melanogenys, Gould, Proceed.(1837), p.139
et (1839), p.113; Falco peregrinus, Vig. et
Horsf., Trans. xv,p. 170 : hab. la Nouvelle-
Galles du Sud. — 219. Fa!co hypolcucos ,
Gould. Proc., 1810, p. 162: hab. l'Austra-
lie occidentale. — 220. Falco longipennis ,
Sw., Mén., p. 311: hab. Tasmanie. — 221.
Falco macropus, Sw., Mén., p. 341 : hab.
Tasmanie, — 222. Falco brunneus, Gould,
Proceed. (1837), p. 139 : hab, Nouvelle-
589
élande. — 223. Falco australis, Homb. et
Jaqg., Ann. sc. nat., t. xvi (1841), p. 312:
hab. Otago, au sud de La Nouvelle-Zélande
et l'île Auckland.
63 Geure : Denprorauco, Ray; Brisson,
t.1, p. 379; Aypotriorchis, Boié : hab. Eu-
rope, Asie, Australie et Amérique. — 221
Dendrofulco subbuteo, Gray, p. 3; Hipo-
triorchis su! buteo, Boié; Falco subbuteo, L.;
Naum., pl. 27; Proc. (1839), p. 130; /e
Hobereau, Buff., pl. 432; Falco hirundi-
num, Brehm, p. 64; Roux, pl. 33; Vieill.,
Encyel., p. 1231 : hab. toute l'Europe. —
225. Dendro/falco Eleonoræ, Géné, Àc. de
Turin (3 mars 1839); Rev. Zool. ( 1839),
p. 105 : hab. la Sardaigne. — 226. Den-
dro falco; Lithofalco; F'a'co lüthofalco, L.;
Le Rochier, Buff., Enl. 447; Vieill., Encycl.,
p.1230 : hab. l'Europe. —227. Dendro-
falco severus; Falco severus, Horsf., Zooi.
res.,t. xur, p. 135; Fa'co Androvanit,
‘Temm., pl. 128 : hab. Java. — 228. Den-
drofalco frontatus ; Falco frontatus, Gould,
proc. (1837), p. 139 : hab. la Nouvelle-
Galles du Sud. — 229. Dendrofalco Regulus;
Falco Regulus, Pallas, It. ,t. 11. p.707;
Vieillot, Éneycel.. t.111, p.1237; Hypotrior-
chis Regulus, Boié : hab. Sibérie. — 230.
Dendrofalco femoralis; Falco femoralis ,
Temm., pl. 383 et 121; Hypotriorchis fe-
moralis , Boié; l'Alconcillo, Azara, n° 49,
d'Orbis., Am., p. 116; Falco aurentius,
var., Lath., esp. 417 : hab. Brésil et Para-
guay.— 231. Dendrofalco aurentius; Falco
aurentius. Lath.; Vieill., Encycl., p. 4237;
Hypotrior chis awrantius,Boié : hab. Guyane.
— 232. Dendrofalco deiroleucus ; Fako
deiroleucus , Temm., pl. 348 ; Falco thora-
cicus , Uliger; Fypotriorchis deiroleuchus,
Boié : bab. Brésil.
64° Genre : Lanarius, Brisson, Ornith., -
t.1. p: 363 (Tarses très courts) : hab. le
nord de l’Asie et de l'Europe. — 233. La-
narius vulgaris; Falco lanarius, Latham ;
le Lanier, Buff., t. 1, p. 243; Vieill., En-
cycl.,p. 1232, Falco stellaris, Gmn , Temm.,
Maw., t, 1. p. 20 : hab. Asie ; de passage en
Pologne, Russie, Islande, Hongie.
65e Geure : ÆsaLon, Brisson (1760), t, à,
p. 382; Kaup(1829) : hab. Europe et Amc-
rique septent. — 234, Æsalon vulgaris ;
Falco æsalon, L.; Temim., Man.,t.r1.,p. 27;
Falco lythofalco, Gm.; le Rochier, Buff.,
Enl.447 ; Hypotriorchis æsalon, Boié; pro
ceed., (1839), 119; Swainson, N. Z.. p. 37,
_pl. 25 et fig. 67 (sur bois); Falco æsalon et
subæsalon, Brehm : hab. l’Europe, le nord
de l'Amérique.
De
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQUES.
Moyen de coller Le papier; par M. Th. Mid-
dleton, ingénieur, à Southwark, comité
de Surrey. (Patente anglaise d'importa-
tion.
Le breveté décrit ainsi son procédé :
On prend 50 parties de résine pulvérisée,
100 parties d’eau et la quantité de soude ou
de potasse nécessaire pour que la dissolu-
tion marque 100° à l’aréomètre de Baumé.
Lorsque la liqueur alcaline bout, on y pro-
jette peu à peu la résine, et l’on remue
bien le mélange pendant cinq à six mi-
nutes, en prolongeant même l'agitation
un peu plus longtemps, s’il est nécessaire.
On laisse ensuite le tout se refroidir, on
décante la liqueur excédante et l’on trouve
au fond de la chaudière le produit rési-
neux qui présente, en quelque sorte, les
caractères d’un savoa blanc, et qui na
plus besoin que d’être étendu jusqu'à la
consistance d'une colle propre à être mêlée
avec la pâte de papier. C’est ce que l’on ef-
fectue en versaut 8 parties d’eau bouillante
sur une partie du produit; on y ajoute
eusuile une quantité convenable d’alun.
La colle ainsi préparée ne contient que
la proportion exigée de potasse. et l'on peut
immédiatement la mêler avec la pâte, en
employant la méthode ordinaire ou la sui-
vante, comprise par l’auteur dans son bre-
vet. Cette seconde méthode consiste à in-
troduire la colle dans un réservoir séparé,
d’où elle coule par un tuyau garni d’un
robinet et d’un régulateur. qui permet d’en
modérer l’arrivée selon le degré de collage
que l’on veut donner au papier.
À l’extrémité du vaisseau où la colle est
contenue, on fixe uu cylindre qui renferme
un flotteur sphérique dont la tige traverse
le haut de ce cylindre et est liée avec le
robinel qui communique avec le vaisseau
dont il vient d’être question. La colle se
maintient ainsi au même niveau dans ces
deax vases. Au fond du cylindre, est fixé
un autre robinet, lié à une aiguille servant
d’index, et à un cadran destiné à régler
l’écoulement. La colle, en sortant du cy-
lindre, tombe dans une auge où se rend la
pâte, avant de parvenir à une bâche dans
laquelle se meut un agitateur, monté sur
un axe horizontal. Cet agitaleur e;t com-
posé d’un certain nombre de rayons ou
palettes qui poussent la pâte contre plu-
sieurs saillies élevées au fond de la bâche,
ce qui la mêle complètement avec la colle.
Le toul parvient ensuite à la machine à
papier. Les avantages de cette méthode
consistent, dit le breveté. en ce que la pâte
sort non collée du réservoir, et se mélange
avec la colle en proportions très régulières
ét variables à volonté, avant d'entrer dans
la machine à parier.
Encollage des chaines pour les tissus; par
M.J. Andrew jeune, manufacturier, à
Manchester. (Patente anglaise).
Le breveté emploie, au lieu de la farine
de blé, la fécule tirée des pommes de terre
ou «es autres végétaux analogues; il dit
que cette substance a été, il est vrai, appli-
quée à cet usage, mais sans aucun avan-
tawe, ce qu'il attribue aux vices des pro-
cédés que lon a suivis, et il ajoute que,
jusqu’à présent, la fécule a toujours perdu,
avant l'emploi, les propriétés que l’on y
recherchait.
Il opère de la manière suivante :
Au lieu de préparer à la fois de grandes
quantités de fécule, dont la consommation
se prolonge, ce qui en altère la qualité, il en
fait prendre par chaque ouvrier seulement
autant qu'il en faut pour le moment pré-
sent, et la fait employer immédiatement,
avant qu’elle ait pu se refroidir. Le vais-
seau où l’on met la fécule dans cette ma-
chine doit être doublé de laiton. Tout le
procédé consiste donc à mêler ainsi de
petites quantités de fécule et d’eau chaude,
et à s’en servir sur-le-champ. Les effets en
sont évidents à la première vue, dit le bre-
veté, et l'on est frappé de la propreté, de la
régularité et du fini des chaînes, ainsi que
de la facilité avec laquelle on peut ensuite
exécuter le tissage, surtout lorsque l'on
compare les résultats à ceux que l'on
591
obtient par l'usage de la farine de fro-
ment.
L'auteur dit que, outre les avantages
dont il vient d'être question, il obtient un
bénéfice de 70 pour 100 sur la matière
première, et une diminution notable sur
la main-d'œuvre. (Journal des usines.)
ARTS MECANIQUES.
Filatures anglaises. — Wanchester.
Les Anglais divent leur supériorité in-
dustrielle à la fécondité de leurs mines de
cuivre, d’étain, de plomb, de fer, à la
beauté et au grand nombre de leurs trou-
peaux; mais leur génie dans l''mploi de
ces matières est encore plus remarquable
que leurs richesses. Sans les expériences de
lord Dudley. que seraient leurs houille-
res? Sans l'invention des filatures et des
cardes sans fin, où en serait cet emploi si
merveilleux de la laine et du coton?
C’est en 1733, dans un petit village près
de Lichfield, qu’un ouvrier cbscur, John
Wyatt, obtint, par des moyens mécani-
ques, le premier écheveau de fil de coton
qui ne soit pas dû aux doigts d’une fileuse;
et c’est à un perruquier de Breston, Richard
Arkriwght, que l’on doit le banc à broches
et la carde sans fin. Quelques années plus
tard, James Hargreaves dotait son pays du
Spinning-Jenny (Jeanne la Fileuse), cette
invention qui a servi de modèle au Mule=
Jenny, le dernier perfectionnement de lart
du tisserand.
En 1369, Watt, qui fabriqua le premier
une machine à vapeur, introduisait en An-
gleterre le blanchiment au chlore, dont il
tenait la recette du français Certhollet; et
en 1785, l’écossais Bell, trouvait le moyen
d’imprimier les étoffes au cylindre sans fin.
C’est alors que l’on vit toutes les industries
se grouper autour du tissage; des cordon-
niers, des chapeliers, des menuisiers, des
charrons, etc , venir apporter le tribut de
leur vocation au perfectionnement des fila-
tures.
Une manufacture à Manchester a ordi-
nairement sept étages : au rez-de-chaussée
sont les bureaux et les comptoirs, ce que
l'on appelle la factorie. Les étages sont gar-
unis de cellules où se tiennent les ouvrières,
Le coton passe du batteur-eplucheur au
batteur-étaleur ; il est porté à la cazde qui
le laisse échapper en un souple et léger ru-
ban, lequel est formé en mêche grossière.
bar le banc à broc'es, pour ensuite être
transformé en un fil délicat par le Afule-
Jenny; de là il passe enfin du dévidoir à
l'ourdissur et au métier mécanique. Les
machines des usines de Manchester sont or-
dinairement de la force de 80 à 120 che-
vaux. Chaque manufacture en a deux pour
éviter les chômages. Le personnel s'élève
de 1,000 à 1,400 individus.
Eu 1833, un ouvrier fileur pouvait pro>
duire dans les filatures de Manchester 16
livres de coton filé de 200 Ccheveaux à Ja
livre, avec des Mules-Jennys de 300 à 324
broches, en travaillant 69 heures par se-
maine, et gagner 67 fr. 50 c.; Depais
1833, la puissance des Mules-Jennys ayant
doublé, un fileur anglais gagne jusqu'à
96 fr. 65 c. par-semaine,
Les principales fabriques d'Angleterre
sont situées dans le comté de Lancastre, En
1700, la population de cette province était
de 166,200 âmes, eten 1831, de 1,336,854.
La seule paroisse de Manchester a vu
s'éleversa population, qui était en 1774, de
41,032 âmes, à (en 1831) 270,961.
592
Les manufactures de coton
Georges III, occupaient 40,000 individus,
dornent aujourd'hui le moyen à un seul
homme de produire autant de coton filé
que 250 ou 300 en eussent produit aupa-
xavant, et procurent de l'occupation à
1,500,000 âmes, c’est-à-dire 37 fois plus
de monde qu'avant leur création.
(Societe polytechnique.)
qui, sous
DKEe
AGRICULTURE.
Note sur la culture du cotonnier dans le
département de l'IZerault.
Plusieurs journaux ont annoncé, il y a
quelques mois, les merveilleux succès de la
calture du coton dans nos départements
du midi. S'il fallait les en croire sur parole,
un riche avenir serait trouvé pour l’agri-
culture. Malheureusement les phrases les
plus pompeusement hyperboliques ne peu-
vent rien contre l'expérience, Toujours
elle. finit par avoir raison. Les passages
suivants que nous extrayons d’un rapport
de M. Félix Dunal à la société centrale d’a-
griculture de l'Hérauit, donnent une nou-
velle force à cette vieille vérité.
« Sans nous occuper du degré de con-
fiance qu'on doit accorder aux aut urs ano-
nymes des articles de quelques journaux,
il est de notre devoir de prémunir les per-
sonnes qui, sur la fois de ces articles, vou-
-draient se livrer à des eisais inconsidérés
de la culture du cotonnier.
» Nous rappellerons d’abord, qu’à l’é-
poyue du blocus continental, Napoléon
aurait désiré que a culture du cotonnier
pût s’'introduire dans le midi de la France.
De nombreux essais de culture du coton-
nier herbacé (gossypium herbaceum), Ves-
pèce que l’on considère comme celle qui
a le plus de chances de succès dans nos cli-
mats, furent faits dans le midi de la France
par les agriculteurs éclairés désireux d’ob-
tenir un succès qui aurait attiré sur eux
l'attention et peut-être les faveurs de
l'homme puissant de cette époque : tous
ces essais furent infructueux.
» L'an dernier, M. P. Andriel persuada
à un propriétaire éclairé de cette ville,
M. Mure, ancien sous intendant militaire,
que le cotonnier de la Louisiane devait
avoir ici un plein succès. Ce propriétaire,
honime de bien et ami de progrès réels, se
laissa si bien persuader, qu'il résolut de
faire en grand un essai de culture dn co-
tonnier de la Louisiane dont M. P. Aniriel
lui vendit des graines. Je cherchai à le dis-
suader, ou du moins à l’engager à ne faire
ces essais que sur une petite échelle, at
tendu qu’à ma connaissance, il m'était pas
probable qu’il obtint aucun succès. Il ne
renonça pas à son projet; mais au lieu d'y
consacrer plusieurs hectares, comme il
l'avait d’abord projeté, il ne fit son essai
que sur 25 ares. Ce terrain bien préparé
et semé à la fin d'avril en cotonnier de la
Louisiane, d’après les isstructions qui lui
avaient été donnéees presqueaucune graine
n’a levé. Cette expérience a eu lieu à En-
gasé, près de la Bruyère, département du
Tarn.
» À la même époque, M. Surdun et
M. Pellie ont fait des semis analogues dans
leurs jardins à Montpellier, et n’ont pas
obtenu plus de succès.
» J'avais prévu ce résultat, et j'avais dit
que, pour avoir quelque légère chance de
réussite, il fallait semer les graines au
mois de janvier on de février, sur couche
——_—_—_——_——— À,
——_—
393
etsous châssis, les repiquer de la même
manière pour porter ensuite les jeunes
plautes en pleine terre an mois de mai, à
l’époque où, dans nos pays on wa plus à
craindre de gelées tardives. Pour savoir ce
qu’on pouvait attendre de cette culture en
prenant toutes ces précautions, j'ai fait
semer, l'an dérnier, une cinquantaine de
graines de cotonnier de fa Louisiane au
mois de février, sur couche, dans une
des bâches du jardin du Roi; la moitié
de ces graines seulement a levé; J'ai fait
repiquer les jeunes plartes au mois de
mars, chacune dans un vase, toujours sur
couche et sous châssis. Au mois de mai,
20 à 25 de ces jeunes plantes ont été mises
en pleine terre, dans un bon terrain bien
préparé et ont été cultivées et arrosées tout
l'été. Ces plantes ont acquis un mètre et
demi d’élévation ; elles étaient fortes, bien
ramifiées et ont bien fleuri; aux fleurs, ont
succédé des capsules nombreuses ; de sorte
qu'au mois d'octobre chaque pied portait
plus de cent capsules vertes de divers âges.
Sur tous mes cotonniers quatre capsules
seulement se sont ouvertes et ont donné
une récolte. Toutes les autres, un matin,
après une nuit froide, se sont trouvées flé-
tries avant leur maturité, ainsi que les
plantes qui se sont bientôt desséchées et
qu’il à fallu arracher.
» Ainsi, à la suite de soins bien
et dispendieux, le produit de 25 pieds de
cotonniers, qui aurait dû être de quelques
kilogrammes, l’a été à peine de quelques
grammes.
» Qu'on juge, d'après cette expérience
soigneusement faite et d’après le résultat
infractueux de tous les essais qui ont été
faits an‘érieurement, de ce qu’on doit pen-
ser de ces prétendus résultats merveilleux,
annoncés Sans preuves par quelques jour-
naux. Ges annonces sont, ou l'ouvrage
d'hommes prévenus qui mettent à la place
de a réalitéles rêves defeur imagination, ou
celui despéculatenrs qui, ayant degrandes
provisions de graines de cotonnier, vou-
araient les vendre à des dupes. Quoi qu'ilen
soit, nous remplissons ici un devoir, en pré-
munissant conte des indications décevartes
les agriculteurs zélés qui, sur la fois de ces
publications, voudraient se livrer à de nou-
veaux essais ont l’ipsucéès ne peut être
douteux. »
entendus
HORTICULTURE.
Descriprior d’une brouette co xposée, ou
b'ouette jardinrère.
Cette brouette, quoique d’une construc-
tion simple et légère, se compose de huit
iustruments divers, qui tous peuvent fonc-
tionner ensetmble on séparément.
Ces instruments sont : 1. une brouette-
tombereau à bascule; 2. une brouette à
civière ; 3. un rouleau pour tasser le ter-
rain des plates-banides et des planches de
semis; 4. une charrue pour ratisser les
aMées ; 5. un rateau ; 6. uu arrosoir ; 7. une
échelle double; 8. une échelle simple.
La brouette-jardinière est propre à char-
rier de la terre, du sable, des bottes de
paille où de foin, des fagots, ete.; elle est
destinée à arroser, ratisser et râteler les al-
lées ; à rouler les plates-bandes ou les plan-
ches de semis pour applanir le terrain;
elle peut servir aussi à la récolte des fruits,
à la taille des arbres, enfin à ia construc-
tion des pallissades.
Le rouleau qui sert de roue à cette
brouette fait qu'elle ne peut pas verser
comme la brouelte à une roue, qu’elle
94
donne beaucoup moins de fatione À celui
qui la mène, parce qu'il n’a que celle de
tirer on de pousser et qu'il wa pas besoin
de la tenir en équilibre. Un autre ayan-
tage, e’est que le rouleau ne-fuit point d'or-
pières dans les jardins, mais qu'au con-
traire il applanit et affcrmif les allées et les
gazons.
Le tombereau est disposé de manière à ce
que les neuf-dixiémes de Fa charge sont
pour le rouleau, en sorte qu’un enfant de
douze ans peut facilement mener la brouette
chargée. Ce tomhereau se vide sans effort,
en lui faisant faire la bascule.
En ôtant un seul boulon, on enlève le
tombereau et l'on a alors une brouette à
civière.
La charrue à ratisser les allées sert de
pieds à la brouette. Cette charrue, dont le
fer est dans une direction Gblique, est très
facile à manœuvrer eét'eoupe bien toutes
les racines, le râteawSifitile fer et ramasse
les grosses herbes ,’u@ on jette à mesure
dans le tombereau.
On peut enlever facilement la charrue et
le râteau , il suffit pour cela d’ôter un bou-
lon et deux ciavettes.
Cet appareil enlevé ainsi que le tombe-
reau, il reste la brouette à civière, qui, à
moitié déployée, forme une échelle double
dunt l'écartement est maintenu par une
tringle en laiton: déployée entièrement,
elle présente ane échelle simple, solide et
légere, lorgue de quatre metres et même
davantage.
La brouelte-jardinière et les différentes
pièces qui la composent sont représentées
d'une manière très exacte dans la planche
ci-jointe, et, avec leurs proportions, il sera
facile de la faire exécuter d'apres le dessin.
L’échelle de proportion est de 5 centi-
mètres pour { mètre.
La légende süivante servira d’ailleurs à
eu faire connaître tous les détails. Figure
première. A Rouleau servant de roue à la.
brouctte. Z Axe du
routeau.C'Tombereau
à-baseule, D Axe du
tombereau. Æ Lignes
de points indiquant la
position du tombereau
“lorsqu'on le fait baseu-
{ler pour le vider. FF
# Train de la brouette
formant une brouette
Acivière lorsqu'onaen-
levé le tombereau, et
formant les échelles
lorsqu'on aôté la char-
rue à ratisser. G Bou-
lon unissant les deux
parties du train. 4H
Pointes de fer pour
fixer en terre l'échelle
double et l'échelle simple. £ Mancherons
de la brouette. J Charrue à ratisser. Æ Mor-
taises servant à fixer les tiges de la charrue
au moyen de clavettes: Ces maortaises sont
percées de plusieurs tous pour donner ou
ôter à volonté du fer à la charrue. £ Rà-
teau. AZ Boulon servant à fixer le râteau.
N Boulon à écrou servant à fixer la char-
rue avec le rlteau. O Arrosoirquiest placé
au fond du tombereau et qui se ferme à
volonté au moyen d’une soupape. R Tiges
tournant dans le train et servant, au moyen |
d’une clavette qui les traverse, à fixer en-
semble les deux parties du train qui I0r-
ment l'échelle double. Ces tiges servent
aussi À tenir l'échelle simple écartée du
mur pour ne pas abimer l'espalier.
595
Figure deuxième. — P Tringle servant .
à tenir l’écartement de l'échelle double. —
| Pour les autres lettres, voir la légende de
| la fig Îre.
Figure troisième. — 11 Les mancherons
servant d’arc-boutants sur un
écheton pour tenir solidement
l'échelle simple ouverte. Q(Q
—|le Plaque de fer empêchant le
rouleau, d’amasser de la boue.
Lorsqu'on . applique léchelle
simple pour s’en servir, le rou-
ff leau est en bas. RR Extrémités
des tiges qui servent à ména-
ger les espaliers lorsqu’on ap-
x plique l'échelle sur les murs.
Pour les autres lettres, consul-
Le ter la légende de la fig. 1°.
Jons à écrou
servant à fixer
lacharrue à ra-
l|_tisser avec le
4! râteau.— Pour
les autres let-
tres, consulter
la légende de
+
si on les achetait séparément.
Nous croyons donc rendre un véritable
service aux propriétaires de parcs et de
grands jardins en la faisant connaître.
TD HP Ke
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ETF
POLITIQUES.
Séance du 25 mars 1845.
L'Académie reçoit plusieurs ouvrages
parmi lesquels nous avons remarqué un
rapport au roi sur l'instruction secondaire
et une collection de pièces inédites sur
l’histoire d'Espagne.
Une communication très importante a
| été faite aujourd’hui à l'Académie par
M. Dureau de la Malle. C'est un aperçu
d’un budget normal pendant la période
| Décennale qui suivit l’avénement d'Oc-
| tave. Du temps de Sylla les dépenses pu-
bliques à-Rome s’élevaient à une somme
égale à 50 millions de notre monnaie ac-
tuelle, Après les conquêtes de Pompée,
elles s'étaient augmentées de 80 millions,
elles comprenaient les frais de guerre et
de poste, les secours aux pauvres; tous les
autres services publics étaient à la charge
des communes. Ces 130 millions étaient
fournis au trésor par les impôts, qui, chez
les Romains comme chez nous, étaient par-
tagés en directs et indirects, A l’époque du
Figure quatrième.—NN Bou-
Ja fig. re. — La brouette-jar-
dinière, outre les avantages ex-
posés ci-dessus, a encore celui
L 2/4 » : pr .
d’être d’un prix modéré, puis-=
? 5 . y. A )
qu'on peut la faire exécuter pour 70 à 80 f.,
somme avec laquelle on n'aurait pas la
moitié des instruments qui la composent
596
second triumvirat, le budget de l'Etat se
trouvait accru de 69 millions et se trouvait
ainsi de 480. Les détails qu’a donnés
M. Dureau de la Malle sur les impôts de
Rome à cette époque, sont d'autant plus.
curieux qu'ils étaient plus ignorés et que,
pour en donner un aperçu exact, il ne fal-
lait rien moins qu'une immense érudition
et une patience infatigable.
Dans toute l'Italie les citoyens romains
étaient exempts de l'impôt foncier; ils ne
le payaient que dans les provinces. Quoique
cet impôt fut trés modéré, il n'était cepen-
daut pas soumis à une assiette invariable.
Sa quotité changeaitd’uneprovinceàl’autre,
et toujours était subordonné aux calculs
de la politique. Ainsi, sous Auguste, l’É-
gypte et les Gaules se trouvaient #1 peu
chargés, que chacune de ces provinces ne
paÿaient que 8 millions par an.
Les droits des douanes, ainsi que Îles
impôts sur les objets de consommation,
étaient très modérés, mais ils s’étendaient
sur tout. Quant à la taxe sur les comes-
tibles, c'était une taxe municipale, qui,
d’après le témoignage de Suéton, de Pline
et aussi des médailles venues jusqu’à nous,
ne se percevait qu'à Rome et sur les comes-
tibles vendus dans les marchés.
L'impôt du 100° et celui du 20°, perçu
sur les legs et les successions rentraient
dans la caisse au profit des soldats. Quant
à celui qui avait été fixé en 398 sur la
vente des esclaves, et qui, aboli pendant
quelque temps, fut rétabli par Auguste;
il servait à l’entretien des Vigiles. Cet en-
tretien coûtait 200,000 fr. à la viile.
Enfo, de 721 à 732, période de temps
sur laquelle M. Dureau de la Malle a porté
ses investigations, la recette du trésor
était de 300 millions. Le produit des doua-
nes eutrait dans cette somme pour 123
millions. Dans ce chiffre ne se trouve pas
compris le revenu du domaine privé d’Au-
guste qui, de 708 à 765, recueillit des suc-
cessions pour la somme énorme de 360
millions.
La recette du gouvernement central
s'élevait, comme nous l'avons dit, à la
somme de 300 millions. Elle était à peu
prés absorbée par les dépenses. Ces dé-
penses comprenaient ja solde de l’armée de
terre, la retraite des vétérans, lesfrais d’admi-
nistration civile etdes postes, les traitements
des proconsuls, la nourriture des citoyens
indigents dont le nombre était au-delà de
200,009. Les fêtes, les constructions, l’entre-
tien des cirques et des temples, ct même
de la maison d'Auguste, entraient égale-
ment dans le chapitre des dépenses du gou-
vernement central.
Enterminant sa communication, M. Du-
reau de la Malle a porté à la connaissance
de l’Académie un fait bien précieux pour
l’histoire de l’époque la plus belle de l’em-
pire romain. On vient, a-t-il dit, de décou-
vrir un monument de pierre, qui, lorsque
les inscriptions qu'il renferme seront com-
plétées, fournira la matière de 40 pages
in-8 sur des faits inconnus et qui auraient
été écrits par Auguste.
L'intérêt qu’excite la communication de
M. de la Malle nous fait attendre avec im-
patience les Mémoires qu’il a annoncés sur
les recettes et les dépenses des provinces
et des communes.
M. Bonnechose a été admis à lice un Mé-
moire sur les caractères différents de la do-
mination romaine dans les Gaules et dans
la Grande-Bretagne. Dès les premierssiècles
de Rome la Gaule fut en contact avec la
997
république ; après les guerres vinrent les
alliances, et avant les établissements que
le peuple roi fonda autour de Marseille la
Phocéenne, plusieurs Gaulois avaient ob-
tenu, avec le titre de citoyen , le droit de
s'asseoir sur les chaises Curules. Il n'est
donc pas étonnant que la domination ro-
maine, qui fut subite, instantanée dans la
Grande-Bretagne, ait trouvé plus d’obs-
tacles dans ce pays, et que ce soit du mi-
lieu de ces insulaires vaineus et non intro-
duits par g'adation dans la civilisation
romaine, que se soient élancésles hommes
qui les premiers disputérent à l'aigle impé-
riale la souveraineté du monde. Cette ob-
servation judicieuse a amené M. Bonne-
chose à parler del'établissementdesanciens
Bretons sur cette partie des Gaules, qui en
a retenu leur nom primitif, et a présenté
quelques observations sur le caractère de
ses habitants.
La levée de la séance n’a pas permis à
l’auteur de terminer sa lecture. Nous ren-
verrons au compte-rendu de la séance où
il continuera les détails que nous ne pour-
rions donner aujourd'hui que d’une ma-
nière incomplète. C.-B. F.
ARCHÉOLOGIE.
Cauton de Gémozac, arrondissement de Saintes:
(Charente-{nf.)
COMMUNE DE SAINT-SIMON-DE-PELLOUAILLE:
Saint Simon, l’apôtre Galiléen a été sur-
nommé le Cananite et prêcha l'Evangile
dans la Lybie et dans l'Egypte. Pellonaille
est la traduction romane de pellis ovis,
canton fertile en toisons, où les brebis sont
élevées en abondance. Encore aujourd’hui
les habitants de cette commune sont re-
nommés par leur commerce de bestiaux et
surtout de moutons.
La parfaite conservation de l’église de
Saint-Simon , rend cet édifice religieux in-
téressant pour l’archéologie, car c'est un
curieux échantillon de larchitecture ro-
mane, de la fin du XI: siècle, Les angles de
la façade sont coupés en biais, formés qu'ils
sont par deux assises de colonneslengueset
grêles, terminées par des chapiteaux cou-
verts d’entrelacs. La première assise est
presque en totalité occupée par un vaste
portail reman, à trois voussures en volute,
encadré sur le grand archivolte par un
tailloir saillant. Les plates-bandes des vous-
sures sont couvertes de palettes, de perles
de lozanges , d'étoiles tribules, etc. , etc.
séparés par des tores et par des moulures.
Cette profusion de détails, empruntés au
goût byzantin, annonce le faire de la fin du
XI° siècle. Une console sans modillons
mais couverte de rinceaux, sépare la pre-
mière assise de la seconde. Celle-ci présente
une série de plein-cintres à clavaux aplatis,
et ayant un tailloir dentelé à l’archivolte.
Les deux plus extérieurs appuient sur des
jambages et tous les autres finissent en im-
postes. Un fronton triangulaire termine Ja
façade, mais anciennement elle se terminait
carrément par une consolle appuyée sur
des corbeaux unis.
Les côtés de la nef ont conservé quel-
ques fenêtres romanes, à tailloir en saillie
sur leur cintre. Sur un socle massif et
et carré, que décore une arcature de pleins
cintres romans, bouchés et à clavaux unis
est établie une masse octogone, peu élez
vée, coiffée d’un pyramidion à 6 pans, c’est
le clocher dont les ouvertures ‘ont été re-
faites. On se rend au clocher par une petite
galerie fermée, qui part d’une construc-
298
tion presque aussi élevée que lui et dans
l'intérieur de laquelle est un escalier à vis.
Un toit en pierres imbriquées recouvre celte
portion de l'édifice. quiest quadraugulaire
etsans oraementation, L’abside a été rasée,
COMMUNE DE Tanzac : {anza, escorte :
Âieu den, 2tection, dans la basse latinité.
Pi. Re de à
‘Cette commu.” POoSsède les ruines de
deux châteaux-forts détruits dans les
‘guerres civiles.
9 IR PE in.C’e
Son éplise-est dédiée à saint Satur»" "72 £SÈ
une vraie basilique du XI°siècle, qr à Atiecte
Me tes
importance de Tanzac dans le Dr rare
Saint Saturnin décrit une er . 28€
ARR - vix latine,
ayant une abside à lorient. ” Il
RS deux chapelles
hémisptieriq ne les bras , et le
-élocher assis sur Île c
La façade est ds
sont amortis p?' rd
qui s'élèvent
pertail 0”
A1œuTr.
-s plus simples, ses côtés
e longues colonnes grèles
- jusqu’à la consolle. Un vaste
de ccupe toute la moité inférieure. Il
est à” oussures concentriques, n'ayant sur
Sel périmètre que de simples rinceaux, et
“qui appuient sur des consolles obliques. La
fenêtre est romane , encadrée d’un tailloir
que soutienuent des modillons. Un fronton
triangulaire uni couronne le tout.
Les bras ont conservé leur forme primi-
tive, etil en est de même d’une des cha-
pelles terminales des bas côtés. L’apside
est hémisphérique, ayant des contre-forts
minces et plats et un entablement garni de
modillons saillants. Un cordon la contourne
dans le haut et encadre les cintres des
baies, petites et étroites, qui l’éclairent.
Le elocher est bas, épais, massif, et ré-
gulièrement carré. Son socle a deux plein-
cintres bouchés , et sa deuxième assise
présente aux angles, dans le milieu, des
colonnettes fort grêles. Chaque face est
percée de deux baies ogivales. à lancettes,
du XIe siècle. Une toiture plate, à quatre
égoûts, le recouvre. À droite s'élève un
massif perpendiculaire et carré. percé d’ou-
vertures sans caractères, et qui sert de
cage à l’escalier.
Tanzac possède une croix ou phanum
des plus curieuses. Sur nn tertre enveloppé
d'un petit mur circalaire, appuie un socle
à trois gradins et à six pans, que surmonte
un fût épais et massif , creusé de quatre
niches , où ont dû être placées des statues
qui n'existent plus. Ces niches sont bordées
de filets et de colonnes prismatiques, qai
décrivent des ogives alougtes ctsurbaissées
au sommet, ayant des pinacles aigus à leurs
angles. La colonne s'étrangle, pour s’élar-
gir ensuite en chapiteau couvert de palmes,
et portant une tête d'ange sur chaque face.
Une croix épatée et massive surmonte ce
chapiteau. Cette croix date évidemment du
règne de Charles VIT, dont elle rappelle le
style d'architecture.
CommuxE pe TEsson : taisson, de Taxus,
blaireau , taisson. Son église dédiée à
saint Grégoire, est, dit-on, vaste et belle.
Je ne l'ai point visitée. Le vieux castrum
de Tesson a été rebâti au XVI: siècle. Le gé
néral marquis de Monconseil, fouda en 1777
un hospice qui fut supprimé en 1793.
Commune DE Taaims : de taind-land, terra
tani, la terre du tan, oa terre noble. Les
Saxous appellaient {hainus, thanus un sei-
gneur, et ce nom se relrouve chez les Da-
nois. Thaims a donc été un de ces ba-
meaux temporaires, créés par les pirates
saxons pendant leurs expéditions pillardes
sur nos côtes, À l'étymologie du nom vient
se joindre, proche le village, la présence
d’une tombe!le bien conservée, distante de
Thaims d’une centaine de mètres, ctqu'on
599
vient de surmonter d’un moulin à vent.
Coumune pe ViroLer : le nom du ha-
meau vient de v'riæ celticæ (Pline); viroles
faites par les Gaulois avec les spina cervina,
etnommées par les Gallo-Romains victoria,
fibula.
Proche Virollet, sont les ruines de l’an-
cienne abbaye de Masdior, de l’ordre Ge
A An D S . ÿ
Saint-Benoit { Callia Christian), Mas lion
Se trouve ÉCTIE Tasdio dans le visites char
tes. #2 ECRUNS = aUauiCS Ci
, & a brillé dans les XIVe et XV: siècle.
Les ruines de cette abbaye occupent les
bords de la Seudre.
Comuone pe Viccars: villaris chtz les
Gallo-Romains signifiait villa dans les bois.
Une charte de 990 mentionne le don fait à
l’abbaye de Saint-Cyprien par le clerc Ro-
bert, de terres, bois, serfs , situés dans la
viguerie de Briou , aux villages appellés
Falgeriolns et Villaris, Quelques écrivains
font découler le nom de villars des mots
villa et arx, village sur une hauteur. Ce
hameau occupe en effet un point culmi-
nant.
Du vieux chàteau de Saint-Mathieu il
ne reste plus qu’une fabrique du X VI: siè-
cle et une tour, rasée au sommet. Ilappar-
tenait à la maison Gombaud du Périgord.
Non loin est un terrain qui porte le nom
de Champ-de-Bataïlle.
Son église est bien conservée. C'est un
édifice roman du XII: siècle, ayant des co-
lonnes groupées aux angles de la façade,
un vaste portail à cinq voussures en volute,
et deux petits partails , bouchés sur les
côtés. Deux cordons, supportés par denx
rangées de modillons coupent la façade,
dont le haut n’a qu'une seule fenêtre à
plein-cintre , ayant deux colonnettes aux
angles et un tailloir sur l’archivolle. Les
portails latéraux ont leur archivolte du
style romano ogival. Les côtés de la nefont
été restaurés. Le clocher est bas et carré,
placé sur le cœur, et recouvert d’un toit
plat. Ses fenêtres ont été restaurées et n’ont
plus de caractères. L’abside a été rasée, Elle
est remplacée par un chevet droit ayantau
milieu une fenêtre ogivale du XV: siècle.
Deux énormes contreforts de la même épo-
que soutiennent la poussée des angles.
Lesson.
GÉOGRAPHIE.
Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains
espagnols. (Extraitdes Ann.des Foyag).
(Troisième article, )
Les habitants du Yucathan reconnais-
saient un seul Dieu qu'ils nommaient }unab-
Cou. Us le regardaient comme tout-pais-
sant et créateur de toutes choses. Cou signi-
fie Dieu dans jieur fangue. Ce dieu avait un
fils qui se nommait Hun-Fizamna où Fax-
cohcamut. Is nomtimaïient le démon X'bilba.
D’autres auteurs donnent à leur dieu prin-
cipal le nom de Æirchahau, et disent que
sa femme Fx-acal-voh avait inventé l'art
de tisser le coton. Les Indiens attribuaient
à Fizamma, leur fils, l'invention de l'éeri-
ture. Il y avait aussi une déesse appelée
1xkanleox ou la mère des dieux. La déesse
Ixchebeleiax passait pour avoir inventé
Vart de tisser des figures dans les étoffes.
Ils atiribuent à la cclèbre magicienne
FxchelVinvention de la médecine. Il yavait
cependant un dicu particulier pour les
médecins, nommé Cébolantium. Nochilum
Ctait le dieu du chant; ils avaent divinisé
un Indien noimmé Ainxooc, et l'adoraient
comme dieu de la poésie sous le rom de
Pirslintec. As y plagaicut aussi Auculkan,
600
un de leurs premiers rois, et un antre cé-
lèbreguerrier, Cuk- Upacak ou visagede feu
parce qu'il se servait dans les combats d’un
bouclier de feu, Le dieu dela guerreétait 4h.
Clug-Kak, et son idole était portée dans les
combats par &uatre des principaux oapitai-
nec
Æ. Ziycuk, ou le feu vierge, avait été la fille
d'un roi et était devenue la déesse des vier-
ges. Les habitants du Yucathan croyaient
aussi que les dienx qui présidaient aux
quatre vents principaux, soutenaient le
ciel sur leurs épaules. 11s l:s nommaient
Zacal-Bacab, Canal- Bacab, Chachal-
Bacab et Ekel-Bacub. Chac était le dieu de
l’agriculture, et AZultum-Zu celui qui pré-
sidait aux jours malheureux. En un mot,
il yavait un dieu pur chaque profession
et pour chaque circonstance de la vie. Il y
enavait aussides particuliers à chaque pro-
vince. La principale idole de Campêche,
que les naturels nomment Aimpech, s'ap-
pelait Ainchauhutan. Celle de Tihoo, au-
jourd’hui Merida,se nommait /schun-Caan.
et celle de Cozumel, Ahhutane ou Ahhulneb.
Il y en avait une autre en terre cuite et
creuse en dedans, dans laquelle an prêtre
se cachait pour rendre des oracles; les In-
diens croyaient alors que c'était leur dieu
qui leur parlait. Ils adoraient aussi leurs
rois défunts et toutes sortes d'animaux. Ils
croyaient que le premier homme avait été
fait avec de la terre mêlée à de la paille
hachée, que la terre avait formé la chair
et les os, et la paille les cheveux et la
barbe.
On sacrifiait, dans le Yucathan, des vic-
times hümaines, de la mème manière qu’à
Mexico ; mais il ÿ avait aus-i des sacrifices
particuliers que l’on ne voyait point ail-
leurs. On regardait l'ile de Cozumel, dont
le véritable nom, Acozumel. signifie île des
hirondelles, comme le centre de la religion.
Le grand prêtre de cette île était très res-
pecté dans toutes les autres provinces, et
l’on y venait en pèlerinage de tous les cô-
tés, cornme les catholiques vont à Rome.
Dans les temps de nécessité el particu-
lièrement quand l’eau manquait pour les
récolles, on sacrifiait une on plusieurs
jeunes filles. On conduisait celle qui était
désignée ou qui se dévouait velontaire-
ment à Chychenytza où était le temple. Là,
on la menait en procession jusqu'à un en-
droit où il ÿ avait une profonde zérote on
citerne uaturelle, les prètres r'instrusrient
de tout ce quelle devait demander aux
dieux, et, après lavoir attaché à uue
longue corde, ils la plongeaient dans l'eau
et l'en retiraient jusqu'à ce qu'elle fût
étouffée, et pendant tout le temps que du-
rait ce supplice, le peuple la conjurait de ne |
pas oublier de demander aux dieux la pluie |
dont ils avaient besoin.
EU
Le Rédacteur-Gèrant :
C.-5. FRA TYSSE.
BIBLIOGRAPHIE.
S < M
ARCYIVES historiques et ecclésiastiques de la Pi:
cardie et dè l’Artois, publiées par P. Roger. — A |
Amiens, chez Duval. |
MEMOIRE sur la culture du poivrer à la Guiane
française , depuis son introduction das cette colu-|
nie en 1787, jusqu'à la présente année ; par le g£-}
néral Louis Bernard.
ESSAIS historiques sur la ville d’Amboise et son
château; par M. Et. Cartier. — A Poitiers, chez
Saurin.
PARIS.—IMP, DE LACOUR et MAISTRASSE fs,
ue Saint Jyacintke-S.-Miche!, 33.
10e année.
L'EC
Paris. — Jeudi, 6 Avräi 1843.
ee
Mo 26.
SAVANT.
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braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 80 fr., 26 fr.,
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BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 3 avril 1843. — SCIENCES
PHYSIQUES. ASTRONOMIE. Quelques nou
veaux détails sur la comète. — PHYSIQUE. Re-
cherches sur la force épipolique; Dutrochet. —
SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE. Sur
le système silurien de l'Amérique septentrionale ;
Elie de Beaumont. TOXICOLOGIE. Cours de
M. Orfila. —SCIENCES APPLIQUEES. ARTS
METALLURGIQUES. Sur les modifications qui
se produisent dans la structure du fer après la
fabrication ; Charles Hood — ECONOMIE DO-
MESTIQUE. Conservation des subslances alimen-
taires. — AGRICULTURE. Manière de prépa-
rer les semences de froment afin de préserver ce-
lui-ci de la nielle, — SCIENCES HISTORI-
QUES. ARCHEOLOGIE. Canton de Saintes;
Lesson. — GÉOGRAPHIE. Notc sur le Yucathan,
— FAITS DIVERS — BIBLIOGRAPHIE.
DD EE Ke
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 3 avril.
Depuis plusieurssemaines, l'Académiedes
Sciences ainterrompu ses travaux pour s'oc-
cuper uniquementde la présentation dans la
section de médeeineet de chirurgie: Denom-
breux comités secrets onteu lieu et dansleur
sein se sont élevées de longues et virulentes
discussions qui n’ont pas toujours prouvé
en faveur du discernement et de la politesse
de certains académiciens. Mais en dehors
de ces comités, que d’intrigues honteuses,
que d’infèmes calomnies! Nous nous éton-
nions, il ya plusieurs jours, du rang oc-
cupé par M. Velpeau dans la liste de pré-
sentation. Aujourd’hui que tous les débats
sont clos la vérité peut prendre la voix et
attaquer sans crainte la conduite d’un aca-
démicien , d’un collègue de M. Velpeau à
la Faculté de Médecine, d’un homme qui
n’a pas craint de souiiler son nom en dé-
versant sur le chrurgien de la Charité les
plus infâmes calomnies. Qu’un candidat
abaisse ses compétiteurs pour s'élever lui-
même, cela se concoit et se voit tous les
jours ; mais qu’un homme hautement placé
dans la science aille s'associer aux plus sa-
les intrigues, machinées contre un de ses
collègues, savant recommandable à plus
d'un titre, c’est là une de ces actions qu’on
doit stigmatiser sans crainte et qui ne peut
trouverd’excusenulle part. Mais l’Académie
a prouvé par son vote qu’elle avait de plus
nobles idées, et que les titres justement ac-
quis nedisparaissaient pas pourelledevant le
venin de la calomnie. Les candidats étaient
ceux dont nous avons déjà donné Ja liste
dans un de nos derniers numéros. Trois
tours de Scrutin ont eu lieu et leurs résul-
tats sont les suivants.
Premier tour de scrutin, sur 58 votants.
M. Velpeau a obtenu 20 voix.
M.Civiale. id. 15 id.
M. Lallemant id. 14 id.
M.Lisfranc id. 6 id,
M.Ribes id. 2 1d.
Deuxième tour de scrutin.
M. Velpeau : 26 voix.
M. Lallemand : 22 éd.
M. Civiale : 9 id,
M. Lisfranc : 1'Tdi
Troi.ième scrutin de balottage entre
MM. Velpeau et Lallemand.
M. Velpeau: 33 voix.
M. Lallemand: 26 14.
M.Velpeaua éténommémembredel'Aca-
démie.Touslesamis delachirurgieapplaudi-
ront à l’entréedeM.Velpeau à l'Académie des
# Sciences. Sansrappelertouslestitres dunou-
velacadémicien, disonsquesacliniqueestun
foyer de lumières etque ses leçons remplies
desprécepteslesplussolidessontunenseignc-
mentpuissantoù la jeunesse de nosécolespu-
iseratoujours d’utilesrenseignements. Cesti-
tresne sont pas les derniers qui luiassignenut
un baut rang parmi les chirurgiens fran-
çaiset ne contribuent pas peu à sa gloire.
à côté de M. Velpcau noûs aimerions.à voir
placer maintenant un €$ Drit éminemment
. philosophique, concerts jours de gran-
des choses et les réalisant souvent, un
homme enfin dont l'unique défaut est de
ne pas intriguer pour parvenir. On a déjà
reconnu que nous voulons parler de M. Ger-
dy. Si son nom n’a pas été prononcé dans
les nominations d'aujourd'hui cela prouve
tout au plus que certains académiciens
n’ont jamais compris qu'il y a plus de mé-
rite à exercer une science toute entière , à
la cultiver avec succès, à l’enrichir de pro.
fondes méditations qu’à se borner à l’exer-
cice de tel ou tel point de la science, qu’à
modifier des instruments ou des procédés
que d’autres ont conçus ou déjà réalisés.
Mais malgré cela, M. Gerdy peut espérer
plus tardun siège à l’Académie. Sestravaux,
qui chaque jour augmentent et consolident
la science le lui assurent formellement.
M. Lacauchie, médecin au Val-de-Gräce,
a lu à l’Académie de curieuses recherches
sur une nouvelle méthode d'injection qu’il
nomme hkydrotomie. Bientôt nous revien-
drons sur ce travail qui peut être de quel-
que intérêt pour tous ceux qui se livrent à
l'anatomie pratique.
M. Lalanne a envoyé une note sur quel-
ques débris curieuxtrouvés dans le diluvium
de la vallée de la Marne. Les travaux de re-
construction de la chaussée de la route
à une découverte dont les résultats ne peu-
vent pas manquer d’intéresser les géolo-
gues. Des fossiles tertiaires ont été trouvés
en abondance dans le terrain diluvien mais,
en fouillant de nouveau, au lieu de trou-
ver les ossements fossiles que l’on cherchait
on à rencontré des squelettes humains en-
sevelis à une époque dont la haute antiquité
ne saurait être mise en doute, d'après les
reyale de Paris à Vitry-le-Français ont:
donné lieu, dans le courant de l’été dernier;
observations qui vont suivre. Ces squeleltes
étaient au nombre de huit. Ils étaient agglo-
mérés dans un espace de 8 à 10 ares. Onn’a
pureconpaître aucun ordre particulier dans
la manière dont ils étaient disposés. Maïs la
teinte noirâtre que présentait suivant des
contours quelquefois rectangulaires, la
coupe du terrain, lorsque l’on en rencon-
trait un, démontre assez un remaniement
exécuté de main d'homme dans ia forma-
tion diluvisnne etun ensevelissement régu-
lier. À côté d’un des squeleites gisaient les
ossements d'un chien Deux des individus
ensevelis dans ce lieu étaient des enfants:
un autre était recouvert de gros fragments
de meulières provenant de la formation di-
luvienne elle-même. Un même coup de
pioche a fait trouver avec les ossements de
celui-ci, quelques objets curieux , comme
une hache à deux tranchants, deux ha-
chettes en forme de coin, un couteau en.
silex pyromaque, une sorte de fièche en ma-
tière éburnée, une boule en substance ébur-
née ou pierreuse, de matière douteuse,
grossièrement arrondie , deux coquilles du
genre buccin et de l’espèce si commune sur
les côtes de la Manche , percées toutes
deux latéralement de deux trous qui ont à
peu près le diamètre de celui de la boule
dont il vient d’être question , enfin un frag-
ment de bélemnite, composé d’un demi
tronc de cône. Il résulte de tous ces faits
que les individus dont les restes ont ainsi
été retrouvés, ne connaissaient pas l’usage
du fer, ou au moins que ce métal était peu
. répandu parmi eux. La prise de Rome par
les Gaulois remonte à l’année 390 avant
l’ère chrétienne , et à cette époque on sait
par le témoignage des historiens latins que
les Gaulois étaient armés de fer. Il faut
donc conclure que si les débris retrouvés
près de Neuilly-sur-Marne ont réellement
appartenu à d'anciens Gaulois, ils datent de
plus de 22 siècles, Cette conclusion ne pa-
raîtra pas trop hardie, si l’on songe dans
quel état de barbarie devaient être plongés
des hommes qui portaient des coquilles
grossières en guise d’ornements ou d'amu-
lettes.
L'étude de la configuration des crànes,
trouvés parmi les débris humains aurait
peut être contribué à jeter du jour sur leur
origine. Malheureusement deux crânes en-
tiers dont un appartenant à un enfant ait
été brisés par les ouvriers avant qu’on eut
pu les tirer de leurs mains et c’est à peine
si l’on a réussi à-en retrouver quelques
fragments. Le seul caracière qu’on ait re-
connu, consiste dans la beauté des dents que
l'on a recueillies.
Beaucoup d'ouvrages ont été publiés sur
les volcans de l'Auvergne, maisaucun n’em-
brasse l’ensemble des phénomènes géognos-
tiques queprésente cette partie de la France.
M. Rozet après avoir réuni un grand nom-
60
bre d'observations sur ce sujet les a pré-
sentées aujourd hui au jugement de l’Aca-
démie,
1° Depuis le dépôt du terrain houiller,
jusqu'à la révolution qui a soulevé les chai-
nes de Corse et de Sardaigne, dirigées N.-S.
le grand plateau central de la France était
resté immergé. Ce n’est qu’à cette époque
qu'il s’y est produit de grandes dépressions
dans lesquelles s’est formé un terrain la-
custre qui appartient au second étage ter-
tiaire.
2° Toutes les éruptions volcaniques sont
postérieures au dépôtde ce terrain tertiaire
et appartiennent à trois grandes époques
trachytique, basaltique et lavique, qui se
sont succédées immédiatement et dont les
produits sont intimeiernt liés entre eux.
3° Les éruptionstrachytiques ontété dé-
terminées par la révolution qui a donné
naissance aux Alpes françaises et ont eu lieu
Suivant deux grandes fentes dirigées comme
l'axe de cette chaine, S. 220 O. à N.
22E.
4° Les éruptions basaltiques ont eu lieu
suivant deux grandes lignes dirigées E. 5°
N. à O. 5% S., qui viennent couper celles
des trachytes dans les massifs du Cantal et
du Mont-Dore. La plus septentrionale de
ces lignes se trouve exactement sur le pro-
longement de la chaîne des Alpes princi-
pales qui passe entre Clermont et Issoire,
et la seconde lui est parallèle. Les terrains
relevés et serrés par les basaltes pronvent
wils sont sortis à la même époque que
celle assignée par M. de Beaumont pour
le soulèvement des grandes Alpes.
5, Tous les volcans modernes qui ont
éclaté au milieu des basaltes se trouvent
Jacés dans une bande étroite dirigée N. 8.
sur le dos du grand bombement occidental
produit à l'époque du soulèvement de la
Corse et dansla région où viennent se croi-
ser toutes les lignes du soulèvement qui
ont influé sur le relief de la contrée. La
direction suivie par les cratères de l’Au-
vergne, peut 5e rapporter à une ligne qui
jcindrait l’Etna, le Stromboli et le Vésuve
et parallèlement à laquelle M. de Colligno
a récemment observé en Toscane une grande
faille qui s’est produite à travers les terrains
les plus récents.
6 Toutes les lignes de locations recon-
nues par M. Rozet, en Auvergne, viennent
se croiser dans les massifs du Cantal et du
Mont-Dore, etc., etc. De ce croisement ré-
sultent tous les accidents orographiques
ue ces deux montagnes présentent.
7 Enfin, la comparaison entre les résul-
tats des observations géodésiques et astro-
nomiques faites par les ingénieurs géogra-
phes, prouve un bombement considérable
de la croûte du globe dans la région volca-
nique de l'Auvergne.
M. Agassiz, daus une note qu'il a envoyée
à l'Académie des sciences, s’est proposé la
question suivante : quel est l’âge des plus
grands glaciers des Alpes suisses? Nous
n’entrerons pas dans tous les détails fournis
par M. Agassiz ; mais nous ferons connaître
l'idée principale qui domine sa lettre.
M. Agassiz a reconnu que les couches an-
nuelles des neiges qui tombent dans les
hautes régions se dessinent successive.
ment d'ane manière très distincte sur la
tranche superficielle des glaciers, à mesure
que ceux-ci descendent dans les régions
inférieures. L'auteur de cette lettre a con-
staté de plas que le nombre de ces couches
que lon peut compter sur un espace plus
ou moins considérable de la surface du
605
glacier correspond d'une manière frap-
pante au nombre d'années que le glacier
met à franchir cet espace dans sa marche.
Ces faits lai ont suffi pour déterminer l’âge
des plus grands glaciers des Alpes.
M. Malgaigne a écrit à l'Académie pour
lui faire connaitre les résultats d’une nou-
velle opération que la chirurgie inserira
peut-être bientôt dans ses annales, comme
un fait d’une haute importance. Lorsque
les taches de la cornée datent de longues
années et qu’elles ont résisté à toutes les ap-
plications médicamenteuses, la chirurgie
a confessé jusqu'ici son impuissance. Des
autopsies nombreuses ont montré à M. Mal-
gaigne que le plusordinairement ces taches
n'occupent que les couches extérieures de
la cornée; les couches internes demeurent
transparentes.
Dès lors, il y avait lieu de se demander
s'il ne serait pas possible d'enlever avec le
bistouri les coaches compromises ; mais
une objection grave s'élevait alors. La cica-
tr'ice ne serait-elle pas autant ou plus opa-
que que les taches primitives? — M. Mal-
gaigne a fait des expériences sur les ani-
maux vivants; il a disséqué environ la
moitié de l’épaisseur de la cornée, et a ob-
tenu une cicatrice absolument transpa-
rente.—Rassuré sur ce point, M. Malgaigne
a cru pouvoir en tenter dès lors l’applica-
tion sur l’homme; il a fait une première
opération sur une jeune fille de l’Hôpital-
Clinique. Aussitôt la dissection achevée, la
malade s’est écriée qu’elle voyait. Ainsi ces
premiers faits sont désormais, acquis à la
sciences , il ne reste plus qu’à les déve-
lopper.
M. Biot a lu à l’Académie quelques re-
cherches sur l'application de pr àpriétés op-
tiques à l'analyse quantitative des mélanges
liquides ou solides dans lesquels le sucre de
canne cristallisable est associé à des sucres
incristallisables, He
ke
: SCIENCES PHYSIQUES.
ASTRONOCMIE.
. Quelques nouveaux détails sur la
comcte
À Paris, comme nous l'avons déjà dit
dans un de nos derniers numéros, malgré
le zèle le plus actif, on ne possédait encore,
le lundi matin 27 mars, que deux positions
précises du noyau, correspondantes au 18
et au 19. M. Plantamour, directeur de
l'Observatoire de Genève, favorisé par un
plus beau ciel, avant obtenu la troisième
position indispensable, s’était empressé de
calculer l'orbite parabolique. Nous trans-
crironsici la lettre de l’habile astronome à
M. Arago.
« Genève, 2% mars 1845.
» La comète n’a été vue ici que le 17
mars, et encore ce jour-là, quand j'ai vu la
tête, elle était déjà tellement basse, qu'elle
a disparu derrière une bande de nuages
qui bordait l'horizon, avant que j'aie eu le
temps de disposer l’équatorial pour l'obser-
vation. Mais les jours suivants, le 18, le 19
et le 21 mars, le temps m'a permis de l’ob-
ser ver et d'obtenir les positions suivantes :
Déclinaison.
924752” A
Mars, t m. (Genève,
18 à 7"34"38s à 2147257518
19, 793539. 11206885, 46 29:30:49
22, 17.27.30 43. 1941580106.56,50
» Au moyen de ces trois observations,
J'ai calculé les éléments suivants pour l'or-
bite paraboli que de la comète :
606
Février. t. m, Genève.
Passage au périhélie. . . 27,1882
Distance périhélie. . . . 0,0045
Lonvilude du périhélie, . 2791214?
Longitude du nœud. . . 359.53.21
Inclinaiëons 0. 4.2. 01806-01027
Mouvement rétrograde.
» Ces éléments représentent à une mi-
uute près la longitude et la latitude de la
comète pour la secoude observation.
» L'orbite de cette comète est remar-
quable par l’excessive petitesse de la dis-
tance périhélie : elle est plus petite que
celle de toutes les comètes conuues, même
que celle de 1680, pour laquelle elle était
de 0,006.
» La comète à dû ainsi passer à une
très petite distauee de la surface du soleil,
pour ainsi dire raser la surface de cet
astre.
» Cette circonstance servira à expliquer
peur-être laugmentation de l'éclat de ja
comète et l’immense développement de la
queue après le passage au périhélie, tandis
qu'avant le passage au périhélie, cet astre
serait resté invisible, quand même, vers le
milieu de février, sa distance à la terre et
son élongation au soleil auraient permis de
le voir.
» La tête de la comète m’a paru avoir
un diamètre de 4” à 130”, et présenter une
augmentation d'éclat vers le centre, sans
offrir cependant l’apparence d'un noyau
distinct. La longueur de la queue était de
39% environ. » 3
La distance périhélietrouvée par M. Plan-
tamour, conduirait, en la supposant parfai-
tement exacte, à la conséquence que la
comète avâit pénétré, le 27 février, dans
la matière lumineuse du soleil : 0,0045
est, en effet, plus petit que 0 0046, rayon
de l’astre, centre de notre système. Ge ré-
sultat aurait été’ trop fécond en consé-
quences importantes pour qu'il ne fût pas
naturel d'en chercher sans retard la cou-
firmation. Aussi M. Arago avait à peine
recu la lettre de Genève, dans la matinée
du lundi 27 mars, qu’il chargea trois des
élèves astronomes de l'Observatoire, de
calculer de nouveau l'orbite à l’aide des
deux obserbations de Paris et de la 4roi-
stème observation de M. Plantamour. Ce
calcul, effectué en moins de cinq heures
par MM. Laugier et Victor Mauvais, donna
une distance péribélie notablement supé-
rieure à celle de M. Plantamour, et qui
écartait toute idée de pénétration de l’astre
dans la photosphère du soleil, Les nou-
‘veaux éléments furent communiqués à
l’Académie à la fin de son comité se-
cret (1).
PHYSIQUE.
Recherches sur la force épipolique.
M. Dutrochet, en offrant à l’Académie
la deuxième partie de son ouvrage intitulé:
Recherches physiques sur la force épipo-
lique, s'exprime ainsi :
Le d ARS Si ee
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la
deuxième partie de l'ouvrage dont j'ai pu-
(t) Nous produirons ces éléments dans un de nos
premicrs numéros, avec les perfectionnements que
l'ensemble des observations de Paris à permis d'y
apporter. Ces observations, mainienant_au nombre
de ciuq, correspondent aux 17, 19, 27,98 et 29.
Elles sont très bien représentées par les nouveaux
éléments, au nombre desquels on remarquera une
distance périhelie de 0,0058, toujours supérieure à
celle de M. Plantamour, el un peu plus peute que
Ja distarre périhélie de la fameuse comète de 1680.
607
blié la première partie dans les premiers
mois de l'année dernière, Grt ouvrage a
pour objet la démonstration de l'existence
et du mode d'action d'une force physique
nouvelle à laqueile j'ai donné le nom de
force épipolique. Les mouvements produits
par cette force ont été. à tort, rapportés
par les physiciens, tantôt à la force capil-
laire, tantôt à la force d'expansion des va-
peurs, tantôt l’action de l'électricité, ete. En
étudiant les circonstances dans lesqueiles
cêtte force était mise en action, j'avais re-
connu qu’il ÿ avait, dans la majeure partie
des cas, déve'oppement ou absorption de
chaleur au point où naïssaient, où auquel
aboutissaient les courants épipoliques. C'é-
tait donc à la chaleur ou au froid produits
localement sur les surfaces polies, et spé-
cialement sur la surface des liquides, que
j'étais porté à attribuer la production des
courants épipoliques. Toutefois, ce n'était
qu'avecun pou l'incertitude que j'avais émis
cette théorie dans la première partie de cet
ouvrage; jenel'avaispointétablie surdesfaits
assez généraux. Depuis ce temps,M. Doyère
nya fait part d'expériences fort intéres-
santes qu'il a faites sur le sujet dont il est
ici question, expériences dontil a commu-
niqué un extrait à l’Académie, dans sa
séance du 25 juillet 1812. M Doyère, en
échauffant ou en refroidissant artificielle-
ment un point de la surface d'un liquide
quelconque, a produit sur cette surface,
des courants épipoliques; dans le premier
cas divergents, et dans Îe second cas con-
vergents,par rapport au point de la surface
dont la température avait été modifiée.
» Ces expériences de M. Doyère, en con-
firmant les opinions que j'avais émises,
nriont indiqué qu’il fallait désormais, et
sans hésitation, reconnaître comme causes
immédiates des courants épipoliques l’é-
chauffement local, ou lé refroidissement
local de la surface des corps sur lesquels
ces couran's étaient observés. Il s'agissait
de rattacher expérimentalement tous les
phénomènes épipoliques à cette théorie.
: Voici l'exposé sommaire des résultats aux-
quels je suis parvenu :
» Lorsqu'on met un fil métallique artifi-
ciellement échauffé en contact avec un
point médian de la surface d’un liquide
quelconque, on détermine, sur cette sur-
face, des courants épipoliques divergents
dans tous les sens. Lorsque c’est un corps
refroidi qui e:t mis localement en contact
avec Cette même surface, on détermine sur
cette dernière des courants épipoliques qui
convergent vers le paintrefroidi. Ici on ne
voitaucune différenceentreles courants épi-
poliques qui sont produits sur l’eau et sur
l'huile. J'ai varié ces expériences en appli-
quant la chaleur ou le froid au bord de la
surface &e l’eau ou de l'huile, et cela par
les moyens que j’indique dansmon ouvrage.
Alorsj ai observéles phénomènes suivants.
Je fais observer expressément qu'il faut que
le fil métallique par le moyen duquel la
chaleur est transmise au liquide ne soit en
contact qu'avec la surface de ce liquide
sans plonger au-dessous de son niveau; sans
cette précaution on n’observerait point,
sur l’eau, les phénomènes que j'indique,
mais bien des phénomènes opposés.
» L'application de la chaleur en un point
du bord de la surface de l’eau, et en géné-
ral, de tous les liquides aqueux, produit
sur leur surface un courant épipolique
calorifuge double, ou deux courants qui,
partant de chaque côté du point échauffé,
se rejoignent en un point opposé de la sur-
608
face de l’eau; ils forment alors, par leur
réunion, uu seul corant de retour qui est
situé entre les deux courants calorifuges
latéraux, et qui vient rejoindre ces derniers
à leur point d’origine, c'est-à-dire auprès
du point échaufté. C’est ce que l’on voit
dans la #4. 1. Le point échauffé est en a.
fre. 1:
Lorsque la même expérience est faite sur
de l'huile, ou généralement sur un liquide
combustible, du point a (fig. 2) qui est
échauffé, on voit partir un courant épipo-
lique calorifuge unique, lequel, dirigé vers
le centre de la surface du liquide, se divise,
à une certaine distance , en deux courants
de retour latéraux qui viennent, par deux
courbes, retoreber dans le courant calori-
fuge unique auprès de son origine, c'est-
à-dire auprès du point échauffé.
L'application du froid en un point du
bord de la surface de Peau ou de l'huile,
past des courauts épipoliques dont la
irection est inverse de celle des courants
épipoliques ci-dessus, Ainsi, dans ce cas,
. le courant épipolique à double tourbillon
offre , sur l’eau, par rapport au point re-
froidi a (fig. 2) la même direction que celle
qu'il offre sur lhuile ou sur Palcool par
rapport au point échauflé. Réciproque-
ment, ce même courant épipolique à dou-
ble tourbillon offre sur l'huile ou sur l'al-
l'alcool, par rapport au point refroidi a
(fig. 1), la mêie direction que celle qu’il
offre sur l’eau par rapport au point
échauffé.
Plus il fait chaud, mieux ces expériences
éussissent, surtout sur l’eau.
Il résulte de ces expériences que les li-
quides aqueux et les liquides combustibles
possèdent à leur surface des conditions
physiques inverses relativement aux cou-
rants épipoliques qui sont établis sur cette
surface par lapplication locale de la cha-
leur oudu froid. J'ai désigné l'existence de
ces conditions physiques par le nom d’épi-
policité. Il y a ainsi une épipolicité aqueuse
propre aux liquides aqueux, et une épipo-
licité huileuse propre aux liquides combus-
tbles.
Les solutions salines, acides ou alcalines
possèdent, comme l’eau, l’épipolicité aqueu-
se; cependant il existe, à cet égard, une ex-
ception remarquable par rapport aux solu-
tions alealines très denses : sur ces solutions
609
le courant épipolique produit par l'appli-
cation de la chaleur en un point du bord
de leur surface, est semblable à celui qui
est produit, en pareil cas, sur les liquides
combustibles { fig. 2). Ces solutions alcali-
nes très denses possèdent donc l’épipolicité
huilease. Les solutions alcalines peu denses
soumises à la même expérience, présentent
au contraire sur leur surface le courant
épipolique qui est produit, en pareil cas,
sur les liquides aqueux (fig. 1), ce qui indique
qu'elles possèdent l’épipolicité aqueuse.
La différence ou l’opposition de Pépipo-
licité des solutions denses et des solutions
peu denses de potasse ou de soude est con-
firmée par les expériences suivantes. De
l’eau étant étendue en couche mince sur
une lame de verre, le dépôt, sur cette cou-
che d’eau, d’une goutte de solution aqueuse
peu dense de potasse ou de soude y produit
un courant épipolique divergent, lequel
repousse ou plutôt écarte circulairement
l'eau. Ce phénomène n’a point lieu lors-
qu’on dépose sur la conche d'eau une
goutte de solution aqueuse très dense de
potasse ou de soude; mais si, au contraire,
la solution alcaline très dense est étendue
en couche mince sur la lame de verre et
qu’on dépose sur cette couche une goutte
d'eau, cette goutte y produit un courant
épipolique divergent d’une grande force et
qui repousse ou plutôt écarte circulaire-
ment la solution alcaline. C’est à la densité
1,127 que se trouve la densité moyenne
qui sépare les solutions aqueuses de potasse
pourvues d’épipolicités opposées.
La chaleur appliquée en un point du
bord de la surface bien nette du mercure y
produitle courantépipolique représenté par
la fig. 2. C'est le mêmeque celui qui estpro-
duit, en pareil cas, sur la surfacedestiquides
combustibles. Le mercure possède done ;
comme ces derniers, l’épipolicité huileuse.
Lorsque le mercure dont la surface est
bien nette et possède , par conséquent,
toute son épipolicité, est couvert d’eau, ou,
en général, d’un liquide aqueux et que la
chaleur est appliquée en un point du bord
de sa surface, elle ÿ produit le courant
épipolique, ci-dessus indiqué, de la même
manière que si ce métal était à l’air libre.
Ce courant ne s’observe jamais lorsque ie
mercure est recouvert par un liquide com-
bustible.
Sur le mercure exposé à l'air libre,
comme sur le mercure recouvert par un
liquide aqueux , le courant épipolique, ci-
dessus mentionné, cesse spontanément
d'exister lorsque l’expérience a duré pen
dant 15 à 20 minutes, et il ne peut plus
subséquemment être rétabli. Le mercure à
perdu son épipolicité. Ce phénomène n’ar-
rive que beaucoup plus tard, lorsque le
mercure est recouvert par de l’acide sul-
furique étendu d’eau.
Je rattache aux phénomènes épipoliques
le fait de la progression d’une goutte d’huile
sur un fil métallique horizontal dont on
échauffe une des extrémités.
On sait que la goutte d’huile s’éloigne
alors de la source de la chaleur. Nobili a
vu que dans cette goutte d’huile, il existe
un mouvement de tourbillon qui, dans sa
partie en contact avec le fil, est dirigé vers
la source de la chaleur. Je fais voir que
c’est ce courant tourbillonnant qui par son
frottement sur le fil métallique fait mou-
voir la goutte d’huile en sens inverse. J'ai
observé qu’une goutie de solution de sel à
base alcaline, ou une goutte de solution
d’alcali fixe étant soumise à la même expé-
p10
rience, cette goutte se précipite avec impé-
tuosité vers la source de la chaleur. Ce
mouvement provient de ce qu'il s'établit,
dans l’intérieur de cette goutte, un mouve-
ment de tourbillon dont la direction est
inverse de celle que l’on observe dans la
goutte d'huile. Ce tourbillon, dans sa par-
tie en contact avec le fil métallique, étant
dirigé vers l'estrémité de ce fil qui est op-
pose à la source de la chaleur, son frotte-
ment sur ce même fil fait mouvoir la goutte
du liquide salin ou alçcalin en sens inverse,
c'est-à-dire vers la source de la chaleur.
Une goutte d'eau distillée soumise à la
même expérience ne prend aucun mouve-
ment; elle s’évapore en entier sans changer
de place. Cependant elle présente une ébul-
lition vive et on observe un mouvement de
tourbillonnement dans son intérieur. Or,
ce tourbillon à pour axe une ligne verticale,
en sorte que le frottement effectué par ce
tourbillon sur le fil métallique produit des
effets qui se compensent de part et d'autre;
c’est de là que résultent le défaut de pro-
gression de la goutte d’eau sur le fil métal-
lique horizontal. Une goutte de solution
saturée de sulfate de cuivre ou de sulfate
de fer se comporte, dans cette expérience,
“comme le fait une goutte d’eau.
SCIENCES NATURELLES.
GEOGLOGIE.
Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castel-
nau, relatif au système silurien de l’Amé-
rique septentrionale ; par M. Elie de Beau-
mont.
(Premier article.)
Ce Mémoire, consacré principalement à
la description du système silurien de l’Amé-
rique septentrionale, est accompagné de
27 planches, sur lesquelles sont figurés un
grand nombre de corps organisés fossiles.
M. de Castelnau a cru devoir, à l’exem-
ple de plusiears géologues américains, rap-
porter au système silurien de PAngleterre
un grand système de couches calcaires et
dolomitiques qui forme en partie les rivages
des grands lacs de l'Amérique du Nord, et
couvre une partie considérable de ce conti-
pent.
L'auteur, qui a sillonné ces contrées
dans un grand nombre de directions, a
particulièrement exploré la région des lacs,
et notamment les bords du lac Supérieur,
qui devait lui servir de point de départ pour
an voyage plus étendu encore, que les cir-
constances ne lui ont pas permis de réa-
liser.
Le lac Supérieur, le plus vaste et le plus
reculé des grands lacs tributaires du Saint-
Laurent, est aussi le plus sauvage : séparé
des autres par les rapides de la rivière de
Sainte-Marie, c’est le seul qui ne soit pas
encore devenu le domaine de la navigation
à la vapeur. On y naviguetoujours, comme
dans les siècles précédents, dans des canaux
d’écorce, frêles et légères embarcations
que les sauvages, dont les bords de cette
mer d'eau douce sont encore peuplés, con-
struisent et manœuvrent avec beaucoup
d'adresse. Le lac Supérieur est bordé, sur-
tout vers le nord, par des plateaux ondulés
de granite qui sont coupés à pic le long de
ses bords sur des hauteurs de 300 mètres,
et qui conservent leur verticalité au dessus
de ses eaux jusqu’à une très zrande profon-
deur. Le plus souveut il n'existe aucune
berge sur laquelle on puisse aborder, en
sorte qu'il est très difficile de débarquer, et
611
que, mêine pour de minces canaux d’é-
corce, il n'y a qu’un petit nombre de ports.
Comme l'avait déjà annoncé M. le doc-
Bigsby, le granite, associé à d’autres roches
cristallines d'espèces assez variées, forme
aussi lesrives septentrionales du lac Huron;
le reste des contours des grands lacs est oc-
cupé par le système de couches calcaires et
dolomitiques, théâtre spécial des excursions
de M. de Castelnau, qui en a particulière-
ment exploré, au sud-ouest des grands lacs,
les parlies peu connues , situées dans les
territoires du Ouisconsin, du Michigan et
des Illinois, après avoir étudié celles qui se
montrent sur les bords mêmes des grands
lacs.
Le lac Huron, dent les rives septentrio-
nales sunt formées, ainsi que nous venons
de le dire, par les roches primitives, est di-
visé transversalement, à peu de dislauce de
ces mêmes rives, par une chaîne d'’iles for-
nant un arc d'environ 45 lieues de déve-
loppement, et dont la corde en aurait 33.
Ce petit archipel a recu le nom d’iles Ma-
nitoulines; il se compose principalement de
l’ile Drumond, de la petite et de la grande
Manitouline, et de l’île du Manitou, aux-
quelles il faut ajouter une infinité de petites
îles et d’ilots. L'attention des géologues a
été fixée depuis longtemps sur cet archipel
par les descriptions du docteur Bigsby et
par les nombreuses figures qu’il a publiées
des fossiles qu’il y a recueillis, Les descrip-
tions et les collections de M. de Castelnau
contribueront à nous le faire mieux con-
naître.
L'ile Drumond, qui est la plus occiden -
tale de ces îles, et l’une des plns remarqua-
bles, aenviron 7 lieues de long sur un peu
plus de 2 de largeur : on y trouve de gran-
des masses d’une doloemie compacte, à cas-
sure terreuse, d’une blanchcur extréme et
d'un aspect assez analogue à celui de
la craie. Il y existe évalement des dolomies
grisâtres plus ou moins cristallines. La do-
lomie blanche est quelquefois traversée
par des systèmes de petits filons de spath
calcaire qui résistent plus facilement aux
intempéries de l’atmosphère : de Là résul-
tent des surfaces rugueuses et des contours
déchiquetés, donnant naissance à des for-
mes fantastiques qui surprennent et éton-
nent le voyageur.
La grande Muanitouline est également
formée par le système magnésifère : on y
trouve diverses variétés de dolomies com-
pactes, grisâtres, à cassure terreuse, ren-
fermant cà et là divers fossiles, notamment
des Huronia et des Evomphales, très voisins
d’une espèce de ce genre trouvée en Russie
par M. de Verneuil. Ces évomphales de Pile
Manitouline avaient été pris à tort pour des
ammonites.
Ce même système forme aussi la partie
‘septentrionale du Michigan, et sur la rive
orientale du lac de ce nom, le territoire de
Ouisconsin; on y trouve souvent des fos-
siles.
L'île de Michilimakimac où de Hakinau,
à l'entrée du lac Michigan, est formée d'une
dolomie blanche très poreuse, remplie de
cavités irrégulières plus ou moins grandes
et ayant souvent l’aspect d’une éponge. En
grand, ces dolomies terreuses forment des
roches bizarrement découpées, tels que des
ponts naturels. L'Atlas pittoresque, publié
par M. de Castelnau, en donne une idée
précise.
Cette formation magnésifère , que l’au-
tear a également observée sur les rives oc-
cidentales du lac Michigan, s'étend à une
612
U
distance immense vers l’ouest, couvrant le
haut NMississipi et le Missouri supérieur, et
embrassant la région métallifère située en
decà des montagues rocheuses. Dans cette
dernière région, qui rappelle sur une plus
grande échelle les environs de Marnowitz
en Silésic, on trouve des masses de galène
à fleur de terre dans la dolomie compacte à
cassure terreuse des bords du Mississipi et
du Missouri.
Ce même système s'étend aussi vers l’est;
il entoure le lac Erie, et on doit lui rap-
porter les couches horizontales de schiste,
de calcaire et de doloiie sur le-quelles se
précipite la fameuse cascade de Niagara.
M. De Castelnau l'a poursuivi dans le
nord de l'Etat de New-York, et il y a ve-
cueilli de nombreux fossiles. Nous citerons
entre autres des fragments d'une arthoré-
ratite de 15 centimètres de diamètre, et
qui probablement n’avait pas moins de 2
mètres de longueur, renfermée dans la do-
lomie ; des sphæronites qui rappellent ceux
des environs de St-Pétesbourg ; à Schohary
et à Trenton, dans le même Etat, des ten-
taculites extrêmement nombreux, d’une
espèce voisine de celle de Suède; une go-
niatite trouvée aux chutes de la rivière
Montmorency, près de Québec, dans un.
calcaire compacte d'un brun noirâtre, ap
partenant toujours à la prolongation de ce:
même sys'ème, etc. ;
Ce système magnésifère, qui, par la na-
ture des roches qui le composent, rappelle
souvent, ainsi que l'avait remarqué à juste
titre le docteur Bigsby, le calcaire magné--
sien de l'Angleterre, se recommande parti-
culièrement à lPintérêt des géologues par
l'étendue qu’il occupe. Ainsi qu’on vient de
le voir, il couvre la plus grande partie de.
l'Etat de New-York et de, Etats voisins,
une portion de la Pensylvanie, la presque
totalité de l'Ohio, de l’Indiana. des Illinois,
du Michigan, du Ouisconsin, s'étendant à
l’ouest jusqu'aux montagnes rocheuses, et
au sud, le long du Mississipi, jusqu'au Te-
nessee, tandis qu'au nord il forme la rive
méridionale des lacs Winepeg et Supé-
rieur, et borde presque en entier le lac
Huron. Suivant ensuite le Saint-Laurent,
ce système s'étend sur une grande partie du
Canada. On doit aussi lui rapporter d'im-
menses zones séparées, comme en Suède,
par des zones de roches primitive:, dans
cette région, plus grande que l'Europe, qui
est gouvernée par la Compagnie des four-
rures; peut-être même comprend-il en-
core les couches à orthocertites observées
dans les expéditions des capitaires Parry et
Ross sur les rivages des mers polaires. no-
tamment à Ingloolik. Enfin toute la partie
centrale de la Nouvelle-Ecosse paraît aussi
lui appartenir.
On doit savoir gré à M. de Castelnau
d’avoir complété l’étude de la partie cen-
trale et la mieux exposée de ce vaste sys-
tème sur les bords des grands lacs. dans.
l'Etat de New-York et le Canada ; il a sur-
tout mérité la reconnaissance des géologues
français en recueillant une collection con-
sidérable qu'il a déposée dans les galeries
du Muséum d'Histoire naturelle. Cette col-
lection a permis de vérifier la nature des
roches décrites; on ÿ trouve surtout de
nombreux fossiles que M. de Castelnau a
figurés daus les 27 planches qui accompa-
gnent son Mémoire, et qu'il a décrits avec
soin en se livrant même à des discussions et
des recherches étendues sur les espèces qui
paraissaient nouvelles ou qui présentaient
quelques partieularités remarquables.
613
TOXICOLOGTIE.
Cours de M. Orfila.
Messieurs,
Avant de vous faire connaître quels sont
les symptômes et les lésions de tissu qu’on
remarque dans lempoisonnement par
« l'acide arsénieux, je veux vous réfuter en
deux mots les objections, selon moi fort ri-
dicules, qui ont été faites à notre système
‘ par MM: Courbe, Raspail et Magendie.
Dans un moment où la Cour de cassation
était appelée à statuer sur le pourvoi de
Mme Lafarge, M. Couerbe a eu l'impru-
dence d'avancer qu'il se développait de l’ar-
senic dans les tissus mous qi se pourris-
| sent. Ce faitest complètement faux, et il
| est à déplorer qu'il ait été lancé dans le
monde à une pareille époque. Mais écou-
tez maintenant la pompeuse objection de
M. Raspail: le papier peiuten tout ou en
partie avec l'arsénite de cuivre, les débris
de boiseries peintes en vert, rebuts que l’on
jette au fumier, que la térreidévore et s’as-
simile, et dontles infiltrationspluviales sont
dans le cas de porter ces sels àides profon-
deurs plus ou moins considérables et dans
es entrailles du cadavre le plus herméti-
quement enseveli dans un cercueil en bois,
une seule parcelle de fumier des villes jeté
- sur la surface de la terre peut fournir aux
| eaux pluviales de quoi empoisonuer après
|
|
1}
coup d'arsenic tout un cadavre. — Je vous
présente ici l’objection dans toute sa force
et dans toute son élégance. Il serait facile
| de l’attaquer dans ce qu’elle a de ridicule ;
| mais j'aime mieux réfuter ce qu’elle a de
| spécieux. M. Raspail devrait savoir d’abord
! que les papiers,.que.les boiseries dont il
| parle contiennent l’arsenic à l’état insolu-
| ble; il devrait aussi ne pas ignorer que si,
par suite d’une décomposition de la prépa-
ration arsénicale, l’arsenic pouvait être
dissous par l’eau pluviale, il serait inimé-
diatement arrêté dans le sol par les combi-
paisons insolubles.qu'il y coatracterait, Du
reste, vous savez tous avec quelle difficulté
| l’eau pénètre dans le sol, et combien.ce fait
| est opposé à l’objection de M. Raspail, ob-
jection que, d’ailleurs, personne n'a soute-
nue après lui. Enfin. M Magendie n’a pas
craint d’avancer que c'était un grave in-
convénient d’aller rechercher dans les tis-
sus les matières qui peuvent y avoir été
| absorbées. Cette objection, si elle avait été
fondée, renversait entièrement les fonde-
ments les plus solides de la médecine lé-
gale, et la justice devait fermer ses tribu-
naux pour les affaires d’empoisonnement.
| Mais heureusement pour la vérité, heu-
| reusement pour lui-même, M. Magendie
n’a pas tardé à rétracter cette idée aussi
| étrange que ridicule.
|| Jcise termine, Messieurs, tout ce que j'ai
| à vous dire sur les recherches médico-lé-
| gales dans l’empoisonnement par ‘l'acide
arsénieux ; je vais maintenant vous parler
| des symptômes et des lésions de tissu.
Les symptômes de cet empoisonnement
varient à l'infini, et mille circonstances peu-
vent en changer l'aspect. Un homme ro-
| buste sera moins:attaqué qu’un homme
| faible, un jeune home soutiendra plus fa-
: cilement qu’un vieillard les effets de la sub-
| stance vénéneuse ; l'acide arsénieux donné
en dissolution agira plus violemment qu'en
| poudre; enfin je pourrais vous citer une
foule de conditions différentes qui peuvent
| empêcher de préciser les symptômes, Ce-
pendant nous les rapporterons à trois sec-
tions principales. La première comprendra
les symptômes d'excitation ; la seconde, les
614%
symptômes d’asthénie, etla troisième sera
constituée par ces exceptions rares, il est
vrai, où il ne s’est pas présenté de symp-
tômes.
Première sectior : Le malade éprouve
une saveur âpre, nullement corrosive, un
ptyalisme fréquent, une lézère constriction
au pharynx, des nausées, des vomissements
répétés, une douleur épigastrique , des co-
liques, de la diarrhée, des selles abondan-
tes, une soif très vive, des syncopes et quel-
quefois des convulsions. En général, la peau
est brûlante ; elle se couvre d’une sueur
chaude; souvent il se produit une éruption
à la face et à la poitrine, qui se recouvrent
de pustules noirâtres. Le pouls est fort et
plein ; les battements du cœur sont forts,
souvent irréguliers , quelquefois intermit-
tents, et cette série de symptômes relatifs
au cœur a fait croire à quelques physio-
logistes que l’acide arsénieux agit spéciale
ment sur ce viscère. Ce qu’il faut surtout
remarquer dans cet empoisonnement, c’est
l'état des pieds et des mains. Ces membres
sont très souvent douloureux, quelquefois
indalents et comme paralysés. De tous les
symptômes, ce sout les derniers qui s’en
vont, et souvent on les a vus persister en-
core au bout de trois ou 4 ans. Les facultés
intellectuelles en général ne sont pas trou-
blées, cependant on aperçoit quelquefois un
léger délire. — En terminant ce premier
groupe de symptômes, je dois vous faire
remarquer qu’on ne les rencontre pas réu-
nis sur un même individu; quelques uns
seulement se présentent, tandis que les au-
tres ne se manifestent pas.
Le second groupe desymptômes renferme
ceux que j'ai désignés sous le nom de sy mp-
tômes d’asthénie. Leur grande analogie avec
ceux qu'offre le choléra asiatique aura sans
aucun doute fait confondre avec cette ma-
ladie l’empoisonnement par lPacide arsé- :
nieux Daas ce cas, le pouls est petit, fré-
quen', filiforme; la peau est froide, bleuà-
tre; les battements du cœur sont faibles ;
du reste, il y a aussi des selles et des vomis-
sements, et les facultés intellectuelles ne
sont pas troublées.
Je vous ai dit il y a quelques instants que
des individus empoisonnés par l'acide ar-
sénieux n’avaient offert aucun de ces symp-
tômes ; j’ajouterai ici que ce sont des excep-
tions à une loi générales mais cependant
ces exceptions existent, et plusieurs cas de
ce genre ont été rapportés par Laborde,
par Chaussier, par Renault.
Quant aux lésions de tissu, il est égale-
ment difficile de les préciser toutes, et nous
nous bornerons à vous indiquer celles qui
se présentent le plus souvent. Mais il! faut
d’abord détruire une erreur généralement
reçue, erreur qui consiste à croire que,
dans l’empoisonnement par l’arsenie, l’es-
tomac et le reste du tube digestif sont tou-
jours perforés et couverts d’echymoses et
d'escharres. Souvent, Messieurs , rien de
tout cela n’existe, et l’on n’apercoit qu’une
légère inflammation des tissus, qu’un ra-
molissement de la muqueuse intestinale.
Quelquefois les poumons sont gorgés de
sang, ainsi que le ventricule droit du cœur.
Brodie, Smith et moi nous avons aperçu
dans ce viscère des taches noirâtres. Du
reste, le sang est fluide, sirupeux et noir.
Si maintenant nous résumons en peu de
mots le mode d’action de l'acide arsénieux,
nous dirons que c’est un poison pour les
animaux comme pour les hommes. Quelle
que soit la surface sur laquelle on applique,
il tue, et il tue d'autant plus vite qu'il est
615
plus promptement absorbé et porté dans le
torrent de la circulation. Ainsi, il ne sera
jamais aussi vénéneux que lorsqu'il sera in-
troduit dans les veines. H agira encore lors-
qu'on le placera sur les membranes séreu-
ses, sur le tissu cellulaire, sur les muqueu-
ses et dans le vagin, etc. Ces faits suffisent
pour vous faire connaître avec quelle pré-
caution vous devez employer la poudre de
“Rousselot ; ils vous indiquent encore que
l'acide arsénieux en dissolution agit plus
violemment que celui qu’on administre en
fragments ou en poudre. 20, 25 centigram-
mes d'acide arsénieux dissous dans l’eau et
administrés à un chien lui donnent la mort
après trois ou quatre heures, si l’on a eu
soin de faire la ligature de l'œsophage, tan-
dis qu'un animal peut vivre un ou deux
jours après avoir pris { et même 2 grammes
du même acide en poudre. On se deman-
dera pe :t-être quelle est l’action propre de
l'acide arsénieux ; si elle est sthénique ow
hyposthénisante Je crois que le meilleur
moyen de répondre à cette que:tion serait
de dire que l'acide arsénieux possède une
action spécialeqai n’est ni sthénique nihy-
posthénisante. Cepeudant, sil fatlait ran-
ger l’action de l’acide arsénieux dans l’une
ou l’autre de ces catégories, je ne craindrais
pas de répondre que cette action se rappro-
che davantage de l’action sthénique, et que
Rasori, Giacomini, etc., l'ont alors consi-
dérée comme hyposthénisante.
Messieurs, nous connaissons, et le mode
d'action de l’acide arsénieux, et les symptà-
mes qu'il produit, et les lésions de tissu
auxquelles il donne lieu ; ii faut maintenant
nous occuper du traitement à suivre dans
un cas d’empoisonnement. Je diviserai la
maladie en deux périodes bien distinglæÆ
Dans la première, il faut anéantir Jf
toxques de la substance vénénet
portante : existe-t il un contrepoison
l'acide arséaieux ? Si vous lisez Navier, il
vous répondra par l’affirmative ; mais je ne
crains pas d'avancer le contraire, si l'on en-
tend par contrepoison une substance sus-
ceptible de faire avec l'acide arsénieux un
corps tout à fait inerte. Mais si l’on entend
| par contrepoison un corps qii diminue les
effets vénéneux de larsenic, il faut dire
sans crainte : oui, il existe un contrepoi-
son, et ce contrepoison, c’est le sesquioxyde
de fer hydraté. Ce sesquioxyde hydraté
forme avec l’acide arsénieux un arsénite de
fer dont l’action toxique est bien moins in-
tense. En donnant à un chien 16 grammes
de sesquioxyde de fer hydraté, j'ai fait ab=
sorber 60 centigrammes d'acide arsénieux.
Besoin est, dans un empoisonnement de ce
genre, de donner uneassez grande quantité
de sesquioxyde, car l’arsénite de fer, quoi-
que bien moins actif que l'acide arsénieux,
finit par agir en se dissolvant dans les aci-
des de l’estomac. En administrant une as-
sez forte quantité de sesquioxyde, on
arrête par cet excès de base les effets ulté-
rieurs de la décomposition du sel. Vous
pourrez, dans un cas d’empoisonnement,
donner 4 grammes de sesquioxyde de fer
hydraté suspendu dans 30 grammes d’eau
et répéter souvent l’administration de cette
substance. Il est de toute nécessité, dans
cette première période, de ne pas adminis-
trer une trop grande quantité de liquides,
car on dissoudrait de l’aciäe arsénieux, et
616
l'on hâterait ainsi son absorption. Vons de-
vrez aussi favoriser de toutes vos forces les
vomissements et les selles, et à cet effet
vous emploirez avec succès l'émétique, le
sulfate de soude, l'huile de ricin, ete. Du
reste. dans aucun cas, vous ne substituerez
le colcothar au sesquioxyde hydraté, parce
que, vu sa force de cohésion, il ne se com-
bine pas avec l’aoide arsénieux.
Cette première partiedutraitementa donc
pour but de détruire ou d’expulser l’acide
arsénieux encore contenu dans le canal di-
gestif. Mais l’arsenic a été absorbé; c’est
cette vartie absorbée qui produit la mort,
c’est donc cette partie absorbée qu'il faut
chasser del’économie Le médecinauradonce
utilement recoursaux liquides doux et diu-
rétiques donnés en abondance, et il pourra
éliminer ainsi par l'urine la portion arséni-
cale qui aurait été absorbée et portée dans
tous les tissus. Ces liquides pourront se
composer de 3 litres d’eau, d’un demi-litre
de vin blane, d'un litre d'eau de seltz et de
30 à 40 grammes d'azotate de potasse. Il
est impossible de contester l'utilité de ce
moyen, car de nombreuses expériences in-
sérces dans les archives générales de méde-
cine ont prouvé que les animaux empoi-
sonnés par l’acide arsénieux à extérieur,
qui seraient morts, s'ils avaient été aban-
donnés à eux-mêmes, ont guéri en très peu
de temps, quand on est parvenu à les faire
uriner abondamment, et d’ailleurs l'urine
rendue contenait une proportion notable
d’arsenic (1
La saignée et les sangsues devront être
employées toutes les fois qu'il y aura réac-
tion évidente, et une foule d'observations
recueillies par des hommes dignes de foi
viennent prouver l'utilité de la médication
antiphlogistique dans le cas dort je parle.
Lereste de la maladie sera traité comme une
maladie ordinaire, et vous dirigerez vos
moyens thérapeutiques d’après les indica-
tions que vous aurez sous les yeux. De
temps immémorial, Messieurs, on a em-
ployé la saignée dans l’empoisonnement par
l’arsenic; moi-même, je l'ai conseillée
comme un moyen d’une application sou-
vent heureuse, après avoir attaqué Camp:
bell, qui prétendait qu’elle était un spéci-
fique. M. Rognetta, qui s’est fait à Paris le
représentant de PEcole italienne, M. Ro-
gnetta s’est élevé sans discernement contre
la méthode antiphlogistique, prônant sans
mesure ni raison les médicaments forti-
fants, comme le quinqu'ina et le mélange de
bouillon, de vin, d'eau-de-vie et de lauda-
num. Qu'il nous suffise de dire que des ani-
maux soumis au seul traitement de M. Ro-
gnetta, sans avoir pris d'arsenic, sont morts
au bout de 24 à 56 heures. Il faut donc
bannir cette méthode aussi dangereuse
qu'absurde, et s’en tenir aux moyens que
je vous ai indiqués, et dont souvent j'ai pu
constater les effets toujours heureux. Je
termine, Messieurs, en résumant en deux
mots tout ce que je viens de dire sur le mode
de traitement. Dans la première période,
quand le poison est encore dans le canal
(1) Dans la séance du 28 mars l'Académie de
médecine a entendu un rapport de M. Lecanu sur
un travail de M. Delafond, relatif à l'influence de
l'acide arsénieux sur la sécrétion urinaire, I résulte
de ce travail que les animaux empoisonnés par l’a-
cide arsénieux peuventuriner et que cette sécrétion
n'est pas arrêtée. Ghacun sait que MM, Flandin et
Danger on! soutenu l'opinion contraire et que M. Or-
fila ne partageait pas leur avis. L'opinion de M, Or-
fila se trouve donc ici pleinement confirmée, et celle
des deux chimistes déjà cités n'a plus aucune valeur
scientifique. (Note du Rédact.)
617
alimentaire, vous le détruirez par le sesqui-
oxyde de fer hydraté, et vous administre-
rez des vomitifs et des purgatif; dans la se-
conde, vous chasserez par les urines le poi-
son absorbé, et vous pourrez alors employer
avec succès la médication diurétique.
J'ai sous les yeux une observation qui
confirme mes opinions, et Je vais vous la
commupbiquer, car elle est d’un haut inté-
rêt. Tout récemment, M. le docteur Au-
gouard, médecin à Paris, a guéri une sage-
femme qui avait pris 16 grammes d’acide
arsénienx, en associant les vomitifs aux diu-
rétiques et aux sangsues ; la femme a rendu
plusieurs litres d’urines qui ont été recon-
nues arsén cales.
Enfin, si la maladie revêt un caractère
inflammatoire, ne craignez pas d’user des
antiphlogistiques, des saignées et des sang-
sues. Souvent J'ai vu leur application suivie
des succès les moins contestables ; je ne
crains pas de vous les recommander, après
en avoir reconnu moi-même les heureux
résultats. Ici se terminent, Messieurs, nos
lecons sur lParsenic. Nous avons examiné
cette question sous tous les points de vue;
nous l'avons envisagée sous tous les rap-
ports, et mon but sera rempli, si je suis
parvenu à éclaircir pour vous une question
si ardue, après avoir emprunte à Ja toxico-
logie proprement dite, à la symptomato-
logie, à l'anatomie pathologique, à la thé-
rapeutique-enfin, tous les éléments que ces
sciences pouvaient nous fournir pour ré-
soudre un aussi important problème.
E. F.
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES. :
Sur les modifications qui se produisent dans
la structure du fer après sa fabrication;
par M. Charles Hood.
(Premier article.)
Les importantes applications que reçoit
le fer ont toujours rendu ce métal l’objet
d'un intérêt particulier. À aucune époque,
son importance n’a été aussi grande, aus:i
générale, car son application s’étendehaque
jour, etil n’est p-ut-être aucune des con-
ceptions de l'art à laquelle il ne vienne en
aide.
Le but que je me propose dans cette note
est de signaler quelques unes des habitudes
du fer qui paraissent avoir échappé pres-
que entièrement à l'attention des savants,
et qui, connues jusqu’à un certain point
des hommes pratiques, n’ont été considé-
rées par eux que comme des faits isolés,
et non comme les résultats d’une loi im-
portante et générale. Ces faits méritent
néanmoins toute l’attention des savants, en
raison des conséquences importantes qui
peuvent en dériver.
On connaît deux espèces bien distinctes
de fer malléable;, sousles noms de red short
et-de cold short. La première est ce fer
tenace et fibreux qui, à froid, possède une
force considérable; la seconde présente
une fracture cristalline, est très cassante à
froid, mais est très ductile à chaud.
Ces distinctions sont bien connues des
personnes familières avec l'emploi du fer;
mais on sait beauconp moins générale-
ment qu’il existe plusieurs causes au moyen
desquelles le fer tenace et fibreux se con-
vertit rapidement en fer cristallisé, chan-
gement qui diminue considérablement sa
force.
L'importance que présentent ces modi-
618
fications est aujourd'hui incontestable. La
catastrophe du chemin de fer de Vér-
sailles, où tant de victimes ont trouvé une
mort horrible, est résultée de la rupture
d'un essieu de locomotive; et cet essieu
offrait, aux points fracturés, de gros cris-
taux, dont la présence indique toujours un
fer cassant. Je ne doute nullement, toute-
fois, que, malgré la structure cristalline
de cet essieu au moment de l’accident,
cette structure ne fût, peu de temps au-
paravant, celle d’en fer tenace et fibreux
au plus haut degré.
Je me propose ici de faire connaître com-
ment ces modifications aussi extraordi-
paires qu'importanies se produisent, et de
sigoaler quelques uns des procédés au
moyen desquels on peut démontrer ex-
périmentalement la vérité de cette asser-
tion.
Les causes principales de ces modifica-
tions sont : la percussion, la chaleur et le
magnétisme, Il est douteux, toutefois,
qu’une seule de ces causes produise les ré-
sultats en question ; mais j'ai de fortes rai-
sons de penser que toutes concourent à les
‘ produire.
L'exemple le plus frappant de la cristal-
lisation du fer par la chaleur se trouve dans
les barreaux forgés d’un fourneau. Quelle
que soit la qualité du fer au moment de
la construction des barreaux, en peu de
temps ils seront convertis en fercristallisé,
ce dont on peut se convaincre en brisant
un de ces barreaux. On produira plus
promptement encore le même effet en
chauffant à plusieurs reprises du fer fi-
breux, et en le plongeant autant de fois
dans l’eau pour le refroidir rapidement.
Dans ces circonstances se rencontrent
au moins deux des causes signalées plus
haut, la chaleur et le magnétisme. Toutes
les fois qu'on élève le fer à une très haute
température, il éprouve un changement
dans ses conditions électrique où magné-
tique; car il perd alors entièrement sa
puissance magnétique, qu'il reprend à me-
sure que sa température s’abaisse. Dans le
cas où on plonge le fer chaud dans l’eau,
on peut constater d’une manière plus déci-
sive la présence des forces électriques et
magnétiques : car depuis longtemps, sir
Humphry Davy a fait connaître que toute
espèce de vaporisation produisait Pélectri-
cité négative dans les corps en contact avec
la valeur ; fait qui, récemment, a excité de
nouveau l'attention, en conséquence de
la découverte de grandes quantités d’élec-
tricité dans un jet de vapeur.
Ces résultats n’ont toutefois que peu de
conséquences pratiques ; mais les effets de
la percussion sont à la fois variés, consi-
dérables, et d’une grande importance.
Ces effets dans plusieurs circoustances sont
remarquables, nous les signalerons dans
un deuxième article.
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Conservation des substances alinenteires.
(Quatrième et dernier article.)
Dans les derniers articles sur la conser-
vation des substances alimentaires, nous
avons résumé les belles leçons faites sur ce
sujet, à l'Ecole municipale de Rouen, par
M. 3. Girardin , membre correspondant de
l'Académie des Sciences. Nous allons au-
jourd’hui, d’aprèsce savant, compléter cette
question si intéressante par l'exposé des pro-
cédés de conservation du lait.
DIT
: : : À
4 J\ On sait que les alcalis font disparaître sur-
ER
{
{
+-champ le coagulum formé par les acides,
in raison de l’action dissolvante qu'ils exer-
ent sur le caseum. M, Braconnot a profité
1 Fe cette propriété pour obtenir le lait sous
“ne forme très concentrée. Voici comment
L opère :
| Dans trois litres de lait chauffés à 45 de-
rés, il ajoute peu à peu de l'acide hydro-
‘hlorique, de manière à en déterminer la
Hoagulation. Il recueille le caillé, le lave
bien. l’exprime, puis le fait chauffer avec 5
jramimes de carbonate de soude cristallisé
“tune petite quantité d’eau ; tout se dissout
bromptement, et il en résulte une sorte de
srême épaisse ou de frangipane que l’on
veutaromatiser à volonté. Cettefrangipane,
nêlée avec son poids de sucre, et chauffée
ivec précaution, fournit un sirop très agréa-
ile au goût et parfaitement homogène. Par
a concentration de ce sirop, ou obtient
j1ne pâte qu'on peut découper en tablettes
let dessécher complétement à l’étuve.
- Le siropet les tablettes de lait se conser-
vent très bien. Si l’on étend le sirop d’une
ijrande quantité d’eau, on produit une li-
iqueur d’un blanc opaque, en tout sembla-
“ ble au lait, et dont la saveur rappelle celle
\du lait bouilli ou cuit. Dans le café, les po-
\tages, les crêmes et autres aliments de cette
nature, ilest aussi agréable que le lait frais.
| Les tablettes peuvent servir en voyage pour
isucrer le café. Ainsi le sirop etles tablettes
| de lait sont des objets précieux pour les ma-
ons dans leurs voyages de long cours. Dans
(es grandes villes, où il n’est pas toujours
facile de se procurer du lait de qualité pas-
| sable, ces préparations, qui peuvent se con-
server très longtemps, seraient parfois d'un
“ graud secours.
“ Ilya déjà fort longtemps qu’on cherche
“ des moyens économiques et prompts de
conserver le lait, pour pouvoir le transpor-
ter au loin sans altération.
M. Appert conserve le lait dans des bou-
teilles pleines, bien bouchées et privées
d'air. Mais l'expérience à prouvé aux ma-
rins que l’agitation causée par le transport
sépare la partie butyreuse du lait; et mal-
| 31€ tous les soins pour le rendre homogène,
d’une couche de beure, ce qui rend son
| emplui peu agréable. :
|. En 1835, MM. Grimaud et Gallais ont
imaginé de réduire le lait en une pâte sè-
che, au moyen d’un courant d'air froid qui
passe à travers le liquide et lui enlève ainsi
toute son eau. Le résultat de cette évapora-
tionest ce qu'ils appellent la /actéine ou Lac-
moins l’eau, qui y entre pour 9119, en
sorte qu’elle représente le lait au 10° de
son volume. Cette matière offre ainsi un
! moyen facile d'exporter le lait, puisque, par
+ sa dissolution dans une suffisante quantité
. d’eau, elle reproduit le liquide primitif qui
Va fournie. La lactoline se prépare actuel
* lement très en grand ; on en vend beaucoup
| à Paris. Le prix est de 12 fr. le kilogram.
| La glace permet de conserver pendant les
| grandes chaleurs des provisions qui sont
! Souvent perdues dans les petits ménages.
! On pourrait, il nous semble, tirer de pays
éloignés de la capitale de huit à dix lieues
le lait qu'on garderait dans un endroit
frais et dans un vase entouré de glace. On
aurait par là du lait plus salubre, puisqu'il
viendrait de vaches qu’on ne tient pas con-
Stamment à l’étable, comme celles de Paris
et de la banlieue,
- La ménagère a à sa disposition, on le
le liquide des bouteilles est toujours couvert
| toline, qui contient tousles principes du lait,
620
voit, une foule de procédés de conserva-
tion des substances alimentaires dont elle
ne se doute aucunement. Ainsi, elle ignore
que les pommes de terre placées dans un
tonneau où l’on a brülé des mêches sou-
frées (comme on le fait lorsqu'on veut em-
pêcher la fermentation du moût de raisin),
peuvent y passer un an et plus sans ger-
mer, et qu’elles yacquièrent même un pe-
tit goût sucré.
Ceux de nos lecteurs qui desireraient de
plus amples renseignements sur les procé-
dés de conservation des substances alimen-
taires, nous les renvoyons à l'Echo du 2
mars 4843 et à celui du 19 juin 1842. Ils
trouveront aussi les procédés de conserva-
tion des substances animales par le sous-
carbonate de potasse, au numéro 61 1842,
deuxième semestre. J.-S. G.
AGRICULTURE:
Maiière de préparer la sentence du froment,
afin de préserver celui-ci de la nielle.
On a bien des fois essayé diverses mé-
thodes, les unes assez bonnes, les autres sans
effet, pour préparer la semence du fro-
ment et préserver la récolte des ravages de
la nielle. En voici une que nous offrons
aux cultivateurs en général, parce qu’elle
est facile, et que nous la croyons réelle-
ment bonne; d’abord parce qu'elle atteint
son but, et ensuite, parce qu'elle est utile,
en ce qu’elle sert également de remède et
d'engrais pour le froment ensemencé, Un
des avantages offerts par cette méthede, et
ce n’est pas le moindre, c’est que le grain,
soit entièrement ou en partie préparé, peut
rester quelque temps sans être semé, et
cela sans qu'il en résulte aucun dommage.
— Mettez environ un demi-boisseau de fro-
men! dans un baquet, puis versez-y de l’eau
dessus; vous le lavez bien en le remuant
très fort avec un bâton, afin de le bien net-
toyer. Ensuite remettez de l’eau, remuez
encore et rejetez cette eau. Vous répétez ce
procédé assez souvent pour faire disparaître
toutes les saletés. Celui-ci lavé, préparez-
en une nouvelle quantité, jusqu'à ce que
vous aurez nettoyé le tout.
Alors, ajoutez au froment du sel fort,
n'importe pour si fort qu’il puisse être, en
laissant toutefois l’eau couvrir le grain, et
remuez bien. Lavoine, s’il y en a, ainsi que
d'autres graines plus légères que le blé,
monteront sur la surface, et il faudra les
retirer. — Laissez votre froment tremper
pendant un jour, même pendant deux ou
trois, et si cela ne vous convient pas de se-
mer tout de suite, laissez tremper pendant
une semaine etmême plus longtemps. Après
cela égouttez, et ajoutez de la chauxéteinte,
jusqu’à ce que le froment se sépare de ma-
nière à pouvoir être semé convenablement,
(ASoctété polytechnique.)
— HD Le —
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Arrondissement de Saintes, canton de Saintes,
(Charente-nf.)
Commune nu Douser. Les Celtes nom-
maient Douët un ruisseau, un égoût, un
canal. — C’est, en effet, au Douhet que se
trouve une des sources que les Romains
conduisirent à Saintes par le moyen d’un
aqueduc dont les ruines subsistentencore.
Des restes imposants d’un castellum aquæ,
taillé dans le roc, et dont les dalles sont
ZE
encore en place, rend cette commune in-
téressante pour l’archéologue.
Bourignon a décrit avec soin l’aqueduc
que les Gallo-Romains avaient établi à l’o-
vient de Mediolanum , à 15 kilom. de la
ville, pour conduire les eaux de plusieurs
fontaines { Antiq., p. 431) dans l’intérieur
de Saintes. Suivant l'opinion admise par
Bourignon, c'était de Fond-Giraud, fon-
taine de la commune d'Ecoyeux, que par-
tait l’aqueluc. Fond-Giraud , en ccite, si-
gnifie la source du fils de l'oiseau de proie,
de fons fontaine , gir faucon, et a/dus dé-
rivé de alendo, synonyme d’a/umnis, nour-
risson , mot transformé en aud ou en ald.
Mais un fait qui semble contredire cette
manière de voir est celui-ci : en 1832, les
fortes chaleurs firent tarir la fontaine de
Fond-Giraud, et cependant le volume d’eau
de la fontaine du Douket n’en éprouva pas
de diminution. Toutefois, il se peut que les
Rornains aient rendues indépendantes les
unes des autres les sources qui alimentaient
l’aqueduc.
Le bassin de la fontaine de Fond-Giraud
est carré, profond de 2 mètres et demi
environ; le cours d’eau qui en part con-
tourne les rochers du vallon, jusqu’au
puits du village des Richards. Bourignon ,
qui est descendu dans ce puits, y a trouvé
les parois de l’aqueduc se prolongeant sous
le chemin de Saint-Jean-d’Angély, à quel-
que distance de la Rouillerie. À cent pas de
ce lieu, on trouve un trou, appelé par les
habitants, lOuaye à Métau (de hws, huis,
ouverture ), profond de 3 à 4 mètres, et
creusé dans le roc. Ce trou est comblé en
partie par des décombres. On y entend le
bruit de Peau qui coule sous terre, mais
dont on ne peut suivre le trajet Jusqu'à la
Grand-Font, Proche les Pérots s'ouvre un
évent, sorte de puits carré, profond de près
de 7 mètres sur 2 mètres et demi de lar-
geur. L’aqueducs fait un détour sur la gau-
che à partir de ce village, et suit la pente
de la vallée où existe sa plus grande ou-
verture appelée la Grand-Font du Douhet.
Au dessus de cette ouverture est an mur
très épais que Bourignon regarde comme
un débris soit du Castellum aquæ, soit de
la demeure du Castellarius où Fillicus
aquæ, É
Ce réservoir d’eau a dû être considéra-
ble. La voûte, taillée dans le roc vif, a prés.
de 4 mètres de hauteur dans sa partie la
plus élevée. Le canal aussi creusé dans le
rocher, n’a que 49 centim. de largeur et
16 centim. de rebords des deux côtés. La
voûte que Bourignon a suivi sous terre, en
remontantlecours del’aqueduc, fait unpeu
le coude sur la droite jusqu’à une distance
de 30 pas, où se trouve une tour circulaire
qui devait avoir communication avec l’é-
vent. En dépassant cette tour, il fut arrêté
à gauche par un mur de refend qui clot la
voûte et qui sert de base à l’évent. Sur le
| côté droit ouvre un conduit carré très étroit,
par où l’eau coule. Des enfants, qui avaient
pénétré dans ce conduit pendant l'été, ont
dit à Bourignon qu'après 50 pas ils avaient
rencontré une voûte semblable à la pre-
mière , et qu'ils avaient pû suivre la dalle
jusqu’à l'Ouaye à Métau. La voûte est cons-
tamment creusée dans le roc, depuis la
Grand-Font jusqu’au château du Douhet ;
mais elle n’a alors qu'un mètre d’ouver-
ture, et elle finit après s’être rétrécie suc-
cessivement et avoir perdue son ceintre
pour prendre la forme carrée.
De l'ouverture de l’aqueduc jusqu’au
château, on compte 40 ouayes ou coupures
622
faites au moyen-ge par un seigneur du
Douhet, qui fit nettoyer l’aqueduc afin d'en
recevoir l'eau pour ses jardins.
L'aqueduc , après s'être détourné pour
suivre la pente de la vallée, entre bientôt
dans le coteau en laissant l’église du Douhet
à gauche, passe sous la maison dite du
Ruisseau, Wraverse sous le village des Bris-
sons: tire vers la Foucherie; laisse le vi-
lage des Siguets à droite, et se rend au val-
Jon de la Zonne. Des voûtes qui effleurent
le sol, des portions de canal, des puits on-
verts, se rencontrent surabondamment
dans ce trajet. De la Tonne , le canal se
dirige vers le Puy-Gibaut (le coteau en
bosse), en recevant une branchede canali-
sation partie de la fontaine de Vénérand.
En cet endroit, l’aqueduc se trouvait pos-
séder un fort volume d’eau fourni par les
sources de Fond-Giraud et de Vénérand.
De la Tonne (du celte ton, vase) à la Font-
de-l'Eschale, on perd de vue la voûte de
l'aqueduc. Seulement on trouve entre les
Ménards et'les Guillots un trou couvertde.
broussailles où les eaux vont se perdre. AU
milieu de la vallée des Pendants est la Font-
de-PEschale, ayant une ouverture carrée
pratiquée dans le roc, et par laquelle on
découvre la voûte de l'aqueduc dont on re-
trouve les traces à la Font-Morillon (la
Source-Noire), à Montignac, à la Grimo-
derie, à Font-Couverte (de fons coopertus),
se rend au vallon des 47s (arcades) ôù trois
arches en plein cintre, d’une hauteur va-
riable, parementées en petites pierres lon-
gues, servaient à soutenir les conduits, Ces
trois arches sont les seules qui restent in-
tactes des vingt-cinq dont les débris cou-
vrent çà etla le sol. Au Plantis des Neuf-
Puits souvrent neuf évens qui annoncent
la continuation de l’aqueduc.
Des Puits jusqu’aux Bots de la Tonne on
suit la voûte de l’aqueduc, et vers le Chail-
lot il aversait la vallée sur des arches dont
il ne reste plus que des piles, proche Au-
mont et au Fief-des-Plantcs. On suit sa di-
rection ensuite au moulin de la Grille, à
la Berlingue , delà au faubourg des Dames
où il se dirigeait vers Saintes par la Porte-
Aiguière (porta aquaria ). Il est probable
qu'un embranchement de l’aqueduc pas-
sait la Charente à la Grand’ Porte, arrivait
sur le plateau de Saint-Vivien et aux bains,
où de nombreux conduits ont été déterrés
récemment. Il y en a même un de béant
à côté de l'hôpital de la Marine.
La Sromendrie est une métairie près de
laquelle sont encore les vestiges des vingt-
cinq arcades qui supportaient l’aqueduc.
Des trois qui restent, une mesure 15 mètr.
de hauteur. Bromius est un surnom de
Bacchus.
Les Guillots ou Guilleaux , où passe l’a-
queduc, tirent leur nom du guy sacré de
la religion ethnique du chêne au temps des
Druides.
Le Maine-Jou, proche Saintes , est en-
. core une dénomination celtique que les La-
tinsont traduit en mansio Jovis, temple de
Jupiter, dont les Saintongeois ont fait
Maine-Jou. Mais chez les Gaulois, Jou était
un dieu tenant de l’Apollon et du Jupiter
des Grecs. Au Maine-Jou existe encore une
crypte souterraine dont la destination était
ignorée. On en trouve une semblable à F/0-
rac et à la Billarderie.
L'église du Douhet est dédiée à Saint-
Martial, prédicateur à Limoges, de 259 à
269. C’est un très bel édifice roman-byzan-
tin du onzième siècle, dont la façade, bien
__que restaurée dans quelques unes de ses
v
623
parties , a conservé en bon état les carac-
tères de son architecture, et a un porche
développé, mais sans caratères. La façade
se compose de deux ordonnances, un por-
tail à trois voussures et deux portails laté-
raux en arc-de-triomphe , bouchés. Les
pleins-cintres sont bysantins, couverts de
frètes et d’entrelacs. Une consolle à cor-
beaux sépare les assises. La deuxième avait
une arcature de pleins-cintre dont il ne
reste plus que trois arcs. Au milieu était
placé la fenêtre. L’abside, semi-arrondie,
est aussi du onzième siècle ; ses contreforts
primitifs sont de légères colonnettes appli-
quées, et un tailloir à modillons contourne
ja frise. Les fenêtres sont romanes, mais on
les a bouché, Quelques gros contreforts du
quinzième siècle ont été apposés à l'abside.
Le clocher est carré, ayant une petite toi-
ture en cône aigu à 6 pans. Quatre petits
clochetons en garnissent les angles. Il date
du treizième siècle, ainsi que les baies qui
lui donnent du jour.
Le village de Forges avait sans doute au-
trefois un de ces ateliers de maréchallerie,
forga ou forgium, dont parlent des chartes
du quatorzième siècle.
Louis XIII séjourna en 1621 au village
de la Rourie, lorsqu'il fut assiéger la ville :
de Saint Jean-d’Anpély.
Les eaux de la fontaine du Douhet sont
très chargées d'acide carbonique et de
chaux, aussi précipitent-elles abondam-
ment du carbonate de chaux sur les corps
qu'on immerge.
Le château, bâti par le marquis de Thors,
est moderne et n’a rien d intéressant.
LESsson.
GÉOGRAPHIE.
Notiee sur le Yucathan, d’après les écrivains
espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag).
(Quatrième article.)
Quand j'allai dans cette province, dit le
licencié Lopez Medel, visiter les édifices de
Chychenytza qui sont très remarquables,
les vieillards me racontèrent que, peu de
temps avant l’arrivée des Espagnols, une
jeune fille déclara aux prêtres qui allaient
la sacrifier de cette manière, que, loin de
prier les dieux pour eux, elle lesengagerait à
leur faire tout le mal possible puisqu'ils la
sacrifiaient contre sa volonté. Cette réponse
lesembarrassa tellement qu’ils se décidèrent
à la remettre en liberté et à en immoler
une autre.
Les habitants du Yucathan célébraient
aussi une grande fête en l’houneur du feu;
ils allumaient un vaste bûcher, et, quand
il ne formait plus qu'un brasier, un prêtre
le traversait en chantant et en dansant; il
est vrai qu’on avait soin de lui ouvrir un
chemiu, mais le passage ne laissait pas
d’être dangereux.
Ilreste encore dans beaucoup d’endroits,
des ruines d’édifices qui ressemblent aux
temples mexicains. Il y avait à Ytzamal un
temple magnifique, dédié à Ytzamal-Ul ou
à celui qui dispose de la rosée du ciel. Plus
au couchant était celui d’une autre idole,
nommée Kab-Ul, et au nord, celui d'un
dieu nommé Kinich-Kakmo, figure du so-
leil : c'était à lui qu'on s'adressait dans les
temps de peste. Les prêtres portaient de
longs vêtements blanes; ils de se lavaient et
ne se peignaient jamais les cheveux, qui
étaient oints du sang des victimes hu-
maines. Ils jeünaient souvent et se tiraient
du saug des diverses parties du corps. Les
autant à ceux de nos prêtres que l’ont pré-
‘lai lavait la tête avec de l’eau, et il était
624
prètres se distinguaient, suivant leur rang,
par leurs vêtements. Le grand prêtre avait
une espèce de dalmatique et une mitre que
les autres n’avaient pas le droit de porter.
Mais ces ornements ne ressemblaient pas
tendu certains Espagnols qui ont voulu
prouver que la religion chrétienne avait
déjà été prêchée au Mexique.
Il y avait au Yucathan une espèce de
baptême qui n’était pas d’un usage géné-
ral, mais que l’ou regardait comme d'une
sainteté particulière. On mettait à ceux
qui y étaient destinés par leurs parents dès
leur naissance un nom distinctif sur la
tête pour les distinguer des autres enfants;
quand ils avaient atteint l’âge de six ans,
les parents ornaient de branches d'arbres
la main du prêtre, on réunissait ensuite
tous les enfants du village qui formaient
une procession, Les jeunes garçons avaient
un vieillard en tête, et les jeunes filles, une
vieille femme. Le prêtre, avec beaucoup
de cérémonie , ôtait à l’enfant la marque
distinctive qu'il avait portée jusque-là ; on
regardé toute sa vie comme sanctifié.
mm
Le Rédacteur-Gérant :
; C.-B. FRAYSSE,.
FAITS DIVERS.
— Le daguerréolipe, s'il faut en croire une lettre
datée de Nice et publiée par quelques jouruaux,
aurait obtenu un perfectionnement dont s'occupent
depuis deux ans nos plus habiles physiciens. Le
problème de la reproduction des couleurs par le da-
guerréotype et sans le secours d'autre opération
que celle qui donne la ressemblance, aurait été ré-
selu par M. le chevalier Iller. Gette découverte, si
elle est vraie, fera une révoiution complète dans Part
de la peiature. ,
— Au iuoment où les horticulteurs s'occupent de
l'écheniliage, nous nous faisons un devoir de recom-
mauder à nos abonnés la fabrique de M. Arnheiïter,
mécanicien du roi, rue Childebert, 13. Parmi les
nombreux instruments que nous avons remarqués
dans ses ateliers, nous devons mentionner des séca-
teurs dont le mécanisme simple et commode à l'a-
vantage de couper des branches sur lesquelles se
trouvent les bourses de chenilles, et de retenir ces
branches jusqu'à ce que par le moyen d’un cordon
que l’on läche à volonté, on laisse tomber à terre
les chenilles et la branche. On connaît combien il
est aisé par ce moÿen de préserver du contact des
chenilles les parties de l'arbre qui ne sont pas en=
core gangrenées. Nous avons eu occasion déjà plu-
sieurs fois de parler dans notre journal de Ja fabri-
que de M. Arnheiter, qui à inventé lui-mème plu-
sieurs instruments d'horticulture et en a perfectionne
un plus grand nombre.
2. — SALE —
BIBLIOGRAPHIE,
RAPPORT à M. le comte Duchätel, ministre se-
crétaire d’Etat de l’intérieur , sur les prisons de la
Prusse; par M. Hallez-Claparède.
RELATIONS du siége de Sancerre en 1573; par
Jean de la Gessée et Jean de Lery:; conformes aux
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo=
riques relatives à la mème ville. À Bourges , chez
Vermeil. ‘A
COLONIES étrangères et Haïti, résultats de lé:
mancipation anglaise ; par Victor Schælche. A Paris, |
chez l'agnerre, rue de Seine, 14 bis.
COURS de chimie inorganique appliquée; par
M. Payen. Analyse des leçons , données et descrip= |
tion des planches, par MM. Knab et Schmersahl,
A Paris, au Conservatoire des arts et metiers. -{,
EE RE |
PARIS,—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
CT
10e ammée.
D DÙÜ
Pazis. — BDiaanmehe, 9 Avrii 1843.
DNDE
N° 27,
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
——
L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le FEUIDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DE LAWALETULE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR;S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr.,
8 fr. 50- Al’'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recüeil l'ÉGHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CH01518 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B, FRAYSSE, gérant-administrateur,
SOMMAIRE — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE. Rechcrches sur la force épipolique;
Dutrochet. — CHIMIE APPLIQUÉE. Du cam-
phre et de son application médicale et indus-
inielle. — SCIENCES NATURELLES. GEO-
LOGIE. Sur le sysième silurien de l'Amérique
septentrionale ; Elie de Beaumont. — Réfuta-
tion du système de transport de blocs erratiques
sur des glaces universelles et observations rela-
tives au transport de ces blocs; Fauverge. —
SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ D’EN-
COURAGEMENT,, séance du 5 avril — ÉCONO-
MIE DOMESTIQUE. Système raisonné des pri-
ses d'air et des bouches de chaleur des poèles et
des caloriferes; d’Arcet. —AGRICULTURE. Cul-
ture des sols calcaires. — HORTICULTURE.
Sur la taille du muürier. — SCIENCES HISTOz
RIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORA-
LES ET POLITIQUES. Séance du 1 avril. —
ARCHEOLOGIE. Costumes, ornements et déco-
rations au moyen-âge ; Schaw.— GÉOGRAPHIE,
Note sur le Yucathan. — BIBLIOGRAPHIE.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Recherches sur la force épipolique ; par
M. Dutrochet.
(Deuxième article, )
L'étude des courants épipoliques qui sont
produits sous l'influence de l'électricité
voltaïque, sur la surface du mercure recou-
vert par de l'eau où par des solutions
aqueuses de sels, d’acides ou d’alcalis, oc-
cupe une grande partie de la seconde par-
tie de mon ouvrage. J'y fais voir que l’é-
lectricité n’agit point ici directement pour
produire les courants épipoliques , et que
son influence, dans ce cas, se borne à dé-
terminer, aux pôles électriques , un déga-
gement de chaleur qui est la seule cause
immédiate et productrice de ces courants.
À l’aide d’un appareil thermo-électrique
convenablement disposé j'ai pu constater
dans tous les cas que le pôle électrique du-
quel partait le courant épipolique était tou-
jours celui où il y avait le plas grand dé-
gagement de chaleur. Lorsque la supério-
rité de chaleur venait à passer d’un pôle
au pôle opposé, le courant épipolique se
renversait immédiatement. Ces diverses ex-
périences sont trop nombreuses pour que
je puisse ici en donner l'analyse.
Les.mouvements des fragments de po-
_tassium, ou des fragments dé divers allia-
ges de potassium sur l’eau et sur le mer-
cure recouvert d’une mince couche d’eau,
sont des mouvements de réaction dirigés en
sens inverses des courants épipoliques qui
sont produits, sur la surface de l’eau et
sur celle du mercure, par la chaleur que
dégagent ces fragments par le fait de l'oxy-
dation du potassium et par le fait de la for-
mation de l’hydrate de potasse. J'avais déjà
formeliement indiqué cette cause produc-
trice des courants épipoliques lorsque j'ai
dit, dans la première partie de cetouvrage :
« Toute cause qui produit un dégagement
» de chaleur dans un point de la surface
» de l’eau, produit en même temps dans ve
» point le développement de la force épi-
» polique. »
J'ai communiqué à l'Académie, dans ses
séances du 27 juin et du 4 juillet 1842, mes
expériences relatives aux courants épipoli-
ques qui sont produits sur la surface de di-
vers liquides par lPinfluence de certaines
vapeurs. Je reproduis ces expériences dans
la seconde partie de mon ouvrage, et j'y
cherche à déterminer le mode de l’action
au moyen de laquelle les vapeurs dont il
s’agit produisent ces courants épipoliques.
Considérant, d’après la théorie que j'ai ad-
mise, que tout courant épipolique recon-
naît pour cause immédiate un changement
local dans la température de la surface sur
laquelle ce courant se manifeste, j'ai dû
chercher si l’action de telle ou telle vapeur
appliquée à la surface de tel ou tel liquide
échauftait ou refroidissait cette surface. Je
ie suis servi, pour cet& secherche, d’un
appareil thermo-électrique convenablement
disposé, J'ai trouvé, par ce moyen, que
toutes les vapeurs qui se dissolvent dans
un liquide où qui se combinent chimique-
ment avec lui l’échauffent. D’an autre côté,
j'ai trouvé que toutes les vapeurs formées à
la température ordinaire de l'air dans le-
quel elles se répandent sont plus froides
que cet air ambiant. Ainsi les: vapeurs
exercent une aclion refroidissante sur les
corps qu'elles touchent lorsque ces corps
sont à la température de l'air ambiant, et
elles exercent sur ces mêmes corps une ac-
tion échauffante lorsqu'elles se combinent
avec eux. Le corps qui fournit la vapeur
se refroidissant, par le fait de son évapora-
tion, tend à refroidir, par voisinage , les
corps dont on l’approche. Il résulte de tout
cela que lorsqu'on approche de la surface
d’un liquide déterminé une goutte d’un li-
quide volatil déterminé, cette surface peut
être refroidie par le contact de la vapeur
ou par le voisinage de la goutte refroidie
du liquide volatil; elle peut être échauffée
par la dissolution ou par la combinaison
chimique de cette même vapeur ; c'est de
l'excès de l'une des deux actions soit re-
froidissante, soit échauffante, qui est exer-
cée dans cette circonstance sur la surface
du liquide, que résulte l'établissement d’un
courant épipolique sur cette surface. Or,
j'ai observé que ce n’est pas toujours en
vertu de son action refroidissante que la
goutte de liquide volatil suspendue au des-
sus de la surface d’un liquide déterminé,
produit, sur cette surface, un courant épi-
polique dirigé en convergeant vers cette
goutte ; c’est bien évidemment, dans cer-
tains cas, en vertu de l’action échauffante
de sa vapeur ; en sorte que le courant épi-
polique est ici caloripète, au lieu d’être ca-
lorifuge comme il l’est dans ja plupart des
autres cas.
La vapeur de tous les liquides combusti-
bles échauffe l’eau par cela même que cette
vapeur s’y dissout; c'est ce dont je me
suis assuré directement avec mon appareil
thermo-électrique, la vapeur du camphre
produit le même effet. C’est pour cela que
la vapeur des huiles essentielles, de l’alcool,
de l’éther, du camphre, etc., produit des
courants épipoliques sur la surface de
l'eau ; ce sont ces courants épipoliques
qui, par réaction , font mouvoir sur
l’eau les parcelles de camphre ; c’est la
chaleur produite autour du camphre par
la dissolution de sa vapeur dans l’eau
qui l’environne qui fait que cette substan-
ce s’évapore 30 à 40 fois plus vite sur
l’eau qu’à l'air libre, ainsi que l’a expéri-
menté Béuédict Prévost; c’est cette même
chaleur qui fait que des colonnes de cam-
phre à moitié plongées dans l’eau se cou-
pent à la surface de ce liquide , ainsi gs
la expérimenté Venturi. N
Comme c’est en échauffant la pl:
occupe sur l’eau, que le camphrægi
un courant épipolique sur ce liqi
courant doit être semblable, pour
tion, à celui qui est produit sur Ï pi
la chaleur artificiellement appliquéé_
bord de sa surface qui possède l’épipoliètté
aqueuse. C’est effectivement ce qui a lieu.
Ainsi, en plaçant d’une manière fixe une
parcelle de camphre au bord de la surface
de l’eau, on voit s'établir un courant épi-
polique à double tourbillon semblable à
celui qui est représenté par la fig. 1, cou-
rant qu’on a vu plus haut être produit par
la chsleur artificiellement appliquée au
point 4, point où je suppose actuellement
que la parcelle de camphre est fixée.
La vapeur du camphre produit aussi un
courant épipolique sur la surface biennette
du mercure : échauffe-t-elle cette surface”
C’est ce dont je n’ai pu m'assurer par l’ex-
périence directe ; mais cet échauffement
est prouvé, d'une manière indirecte, par
l'observation de la direction que prend sur
le mercure le courant épipolique produit
par le dépôt d’une parcelle de camphre
fixée au bord de la surface de ce métal. J'ai
dit plus haut que la chaleur artifcielle-
ment appliquée au bord de la surface du
mercure , ou au point a (fig. 2), y produit
le courant épipolique à double tourbillon
qui est représenté par cette figure, courant
qui est celui que l’on observe, en pareil cas,
sur tous les liquides qui possèdent l’épipo-
licité huileuse. Or, c’est ce même couran£
épipolique que l’on observe sur le mercure
lorsqu’au lieu d’échauffer artificiellement
le point &, on y place fixement une parcelle
de camphre. Il y a donc alors échauffement
628
de ce point a. La similitude de l'effet prouve
ici la similitude de la cause.
Je termine cette deuxième partie de mon
ouvrage par la recherche de la cause à la -
quelle est due l'extension spontanée des
vouttes de certains liquides sur la surface
’un solide poli ou sur la surface d’un au-
tre liquide. Je fais voir que cette extension
ne doit point être rapportée à l’action ca-
pillaire, mais qu’elle est bien réellement le
résultat de l’action d’un courant épipolique
divergent. Je trouve la cause de ce courant
épipolique, d’une part, dans la chaleur
qui, d’après les expériences de M. Pouillet,
se développe toujours au contact d’un so-
lide avec un liquide qui le mouille; et
d’une autre part, dans la modification de
température soit en plus , soit en moins,
qui a toujours lieu lors de lassociation de
deux liquides hétérogènes.
En résumé, les courants épipoliques dif-
fèrent essentiellement des courants de l'é-
lectricité soit statique, soit dynamique ; ils
ne diffèrent pas moins des courants de cha-
leur. Leurs effets moteurs sont générale-
ment hors de toute proportion avec ceux
que peavent produire par elles-mêmes les
modifications locales et souvent extrême-
ment faibles de température qui leur don-
nent naissance. L'agent épipolique a ce-
pendant cela de commun avec l'agent élec-
trique qu'il tend, comme lui, à prendre
son chemin par les pointes ou par les an-
gles des corps.
CHIMIE APPLIQUEE.
Du camphre et de ses applications médi-
cales et industrielles.
(Premier article.)
Le nom dé camphre dérive du mot arabe
caphur où cainphur. On peut, en effet,
rapporter à cet origine l'introduction
du camphre dans la matière médicale,
CEtius (1) en a parlé le premier, comme
d'un remède précieux : l'emploi en fut
pourtant fort rare jusqu’au temps d’Avi-
cenne qui vivait dans le onzième siècle.
Depuis cette époque, le camphre n’a pas
cessé d’être employé dans la pratique mé-
dicale, tant ses bons effsts répondent à l’at-
tente des médecins.
On voit le camphe éprouver dans nos
pharmacies mille associations diverses,
donner naissance à mille produits diffé-
rents, et créer ainsi des ressources sans
nombre contre les infirmités humaines...
Une substance naturelle médicamenteuse,
d’une utilité si grande, ne pouvait man-
quer d’être soigneusement étudiée. De là
des nombreux écrits publiés tour à tour
sur l’origine du camphre, sur sa nature,
sur ses propriétés médicales, etc., etc.; si
bien qu'il reste peu de chose à trouver sur
cette matière.
C’est aux végétaux seulement qu'il faut
rapporter l'origine du camphre; car ce
produit immédiat doit exclusivement son
. existence à l'acte de la végétation. L'art,
émule de la nature, a bien formé une ma-
tière analogue, en combinant le gaz acide
chlorhydrique avec les huiles volatiles de
térébenthine, d’anis, etc.); mais encore
cette matière diffère-t-elle assez du cam-
phre des végétaux pour ne pas pouvoir re-
trouver tous les caractères de celui-ci dans
le camphre artificiel, comme nous le ver-
(1) OEtius était un célèbre médecin de la Su-
blime-Porte, il vivait environ au milieu du sixième
siècle, ses écrits furent étudiés et admirés encore
pendant les quinzième et seizième siècles.
(Thomson )
629
rous dans l'étude de ces sortes de compo-
sés. Toutes les plantes qui renferment des
huiles essentielles contiennent aussi du
camphre; mais ce camphre diffère un peu
de celui qui va exclusivement nous occu-
per d’abord. -
Ce sont plus particulièrement les végé-
taux de la famille des labites, et même
encore de celle des laurinées (Pelouze), qui
offrent le saccédané du camphre. Il en a
été obtenu aussi de quelques ombellifères,
de plusieurs balisiers et de bien d’autres
plantes appartenant à diverses familles dont
on voudra bien nous dispenser de faire ici
l’énumération. Le camphre des labiées
existe en dissolntion dans Jeurs huiles vola-
tiles. Proust l’a démontré, en examinant la
possibilité d'extraire du camphre de ces
huiles, pour en faire une branche de com-
merce assez avantageuse das le royaume
de Murcie en Espagne. Le chimiste de Sé-
govie opéra avec fruit préférablement sur
les huiles essentielles de romarin (rosma-
rinus officinalis), de marjolaine (orrganum
marjorana), de sauge (sabia officinalis) et
de lavande (/avandula spica). (Proust, 4n-
nales de chimie.
Les plantes de la famille des laurinées
contiennent aussi du camphre en dissolu-
tion dans leurs huiles volatiles, maisil n’est
pas rare de l’y trouver également en mor-
ceaux solides, dont la pureté permet de le
confondre avec le camphre le mieux raf-
finé. Ceci se remarque surtout pour le
camphe de Sumatra que l’on trouve tout
formé et cristalli:é dans le canal médul-
laire de Parbre qui le fournit. Ce canal, du
diamètre du bras chez les individus de
moyenne, grosseur en fournit cinq et quel-
quefois dix kilogrammes,
On cite parmi les laurinées qui donnent
du camphre, le laurier d’Apollon (Jaurus
nobilis), lesassafras (laurus sassafras),le can-
nelier ({anrus cinnamomum), et surtout le
camphrier de la Chine et du Japon (laurus
camphora). Nous passerons sous silence
l’arbre de Santa-fé-de-Bogota, nommé ca-
sate dans le pays, qui, au rapport de M.Zéas,
laisse découler beaucoup de camphre en
larmes.
Carnphrier de la Chine et du Japon. —
Cette espèce importante de laurier, dit cam-
pbrier de la Chine et du Japon, comme
étant originaire de ces deux grands empires
asiatiques, donne beaucoup de camphre et
appartient à l’ennéandrie monogynie et à
la famille des laurinées; plusieurs voya-
geurs l’ont annoncé à l’île de Java et au
cap de Bonnc-Espérance; mais c’est plus
particulièrement dans la province de Sat-
Suma Auzathuma et aux îles voisines de
Sailtrof, Nipou et autres, que se trouve le
laurus camphora.
Cet arbre, assez élevé, d’un port élégant
et qui offre un joli feuillage, présente un
tronc divisé en plusieurs petites branches
garnies de feuilles alternes qui se réunis-
sentun peu au-dessous de la base. Lesfleurs
sont dioïques ou polygames, et les fruits,
d’un noir pourpre, offrant la grosseur d’un
pois. La chair de ceux-ci est pulpeuse;
son noyau renferme une amande huileuse
et fade, Ce camphrier est toujours vert,
il fleurit pendant les mois de juin et de juil-
let; toutes ses parties exhalent l’odeur du
camphre quand on le froisse.
Camphrier de Sumatra, de Bornéo et de
Malaca. — I existe dans les îles de Suma-
tra et de Bornéo, ainsi que dans la pres-
qu'ile de Malaca, au lieu nommé Borros,
dans la région occidentale de Sumatra,
630
un autre camphrier que les orientaux
nomment Capour-Borros. M. Correa-de-
Serra avait pensé que cet arbre apparte-
nait au Shorea robusta de Roxburg; tandis
que M. Gartner fils le nommait Dryobala-
nops aromatica. M. Calebrosne ayant re-
connu que le fruit de ce camphrier était
le même que celui du driobalanops, et
M. Correa , revoyant le fruit, le rapporta
au geure plerygium plus conau et apparte-
nant à la famille des laurinées. En consé-
quence, M. Correa douna le nom de pte-
rygium teres au -camphrier en question.
Ce végétal, maintenant cultivé de graines
à Calcuta, présente des feuilles ovales accu-
minées ou mucronées. [l en existe à Suma-
tra, qui ont un tronc de 2 mètres 17 cent.;
le fruit consiste en une capsule oriculaire
et monosperme, s’ouvrant en trois valves,
dont la situation est plus élevée que les
étamines ; l'embryon de la graine étant ren-
versé, sans endosperme.
La plupart des plantes qui offrent du
camphre en donnent trop peu pour qu’on
cherche à l’en extraire. Nous avons vu
qu'il peut y avoir de l’avantage à l’obtenir
de quel jues huiles volatiles, ainsi que de
l’arbre de Santa-fé-de-Bogota. On ne se
livre portant qu’à l’extraction du camphre
du laurus camphora et du pteryg um teres,
notamment du premier de ces deux arbres;
car on ne trouve dans le commerce que
le camphre de la Chine et du Japon.
Le père d’Entrecoller (1) et lord Macart-
ney (2) nous ont appris comment les Chi-
nois obtiennent le camphre du laurus cam-
phora. Les jeunes branches de cet arbre
ayant été réduites en éclats et puis mises à
macérer dans l’eau pendant trois jours, on
les fait bouillir dans une marmite en les
agitant sans cesse au moyen d’un bâton;
passant alors la liqueur au travers d'un
linge et l’abandonnant au refroidissement,
elle se prend en une masse de camphre
brut. Quelquefois on emploie les feuilles et
les bourgeons en faisant chauffer leur dé-
coction aqueuse dans un appareil sublima-
toire, afin de sublimer le camphre que l’on
oblient sous forme de gâteau. Le célèbre
voyageur, Krœæmpfer, nous a également
instruits de la méthode suivie par les Japo-
nais, pour extraire le camphre du /aurus
camphora, qui abonde chez eux. On coupe
par morceaux le tronc et les branches, et
on en remplit de grandes cucurbites de
fer, surmontées de chapiteaux en terre,
dont on garnit l'intérieur de paille de riz;
en échauffant modérement ces vases, le
camphre se volatiliseet s'attache à la paille,
de laquelle on la détache quand l’opéra-
tion est terminée; on obtient aussi sous
la forme de grains grisàtres, agglomérés,
huilleux, humides et toujours plus ou
moins purs.
Camphre de Sumatra, de Bornéo et de
Malaca. — Le campbre le plus précieux,
le plus suave, le plus pénétrant, selon tous
les observateurs, est le produit du ptery-
gium teres de Correa-de-Serra. On dit qu'une
livre de ce camphre est plus estimée que
cent livres du camphre ordinaire. Au Ja-
pon il se présente sous la forme de petites
lames ou aiguilles dans cet arbre ; mais on
peut l’extraire ainsi par la distillation du
bois. Jamais il ne suinte au dehors, quoi-
qu'il soit moins volatil que le camphre or-
dinaire, et que l'arbre contienne une huile
(1) Recueil de Lettres édifiantes et curieuses,
p. #15. |
(2) Voyage dans l'intérieur de Ia Chine, tome 1,
p: 192.
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|
l
631
_ volatile. Le bois du pterygrum teres est fon-
gueux et rempli d’use moëlle analogue à
celle du sureau, dans laquelle paraissentse
déposer de petits cristaux de camphre
très pur. Il suffit de les laver à l’eau, pour
les débarrasser de quelques matières étran-
- gères, et les rendre ainsi semblables à du
camphre qui a été raffiné. Les habitants
des îles, qui vont à la recherche de ce cam-
- phre dans les bois, entaillent les camphriers
Jusqu'au cœur; il en découle une huile très
camphrée, indice de l’existence du camphe
concrété dans le canal médullaire; mais
comme le remarque M. Virey, ils détrui-
sent et perdent ainsi mal à propos une foule
d'arbres à camphre, faute de savoir bien
les exploiter. En effet, lorsqu'ils ont retiré
cette huile camphrée et trouvé un arbre
contenant du camphre concret, ils se
contentent de le scier par tronçons et
d'en extraire mécaniquement cette subs-
tance.(Journal de pharmacie, tome FIL.)
47 e
SCIENCES NATURELLES.
GEOLOGIE.
Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castel-
nau, relahf au système silurien de lAme-
rique septentrionale ; par M. Elie de Beau-
mont.
‘(Deuxième article.)
Eu décrivant les nombreux fossiles re-
cueillis pendant son voyage, M. de Castel-
nau a été conduit à traiter une question qui
intéresse les zoologistes aussi bien que les
géologues : celle de l'existence de pattes
chez les trilobites.
Ces crustacés fossiles, comme on le sait,
ressembleut beaucoup par la forme générale
de leur corps aux cymothoés et surtout aux
séroles ; mais ceux-ci portent à la face infe-
rieure du thorax une longue série de paites
ambulatoires analogues à celles des clopor-
tes, et si les trilobites avaient eu des appen-
diceslocomoteursrigidese: articuléscomme
les isopodes auxquels on les comparait, on
devrait en apercevoir des traces; or il n’en
a pas été ainsi, bien que les naturalistes
aient examiné des milliers de ces animaux,
dont la conservation est souvent si parfaite
qu’on distingue jusqu'aux facettes de leurs
yeux. La plupart des auteurs en ont conclu
que les trilobites étaient des animaux pri-
vés de pattes ambulatoires, et cette con-
clasion aurait été légitime, si, en effet, ces
crustacés appartenaient au même type que
les cymothoés, les lygies et les séroles dont
on les avait rapprochés ; mais, dans ces der-
uieres années, on a reconnu que les trilobi-
tes ont plus d’affinité avec les apus et les
branchippes qu'avec les isopodes ; et si le
plan général de leur organisation était le
même que chezles branchiopodes, l'absence
apparente de pattes dans les fossiles nau-
rait rien de surprenant et n’impliquerait
pas l'absence de ces organes chez ces ani-
maux lorsqu'ils vivaient; car, chez les
branchippes et les apus, les pattes ont
la forme de rames foliacées et membra-
neuses ; dont la conformation est appro-
priée à leurs usages dans la natation et
dans la respiration, et dont le tissu est si
mou et si délicat que leur destruction est
facile, et que, dans le travail lent de la fos-
silisation, elles ne pourraient guère laisser
de traces de leur existence. On pouvait
donc, malgré toutes les observations néga-
tives dont il vient d’être question, supposer
que les trilobites avaient été pourvues de
632
s nageoires ou pattes membranenses sembla-
bles à celles des crustacés branchiopodes,
Cette opinion était adoptée par plusieurs
carcinologistes et s’accorde parfaitement
bien avec les résultats fournis à M. de Cas.
telnau par l’examen de quelques calymènes
de l'Amérique septentrionale.
Effectivement, sur une section transver-
sale du thorax de l’un des échantillons de
Calymène trouvés par ce voyageur, on
apercoit une tache ferrugineuse qui occupe
la place où devait se trouver le tronc cy-
lindroïde de l'animal, et un peu plus bas,
du côté droit, on distiugue une autre tache
de même nature, mais de forme différente,
qui ressemble assez à la marque qu'aurait
pu produire la présence d’une patte foliacée
analogue à celle d'un branchiqpode. Dans
un autre échantillon, on remarque sur ane
fracture longitudinale deux taches de
même couleur, mais étroites et allongées,
qui semblent correspondre à deux anneaux
distincts du thorax et qui pourraient bien
être des sections de marques analogues à
celles vues de face dans l'échantillon pré-
cédent.
M. de Castelnau considère ces taches
comme des empreintes de pattes bran-
chiales, Il est difficile de se prononcer à
cet égard ; mais on reconnaît que ces mar-
ques ont effectivement la position et à peu
près la forme que devraient avoir les em-
preintes que produiraient les pattes folia-
cées des trilobites dans l'hypothèse de l’ana-
logie de structure entre ces fossiles et les
apus de la période actuelle. Les observa-
tions de M. de Castelnau, bien qu’elles ne
nous semblent pas suffisantes pour trancher
la question, tendent, par conséquent, à
confirmer cette manière de voir, et offrent
de l'intérêt pour l’histoire des trilobites.
La zoologie profitera aussi d’un autre
fait constaté par M. de Castelnau. Un géo-
logue américain, M, Dekay, avait établi
sous le nom de bilobite uu genre nouveau
d’après un corps fossile qu’il considérait
comme appartenant à la famille des trilo-
bites. Or, notre voyageur s’est assuré que
ce prétendu crustacé n’est autre chose que
le moule de la coquille de quelque mollus-
que, probablement d’un cardium ou d’un
spirifer.
Nous ajouterons encore que M. de Cas-
telnau a décrit sommairement plusieurs tri-
lobites, mollusques et polypiers nouveaux
ou mal connus, et quil a préparé ainsi des
matériaux dont on pourra tirer parti pour
l'histoire de la faune du grand système ma-
gnésifère de l'Amérique du Nord.
Ainsi que l'indique le titre même de son
Mémoire, M. de Castelnau pense que ce
système doit être une dépendance du sys-
tème silurien décrit récemment par M. Mur-
chison; cependant, à cause de la position
de ses couches, relativement à celle des au-
tres formations américaines, et à cause de
la forme généralemtnt très compliquée de
ses fossiles, l’auteur croit qu'il doit être
considéré comme formant l'étage supérieur
du système silurien, et qu'il serait peut-
être mieux encore de le considérer comme
constituant une formation particulière qui
viendrait se placer entre celui-ci et le sys-
tème carbonifère. C'est la place assignée
récemment en Europe au système dévo-
rien.
Nous avons vu dans les fossiles rapportés
par M. de Castelnau la preuve évidente que
son système magnésifère appartient aux ter-
rains paléozoiques, à ceux qu'on nomme
depuis longtemps terrains de transition;
633
quant à l'étage de ces terrains auquel on
devra le rapporter, nous pensons que les
données manquent encore pour se décider
complètement, et qu’il sera prudent d’at-
tendre, pour l’intercaler dans la série des
formations dont la Grande-Bretagne à
fourni les types, les résultats du voyage que
l’un des géologues les plus distingués de
l'Angleterre, M. Lyell, vient d'exécuter
sur les grands lacs de l'Amérique.
Les bassins de ces grauds lacs, loin d’être
placés au hasard sur le continent améri-
cain, sont placés, ainsi que nous l’avons vu
ci-dessus, pres de la ligne de jonction des
roches primitives en couches redressées, et
du grand système magnésifère en couches
le plus souvent horizontales, position ana-
logue à celle d’une partie de la mer Bal-
tique et des grands lacs de la Russie et de la
Suède, sur les confins des roches primitives
et siluriennes.
On savait déjà que les bords des grands
lacs américains présentent, comme ceux
de la mer Baltique, les traces les plus évi=
dentes d’un grand phénomène erratique
venu de la région du nord. Ces traces s'éten-
dent même sur une partie considérable du
territoire des Etats-Unis, car le groupe des
blocs erratiques s'y trouve représenté pres»
que partout. Des bloc; énormes, tantôt pri:
mitifs, et le plus souvent de roches de tran:
sition, se voient dans presque toutes les ré-
gions de ce continent : les masses sont gé-
néralement anguleuses ; beaucoup doivent
peser de 1,000 à 1,500 kilogrammes, et
quelques uns ont jusqu’à 5 mèt. sur chaque
face. Sur les bords du lac Supérieur, M. de
Castelnau a trouvé en blocs erratiques un
poudingue quarzeux blanc à noyaux rou-
ges, qui vient de la contrée au nord des
lacs. Sur les {les Manitoulines, où le doc=
teur Bigsby avait déjà signalé ce phéno-
mène, on trouye un grand nombre de blocs
erratiques, de roches cristallines venant
aussi de la région primitive du nord, telles
que granites, diorites, amygdaloïdes, etc.
M. de Castelnau y a particulièrement ob:
ser vé un granite rougeàtre très quarzeux et
très micacé, contenant des cristaux d’al-
bite blancs parfaitement caractérisés par
une multitude de zones alternatives miroi-
tant dans deux plans différents. Il provient
de la partie nord-est des côtes du lac Supé-
rieur, De pareils blocs sont aussi répandus
dans une grande partie du Bas-Canada,
comme l'avaient déjà constaté les recher-
ches de plusieurs géologues. M. de Castel
nau a de même vérifié les observations des.
géologues américains, tels que MM. Hitch-
kock, Jackson et plusieurs autres, qui
avaient constaté la dissémination de pareils
blocs dans les contrées situées plus au sud;
il en a vu d'énormes aux environs des villa-
ges de Wipenay et d'Hoboken, dans le
Connecticut, sur l’île Longue, dans le New-
Jersey, etc. La direction générale du trans+
port paraît toujours avoir été du nord au
sud.
Indépendamment des blocs, le nombre
des cailloux roulés de moindre dimension
est aussi fort considérable, et dans certai-
nes parties, M. de Castelnau a vu des mile
liers d’acres rendus impropres à la culture
par les amas de ces fragments erratiques.
il en cite particulièrement d’immenses dé-
pôts entre Columbus et Augusta, dans la
Géorgie.
D'après les observations bien connues de
MM. Jakson, Hitchkok et de plusieurs au=
tres géologues américains, le phénomène
des surfaces polies et striées existe aussi
634
dans toute la partie septentrionale d?s Etats-
Unis, aiosi que dans le Canada. Ilést à re-
gretter que M. de Castelnau n'ait pas été
conduit à diriger sur cet objet important
une attention plus spéciale; mais, en re-
vanche, ce voyageur à suivi le grand dépôt
erratique dans la partie occidentale des
Etats-Unis. Dans cctte région, il a vu les
blocs erratiques de roches primitives dimi-
nuer de grosseur en s’avançant de la région
des grands lacs vers l'extrémité occidentale
des Allegahuys, mais il les a rencontrés
jusque dans l'Alabama, où ils ne sont plus
très gros, quoique encore reconnaissables.
Hparaîtque c’est là leur limite méridionale,
car il a remarqué qu’on n’en trouve plus
aucun vestige dans l'intérieur de la Flo-
ride. Ou peut même voyager pendant des
journées et des semaines entières dans ce
dernier pays sans y rencontrer un seul
caillou.
Réfutation du sysième du transport des
blocs erratiques sur des glaces univer-
selles, et observations relatives au trans-
port de ces blocs ; par G.-H. Fauverge.
En raisonvant dans l'hypothèse du trans-
port, par des glaces universelles, des blocs
erratiques et des terrains qui les accompa -
gnaient, il est rationel de conclure que
toutes les vallées où se sont répandus ces
terrains ont été le siége d’anciens glaciers,
et doivent nécessairement présenter, dans
les parties dures de leurs parois latérales,
de nombreuses traces de cessurfaces polies
et striées qui, depuis quelques années, oc-
cupent les géologues. Bien que j'aie examiné
avec attention des bassins (1) ayant servi de
passage à du terrain de cette époque, et
disposés de telle sorte qu’on ne peut les
ranger que parmi ceux qui, dans l’hypo-
thèse des glaces universelles, devraient of-
frir la plus grande quantité de ces surfaces,
je n’en ai découvert aucune.
Il est vrai qu'à l’époque de cet examen il
n’était du tout question de glaciers anciens
dont l'idée était loin de moi; leurs traces,
comme traces de glaciers, n'étaient donc
pour rien dans l'objet de mes recherches:
mais il est impossible que je fusse passé sans
les voir devant un grand nombre de surfa-
ces poiies et striées, car je portais bien mon
attention sur les accidents des roches. Ce-
pendant de pareilles surfaces ont été obser-
vées loia des glaciers actuels, et les beaux
travaux de M. Agassiz ne me laissent au-
cun doute du transport des blocs errati-
ques par des glaces, mais non par des gla-
ces provenant d'une température générale-
ment plus froide que celle de nos jours.
M. Renoir, convaincu par diverses ob-
servations, émet que la température atmo-
sphérique a été au point de produire des
glaces universelles qui ont amené Ja des-
truction de toutes les races d’animaux qui
nous ont immédiatement précédés sur la
terre. Ce géologue, pour expliquer cet
abaissement de température, s'appuie sur
lhypothèse du rapprochement continuel
de la terre, du soleil. Il pense qu'avant l’é-
poque de la dispersion des blocs erratiques,
la terre avait déjà perdu assez de sa chaleur
propre, et était encore assez éloignée du so-
leil pour être couverte de glace. J'ai com-
battu cette hypothèse en m'appuyant sur
les rapports numériques des distances des
(1) Ceux que j'ai le plus examinés de ces bassins
forment la plus grande partie des vallées de l’'Ebre,
du Ter, du Tet, de la Cesse, de l'Ardèche, du Lau-
ter, et de quelques autres qui s’effacent dans celle
du Rhin.
635
planètes entre elles, et sur linvariabilité
du grand axe de l’ellipse que décrit la terre
autour du soleil. J'ai fait aussi remarquer
que, des observations qui ont été faites sur
les inégalités périodiques et séculaires de
cette ellipse dont le soleil occupe un des
foyers ainsi que sur la chaleur centrale du
globe terrestre, nous pouvons conclure que
la température de la terre entre les deux
tropiques a toujours été plus élevée qu’elle
ne l’est à notre époque en France, au com-
mencement de juillet, environ quinze jours
après le solstice d'été, alors que la terre est
à son aphélie (1).
M. Renoir, persuadé que la terre tourne
en spirale elliptique autour du soleil, n’ad-
met pas par conséquent l’invariabilité du
grand axe de l’ellipse; il croit qu'il y a par-
tout modifications et changements. Nul
doute que des modifications ont lieu sans
cesse dans la distribution des molécules des
la matière; mais dans ce mouvement con-
stant de la nature. chaque individu, cha-
que groupe conserve pendant une grande
partie de son existence une espèce de sta-
bilité. Dans l’homme, par exemple, l’ac-
croissement en longueur cesse de vingt à
vingt-cinq ans. Lesforces organiques, après
être arrivées à leur plus haut degré, offrent
sans doute des modifications journalières,
mais ne suivent une marche de décroisse-
ment qu'après un laps de temps qui est en
rapport avec l’organisation de l’individu. Il
n'est point de formation, soit organique,
soit inorganique, où l’on ne découvre une
sorte de stabilité.
Certainement je pense, comme M. Re-
noir, que « ces étoiles qui, après avoir
» brillé d’un vif éclat pendant des siècles,
» se sont éteintes presque tout à coup,
» étaient cependant, très probablement, des
» centres d'autant de systèmes de mondes,
» et que le soleil nous emporte avec lui.»
Il est certain que la lune tourne autour
de la terre; que la terre, qu’elle ne quitte
jamais, se meut autour du soleil, ainsi que
les comètes, les planètes et leurs satellites;
et naturellement nous devons penser que
le soleil, avec tous ses astres, est emporté
autour d’un centre de systèmes, formant
avec eux un système distinct qui ne doit pas
être le seul du même ordre àse mouvoir au-
tour d’un autre centre, et ainsi de suite à
l'infini; c’est mon opinion, et dans tont ce
mouvement, je ne vois rien qui soit en
en contradiction avec l’invariabilité du
grand axe de l'ellipse que décrit la terre
autour de soleil.
Quoi qu’il en soit des mouvements de cet
immense mécanisme , la même cause qui
rapprocherait la terre du soleil rapproche-
rait aussi Ja lune de la terre ; pourtant,
depuis des temps très reculés que i'homme
fait des observations astronomiques, aucun
rapprochement de la lune vers la terre n’a
été observé; cependant la distance moyenne
de la lune à notre globe n’est que d’envi-
ron soixante rayons terrestres.
Point d'observations ni d’un rapproche-
ment continuel de la lune vers la terre, ni
d'aucun changement de la longueur du
grand axe de l’ellipse que décrit la terre
autour du soleil, ni de changement dans le
système planétaire; d'après cela, il est évi-
dent que si un mouvement continuel de la
terre vers le soleil a lieu, la lenteur de ce
mouvement est telle que notre globe n'a
pu se trouver assez éloigné du soleil pour
que ses eaux se soient congelées à k plus
(1) Bulletin de la Société géologique de France,
tom, XII, p. 508 et suiv.
- 636
grande partie de sa surface, que bien avant
l'époque tertiaire.
M. Agassiz attribue la destruction des
être qui nous ont immédiatement précé-
dés, aux effets d’un froid général survenu
à la fin de l’époque diluvienne , et qui au-
rait couvert le globe jusqu’à la latitude des
Alpes d’une enveloppe de glace. Il est im-
possible de trouver dans les résultats que
nous connaissons des phénomènes géologi-
ques, des preuves pour ou contre l’hypo-
thèse de ce savant ; je dirai seulement que,
dans l’état actuel de nos connaissances,
rien n’explique la cause de ce froid.
M. Agassiz a dit aussi que, « pour expli-
» quer ( par des glaciers) l’ensemble des
» faits relatifs aux phénomènes erratiques
» dans les limites entre lesquelles ils ont été
» observés, il suffit d'admettre que les gla-
» ces polaires s’étendaient jadis aussi loin
» aa nord qu'elles s'étendent maintenant
» au sud. » Sil en est ainsi, sans qu'il soit
nécessaire d'admettre une température gé-
nérale plus froide que celle de nos jours,
nul doute que ces faits n'aient eu lieu il y a
environ de cent vingt à cent trente siècles.
Alors les glaces devaient s’avancer au nord
comme elles s'avancent maintenant au sud;
car à l’époque où la terre était à son aphé-
lie lorsque l’hémisphère boréal avait sa
saison froide, les hivers de cet hémi-
sphère devaient être plus froids que ne le
sont aujourd’hui ceux de l'hémisphère aus-
tral. Il s'échappait, sans contredit, de l’in-
térieur du globe une plus grande quantité
de chaleur qu'aujourd'hui ; maïs en hiver,
cet excédant de calorique était au moins
compensé par le degré d’obliqaité des rayons
solaires provenant d'une plus grande ex-
centricité de l’ellipse que décrit la terre au-
tour du soleil, et par la plus grande incli-
naison qu'avait le plan de l’éctiptique. Dr
soulèvement de montagnes, dans ces cir-
constances, rend parfaitement compte du
transport des blocs erratiques et de tous les
autres phénomènes de la même époque.
H.-G. FAUVERGE.
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT,
Séance du 5 avrile
Les juges du concours ouvert sur des
Mémoires relatifs aux associations alleman-
des pour les douanes ont fait leur rapport,
par l'organe de M. de Colmont. Trois con-
currents se sont présentés; aucun n'ayant
complètement traité la question proposée,
il n'y a pas lieu de décerner le prix de
2.000 francs. Mais comme deux d’entre eux
ont présenté des travaux remarquables, le
comité de commerce propose d'accorder
une médaille de 1,000 francs à l’auteur du
Mémoire n. 2, et une de 590 francs à celui
du n.1; les billets sont décachetés, eton
décerne à M. Faugère une médaille de
1,000 francs, et à M. Heury Richelot la se-
conde médaille de 500 francs. Ces récom-
penses seront données dans l'assemblée gé-
nérales qui aura lieu le 19 de ce mois. Le
sujet de prix est retiré. Une séance extraor-
dinaire du conseil aura lieu mercredi pro-
chain pour terminer les travaux prépara-
toires à l'assemblée du 19.
Le reste de la séance est occupé par de
longs débats sur un nouveau sujet de prix
proposé par le comité de commerce sur la
théorie, la pratique et la statistique des as-
surances. La décision est ajournée pour
remplir diverses couditions imposées par le
êglement de [a socicte. Fnaxcoeur.
537
ECONOMIE DOMESTIQUE.
Système raisonné des prises d'air et des bou-
ches de chaleur des poëles et des caiori-
1 fères, par M. D’Arcer.
[ Nous ne savons pas nous chauffer. Nos
“zrandes cheminées, encore telles qu'on les
« faisait probablement sous les rois mérovin-
‘ziens , au lieu d'augmenter la température
\He nos appartements, l'abaissent presque
rtoujours considérablement. Quant à nos
\poêles et à nos calorifères, tantôt ils nous,
‘font une forte odeur de brülé, tantôt ils ne
itrent pas assez, presque jamais il ne nous
“:hauffent également, économiquement, hy-
-siéniquement.
- Et cependant un chauffage suffisant , :
‘constant, économique ct hygiénique: 1est
pas impossible avec no5 poëles et nos calo-
rifères : il suffit pour l'avoir tel, de raison-
ner, nou pas tant la construction de ces
lappareils, que leur prise d'air et leurs bou-
iches de chaleur. l
| M. d’Arcet, qui ne fait pas de Part pour
(l’art, et qui à cause de cela même a fait des
ltravaux si remarquables et si utiles, vient
de nous enseigner fa manière de régler ma-
Ithématiquem: nt les prises d’air et les bou-
\ches de chaieur des poêles et de calorifères.
Voici son système et les raisons de son sys-
tème :
En théorie, un kilogramme de houille de
bonne qualité peut échauffer de 20 degrés
centigrades 1085 mètres cubes d'air. Mais,
| à cause despertes, ne comptons que 900 me-
tres cubes chauffes à 20 degrés.Or, sil’on ad-
imetd’ailleursqu i soitconveuablede ne don-
“ner au courant d air que 2 mètres de vitesse
« par seconde dans son passage à travers l’ap-
pareil de chauffage, l'on arrive à ce résul -
tat qu'un poêle ou un calorifere, dans le-
quel on brûlerait 1 kilog. de howlle de
“ bonne qualité par heure, devrait recevoir
l'air froid et verser dans la pièce l'air
\échauffé à 20 degrés centigrades, par des
tuyaux ayant 12,9 décimètres carrés d’ou-
\verture. Donc la bouche de chaleur, ou la
somme des bouches de chaïeur de cet ap-
pareil devrait avoir, si elle était ronde,
| décimètres de diamètre, et, si on la fai-
sait carrée, 3,54 décimètres de côté, c’est
à-dire autant de fois 12,5 décim. carrés d’ou-
verture qu'on voudra brûler de kilog. de
|houille par heure.
| Comme on le voit, il faut donner de
grandes dimensions aux prises d’air et aux
l bouches de chaleur. Or, est-ce là ce qui se
“fait? ï S'en faut, on ne voit partout que
Va ou fort petites, d'un décimètre
au plus de diamètre. Etencore a-t-on soin
“de fermer un peu l'entrée extérieure avec
une rosace en fer. Aussi, nou seulement on
A presque toujours un air d’une odeur de
M brélé à respirer, mais encore on n’a pas de
“chaleur, un appartement un peu considé-
rable resle-t-il toujours froid, même en
|consorumant une très grande quantité de
‘houille,
| Selon M. d’Arcet, le meilleur système de
les bouches sont placées verticalement, à
droite et à gauche, ou en avant du tuyau
du poêle où du calorifère : s'il s’agit d'un
poêle, il faut percer le dessus de marbre
pour y poser les bouches de chaleur: en
plaçant au-dessus de ces bouches de cha-
eur horizontales, de petits trépieds en fer,
‘levés de 4 décimètre au-dessus de la ta-
plette de marbre couvrant le poêle, on peut
aire chauffer , sur ces trépieds, soit des
|
bouches de chaleur est celui dans lequel -
638
pilles d’assiettes pour le service de Îa table,
soit des vases remplis d’eau, qui en cas de
besoin, pourraient donner à l'air chaud la
quantité de vapeur d’eau nécessaire pour
le rendre salubre.
Les bouches de chaleur doivent être cal-
culées de manière qu’elles aient l’ouverture
voulue indépendamment des grillages mé-
talliques dont on les garnit ordinairement.
1l est bon, sous le rapport de la salubrité
de mettre le moins possible le courant ven-
tillateur er contact prolongé avec du cui-
vre fortement chauffé.
L'on peut , en pratique, considérer un
kilog. de houille comme équivalant à 2 ki-
log. de bois de chauffage bien sec , sous le
double rapport de la température produite
et des dimensions à donner aux bouches de
chaleur.
Il y a avantage à brûler ces combustibles
sur des grilles au lieu de les brûler simple-
ment sur la cendre garnissant le sol des
appareils de chauffage.
Il est avantageux de placer des registres
ou des portes aux grandes bouches de cha-
leur verticales, afin de pouvoir, à volonté
y diminuer le courant d'air et lui donner
d’ailleurs, ainsi, une plus haute tempéra -
ture en cas de besoin; quant aux bouches
de chaleur horizontales, il suffira de simples
plaques en tôle posées dessus pour en re-
trécir à volonté les ouvertures.
S'il n’y avait pas, vers le plafond de la
salle dans laquelle on veut introduire le cou-
rant d’air chaud, ua bon système d'évacua-
tion de l’air vicié, il serait indispensable ou
de l’établir, ou, au moins, de placer des +a-
sistas à soufflet aux carreaux les plus éle-
vés de chaçue croisée : dans ce dernier cas,
la sortie de l’air viciése ferait par ces vasis-
tas quand on les ouvrirait.
il ne faut pas perdre de vue ce principe,
qu'en ne donnant au courant ventilateur
que la tempirature nécessaire pour mainte-
nir dans la salle le degré de chaleur vou-
lue, on obtient les avantages suivants :
maximum d'assainissement; conservation
et longue durée des appareils; refroïdisse-
ment convenable de la fumée , et par con-
séquent la plus grande économie possible,
de combustible; prompt échauflement et
prompt refroidissement de la saiie, ce qui,
dans notre climattempéré, est, dans le plus
grand nombre de circonstances, une con-
dition essenticlle d'un bon système de
chauffage.
On le voit par les moyens indiqués ci-
dessus, tous les poêles à courant d’air qui
ont été mal établis sous le rapport de lé-
chauffement de l’air et de la ventilation,
peuvent être beaucoup améliorés, sans
grande dépense, et nous n’hésitons pas à
evgager les propriétaires à prendre ce
parti, fût-ce même contre l'opinion la plus
prononcée de leurs fumistes.
(Moniteur industriel).
<= —
AGRICULTURE.
Culture des sols calcaires.
Plusieurs agronomes se sont occupés de la
culture des terres dontlecarbonate de chaux
forme la base, et certains d’entre eux ont
indiqué d'excellents moyens d’amendement
et d’engraiss mais leur recette est toujours
et partout dispendieuse. On ne peut donc
la proposer à la généralité des cultivateurs
qui craignent de faire des avances dont la
rentrée incertaine est surtout dans les pays
où les engrais sont à très haut prix. M. de
639
RaïNNEVILLE s’est appliqué à trouver un
mode d'amélioration plus en rapport avec
les ressources des cultivateurs et la timi-
dité des propriétaires. Voici en quels termes
il donne lui-même un aperçu du mode
qu'il a suivi pour rendre fertiles les sols
calcaires sans avoir recours à des engrais
étrangers et par de simples moyens de
culture.
« Aussitôt que j'étais parvenu, par de
bons labours et un peu d’engrais, à mettre
un champ en état de fournir une récolte
d'avoine, je lensemençais en prairies arti-
ficielles, composées de sainfoin. de ray-
grass, de pimprenelle et de trèfle blanc. Je
sème lavoine (fin février) par lignes espa-
cées ce Om,18 au moins ek de Om,25 an
plus; puis je fais donner dans les lignes un
léger binage au commencement d'avril, qui
détruit les mauvaise herbes et enfouit assez
les graines de la prairie pour en assurer la
levée. La pimprenelle m’a toujours réussi
dans les plus mauvaises terres, et elle m’a
donné de bons pâturages. Le sainfoin est ré-
servé pour les meilleures.
» Ces prairies ont été employées, pen-
dant quatre à cinq années, au pâturage de
ce qu’elles pouvaient nourrir de bestiaux,
depuis le mois d’avrii jusqu’au mois de dé-
cembre.
» Sur mon exploitation, les labours sont
exécutés par des bœufs et des vaches, vi-
vant pendant sept à huit mois sur ces pâ-
turages; je compte quatre bêtes d’atte-
lage et deux élèves de un an pour une
charrue.
» Les bouviers prennent le matin, dans
le pâturage, une paire de bœufs ou de
vaches, ct après quatre heures de travail,
ils la remettent dans la prairie, soit en
liberté, sous la garde d’un enfant, soit
au piquet, et reprennent une autre paire.
» Cé mode d'alimentation, entrecoupé
d’untravail modéré, est le plus économique
de tous et le plus salutaire pour la santé et
le bon entretien des animaux.
» Après quatre années de pâturages qui
améliorent le sol, je le défriche par un
procédé que je n'ai vu pratiquer nulle part.
Ces sortes de terres ne présentant que
0,12 d'épaisseur de la couche propre à la
cul.ure, il serait difficile de leur demander
des produits de plantes à racines char-
nues et pivotantes, lesquelles exigent, en
moyenue, un sol remuüé et amélioré de
Om,25 de profondeur. Je suis parvenu à la
donner à mon sol, par une culture er plan-
ches de 1,50 de largeur, sur lesquelles je
renverse une couche de même largeur et
de On,12 d'épaisseur, par une opération
combinée du travail de la charrue et de
celui d'enfants, armés de fourches et de
pelles de fer.
» La moitié seulement des champs sou-
mis à cette culture produit pendant 1 et 2
années; l’autre moitié, dénudée de la
couche de gazon qui la recouvrait, pré-
sente aux influences atmosphériques un
sous-sol de craie presque pure. La gelée le
soulève, au dégel la craie se délite; je passe
dans ces intervalles un petit extirpateur
et enlève, l'été suivant, quelques centi-
mètres de terre pulvérisée que je répands.
sur les planches ensemencées, J'ai obtenu
ordinairement deux récoltes sur ces plan-
ches à double épaisseur, avec peu ou
point d'engrais, en pommes de terrre, to-
pinambours, carottes, navets, betteraves,
pois, haricots et choux. Je défais ensuite
mes planches, ou billons, par un travail
très facile à la charrue ; j'égalise le sol avec
640
la herse ou l’extirpateur ; je sème deux an-
nées de suite l’avoine en ligne à 0®,25, et
une nouvelle prairie dans la deuxième
avoine. Les topinambours queje cultive fort
en grand sur ces pâturages défrichés par
planches, sans aucun engrais, fournissent,
avec la paille d'avoine, la nourriture des
animaux pendant cinq mois d'hiver.
» Rien de plus simple qu’un tel mode,
qui est manifestement améliorant, qui
n’exige aucune dépense d'engrais étran-
ger : à chaque rotation, le sol cultivable
acquiert quelques centimètres de profon-
deur de plus.
» L'année 1842, qui fut si fatale à bien
des cultures par la sécheresse du prin-
temps et de l'été, nous a fourni l’occasion
de constater deux faits importants.
» Le premier est relatif aux pâturages de
sainfoin et de pimprenelle; l'herbe en fut
rare et peu élevée, mais d'une si bonne na-
ture, que nos bestiaux, après sept mois de
nourriture, sont en ce moment dans un
très bon état.
» L'autre concerne les topinambours ;
quoique placés sur des billons élevés de
0",25 à 0®,30, ils ont résisté aux effets de
la sécheresse, grâce à l'opération mention-
née plus haut, de recouvrir les planches
où ils étaient plantés de quelques centi-
mètres de terre pulvérisée, ramassée à la
pelle dans les intervalles qui séparent les
billons : nous avons répété deux fois cette
opération.
» Il est bon d'observer que les pâturages
qui composent la moitié et quelquefois plus
de notre exploitation ne reçoivent aucun
autre engrais que celui qu'y déposent les
animaux; que lavoine qui forme 1/4 de
l'exploitation, n’en reçoit aucun; que les
topinambours, qui forment les 2/3 de l’au-
tre quart, n’en reçoivent point non plus;
que tous les fumiers d'hiver sont réservés
pour le champ destiné aux pommes de terre
et autres légumes.
» En offrant ce résumé de ce qu’une
longue pratique nous à fait trouver de plus
simple, de plus sûr et de moins dispen-
dieux pour la culture des sols calcaires,
nous avons voulu montrer combien il est
facile de les améliorer et de les rendre pro-
ductifs. Les mêmes champs qui avaient
peine, il y a 40 ans, à fournir la nourri-
ture de quelques mauvais chevaux et de
cent moutons, procurent aujourd'hui la
subsistance d’une colonie de vingt-cinq
jeunes travailleurs et de vingt têtes de gros
bétail.
» Notre assolement est dont composé de:
4 années de prairies artificielles ;
2 années de culture en planches pour
topinambours, sans fumiers, et autres lé-
gumes fumés ;
2 années d’avoine à plein champ et se-
mée en lignes espacées de 0,25.
» L'amélioration des terres est puissante
et rapide. » (Le Cultivateur).
HORTICULTURE.
Sur la taille du mürier.
La culture da mürier s'accroît tous les
jours. Pour assurer le succts des nouvelles
plantations, il est utile de s’occuper sérieu-
sement de la taille de cet arbre et de se bien
fixer sur la meilleure éducation à lui don-
ner, C’est dans ce but que nous reprodui-
sons l’article suivant, publié par le Propa-
gateur de l'industrie de la soie en France :
Il existe partout une manie funeste de
former, la première année, le mûrier sur
6#1
trois et quatre branches et, sile hasard s’y
prète, sur un plus grand nombre. D'ordi -
paire, ces branches sont tenues à égale dis-
tance. Un praticien exercé s’élèvera forte-
ment contre des principes aussi fâcheux.
Quel est l'homme des champs qui n’a
pas fixé son attention sur de vienx müûriers?
Quoique la plantation de ces arbres n'ait
pas une date aussi éloignée qu’on pourrait
le supposer, ils sont dans un état perma-
nent de dépérissement, par suite des gout-
tières provenant du rapprochement des bran-
ches de la tè e de l'arbre. La jonction de
ces branches forme une espèce de vase où
les eaux, en séjournant, s’infiltrent peu à
peu dans le corps, et viennent prendre leur
issue au bas de l'arbre, transformées en li-
quide noirâtre.
Quel est celui qui n’a pas vu, sur d’autres
plantations plus nouvelles, le manque total
de taille? En effet, des propriétaires, pres-
sés de hâter la production de leurs revenus,
ont négligé de tailler leurs arbres, ou du
moins ne se sont livrés à cette opération que
d’une manière imparfaite. Qu'en est-il ad-
venu ? Ils ont fini par n'avoir que des bran-
ches longues et flexibles, par être privés de
branches latérales, et les produits se sont
amoindris sensiblement, La cueillette des
feuilles n’a pu s'effectuer que d’une manière
imparfaite, en exposant même les préposés
à cette cueillette aux plus grands dangers.
Quel est enfin celui qui n’a pas vu, dans
diverses localités, le mûrier condamné cha-
que année à une taille meurtrière dont les
moindres effets sont de régulariser cet ar-
bre en forme de potence? On abat sans pi-
tié les branches mères, où diminue les bran-
ches secondaires, et on détruit les jeunes
pousses qui seules sont propres à donner
naissance à la quantité de feuilles que com-
porte l’âge et la force d’un arbre sain et vi-
goureux.
Il ÿ a nécessité de parer à d'aussi graves
inconvénients. Je viens faire part aux pro- -
priétaires d’une méthode simple et facile,
méthode qui n’est que le résultat d’une lon-
gueexpérience. Chaquepropriétaire pourra
lui-même, à l’aide d’un bon sécateur, con-
duire lui seul ses plantations sans avoir re-
cours à ces hommes prétentieux, ordinaire-
ment armés de serpes et de haches, et qui,
la plupart, opèrent sans le moindre discer-
nement, et n’ont d'autre talent que celui de
réduire à moitié un arbre fort et vigou-
reux, et d'accélérer sa ruine par un retran-
chement aussi ignare que brutal.
Quoique le mûrier soit un arbre qui ne
craigne pas le fer, il n’en est pas moins
vrai que le grand nombre de plaies qui s’o-
pèrent par la suppression des grosses bran-
chestend à diminuer les produitset à nuire
même à la santé de l’arbre.
Le müûrier ne doit pas être comparé à un
arbrisseau rampant, ni à un saule pleureur.
Cet arbre, au contraire, jette avec vitesse
ses pousses vers de ciel et semble s’enor-
gueillir de la riche végétation dont la na-
ture l’a gratifié. lin effet, le mürier est à
peine dépouillé de ses feuilles que quelques
jours lui suffisent pour se montrer de nou-
veau de bonne grâce et offrir à son maître
une nouvelle végétation. Les produits de
cet arbre seront d'autant supérieurs qu’il
aura été conduit avec principe pendant ses
premièresannées. Il fautdonc tailler comme
il faut, et pour {ailler comme il faut, il faut
avoir bien planté.
À cet égard, voici mon opinion :
Il faut planter desarbres de 3 à 4 ans de
pépinière, forts et vigoureux, de préférence
ÿ
642
greffés au pied. Le mûrier étant d'une re-
prise facile, on n’a pas à craindre de rac-
courcir une partie des racines les plus lon-.
gues, de les rendre en quelque sorte éga-
les, afin de mieux asseoir le sujet dans la
fosse. La greffe qui s’indique au bas par une
déviation sera la profondeur à laquelle l’ar-
bre devra être recouvert. Celui qui n’a pas
l’usage des plantations commettrait une
faute grave s’il enterrait trop le müûrier,
car cet arbre n’a pas l’avantage, comme
tant d'autres, de pousser de nouvelles ra-
cines sur la partie de la tige qui se, trou-
verait enterrée. Le müûrier ne multiplie ses
racines qu'a la suite de celles déjà exi-
stantes.
L'arbre nouvellement planté ressemblera
à un jalon fixé en terre et sera coupé à un
mètre 55 centimètres, hauteur ordinaire
du mûrier à plein vent. Tous les bourgeons
et nouvelles pousses qui naîtront en tête de
l'arbre seront conservés jusqu'à la fin de
mai, pour être ébourgeonnés et pour qu'il
soit fait choix des deux plus belies pousses,
une de chaque côté. Le surplus sera coupé
proprement avec la serpette.
Au mois de février de l’année d’après,
Je taille, pour la première fois mon jeune
sujet. C’est ici que la matière devient déli-
cate. On est souvent embarrassé pour se
fixer sur la longueur à donner aux scions
d'un arbre plus ou moins visoureux.
Comme j'ailonguement médité sur l’opé-
ration de la taille et sur la force végétale
du mürier, j'ai acquis la certitude qu’on
ne pouvait se procurer de beaux müriers,
bien distribués et vraiment productifs,
qu’en se conformant à des proportions don-
nées. Il faut donc mesurer à la base, près
du collet, la circonférence de l’une des
deux pousses, et toujours la plus forte, et
rapporter trois fois cette mesure en lon-
gueur pour être coupée juste à hauteur
égale.
On conçoit que si la base mesurée donne
six centimètres, la taille sera portée à dix-
huit centimètres de longueur, de même
que si la base est plus ou moins forte, la
taille devra s’allonger ou se raccourcir
dans les mêmes proportions. Et dans le cas
encore où les pousses de l’arbre planté de
l'année seulement n'auraient pas acquis
assez de force pour établir deux premiers
scions, c'est-à-dire que si leur base ne porte
pas de 3 à 4 centimètres, on se bornera à
les rabattre à deux ou trois yeux, afin de
donner naissance à des pousses plus fortes
pour y revenir l'an d'après.
Il faut remarquer que trois fois la cir-
conférence sera le point de départ pour la
taille de la première année, quatre fois
idem à celle de la deuxième. Ainsi de suite,
jusqu’à concurrence d’un ralentissement
dans la vigueur des pousses. Ce qui obli-
gerait à reprendre les premières propor-
tions et quelquefois à les amoindrir, si l’ar-
bre était peu vigoureux. Sur toutes ces
prescriptions , il suffira d’ane main tant
soit peu exercée pour opérer avec vitesse
et préciser au premier coupd’œil le point
où devra se faire la coupe de chaque scion.
Je passe à la deuxième taille, sur laquelle
j'établis un nombre de quatre scions bien
évasés. L'ébourgeonnement pour chaque
scion sera également le même et toujours
eu mai. Il consistera à ne laisser que les
pousses les mieux disposées pour continuer
la charpente, de sorte que la taille première
indique la deuxième ; la deuxième indique
la troisième, ainsi de suite.
J'arrive à la deuxième année avec une
! Charpente bien établie. Ici a
-qu'iciaur
643
fini toute es-
ourgeonnement. L'arbre, qui jus-
a été taillé à son état de caducite,
sera désormais soumis à une taille bisan-
pèce d'éb
| nuelle qui devra avoir lieu immédiatement
|‘ après la cueillette des feuilles deuxième re-
colte, sixième année. Le nombre et la lon-
oueur de branches de toute nature ne de-
o . , .
vront s’accroître à chaque taille qu’en rai-
3 “ c en,
son de l'étendue et de la vigueur de l'arbre.
Chacune d’elles devra être pro’etée avec dis-
cernement et toujours de manière à rendre
la cueillette des feuilles facile et à permet-
! tre aux préposés à la cueillette de se por-
| ter sans danger d’une branche à l’autre,
Q ?
On concoit que la charpente d’un arbre,
| ainsi traitée. devra toujours conserver son
| équilibre et faciliter le balancement de la
ee
seve dans toutes ses parties. 1
Il est à remarquer que, quand le mürier
est à même de produire. la taille qui s’o-
| père tous les deux ans sur un bois mür,
permet à l'arbre de cautériser ses plaies en
même temps que le retour de la végétation,
en donnant au sujet un plus grand déve-
loppement. Mais. comme cette opération
ne peut se faire que lentement, à raison du
temps que nécessite la cueillette des feuilles
pendant la durée de l'éducation, il s'ensuit
. [2 [2
que la partie des derniers arbres opérés ne
jouira pas du même avantage réalisé en fa-
veur des premiers. L’intervalle de la pre-
:mière taille à la dernière, qui comprend de
| 25 à 30 jours et quelquefois plus, opère une
> . 0 LA
grande différence dans la vigueur de la vé-
_gétation. On pourra néanmoins répartir
cette vigueur en ce sens, par exemple, que
|Varbre qui aura été dépouillé et taillé le
. C2 A A $
| premier une année, devra à son tour être
taillé le dernier. Dés lors, la végétation se
trouvant ainsi répartie, le propriétaire verra
avec satisfaction marcher de front et à pas
| égaux la vigueur dans tous ses arbres. Par
ce mode, on évitera le danger que cause-
| rait une taille tardive et réitérée, c’est-à-
dire une grande diminution dans les pro-
| duits et une altération sensible dans la
RICHARD,
Pépiniériste à Pezenas.
— RE —
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADEMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
santé de 1 arbre.
Séance du 17 avril 1843.
M. Blanqui fait hommage d’un exem-
plaire de son Voyage en Bulgarie, qu'il
vient de publier.
M. le Secrétaire donne lecture d’une let-
tre par laquelle M. le comte Beugnot, di-
| recteur, prévient l’Académie que la séance
| annuelle de l’Institut est fixée au 5 mai
| prochain, et l’engage à désigner un de ses
membres pour faire une lecture.
M. l'amiral de Mackau, président de la
| commission centrale pour les souscriptions
| en faveur des victimes du tremblement de
| terre de la Pointe-à-Piître, écrit pour prier
| l'Académie de s'associer à l’élan généreux
| qui se manifeste de toutes parts pour ces
| infortunés. — Un registre de souscription
est ouvert au secrétariat.
‘M. Cousin a publié, il y a bientôt deux ans,
une correspondance inédite du père André
| au sujet dela persécution dontil futla victi-
me.On sait que lesjésuites abreuvérentleur
confrère d’humiliations et de souffrances ,
| jusqu'’ale faire enfermer à la Bastille à cause
de son attachement à l’école nouvelle alors,
644
de la philosophie, celle de Descartes et de
Mallebranche.Le père André était janséniste
ou réputé tel dans sa compagnie.A cetitre, il
devait être persécuteé, il le fut. De nouvelles
lettres du même auteur ont été découvertes
tout récemment dans un ballot de papier
de rebut, par M. Mansel, conservateur de
la Bibliothèque de Caën. Elles forment trois
cahiers et contiennent la correspondance
du père André avec quelques jésuites ses
confrères , avec Fontenelle et avec Malle-
branche; elles sont accompagnées de quel-
ques répouses curieuses par les détails in-
connus qu’elles renferment sur ce dernier.
A ce sujet, M. Cousin a annoncé à l’Aca-
démie que la vie de Mallebranche, qui était
en ruanuscrit , en 1897, entre les mains
d’une personne honorablement connue et
dont on a perdu la trace, en 1810, après
la mort de M. Daubry auquel elle avait été
confiée, sera probablement découverte si
elle n’a pas été détruite, tant sont actives
et intelligentes les démarches que l’on fait
dans ce moment.
Les lettres annoncées par M. Cousin,
plus importantes que les premières , con-
tiennent de précieux documents sur l’his-
toire de la première moitié du dix-huitième
siècle, si tristement célèbre par les persé-
cutions auxquelles furent en butte tant
d'hommes honorableset justement honorés.
Quoique tout ait été dit, et que les jésuites
soient jugés depuis longtemps, la publica-
tion de ces documents sera d’une utilité in-
contestable. Cette publication ne se fera
pas attendre; on pourrait se fier au zèle et
à l’activité de M. Cousin, lors même que
ce qu'il a lu aujourd’hui ne serait pas une
épreuve d'imprimerie.
M. de Châteauneuf a communiqué à
l’Académie quelques détails statistiques sur
la population de ia Bretagne.Gette ancienne
province dela France, qui dans la nouvelle
circonscription territoriale forme cinq dé-
partements, occupe une superficie de
1,700 lieues carrées et a 200 lieues de
côtes. D’après le dernier recensement , sa
population est de 2,000,620 habitants.Cha -
que lieue carrée, sur les côtes, renferme
1,700 habitants, et dans l’intérieur 1,400.
M. de Châteauneuf a présenté sous toutes
ses faces le mouvement de la population
dans cette proviuce , depuis 4800 jusqu’à
1835. Le rapport des naissances aux maria-
ges n’est nulle part plus élevé que dans la
Bretagne ; les unions y sont si fécondes
qu'elles produisent souvent huit, dix et
même douze enfants ; aussi la moyenne des
naissances par mariage , qui est de 3 172
pour le reste de la France, s’élève-t elle
à 4 172; cependant l’âge commun des ma-
riages pour les hommes est à 28 ans,et pour
les femmes à 25 ; encore même trouve-t-on
très fréquemment des ménages où le mari
est moins âgé que la femme, ce que M. de
Châteauneuf explique d’aprèsles renseigne-
ments pris sur les lieux, par l’avarice du
paysan breton qui se laisse moins séduire
var les agréments corporels de sa fiancée
que par l’ampleur de sa bourse. Après quel-
ques calculs comparatifs sur la taille et la
force de la constitution des jeunes hommes
de ce pays , puisés dans les tableaux que le
ministre de la guerre fait dresser tous les
ans par le conseil de révision, après avoir
donné pour raison de l’apathie bien connue
des Bretons et de leur ardeur négative pour
le travail aussi bien que pour les plaisirs,
leur mauvaise nourriture presque exclusi-
vement végétale; après avoir retracé som-
mairement la forme de gouvernement de
645
la province de la Bretagne et les franchises
dont elle a jouie jusqu’en 1789, M. de Chà-
teauneuf a terminée sa communication en
donnant le chiffre des impôts qu’elle payait
autrefois et de ceux qu’elle paie aujour-
d’hui.
En 1788, les impôts s’élevaient à la
somme de 13,000,000, et en y ajoutaut les
sommes alouées par les états pour les char-
ges particulières et intérieures de la pro-
vince, à celle de 24,000,000.
Aujourd'hui, les cinq départements
paient au trésor, pour contributions di-
rectes, indirectes, droits de péage et sans
y comprendre les patentes, les taxes des
lettres et les droits d'octroi qui seuls s’élè-
vent à 3 millions de francs, la somme de
56,000,090.Ce qui donne, pour chaque ha-
bitant, une moyenne de 22 f. 30 c.
Cette augmentation de revenu pour
l’état n’est cependant pas une aggravation
de charges ; car les 56,009,000 étant re-
partis sur tous les habitants sans distinc-
tion, pèsent moins sur la masse que le
‘faisaient les 24,000,000 à une époque où
un tiers de la population et près de deux
tiers des propriétés territoriales étaient, par
leurs qualités et leurs priviléges,affranchis
de tout impôt.
M. Bonnechose a été admis a continuer
la lecture qu’il avait commencée à la der-
nière séance : La souveraineté germa-
nique, son caractère, ses transformations
sous les empereurs depuis Auguste jusqu’à
Constantin, sa raine après l’intronisation
des Mérovingiens ; l'établissement de l’aris-
tocratie, la ligue des évêques avec les Leu-
des, premiers simptômes de la révolution
qui devait transformer la société, inspirer
ies crimes de Frédégonde et de Brunehauilt
et toute souillée de sang et de perfidies,
faire une halte quand arriverait la chute
de la première race; tel est l’ensemble
des faits historiques que M. Bonnechose a
développés aujourd’hui. Ils sont trop nom.
breux pour que nous puissions le suivre
dans cette longue nomenclature, et outre
que tous ne sont pas également certains,
il nous serait assez difficile jusqu'ici d'in-
diquer leur valeur pour marquer la dif-
férence de caractère de la domination ro-
maine dans les Gaules et dans la Grande-
Bretagne. C.-B. F.
ARCHÉOLOGIE.
Costumes , ornements et décorations du
moyen-âge, depuis le septième siècle jus-
qu'au dix-septième, par Henri Scxaw.
M. Schaw est un architecte fort instruit,
qui s’est passionné pour l’archéologie des
neuvième et dixième siècles, comme son
illustre compatriote Willement, pour les vi-
traux du quatorzième siècle et quinzième.
Voyages , dépenses, travaux, il n’a rien
épargné pour produire un livre remarqua-
ble, et afin d’être complet, il a non-seule-
ment emprunté à tous les siècles, mais en-
core à tous les pays.
Aussi, dans les premières livraisons de
son livre, trouvons-nous des miniatures
copiées d’après nos manuscrits, et des sta-
tues de la cathédrale de Chartes , À côté
d’ornements puisés dans les manuscrits du
Musée Britannique.
Un des derniers emprunts faits à cet éta-
blissement par M. Schaw, consiste en une
planche représentant des élégants de la cour
de Richard IT; elle offre une surabondance
de vêtements, de fourrures, de manteaux,
046
d’ornements qui rappellent et justifient la
colère de Chaucer contre le luxe et la ri-
chesse des costumes. Un de ces incroyables
porte au cou un collier de clochettes.
Une coupe faite d’après un dessin d’An-
dré Mantegna, est un chef-d'œuvre; elle est
couverte de figures et d’arabesques exécu-
tés avec un goût exquis; les Amours et les
cornes d’abondance qui la soutiennent, sont
d’une élégance sans égale. Elle a été gravée
en 1643, par Hollar, qui trouva le dessin
de Mantegna dans une collection, au chà-
teau d’Arundel.
M. Schaw a reproduit également la ta-
pisserie qui appartenait au château de
Bayard (elle est à présent à la Bibliothèque
du roi), et dont M. Jubinal a donné une
image fidèle dans son grand et bel ouvrage
sur les Anciennes tapisseries historiées de
France. Il nous montre aussi, d’après un
manuscrit du Musée Britanique, Christine de
Pisan, à genoux, présentant un livre à cette
belle reine, Isabeau de Bavière, qui fut si
funeste à la France. Isabeau est'assise gra-
vement sur un sofa écarlate : autour d'elle
se tiennent son chien favori, deux filles
d'honneur, fort jolies vraiment, et dont la
coiffure est bizarre, et en face quatre da-
mes, toutes gracieusement groupées. Il est
digne de remarque que toutes ces dames
sont assises aux côtés de la reine de France.
Une autre miniature, d'après Froissart,
offre l’image de cette mascarade où Char-
les VI faillit perdre la vie, deux princes
ayant eu l'étourderie de mettre le feu aux
costumes de satyres dont s'étaient affublés
le roi et quelques courtisans, à l’occasion
du second mariage d’une des dames d’hon-
neur de la reine. Mentionnons ercore une
boucle ayant appartenu à Charles V, et
d’une beauté merveilleuse ; un magnifique
encensoir de Martin Schoën , deux coupes
de Cellini, dont l’une appartient à la com-
pagnie des Orfèvres et dont l’autre est à
Windsor. N'omettons pas de parler du sin-
gulier aspect de Troie, que l’on nous donne
comme bâtie en tout pointsur le modèle
de Rouen et de Bourges, avec quelques
traits du château de Chambord. Une vue
des fortifications de Canterbury, illustrant
l'Histoire de Thèbes, de Lydgate, n’est pas
moins curieuse, et un tableau représentant
des dames de Sienne jouant de la harpe et
de l’orgue, est réellement ravissant. Ajou-
tons qu'il setrouve à Barcellonne une chaise
d'argent , reproduite dans le livre de
M. Schaw, qui mérite seule qu’on entre-
prenne, pour la voir, le long et périlleux
voyage de la Catalogne.
L'ouvrage de M. Schaw est incontesta-
blement un des plus beaux et des mieux
faits qu’ait produit l'Angleterre sous le rap-
port de l’Archéologie. Nous ne doutons
pas qu il contribue beaucoup à faire avan-
cer chez nos voisins cette science, qui est
loiu d’y avoir fait les mêmes progrès qu’en
France et en Allemagne.
(Revue du Midi).
GÉOGRAPHIE.
Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains
espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag).
(Cinquième article.)
Tant que dura le pouvoir des rois de
Mavapan, tous les chefs du pays leur
payèrent un tribut. Les habitants de la ea-
pitale Ctaient exempts d'impôts et tous les
caciques y avaient une maison. Encore
aujourd'hui, les familles nobles parmi les
617
indigèues du Yucathan reconnaissent que
c'est de là qu'elles tirent leur origine.
Les villages étaient tributaires des nobles
qui habitaient la capitale et qui leur ser-
vaient de protecteurs auprès du prince.
Les terres étaient communes et les habita-
tions étaient pour la plupart dispersées
sans former de village. Il y avait aussi des
salines sur le bord de la mer, et ceux qui
les exploitaient étaient obligés,tous les ans,
de fournir gratuitement une certaine quan-
tité de sel au roi de Mayapan.
Les caciques étaient absolus. Il ÿ avait
dans chaque village un fonctionnaire qui
rendait la justice en leur nom et qui les
consultait dans les affaires graves. Personne
ne paraissait devant le juge ou le cacique
sans lai offrir un présent, quelque minime
qu'il fût. RE
Les Indiens étaient très hospitaliers et
fournissaient des vivres à tous les voya-
geurs, sans leur rien demander en échange.
Ils étaient généralement très sobres et ne
mangeaient de viande que dans leurs fêtes
et leurs festins. Ils respectaient tellement
leurs engagements que si queiqu’un mou-
rait insolvable, toute sa famille se cotisait
pour payer ses dettes.
Les prisonniers de guerre étaient ré-
duits en esclavage et traités avec beaucoup
de cruauté. On n’emprisonnait pas les dé-
biteurs, mais seulement ceux qui avaient
commis quelque crime. Les prisonniers de
guerre et les criminels étaient renfermés
dans de grandes cages en bois, destinées à
cet usage. Mais les chefs ennemis étaient
sacrifiés, à moins qu'ils ne se rachetassent.
Une de ces cages, peinte de différentes cou-
leurs, était spécialernent destinée à ceux
qui devaient être sacrifiés.
Les habitants du Yucathaa achetaient
leurs épouses; et quand une femme n'avait
pas d'enfants, le mari pouvait la vendre, à
moins que son père ne consentit à lui res-
tituer la somme qu'il l'avait payée. L’adul-
tère et l'inceste étaient punis de mort. On
raconte même qu'un roi mayapan fit exé-
cuter son propre frère pour avoir commis
ce crime. Le meurtre et la trahison étaient
punis de la même peine. Le voleur deve-
nait esclave de celui qu’il avait dépouillé,
s’il n’avait pas de quoi se racheter. Ceux
qui épousaient des esclaves partageaient
leur condition eux et leurs enfants, Pour
valider un marché, les parties contrac-
tantes buvaient publiquement ensemble.
EE EP
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,.
BIBLIOGRAPHIE,
Il y a dans les sciences trois sortes d'ouvrages :
les uns essentiellement élémentaires, renfermant
sous forme d'aphorismes peu développés les prin-
cipes les plus solides de la science, sont destinés à
être mis dans les mains de ceux qui commencent à
étudier ; les autres essentiellement philosophiques,
développant et discutant les grandesthéories , sou-
levant et résolvant les grands problèmes , ne sont
lus que des hommes dont l'esprit méditatif ne peut
pas voir un fait sans en chercher la cause; enfin il
y à une troisième sorte d'ouvrages qui sont comme
le complément des deux derniers. Nous voulons par-
ler de ces livres où les faits les plus minutieux sont
compulsés avec soin , où les plus petits détails trou-
vent leur place, de ces ouvrages qui sont la base la
plus inébranlable de la science puisqu'ils ne renfer-
ment que des faits, et qu'un fait, quelque soit la
manière de l'expliquer, est toujours un fait.—C'est
à cette troisième catégorie qu'appartient un recueil
dont nous allons parler et que nous recommandons
spécialement à {ous ceux qui veulent faire de l'his-
648
Loire des articulés une étude complète, M. Guérin-|
Méneville, dont le zèle et le talent sont bien con:|
nus déjà de tous les amis de la zoologie, M. Guérin-|h
Méneville publie maintenant un Spécies el une 1co-
nographie générique des animaux articulés dont les!
premiers fragments sont tombés sous nos mains, et que|
nous jugerons comme une production remarquable
destinée à jeter un grand jour sur l'histoire de ce cu-}
rieux embranchement des animaux. Déjà beaucoup}
d'observateurs se sont occupés à examiner et à dé-
crire ces animaux dont l'organisation si délicate a be-|
soin de tant de détails pour être bien comprise. Les
travaux de Swammerdan, de Réaumur et de Latreille
resteront toujours comme des productions remar- |
quables de l'époque qui les a vu naître; mais Ja |
science marche à pas de géant, et chaque jour be- |
soin est d'ajouter de nouveaux faits à ceux qui
existent déjà. D'ailleurs ces immenses travaux des
hommes que nous citons sont longs à lire et à com-(
prendre et ne se trouvent pas dans les mains de tout }
le monde. C’est donc dans lé double but d'offrir |
un tableau exact et détaillé de l’état-de la science et |
de renfermer dans un assez court espace toutes ces |
volunineuses recherches que M. Guérin-Méneville a
entrepris son travail. Nous l'en félicitons, car une {
pareille idée si bien réalisée mérite de nombreux
éloges, même après-lestravaux de Latreille, Dans
la première livraison de cet ouvrage, M. Guérin- |
Méneville a commencé l'histoire des insectes coléop- |
tères ; les genres r'hipicera, sandalus, sirles et euci-
natus ont élé traités avec tout le développement f
qu'ils comportent et tous les détails auxquels ils #
peuvent donner lieu. On trouve dans ce recueil une }
description fort exacte des espèces qui appartiennent |
à ces principaux genres et qui ne peuvent être du
plus petit intérêt pour l’entomologiste. Mais il était
une condition essentielle à la réussite de ceLouvrage,
et l’auteur l’a si bien comprise, qu’il en fait une
partie importante de son travail. Je veux parler des
gravures. il est uès difficile, impossible même de #
comprendre dans tous ses détails-un livre scientifi- |
que si l’esprit n’est pas secouru par la vue, et si les
gravures ne viennent pas en aide au lecteur sou-
vent embarrassé, Rappeler d'une manière à la fois
claire et détaillée l'anatomie des insectes, dessiner
les plus simples modifications qui se rencontrent
dans le corps de ces petits êtres était une tache
difficile et fastidieuse. M. Guérin-Méneville l'a en-
Lreprise et nous pouvons assurer, sans crainle d'être
jamais démentis, qu'il a réussi autant qu'on pou-
vait l’espérer dans un sujet si difliciie. Ges gravures,
dont unartiste habile s’est chargé, représentent
sous leurs aspects les plus variés les organes les plus
complexes des animaux articulés. Les palpes , les
antennes y sont représentés sous le grossissement
qu'ils comportent, et ces, gravures suffisent pour W
donner une idée complète des faits qu'une simple
lecture rendrait incompréhensibles. L'ouvrage de
M. Guérin-Méneville enrichi de faits si curieux»
orné de gravures si bien exécutées , trouvera place,
sans aucun doute,dans les bibliothèques de tous ceux
qui veulent acquérir sur les articulés des connais-
sances exactes et étendues. IDR
DE L'INFLUENCE de l'air atmosphérique sur la
vie, et de ses rapports avec l’agriculture, l’industrie
et le commerce , par B. G. A Paris, chez l'éditeur,
quai Pelletier, 32. |
ESCLAVAGE ET LIBERTÉ. Existence del'hom-
me et des sociétés en harmonie avec les lois uni-M
verselles; par Alph. Ride. A Paris, chez Delioye,
chez Garnier, Palais-Royal.
ESSAI sur la théologie morale, considérée dans
ses rapport avec la physiologie et la médecine ; par
P. J. C. Debreyne, D. M. P., et religieux de la
Trappe (Orne). A Paris, chez Poussielsue-Rusand,
rue Haute-feuille ; chez l'auteur.
moyen du rétablissement de l'équihbre entre le
(l
EXTINCTION GRADUEËLE du paupérisme au |
prix des salaires des ouvriers el le prix des aliments;
par J. Bonhomme-Colin.
HISTOIRE des antiquités de Laigle et de ses en-
virons, comprenant des recherches historiques sun
les invasions des Romains, des Francs'et des Nor=
mands dans les Gaules, sur l'originede Verneuil, etc:
Ouxrage posthume de J. F. Gabriel Vaugeoiss
Edité et publié par sa famille. À Laisle, chez Bre-
dif.
Er r
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
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SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES. Séance du 10 avril 1843. — — SCIEN-
| CES PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur la ther-
mographie; Knorr de Kasan. — Derniers détails
|! sur la comète; Arago. — CRIMIE INORGANI-
QUE. Sur les produits de la décomposition de
| l'acide quinique par la chaleur; Wohler. —
* SCIENCES NATURELLES. GEOLOGIE. Sur
‘ le système silurien de l'Amérique septentrionale ;
‘ EliedeBeaumont.— SCIENCES APPLIQUEES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.Sur les modifications
| quise produisent dans la structure du fer après
“ Ja fabrication; Charles Hood.—AGRICULTURE.
— SCIENCES HISTORIQUES. ACADEMIE
DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES:
Séance du ÿ avril. — PHILOLOGIE. Classifica-
tion des racines chinoises, — GÉOGRAPHIE. La
Valachie, premier article. — TABLEAU météo -
rolosique du mois de mars. — FAITS DIVERS.
— BIBLIOGRAPHIE.
DIS Ke
ACADÉMIE DES SCIENCES.
; Séance du 10 avril 1843.
- M. Ebelmen a envoyé à l’Académie trois
» Mémoires importants. Le premier, inti-
tulé : Recherches sur la production des gaz
\ combustibles, renferme de curieux travaux
dont la chimie industrielie fera grand cas,
| et où elle pourra puiser d’utiles renseigne-
ments. Le second est constitué par des re-
cherches sur les gaz des foyers d’affinerie.
| On peut résumer, ainsi qu'il suit, les prin-
cipaux résultats de ce travail. ;
4 1. Dans un foyer d’affinerie à deux tuyè-
res, le lieu du maximum de température
déterminé par la position que l’on fait
« prendre au prisme de fer à souder, corres-
| pond, dans la composition du courant de
| gaz provenant des tuyères, à la transforma-
tion de l'oxygène de l'air en acide carbo-
nique.
Le Em
2. La fonte placée au contrevent , fond
dans une atmosphère dépouillée d'oxygène
libre, et qui renferme seulement unt petite
proportion d'acide carbonique. L'influence
oxydante de cette atmosphère ne peut étre
| que très faible, et la décarburation doit
s’opérer surtout par oxygène des scories
riches qui fondent avec la gueuse.
3. La décarburation de la fonte par
loxyde de fer des scories produit une ab-
sorption considérable de chaleur latente.
4, Dans le travail de la pièce, il y a une
oxydation considérable de fer par l'air pro-
jeté par les tuyères, production d’une tem-
pératüre très élevée par celte combustion
dans l'intérieur de la loupe, et formation
des scories très basiques qui terminent la
décarburation.
Fe : ,
9° La composition des gaz qui se déga-
gent des feux d’affinerie est variable d’un
point à un autre du foyer, et du commen-
cement à la fin de l’affinage entre des li-
mites fort étendues. Leur composition
moyenne est caractérisée dans la première
période de l’affinage par une proportion
considérable de gaz combustibles, tandis
qu'à la fin du travail ils renferment une
quantité notable d'oxygène libre.
6. La température des fours à chaleur
perdue varie avec la composition des gaz
produits aux différentes époques de l’afi-
nage. Leur disposition intérieure doit être.
calculée, tantôt de manière à porter rapi-
dement le fer à une température élevée,
tantôt de façon à éviter son oxydation et le-
déchec qui en résulte.
Le troisième mémoire de M. Ebelmen
renferme des recherches sur la carbonisa-
tion des bois. Rempli de chiffres précieux,
ce travail, aussi important que celui dont
nous venons de présenter les résultats, in-
téressera sans doute les savants, lorsque
bientôt nous en dounerons un aperçu.
M. Millon a envoyé à l’Académie un
Mémoire sur les combinaisons oxygénés du
chlore. L'on sait qué ce chimiste a déjà fait
connaître une nouvelle combinaison acide
de chlore et d'oxygène (CI 0‘), nommée
acide chloreux. En étudiant cet acide à
‘état de liberté, M. Millon est arrivé à pro-
duire une autre combinaison de chlore et
d'oxygène. C’est un composé nouveau qui
forme une sorte d'acide complexe de la na-
ture de l’acide hypo-azotique et qui se dé-
truit, au contact des bases, en acides chlo-
reux et perchlorique. fl ne se produit régu-
lièrement que sous l'influence de la lu-
mière solaire la plus vive, dontil fautavoir
soin de diminuer la température de ma-
nière à ne pas dépasser plus de 20 degrés,
La lumiere solaire du matin réussit mieux
que celle du soir. Dans cette transformation,
l'acide chloreux, qui est un gaz, se conver-
tit en un liquide d'un rouge brun très
foncé qui n’est plus détonnant comme le
gaz qui lui a donné naissance et qui, au
contact de l'air humide, répand des va-
peurs tellement épaisses qu'il suffit d’en
verser quelques gouttes pour rendre nébu-
leuse toute une salle fraichement arrosée.
M. Millon a désigné ce nouveau composé
sous le noin d'acide chloro -perchlorique.
Ilse convertit en acide perchlorique, lors-
que la température qui accompagne la lu-
mière solaire n'est point modérée, ou bien
lorsqu'on le conserve longtemps même à
l'abri de la lumière. — La composition de
l'acide chioro-perchlorique s'exprime par
CL O7, et cette composition a poussé
M. Millon à examiner les produits quise :or-
ment dans l’action de l'acide hydro-chlori-
que sur le chlorate de potasse. Il est par-
venu à en séparer un liquide dont le point
d’ébullition diffère de celui de l’'acidehypo-
chlorique, et qui a eu effet une formule
différente représentée par CI O', Ce com-
posé ne se combine pas plus que le précé-
dent aux bases alcalines, et il se sépare à
leur contact en acides chloreux et chlo-
rique.
Si donc lon résume les acides formés par
le chlore et l'oxygène , on a la série sui-
vante :
CI O* acide chloreux,
CI Of acide hypochlorique,
CO acide chloro-chlorique,
CI 0° acide chlorique, dk
C0" acide chlôfo-perchlorique.
CI 07 acide perchlorique ;
deux de ces composés oxygénés du chlore
semblent échapper aux lois des proportions
multiples; mais cependant ce n’est qu’une
simple apparence, et cela peut s'expliquer
encore par le tableau suivant.
C1 0 acide chloreux,
CI O7 acide perchlorique,
CI 03 + CI O7 — 2CI O5 acide chlorique,
201 0* C0? = 401; O13— a. chloro-chloriq-
3CI O3 + CI O7 = 4CI 04 —acid. hypochloriq:
C1 O3 + 201 07 = C3 O7 — a. chloro chloriq.
Il faut remarquer que cette manière de
formuler les acides du chlore est en rappg
avec leurs principales réactions et £
pelle de suite les propriétés. Le m@fndire
M, Milon est terminé par quelgées-€ons
dérations de philosophie chimiqie-ot
trouvent discutées les formules des:
paux acides de l'azote et da soufk
M. Gayon, chirurgien en chel 1 at
mée d'Afrique, a transmis à l'Acädee
l'observation curieuse d’uue double luxa-
tion des vertèb-es cervicales observée à l'hô-
pital de Bone.—Le 19 janvier 1834, le vé-
téran Trouffet, étant pris de vin, tomba du
haut d’une terrasse et fut transporté à l’hô-
pital. Ses deux bras semblaient paralysés ;
on aperçut à la partie postérieure du cou
une saillie formée par une apophyse épi-
neuse qu’on a jugé être celle de la cin-
quième vertèbre, et qui a fait diagnosti-
quer une luxation de cette vertèbre sur la
sixième. L'on appliqua les antiphlogistiques
à plusieurs reprises; un mieux sensible se
manifesta, mais bientôt le mal augmenta
et fut suivi de la mort. L’autopsie fut faite,
et l’on constata les lésions suivantes : un
écartement de près d’un demi-pouce exis-
tait entre les surfaces articulaires des deux
vertèbres disjointes les cinquième et sixiè-
me. On reconnut en outre une luxation de
lapremière vertèbre sur la deuxième, luxa-
tion que l'épaisseur des muscles, qui était
grande sur le sujet, avait empêché de re-
connaître pendant la vie. Le trousseau li-
gamentaire qui complète l'anneau dans
lequel est recu l'apophyse odontoïde était
rompu. Cette apophyse était rejetée en ar-
rière dans le canal vertébral, ses ligaments
latéraux et accessoires étant déchirés; et
652
telle était l'étendue du désordre de la
moelle dans cette partie du canal, qu’on
avait peine à concevoir que la mort n’eût
pas été plus rapide.
M. Guyon a encore communiqué à l'A-
cadémie une nouvelle méthode pour lam-
putation des membres, et un troisième mé-
moire intitulé : De l'utilité du trépan dans
les fractures du cräne.
_ Les révolutions politiques qui ont agité
le Mexique pendant la lutte entreprise pour
son indépendance ont eu des conséquences
fatales sur la production des métaux pré-
cieux dans ce pays, et depuis quelques an-
nées on sent le besoin de documents plas
récents que les nombreux renseignements
recueillis il y a quarante ans par M. le ba-
ron de Humboldt, pendant son voyage à la
Nouvelle-Espagne. M. Saint-Clair Duport,
qui depuis 16 ans habite le Mexique et a été
le propriétaire de l'atelier où pendant plu-
sieurs années s’est opéré le départ des lin-
gots présentés à la Monnaie de Mexico, a
envoyé aujourd'hui à l’Académie des re-
cherches de métallurgie et d'économie po-
litique sur les métaux du Mexique. L'auteur
de ce travail a exposé les traitements méca-
niques et chimiques suivis dans les exploi-
tations métallurgiques et il a donné une
théorie de l’amalgamation mexicaine. Se-
lon M. Saint-Clair Duport, depuis la dé-
couverte de l’amalgamation mexicaine en
1557, on n’est point encore parvenu à
diminuer considérablement la perte de
mercure. Terminant son mémoire par
quelques considérations d'économie politi-
que, M. Saint-Clair Duport pense que le
manque de capitaux, de tranquillité pu-
blique, de population et de culture dans le
nord-ouest de la république; de connais-
sances scientifiques suffisamment étendues,
et enfin le haut prix du mercure, sont les
causes qui s’opposent au développement de
de la production des métaux précieux au
Mexique. Ces causes exerceront encore
longtemps leur influence fatale pendant
plusieurs années, en empéchant que la pro-
duction n'’atteigne et ne dépasse le chiffre
auquel on la vu s'élever au commence-
ment de ce siècle; mais on ne saurait leur
trouver un caractère durables elles ne sont
que temporaires , et doivent à la longue
être neutralisées d’abord et dominées plus
tard par des forces autrement imposantes,
l’aboudance du minerai et les progrès des
sciences qui reculent chaque jour les bor-
nes de la puissance de l’homme. Le temps
viendra , un siècle plus tôt un siècle plus
tard , où la production de l'argent n’aura
d’autres limites que celles qui lui seront
imposées par la baisse toujours croissante
de sa valeur.
M. Serres a lu à l’Académie un mémoire
intitulé : Recherehes sur les développements
primitifs de l'embryon. Nous reviendrons
dans un de nos prochains numéros sur ce
mémoire, qui pêche peut-être un peu par
une trop grande affirmation dans les faits,
Mais contentons-nous de dire que selon
M. Serres, les développements de l'embryon
ne débutent pas par l'apparition de l'axe
central du système nerveux, mais bien par
la manifestation de deux cellules ou de
deux sacs germinateurs, que l’on peut con-
sidérer comme leur point de départ ou le
zero de l’embryogénie qui depuis Aristote
a tant occupé les physiologistes.
M. Edmond Becquerel a exposé à l’Aca-
démie des recherches concernant les lois
du dégagement de la chaleur, pendant le
653
passage des courants électriques à travers
les corps solides et liquides.
M. Masson , déjà tres connu du monde
savant par ses belles recherches sur lPélec-
tricité dynamique, et dont le cours attirait
il y a peu de jours encore à la Sorbonne
un nombreux concours d’auditeurs , a fait
connaître à l’Académie, par la voix de
M. Arago, un fait qu'il vient de découvrir
et qui peut jeter un grand jour sur les dé-
couvertes communiquées. récemment par
MM. Moser et Karsten. M. Masson a élec-
trisé une médaille placée sur un gâteau de
résine, saupoudré d’un mélange de fleurs
de soufre et de minium, et il l’a vue se re-
produire sur le plateau dont nous parlons.
L'inscription qui entourait cette médaille
s'est trouvée reproduiteavecuneexactitude
parfaite, et tout porte à croire qu’en cher-
chant à développer cette expérience, on
parviendra bientôt à obterir d’une maniëre
parfaite l'empreinte entière de la médaille.
Ce fait permettra peut-être d'expliquer
plusieurs expériences de photographie dans
lesquelles les vapeurs déterminent sans
doute, ainsi que le pense M. Masson , cer-
tains états électriques, comme dans le gà-
teau de résine qui fait le sujet de son ex-
périence. Du reste , M. Masson se propose
de développer cette idée et d’en faire le su-
jet d’un mémoire qui, nous n’en doutons
pas, renfermera une fou e de faits intéres-
sants. E. F.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur la thermographie. Extrait d’une lettre
de M. Kworr , de Kasan à M. ARAco.
«J'ai appris par les journaux, qui nous
arrivent un peu tard, que les découvertes
de M.1e professear Moser de Kôünigsberg,
ont excité un grand intérêt parmi les phy-
siciens; c’est pourquoi je prendsla liberté
de vous communiquer quelques découver-
tes que je viens de faire, et qui, se rappor-
tant à celles de M. Moser, paraissent con-
tredire directement l'hypothèse de ce phy-
sicien sur la lumière invisible émanant de
tous les corps. C'était au commencement du
mois d'octobre de l’année passée quej'eus
connaissance des premières découvertes de
M. Moser relativement aux images ou em-
preintes qui se forment sur des plaques po-
lies par des corps très-approchés, et je re-
connus tout de suite que la température
exerçait une grande influence sur la forma-
tion de ces images.
» Une différence de température de
50 degrés R. était suffisante pour obtenir
une image parfaite dans un espace de temps
de 3 à 5 secondes, et même je réussis à ob-
tenir quelques-unes après 172 seconde de
contact. Guidé par des idées théoriques,
ainsi que par quelques remarques que je
fis pendant mes expériences, j'ai concu
l’idée qu’il doit être possible de former des
images immédiatement visibles sans aucune
condensation de vapeur. Jemeflatte d’avoir
parfaitement réussi, et d’avoir ainsi posé
le fondement d’un art tout nouveau, qui
peut aussi trouver quelque application dans
l’industrie, et que j'appelle Thermographie.
Le 7 (19) novembre dernier, j'ai lu un
Mémoire sur les découvertes de M. Moser
et sur la Thermographie à l'assemblée de
la Société savante de Kasan, Mémoire qui
sera inséré dans le Recueil des Mémoïres de
notre Université, enlanguerusse. Le 1®r (13)
décembre , j'ai envoyé un extrait de mon
654
Mémoire en langue allemande, avec ün
supplément contenant plusieurs faits nou.
veaux, à l'Académie de Saint-Pétersbourg,
comme la plus proche et celle à laquelle je
devais m'adresser, à cause de ma position.
J’y ai joint une douzaine de plaques de cui-
vre et de plaqué d'argent avec des thermo-
graphics pour prouver les différentes posi-
tions énoncées dans mon Mémoire. J'espère
que l’Académie de Saint-Pétersbourg ne
refusera pas ma demande de publier bien-
tôt ce travail,
» Depuis ce temps-là, j'ai profité d’une
douzaine de plaques qui me restaient en-
core pour faire de nouvelles expériences ,
et Je suis parvenu à réunir dans une seule
proposition le plus grand nombre de faits
que j'ai trouvés, sauf quelques-nns que je
ne peux pas encore envisager sous un point
de vue général. Cette proposition est la sui-
vante :
» Quand un corps A se trouve au con-
tact ou du moin; très-rapproché de la sur-
face polie d’un autre corps B, l'échange
mutuel de la chaleur entre les deux corps
produit un changement dans l’état de la
surface polie jusqu’à une très petite pro-
fondeur. Ce changement peut être passa-
ger ou devenir permanent. S'il y a sur la
surface du corps À des endroits pour le:-
quels l'échange de la chaleur est différent
de ce qui s’opère dans les autres endroits,
il y aura aussi un changement différent de
ce qui s'opère dans les autre endroits. Il
aura aussi un changement différent dans
les endroits correspondants de B, et il se
forme ainsi une espèce d’empreiate du
corps À sur la surface polie B. Cette em-
preinte peut être immédiatement visible,
ou seulement elle pent être rendue visible
par une condensation des vapeurs,qui, pour
ainsi dire , achèvent alors son développe-
ment. En admettant que l’échange total
de la chaleur entre les deux corps. pendant
un certain intervalle de temps, puisse être
représenté par une quantité, il existe une
certaine limite que cette quantité doit sur-
passer pour que l’empreinte devienneimmé-
diatement visible sans aucune condensa-
tion de vapeurs. Ces deux limites paraissent
dépendantes des propriétés des deux corps
Aet B et de l'état de la surface polie.
En nommant empreintes ou images du
premier ordre celles qui ne deviennent vi-
sibles que par la condensation des vapeurs,
etimages du second ordre celles qui se mon-
trent immédiatement visibles, il faut en-
core pour chaque ordre distinguer des de-
grés différents du développement del’image
Pour les empreintes du premier ordre,
celles découvertes par M. Moser , le degré
du développement exerce une influence
sur la condensation des vapeurs, ainsi que
sur la solidité de l'empreinte même. Pour
les images du second ordre, mes thermo-
graphies , la solidité et la permanence de
l'empreinte, ainsi que l'influence qu exerce
un changement de la température, dépen-
dent du degré de développement. Ni la lu-
mière du jour , ni les changements ordi-
naires de la température, ni même un
échauffement considérable, ne peuvent dé-
truire une empreinte de second ordre, si
son développementestavancésuffisamment;
mais il y a un degré de développement où
un échauffement peut détruire l’image, un
autre où l'échauffement la détruit et la fait
reparaître de nouveau; enfin un autre ù
unéchauffement continuele développement
et l'achève.
» Les corps que je comprends ici sous la
655
désignation À ont été, dans mes expériences,
des pièces frappées de platine, d’or d’ar-
gent , de cuivre et de laiton gravé ; d’acier,
de jaspe , et de verre gravés ; des lames de
mica sur les juelles étaient tracées des let-
tres à l’encre de Chine, des gravures à
contours un peu forts, imprimées sur du
papier blanc ou coloré. De même, les sur-
faces polies que je désigne par la lettre B
ont été, daus mes essais, des surfaces d’ar-
gent, de cuivre, de laiton et d’acier ; ce
sont les seule; avec lesquelles j'ai obtenu
des résultats. Il m'a paru que j'ai réussi
deux fois sur le mica, mais je ne veux pas
lassurer positivement. Le plus grand nom-
bre d’essais ont été faits sur des surfaces
d'argent et de cuivre. Les plaques pour le
daguerréotype sont très propres pour ces
expériences; quand la surface argentée est
déjà trop usée, on peut se servir de l’autre
surface en cuivre en la décapant première-
ment avec du charbon. Il n’est pas néces-
saire de traiter les surfaces avec des acides,
la simple polissure avec de l'huile est saff-
sante ; mais il faut prendre soin que la sur-
face soit bien purgée d'huile. Avant cha-
que essai il est bon de décaper un tant soit
peu la surface pour bien réussir, quoique
cela ne soit pas toujours absolument né-
cessaire. :
» Le nombre de thermographies que j’a-
obtenues, étant aidé par un de mes élèves,
est déjà assez grand et surpasse 500; mais
tous mes essais devaient être faits d’une
maniere un peu grossière, parce que les
circonstances m'empêchaient de me pro-
curer des appareils particuliers pour ces
expériences.
» Il m'aurait fallu des vases de feuilles
métalliques très minces, pour mesurer les
degrés de l’échauffement des plaques sur
lesquelles se formaient les images, mais je
ne pus pas me les procurer tout de suite.
» Cependant, afin d’avoir une indication
sur l’échauffement nécessaire pour obtenir
une thenmographie, j'ai agi de la manière
suivante : J'ai pris deux petites bouteilles
sur le fond desquelles étaient gravé; les
mots :. Tara, 1378,3/4grains; leur diamètre
était de 19 lignes francaises et lépaisseur
du fond 1 1/4 ligne française , leur capa-
cité correspondait à 609 grammes d’eau
distillée; je les ai remplies de 180 grammes
d’eau à la température de 14° Réaumur et
je les ai mises sur la surface argentée d’une
plaque préparée pour le daguerréotype , :
que je chauffais sur une autre plaque mé-
tallique par une lampe à double courant
d’air. L’ébullition de l’eau ayant été entre-
tenue pendant une minute, il s'était formé
une empreinte des mots gravés sur le fond,
qui était parfaitement développée. L’expé-
rience a été répétée douze fois avec le même
succès, mais cet échauffement n’était pas
suffisant pour des corps bon conducteurs.
» Sur des surfaces de caivre je n’obte-
nais ainsi que de mauvaises empreintes.
» De ce que je viens de dire il résulte
déjà une méthode pour obtenir une ther-
mographie, c’est celle par laquelle j'ai tou-
jours réussi; il n’y faut qu'un peu d’expé-
rience : les quatre autres méthodes sont
moins sûres et je ne connais pas encore
toutes les circonstances dont la réussite dé-
pend.
» En £énéral, il faut porter la tempéra-
ture tdes deux corps À et B qui se touchent,
à la température ?” pendant un certain
temps 0, pour que l’échange de la tem-
pérature produise une empreinte ; cepen-
dant 0 ne doit être ni trop grand ni trop
656
petit, mais chaque méthode parait appli-
cable, quand elle produit à peu près le
même échanze total de la chaleur ; et 0 et
{’ ne sont pas entièrement indépendants
l’un de l’autre. Il en résulte donc les mé-
thodes suivantes.
» 1” Méthode de l'échauffement déjà ci-
tée, 6 — 10 à 15 minutes, si B était cuivre
ou argent. Quand le flamme de la lampe
était forte, 0 — 4 minutes se montraient
déjà suffisant, mais il est mieux de ne pas
se hâter trop.
2° Méthode de refroidissement, l'inverse
de la précédente, un peu difficile, mais
j'ai réussi.
3° Méthodes d'échauffement et refroidis-
.sement jointe; ; elles exigent un peu plus
d'expérience que le n° 1. J'ai obtenu une
dizaine de bonnes images de verre et de
jaspe sur des plaques de cuivre en ne por-
tant la température que jusqu’à 60 degrés
Réaumur. Elle mérite d’être perfectionnée;
j'ai été forcé de la négliger pour le moment
mais il n’a paru que cette méthode n’était
avantageuse que pour les mauvais conduc-
teurs.
4 Méthode de l’échauffement continué,
en mettant le corps chaud sur la plaque
chaude et en continuant l’échauffement.
J'ai obtenu une vingtaine de bonnes em-
preintes d'acier sur des surfaces d'argent ;
sur du cuivre, elle ne réussit pas bien, parce
que ce métal s’oxyde trop tôt. Durée de l’é-
chauffement préalable sur la plaque de la
lampe, 3 à 4 minutes ; durée du contact,
90 à 20 secondes.
» Je nai pas toujours réussi par cette
méthode.
» 5° Méthode des hautes différences de
température ou méthode du contact très-
court, en touchaut la plaque froide par le
corps très-chaud. Durée du contact 8 à 15
secondes ; {a température du corps entre
celle de l’eau bouillante et celle où l'acier
poli commence à changer de couleur. J'ai
obtenu par cette méthode plus de 60 ima-
ges, mais je ne pourrais pas encore dire
pourquoi on ne réussit pas toujours. Cette
méthode est la premièreque j'ai découverte.
» En général , je ne me suis pas occupé
du periectionnemen pratique de ces diffe-
rentes méthodes ; il y avait d’autres choses
qui devaient m'occuper préalablement. Je
remarque encore qu'il ne faut perdre de
vue la condition d’inégalité d'échange de la
chaleur : là où une telle inégalité ne se
montre pas suffisamment, on peut la pro-
duire par de l’encre de Chine, du vernis,
ou même du tripoli de Venise. C’est pour-
quoi il faut aussi souvent nettoyer les pla-
ques de cuivre gravées , de l’oxyde qui se
forme à leur surface, ou l'aciergravé quand
sa surface montre déjà la couleur jaunâtre.
Pour les méthodes numéros 1, 3, 4, il m'a
paru indifférent que l’échauffement se fit à
travers le corps À ou à travers B; il fallait
seulement arriver à un certain degré pen-
dant un temps pas trop prolongé. La gran-
deur de mes plaques ne surpassait ja-
mais D pouces carrés.
» J'ai obtenu beaucoup d’épreuves qui
en précision et en netteté ne laissaient rien
à désirer; mais le cuivre l'acier le jaspe
gravés m'ont paru les plus propres aux
thermographies ; cependant 1l faut remar-
quer que les détails intérieurs du dessin ne
s’expriment pas, s’il est un peu profondé-
ment incisé, »
re Of E——
657
ASTRONOMIE.
LA COMÈTE,
Depuis lundi dernier, les astronomes de
l'Observatoire de Paris sont parvenus à dé-
terminer de nonvelles positions du noyau
de la comète, et à fixer la forme et la posi-
tion de la courbe, à peu près parabolique,
suivant laquelle ce noyau se meut. D’autre
part, M. Araoo a recu, par l’entremise de
son ami M de Humboldt et par d’autres
voies, les recherches faites, à ce sujet, en
Allemagne et en Suisse. Le temps était
donc venu de comparer toutes ces orbites,
Le secrétaire de l'Académie a effectué cette
comparaison en s’attachant surtout à la
distance périhélie.
M. Plantamour a reconnu lui-même que
ses observations du 28 et du 30 mars ne
sont plus exactement représentées par les
premiers éléments. Pour le 30 mars, les
erreurs en ascension droite et en décli-
naison s'élèvent, respectivement, à 434,5
etiad1/25773;
« Il est donc nécessaire, dit M. Planta-
mour dans sa lettre à M. Arago, de corri-
ger un peu les éléments.» On ne saurait
prévoir dans quelle proportion les correc-
tions futures altéreront la première dis-
tance périhélie, Ainsi toutes les consé-
quences qu’on avait déduites de la distance
périhélie 0,0045, d’abord obtenue par le
savant directeur de l'Observatoire de Ge-
uève, étaient prématurées.
Le 24 mars, M. Encke, un des astro-
nomes, sans contredit, les plus compétents
en pareille matière, avait calculé les élé-
ments du nouvel astre, sur trois obser-
vations de Berlin des 20, 21 et 22 mars.
La distance périhélie était 0,0101.
M. Galle, de l'Observatoire de Berlin,
adressait, le 25 mars, à M. Schumacher,
des éléments calculés sur ces mêmes obser-
vations des 20, 21 et 22 mars.
La distance périhélie était 0,0143.
Le 25 mars, M. Littrow transmettait de
Vienne à M. Arago, mais avec l'expression
d'une g'ande défiance, les éléments dé-
duits d'observations faites les 18, 24 et 23
mars ;
La distance périhélie y figure pour
0,5767.
Il s’est évidemment glissé ici des erreurs
de calcul, d'observation ou de copie. Ces
erreurs ont conduit à des terminaisons éga-
lement inadmissibles sur la position du pé-
rihélie et sur l’inclinaison.
D'après les éléments présentés aujour-
d’hui par M. Eugène Bouvard, éléments
déduits des cinq observations de Paris.
La distance périhélie serait 0,00,488.
Ces éléments ne représentent pas encore
les observations avec toute la précision dé-
sirable. Il y a, sur les longitudes , des dis-
cordances qui vont de — 20”,8 à + 147,5.
Sur les latitudes , les écarts, plus considé-
rubles encore, s'étendent de+26”,1 à —
21225:
M. Arago parle ensuite des éléments dé-
terminés par MM. Laugier et Victor Mau-
vais. Jusqu'à présent ces éléments sont
ceux qui représentent le mieux les observa-
tions. Aussi les rapporterons-nous dans leur
ensemble.
s t, m. de Paris,
. L& 0
Temps du passage au périhélie,
1843, février 21242941
Distance périhélie..…........,. 0,005488
Longitude du périhélie....... 278°45'58"
Inclinaison. soeurs. 35.31.30
Longitude du nœud ascendant 2.10.0
Sens du mouvement... rétrograde.
658
Comparaison des positions calculées et des
positions observées.
EXCÈS DES POSITIONS CAKCULÉES
DATES, SUR LES POSITIONS OBSERVÉES.
A, CR A RSS
Alars. Longitudes. Latitudes.
18 (Paris). + 071 0’'0
19 (Paris). + 8,9 + 15,8
(21 (Genève). + 1,3 + 5,1
22 (Berlin). + 1,3 + 9,9
24 (Berlin). + 0,8 + 8,9
27 (Paris). — 0,7 + 0,4
28 (Paris). — 5,1 + 5,1
29 (Paris), +12,1 + 6,5
En regardant, comme tout autorise à le
faire, ces éléments comme définitifs, la co-
mète de 1843 est, de toutes les comètes con-
nues, celle qui s’est le plas rapprochée du
soleil.
Le tableau des moindres distances périhé-
lies déterminées jusqu'ici, nous semble de
nature à intéresser les lecteurs.
Valeurs des distances périhélies des comètes
qui ont le plus rapproché du soleil.
{ La distance moyenne du soleil à la terre (58 mil-
lions de lieues, est supposée égale à 1.)
Comète de 1843. . . . . 0,005
1680. . . . . 8,006
16802: 50:02
1593: 735.7. 0 09
AO Rs 0:09
1780: 2010
156800064041
176% 24 049
1573. 411018
1933222. 020
1980 04
etc. etc.
Le 28 mars, le diamètre dela nébulosité
qui formait la tête de la comète, a paru de
2’ 40”, ce qui correspond à un diamètre
réel de 38,000 lieues, et à un volume égal
à dix-sept cent fois le volume de la terre.
Le 27 février, au moment du passage au
périhélie, le centre de la comète de 1843
n’était éloigné de la surface du soleil que
de 32,000 lieues de 4,000 mètres. Suppo-
sons que le volume de la comète était le
même le 27 février et le 28 mars ; on aura
à retrancher 19,000 lieues (rayon de la co-
mète) du nombre précédent, pour avoir la
distance de la surface des deux astres au
moment du passage au périhélie, Cette
moindre distance des surfaces en regard de
la comète et du soleil se trouve ainsi de
13,000 lieues seulement.
Le 18 mars, la grandeur angalaire de la
queue de la comète était de 40 degrés, et
sa longueur absolue de 60 millions de
lieues.
Voici quelques autres conséquences que
MM, Laugier et Victor Mauvais ont dé-
duites de leurs éléments :
La comète s’est trouvée à sa moindre
* distance de la terre le 5 mars. Cette moin-
dre distance, exprimée en parties décimales
de la distance moyenne de la terre au soleil
toujours représentée par l’unité, était 0,84.
En lieues on aurait, pour nombre équiva-
lent, 32 millions de lieues.
Du 27 au 28 février, la comète a décrit
sur son orbite 272 degrés.
Le 27, dans le court intervalle de 2! 11»
(de 9! 24% à 11 35% du soir), la comète a
parcouru toute la partie boréale de son or-
bite.
Sa latitude héliocentrique, ou vue du
659
soleil, à varié aussi d’une manière extraor-
dinaire. Ainsi, un demi-jour avant le
passage au périhélie, cette latitude était
31° 4 australe; à l'instant du périhélie
350 21’ boréale; un demi-jour après, 2611”
australe, ce qui fait, pour les 24 heures, un
mouvement en latitude de 9 36’.
Dans le même intervalle de temps, les
rayons vecteurs, les distances de la comète
au soleil ont varié dans le rapport du sim-
ple au décuple.
La comète a été deux fois en conjonc-
tion avec le soleil dans la journée du 27.
Une première fois, vers 9! 24 du soir :
l’astre était alors au delà du soleil ; une se-
conde fois, vers 121 15". Pendant cette
dernière conjonction la comète s’est pro-
jetée sur l'hémisphère du soleil visible de
la terre, et a dû y produire une éclipse
partielle; mais le phénomène, même prévu,
n'aurait pu être observé en Europe, puis-
qu’il est arrivé vers minuit du méridien de
Paris. ÿ
Si la longueur de la queue était aussi
grande ie 27 février que le 18 mars ; si elle
avait, ce premier jour (27 février), 60 mil-
lions de lieues à partir du noyau, son ex-
trémité s’étendaient bien au delà de la di-
stance à laquelle la terre circule autour du
soleil. Qu’aurait-il donc fallu, au moment
où la comète s’interposa entre la terre et
le soleil, pour-que nous traversassions Ja
queue? Il aurait fallu, soit que cette queue
füt couchée, exactement ou à peu près,
dans le plan de lorbite terrestre, soit que
sa largeur eût une étendue suffisante. Une
variation de 8° dans la latitude héliocen-
trique de la comète aurait amené cette cu-
rieuse rencontre. Pour qu'elle arrivât par
le seul fait de la largeur de la queue, c’est-
à-dire, sans apporter aucun changement
aux élémeuts paraboliques de MM Laugier
et Mauvais, cette largeur aurait dû sur-
passer un peu le décuple de la largeur me-
surée. Voici les éléments de cette évaiua-
tion :
La plus courte distance de la Terre à
l'axe de la queue, le 27 février (au moment
de la conjonction) était de 8,500,000 lieues;
le demi diamètre réel de la queue était de
660,000 lieues, en prenant 2° pour la lar-
geur angulaire; la plus courte distance de
la Terre au bord de la queue était donc de
près de 8 millions de lieues.
Ajoutons encore que la terre se trouvait
le 23 mars, dans use région que la queue
occupait le 27 février ; en sorte que si la
comète était passé à son périhélie 24 jours
plus tard, la terre aurait inévitablement
traversé la queue dans sa plus grande jar-
geur.
Les éléments paraboliques de MM. Lau-
gier et Mauvais, montrent que la queue
de la comète n’a dù, dans nos climats, se
dégager des rayons du soleil et commencer
à devenir visible que vers le 5 mars. Avant
f passage au périhélie, vers le milieu de
évrier , une heure après le coucher du
soleil, la hauteur du noyau au dessus de
l'horizon , ne surpassait pas 13°. La dis-
tance de ce noyau à la terre était d’ailleurs
de 1,14. Il n’en faudrait pas davantage
pour réduire au néant les reproches qu’on
a adressés aux astronomes, si ces reproches
méritaient de fixer un moment l'attention.
Un coup d'œil sur la tab'e des orbites
cométaires, montre que la comète de 1343
est nouvelle ou ou qu'elle n'avait jamais
été observée, Si les historiens ou les chroni-
queurs en ont parlé, c'est dans des termes
vagues qui ne permettent pas de calculer
l'orbite. Or la comparaison des éléments
de l'orbite déterminés à deux époques , est
le seul moyen de savoir si l’astre qu’on ob-
serve s'était déjà montré , s’il doit être rangé
dans la catégorie des comètes périodiques.
CHIMIE INORGANIQUE.
Sur les produits de la décomposition de l’a-
cide quinique par La la chaleur; par
M. Wohler.
Occupé de recherches sur les produits
de la décomposition de l’acide quinique,
j’ai trouvé une série de corps et de méta-
morphoses si remarquables, que je ne puis
me refuser au plaisir de vous en entretenir
pendant quelques moments, quoique mon
travail soit encore loin d’être fini. Aussi
vous voudrez bien m’excuser si j’ose vous
communiquer des faits isolés, sans aucune
espèce de discussion. :
A. Le produit volatil qu’on obtient par
la décomposition de l'acide quinique par la
chaleur, autrefois appelé acide pyroquini-
que, contient, 1° de l'acide benzoïque ;
29 un acide liquide, volatil, extrêmement
semblable à l'acide salicylique (spiroïque) ;
3° un corps neutre cristallisé.
B. Ce dernier corps forme des prismes
hexagonaux incolores ; il est soluble dans
l’eau, Palcoo! et l’éther. Ilest distingué par
le changement remarquable qu'il subit en
contact avec des matières oxydantes. Si
l'on ajoute à sa dissolution du perchlorure
de fer, elle se colore en rouge noirâtre, et
en peu d’instantselles se remplit de prismes
très brillants d'une couleur verte dorée. Le
chlore, l'acide nitrique, le nitrate d’argent,
le chromate de potasse se comportent de
même. Le nitrate d'argent dépose del’oxyde
de chrome hydraté.
C. Le corps vert ainsi formé est une des
plus belles combinaisons qu'on puisse voir.
Quoique non azoté, il a la plus grande res-
semblance avec la murexide ; cependant
son éclat métallique est encore plus parfait
et plns beau, à peine peut-on le distinguer
de celui des cantharides ou de celui des
plumes du colibri. L’acte de sa formation |
est un phénomène de cristallisation extrè-
mement brillant ; car, même en quantités
assez petites, il est facile d’obtenir des cris-
taux de plasieurs centimètres de longueur.
Il est insoluble dans l’eau froide; l'alcool
le dissout sans changement. La dissolution
est rouge et dépose en évaporant des cris-
taux verts métalliques.
D. Exposé à une douce chaleur, même
dans l’eau , ce corps se décompose en un
produit nouveau cristallisé, incolore et en
quinoiïle, matière jaune cristallisée, volatile,
découverte il y a six ans par M. Woskre-
sensky, en décomposant l'acide quinique
par le bioxyde de manganèse sous l’in-
fluence de l'acide sulfurique.
E. Le corps vert, traité par l’acide sul-
furenx, se dissout et se change en PB, ou le
corps incolore cristallisé primitivement
contenu dans les produits de la distillation
de l'acide quinique.
F. Ces deux eorps cristallisés, le vert et
l'incelore , sont inimédiatement produits
du quinoïle, en l'exposant à l'influence des
matières réduisantes, c’est à dire à l'in-
fluence de l'hydrogène à l'état naissant. Si
l'on verse avee précaution de l'acide sul-
fareux ou du protochlorure d’étain dans
une dissolution de quinoïle dans l’eau, elle
se remplit en quelques moments de pr'ismes
magnifiques de couleur vert doré, Aussi
c’est la manière la plus simple de se procu-
660
661
rer de ce corps. De même il se forme dans
une dissolution de quinoïle mêlée d’acide
hydrochlorique, en y mettant du zinc mé-
tallique ou en y faisant passer le courant
voltaïque.
G. En mêlant la dissolution de quinoile
avec un excès de protochlorure d'étain ou
d’acide sulfureux , l'influence surpasse la
formation du corps vert, et l’on obtient le
corpsincolore B. Le mode de préparation
le plus avantageux de ce dernier, c’est
d'introduire du gaz acide sulfureux dans
la dissolution de quinoïle et d’évaporer jus-
qu’au point de cristallisation. L’acide sul -
furique formé reste dans l’eau-mère sans
altérer les cristaux.
H. Le mode de formation le plus remar-
quable des cristaux verts, c’est par l’action
réciproque du corps B incolore et du qui-
noïile. En mêlant les dissolutions de ces
deux matières , elle se combinent au mo-
ment même, en reproduisant les cristaux
verts. L'alloxantine agit d’une manière ana-
logue; elle produit avét le quinoile le corps
vert et de l’alloxane.
I. En faisant passer un courant d’hydro-
gène sulfuré à travers une dissolution de
quinoile, elle se colore en rouge, et ne
tarde pas à se troubler et à déposer en
grande quantité un corps amorphe d’une
couleur vert-olive très foncée. L'alcool le
dissout très facilement : la dissolution a une
couleur rouge foncée; cependant il n’est
pas cristallisable. C’est une combinaisen
organique sulfurée qui contient près de
20 p. 100 de soufre.
Æ. Le liquide filtré de la préparation de
ce dernier corps laisse après l’évaporation
une matière incolore cristallisée qui est
une deuxième combinaison organique sul-
furée. Elle est caractérisée par le change-
ment qu’elle subit sous l'influence de ces
mêmes matières oxydantes qui changent le
corps B en cristaux verts. En mêlant sa
dissolution , par exempie avec le perchlo-
rure de fer ou avec une dissolution de
chlore, il se forme un précipité d’une cou-
leur brune. C'est une troisième combinai-
son organique sulfurée, soluble dans l’al-
cool, d’où elle se dépose cristallisée.
L. En faisant passer un courant d’hy-
drogène telluré à travers une dissolution
de quinoile, il se précipite momentanément
un corps noir grisâtre : c’est du tellure
pur; mais le quinoïle a disparu. En évapo-
rant le liquide, on obtient le corps inco-
lore B cristallisé.
M. Le quinoile est . . C15 HU O5 (Wosk.)
Le corps vert doré. C5 H10ÿ 2 2H.
Le corps B en pris-
mes hexagones. .
Le corps sulfuré
vert olive. . . . C5 HR10 05 + 2H°S.
— 1530 em—
SCIENCES NATURELLES.
GEGCLOGIE.
C1 EH 05 + 4H.
) Rapport sur un Mémoire de M. F. de Castei-
nau, relatif au système silurien de l’Arné-
_ rique septentrionale ; par M. Elie de Beau-
mont,
4 (Troisième et dernier article.)
Le comté de Léon, dit M. de Castelnau
dans son essai sur la Floride du milieu, est
le plus riche et le plus peuplé de toute la
Floride. Son sol est généralement formé
| d’une argile rouge très ferrugineuse qui,
dans les Etats du sud, dénote constamment
les bonnes terres à coton. Cette couche, qui
| varie en profondeur de 7 à 65 mètres, est
662
placée au dessus du caleaire; elle forme ici
l'extrémité sud d’une bande très étendue
qui commence dans le New-Jersey et s’é-
tend à travers les Carolines et la Géorgie,
en suivant toujours le versant oriental des
Allegahnys. Peut-être serait-ce ici le lieu
de remarquer que cette bande de limon
fertile occupe, par rapport au grand dépôt
erratique du nord de l'Amérique, une po-
sition analogue à celle qu'occupe, par rap-
port au grand dépôt erratique scandinave,
la zone de terres limoneuses fertiles qui tra-
verse l’Europe de la Picardie à l'Ukraine.
On pourrait peut-être voir encore un
trait de ressemblance entre les terrains er-
ratiques du nord de l'Amérique et du nord
del’ Europe dans lesdépôtssablonneux qu on
observe sur les bords des grands lacs amé-
ricains. M. de Castelnau a en efiet rencon-
tré d'immenses dépôts de sable blanc et
très pur qui, dans certaines parties, forment
des monticules et des dunes ayant de 32 à
80 mètres de hauteur. Il cite particulière-
ment ceux qui forment une grande partie
de la côte occidentale du Michigan, sur le
lac du même nom, et entre autres celui qui
est connu sous le nom de l’Ours endormi
(sleeping Bear), par allusion à sa forme.
Telles sont encore, sur le même lac, les
îles du Castor et du Manitou. Nous ne de-
vons cependant pas omettre de rappeler que
M. Schoolcraft regarde ces dépôts de sable
comme de simples dunes entassées par le
vent. Ils semblent néanmoins avoir quel-
ques connexions avec les blocs erratiques,
à l'extrémité orientale du lac Huron, où
l'établissement anglais de Palequantachine,
au bord de la baie de Glocester, est situé
sur des collines de sable et au milieu des
blocs crratiquess cette question reste donc
à éclaircir.
Qaoi qu'il en soit, on peut remarquer
que si la situation des grands lacs améri-
cains vers les limites des roches cristallines
et sédimentaires rappelle celles de la mer
Baltique et des grands lacs de la Russie et
de la Suède, la direction si remarquable de
ces derniers lacs trouve des termes de com-
paraison dans certairs traits de la configu-
ration des premiers. Le lac Huron, comme
la baie d'Hudson, s’allonge en pointe vers le
sud, et le lac Michigan est dirigé” presque
du nord au sud, avec uue légère déviation
vers le S.-0. Cette dernière direction est
d'autant plus remarquable qu’elle est pro-
longée par les vastes prairies des Illinois,
qui vont rejoindre l'Ohio et le Mississipi
pres de leurs confluents. Leur immense
étendue est entièrement formée d’un sol al-
luvial et profond recouvrant des calcaires
magnésifères. Une section dans ces prairies
nous a présenté, dit l’auteur, la coupe sui-
vante :
Sol végétal de couleur noir. . Om,45
Arpileljaunents ut 11,22
Sable noires never und mere 0 30
Argile d’un bleu obscur. . . 3 ,20
On rencontre au dessous le calcaire magné-
sien rempli de crevasses et de fissures dans
lesquelles s’infiltre l'argile supérieure.
Leur surface privée d'arbres, mais pré-
sentant une végétation de graminées qui se
distingue par son uniformité, est un des
trails physiques les plus remarquables que
nous offrent les parties centrales de l’Amé-
rique du nord. L’uniformité du sol n’est
relevée que par la présence dans quelques
endroits de blecs erratiques nombreux ap-
partenant aux roches primitives.
L'origine énigmatique de ces prairies se
rattache, dans les idées de l'auteur, à des
663
faits qui établissent entre ces contrées et le
nord de l’Europe un nouveau genre de
rapprochements non moins digne d’atten-
tion que ceux signalés ci-dessus.
Il n'a été impossible, dit M. de Castel-
nau, de parcourir cette région sans éprou-
ver la conviction qu’elle a dû, à une époque
quelconque , avoir été recouverte par les
eaux, en un mot, qu’elle a été le bassin
d'un lac infiniment plus considérable que
ceux encore si étendus qui existent dans
les mêmes contrées. En s’approchant du
Mississipi, les preuves de ce phénomène de-
viennent, ajoute-t-il, encore plus frappan-
tes. « À une ancienne époque, a déjà dit
un voyageur célèbre (M. Schoolcraft), il y
eut quelque obstacle au cours du Mississipi,
près du grand tower, qui produisit une sta-
gnation des caux et les porta à une éléva-
tion d'environ 40 mètres au dessus de lear
ligne ordinaire.» Il est en effet certain,
d’après M. de Castelnau , que partout où
les roches présentent, dans cette partie du
Mississipi, un front abrupte sur le fleuve,
elles laissent voir, à une trentaine de mè-
tres d’élévation, une série de lignes d’eau
parallèles et horizontales ou allant légère-
ment en s’inclinant vers le nord.
Ces anciennes lignes de niveau marque-
raient, suivant l’auteur, la rive occiden-
tale de l’ancien et immense lac dont nous
avons parlé, et la hauteur des lignes au des-
sus du niveau actuel montrerait la profon-
deur des eaux qui en baignaient la base.
La profondeur, successivement de moins
en moins grande de ces mêmes eaux, aurait
laissé des traces analogues sur les bords
des lacs actuels. La partie S.-E. de l’extré-
mité du lac Michigan a offert, en effet, à
M. de Castelnau une série de plages soule-
vées analogues à celles desrivages du N.-O.
de l’Europe, mais beaucoup plusnombreu-
ses, Ces plages sont placées en amphithéä-
tre les unes au dessus des autres, et l’au-
teur en a compté, dans certains endroits,
jusqu’à quarante-deux ainsi disposées.
Nous ajouterons que des faits analogues
avaient déjà été signalés sur les rives des
grands lacs américains.
€ Un voyageur plein de sagacité (Mac-
kensie) à remarqué, dit Playfair, que les
bords du lac Supérieur présentent des tra-
ces de la diminution de ses eaux, et qu’on
peut y observer des marques de leur ancien
niveau actuel. Dans les lacs moins étendus,
cet abaisserment est encore plus visible.
M. Lyell ajoute que, d’après les observa-
tions du capitaine Bayfield, il existe, sur les
bords du lac Supérieur, aussi bien que sur
ceux des autres lacs du Canada, des traces
qui conduisent à inférer que les eaux y ont
OCCupé, à une époque antérieure, un ni-
veau beaucoup plus élevé que celui auquel
elles se tiennent aujourd’hui. A une dis
tanceassez considérable des rivages actuels,
on observe des lignes de cailloux roulés et
de coquilles s'élevant l’une au dessus de
l'autre comme les gradins d’un amphithéà-
tre. Ces anciennes lignes de galets sont
exactement semblables à celles que pré-
sente aujourd’hui le rivage dans la plupart
des baies, et elles atteignent souvent une
bauteur de 12 on 15 mètres au dessus du
uiveau actuel. Comme les vents les plus
violents n’élèvent pas les eaux de plus de
Î mètre à 1m,30, ces rivages élevés doivent
être attribués, suivant M. Lyell, soit à
l’abaissement du lac à des époques ancien-
nes, par suite de la dégradation de ses bar-
riéres, soit à l’élévation de ses rivages par
l'effet des tremblements de terre, comme il
664
en existe des exemples sur les côtes du
Chili.
C'est à une hypothèse de ce dernier
genre,mais formulée, en termes précis, que
s'arrête M. de Castelnau. Suivant lui, le
lac Supérieur aurait autrefois versé ses
eaux dans le lac Michigan, qui lui-même
aboutissait à un immense bassin, indiqué,
sur la carte jointe à son Mémoire, sous le
nom de grand lac silurien. Ce grand lac
aurait jeté son trop plein dans la mer mexi-
Caine, qui, à cette époque, devait couvrir
toute la partie occupée par les formations
tertiaires et d’alluvion de la partie méridio-
nale des Etats-Unis. Puis serait survenu un
événement qui arrêta le passage des eaux
dans l'endroit qui forme aujourd’hui l'ex-
trémité sud du lac Michigan. Get événe-
ment aurait été le soulèvement de l'espace
occupé par le grand lac silurien, et connu
aujourd’hui sous le nom d Ætat des Illinois.
Dans mon hypothèse, dit l'auteur, le
soulèvement des Illinois aurait été autre-
fois beaucoup plus considérable qu’il ne
l’est aujourd'hui, et il ne serait pas même
impossible que l’abaissement progressif de
cette partie du sol américain se continue
de nos jours.
C’est là une hypothèse ingénieuse, mais
qui a besoin d'observations plus nombreu-
ses pour être admise sans discussion.
——— DR ERKE-
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Sur les modifications qui se produisent dans
la structure du fer après sa fabrication ;
par M. Charles Hood.
(Deuxième et dernier article. )
Dans la fabrication de quelques espèces
de fer, la barre reçoit sa forme générale
d’un laminoir; puis on chauffe, dans un
fourneau, la moitié de sa longueur, qu’on
forge sous le martinet ; on chauffe ensuite
autre moitié, qu’on forge de la même ma-
nière. Pour éviter l'inégalité des deux moi-
tiés de la barre ou même une différence de
couleur, lorsque ces deux opérations dis-
tinctes sont terminées, l’ouvrier donne or-
dinairement quelques coups de marteau
sur la moitié qui a été forgée la première ;
mais cette moitié est devenue comparative-
ment froide pendant le travail fait sur la
seconde; et si ce refroidissement a atteint
un certain degré, lorsqu'elle recoit les
coups de marteau additionnels, cette moi-
tié devient immédiatement cristalline, et
tellement cassante, qu’elle se brise en mor-
ceaux quand on la jette à terre, bien que le
reste de la barre présente la plus grande
ténacité possible. Ce changement se pro-
duit donc par la percussion, lorsque la
barre est à une température inférieure à la
chaude suante (weeling heat).
Nous voyons ici les effets de la percus-
sion sous leur forme la plus instructive.
On remarquera que ce n’est pas un excès
de martelage qui les produit, mais l’absence
d’une température suffisante pendant le
martelage; car cinq ou six coups de mar-
tinet produiraient également le mal si la
barre était de petites dimensions.
Dans ce cas, nous constatons les trois in-
fluences réunies de la percussion, de la cha-
leur et du magnétisme.
Lorsque la barre est forgée à la tempé-
rature convenable, il ne s’y produit au-
cune cristallisation, parce qu’elle est insen-
sible au magnétisme; mais ausitôt que sa
665
température s'abaisse au point de donner
prise à cet agent, les chocs qu'elle recoit
produisent une induction magnétique, et
par conséquent la polarité des molécales,
qui, à l’aide des vibrations déterminées par
de nouveaux chocs, produit la structure
cristalline.
On sait en effet que, dans le fer doux, le
magnétisme peut être presque instantané-
ment produit par la percussion, et il est
probable que plus la température à la-
quelle la barre reçoit le magnétisme est
élevée, plus elle permet ce réarrangement
moléculaire qui constitue la cristallisation
du fer.
Il n’est nullement difficile de produire
les mêmes effets en frappant à coups répé-
tés une petite barre de fer avec un mar-
teau à main; mais cela paraît dépendre
jusqu’à un certain point de la nature par-
ticulière des chocs, qui, pour produire
cet effet, doivent déterminer des vibra-
tions complètes dans les molécules voisines
du point choqué; etil estremarqnable que,
dans tous les cas, les effets des chocs sont
circonscrits dans certaines distances limi-
tées à partir du point frappé. M. Charles
Manby m'a signalé une circonstance qui
confirme pleinement cette assertion.
Dans la machine soufflante du hant four-
neau de Beaufort, la tige du piston du cy-
lindre soufflant faisait entendre depuis long-
temps un son (jar) désagréable dont on ne
pouvait découvrir la cause. Enfin, elle se
rompit tout près du piston, et on découvrit
que la slavette ne réanissait pas convena-
blement la tige au piston. La fracture
présentait une structure fortement cristal-
line, ce qui causa une grande surprise,
car on savait que celte tige avait été fa-
briquée avec le meilleur fer. On la cassa
alors à peu de distance. de la fracture, et
l’on constata que le fer était tenace et fi-
breux au plus haut degré, ce qui démon-
trait que les effets de la percussion ne s’é-
tendent généralement qu’à une très petite
distance.
En effet, il est naturel de comprendre
que, puisque l'effet des vibrations diminue
avec la distance du choc qui les produit,
la cristallisation doit diminuer dans le
même rapport si elle est due aux mêmes
causes.
On peut aussi estimer, dans cette circon-
stance, les effets du magnétisme seul. La
tige devait être magnétique dans toute sa
longueur, conséquence nécessaire de sa po-
sition , indépendamment de toute autre
circonstance; mais la force des vibrations
parmi les molécules ne s’étendait qu’à une
petite distance, qui se trouve aussi être celle
de la cristallisation.
Je crois inutile d’insister sur l'influence
que le magnétisme exerce sur la cristalli-
sation, car l'emploi considérable qu’on
fait aujourd’hui des courants galvaniques
prouve complètement leur action cristalii-
sante sur les substances les plus réfractaires;
mais, par eux-mêmes, ils ne peuvent pro-
duire ces effets sur le fer, 6n du moins
leur action doit être extrêmement lente.
Un autre fait, dû aux observations de
M. Manby, confirme les considérations
qui précèdent, On suspendit une petite
barre de fer d'une grande ténacité, et on
la frappa continuellement avec de petits
marteaux pour y entretenir des vibrations
constantes. La barre, au bout d’un temps
considérable, devint extrêmement cassante,
et tombait en morceaux sous le plus petit
coup de marteau ; toute sa structure pré-
666
sentait au plus haut degré l'apparence crise
talline.
La fracture des essieux de toute espèce
offre encore des exemples semblables, J'ai
plusieurs fois examiné des essieux brisés,
qui tous présentaient une fracture cristal- .
lisée, bien qu'il fût à peu prés certain que
ce ue füt pas le caractère prifnitif du fer :
car ces essieux avaient résisté, pendant des
années, à des fardeaux plus lourds, et s’é-
taient brisés, sans cause apparente, sous
des charges ou des efforts beaucoup moi-
dres que ceux qu’ils avaient supportés aupa-
ravant. \
Toutefois, ces effets sont très lents sur
les essieux ordinaires, ce qui résulte, je
pense, de ce que, bien qu’ils éprouvent des
vibrations considérables, ils n’ont qu’une
petite quantité de magnétisme, et ne sont
pas soumis à une haute température. Leur
magnétisme doit être trop faible à cause
de leur position et de leur changement
fréquent de relation-avec le méridien ma-
gnétique, à causé dé l’absence de toute ro-
tation, et enfin de leur isolement par les
raies des roues. Il est peut-être douteux que
ces ‘effets soient aussi lents avec les roues
en fer sur les chemins ordinaires; mais,
pour les essieux des chemins de fer, les
choses sont très différentes. Dans tous les
cas de fracture de ces essieux, le fer a pré-
senté la même apparence cristalline. Mais
je pense qu’on peut constater que cet effet
se produit beaucoup plusrapidement qu’on
ue le présumerait au premier aperçu, parce
que ces essieux sont soumis à d’autres in-
fluences qui, si ma théorie est exacte,
doivent de beaucoup diminuer le temps
nécessaire pour produire ces changements
dans d’autres circonstances.
Au contraire des autres essieux, ceux
qu’on emploie sur les chemins de fer, tour-
nent avec les roues, et doivent devenir
très magnétiques pendant leur rotation.
MM. Cristie et Barlow furent les premiers
à constater le magnétisme de rotation dans
le fer, phénomène que MM. Herschell et
Babbage retrouvèrent dans tous les autres
métaux, en vérifiant quelques expériences
de M. Arago. On ne peut douter, ce me
semble, que les essieux de chemins de fer
he deviennent très magnétiques pendant
leur rotation, bien qu’ils ne retiennent
pas ce magnétisme d'une manière perma-
nente.
Dans les axes de locomotives, une autre
cause doit tendre à augmenter cet effet.
La vaporisation de l’eau et l'efflux de la
vapeur, ainsi que je l’ai dit plus haut, pro-
duisent de grandes quantités d'électricité
négative sur les corps en contact avec la
vapeur. Le docteur Ure a démontré que
l'électricité négative, dans les cas ordinaires
de cristallisation, détermine l’arrangement
cristallin. A la vérité, cette électricité doit
agir sur le fer à un degré différent que
dans la cristallisation ordinaire; mais on
voit cependant que les effets de ces diverses
causes ont tous la même tendance : la pro-
duction d’un changement plus rapide dans
la structure du fer des essieux de locomo-
tive que dans les autres cas.
Le docteur Wollaston est le premier qui
ait fait voir que les formes de la fracture
du fer natif sont : l'octaèdre, le tétraèdre
ou le rhomboïde réguliers combinés. Les
caractères du fer tenace et fibreux sont
entièrement produits par l’art, et nous
voyons dans les modifications décrites, um
effort pour retourner aux formes naturelles
et primitives, la structure cristalline, qui;
1667
Len effet, est l’état naturel d’un grand nom-
Lbre de métaux. Enfin, sir Humphy Davy a
| démontré que tous les métaux fusibles par les
7
‘moy ensordinaires,prennentla forme de cris-
ë
ttaux réguliers par un refroidissement lent.
. La conclusion générale à laquelle ces
remarques nous conduisent est, ce me
semble, qu'il ne peut être douteux que le
« fer forgé a une tendance constante, dans
1 certaines circonstances, à retourner à l’é-
\tat cristallin : que cette cristallisation ne
dépend pas nécessairement du temps pour
opérer son développement, mais est déter-
:minée seulement par d’autres circonstances,
dont la principale est, sans aucun doute,
les vibrations. La chaleur, dans certaines
limites, bien qu’aidant considérablement à
la rapidité du changement, n’est certaine-
| ment pas une cause essentielle de cet effet;
| mais le magnétisme d’induction produit,
soit par la percussion, soit autrement, ac-
compagne essentiellement le phénomène.
| Dans une dés séances de l’Académie des
: setences de Paris, M. Boquillon a faitquel-
| ques remarques relatives aux causes de la
rupture de lessieu du chemin de fer de
Versailles. Il paraît avoir considéré cette
| cristallisation comme l'effet combiné du
temps et des vibrations, ou plutôt que ce
| changement n'arrive qu'après une certaine
|| période de temps.
| D'après ce qui vient d'être exposé, il est
| évident qu’un intervalle de temps fixe n’est
| pas un élément essentiel de l’opération ;
| que dans certaines circonstances, le chan-
! gement a lieu instantanément, et qu’un
Lessieu peut devenir cristallin dans un temps
| extrêmement court, pourvu qu’on lui com-
: munique des vibrations d’une force et d’une
| grandeur suffisante. Cette circonstance dé-
: montre la nécessité de prévenir toute vi-
:bration (jar), toute percussion des essieux
de chemins de fer.
Sans doute, le défaut principal des loco-
motives et des wagons, mais particulière
ment de ces derniers, est la trop grande
rigidité de leurs ajustements, ce qui aug-
| mente la force de tous les chocs produits
par les nombreuses causes que présentent
* les transports sur Chemins de fer, en fai-
| sant agir Ja force vive de toute la masse
| en mouvement, en conséquence de la par-
faite rigidité de toates les parties, tandis
| qu’un certain degré d’élasticité les rendrait
presque indépendantes dans le cas d’un
) choc subit. Cette rigidité doit produire
| beaucoup de mal, tant aux rails qu'aux
véhicules qui les parcourent. Le jeu des
essieux dans leurs coussinets et encore une
nouvelle cause de dégradation.
| Bien que j’aie plus particulièrement in-
sister sur les changements de la structure
du fer dans les essieux de chemins de fer,
il est évident que ces observations s’appli-
L| a
\ quent à un grand nombre d’autrescas, dans
| lesquels le fer étant soumis aux mêmes in-
fluences, doit éprouver les mêmes chan-
\gements. Mais les essieux de chemins de
fer ont une importance plus particulière et
plus pressante, et méritent l'attention sé-
Fons des savants, surtout de ceux qui
|s’occupent plus spécialement de l’industrie
\des chemins de fer, et qui sont à même de
[vérifier l’exactitude de la théorie que je
propose; car si mes vues sont d’accord
lavec les déductions de la science et les ré-
Isultats de l'expérience, elles peuvent avoir
un résultat important pour la sûreté pu-
|blique.
| Ilest utile de faire remarquer toutefois
Ique, jusqu’à présent, tous ces essieux sont
668
infiniment plus fort qu'il ne serait néces-
saire pour résister aux efforts qui ten-
draient à les rompre, s'ils sont exécutés en
bon fer, et c'est peut-être cette circonstance
qui a rendu plus rares les accidents pro-
duits par leur rupture. La nécessité de ré-
sister à la flexion et à la torsion est la
cause de cette augmentation de force. Mais
il serait bien desirable de faire des expé-
riences sur la force du fer forgé à divers
états de cristallisation, et sans aucun doute,
on y trouverait de grandes différences;
enfin, il est probable que, dans la plupart
des cas, une fois la cristallisation commen-
cée, la persistance des mêmes causes doit
s’augmenter continuellement, et diminuer
de plus en plus la force de cohésion du fer.
(Revue scientifique.)
pe
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 8 mars.
M. le secrétaire donne lecture d’une lettre
de M. Makculok, qui en faisant hommage
à l'Académie de la collection de ses œuvres
la remercie de l’avoir choisi pour membre
correspondant.
M. Paganel fait hommage d’un exem-
plaire de son Histoire de Joseph II.
M. Passy en offrant de la part de M°*.
un volume contenant les œuvres des éco-
nomistes du siècle dernier, réunies dans
une ordre chronologique et méthodique,
présente quelques observations sur cet ou-
vrage qu’il ne balance pas à placer’ au pre-
mier rang, parmi les ouvrages utiles pu-
bliés depuis plusieurs années.
. Cousin a continué la communication
de la correspondance du père André ,
dontnous avons parlé dans un de nos
derniers numéros. Les lettres inédites qu'il
a lues aujourd'hui à l’Académie, prou-
vent que le Père André fut poursuivi sans
relâche pendant sa vie, à cause de ses liai-
sons avec Malebranche et son attachement
au cartésianisme, mais aussi que le Père
André,géomètre et philosophe,était de plus
un homme d'esprit de la trempe de celui de
l’auteur des Provinciales. Ces lettres dont
la première date remonte à l’année 1706.
fout connaître quelques particularités in-
téressantes sur plusieurs personnages de
l’époque, tels quelle Père provincial Delêtre,
le confesseur royal Letellier, le Père Dau-
banton et déchirent tout-à-fait le voile re-
ligieux sous lequel la célèbre compagnie
cachait ses prajets et ses intentions. Leur
publication au moment présent peut ne
pas être d’une utilité immédiate ; certains
pourront peut être même dire que c’est
par représailles qu’on les fait imprimer ;
mais ceux qui croient que les enfants de
Loyolanesont pas tout-à-fait morts approu-
veront le zèle de l'éditeur, sans chercher à
en deviner le motif. La correspondance du
Père André serait une arme puissante con-
tre les Jésuites, si jamais ils songeaient à
se reconstituer en société. C. B.F.
PHILOLOGIE,
Sir Gore Ousely a présenté à la Société
orientale de Londres un beau travail sur
les vies des meilleurs poètes persans. Ce
volume renferme un grand nombre d’ex-
traits tirés de leurs ouvrages. Le savant
orientaliste a lu devant l’assemblée toute
la partie relative à l’origine du Shah-Na-
meh, cette grande épopée de la Perse.
M.J.-F. Davies, dans un Mémoire pré-
à 669
senté à la Société philologique, et qui traite
de la classification des racines chinoises,
établit que toute la langue écrite des Chi-
nois peut se réduire à 214 signes radicaux.
Sur ce nombre 14 servent à exprimer les
noms de l’homwe et les rapports de paren-
té; 8 appartiennent aux mammifères ;
7 aux autres espèces d’animaux ; 13 aux
végétaux ; 5 aux minéraux ; 28 sont desti-
nés à exprimer les différentes parties des
animaux, etc. ; 26 se rapportent aux autres
objets de la nature; 41 aux objets de l’art;
5 expriment les nombres; 30 les qualités
ou modifications ; 36 les actions; et 36, en-
fin, ne se rapportent point à des catégories
déterminées. Total 214 caracteres.
Le nombre des mots de la langue vul-
gaire est d'environ 11,600, et chacun des
signes radicaux entre dans la composition
de ces mots dans des proportions que
M. Davies détermine : ainsi, le signe homme
entre dans 478; femme dans 243; corps ou
personne dans 158 ; chien dans 136; arbre
ou bois dans 493, etc. ;
r
GÉOGRAPHIE.
La Valachie,
(Premier article.)
Les Valaques descendent des Daces , ap-
pelés Gêtes par les Romains, et qui, sortis
originairement de la Scythie, habitaient les
régions comprises entre le Danube, les
monts Krappacks et la Teïsse. Les Daces
étaient sobres, laborieux, bons guerriers ,
courageux jusqu'à la témérité et dévoués
jusqu'au fanatisme. On n’est pas d'accord
sur lPétymologie da mot v ‘laque et dans
l'impossibilité de remonter à leur première
origine, les habitants, sans chercher à dé-
brouiller par le merveilleux les obscurités
de leur berceau, bornent leur orgueil à se
dire les descendants des Romains. Ils ne
désignent leur pays que par ces mots : zara
rumaneska (terre romaine). La Valachie
fut d’abord ce qu'est aujourd'hui la Sibérie
pour les Moscovites , le lieu d’exil, de dé-
portation pour les grands. Quoique envahie
par les Saxons , les Huns, les Avares, les
Slaves, les Lombards, les Turcomans, elle
resta soumise à l'influence romaine, et
pendant longtemps elle conserva la langue
latine malgré la confusion des idiômes di-
vers des bandes envahisseuses. Aujourd’hui
la langue nationale valaque, formée de
64 lettres, est un composé de slave, de la-
tin et d'ilalien. Elle ne manque ni de ri-
chesse, ni d'expression ; quelques essais
heureux faits dans ces derniers temps prou-
vent que pour devenir poétique elle n’a be-
soin que d’être débarrassée de quelques
mots barbares qui la souillent et la dépa-
rent.
La Valachie se divise en deux parties : la
grande et la petite. Bucharest est la capitale
de la première , Craiowa celle de la se-
conde. La population totale s'élève envi-
ronà 2,000,000 d'habitants, en y compre-
nant 100,000 esclaves égyptiens. L'air de la
Valachie est généralement pur. L'hiver s’y
annonce par un vent vif et mordant nom-
mé kriwaz , il arrive escorté de neiges et
de glaces; mais cet hiver dure peu. Ce n’est
qu’au pied des montagnes que le froid est
bien sensible ; là, 1l est tellement rigoureux
que la terre se fend et présente à l’œil de
longues gercures, des crevasses de 10, 20
et jusqu'a 100 pieds de profondeur. Les
chaleurs en été sont excessives, mais les
nuits sont toujours fraiches , et presque
froides. Froid ou chaud , voilà quel est le
670
climat de la Valachie; point de tempéra-
ture intermédiaire.— Le sol est très fertile
et produit abondamment du blé, du maïs,
des fruits et des vins excellents, Nul pays
n'est plus riche ea mines de toute espèce
que les montagnes qui séparent la Valachie
” des possessions autrichiennes, et les salines
qu'il renferme fournissent à la consomma-
tion de la Crimée, de la Turquie, de la
Servie et de la Russie du Caucase. Les sali-
niers, comme les mineurs dans nos houil-
lères, ont leurs maisons, leur ménage,
leur famille au fond de leurs salines. Pour
eux le cadran se partage en trois phases :
travailler , manger, dormir. Existence de
bétail, ne tenant rien de l'humanité quela
forme et le langage. Ceux que l’on désigne
sous le nom de galériens sont encore plus
malheureux ; une fois qu’ils sont descendus
dans les profondeurs de la terre, ils ne re-
paraissent plus à la surface; ils ont dit au
monde un éternel adieu ! la saline est leur
tombeau. Aussi trouve-t-on assez fréquem-
ment des ossements humains, même des
squelettes entiers tenant encore à leur main
leur marteau ou leur pioche.
Nulle partie du monde n’est plus favo-
rablement.située pour le commerce que la
Valachie, et cependant le commerce n’y
existe point, car on ne peut honorer de ce
nom des transactions de petits brocanteurs
faites par quelques Grecs on quelques juifs,
qui vont tous les ans à la foire de Leipsig
pour y acheter des marchandises de rebut,
des vieux fonds de magasins. Que les dis-
cussions intérieures de cette principauté
cessent, que les machiavéliques et sourdes
intrigues des grandes puissances euro-
péennes fassent place à des influences
avouables; que l'heure de la régénération
sonne, et la Valachie prendra le rang qui
671
lui est assigné par sa position géogra-
phique. Elle sera le boulevart commercial
pour l'exportation de la Mer-Noire et de la
Turquie d'Europe.
Les Valaques professent la religion ca-
tholique, et suivent le rite grec. Ils sont
plus que pieux, ils sont fanatiques. Ils ob-
servent quatre carêmes, sans préjudice des
vendredi et samedi de chaque semaine;
leurs prêtres sont mariés. et portent la
barbe et les moustaches ; leur costume est
à peu près semblable à celui de nos juges,
ou plutôt de nos avoués , car ils n'ont pas
de galon à leur toque. Les fêtes religieuses
sont tellement nombreuses, dans la Vala-
chie, que le nombre des Jours de travail est
réduit par an à cent quatre-vingt. Au mi-
lieu de ceite austère piété, de ces pratiques
religieuses si exactement suivies, il est une
chose qui doit étonner, car elle est une op-
position à l’histoire de tous les peuples ct
de toutes les religions dominantes, , c’est
que tous les cultes sont tolérés, et qu’à côté
des cent quatre-vingt-dix-sept églises et
des monastères que l’on compte à Bucha-
rest, se trouvent une église catholique ro-
maine , deux temples, protestant et luthé-
rien , une église arménienne, et deux syna-
gogues.
Un de nos Abonnés nous écrit pour nous
demander si toutes les expériences qui sont
rapportées dans les lecons de M. Orfila, que
nous avons publiées, ont été faites sous les
yeux des élèves. Nous répondrons que tou-
tes les expériences ont été faites devant l'au-
ditoire, et toujours avec le plus grand soin.
Nous ajouterons même que jamais M. Or-
fila n’a voulu qu'on fit une expérience hors
de l’amphithéâtre pour en présenter ensuite
les résultats à ses auditeurs. Craignant les
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — MARS 1843.
BRUT SCIE TEINTE ENEP EEE
672.
mauvaises interprétations de la calomnie4:
ui s’est quelque fois glissée dans les meil
q quelq 6
leures choses qu'il a produites, M. Orfila a, 1 w}}
toujours fait commenceret fuir , séance !
tenante , les expériences relatées dans ses
leçons, et jamais il n’en a cité, une sans la
présenter aussitôt,
RSR LE ON A RER TT)
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— Un concours pour l’élève du mürier a été ou-
vert, pour le mais de septembre 1843, pari la So-
ciété d'agriculture des Deux-Sèvres. —:Trois pri
mes, la première, de 250 fr., la deuxième de 150 fr.
la troisième,-de 100 fr., seront distribuées à ceux
qui auront le mieux réussi. Les principales condi-
tions imposées aux concurrents sont d’avoir cultivé
au moins 1500 pieds de mürier, et de ne présenter
au concours que des baguettes ou greffes de l’an-
née; de bonnes espèces et variées, bien proportion
Urées, de 150 centimètres à 2 mètres. ï
De NTLs
BIBLIOGRAPHIE.
RAPPORT adressé le #7 juin 1842 à M. l'amiral
Duperré, miuistre de la marine el des colonies, sur
des expériences relatives à la fabrication du sucre et
à la composition de la canne à sucre; par E. Pelli-
got. À Paris, chez Mathias (Augustin), quai Mala-
quais, 15. :
RÉCHERCHES sur les commencements et les
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun.
ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla-
ton ; par M. le marquis de Fortia d'Urban. A Paris,
chez l'auteur, rue de La Rochefoucault, 2; chez Du-
rat.
: COLONIES étrangères et Haïti, résultais de lé-
mancipation anglaise; par Victor Schœlche. A Paris,
chez Pagnerre, rue de Seine, 14 bis, :
AN ARR OR
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
.
9 HEURES DU MATIN. MIDI. 3 HEURES DU SOIR. | 9 HEURES DU SOIR. THERMOMETRE. ÉTAT
LL UC re Si} ne | Le
Barom. | Therm. |&| Barom. | Therm. &| Barom. | Therm. || Barom. | Therm. | & im aroi [is
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741,90 3,6 748,68 5,0 149,41 4,3 752,33 2,1 5,0 2,3 Eclaircies. ï N
756,28 04 755,98 29 755,83 42 757,66 0,8 ER 12 Très nuageux. 0
758,16 0,6 758,44 1,0 785,51 1,3 58,68 | 0,0 1,8 ii boae NE Do.
76,69 0,7 76548 0,5 758,44 2,8 67,32 16 2,8 3,0 Bonus e NA
768,60 3,5 768,25 6,0 166,30 5,4 167,62 3,3 6,1 0,1 |Gouvert. NS
765,58 2,1 164,17 5,2 169,70 4,8 163,27 1,8 5,5 0, Gouyert. Lou
760,50 1,6 160,33 3,6 168,55 5,2 759,88 2,1 5,7 Le pee SES
761,97 1,8 761,58 5,1 759,55 6,9 163,50 4,6 1,0 08 see Non
766,05 2,4 165,80 5,6 761,61 5,9 765,96 9,2 6,0 09 use RE
763,66 3,6 76960 5,2 765,36 5,0 160,37 3,1 5,7 21 1 Gone AE
761,45 3,5 760,97 6,6 761,28 8,2 760,98 3,9 8,1 D Neue 0
739,19 4,3 757,60 9,0 760,68 9,0 154,69 7,0 10,0 0,6 Ce 0:10:
752,88 9,5 752,69 11,3 755,96 | 10,8 754,93 6,4 11,4 2,5 En 0:
749,32 9,5 749,82 | 11,5 751,89 | 14,0 153,73 | 10,6 14,9 pote OS. 0.
55,08 | 149 | | 765,08 | 130 | | 76019 | 13,9 | | eu | 11,6 150 te ee Q.
159,03 | 14,7 158,97 | 12,6 756,55 | 14,0 757,16 9,5 13,0 DS SN IETE S E.
756,20 10,7 156,36 11,8 754,98 46,0 755,01 4,1 16,7 3,6 Sn S E.
754,94 | 14,0 754,40, | 17,6 154,68 | 19,6 153,97 1,5 20,0 EE E SE.
mogo1 | 124 | | 729! 160 | | 763,87 | 47,5 | | 75437 | 12 Re Ron S. E.
748,99 12,8 748,41 16,6 752,08 17,8 741,51 18,5 OR Ce S.S. O.
747,03 | 13,4 745,80 16,5 747,01 | 17,4 747,09 1,8 8,0 Nuageux. S
744,66 | 13,8 744,04, | 18,1 743,32 | 18,6 745,27 20,1 22 FRA &
746,49 14,- 746,51 16,6 745,38 17,0 745,45 18,0 OU SERRE à 2 SS. EF:
746,67 | 13,9 74719 | 46,7 74116 | 18,4 749,00 19,7 SAS RSR Fe
746,59 11,1 745,87 12,6 744,91 14,3 745,12 14,9 Ti Convese PUS TE
745,71 7,5 745,6 9,1 745,16 | 10,2 745,97 11,2 AT TE EUN:E!
746,96 5,5 747,23 7,2 741,26 7,8 TAS,24 ST LEE N.
718,26 9,1 748,01 11,7 747,61 14,8 749,43 16,0 2,9 AS E.
154,01 | 10,2 16479 | 13,6 155,48 | 146 156,83 15,5 5.0 [Beau É go
756,39 | 11,7 755,42 |: 458 TA |. 172% 15165 18,2 SAS Ne à ES. FE
746,62 12,7 746,6 15,9 745,62 12,6 78,08 | 16,0 ROM RMUAENE sb 5
H SARUOE AMESIEE
761,34 | 4,9 | | 6113 | 0 | | 760,00 0,1 [itoyenne du 1 au 10 ao
755,05 | 10,0 75481 | 42,9 754.09 5,8 [hoyenne du Ta 10,22. |
74813 | 12,3 747,92 | 153 747,20 7,1 |Moyenne du 21 au 31/ Fer SE, |
76,68 | 78) |roau | 10,4 | | 53,88 Moyennes du mois : : + -:
“
“1 L'EcH0 DU MONDE SAVANT paraît le FEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTENS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARiS pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr.,{Gfr.,
8 fr. 50- APÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
10° anmée.
. SOMMAIRE. — Deux réformes dans la mé
decine. — ACADEMIE DES SCIENCES.
Séance du 17 avril 1843. — SCIENCES PHY-
SIQUES. PHYSIQUE APPLIQUÉE. Expériences
thermométriques faites sur la lumière de la nou-
velle comète et sur la zodiacale; Mathiessen. —
‘CHIMIE APPLIQUÉE. Du camphre et de,ses
applications médicales et industrieil.s.— SCIEN-
CES , NATURELLES. PATHOLOGIE. Sur la
«“ransformation ganglionaire des nerfs de Ja vie
“organique et de la vie animale; Serres —SCIEN-
‘CES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ D'ENCOURA-
GEMENT, séance du 12 avril. — AGRICUL-
TURE. ÉCONOMIE RURALE. Nourriture des
moutons avec du pain; de Lokatelli. — ANI-
MAUX DOMESTIQUES. Concours pour un prix
relatif à la phihisie pulmonaire sur le gros bé-
tail. — SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉO-
LOGIE. Cabinet d'antiquité de M, Comarmond, à
Lyon. GÉOGRAPHIE. Souvenirs de voyages dans
l'Italie septentrionale; le baron d’Hombres Firmas.
— FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE.
DIS
Paris, le 20 avril 1843;
Deux réformes dans la médecine.
Deux grandes questions agitent main-
tenant le monde médical, et leur, solution,
bonne ou mauvaise, peut avoir sur l'avenir
de la médecine l'influence la plus grande.
Abolir Pinfâme patente qu’on impose aux
médecins , annuler les officiers de santé,
tels sont les deux problèmes sur lesquels
nos législateurs sont appelés à donner leur
avis. Depuis longtemps on y songeait, de-
puis longtemps les esprits sérieux médi-
taient une réforme; mais jamais les idées
ne s'étaient aussi concentrées qu'aujour-
d’hui pour la demander d’un commun ac-
cord. Espérons que de cette union de tous
les esprits sortira une heureuse production;
Mais ayant que cet objet se réalise, jetons
un rapide coup d’œil sur cette réforme si
désirée.
D'abord, que veut dire patente? C’est un
brevet que toute personne qui veut faire
un commerce ou exercer une industrie
quelconque, en France, est tente d'ache-
ter du gouvernement. Or, nous le deman-
donsaux ennemis les plus acharnés du corps
médical : la médecine, est-ceun commerce?
la médecine, est-ce une industrie ? Si quel-
ques hommes ont dégradé leur position so-
ciaie, ont sali leur renommée par un char-
latanisme dégoûtant, ceux-là ne méritent
Qu un juste mépris, et la niédecine à effacé
feür om de ses annales. Mais on l’a dit,
üuc exception n'est pas une loi; etle ca-
xaclére moral de la médecine restera tou-
jours entouré du respect que lui ont attiré
tant d'hommes de génie, A -t-on donc ou-
blié les services rendus à la science et à
Vhuümanité par tant de médecins dont les
noms sont une des plus belles gloires de la
France? et ignore-t-on tout le dévouement
recent encore des Petit, des Desault, des
x:
Paris. — Jeudi, 20 Avril 1843.
DD CE ——
L'ECHO DU MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DAN
Larrey, dee Desgenettes, ce dévouement
que nos ennemis comprenaient si bien,
même. quand nous les combattions? Napo-
léon entre à Moscou; sa main victorieuse
va convertir en.çaserge l'asile des orphe-
lins, l'Orphanotrophion. Mais Desgeneltes
est là, il l’arrête ; et à la voix du médecin
français, ce réfuge du malheur est conser-
vé. Disgenettes est fait prisonnier ; Alexan-
dre l'apprend, et sur-le-champ il luirend
la liberté! Mas, vous tous qui grossissez
vos trésors de l'impôt des médecins, rap-
pelez-vous 1821 et 1832, la peste de Bar-
celonne et le choléra de Paris ! Ce sont des
médecins qui les premiers ont abordé la
terre d Espagne, et sout venus affronter le
fléau de Barcelone. Si MM. Pariset, Bailly et
Jouarry ont mille fois exposé leur vie dans
cet affreux fléau, ils ont revu du moins ja
terre de Ja patrie ; mais combien sont res-
tés, avec l’infortuné Mazet, victimes de leur
courage. Le choléra de Paris n’ofire pas
moins d'exemples de dévouement sublime;
et si l’on voulait citer les grands faits, ce
serait à tort, car onslaisserait ainsi dans
ombre mille traits vertueux dont on ne
peul pas même donner ici l'idée. Après ce-
la, les législateur netiendraient pas compte
de ces services et de ce dévouement ; ils as-
simileraient la médecine aux professions
en boutique, et ils voudraient que le mé-
decin dounât tout pour ne rien recevoir ?
Nousleur répondrons par ces paroles d'An-
toine Petit, qui sont l’expression du corps
médical tout entier : « Ce sont les riches,
» disait-il, qui doivent payer convenable-
» ment. Lorsque j'étais jeune, je rougissais
» lorsqu'un ma:ade m'offrait de me payer;
» maintenant je rougis lorsqu'on ne me
» paie pas. » Que nos députés méditent un
instant ces graves paroles, car si la patente
n’est pas abolie , c’est qu’on n’y a pas ré-
fléchi.
Maintenant, félicitons M. Bouillaud de la
noble action qu'ilentreprend en présentant
à la Chambre une pétition pour l’abolition
des officiers de santé, C’est dignement rem-
plir à la fois la profession de médecin et
celle de député que de saisir ainsi l’occasion
de guérir une des plaies les plus profondes.
delamédecine,uneplaiequijetteratoujours
une certa'ne défaveur sur ce corps savant.
L'existence des officiers de santé au sein de
la médecine est une chose immorale dans
son principe. Les soutenir, c’est établir en
règle, c'est poser en loi qu'il ya dela
science à tout prix, et qu’on peut exercer
la médecine après avoir appris seu'ement
à en balbutier les premiers mots. Nous som-
mes de ceux qui soutiennent qu’on ne sau-
rait exiger trop de connaissances de la part
du médecin, et il est facile alors de penser
quelle est votre opinion à l'égard des offi-
ciers de santé. Nous disions à l'instant que
l'existence de cette classe d'hommes au sein
N° 29,
S TOUTES LES SCIENCES.
a
delamédecineétaitunechose profondément
immorale , nous ajoutons ici qu'elle est à
nos yeux doublement iliégale : d’abord, au
point de vue éminemment matériel, il est
detoutejustice d’abolirles officiers de santé.
Ces hommes, qui ont appris assez mal quel-
ques mots vagues et confus de Ja pratique
médicale, se réfugienti dans nos provinces
où, sous le titre général de médecins, ils y
jouissent des mèmes droits que les docteurs
n’acquièrent que par de longs et pénibles
travaux, qui en font tomber plus d’un au
milieu de la carrière. Mais ensuite, la
société n’a-t-elle pas un intérêt puissant à
faire des médecins des homme: reconymag
dables par leurs talents, et leurgéñ
compter dans les jours de dang
lamité pabliques?
Espérons que la parole def
ajouter aux nombreux titres qu’
déjà, à la gloire et à la reconnaissance pu-
blique, celui d'avoir sanctionné de sa pa-
role le généreux élan mani'esté par les
élèves de la Faculté de Paris pour l'aboli-
tion des officiers de santé.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance dn lundi 17 avril,
M Daubrée, ingénieur des mives, profes-
seur à la faculté des sciences deStrasbourg,
a présenté à l’Académie un Mémoire sur
les dépôts métallifères de la Suède et de la
Norwège. Selon ce Jeune savant on peut
diviser les gîtes métalliferes de la Suède et
de la Norwège en quatre catégories qui
sont : les dépôts des marais et des lacs, les
filons proprement dits, les amas subor-
donnés au terrain de transition ou amas
de contact, enfin les amas enclavés dans le
neiss.
L’hydroxide de fer qui continue à se pré-
cipiter journellement dans les marais et
dans les eaux des lacs, appartient seul au
premier genre de dépôts. Il est très abon-
damment répandu dans plusieurs régions
de la Suède, mais excepté au Smolande,
l'extraction de ce minerai est peu impor-
tante par suite de l’abondance de l’oxyde
magnétique et il est à croire qu’elle pren-
dra de l’extension dans la suite.
Parmi les filons proprement dits ceux de
Sahla, de Kongberg, d'Eidsfoss, comparés
avec les filons classiques de l'Allemagne et
de la France, présentent un caractère parti-
culier, c’est la présence de différents sili-
cates anhydres ou hydratés qui se trou-
vent habituellement dans les roches cristal-
lines, de telle sorte que par leur composi-
tion comme par leur âge ils forment une
transition entre les amas subordonnés au
676
gneiss et les filons de la plupart des autres
contrées.
Les amas intercalés dans le terrain de
transition sont particulièrement nombreux
dans la contrée de Christiania. Ils sont
constamment situés à la jonction du terrain
de transition avec les roches.plutoniques
qui l'ont traversé. Aux environs de Cein-
brishampn, en Scanie, il existe aussi dans les
couches de transition des dépôts très ana-
logues à ceux des arkoses du centre de la
France.
Nulle part ailleurs en Europe les amas
enclavés dans le gneiss ne sont si nombreux
et si développés qu’en Scandinavie, et sur-
tout en Suède : ils comprennent plus des
uatre-vingt-dix-neuf centièmes des ri-
chesses métallifères de cette dernière con-
trée.
M. Daubrée termine son mémoire en en-
trant dans quelques détails sur les métaux
qui se trouvent dans les mines de la Suède
et de la Norwége, et il pense que la for-
mation des dépôts métallifères de la Suède
se relie certainement aux dislocations du
sol de la contrée, quoique la connexion en-
tre les deux genres de phénomènes soit
moins évidente que dans beaucoup d’autres
pays. En effet, tous les soulèrements ou af-
faissements du sol qui ont principalement
imprimé à la Suède son relief actuel, à
part le mouvement lent qui continue en-
core aujourd'hui, paraissent remonter à
une époque géologique fort ancienne, et
probablement ne dépassent pas l’époque de
transition, de même les émanations métal-
lifères primitivement d’une abondancesi re-
marquable en cette partie du globe ont été
totalement arrêtées des que les brisements
du soi ont cessé de leur frayer une voie
dans ces régions.
M. Guyon, chirurgien en chef de l’ar-
mée d'Afrique, a communiqué à l’Acadé-
mie une observalion curieuse de haute
chirurgie. Il s’agit d’une fracture du tibia
autiers, moyen, côté droil, avec luxation de
l'extrémité inférieure du péroné, sortie de
l'os à traver les téguments divisés trans-
versalement à la longueur de cet os, luxa-
tion et sortie de l’astragale. Ce cas eût put
être un cas d’amputation, mais on a essayé
de conserver le membre et le succès a ré-
pondu à l'attente qu’on s’en était faite,
Le pied fut porté en dedans, et formait
un angle droit avec la jambe; la capsule de
Varticulation fut ouverte; l’astragale fut
remise en place, non sans difficulté, car la
peau divisée par la sortie du péroné pré-
sentait sa division inférieure engagée sous
l’extrémité de cette os ,qui faisait saillie en
dehors, mais qu'on parvint à ramener à
V’aide d’une incision: Ensuite le pied fut
porté en dehors, le péroné fut remis à sa
place, et trois point de suture faiblement
serrés réunirent les téguments.
Maintenir le pied afin qu'il ne revint pas
en dedans offraitquelque difficulté, à cause
de la plaie de la partie externe qui s’oppo-
- sait à l'application de tout moyen contentif
de ce côté. On eut recours à l’attelle
d'A. Cooper, mise en usage par ce chirur-
gien pour les fractures de l'extrémité infé-
rieure du tibia. A l'aide d’un épais coussin
placé entre le pied et la branche atcendante
de lattelle, le pied fut repoussé. De l’eau
froide , légèrement saturnée, fut de suite
employée en irrigation permanente et l’on
en continua l'usage jusqu’au 24e jour après
l'accident. Les accidents locaux furent fai-
bles, mais il n’en à pas été de même des
accidents généraux:ils furent d'autant plus
677
intenses que le malade est d’une constitu-
tion forte et d’un tempérament sanguin.
Quelques phénomènes tétaniques se mani-
festerent le quinzième Jour après l'accident,
mais ils cédèrent au bout de deux jours
sous l'influence de l’opium à forte dose.
Bientôt la plaic des téguments se cicatrisa,
ctle malade se trouva dans le meilleur état
possible.
M. Tanchou a envoyé à l’Académie une
note tendant à prouver que dans le cancer
l'opération n’est pas toujours nécessaire. et
qu avant de la tenter il faut essager si les
moyens externes ne peuvent pas agir cffi-
cacement pour la guérison de la maladie.
M. Tanchou pense que l'opération ne doit
être employée qu'après les moyens internes
qui doivent être d’abord mis en pratique.
MM. Paul Desain et F. la Provostaye
ont lu à l’Académie un mémoire sur la
chaleur latente de la glace. Après avoir fait
connaître les procédés suivis déjà pour ar-
river à ce résultat et indiqué les erreurs
qu'ils renferment, ces savants ont décrit
leur méthode qui n’est que celle des mé-
langes heureusement modifiée et rendue
plus exacte par une plus grande attention
dans les expériences. MM. Desains et la
Provostaye ont trouvé pour le nombre de
la chaleur latente de la glace le nom-
bre 79,1.
M. Malagutti a envoyé à lAcadé-
mie une note sur la préparation du per-
oxyde d'uranium, On n’a jamais isolé le
peroxyde d'uranium ou uranite, L'action
de l'alcool sur l’azotate d’urane offre un
moyen sur et facile pour l’obtenir à l'étal
d'hydrate et dansun étatde puretéextrême.
Que l’on fasse une dissolution d’azotate de
peroxyde d'uranium bien pur dans de l’al-
cool absolu, et que l’on évapore assez mo-
dérément pour que le liquide n’entre pas
en ébulition. Dès que la masse sera réduite
à un certain point de concentration il se
manifestera un mouvement tumultuenx,
el il se dégagera de l’éther nitreux, de la
vapeur nitreuse accompagnée d’une odeur
pronor céed’aldehydeet de l'acide formique.
Le résidu de cette réaction si vive sera une
masse jaune-orange , spongieuse, que l’on
séparera en deux substances, dont une so-
luble (azotate non décomposé) et l’autre
insoluble, d’un beau jaune serin, qui lavée
à l'eau bouillante, jusqu’à cessation com-
plète le toate réaction acide, présentera la
composition du peroxyde d'uranium, plus
un équivalent d’eau (U 303, HO).
M. Vicat a écrit à l'académie pour lui
faire connaître une observation curieuse
faite à Toulouse, sur une pouzzolane arti-
ficielle. Après quelques jours d'immersion
dans l'eau de mer, les briques fabriquées
avec cette pouzzolanetombaienten miettes
en se brisant graduellement des surfaces
aa centre. Celte pouzzolane ainsi altérée a
été analysée et il résulte de cette analyse
que dans cette pouzzolane une grande par-
tie de la chaux a disparu et se trouve rem-
placée par de la magnésie. 11 a été démon-
tré par M. Vicat que les sels magnésiens
de l’eau de mer ont été décomposés par la
chaux du béton et que la désagrégation
observée n’est que l'effet de cette décom-
position.
M. Delarivealu à l'Académie un mémoire
sur l’aclionchimiqued'un seul couple voltai-
que, etdes moyens d'en augmenter la puis-
sance ce seul couple jouissant d’une puis-
sance trèsénergique, décomposer l’eau avec
une grande facilité etsurpassesans doute en
forcela piledeM. Bunzen,dontnousparlions
678
dansnosderniersnaméros.Mais bientôtnous
reviendrons surcette importante communi-
cation, troplongueeitropeurieuse pourêtre
analysée ici en quelques mots, EF.
——204 5 4 860 a——
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE APPLIQUEE,
Expériences thermométriques, faites sur la
lumière de la nouvelle comète et sur la
lumière zodiaca!e. Lettre de M. Ad. Mat-
thiessen à M. Arago.
Si la seule manière de propagation de la
chaleur à de grandes distances est le rayon-
nement, la comète actuelle n’envoie pas
sensiblement de chaleur à la surface ter-
restre.
Lundi, le 27 mars, à 8 heures du soir,
un miroir concave de 1 mètre de diamètre,
bien poli, avec un thermomètre à air très
sensible au foyer, n’indiqua aucune élé-
vation de température. Une élévation était
cependant sensible en dirigeant l'axe du
miroir sur la lumière zodiacale.
Le soir suivant, je plaçai une très bonne
pile thermo-électrique de M. Ruhmkopf,
de 25 paires, dans uue ondulation légère-
ment concave du terrain entre l'arc de
l’Étoile el le bois de Boulozne, de sorte
qu’elle ne pouvait regarder aucun objet
terrestre, sauf l’herbe, dans up rayÿon de
200 à 300 mètres, et une petite maison
blanche à 800 mètres de distance, avec une
seuie croisée au nord-est. $
L'aiguille du galvanomètre resta sur
zéro en braquant la pile munie de son cône
condensateur sur l'étoile polaire. En la
tournant sur la queue de la comète au-
dessous d'Orion elle resta sur zéro. Vers le
noyau l'aiguille indiqua 2 degrés. Mais
Pimpression de chaleur augmenta gra-
duellement en tournaat la pile vers la la-
mière zodiacale, après avoir dépassé le
noyau de la comète. Sous les Pléiades :
10 degrés de déviation; vers la base de la
lumière zodiacale, 12 degrés; au-dessus du
point où le soleil s'était couché, 5 degrés.
À 9 heures, même résultat pour la comète :
sous les Pléiades, 8 degrés ; à la base de la
lumière zodiacale, 12 degrés; au-dessus
du pointoù le soleil s'était couché, 3 de-
grés. À 9h. 30 m. 7°, 10° 20, et mêmerésul-
tat pour la comète.
Pour juger de la sensibilité de l'appareil,
il suffira de dire que ma main, assez
froide, puisqu'elle était appuyée sur l'herbe
humide, envoya l'aiguille frapper contre la
pointe placée à 90 degrés à la distance de
À mètre. Sanscône, même résultat, la main
étant à 25 centimètres de distance de l'ou-
verture extérieure de la pile. La petite
maison, échauffée par les rayons du soleil
avant son coucher, fixa l'aiguille, -à huit
heures, à 26 degrés, à 8h 30m, à 21 de-
grès. Alors on éteignit la chandelle qui
brülait à la croisée, et l'aiguille descendit à
19 degrés. À 9 heures, {3 degrés; à Oh 30m,
9 degrés de déviation.
A Pexception de fréquentes perturba-
tions de l'aiguille causées par des courants
d'air chaud, quelquefois sensiblesà la figure,
ces résultats, quoique répétés quarante
fois, restèrent constants.
J'ai été surpris de voir l'aiguille rester
sur zéro dans toutes les autres directions
du ciel ; je m'étais attendu à ce que les par-
ties obliques du ciel où la couche d'atmos-
phère est plus épaisse, où bien la partie da
ciel contenant beaucoup d'étoiles, ou enfin
679
- la chaleur de l'herbe et de la terre échauf-
fées toute la journée par le soleil donne-
-raient des impressions de chaleur. On voit
par là combien peu de éhaleur émettent les
fluides élastiques, et l’on voit aussi que
l’herbe se refroidit rapidement et complé-
tement par l'humidité du soir.
L'indication de chaleur étant constante
vers la lumière zodiacale, il restait à savoir
si cette chaleur provenait de l’atmosphère
plus chaade vers le point de coucher du
soleil (car les objets terrestres à distance
ne pouvaient pas en eavoyer sur la pile,
attendu qu'elle n’en regardait aucun), ou
si celte chaleur proveuait de la lumière
zodiacale. Dans cette dernière hypothèse,
la zone zodiacaie doit être d’une haute
température, puisqu'elle est excessivement
rare.
En ôtant le cône condensateur de la pile,
la lumière zodiacale ne donna que 2 à 3
degrés de déviation vers sa base : À de-
gré à gauche et à droite, rien pour la co-
inete.
Le flint très réfringent et incolore, sur-
tout celui que M. Bontems fait pour des
lentilles achromatiques de microscope que
j'ai employé, laisse passer à de petites épais-
seurs, plus des trois quarts des rayons ca-
lorifiques provenant d'une haute tempéra-
ture, et presque rien d’une source au des-
sous de l’eau bouillante.
Ma lentille à 56 centimètres de diamètre,
et donne 16 centimètres de foyer principal.
Placée devant la base de la lumière zodia-
cale, la déviation de l'aiguille augmenta;
elle s'arrêta sur 4 degrés. Au dessous des
Pléiades elle baissa un peu, et s’arrêta à
degrés. Au dessus du point de coucher
du soleil, elle descendit à zéro.
Ce résultat tient en partie à ce que la lu-
mière zodiacale pouvait se concentrer pres-
qu'en entier sur la pile, tandis que l’espace
À gauche ou à droite est trop étendu pour
produire une augmentation sensible; mais
il est évident aussi que lPaugmentation de
chaleur ne pouvait avoir lieu à travers le
fhnt, sans que la source fût d’une haute
température, Les 5 degrés de déviation de
l'expérience avec le cône seraient donc
produits en plus grande partie par l’at-
mosphère chaude, et étaient éteints par
l'absorption du flint; tandis que les 15 de-
grés vers la lumière zodiacale étaient dus
principalement à elle. ;
La pile munie du cône condensateur dé-
vie l'aiguille également de 15 degrés en
plaçant une chandeile de suif allumée de-
vant elle à la distance de 10 mètres à peu
près;ce qui fait voir combien est minime la
quantité de chaleur envoyée par la lu-
mière zodiacale, et que l'influence de la
comète doit être réellement imperceptible
sur notre température.
CHIMIE APPLIQUÉE,
Du camphre et de ses applications médi-
cales et industrielles.
(Deuxième article, )
Proust a obtenu un seizième de camphre
del'huile volatile de romarin, un neuvième
de celle de marjolaine, un septième de celle
de saage, et plus d’un quart de celle de
lavande; celui qui voudrait répéter ce
Senre de recherchés ne doit pas oublier
que le romarin, ja marjolaine, la sauge et
la lavande, qui croissent à Murcie, four-
nisscpt des essences beaucoup plus char-
\
680
oces de camphre que celles de diverses
contrées d’une moindre température. L’ex<
position dans des vases applatis et à une
température de plus de 22° centigrades,
suffit pour obtenir le camphre des huiles
volatiles. On peut encore distiller ces huiles
au bains-marie, à quelques degrés au-
dessous de l’ébullition de Peau et jusqu’à ce
qu'il soit passé le tiers de l'huite, Dans l’un
et l’autre cas, le camphe se précipite sous
une forme cristalline et présente les divers
caractères qui distinguent cette huile essen-
tielle concrète.
Raffinage du carmnphre. — Tout le cam-
phre qui arrive en Europe vient de la
Chine ou du Japon ; nous ne nous occu-
perons que du raffinage de celui-ci. On
nous l’expédie dans des caisses ou dans des
tonneaux, à l’état brut; il est en masse
formé de petits grains gris ou roussitres,
humides, de saveur .âcre et d’une odeur
pénétrante, et mélé avec des débris de
paille et de bois; cette masse de camphre
brut est d’abord enveloppée dans une tresse
en paille de riz, placée d’abord dans un
petit baril, entermé lui-même dans un
tonneau recouvert de papier verni. On
conçoit combien sont nécessaires toutes
ces précautions pour exporter au loin une
matière aussi volatile,
Les Vénitiens sont Îles premiers qui aient
imaginé de rendre ce camphre beaucoup
plus utile, et pour les arts et pour l’art de
guérir, en le raffinant. L'opération qu’ils
lui firent subir dans ce but devint bien-
tôt le monopole des Hoilandais; car il n°y
guère qu’une trentaine d'années qu’on raf-
fine le camphre à Paris, et cependant le
procédé suivi en Hollande fut décrit long-
temps avant par Geoffroy, par Valmont de
Bomard et par Proust. Aujourd’hui nous
avons entièrement cessé d’être tributaires
des Hollandais pour le camphre purifié.
Nous devons citer ici M. Buran pére, de
Charenton, qui, le premier, a raffiné du
camphre à Paris et en a livré de grandes
masses au commerce; aujourd’hui, MM. Bu-
ran et compagnie, Bergerat-Letellier, à
Grenelle et Vaugirard, sont les fabricants
qui en raffinent le pius. Nous allons dé-
crire les procédés suivis dansla fabrique de
MM. Buran et compagnie à Grenelle.
Dans un atelier spécialement réservé au
camphre, on commence par pulvériser le
camphre en masse, et on le tamise afin de
le séparer des matières étrangères dont il
est mélangé. Quand ilest pulvérisé, on le
mélange avec une certaine proportion de
chaux vive pilée, proportion qui varie selon
que le camphre est plus ou moins humide.
On met ce mélange dans de grands baquets
bien joints, et on le remue de temps en
temps pour empêcher qu'il ne se prenne
en masse. Peu à peu il s’échauffe, la chaux
s’emparant de l'humidité renfermée dans
le camphre brut se combine avec une cer-
taine quantité de matière grasse qui im-
prègne plus ou moins le camphre brut.
On doit observer la plus grande propreté
dans tous ces apprêts; les balayures de
l'atelier où ils se font doivent être mises à
part, car nous verrons qu’on en retire en-
core quelque chose. On procède ensuite
au raffinage, on remplit jusqu'à l’ouver-
ture du col, des matras en verre blanc et
à fond plat de 4 à 6 litres de capacité. Ces
matras sont en verre très mince, égal par-
tout, et ne devant pas présenter des dé-
fauts. Avant de les remplir on les nettoie
s’ilssont sales,et on les faitsécher avec soin.
Quand on en a préparé un certain nombre,
681
on les dépose sur la galerie à raffiner, Il
est plus avantageux d'avoir un seul feu
pour chauffer plusieurs matras à la fois
qu'un feu séparé pour chaque. Dans le
premier cas, il faut de la part de l’ouvrier
plus de soin, le combustible se trouve mé-
nagé, et l'attention se trouve portée sur
tous les vases sublimatoires à Ja fois.
Le fourneau se compose d’un bain de
sable rond, formé d’une feuille de tôle
chauffée très également et maintenue par
une muraille circulaire en briques. Onétend
sur cette feuille de tôle, qui doit se trou-
ver à hauteur d'appui, une couche de sable
très sec et très fin, d’environ 9 millimètres
d'épaisseur, et on place dessus ies matras
en les étoignant Iles uns des autres de 81
millimètres : la galère peut en contenir
environ cinquante, Quand ils sont ainsi
rangés. on les recouvre entièrement de
sable cton allume le feu. La plaque de
tôle ne tarde pas à rouvir, et bientôt on
entend un bouillonnement général dans
chaque matras, le mélange commençant à
fondre. C’est alors qu'il faut de la part de
ouvrier redoublement de soinset d’acti-
vité; muni d’une petite tige en fer, il fait
jour un peu au mélange qui se trouve dans
le matras, afin de laisser un passage à l’ex-
cès de vapeur qui peut alors se former, et
qui, ne trouvant pas d’issue, ferait, par son
expansion, briser le vase. Si cet accident
arrive, on doit immédiatement enlever le
vase brisé et le remplacer par du sable
froid. Il faut toujours prendre garde à ce
qu’il ne se répande pas de camphre sur la
plaque de tèle, car le feu ne tarderait pas
à s’y mettre et se communiquerait à tous
les vases sublimatoires. Dans cette circon-
stance, il n’y a que le matras de perdu;
quant au mélange qu’il contenait, on le
met à part, avant de le distiller, dans un
appareil particulier sur lequel nous revien-
drons.
Quand le mélange est entièrement fondu
on découvre les matras, c’est-à-dire qu’on
enlève le sable qui les recouvrait, et on
adapte à l'ouverture un tampon ou mêche
en coton qui doit arrêter les vapeurs qui
s’échapperaient en pure perte dans l’atmos-
phère.
À partir de ce moment, l’ouvrier doit
veiller à ce que l’ebullition du camphre
ne soit ni trop lente ni trop vive. Dans
le premier cas, le mélange pourrait se
prendre en masse, geler, et il faudrait, pour
le refondre, employer du combustible qui
ferait marcher trop vite ceux qui ne sont
pas gelés. Autre conséquence : le point où
le mélange s'arrête en gelant, est marqué
par une ligne jaunâtre qui adhère au pain
de camphre, et qu’on a beaucoup de peine
à enlever : dans le second cas, quand le
mélange bout trop fort, il se fait sur le
pain qui commence à se former à la partie
supérieure et refroidie du matras, des
taches jaunâtres produites par les écla-
bousssures du mélange liquide de chaux
et de camphre brut; on a beaucoup de mal
à enlever ces taches, et comme elles sont
formées au commencement de la sublima-
tion, elles vont se trouver emprisonnées
par une nouvelle couche de camphre su-
blimé; une ébullitiontrop prompte entraîne
aussi quelquefois la perte du vase subli-
matoire, une grande quantité de liquide
se trouve perdue, et l’on court le risque
d’un incendie. Si le feu venait à se com-
muniquer aux matras, il n’y aurait pas
d'autre moyen à employer que de bou-
cher immédiatement chaque vase avec
682
un tampon en coton ou en étoupe, et à
jeter de l'eau dans le foyer; du reste, cet
accident est heureusement assez rare. L’o-
pération dure environ douze heures. On
s'aperçoit qu’elle est terminée lorsqu'il n’y
a plus au fond du matras qu'une couche
presque sèche, rougeûtre, formant des
inégalités.
Cette croûte constitue le culot; c’est un
mélange de chaux, de matières étrangères,
de matière grasse, d’eau et de campbre.
On retire les matras de dessus la galère,
en ayant soin de ne pas les pénétrer
s'ils contiennent encore du liquide, parce
que celui-ci salirait les pains formés. On
les dispose ensuite sur une aire en planche
dans une autre partie de l'atelier, ou en
plein air. On donne un peu de pente au
terrain, en réservant deux ou trois trous
bitumés dans lesquels s'écoule l’eau dont
on se sert pour arroser les matras, pour
les refroidir brusquement et en détaclier le
camphre avec facilité. Comme il arrive
quelquefois qu'il reste encore du liquide
bouillant au fond des matras, ceux-ci en
éclatant sous l'impression de l’eau froide,
le laissent échapper sur l'aire, et ce mé-
lange s'écoule dans les trous où il est facile
de le recueillir lorsqu'il s’y est fixé; on en-
lève ensuite les débris du verre, on détache
les pains, on sépare les culots, on nettoie
les pains en les grattant avec un couteau
quand ils sont tachés ou recouverts d’une
pellicule blanchätre.
Les pains de camphre sont demni-trans-
parents, hémisphériques, et percés d’un
trou correspondant au coldu matras; on les
enveloppe dans une feuille de papier bleu
ou violet, et on les livre ainsi au com-
merce de la droguerie, en caisses ou en
tonneaux.
Quant aux culots, verres cassés et dé-
chets de toutes sortes, on les distille dans
une chaudière en fonte munie d’une al-
longe communiquant à un récipient re-
couvert, ainsi que la chaudière d'un cou-
vercle luté.
Le camphre qui se sépare dans cette dis-
tillation a une texture écailleuse; il est
huileux et possède une odeur empyreuma-
tique très forte; on mélange ce camphre en
petite proportion avee le camphre brut, et
on ajoute alors une plus grande quantité
de chaux vive.
—"<e %E——
SCIENCES NATURELLES.
PATHOLOGIE.
Observations sur la transformation gan-
glionnaire des nerfs de la vie organique
et de la vie animale ; par M. Serres.
Je me propose, par cette communica-
tion, d'appeler l’attention des observa-
teurs sur une affection inobservée du sys-
tème nerveux de l’homme.
Elle consiste, cette affection, en une
transformation ganglionnaire générale des
nerfs de la vie de relation et de ceux de la
vie organique,
Les symptômes particuliers ne m'en sont
pas connus , par la raison que nous ne l'a-
vons rencontrée que sur le cadavre, et
deux fois seulement, à l'Ecole d'anatomie
des hôpitaux.
J'ai observé le premier cas en 1829 avec
M. Manec, chirurgien en chef de la Sal-
pétrière, et le second ces jours derniers
avec MM. les docteurs Pelit et Sappey, pro-
secteurs de notre amphithéâtre (1).
(1) Le premier de ces malades, âgé de 22 ou 2
683
Une circonstance cependant qui peut
mettre sur la voie des caractères qui lui
sont propres, c’est que les deux jeunes gens
sur lesquels nous l'avons observée étaient
morts des suites de la fièvre entéro-mésen-
térique (fièvre typhoïde).
Or, depuis que nous avons fait connai-
tre la fièvre entéro-mésentérique, on sait
que cette affection si commune et presque
endémique dans Paris, est précédée de lassi-
tudes dans tous les membres ; on sait qu’au
début des symptômes abdominaux, ces
douleurs sont quelquefois si-vives que les
malades s’en plaignent comme s'ils avaient
les membres contus ou brisés. On sait enfin
avec quelle lenteur les mouvements se ré-
tablissent dans la convalescence, pour peu
que la maladie ait été grave.
Ces prodromes constants de la fièvre en-
téro-mésentérique indiquent peut-être une
affection primitive du système nerveux
dans cette maladie si meurtrière? Peut-
être aussi l’altération particulière qui nous
occupe n’en est-elle que le plus haut déve-
leppement ? C’est un point de recherches
qui nous occupe en ce moment.
Quoi qu'il en soit, voici les caractères de
cette altération particulière du système ner-
veux périphérique.
Tous les nerfs de la vie de relation, ceux
des membres, de la face, les nerfs inter-
costaux et lombaires, sont parsemés dans
leur trajet d’une multitude de renflements
gauglionnaires ayant la forme et les carac-
tèves physiques extérieurs du ganglion cer-
vical supérieur de l'homme (2). Ce qu’il y
a de remarquable et ce qui doit être re-
marqué dans la direction présente des
études physiologiques dont le système ner-
veux est l'objet, c'est que les cordons pos-
térieurs des nerfs rachidiens en sont le
siége au même degré que les cordons anté-
rieurs. Du reste, les branches nerveuses
de communication d’un ganglion insolite à
l’autre paraissent intactes à l’œil nu.
Le nombre de ces ganglions est moins
grand sur les filets nerveux du grand sym-
pathique que sur ceux des nerfs de la vie de
relation; maisil est si considérable encore,
que son aspect général en est compléte-
ment changé.
Les nerfs qui vont former les plexus lom-
baires et sacrés, les grands nerfs sciatiques
et les deux pneumo-gastriques sont ceux
sur lesquels cette transformation ganglion-
naire est le plus prononcée.
À leur sortie du bassin par les échan-
cruressciatiqueset le long de la partie posté-
rieure des cuisses, les grands nerfs sciatiques
ont acquis le volume de lhumérus, et leur
surface extérieure est toute bosselée par
l'inégalité de grosseur desrenflements anor-
maux.
Les deux nerfs pneumo-gastriques ,
après s'être dégagés des trous déchirés pos-
térieurs, et dans leur marche le long du
col, et dans le thorax, ont un volume dou-
ble du grand sciatique normal; et cette
ans, était vitrier ambulant ; les renseignenients que
nous fimes prendre à son domicile apprirent qu'il
avait parcouru Paris, comme à son ordinaire,
quelques jours avant son entrée à l'Hôtel-Dieu, où
il était mort de la fièvre entéro-mésentérique. Le
second, du même âge, était décédé à l’hôpital Saint-
Antoine, des suites de la même maladie; àl était ou-
vrier en papiers peints, etil n'avait offert aucun symp-
tôme nerveux pendant son séjour à l’hôpital, qui
fut de quelques jours seulement.
(2) Ayant dorné aux ganglions nerveux le nom
de névroplastes dans nos recherches sur l'organogé-
vie, cette affection pourra être désignée sous celui
de névroplastie,
68%
grosseur ils la doivent au rapprochement
des nombreux ganglions qui se sont déve-
loppés sur leur trajet, et qui, au premier
aspect furent pris pour des hydathides par
MM. les docteurs Petit et Sappey, prosec=
teurs de l’Ecole d'anatomie.
Sur le jeune homme observé en 1829,
nous avons compté près de cinq cents gan-
glions insolites développés sur les radia-
tions du système nerveux périphérique ;
sur celui-ci le nombre en est encore plus
considérable.
Dans les deux cas, la structure de l'axe
cérébro-spinal n’offrait aucune trace d’al-
tération.
L'intégrité de l’axe cérébro-spinal au mi-
lieu de cette transformation ganglionnaire
générale du système nerveux est un ar-
gument qui s'ajoute à ceux fournis par
l’organogénie contre la structure ganglion-
née de la moelle épinière de l’homme et
des vertébrés, supposée par Gall. Si cette
opinion, déduite de l’analogie erronée de
l'axe nerveux des insectes, avait quelque
apparence de réalité; s’il existait une série
de renflements, même rudimentaires , à
l'insertion des nerfs spinaux sur la moelle
épinière, n'est-il pas vraisemblable que
ces renflements se fussent hypertrophiés
sous l'influence d’une altération qui a gan-
glionné toutes les radiations du système
nerveux périphérique? Or,en 1829, l’inser-
tion des nerfs spinaux à la moelle épinière,
examinée avec le plus grand soin, ne nous
a rien offert d’insolite ; il en a été de même
dans le second cas, quoique les branches
antérieures et postérieures aient été l’objet
d’un examen spécial. Cette recherche nous
a même montré un fait curieux, e’est que
les branches antérieures et postérieures , à
partir des ganglions intervertébraux jus-
qu’à leur implantation à la moelle épinière,
étaient presque ,exemptes de ces renfle-
ments insolites; il n'existait qu'une et ra-
rement deux traces de cette altération sur
les sixième, quatorzième, seizième, dix-
septième, dix-huitième racines postérieu-
rés du côté gauche, et sur le dixième et
douzième du côté droit. Des racines anté-
rieures, la sixième àgauche et la douzième
à droite offraient seules un léger renfle-
ment; et au contraire, à leur sortie immé-
diate de ces mêmes ganglions, les renfle-
ments devenaient si nombreux et si rap-
prochés, que le ganglion paraissait se
prolonger à plusieurs centimètres de dis-
tance. Cette disposition se remarquait sur-
tout à la sortie desganglions intervertébraux
qui correspondent aux renflements supe-
rieur et inférieur de la moelle épinière ; et
tous, à l'exception des onzième et ving-
tième à droite, des seizième et vingtième à
gauche, avaient acquis un tel développe-
ment, qu'ils se prolongeaient à la fois
vers la moelle et vers les branches périphé-
riques:
En rapprochant ce fait du nombre con-
sidérable de ganglions insolites, que pré-
sentaient les nerfs des membres, du vo-
lume qu'ils offraient jusque dans leurs ra-
meaux musculaires et cutanés, il nous a
paru que ces nerfs avaient emprunte au
S D ul
volume des ganglions normaux qu ils tra-
versent , une disposition à se ganglionner
anormalement.
Voici, au reste, comment ils pouvaient
être classés sous ce rapport:
1° Les nerfs des plexus sacrés et lom-
baires ; |
2 Les nerfs du plexus brachial:;
3 Le spinal et les deux nerfs pneumo-
1685
gastriques dans toutes leurs radiations ,
excepté le nerf laryngé supérieur qui en
était exempt ;
40 Les nerfs du plexus cervical,
5: Les nerfs intercostaux ;
. 6, Le nerf facial ;
7 L’hypoglosse ;
8 Les branches de la cinquième paire,
.et plus spécialement le nerf frontal, le lin-
: gual, le temporal profond : le ganglion de
: Glaser était intact ;
9 Enfin les nerfs de la deuxième paire,
: ceux de la troisième, de la quatrième et de
la sixième, qui seuls étaient exempts de
cette altération, avaient conservé leur
| structure normale ;
10° Le ganglion ophthalmique avait ac-
-quis néanmoins le double de son volume
ordinaire.
Quant au grand sympathique, les cor-
dons cervicaux offraient des ganglions in-
solites, et , ce qu'il y a de particulier, c'est
que le ganglion cervical moyen manquait
des deux côtés. Les quatre premicrs gan-
gliens dorsaux étaient, kypertrophiés. Le
grand splanchnique du côté gauche était
ganglionné, le droit ne l'était pas, el chose
digne de remarque aussi, c’est que le gan-
glion semi-lunaire gauche était presqu'à
| Pétat normal, tandis que le ganglion semi-
Junaire droit avait acquis le triple de son
volume ordinaire.
En détachant la moelle épinière, Îles
ganglions intervertébraux , les branches
intercostales, les plexus lombaires et sa-
crés, pour faire la préparation que nous
mettons sous les yeux de l'Académie, M. le
docteur Petit fit une remarque importante.
11 observa que la gouttière qui occupe le
bord inférieur des côtes , et dans laquelle
se logent les vaisseaux et nerfs intercos-
taux, avait augmenté de largeur etde pro-
fondeur. Cette augmentation de capacité
de la gouttière paraissait produite par le
volume que les ganglions insolites avaient
fait acquérir aux nerfs intercostaux.
Or, si cette dilatation de la gouttière os-
seuse a été le résultat de la dilatation du
nerf, il faut qu’elle ait été produite par
une action lente et longtemps prolongée;
ce qui porterait à croire que le début de
l’altération du système-nerveux est lui-
même ancien et non de formation récente.
L’inégalité de grosseur des ganglions dé-
veloppés dans le trajet d’un même nerf
viendrait encore à l’appui de cette asser-
tion.
Il y-a dans la science quelques cas de
névroplastie partielle, mais à notre con-
naissance il n’en existe pas dans lesquels la
transformation ganglionnaire des nerfs de
la vie organique et de relation aient été
observées simultanément. Quels sont les
symptômes de cette transformation géné-
rale du système nerveux périphérique? La
réponse à cette question intéresse au plus
haut degré la physiologie et la pathologie
du système nerveux de l’homme.
D'autre part, si ces renflements olivaires
| insolites des nerfs sont de véritables gan-
glions nerveux , comparables, soit à ceux
du grand sympathique, soit aux ganglions
intervertébraux,onconcoit que pour l’ana-
tomie l'intérêt n’est guère moindre.
Mais on conçoit aussi qu'avant de cher-
cher à résoudre ‘cette dernière question, il
est nécessaire de soumettre ces renflements
| aux expériences anatomiques et microsco-
Piques, qui seules peuvent fournir les élé-
ments de sa solution.
Le résultat de ces expériences , que nous
686
avons commencées, fera l’objet d’une nou-
velle communication. -
— D HP Eee —
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 12 nil
La Société a cru devoir tenir une séance
extraordinaire pour mettre toutes les af-
faires au courant, avant la tenue de l’as-
semblée générale qui aura lieu le 19 avril
prochain.
Au nom du comité des fonds, M. Baudon
de Mony annonce que ce comité et celui des
des arts chimiques sont d’avis d'accorder
l'allocation de 2000 fr. demandée pour le
prix relatif à la falsification des alcools pro-
pres à l'éclairage, pouriles soustraire à la
fraude et aux droits du fise sur les alcools
potabies. Le conseil adhère à cette propo-
sition.
Le comité des arts économiques, par
l’organe de M. Herpin, fait un rapport sur
les marbres artiñciels exécutés par M.Mau-
rin. Les éloges que mérite ce genre d’in-
dustrie sont dignes de l'approbation de la
Société ; le conseil y donne son consente-
ment ; le rapport sera inséré au Bulletin.
On lit pour äl. de Lambel, au nom du co-
mité des arts mécaniques, un rapport sur
l’armature de frein dynamométrique de
M. Martin et Reymondon. A l’aide de cette
ingénieuse invention le dynamomeètre est
rendu propre à mesurer des forces huit
fois plus considérables : le dynamomèlre
qui mesure jusqu’à cinq cents kilom, peut
en mesurer quatre mille.
Au nom du même comité, M. Olivier fait
un rapport favorable sur un nouveau com-
pas à ellipse de M. Volowitz. Il y a un
grand nombre d'instruments destinés à
tracer ces courbes. Celui de M. Volowitz
est remarquable par la’faculté dont il jouit
d’être très facile à manœuvrer, et de pou-
voir tracer des ellipses dont les axes sont
très peu différents, ce que ne pouvait faire
aucun des instruments de ce genre.
Les détails de ces deux dernières ma-
chines ne peuvent être compris sans le se-
cours d’une figure : mais l’approbation que
le conseil a accordée sera justifiée par l’in-
sertion au Bulletin de la Société, où les
instruments seront décrits et figurés.
M. Olivier fait un rapport sur des figures
en carton propres à donner les reliels de
certains corps géométriques, afin d’en
faire bien concevoir les formes par les jeu-
nes étudiants. Ce sont des cartons minces
coupés à mi-épaisseur selon diverses lignes
droites, et susceptibles d’être pliés dans ces
coupures qui font fonctions de charnières.
Alors, les pièces se trouvent assemblées en
forme de prismes, pyramides , polyè-
dres,.etc., tous développables, et pouvant
s'étendre sur un plan. Le conseil approuve
cette entreprise de M. Dupin, ingénieur,
en faisant remarquer que depuis longtemps
M. Cowlen,en Angleterre, et M. Marie,
en France, ont publié des traités de géo-
métrie où ces sortes de figures ont été em-
ployées, et que les représentations en pier-
res ou en bois sont préférables, comme
ayant plus de durée et se prêtant mieux à
montrer les interjections des corps par des
plans.
Le même rapporteur expose avec de
grands éloges les détails d’une machine à
écrire pour les aveugles. A l’aide d'une in-
génieuse disposition , de petites tiges mo-
687
biles, aigues à un bout et portant un bou-
ton à l’autre, percent tour-à-tour une
feuille de papier qui se meut sur un tam-
bour ; on pousse ces tiges en appuyant les
doigts sur le bouton, comme sur un cla-
vicr. Les empreintes laissées sur le papier
forment ainsi des lettres ponctuées à jour,
qu’on lit facilement, et que l’aveugle qui
les a tracées peut aussi lire par le toucher.
Le conseil accorde son approbation à cet
instrument qui sera décrit et figuré aw
Bulletin.
Au nom du même Comité, M. Vauvil-
liers fait un rapport favorable sur un sys-
tème de barrage mobile imaginé par M.Thé-
nard , ingénieur des ponts et chaussées, Sur
le bord horizontal d’un barrage en ma-
connerie qui ne s'élève qu’à la hauteur de
l’étiage, sont dressées des hausses verti-
cales, qu'on peut rabattre à l’aide de char-
bières horizontales, par un mécanisme
très simple. Alors ces hausses qui for-
maient un barrage en travers de la rivière
et retenaient les eaux, les laissent passer,
ainsi que les bateaux qui veulent descendre
ou monter. Il s’agit ensuite de redresser
les hausses pour reformer le barrage, ce .
qui serait très difficile à cause de la pres-
sion exercte par le courant; quoique le
barrage soit divisé en plusieurs portes sé-
parées les unes des autres, la force néces-
saire pour faire ce redressement, en onpo-
sition à la pression des eaux, exigerait une
puissance qu'un seul éclusier ne pourrait
développer, même avec le secours de
treuils. Mais M. Thénard place en amont
une semblable série de hausses, qu’il ap-
pelle contrehausses, qui rabattues sur le
sol tendent à se relever sous l'effort du
courant , qui les attaque en sens contraire
des hausses d’aval. Rien n’est plus aisé
donc que de relever toutes ces contre-
hausses, quand on veut refaire le barrage.
Alors le courant arrêté par elles, permet
de redresser les hausses d’aval : le barrage
ainsi rétabli par deux rangs à peu près pa-
rallèles de hausses verticales, l'eau qu’on
laisse revenir entre eux presse les deux
faces du barrage d’amont avec une puis-
sance peu différente, et il est facile de
rabattre toutes les contre hausses. L’expé-
rience a prouvé que quelques minutes suf-
fisent pour que l’éclusier puisse seul faire
toute cette manœuvre. Cet ingénieux sys-
tème est hautement approuvé par le con-.
seil; il sera décrit et figuré au Bulletin.
FRANCOEUR.
a. RE LE
AGRICULTURE.
ÉCONOMIE RURALE,
Nourriture des mouions avec «a païn.
Le cultivateur rapporte une expérience
faite par M. le compte Hermann de Loka-
telli, dans le but de remplacer le foin par
du pain pour la nourriture des moutons.
Privé par la sécheresse d’une partie con-
sidérable des produits de ses prairies,
cet agriculteur fit mettre ses brebis à
une ration qui consistait en 1/3 de litre
d'avoine et 0kil,140 de foin seulement par
jour et par tête. En même temps, il fit ex-
traire de son troupeau 56 brebis portières,
qu'il fit nourrir, pendant une espace de 40
jours, avec une sorte de pain qu'on leur
donnait une fois par jour, à midi, coupé en
morceaux cubiques et mêlé avec de la paille
hachée.
Le pain destiné aux brebis fut préparé
688.
pendant les 40 jours qu'a dure cette expé-
rience avec les produits suivants :
4h.61 de seigle,
5 ,00 de pomme de terre,
et 52 bourrées pour chauffer le four.
Avec ces matériaux on a préparé 527
kil,500 de pain, qui ont été divisés en
2,240 rations : ce qui fait par jour et par
tête 0 kil,235 de pain.
Ces produits employés à la panification
ont coûté, au prix du marché, savoir :
4h,61 de seigle à 4 2F 50c l’hect. 57 60
5 ,00 pommes de terre à 4f40c.22 »
52 bourrées à 13f 04c. . . . . 430
Main-d'œuvre pour râpage des
porumes de terre et cuisson
da pains dei RUN RNS. 620
Total des frais 102 10
Ainsi chaque kil. de pain est revenu à
0$18c,33m environ, et chaque ration à
0f,04c,66m.
Si lon compare maintenant, dansles cir-
constances indiquées ci-dessus, le prix de
cette nourriture avec d’autres modes, et
que lon cherche de quel côté a été l’avan-
tage, on trouvera :
1° Nourriture avec l’avoine brute et le
foin. Dans ce mode, les brebis recevaient
433 de litre d’avoine et Okil,140 de foin seu-
lement. La consommation a donc dû être
pour 36 têtes pendant 40 jours :
Avoine . 7,50 hectolitres.
Foin . . 5,14 quint. métriq.
Ces quantités, évaluées en argent au prix
du marché, ont cnûté :
7h,50 d'avoine à 10f 50c l'hect. 78 76
3 ,14 quint. métr. de foin à 12f. 37 68
Fotal des frais 116 43
2° Nourriture au foin seul. Dans ce
mode d'alimentation, les brebis auraient
été affouragées avec Okil,500 par tête et
par jour ce qui aurait fait pour 96 têtes pen-
dant 40 jours, 11,20 quintaux métriques,
qui, au prix de 12f le quintal, donnent un
total de 131f 40c.
En comparant les trois résultats ci-des-
sus, on voit distinctement que, par suite
de la rareté du fourrage, il y a eu, avec la
nourriture au pain de seigle ct de pommes
de terre, une éconoinie
de 14f 33c sur celle à avoine et au foin,
et de 32 20 sur celle au foin seul.
Voici coinment M. de Lokatelli défend les
avantages de ce nouveau mode de nour-
riture:
Lorsqu'on a comparé les animaux qui
ont été soumis aux trois régimes que nous
venons d'indiquer, on a remarqué au pre-
mier coup-d’œil que les brebis portières,
nourries au pain, avaient une meilleure
apparence, et se trouvaient dans un état
de santé plus ferme et plus satisfaisant que
celles qui avaient suivi les deux autres ré-
gimes; et, au moment de l’asnelage, on a
remarqué que les agneaux des premicres
brebis étaient plus pesants que ceux des
autres bêtes du même troupeau.
Quant à l'influence de Palimentation au
pain sur les organes digestifs, elle a été très
favorable : en effet, le pain, quand on le
rapproche des fourrages, dont les tiges li-
gneuses exigent une réaction fort éner-
gique de la part des organes digestifs, est
comparativement une matière alimentaire
bieu plus délicate, bien plus douce et lé-
gère et d’une assimilation bien plus facile ;
en outre, sa qualité peut être plus con-
stante, et par conséquent plus agréable
aux organes des animaux que ne peut l'être
le foin qui, par des circonstances multi-
689
pliées dépendantes des localités du mode
de dess.ccation et de conservation, peut
présenter des qualités extrêmement va-
riables.
On peut être disposé à croire que le pain
donné dans la quantité énoncée ne leste ou
ne remplit pas assez l'estomac des ani-
maux; mais J'ai cherché, sous le rapport
du volame ou du poids, à y suppléer et à
satisfaire à cet égard au besoin de mes bre-
bis, en leur distribuant de la paille en
aussi grande abondance qu'elles pouvaient
en consommer.
J’ajouterai ici que je crois être autorisé
à dire que le pain me semble la matière la
plus convenable pour y allier des médica-
ments, et pour faire prendre ceux-ci aux
animaux, pour cela, il n'ya qu'à mélanger
les drogues médicamentenses avec de la
pâte de la farine an moment de la prépara-
tion du pain.
On présumera peutêtre que les avan-
tages du mode d'alimentation dont j'ai fait
l’essai pour les moutons, sont dûs :sans
doute uniquement au prix élevé des four-
rages à l'époque ou j’ai fait cet essai; mais
tout imparfaites que soient encore ces expé-
riences, et malgré cette circonstance, j'ose
. Cspérer qu'il n’en est pas ainsi; que je trou-
verai des imitateurs qui soumettront à des
épreuves plus décisives les bons résultats
que j'ai obtenus, qui suppléeront à ce qui
manque à mes expériences et les rendront
plus concluantes.
Comte HERMANN pe LOKRATELLI.
4
ANIMAUX DOMESTIQUES.
Société vétérinaire des départements de
l'Ouest.
Concours ouvert pour un prix relatif à la phthisie
pulmonaire sur le gros bétail.
Dans les pays où l'on élève un grand
nombre de bestiaux , l’une des maladies qui
exercent le plus de ravages sur le gros
bétail est sans contredit la phthisie pulmo-
uaire, et le vétérinaire est fréquemment
appelé à traiter cette affection, où à se pro-
noncer sur Son existence ou sa non-exis-
tence pour le cas de rédhibition.
Il lui importe donc de pouvoir porter
à l'examen des malades un diagnostic cer-
tain , facile sans doute, lorsque la maladie
est ancienne, mais demandant, lorsqu'elle
est récente, beaucoup d'habitude et de sa-
gacité de la parti de l’expert ou du médecin.
La Société, afin d'appeler lattention
des médecins vétérinaire sur une affection
qui se rencontre à chaque pas dans la pra-
tique , a décidé de mettre au concours l’é-
tude et le traitement de celte maladie.
Programme. — La Société vétérinaire
des départements de l'Ouest décernera,
dans sa séance du mois de novembre 1843,
à Augers,une médaille d'or du prix dedeux
cents francs À l’auteur du meilleur mé-
moire ayant pour objets : 1. Les moyens
de reconnaître la phthisie pulmonaire dans
l'espèce bovine à ses diverses périodes; 2.
les moyens curatifs à mettre en usage, sui-
vant les diverses phases de la maladie ; 3.
l'application de ces connaissances au cas
- de rédhibition.
Les mémoires devront porter en tête une
sentence où une devise, qui sera répétée
sur un billet cacheté contenant le nom et
le domicile de l'auteur.
Ils seront adressés, francs de port, avant
le { octobre 1848, à M. Corroy, président
de la Société, à Angers.
—— HN Ge 2———
690
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCIHÉOLOGIE.
Le cabinet d'antiquités de M. Comarmond,
à&°Eyon,
M. de Comarmond n’est pas seulement
un savant archéologue, c’est aussi un de
ces hommes qui se donnent tout entiers à
leurs études de prédilection, consacrent à
la fois temps, repos et fortune pour en-
richir la science par de nouvelles décou-
vertes. M. de Comarmond a rassemblé des
riches débris de toutes les époques et de
toutes les civilisations. Sa collection est un
musée complet. Pour en faire apprécier
la richesse à nos lecteurs, nous ne croyons
pouvoir mieux faire que de reproduire un
article publié par M. Ernest Falconnet,
dans le journal d’agriculture, sciences et
arts, de l’Ain : à
« Ce cabinet renferme les antiquités de
plusieurs peaples, des antiquités de toutes
les dates, de, toutes les formes, de tous les
usages. Les épnques. barbares ou civilisées
y sont tour .àrtoar représentées par leurs
produits. M. Comarmond s’est surtout oc-
cupé de réunir des séries, en sorte qu’il
peut écrire par les monuments réunis,
l’histoire de l’art, de ses formes, de ses pro-
grès, de ses décadences. Il s’est ainsi con-
stitué ane collection d’études, à l'aide de
laquelle on suit pas à pas le développement
des civilisations matérielles.
» Ceite collection, composée de buit
mille pièces, embrasse une longue suite de
siècles et de nations diverses, les Celtes, les
Égyptiens, les Grecs, les Romains et les
peuples du moyen-âge jhsqu'au siècle de
Louis XIII. A côté des stèles de l'Égypte
qui n’ont pas encore été déchiffrées, des
scarabés chargés d’hiéroglyphes, des mo-
mies encore enveloppées de leurs bande-
lettes de lin, se voient des statuettes grec-
ques et romaines de la meilleure époque, le
bouclier du maréchal St-André, orné de
bas-reliefs en ronde bosse, des médaillons
de Benvenuto Cellini, des vasses de Bernard
de Palissy, et les plus beaux émaux de
Limoges. :
» Tous les genres de matières ont été
également accueillis : le bois, l'argile, la
pierre, le verre, l'émail, les métaux, les
substances animales. La pensée qui a pré-
sidé à cette réunion savante et artistique,
s'est bien gardé de proscrire un objet rare
parce qu'il ne plaisait pas toujours à l'œil.
Elle en a compris l'intérêt et luï a assi-
gné la place importante qu’il devait oc-
cuper.
» Ainsi la série des monuments en bronze
se compose de plus de douze cents pièces.
» Les objets ou vases antiques en verres
sontau nombre de trois cents.
» La céramique en compte plus de sept
cents, et celle des bijoux plus de deux
cents.
» Le médailler renferme plusieurs mil=
liers de médailles d’or, d'argent, grand |
bronze. :
» Quinze cents.pièces égyptiennes, des
coupes et des vases somptueux, une bra-
zière en bronze destinée à chauffer un
proscenium, des ossuaires, des bustes, de
petites statues en marbre, complète cette
collection.
» N'oublions pas les colliers avec lesquels
on attelait les panthères pour les conduire
aux bacchanales. Et sigralons surtout;
entre les objets les plus remarquables, un
manuscrit orné de vignettes peintes à la
91
nain sur fond d'or. Je n’en ai vu aucun
ilus-beau ! Les heures du roi René, à Aix,
a bible de Moulins; lesmanuserits les plus
sarfaits de la bibliothèque Richelieu ne lui
sont pas supérieurs. Aussi sa valeur a-t-elle
ïté jugée considérable par tous ceux qui
nt été admis à l’examiner.
» Enfin je vous dirai tous bas qu'il s’y
trouve un musée secret dans le genre de
“:elui de Naples, et qui indique à quel de-
ré de perversité était parvenue la civilisa-
| ion antique.
d » Dans cette réunion des divers objets,
: “émoins de lépoque romaine, nos ruines
“lIzernore, si souvent exploitées et cepen-
Hant si riches encore, devaient fournir leur
tribut. Les anciennes fouilles dirigées en
1M1784, par MM. Prost, Molinard et Riboud,
hvaient amené la découverte d’une salle de
baïns, et d’une salle publique ornée de
radins en marbre. Des mosaïques et des
.nurailles peintes à Ja fréfque avaient pré-
|édemment excité l'attébtiün des antiquai-
res: onétait sur la tracé d'une entière re-
constitution romaine du temple. La science
Mroyait pouvoir affirmer son origine et sa
“Mlate. La découverte de plusieurs médailles
je la ville de Nîmes, faite en 1807, vint
changer le cours de ses suppositions : mais
IMla science ne se trompe jamais; elle a des
“iéponses prêtes pour toutesles difficultés,
4 La science répondit qu'Izernore était une
T4
|co‘onie de Nimes, ou que du moins elle
“avait été fondée comme Nimes elle-même,
MMpar une de ces nombreuses émigrationsque
‘les Phocéens, peuple léger et aventureux,
enfants perdus de la Grèce, avaient diri-
zées sur la Gaule. Un grand bronze, repré-
sentant l’apothéose d’Auguste, trouvé avec
d’autres médailles en 1813, et le petit doigt
de la main gauche d’une femme, fragment
«de bronze qui fait supposer que la statue
“avaitau moins huit pieds de hauteur, dé-
“couvert en 1825, complètent avec des dé-
“bris d'architecture, des chapiteaux, des
fûts, des troncons épars de l’ordre corin-
thien, l’'énumération des antiquités enfouies
}et retrouvées dans ces ruines. Il est diffi-
| cile cependant de ciréonscrire d’une ma-
| nière précise la nature'et la quantité de ces
| objets. Il en est qui ont été remis dans des
cabinets aujourd'hui dispersés comme celui
\de M. Chapuys, d’autres ont été recueillis
‘“ par des habitants voisins, d’autres enfin
ont été perdus. Un centre commun, un
“ point de réunion, un cabinet d’antiquités
‘nationales manque à notre pays. Ce n’est
‘point chose indifférente et qu’il faille trai-
ter avec légèreté que ce sentiment naturel
à tout homme qui lui fait désirer de con-
| naître ses ancêtres et de se montrer digne
d'eux. Les ancêtres de notre pays ne se
connaissent que par l'histoire du pays, et
. cette histoire écrite, par des ruines sur le
sol et souvent dans le sol, ne peut être dé-
chiffrée et écrite par les hommes patients
pare,
Re pu
]
et instruits qu'à condition qu'il leur sera
| accordé encouragement etappui dans leurs
. travaux. L'encouragement le plus utile, le
ll Plus digne dé notre ville, ce serait la créa-
4 tion d'un cabinet d’antiquités. On y réuni-
. rait à peu de frais les inscriptions tumu-
| laïres où monumentales signalées par Gui-
| Chenons, MM. de Moyria et Bruant, les
tombeaux, les cippes, les statues, les au-
| tels, épars cä et là et dont les blocs de pierre
servent à soutenir les coins des granges, à
| faire des abreuvoirs, ou à compléter les
| margelles des puits (1).
Ë
f
| Bugey.
(1) A Matafelon et dans plusieurs villages du
692
En attendant ce jour, qui se fera proba-
bl:ment toujours attendre, de la fondation
d’un cabinet désiré par les amis de la
science, indiquons les objets provenant de
otre département et possédés par M. Co-
marmond :
1. Trouvés à Izernore. Plusieurs bassins
en bronze d’un demi-mètre de circonfé-
rance : l’un d’eux contenait plusieurs cen-
taines de médailles en argent depuis Géta
jusqu’à Posthume, plusieurs têtes de fem-
mes : Livie, Julie, etc. L'un de ces bassins,
auxquels était adaptée une anse mobile,
était en outre orné de moulures. Ces bas-
sins semblent destinés à un usage domes-
tique. Les médailles forment un petittrésor
déposé et caché en temps de guerre, de
même que nos paysans, sous Ja république,
ont souvent enfoui leur argent dans -des
marmites et sous la plaque de leurs foyers.
Un grand nombre de pièces datent de Gal-
lien.
2. Sur la rive drorie du Khône, à la hau-
teur de la Balme, des contrepoids, des
hastes en bronze, des bracelets celtiques,
une faucile celtique. origine celtique est
parfaitement indiquée dans ces divers objets
par la nature du travail. Ils ont été trouvés
avec des masses de bronze, des débris et des
ruines annonçant sur les lieux une an-
cienne fonderie.
3. Sur la rive droite du Rhône, près
Loyettes, deux plaques de bronze incrus-
tées d'argent, ayant servi d'ornement à
l’enharnachement des chevaux. De travail
gallo-romain.
4, Dans le Valromay. — Un Jupiter
gaulois, vêtu du sugum. £tatuette en
bronze.
5. Aux environs de Pont -de-Veyle. —
Ua très bel anneau en or, d’une grande va-
leur; il porte une cornaline, vieille roche
sur laquelle est gravée une tête d’Antinoüs,
du style le plus pur. Le contour est de la
plus exacte précisio:: : on peut dire ce tra-
vail magnifique.
6. Prés de Pont-de-P'aux.— Petit os-
suaire en bronze, sur ses parois sont quatre
génies en relief; ce vase est curieux et d’un
style tout particulier.
7. Près de Pont-de-Faux.— Un ossuaire
ou urne funéraire en verre, d’une jolie
forme. — Un verre à boire, en argile
rouge, recouvert d'ornements en relief,
8. Plusieurs débris d’ustensiles en bronze,
en terre, un nombre considérable de mé-
dailles trouvées dans le département, sur-
tout dans le Bugey.
Tel est le cabinet de M. Comarmond.
Celte rapide analyse n’a pu en donner
qu’une idée incomplète.
M. Comarmond s’est décidé à admettre
le publie dans la connaissance intime de sa
collection, Il va publier une description
raisonnée des pièces qui la composent.
Conservateur des musées archéologiques
de Lyon, il pouvait mieux que tout autre,
par cette position, par ces études spéciales,
expliquer l’origine, l’usage, la date, le de-
gré de perfection, des antiquités au milieu
desquelles il a toujours vécu. .
Cette publication, renfermant deux vo-
lumes de texte et un volume de planches
in-4°, comprendra l'explication de plu-
sieurs milliers d’objets que M. Comarmond
a d’abord divisées par peuples et par clas-
ses, et ensuite en autant de sous-divisions
qu'il y a de matières différentes. Quant
aux dessins, on a dû se borner à faire
choix des plus remarquables; des pièces
d’abord réputées uniques ou inédites, puis
693
de celles qui se distinguent par l'élégance
ou la bizarrerie des formes. On a cru de-
voir aussi reproduire, par la lithographie,
quelques débris savants, quelques objets
rares qui rappellent des usages ou signa-
lent des époques importantes dans l’his-
toire.
Chaque chapitre sera précédé de consi-
dérations générales sur la nature des objets
qui composent la série. C’est ainsi que se
trouvera ‘traitée une question toute nou-
velle, celle de la robe antique qui enve-
loppe plus ou moins les objets découverts.
Dans celte dissertation sont indiqués les
moyens de reconnaître l'authenticité de
certaines pièces et de constater les pro-
cédés à l’aide desquels on-a essayé de don-
nér à certains monuments un aspect an-
tique.
En rendant compte du cabinet de
M. Comarmond, j'ai voulu non seulement
signaler les objets qui ont été trouvés dans
notre pays, mais encore faire connaître le
travail utile et complet que ce savant se
propose de publier.
Ernest FALCONNGT.
GÉOGRAPHIE.
Extrait des Souvenirs de Foyage dans l'Éta-
lie septentrionale.
Venise au milieu de l’eau, manque d’eau
potable! dans beaucoup de maisons on re-
cueille les eaux pluviales ; des citernes sont
creusées dans les cours , au milieu des pla-
ces publiques, où chacun va puiser.
Les eaux du ciel sont justement estimées
dans bien des localités, elles se conservent
pures, fraîches, selon les soins apportés à
construction des citernes, la propreté et les
précautions que l’on prend pour les rem-
plir. À Venise, on se contente le plus sou-
vent de revêtir le creux, d’une épaisse cou--
che d'argile, qui empêche la déperdition
de l’eau douce et la salure qui pourrait
provenir des boues et des sables des lagunes,
au milieu desquelles s’élèvent les îles de
maisons ; si cet enduit est mal fait, ou se
détériore, l'infiltration gâte l’eau nécessai-
rement. Ainsi, à Venise, il ÿ a des citernes
plus ou moins réputées : celle de la Piaz-
zale, à Y' Arsenal, fournit de l’eau très bonne
et très fraîche; ailleurs, il y en a qui ne
peut servir que pour arroser et laver. Gé=
néralement on employe l’eau de citerne à
différents usages domestiques, mais on pré-
fère, comme boisson, l’eau de fontaines’ou
plutôt des rivières du continent, que des
barques charient continuellement dans de
grandes cuvés, et que des porteurs ou des
porteuses d’eau colportent dansles maisons.
Un puits artésien suffisamment profond,
correspondrait vraissemblablement avecles
couches de terrain qui contiennent desfilets
d’eau dans les environs de Trevise et de Bel-
lune, peut-être même avec les sources qui
alimentent les fontaines de Trieste? mais
cette entreprise que le gouvernement seul
devrait tenter, pourrait être longue et coû-
teuse, quoique son succès me paraisse pro-
bable, surtout depuis la découverte récente
de M. Casoni, ingénieur-hydrographe de
l’Arsenal, que je vais faire connaître.
Dans certaines excavalions que ce savant
avait fait faire pour ses travaux hidrauli-
ques, il avait observé des filets d’eau qui
u’était point salée comme l’eau de la mer.
Perdait-elle une partie de sa salure en se
filtrant dans les terres, ou bien était-
ce de l’eau douce qui se mélangeait avec
l’eau salée? C’est ce qu'il a voulu résoudre.
694
XI fit faire un creux dans une vigne, au
milieu de l'ile Sar-Pietro di Castello, qui
dépend de l’Arsenal. Des filets d'eau qui
suintaient des parois le remplirentassez vite,
et cette eau sans être bonne à boire, n’était
pas à beaucoup près salée comme celle de
la mer. M. Casoui, eut alors l’idée de vider
son puits avec des pompes, et de goûter sé-
parément l’eau qui y arrivait à diverses pro-
fondeurs ; il trouva qu'à 2,56 mèt. C'était
la plus douce et Ja plus abondante en même
temps. M. Bixio, chimiste distingué de Ve-
nise, constata qu’elle ne contenait rien de
nuisible à la santé, et M. le docteur Antoine
Galvani, qui l’analysa plus tard, partagea
la même opinion.
Ces messieurs étaient tous au congrès de
Padoue , M. Casoni communiqua sa décou-
verte à la section de physique, chimie et
mathématique, le 26 sept., et le lendemain
à la section de géologie et de géographie.
Elle datait alors de près de quaïre mois ;
l'eau continuait à couler aussi abondam-
ment et diverses personnes en avaient fait
usage, sans le moindre inconvénient.
J'étais trop proche de Venise pour ne
pas désirer de connaître cette ville extraor-
dinaire avant de retourner en France, et
beaucoup de scienz'ati profitèrent de la
même occasion. J’allai en compagnie de
MM. les professeurs Majocchi de Milan,
Massoti de Pise, et Geromini de Crémone,
visiter l'arsenal si grand, si plein de souve-
nirs de la très puissante république véni-
tienne! J'en parlerai plus tard M. lingé-
nieur Casoni nous accueillit, nous fit tout
parcourir avec détail, et nous condaisit en-
suite à sa source. Nous goulâmes de ses
eaux quenoustrouvämeslimpides, fraîches,
sans le moindre goût de sel, et réellement
potables, même pour des personnes préve-
nues.
Le creux est à 12 mit. à l’est des caser-
mes de San-Pietro , et M. l'ingénieur nous
dit qu'il était à 123 du canal qui sépare
cette île de l'arsenal ; à 94 mêt. des lagunes
du côté opposé, et à {80 mèt. des extrémi-
tés N. et S. de l'île. Nous vérifiâmes ce qu'il
avait aunoncé, qu'après 1,07 mèt. de boune
terre végétale, elle se trouvait mélangée de
coquilles, de végétaux décomposés ; qu'il ÿ
avait dessous du sable marin, puis du sa-
ble et quelques coquilles, puis un conglo-
mérat de sable et d'argile, et que ces di-
verses couches avaient ensemble 1 mèt,
d'épaisseur, et correspondaient à la haute
et à la basse mer : plus bas se trouvaient du
sable mêlé de coquilles, du sable pur, et
enfin du sable avec de la boue de marais,
formant ensemble 0,57 mèt.; ensuite une
couche épaisse de 0,62, toutede cette boue
reposant sur des débris de bois de pins,
qu'ou reconnaît à la texture des fibres et
aux cônes qui s’y rencontrent.
Des observations analogues , faites sur
le littoral au N. de Venise, près du fleuve
Sile, et plus au sud, vers les bouches du Po,
Librairie médicale de Me V: HILDEBRAND , 45, ruè de l’École-de-Médecine.
695
dans la Romagne, à la Mezola; aux Mar-
giues, près de Ravennes, sembleraient prou-
ver à notre habile ingénieur l’exhausse-
ment de la mer Adriatique , soutenu et nié
par divers géologues... En attendant que
ce problème soit résolu , revenons près de
la source qui n’en est plus un. Je crois
qu’elle provient du continent, qu'elle tend
à s'élever à son niveau , en se chargeant
plus ou moins des principes salés des cou-
ches qui forment les îles de Venise, et qu’au
milieu des plus grandes un puits foré, garni
de tubes, la préserverait. M. Casoni m'a
écrit qu'il continuait à creaser son puits,
qu'il a tracé plus exactement la nature et
l'épaisseur des diverses stratifications du
terrain, dont il a joint la coupe à sa lettre.
qu’il a fait faire d’autres ouvertures dans
la même vigne , à diverses distances, que
l’eau était bonne dans les plus rapprochées
de la première, et plus où moins salée dans,
les paits voisins de la mer. 11 se proposait
d'étudier si la pression de la mer pendant le,
flux et le reflux est sensible sur l’écoulement
des eanx , ainsi que le célèbre Arago l’a
observé dans d’autres fontaines et dans
quelques puits artésiens. Quant à la quan-
tité d’eau écoulée dans un temps donné ,
elle lui paraît la même, mesurée l’été
passé, ou depuis les dernicres pluies, et il
ajoute queceux qui ont continuéd’en boire,
et lui-même, s’en trouvaient fort bien.
M. Cassoni estconvaincu quesa découverte
peut devenir réellement avantageuse à son
pays, c'est tout ce qu'il souhaite; je suis
persuadé qu’elle sera appréciée par les sa-
vants et c'est dans ce but que je lui ai pro-
mis de la publier en France.
(Le baron Dp’Homsres-Frruas,
membre corresp. de l’Institut, etc).
LE ]
Le Rédacteur-Gèrant :
C.-B. FRAYXSSE,
FAITS DIVERS.
— Nous recevons de M. Deleuil la lettre
suivante.
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous donner avis que
j'ai monté une fabrique en grand de piles
en charbon de Bunsen, depuis le jour où
cette pile a été présentée à J’Académie des
Sciences, par M. Reiset : c’est vous annon-
cer, Monsieur, que ma fabrique esten pleine
activité.
Je ne ferai pas ressortir l'avantage de
ces appareils sur les autres de ce genre; il
me suffira de vous dire que tous les phy-
siciens et chimistes se sont prononcés en
leur faveur.
La dimension de mes éléments en char-
bon, tout en leur conservant la forme vou-
lue , est double de celle des éléments qui
ont fonctionné devant l’Académie des Scien-
ces et dans les établissements publics de
ANNALES
vL ANATOMIE: 1 PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
Poouéxs rar J.-B PIGNE.
Conservateur du Muséum DUPUYTREN,
Awcien secrét. et Vice-Présicent de la Socitiè Analomique.
Ces Annales, publiées sous la forme d'un journal mensuel, formeront un tout complet,
dans lequel sera réuni tout ce qui a troit au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo-
sique ; une Iconographie d'une exécution parfaite, retraccra les types de chaque altération;
es médecins y trouveront la représentation des faits importans Conservés dans le Mustuu
Duruyrnen. Le conseil de santé des armées a approuvé cette publication en la faisant plecer
Chaque mois uneli-
vraison de 40 pages de
texte in-4°, de 2 plan-
thes noires oucoloriées,
suivant le sujet,
daas lesbibliothéques des hôpitaux militaires.
prix: Paris 25fr.
Départ.28 »
Etrang. 32 »
on nerecoit queles
lettres affranchies.
Librairie de MEIRMAC, cloître Säint Benoît, {0.
698
Paris (1). Un seul de mes couples peut-dé:
composer l'eau, tandis qu'il en faut deux
de l’ancien modèle pour arriver au même
résultat. 3
102 5h 91 il
Malgré ces avantages, j'ai fixé le prix de:
chacun des couples à 4 fr.
Je suis dès à présent en mesure de preni-
dre les commandes qui seront exécutées
dans un bref délai , d’après les modèles que
j'aurai honneur de mettre sous vos yeux:
Pour distinguer mes piles de celles de
mes confrères, chaque vase qui les contien-
dra portera : Deleuil à Paris.
Je vous annonce en même,temps que jé
suis chargé de la fabrication ;dé d'appareil
électro-chymique que M. Delarive;:a pré-
senté à l’Académie des Sciences ,.dans la
séance du lundi 17 avril.
J'ai l'honneur d’être, ete.
Dereuz, rue du Pont-de-Lodi,.8.
BIBLIÔGRAPHIE.
DES GARANTIES réclamées dans les carrières
administralives-pôuf corcilier l’intérél du service
public et celui des employés; parM.%. CM
Brochure :n-8° de deux feuilles. À Paris, au bu=
reau des Annales foreslières. — Il y a plus sou-
vent des choses bonnes et utiles dans un petil livre
que dans des gros volumes. C’est une idée que per-
sonne ne s’est plus avisé de rega: der comme un so -
phisme depuis que Franklin lui donoa l’autorité d’un
fait par ses opuscules impérissables. La vérité n’a
guère b:som de démoustrations, il lui suffit d’être
énoncée. Vouloir la délayer dans des phrases; l’é-
tendre dans de gros volumes, c’est lui,ôler sa force.
Le titre de l'ouvrage dont nous nous eccupons au-
rail pu, grâce à son élasticité, fournir à quelque
économiste un traité ex professo, l'auteur a préféré
réstér au dessous des u!opies pour être simplement
utile. Dans le petit nombre de pages qu'il à écrites,
ila mis à nud les vices de l’organisation actuelle
dont lé plus funeste est la centralisation, qui du
gonvernement dont elle fait la force et passé à lad-
ministation, qu’elle affaiblit. 11 démontre 14 né-
cessiié d'une charte Gui fixant les aptitudes, réglant
l'admission, l'avancement, la surveillance, donne-
rail à la fois des garanties aux gouvernants et aux
gouvernés. Non seulement avét-cette charte admi-
nistrative les droits seraién®t SubStitues à la faveur,
non seulement les ministresiSeraient délivrés pour
toujours des sollicitationsigni Ales-assiégent, mais
encore les propositions,qui-(ôus les ans sont repro-
duites au sujet des incompatibililés seraient écartées
pour toujours. Le gonyernement y gagnerait des em-
ployés plus capables, les. fonctionnaires publics de
la dignité, les contribuables , justiciables, adminis-
trés, tout le monde enfin, uue sécurité plus grande.
La brochure de M. L.-C. M. est une bonne action,
c'est non seulement avec plaisir, mais encore par 4
devoir que nous l'avons annoncée.
RELATIONS du siége de Sancerre en 4873; par
Jean dela Gessée et Jean de Lery;. conformes-aux 4
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo=
riques relatives à la même ville. A,Bourges , chez |
Vermeil. :
(1) Les éléments de zine sont dans les mêmespro-f
portions et je me suis attaché à donner une forte f
épaisseur aux parois. Je crois avoir réussi à établie
la communication entre les éléments, au moyen |
d'une modification très simple et plus commode.
ET F4 ED ER 1£
ANALYTIQUE ET DESCRIPTIVE
DU BÉPARTENENNS SN ELA VENNNX. 4
4 vol. in.
Ouvrage rédigé sur un plan nouveau à l'aide duquel on panel
vient facilement à la détermination des plantes par. le concours del
deux méthodes, se servant de contre-épreuve l’une à l’autre
L'auteur y joint une clef analytique où les plantes sont désignées] |
par leur nom francais, un vocabulaire explicatif des (ermes t&ch=]f
niques, et quatre belles planches parfaitement dessinces: |
| Paris. — Imp. de LACOUR et MAISTRASSE GK,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
ge om
.…. 10° année.
ah
PT a
Paris. — Dimanche, 23 Avril 1843.
Re RS
L'ECHO DU MONDE SAVAN
} TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
N° 30.
(L’Ecao DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine ét forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DELAYALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 2{, et dans les départements chez les principaux li-
| braires, et danslés’bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARB1S pour ün an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr.,
BAT SP ATETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil P£GHO DELA LITTÉ-
RBATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et Gui forment avec l'Echo du monde savant la revue
“encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-8. FRAYSSE, gérant-administrateur.
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE. Sur le dégagement de la claleur
pendant. le passage des courants électriques à
travers les corps solides ct liquides ; Edmond Bec-
__querel. — CRIMIE INORGANIQUE. Sur les
produits de décomposition de l'acide sulfocyanhy- |
drique; Voelckel, de Marbourg. — SCIENCES |
| NATURELLES: PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE,
| De Vinfluénée des rayons solaires transmis à tr4-
| ="vérsides/verres de couleur sur la végétation dés
|:splantes etrla germination des graines ; Zante-
|-x deschi::— :ZOOLOGIE. Quelques oiseaux nou-
| veaux ou peu connus de Colombie; de. Lafes-
naye. — SCIENCES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ
D’ENCOURAGEMENT, séance du 19 avril. ARTS
CHIMIQUES, Préparation d’un jaune de chrôme
| jonquille; le docteur Winterfeld. — HORTI-
CULTURE. Sur les récoltes des graines: Jou-
. : bert. — SCIENCES HISTORIQUES. ACA-
DEMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITI-
. QUES, Séance du 15 avril. — ARCHÉOLOGIE.
| Découverte de sépultures antiques à Quatre-
mares. — GÉOGRAPHIE. Notice sur le Yuca-
| than, d'après les écrivains espagnols. — FAITS |
| DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE. ne
DISES: Le
PHYSIQUE.
Extrait du memoire sur les lois du dega-
gement de la chaleur pendant le passage
des courants électriques à travers les corps
solides et liquides lu par M. Edmond Bec-
querel dans la séance de l'Académie des
sciences du 10 avril (Voir la note du nu-
méro du 13 avril).
| Ce mémoire est divisé en quatre parties.
Dans la premiére se trouvent les travaux
| qui ont été faits sur le même sujet par dif-
| férents physiciens, travaux qui n'avaient
pas toute l'exactitude desirable en raison
du mode d’expérimentation employé; en
outre, on n avait opéré que sur les métaux
et nullement sur les liquides ou les solu-
_ tions capables d’éprouver la décomposition
_électro-chimique. Ce dernier cas était le
- plus important ct le plus délicat, en raison
_des différentes causes qui concourent à
_’effet général. ce
Dans la deuxième partie, j’ai exposé un
Rosa pour déterminer le pouvoir con-
ducteur des métaux et’ des liquides ; ce
pouroir, qui est en raison inverse de la ré-
Sistance à la conductibilité, était important
à examiner, attendu qu'il est une fonction
de la chaleur dégagée par suité du pas-
sage de l'électricité. Voici l'énoncé des lois
de la conductibilité, en supposant que les
corps soumis à l'expérience n’éprouvent
pas de variations de tenpérature :
1. Le ponvoir conducteur des métaux
pour l'électricité est indépendant de l’in-
tensité du courant qui les traverse, et ne
dépend que des dimensions des fils d’après
4
les lois connues.
-2: Lorsqu'un courant électrique passe
- dans une diolution saline et que l'élec-
trode positive est formée d’un métal de
même nature que celui dont l’oxide forme
la base du sel dissous, qu'il ne se dégage
aucun gaz aux électrodes et que le seul ré-
sultat final de l’action du courant est un
dépôt métallique au pôle négatif et une so-
lution d’une même quantité de métal au
pôle. positif, alors le pouvoir conducteur de
ce liquide est, comme pour les métaux, in-
dépendant de l'intensité du courant.
3. Lorsqu'un courant électrique traverse
de l’eau rendue conductrice d'une ma-
nière quelconque ou une solution d'acide
nitrique , et qu'il y a dégagement de gaz,
toutes choses égales d’ailleurs, le pouvoir
conducteur dépend del'intensité du cou-
rant. Dans les limitesède mes expériences
on peut regarder ce pouvoir conducteur
comme proportionnel à la racine carrée
de la quantité d'électricité qui passe dans un
temps donné. ;
4. Lorsqu'un courant traverse une 507
lution quelconque et qu’il y a en mêm£
temps dépôt de substances au pôle négati
et dégagement de gaz; le pouvoir conduc-
teur est soumis simultanément auxlois 2°et
3°, de sorte que l’expérience seule peut en
donner l'expression,
La troisième partie du mémoire ren-
ferme la description du procédé employé
pour mesurer la quantité de chaleur déya-
gée par le passage du courant électrique
dans les métaux , et les lois auxquelles je
suis arrivé. Ce procédé est semblable à
celui dont MM. Delaroche et Bérard se sont
servis pour mesurer la chaleur spécifique
des gaz, lequel consiste à faire circuler dans
le serpentin d'un calorimètre un courant
constant dé gaz à une température déter-
minte. Ce gaz cède une partie de sa cha-
leur à l’eau du calorimètre, et il arrive un
moment où la température de ce calori-
mètre est stationnaire; on atteint cet état
stationnaire lorsque dans un même temps,
la quantité de chaleur perdue par le re-
froidissement dans l’air est la même que
celle, qui est fournie au calorimètre par
suite du passage du gaz dans le serpentin.
Au lieu d'un courant constant de gaz,
j'ai employé un courant constant d’électri-
cité, et au lieu d’un serpentin, un fil mé-
tallique enroulé autour d’une spirale dé
verre plongeant dans un petit calorimètre.
Alors l’opération se conduit comme par
le procédé de MM. Delaroche et Bérard.
Pour mesurer la quantité d'électricité
qui passe dans le circuit dans un temps
donné, j'ai pris la quantité de gaz pro-
duite par la décomposition électro -chimi-
que de l'eau, ramenée à la même tempéra-
ture et à la même pression.
En faisant usage de fils de différents mé-
taux, je suis arrivé aux lois suivantes :
1. La quantité de chaleur dégagée par le
passäge d’un courant électrique dans un fil
métallique est en raison directe du carré
de la quantité d'électricité qui passe dans
un temps donné, c’est-à-dire du carré de
la vitesse du: courant.
2. Cette quantité de chaleur est en rai-
sou.directe de la résistance du fil au pas-
sage de l'électricité.
3. Quelque soit la longueur d’un fil mé-
tallique, pourvu que son diametre reste
constant, s'il passe la même quantité d’é-
lectricité, l’élévation de température de
chaque point du fil sera toujours la même.
4, L'élévation de température des dif-
férents points d’un fil métallique est en
raison inverse de la quatrième puissance
du diamètre.
Ces deux dernières lois sont les
que pour l'électricité statique , eté 3
conséquence des deux première "A
J'ai donné en outre la valeuWd'des coeffi=
cients numériques par lesquels
tiplier Pintensité du courant,
ques de différente nature. Niger
Enfin la quatrième partie de ce travail
concerne la chaleur dégagée lors du pas-
sage de l’électricité dans les liquides. La
méthode d’expérimentation est la même
que pour les fils métalliques, si ce n’est
qu’on emploie pour calorimètre un creuset
de platine , et que ce creuset sert lui-même
d’électrode. Voici les lois auxquelles je suis
parvenu par de nombreuses expériences, et
qui sont exactement représentées par les
formules que J'ai donrées :
1. Lorsqu'un courant électrique tra-
verse une dissolution saline et que l’élec-
trode positive est d’un mélal de même na-
ture que celui dont loxyde forme la base
du sel dissous, et qu'il ne se dégage aucun
gaz , le seul résultat final du courant est
un dépôt métallique au pôle négatif et une
solution d’une même quantité de métal au
pôle positif. Alors dans ce cas , comme je
l'ai démontré, le pouvoir conducteur est
indépendant de l'intensité du courant, ct la
quantité de chaleur dégagée par le passage
de ce courant est, comme pour les métaux,
proportionnelle au carré de l'intensité élec-
trique,; et en raison directe de la résis-
tance de ce liquide à la conductibilité.
Ce résultat très curieux montre donc
bien nettement que, s'il y a dégagement
de chaleur au pôle positif, par suite de
l'oxidation du métal et de la combinaison
de l’oxyde avec l'acide transporté , ce dé-
gagement compense exactement l'absorp-
tion de chaleur qui est nécessaire pour opé-
rer la décomposition d'une même quantité
de sel au pôle négatif.
Le cas précédent était le plus simple.
J'ai examiné. ensuite ce qui arrive lorsqu'on
soumet à l'expérience de l’eau rendue con=
ductrice par l'addition d’un acide ou
fr, Fan ; LA
Eat mul:
Nour avoir‘
l'élévation de température des fikimétalli- :
‘700
d’un alcali, etque les électrodes sont inoxÿ-
dables, Il y a dégagement de gaz et le pou-
voir conducteur dépend de l'intensité du
vourant, comme il à été dit précédem-
ment:
On arrive alors aux résultats suivants :
Si l’on ajoute à la quantité de chaleur
observée celle qui serait produite par la
combinaison de l’oxygène et de l'hydrogène
dégagé, on obtient des nombres qui sont
proportionnels à la résistance à la con-
ductibité, et en raison directe du carré
de l'intensité électrique. On voit dence
que dans la décomposition électro-chi-
mique de l’eau, il ya bien dégagement
de chaleur en raison de la résistance du li-
quide, mais qu'il y a aussi absorption de
chaleur dans l’acte même de la décompo-
sition.
Une fois ces lois démontrées, j'ai pris des
cas beaucoup plus compliqués, en sou-
mettant à l'expérience différents liquides
et des électrodes de diverse nature. J'ai
constamment trouvé en analysant les ré-
sultats que, si au dégagement de chaleur
observé on ajoute la chaleur qui serait pro-
duite par la recomposition des éléments
séparés, etqu’on retranche celle qui pro-
Vient des combinaisons qui ont lieu aux
électrodes, on obtient des nombres qui sont
proportionnels àla résistance, à la conduc-
tibilité au passage des James dans le li-
quide, et en raison directe du carré de l'in-
tensité du courant; de sorte que, dans tous
les liquides, la quantité de chaleur déga-
gée est exprimée par la formule
C= Ma? — Na,
dans laquelle 4 est la quantité d’électricité
qui traverse le liquide dans l’unité de
temps, M un nombre proportionnel à la
résistance à la conductibilité que l’on dé-
termine à l’aide des procédés indiqués dans
la deuxième partie de ce mémoire, et N la
diflérence entre la chaleur absorbée par
les éléments décomposés et celle qui pro-
vient des molécules qui se combinent,
J’ai fait usage pour la chaleur produite
dans les combinaisons chimiques des nom-
bres trouvés par Dulong.
Dans loutes les expériences on trouve
toujours C positif, de sorte que la quantité
de chaleur produite par le simple passage
du courant dans un liquide est constam-
ment plus grande que celle qui serait dé-
gagée si les éléments séparés se combi-
naient.
On voit donc que les lois du dégage-
ment de la chaleur par suite du passage
de l’électricité dans les liquides sont les
mêmes que dans les métaux, si l’on tient
compte de la chaleur dégagée dans les ac-
tions chimiques.
Puisque les quantités de chaleur déga-
gée lors des réactions qui s’opèrent aux
électrodes, entrent dans l'expression de la
chaleur produite par suite de l’action des
courants électriques, on conçoit qu’à l’aide
des lois précédentes il est possiblez en opé-
-vant sur une plus grande masse de matière,
de pouvoir déterminer avec exactitude ces
quantités de chaleur; si l’on remarque en
outre qu’en décomposant certains liquides
au moyen de l'électricité, on peut faire
naître au pôle des composés que l’on ne
peut obtenir à l’aide des procédés chimi-
ques ordinaires, on voit que l'on pourra
déterminer, par ce procédé seulement, les
quantités de chaleur dégagée lors de ces
combinaisons. Je citerai comme exemple
loxidation des métaux au pôle positif et la
formation des peroxydes,
701
N'ayant opéré que sur tuelques gran:
mes de matière, Je ai pu déterminer avec
exactitude ue Îes lois des phénomènes,
sans Vouloir donner les nombres qui ex-
priment les quantités de chaleur dégagée
dans les combinaisons chimiques, car ils
n'auraient pas toute la rigueur que l’on
desire dans ces déterminations.
Je n’ai voulu seulement , je le répète,
dans ce premier travail, qu'étudier les ef-
fets calorifiques de l'électricité et leurs
lois, et montrer leur importance dans l’é-
tude des sciences physico-chimiques , me
réservant de faire connaître ultérieure-
ment à l’Académie les déterminations rela-
tives aux quantités de chaleur dégagée
dans les actions chimiqués auxquelles je
serai parvenu en m’appuyant sur les prin -
cipes précédemment énoncés.
CHIMIE INORGANIQUE:.
Recherches sur les produits de décomposi-
tion de l'acide sulfocyanhydrique ; par
M. C. Voelckel, de Marbourg.
Les sulfocyanures et leurs produits de
décom position ont été, à plusieurs reprises,
l’objet de recherches étendues auxquelles
nous devons une série de faits remarqua-
bles et importantssous le rapport théorique.
M. Woœbhler trouva (4nnal. de Gilbert,
Lxix, 271) que, dans la décomposition du
sulfocyanure de mercure par le gaz hydro-
chlorique ou hydrosulfurique sec, l’acide
sulfocyanhydrique se sépare à l’état d’un
liquide huileux et incolore qui semble
cristalliser par le refroidissement en une
masse radiée, mais qui se décompose rapi-
dement en un acide hydrocyanique et en
une poudre jaune à laquelleil donna le nom
d'acide sulfocyanhydrique sulfuré ( gesch-
wefelte Schwefelblausaeure). Quelques pro-
priétés de ce corps s’accordaient avec celles
du produitobtenu par M.Waæhler,en chauf-
fant le sulfocyanure de potassium avec l’a-
cide nitrique, de sorte qu’on les prit pour
identiques.
Dans un travail postérieur , M. Liebig
démontra (4nnal der Pharm., x, 8) que le
sufocyanure de potassium fondu dans le
gaz hydrochlorique sec se décompose
aisément, en même temps que le col de la
cornue se remplit d’une substance concrète,
rouge, jaunâtre ou d'un rouge écarlate,
tandis qu'il se dégage un corps gazeux.
Lorsqu'on dirige dans l’eau froide les pro-
duits volatls, il s’y dépose du sulfure de
carbone en gouttelettes limpides , l’eau de-
vient fort acide et fournit par l’évaporation
des cristaux de sel ammoniac. Pendant
toute la durée de l'opération on remarque
une forte odeur d'acide prussique.
La masse rouge déposée dans le col de la
cornue est entièrement soluble dans l’al-
cool, ce qui la distingue du corps jaune et
pulvérulent formé par l'action du chlore
ou de l’acide nitrique sur le sulfocyanure
de potassium ; elle se dissout également
dans l’eau bouillante, et la dissolution, d’un
Jaune rougeâtre, dépose un corps pulvéru-
lent jaune-rouge, qui se redissout dans
l’eau bouillante, et peut en être extrait de
nouveau sans altération. Cette dissolution
précipite les sels d'argent en flocons jaunes
abondants, qui, chauffés dans la liqueur,
deviennent noirs ou vert-noirâtre, tandis
qu’un gaz se dévage. Ce corps renferme du
soufre en grande quantité.
Il a été analysé au laboratoire de Gie-
702
sen par M. Woskresenski qui lui donne la
composition :
Cy° S5 + 1°. JS
Cette analyse se trouve consignée dans
le Traité de M. Liebig, E. 1 p. 193, où ce
corps est décrit sous le nom d’acide persul-
focyanhydrique. Nous allons le soumettre
à quelques considérations.
I. Acide persulfocyanhydrique. — Cette
matière se prépare, de la manière la plus
commode, par voie humide, par différents
procédés : ainsi, par exemple, on l’obtient
facilement en saturant par du gaz hydro-
chlorique une solution du sulfocyanure de
potassium. Le gaz est absorbé avec dégage-
ment de chaleur, de sorte qu’une partie de -
l’acide sulfocyanhydrique est chassée sans
être décomposée, ainsi qu’on le remarque
| à l'odeur qui se manifeste. Au bout de
quelque temps l'acidepersulfocyanhydrique
se sépare sous la forme d’une poudre jaune,
en même temps qu'il se développe une
grande quantité de gaz, parmi lesquels on
remarque surtout l'acide carbonique. Dans
certains cas il se dégage de l’hydrogène
sulfuré et du sulfure de carbone; le liquide
restant renferme surtout de l'acide formi-
que, de l’acide prussique et de l’ammo-
niaque.
On peut éviter la plus grande partie de
ces produits de décomposition, et l’on ob-
tient alors bien plus d'acide persulfocyan-
hydrique , en mélangeant une solution
aqueuse de sulfocyanure de potassium sa-
turée à froid avec six ou huit fois son vo-
lume d’acide hydrochlorique concentré et
abandonnant le mélange pendant vingt-
quatre heures. Au commencement, le tout
se prend en une bouillie blanche qui com-
mence déjà après un développement de
gaz, il se produit du gaz carbonique et de
l’acide prussique, la masse perd sa consis-
tance gélatineuse et se convertit en une
bouillie de fines aiguilles qu’on n’a qu’à
laver avec de l’eau froide pour avoir de
l’acide persulfocyanhydrique pur.
Cet acide est presque inseluble dans l’eau
froide ; dans l’eau bouillante il se dissout
complètement , mais en petite quantité, et
cristallise, par le refroidissement, en ma-
gnifiques aiguilles jaunes, Ils se dissout éga-
lement dans l’alcool et dans l’éther, et
même plus que dans l’eau bouillante, La
dissolution dans l’eau et dans l'alcool réagit
légèrement acide, et donne des précipités
avec les sels métalliques suivants : avec l’a-
cétate de plomb un beau précipité jaune;
avec le nitrate d'argent un précipité sem-
blable, qui se décompose aisément en sépa-
rant du sulfure d’argent; avec le bichlorure
de mercure un précipité blanc-jaunûtre ;
avec le deutosulfate de cuivre un jaune ;
avec le protochlorure d'étain un jaune;
avec le bichlorure de platine un jaune bru-
nâtre. Les autres sels métalliques ne sont
pas précipités.
Cinq analyses nous ont donné la compo-
sition suivante pour l'acide persulfocyan-
hydrique :
Calcul.
C? 151,70 | 16,05
Az 177,04 | 18,93
H 12,48 | 1,32
S 603,18 | 63,90
Ces résultats s'accordent parfaitement
avec ceux obtenus par M. Worskresensky.
Pour déterminer le poids atomique de
cet acide, j'en choisis la combinaison avec
l'oxyde de plomb. On l'obtient pur en dis-
solvant l'acide dans l’eau bouillante, et on
703
le précipite par l’acétate de plomb. On ne
peut pas employer à cette préparation une
solution alcoolique, parce que le sel de
plomb est décomposé par les lavages à l’al-
cool en un sel basique quireste, et en acide
» persulfocyanhydrique qui se dissout dans
| l'alcool.
Le sel de plomb est entièrement insolu-
- ble dans'l’eau, l’alcooler les acides étendus.
| Il a tout -à-fait l'apparence du chromate de
plomb. On le fait sécher au bain-marie
nt
| à 100° avant de le soumettre à l’analyse.
Les résultats de six analyses condaisent
à la composition suivante :
Calcul.
C! 151,70 6,81
Nr 477.04 | 795
S3 603,48 27511
Ph 1294,50 58,13
2226,72 | 100,00
£l est donc évident que le nombre absolu
des atomes de l’acide persulfocyanhydri-
que s'exprime par la formule :
C' Az° H°S*,
Let que dans les persulfocyanures, de même
que dans les sulfocyanures, les deux atomes
d'hydrogène de l'acide sont remplacés par
un atome de métal.
On pourrait donc considérer l’acide per-
sulfocyanhydrique comme l'hydracide d’un
radical particulier C1 Az? S'. Mais, par des
: raisons que j'exposerai plus tard, il y a plus
de probabilité à considérer cet acide comme
‘un acide sulfuré, c’est-à-dire comme un
acide où le soufre joue le même rôle que
| l'oxygène dans les sulfacides. In partant de
cette supposition, il faudrait le représenter
-par la formule rationnelle :
C* ÀAz° SES H?,
de la même manière que l'acide sulfocyan-
hydrique serait :
C' Az S + SH.
Ces deux combinaisons représenteraient
alors deux différents degrés de sulfuration
d'un même radical, c’est-à-dire du cyano-
genc.
L'hydrogène trouvé dans les analyses
précédentes est si faible qu’on peut le con-
sidérer comme accessoire. Il provient donc
de la propriété hygroscopique de l’oxyde
de cuivre, soit de la présence d’une certaine
quanité d’eau restée dans le sel séché à
cent degrés. On ne peut pas l’exposer à une
température plus élevée, car déjà à cent
degrés il s’altère légèrement en dégageant
du sulfure de carbone. C’est là aussi la rai-
son pour laquelle le dosage du plomb a été
trop fort. Si l’on chauffe davantage le sel
de plomb, il se dégage d’abord du sulfure
de carbone, un peu d’acide sulfocyanhy-
drique , du soufre et, par un feu vif, du
cyanogène, tandis qu'il reste du sulfure de
| plomb.
Outre cette combinaison neutre, on ob-
tient encore un sel basique, en précipitant
une dissolution d’acide persulfocyanhydri-
| que par un excès d’acétate de plomb ba-
Sique. Ce sel basique a entièrement l’ap-
parence du précédent ; les acides étendus
le transforment en sel neutre. À chaud, le
sel basique se décompose encore plus faci-
lement que ce dernier : il donne par la cal-
cination les mêmes produits.
I. 1,3655 gr. séchés à cent degrés ont
donné 0,257 gr. acide carbonique et 00,27
eau, correspondant à 5,15 p. c. de carbo-
nate et 0,219 d'hydrogène.
IL. 0,175 or. ont donné 0,168 de sulfate
704
de plomb, où 66,72 plomr :
LIT. 0,463 gr. ont donné 0,151 sulfate de
plomb, ou 66,95 plomb. À
IV. 0,291 gr. ont donné 0,287 sultai€ de
plomb, ou 67,12 plomb.
Ces nombres expriment la composition
suivante :
Calcul.
C8 303,40, 5,19
Az 354,08 6,06
s° 1206,96 | 20,67
P° 3883,50 | 66,53
O 100,00 | 4,55
5847,94 | 100,00 :
C'est donc une combinaison de 2 at. du
sel neutre avec 1 at. d'oxyde de plomb :
C8 Azt S5 Ph® O=2{(Ci Az°S°HPbS)HPbO.
L'hydrogène obtenu dans les analyses est
si faible qu’on peut le considérer comme
accidentel.
—HÉE—
SCIENCES NATURELLES.
PHYSIOLOGIE VEGETALE,
De l'influence qu'exercent s ur la végétation
des plantes et la germination des graines
les rayons solaires transmis à travers des
verres colorés; par M. Zantedeschi.
L'auteur résume dans les termes sui-
vants les résaltats généraux auxquels il
est arrivé.
Il résulte de toutes ses observations :
1. Que la végétation sous l'influence de
la lumière colorée devient languissante ,
ainsi que l’avaient déjà reconnu Senebier
et Carradori ;
2. Que l’ordre observé dans la germina-
tion des graines par Senebier ne s’est pas
trouvé confirmé par les miennes. Dans les
expériences de Senebier, cet ordre était du
violet au rouge; dans mes observations, il
a été, pour les graines de l’iberis amara,
du rouge au jaune et au violet; pour celles
de l’echinocactus ottomis du violet au rouge
etau jaune. De même, pour la pousse des
bulbes d’oxalis multiflora, je l’ai trouvé al-
lant du rouge au jaune et au violet, pen-
dant que, d’après Haut, les oignons de
tulipe poussent le plus promptement sous
le vérre orangé, puis sous les verres bleu et
vert;
3. Que , relativement à l'accroissement
en longueur, l’ordre établi par Senebier
n’a pas non plus été pleinement confirmé,
ses expériences et les miennes concordant
bien pour les extrêmes (c’est-à-dire don-
nant l’un et l'autre le maximum dans le
cas de l’obscurité, et le minimum dans le
cas de la suppression de tout écran coloré),
mais différant d’ailleurs dans les termes
moyens : selon les expériences de Senebier,
il y a décroissance du jaune au violet et au
rouge, et selon les miennes, il y a , dans le
cas de l’oxalis multiflora, décroissance du
rouge au violet et au jaune , et dans l’echi-
nocactus, du violet au jaune et au rouge.
De plus, suivant Senebier, la transparence
et la faiblesse des tiges est en raison directe
de leur accroissement en longueur, tan-
dis que j’ai observé ce qui suit : la tige d’un
individu de l’oxalis multiflora,sous le verre
bleu ciel (fturchino), avait atteint une lon-
gueur de 42 centimètres; une autre tige,
sous le verre jaune, avait atteint celle de
39 centimètres , et une troisième enfin celle
de 34 sous le verre orangé; et cependant
la seconde ne donna aucun indice de flo-
raison; la troisième, la plus courte, celle
705
qui avait été soumise à l’influence du verre
orangé, en donna quelques signes; mais
qui ne persistèreut point, pendant que la
tige soumise à l’influence du verre bleu dé-
veloppa complètement trois fleurs.
4, Que l’action spéciale pour colorer en
vert les euilles des végétaux, attribuée au
ar Sencbier, qui lui accorde
rayon violet }. ä te lie
à cét égard une m,, UE0CE no! us ci
fort supérieure à celle de» TAYONS IOUGEE
ale à celle
jaune , mais encore au moins ég. te,
de la lumière blanche, se trouve à 12 VE-
rité d'accord avec les résultats de mes ex-
périences sur l’impatiens balsamina, mais
non avec les conséquences qui se déduisent
d’autres observations que J'ai faites sur
loxalis multiflora ;
5. Que, quant à la faculté corroborative,
la faculté de donner de la force aux végé-
taux, l’infériorité attribuée par Senebier au
rayon violet, comparativement aux rayons
rouge et jaune, n’est cinfirmée , ni par les
expériences de Poggioli, ni par celles que -
j'ai faites sur l’impatiens balsamina ;
6. Que, pour ce qui est du pouvoir d’ac-
tiver la végétation, l’infériorité attribuée
par Poggioli au rayon vert , comparative-
ment au rayon rouge , est d'accord avec les
résultats que j'ai obtenus dans des expé-
riences sur l’'impatiens balsamina , l'ocy-
mum viride et le myrthus moschata.
7. Que le cas dans lequel j’ai vu l’action
fortifiaute se montrer de la manière la plus
prononcée est celui d’un individu de l’oxa-
lis multiflora soumis à l’action du verre
bleu-ciel (turchino) ;
8. Que, dans mes expériences, les tiges
de l’oxalis multiflora, quand elles rece-
vaient la lumière solaire à travers des
verres rouges orangé et jaune, et les tiges
de l’impatiens balsamina, quand elles la
recevaient à travers des verres oranges et
jaunes, se maintenaient dans une direction
verticale, tandis qu’au contraire elles s’in-
clinaient du côté d’où venait la lumière
quand celle-ci leur était transmise par des
verres différemment colorés.
ZOOLOGIE. °
Quelques oiseaux nouveaux ou peu connus
de Colombie, par F. de Lafesnaye.
F. Ampélidées, G. Cotinga, 4mpelis.
GC. à poitrine d’or, 4mp. aureo-pectus,
Nob. Cette nouvelle petite espèce, voisine
du Cotinga vert, d’Orb. et de Lafr., Voy.
eu Am. , et de l’Ampelis Riefferir, Bois.,
Rev. zool., 1840, p. 3, s’en distingue au
premier abord , quoique adulte, par ses
pattes couleur de plomb et non rouge ver-
millon comme chez eux; elle a comme eux
toutes les parties supérieures d’un beau
vert-pré, mais uu peu teinté de bleuâtre à
certain jour ; le haut de la gorge, les côtés
du cou, de la poitrine et les flancs sont de
la même couleur qui prend une teinte
plus foncée sur les lorums et le pourtour
de la mandibule supérieure; le devant du
cou et de la poitrine sont d’un beau jaune
jonquille doré, un jaune moins vif etsouffré
occupe le pli et le dessous de l'aile, et forme
une bande médiane surle ventre et l’ah-
domen, se confondant sur les côtés par mè-
ches jaunes et vertes avec le vert des flancs;
les couvertures inférieures de la queue sont
ainsi variées ; toutes lesrémiges secondaires
sont finement terminées de blanc jaunûtre;
le bec est d’un beau rouge vermillon, et les
pattes d’une couleur plombée avec les on -
gles pâles.— Long. tot., 17 cent.; de Santa
Fé de Bogota.
706
L’individu que nous soupçonnons ètre la
femelle différe du précédent en ce que les
lorums et le pourtour du bec sont jaunà-
tres, en ce qu'il ny a que quelques mèches
jaunes entremêlées de vertes sur la gorge
et le devant du cou , et se prolongeant sur
la partie médiane du ventre et de l'abdomen
et sur les couvertures inférieures de la
queue ; le bec est d’un rouge livide et rem-
bruni.
2 Tangara bleu olive. Tanagra olivi-
cyanea nob. Cette espèce assez forte , et
qui doit être groupée près des Tangaras
évèque et vicaire, est singulièrement voi-
sine, par sa coloration, de notre Taragra
cyanocephala , Sÿnop. avium Amer. et fi-
guré, pl. 23, n°2, du Voyage en Améri-
que, de d'Orbigny. Comme lui, en effet,
elle a tout le dessus de la tête et du cou
d'un beau bleu de roi luisant , avec les lo-
rums noirs, et tout le reste des parties su-
périeures d'un bel olive jaunâtre , avec le
pli et le dessous de l’aîle, les jambes et l’a-
nus d’un jaune jouquille vif; mais elle en
diffère en ce que la gorge, le cou, et tout
le reste du dessous , au lieu d'être d’un
cendré bleuîtré , sont du même bleu-vio-
let luisant, que la tête et le dessus du cou;
comme lui elle a le bec et les pattes noires,
mais son bec est plus renflé , et elle est en
tout plus forte d’un quartau moins. — Lon-
gueur totale, en peau, 18 cent. 1/2.
30. Tangara (S. G. Aglia, Sw.) argentin,
T. argentea, Nob. Cette nouvelle espèce,
qui doit être groupée près des Aglaias tri-
coloret septicolor , est remarquable par la
nuance soyeuse et changeante qui couvre
tout le dessus et le dessous de son corps,
excepté la tête et la gorge, les aîles et la
queue qui sont noirs. Cette nuance d’un
blanc verdâtre argenlin , prend à certain
jour , comme chez le T«nagara passe vert,
des teintes blanc bleuûtre, et blanc jau-
nâtre de paille et soyeuses La tête et le cou
par devant , sont d’un noir mat; les ailes
et la queue sont semblables, mais leurs
pennes sont bordées de gros bleu; bec et
pieds noirs. — Long.tot., {4 cent. ; de Bo-
gota ou Caracas.
40. Tangara (S. G. Aglaia) vert-noiret,
T. nigro viridis, Nob. Cette espèce , de la
taille du 7. tricolor, à le fond du plumage
noir; mais tout son corps, excepté le mi-
lieu du dos, le front, les lorums, le pour-
tour des yeux, les joues et la gorge, sont
couverts de taches plus ou moins rappro-
chées , d’un vert argentin et changeant en
paillet sur la tête et le dessus du cou, où
elies sont presque contiguës sur le crou-
pion, les grandes couvertures de l’aîle, et
tout le dessous du corps. Ces taches sont
bleues sur les petites couvertures de l'aile,
et d’un vert bleu sur le devant du cou. Les
rémiges et les rectrices sont bordées de
vert bleu, le milieu de l'abdomen est blane
sale, le bec et les pieds sont noirs, —de
Bogota.
50 T'angara arthus. 7. arthus, Lesson, Il-
lust. de zool., pl. 9. D'un jaune doré avec
le pourtour du bec, une tache sur la joue,
des mèches au milieu du dos, les ailes et la
queue noires, le cou doré , le reste du des-
sous marron, avec une plaque jaune sur
la poitrine etle ventre. Nous ne connais-
sons encore cette espèce que par la publi-
cation de M. Lesson, en 1851, publication
et figure faites d’après un individu venant
du Mexique. ( Resue Zoologique).
D © LE
707
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Assemblée générale du 49 avril.
La séance avait pour objet de décerner
les prix que la Société avait proposés, sur
divers sujets qu’il importait à notre indus-
trie de voir traités.
M. Jomard alu d’abord un compte rendu
des travaux de la Société, et des concours
ouverts pour résoudre les problèmes qu’elle
avait présentés au public. Plusieurs des
questions ont été heureusement résolues,
d'autres le sont aussi probablement , mais
le temps a manqué pour pouvoir juger du
succès par des expériences qui exigent une
durée plus longue, enfin d’autres sont re-
mises au concours. La totalité des prix
proposés s'élève à 216,000 francs.
M. Gourlier fait un rapport sur le résul-
tat du concours, pour les moyens de pré-
venir ou de faire cesser l'humidité dans les
constructions. Vingt el un concurrents se
sont présentés; mais aucun n’ayant com-
plètement satisfaitaux conditions imposées
par le programme, les prix ne sont pas dé-
cernés; seulement plusieurs ayant appro-
ché du but et mérité des encouragements
pour des expériences et des travaux utiles ,
la société leur a accordé des médailles, sa-
voir :
1°. À M. J'audoyer fils, architecte, une
médaille d'argent;
2° AM. V’aladon, la même médaille.
3° à M. Duval, la même médaille.
4° à M. Beulard, une médaille de bronze.
Une mention honorab'e à été accordée à
M. Præschel, qui à antérieurement recu
la médaille d'argent.
M. Huzard fait un rapport sur le résul-
tat des concours ouverts pour la multipli-
cation des sangsties et les moyens de les
dégorger pour les rendre propre à une
nouyclle succion. Dèux médailles d'argent
sont accordées, chacune du prix de 300 fr.
1°à M. Faber.
2° à M. Olivier, médecin , à Pont-de-
PArche (Eure).
M. de Lambre fait un rapjort sur le prix
proposé pour la rédaction d’un mémoire
sur l’association des douanes allemandes
(zolverein). Les conditions du programme
ont été remplies par deux de trois concur-
rents, excepté en ce qui concerne les inté-
rêts qu'aurait la France à faire partie de
cette association. Comme ce dernier sujet
était précisément celui qu’il importait à
la Société d'Encouragement de voir traité
avec soin, le prix n’est pas remporté. Seu-
lement deux médailles sont accordées aux
auteurs de mémoires pleins d’utiles recher-
che; sur la matière mise au concours, sa-
Voir :
1°à M. Faugère , un encouragement
de 1000 fr.
2° M. Richelot , un encouragement de
500 fr.
M. Guérin-Varry fait un rapport sur le
résultat du concours ouvert pour l’établis-
sement en grand d'une fabrication de creu-
sets réfractaires. Le prix de 3000 fr. a été
remporté par deux concurrents, el lasomme
a été partagée entre eux; savoir :
1° à M. Pinon, à Sens, 1509 fr.
2° à M. Tesson, à Paris, 1500 fr.
Les concurrents, s'étant successivement
présentés pour recevoir les récompenses
décernées par la Société, M. Thénard, pré-
sident, a pris la parole pour exposer dans
une belle improvisation, les nombreux
708
services que la Société d'Encouragement a
rendus à l’industrie, depuis qu'elle'a été
fondée. Il a présagé ceux qu'elle était ap-
pelée à rendre à l’avenir; et, parmi ces avan-
tages, il a cité la suppression des guerres
sanglantes, fléaux qui ont si souvent affligé
l'espèce humaine; il a montré les nations M
ne luttant entre elles que dans les progrès
que l’industrie fait sans cesse , pour adou-
cir les amertumes de la vie, et améliorer le
sort de toutes les classes. Ce discours ,
couvert d’applaudissements sera pablié par
l’impression dans le bulletin, d'après la pro-
position qui en a été faite par M. Sylvestre.
Les prix qui n'ont pas été décernés dans
cette séance sont prorogés à l’année pro-
chaine, sauf quelques uns pour lesquels le
concours est fermé, en réservant aux con-
currents leurs droits, jusqu’au terme: où
les expériences entreprises par les comités
auront permis de juger du mérite de
chacun.
Au nom de M. Payen, on lit le pro-
gramme d'un nouveau prix de 2000 fr. à.
décerner en 1844, pour le moyen de ren-
dre l'alcool impropre à entrer dans les
boissons usuelles et les liqueurs de table ,
sans lui ôter ses qualités combustibles , et
sans nuire à ses applications à l'éclairage.
M. Huzard litle programme d’un autre
prix pour l'introduction en France et la
culture de plantes nouvelles , utiles à l’a-
gricullure , aux arts ou aux manufactures.
FRANCOEUR.
ARTS CHIMIQUES.
Préparation d'un jaune de chrôme jon-
quille; par le docteur Winterfeld.
Quelque nombreuses que soient les re-
cettes pour la préparation d’un jaune de
chrôme jonquille très éclatant, cependant
il est encore des fabriques qui ont l'art de
le préparer d'une manière encore plus par-
faite, saus qu'on sache comment elles s'y
preunent dans les manipulations. Un jaune
de chrôme jonquille, et tel qu'il est recher-
ché des consommateurs, doit être léger,
avoir une cassure unie, et enfin presenter
le plus grand éclat possible dans la cou-
leur. Broyé à l’eau, il ne doit pas rougir,
et mélangé à du bleu de Paris ou de Ber-
lin, il doit fournir un beau vert-olive.
La recette indiquée par M. Anthon, pour
préparer un jaune de chrôme hydraté pro-
pre à satisfaire le goût aujourd'hui diffi-
cile des consommateurs, ne m'a pas fourni
un résultat entièrement satisfaisant, quoi-
que la couleur fût généralement bonne,
surtout quand on comparait celle-ci aux
produits d’une fabrique de la Thuringe qui
sont déjà répandus en Allemagne, et com-
mencent à être recherchés dans les pays |
étrangers.
J'ai réussi, par le moyen suivant, à pro-
duire un jaune de chrôme d’un jaune plus
beau encore que ce dernier, mais qui avait
un poids spécifique un peu plus considéra-
ble et un éclat un peu moindre; ce jaune |
toutefois m2 paraît mériter la préférence
dans plusieurs arts, et en particulier dans
‘la peinture à l'aquarelle.
On dissout 33 parties d'acétate de plomb
ou sucre de saturne dans 100 parties d’eau
pure et on filtre; la liqueur claire est sou- |
tirée dans une cuve pouvant contenir en-
viron le double du liquide.
Dans unautre vase on dissout 22 parties
de carbonate de soude cristalisé dans 60 par-
ties d’eau pure et on filtre. ù
La solution de soude est alors vers'e em
1709
(Ifiléteten agitant continuellement dans celle
hd'acétate de plomb, ce qui donne un préci-
+pité blanchâtre qu’on laisse déposer en dé-
cantant la liqueur surnageante, qui est une
« solation d’acétate de soude dont on peut
1faire tel usage qu'on voudra.
Pendant ce temps , on a fait d’un autre
reôté une dissolution de 17,15 parties de
| chromate neutre de potasse dans 59 parties
: d’eau, qu’on verse en agitant continuelle-
- mentsur le précipité de plomb. On continue
de brasser le mélange jusqu'à ce que le
chromate de potasse soit complétement dé-
composé, c’est-à-dire jusqu'à ce que la li-
queur abañdonnée aurepos ne paraisse plus
colorée en jaune.
Le jaune de chrôme ainsi obtenu est lavé
à Veau pure, jeté sur un filtre pour égout-
ter, soumis à la presse, découpéen mor-
ceaux et séché. Produit : 27 parties de jaune
de. chrôme avec la proportion des ingré-
diens indiqués ci-dessus -—
| (4e Héslologiste.)
HORTICULTURE.
Rapport de M. Loiseleur-Deslongchamps
_ fait à la Société royale d’horticulture à
l’occasion d'un ouvrage sur la récolte des
- graines, etc., par M. Joubert.
De la récolte, de la conservation, du.se-
mis et de la germination des graines, tel est
le titre de l'ouvrage de M. Joubert. L’au-
teur, dans son premier chapitre et dans
une introduction, expose que c’est sur ces
quatre opérations fondamentales dont il a
entrepris de traiter que repose l’ensemble
de tous les travaux agricoles et horticoles,
De ces quatre opérations , deux surtout
paraissent importantes à l’auteur.
1. Combien une graine conserve-t-elle
ses facultés: germinätives? Combien de
temps une graine met-elle à germer?
Eneffet, nous pensons, comme M. Jou-
bert, que cés deux points méritent la plus
srande attention, parce que c’est d’eux
principalement que dépende la réussite
ou l’insuccès destravaux d'agriculture ou
d'horticulture. Aussi’lauteur s’est appli-
qué, dans les nombretisés observations que
renferme son livre, à faire connaître, le
plus exactement qu'il lui a été possible,
tout ce qu'il a pu recueillir sur le temps
pendant lequelles graines conservent léur
facultés germinatives; et sur celui que
chaque graine met à germer.
Bu suitede ces premières considérations,
il donne l'explication des ditférentes par-
ties qui composent la graine et de leurs or-
ganisation. É
Quant à la récolte proprement dite,
M. Joubert fait connaître les différentes
| précautions qu’on doit prendre pour re-
cueillir les diverses sortes de fruits , selon
| quils sont simples, multiples et agrégés
}’ou composés. Il explique en détail les ca-
ractères qui différentient les diverses es-
pèces de fruits; et il donne la. nomencla-
| ture exacte, de, toutes les dénominations
| qui ont été appliquées à chacun d’eux par
lesbotan'stee. ;
Lorsque les graines ou les fruits sont ré-
| coltés, une opération importante pour leur
bonne conservation , c'est d’en opérer la
dessication!$i‘la récolte a été faite pendant
| la belle ‘sa SON, ‘il n’y a aucune difficulté;
mais, quand les ‘pluies de l'automne arri-
vent et que l'atmosphère est saturée d’hu-
midité , il faut employer un moyen artifi-
ciel, afin de parvenir à ne bonne dessica-
710
tion : celui que M. Joubert conseille con-
siste dans un grenier ou séchoir , d’une
étendue suffisante, dans lequel on entre-
tient la température depuis 20 jusqu’à 25
degrés centigrades, et dont il faut avoir
soin de renouveler l'air de deux heures
en deux heures, en établissant un courant
qui doit traverser toute l'étendue du sé-
choir.
Beaucoup de graines, quand leur dessi-
cation est complète, n’ont besoin que
d’être criblées ou vannées pour être débar-
rassées des corps étrangers qui y sont mêlés;
mais il en est plusieurs qu'il faut égrener
pour les débarrasser de. leurs enveloppes,
de leurs péricarpes , et nême qu'il faut, à
cet effet, piler dans un mortier de bois avec
un pilon de même nature. Cependant
quelques graines doivent être laissées dans
leur péricarpe, qui, en les privant du
contact de l'air, leur conserve plus long-
temps leur faculté germinative.
Unie fois la graine récoltée, desséchée et
épurée , il ne reste plus qu’à l’enmagasi-
ner, en la mettant à l’abri du contact de
l'air, de l'humidité, de la chaleur et du
froid ; ce dernier agent est cependant le
moins redoutable, car la plus grande par-
tie des graines peuventsupporter une très
basse température sans en être altérée.
Ainsi MM. Edwards et Colin ont exposé des
grains de blé à une température capable
de geler le mercure, et ces grains n'en ont
pas moins germé lorsque ensuite ils ont
été exposés aux circonstances favorables à
leur germination.
Après avoir parlé des diverses épreuves
qu'on peut faire subir aux graines pour re-
connaître celles qui sont bonnes, l’auteur
passe à l'examen de l’importante question :
Combien de temps une graine conserve -t-
elle ses facultés germinatives? L'auteur cite
à ce sujet plusieurs faits, d'après lesquels il
faudrait croire que des graines ont germé
après deux ou trois siècles et même bien
davantage; mais nousne pouvons lescroire,
et l’auteur a bien fait d'émettre des doutes
sur la véracité de ces préteudues observa-
tions et d’en démontrer la fausseté.
Dans son deuxième chapitre, M. Joubert
explique la théorie de la germination d'a-
piès les principes adinis aujourd'hui par
les botanistes et les chimistes. « On donne,
dit-il, le nom de germination à la suite des
phénomènes par lesquels une graine arri-
vée à l’état de maturité, et étant placée
dans des circonstances favorables, doane
naissance à une nouvelle plante. Cet acte
présente trois temps bien marqués, qui
sont le gonflement de la graine, le déchire-
ment des enveloppes de lembryon ou
germe, etle développement de cet embryon
lui-même; ces trois temps, qui n'ont lieu
que successivement , sont favorisés par lin-
troduction des fluides aqueux , qui sont mis
en mouvement par le concours de trois
agentsde la nature , l’eau, l'air et La cha-
leur. »
Après quelques autres considérations gé-
nérales sur quelques agents particuliers qui
peuvent activer la germination ou la ralen-
tir, comme l'électricité et le froid, l’auteur
parle des époques de l’année qui lui sont
le plus favorables, et, quoique la multi-
plication de tous les végétaux par les se-
mis puisse avoir lieu dans toutes les sai-
sons, il pense cependant que le printermps
et l'automne sont plus propices à cette opé-
ration que toute autre époque. :
La chose la plus essentielle qui soit en-
suite nécessaire dans la pratique des semis
711
consiste dans la convaissance parfaite des
terrains, et à ce sujet l'auteur entre dans
quelques détails sur les diflérentes natures
de terre.
Passant ensuite aux diverses sortes de
graines , il les divise en graines grosses, en:
graines fines et en graines à novaux. Les
premières doivent être semées profondé-
ment ; les secondes, au contraire, n’ont
besoin que d’être très peu couvertes;
quant aux troisièmes, il faut, de même
que les premières, qu’elles soient profon-
dément eufouies.
Pour ce qui est des semis proprement
dits, les plus simples se font à l’air libre,
pour toutes les plantes qui n’ont besoin
pour germer que de la température ordi-
naire de l’atmosphère , etils se font, 1. en
place, pour toutes les plantes qui ne de-
mandent aucun soin particulier; 2. en
planches, pour les plantes plus délicates
et ordinairement naturalisées , mais qui,
après leur germination, ont besoin d’être
repiquées; 3. en semis faits dans des
pots. Ces derniers se pratiqueut pour les
plantes qui craignent le froid , et qui pour
cette raison doivent être mises à l'abri des
rigueursde l'hiver.
Tous les végétaux dont les graines ont
besoin d’une haute température pour ger-
mer se sèment sur des couches, sous clo-
ches ou sous châssis, soit sur la pleine
terre de ces couches, soit dans des pots.
qu’on y enterre.
Telles sont, en abrégé, les notions pré-
liminaires que M. Joubert expose dans les
premières pages de son ouvrage, dont tout
le reste est consacré à rechercher combien
de temps les graines conservent leur fa-
culté germinativeet combicn de temps elles
mettent à germer.
Ce temps varie infiniment, et il dépend
Î
_de plusieurs cireovstances, les unes pre-
pres à la nature des graines elles-mêmes,
les autres à l’époque depuis laquelle elles
ont été récoltées, et aux moyens employés
pour les conserver. En général, le premier
point, le temps pendant lequel une graine
conserve sa faculté germinative, est une
chose sur laquelle on ne possède pas en-
core assez d'expériences positives. Quant
à l’espace de temps dont une graine a be-
soin pour germer, cela est très variable et
paraît dépendre du genre et de la famille
à laquelle elle appartient. Dans les unes,
les graines n'ont besoin que de deux à trois
jours pour lever; dans les autres, elies ne
lèvent qu'après plusieurs mois, et même
après plusieurs années,
L'art ur a exposé, dans une suite de
tableaux divisés en huit colonnes. tont ce
qui est propre à faire connaître ce qui a
gapport à la conservation des graines , et
en même temps ce qui a pour objet leur
germination. Dansla première colonne de
ce tableau, le genre de la plante est énoncé:
dans la deuxième, lé num de Pespèce 5
dans la troisième , l’année de la récolte;
dans la quatrième, l’époque du semis; dans
la cinquième, l’époque de la germination ;
dans la sixième, le résultat de la conserya-
tion; dans la septième, l’espace de temps
que la graine à mis à germer. La huitième
colonne, enfin, est destinée à des observa-
tons particulières.
Un, deux, où plusieurs tableaux sont
consacrés aux observalions que l’auteur a
faites sur les graines de cent quatre-vingt-
quatre familles, dans lesquelles les bota-
nistes distribuent aujourdhui toutes les
familles comprises dans le règne végétal.
712
Cette partie du travail de M. Joubert,
qui comprend les sept huitièmes de son
livre, n'est ii susceptible d'analyse; il
faut la lire dans son ouvrage lui-même,
qui est terminé par un dictionnaire des
principaux termes scientifiques , à l'usage
des personnes qui ne sont pas assez fami-
-lières avec ces expressions.
LoiseLEUR-DESLONGCRAMPS.
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 45 avril.
M. Blanqui fait un rapport verbal sur un
ouvrage de M. Enfantin, intitulé : Colont-
sation de l'Algérie. Avant de parcourir et
d'étudier nos possessions d'Afrique, l’au-
teur avait passé près de quatre: ans dans
l'Egypte, et s'était ainsi initié aux secrets
de la civilisation trans-méditérrannéenne.
Dans son ouvrage, il a dabord recherché
ce qu'était la propriété avant notre posses-
sion ; il a établi ensuite qu'elle était divi-
sée en propriété urbaine et en propriété
rurale, et que c’est pour les avoir confon-
dues l’une avec l'autre que la plupart de
ceux qui ont écrit jusques ici sur la colo-
nisation ont commis de graves erreurs. Lui
aussi, il croit, qu'il faut coloniser, mais il
ne partage pas l’avis de ceux qui ont pro-
posé de procéder par les indigènes et par
les Européens à la fois. Avec tout ce qui a
été tenté jusqu'ici il était, d’après lui, impos-
sible d'obtenir de bons résultats.Ce n’est ni
par l’agiotage, ni par quelques établisse-
ments éparpillés et placés selon le caprice
de chacun , que l’on peut espérer de par-
venir au but d’autant plus desiré qu’il sem-
ble s'éloigner davantage à mesure que l’on
fait plus d’efforts pour l’atteindre. M. En-
fantin pense qu’il faudrait fonder des éta-
blissements distincts pour les Arabes et
pour les Européens, et que les villages de-
vraient toujours être appuyés sur les
camps. La colonisation devrait commen -
cer par la province de Constantine, traver-
ser ensuite la zone du centre, et n’arriver
que pour se compléter aux environs d’Al-
ger, qui n’estet ne peut être, selon lui
jusqu’à lors, que très imparfaitement dé-
fendue par le mur d'enceinte. Pour arriver
à un pareil résultat, il faudrait que la di-
reclion des affaires de l’Algérie passât du
ministère de la guerre, qu'il appelle minis-
tère de destruction, à celui des colonies
qu'il croit plus capable de fonder et de
maintenir. Malgré quelques opinions qui
peuvent être controversées, l'impression
qui nous est restée de l’analyse rapide de
M. Blanqui, c’est que l’ouvrage de M. En-
fantin mérite d’être lu avec attention et
d’être longuement médité par ceux qui
croient sincerement qu'il est temps, après
douze ans d'essais, d'arriver à quelque
chose de réel et de stable.
M. Léon Fauché a été admis à lire un
mémoire sur l'or et sur l’argent considérés
comme étalon de la valeur. Outre leur va-
leur monétaire, ces métaux en ont une
qui leur est propre, ils ne peuvent être rem-
placés comme mesure. Est-ce l’or, est-ce
l'argent que l’on doit choisir comme éta-
lon? La réponse à cette question ne peut .
être absolue, elle est subordonnée à la
forme , à la politique et surtout à la ri-
chesse de chaque Etat. En Angleterre,
c'est l'or, en France, c’est l'argent. M. Léon
Fauché a examiné le système monétaire de
713
l'Angleterre, et en s'appuyant à la fois sur
l’histoire et sur les opinions de Newton,
d'Adam Smith et de lord Liverpool qui ont
écrit sur la circulation etsontconsidérés au -
delà de la Manche comme les législateurs
sur la matière, il a tracé les fluctuations
du système à partir du règne d'Edouard III,
époque à laquelle, après la victoire de
l’écluse, la monnaie d'or prit le premier
rang, jusques au moment actuel où chez
nos voisins l'établissement d’un double éta-
lon monétaire est remis en question. Dc-
puis 1687, l'argent, en Angleterre, est su-
bordonné à l'or, il n’en est en quelque sorte
que le billon, mais l'or à son tour ne fait
que l’apoint du billet de banque; ilest à
celui-ci, ce que l'argent est à lui-même. Il
en résulte qu'avec un capital trois fois
moindre que le capital de la France, l’An-
gleterre fait trois fois plus d’affaires qu’elle,
et que son commerce en relire dés ;ayan-
tages et des économies qui augmentent,ses
bénéfices. Ces bénéfices grandissant à me-
sure que le cercle des transactions com-
merciales s'étend, on pourrait prévoir
presque mathématiquement l’époque où la
substance de tous les peuples serait absor-
bée par un seul si les calculs mercantilles
n'étaient dérangés par des causes étran-
gères, La crise commerciale de 1837 et la
misère permanente des classes laborieuses
prouvent que ce colosse dont la partie su-
périeure est toute d'or, n’a cependant que
des pieds d’argile.
M. Cousin a continué la lecture deslettres
inédites du père André. Cette communica-
tion n'étant que le développement de ce
que nous avons dit déjà au sujet des persé-
cutions que les jésuites firent éprouver à
leurs confrères, nous renverrons nos lec-
teurs au livre de M. Cousin. C.-B. F.
DEEE — >
Trés prochainement , nous donnerons une série
d'articles sur les îles Marquises, et un essai sur la
grammaire de ce pays. Nous devons ces documents
précieux à l’obl'izeance de M. Lesson, chirurgien en
chef de ces nouvelles possessions françaisese
DEL Lee —
ARCHÉOLOGIE.
Découverte de sépultures antiques à Qua-
tremares.
L'attention publique a été fortement ex-
citée, il y a peu de temps, par l’annonce
de la découverte que les ouvriers du che-
min de fer ont faite, de deux cercueils an-
tiques, auprès de Rouen, au hameau de
Quatremares.
Nous croyons faire une chose agréable
à nos lecteurs en reproduisant les détails
que donne à ce sujet la Revue de Rouen.
Lesterrassiers du chemin de fer de Paris
à Rouen, occupés à élargir la tranchée du
chemin, entre Sotteville et Quatremares,
pour en extraire des terres de remblai, mi-
rent à nu, à cent pas environ de ce dernier
hameau, un cercueil en pierre. garni de son
couvercle, qui se trouvait placé parallèle-
ment à la voie du chemin de fer, dans la
direction de l’est à l’ouest : il était assis à 3
mètres 50 centimètres environ du sol.
Dégager ce cercueil, soulever son épais
couvercle, fut l'affaire de peu d’instants.
Les ossements, les débris de vases en verre
qu'il renfermait, furent promptement dis-
persés comme chose sans valeur.
Un second cercueil, également en pierre,
qui touchait côte À côte, à celui qu’on ve-
nait de fouiller, et que le déplacement du
premier ayait fait tout à coup apparaître,
714
allait probablement éprouver le mèmesort,
lorsque l’agent comptable de la compagnie,
averti par le mouvement que celte.décou-M
verte avait opéré,sur la ligne, fit suspendre
l'opération. Il eutla complaisance d'envoyer
à l'instant même à Rouen un ouvrier pour
me donner avis de ce qui se passait, et
m'engager à me rendre sur les lieux. Je me
transportai sans délai À Quatremares, sur
le lieu de la découverte. J
Je trouvai les choses dans le même état.
Je constatai d’abord que le premier cer-
cueil, celui qui avait été fouillé, était en
pierre et d’un seul morceau, ainsi que son
couvercle. Celui-ci était plein-et de forme.
convexe. Je mesurai l’un et l’autre. Voici
leurs proportions :
endehors..en dedans.
longueur, 2m. 13 1m. 93
Cercueil. ? largeër, 0 68 0 3
hauteur, 0 60 0 38
; longueur, - 2 m.2#
Convercl.! largeur, .598([29 {=Q T4
( hauteuryalcentre; 0 46
En comparautces mesures, on sera sans
doute frappé, icommeje l’ai été moi-même,
de l'épaisseur du couvercle, ainsi-que de
celle qui a été laissée au fond du cercueil.
Les parois latérales de ce dernier ne dépas-
sent pas 10 centimètres ; son fond en a 38;
ce qui fait presque les deux cinquièmes de
sa hauteur totale.
Le couvercle, ainsi que le sarcophage
proprement dit, ne présentaient aucune
trace de sculpture, de caractères ou d’or-
nements quelconques; ils sont parfaite-
ment unis. si
Le couvercle ne paraît pointravoir été re-
tenu-au cercueil par une couche de ciment
ou de mortier, comme cela se pratiquait
quelquefois, afin d'éviter ioute infiltration,
et ainsi que je l’ai remarqué à plusieurs
tombeaux antiquesen pierre, iladhérait au
sarcophage par son propre poids et par
simple superposition. Seulement;pour ren-
dre l’adhérence plus compiète, on avait eu
soin d'évider le dessous dæ couvercle sur
ses quatre bandes datérales;-de manière à
ce que le noyau resté pleinsqui correspor-
dait exactement à Fouxerture du cercueil,
y descendait carrément de 5 miliimètres
environ et s’y emboîtait parfaitement,
Après ceite première vérification, je
m'assurai qu'il existait encore au fond du
cercueil quelques fragments d'os et de
verre qu'on y avait oub iés.
Je puis parler avec plus de certitude et
plus de détails des objets que renfermait ie
second tombeau, puisque cest en ma pre-
sence qu’il fut ouvert.
Disons d’abord qu'il offrait, quant à sa |
forme et à ses proportions, la plus complète
analogie avec le premier : la description de
l’un peut. à la rigueur, servir à celle de
l'autre et en tenir lieu. Seulement, la na=
ture de la pierre, essentiellement calcaire, "@!
était évidemment inférieure à celle du pre-
mier sarcophage et offrait moins de con- |
sistance.
RATE 5 |
La cavité du. cercueilkétait occupée par
un squelette, ayant là têbenplacée -vers-le
levant, du côté de Quatremares, : les pieds
au couchant. Les bras étaient étendus le
long du corps; les jambes rapprochées Pune|
contre l’autre.
Ce squelette paraissait fortr-bien con=
servé, et n'offrait rien de particulier, si e&
n’est quelques taches, violettes disséminées
chet là, qui ne s’arrêtaient pas à la surface
des os, mais qui avaient pénétré leur sub=
stance; la tête en était exempte.
La petitesse du squelette, qui ne me pas
L'E 3 ©
MAS
“ut-pas dépasser cinq pieds de l’ancienne
“nesure, ainsi que la délicatesse des os, in-
| liguatent suffisamment que c'était une
“emme que nous avions sous les yeux. Cette
| bremière donnée s’est trouvée confirmée
“lus tard par l'opinion des anatomistes qui
Mont pu s'assurer également, par l’inspec-
“ion de la mâchoire, que l'individu devait
“tre âgé d’une trentaine d'années au mo-
ment de la mort. Les dents étaient petites
2t parfaitement rangées.
| Jusque là, rien n’indiquait d’une ma-
:aière positive à quel âge appartenait cette
sépulture. La forme du tombeau, son gis-
sement détiotaient, il est vrai, une époque
ancienue,; mais là pouvaient s'arrêter les
conjectures. Des indices plus positifs ne de-
vaient pas tarder à éclaircir nos doates.
Le squelette, beaucoup plus petit que la
cavité du cercueil, laissait, à partir de ses
pieds, une place libre de 30 centimètres
environ. Dans cet espace, étaient rangés,
couchés sur le côtésplusœurs vases que
“uous -warions pas aperçus: d’abord. Ils
Staient au mombre de six;°cinq en verre,
lun enterre. Un de; vases de verre était af-
aissé sur lui-même et tellement brisé qu’il
| Stait impossible d'apprécier sa forme; un
“second était fendu en trois ou quatre mor-
“seaux et n'offrait que peu de consistance à
|la main; les trois autres étaient entiers.
Quant au vase de terre, sa conservation était
parfaite.
4 Ces vases présentaient la conformité la
:plus complète avec ceux qu’on rencontre
iournellement dans les sépultures romai-
nes ; ils en-avaient tous les caractères.
| Le vase le plus grand de la collection est
d’us verre blanctirant sur le vert. ; 1l a 30
centimètres 172 de hauteur sur 8 centimè-
tres environ de diamètre. Sa forme allon-
gée, quidépasse les proportions ordinaires,
ne lui ôte rien de son élégance, qui se fait
surtout-sentir dans l’attache des anses et
dans son ouverture : les anses, après s'être
“dressées gracieusement jusqu’au collet de
… l'orifice, l’enibrassent en se repliant sur
elles-mêmes, commeéleiferait le cou d’un
cygne. Il est rare-derencontrer un vase
“antique en verre, dércette forme et de cette
dimension, aussi bién conservé.
, Un sécond vase, qui se rapproche beau-
coup du premier, non seulement pour la
Mqualité du verre, mais pour la forme, à
- allongement près, est, comme lui rond et à
{* leux anses. Sa hauteur n'excède pas 20 cen-
em'imètres; son diamètre a, terme moyen, 8
…:entimètres.
| Ce vase, du côté où il était couché, était
M :hargé d'un dépôt noirâtre qui, examiné
eu microscope , a présenté le détritus de
wetits insectes du genre des coléoptères.
(Mes insectes s’y seront sans doute introduits
pour dévorer la matière qu’il contenait et
Miuront péri, ne pouvant en sortir.
+ Un troisième vase, beaucoup plus petit
Jue les précédents, et qui affecte une tout
pate forme, est d'une pâte infiniment plus
jholanche et plusfine. On dirait un cristal de
ji roche dont le temps aurait terni l’éclat et
(u’il auraitrevêtu d’une pellicule argentée,
5 Ce vase.est celui qui:a été trouvé fendu
“'n plusieurs morceaux. Différent en cela
viles deux premiers, il a des parois fort épais-
ones. Cette circonstance ne me paraissant
spas suffisante pour expliquer son poids ex-
( raordinaire, eu égard à la petitesse de ses
Mroportions (il a 16 centimètres de haut sur
{» 172 de large seulement), je présumai
(uil pouvait entrer du piomb ou tout
jui pouvait être du lait ou du miel. Ils y |
716
autre métal dans sa composition. Mes dou-
tes se sont trouvés justifiés par l’analyse que
MM. Girardin et Preisser, professeurs de
chimie, ont bien voulu faire, à ma prière,
d’un fragment de ce verre. Ils ont reconnu
qu’il contenait du plomb et une trace de
cuivre, qui entre presque toujours dans la
composition du minium dont on se sert dans
nos ateliers modernes pour faire le cristal.
Ces habiles chimistes n'hésitent pas à re-
garder la matière de ce vase comme un vé-
ritable cristal.
Ainsi, il ne peut rester douteux que les
anciens n'aient connu la fabrication du
cristal, et qu'ils n'aient devancé à cet égard
les modernes, comme ils l'ont fait dans tant
d’autres branches des arts.
Le quatrième vase en terre cuite, à cou-
verte rougeâtre, a pris avec le temps une
teinte légèrement argentée. Deux filets, tra-
cés à la pointe, circonscrivent la panse du
vase Sur laquelle on remarque circulaire-
meéñht'des dépressions au nombre de six, qui
ont dû être obtenues par l'application du
pouce dans la terre encore molle. Ce vase
a éé fait au tour. Malgré l’apparente sim-
plicité de sa forme, il ne manque pas d’élé-
gance.
Deux petits anneaux en cuivre fort oxidés
étaient placés, l’un à côté de l’autre,entre
les fémurs du squelette. Ils ne présentent
rien de remarquable. S’ils ont servi de ba-
gues, leur petitesse indique qu'ils n’ont pu
s'adapter qu’à des doigts de femme.
Il ne me reste plus, pour passer en revue
les objets représentés sur le dessin ci-joint,
qu’à parler des petits clousqu'on a trouvés
mélés aux vases vers les pieds du squelette ;
il pouvait y en avoir nne douzaine. [ls sont
en fer et longs à peine d’an centimètre. Ccs
clous faisaient peut-être partie de quelque
petit cofret en bois, que-ke temps aura ré-
duit en poussière. Si cette conjecture est
fondée, ce coffret devait être un meuble à
l'usage de la femme dont nous apercevions
les restes.
Les objets que nous venons de décrire
appartiennent tous, par leur forme et leur
nature, à l’époque de la, domination ro-
maine dans nos contrées ; ce quinous donne
un premier point de départ pour la sépul-
ture dont iis faisaient partie. On peut en-
core inférer, de la présence d’un corps en-
tier au lieu de cendres, qu’elle est posté-
rieure aux premiers temps de l’empire. On
_sait, en effet, que les Romains, sous les pre-
miers empereurs, étaient dans l'habitude
de brûler les cadavres et de renfermer les
os calcinés dans des urnes qui étaient, soit
de terre, soit de marbre, soit de métal, soit
enfin de toute autre matière, suivantla con-
dition des personnes ou la piété des parents.
Ce qu’il y a de certain, pour nos con-
trées, c'est que, vers le milieu du troisième
siècle, l'usage de brûler les morts était
abandonnéetavait fait place à l’inhumation
pure et simple. Nous en avons acquis la
preuve par l'ouverture de plusieurs tom-
beaux faite à Rouen même et dans les en-
virons. Nous avons trouvé dans ces tom-
beaux, auprès de corps entiers, des mé-
dailles de Postume et de Tétricus, qui usur-
pèrent la pourpre dans les Gaules, le pre-
mier en 258, le second en 267. Quelques
inscriptions tumulaires de la même époque
pourraient au besoin confirmer ce premier
témoignage.
Mais un indice plus certain devait nous
être fourni par l’iuspection de notre sar-
cophage lui-même. Deux médailles en
bronze, de petit module, fort oxidées, qui
717
avaient d’abord échappé à nos recherches,
en furent retirées. Elles étaient placées en-
tre les os des cuisses, à côté des deux an-
neaux en cuivre dont nous avons parlé plus
haut. J'ai pu reconnaitre sur l’une d’elles
une tête laurée offrant tous les traits de
Constantin-le-Grand ; ce qui nous permet,
avec toute apparence de vraisemblance, de
reporter au règne de ce prince cette sépul-
ture. Elle ne pourrait pas, dans tous les
cas, l'avoir précédé, et les. autres indices
ne laissent guère la possibilité de lui assi-
gner une époque beaucoup plus récente.
Il est naturel de penser d’ailleurs que, pla-
çant dans le tombeau deux seules médailles,
on aura choisi de préférence la monnaie
du prince régnant. Je n’hésite donc pas à
regarder ces sépultures comme contempo-
raines de Constantin qui fut proclamé em-
péreur, comme on le sait, en Angleterre
par les légions en l’an 306, et qui mourut
en l’an 337 de notre ère.
Toutefois, l'orientation des pieds et la po-
sition des bras dans le tombeau des Quatre-
mares éloignent l’idée d’une sépulture chré-
tienne. Les chrétiens plaçaient les pieds des
morts à l'orient pour que le visage fût sensé
regarder le soleil levant, image mystique
du Sauveur, et les bras sur la poitrine, en
imitation du signe rédempteur de la croix.
Ici, les pieds et les bras sont placés en sens
inverse : ce n’est point une chrétienne qui
a été déposée dans ce sépulcre. Cette indi-
cation est certaine.
Les deux sarcophages que nous venons
de décrire ne sont pas les seules sépultures
antiques que les travaux du chemin de fer
de Paris à Rouen aient mises à nu, dans
les plaines de Sotteville.
Ces diverses sépultures se rattachent-
elles à une agglomération de population,
au temps de la domination romaine, sur
cette rive de la Seine? Rien, disons-le, jus-
qu'à ce jour, n’en avait pu même faire
soupçonner l'existence. Voudrait-on qu’el-
les eussent été placées là, suivant l’usage
antique, par les habitants de Rouen, le long
de la route allant de cette ville à Brionne
(Breviodurum ), voie qui est marquée sur la
carte de Peutinger, ou le long de celle con-
duisant, d’après itinéraire d’Antonin, de
Rouen à Evreux, qui toutes deux ont pu
suivre cette direction? Nous n'oserions,
quant à nous, privé que nous sommes de
documents assez positifs, nous prononcer
pour l’une ou pour l’autre affirmative.
Quoi qu’il en soit, la découverte de ces
tombeaux, à la porte de Rouen, constitue
un fait fort curieux et fort intéressant. Il est
à desirer que de nouvelles découvertes si-
gnalent la fin des travaux snr cette portion
de la ligne du chemin de fer, et viennent
grossir la liste déja nombrense de nos an-
tiquités gallo-romaines. A. DEVILLE,
GÉOGRAPHIE.
Notice sur le Yucathan, d’après les écrivains
espagnols. (Extraitdes Ann. des Voyag).
(Sixième et dernier article.)
Les Indiens du Yucathan, et particuliè-
rement les Cupules qui habitaient le pays
où est aujourd’hui Valladolid, se tatouaient.
le corps avec des figures d’aigles, de ser-
pents et d’autres animaux. C’est parce qu'il
avait honte de s'être ainsi fait tatouer, que
Guerrero, compagnon d’Aguilar, refusa
d’aller rejoindre Fernand Cortez.
Ils se servaient, dans leurs fêtes, de
flûtes, de trompettes et d’une espèce de
TiS
tambour qu'ils nomment tuneul: ilest fait
: d'un tronc d'arbre creusé et il est si so-
nor qtreu l'entend À Ja distance de plus
«le deux lieues dans la direction du vent.
Is avaient des, chanteurs de profession,
qu'ils nommaient,, Holpop; ceux-ci chan-
taieut dans le temple et répétaient aussi
l'histoire du pays et les anciennes légendes,
Il y avait en outre des acteurs qui repré-
sentaient des espèces de comédies histo-
riques. Ils s'amusent encore aujourd’hui
à parodier leurs supérieurs, ce qu’ils font
avec esprit, ils nomment ces acteurs Bal-
sam, ce qui veut dire farceurs ou bouf-
fons.
Ils sont très saperstitieux et croient aux
rêves. Dans les éclipses de lune, ils font
aboyer leurs chiens, croyant que la lune
meurt ou qu’elle est dévorée par. une.es-
pèce de fourmi qu’ils nomment Xulab. Ils
avaient des sorciérs qui prétendaient gué-
rir les malades, et jouaient avec des ser-
pents sans en être mordus. Ils n'auraient
pas habité une maison neuve avant qu'elle
eût été béaie par le sorcier.
Le calendrier en usage chez les habitants
du Yncathan ressemblait beaucoup à celui
des Mexicains; ils divisaient le temps en
cycles de vingt années, -qu’ils nommaient
Katun. Ils plaçaient la première année à
lorient, et la nommaient Kuch-Haab; la
seconde, placée au couchant, se nommait
Hije; la troisième, au midi, se nommait
Cavac; et la quatrième, au nord, se nom-
mait El-Muluk. Ils répétaient cinq fois ce
calcul pour faire un cycle de vingtans.
L'année était divisée en dix-huit mois de
vingt jours, et on y ajoutait cinq jours
complémentaires pour former trois cent
soixaute-cinq. Elle commençait au 12 jan-
vier. Les mois se nommaient :
Yaax. Paax. Cijp.
Zac. Cayal. Zeec.
Ceh. Cumku. Xul.
Mac. Vaychab. Yarkin:
Kankin. Poop. Mool.
Mnan. Voo. Cheen.
Les jours complémentaires s’ajoutaient
entre les mois de Vaychab et de Poop,
c'est-à dire du 12 au 17 juillet. On les
nommait Utuz-kin ou Ulubolkin, c’est-à-
dire temps menteur ou temps malheu-
reux.
Ces jours-là, ils n'osaient sortir de leurs
maisons et renouvelaient leurs prières aux
idoles.
Pour conserver leurs annales, les habi-
tants de Yucathan se servaient de pierres
sculptées, comme on en voit encore dans
les ruines et sur quelques murailles du
couvent de Mérida, au-dessous des cellules
des religieux. Leurs archives générales
étaient dans un endroit nommé Tixuah-
Lahtun, ce qui veut dire Jieu où l’on met
des pierres les unes sunies autres. Ils pla-
çaient, par exemple, trois pierres pour an-
noncer soixante ans ou trois cycles, et trois
pierres et demie pour annoncer soixante-
dix ans.
Ils avaient aussi des livres d’écorce d’ar-
bres qui avaient dix ou douze aunes de
long. Ils étaient recouverts d’un enduit
blanc et se pliaient comme un linge. Le
licencié Lopez Medel, qui a longtemps ha-
bité cette province, en fait la description
suivante. Dans le Yucathan, on m'a mon-
tré des espèces de lettres et de caractères
dont se servent.les habitants de cette pro-
vince; ils ressemblent à des arabesques
(lato y labores moriscos), et c'est avec cela
qu'ils écrivaient leurs affaires et leurs
719
comptes. Ils employaient au lieu de papier
l'écorce de certains arbres, dont ils enle-
vaient des morceaux qui avaient deux au-
nes de long et un quart d’aune de large.
Cette écorce était de l'épaisseur d’une
peau de veau et se pliait comme un linge.
L’usage de cette écriture n’était pas géné-
ralement répandu, et elle n'était connue
que des prêtres et de quelques caciques.
Les premiers conquérants qui entrèrent
dans cette province, y trouvèrent un grand
nombre de ces hvres, et les religieux, qui
les avaient accompagnés pour prêcher l’é-
vanpile, brulérent tous ceux dont ils pu-
rent s'emparer. Leur plus grand destruc-
teur fut un religieux nommé Fr. Diego de
Landa.
Les Espaguols avaient désigné sous le
nom général de Prospero les pays situés à
l’ouest du Yucathan et qui les séparent du
Guatemala. Les principales tribus qui l’Ka.
bitent sont les Taitzaes, les Cehatchessiles
Campims, les Chinamitas, les Locènes; les
Ytzaes et les Lacandons. Toutes cesnations
parlent la langue maya, excepté les Lo-
cènes qui parlent la langue chol. Leur
principal village peut contenir huit cents
maisons. Le mot locenes veut dire sé-
paré. -
Dans le Prospero, les Indiens des deux
sexes se percent le nez et les oreilles et y
placent de petits morceaux de bois sculptés.
Ils sont vêtus d’étoffes de coton, laissent
croître leurs cheveux et se coiffent avec
des plumes. Ils offrent à leurs idoles
des victimes humaines et des chiens. Ils
ont deux prètres principaux dont, l'un
se nonime Adkulel, et l’autre Adlayum.
Ils n’épousent qu’une seule femme :
celle qui commet un adultère est lapidée,
et son complice est tué à coups de flèches.
Ils enterrent les morts dans une fosse ronde,
et placent le cadavre de manière à ce qu'il
ait la tête entre les genoux. Ils ont soin de
placer des vivres à côté de lui.
On trouve dans tout ce pays des ruines
d'anciens édifices, comme dans le Yuca-
than, et des idoles en pierre.
Villagutierrez en décrit un qui avait la
forme d’une pyramide, au haut de laquelle
on pouvait monter par des gradins, et qui
était surmontée d’un lion de pierre. Dans
plusieurs endroits de son ouvrage il fait
mention d’autres ruines dont il ne donne
pas la description
Selon leur propre relation, les Vtzaes
habitaient anciennement le Yucathan qu'ils
avaient quitté, selon quelques auteurs, ef-
frayés par une prophétie qui leur annon-
çait l’arrivée des Espagnols, ou, comme
cela paraît plus vraisemblable, à la suite
d’une querelle survenue entre leur chef et
un autre cacique dont il avait enlevé la
femme. Les Ytzaess’établirent dans uneileau
milieu d’un lac qui leur offrait une retraite
inexpugnable. Cet événement eut lieu en-
viron cent ans avant l’arrivée des Espa-
gnels, c’est-à-dire au commencement du
quinzième siècle. Leur chef portait le titre
de Canek,. Leur capitale était divisée en
vivgt-deux quartiers qui obéissaient à au-
tant de caciques, Ils avaient quatre villes
moins considérables dans les autres îles du
lac. Les cinq iles réunies pouvaient conte-
oir vingt-cinq mille habitants. La plus
grande est environ trois lieues de la terre
ferme; elle contenait dix-neuf temples; les
habitants étaient vêtus de tuniques de co-
ton, sans manches et teintes de diverses
couleurs. Les Ytzaes nommaient ce lac
Chaltana, la ville principale Tayasal ou
720
Taisa, et l'endroit où ils avaient. leurs
champs en terre ferme, Zinibican.:.,04241,
Les Vtzaes étaient dans l'usage de join-
dre à leur nom le nom de leur mère qu'ils
faisaient suivre de celui de leur père. Leur
principale idole se nommait Hobo; elle était
de cuivre et creuse en dedans. On y plaçait
les victimes qui devaient être sacrifées ;
puis on la plaçait au milieu d’un grand feu,
et l’on dansait à l’entour en chantant les
louanges du dieu, jusqu'à ce que la vic-
time fût consumée. Les Ytzaes regar-
daient deux autres idoles, qu'ils nom-
maient Pacok et Hexunchan; comme les,
divinités qui présidaient à la guerre; ils les
portaient avec eux quandils allaient com-
battre les Chinamitas, leurs voisins, contre
lesquels ils étaient constamment en guerre.
Les Ytzaes résistèrent longtemps aux Espa-
gnols et les repoussèrent plusieurs fois. Ge
ne fut qu’en 1696:que don Martin de Ursua
les soumit entièrement, après avoir pris
d’assant leurcaphale;
|
Le Rédacteur-Gèrant!!
C.-B. FRAYSSE. |:
FAITS DIVERS.
— Sur la proposition de M. P.-A, Lair, qui fait
les frais du prix, l’Académie royale des sciences,
arts et belles-letires de Caen met au concours le
sujet suivant : Eloge d'Alexandre-Etienne Choron,
né à Caen. Le prix sera une médaille d'or de la va-
leur de 200 fr. Chaque ouvrage devra porter en
tête une devise qui sera répétée sur un! billet ça-
cheté, contenant le nom et lé domicile de l’auteur.
- On n'ouvrira que les billets correspondants aux nu- |
méros couronnés. Les membres titulaires de l'Acadé- M
|
mie et les associés résidents sont exclus du concours.
Chaque concurrent adressera, avant le. 1€7 jan:
vier 1844 son travail franc de port à M. Julien
Travers , secrétaire de l’Académie.
BIBLIOGRAPHIE.
ETUDES chimiques, physiologiques et médicales, |
faites de 1855 à 1840, sur les matières albumi-
neuses , etc.; par P. S. Demis (de Commercy ). — |
Chez Denis, iuprimeur, à Commercy. |
ENQUÈTE PARLEMENTAIRE sur les colonies
anglaises, publiée en septembre 1842. Analyse de
l'enquête par M. Jollivet, membre de la chambre
des députés. à
COURS de chimie inorganique appliquée; par
M. Payen. Analyse des leçons , données et descrip=
tion des planches, par MM. Knab et Schmersahl,
À Paris, au Conservatoire des arts et métiers.
FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et consid
rations médico-légales , relatives à l'empoisonnement#
par l’acide prussique ; par J. Bonjean:
FRAGMENT d'un voyage dans le Chili ct au Cusco
patrie des anciens Incas; par Claude Gay.
HISTOIRE des sciences naturelles , depuis leürk
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con
nus } commencée aù collège de France par Georges]
Cuvier, complétée par M. Magdeleine de Saïntaggil
A Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie: |
LETTRE de M. J.-J. Dubois, sotis=conser valeur!
du musée des antiques au Louvre, sur une inscrip4
tion grecque troutée dans ine-statue antique &
bronze appartenant à ce musée,
RECHERCHES sur Vorisine: des Pois, et sur
lieu d'établissément d'ane colonie de -ces penpil
dans la Gaule; précédées d'observations sur Les reel
de Tite-Live st des autres historiens des énusration!
gauloises; par F. Vincent. pukier Sec |
ASIE CENTRALE. Recherehesysur Jes chain
de montagnes et la climatologie comparée; par #!
de Humboldt. A Paris, chez Gid , rue des Peuks
Augustins, D. |
——_——
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fl
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 334
}
!
10° année.
Paris. — Jeudi, 27 Avril 1843.
DIKE———
N° 51.
ECHO DU MONDE SAVANT.
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De
LL'ÉCHO DU MONDE SAVANT parait le SEUDI ctle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de i,200 pages chacun; il est publié sous la direction
+ de M. le vicomte A DE LAVALETEE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
| braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PARB:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr., 16 fr.,
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- BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 40 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
| - encyclopédique la’ plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) aM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
SOMMAIRE, — ACADEMIE DES SCIEN-
- CES. Séance du 24 avril 1843. — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Expérien'es failes
sur une Substance noire diathermane dans le but
de vérifier la théorie de Melloni; Mathiessèn. —
CHIMIE INORGANIQUE. Sur les produits de dé-
composition <le l'acide sulfocyanhydrique; Voelc-
kel, de Marbourg. — SCIENCES NATUREL.-
LES. Z00LGGIE. Index ornillulogique de Les-
son... — Oiseaux mouches nouveaux ou mal con-
nus; Jules, Bourcier. — SCIENCES APPLI-
| QUEES. ARTS MÉCANIQUES. Sur le mode
| d'action de la vapeur dans les machines d’épuise-
| ment usitées dans le comté de Cornwal; Combe.
— AGRICULTURE. Société royale etcentrale
d'agriculture. séance du 27 avril. — HORTI-
boulons ; Loiseleur-Deslongchamps. — SCIEN-
| CES HISTORIQUES. MANUSCRITS. Lettre
| inédite de Linné. — GÉOGRAPHIE. La Vala-
| chie, forme du gouvernement. — FAITS DI-
VERS. —
| DIS Ke —
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 24 avril 1845.
ME. Adria a envoyé à l’Académie un mé-
"moire sur induction des courants par les
courants. D'après les recherches de ce sa-
“vant, l'influence que la position des di-
verses parties d’un système induit exerce
dans leur réaction mutuelle peut être vé-
Irifiée par les propriétés physiologiques ,
chimiques et calonifiques des courants in-
'duits, aussi bien que par leurs propriétés
imagnétiques. Il était en outre intéressant
d'examiner si lon obtiendiait les mêmes
(valeurs en appréciant l'intensité des cou
Irants induits par lélévation de tempéra-
ture qu'ils produisent dans un fil métal-
\lique invariable ou par le degré de ma-
| gnétisme que prend-sous leur influence une
aiguille d’acier trempé. Le mémoire de
M. Adria renferme la vérification de ce
} point important.
| On peut obtenir avec le galvanomètre
|des* indices de l'existence des courants
| d'ordres supérieurs au second. Les dévia-
| tions de l'aiguille sont accompagnées de
| ciréonstances particuhères qui confirment
| l'hypothèse émise par M. Henry sur la
| constitution des courants de troisième et
| quatrième ordre, hypothèse d’après la-
| quelle chacun d’eux en 2,4 courants al-
| rnativement contraires, égaux en quan-
tilé, différents par leurs autres propriétés.
M. A. de Lignerolles a envoyé à l’Aca-
démie une note sur unc nouvelle méthode
| d'injection. Rien n’est changé dans la ma-
nipulation mais les substances seules dif-
férent .Ainsi M. de Lignerolles emploie la
gomme laque blonde, Ja sandaraque ; le
mastic , la gomme-gutte, la résine copal
qu'il fait dissoudre à froid dans l'alcool ct
Péther. Des matières colorantes porphyri-
Î
CULTURE. Appareil Lecoq pour la reprise des:
nées sont ou fondues avec la résine, ou
simplementajoutéesaux dissolutions.M. Li-
gnetolles a plusieurs formules pour ces in-
jections ; nous citerons les principales :
Gomme laque blonde 130 gramm.
Vérinillon d’allemagne 20
Aléoo!l à 36° 400
Sandaraque 70 gramm
Gomme laque 70
Alcool 400
Vermillon 32
Sandaraque 100gramm.
Gomme gutte 50
Alcool 400
Dextrine 32 gramm.
‘ Alcool 100
Eau 50
Noir de fumée q: s.
À l'aide de ces injections facilement
faites avec de grossières seringues, M. de
Lignerolies a démontré les vaisseaux des
cartilages, et à établi la disposition roulte,
répliée, pelotonnée des extrémités des cou-
duits excréteurs dans les organes glandu-
leux. Selon lui il n’y a rien de celluleux,
de spongieux dans ces organes. Si leur
coupe à paru montrer ceite structure, l’in-
jection a détruit cette illusion facile à ex-
pliquer. Il n’y a pas loin de l'apparence
celluleuse à la surface que présentent divi-
sés une multitude de petits vaisseaux plus
ou moins perpendiculaires à cette surface.
Il résulte de; ce fait que toutes les glan-
des offrent le même type d'organisation et
qu'elles peuvent être comparées aux gan-
glions lymphatiques qui sont peut être
aussi des glandes, c’est-à-dire qu'ils mo-
difient la lymphe d’une manière analogue.
Une glande et son conduit excréteur re-
présentent un ganglion lymphatique avec
les vaisseaux efférents. Il en est peut-être
des cellules décrites par quelques anato-
mistes dans les ganglions comme des gra-
pulations , elles n'existent peut-être pas.
Les injections de M. Lignerolles l'ont
conduit encore à la découverte d’un autre
fait anatomique également curieux. C’est
l’anastomose des veines pulmonaires avec
les artères bronchiques, anastomose déjà
vue, il est vrai, par Winslow.—Appliquées
au placenta, les injections de M. Lignerol-
les, poussées par l'artère ombilicale, sont
revenues par fa veine, et »ice versa. Il n’y
a donc pas de communication directe entre
les vaisseaux de la mère et ceux de l'enfant.
L'auteur de ce travail tire encore de ces
recherches plusieurs conséquences curieu-
ses, mais dans les détails desquelles nous
ne pouvons pas entrer ici.
M. Matthiessen a envoyé à l'Académie
plusieurs communications intéressantes.
L'une d’elle a trait aux cffets produits par
un. verre vert qui jouit de la propriété de
ne laisser passer que des rayons Lomogè-
nes. Déjà on connaissait un verre rouge
qui. donnait lieu aux mêmes résultats. À
l’aide du verre que M. Matihiessen pré-
sente, inais dont il ignore la composition
chimique, les physiciens pourront peut-
Ctre résoudre quelques unes des grandes
questions d'optique sur la composition et
le nombre des rayons du spectre. Faut-il,
avec Newton, admettre sept rayons primi-
tifs, ou bien, avec M. Brewster, n’en ad-
mettre que trois? Faut-il croire à certaines
expériences de ce dernier physicien, qui
dit avoir vu dans le spectre le vert se por-
ter jusqu’au rouge? Du reste, disons ici en
passant que les idées énonctes aujourd’hui
par M. Brewster ont été émises cinquante
ans avant lui par Mathias Young, dans son
Mémoire sur | analyse du spectre.
M. Regnault a lu un rapport sur un in-
strument de M. Chuard, instrument au-
quell’auteur a donnnéle nom degazoscopee.
Ce gaz oscope, destiné à prévenir les déton-
nations du gaz à éclairage, se compose d’ur
ballon qui flotte dans l'air, dont il doit i
diquer Ja différence de densité. Ce ball
muni d’une tige de fer à sa particinférie
communique par cette même tige avec
autre ballon plein d’air, plouoé dans l’eäj
et nommé flotteur. Pour maintenir tou
l'appareil dans une position verticale stable,
on a attaché au dessous du flotteur une
masse de plomb qui sert de lest. Sil’appa-
reil se trouve placé dans un air qui con-
tient une certaine quantité d'hydrogène
carboné, la densité de l'air diminuant, le
ballon aérien, entraîné par le flotteur, ten-
dra à descendre, et en descendant viendra,
à l’aide d’un mécanisme particulier, frap-
per sur un petit lévier communiquant avec
un timbre dont le bruit indiquera le dan-
ger qu’on peut courir si l’on reste dans
l'appartement. Nous reconnaissons tout ce
_qu'il y a d’ingénieux dans cet appareil, mais
sera-t-l jamais applicable? Les nombreux
détails qu’il renferme fe rendront toujours
d’un usage incommode pour des mains
inexpérimentées, et le feront rejeter dans
la majorité des cas.
MM. Danger et Flandin en déposant un
paquet cacheté, à l’Académie, lui ont fait
connaître qu’ils étaient arrivés à prouver
par des procédés qui leur sont propres qu’il
w’existe point de cuivre dans le sang et les
viscères de l’homme à l’état normal. Les
mêmes chimistes prétendent avoir décou-
vert un procédé d'analyse qui permet de
découvrir le cuivre et le plomb dans les
matières organiques alors que les métaux
ne s’y trouvent mêlés que dans la propor-
tion d’un cent-millième. On ajoute dans
cette note que 32 grammes de tel viscère
déterminé d'un animal empoisonné par
724
un composé de cuivre ou de plomb, suff-
ront à l'expert pour fournir la démonstra-
tion de l'empoisonnement. Nous attendons
avec impatience l'ouverture du paquet ca-
cheté déposé par MM. Flandin et Danger,
mais n’a-t-on pasledroit de s’étonneràpriori
qu'ils aient fixé d’une manière si précise
la sensibilité de leur procédé. Ceux qui
connaissent les innombrables chances d’er-
reur quecomportentla plupart des procédés
analytiques, ne pourront qu'être surpris
d’une telle affirmation dans les faits. À en-
tendre les chimistes qui visent ainsi aux
millionièmes, on se croirait avec ces ho-
méopathes qui s’écrient : Prenez un mil-
ligranme de telle substance, faites le dis-
soudre dans cinq cents litres d’eau, prenez
une goutte de cette liqueur, jetez le reste,
agitez cette goutte dans cinq cents litres de
liquide, et après avoir opéré une vingtaine
de dilutions pareilles, avalez un verre du
dernier breuvage et votre guérison est
certaine. La croyance de certains chimistes
aux millionièmes vaut bien la dilution in-
définie des homéopathes. E. F.
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Expériences sur une substance notre dia-
thermane faites en vue de vérifier la théo-
rie de M. Melloni; par M. Matthiessen.
Cette substance est une plaque de verre
noire , mince, provenant d’une fonte faite
à Choisy-le-Roi il y a seize ans. Elle ne
laisse passer aucune lumière en l’interpo-
sant entre l’œil et le soleil, et laisse passer
cependant à peu près30 pour 100 des rayons
calorifiques d’une lampe Locatelli.
Afin de voir si j'arriverais à une confir-
mation de la théorie de M. Melloni; afin
de décider si tous les rayons d’une même
réfrangibilité ou d’une même longueur
d’onde sont d’une même nature, et doués
de toutes les propriétés lumineuses , chi-
miques, calorifiques, etc., appartenant à
cette réfrangibilité, j'ai examiné expéri -
mentalement si la plaque en question in-
tercepte toute chaleur provenant de la par-
tie lumineuse d’un spectre solaire bien fait,
et si elle laisse passer la chaleur obscure
au delà du rouge ; ce qui a lieu effective-
ment, comme le montre l'expérience sui-
vante : :
Un prisme équilatéral du flint le plus ré-
fringent de Bontemps, dont les côtés n’ont
que Amum,o de largeur, placé devant une
lentille du même flint, très mince à la ma-
nière de Newton, produit un spectre très
pur dans une chambre obscure. Lorsqu'on
fait la fente horizontalement dans un volet
qui regarde la partie du ciel où le soleil se
trouve actuellement à sept ou huit heures
du matin , on reçoit les rayons solaires di-
rectement sur la pile thermo-électrique
sans les faire réfléchir à la surface d’un
miroir. Le spectre se promène de lui-même
” devant la pile couverte de la plaque noire.
D'abord arrive la partie obscure, dans la-
quelle se trouve le maximum de chaleur
avec cet appareil et l'aiguille est fortement
déviée. La déviation diminue graduelle-
ment à mesure que le rouge extrême s’ap-
proche de la pile; encore plus lorsque le
rouge extrême tombe sur l'ouverture ; en-
fin, couverte de la plaque noire, l'aiguille
retourne à zÉrO aussitôt que la région
rouge a entierement couvert la partie in-
férieure de la pile. Une couleur quelcon-
725
que du spectre visible ne produit aucune
chaleur sur l'instrument, ni toutes les
couleurs du spectre ensemble , ni la partie
au-dessus du violet.
J'ai répété l'expérience avec un gros
prisme très parfait de flint Guinand, mais
elle n’a pas réussi. D'abord le flint Gui-
nand , beaucoup moins réfrangible que ce-
lui de Bontems, fabriqué exprès pour les
lentilles achromatiques de microscope,
éteint plus de rayons calorifiques de basse
température ; d’ailleurs l’épaisseur de la
masse d’un gros prisme en éteint une autre
partie, de sorte que le maximun de cha-
leur se trouve dans le rouge , ou du moins
trop rapproché du rouge. Mais ce qui fait
manquer l'expérience, surtout avec un
gros prisme, c'est que les rayons, arrivant
de la fente sous forme conique, ne peu-
vent plus être considérés comme sensi-
blement parallèles dans un même plan ver-
tical, comme lorsque le prisme est très
étroit; la lentille, d’ailleurs, engendre
beaucoup d’aberration lorsqu'une grande
hauteur de cette lentille est rendue eff-
cace : de sorte qu’il y a dans un spectre
produit par un gros prisme, beaucoup de
chaleur obscure mêlée au rouge.
La disposition que j'ai décrite a l’avan-
tage que l’on n’a pas besoin de s'approcher
ou de toucher l'appareil thermo électrique
pendant l'expérience : il suffit de pousser
un peu le prisme fixé sur la lentille du midi
au nord.
Le verre noir serait donc une substance
rouge foncé pour la chaleur; substance
assez rare jusqu’à ce jour, et peut-être
l'unique matière de ce genre susceptibfe
d'être polie; car le noir de fumée, qui
jouit de la même propriété étant appliquée
sur du sel gemme, se prête à plusieurs ex-
plications, à cause du manque de poli.
CHIMIE INORGANIQUE.
Recherches sur les produits de décomposi-
ton de l'acide sulfocyanhydrique ; par
M. C. Voelckel, de Marbourg.
(Deuxième artiele.)
La formation de l’acide persulfocyanhy-
drique repose sur une décomposition fort
intéressante de l’acide sulfocyanhydrique.
Nous avons déjà fait observer dans un pre-
mier article que ce dernier se décompose,
par l’action de l'acide hydrochlorique, en
acide persulfocyanhydrique, sulfure de car-
bone, hydrogène sulfuré , acide prussique,
acide formique et ammoniaque. Il est aisé
de comprendre que tous ces produits ne
doivent pas leur formation à une même
décomposition de l'acide sulfocyanhydri-
que, et que ce dernier subit, dans des cir-
constances peu différentes, plus d’une seule
décomposition. La composition de l'acide
persulfocyanhydrique , telle que nous Pa-
vons établie plus haut, nous permet de
poursuivre les diverses phases de ces méta-
morphoses.
Lorsqu'on fait arriver du gaz hydro-
chlorique dans une solution concentrée de
sulfocyanure de potassium en évitant l’é-
chauffement par un refroidissement artifi-
ciel , il se sépare au bout de quelque temps
de l’acide persulfocyanhydrique en grande
quantité, en même temps qu'il y a forma-
tion d'acide prussique, d'acide formique,
d'acide carbonique, de sulfure de carbonne
et d’ammoniaque, tandis qu’on n'ebserve
aucunement celle de l'hydrogène sulfuré.
726
L’acide carbonique et le sulfure de carbone
ne se produisent qu’en petite quantité, et
quelquefois même ils manquent tolt-à-
fait. Faisons abstraction pour le moment
de ces derniers produits: nous aurons donc
comme produits principaux de la.décom-
position de l'acide sulfocyanhydrique, sous
l'influence d’un acide à la température or-
dinaire, de l’acide persulfocyanhydrique,
de l'acide prussique, de l'acide formiqué
et de l’ammoniaque ; or, ces deux derniers
sont également des produits de décompo-
sition de l'acide prussique. La décomposi-
tion de l'acide sulfocyanhydrique aqueux
est entièrement semblable à celle que
M. Vœhler avait déjà observée pour l’acide
anhydre; 3 atomes d'acide sulfocyanhy-
drique se décomposent en 2 atomes d’acide
persulfocyanhydrique et un atome d’acide
prussique :
3CiAz H2S?—C:?Az6H686 = CSAZ4H4S6 1 CéA 22H.
. L’acide hydrochlorique détermine cette
métamorphose en enlevant à l’acide sulfo-
cyanhydrique l’eau nécessaire à son exis-
tence. D’autres acides se comportent d’une
manière semblable à Facide hydrochlo-
rique, ceux surtout qui ont une affinité
prononcée pour l'eau, par exemple l’acide
sulfurique. M. Vogel trouva qu’en mélan-
geant de l'acide sulfocyanhydrique aqueux
avec de l'acide sulfurique concentré , il s’en
sépara du soufre; maisce soufre n’était
autre chose que de l’acide persulfocyanhy-
drique. -
La formation de l'acide carbonique et
du sulfure de carbone provient d’une
autre décomposition de l'acide sulfocyan-
hydrique. Un atome de cet acide se trans-
forme, avec le concours de 2 atomes d’eau,
en un atome d'acide carbonique , un atome
de sulfure de carbone et 2 atomes d’am-
moniaque :
CiAz-H°$°-LH4O°—=C?074-C°S'LAz/H6,
En faisant bouillir au contraire Pacide
sulfocyanhydrique ou une solutien de sul-
fure de potassium avec un grand excès d’a-
cide hydrocyanhydrique , mais de l'acide
carbonique , de l'hydrogène sulfuré et de
l’ammoniaque. Un atome d'acide sulfo-
cyanhydrique se décompose, avec le con-
cours des éléments de 4 atomes d’eau, en
2 atomes d'acide carbonique, 2 atomes
d'hydrogène sulfuré et 2 atomes d’ammo-
niaque :
CaAz-H°S.HH804— Os; A 7: He.
Lors donc qu’on fait passer l'acide hydro-
chlorique dans une solution concentrée de
sulfocyanure de potassium , sans la refroi-
dir, toutes ces décompositions s’effectuent
dans l’acide sulfocyanhydrique; le degré
de concentration de la solution fait alors
prédominer plus ou moins l’une ou lautre
de ces décompositions. Plus elle est éten-
due, moins on obtient d'acide persulfo-
cyanbhydrique.
Il est donc convenable de préparer ee
dernier en décomposant à froid le sulfocya-
nure de potassium. Dans ce cas, il importe
peu que la solution soit concentrée ou
étendue; il n'y a que cette différence que
l'acide persulfocyanhydrique se forme dans
une solution diluée bien plus tard que dans
une solution concentrée, par la raison que
l'acide sulfecyanhydrique n'est décom-
posé en acide persulfocyanhydriqueetacide
prussique que par un acide concentré et
non pas par un acide étendu .Lorsqu'on pré-
pare l'acide persulfocyanhydrique à l’aide
du gaz hydrochlorique , la meilleure pro=
1727
portion est de une partie de sulfocyanure
“de potassium pour cinq parties d’eau.
|
Î
Ces faits expliquent toutes les indications
des autres chimistes sur l'acide sulfocyan-
hydrique. Ainsi on avait trouvé que, dans
Ha préparation de l'acide sulfocyanhydri-
que par le sulfocyanure de potassium et
acide sulfurique, une grande partie de
l'acide sulfocyanhydrique se transformait
“souvent en un corps jaune qu'on preuait
| pour du soufre , et que le produit était sou-
vent souillé d'hydrogène sulfuré , et même
“quelquefois d'acide sulfureux, le corps
jaune de l'acide persulfocyanhydrique.
*Dans cette préparation l'acide sulfocyauhy-
“drique peut se décomposer de diverses
manières. Quand l'acide sulfurique n’était
pas employé en excès, mais à l’état de
forte concentration, l'acide sulfocyanhy-
drique se décomposait en partie en acide
persulfocyanhydrique et acide prussique ;
mais lorsque l'acide sulfurique était en
même temps employé en excès, l'acide
:persulfocyanhydrique se décomposait à son
tour en dégageant de l'acide sulfureux.
» Lorsqu'il était au contraire étendu et en
excès , une partie seulement de l'acide sul-
focyanhydrique se décomposait en acide
*carbonique, hydrogène sulfuré et ammo-
“miaque. Il est clair, d’après cela, qu’en
étendant convenablement l'acide sulfuri-
que, pour la préparation de l’acide sulfo-
-cyanhydrique, et en ne l’employant pas en
excès , on obtient ce dernier aussi pur qu’a-
| vec l'acide phosphorique qu’on avait pro-
) posé d'employer en place de l'acide sulfu-
rique.
| — Q E—
SCIENCES NATURELLES.
ZOOLOGIE.
Index ornithologique ; par Lesson,
(suile.)
66° Genre : Tinunouzus,, Brisson (1760),
t. p. 393; Vieillot (4807); Cerchneis, Boié
| (1826); Gould; Falcula, Hodgs; OEgipius,
: Kaup. : hab, Europ., Afr., Asie, Austral.,
et Amérig.—235. Tinnunculus alaudarius,
Brisson, ornith. 1, p. 393; Falco cenchris,
Klein; Falcotinnunculus, L.; la Cresserelle,
Buffon, Eni., 404 et 471 (jeune); Naum.,
pl. 7; proceed. 1830, 111, et 1531, 80;
1839, 119: Vieill. Ency.;111,1239; Temm.
man, {, 29 ; Falco brunneus, Bechsl. (jeune
âge); Falco fasciatus, Retz, n. 17 : hab,
l'Europe et l'Afrique. — 236. Tinnurculus
tinnunculoïdes; Falco tinnunculoïdes, Nat-
terer; Term. man., 1 31, et 1v, 15; Morée,
pl. 2 et 3; faucon cresserine, Vieill., faune,
pl. 16, £. 3; Savi, 1 47; Falco cenchris:
: Erisch ; Naum. Boiïé ; Lesson DO
Falco tnnuncularius, Vieill. Eucycl., 1230:
hab. Morée, Espagne, Sicile, Sardaigne,
Suisse, Toscane, Inde, Bingale —237. Tin-
aunculus rupicolus. Falco rupicolus, Dau-
din, 2, 135; Falcacopensis, Shaw; Cerchneis
rupicola, Boié; le Montagnard, Levaill. ,
Afriq., pl. 35; Falco rupicola, Vieill. Ency.,
1, 1236 : hab. Cap de Bonne-Espér. —
238. Tinnunculus punctatus ; Falco puncta-
tus ; G. Cuv. ; Cerchneis puuctatus, Boié ©
Temm,., pl. 45 : hab. île Maurice.—239,
Tinnunculus columbarius , Vieillot, am.,
pl. 11; Encycl., p.1236; Accipiter Caroli-
nensis, Brisson, 1, 378; Catesby, pl. 3; Fal-
Co Columbarius, L.; Wilson, pl. 15, fig. 3;
Ch. Bonap., syn. 28; Nuttall, 1, 60; Swain-
son, N. Zool., p. 35, pl. 26 et fig 68 sur
bois; Cuba, p. 23; Falco temerarius, Au-
728
dubon, p. 71, et Nuttall, 1, 61 : hab. les
Etats-Unis.—240, Tiinurculus sparverius,.
d'Orbig., am. 119; Cuba. 25; Falco sparve-
| rius, L.; Enl., 444 et 465; Wilson, pl. 32,
fig. r, et pl. 16 fig. 1 (em.); Ch. Bonap.,
syn. p. 27; Swainson, N. Z., pl. 31, pl. 24;
Nuttall, 1, 58; Vieill. Encycl., p. 1235 ;
Brisson, pl. 32, f. 4 : hab. les deux Améiq.
— 241, Tinnunculus sparverioides ; Falco
sparterioides, Vigors, zool. journ., t. 3,
| p. 436; Cuba, p. 30, pl. 1,; Falco gracilis,
Lesson, Traité, p.93 : hab. les Antilles. —
|? Tinnunculus? Falco cyanescens, Vieill.
Encycl., 1234; Azava, n° 40 : hab. le Pa-
raguay.—242, Tinnanculus cinnamomeus;
Falco cinnamomeus, Swainson , mén.,
| p. 281 : hab. Chili. — 243. Tinnunculus
isabellinus ; Falco isabellinus, Swainson,
mén., p. 282 : hab. Démérara.—244, Tin-
nunCulus gracilis ; Falco gracilis, Swaius.,
méo., p. 281 : hab, Brésil.—245. Tinnun-
culus cenchroïdes; Falco cenchroides, Vig.
et Horsf., transl. xv, 170; Cenchris cenchroi-
des, Gould, proc. 1839, 113 : hab. Nouv.-
Galles du sud.—246.T'innunculus interstince-
tus; Falco interstinctus, MacCl., proc.1839,
p.154: hab. Nouv./Galles du Sud.—? Fal-
co lunuratus, Daudin, 11, 122; Falco calidus,
Lath. : hab. Inde cont,.
67° Genre : Eryrurorus, Brehm (1878).
Tinnunculus, Boié, Pannychistes, Kaup
(1829) : hab. Europe , Afrique et Asie. —
249. Erythropus vespertinus, Brehm; Falco
vespertinus, L.; Gm.; Enl. 431; Falco ru-
Jfipes, Beseke; Temm., man. 1v, p. 17; Xo-
bez, Vieill. faune, p. 32; Roux, pl. 34 à 38:
Savi, 1 53; Cerchneis vespertinus, Boié, En-
cycl., 111, 1232 : hab. Europe et Afrique.—
2248. Erythropus chicquera; Falco chic-
quera, Daudin, 11, 421 ; Lath.; Falco ca-
pensis, Shaw—? le Chicquera , Levaill.,
af. pl. 30 ; proceed.1831, 80 et 1830, 1 et
173, Vieillot, Encycl. 1233; Falco ruficol-
lis, Swains., West., af., t. 1, p. 407, pl. 2:
bab. le Cap de Bonn.-Espér., le Sénégal,
le Bengale, Java , Chandernagor, Pondi-
chéry.—249. Ærythropus biarmicus ; Falco
biarmicus, Term, pl. col. 424; Falco ch:c-
queroïdes, Smith, proc. 111, 45 : hab. Ca-
frerie.
68 Genre : Harpaëus , Vigors (1821 ),
zool. journ., 1, 338; Bidens, S pix (1824) ;
Diodon, Less. (1829); Diplodon , Nitesch
(1840) : hab. Amériq. équat. — 250. Har-
pagus drodon; Fulco diodon,Temm., pl.198;
Diodon brasiliensis, Less., tr. p. 95 : hab.
Brésil et Guyane. —251. Harpagus biden-
talus, Vigors, zool. journ., t. 1, p. 338; Fal-
co bidentatus , Lath., n° 98; Daudin, t. 2,
p.118; Vieillot, Encycl., p. 1233; Temm.,
pl. 38 et 228; Bidens rufiventer, Spix,
pl. 6; Bilens albiventer, Spix, pl. 7; Dio-
don bidentatus, d'Orbigny, p. 122 : hab.
Guyanne, Brésil.
69° Genre : Hrerax, Vigors (1821); Har-
pagus,Swainson: hab. l'Asie. —252, Hicrax
cærulescens , Vigors, zool. journ., 1, 339;
Falco cærulescens, L.; Temm., pl, 97;
Edwards, pl. 108; Vieillot, Encycl., 1236;
Falco bengalensis, Gm. ; Falco fringillarius,
Drapiez, Dic., t. vi, p. 418, avec fig.; Dau-
din, t. 11, p. 145; Faucon du Bengale, Bris-
son, sup. p. 20. Dorso nigro-cærulescente;
temporibus linea alba inclusis, rostro ni-
gricante ; palpebris pedibusque subluteis ;
corpore aurantiaco infra; fronteaurantiaco:
hab. le Bengale. — 253. Hierax horsfieldii ,
Lesson; Falco cærulescens, Horsf., fig. zool,
resear. in Java; Wilson, illustr. of zool.,
pl. 2; Vieillot, gal., pl. 18. Dorso nigro-
124
cœrulescente cum guttis niveis; fronte et
corpore infra albis: hab. Java, Sumatra.—
254, Hierax erythrogenys, Vigors, proc. 1,
98 : Capile, et corpore supra, cauda, femor-
ribusque intens airis; gula, collo in fronte,
corporeque subtus albis; striga a rictu ad
aures extendente rufa; rostro albo; pedibus
nigris . hab. Manille (îles Philippines). —
255. Hierax Gironniert, Gervais, Bonite,
p.71, pl 1 : Falco corpore supra nigro-
viridi nitente, subtus albo sericeo. Hab,
Manille (île de Lucon )
Oiseaux mouches nouveaux ou mal connus,
par M. Jules Bourcier.
Trochilus Prunellei. — Mâle adulte. Bec
droit, de longueur moyenne, presque cy-
lindrique, d’un brun noir ; tête d’un nair
brunâtre, soyeux, à légers reflets d’un vert
bronzé. Nuque et bas du cou à légers re=
flets d'un vert bronzé. Nuque et bas du cou
à légers reflets d’un bleu verdâtre sur la
première, d’un bleu violacé sur le second ;
partie antérieure du dos d’un brun noir,
partie postérieure plus visiblement givrée
de vertcuivreux ; couverture caudale d’un
violet obscur; ailes un peu plus longue-
ment prolongées que les rectrices subex-
ternes ; d’un brun violacé à couvertures
d'un bleu vert glacé, brillant, passant au
violet sur les plumes policiales ; queue
échancrée à l’extrémité, à dix rectrices à
larges barbules : les médianes à subexternes
graduellement un peu plus longues ; les
externes égales auxintermédiaires; dessous
du corps d’un noir soyeux ; paré, sur le mi-
lieu de la gorge, d’une plaque de plumes
écailleuses, d’un bleu violet; côtés de la
poitrine marqués d’une large tache blanche
prolongée jusqu'aux épaules ; tarses blancs.
— Loug. totale, 0,126; — du bec, 0,034;
des aîles, 0,075 ; — de la queue, 0037. —
Patrie, la Colombie ; se trouve aux envi-
rons de Facativa. — Dédié à M. le docteur
Prunelle, correspondant de l’Institut, et
l’une des gloires scientifiques de la ville de
Lyon.
Trochilus cupripennis. — Bec droit, pres:
que cylindrique, d’une longueur au-des-
sous de la moyenne, d’un brun noir; tête
d’un brun violâtre à sa partie antérieure,
d’un bran vert bronzé à l’occiput; dos de
cette dernière couleur; couverture cau-
dale irisée de diverses teintes métalliques ;
ailes aussi longuement prolongées que la
queue, assez étroites, d’un cuivreux plus
violâtre vers l’extrémité; poignets, plumes
policiales, et la plupart des autres, dans
leur partie cachée, d’un roux cuivreux ;
queue à dix rectrices presque égales, à lar-
ges barbules : les médiaires avec leurs tiers
terminal d’un vert bronzé, teinte qui s’af=
faiblit graduellement chez les autres, et .
disparaît chez les externes; dessous du corps
roux, couleur qui s'étend autour du cou
en forme de collier; tarses et doigts noirs;
partie inférieure de la queue plus päle. —
Long. totale, 0,10 ; — du bec, 0,028; — des
ailes, 0,077; — de la queue, 0,048.— Pa-
trie, la Colombie. — Collection du Muséum
de Paris.
Trochilus anthophilus. — Mâle adulte.
Bec long, assez fort, faiblement arqué,
presque cylindrique ; mandibule supérieure
d’un brun noir : l’inférieure rouge, à ex-
trémité noire; tête d’un gris bran, parée
d’une bande sourcillière d’un blanc sale,
et marquée au dessous des yeux d'une
bande brune inférieurement bordée d'une
730
raie blanche partant de 11 commissure du
bec, dessus du cerps d'un vert cuivreux
luisant ; plumes de la couverture caudale,
frangées de fauve roux; ailes d’un brun
violâtre . étroites; queue à dix rectrices
d'un vert bronzé à la base, blanches à l’ex-
trémité : les médiaires trois fois aussi lon-
gues que les externessublinéaires dans leur
dernier tiers, les autres graduellement plus
courtes ; gorge cendrée, poitrine et ventre
plus pâles ; tarses blanchâtres ; couverture
sous-caudale d’un cendré blarchâtre.
Femelle. — Plumes de la couverture
caudale bordées de fauve pâle; queue
moins longue, plus brièvement termi-
née de blanc et d'une manière moins
tranchée; gorge d’un blanc cendré, ma-
culée de brun; poitrine, ventre et cou-
verture sous-caudale, d’un blanc sale ; du
reste semblable au mâle. — Longueur to-
tale, 0,155; — longueur du bec, 0,033; —
longueur des ailes, 0,060 ; — de la queue,
0,070.— Patrie, la Colombie ; habite la val-
lée supérieure de la Madeleine, région tem-
pérée.— Collection de Jules Bourcier.
Trochilus Guimeti. — Mâle adulte. Bec
court, droit, assez mince, presque cylin-
drique; tête parée,; jusqu’à l’occiput, de
plumes écailleuses d’un bleu violet brillant;
dessus du corps, couverture alaire et cau-
dale d’un vert semi-doré luisant ; ailes d’un
brun violacé, un peu plus longuement
prolongées que la queue; celle-ci a dix
rectrices à larges barbules, à peu près d’é-
gale longueur : les quatres médiaires en-
tièrement d’un vert bronzé luisant: les trois
externes barrées de noir violet et bordées de
blanc ; gorge écailleuse d’un bleu viol t
brillant ; poitrine et ventre couverts de plu-
mes d’un vert semi-doré luisant , :rangées
de cendré; tarses gris.
Femelle. Gorge, poitrine et ventre cen-
drées; du reste semblable au mâle. —Long.
totale, 0,85; —du bec , (15; — des ailes,
0,050 ; — de la queue, 0,032. — Patrie , la
Colombie; se trouve à Caracas, capitale de
Vénezuéla.
Trochilus Guerini. —Mäle adulte. Tête
d’un vert bronzé obscur, parée de deux
bandes d’un blanc sale, partant de chaque
commissure du becet se réunissant près du
vertexen uue seule, formée de plumes lon-
gues , étroites , raides et prolongées en ar-
rière en forme de huppe; gorge et devant
du cou marqués ans le milieu d’une cra-
vate eu triangle allongé, d’un blanc sale et
parés de mouchetures longues ; subécail-
leuses d’un vert brillant. — Patrie, la C,-
lombie; se trouve aux environs du mont
Paramo.
M. Boissonneau, dans la Revue Zoolc=
gique, 1840, p. 71, a décrit le jeune âge de
cette espèce remarquable par la brièyeté
de son bec et surtout par ses tarses
robustes:
T. Barroti. — Mâle adulte. Bec droit , de
longueur médiocre, élargi à la base, com-
primé et graduellement rétréci en pointe,
- d’un brun noir ; tête parée jusqu’à l’occiput
de plumes écailleuses d’un bleu violet;
oreilles garnies de plumes soyeuses noires,
formant longitudinalement sur les côtés du
cou une bande passant au violet; dessus du
corps, couverlures alairesetcaudales entie-
rement d’un vert tendre luisant; ailes d’un
brun violâtre à peine plus longuement pro-
longées que la queue : celle-ci à six rec-
trices à larges barbules; les quatre mé-
diaires d’un bleu d'acier; les autres gra-
duellement plus courtes et d’un blanc de
lait; dessous du corps d'un blanc soyeux ,
731
paré, sur les côtés de la gorge, de plumes
écailleuses d’un vert brillant, — Longueur
totale, 0,100 ; — du bee, 0,022; — des ai-
les, 0,065 ; — de la queue, 0,040. — Patrie,
Carthagène.— Collection du Muséum de Pa-
ris ; dédiée à M. Barrot, ancien consul gé-
néral à Carthagène , qui le premier l’a en-
voyé en Europe. (Revue Géologique).
25e
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES,
Mémoire contenant la discussion de qucl-
ques o'servations relatives au mode d’ac-
tion de la vapeur dans les machines,
principalement dans les machines d’épui-
sement à détente usttées dans le comté
de Cornwall; par M. Combe.
(Premier article.)
A la suite d’un voyage en Angleterre
fait en 1834, j'ai publié un Mémoire sur les
machines d'épuisement usitées dans le
comté de Cornouailles, accompagné du
premier dessin de ces machines qui ait été
rendu public. J’ai indiqué les causes prin-
cipales de leur supériorité sur les autres
machines à vapeur, et donné quelques cal-
culs fondés sur la supposition que la ten-
sion de la vapeur dans le cylindre, au mo-
ment de la f:rmeture de la soupape d’ad-
mission, était égale à la tension dans la
chaudière, et que Ja tension de la vapeur,
pendant son expansion dans le cylindre, va-
riait en raison inverse des volumes. Iim’a-
vait été impossible, dans ce voyage, de me
procurer les éléments d'une discussion un
peu complète des phénomènes que présente
Paction de la vapeur dans ces machines ; il
me manquait surtout lobservation directe
des tensions de la vapeur dansles cylindres,
aux divers points de la course du piston
moteur, et du poids d'ean dépensé par les
chaudières pour chaque coup de piston de
la machine. L'importance de ces deux elé:
ments était, dès cette époque, parfaitement
comprise par les ingénieurs anglais du Cor-
nouailles et par moi-même. M. John Tay-
lor avait, en diverses occasions, exprimé
combien il serait utile de mesurer directe-
ment l’eau alimentaire injectée dans les
chaudières des machines, et l'usage du
petit manomètre portatif à ressort dont j’ai
publié la description dans les Annales des
Mines était déjà fréquent en Angleterrre.
Quelques années après la publication de
mon Mémoire, un constructeur français,
M. Halete, d'Arras, avait déjà construit des
machines du système de Cornouailles; plus
tard deux machines du même genre furent
importées d’AngleterreenFranceetétablics,
l’une à Rive-de-Gier, l’autre sur la mine de
lignite du Rocher-Bleu, dans ledépartement
des Bouches-du-Rhône.
Les machines du Cornouailles attiraient
de plus en plus l’attention des ingénieurs
anglais. On appliqua sur les cylindres de
ces machines le manomètre à ressort et
lon obtint les courbes des tensions. On
mesura dans quelques unes de ces ma-
chines le volume d'eau injectée dans lés
chaudières, au moyen d'un hydromètre
qui avaitété le sujet d'un prix proposé par
M. Rober-Fox, dans la société polytech-
nique du Cornouailles. Les résullats furent
publiés dans les Transactions de la société
desingénieurs civilset d’autres recueuils pé-
riodiques anglais,
En 1840, M. Piot, élève distingué de
l’école des Mines, fit un voyage d'instruc-
732
tion en Angleterre, et fut chargé de re-
cueillir des observations faites par lui-
même, ou par les ingénieurs de la contrée,
sur les tensions variables de la vapeur dans
les cylindres, avant et après la fermeture
de la soupape d'admission, sur les quan-.
tités d’eau vaporisées dans les chaudières,
les formes des chaudières, les quantités de
combustibles brûlées.
M. Piot, grâce à l’obligeance de M. Ro-
bert Fox, put appliquer ua manomitre à
ressort sur les cylindres de trois machines
etrapporter ls diagrammes ou courbes des
tensions variables de la vapeur dans ces
cylindres.
Les formes et dimensions des chau-
dières zsitées et des quantités de combus-
tibles brülées dans un temps donné, sont
également consignées dans le Mémoire ma-
nuscrit rédigé pendant sou voyage. Quantà
la mesure directe des quantitées d’eau va-
porisées, il ne put faire aucune expérience
directe à ce sujet, et n’obtint que des ren-
seignements qui n’offraient pas les condi-
tions d’exactitudeet de précision desirables;
avant cette époque, M. Thomas, ancien
élève de l'école centrale des arts et manu-
factures, ét aujourd’hui professeur à cette
école, avait appliqué sur plusieurs ma-
chines, et entre. autres sur une machine à
haute pression et à détente établie à Cha-
ronne, un manomètre à ressort que j'avais.
rapporté d'Angleterre. Il voulut bien me
communiquer le résultat de ses observa-
tions, et nr'inviter à venir les répéter avec
lui. Il avait constaté que la tension de la
vapeur dans le cylindre, pendant la dé-
tente, variait beaucoup moins rapidement
que suivant la raison inverse des volumes.
Ce fait, qui s'était reproduit, me dit-il,
daus toutes les observations qu’il avait pu
faire, est extrêmement marqué dans la
courbe des tensions que nous relevimes
ensemble sur la machine de Charonne, et
dont un calque est joint à mon Mémoire.
M. Frimot, dans une conversalion qui
avait eu lieu entre nous, à Brest, dans l’été
de 1338, m'avait parlé de l’utilité des er-
veloppes ou chemises des cylindres, comme
prévenant la perte de chaleur occasionnée
par la vaporisation de l’eau liquide qui
pouvait rester dans les cylindres des ma-
chines, à la fin de l’excursion du piston,
au moment où l’on euvre la communica-
tion avec le condenseur.
Les pr'ncipales conséquences que j'ai dé-
duites des observations faites par M. Piot
sur les machines du Cornwall, par M. Tho-
mas et moi-même sur la machine de Cha-
ronne, par divers auteurs anglais sur les
machines de Cornwall, étaient déjà arrê-
tées et mises par écrit. J'en avais commu-
niqué la substance à la SRE DES
tique, dans les séances des 21 et 28 janvier
dernier, lorsque j'ai eu connaissance des
observationsimportantes faites par M .Wick-
steed sur les quantités d'eau dépensées dans
deux machines à élever leau établie à
Londres (Oldford), l'une du système du
Cornwall, l’autre du système de Boulton
et Watt. J'ai discuté les expériences nou-
velles de M. Wicksteed et elles ont pleine-
ment confirmé iles déductions auxquelles
j'étais parvenu. . "
Je conviens que les observations recueil-
lies ne sont point encore assez nombreuses
pour mettre hors de doute la généralité de
ces conclusions. Néanmoins il ma semblé
qu’elles n'étaient pas tout à fait indigres
d'être présentées au publie, ne fut-ce que,
de nouvelles observations
pour provo quer
1783
ete ‘discussion plus approfondie des
+phénomènés quise- passent dans les ma-
:chiñes à vapeur: "°°
ï AGRICULTURE.
SOCIÈTÉ ROYALE ET CENTRALE
D'AGRICULTURE.
: Séance publique du dimanche 23 avril 1843, pré-
sidée par M. HéricarTt DE Taurv.
| sAprès-lesrapport sur les travaux de la
: Sôciété, depuis sa séance publique de 1842,
fait par M. Leclerc-Thouin, les Rapports
sur les concours et la distribution-des prix
| entrété faits dans l'ordre suivant :
Rapportsur le concours pour des assole-
: mentsisans jachère, et l’emploi d'engrais ou
| amendements inconnus dans le canton. —
Médaille d’or, à l'effigie du roi, à M. le
marquis de Tilièreh præpriétaire, commune
deChazelet; départémremude l'Indre.
Rapport sur le concdätisipour des ouvra-
geset-des-observations-demédecine vétéri-
naire pratique. Letitre de correspondant
: à M. Blavètte; médécin-vétérinaire, à Ba ÿeux
(Ealvados); id. à M. Raynurd, directeur de
PEcole-Vétérinaire de Lyon ; td. de corres-
: pondant étranger à M. Max Desaire, à
Liége. Médaille d'or, aux trois effigies , à
M. Loyset, médecin-vétérinaire, à Lille. Mé-
daille d’argent à M. Papin, vétérinaire mi-
litaire; 4. à M. Lacoste , médecin-vétéri-
naireau dépôt de remonte, à Caen.Mention
| honorable à M: Lafontaine, médecin-vété-
rinaire , &: Bourbonne-les-Bains ( Haute-
Marne); 1d%#M. Himelin, médecin-vété-
+ rinaire, à Strasbourg ; id. à M. Delalande
: médécin-vétérinaire, à Onezy, canton de
|! Bourguébus (Calvados).
Rapport sur le concours pour les machi-
nes à battre. — Le titre de correspondant
à M. Larclause, maître de poste, cultivateur
à Couhé; départ. de la Vienne, pour l’em-
ploi d’une machine à battre de son inven-
tion. 1 és à
Rapport sur le concours pour la traduc-
tion d'ouvrages, ou, mémoires relatifs à l’é-
conomierurale,écritsen languesétrangères.
=Médaille d’or, aux {rois effigies, à M. le
comte de Corberon, pour,sa traduction de
l'ouvrage allemand de Ratzburg, relatifaux
insectes qui attaquent les arbres. Médaille
d'or, à l'effigie d'Olivier de Serres, à
M. Royer, membre correspondant, pour sa
traduction de l'ouvrage anglais de David
} Low sur les races d'animaux domestiques
de la Grande-Bretagne.
Rapport:sur divers travaux d'améliora-
tions agricoles pour lesquels la Société dé-
cerne des médailles d'encouragement et des
des mentions honorables.— Médaille d’or, à
l'effigie, du roi, à M. le vicomte Paul de
“| Fibraye, à Contres, département de Loir-
“ et-Cher.
| Rapport sur la mise en pratique de
moyens propres à encourager la culture
« de la batate.—Médaille d’or, à l'effigie d'O-
. livier de Serres;:à M. J’alletde Filleneuve,
.\ de Paris , pour é$ progrès qu'il à faire à
| cette culture;! tant par ses écrits que par
| ses travaux personnels. :
Rapport sur le concours pour la rédac-
| | tion d’un manuel théorique et pratique de
culture maraîchère.— Le titre de corres-
| pondant à M: Mäffre, ingénieur des ponts
h et chaussées, x Pézenas , pour son travail
|sur l'état de la culture maraïchère dans
| l'arrondissement de Pézenas. Médaille d’ar-
gent à MM. Woreau, jardinier-maraîcher, à
| Paris, et J.-J: Daverne,jardinier-maraicher,
|
°734
À la Villette, près Paris, pour des observa-
tions sur les procédésde culture maraîchère
des euvirons de Paris.
Rapport sur le concours pour les obser-
vationsrelatives à la destructiondes insectes
nuisibles. — Médaille d'or, à l'effigie d'Oli-
vier de Serres, à M. Chasserrau. lieutenant
de vaisseau en retraite, membre correspon-
dant, à Rochefort, pour ses recherches sur
les moyens de préserver les arbres des at-
taques des insectes.
Rapport sur le concours pour le perce-
ment des puits forés, suivant la méthode
artésienne, à l'effet d'obtenir des eaux jail-
lissantes applicables aux besoins de Pagri-
culture.—Médaille d'or, aux trois effigie, à
à M. Eugène Drrand, pour les puits forés
qu'il a exécutés dans le département des
Pyrénées-Orientales.
eSUPETS DE PRIX PROPOSÉS PAR LA SOCIÉTÉ.
:9/Potr être décernés en 1844 : 40 Poar l’in-
téoduction, dans un,canton de la France,
d'engrais ou d’amendements qui n’y étaient
pasusités auparavant.— Prix: des médailles
d’or, de platine ou d’argent, ou des ouvra-
ges l’agriculture.
2° Pour la traduction, soit complète, soit
par extrait, d'ouvrages ou mémoires rela-
tifs à l’économie rurale où domestique,
écrits en langues étrangères, qui offriraient
des observations ou des pratiques neuves
et utiles. — Prix : des médailles d’or, de
platine ou d'argent. ou des ouvrages d’a-
griculture.
30 Four l'éloge des agronomes et des
agriculteurs dont les travaux ont acquis à
ieur nom ure grande célébrité et sur les-
quels aucun éloge ou rotice n'aurait encore
été publié. — Prix : des médailles d’or, de
platine ou d’argent, ou des ouvrages d’agri-
culture. Ne
4° Pour des ouvrages, des mémoires et
des observations de médecine vétérinaire
pratique. — Prix : des médailles d’or ou
d'argent, ou ces ouvrages d'agriculture.
90 Pour la pratique des irrigations, ainsi
que pour des renseignements relatifs à la
statistique des cours d’eau applicables aux
besoins de l’ag:iculture.— Prix : des mé-
dailles d’or, de platine ou d'argent, ou des
ouvrages d'agriculture.
6° Pourla mise en pratique.avec succès,
des moyens indiqués pour tirer parti des
animaux morts, notamment dans l’ouvrage
de M. Payen, couronné par la Société ; et
pour la formation d'établissements indus-
triels destinés à l’emploi des parties diverses
de ces animaux.— Prix : des médailles d’or,
de platine ou d'argent, ou des ouvrages
d'agriculture.
7o Pour la construction d’une machine à
bras qui sera reconuue propre à battre, au
même prix, au moins un quart de grains
en plus de la quantité que bat un batteur
en grange dans sa journée de travail, quan-
tité qui.est évaluée à cent cinquante kilo-
grauumes de blé par jour. — Un prix de
- 2,000 francs.
80 Pour le percement de puits forés, sui-
vaut la méthode artésienne, à l'effet d'ob-
tenir des eaux/jaillissantes applicables aux
besoins de l’agricalture. — Prix : 1,500 fr.
90 Pour la substitution d’un assolement
sans jachère périodique, et d’une rotation
de quatre arinées au moins, aux assole-
ments avec jachère qui sont usités dans la
plus grande partie de la France, dans une
exploitation d’au moins 50 hectares. —Prix:
des médailles d’or, de platine où d'argent.
100 Pour l'extraction du sucre de bette-
135
rave dans Îes petites exploitations rurales;
et pour l'indication des moyens de perfec-
tionner cette industrie et de hâter ses dé-
veloppements. sl
4110 Pour le dessécheiment des terres ar-
gileuses et humides, au moyen de puisards
ou boit-tout artificiels, de sondages et de
coulisses ou rigoles souterraines. — Prix :
1,000 francs. Premier accessit : la coilec-
tion des Mémoires de la Société. Deuxième
accessit : un exemplaire du Théâtre d’a-
griculture d'Olivier Serres.
12° Pour la composition de traités élé-
mentaies d'agriculture applicables aux ré:
gions du cenire , du sud-est, du sud et du
sud-ouest de la France. — Quatre prix de
1000 francs chacun, ou des médailles.
13° Pour de bonnes observations sur
l’histoire naturelle des insectes nuisibles à
l’agriculture. — Prix : des médailles d'or,
de platine ou des ouvrages d’agriculture.
44° Pour l'indication ou la mise en pra-
tique de moyens propres à encourager la
culture de la patate. — Il sera décerné des:
médailles d’or où d’argent de différentes.
valeurs.
15° Pour un manuel théorique et prati=
que de la culture maraîchère, — Un prix
de 1,000 francs.
169 Pour la fabrication , en France, de-
fromages facons de Hollande, de Chester et
de Parmesan.— "Trois prix de 1,000 cha-
cun, Plus, des prix de moindre valeur, ou
des médailles d’or et d'argent aux agricul-.
teurs fabricants de ces sortes de Fromages
qui, sans remplir toutes les conditions exi-
gées par le programine, satisferont aux plus
essentielles.
17° Pour des expériences comparatives
sur Ja meilleur manière d’atteler les bœufs
et les vaches. — Premier prix : 2,000 fr. ;
deuxième prix : 1,000 fr.
18° Pour des plantations de müriers ou
des éducations de vers à 5oie , dans les dé-
partements où cette industrie n’est pas en
core répandue.— Prix : des médailles d’or,
de platine, d'argent ou de bronze.
Pour étre décernés en 1845 : 19% Pour
des semis ou plantations de chênes-liéges,
qui auront été faits avant la fin de 4838 sur
la plus grande étendue de terrains sablon-
neux où de mauvaise qualité, dans les par-
iies du centre ou de l’ouest de la France,
où quelques essais déjà faits laissent entre
voir la possibilité d’acciimatation de cet
arbre, de manière qu’en 1846 il se soit
conservé, de ces semis ou plantations, au
moins mille pieds d'arbres, espacés d’envi-
ron quatre mètres dans tousles sens, ayant
une tige droite et bien venante. — Prix :
des médailles d’or ou d'argent.
Pour être décernés en 1816 : 20° Pour des
essais Comparatifs de cultures de plantes les
plus propres à fournir des fourrages pré-
coces pendant les mois de mars et avril, —
Premier prix : 4,000 fr. ; deuxième prix :
500 fr.
Pour être décernés en 1846 ox 18417 :
21° Pour le reboisement des montagnes et
terrains en pente.—10 Un prix de 1,000 fr.
à celui qui aura planté, en espèces les plus
appropriées à la nature du sol, des terrains
incultes et en pentes ayant au moins 45 de-
grés d'inclinaison, d'une étendue de 12 hec-
tares au moibs , soit d'une seule , soit de
deux pièces contiguës et ne formant qu'un
seul massif de bois ; 20 Un prix de 500 fr.
pour une plantation au dessous de 12 hec-
tares, mais de 6 hectares au moins, dans un
terrain présentant Îles mêmes conditions :
3° Une médaille &’or dela valeur de 300fr.
136
à celui qui aura le plus approché des con-
ditions exigées pour les deux prix ci-dessus;
Et 4° deux médailles d'argent de la valeur
de 100 fr. chacane aux proprictaires qui
auraient fait des plantations dans les condi-
tions du présent programme.
Pour être décernés en 1848 : 22° Pour la
propagation des bonnes espèces d’arbres
à fruit par la voie du semis. — Premier
prix : 1.000 fr.; deuxième prix : médaille
d’or à l'effigie d'Olivier de Serres; troi-
sième prix : grande médaille d'argent. Il
sera, en outre, décerné, en 1844, une mé-
daille d’or et une médaille d'argent aux deux
concurrents qui, en 1843, auront le plus
approché du but du concours.
Pour être décernés en 1850 : 23° Pour des
semis ou plantation de l’une des trois es-
pèces suivantes de chênes , qui fournissent
une matière employée à la teinture, savoir:
1° le Quercitron(Quercus Linctoria, Mich.),
originaire de l'Amérique septentrionale ;
2° le Chêne à la noix de galle (Q. énfectoria,
Oliv.), de l’Asie-Mineure; 39 le Vélani(Q.
ægilops, L.), indigène de la Grèce. (Les
deux dernières espèces ne peuvent être
plantées que dans les parties les plus chau-
des de nos départements du Midi ou de
l'Algérie. — Prix : des médailles d’or ou
d'argent.
HORTICULTURE.
Appareil du sieur Lecoq pour faciliter la
reprise des boutures ; par M. Loiseleur-
Deslongchamps.
Le sieur Lecoq s’est proposé, par le
moyen de l’appareil dont il est l’inventeur,
de rendre plus facile, pour les amateurs
d'horticulture, de même que pour les hor-
ticulteurs de profession, la reprise des bou-
tures qui, autrement, ne réussissent qu’a-
vec plus ou moins de difficulté.
Cet appareil est représenté, sous les
fig. 1 et 2; la fig. 2 le montre en pers-
pective dans son entier; la Ag. 1 en fait
voir la coupe verticale un peu grandie, pour
plus de clarté dans les détails. Il est com-
posé de six pièces que nous allons décrire
successivement.
La première et la plus importante de ces
pièces est un plateau circulaire en terre
cuite à, fig. 2, ayant 53 centim. dans son
diamètre. Son centre est occupé par une
pièce circulaire b, de 10 centim. seule-
ment de largeur, faisant corps avec le
reste, et formant le réservoir principal et
central de chaleur. Autour de ce princi-
pal foyer règne une rigole circulaire c,
large de 8 centim. et de la même profon-
deur, laquelle est remplie de sable, et des-
tinée à placer les petits pots garnis de terre
avec les boutures qui y sont plantées; on
en met ordinairement une dans chaque
pot. Cette rigole peut contenir, dans son
pourtour, et disposés sur deux rangs, 38 à
40 petits pots de la largeur de 2 à 4 cen-
timèt, , et de la profondeur de 35 à 45 mil-
limètres.
Cette premiere rigole c est séparée d’une
seconde par un bourrelet creux d, faisant
un peu saillie au dessus des deux rigoles,
et qui à son intérieur forme un conduit de
chaleur.
La seconde rigole e est de la même lar-
geur et profondeur que la première; mais
son circuit étant plus considérable, le
nombre des petits pots qu’elle peut conte-
nir dans ses deux rangées est aussi plus
737
grand. Ainsi les petits pots peuvent étreau
nombre de 33 dans le rang intérieur et de
53 dans l'extérieur, ce qui fait de la place
pour 86 boutures dans cette seconde rigole,
et dans les deux réunies 125 en tout. Mais,
comme il est possible de réduire de 1 cen-
timètre la capacité des potsles plus larges,
sans nuire à la réussite des boutures d’un
grand nombre de plantes, on voit qu'il
devient facile, au moyen de cette réduc-
tion, de placer 150 et même 160 boutures
dans la totalité de l'appareil.
Le rebord extérieur f est large de 3 cer-
timètres, et, comme il est creux, il sert en-
core de tuyau de chaleur.
Le plateau entier, considéré dans son
ensemble, a 8 centim. de hauteur, et il est
en dessous l'opposé de ce qu'il est en des,us;
toutes les parties saillantes de la face supé-
rieure se trouvantcreuses dansl'inférieure,
et les parties creuses en dessus étant, au
contraire, saillantes en dessous. 102
La pièce ronde du centre b, que-nou
avons dit avoir 10 centim. de largeur, est
creuse, ei son fond, beaucoup plus mince
que le pourtour et le dessus, est percé de
quatre trous disposés aux angles d’un carré
large de 4 centim. et ayant chacun 2 mil-
jimèt. C’est par ces trous, placés au dessus
d’une petite cuvette g remplie d’eau chaude
dont il sera parlé ci-après, que pénètre la
vapeur de cette eau dansleréservoir central
de chaleur. Par suile de cette disposition, la
rigole la plus voisine c de ce réservoir est
toujours de 4 à 5 degrés de chaleur au
dessus de celle de la seconde rigole e, qui
ne reçoit la vapeur chaude que secondai-
rement. Par suite encore de ces 4 à 5 de-
grés de chaleur plus élevée dans la rigole
la plus intérieure, celle-ci se trouve plus
propre pour faire les boutures de plantes
de serre chaude, tandis que la rigole exté-
rieure est tres suffisante pour celles de serre
tempérée.
La seconde pièce, placée au dessous du
plateau circulaire b qui vient d’être décrit,
est uue sorte de bas:in L également en terre
cuite, de la même largeur que le plateau
lui même qu’il supporte. Ce bassin est con-
cave, perce, à son centre, d’une ouverture
large de 15 centim.; les bords de son ou-
verture inférieure reposent sur les bords
d’un fourneau, comme le plateau que nous
venons de mentionner repose sur les bords
supérieurs de ce bassin.
La troisième pièce est un fourneau P en
terre caite, un peu concave en dessous,
large de 15 à 17 centimetres et profond
de 13; ce fourneau supporte tout lap-
pareil.
La quatrième pièce est un petit godet
en faïence &, placé dans le fond du four-
neau et suffisamment grand pour contenir
la quantité d'huile nécessaire pour alimen-
ter une mèche pendant 12 à 13 heures de
nuit, durant la saison d'hiver.
La cinquième pièce est une cuvette circu-
laire en fer battu g, ayant 14 centim. de
largeur et 6 de profondeur, placée ct sou-
tenue par un trépied m dans le vide du
fond du bassin 2, à 7 ou 8 centim. au des-
sus de la mèche du godet 2. Cette cuvette
est remplie d’eau qu'on a soin de mainte-
nir tous les jours à la même hauteur, par
un conduit 7, qui se rouve de niveau avec
la partie supérieure de la cuvette g. L'eau
est introduite par un entonnoir 0, placé à
l’angle droit sur le conduit 7, et qui fait
corps avec lui. Il ne faut verser l’eau dans
l'entonnoir qu'avec précaution; on juge
que la quantité en est sffisante {orsqu'on
Li
és
738
119 «3
commence à l’apercevoir à la base de f'en-
tonnoir. Cette cau,est chauflée par Ja
lampe ?, continuellement allumée, qui esb
immédiatement ai dessous d'elle. La cha-
leur vaporeuse qui.s'exhale de cette eau
se répand dans tous les conduits à, d, f du
plateau supérieur, d’où elle se commu-
nique dans les deux rigoles c, e, dons nous
avons parlé, et dans l’une desquelles un
thermomètre à mercure selon l'échelle
centigrade est placé, afin de faire con-
| naître le degré de la chaléur auquel se
maintient l’appareil. Nous avons dit que
cette chaleur variait ordinairement de 4à
S degrés de la rigole la plus intérieure
comparativement à celle qui est placéeà la
circnférence. Ainsi, dans la première, le
thermomètre marque communément 24 à
25 degrés, et seulement 20 dans la se-
conde.
La partie inférieure ; que nous ayons
appelée le fourneau P'est munie latérale-
ment, à la basé, d’une porte hatte etlarge
d'environ 9 centim., en terre cuite, 7, mu-
nie d’un bouton saillant qui sert à Pouvrir
pour placer la lampe allumée dans je four-
peau, et qu’on renferme immédiatement.
Afin que celle-ci ne s’éteigne pas par le
manque d'air, le tour inférieur du four-
neau est percé de huit trous arrondis r, de
15 millim, d'ouverture, par lesquels Pair
s’introduit pour faire brüler la mèche du
godet i,
Tel est l'appareil proprement dit; cepen-
dent nous devons faire connaitre la der-
nière pièce qui en fait partie et qui est des-
tinée à réduire la quantité d’air ambiant
qui circule autour des boutures, et à le
borner assez pour que celles-ci se trouvent
pour ainsi dire faites comme à l'étouffé.
Cette sixième et dernière pièce est une
cloche ?, en carreaux de xerre assemblés
au moyen de petites lampes de piomb, se-
lon l’ancien système des croisées; on la
place de manière qu'ellerepose, dans toute
la circonférence, sur Le bord extérieur de
la seconde rigole, et. que sa base soit un
peu enfoncée dans le sable, afin que Pair
ue pénètre pas dans l’appareil. Cette cloche
a 48 centim. de diamètre, 16 de hauteur
en ses bords, et 25 dans son milieu, où elle
est plus élevée; elle se compose, dans sa
circonférence, de 21 carreaux unis en-
semble ainsi que nous venons de le dire.
Le sommet de cette cloche, qui forme à
peu près la voûte, se compose, comme la
circonférence, d’un pareil nombre de pe-
tits carreaux de verre, mais taillés à angles
très aigu du côté où ils convergent vers le
sommet, et assemblés de même par des
lames de plomb.
Le sommet de la cloche, et en dehors,
se termine par un anneau v de plomb,
large d'environ 28 millimètres et ayant
assez de force pour qu’on puisse s'en Servir
à enlever la cloche toutes les fois quon a
besoin d'examiner dans quel état sont les !
boutures et d'aviser aux soins qu'il con-
vient de leur donner:
La fig. 3 représente le quart du plateau}
circulaire a, vu de face. La fig. repré- |
sente la quatrième partie du réservoir à
chaleur ou du bassin L,vu de fa même ma- f
nière. é
Quant aux soins nécessaires aux bou-M
tures, ils sont fort simples, et ils consistent
principalement à maintenir la chaleur dans}
un degré uniforme; ce qui se fait, d'une}
part, en entretenant très exactement law
739
‘MHampe constamment allumée, et, de l’autre,
en ombrant la cloche, toutes les fois que le
ksokeil est sur l'horizon, sans être voilé d’au-
cun nuage : car KP on laissait les rayons
ide cet astre frapper surf la cloche, une trop
1grande chaleur seräfl produite à son inté-
‘rieur et l’on risqmerait d'y tout brüler.
Quelques feuilles de papier où un mor-
Leeau de toile suffisent pour procurer l’om-
‘bre nécessaire.
| Les arrosements doivent être très rares,
Let il ne faut en donner qu’en très petite
Lquantité, et seulement aux espèces qui en
:ont besoin. Un arrosoir ne vaudraït rien
pour cela, à cause de l’exiguité des pots
qu'il serait difficile de ne pas inonder.
Nous avons vu M. l'Homme les pratiquer
avec beaucoup d’art, au moyen d’une pe-
: tite éponge imbibée d’eau, qu’il pressait lé-
- gérement dans sa main, de manière à n’en
laisser tomber qu’une, deux ou trois gout-
tes, selon le besoin de chaque plante.
|. C’est dans les préquers jours de septem
bre que l'appareil à été placé dans la serre
chaude de M. l'Homme, et qu'un certain
mmombre. de boutures y fut fait; mais,
parl'effet de plusieurs circonstances acci-
dentelles, l’observation de ces premières
*boutures ne put être continuée, et il fallut
ren recommencer de nouvelles le 25 du
hmême mois. Tous les soins convenables
| farent dès lors continués avec toute l’exac-
:titude possible, et ils ont eu le plus heureux
* succès.
| … Jusqu'à présent l’appareil n’a fonctionné
que dans une serre chaude, et, toutes les
‘fois qu’on voudra faire reprendre des bou-
ltures de plantes qui exigent une tempéra-
ture élevée, 1l faudra, de préférence, le
placer dans cette même localité. Dans les
SCIENCES HISTORIQUES.
MANUSCRITS.
Lettre inédite de Linné.
Monsieur 1e directeur de l’'Echo du
} monde Savant, j'avais annoncé dans la bio-
| graphie de F. Boissiér de Sauvages ( Re-
| cueuil de mém. ét d’obser. d'Hist. natur.,
* t. IV), que j'avais trouvé dans ses papiers
} plusieurs lettres de Linné. Tous ses écrits
sont précieux et la correspondance dans
. laquelle il entretient mon oncle de ses sen-
. timents, de sonintérieur, de consultations
. médicales et de toutes les branches de l’his-
| toire naturelle, ne peut qu'intéresser les
linnéens. Je vais l’imprimer pour la leur
offrir, et jai voulu vous adresser une de
. ces lettres, afin que votre recueil les fasse
« Connaître au monde savant.
| Votre très humble, etc.
Le baron p'Homeres Frrmas.
Viro inelyto
D. D. SAUVAGES DE LA Croix,
| Professori Monspeliensium medico summo,
TOR s. pl. d.
OM io Carolus Linnæus.
| Ante mensem literas tuas amice vene-
| rande, omni auro gratiores habui ; Ex qui-
| bus perspexi quam sis in me gratus et be-
| nignus, quibus autem mutua referam spe-
| cimina néscio; cuinulla eloquentia attamen
| solus gratissimus animus. In PBoerhaavio
| amisi amicum integerrimum, præceptorem
| fidelissimum , peomatorem optimum, per
| te fata benignissima eundem mihi conces-
serunt.
!
HA |
faire” essai de toutes
autres cas, au con-
traire, où l’on ne vou-
dra lemployer que
741
pour des boutures
d’une reprise facile,
on pourra trés bien le
placer dans une serre
ordinaire, ou même
dans une bâche froi-
de ; il suffira, enfin,
qu'il soit mis à l'abri
du contact de l’air ex-
térieur.
L'appareil Lecoq-
pourraëégalement être
fortcommod pour fa-
ciliter la germination
des graines qui ont be-
soin d’une haute tem-
pérature avant de se
développer, et même
quil éonviendra pour
sortes de graines.
Les frais que néces-
site cet appareil sont
très peu considéra-
bles, puisqu'il necon-
somme que pour fr.
d'huile par mois y
compris les mèches
nécessaires. L'appareil
lui-même est peu dis-
pendieux , puisqu’on
peut se le procurer
pour 30 fr. ce qui est
une somme très mo-
dique, si on compare
cette dépense aux
avantages qu'on peut
en tirer.
DEsLONGcRAMS.
PDaEKe
Quis hodie sceptra Æsculapii inter medi-
cos teneat; animo cordato, per omnipoten-
tem deum juro, nulli has concessurum
alit quam tibi me obligatum sentio, non
amicitia ergo nec ullius causæ, sed ratione
qualicunque mea ductus hæc scribo, ob-
servala parentis met Boerhaavii (ut medici)
æternum veneror,utinamita redegisset data
utitu solus! Sipreces meæapud tevaleant,
unice efflagito utedas classes tuas morbo-
rum romana veste indutas! certe si feceris,
non mihi soli, non academicis nostris tan-
tum succurres, sed toti orbi te obstrictum
et venerandum imo et æternum facies. Tu
inter medicos solus es systematicus; tu gla-
ciem fregisti solus, tu viam delexisti ; quod
si vero hæc non feceris quid de te dicam;
ægre tum ne feras si alius hoc in se susci-
piat , et si quidem male susciperes solus
communis publici anteferenda est et fama
tua te invito propagabitur.
Breve istud tempus, quod Parisiis con-
Sumpsi,. jussit vacua crumena; pauperri-
mus enim natus sum, et fui semper, redux
in patriam nec meliora illuxere astra ante
initium anni 1739 prœterlapsi, Nescio
quo bono fato ægrorum turba me oppu-
gnabat, praxis mihi contigit in regia hac
sede, in qua vivo, Stockholmia, inter me-
dicos patriæ certe vastissima. Medicus dein
primarius classis navalis dictus fui , in cu-
jus nosocomiis quotidie 400 ad 200 ægri
delineantur ; accessit dein officium publi-
cum, quo in auditorio illustri botanicen per
æstates, mineralogiam per hyemes publice
docerem, mox Societas ( academia dicta)
scientiarum Stockholmiaextructa fuit;quæ,
observata omni trimestri ederet lingua ver-
nacula in mathematicis, physicis, tribus na-
turæ regnis, œconomivis, non aliis, cujus
Academiæ primus præses ipse electus fui ;
sed mutatur hoc officium quotannis. Ora-
tionem habui in eadem Academia de curio-
sitatibus in insectis, quæ impressa est. Fer-
beri hortum ageramensem huüuc typisedidi;
in actis literarns et scientiarum Upsalien-
sibus catalogum cum citationibus autho-
rum dedi animalium Sueciæ, ubi quadru-
pedia, aves, pisces, amphibia , insecta et
vermes enumerata reperies. At in actis
scientiarum Sueciæ descriptionem dedi œs-
tri Läpponum et pici pedibus tridactylis.
Tandem obtinui privilegium dissecandi
de mortuorum cadavera in nosochomiis
classis navalis, nec antea. Si per annum
vixero responsum dabo ad causam proxi-
mam febrium; nec prius, ne hypotheses
dabo ullas, sed veritates æternas.
In specifis muültum profeci per nosocomia
plantæ quam Linnæam dixit Gronovius in
flora Lapponica sua campanulaserpyllifolia
CB: multum usus sum in rheumatismisinin-
fuso ; observavi folia æque in hoc morbo
specifica esse ac unquam China in inter-
mittentibus. Epidemica hodie tussis viget
cum cephalagia vehementi, dolore punc-
torio dextri lateris, sputo sæpius cruento ;
pulsus vile indicium febris indicat; in hoc
morbo. — Valet ad 9 f. vüij. quater dedie
exhibitus cum lacte, non fefellit, uti et in
tussi ferina infantum. Vehementissimum
frigus ante aliquot dies terras nostras ve-
xavit, perniones non exulceratas solo illita
| R, O. acidi semper sustuli.
ne NE Re SES
RER EESREEES
742
Sed proh dolor! maligna gonorrhæa per
coucubitum cum lascivis et prostratæ pu-
dicitiæ puellis omnes patriæ nostræ juvenes
fere inquinavit; olim in Belgio morbum
hunc centies debellavi, sed hic amplius
valet ; audivi Monspelienses vestros in hu-
jus cura excelleré; pro amore tuo in me
summo doceas me hunc tollere morbum,
non generali theoria, sed formulis et me-
dendi methodo, quod si feceris mihi mille
nummos aureos upico in anno dederis,
quid ad methodum Artedi, in ornithologi-
cis spectat fateor methodum non esse adeo
facilem ; charactares dedit, differentias spe-
cierum el species cum synonymis; descrip-
tiones dein specierum nonnullarum quas
laudabiles puto. Methodos varias et quam
plurimas ipsi dare facillimum fuisset in
classes naturales sérvare debuisset, voluis-
set Statutis generibus et speciebus tua me-
thodus longe facilior evaderet; indé tamen
hoc incommodem sequitur, quod aliquot
genera naturalia dilaccrari debent;'ita ut
aliæ species hujus classis ad unam classem,
aliæ vero ad alteram et divertissimam aman-
dandæ sint. Confer Artedi ichtyologicam
philosophiam, Ç 170.
Nunc Dei gratia et valeo et bene valeo;
ante 8 menses uxorem duxi gratissimam
nec pauperem. Si ad me in posterum lite-
ras dederis, amice æternum colende vene-
rande eas mittas Stockholmiam etistas ha-
bebo certissimas. Upsaliæ adhue vivit bota-
nicus professor Olaus Rudbeck octogenerius
vegetus ét robustus; qui si obicrit, forte
Upsaliam petam, rec antea.
Si unquam navis Monspelio Stockhol-
miam petat , quæso mittas plantarum spe-
cimina et semina, et literas ego certissime
mittam hortum Clifortianum et alia quϾ-
cunque publico deli; mecum enim omnia
ferre Parisios non volui, non potui. Vale et
ter vale medicorum princeps. Dabam Stoc-
hoimiæ 1740, jan. 21, stylo grégoriano
quæso ne cesses ad me scribere, qui te et
epistolas tuas tanti facio, quanti affari
erubescv. Tu mihi princeps, tu oraculum.
GÉOGRAPHIE.
La Valachie.
(Deuxième article.)
Forme du gouvernement,
Avant de parler de la forme du gouver-
nement actuel de la Valacbhie, il est essen-
tiel de jeter rapidement les yeux sur les
époques antérieures de son histoire , et de
marquer ainsi à travers les révolutions
dont le pays a eu à souffrir , les germes des
institutions actuelles. La civilisation d’un
peuple estun fait qui est curieux et instruc-
tif que par la connaissance des causes et les
moyens qui ontcontribué à son accomplis-
sement.
Obligés de fuir devant les Tartares pen-
dant les onzième, douzième et treizième
siècles , les Valaques se répandirent dans le
. duché de Transylyanie,y continuërent leur
nationalité en se donnant des chefs civils
et militaires, sous le nom de BanEs, aux-
quels ils obéirent jusqu’à l’époque où se-
condés par les rois de Hongrie, ils s’avan-
cerent vers leur première patrie, en chas-
sèrent les hordes étrangères et sy don-
nèrent de nouveaux chefs sous le titre de
Waiwode (prince).
Sous le règne de Bajazet, la Valachie fut
de nouveau envahie par les Panariotes qui,
avec l'appui des Tures oltomans, levèrent
d'énormes contributions, grevéreut le pays
743
d'impôts et s’arrogèrent le droit de nom-
mer les Waiwode. Poussés à bout par les
exactions des panariotes Nicolas Mau vro-
cordalo, la Valachie tenta plusieurs fois de
secouer Je joug, mais ses efforts furent
vains, et si elle protestait par lassassinat
contre la tyrannie, le vainqueur à son
tour faisait acte de maitre en faisant pen-
dre ou étrangler les hospodars. Trop hu-
mains envers les vaincus et trop peu ja-
loux de son autorité despotique. — Les
traités d’Ackermann et d’Andrinople mi-
rent un terme à toutes ces horreurs. La
74
ceux qui, par respect pour les vieilles ha=
bitudes nationales, sont restés fidèles al
bonnet en forme de ballon; à la tunique," 1
aux babouches et'aux motistaches né for- "1
ment plus qu'undsetteptiont Les mar-l
chands étrangers portent! le costume de
leur nation; quant aux Valaques, ils se dis-
tinguent par leurs vestes à grandes man-
ches, par leur cou sans cravate, par le
bonnet de pelleterie et leurs longues bot-
tes. Le peuple porte des sandales et un
pantalon de peau de mouton sur lequel re-
Valachie redevint libre, sous la double
protection de la Turquie et de la Russie.
Le gouvernement de la Valachie se com-
pose, sous la présidence suprême d’un bos-
podar : 1. d’un wistiar; 2. d’un ministiar
den leountrou; 3 d'un logothète bisse-
zitschesk ; 4. d’un spathar; 5. d’un polstel-
nick; 6. d’un logothè!e de pritchine.
Le vistrar, c'est le ministre des finances,
il doit toujours être d’origine valaque;,,Le ;
ministrou den leountrou, où ministre: de: |
l'intérieur, a pour charge, outre l’admi-
nistration de la principauté, d'interpréter
l'Obicei pementide ou code national. La di-
rection de la métropole, du clergé, des
éccles, des colléges et de tont ce qui tientà
l'instruction religieuse, revient au logothèle
bisseritschesk; ses arrêts et ses ordonnan--
ces, désignés sous le nom de crisovoulos,
sont revêtus d’un cachet en cire. La plus
importante de toutes les charges est celle
du spathir. Aussi est-elle réservée au frère
ou au plus proche parent du waiwvode.
Ce fonctionnaire est chargé de la direction
de l’armée et de la milice, il ordonne le
mouvement des troupes, les commande en
chef et dispose de tous les grades. Le grand
polstelnik et le logothèque de pritchine sont
à la grecque.
Les Valaques sont braves et intrépides
et du Dace l’héroïque obstination; ilne leur
manque que des chefs dignes d'apprécier
leur valeur, ou plutôt qu'un but vers le-
quel ils puissent les diriger. On les accuse
donner un démenti à Paie qui peut
avoir le droit delélleur faire en présence
de l’invasion quifpär deux fois broya leur
nationalité, et des barbarestraitements aux-.
quels ils furent soumis sous le despotisme.
des hospodars. La Valachie n’est redeve-
nue un peu elle-même que depuis quel-
ques années, et cependant, si on étudieavec
soin les mœurs et les caractères de ses ha-
bitants, si on les juge sans prévention, on
sera forcé de convenir, que les Valaques
sont en général bons, hospitaliers, affables,
amis des sciences et des arts, pour l'étude
violence à l’indolence naturelle qu'ils tien-
nent dn climat. Qu’une complèté émanci-
patior:les délivre des ambitions rivales qui
les parquent dans le cercle tracé par la di-
plomatie, qu'ils redeviennent eux-mêmes,
tombent les plis d’un lambeau de toile drapé”
jusqu’à la témérité, ils ont gardé du Scythe
de cruauté ; mais ce reproche, dont on ne.
peut contester la justice sans s’exposer A4
desquels ils se passionnent jusqu'à faire
bien ce que nous entendons par garde-des-
sceaux, et l’autre par ministre des affaires
étrangéres, avec cetté différence toutefois,
que Île premier sanctionne Jes jugements
rendus par les tribunaux, et que le second
a pour mission principale de maintenir la
boune harmonie entre la Russie et la Purte-
Ottomane, et de porter à la connaissance de
la représentation nationale leurs tentatives
réciproques d’empiétement; les fonctionsde
l'aga consistent à maintenir l’ordre dans la
ville, à veilier à la tranquillité, publique,
et à faire exécuter les sentences criminelles
qui n’offrent plus de grand intérêt drama-
tique depuis que la peine de mort a été abo-
lie par le waïvode Ypsilanti.
Le chef suprême, comme nous l'avons
dit, c’est le hospodar, mais sa royauté n’est
que temporaire. IL est nommé pour sept
ans. Il à le droit de condamner ou d’ab-
soudre , et lesobservations des membres du
Divan devant lesquels sont lus les actes d’ac-
cusation ne sont pour lui que de simples
moyens d'éclairer sa conscience. Aborda-
ble pour tout le monde , le hospodar reçoit
les placets qu’on lui présente, les lit, les
apostille et les renvoie ensuite, selon la na-
ture des affaires, aulogothèle Bésserttschesk
ou au Divan suprème.
Les Valaques sont divisés en quatre
classes :
1. Les boyards ou nobles;
2. Les tschokoï ou petits nobles ;
3. La bourgeoisie marchande;
4. Le peuple, artisans, paysans ou rayas.
Les deux premières elasses avaient au-
trefois un costume particulier, plus ou
moins riche, selon les ressources de celui
qui le portait, Aujourd'hui elles ont géné-
ralement adopté le costume européen, et
et l’on verra s'ils sauront prendre rang
parmi les autres peuples.
REED DE PV RES ES
Le Rédacteur-Gèrant :
C.-B. FRAYSSE.
nnol
FAITS DIVERS.
— Une exposition publique des produits indus-
triels des départements dû Pas-de-Calais et du
Nord aura lieu, cette année’, à Saint-Omer, à l'é-
poque de la fête communale, sous la direction d’une
commission prise parmi les. membres de la Société
d'agriculture. —L'ouverture de l'exposition est fixée
au 48 juin prochain, la clôture au 5 juillet suiyant.
Les objets de tous genres, destinés à celte exposi-
tion, devront être rendus (rranco), le 5 juin au
plus tard , au local de l'exposition, à l'adresse du
secrétaire de la commission. Ils seront rétournés
également aux frais des exposants. = Chaque ex-
posant devra joindre, à son envoi, une étiquette *
portant le nom et l’adresse du fabricant, et le prix
réel de l'objet ou du produit exposé, sil est à
vendre. Des médailles en or, vermeil, argent. ebs
bronzelainsi que des mentions honorables , seront s
décernées par un jury spécial , à ceux de MM. les 4
exposants qui en auront élé jugés dignes ; néan-
moins, pour avoir droit à ces differentes distinclions
ou encouragements , ils devront justifier de l'origine
de leurs produits, à l'aide d'un certrlicat délivré
par le maire de leur coma undf atbstant que les
objets exposés ont été xémthblemeut fahriqués par
eux. — L'exposition des pacduit iadushiels sera
accompagnée d'une exposilion de tableaux anciens,
modernes , de sculptures , de dessins, de gravures ,
< , I ARS QD 2
de lithographies et d'objets d’autiquité. La douzième
exposition des produits de l'horticulture aura lieu
Ru 4
en mème temps : le-programme en sert publié ultès
rieurement, comme les années précédentés,
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fs,
rue Saint-Hyacinthe-S:-Michel, 33.
\
3
19
a
y
L
2,5
= =
10e année.
EC
Paris. — Dimanche, 30 Avril 1813.
f
Ne 32,
SA VA
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ae
L'Ecno DU MONDE SAVANT paraît le SEUME etle BEMARTCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun: il est publié sous la direction
de) M. le vicomte À, DE LAVALSTLE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et, dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAB:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., !Gfr.,
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CEWQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOCIS:S du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. ©.-B. FRAWSSE, gérant-administrateur.
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE DU GLOBE. Sur la différence du
niveau entre la mer Caspieune et la mer d’Azow;
* Hommaire-Dehel. — CHIMIE INORGANIQUE.
Sur les produits de décomposition de l’acide sulfo-
cyanhydrique; Voelckel, de Marbourg. — CHI-
MIE APPLIQUÉE. Electro-chimie, argenture,
. perfectionnement apporté; Mourey. — SCIEN-
CES NATURELLES. MINÉRALOGIE. Crislal-
lisation de l'æschynite ; Descloizeaux. — ANATO.
MIE. Nouvelle méthode de préparations analomi-
ques, nommée hydrotomie. —. SCIENCES AP-
PLIQUEES. ARTS MÉCANIQUES. Sur le mode
d'action de la vapeur daus les machines d’épuise-
ment usitées dans le comté de Cornwal ; Combe.
— ARTS CHIMIQUES. Falsification de Ja ce-
chenille. — AGRICULTURE. ECONOMIE RU-
RALE Note sur la cire des ancilles; Lewy de Co-
penhague, — HORTICULTURE. Pois très hatifs
dits le Prirce-Afbert; Boissin. — SCIENCES
HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES
BMORALES ET POLITIQUES, Séance du 22 avril,
— HISTOIRE. Recherches sur la scieuce et l'art
- de la perspective ; Thenot,— GÉOGRAPHIE. Sé-
jour aux îles Marquises en 1840; Lesson. —
TAITS DIVERS. — PIBLIOGRAPHIEE.
DIE Ge
PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur. da différence de niveau entre la mer
Caspienne et la mer d'Azow; par
M Hommaire-Dehel,
(Premier article.)
La fixation de la différence de niveau
entre la mer Caspienne et la mer d'Azow
est une des questions qui intéressent au
plus haut degré la géographie physique et
géognostique de Ja Russie méridionale. plu-
sieurs savants s’en sont occupés et ont élé
chargé par le gouvernement russe de faire
le nivellement entre ces deux mers. En
1812, Parrot et Engelhart exécutèrent,
aux embouchures du Kouban et du Terek,
un travail à l’aide du birometre; leur ré-
sultat a été successivement ces trois nom-
bres : 54, 47 et 55, 7 toises. Ce travail,
fait à une époque où la méthode baromé-
trique n'avait peut-être pas la précision
qu'elle a aujourd’hui , présente peu de ga-
rautie d’exactitude; d’un autre côté, la dis-
tance entre les deux mers est si grande,
surtout au pied du Caucase où le nivelle-
ment a été fait, et la difiérence de hau-
teur comparativement si faible, que l’on
ne saurait admettre comme rigoureuses
des opérations faites rapidement et non
fondées sur un grand nombre d'observa-
tions simultanées et continuées pendant
un long laps de temps : on sait d’ailleurs
quun millimètre d'erreur répond sur le
terrain à 10 mètres de hauteur. Les diffé-
rences énormes qui ont eu lieu dans les
observations barométriques pour la déter-
mination de la hauteur de Moscou, doi-
vent du reste singulièrement nous prému-
nir contre les opérations de ce genre.
Eu 1839, MM. Fuss, Sabler et Savitsch,
, de l’Académie dé Saint-Pétersbourg, furent
chargés de faire un nouveau travail entre
les deux mers; ces messieurs adoptèrent
la méthode des distances zénithales. Leur
premier résultat , annoncé dans tous les
journaux russes, constate une différence
de niveau de 33m,70 ; plus tard , ils don-
pèrent un nouveau chiffre considérable-
ment réduit : 25 mètres. Il faut avouer
qu’un travail dans lequel s’est plissée une
erreur si grave mérite bien peu de con-
fiance. Je dois faire remarquer ici que
dans toutes les contrées de la Russie mé-
ridionale, les effets du inirage sont tels,
que les objets paraissent généralement mo-
biles à 200 mètres de distance, et que le
brisement du rayon lumineux est souvent
assez prononcé pour faire apercevoir dis-
tinctement des villages et des forêts éloi-
gnés de plus de 46 kilomètres et placé bien
au-dessous de Flhorizon visuels; aussi la
différence de un quart dans les deux ré-
sultats indiqués parles trois académiciens
de Saint-Pétersbourg, me ferait -elle
croire que ces savants n’ont pas tenu
compile de la réfraction tout exception-
| nelie des contrées où its ont opéré, et qu’ils
-ont dû négliger de prendre réciproque-
ment et au mème instant physique les dis-
lances zénithales de ieurs points d’obser-
vation.
Nous avons donc deux résultats bien di-
vergents sur la diff‘rence de niveau entre
Ja mer Caspienne et la mer d'Azow ; lun
donne plus de 100 mètres et l’autre à peine
25 mètres. Ces résultats jettent une nou-
velle incertitule dans la question et obli-
gent presque forcément de rejeter à la fois
les deux soluiions. Desireux de résoudre
cet important probiême, je partis d'Odessa
vers la fin de l’éte de 1838 pour faire un
nivellement par stations entre les deux
mers.
Après un examen attentif de différentes
cartes des steppes qui séparent la mer d’A-
zow de la mer Caspienne, je reconnus que
la meilleure opération serait celle qui,
s'appuyant d’un côté sur l'embouchure de
‘la Kouma dans la mer Caspienne, longe-
rait cette rivière jusqu’au point le plus rap-
proché du Manitch ; et, rejoignant le ma-
nitch, le côtoierait jusqu'au Don et à la
mer d'Azow, On pouvait ainsi, pour abré-
ger les opérations, profiter des nombreux
lies salés disséminés dans ces steppes et
tirer également parti des crues du Don
qui, au printemps, font refluer les eaux
dans le bassin du Manitch et inondent
toute la plaine jusqu'à une distance de
100 et niême 117 kilomètres.
Ce premier voyage se borna à arriver à
Pembouchure du Manitch; toutes les per-
sonnes auxquelles j'étais adressé pour en
recevoir aide et protection furent tellement
effrayées d’une pareille exploration à tra-
vers les steppes arides etsauvages des Kal-
mouks et des Turcomans , que je dus for-
cément renoncer à mon voyage. Le prin-
temps suivant, de nouvelles excursions sur
les bords du Dnieper et le littorak de la mer
Noire , rendirent pour moi cetle question
de nivellement si importante, que je me
reinis une seconde fois en route avec l'in-
tention de commencer mes opérations sur
les rives mêmes de la mer Caspienne.
Après mille et mille difficultés suscitées au-
tant par le manque absolu de renseigne-
inents sur les steppes que par la nature
d’une contrée privée de toute espèce de res-
sources , j’arrivai le 12 septenibre 1839 sur
les bords de la mer Caspienne, à l’embou-
chure de la Kouma. Le 15 du même mois
je fus à même de commencer mes opéra-
tions à l’aide d’un excellent niveau à bulle
d’air ; grâce à l’obligeance du gouverneur
d’Astrakan et du curateur-général des Kal-
mouks, j'avais douze hoinmes à ma dispo-
sition' Mes stations, suivant l’état de l’at-
mosphère, variaient entre À 50et 300 mètres.
Ma première station eut lieu sur les
bords de la Kouma, à 60 kilomètres de la
mer Caspienne et à 30 kilomètres de Houi-
15m,355 au-dessus du niveau deA
Caspienne. 20 kilomètres plus loir A
naïa-Sastava, Où se trouvent les Es
lines de ce nom, mes opérationfzhn iodi
quèrent une élévation totale de Æin:688*
sui” de.
de revenir sur mes pas; les chaleurs avaient
été si fortes dans Je courant de l’été, que la
steppe était entièrement brûlée et les fla-
ques d’eau saumâtre totalement dessé-
chées. Tout le pays était désert, etles hor-
des kalmoukes s'étaient retirées au nord de
la Sarpa et au midi sur les rives de Ja Kou-
ma; le deuxième jour de mon arrivée à
Sastava, des vents d’est amenèrent heureu-
sement de fortes pluies, et le surlendemain
je repris mon travail : il ne me restait plus
que 36 kilomètres à franchir pour arriver
aux sources du Manitch. Ce nivellement,
contrarié par des vents, dura cinq jours,
et le résultat général fat une élévation de
42m,66 au-dessus de la mer Caspienne,
aux sources de Manitch, rivière qui, com-
me nous l'avons déjà dit, se jette dans Je
Don, non loin del’embouchure de ce fleuve
dans la mer d’Azow.
Je comptais dans le principe continuer
immédiatement mes travaux et les prolon-
ger jusqu’à la mer d’Azow; mais toute
mon opiniâtreté échoua contre le manque
Lotal de pâturage pour mes chameaux de
transport, et je fus forcé de remettre à l'an-
née suivante l’achèvement de mon nivelle-
ment.
Ce ne fut qu'au printemps de 1840, au
milieu du mois de mai, que je repris mes
714$
opérations, en partant de l'embouchure
du Manitch, dans le Don. La crue de ce
dernier fleuve était alors à sa plus grande
hauteur, etune élévation de 4m,20 avait
fait monter ses eaux dans la plane de Ma-
nitch. jusqu’à 100 kilomètres de distance.
Le point de départ de ce second nivelle-
ment fut donc naturellement la limite des
inondations du Don. Il me restait environ
270 kilomètres à parcourir pour arriver
aux sources du Manitch,où j'avais dû n'ar-
rêter dix-huit mois auparavant. Cette dis-
tance fut nivelée dans l’espace d’un mois,
et le résultat fut, pour les sources du Ma-
nitch, une élévation de 24m,356 au-dessus
du niveau de la mer d’Azow. En retran-
chant ce chiffre de celui obtenu dans l'o-
pération de la mer Gaspienne, on a, poar
la différence de niveau entre les deux mers,
18m,304.
CHIMIE INORGANIQUE:.
Recherches sur les produits de décornvosi-
tion de l'acide sulfocyanhydrique ; par
M. C. Voelkel, de Marboursg.
(Froisième et dernier article.)
On sait depuis longtemps que l'acide
sulfocyanhydrique se convertit pendant la
conservation dans certaines circonstances,
en un corps jaune. On admettait jusqu’à
présent que cela s’effectuait par suite d’une
oxidation par l’oxigène de l'air, et l’on pre-
nait ce corps pour identique avec ceux qui
se produisent par l’action du chlore ou de
Vacide nitrique, sur le sulfocyanure de po-
tassium. Mais cette opinion est erronée.
L’acide salfocyanhydrique se conserve sans
altération tant à l'air qu'en vase clos. Je
n’ai pu observer aucune décomposition de
cette espèce dans un acide étendu que je
conserve depuis quelque temps; il est pro-
bable qu’elle ne s'effectue que dans un acide
bien concentré. M. Vogel a observé cette
décomposition en abandonnant de l'acide
sulfocyanhydrique à l’air dans un vase ou-
vert. Mais comme l'acide sulfocyanhy-
drique est moins volatil que l’eau, sa dé-
composition provient probablement de ce
que celle-ci s’évaporë en plus grande pro-
portion que l'acide, qui alors, à un cer-
tain degré de concentration, se décompose
en acide persulfocyanhydrique et acide
prussique.
Après ces considérations sur la formation
de l’acide persulfocyanhydrique, il ne sera
passans intérêt de poursuivre quelques dé-
compositions que cet acideéprouve sous cer-
taines influences.
L’acide hydrochlorique, qui ne le dis-
sout à froid qu’en petite quantité et en
plus grande proportion à l'ébullition, ne
s'altère que fort peu, Il ne s’en décompose
qu'une petite portion, avec le concours
des éléments de l’eau, en acide carbo-
nique, hydrogene sulfuré, soufre et am-
moniaque :
Ci Az° H° SH HO‘ = C'O'+Az H64
; S'H1+S.
L’acide nitrique détermine, surtout à
chaud, la formation d'acide carbonique,
d'acide sulfarique et d’ammoniaque. L’a-
cide sulfurique concentré le dissout déjà
à froid, si on l’en sépare sans altération de
cette dissolution; mais en faisant bouillir
le mélange. on observe un dégagement
d’acide sulfureux.
Le chlore anhydre ne l'attaque pas à la
température ordinaire; mais par un échauf-
fement modéré, l'acide sulfocyanhydrique
749
produit du chlorure de cyanogène et de
l'acide hydrochlorique, en se transformant
lui-même en un corps rouge brun inso-
luble dans l'eau.
Lorsqu'on fait passer du chlore dans une
dissolution d'acide sulfocyanhydrique, il
se sépare un corps jaune insoluble dans
l’eau ; mais celui-ci disparait par un excès
de chlore, en produisant de l'acide sulfu-
rique et de l'acide hydrochlorique,
L’acide sulfocyanhydrique se comporte
avec les alcalis d'une manière extrêmement
remarquable. Lorsqu’on le met en contact
avec un alcali quelconque, parexemple avec
de l'ammoniaque, il s'opère àl’instant même
une décomposition; un corps blanc se sé-
pare, tandis que le liquide surnageant est
coloré en jaune, Ce corps blanc n’est autre
chose que du soufre. En.elfet, il est, inso-
luble dans l’eau, l’alcool et l'éther, il se
dissout par l’ébullition dans la potasse çaus-
tique en formant du sulfure de potassium; |
chauffé dans un tube de verre, il fond-ea :
développant de l’hydrogène sulfuré,.et.se
sublime complètement; chauffé sur une
lame de platine, il brûle complètement, en
produisant de l'acide sulfureux.
0,126 gr. calcinés avec du chlorate de
potasse et du carbonate de soude, ont donné
0,887 p. c. sulfate de baryte = 97,12 p. c.
soufre.
0,381 gr. brûlés avec de l’oxide de
cuivre n’ont point donné d’acide carbo-
nique, mais 0,014,eau, ce qui fait en cen-
tièmes :
Soufre , 974102
Eau, 3.68
106,00
Ces réactions, ainsi que ces analyses,
prouvent que le corps blanc présente une
Composition semblable à celle du lait de
soufre.
La solution ammoniacale jaune ne ren-
ferme ui sulfocyanure d’ammonium ni sul-
fure d’ammoninm. Lorsqu'on y ajoute un
acide fort étendu, il se sépare au bout de
quelque temps, de l'acide persulfocyanhy-
drique en finesaiguilles brillantes; laliqueur
filtrée ne renferme pas d'acide sulfocyanhy-
drique; celui-ci nese fornre que par l’échauf-
fement. Les acides concentrés, au contraire,
séparent de lacide persulfocyanhÿdrique,
tandis que la liqueur filtrée renferme alors
de l'acide sulfocyanhydrique. Par l’évapora-
tion, soit à chaud, soit à la température
ordinaire dans le vide sur de l’acide salfu-
rique, la solution ammoniacale se décom-
pose en acide persulfocyanhydrique, qui se
dépose à l’état d’uné poudre jaune, tandis
que le liquide se décolore de plus en plus,
et qu'il ne reste en dissolution que du sul-
focyanure d’ammonium. Lorsqu'on met l’a-
cide persulfocyanhydrique ainsi séparé de
nouveau en contact avec lammoniaque, les
décompositions se répètent absolument de
la même manière, si bien que l'acide per-
sulfocyanhydriqne finit par se décomposer
entiérementen soufre et acide sulfocyanhy-
drique. La quantité de soufre qui sé sépare
chaque fois dans cette décomposition n’est
que faible, et ne s'élève qu'à passé 5 p. c.
du poids de l'acide persulfocyanhydrique ;
de même, la quantité de sulfocyanure
d’ammonium quise produit par l'ébulli-
tion n’est pas non plus considérable; la
plus grande partie de l'acide persulfocyan-
hydrique se sépare sans altération.
Cette décomposition repose sur une réac-
tion particulière de l'acide persulfoeyan-
hydrique, décomposition qui s'opère en
< 50
G\
présence de l’eau et d’un excès d’am -
niaque; car, si l’on fait passer sur l'acide
sec un courant d’ammoniaque anhydre,,é
qu’on y ajoute ensuite de l’eau , l’agide se
dissout, sans que des traces considérables
de soufre se séparent. Mais dès qu’on
chauffe doucement la solution limpide, il
se développe de l’'ammoniaque, et elle se
trouble en séparant du soufre. Une par-
tie de l'acide persulfocyanhydrique se
combine donc, en présence de l’eau, avec
l’ammoniaque, sans se décomposer, tandis
qu’une autre, bien plus faible, se décom-
pose en soufre et en un sulfocyanure con-
tenant moins de soufre que l’acide persul-
focyanhydrique et plus que l'acide sulfo-
cyanhydrique ; par l’évaporation ou par
l'effet des acides concentrés, ce sulfocya=
nure se décompose à son tour en acide
sulfocyanhydrique et acide persulfocyan-
hydrique.
La décomposition s’effectue probable-
ment de la manière suivante : 2 atomes
d’acide persulfocçanhydrique ‘se décom-
posent en 1 atome de soufre et'1'atome
d’une combinaison C5 Az° H*S, ét celle-ei
de son côté se décompose en 1 atome d'a-
cide sulfocyanhydrique et { atome d'acide
persulfocyanhydrique.
L'existence d’une pareille combinaison
intermédiaire se déduit avec certitude de
cette circonstance, que la liqueur ammo-
niacale, obtenue après la séparation du
soufre, ne renferme pas la moindre trace de
sulfocyanure d’ammonium, et ce dernier
se forme par l'évaporation de la solution
où par l'addition d’un excès d’un acide
concentré. Toutes les expériences exécu-
tées dans le but d'isoler cette combinaison
intéressante ont échoué à cause de la faci-
lité avec laquelle elle se-déconrpose. 3
Les autres alcalis, ainsi que les terres
alcalines se comportent d’une manière sem-
blable à l'ammoniaque, avec la différence
toutefois qu'il ne se forme point d'acide
persulfocvanhydrique par lévaporation,
car celui-ci reste en combinaison avec l’al-
eali.
Les combinaisons de l’acide persulfo-
cyanhydrique avec les alcalis ne présen-
tent rien de particulier; on ne parvient
pas à les séparer des sulfocyanures qui se
produisent en même temps. Les sels inétal-
liques en sont précipités comme par l’acide
libre.
Les réactions de l'acide persulfocyanhy-
drique se concoivent aisernent. Sa décom-
position commence déjà x 150°, en don-
nant de l'hydrogène sulfuré et de l'acide
sulfocyanbydrique ; elle s’accroit peu jus-
qu’à 200°. Par un plus fort échauffement,
il se développe en outre du sulfure de eat-
bone et du ‘soufre ; et enfin, à une tempé=
rature Encbre plus élevé, il se dégage de
l’äimmoniaque, et il reste du mellon à lé
tat d’un corps gris que la chaleur rouge
fait disparaître complètement avec un dé-
gagement de cyanogène. Ce dégagement
d’ammoniaque ne S'effectuant qu'à une
température élevée, il est probable qu'il se
produit d’abord du mélam, qui finit par se
décomjoser en ammoniaque et mellon.
L'acide sulfocyanhydrique devenant libre
dans cette métamorphose, éprouve de son
cùté une décomposition, en se transformant
en acide prussique et en acide persulfo-
cyanbydrique qui se dépose à la partie su-
périeure du vase.
M. Licbig indique le sulfure de carbone
comme produit de décompositon de Facide
sulfocyanhydrique; il avait obtenu ce pro=
tement Pr Eneee
RSR PR EE
“duit en faisant fondre du sulfocyanure de
potassium dans un courant d'acide hydro-
chlorique sec. Il est aisé de comprendre
que l'acide sulfocyanhydrique devait se
“décomposer en acide prussique et en acide,
persulfocyanhydrique, et que c’est de la dé-
composition de ce dernier dans les parties
échauffées de la cornue, que provenait le
sulfure de carbone. (Revue scientifique.)
* CHIMIE APPLIQUEE.
Electro-chimie, argenture, perfectionnement
apporté M. Pu. Mourey.
«Dès que M. Auguste de la Rive eut pu-
bliéle résultat de ses recherches relatives à
Vapplication, d’un métal précieux sur un
autre de moindre valeur, on vit, de toutes
parts, savants et industriels. se mettre à
l'œuvre, chacun cherchant dans: sa direc-
- tion à en faire l’application manufacturière
ou à apporter au procédé les per'ectionne-
ments qu une expérience de tous les jours
démontrait nécessaires ; car le principe,
bon:entlui-même, était néanmoins suwscep-
tible(de grandes améliorations quant à la
pratique.
:.« Plus heureux que le savant genevois,
M. Elkington, qui s'était occupé de recher-
ches à ce sujet; fit usage d’un dissolvant al-
calin, qu’a employéégalement M. de Ruolz.
« Très-peu de temps après, M. Becque-
relcommuniquait à l’Académie un procédé
par lequel, au moyen de ses appareils, on
parvenait à dorer et à argenter les objet;
qui, jusque-là, ne paraissaient pas suscep-
tibles de l'être, tels que le filigrane. À da-
ter de ce moment, la dorure et l’argenture
entrèrent dans une voie nouvelle, et l'Aca-
dénmiie a déjà sanctionné ce résultat en ac-
cordant.aux inventeurs, MM. de la Rive,
Elkington et Ruolz,. le prix Montyon.
« Toutefois largenture laissait encore
tout. à désirer , en ce sens que les pièces,
d'un blaue mat parfait à leur sortie du bain,
netardaient pas à perdre leur éclat, et
même, au bout de quelques jours, à deve-
nir d’un jaune sale; voulait-on les mettre
en couleur par les moyens ordinaires , on
lesaltérait. ë
« Frappéde ce fâcheux résultat, qui ten-
dait, sinon à détruire, du moins à infirmer
une invention si parfaite , je me mis à re-
chercher quelle en pouvait être la cause,
et je trouvai que la couleur jaune de l’ar-
genture provenait d’un cyanure ou sous-
cyanure reslé à la surface après l'opération
et que la lumière décomposait peu à peu.
« Dans cet état, les pièces n'étaient plus
recevables dans le commerce, accident qui
m'arriva plusieurs fois et me:ifit un tort
assez considérable ; je me_décidai donc à
tenter quelques recherches dans lesquelles
eus le bonheur de réussir, et quiime mi-
rent à même de rendre un grand service
aux inventeurs eux-même,.en leur commu-
quant gratuitement. le fruit de ina décou-
verte, dans le seul but d’être utile à l'in-
dustrie qui, n'ayant plus à craindre ces al-
térations de l'argenture, pourra se livrer à
la fabrication de l’oifévrerie et autres ob-
jets d'art susceptibles d’être argentés,
« Voici par quels moyens je suis arrivé
à ces résultats satisfaisants :
» Je songeai à employer le borax, que je
fis dissoudre et dont je couvris mes pièces
en couche assez épaisse, puis je soumis
celles-ci à l’action d’une température assez
élevée, jusqu’à la calcination du borax ; Je
m'étais servid'un moufle pour ÿ placer mes
pièces, ayant reconnu ce moyen pour plus
sûr et plus prompt. La température à la-
x
quelle j'optrai était celle au dessous da
rouge-cerise.
» Celte opération achevée, je fis un dé-
rochage dans l'eau acidulée par l'acide sul-
furique, en laissant les pièces se décaper
dans le liquide : cette dernière opération
peut être activée par l’actionde la chaleur,
ensuite Je lavai les pièces, et les séchai dans
la sciure de bois chaude ; toutefois, malgré
ce séchage, il est urgent de les soumettre à
la chaleur, afin de chasser l’humidité
qu’elles pourraient encore conserver. Ce
dernier point est aussi un tour de main qui
a pour but de donner un plus beau mat,
ce dont on pourra se convaincre par l’exa-
men de mes pièces.
» En outre, je crois mon procédé d’au-
tant plus utile, qu’il n’est pas nécessaire
que les pièces sortent blanches de la disso-
lu tion ärgentifère, l’action du feu leur don-
sant cette couleur blanc parfait qui distin-
gueë és pièces que j’ai préparées. Tel est le
résuitat de mes recherches que l'expérience
est venu justifier, car M. Christofle, bijou-
tier distingué, auquel je le communiquai
aussitôt que je fus certain de la réussite, le
mit de suile en exécution dans ses ate-
liers.
= SG de——
SCIENCES NATURELLES.
MINERALOGIE.
Cristallisation de l'Æschynite, par M. Des-
cloizeaux.
Jusqu'ici, les formes cristallives de l’æs-
chynite étaient restées mal connues, les di-
mensions de la forme primitive n'ayant pu
être déterminées, faute de cristaux qui of--
frissent des terminaisons distinctes : aussi
les divers auteurs ne sont-ils pas d’accord
sur la forme primitive à adopter pour cette
substance. La plupart, sur lautorité de
Brooke, prennent un prisme rhomboïdal
oblique d'environ 127° et 53 : Philips cite
comme furme secondaire ce prisme ter-
miné par un sommet à quatre faces.
Lévy, dans sa description de la collec-
tion Turner, regardant comme un clivage,
difficile à la vérité, une cassure perpendi-
culaire à l'axe qui se trouve souvent sur les
cristaux d’æschynite, en conclut que ie
prisme est droit, mais il ne décrit pas de
cristaux terminés.
Cette dernière opinion est pleinement
confirmée par les mesures prises sur deux
beaux cristaux dont s’est récemment enri-
chie la collection de M. Adam, et que j'ai
pu complétement déterminer, grâce à sa
bienveillante complaisance.
Je me suis assuré par unexamen atten-
tif que la base est perpendiculaire à l’arête
verticale du prisme.
L’incidence des faces latérales du prisme
a été prise au goniomètre d'application et
au goniomètre de réflexion sur un gros
cristal sans terminaisons distinctes, mais à
plans unis, un peu miroitants et offrant ce
clivage. perpendiculaire à l’axe dont J'ai
parlé plus haut. J'ai constamment trouvé
cette incidence de 129° et non de 127°, les
écarts extrêmes de l'observation ont été
128° 55° et 129° 10.
Je prendrai donc pour forme primitive
de l’æschynite un prisme rhomboïdal droit
de 129, dans lequel le rapport entre un des
côtés de la base et la hauteur est sensible-
ment celui des nombres 11 : 13.
Le tableau comparatif des angles obser-
vés directement et de ceux que fournit le
calcul, montre que les différences sont in-
signifiantes, surtout pour des cristaux qui
193
ne se prêtent pas à la mesure au goniomè.,
tre de réflexion.
Quelque imparfäites qu'on suppose les
analyses de l’æschyÿnite et de la polymi-
gnite, il est impossible, encomparant leurs
résultats, de réunir ées’deux espèces. D’ail-
leurs, la pesanteur spécifique de la pre-
mière est plus considérable que celle de la
seconde dans le rapport de 5, 14 à 4,8, et
la cristallographie vient donner un nou-
veau degré de certitude à cette distinction.
Détermination des formes primitives et
secondaires de la Mozanite. — La forme
dominante de la mozanite est un prisme
carré aplati sur une de ses faces, terminé
de chaque côté par un sommet tétraèdre
irrégulier.
D’après diverses considérations et d’après
les mesures prises directement, on peut re-
garder comme forme primitive de la mo-
nazite un prisme rhomboïdal oblique de
92, 30° dont la base fait avec les faces la-
térales un angle de 100° 35 13”. Le rap-
port entre un côté de la base et l’une des
arêtes latérales est à très peu près celui des
nombres 116 : 77.
Comme on le voit, la forme des cristaux
de monazite qui, suivant l'analyse de
M. Kersten, estun phosphate d’oxydes de
cérium, de lanthane, de thorine avec un
peu d’oxydes d’étain, de manganèse et de
chaux, fait partie de celles que M. Beudant
indique pour les phosphates en général,
(Ann. des Mines.)
"]
ANATOMIE.
Nouvelle méthode de préparations anato-
miques, nommée hydrotomie.
Dans un de nos derniers numéros nous
signalions sans la décrire une nouvelle mé-
thode de préparation des corps pour l'étu-
deanatomique. Aujourd’huiquenous avons
de cette méthode une connaissance plus
précise, nous nous empressous de la com-
muniquer à nos lecteurs. M. Lacauchie,
professeur d'anatomie à l’école d’instruc-
tion du Val-de-Grâce, recherchant les ef-
fets de Peau introduite dans le tissu cellu-
laire, s’imagioa un jour de soumelire un
cadavre à une injection continue de ce li-
quide. D’un réservoir élevé de 4 mètres, il
fit descendre un tube qu’il adapta à une
canule convenablement fixée dans l'artère
carotide primitive d’uii cadavre, et illaissa
l'expérience marcher ainsi pendant quel-
que temps. Le cadavre augmenta peu à
peu de volume et atteignit bientôt dans tou-
tes ses parties un degré de distension ex=
traordinaire :sa déformation était complète
et ce phénomène ne s’arrêta qu'au mo-
ment où la résistance de la peau l’empor-
tant sur celle des membranss muqueuses,
l’eau s’écoula abondamment par les nari-
nes, la bouche et l'anus. Un tel change-
ment à l'extérieur en faisait pressentir un
bien plus grand encore à l’intérieur; mais
quel ne fut pas l’étonnement de M. La-
cauchie lorsqu'il vit se dérouler devant lui
des parties que le scalpel pouvait à peine
atteindre et ne révélait que difficilement
aux yeux de l’anatomiste. Cette expérience
fut un trait de lumière pour le professeur
du Val-de-Grâce, et répétée plusieurs fois
elle conduisit toujours aux mêmes résul-
tats. Ainsi est née l’hydrotomie, méthode
qui peut faire une véritable révolution dans
les études anatomiques, puisque cest un
procédé trop facile d'exécution pour que
tout le monde ne puisse pas le mettre en
pratique et arriver ainsi à des résultats cu-
754
rieux pour la science. Quand on réfléchit
en effet an peu de jour qui règne sur tant
de points encore obscurs d'anatomie, on
doit se féliciter de la découverte d’une mé-
thodequipermettrade résoudre, sans doute,
quelques unes des grandes questions sur les-
quelles les anatomistes n'ont encore fait
que balbutier, Les travaux de Bordeu sur
le tissu muqueux et les glandes, les recher-
ches de Cruiskauh et de Mascagni sur les
aisseaux lymphatiques, seront toujoursdes
productions remarquables; mais la science
n’a pas dit son dernier mot sur ces grands
problèmes, et dans ces voies immenses où
l'esprit humain se confond, il reste encore
plus d’un sentier à parcourir, plus d'une
lande à défricher. M. Lacauchie, prof-
tant avec talent d'une méthode que le ha-
sard lui a révélée, mais que déjà il a su fé-
conder avec succès, M. Lacauchie est
parvenu à voir des choses qui n’ont encore
été ni vues ni décrites par personne, des
organes qu'on avait pu soupçonner, mais
dont l'existence n’était pasrationnellement
démontrée. Si l’auteur de cette découverte
avait exposé à l’Académie royale de Méde-
cine le résultat de ses travaux, il aurait été
mieux compris-qu'à l’Académie des Scien-
ces, oùles plus bellesidéeslanguissent et s’é-
teignent souvent dans l'attente d’un rap-
port qui n'apparait qu'après plusieurs an-
nées. Malgré cela la méthole de M. La-
cauchie trouvera toujours des admirateurs
dans ceux qui la connaîtront, et si nous
pouvons contribuer ici à la propager, notre
bat sera rempli. EXD.
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
Mémoire contenant la discussion de quel-
ques observations relatives au mode d’ac-
tion de la vapeur dans les machines,
principalement dans les machines d'épui-
sement à détente usitées dans le comté
de Cornwall; par M. Combe.
(Deuxième et dernier article. )
Je conviens que les observations recueil-
lies ne sont point encore assez nombreuses
pour mettre hors de doute la généralité de
ces conclusions. Néanmoins il m'a semblé
qu’elles n'étaient pas tout à fait indignes
d'être présentées au public, ne füt-ce que
pour provoquer de nouvelles observations
et une discussion plus approfondie des phé-
nomènes qui se passent dans les machines
à vapeur.
Les faits observés et les conclusions que
j'en ai tirées, peuvent être réunis ainsi qu’il
suit :
2. Dans les machines à vapeur à détente,
c’est-à-dire dans les machines où la vapeur
de la chaudière n’est admise dans le cylin-
dre que pendant une partie de la course
du piston, la tension de la vapeur, après la
fermeture de la soupape d'admission, di-
-minue en général moins rapidement que
suivant la raison inverse des volumes, soit
que les cylindres soient renfermés dans
une enveloppe et baignés extérieurement
par la vapeur qui vient de la chaudière,
soit que les cylindres n'aient point d’enve-
loppes et soient exposés au contact de l'air
extérieur;
2. La tension de la vapeur, dans les cy-
lindres, pendant quela soupaped’'admission
demeure ouverte, est tantôt à peu près
constante, tantôt variable, Dans ce second
755
cas, la tension arrive à son maximum pres-
que dès l'origine de la course du piston, et
commence immédiatement à décroitre ; la
vapeur agit ainsi par expansion, pendant
que la soupape d'admission est ouverte, et
si l’on trace une courbe dont les ordon-
nées soient proportionnelles aux tensions
variables de la vapeur, pendant l'excur-
sion totale du piston, et dont les abscisses
soient proportionnelles aux distances du
piston à l'origine de sa course, il arrive
quelquefois que les deux parties de cette
courbe correspondantes aux espaces par-
courus par le piston, avant et après la fer-
meture dela soupape d'admission, forment
une seule et même courbe continue, sans
jarrets ou inflexions brusques. Dans le pre-
nier cas, la tension de la vapeur dans le
cylindre arrive à son maximum presque dès
l'origine de la course du piston, et demeure
ensuite constantcjusqu’au moment de la fer-
metare de la soupape d'admission, point à
partir duquel elle décroît moins rapide-
ment que suivant la raison inverse des vo-
lames. La tension maximum de la vapeur
dans le cylindre esttoujours très notable-
ment inférieure à celle qui existe dans la
chaudière.
3. Lorsque, dans les machines à simple
effet du système du Cornwall, où ouvre la
soupape d'équilibre qui meten communi-
cation les espaces séparés par le piston de
la machine, la tension de la vapeur qui se
répand aussitôt dans un espace plus grand
que celui qu’elle occupait diminue, et la
tension qui s'établit est à la tension primi-
tive dans un rapport plus petit que le rap-
port inverse des volumes.
4. Connaissant le volume occupé par la
vapeur dans le cylindre d’une machine, à
la fin de la course du piston, la tension.de
cette vapeur, ainsi que la tension et la tem-
pérature dela vapeur.dans la chaudière,
on peut déterminer par les formules::con-
nues les limites supérieure et inférieure du
poids de vapeur qui existe alors dans le
cylindre; ces limites sont aussi celles du
poids. d’eau dépensé par la chaudière, par
coup de piston, lorsqu'il ne reste po nt
d’eau liquide dans le cylindre à la fin de la
course du piston. S'il reste, au contraire,
de l’eau à l’état liquide, le poids d’eau d3-
pensé par la chaudière peut dépasser: la li-
mile supérieure ainsi déterminée,
Convaissant le volume occupé par la va-
peur dans le cylindre d’une machine à dé-
tente, au moment où la sonpape d'admis-
mission est fermte, la tension de cette
vapeur ct la température de la chaudière,
on peut déterminer les limites supérieure
et inférieure du poids de vapeur qui existe
alors dans le cylindre; dans tous les cas où
la tension de la vapeur dans le cylindre de-
meurait à peu près constante, peudant l’ou-
vertuie de la soupape d'admission, j'ai
trouvé que le poids d’eau réellement dé-
pensé par la chaudière dépassait notable-
ment la limite supérieure ainsi déterminée
et que, par conséquent, il y avait de l'eau
liquide dans le cylindre au moment de la
fermeture de la soupape d'admission. (Frois
machines d’épuisement du Cornwall. Ja
machine de Watt et Boulton à simple elfet
d Oldford, à Londres, ontdonné un sem-
blable résultat.)
Des faits exposés ci-dessus je déduis les
conséquences suivantes :
Dans la plupart des machines à vapeur,
et probablement dans toutes ces machines,
une parlie de la vapeur admise dans le ey-
lindre se hiquéfie immédiatement par Pac-
756 .
tion refroidissante des parois du cyliudre,
dont la capacité Ctait quelquesinstantsavant
en communication avec le condenseur;
peut-être aussi que la liquéfaction est en
partie occasionnée par l’état de mouvement
de la vapeur dansles tuyaux. Quoi qu'il en
soit, il se forme dans le cylindre de l’eau
liquide aux dépens de la vapeur admise, in-
dépendamment de celle qui peut être en-
traînée, à l'état globulaire de la chaudière
dans le cylindre,
l’eau liquéfiée se vaporise de nouveau
pendant la détente de la vapeur, de sorte
que de nouvelles quantités de vapeur s'a-
joutent pendant cette détente à la vapeur
déjà exisHnte; c’est ce qui fait que lesten-
sions diminuent moins rapidementque swi-
vant la raison inverse des volumes.
Dans les machines dout les cylindres sont
baignés par la vapeur de la chaudière, cir=
culant dans une enveloppe, ct sont ainsi ex-
posés à une source de chaleur extérieure, la
totalité de l’eau liquéfiée est vaporisée de
nouveau, lorsque le pistonarrive à la li
imite inférieure de son excursion, pouryu
toutefois que l’espace occupé par la vapeur,
à la fin de la course, soit égale à deux ou
trois fois son volume primitif. Dans les ma-
chines dépourvues d’enveloppes dont les
cylindres sont exposés au contact de l'air
ambiant, la totalité de l’eau liquéfiée n'est
point vaporiste à la fin de la course du pis-
ton, et se réduit subitement en vapeur au
moment où la capacité du cylindre est mise
en communication avec le condenseur(ma-
chine de Charonne); la même chose a lieu
dans les mach.nes pourvues d’enveloppes,
lorsque la détente n’a qu’ane petite étendue
{wachine de Bouiton et Watt d'Oldford.}
L'utilité des enveloppes, ou plutôt l’uti-
lité d'exposer les cylindres des machines à
vapeur à une source de chaleur extérieure,
dans le but d'augmenter la:quantité de
travail développé par un même poids d'eau
vaporisée dans la chaudière, ou de com-
bustiblés consommés, est mise hors de
doute, taut par l'expérience directe qui en
a été faite que par l'observation détaillée
des phénomènes que présente l’action de la
vapeur dans les cyiindres des machines; et
la discussion raisonnée de ces observa=
tions.
Dans les machines d’épuisement à sim-
ple effet du Cornwall, convenablement dis-
posées et chargées, le travail transmis au :
piston par chaque kilogramme d'eau dé-
ensé par la chaudière, s'élève fréquem-
ment à 35000 kil. élevés à 1 mètre de hau-
teur par kilogramme d’eau vaporisé dans
les chaudières, et le travail utile réalisé à
32,000 kilogr. élevés à 1 mètre de hauteur.
Dans la machine d’épuisement à basse pres-
sion ct à simple effet du système de Boul-
ton et Watt établie à Oldford, le travail
transmis au piston par chaque kilogramme
d’eau dépensé par la chaudière ne dépasse
pas 17,000 à 18,000 kilogr. élevés à 1 mè-
tre de hauteur, ni le travail utilisé 13,000
à 14,000 kilogr. élevés à 1 mètre.
Malgré la grande supériorité des machi-
nes du Cornwall sur les machines de Boul-
ton et Watt et sur toutes les autres machi-
nes usilées, il paraît certain que l'on n'a
pas encore atteint, dans ces machines, la
limite de l'effet utile dù à la vaporisation
d'un poids d'eau déterminé ou à la con-
sommation d'une quantité donnée de com-
bustible, que l'on peut atteindre dans la
pratique. Cet efletseraitcertainement aug-
mente si l'on parvenait à prévenir la liqué:
{iction d’eau qui a lieu lorside l'admission
/ =paieshtis
ide la;vapeurdans le cylindre, et on arri-
verait vraisemblablement à la prévenir ou à
Ha diminuer beaueoup enexposant le cylin-
‘dre à-une source:-deschaleur extérieure,
dont la températureidépassât celle de la
vapeur dans les chaudières. On pourrait
utiliser pour cela les prodirits gazeux de la
combustion qui sont probablement jetés
‘dans la cheminée à une température de
1250 à 300 degrés centigrades au moins. Je
« pense qu'en adoptant des dispositions assez
. simples, en donnantaux conduits dans les-
quels les gaz circuleraient des dimensions
égales à la section de lacheminée, l’activité
de la combustion sur la grille ne‘sérait pas
:sensiblément ralentie par la circulation des
gaz chauds autour du eylindré: Je remar-
que d'ailleurs que la combustion est très
lente sur les grilles des chaudières du
Cornwall, ce qui est plutôt avantageux que
défavorable à l'effet utile da combus-
| tible. Rults ne
| Aueune des formulesmnoposées jusqu'ici
| pour calculer le travail {ransmis au piston
d’une machine à tapeur par.un poids dé-
| terminé d'ean vaporiséedansles chaudières,
ne tient compte du fait capital de la liqué-
faction d'eau dans le cylindre, et dela va-
-porisatisn totale ou partielle de cette eau
| pendant la détente de la vapeur. Ces for-
:mules supposent toutes que la tension de la
vapeur varie suivant des lois très-différen-
tes de celles qui ressortent de l’observation
.\ directe. Elles sont par conséquent inexac-
tes, et si,,en quelque cas, elles fournissent
|| pour le rapportentrelesquant tés detravail
transmises au-pislon et les quantités d’eau
è
|
|
|
| assez rapprochées de celle que donne l'ob
. servation directe, cela narriveque par une
compensation d'erreur en sens contraire,
et ne peut être invoqué comme une preuve
… de leurexactitude. |
‘ARTS CHIMIQUES.
4 T4 : ne ;
Falsification de la cochenille.
M. Letellier a donné, dans la séance du
| 15 janvier 1843 dell Société d’émulation
de Rouen, lecture, d’an travail sur la falsi-
| fication de la cochenille, question soulevée
! par M. Boutigny, et continuée par M. Le-
| tellier.
On trouve dans le commerce deux es-
pèces de cochenille la grise et la noire.
Parmi les savants qui ontétudié cette ques-
tion, les uns pensent que cette différence
“ tient au mode de préparation employé, au
jumoyen par lequel on fait périr l’insecte;
| d'auttes pensent que ce sont deux variétés.
l Quelle estiaplusriche enmatière colorante?
| c'est encore unéquestion controversée; d’où
- il suit que les caractères physiques ne peu
|vénale d'une cochenille. 6
. MM. Robiquet et Authou ont indiqué
chacun un procédé pour reconnaître la pro-
| portion de carmine contenue dans une co-
| chenille données. 45
| Leprocédéi-dé: M: Robiquet consiste à
| décolorer dés voltmes égaux de dissolution
de cochénillé/pär lé Chlore; mais la diffi-
. culté de se procurer facilement des solu-
tions de chlore identique doit faire renoncer
le, qui.ne peut donner de bons ré-
dans les mains d’un chimiste. Le
e M:rAuthou consiste à précipiter
| le carmine de la décoction de cochenille par
|l’hydrate d’alumine, jusqu’à la décoloration
complète de la décoction : la quantité d'hy-
drate employée donne la richesse de la co-
\ vaporistes dans les chaudières, des valeurs:
(| ;
vent pas suffire pour déterminer la valeur.
TE D nn M Da I ie Ce EU UT RE
| 7538
chenille. Ce procédé e:t d’un usage facile ;
il doit être préféré.
Fa cochenille grise du commerce pré-
sente deux variétés bien distinctes; la pre-
mière est grosse, pesaute, régulière; on
reconnait les onze anneaux qui composent
l’insecte ; il a conservé sa forme, la couleur
grise est due à une poussière blanchâtre
dont il se recouvre pendant sa croissance,
La seconde variété est irrégulière, informe;
l’enduit blanichâtre est amassé entre les an-
neaux de l’insécte qu’on ne distingue plus;
il se compose de tale, de sable, quelquefois
de céruse.
La cochenille nôire présente aussi des
variétés; celle qu'on dit zacoctillée est petite,
ridée, informe ; elle est talsifiée et achetée
comme telle. Ilestdes individus à Bordeaux
qui font métier de zacotiiler la cochenille,
et qui la vendént ensuite au dessous du
cours?Pé quelle nature est cette opération?
c'est ée que M: Letellier a recherché.
D’äprès ses expériences, il pense que l’on
traite Ia cochentile grise par l’eau chaude
pour en extraire une partie du principe co-
losant, ce qui eulève à l’insecte la poussière
grise dont il était recouvert, et le trans-
forme en cocheniile noire zacotillée, parce
que cette dernière cochenille est toujours
moins riche que la grise non zacotillée.
Sur vingt-deux cochenilles essayées par
M. Letellier, quatre conteaaient une sub-
stance métallique ayant tous les'carac'ères
du plomb; il pense que cette falsification ,
signalée par M. Boutiguy, se fait, ho sur
les lieux de jroduction, mais aux lieux d’ar-
rivage, et sur les cuchenilies en partie
|épuisées.
Jusqu'en 1840, nos indienneurs reje-
taient comme épuisées des cocheniiles qu'ils
avaicntiraitées plusieurs fois par l'eau; un
teiuturier de Rouen, M. Lemoine! entlheu-
reuse idie essayer sicés cochenilies reje-
tées ne coutenaient pas encore un peu de
carmines il en trouva jusqu'à 18 p. 070 de
ce qu’elles en avaient conteau : aussi, de-
puis cétte époque, la cochenille rejetée par
les indienneurs est achetée par nos teintu-
riers au prix de 1 fr. 89 c. jusqu’à 3 fr. le
kilogr.
Dans le commerce, on trouve une pous-
sière grise, connue sous.le nom de duvet de
cochenille , que longtemps les teisturiers
ont accaparée; maisils ÿ renoncent aujour-
d'hui, préférant avec raison la belle coche-
niile. :
Pour essa$ er une cochenille, M. Letellier
en prend 3 décigrammes qu'il fait digérer
dans 1000 grammes d’eau de fontaine pen-
dant une heure, à la chaleur du baïn-marie,
avec addition de dix gouttes d’uneé‘disso!u-
tion d’alun; épuisement est suffisamment
complet, la liqueur refroidie est parfaite-
ment transparente; cette liqueur, essayée
au calorimètre, fait connaître exactement
la richesse: de fa cochenilie traitée,
1 AGRICULTURE.
Dh INSÉCONOMIE RURALE,
Note sur la Cire des aheïlles; par M.Lewy,
de Copenhague,
Occupé déjà depuis quelque temps de
Pexamen chimique de laccire, je erois être
arrivé à un résultat qui m'a paru de nature
à être porté à la connaissance de; chimis-
tes, bien que mon travail, aunoncé déjà
dans les Annales de -chimie et de physique
du inoïis de juillet 1842, ne soit pas encore
terminé.
759
Unediscussion qui a eu du retentissement
dans le monde savant à été soutevée ré-
cemment, relativement à la préexistence de
matières grasses dans lès végétaux.
M. Liebig, tout en reconnaissant l’exi-
stence de matières grasses dans les aliments
des herbivores, fait remarquer que les pro:
priétés de ce corps gras sérapprochent de
la cire, et il se refuse à admettre qu'une
rnatière grasse non saponifiable comune celle
de la cire puisse, sous l'influence des firces
de l'organisme, se transformer en corps
gras de la nature de ceux qui sont déposés
dans les tissus des animaux, tels que les
acides stéarique ou margarique, Les r'ésul-
tats qui vont suivre, et qui ont été obtérus
dans le laboratoire de M. Dumas, démon-
trent, Je crois, que la distance qui sépare la
cire des.corps gras d’orisine animale, n’est
pas aussi grande que l'illustre chimiste de
Giessen est disposé à l’admettre, d’après les
expériences connues jusqu'ici.
La cire des abeilles que j'ai examinée
était d’une pureté parfaite ; son origine m'a
été garantie par M. Boussingault, à Fobli-
geance duquel je dois les échantillons étu-
diés.
Cette cire fondait à 64 desrés centigra-
des ; elle na fourni, à l'analyse, les résul.
tats suivants :
I. II. ITI.
Carbonne 79,99 80,48 80,20
Hydrogène 45,36 13,36 13,44
Oxygène 6,65 6,16 6,36
es nombres s'accordent bien avec ceax ob-
tenus récemment par M. Ettling, en faisant
subir à ses analyses la correction relative
au nouveau poids atomique du carbone,
Traitée par une lessive concentrée et
bouil'ante de potasse, cette cire se trans-
forme entièrement en savons solubles.
La. saponilication, opérée à l'aide de
l'oxyde de plomb, a démontré qu’il ne se
formait point de glyctrine pendant la réac-
tion.
J'ai constaté que, conformément aux
Opinions énoncées par plusieurs chimistes,
la cire des abeiiles, purifiée pat l’eau bouil-
lante et l'alcool froid, contient deux prin-
cipes immédiats, d’une solubilité très diffé-
reute dans l’alcool chaud.
L'un de ces principes a recu le nom de
cérine ; 11 se dissout dans environ 16 parties
d'alcool bouillant ; l’autre, la myricine, est
presque irsoluble dans l'alcool eu même
l’éther bouillant.
La cérine m'a donnné à l'analyse :
[. LL. [if
Carbone 80,53 80,23 v
Hydrosène 13,61 13,30 13,33
Oxygène 5,86 6,47 »
Son point de fusion est à 62°, 5 centigrades,
et elle a une réaction acide très prononcée
sur le papier de tournesol; dissoute dans
l'alcool, elle cristallise par le refroidisse-
ment en petites aiguilles £. ès fines.
La myricine a fourni les nombres sui-
vanis :
; a IT.
Carbone 80,17 80,28
Hydrogène 13,32 13,34
Oxigène 6,51 6,38
Fondue à une douce chaleur, elle com-
mence à se solidifier à 66°, 5 centigrades.
I résulte donc des analyses précédentes,
que les deux matières qui existent toutes
formées dans la cire sont'isoméri ques entre
elles et avee la cire. à
En calculant les nombres précédents
: d'après la formule GS H% O1 (1), on aurait :
(1)G = 55, H = 12,5
160
CES 5100,0 80,31
H6s S50,0 13,38
O4 400,0 6,30
63500 09,09
résultat qui s'accorde très bien avec les
analyses.
J'ai commencé par étudier les réactions
de la cérine.
Traitée par Ja chaux potassée en chauf-
fant au bain d’alliage , la matière dégage
de l'hydrogène pur, et il se forme un acide
qui reste en combinaison avec l’aleali ; l’a-
cide extrait du savon formé et purifié avec
les précautions employées par MM. Du-
mas et Stas dans la préparation de l’acide
éthalique, était parfaitement blanc et cris-
tallisable , son point de fusion était à 70°
centigrades, c’est-à-direexactement le même
que celui de l'acide stéarique.
L'analyse de cet acide n’a donné les ré-
sultats suivants :
1E II. IIT.
Carbone 76,73 77,03 76,71
Hydrogène 12,86 12,81 49,74
Oxigène 10,41 10,16 10,55
Ces nombres correspondent exactement
à la formule CH 07, qui donne en effet :
css 5100,0 76,69
H68 850,0. . 42,18
07 700,0 10,52
6650,0 99,99
Or, telle est précisément la formule admise
par MM. Liebig et Redtenbacher pour la-
cide stéarique.
Il paraît donc démontré que, sous des in-
fluences oxydantes, la cire ou la cérire peu-
vent se transformer en acide stéarique,
identique avec celui que l’on peut extraire
du suif de moaton.
L'équation suivante rend compte de la
réaction d’une manière très simple :
CHSHUSOi-HI O3 = C8 H'8 07 HS qui se dégage.
On peut donc conclure des expériences
qui précèdent :
1° Que la cire, contrairement à l’opinion
rêcue, est soluble dans la potasse cencen-
irée et bouillante ;
29 Que, sous des influences oxydantes,
elle se convertit en acide stéarique ;
3° Que, par une oxydation ultérieure,
celui-ci se convertirait à son tour en acide
margarique, comme on Je sait ;
4° Qu'en conséquence, il n’y a entre les
principes de la cire et ceux des corps gras
ordinaires, d'autre différence que celle qui
résulte d’une oxydation plus où moins
avancée.
J'ajoute qu'en comparant la cérine et la
myricine , qu’en étudiant la cire jaune et
la cire blanche, J'ai observé des particu-
larités dignes d’attention, qui trouveront
leur place dans le mémoire que je vais pu-
blier incessamment sur ces matières.
HORTICULTURE.
Pois très hâtifs dits le Prince- Albert.
Ce pois est l’un des plus hâtifs qui exis-
tent parmi les espèces propres à la table
et l’un des plus délicats. Planté en plein air
le 14 mars de l’an dernier, il a été récolté
le 25 avril suivant, c’est-à-dire qu’il n'y a
eu que quarante jours entre l’époque de la
semaille et celle de la récolte. Malgré cette
précocité , il est très productif, d’un excel-
lent goût et extrêmement avantageux pour
les cultures forcées.
Nous en avons semé dans nos cultures
de Limours, à côté des pois michauds et
de Hollande, et des pois quarantaines, les
plus hâtifs. Nous serons done bientôt en
761
mesure de nous prononcer snr les avan-
tages réels da pois Prince-Albert. ; Bossin.
Grainier-pépinieriste, 5 quai aux Fleurs.
—<9 6 =—
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 22 avril.
M. Léon Fauché est admis à continuer
lalecture qu'ilavaitcommencée àla dernière
séance. Il s’est occupé aujourd’hui du sys-
tème monétaire en France. Cette commu-
nication est très importante , mais elle est
si pleine de chiffres et de calculs, que nous
ne pouvons en rapporter que les pricipaux
résultats. La puissance de la France attire
l’argent, comme celle de l’Angleterre attire
l'or, et dans ce double mourement d’at-
traction, Pariset Londres se servent réci-
proquement d’intermédiaires. Chacune des
deux nations reste si progressive dans sa
destinée monétaire, que de 1816 à 1841, La
réserve de l’une, en lingots d’or, celle de
la France, a diminué de 440 millions, tan-
dis que sa réserve en argent a augmenté
de deux milliards, et que la réserve de Pau-
tre, celle de l'Angleterre, a progressé dans
la même proportion, mais en sens inverse.
M. Léon Fauché attribue à plusieurs causes
différentes cette tendance de l'or à s'éloigner
de nous, et parmi ces causes il place au pre-
mier rang les vices de notre système moné-
taire et de notresystème de douanes. Cette
rareté de ler et cette surabondance de l’ar-
gent peuvent amener de grands désastres,
En 1776 il existait en France pour 700 mil-
lions d’or; il n’en existe plus aujourd'hui
que poar 300 ou 350 millions. A cette même
époque il ÿ avait pour 4500 millions d'ar-
gent en circulation ; il y en a aujourd’hui
pour 3 milliards, et cette réserve énorme
s’accroit tous les ans de 400,000 kilog. d’ar-
gent qui sont transformés en espèces. L'ac-
tivité qui depuis quelques annéesse déploie
dans l'exploitation des mines du Mexique
et les perfectionnements que la science a
introduits dans l’extraction de l'argent, en
faisant nécessairement baisser sa valeur
dans un avenir plus ou moins éloigné, il
arrivera alors que notre capital monnoyé
de trois miiliards sera réduit d’un sixième,
peut-être d’un quart, tandis que celui de
l'Angleterre augmentera sa valeur dansune
égale proportion.
On sait que J.-B. Say, voudrait qu'on
ne désignât l'or et l'argent que par leur
poids, qu'on dit par exemple, 5 grammes
d'argent au lieu d’un franc ; en d’autres
termes, que l'or et l'argent fussent consi-
dérés comme marchandise et qu'ils fussent
non ie prix d’une quantité de vin, de blé,
d'huile , de drap, mais une quantité de
marchandise échangée contre une autre.
M. Léon Fauché a fait justice de ce sys-
tème qui non seulement nous ramènerait à
l'enfance de la science, mais qu’on peut
presque appeler anti-social, et a démontré
de plus fort, la nécessité d’un étalon, pris
parmi les métaux précieux. Examinanten-
suite lequel de l'or ou de l’argent est le
plus propre à cet usage, M. Léon Faucher
se prononce sans hésiter pour l'or, qui a
l'avantage de ne pas S'oxider au contact
de l'air, qui s’use moins vite que l'argent
par Ja circulation, et qui sera moins sujet
que lui aux effets de la dépréciation que
doit amener la production excessive des
métaux précieux,
Après cette lecture , l’Académie s'est
formée en comité secret. CB,
| science, et Albert Durerinventa un instru=
arts allaient en retirer, aussi chacun s’ems=
: till
Science et art de la perspective. =—"Recherz
ches Historiques. | ad,
LE L ALT EE
(Deuxième article.)
oull
HISTOIRE.
Au dixième siècle, quand saint Paulin
eut ressuscité la peinture, en employant.
son prestige à consolider le culte chrétien
parmi les masses ignorantes, il n'existait.
plus que des peintres ouvriers ; les seiences
qui constituent cet art-élaient depuis long-=
temps tombées dans l'oubli; aussi, les, ré
sultats furent d’abord des: plus faibles; et
les progrès ne marchèrent que très lente-
ment ; il fallut plusieurssiècles de pratique
pour faire -éclore les germes.du génie,;mais,
une fois. dans la bonne voie, les beaux-arts
passant de conquête en conquête , s'élan-
cèrent rapidement au plus haut degré.de
leur gloire. 1e 2 Âge
Il est présumable; d’après ce qui .estidit
dans un passagéddu septième livre de;: Vi
truve, que c’est dansilesséléments de géo=
métrie et d'optique d Euelide que les pein-
tres du moyen-àge et ceux de la renaissance
ont trouvé ou retrouvé les premiers prin-
cipes de la perspective qui leur étaient in-
dispensables de connaître. On trouve les
premières traces de l’applisation‘de la pers-
pective à la peinture, dans quelquestableaux
du quatorzième siècle; dans le commence-k
ment du quinzième elle avait déjà fait dem
grands progrès; Paolo, surnommé L.Uc-
cello, l’observait dans toutes ses-œuvres et
Masaccio le surpassa, non à la science des
raccourcis. Vers cette époque, Pietro della
Francesca donna des préceptes de cette
meut, qu'il publia en 1528, sur .lequelil
recevait l'image des objets. Get: instrument
servit à démontrer l'évidence.des.principes
formulés par Pietro. Cesiprineipes s’éten-
dirent vite, ou’sentait les: services que-les
pressait-il de les connaître 5 ils arrivèrent
de la sorte jusqu’à Balthazar Perruzi, qui
les perfectionna et les éteadit, c'est à lui
que l'on doit l’heureuse idée-de transporter
sur le tableau ;-:sumila digne: d'horizon:,.à
droite et à gauche dun point du centre,
lPespace qui sépane-le tableau: de: l'œil du
spectateur , et que l’on désigne par dis=
tance principale. Cette découverte était
d'autant plus heureuse qu’elle mettait Par-
tiste à même d'obtenir avec peu de lignes
allant concourir à cette distance reportée
sur l’horizon, la profondeur apparente de
tout ce qui devait entrer dans son tableau:
L'ouvrage de Balthazar Perruzzifut mis auk
jour en 1545,par Serlio,,son élève, cet ou=M
vrage fut suivi d’une foule d’autres, plus
ou moins recommandables, mais qui-n-ontf
fait que décrire et démontrer les principes
de Pietro, perfectionnés et augmentés:pa
Perruzzi, Je citerai seulement parmi ces]
auteurs: Daniel Barbaro et Nredemannw
dont les traités parurent en 1559: Jeans
Cousin, en 1560 ; Jarmmitzer,.en 1564; Ans
dyé du Cerceau, en 1536:1Bartoszio.de Vis
gnole, en 1553; Sarigatiet Viator, en 1596,
De nouvelles. richesses furent ajoutées à.là
pratique de la, perspective, par Guidos
UÜbaldo, qui découvrit le prieipe général
des points de fuite; mais quine l'appliqua
seulement qu'aux. lignes. fuyantes placées
horizontalement. Le. traité.qu'il publi
en 1600, est plus étendu..ét plus savanb
que tous ceux qui Pont précédé ; quant à
l'application duprineipe des points de fuites
aux lignes parallèles fuyantes, qui ne sont
pas placées horizontalement, et aux plans
063
Mleaume , Baytaz, Syravesand, etc.; l'ou-
rage de-ce dernier.a.paru en 1711.
“ Je ne dois pas omblier,de mentionner
ne parmi les hommes laborieux qui ont
hnerché à simplifier la pratique de la pers-
“ective, afin de la reudre familière aux
Leintres, Gérard Desargue doitêtre en pre-
hière ligne; il donna un moyen très sim-
le pour mettre des carreaux en perspec-
“ve sans sortir du champ du tableau ; ces
\arreaux tracés dans divers sens, devaient
‘ervir à obtenir la hauteur , la largeur et
rvprofondeur apparente de tous les objets.
Lussi'a-t-il intitulé son ouvrage : HManière
inivérselle pour pratiqrer l& perspective
særtpetits pieds, conume séométral. Cet ou-
rage/de Desargue est un des plus éten-
| «ustet des plus-importants sur la perspec-
ve: il occasionna un grand nombre d’é-
rits sur le même sujet, on en trouve les
Etaïls dansles Letéreséerites au sieur Bosse.
‘eVfut ce dernier'qai publia:en 1648, la
l1éthode de’ Desarguessil læ professa pu-
iquementlavec grand succès, dans ses le-
‘ons à PAcadémieroyale de Peinture , de
srte qu'elle fut adoptée par la plupart des
| Mrtistes de ce temps. Enfin, rassemblant et
iMéveloppant méthodiquement tout ce qui
tait connu , Brook Taylor donna en an-
| ais, en 1755, une théorie complète de la
d'erspective. Depuis, quelques auteurs nous
* “init laissé de bons ouvrages, sans cependant
:Mhvoir. été plus loin que Désargue et Taylor.
1 Moici les‘principaux : Le Roy, en 1757, Pe-
| Mltot, en1758 ; Lambert, en 1759; Wer-
“er, 1764 Zamotti, de Curel et Cowley,
un 1766; Jacobz en 1767; Priestley, en
1770; Michel et Edw. Noble, en 1771;
“irsini, en 1784; Malton, en 1776; Voch,
n°1770 ;Highmore, en 1784; Burja en
993; Walencienne, en 1809, et Lavit, en
864. L'ouvragerde Valenciennes, de même
neceux de plusieurs aüteurs que je viens
é’citer, n’est nullement pratique, maisil
l'ontient d'excellentes réflexions sur la pein-
Lure. Ses conseils pésauraieut être trop mé-
| “rités par les artistes. Me voici arrivé à Jean
lhomas Thibault, :peintre et architecte ,
‘ont la méthode fut:donnée en 1827, lors
iMleson séjour à Rome: Cet artiste eut le
iM\onheur de découvrir sur des dessins de
Mrands maîtres, des lignes d’opération qui
IN donnèrent à penser qu'ils avaient eu des
: 'rocédés plus abréviatifs et plus rationnels
ilue ceux que l’on enseignait. Dès lors il
occupa avec ardeur de perfectionner la
IN ratique de la perspective et d'en modifier
IN plus possible les opérations ; créateur de
ilioyens ingénieux pour suppléer aux points
ii etfuite placés hors du tableau , ou points
iiiccessibles; sa méthode pratique, appli-
ice à la peinture , est supérieure à cellé
i SUses devanciers. Mais à Rome, Thibault
I Efit-toutes ces recherches sur la perspec-
14 ÿe que dans un but personnel, celui de se
i| snfectionner et de se créer des moyens pra.
M ques pour exécuter ses tableaux. Appelé,
i'érs la fin desa carrière, à lachaire de pers-
Il \ective de l’Écoletroyale des Beaux-Arts,
is ans s'être particulièrement préparéau pro-
D\ssorat,1lne sut pas mettre toujoursses dé-
ju lontrations à la portée de ceux qui l’é-
aù Jutaient: Sa méthode/qu'il ne publia que
ialgrél' lui-même , et'qu'en cédant à de
|nissantes sollicitations, manque aussi quel-
uefois de’clarté; maisttel qu’il est encore,
* ouvrage doit faire regarder Thibault
A
|
mme un des hommes qui ont rendu le
us de services à la peinture.
a
EAUX ï cf
THENOT,
clinés à l'horizon , elle en a été faite par
764
GÉOGRAPHIE.
Séjour aux iles Marquises en 1840; par
M. A. Lesson,
(Premier article.)
Le 21 avril 1810, le brick appareilla des
îles Mangareva ou Gambier, et sortit du
lagon central par une passe étroite située
entre Mangareva et Taravai, passe semée
de pâtés decoteaux, mais profonde, et dont
les eaux sont $i transparentes que nous
avions le spectacle des poissons qui na-
geaient sous la quille de notre navire.
Notre sortie s’effectua par une jolie brise
qui nous permit de gouverner à notre vo-
lonté; mais l'entrée doit être difficile à re-
connaître et doit réclamer un temps pro-
pice. Bientôt on força de voile et au soir
nous perdimes la vue de la haute montagne
de Mangareya, dont le nom est significatif
dans fa langue océanienne, car il veut dire
montagne, servant de signal. Le 29, nous
eùmeés connaissance d’une haute terre en-
veloppée de nuages. Des oiseaux volaient
au dessus des eaux bleues de la mer, et la
chaleur tiède et moite se faisait vivement
sentir. À midi, nous n’en étions plus qu’à
deux lieues environ, et bientôt nous la con-
tournâmes par son revers méridional. C’est
une terre profondément ravinée, presque
partout couverte dans les vallées d’arbres
qui s'élèvent sur les côtes des ravines jus-
qu'aux hauts pitons de l'ile, pour descen-
are sur les côtes jnsqu’au niveau de la mer.
Toutefois, de l’autre côté de l’ile on re-
marque des places assez vastes sur des pen-
tes peu rapides et destinées, un jour sans
doute, à recevoir des cultures. Cette île
était celle de la Magdalena de Mendâna ou
Otahi- Hoa des naturels. Le 30, nous pas-
sèmes entre la Dominica et l’île Christine,
pour laisser tomber l’ancre dans la baie de
la Madre-de-Dios.
Nous étions donc arrivés aux îles Mar-
quises. Vues de la mer, et par un premier
apercu, ces iles sont élevées, montueuses,
déchiquetées sur les côtes, avec des pla-
teaux déclivés cà et à, des pentes rapides
ou des sortes de ressauts triangulaires et
brusquement coupés sur plomibant les ré-
cifs de la côte. Quiconque a va Madère et
ses rivages peut se figurer l'île de la Domi-
nica : ce sont des quebradas divisées à l’in-
fini, ce sont de haüts pitons volcaniques,
mais éteints et couverts de végétation.
L’archipel des îles Marquises est formé de
douze iles qui sont : 1. Otahi-Hoa ou la
Magdalena de Mendana, découverte en
1695. C’est une île haute, ayant environ
six lieues de circuit, et qui est très peuplée.
2. San-Pedro de Mandäna ou Moftané des
naturels; île haute, ayant deux ou trois
lieues de circonférence, et peu peuplée.
D
3. Tanata ou Santa-Christina de Mandâna:;
île haute, ayant environ de sept à huit
lieues de tour, et dont la population s’élève
à près de 100 habitants par village, et on
connaît exactement 23 de ceux-ci. Le
hâvre de la Madre-de-Dios de Mendäna,
que Cook nomma Resolution’s bay est ap-
pelé #Vaïtahu par les naturels. 4. Ohiva-
Hoa, est la Dominica de Mendâna, île éle-
vée, tourmentée, ayant de 14 à 45 lieues
de pourtour, ayant pour roi Patihi. Une
baie, que je ne connais que de nom, se
nomme Anapahoa. 5. L'ile Fetugu est l’île
Hood que Cook découvrit en 1774. Elle
est haute et n’a que trois lieues de tour.
J'ignore si elle est peuplée. 6. Napu ou
Napoo, est l’ile à laquelle Marchand donna
765
son nom quand il la découvrit en 1791.
Cette terre est haute, ayant des rochers à
son pourtour et près de six lieues de circuit.
Ses côtes sont très ravinées et plusieurs
anses n’offriraient qu’un dangereux mouil-
lage. Elle referme onze villages ayant cha-
cun au moins 400 à 150 naturels. 7, Nu-
Hiva ou Nuka-Hiva, que Marcliand appela
île Beaux en 1791, et qu'Ingraham nomma
ile Fédérale ou Saint-Martin, est la plus
grande de tout l’Archipel. C’est une île
haute, dont on doit évaluer la circonfé-
rence à une trentaine de lieues et qui a
plusieurs baies excellentes, entre autres
celle de Taiohaï ou d’Anna-Maria, ct celle
du contrôleur. Une pointe avancée porte le
nom de Tchitehatoff que lui ont donné les
Russes. 8. Rua-Huga, nommée en 1791
île Rioux par les Français, et île Washing-
ton par les Américains, est élevée, ayant six
lieues de tour, mais est encore peu con-
nue. Q. et 10. Motou-Iti ou les Deux-Frères
de Marchand (1791), sont deux îlots bas,
peu boisés, inhabités, placés l’un à côté de
l’autre. Ce sont encore les îles Hesgest des
Anglais. 11. Ile Fatuhu ou île Masse de
Marchand, a peu d’étendue bien qu’élevée
et est inhabitée. Enfin, 12. L'île Hiau ou
île Chenal de Marchand, est élevée, peu
étendue et déserte. Un banc de corail en
est peu éloigné à l’Est. Ces deuxilettes ont
reçu des Anglais le nom d'îles Robert.
Puisque j'en suissur desgénéralitéssurles
îles Marquiges, je vais grouper avant d’en-
trer dans les détails, quelques particulari-
rités sommaires sur les trois îles que jai
visitées et qui sont : Nuhiva, Tanata et
Napu.
Des ruisseaux assez larges et qui ne ta-
rissent pas, fournissent aux habitants l’eau
qui sert à leur boisson. Tanata est sous ce
rapport la mieux partagée, mais un ressac
assez violent s'oppose à ce que les navires
puissent, avec leurs seules ressoures, faire
leur eau dans la baie de Waïtahu. Il faut
de toute nécessité recourir aux naturels
qui se chargent de conduire les pièces à
travers les brisans jusqu'aux embarcations.
Nuhiva présente moins de difficultés sans
doute, mais il faut aller quérir l’eau à une
grande distance et sa pureté laisse beaucoup
à desirer.
Les pitons des montagnes en arrêétant les
nuages, occasionnent la formation rapide
de grains qui se renouvellent fréquem-
ment, mais dont la durée est passagére,
À l'exception d’une portion de la baie
de Taïohaï, toutes les autres parties de ces
îles sont bien boisées, et jusqu’assez avant
dans le fond des vallées les seuls arbres
sont des Rimas ou arbres à pain (ta mei),
des cocotiers (ta crei), des bananiers (ta
meillea), des bancouliers (rama) et quel-
ques autres végétaux utiles dont il sera fait
mention plus loin. J'ignore s'il ÿ a dans
l'intérieur de ces îles des forêts vierges,
mais j'ai quelques motifs d’en douter.
Parmiles plantes utiles, soit pour les arts,
soit pour la nourriture, je mentionnerai
une sorte de pomme que produit un arbre
nommé keika; une espèce de châtaigne,
fort délicate au goût, appelée hi, la noix
pahaha; le bois de sandal devenu trés rare :
et nommé paalu; l’uté ou mürier à papier;
le {«o, ou le taro des îles de la société ; hu-
hue ou la courge; kumana, une espèce de
pomme de terre; 1o ou canne à sucre; 4aya,
le gingembre, etc.
Il serait oiseux de s’appesantir sur ces
espèces des végétaux qu'on rencontre éga-
lement à O-Taiti et dans plusieurs autres
766
îles de l'Océanie. Mais pour les construc-
tions civiles eL comme bois de charpente,
je crois qu’on ne pourra tirer quelques res-
sources que des keika et des tr,
. Les demeures des insulaires sont exciu-
SNEME st placées dans les vallées, abritées
par des bouquets de cocotiers. À Tanata,
elles occupent le rivage même et ne s’a-
vancent pas dans l'intérieur de Pile, tandis
qu'à Nu-Hiva età Mapu les habitations sont
également très nombreuses au centre de
ces terres. Il est à remarquer que ces mai-
sons, contrairement à ce qui est pratiqué
dans presque toutes les autres îtes de la mer
du sud, sont élevées au dessus du sol, dans
le but évident de préserver ceux qui les ha-
bitent de l'humidité exhalée de la terre,
humidité qui serait nuisible à des hommes
qui vont nus. Ces insulaires, en effet, pa-
raissent redouter l’action permanente des
vapeurs d’eau et s’entourent des précau-
tions les plus minutieuses pour ne pas en
éprouver les ficheux effets. Peut-être doii-
on attribuer. à ‘cette précaution le riche
développement des formes corpurelles des
Bendociens, bienqu on l'ait regardé corime
le résultat d’un séjour fréquent dans leurs
montagues ct à l'air vifet rafraîchi qu’on
respire sur les hauteurs au centre de ces
îles. Je pense qu'ils doivent la beauté de
leurs formes herculéennes à leur manière
de se loger.
Autant que j'ai pu m'en assurer, il n'y a
aux Marquises, ainsi que dans ja plupart
des contrées situees entre les tropiques,
que deux saisons, celle de la sécheresse et
celle des pluies. Cette dernière est dans
l'Océanie fréqnemment suivie d’un typhus
assez grave et notamment dans PArchipel
de Tonga. Je n'ai pas de renseignements
bien positifs toutefois sur la présence de ce
fléau aux îles Marquises, quoique je sois
autorisé à le supposer par les réponses que
me firent quelques insulaires et par l’as-
pect débile de quelques uns de ceux ayant
été atteints de maladie quelques mois
avant mon apparition sur ces bords.
A une classe particulière d'hommes est
dévolue, aux îles Marquises, le traitement
des maladies, mais ce traitement n’est pas
réduit, ainsi que cela a lieu aux îles Gam-
bier, à de simplesprières dites par les prè-
tres payens, mais les médecins mendociens
ont recours à un grand nombre de re-
mèdes tirés du règne végétal et qu’ils va-
rient suivant les natures des affections qu’ils
ont à combattre.
’île de Tanata ou Christine a 23 vil-
lages, ai-je dit, et chacun d'eux ayant une
centaine d'habitants, cela porte le total de.
sa population à un chiffre plus élevé que
celui généralement admis.
Le bâvre le plus fréquenté est celui de
Vaïtahou ou de la Madre-de-Dios de Man-
dana. Au fond de deux anses qui dépen-
dent de la baie sont établis les villages de
Waïtahou et de Hanamiaïi, dont les mai-
sons d’abord agglomérées en face de la
mer finissent par s'éparpiller sur les arêtes
des coteaux et sur les versants de deux
vallées qui s’avancent vers la partie cen-
trale de l'ile.
La baie a au plus trois quarts de mille
marin de profondeur sur deux mille de lar-
geur. Son fond est de sable et fournit une
excellente tenue aux ancres des navires,
Sa profondeur varie de 10 brasses jusqu’à
30 et même 35 brasses. Proche la côte il y
a des pâtés de rochers, mais ils sont enfon-
cés à une profondeur assez grande,
Un morne élevé sépare les deux villages
L!
Lol L
167
cachés sous des massifs de cocotiers et d’ar-
bres à pain. Plusieurs ruisseaux et une
source d’eau excellente, se trouvent sur le
rebord de cette baie.
Lorsque je me trouvais aux Marquises,
j'y rencontrai deux missionnaires angli-
cans, établis depuis plusieurs années à Vaï-
tahou; ils se uommaient Stolworthy ct
Thompson. Ce dernier avait été chargé de
l'éducation de Temoana qui règne sur une
des tribus de Nuhiva, mais il l'avait aban-
donné depuis peu d: temps par suite de
mésintelligence.
Dans le même temps la mission fran-
çaise se composait des pères Caret, provin-
cial, Bodichon, Borgela et Murphy. Ils ont
donné à leur établissement le nom de la
reine des Français, et ce lieu est appelé
Amélie. Lorsque nous transportiämes le
père Caret sur l’île Napu , où se trouvaient
déjà les pères Fournier et Guilmar, le père
Bodichon resta chargé de la mission de Vaï-
tahou, bien que ce point soit la résidence
habituelle du père F, Depaul, chef de la
mission. LESSON,
médecin en chef des îles Marquises.
A EEE ES
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,.
FAITS DIVERS.
— La Socièlé royale des antiquaires de France,
dans sa séance du 9 avril 4533, a admis au nom-
bre de ses membres réadents M. Auguste Bernard,
auteur de divers ouvrages historiques sur le Forez,
et chargé par M. le minisye de l'instruction pu-
blique de la publication des procès-verbaux des
états-généraux de la Ligue (1593). Dans la même
séance, Ja Société a nommé membre correspondant
M. l'abbé Guillaume , curé de Blénod-les-Toul.
— Une société vient de se former à Turin sous
le Litre d'Association agricole. Ses statuts organi-
ques ont été approuvée par un brevet royal en date
du 25 août 1842. Le progrès de l’agriculture, de
Phortieulture et des arts industriels qui en dépen-
dent immédiatement est l’objet principal de cette
société. La Sardaigne déjà si riche en hommes sa-
vants el utiles, ne pouvait rester étrangère au déve-
loppement que prennent chaque jour en Europe les
sciences agsicoles. En appelant dans son sein les
étrangers aussi bien que les nationaux, l’association
a prouvé qu’elle comprenait, elle aussi, que les
hommes d'étude n’ont tous qu’une même pairie, et
que la science doit un jour établir dans la pratique
le dogme de la confraternité humaine.
— Suivant le récit de M. Storer, voyageur an-
glais, le cratère du volcan d'Owihée se présente
comme un puits énorme de 1000 pieds de profon-
deur, ayant deux lieues de tour, et des murailles à
pie, à l'exception d’un seul point qui offre une
échancrure. Ce vaste cratère est rempli de lave en
ébullition qui lance au loin des jets de vapeur et de
flammes. Le fluide qui s'en échappe s'élève quelque
fois à la hauteur de 60 pieds, et retombe avec un
bruit el un jaillissement soudain qui a quelque
chose d'effrayant. Peu de jours avant la visite de
M. Storer, la lave s'était fait jour à envion 6 milles
au nord-est du cratère, ct atteignait la mer par une
coulée de 40 milles de longueur, et de 1 à 7 milles
de largeur , Sa lumière pouvait être aperçue à une
distance de 100 milies. La lave aïteignit la mer en
cinq jours; elle forma trois collines qui avaient de
120 à 150 pieds de hauteur; elle fit avancer le ri-
vage jusqu'à 2,000 pieds dans l'Océan, depuis l’an-
cieune ligne, sur une lugeur de trois quarts de
mille ; elle échaufla l'eau de la mer à 15 milles de
distance de chaque côté de ce promontuire, et des
myriades de poissons que la chaleur avait tués Îu-
rent amoncelés sur le rivage. L'arrivée de la lave
dans la mer était accompagnée d'épouvantables sif-
flements ei de détonations semblables à celles que
produiraient des décharges continues de grosse ar-
tillerie; le bruit en fut distinctement entendu à
Hilo, situé à plus de 20° de distance,
.teurs de l'être le plus bas placé dans l'échelle zoo=
768
— Dans un rapport adressé à l’Institut national.
américain, par M. Wilkes, on lit l'observation sui=
vante : Sous la ligne nous avons trouvé une nappes
d’eau dont la temp‘rature était de 23° plus élevée que
celle de la surface, et plus chaude de 10° que l'eau de
la mer au nord et au sud de cette nappe. Son éten-M
due en largeur était d'environ 200 milles. » É
— Une grande quantité d'ossements d'ours, d’hyé-
nes, d'hippopotames, de rhinocéros, de daims el“
d’éléphants ont été découverts récemment dans une
carrière de Durdham Down, non loin de Bristol ; ils
se rencontrent dans une fissure qui en est remplie
jusqu'à une très grande profondeur. À
— On admire depuis quelques jours dans les ma-
gasins de M. Bonneels-Wittoex , fabricant de meu-
bles, à Bruxelles, deux magnifiques trophées d’ar-
mes en bois doré et sculpté, d’une richesse extraor-
dinaire et d’un goût exquis. Ces deux trophées.
d'armes ont élé exécutés au commencement du
dix-huitième siècle, par les ordres de Jean-Phi-
lippe-Eugène comte de Mérode et du S. E. R. mare
quis de Westerloo, géuéral, feld-maréehal au ser-
vice de S. M. I. et R. Charles VI, chevaïier de la
Toison-d’Or.
Is portent les armoiries du maréchal et de sa
femme donna Marie-Thérèse d’Aragony Pignatelli, «
petite-nièce de S. 8, Innocent XI, et fille du duc
de Montelcone, de la maison de Pisnatelli, fils du
frère de ce souverain pontife. Les armoiries de Pi-
gnatelli Monteleone sont décorées de drapeaux por-
tant des têtes de mahométans , en signe des victoires
remportées sur eux par les Pignatelli. Dona Marie-
Thérèse porte sur.ses armoiries celles de Gortez,
comme descendante d’'Eliennette Cortez, marquise
d'El Valle , petite-fille du conquérant du Mexique.
BIBLIOGRAPHIE.
ESSAI sur les molusjues terrestres et flu-
viales et leurs coquilles vivantes et fossiles du dépar-
tement du Ger; par M. Dupuis, professeur d’his-
toire naturelle, au petit séminaire d'Auch. 1 vol.
in-#o. À Auch, chez A.-J. Portes, libraire; à Paris, -
chez Brockaus et Avenarius, rue Richelieu, 69:
— Cet ouvrage, dans lequel l’auteur passe en revue
les diverses fonctions des appareils du système nu-,
uiuf, respiratoire , circulatoire , nerveux et Jocomo-
‘4
1
3
logique, est écrit avec méthode et clarté. Il est
plein d'observations judicieuses. Ge n'est pas comme |
l'annonce trop modestement M. Dupuis, un livre. |
bon seulenent pour les commencaünis, pour des
élèves en zoologie; il peut êlre aussi quelquefois
uiile el toujours agréabie aux maitres de la science,
Nous le recommandons à nos lecteurs comme lunes M
des bonnes publications sur là matière que nous
a fournie la province. {l
ESSAI sur la théologie morale, considérée dans" h
ses rapport avec la physiologie et la médecine; par
P. J. C. Debreyne, D. M. P., et religieux de la
Trappe (Orne). À Paris, chez Poussielgue-Rusand,
rue Haute-feuille ; chez l’auteur.
EXTINCTION GRADUELLE du paup‘risme au
moyen du rétablissement de l'équilibre entre le
prix des salaires des ouvriers et le prix des aliments;
par J. Bonhomme-Colin. il
HISTOIRE des antiquités de Laigle el de ses en
virons, comprenant des recherches historiques suR
les invasions des Romains, des Francs et des Nor=}
mands dans les Gaules, sur l'origine de Verneuil, etts
Outrage posthume de J. F, Gabriel Vaugeoisl
Edité et publié par sa famiile. A Laigle, chez Bre
dif. #
RECHERCHES sur l’origine des Poies, et sun
lieu d'établissement d'une colenie de ces peuples
dans la Gaule, précédées d’ebservations sur les récils
de Tite-Live et des autres historiens des émigrations
gauloises; par F. Vincent.
ASIE CENTRALE. Recherches sur les chaines
de montagnes et la climatoloyie comparée; par À}
de Humboldt. A Paris, chez Gid , rue des Petits
Auguslins, D. s
FRAGMENT d'un voyage dansleChiliet au Cuseo
patrie des anciens Incas; par Ciaude Gay.
PARIS.—IMP. DE LACOUR el MAISTRASSE
ruc Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
À
que parfois subtile,
: fixé l'attention de la commission.
40e arnée.
ÿ
Paris. — Jeudi, 4 Rlai 1845.
Ke
U MON
N° 33.
SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
D
| L'EcHO DU MONDE SAVANT parait le JEUMDE et le DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
“ de M. le vicomte A Dé LAVALETZTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue (es PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les (épartements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR:S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr.
8 fr. 50: Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil lÉUHO DELA LITTÉ-
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SOMMAIRE. — INSTITUT DE FRANCE,
| séance annuelle des cinq Académies, — SCIEN-
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur la différence du niveau entre la mer Cas-
pieune et la mer d’Azow; Hommaire-Dehel. —
PHYSIQUE APPLIQUÉE. Photographie. Sur les
effets résullants de certains procédés pour abré-
| ger le temps nécessaire à la formation des images
photographiques; Fizeau, — CHIMIE. Sur les
ferments; Rousseau. — CHIMIE APPLIQUÉE.
Du camphre et de ses applications médicales et
industrielles. — SCIENCES NATURELLES.
THÉRAPEUTIQUE. Note sur un phénomène très
curieux produit sur un malade de paralysie par
un courant électrique très faible; Malteucci. —
BOTANIQUE, Sur la tribu des podaxinées et fon-
dation du nouveau genre gyrophragmium, ap-
partenant à celle tribu; Montagne — SCIEN-
CES APPLIQUEES. ARTS METALLURGI-
| QUES. Sur l’état présent et l’avenir de l'indus-
trie de la houille et du fer dans la Grande-Bre-
lagne. — ECONOMIE INDUSTRIELLE. Pro-
cédé pour purifier les puits des mines de certains
gaz irrespirables. — MACHINES À VAPEUR,
Locomotives fonctionnant avec deux fois moins
de combustible que celles ordinaires. — AGRI-
CULTURE, Sur l’agriculture de la Sicile; Leclere
Thouin. — MED£ECISE VETERINAIRE. Fiè-
vre typhoïde chez les animaux. — SCIENCES
HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE. Nouvelle dé-
couverte à Quatremares. — GÉOGRAPHIE. Sé-
jour aux îles Marquises en 1840; Lesson. —
FAITS DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE.
| INSTITUT DE FRANCE.
Séance publique annuel'e des cinq acadé-
cuves, du mardi 2 mai 1843, présidte
| par M. le comte Beugnot, président de
| Académie royale des Inscriptions et
Bel'es-Leitres.
| Après le discours d'usage, M. le président
a lu le rapport sur le concours de 1843,
pour le prix fondé par M. le comte de
| Volney. Le prix a été accordé à M. Lafaye,
auteur des Syzonimes français. L'objet de
cet ouvrage est la classification en famil-
les grammaticales des mots de la langue
française, généralement considérés comme
Synonimes. Cette idée est neuve, et les dé-
| veloppements dans lesquels est entré l’au-
| teur,guidé parune analÿseingénieuse,quoi-
Huit mémoires, tant imprimés que ma-
nuscrits, avaient été envoyés au concours.
M: Eupène Burnouf, de l’Académie des
Inscriptions et Belles-Leitres, a lu ensuite
des considérations sur l’origine du Boud-
dhisme, et M. Raoul-Rochette, de celledes
Beaux-Arts, un discours sur Nicolas Pous-
Sin. Un fragment sur la polygamie en
Orient, par M. Blanqui, un fragment d’une
épopée de Jeanne d’Arc, par Alexandre
Soumet , ont complété cette solennité
scientifique, artistique et littéraire.
ont particulièrement
2
Le prix de pAylologie comparée, pour
le concours de 1844 est une médaille d’or
de la valeur de 1,200 fr. Il sera décerné à
l'ouvrage qui en paraîtra le plus digne à la
commission, parmi les ouvrages tant im-
primés que manuscrits qui lui seront adres-
sés.
Il faudra que les travaux dont il s’agit
aient été entrepris à peu près dans les mê-
mes vues que ceux dont les langues romane
et germanique ont été l'objet depuis quel-
à
ques années.
L'analyse comparée de deux idiômes, et
celle d’une famille entière de langues, se-
ront égalemént admises au concours.
Mais la commission recommande aux
concurrents d'envisager sous le point de
vue comparatif et historique les idiômes
qu'ils auront choisis, et de ne pas se borner
à l’analyse logique, ou à ce qu’on appelle
la Grammaire générale.
Les mémoires manuscrits, envoyés avant
le er mars 1844, et les ouvrages imprimés
qui seront envoyés avant la même époque,
pourvu qu'ils aient été publiés depuis le
1er janvier 1842, seront également admis
au concours.
Les mémoires, soit imprimés, soit ma-
nuscrits, pe seront reçus que jusqu’au
1er mars 1844. Ce terme est de rigueur.
Ils devront être adressés, francs de port, au
secrétariat del’Institut, avant leterme pres-
crit.
re Ge —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur la différence de niveau entre la mer
Caspienne et la mer d’'Az9w; par
M. Hommaire-Dchel.
(Deuxième et dernier article, )
Examinons maintenant le bassin de la
mer Caspienne, et voyons s’ilestréellement
une dépression, comme le croient encore
la plupart des savants ; ou bien si ces con-
trées, situées au-dessous du niveau de l'O-
céan, ne sont que la conséquence néces-
saire d’une diminution de hauteur dans les
eaux de la mer Caspienne. Nous ferons
d’abord remarquer qu'il existe le long de
la mer Caspienne, depuis Astrakan jus-
qu'au Terek une lisière de 24 à 32 kilomè-
tres de largeur, à peine élevée de quelques
décimètres au-dessus du niveau de la mer.
Aussi par les forts vents d’est, les eaux de
la mer Caspienne sont-elles portées dans
l’intérieur des terres Jusqu'à une très gran-
de distance. Toute cette lisière, composée
de sabies, de marais, de lacs salés, et for-
! d : A DELA
mée d'un sol limoneux, paraît avoir été
tout récemment abandonnée par les eaux,
et prouve une diminution moderne dans
l'étendue de la micr Caspienac, Ctlte dimi-
BATURE ET DES BEAUX-ARTS el les MORCEZUX CHOISIS Au mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
nution est, sans aucun doute, le résultatde
la perte considérable qu'ont faite depuisun
siècle les eaux du Volga, de l’Onral et de
l’Emba, les deux seuls grands fleuves qui
débouchent dans la mer Caspienne. Ce fait
se comprend parfaitement lorsque l’on
songe à l’immense déboisement des monts
Ourals causé par l'établissement des usines
méta'lurgiques, ainsi qu'au développement
agricole des contrées riveraines du Volga :
développement qui rend la terre de plusen
plus propre à absorber les eaux pluviales,
et empêche celles-ci de se déverser dansles
bassins des fleuves et des rivières. Il est dé-
montré, de la manière la plus authentique,
qu’au commencement du dix-septième siè-
cle, les barques à sel, destinées à la Sibérie,
pouvaient charger sur le Volga jusqu’à
3 millions de kilogrammes. Aujourd’hui
elles ne sauraient en prendre plus de
1,800,000.
A Kasan, on construisit aussi, du temps
de Pierre-le-Grand, des bâtiments de guez
pour la flotte de la mer Caspienne. D
reils travaux ne sont plus possiblés °x
jourd'hui, et les chantiers de comstf
tion se trouvent tous établis à At
même. Il ne faut donc pas s’étonn
l'équilibre a été sensiblement rompu
les eaux enlevées par l’évaporation et cê
amenées par les fleuves et les pluies, et sil
en est résulté une diminution de surface
pour la mer Caspienne. Nous avons donc
déjà ici un abaissement de niveau des
eaux qui ne saurait être attribué à une dé-
pression du sol.
Maintenant toutes les observations que
j'ai faites sur le littoral des trois mers de la
Russie méridionale, aux embouchures des
fleuves et dés rivières, dans les steppes d’As-
trakan et de la mer d’Azow, s'accordent à
démontrer que la mer Caspienne avait au-
trefois un niveau plus éle;é et qu'elle était
réunie à la mer noire antérieurement à nos
temps historiques, suivant une ligne pas-
sant par les bassins du Manitch et de Ja
Kouma. Le point culminant entre les deux
mers n’a pas plus de 24m,356 de hauteur
au-dessus du niveau de la mer d’Azow, et
pour que la réunion des deux mers eût lieu,
il n'aurait pas fallu que le Bosphore de
Constantinople füt fermé par une digue de
montagnes aussi élevées que l’ont prétendu
Andréossy et Olivier. Si nous voulons sup-
poser un moment le Bosphore fermé, un
simple calcul basé sur l'évaporation de la
mer noire et le volume des eaux excédan-
tes s’écoulant dans la Méditerranée, nous
ferait voir que la jonction entre les deux
mers ne tarderait pas à se former de
nouveau. Je n'entrerai pas maintenant
dans la discussion des preuves en faveur
d’une ancienne étendue de la mer Cas-
pienne. Ces preures, consignées parloutsur
le col, ont déjà été indiquées par Pallas,
7172
Gmelin et autres. Elles feront d’ailleurs
partie d’un autre Mémoire que j'aurai
sous peu l’honneur de soumettre à l’Aca-
démie des Sciences.
Admeltons pour un moment la jonction
entre les deux mers, et voyons quelle de-
vrait être la conséquence de lear sépara-
tion. En jetant un coup d'œil sur la mer
Caspienne, nous remarquerons que cette
mer a très peu d’afiluents, et qu’une dimi-
hution dans les eaux du Volga et de lOu-
ral a déjà rompu une fois l'équilibre entre
les eaux enlevées par l'évaporation et cel-
les apportées par les pluies et les rivières.
Cet équilibre devait bien moins exister en-
core au moment de la séparation des deux
mers, à une époque où la Caspienne avait
une étendue bien plus considérable qu’au-
jourd’hui. Cette mer a donc dû évidem-
ment baisser de niveau jusqu’au rétablis-
sement complet de l’équilibre. Dans son
mouvement rétrogade et oscillatoire, elle
a dù souvent revenir sur ses pas, envahir
des parties déja misesà sec, et former na-
turellement de fortes concentrations salées.
Voilà ce qui nous explique les richesses sa-
lines du littoral dela mer Caspienne, et ce
sol fortement imprégné de sel. Ici encore
il est impossible de voir une véritable dé-
pression dans ces contréesabandonnées par
la mer lors de sa première et grande dimi-
nution. Cette prétendue dépression, qui a
tant occupé les savants, n’est par le fait,
qu'une partie du fond de la Caspienne mise
à découvert à la suite d’un abaissement de
niveau dans les eaux de cette mer.
D'ailleurs, remarquons-le bien, tous les
nivellements qui ont été faits jusqu’à pré-
sent ne sauraient indiquer une dépression
du sol au-dessous de la courbe régulière du
sphéroïde terrestre. On ne pourrait, à ce
qu’il me semble, obtenir un pareil résultat
que par la comparaison d’une série d’ob-
servations à la fois géodésiques et astrono-
miques faitessur l’arc terrestre qui joindrait
les deux points choisis sur la merCaspienne
ét la mer Noire. Jamais l'on n’a songé à
exécuter un pareil travail. Dans toutes les
autres opérations, on est parti d’un niveau
donné, en se proposant simplement pour
but la recherche de l’élévation ou de l’a-
baissement de l’une des deux mers compa-
rativement à l’autre, comme on détermine
la hauteur d’une montagne par rapport à
la plaine.
Toutes les observations tendent donc à
prouver la fausseté de cette opinion géné-
ralement admise, que la mer Caspienne se
trouve au centre d’une large dépression
unique sur la surface du globe.
PHOTOGRAPHIE,
Sur les effets résultant de certains procédés
employés pour abréger le temps nécessaire
à la formation des images photographi-
ques ; par M. Fizeau.
Si dans des expériences successives, l’on
À 1 . .
expose une même matière impressionnable
à l’action des mêmes radiations, en faisant:
varier leur intensité, on remarque que
pour obtenir un même degré d’altération,
il faut que le temps d'exposition varie sen-
siblement en raison inverse de l'intensité
des radiations ; ainsi, par exemple, si l’on
obtient un certain degré d’altération, dans
l'unité de temps avec l’unité d'intensité, si
l'intensité devient 2, le même effet se pro-
duira dans un temps égal à 1/2.
773
Il en résulte, d'une manière générale,
que l’altération des substances impression
nables à la lumière est probablement pro-
portionnelle à l’intensité des radiations et
au temps de l’exposition.
Sil en est ainsi, lorsque l'on obtient les
images dans la chambre noire par les pro-
cédés photographiques, il faut admettre
que l’altération de la couche sensible dans
ses différents points, est proportionnelle à
l'intensité de l'image lumineuse dans les
points correspondants, et cela pendant tout
le temps que la couche sensible sera sou-
mise à l’image de la chambre noire. Or,
on sait que dans la méthode de M. Da-
guerre, la couche sensible, après avoir été
exposée un certain temps à l'action des ra-
diations lumineuses , devient capable de
condenser la vapeur du mercure d’une
manière telle que l’altération invisible de
la couche sensible devient visible; mais
Von sait aussi qu'il faut un certain degré
d’altération de la couche sensible pour que
cette curieuse réaction se manifeste, car,
lorsque l’image de la chambre obscure n’a
pes une intensité suffisante, on peut faire
agir pendant assez longtemps cette image
sur la couche sensible sans que celle-ci de-
vienne capable d’agir sur la vapeur de mer-
cure; et cependant il résulte de la propor-
tionvalité dont j'ai parlé, que la couche
sensible est modifiée, seulement d’une ma-
nière insuffisante. Il résulte évidemment
de là que lon peut faire subir un certain
degré d’altération à la couche sensible,
sans qu’elle agisse sur la vapeur du mer-
cure.
Or, si au lieu d'opérer dans la chambre
noire avec une couche sensible soigneuse-
ment préparée à l'abri des radiations, on
opère avec une couche légèrement impres-
sionnée jusque près du point où elle devien-
drait sensible à la vapeur du mercure , ce
qui peut s’obtenir d’une manière régulière
à l’aide d’une lampe à lumière constante,
il est facile de prévoir les résaltats de l’ex-
périence.
Il est évident d’abord que le dessin pho-
tographique s'obtiendra en moins de temps,
et, en outre, que les effets d'ombre et de
lumière ne seront plus les mêmes, c’est-à-
dire que les rapports entre les intensités
des différents points de l'image seront al-
térés.
En effet, soient z et £’ les intensités de
deux points de l’image lumineuse; si l’on
opérait avec une couche sensible non im-
pressionnée, l’altération aux points corres-
pondants serait proportionnelle à ces in-
tensités, et le rapport entre les degrés d’al-
tération serait le même qu’entre les inten-
sités, c’est-à-dire =
?
Mais si l’on emploie une couche déjà
impressionnée uniformément , il est facile
de voir que cela équivaut à ajouter une
quantité constante de lumière à tous les
points de l’image lumineuse; le rapport
entre les intensités, de deux de ses points, et
par conséquent, entre le degré d’altération
de la couche sensible aux mêmes points sera
i+a
à
donc rapport qui tend vers l’unite
+ a?
à mesure que 4 augmente.
L'expérience confirme parfaitement ces
raisonnements', et, en opérant ainsi avec
des plaques impressionnées d'une maniere
constante, on obtient à la chambre noire
des dessins photographiques qui se forment
dans un temps plus court, et dont l'aspect
A)
alt
774
offre ceci de particulier , que les parties
obscures sont dessinées avec plus de détails
que dans les images ordinaires.
CHIMIE,
Sur les ferments; par M. Rousseau.
4. La condition essentielle pour qu’un
ferment puisse développer la fermentation
alcoolique, est d’être acide aux papiers co!
lorés. Cette acidité doit en outre être pro=
duite par certains acides végétaux, dont le
caractère spécial est tel qu’ils peuvént
être transformés en carbonates ou en acide
carbonique par leur décomposition spon-*
tanée. Ce qu'il y a surtout de remarquable
dans le choix de ces acides, c’est que ce
sont ceux qui préexistent dans tous les
fruits fermentescibles, et ceux-là même
aussi qui sont transformés en carbonates
lorsqu'on les ingère dans l’économie ani-
male; tels sont en effet les acidestartrique,
citrique, malique, lactique, etc.
2. Lorsque l’acidité du ferment est assez ”
considérable, les poisons végétaux et miné- !
raux, les huiles essentielles, etc., ne font
plus éprouver à la fermentation aucune
modification, tandis que le contraire a lieu
si le ferment a été lavé jusqu’à ce qu’il de-
vienne neutre. Par un effet opposé, la fer-
mentation peut être considérablement acti-
vée par la présence d’un tartrate, d’un
citrate, d’un malate ou d’un lactate... Du
reste, depuis longtemps, MM. Colin et
Thenard avaient signalé l'influence favo-
rable qu’exerce la crême de tartre sur la
fermentation.
3. Lorsque le ferment, au lieu d’être .
acide, offre, par une altération spontanée,
une réaction alcaline au papier, mis en
contact avec le sucre de canne, il ne déve-
loppe plus d'alcool ni d’acide carbonique,
mais il se forme du sucre de lait, et plus
tard de l'acide lactique : c’est ainsi que le
caséum, la diastase, les membranes ani-
males donnent de l’acide lactique lors-
qu’on les mêle avec une dissolution de
sucre, comme l'ont constaté MM. Boutron
et Frémy. Si l’on examine avec soin toutes
les conditions à l’aide desquelles le phéno-
mène s’accomplit, et la nature des corps
qui y prennent naissance, Cette action n’a
rien que de rationnel; car lorsque la le-
vare est devenue alcaline, elle a changé
de nature et s’est transformée en une ma-
tière qui offre toutes les propriétés de la
caséine.
CHIMIE APPLIQUÉE.
Du camphre et de ses applications medi-
cales et industrielles.
(Troisième et dernier article.)
Le camphre est solide, blanc, cristallin,
transparent, gras au toucher, doué d’une
odeur très forte quile caractérise, et d'une
saveur amère, chaude, piquante, que suit
une sensation de froid; sa densité est de
0,9887 (Thomson); selon M. Gay-Lussac,
0,9968. Il est plus léger que l'eau, car il
flotte sur ce liquide. Théodore de Saussure
a trouvé que la force élastique de cette ma-
tière, à 150°,33 duthermomètrecentigrade,. |
équivaut à 4 millimètres de mercure.
Quoique le camphre soit cassant, il jouit
d'une certaine ductilité : ilest facile d’en
juger par la résistance qu'il oppose au pi-
lon, si bien qu’il est assez difficile à pulvé-
» |
driser, à moins qu'on y ajoute quelques
wouttes d'alcool ou bien un intermède,
“comme la magnésie ou l’amidon. M. Fri-
Jzerio s’est assuré que le camphre peut
“cristalliser au fond d’une dissolution alcoo-
‘lique. Ayant fait dissoudre dans un mi1-
tiras, à laide d'un bain-marie chauffé à
50 degrés Réaumur, 240 grammes de
*camphre raffiné dans 750 grammes d’al-
* cool à 20: de Beaumé, M. Frigério observa
rqu'après huit jours de refroidissement, la
‘presque totalité du camphre avait cristal-
Hisé plus ou moins régulièrement, et pré-
sentait quelques cristaux réguliers assez
Hongs. Ce sont, suivant Thomson, des oc-
|taèdres ou des prismes pyramidaux à six
pans. L'air atmosphérique est sans action
Sur lui; il est si volatil qu'il se dissipe en-
|tièrement dans l’air, même à une basse
température. Ceci explique la nécessité de
lé conserver dans un vase clos, la présence
de. cette matière au haut de ces vases, et la
| faculté dont jouit le camphre, comme l’al-
-cool, de produire une lampe sans flamme
au-moyen du fil de platine. Mettez, dit Da-
‘vy, un morceau de camphre ou quelques
: fragments sur un support convenable, et
placez au-dessus un fil de platine roulé en
spirale ; chauffé au rouge, le fil deviendra
Laussitôt incandescent, et restera dans cet
|état jusqu’à ce que tout le camphre soit
|consumé.
| Exposé à une chaleur de 175 degrés, le
-camphre se fond, finit par bouillir, et se
sublime lorsque sa température arrive à
1201 degrés centigrades. À peine est-il en
contact avec un corps enignition, qu'il
"prend feu et brûle sans résidu, en répan-
‘dant une flamme blanche et dégageant
“beaucoup de fuliginosités : son ignition a
‘lieu même à la surface de l’eau.
Le camphre est insoluble dans l’eau,
mais 1] communique à ce liquide son odeur
d’une manière bien prononcée. On a cal-
culé que celle-ci ne prend de celui-là que
| Ogr., 424 par kilogramme. Projeté sur
l’eau, un petit morceau de camphre s’agite
| au même instant et setouruesur lui-même:
plongé en partie dans l'air eten partie dans
: 5 à ; à
| l’eau, il communique à cette dernière un
ouvement de va et vient, et se partage
quelques jours après au point d’immer-
sion. Il suffit de verser une goutte d'huile
sur la surface de l’eau, pour arrêter sur-le-
champ ce mouvement. M. Dutrochet a fait
un mémoire très savant pour expliquer ce
phénomène (Comptes-rendus de l’Acailé-
| mie des Sciences, 1841 ):
Si les alcalis fixes attaquent le camphre,
: du moins n’en dissolvent-ils que des por-
tions extrêmement petites. M.'Th. de Saus-
sure s'est assuré que ce corps n’absorbe
environ qu'une fois son volume de gaz am-
moniac.
Les acides affaiblis dissolvent le camphre
sans altération, et le laissent précipiter par
| l’eau ou par les alcalis, L’acide nitrique
dissout beaucoup de camphre et forme un
composé analogue aux combinaisons des
acides avec l'alcool; lorsqu'on aide l’action
de ce dernier acide de celle du calorique,
etqu'onen emploieen grandes proportions,
on change le camphre en un acide parti-
culier, nommé acule camphorique. La dis-
solution du camphre dans l'acide nitrique
prend le nom d'huile de camphre.
Théodore deSaussure a constaté que le
camphre peut absorber près de cent qua-
rante-quatre fois son volume de gaz acide
hydrochlorique à 10 degrés du thermomé-
tre et à Om,726 du baromètre. Ce produit,
À
776
appelé par lui camphre muriaté, est un li-
quide incolore, transparent, qui se trouble
au contact de l’air, parce que la vapeur de
celui-ci s’unit tout de suite à l'acide et dé-
truit son action sur le camphre.
L’acide acétique dissout très bien le cam-
phre, et le dissout d'autant mieux qu’il est
plus concentré; on a même avancé que cet
acide est son meilleur dissolvant: c’est
néanmoins avec l'alcool, ou bien avec les
huiles fixes et volatiles, que l’on dissout ha-
bituellement le camphre; l’éther en opère
aussi très bien la dissolution. Les huiles
fixes et volatiles le dissolvent en partie. Le
camphre s’unit assez bien à la gomme et au
sucre; on peut, par leur intermède, rendre
cette substance intime à l'eau. C'est ce
moyen que l’on emploie assez souvent dans
les pharmacies pour mêler le camphre aux
potions.
Les anciens, trompés d’abord sur l’origine
du camphre, ne purent prendre que des
notions tres incertaines de sa composition
chimique, jusqu’au moment où l’on con-
nut la source d’oùil provient; encore cher-
chait-on en vain des résultats utiles sur
ce point avant l’année 1725, époque à la-
quelle on vit Numann procéder avec plus
de sévérité à l’analyse du camphre.
Les chimistes qui marchèrent sur les
traces de celui que je viens de nommer fu-
rent d’abord Legendre et Hosegarten, en-
suite M. Bouillon-Lagrange et Bucholz;
enfin M. Hachette et M. Chevreul; mais ce
n'est qu’à Th. de Saussure, et, en dernier
lieu, à Thomson, que nous sommes rede-
vables de la connaissance exacte de la com-
position de cette huile volatile concrète.
Thomson reconnaît plusieurs espèces de
- camphre. M. Th. de Saussure dans ses ana-
lyses sur le camphre, a observé que 44 my-
riagrammes de camphre ont consumé
81, 14 centimètres cubes de gaz oxigène,
en formant 60, 86 de gaz acide carboni-
que, et 0,12 d’azote contenu dans l’am-
imoniaque. M. de Saussure, en concluant
que 100 parties de camphre contiennent en
poids, carbone, 74, 38 ; hydrogène, 10,67;
oxigène, 14, 61? azote, 0,34, fait observer
que la présence de ce dernier principe est
douteuse dans cette analyse , il estime que
le camphre peut être représenté par 4 ato-
me de gaz oxyde de carbone, et 1 atome de
gaz oléfiant.
Le résultat obtenu par M. Thomson dans
l’analyse du même corps, ne s'accorde pas
avec ceux que nous venons d'indiquer.
Ila opéré, en faisant passer du camphre
en vapeur sur du bi-oxyde de cuivre in-
candescent, ce qui l’a converti en acide
carbonique et en eau. Il a recueilli le pre-
mier sur le mercure, et a mesuré, le vo-
lume, en même temps que l’eau était in-
terceptée par le chlorure de chaux; la
quantitéena été évaluée par l'accroissement
de ce sel. Un grain decamphreainsi traité,
ayant donné, sous une temy érature et une
pression moyenne, 0, mètres cubes 0000491
de gaz acide carbonique, et 0, mètres cu-
bes 0000198 d’eau, Thomson en conclut
que les principes constituants da camphre
sont : carbone, 0,738; hydrogène, 0,144;
oxigène, 0,118 ; ces résultats représentent
à peu près 8 172 atomes de carbone, 10 ato-
mes d’hydrogène et 1 atome d’oxigène.
Suivant Liébig, le camphre est formé de :
Carbone 81,765 ou 12 atomes — 9 ou 070 80,89
Hydrogène 9,102ou 9 atomes = 1,125 — 10,12
Oxigène 8,535ou {atome — 1 — 8,99
100 11,125 400
77
En dernière analyse, M. Dumas a trouvé:
Carbone 78,02 ou 10 atomes = 7,5 ou 070 78,94
Hydrogène 10,55 ou 8 atomes—1 10,53
Oxigène 11,59ou atome =1 10,53
100 9,5 100
M. Dumas a trouvé que la densité de la
vapeur était de 5,468
10 volumes de carbone — 4,1666
8 d'hydrogène 0,5555
172 d'oxigsène — 0,5555
De sorte que le camphre en vapeur con-
siste en 10 volumes de carbone, 8 volumes
d'hydrogène et 172 volume d'oxigène con-
densés en un volume.
L'analyse du camphre par Blanchet et
Sell, en 1833, vient ajouter un nouveau
poids à celle de M. Dumas; ils ont obtenu :
Carbone 77,96
Hydrogène 10,61
Oxigène 11,43
100
Usages. Le camphre a beaucoup d'usa-
ges, mais c’est surtout en médecine qu’il
est le plus employé. Il est administré à
l'intérieur avec le plus grand succès, com-
me stimulant diffusibie, comme antispas-
modique et comme sudorifique ; on l’a em:
ployé dans les fièvres adynamiques, putri-
des, dites ataxiques, principalementlorsque
la peau est sèche; dans les phlegmasies cu-
tanées aiguës, dans lesquelles l’éruption ne
se fait pas bien, languit ou dégénère; dans
les angines gangréneuses el dans toutes les
gangrènes locales; dans certaines douleurs
rhumatismales, sciatiques, etc.; il a été
souvent utile dans les fièvres intermitten-
tes, dans la paralysie et dans une multi=
tude d’affections où les antispasmodiques -
sont indiqués. On l’a souvent administré
avec succés comme anti-aphrodisiaque. Il
prévient l’action des cantharides sur la
vessie, et il la fait cesser lorsqu'elle existe
déjà; on le donne à l'intérieur depuis
Ogr.,956, 1gr.,062,1gr.,279, jusqu’à 7g.6,
11g,4, 15gr.,2, dans les vingt-quatre
heures. Les doses doivent varier suivant
la nature et l'intensité de la maladie, mais
on doit éviter d'en faire prendre beaucoup
à la fois, parce qu'il agirait comme un pol+
son énergique, capable d’occasionner la
mort entres peu de temps, au milieu de
convulsions horribles. On ladministre or-
dinairement dans un jaune d'œuf ou dans
un mucilage ; on Le donne en lavement de-
puis 2 grammes. Introduit par cette voie,
il est encore susceptible d'agir comme poi-
son et de déterminer les accidents les plus
graves si la dose employée est trop forte.
La dissolution du camphre dans l'huile
est souvent employée en frictions sur la
partie interne des cuisses et sur quelques
autres points ; on se sert aussi de | eau-de-
vie camphrée préparée avec 16 grammes
de camphre et 1 kil. d'eau-de-vie : enfin le
camphre entre dansla composition de quel-
ques liniments résolutifs. Son emploi exté-
rieur exige beaucoup moins de précaution
que son administration intérieure, Car l’ex=
périence prouve qu'il agit avec beaucoup
moins d'énergie dans le premier cas.
Dans les arts, le camphre a beaucoup
d’usages. On l’emploie dans les collections
d'histoire naturelle, pour les préserver de
l'attaque des insectes; il entre dans la com-
position des vernis fins destinés à des ob-
jets précieux.
SEE —
718
SCIENCES NATURELLES.
TUERAPEUTIQUE,
Note sur un phénomène très Curte’x pro-
duit sur un malade de paralysie par un
courant électrique très faible, par M. Ch.
Matteucei.
Le nommé Dini, agent des biens du
grand-duc, à ête atteint depuis longtemps
de fièvres intermittentes. Pendant cette
maladie il prenait du sulfate de quinine à
des doses très fortes. Lorsque les fièvres
eurent cessé, sans laisser aucune affection
chronique aux viscères abdominaux,ile
malade commença. à ressentir un affaiblis-
sement dans les mouvements et dans la
sensibilité de.ses membres, qui finit par
une paralysie complète. Depuis cinq à six
mois, cette dernière maladie a été traitée
avec tous les médicamentsordinaires, c’est-
à-dire avec.le moxa, des scarifications, des
sangsues et avec de la strychnine. Ce:trai-
tement a produit uneamélioration sensible;
la sensibilité est entierement rétablie.et.les
mouvemebts gagnent tous les jours.Il faut
remarquer que la strÿychuine n’a produit
aucune action sensible sur la moelle épi-
nière : jamais des secousses ni des contrac-
tions involontaires n’ont été excitées par ce
traitement. J'ai ié assuré par le médecin,
homme éclairé. qui le soigne, et par le
malade lui-même; qui est un individu très
intelligent, que le seul effet apparent que
fa strichnine ait produit, c'est celui d'avoir
considérablement augmenté les facultés di-
gestives. Pendant trois ou quatre fois le
traitementde la strychnine a été suspendu,
etles fonctions de l’estomac se sont tou-
jours affaiblies pour se rétablir avec la
strychnine.
Afin d'accélérer la guérison de la para -
Ivsie, le médecin a:eu recours au courant
électrique. Ce courant; développé par £rois
couples d'une pile‘à colonne de Volta, a
été appliqué avec lPacapuncture, en intro-
duisant l'une des aiguilles dans la région
des dernières vertèbres dorsales, et l’autre
dans le mollet d’une dès jambes. Le pas-
sage de ce courant électrique de trois cou-
ples a excité dansle malade des convulsions
si violentes et si générales, qu'on l'aurait
dit atteint de tétanos. Malgré la suspension
immédiate du courant, les symptômes n’ont
cessé qu'après trois heures. Lorsquele mé-
decin est venu me raconter l’histoire de cet
accident, malgré toute ma confiance en
lui, je n'ai pu ajouter foi à son récit , et
j'ai voulu voir le malade. Aujourd'hui, 3
avril, j'ai appliqué un courant de deux
couples, et sans les aiguilles de l’acupunc-
ture, en touchant avec les deux pôles la
région des dernières vertebres dorsales et
le mollet d’une jambe. Quelques instants
après j'ai vu, à ma grande surprise, se
déclarer dans tout le corps des convulsions
très violentes qui m'ont effrayé et forcé
d'ouvrir le circuit. Ces phénomènes ont
duré pendant un quart d'heure, toujours
en s’affaiblissant. J'ai répété alors l’action
du même courant en sens inverse du pré-
cédent , et les phénomènes ont été les
mêmes. Lorsque les convulsions curent
disparu, j'ai tenté le passage du courant
d’un seul couple dans le bras, du coude à
la main. Le circuit étant fermé, les mou-
vements survenus ont été faibles : mais,
lorsque j'ai appliqué ce courant en inter-
rompant le circuit et en interrompant le
civeuit et en le renouvelant à de très courts
intervalles de temps, les convulsions se
719
sout reproduites non-seulement dans le
bras, mais encore dans tout le reste du
corps. Craignant que l’imagination n’en-
trât pour beaucoup dans ces phénomènes,
j'ai appliqué les deux mêmes fils de la pile
sur le corps du malade, mais sans qu'ils
fassent réunis à la pile. Le malade n’en sa-
vait rien, mais il n’a rien éprouvé non
plus. Je dois ajouter que, malgré les effets
si violents du courant électrique , lorsque
les convulsions tétaniques avaient cessé, le
malade était plus libre dans ses mouve-
ments,
C'est la première fois, Je crois, dans les
anuales de la science, que Von voit un
courant électrique, qui à peine fait con-
tracter une grenouille , exciter dans
l’homme des contractions si violentes et si
permanentes. Ce malade me présente en
quelque sorte l'état de surexcitation dans
lequel sont mises les grenouilles par l’ac-
tion des poissons narcotiques. Qui sait si
le sulfate de quinine et le strychnine,-qui
ont été administrés à ce malade à des doses
très fortes et pendant très longtemps, ne
sont pas la cause de l’état actuel du ma -
lade? Ce qui est le plus difficile dans ce
moment, c’est de choisir un traitement
convenable Je crois qu’il faut suspendre le
courant électrique, employer l’acupunc-
ture toute seule, les bains salés à une tem-
pérature modérée, et donner le plus d’exer-
cice possible aux mouvements musculaires
et aux facultés intellectuelles.
BOTANIQUE.
Consülérations g'nérales sur La tribu des
Podaxiniées el fondation du nouveau genre
Gyrophragmium , appartenant à cette
tribu; par M. Montagne.
Il existe parmi les champigaons tricho-
gastres une petite triba, récemment élevée
au rabg (le familie par M. Corda, et remar-
quable, enlie autres caractères, par la pré-
seance d’une columelle traversant l’axe du
peridiun : c'est celle des Podaxinées, Cette
tribu , qui se composait naguère des trois
seuls genres Cycloderma Klotzch, Caulo-
glossum Greville, et Podaron Desvaux, se
trouve tout à coup doublée par l’adjonc-
tion de trois autres, le S’cotium Kumze, le
Polyplocum Berkeley, etle Gyrophragmiem
nob., qui faiten grande partie l’ofjet de ce
mémoirc.
Le Gyroph'aginiun résulte du démem-
brement du genre Afontagnea, institué par
Fries | Genera Hymenom)cetum, p. 7) sur
deux champignons qui croissent sur la
plage de Maguelone, aux environs de Mont-
pellier, et dont l'un avait recu de deCan-
dolle le nom d’Asaricus arenarius, et l'au-
tre de M. Delile, celui d’Agaricus ocreatus.
L'étude suivie que j’ai faite de la seconde de
ces espèces, retrouvée près de Bone et rap-
portée dans toutes les phases de son évolu-
tion par M. le capitaine Durieu, membre
de la Commission d’Afrique, m'a permis
de constater que ces deux champignons,
quoique semblables, et congénères en ap-
parence , n'appartiennent pas à la même
famille. Un individu très jeune du Gy10-
phragmium Dunalii m'a en effet démontré,
de la manière la plus évidente, que ce
quon avait pris pour le chapeau d'un
Agaric est la moitié supérieure d'un peri-
dir, dont la moitié inférieure est repré-
sentée par une ample volva entourant le
stipe, et que les prétendus feuillets on la-
melles ne sont que des processus, de véri-
780
tables cloisons partant de tous les points de
la portion piléiforme du peridium. Noïci
les caractères sur lesquels ce genre curieux
est établi.
Recevriouzu stipitatum. Perrorum pri-
mo türbinatum, dein medio orb'culatim
ruptum superne pilciforme cum stipite
ceutrali ad apicem usque producto, volva:
ampla (quæ nihil aliud nisi pars peridii in-
ferior).instructo continuum. Capiziirium
in dissepimeuta contextum lamelliformia
subparallela e peridii toto hemisphærio
descendentia, a stipite distanlia, in plano
ramosa , non autem anastomosantia, si
nuosa, plicato crispata adeoque densata ut
sibi cohærere videantur, primo lenta, oli-
vacea, tandem exarescentia fragilissma,
nigra,subtuslibera, labyrinthiforma.FLoccr
liberi nulli. Sroræ globosæ, pedicellatæ,
dissepimentis affixæ. ConrexTus peridii sti-
pitisque fibrosus in dissepimenta conti-
nuatus. {
Funci arescentes, persistentes, habitu
Agarico vel Bolelto similes, specie volvati
aut annulati, stipitati, in areuosis mariti-
mis Afiicæborealiset Galliæ australis huc
usque obvi.
Le genre Gyrophragmium diffère du
Po’yplocum Berk. par la forme et la rigi-
dité de ses cloisons d’une part, et de l’au-
tre par l’absence de filaments libres entre-
mêlés parmi les spores, filaments qu’on
retrouve dans le dernier de ces genres. De
même que chez le Secotium. ses spores sont
fixées par un court pédicelle aux paroisdes
cloisons : mais ces cloisons, qui sont libres
dans le Gyrophragmiurm, forment un tissu
-Spongieux par leurs fréquentes anastomoses
‘dans l'autre genre.
Considérés d’après le degré de leur com-
position, les genres de la tribu des Poda-
xinées peuvent être disposésainsi qu'il suit:
Caulog'ossurr ; Cyclolerma , Podaxon,
Secot'urn, Poliplocum et Gyrophragmium.
Comme le’ Sécotium fait la transition da
Podazxon au Polyplocum, de même celui-
ci forme un passage évident entre le pre-
mier de ces genres et le Gyrophragmium.
J'ai tout lieu de soupçonner qu'un jour,
uand on connaîtra bien l’histoire de son
en sur lequel nous ne possé-
dons aucun renseignement , le genre Mo
tagnea Ini-même viendra prendre place
en tête de cette tribu, dontle Batarrean'est
peut-être pas non plus aussi éloigné qu’on
pourrait se l’imaginer.
2<-
SCIENCES APPLIQUÉES.
“LARTS MÉTALLURGIQUES.
Note sur l’état présent et l'avenir de l'in-
dustrie de la houille et du fer dans la
Grande-Bretagne.
L'immence importance de tout ce qui
concerne cette industrie, dit le journal an-
glais (le Mining Journal) auquel nous em-
pruntons cette note , nous engage à mettre
sous les yeux de nos lecteurs quelques don-
nées statistiques, recueillies à des sources
authevtiques. On ne saurait douter que
notre prospérité n'ait dépendu entièrement,
jusqu’à présent, ct ne dépende encore en
grande partie du bon marché et de 1 abon-
dance de nos houilles et de nos fers; aussi la
prospérité ou la souffrance de ces indus-
tries peut-elle être considérée comme un
symptôme de l'état général du pays.
* AZoulle. La situation actuelle des exploi-
tations de houille n'est pas, en ce moment
781
1(28 janvier), aussi satisfaisante qu’on pour-
ait le desirer. Sans doute l'extraction qui
“monte, y compris les menus, à 75,000 000
“iquint. métriques, par an, augmentera
‘platôt qu'elle ne diminuera, mais on ne
peut guère espérer qu'il.en soit de mème
!de l'exportation. Ce fut en, 1840 que nous
'fimes les plus fortes expéditions, consistant
en 3,949.540 quint. métriques pour: la
“France, 2,057,570 quint. métriques pour
“la Hollande, 1,267,790 quint. métriques
| pour le Danemark, 1,213,910 quint. mé-
\triques pour l'Allemagne, 933,700 quint.
rmétr. pour la Russie; en tout, 9,422,510
:quintaux métriques. La Belgique, le seul
pays en Europe, que nous puissions re-
| garder comme notre concarrent sous ce
rapport, a exporté, en 1838, 7,600,210
quint. métriques, plus que les 3/4 du mon-°
tant des expédilions faites par la Grande-
Bretagne, et il paraît que ce chiffre s’est
aecru graducllement de 500,000 quint.
: métriques envirou par an. L'Amérique
|: fait aussi de rapides progrès et tend à pro-
duire bientôt au delà de sa consommation.
Les houillères des États-Unis occupent un
“espace plus grand que toute la superficie
» de la Grande-Bretagne, et fournissent déjà
| la quantité considérable de 30,000,000
: quint. métriques par an. Beaucoup de stea-
| mers parcourent maintenant les lacs, en
| brûlant de la houille américaine, presciue
à l’exclusion de la houille anglaise, et € ici
à quelques années, ceite contrée en livrera
infaillibiement à l’exportation.
| Fer. On ne saurait disconvenir que la
| Grande-Bretagne ne puisse fabriquer le
| fer à meilleur marché que quelque autre
| pays que se soit, et c'est à cette heureuse
| supériorité que nos autres manufactures
doivent en graude partie la leur, Cette in-
dustrie, qui:ne réclame aucun secours
étranger, donne.de. l'emploi à une grande
partie de la populationet, par conséquent,
est d’une extrême importance pour le pays.
En 1740, la production du fer était seu-
lement de 173,500 quint. métriques et
lon peut juger de l’immense développe-
ment qu’elle a pris depuis, si l'on considère
qu’en 1839il en a été fabriqué 13,477,900
quint. métriques. Cependant, nous le di-
sons à regret, quoique la production ait
augmenté en Écosse, il est à craindre que
le total pour la Grande-Bretagne nat-
teizne pas le chiffre de 1839. Un maître de
forges éminent adressait dernièrement à
un correspondant ses remarques sur la
flucluation du prix du fer : «Je vous dis
avec peine que la quantité du fer embar-
qué be prouve pas l’état prospère de cette
industrie. L’abaissement ruineux des prix a
porté depuis un an, des spéculateurs à faire
| de fortes demandes, surtout pour le conti-
. nent, et ces exportations tournent mainte-
| nant à notre détriment, lorsque le prix
" tend à s'élever, parce que les provisions re-
paraissent aussitôt sur le marché et sy
vendent souvent au dessous du cours. Cela
| warriverait pas si l’on supprimait les con-
| lraves qui génent notre commerce exté-
| rieur, et les demandes de nos produits se-
| raient généralement sûres, naturelles et
| continues. »
| La comparaison suivante des prix cou-
| rants à Liverpopl, en 1836 et 1812, peut
|
«| faire juger de létendue de la déprécia-
| ton. .
“| Fonten° 1, tombée de 188. 0 à 69 £. 06 le 00/00 k.
ÿ
Feren barres ord., 288 90131 VO
Fer trés doux, 339 10188 40
Tole, 389 30213 50
Fer de fonderie, 316 50157 »
182 :
Au moment actuel, il n’est presque au-
cune sorte de fer que l’on ne puisse ache-
ter au dessous du prix de revient.
(#fining Journal).
ÉCONOMIE INDUSTRIELLE.
Procédé pour purifier les puits des mines
de certains gaz irrespirables.
Il est démontré par les expériences de
M. de Srassure que le charbon rougi ré-
cemment absorbe trente-cinq fois sa va-
leur de gaz acide carbonique dansles vingt-
quatre heures. — Lorsqu'on ouvré un
puits, où l'absence d’odeur en mêrue temps
que Pextinction d’une bougie allumée;'au-
ront démontré la présence de l’acide car-
bonique, il suffit de descendre jusqu'à là
surface de l’eau un chaudron rempli de
charbon allumé. — Le charbon s’éteindra
bientôt, et une première absorption com
mencera. Une heure ou deux après Pavoir
retiré, il faudra l'allumer de nouveau et
le redescendre pour opérer une deuxième
absorption. — Une experience a prouté
que deux immersions de ce genre avaient
suffi pour purifier un puits qui contenait
une hauteur de 3 mètres de gaz acide car-
bonique, et qu'en une demi-jourrée on en
avait purifié un second qui renfermait
9 mètres de gaz. — On vérifie les progrès
de Pabsorption ‘au moyen d’une bougie al-
lumée; lorsqu'elle brûle bien, on peutsans
crainte inviter les ouvriers à descendre
dans le puits.
MACHINES A VAPEUR.
Locomotive fonctionnant avec deux fois
mnoins de combustible que celles ordi-
ZAITeS.
Dans les douze années écoulées depuis
lonverture du chemin de fer de Manches-
ter à Liverpool, l'expérience à fait faire de
grands progrès dans l’art des chemins de
fer, et de continuels efforts ont été tentés
avec des succès variés pour diminuer la
dépen:e des locomotives. C’est un fait bien
extraordinaire que leur travail coûte ac-
tuellement sur quelques lignes le double
que sur d'autres; cette différence tient
principalement à celle de la consommation
du combustible. Nous croyons que Ja
moyenne de coke brûlé par mille, sur le
ligues ang'aises, est de 10 livres (12 kilog.
par kilomètre). ,
Quelques locomotives brülent beaucoup
moins, iais nous venons d'apprendre qu'il
est possible, de construire des locomotives
qui ne dépensent que 20 livres de coke par
mille (6 kilogrammes par kilomètre), pour
le maximum de charge et une vitesse va-
rjaut de 30 à 50 milles à l’heure (12 à 20
lieues de 4 kilomètres à l'heure). Il appar-
tient aux ingénieurs de chemins de fer, et
plus encore aux propriétaires, de s'informer
pourquoi l'on continue à se servir de ma-
chines construites sur les anciens et coù-
teux errements, lorsque l’on peut à volonté,
sur ce seul article, faire une économie de
12,500 fr. par an et par chaque locomo-
tive. Ces observations nous ont été inspirées
par ce que nous avons lu dans un journal
anglais sur la machine le Satellite, appar-
tenant au rail-way de Londres à Brighton.
Elle a remorqué un train bien rempli, de
neuf voitüres, pesant avec le tender et les
voitures, 75 tonnes, sur un palier dont la
pente, vers son extrémité , est de 20 pieds
par mille 4/264° (3 millimètres 788 par
- 783
mètre ); elle a gravi sans efforts apparent
celte montée avec une vitesse de 30 milles
ou 12 lieues à l'heure. Dans d’autres cir-
constances, la même machine n’a pas re-
niorqué moins de 14 voitures sur les plans
inc'inés, à la vitesse de 28 milles, 11 lieues
1/2 à l'heure, et plusieurs fois elle a par-
couru la distance entière de Londres à
Brighton à la vitesse de près de un mille à
la minute (24 lieues à l'heure).
Le Satellite est entrée en service le 25 dé-
cembre 1841, et depuis celte époque, cette
locomotive a parcouru 30,000 milles
(12,000 lieues) sans exiger aucune répara-
tion, aucune autre interruption qu'une
semaine sur six, et dans le seul but de la
visiter, de la nettoyer.
Une puissance aussi considérable est ob-
tenue avec 20 livres de coke par mille (6 ki-
logrammes par kilomètre). La supériorité
de cette étonnante machine ne tient point
à quelque principe nouveau de construc-
tion, mais à la beauté, à la netteté du tra-
vail, à la justesse des proportions, à l’art
parfait déployé dans toutes les’ parties. Le:
cenire de gravité est plus bas qu’à l’ordi-
naire, et le poids de la partie postérieure
moins grand.
On considère Le Satellite comme la plus
belle ocomotive qui aitjamais été faite; elle
sort des ateliers de MA. Rennie. Le mo-
dèle existe, pourquoi ne ferait-on pas d’au-
tres machines qui posséderdient, sinon aw
même degre, à peu près au moins les mé-
mes qualités?
2 DH —
AGRICULTURE.
CONSIDERATION SUR L'AGRICULTURE DÈ LA.
SICILE.
Extrait du rapport présenté à la Société
royale et centrale agriculture par M. Le-
clerc-Thouin, sur la première partie d’un
mémoire de M. le docteur Cuppari.
La principale question traitée par l’au-
teur est relative aux rapports qui doivent
exister, sur le territoire sicilien, entre la
culture des végétaux ligneux et celle des.
plantes herbacées.
M. Cuppari fait connaître, dans cette
partie de :6n travail, les diverses caltures
du pays : celle des plantes ligneuses com-
prend l'oranger, le murier, lolivier, la vi-
gne, le figuier, le châtaignier. Les céréales
ne viennent qu'en seconce ligne, et leur
produit, ainsi que celui des autres plantes
à grains farineux, est loin de suffire à la con-
sommation des habitants ; les betteraves,
les pommes de terre et autres racines qui
pourraient être appliquées à la nourriture
du bétail sont à peine cultivés dans les jar-
dins ; le trefle est à peu pres inconnu; la
luzerne ne s’est point encore montrée ; le
sainfoin seul donne des produits assez abon-
dants et fort recherchés.
Les principaux produits d'exportation de
la province de Messine sont ceux des citron-
n.ers, des vers à soie, de l'olivier et de la
vigne ; les principales denrées d’importa-
tion, les grains et les animaux. La diffi-
culté de faire réussir les plantes fourrageu-
ses rend fort difficile l’adoption des bonnes
rotations; aussi les seuls assolements jus=
qu'iei connus sont-ils biennaux, avec ou
sans jachère, selon les circonstances ou les
lie 1x.
Il est donc évident qu’en Sicile , comme
dans tous les pays chauds, les cultures li-
gneuses ou arbustives l’emportent sur les
784
cultures herbacées. Les froments d'au-
tomne, particulièrement les bleds durs,
prospèrent cependant et sembleraient pou-
voir se propager davantage sans que le cli-
mat ÿ mit directement obstacle. M. Cup-
pari explique le succès de cette céréale par
l'époque des semis, la rusticité des races
cultivées et le peu de durée des séchereses
habituelles au moment où les racines ont
le plus besoin de trouver de l'humidité dans
le sol. Il reproduit, à ce sujet , les théories
le plus généralement professées de nos jours
sur l’épuisement du sol par les organes
souterrains des plantes avant et après la flo-
raison,
Mais bien des causes autres que les con-
ditions météorologiques de la contrée con-
tribuent, avec elles, à faire prédominer les
arbres. Une, population rare, privée d’un
matériel suffisant, des engrais et des capi-
taux de circulation indispensables, dans
l'impossibilité de nourriruu nombreux bé-
tail, faute de fourrages, ne peut évidem-
ment faire différemment ou mieux dans
l’état actuel des choses, Aussi, en résumant
l’auteur du mémoire propose-t-il de con-
server les rapports aujourd'hui existants
entre les divers produits du sol.
Il voudrait qu’on perfectionnât d’abord
les cultures arbustives , et, comme pour
cela il faudrait leur donner des façons plus
nombreuses et une plus grande quantité
de fumier, qu’on s’occupàt plus attentive-
ment de Ja production du bétail. Selon lui,
les vallées arrosables ou simplement frai-
ches, par cela seul qu’elles conviennent peu
aux orangers, aux oliviers et aux müriers,
devraient être couvertes de plantes fourra-
geuses ; par l'effet de plantations mieux es-
pacées et d’une taille mieux entendue, sous
le ciel brillant de la Sicile il serait possible
d'obtenir des fourrages même à l’ombre des
arbres, etl’on arriverait ainsi, sans de gran-
des dépenses et sans changer brusquement
les coutumes reçues, à lesrendre cependant
progressivement plus fructueuses. Des pen-
tes incultes se trouveraient boisées, et la
terre payerait largement , par un surcroît
de produits, les intérêts d’un léger surcroît
de travail.
En cherchant à résoudre la première
question qu'il s'était proposée, M. Cappari
n'a pas seulement consulté les exigences
du sol et du climat siciliens, il a étudiéavec
discernement les circonstances économi-
ques de la province de Messine. Les con-
clusions auxquelles il a été conduit par
suite de ce double examen semblent plei-
nes de sagesse.
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.
Fièvre typhoide chez les animaux.
Dansune des dernières séances de l’Aca-
démie de médecine, M. Rayer à Ju sur la
fièvre typhoïde chez les animaux domes-
tiques une nate qui ne manquera pas d’in-
téresser Ceux qui pensent que la médecine
peut retirer quelques avantages de l étude
de la pathologie comparée. On ne peut que
féliciter M. Rayer d’avoir soulevé ainsi une
si grande question et d’avoir appelé l’atten-
tion des praticiens sur un de ces fléaux qui
décime chaque année, et à Paris surtout,
un nombre d'hommes si considérable.Tout
cela nous engage à reproduire en entier la
note de M. Rayer.
Depuis une vingtaine d’années, la fièvre
entéro-mésentérique, plus généralement
connue aujourd’hui sous le nom de fièvre
785
typhoide, a fixé À un très haut degré l'at-
tention des médecins. Le vif intérêt avec
lequel on a accueilli toutes les recherches
relatives à cette maladie s’explique, non
seulement par la fréquence et la gravité
de cette espèce de fièvre, mais encore par
la place importante que cette affetion a
prise dans l’histoire et la doctrine des ma-
ladies fébriles.
L'étude comparative des maladies de
l'homme et des animaux devait nécessai-
remént conduire à se demander si cette
maladie si fréquente et si grave chez
l’homme existait chez les animaux domes-
liqués; si le silence des médecins vétéri-
naires à cet égard indiquait suffisamment
que les animaux n’étaient point attaqués de
cette espèce de fièvre, oa si la lésion intes-
tinale qui constitue le caractère anato-
mique le plus positif de cette maladie était
resté inaperçu chez les animaux, ainsi que
cela avait eu lieu chez l'homme jusque
dans ces derniers temps, jusqu'aux travaux
de MM. Petit et Serres.
J'étais dans cette incertitude, lorsqu'un
heureux hasard m’a mis à même, il y a
quelques jours, d'observer un fait qui, dans
mon esprit, ne laisse aucun doute sur la
possibilité du développement de la fièvre
entéro-mésentérique chez les solipèdes. Un
ânon, âgé d'environ six semaines, meurt
après avoir éprouvé dela diarrhée pendant
une huitaine de jours. On l’apporte dans
mon laboratoire, et à l'ouverture du corps,
je ne trouve d’autres lésions que celles
qu'on rencontre chez l’homme lorsqu'il
succombe dans la première période de la
fièvre tyrhoïde.
Je crois utile de rappeler que, chez l'âne
et l’Anon, les plaques de Peyer sont natu-
rellement très développées, ainsi que je
m'en suis assuré chez deux de ces ani-
maux que jai fait abattre parfaitement
sains; mais cet état normal des plaques de
Peyer est bien difiérent de celui que j’ai
observé chez l'ânon niort après avoir
éprouvé de la diarrhée pendant une hui-
taine de jours. Chez celui-ei, non seule-
ment les plaqnes de Peyer faisaient un re-
lief très considérable à la surface interne
de l'intestin; mais plusieurs de ces plaques
offraient une teinte rouge assez prononcée;
autour de plusieurs autres la membrane
muqueuse de l'intestin était rouge et les
vaisseaux étaient fortement injectés. Une
de ces plaques était ulcérée vers sa partie
moyenne ; d’autres plaques étaient bour-
soufflées,notamment sur un groupe disposé
en bande ou en large crête, près du cœcum.
La membrane muqueuse de l'intestin grêle
était généralement rougeâtre. Cette colo-
ration rouge était très marquée dans le jé-
junum et dans la portion de l’iléon la plus
éloignée du cœcum sur laquelle les plaques
de Peyer étaient assez rares et ne dépas-
saient point le niveau de la surface interne
de l'intestin. La totalité de l'intestin grèle
était remplie par une humeur liquide,
d’un gris sale dans plusieurs parties de ce
conduit, et d’une teinte rougeàtre dans un
plus grand nombre d’autres. Examinée
avec soin, la membrane muqueuse de l'in-
testin grêle et celle du gros intestin n’ont
présenté aucun dépôt de lymphe plastique
analogue à ceux qu’on observe dans les dys-
senteries, et la partie inférieure du gros
intestin était saine.
Les ganglions du mésentère étaient tu-
méfiés; plusieurs étaient tellement injectés
de sang qu'ils avaient une couleur rouge,
brune, foncée; d’autres avaient une cou-
186.
leur rose, avec des stries rouges noirâtres.
En résumé, l’iléon et les ganglions mé=
sentériqnes présentaient les lésions que l’on
a observées chez l’homme dans la pre-
mière période de la fièvre typhride. Il en
était de même du cœcum : la membrane
muqueuse qui Île tapisse intérieurement,
était d’un rouge vifet paraissait comme cou-
verte d’une éruption considérable, due au
développement morbide des cryptes isolés
de cet intestin. On remarquait une disposi-
tion analogue des criptes dans la portion du
colon la plus voisine du cœcum. De même
que l’intestin grêle, le grosintestin neconte-
nait que des matières liquides, d’une teinte
grise ou rougeâtre. La portion pylorique
de l’estomac offrait une large echymose ; le
foie, les reins, la vessie étaient sains. La
rate, d’un gris brun, n’était ni ramollie,
ni sensiblement augmentée de volume. Le
larynx, la trachée, les poumons, le cœur,
le cerveau, n’ont offert aucune lésion ap-
préciable.
Ainsi, cet animal a succombé à une ma-
ladie aiguë, principalement caractérisée,
pendant la vie, par la diarrhée; et, à l’ou-
verture du corps, on a trouvé pour toute
lésion un développement morbide des pla-
ques de Peyer; l’ulcération de l’une d’elles;
un développement considérable des cryptes
isolés du cœcum, avec rougeur morbide de
la membrane muqueuse; les ganglions
lymphatiques du mésentère rouges et tu-
méfiés ; des matières liquides et sanguino-
lentes dans plusieurs parties de l'intestin
grêle : ensemble de lésions qui, dans l’état
actuel dé la science, ne peut trouver d’ana-
logue que dans les lésions de la fièvre ty-
phoïde chez homme.
Toutefois, je me hâte d'ajouter que je ne
regarde point comme complètement réso-
Jue par ce simple fait, là question de l'exis-
tence de la fièvre typhoïde chez lessoli-
pèdes. En portant cette -ebservation à la :
connaissance de l'Académie, mon but a été
surtout de provoquer de la part des vétéri-
naires des recherches plus précises que
celles qui ont été faites jusqu à ce jour sur
l'état des plaques de Peyer ou des cryptes
de Brunner à la suite des diarrhées séreuses
ou sanguinolentes qu'on a observées, et
depuis longtemps, chez les jeunes animaux
domestiques. Peut-être même qu'en com-
pulsant avec plus de soin que je n'ai pu
le faire, les recueils et les traités de méde-
cine vétérinaire et spécialement ceux qui
sont consacrés aux maladies de l'espèce bo-
vine, trouverait-on, sous diverses dénomi-
nations, quelques cas plus ou moins ana-
logues à celui dont je viens d'entretenir
l’Académie. À ce sujet, je crois devoir rap-
peler un cas d’entérite observé en 1824
par M. Rigot, aujourd'hui professeur à
Alfort, et publié en 1839 par M. Gellé;
cas dans lequel il est fait mention d'une
altération des plaques de Peyer analogue
à celle que l’on observe dans la fièvre ty-
phoïde chez l'homme. « À l'ouverture d'un
bœuf, dit M. Rigot, on observa une You
geur uniforme de la muqueuse avec epais-
sissement,ramollissementettàäches pétéchia-
les. Dans la portion sécale de l'intestin grêle,
ainsi que dans la portion moyenne, il exis-
{ait sur les glandes de Peyer de petites pus-
tules arrondies, blancuâtres à leur sommet
et circonserites par une auréole rougeàtre.
Dans quelques endroits et à côte de ces
pustules il existait des ulcérations assez
étendues qui paraissaient être le résultat
d’une dégénérescence des pustules qui les,
avaient précédées. Une matière noiratre
7787
. s’échappait des ulcères; l’inflammation qui
‘iles accompagnait était, dans quelques
points, diffuse, et dans d’autres, circons-
‘icrite. Dans quelques parties, la muqueuse
» intestinale était entièrement détruite. Les
{ ganglions mésentériques étaient gros, rou-
ges, ramollis. »
Dans cette observation, il n’est pas fait
jrmention de état des poumons; mais l’ani-
«mal n’est point indiqué comme mort de
phthisie, mais bien d’entérite; ce fait me
| parait donc important dans la question que
je soulève.
D'un autre côté, si on consulte les nom-
breux travaux qui ont été publiés sur les
affections typhoïdes du bétail, on voit que
les observateurs insistent surtout sur la
rougeur diffuse ou echymotique de l’intes-
tin, sur le gonflement et le ramollissement
de la rate, quelqueïois sur le ramollisse -
ment des poumons, sur l'altération du
: sang, état qu’on observe assez souvent chez
l'homme dans certaines formes de la fièvre
typhoïde. Mais les observateurs ne font
point mention de lésions des plaques de
Peyer et des ganglions lymphatiques du
mésentère, lésions si fréquentes et aux-
quelles on attache tant d'importance chez
l’homme. Toutefois, M. Leblanc m'a as-
suré qu'il avait noté plusieurs fois des alté-
rations des glandes de Peyer chez des bœufs
morts d'états typhoïdes, peu detemps après
leur arrivée À Paris, -
J'aurai atteint le but que je me suis pro-
posé, si cette note, toute imparfaite qu’elle
est, provoque des recherches plus com-
plètes sur la fièvre typhoïde chez les ani-
maux domestiques, et sur la fréquence re-
lative des lésions des glandes de Peyer chez
l'homme et les animaux,
—2# 52 Ce
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Nouvelles découvertes à Quatremares.
| On sait que déjà il avait été découvert
dans un hameau de la commune de Sotte-
ville, à Quatremares , près Rouen, divers
tombeaux qui paraissent remonter à une
époque assez éloignée.
Le 12 avril, on a trouvé un nouveau cer-
| cueil renfermant une bière en plomb à peu
près bien conservée. Divers objets étaient
contenus dans un espace de deux à trois
centimètres, entre le cercueil de pierre et
celui de plomb.
On ÿ remarquait : 1. un couvercle ayant
Ja forme d’un bouclier, avec sa garniture
en cuivre et sa serrure ;
2. Un yase en verre un peu calciné ;
| 3. Un morceau d'ivoire sculpté;
4. Une semelle de mule antique, d’une
forme très petite, et ayant dû servir de
chaussure à une femme ; à
5. Plusieurs épingles en os et en ivoire :
| | 6. Deux fragments de fiole lacrymatoire
en verre très fin.
Après avoir fait l'ouverture du cercueil
en plomb, on a trouvé: 1, Un squelette
assez bien conservé , dans quelques parties
et ayant les mains croisées et les pieds au
couchant ;
2. Un anneau-bracelet brisé, en jayet ;
3. Plusieurs épingles à la tête et aux
pieds. Ces tombeaux paraissaient avoir une
origine romaine,
. Quelques jours plus tard, une nouvelle
découverte a encore eu lieu aw même en-
droit, en sorte qu’on pourrait affirmer
7188
qu’il y a eu là jadisun champ de sépulture.
Mais celle-ci doit remonter à une époque
moins éloignée que les précédentes. Il se
composait d’un cerceuil en plomb, dont
aucun vestige n’indiquait qu'il a été ren-
fermé dans une caisse en bois, comme on
suppose que cela a dû avoir lieu primiti-
vement. Il avait les pieds tournés au sud-
est, presque à l’opposé du précédent ;.les
objets qu’il contenait sont : un petit vase,
deux clous, une médaille oxidée etun bra-
cetet en jais, parfaitement conservéet.re-
marquable par sa sculpture.
GÉOGRAPHIE.
Séjour aux Îles Marquises en 1840; par
M. Lesson.
(Deuxième article. )
Le roi de la baie de la Madre-de-Dios est
Joteté, et sa femme est Taitanané. Il a pour
chef militaire ou 404, le guerrier Panuhu.
De sa première femme Joteté a eu plu-
sieurs enfants, qui sont : Taïa-Totika,
grande fille fort jolie; Tuna, garçon âgé
de 13 ans, et une petite fille dont j'ignore
le nom. Il a un neveu nommé Puhé, fort
bel homme, qui a été en Angleterre avec
Panuhu.
Les habitants de Vaïtahu m'ont dit que
les insulaires de la Dominica , ainsi que
plusieurs tribus de l’intérieur étaient res-
tés anthropophages, et ce fait que m'a
certifié le roi Joteté, m'a également été
répété par un insulaire intelligent, auquel
je dois un vocabulaire assez complet, et qui
avait perdu plusieurs de ses parents dont
les cadavres avaient été mangés par ces ca-
nibales.
À Tavnata on prononce la lettre R, mais à
Napuet à Nu-Hiva cette lettre est inusitée.
Ainsi on prononce à Nu-Hiva çaroi, et à
Nu-Hiva comme à Napu, caioc. À Vaïtahu
l'N remplace le Æ, usité à Napu et à Nu-
Hiva; ainsi à Vaïtahu on dit pour désigner
un nom {7204, et dans les deux autres îles
1koa; ainsi pour fête, koïna se dit dans le
premier liea, et koika dans les deux
autres.
De tous les insulaires que j'ai eu l’occa-
sion d'examiner, ceux d'Anamihiai et de
Vaitathu sont les hommesles mieux faitset
les plus sains que j'ai vus. Et cependant jes
affections syphilitiques y sont communes,
elles sont dues aux relàches des baleiniers ;
quantà la lèpre elle ysévitavec moins d’in-
tensité, grâce sans doute aux nombreuses
ablutions que les naturels pratiquent plu-
sieurs fois dans le jour.
Tous ces naturels enduisent leur peau
d’une couche d’huile teinte en jaune par
le curcuma. Ce corps gras rend leur peau
douce et souple et la protège contrel’action
de l’air. Lesfemmes, dans leurs jeunes an-
nées vont nues, mais bientôt elles reçoivent
l’épithète de kgrioï, qui ne peut guère se
rendre que par le mot coquettes, lors-
qu’elles se parent de voiles empruntés à
l'écorce des müriers.
Déjà ces naturels sont pris de l'amour
de l’argent, et ils sont surtout avides pour
l'or, dont ils connaissent parfaitement la
valeur et l’aloi. Ils poussent la soif pour ce
métal, jusqu’à demander une pièce d’or
pour le plus simple objet d'échange, pour
une pagaie, par exemple.
Ils ont adopté l'habitude de fumer, etil
est très commun de voir des insulaires se
passer une pipe à la ronde, et chaque con-
vié lancer quelques bouffées de fumée dans
189
l'air. La pureté de leurs magnifiques rate-
liers rend cet usage moins dégoütant, bien
que ces naturels aient de moins belles den-
tures que les insulaires de Mangauva.
Pour allumer le feu, ils n’emploient
point le procédé ordinaire des Océaniens,
qui consiste à frotter vivement l’un contre
l’autre deux morceaux de bois fort secs. Ils
ont adopté des Espagnols l’usage de brûler
des vieux chiffonsdans un godetet de frapper
une petite barre d'acier placée en travers
sur: ce charbon avec une pierre siliceuse,
Hommes et femmes portent suspendu au
cou, dans un petit sac, l’appareil nécessaire
pour leur procurer instantanément du feu,
carils jettent les quelques parcelles de chif-
fon erubrasé sur de la bourre de cocos qui
s’'enfflamme rapidement. Dans quelques cir-
coustances ils prennent le soin de la frot-
ter d'huile. Il résulte de cette nouvelle
coutume, qu’ils attachent un haut prix
aux pierres à fusil et que c’est un article
d'échange avantageux.
Pour s’éclairer, ils se servent, comme à
O-Taïti, de noix de bancoules enfilées sur
des petits bâtons, et qui en brülant jettent
une flamme assez vive.
Depuis leurs communications plus fré-
quentes avec les baleiniers, ils ont adopté
avec uns sorte de passion, l’usage des armes
à feu. Ils négligent complètement la fabri-
cation de leurs casse-têtes, en bois de fer
et qu’ils couvraient de sculptures, et toute
leur ambition consiste à se procurer, par
la voie des échanges, des mousquets, de la
poudre et des pierres à fusil.
Parmi quelques unes des coutumes qu’on
ne retrouve plus parmi les Océaniens, il
en est une encore en vigueur chez les na
turels de la Dominica, qui n'a frappé par
son originalité, Une troupe d’une huitaine
d'individus sembarque en pirogue et vient
à Santa-Cbristina donner des aubades aux
portes des cabanes, et l’un d'eux se détache
de la troupe et vient tendre la main aux
propriétaires qui ne doivent jamais refuser
leur offrande, car ainsi le veut l’usage, et il
est même de bonne manière de ne pas
attendre leur demande et d'aller au devant
d'eux. : ces baladins ambulants, pour les-
quels j'ai-saisi le nom de faïoës, et aux-
quels je n’ai pas vu d'instruments, battent
des mains avant de commencer leur con-
cert vocal, et chantent diverses chansons
dont j'ignore le sens.
On rapporte qu'il existe à Vaïtahu un
grand temple où s’exécutent leurs sacri-
fices, mais les missionnaires catholiques
n’ont pas encorre pu s'assurer de ce fait.
Seulement on croit savoir qu’il est bâti au
fond d’un vallon et dans une des gorges
qui conduisent à l’intérieur de l’ile. Les
missionnaires protestants, ou comme les
appellent les prêtres français, les voisins,
n’ont pas été plus heureux, malgré leur
long séjour dans l’île. Les recherches des
misssionnaires leur ont attiré de fréquentes
insultes, mais jamais leur vie n’a été me-
nacée. Les jeunes insulaires et surtout
les femmes leur ont prodigué les mo-
queries.
Souvent les missionnaires ont inspiré
une vive frayeur. Les habitants de la Do-
minique avaient projeté une descente à la
baie de Vaïtahu pour enlever des naturels
et chasser les prêtres. Ceux-ci firent met-
tre le feu aux herbes du Moraï placé au
milieu des deux anses de la Madre-de-Dios,
pour frapper les agresseurs de crainte et
pour leur montrer qu’on veillait et que
| leurs projets étaient connus.
790
Les missionnaires ont élevé de leurs
mains une petite église sur le bord même
de cette baie de Vaïtahu, mais non loin de
ce qu'ils ont nommé le Pavé-du-Roi, en la
cabane où ils pratiquèrent pour da pre-
mière fois les cérémonies du culte. Je n'ai
jamais vu temple agreste plus gracieuse-
ment orné. L'intérieur est garni de ra-
meaux de how dépouillés de leur écorce,
garni de tiges supportant des girandoles
de cordes rouges et noires, lissées avec le
brou de coco; des toiles blanches de tapa
retombent en draperie sur lautel que
supportent des estrades. Le père Laval me
disait : « Vous le voyez, nous avons tiré
toutes nosressources de cette terre payenne
pour élever au maître du monde l’humble
autel d’où partent nos prières.
Je trouve ici quelques feuillets de mon
journal consacrés à la célèbre Paëtini, cette
reine à trois maris et aux trois royaumes; et
en vérité, Je vais faire faire connaissance
au lecteur avec cette princesse si jalouse
d'établir son pouvoir sur des chefs renom-
mes et sur des districts différents. Les
époux de cette reine trigame, ne sont pas
beaux, sans donte, mais ils sont puis-
sants, et à ses yeux ce charme est préfé-
rable aux qualités physiques. Paëtini passe
donc pour très habile, de cette habileté que
posséde Joteté, sorte de rouerie politique
que ne dédaignent pas certains diplomates
de la vielle Europe. — Quel a été votre but,
disais-je à cette reine, par une triple al-
liance avec les chefs de trois tribus étran-
gères? Mon but, dit Paëtini en souriant
avec. cette finesse des peuples que nous
appelons sauvages, mon but à été en,cas
de revers, de trouver dans les états de l’un
de mes maris,-un refuge assuré et parmi
eux un défenseur et un appui capable
d’époaser chaudement mes intérêts. —
Mais, ajoutais-je, comment prennent-ils
vos nombreuses infidélités et vos escapades
fréquentes, car on citait ceux honorés de
ses bonnes grâces par douzaines, et Paétini
a l'humeur bien changeante? — Mais, ré-
pondit la reine, ils sont de bonne compo-
sition, et nos mœurs sont faciles. Ils ont
d’ailleurs plusieurs femmes, et quand ils
viennent me faire visite, le premier arrivé
cède le pas au nouveau venu, et mes maris
aiment voir ma cabane royale toujours o4-
verte aux étrangers, et mériter son renom
d’hospitalité.
Une organisation sociale aussi avancée
m’arracha un cri d’admiration. Diable, me
disais-je, l'Europe n’y fait plus rien, et
les Marquises sont furieusement en pro--
grès.
Ce que m'avait dit Paëétini de ses vues
politiques, elle n’avait pas hésité à le répé-
ter aux misssionnaires. Le jeune Nil me
confirmait qu’elle avait souvent dit devant
eux : Je connais l'étendue de mon pouvoir,
et mon autorité est solidement établie, —
Mais vos actions sont blimables, ajou-
taient les prêtres catholiques doucement,
et en placantimmédiatement pour correc-
tif, car la polygamie amène la dépopuia-
tion de votre tribu, et votre pouvoir compte
moins de sujets. Cela n’a pas lieu en France,
ce pays que vous aimez et qui nous à en-
voyés vers vous pour vous inculquer ses
mœurs. Les bons péresauraient pu ajouter
qu’en France, suivant le poète, la polyga
mie est un cas pendable. Mais aux Mar-
quises le Grand-Dieu l’autorise, car lui-
même à plusieurs femmes, et c’est bien le
moins aux hommes de marcher sur les
traces Ce leurs dieux.
791
À ces judicicuses observations, Paëtini
répondait avec phlegme, c'est bien : en
France on fait bien. Mais elle n’en gardait
pas moins ses (rois maris, Sans préjudice
des simples galanteries de chaque jour.
Elle aimait conserver le souvenir du co-
modore américain Porter, qu’elle avait
connu étant fort jeune et dont elle avait
eu les affections.
Paëtini aime parler de l'expédition fran-
çaise commandée par M. d'Urville, dont
elle louait l’urbanité. Ce chef l'avait in-
vilée à visiter ses vaisseaux, et à son ar-
rivée à bord, il l'avait fait saluer par des
coupsde canon. Mais notre brick,qu’elle af
fectaitde dédaigner, ne lui avait point rendu
cet honneur, et l’on savait, en effet, que sa
pouissance cédait le pas à celle de quelques
chefs renommés, ct entre autres du roi
Pakoko. .
Cette reine, toutefois a, plus d’un titre
pour être aïmée des Français. Dès l’arrivée
des missionnaires aux îles Marquises, elle
s est prononcée en leur faveur. C’est par
son influence et son crédit qu’ils ont pu
vivre au milieu des naturels d’une manière
precaire, il est vrai, et c’est par elle qu'ils
ont toujours été informés des projets hos-
tiles des chefs et de ce qui se traimait contre
eux. Les femmes, par leur sensibilité et leur
entrainement, ont toujourts été les instru-
ments dociles, soit des conquérants, soit
des doctrines qu'il s'agissait de propager,
Sans Marina, fernand Cortez n’eût peut-
être pas conquis le Mexique , et le père Nil
me disait, les femmes et les enfants et sur-
tout ces derniers, sont la terre la plus
féconde pour y faire germer le blé de la
parole de Dieu. Entourés de ces petits en-
fants idolâtres, naïfs, comme l'est partout
l'enfance, nos soins et nos tendresses les
disposent aux saintes paroles. C’est par
eux, c'est par des moniteurs candides que
le nom de Dieu se répète cent fois dans le
jour dans la cabane des père et mère, et
ce nom, grâce à la miséricorde divine, se
propage et cesse d'être étranger. Les
femmes bientôt cherchent à s’enquérir de
la nouvelle croyance, et leur âme s'ouvre
facilement à ses enseignements. Mais nos
efforts échouent devant les honimes faits:les
guerriers cient de notre morale etles vieux
prêtres payens nous persécutent et nous
suscitent des ennemis. À Mangareva, on a
remarqué la même marche dans les pro-
grès primitifs. Les enfants ont été les pre-
miers catéchuménes et leur mères les ont
inuités.
Les missionnaires actuels ont donc rai-
son de suivre la marche des jésuites qui
colonisèrent le Paraguay. L'éducation des
enfants va en première ligne, c’est le pre-
| mier but qu’il faut atteindre. C’est celui
auquel est attaché le succès de la mis-
sion.
Notre première pensée, me disait le père
Nil avec franchise, bien éloignée de la ré-
serve froide et rusée du père Caret, est donc
l'éducation des enfants. Par eux nous som:
mes informés de tout ce qui se dit dans la
cabane paternelle, car dans le bas àge on
ne sait rien taire. Nous nous préservons
ainsi des embüches des insulaires, Leurs
projets nuisibles sont aussitôt évantés que
formés : en un mot, ce sont, À leur insu,
nos protecteurs les plus efficaces, et nos
louangeurs les plus enthousiastes.
LESsON ,
meédecinen chef des les Marquises.
Le Ré lacteur-Gérant ù
Le an
4
: ques et mathématiques, le droit et la médecine,
792
FAITS DIVERS.
— Le Musée de Dijon vient de s'enrichir d'une M
infiuité-d’antiques du plus baut prix; tels que va=
ses étruiques, coupes grecques, bas-reliefs, lacry=
matoires , et notamment d'un vase antique de verre,
objet rare et précieux par sa rareté. On remarque
aussi une petite statue en bronze de 25 centimè-
tres de haut, représentant /’énus anadiomène, dé-
couverte à Pontarlier en 1807. ,
— M. Arago commence aujourd'hui jeüdi, à une
heure dans l'amphithéäire du bureau des fongitudes,
son cours d’asironomie, et il le continuera tous les
jeudis à la même heure, .
BIBLIOGRAPHIE.
— Quand on réfléchit aux progrès que font cha-
que jour les diverses branches des connaissances
humaines, on est effrayé du nombre immense de
mots qu'il faut retenir pour parler librement le lan-
gage des sciences , el Phomme le plus instruit est
souvent forcé d’avouer, à cet égard, le défaut de
sa mémoire. — Ces mots sont la plupart tirés du
grec, et c’est là une diffisulté de plus pour ceux qui
n'ont appris de cette langue que ce qui leur est né-
cessaire pour l’examen du baccalauréat ès-lettres.—
C'était donc rendre un service à la science que de
réunir tous les mots français empruntés au grec et
d’en faire un dictionnaire étymologique : c’est ce
qu'a entrepris M. Marcella, et le résultat de son
travail vient de paraître récemment. Il était dans
cette entreprise un écueil à éviter, il fallait rendre
ce volume portatif et par conséquent ne pas trop
s'étendre sur l'étymologie de chaque mot. M. Mar-
cela, comprenant que celte seule chose pouvait dc-
cider du succès de son ouvrage, a su parfaitement
surmonter celte difficulté. L'élymologie de chaque
mot ne renferme que quelques lignes, elle est ex-
primée en francais el suivie des mots grecs, sur les-
quels elle s'appuie. Les sciences physiques, chimi-
l'industrie et le commerce sont représentés dans le
livre de M. Marcella; c’est ce qui proue que l’au-
teur a fouillé dans tous les traités spéciaux pour ÿ
trouver les mois doit, l'étymologie pouvait ètre utile
ou intéressante. Tout cel ensemble de faits ne per-
met pas de douter que le livre de Harcella est parmi
les dictionnaires de ce geure celui &ont l'usage sera
le plus utile à ceux qui sen serviront, car il leur |
offrira promptement l’étymologie d’un mot qu'ils ne |
trouveraicnt dans d’autres ouvrages qu'après avoir
parcouru plusieurs volumes. Du reste, le mérite de |
ce travail a été déjà reconnu par des hommes dont |
l'opinion ne paraitra pas suspecte, et le ministre
de linshuetion publique, aprés l'avoir examiné , l’a
honoré de sa souscription. C'est assez dire le dic-
tionnaire de M. Marcella est un bon ouvrage que
tout le monde consultera avec fruit, et que le sa-
vant aura toujours à côté de lui sur sa table de tra--
vail. E. EF.
RAPPORT adressé le 17 juin 1842 à M. l'amiral
Duperré, ministre de la marine et des colonies, sur
des expériences relatives à la fabrication du sucre et
à la composition de la canne à sucre; par E. Pelli-
got. À Paris, chez Mathias (Augustin), quai Mala-
quais, 15.
RÉCHERCHES sur les commencements et les
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun.
ABKÈGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla-
ton ; par M. le marquis de Forlia d'Urban. À Paris,
chez l'auteur, rue de La Rocheloncault, 2; chez Du-
prat.
COLONIES étrangères et Haïti, résultats de l'e-
mancipation anglaise; par Victor Schælche. À Paris,
chez Faguerre, rue de Seine, 14 Dis.
INISTOIRE des sciences naturelles , depuis Jeu
origine jusqu'à nos jours, chez lous les peuples con:
nus, commencée au collège de France par Georges
Cuvier, complètée par M. Magdeleine de Saintagy.
À Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie.
FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé-
ratios mélico-légales, relatives à l'empoisonnement
pat l'acide prussique ; par J. Bonjean.
ee ———
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
SEL
de : LES
rue San HynontheS,-Miskel, 38:
Loare FER ; &
| |
ee
40. année.
ECH
Paris. — Dimanche, 7 Bai 1843.
JU MON
N° 34,
SAVAN
œ
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
Donne
\ L'Ecxo DU MONDE SAVANT paraît le JEUIDE etle DIMANOME de chaque semaine et forme deux volumes dc plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
| de M. le vicomte A. DE&AVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li-
| braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 ; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 16 fr,
| 8fr.50. AlÉTRANGER5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CENQ fr. par an et par recueil l'ÉGHOQ DE LA ZLITTÉ-
|" RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHO1S18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
| encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. G.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur,
\SOMMAIRE. — INSTITUT DE FRANCE,
séance annuelle. — SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE. Sur l'hygrométrie; par M. Blondeau
de Carolle. — CHIMIE ORGANIQUE. Sur la
tire des fruits; Baudrimont. — SCIENCES
NATURELLES. GÉOLOGIE. Sur la détermi-
nation exacte de la limite des neiges éternelles à
- un point donné; Agassiz. — PHYSIOLOGIE.
|} Recherches sur les développements primitifs de
| lembryon; Serres. — BOTANIQUE. Sur l’ivoire
| végétale; Morren,, —. SCIENCES APPLI-
: QUEES. — SOCIÉTÉ D’ENCOURAGEMENT.
1 ‘Séance du 3 mai 1843, — SCIENCES HIS-
| TORIQUES-: ACADEMIE DES SCIENCES MO-
|* RALES ET POLITIQUES, Séance du 29 avril.
| — ÉCONOMIE SOCIALE. Un. mot sur la com-
|- municalion de M. Léon Faucher; Constancio.
— GÉOGRAPHIE. Séjour aux îles Marquises en
1 4840; Lesson. — FAITS DIVERS.
| Ds ce
INSTITUT DE FRANCE.
Séance solennelle du 2 mai 1845.
Dans notre dernier numéro nous avons
fait connaître à nos lecteurs le titre des mé-
moires qui ont été lus mardi dernier à 1x
séance solennelle de l’Institut de France.
Mais le temps nous manquait pour analyser
| que'ques-unes de ces productions, et nous
|æssaierons aujourd’hui d’en présenter un
‘aperçu succinct.
M. Eugène Burnouf, membre de lAca-
démie des Inscriptions et Belles-Lettres, a
| lu sur l’origine du bouddhisme quelques
| considérations assez étendues, mais comme
elles ne sont pas parvenues jusqu’à nous,
| nous ne pourons pas en transmettre ici le
#
*
À
| résumé. Nous sommes heureux de n'avoir
| pas à en dire autant de la lecture spiri-
tuelle de M. Raoul-Rochette dont la voix
| vibrante sait à propos se faire entendre
dans une nombreuse assemblée, M.Raoul-
| Rochette a relracé avec esprit un tableau
| exact et naïf de la vie de Poussin, de cette
vie que la fortune a souvent frappé de ses
l rigueurs, mais qui toujours apparaît sim-
… ple et noble au milieu de la calamité, Ni-
colas Poussiñ est une des plus grandes
gloires de la France; le choix noble de ses
-Sujets, la belle ordonnance de ses tableaux,
la justesse et la profondeur de son expres-
\ sion sont des qualités qui l’ont placé bien
haut dans la sphère artistique. Mais quand
on songe aux difficultés que Poussin avait à
Yaincre, aux obstacles qu'il avait à sur-
monter, il nous apparaît doublement célè-
: bre. Dans son enfance on lui fait apprendre
le latin, mais le latin ne lui sourit guère et
il aime mieux griffonner sur ses cahiers
| d’élégants dessins. À dix-huit ans il quitte
|, son pays natal, les Andelys, et se dirige
| vers Paris, tout en barbouillant des dessus
| de porte pour payer son voyage. Arrivé
dans notre capitale, Poussin estengagé par
| un gentilhomme du Poitou à faire des
peintures pour son château; il accepte;
mais la mère du gentilhomme le regarde
comme un serviteur, et il quitte là le gen-
tilhomme et le château; puis il retourne à
Paris peignant comme la première fois,
tantôt des Bacchanales pour une auberge,
tantôt des tableaux de piété pour un mo-
nastère. Il existe sans doute dans quelque
coin obscur de la Normandie, au fond de
quelque petit village, un de cestableaux de
Poussin dont nos amateurs feraient si grand
cas. Mais poursuivons, etnous apercevrons
le jeune artiste, frappé par la maladie, for-
cé de quitter Paris etde recourir an pays
natal ; nous le verrons ensuite partir pour
la terre des arts, pour | Italie, où son ta-
lent devait briller plus tard et s'enrichir
des plus précieux joyaux. Revenu en
France, Poussin peignit pour les Jésuites
six grandes compositions en détrempe, et
ce travail ne dura que six jours. — Là vont
s’arrêter pour quelques instants les jours
de malheur et d’angoisses. Poussin à été
compris par Marini, et le chevalier, auteur
du poëme d’Adonix, l’'admet et le loge.
[Sous Marini, à Rome, Poussin refit, ou
plutôt commenca son éducation ; mais Ma-
rini ne tarda pas à se retirer à Naples, où il
mosrut. Îl est vrai qu'il avait pré-enté
Poussin au cardinal Barberini en lui di-
sant: « Vous verrez un jeune homme qui
a une ardeur de diable; » mais Barberini
partit aussi pour sa légation d’Espagne, et
Poussin resta seul, Vous allez peut-être
croire que Poussin va étre admis auprès
des grands, dont chaque jour il ira saluer
le réveils Non, Poussin ne tient pas plus
aux grands que les grands à lui, et ilse lie
d'amitié avec un sculpteur pauvre, Frau-
çois Duquénoy, nommé le Flamand. Alors
il peint, il seulpte, il écrit au commandeur
del Pozzo pour luiexposer sa triste situation,
mais dans l'indépendance de son caractère
il sait encorefronder ie ridicule de ceuxau
_ milieu desquelsilvit.A cette époquele Domi-
nicainétaità Rome, etcomme la plupart des
hommes de génie, il était opprimé par lamé-
diocritéjalouse.Dans une petite chapelled’u-
ne église de Rome, était exposé un beau ta-
bleau du Dominicain, la Flagellation de
Saint-André. Personne n’y jetaitles yeux,
tandis que la foule abondait dans une cha-
pelle voisine pour y contempler le Wartyre
de Suint- Grégoire, par le Guy. Le premier
‘tableau était Pœuvre du génie, le second,
celui de la médiocrité, et assurément la
foule devait courir vers ce dernier. Poussin
ne l’imita pas, il sut admirer tout ce qu'il
y avait de beau dans le tableau du Domi-
nicain, et celui-ci malade et abattu par le
malheur, sefit porter auprès du jeune pein-
tre, et bientôt ils furent dans les bras l’un
Vautre; ils se comprenaient.
On ne rappelle qu'avec tristesse l’accueil
que Richelieu Jui ft en France. C'était, il
est vrai, pour lui donner le brevet de pein-
tre du roi, mais aussi pour occuper son gé-
nie à des futilités, comme à la peinture de
couvertures de lit, de frontons et d’autres
bagatelles de ce genre. IL faut avouer que
Richelieu comprenait pien peu NicolasPous-
sin. Mais le peintre des Andelys eut l’habi-
leté de trouver un prétexte pour retourner
en Italie, d’où il ne revint pas. Dans sa pe-
tite maison, près de Rome, il vivait heu-
reux au sein d’une famille qui laimait et
qui lui prodiguait l’amitié et le bonheur
que les grands n’avaient pas su lui donner.
Il est inutile de rappeler tes beaux tableaux
de Poussin, ils sont dans l'esprit de tout le
monde; mais lorsq'r'on a parcouru cette.vie
si noble et si troubiée, l'idée qui nous reste
de Nicolas Poussin, c’est celle qui nous le
devant nos yeux, lorsque M. Blanqui a lu
un fragment sur la polygamie en Orient,
M..-Blanqui a attaqué franchement la ques-
tion, en déclarant que la polygamie était la
plus affreuse des pestes de l'Orient, unelèpre
sans cesse-renaissante, qui rongeaitau cœur
les peuples du levant. La polygamie traîne
à sa suite plus de misères que toutes les
autres calamités, puisqu’eile agit à la fois
sur l'homme, sur la femme, sur l'enfant,
sur la société tout entière. Elle agit sur
l'homme qui se dégrade, s'avilit et s’use
avant l’âge; elle: agit. sur la femme, qui
devient une chose..le res des esclaves Ro-
mains ; elle agit.sur l'enfant, qui devient un
être étranger.à.la famille, un être dont
on se soucie peu, qui vit ou meurt sans
qu’on s’en appercoive ; elle agit enfin sur
la société tout entière, puisqu'une société
polygame v’a plus de liens qui la maintien-
nent, puisque tous ses membres sont divi-
sés par la haine , l’ambition ou la jalousie.
En Turquie la loi permet à un homme
d'épouser quatre femmes , et toutes quatre
sont légitimes. Mais rarement il se contente
d’un nombresi peuélevé, et l’usage est d’en
ajouter un supplément qui se borne, chez
les pachas de nos jours, à une. trentaine
environ. C’est là assurément un fait pro-
fondément immoral; mais de toutes ces
ignominies la plus grande c’est la vente des
femmes, dont le marché est à quelques cen-
taines de pas de l’hôtel des ambassadeurs.
S'il fallait entrer danStous les détails de
196
ces infâmes trafics, l’esprit humain s'arré-
terait confondu; il suffit, pour en avoir une
idée précise, de rappeler les faits suivants.
Il y a des gens qui courent les provinces
pour recruter des femmes , comme on re-
crute les hesuaux dans notre pays; il ya
des villes où l’on paie des impôts en fem-
mes, monnaie vivante dont on se débar-
rasse, et qui va grossir les trésor: du sérail;
il y a des sortes d'écoles où l’on enseigne
aüx femmes l’art de séduire; enfin, l4
femme, comme la bête de somme, est une
chose à laquelle la rédhibition s'applique.
On la visite de la tête aux pieds, on en exa-
mine les défauts et les avantages de son
corps, on l’achète ou on la refuse, et quand
on l’a achetée, si le vendeur a trompé la-
cheteur, c'est un cas rédhibitoire. Voilà
jusqu’à quel point d’ignoiinie les peuples
de l'Orient ont abaissé la femme.
Mais, croyez-vous que la vie du harem
soit pour la femme qui l’habite , une vie
agréable, qui la dédommage un peu de l'i-
gnominie qu’on a déversée sur elle? non,
assurément non. — C’est une vie fasti-
dieuse ou c’est une vie horrible. Pour la
femme qui n’a plus ni parents niamis, c’est
une vie fastidieuse par sa monotonie et la
solitude qui l'entoure ; mais, pour celle qui
a été ravie à des parents qui l’aimaient,
pour celle qui a laissé quelque part un être
qui l’adorait, c’est une vie de tortures qui
commence par les angoisses morales pour
finir peut être par le sac et le Bosphore. Or,
combien de jeunes grecques ont été, dans
la guerre de l'indépendance, arrachées
ainsi à leurs familles, après avoir goûté les
joies du foyer domestique. Quant aux mu-
sulmans, ils ne veulent pas qu’on leur parle
de leurs femmes, on ignore souvent leur
nom et on ne le prononce jamais. Mais
l'un des effets les plus nuisibles de la poly-
gamie, c’est l’union d’un être très jeune à
un être vieux et souvent malade. Ce fait
suffit à lui seul pour prouver quelle doit
être la vigueur d’une telle population: il
expliquerait sans doute bien des phases po-
litiques de son histoire; il donnerait la so-
lution de plus d’an problême sur la fortu-
ne passée de ce peuple. C’est ainsi qu'il ne
restait au sultan Mammouth que deux fils
cacochymes.
Mais d’où viendra la réforme? M. Blan-
qui l’a dit avec la conviction que donne
une profonde observation des faits, elle
viendra de la médecine. Aujourd’hui, dans
quelques villes d'Orient, les médecins chré-
tiens commencent à pénétrer dans les ha-
rems; leurs sages conseils ÿ apporteront
d’utiles réformes, et si le mal ne peut être
guéri dun seul coup, on en diminuera peu
à peu les terribles résultats. Si aujourd’hui
encore, on fait un trou au voile de la
femme dont lemédecin veutexaminer la lan-
gue, plus tard on lèvera le voile tout entier;
attendons beaucoup de la médecine, elle a
des armes plus puissantes que celles de la
politique et de la diplomatie’; il y a, il faut
le dire, un asile contre les atrocités de la
polygamie , c’est la maternité. La femme
qui est devenue mère s'élève dans la so-
ciété, elle a droit à certains égards, elle est
plus libre enfin ; aussi malheur aux femmes
stériles!
Le tableau que nous venons de faire de
la polyÿgamie ne s'applique pas seulement
aux rangs supérieurs de la société, c’est
aussi l’image de la polygamie dans les rangs
inférieurs; il n’y a pas de différence à cet
égard, Cependant, qu'on se rassure, la po-
lygamie est dans sa période de décadence,
797
elle a pu avoir un moment de gra" deuf:
mais maintenant elle a porté sec ©. : 1
à LE truits, elle
se [meurt, cernée detous ce
RAS NS ra. és par la société
à * SPETONE que les puissances de
l’Europe hâter-
-unt encore de tout leur pou-
voir cette chute certaine, et que t
RAREEN aine, et que tous ceux
QUI S iitéressent au bonheur de l'humanité
COPCourront à cette heureuse réforme.
Nous terminons avecM. B'anqui. Comment!
On ne veut pas qu'on vende des noirs en
Afrique, et lon vendrait des femmes blan-
ches en Orient, on punit la bigamie à Paris,
et l’on souffrirait la polygamie à Constan-
tinople? E. Fe
—— SRE —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Exrait d'un Mémoire sur l'hygrométrie;
par M. Blondeau de Carolles,
Si la science de l’hygrométrie est peu
avancée, c’est qu’elle n’a pas à sa disposi-
tion.un instrument au moyen duquel elle
puisse, par une longue suite d'observations,
arriver à la connaissance des lois si com-
pliquées qui régissent les variations s’ac-
complissant au sein de cette masse de fluides
élastiques qui constituent notre atmos-
phère. La première chose que doit faire
celui qui s’occupe de cette branche de la
physique du globe est donc de construire
un appareil offrant assez de régularité dans
sa marche pour pouvoir être observé fré-
quemment pendant une période de temps
assez longue. Telle est la route que j’ai en
effet suivie, et, après-avoir construit un
hygromètre sur les indications duquel j’ai
cru pouvoir compter, j'ai étudié d'heure en
en heure les variations qu’il éprouve dans
sa marche ; à la suite d'observations conti-
nuées pendant plusieurs mois, je suis par-
venu à déméler, au milieu d’un grand
nombre d’influences qui agissent toutes
pour troubler les lois de l’équilibre de la
vapeur d’eau répandue dans le sein de l’at-
mosphère, l’effet produit par l’action seule
du soleil, et j'ai été conduit à l’observation
d’une loi que je puis formuler de la ma-
nière suivante, La marche de l’humidité de
l'air varie en sens inverse de la marche du
soleil : à mesure que cet astre s'élève sur
horizon, l’humidité diminue; elle aug-
mente, au contraire, à mesure qu'il s’a-
baisse | le minimum a lieu exactement à
midi, le maximum à minuit.
Pour pouvoir étudier d’une manière
complète les lois de toutes les perturba-
tions hygrométriques, il fagdrait cons-
truire des tables pour toute l’étendue des va-
riations thermométriques que l’air éprouve
dans le cours d’une année. J’ai cherché à
satisfaire à cette condition, mais les expé-
riences sont si nombreuses, les calculs si
pénibles, qu’il a fallu me borner à un petit
nombre de degrés : c'est entre les tempé-
ratures de 7 et 10 degrés que mes expé--
riences ont été faites; elles ont été exécu-
tées par un procédé qui consiste à placer
l’hygromètre dans un espace que l’on peut
regarder comme entièrement dépourvu
d’humidté, puis à y introduire peu à peu
de petites quantités d’eau, jusqu’à ce qu'on
atteigne le point de saturation, et à noter
en même temps le degré de l’hygromètre
et la tension de la vapeur qui y corres-
pond, laquelle est mesurée au moyen d'un
petit manomètre en communication avec
l’espace dans lequel se trouve placé Pins-
trument que l’on veut graduer.
Enfin j'ai voulu vérifier si la tension
798
inaximum de la vapeur d’eau prise dans la
limite des températures atmosphériques
était telle qu’elle résulte des expériences
de Dalton, Au lieu d'opérer dans le vide
comme ce physicien, j'ai opéré dans l'air,
d'abord dans l'air sec, puis dans l'air hu-
mide, et cela sans changer les conditions
de mon expérience, c’est-à-dire qu’après
avoir mesuré au moyen d’un manomètre
l'accroissement de tension qu’éprouve un
volume donné d’air sec pour des variations
de température déterminées, j'ai saturé ce «
même volume de vapeur d’eau, et je lai
fait repasser par les mêmes conditions de
température; la différence dans la hauteur
de la colonne manométrique m’a donné
l'effet produit par la vapeer, et cette diffé-
rence m'a fourni le moyen de mesurer
l'élasticité de la vapeur d’eau à l’état de sa-
turation : le résultat de mes expériences.
m'a conduit à regarder les nombres de
Dalion comme étant trop élevés.
:
CHIMIE ORGANIQUE.
Sur la cire des fruits, par M. Baudrimont.
Je lis dans les Comptes-rendus de la der-
nière séance, que M. Liebig annonce avoir
constaté la découverte de l’excellent obser-
vateur Proust, que le fourrage, les feuilles
vertes des choux, les graminées, les ce-
rises et les prunes contiennent une cire
blanche (pag. 663 et 664). Plus bas, ce chi-
miste ajoute que la cire extraite du foin par
l’éther consiste en chlorophylle et une cire
analogue à la cérosie. Je ne sais quels sont
les résultats obtenus par M. Liebig relati-
vement au foin; mais je puis assurer qu'ils
sont entièrement inexacts pour ce qui con-
cerne ce qu’on appelle la cire des fruits. Il
y a plus de quatre ans que M. Bérthemot 4
isolé cette matière, et il y plus d’un an qu’i
a eu l’obligeance de m'en remettreun échan-
tillon pour compléter un travail que j’a-
vais entrepris sur diverses espèces de cires.
J’ai pu constater, ainsi que M. Berthemot
l'avait déjà vu, que cette prétendue cire
n'entre en fusion qu’à une température
plus élevée que 200,, la rupture de mon
appareil m’ayant empêché d’en déterminer
exactement le point de fusion. Je ne saïs si
leschimistesclasserontultérieurementcette
matière parmi les cires, mai$ je puis assu-
rer qu'elle est parfaitement distincte de la
cérosie, car je connais cette dernière subs=
tance depuis plus de huit ans, pour l'avoir
isolée en faisant l’analyse d’an échantillon
de la résine de l’arbre à pain (Artocarpus
incisa, L.) que M. de Jussieu m'avait re=
mis à la condition expresse qu'il seraitexa-
miné chimiquement.
—4S5. 6-0 dm——
SCIENCES NATURELLES.
ZÉOLOGIE.
Sur La détermination exacte de la limite des
neiges éternelles en un point donné. Lettre
de M. Agassiz à M. Arago.
Depuis que je visite les Alpes et les glas
ciers, je me suis demandé chaque année
comment on pourrait parvenir à fixer ri=
goureusement la limite des neiges eter:
nelles, et quel serait le point qu'il faudrait
observer dans diverses stations pour avoir
un terme de comparaison identique dans
toutes les chaines de nos plus hautes mon:
tagnes. J'ai en vain consulté les ouyragesy}
qui traitent cette, question; nulle part je
n'ai rencontré d'indication précise sur les
moyens de reconnaître la limite qu'il s'agit
de mesurer, La difficulté provient de lime
| 1799
, possibilité où l’on a été, jusqu'ici, de dis-
1 dltinguer d’une manière précise le niveau où
; “s'arrête la fonte de la neige d’un hiver,
: “pendant l’été suivant. Pour arriver aux
. tidonnées approximatives que l’on possède,
ton a dû avoir recours à des observations
préalables sur la disparition successive des
meiges dans les parties les plus accessibles
de nos hautes vallées, et le nombre des lo-
, “calités où leur niveau a été réellement me-
!Suré est, je crois, bien petit. Toutes les
recherches que j'ai faites pour apprendre
à les connaître ont été infructueuses; j'ai
. “du moins cru remarquer qu’on a plutôt
. “cherché à les estimer qu’on ne les a dé-
. duites d’une série de mesures directes.
, «Lorsque j'ai voulu suppléer à cette lacune,
pour nos Alpes, j'ai rencontré les mêmes
difficultés que mes devanciers, à fixer une
limite tranchée entre les neiges de l’année
. “courante et celles des années précédentes,
“et j'ai dû jusqu'ici renoncer à faire sur cet
objet des observations exactes. En effet,
‘lorsque l’on remonte la pente d’un glacier
‘jusqu’à son origine, on voit la glace perdre
, peu à peu sa consistance, ses teintes bleues
“et passer à une hauteur variable, d'envi-
tron 2,600 à 2,800 mètres, à l’état de neige
_“grenue que l’on appelle névé, dans les
] Alpes de la Suisse française, sans qu’il soit
“possible de fixer une limite rigoureuse
entre la région du névé et celle du glacier.
Le névé passe lui-même insensiblement à
. l’état de neige poudreuse, et les plus hautes
pentes de nos Alpes sont généralement re-
, “couvertes de champs tres étendus de cette
vaeige incohérente. Dans une carte qui ac-
compagne la traduction allemande que
M. Vogt a faite du récit de notre ascension
lu Jungfrau, publié par M. Desor, au
commencement de 1842, j'ai cherché à
iracer les limites approximatives de ces
trois zones de dépôts glacés. Le bleu clair
indique les champs de neige, le bleu foncé
les névés, et le bleu barré les glaciers cre-
ivassés. Mais, je le répète, quoique cette
distinction apporte une plas grande préci-
ision dans les indications de l’état des
masses glacées qui recouvrent nos Alpes,
ique les données auxquelles on s’est arrêté
jusqu'ici, les limites de ces trois zones ne
sont pas plus précises dans cette carte que
celle que l’on a ordinairement assignée aux
Mneiges éternelles. Aussi, loin de m'arrêter
“à ces premiers résultats, j'ai cherché à les
“circonserire dans des limites de plus en
\ plus précises, et j'ai tout lieu de croire
«maintenant que les observations que j'ai
faites l'été dernier, fourniront à l’ave-
“nir un moyen sûr de reconnaître, pendant
“tout l'été, la limite exacte des glaciers pro-
prement dits, celle des névés et celle des
“champs de neige. J'espère que ces li-
|mites paraîtront d'autant plus naturelles
[aux physiciens que je les emprunte à la
MStructure intime des masses mêmes. Déjà
[AL Hugi avait cherché dans la structure
“grenue du névé, un caractère propre à
“fixer la limite des neiges éternelles, et dans
(15 voyages dans les Alpes, il substitue à
“cette ligne celle qu'il appelle la ligne du
*
à
“ névé. Mais cette structure grenue n’est pas
un caractère d'une appréciation facile, et,
commeje l'ai déjà fait remarquer, le névé
passe insensiblement à l’état de glace ho-
“Imogène en descendant dans les régions
moins élevées, et d’un autre côté, il est
“impossible de distinguer le névé des neiges
qui ont été exposées à l’action des varia-
lions de température du printemps et de
|l'été. J'ai donc dû renoncer à ce caractère
'
{
d
|
l
|
0
800
pour distinguer mes trois zones; mais j’en
ai découvert d’autres qui sont plus cons-
tants, d’une observation plus facile et en
même temps beaucoup plus tranchés, qui
offriront, je l'espère, un terme de compa-
raison identique pour toutes les observa-
tions que l’an pourra faire à l’avenir, dans
différentes contrées, sur les niveaux ab-
solus auxquels s'élèvent ;ces différentes
zones.
On devra comprendre dans la zone des
glaciers proprement dits, toute l'étendue
des masses glacées formées de glace
bleuâtre, de teinte plus ou moins foncée,
et traversées de bandes verticales de glace
bleue, qui est de la glace d’eau et non
point de la glace de neige imbibée d’eau.
Cette zone est celle où les crevasses sont le
plus fréquentes et les accidents de la sur-
face le plus variés; c’est‘dans cette partie
des glaciers que l’on observe les cônes gra-
veleux, les tables de glacier, les grandes
moraines, les baignoires, les creux méri-
diens. Les bulles d’air contenues dans la
glace sont ici très comprimées; les traces
de la stratification primitive, encore très
distinctes dans la partie supérieure des
glaciers proprement dits, s’effacent de plus
en plus dans leur cours inférieur, en se
confondant avec les bandes bleues, avec
lesquelles elles forment, vers l'extrémité
inférieur du glacier, un système de cli-
vage très compliqué.
La zone du névé, ou de la glace da névé,
est caractérisée par un système simple de
bandes transversales, plus ou moins ar-
quées en aval au centre du glacier. Ces
bandes sont formées par les tranches des
couches régulhères dont toute la masse est
composée, et qui viennent successivement
affleurer à la surface, par suite de son
mouvement progressif et par l'effet de la
fonte et de l’évaporation des parties en
contact avec l’atmosphère. La glace de
celte zone est très poreuse, blanchâtre; les
bulles d’air qu’elle renferme sont très nom-
breuses et peu comprimées; on n’y re-
marque aucune trace de bandes bleues, La
surface de cette région du glacier est peu
accidentée, généralement plane ou bos-
suée; l’eau s’y accumule en été plus que
partout ailleurs, et y forme même des
flaques assez étendues; on n’y voit jamais
de tables de glaciers, nide cônes graveleux,
ni de baignoires, ni de creux méridiens
réguliers; les moraines ne s'y élèvent pas en
formes de hautes digues. Enfin le centre
du glacier n’est jamais relevé en forme du
dôme arrondi au milieu, comme c’est ordi-
naïirement le cas de la zone inférieure : ici
le centre est plutôt déprimé ou régulière-
ment concave. Les crevasses sont peu fré-
quentes, et le plus souvent masquées par
des croûtes de neige qui ne disparaissent
que fort tard, vers le commencement de
l'automne ou à la fin de l'été, tandis que,
sur le glacier proprement dit, les cre-
vasses se découvrent dès les mois de mai
ou dejuin.
Enfin la zone des champs de neige pré-
sente des pentes uniformes et continues de
neige poudreuse plus ou moins fines, fa-
connées par les effets de la fonte superf-
cielle et du tassement, qui lui donnent un
aspect cannelé, résultant du déplacement
continuel de ses particules suivant la plus
grande pente, ce qui n’a plus lieu dès que
la masse est cimentée par la congélation
de l’eau qui s’infiltre continuellement dans
son intérieur. Des croûtes irrégulières
d'une glace très mince, provenant sans
801
doute des effets de l’évaporation, recou-
vrent fréquemment ces surfaces qui sont
d'une blancheur éblouissante, et dont l’é-
clat est encore augmenté par les facettes
innombrables de cristallisation des pail-
lettes de la neige. On ne voit que très peu
de crevasses dans ces champs de neige:
mais, lorsqu'on en rencontre de profondes,
on distingue nettement sur leurs tranches
les bandes de stratification de leurs assises
qui séparent les masses tombées chaque
année. La surface des champs de neige
étant la face extérieure de la dernière
couche annuelle, il est évident que le bord
inférieur de la couche, telle qu’elle est cir-
conscrite par l’effet de la fonce qui s’op-
père chaque année pendant la saison
chaude, sera la limite exacte des neiges
éternelles sur un point donné. Or, depuis
que j'ai appris à reconnaître dans toutes
les circonstances les traces de la stratifica-
tion sur uu point quelconque du glacier,
j'ai pu toujours déterminer rigoureuse-
ment cette limite, et cela d'autant mieux
que la couche sous-jacente de l’année pré-
cédente s’avance dans l'intervalle d’une
année d'environ 70m, qui est la distance
moyenne parcourue par le glacier pendant
ce temps. Celte dislocation successive de
contours inférieurs de toutes les nou-
velles couches annuelles, permet d’en fixer
le niveau absolu avec une précision bien
plus grande que ne l'exigent de semblabies
-observations; car, à supposer même que
les contours de la dernière couche ne
soient pas encore suffisarnument façonnés
par l'effet de la fonte, il sufüra de s'arrêter
au contour de l'avant dernière couche, et
de mesurer 70m en amont pour avoir, à
quelques mètres près, le point où se limi-
tera la couche superficielle durant l'été.
Pour peu que l'on s'élève sur les bords
d’un glacier au dessus du niveau de sa sur-
face, on aperçoit toutes ces bandes de
stratification avec la plus grande netteté
sar toute son étendue, et même sans cette
précaution, on les reconnaît encore à la
teinte sale que leur donnent les matières
terreuses qui s’y arrêtent.
La lignée des neiges éternelles est donc
indiquée exactement sur toutes les pentes
de nos montagnes par les contours de la
couche superficielle des neizestombées pen-
dant le cours d’une année, qui se dessi-
nent nettement à la surface des couches
plus anciennes, par suite de la marche pro-
gressive de celle-ci vers les régions infé-
rieures. Tout ce qui est au dessus de cette
ligne est dans la zone des champs de neige;
tout ce qui est au dessous appartient à la
zone du névé, jusqu’au point où commen-
cent les bandes bleues qui caractérisent le
glacier proprement dit. J’ai retrouvé ces
limites également tranchées sur tous les
glaciers que j'ai visités l’année dernière;
je les ai surtout examinées sur le glacier
de Finsteraarhorn, sur celui de Lauteraar,
sur celui de Gauli, sur celui de i’Oberaar,
sur celui du Thierberg; et partout elles
m'ont paru à peu près au même niveau
absolu. Malheureusement j'avais déjà cassé
mon baromètre (sort presque inévitable de
tous ceux que l’on porte sur les glaciers)
lorsque j'aurais été en mesure de fixer
exactement la hauteur absolue de ces ni-
veaux. Mais la principale dificulté, celle
de trouver un terme de comparaison iden-
tique pour tous les points, étant vaincue,
j'espère recueillir cette année des données
numériques assez nombreuses pour déter-
miner toutes les variations qu'offrent ces
S02
niveaux dans nos Alpes. L'espoir que d’au-
tres observateurs pourraient utiliser éga-
lement, dès l'été prochain, ces renseigne-
ments, m'a engagé à les communiquer dès
à présent à l’Académie. La connaissance
que j'ai des localités me permet d'indiquer
déjà, approximativemi nt, ces niveaux pour
le glacier du Lauteraar. La limite infe-
rieure des neiges éternelles coïncide ici
à peu près avec les indications de M. de
Humboldt, qui leur assigne en Suisse une
hauteur de 2665m; celle du névé est envi-
ron à 2535m.
PHYSIOLOGIE.
Recherches sur les développements primitifs
de l’embryon, par M. Serres.
(Premier article.)
La détermination du premier terme de
l’organogénie animale a été le sujet de re-
cherches actives et fécondes depuis Aris-
tote jusqu’à nos jours.
Dans les sciences naturelles, l'étude de
la génération des êtres est celle qui a le plus
occupé les physiologistes. Hippocrate, Pla-
ton et Aristote en faisaient , il y a près de
trois mille ans, le sujet de leurs médita-
tions; Galien, qui résuma leurs idées,
donna à cette fonction l'impulsion qu’elle
conserva jusqu à l’origine de l’anthropo-
logie. Enfin, lors de la rénovation de l’a-
natomie , dans le seizième siècle, Vésale,
Fallope et Aquapendente, la dégageant
des vues hypothétiques dans lesquelles les
anciens l'avaient renfermée, confèrent à
l’observation et à l’expérience la solution
des problèmes divers dont cette question si
difficile se compose.
Le développement de l’homme, la com-
paraison de l'embryon et du fœtus avec
l’adulte , ont donc, à toutes les époques,
excité puissamment l'intérêt des anato-
mistes et des physiologistes. Cet intérêt,
que nous trouvons déjà si vif dans les écrits
de Platon et d'Aristote, dans ceux d’Hip-
pocrate et de Galien, s'est accru de siècle
en siècle par les révélations inattendues
qui sortaient de cette comparaison. L’ap-
plication du micro:cope à l'étude du dé-
veloppement des animaux, en nous dé-
voilant un ordre de faits que l’œil seul ne
pouvait découvrir, nous a initiés plus pro-
fondément dans l'étude des premières for-
mations organiques par lesquelles la vie
débute dans le règne animal; de sorte que,
d’après l’immensité des faits recueillis dans
cette direction , l’organogénie et l’embryo-
génie, qui naguère encore n'étaient qu’une
partie très accessoire de l'anatomie et de la
physiologie, en sont devenues présente-
ment une des parties principales, celles qui
peut-être sont appelées à éclairer toutes
les autres.
L'organogénie marche surtout vers ce
but depuis que la théorie de l'épigénèse des
organismes a rempla:é le système de leur
préexistence, et que la méthode expéri-
mentale à définitivement remplacé la mé-
thode hypothétique dont on faisait un si
grand usage dans les études’ sur la géné-
ration.
Mais la méthode expérimentale a des
exigences souvent difficiles à satisfaire; les
suppositions étant interdites, les faits seuls
peuvent lui servir de guide. Or, lorsqu'on
s'élève vers les premiers développements
de embryon, les faits deviennent si difli-
ciles à constater, l'erreur est si voisine de
la vérité que l'esprit doit sans cesse se tenir
803
en garde pour ne pas confondre les appa-
rences avec la réalité. Cette marche sévère
devient surtout indispensable lorsqu'il s’a-
git de déterminer le premier terme des dé-
veloppements, celui que l’on a nommé le
zéro de l’embryogénie.
D’après la subordination des organismes,
que des milliers de faits ont mise hors de
doute dans le règne animal, on concoit
toute limportance attachée à cette pre-
mière détermination, puisqu'elle doit servir
de règle et de pivot à toutes lesautres.
Dans mon ouviage sur le système ner-
veux, couronné par l’Académie en 1821,
J'ai fixé le premier terme des développe-
ments aux évolutions du blastoderme et à
l'apparition de la moelle épinière, et j'ai
multiplié les observations et les expériences
pour préciser le moment de cette appa-
rition.
Mais cette détermination du zéro de
lorganogénie, qui sert de base à la dualité
primitive des organismes, n’a pas été
adoptée par tous les embryogénistes mo-
dernes: les uns l'ont placée plus haut, les
autres l'ont placée plus bas. L’effet de ce
déplacement a été nécessairement d’arriver
à des résultats différents de ceux auxquels
nous avait conduits notre méthode d’inves-
tigation ; car les premiers ont cru voir le
systèmenerveux à une époque où il n'existe
pas encore, et les aatres né l'ont aperçu
que lorsque ses premières évolutions sont
accomplies. Il est résulté de là un mésac-
cord sur le premier terme de lembryogé-
nie dont on a sans duute exagéré la portée,
mais qui néanmoins pourrait avoir des ef-
fets désavantageux, si au moment où cette
branche de la science est cultivée avectant
de zèle on ne parvenait à en fixer le crité-
rium. ms
D'un autre côté, si les vues de ceux qui
ont descendu le point de départ de l’orga-
nogénie ont peu fixé l’attention des anato=
mistes, à raison de l’imperfection de leurs
observations, il n’en est pas de même des
travaux des physiologistes qui l'ont élevé,
et parmi lesquels nous citerons particu-
lièrement ceux de MM. Deœllinger et Pan-
der, ceux de MM. Prevost et Dumas, ceux
de MM. de Baer, Allen Thomson, Valen-
tin, Ratké et Wagner. Ces derniers travaux
ont une si grande valeur, ils ont jeté une si
vive lumière sur l'étude des premiers dé-
veloppements , que l'erreur qui s'y est
glissée en devient par cela même d’aatant
plas dangereuse, ét que par cela même
aussi il devient plus difficile de la dégager
des vérités capitales avec lesquelles elle
se trouve mélangée.
En reprenant nos recherches vingt-deux
ans après leur première publication, nous
avons cru devoir en comparer les résultats
avec ceux obtenus par les physiologistes
qui précèdent, afin d'apprécier comme
nous le devions les objections qui ont été
faites à la dualité primitive des organismes.
On a reconnu, par ce préambule, que nous
voulons désigner la ligne primitive des dé-
veloppements, ligne toujours unique pen-
dant la courte durée de son existence, et
qui serait une protestation formelle contre
le dualisme crganique, si elle était, comme
où l’a supposé, le premier jet de lembryo-
génie, Mais si, au contraire, cette ligne lui
est étrangère, si elle n'est qu'un phéno-
nomène d’incubation traduisant les méta-
morphoses qui s’opèrent dans le blasto-
derme, et si ces métamorphoses ont elles-
mêmes pour objet de dualiser là membrane
blastodermique qui précède constamment
80%
les premiers délinéaments de l'embryon,
on voit que son existence, loin d’infirmer la
dualité organique, en deviendrait non-
seulement la confirmation, mais que, de
plus, elle nous ferait remonter à la cause
de ce fait général. Or, c’est ce que nous al-
lons essayer d'établir dans ce premier mé-
-Mmoire.
Eu général, dans le climat de Paris, les
dix et douze premières heures de l’incuba-
tion sont employées par la nature à isoler
la membrane du germe du vitellus et de
son enveloppe propre. Cette membrane du
germe , quiavant l’incubation adhérait au
noyau de la cicatricule, s’en détache insen- "
siblement ; de sorte que, cinq ou six heures
après qu'elle. est commencée, non-scule- :
ment elle devient libre, mais de plus un
liquide clair s’interpose entre ces deux par-
ties, dont l’une, le noyau , forme une dé-
pression sur la surface du vite’ lus, tandis
que l'autre se soulève en forme de voûte®
sur cette dépression, De ce double mou-
vement résulte un espace entre le noyau
de la cicatricule et la voûte de la mem-
brane du blastoderme, espace que nous
nommons chambre de l’'incubation, et que
le liquide transparent qui la remplit per-
met de comparer à la chambre antérieure
de œil
Pendant que la membrane blastoder-
mique,que l’on a aussi nommée gerrmie
native, se soulève, comme nous venons de
le dire, un changement des plus impor-
tants, indiqué par Wolf et parfaitement
apprécié par le professeur Daællinger, se
manifeste dans sa composition intime. Cette
membrane, dont la structure paraissait
homogène aux premières heures de l’incu-
bation , se divise ,.de la huitième heure à
la douzième, en troisiames distinctes: l’une
externe, nommée lame séreuse, la seconde
interne en contact avec le liquide de la
chambre d'incubation nommée muqueuse,
et la troisième interposée entre les deux
précédentes et qui a recu le nom de lame
vasculeuse. Jusque là, la membrane du
blastoderme ne subit aucun changement
de forme; le disque qu’elle représente et
qui, au début de l'incubation, avait de 4 à
à 5 millimètres, en a 7 et 8 dès les six
premières heures , 9 et 10 à la huitième,
et 11 et 12 les douzième et quatorzième
heures de l’incubation. L’aire transparente |
qui, comme nous l’indiquerons bientôt,
est la partie véritablement germinatrice de W
cet appareil, forme un cercle à part ren-
fermé dans celui de la membrane blasto- \
dermique. Ce cercle germinateur inscrit
dans le premier, a une grandeur de 2 à 3,
millimètres les cinq premières heures de
l'incubation, de 4à 5 à la sixième et dixième#
heure, et 5, 6 et 7 millimètres de la dou-
zième à la seizième heure. Sa partie cen=
trale est toujours plus transparente que le
reste de sa surface, de sorte qu'à travers,
ce point,qu'Harvey comparait à la pupille,
on distingue Ja chambre de l’incubation , et
dans le fond de cette chambre le noyau
blanc de la cicatricule. Tels sont , avec les
halons qui se dessinenten dehors du disque }
de la membrane blastodermique, les phé-
. . £ ICT
namènes principaux par lesquels se décèle
à »1 . , x
le travail fécondateur qui s'opère dans la
chambre d'incubation , et dont nous allons
juger le résultat par la métamorphose rez
marquable dont tout cet appareil Ya prés
sentement devenir le siége. : F
À partir, en effet, de la quatorzième où
de la quinzième heure de l’incubation, le
pou t pupillaire de l'aire germinatrice (a1eæ
f
?,
F
le
le
ïe
À
ee
à
qu
1805
Lpellucida) s’efface, et sur ses côtés on voit
4 apparaitre deux lignes parrallèles, nua-
“igeuses d’abord et ccartées l’une de ! autre;
à la seizième , dix-septième et dix-huitième
heure, ces lignes se soulèvent, se boursouf-
‘lent en forme de plis. La plicature de la
‘ menbrane s'opère de haut en bas, et de
. dedans en dehors de chaque ligue, de sorte
l.que le bourrelet où le rebord de lune et
:Vautre plicature se regardent sans se tou-
cher, de manière à laisser entre eux un
:petit intervalle. Cette premiere métamor-
phose a pour effet de faire disparaitre les
deux lignes parallèles par lesquelles elle dé-
bute, en même temps que l'intervalle qui
: sépare lesrebordsdes plis, donne naissance
| à une troisième et nouvelle ligne tout à
| fait différénte des précédentes par sa na-
| ture et son siége. Tandis, en effet, que les
deux lignes primitives, tracées sur la mem-
brane même, sont placées parallèlement
surles côtés de l’axe de l’aire transparente,
‘la ligne nouvelle, produite par l'inter-
| valle des plis, occupe cet axe même,etna
aucun rapport direct avec la membrane
germinatrice. Ellen’est,d’apresl'expression
rigoureuse des développements, que Vin-
| dice ou le trait qui signale l’évolution im-
portaute qui s’accomplit dans cette mem-
brane, dont la suite des transformations va
nous dévoiler le but.
Commencé sur les côtés du centre de
Vaire transparente, le plissement de la
membrane se dirige d’abord vers sa partie
supérieure, dont celle atteint la circonfé-
rence ; puis, le même mouvement s'exé-
cutant sur sa partie inférieure, l'aire trans-
parente ou germinatrice , d'unique qu'elle
| était aux premières heures de l’incubation,
| se trouve divisée en deux. partics aux dix-
huitième , dix-neuyième-ou yinglième heu-
res. La dualité de laïre a succédé ainsi à
l'unité. Or, comme en exécutant ce mou-
vement, chaque moitié de la membrane
s'est enroulée sur elle-même, le résultat
de cet enroulementa été de convertir l'aire
germinatrice en deux cellules ou deux sacs,
dont l’un est situé à droite et l’autre à
gauche del’axe del’aire. Cet axe lui-même,
ou la ligne de séparation des deux sacs,
a répété et suivi les évolutions de la mem-
brane; la ligne centrale de l’aire ne forme
d’abord qu’un demi-diamètre qui, du
centre, va gagner le bord supérieur de la
circonféyence, puis elle se prolonge vers
son bord inférieur, et lorsqu'elle y est par-
venue, elle représente un diamètre com-
plet qui sépare les deux cellules ou les
|. deux sacs. Il suit de là que la formation de
la ligne diamétrale de l'aire tradait fidèle-
ment le développement des sacs dont elle
n’est que le résultat ou l’expression.
Le travail dela fécondation, les change-
ments nombreux dont la membrane blas-
todermique est le siége, paraissent ainsi
avoir pour objet principal la formation des
des cellules germinatrices. Le premier con-
cerne le développement de la ligne diamé-
: relatif à sa nature. Quant à son dévelop-
| pement, on voit évidemment qu’elle est le
résultat du plissément de la membrane
blastodermique ; puisqu'elle se manifeste
d’abord au point même où les plis primitifs
commencent, et qu’elle s'étend ensuite en
haut et en bas, suivant toujours la marche
Progressive et successive de ces plis, dont
elletraduit la formation. Son apparition
est donc consécutive à celle des plis, et non
« sacs germinateurs. Deux faits principaux
k, ressortent du mécanisme de la formation
: trale de l'aire du blastoderme:; le second est
806
primitive, comme on la dit jusqu’à ce jour,
et comme le nom qu'on lui a donné ten-
drait à le faire croire.
Quant à sa nature, les observations qui
précèdent montrent que la ligne diamétrale
de l’aire n'est autre chose qu'un espace
vide que laissent entre eux les plis primi-
tifs, au moment où ils se réfléchissent pour
former les sacs germinateurs. Les expé-
riences qui suivent ne laissent aucun doute
à ce sujet.
En premier lieu , si l'on obserre la ci-
catricule en place, en l'éclairant par une
vive lumière, la ligne diamétrale paraît
brune et superficielle, si le bourrelet des
sacs est peu saillant ; elle est au contraire
noire et profonde, si le boursoufilement
des plis est très prononcé; mais cet aspect
brun ou noir n'existe qu'à une condition,
qui est que les rebords des plis se touchent;
si au contraire les rebords ne se ton-
chent pas, s'ils laissent entre eux un petit
espace, l'aspect de la ligne change aussitôt,
elle n’est plus ni noire ni brune, elle pré-
sente au contraire un trait blanc dans toute
sa longueur. Cest la bindelette blanche
signalée par beaucoup d’observateurs, el
prise pour la moelle épinière, à raison de
sa blancheur; mais cette couleur lui est
complétement étrangère , elle l’emprunte
au noyau de la cicatricule, qui lui est sub-
jacent, et c’est ce noyau lui-même que l'on
aperçoit entre l’écartement des deux plica-
tures de la membrane.
En second lieu, si l’on détache la cica-
tricule de la surface du vitellus, on laisse
alors le noyau sur le jaune, et lon a la
ligne diamétrale dans toute sa simplicité.
En étendant ensuite la membrane de l'aire
germinatrice sur un verre, et la regardant
à contre jour, on voit la lumière traverser
le vide qui forme la ligne : si l’on place la
préparation sur un fond noir, la ligne pa-
rait noire, ainsi que le montrent nos des-
sins des sacs faits à la loupe; elle devient
blanche , au contraire, si le fond subjacent
est blanc; le fond reproduit alorsle long
ligre l'aspect que lui donnait le noyau de la
cicatricule avant sa séparation du vitellus.
En troisième lieu, si on observe la pré-
paration au microscope sous un grossis-
sement de 100 à 200 diamètres , Le passage
de la lumière réfléchie du miroir faitscin-
tiller la ligne dans toute sa longueur , en
lai donnant un aspect blanc et éclatant qui
tranche sur le fond obscur des bourrelets
des saes germinateurs. La largeur de la
ligne sous ces grossissements permet d’en
constater la nudité.
En quatrième lieu enfin, cette nudité de
la ligne centrale devient visible à l'œil nu
si on étend la préparation sur une plaque
de verre, et si on l’observe pendant qu’elle
se dessèche et après sa complète dessic-
cation (1).
Nous disions au commencement de ce
(1) Le mécanisme par lequel la membrane blas-
todermique , unique jusqu'à la douzième heure de
Vincubation, se aivise en deux pour donner nais-
sance au vide de la ligne diamétrale de l’aire, est
un «phénomène qui se rapproche de la génération
par scissure. Au moment où cette ligne commence à
se deïsiner, on remarque, à un grossissement de
200 à 300 diamètres, que les globules qui composent
la membrane se disjoignent d’abord sur ce poiit,
puis s’écartent, deviennent plus rares et disparaise
sent : on croirait, dans certaines expériences, que les
globules se retirent vers les bourrelets qui consti-
tuent les deux lignes primitives. On distingue assez
neltement cette disposition des globules sur les œufs
dant le blastoderme offre l’état que nous avons re-
présenté, pourvu toulelois qu'on soit astez heareux
sdela
-condé par M. le docteur Giraldez
807
mémoire, que le premier effet des déve-
loppements était d'isoler la membrane blas-
todermique du cumulus ou du uoyau de
la cicatricule, de mauière à former entre
eux un espace, nommé chambre d'incuba-
tion. Si la formation de cette chambre est
arrêtée dans son développement, c’est-à-
dire si la membrane blastodermique et le
cumulus conservent en totalité ou en par-
tieleur adhésion primitive, il en résulte
des déformations qui changent complète-
ment la disposition des parties. D'une part,
læligne diamétrale est défigurée; de l’au-
tre, le fond de la chambre ou le noyau de
‘la’cicatricule étant appliqué centre la
membrane de l'aire transparente, ce noyau
est vu au travers; quelquefois même les
bords de la ligne se trouventécartés, celui-
ci fait hernieentre cetécartement ; dans ce
dernier cas, le fond de Ja chambre devient
extérieur, le noyau blanc de la cicatricule
forme une légère saillie entre les sacs ger-
minateurs. Les sacs, légèrement défigurés,
se trouvent écartés l’un de l’autre sur la
ligne médiane. Le bord interne du sac ger-
minateur droit avait contracté une adhé-
rence avec le noyau de la cicatricule: ce-
lui-ci, placé au milieu dela ligne diamé-
trale, en écartait les lèvres, et il était logé
dans le vide produit par cet écartement :
si l’'adhérence est contractée au haut de la
ligue, c’est sur ce point que fait saillie le
noyau; on le voit au bas si l’adhérence est
iwféricure. Ces cas, qui ne sont pas rares,
prouvent que la ligne diamétrale est vide
dans toute sa longueur, puisqu’ils ne pour-
raient avoir lieu, si un corps quelconque se
se trouvait placé sur son trajet.
Ainsi, soit que l’on observe la ligne dia-
métrale de l’airegermivatrice en place, soit
qu'après l'avoir détachée par les procédés
ordinaires, on l’observe à la loupe ou au
microscope, soit qu’on l’étudie à des de-
grés divers de dessication qui en agrandis-
sent l'espace, soit enfir que, dans des cas
de déformation, on remarque un corps
étranger placé entre ses lèvres, ces expé-
riences diverses montrent toutes que cette
ligne est vide et dans toute sa longueur.
Mais le fond de la chambre d’incubation
étant occupé par le noyau de la cicatricule,
qui est d'un blanc laiteux, on conçoit que. AE
ce noyau est yu au travers. Or, c’est ce
noyau. yu au travers du vide qui constitue
la ligne ; ou la ligne elle-même, que l’on a
pris tantôt pour l’embryon ou l'animalcule
spermatique, tantôt pour la moelle épi-
nière, d'autres fois pour une bandelette
primitive qui formait l’axe nerveux ,cten
dernier lieu, enfin, pour une corde dorsale,
Si la formation des sacs gérminateurs est,
ainsi que nous le disions, le but définitif
des métamorphoses de la membrane bias-
todermique, on conçoit que les transfor-
pour ne pas le déranger dans les Fréparations que
necrssile son transport sur le porte-chjet du micros=
cope. Dans ces observations si délicates, j'ai été se-
, dont le grand
talent est connu de tous les anatomistes.
. Ge phénomène de dualité constituant la règle gé-
nérale des développements, je l'ai étudié dans es
détails pendant la dessication du blastoderme ;
mais, quoiqu'il devienne alors plus appar ]
n'ai rien pu saisir de particulier, Tu net
lement que la scission, qui ne se voÿait pas pendant
que la membrane était imbibée de liquide, devenait
très distincte lorsqu'elle était desséchée, A part les
déterminations, on peut voir combien peu notre des-
cription diffère de celles données pa MM. Prévost
et Dumas, par M. Wagner, et surtout de celle si re-
marquable faite par l'illustre embryogéniste M, de
Baer, (Traité de physiologie. par M. Burdach, t. III
p. 206, 207 et 208 ) ;
808
mations que subit l'aire germinatrice pour
les développer, doit exercer une influence
active sur les autres parties du blastoderme
et du vitellus. Or, c'est ce que montre l’é-
tude attentive de ces phénomènes : le
moindre changement éprouvé par l'aire
germinatrice se reproduit aussitôt dans les
anneaux qui l'enlourent, et se répète,
quant à la forme, avec une telle exacti-
tude, que toutes les parties de cet appareil
semblent liées intimement les unes aux au-
tres. La subordination, qui, dans tout le
cours des développements, réglera les évo-
lutions des organismes, se manifeste, dès
le début de l’incubation, avec un précision
qui facilite beaucoup l'appréciation des
changements confus en apparence qui
l’accompagnent. Il suffit, en effet, pour
apprécier ces changements si divers, d’ob-
server ceux qui se passent sur Paire germi-
natrice, et qui leur servent de pivot ou de
point de ralliement.
Ainsi , à l'instant qui précède la mani-
festation des plis primitifs, aire germina-
trice, de circulaire devenant ovale, ce
changement de forme se reproduit exacte-
ment dans les anneaux du blastoderme et
dans les hallons du vitellus; puis, quand
la plicature de la membrane qui doit pro-
duire ces sacs germinateurs fronce sa partie
moyenne, l’etranglement qui en résulte
change de nouveau la disposition de l'aire,
qui, d'après la comparaison de Blumen-
bach, prend d’abord la forme du biscuit ,
puis celle de la figure que les botanistes
désignent sous le nom de subcordijorme.
Dès l'apparition de ces métamorphoses de
l'aire, leur effet est répété par les parties
qui l’environnent , avec cette circonstance
cependant que la répétition est beaucoup
plus prononcée dans les anneaux contigus
à l’aire, qne dans ceux qui en sont éloi-
gnés, ‘et sur lesquels elle semble se perdre
insensiblement.
BOTANIQUE.
Sur l’ivoire végétal, par Ch. Morren.
L'ivoire végétal est connu depuis long-
temps, mais ce n’est que depuis peu d'an-
nées qu’on en fait usage en Angleterre. Il
ÿ est envisagé comme Île contenu d’une
moix commune dans les îles Mascara, et
provenant d’un végétal qu'on appelle vul-
gairement Tagua où Cabeza de Negro,
tête de nègre. Une circonstance particu-
lière m°a mis en possession d’une noix sem-
blable, d’une moitié de noix tournée en
bille de billard, et du pied d’une pelote à
épingle ciselée et imitant à s'y méprendre
le plus belivoire; c’est sur ces corps que
j'ai fait quelques recherches.
La famille des cyclantacées, fondée en
1822 par M. Poiteau, et conservée par
M. Lindley en 1836, contient le genre de
plantes dont la graine fournit cet ivoire.
M. de Martius, qui en a séparé les phyté-
léphantés en 1835, a naturellement rangé
* Je genre dans cette dernière famille. Tou-
tefois, on est si peu d’accord sur sa place
que, plus récemment, M. Endlicher ne fait
des cyclanthées qu'un sous-ordre des pan-
danées. Le genre Phytéléphas, qui vient de
s'y ranger, lui paraît même trop peu con-
nu pour pouvoir en déterminer définitive-
ment la position dans le système.
Ce genre Phytéléphas, dont l’ét;mo-
logie indique assez que ce sont là les plan-
tes à ivoire, a été fondé par Ruiz et Pavon,
et puis nommé Æléphantusia par Wilde-
now. Les palmiers de ce genre habitent
“ 509
avec les cyclanthées le Pérou, et devien-
nent plus rares au Brésil. Une note anglai-
se que j'ai devant moi indique que les In-
diens emploient les feuilles de ce palmier
comme celles de ses congénères pour cou-
vrir leurs cabanes, et qu'ils taillent de ses
noix des boutons et d’autres objets à l'u-
sage domestique. L'albumen de sesgraines,
avant d'être endurei, se mange, et ce n’est
que par un des progrès de l’âge qu'il de-
vient osseux.
L'ivoire qu'on retire de ces graines n’est
autre chose que l’albumen qui, de laiteux
qu'il était d’abord, d’albumineux qu’il était
ensuite, à fini par acquérir la consistance
du blanc d'amande, pour passer enfin à
l'état dur, élastique et blanc qui l’a fait
comparer à l’ivoire. On sait, du reste, que
l'albumen des palmiers a exercé la plume
savante de M. Hugo Mohl dans sa belle his-
toire des palmiers.
L’enveloppe externe de la noix d’ivoire
est dure, à peu près pierreuse et d’un jaune
gris, lisse et mate; elle est attachée à une
seconde enveloppe brune, poreuse, mate
aussi, et fait corps avec elle. Au-dessous
d’un vide qui sépare ces deux téguments,
est une troisième enveloppe aussi brune,
bosselée et veinée, luisante. De nombreux
fibres la traversent. C’est sous elle que se
rencontre l’albumen qui forme l’ivoire vé-
gétal, qui est d’un blanc de lait pur sans
veine, ni ponctuation, ni vaisseau aucun.
La plus constante uniformité de texture se
présente dans cette matière, qui sous ce
rapport est plus belle que l’ivoire animal.
La substance est si uniformément dure
que les moindres stries du tour qui a passé
sur elle s’y observent et y restent indélébi-
les jusqu’à nouvelle façon.
Quand l'objet est ciselé, on peut recon-
naître l'ivoire végétal à son état, dans le-
quel un œil exercé aperçoit, outre un as-
pect gras, de fort petites lignes qui sont les
couches dont a parié M. Hugo Mohl. On
serait tenté de croire que c’est une: struc-
ture plus analogue à celle de l’os qu’à celle
de l’ivoire, mais l'inspection microscopique
révèle bientôt que l'ivoire végétal possède
une structure tout à fait différente.
Cette structure est une des plus curieu-
ses du règne végétal, et je lai décrite dans
mon mémoire.
L’albumen ou l’ivoire végétal est formé
de couches concentriques, dont les plus ex-
ternes différent seules des plus internes.
Quand il est endurci, il offre une matière
blanche, transparente dans l’eau, matière
qui paraît continue et où on ne distingue
nullement des couches d’accroissement ;
seulement on y voit percés une infinité de
trous qui ne sont que les sections d'autant
de parties.
D'après mes récherches, il paraît donc
que, dans son organisation, l’ivoire végétal
n’est qu’un prismenchyme à cellules épais-
sies où les rayons. de communication se
sont conservés,
JE
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÈTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 3 mai 1843.
Au nom du comité des arts mécaniques,
M. Vauvilliers fait un rapport favorable
sur plusieurs dispositions heureuses que
M. Huau a adoptées pour perfectionner le
mécanisme qu'il a inventé, et qui ren-
dent ses treuils d’une manœuvre plus
commode. Les détails de ce perfectionne-
ment ne pourraient être compris sans le
810
secours d’une figure, et surtout sans déve=
loppements relatifs à l'invention primitive
déjà approuvée par la société. Le Bulletin
donnera connaissance de ces modifications.
Comme l'assemblée générale de la s0=
ciété a exigé des travaux qui ont absor=
bé le temps des membres des comités, au=
cune autre communication industrielle n’a
été faite. On avait remis à une époque de
loisir diverses propositions pour des me
sures administratives, le reste de la séance
a été employé à des discussions qui se rap-
portent à cette circonstance, et dont la
discussion sera continuée ultérieurement.
M. Francœur, qui présidait la séance, à
annoncé la perte douloureuse que la So-
ciété, les arts et les sciences viennent de
faire de M. de Chabrol, ancien préfet de «|
la Seine. L’orateur a rendu un juste hom=
mage aux immenses services que ce ma-
gistrat a rendu à la ville de Paris dans sa
longue carrière administrative, et particu=
lièrement il a distingué la création des
trottoirs, les projets d'établissements pour
la distribution des eaux, etc. etc.
FRANCOEUR.
—È — |
SCIENCES HISTORIQUES.
|
|
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET |
{
POLITIQUES.
Séance du samedi 29 avril.
Après la lecture du procès-verbal, M. Bé-
ryat-St-Prix fait un rapport verbal sur un
ouvrage de M. Bayle Mouissard , avocat-gé= |
néral à Riom, sur l’histoire du droit en
en Auvergne. : :
M. le secrétaire perpétuel communique M
une lettre du premier aide-de-camp du roi,
par laquelie il prévient l’Académie que Sa
Majesté recevra l'Institut lundi à midi, à
l'occasion de la Saint-Philippe. |
M. le baron de Stassars fait hommage à
l’Académie de plusieurs ouvrages publiés \
en Belgique. |
M. Dufour, avocat à la Cour de cassa-
tion, envoie un ouvrage qu’il vient de faire
paraître, et qui a pour titre: Traité du
Droit administratif.
M. Moreau de Jones présente quelques
observations au sujet du mémoire lu par
M. Léon Faucher à la dernière séance, et
revendique pour lui-même la priorité des
documents statistiques insérés dans un rap-
port dont M.Léon Faucher a fait usage; au M
fond, il fait observer que les chiffres qu’il
avait recueillis n’ont qu'une valeur rela-
tive suffisante pour les faire admettre dans
un livre, mais pas assez authentiques pour
qu'ils puissent trouver place dans un docu-
ment publicetofficiel.
M. Passy a ajouté aux observations de
M. Moreau de Jones,qu’une immense quan-
tité de monnaie de certains millésimes à
dispara de la circulation par suite des spé
culations d’affinage qui ont été faites, et
qui continuaient encore; que d'autre part
l'enfouissement des monnaies qui est pour
certaines gens, surtout pour les habitants
des campagnes, une passion passée à l'état
d'habitude, a diminué considérablement
en apparence la quantité des espèces monss
noyées, et qu’en ne tenant pas compte de
ces deux circonstances, on a dù commet=
tre de grandes erreurs. Il pense que le do-
cument dont a parlé M. Moreau de Jones,
et sur lequel M. Léon Faucher a établises
calculs, ne peut avoir qu’une certitude ap;
proximative. AT
M. Bouillé a été admis à lire un memoire
sur la théorie de la raison impersonnelle, Il
b11 |
nous est impossible de suivre l’auteur à tra-
Mrers les raisonnements qu'il a faits pour
wustifier son système. Le titre seul da mé-
moire sera pour nous une excuse suffisante
muprès de tous ceux qui auront assez de
sonne foi pour convenir que la métaphy-
jique est une science peu claire lors même
que ses docteurs ne sè font pas un mérite
“Je se rendre obscurs et inintelligibles. D’a-
brès M. Bouillé, le fini et l'infini sont les
“ dées constitutiveset fondamentales de l’en-
tendement humain, et l’idée fondamentale
idela raison, c’est l'infini. Ces prémisses po-
es, il en conclut que l’idée de l’être infini,
\rest-à-dire de Dieu, est dans toutes les
consciences, etque si certaines, ayant la con-
naissance de l'infini, n’ont pas cépendant
la connaissance d’un Dieu unique, c’est
qu’elles sont impuissantes pour suivre dans
tous ses développements l’idée qu’elles ont
‘en germe. C'est ainsi que dans toutes les
mythologies, même les plus grossières, on
‘trouve d’abord des dieux inférieurs qui ne
sont, à vrai dire, que des attributs, et au-
\dessus d'eux un être mystérieux, tout puis-
sant, qui est l'emblème plus ou moins par-
fait de l’être unique, infini.
| Passant aux formes des idées et à leur
\analyse, M. Bouillé les a toutes résumées
\dans une seule, dans celle de l'infini. Les
lidées d'espace, de temps, d'ordre, de bien,
“ide beau, ne peuvent, d’après lui, être pla-
icées en dehors de Dieu dont elles sont les
\attributs. Elles se confondent avec lui.
Nous ne sommes pas de ceux qui pen-
\sent que Pascal avait tout à fait raison lors-
qu’il disait que la philosophie ne valait pas
un quart d'heure de peine; mais nous
‘croyons que pour être réellement utile, la
philosophie devrait s’occuper moins des
mots et plus des choses, moins des théo-
ries et plus de l’application, qu’elle devrait,
en un mot, cesser d’être rêveuse et spécu-
lative, pour entrer dans la vie usuelle et
quitter le séjour des nuages pour appren-
dre à tous les hommes à mieux régler leur
| vie. C’est là la vraie philosophie, c’est elle
qui devrait nous donner la solution des pro-
| blèmes qui s’agitent à la surface des socié-
| tés et qui en minent les fondements. Une
telle gloire serait plus durableet plus utile
que celle d'inventer une théorie de la raison
limpersonnelle, quelque subtile ou ingé-
mieuse que cette théorie soit ou puisse pa-
raître. C. B.F.
|
|
|
ÉCONOMIE SOCIALE.
“Un mot sur la communication de M.'Léon
1 Faucher.
|
La lecture de l’analyse du discours de
M. Léon Faucher dans la séance du 22
M avril de l’Acacémie des sciences morales
“let politiques, insérée dans l’Écho du 30
mayril dernier, m'a suggéré quelques ré-
| flexions que je vais vous communiquer.
| . Il n’existe dans la nature aucun pro-
“\duit dont la valeur soit invariable et abso-
"lue, d’où il suit que l'or et l'argent sont
comme toutes choses des matières, qui s’é-
"changent contre des quantités variables de
"| denrées ou de produits de l’industrie. Les
“|métaux précieux sont donc de véritables
marchandises’ et n’ont jamais cessé de
1! l'être en dépit de la volonté des gouverne-
ments. Ce que demandait feu J.-B. Say
|était très raisonnable; mais en donnant
aux pièces de monnaie des dénominations
| qui expriment leur poids, ce savant éco-
nomiste n’a jamais prétendu priver l'or et
812 e--
l'argent de leurs fonctions comme moyen
de circulation, fonctions qu'aucune subs-
tance dans la nature ne peut remplir avec
autant d'avantage, En effet, quoi de plus
utile pour faciliter les transactions com-
merciales que des métaux peu volumineux,
et facilem@#nt transportables, peu altéra-
bles et qui ont surtout le privilége exclusif
de pouvoir sur tous les marchés des ua-
tions policées s’échanger au gré du pos-
sessear contre toutes sortes de denrées
et de marchanchises ! De plus, la valeur de
l'or et de l'argent étant moins variable
que celle des autres marchandises, en rai-
son de la lenteur avec laquelle la quantité
de ces métaux s’accroit ou diminue, le
marchand est assuré de son gain lorsque
dans un pays lointain il a reçu en échange
de ses marchandises des métaux précieux,
tandis que s’il a été payé en autres mar-
chandises il ne peut savoir au juste le ré-
sultat de son opération que lors de son
retour, car dans l'intervalle d’un seul mois,
une marchandise quelconque subit des
fluctuations de prix qui vont souvent à 40
et 20 pour cent de sa valeur courante.
Mais un autre avantage inappréciable de
l'or et de l’argent, et que ne possède au-
cune autre marchandise, c’est d’être les
seules bases solides du crédit, les seuls ga-
rants des billets de banque payables en
espèces au porteur.
Il est donc d’une grande importanee
pour ume nation de posséder une quantité
des métaux précieux en rapport avec ses
transactions commerciales à l’intérieur et
avec l'étranger. Chaque peuple à choisi
pour moyen légal de circulation celui des
deux métaux qu'il possédait er plus grande
quantité et dont la valeur totale l’'empor-
tait beaucoup sur celle de l’autre. C’est
pourquoi la France et l’Espagne ont pré-
féré l’argent, et l'Angleterre, le Portugal
et la Hollande l'or. Dans tous ces pays on
peut effectuer les paiements en oreten
argent, mais on ne peut exiger en France
que de l’argent, et en Angleterre de l'or.
Ya-t-il un avantage dans la préférence
donnée à l’or, comme le prétend M. Léon
Faucher? J'en doute, et plusieurs écono-
mistes anglais sont persuadés du contraire.
En effet, les sources de l’or diminuent tous
les jours: à l'exception des mines de l'Ou-
ral et de la Caroline, toutes les autres ne
donnent plus que de faibles produits; et quel
avantage l’Angleterre retirera-t-elle du
renchérissement de l’or par rapport à la
valeur de l'argent! Il faudra payer plus
cher le moyen légal de la circulation, c’est-
à-dire donner en échange d’un poids d’or
un poids plus considérable d’argent, et
pour se procurer cet argent il faudra don-
ner en échange des valeurs autres que de
V’or, dont la France n’a pas le même be-
soin, car ce n’est pas son étalon de va-
leur. Si l'or ne s’oxyde pas comme l’argent,
on le rogne facilement, et son peu de vo-
lume en rend l’exportation et le transport
très faciles. Quant aux quantités relatives
d’or existant en Angleterre et en France,
il est impossible de la déterminer pour une
époque quelconque, car cette quantité va-
rie d’une manière extraordinaire dans le
cours d’une année. Depuis quelques mois
des millions sterling d’or ont été exportés
d'Angleterre aux États-Unis, et pendant la
guerre’contre la France, l’or avait presque
disparu en Angleterre. En ce moment il
est plus cher à Londres qu’à Paris.
Quant à la richesse comparative de la
France et de l'Angleterre en métaux pré
813
cieux, si les calculs de M. Léon Faucher
sont exacts, il en résulte que la France
a beaucoup plus augmenté son capital mé-
tallique que l'Angleterre, la diminution
de 400 millions en or étant bien inférieure
à l'acquisition de 1,500 millions en argent.
Qu'importe, d’ailleurs, que par suite de la
plus abondante extraction de ce dernier
métal, il diminue de valeur, comme cela
a lieu pour tous les produits de la nature
ou de l’art? On donnera et on recevra un
plus fort poids en argent en échange des
autres valeurs; voilà tout. Le véritable et
important résultat de l’accroissement de
l'argent c'est le changement de rapport
entre ce métal et l’or; à mesure que celui-
ci deviendra plus rare, il faudra pour l’ob-
tenir donner en échange plus de valeurs;
or, payer plus cher un objet dont on ne
peut se passer, n’est pas assurément le
moyen de s’enrichir.
D'après M. Saigey, dans son excellent
Traité de métrologie, le rapport de la va-
leur de l'or à l'argent est actuellement de
15,5 à 1. Avant Solon, l'or valait 12,5 son
poids d’argent, et depuis Solon, il ne valut
que dix fois son poids d’argent; ce qui
prouve la rareté comparative de l'argent et
l'abondance de l'or dans l'antiquité. Tout
porte à croire que l’or deviendra de plus
en plus rare, et partant moins propre à
à être l’étalon des valeurs et la base du
crédit. F.-S. CoNsTANCIO,
Paris, 5 mai 4845.
GÉOGRAPHIE,
Séjour aux Îles Marquises en 1840; par
M. Lesson.
(Troisième et dernier article.)
Revenons à notre reine aux trois époux,
dont nous avons parlé dans le deuxième ar-
ticle, car il est curieux de se rendrecompte
des mœurs des peuples placés près de l’état
de nature, et comment ils ont pu être por-
tés à adopter des usages si opposés à nos
mœurs et à nos idées, à nous, races occi-
dentales, que nos lois vouent à la mono-
gamie. Chez les habitants des îles Marqui-
ses, certaines femmes de caste noble peu-
vent avoir légalement trois maris, mais ja-
mais plus. Ce nombre ainsi fixé, viendrait-
il de ce que trois maris peuvent s'entendre
sur les limites de leur pouvoir, et que cela
deviendrait impossible avec un plus grand
nombre? Je n'ai jamais pu obtenir à ce su-
jet quelque chose de satisfaisant, et cepen-
dant j'ai interrogé la reine elle-même, des
hommes de caste noble et des prêtres, et
tous m'ont dit : c’est l’usage. En vérité, la
position d’une femme légitimement unie à
trois maris m’a paru curieuse. Leur tolé-
rance entre eux est vraiment étonnante,
car leurs exigences devraient prêter à de
nombreux quiproquos. J’ai bien cherché à
connaître les lois de préséance parmi eux;
le cérémonial de politesse avec lequel ils se
cèdent mutuellement leurs droits, car en-
fin, ce doit être chose sainte qu’un mariage
contracté devant tout un peuple, et quel-
qu’absurdes que soient les règles qui les ré-
gissent, il doit y avoir un but moral d’a-
près leurs idées, dans ce que repoussent
nos croyances. Je pense donc, que les ma-
ris ont des temps fixés pour aller voir leur
femme, et que les usages qui règlent tou-
te chose en ce bas monde, font que ce serait
du plus mauvais ton de manquer aux pres-
criptions de ce code de l’usage. Au reste,
Paëtini, femme riche et noble, possède plu-
S1#
sieurs cabanes, que dis-je, plusieurs palais
marquisins. Elle assigne à ses époux visi-
teurs, tels ou tels de ces gîtes, et va sans
plus de façon s'installer où il lui plait,
Quand elle veut leur rendre visite, elle de-
vient leur hôte à son tour. Pour les maris,
comme ils ont aussi plusieurs femmes, il
faudrait qu’ils soient bien malheureux s'ils
n'en avaient jamais une toujours disposée à
leur ouvrir sa cabane hospitalière. Les
femmes pauvres ont-elles la même facilité ?
j'ignore ce fait, que j'ai cependant cherché
à éclaircir: les reines peuvent en effet
jouir de privilèges qui seraient interdits aux
sujtttes.
Les enfants sont, dit-on, peu respectueux
et peu soumis à leurs parents. Comment le
seraient-ils d’après de tels usages? Pour
des femmes à plusieurs maris, pour des
maris à plusieurs femmes, ce sont des pe-
tits. et rien de plus. Et cependant j'ai fré-
quemment eu occasion de remarquer la
vive tendresse que témoignent hommes el
femmes sans distinction, aux enfants à la
mamelle. Forster était dans le vrai quand
il témoiguait un vif regret de ne pouvoir
approfondir les mœurs d’un peuple si di-
gne de toutes les études d’un philosophe.
_ Pour moi, j'ai trouvé dans la peinture
de l’île Ennasin de Pentagruel, un tableau
fidèle des îles Marquises, avec cette diffé-
rence cependant que la race ne ressemble
pas aux Poiterins par le nez, tandis qu’elle
leur ressemble par mille autres choses.
Etant à Valparaiso en décembre 1841,
on nvapprit la mort de Paëtini dont je
viens d’esquisser ia biographie.
Le 30 notrebrick gouvernait sur la côte
N.-O. de Santa-Christina et serrait le vent
pour atteindre lemouillage que Mendäna le
premier fit connaître, et bientôt il navi-
guait dans le canal de la Dominique. Ja-
mais brise plus maniable n’a enfléles voi-
les d’un vaisseau. Jamais température n’a
été plus douce, ni le ciel plus pur.
Le côté de l’île Sainte-Christine, que
nous longions, est certainement autant
raviné que celle de la Magdalena. Ses pi-
tons élevés, ont des crêtes décharnées. Une
végétation active tapisse les ravins, et s’é-
lève en séries de trainées tortueuses
jusquessur les pics basaltiques des mornes,
Des bouquets d’arbres à écorce rougeûtre
sont clairsemés sur des pelouses de gra-
mens. Cette partie de l'île est peu habitée;
mais bientôt, à mesure que nous longeons
le canal, des cocotiers, des bananiers appa-
raissent dans des ravins plus répétés, sur
des pentes de montagnes plus doucement
ondulées. Des cäsuarinassolitaires au feuil-
lage bizarre, se dréssent ça etlà, comme de
vieux saules ‘pletreurs. Poussés par un
vent favorable, féndant une mer calme et
huileuse, nous attéignimes bientôt la baie
Madre de Dios, et une embarcation, en
nous accostant, nous apporta un Anglais
établi sur ces îles, qui nous pilota au mouil-
lage.
Bientôt d’autres pirogues nous abordè-
rent et jetèrent sur notre pont de grands
“gaillards d’insulaires, qui se mirent à psal-
modier les chansons du pays sur un ton
lent et monotone, en accompagnant leurs
refrains de battements de mains réguliers
et À trois temps: le dernier choc, sur un
ton aigre, qu'ils atteignent que par un
procédé particulier. L'expression de phy-
sionomie de nos hôtes était belle et martiale,
et leurs dents, remarquables par leur exces-
siveblañcheur,relevaientce que leur bouche
avait dc disgracieux dans ses lèvres trop
S15
fortes. Seulement leur chevelure, tenue
très courte et coupée en rond autour de la
tête, jointe à une moitié de la face peinte
en bleu, leur donnait un air sauvage au-
quel on s’habitue cependant après quelques
instants de séjour. Nous les remerciâmes
par quelques galettes de biscuit, qui nous
valurent de nouveaux chants. Leur ta-
touage, leur animation dans ces jeux, leurs
membres souples et nerveux, se déployant
sans autre voile qu’un étroit zzaro, ou,
comme ils l’appellent, un ham, nous firent
aimer nos premiers visiteurs. Ils avaient
d'ailleurs unc physionomie ouverte, un ca-
ractère jovial, des formes accentuées, et ils
nous promettaient des hommes encore em-
preints de leurs croyances primitives,
source d’étudessérieuses,etnon de ces chan-
tres de paroisse, ainsi que le sont devenus
les insulaires des Gambiers, couverts de
haillons, et qui ne marchent plus sans ré-
citer des Pater et des Ave.
Bientôt nous fûmes distraits de ce spec-
tacle nouveau par l’arrivée d'une pirogue.
C'est, nous ditle pilote, le roi Jotété qui
vient vous visiter. Jotété commande au dis-
trict d'où dépend la baie dela Madre-de-
Dios; il se trouvait accompagné de Tuna,
son fils, enfant de dix à onze ans, gra-
cieux et de gentilles manières, et de Puhé,
son neveu, grand et beau gars, bien décou-
plé, qui avait fait un voyage en Europe ct
avait visité l'Angleterre sur un bâtiment de
cette nation. La majesté nuhahiviennen’est
pas mal étoffée, et c'est tout juste si elle
peut entrer dans la dunette dont les portes
lui sont ouvertes à deux battants. Un repas
impromptu est offert à Jotété, dont le re-
doutable appétit semble avoir été excité par
une diète de plusieurs jours. Le pain dis-
paraît sous ses dents de fer, et les carafes
de vin vont le rejoindre dans sou vaste go-
sier. Ce breuvage, qu’il nomme zamu, pa-
raît singulièrement de son goût.
Nous faisions cercle autour de ce roi
océanien, heureux de voir enfin un de ces
hommes que l'Europe appelle sauvage; et
qui pour nous avait l'attrait d’un Insulaire
conservant les mœurs et le costume de sa
race, et dont le somptueux tatouage ca-
chait la nudité de son corps sous une masse
de broderies entailiées dans les chairs vives.
Jotété, chef de la baie Madre-de-Dios, ou
Waïtahou, e:t un grand et gros marqui-
sin, tatoué de la tête aux pieds, un peu
obèse, et qui a de quarante-cinq à cinquante
ans environ. Sa démarche est assarée, etje
n'ai vu sur lui aucunes traces d’infirmités,
bien qu’au premier aspect il semble at-
teint d’ophthalmie ou d’albinisme; cette
particularité est due, à ce que les paupières
sont les seules parties de la face qui ne
soient pas tatouées, et comme celle-ci pa-
rait noire sous les traits sans nombre qui la
sillonnent, les paupières, par leur blanc
mat, produisent un effet singulier, qu'on
ne peut expliquer de prime abord. Le re-
gard de ce chef est toutefois celui d’un
homme rusé, habile, cauteleux, et qui doit
être plus fin que brave.
Dans maintes circonstances de notre sé-
jour, j'aurai sans doute occasion d'étudier
l'homme moral; pour le premier moment
de notre entrevue, je me borne à peindre
le physique. Jotété, bien que d’une corpu-
lence épaisse, est un bel homme, et les deux
naturels qui ’ont accompagné à bord sont
remarquables également par leur martiale
prestance. Leur peau est lice, leurs formes
sont amplement et régulièrement propor-
tionnées, Leurs maiïnscont belles ct aisto-
816
cratiques. Ce sont celles de personnages
qui vivent sans se livrer à un travail Ma
nuel, Sans la nuance de sa peau, nuance…
difficile à caractériser, le roi nuhahivien
pourrait être pris pour un Européen, et
certes, il est moins bronzé que beaucoup
d'hommes de l’Italie ou de l'Espagne. Son:
front est large, arrondi aux angles, et bien
fait; son nez est agréable, ses oreilles peti=
tes, sont percées et portent pour ornement=
des pendeloques faites de dents de cachalots
sculptés, Sa bouche rétrécie est meublée de
dentssuperbes, dents blanches commecelles
de touslesmarquisins. Les lèvressenlessont
un peu grosses, mais leur volume n'a rien
de choquant. Jotété a beaucoup de ressem-
blance avec Palou ,un habitant des îles Ton-
ga, queM. d'Urville areprésentédansl’atlas
de son second voyage. Malgré sa colora-
tion et son tatouage, et lorsqu'il était vé=
tu d’une ample redingotte coupée à la mode
d'Europe, je l'aurais pris volontiers pour
un fournisseur d'armée mangeant honora-
blement les quelques cent mille livres d’é-
conomies faites sur ses appointements de
quelques centaines de francs annuels, Ger-
tes, on ne sera pas tenté de retrouver un
sauvage cannibale, d’après le portrait res-
semblant que j’esquisse de son air et deses
manières. Jotété, par ses gestesintelligents,
annonçait l’homme habitué à visiter les
pavires, et à comprendre par signes ce que
le langage étranger de l'un et de l’autre ne
permettait pas d'expliquer. D'ailleurs, le
pilote servait de truchement dans les mo-
ments difficiles.
Toutefois, Jotété et sa compagnie étaient
plus occupés de ce qu’on mettait sur la ta-
ble, que de répondre à des questions qui
leur paraissaient-oiseuses. Et cependant le
navire approchait toujours et ne devait pas
tarder à arriver au mouillage. Je restai
donc le seul officier auprès de sa majesté,
qui, se trouvantenfin repue. onvrit brave
ment un éventail en feuilles de palmier
blanchi ayec de la chaux, et se lanca force
colonnes d’air à la face, en respirant
bruyamment. Quant à son fils, nos mets
Ini déplaisaient, et suivant les habitudes de
son âge, il alla jouer après avoir quitté la
table de bonne heure. Espiègle et folàtre,
sans traces de tatouage, ce gracieux enfant
possédait l’aimable étourderie de nos petits
garçons et leur ressemblait.
Jotété, dans la dunette, portait un regard
scrutateur sûr tout ce qui s'y trouvait.Son
œil faux et impassible en apparence, décela
cependant une vive convoitise à l'aspect des
armes rangées dans les rateliers, et une
sorte de satisfaction vint éciairer ses traits
et me laisser dans le doute, si l'espérance
d'en obtenir quelques unes produisit ce
changement d'expression.
LEsson,
Médecin er chef des fles Marquises:
min à
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— M. Adolphe Brongniart, professeur de bote=
nique et de physique végétale au Muséum d'his
loire naturelle, a commencé son cours mercredi
3 mai, à huit heures dù matin, et le continuera
la mème heure, les landi , mereredi et vendredi de
chaque semaine. Le cours de cette année traiter
de la classification des végétaux.
[l
Î
!
l
il
’
40e année.
| )
Paris. — Jeudi, 11 Raï 1813.
- Dee
U M
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ne
| L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: BAR!S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 ; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 50 fr., 16 fr.,
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GIKQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ-
: SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES , séance du lundi 8 mai. — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE, Volcan
de Taal; Delamarche. — CHIMIE INORGA-
| NIQUE. Sur cerlains composés de chrome; Læ-
vel. — MECANIQUE APPLIQUÉE. Sur l’eau li-
quide mêlée à la vapeur dans les cylindres des
machines à vapeur; Pambour. — SCIENCES
NATURELLES. MÉTALLURGIE, De la pro-
duction des métaux précieux au Mexique; Saint-
Clair Duport. — PHYSIOLOGIE. Recherches
| sur les développements primitifs de l'embryon;
| Serres: — SCIENCES APPLIQUEES. —
| ARTS MÉTALLURGIQUES. — Machines pour
faire les clous des fers à cheval, — ARTS CHI-
| MIQUES. Préparation d’une colle végétale;
|. Jeffery. — ÉCONOMIE) INDUSTRIELLE. Nou-
| velle disposition des bassins à cuire le sucre. —
| SCIENCES HISTORIQUES. Institut histori-
| que, 1x° congrès. — ARCHÉOLOGIE. Arrondisse-
| ment de Saintes; Lesson, — FAITS DIVERS.—
| BIBLIOGRAPHIE.
DIE Ke
| ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 8 mai.
EYE 111
Dans cette séance M::Regnault a lu un
rapport sur un mémoire de MM. Desains
et Laprosvotaye relatif à la chaleur latente
de Ja fusion de la glace. Déjà nous avons
parlé de ce mémoire quand les auteurs
l'ont présenté à l’Académie. Nous nous
| contenterons de rappeler aujourd’hui que
MM. Desains et Laprosvotaye ont trouvé
| pour le nombre, marquant la chaleur la-
tente de la fusion de la glace, lenombre 79.
M. Becquerel à lu un rapport sur un
mémoire de M. Payère, relatifà la tendance
des tiges à se porter vers la lumière. On
sait que ce phénomène a depuis longtemps
attiré l'attention des savants, maïs les ex-
|“ périences de M. Payère sont venues jeter
un plus grand jour sur ce point encore
. obscur de la physique végétale, M. Payère
a agi sur des tiges de cresson alénois qu’il a
fait croître dans une caisse de bois éclai-
rée latéralement par deux lumières d’iné-
} gale intensité. M. Payère a vu Ja tige se
tourner vers la lumière la plus intense
et ne pas suivre la direction de la résul-
“| tante des deux lumières. C’est là un fait
\ important et qu'il faut d’abord noter. De
| plus, l’auteur de ce mémoire à soumis les
«tiges à l’action des différents rayons lumi-
“ ueux après avoir fait passer la lamière à
«| travers certains verres colorés, C’est là un
défaut dans le mode d'expérimentation.
“| M: Payère, en agissant avec des verres co-
1e | lorés, a mal compris le point capital de ses
| expériences: il fallait agir avec des prismes
| qui, décomposant nettement la lumière,
Sont des guides certains dans ces sortes
| d'expériences. Du reste, ce travail refait
sur,une base plus large, enrichi d’un plus
| grand nombre d'expériences, pourra servir
tions,
à résoudre de hautes et intéressantes ques-
M. Dufrénoy a lu un rapport sur un mé-
moire de M. Adrien Paillette, intitulé re-
cherches sur la composition géologique des
des terrains qui renferment, en Sicile et en
Calabre, le soufre et le succin. Ce rapport,
écouté avec peu d'attention par la plupart
des académiciens, a cependant soulevé an
moment des conclusions une longue dis-
cussion dans laquelle ceux qui y ont pris
part ont semblé un instant envahir le do-
maine des personnalités. M. Cordier, le
moteur de cette discussion et l’autagoniste
de M. Dufrénoy, est venu déclarer haute-
ment que la géologie moderne avait une
puissante tendance à l’idéalité et au mer-
veilleux, qu'il suffisait d’un simple fait
géologique pour qu’aussitôt on bâtit dessus
| mille hypothèses bizarres, et que l’Acadé-
mie ne devait pas encourager de telles
idées. Nous comprenons tout ce qu’a de sé-
rieux la plainte de M. Cordier, et nous ap-
prouvons avec lui les saines doctrines qui
rejettent loin d'elle les hypothèses qui n’ex-
pliquent rien. Cependant M. Cordier a
semblé faire un peu trop le procès à la
théorie en faveur de la pratique, et ses pa-
roles paraissaient empreintes de ces princi-
pes empiriques que les sciences modernes,
solidement constituées, n'admettent plus.
M. Biot a formulé en peu de mots une opi-
uion sage et philosophique à laquelle tous
les esprits sérieux de l’Académie sesont em-
pressés d’applaudir. M. Biot a dit avec rai-
son qu'un empirisme pur n'était qu'un
amas indigeste d'observations et de faits qui
ne devenaient intéressants que lorsque la
théorie les groupait et en faisait saisir les
rapportsttles différences. Ges sages paroles,
auxquelles on n'avait rien à répondre, ont
terminé cette longue discussion qui sou-
vent a plutôt eu lieu sur des mots que sur
des faits.
M. Wertheimsa envoyé à l’Académie une
note sur l’élasticité et Ja ténacité des allia-
ges. Les résultats de son travail sont les
suivants : {0si l’on suppose que toutes les
molécules d’un alliage soient à la même
distance les unes des autres, quelle quesoit
leur natare, on trouve que plus cette
moyenne distance est petite, plus le coeffi-
cient d’élasticité est grand; on remarque
toutefois quelques exceptions dans la série
de ces alliages. ln outre, le produit qui
est presque coustant pour les métaux sim-
p'es, varie dans une assez grande étendue
pour les alliages. Il est possible qu'une autre
hypothèse sur l’arrangement moléculaire
fasse disparaître ce désaccord. 2e le coefti-
cient d’élasticité des alliages s’accorde as-
sez bien avec la moyenne des coefficients
d’élasticité des métaux constituants. Quel-
ques alliages de zinc et de cuivre font seuls
exception. Les condensations et les dilata-
tions qui ont lieu pendant la formation de
l’alliage n’influent pas sensiblement sur ce
. mais il ÿ à en même temps un
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
coefficient. On pourra donc calculer d’a-
vance quelle doit être la composition d’un
alliage, pour qu’il aituneélasticité donnée,
ou pour qu’il conduise le son avec une vi-
tesse donnée, pourvu que cette élasticité où
cette vitesse tombe entre les limitesdes va
leursdeces mêmes quantités pour les métaux
connus; 3° Ni la ténacité, ni la limite d’é-
lasticité, ni l’allongement maximum d’un
alliage ne pouvant être déterminés à priori
au moyen des mêmes quantités connues
pour les métaux qui les composent; 4° les
alliages se comportent comme les métaux
simples quant aux vibrations longitudina-
les ct transversales et quant à l’allonge-
ment.
M. Peltier a envoyé à l’Académie une
une note qui peut servir de complément
aux expériences que M. Matteucci a com-
muniqué à ce corps savant, il y à quel-
ques années. Dès 1837 M. Pellier avait fait
connaître à l’Institut un appareil nouveau
au moyen duquel on pouvait distinguer
deux états parfaitement distincts, dans la
. désagrégation des corps, par l'intermé-
diaire del’eau. Dans l’un, l'eau n’agissant
que mécaniquement par son interpaské
entre les particules des corps, 4 D
’ $ LÀ ESS
qu’un grand abaissement de téfipératéré,
sansproduire decourantélectrjque. M.
:Pel
tier conserva le nom de solution à -ce--ré-
désagrégation est également ak Ompagnée”
électrique plus ou moins considérable, qui
indique une action réciproque des molé-
cules de l’eau sur celles du corps, c’esta-
dire qu’il y a une action chimique entre
les éléments. Si l’action chimique est faible,
le courant est faible et l'abaissement de la
température occasionné par la ségrégation
des particules l'emporte encore sur la cha-
leur produite par l’action chimique. Mais
a mesure que cettel dérnière augmente ,
ce qui est indiqué par Ta présence du cou-
rant électrique , la température se re-
lève et finit par l'emporter sur la cause du
refroidissement, et quelquefois par donner
une haute température. M. Peltier a con-
servé le nom de dissolution à cet état com-
plexe, dans lequel l’action chimique inter-
vient sans aucun doute.
Certaines expériences ont démontré à
M. Peltier que l’oxygène, l'hydrogène, le
chlore forment avec l’eau de véritables dis=
solutions puisqu’au moment de leur dilu-
tion il y avait un courant électrique fort
notable. Enfin, si l’on met en présence deux
liquides séparés par une membrane per-
méable, l’un saturé d'oxygène, l’autre d’hy-
drogène, le courant qui en résulte est bien
plus considérable que lorsqu'on n’emploie
qu’une seule dissolution et de l’eau pure.
Le reste de la note de M. Pellier est rem-
820
pli de quelques faits de détails dans lesquels
nous ne pouvons pas entrer, mais qui con-
firment pleinement ses idées.
M. Arago, annonce à l’Académie la dé-
couverte d’une nouvelle comète, décou-
verte faite par M. Mauvais, du bureau des
longitudes. Cette comète vue d’abord le
2 mai, avait l'aspect d’une nébuleuse. Elle
fut observée le 3 mai et depuis deux autres
fois encore. M. Mauvais calculera l'orbite
de cette nouvelle comète. Jusqu’alors il
suffit de savoir qu'elle ne ressemble en rien
à aucune des comètes précédemment ob-
servées. Son inclinaison, par rapport au
plan de l’horison, est de 70°; sa distance
périhélie est de 90 centièmes 9/10. Elle
s'approche de la terre et sa distance de cette
planète est la moitié de la distance de la
terre au soleil. La découverte de cette nou-
velle comète sera sans doute pour les feuil-
letonistes du Journal des Débats, une heu-
reuse occasion de reproduire sur l'Obser-
vatoire de Paris d’ineptes plaisanteries et de
semer leur feuille d’injustes critiques. Mais
les faits parlent trop haut pour que les
hommes sérieux se méprennent sur le sens
et sur la portée de ces attaques auxquelles
il serait facile de trouver un autre but qu’un
but scientifique. L'Observatoire de Paris,
par cette découverte, comme par toutes
celles dont il a enrichi la science tiendra
donc toujours le premier rang parmi les
Observatoires de l’Europe.
M. Arago a encore communiqué à l’A-
cadémie un fait curieux d'astronomie histo-
rique, c’est la découverte d’une comète pour
l’année 1378. Halley,en 1682, découvritune
comète, et ses calculs le conduisirent à pen-
ser que celte comète était celle de 1607 et
celle de 1531, par conséquent que les co-
mètes décrivaient des courbes fermées et
partaient d’un point pour y revenir de nou-
veau. Il prédit ainsi une comète pour 1759.
Pingré rechercha dan; les annales chinoises
.s'il n’y retrouverait pas l’histoire de la co-
. mète de Halley. Il ÿ trouva l’observation
d’une comète pour 1486, et calculant l’or-
bite il vit que cet astre devait correspon-
dre à la comète de Halley. M. Edouard
Biot a repris dans les annales chinoises les
recherches de Pingré et il est parvenu à y
découvrir toutes les comètes qui ressem-
blent à celles de Halléy. Dans ces annales
l’observation de la comète de 1378 est très
détaillée, Les astronomes Chinois ont in-
diqué vers quelle étoile marchait cette co-
mète, dans quelle constellation elle se trou-
vait. Il était donc possible d'arriver à des
résultats certains. Ces résultats sont quela
comète de 1378 estla comète de Halle. Les
indications sont assez précises pour qu'on
ait pu trouver que le passage au périhelie a
eu lieu le 8 novembre 1378. Il y a encore
dans le travail de M. Biot plusieurs indica-
tionsintéressantes qui fécondées par le génie
de nos astronomes, pourront donner lieu à
de curieuses observations.
Ces savantes recherches nées au sein de
l'observatoire sous les auspices des hommes
de talent qui le régissent, sont la plus
amère critique des discours de ceux qui
crient sans cesse contre le bureau des lon-
gitudes et se demandent ayec une hypo-
crite modestie , avec un air innocent qu'on
croirait emprunté aux temps bibliques :
Que fait-on donc à l'Observatoire de Pa-
vis ? E, F,
D HAE ——
821
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE DU GLOBE,
Prolcan de Taal; par M. Delamarche, ingé-
nier-hydrographe.
Le volcan de Taal se trouve sur une île
située au milieu de la lagune de Rong-
bong. Celle-ci communique par une petite
rivière à la baie comprise entre Luçon et
Mindoro. La lagune a environ 40 kilom. de
tour, est enceinte de terres élevées et mon-
tagneuses. Sa profondeur varie de 7 à 30
mètres, les eaux en sont potables, les pois-
sons y vivent, mais elle est loin d'étre pure;
et le flacon où j'en avais renfermé un échan-
tillon s’est brisé.
L'île court du N.-E. au S.-0., longue
de 4 kilom. environ et un peu moins large.
Frès d’elle sont deux autres îlots, anciens
volcans aujourd’hui éteints.
À deux encäblures du rivage, quoique
la brise me vint pas du côté de l’île, nous
sentimes une odeur sulfureuse très pro-
noncée. Sur le bord seulement peu de vé-
gétation, quelques arbres; à la plage, gra-
vier noir formé de laves et de matières
calcinées. Cette ceinture étroite renferme
une montagne nue, plerreuse, grise, calci-
née, de pente rapide, sillonnée de larges
fissures perpendiculaires à la crête qui court
N.-E. et S.-O.
Nous montâmes droit au point le moins
élevé de la crête, et arrivés là à grande
peine, nous pûmes embrasser d’un coup
d'œil l’intérieur de ce magnifique volcan.
La hauteur de notre point d'observation
est, par des mesures barométriques, de
106 inètres au dessus du niveau de la la-
gune., Le point le plus haut peut être plus
élevé de 50 mètres.
Le cratère sur le bord duquel nous nous
trouvions est circulaire. Sun diamètre nr’a
paru d’un miile et demi. La paroi inté-
rieure est presque verticale. L'aspect de
cette face est uniforme, de cette même
couleur grise qui revêt toute la montagne.
Tantôt le sol en est déchiqueté, et comme
formé de fragments superposés par des
cristallisations irrégulières; tantôt il res-
semble à une nappe de liquide solidifié au
moment où la brise en aurait ridé la sur-
face. Le fond de cette espèce de chaudière
volcanique est plus élevé que les eaux de la
lagune, d’une trentaine de mètres (estimée
très grossière), ce qui ferait, d’après notre
hauteur barométrique, 75 mètres environ
pour la profondeur du cratère.
En bas s'élève une seconde enceinte
montueuse, moins régulière que celle au
haut de laquelle nous sommes, et s’élevant
environ au cinquième de la profondeur to-
tale. Elle renferme environ la moitié du
terrain. L’autre moitié comprise entre les
deux enceintes est plate et unie; elle se
divise en deux parties : la plus grande est
un sol pris paraissant solide; la plus petite
est un lac à surface calme. Ce lac a à peu
près À mille de long sur 0,2 de large; la
couleur générale du liquide est jaune, par-
semée de quelques taches noires qui se
forment très vite, restent en place, quoi-
que douées d’un léger mouvement d'ébul-
lition, croissent, puis disparaissent peu à
peu.
Du côté du lac, la deuxième enceinte
s’abaisse par une pente plus douce que vers
les autres parties; elle y est aussi moins
continue, et le liquide baigne plutèt les
pieds des petits monticules intérieurs dont
nous n'avons pas encore parlé, Ces mon-
892
ticules sont à des distances irrégulières,
enfermés dans la seconde enceinte; cha
cun est un petit cratère : c'est réellement
là qu'est le volcan.
Le plus remarquable d’entre eux est ré-
gulier, circulaire; il est en petit toute la
montagne sur la crête de laquelle nous
somnies. Seulement sa hauteur est celle de
l'enceinte du fond, et de sa bouche s’é-
ch«ppent des colonnes ou plutôt des tour-«
billons de fumée : fumée blanche, sulfu-
reuse, épaisse, s'élancant avec plus ou
moins de vivacité. Le bouillonnement inté=«
rieur se fait entendre de temps à autre, et |
le bruit passe successivement par tous les
degrés de force. Le jour de notre visite, le
volcan était calme, mais il n’en est pas
toujous ainsi, et le plus souvent ses fu-!
mécs se voient à 40 et 60 kilomètres. Néan-
moins, depuis longtemps iln’est question ni
de flammes, ni d’éruptions. Pourtant, quel- |
ques ups de ces petits cratères internes
semblent baver la lave outre celui dont
j'ai parlé, il y a çà et là des excroissances
que je présume sujettes à changer de
forme, des cavités temporaires d’où sort
aussi de la fumée, mais avec moins de |
1
D
force, et plutôt en serpentant qu'en tour-
billonnant; et enfin, entre ces champi-
gnons ignés, dés taches de diverses cou-«
leurs, probablement dues à des fusions de |
sulfures, et entre autres des petites veines
rouges : jai compté neuf de ces chemi- |
nées. |
Cette description, tout imparfaite qu’elle,
est, peut vous donner une idée de la ten-t
tation que j'ai eue de descendre. La chose)
a été faite autrefois, mais aujourd’hui, à M
notre grand désespoir, il y a impossibilité |
complète; j'en ai été réduit à ramasser |
humblement, sur la face externe du vol- |
can, des échantillons du sol : ils renfer-
ment, je crois, principalement du soufre, |
du fer et de la chaux.
Un chimiste de Manilie m'a bien en-
voyé l’analyse de l’eau du lac intérieur,
mais j'ai besoin de quelques explications
avant de vous l’adresser..
J'ai cru un instant que j'aurais une note
bien plus curieuse à vous écrire, et que |
j'aurais à vous déerire une éruption; mal- |
heureurement il faut m’en tenir aux trois
tremblements de terre qui m avaient fait
espérer une telle bonne fortune.
La veille de notre arrivée à Taal, le 24
octobre 1842, à 8 kilomètres de ce village, |
à 9h. 30 m. du matin, j'étais couché (après ||
toute une nuit à cheval) : je fus réveillé
par une secousse semblable à celle que
j'aurais éprouvée si quelque mauvais plai= &
sant s'était mit à tirer mon lit à lui, puis à |
le repousser, puis àle tirer et ainsi de suite. |
Nousétions quatre dans la même chambre,
et nous nous levâmes tous à la fois en
sursaut. Ces oscillations étaient très fortes, \
elles suivaient la direction E. et O., ei
j'estimais leur durée à environ 2 mi-
nutes. I
10 minutes après, étant bien éveillés; |
nous sentimes une seconde secousse moins
forte, dont j'estimais la durée à 28 se-=
condes, et enfin, la nuit, à 2 h. 30 m.,
une troisième oscillation moins sensible
encore.
Le temps avait été beau les jours qui
précédèrent ces tremblements de terre; le
lendemain il yeut ane forte averse de midi |
à 2 heures. Aucun bruit souterrain n’avait
annoncé ce phénomène, le volcan était
comme à l'ordinaire.
Quelquefois, au contraire, témoin le 2
L:|
(]
323
noût de-cette année, on entend daus toute
la province des bruits souterrains qui ne
‘sont suivis d'aucun effet.
* Ces trois tremblements de terre ont été
“essentis à la même heure, et avec la même
l'orce dans tous lesendroits où noussommes
“oassés pour revenir de Taal à Manille
“2t à Manille même.
| Je pourrais vous parler de tremblements
‘de terre plus remarquables, de l'éruption
Iduwolcan de Taal en 1716, de celle si dé-
‘sastreuse de 1754; j'ai eu à Taal même,
‘dans les archives du couvent, les détails les
‘plus circonstanciés sur ces faits scientifi-
iques; et autres de même nature; mais je
m'apercois de la longueur de cette lettre,
let-remeis à une autre occasion l'envoi de
cesdocuments :
CHIMIE INORGANIQUE:
| Sur certains composés du chrome, par
| M. Lœvel.
| M.deLœvel,un desanciensélèves de M. Che-
:vreul, qui dirige depuis plus de vingt ans
la partie chimique de la fabrique de toiles
‘peintes de M. Hartmann, à Munster, près
de Colmar, lui a adressé une lettre, à la
ldate du 5 mars 1843, dans laquelle il lui
{fait part de plusieurs remarques relatives
\à des propositions émises par M. Malaguti
* G omptes rendus, t. XVI, p.456). Ces re-
marques ont été suggérées à M. Lœvel par
“un travail sur le chrome, qui remonte, à la
:connaissancede M. Chevreul,al'année 1825,
“et dans lequel il y a des expériences fort in-
téressantes sur l’oxyde de chrome.
M. H. Lœvel, des 1827, combattit cette
| opinion dans une Lettre adressée à M. D.
IKæœchin. Il considéra cette. dissolution
: comme celle de trois sels de potasse dans
lesquels la potasseest saturée par les acides
tartriques, oxalique et formique, unis cha-
| cun à de l’oxyde de chrome.
En cela M. Lœvel considère la réaction
du bichromate de potasse et de l’acide tar-
| trique comme étant plus complexe que ne
débutants. ss 0 |
le dit M. Malaguti; mais il pense, avec ce
chimiste, que l'acide tartrique constitue
| areel’oxyde de chrome nou un sel, maisun
agide complexe.
= Suivant M. Lœvel, laréaction du bichro-
mate de potasse et de l'acide oxalique est
| très simple; il ne se produit que de l'acide
carbonique et un sel double d’oxalaie de
chrome et d’oxalate de potasse, de couleur
violette, cristallisant avec 10 atomes d’eau
au moins, et non avec 8, comme l’admet
M: Malaguti.
M: Loœvel n’admet donc pas, comme
M. Malaguti, que l’acide oxalique , en s’u-
nissant à l'oxyde de chrome forme unacide
analogue à celui qui résulte de l'union de
ce même oxyde avec l'acide taririque.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE.
Note sur Peau liquide mélée à la vapeur,
dans le cylindre des machines à vapeur,
par M. de Pambour.
Dans toutes les machines à vapeur, il y
a une certaine quantité d’eau entrainée à
La . Q AYF .
l’état liquide et mêlée avec la vapeur, mais
_ sans être elle-même vaporisée. Dans les
locomotives, tant à cause des secousses
qu’elles éprouvent dans lemouvement, qu’à
cause de. leur construction particulière ,
cette perte peut être évaluée moyennement
à 0.24: de la vaporisation brute ou de la
82%
| dépense d'eau de la chaudière. Dans les
machines fixes ordinaires, on n'a point
de données certaines sur la perte dont il
est question, mais dans les machines bien
faites, elle ne paraît s'élever moyennement
qu'à 0.05 de la vaporisation brute, ce qui
a besoin , du reste, d’être déterminé d’une
manière positive.
Dans les machines à haute vression, à
détente, et à cylindre non réchauffé par
un courant de vapeur, comme l’eau en-
trainée de la chaudière se trouve, pendant
la détente, à une plus haute température
que la vapeur détendue, surtout si la dé-
tente est considérable , cette eau, après
avoir d’abord réparé les pertes de chaleur
du cylindre, se vaporise nécessairement en
- partie, mais jamais totalement, et elle con-
court à la production de l'effet utile. Il en
résulte que, dans ces machines, la perte
d'effet due à cette cause est moins consi-
dérable que dans les machinessans détente;
mais comme, d’un autre côté, la dimen-
sion des chaudières etla haute pression de
la vapeur, y sont plus favorables à l’en-
trainement de l’eau, cet avantage se trouve
à peu près contre-balancé par un désavan-
tage contraire.
Dans les machines de Cornwall, comme
les passages de la vapeur sont extrêmement
larges, qu'ils s'ouvrent subitement à leur
largeur totale, ce qui n’a lieu dans aucune
des autres machines, et que l’espaceréservé
à la vapeur dans la chaudière est très exigu,
il n’y a pas de doute qu’une portiou consi-
dérable de l’eau ne soit d'abord entraînée à
l'état liquide avec la vapeur. Mais, une
fois parvenue dans le cylindre, la vapeur
s’y détend en baissant de température , et
elle se trouve réchauffée au moyen de la
vapeur qui circule de la chaudière dans
enveloppe du cylindre. Ce réchauffement
est d'autant plus grand que la détente de
la vapeur est plus considérable, la pression
plus élevée dans la chaudière, et le mou-
vement du piston interrompu par de plus
longs intervalles de repos entre les courses.
Le premier effet de cette addition exté-
rieure de calorique doit être de vaporiser,
pendant la course du piston, l’eau tenue en
suspension dans la vapeur. Son influence
peut aller, soit jusqu'à vaporiser partielle-
ment cette eau , soit jusqu’à la vaporiser
en totalité , soit jusqu’à ia vaporiser entiè-
rement, et à réchauffer en outre la vapeur
résultante, ainsi que toute celle contenue
dans le cylindre, à une température voisine
de celle de la chaudière.
On reconnaît cet effet dans les machines
de Cornwall, en comparant la vaporisation
produite dans la chaudière avec le volume
occupé par la vapeur dans le cylindre, sous
les pressions marquées par l'indicateur, En
effet, comme on connait le volume que de-
vrait avoir la vapeur si la totalité de l’eau
était transformée en fluide élastique sous
la pression indiquée, en comparant ce vo-
lume avec le volume réellement occupé par
la vapeur, aux mêmes points de la course
du piston. Ce procédé est semblable à celui
que J'ai employé déjà pour les locomotives,
et peut servir également pour toutes les
machines à vapeur.
En l’appliquant à quelques tracés d’indi-
cateur publiés par M. Henwood , dans les
Transactions de l'institution des ingénieurs
civils de Londres (vol, II, pages 49 et suiv.,
et pl. IV), on trouve que la quantité d’eau
existant à l’état liquide dans la vapeur à
dû être considérable au commencement de
la course, que cette eau s’est vaporisée en-
825
suitecomplètement, etqu’à la fin dela course
du piston la vapeur contenue dansle cylindre
s’est trouvé réchauffée à une temperature
qui a augmenté notablement son volume,
et par suite, sa pression. C’est pour tenir
compte, autant que possible, de cette
double circonstance, que j'ai compté, dans
les machines de Cornwall, la vaporisation
effective cemme égale à la vaporisation
brate de la chaudière, tandis que pour
toutes les autres machines, j'introduis une
réduction à cet égard.
En faisant le calcul pour Pun des tracés
mentionnés plus haut, celui dela machine
de Wilson, à Huel-Towan, et y appliquant
la vaporisation correspondante à la quan-
tité de combustible brûlée dans le foyer,
d’apr èsles observations moyennes du comté
de Cornwall, enregistrées par M. Lean
(9.335 livres d’eau par livre de combus-
tible ), on trouve les résultats suivants ;
A 2.2 pieds de Pori-
gine de la course
(clôture de ja sou-
pape d'admission). 0,22 d'eau liquide dans le cy-
lindre.
A Apieds . , . 0.11 id.
AiOpiedss 07 -110%00) id.
AS8pieds . . . 0,06 d'augmentation de vos
lume.
À 10 pieds (fin dela
course)... »...2 0.11 id.
Cependant , comme la vaporisation de la
chaudière, la liberté du cylindre et quel-
ques autres données du calcul, no sont
pas connues exactement, nous ne citons
ces résultats que pour montrer leur ten-
dance.
D'ailleurs, les effets mentionnés dépen=
dent de plusieurs circonstances fondamen<
tales, sur lesquelles nous sommes en ce
moment occupé à faire des expériences , de
sorte que nous n’en voulons rien conclure
jusqu'ici. Ce n’est qu'afin de pouvoir con-
tinuer ces recherches, sans qu’on croie
qu’elles nous ont été suggérées par les tra-
vaux d’autres personnes, que nous. avons
voulu faire connaître que ce sujet avait at-
tiré déjà notre attention. Nous pourrions
même ajouter qu’il ya plus d'un an que
nous avons mentionné à un membre de
l’Académie la circonstance de la réabsorp-
tion en vapeur de l’eau liquide entraînée
dans le cylindre des machines, mais nous
ne prétendons en aucune manière récla-
mer une priorité quelconque pour ce
motif.
Nous ajouterons seulement que l’eau
mêlée à la vapeur, dans les machines de
Cornwall à simple action, nous paraît avoir
été-entrainée de la chaudière à l’état li-
quide et non produite par la condensation
au contact du cylindre. Les motifs qui nous
font admettre cette explication, sont : d’a-
bord les circonstances relatives aux pas-
sages de la vapeur, déjà mentionnées, et
qui ont été reconnues par l'expérience,
dans les locomotives,produire éminemment
l’entraînement de l’eau dans les cylindres;
de plus, que le condenseur n’est ouvert,
dans ces machines, et, par conséquent, le
cylindre refroidi, que pendant la course
descendante du piston, tandis que le con-
densateur se trouve fermé et le cylindre
réchauffé, pendant la course remontante,
qui dure trois fois autant que la première,
et, en outre, pendant tout l'intervalle de
repos de la machine qui est souvent très
long; que la température observée dans
l'enveloppe du cylindre par M. Wicksteed
(On the Cornish engine , p.19.), ne s’est
trouvée , dans les cas les plus défavorables,
4
826
que de 7 degrés de Fahrenheit sur 284,
au-dessous de la pression de la chaudière ;
et, enfin, que s'il y avait condensation de
la vapeur à son entrée dans le cylindre,
comme pendant tout le temps que la sou-
pape d'admission reste ouverte, la tempé-
rature de la vapeur setrouve soutenue par
l'arrivée coutinuelle de nouvelles quantités
de vapeur de la chaudière, la vapeur ad-
mise aurait une température supéiieure à
celle de la paroi intérieure du reste du cy-
lindre , avec lequel elle n’est pas encore en
contact. Donc, dès la clôture de la soupape
d'admission, cette vapeur, se répandant par
le mouvement du piston sur une surface
plus froide qu’elle, se condenserait en par-
tie, tandis que, d’après les observations
rapportées plus haut, nous voyons, au
contraire, que, loin qu'il y ait condensation
de la vapeur, il y a dès ce moment même
vaporisation de l'eau liquide contenue dans
la vapeur.
— 109833 C0em—
SCIENCES NATURELLES.
METALLURGIE.
Rapport de M. Becquerel sur un ouvrage
ayant pour titre : De la production des
métaux précieux au Mexique, considé-
rée dans ses rapports avec la géologie,
la métallurgie et l’économie politique,
présenté à l’Académie des sciences par
M. Saint-Clair Duport.
(Premier article.)
Dans son Essai politique sur la Nouvelle
Espagne, M. de Humboldt a fait connaître
l’état des mines du Mexique, le produit en
or et en argent, la richesse moyenne des
miverais , la consommation annuelle du
mercure dans l’amalgamation, et, enfin, la
quantité de métaux précieux exportée de
la Nouvelle-Espagne , depuis la conquête
jusqu’en 1803, époque dé son retour en
Europe.
La guerre de Indépendance, les chan-
gements politiques survenus dans le pays,
d’autres causes quien sont la conséquence,
ayant apporté de grandes modifications
dans la production des mines en général ,
il devenait important de reprendre la ques-
tion au point où l'avait laissée M. de Hum-
boldt. C’est ce que vient de faire M. Du-
port dans un travail très étendu qu'il vient
de présenter à l’Académie, et renvoyé à
lexamen d’une commission composée de
MM. Berthier, Dumas, Elie de Beaumont,
Boussingault et moi.
M. Duport, habitant presque sans inter-
ruption le Mexique depuis seize ans, s’est
trouvé, en raison de ses relations avec les
principales compagnies minières, et de la
considération qu’il s’y est acquise dans ses
opérations industrielles relatives à l’affi-
nage de la monnaie de Mexico , dans la
position la plus favorable , non seulement
. pour éludier, mais encore pour apporter
des perfectionnements à la métallurgie de
l'argent.
Pour atteindre ce but, il a visité, à di-
verses reprises, les principaux gîtes mc-
tallifères, depuis Tasco jusqu’à Guadalupe
y Calvo, dans les états de Sonora et de
Chihuahua, en parcourant un espace de
plus de 6000 kilomètres. Les observations
qu'il a recueillies sur la géologie, la mi-
néralogie, les arts métallurgiques, sont
consignées dans l'ouvrage dont nous al-
lons rendre compte, en suivant l'ordre
qu'il a lui-même adopté.
827
Jusqu'ici nous n'avions de documents
relatifs à la géognosie du Mexique que
quelques renseignements de Sonneschmidt,
publiés vers la fin du siècle dernier, les
travaux de M. de Humboldt, ét ceux beau-
coup plus récents de M. Burkart. M.- Du-
port s’est particulièrement attaché, dans la
description géologique qu’il nous à donnée
du Mexique , aux terrains métallifères qui,
suivant lui, sont difficilesà distinguer, soit
suivant leur âge, soit suivant leur nature
minéralogique. Il est entré aussi dans quel-
ques détails sur la géologie générale du
pays, dont nous n’avons pas à nous occu-
per ici, attendu que nous nous attacherons
particulièrement à la partie métallurgique;
toutefois, nous dirons que les roches prin-
cipales dans lesquelles se trouvent les filons
argentifères sont les schistes argileux et
talqueux, la diorite, le calcaire qui semble
se rapporter à la formation jurassique, et
quelquefois les porphyres : quant aux ro-
ches volcaniques, à l’exception de celles
de Bolanos , elles renferment très rarement
de l'argent.
Le Mexique a été divisé, sous le rapport
de la température , en trois climats diffé-
rents, pays froid (fierra fria), pays tem-
péré (tierra templada), et pays chaud
(tierra caliente), où la végétation est des
plus actives; c’est dans le second que se
trouvent presque tous les gîtes métallifères,
dont M. Duport a fait quatre classes prin-
cipales :
1° Gites se trouvant dans des roches for-
mant la chaîne même des montagnes, tels
que Real del Monte et Pachuca ;
2° Filons existants dans des roches diffé-
rentes de celles de la chaine principale,
comme Guanaxato et Tasco :;
3° Filons situés dans un soulèvement
isolé, comme Zacatecas et Catoce.
4° Filons quise trouvent en plaine, tels
que Ramos , le Fresnillo et Plateros.
Presque tous les filons courent entre le
sud et l’ouest; ceux qui ont fourni les plus
grandes richesses se rapprochent beaucoup
de la ligne passant par le nord-ouest et le
sud-est. Leur inclinaison est plutôt vers le
nord que vers le sud, et l’angle qu’elle fait
avec l’horizon est rarement au-dessous de
45 degrés. Les principaux gîtes métallifères
sont de véritables filons , et en général les
couches métallifères sont peu abondantes.
La puissance des filons varie depuis quel-
ques décimètres jusqu’à plus de quarante
mètres, comme à Guanaxato; mais ce qu'il
ya de remarquable, cest que les sal-
bandes sont fréquemment imprégnées d’ar-
gent, ainsi que la roche encaissante jusqu’à
1 ou 2 mètres de distance.
Quant à la teneur du filon, à mesure
que l’on s'éloigne de la crète, M. Duport a
constaté qu’il n’y a rien de fixe à cet égard;
cependant la grande richesse en argent se
trouve , eu général, depuis 100 jusqu’à 400
mètres de profondeur. Néanmoins, par
exception , les exploitations de la So-
nora et de Chihuahua ont la plus forte te-
neur vers la crête; toutefois , il ne faut pas
dépasser une certaine limite au delà de la-
quelle la teneur diminue. Cette circons-
tance, jointe à l'augmentation des frais
d'extraction at d'épuisement , est la cause
de la cessation des travaux de la plus pro-
fonde des mines du Mexique, la Valen-
ciana, qui a produit de si grandes richesses
et dont la profondeur est de 650 mètres.
M. Duport considère les filons comme
présentant deux zones tranchées à partir du
sol, La première est composée de minerais
828
appelés colorados, en raison de la couleur
que leur donne la présence de l’hydrate de
peroxyde de fer, et qui sont formés de quartz
grisâtre, dont les cavités sont remplies
d'oxydes métalliques. La seconde renferme
des minerais qui ont recu le nom de ne-
gros, en raison de la couleur foncée que.
lui donnent les sulfures de plomb et de
zinc. Dans Îles deux zones, suivant l’opi-
pion de M. Duport, les métaux étaient pri-
mitivement à l'état de sulfures, mais dans
la région des colorados, les agents atmos-
phériques ont donné lieu à des actions chi-
niques qui ont dû produire de nouvelles
combinaisons. Il est à remarquer que cette
zones de colorados est d’autant moins pro-
fonde quele filon est d’une nature plus
résistante. Quand le quartz domine et
lorsque les sulfures métalliques sont peu
abondants, la décomposition n'arrive qu’à
quelques mêtres ; mais quand la gangue
renferme de la chaux, et lorsque les py-
rites et autres sulfures abondent, la dé-
composition atteint quelquefois plusieurs
centaines de mètres.
La composition des minerais d’argent du
Mexique n’a été bien connue que depuis
que M. Duport a misà mémeles chimistes
d'Europe d’analyser des échantillons pris
sur un certain noïmbre de quintaux qu'il
avait apportés avec lui il y a deux ans, les-
quels provenaient des principaux gites du
Mexique, tels que Guanaxato, Zacatecas,
Pochuca Fresnillo, etc., dans le but de se
livrer à des expériences dont nous parle-
rons dans un instant.
Ces minerais différent peu les uns des
autres par leur nature; ils sont en général
composés de quartz compacte, moucheté
ou veiné de matières métalliques. La pyrite
de fer qui domine toujours, est fréquem-
ment accompagnée de blende, de Mispi-
ckel et de galène'; et en outre, à l'éfat des
dissémination extrême, de l'argent métal-
lique, de l'argent sulfuré et de l'argent
rouge; rarement du chlorure d'argent
ainsi que du bromure, dont l'existence a
été constaté par l'an des chimistes qui s’é-
tait chargé de l'examen de ces minerais.
Les analyses de ces minerais ne peuvent
manquer d’intéresser les exploitants ; car,
outrelesavantages qu'ilsrétirerontde la con-
naissance exacte deleurcomposition, ilssau-
ront que par des préparations mécauiques,
en employant un lavage méthodique, ou
un autre procédé analogue, on peut arri-
ver, surtout pour celui de Guanaxato, à
obtenir desschlichs qui renferment presque
toutes les substances métalliques. Du jour
où cette concentration du minerai d'argent
s'effectuera, on aura fait faire un progrès
immense à la métallurgie de l'argent.
Les gîtes métallifères quiont particuliè-
rement attiré l'attention de M. Duport, et
sur lesquels portent ses observations , sont
ceux de Guanaxato , Zacatecas, Fresnillo,
Sombrerete, Catorce, Guadalupe y Calvo ,
Tasco , Ramos Angeles, la Blanca ojo , Ca-
liente. Il expose avec détail tout ce qui con-
cerne les travaux souterrains des mines,
l'extraction, le triage et le transport du
minerai, etc., etc. :
Xelativement à la force motrice neces-
saire, soit pour l'épuisement des eaux,
Pextraction du minerai et sa trituration
mécanique, il montre que l’on ne peut
cmployer la vapeur que dans très peu de
localités, en raison du manque presque
total de combustible. Le Fresnillo , Bolanos
es Real del Monte sont les seules exploita-
tions où cet argent ait été utilement em=
|
à
Fi a cicatricule, ainsi que l’ont reconnu par-
aitement reconnu MM. Prevost et Dumas,
L
R9
oyé; sans lui, la première de ces mines
sai, en 4841 et 1842, à fonrni le huctième
£ l'argent produit au Mexique, aurait
“ssé d’être exploitée. Aujourd’hui, son
sine traite 100,009 kilogrammes de mi-
ferai par vingt-quatre heures.
.| Le souvenir des bénéfices immenses faits
dis dans l'exploitation des mines d’argent
:1 Mexique porte encore aujourd’hui les
éculateurs à former de nouveaux établis-
ments dès l'instant que l’on découvredes
ffleurements de filons qui ne présentent
lacore que de faibles indices de richesses ;
hais si les exploitants, mieux informés
lw’ils ne le sont souvent, se rendaient un
»mpte exact, en consultant des travaux
atistiques bien exécutés, des frais d’ex-
“action et de traitement, des avantages
robables qui peuvent en résulter; s’ils pos-
“daient des connaissances géologiques ge-
éralement plus étendues que celles qui
2sontrépandues dans le pays, guidés alors
ar des données plus certaines, ils pour-
‘aient se livrer à des entreprises qui, sou-
ent mal entendues, causent la ruine des
ompagnies et rebutent les capitalistes sé-
Luits d’abord par l’appât du gain. Sous ce
apport, l'ouvrage dont nous rendons
sompte ne pourra manquer de leur être
itile.
PHYSIOLOGIE.
\echerches sur les développements primitifs
| de l’embryon, par M. Serres.
(Deuxième et dernier article. )
Nous disions, dans un premier article ,
que les sacs germinateurs avaient été mé-
sonnus des observateurs. Cette assertion
iurait lieu de surprendre si nous n’en dé-
“eloppions les raisons; car personne n'i-
znore avec quelle persévérance et quel rare
sonheur l’histoire de l’incubation a été
oursuivie depuis Harvey et Malpighi jus-
qu’à nos jours. Il faut donc qu'il y ait des
motifs qui aient détourné les physiologistes
de l'appréciation d’un fait si capital qu'ils
avaient sous les yeux. Ces motifs, nous
\croyonsles avoirreconnusdans lesidées pré-
|:onçues dont les développements de l’em-
bryon ontété le sujet, ainsi qu’on pourra
le juger par le court aperçu que nousal-
!ons en présenter.
Ainsi Malpighi (auquel il faut toujours
‘emonter quand on traite de l’incubation),
bréoccupé de l’idée que le fœtus doit
réexister dans l'œuf, croit le reconnaître
avant l’incubation dans le noyau de la ci-
satricule , et c’est à ce noyau que se rap-
bortent ses observations sur les premiers
éveloppements de l'embryon. D’après cet
“:rreur de détermination , on conçoit d’une
jpart la confusion que porte cette méprise
jur les évolutions premières del’appareil de
“ton voit de l'autre comment, en dépla-
4
|
|zant le sujet même de l'observation, Mal-
vighi fut conduit à voir dans la membrane
olastodermique les enveloppes de son pré-
Es embryon, au lieu d’ÿ chercher les
|
\fbauches de l'embryon même, Il suit de là
quil a figuré, sans les remarquer, une
Partie des cellules germinatrices.
Détournés par cette üirection du véri-
able point sur lequel se montrent les pre-
Iniers développements, les observateurs
[jui suivirent immédiatement ce grand
’hysiologiste ne firent guère que contro-
/erser ses opinions, jusqu'au moment où
'
830
la découverte de l’animalcule spermatique
par Hamme et Leuvenhoek vint donner aux
études de l’embryogénie une impulsion
toute différente.
Pour les ovolozistes en effet, pour Fa-
brice d'Aquapenlente et pour Harvey,
l'embryon provenait de l’œuf; pour Mal-
pighi, l'embryon préexistait et l'œuf lui
fournissait ses enveloppes et'ses matériaux
vutritifs; pour Leuvenhoek, l'embryon ne
préexistait pas, mais l’œuf restait complé-
tement étranger à ses premiers développe-
ments. Selon cet ingénieux micrographe ;
l'embryon primitif, qui n’était autre que
l’animalcule spermatique, était fourni par
le mû'e , et les organes de la femelle n’a-
vaient d’autre usage que celui de lui servir
de réceptacle.
Dans l'enthousiasme qu'’excita d’abord
la découverte du zoosperme, on permit à
Leuvenhoek de le douer d'une puissanee
assez active pour se construire lui-même
ses enveloppes, pour se greffer ensuite sur
un de leurs points au moyen de sa queue
qui, devenant plus tard le cordon ombili-
cal, servait de racine à tous les dévelop-
pements ultérieurs; mais lorsqu'il voulut
établir sur ces dunnées le système des pré-
formations animales, lorsqu'il crut distin-
guer leur sexe et qu'il expliqua de cette
manière l'égalité de leur reproduction dans
le règne animal, la méfiance entra dans
l'esprit des physiologistes, et le ridicule
suivit de près ses autres déductions.
Ce fut alors que Boerrhave, régulateur
du mouvement scientifique dans le dix-
septième siècle , intervint dans la discus-
sion , comme il l'avait fait quelques années
auparavant dans la lutte qui s’était engagée
entre Malpighi et Rhuysh, au sujet de la
structure intime des organismes.
Cette intervention eut pour base l’al-
liance de l'ovologisme et da zoospermisme.
Combinant les observations de Malpighi
avec les expériences de Leuvenhoek, Boer-
rhave greffa l’animalcule spermatique sur
la cicatricule de l’œuf, et fit provenir la
moelle épinière et l’encéphale des évolu-
tions de cet animalcule, opinion qui fut
adoptée et soutenue par Haller.
Le zoospermisme eut donc pour effet de
déplacer le point de départ del’embryogénie
en le retirant de l’appareil de la cicatricule
de l’œufpour l’attribuer à l’animalculesper-
matique, en faisant produire à celui-ci l’axe
cérébro-spinal du Système nerveux; les
évolutions du blastoderme, d’où sortent les
cellules germinatrices, n’offrirent plus dès
lors qu’un intérêt très secondaire à côté
du fait capital qu’on croyait avoir établi.
Cette phase, donnée par Boerrhave à la
question qui nous occupe, doit être pré-
sente à l'esprit si l’on veut apprécier la va-
leur des recherches de MM. Dœllinger et
Pander sur la membrane blastodermique.
MM. Dollinger et Pander ont en effet le
mérite d’avoir découvert que les orga-
nismes de l’embryon sortent des métamor-
phoses de cette membrane, et d’en avoir
reconnu, dans son plissement, les ébauches
premières; la description qu'ils donnent
des plis primitifs est même si précise, qu'on
aurait lieu d’être surpris que les sacs ger-
minateurs aient échappé à leur sagacité si
l’on ne trouvait la cause qui en a détourné
leur attention. Cette cause est la préforma-
mation de la moelle épinière substituée à
l’animalcule spermatique.
Voicicomment il s'exprime en décrivant
le blastoderme :
u Un filament délicat vient s’y ajouter
831
comme moelle épinière (sur le blasto-
deime), et à peine cela est-il fait que les
plis primitifs se forment et déterminent
ainsi la membrane de la moelle épinière ;
et ces plis, servant d’enveloppe à ce fila-
ment précieux, deviennent les premiers
fondements du corps. »
Si l’on arrête un instant sur cette des-
cription, on reconnait d’abord que les plis
de la membrane blastodermique nesont pas
primitifs, mais bien de seconde formation,
puisqu'ils sont précédés par le trait délicat
qui représente la moelle épinière et auquel.
ils sont d'autant plus subordonnés qu’ils
sont destinés à lui former une enveloppe.
Le premier terme de l’embryogénie serait
donc ce filament délicat surajouté au blas-
toderme et non les deux plis de celui-ci.
Ce point établi, on se demande ensuite
d’où sort ce filament délicat qui vient s’a-
jouter sur le blastoderme ? Quelle est l’o-
rigine de cette prétendue moelle épinière.
MM. Dœllinger et Pander ne le disent pas,
et leur silence à ce sujetest d’autant plus-
significatif, que l’opinion deBoerrhaveet de
Haller sur la transformation de l’animal-
cule spermatique en moelle épinière leur
était bien connue. Pourquoi n’adoptent-ils
pas cette transformation? Comment re-
jettent-ils l’animalcule spermatique dont
la présence sur le blastoderme leur eût été
si nécessaire pour compléter leur théorie
des premiers développements de l’em-
bryon ? C’est ici que leur réserve ne saurait
trop être loué; car il est évident que, n’a--
percevant ce trait délicat ou leur moelle-
épinière qu’à la seizième heure de l’incu--
bation , ils n’ont pu admettre que ce fila-
ment eût un rapport direct ou éloigné avec
l’animalcule spermatique , qui devait être
présent sur le blastoderme depuis le mo-
ment de la fécondation, Que serait devenu,
en effet, l’animalcule pendant les quinze
premières heures du développement ? Com-
ment fût-il resté invisible pendant ce temps.
pour apparaître tout à coup à la seizième ?
Cette supposition n’était.donc pas compa-
tible avec l’ordre et la succession des faits
qu’ils avaient observés.
Elle devenait possible, au contraire,
d’après les observations précoces des évo-
lations du blastoderme faites par MM. Pre-
vost et Dumas, puisque nos deux physio-
logistes croyaient avoir remarqué ce trait
délicat dès avant l’incubation. Si les recher-
ches ultérieures avaient confirmé le gref--
fement sur le blastoderme d’une partie
étrangère à la cicatricule, l'hypothèse de
Boerrhave et de Haller sur la conversion
duzoospermeen axe cérébro-spinal eût reçu
un degré de probabilité qu'elle était loin
d'offrir dans les observations de Leuven-
hock , ainsi que dans celles de Lieberkrunn
et de Valisneri. Quoi qu’il en soit, le point
de départ de l’embryogénie, descendu par
MM. Dœilinger et Pander, fut de nouveau
remonté par MM. Prevost et Dumas.
Remarquons toutefois que la transfor.
mation du zoosperme en moelle épinière
ne fut pas présentée par nos physiologistes
dans le sens absolu de Boerrhave et de
Haller. Loin de là, MM. Prevost et Dumas
mirent au contraire en regard de cette hy-
pothèse , un fait nouveau qui la renverse
en ce qui concerne l’origine de la moelle
épinière ; ils observèrent en effet que ce
filament délicat, que ce trait délié, que
MM. Dœllinger et Pander avaient pris pour
la moelle épinière, qu’ils considéraient eux
comme le zoosperme, n'avait sur le blasto-
derme qu'une existence éphémère tout à
S32
fait passagère. De sorte qu'il paraissait n’in-
tervenir dans les développements que pour
leur donner l'impulsion, et qu'il s'évanouis-
sait une fois cette impulsion donnée.
Il résulte de là que si, en théorie,
MM. Prevost et Dumas remontaieni le pre-
mier terme de l’embryogénie, en fait ils le
plaçcaiént au même point où nous l'ont
montré nos propres expériences.
Si le travail de MM. DϾllinger et Pander
offre la lacune que nous avons signalée,
relativement à l’origine de la moelle épi-
nière, l’idée qu'ils eurent de faire de/la
ligne primitive le pivot des premiers déve-
loppements , fut cause de ja représentation
assez exacte de sacs germinaieurs qu'ils
donnèrent dans leurs figures. L’attention
plus soutenue que portérent à ce travail
précoce MM. Prevostet Dumas fit égale-
ment qu'ils dessinèrent ces sacs avec encore
plus de précision, bien qu’ils ne les men-
tionnent ni dans le mémoire, ni dans l’ex-
plication des planches, Nous aussi nous
avons donné la même figure,
On voit done, d’une part, comment l’at-
tention trop exclusive accordée à la ligne
centrale du blastoderme a détourné les
observateurs de l'étude des autres méta-
morphoses qui s’opérent sur celte mem-
brane germinatrice; et d'autre part, on
remarquera que cette attention persévé-
rante des physiologistes a sa source dans la
croyance où l’on est resté que cette ligne
est le rudiment de l'axe cérébro-spinal du
système nerveux, même aprèsque MM. Pre-
vost et Dumas eurent constaté son efffa-
cement.
Ainsi, un des micrographes modernes
les plus distingués, M. de Baër, après avoir
signalé la bandelette blanchâtre , fait déve-
lopper sur ses côtés les bourrelets des deux
lignes primitives qu’il nomme lames dor-
sales ; puis, sous le nom de corde dorsale,
il introduit dans le problème déjà si com-
pliqué une nouvelle inconnue.
Qu'est-ce; en effet, que la corde dorsale,
à laquelle on attribue une action si puis
sante sur les premiers développements,
Nous laisserons l’aut-ur la définir lui-mè-
me : « La corde dorsale, dit M. de Baër ?
est ce que tousles auteurs qui prétendent
avoir vu la moelle épinière de très bonne
heure ont pris pour cet organe. » Elle est
donc destinée à remplacer le fœtus préexis-
tant de Malpigli, lanimalcule spermatique
de Boerrhave, la moelle épinière préformée
de MM. Dœllinger et Pander, la ligne pri-
mitive de MM. Prevost et Dumas, la suture
des cordons de la moelle épinière de
MM. Delpech et Coste, et enfin la bande-
lette primitive de M. Wagner, qui termine
les interprétations de la ligne centrale du
blastoderme,
Dans l'exposé de la bandelette primitive,
M. Wagner revient à l’idée de M. Pander,
dont M. de Baër s'était un peu écarté. Se-
lon cet auatomiste, dont l'opinion est l’ex-
pression dernière de ce point de la science,
* «on voit clairement, vers la quatorzième
heure de lincubation, dans le milieu de
l'auréole tranparente, le premier rudiment
de l'embryon sous forme d’une bandelette
délicate, blanche, ayant une ligne et demie.
c’est probablement, dit-il, Pébauche pre-
mière du cerveau et de la moelle épinière.
Sur ses côtés s'élève, vers la seizième ou
dix-huitième heure, une paire d’élévations
nouvelles symétriques : ce sont les lames
dorsales ou spinales, ou les plis primitifs de
Pander.
Quant aux sacs germinateurs, ils sont
833
faiblement indiqués,par laraison que MM.de
Baër et Wagner ont fait usage de figures
schématiques.
Si quelque chose de positif ressort de ces
diverses opinions, c’est évidemment que
la ligne diamétrale de l'aire germinatrice
n’était pas encore déterminée; et la cause
de cette indétermination nous paraît avoir
sa source dans la persévérance que met-
taient les physiologistes à vouloir trouver
l'embryon à une époque des développe-
ments où il n’en existe pas de trace.
Pour reconnaitre les premières traces
de l’embryogénie, il fallait donc réduire le
problème à une question de fait, et'em-
brasser dans son entier l’ensemble des mé-
tamorphoses et des évolutions du blasto-
derme, C’est ce que nous nous sommes
efforcé de faire, en suivant dans tous leurs
détails la formation des sacs germina-
teurs.
Un fait cependant sur lequel nous ne
saurions trop fixer l’attention des physio-
logistes, c’est le parfait accord des obser-
vateurs sur les bases d’une des questions
les plus difficiles de la physiologie,
Depuis le Mémoire de M. Pander et nos
recherches sur l'anatomie comparée du
système nerveux, depuis surtout le beau
travail de MM. Prevost et Dumas, tous les
anatomistes ont reconnu, en premier lieu,
que l'embryon était le produit des méta-
morphoses du blastoderme. En second lieu,
tous ont signalé les trois lignes primitives
qui apparaissent sur cette membrane, et
les ont reconnues pour le début des irans-
formations d’où l'embryon va sortir. En
troisième lieu, tous ont constaté que, de
ces trois lignes primitives, il y en avait une
au centre et deux sur les côtés.
Les bases du problème relatif au point de
départ de lembryÿogénie sont donc défini-
tivement posées ét acquises à Ja science.
Reste maintenant à fixer avec précision
le premier terme des développements de
l'embryon : c’est ici que commence le mé-
saccord et que ics opinions se sont par-
tagées.
Les observateurs qui nous ont précédé
ont cru reconnaitre que la ligne centrale
apparaissait la première, et ils Pont regar-
dée comme le premier terme de lembrjo-
génie, en la prenant, soit pour l’animal-
cule spermatique, soit pour la moelle épi-
niére, soitpour les rudiments de cet axe
nerveux, soit pour la suture de ses deux
lames d’origine, soit pour l’ébauche de l’axe
cérébro-spinal, soit enfin pour une corde
dorsale.
Nos expériences de 1818, 1819 et 1820,
pour déterminer l’origine de la moelle épi-
nière, celles que nous avons faites en 1840,
1841et 1842, pour fixer les règles de l’orga-
pogénie, nous ont montré le contraire.
Elles nous ont montré que les deux lignes
latérales précédaient constamment celle
qu'on aperçoit plus tard sur l’axe du blas-
toderme; de sorte que les deux premières
sont primitives, tandis que la troisième est
conséculive ou de seconde formation,
Cela posé, c’est-à-dire l’apparition pre-
mière des lignes latérales constatée, nous
en avons suivi le développement, et nous
avons vu leur métamorphose donner nais-
sance à deux cellules ou à deux sacs germi-
nateurs, situés l’un à droite et l’autre à
gauche de l’axe de la membrane blastoder-
mique.
C'est alors qu’en suivant d'heure en
heure cette évolution, nous avons pu con-
stater que la ligne centrale, qui nest autre
83%
que cet axe même, est produite par le vide
que laissent entre eux les deux bourrelets
du blastoderme au moment où ils se réflé-
chissent pour former les cellules germi«
natrives.
Il suit donc de ces recherches que les
développements de l'embryon ne débutent
pas par l'apparition de l’axe central du
système nerveux; mais bien par la mani-
festation de deux cellales, ou de deux sacs
germinateurs, que l’on peut considérer
comme leur point de départ, ou le zéro de
l’'embryogénie, qui depuis Aristote a tant
occupé les physiologistes.
On concoit, d’après ce qui précède, que
rien ne manquerait à notre détermination,
et qu’elle offrirait les caractères d’une dé-
monstration anatomique si, plus tard, la
série des développements nous montrait
l’effacement de cette line centrale, et si,
à la place qu'elle occupait, ou dans l’es-
pace vide qui la dessine, nous voyions
apparaître les rudiments de la moelle épi-
nière.
On conçoit également que la dualité pri-
mitive des organismes, dont les deux sacs
germinateurs sont les représentants, y
trouverait une nouvelle confirmation, si
nous observions les rudiments du système
nerveux, à partir d’abord de Ja faceinterne
de ces deux sacs, puis se diriger l’un vers
l’autre, puis se réunir après avoir été ame-
nés au point de contact, et constituer par
cette réunion l’axe nerveux du tronc au-
tour duquel vont désormais se développer
tous les autres organismes.
Or ces deux ordres de faits, qui sont,
comme on le voit, la conséquence du fait
primordial que nous venons d’exposer, fe-
ront le sujet de notre second Mémoire
sur les dévéloppements primitifs de l'em-
bryon.
,
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Machine pour faire les clous des fers à
cheval.
M. 3. Christian vient d'établir une ma-
chine pour la fabrication des clous qui sont
destinés à fixer les fers sur les sabots des
chevaux, On sait que ces clous sont d’une
forme tout à fait différente de ceux en
usage dans l’industrie; ils présentent une
plus grande longueur de tige à section rec-
tangulaire et une forte tête pyramidale.
L'auteur a eu l’idée de forger ces clous
au mouton, à chaud , et par un seul coup
de balancier. Le principe de sa machine
repose sur un phénomène assez curieux : SÈ
l’on perce un trou très-petitaucentred'une
enclume ou d’un marteau, et qu'on pré=
sente à l’entrée, préalablement éridée, un
petit cylindre de fer chauffé au rouge blanc,
tout ce fer passe, après le choc, dans la pe=
tite ouverture. L'auteur assure qu’ayec les
dispositions qu'il a adoptées pour couper
le métal, le présenter à l’action du mouton
et chasser le clou, il peut confectionner
uinze à vingt fois.plus de clous très doux
et d’une malléabilité parfaite, que le forge-
ron qui n’en fait tout au plusque cinquante
à soixante par heure. (Publication indus=
trielle de M. Armengaud, 3 vol., 2° li.)
ARTS CHIMIQUES:
Préparation d'une colle, végétale dite colle
marine; par M. Jeflery.
Cette colle, qui est très-adhésive, élas=
tique et insoluble dans l’eau , et sert prin=
ä
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1835
cipalement à réunir les pièces de bois em-
ployées dans les constructions navales , se
prépare de la manière suivante : F
4° On fait dissoudre dans 4 gallons (18 li-
{ Ë ?
Î On agite de temps en temps, Jusqu à cCom-
‘ plète dissolution du caoutchouc, et lorsque
«le mélange a acquis la consistance de crème
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| d’un tuyau de décharge, et qu’on place sur
le feu. Pendant que la matière chauffe, on
la remue constamment pour rendre la
combinaison bien intime. Le composé qui
en résulte est la collemarineaucaoutchouc,
qu’on retire chaud du vase de fer, par le
tuyau de décharge, et qu’on étend ensuite
sur des dalles pour refroidir, après quoi on
la brise et on la conserve pour l'usage.
2° L'auteur prépare une seconde espèce
de colle sans caoutchouc, en mélant en-
semble une partie en poids de naphte brut,
et deux parties aussi en poids de gomme
laque ou plutôt de laque en écailles, et
en opérant comme ci-dessus.
Quand on veut se servir decette colle, on
‘la fait chauffer dans un vase de fer à la tem-
pérature de 124° centigr. environ, et on
l’applique chaude à l’aide d'une brosse sur
les surfaces qu’on se propose de réunir, en
ayant soin de l’étendre en couche bien uni-
forme. On rapproche ensuite les pièces de
bois et on les serre fortement; comme la
température de la colle s’abaisse aussitôt
qu’elle est étendue et qu’elle durcit, il faut
Ja ramellir en la ramenant à 60° centigr.,
ce qui se fait en passant dessus des fers
| chauds; on doit alors saisir le moment
. pour rapprocher les surfaces et les serrer à
l’aide de frettes chassées par des coins.
Lorsque les surfaces de contact sont bien
dressées, l’auteur applique une couche
mince de colle sur chacune; mais, si elles
présentent des inégalités , la couche de
colle doit être assez épaisse pour remplir
ces inégalités.
M. Jeffery emploie sa colle marine non-
seulement pour la réunion des pièces de
mâture et autres, mais aussi pour la répa-
ration des pièces fendues en remplissant les
| crevasses de colle portéea 121 centigr. Il
| fait observer qu’on peut varier la propor-
| tion des ingrédients suivant les circonstan-
« ces. Ainsi, en employant une plus grande
|
1 quantité de laque, la colle prendra plus de
+ consistance, seraplusdureet résisteramieux
| aux intempéries de l’air , tandis qa’en aug-
mentant les doses de naphtes ou de caout-
chouc, la colle acquerra plus de douceur
5) et d'élasticité.
|
ou
ÉCONOMIE INDUSTRIELLE,
! Nouvelle disposition des bassines & cuire
À
gi
d t}
le sucre; par M. Stillman.
| M. Stillmann , ingénieur américain ,
Là .
| chargé de monter des machines à vapeur
| pour les sucreries dans l’île de Saint-Croix,
fourneau établi sous les bassines à sucres
pour générer la vapeur ; pour cette effet,
ila placé la chaudière derrière l’équipage
des bassines, et il a profité ainsi du même
feu, sans augmenter la consommation du
| a eu l’idée d’utiliser la chaleur perdue du
836
CEE LIU
combustible. Ce résultat économiqé à été
obtenu de la manière la plus complète.
L'auteur a également appliqué la vapeur
à la cuisson du sucre dans le vide; il a em-
ployé des bassines de tôle à double fond,
traversées par une série de tuyaux en cui-
vre daus lesquels on fait circuler la vapeur
provenant de la chaudière. En adaptant une
soupape de sûreté au tuyau de sortie, il est
parvenu à maintenir une pression modérée
dans l’intérieur de l'appareil etaévaporer et
concentrer la totalité du jus, en supprimant
une partie de l'équipage des bassins en cui-
vre.
C’est un point admis en pratique que
plus l'évaporation du jus de canne se fait à
une basse température et plus on donne
d’étendue aux surfaces de chauffe, moins
on a à craindre l’altération de la matière
sucrée ; et comme la cristallisation est alors
plus parfaite, on obtient une plus grande
quantité de sucre et de meilleure qualité.
Ces avantages sont obtenus en opérant la
cuisson du jus dans le vide, à l’aide de la
circulation de la vapeur.
Cet appareil marche depuis deux ansavec
suecès dans une sucrerie de l'île de Sainte-
Croix et dans celle de Don Gaspar Hernan-
dez, à Cale. (Civil engineer's journal, sep-
tembre 1842.)
SCIENCES HISTORIQUES.
INSTITUT HISTORIQUE.
Le neuvième Congrès historique s’ou-
vrira le dimanche 14 mai, dans le palais
du Fuxembourg.
Dans ce neuvième Congrès les questions
suivantes seront discutées :
PremiÈrg CLassE (Aistoire générale et
histoire de France). 1. Quels sont les ca-
ractères des peuples primitifs, et chez
quelle nation de l'Europe pourrait-on les
retrouver ?
2. De tous les peuples qui couvrent la
surface du globe, quel est celui dont lori-
gine remonte à la plus haute antiquité?
3. Analyser les principaux ouvrages pu-
bliés sur les origines gauloises, et faire
ressortir l’importance des résultats que
semblent promettre de nouvelles recher-
ches comparatives sur les monuments drui-
diques, les monnaies celtiques et les tradi-
tions locales.
4, Déterminer par l’histoire quel était
dans les Gaules l’état des arts industriels
avant et depuis les invasions des Romains
jusqu’à la chute de l'empire.
5. Faire l’histoire des symboles adoptés
par la France, par ses provinces et par ses
villes, dès les temps les plus reculés.
6. Déterminer quelle part ont prise les
navigateurs français à la découverte du
continent américain.
DEuxIÈME CLasse (Histoire des langues
et des littératures). À. Quelle est l'influence
que les langues germaniques ont exercée
sur les langues romanes?
2. Quelle a été l'influence de la langueet
de la littérature espagnole sur la langue et
la littérature françaises?
3. Quelle a été l’influence de la langue
et de la littérature italienne, sur la langue
et la littérature françaises.
À. Quelle influence le romantisme exer-
ce-t-il sur la langue française ?
TROISIÈME CLASSE ( Histoire des sciences
physiques, mathématiques, sociales et philo-
sopluques). 1. Rechercher les influences
exercées sur la durée de la vie humaine
837
par ie cninar, es nebitudes ; le régime et
le tempérament.
2. Rechercher, à l’aide des monuments
poétiques , historiques et philosophiques,
ce que les peuples ont entendu par le mot
Lor, aux différentes époques de leur civi-
lisation.
3. Comparer les divers systèmes de colo-
nisation des Grecs, des Gaulois et des Ro-
mains.
4. Rechercher à laide de l’histoire
quelle a été l’inflience de l'hygiène des
pythagoriciens sur les doctrines médicales
enseignées jusqu’à nos jours , et surtout
sur celles d Hippocrate.
5. Quelles sont les causes qui ont pré-
paré et amené la chute des Tarquins et
l'abolition de la royauté à Rome, et quelle
influence ces grands événements ont-ils
exercée sur les destinées du peuple romain?
6. Faire l'analyse comparée des législa-
tions mérovingienne, bourguignone et vi-
sigothe.
7. Quel était état de la législation en
France avant la découverte des Pandectes,
et quelle a été l'influence de cette décou-
verte sur notre législation ultérieure?
8. De quelle utilité ont été à la chré-
tienté les ordres religieux et militaires?
9. Quelle a été l'influence de la migra-
tion des peuples au 1v° et au v° siècle sur
l’état social et intellectuel de l'Europe ?
10. Quelle a été l’influence des Normands
sur la civilisation de l'Angleterre?
11. Quelle influence l'irruption des Tar-
tares a-t-elle exercée sur les destinées de
la Russie ?
12. Quel degré de connaissances ma-
thématiques suppose la construction
des grandes cathédrales des xini, xive et
xve siècles?
13. Dela civilisation au x1x. siècle,
14. Quelle influence peut avoir la forme
présente des institutions du Brésil sur les
institutions des autres états de l’Amérique
méridionale ?
15. Faire l’histoire des puits artésiens,
QUATRIÈME CLASSE (Hisiotre des beaux-
arts). 1. Exposer, d’après les téxtes et les
monuments , quels étaient les principaux
usages observés par les Romains dans les
festins, au temps de la république et de
l’empire.
2. Caractériser par l’histoire l’origine,
les progrès et la décadence de l'architecture
gothique.
3. Résumer l’histoire de l’art chez les In-
diens.
ARCHÉOLOGIE.
Arrondissement de Saintes, canton de Saintes,
(Charente-Inf.)
Commune DE VENÉRAND : du latin vene-
randa, sans doute de quelque chapelle, ou
peut-être de la source dont les eaux ont
été conduites par les Romains dansl’aque-
duc du Douhet. On voit encore dans cette
commune des restes d’un castllum aque.
La branche qui naît à la fontaine de
Vénérand pour se rendre à l’aqueduc du
Douhet, a été décrite par La Sauvagère et
par Bourignon (Antiq., p.135). Le premier .
a pensé que la fontaine de Vénérand n’é-
tait que la continuation en ligne droite de
l’aqueduc jusqu’à la Grañd-Font du Dou-
het. Bourignon, lui, pense avec juste rai-
son que cette fontaine était distincte, et
communiquait avec l’aqueduc par un em-
branchement, et ne fournissait sa colonne
d’eau que dans les circonstances où cela
était nécessaire. On trouve, dans le mou-
838
lin, que cette fontaine fait tourner,
restes de construction antique. L'eau en
sortant de sa source se perd sous terre,
par un trou naturellement creusé dans le
rocher. Ce trou avait été bouché par les
Romains, et on voit encore les restes de la
maconnerie qui servait à le masquer. Une
voûte avait aussi été bâtie pour la con-
duite des eaux. Elle est taillée dans le ro-
cher, et revêtue en dedans, d’un ouyrage
en maçonnerie, haut d’un mètre 73 centi-
mètres. Les vestiges de ce canal se font;re-
marquer en plusieurs lieux, jusqu'&.Ja:
tonne, point de jonction de Font-Giraud.et
de Vénerand.
L'opinion générale dans le pays, est que
l’eau de la fontaine de Vénérand se rend
au gros roc dans la commune de Saint-
Vaize, et que de là, elle était conduite par
le pont romain quiexistait au village de la
-Grand-Porte à Saintes, par les coteaux des
vinets et de la pommeraye. }:
L'eau de la fontaine de Vénérand dépose
beaucoup de carbonate de chaux sur les
corps qui sont immergés.
Le Braud, proche Vénérand, est un lieu
dont le nom est celte et signifie jeune tau-
reau.
Dans toute cette partie de Ja Saintonge,
les sillons des champs sont appelés rer-
sennes, du latin a versu.
CommunE DE Fonp-CouverTE : dans des
_-pouillés du diocèse de Saintes, le hameau
chef-lieu de cette commune est appellé
Fons-Coopertus. Son voisinage de l’aque-
duc du Douhet qui passe sur son territoire
lui a valu, sans nul doute, cette dénomi-
nation. L’aqueduc qui conduisait les eaux
de Fond-Girauld à Saintes, a laissé des
traces évidentes sur le chemin avant d’ar-
river au village, puis dans une vigne pro-
che Montignac, et eufin à la Grimoderte,
ou village du diable. Des murs jadis très
enfoncés sous le sol, sont aujourd'hui à dé-
couvert dans plusieurs endroits,et À trente
pas de Fond-Couverte ; on observe une
portion de canal, creusé dans la pierre, et
enduit de ciment rougeâtre, ayant 54 cen-
timètres de largeur sur 61 de haüteur. On
reconnaît par les tracés de sédiment que
l’eau y a monté de 24 céntim. De ce point,
l’acqueduc se continuait sur le village de la
Grimoderie, où il en existe des ruines,
puis au vallon des #rs, dont mous avons
déjà parlé. À la Grimoderie on voit encore
des maisons entées sur des murs romains,
Grin’od, en celte, signifie un souterrain,
un canal, uu chemin couvert.
A Mouille-Pied , métairie de cette com-
mune, le sol est jonché de débris d’édi-
fices romains, bâtis-en:pierres de petit ap-
pareil. On y a: trouvé :des moulures en
marbres de diverses couleurs, des vases,
des ustensiles en ferietieu:-bronze et beau-
coup de verroteries. Sans nul doute, 1l ÿ à
eu en ce lieu une pilla de quelque riche
Gallo-Romain.
ul
uLo
Librairie médicale de Me V' HILDEBRAND,
839
LA CnaPELLE-DEs-rors : l’église
du hameau ehef-lien de cette commune
est sous le vocable de Saint-Fronton, elle
doit être fort ancienne, mais je n’ai pas
encore pu aller Ja visiter. On appelait
Chapelle, oratoire des rois, à cause de la
Chappe de Saint-Martin, patron des Gaules,
dont elles possédaient une relique : propter
cappan sancti Martini. Dans cette com-
muue sont établies depuis un temps immé-
morial des fabriques de poteries communes
et de faiences blanches à fleurs vivement
peintes, créées alors que Palissy habitait
Saintes, sans nul doute.
Commune De CHamiens : Le nom du village
chef-lieu de la commune est celte et doit
s’écrire Chapniers où Chénier. I] vient de
quercus hereus ouquerceti sacerdos, le culte
du chêne.
Les Scythes, dit Athenée, avaient fait du
chêne le symbole des divinités bienfai-
santes. Maxime de Tyr rapporte que les
Celtes adoraient Jupiter sous la forme d’un
chêne.
Souvent une branche de chêne repré-
sentait l’arbie entier, et les Druides n’of-
fraient jamais un sacrifice sans en avoir
un rameau à la main. Le dieu Fodun des
Saxons et des Germains, ou Voden des
Celtes, était le dieu des forêts, et le mot
Fooden consacré dans les langues du Nord
désigne une forêt. Les Romains ont donné
à Jupiter le surnom de querquetulanus du
culte qu'ils lui rendaient sur le mon Cælius
au milieu d’une forêt de chênes. Les chênes
étaient donc les Jovis arbores, parce que
leur gland avait servi à la nourriture des
premiers hommes, ‘4 à quercu, comme
dit Homère. 11 s’agit du chêne a gland doux
d'Italie et d'Espagne, et nullement de notre
chêne à glaud àpre et astringent.
Les Celtes et les Germains conservèrent
de leurs pères le culte traditionnel et la
vénération qu’ils portaient au chêne. Cet
arbre, par son port et par les services qu’il
leur rendait, était pour eux l’'embléme de
la patrie. C'était le séjour des Druides ;. le
sanctuaire du culte dont les Dolmens
étaient les autels. La profondeur des forêts,
l’oinbre mystérieuse, la sainte horreur
qu'ils y puisaient, le gui sacré qui venait
s'implanter, mais rarement, sur ses ra-
meaux, tout concourrait à faire du chêne
Varbre par excellence. Les Druides ti-
raient leur nom du cello-galiois Derwyde
din, vir pisci quercini, undè Druidæ, per
antonomasin querquetulani viri dicti. Der-
wyddin, vient donc du celte der, derven,
chêne, et wydd gui (Pline, lib. 16, cap. 44,
p. 342). R.-P. Lesson.
Caoatax ever vs
s= a UN D
GÉOGRAPHIE,
Le départ de M. Lesson pour les îles Marquises
nous force de suspendre la série des articles dont
trois ont déjà paru. Nous la reprendrous au mois de
juin prochain. Nos lecteurs n’ont qu'à gagner à ce
retard , l'auteur ayant desiré revoir sur les lieux
15, ruê de l’École-de-Médecine.
ANNALES
ANATOMIE 5 PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
Pusuéus rar J.-B PIGNÉ.
Couservateur du Muséum DUPUŸTREN,
Ancien secrét. et Vice-Président de la Société Avatomique.
Chaque mois uneli-
vraison de 40 pages de
texte in-4°, de 2? plan-
<hes noires ou coloriées,
suivant le sujet,
Ces Annales, publiées sous la forme d'un journal mensuel, formeront un tout complet,
dans lequel sera réuni tout cequi a trait au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo-
ique ; une Iconograz hie d'une exécution parfaite, retracera les types de chaque altération;
esmédecins y trouveront la représentation des faits importans conservés dans le Muséum
Drrcyrnex. Le conseil de santé des arn.ces a approuvé celte publication en la faisant placer
dans les bibliothèques des hôpitaux militaires,
prix: Paris 25fr.
Départ.28 »
Btrang.32 »
on nereçoit queles
lettres affranchies.
————— ———— ——— —————————— — ——]—.———————————_—_—]_—————————_——
Librairie de MEILHAC , cloître Saint-Benoît, 10.
DU DÉPARTERMENT DE LA VIENNE,
Ouvrage rédigé sur un plan nouveau à l'aide duquel on pars
vient l'acilement à la détermination des plantes par, le coucours de
deux méthodes, se servant de contre-épreuve l’une à l'autre.
L'auteur y joint une clef analytique où les plantes sont désignées
par leur nom français, un vocabulaire explicatif des termes tech=
piques, et quatre belles planches parfaitement dessinées.
Pars. — Ip. de LACOUR et MAISTRASSE fils,
mêmes les dernières parties de son travail avant de
les livrer à l'impression,
RER ARR 7 DEEE LE LP RE DO)
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
a
FAITS DIVERS.
La Société de géographie tiendra la première as
semblée générale de 1845 le vendredi 12 mai, à}
sept . heures et demi du soir, dans une des salles de
l'Hôtel-de-Vile, sous la présidence de M. Cunirew
Gridaine , ministre de l’agriculture et du commerce.
— M. Gouvon, envoyé d'Angleterre auprès de la
république du Paragnay, ayant voulu essayer d’y in=r
ne la ae ee de ant RL À
champ. 11 paraït que les cinq consuls qui ont rem-»
placé le dictateur Francia, se montrent encore plus ù
hostiles que lui aux innovations, et que cette af
faire les a déterminés à fermer de nouveau l'accès f
du pays aux étrangers.
FR
“4
— M. le chevalier Bonafous a cffert à la Société
royale agraire de Turin le don d’une médaille en orM
de la valeur de 400 livres, à l'effigie de l’auguste
fondateur de la Société, pour être décernée à l’au-"
teur de la dissertation sur le sujet suivant : 13
Démontrer jar des faits et par le raisonnement il
quelle influence la culture des rizières peut avoir
sur la santé de l’homme, et indiquer les moyens
hygiéniques les plus efficaces pour concilier cette
culture avec la santé des personnes exposées à son
influence.
La société, ayant accepté l’offre , a statué ce qui
suit :
| 4. Les ouvrages des concurrents devront être en-
voyés (francs de port), avant le 4€r janvier 1844, au MW
secrétariat de celte société. Si, dans ce délai, on ne
recevait pas de mémoire digne du prix proposé , le
concours resterait ouvert jusqu’au 427 janvier 1845;
et si, à celte époque, il n’y avait pas lieu non plus 1
à assigner le prix, la question serait retirée du
concours. om 3
2 Les. mémoires, pourrunt ètre écrits en langue
italienne ou en langre francaise. Aa: F
Les niémoires ne seront pas signés parlesau-
teurs, mais seulement ils porteront une épigraphe
qui sera répétée dans un billet cacheté, dans le-
quel seront écrits le nom, le prénom, le lieu de |
naissance et le demicile de l'auteur. Le nom dut
vainqueur sera proclamétrois mois après le terme M
fixé pour la présentation des mémoires. |
Je $ |
BIBLICGRAPHIE. H
EXTINCTION GRADUELLE du paupérisme au
moyen du rétablissement de l'équilibre ertre le
prix des salaires des ouvriers et le prix des aliments;
par J. Bonhomme-Colin.
HISTOIRE des antiquités de Laigle et de ses en< |!
virons, comprenant des recherches historiques sur y
les invasions des Romains, des Franes et des Nor-
mands dans les Gaules, sur l’origine de Verneuil, etc.
Ouvrage posthame de J. F. Gabriel Vaugeois.
Edité et publié par sa famille. A Laiïgle, chez Bre-
dif.
FRAGMENT J'un voyage dansle Chili ct au Cusco
patrie des anciens Incas; par Claude Gay.
ASIE CENTRALE. Recherches sur les chaînes
de montagnes et la climatologie comparée; par A:
. de Humboldt. À Paris, chez Gid, rue des Petits-
Augustins, D. <
Er F4 ED ER ET
ANALYTIQUE ET DESCRIPTIVE
7
4 vol. in-8.
BALE
rue Saint-H\ acinihe-S.-Michel, 33,
e année.
|
J 40.
u
T
dencre er
D
du et
M
DU N
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
Paris. — Dimanche, 14 Mai 1843.
Ke
N
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SAVANT.
L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUIMDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de !,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’ahonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Mesggsies Prix du journal : PAR:8 pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50!, trois mois 7 {r. — DÉPARTEMENTS 50 fr., ’Gfr.,
8 fr. 50: AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripleurs peuvent recevoir pour GEKQ:fr.- par an et par recueil lÉGHO DE LA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
" encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
| SOMMAIRE, — SCIENCES PHYSIQUES. | est produit par un seul couple; ils ont
PHYSIQUE. De l’action chimique d’un eu! cou-
» ple voltaique et des moyens d'en augmenter la
puissance; de la Rive. — Sur les taches circu-
laives de Priestley formée par des étincelles élec-
| triqués très faibles ; Mateucei. — PHYSIQUE
APPLIQUÉE. Sur l’oléomètre de M. Laurot ; Gi-
| xardin, Person et Preisser. — CHIMIE APPLI-
“ QUÉE. Nouveau procédé de purification de l'air,
“ Payerne, — SCIENCES NATURELLES. MI-
“ NERALOGIE. Pépite d'or trouvée dans l’Oural.
— ANATOMIE. Conservation des substances
animales pour les préparations anatomiques;
- Pabbé Baldacconi. — ZOOLOGIE. Nouvelle es-
pèce d'oiseaux du Pérou ; Lesson. — SCIENCES
APPLIQUEES. — ARTS CHIMIQUES. Per-
| fectionnement dans la fabrication des chandelles ;
“ Palmer, — ÉCONGMIE DOMESTIQUE. Eclai
ralions sur les céréales ; Loiseleur Deslongchamps.
| — MAGNANERIU, Sur les moyens de prévenir
| la muscardiue; Benjamin Cauvy. — SCIENCES
|: HISTORIQUES. ACADEMIE DES SCIENCES
BIORALES ET POLITQUES, Séance du 6 mai.
| — LINGUISTIQUE : Essai d’une grammaire dela
M langue des îles Marquises; Lessone — GÉOGRA-
PHIE. Société de géographie, séance du 12 mai.
—- ARCHÉGLOGIE. Notice sur l’église Notres
Dame-des-Miracles, à Mauriac; Delalo.
Des te
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
L
… De Paction chimique d’un seul couple vol-
taïque etdes moyens d'en augmenter la
puissance; par M. À de la Rive, de
Genève.
Une lame de ziuc et une lame de platine
ll plongent, sansse toucher, dans un même
‘" lijuide conducteur; ces deux lames sont
… unies extérieurement au liquide par un fil
1 métallique ; aussitôt il s'établit un courant
‘« dans le circuit qu'on a ainsi formé : ce cou-
"a
« rant peut produire de puissants effets calo-
rifiques et magnétiques.
Mais si le fil métallique qui unit exté-
rieurement les deux lames du couple est
interrompu par un conducteur liquide, et
| siles portions du fil qui communiquent.
axec le liquide sont en platine , le courant
vepasse plus ou du moins passent très mal.
| Houtefois un galvanomètre sensible, placé
dans le circu.t, indique encore le passage
| d'un léger courant, et la faculté qu’ac-
. quiérent les fils de platine qui ont servi à
| mettre le liqu'de dans le circuit, de donner
ensuite naissance eux-mêmes à un courant
secondaire, semble démontrer qu'il y a eu
une d'composition électro-chimique, quoi-
qu'en apparence cette décomposition ne soit
wf pas sensible,
IN Plusieurs physiciens, d'abord M. Bec-
ir, querel père, longtemps avant tous les au-
A tres, puis MM. Henrici, Martens, Grove,
L Scho:nbein , Edmond Becquerel, ont
KE éberclié à étudier l'effet du passare à tra-
versrn liqu'de ‘on lncteur du courant qui
rage par l'alcool. — AGRICULTURE. Considé-}
réussi à opérer cette transmission en sub-
stituant à l’un du moins des électrodes en
platine . un électrode d’une autre nature
ou de l'éponge de platine ; mails ils ne se
sont pas spécialement occupés des moyens
de transmettre le courant quand les deux
électrodes sont également des lames ou des
fils de platine. C est ce cas que j'ai désiré
examiner de plus près en employant pour
liquide de l'eau distillée mélangée avec une
proportion d’acidesulfarique d'environ 1710
en volume.
Un couple à force constante, chargé
avec du sulfate de cuivre et de l’eau salée,
et dans lequel le diaphragme était en bois,
wa point décomposé l'eau d’une manière
sensible, quoique les électrodes fussent
très rapprochés (à un centimètre de dis-
tance seulement) et qu'ils présentassent
chacun une surface de 16 centimètres car-
rés au moins. Un galvanomètre peu sen-
sible , placé dans le circuit, indiquait aux
premiers instants 20 à 25 degrés et se fixait
à 5 où Gdecrés de déviation; et les élec-
trodes donnaient naissance, après l'inter-
ruption un circuit, à nn courant secon-
daire de près de 90 degrés. Il y avait:eu
évidemment un commencement de décom-
position chimique assez vif, puis cette dé-
composition s'était ralentie et était devenue
insensible. Présumant que l’adhérence des
gaz dégagés à la surface de platine des élec-
trodes pouvait être la cause de ce ralentis-
sement, je plaçai l'appareil où s’opérait la
décomposition sous une cloche dans la-
quelle on pouvait faire le vide. Aussitôt que
j'eus fais le vide , queiqués bulles de gaz
très fines s'échapperent ide la surface du
platine, et le galvanomètre indiqua üne
déviation de {0 à 12 devrés, ce qui prou-
vait que le courant avait au moius doublé
d'intensité. Toutefois bientôt le galvano-
mètre retombait à 5 ou 6 degrés, et il fal-
lait donner de nonyeau quelques coups de
piston pour le ramener à 10 ou 12 degrés.
Les gaz adhèrent tellement à la surface du
platine, que , même dans le vide le plus
parfait, ils ne quittent pas complétement
ces surfaces; néanmoinsl'expérience prouve
qu'ils s’échappent en partie et rendent ainsi
la transmission du courant plus facile. C'est
surtout vrai pour l'hydrogène, car l’adhe-
reuce de loxi;èue au platine est une véri-
table combinaison chimique, ainsi que j'ai
déjà eu occasion de le faire remarquer ail-
leurs, observation confirmée par d'autres
faits dont il sera question plus loin, L'a--
dhérence de l'hydrogène à l’électrode de
platine m'a fait présumer que c’est égale
ment à l'adhérence de ce gaz qu'on doit at-
tribuer l'absence presque absolue d’action
1
chimique qu'éprouve une lame de zinc.
amalgame ou ane lame de cadmium plon-
gée dans lacide sulfurique étendu quand
elle est isolée. Or l’action chimique a liex
au premier iastant de, l'immersion, mais
es bulles d'hydrogène qui se dégagent for-
ment un couche mince adhérente à ja sur-
face des métaux qui protège cette surface
contre ‘toute action chimique ultérieure.
Pour prouver que les cuoses se passent
ainsi, J'ai placé sous la cloche de la pompe
pneumatique, tantôt un morceau de zinc
amalsgamé, lantôt un morceau de cadmium
plongé dans de l’eau distillée qui renfer-
mait 1720 d’acide sulfurique en volume.
Aussitôt que le vide a été opéré, on a vu
les bulles se dégager avec abondance de la
surface de l’un et de l’autre métal, et une
action chimique très vive a eu lieu. Dès
qu'on rendait l'air, les bulles de gaz encore
adhérentes aux métaux s’aplatissaient im-
médiatement, la surface métallique prenait
un aspect mat dû à la couche de gaz, et
l’action chimique cessait tout à fait ou per.
dait beaucoup de sa vivacité. Deux lames
de cadmium ayant été plongées dans de
l'eau aciduite, l’une dans le vide, L
dans l'air, la première avait perdus nt
grammes et la seconile 3 seulement éerbout K
. g L £S F4
de vingt: qua’re heures; elles pesatént l’
et l'autre 20 grammes et présager
même surface à l’action chimid
guide. Ainsi la:pression atmosphék
qd'é,cen ;
facilitant adhérence de l’hydrogète-auxi S
surfaces métalliques, peut être un be
à la continuation de certaines actions © i-
miquesqui n'ont lieu que dansles premiers
instants. Ce point de vue serait peut-être
intéressant à suivre dans d’autres cas d’ac-
tion chimique.
Convaincu par les expériences qui pré-
cèdent que le véritable chstacle à [a trans-
mission du courant d’un couple à travers
un liquide conducteur est la formation des
premieres couches gazeuses sur la surface
des électrodes, j’ai cherché les moyens de
faire disparaitrecet obstacle en enlevant ces
couches. Le véritablermoyen c’est de faire
arriver alternativemeñtsur chaque élee-
trode de l’oxygène.et-de l'hydrogène. Dans
ce but, j'aifait construire un commutateur
qui, interposé dans le cireuit, rend le cou-
rant discontinu et dirigé alternativement
ensens contraires. Aussitôt le courant d’un
simple couple est transmis à travers le =
quide condccteur, et les électrodes de pla-
tine se recouvrent au bont de quelque
temps, comme j'ai montré que cela arrive
toujours avec les courants alternativement
dirigés en sens contraire, d’une couche de
platine divisée, Je me suis servi dans ces
expériences d’un petit couple platine 2
cadwium; la plaque de cadimium présens-
tait une surface de 6 centimètres carrés, et
celle de platine une surface double, Les
deux lames plongeaient dans un flacon qui
contenait 90 centimètres cubes d'eau aci-
dulée. Le courant fut d'abord transmis à
cents"
Z3
4
844
travers un fil de platine très fin placé au
centre d’une boule de platine qui contenait
4 grammes d'eau distillée. On recueillait le
gaz hydrogène dégagé sur le platine du
couple et par conséquent pour une même
quantité d'électricité produite, l'élévation
de température de l'eau où plongeait le fil
de platine était la même, que le courant
fütcontinu ou alternatif. On interposa alors
dans le circuit un voltamètre (1) : le cou-
rant ne passa nullement tant qu’il fut con-
tinu; mais aussitôt qu'en faisant agir le
commutateur, on l’eût rendu alternatif, il
fut facilement transmis. On s’en apercut
bien vite, parce qu'il y eut dégagement
d'hydrogène au platine du couple, et parce
la température du liquide du voltametre
s’éleva sensiblement , ainsi que celle du
liquide du couple. 11 ÿ eut 10 centimètres
cubes de gaz hydrogène dégagé dans 15,
sur la surface de platine du couple, la tem-
pérature s’éleva de 13 degrés à 15; le liquide
du voltamètre était exactement le même
que celui du couple, et il y en avait la
même quantité : l'élévation de température
de ce liquide fut également de 2 degrés ;
mals il n’y eut aucun dégagement gazeux
sur les lames, vu que les courants étaient
alternatifs et que les lames de platine pré-
sentaient une surface de contact ævec le
liquide suffisamment grande. ..
On obtient les mêmes résultats avec un
couple quelconque. Iln’y a qu'à interposer
dans le circuit où se trouve déjà un volta-
mètre , un galvanomètre calorifique sen-
sible , tel que l’hélice d’un thermomètre de
Breguet ou un fil de platine qui traverse la
boule remplie d’air d’un ihermocospe.
Tant que le courant est continu , l'instru:
ment ne s’échaufle pas; mais, dès qu'il:
devient alternatif, l'instrument indique un
réchauffement de plusieurs degrés dû au
passage du courant.
Au lieu d'employer un, commutateur ,
on peut, au moyen d'un électro-aimant,
avoir des courants dirigés alternativement
en sens contraire à travers le liquide du
voltamètre. Dans ce but on dispose alter-
nativement par le courant du couple et
par l’un des courants d’induction dét r-
miné dans le fil de métal qui entoure le
fer doux et le courant du couple lui-même.
Ces deux courants sont dirigés en sens con-
traire : dans les premiers moments de l’ex-
périence, le courant d’induction l'emporte
sur le courant du couple ; aussi y a-t-il
dégagement gazeux sur les électrodes de
platine G mais, AU boat d’un temps plus ou
moins long , les électrodes se noircissent,
il n’y a plus de dégagement gazeux, ce qui
prouve que le courant du couple traverse
aussi facilement le liquide que le courant
d’induction. Ainsi le courant d’induction
favorise cettte transmission en apportant
constamment de l'oxygène à l’électrode où
le courant du couple doit dégager de
l'oxygène. M. Grove avait déjà observé un
effet de ce genre par un procédé différent.
Il yadans l'expérience qui précède deux
courants alternativement en sens contrai-
res qui traversent le liquide : le courant du
couple et le courant d’induction qui est dû
au courant même du couple; or, une
chose remarquable, c'est que si la surface
des électrodes est pelite, c’est le courant
d'induction qui l'emporte si elle est très
grande c'estle courant du couple : il y
(1) J'appelle ainsi, comme l'a proposé Faraday,
un flacon rempli d'eau acidulée dans laquelle plon-
sent deux fils ou lames de platine qui servent à
transmettre le courant destiné à décomposer l’eau.
845
cune certaine limite à laquelle les deux
aourants sont égaux. On atteint cette
limite avec deux petites lames au moyen
de la poudre noire dont elles se recou-
vrent, et qui tend à augmenter de la
quantité justement suffisante leur surface
de contact avec le liquide. Un galvano-
metre à sinus, placé dans le circuit, fait
voir très bien toutes les phases d'intensité
relative des deux courants.
Quand ces lames ou les fils de platine qui
servent d’électrodes ont acquis une surface
pulvérulente par l'effet des courants alter-
nai ; ils deviennent, comme l'éponge de
platine, capables de transmettre À travers
un liquide conducteur le courant d’un
seul couple, et ce liquide est décomposé.
Mais lhydrogène seul se dégage d’une
manière bien prononcée, l’oxigène paraît
être absorbé par l’électrode. Le couple que
J'ai employé pour ces essais était un couple
à force constante de Daniell.
Quant on examine de près les résistances
que le courant d’un seul couple doit sur-
monter pour traverser un circuit dans le-
quel on interpose un voltamètre à élec-
trodes de platine, on n’est pas surpris de
la presque impossibilité où il est de Je tra-
verser. En effet, dans un couple zinc amal-
gamé platine plongé dans l'acide sulfurique
étendu, le courant parti du zinc doit tra-
verser le liquide du couple, pénétrer dans
la platine du couple, où il dépose de l’hy-
drogène, puis passer à travers le liquide
du voltamètre, en déposant également des
gaz sur l’un et l’autre des électrodes de
platine de ce voltamètre. La résistance se
manifeste essentiellement dans les trois
parties du circuit où le courant doit passer
du liquide dans le platine ou du platine
dans le liquide. Il m’a paru que si l’on par-
venait à diminuer l’une au moins de ces
trois résistances, il y aurait déjà beaucoup
de gagné > et Que, pour avoir la décompo-
silion de l’eau complète au voltamètre,
c'était la résistance qui à lieu au platine du
couple qu'il fallait diminuer. M. Grove a
déjà obtenu à cet égard un résultat im-
portant en plongeant le platine, non dans
l’eau aciduléc dans laquelle le zinc est
placé, mais dans l'acide nitrique à 40 de-
grés, qui est Jui-même séparée de l’eau
acidulée par un diaphragme poreux en
porcelaine dégourdie. L'hydrogène: dont
le courant tend à recouvrir la surface du
platine du couple , est absorbé par l’acide
nitrique ; la résistance est, par conséquent,
beaucoup diminuée, et l’eau est légèrement
décomposée au voltamètre. M. Becquerel
père m'a dit avoir aussi observé que l’eau
peut être composée en remplaçant dans sa
pile acide nitriqueet potasse celle des lames
de platine qui plonge dans la potasse par
une lame de zine, et en transmettant à tra-
vers un voltamètre ordinaire le courant de
cette pile simple.
Sur les taches circulaires de Priestley for-
mées Par des étincelles electriques très
fables; pas M. Ch. Matteucci.
Tous les physiciens connaissent les expé-
riences de Priestley; en faisant passer la
décharge d’une batterie de 40 pieds carrés
de surface entre deux boutons de cuivre
où à travers une lame d’étain, on obtient
une tache circulaire fondue au centre, en-
vironnée par un cercle de poussière noire
autour duquel il se forme plusieurs cercles
colorés avec des couleurs prismatiques
très brillantes, Les phénomènes que je vais
décrire doivent avoir une grande analogie
846 '
avec les taches de Priestley. Je prends une
lame de Dagnerre et je la présente à l’ex-
trémité émoussée d’une tige de laiton qui
communique au conducteur de la machine
électrique. Après quelques tours, trois ou
quatre, on voit apparaître sur la lame, et
dans un point correspondant à l'extrémité
de la tige, une tache ordinairement circu-
laire, de couleur noirâtre. Cette tache est
large de 2 ou 3 millimètres ou davan-
tage, car elle semble occuper toujours la
base du cône lumineux qui constitue l’é-
tincelle.
La tache se forme également en rece-
vant à peu près sur les mêmes points quel-
ques étincelles. Cette tache, qui n’est que
noirâtre d’abord, si l’on contitue à faire
passer la décharge électrique, on la voit
s'étendre, blanchir au-centre, à Texté-
rieur s’environner par des cercles de cou-
leurs prismatiques, que l’on voit bien à la
loupe. J'ai employé, au lieu de la tige de
laiton, pour faire jaillir l’électricité de la
machine, des corps très différents, tels
qu'un fil d'argent ou de platine, ou de
cuivre, ou un morceau de charbon; j'ai
présenté à ces différents corps la lame de
Daguerre et j'ai obtenu également la même
tache que j'ai décrite. J’ai cherché l’in-
fluence qu'exerçait le milieu gazeux sur
ces phénomènes. Ainsi, jai disposé l’appa-
reil pour faire passer une petite étincelle
entre une tige métallique et la lame de
Daguerre sous la cloche de la machine
proeumatique; j'ai obtenu ia tache, et à
peu près dans le même temps, lorsque la
pression était réduite à moins de Om,014 ;
je l’ai également obtenue dans l'acide car-
bonique plus ou moins raréfié, et dans le
gaz azote. Dans ces divers cas, il m'a sem-
blé que la tache se formait à peu près dans
le même temps que dans l’air atmosphé-
rique:
En chauffant la lame avec la flamme de
l’aicool , il est très difficile de faire dispa-
raître la tache, et lorsqu'on prolonge l’a-
tion de la chaleur, elle finit par blanchir.
Cette tache adhère assez fortement à la
lame ; les solutions de potasse ou de
soude assez concentrées ne Îa détruisent
pas, non plus que l’eau acidulée avec l'a-
cide sulfurique. Ce n’est que l’acide ni-
trique très dilué et l’ammoniaque concentré
qui agissent fortement pour faire dispa-
raître cette tache, ce qui pourrait faire
croire qu’il s’agit d'oxyde d'argent. En fai-
sant passer à travers deux lames de Da-
guerre une forte décharge d une batterie
de dix grandes bouteilles, je nai rien ob-
tenu de semblable aux taches dont je viens
de parler; j'ai vu se former de très belles
étoiles d'une couleur jaune d’or, qui cor- &
réspondaient aux deux houles de l'exci-
tateur entre lesquelles se trouvaient les
lames.
PHYSIQUE APPLIQUÉE.
Sur l'oléométre de M. Laurot, par MM. J.
Girardin , Person et Preisser.
L'huile de colza du commerce est depuis
longtemps soumise à de nombreuses falsi=
fications. On la mélange communément
avec des huiles ayant une moindre valeur,
telles que celles de poisson, delin, d'œil-
lette, de ravison , ete. Ce trafic est prati=|
qué avee d'autant plus de facilité, que la
chimie, par une exception heureusement
fort rare , ne possède que des moyens tres
imparfaits de reconnaitre quelques unes
de ces sophistications. Le chimisle a bien
un réactif certain pour découvrirde faibles
ÿ
ù
1847
Moses d’huile de poisson en mélange; mais
quand il s’agit de se prononcer sur l’exis-
htence de l'huile d’œillette , de lin , de chè-
inevis et d'autres huiles végétales , ilne peut
“employer que des moyens qui ne lui don-
inent pas une certitude complète.
Les marchands d'huile de colza connais-
‘sent probablement ces faits; car, de tous
“les produits commerciaux fraudés, et
‘le nombre n’en est pas pelit, l'huile est
| peut-être celui qui l’est le plus souvent , et
de la maniere la plus hardie.
Il
Dans le but de mettre un terme à ces fal-
:sifications toujours croissantes, les ache-
teurs d'huile de colza non épurée, de Paris,
“se sont réunis, et ont engagé M. Laurot à
faire des recherches , dans le but de dé-
couvrir dans l’huile de colza la présence
d'huile étrangère. Aprés bien des essais,
M. Laurot leur a livré un instrument dont
nous devons d’abord vous donner Ja des-
cription.
Il se compose d’une burette en fer-blanc,
| faisant fonction d’un bain-marie. On
rplace un cylindre creux en fer-blanc, dans
Hequel on introduit l'huile à essayer. Quand
lon expose cet appareil au feu, l’eau ne
| tarde pas à entrer en ébullition; la chaleur
‘se communique à l'huile, qui prend alors
l'une température qui ne peut pas dépasser
00°. — Un petit aréomètre, plongé dans
. l'huile , marque la densité de ce liquide;
mais comme sa tige est extrêmement fine,
| les plus légères différences dausle poids spé-
cifique sont rendues sensibles. La tige est
| partagée en parties égales. Il y a 200 par-
tes au-dessous du 0°, et 20 à 25 parties au-
| dessus. Enfin, un thermomètre plongé
dans le vase indique quand la température
de l'huile est arrivée à 400.
. M. Laurot a observé qu’a la température
| de l’ébullition de l’eau, les huiles sont loin
d’avoir la même densité , et que les diffé-
| rences sont très sensibles sur la fine tige
| de l’aréomètre, qui, dans une espèce, s’en-
fonce peu , et beaucoup dans une autre.
| Avec l'huile de colza, l'aréometre s’arrête
au Zéro.
| Avec l’huile de lin, à 210
| Avec l'huile d'œillette, à 124
Avec l'huile de poisson , à 63
Avec l'huile de chénevis, à 136
| Comme on le voit, les différences sont
toujonrs très tranchées. — Quand l’huile
de colza est mélangée de 5 ou 10 p. 100,
par exemple , d’une autre huile, l’aréo-
mètre le dénote aussitôt, en s’enfonçant
d’une moindre quantité.
| À l'instrument est joint une table, sur
laquelle sont indiqués les degrés que doit
marquer l’aréomètre, quand il- y a 5, 10,
15, 20, etc., p. 100 d'huile de poisson ou
d’une autre huile.
Nous avons fait un grand nombre d’ex-
Périences avec l’oléomètre, et nous avons
réconnu que , quand l'huile de colza est
pure, l'instrument s'arrête constamment
au zéro de l'échelle, lcrsque le liquide est
arrivé à la température de 100 degrés cen-
tigrades. Nous nous summes ensuite assurés
que, pour peu que l'on ajoute une huile
étrangère plus dense, l'instrument remonte
aussitôt et indique ainsi la fraude. Nous
avons opéré sur un grand nombre d’espèces
d'huiles commercialement pures, afin que
nos expériences ne laissassent aucun doute
à l'esprit. 4
Mais , en examinant les poids spécifiques
de toutes les huiles connues, nous en
avons trouvé une plus légère que l'huile de
colza, et dans laquelle la tige de l’aréo-
848
mètre s'arrête à 23»au-dessus de 0,, et par
conséquent s'enfonce davantage que dans
l'huile de colza. La théorie indiquait que
l’Auile dé suif (acide oléique, résidu de la
fabrication des bougies stéariques), mélan-
gée avec de l'huile de colza pure’, devait
permettre l'introduction d’une certaine
quantité d’huiles communes plus denses,
et que l’on pourrait, par ce moyen, faire
un mélange d'huiles dans lequel l’aréo-
mètre cependant marquerait 0°. Le résultat
de la théorie . nous l’avons confirmé par
l'expérience, et nous sommes parvenus,
par le moyen de l’huile de suif, à frauder
l'huile de colza, avec 30 à 40 p. 100 d’huile
de lin, d’œillette ou de poisson, sans que
l’aréomètre indiquât la falsification.
Ainsi, voici un cas où l'instrument se
trouve en défaut. Mais, heureusement, il
est facile de remédier à cet inconvénient.
L’acide oléique (huile de suif) a des carac-
tères tellement tranchés, qu’il est aisé d'en
reconnaître la présence dans les huiles,
même quand il ne s’y trouve qu’en petite
quantité. Son odeur repoussante est déjà
un indice pour le chimiste. Si on plonge
dans une huile de colza pure un papier
bleu de tournesol, la couleur de ce dernier
ne sera nullement altérée, alors même que
l'huile de colza serait rance. I] n'en sera
pas de même si elle renferme 4 à 5 p. 100
d'huile de suif. Le papier humide qu’on y
plonge, et qu'on presse ensuite entre deux
feuilles de papier brouillard, prend une
teinte rouge tres manifeste. En troisième
lieu , l’huile mélangée étant agitée avec de
l'alcool à 36°, cède à ce véhicule presque
tout son acide oléique , qui apparaît, par
l’évaporation de l'alcool, avec tous ses ca-
ractères distinctifs.
Il'existe encore une autre huile, celle de
cachalot, qui possède une densité moindre
que l'huile de colza ; mais cette huile est
trés peu répandue dans le commerce, et
d’ailleurs il serait toujours très facile d’en
reconnaître la présence, par le procédé si
simple indiqué par Fauré, de Bordeaux.
Un peu de chlore que l'on dégagerait dans
l'huile la colorerait aussitôt en noir.
De tous ces faits et des nombreuses expé-
riences auxquelles nous avons soumis l’o-
léomètre , nous tirons la conséquence que
l'instrument de M. Laurot est une excel-
lente acquisition.et pour la science et pour
le commerce. Ii permet de se prononcer
bardiment sur la valeur d’une huile de
colza non épurée. Le commerçant, ou plutôt
le chimiste, après s'être assuré , au moyen
du papier de tournesol, que l’huile à es-
sayer ne renferme pas d'huile de suif , doit
expérimenter avec l’oléométre. Si l'instru-
ment ne s'arrête pas au 00, il peut en con-
clure hardiment que l'huile est falsifiée, et
trouver avec exaclitude dans quelles pro-
portions existe l'huile étrangère. L'opéra-
teur peut donc refuser toute huile qui ne
donne pas à loléomètre l'indication conve-
nable , c'est-à-dire qui ne marque pas 0e.
L’oléomètre , il est vrai, ne dit rien sur
la nature des huiles frauduleusement; mais
il y a des réactifs, découverts par M. Lau-
rot, qui fournissent des renseignements à
cetégard. Aa reste , l'emploi de ces réac-
tifs n’est pas d’absolue nécessité pour l’opé-
rateur quiachète une kuile de colza ; pour
lui ,la question principale est de recon-
naître S'il y a falsification ou non, si l'huile
de colza est pure ou additionnée d’autres
huiles, et, sous ce rapport , l’oléomètre de
M. Laurot, nous le répétons, présente
toutes les garanties désirables.
849
CHIMIE APPLIQUEE.
Nouveau procédé de purification de l'air,
par M. Payerne.
La patente qui a été accordée à M. Pa-
yerne pour le procédé qu'il emploie pour
purifier l'air dans la cloche du plongeur
vient d’être publié. Nous y avons trouvé
: Jes détails suivants :
fo Pour priver l'air renfermé du gaz
acide carbonique produit par la respira-
tion, on emploie un mélange de chaux vive
et d’alcali caustique, ou seulement de la
chaux qu’on fait dissoudre dans 8 parties
en poids d’eau. On force l'air à travers
cette solution caustique, en se servant d’un
soufflet, dont la tuyère descend presque
jusqu’au fond du récipient; l'air vicié étant
ainsi mis en contactavec la chaux, l’acide
carbonique se trouvera absorbé.
20 Pour remplacer l’oxygène absorbé,
l’auteur emploie du chlorure de potasse ;
ou bien il dégage l’oxigène du peroxyde de
manganèse par la chaleur.
3° Pour renouveler l'air contenu dans
l’intérieur de la cloche et remplacer loxy-
gène absorbé, l’auteur attache à la cloche
un récipient dans lequel l'oxygène a été
préalablement comprimé ; il permet aussi
l'air de s'échapper de deux récipients où il
a été comprimé à plusieurs atmosphères,
et qu'on place à chaque extrémité de la
cloche. Les récipients sont munis de robi-
nets pour régler l’émission de la quantité
d’air nécessaire.
æ
© D)
SCIENCES NATURELLES.
MINÉRALOGIE.
Pépite d’or natif trouvée dans l'Oural.
Les mines de Zarevo-Nicolaelsk et de
Zarevo-Alexandrofsk, situées dans la par-
tie méridionale de lOural, pente asiatique,
ont déjà fourni plus de 6,500 kilog. d’or.
C’est dans les allusions aurifères de Miask
que, en 1826, la grande pépite de 10 kilog.
et plusieurs autres d'un poids de 4 et 6 172
kilog. ont été trouvées à une profondeur
de quelques pouces sous le gazon. Des
l'année 1837, les mines de Nicolaefsk et
d’Alexandrofsk semblaient épuisées, et l’on
tenta de nouvelles exploitations daus Île
voisinage, surtout le long du ruisseau
Tachkou-Targauka. On réussit trés bien
dans cette plaine marecageuse ;, et déjà, au
commencement de 1842, toute la vallée
avait été exploitée à l'exception de la seule
partie occupée par les usines de lavage d’or.
Pendant l'été de 1812 , on résolut de dé-
molir les édifices des usines ; on trouva des
sables d’une richesse iminense , et, enfin,
sous l’angle même de l'usine, à une pro-
fondeur de 3 mètres, une pépite du poids
de 36 kilog. Celle trouvée à Haïti, en 1902,
dans les lavages d’or de Rio-Hayna, et
tombée au fond de lä mer dans le naufrage
où périrent Bobadilla, Roldan et le cacique
belliqueux Guarionex, pesait 14à 15 kilog.;
celle découverte en 1821, aux Etats-Unis,
dans le comté d'Anson, était de 21 kilog.
70.
La masse d’or natif, trouvée en no-
vembre 1812, dans les couches d’alluvion,
reposant sur le diorite, surpasse de jlus
du double le poids du grano de oro d'Haïti.
Tel est le prodigieux accroissement du
produit de l'or de lavage en Russie, surtout
en Sibérie , à l’est de la chaîne méridienne
de l'Ourad, que la masse totale de l'or se
se sera élevée dans le courant de l’année
1842, à 16,000 kilog., dont la Sibérie
850
seule , à l’est de l'Oural, a fourni plus de
7,800 kilog, ( Académie des sciences, 9 jan-
vier 1545.)
ANATOMIE.
Conservation des substances animales pour
Les préparationsanatomiques, par M. l'ab-
bé Baldacconi, préparateur du musée
histoire naturelle de Sienne.
On se rappelle peut-être que G. Segato
avait découvert un moyen pour réduire à
l’état d’une solidité pierreuse les substan-
ces animales, tant dures que molles: mais
cet inventeur a emporté son secret dans la
tombe.
Depuis cette époque, on a fait beaucoup
de recherches sur ce sujet, et on a proposé,
entre autres substances, le deutochlorure
de mercure; mais je savais parfaitement
bien que ce sel ne joignait pas à ses pro-
priétés antiseptiques la faculté de lapidi-
fier les substances animales. J’ai donc cru
qu’il me serait possible d’y ajouter une au-
tre substance! qui rendrait plus énergique
Vaction du deutochlorure de mercure,
afin de remplir les conditions voulues.
Dans cette idée, j'ai essayé de faire usage
du sel d’ammoniaque, et l’on sait que par
la voie humide ce sel s’unit au sublimé cor-
rosif pour former le sel triple, connu des
alchimistes sous le nom de sel d’Alem-
broth.
Les premiers objets que j'ai plongés dans
une dissolution de ce sel composé ont com-
merncé par flotter à la surface ; mais peu à
pewils se sont immergés, et après quelques
jours on les a vus gagner le fond. Alors
jugeant qu'ils étaient saturés, je les ai reli-
rés de ce liquide, et j'ai eu la satisfaction de
voir qu’il avaient acquis la dureté des pier-
res, qu’on pouvait mème Îles polir, qu'ils
résistaient au marteau, que leur cassure
était angulaire, leur poids spécifique cinq à
six fois plus considérable que celui de eau,
et qu'ils rendaient enfin un son métallique
quand on les frappait.
Une circonstance très intéressante, c’est
que les objets ainsi traités conservent leur
couleur naturelle. Depuis six ans que jai
commencé à en préparer ainsi, non seule-
ment ils n’ont éprouvé aucune altération,
mais en outre je n’ai mis aucun soin parti-
culier pour leur conservation.
J'ai déposé dans le musée impérial et
royal un assez grand nombre de pièces
ainsi conservées, parmi lesquelles se trou-
vaient des animaux à Corps mous et géla-
tineux, dont la préparation est très diflicile
parles méthodes ordinaires.
… Si j'ai rapporté ces faits, c'est que je
les crois utiles, et que j’ai l'espoir qu’en ré-
pétant mes expériences on en confirmera
l'exactitude.
ORNITHOLOGIE.
Nouvelle espèce d'oiseau : le CALLYRnYNQUE
pu PEROU , par Lesson.
Nous avons publié dans le No 7 de la
Revue zoologique, de 1842, p. 209, la dia-
sguose du genre.
Callyrhynchus, appartenant au groupe
des bouvreuils, etdans cette note, ilne s’a-
gira que de l'espèce à laquelle nous! avons
donné pour nom trivial l’épithète de peru-
vianus, parce qu'elle se trouve aux alen-
tours de Callao et de Lima, au Pérou. Au-
gun auteur que je sache n’a mentionné ce
curieux oiseau, quia le port et la forme
d’un bouvreuil, la livrée sale et grisâtre
d’un moineau femelle et le bec sillonné sur
851
les côtés de la mandibule supérieure comme
le présente le Crotophaga sulcirostris de
Swainson ou notre ami de Las-Casas. Le
callyrhynque péruvien à au plus 7 centi-
mètres 60 millimètres. Les ailes dépassent
peu le croupion. Élles ont leurs penves
primaires presque égales, et ladeuxième un
peu plus longue que les premières et troi-
sièmes. La queue est médiocre, légèrement
échancrée. Les tarses sont moyens et arna-
loguesà ceux des houvreuils. Le bec seul
est remarquable par le renflement de son
arête qui entame légèrement les plumes du
front. Il est très comprimé sur les côtés, et
fort élevé. Des sillons occupent les parois
latérales de la mandibule supérieure au-
dessous des narines.
Le corps de cet oiseau singulier est d’un
brunolivâtreuniforme; les ailesetla queue
sont d'un gris brunâtre, affaibli par les
franges olivâtres des bords de chaque plu-
me. Les joues sont nuancées de roux ferru-
gineux ; un collier roussâtre marque le de-
vant du cou et sépare le grisâtre clair du
gosier et de la gorge. Le ventre, les flancs
et le bas-ventre sont blanchâtres avec une
nuauce légèrement jaunâtre. Les tarses sont
gris bleuâtre clair et le bec est de couleur
de corne.
Cet oiseau a-été tué sur des petits buis-
sons par M. Adolphe Lesson, médecin én
chef des îles Manquises. R:=P:E,
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQUES.
Perfectionnement dans la fabrication des
chandelles; par M. Palmer.
On emploie actuellement dans la fabri-
cation des chandelles et des bougies stéa-
riques deux espèces; de mèches qui s’in-
clinent à mesure de la combustion et dis-
pensent du soin de les moucher, tout en
empêchant les chandelles de couler. Les
unes sont nattées , les autres sont contour-
nées en spirale autour d’un fil de fer qu'on
retire quand Ja chandelle est coulée.
Les mèches, préparées par l’auteur, ont
la même propriété, mais au lieu de les
vatter il les enduit sur une face seulement
d’une pâte composée d’amidon , qu'il ap-
plique à l’aide d’une brosse. Pour cet effet,
il prend des brins de coton d’une longueur
proportionnée à celle dela mèche, et les
passe dans une gouttière creusée dans une
plaque recouverte d’une autre plaque, per-
cée d’une rainure correspondante , et sur
laquelle il passe la brosse enduite de la
colle préparée ; il fait ensuite sécher ces
mèches et les engage dans le moule à l’aide
d'un fil de fer, portant une encoche à sa
partie inférieure pour recevoir la mèche,
laquelle est retenue par ses deux bouts à la
partie supérieure. Cette mèche double est
tenue ainsi séparée pendant que la chan-
delle est coulée ; on retire ensuite le fil de
fer. Pendant la combustion, les deux bouts
de la mèche s’inclinent chacun dans des
directions opposées et brûtent en donnant
une flamme vive et brillante.
L'auteur enfile sur ces mèches un petit
anneau qui descend à mesure de la com-
bustion ; mais, au lieu de faire ces an-
neaux pleins, illes divise par de petites
entailles sous la forme d’un peigne circu-
laire, pour permettre au suif fondu de tenir
la mèche constamment humectée.
M. Palmer a imaginé aussi des chan-
delles creuses, à la partie supérieure des-
quelles il place un cône métallique , por-
852
tant un bout de mèche circulaire comme
celle des lampes ; ce cône est entaillé pour
donner passage au suif fondu sur la mèche;
il descend avec celle-ci à mesure de la com-
bustion ; sa forme conique empêche le suif
de s’introduire dans le canal ménagé au
centre de la chandelle. (Rep. of patent inv.,
février 1833.)
ÉCONOMIE DOMESTIQUE.
Eclairage par l'alcool.
8e P
L'éclairage par l'alcool occupe dans ce
moment les propriétaires des vigues et
plus particulièrement ceux du département
de l'Hérault, Cest là qu'ont été faits les
premiers essais. Ce nouveau mode d'éclai-
rage donnerait un débouché aux produits
de la vigne aujourd’hui sans valeur, mais
à la condition toutefois d’un dégrèvement
des droits, sans lequel la nouvelle indus-
trie ne saurait être viable. Pour obtenir
ce dégrévement il fallait rassurer le trésor
sur ses intérêts et trouver pour la liqueur
d'éclairage une composition telle que l’al-
cool qu’eile renferme, où ne püût en être
séparé de manière à être rendu potable,
ou-du moins que son extraction présentât
de telles difficultés que la fraude n’y trou-
vât aucun profit, C’est pour arriver à un
pareil résultat que le préfet de l'Hérault
nomma une commission dans le mois de
décembre dernier. Les membres qui la
composent se sont livrés à une suite d’ex-.
périences; ils sont arrivés sinon à une
solution complète du problème qui leur
était soumis, du moins à une solution ap-
proximative et suffisante en attendant pour
que l’industrie viticole ne soit pas privée
d’un secours qui lui arrivait si à propos.
Nous allons rapporter les conséquences
auxquelles a été amenée la commission en
résumant son trâvail :
La distillation simple du mélange d’al-
cool et d’essence qui constitue la liqueur
de l'éclairage, ne peut point opérer la sé-
paration de ces deux liquides.
On parvient, au contraire, à l’effectuer
en traitant successivement celte liqueur par
l’eau et par Phuile.
On obtient ainsi des eaux-de-vie qui
conservent encore des traccs d'essence de
térébenthine, msis qui peuvent rigoureu-
sement être rendues potables.
Le même traitement conduit encore au
même résultat, lors même qu’on a ajouté
préalablement au mélange éclairant, dans
le but de l'infecter, une certaine propor-
tion d'huile de Dippel, de créosote, de
goudron, de l'éclairage au gaz, d’acroléine
(suif distillé), ou bien certaines huiles
âcres (essences de thim, d’aspie, de ro-
marin).
L'éther sulfurique introduit dans la
liqueur de l'éclairage peut aussi en être sé-
paré facilement, et ne s'oppose point à ce
qu’on en retire un alcool potable.
La coloquinte ajoutée à la liqueur de
l'éclairage, à la dose de 17400 environ, lui
communique une amertume intense qui
persiste après le traitement par l'eau et
par l'huile, et rend l'alcool qui en provient
tout à fait impotable. — La fraude ne
pourrait donc s'exercer sur une liqueur
ainsi dénaturée, qu'en ajoutant au traite-
ment par l'eau et par l’huile, une distilla-
tion convenablement ménagée. — L'addi-
tion de la coloquinte rend par conséquent
la distillation indispensable, et la nécessité
de cette opération est, à notre avis, une
garantie suffisante contre la fraude, parce
553 :
hque les distillations sur une certaine échelle
“ne sauraient être clandestines dans les villes
‘ha octrois.
Le camphe offre des avantages que ne
| résente point la coloquinte, car il reste
sini à l’alcoo!, non seulement après le trai-
“ement de Ja liqueur de l'éclairage par
« eau et par l’huile, mais encore après la
Histillation.— Aussi, l'administration pour-
“va-t-elle peut-être lui donner la préférence.
1Qaant à nous, l’excessive amertume de la
*coloquinte, son bas prix, et de plus, la
‘conviction que nous avons, que la distilla-
ition offre assez d’entraves à la fraude, nous
ont amenés à penser que la coloquinte est
‘suffisante pour attrindre le but.
Toutefois, pour donner à l’administra-
tion une garantie surabon-lante, nous lui
proposons de faire introduire dans la li-
queur de l'éclairage, à son entrée dane les
villes, indépendaniment de la coloquinte,
june faible proportion d’éther chlorydrique
:chloruré.— Cette substance restant unie à
Jalcool dans les divers traitements aux-
quels les fraudeurs pourraient avoir re-
‘cours, et ne pouvaat en étre séparée que
par la destruction de celui-ci, deviendrait
nn cachet au moyen duquel on pourrait
toujours reconnaître, avee le secours d'un
"chimiste un peu exercé, si une liqueur spi-
ritueuse a été réellement extraite d’un mé-
‘ lange éclairant.
Tels sont les moyens qui nous ont été
ksuggérés par l'étude de la question qui
|
|
| nous a été soumise.
| Denouvellesrecherches anèneront peut-
| être à la découverte de substances qui satis-
| feront d’une manière plus complète encore,
| aux conditions du problème.
| Toutefois. les procédés que nous propo-
‘sons aujourd hui, nous paraissent bien suf-
fisants pour rassurer administration sur
les intérêts du trésor, et pour l’engager à
1 ne point percevoir un droit que le légista-
teur n’a point eu la pensée de faire peser
sur les alcools non destinés à la boisson.
La suppression de ce droit, en dotant le
| pays d'un nouveau mode d'éclairage dont
les avantages seraient bientôt appréciés,
offrirait un écoulement facile aux alcools
| de nos départements méridionaux, et re-
hausserait ainsile prix de nos vins, des-
| cendu depuis quelque temps à un taux
| ruineux pour lagriculteur.
<< E——
AGRICULTURE.
lment sur les froments; par M. Loise-
leur-Deslongchamps. Un vol. in-8,
cliez madame Bouchard-Huzard, rue de
l'Eperon, n° 7. Prix: 4 fr. 50 c.
nous en avons même donné quelques ex-
traits; mais nous croyons devoir en par-
ler encore à cause du grand intérêt dont il
nous a paru être, tant pour les agronomes
| qui ne sont qu'amateurs, que pour les cul-
tivateurs de profession, Les premiers y
trouveront de savantes recherches surl’his-
} toire du blé dès la plus haute antiquité ; les
| seconds en consultant les nombreuses ex-
périences qui y sont rapportées, appren-
| dront par quels moyens ils pourront aug-
menter les produits de leurs cultures.
Dans les premières pages de son livre,
qui est distribué en deux parties, l’auteur
indique les principaux caractères qu'on
doit employer pour parvenir à faire une
bonne classification des fromcnts. 11 mon-
2 2 ÿ f ESS
Consi«derations sur les céréales et principa-.
Nous avons déjà annoncé cet ouvrage, et :
854
treensuite quelle est l’importance et la va-
leur des céréales en France. Cette vaieur,
dans une annte moyenne d’abondance,
n’est pas moindre de 1,900 millions à 2mil-
liards de francs.
Les recherches auxquelles M. Deslong-
champs s’est livré pour nous faire connai-
tre la patrie du froment sont très curieu-
ses ; 1l faut les lire dans Pouvrage lui-même,
ainsi que la réfutation qw’il fait de l'opinion
de Buffon et de quelques écrivains qui ont
prétendu que le blé n’était point une es-
pèce naturelle, maïs une herbe modifiée
pir la culture, et en quelque sorte créée
par l’homme.
Tout ce que l’auteur dit de l’aucienneté
de la culture du froment, et de l'influence
que cette culture a eue sur la civilisation,
sur la formation des empires. etc., deman-
de également à être lu dans l'ouvrage lui-
même.
La dissertation faite dans le chapitre VIL
sur les espèces de blé connues des anciens,
est de nature à vivement intéresser les bo-
tanistes. ainsi que tout ce qu'ils trouveront
dans le chapitre suivant sur la fécondation
de cette plante.
L'observation que M. Deslongchamps a
faite à ce sujet est cnlièrement nouvelle et
de la plus haute importance. Selon lui, la
fécondation dans les fleurs du froment s’o-
père, tandis que les balles florales s5nt en-
core fermées, de sorte que, par cette pré-
voyance merveilleuse de la nature, la for-
mation quandmême du grain dont l’homme
fait sa principale nourriture, se trouve tou-
Jours assurée.
Dans sa seconde partie, l'auteur com-
mence par cter des exemples de la grande
fécondité du froment, entre lesquels nous
rappellerons ceux de deux pieds de cette
plante, qui, selon Pine, portaient l'un
400 tiges, et le second 360; mais le plus
extraordinaire est celui qu’on doit à Char-
les Miller qui est parvenu, par une culture
particulière, à faire produire à un seul
grain, 21,109 épis, dont on a récolté
976,810 grains. Malheureusement les exem-
ples d’une telle fertilité sonttrès rares, sur-
tout dans notre agriculture, et tout an con-
traire, le terme moyen des produits en
France n’est pour un grain quedef,217100.
Selon M. Deslongchamps, la cause du peu
qu'on obtient dans les récoltes ordinaires
vient de ce que les semis se font trop tard.
Enef et, les expériences qu'il rapporte, et
qui toutes lui appartiennent, prouvent de
la manière la plus positive, qu’en semant
le bié un mois, et même deux mois avant
l'époque ordinaire, on obtient des produits
infiniment plus considérables.
Nous sommes obligés, pour ne pas excé-
der les bornes que nous devons mettre à
cette analyse, de réduire, ce qui nous res-
terait encore à dire, à un simple énoncé
des chapitres.
La méthode de semer le blé en lignes et
àla maiu est surtout applicable aux petits
propriétaires et aux pays dans lesquels il
existe une nombreuse population. Elle pro-
duirait une très grande économie dans la
quantité des grains employés pour la se-
mence.
L'auteur montre ensuite quelle est l’im-
portance des semoirs sous le même rap-
port. Ayec ces instruments on emploie
moins de grains pour les semis, et cepen-
dant on récolte davantage. Ils sont en usage
à la Chine depuis quinze à dix-huit cents
ans, tandis que la plus grande partie denos
cultivateurs ne les connaissent pas.
855
Où a proposé, il y a une quarantaine
d’années, de semer ie blé au plantoir, mais
cette méthode n’a été que fort peu mise en
pratique. Après avoir apprécié ce procédé,
M. Deslongchamps propose le repiquage ou
la transplantation. Il croit que cette der-
nière maniere pourrait être beaucoup plus
avantageuse, ct il indique à quelle époque
et comment devrait se faire cette opéra-
tion.
Jusqu'à présent on n’a pas jugé de la
grosseur et de la pesanteur des grains du
froment comme il conviendrait de le faire ;
c’est une chose qui aurait besoin d’être en-
core examinée, et les bases que l’auteur
propose à ce sujet méritent d’être prises en
considération. Pour faire mieux sentir de
auelie importance peut être cette question,
il compare les grains récoltés dans le midi à
ceux produits dans le nord; la différence
est très grande au désavantage des pre-
miers.
Dans ses derniers chapitres, M. Deslong-
champs se demande si les blés peuvent dé-
générer, et s’il est possible de les améliorer.
Il manifeste une opinion particulière sur
les blés d’hiver ou d'automne, et sur ceux
dits de mars ou de printemps. Quant au
moment le plus propre pour faire la ré-
colte, il faut encore de nouvelles observa-
tions avant de pouvoir fixer décidément
cette époque importante. Enfin, l’auteur
s'occupe de la faculté germinative du fro-
ment, de sa prodigieuse vitalité, etil donne
l'analyse chimique d’un certain nombre
d'espèces ou variétés,
En résumé, l’onvrage dont nous venons
de donner un rapide aperçu, renferme sur
le blé une quantité de choses nouvelles,
curieuses et utiles. Si ce n'est pas un traité
complet de cette plante précieuse, c’est au
moins celui dans lequel on pourra puiser
le plus de faits capables de faire faire de
vrais progrès à l’agriculture des céréales.
MAGNANERIE.
Quelques mots sur léducation des vers à
soie et sur les moyens de prévenir la
muscardine; par M. Benjamin Cauvy,
membre de la société.
Depuis dix aus l’éducation des vers à soie
a fait, sans contredit, de notables progrès;
la découverte la plus importante à mes
yeux pour cette industrie est celle de
M. Bassi, qui nous a fait connaître la vraie
cause de cette maladie des vers à soie dé-
signée sous le nom de muscardine; je ne
crains pas de le dire, ila été une époque
où ce fléau des magnaneries dévorait tous
les ans au moins 1/3 de la récolte de la
soie.
La crainte superstitieuse de la muscar-
dine qui la placait au dessus de tous les
moyens humains proposés pour la com-
battre, était tellement enracinée queje ne
crains pas de me tromper en avançant,
qu'à part les personnes éclairées, la ma-
jeure partie des éducateurs ne croit pas
encore aujourd'hui à la possibilité de parer
à cette affreuse maladie. Aussi je crois de-
la plus haute importance de populariser
la connaissance de la cause de la muscar-
dine et les moyens de s’en garantir.
Jusqu’à présent l’on n’a pas trouvé de
remède proprement dit; bien des essais
que j’aitentés à cet égard, dans le temps,
ont été tous négatifs. J’ai administré aux
vers à soic plusieurs substances, soit à
l'état liquide, soit à l’état solide, dont au-
| cun n’a pu sauver un seul ver atteint de
856
muscardine. Il aëté même de ces substances
qui ont été assez actives pour tuer le ver
à soie et qui n’ont pas empêché la botriis
de se développer à la surface après sa
mort. Aussi, sije n'avais vu dans un des bul-
letins de l’industrie séricicole qu’un de ses
professeurs était à la veille de communi-
quer des procédés pour la guérison des
vers à soie atteints de muscardine, j'au-
rais craint qu'il ne fût tres difficile de trou-
ver un remède d’une application simplé et
surtout assez économique pour être: èm-
ployé avec avantage.
Au reste, que l’on découvre ou non un
remède efficace contre la muscardine, il
sera toujours de la plus haute importance
de ne rien négliger pour en prévenir l’in-
vasion. Voyons quels sont les moyens à em-
ployer dans les magnaneries pour obtenir
ce résultat.
Déjà en 1834, sans toutefois avoir dé-
couvert la vraie nature du germe muscar-
dinique, j'avais trouvé le moyen de le
détruire, et pour cela je recommandais
l'emploi du chlore, non pas seulement en
légères fumigations pendant l’éducation
des vers à soie, mais aussi avant leur éclo-
sion et en fumigations assez fortes pour tuer
tout être vivant.
Pendant longtemps j'ai employé avec
succès les vapeurs du chlore pour désinfee-
ter les locaux et les ustensiles destinés à
une éducation de vers à soie; mais dès
que M. Bassi nons eut fait connaître a vraie
nature des germes de la muscardine et l’al-
tération qu'ils éprouvaient de la part de
presque tous les acides liquides ou gazeux,
J'ai dù substituer au chlore, qui n’est pas
assez connu des habitants de la campagne
pour qu'ils n’éprouvent pas de répugnance
et de difficulté, à l'employer, une subs-
tance conntre de tout le monde, dont cha-
cun a ressenti plus d’une fois les vapeurs
piquantes produites par sa combustion
dans l’air; je veux parler du soufre.
Il fallait s'assurer si le gaz sulfureux tuait
les germes muscardiniques et à.quelle dose
il fallait l’'employer pour obtenir ce résul-
tat; c’est ce que je fis à plusieurs,reprises
de la manière dont j'ai parlé plus haut;
mais ce n’est pas là assez pour sanctionner
une méthode, il faut de plus les résultats
d’une application en grand; eh bien ! ces
résultats ont été obtenus dans une éduca-
tion de vers à soie provenant de plus d’un
kilogramme de graine. M. Charles Huc,
qui, un des premiers dans nos contrées, a
travaillé sans relâche à l’amélioration de
Vindustrie séricicole, eut le malheur de
perdre sa chambrée, en 1836, par suite de
la muscardine; en 1838 il fit nrécéder la
nouvelle éducation de ses vers à soie de
très fortes fumigations au gaz sulfureux, et
il eut la satisfaction d’obtenir une bonne
récolte et de ne pas trouver un seul ver
mort muscardin. Un succès aussi complet
rend le procédé auquel il est dà préférable
à tous ceux qui ont été proposés jusqu’au-
zourd’hui.
Voici la manière de l’exécuter : on fait
disposer sur le sol des diverses pièces ser-
vant à l'éducation des vers à soie, sans en
excepter aucune, des espèces de petits bas-
sins en briques bien cimentés À l’aide de
mortier; Jeur nombre et leur dimension
peuvent varier d'après la surface de chaque
pièce; un bassin de 50 à 60 centimètres de
côté est suffisant pour bien brûler de 40 à
12kilog. de souffre concassé et étalé sur
une mince couche de paille éparpillée elle-
même sur le sol de chaque bassin. On doit,
857
après cette disposition, fermer toutes les ou-
vertures du mieux possible. neserait-ce qu’a-
vec dessacs garnis de paille, si l’on ne le peut
d’une manière plus exacte. Enfin, si la toi-
ture est à claire-voie, il convient d'étendre
sur les tuiles des toiles mouillées, afin d’in-
tercepter autant que possible la communi-
cation avec l'air extérieur. Après avoir
ainsi calfeutré pour le mieux les salles à dé-
sinfecter et y avoir disposé toutes les claies
et autres ustensiles, on doit jeter, en l’é-
parpillant, un peu de braise dans chacun
des bassins où se trouve le soufre, en com-
mençant par celui qui est le plus éloigné
de la porte et finissant par le plus près, s’il
y en a plusieurs; on doit alors se retirer et
fermer la porte. Après 24 heures d'action,
l'effet est produit et l’on ouvre portes et
fenêtres pendant plusieurs jours, après
quoi l’on peut commencer l'éducation des
vers à soie.
On doit porter toute son attention et ses
soins à ce que tout le soufre brûle simul-
tanément ; de cette manière, la production
de l’acide sulfureux sera plus prompte et
son action plus vive ; ceci est d’autant plus
nécessaire que les magnaneries ferment
moins bien.
Mais ce n’est pas assez d’avoir désinfecté
le local et les ustensiles destinés à l’éduca-
tion des vers à soie, il faut encore qne la
graine d’où doivent éclore ces insectes
soit parfaitement saine et exempte de ger-
mes muscardiniques ; on doit donc se pro-
curer de ja graine obtenue de cocons sor-
tant d’une chambrée où la muscardine
n'aura pas été apercue, ct, pour plus de
sûreté, il convient de la laver dans une
eau-de-vie très faibie tenant en solution
un peu de sulfate de cuivre, qui a la pro-
priété de détruire tous les germes muscar-
diniques. On peut! se demander si, après
avoir pris toutes ces précautions, il pourra
encore se faire que les vers à soie soient
atteints de la muscardine. Je crois qu'il
peut en être ainsi, du moins j'ai observé
que dans le cours des éducations négligées,
quaud on laissait la litière trop s'épaissir
sur quelques claies, que les vers à soie vi-
vent dans un air humide et chaud, des
symptômes de muscardine ne tardaient pas
à se développer, et quoique dans ce cas
cette maladie n’atteigne qu'une faible par-
tie de la récolte, on ne saurait trop soigner
les vers à soie;.leur santé d’ailleurs s’en
trouve mieuxet la récolte est plus abon-
dante et de meilleure qualité.
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 6 mai.
Après la lecture du procès-verbal,
M. Cousin, au nom de ja section de philo-
sophie, a fait connaitre le sujet mis au con-
cours pour 4815. La section avait d’abord
songé, d’après ce que nousa appris M. le
rapporteur, à suivre la marche qu'elle
avait adoptée depuis quelques années, et à
mettre au concours quelques questions
historiques des grandes époques de la phi-
losophie. Elle aurait cette fois choisi entre
la philosophie de Platon et celle du moyen
âge ; maisen présence des attaques qui sont
dirigées contre cette science, à laquelle on
va jusqu’à contester son existence et sa lé-
gitimité, il a para plus convenable de choi-
sir une question de philosophie pure, et la
commission s'est arrêtée à celle de {a cer-
titude. Le programme dont il a été donné
858
lecture embrasse la question dans ses
points de vue logique, psychologique, onto-
logique et historique.
Les concurrents devront 1° déterminer
les caractères de la certitude; 2° indiquer
la faculté ou les facultés qui la donnent, et
s’ily a plusieurs facultés, en exposer avec
précision le caractère ; 30 traiter de la vé-
rité et de ses fondements; 4° exposer les
grands systèmes sceptiques de Sextus, Hu-
me, Kant; 5° enfin rechercher les vérités
qu'il convient à la philosophie moderne de
conserver. Le terme fixé pour le dépôt des
mémoires, est le 31 août 1844.
Nous remarquons une lacune dans le
cinquième paragraphe du programme. La
commission ne dit pas ce que les concur-
rents devront faire des vérités dont la phi-
losophie moderne ne pourra pas s’accom-
moder. Or, les verités étant toujours des
vérités, sont bonnes à quelque chose, et
elles sont en trop petit nombre, même en
philosophie, pour qu’on les rejette comme
choses de rebut; car, agissant ainsi, on
pourrait faire supposer qu’il y a des vérités
qui ne sont qu’approximatives, ou même
simplement de circonstance.
Un Ouvrage de M. Bayle Mouillard, sur
lequel M. Béryat-Saint-Prix avait fait un
rapport verbal dans la séance du 29 avril,
et que nous n'avions fait qu'indiquer, nous
a paru tellement intéressant pour ceux qui
| s'occupent de la science du droit, que nous
croyons devoir reproduire l'appréciation
extrêmement judicieuse qu’en a présenté
M. le rapporteur.
Cetouvrage, a dit M. Béryat-Saint-Prix,
est une histoire presque compiète de ce
qu’il y avait de plus remarquable dans Île
régime ancien de la province de France où
la législation offrait le plus de variété, où,
non seulement telle ville suivait des règles
différentes, des règles auxquelles étaient
soumis ses faubourgs, mais où telles mai-
sons d’an village suivaient le droit remain,
tandis que d’autres maisons observaient le
droit coutumier..…. où l’on appelait au tri-
bunal d’une ville, des jugements rendus
les mois pairs, etau tribunal d'une autre
ville, des jugements rendus les mois im-
pairs.
Il a rappelé, à cette occasion, un SYÿs=
tème non moius étrange suivi à Grenoble.
Les années impaires, la justice y était ren-
due par un officier de l’évèque ou juge
épiscopal, et les années paires, par un Juge
royal ou officier du roi, fonctions que rem-
plissait, en 1789, le célèbre Mounier, lors-
qu'il fut nommé aux états-généraux.
M. Bayle-Mouillard, observe-t-il ensuite,
parcourt les matières un peu importantes
régies en Auvergne, soit parles lois civiles,
soit par les lois criminelles. 11 indique les
compositions ou amendes par lesquelies on
se rachetait jadis des peines encourues par
des crimes ou délits, tels que le vol, le rapt;
l’adultère, le sortilége. I signale plusieurs
pratiques absurdes ou ridicules, par exem-
ple, un procès intenté à des chenilles, et
suivi d’une sentence qui leur enjoignait de
vider le ferritoire d’une certaine commune
(le rapporteur indique, à ce sujet, des Re-
cherches qu'il a publiées en 1829, sur les
procès intentés aux animaux, et où il n’en
indique pas moins de 90). ES
M. Béryat-SaintdPrix, apres avoir êgas
lement cité quelques uns des exemples don:
nés par M. Bayle-Mouillard pour les dispo
sitions de plusieurs des lois ou coutumes
anciennes, a déclaré, en terminant Son rap=
port, que les Etudes historiques, lui parais-
5159
vent dignes de figurer auprès de l’ouvrage
u même auteur, sur la contrainte par
…orps, couronné par l’Académie en 1835.
C.F.
j
ps
f LINGUISTIQUE.
JSssai d’une grammaire de la langue des îles
Marquises, rédigé sur les documents du PF.
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en
chef des îles Marquises.
(Premier article.)
| LANGUE.
Des lettres, de la prononciation, des genres,
des cas.
1]
|
|: La langue nu-hivienne a cinq voyelles :
2, e, 1, 0, u, et neuf consonnes : g, À, l, m,
MPa T0 Ve
Il faut noter cependant que le g n’est
usité qu’en quelques baies et encore en
peu de mots : il se prononce ng, comme à
Mangareva, /, L, n’est également usité que
pour certains mots étrangers, surtout
venus des Sandwichs.
| Je ne marque pasau nombre des lettres
VA, qui n’est réellement que la marque
de l'aspiration très forte. et très usitée dans
la baie d’Anna-Maria. Il n’y a point d’au-
itre accent; les voyelles conservent tou-
Hours leur’son propre; et pour léslongues
letles brèves l'usage seul peut donner des
‘règles.
| Les voyelles se prononcent comme en
‘France, sauf l’4 qui, comme dans la plu-
\part des langues, se prononce ou,
| Les consonnes, à l’exception du g, qui se
iprononcent également comme en français;
le 4 se prononce cependant un peu plus
idur, à peu près comme l’x grec, c’est-à-
dire comme le X avec aspiration.
On netrouvejamais deux consonnes de
suite dans le même mot en, cette langue,
et elles ne terminent jamais non plus un
mot.
Mais on y trouve plusieurs diphtongues
| très usitées, surtout aï, 40, ei, oi, 00, ou.
Les augments etredoublements, comme
dans la langue ancienne des Grecs, y sont
“aussi tres fréquents, les premiers principa-
lement pour marquer les temps et les
modes des verbes, comme on le verra à
| Particle du verbe. Les deuxièmes, tantôt
pour la formation de certains mots com-
“posés, tantôt pour donner plus de force à
.“ l'expre:sion;ou pour composer un diminutif,
|
| PARTIES DU DISCOURS.
F | Cette langue compte neuf parties du
(l
‘ verbe, l’adverbe, la préposition , la con-
(jonction et l’interjection.
4 1o De l'article.
1i y a une espèce d'article indéfini qui se
i | met devant les noms et les verbes , toutes
iM\ les fois qu'ils se prennent dans un sens gé-
sh néral et indéterminé, c’est e.
“ Ux.: £eg, pierre, ekea, une pierre, des
:B : - pierres.
dl | kite, voir. ekite, voir en général.
I y a aussi un article défini £e qui s’em-
4 ploie devant les noms au singulier et au
st pluriel, au masculin et au féminin. Il se
| met aussi devant les verbes qui deviennent
wi) alors substantifs ou noms et sont réelle-
ÿ ment dans cette langue l’un et l’autre à vo-
jbl lonté.
Il
1
|
|
| 40, qui sert de base pour les grandes quan-
M discours : le nom, le pronom, l’adjectif, le.
860
Ex.: Te aki, le ciel.
Te henua, la terre.
Te enana, les hommes.
Te vehine, les femmes.
T'e ekite, le voir ou l’acte de voir.
20 Du nom.
On ne trouve aucune marque distinc-
tive des genres dans cette langue; il n’y a
pas non plus de cas, mais à la place on se
sert de prépositions et de l’article comme
en francais.
Ex. : N. te motua, le père.
G. to te motua, du père.
D. ite motua, au père.
Acc.te motua, le père.
Voc. motua, le père.
Abl. tote motua, du père.
Déclinez de même. te lui, la mère, etc.
Le pluriel ressemble exactement au sin-
gulier, cependant on trouve quelquefois la
particule na , comme marque du pluriel.
Ex. : na hue paura, les caisses de poudre.
Pour marque de l'ablatif et du génitif
on trouve aussi o et & qui ne sont que des
abréviations des prépositions (0, {a, no,na,
toutes usitées aussi, plus cependant les
deux premières, mais chacune avec quel-
que nuance de signification différente.
NOMS DE NOMBRE.
Les noms de nombres cardinaux sont :
Atahi 1. Matahi 11
Ana 2 Mana 12
Aton 3. Maton 13
Ahaa 4. Ma haa 14
Aima ak Ma ima 15
A ono0 6. Ma ono 16
Ahitu 45 ._Mahitu 47
Ayvau 8. Marau 18
Ahiva 9, Ma iva 19
Anohuu. 10. Tekauoukao20
Les Nu-hiviens, comme la plupart des
insulaires, comptent sur leurs doigts et
leur calcul est décimal. La première dixaine
d'unités simples dans l’énumération ordi-
naire, a, Comme on le voit, poursigne l’a,
et la deuxième 24. Mais il est à remarquer
que s'ils appliquent ces nombres à un ob-
jet quelconque pour la première dixaine,
Va se changeen e et ils ne disent plus atahi,
ahua, etc., mais bien etahr, ehua, etc.
Ex. : etahi }enana, ehua,un, 2 hommes.
Après T'ekao, vingt, on continue ainsi :
Tekau metahi 21 ou tekau etahi
Tekau mehua 22
Tekau meonohu 30
Tekau matahi 31
Tekau mahua 32
Tauha 40
Ils affectionnent surtout le nombre {oha
tités. Ainsi etahi tauha, une quarantaine,
ehua tauha, deux quarantaines, etc.
Nora. Quarante brasses se dit kumi.
Après 40 on continue de la même ma-
nière :
Tauha metahi A1 ou toha etahi.
Toha me onohu 50
Tohame tekau 60
Tekau me onohu 70
Ehuatauka 80
Ehuataukameonohu 90
Ehua me tekau
réellement la base du calcul.
Le nombre 400 est également désigné
par un nom spécifique vao où mille par
mano (elaht mano).
Mano-mano répété marque infini,
comme aussi puu-puni, teni-leni, mar-
quent un fort grand nombre, mais indé-
terminé.
D'où l’on voit que le nombre toha est .
861
À la fin de chaque calcul les insulaires
ont assez l’habitude d'ajouter no pao, c’est
fait.
Les noms de nombre ordinaux ne sont
pas faciles dans cette langue à distinguer
des nombres cardinaux. Pour désigner le
premier, la première ils diront quelquefois
tohahi qui veut dire aussi, seul , ou ma-
mua qui veut dire aussi, par devant, pre-
mierement. Pour désigner le deuxième ils
diront, »14 mur to mui qui signifie, à la
suite,-par derriere.
GÉOGRAPHIE.
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE.
Première assemblée générale de 1843, sous
la présidence de 11. Cunin-Gridaine, mi-
nistre de l’agriculture et du commerce.
A près la lecture du procès-verbal, M. Jo-
mard a communiqué une lettre de M. D’a-
badie par laquelle ce savant recommande
à la société un intrépide voyageur qui, dans
ce moment même traverse en pélerin toute
l'Afrique dans sa plus grande longueur, en
passant par des contrées jusqu’aujourd’hui
inconnues.
La société recoit au nombre de ses mem-
bres M. le marquis de Saint-Simon, pair de
France, et M. Jules Chevalier. Ce dernier
était présenté par MM. Terneaux-Com-
pans et d’Avezac.
M. Daussy lit un rapport de la commis-
sion sur le concours, relatif au prix annuel
pour la découverte la plus importante en
géographie. La commission pense que ce
prix doit être décerné au capitaine Roos,
qui en 1840 et 1841 s’est le plus avancé vers
le pôle antarctique, et ne s’arrêta que de-
vant une haute barrière perpendiculaire
de glace au delà de laquelle on ne pouvait
entrevoir que les sommets élevés de quel-
ques montagnes éloignées.
M. Terneaux-Compans instruit la so-
ciété qu’il a recu, il n’y a encore que deux
jours, des nouvelles de M. D’Héricourt, en
date du 17'janvier: La lettre de ce VOya=
geur dissipe toutes les craintes qu'on avait
conçues: Toutefois, M. Terneaux annonce
aux membres de la société que leur collègue
qui est parvenu à traverser le pays de Choa
a éprouvé des obstacles de plus d'un genre,
et que certainsde ces obstacles sont de telle
nature, qu'il croit devoir garder pour les
communiquer à la commission centrale, les
détails que renferme la lettre qu'il a reçue.
M. Roux de Rochelle à présenté le rap-
port relatif au prix fondé par feu monsei-
gneur le duc d'Orléans. Un seul Mémoire
avait été envoyé par M. de Morino sur l’art
de la vanerie par lui importé en France.
La commission, en reconnaissant l'utilité
de l'importation, n’a pas cru cependant
que le but que s’était proposé le fondateur
eut été atteint. À ce sujet, M. le rapporteur
a mentionné honorablement un service
rendu par M. Passebar qui a pénétré dans
l’Hyemen et en a rapporté du café en coque
et des jeunes plans pour renouveller les
qualités de café de nos colonies. Malgré les
détails géographiques que contient le rap-
port de M. Patsebar « le prix ne peut être
décerné à ce marin attendu que sa mis-
sion lui avait été donnée par le gouverne-
ment, et qu’elle était une obligation de son
service.» En conséquence la commission a
proposé, par l'organe de son rapporteur
qu'une médaille d'encouragement fut dé:
cernée à M. de Morino, et que le concours
fut prorogé à 1846.
M. Berthelot a fait l'éloge du contre ami-
ral Dumont-Durville. Ce travail, qui est
S62
écrit dans des proportions académiques et
qui a été lu par le secrétaire général de la
commission centrale avec beaucoup de feu
et de noblesse, a été écouté avec intérêt et
avec le recueillement religieux que devait
inspirer le souvenir de la catastrophe dont
Dumont-Durville fut la plus noble et la
plus regrettable victime.
ARCHÉOLOGIE.
Notice sur l'église Notre-Dame-des-Mira-
cles à Mauriac; par M. Delalo, mspec-
tenrs des monuments du Cantal.
M. Delalo, inspecteur des monuments
du Cantal, vient de publier dans les Ta-
blettes de l’Auvergne, une très bonne no-
tice sur l'église N.-D.-des-Miracles de Mau-
riac. Nous allons reproduire un fragment
de cette description.
Le plan de l’église de N.-Dame de Mau-
riac figure une croix latine ; elle est divisée
en trois nefs,
À l'intersection des transepts s'élève une
coupole sous une tour oclcgone; deux au-
tres tours carrées tout à fait modernes
flanquent la façade occidentale.
La nef est divisée en cinq travées. Les pi-
liers carrés qui les forment ont sur cha-
cune de leurs faces des colonnes engagées.
Les voûtes de la nef, du chœur et des
transepts, sont en berceau , elles sont d’a-
rête dans les bas côtés; les uneset les autres
sont renforcées par des arcs-doubleaux.
Les voûtes et les arcades du chœur, des
apsides latérales, de la croisée, et de la
premiere travée de la nef, sont en plein
cintre; celle du reste de la nef et des colla-
téraux sont des égives romanes.
La nef, les transepis et le chœur sont à
la même hauteur ; l'hémycicle du chœur
et les collatéraux ont moins d’élévation.
Les chapiteaux du chœur, les apsides
latérales de la première arcade, de la nef et
des collatéraux, sont seuls, sculptés. Ils
sont tous variés: les uns, sont historiés,
d’autres sont ornés de feuillagés ou d’ani-
maux fantastiques. Les bases. des colonnes
sont historiés ou ornées de rinceaux et
. .d’entrelacs. Les chapiteaux de ja nef et des
collatéraux dans la partie ogivale, sont
dépourvus d’ornements, quoiqueleur galbe
soit le même que celui des chapiteaux his-
toriés. Les bases de toutes les colonnes sans
exception sont attiques. Il est à remarquer
qu'on n’a représenté sur les chapiteaux
aucun sujet chrétien. Dans un seul, on voit
sur la surface principale un ange, et sur
les côtés deux personnages qui approchent
de leur bouche-unolifant. Deux autres cha-
piteaux figurent.des.supplices.
Autour de l'hémiciele des chapelles laté -
rales, on observe, à une haateur d'un
mètre 77 centimètres, une espèce de stylo-
..bate qui supporte deux pilastres, et qui
-Servait aussi probablement de crédence.
Autour des collatéraux et des apsides la-
‘iérales, règne le long des murs un banc en
pierre qui sert à la fois de siège aux fidèles
et de slylobate aux colonnes engagées.
Les deux apsides latérales communi-
quaient avec le chœur par deux arcades,
aujourd’hui bouchées,
Deux portes donnent accès dans l’église,
la première à l'occident, la seconde au
midi ; une troisième, plus petite, était per-
cée dans le Lransept méridional,
Le chœur était Cclairé par six fenêtres,
dont la principaleest masquée parlerétable
de l'autel, Chacun des transepts est percé
par une fenêtre surmontée d’une rose ou
863
œil-de-Lœuf. Ces différentes ouvertures
w’oflrent à l'intérieur aucune trace d’orne-
mentation . si l’on excepte l’une des roses,
qui est entourée d’un tore. Les sculptures
de l’intérieur de l’église n'ont rien de re-
marquable. Si les bases présentent des en-
trelacs d’un dessin correct et bien exécuté,
on pe peut pasen dire autant des chapileaux
historiés, qui sont d'un travail gro:sier. Il
semblerait qu'on avait réservé les ouvriers
les plus habiles pour l'ornementation exté-
rieure.
Les troisapsides, les transeptsetle chœur,
ont pour entablement une corniche très
saillante ornée de lorsades et soutenue par
des modillons sculptés avec soin.
Tous les modillons sont variés; ils repré-
sentent des êtres réels ou chimériques dans
diverses positions ; il en est de fort obscè-
Des; il n’y a point de têtes grimaçantes.
Tous les murs de l’église sont revêtus de
pierres d'appareil, à l'exception des deux
tours occidentales, et de la partie supé-
rieure de la facade, qui sont d’une époque
récente. $
Les murs des apsides latérales sont ren-
forcés par des contreforts peu épais. A l’ap-
side centrale, deux colonnes à chapiteaux
historiés remplacent les coutreforts : ce qui
porterait à penser qu'ils étaient destinés
tont à la fois à orneret à eonsolider l'édifice.
Les fenêtres de l’apside centrale sont!
flanquées d’élégantes colonnettes à bases et
à chapiteaux historiés; un tore de l’épais-
seur des colounettes en décore le cintre.
Autour de leur archivolte règne un cordon
en torsade.
Les pignons des transepts figurent une
arcade bouchée en plein cintre. Les roses
dont ils sont. percés sont ornées d’un gros
tore et d’une torsade.
La porte méridionale est en ogive, mais
l’ornementation est toute romane. L’ar-
chivolte est ornée d’un cordon en damier;
les arcatures en retrait sont soutenues par
des colonnettes à chapiteaux historiés, sur
lesqueiles s'appuient de gros tores.
La façade est divisée en trois parties, in-
diquant les trois nefs. Au milieu est une
porte décorée de plusieurs rangs de moulu-
res en retrait. Sur les côtés, deux arcades
bouchées étaient ornées de bas-reliefs, dé-
truits pendant la révolution. et dont l’un
representail la Fuite en Egypte. Ces arca-
des s'appuyaient sur deux colonnes dont la
porte est flanquée, et qui ont pour bases
des lions assis, L'un d’eux a été brisé, onne
sait à quelle époque ; celui quireste est mu-
tilé, mais il est encore parfaitement recon-
naissable. L'archivolte du portail repré-
sente le Zodiaque; la plupart des figures
sont transpostes; d'autres figures ont été
ajoutées aux signes : ce sont des brebis, des
chèvres, un sanglier et un autre animal.
Le cordon de l'archivolte se perpétuait
et formait une corniche au-dessus des ar-
cades bouchées, Elle était ornée &e diver-
ses figures dont on ne voit que de faibles
restes.
Le tympan est couvert par un bas-relief
qui représente J’Ascension. Il se divise en
deux plans séparés par un cordén. Dans le
plan inférieur sont treize personnages ran-
gés sur la même ligne. Les tètes dnt dis-
paru ; il ne reste plus que les nymbes perlés
qui les décoraient, Dans le plan supérieur,
on voit Jésus-christ représenté dans un ca-
dre elliptique perlé: il a les mains levées
au ciel, dans l'attitude décrite par l’antien-
ne que l’on chaute À la messe de l'Ascen-
sion;
864
« Ælevutis nm nibus benedixit eis, et fe=M
rebatur in cælum.» è
La têle est entourée d'un nymbe croisé.
Jésus-Christ est vêlu d’une tunique et d'un
manteau ouvert et flottant, oré nde brode-
ries. À ses côtés sont deux anges en adora-
tion, Sur le linteau de la porteet le cordon
qui divise le bas-relief, on voit une inscrip-
tion en lettres capitales conjointes et mêlées
d'onciales, telles qu’on les employait au
onzième siècle et au commencement du
quatorzième. Elle paraît être en vers léo-
nins. Voici ce quej'ai pu en lire, le reste
étant recouvert de mortier ou détruit.
Tres sunt atque decem, qui cernunt scan-
dere regem.
Celum (pour cælorum) cunctorum, domi-
alim domiro..…
Des traces de couleur rouge, que l’on
remarque sur le fonds du bas-relief, sur
les nymbes, sur les moulures du portail,
les bandelettes noires et blanches qui ser-
pentent sur le rouge des moulures, prou-
vent que lartiste avait employé la sculp-
ture polychrome, et avait voulu rehaus-
ser les figures par l'éclat des couleurs.
Ce bas-relief, quoique mutilé, est remar-
quabie sous tous les rapports. Le dessin est
correct, les détails sont terminés avec beau-
coup de soin, les ailes des anges surtout
sont admirablement feuillées, les draperies
tombent bien : il y en a que l’on croirait
imitées de l'antique, si elles avaient un
peu moins de raideur. La hauteur de l’ar-
chivolte, la profnsion des moulures, la pu-
reté des lignes, donnent au portail un
aspect tout à la fois riche et imposant. Je
n'airien vu en Auvergne qui puisse lui
être comparé, et c'est bien certainement
un des restes les plus remarquables de la
sculpture byzañtine.
Si je suis parvenu à décrire avec exacti-
tude les diverses parties de l’église de Mau-
riac, il ne sera ras difficite de déterminer
l’époque de leur construction.
Le chœur, les apsides latérales, les tran-
septs et la première travée de la nef, sont
de la fin du x1° siècle. La forme des lettres
de l'inscription du portail ne permet pas
de fixer sa construction à une époque
postérieure à la première moitié de ce der-
nier siècle. Quant à la partie ogivale de la
nef, elie est probablement de la dernière
moitié du douzième siècle; elle ne pré-
sente pas de caractères assez tranchés pour
qu’on puisse déterminer d’unemavière sùre
l’époque à laquelie elle a été élevée.
La tour centrale fut ornée en 1335 d’une
flèche, rétablie en 1563. La tour fut en
partie reconstruite en 4620. En 1795 , elle
tomba sous le marteau révolutionnaire, et
depuis lors , l'église de Notre-Dame, dé-
pouillée de sa couronne, n'a plus rien qui
la distingue , au loin, des édifices civils ;
elle semble avoir perdu son caractère;
et ce n'est qu'en s’approchant de son beau
portail, qu'on reconnait enfin un monu-
ment consacré au culte.
Les quatre chapelles adossées aux cols
latéraux sont étrangères au plan primitit
de l’église; elles n’ont rien de remarqua=
ble. Celle de sainte Anne fut fondée en 1108;
celle du Sépulère en 1542, celle de la Nas
tivité en 1513, et celle des fonts baptiss
maux, autrefois appelée de Gxiolo, en
10
ET
Le Rédacteur-Gèrant :
C.-B. FRAYSSE.
PARIS .—IMP. DE LACOUR et HAISTRASSE üils,
ru Saat-lenciothe-S.-Miehel, 33,
fl na 10. année.
| “ L'Ecro DU MONDE SAVANT paraît le SJEUMDE et le
DU
Paris. — Jeudi, 18 Mai 1843.
N° 37,
E SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ImA JCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 .pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 2, et dans les départements chez les principaux li-
le W braires, et Gans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR'S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois MOIS 7ÎT. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,26fr.,
te Sfr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. far an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ-
à |
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES , séance du lundi 15 mai. — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE. De l’action chimique
_ d'un seul couple voltaïique et des moyens d'en
1 augmenter la puissance; de la Rive. — SCIEN-
, 4 CES NATURELLES. MÉTALLURGIE, De la
ù Ra des métaux précieux au Mexique ;
| Saint-Clair Duport. — SCIENCES APPLI-
-“ QUEES. — ARTS MÉFALLURGIQUES. Sur
++ Vapplication des gaz des hauts fournaux au traite-
| ment métallurgiques; Laurens et Thomas. —
“ AGRICULTURE. La carie du froment. — HOR-
“ TICULTURE. 14° exposition des produits de la
… Socitié royale d'horticulture de Paris. — MA-
I] GNANERIE. Moyens d'apprécier la pureté de
it l'air dans les magnaneries; Robinet, — SC[IEN-
CES BISTORIQUES. GÉOGRAPHIE. Socicté
asiatique de Londres. — Voyage en Californie;
Duflot de Mofrase — FAITS DIVERS. — BI-
BLIOGRAPHIE.
“ ACADÉMIE DES SCIENCES.
! He Séance du 15 mai.
… M: Séguier a lu un rapport sur un mé-
«noire de M. Donné relatif au lactoscope et
“1 son emploi. Déjà nous avons fait connai-
… re notre opinion à l’égard de cet instru-
nent, et l’Académie a opposé aux conclu-
‘ons favorables du rapporteur les objec-
“ions sérieuses et insolubles qui nous fai-
# aient présumer, il y a quelques semaines.
“quelle lactoscope ne vivrait pas. M. Payen
« fort bien fait remarquer à M. Séguier que
e lait de deux vaches prises dans les mé-
«mes conditions pouvait, sans être falsifié, of-
hTir au lactoscope un aspect tout différent.
NE uu sera peu pourvu de matières grasses,
4 °t par conséquent laissera facilement pas-
hier les rayons lumineux ; l’autre aussi na-
'urel que le précédent, mais abondamment
ourvu de ces mêmes iatières qui, d’ail-
M '€urs, peuvent varier de À à 5, Jouira de
M PTopriétes inverses. C'est là une objection
Mpussante que le lactoscope n’a ni comprise,
lat résolue ; donc il est en défaut. Mais,
b|z0omme l’ont dit MM. Thénard et Pelouze,
ne peut-on pas rendre opaque un lait falsi-
lié? L'esprit rusé des marchands a-t-il ou-
iblié que certaines émulsions peuvent con-
» lapacité de quelques hommes n’a-t-elle pas
été chercher jusque dans la cervelle des ani-
maux un procédé de sophistication? Ces
| | faits Sont trop connus pour que nous y in-
[Sistions, et nous n’avons plus qu'un mot à
dire sur le lactoscope : vérit.
bi M. Lassaigne a envoyé à l’Académie une
note d’où il résulte : :
1° Que la peau du ver à soie, différente
id ses propriétés chimiquesdece tissu étu-
idié dans les animaux supérieurs, présente
Entre autres caractères, celui d’être inalté-
[table parunesolution concentréede potasse
Caustiqueet insoluble, même à chaud, dans
[ce liquide ;
Minbuer : té 600
“'itibuer à l’opacité du lait, et la dégoütante
2 Que, sous ce rapport, la peau de cette
larve se rapproche des parties dures et cor-
nées qui forment le squelette tégumentaire
des insectes de l’ordre des coléoptères et dip-
tères, en possède toutes les propriétés, et
sans doute aussi la même composition élé-
mentaire ;
3° Que la matière organique qui est la
base de ce tissu particulier constitue la peau
des arachnides, mais ne se rencontre pas
dans celle des annélides ;
4 De lac ion exercé: à chaud par la so-
lution concentrée de potasse caustique sur
les larves et les insectes, il résulte donc que
cet agent peut, par la propriété qu'il pos-
sède, de dissoudre les viscères, les muscles
et les organes intérieurs de ces animaux,
laïsser intacte leur enveloppe ttgumentaire
en Conservant à celle-ci sa forme primitive,
et offrir ainsi un moyen simple de prépa-
rer et d'étudier leur squelette.
M. Biot a lu à l’Académie un mémoire
sur la latitude dé l'extrémité australe de
l'arc méridien de France et d’Espagne. Ce
travail, où M. Biot rapporte les particula-
rités scientifiques de son voyage en Espa-
gne avec M. Arago, ne peut être analysé ici
dans ses longs calculs et dans tous ses rai-
sonnements mathématiques, nous en ferons
connaître plus tard le but géognésique.
M. J. V. Gerdy a envoyé à l’Académie
de longues recherches sur lPanalyse des
combinaisons solubles du soufre avec
l’oxygène, l’hydrogène et les métaux.
L'auteur de ce mémoire nous a fait con-
naître un nouvel oxacide du soufre ré-
sultant de l’action du perchlorure de fer,
sur l’hyposuifale de souae. Si lon traite
une dissolution concentrée d’hyposulfite
par le perchlorure de fer liquide et acide,
il se produit d’abord dans le mélange une
teinte noire, puis violette, très foncée, qui
s’éclaircit par l'agitation et revient à la
couleur du perchlorureun peu plus étendu.
si l’on n’a pas mis assez de sel ferrique ou
s’il ne contient pas assez d’acide en excès,
la dissolution se trouble bientôt et laisse
précipiter du peroxide de fer, si au con-
taire le chlorure est suffisamment acide,
le liquide reste clair et prend ensuite une
couleur demoins en moins foncée, qui finit
par être jaune ou jaune verdâtre tres clair.
Le peroxide de fer est passé en partie à
l’état de protoxide, parlois presque com-
plètement, et une portion de la base de
lhyposulfite s'est combinée avec Paci Le
chlorhydrique en excès, pendant que l’a-
cide du soufre a pris un tout autre état
de saturation et une nature différente. Ce
nouvel acide se rapproche, par queiques
unes de ses propriétés, de ceux qui ont été
découverts par M. Langlois et par MM.
Fordos et Gélis sans cependant présenter
tous lears caractères Il s'en distingue da-
. bord, parce qu'it forme avec la bary'e un
F- RATURE ET DES BEAUX-ARTS cl les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) àM. ÇC.-3. FRAYSSE, gérant-administrateur,
sel très peu soluble, Au:si traïte:t on le
mélange indiqué par le chlorure bary-
tique; il se forme un précipité très abon-
dant qui peut être lavé avec de l'alcool ou
de l’eau distillée chaude oa froide. Si
Von fait bouillir le précipité avec un peu
d’acide sulfurique ou de sulfate de soude
on obtient, dans le premier cas, le nouvel
acide à l’état de liberté, dans le second cas
un nouveau sel de soude. Dans les deux
cas la dissolution peut être concentrée par
l'évaporation et même par l’ébi 1 ticn sans
se décomposer. À un degré suffisant de
concentration elle est décomposée par :
l’acide azotique qui en précipite da soufre.
Outre cette découverte d’un nouvel acide,
le travail de M. Gerdy renferme des vues
ingénieuses sur les différentes combinai-
sons du soufre, et ’es faits curieux qu’il
révèle à la science seront, pour les chi-
mistes, d’un haut intérêt.
M. Sorel a fait conuaître à l’Académie
des appareils destinés à prévenir les explo-
sions des chaudières à vapeur. Nous n’en-
trerons pas dans tous les détails de ces ap-
pareils, mais nous nous contenterons de
dire que les moyens proposés par l’auteuxg
de ce travail, consistent : 1° dans lempfi
du métal fusible appliqué au fond du gë
rateur. Mais il faut que l’allage soit Le
posé de manière à cntrer en fusion hr
température inferieure à celle qui eâtiné
cessaire pour produire la ca!éfaction
dans l'emploi de argile dans la chaudiè
ou ce qui vaut mieux de l’alun ou du
borax. Ces sels possèdent à un haut degré,
la propriété d'empêcher la calfaction ;
3° enfin, dans l’éemploi de bons appareils
alimentaires pour que l'eau ne manque
pas dans la chaudière. Eu outre il est bon
d'avoir des appareils avertisseurs pour don-
ner l'éveil lorsque le niveau de l’eau des-
cend trop bas dans la chaudière.
Les éléments de l'orbite paraboïique de
la comète découverte à Paris ;/le 3 mai
1813, ont été communiqués aujourd'hui
à l’Académie des sciences par M. Mau-
vars ; nous les donnons ici dans le ta-
beau suivant :
Passage au périhélie, 1843, mai 10,962114
Distance périhélie 1,631366
Longitude du péri hélie 284 52° 0”
Longitude du nœud ascendant 156° 49° 47”
Fuclinaison 53221327
Le sens du mouvement heliocentrique
est direct. Ces él‘ments ont étécalculés sur
les observations des 4, 6 et 8 mai, corri-
gces de la parallaxe et de l’aberration. Les
observations ont prouvé que la comète se
rapproche très lentement de la terre, et il
paraît, d’après des éphémérides provisoires
calculées sur ces éléments, qu'elle sera
visible très longtemps. On peut remarquer
dans cette comète sa très grande distance
périhélie. Les trois comètes de 1729, 1747
866
et 1826 sont les seules dont les distances
périhélie saient surpassé celle-ci. On avait,
en 1729 distance périhélie 4,070
1747 id. 2,294
1826 id. 2,008
1843 id. 1,631
Voici maintenant comment ces éléments
représentent les observations :
Excès des positions calculées de la comète
sur les positions observées.
Date Lieu Erreur Erreur
* de l’observat. en longit. en latitude.
mai. Paris. 90,2 L513,t8
A Speob Did LS \guigu ST LEO 2
6id: id. De 1,6
8 id. id. —+ 1,2 2
9 id. Marseille. +1272 +8, 5
M. Demidoff a envoyé à l'Académie
quelques noticeseurieuses sur l'exploitation
des sables aurifères, en Sibérie. 11 est in-
téressant de voir combien les résultats des
premières tentatives d'exploitation des sa-
bles aurifères de Sibérie paraissent en signe
de progrès , quand on compare l’exploita-
tion de 1830 à celle de 1842. Les résultats
de ces travaux métallurgiques sont consi-
gnés dans les tableaux suivants.
pouds., - livres. zoloniks.
0 02 59 1/2
1831. — 10 18 35 1/2
4832. — 21 34 68 3/4
4833: — 36 32 53 3/4
1834 — 65 18 90 3/8
1835. —.. 93 12 46 1/4
1836. — 105 9 ai
18372 032 39 5 1/4
1838. — 193 6 47 4/2
1839. — 183 8 16 1/8
1840. — 255 277] 26 3/8
1841. — 358 33 14 3/4
18142. — 631 5 21 1/4
2,093 38 46
Tout porte à croire que le chiffrede l’an-
née 1343 offrira sur celui de l’année der-
niére un excédant très considérable.
M. Leverrier a envoyé à l’Académie un
long mémoire intitulé : Nouvelle détermi-
nation de l'orbite de Mercure et de ses per-
turbations. Letravail de Leverrier renferme
la solution de plus d'un haut problèrie as-
tronomique , il renverse plusieurs idées
fausses entrées auj urd’hui dans la science,
et prouve que les tables de Lindelot , aux-
quelles on à ajouté une foi trop grande,
sont souvent erronées.
M. Mathiessen a communiqué à l’Acadé-
mie des Sciences plusieurs faits d’optique
expérimentale, dont l’un d’eux peut jeter
un assez grand jour sur quelques questions
de physique. Ce fait a pour but de rendre
plus facile l'observation des raies du spec-
tre. Déjà l'application stége à côté de la
théorie et M. Mathiessen à construit un ins-
trument propre à faciliter beaucoup ces
sortes d'observations. L'auteur de ce tra-
vail s’est ensuite servi de ce moyen pour
étudier certaines lumières: enfin sa com-
munication examine aussi la question des
lumières monochromatiques, lumières qui
peuvent se produire par la combustion de
l'alcool et de l’eau salée. E.F.
—— PERLE —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
De Paction chimique d’un seul couple vol-
laïque el des moyens d’en augmenter la
puissance; par M. À, de la Rive,
(Deuxitme article.)
J'ai essayé de subitituerà l'acide nitrique
867
un peroxyde en poudre. J'y voyais deux
avautages : lepremier, de diminuer, comme
avecl’acidenitrique,larésistance; le second,
d’obtenirun courant parla réduction du per-
oxide, courant dont la direction, semblable
à celle du courant provenant de l’oxydation
du zinc, augmenterait considérablement
la puissance électro-chimique du couple. Il
y avaiten outre un avantage pratique dans
la substitution d’un peroxyde à l'acide ni-
trique , c'était de n’avoir besoin que d’un
seul liquide pour charger le couple.
Mes essais ont porté sur le peroxyde de
manganèse et sur le peroxyde de plomb.
Le second a une supériorité très prononcée.
Le peroxyde, amené à l'état d’une poudre
fine et sèche, est tassé avec soin dans une
auge poreuse en porcelaine dégourdie ; une
lame de platine est placée au milieu de
l’auge , de facon qu’elle est complétement
enveloppée de peroxyde. Cette lame porte
un appendice auquel est fixé un conduc-
teur en cuivre. Le liquide dans lequel
plongentl’auge poreuserempliede peroxyde
et: la lame de zinc amalgamé, peut être
indifféremment ou de l’eau salée ou de l’a-
cide sulfurique étendu de plus ou moins
d’eau.
Avec le peroxyde de manganèse , je n’ai
obtenu que deux centimètres cubes de gaz
par minute, et l'effet s’affaiblit assez vite.
Avec le peroxyde de plomb, j'ai obtenu
jusqu’à 10 centimètres cubes de gaz par
minut:au mème voltamètre, et l’effet ne
cesse point, tout eu saffaiblissant légère-
ment. Un moyen de lui rendre toute son
énergie, c'est de changer la direction du
courant daus le voltamètre, On détruit
ainsi la polarisation des éloctroiles de pla-
tine, qui est la cause de la diminution ap-
parente d'intensité du courant,
Dans les mêmes circonstances, un couple
de Grove ne donne naissance qu'à une dé-
composition à peine sensible. La différence
est beaucoup moindre en ce-qui concerne
les effets calorifiques. Un couple de Grove
a produit 425 degrés à une hélice de Bre-
guet; un couple parfaitement semblable,
mais dans lequel l'acide nitrique était rem-
placé par le peroxyde de plomb, a produit
450 degrés. Différents essais comparatifs
faits avec un couple de Bunzen (couple de
Grove dans lequel le platine est rem-
placé par le charbon), avec un couple de
Daniell, m'ont tous démontré la grande
supériorité du couple à peroxyde de plomb,
surtout pour les effets chimiques. Ces ef-
fets, avec les autres couples, sont ou nuls
ou presque insensibles.
La durée de l’action est considérable avec
le couple à peroxyde de plomb, pourvu
qu'on ait soin de dépolariser de temps à
autre les électrotes. Ce couple est d’un
usage commode, parce qu'il n’exige l’em-
ploi que d’un seul liquide facile à se pro-
curer, l’eau salée où l'acide sulfurique
étendu. Aussi j'estime qu'il pourra, tant
sous ce rapport que sous le rapport écono-
mique, remplacer utilement les piles à
plusieurs couples; toujours plus coûteuses
et plus compliquées, dans les applications
de l'électricité à la dorure, à l’argenture
et aux arts métallurgiques en général. Les
essais que j'ai fait dans ce but ont été très
satisfaisants.
La supériorité des couples à peroxyde de
plomb ne se soutient pas quand on en met
plusieurs en série. Un seul couple donnait
14 degrés à un galvanomètre calorifique
formé d’un fil de platine de 12 centimètres
de longueur et de 172 millimètre de dia-
mètre, que traversait le courant. Deux
couples en série ont donné 18 degrés au
même galvauomètre, et 24 centimètreg
cubes de gaz par minute. Deux couples de
Grove ont donné, dans les mêmes circons-«
tances, 19 degrés au galvanomètre calori-«
fique, et 27 centimètres cubes de gaz par
minute, Mais, ce qu'il y a d'assez curieux,
c'est qu'une pile formée d'un couple de
Grove à acide nitrique et d’un couple de pe=M
roxyde, adonnédeseffetssupérieurs à ceux
qui élaient obtenus avec une pile de deux
couples de Grove on de deax couples de pe-
roxyile de plomb. Elle a donné 24 degrés
au galvanomètre calorifique , au lieu de 18
degrés, et 32 centimètres cubes de gaz par «
minute au voltumètre, au lieu de 24 où.
de 27 centimètres cubes. Cette supériorité
tient peut être à l’action chimique mutuelle
du courant de chaque couple sur l’autre
coup'e. On obtient également un effet
Puissant en formant une pile d’un couple |
de peroxyde de plomb et d’un couple |
de Daniell à sulfate de cuivre. On a dans
ce cas 31 centimètres cubes, tandis que deux
couples de Daniell ne donnent que 10 ou 12
centimètres cubes, et deux de peroxyde de
plomb 24 centimètres cubes. |
|
}
|
|
|
Une pile de trois couples de peroxyde de
plomb donne 72 centimaètres cubes de gaz
par minute ; elle rougit le fil de platine du
gaivanomètre calorifique, et enfin, elle
donne une belle lumière avec les pointes
de charbon, Mais, employés en série, les
couples de peroxyde de plemb n’ont pasun
pouvoir bien constant; il s'opère un dépôt
d'oxyde de zine sur les paroïs des auges po-
reuses, qu'il faut de temps à autre enlever.
Une lame de cuivre substituée à la lame !
de platine dans les couples à peroxyde-de
plomb:ou de manganèse, les rend irca-
pables de produtre aucune action chi-w
mique, et affaiblit d'une manière très pro-
noncée leurs effets calorifiques. Cet effet |
tient probablement à une action électro-
chimique locale qui a lieu à la surface de |
la lame de cuivre, qui er effet est rapide-
ment altérée.
Il semblerait résulter de ce qui précède |
que, pour qu’un couple puisse produire
uu effet chimique tel, par exemple, que |
de décomposer l'eau avec des électrodes!
de platine, il faut qu’il y ait dans le couple,
deux actions chimiques donnant naissance
à deux courants dont les effets s'ajoutent, |
l'oxydation du zinc et la réduction d’un |
peroxyde. Si l’eau n’est pas décomposée
parun couple de Daniell, ou l’est d’une!
d’une manière presque insensible par unk
couple de Grove, c’est que la réduction de
l’oxyde de cuivre dans le premier, et la
désoxygénation de l'acide nitrique dans le
second, ne s’opèrent que peu ou points!
C’est pour cela que, dès qu'on ajoute à4
chacun de ces deux couples un couple!
semblable , le courant du nouveau couple; |
en traversant le premier, augmente l'oxy-
dation de son zine , facilite la réduction de
l'oxyde de cuivre ou la désoxygénation dé
l'acide nitrique , et accroît ainsi d’une mas
nière énorme le courant du premier couple.
Le courant du premier couple produit le
mème eflet sur le second. Aussi l'effet de
deux couples à force constante mis à la!
suite de l’autre, est infiniment plus con-
sidérable que l'effet d’un seul ; et ee qui est
vrai pour deux couplesest vrai pour trois
et pour un plus grand nombre. La limite
à l'accroissement de l'effet n’a lieu que
lorsque, pard'aceroissement dunombre des
couples , la résistance de la pile devient plus
|
. “mander si, au lieu d'employer le coutant
Ld’un second couple à augmenter celui du
premier, on ne pourrait pasemployer le coi -
1rant même d’un couple à augmenter sapro-
pre intensité. Après diverses tentatives, j'ai
réussi à réaliser cette conception au moyen
lus appareil fort simple, que je propose
«de nommer condensateur él'ctro-chimique,
; “ou plutôt condensateur voltaïque.
| Le principe de l’appareil consiste à em-
\ployer le courant d’un couple à force con--
tante qui doit opérer la décomposition, à
produire en mème temps un courant d’in-
:duction et à diriger ce courant d'induction
à travers le côupie lui-même, dans un sens
, tel que son effet soit de nature à oxyder le
. “ zinc ef à désoxyder le sulfate de cuivre ou
_. l'acide nitrique. Ce courant produit ainsi
sur le couple le même eflet que celui que
« produirait le courant d’un autre couple. La
“disposition de l'appareil ne présente rien
de compliqué. C’est un morceau de fer
doux, entouré d'un gros fil de métal re-
M couvert de soie; le courant du couple tra-
“verse ce fil et aimante le morceau de fer :
raussitôl une petite tige de cuivre mobile,
-et munie d'un appendice de fer qui est at-
M tiré par le fer aimanté, est soulevée de ma-
‘M nière à interrompre le circuit ; il se déve-
1 loppe alors dans le fil un courant d’induc-
tion qui traverse le couple, et qui, réuni
iravec celui du couple lui-même qu'il a ainsi
} renforcé , traverse le voltamètre qui est
resté dans le circuit, et décompose l'eau.
Mais le fer doux n'étant plus aimanté, la
In tige de cuivre retombe, le circuit métal-
I, lique est de nouveau formé, le fer est de
_“ nouveau aimanté et le même effet est pro-
. duit de nouveau. Au moyen de cet appa-
æeil, un couple de Grove quai ne décompose
Veau que très légèrement, un couple de
_ Daniell qui ne la décompose pas sensible-
ment , deviennent capables de la décompo-
| Sen avec une grande énergie. On peut obte-
M) nir jusqu'à 10 ou 15 centimètres cubes de
Gaz par minute. Un:couple de peroxyde de
plomb, qui donnait 9 centimètres cubes
| de gaz par minute, en donne immédiate-
I ment 18 par l’interposition de l’appareil
, dans le circuit. Ce couple même donne éga-
M, lement dans ce cas une forte lumière avec
M) les pointes de charbon.
| Les gaz qui proviennent de la décompo-
M sitiou ne sont nullement mélangés par l’in-
IN terposition dans le circuit du couple du
w condensateur voltaique, le courant d'in-
1, duction étant toujours dirigé dans le même
I sens que celui du couple. On peut recueil-
ir séparément ces gaz avec la plus grande
facilité, et on les trouve dans la propor-
4 lion exacte qui constitue l’eau. Aussi peut-
ÿ
|
|
869
on employer avec avantage cet appareil
simple et peu coûteux dans les applications
métallurgiques. Sou interposition dans le
ircuit d’un couple produit le même effet
| que celui que produirait l'addition d'un ou
de plusieurs couples, sans occasionner la
| même dépense.
J'ajouterai que je n’ai pas réussi à obte-
1 mir par l'emploi du condensateur voltaïque
| une décomposition de l’eau en me servant
d'un simple couple zinc et platine plongés
dans de l'eau salée ou acidulée, Il faut né-
“cessairement qu'il s'opère ou qu’il puisse
S'opérer deux actons chimiques dans le
Couple pour que l’eau soit décomposée,
-mêmequand on se sert de condensateur
voltaique. C’est pour cela qu’il est néces-
saire d'employer ou un couple à deux li-
À
grande que celle du conducteur interposé.
Cette observation m'a conduit à me de- !
870
quides commeceux de Daniell et de Grove,
ou un couple dans lequel le métal négatif
soitremplacé par un corps fortementoxydé,
comme les couples à peroxyde dont j'ai
parlé plus haut.
Je dois ajouter que, pour que l'appareil
condensateur marche bien, il faut quele
fil de métal recouvert de soie qui entoure
le morceau de fer doux, soit d’un fort dia-
mètre et d’une longueur médiocre. Dans
l'appareil dont je me suis servi, il y avait
trois fils de cuivre de {À millimètre de dia-
mètre faisant chacun cent tour; et réunis
par leurs extrémités correspondantes, de
facon à représenter un seul fil de 3 milli-
mètres de diamètre, faisant cent tours.
En résumé, je croisavoir réussi à établir,
dans la notice qui précède, qu’un couple
seul peut produire des effeis chimique; et
même des eflets chimiques puissants.
Je l'ai prouvé:
1° En montrant que sous le vide, où
l’adhérence des gaz aux surfaces de l'élec-
trode est moindre, le courant est beaucoup
mieux transmis ;
2° En montrant que le courant d’un
couple rendu alternatif par l'emploi d’un
commutateur, traverse très facilement un
voltamètre à lames de platine chargé avec
de l’eau acidulée;
3° En montrant qu'il en est de même du
courant direct d’un couple quand on le
transmet à travers un voltamètre que tra-
verseen même tempsun courant d’induction
dirigé en sens contraire de celui du couple;
4 En construisant un couple dans le-
quel 6n remplace le platine par un per-
oxydeet suitout par ie peroxyde de plomb,
ce qui rend ce couple, lors même qu’il
n’est chargé qu'avec un seul liquide, de
l’eau acidulée on salée, capable de décom-
poser l’eau avec une très grande énergie ,
tout en donnant les gaz séparés ;
50, En employant le courant du couple
lui-même à produire an courant d’induc-
tion qui, en traversant le couple dans unsens
convenable, augmente tellement sa puis-
sance, électro-chimique, que cette puissance
à peu près uulle ou très faible, devient
égale à celle d’une pile de plusieurs couples.
— #98 9 2 dem——
SCIENCES NATURELLES.
BMETALLURGIE.
Rapport de M. B cquerel sur un owrage
ayant pour titre : De la production des
métaux précieux au Mexique, considé-
rée dans ses rapports avec la géologie,
la métallurgie et l’économie politique,
présenté à l’Académie des sciences par
M. Saint-Clair Duport.
(suile.)
M. Duport a traité la question de la pro:
duction de l'or et de l’argent avant la con-
quête, sans entrer toutefois dans des dé-
tails aussi étendus que M. de Humboldt.
Suivant lui, les anciens Mexicains se bor-
naient à recueillir les métaux précieux par
le lavage, autant qu’on en peut juger d’a-
prèsla proportion de l’orrelativement à l’ar-
gent, dans le butin que fitCortez. Ontrouve
effectivement, dans la première partiede la
lettre de Cortez à Charles-Quint, que cette
proportion était comme 21 est à 5, et bien
différente de ce qu’elle est aujourd’hui.
Dès que les Espagnols furent maîtres du
pays, ils commencèrent à traiter les mine-
rais par la fonte; mais les produits furent
d’abord très limités, en raison de la rareté
871
du combustible, ou même de son manque
absolu dans certaines localités, et de l’ab-
sence de chutes d’eau.
Cet état de chose changea à l’époque de
la découverte de Pamalgamation au patio,
qui ne demande que 1 pour 400 en com-
bustible de la valeur de l’argent, laquelle
permit d'extraire l'argent de minerais,
ayant une teneur trop faible pour être
traités par la fonte, même dans les mines
d'Europe.
Trois traitements sont aujourd’hui en
usageau Mexique: la fonte, l’amalgamation
à froid (patio), et l’amalgamation à chaud
(cazzo). L’amalgamation à froid domine les
deux autres : sans l’emploi de cette mé-
thode, les produits seraient bien faibles.
Le traitement par la fonte est très dis=
pendieux, à cause de la rareté du combus-
tible et des chutes d’eau, et parce qu'il
n’a pas reçu les perfectionnements résul-
tant des améliorations apportées dans la
construction des fourneaux et de l’em-
ploi raisonné des fondants; on ne l’emploie
ordinairementque pour les minerais riches,
Les fondants sont la litharge et un carbo-
nate de soude (tequez quite) qui se trouve
en assez grande quantité dans quelques
localités voisines des exploitations.
L'amalgamation à froid (patio) a parti-
culièrement attiré l'attention de M. Du-
port,qui s’est attaché à ne rien omettre de
ce qui peut éclairer sur ce mode de traite-
ment. C'est ainsi qu’il donne le prix des
ingrédients, sel marin, z2agistral ou sul-
fate de cuivre, et du mercure; qu’il fait
connaître les localités où chacune des usi-
nes se procure le sel dont elle a besoin, Le
prix du sel de colima, à Guanaxato ou à
Zacatecas, est de 12 piastres {es 3 quint.
espagnols, ou environ 43 francs pour 100
kilogrammes.
Le saltierra, qui, d’après l'analyse qui
en à été faite dernièrement, ne renferme
qu’un cinquième de chorure de sodium
revient ordinairement, à Zacatecas, à 4pia=
stres 3/8 les 209 livres de sel, qui, en sel de
colima, coûteraient8 piastres,
M. Duport fait connaître le mode de fa-
brication du magistral dans divers districts
de mines, tels que Zacatecas, Guanaxato
et autres moins importants.
Le magistral employé à Guanaxato ren-
ferme un cinquième en sulfate anhydre de
cuivre; on le forme avec des pyrites cui=
vreuses convenablement grillées. La sul-
fatation est faite avec tant de soin, que le
magistral ne renferme que 4 pour 100
d'oxyde de cuivre libre. Rien enfin n’a été
omis de ce qui puisse éclairer l’exploita=
tion, sur les moyens de reconnaître sa
bonne qualité, son prix dans diverses loca=
lités, etc., etc.
Aussitôt la découverte de l’amalgama=
tion, le gouvernement s’empara du mono-
pole du mercure. Les tableaux que M. Du-
port a dressés dans son ouvrage démon-
trent l'influence que la baisse successive
de son prix, consentie par la cour de Ma-
drid, a exercée sur la production de lar-
gent au Mexique. En 1766, il revenait à
42 piastres 36 réaux le quintal, prix qui se
mainlint jusqu’à l'indépendance du Mexi-
que. Le commerce élant devenu libre, le
prix du mercure varia de 50 à 70 piastres.
Cet état de choses dura jusqu’à ce qu'un
capitaliste puissant, s'étant rendu adjudi-
cataire des produits de la mine d’Almaden,
en porta le prix jusqu’à 130 etmême 1 50 pias-
tres, suivant que les mines étaient plus ow
moins éloig nées de la mer. Cette hausse de
872
prixetorbitante n’a pas peu contribué à pa-
ralyser ou du moins ralentirla métallurgie
de l'argent.
M. Duport donne ensuite, pour ainsi
dire, l'histoire de l’amalgamation mexi-
caine, en commençant par décrire les pré-
parations mécaniques, et faisant connaître
les diverses phases de l'opération, ainsi que
les théories qui ont été successivement
données de ce procédé ingénieux. Il nous
montre Sonneschmidt considérant l’action
du sel marin et du magistral comme bor-
née aux éléments électro-négatifs que ces
composés renferment; M. Karsten annon-
gant la faculté que possède une solution
saturée de sel marin-de dissoudre le chlo-
rure d'argent et l'influence du bichlorure
du cuivre; l’un de vos commissaires expli-
quant le premier de quelle manière s’opé-
rait la chloruration du sulfure d'argent
par le bichlorure de cuivre. Toutes ces
découvertes successives servent aujourd’hui
de bases à la théorie de lamalgamation ;
mais il reste.eucore à connaître une foule
de faits de détail, dont on sera redevable à
M. Duport:. Nous allons exposer, le plus
succinctement possible, les principaux phé-
nomènes de l'amalgamation tels qu'il les a
_ décrits.
Le mercure se comporte comme agent
chimique et comme simple dissolvant :
dans le premier cas, il réagit sur le chlo-
rure d'argent qu’il décompose pour se
combiner avec le. chlore ; dans le second,
il s'empare de l'argent métallique dissé-
miné en parcelles plus ou moins tenues
dans le minerai.
Le bichlorure de cuivre, formé au con-
tact du magistral et du sel marin, en réa-
gissant sur le sulfure d’argent, chlorure
d'argent, et se change en sulfure, suivant
les expériences de M. Boussingault; mais
celte chloruration n’est que superficielle,
comme l’a observé M. Duport dans des ex-
périences faites aveu soin.
- En raison du double rèle que joue le
mercure dans l'amalgamation, sa perte
peut être attribuée à trois causes :
1. À la réduction du chlorure d'argent
par le mercure ;
2. A l’action chlorurante directe du
bichlorure de cuivre sur le mercure;
3. À l’action mécanique.
La dernière est peu importante. On peut
éviter en partie la première en employant
un métal plus oxydable que le mercure.
Pour se rendre maître de la seconde, il
faut séparer la chloruration des sulfures
d’argent de l’amalgamation; mais dans le
patio, la chloruration n’étant que superfi-
cielle, et la quantité de sel marin employée
étant beaucoup trop petite pour dissoudre
à la fois tout l’argent chloruré, la présence
du mercure devient indispensable pendant
toute la durée de l'opération. De là vient
la perte. M. Duport, par ces expériences,
est arrivé à cette conclusion, qu'une solu-
tion saturée de sel marin, à la tempéra-
ture ordinaire, dissout par litre Ogr.,570
d'argent combiné avec le chlore; que son
pouvoir dissolvant semble suivre une pro-
portion constante avec la température, et
qu'aux environs de la température de l'é-
bullition, ce pouvoir est quatre fois plus
considérable qu’à 10 degrés, et qu'il est ex-
trémement faible près de zéro.
En chlorurant par voie sèche, comme en
Saxe, réduisant par le fer et amalgamant
ensuite, la perte du mercure est réduite à
la perte mécanique. Mais cette opération
préliminaire exige du combustible et trois
873
à quatre fois le poids du sel employé au
patio, dont le prix au Mexique, représente
une fois et demie la valeur du mercure
perdu; quoique son prix actuel soit presque
quadruple de celui auquel le livrait le gou-
vernement espagnol.
Bien que les Mexicains possèdent une
très grande habileté dans la méthode du
patio, néanmoins ils laissent encore dans
les résidus une teneur en argent plus ou
moins forte, suivant qu'il se trouve dans les
minerais une plus ou moins forte propor-
tion de doubles sulfures.
À Guanaxato, où le minerai est com-
posé d'argent natif ou de sulfure avec
peu de pyrites, de galène ou de blende,
la perte est de 10 p. 100 de fa richesse
totale.
Au Fresnillo, où le minerai abonde en
galène, pyrites et blende, elle est de 28 p.
À Zacatecas, dont le minerai renferme
beaucoup d'argent antimonié sulfuré, la
perte est de 35 à 40 p. 100 : quelquefois
toutes ces pertes, qui vont jusqu'aux deux
cinquièmes de la richesse totale, n’au-
raient pas lieu si l'on possédait une bonne
méthode de chloruration par la voie hu-
mide, et vers laquelle toutes les richesses
de la chimie doivent se diriger. Que d’a-
vantages n'en résulterait-1l pas pour la pro-
duction des métaux précieux au Mexique,
où les exploitants se découragent facile-
ment en raison du peu de bénéfices que
leur procure cette [roduction !
Un fait bien digne de remarque, c’est que
depuis la découverte de Pamalgamation au
patio, due à Medina del Campo, c’est-à-
dire depuis trois siècles, les progrès de la
chimie n’ont apporté aucun changement
dans la manière dout elle se pratiquait
alors, de sorte qu'elle semble avoir atteint
de suite la perfection. En effet, M. Duport,
qui a eu à sa disposition les archives de la
famille de Cortez, y a trouvé des docu-
ments qui prouvent que la quantité d’ar-
gent extraite des minerais de Tasco, de
1570 à 1585, correspond à une teneur de
0,0016, et la perte de mercure à 150 p.
100 da poids de l'argent obtenu; propor-
tions sensiblement les mêmes que celles
observées dans les minerais et l'amalgama-
tion à i’époque actuelle.
M. Duport croit devoir conclure de ses
observations et de ses expériences, qu’à
moins de trouver un moyen facile et éco
nomique de chlorurer complétement à
froid le sulfure d'argent et les doubles sul-
fures, ou un nouveau dissolvant pour le
chlorure d'argent plus énérgique que
l’eau salée et moins dispendicux que l’am-
moniaque, le traitement du patio est peu
susceptible d'améliorations importantes.
DE
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Sur l'application des gaz des hauts four-
neaux aux traitements métallurgiques,etc.
note de MM. Laurens et Thomas.
L’atteution se porte, depuis quelque
temps, sur la substitution daus les foyers
industriels des gaz aux combustibles en na-
ture, seuls précédemment employés.Cette
importante question se trouvant soumise
à l'Académie par un Mémoire récent de M.
Ebelmen, ingénieur des mines, surla forma-
tion et la composition des gaz que la métal-
87%
lurgie est appelée à employer, nous avons”
pensé qu'on accueillerait avec intérêt la
commuuication de quelques faits, relatifs M
surtout à l'usage des gaz sur une grande”
échelle.
La. généralisation de l'emploi des gaz
combustibles à la place des combuitibles
pourrait faire naître la crainte sérieuse
d'exposer les ouvriers à des dangers nou-
veaux : ces gaz, en effet, sont inflammables,
et ils contiennent d’assez fortes proportions
d'oxyde de carkone. Ainsi, à la possibilité
des explosions se joint celle, plus grave
peut-être, des asphyxies. Les travaux de
M. Leblanc ont montré en effet combien
était délétère une atmosphère qui contient
une faible quantité d'oxyde de carbone, et
combien il était dangereux d'y séjourner.
Hâtons-nous de dire que si l’application
des gaz dans un grand nombre d’usines a
déjà occasionné des accidents, ces accidents
du moins n’ont jamais eu de suites fà-
cheuses, Des dispositions bien entendues
mettent à l'abri de tout snistre événe-
ment.
Un utile préservatif contre les asphyxies
consiste dans l'odeur que possèdent tou-
jours les gaz, odeur qui ne permet pas que
l’on s’expose sans le savoir à leur action.
Nous avons vu très souvent (nous en pour-
rions citer une trentaine d'exemples) des
ouvriers, après avoir respiré imprudem-
ment des gaz contenant 15 à 20 pour 100
d'oxyde de carbone, tomber évanouis;
mais le traitement le plus simple que l'on
emploie en pareille circonstance leur rend
bientôt l'usage des sens, et après quelques
heures de repos its sont en état de re-
prendre leur travail. Quand on se trouve
dans une atmosphère viciée par un mé-
lange d'oxyde de carbone, d’acide carbo-
nique et d’azote, tel que ie gaz des hauts
fourneaux, on ressent un mal de tête assez
faible, suivi promptement de vertiges, et
si l’on ne s’empresse de se retirer de cette
atmosphère, on tombe tout à coup éva-
noui sans pouvoir proférer une parole;
aucune souffrance n’accompagne léva-
nouisssement.
Les explosions se produisent dans les
fours principalement au moment de l’allu-
mage, et dans les conduites quelques ins
tants après l'extinction des foyers à gaz.
Au moyen de précautions convenables
apportées dans ces deux opérations, on
parvient avec certitude à éviter les explo-
sions. Si ces précautions viennent à être
négligées par les ouvriers, l'effet nuisible
de la détonation du gaz se trouve annulé
par le jeu de nombreuses soupapes de sû-
reté qu’il est nécessaire d'adapter aux
fours et aux conduites de gaz : les dimen-
sions et la meilleure position de ces sou- |
papés nous ont été indiquées par l'étude
des faits.
‘ La nature des gaz a une grande in- |
fluence sur l'intensité des explosions : ainsi |
un mélange d'oxyde de carbone, d'acide
carbonique et d'azote, le premier de ces
gaz y entrant dans le rapport de 15 à 25 p.
100, ne donne jamais d’explosion violente;
mais l'addition de l'hydrogène même à la
faible dose de 2 à 3 pour 100, suffit pour
augmenter beaucoup l'énergie des détona-
tions.
L'échauffement des gaz dans des tuyaux
portés au rouge, avant leur admission |
dans les foyers de combustion, opération
souvent nécessaire pour obtenir de hautes
températures d’une manière constante,
exige quelques soins particuliers, à l’aide
L
* “desquels les explosions ne sont ni plus fré-
quentes ni plus dangereuses.
Dans la production des gaz on doit évi-
ter, autant que possible, la formation de
l'acide carbonique. Nous avons remarqué
que la proportion de ce gaz était d'autant
« plus faible que la pression sous laquelle on
injectait l'air dans le générateur à gaz était
plus élevée. Si l’on n'introduit pas l'air
- avec pression, et qu'on l'appelle par le
tirage d’une cheminée, il se produit au
contraire une quantité notable d'acide car-
* «bonique, quoique la couche de combus-
-tible soit épaisse : en augmentant l'énergie
du tirage par une action mécanique, la
! M majeure partie du carbone passe à l’état
d'acide carbonique.
Au lieu d'injecter l’air avec pression par
une machine soufflante, on peut obtenir
‘ son insufflation à l’aide de la vapeur même
destinée à produire de l'hydrogène dans
‘ | le gaz. Il sera tonjours utile de surchauffer
\ | céttévapeur, c'est-à-dire de la porter, après
- | Sa formation, à une température plus éle-
| vée que celle correspondante à sa pression.
Cet échauffement de la vapeur, qui est ap-
° | pelé à jouer un rôle important dans la pro-
è\ duction des gaz, n'occasionne pas, comme
| on aurait pu le craindre, la destruction
: rapide destuyaux en fer ou en fonte dans
iN, lesquels on l’effectue. Quoique la vapeur
soit portée à 350 degrés, elle n’est pas dé-
I\ composée par le métal des tuyaux, ou du
| moinselle ne l’est qu'en detrès petites pro-
| 875
{
|
à
|
$
f
et que le chauffage est régulier.
Ün résultat intéressant, que l'on obtient
de la vapeur surchauffée, c’est qu'en la
“ faisant agir seule, à une température qui
atteint à peine 300 degrés, on carbonise
complètement la houille, le bois ct la
tourbe; il se dégage dés gaz combustibles,
applicables à divers usages, après leur pas-
I", sage dans un condenseur. Le résidu en
k charbon est considérable, et ce charbon
| présente une assez grande dureté, lors
“ même qu'il provient de la tourbe.
HG e—
AGRICULTURE.
@ La carie du froment.
La carie est le résultat de Ja présence
“| d’un champignon intestinal appelé wredo
kW caries, Dec.; elle se reconnait facilement
M à Sa poussière grasse, noire, tenace et féti-
M, de, Son odeur peut se comparer à celle du
| poisson poarri. La viscosité de cette pous-
sière la fait adhérer au grain, et c’est pour
“ anéantir la faculté germinative des propa-
I gules de la carie que l’on recourt au chau-
| lage ou au sulfatage.
| Les expériences faites par beaucoup d’a-
l | gricultears, et les observations microsco-
| piques répétées par plusieurs naturalistes,
… ne laissent aucun doute sur la nature de la
| carie, espèce de champignon parasite intes-
tinal qui attaque particulièrement le fro-
ment, et en diminue la valeur.
Il est très possible que la maturité incom-
… plète des grains que l’on choisit pour
.| Semences soit une des causes qui concou-
rent à favoriser le développement de la ca-
# rie; de la même manière que, parmi les
| hommes, les individus cacochymes sont
M plus fréquemment atteints d’affections ver-
| Mineuses que les individus robustes.
On reconnaît effectivement que tous les
Srains qui surnagent lors du lavage, sont
impropres à fournir un bon et beau pro-
1 portions, tant que son courant est continu!
“dt; mais on ne peut se dissimuler que les
876
expériences faites par Tillet, Tessier, Béné-
dict Prevost, ont démontré que des grains
bien mürs, choisis pour semences, ont été
atteints de carie lorsqu'on les a semé: après
après les avoir mis en contact avec les pro-
gules de ce champignon; et que ces mêmes
grains infectés, sumés après avoir été sou-
mis à l’opération du chaulage ou du sulfu-
rage, ont donné des produits saints.
On dira peut-être que ces deux dernières
opérations ont seulement pour but, soit
d'augmenter l'énergie végétativedes grains
incomplètement mûrs, soit de détruire leur
force germinative. Quoi qu’il eu soit de ce
raisonnement, il restera toujours démon-
tré que les grains bien mürs et bien choi-
sis pour semences donneront des grains ca-
riés toutes les fois qu'ils seront saupoudrés
de carie avant d'être confiés à la terre, ou
qu'ils seront semés dans un terrain infecté,
ce qui arrive lorsque le fumier qui y a été
répandu était formé avec des pailles char-
gées des propagules de la carie. Ainsi, dans
tous les cas, le chaulage ou le sulfatage,
mais principalement le dernier, offrent des
moyens avantageux que ne doil jamais né-
gliger le cultivateur prudent et désireux
d’avoir du blé non moucheté,
Les paysans anglais, dès le dix-septième
siècle, laissaient infuser leurs semences,
pendant vingt-quatre heares, dans une
lessive de cendres, et les saupoudraient
de chaux vive. (Morison, Hist. pl. oxon.,
tom. 11, p. 406, I )
Bénédict Prevost, ayant remarqué que
dans la plaine entre le Tarn et la Garonne,
où tout le monde chaule, il y avait encore
beauconp de carie, et que celle-ci manquait
dans les champs de deux propriétaires qui,
paf hasard, faisaient l'opération du chau-
lage dans une chaudière de cuivre, recon-
nut que cette chaudière Ctait encroûtée de
vert de gris; -il partit de ce fait curieux
pour étudier lPaction des préparations de
cuivre sur la carie. Après divers essais, il
s’assura que le sulfate de cuivre était la
substance la plus avantageuse à employer.
Dés 1790, M. Bonnet Coqueau employait
avec succes le vitriolage, tantôt avec le sul-
fate de cuivre, tantôt avec l’acétate de cui-
vre, vulgairement pert-de-gris. Par sa cons-
tance, il est parvenu à déterminer les agri :
culteurs de Selongey à adopter le vitrio-
lage : pour atteindre ce but, il a prisle parti
d'indiquer à chacun d'eux, sous Le secret,
ce procédé. Il imitait en cela Parmentier,
qui, voulant propager l’usage de la pom-
me de terre, avait obtenu que des gardes
seraient placés dans la plaine des Sablons,
pour avoir lair d'empêcher l'enlèvement
de ce tubercule, et faire naître ainsi le de-
sir de s’en emparer.
L'action du sulfate de cuivre pour dé-
truire la force de reproduction des propa-
gules de la carie est plus énergique que
celle de la chaux.
La carie est, de toutes les maladies des
céréales, la seule que l’homme puisse pré-
venir, et à laquelle il puisse remédier. En
effet, par la lotion, dars l'eau, du blé mou-
cheté, ou par son passage dans des cylin-
dres à brosse, on parvient à enlever les pro-
pagules de la carie appliqués à la surface
du grain. La carie a reçu une multitude
de noms suivant les localités; je ne les ré-
péterai point ici, il me suffit d’avoir pré:
cisé les caractères de cette maladie.
(Journal d’ Agriculture de la Côte-d'Or.)
877
HORTICULTURE.
Qualorzième exposition des produits de
la société royale d’horticulture de Paris.
C'est toujours un spectacle plein d’at-
traits que ces expositions de fleurs et de
fruits, brillantes conquêtes de l’homme
sur la nature, et qui viennent accroître la
somme de nos jouissances. Aussi ces fêtes
ont elles le.privilége d’intéresser tontes les
classes de la société, Le riche y puise ses
délassements et la classe moyenne. aime
à trouver dans les nouvelles fleurs qui flat-
tent sa vue des consolations à ses labeurs
journaliers. C’est un beau coup d'œil, dans
cette vaste orangerie du palais de la Cham-
bre des pairs que toutes ces fleurs rares
transplantées de toutes les parties du
monde et jetant aux vents leurs mille sen-
teurs et leurs formes les plus variées com-
me les plus bizarres. Disons, toutefois,
que cette quatorzième exposition ne répond
pas à nos yeux à ce que l’on doit attendre
de la réputation de la culture et du grand
centre de consommation que Paris offre
pour la multiplication des plantes.
Si nous commençons par la droite de cet
élégant parterre improvisé, nous troavons
les fleurs imitées et les riches camélias de
Mad. Delaère ; mais quelque soit Ja bril-
lante imitation de Ja nature, l'art se fait
toujours sentir et nous préférons la nature,
les fleurs peintes, de M. Bivalet père, de
M. Cabau, les œillets de M. Planson. les
aquarelles de Mad. Lucy de Beaurepaire,
de Mad, Tarin , sont, par leur exactitude
comme par leur mérite, des ornements qui
ne perdent pas trop à se trouver placés en
face des fleurs vivantes, C’est le plus bel
éloge que nous puissions en faire, Les aza-
léas de M. Cochet, et surtout son azalea de
la reine Victoria , nous conduisent À la va-
riété des magnifiques pensées de M. Pierre
Sageat, qui a exposé aussi la cinéraire reine,
et des variétés de roses, entre autres la
belle rose dévonst. Des bruyères, sont re-
levés pärlacuriéuse pimélie (spectabilis),
dont les formes bizarres seront un des or-
nements des serres.
N'oublions pas ni la tente en coutil ex-
posée au dehors de l'enceinte, gracieux mo-
dèle de M. Georges , ni les poignées de blé
semées à la volée, ni les cactées et les bu
gainvilliers artificielles de Mayer, ni les
pensées de Burel, les verreries et les émaux
appliqués à l’horticulture de Leune, les
vases à fleur en fonte de Darban, les pa-
rures de bals en fleurs naturelles de La-
chaume, la riche variété d’oreilles d'ours
et de pensées de Ragonet Geoffroy.
La collection de plantes de M: Ryfkogel
est assez variée. Les calcéolaires, l'échicene,
des Canaries et les rhododendron ont quel-
ques belles espèces, et cet horticulteur a
expose une centaine de végétaux exotiques
parmi lesquels: figurent les kennedia , les
grevillea, les chorisemaet unefoule d’autres.
Les rosiers de M. Roblin attirent la
foule , et dans le grand nombre de ces
fleurs que la patience et la calture font
naître, il en est plus de bizarres que de
vraiment belles, et nulle n’a encore dé-
possédé la rose de tous les mois de sa
suave odeur, ni la rose des peintres de son
admirable forme. La rose the princesse Hé-
lene, la gloire de Guérin et la the maximin,
sont de belle; varictés.
M. Paillet a exposé une riche variété de
rhododendron, tous vigoureux e! couron-
nés de fleurs. On lui a décerné le premier
prix, et c’est justice. M. Margotin a ob-
878
tenu le premier prix pour les roses; et nous
avons surtout remarqué parmi cette va-
riété infinie qu'il possède le bouquet de
Flore, dont la rose est d’un jaune vifet la
rose Adam, qui n'est pas toutefois la pre-
mière rose de la création.
MM. Jacquin ont obtenu le premier prix
pour les plantes en fleurs, dont ils ont ex-
posé une belle suite, telles que bruyères,
cinéraires, un magnifique anagallis bleu
à grandes fleurs, des fuchsias. La suite des
bruyères de M. Uterthart offre de belles
espèces. Les lauriers roses sont cultivés par
M. Mabire. M. Duval a présenté une grande
variété de plantes grasses, d’aloës, de cac-
tus et d’euphales, un mamillaria rose cou-
vert de fleurs, l'euphorbia à longue feuilles
Sibizarres.Larenoncule à feuilles d’acanthe
et à boutonsd argent. M. Souchet, premier
pris pour les pelassonium , a exposé une
série étonnante de ce végétal polymorphe
ainsi que des caléolaires , des cinéraires et
des verveines. Décidément ces trois genres
sont devenus, dans les mains des horticul-
teurs, une source d'hybrides, parmi les-
quels il en est qui possèdent le plus riche
éclat et les formes les plus singulières.
M. Pelé , parmi toutes ses plantes , s’est
plié à accroître le nombre des végétaux
panachés. Aussi a-t-il présenté des violettes,
des auricules, des stachys à feuilles pana-
chées, une ancholie à fleurs très doubles et
destaticés à grandes fleurs.
M. Guérin a le premier prix pour les
pivoines en arbre. Les rosages et les calcéo-
laires ont été aussi l’objet de ses soins.
M. Dufoy, premier prix pour les pelas-
gonium , a donné une suite nombreuse de
ces plantes qui n’ont d'autre mérite que
d’émailler les massifs, mais qui n'ont ni
charme particulier , ni aspect qui sorte de
la ligne commune, Le pelasgoniur est pour
moi une fleur d'agrément; on lui doit
aussi des dahlias.
Au milieu de toutes ces flLurs, nous arri-
vons à la partie sérieusement utile et que
le gastronome apprécie d'autant plus que
c’est un impôt prélevé sur la bourse du ri-
che. Les primeurs sont deslinées au palais
biasé du riche. Les légumes forcés , tels
que haricots en grains, tomates, laitues,
scarioles, Courges , carottes, chouxfleurs
moustreux, etc., font l'éloge des soins in-
télligents de MM. Noblet, Davenne, Gon-
thier. Les raisins, les courges, sont, parmi
les fruits avancés, de beiles conquêtes ; les
bananes, müries sous le ciel de Paris, les
fruits conservés par MM. Malet, Monce-
lot, nous promettent d’utiles jouissances.
Nous avons remarqué le pœonia para-
doxa et la gladiolus plicatus de M. Jacques,
la grande variété de fruits du genre citrus,
de l’orangerie de Montgeron , les plantes
de terre de bruyère de M. Keteler, qui a ob-
tenu un prix pour le genre de culture com-
merciale, qui a rendu les jardins de Fro-
mont si avantageusement connus pour ses
azalea et ses rosages.
Le nom de Cels figure avec un cortége
imposant de végétaux rares et précieux.
Pouvait-on attendre moins de ce nom jus-
tement célèbre en horticulture. Plus de
500 plantes ont été exposées par MM. Cels
frères, et vraiment on ne peut qu'admirer
leurs palmiers , et surtout le cocos austra-
lis, lesagus rumpfi, l’oreodoxia regia, etc.,
leurs orchidées bizarres, leurs cereus si
nombreux, leurs echinocactes, leurs ma-
millaires, dont la nomenclature seule for-
merait un long catalogue. J'ai remarqué ,
surtout parmi les bruyères, la gracieuse
879
sulphurea, l'elychrysum superbum du Cap,
le dacrydium à feuilles de cyprès, laurau-
caria exelsa, le cycas, l’erica vermeil avec
ses grelots et fruits de groseille.
M. Rousset a exposé des tulipes, M: Du-
rand dés orangers, rosages, strelitzia et Eu
phorbia Breonii; M. L'Homme des onéi-
dium ; M. Mathieu une strelitzia en fleurs,
une grevillea robuste ; M. Chauvière, pie-
mier prix pour les plantes fleuries, une
grande variété de calcéolaires, de géru-
nium, etc. Puis viennent les rosiers à haute
tige de M. Gauthier , les roses et leurs va-
riétés infinies de la collection Lévêque, les
petits échantillons de cactées de M. Scher-
zer, et ses araucaria et pinus palustris ;
les plantes grasses de M. Duval, l’echi-
nus fastuosum de M. Audot, les’magno-
liées de M. Tampouet ; les arbres verts de
M. Vilmorin, etenfin, pour couronner no-
tre note écrite rapidement, nous signale-
rons les anémones e! le parterre de tulipes,
dont le nom seul de Tripet indique le mé-
rite et la beauté. Une collection d’iris, la
plante la plus rebelle aux soins de la cul-
ture changeante, mérite aussi une mention,
mais les variétés obtenues sont tristes et
uniformes, et l'iris ne sera jamais qu’une
plante vulgaire, peu digne de figurer dans
uu jardin d’amateur.
Les poteries de M. Follet allient Ja
grâce à la bonne exécutiou. L'appareil à
boutures est ingénieux, et les vases go-
thiques, renaissan‘e de ce fabricant, mé-
ritent de sincères éloges. L’horticulteur
doit avoir recours à la fabrique Tronchon.
Espaliers, chaise en fonte, clotures, volières
sortent de ses ateliers avec la flexibilité, la
légéreté et la sohdité desirables. Le hâche-
paille et le coupe-'cuilles de mürier pourles
vers à soie de M. Parheau, paraissent fonc-
tionner avec rapidité et exactitude, Le
moulin coucasseur de M: Quantin Durand
et ses vases d’orneinent sont d’are bonne
exécution. Le chauffeur à baches pour pri-
meur, confectionné en cuivre par M. Ger-
vais, est un instrument fait dans les bons
principes de la physique. Il n’y a pas jus-
qu'au plomb filet de M. Poulet, qui ne
puisse, pour l’attache des arbres, donner un
bon service. Les ruches Delormes, les séca-
teurs, arrosoirs de MM: Arnhecter et
d’Agard, méritent une mention, car le bon
goût des instruments arratoires dispute
à leur variété infinie. M. Agard a exposé
une jardinière pyramidale en fonte qui
doit servir, dans les vastes salons, de moyen
de décoration luxueux, et dont les déco-
rateurs, dans les fêtes de bals, doivent tirer
un parti avantageux.
MAGNANERIE.
Des moyens d'apprécier la pureté de l'air
dans les masnaneries ; par M. Robinet,
Il paraît évident que nous possédons
maintenant des moyens sûrs et puissants
de renouveler l'air d’un atelier de vers à
soie. Lorsque l'atmosphère extérieure est
froide, l'air échauffé par un calorifère est
animéd'une vitesse ascensionnelle quidonne
le résultat desiré à peu de frais; l'air monte
dans la magnanerie, pénètre dans toutes
ses parties et s'échappe par le sommet,
après avoir porté partout son action bien-
faisante.
Dans le cas d'une température extérieure
élevée, au contraire, le tarare soufilant
donnera en abondance de l’air frais et pur,
qui sera chassé dans la magnanerie avec
880
assez de force pour remplacer en peu de
temps l'air trop chaud et vicié qu’elle cons
tient.
Il reste cependant à résoudre une ques:
tion de localité pour laquelle le concours
d'un certain nonibre d'hommes zélés est
indispensable. Dans quelles circonstances
l’air est-il réellement vicié? Dans quelles
circonstances les moyens de ventilation
ont-il suffi à son renouvellement?
Il est évident que ces questions ne seront
résolues que lorsqu'un certain nombre de
personnes, placées dans des conditions dif- ,
férentes de climat et de constructions, au-
ront vérifié la pureté de l'air de leurs ate-
liers,
Ainsi, je suppose que je me sois assuré,
par des expériences positives, que la venti-
lation effectuée dans la magnanerie-mo-
dèle de Poitiers est suflisante dans tous les
cas; en résultera-t-il que cette ventilation
devra suffire aussi à Alaiset à Marseille?
Non. — Il faut donc, pour que la question
so t épuisée, qu’elie ait été traitée par les
mêmes moyens et daus différentes locali-
tés. Mais, pour cela, il est indispensable
d’avoir des procédés simples, à la portée de
tous les éducateurs et qui soient les mêmes
pour tous. Je crois que ces procédés exis-
tent ; je vais les décrire, et je pense que si
quelques personnes veulent bien les met-
tre en usage, l'art d'élever les vers à soie
aura bientôt fait un progrès nouveau.
Tout lemonde a remarqué le phénomène
quise produit lorsque, par un temps chaud,
onu monte de la cave une bouteille fraiche.
Elle se couvre promptement d’une humi-
dité abondante qui, dans quelques cas,
finit par couler et se rassemble au pied de
la bouteille. Evidemment cette eau exis-
tait dans l’air, et c'est ia basse température
de la bouteille qui l’a forcée à se condenser
à sa surface: Si donc la bouteille froide
avait été portée dans une magnanerie, nous
aurions pu recueillir, par ce procédé sim=
ple, une certaine quantité de l’eau conte-
nue dans l'atmosphère de l'atelier. Si Pair
avaitété vicié, cette eau aurait certaine-
ment participé à son altération, et nous au-
rions pu apprécier celle-ci par la nature de
l'eau rassemblée.
Voici comment on devra procéder :
quand on pourra se procurer de la glace,
on en remplira une carafe ou un bocal
d’une certaine grandeur. On pilera ou on
brisera la glace, de manière qu’elle touche
le plus possible les parois intérieures de la
carafe, Celle-ci sera placée dans une as-
siette bien propre; puis le tout sera porté
daus la magnanerie dont on voudra essayer
l'air.
A défaut de glace, on prendra l’eau la
plus fraiche qu'on pourra se procurer, et
comme en général on fera cette expé-
rience par un temps chaud qui hâte la fer-
mentation des litières, le plus souvent l'eau
fraiche suffira.
L'appareil ainsi disposé et porté vers le
sommet de l'atelier, va se couvrir promp=
tement d'une sueur abondante qui va ruis-
seler de toutes parts et se rassembler dans
l'assiette. Quand on aura recueilli ainsi
environ 30 grammes de liquide, on le ver-
sera dans une petite bouteille ou fole|
blanche. |
On aura eu soin de tenir note des cir=
constances dans lesquelles on aura opérék
la date : la température intérieure et exté=
rieure, l’état de l'atmosphère, l'élévation
du baromètre, l'âge des vers; les disposis
tions qu'ils montrent au moment de lex=
881
périence; on tiendra compte de l’état des
litières qui seront sèches ou humides, de
l’odeur qui frappe l'odorat quand on entre
dans l'atelier ; de la quantité de feuilles qui
se consomme pour le moment et par jour.
On dira si l'atelier est rempli de vers du
“ haut en bas; s'ils sont épais ou clair-semés
|
|
|
|
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#4
pl
et
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sh
fl |
p) !:
if
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|
sur les tables; si la feuille a été distribuée
sèche ou mouillée, fraîche ou fanée. Siül
existe dans la magnanerie des moyens de
ventilation artificielle, on aura soin de no-
ter s'ils ont été mis en usage au momentlde
l'expérience. Enfin, dans certains cas, on
tiendra compte du vent régnant, puisque,
dans beaucoup de localités, on attribue à
certains courants d’air des influences per-
nicieuses.
Il s’agit maintenant d'apprécier les qua-
lités de l’eau recueillie.
Nous procéderons a cet examen par voie
de comparaison. De cette manière les pro-
cédés seront mis à la portée de tout le
monde.
En conséquence, dans deux ou trois pe-
tites fioles pareilles à celle qui contient
l’eau de la magnanerie, nous aurons de
l’eau de pluie, si a été possible d’en recueil-
lir à peu près au même moment. Dans une
seconde fiole, nous mettrons de l’eau de la
rivière ou de la source qui sert de boisson
habituelle. À défaut de ces eaux, nous
prendrons celle du puitsqui alimente la
maison. Je suppose donc que nous ayons
trois fioles : la première contient l’eau re-
cueillie dans la magnanerie; la seconde
contient de l'eau de pluie; la troisième,
l'eau de source.
Das la plupart des cas, nous pourrons
nous procurer chez un bon pharmacien un
petit morceau de papier curcrma. Ce pa-
pier est jaune : nousen couperons trois pe-
tites lanières que nous ferons tremper dans
nos trois fioles. La couleur du papier n’é-
prouvera dans l’eau de ja pluie d'autre al-
tération que celle qui résulte de l’humi-
dité elle-même. Dans l'eau de surce, il
en sera probablement de même. Mais si
l’eau de la magnanerie contient de l’am-
moniaque où alcali volatil dégagé par les
litières, le papier de curcuma y prendra
promptement une teinte brune plus ou
moins foncée. Ce symptôme sera fâcheux.
Après celte expérience, qui ne durera
que quelques minutes, nous porterons les
trois fioles dans l'atelier et nous les place-
rons dans la partie la plus chaude. Il ne se-
ra pas nécessaire de les boucher autrement
qu'avec un papier; uous tiendrons compte :
de la température à laquelle elles seront
exposées, en plaçant un thermomètre près
d'elles.
_ Les choses étant ainsi disposées, nous ob-
serverons nos trois fioles deux fois par jour,
et voici ce que nous observerons : -
L'eau de la pluie n’éprouvera aucune
altération sensible. Elle ne se troublera pas
etne degagera aucune mauvaise odeur.
Si l’eau de la rivière, de la source ou du
! puits sont des eaux d’une bonne qualité,
elles pourront aussi supporter pendant plu-
sieurs jours, sans s’altérer, la température
élevée à laquelle elles sont exposées.
Quant à l’eau recueillie dans la magna-
‘nerie, il est probable que, dans la plupart
des cas, elle se troublera promptement,
prendra une mauvaise odeur et deviendra
même znfecte; elle finira par déposer des
matières floconneuses qu'on verra se for-
mer peu à peu dans la bouteille.
. Noilà donc des différences notables et fa-
ciles à observer pour tout le monde, On
882
aura soin de noter le jour où l’eau se sera
troublée, le jour où elle aura commencé à
donner de la mauvaise odeur.
Si le papier de curcuma, dont j'ai parlé,
n’a pas été altéré dans sa couleur le jour
même où l’eau a été recueillie, on aurasoin
de le replonger dans l’eau tous les jours, et
l’on notera celui où elle aura acquis la fa-
culté de brunir ce papier.
À défaut de papier curcuma, on pourra
employer avec succès quelques gouttes de
sirop «de violettes. Voici comment :
Dans trois verres à liqueur, on mettra
environ plein un dé à coudre des trois
eaux expérimentées; puis, dans chacune,
on versera unegoutte ou deux de sirop de
violettes.
Dans de l’eau bien pure, le sirop conserve
sa couleur violette un peu rouges mais, dans
une eau qui contient de lammoniaque, la
couleur passe à l’instant au vert très pro-
noncé. Dans beaucoup de cas, l’eau recueil-
lie dans l'atelier aura la faculté d'opérer ce
changement de mauvais augure.
Montrons maintenant les utiles applica-
tions de cette expérience si simple.
Je suppose d’abord: qu'un éducateur la
fasse une première fois au moment où il
apporte ses vers dans le grand atelier ; ils
sont alors au deuxième ou au troisième
âge. L'eau recueillie n'offre aucun carac-
tere qui permette de la distinguer de l’eau
de la pluie ou de l’eau de la source. Elle
w’:ltère nile papier curcuma ni le sirop
de violettes. Conservée dans la partie la
plus chaude de l’atelier à 25 degrés ceuti-
grades environ, elle ne se trouble pas au
bout de plusieurs jours et ne prend pas de
mauvaise odeur.
Notre expérimentateur fait un second
essai au cinquième âge, pendant la grande
frèze, par exemple; mais cette fois l’eau re-
cucillie brunit le papier jaune et verdit le
sirop de violettes; elle se trouble dés le
troisième jour et acquiert promptement
une odeurinfecte,
Il devient évident pour le directeur de
l'éducation que Flair de son atelier, pur
dans les premiers jours de ses travaux, s’est
altéré d’une manière fâcheuse vers la fin de
l'éducation, et que les moyens de ventila-
tion qu’il possède sont insuffisants. Il faut
nécessairement les améliorer.
Je suppose maintenant qu’averti par un
peu d'odeur, le chef de l'atelier soit dis-
posé à mettre en mouvement le tarare sout-
flant préparé pour les cas difficiles. Il aura
soin de recueillir de l’eau dans l'atelier
avant d’avoir recours à ce moyen ; puis il
fera une seconde expérience après avoir
fait agir le tarare. La comparaison des deux
eaux recueillies lui démontrera dela ma-
nière la plus évidente si le tarare à suffi
pour remplacer var de l’air pur l'air vicié
de la magnanerie.
Il me paraît inutile d'insister davantage
et d'indiquer tous les cas dans lesquels on
pourra faire de pareilles comparaisons. On
sentira parfaitement que s’il existait un cer-
tain nombre de ces observations, on sau-
rait, beaucoup mieux au moins que par des
calculs, ce qu’on doit attendre des procé-
dés de ventilation recommandés ; ce qu’on
doit redouter de certaines influences at-
mosphériques; dans quels cas on doit attri-
buer à l’altération del’air les maladies aux-
quelles les vers à soie sont sujets; dans
quelles circonstances on doit, au contraire,
rechercher les causes de ces maladies dans
la nature des feuilles, dans la qualité des
883
œufs, les procédés d’incubation, le nombre
des repas, etc., etc.
. (Le Propagateur de l'Industrie de la soie.)
SCIENCES HISTORIQUES.
GÉOGRAPHIE.
Société asiatique. — Londres — Le se-
crétaire litun rapport sur les Bhils ou mon-
tagnards du Rajpoûtana, par le capitaine
Hunter, commandant le corps des Bhils-
Mewar. D’après cet intéressant mémoire,
il paraîtque lesmontagnards de l'Hindous-
tan diffèrent sous presque tous les rap-
ports des habitants de ja plaine. Ils nere-
connaissent aucune division, aucune règle
de castes ; ils ne suivent point la religion de
Brahma ; enfin, leurs mœurs, leurs usages,
leurs idiômes même sont complétement dif-
férents de ceux des autres Hindous. On
pense avec raison que ces peuples sont les
descendants directs des habitants primitifs
de l’Inde, avant l’invasion des tribus brah-
mines qui soumirent le pays. Toute la con-
trée qui s'étend au sud-ouest du Mewar et
qui est habitée par les Bhiîls, est très peu-
plée et fertile. Les chefs n’ont qu’un reve-
nu peu considérable et qui va rarement au-
delà de ce qu’ils peuvent arracher par la
force, les populations ne considérant pas ce
qui leur est réclamé comme un droit du
chef, mais comme un tribut volontaire, Les
Hindous attribuent l’origine des Bhîls ou
montagnards à un fils méchant ou impie
de Mahadea, qui tua le taureau sacré, et
fut, pour ce crime, banni dans les monta-
gues, où il devint le pére de la race Bhil.
Les habitudes de pillagede ces montagnards
qui les rendent le fléau des peuplades avoi-
s nantes, s'étaient encore aggravées par l’é-
tat d’anarchie dans lequel tomba le pays
du Rana d'Odeypore, lorsque le gouverne
ment britannique fut appelé à intervenir.
À cette époque, depuis le prince jusqu’au
läboarear, tous volaient et se livraient au
plus honteuses exactions. Depuis 1818, les
Anglais sont parvenus à les organiser en
régiments réguliers et à ramener ces peu=
ples vaillants et fiers à des habitudes d’or
dre, de sobriété et d'industrie.
Les Bhils de Mewar sont remarquable-
ment beaux. Les femmes ont généralement
les traits réguliers et une grande élégance
de formes : elles sont très attachés à leurs
maris, elles les suivent dans toutes les ex=
péditionset combattent souvent à leurs cô-
té, armées de frondes, Les hommes sont
d’une fidélité à toute épreuve envers leurs
chefs que rien ne peut les engager à trahir.
Souvent un chef bhil se sert de sa fléche
comme d’une traite dont il sait d'avance
que le paiement ne sera jamais refusé. Un
jour un de ces chefs ayant reçu une visite,
voulut faire un présent à son hôte, il se
contenta de tirer une flèche de son car-
quois, et la lui présentant: « Prends ceci,
» porte-le dans quelque village que ce
» soit de Kotah, et demande neuf rou-
» pies. » La traite fut exactement payée
toutes les fois qu’on la présenta.
Voyage en Californie; par M. Duflot de
Mofras.
(Premier article.)
On désigne sous le nom de Californie
limmense territoire situé au nord-ouest de
la Nouvelle-Espagne, et dont les bords sont
baignés par le grand océan Pacifique. Ce
pays embrasse une étendue de côtes de
près de cinq cents lieues, comprises entre
884%
les 25° et 12° degrés de latitude; il à pour f
limites au sud et à l’ouest la mer, à l'est le
golfe de Cortez, le Rio Colorallo et la Sierra
Nevada, chaine qui court parallèlement
aux Montagnes Rocheuses, et enfin au
nord le territoire arrosé par Rio Colombia
et ses affluents.
Cette province est naturellement divisée
en deux parties bien distinctes, la vieille où
basse, et la haute on nouvelle Ca'ifornie.
La premiere, formée par la prequ'ile
qu’explora Fernand Cortez en 1535 ,Sést
couverte de montagnes arides d'un aspect
sauvage, habitées nag:ère par des tribus
barbares, et où il à fallu, pour fonder des
missions, tout le courage et toute la persé-
vérance des jésuites. Le terrain dans cette
partie de la Californie est rarement propre
à la culture ; il ne produit que des dattes,
des figues, des oranges et de la canne à
sucre. On y exp'oite quelques mines d’ar-
gent et les bancs de perles de la mer Ver-
meille; mais ces bancs sont aujoud'hui
presques épuisés. Les côtes offrent plu-
sieurs points de refuge aux navisaiteurs,
entre autres le Puerto Escondido et la baie
de la Magdalena.
La nouvelle Californie commence au
port de San Dieco par le 32e degré, et pré-
seute une lignc non interrompue de mis-
sions, de puecblos et de presidios qui re-
monte vers le nord pendant près de deux
cents lieues. Les autres ports principaux
sont ceux de Monte Rey, de la Bodega et
de San Francisco, l'un des plus beaux du
monde. Tous les points habités, séparés
les uns des autres par des espaces de huit à
dix lieues, se trouvent situés près de la
mer, sur une zone assez élroite. L'aspect
du pays est des plus riants; il se compose
d’une suite d'immenses vallées où on cul-
tive le tabac, le chanvre, le coton, la vigne,
l'olivier, les orangers et tous les fruits
d'Europe. La qualité des vins n’est pas in-
férieure à celle des vins d'Espagne, et les
céréales y donnent des résultats inconnus
partout ailleurs; le blé rend jusqu’à cent
vingt pour un, les légumineuses'et lé maïs
quinze et seize cents pour un, ct encore
les colons sont-ils loin de tirer du sol tout
le parti qu'il pourrait offrir, s'il était sou-
mis à une culture plus intelligente et ex-
ploité avec des instruments, aratoires per-
fectionnés.
La température de la haute Californie
ne diffère pas de celle du royaume de Va-
lence et des plus belles provinces de l'Italie;
les vents du nord-ouest y tempèrent les
chaleurs de l’été, et ceux du sud adou-
cissent les rigueurs de l’hiver. Le pays
abonde en bois de construction et te mà-
ture; ‘d’épaisses forêts couvrent les col-
lines intérieures et la plupart des rivages.
Le laurier royal, l’arbousier, le sycomore,
le platane, le frêne, les diverses espèces de
chênes, les saules, les peupliers, s’y élèvent
à côté des arbres gigantesques de la famille
des conifères. Les cèdres, les sapins, les
cyprès, les pins blancs, jaunes, rouges sur-
fout, atteignent une hauteur prodigieuse ;
quelques ans n’ont pas moins de quatre-
vingts mètres de haut. Les forêts sont rem-
plies d’arbustes épineux chargés de fruits
semblables auxgroscilles,de fraisessauvages
et de racines bulbeuses qui servent d’ali-
ment aux Indiens. On y rencontre aussi la
yedra, arbrisseau dont Les propriétés véné-
neuses produisent des effets analogues à
ceux du mancenillier. I suffit, en effet, de
passer À cheval, même à une assez grande
distance de cet arbrisseau, pour en res-
885
sentir instantancinent l’action délétère,
qui se manifeste par une enflure géntrale
du corps, parfois mortelle chez les en-
fants.
Quelques plaines de la haute Californie
ont cent lieues de long sur une largeur qui
varie de quinze à vingt. Lorsque les pluies
ont été abondantes, il n’est pas rare de
voir l'herbe y atteindre une hauteur de dix
pieds. Au milieu de ces pâturages paissent
en liberté d'immenses troupeaux de che-
vaux, de moutons, de bêtes à cornes, des
bandes nombreuses d’antilopes, de daims,
de chevreuils et de cerfs. Cette dernière
espèce est particulière au pays; la taille du
cerf californien égale celle d’un grand che-
val, et ses bois ont souvent six pieds d’écar-
tement et hait de hauteur. Le lion d’Amé-
rique y est inconnu; l'ours gris et brun, le
chien des prairies, le chat sauvage, y sont
en revanche très communs. Dans les ri-
vières habitent les loutres d’eau douce et
les castors ; les côtes abondent en baleines,
phoques de toute espèce, éléphants et tor-
tues de mer; des bancs de sardines viennest
s’échouer sur les plages, et le Rio del Sa-
cramento fourmiile d'énormes saumons.
Ce fleuve, le seul navigable de toute la Ca-
lifornie, sort du lac Masqué auprès de la
Sierra Nevada, et se jette au fond de la baie
San Francisco. Parmi les reptiles, d’ailleurs
peu nombreux, on ne trouve guère de vé-
nimeux que le serpent à sonnettes, dont la
taille est petite, le naturel craintif,'et qui
fait l'homme au lieu de lattaquer. Quant
aux oiseaux, on remarque particulièrement
le colibri, la perdrix huppée, diverses
espèces de canards et d’oies sauvages, des
goëlands, des hérons gris et blancs, des al-
cyous, des pélicans, des éperviers, des vau-
tours noirs et de grands aigles bruns à tête
blanche.
Le soi recèle de veritables richesses mi-
nérales inexploitées; on y trouve des mines
d’or, de cuivre, de plomb, d'argent et de
houille, des marbres de differentes cou-
leurs, des ocres jaunes et rouges, que les
Indiens emploient à se teindre le visage, et
des pierres obsidiennes qu’ils taillent en
pointe, et dont ils se servent pour armer
leurs flèches. Bien que de nombreuses
sources d’eaux chaudes et d’asphaite soient
des indices de la constitution volcanique
du sol, les tremblements de terre ne sont
pas très fréquents, les secousses en sont
faibles, et presque toujours isolées. Pen-
dant un séjour d’une année nousn'enavons
ressenti que deux,
À une petite distance de la côte appa-
raissent divers groupes d’iles inhabitées,
couvertes de beaux pâturages, et où les
bâtiments américains et russes vont chas-
ser les veaux marins et les loutres de mer.
Dans le canal formé par la terre ferme et
les îles de Santa Barbara, la surface de la
mer présente d'immenses taches noirâtres
produites par l'écoulement des sources de
bitume situées sur le rivage, et dont l’o-
deur se fait sentir à plusieurs lieues au
large.
Fernand Cortez fut le premier qui ex-
plora militairement la Californie. Après
lui, plusieurs expéditions de découvertes
par terre et par iner se dirigèrent vers
cette province, par ordre des vice-rois de
la Nouvelle - Espagne. Ces expéditions
élaient accompagnées de religieux qui fon-
daient. successivement des missions en
avançant vers 1e nord. Le nombre de ces
établissements jusqu’à nos jours s'est élevé
à 43 ; mais il est certain qu'il eùt été plus
considérable si le gouvernement de Mexico
n'avait pas paralysé les efforts des mission
naires eu Jeur enlevant Padministration
temporelle.
Sous le régime espagnol, une savante
combinaison de missions et depresidios ar
rêtait les déprédations des Indiens, et ré-.
pandaient parmi leurs tribus sauvages les
bienfaits du catholicisme et les Inmières de
la civili ation; la ligne stratégique, qui
comprenait une étendne de plus de douze
cents lieues, commençait à Monte Rey,
dans la haute Californie, et descendait du
nord au sud jusqu’à San Diego. De là, elle
envoyait un double embranchement pour
ceindre les deux côtes de la basse Califor-
nie, puis, traversant le Rio Colorado, elle
longeait le Rio Gila, passait la Sierra Madre,
et après avoir protégé le Nouveau-Mexique
et le Texas, elle venait finir à l'extrémité
des Florides, coupant ainsi’ Amérique dans
toute sa largeur, et mettant en communi-
cation les bords de l'Atlantique avec ceux
de la mer Sud. En dedans de cette ligne,
les infatigables missionnaires appelaient les
colons, fondaient des pueblos, villages com-
posés d'Indiens convertis, et leur ensei-
guaient la culture des terres, lexploitation
des mines et les arts mécaniques. Ces di-
vers points étaient reliés entre eux et for-
maient un système complet de colonisation
et de défense. Les jésuites, les premiers,
“curent la gloire de concevoir et d'exécuter
en partie ce plan admirable. Plusieurs re-
ligieux payérent de leur sang leur dévoue-
ment apostolique; les Indiens les firent
périr dans d’afireux supplices. Puissam-
mentprotégés par un petit-fils deLouisX[V,
Philippe V, et plus tard par le marquis de
Croix, vice-roi du Mexique, les jésuites con-
servèrent l'administration des missions jus-
qu'en 1767. (Société de Géographie).
RE
Le Rédacteur-Gérant :
C.-5. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— Dimanche, 14, a eu lieu la première séance
du neuvième congrès historique, convoqué au palais
du Luxembourg. Dans un discours éminemment re-
marquable par les pensées, les apperçus et parle
style, M. Martinez de las Rosas, a tracé l'histoire ce
la civilisation. L'auteur, après avoir dit quels sont
les caractères, le génie et le bescin de notre époque,
est remonté jusqu'aux temps les plus éloignés pour
aller prendre la civilisation à son berceau, et la
suivant ensuite à travers les siècles et les évêne-
ments, il en a marqué avec exactitude les progrès
et les transformations diserses. Les pensées pro-
fondes, Lonjours vraies et quelquefois ingénieuses du
discours de M. Martinez de las Rosas ont exc!le à
plusieurs reprises de nombreux applaudissements.
On devait s'attendre à ce luxe d'érudition, de finesse
et de jugement de la part d'un homme qui a fait de
sa vie deux parts, l’une pour l'étude , l'autre pour
l'application de ce qu'il avait appris au bonheur de
ses semb'abies ; mais ce qui a été une surprise pour
le briliant auditoire qui se. pressait dans la salle du
Luxembourg, c’est celte richesse et celle magie de
style dont l'accent tant soit peu étranger de l’ora-
teur relevait encore l'éclat en lui imprimantun cer-
tain caractère d'originalité.
— M, Huot, connu par ses publications sur la
géographie, la géologie et la mivéralogie, vient
d'être autorisé par ordonnance du roi, à porter Ja
décoration de l’ordre de Sainte Anne que l'empe-
reur de Russie Imi a conféré comme nn témoignage
de satisfaction pour son travail géologque sur la
Crimée.
ER RE =
PARIS.—1IMP. DE LACOUR e! MAISTRASSE fils
rue Suint-Hyacinthe-S.-Michel, 53,
40: année.
oi
# a
MIOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
M PHYSIQUE. Sur le courant électrique développé
W par l’action de corps gazeux sur la platine; Mat-
® teucci.—CHIMIE. Moyen de séparer le deutoxide
* de cérium du deutoxide de didymium; L. Bona-
“ parte. — SCIENCES NATURELLES. MÉ-
TALLURGIE. De la production des métaux pré-
cieux au Mexique ; Saint-Clair Duport, — PHY-
| SIOLOGIE. Influence de l’asphyxie sur la secré-
| tion de la bile; Buisson. — PHARMACOLOGIE.
De l’urgence d’une réforme pharmaceutique. —
ZOOLOGIE. Nouvelle espèce de seps supposé être
Je jaculus des anciens ; Guyon. — SCIENCES
APPLIQUEES. — ARTS CHIMIQUES. Blar-
chimeut, purification et rafinage. des suifs et
autres matières organiques grasses; Watson. —
AGRICULTURE. Maitre Jacques. — Nouvelles
À pierres arlificielles à aiguiser les faux; Bossin, —
INDUSTRIE SÉRICICOLE. Nouveau système de
| filature des cocons. — SCIENCES HISTORI-
- QUES. ACADEMIE DES SCIENCES MORALES
| ET POLITIQUES, Séance du samedi 13 mai, —
\ HISTOIRE. Sciences el arts de Ja perspective. —
“ —LINGUISTIQUE. Essai d’une grammaire dela
| langue des îles Marquises; Lesson. — FAITS
À DIVERS. — BIBLIOGRAPHIE.
æ Deer Ce
« SCIENCES PHYSIQUES,
PHYSIQUE.
Li
CERN LE «2 2e:
“our le courant électrique développé par
l'action des corps gazeux sur le platine;
par M. Ch. Matteucci.
“ Dans la séance du 25 octobre 1838, je
« ommuniquai à l’Académie une note rela-
Mive au courant électrique qui est déve-
…oppé par deux lames de platine qui sont
“ longées ensemble dans un liquide, après
Mvoir séjourné, l’une dans du gaz hydro-
êne, l’autre dans l’oxygène. Cette expé-
“ience était le complément de celles de
1
. L. Becquerel,, par lesquelles il avait expli-
.ué d une manière très satisfaisante les po-
: miirités secondaires. Je viens de lire dans
> journaux anglais que M. Grove a eu
: M heureuse idée de réunir en piles plusieurs
Ent: dont chacun est formé d’une
me de platine plongée en partie dans le
az hydrogène, et d'une autre également
longée dans le gaz oxygène. Cette appli-
ation, et les différentes recherches de
= ef}
ujet;
li h agent à publier quelques ex
kM\ayais faites autrefois, et<
luées tout dernièrement.
D: ea Dee Le " va à n
lement de la manière suivante : Je prends
| n tube de verre, ouvert aux deux bouts,
Me 1 décimètre de longueur et de 2 à 3
lMientimètres de diamètre. J'introduis dans
“él intérieur de ce tube une lame de platine
“hui est fixée à un bouchon de liée qui
“rrme exactement un des bouts du tube.
in fil de cuivre est soudé à la lame, Cette
me, avant d'être introduite dans le tube,
st plongée deux ou trois fois dans une
rh,
1
n-.
& | stante que l’autre, plus grande, obtenue
ï 9 . x
! Ces expériences peuvent se faire très fa=
Paris. — Dimanche, 2! Mai 1813.
De
solution concentrée de chlorure de platine,
et alternativement chauffée au rouge avec
la flamme de l'alcool. De cette manière, la
lame est couverte uniformément d’une
couche de platine très divisé. Avec deux
tubes ainsi préparés et un galvanomètre à
long filet très sensible, on peut faire toutes
les expériences que je vais décrire. On com-
mence par remplir avec de l’eau distillée
et bouillie pendant longtemps, les deux
tubes qu’on renverse ensuite dans une
capsule remplie du même liquide. On
ferme alors le circuit avec les deux fils sou-
dés aux lames et les extrémités du galva-
nomètre. 1] est bon d’avoir dans le circuit
une interruption qu’on obtient avec une
capsule pleine de mercure, dans laquelle
on plonge un fil du galvanomètre et l’un
des fils des lames, quand on veut fermer
le circuit. Les lames que j'ai employées
dans mes expériences avaient 4 centimèt.
de longueur et 4 centimètre de largeur.
Lorsqu’on ferme le circuit, comme je l’ai
dit, on n’a pas ordinairement de déviations:
si la déviation a lieu, il faut la‘sser le circuit
fermé jusqu'à ce qu'elle ait disparu; en
ouvrant et en fermant après le circuit, on
s'assure que l'aiguille reste à zéro.
En employant de l’eau acidulée avec de
l'acide sulfurique au lieu d’eau distillée,
on a dela peine à ob'enir que l’aizuille
reste à zéro, et les résultats sont rarement
constants. Qu’on vienne maintenant à in-
troduire du gaz hydrogène dans un des
tubes, de manière que les deux tiers de la
lame de platine se trouvent au contact de
ce gaz. En fermant alors le circuit, on
obtient une déviation qui est, dans mon
instrument, de 15 à 20 degrés et même
davantage; le courant est dirigé dans le
liquide, de la lame qui est en contact avec
le gaz, à l’autre qui plonge entièrement
dans le liquide. Au lieu d'introduire du
gaz hydrogène, j'introduits du gazoxygêne;
il est inutile de dire qu’il faut toujours
s'assurer que l’aiguille reste à zéro quand
les deux tubes sont entièrement remplis de
liquide. En fermaut le circuit, lorsqu'une
des lames est en contact avec du gaz oxy-
gène, on obtient une déviation qui n’est
que de 5 à 6 degrés, mais qui est aussi con-
avec l'hydrogène. Le courant est dirigé de
Ja lame qui est entièrement plongée dans
Veau, à celle qui est en contact avec du
gaz oxYgène ; ainsi, ce courant à une direc-
tion contraire à celle du courant fourni
par l’hydrogène. J'ai tenté l'expérience en
introduisant l’air atmosphérique dans un
des tubes; je n’ai jamais obtenu aucun
mouvement sensible dañs l'aiguille. Ce rc-
sultat, que nous parviendrons à expliquer,
mérite d’être noté, parce qu'il nous dé-
montre que les courants obtenus avec les
autres gaz ne sont pas dus à l'inégalité des
N° 36.
L'EGHO DU MONDE SAVANT.
; TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
D
“ L'Ecro DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
\ de M. le vicomte A DE LAVALETTŒÆE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARis, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : PAR:S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., *6fr.,
| 8fr. 50. AVÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉGHO DELA LITTÉ-
"| RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
“ encyclopédique la plus complète des Deux Mondes, — Tout ce qui concerne le journal toit être adressé (franco) àM. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur,
surfaces des deux lames plongées dans le
liquide. J'ai tenté l’expérience en intro-
duisant dans un des tubes du gaz azote.
J'ai obtenu une déviation de 8 à 10 degrés,
le courant était dirigé dans le liquide de
la lame plongée dans le gaz azote, à l’autre
entièrement plongée dans le liquide. Puis-
que les courants développés par l'oxygène
et l'azote sont opposés, il est natur :l de s’ex-
pliquer par là comment il n’y a pas de cou-
rant avec l'air atmosphérique. J'introduis
dans un des tubes du gaz oxyde de carbone;
ce gaz agit comme l'hydrogène, et à peu
après avec la mêmeintensité. Au contraire,
le gaz hydrogène carbonné agit comme
l'oxygène, mais encore plus faiblement que
ce dernier. Un mélange d'hydrogène et
d'oxygène, dans les proportions de l'eau, se
conduit comme le gaz hydrogène, mais un
peu plus faiblement. Un mélange de ces
deux gaz dans les proportions de 9 d’oxy-
gène pour Î d'hydrogène, donne encore un
courant très sensible, toujours dans le
même seus que l'hydrogène. Dans toutes
ces expériences, on voit le volume du
diminuer plus ou moins rapidement; c’est
surtout avec ie mélange explosif qué la
diminution est plus rapide. Pour avoir des:
résultats constants, il faut, chaque
qu’on tente l’expérience avec un nouveà
gaz, retirer les deux lames pour les chauf-
fer au rouge avec la flamme de lal-
cool.
Quel que soit le gaz avec lequel on fasse
l'expérience, on voit toujours que le cou-
rant n'arrive à son maximum d'intensité
qu'après un certain temps. Je citerai une
des expériences qui le prouvent avec le
plus d’évidence. J'ai fermé le circuit après
avoir introduit du gaz hydrogène dans un
des tubes, et j'ai obtenu 12 dégrés; jai
ouvert tout de suite le circuit pour le fer-
mer 4 minutes après, alors j'ai obtenu 23
degrés. En renouvelant cette même expé-
rience, en laissant toujours pendant le
même intervalle de temps le circuit ouvert,
j'ai obtenu successivement 28, 32, 35, 43,
51, 62 degrés. Lorsque la lame a été quel-
que temps en contact avec du gaz, le cou-
rant continue, même après avoir enlevé le
gaz et rempli le tube de liquide.
L'influence du froid sur ces phénomènes
mérite d’être signalée. Losque j'avais 60°
dans une expérience faite avec l'hydrogène,
jetouchaïs pendant quelques secondes avec
un morceau de glace le {ube rempli de gaz.
Fermant alors le circuit, la déviation n’est
arrivée qu’à 25°, et ce n’est qu'après quel-
que temps que j'ai obtenu de nouveau 60e.
Le temps nécessaire pour faire disparaître
l'influence du froid devient très court;
on approche du tube pour un instant la
flamme d’ane lampe l’alcool.J'ai confirmé
ce résultat dans plusieurs expériences.
Pour que l'influence du temps ait lieu, il
S90
faut refroidir la lame lorsqu'elle est en
contact avec le gaz. Je ne rapporterai pas
les résultats obtenus en employant des gaz
très solubles dans l’eau; ces résultats sont
loin d'être constants, et ce n’est qu'avec
l'acide carbonique que j'ai toujours ob-
tenu le courant dans le même sens que ce-
lui donné par l'oxygène et l'hydrogène car-
boné.
Voici les résultats obtenus-en introdui-
sant deux gaz différents dans les deux
tubes; ces résultats peuvent, en quélque
sorte, se prévoir après ceux obtenus par
un seul gaz. Ainsi l'hydrogène et l'oxygène
introduits séparément dans les deux tubes,
l'azote et l'oxygène, l'hydrogène et l'hy-
drogène carboné, lhydrogène et l’azote,
l'oxyde de carbone et l'hoxygène, l'hydro-
gène et le mélange explosif, le mélange
explosif et l'oxygène, donnent un courant
dirigé dans chaqne cas du premier gaz
au second dans le liquide, qui est plus fort
que celui donné par chacun des gaz sépa-
rément. M. Becquerel, dans le chapitre de
son ouvrage où il rapporte mes premières
expériences, a établi le rôle de lazote par
rapport à l'hydrogène ou à l’oxygène tout
à fait comme je viens de le dire. Ïl est
digne d’être noté que le gaz azote, qui
donne le courant dans le même sens que
l'hydrogène, et le mélange explosif, lors-
qu'ils sont mêlés en très petite proportion
avec ces deux derniers gaz, aflaiblissent
sensiblement le courant qu’ils développent.
Je n’ai plus qu’à parler des expériences
que j'ai tentées en réunissant en pile plu-
sieurs éléments dont chacun est formé des
deux tubes précédemment décrits. J’ai
réui en pile six couples de tubes; les deux
tubes de chaque couple contenaient, l'un
du gaz hydrogène, l’autre du gaz oxygène.
La pile entière m'a donné 19° du courant
dirigé, comme toujours, de l'hydrogène à
oxygène dans la pile. Voici les déviations
qui m'ont été données par chacun des cou-
ples employés séparément : 23°, 140, 170,
42°, 200, 27°. Une pile de: cinq éléments,
qui était formée dans chaque couple d’un
tube entièrement rempli d’eau, et d'un
autre dans lequel j'avais indroduit de
l’oxyde d’azote, m’a donné 11°. Les dévia-
tions de chaque couple étaient 8, 8°,6,
44, 230. J'ai réuni en pile les deux couples
qui me donnaient séparément 14° et 230, et
j'ai obtenu 210. Ces résultats ne parais-
sent pas s’accorder avec ceux donnés par
M. Grove. Toutefois il est juste de faire
observer que cet habile physicien a opéré
avec cinquante éléments, en employant
de l’eau acidulée au lieu d’eau distillée.
La première fois que jai observé les phé-
nomènes dont je viens de parler, j'avais |
émis l'hypothèse que le courant électrique
était dû à la combinaison de deux gaz,
oxygène et hydrogène, opérée par l’inter-
médiaire du platine. Il m'est impossible,
d’après les résultats qui sont contenus dans
ce Mémoire, d’admetire cette explication ;
-en effet, nous ayons vu que chaque gaz
agit séparément et que le courant est dé-
veloppé par l’action d’un gaz sur le platine
en présence de l’eau. En admettant, comme
il semble naturel, que le rôle du liquide
n’est que celui d’un corps conducteur né-
cessaire pour compléter le circuit, il nous
reste, pour expliquer le phénomène, Pac-
tion du gaz, quelle qu'elle soit, sur le pla-
tine. Cette action chargerait le platine d’é-
lectricité négative, le gaz hydrogène ou
ceux qui agissent comme lui, d'électricité
positive qui serait répandue dans le li-
891
quide. Lorsque les deux gaz, oxygène et
hydrogène, sont mêlés et se trouvent en
présence du platine, le courant qu’on ob-
tient ne serait dû qu'à la différence des
effets que chaque gaz produit séparément,
Toujours est-il que ces deux gaz se trou-
veraient chargés d'électricité contraire,
et par conséquent en condition de se com-
biner plus facilement ensemble. On aurait
ainsi expliqué la formation de l’eau par
le platine, mais il resterait toujours à s’ex-
pliquer les développements d'électricité par
l'action des différents gaz sur le platine.
C'est un champ ouvert à de nouvelles re-
cherches.
CHIMIE INORGANIQUE.
Sur un moyen de séparer le deutoxyde de
cérium du deutoxyde de didymium. Ex-
trait d'une Lettre de M. L.-L. Bonaparte.
Je m'occupais depuis quelque temps de
l'étude chimique de plusieurs valérianates
métalliques, et de ceux de cérium en par-
ticulier, lorsque j'appris par les journaux
scientifiques la découverte du didymiam,
faite par M. Mosander. J'ai été assez heu-
reux pour trouver dans l'acide valériani-
que en solution concentrée un moyen pour
séparer le deutoxyde de cérium à l’état de
pureté du deutoxyde de didymium. En ef-
fet, l'acide valérianique jouit d’ure affinité
singulière et inattendue pour le deutoxyde
de cérium, car il précipite abondamment
une solution concentrée et neutre d’azo-
tate mixte de deutoxyde de cérium et de
didymium. Le précipité blanc jaunâtre
n’est constitué que de valérianate de deu-
toxyde de cérium, eton n’a qu’à le bien
laver et à le calciïer à une forte chaleur
rouge au contact de l'air pour avoir le
deutoxyde pur de ce métal. Cet oxyde est
d’un jaune très pâle, comme celui de
M. Mosauder. qui cependant a voue n'avoir
pas encore trouvé un moyen de séparation
absolue pour les oxydes de cérium, de lan-
thane et de didymium...
L’oxyde de didymium reste dissous dans
la liqueur acide de laquelle a été précipité
le valérianate de deutoxyde de cérium.
Une partie du cérium se trouve cependant
mêlée au didymium, carles valérianates de
ces deux métauxsont un peu solubles dans
l'eau, et encore plus dans les liqueurs aci-
des, surtout celui de didymium, qui est
beaucoup plus soluble dans les acides
faibles que celui de cérium. On peut ce-
pendant, par le moyen de l'acide valéria-
nique, obtenir pur l’oxyde de didymium,
quoique avec beaucoup plus de difficulté
que celui de cérium. Dans un pro-
chain mémoire, que j'aurai l'honneur d’of-
frir à l’Académie, j'entrerai dans les détails
nécessaires sur la séparation, la préparation
et les propriétés de c:s deux oxydes à l’état
de pureté, tels queje les obtiens par l'acide
valérianique.
Je finirai par faire observer que, pour
obtenir le valérianate de deutoxyde de cé-
rium pur de l’azotate mixte de deutoxydede
cérium et de didymium, il faut précipiter
cesel par la solution aqueuse et concen-
trée d’acide valérianique ; si l'on faisait
usage d’un valérianate soluble, on précipi-
terait aussi le didymium, qui est très peu
soluble à l’état de valérianate dans les li-
quides neutres. C’est donc à la grande so-
lubilité du valérianate de didymium dans
les liqueurs acides et à la moindre solubi-
lité de celui de deutoxyde de cérium dans
ces mêmes liquides, qu? je dois la prépara-
892
tion facile du deutoxyde de cérium. à l'état
de pureté,
2m DD 4 GDm—
SCIENCES NATURELLES.
METALLURGIE."
Rapport de M. Becquerel sur un ouvrage
ayant pour titre : De la production des
métaux précieux au Mexique, considé=
rée dans ses rapports avec la géologie;
la métallurgie et économie politique,
présenté à l'Académie des sciences par
l
M. Saint-Clair Duport.
(suite.)
«
L’amalgama'ion à chaud (cazo), ima-
ginée par Alonzo Barba, et ainsi dénom-
mée parce qu’elle s’opère à l’aide de la cha:
leur dans une chaudière à fond de cuivre,
métal qui réduit le chlorure d’argent, est
moins usitée au Mexique que dans l’Amé-
rique du sud, où les minerais renferment
une plus grande quantité de chlorure d’ar-
gent ou de bromure, condition indispen-
sable à l’amalgamation. Au Mexique, on
ne l’applique que dans les localités où se
traitent les colorados qui renferment ordi-
nairement de l’argent métallique, du chlo-
rure et du bromure d'argent.
On fait subir aux minerais la même pré-
paration mécanique que pour l’amalga-
mation au patio. L’ouvrage de M. Duport
renferme les plans, tous les détails relatifs!
à la construction des appareils, à la con-
dute de l'opération au produit brut en
argent, etc., détails qui n'étaient encore
connus que d’une mauière imparfaite.
Ayant reconnu sur-le-champ que ce:
traitement, peu employé au Mexique, était
susceptible de grands perfectionnements,
M. Duport se transporta dans une des
principales exploitations, y établit une
usine (hacienda).dans le but d’y faire des
expériences sur la plus grande échelle
possible, c’est-à-dire sur 5 et même 10
quintaux de minerais à la fois, pour voir
s'il ne serait pas possible de réduire la
perte du mercure au point de la rendre
presque insignifiante et de s'assurer sil
ne serait pas possible de traiter. tous les
minerais d'argent du Mexique par ce
procédé. Son intention est de faire con-
naître ultérieurement à l’Académie les ré-
sultats de ces expériences, qui sont d’autant
plus importantes qu'elles ont été faites de
manière à ce qu'il n’y ait rien à changer:
dans le dispositif des appareils qui lui ont
servi, pour être employés dans une entre-
prise industrielle. Bien qu'il n'ait encore
rien publié, nous devons dire, d’après la
communication qu'il a bien voulu nous en
faire, qu’il a trouvé l'ingénieux moyen de
diminuer la perte du mercure en ne met-
tant dans le minerai que quatre fois en
mercure le poids de l'argent contenu, et
ce à diverses reprises. de manière à faire
un amalgame en proportion définie; car,
tant que le mercure ne dépasse pas cette
proportion, le chlorure d'argent est de-
composé par le cuivre et non par le mer-
cure, et, de plus, le fond de cuivre du cazo
ne s’amalgame pas; inconvénient qu'on ne
saurait trop s'attacher à éviter, par la rai-
son que l'opération cesse sitôt que cette
amalgamation a lieu. Nous ajouterons
qu'un autre perfectionnement non moins
important que le précédent, et dont M, Du-
port se réserve la publication, perfection-
nement dont l'un de vos commissaires, le
rapporteur, a vérifié l'exactitude, complète”
les travaux de recherches de M. Duport
’
|
|
|
- 893
dans les perfectionnements qu'il a cherché
à apporter dans le traitement de tous les
minerais d'argent au cazo, les galènes ar-
gentifères exceptées, dont l'un de vos com-
missaires s’est particulièrement occupé.
M. Duport, en traitant la question des
métaux précieux au Mexique, ne s’est pa;
borné à décrire géologiquement le pays, à
faire convaître les principaux gîtes métal-
lifères, le mode d'extraction du minerai
dans chacun d’eux; les différents modes de
| traitement, le produit moyen de chaque
usine; mais il est encore entré dans de
grands développements concernant les
droits pereus sur les produits des mines,
sur les essais, les ateliers de départ, les
hôtels des monnaies, la comparaison des
valeurs monnayées à diverses époques, les
droits d'exportation, le coût moyen de la
production, et les probabilités de variation
dans la production. Il a donc envisagé la
question dans toute son étendue, puisqu’il
l’a traitée scicntifiquement, pratiquement,
et sous le point de vue de l’économie poli-
tique. L'Académie ne verra pas sans inté-
rêt les résultats consignés à cet égard dans
les chapitres relatifs aux diverses matières
ue nous venons d'indiquer.
En 1504, peu après la conquête, l'impôt
fut fixé par la cour de Madrid, au cin-
quième du produit (quinto\; en 1548, il fut
réduit au dixième. Il existait encore des
droits supplémentaires, sur la fonte, l’es-
sai, la marque, qui continuèrent à être
pereus jusqu à l'émancipation politiqne du
Mexique. En 1822, les droits furent ré-
duits à 3 p. 100 de la valeur des métanx ;
ensuite on y ajouta un autre droit de 1 1/2
p: 100, portant sur létablissement de la
mine.
Quant aux essais, aux ateliers de départ,
aux hôtels des monnaies, du Mexique, bien
que M. Duport donne à ce sujet des détails
pleins d'intérêt et tout à fait nouveaux, il
nous à paru impossible d’en parler, même
succinctement, dans la crainte de donner
une trop grande étendue à ce rapport.
Néanmoins, nous avons cru devoir rendre
compte du coût de la production, question
fondamentale, où réside en quelque sorte
lavenir de la métallargie mexicaine et
que M. Duport à traitée de la manière la
plus explicite et la plus satisfaisante.
M. Duport établit ainsi la production par
chacun des trois modes de traitement : l’a-
malgamation à froid fournit à elle seule
82 p. 100; l’amalgamation à chaud, 8; la
fonde, 10. Relativement au coût de l’ar-
gent obtenu par ces différents traitements,
on conceyra qu'il faut prendre en consi-
dération des éléments divers, qui compli-
quent singulièrement la question. Pour en
faciliter la solution, M. Duport prend pour
point de départ 1 kilogramme d'argent
à bord d’un navire partant d’un des ports
du Mexique, et fixe la proportion de dé-
pense nécessitée par sa production en
grammes d'argent. En déduisant les droits
et les frais de traitement, il reste un solde
qui représente la somme libre pour les
frais d'extraction et le bénéfice. Il suppose
ensuite une richesse commune de deux
millièmes (0,002), teneur moyenne des mi-
nerais du Mexique. Il porte la perte du
mercure à 13 onces par marc.
Les dépenses du traitement au patio
peuvent se calculer à raison de 14 piastres
par monton de 1,000 kilozrammes.
Il fait entrer, dans ses calculs de coût de
la production, les frais de transport, droits
de port, commissions, etc.
894
Ces bases posées, il établit ainsi le coût
de 1,000 grammes d'argent embarqué:
Droit du gouvernement, y compris le
monnayagse 445 gr.
Frais deforite, transport, embar-
quement 39
Traitement et mercure 454
Reste libre pour Pextraction du
mineraietles bénéfices 366
Total 1000
On voit donc, d’après cela, que ce solde
de 366 grammes sur 1,000 est ia somme
qui reste pour le coût d'extraction du mi-
nerai et le bénéfice possible; mais, comme
les sommes représentées en grammes d’ar-
gent fin sont dépensées au Mexique, il faut
ajouter au solde de 366 grammes tous les
grammes absorbés par le transport et les
droits d'entrée et de sortie dans les ports;
de sorte qu'il reste un total de 446 grammes
d'argent en espèces monnayées au Mexique
pour faire face aux débours d’extraction ;,
mais, si lon considère que ces 446 gram-
mes, valant un peu moins. de 400 francs,
doivent faire face à l'extraction de 500 ki-
logrammes de minerai choisi, on peut se
convaincre aisément qu’attendu la profon-
deur des mines, le prix élevé de la main-
d'œuvre et de tous les agents nécessaires
aux travaux, souvent il ne reste aucan
bénéfice, et les compagnies se trouvent en
perte.
Tel est le déplorable état de l’industrie
minière au Mexique!
Passant aux variations probables de la
production, M. Duport énumère les causes
générales et particulières qui peuvent in-
fluer sur ces variations, en faisant entrer
en premiére ligne une connaissance ap-
profondie de la géologie des principaux
districts de mines, et cite à cet égard un
exemple frappant qui prouve que des gise-
ments travaillés depuis trois siècles ne sont
peut-être rien auprès de ceux qui restent
à explorer pour tout mineur instruit dans
l’art des mines. Cetexemple est celui donné
par le Français Laborde, qui vint, vers la
fin du siècle dernier, dans les mines de
Zacatecas, dont les produits, bien dimi-
nués alors, avaient fait cesser en partie les
travaux, découvrit après quelques explo-
rations le puissant filon de velsgrande, qui,
de1827 à 1839, a fourni à la circulation prés
de150millions de franes. Mais si, comme le
disait, il y a quarante ans, M. de Hum-
boldt, le Mexique contient assez d'argent
pour inonder le monde, tout en reconnais-
sant cette vérité, M. Duport n’est pas aussi
convaincu que lui de la possibilité des
moyens d'extraction et des avantages qu’on
- en pourra retirer, et il se trouve par là
conduit à traiter des perfectionnements
probables à introduire dans les moyens
d'exploitation et de traitement, lesquels
se rattachent à la question d'économie po-
litique, dont vos commissaires ont dû s'oc-
cuper, en raison de leur dépendance mu-
tuelle.
Ces perfectionnements sont nombreux et
surtout complexes; ils portent principa-
lement sur les changements probables qui
peuvent s’introduire dans les moyens d’ex-
ploitation et de traitement. M. Duport a
reconnu que dans les moyens d’exploita-
tion actuellement en usage, il existe de
grands défauts, en tête desquels on doit
placer l’excessive parcimonie des travaux
de recherche et une insouciance complète
pour les données acquises par l’expérience.
En outre, un bon système d’épuisement
895
des eaux, qui est si important pour l’a- .
venir d'une mine, est tout à fait né-
gligé.
M. Duport attire ensuite l'attention du
lecteur sur l'emploi du fer et de la poudre,
qui sont l’objet d'une dépense assez impor-
tante, attendu que l’on tire le premier de
l’étranger, les Mexicains ne s’étantque peu
ou point occupés de sa fabrication, et que
la poudre, qui est de très mauvaise qualité,
est en régie.
La main-d'œuvre paraît susceptible de
variations qui n’ont point échappé à M. Du-
port : son prix à l’époque actuelle est peu
élevé, et, d’après les considérations dans
lesquelles entre l’auteur, en comparant le
prix du travail des mines à celui de l’agri-
culture, il en tire la conséquence que la
main-d'œuvre doive tendre plutôt à aug=
menter qu’à diminuer. IlLexamine ensuite
les avantages qui pourraient résulter de
Pintroduction de Ja vapeur dans quelques
localités, pour l'épuisement des eaux:
outre le Fresnillo, qui en aretiré degrands
bénéfices, on pourrait encore citer Plateros,
qui est sur le point d’en retirer d’avanta-
geux résultats. Si donc, dans toutes les lo-
calités où le combustible est à un prix peu
élevé et en assez grande abondance pour
ne pas craindre qu'il vienne à manquer
tont à fait, on en faisait usage, on amélio-
rerait saus aucun doute les produits, Néan-
moins l'emploi de la vapeur, dans l'intérêt
même des mines, ne peut être fait qu'avec
beaucoup de réserve. Ainsi, si les mines de
Sombrerete et de Zacatecas étaient exploi-
tées avec la même activité qu'il y a qua-
rante ans, et employaient exclusivement
la vapeur, l’exploitation du Fresnillo qui
est située à peu de distance cesserait de
produire aussi avantageusement qu’elle le
fait aujourd’hui, à cause de la rareté du
combustible. :
M. Duport examine ensuite les perfec-
tionnements à apporter daus plnsieurs par-
ties relatives à l'exploitation.
PHYSIOLOGIE,
Influence de Pasphyxie sur la sécrétion de
la bike. — Extrait d'une lettre de
M. Bouisson à M, Flourens.
L’asphyxie produit sur la sécrétion de la
bile une influence qui m'a été démontrée
par des expériences réitérées sur les ani-
maux. Les médecins légistes avaient déjà
constaté que, sur la plupart des sujets as-
phyxiés, le foie était le siége d’une conges«
tion sanguine très intense, mais leur atten-
tion ne s’était point portée sur les caractères
que prenait la bile, bien qu’il fut naturel
de penser que le produit de la sécrétion du
foie devait se modifier sous l'influence de
la congestion sanguine, quand cet état se
prolongeait. La durée de la congestion est,
en effet, comme je m’en suis assuré, né-
cessaire pour qu’il survienne une altéra-
tion appréciable dans les caractères de la
bile; sur les animaux que j'ai fait périr
par une asphyxie prompte, les apparences
de ce liquide n’ont présenté aucune modi-
fication sensible; mais il n’en a pas été de
même de ceux qui ont été soumis à une @s=
phyxie lente ; leur bile a pris une colora-
tion foncée ou sanguinolente très mani-
feste, et sa quantité s’est notablement auo-
mentée. Les moyens d’asphyxie que j'ai
mis enusage ont consisté à placer des ani-
maux sous la cloche d’une machine pneu-
matique dans laquelle un commencement
de vide avait été opéré, et à les abandonncx
896
à eux-mêmes jusqu’à ce que l'air contenu
dans la cloche fût suffisamment consommé
ou vicié par l'acte respiratoire pour deve-
nir impropre à la vie; sur d’autres animaux,
les deux nerfs pneumo-gastriques ont été
coupés.
L'auteur, après avoir exposé les faits
qu'il a observés dans six expériences, qui
toutes ont donné des résultats concordants,
en tire les conclusions dans les termes sui-
vants :
Ces divers résultats prouvent que l'as-
phyæie lente, en produisant la congestion
veineuse du foie, loin de diminuerla sécré-
tion biliaire, comme l’avait avancé Bichat,
Paugmente au contraire notablement ; que
l'opinion d’après laquelle le sang veineux
est considéré comme la source de la sécré-
tion de la bile, est fondée ; qu’indépendam-
ment de l'augmentation de la quantité de
bile, celle-ci se modifie dans ses caractères,
puisqu'elle prend une couleur foncée, san-
guinolente, ou même noirûtre, et une plus
plus grande consistance, apparences phy-
siques qui appartiennent à la bile très car-
bonée; que l'asphyxie lente, en produisant
linaction graduelle du poumon, développe
l’action supplémentaire du foie, et que
l'impossibilité d’une exhalation suffisante
de carbone par la surface pulmonuire est
compensée par l'élimination du même corps
au moyen de la bile.
PHARMACOLOGIE.
De l'urgence d'une réforme pharmaceuti-
que. — Des élèves en pharmacie — Fal-
sification des drogues. — Remèdes se-
crets.
Depuis fort longtempsnous nous promet-
tions d'écrire sur ce sujet: si nous avons
attendu jusqu'à ce jour, c’est qu’un mo-
ment nous avons cru qu'on s'occupait sé
rieusement de réprimer les abus dont il est
question dans cet article, et qu’on allait
tenter une réformepharmaceutique.
Déjà plusieurs poursuites ont été diri-
gées devant les tribunaux contre des tra-
fiquants de drogues falsifiées, des mar-
chands de remèdes secrets et tutti quanti;
mais on n’a voulu que faire quelques
exemples, et l’on n’a pas fait attention qu'il
s’agit bien moins de condamner celui que
l’on prend en flagrant délit que de préve-
nir le retour du délit.
On à beaucoup parlé et beaucoup écrit
sur ia pharmacie, sur les remèdes secrets,
sur la falsification des drogues, puis on
s’est lassé de parier et d'écrire.
Pourquoi avons-nous besoin de rappeler
le pharmacien à ses devoirs nombreux, à
sa sérieuse responsabilité? Parce que les
remèdes secrets et la falsification des dro-
gues peuvent Conduire à la fortune, parce
que les pharmacies sont trop nombreuses
(leur nombre devrait être limité), parce
que les pharmaciens sont des commerçants
qui paient patente et impôts dans les quar-
tiers pauvres comme dans les quartiers
riches.
L'épicier éprouve beaucoup de peine à
ne pas.se croire un peu pharmacien, et de
fait, il y a souvent similitude,
Un jour nous avons lu sur la boutique
d'un pharmacien cette maxime : Salus po-
puli suprema lex esto, cette maxime nous
a paru si bien appropriée, que nous re-
grettons de ne pas la voir inscrite au-des-
sus de toutes les pharmacies et gravée dans
le cœur du pharmacien.
897
Le devoir du pharmacien est tout aussi
sacré que celui du médecin. Le salut du
malade dépend presque toujours du remède
qui luiest administré, et sur dix remèdes
cinq sont mal préparés, incomplets ou fal-
sifiés.
Partant de là, nous démontrerons que
ces abus proviennent soit de l'ignorance,
soit de l’incurie, soit de l’avarice du phar-
macien.
1° Ignorance. L'élève en pharmacie n’a
jamais fait d’études sérieuses, le plus sou-
ventil nese décide pour cet art secon-
daire que parce qu’il ne peut aspirer au
premier; et croyant sans raison que puis-
qu'il ne sera pas médecis, il aura toujours
assez de savoir quand il saura lire une for-
mule ct l’exécuter, il oublie sans effort
qu’il a des inscriptions à prendre et des
cours à suivre. Mais les plus beaux rêves
ont un terme, ilest un temps où la réalité
apparaît avec toutes ses exigences. Alors,
pris au dépourvu, l'élève incapable entre
dans une pharimacie aux appointements de
25 fr. par mois. Cest par l’officine qu’il
commence à étudier, c’est par lofficine
qu’il aurait dû finir. Les jours et les mois
se passent à couper des herbes, à faire des
pilules, des loochs, des sparadraps, à rin-
cer des bouteilles et ‘les bocaux. Le patron
se soucie fort peu que son élève apprenne ou
non son art, 1! faut avant tout que la beso-
gne se fasse. Le jeune éléve ne reconnaît
le plus souvent les drogues qu'à la place
qu'occupent les flacons dans les rayons de
la boutique ; aussi, combien de fois n’est-il
p?$ arrivé, à la fin d'une journée de fati-
gue, que l'élève se trompait de flacon et
donnait à la pratique quelque chose de
blanc pour de la magnésie, quelque chose
de noir pour du charbon de quinquina!
Au bout de cinqousix ans de cette phar-
macie pratique, léève songe à son âge, à
son temps perdu, à ses inscriptions; il suit
les cours, passe des examens, ct priant le
hasard de lui être favorable, il doit quel-
quefois au hasard d'être recu d'emblée : en
effet, il a bien cxpiqué la préparation du
sirop de rbubarbe qu'il a fait plus de cent
fois (souvent sans rhubarbe), et il a re-
connu au premier coup d'œil le lierre ter
restre, la pervenche et le pas d'âne...
Etonné de ses succès, le jeune pharma-
cien retourne dans son pays pour acheter
une femme et épouser une pharmacie, et à
quelque temps de là, on lit dans un jour-
nal : « Notre petite ville vient d'être le
» théâtre d'un événement déplorable, La
» fille d’un riche négociant, M. X..... âgée
» de dix-huit ans, vient de mourir empoi-
» sonnée par la néglisence du pharmacien
» de l'endroit. La justice informe. »
De tels événements ne sont malheureu-
sement pas rares, voilà pour le nec plus ul-
tra de l'ignorance. Passons aux consé-
quences d’une iguorance beaucoup plus
générale.
Un grand nombre d’apothicaires en sa-
vent juste assez pour ne pas se trom-
per de médicaments, presque tous en igno-
rant la préparation. Les drogaistes leur
vendentles grosses drogues et les produits
chimiques dans un état presque constant de
falsification où d’impureté. Le pharmacien
ne les analyse jamais, ct pour cause.
Il serait presque impossible aujourd'hui
de trouver dans une pharmacie certains
produits exempts d'impuretés ou de matiè-
res élrangères.
. Les produits mercuriels d'un usage si
fréquent sont constamment falsifiés: le
. rance et de noir de fumée.
_898
précipité rouge (peroxide de mercure) par «
du minium (deutoxile de plomb) et du …
verre pilé ; $
Le précipité blanc (protochlorure de
mercure) par du sublimé corrosif (deuto-
chlorure de mercure) et des os calcinés.
On trouve encore l’onguent mercuriel
sans mercure, mélange intime d’axonge
Les extraits où ne manqueque la subs-
tance dont ils portent le nom, et les fari-
nes de lin et de moutarde mélangées de
tourteaux, de son, etc., etc., et les sirops
et pâtes de guimauve sans guimauve, les
sirops purgatifs obtenus avec tous les rési-
dus de Fofficine ; L
_ Et le miel-sirop de fécule et la mauve-
glucose;
Et les poudres pour tout faire;
Et les pilules toutes faites pour suppléer
aux pilules selon l'ordonnance! Mais ce
n'est là que la centième partie des petits
mystères de la pharmacie, qui ont, comme
on peut sen rendre facilement compte,
leur côté effrayant.
Combien d’indigents ont payé de leurs
derniers deniers le poison qui aggravait leur
mal ou abrégeait leurs souffrances...
C’est qu'il y a aussi des médicaments
pour toutes les bourses, et nous nous rap-
pelons avoir vu donner pour purgation à
un malheureux, une drogue qui sert ordi-
nairement à purger ies chevaux. Voilà de
ces crimesinconnus que commettent cha-
que jour dans la capitale du monde civi-
lisé, des hommes qui doiventavoirreçu une
brillante instruction, et qui devraient être
pénétrés de la noblesse de leur état.
(La suite prochainement.)
ZOOLOGIE.
Nourelle espèce de Seps supposée être leW
Jaculus des anciens.
M. Guyon annonce qu’il est parvenua
se procurer vivant un reptile qui paraît |
être celui que les anciens ont désigné autre»
fois sous le nom de Jaculus. Cet animal
est connu à la côte barbaresque sous le
nom de Zureïg, qui veut dire le grisâtres
Les Arabes du pays disent qu’il fend l'air,
comme un dard, traversant d’outre en ous
tre les corps qui peuvent se trouver sur
son passage, même des troncs d'arbre. Les
voyageurs modernes, sans admettre, com= {\
me on le pense bien, ce dernier trait,avaients
recu trop de renseignements sur le Zureiïg;!
pour ne pas considérer son existence com=\
me certaine; mais aucun d'eux, sauf
M. Desfontaines, n’avaient eu occasion de!
le voir et de constater l'extrême rapidité!
de ses mouvements. |
Pendant que j'étais dans les montagnes
de Tlemcen, dit le savant botaniste (’oyæ
ge dans les régences de Tunis et d'Alger
page 169), j'eus occasion de voir le ser=
pent Zureïg, mais il me fut impossible del
le saisir... J'en vis un qui se cacha sou
une pierre; je la fis lever, et dans l'instan
il sortit avec une vitesse étonnante et tra
versa un espace de doùze à quinze pas san
que je pusse presque l'apercevoir... J'au
rais été bien aise de le disséquer pour cons
naître à quoi il faut attribuer dans un rep:
tile cette vitesse prodigieuse, que java
jusqu'alors regardée comme une fable.
M. Guyon est parvenu à se procurer u
de ces reptiles, qui lui a été envoyé vivanl
des environs de Mascara, et dans lequel ile
reconnu non un Ophidien, comme On aVal
:
| 4
:
-
899
lieu de le croire d’après le témoignage des
anciens que n’infirmait point celui des mo-
dernes, mais un Saurien, un Seps à trois
doigts aux pieds thoraciques comme aux
pieds abdominaux. L'animal, dont la gros-
seur est celle du petit doigt, est long de
32 centimètres environ; son dos est d’une
belle couleur de bronze; le ventre est d’un
blanc grisätre qui, au soleil; a des reflets
d'azur. Ilexiste en Algérie une: autre es-
pèce qui pourrait être identique avec une
- des deux espèces connues dans notre Eu-
rope tempérée.
A son arrivée à Alger, où il avait été ap-
porté dans un flacon bien bouché, l’animal
était engourdi ; mais bientôt il reprit sa vi-
vacité. Il est maintenant depuis deux mois
environ dans ki possession de M. Guyon,
qui ne l’a encore jamais vu saisir de proie,
mais l’a vu boire tous les jours.
On nesaurait, dit M. Guyon, se faire une
idée de la rapidité des mouvements du Zu-
reïg, sion n’en a pas été le témoin. Je parle
deses mouvements sur le sol ou de repta-
tion. Son mouvement de projection ne doit
pas être moins rapide, mais jusqu’à pré-
sent je n'ai pas eu l’occasion d’en être té-
moin.
SCIENCES APPLIQUÉES.
ATTS CHIMIQUES.
Procédé pour le blanchiment, la purifica-
tion et le raffinage des suifs et autres ma-
tières organiques grasses et oléagineuses ;
par M. H.-H. Watson, chimiste manu-
facturier.
Le suif ou autre substance sur laquelle
on veut opérer ayant été fondu dans un
vase de plomb ou autre matière qui ue
puisse être attaquée par Pacide sulfurique
étendu , on ÿ mélange une solution dans
J’eau du composé, connu sous le nom de
caméléon minéral, et qui est une combi-
naison d’acide manganique avec la potasse,
la soude où une base terreuse. Alors on
ajoute peu à peu de l'acide sulfurique (ou
tout autre acide ayant une affinité plus
puissante pour la base que l’acide manga-
nique) aprés lavoir étendu de quatre à cinq
fois son volume d'eau, jusqu'à ce que la
liqueur qui se sépare du mélange après une
agitation complète et un repos de quelques
minutes n'ait plus de saveur acide.
Si on le préfère, on peut mélanger l’aoide
étendu au suif avant l’addition de la solu-
tion de caméléon minéral, la température
du méauge est alors élevée à 60°C, puis
successivement à 100 et on brasse pendant
une heure ; après cela on cesse l’applica-
tion de la chaleur, on laisse en repos jus-
qu'à ce que la matière grasse s'élève et
flotte à la surface de la liqueur acide sur
laquelle on la puise encore à l’état liquide
Pour en faire tel usage qu’on juge conve-
nable.
Par ce moyen on blanchit le suif, ou du
moins on améliore sa couleur en propor-
tion de Ja quantité de caméléon qu’on a
employée ou d’après la coloration plus ou
moins intense que possède la matière sur
laquelle on opère.
, Un vingtième du poids du suif en camé-
Jéon minéral est suffisant pour blanchir du
Suif de qualité ordinaire.
La quantité ja plus convenable d’eau
qu’il convient d'employer pour dissoudre
le caméléon destiné au blanchiment du
suif, est d’après l'expérience de 20 à 30 fois
le poids de ce sel.
900
Au licu de mélanger la solution de ce
caméléon avec le suif fondu et d’ajouter
ensuite l'acide, on peut mêler cette solution
à l'acide étendu nécessaire à la saturation
dela base. La liqueur est alors rouge,
cramoisie ou pourpre, et c’est dans cet
état qu’on la mélange en brassant avec le
suif porté à la température de 60° qu’on
élève ensuite à 100c en une heure , jusqu’à
ce qu'on ait produit le blanc désiré. Pen-
dant ce temps on peut, par intervalles, re-
connaître le degré de blancheur qu'a at-
teint le suif en en versaut quelques gouttes
sur une plaque métallique propre.
Siou se sert d'acides chlorhydrique ou
nitrique au lieu d’acide sulfurique, le vase
dans lequel on opère ne doit plus être en
plomb, mais en bois, en pierre ou autre
matière que ces acides n'attaquent pas
sensiblement.
Au lieu de se servir du caméléon et de
l'acide sulfurique, jai encore fait usage
avec succès d’une solution contenant de
l’oxyde rouge ou deutoxyäe de manganèse
ou de toute autre combinaison de ce métal
qui renferme plus d'oxygène qu'il n’en con-
tient à l’état de protoxyde.
La solution pour blanchir le suif se fait
dans ce dernier cas en versant dans un vase
de plomb une certaine quantité d’acide
sulfurique qu’on étend d'eau, si cela est
nécessaire, pour que son poids spécifique ,
quand on réduit à la température de 15°,
soit environ 1,66. Dans cet état, on jette
par petites portions dans cet acide et lors-
qu'ilest chaud, sait du peroxyde, soit de
l’oxyde rouge ou deutoxyde de manga-
nèse, et on agite la liqueur avec un rable
de plomb. La quantité d’oxyde de manga-
nèse qu’on ajoute ainsi doit étre supérieure
à celle que l'acide étendu, et sans appli -
cation d’une autre chaleur que celle qui
résulte de son mélange avec l’eau, est sus-
ceptible de dissoudre par une longue di-
gestion. On laisse alors le mélange reposer
deux à trois jours, en agitant fréquem-
ment autant qu'ii est possible l’oxyde de
manganèse en suspension, après quoi on
étend d'eau, et on agite jusqu'à ce que la
-solution qui aura acquis une couleur cra-
moisi, et après qu’on aura laissé déposer
l'excès d'oxyde de manganèse, n’ait plus
qu’un poids spécifique de 1,35. Ce mélange
en cet état est fréquemment agité pendant
trois ou quatre jours ou même une se-
maine, en essayant chaque jour le poids
spécifique, et en ajoutant de l’eau tant qu'il
est supérieur à 1,35 et jusqu'à ce qu'il y
arrive. Quand la liqueur passe au cramoisi
foncé , elle est prête pour l'usage.
Les proportions les plus favorables pour
préparer la solutiomsont 80 kilog. de bon
peroxyde de manganèse pour 230 kilog.
d'acide sulfurique concentré ct la quantité
d’eau nécessaire. On peut employerd’autres
acides pour remplacer l'acide sulfurique ou
concurremment avec lui.
Le suifest alors mis cn fusion dans une
chaudière en plomb par le moyen de la va-
peur, et lorsque la température a atteint
environ 50°, on y ajoute pendant qu’elle
s'élève à 55° et par degrés la liqueur cra-
moisie ci-dessus. On agite pendant tout le
temps qu’on verse cette solution, et on
continue durant une heure après qu'elle
est versée, jusqu'a ce que le suif ait at-
teint le degré de blancheur qu’on re-
cherche.
Quand ce suifestau degré de blanc qu’on
desire , on élève la température à 70° ou
72° et on cesse d’agiter, la liqueur se sé-
901
pare en peu d'heures , et on puise le suif
qui nage à la surface afin de le couler.
Un tonneau de suif de bonne qualité peut
ainsi être rendu blanc avec 160 litres de
liqueur cramoisi du poids spécifique de
1,35. Les quantités nécessaires pour blan-
chir d’autres substances que les suifs sont
plus ou moins considérables suivant l’inten-
sité de la couleur des matières sur les-
quelles on opère.
Quand la liqueur est ajoutée au suif
fondu , le mélange prend d’abord une cou-
leur sale due à ce qu’elle se trouve dans un
état de suspension mécanique dans le
suif, mais cetteteinte se dissipe à mesure
que le suif blanchit, et la liqueur perd en-
fin sa couleur cramoisi.
Le liquide qui reste après que le suif a
étéenlevé sert à préparer et purifier d’autres
suifs ou matières grasses. Ces matières
grasses, telles que les livrent les bouchers,
c'est-à-dire encore enveloppées dans leurs
membranes cellulaires. sont mises dans le
liquide dont on élève la température au
moyen de la vapeur. Par ce moyen les cel-
lules crèvent , et lorsque la matière a été
maintenue à une température croissante
de 60 à 100° pendant une heure ou deux,
toute la graisse se trouve séparée des mem-
branes. Alors on cesse de chauffer , un
laisse reposer et on puise le suif qu’on porte
au blanchiment ou dont on dispose autre-
ment.
Cette liqueur, dans les proportions in-
diquées , suffit awtraitement d’un tonneau
de graisse provenaut du boucher.
Si on le desire, on peut fondre et blan-
chir les suifs en une seule opération, en
les mêlant au moment où ils sont livrés
par le bcucher, avec la quantité néces-
saire de liqueur cramoisi, et chauffant le
mélange à la température de 65 à 70,, et
agitant avec beaucoup de soin. Après
qu'un a soutenu cette chaleur pendant
une heure ou deux, on élève la tempé-
rature à 400,, qu’on maintient pendant
quelque temps si on le juge nécessaire.
Quand le suif est devenu limpide par
quelques instants de repos, on l'enlève à
la surface. Dans celte opération, il faut
employer une plus grande quantité de
liqueur cramoisi que celle nécessaire pour
blanchir simplement le suif qui a déjà été
fondu.
Quand dans le blanchiment des suifs ou
autres matières grasses on n'a pas besoin
d'un blanc parfait, ou lorsqu'on ne tient
pas à la célérité de l'opération, on peut se
contenter d'ajouter au suif à l’état de fu-
sion une certaine quantité de deutoxyde
ou peroxyde de manganèse à l'état pulvé-
rulent. Le mélange étant agité à plusieurs
reprises pendant quelquesheures, est main
tenu durant ce temps à une température
d'environ 600. Après quoi on en sépare
l'oxyde de manganèse par la filtration, ou
bien on laisse déposer en abandonnant au
repos le mélange qu’on maintient chaud,
Au lieu de cela , on peut encore mélan-
ger le suifavec l’oxyde de manganèse et l’a-
cide sulfurique étendu, au point de ne plus
carboniser les matières organiques, et
maintenir le mélange à une température
d'environ 109, en remuant par intervalles
jusqu’à ce qu’on ait produit le blanc re-
cherché. Quand on à atteint ce point, on
cesse de remuer, mais on soutient la tem
pérature pour que le suif reste fluide jus-
qu’à ce que le manganèse et l'acide se soient
déposés et qu’on puisse couler le suif clair.
L'oxyde de manganèse et l'acide peuvent
902
être mêlés ensemble avant d'être ajoutés au
suif. (Le Technologiste.)
Re KR 'E——
AGRICULTURE.
Maître Jacques Bujault.
Nos lecteurs connaissent tous Jacques
Bujault, surnommé maître Jacques. La ré-
putation du laboureur de Chalone n’était
pas circonscrite dans le département des
Deux-Sèvres, elle était connue de tous
ceux qui s'occupent de réaliser la régé-
nération agricole de la France, régénéra-
tion dont chacun sent la nécessité, que
l'on desire, que l’on entrevoit confusément
dans l'avenir, mais qui doit se préparer
dans les esprits avant de passer dans les
faits. Au lieu de refaire une biographie de
cet homme de bien que plusieurs journaux
d'agriculture ont déjà faite, nous croyons
plus utile de reproduire de ses nombreux
écrits quelques préceptes qui doivent, à
notre avis, être considérés par les agricul-
teurs comme le sont par les médecins les
aphorismes d'Hypocrate :
Il faut à tout cheval un bon palirenier,
comme à toute terre un bon cultivateur.
Celui qui néplige ses biens perd au
moins le tiers de son revenu, et, s'il vend,
la moitié de son capital.
Aimes-tu tes enfants?.. soigne tes do-
maines.
La bonne ménagère est un trésor.
Tout prospère sous la main d’une fem-
me active et soigneuse.
Ne va aux foires et marchés que pour
tes affaires ; il y aura toujours assez de fai-
néants , d'ivrognes et de gourmands sans
toi.
Quand tu es hors de chez toi, tu ne fais
rien, tu dépenses ton argent, et l’ouvrage
va mal à la maison. C’est pis que de brü-
ler la chandelle par les deux bouts.
La première épargne est le premier ga-
gné.On n'est pas toujours sûr de gagner,
mais on tient ce qu’on épargne.
Ne laisse rien perdre de ce qui est utile
à l’'hemme, aux bestiaux ou à la terre.
Une poignée de paille donne deux poi-
gnées de fumier, qui donnent une poignée
de grains.
Mets chaque chose à sa place; aie soin
de tes instruments; le soleil et la pluie
gâtent tout; puis il faut du bois, du fer,
du travail et de l’argent.
Habitue tes enfants à tout serrer, à tout
ramasser.
Soigne aussi tes récoltes. On perd sou-
vent plus dans un jour, par négligence,
qu'on ne gagne dans une semaine par le
travail.
Fais mettre en écrit par tes enfants le
produit de tes récolles, tes achats, tes ven-
tes et tes dépenses.
Laboure bien, fume bien, n’épargne
pas ta terre, tu seras bon cultivateur.
Soigne ta terre comme ton attelage, ne
lui donne pas trop de charge.
Celui qui épuise sa terre épuise sa
bourse.
Ne laboure point les terres fortes quand
elles sont mouillées, ni les terres légères
quand elles sont sèches.
Il n’y a pas de bon labour sans une bonne
charrue et un large soc pour couper les
racines.
Tâche d'éviter les mauvaises herbes ;
elles sont de la famille des mauvais culti-
vateurs,
905
Veux-ta du grain? fais des prés.
Les prés sont à la terre ce que la nourri-
ture est à l’homme.
Si elle est épuisée, il la fortifient ; si elle
est lasse, ils la reposent; si les mauvaises
herbes la tuent, ils la nettoient.
Il n’y a point de terre où l’on ne puisse
faire un pré d’une espèce ou d’une autre.
Les prés nourrissent le bétail ; le bétail
fournit le fumier ; le fumier donne legrain.
Point de fourrage sans pré ; point de bé-
tail sans fourrage ; point de fumier sans bé-
tail; point de prairies sans fumier.
Les prés, le fourrage, le bétail et le fu-
mier, amènent le grain. Maistout cela se
tient, et si l'un manque, point de récolte.
Celui qui a la moitié de ses terres labou-
rables en prés excellents est un bon culti-
vateur. Il est encore bon, s'il en a le tiers ;
le quart n’est pas assez.
Si je fais autant de prés, où placerais-je
mon foin? Où on le place dans les trois
quarts de l’Europe, à la belle étoile,
Celui qui n’a pas de foin dehors n'a pas
assez de foin.
Sème chaque année des prairies, chaque
année tu en rompras. Uu hectare de dé-
frichement en vaut trois.
Plâtre tes près artificiels. Pour 1 fr. 50e.
de plâtre. tu auras douze pour cent de foin
en sus de ta récolte habituelle.
Ne sème que ce que tu peux fumer. Fais
des prés, élève du bétail jusqu’à ce que tu
puisses fumer tous te; blés.
Nesème pas en raison de la terre que tu
as, mais du fumier que tu fais.
Celui qui sème sans fumier travaille mal,
se ruine.et mettra la elef sous la porte.
Une pièce de gros bétail fume un tiers
d'hectare; dix moutons en fument autant.
Si dans la plaine tu sèmes 15 hectares,
il te faut trente-qiatre pièces de gros bé-
tail et soixante moutons, bien nourris et
fournis de litière.
Si la terre est froide et humide, tu n’en
fumeras que la moitié, avecla même quan-
tité de bétail.
Tu ne plantes jamais l'ail et les oignons
deux années de suite dans le même carré;
pourquoi sèmes-tu donc plusieurs blés de
suite dans ton champ?
La terre s’épuise parla même culture;
les mauvaises herbes prennent le dessus ; et
ta n’as que de petits épis.
Les beaux épis font les belles récoltes.
Cultive de tout, parce que tout ne man-
que jamais à Ja fois,
N'oublie pas la pomme de terre; c’est
elle qui te nourrira dans la disette, et qui
engraissera ton bétail dans l'abondance.
Nourris des bestiaux de plusieurs espè-
ces ; si l’un ne se vend pas, l’autre te fera
de l'argent.
Celui qui soigne son bétail soigne sa
bourse.
Engraisse ton bétail avant de le vendre,
la graisse couvre les défauts.
5ème et cultive pour chaque espèce de
“bétail ; il faut que tout vive et vive bien.
Je n’ai pas d'argent pour avoir du bé-
tail... Achète de petits veaux, de petits
agneaux. Bien nourris, ils profiteront plus
dans un an, que dans deux mal soignés.
Tu auras promptement du fumier, de
l'argent et du blé, et tu seras bientôt tiré
d’affaires, si tu es économe et laborieux.
Il n'y a point de bonne récolte pour les
gourmands, les ivrognes ct les fainéants.
IRIS SO
INSTRUMENTS D'AGRICULTURE. | DU
Nouvelles pierres artificielles à aiguiser les
faulx.
Nousavons déjà eu l’occasion en 1842,
de parler des pierres factices à aiguiser les
faulx et les faucilles; nous venons de nou-
veau rendre compte aujourd’hui des résul-
sultats plus ou moins avantageux qu'on en
a obtenus. <
Pour bien connaître le degré de supé-
riorilé que les pierres artificielles devaient
avoir sur celles employées ordinairement ;,
nous en avons offert en hommage et à titre
d’essai, à toutes les sociétés d'agriculture,
à tous les comices agricoles et à tous les
principaux établissements d'agriculture, «
ainsi qu'aux hommes spéciaux, qui ont
bien voulu nous accorder lhonneur de
leur confiance. Voici quelques renseigne-
ments qui nous parviennent sur ce sujet.
Un de nos correspondants de Nogent- «
sur-Seine nous dit : « Vous pouvez avec M
toute assurance conseiller l'usage de yos
pierres artificielles à aiguiser les faulx,
elles sont préférables à celles que nos fau-
cheurs emploient ordinairement, si vous
pouvez m'en céder deux cents, j'en ferai
tenir un dépôt, afin de les faire connaître
dans ma contrée, depuis que vous m'en
avez fait parvenir, mes faucheurs n’en veu-
lent plus d’autres. »
M. Philippe Kerarmel, secrétaire de la
société d'agriculture de Lorient, et direc-
ieur de la ferme modèle de Kervignac,
nous écrit : « Jacques , le gérant de notre
ferme modèle de Kervignac et notre meil-
leur faucheur , a bien apprécié vos pierres
factices à aiguiser ; avec ces pierres, il fai-
saitun quart plus de besogne que les autres
faucheurs, et. 1l était beaucoup moins fa-
tigué qu'eux; les pierres factices donnent
à la faulx un mordant tel que l’ouvrier ne
la sent presque pas passer en coupant ies
plantes, il n’a jamais éié plus de deux
jours sans rebattre. » 118
Nous recevons de la ferme modèle de
Grignon, une lettre de M. le professeur
Pichat, qui est chargé du cours de pra-
tique agricole davs l'institution, et qui
s'exprime ainsi : « Nous n’avons pas obtenu.
des pierres que vous nous avez envoyées, Wh
tout l'effet que vous en attendiez, c’est-a-
dire qu’elles ne nous ont pas épargné le,
battage de la fauix..
» J'ai remis ces pierres à nos deux meil=#}
leurs faucheurs, ils s’en sont servis pendant
toute la moisson , jamais ils n’ont été
exemptés de battre leur faulx comme à
l'ordinaire.
» Le premier jour ils se sont servis de
ces pierres après les avoir préalablement
trempées dans l’eau comme vous l’indi=
quiez; au bout de quelques instants, elles
se sont crassées au point qu'elles ne mors
daient plus sur la faulx, alors ils les ont
mises dans leur coffin, à partir de ce mo-=
ment ils en ont été parfaitement satisfaits
» À leur dire, ces pierres étaient incon
testablement meilleures que les pierres or
dinaires, mais à la condition, toutefois
qu’elles tremperaient continuellement dan
le coffin, et que le faucheur battrait sa faul
comme à l'ordinaire ; moi-même, monsieur
je m'en suis servi, et j'ai pu devant le
élèves, constater ce que les faucheurs d
profession nous disaient. Va
» Si le prix de ces pierres est modéré (1
(4) 50 cent. la pierre, chez M. Bossin, marchan
de graines, fleuriste et pépiniériste, quai aux Fleurs
n. D, à Paris.
“lles auront sur les autres un avantage
“éel, en ce qu'étant artificielles, le grain
Hoit être uniforme dans toutes, et qu'il n’y
nurait pas de chances à courir pour ren-
ontrer une bonne pierre. L'on scra
sûr que la première venue est bonne ; l’on
ne saurait se figurer la difficulté qu’un
aucheur a de rencontrer une pierre ordi-
haire qui ne soit ni trop molle, n1 trop
lure. Dans ce choix, le plus habile s'y
“rompe ; ce n’est que par l'usage qu'il est
bossible de constater la bonté d’une pierre.
Ile mets en fait que sur dix, il y en a unede
| Jonne ; aussi, quand un faucheur a été as-
ez heureux pour reucontrer une bonne
hoierre, c’est une bonne fortune pour lui;
1 ne la vendrait pas pour le double de ce
lyu’elle lui a coûté.
» C'est un service bien grand à rendre
ux faucheurs que de propager les pierres
irtificielles à aiguiser; car l'emploi de ces
bierres leur évite un grand tirage sur les
hbrass ceci est incontestable, et l’on sait
s#ombien le fauchage est une opération pé-
hible, un peu de soulagement apporté au
“ravail du faucheur est un bienfait im-
‘nense.
| » Le savant etzélé M. Camille Beauvais,
“lirecteur dela magnanerie Modele-des-Ber-
“xeries, nous dit : « J'ai fait faire un essai
de vos pierres factices à aiguiser les faalx,
“que vous avez eu la bonté de nous faire
“sonnaître, nos ouvriers -les ont trouvées
rès bonnes, et le chef des faucheurs a tra-
Wraillé pendant deux jours sans rebattre.
“Six d'entre eux m'en ont fait des demandes;
e vous prie de m'en envoyer six le plutèt
mhossible, Si l'essai commencé donne les
; “mêmes résultats durant la moisson, on en
“rouverait un grand écoulément en Brie
“:t dans nos environs. »
M. Duvillers Chasseloup, architecte de
-ardins, connu par ses vastes entreprises,
à fait faire l'essai des pierres artificielles à
plusieurs cultivateurs du Calvados, qui lui
\Jisaient ne pas sentir la fauix dans l’herbe
":n fauchant. Tous généralement en ont
\n Sté très contents.
m Un de nos collègues d’Angoulème, auquel
M'iousavons déjàexpédié 24 pierresartificielles
jar la diligence, nous écrit à la date’ du 17
nai: «Je vousreitèré ma demande du 17 mai
M le deux cents pierres à aiguiser les faulx,
KL que vous avez, sans doute, fait partir par
accéléré comme je vous le demandais,
“ujourd'hui je viens vous prier de m'en en-
" | ‘oyer quatre cents autres par la même voie,
ar je vous dirai que ces messieurs du
'omice agricole d'Angoulème les ont éprou-
tées, et ils ont reconnu que ces pierres
'faient supérieures à toutes celles qui ont
|xisté jusqu’à ce jour, et qu’elles méritaient
ous les éloges possibles. »
M. de Pinterville de Cernon, président
u comice agricole-de la Marne, nous fait
‘honneur de nous dire, à la date du 15
TMaai : « J’aieu l’occasion de faire apprécier
2
\rtificielles dont vous avez fait hommage
u comice; une des deux pierres m'avait
té adjugée. Aujourd’hui je suis chargé de
ous demander vingt-quatre de vos pierres
lhrtificielles. »
À Nous aurions encore beaucoup d’autres
litations à faire sur les résulats avanta-
jeux que plusieurs cultivateurs ont ob-
[aus de nos pierres, mais nous pensons en
voir dit assez. Bossin.
906
INDUSTRIE SÉRICICOLE.
Nouveau systeme de lu filature des cocons.
Au dernier congrès de Florence, M. Poi-
debard à communiqué une invention rela-
tive au tirage etau moaiinage de la soie,
Cet habile mécanicien a essayé de réunir
ces deux opérations, et déja son appareil
fonctionne en grand dans le riche établis-
sement de M, Pierre Sozzi, à Caprino de
Bergame. Mais comme il s’est réservé le
secret de son invention, la note transmise
au congrès n’en donne qu’une idée fort in-
complète. Il n'est pas cependant sans inté-
rêt de la faire connaître.
L'édifice se divise en deux parties d’iné-
gale dimension. Daus la première, M. Poi-
debard fait préparer et battre des cocons
par des jeunes filles, opération qui, dans le
système ordinaire, est confiée aux fileuses:
il ya de file, dix fourneaux communs qui
sont consacrés à celte manipulation. Dans
la seconde partie du local, s’operent le ti-
rage et le moulinage. A droite et à gauche,
d’une construction très simple, sont ran-
gées sur deux lignes parallèles des bassines
en cuivre étamé, pouvant contenir chacune
une grande bouteille d’eau. L’eau froide y
est distribuée par un conduit général au-
quel s'adaptent, d'espace en espace, de pe-
tits tuyaux; elle ÿ est réchauffée par la
vapeur que fournit une chaudière de cui-
vre et qu'un tuyau commun mène au fond
des bassines. La vapeur, avant de passer
: d’un côté à l'autre, est mise en contact
avec deux plaques de fer-blanc qu'elle ré-
chauffe. Au-dessus de ces plaques de fer-
blane sont placés les roquets qui rempla-
cent les asples, tous en ligne horizontale:
ils sont mis en mouvement par une prande
roue à eau et indépendants les uns des an-
tres pour que chacun puisse s’enlever sé-
parément sans arrêter les autres.
Le mécanisme ainsi prêt et mis en jeu,
les enfants qui ont battu les cocons eu por-
tent une provision dans un petit récipient
qui est à portée de la fileuse. Celle-ci en
place seulement quatre ou cinq dans la bas-
sine. Le brin se lève sur une petite poulie
très mobile de fil de laiton; de là, il passe
dans la courbure d’un crochet fixe, puis
sur la plaque de fer-blanc réchauffée par
la vapeur, ensuitesur un crochet qui a un
mouvement de va et vient, et enfin sur le
roquet. En traversant le fer-blanc réchauf-
fé, le fil s’essuie et arrive sec au roquet; le
mouvement qu’il y recoit de droite à gau-
che l’égalise et le fortilie. Une femme sur-
veille facilement huit de ces bassines ; ainsi,
comme elles correspondent à deux de nos
fourneaux, c’est la suppression de deux
meneurs et d’une fileuse. Les enfants qui
ont apporté les cocons en lèvent le résidu,
ou plutôt les chrysalides, car les cocons se
déroulent très bien jusqu’à la fin de leur
tissu. La température de l’eau n’a que 4 dé-
grés Réaumur.
Le moulin qui vient ensuite se composede
diverses pièces. Sur les unes se placent les
roquets de la filature en vue du double-
ment de la soie ; sur les autres, les fuseaux
couverts de soie double qui doivent four-
nir l’organsin sur des rouets plus grands.
Le tout est mis en mouvement par le mê-
me mécanisme que la filature, et en même
temps, si l’on veut.
Enfin, pour réduire l’organsin desgrands
roquets en écheveaux propres au com-
merce, M. Poidebard emploie un long as-
ple, qui recoitle mouvement par une cour-
roie en cuir adaptée à une broche de fer
907
que le moulin met en mouvement. Le fil
s’y déroule sur la longueur desirée.
En résumé, économie de main-d'œuvre
pour une bonne moitié; pas de gaspillage
dans la préparation de l’organsin; qualité
supérieure de la soie et prix-proportionnel-
lement plus élevé; pas de temps perdu en-
tre le tirage et le moulinage; rendement
aussi considérable des cocons ainsi filés ;
tirage possible avec égal avantage en toute
saison ; enfin, fatigue de beaucoup moin-
dre pour les femmes qui se livrent à ces pé-
nibles travaux : tels sont les mérites de cette
belle invention.
22ke
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 43 mai.
Après la lecture du procès-verbal de la
dernière séance , M. Berryat-Saint-Prix fait
hommage-au nom de l’auteur, d’un traité
théorique et pratique des preuves en droit
civil et en droit criminel, par M. Bonnier,
professeur suppléant à l’école de droit de
Paris.
L'Académie se forme en comité secret :
à la reprise de la séance, M. Giraud fait Gr
rapport verbal sur deux ouvrages adressés
à l’Académie; le premier sur le pouvoir
municipal du midi de la France, renferme
des détails curieux sur les franchises de ces
provinces qui , après avoir formé pendant
plusieurs siècles des états indépendants et
mênie des petits royaumes, furent assez
puissantes pour garder leurs priviléses,
même après avoir perdu leur individualité
ou assez Courageuses pour forcer le roi de
France à suivre l’exemple des conquérants
romains qui, en les incorporant à l'empire,
n'avaient pas voulu ou n’avaient pas osé,
par politique, ce qui est à peu près la
même chose, toucher à leurs institutions.
Le second est un premier volume publié:
par la ville de Strasbourg, sur les sources
de son histoire; on sait que cette capitale
de l'Alsace profila habilement des discus=
sions qui s'élevèrent au quatorzième siècle
entre le pape et l'empereur, pour se donner
une constitution et se rendre indépendante,
Ce volume contient outre une foule de dé-
tails sur cette époque importante, les chro-
DITES de l’Alsace, monuments précieux
malgré le merveilleux et le & i
les Nas nn
M. de Chateauneuf commence la lec-
ture d’un mémoire sur l’agriculture dans
la Bretagne; s’il nous fallait rendre compte
de cette communication sur le peu de
phrases que nous avons entendues, nous
serions obligés de dire qu’elle ne contient
rien de neuf, et qu'il n’est ni bien impor-
tant de dire, ni ben curieux d'apprendre
que la Bretagne, qui comme toûtes les
autres parties de la France, à sa part de
bon et de mauvais terrain, est bien cultivée
et fertile-en certains cantons, mal culti-
vée el stérile dans beaucoup d’autres ; or:,
comme il n’est pas à croire que M. Benois-
ton de Chateauneuf ait fait un voyage en
Bretagne, pour n’en rapporter que de sem-
blables généralités, nous attendrons, pour
rendre compte de son travail, que la com=
munication soit complète. C.-B. J.
ES
908
HISTOIRE.
Science et art de la perspective. — Recher-
ches historiques.
Nous avons publié déjà deux articles de
M. Thenot sur l'histoire des découvertes
que les divers auteurs ont enregistrées dans
leurs traités de perspective. Avant de don-
ner à nos abonnés la suite du travail de no-
tre judicieux collaborateur, nous avons cru
ue le inoment était venu pour nous. de
Lire connaitre les nombreuses découvertes
et les importantes améliorations dont il a
enrichi lui-même la science de la perspec-
tive, etde placer par là au rang qui leur ap-
partient destravaux que par la modestie il
n’eût pas même mentiounés.
C’est en 1827,que M. Thenot publia son
premier essai de perspective pratique (1).
Depuis cette époque, il n’a eu qu’une mé-
me idée, qu'un seul but, c’est de populari-
ser la scienceet la pratique de la perspec-
tive. Quatre autres ouvrages qu'il a fait
imprimer sont venus compléter sa théorie et
en démontrer la rationalité et l’exacti-
tude (2). Aujourd'hui nous disons hardi-
ment que le problème que s'était proposé
M. Thenot est résolu, que la solution en
est complète. Le Traite de Perspective pra-
tique pour dessin d'après na'ure, que
MM. Carrillan-Gœury et Victor Dalmont
viennent de faire réimprimer, peut, à lui
seul, justifier notre sentiment. Nous allons
en donner une analyse rapide. L'auteur,
qui compte parmi ses élèves quelques uns
des plus beaux noms de l’époque et même
quelques membres de l'Institut, retrace
dans une introduction claire et rapide les
avantages de la perspective; puis, après
avoir indiqué largement les règles de l’ap-
plication de la géométrie au tracé perspec-
tif, il aborde l'horizon et s'étend sur ce
chapitre dont il traite à fond les détails les
plus minutieux. Nous y avons remarqué
particulièrement et comme une matière
tout à fait neuve, des recherches sur la
hauteur de l'horizon suivant les divers
gemres de peinture. Ces recherches sont
faites non seulement sur les tableaux des
grands maitres que renferme le Louvre,
mais aussi sur ceux des principales galeries
de l’Europe. Plus de trois cents tableaux y
sont analysés et concourent à détruire les
(4) Essai de perspective pratique, À vol. in-8o de
48 pl., ouvrage épuisé, dont il a été fait a New-York,
en 1834, une traduction intitulée : Pratical pers-
peclève, for the use of studente translatede from
the french of J.-P. Thenot, by one of his pupils.
(2) Cours de perspective pratique pour rectifier
les compositions et dessins d'après nature , 1 vol.
in-40. 1829. Traité de perspective pratique pour
dessiner d'après natwe, À vol. in-8°, 1829, troi-
sième édition, Traduit de l'anglais sous le titre de :
A complete scientific and popular treatise upon
Perspective, with the theories of reflexion and
shadons ; by J.P. Thenot. London, 1856. —
Principes deperspective pratique, 1 vol. in-8°. 1838.
— Règles de la perspective pratique mise à la por-
tée de toutes les intelligences, À vol. in-8°. 1859,
209
suppositions que tous les auteurs avaient
laborieusement imagineés à ce sujet. M.'The-
not à fait l'analyse des mêmes tableaux par
rapport au placement du point de fuite
principal, improprement désigné sous le
nom de point de vue, etencore par rapport
à la distance. Ce dernier chapitre est du
plus grand intérêt pour les artistes; il leur
enseivne quels secours en ont tiré les grands
peintres dans la disposition et la représen-
tation de ce qu'ils avaient concu. Ils y ap-
prendront aussi comment il faut choisir
une distance convenable pour dessiner
d'après nature, comment ils doivent en
faire l’application à l’enseignement du des-
sin; etenfin, ce qui est peut-être le plus
important et le plus difficile à expliquer,
pourquoi tel élève doit être plus près et tel
autre plus éloigné d’un objet pour le des-
siner.Ce chapitre mérite, soustous les rap-
ports que nous venons d'indiquer, une at-
tention sérieuse de la part des hommes qui
se livrent à l’enseignement. Les chapitres
suivants traitent des plans inclinés et des
points accidentels, nombreux épouvantails
qui découragent les plus intrépides et que
M. Thenot a rendus d’une simplicité telle,
qu'il suffit d’'uneintelligence ordinaire pour
les étudier et les comprendre. L'ouvrage
est terminé par des observations judicieu-
ses sur les points de fuite inaccessibles avec
l'indication de moyens simples et ingénieux
pour y suppléer, et par des procédés pour
déterminer la forme des ombres, leur in-
tensité, la valeur des reflets de la lumière,
la répétition ou mirage des objets sur les
eaux calmes. Le livre de M. Thénot est,
sans contredit, ce qui a été écrit de plus
complet et de plus exact jusqu'ici sur la
perspective, considérée comme suience et
comme base de l’art du dessin. C.F.
LINGUISTIQUE.
Essai d’une grammaire de la langue des îles
Marquises, rédigé sur les documents du P.
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en
chef des îles Marquises.
(Deuxième article.)
3° Du pronom.
Il y a divers pronoms dans cette langue
comme dans toutes.
1° Personnel.
trpers. au, moi, r»atou, nous; 2° pers. 0e,
koe, toi , tatou, nous tous; 727“hua, nous
deux; 3° pers. ia, lui, elle; otou, vous,
Aohua, vous deux; atou, eux, elles ; tokua,
eux, elles deux. :
vora. Le pronom conjonctif {out serend
par kotoa, hua-koloa et atoa.
20 Démonstratif.
Pour les former on ajoute Îes particules
nei el »a à l’article te, le premier pour mar-
quer un objet rapproché, le deuxième pour
marquer un objet éloigné.
Ex. : fenei, celui-ci.
tena, celui-là.
Et OR
——@————…——
r 911
Nora, On ajoute aussi ce ne et na à à
d’autres mots ponr marquer l’éloignement
ou le rapprochement.
Ex. : {e matou eo à na, c’est là notre parole.
3° Interrogatif.
Qui? lequel? laquelle? lesquels?
quelles? se rendent par oai?
Ex. : o ai tena ? qui est celui-là?
4° Indéfinis,
Les uns, les autres : 4 etahi , te ctahi.
Quelqu’un, quelconque, qui que ce soit:
omiea.
les-
_. Bo Relatifs.
Il n’y en a pas proprement dit. Onse
sert d’une autre tournure dans le cas où
on en a besoin. où l’on recommence une
autre phrase au lieu de phrase incidente.
Ex. : J'aime le Dieu qui a fait le ciel et la
terre , tournez : j'aime Dieu, lui a fait le
ciel et la terre.
6° Possessifs.
Iln’yena pas non plus à proprement
parler, mais en place on se sert des per-
sonnels avec une préposition. Ex. : c’est
mon couteau, tournez : c’est le couteau de
moi.
To au koe kua.
To oe, toia, c’est le tien, c’est le sien.
To otou, to malou, to atou, c’est le vôtre,
le nôtre, le leur.
S'il s’agit d’une pluralité sans exception
ou seulement du nombre de deux , on em-
ploie les pronoms personnels analogues.
EE ES EE
Le Rédacteur-Gèérant :
C.-B. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— M. Sylvester, ingénieur anglais , a découvert
un procédé pour rendre imperméabies les pierres et
les briques, Ce procédé consiste à tremper d’abord
les pierres ou les briques dans une solution &e sa-
von, puis dans une solution d’alun. On peut appli-
quer successivement ces deux solutions avec une
brosse. Les interstices, par suite de la réaction chi-
nique qui s’opère, se lrouvent remplis d'un corps
gras qui s'oppose au passage et aux effets de l’hu-
midité. On peut introduire dans ces solutions des
matières colorantes.
DRPEE ——
BIBLICGRAPHIE.
LETTRE de M. J.-J. Dubois, sous-conservaleur,
du musée des antiques au Louvre, sur une inscrip-
tion grecque trouvée dans une statue antique de
bronze appartenant à ce musée.
RAPPORT à M. le comte Duchätel, ministre se-
crétaire d'Etat de l’intérieur , sur les prisons de la
Prusse; par M. Hallez-Claparède.
ESSAI d’hématologie pathologique; par G. An-
dral.— A Paris, chez Fortin Masson, place de l'E-
cole-de-Médecine, 1. Ô
ESSAI SUR L’AGRONOMIE, ou Régénératn
de l'agriculture; par Louss Guy, pelile rue Sainte-
Catherine, 1 à Lyon.
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
TRAITÉ
PERSPECTIVE PRATIQUE,
POUR DESSINER D'APRÈS NATURE,
* mis à la portée de toutes les imtelligences ,
Par J.-B. THÉNOT,
Peintre et professeur de perspective, nommé premier candidat
pour la chaire de perspective à l'Ecole royale des Beaux-Arts.
— 44 édit. entièrement revue, corrigée et considérablement
augmentée, ornée de 28 pl. gravée par Hibun.— 1 vol, in-$°,
À Paris, chez Carilhan Gœury et Victor Dalmont, libraires des
corps royaux des ponts-et-chaussées et des mines , quai des Au-
gustins, 39.
Librairie médicale de Me V: HILDEBRAND , 15, rue de l'École-de-Médecine.
Chaque mois uneli-
vraison de 40 pages de
texte in-4°, de ? plan-
ches noires ou coloriées,
suivant le sujet,
Durciraex. Le conseil de sante
ANNALES
LANATOMEE ro PHYSIOLOGIE
PATHOLOGIQUES
Pusuiéss rar J.-B. PIGNE.
Conscrvateur du Muséum DUPUYTREN,
Ancien secrèt, et Vice-Président de la Sociélè Auatomique.
Ces Annales, publices sous la forme d’un journal mensuel, formeront un tout complet,
dans lequel sera réuni tout ce qui a trait au diagnostic des maladies et à l'anatomie patholo-
gique ; une Iconographie d'une exécution parfaite, retracera les types de chaque altération;
Tes médecins y trouveront la représentation des faits con S
es ain.ces a approuvé cette publication en la faisant placer
dans les bibliothèques des hôpitaux militaires.
Prix: Paris 25fr.
Départ.28 »
Etrang.32 »
on nerecoit queles
lettres affranchies.
importans conservés dans le Musëum
|
| Paris. — Jeudi, 25 Mai 1843.
à
NT
N° 39.
SAVANT
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
D
LEcno DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200.pages, chacun; il est publié sous la direction
“de M. le vicomte A DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li- :
|
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
: GES , séance du lundi 22 mais — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur les effets de la
température qui accompagnent la transmission
dans les liquides au moyen des divers électrodes
des courants électriques , soil continus, soit dis-
continus et alternatifs; de la Rive. — CHIMIE
APPLIQUEE. Examen des eaux de Vichy après
leur séjour dans les flacons qui servent à les
transporter; Beaude, — SCIENCES NATU-
RELLES. PHYSIOLOGIE. Sur un cas d'arrêt de
|. développement observé chez une fille, de trois à
dix-huit ans; Dancel. — CHIRURGIE. Sur un
| procédé autoplastique pour remédier aux occlu-
sions et à rétablir le cours de certains liquides
comme dans la grenouillette ; Jobert de Lamballe.
| | "ORNITHOLOGIE, Nouvelle espèce de perroquet
de la mer du Sud; Lesson. SCIENCES APPLI-
| .QUEES. — ARTS MÉTALLURGIQUES. Fa-
| -brication de matrices pour estamper; Baggaly.de
| Shfheld.— CONSTRUCTIONS. Maisons en bois.
| — AGRICULTURE. L’ergot du seigle. — MÉË-
| DECINE VÉTÉRINAIRE, Observations sur le
| fournis des moutons et de linsecte qui le pro:
| duit.—SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉO-
: LOGIE. Canton de Saintes; Lessons —GÉOGRA-
“ PHIE. Voyage en Californie; Duflot de Maufras.
… : NECROLOGIE. — BIBLIOGRAPHIE. |
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du 22 mai.
.M. Payen à lu à l'Académie un rapport
| sur une note de M. Beaude, relative à la
présence du plomb dans les eaux de Vi-
| chy. Certaines analyses des eaux de Vichy,
“ annonçant que le plomb yexistait, sem-
« blaient dénoncer les vases comme l'y ayant
- introduit et jetaient dans le public une
1 crainte qu'il était nécessaire de dissiper.
| c'est dans ce but qu'ont été faites lesexpé-
À riences de la commission dont M. Payen
“ est le rapporteur. Ces expériences prou-
de grès ne peuvent pas céder aux eaux de
€ Vichy la plus petite quantité de plomb, car
“ quelques morceaux de ces bouteilles en
| grès, traités par l'acide azotique à chaud,
| n'ont pas laissé dissoudre la moindre par-
| celle d'oxyde métallique. Il faut donc en
| conclure que les analyses sur lesquelles
s’était basée cette crainte sont erronées, ou
que les eaux dont on à fait l'analyse, con-
tenaient accidentellement du plomb. Par
conséquent la panique doit cesser parmi
1! les amateurs nombreux de Vichy qui, mal-
4. gré cette petite atteinte à leur réputation,
EEE
Re
une foule de maladies. Dans noire pro-
chain numéro nous donnerons en entier le
rapport de M. Payen, rapport qui ne sera
pas sans intérêt pour un grand nombre
d’industriels..…
M. Arago.a présenté à l’Académie, de
la part de M. Voisin, plusieurs pièces d’or-
févrerie gravées en relief par un nouveau
- procédé. M. Voisin a fait attaquer le cui-
Sr
ER 2 M
vent d'une manière évidente que les vases
n'en resteront pas moins très utiles dans
vre de ces pièces par un acide et il a eu soin
_que cet acide agit perpendiculairement sur
le point où on l’avait placé. Ayant recou-
vert de cire les parties qui ne devaient pas
être attaquées, M. Voisin a empèché l’a-
cide de pénétrer sous les plans garantis et
a ainsi évité mille incorrections dans ses
gravures en relief. Les échantillons qu'il
présente aujourd’hui à l’Académie et dont
quelques uns sont immédiatement appli-
cables à l'impression des étoffes, sont d'une
finesse remarquable, d’une exécution rare,
et comme le disait le savant secrétaire per-
pétuel, ils marquent lère d’un arttout nou-
veau,
M. Séguier a communiqué à l’Académie,
de la part de M. Sorel, certains faits ten-
dant à jeter quelque jour sur les explosions
des machines à vapeur, Chacun connaît
les larmes bataviques, ces masses qui se
forment lorsqu'on projette dans l’eau du
verre en fusion. Or, si l’on rompt ces lar-
mes bataviques dans un vasé, comme une
bouteille, par exemple, remplie d’eau, on
voit aussitôt se fracturer ce vase au niveau
du liquide. On remarque atssi que les fé-
lures du vase sont souvent parallèles entre
elles et parallèles à l'axe du cylindre que
représente ce vase. C’est là un fait curieux,
puisque les larmes bataviques sont sans ef-
fet sur le vase lorsque celui-ci n’est pas
rempli d’eau. Ces expériences, répétées de-
vant l’Académie, et qu'ou a eu soin de va-
rier pour montrer l'identité des résultats,
pourront peut-être éclaircir un jour des
données encore obscures et prévenir plus
d'un accident dont l’idée seuleeffraie, parce
que souvent on n'en connait pas la cause.
Au sujet de cette communication,
M. Thénard a cité un fait emprunté à la
chimie, fait qui n’a peut-être pas. avec les
expériences de M. Sorel, toute l’aralogie
qu’on pourrait lui supposer d’abord, mais
qui prouve combien les choses changent
quand on fait aussi changer quelques unes
des conditions de lexpérience. Lorsqu'on
fait passer du chlore dans de l'hydrogène
arseniqué il ne se produit rien; mais si au
contraire l’on fait passer de l'hydrogène ar-
seniqué dans du chlore, il y a presque ton-
jours une détonnation stsceptible de faire
éclater le vase en plusieurs morceaux.
M. Lacauchie, professeur d'anatomie au
Val-de-Grâce, a lu à l’Académie un mé-
moire sur la structure et le mode d'action
des villosités intestinales,
Il serait inutile de rapoeler ici toutes les
opinions diverses qui, depuis Fallope jus-
qu'à nos jours ont été émises sur les villo-
-sités inteslinales. Les idées lesplus bizarres,
et en même temps les plus contradictoires,
partageaient la science sur ce point d’ana-
tomie, et la cause de ce trouble est facile à
comprendre, c'est que jusqu'alors on avait
étudié les villosités sur le cadavre déjà de-
« braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR1S pour un an 25fr., six mois 13 ir, 50 , trois mois 7 Îr. — DÉPARTEMENTS 30 {r., 16 fr. ;
- 8fr. 50. AlÉTRANGER5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ-
| RATURE ET DES BEAUX-2RTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui formentayec l’Echo du monde savant la revue
- encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur,
puis long-temps privé de la vie, L'auteur du
travail dont nous parlons aujourd’hui a exa-
miné la question sousunautre point de vue,
en cherchantà constater l'état de la villosité
aussitôt apres la mort. Pour cela M. La-
cauchie prit une portion de l'intestin grêle
d’un chien récemment tué, six ou sept
pouces au-dessous de l’estomac, et l’exa-
mina aussitôt à l’aide d’un-microscope. Il
putalors observer des choses qui jusqu’a-
lors n’avaient été ni décrites ni figurées.
Pendant que la villosité se présentait à lui
sous un aspect tout nouveau, M. Lacau-
chie remarqua que chaque villosité chan-
geait de forme et que chacun de ses élé-
ments se comportait différemment pen-
dant cette transformation. Quelques mo-
ments après l'organe perdit peu à pea la
forme qu'il venait de prendre lentement,
mais en revenant à sa première figure il
éprouva de nouveaux changements dans
l’aspect et l’arrangement de ses parties
constituantes et arriva enfin à cet éta
spongieux vaguement strié qui est ©
qu'ont généralement observé les ang
mistes. La villosité ainsi vue présenté rois
ordres de parties bien distinctes : Son cénitre
est formé par un faiscéau de filaments tr,
gane. Ce faisceau, par sa base, se continue
avec les partiesles plus profondes ; par son
autre extrémité il n’atteint pas le sommet
de la villosité. Cette partie centrale, opa-
que et siriée est enveloppée d’un réseau
vasculaire dont les trous principaux et les
arcades terminales sont appliquées immé-
diatement sur elles. En dehors de ce ré-
seau vasculaire est une substance spon-
gieuse transparente, et dans laquelle on
ne distingue ni vaisseaux sanguins ni Ca-
naux. La superficie de cette substahce pré-.
sente de petites surfaces circulaires très
régulières et qui se touchent toutes. A
mesure que la villosité opère son ‘premier
changement de forme, elle se raccourcit
en même temps qu'elle devient plus large,
etchacune deses partiesse comporte diffé-
remment. L’instrument de cette contrac-
tion ne peut exister ni dans le réseau vas-
culaire ni dans la substance spongieuse, il
faut donc l’admettre dans le faisceau cen-
tral de la villosité. Quand on examine bien
ce faisceau, on le voit formé de parties très
nombreuses mais qui paraissent être des
vaisseaux chylifères. Chaque viilosité se-
rait donc un faisceau de chylifères puis
dans l'intestin le liquide intestinal. L’ob-
servation de plusieurs autres faits d’anato-
mie dans lesquels nous ne pouvons pas en-
trer a conduit M. Lacauchie à penser 1, que
le chyle se fait dans les voies digestives par
l'action organique des sucs de l’estomac
des intestins du pancréas, du foie sur les
aliments; 2° que ce chyle parfait est à l’é-
915
tat de globules ; 3° que ces globules ont un
diamètre approprié à la grandeur des ou-
vertures innombrables placées à la. surface
de la substance spongieuse ; 4 que ces glo-
bules s'engagent dans ces ouvertures atti-
rés par l'aspiration qu’exercent les chyli-
fères après leur contraction, lorsqu'ils re-
prennent par le relichementtoute l'étendue
de leur capacité; 5° que, dans le même
moment, des globules qui étaient déjà dans
la substance spongieuse sontattirés dans les
chylifères pour remplacer le liquide dont
les vaisseaux se sont vidés par leur con-
traction; 6° que les chylifères de la villo-
sité, en se contractant ne peuvent pousser
leur liquide que du côté du cœur, leurs
valvules forment alors.autant de soupapes
qui s'opposent au reflux du chyle dans l'in-
testin.
On peut se demander maintenant où
sont placés les orifices des vaisseaux. lactés
de la villosité par lesquels s’introduisent
les globules?
M. Lacauchie pense que la villosité ab-
sorbe par toute sa surface et que chacun
. des chylifères n’est pas seulement ouvert à
son extrémilé terminale, mais dans diffé-
rents points de son étendue.
M. Gannal envoie à l’Académie la descrip-
tion d’un nouveau procédé de fabrication
du blanc de céruse ou carbonate de plomb.
Ce procédé de fabrication a pour but de
rendre moins insalubre la préparation de
cette substance, si souvent employée dans
les arts. Il consiste : 1° à diviser le plomb
eu grenaille ; 2° à le diviser indéfiniment,
en le frottant sur lui-même dans un cy-
lindre de plomb ; 3, à faciliter l'oxydation
du plomb divisé par l'introduction de l'air
atmosphérique dans l’apareil ; 40 à carbo-
nater immédiatement cet oxyde de plomb
en employant de l’air plus chargé d’acide
carbonique; 5° à hâter l'oxydation du plomb
en introduisant dans l'appareil de l'acide
azotique ou de l’azotate de plomb; 6° à la-
ver le produit obtenu par,ce procédé; 7° à
hâter la dessication, en,-soumettant le ré-
sultat à la plus forte pression possible ; 8° à
diviser par pains carrés la pâte pressée ; 90 à
sècher dans une étuve à courant. d’air
chauffé le produit divisé.
M. Jacquelain a pésenté À l’Académie
un moyen de communiquer à, la fé-
cule, sans le secours de la torréfaction, ni
des acides, la propriété de se dissoudre
dans l’eau à 70° et de conserver cette so-
lubilité pendant un an et plus. — On a pré-
paré à 60° une dissolution de diastase avec
300 grammes d’eau pure et 80 grammes
d'orge germce. La solution filtrée , pesant
200 grammes, fut ensuite partagée en deux
portions égales ; l’une devant mouil-
ler 125 grammes de fécule, préalablement
séchée à 100° afin de faciliter l’imbibition
de la liqueur à travers la fécule.
Une heure après ce mouillage on à mis
chaque dose à égoutter sur des blocs de
plâtre, puis on a terminé leur dessication
dans une capsule de platine maintenue à
40° degrés, par l’eau d’un bain-marie,
,On conçoit qu’en disposant ainsi la f6-
cule humectée sur le plâtre, M. Jacquelain
a voulu accélérer l'écoulement du liquide
en excès et prévenir l’altérabilité dela dias-
tase humide au contact de l'air. Ces pré-
parations étant terminées, il s'agissait, d’une
part, de constater si la fécule imprégnée
de diastase avait acquis la propriété de de
e dissoudre dans l’eau à 70° et d'autre
part, si la même fécule pouvait conserver
ongtemps cette solubilité,
916
* La première question a été résolue affir-
mativement. Car 5 grammesde ces? fécules
délayées dans 30 grammes d’eau ont donné
une dissolution complète et très fluide,
aussitôt que l’eau avait acquis la tempéra-
ture de 70%, Les résultats ont été les mê-
mes, quand au lieu d'opérer comme précé-
demment on fait tomber les 5 grammes de
chaque fécule dans les 30 grammes d’eau à
60*.Ces expérience tentéesle 25 mars1841 ,
ont été répétées avec un égal succès À pa-
reille époque, en 1842, et lors même qu’on
employait de la fécule ainsi préparée, mais
conservée à dessin dans des vases suffisam-
ment recouverts d’un papier, on a toujours
obtenu la dissolution dans l’eau. En 1843
ces mêmes fécules ne se dissolvaient plus
dans l’eau à 70°. De ces faits il résulte évi-
demment que la diastase, principe émi-
. nemment éphémèreà l’état isolé, peut néan-
moins être transportée dans la fécule et
s’y conserver quelque temps à l’abri des
variations de température et d'humidité
atmosphériques , tout comme elle se con-
serve dans l’intérieur de l'orge, dont on a
suspendu à temps la germination par une
dessication convenable,
M. Jacquelain a encore présenté à l’Aca-
démie un long mémoire sur la combinai-
son de l’acide sulfurique et de l'ammonia-
que anhydres, combinaison désignée jus-
qu'ici sous le nom de sulfamide. Après
avoir discuté les analyses de M. Rose etses
méthodes de préparation pour la sulfa-
mide ; après avoir présenté quelques réfle-
xions ingénicuses sur la condensation des
gaz et des vapeurs solubles par les corps
pulvérulents et indiqué quelques précau-
Hons pour obtenir l'acide sulfurique anhy-
dre pur. L'auteur de ce travail fait connai-
ire son appareil, pour la préparation de la
sulfamide, puis il l’analyse et lui donne
pour formule brute, 480 3, 3 (A z2 H 6).
Nous reviendrons bientôt avec plus de dé-
tail sur le mémoire de M. Jacquelain, qui
présente une foule de faits curieux que
nous ne pourrions pas ici faire suffisam-
ment comprendre.
M. Bandens, chirurgien en chef de l’hô-
pital militaire du Val-de-Grâce, a présenté
aujourd'hui à l’Académie un nouvel appa-
reil à fractures, appareil qui exclut les
attelles et paraît présenter quelques avan-
tages dans le traitement des solutions de
continuité des os longs. Cet appareil se
compose d’une boîte à ciel ouvert, à pa-:
rois articulées et percées d’une foule de
trous. Le plancher de cette boîte doit être
un peu plus long que le membre qu'il doit
recevoir. La boîte destinée aux fractures
des os de la jambe, ne dépasse pas le quart
inférieur de la cuisse; celle destinée à la
fracture du fémur ou de son col dépasse
de quelques centimètres l'articulation coxo-
fémorale. Supposons une fracture du col
du fémur, il est évident que pour cette
sorte de fracture l'appareil qui parvien-
drait à remplacer d’une manière perma-
nente l'extension faite sur le pied et le ge-
nou d’une part, la contre extension opérée
sur le bassin de l’autre, et la coaptation
dont se charge le chirurgien, il est évident,
disons-nous, que cet appareil offrirait un
perfectionnement que jusqu'à ce jour on
a cherché en vain. Ce perfectionnement
M. Baudens pense l'avoir atteint. Il opère
l'extension sur le pied et sur le genou en
plaçant des liens autour de ces articula-
tions préalablement garnies de ouate pour
ne pas les blesser: il obtient la contre ex-
tention en engageant un bourrelet annu-
917.
laire garni de crin et recouvert en peau
autour de la racine de la cuisse, pourqu'il
prenne son point d'appui sur la branche
ascendante du pubis, et àcetanneau esbatta-
ché un bout de corde de #piedsde longueur.
Le membre ainsi disposé doit être placé
sur le plancher de la boîte, munie d’un pe-
tit matelas, plus garni dans le point corres-
pondant au jarret que partout ailleurs ; les
liens de la contre-extension attirés vers le
pieds, joignent ceux de l'extension, Le chi-
rurgien s’en empare et en tirant sur eux
d’une manière graduée, il rend facilement
au membre sa longueur normale et il fixe
ensuite entre eux les liens de l’extension ef
de la contre-extension , afin d’harmoniser
ces deux puissances. Reste la coaptation :
pour la faire, le chirurgien utilise les trous
dont sont percés la boîte. Il commence;
| par fixer solidement le bassin en plaçant
autour de lui une cravate , dont les chefs
viennent s’attacher à l’un des trous de la
boite. La coaptation s'opère par le même
mécanisme et en plaçant sur des points op-
posés de la cuisse des bouts de large bande,
dont les chefs se fout équilibreen venant se
fixer sur les parois opposées dela boîte. Cet
appareil se supporte sans douleur et a déjà
été plusieurs fois appliqué avec succès, à
l’hôpital du Val-de-Grâce.
M. le professeur C. W. Wutzer envoie à
l’Académie des Sciences deux numéros de
son recueil périodique , pour signaler à
Vattention de l’Académie deux mémoires
importants : 4° l’un sur l'opération de la fis-
tule vesico-vaginale combinée avec la ponc-
tion sus-pubienne de la vessie urinaire,
afin de donner une issue à l'urine, pendant
que s'opère la cicatrisationet l’oblitération
de la fistule ; 2° l’autre est surl’histoire des
porte-aiguiiles ou instruments qui servent
à pratiquer la suture des fistules vésico-
vaginales. Ce second mémoire appartient
au docteur Fischer. Il contient la descrip-
tion claire et précise de la méthode et des
iustruments de M. le professeur Wutzer,
pour faire l’opération de la suture dans les
cas de fistule vésico-vaginale. E.F,
— DRE —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Mémoire sur les effets de température qui
accompagnent la transmission dans les
liquides, au moyen de divers électrodes,
des courants électriques, soit continus,
sort discontinus et alternatifs; par M. A.
de la Rive de Genève. (Extrait.)
Une même quantté d'électricité mesu=
rée par son action chimique étant donnée,
on peut la conduire à travers les corps,
soit sous la forme d’un courant dirigé tou-
jours dans le même sens, soit sous la forme
de courants dirigés alternativement ensens
contraires.
J'ai cherché À établir ailleurs que la
quantité de chaleur que développe dans un,
fil fin mis dans le cireuit-le courant con-
duit sous l’une ou sous l’autre de ces
formes est la mème. J’ai également mon«
tré que la résistance qu'éprouve un cou-
rant continu dirigé toujours dans le mème
sens en passant d’un électrode métallique
dans un liquide, ou d’un liquide dans un
électrode, s’affaiblit considérablement ou,
devient presque nulle, dans certains cas
quand le même courant deyient.discon-, |
tinu et dirigé alternativement en sens,con-s |
traires.
Le Mémoire actuel a pour objet essen-
18
Liel de chercher l'influence qu’exercent sur
“à quantité de chaleur développée par des
Bourants égaux dans des liquides qui les
*ransmettent, la surface et la nature des
blectrodes, ainsi que la forme sous laquelle
#es courants sont transmis.
Voici les principaux résultats de mon
Lravail:
| 4. La quantité de chaleur développée
Hans des quantités égales de liquides con-
“lucteurs, traversées successivement par
Fe même courant continu et dirigé tou-
| l'ours dans le même sens, sont d'autant
bolus considérables que les surfaces des élec-
“rodes sont plus petites, la distance des
| | lectrodes entre eux étant la même. Ainsi,
hivec des fils de platine employés comme
Slectrodes, le même courant, agissant
rendant le même temps, developpe beau-
_ “soup plus de chaleur qu'avec de grandes
| “lames. Ainsi encore, des fils dont la surface
zst recouverte de la poudre noire de platine
::n développent moins que des fils dont la
surface est nette et polie.
| 2, Quand, dans un même circuit, on
rplace à la suite les uns des autres deux
‘systèmes parfaitement semblables de con-
“ducteurs liquides avec lames de platine et
dun fil de platine très fin qui plonge dans
“une quantité donnée de liquide qu’il doit
réchauffer, on trouve que, pour une même
«quantité d'électricité transmise, la somme
ls quantités de chaleur développées dans
les deux systèmes liquides et dans le fil de
“platine est sensiblement la même, que le
courant soit continu et dirigé constam-
ment dans le même sens dans les deux
:syStèmes liquides, ou qu'il soit dirigé dans,
“l'un toujours dans le même sens, et dans
“l’autre en sens alternativement contraires.
Seulement l'élévation de température qui,
“dans le premier cas, est la même dans les
deux systèmes, est, dans le second cas,
beaucop moins considérable dans le sys-
tème liquide, où les courants sont dirigés
\ alternativement en sens contraires, que
| dans celui où ils sont dirigés toujours dans
Je même sens. Le fil de platine s’échauffe
| davantage dans le second cas que dans le
« premier.
3. La différence qui existeentre les quan-
tités de chaleur dépagées dans un même
“ liquide par la même quantité d'électricité
… agissant pendant un même temps, tantôt
jN sous forme de courants continus, tantôt
# sous forme de courants dirigés alternati-
N vement en sens contraires, est d'autant
l moindre que la transmission du courant
K continu de l’électrode dans le liquide pré-
“ sente moins de résistance. C'est ce qui a lieu
« quand la surfrce des électrodes est considé-
‘f rable, quand le liquide est de l'acide ni-
trique non étendu ou peu étendu, quand
r des électrodes de cuivre plongent dans
} une dissolution de sulfate de cuivre, etc.
| 4. La quantité totale de gaz dégagée
} dans le circuit ne paraît pas influer sensi-
| blement sur la quantité totale de chaleur.
| Ainsi, quand le courant est dirigé alterna-
| tivement en sens contraires dans l’un des
. systèmes de conducteurs liquides, il n’y a
| pas de gaz dégagés dans ce système, et ce-
| pendant il n’y a pas plus de chaleur déve-
| loppée en totalité dans le cireuit que lors-
| que le courant étant dirigé dans le même
7
toucher est important, parce qu’il est lié à
la question de savoir si les gaz qui se déve-
loppent dans là décomposition de l'eau
919
par le courant absorbent ou non une par-
tie du calorique que ce courant est capable
de dégager; le résultat que je viens d’indi-
quer semblerait conduire à résoudre néga-
tivement cette question, Cependant le su-
jet doit être examiné de plus près avant
qu'on puisse accorder une pleine confiance
à cette conciusion.
5. On sait que lorsqu'on transmet un
courant continu à travers une colonne li-
quide horizontale, la distribution de tem-
pérature qui s’y opère par suite du réchauf-
fement produit par le courant n’est point
uniforme. La partie du liquide la plus ra-
prochée des électrodes est tantôt plus
chaude, tantôt moinschaude quela portion
intermédiaire. Mais ce qui est presque con-
stant, c'est que le liquide se réchauffe
plus autour du pôle positif qu’autour du
pôle négatif. Toutes ces différences dispa-
raissent quand le courant est dirigé à tra-
vers la colonne alternativement en -sens
contraires, et la distribution de la tempé-
rature dans le liquide devient parfaitement
uniforme.
Dans ce qui précède, on n’a pas tenu
compte des élévations de température qui
ont lieu dans chacun des couples de la
pile dont on fait usage. On a supposé
qu’elles ne variaient pas, vu qu’on emploie
toujours la même quantité d’électricité
transmise pendant le même temps.On peut
cependant en tenir compte, et les résultats
n’en sont pas sensiblement modifiés. Dans
ce bat, on se sert d’un seul couple dont le
courant continu traverse des fils métalli-
ques plus ou moins fins, La somme des quan-
titées de chaleur développées dans le fil et
dans le liquide du couple est constante pour
une même quantité d’électricité;seulement,
suivant la grosseur du fil, c’est tantôt l’une
tantôt l’autre de ces deux quantités qui est
la plus considérable. J'employais dans ces
expériences un couple dans lequel le liquide
était de l’acide nitrique parfaitement pur et
aussi concentré que possible, et dont les
métaux étaient, d'une part, du platine, et,
d'autre part, du zinc distillé, ou du cad-
mium, J'ai fait quelques essais avec d’au-
tres métaux; ils sont encore trop peu nom-
breux pour que j'ose en consigner ici les
résultats.
Je ne me permettrai point encore de ti-
rer des conséquences des recherches dont
je viens de présenter le résumé. Je me bor-
nerai à remarquer seulement que ce qui
semble toujours déterminer le degré de
rechauffements des différentes parties d’un
circuit voltaique, c’est la résistance
qu’elles présentent.
Je me permettrai, en terminant, de con-
signer ici un ou deux phénomènes curieux
que j'ai eu l’occasion d'observer dans le
cours des expériences que je viens de rap-
peler.
Le premier de ces’ phénomènes est la
formation d’une matière noire pulvéru-
lente qui apparaît constamment quand on
fait passer, pendant quelque temps, un
fort courant voltaique à travers dé l'acide
sulfurique étendu de 6 à 10 parties d’eau,
ou même plus. Cette poudre, qui reste
longtemps en suspension dans le liquide,
finit par se déposer au fond du vase; elle
est du platine très divisé. Ici le courant est
toujours dirigé dans le même sens, ou du
moins chaque électrode a peut-être servi
alternativemeut quatre où cinq fois au
plus de pôle positif ou négatif à ia pile. La
désagrégation du platine, à laquelle est due
cette matière pulvérulente, proviendrait-
920
elle d'une oxydation qu'éprouverait l’élec-
trode négatif par l’eflet de l’oxygène qui,
s’'échappant en masse de l’électrodepositif,
est tenu en partie à l’état de dissolution
dans le l‘quide, oxydation suivie constam-
ment d'une réduction opérée par l’hy-
drogène qui se dégage au même pôle né-
gatit?
Un second phénomène que je tiens à
signaler, c’est celui que manifeste, quand
on le met daus lecircuif d’un fort courant,
un jet de mercure d'environ un millimètre
de diamètre, qui soit sous une pression de
deux atmosphères, dans une direction
telle qu’il décrit une parabole. Il n’y a que
la partie du jet très rapprochée de l’orifice
qui puisse transmettre le courant, phéno-
mène qui est d'accord avec l'observation
de M. Savart, que la veine liquide devient
discontinue à une distance peu considé-
rable de l'orifice. Et dans cette portion
conductrice, la petite partie la plus distante
de l’orifice est celle qui s’échaufle et de-
vient incandescente. Mais, à cet état d’in-
candescence, elle présente un aspect cu-
rieux : au lieu de paraître avoir un mou-
vement de projection en avant, le filet de
mercure semble être composé, dans sa por:
tion rendue lumineuse par le courant, de
globules brillants qui tournent avec une
grande rapidité sur eux-mêmes,
Enfin, un dernier phénomène que j'ai
eu l’occasion d'observer, c’est un mouve-
ment vibratoire très prononcé qui accom-
pagne Ja production de la lumière entre
deux pointes de charbon mise chacune n
communication avec les pô'es d’une pile.
Il west pas nécessaire que la pile soit bien
forte. Les deux pointes de charbon sont
tenues horizontalement par des tiges métal-
liques élastiques qui leur permettent de se
toucher par leurs extrémités sans qu'il y
ait la moindre pression de l’une contre
l'autre. Aussitôt que le courant est établi,
la lumière jaillit entre les pointes, et l’on
entend comme une série très rapide de
petites détonations, qui en se communi-
quant du charbon au métal, font vibrer ce
dernier de manière à produire un son, et
même à ce que les vibrations soient sen-
sibles au contact. Cet effet n’est nullement
dû à une alternative d'attractions et de
répulsions électriques qui auraient lieu
entre les deux pointes de charbon placées
aux deux pôles; c’est ce dont je me suis as-
suré directement. Le bruit dont il s’agit
n’a, du reste, aucun rapport avec celui que
feraient deux pointes de charbon en étant
frottées l’une contre l’autre ; d’ailleurs il
est le même avec deux pointes du charbon
le plus mou, comme du charbon de peu-
plier, et avec deux pointes du charbon le
plus dur, tel que celui qu'on retire des
cornues où l’on prépare le gaz. C’est une
espèce de craquement régulier, qui s'opère
entre les molécules du charbon traver-
sées par le courant; craquement qui est
suivi, comme on le sait, d’un transport de
particules de charbon du pôle positif au
pôle négatif. Avec l'éponge de platine on
n'entend pas le même bruit, quoique ce-
pendant on voit les molécules de platine
se détacher du pôle positif, et former par
leur réunion comme des espèces de rami-
fications qui se dirigent vers le pôle néga-
tif; ramifications que la haute tempéra-
ture produite par le courant rend incan-
descentes et consolide par la fusion, de
manière qu'on peut facilement les déta-
cher sans altérer leur forme.
921
CHIMIE APPLIQUÉE.
Examen des eaux de Vichy après leur sé-
jour dans les flacons qui servent à les
transporter.
Certains bruits se sont propagés récem-
ment relativement aux eaux de Vichy.
M. Beaude a écrit à ce sujet à l’Académie,
Il était important, dit ce médecin, de
s'assurer sices bruits étaient fondés; ‘si
en réalité l’eau de Vichy, livrée dans les
dépôts, contenait les sels de plomb que
l’on prétend y avoir trouvés, et si le plomb
avait été enlevé à la couverte des cruchons
de grès dans lesquels les eaux sont conte-
nues. Je me suis livréavec un soin minu-
tieux à l’examen des eaux et de la matière
de l'émail qui recouvre les cruchons, et
j'ai constaté, d'une part, que l’eau de Vi-
chy, conservée dans les cruchons pendant
plus de neuf mois, ne donne aucune trace
de plomb par lhydrogène sulfuré, même
lorsque cette eau à été concentrée par son
ébullition dans les cruchons; de l’autre,
que l'émail qui forme la couverte des cru-
chons ne contientaucune trace de plomb,
ni même d'aucune substance métallique.
M. Beaude entre dans le détail des expé-
riences qui l'ont conduit à ces conclusions,
et poursuit en cestermes :
Il résalte évidemment des faits que je
viens d'exposer que l’eau de Vichy n'est pas
etne peut pas être altérée par son séjour
dans les cruchons; que ces cruchons sont
un mode de conservation pour les eaux au
moins égal à celui des bouteilles de verre,
et qu'il est aussi exempt de dangers...
Un artic'e publié il y a quelques jours
dans le Moniteur, annonce que MM. Payen
et Péligot ont examiné l’eau de Vichy et la
matière des cruchons, et qu'ils n’y ont
trouvé aucune trace de plomb Je suis heu-
reux d’être arrivé aux mêmes conclusions
que ces deux savants, dont on ne peut con-
tester l'exactitude. J’ai fait remettre à
M. Payen, afin qu’il puisse, s’il le juge con-
venable, lesexaminer, le cruchon enduit
de l'émail non vitrifié, les fragments de
celui qui a servi à mes expérienceset une
bouteille d’eau de Vichy, puisée à la fin de
1841. La bouteille est en verre, et il sera
facile de juger de l’analogie du dépôt quise
forme dans les bouteilles de verre et dans
les cruchons de grès.
La plupart de ces expériences ont été
répétées en présence de mes collègues ins-
pecteurs des eaux minérales à Paris et de
M. Miahle, pharmacien et professeur agrégé
à la Faculté de Médecine, qui ont pu juger
de leur exactitude.
ppp —
SCIENCES NATURELLES.
PIHEYSIOLOGIE ANIMALE.
Sur un cas d'arrêt dedéveloppement observé
chez une fille de lrois & dix-huit ans. —
Lettre de M. Dancel.
En 1837, j'eus l'honneur de donner con-
naissance à l’Académie des Sciences d’un
cas d'arrêt de développement observé chez
une fille de dix-huit ans et demi, née à
Morwille, département de la Manche, et
qui, à l’époque où j'écrivais, n'était haute
que de 94 centimètres. Le cas présentait
cela deremarquable, que la jeune fille était
née avec des dimensions normales, et qu'a-
près avoir grandi jusqu'à l’âge de trois ans
et demi, elle avait cessé tout d’un coup de
croître, sans nulle altération daus la santé,
g22
sans aucun changement dans les habitu-
des. Son moral était évalement le même à
dix-huit ans et demi qu’à trois ans et demi.
Elle atteiguit vingt ct un ans en 1840;
alors j’appris de son père qu'elle grandis-
sait Un peu, comme on s’eu apercevait par
ses habillements. J’allai la mesurer à la fin
de l’année, et je la trouvai en effet haute
de 96 centimètres, deux centimètres de
plus qu’à l’âge de dix-huit ans; j’ai eu oc-
casion de la voir dernièrement : elle a tou-
jours cette taille et n’o{fre rien de nouveau
à noter.
Ainsi, à vingt et un ans, il s'est opéré
chez cette fille un petit mouvement decrois-
sance qui n’a plus reparu depuis deux ans.
CHIRURGIE.
Sur un procédé autoplastique destiné à re-
médier aux occlusions et à rétablir le
cours de certains liquides, comme dans la
grenouillette; par M. Jobert de Lam-
balle. (Extrait par l’auteur.)
Frappé de la difficulté que les chirur-
giens éprouvent à guérir les occlusions, et
du retour fréquent de la maladie, M. Jobert
a imaginé le procédé autoplastique suivant:
il se divise en trois temps : le premier con-
siste à débrider les parties accollées, dema-
nière à former deux p'aieslimitées chacune,
en dedans par la muqueuse, en dehors par
la peau. Dans le deuxième, on enlève, en
dédolant sur le bord externe des deux plaies
obtenues, une portion de peau mince et
ovalaire destinée à agrandir les surfaces
saignantes produites par le débridement.
Au troisième appartient tout le procédé :
une épingle, présentée à la muqueuse de
dedans en dehors, traverse son bord libre;
sa pointe, avancant toujours, passeau-dés-
sus de la plaie, et, faisant décrire à l’autre
extrémité un mouvement de bascule, vient
s'implanter au bord externe de la plaie :
alors elle pénètre de nouveau dans les
chairs, mais de dehors en dedans, afin d'al-
ler sortir par la muqueuse, à quelques
millimètres du point par lequel elle y était
primitivenicnt entrée. Par suite de cette
manœuvre, la plaie résultant des deux pre-
miers temps de l’opération se trouve re-
couverte par la muqueuse, et les bords sai-
gants de celle-ci et de la peau demeurent
affrontés, pour être bientôt réunis par pre-
micre intention, C’est ce qui a lieu surtout
à l’aide des fils qu’on place sur les épin-
gles ainsi disposées. On voit qu’ainsi les
surfaces opposées n'ont plus de tendance à
se réunir, et que la guérison est immédia-
ment solide et durable En effet, la mu-
queuse n'a été ni décollée, ni tirée violem-
ment, mais doucementrapprochée, etsubs-
tituée à la peau, munie encore de tous ses
éléments de nutrition. Aussi n’est-elle
point alors sujette à l’inflammation et à ses
conséquences, Cette opération, déjà prati-
quée pour une occlusion de la vulve et de
la bouche, et pour une oblitération du con-
duit salivaire dans un cas de grenouillette,
a été suivie d’un plein succès,
GRNITHOLOGIE,
Nouvelle espèce de perroquet de la mer du
Sud; par M. Lesson.
Les îles Océaniennes ont présenté la eu-
rieuse particularité de nourrir des espèces
du genre psittacus, aussi remarquables par
leur petite taille que par leur coloration.
Ce sont les psittacules (psittacula), des au-
soyeuse et lustrée des plumes, la coloration
92
teurs anglais ou les vinis (vini), de mon
traité d’ornithologie,
Le groupe des phigys ou vinis est si na
turel, que les oiseaux qui lui appartiennent,
bien que différents par l'éclat vraiment ex:
traordinaire de leur plumage, se ressem=|
blent par la forme du bec et des tarses
celle des ailes et de la queue, la nature”
du bec, et surtout par les mœurs et le
régime. Ce sont des petits oiseaux criards,
colériques, actifs, vivant dans les cocotiers
et dans les grands arbres à fruits d’'Evy,
entre autres des îles Océaniennes.
Les phigys ont le plumage vert, avec du
rouge éclatant, et les psittacules fringil-M},
laire, écarlate, de Kuhl, sont certes den
charmants oiseaux qui sont bien connusill
aujourd’hui. Les Æ. vinis, dont la con
naissance est due primitivement à Com-
merson, vivent exclusivement dans les îles
de la société. Sparman a fait une espèce
des individus, dont le devant du cou est
noir, tandis qu'aujourd'hui on admet assez
génératement que cette coloration est due“
à une livrée, soit de jeune mâle, soit plutôt"
de femelle ; le bec et les tarses sont noi-«
râtres , mais le jaune orangé commence à
apparaître sur le demi bec inférieur : il esks
vrai que l’œil est bran, mais plus tard).
sans doute, il doit changer de couleur. Less
plumes dela tête et de l'occiput sont étroites
et luisantes , et partout règne le bleu azur
le plus suave et le plus lustré. Les pennes
alaitres sont noires mais frangées d’azur, le k
ventre , les flancs sont azur, le devant du
cou seul, à partir du menton jusqu'au haut
du thorax, est recouvert de plumes d’un
noir mat, grises à leur base , et qui font
place sur les vinis adultes au blanc de neige
le plus pur. Lesindividus, dans cette livrée |
complète, ont donc le haut du corps du!
même bleu azur qui règne sur le ventre,
sur les flancs, sur les épaules, mais le de-K
vant du cou, les joues, ie haut du thorax!
sont blanc neigeux, le bec et les tarses
sont orangés, et l’œil est lui-même oran-|
gé avec uniris noir , les ongles seuls sont
noirs, C'est à Otaïti et à Borabora, que la
perruche viui ou ari-manou de Commer-
son et de Buffon, se trouve en grande!
abondance.
Nous croyons donc que chaque Archipel,
de l’Océanie à destribus des Vinis, quisont,
différentes. Jusqu'à ce jour. tout prouve,
cette loi de géographie zoologique qui se=
rait en coniradiction avec la formation
géologique de ces îles que l'on suppose
être le résultat de la déchirure d’un conü-
tinent. Les animaux se seraient donc pro“
pagés sur ces terres par types distincis ef
variés, bien que semblables par leur or
ganisation intérieure et par une certatne
similitude de formes; un autre esempl
est celui fourni par la colombe Aurukava;
que l’on trouve dansles Archipels et partout
avec des variantes.
Les îles Marquises, les îles Fidjis, les île
Gambier doivent avoir des espèces de pe
ruches vinis ou phigys distinctes; cela pou
moi n’est pas douteux, et pour les îles Mar:
quises l'espèce que nousallons décrire vien
affirmer le fait général que nous avan
cons; c'est sans contredit une des plus gra
cieuses espèces que l’on puisse citer, et nou
la dédions à M. Adolphe Lesson , médeeci
de re classe de la marine, chargé en che
du service de santé des îles Marquises ; à
Nouka-Hiva même , patrie du gracieux 0}
seau que nous decrivons. L'individu typ
dont nous devons un beau dessin à l’habill
|
:
antérieure ;
les circonstances > varier entre O0 mètre 003
Mmensions de soutenir le
92%
e
pinceau de M. Prêtre, nous a été commu-
niqué par notre ami Longuemare.
La perruche ou psittacule de Lesson
(psittacus ou psittacula Lessoni, nobis) a
unetaille un peu plus forte que Levini
d’Otaïti. Comme ces dernières, son plu-
mage est soyeux, luisant, et les plumes de
latête et del'occiput sontallongées, étroites,
et forment une sorte de huppe : non com-
plétement adulte, et prenant sa parure de
noces, cette petiteespèce de perroquet, a des
plumes barriolées de blanc, de gris et de
brun , sur le devant du cou , les joues , le
thorax et le ventre, et comme une cein-
ture d’un riche bleu azur règne sur le bas
dela poitrine, il en résulte que l’oiseau
adulte doit avoir tout le dessous du corps
de ce même riche bieu azur, quand il est
adulte.
La psittacule de Lesson a de longueur
totale 19 centimètres ; sa queue est poin-
tue, et les ailes sont presque aussi longues
qu'elie; son bec est orangé masqué de noir
à la pointe , et entièrment noir à la man-
dibule inférieure, les tarses sont orangés,
et les ongles noirs; l’œil est brun bordé
d’un cercle orangé; un bandeau d’un riche
vert aigu-marine couvre le front; les
plumes effilées et étroites du sinciput sont
: d’un bleu azur fort vif et fort lustré, strié
de bleu satiné ; ce bleu s'arrête au-delà de
l’occiput, tout le dessus du corps, les ailes
sont de ce même vert aigu-marine , mais à
puance glacée et plus douce sur le bas du
dos et le croupion ; des plumes écailleuses,
de plumage dé mue, sont blanches et noires
et parfois grises, et recouvrent le devant
du cou, à partir du menton, les jouesset
le thorax; le bas de cette partie est revêtu
d’une écharpe bleue , le veutre et les flancs
sont mélangés de stries lleues et de plumes
blanches; enfin, la réoion anale et les
plumes tibiales sont du plus riche bleu
azur, les pennes caudales sont blanches la-
vées de vert d’eau clair sur les extrémités,
et de brun à leur base: les rémiges sont
noires, mais frangées de bleu-vert sur les
bords.
Cette gracieuse espèce de perruche est
nommée pehiti à Nu-Kahiva, sa patrie.
R.-P. Lesson.,
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Fabrication de matrices pour estamper; par
M. Baggaly de Sheffield.
On commence par faire une épreuve en
bas-relief du sujet que l’on veut reprodui-
re, et l’on en tire un modèle de matrice en
soufre, en plâtre ou en toute autre matière
convenable et d’un volume suffisant.
Le revers de cette matrice doit être
_ Presque parallèle à la face, c’est-à-dire
#
que la matière doit, comme dans une co-
. A on f A
quille, être à peu près partout de la même
|” épaisseur, la figure géaérale du revers cor-
respondant sensiblement à celle de la partie
celte épaisseur doit, selon
et 0 mètre 012. On fabrique ensuite, par le
moyen d’un modèle de plâtre, un coin
- moulé sur le revers et les côtés de la ma-
lice ; et capable par sa matièreet ses di-
le si choc et la pression
pendant l'opération de l’estampage. On
| tire aussi une épreuve de la face dè la ma-
trice; afin de couler en fonte un autre
Coin qui porte le relief du sujet; ce coin
925
doit avoir une mortaise ou un tenon qui
permette de le fixer à la presse ou au mou-
ton. Lorsque toutes ces pièces ont été mises
en place, on fait rougir une plaque d’acier
d’une forme et d'une épaisseur convena-
bles; on la place sur la matrice en fonte,
et on l’estampe par le moyen du coin en
relief. Après quelques coups séparés par
des recuits, la pièce d’acier a pris, d’un
côté, la forme de la matrice, et de l’autre
celle du bas relief.
On fait alors disparaître les ébarbures et
les autres irrégularités qui peuvent se
trouver sur la tranche du morceau d’a-
cier, que l'on trempe , s'il est néces-
saire ; on le décape ensuite et on l’étame ;
après quoi on le fixe sur le coin creux dont
il a été parlé, par le moyen d’une soudure :
douce , et on le presse, pendant qu'il est
chaud, de manière à l’affermir solidement
à sa place; on l’achève ensuite, et il ne
reste plus qu’à s’en servir.
Au lieu d’estamper ainsi une planche
d’acier, on peut couler la matrice, avec
de lacier fondu , sur l'épreuve en bas-re-
lief, puis la faire chauffer (sans doute
après lavoir blanchie) jusqu’à la tempé-
rature rouge, dans un fourneau fermé, et
la presser sur le bas-relief en fonte, afin
de resserrer les pores de l'acier et de faire
venir les partiesles plus délicates du sujet.
La matrice ainsi préparée, est ensuite dé-
capée et étamée par derrière, et attachée
surlecoin par de la soudure ouautrement.
L'auteur dit également que l’on peut
employer d’une manière analogue d’autres
matières, telles que le fer, le laiton et quel-
ques alliages. (Journal des Usines: \
CONSTRUCTIONS.
Maisons en bois (procédés du docteur Bou-
cherie ),
En ce moment, on peut voir au haut de
la rue des Martyrs une maison portative
en bois destinée aux iles Marquises. « Nous
plaignons sincèrement, dit à ce sujet un
journal, le malheureux destiné à rôtir
dans cette maison, en temps ordinaire, et
à partir dans les airs comme un ballon, en
temps d’ouragan. Il n’y avait qu'un archi-
tecte parisien qui pût concevoir l’idée de
transporter sous la zdne torride une espèce
de chalet suisse, qui n’est ni bon pour le
soleil, n1 pour le vent ni pour la pluie.
Puis, il ajoute en terminant: ï
« Sans compter que le bois de construc-
tion de l'Europe, même le chêne, ne résiste
pas au climat des tropiques; les maisons
toutes faites qu’on y transportera devront
être basses, entièrement closes de jalousies
fixes et ayant des galeries en dedans, et
non en dehors. Dieu, qui a bien fait les cho-
ses, a donnéaux climats tropicaux des bois
incorruplibles; c’est avec ces bois, et non
avec les nôtres, qu’il faut construire les
maisons destinées aux îles Marquises; et
quantau plan et à la disposition des pièces,
les modèles d’Opéra-Comique sont les der-
niers qu'il faut imiter. »
Cet article est au moins très léger, et
nous nous en servons pour faire de notre
côté quelques réflexions plus utiles et un
peu plus sensées. C’est avoir peu de pré-
tention.
Puisque le gouvernement fait construire
des maisons en bois, il devrait exiger l’em-
ploi de bois conservés par le procédé de
M. Boucherie. Nous saisissons toutes les oc-
casions qui se présentent pour rappeler ces
excellents procédés qi'on semble avoir
926
oubliés. On pourra, quand on le voudra,
préparer les bois indigenes de telle sorte
qu’ils se conserveront beaucoup mieux que
les bois tropicaux ; ils pourront avoir la-
vantage d’être incombustibles, de résister
à la chaleurcomme àl’humidité, d’êtreinat-
taquables par les insectes xyiophages, en
uh mot, indestructibles. Il y a plus, on
pourrait employer des bois colorés par les
mêmes procédés pour décorer l’intérieur
dés maisons. Rien n'empêche d’ajouter
l'agréable à l'utile..……
La découverte des procédés de conser-
vation des bois doit trouver ici une appli-
cation qui fera apprécier toute sa valeur ;
on donne au bois toutes Jes propriétés de-
sirables selon les espèces de sels qu’on em-
ploie pour son infiltration. Soit qu’on le
destine à des constructions humides ou à
des constructions exposées à la sécheresse
où au feu; cela vaut pourtant bien la peine
qu'on y songe. Tous les jours des théâtres
sont exposés à l’incendie, des villes entières
sont construites en bois qui peuvent deve-
bir la proie des flammes, des bâtiments sont
établis sur pilotis, que rongent sans cesse
eau , insectes et mollusques; rappelez-
vous que la chimie fait le bois, pierre et mé-
tal; rappelez-vous les procédés du docteur
Boucherie, le Gannal des chènes, des pins,
des arbres, l’embaumeur du règne végé-
tal. M. le ministre de la marine, qui est de
l’Académie des Sciences, ne peut l’ignorer..
AGRICULTURE.
L’ergot du seigle.
L’ergot, sclerolium clavus, est une alté-
ration du grain qui attaque plusieurs gra-
iminées, mais principalement le seigle, pen-
dant les années pluvieuses. L’ergot est
commun dans les pays marécageux, tels
que la Sologne, où il exerçait de grands
ravages. il y a quelques années.
L'ergot non seulement diminue la ré-
colte de seigle, mais encore il cause de gra-
ves maladiesaux animaux qui en mangent;
mais notamment à l’homme, qui en de-
vieut victime par la gangrène sèche à Ja-
queile ilest exposé lorsqu'il se nourrit de
pain préparé avec la farine de seigle ergoté.
L’ergot du seigle se reconnaît facilement
par sa taille et son volume, qui Surpassent
ceux du grain. Celte circonstance donne la
facilité de séparer, au moyen du crible, le
seigle cornu du bon grain; malheureuse-
ment, les villageois négligent de prendre
cette précaution essentielle, aussi devien-
nent-ils victimes de leur incurie,
Dans le moyen-âge, la gangrène sèche,
résultat de l'emploi de la farine de seigle
ergoté dans la confection du pain, était
connue sous le nom de feu-des-ardents,
eu-sacré, mal-des-ardents, feu-saint- 4n-
toine, feu-saint-Marcel.
Je ne rappellerai pas les diverses opi-
nions émises sur Ja formation de l’ergot ; je
me bornerai à signaler l'observation sui-
vante consignée dans la Chimie Agricole’:
Festuca Calamaria, Bot. Anpgl., 1005; Fes-
lucaSylvatica, Vill., Decandolle, F1. Frane.,
n° 1577. Cette plante est sujette, dit Geor-
ges Sinclair, à une maladie très singulière
qui détruit parfois ses semences. Quelques
botanistes donnent le nom de c/avus à cette
affection, Elle se manifeste par un gonfle-
ment qui triple les dimensions de la graine.
Le docteur Willdenow en décrit deux. es-
pèces bien distinctes: le clapus simple, qui
est farineux, de couleur foncée, insipide et
927
inodore ; le clavus compliqué, qui est d’un
violet bleu-noiràtre, dont l’intérieur est
aussi d’une teinte bleuâtre, d'une odeur fé-
tide et d'un goût très piquant. Le pain
fait avec le grain affecté de cette dernière
espèce de maladie, est de couleur bleuâtre,
il cause des crampes et des vertiges à ceux
qui en mangent. » ( Chimie agricole, par
Humphry Davy, 1819, tom. II, p. 212-
213.)
Les botanistes français ne connaissent
point les deux espèces d’ergot admises par
Willdenow ; ils reconnaissent seulement la
dernière espèce qui cause la gangrène
sèche.
Les deux espèces d’ergot admises par
Willdenow ne seraient-elles pas fondées
sur la différence de couleur de la cassure
de cette production? En effet, l’ergot pré-
sente tantôt une cassure blanche, tahtôt
une cassure violette. Ne serait-ce pas cette
différence de couleur qui aurait engagé à
en faire deux espèces ?
L'ercot, recueilli immédiatement après
son développement, ne possède, à dose
égale, aucune action vénéneuse. Il offre
alors la cassure blanche: son action toxi-
que ne se développe que parla maturité,
et six ou huit jours suffisent pour donner à
l’ergot toute l'énergie qui le caractérise
comme poison; sa cassure est alors vio-
lette.
MÉDECINE VÉTÉRINAIRE.
Observations sur le tournis des moutons, et
sur l’æstre qui le produit,
Quoique, en général, on reconnaisse plu-
sieurs causes au tournis des moutons,
beaucoup d'auteurs s'accordent cependant
à regarder l'hydatide du mouton comme
“en étant la cause habituelle, pour ne pas
dire unique. On indique alors une sorte de
trépan, avec extraction du ver, comme le
curatif à essayer.
Mon troupeau ayant souffert de cette
maladie, et plusieurs de mes voisins s’en
plaignant, j'avais cherché à découvrir le
siége du mal et à reconnaître l’hydatide,
dans le but d'essayer le trépan et de ten-
ter d’arracher à la mort une partie des
malades. À mon grand étonnement, je n’ai
jamais trouvé d’hydatide, non pas, bien
entendu, que je veuille dire qu’il n’y a pas
de cas de tournis causés par ce ver, mais
ce n’en est pas la cause unique; et, à en
juger par ce que j'en ai vu, ce n'est pas la
cause habituelle.
Dans tous les individus que j’ai fait ou-
vrir, j'ai toujours vu le mal causé par la
larve de l’œstre du mouton, insecte depuis
longtemps connu et dont les ravages sont
indiqués par plusieurs écrivains, mais qui
semblerait avoir été comme oublié dans les
temps modernes, par la raison sans doute
que les symtômes du mal qu'il produit
ressemblent à ceux que produit l’hyda-
tide.
La fréquence des cas de tournis causés
par l’œstre m'engage à signaler cet insecte
aux propriétaires de moutons et aux vété-
rinaires. Peut-être pourra-t-on combattre
les ravages que la larve occasionne par
des moyens appropriés; peut-être aussi
qu'une étude plus exacte des habitudes de
l'insecte parfait, de l’époque où il paraît,
de la manière dont il dépose ses œufs dans
les animaux, pourra aider à parvenir, au
moins en partie, le mal qu’il occasionne.
L'œstre du mouton (æstrus ovis, Linn.)
appartient à un genre d’insecte diptère, ou
928
à deux ailes, qui est très voisin de la mou-
che commune. L'œstre du moulon res-
semble pour la taille à la grosse mouche à
viande; mais son corps est jaune, couvert
de petits poils. Ces insectes n’ont pas de
trompe; ils paraissent même manquer de
bouche, laquelle est remplacée par trois
tubercules. Leurs larves sont des vers
courts, cylindriques, annelés, souvent gar-
nis de soies courtes couchées et dirigées en
arrière.
Les larves ou vers des œstres habitent le
corpsdesgrands animaux vivants: l’œstre du
bœuf, sous la peau, où il occasionne des
tumeurs de la grosseur d’un œuf de pi-
geon; celui du cheval, dans l'estomac et
les intestins du cheval; l’hémorrhoïdal,
autour de l’anus des herbivores ; l’œstre
du mouton, dans les sinus frontaux de
tous les ruminants, mais surtout dans ceux
du mouton, etc.
La larve, ayant acquis toute sa crois-
sance dans l'animal où eîle vit, en sort
pour se métamorphoser; elle se laisse tom-
ber à terre, où elle s'enfonce légèrement
et se change nymphe ou chrysalide.
L'œstre devenu insecte parfait vit peu de
temps sous cette dernière forme; peut-être
ne prend-il plus de nourriture; ce que pa-
raît indiquer l’état informe de sa bouche;
aussi ne tarde-il pas à s’accoupler et à dé-
poser des œufs dans les lieux convenables
pour la nourriture de ses petits.
L'œstre du mouton, qui nous occupe
plus spécialement, paraît, disent les au-
teurs, au commencement de l’été; il se
tient plus particulièrement dans le voisi-
nage des bois; et les troupeaux qui fré-
quentent les pâturages boisés sont plus
sujets à en être attaqués que ceux des
plaines nues. C’est sourtout au moment de
la plus grande chaleur que l’insecte cherche
à déposer ses œufs; et c’est à la crainte
qu'il inspirerait aux brebis que l’on attri-
bue lhabitude qu’elles ont contractée de
se serrer les unes contre les autres en te-
nant leur tête très basse et comme cachée.
Presque tous les écrivains pensent que.
c’est au bord des narines que les œufs sont
déposés, et qu'après être éclos, les petits
vers grimpent le long des fosses nasales à
l’aide des deux crampons qui garnissent
leur bouche et des ventouses qui terminent
leur corps.
Ce n’est cependant guère dans les fosses
nasales proprement dites qu'on les trouve
(si même on les y trouve jamais). C’est dans
les dernières cavités des sinus frontaux,
dans le bas des cornes des jeunes béliers ;
elles se fixent à l’aide de leurs ventouses et
ne marchent que si on les dérange.
Le ver ou larve de l’œstre passe le plus
souvent l'été et même l’hiver sans que sa
présence paraïisse incommoder l’animal qui
le porte. Mais vers le printemps l'animal
est pris de tournis; il maigrit et finit pres-
que toujours par périr. Jai compté jus-
qu'à huit larves dans un seul animal; et
on comprend que l’irritation causée par ses
hôtes incommodes se communique au
cerveau et cause une maladie mortelle.
Une chose à noter, c’est que les agneaux
de l’année sont seuls attaqués de l’œstre,
ou du moins paraissent seuls en souffrir.
On ignore si les animaux plus âgés en
sont exempts, ou si plutôt ce parasite est
moins dangereux pour eux que pour les
agneaux.
La circonstance que l’œstre ne paraît
que sur les animaux de l'année avait fait
penser que peut-être ces insectes, armés
929
d'une tarière assez forte pour percer le
cuir des bœufs, pouvaient bien percer la
peau du crâne et les sutures encore molles
desos des agneaux. D'après cette manière
de voir, on comprendrait mieux la pré-
sence de larves apodes (sans pieds) au som-
met du front; tandis qu'il est assez difficile
de comprendre comment des œufs deposés
à l’extrêmité du nez ne sont pas entraînés
par les ébrouements, par le flux naturel
des matières muqueuses ou par le frotte-
ment du nez de l'animal contre la terre et
les herbes dont il se nourrit.
On comprend que la médication dans
l'intérieur des fosses nasales et même dans
les sinus frontaux, qui n’en sont que la
suite, soit beaucoup plus facile que celle
qui aurait pour but d’arracher un ver de
l’intérieur du cerveau. Si trépaner, en-
foncer un carrelet dans les enveloppes cé-
rébrales est toujours une opération des
plus délicates et des plus dangereuses, in-
jecter le nez, y introduire une sonde, au
besoin même percer de l'extérieur, sontdes
choses comparativement très faciles. Ce-
pendant il est remarquable que tandis que
tant d'écrivains se sont occupés des hy-
datides, qui sont à peu près-incurables, à
peine s'est-on occupé des œstres, qu’il pa-
raît si facile de prévenir ou de détruire.
Une seule fois j’ai trouvé indiquée, comme
en passant, l'huile empyreumatique.
Je pense qu’il n’est pas impossible de
prévenir, sinon totalement, du moins en
grande partie, les ravages causés par
l'œstre. En effet, tandis que rien encore ne
peut nous faire connaitre comment les
hydatides naissent et se propogent dans
les organes les plus intérieurs et les mieux |
défendus, nous savons que la larve de
l’œstre est déposée par une mouche, quoi-
que l’époque précise de l'apparition de
cet insecte et de la manière dont il dépose
ses œufs soit enéore,un peu obscure.
Hurtrel d’Arboval assure que les agneaux
que l'on ne conduit pas en pâture pendant
l'été ne sont pas pris du tournis. Dans une
notice publiée par M. le baron de Speck-
Sternburg, de Leipsick, nous lisons que ses
troupeaux sont retenus à l'étable pendant
les grandes chateurs, et qu’on ne compte
que 8 ou 10 tournis sur plusieurs cen-
taines d'agneaux. Soustraire les agneaux à
l'ardeur du soleil, les maintenir à l'écurie
à l’aide de pâtures abondantes du soir et du
matin, ou en les affourageant à l’intérieur,
paraît le meilleur parti à suivre; peut-
être pourrait-on en outre oindre le nez, le
front, avec un corps gras qui éloignerait
les insectes.
Outre le tournoiement, on indique,
comme dénotant la présence de l'œstre,
l'ébrouement fréquent, l'écoulement du nez
plus abondant, la rougeur delaconjonctive,
l’engorgement du voile du palais et de l'ar-
rière-bouche, la tuméfaction et même l'al-
cération de la membrane pituitaire.
Le tournoiement, indice d'une maladie
cérébrale, paraît causé par l'irritation qui,
des fosses nasales se communique à l'inté-
rieur du cerveau. Il est certain que, quand
ce mal a pris une certaine intensité, il est
fort difficile d'y porter remède. Peut-être
même que la disparition des œstres serait
alors insuffisante; mais, autant que nous
avons pu le voir, c'est un point sur le-
quel il a été jusqu'ici fait bien peu de re-=
cherches. |
Eu résumé, nous appelons l'attention des
propriétaires de troupeaux sur les points
suivants, Sayoir :
030
_ 4. Que letournis est très fréquemment
ausé par la larvé de l’œstre du mouton,
laquelle vit dans l’intérieur des fosses na-
Sales et dans les sinus frontaux;
_ 2. Que cette larve provient d’une grosse
imouche qui paraît pendant l'été et vole
surtout au moment des plus grandes cha-
leurs ;
_ 3. Qu’on peut donc prévenir en partie
\les ravages que causent ces insectes en sou-
‘strayant les jeunes animaux à leurs atta-
|ques, et qu'il est possible de trouver un
“remèdelorsque, malheureusement, le mal
est commencé. Il importe donc de con-
|naître exactement l’insecte parfait, époque
là laquelle il paraît, la manière dont il dé-
“pose ses œufs et enfin les signes certains de
‘ja présence des larves, avant qu'elles
“n'aient causé des désordres irrréparables.
* Nousappelons aussi l'attention de MM les
vétérinaires sur les remèdes propres à dé-
ltruire ces vers, soit des fumigations, soit
‘des injections, soit des opérations. On peut
‘essayer avec d'autant moins de crainte,
“que les animaux atteints du tournis sont,
‘quant à présent, réputés incurables.
| À. Monnier.
—
= 2e
SCIENCES HISTORIQUES.
L ARCHÉOLOGIE.
‘Arrondissement de Saintes, canton de Saintes,
. (Charente-inf.)
“ Commune d'Ecurar: d'Æscureium , mé-
\ | ae .
“htairie, ferme, etat, chef-lieu, chez les
$ g : à
gallo-romains. Le territoire de cette com-
celtiques, et a servi de champ de bataille
à Charlemagne contre les Sarrasins (gran-
des chroniques, t. 2, pag. 224), et à saint
“ Louis, contre Henri III d'Angleterre.
“ Léglise de Saint-Pierre-es-liens, encore
bien conservée, appartient à l'architecture
romane byzantine , et les voussoirs comme
l'Mlles chapiteaux des piliers, sont couverts de
“violettes, de rincéaux, de palmettes, de re-
4 présentations de chiens, d'oiseaux, de têtes
I“ humaines, etc. Les modillons ont égale-
L . ment des masques de bêtes, d'êtres humains
"ou de monstres avec des feuillages histo-
M riés. L’apside semie-arrondie est encore
bien conservée et date du xr° siècle. On
trouvera une description assez complète de
\cet édifice religieux dans ma cinquième
| lettre, pag. 521 et suivantes, de mes /ettres
historiques et archéologiques sur la Sain-
dionge et sur l'Aunis (1 vol. in-8, la Ro-
“chelle , 1840). :
lM | J'ai consigné également dans l’ouvrage
“cité, les indications historiques sur les ba-
tailles livrées en ce lieu par Charlemagne,
eb plus tard par saint Louis.
| Mais Ecurat paraît avoir été placé au
‘centre d’une métropole des druides. Son
lsol coupé de coteaux, de bas fonds et cou-
. vert dans les premiers siècles de profondes
“forêts , aretenu encore des souvenirs et des
“monuments de l’époque gauloise.
« «A peu de distance d’Ecurat s'élève le 4u-
“inulus de Goutiers, et à quelque distance
une tombelle dite le terrier des Fougéres
oar les habitants. Podium fagi, le terrier
Hu hêtre ou fougen, qui en Celte signifie
au, hêtre.
Le hêtre vénéré par les Celtes qui le
hommaient f«o ou phao, avait été consacré
\ Jupiter par les Grecs, qui adoptèrent le
lhom gaulois, que les Latins traduisirent
“in jagus, et dont nous avons fait jau,
'outeau, fagot. Les faines du hêtre étaient
mune possède encore plusieurs monuments’
F L'église, qui peut contenir plus de trois
931
utilisés par nos pères, dont les demeures
préférées étaient celles que leur fournis-
saient les forêts.
On m’a dit qu'une épte de bronze avait
été trouvée à Écarat; eile ressemblait, m'a-
t-on assuré, à une épée-poignard, que
M. C. Duteil aexhumée, dans un tumulus
entre Guiître et Monsigault, à God. ard
(Dieu fort), en 1838, et sur la Jisière du
département de la Charente-Inférieure.
La maison du peu-volant, parait ürer
son nom d’un peulvan ou menhir, qui oc-
cupait ce point, et qui a été renverse, mais
suivant l'usage , ce peulvan ou pierre d’a-
vertissement, était placé en avant des au-
tels druidiques; aussi, à quelques pas de
peu-volant, sur les bords de la Charente,
dans un endroit solitaire et boisé, se trouve
Dreux, collége des Druides, dans la San-
tonie. Ce Dreux ( de Druis ou Derw), qui
a conservé les traces du culte des Gaulois,
occupait un site admirablement placé pour
l'accomplissement des mystères de leur re-
ligion, site qui devait être couvert de forêts
impénétrables: c’est encore aujourd’hui un
lieu très boisé ettrès pittoresque ; les enfants
des campagnes environnantes n’ont pas
perdu l'habitude de crier au gui lan neu,
en recevant leurs étrennes.
La plupart des communes qui environ-
nent Saintes, ont conservé des monuments
celtiques ou des désignations qui les rap-
pellent.
VOYAGES.
Voyage en Californie; par M. Duflot de
Mofras.
(Deuxième et dernier article.
Dans la Californie les missions sont
toutes construites sur un plan analogue.
L'une des plus vastes, eelle placée sous
l’invocation de saint Louis, roi de France,
s'élève à quelques lieues de la mer, dans
une vallée délicieuse, au bord d’une petite
rivière, dont le cours fertilise les jardins,
des vignobles, des vergers; le bâtiment
quadrilatère présente une façade avec ga-
lerie couverte de près de cinq cents pieds.
mille personnes, occupe un des côtés; le
centre de l'édifice est formé-par une cour
carrée, entourte d'arcades comme un
cloitre, plantée d'arbres et ornée de fon-
taines jaillissantes. Ces bâtiments d’une
atchitecture simple sont construits avec
une grande solidité ; ils renferment les cel-
lules des moines, les ateliers des charpen-
tiers, forgerons, tonneliers, tailleurs, les
métiers à tisser, et des filatures de laine et
de coton, où se fabriquent les étoffes desti-
nées à habiller les Indiens convertis, et à
attirer ceuxdes tribusidolâtres. Lesinfirme-
ries et les écoles sont situées dans les parties
les plus paisibles de l'établissement. L’ensei-
gnement s’y exerce d’une manière patriar-
cale; les enfants des indigènes, mélés à
ceux de race blanche, y viennent recevoir
les premiers éléments de l'éducation, du
chant et de la musique. Les Indiens ont
pour cet art une aptitude naturelle si ex-
traordinaire, que dans les fêtes religieuses,
qui se célèbrent avec la plus grande pompe,
au son des cloches et au bruit de lartille-
rie, ils touchent de l’orgue, jouent de tous
les instruments et entonnent te plain-chant
avec une justesse qu’on trouve rarement
dans les villages d'Europe. Les Franciscains
tenaient à honneur de posséder dans chaque
mission une bonne troupe de musiciens; ils
apportaient le plus grand soin à sa com-
932
_ position, et avaient donné aux exécutants
une sorte d’uniforme. Quel ne fut pas
notre étonnement d'entendre à la mission de
Santa Cruz, pendant les défilés d’une pro-
cession, la troupe des musiciens indiens
jouer les deux airs populaires en France
de la Marseillaise et de vive Henri 1F!
Autour de la mission sont groupés les
bâtiments d'exploitation, les corps-de-
gardé des soldats, les hangars, les maga-
sins, les cabanes des néophytes et les mai-
sons de quelqnes colons blancs. Avant que
l'administration civile eût été substituée
dans les missions à l'administration toute
paternelle des religieux, le personnel de
chacun de ces établissements se composait
de deux moines, relevant de la préfecture
apostolique de Monte Rey, aujourd’hui éri-
gée en évêché. Le plus âgé s'occupait de
la gestion intérieure et de l'instruction re-
ligieuse ; le plus jeune, de la direction des
travaux agricoles. Les Indiens baptisés
étaient divisés en escouades detravailleurs,
commandées par leurs caciques ou aleades.
Chaque dimanche après la messe, le moine
distribuait les travaux de la semaine, et le
samedi suivant, les alcades venaient lui
rendre compte de leur exécution. C'était
en ne reculant devant aucune fatigue et en
préchant partout l'exemple, que les reli-
gieux stimulaient les Indiens au travail ; il
y a quelques mois à peine, le R. P. Caval-
lero, président des Dominicains, est mort
au milieu de ses néophytes la charrue à la
main.
Plusieurs missions, entre autres celles
de San Gabriel, San Diego et San Luiz,
comptaient chacune jusqu’à trois mille In-
diens, répartis dans quinze ou vingt fermes.
Le nombre des bestiaux appartenant à ces
établissements était immense. En 1836,
la mission de Saint-Louis possédait 80,000
bêtes à cornes, 10,000 chevaux et plus de
100,000 moutons; elle récoltait 12,000 fa-
nègues de céréales; celle de Saint-Gabriel
cuir, valant plus de 200,000 piastres fortes.
Ea plus équitable répartition des produits
dela mission avait lieu sous le régime des
moines. Les Indiens savaient que leur bien-
être s’accroitrait en raison de leurstravaux;
ils comprenaient parfaitement qu'ils étaient
toute la famille du missionnaire, ils le
voyaient partager leurs fatigues, se vêtir
d’une robe de laine grossière tissée de leurs
mains, se nourrir des mêmes aliments, ef
se refuser souvent le nécessaire pour éon-
sacrer le fruit de ses économies à l’embel-
lissement des chapelles. Aussi, leur respect
écoutaient leurs instructions avec une at-
tention religieuse, recherchaient leur ap-
probation, et les regardaient comme des
êtres presque esurnaturels.
L’hospitalité, dans sa plus noble expres-
sion, était et est encore exercé dans les mis-
sions. Les étrangers, les Français surtout,
sont accueillis avec cordialité. En 1831,
deux de nos missionvaires, MM. Bachelot
et Short, chassés des îles Sandwich par les
intrigues des méthodistes, et jetés sans se-
cours sur la côte de la Californie, furent
recueillis par les Franciscains espagnols ;
ils y séjournèrent plusieurs années, et la
manière dont ils exercèrent leur saint mi-
nistère leur valut les regrets de tous les ha-
bitants.
Lapeyrouse fut le premier voyageur
français qui relàcha en Californie, Il y fut
recu, en 1787; par les missionnaires, qui
lui rendirent les plus grands honneurs,
avait 105,000 bœufs, et envoyait à Lima des
chargements entiers composés de suif et de.
pour les bons pères était-il extrême : ils
|
Î
|
933
Plusieurs vieux Indiens se rappellent en-
core avoir vu cet illustre et infortuné na-
vigateur, qui laissa parmi eux des traces
de sa libéralité,.
Sous l'administration temporelle des mis-
sionnnaires, le nombre des Indiens tra-
vailleurs s'élevait à plus de trente mille :
sous celle des alcades, il est de cinq mille
à peine. Les tribus encore sauvages for-
ment une masse d’environ 20,000 âmes;
on compte 4,000 individus de race espa-
guole et 4,000 étrangers.
L'autorité du gouverneur, résidant à
Monte Rey, s'étend sur toute la province;
mais l'administration des distrets se subdi-
vise en trois sous-prefectures, celle du
Pueblo de Nuestra Senora de los Angles, !
de Santa Barbara et de San José. Le reste
de la population est réparti dans les fermes
et les missions, transformées en véritables
villages. La plupart des presidios où an-
ciens points militaires sont détruits: ceux
de Notre-Dame-de-Lorette, de Saint-Jo-
seph, de San Diego, de Santa Barbara, de
Monte Rey, de San Francisco, n'ofirent
plus que murs en ruines, à peine gardés
par quelques soldats du pays.
Les mœurs des colons sont celles de
l'Amérique espagnole. Quant aux indi-
gènes, un instant améliorés par l’influence
salutaire des missionnaires, à mesure que
cette influence s’est affaiblie, ils ont repris
leur vienomadeetleursanciennes habitudes.
Quelques tribus, il est vrai, se livrent en-
core à la culture des terres, qu’ils ont ap-
prise des religieux ; mais c’est toujours dans
les produits de la chasse et de la rapine
que le plus grand nombre cherche et trouve
ses moyens d'existence.
En résumé, la Nouvelle-Californie nous
semble appelée à un avenir irimense, sur-
93%
tout si l'Amérique équinoxiale vient à être
traversée par un canal où un chemin de
fer. Ce terriloire peut nourrir plusieurs
millions d'habitants: il offre à la colonisa-
tion des ports magnifiques, d'excellents
bois de construction et des terrains fertiles;
sa position géographique le met en rap-
port avec les départements occidentaux du
Mexique, les États de l'Amérique du sud,
les comptoirs américains, anglais et russes
de la côte nord-ouest, les îles Sandwich,
les Marquises, et autres groupes du grand
Océan, et enfin avec les Philippines et la
Chine, Mais pour que celte colonisation ne
Soitpoint éphémère, c’est moins à des sol-
dats qu’à des missionnaires que la tâche
doit être confiée : le sabre sans le catholi-
cisme est impuissant à rien fonder, de
durable. En Amérique et dans les Indes, la
croix de bois de quelques pauvres religieux
avait conquis plus de provinces à la France
et à l'Espagne que l’épée de leurs malleurs
capitaines. (Société de Géographie).
ET à EE)
& Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
NÉCROLOGIE.
M. Félix de Boissy, savant modeste autant qu'hom-
me aimable et plein de bienveillance, vient de mou-
rir à Paris, la semaine dernière. M, de Boissy culli-
vait l’histoire naturelle des mollusques avec un zèle
et une ardeur soutenues. On lui doit les six volu-
mes de l'Histoire des coquilles, qui font suite aux
deux volumes de Montfort dans le Buffon édité par
Sonnini. Il était président de la Société philoma!i-
que quand la mort est venu le frapper. C'était un
honme de bien dans toute la force du terme.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. — À VRIL 1843.
935
BIBLIOGRAPHIE.
GUIDE des Comices et des Propriétaires, par.
‘Jacques Bujeault, laboureur à Challoue, près Melle
(Deux-Sèvres). — Telle est l'utilité que doit avoir:
ce guide pour tous ceux qui s'occupent des travaux
- des champs, que M. le ministre de l’agriculture et:
du commerce en a fait prendre récemment 4,000.
exemplaires; el que, pour satisfaire aux demandes
de MM. les maires, curés et juges de paix des chefs-
lieux de cantons, el à celles de MM. les présidents.
des comices, il est devenu nécessaire de faire une
nouvelle édition , les trois premières ayant été im-
médiatement épuisées. — Brochure iu-8o, 1 fr, et
1 fr. 15 c.,-franc de port. — Les persunnes qui
prennent douze exemplaires, recoivent le treisième
gratis. S’adresser à la direction du Cultivateur, 10, v:
rue Taranne. - :
Nora. Cette brochure est notamment destinée
aux lauréats des concours qui vont incessamment
s’ouvrir dans les comices. ee
LE CULTIVATEUR, journal des progrès agri-
coles. Cahier mensuel de quatre feuilles in-80, .avec+ !
gravures et lable des matières (68 pag.). — Prix de
l'abonnement annuel (janvier et décembre) : 12 fr.
pour Paris et les départements; 15 fr. 60 c. pour
l'étranger.
DE LA PUISSANCE AMERICAINE. Origine, in-
slitation , esprit politique, ressources militaires,
agricoles , commerciales et industrielles des Etats
Unis; par Guillaume-Tell Poussin. — A Paris, chez
Coquebert, rue Jacob, 48.
MEMORIAL. de l’Artillerie, ou Recueil de mé-
moires, expériences, observations et procédés rela-
üfs au service de l'artillerie; rédigé par les soins
“du comité, avec l'approbation du ministre de la
guerre.—A Paris, chez Bachelier.
LES COLONIES, les sucres et les vins de la Gi-
ronde; par de Fonmartin de l’Espinasse. — Bala-
rac, à Bordeaux. :
PARIS.—IMP/DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
pes 1
‘à [9 HEURESDU MATIN. D MIDI. 3 HEURES DU SOIR. | Ÿ HEURES DU SOIR. | THERMOMÈTRE. ÉTAT VENTS
Ê AT ee Re NP, |
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D arom. . | &l-Barom. | Therm. | &| Barom. | T .lE ‘ erm. | 5 11.2: ni
BA l'aur Lel Res | leur del 0 [ur /e) Boom. Them Egg ini! Grec ame | ur
# a En (ral (a
4 | 751,90 | 13,0 750,85 15,8 750,43 18,6 751,91 43,5 19,3 9,0 |Couvert. S._.
2 | 750,89 | 44,0 752,15 16,3 152,801] 470 754,88 | 11,8 47,0 | 10,2 |Eclaircies. S. Q.
3 | 757,20 | 14,2 756,18 | 16,5 754,04 |: 17,2 749,85 | 12,8 18,3 9,3 |Très nuageux. S. 0.
4 | 746,36 | 43,7 747,00 14,7 748,67 | 11,7 154,02 8,5 17,9 | 14,4 |Eclaircies. 0.5. 0.
5 | 753,19 9,0 154,68 9,2 755,71 42,1 760,20 8,2 43,2 55 Forte pluie. 0.
6 | 759,46 10,0 751,19 14,0 155,99 13,0 155,97 12,8 13,8 4,4 |Pluie. S. :
1 | 754,38 12,3 153,60 14,5 752,12 44,5 750,60 12,9 15,2 11,0 |Couvert. S.S. ©.
8 | 751,321" 130 752,43 15,0 752,43 14,9 751,5 11,3 15,7 19,5 Nuageux. S. O.
9 | 744,904: 210,6 743,61 10,6 742,12 12,1 745,92 762 12,5 8,0 |Couvert. NE
10 | 753,631: ! 5,4 754,50 5,7 755,41 2,8 756,21 2,8 7,0 2,0 |Pluies. ke n
41 | 756,81 |; 6,5 756,83 6,4 757,05 6,0 758,88 1,8 7,3 0,1 Pluie par moments. à 0:
12 | 756,76 5,7 755,60 713 753,48 6,4 754,76 2,5 FAI 1,3 |Couvert.. Ne
13 | 752,80 | 8% | | 752,75 8,6 152,53 | 7,5 | | 759,9 | 713,3 10,4 LOSATÈRE N 0
1% | 759,93 13,7 759,58 9,7 758,84 11,2 759,33 8 0 11,8 0,5 Nuageux. à as
45 | 761,96 9,5 761,65 13,8 760,38 15,8 758,44 15,0 6,1 |Couvert. JSRUE
16 | 752,85 42,2 751,66 17,6 150,87 49,1 751,34 19,8 6,0 |Vaporcux. S.E.
47 | 752,46 14,8 752,85 47,6 153,29 17,2 756.00 19,5 10,5 |Couvert. |
18 | 759,20 | 135 75935 | 411,8 751,98 | 46,4 758 05 17,0 SAR SE
19 | 795,61 | 14,6 751,03 | 20,0 752,15 | 21,0 751,58 22,0 6.2 |Beau. ER
20 | 751,16 18,5 751,16 22,6 750,67 22,5 751,58 25,0 10,3 |Nuageux. N' 0?!
24 | 754,10 11,0 754,87 14,3 154,88 15,8 756,04 16,5 Joue Re
92 | 75749 | 49° 758,44 | : 13,6 758,62 | 4%:1 760,78 16,0 BORDESSR SRE S_S.0
23 | 759,19 9,8 758,49 11,8 756,66 13,1 757,36 1 3,0 |Couvert. See
2% | 755,91 | 100 7597 | 495 754,45 | 13,0 255 0 5,2 | Etes RASE CT
25 | 754,56 | 146 | | 762,83 | .43,0.| | 751,62 | 1977 | | 55218 2,3, COUNÈRE NE
26 | 751,56 41,1 751,13 7,0 751,70 S,4 753,37 RD AE on : 0 N°0. &*
97 | 752,60 8,0 753,50 ST 753,89 | 11,0 756 45 3,8 RES RER: cn
98 | 755,59 | 40:8 154,39 | :442 752,92 | 45,8 151.83 LL [Beaux SE
29 | 750,01 | 11,2 749,27 | 14,1 748,59 | 15,1 A7 74 SL RE QE
30 | 751,85 | 15,2 752,26 | 172 151,03 | 15,8 sl 791,16 ss [Nuageux S: E:
4 | 752 5 752,95 2, 751,96 38 #5: 8,4 [Moyenne du 4 au 10/Pluie.en cent.
2 730 03 15 735 58 135 DUT Ta 10 50 492: [Moyenne du din 20 Cour. 3,826
3 | 754,14 11,1 133,98 12,6 153,41 13.8 754,99 5.4 [Moyenne du 21 au 30/Terr. * 5,100
G 11,4 153,91 | 13,0 | 753,71 13,8 | 754,54 | Moyennes du mois . . . . . .
l
10 année.
ECH
|
|
JU MON
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
Paris. — Dimanche, 29 Biai 1843.
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LD
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RATURE ET DES BEAUX-ARTS et ICS MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
ï encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
: SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
4 PHYSIQUE. Sur un nouveau procédé pour pro-
l duire , au moyen de l'électricité , les images de
il Moser; Morren. — ASTRONOMIE. Nouveaux
détails sur la nouvelle comète; Legrand. — CHI-
1 MIE APPLIQUÉE. Trailé de chimie appliquée
4 aux arts Dumas, — SCIENCES NATUREL-
| LES. MÉTALLURGIE. Dela production des mé-
taux précieux au Mexique; Saint-Clair Duport.
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| que. — ZOOLOGIE. Sur quelques oiseaux nou-
10 veaux; Lesson. — SCIENCES APPLIQUEES.
pl ARTS CHIMIQUE. Combhustible arüficiel; Kurtz.
L 4 — AGRICULTURE. Expériences sur le guano.
| HORTICULTURE. Cultures florales de quelques
villes de France ;-Bossin. — Un palais pour les
j fleurs. — SCIENCES HISTORIQUES. ACA-
4 DEMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITI-
QUES, Séance du samedi 20 mai. — ARCHÉO-
| LOGIE. Canton de Saintes; Lesson. — GÉOGRA-
| PAIE. Voyage dans le Chili; Claude Gay. —
| NECROLOGIE.— FAITS DIVERS.
|
DIE Er Ke
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur ur nouveau procédé pour produire. au
moyen de-lélectricité;: inlages na
logues aux images de Moser.— Lettresde
M. À. Morren à M. Arago.
Ague
« Rennes, 2 mai.
h » Jai lu, dans le Compte-renu de la
“ séance du 10 avril dernier, uné note de
M: le professeur Masson, sur des images
produites par l'électricité, et sur l’espé-
par l'expérience qu’il cite, à -l’explication
des curieux phénomènes observés par
M: Môser.
| » J'ai répété les expériences de M. Mas-
|. Son sans pouyoir réussir à obtenir d'images
|| satisfaisantes; peut-être dois-je ma non-
A réussite aux précautions mêmes que j'ai
prises. Je viens vous indiquer un procédé
différent pour produire avec facilité, sim-
plicité de moyens, et je dirai presque per-
fection, des images des médailles, ete. au
moyen de Pélectricité.
_ » Silon projette sur une médaille sèche
et propre un peu de poussière très fine, par
exemple du tripoli bien pulvérisé, qu'on
| létende avec le doigt, de manière à ce
| qu'elle se loge dans toutes les parties pro-
- iégées par les reliefs; si l’on frotte très lé-
gérement avec un peu de coton, étsi, après
- avoir retourné la médaille pour se débar-
_ rasser du petit excès de poussière, on place
1 : la méffaille sur une substance isolante, un
| gateau de résine par exemple, puis qu’on
« © Jiénne à promener au dessus d'elle un petit
âton de gomme laque ou de cire d’Es-
agne vivement électrisé, les corps légers
ceumulés dans les parties qui-entoui ent
: 1H La
pes reliefs, {sont chassés normalement à la
Gb
rance que ce physicien conçoit d’arriver, -
surface de la médaille et viennent en des-
siner une parfaite image sur le gâteau de
résine. Pour avoir l'impression sur une
substance conductrice, par exemple un
métal, une pierre polie, etc., il suffit de
placer trois goutteleties de gomme laque
en trois points du contour de l’objet à re-
produire, de manière à laisser entre lui et
la plaqué conductrice une très mince
couche d’air. L'image ébtenue sera tout
aussi fidèle. Par ce simple jeu de répulsion
électrique, j'ai réussi à copier des mé-
dailles, des planchcs gravées, On doit être
guidé dans le choix de la couleur de la
poussière par la couleur du corps sur lequel
l'impression doit avoir lieu.
» Quant aux images de M. Masson, je
n’ai réussi à les produire qu’autant que je
laissais sur la médaille un peu de pous-
sière, soit de minium, soit de soufre, etc.
Eu nettoyant parfaitement l’objet à co-
pier, je n'ai rien pu obtenir, soit par une
très faible, soit par une forte tension élec-
trique. 3
» Si, comme je le crois, les images de
M. Masson ont de l’analogie avec celles
dont j'ai l'honneur de vous entretenir, les
unes et les autres, produites par un simple
effet de répulsion électrique, ne me pa-
raissent pas devoir apporter une grande
lumière dans l'explication des phénomènes
décrits par messieurs Môser, Karsten et
Knorr... »
« Rennes, 7 mai.
» Depuis la lettre en date du 2 mai que
j'ai eu l'honneur de vous écrire, je me
suis occupé de répéter les expériences de
M. Karsten.
» Contrarié par l'incertitude et la non-
réussite qui règnent souvent dans la pro-
duction des images que doit former sur
une plaque de verre une étincelle élec-
tique tombant sur une médaille convena-
blement placée, j'ai cherché ce qui me
rendait ces expériences incertaines et je
suis arrivé à ce résultat que, pour obtenir
sûrement et avec netteté ces empreintes,
il fallait que la médaille fût couverte d’une
couche d'humidité extrêmement légère;
si la médaille est essuyée avec un linge fin,
ou de la soie, l'humidité n’est pas enlevée
daus:les parties protégtes par les reliefs, et
Pélectricité agit alors sur cette couche très
mince, exactement comme elle agit sur la
poussière trés: fine logte dans les mêmes
interstices, ainsi que J'ai cu l'honneur de
vous l'indiquer dans ma précédente lettre;
seulement il faut, daus le cas des images de
M. Karsten, exposer le verre au souffle de
l'haleine humide pour apercevoir les mo-
difications produites sur sa surface.
» En résumé, on peut produire des
images au moyen de l'électricité soit sur
une lame de verre, soit sur un corps con-
ducteur (dans ce cas il faut interposer une
couc e d’air très mince entre la médaille
et le corps qui doit recevoir son em-
preinte.)
» Ces images s'obtiennent en placant
dans les creux de la médaille, soit une
poussière très fine, soit une très légère
couche ‘d'humidité (celle des doigts est
souvent suffisante); puis, après l’avoir lé-
gèrement essuyée, on pose la médaille sur
une lame de verre et on approche d’elle
soit un bâton de gomme laque électrisé,
soit le bouton d'une boutcille de Leyde;
seulement, dans ce dernier cas, pour avoir
une image très mette, il faut avoir soin
d’éloigner assez la médaille des bords de
la lame de verre, pour que la décharge
de la bouteille soit incomplète. Aus-
sitôt l’image, qu'un peu d’adresse rend
d’une grande perfection, est parfaitement
visible si l’on opère avec des corps légers,
du tripoli, etc.; dans le cas des images de
M. Karsten, il faut envoyer doucement sur
la plaque l'humidité de l’haleine.
» Lorsque l’une ou l'autre de ces deux
sortes d'images est produite, sion Ja place
en renversant la lame sur une aukpé Fame.
de verre et qu’on approche le baton d'1me ?
DL
LAN
bouteille de Leyde, l’image sé tar porte,
aussi sur la plaque nouvelle. fé”
» L’explication de la prod ol on te
empreintes est facile et me {bible toute :}
différente de celle que que!dhéscphys]
ciens sont disposés à lui donnék-ee--16"
serait qu’un simple effet de répulsion “étéé-
rique, »
ASTRONOMIE.
Sur la nouvelle comète. — Lettre de M. Le.
grand, professeur à Montpellier, à
M. Araco.
Après avoir lu ce que vous avez inséré
dans les Comptes rendus des 20 et 27 mars
dernier, touchant la belle comète qui vient
de surprendre les astronome; comme le
public, je crains que les observateurs dont
vous avez recu des communications à ce
sujet n'aient omis une circonstance que
j'ai remarquée et qui me semble mériter
d'être connue; je veux par'er du change-
ment notable de couleur qu’elle à éprouvé
dans l’espace d’un jour.
C’est le 11 mars, vers 7 h.15 m. du Soir,
que je l’ai vue pour la première fois. Je ne
la cherchais pas, elle a attiré mon atten…
tion par sa forme régulière, sa longueur
sa direction et sa couleur rouge très pro-
noncée. Vous l'avez vue trop tard à Paris
pour vous faire une juste idée de son éclat:
la lumière zodiacale n’était réellement rien
en comparaison, car je ne pouvais pas la
distinguer. La lune Ctait fort élevée sur
939
l'horizon et répandait une grande clarté.
Je l'ai revue le 13 et l'ai examinée assez
longtemps : elle était encore brillante et
rouge comme la première fois; sa largeur,
dans le voisinage de Rigel, me paraissait
égale à celle de l’arc-en-ciel intérieur ou
à la moitié de l'intervalle entre Castor et
Pollux ; je l'évaluais à 2 degrés ou 2230’ au
plus. La continuation du beau temps me
permit de la voir encore le lendemain 14;
mais elle était blanche et semblait plus
étroite que la veille d'environ 30’. Ces
observations du 13 et du 14 ont été faites
entre 7 h. 15 m. et 7 h. 50 m. du soir, ét
inscrites immédiatement après ; elles sont
donc indépendantes de la fidélité de ma
mémoire et méritent une entière confiance;
mais elles ne s'appliquent rigoureusement
qu'à la partie de la queue visible à l’œil
nu, c'est-à-dire aux 4/5 de sa longueur
totale, car elles ont été faites sans lu-
nette.
Surpris de ce changement de couleur,
je ne manquai pas d'examiner encore la
comète les jours suivants, 15,16 et17. Elle
continua d'être blanche et de perdre cha-
que jour de son éclat : cependant elle était
bien visible, malgré la vive lumière que
répandait la lune, voisine de son plein;
ensuite le mauvais temps interrompit mes
observations, je ne la revis plus que le 26
et le 27; elle était encore blanche etde plus
en plus faible.
Lorque vous dites que Ja queue parais-
sait avoir. un maximun d'intensité Jumi-
neuse au milieu de sa largeur, je trouve-
que vous avez parfaitement raison, pourvu
qu'il s'agisse de la partie visible à l'œil
nu; mais la partie voisine de la tête ou du
noyau me semble présenter une tont autre
apparence. En l'examinant, le 17, avec
une petite lunette de spectacle, j'y vis dis-
tinctement deux bords brillants compre-
nant entre eux un espace conique obscur
dont le sommet était vers la queue.
J'ajouterai encore une remarque rela-
tive à a forme de ce bel astre, en réponse
à une observation de Maraldi. Après l’a-
voir examinée attentivement le 13, j'ai
écrit que la queue me paraissait se termi-
- ner en pointe au dessous d'Orion ; avant
etaprès ce jour, je n’ai plus observé la
même apparence, la queue m'a toujours
paru se terminer en forme de pinceau.
CHIMIE APPLIQUÉE.
, Traïlé de chimie appliquée aux arts; par
M. Dumas, de l’Institut. (Tome 6°, chez
Béchetjeune. — 1843.)
La chimie est aujourd'hui un des plus
puissants éléments de l’industrie nationale:
“ = . î
et, sil ÿ eut toujours du mérite à la con:
naître, il y aura bientôt de la honte à li-
gnorer. Le monde entier n’est.il pas son
laboratoire? Pouvons-nous faire un pas
sans rencontrer quelques unes de ses plus
merveilleuses productions? L’encre dont
je me sers, l’acier qui constitue la lame de
mon canif, la cendre de mon foyer, le pa-
pier sur lequel je trace en ce moment l’ex-
pression de ma pensée, mes vêtements,
l'herbe verdoyante que j’aperçcois de ma
fenêtre, tout rentre dans son domaine.
Disons avec Chaptal : « La chimie est un
flambeau que la main des hommes à sus-
pendu dansle sanctuaire des opérations de
l'art et de la nature, pour en éclairer
les détails. »
La chimie est indispensable aux indus-
tous
940
triels comme aux agriculteurs, comme aux
‘savants.
Les industriels n’ont pas besoin de deve-
nir chimistes comme celui qui s’adonne
spécialement à cette science; leur talent
consiste à profiter des recherches des sa-
vants, à modifier, à la suite de l'expérience,
les procédés mis en circulation par les in-
venteurs. Ces études ne dépassent pas le
petit nombre de spécialités auxquelles s’é-
tend leur fabrication.
La chimie agricole est encore dans l’en-
fance ; mais l’agronome est désormais con-
damné à faire des études sérieuses pour
tout ce qui concerne l’action de l'air, des
eaux, des engrais, des terrains, etc.; sur
les plantes dont il veut obtenir le dévelop-
pement.
Les commercants n’ont pas à produire,
ilest vrai; mais il est indispensable qu'ils
essaient les produits exposés sur les mar-
chés, et qu'ils les comparent à des types
primitifs
Et pourtant, on ignore généralement les
plus simples notions d’une science qui pré-
sente de si nombreux éléments d’instruc-
tion et de fortune. Dans le nombre infini
de ceux qui boivent de l’eau, combien il y
en a peu qui connaissent sa composition,
qui sachent distinguer ses caractères saiu-
bres ou insalubres! Sait-on discerner les
mélanges frauduleux opérés sur les ali-
ments?’ Non; la chimie nous offre ce-
pendant les moyens de les reconnaître.
«A la vue des progrès dus à la chimie,
et des facilités que présente son étude, il y
a lieu de s'étonner que les études chimi-
ques soient ajournées après les études litté-
raires. Il faudrait enseigner la chimie aux
enfants de dix ans, qui la sauraient à quin-
ze, ct ne l’oublieraient jamais. Cette étude
aurait l'avantage de captiver leur atten-
tion par des expériences à la fois instruc-
tives et amusantes, et de leur faire prendre
goût au travail, en le leur rendant apréa-
ble. On ne saurait trop tôt apprendre com-
ment se blanchit le linge, comment on fa-
brique le papier, etc. Ne serait-il pas plus
utile, par exemple, d'enseigner aux enfants
que les alcalis neutralisent les acides, que
de leur faire apprendre des langues mortes
dont ils n'auront peut-être jamais besoin
de se servir? Peut-on savoir trop tôt l’art
d’être utile à ses semblables, et n’est-il pas
ridicule de rechercher le superflu, lors-
qu’on manque du nécessaire? »
Nous avouerons cependant avec plaisir
qu’on commence à sentir les heureux ré-
sultats qu'on peut tirer de l’étudede la chi-
mie. Les produitschimiques,nécessaires aux
expériences habituelles, serencontrent dans
toutes nos villes un peu importantes ; les
livres de chimie se multiplient; des cours
publics s'organisent. Espérons donc que
celte belle science, de plus en plus répan-
due, deviendra enfin une des parties inté-
grantes de l'instruction publique.
Ces considérations nous sont inspirées
par la publication du premier volume du
Traité de Chimie organique de M. Dumas.
L'auteur a consacré cinq volumes à la
chimieinorganique, il y ahuit à nenfans, et
depuis on attendaitimpatiemmentla chimie
végétale et animale. Nous disons impa-
tiemment, car il y a huit à neuf ans, si
M. Dumas était déjà connu par de nom-
breux travaux, il n'avait pas encore la ré-
putation qu'il s'est faite aujourd’hui.
M. Dumas est le plus habile vulgarisa-
teur peut-être que la chimie ait eu en Fran-
ce. Nos pères, qui vont l'écouter à la Sor-
A4
bonne, à l'Ecole de Médecine, le placent
au-dessus de Fourcroy, et certes, ce n’est
pas peu dire. On se trouve attiré par cettes
parole facile, éloquente et animée, par ce
style limpide et pittoresque, par ces exem-"
ples aussi frappants que simples qui four=
milleut dans ses lecons ; personne n’inter-
prète mieux que lui une si belle science
enrichie de ses travaux, vulgarisée, ren-w
due populaire par son enseignement.
M. Dumas peut être comparé, sous plu-"
sieurs rapports, à un célèbre chimiste qui
vivait au commencement du dix-septième
siècle, à Nicolas Lémery.
« ..... Transportez-vous, nous disait
M. Dumas, dans une de ses lecons sur la
philosophie chimique au collége de France, Ml
en 1837, transportez-vous maintenant dans
la rue Galande; suivez la foule bruyante
d'étudiants qui se précipite; ne vous in-
quiétez ni des équipages dorés qui amènent M
les seigneurs et les princes, ni les chaises 2!
porteur qui transportent les grandes da=
mes. Faites-vous faire place, allez tou-"
jours. Vous trouverez une cour, au fond
de Ja cour une porte basse, un escalier rai-"
de, au moyen duquel vous descendrez, vous
tomberez peut-être dans une cave éclairée
par la Iumière rougeâtre des fourneaux.
Bientôt vous distinguerez à son aide les usw
tensiles de. la chimie du temps, et vous
verrez la foule empressée,. attentive, écou-
tant les leçons d’un jeune homme, qui
compte au plus trente années. :
Ce jeune homme, sur lequel tous les re-l
gards sont fixés, aux paroles duquel toutes}
lesoreilles prêtentunesi viveattention, vous
le devinez : c’est une révolution personni-
fiée; c’est Nicolas Lémery.…….
..... Pourquoi ce grand concours et cet |
empressement? C’est qu'à de profondes”
connaissances il sait unir l’art de les expo-
ser d'une maniere simple, accessible à tous,
et d'éclairer ses leçons par des expériences
brillantes et précises. C’est, qu’abandon-
ant le langage énigmatique et voilé de ses“
devanciers, il consent à parler chimie en
français; c’est qu’il consent à professer une
chimie sage et réservée, qui tient tout ce
qu’elle promet, qui ne promet quece qu’elle «h
peut tenir. |
..…. Nicolas Lémery professa à Paris pen-W
dant vingt-cinqans avec une vogue inexpri-
mable. Ce futà tel point, qu’aprèsavoirrem-"l
pli sa maison d'élèves, il finit par occuper
presque toute la rue Galande, pour loger.
ceux qui se présentaient encore. Il Jui fal-
lait chez lui une espèce de table d'hôte,
pour donner à diner aux étudiantsqui bni-
guaient l’honneur d’être admis à sa ta-
ble... :
Eh bien! avaisje raison d'établir une
comparaison entre M Dumaset Nicolas
Lémery? Et tenez, il n'y a que quelques
jours, sur les onze heures du matin, les en-
virons du collége de France, de la Sor-
bonne et de l’Ecole de Médecine étaient |
déserts. Le quartier latin s'était porté en
foule à l'Ecole de Médecine. M. Dumas ou=
vrait le cours de chimie organique.
Rouelle, cet esprit si ardent, qui fut
nommé démonstrateur de chimie au Jar-
din des Plantes, en1742, quia é com«
me professeur de grands souven: ‘ait,
nous à encore dit M. Dumas au co de
France, une manière de professer tre 7e
ticulière. Il arrivait à son amphithéâtr
bel habit, perruque en tête et chapeau
lebras. 1l commençait posément; bient
s'animait un peu et jetait son chapeau; p
il s'échauffait davantage et jetait sa per.
me, puis son habit, puis saveste, puis sa
avate. Ah! c'est alors que vous aviez le
ai Rouelle, l'homme du laboratoire,
noureux des belles expériences, sachant
:: faire réussir, etexposant ses démonstra-
“yns avec une véhémence entraiuante.
‘Ceux de nos lecteurs qui ont assisté à
“e leçon de M. Dumas ne manqueront
:s de comparer encore le doyen de la Fa-
‘Ité des Sciences à Rouelle. Si vous ne je-
F:, M. Dumas, votre habit, votre cravate,
list que nous sommes en 1843 et non en
42, Vous commencez posément, et bien-
| vous vous animez; vous communiquez
vos auditeurs toute votre science. Ah!
“On s’expliquera maintenant sans diffi-
lité le succès auquel est appelé la chimie
|xanique de M. Dumas. On le sait, la chi-
2 organique a fait des pas de géaut dans
}; dernières années, et M. Dumas a réuni
ns son livre, avec cette clarté et ce char-
> que vous lui connaissez, car l’illustre
ant écrit aussi bien qu'il parle, toutes
: découvertes récentes, le tout classé avec
esprit méthodique vraiment remar-
able.
Le livre de M. Dumas remplit bien son
re. Combien d'ouvrages qui se disent
ipliqués aux arts et qui sont purement
éoriques. Le volume que nous avons sous
| yeux comprend les questions indus-
telles suivantes :
“1° Le blanchiment des toiles ; 2 la fabri-
{tion du papier; 3° la conservation des
dis; 4’ la fabrication de l’amidon; 5° la fabri-
“ion dela fécule;6° la fabrication de la dex-
Mdne;7°la fabrication du sucre decanne;8'la
lrication du sacre de betteraves; 9° le
M finage du sucre; 10: la fabrication de la
#acose; 11° Ja fabrication du vermicelle
“ des pâtes; 12° la fabrication du pain;
“lola fabrication de la bière; 14° la fabri-
ï on du cidre; 15° la fabrication-du poi-
M; 16° les vins; 17° la fabrication des eaux-
, € vie; 18o la fabrication du vinaigre;
dla fabrication de la céruse; 209 la fabri-
“ion des huiles; 21° la fabrication des
sMugies stéariques ; 22 la fabrication des
#rons.
|
"|
|
|
1|
inches très svignées, dressées par l'ingé-
|lumes à la chimie organique, son Traité
“'endons, Ce seraun beau monument élevé
: un des plus célèbres chimistes de notre
SCIENCES NATURELLES.
ayant pour titre : De la production des
la métallurgie et l’économie politique,
(suite et fin.)
eur M. Koab,
M: Dumas doit encore consacrer deux
0 Chimie complet aura donc huit volumes
«°c un grand atlas de planches. Nous les
à 2 science; les savants et les manufactu-
ins adressent des remerciments sincères
f
(oque. J. G.
‘ TE SG d——
METALLURGIE.
L de M. Becquerel sur un ouvrage
métaux précieux au Mexique, considé-
|rée dans ses rapports avec la géologie,
\présenté à l’Académie des sciences par
UM: Saint-Clair Duport.
M\Une question d'économie politique a at
|é l'attention de M. Duport; c’est celle qui
Toutes ces fabrications sont suivies de
943
se rattache au dépeuplement de quelques
districts miniers lors de la guerre de l’In-
dépendance, qui fut causé par une émigra-
ton d’abord volontaire, puis obligatoire
en 1828, des propriétaires espagnols, les-
quels se réfugièrent en Espagne et dans le
midi de la France, emportant avec euxune
masse énorme de capitaux. Ce numéraire,
qui de 1820 à 1830 sortit du Mexique, for-
mait la majeure partie du capital en circu-
lation ; et sans les emprunts contractés en
Angleterre par la république, et la forma-
tion de compagnies minières anglaises,
l'exploitation serait devenue impossible.
Toutefois, ces emprunts ne remédierent au
mal qu’en partie ; car le gouvernement fut
obligé de se créer des ressources qu’il ne
trouvait plus ailleurs. Le crédit en fut tel-
lement ébranlé, que le taux de l'intérêt s’é-
leva à 30 et même 40 pour cent par an.
Cet état de choses s’opposait donc à ce que
les mines pussent reprendre leur ancienne
splendeur, et même paralysait toute ten-
tative d'exploitation. D'un autre côté, les
compagnies anglaises, en général mal ad-
mipistrées, n’obtinrent que des résultats
pitoyables; à l'exception de ceile de Bola-
gnos, qui avait obtenu un bénéfice d'environ
25 millions de francs dans ces travaux à Za-
catecas, on ne peutsavoir quand se serait ar-
rêtée cette décadence toujours croissante de
l'exploitation des mines, sile trésor mieux
administré n’eût inspiré une plus grande
confiance, laquelle fit baisser de moitié le
taux de l'intérêt et engagea les spécula-
teurs à se reporter vers les mines. Il faut
donc conclure de ce qui précède, que les
anciennes et nouvelles exploitations ne se-
ront poussées avec une activité suffisante
pour que le chiffre de la production an-
nuelle soit dépassé, que lorsque les capitaux
seront plus abondants aux Mexique.
M. Duport passe ensuite à la question
non moins importante des améliorations
dont sont susceptibles les traitements des
minerais d’argent. Le traitement par la
fonte est susceptible de grandes améliora-
üons, non seulement dans la construction
des fourneaux, mais encore dans l'emploi
mieux raisonne desfondants,
Les traitements par le mercure, dans la
plupart des localités au Mexique, sont
moins coûteux que le traitement par la
fonte, et M. Duport pense qu'ils ne parais-
sent susceptibles d'aucun perfectionnement,
du moins en ce qui concerne la prépara-
tion mécanique du minerai, mais néan-
moins qu'il est possible que l’on par vienne à
améliorer diverses parties du procédé et à
-se procurer, à un prix moindre, les ingré-
dients. Le prix élevé du mercure et sa
perte, d'environ 13 onces en moyenne par
marc, entravent les exploitations, et cet
état de choses subsistera tant que durera
le monopole de ce métal en Europe. Le
taux du mercure exerçant une si grande
influence sur les mines, on peut se deman-
der quelies seraient les conséquences du
manque de ce métal, si, par une cause
quelconque, la mine d’Almaden cessait
d'en produire ou que son produit fûtmoins
grand? Les mines de la Carniole étantin-
suffisantes pour les besoins actuels, le com-
bustible manquant dans un grand nombre
de localités, que deviendrait alors l’extrac-
tion du minerai au Mexique, à moins ce-
pendant que la Chine et le Japon, où l'on
a lieu de supposer qu’il existe d'abundantes
mines de mercure, n’envoyassent leurs
produits dans le nouveau monde? Sans
cela cette question eût été assez embarras-
944
sante et pour ainsi dire insoluble, alors que
l’on ne connaissait que la fonte et l’amal-
gamation; mais, depuis que l’on a déinon-
tréque l’action chimiquede l'électricité peut
être appliquée, sur une grande échelle, au
traitement des métaux, les difficultés ont
disparu.
M. Duport vint lui-même, il y a trois
ans, en Europe pour acquérir la connais-
sance complète des recherches a faites
à ce sujet par l’un de vos commissaires;
et l'application de l'électricité, comme force
chimique pour l'extraction de l'argent, fut
faite sur 4,000 kilogrammes de minerai
apportés du Mexique, avec l’autorisation du
gouvernement, par l’auteur du Mémoire,
qui répéta lui-même à Paris toutes les ex-
périences dont les résultats généraux
avaient été communiqués à l’Académie
dans plusieurs des séances publiques. Il
constata par lui-même la possibilité de l’ap-
plication sur une grande échelle; le pro-
blème se trouvait donc résolu d’une ma-
nière générale, mais seulement en partie
en présence des autres traitements, puis-
qu'il s’agissait de comparer le coût des an-
ciens et du nouveau système. Dans une
question aussi importante, laissons parler
M. Duport: Dee
« .…. La question se réduisait à une
comparaison de chiffres pour le coût des
anciens et du nouveau système, et les pre-
mières recherches que j'ai faites sur la mé-
tallurgie de l'argent n'ont pas eu, dans le
principe, d’autres motifs; maisje nai pas
lardé à les rendre plus complètes, afin de
fournir aux métallurgistes un tableau exact
de l’état dans lequel se trouveut les divers
traitements au Mexique, et aux économis-
tés des renseignemests sur la question de la
production présente et même future de l’ar-
gent, assez complets pour établir, avec
quelque exactitude, des calculs sur la va-
leur de ce métal comparée à d'autres va-
leurs. Le résultat de mes recherches a été
favorable au procédé électro-chimique
pour un grand nombre de minerais, je ne
dis pas seulement dans l'hypothèse assez
peu probable du manque absolu de mer-
cure, mais même avec le haut prix actuel
du vif-argent; dès lors on serait en droit
de s'étonner que ce procédé n’ait pas déjà
reçu un commencement d'application. Les
causes qui s’y sont opposées ayant des ca-
ractères généraux assez importants relati-
vement à l’établissement de tout procédé
nouveau, j'entrerai à cette occasion dans
quelques détails.
» La simplicité des appareils de l’amal-
gamation mexicaine est d’abord un obs-
tacle à toute innovation; vient ensuite l’ha-
bitude d’un art pratiqué depuis trois siè-
cles et dès lors parfaitement étudié sousle
rapport économique ; la nécessité d’opérer
sur des masses considérables pour que l’on
ait foi au procédé, et l'obligation de prime
abord d’entrer dans des débours d’autant
plus onéreux que toute construction in-
dustrielle est fort chère au Mexique, arri-
vent enfin ébranler le zèle des novateurs,
qui n’ont souvent dans le fond pour toute
récompense, ou, pour mieux dire, pour
seule garantie des sommes employées, que
la protection par trop douteuse des brevets
d'invention, dans un pays où l'administra-
tion de la justice est souvent très lente,
surtout pour un cas comme celui-ci, qui
présente, dans les pays les mieux organi-
sés, des difficultés sans nombre... »
Parmi les autres considérations mises en
avant par M. Duport, nous citeronsles sui-
945
vantes: le mercure étant le principal agent
chimique, son prix doit hausser ou baisser
suivant la quantité plus ou moins grandeem-
ployée. Des lors sa chance de baisse, par
suite de la substitution du procédé électro-
chimique, ou de tout traitement par la voie
humide à l’amalgamation mexicaine, pour-
rait produire une réaction peu favorable à la
nouvelle méthode, puisqu'on serait porté,
par celte baisse de prix, à revenir à l'an-
cien système.
Le prix actuel du sel marin an Mexique
est un obstacle, non pas que éet agent soit
décompose dans l'opération, mais en raison
des pertes mécaniques inévitables dans la
manipulation. Cette perte, en raison des
masses sur lesquelles on opère, représente
un chiffre élevé à mettre en regard de l’é-
conomie du mercure; mais ce chiffre peut
être réduit par l’emploi d'appareils destinés
à recueillir le sel qui reste dans les boue;
métalliques. Le matériel, demande en gé-
néral une dépense assez considérable qu'au-
cune compaguie n'a voulu faire jusqu'ici,
afin de comparer, sur une très grande
échelle, le coût du traitement électro chi-
mique à celui de l'amalgamation. Mais si,
par suite des perfectionnements qu'on peut
apporter aux salines du Penon blanco, le
sel pouvait être fourni à un prix modéré, le
procédé électro-chimique, d'aprè; l'opinion
de M. Dsport, serait certainement em-
ployé, puisque lon pourait négliger la
perte du sel dans les boues. Ainsi, il de-
.meure convaincu qué. si le mercure venait
_à manquer, ce procédé assurerait l'exis-
tence des mines du Mexique.
M. Duport n’a point négligé de parler
des te. titives faites pour diminuer la perte
de mercure, en employant des amalgames
de divers métaux plus oxÿdables que le
mercure. En employant, comme au Chili,
l’'amalgame de cuivre à Guadalupe y Cal-
vo, on a obtenu de bons résultats par un
procédé dû à M. Lukner, méta'lurgiste al-
lemand. M. Duport donne aussi le détail
d'expériences faites par MM. Mackintosh et
Buchan pourtraiter, au moyen decetamal-
game, les minerais d'argent sans prépara-
tion préalable, dans des barils semblables à
ceux de Freyÿberg.
M. Duport a abordé dans son ouvrage
toutes les questions relatives à la production
de l'argent au Mexique; il les a approfon-
dies de manière à nous faire connaître son
état actuel, ses chances d'augmentation ou
de diminution; par ses recherches sur la
théorie de l’amalgamation, ila indiqné aux
chimiste; la route à suivre pour perfection-
ner la métallurgie de l'argent, ct a porté
dans toutes ses discussions la justesse et la
précision d'un esprit habitué aux grandes
combinaisons industrielles; il à fait preuve
en même temps de connaissances variées
dans les sciences qui se rattachent à la mé-
tallurpie.
PHARMACOLOGIE,
Dune réforme pharmaceutique ; remèdes
secrets.
(Deuxième article.)
Toute pharmacie doit avoir un certain
nombre de drogues et de médicaments
prescrits par le codex, afin de pouvoir ré-
pondre aux divers b.soins de la médecine ;
eh bien! malgré cette sage ordonnance,
beaucoup de pharmacies manquent de plu-
sieurs médicaments, et cela non pas tem-
porairement , non point parce que telle ou
telle drogue ayant été épuiste, on n’a pas
946
trouvé le temps de la renouveler, mais
parce que le pharmacien a cru devoir s’en
passer, soit que la drogue lui paraisse
d’un emploi trop rare, soit qu'il trouve
plus convenable de la remplacer par une
autre.
C'est ici le lieu d'attirer Pattention des
médecins sur un fait qui ne se renouvelie
que trop souvent, Nous avons parlé dans
nolre précédent article de pilules et de
poudres, qui varient de noms autant de fois
que cela convient à l'apothicaire, voici
dans quels cas ces matières trouvent leur
emploi : un médevin prescrit à son malade
des pilules mercuriel'es dont il dose sur
une ordonnance, la quantité de matières
qui doit servir à les préparer; l’ordon-
nance arrive bientôt chez l’apothicaire. qui
demande un certain temps pour les faire ;
au bout d’une heure ou deux on vient
chercher les pilules, l’apothicaire les avait
oubliées ( mais comme il ne veut pas qu’on
aille les faire faire chez un confrère), il
jette les ÿeux sur l'ordonnance du docteur,
et remarque avec une joie secrète que leur
composition diffère fort peu de celle des
pilules dontil a provision, à quelques cen-
tigrammes près; c’est toujours du mer-
cure, il y a un excellent moyen de rétablir
la balance : le médecin ordonne au ma-
lade de prendre quatre pilules par jour,
les pilules toutes faites du pharmacien étant
plus fortes, le pharmacien conseille à la
pratique de n’en prendre que deux, et
chose remarquable, la pratiqerest tou-
jours disposée à croire davantage son
pharmacien que son médecin.
Combicu de fois n’arrive-t-il pas que le
pharmacien estconsulté sur la qualité d’un
remède ordonné par le médecin, et com-
bien de fois aussi le pharmacien ne donne-
t-il pas son avis; certaines potions sont
coin poséés d’un grand nombre de matières
et demandent beaucoup de temps pour
leur préparation ; l’élève en pharmacie
prend assezsouvent sur lui de ne pasmettre
quelque substance quand il ne pousse pas
l’impudence jusqu'à la remplacer par une
autre; la paresse de descendre à la cave
ou de monter au grenier, est la cause la
moins rare d'une pareille faute...; on ne
saurait se faire une idée de Pavidité de
quelques apothicaires. Il y en a qui em-
ploient tous les moyens pour faire du tort
à telou tel médecin du quartier,etse mettre
en concurrence avec lui; tantôt le phar-
macien conseille à sa pratique de changer
de docteur pour prendre M. X. , tantôt (et
le plus souvent) il propose un de ses mé-
dicaments pour remplacer celui ou ceux
que conseille un médecin !
On peut dire, sans crainte d’exagérer,
que chaque pharmacien possède un ou
plusieurs remèdes inévitables contre la
Syphilis, et Dieu sait le nombre de ces
malheureux qui, se livrant aux mains de
ces marchands, perdent en peu de temps
leur argent et les quelques chances de
guérison qui leur restaient encore.
Nous sommes donc arrivés aux remèdes
secrets dout on ue nous délivrera que par
de nouvelles lois spéciales, ou plutôt par
une seule loi, celle qui abolira du même
coup ctles remèdes secrets et les brevets
d'invention accordés auxdits remèdes.
Que l'on accorde une récompense, un
privilége à celui qui découvre un bon mé-
dicament, rien de plus juste, maisalorsren-
dez ce médicament pour ainsi dire public,
faites en profiter la société; mais quoi!
vous protégez un charlatan qui, à force
9#7
d'annonces et de publicité de toute nature,
vend au poids de l’or ou une matière *
inerte, ou un poison. C’est ainsi qu’à l’aide
de leur coupable industrie, quelques uns
de ces empoisonneurs, dont le nom salit
toutes les murailles, se jouent, protégés
par la loi, de la santé et de la fortune pu-
bliques; puis chaque pharmacie se met en ô
concurrence avee ces charlatans, chaque
pharmacie a son cabinet de consultations
graätuiles, d’où le malade ne sort que les
poches pleines de flacons et vides d'argent. #
On ne sait plus quels termes employer
pour flétrir un pareil trafic, et il faut que
nous ayons le courage d'ajouter que plus “
d’un médecin se rend complice du phar- M
macien.
Il ÿ a des médecins qui touchent un in-
térêt sur la vente des drogues qu'ils pres-
crivent à leurs malades, il y ades médecins"
qui ont le dépôt de leurs remèdes secrets
chez l’apothicaire, il y a enfin des méde-
cins qui donnent des consultations gra-
tuites dans les pharmacies.
( La suite prochainement. )
ZCOLOGIE.
Sur quelques oiseaux nouveaux ; par R.-P.
: Lesson.
La Bolivie a enrichi nos musées d’une
foule d'oiseaux remarquables par la ri-
chesse de leurs livrées, et ce sont surtout
les oiseaux mouches qui ont vu leurs es-
pèces s'accroître par la découverte d’es-
pèces aussi nombreuses que riches et va=
riées, souvent bizarres ou hétéroclites,
surtout l'oiseau monche ensifère ; il en est
deux surtout qui méritent un examen par-
ticulier, et toutes deux appartiennent aux
Tavgaras, ce genre si riche en espèce, et
surtout à la section des tangaras gros becs.
Le Tanagra prasina, devenu assez com-
mun depuis quelque temps, est remar-
quable par le riche vert lustré de son plu-
mage , qui le fait ressembler à une petite
perruche, son bec en rouge de corail et les
tarses ont la même colloration ; un masque
marron occupe le front, les joues, les
oreilles et le devant du gosier, la région
anale et les couvertures inférieures de la
queue sont de ce même rouge marron,
les remiges sont brunes en dedans, mais
frangées de vert; la queue légèrement !
égale et verte en dessus , et d’un vert clair |
en dessous, cet oiseau est de la taille d'un
loxie gros bec ou coccothrausfes. |
Le Tanagra Eryihrotis est un fort bel W
oiseau splendidement coloré, etdont leplu- |
mage est velouté et petint avec un éclat
extraordinaire; le bec est moins robuste |
que celui du prasina, mais comme lui il!
appartient à la même section des Tangaras |
gros bec ; l'érythrotis a le bec et les tarses
noirs, un plumage noir velours sur la,
tête , le cou , le dos, les épaules, les joues, !
et le devant du cou, un oreillon en demi
cercle d'un rouge vermillon embrasse les |
côtés du cou, en arrière des oreilles; le
devaut du thorax, les flanes, les couver-
tures inférieures de la queuesont d’un riche
rouge vermillon, les ailes et la queue sont
noirs-velours, mais les épaules et le crou-
|
pion ont de riches plaques bleu azur ; la M4
taille de cet oiscau est celle d'un proyer de Mt
France. D |
J'ai nommé dans la revue zoologique
pipra fastuosa, une espèce nouvelle den
manakin située à Realejo (république duMf
centre Amérique), par mon frère, Je m'ai# à
2er
1918
fait connaître cette espèce que par une
“courte phrase diagnostique, et je vais
maintenant en donner une description plus
complète , détaillée et de la forme du ma-
hnakin tigé ; le fastueux a le bec noir, les
Itarses jaunes et les plumes frontales, lé-
Igèrement relevées en brosse, elles sont
Kd’un noir velours chez le mâle, ce noir
règne sans partage sur les joues, ies côtés
du eou , le goster et le devant, du cou, le
ventre et les flancs, les ailes et la queue ;
du milieu de l'inciput jusqu’à l’occiput,
règne une plaque d’un rouge fulgide, et
dont les plumes allongées forment une
sorte de houpette, un demi collier noir
encadre cette plaque rouge, et une snrte
de frange d'un gris blanchâtre borde ce
(Bi
demi collier noir ; le dos et les couvertures
des ailes sont du bleu d’azur clair et cen-
« dré de nuance douce; la queue est tres
| courte, mais les deux rectrices du milieu
+ s'allongenten longs brins étroits et rubanés
d’un noir essez intense,
Les jeuues mâles ont le plumage vert
olivâtre sur le corps, vert jaunâtre sur le
ventre ; les ailes de ce mème vert olive
mêlé de roussâtre, mais la plaque rouge
existe sur la tête et les deux longs brinsde
la queue sont noirs et déjà développés
comme chez les adultes,
La femelle est entièrement d’un vert
olivâtre sur le corps, plus nuancé de jau-
nâtre sur le devant du cou et au milieu
du ventre, le bec est noir et les tarses sont
jaunes, la queue plus alongée que chez le
| mâle est vert olive, et les deux pennes du
milieu sont médiocrement longues, ru-
banées et fort étroites.
J'ai déposé ces trois individus au mu-
séum d’histuire naturelle. LEsson.
DE
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQU ES
Fabrication d’un cambustible artificiel; par
M. À. Kurtz, chimiste- manufacturier,
à Liverpool. (Patente anglaise.)
Le procédé de l’auteur a pour but prin-
cipal de rendre égales, par des moyens ar-
tificiels, les propriétés combustibles ou
| évaporatives des différentes houilles, en
ramevant toutes ces houilles à une qualité
“uniforme,
On y parvient , dit le breveté, en mélant
avec les houilles inférieures des quantités
convenables de coke et de goudron miné-
ral recuit ou de toute autre substance bi-
tumineuse, de manière à constituer des
composés dont la puissance évaporative
puisse être comparée à celle des meillenres
M “houilles de l'Angleterre ou du pays de
Galles,
Les quantités de matières combustibles
qu'il est nécessaire d’ajouter aux houilles
médiocres, pour les amener à la qualité
des meilleures, dépendent nécessairement
du degré d'infériorité de ces houilles.
Comimc la règle suivie par le gouverne-
| ment anglais, dans ses achats , est d'exiger
«ue le combustible artificiel soit capable
d'évaporer huit fois son, poids d’eau, on
pourra se conformer à cette fixation. Les
données mentionnées ci après feront voir
des moyens d'opérer ces mélanges et les
‘proportions que l’on doit y observer. "|
Voici à peu près comment on peut déter-
aminer commodément le pouvoir d’évapo-
æation des houilles sur lesquelles on opère :
=. 1 kilog: d’anthracite peut évaporer 8
kilog. d'eau ; j
949
6 kiloy.
Les houilles de Newcastle produisent un
effet semblable à celui des houi les de Li-
werpool. Il est done facile de voir que, si
les meilleures houilles du pays de Galles
exigent uuc partie de la matière combus-
tible additionnelle, les houilles inférieures
ou ordinaires en demanderont qualre ou
plus.
Les procédés de l’auteur consistent en-
core daus l'application et dans l'usage d’un
mécanisme destiné à préparer et à mêler
les parties constituantes de ce combustible
artificiel, et à le mouler en briquettes con-
venables pour l'usage.
La houille , prise dans son état naturel,
est d’abord broyée assez menu entre une
paire de meules horizontales ordinaires on
dans un moulin à broyer , eton la fait sé-
cher dans une étuve, afin d’en retirer toute
lPhumidité : cette étuve doit se composer
de trois chambres ou compartiments su-
perposés, ayant 3 mètres 659 de longueur,
2 mètres 740 de large, et ensemble 1 mètre
830 de hauteur totale. Le plancher de ces
compartiments doitéêtre en tôle et un peu
creux à son milieu, où il est percé d’une
ouverture, que l’on ferme à volonté par
le moyen d'un registre. Entre chaque com-
partimient et autour de cas| chambres sont
des tuyaux chauffés par la flamme et par
les gaz qui sortent d’un fourneau construit
à l'extrémité de l'appareil : chacun de ces
tuyaux est garni d’un registre destiné à
iégler Ja chaleur.
Le compartiment le plus élevé est ouvert
à sa partie supérieure et peut être appelé
le réservoir. La houilie broyée y est d'abord
introduite cxrsortant de dessous les meules,
puis chauffée et séchée en grande partie;
on la fait alors tomber dans la chambre
intermédiaire par le moyen d'un râteau,
après avoir ouvert le registre, et l’on porte
la température de cette seconde chambre
à 1509 centigr. environ, ce qui achève
d'enlever toute l’humidité de la houille,
que l'on fait ensuite passer dans la troisième
chambre , dite chambres à mélanges, dans
laquelle on intreduit le brai miuéral ou la
matière combustible quelconque par ure
_couloire ou par tout autre moyen conve-
nable. On brasse suffisamment le tout avec
des ringards, et on l’emporte dans des
caisses.
La composition, qui se trouve dans un
état pâteux, est soumise à l’action d’une
machine fort analogue par sa forme et sa
manière d'opérer avec les moulins à ma-
nége employés pour la manipulation des
argiles. La capacité decetappareil a 1 mètre
830 de diamètre à sa partie supérieure , 2
mètre 440 ou 2 mètres 740 de profondeur,
et affecte la forme d’un cône renversé ; elle
est revêtue de fonte et entourée d'une ca-
vité dans Jaquelle on fait passer continuel-
lement de la vapeur, afin de maintenir la
composition à une température assez éle-
vée pour que l’on puisse la travailler. La
chambre à vapeur est alimentée à sa partie
inférieure par un tuyau qui y amène la
vapeur perdue de la machine employée à
mettreen mouvement l’agitateur : ce fluide
élastique s'échappe par en haut, tandis que
l’eau condensée est retirée par un robinet
situé à la partie inférieure.
L'intérieur de cet appareil présente quel-
950
ques particularités dans sa construction et
consiste en un arbre vertical central mis en
mouvement, au moyen d’un engrenage ,
par une machine à vapeur ou par toute
autre puissance motrice, Sur cet arbre, qui
peut avoir O0 mètre 152 de diamètre à sa
partie inférieure, et qui se réduit plus haut
à O mètre 100, on établit six paires de bras
ou d’agitateurs , ayant environ 0 mètre 228
de large, prolongés dans le bas de l’arbre
jusqu’à Omètre 152 seulement, et dans le
haut jusqu'à 0 mètre 025 du revétementen
fonte. Chacune des paires de bras croise à
angle droit celle qui la précède et celle qui
la suit : le plat de ces bras est incliné d’en-
viron 20 degrés sur l'horizon, en sorte que,
quand l’arbre exécute ses révolutions, les
agitateurs produisent l’effet d’une vie sans:
fin, pressent la matière vers le fond, et
contribrent ainsi à rendre le mélange plus
complet. On place aussi au bas de l’arbre,
en contact avec le fond de la cuve, un bras
séparé ou indépendant; ce bras a la forme
d’une hélice , et son extrémité chasse con-
tinuellement la composition par une ou-
verture située dans le fond de l'appareil :
cette ouverture peut être pratiquée où l’on
veut, et l’on y adapte une couloir rectan-
gulaire, qui donne sa forme à la pâte sor-
tant de la machine.
On recoit donc la composition par cette
ouverture et on la moule dans des’ formes
rectavgulaires , ayant la profondeur d’une.
brique ordinaire. La matière s’y nivelle et
s’y répaud uniformément avant de se re-
froidir : ces formes doivent être assez gran-
des pour contenir une centaine de bri-
quettes. Lorsque le mélange est suffisam-
ment refroidi, sans être encore tout à fait
durci, on le coupe par le moyen d’un ey-
lindre dont la périphérie est garnie de
couteaux assez saillants pour pénétrer dans
toute la profondeur de la matière.
Le: moules , les couttaux et les cylindres
doivent être constamment mouillés avec un
épais lait de chaux, que l’on y étend avec
une brosse abondamment fournie et placée
au-dessus. Il en résulte que les briquettes .
sont couvertes de chaux sur toutes leurs
faces, ce qui les empêche d’adhérer les
uues aux sutres lorsqu’ou les superpose
pour les emmagasiner.
TS EG —
AGRICULTURE.
Engrais, expériences faites sur le guano.
Un navire hambourgeois chargé de cet.
engrais (guano), n'ayant pu être admis à.
débarquer en Angleterre, est venu à Haïm-
bourg ct y a déchargé Sa Cargaison; elle y:
a été immédiatement livrée à des agricui-
teurs, qui se sont empressés de soumettre
A # 0
cet engrais à des expérimentations sur les
1 D .
avantages qu on pourrait en tirer,
La première expérience, qui fut faite sur
un gazon, produisit sur ces graminées une
végétation vigoureuse et donna un produit
dou’ le de la partie qui n’avait pas reçu de:
guano, en même temps que ce gazon dut.
être coupé tous les cinq jours, tandis que
Q , . ,
jusqu'alors cn ne l’avait fauché que tous
les dix jours. Où à observé que le matin
les feuilles du gazon sur lequel on avait
mis du guano étaient beaucoup plus char-
gées de rosée que la partie qui n'avait pas
reçu d'engrais.
ss pe .
Un deuxième essai, bien plus important
encore pour l’agriculture, a été fait sur un
sol granitique et gra veleux, où l’on n'aper-
cevait qu'une ve étation rare et malingre.
951
Par l'effet du guano, il a apparu un her-
bage d’un vert bleu foncé et très touffu,
tandis que tout à l’entour de la partie fu-
mée, le sol était resté dans toute sa stéri-
lité native. On peut donc se flatter d'obte-
nir de très bonnes prairies sur des terrains
élevés et maigres, et d'augmenter ainsi ses
dépaissances sur des terrains presque abso-
lument improductifs jusqu'alors. On espère
encore qu'au printemps suivant la végéta-
tion sera plus précoce, et que l’on pourra y
faire paître des bestiaux de meilleure heure
que sur les autres prairies. On est per-
suadé que la dépense de fumure sera am-
plement compensée par le produit de la
dépaissance et par l'amélioration du sol,
quand on voudra faire un champ à céréales
de cette prairie.
Le guano a la propriété de détruire
l'Equisetum palustre, les herbes aigres, les
roseaux et les jones, qui végètent dans des
terrains humides ou submergés, et de les
remplacer par des graminées abondantes
et de la meilleure qualité pour la nourri-
ture des bestiaux. On observe toutefois que
de pareils terrains doivent être coupés par
des rigoles pour l’écoulement des eaux
surabondantes. Une autre précaution à
prendre, c’est de pulvériser le guano, qui
a une tendance à s’agglomérer, et dans les
lieux où les grumeaux sont tombés, ils brü-
lent les plantes qui, à la vérité, renaissent
plus tard avec vigueur.
Le guano qui a été répandu au prin-
temps dernier, en mars, sur des champs
sablonneux de scigle et de froment semés
l’automne précédent, a produit, tant sur
les hampes que sur les épis, un avantage
considérable comparativementaux champs
fumés avec les engrais ordinaires Les
champs guanisés ne tardèrent pas à se
montrer supérieurs aux autres par linten-
sité de la verdure des plants, mais encore
par la quantité de feuilles qui se déta-
chèrent successivement et qui couvrireut
le sol. En outre, ces champs eurent à subir
une sécheresse de neuf semaines (circon-
stance fort rare dans les environs de Ham-
bourg) sans en souffrir ie moins du monde,
tandis que la végétation des autres champs
était chétive et languissante. Les premiers
ont présenté des tiges de seigle de 1m,62 à
1m,95, et des épis de Om,135 pourvus de
grains bien formés, tandis que les seigles
des autres champs n'avaient pu atteindre
à la moitié de ces dimensions et avaient,
en outre, été atlaqués par la rouille. Les
champs guanisés n’ont souffert d'ailleurs
aucun dérangement dans leur végétation
par la sécheresse, ce qui paraît indiquer
que le guano, ayant une grande affinité
avec l'humidité de l'atmosphère, a pu sup-
rléer au défaut de pluie. On peut juger
par là de quel intérêt il est d'employer le
guano dans les terrains sablonneux, légers,
et par là plus susceptibles d’éprouver les
effets pernicieux d’une sécheresse prolon-
gée. L'auteur de cette nolice conseille de
répandre le guano immédiatement après
avoir semé les céréales; mais comme le
guano doit être pulvérisé et qu'il est alors
très fin, on devra le mélanger avec de la
terre desséchée, afin de pouvoir le répan-
dre d’une manière plus uniforme.
Un terrrain sablonneux qu’on sémerait
au printemps en fléole (Phleum pratense)
et en trèfle blanc, et sur lequel on répan-
drait du guano, donnerait en automne un
produit avantageux en fourrage.
La quantité de guano à répandre sur
un terrain pour une fumure suffisante
952
serait d'environ 500 kilogrammes par hec-
tare.
Les détenteurs de guano, à Hambourg
loffrent : Ê
Pour 50 à 500kil.5 rixd., 18f.75c.
— 500 5000 4 45 »
— 5,500 25,000 31/2 13 12
Quoique la notice ne le dise pas précisé-
ment, je crois que le prix doit s'entendre
pour chaque 1,000 liv. où 500 kilog. on
par 90 kilogrammes.
Mais cela est peu important pour nous,
car il est bien évident que lorsque l’on
voudra faire usage de cet engrais, on se
le procurera par une voie plus directe et
par conséquent moins coûteuse. Il s'agira
maintenant de savoir si, dans notre pays,
on poura se procurer le gnano à un prix
équivalent à celui de nos fumiers ocdi-
naires; mais il paraîtrait. d’après la notice
qui précède, qu’à prix égal, le guano aurait
l’immense avantage de prévenir jusqu’à un
certain point, les effets des sécheresses pro-
longées, el d’être d'un transport et d’un
emploi plus facile en raison de son peu de
volume et de poids. À
(Traduit de l'allemand par M. Vialars ainé,membre
de la société d'agriculture de l'Hérauli).
HORTICULTURE,
Rappport sur les cultures florales de quel-
ques villes de France.
Dans le courant de septembre dernier,
nous avons fait un voyzge dont le but
principal était de connaitre la richesse en
plantes des établissements d’horticuliure
des différentes villes dans lesquelles nous
devions séjourner. Dans plusieurs de ces
villes, nous avons été frappé d’admiration
en visitant ces divers jardins, soit par la
bonne tenue, par l'étendue des cultures,
ou par les collections de tous genres que
lon pourrait y rencontrer. Partout où
nous avons passé, nous ayons vu avec plai-
sir qu'un esprit d'ordre et de progrès pré-
side à toutes les opérations horticoles, par-
tout, nous avons reconnu, qu'il y avait
aisance ou fortune, chez les horticulteurs’
que nous allons nommer.
Les cultures rouenuaises étant les pre-
mières que nous ayons visitées, nous
croyons devoir commencer par elles. En
voici sommairement le compte - rendu :
nous avons remarqué chez M. Tougard,
président de la société d’horticulture de
Rouen, grand amateur de plantes : le be-
gonia à feuilles palmées, ondulées, bordées
et maculées largement de vert-noir; tiges
de 35 à 45 centimètres, fleurs roses et
nombreuses; le mandevilla suaveolens,
un gloxinia rubra, très fort, sur lequel
nous avons compté 42 fleurs da plus beau
rouge; un philivertia gracilis; un ismene
catathinum; un syphocampylos revoluta
speciosa; un bignonia manglesii; un gla-
diolus roseus de semis; un lobellia robusta
(nouveau); un glycine rosea; un parnassia
carolineana ; un anigosanthus flavidus ; un
anigozanthus coccineus; un eringium
aquatieum; un eringium bronulifolium, un
spirea speciosa, rosea plena; un gentiana
acaulis (blanc); un anthirimum rubaniflo-
rum (plena); vingt variétés d’alstroeme-
ria, etc., etc.
M. Tougard remplace la tannée par du
poussier de charbon, qu'il place sur un
plancher. La couche de poussier est épaisse
de 24 centimètres environ; sousce plancher
passe un tuyau de chaleurs. Le chauffage
a lieu au charbon de terre. Cet amateur
953
assure que le poussier de charbon a la-
vantage de ne pas prendre d'humidité, de
ne pas produire de champignons, et ne pas
receler les cloportes. M. Tougard conserve
pendant l'hiver toutes les plantes aqua-
tiques, en enfonçant dans les eaux de son
bassin qui a cinq pieds de profondeur, les
seeaux dans lesquels ces végétaux sont plan-
tés. Au moyen d’un fil de fer, on peut les
enlever à volonté. Ainsi le pontederia cor-
data, le lemnocarisumbellata, etc., trou-
vent abri peudant l'hiver au fond des eaux;
quoique la surface soit entièrement gelée,
la couche dé glace, préserve elle-même
les plantes.
L’obligeant M. Prévost, pépiniériste des
plus distingués de France, a eu la bonté
de nous faire voir tous les détails de ses
pépinières, qui sont immenses et des mieux
assorties de tous les genres. La réputation
dont jouit à juste titre M. Prévost, bien
connu par plusieurs intéressantes publi-
cations, parle plus haut que ce que nous
en pourrions dire. Chez cet observateur
judicieux, nous avons vu un tulijier prove-
nant de ses semis, ayant les feuilles con-
tournées sur la surface inférieure; au point
de départ de la feuille et du petiole, il
existe un corps calleux assez fortement
prononcé et protubérant. Chaque segment
est muni d’un petit crochet recourbé ex-
térieurement. Le facies de ce tulipier est
tout à fait différent des autres, et forme
une variété bien distincte. Ce savant pépi-
niériste l'a obtenu de semis, il y a 12 à 13
ans; il n’a pas encore fleuri; un arbuste
d'agrément qui uous à paru avantageux,
c'est le padus à grappes noires, formant
un joli buisson arrondi naturellement,
comme si le croissant ou les ciseaux l’a-
vaient taillé. M. Prévost l’a trouvé dans
un semis. Nous avons remarqué une très
grande quantité de hêtres pourpres greffés
en écusson, qui uous ont paru plus beaux
et mieux venant que ceux greffés en ap-
proche.
Le jardin des plantes de Rouen est par-
faitement tenu et bien distribué; il fait
honneur au savaut M. Dabreuil qui le di-
rige. Nous avons remarqué dans ce bel
établissement de magnifiques espaliers de
pêchers, de poiriers, etc., qui ser\ent de
modèle, et sur lesquels M. Dubreuil fils.
donne des leçons de taille à tous les ama-
teurs. Nous verrions avec plaisir que
toutes les villes de France sentent la néces-
sité de créer des écoles de ce genre, qui
sont pour les propriétaires du plus haut
intérêt, surtout les cours pratiques de
taille.
M. Dubreuil a fait venir de toutes les
contrées de la Franceles meilleures espèces
d'arbres fruitiers, à cidre et à couteau; il
les a réuni dans son jardin des plantes,
avec l'intention de faire connaître les
espèces et variétés les plus recomman-
dables.
Sa collection de plantes cultivées dans
ce jardin est d'environ 6,000, c'est après
celui de Paris, un des plus riche jardins
des plantes. C’est peut-être le mieux fourni
dans le genre fougère.
Chaque plate-bande est bordée de bri-
ques sur champs qui maintien: eat les
terres et remplacent le buis, repaire ordi-
naire des limacons et autres insectes nui-
sibles à la culture et àla végétation des
plantes. Bossix ;
Grainier-Pépiniériste, 5, Quai-aux-Fleurs.
(La suite au prochain numéro.) .
Un palais pour les fleurs.
Les fleurs ont orné notre berceau.
elles couvriront encore notre tombe,
comme si elles devaient par leur éclit
masquer l'horreur de notre destruc-
tion,
La dernièreexposition dela Sociétéroyale
d’horticulture a fait cette année une im-
pression plus douce et plus vive encore que
- les années précédentes; la presse a été una-
| nime pour donner des éloges à la Société,qni,
| encourageant si noblement les efforts des
. uns, la persévérance des autres, stimulant
| pour la culture des fleurs, pour l’ornement
| des jardins, une passion qui devient en
| France de plus en plus commune.
+ Quelques journaux ont prétendu qu’il
| était question de construire pour les expo-
| sitions de fleurs, une salle spéciale, un ma-
gnifique logis, Suivant les uns, un palais
suivant les autres. Aussitôt nous nous
sommes emparés de cette idée et nous nous
sommes pris à desirer vivement que cette
idée se réalisat.…
La construction d’une salle d'exposition
pour les produits variés de l’horticulture,
| est d'autant plus à desirer que chaque an-
« née les déplacements occasionnés par une
« exposition, nécessitent de grands frais; les
| fleurs se trouvent trop resserrées; les dis-
{ positions de la salle ne permettent pas de
renouveler l'air, et d’arroser aussi souvent
“ et aussi commodément qu’il le faudrait ;
+ d'où il résulte que les produits horticoles
“ se nuisent les uns les autres, que les fleurs
s’étiolent vite , et que l’exposition dure peu
de temps, au grand déplaisir des amateurs,
dont la foule trop pressée ne peut donner
… un libre cours à sa curiosité. Cette salle per-
| mettrait de rendre les expositions moins
rares et pourrait également servir à des
expositions purement agricoles données par
la Société centrale d'Agriculture. Pour-
quoi n’exposerait-on pas aussi des plantes
fourragères, des céréales, des plantes oléa-
gineuses, des produits séricoles, des en-
grais, des instruments aratoires? Ces ex-
| positions nous paraissent un complément
indispensable aux comices agricoles. N’ou-
« blions pas que Paris a déjà fait beaucoup
pour les fleurs ; on connaît les charmants
parterres du Muséum, du Luxembourg, des
Tuileries, les serres admirables du Jardin-
des-Plantes, les riches pépinières, les belles
collections de la Société d’horticulture.
Espérons que la ville de Paris compren-
|. dra le vœu que nous formons aujourd’hui
et que tous les journaux viennent de for-
muler, Elevons un temple à Flore; l’em-
placement n’est pas difficile à trouver...
| même en ne sortant pas du Luxembourg.
DE
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance du samedi 20 mai.
) M. Beryat Saint-Prix communique une
“ lettre par laquelle un haut fonctionnaire
l du Piémont annonce qu’on s’occupe d’un
. Gode de procédure civile, pour les États
| du roi de Sardaigne, où l'on prendra pour
. type le Code français; il demande de quelles
| modifications ce dernier Code serait sus-
!
\ ceptible.
En développant le sujet de cette lettre,
M. Beryat Saint-Prix a indiqué les divers
Codes d'Europe ou d'Amérique, qui, soit
en matière civile, soit en matière crimi-
| nelle, soit en matière de procédure, ont
|
ÿ
|
4 pris pour types les Codes francais.
_de prêétresses. Le sacerdoce était organisé,
955
M. Cousin fait hommage à l’Académie,
au nom de M. Sessi, de la traduction de
Spinosa, et présente quelques courtes oh-
servations sur cet ouvrage. Le philosophe
d'Amsterdam n'avait été traduit jusques
ici qu’en allemand et d'une manière très
faib'e; c’est la première fois qu’il l’est en
français. Aussi M. Cousin n’hésite pas à
regarder le travail de M. Sessai comme
un éminent service rer du, non pas seule-
ment à la France, mais à l’Europe en-
tière. Dans une savante introduction, le
traducteur a suivi son original livre par
livre et souvent chapitre par chapitre. Il
s’est livré à un examen critique, sobre,
mais profond ; quoique cetexamen ne soit
pas une réfutation <n forme des doctrines
de Spinosa. En terminaot, M. Cousin a
- pris texte de l’ouvrage de M. Sessai, qui est
un élève de l’École normale, pour justifier
l’Université de quelques accusations aux-
quelles elle est en bute en ce moment.
L'Académie se forme en comité secret
pour entendre le rapport de la section de
morale sur le concours dont les prix doi-
vent être décernés dans la séance publi-
que du 27 courant.
À la reprise de la séance, M. Giraud lit
un mémoire sur les coutumes de Bretagne.
La période dont s’est occupé l’honorable
académicien , embrasse l’espace de temps
comprisentrele 5e etle 10esiècle. Cette épo-
que e;t d'autant plus intéressante, qu’elle
est celle qui est le plusfortement empreinte
de cette passion de nationalité, de cette
persévérance, qui firent de la Basse-Breta-
gne le foyer de l'insurrection contre les
Romains, et plas tard le centre de résis-
tance, aux dues de Normandie et aux rois
de France. Da 5e au 8e siècle, ce n’est pas
le droit germanique qui régit la Bretagae,
c’est le droit national, le droit breton pur,
dont on ne trouve des traces que dans le
pays de Galles, en Angleterre; la confor-
mité de langage et de mœurs des habitants
de ce comté et de ceux de l’ancienne Ar-
morique, est un témoignage irrécusable de
la communauté de leur origine.
C’est par l’église que: les lois gallo-ro-
maines sur la propriété et la famille péné-
trèrent dans la Bretagne; c’est par elle
que la civilisation s'y in ‘roduisit, après de
longs et de laborieux efforts; car il ne faut
pas oublier que le druidisme régnait en-
core dans tout ce pays au 7° siècle, mal-
gré les décisions des conciles de Tours et
de Vannes. Pendant le 9e siècle et mème au
commencement du suivant, les femmes
des prêtres portaient publiquement le titre
mais c'était presque en prenant pour mo-
dèle le sacerdoce druidique , et si l’on en
croit quelques auteurs, la poligamie même
était permise. Dès le 6° siècle , les ordres
monastiques s'étaient introduits en Breta-
gne, ils y formaient un corps qui ne ces-
sait de travailler à la régénération civile
et religieuse; mais pour opérer un chan-
gement complet dans les mœurs et dans
les lois, il fallait une force bien autre-
ment énergique que la leur. La papauté,
Charlemagne et les Normands devaient
seuls opérer cette révolution. C’est elle
qui transforma le clergé, rendit l’évêque
de Rome le juge souverain, et fit passer la
propriété du sol entre les mains des moines.
L'Eglise devint alors le véritable, le seul
légitime héritier. Elle seule comprenait
les lois, et après avoir fait la conquête des
âmes elle voulut marcher à celle du sol,
elle obtint partout des donations ; ici par
956
exhortation ou par menaces ; là pour péni-
tence ou pour guérison des maladies. Les
moines avaient pour les nobles des faucons
ct des chevaux dressés pour la chasse, ils
les leur vendaient, ils leurs prétaient aussi
de l’argent, et ces diverses transactions
étaient toutes sanctionnées par des con-
trats pignoratifs. Plus tard arrivaient sou-
vent les regrets et à leur suite les plaintes
et les menaces ; mais tout cela s'évanouis-
sait aux approches de la mort et en pré-
sence des terreurs qu’elle inspirait. Par
tout ces moyens, les moines augmentaient
lenrs richesses. Secondés par l'aversion que
les nobles avaient pour la culture de la
terre, ils les défrichèreut, fondèrent des
villages, des communes ou platôt des pa-
roisses, comme l'indique la syllable plebs,
qui en Bretagne se trouve si fréquemment
dans les noms de lieux de bourgs et même
de villes. Si ce n’est pas encore la civilisa-
tion, c’est l'assemblage de tous les moyens
et des forces qui doivent la faire naître.
La séance ayant été levée, M. Giraud a
renvoyé à une prochaine séance la suite de
sa communication. C. B.F.
ARCHÉOLOGIE.
Arrondissement de Saintes, canton de Saintes,
(Charente-fnf.)
COMMUME DE SAINT-GEORGES-DES-COTEAUX:
L'église paroissiale dédiée à saint Georges
le cappadocien, a donné son nom à cette
commune, placé sur un relief élevé du sol,
on y remarque les ruines du château du
marquis de Senneterre , maréchal de
France.
L'église est romane, mais avec des res-
taurations successives et postérieures, sa
facade n’a conservé du 11° siècle qu’une
petite fenêtre à plein cintre, fort remar-
quable par ses voussoirs supportés par deux
colonnes de chaque côté, ayant sur la cor-
beille du chapiteau deux têtes humaines
accolées. Deux gros contrefortsdu 15-siècle
appuient les angles de cette même façade
dont le portail unique date du 15e siècle ;
c’est une ogive à gorgérés, ayant des pa-
naches sur son: périmètre et deux cloche-
tons aigus sur les côtés; uu écu blasonné
occupe le côté gauche, et deux anges sont
sculptés à droite , dans l'intervalle des pro-
fils des clochetons.
Commune DE NIEUILLES-LES-SAINTES : Le
surnom du chef-lieu de cette commune
dérive de ce que le seigneur du vieux castel
dont on ne voit plus que quelques pans de
murs, était dans l’usage de doter des ro-
sières ; une fontaine profonde et, dont les
eaux sont pures , jouit d’une grande répu-
tation populaire.
L'église de Nieuilles est dédiée à saint
Martin, peut-être à saint Martin, évêque
de Saintes, et disciple de saint Martin, de
Tours. Cet édifice religieux date évidem-
ment des 108 et 11e siècles ; un vaste portail
a plein cintre du 11° siècle ou du commen-
cement du 12°, occupe toute la première
assise de la façade. Les retombés appuient
de chaque côté sur une seule colonne , un
mur plein dans lequel on a percé au
16e siècle une parte ogivale à arc tudor,
et remplacé l’ancienne baye les corbeilles
de ces chapiteaux ont des représentations
d'oiseaux fantastiques et des images gros-
sières d'hommes, de rinceaux, des pal-
meltes, des rangées de cercle et de person-
nages nus, couvrent les plates-bandes des
archivoltes ; une arcature de pleins-cintres
très bas et aplalis, sans aucune ouverture,
forme la deuxième ordonnance, un fronton
957
et deux contreforts modernes, terminent la
facade et en soutiennent les angles ; les
chapiteaux des piliers intérieurs ont des
entrelacs byzantins, et appartiennent au
41° siècle, mais il en est qui doivent dater
de la renaissance et qui ont des images de
monstres fantastiques, des sortes de grif-
fons et une fleur de lys.
L'apside me paraît appartenir au dixième
siècle, elle est surbaissée, demie arrondie;
ses contreforts sont des colonnes à demi
engagées, mais chaque aire renferme un
vaste plein cintre appuyant sur des jam-
bages aplatis et qui descendent jusqu’au
sol ; l’archivolte qui est aplati se compose
de deux plate-bandes étroites. couvertes de
grosses dents de scie; un entablement bas,
à modillons taillés en biais et unis, a été
postérieurement surhaussé d’un blocage
uni ; la rotonde de l’apside était plus éle-
vée que les côtés, et les modillons de l’en-
tablement sont égaiement sans sculptures;
dans ces arcades simulées ou bouchées, on
a percé des ouvertures allongées sans ca-
ractère. R. P. Lesson.
VOYAGES,
Fragment d'un voyage dans le Chili et au
Cusco, partie des anciens Incas; par
Claude Gay.
(Premier article.)
Pendant quelque tempsl’Amérique espa-
gnole a a‘tiré presque à elle seule l’atten-
tion de l'Europe entiète : c’est lorsque, se
battant pour s'affranchir du joug espagnol,
elle semblait faire cause commune avec
les principes de l’époque, et cherchait pres-
que involontairement à développer ce
germe de liberté que les gouvernements
absolustächaientde plus enplus d’étouffer.
La lutte qu’elle eut à soutenir fut terrible :
depuis le Mexique jusqu’au cap Horn, on
se battil avec ce courage que donnent le
désespoir et la conscience de son droit; et,
après de grandes pertes et de grands sacri-
fices, cette immeuse contrée parvint à pro-
clamer son indépendance, titre protecteur
qui changea totalement sa position poli-
tique en exerçant une haute influence sur
sa position sociale. C’est alors que se con-
stituèrent ces nombreuses républiques qui,
par leurs richesses, leurs belles positions,
et l’admirable fécondité de leurs va-tes
terrains, doivent attirer nne autre fois l’at-
tention de l’Europe, et offrir à son com-
merce, à son industrie, et surtout à sa crois-
sante population, des ressources immenses,
susceptibles d’extirper sa misère, et dignes
sous ce point de vue de réveiller les senti-
ments philanthropiques de nos manda-
taires. Encore quelques années, et l'Amé-
rique’ débarrassée de ses mouvements
révolutionnaires, et enrichie de nos art;
et de notre industrie, occupera dans les
destinées humaines cette place que la na-
ture, si prodigue dans ses bienfaits, semble
lui avoir depuis longtemps réservée.
Parmi ces républiques, il en est une, le
Chili,qui, prenant un vol extrêmement ra-
pide dans toutes les branches de la civilisa-
tion, paraît devoir bientôt se soustraire aux
préjugés nationaux, et se mettre au niveau
des progrès de la vieille Europe. Emanci-
pée depuis plus de vingt ans du gouverne-
ment espagnol, elle a dû subir ces phases
de révolutions et même d’anarchie qui sont
les conséquences de ces Srands mouve-
ments politiques ; maisgräce à lespritd’or-
dre et de tranquillité, l'équilibre s’est bientôt
sétabli, et ce pays, qui naguère ctait presque
——————— ————_—_]—_— er
mo. "
958
regardé comme une province du Pérou,
Joue aujourd hui un rôle de premier ordre,
et offre au Nouveau-Monde un magnifique
exemple de progrès et de prospérité.
Tout en effet semble favoriser l'avenir
de ce fortuné pays. Sa position géogra-
phique et ses riches produits agricoles at-
urent sur ses côtes tout le commerce de
l'etranger, et ont fait de Valparaiso ur en-
trepôt général où viennent se pourvoir tous
les commerçants des républiques voisines.
Ses riches mines d'or, d'argent et de cuivre
augmentent journellement ses ressources,
et son industrie, quoique naissante, semble
vouloir prendre une part très active à ce'te
grande régénération. La forme et la dispo-
sition du terrain ne contribueront pas
moins au développement de cette indu-
strie : baigné sur toute sa longuear par
une mer profonde, avec des ports grands
et sûrs, il possède de plus de grandes ri-
vières qui, déchainées du haut des Cordil-
lières. portent avec elles une rapidité et par
conséquent une force motriceimmense.in-
calculable,élémentderichesseextrêmement
important, et préférable quelquefois à celui
que nous donnent ces grandes machines à
vapeur, dont les avantages sont souvent
balancés par les dépenses d’achat, d’entre-
tien, de réparations et de combustible. Le
gouvernement lui-même ne reste pas in-
différent à cette grande œuvre: plein de
moralité et de bonnes intentions, il a donné
un fort développement à son organisation
intérieure, et a porté son crédit à une hau-
teur telle. que bientôt il marchera presqüe
de front avec les nations les plus favorisées
de l'Europe, exemple unique dans l’'Amé-
rique espagnole, et qui à lui seul résume
toute l'histoire de ses progrès et de son
avenir.
Les grandes questions sociales, celles qui
sont du domaine de l'instruction populaire,
et qui tendent à améliorer la condition de
la masse des habitants, n’ont pas été né-
gligées. Tous les jours on multiplie les
écoles primaires, et dans levr intérêt on a
fondé à Santiago une école normale, dont
les jeunes élèves doivent recevoir une in-
struction toute spéciale, pour diriger plus
tard celles des classes inftrieures. Les éta-
blissements littéraires et scientifiques ne
sont pas moins dignes de sa bienveillante
attention. Dans les provinces on trouve
quelques lycées avec des professeurs na-
tionaux ou étrangers d’un mérite bien
reconnu, et dans la capitale on voit un
bon nombre d'établissements que ne désa-
vouerait point notre haute illustration.
Lorsque quelques années seulement ont
suffi pour enrichir cctte capitale d’excel-
lentes peusions, d’une bibliothèque aussi
nombreuse que bien choisie, d’un cabinet
d'histoire naturelle, qui ne serait même pas
déplacé dans nos grandes villes de pro-
vince, d'un superbe jardin d’acelimatation
et d’une grande université qui doit veiller
à tout ce qui est relatif à l'instruction;
lorsqu’on voit, dis-je, des sociétés d’agri-
culture et de bien publie s'établir et des
journaux spécialement consacrés, les uns
à la littérature, d'autres à la législation, à
l’agriculture, etc., on peut prévoir avec
certitude la haute position que d'it avoir
bientèt cette riche et heureuse contrée.
Ma premiere course eut lieu dans la pro-
vince de Colchagua, située au sud de San-
tiago. San l'ernando, sa capitale, fut en
quelque sorte mon quartier général, et
c'est de I\que je dirigeais ines courses, qui
se faisaient toujours sous Ies auspices &e son
digne et généreux intendant. Deux fois je
franchis ces orgueilleuses Cordillères q
longent tonte cette république et la sés
parent de Buénos-Ayres, et une troisième
fois j'escaladai le grand volcan de Talca
regue, placé au centre même de ces Cors
dillères. Cette ascension fut pénible et fas
tigante; mais, arrivé au sommet du vol)
can, nous oubliâmes bien vite toutes ces.
fatigues pour jouir, à une hauteur bien su= a
périeure à celle du Mont-Blanc, du magni-
fique panorama qui se dessinait devants
notre vue singulièrement étonnée. Il rem
présentait des vallées aussi profondes qu’ac
cidentées, des pics extrêmement élevés et
d’une structure hardie, bizarre, capri=
cieuse, donnant lieu à des pyramides, des
aiguilles, des dômes de mille formes, dem
mille couleurs, et couronnés de grands
amas de neige, dont l’éblouiesante blan-«
cheur contrastait singulièrement avec lan
couleur sombre et foncée des roches et desul
cavernes, et rehaussait encore plus le mé}
site du tableau. Celui-ci, vraiment ma
gique, était animé par un grand nombre
de bruyantes cascades et par des trou-
peaux de guanaques ou par ces viscacha,
chevrotains et autres animaux qui fré-
quentent une bonne partie de l’année ces
hautes et froides solitudes. l
De retour de ce dernier voyage, quiMh
m'offrit d'abondantes récoltes au profit des
sciences naturelles en général et de la bo
tanique en particulier, j'allai visiter le
grand lac de Taguatagaa, orné par la na=w
ture de ces îles flottantes que l’industrie f
chinoise est parvenue à créer dans les
grands bassins de la Chine. En étudiant ces k
singulières îles, vraie création ébauchée,
je pus m’assurer qu’elles n'étaient compo:
sées que de typha, arundoetautres roseaux |
qui croissent sur le rivage; toutes ces tiges
entrelacées de mille manières forment une
espèce de tissu, qui bientôt peut recevoir
quelques plantes aquatiques, et par suite,
des plantes terrestres, et même quelques,
arbustes. Ces îles ou chivines, comme les
appellent les habitants, tiennent d'abord}
au rivage, et plus tard eiles en sont déta=ÿ
chées par la fureur des vagues ; et dès lors
isolées, elles voguent sur le lac en suivant!
la force et la direction des vents. J'ai euÿ
occasion d’en visiter plusieurs; elles con=f
tenaient un grand nombre de nids d’oi-ÿ
seaux aquatiques, et quelquefois des vaches,ÿ
bœufs ou moutons qu’un bon et abondant
pâturage y avait attirés.
(Société de Géographie).
RS SR
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
NÉCROLOGIE.
M. Bubié Dubocage, géographe du miaistère de:
affaires étrangères , vient de mourir.
— L'Académie des sciences a perdu un de se
membres les plus distingués. M. Lacroix, l'un d
premiers géomèlres de l'Europe, est mort a l'age d
TS ans.
FAITS DIVERS.
_— Dans la séante du 9 mai, la Société royale
antiquaires de France a élu deux noureaux mem
bres résidants : M. Eugène Piot, rédacreur en ch
du journal le Cabinet de l'antiquaire ct de d'amd
teur, eL M. Jérôme Pchon , auditeur au MS :
d'Etat, cornu par d'intéressants UAYaux SUP
moyen-àgee
PERMET EN ES PP
PARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE l
rue Saut-Hyacinthe-S.-Michel, 33,
us
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Sol!
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ECH
Paris. — Jeudi, 1° Juin 1843.
SAVAN
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
* L'EcnOo DU MONDE SAVANT paraît le FEUDI ctle DIMTAMCEUE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun: il est publié sous la direction
de M. le vicomte A DE LAVALEÆETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21 , ét dans lesépartements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries Prix du journal: PAR -S pour un an 25fr., six mois 43 fr. 50:; trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 r.,206 fr.
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GEN@ fr. par an et par fecueil l’ÉGHO DELA LIRTÉ =
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX C#01S:8 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-aduninistrateur.
4 SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES, séance dn lundi 29 mai. — SCIENCES
PHYSIQUES. PHYSIQUE. Sur l'électricité aniz
male; Matteucci. CHIMIE. Rapport de
M. Payen relatif aux vases de grès qui contien-
nent les eaux minérales de Vichy. SCIENCES
NATURELLES. MÉTALLURGIE, Sur les prin -
cipaux gîles métallifères de l'Italie; Amédée Bu-
dat. — PHARMACOLOGIF. Réforme pharma-
ceutique , remèdes secrets, — SCIENCES AP-
PLIQUEES. ARTS MÉTALLURGIQUES. De la
forme des essieux des locomotives et de la qualité
du fer qu'il convient d'y employer, — ARTS
MÉCANIQUES. Moyen de peiganer et de prépa-
rer les matières filamenteuses; Smith et Bucha-
nan, — HORTICULTURE. Sur les cultures flo-
ralcs de quelques villes de France; Bossin. —
SCIENCES HISTORIQUES. LINGUISTIQUE.
Essai d’une grammaire dela langue des iles Mar-
quises; Lesson. — FAITS DIVERS.
DDISES Ke
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du’lundi 29 mai.
Depuis que les eomètes sont à l’ordre du
IN jour, tout le monde veut se mêler d’astro-
à |
nomie; on observe les cieux le soir , avant
| de se coucher, et l’on se croit permis d'an-
I noncer aussitôt} al Académie qu’on a été
l Î
témoin d’un phénomène remarquable et
qu'on estheureux de le faire connaître au
public. éclairé. On ose même,(et;ce.sont
| les plusinstruits qui ont cette audace) on
ose même,se lancer dans les calculsastro-
nomiques;.on donne des mesures.d’angles,
enfin l'on explique si clairement la-chose,
que le public éclairé reconnait d’une.ma-
. nière évidente que l’astre nouveau n’était
M qu'une étoile bien connue depuis long-
temps et bien facile à distinguer dans l’im-
mensité des cieux. Ce sont là des faits qui
arrivent chaque jour, et la séance d'aujour-
d'hui pourrait nous en offrir plus d’une
preuve, si nous ne craignions pas de sou-
mettre nos lecteurs au plus mortel ennui
en leur rappelant que M. X... a vu un:as-
tre nouveau , qui dans un court espace de
temps s’est élevé de l'horizon au zéuith, En
leur montrant M... uniquement livré à
la contemplation des aurores boréales et
autres phénomènes de ce genre, se mon-
trant à lui seul, pendant les belles nuits de
printemps. Maïs nous aimons mieux laisser
de côté ces fariboles astronomiques, à l’u-
sage des fabricants d'almanachs et arriver
aux faits qui peuvent être de quelque iu-
térêt comme science pure ou comme
Science appliquée. — Occupons nous d'a-
bord du travail de M. Lereboullet.
« M. Duvernoy alu à l'Académie, de la
-part de M. Lereboullet, un mémoire sur
‘la higidie de Persoon (ligidium Pérsoonii ).
Sous le rapport zoologique, le crustacé dé-
-crit par les auteurs sous les noms de clo-
porte des hypnes, ligie des hyÿpnes, forme
un Lo 1veau genre qui doit être mäintenu
et auquel. M. Lereboullet conserve le nom
de ligidie. On n’en connaît encore qu’une
seule espece, la ligidie de Persoon, recon-
naissable aux caractères du genre et à d’au-
tres caractères que l'on peut regarder pro-
visoirement, comme spécifiques, mais qui
ne le seront réellement que lorsqu'on aura
découvert d’autres espèces congénères.
Il n'existe pas de différences extérieures
de couleur ouwde forme entre les mâles et
les femelles, à l'exception des organes d’ac-
couplement des premiers, de la poche ovi-
fère des secondes et de quelques légères
différences dans la fornie des lames sous-
abdominales. L'existence de la ligidie loin
des côtes de la mer où l'on rencontre tou-
jours les ligies proprement dites est un
fait intéressant de géographie zoologique
qui prouve que certaines espèces voisines
peuvent habiter loin lune de l’autre. Si
l’on examine , sous le rapport anatomique
le petit crustacé décrit par M. Lereboullet,
an voit qu’il présente un système nerveux
analogue à celui des autres cloportides.Son
système musculaire très développé.expli-
que l’agilité des mouvements decet animal,
dont la bouche présente un appendice
composé d’une tige dentée et d’un petit
appareil cilié, qui paraît remplir les fonc-
tions .de palpe maudibulaire et destiné à
hacher et à broyer la nourriture. Dans le
reste de son organisation , le petit crustacé
dont nous parlons, offre à peu près la stuc-
ture des autres cloportides.
M. Bonjean, pharmacien à Chambéry,
envoie à l’Académie une pote sur l'emploi
de Pacide nitrique pour rechercher l’iode
dans les eaux mintiales, Après avoir établi
que la sensibilité du chlore pour l’iode est de
55 M. Bonjean prouve que celle de l’a-
cide nitrique est. Du reste, voici
comment il faut opérer, d'après le procédé
de M. Bonjean, on met dans une capsule
de porcelaine une certaine quantité de
l'eau minérale qu’on veut essayer, on y
ajoute un peu d’une solution d’amidon et
l’on verse goutte à goutte de l'acide nitri-
que dans ce mélange jusqu’à ce qu'il se
manifeste au fond de la capsule une colo-
ration violette, lilas ou rose, selon que
eau est plus ou moins riche en iodure.
On agite ensuite avec un tube de verre et
si la couleur obtenue d’abord par l’action
de Pacide vientà s'affaiblir où à disparaître
par l’agitalion ; on ajoute une nouvelle'por-
tion d'acide , toujours par goutte et en re-
muant jusqu'à ce qu'on ait obtenu le ma-
ximum de coloration. Un reconnait facile-
ment qu'on est arrivé là, quand l'intensité
de la couleur produite n’asgmente plus,
par l'addition des dernières gouttes d'acide.
Un grand excès d'acide fait disparaitre la
coaleur. Quand l’eau minérale est riche
L
Ù 1 , : 2
en soufre, il faut l'en priver préalablement,
—
C'est à l’aide de ce procédé que M. Bon-
jean est parvenu à démontrer l’existence
de l’iode dans le lichen d’fslande, le focus
crispus, le fucus helmintuortes, la coral-
line blanche:et l'éponge.
M. Aimé a énvoyé à l'académie un mé-
moire sur la compression des liquides.
L'auteur de ce travail résidant à Alger a
profité da voisinage de la mer pour s’en
servir dans ses expériences. La plus forte
pression qu'ait attéint M. Aimé est égale à
220 atmosphères: les expériences ont été
faites à la température de 12°, 6 sur l’eau
douce, sur l’acool à 32°, à 40o sur l'acide
oxaliqué, les acides azotique et chlorhidri-
qué, l’ammoniaque, le naphte, la térében-
thine et le mercure. Les résultats obtenus
par M. Aimé sont un peu supérieurs à Ceux
que MM. Sturm et Colladon obtinrent dans
des expériences analogues faites 1] y a quel-
ques années. Du reste M. Aimé a constaté
que les résultats augmentaientavec la tem
pérature , et il a pour ainsi dire établi èn
loi, que la compression des liquides ctait
proportionnelle à la pression, |
MM. Rouchon et Gisquet ont présenté
l’Académie un nouveau procédé pour r'oxfér >
le chanvreet lelin sans aucune insaluite-=7
d’une manière plus facile, plus prompte-€
plus économique que par les procédé
nus jusqu'alors. Ce procédé a d’ai
d’autres avantages; il peut être emp
dans toutes les saisons , à ciel ouvert aussi
bien que dans un local fermé; il produit
une filasse belle, forte, régulière, qui ne
contieut aucune parcelle de cette poussière
fétide dont souffrent crucllement les ou-
vriers occupés aux diverses transformations
que le chanvre subit. C'est à une impor-
tante découverte qui intéresse à la fois les
médecins et les agriculteurs ; car, par ce
nouveau procédé, les émanations délétères
produites chaque année dans tous nos dé-
partements par le rouissage des plantes
textiles n’existeront plas et la filasse plus
belle acquiérera dans l’industrie une plus
grande valeur.
MM. Basson du Mouriez et Rouen ont
envoyé à l’Académie un mémoire sur Véz
clairage par leshuiles essentielles de houilie,
de schiste, etc. Les auteurs de ce travail ai
lieu de rendre ces huiles lumineuses paie
mélange avec. l'alcool, matière très coûi
teuses bülent-ces huiles essentielles par
l'emploi de l'agent général de Ja comptiss
tion. L'air atmosphérique. Nous avons vu a
lampe ingénieuse de MM. Bussoñ-dù Mou-
riez et Rouen fonctionner ‘deÿänt nous
dans le vestibule de l’Académie! La flamme
nous ena paru belle ; mais l'odeur forte et
bitumineuse qu'elle|répand encore à besoin
d’être considérablement affaiblie avant
qu'on puisse songer à introduire dans les
maisons ce mode d'éclairage, Mais ne dé-
963
sespérons ni du temps ni de l’habileté de
ceux qui ont présente aujourd’hui ce projet
à l'Académie des sciences. Les hydrocar-
bures employés par MM. Rouen et Busson
du Mouriez, n’ont pas besoin d'être rectifiés
À un haut degré; il suffit qu'ils soient à
peu près dépouillés de soufre et d’ammo-
niaque , et qu'ils aient une densité de 900
à 060 degrés centigrades Leur pouvoir
éclairant à cause de l'excès de carbone.
qu'ils contiennent, est supérieur à celui
de l'huile de colza brulée dans une lampe
carcel. Par ee procédé on réduit de plus de
6 à 1 le prix courant actuel de la matière
première de l'éclairage. Avec 1 centime
dépensé en hydrocarbure liquide, Péclai-
rage de MM. Rouen et Busson du Mouriez
fournit la même lumière que 6 centimes
de gaz courant, 8 centimes d'huile de
colza, 11 centimes d'hydrogène liquide.
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a coim-
muniqué à l’Académie quelques notes sur
les singes américains composant les genres
nyctipithèque, saïmiris et callitriche. Pour
les nyctipithèques, les espèces sont au
monbre de quatre : 1. Le nyclipithèque fé-
lin (nyctipithecus felinas), espèce qui ha-
bite le Para; 2. le nyctipithèque lémurin
{nyctipithecus lemurinus), espèce inédite
habitant la Nouvelle: Grenade, d’un pelage
brun: cendré , lavé de roux supérieure-
ment, cendré sur les flancs, d’un jaune
orangé sous le ventre et la poitrine. Sa
queue est d’un noir plus ou moins mêlé
de roux avec la base rousse en dessous et
d'un cendré noirâtre en dessus. Cet ani-
mal possède encore une tache médio-fron-
tale noire peu étendue entre deux taches
blanchâtres et plus en dehors deux raies
-moires. Les oreilles sont très courtes; 3. le
N. à trois bandes (N: trivirgatus) décou-
vert par M. de Humbolot dans les forêts de
la Cassiquire; 4. le N. criard (N. vocife-
raus), espèce imparfaitement connue et
dont l'authenticité laisse encore à desirer.
Elle habite, selon Spin, les forêts de Caba-
tinga, au Brésil, à peu de distance des
frontières du Pérou. Les espèces du genre
saimiris avaient jusqu'alors été confon-
dues entreeiles. M. Isidore Geoffroy Saiut-
Hilaire les a distinguées et décrites. Il en
reconnait également quatre espèces : 1. le
saimiri sciurin (saimiris sciureus) ; 2. le
S. à dos brülé; 3. le S. à lunules (S. lu-
aulatus); 4. S. entomophage (entomo-
phagus.
M. Dufrenoy a lu à l’Académie un rap-
port sur un Mémoire de M. le docteur
E,. Robert, ayant pour titre : 1. Recher-
ches géologiques sur le miuerai de fer pi-
solitique et sur le deoloxyde de manga-
nèse hydrate, observés à Meudon; 2: sur la
paléonthologie du bassinde Paris. Nous re-
viendrons bientôt sur ce Mémoire impor-
tant et rempli de faits curieux sur la con-
stitution du bassin de Paris.
M. Duvernoy a. lu à l'Académie un Mé-
moire sur un animal fossile, dont la mäâ-
choire inférieure a été découverte à Issou-
dun, au mois,de décembre dernier. Ces
ossements ont été trouvé à 20 mètres de
profondeur dans un puits fermé depuis
plusieurs siècles. L'animal, auquel cette
mâchoire appartient, a dû être un grand
ruminant, car les dents et les deux bran-
ches de la mâchoire bien distinctes, vien-
nent l’attester la conformation et la dispo-
sition anatomique et physiologique de
os font fortement présumer qu'il appar-
tient au genre girafe. De reste cette mà-
964
choire est encore assez intacte; on y voit
bien conservées cinq molaires assez fortes ;
l'apophyse coronoïde de cet os est un peu
brisée du côté droit un peu plus que du
côté gauche; enfin, tous les earactères de
cette mâchoire se rapprochent beaucoup
des caractères que nous offre la mâchoire
de la girafe.
MM. Laugier et Mauvais ont communi-
qué à l’Académie le résultat des observa-
tions qu’ils ont foites sur le sommet des
Pyrénées, Ces deux astronomes, aidés des
lumières et des conseils de M. Arago, ont
cherché à ealculer les variations magnéti-
ques qu'éprouve une aiguille aimantée sur
le sommet et au bas d’une montagne. Ils
ont choisi pour cela le Canigou. P’après
le travail qu'ils présentent aujourd’hui à
l’Académie des sciences, si l’on représente
par 1000 l'intensité magnétique à Vernet,
base de la montagne 988 représentera l’in-
tensité au sommet du Canigou. Ainsi il
semble bien constaté que l'intensité ma-
gnétique subit une diminution notablepour
une différence de hauteur de 2133 mètres
entre les deux stations. Cette diminution
est de beaucoup supérieure aux erreurs
possibles d'observation .L’inelinaison qu’on
aurait pu croire plus grande au bas de
la montagne qu’au sommet, a été trouvée
au contraire plus faible dans 5 minutes
environ, Ces expériences, quoique déjà
bien faites auraient besoin d’être répétées
plusieurs fois pour acquérir ce cachet de
vérité qui fait l'honneur des recherches
scientifiques, et alors plusieurs des lois
magnétiques du globe seraient peut-être
un peu moins obscures qu'elles le sont en-
core aujourd'hui.
M. Flourens présente à l’Académie ‘un
exemplaire de son nouvel ouvrage, inti-
tulé :
Anatomie générale de la peau et des
membranes muqueuses, ouvrage ou la peau
est étudiée avec soin chez les diverses races
du globe.
M. de Gasparin , le premier volume d’un
cours d'agriculture qu'il fait paraître ; en-
fin M. Péclet envoie un exemplaire de la
deuxième édition de son Traité de la cha-
leur dans les applications, ouvrage qui à
déjà eu un grand succès , et qui sera tou-
jours d’un uüle secours aux industries et
aux physiciens.
m5 Gdemn———
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur l'électricité animale; par M. Hh.
Matteucci.
La première partie de ce Mémoire a par-
ticulièrement pour but d'établir sur un
plus grand nombre d’expériences très va-
riées le parallélisme que j'avais déjà apercu
et signalé dans mes travaux précédents,
entre, la fonction des organes électri-
ques de la torpille et la contraction mus-
culaire.
Je comimencerai par démontrer ce pa-
rallélisme dans l’action du courant élec-
trique, Je rappellerai en peu de mots les
lois de l'action du courant électrique sur
les nerfs moteurs. Dans la première pé-
riode de vitalité du nerf, le courant élec-
trique qui agit sur lui excite la contrac-
tion musculaire, soit au moment quil
entre, soit au moment qu'il cesse, et cela
quelle que soit sa direction relativement à
" 965
laramification du nerf. Dans la seconde pé-
riodede vitalité du nerf, la contraction n’est
plus excitée que par le courant direct qui
commence et par l'inverse qui cesse.
J'ai soumis les nerfs de l'organe élec-
trique, séparé rapidement d’une torpille
vivante, à l'action du courant électrique.
Cette action, comme je lai déja prouvé,
excite la décharge ordinaire de l'organe.
Pour découvrir et étudier la décharge ainsi
excitée, 11 faut poser sur l'organe des gre-
nouilles récemment préparées et le tou-
cher dans le même temps sur les deux
faces avec les lames du galvanomètre. Afin
qu'on puisse faire celte expérience avec
soin et sans la moindre crainte de se trom-
per, je décrirai ma manière d’opérer.J’em-
ploie, pour obtenir le courant, une pile de
Faraday de quinze couples que je tiens sur
un tabouret isolé. Je sépare rapidement un
des organes d’une torpille vivante et j'ai
soin de lui laisser les nerfs le plus longs
possible. En coupant avec des ciseaux les
branchies à travers lesquelles ces nerfs
passent avant d’entrer dans l'organe, on
peut en avoir de la longueur de 2 à 3 cen-
timétres. Quand l'organe est ainsi préparé,
je le place sur un taffetas verni : je lie en-
suite avec un fil de soie un de ces nerfs,
et je le soulève ainsi en fixant l’autre bout
du fil à un support quelconque. Quand
l'expérience est ainsi disposée, je touche
le nerf soutenu par le fil de soie avec les
deux pôles de la pile à une distance de 10
à 15 millimètres entre eux. Au moment où
le circuit vient à être fermé, on voit se
contracter toutes les grenouilles préparées
qu’on a placées sur l'organe: dans le même
temps l’aiguille du galvanomèire, qui doit
être très sensible, dévie:très sensiblement,
Cette déviation, quoique beaucoup plus
faible que celle produite par la torpille
vivante, indique pourtant le courant ordi-
naire du dos au bas-ventre de la torpille.
Tous ces vhénomènes cessent, quoique le
circuit reste fermé. Aussitôt qu'on Pouvre,
on voit reparaître les mêmes phénomènes
qu’on avait obtenus quand le courant avait
commencé à passer. Soit que le courant.
soit dirigé du cerveau vers l'organe, où de
l'organe vers le cerveau, la décharge est
toujours excitée au commencement et à la
fin du courant. À mesure que la vitalité
du nerf s'affaiblit, les phénomènes chan-
gent : l'électricité n’excite plus la décharge
que lorsqu'il commence, s’il est dirigé du
cerveau vers l’organe, taudis qu'il produit
-ce phénomène lorsqu'il cesse, s’il est di-
rigé de l'organe vers le cerveau. Evidem-
ment ces lois sont les mêmes que celles de
l’action du courant électrique sur les nerfs
moteurs.
La manière d'opérer que nous avons
décrite avec soin est à l’abri de toute er-
reur; et certainement on ne peut pas sup-
poser que les contractions des grenouilles
et la déviation du galvanomètre soient
dues à une portion du courant de la pile
qui se serait répandue, on ne sait pas com=
ment, dans l’organe. Quand on fait cette
expérience, on voit que si, au lieu de tou=
cher le nerf de l'organe, on touche l'organe
même, les phénomènes manquent : il est
inutile de dire que cela n’arriverait pas si
l'on touchait avec les pôles tout près des
grenouilles. J'ajouterai encore que les phé-
nomènes disparaissent après un certain
temps.
En agissant sur les nerfs de l’organe
d'une torpille vivante ou récemment tuée,
avec le’courant électrique, on-parvient à
|
|
|
LL _ 21
966
exciter la décharge dans les différentes
parties de cet organe. En général, cette dé-
: charge est limitée à la portion de l'organe
dans laquelle est répandu, avec ses rami-
) fications, le nerf excité par le courant, En
!: irritant les différents nerfs de l’orgaue par
| un Corps stimulant quelconque, où arrive
| à ce même résultant. Afin de l’observer
« plus facilement, il n’y a qu’à bien essuyer la
| surface de l'organe pour limiter la région
de la décharge.
Lorsqu'on prolonge le passage du cou-
- rant dans les nerfs de l’organe d’une tor-
| pille vivante ou récemment tuée, on ne
- tarde pas à s’apercevoir que l'action du
: courant électrique est considérablement af-
| faiblie ou entièrement détruite. Si alors on
| ouvre le circuit et si l’on fait passer le cou-
« rant sur le même nerf et en sen$ contraire
à celui du courant précédemment employé,
on obtient encore la décharge, et c’est lors-
| que ce second courant a cessé d’agir, qu’en
| le renversant de nouveau on s'aperçoit que
| le nerf a repris l'excitabilité qu'il avait per-
: due. Il est inutile de dire quela décharge
: qu'on obtient ainsi a lieu tantôt lorsqu'on
ferme le circuit, tantôt lorsqu’on l'ouvre,
| Suivant que le courant est dirigé du cer-
| veau vers l’organe, ou de l'organe vers le
| cerveau. Voilà encore des phénomènes qui
sont communs à la décharge électrique et
| à la contraction musculaire : évidemment
ces phénomènes correspondent aux alterna-
| tives voltaiques. ;
| J'ai essayé sur plusieurs torpilles vi-
| vantes le passage interrompu ou continué
| d'un courant électrique très fort. Je po-
| Sais pour cela la torpille sur une large
| lame de platine, et je plaçais sur sou dos
une autre lame semblable; après cela je
meftais en communication ces deux lames
avec les pôles d’une pile de soixante à
quatre-vingts couples. Tantôt je tenais le
circuit fermé pour quelques minutes, tan-
tôt je l’interrompais pour le recouveler un
| instant après. Dans quelques expériences,
| j'ai employé le courant en le dirigeant tan-
} 1ôt du dos au bas-ventre, tantôt du bas-
| ventre au dos. La torpille soumise au pas-
Î sage continué du couraut électrique se
| trouve où paralysée dans sa fonction élec-
| trique, ou elle ia perd pour toujours en
|} mourant. Dans le premier cas, on parvient,
| après l'avoir laissée quelque temps dans
« l’eau,äobtenirencorequelquesdéchargesen
1 la serrant entre les mains. La torpille, tour-
mentée par le passage interrompu du cou-
| rantélectrique, donne un certain nombre
“ de décharges très fortes, et puis elle meurt.
“ Ces phénomènes sont encore semblables à
« ceux qu'on obtient quand on emploie le
| Courant électrique pour exciter la contrac-
| tion musculaire,
| Si l’on sépare rapidement un des or-
| ganes d’une torpille vivante et si l’on ir-
| rite d’une manière quelconque le bout
|: d’un des nerfs qui s’y ramifent, on obtient
| Ja décharge électrique. Mais, à mesure
| que la vitalité s’affaiblit, il faut, pour obte-
mir la décharge, irriter des points de ces
| nerfs plus rapprochés vers leurs extrémi-
. tés; en effet, tandis qu'on n’a plus de dé-
| Charges en coupant les nerfs qui sortent
. de l'organe, on en obtient encore en intro-
duisant des ciseaux dans différents points
de l'organe même. De même, l’excitabilité
des nerfs moteurs se retire vers leurs ex-
trémités à mesure que la vitalité saf-
faiblit.
_ J'iutroduis dans l'estomac d’une torpille
MiYante plusieurs gouttes d’une solution
967
aqueuse légèrement acidulée avec de l’a-
cide chlorhydrique d'extrait de noix vo-
mique. Quelques minutes après, en lais-
sant toujours la torpille hors de l’eau, on
lui voit donner spontanément la décharge,
et au moindre contact de son corps la dé-
charge a lieu. En coupant sur la torpille
ainsi narcotisée la moelle épinière, les
contacts de son corps quiontlieu au dessous
du point coupé ne sont plus suivis de la
décharge; ainsi la décharge est évidem-
ment produite par un mouvement réfléchi
par l’intermède de la moelle épinière. Les
célèbres travaux de Hall, de Florens, de
Muller, ont prouvé que sur la grenouille
narcotisée on ne produit pas des phéno-
mènes semblables de contraction muscu-
laire.
En touchant avec une solution alcaline
assez concentrée le lobe électrique d’une
torpille vivante, on obtient des décharges
très fortes. M. de Humbold a prouvé la
même chose pour la contraction muscu-
laire.
Les faits que nous avons rapportés prou-
vent complètement que la décharge élec-
trique de la torpille ét la contraction mus-
culaire sont des phénomènes soumis aux
mêmes lois. Il résulte de là que les nerfs
de l'organe électrique sont aussi distingués
des autres nerfs que le sont les nerfs des
sens et les racines antérieures et posté-
rieures de la moelle épinière. Toujours est-
il que l'excitation d’un nerf produit le
phénomène qui appartient à l’organe dans
lequel il est répandu avec ses ramifica-
tions.
J'ai tenté de nouvelles expériences pour
découvrir la direction du courant élec-
trique dans l'intérieur de l’organe de Ja
torpille, au moment de la décharge. J'ai
coupé pour cela l'organe. en couches pa-
rallèles d'épaisseur différente, tout en sou-
tenant les couches séparées les unes des
autres à l'aide de petits crochets attachés
à un fil de soie. En touchant avecles lames
du galvanomètre les surfaces deces couches,
J'ai toujours observé, comme dans tous mes
travaux précédents, que la surface interne
la plus rapprochée du dos est positive, et
que l’autre, la plus rapprochée du bas-
ventre, est négative. Dans quelques cas,
lorsque ces couches étaient extrêmement
minces, les signes du courant électrique
manquaient, ce qui arrivait surtout lors-
que le tronc nerveux appartenant à la cou-
che tentée avait été coupé.
J'ai également essayé, en introduisant
des aiguilles d’acier dans différentes direc-
tions et dans différents points de l’organe,
si ces aiguilles s’aimantaient pendant la
décharge. Je n'ai jamais obtenu aucune
aimantation dans les aiguilles ainsi dispo-
sées. Ce résultat ne prouve autre chose, si
ce n'est que la décharge de la torpille ne
peut se comparer à celle de la bouteille.
| En effet, si l’on fait passer cette dernière
décharge à travers une masse d’eau dans
laqnelie on soutient des aiguilles d'acier en
différentes directions, on trouve ces ai-
guilles plus ou moins aimantées. Du reste,
on pourrait croire, en renonçant à toutes
les analogies entre l'organe de la torpille
et toutes les sources électriques que nous
connaissons, que la décharge de cet organe
ne traverse pas son intérieur, à moins que
cet organe n’ait été coupé. Un résultat
assez curieux auquel je suis parvenu dans
ces derniers temps est celui de la décharge
qu'ou obtient par des portions très petites
de l'organe. Voici comment Je fais l’expé-
s
968
rience : je coupe l'organe électrique d’une
torpille vivante et je détache très rapi-
dement avec des ciseaux un des prismes
de cet organe; alors Je pose sur ce prisme
le nerf de la grenouille galvanoscopique,
En blessant ce prisme d’une manière quel-
conque, je vois la grenouille se contracter.
Quelquefois j'ai réussi en cela avec de très
petites portions d’un prisme, On voit par
là que dans chaque prisme, et même dans
chacune de ses parties élémentaires, existe
l’organisation nécessaire pour produire la
décharge : chacune de ses parties élémen-
taires peut la donner lorsqu'on excite les
petits filaments nerveux qui sy rendent, Il
est naturel d'admettre que la décharge to-
tale de la torpiile n'est que la somme de
toutes les décharges élémentaires donuées
par tous les organes élémentaires des dif
férents prismes à la fois; mais, plus j'a-
vance dans l'étude des phénomènes élec-
triques de la torpiile, et plus je sens la
difficulté de rapprocher l'origine de sa
fonction à celle des autres sources élec-
triques.
En étudiant derniérement la structure de
l'organe de la torpille avec mon collègue
M. Savi, et en la comparant à celle de l’or-
gane du gymnote, j'ai remarqué l’existence
d’un rapport très important entre la struc«
ture des organes de ces deux poissons et un
des caractères de leur décharge électrique.
Si l’on coupe normalement l'organe d’une
torpille, on voit des colonnes séparées par
des parois aponévrotiques, fixées d'une
part, sur la peau dorsale, de l'autre, sur la
peau ventrale. On sait que, pendant la dé-
charge, ces deux extrémités de chaque ca-
lonne ont, l’une l'électricité positive, l’autre
l'électricité négative. Dans un gymnote
fendu également tout le long de son corps
de la tête à la queue, on voit dans son or-
gane électrique les mêmes colonnes que
l'on voit daus l’organe de la torpille; mais,
dans le gymnote, ces colonnes, disposées
parallèlement à la longueur de l’animal,
ont leurs extrémités à la queue et à la tête.
Les observations récentes de Faraday ont
prouvé que, dans le gymnote, les deux
états électriques contraires sont à la tête et
à la queue. Toujours est-il que les extré-
mités des colonnes de chacun de ces or-
ganes représentent les deux pôles de leurs
appareils électriques.
GHIMIE.
Rapport fait à V Académie des sciences sur
une Note de M. Beaude, relative aux
vases en grès qui contiennent les eaux
minélales ; par M. Payen.
Vous nous avez chargés, MM. Thenard,
Dumas et moi, d'examiner les observa-
tions de M, Beaude relatives aux vases en
grès dans lesquels on transporte et l'on
conserve l’eau de Vichy et diverses eaux
minérales gazeuses.
Les graves intérêts de salubrité publique
engagés dans la question nous faisaient un
devoir de remplir, sans retard, la mission
que vous nous aviez confiée, ct de vous
déclarer qu’il ne nous reste aucun doute
sur les faits que nous ayons observés, ni
sur les conséquences qui en découlent na-
turellement. ;
Les bouteilles en grès vernissé, dites du _-
Montet, sont cuites et émaillées à une
haute température ; leur pâte a pris sous
l'influence d’un retrait prolongé, une co-
hésion et une dureté telles due. par ie
969
choc, les fragments enlèvent à l'acier des
parcelles qui scintillent et brûlent dans
V'air.
pi bruni par l'acide sulfhydrique; tenu
pendant douze heures en contact avec l'a-
si: ge azotique concentre, aux températures
| 31 SpRprises entre 30 et 100 degrés centési-
ie PRAUX, il n’a laissé dissoudre aucune trace
{au oxyde métallique. ti) c
fo'up CES, épreuves suffraient pour démon-
510 ET qu'aucune des substances contenues
.,; dansiles eaux potables ne saurait attaquer
… ln.tel. vernis.
Mais, dira-t-on, un chimiste, analysant
la-poterie, a trouvé des indices de la pré-
sence du plomb, et l’on en a conclu que
TU
les boissons conservées dans ces vases pour-
raient devenir insalubres.
La conclusion, en tout cas, n'étaitpoint
justifiée, car des quantités, mêmes no-
tables, d'oxyde de plomb combinées à l’état
de silicate insoluble, comme dans la cou-
verte de la faïence fine, appelée porce-
laine opaque, n'eussent offert aucun dan-
ger.
Qu'un analyste yicnue aujourd'hui in-
former le public qu'il.a découvert, dans
un cristal actuellement fabriqué, plus de
40 p. 100 d’oxyde de plomb; qu’ainsi, ces
_carafes, élégantes, ces vases à brillantes
facéttés, où l’ou verse les vins de table, les
limonades très acides, présentent de graves
dangers : une telle annonce effrayera
quelques personnes, peut-être, sans
émouvoir beaucoup les chimistes, qui
connaissent les propriétés des silicates de
. plombet de potasse à proportions conve-
nables, qui savent qu'une pièce de cristal
. remarquable, fort ancienne, pesant quinze
"""kilogrammes, appelée miroir de Virgile,
‘fut analysée, en 1787, par Fougcroux ;
qu’elle contenait 0,59 d’exyde.de plomb,
ét s'était parfaitement conservée, au tra-
vers des siècles; qu’enfin, sa, composition
différait peu de celle des produits magni-
fiques et salubres de nos grandes cristal-
leries.
Avant de répandre l'inquiétude: sur des
inconvéaients, imaginaires jusque; là, de
la poterie de grès, il fallait donc démon-
trer rigoureusement la présence de plomb,
puis constater les proportions et lPétat où il
se trouvait, reconnaitre enfin qu’il pou-
vait être attaqué directement par les aci-
des, et avant tout s'assurer que les réactifs
et les vases emploçés pour l'aualyse ne
donnaient pas eux-mêmes les traces impon-
dérables de plomb observées.
Toutes ces précautions prises; nous
avons traité 15 grammes du. grès pulyérisé
avec son émail, par le carbonate de soude;
le produit saturé exactement et filtré, fut
soumis à un courant de gaz sulfhydrique,et
ne laissa pas apercevoir le moindre préci-
pité brun. :
:* Une autre: épreuve, entreprise en sou-
mettant à l’action de la matière alcaline
[in Neil Q “1 “
plusieurs fragments. dont, le po:ds s'élevait
à 90 grammes, de façon à réagir de préfé-
rence sur la couverte sans'attaquer toute
la pâté, donna les mêmes résultats. Des
expériences sémbiables ont conduit aux
mêmes conséquences M. Péligot, dont
l’Acadéniié connait bien le ta'ent et l'exacti-
tude. So ie
Enfin, et cette épreuve est encore com-
plètement décisive, nous nous sommes pro-
curé l’un des cruchons en grès employés
par M. Savaresse, et qui avait été pris dans
la falrique avant la dernière cuisson, c’est-
Lo]
Leur émail n’est point rayé par le fer,
970
à-dire couvert de l'émail seulement dessé-
ché ct resté pulytrulent.
Si l'oxyde de plomb était entré dans la
composition de cette couverte, il eût été
très facile de l’attaquer et de le dissoudre,
soit indirectement par la soude, soit direc-
tement même par l'acide azotique : or, cet
acide employé concentré et bouillant, puis
saturé, filtré, et soumis À un courant de
gaz acide sulfhydrique, n’a manifesté au-
cun indice de la présence de plomb.
La couverte de la poterie de grès exa-
minée est comparable, pour sa dureté et
sa résistance, aux meilleurs verres à bou-
teilles les moins fusibles ; aussi avons-nous
observé, sans surprise, que les rares et
légers flocons bruns de matière organique
et d'oxyde de fer que l’eau de Vichy dé-
pose, sont en tout semblables dans les bou-
teilles en verre et dans ls vases en! grès.
Cette converte vitriforme, parfaitement
appropriée à son usage, se compose de si-
lice combiné avec la chaux, l’alumine,
la magnésie et des traces d'oxyde de fer.
Les expériences et les, déductions ci-
dessus, s'accordent cntièrement avec la
note de M. Beaude; elles prouvent que les
bouteilles en grès à émail dur ne renfer-
ment pas de plomb, qu’elles offrent toutes
les garanties désirables pour la salubrité
dans leurs applications à conserver l’eau
de Vichy et les autres eaux minérales.
En conséquence, nous avons l'honneur
de proposer à l’Académie d'accorder son ap-
probation aux observations de M. Beaude.
Les conclusions de ce rapport sontadop-
tees.
SCIENCES KNKATURELLES,
TLI9 METALLURGIE. à
Mémoire sur les principarx gites métalli:
féres de P ialie; par M: Amédée Burat.
Ces gites se trouvent dans la chaîne oc-
cidentale de lTtalie, depuis les montagnes
du duché de Modène jusqu’au. Monte-Ar-
gentario, à l'extrémité sud, de la Toscane;
ils sont surtout rassemblés dans la chaîne
des maremmes entre, Livourne et Piom-
bino. La plupart d'entre: eux ont été ou-
verts par les anciens, et:on' fourni, suivant
toute probabilité, celte imniense quantité
de bronze employée par les Romains, alors
qu'aucune des sources actuelles de ce mé-
tal, le Cornwall et la Sibérie, ne donnait
lieu à des extractions notables.
Les gîtes métallifères de la Toscane ca-
ractérisent une époque gtologique très
distincte; ils sont en rélation constante
avec des roches ‘erpentineuses et amphi-
boliques, postérieures aux dernières cou-
ches du terrain crétacé. Cette liaison
n'existe pas seulement sous le rapport géo-
graphique : les minerais sont mélangés à
ces, roches éruptives d'une manière si in-
time;que l'ensemble doit être considéré
commeconstituant un seul et même phé-
voméene d'éruption. Les lignes de fracture
et de: soulèvement suivant lesquelles sont
sorties les roches serpentineuses et amphi-
boli{nesisont également celles qui ont été
suivies parles épanchements métallifères.
II résulte, de ces relations géo'ogi ,ucs, des
lois de groupementsremarquables pour les
minerais de fer, cuivre, plomb, argent et
mercure qui abondent dans cette contrée,
et l'étude des détails de gisement et d’al-
lure de chacun d'eux renferme des faits
uon moins importants pour l'exploitation
971
de ces minerais et la théorie de leur for-
maliou.
Tous les minerais peuvent étre rapportés
à trois types de gisement : 1. de véritables.
dykes et amas éruptives, à gangues d'am-
phibole et ct d’iénite, comme les amas de
fer oxydulé et de fer oligiste exploités dans
l'ile d'Elbe, ct les dykes ou filons en stoc-
werks plombifères et cuprifères du Campi-
gliese; 2, des filonsirréguliers, de contact,
placés entre les roches serpentineuses et
les terrains crétacés et jurassiques, et qui
pénétrent même dans les masses de serpen--
tine : tels sont les filous de Monte-Cattiui,
Monte- Vaso, et Rocca-Tederighi ; 3. enfin
certaines couches quartzeuses situées à la
base des dépôts crétacés, dans lesquelles
la pénétration des principes métallifères
est tellement intime et constante (votam-
ment dans la province du Masset2n0), que
leurs caractères rappellent ceux des schi-
stes cuivreux de la Thuringe. Chacun de
ces types de gisement est assujetti à des lois
constantes de relations gtognostique, d'al-
lure et de composition.
Les exploitations anciennes ont principa-
lement été dirigées sur les amas et les filons
en stocwerks de l’île d'Elbe et du Campi-
gliese; les restes de,ces établissements sou-
terrains sont immeuses, et des vallées en-
tières remplies de -scories attestent une
exploitation prolongée pendant des siecles.
Au moyen-ège, secoude période de tra-
vail dont.les ruines ne sont pas moins re-
marquables, mais présentent des caractères
tout à fait distincts, on a suivi surtout les
couches plombifèr: s etargentifères du Mas-
setano. Eufin, à l’éjoque actuelle, les
efforts se concentrent sur les gîtes de con-
tact des roches serpentinenses, gîtes pres-
queintacts, et dont les ressources sont plus
en harmonie avec les exigences de l’époque.
Les anciens ont en effet à peine effleuré ces
gites où l'épuisement des, eaux, présente
quelques difficultés; ils préféraient des
minerais dont le titre serait insuffisant au-
jourd'hui, mais qui pouvaient être exploi-
tés avec ayantage, alors que le cuivre avait
lui-même une valeur ciuq fois plusgrande,
que les combustibles abondaient dans le |
pays,.etque la main-d'œuvre était fournie
par une nombreuse population d'esclaves.
Aujourd'huidonccesconditionsontchangé
et l'industrie a plus d'intérêt à chercher des
gîtes nouveaux qu’à rentrer dans les an-
ciennes exploitations.
PHARMACOLOGIE.
D'une réforme pharmaceutique ; remèdes
secrets.
(Troisième et dernier article.)
. Il ne faut pas confondre les remèdes se=.
crets avec les remèdes spéciaux. La compo-
sition des premiers n’est pas connue, celle
des seconds semble être indiquée par leur
nom; mais rien n’est plus trompeur que
le nom d'une drogue. Citons, par exemple,
les préparat ons au lactate etau citrate de
ë&r, qui sont tout simplement formes de
culfate de fer. Mais tous les sirops anti-sy-
philitiques, tous ces anti bilieux, ces eaux
hygiéniques de mars, de Memphis, etc ;
ces élixirs, ces papiers chimiques, ces taf-
{etas, ces compresses, etc., dont !es noms
se développent en majuscules gigantesques
sur toutes les bornes, sur tous les murs;
dans les lieux les plus fréquentés ; dont les
réclames envahissent la quatrième page de
tous les journaux, et dont les annonces
| 72
| sont distribuées au coin des rueset dés pas-
{ sages, par des messagers acharnés (1) :
) yoilà ces remèdes secrets dont la consom-
* mation fait le plus grand tort à la pharma-
- cie et à la médecine. Le pharmacien vend
aussi quelquefois des drogues de son inven-
F tion, pour lesquelles il ne fait aucun frais
| de publicité, mais qui n’en sont pas moins
des remèdes secrets. Il les désigne sur son
- livre de vente sous le nom de lochs, pilu-
* les, sirops, etc., selon l’ordonnance,
La vente des remèdes secrets devait ame-
| ner la décadence des pharmacies, en ne
| faisant plus de l’art qu’un commerce et en
établissant entre les pharmaciens une con-
curren ce honteuse. Nous avons déjà parlé
} de variété dans les prix ; c’est ici le lieu
} d'entrer dans quelques explications. Le
| prix des drogues est généralement très éle-
vé. Tout le monde sait ce que veut dire :
mémoires d’'apothicaire, En passant par les
| mains du pharmacien, les drogues acquiè-
| rent, pour ainsi dire, tn prix deconvention;
| leur valeur est plus que centuplée, et bien
que certaiues préparations pharmaceuti-
| ques se vendent à peu près partout au
même taux, il en est un grand nombre
dont le prix varie dans chaque pharmacie.
Lessubstances communessontsurtout dans
ce cas. Il nous semble que l’on devrait exi-
_ger pour toutes les apothicaireries un tarif
invariable. É
Tous les faits que nous venons de citer
| demandent'une réforme pharmaceutique ;
| nous sommes! d'avis qu'on limite le nom-
bre des pharmacies, suivant l'importance
des villes 21
Qu'on se moñtre plus sévère pour la no-
mination des pharmaciens;
Que les pliärmaciens paient plus cher
leurs élèves. én exigeant d'eux plus de con-
naissances et de bonre tenue;
Que les’ pharmaciens soient tenus dé
préparéreux-mêmes et d’après le Colex un:
plus grand nombre de médicaments ;
ELcs pharmacies dévraïent être complè-
tement visitées tous les mois ;!'
questidns aux éléves, afin de s'assurer de
raient les matières premières, afin de con-
stater leur état de pureté;
Le droguier devrait être complet :
| Toutes les matières devraient être dési-
|! gnées parles noms scientifiques , généra-
“ lementadoptés; on devrait exiger l'abolition
|| des anciens termes que quelques pharma-
ciens gardent encore et qui peuvent causer
“| des erreurs;
… Eofnil faudrait abolir tous les remedes
“ secrets. Toutes les découvertes de la thcra-
… peutique, sanctionnées par l’espérience,
seraieut imprimées dans un journal appen-
dice du Codex, distribué à tous les phar-
maciens.
Le jour où l’on se décidera à apporter
ces réformes daus l'exercice de la pharma-
cie, on surveillera avec plus de soin que
‘jamais les épiciers , les marchands de cou-
leurs et les herboristes et l’on retirera de
‘leur commerce, déjà bien assez étendu ,
| Certaines substances dont la vente revient
de droit aux pharmaciens.
(RL
24 (1) Nous ne saurions trep insister surl’immoralité
eu plus grand nombre de ces affiches ct surtout de
|,,,£6s annonces qui tombent entre Jes mains des en-
… fants, des jeunes filles du peuple. La rédaction de
| LEES écrits pleins de: détails obscènes, ne peut que
jeter le trouble dans de jeunes intelligences et les
initier à d'affreuses misères et ne saurait avoir le
mérite de les -empé-her d’y tomber,
à toutes choses.
- la voie pour disposer les pièces du méca-
s'etiles frais de réparation et d'entretien en
Lés’inspecteurs adresseräient quelques |
. : Vétat de Téurs connaissancés ; ils examine-
973
Nous avons rapidement passé en revue
les abus de la pharmacie actuelle; les lais-
sera-t-on subsister plus long-temps? La
santé publique,exige qu'on s’oceupe de
cette question, à une époque qui veut avoir
le mérite d'apporter des perfectionnements
| 2e
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUESe
De la forme. des essieux des locomotives;
et de la qualité des fers qu'il convient d'y
employer.
Il s’estélevé dans le sein de l’associalion
britannique; lors de sa 12: session qui a
eu lieu à Manchester, une discussion sur la
meilleure forme à donner aux essieux des
locomotives, ainsique sur la qualité des fers
qu'on emploie pour ces essieux. Géête dis-
cussion nousayant paru présenter quelque
intérêt, nous avons cru devoir en repro-
duire ici les principaux éléments.
M. Vignoles ouvre la discussion en dé-
clarant d’abord qu'il existe un préjugé en
faveur des éssieux coudés, mais ce préjugé
lui paraît mal fondé. Dans son opinion,
les essieux coudés sont, sous presque tous
les points de vue, inférieurs aux essieux
droits. Avec les essieux droits, on place
généralement les manivelles en dehors des
roues, et on obtient ainsi plus d'espace dans
nisme moteur. On ygague encoreun autre
avantage, c’est qu’on peut abaisser Jachau-
dière de près de 35 à 40 eentimètres,; et par
conséquent accroître la stabilité de la ma-
chine ou. la sécurité, puisqu'on place le
centre de gravité de l'appareil plus bas et
plas près des rails. La dépense première est
également moindre par cette disposition,
sont notablement diminués, ©:
Ces ayantages, ajoute M. Vignoles, sont
aujourd'hui devenus palpablesparl'examen
‘du chemin de fer de Dublin à Kingston, où
cette disposition a été adoptée. En intro-
duisant des essieux droits et des manivelles
extérieures, la dépense a d’abord été con-
sidérablement diminuée , ensuite nul cas
de rupture d’essieu ne s’estencore présenté.
On a obtenu enéore un espace disponible
tellement étendu qu'on a pu placer un ten-
der sur la machine, et établir le centre de
gravité aussi bas que possible, tout en se
dispensant en outre d’un tender distinct.
Enfin , par cette disposition on à pu géné -
ralement parcourir 15 milles (24 kilom.)
sans être obligé de s'arrêter pour faire de
l’eau.
Jusqu’à présent il a existé un préjugé
contre les locomotives à quatre roues;
qu'on a considérées comme présentant
moins de sécurité que celles à six roues,
comme plus disposées à sortir de la voie, etc.
Or, dans l'opinion de M. Vignoles les lo-
comotives à quatre roues nef présentent
pas un seul élément qui puisse servir de
fondement à de pareilles objections. Il croit
que les seuls avantages que soient en droit
de réclamer les locomotives ‘à six roues,
c'est une plus heureuse distribution de la
chargesur ces roucs. Toutefois; un examen
sérieux des accidents fatals qui sont surve-
nus depuis peu, et entre autres ceux arri-
vés sur le chemin de fer de Londres à
Brighton et de Paris à Versailles, démon-
itrent évidemment que ces sinistres n’ont
pas été dus à ce que les locomotives étaient
à quatre ou à six roues. M. Vignoles pense
974
que l’un et l’autre sont dus à des causes
semblables. Dans les deux ca;, on a fait re-
morquer des convois pesants par deux lo-
comotives accouplées, la plus faible con-
duisant l’autre. Dans cet état, il est sur-
venu un accident quelconque, ét dont la
cause est restée inconnue; le mécanicien
a fermé aussitôt le robinet de vapeur de la
machine directrice, et celle quid Stivait,
et qui était la plus puissante, est venue la
l'frapper avec l’énorme force vive qu'elle
devait à sa masse et à sa vitesse, ét l’a forcée
de sortir de la voie; la seconde 14 suivie,
et par suite a entrainé la chute ef le ren-
versement des wagons. ï
Il est déjà arrivé une foule d'accidents
par suite de la rupture des essieux cou-
dés; et l’on a déjà fait en France l’impor-
tante remarque que dans le point de rup-
ture de ves essieux, le fer, au lieu d’être
fibreux comme on le remarque le plus or-
dinairement dans celvi qui sort de la forge,
présente une structure à facettes et un
aspect cristallin comme la fonte, ce qu’on
a attribué à dés modifications dans la
structure moléculaire du fer, et dans son
état électrique ou magnétique dues au
frottement, aux chocs où aux secousses
continuelles auxquelles l’essieu coudé est
exposé. TO AU
: M. Hodgskinson déclare que, pa
d'éxpériences nombreuses et éféndues aux-
quelles il s’est livré depuis longtemps sur la
résistance que présente le fer, il a acquis la
certitude aujourd’hui qu'une succession
d'efforts. ;:exercés sur des pièces de ce mé-
tal, on une suite de chocs qu’on lui fait
éprouver; produisent uue détéroriation
permanente dans son élasticité.
M. Fairbairn annonce, de son côté,
que l'ingénieur du chemin de fer de Leeds.
lui a souvent déclaré avoirobservé que tous.
les essiéux à manivelle allaient constam-
ment én se détériorant par suite des chocs.
ou'des efforts auxquels ils étaient soumis,
et que sur ce chemin , on était obligé de les
remplacer périodiquement par denouveaax
bien avant qu’ils fussent usés, afin d'en.
éviter là rupture. Quoiqu'il en soit, les es-
prits Sont encore partagés dans ce moment:
sur la question de savoir si la structure
cristallisée et à facettes, observé dans les -
essieux qui se brisent, provient d’un défaut
dans la fabrication de ces pièces et dans la .
qualité du fer, ou bien est la conséquence
et l’effet du travail, et enfin si elle à pour
cause une succession de chocs ou d'efforts
éprouvés ou un phénomé gnéti
M. Crantban à QUE beat re
She PAUSE
sieux coudés dans sa pratique, et toutefois
‘iladmet que les essieux droits sont moins
Pisujets à se rompre.
M. Garnétt croit qu'avant de se pronon-
cer sur le mérite respectif desessieux droits .
et des essieux coudés , il conviendrait d’é-
tablir l’état statistique de ceux qui ont pu
être brisés dans lé service journalier des
chemins de fer. Quant à lui, il pense qu il
y à eu plus d’éssieux droits brisés daus ce
service que d’essieux coudés, ce qui serait
encore en faveur de ces derniers. à
M. Nasmyth est convaincu que tous les
défaut qu reptnche hé aux ss
sance dans les usines
surtout dans celles où l'on à pour habitude
de verser de l’eau sur le fer pendant qu’on
le forge. Il attribue aussi en grande partie
leur affaiblissement à un Suréchauifement
pendant le soudage, et pense que ces deux
causes oivent contribuer à altérer pro-
fondement là malléabilité du fer. On trouve
975
de très grands avantages dans l'opération
dite du recuit pour les articles d'un petit
volume, et il ne pense pas qu'on éprouve-
rait de difficulté sérieuse, ou qu’on serait
entrainé dans des dépenses trop considéra-
bles’ pour. appliquer ce même recuit.aux
essieux opération qui leur serait éminem-
ment avantageuse, Il ne partage pas l'en-
gouement qui s’est tout À coup emparé des
meilleures têtes, et il se gardera bien d’at-
tribuer sans examen à des phénomènes de
magnétisme et d'électricité tous les faits
qu'on ne peut expliquer; toutefois il est
convaincu que des phénomènes électriques
fort curieux, accompagnent le passage des
locomotives sur les rails tout aussi bien que
la rapide génération de la vapeur. C'est
aussiauxagentsélectriques qu'il croit qu'on
doit rapporter la non oxidation des rails
qu'on ue parcourt que dans un sens, et
l'oxidation très prompie de ceux qu'on par-
court dans les deux directions, comme le
chemin de Londres à Blackwall.
M. Vignoles n’est nullement disposé à
partager l'opinion de M. Nasmyth, relati-
vement à sa théorie de l'oxidation des rails
qu’il attribue au passage en un seul ou en
deux sens des locomotives et des convois.
Pour ne citer à cet égard qu'un seul fait
qui lui est contraire, il rappellera que le
railway de Newton à Wigan a longtemps
été unique ou à une seule voie, et qu’à
cette époque, il était aussi poli que-peut
l'être celui de Manchester à Liverpool. Le
chemin de Blackwall, que cet ingénieur a
allégué, ne présente pas un cas compa-
rable, attendu qu'on n’y fait pas usage des
locomotives.
M. Nasmyth a déposé sur le bureau dif-
férents échantillons à l’appui de l'opinion
qu'ilavait fait connaître dans une précé-
dente séance. Dans les locomotives, dit-il,
les essieux sont les pièces qui présentent le
plus de danger; il est donc important de
déterminer , tant sous le rapport scienti-
fique que sous celui de la pratique , quelle
est la manière dont se comporte le fer
lorsqu'on en fait un essieu de locomotive.
L'expérience est le seul moyen d’éclaircir
ce sujet, et il aurait voulu mettre divers
échantillons de fer dans des circonstances
propres à décider la question, mais jusqu’à
cette époque, le temps lui a manqué pour
les épreuves. Il a avancé précédemment
que les efforts en directions opposées aux-
quels les essieux étaient soumis, pouvaient
bien contribuer à rendre le fer cassant par
le glissement des parties les unes sur les
autres. Pour rendre cela sensible, il a pris
un gros fil de fer, il l’a ployé en sens in-
verse plusieurs fois de suite, et le fil a
rompu au sixième ploiement. Il avait an-
noncé qu'il regardait le recuit comme un
remède à ce défaut, et pour le démontrer,
il a fait voir le même fil de fer qui avait été
recuit, et qui à supporté dix-huit ploie-
ments successifs, ce qui offre an rapport de
3 à 1 en faveur du procédé de recuisson.
Il engage donc les compagnies à faire re-
cuire leurs essieux et à comprendre cette
condition dans leurs brevets. Afin de faire
voir sur une plus grande échelle l'effet pro-
duit sur les fers marchands, il a missous les
. Yeux des membrès'un échantillon de fer tel
qu'on le rencontre chez les marchands,
et après y avoir fait une entaille au ciseau,
il l'a rompu en quatre coups de marteau
à la température de 2° C., avec une cas-
sure cristalline. En élevant cette tempé-
rature encore de 25°, le fer a supporté 20
coups et na rompu quavyec une fracture
976
fibreuse , de facon qu'il est démontré que
la qualité du fer n’est pas la seule circons-
tance qu'il faut considérer comme ayant
une influence.sur sa rupture. M. Nasmyth
a signalé précédemment les effets désas-
treux du martelase à froid, comme causant
un changement notable dans la nature et
la cassure du fer ; ici, ajoute-t-il, il faut
voir le côté pratique de la question sans
avoir recours à des considérations vagues
empruntées à lélectricité ou au galva-
nisme. Le martelage est nécessaire dans
bien des cas ; par exemple, lorsqu'un essieu
porte des colliers qui lui sont soudés, ces
colliers ne peuvent être finis au marteau,
et l’on emploie alors certains outils appe-
lés matoirs (swages), dont l’action pro-
cure au fer uae grande condensation , qui
permet de donner un beau poli à la sur-
face, mais au détriment de la pièce, ainsi
qu'il le démontre au moyen d’un échan-
tillon qui a été chauffé au rouge, puis
maté jusqu'à ce qu'il fàt froid; le fera
rompu alors sans y pratiquer d'encoche et
sa cassure était très serrée, très belle, et
semblable à celle de l'acier, Ce résultat dé-
montre évidemment combien on a tort de
considérer un grain serré comme un bon
caractère dela perfection du fer forgé; tou-
tefois un martelage modéré est souvent né-
cessaire et peu nuisible, à moins que,
n'ayant égard qu’au fini, on le porte à l’ex-
cès. Pour démontrer que le recuit rend de
la malléabilité et une structure fibreuse au
fer , on a fait chauffer une portion du der-
nier échantillon, et on l’a martelé jusqu’à
ce qu'il fût froid comme précédemment ;
puis on l’a chauffé de nouveau au rouge
sombre ét laissé refroidir progressivement;
alors il a supporté 105 coups sans se rom-
pre, et enfin il a été plutôt arraché que
rompu, ce qui démontre que la structure
fibreuse a été rétablie par le recuit. Quand
on chauffe au blanc soudant du fer on nuit
beaucoup à sa qualité, à moins que le fer
ne soit ensuite martelé pour en resserrer
la texture. Un morceau du même fer
chauffé au blauç soudant et qu’on a laissé
refroidir, a rompu sans encoche du pre-
mier coup, en présentant de gros cristaux,
surtout au centre. L'effet de l'encoche ou
du trait est aussi fort singulier. La force du
fer est généralement considérée comme
proportionnelle à l'aire de sa section, mais
un trait qui n’enlève pas 17100 de cette
surface, affaiblit la résistance de 4710. C'est
ce que M. Nasmyth démontre mécani-
quement sur plusieurs échantillons de fer.
Tout cela prouve, selon lui, que la théorie
et la pratique sont eucore éloigntes du
bat , et qu’il serait nécessaire d'interroger
la pratique des ateliers pour corriger les
formules dont les résultats sont encore loin
d’être d'accord avec l'expérience. Enfin
une dernière considération est que le mar-
telage des barres de fer a pour effet réel de
rendre celle-ci creuses. Tout coup de mar-
teau tend à donner à cette barre la forme
d’une ellipse, et l'intersection de toas les
arcs de ces ellipses est sujette à être creusé
par suite du glissement des lamelles les
unes sur les autres.
ARTS MÉCANIQUES.
Moyens de peigner et de préparer les ma-
tèères filamenteuses ; par MM. Smith , de
Deanston, et Buchanan , de Glascow.
La première partie de cette patente a
pour objet de peigner les matières suscep-
übles de cette operation, en attachant ies
977
poignées , mèches ou tordins a un cylindre
tournant, dont le mouvement jette/1les
brins sur un peigne fixé de manière à, cé-
der lorsqu'il éprouve un trop granditirage.
L'appareil consiste en un cylindre:où
l'on pratique trois rainures équidistantes
parallèles à son axe, et daus lesquelles on
place des tringles plates, disposées conve-
nablement pour retenir l'extrémité des
poignées. Lor-que l'on imprimeaucylindre
un mouvement rotatif, les filaments s’é-
cartent, en vertu de la force centrifuge,
et passent dans le peigne qui est placé au-
dessous du centre du cylindre et dont les
dents occupent une position inclinée.
Comme il est nécessaire que les matières
n'entrent que graduellémeñt en contact
avec le peigne , et que l’action commence
par l'extrémité les poignées, ces poignées
sont renfermés d'abord entre le cylindre et
use boîte concentrique qui recoit un mou-
vement graduel autour d’uue partie dela
périphérie, par le mécanisme dont nous
allons donner une description sommaire.
À l’une des extrémités de l’axe du cy-
lindre se trouve une roue qui prend dans
une autre roue semblable!, fixée à clavette
sur un arbre contenu dans un coussinet
monts à côté du bâti de la machine. Sur le
bout opposé de cet arbre est une nouvelle
roue qui en commande une autre fixée sur
une douille ou plutôt sur deux coussinets
mobiles autour de l'axe du cylindre: L'autre
extrémité de cette douille porte uns roue
conique qui commande un pignon monté
sur un arbre disposé parallèlement à Pun
des rayons du cylindre. Au bout opposé de
cet arbre est une roue conique, engrenée
dans une autre qui est fixée sur l'extrémité
d’un arbre transversal. Ce dernier arbre
passe dans un des bras du cylindre, et son
extrémité opposée porte un pigñon'en-
grené dans une rande roue droite, liée
avec les boîtes concentriques. Il résulte de
ce dispositif que l’axe du cylindre commu-
nique un mouvement rotatif aux deux ar-
bres dont il a été question, et fait parcourir
par les boîtes une partie de la périphérie
de ce cylindre, en même temps qu’elles
sont, ainsi que les deux arbres, entraînées
dans sa course. On voit donc que ce dé-
placement des boîtes découvre graduelle-
ment les poignéees , et les met en contact
avec le peigne, en commençant par leurs
extrémités. Pour retenir les brins dans
l'espace occupé par le peigne, on fixe de-
vant le cylindre une couleire ou boîte ou-
verte par devant et dont les faces latérales
sont taillées en biseau , en sorte que les fi-
laments saillants sur le cylindre sont réu-
nis en poignées par les côtés inclinés de
cette couloire, dont la position les empêche,
d’ailleurs, d'entrer trop avant dans les
dents du peigne. Ce peigne est aussi porté
par des tringles dirigées selon le rayon du
cylindre , et muni d’un ressort qui permet
à l'inclinaison des dents de varier aussitôt
que les brins éprouvent une tension trop
grande.
Les auteurs décrivent ensuite un méca-
nisme particulier par le moyen duquel le
ruban sortant de la machine qui le produit
est disposé en couches parallèles. Cet appa-
reil, lorsqu'on l’applique à une carde
composée, consiste en un pot rectangu-
laire un peu allongé , dont l'extrémité in-
férieure est montée sur un axe, et qui re=
çoit un mouvement alternatif par l'inter-
médiaire d'un excentrique porté par l'arbre
du tambour de décharge. Cet excentrique
communique un mouvement lent d'oscil=
978
‘lation à un levier, espèce de pendule, dont
l'extrémité supérieure se meut autour d’un
_ axe, tandis que lextrémité inférieure est
liée par une tringle avec le pot oscillant.
L'amplitude de l’oscillation doit étre pro
portionnée à la longueur du ruban délivré
- par la machine. Ce ruban , avant de des-
cendre dans le récipient , passe entre deux
- cylindres placés exactement au-dessus ; et
- qui le pressent à son passage. Lorsque lon
| applique cet appareil aux laminoirs, on le
| modifie un peu, parce qne les rubaus sont
plus étroits et doivent être déposés sur
| plusieurs rangs. On donne donc alors un
|
|
mouvement latéral au récipient, de ma-
nière à distribuer le ruban sur trois ran-
| gées différentes placées à côté l’une de
Vautre.
| Les brevetés appliquent, en outre, aux
bancs d’étirage ou autres machines ana-
logues, un appareil qui les arrête aussitôt
qu’un des rubans finit ou se casse. Les
‘rubans, en sortant de dedans les pots, sont
conduits sur un guide cylindrique placé
* en avant et à quelque distance des cylindres
“ alimentaires. On établit sous ces rubans,
dans une position verticale, un levier mo-
bileautour d'un axe, et surmonté d’un
de dents. Lors donc que l’un des rubans se
rompt ou se termine, le bout tombe de
dessus le rouleau-guide, sur une des dents
+ ‘peigne composé d’un nombre convenable
$
î
Parsuite de ce mouvement, l'extrémité
| opposée du levier agit sur une détente qui
met en liberté la courroie qu'an ressort
pousse aussitôt sur la poulie folle. Un con-
trepoids porté par une barre recourbée
ï
dece peigne qu'il entraîne vers la machine.
L
| quiest annexée au levier, ramène ensuite
cette pièce à sa position normale, et l’on
voit quelle peigne doit s'étendre sur toute
la largeur de la machine, afin que l'arrêt
î puisse être produit par la rupture d’un fil
L
quelconque (Journal des Usines.)
HORTICULTURE.
Rappport sur les cultures florales de quel-
ques villes de France.
| (Deüièhié et dernier article.)
Le Havre et ses environs possèdent des
richesses végétales immenses. Les ama-
teurs sont nombreux, et nous citerons prin-
cipalement M. Courant, vice-président de
la société d'horticulture du Havre, dans
les serres duquel nous avons remarqué,
à Ingouville, trois cactus senilis de plus de
sept: pieds de hauteur; un echinocactus
nouveau,monstrueux; mamillaria nivea de-
dalea, astrophilon myriostygma, echino-
cactus wiliamsii, echinocactus mondevillii,
E.villosus,ceteus heteromorphus,C.panno-
pleatus, antrallonium primaticum, E. tur-
bimiformis, E. ambiguus, E. phylocan-
thoides, £. flora virens. Un bananier de la
amiltonnia candida , galcandra bawera,
echinocactus primosus, extrêmement fort;
dionea muscipula, plumeria tricolor, en
eus; jatropha multifida, et une infinité
d’autres. plantes appartenant à toutes les
familles, notamment À celles des cactées et
des orchidées, dont, M. Courant est très
979
Pour bien réussir dans la culture du
diossea muscipula, je crois devoir donner
à la suciété connaissance des moyens em-
ployés par M: Courant. Cet amateur, dont
les connaissances sont très étendues, place
la plauteen pot, dans de l’eau de pluie pen-
dant l'été, depuis mai jusqu’en octobre; il
remporte le dionea tous les mois ; la terre
dont il se sert est celle de bruyère brisée
seulement, La plante fleurit et fructifie chez
M. Courant, il faut la sortir de l’eau pen-
dant l'hiver et l’arroser seulement.
Ctez M. Charles Saglio, président de la
société d’horticulture du Havre, qui ha-
bite Irgouville, nous avons vu des plantes
superlies comme force, entre autres un
fucksia corymbiflora, chargé de fleurs, de
6 à 7 pieds de hauteur; nn tecama jasmi-
niflora, de 9 pieds de haut; plusieurs hé-
liotropes du Perou, en arbre des erÿthrina
crista galli, de 6 pieds de tige; des fucksia
ordinaires de la même hauteur et tres
gros. Le jardinier, M. Leroy, mérite des
éloges par la belle tenue de son jardin, par
ses bonnes cultures, et par ses beaux espa-
liers de poiriers, pruniers, etc.
Nous avons visité les serres et les jardins
de M. Quesnel, qui habite aussi Ingou-
ville, Nous avons à citer les belles collec-
tions de toutes les espèces, parmi lesquelles
nous avons distingué surtout l’Erica eto-
niana, E. splendens, E. wellia, lambertia
rosea (véritable), lineoïdes nova, magna
biana mutabilis, banksia, chorisema pun-
gens, erica pyramidalis, dubiana, ,calatro-
pis gigautea, bilberyia zonata, plumbago
rosea, fort; barrintghonia speciosa,bertho-
lesia speciosa, justicia cornea ; des pal-
miers nouveaux venant de Cayenne, en-
voyés par M. Melinon des colonies, con-
stamment en fleurs, du violet le plus léger
et le plus joli, des variétés très nombreuses
d’auanas, un nouveau protea cynoraides,
à fleurs en têtes; astelma eximia, protea
mellifera, plumosa indigofera, atropur-
pureum, protea sinifolia, lechenaultia bi-
loba, jonopsis tenera, oncidium crispum,
epidendrum tessellatum, echvtis suberu-
tum, selogia fimbriata, brassevola cus-
pidata, epidendrum onccioldis, onuidium
itermedium, dendrobium pulchellum,
amaryilis pulchella, fleurs de rose léger;
lisianthus bussellianus, verbena mutabilis,
à longs épis roses; contarea speciosa, gol-
punia glomerata, guismania tricolor, man-
devilla suaveolens, plantée en serre et pa-
lisée en dehors; le mandevilla présente le
plus bel aspect; il est presque toujours
couvert de belles fleurs blanches des plus
odorantes, très larges. Toutes ces plantes
en très bon état distingent particulière
ment M. Hermann le jardinier.
M. Felix Greverie, horticulteur à In-
gouville, nous a montré trois plantes qu’il
avait rapporté d'Angleterre, ce sont : le
boronia anemonæfolia, la statice d’oxtonii,
le gompholobium splendens; ensuite une
collection complète de geranium. et d’éri-
cas, et beaucoup d’autres végétaux non
moins agréables,
La ville de Caen possède aussi de riches
collections; nous citerons M. Lelandais,
fleuriste, pour ses nombreuses et belles
variétés de dahlias, qu’ik fait venir d’An-
gleterre tous les ans; sa cülture est su-
perbe, ses dahlias bien soignés. M. Ri-
chard cultive avec succès les anemones, les
dahlias, les renoncules , etc. Nous avons
vu avec plaisir les superbes cultures de
M. Thierry, qui sont fort riches en plantes
grasses, les plus rares et les plus nouvelles,
980
ainsi que des orchidées, des camellias des
rosiers, etc.
Les cultures de MM, Lancezeur à Rennes,
nous ont offert des collectionsderosiers ide
rododendrum, de dalhias, de camelliasyde
geranium, de chrysontanes; le tout-le
plus nouveau, ainsi que des arbresifrui-
tiers et d'agrément de toute espèce:
A Quimper, l'établissement de MM, Lau:
veur et Paugam est remarquable par ses
nombreuses et belles variétés de plantes
et d'arbres fruitiers. pcores
À Morlaix, M. Guyomard,, même çul-
ture.
Plusieurs notes ont déjà été pub'iéessur
les beaux jardins de Nantes; nous nous
bornerons à citer les noms des chefs de
ces établissements, ce sont : MM. Noirette,
M. Nomièrre, M. Bruneau, M. Couttel,
M. Drouard, qui nous a montré un came-
lia axolaris. à fleurs blanches, les feuilles
sur allongées et arrondies aux extrémités,
M. Mabil, M. Sauvageot, M. Lefèvre,
M. Cottineau , tous horticulteurs distin-
gués qui collectionnent les plantes et les
cultivent avec succès. Nous reviendrons
prochainement sur les richesses que con-
tiennent ces cultures, ainsi que sur celles
d’Angers et d'Orléans, Ce sera l'objet d’une
note spéciale.
Dañs les serres du jardin botanique
d'Orléans, nous avons admiré, fin d'octobre
dernier, quatre régime du bawuanier, mnusa
Saptentum, dont un portait 82 bananes;
les tiges qui les ont produit n’étaient âgées
que de dix-huit mois, la floraison a eu
lieu le quinzième, les régimes étaient à la
hauteur de 18 pieds. Il y avait quatre sou-
ches de bananiers, l’une d’elles a donné des
tiges qui avaient de 80 à 90 centimétres de
circontérence. La collocasia antiquorum,
qui a fleuri en 1841 pour la première fois,
dont les petioles de la longueur de 7 à 8
pieds, couleur lie de vin, produisent un
très bel effet. L’anorra charifolia,en fruit,
espèce que M. Delair croit mal nommée,
il pense que cette plante est nouvelle et
qu'elle serait recommandable pour forcer
dans les cultures, oùulesfruits sont chauffés.
L’urtica bacciféra,garnie de fleursroses dans
toute la longueur de la tige. La fleur res-
semble un peu, quant à la forme, à de la
mousse des rochers. La tige, qui provient
d’une bouture de l’année dernière, avait
à cette époque ! mètre de hauteur et 8
centimètres de circonférence. Le cactus
prunosus, le mamillaria brongnartia, l’o-
puntia salmiana, très fort et très curieux
par la particularité qu’ont ses fruits rouges
corails, de produire des bourgeons propres
à la reproduction, sur les parties calyci-
nales, au nombre de 5 à 7. Le tussilago
japonica, garnt de 17 feuilles d’un vert le
plus luisant et d’un port magnifique.
Nous avons été pleinement satisfaits. de
la bonne et belle tenue du jardin des
plantes d'Orléans, dont la haute direction
est confiée à M. Delair, homme studieux,
aussi zélé qu’éclairé, qui a établi et perfec-
tionné un système nouveau, de chauffage,
dans les serres qu'il dirige. et sur lequel
nous dirons un mot en,temps utile.
BossiN ,
Grainier-Pépinicriste, 5, Quai-aux-Fleurs.
rm One
081
SCIENCES HISTORIQUES.
LINGUISTIQUE,
Æssai d'une grammaire de la langue des îles
Marquises, rédigé sur les documents du P.
Mathias, et de FI. À. Lesson, médecin en
chefides îles Marquises.
paYÉ
(Troisième article.)
4° De l'adjectif.
L'adjectif suit les mêmes règles que le
nom, C'est-à-dire qu’il n’a non plus ni
genres,ni..cas, et il se met quelquefois
avant quelquefois après lui, cependant
plus.ordinairemeut après.
Ex, : l'homme bon, enana meitai.
Comparatif et superlatif. — La langue
nu-hivienne , comme toutes les autres de
l'Océanie, n’a point de mots pour rendre
le comparatif ni le superlatif relatif; on,se
sert de périphrases.
Ex. : l’homme est plus grand que la
femme , tournez : l'homme est grand et la
femme petite, va haua hoa, vehine iti (ou
polo).
Ex. : Celui-ci est le moins grand de tous,
tournez : celui-ci est petit tout-à-fait, les
autres grands, te nec {ti noa, hoa te kenana
ke:.-5h.e
Ces deux: exemples peuvent suïfire pour
US EN
compreudre:tous les autres cas de compa: |:
ratifet .dessuperlatif relatifs etes
ou delsupérionité.
Lesaperlatif absolu se rend par ru, nu
nuis: pakoko; noa, beaucoup, tout-à-fait,
qu’on met après l adjectif.
Ex.: le chemin est très beau , te
mettabnur.
Cet-homme est très pauvre, tupe- noa
te chanainel.
Ilsesrend aussi quelquefois par la répé-
titiondu même mot : Ex. , demain, tres
matin; oc oi ka, oi ot tikæ. noi 5 «
5° Du verbe.
Les auxiliairesétreet avoir, d'unsi grand
usage dans les autres langues. n'existent
même pas dans celle-ci : on y: supplée d’une
autre manière, principalement par l'usage
des prépositions. Et A
: J'ai un couteau, fournez; Un cou-.
teau de moi, to an koe kua,
Le verbe être se retranche et le plus or-
dinairement ne se supplée par rien comme
on yient de le voir. Cependant on trouve
souvent la particule he qui semble tenir la
place des auxiliaires être et avoir.
Ex. : ana he vaevae to au ua heke au, si
j'avais des jambes je marcherais.
Quant aux autres verbes ils sont égale-
ment substantifs ou verbes comme il a LA ÉSà
été dit, et vice versa.
anti
Des Temps.
Il n°y a proprement que trois temps , le
présent , le passé et le futur. Le premier,
qui peut représenter aussi linfinitif, n’a
guère d'autre marque que la voyelle e qui
se niét devant ; cependant on ajoute aussi
quelquefois après la particule.
Ex.emalmakt, aimer.
emahkimali ana au, j'aime.
071% foe, tu aimes.
‘T4, où te ia, il ou elle
18 9119 4ime.
19 1)Oratou, nous aimons.
‘nallua, nous deux ai-
Mons.
latou , nous tous ai-
Imons.
otou, YOUS aimez.
‘indéfiui) a pour
982 |
fohuu , vous deux ai-
mez.
atou, ils, elles aiment.
tahua, Us, elles deux
aiment.
D'après le paradigme précédent on voit
qu'ils ont le duel comme les Grecs, et:de
plus une expression pour marquer l'uni-
versalité sans exception, car le r#atou nous.
marque exception des personnes à qui l'on
parle, {atou, nous tous, marque qu’ellesy
sont incluses.
Le passé (imparfait , prétérit défini et
marque distinctive princi-
pale la particule ua qui se met devant.
Ex. ua maki maki au, j'aimais,:j'aimai ;:
jai, ou j'eusaiuné;
koë,
Ja
malo
D'autres fois au lieu de wa, avant lerverbe,
où metisimplement 14 après le verbe, etil
a encoré! la signification du passé; cepen-
dant on peut dire aussi que cette particule
ia est plutôt la marque du'passif.
Le futur souvent n’a aucune marque
particulière! Le radical ou Pinfinitif se
marque suffisamment par le ‘sens de la
phrase ou au moyen de quelque adverbe
qu ’on y ajoute. Ex. : ekite, voir; epo lite,
nous verrons (bientôt).
(Quelquefois on ajoute après le verbe la
particule ai et c’est aussi une manque de
futur Ex. : poiti au i lau ai, j'étais encore
tout petit lorsque j’ JY abordai.
ID'autises fois où entend la particule e
devant leverbe comme pour leprésent et
l'indicatif, maisle sens de la phrase, comme:
nous l’avons déjà dit,indique le fatur. Il est
aussi que tépnéfois indiqué par laparticule
a devantile verbe de même que limpéra:
tif.
Je ne méts pas de paradigme, ceux du
présent'et di passé peuvent servir exeme"
ples et de moäeles: 0 EN
Pour marçuer'qu’uné chose se Sea aus
sitôt qu’une autre se fera ou sera tériñinée,
on répète ua, signe ordinaire du passé ; de-
vant chaquemembre dé la phrase, 'et Alors
c Fe la marque du futur conditionnel.
: dés que nous serons prêts à monter
à | montagne, jirai, dutadtamete hité, ua
cke au, mot à mot: déjà prêt avec ce Fa
déjà aller moi.
Des Moss. :
J'ai déjà parlé du présent'ét de l’infinitif,
Quant à l'impératif on mêt & ou ka devant
le verbe et plus souvent le premier, et alors
il marque ou souhait où commandement,
et quelquefois simplement le futur avec
uue certaine obligation. Ex. : & maki-makr,
aime, ou devoir aimer.
On ne connait point de sabjonctif en
cette langue qui manque également de
conjonction pour les verbes. Le présent ou
plutôt l'infinitif, qui est un mode général et
indéterminé,remplace tout cela.
Le participe et le gérondif manquent éga-
lement:
DiveRsEs ESPÈCES DE VERBES.
Nous avons principalement parlé de l’ac-
Pour le passif nous avons dit que sa
marque parait être surtout la particule za
placée après'lé verbe; du reste l'ensemble
de la phrase l'indique le plus ordinaire-
ment. Quant aux verbes réfléchis il est fa-
cile de les composer avec les pronoms,
comme on le fait dans les autres langues.
Ainsi, je m'aime moi-même, nahi-mnaht
au ia au.
fabricants. Hi Fac
-M, Deleuil. : 0
983
Pour Îles Wen neutres et autres, Où M
n'en voit guère de traces.
SYNTAXE DES VERBES.
Tout verbe dans cette langue gouverne. Hi
son régime avec préposition le plus:ordi« #
nairement à et ia marquant'l direction ;
la première vers les choses et les personnes
indétermiuées, la deuxième les personnes
déterminées par leur nom propre ou leurs #
prénoms. :
Ex. : donne de l’eau , a tuku i te var.
Frapper l'enfant, peli à Le pohuts.
Frapper un tel, pekia ia n. D
Il faut noter que le régime direct ou,in- ,4
direct demande également la préposition.
Ex. : donne-lui à à ser -a-tuku ia ia ite
kai kai. OIDAUEG
Sileverbe, loinde Marquer direction vers
quelque objet, marque au contraire qu’on
s’en éloigne ou qu’on vientde lui ou de chez
une personne, on se sert alors de la parti-
cule inei pour les lieux ou les choses, et
meio pour les personnes. Ex. : je viens de
la montagne, ua eke mai: — au mei uta.
Je viens de chez untel, meio n. ou me-i0. M
Pour marquer l tes rogation, on meta …
PARCS ha devant les verbes.
PRRETTO
É
3b av
Le Rat Gene à
C.-B, FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— Nous avons donné connaissance Atos Iecttlis
il y a quelque temps de la notice quefM.YDeleuil
nous avait adressée sur es piles à charbon de Bun-
zen, Depuis nous avons assisté à 14 Sorbonne , à la
lecon de M. Ballard. La supériorité dé ces piles
sur celles que nous avons vu fonctionner jusqu'à ee M
Jour est telle que le savant professe ur a 1éabs6) aVée ON}
quarante couples, toutes les expériencts quiay aient) üf
été faites jusqu'à présent avec cent couples, dés’autres
Nous avons dû signaler ce-succès comme but d'é-
conomie et &e commodilé,et faire connaitre lesimo-
difications qui ont été apportées a cet NRparet LES
« " LA
—- Pendant st de-quatre ans qu'a duré le voyage 0h
de la corvette la -Danaïde, elle a exploré une! partie M
de la côte est de PXméiique du Sud ;touteila côte
occidentale du! Chili ,;-du Pérou, de léquateur;-de la 4}
Nouvelle-Grenade, du Centre Amériques: :du, Mexi-14
que et, de la Californie; elle r& Wrasérsé de. l'est: à
l’ouest le grand océan Pacifique, -en visitant plu- \
sieurs des groupes d'îles qui le peuplent ; enfin, après
une slation de quaicrze mois dans la mer de Chine, :
elle est revenue en France en visitant les possessions ”
anglaises du détroit de Malacea, Coleutta, Pordis
chéry; Trincomolay, l'ile Bourbon, nos Étabhissé 4
ments de Madagascar, le cap de Bonne-Espér ance et}
Sainte-Hélène.
Pendant le cours de la campagne ,; :les -montres
ont .été suivies avec soin par M, FiSque , lieute-
nant de vaisseau, qui a fait en oulre d'importants
travaux hydrographiques. M. Rosamel a fait faire
aussi des observations météorologiques dont les ré-
sultats sont consignés dans des registres qui seront
soumis à l'Académie.
De nombreuses collections d'histoire naturelle,
dues aux soins de M. Jaurès, lieutenant de vaisseau,
et de M. Liantaud, chirurgien-major, ont été dépo-
sées au Muséum.
Ces collections se composent des mammifèr es,
oiseaux, reptilesa Poissons, insectes ’et mollusques
recueillis dans des localités encore peu connues.
Enfin M. Liantaud possède des observations phy-
siologiques et médicales détailites sur les populi-
tions sauvages des îles de la mer du Sud, au Men:
que et de la Californie.
Une commission, composée de MAL! Avago),) dés
Plainvilie, de Jussieu, Serres et Isidore Geyiroy-s
Saint- Hilaire , est chargée de prendre, RgliiA ss)
des collections d'histoire naturelle RORTE par &
Dunaïde et en genéral des mater As Gques
recueillis dans le cours du ox Age. 4 vh
D A EE.»
PARIS,—!MP. DE LACOUR et MAISTR \S5E lis
rue Sunt-Hyaûrithe-S.-Michél, 335172 00
10 année.
Paris. — Dimanche, 4 Juin 1843.
ee
N° 42,
L'ECHO DÜ MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
D
Î L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal : 5AR18 pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,*Gfr.
8 fr. 50. AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour GENQ fr. par an et par recueil’ ÉGHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORGEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur.
l SOMMAIRE. — Sur les attaques dirigées contre
| l'Université. — SCIENCES PHYSIQUES. PHY-
| SIQUE. Sur la puissance motrice et l'intensité des
courants de l'électricité dynamique; Haldat. —
| METEOROLOGIE. Aurore boréale, perturba-
. {| tions magnétiques. — CHIMIE. Sur un nouvel
.{ acide oxigéné de chrome ; Barreswil. — SCIEN-
CES NATURELLES. GEOLOGIE. Rappro-
chement entre les grès isolés de Fontainebleau et
les glaces polaires suivi de remarques sur les grès
mamelonnés d'Orsay ; Eugène Robert. — ZEO-
LOGIE. Oieau mouche HÉLÈNE; De Lattre. —
| PHYSIOLOGIE VEGÉTALE., Sur la tendance
. des tiges vers la lumière; Dutrochet, — SCIEN-
. CES APPLIQUEES. SOCIÉTÉ. D'ENCOURA-
.“ . GEMENT. Séance du 31 mai; Francœur. —
CONSTRUCTIONS. Burcaux’à l'épreuve du feu ;
Cabit, ARTS MÉTALLURGIQUES. Essieux pour
les chemins de fer. — ARTS CHIMIQUES. Nou-
| velle substance colorante. — HORTICULTURE.
.{ Nouveau greffoir bergevin, — SCIENCES HIS-
| TORIQUES. ACADÉMIE DES-SCIENCES MO-
| RALES ET POLITIQUES.) Séance puhlique du
| 27 mai..— LINGUISTIQUE. Essai d’une gram-
maire dela langue des îles Marquises ; Lesson. —
|
|
SOCIÉTÉ ORIENTALE. — HISTOIRE. Note
sur les Druides ; Constancio, — FAITS DIVERS.
— BIBLIOGRAPHIE. :
DIE" Ke
as à ; Paris, le 3 juin 4842.
L'Université, telle que l'avait concueNa-
M poléon, et telle qu’il la constitua par le dé-
)
.« cret de 1808, était non seulement le mo-
" nopole de l'instruction publique, : mais
encore une conséquence de son système de
« centralisation et un moyen de plus pour
| faire de l’obéissance passive un dogme in-
contesté. La Restauration, en gardant de
FUniversité, tantôt représentée par un
grand maître, tantôt par un ministre, tout
ce qui dans le décret constitutif était favo-
rable au pouvoir, répudia, sinon d’une
manière ouverte, du moins clandestine-
ment dans la pratique, et au moyen des cir-
culaires et des ordonnances, les disposi-
tions qui semblaient devoir présenter quel-
ques garanties aux citoyens. De concession
en concession, d'abus en abus, on en était
arrivé à un point tel, qu’en 1828 on sentit
la nécessité d’opposer une digue aux en-
vabisseurs. La chute du ministère Marti-
fac laissa cette salutaire réforme à l’état
de projet. Ce fut dans ces circonstancesque
l'on révisa la Charte de 4814. Pressés par
les événements politiques, dominés par des
réclamations d'autant plus impérieuses
quelles avaient été plus long-temps com-
primées, les législateurs de 1830 déclarè-
Téht qu'il serait pourvu successivement,
pardes lois séparées et dans le plus bref dé.
-lai, à différents objets, entre autres à l’ins-
fruclion publique et à lu liberté d’enseigne-
| ment, C'est sur cet article de la nouvelle
.Q arte que sont basées les attaques que de-
#iHPuIS quelque temps on dirige contre l’'Uni-
| Versité, Admettons que l'esprit de parti
n'est pour rien dans tout ce qui se passe et
examinous la question telle qu’elle se pré-
sente. La première condition pour un pa-
reil examen, c'est.de bien se fixer sur les
termes et sur l'esprit de l’article 69 qu’on
invoque. Il sera pourvu, dit cet article, à
l'instruction publique et à la liberté d'ensei-
gnement. I} est clair, pour quiconque veut
être de bonne foi, que cette liberté d’ensei-
gnement ne peut être entendue que subor-
donnée aux conditions et aux réglements
que la loi promise devait apporter, et ce
n’est que dans ce sens que Îàa promesse de
la Charte doit être comprise, car s’il en
était autrement. il eut suffi de dire que l’en-
seignement était libre. En ne promettant
de ne le déclarer tel qu’en vertu d'une loi,
il est bien évident que ce n’est que d’une
liberté relative que nos législateurs de 1830
ont entendu parler. Qui peut croire d’ail-
leurs qu’un gouvernement quelconque soit
assez peu jaloux de sa conservation pour
mettre lui-même, et désle premier jour de
son établissement, entre les mains de tous
ceux qui voudront un jour le renverser,
une arme telle que tous les moyens de dé-
fense dont il peut disposer seraient impuis-
“sante contreelle, Ce serait là un suicide, et
les gouvernements, pas plus que les indi-
vidus ne, veulent périr par leurs propres
mains Supposons en effet un gouyerne-
ment non.pas seulement fortet despotique,
tel que nous en avons connu un, mais tel
aussi que l’histoire peut nous en fournir
dans:les conditions les mieux établies de
vie.et de durée; mettons à côté de lui une
éducation libre, qui échappe à toute sur-
veillance et quine soit soumise à aucune
garantie, bientôt cette instruction aura
formé autour du pouvoir une opposition
qui, comme le géant de la fable, lèvera
mille bras pour l’enlacer, l’étreindre et
l’étouffer. Pour en yenirlà que faudra-t-il ?
le temps pour façonner une génération, dix
ans seulement.
Nous ne voulons pas dire par ce qui pré-
cède que l’université doit rester telle qu'elle
est; nons convenons au contraire qu’il y a
beaucoup à faire pour la mettre en harmo-
nie ayec nos institutions et surtout avec
nos mœurs; c’est plus, nous serions les
premiers à dresser un acte d’accusation
contre tous les ministères qui se sont suc-
cédés depuis douze ans, si, voulant avant
tout être juste, nous n’étions forcés de
convenir que la réforme que nous deman-
dons, que nous désirons, mais que nous
voulons réelle et complète, se trouve liée à
des questions qu'on n’étudie pas dans une
seule année, et que pour arriver süûre-
ment à un résultat durable, il fallait avant
tout, non seulementconstituer, mais encore
faire fonctionner l’enseignement primaire,
et tout un système d’écoles intermédiaires
imparfaitement connu et diyersement ap-
précié.
Et comme si ce n'était pas assez des dif-
ficultés de toute espèce qui se pressent au-
tour de la réforme universitaire, on a jeté
au milieu de la discussion des attaques
contrela philosophie et contre les philoso-
phes. Pour la philosophie nous n’avons
qu'un mot à répondre. Le décret de l’an vin
dispose expressément «que l'instruction
» universitaire devra être basée sur les
» principes de la religion catholique. » S’il
arrivait que quelque professeur s’affran-
chit de cette prescription, le ministre, le
conseil royal devraient sévir contre le pré-
varicateur, s'ils ne le faisaient pasils se-
raient coupables. Mais aucun reprôche
pareil n’est adressé au corps enseignant, et
nous devons tenir pour certain qu'il ne l’a
point encore mérité.
Quant aux philosophes, nous ne voulons
pas nous enquérirsi leurs professions de foi
sont sincères; ce que nous savons seule-
ment, c’est que s'ils n'étaient pas chrétiens,
ils ne seraient pas de notre époque. S'ils ne
avançaient des propositions pe
doxes et se formaient un dieu de
il faudrait alors les plaindre, de
: ; pute
charitablement. Il “’appartientià
de les injurier: car la liberté de‘co2scien
est aussi écrite dans la Charte et Wire ha:
nière plus positive que la liberté” i
gnement.
Pour nous qui ne sommes ni éclectiques
ni théologiens, mais qui croyons à Jésus-
Christ et à sa doctrine, par foi et non par
démonstration, nous dirons aux hommes
des deux camps, parce qu'avant tout nous
les croyons meilleurs qu’ils ne veulent pa-
raître les uns envers les autres, craignez
aujourd’hui que les discussions politiques
sont appaisées, de rallumer les querelles
qui dans les deux derniers siècles ont fait
peser tant de maux sur la France, et qui
n'ont abouti qu’à faire perdre à la religion
une partie de sa puissance et à jeter du ri-
dicule sur les philosophes.
7 SG dm———
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur la puissance motrice et l'intensité des
courants de l'électricité dynamique; par
M. de Haldat.
La puissance motrice et l'intensité des
courants de lélectricité dynamique qui,
depuis plusieurs années, exerce la sagacité
des physiciens ; ces courants:merveilleux ,
dont M. Pouillet a posé les lois principales,
ont semblé à M. de Haldat: laisser encore
beaucoup de questions à résoudre , relati-
‘ vement à l'influence que l’on supposait de-
voir être exercée par {es conducteurs, à
raison des modifications qu'ils pourraient
987
éprouver dans le mode d'agrégation de
leurs molécules constitutives, dans leur
densité , dans la stabilité ou’instabilité de
ces mêmes molecules, dans leur passage
de l’état solide à l’état liquide ou gazeux,
dans l'homogénéité ou l’hétérogénéité des
parties qui les composent, enfin selon qu’ils
se trouvent à l’état qu’on nomme naturel
ou qu'ils se trouvent sous l'influence des
agents impondérables : calorique, magné-
tisme, électricité.
Les expériences au moyen desquelles
l'auteur a cherché à résoudre ces ques-
tions diverses, ont été exécutées au moyen
de la bousolle des sinus et des conducteurs
de dimensions égales, mais diversement
modifiés. Les changements produits dans
l’agrégation des molécules , opérés par la
condensation , l’extension , la torsion , soit
pendant que des changements s’opéraient
dans l'état moléculaire par des actions vio-
lentes , soit après qu’elles avaient produit
leurs effets, se sont montrés sans influence
sur les courants ; ce qui a été prouvé par
la permanence dans la position normale de
l'aiguille, lors même qu'elle a été observée
à la loupe durant la condensation des mo-
lécules par le marteau ou le laminoir, la
tension ou la détente brusque des ressorts
métalliques employés comme conducteurs.
Il en a été de même durant les vibrations
productrices du son, et pendant l'agitation
violente des molécules métalliques passant
de l’état solide à l’état liquide ou gazeux.
Les variations dans la force d’agrégation
moléculaire s'étant montrées impuissantes
sur la marche des courants, on a dû cher-
cher s’il en serait de même pour les con-
ducteurs composés de molécules privées de
cohésion, mais dans lesquels on supplée-
rait à cette force par la compression ; l’ex-
périence faite avec des poudres plus ou
moins susceptibles de se tasser a prouvé
que la faculté conductrice croissait avec la
densité. Ce fait amenait la question de sa-
voir quelle pourrait être ja distance mini-
mum qui s'opposerait efficacement à la
transmission d’un courant d'intensité
donnée. Elle a été résolue approximative-
ment au moyeu d’un conducteur dont fais
sait partie un instrument micrometrique
propre à mesurer la distance qu’on voulait
introduire entre les extrémités de ce con-
ducteur. Avec cette disposition on a prouvé
qu'une interruption moindre que 1/200 de
millimètre suffisait pour arrêter le courant
produit par une pile à effet constant, dont
les éléments avaient 1500 centimètres car-
rés de surface. Ce résultat inattendu a
encore conduit l’auteur à examiner la fa-
culté conductrice des vapeurs mercurielles
qui, s'étant montrées impuissantes pour
opérer la transmission des courants, ont
fourni une objection natarelle contre l’ex -
plication de l'expérience de la combustion
du charbon par la pile.
L'influence de l’hétérogénéité des parties
composant les conducteurs a été examinée
. au moyen de chaînes de métaux hétéro-
gènes, dont les portions égales alternées
étaient soudées entre elles. Alternativement
employésavec des conducteurs homogènes
de même dimension, ils ont prouvé que
cette disposition, Si favorable aux effets
thermiques, a été sans influence sur l’inten-
sité des courants.
Les agents impondérables, les courants,
les émanations d'agents subtils, etc., sem-
blaient devoir opposer à la marche des cou:
rants des obstacles plus puissants que ceux
qu'on aurait pu attendre des modifications
988
dans l’état moléculaire: Cependant un con-
ducteur, composé de petits barreaux d’a-
cier maintenus par leur extrémité dans un
contact immédiat ; ayantété employé, a
offert les mêmes résultats avant et après
l’aimantation des élénients qui la compo-
saient. La matière de la chaleur n’a pas
offert les résultats annoncés par d’autres
physiciens, lors même qu’une portion de
15 centimètres de longueur a été portée à
lincandescence qui précède la fusion, et
ce qui a paru plus étonnant, c’est que les
courants de l'électricité statique ou dyna-
mique, soit qu'ils aient recu une direction
commune, différente ou même opposée à
celle du courant examiné , ont été sans in-
fluence toutes les fois qu’ils ont été trans-
mis par des conducteursséparés, même par
le plus petit intervallle ou l'interposition
d’une substance isolatrice extrêmement
mince.
METEOROLOGIE.
Aurore boreale, pefturbations magné-
liques,
Une aurore boréale très remarquable et
accompagnée de circonstances singulières,
a été vue en plusieurs points de la France
et dans la Belgique pendant la nuit du 6 au
7 mai. Voici Les observations plus intéres-
santes, faites à Paris, àReimset à Bruxelles:
À Paris, M. Desdouits a remarqué que la
direction de la bande lumineuse n’était pas
celle du méridien magnétique, elle s’in-
clinait légèrement vers l’est. M, Moigno a
trouvé pour l’inclination de cette bande
sur l'horizon un angle d’environ 70°. Il a
remarqué principalement Papparition pres-
que soudaine de deux grands centres de
lumière diffuse placés à droite et à gauche
de cassiopée, mais un peu plus haut. Ces
deux cent es répandirent pendant près d’un
quart-d'heure une lumière assez vive pour
faire pâlir les étoiles de 4° prandeur.
à J
À Reims, M. Coulvier-Gravier a remar-
qué vers onze heures une étoile filante qui
prit-naissance vers la queue dela grande
ourse , se dirigea du sud-ouest au nord-est
en traversant le quadrilatère , de la petite
ourse,etunamas très lumineux qui couvrait
ent.érement ce quadrilatère. Il vit distinc-
tement cette étoile filante, obscurcie un
peu par cet amas lumineux, reprendre son
éclat après l'avoir traversé. Uneautre étoile
filante vers onze heures 18, ayant traversé
le ciel du sud au nord et rencontré égale-
ment dansson parcoursune partie du nuage
lumineux, parut éclipsée pendant quelque
temps. M. Coulvier-Gravier déduit de cette
double observation cette conséquence, que
la hauteur de ces étoiles filantes était bien
supérieure à celle du fluide ou gaz lumineux
qui donne naissance aux aurores boréales.
. À Bruxelles, à onze heures 12°, au mi-
lieu d’un ciel parfaitement serein, on
voyait une espèce de nuage blanchâtre, de
forme elliptique, situé dans le méridien et
à la hauteur de 60° environ. Ce nuage va-
riait à chaque instant d’éclat et de gran-
deur; ses variations brusques avaient quel-
que chose de fatigant pour l'œil, et passaient
alternativement de la faible lueur dela voie
lactée à l'éclat d’un nuage blanc qui effacait
à peu près la lumière des étoiles les ples
brillantes placées dans sa direction. Ce phé-
noméne était produit par l'espèce de nuage
lumineux qui accompagne généralement
les aurores boréales très intenses; et effec-
tivement le nord était alors très vivement
éclairé, et des jets de lumière se projetaient
à une hauteur assez grande dans le méri-
989.
dien magnétique. Vers onze heures 24’, la
laeur qui s'était montrée au sud avait com=
plétement disparu, et vers le nord le ciel
ne tarda pas à rentrer dansison état. ordi-
naire. Pendant cette aurore boréale eut
lieu une perturbation magnétiqueextraor-
dinaire, mais selon M. Quetelet, ce ne (ut
qu'après sa disparution que furent obser-
vées les plus fortes variations ; ainsi vers
onze heures 46, le magnétomètre mani-
festa le plus grand écart que l'on ait ob-
servé à Bruxelles depuis quatre années que
l’on y étudie d'une manière régulière la
marche du magnétisme terrestre, car sa
déviation de son état moyen s’éleva à 54
minutes ; savoir: de 63,00 s écarta Jusqu'à
77,67, en présentant une différencede près
de 15 divisions de l’échelle, dont la valeur
esti==:191:39#;, 02
À Parme (Italie), selon une communi-
cation que nous avons reçue de M. Colla,
l’aurore boréale ne fut pas aperçue, le ciel
étant masqué de nuages sombres, mais lui-
même a observé une perturbation extraor-
dinaire dans l'aiguille magnétique de dé-
clination de l’observatoire. Elle commença
vers dix heures du:soir, et atteignit son
maximum vers minuit, l'aiguille ayant di-
minuée en quelques instants de son état
moyen , d'environ 40 minutes. La pertur-
bation continua avec des mouvements
moins brusques, tout le restant de la nuit,
aussi bien que pendant la journée suivante,
etle magnétomètre ne reprit son état ré-
gulier que dans l’après midi du 8.
CHIMIE.
Sur un nouvel acide oxygéné du chrome.—
Extrait d’une letire de M. Barreswil à
M. Pelouze.
.… Si l’on verse dans de l’eau oxygénée,
chargée à 10 ou 15 volumes, une dissolu-
tion d’acide chromique, la couleur jaune
de cet acide est instantanément remplacée
par une coloration bleue indigo des plus
intenses, d’une instabilité extrême, car
souvent elle disparaît presque instantané=
ment en même temps qu'il se produit un
abondant dégagement d'oxygène. C'est en
recueillant le gaz qui se dégage par l’action
d’une quantité pesée de bichromate de
potasse sur une eau oxygénée très acide;
ue M. Barreswil est arrivé à la formule
probable du nouveau composé. L’opéra=
tion se fait à l’aide de l'appareil indiqué
par MM. Gay-Lussac et Thenard pour J'a-
nalyse des substances organiques. L'eau
oxygénée est mise dans le tube, le bichro-
mate y est introduit par petits morceaux,
à l’aide du robinet si ingénieux que tout
le monde connaît. À équivalent de bichro:
mate de potasse, réagissant sur l'eau oxy=
génée, très acide et en excès, dégage féqui-
valents d'oxygène, et donne 2 équivaz
lents de sel de chrome et 4 équivalents
d'oxygène .
KO,2CrOi+ A (*) = KOA +Cr'O*A+ 0°.
Sur 4 équivalents d'oxygène, 3 équivalents
sont fournis par l'acide chromique eti
par l’eau oxygénée. En considérant la
quantité d'oxygène dégage comme l’ex=
pression d’un simple dédoublement, on
est conduit à admettre la formule Cr-07.
L'auteur a, du reste, prouvé que l'eau
oxygénée n’est décomposée ni avant ni
après la réaction, et qu'il ne sen forme
pas non plus par la décomposition du com-
posé nouveau.
(*) A représente de l'acide sulfurique où chlorhy-
drique, etc.
| Veau se décolore.
eau oxygénée, ni sel de potasse, ni sel de
990
Toutes les tentatives faites pour isoler
l'acide surchromique à l’état de pureté
absolue ontété vaines. Seulement on a pu
l'amener à ne contenir que de l’eau. Une
des propriétés les plus remarquables a,
‘pour cela, été mise à profit : l’acide sur-
:chromique se dissout dans l’éther et lui
‘communique une couleur bleue des plus
“intenses.
Rien de plus simple que la préparation
de la solution éthérée beaucoup plus stable
que la solution aqueuse. On dissout du
bioxyde de ‘barium par l'acide chlorhy-
drique, en suivant les précautions indi-
- quées par M. Thenard; on recouvre l’eau
oxygénée impure ainsi produite d’une
couche d’éther, on y verse peu à peu une
dissolution de bichromate de potasse, et
on mêle les deux liquides : f’éther en-
traîne complètement le composé bleu, et
L’éther ne dissout ni
chrome, ni acide chlornydrique ; il ne
prend que de l'acide surchromique et de
l’eau.
Si l’on cherche à évaporer la dissolution
éthérée, elle se concentre, et l’éther est
| “complètement chassé; mais tout à cou
la couleur bleue disparaît, de l’oxygène
se dégage, et de l’acide chromique reste
dans le fond du vase. La décomposition,
comme on le voit, ne va pas aussi loin en
présence de l’eau pure que dans des liqueurs
très acides.
En présence des bases énergiques, la dé-
composition de l'acide surchromique est
encore plus rapide, à tel point qu’on serait
porté à croire que le composé bleu de
chrome r’est pas un acide, mais une com-
binaison d’eau oxygénée et d’acide chro-
mique. Cette réaction donne lieu à un dé-
gagement d'oxygène, et à la formation
d'un chromate de la base employée. L’am-
moniaque et les alcalis végétaux, au sein
de l'alcool ou de l’éther, peuvent se com-
biner avec l'acide surchromique et donner
naissance à des composés instables, dont
un acide énergique chasse l’acide bleu. Le
sel de-quinine est le plus stable : il est so-
fuble dans l'alcool, insoluble dans l’éther ;
on peut l'isoler el le sécher sans qu’il perde
ses propriétés. Ces composés sont-ils de
“vrais surchromates? ne sont-il pas plutôt
des combinaisons de chromates et d’eau
oxÿgénée? C'est ce que l’auteur n’a pu
jusqu'ici déterminer, et c’est ce qu'il se
propose de voir sitôt que le temps sera plus
favorable à ce genre d'essai. Il compte éga-
lement étendre les réactions de cet ordre :
“déjà l’acide vanadique Ini a donné un com-
posé suroxygéné d’un rouge intense, qui,
de même que l'acide surchromique, se
place, par ses propriétés, entre l’eau
oxygénée et les acides instables, sans qu’on
puisse encore le classer d’une manière dé-
finitive.
TT SEE
! SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIC.
Rapprochement entre les grès isolés de Fon-
tainebleau et les glaces polaires; suivi
de remarques sur les grès mamelonnés
d'Orsay; par M. Eugène Robert.
Les formes bizarres qu’offrent les grès
isolés de Fontainebleau rappelent tout à
fait, suivant M. Robert, celles des masses
flottantes de glace que l’on trouve dans
les mers polaires, et cette ressemblance
991
qui, si elle était fortuite, ne mériterait pas
’être relevée, doit au contraire fixer l’at-
tention dès qu'il est permis d'y soupcçon-
ner le résultat d’une même cause agissant
dans les deux cas. Pour les masses de
glace, on sait bien que la configuration
extérieure est déterminée par l’action pro-
longée des eaux; pourquoi n’en aurait-il
pas été de même pour les masses de grès?
Il y a entre ces deux sortes de corps un
rapport qu'on ne doit pas méconnaître :
ils ont une structure homogène, étant
composés de particules de quartz où de
neige, particules qui, dans les deux cas,
tendent à se grouper et à prendre une
contexture amygdalaires de laquelle ré-
sulte l’aspect comme guilloché des sur-
faces que l’on observe sur les blocs de
grès comme sur les blocs de glace flot-
tante.
M. E. Robert admet donc que les grès de
Fontainebleau, qui représentent pour lui
des dunes anciennes, ont été après leur
dislocation longtemps battus et baignés par
des eaux puissantes; il soupconne que ces
eaux pourraient être celles qui ont dû for-
mer Jadis un grand lac au fond duquel
s’est déposé le calcaire d'eau douce qui
recouvre le grès sur plusieurs points de la
forêt.
ZOOLOGIE.
Nouvelle espèce d'oiseau mouche des plus
remarquables, (ornismya helenæ)\; par
À. De Lattre.
Parmi lesespèces les plus riches comme
les plus belles d’oiseauxmouch s, il n’en est
pas sans contredit de plus remarquables que
la tribu de ceux dits Lophornis, et parmi
ceux-ci vient se placer l'espèce que M. Les-
son lui-même a trouvée admirable, et que
nous nommons l'oiseau Mouche -Hélène
(orrismya Helenæ), en l'honneur D'HÉLÈNE
D’ORLÉANS, cette noble princesse protectrice
des arts qu’elle encourage et qu’elle cultive
avectantde goût, etdontla grandeinfortune
rehausse le beau caractère ; puisse la prin-
cesse Hélène accueillir avec bonté cet hom-
mage d’un voyageur, heureux dans les
contrées lointaines, de conquérir cette ra-
rissime espèce pour lui donner le nom d’une
épouse et d’une mère si chère à la France.
L'oiseau Mouche-Hélène a la taille du
huppe-col, son bec est petit, court, aci-
culé, et ses ailes étroites sont de la lon-
gueur de la queue; celle-ci est large, pres-
que égale, mais formant éventail. Les rec-
trices en sont larges , rigidules.
Lemäâle possède les plus somptueuses pa-
rures, Son front est surmonté de deux
huppes pointues, et sur le milieu du sin-
ciput sont implantés desfilamentscapillacés,
fins , au nombre de trois de chaque côté,
qui donnent à la parure de cet oiseau gra-
cieux Ja plus complète analogie avec celle
de quelques crinons. Les plumes jugulaires
évasées en éventail, forment un-hausse-col
arrondi des plus gracieux, et ce hausse-col
résulte d’un assemblage de plumes étroites,
Jancéolées, pointues.
Aux formes si coquettement gracieuses ,
l'oiseau Mouche-Hélène joint une richesse
extraordinaire de coloris. Les deux huppes
effilées du front brillent de l'éclat vert de
l’émeraude, en se glaçant sous certains re-
flets en velours , et marqué de roux sur
quelques points ; les crins du sinciput sont
noirs, le plus riche vert frais est saupoudré
d’or, teint le cou, le dos, et s’arrête au
croupion, où se dessine une barre blanche;
992
les couvertures supérieures dela queue sont
d'un violet métallisé; un plastron vert éme-
raude des plus brillants chatoie sur le go-
sier et se trouve encadré par la large col-
lerette de plumes étalées, teinte de noir ve=
lours dans le bas, et dont chaque plume
de côté est par moitié noir velours ou cha-
mois clair ; un gris roux teint le dessous
de cette collerette , puis des paillettes d’or
sont semées sur le ventre, les flancs, jus-
qu'aux couvertures inférieures qui sont
rousses.
Le bec est jaune, les tarses sont grêles
etjausâtres; un pourpre violet teint les ailes
et la queue rouge canelle en dessous, à
chaque penne rouge cannelée bordée exté-
rieurement de noir ; les rectrices moyennes
sont elles-mêmes terminées largement de
noir.
La femelle, comme ses congénères, est
simple dans sa parure. Du vert doré sur la
tête et sur le dos, une barre jaune clair sur
le croupion , du vert doré sur les côtés du
cou et les flancs, une tache uoire sur la
région auriculaire, la distinguent suffi-
samment, Sa gorgeet le devant du cou
sont blancs picotés d’or. Une ceinture dorée
et des paillettes dorées tranchent avec le
blanc du ventre, teint de rouille. Les
couvertures inférieures sont entièrement
rouille, les pennes de la queue vert doré à
la base, puis noires.sous terminées de roux
vif.
Cette belle espèce vit sur les hauteurs de
la haute Vera-Pax, sur la route de Petinck,
dans la république de Guatimala; il a les
mœurs des huppe-cols, et ne se trouve
que dans les grands bois ; et jamais proche
les habitations.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.
Observations relatives au rapport fait par
M. Becquerel , dans la séance du 8 mai
1843, sur un mémoire de M. Payer, inti-
tulé : Sur la tendance des tiges vers la lu-
mière; par M. Dutrochet,
Dans la séance du 26 décembre 1842,
M. Payer a présenté à l’Académie un mé-
moire sur la tendance des tiges vers la lu-
mière, mémoire pour l’examen duquel jai
été nommé commissaire , conjointement
avec MM. de Mirbel et Becquerel. Ce mé-
moire, d’abord remis à M. de Mirbel, m’a
été renvoyé par ce dernier, après en avoir
pris connaissance. Je me proposais de ré-
péter les expériences contenues dans ce
mémoire, et de faire le rapport; mais
M. Payer ayant fortement insisté, el à
plusieurs reprises, pour retirer ce mé-"
moire de mes mains, afin de le confier à
M. Becquerel, j'ai dù m'en dessaisir. Cela
explique pourquoi le rapport sur ce mé-
moire de physiologie végétale a été fait par
M. Becquerel dont ce n’est pas la science
spéciale, Je m'attendais cependant à être
consulté par mon honorable confrère pen-
dant que j'étais encore à Paris, d’où je ne
suis parti qu’à la fin d'avril, mais je n’ai su
u’il s'était occupé de répéter les expérien-
ces de M. Payer, et je n’ai connu son rap-
port que par l'impression de ce rapport
dans le Comp'e rendu de la séance du
8 mai dernier. Ainsi je n’ai point à répon-
dre de son contenu, qui même me blesse
en certains points, et C'est à tort que j'y
suis implicitement censé avoir vérifié, avec
MM. de Mirbel et Becquerel, les expériences
de M. Payer.
En parlant de la divergence des opinions
993
des physiologistes sur la cause de la ten-
dance des tiges vers la lumière, l’hono-
rable rapporteur s'exprime ainsi : & Ces
opinions n'auraient pas présenté probable-
ment autant de divergence si elles eussent
reposé sur des expériences exactes relatives
au mode d'action de la lumière , c’est-à-
dire si ces physiologistes eussent recher-
ché quelles étaient les différentes parties du
rayonnement solaire qui donnaient lieu à
ce phénomène, et pouvaient influer sur
les réactions chimiques produites dans les
tissus végétaux. »
Je me suis beaucoup occapé de l'étude
_ de l'influence qu’exerce la lumière sur les
végétaux pour produire l’inflexion de leurs
diverses parties, et j’ai donne sur ce sujet
une théorie entièrement neuve qui repose
sur des expériences exactes relatives au
mode d’action de la lumière surles végé-
taux. Si l'honorable rapporteur a émis une
assertion contraire, c’est qu'il n’a pas en-
visagé la question sous ses différents as-
pects. Le mode d’action de la Inmière sur
les végétaux demande à être considéré sous
plusieurs points de vue :
1° Quels sont les phénomènes physiques
ou chimiques que l'action de la lumière
produit chez les végétaux? Ces phénomè-
nes sont spécialement l'augmentation de
l’émanation aqueuse et la décomposition
de l’acide carbonique , d’où résulte la fixa-
tion de son carbone, et le dégagement de
son oxygène gazeux qui, ainsi que je l'ai
fait voir, remplit d’abord les organes pneu-
matiques de la plante, et ne se déverse au
dehors que lorsque ces organésisont pleins.
20 Par quel mécanisme s'opère l'inflexion
des tiges végétales sous l'intluence de la
lumière? Jai fait voir, par des expériences
exactes, quel est ce mécanisme, lequel
consiste dans la tendance diverse à l’incur-
vation du tissu cellulaire sous l'influence
de l'augmentation de l’émanation aqueuse,
et dans la tendance diverse à l'incurvation
du tissu fibreux sous l'influence de l’aug-
mentation du dégagement de l’oxigène qui
remplit les organes respiratoires, et pro-
cure, par suite, l’oxygénation du tissu fi-
breux.
3 Comment la lumière produit-elle
l’augmentation de l’émanation aqueuse et
la décomposition de l’acide carbonique?
L'augmentation de l’émanation aqueuse
par la lumière est un fait donné par l’ob-
servation, mais que rien n'explique en-
core. La décomposition de l’acide carbo-
nique par la lumière chez les végétaux est
incontestablement due à l’action des rayons
chimiques. Cela ne pouvait pas être l’objet
d’un doute, même avant les expériences de
M. Payer, expériences qui n’ont fait que
donner la confirmation expérimentale à ce
qui devait être nécessairement. Ainsi, ces
expériences n’ont véritablement rien fait
pour expliquer la cause de la tendance des
tiges vers la lumière. Cette cause se trouve
primitivement, d’une part, dans l’'augmen-
"tation de l'émanation aqueuse par l'in-
fluence de la lumière, phénomène inex-
pliqué;iet, d’une autre part, daus la dé-
composition de l'acide carbonique, et, par
suite, daus le dégagement intérieur du gaz
oxygéné|.sous l'influence de la lumière,
phénomëne.dû à l'action des rayons chi-
miques. Cette: cause se trouve secondaire-
ment dans l’incurvation des tissus végé-
taux sous l'influence de l’augmentation de
l’émanation aqueuse , et sous l'influence de
l'augmentation du dégagement intérieur
de l'oxygène,
994
L'honorable rapporteur ajoute, vers la
fin de son rapport, à propos des expérien-
ces qu’il engage M. Payer à faire : ces ex-
périences, mises en regard ‘de celles rela-
tives à l’inflexion des tiges, présenteraient
d'autant plus d'intérêt que lon a cru re-
marquer que certaines plantes éprou-
vaient un effet inverse, c’est-à-dire qu'au
lieu de s’infléchir vers la partie la plus
éclairée d’une pièce, elles semblaient fuir
la lumière,
La tendance qu'ont certaines parties vé-
gétales à fuire la lumière , phénomène an-
noncé d’abord par feu M. Knight, a été
démonstrativement établie par moi de la
manière la plusincontestable. J'aifait voir,
il y a longtemps, que, par exemple, lors
de la germination de la graine du gui, la
tigelle de cette plante s'infléchit constam-
ment en sens inverse de celui de l’afflux de
la lumière, et dirige, par conséquent, dans
le même sens la radicule qui la termine.
Ce faitn’estignoré d'aucun deceux qui s’oc-
cupent de la physiologie végétale; il a été
constaté par beaucoup d’observateurs, et
notamment par M. de Candolle. Le phéno-
mène de la fuite de la lumière par certaines
parties végétales est donc bien établi dans
la science ; il n’est point de ceux que l’on
a cru remarquer.
De
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 31 mai 1843.
M. de Colmont propose d’élire un ad-
joint pour compléter le comité de com-
merce; cette proposition est ajournée à la
séance prochaine, selon les usages de la
société.
M. Vallot fait un rapport favorable sur
des procédés employés par M. Sajou pour
faire des dessins en tapisserie analogue à
celle qu’on fabrique à Berlia et qui est très
recherchée par le commerce. D’après l’opi-
nion du comité des arts économiques, les
procédés employés par linventeur sont
d’une si faci'e exécution qu’on peut les
faire suivre par de jeunes ouvrières peu
exercées à ce travail, et que cependant les
nuances des couleurs sont si parfaitement
assorties que les produits ne le cède en rien
à ceux de Berlin, et sont moins couteux.
La société s'occupe ensuite des modifica-
tions qu’elle desire voir apporter à la loi
présentée à la Chambre des députés sur les
brevets d'invention. Les cinq premiers ar-
ticles sont étudiés;. mais le sivième donne
lieu à une très vivediseussion, dont la suite
est remise à la prochaine séance. La pro-
position faite par un des membres de ne
taxer les brevets d'aucun impôt est discutée
et rejetée. FRANCOEUR.
CONSTRUCTIONS.
Bureaux à l'épreuve du feu, construits pour
le duc de Bedford ; par M. Cubit.
Ces bureaux, dit le journal The Artüzan,
sont un chef-d'œuvre de construction sous
le triple rapport du dessin , de l'exécution
et de la nature des matériaux employés.
Les critiques les plus tracassiers y trouve-
ront difficilement à exercer leur talent,
tandis que tous les observateurs judicieux
auront au contraire une infinité de choses
à louer. En ce qui nous concerne, nous
pouvons dire consciencieusement que nous
n'avons encore rien vu qui répondit mieux
995
à l’idée que nous nous sommes faite des
conditions auxquelles doit satisfaire un
édifice de ce genre, et qui fit plus d’hon-
neur à son auteur. Cette construction , à la
vérité , n’est ni vaste, ni monumentale, et
ne peut, par conséquent, exciter l’enthou-
siasme du vulgaire ; mais à l'homme versé
dans la science de l’architecture, et même
seulement à l’homme de bon sens, elle pa-
raîtra plus digne d'intérêt que ces colonades
somptueuses , élevées à force de dépenses,
suivant des règles toutes tracées, qui ne
laissent à l’architecte ni génie à déployer,
ni difficultés à surmonter.
Le principal objet que s’est proposé
M. Cubitt a été de mettre les papiers dé-
posés dans ces bureaux à l'abri de l’humi-
dité et du feu. Pour prévenir le premier de
ces deux dangers, on a établi une aire de
béton de 0 mètre 600 d'épaisseur, qui s’é-
tend au-delà des murs extérieurs. Sur cette
aire on a construit des voütes en briques,
communiquant par des ouvertures entre
elles et avec une galerie couverte qui en-
toure l’édifice. Cette galerie est percée de
baies grillées, dont les seuils sont élevés un
peu plus haut que le pavage extérieur.
L'édifice se compose d'un rez-de-chaus-
sée destiné aux archives, et d’un premier
où se trouvent les bureaux. Pour suppri-
mer tout danger d’iucendie , l’auteur en a
exclu tous les matériaux combustibles, à
l’exception des parquets du premier étage
qui sont en chêne, bois moins combustible
que le sapin , des dormants des fenêtres du
premier étage qui sont aussi en chêne et
d’une porte battante à l’entrée, porte en-
tièrement isolée de tout autre objet com-
bustible. Le fer, les briques, les tuiles , le
ciment, le mortier, la pierre et l’ardoise
sont les seuls autres matériaux employés.
La voute du rez-de-chaussée est cons-
truite en fer et en fonte; celle du premier
se compose de fonte et de tuiles posées à
bain de ciment. Le toit est aussi en tuiles
eten fer. Toutes les portes et tous les vo-
lets sont en fer, les châssis des croisées sont
en ardoise, et les dormants dans la pièce
des archives sont même en métal.
L’aire de cette pièce est dallée en pierres
posées sur les voûtes en briques. Quantaux
pièces du premier étage, elles sont, comme
on l’a dit, parquetées en chêne posé sur des
lambourdes de même bois, supportées par
les voûtes en briques du rez-de-chaussée ;
mais ces parquets, au passage d’une pièce
à l’autre, sont séparés par un dallage.
Comme l'air ne tarderait pas à manquer,
il est probable que, si un de ces parquets
venait à prendre feu, la combustion s’ar-
rêterait promptement d'elle-même et ne
serait que partielle; mais, en supposant
que le parquet d’une pièce fût brûlé en en-
tier, le dailage intermédiaire empêcherait
au moins le dommage de s'étendre aux
pièces voisines. La destruction d'un plan-
cher est donc la limite du dommage qu'un
incendie peut faire éprouver à cet édifice
qui, sous tous les autres rapports, est tout
a fait à l'abri de ce danger.
Les titres déposés dans les archives seront
renfermés daus des boîtes de fer blanc, ran-
gées dans des casiers en ferétabhs sur toute
la hauteur de la pièce. Ces boîtes s'ouvri-
ront par devant, afin que l'on nait pas
besoin de les déplacer pour en retirer les
papiers. Les casiers vont être disposés de
manière à contenir un nombre de ‘boîtes
aussi grand que le permettra la nécessité
d'éelairer la pièce et de circuler facilement.
On a fait observer qu'une couverture en
|
|
|
996 ‘°
fer et en tailes pourrait être sujette, lors
ides changements brusques de la tempéra-
ture, à condenser l'humidité contenue dans
l'air des pièces de cet édifice. Pour éviter
cet inconvénient , ea assurant la constance
ide la température intérieure, on a couvert
la voûte d’une couche de coquilles de 0
mètre 450 environ d’épaisseur, qui semble
produire l’effet désiré.
Quoique les portes et les volets soient en
: fer, leur apparence extérieure est la même
| que s'ils étaient en bois ; il faut y regarder
q 2 Le)
|
| Or LA
| facilité.
de près pour connaître la différence, et
ils s'ouvrent et se ferment avec la même
(Journal des Usines. )
ARTS MÉTALLURGIQUESe
Essieux pour chemins de fer.
Des expériences du plus haut intérèt.ont
eu lieu tout récemment à la station de
Camden-Town, sur le chemin de fer de
Londres ct Birmingham. Il s'agissait d’un
essai comparatif entre les essieux creux
brevetés de Youll et des essieux pleins, les
plus solides, les meilleurs actuellement en
usage. MM. le major-général Pasley, Bury,
: Gregory, et environ trente autres Ca
es
nieurs ou personnes qui s'occupent
chemins de fer, étaient présents à cette
| importante épreuve. Le résultat a été des
| plus satisfaisants ; il a montré une énorme
supériorité. de-foice dans les essieux creux.
” Les essieux ont été soumis à un effort de
torsion de vingttonnes {vingt mille kilo-
grammes ); un poids considérable est tombé
sur lesessieux. La flexion des essieux creux
a toujours été moins grande, bien qu'ils
fussent de près de 20 0/0 plus légers que
les pleins. Maïs le plus grand perfection:
nement est dans Îles extrémités, dans lés
fusées qui sont creusées aussi, et du dia-
mètre ordinaire. Deux ou trois coups d’un
fort marteau ontété suffisants pour briser
des essieux pleins, trente, quarante et jus-
qu’à cinquante coups du même marteau
ontété nécessaires pour briser les fusées
des essieux creux. Lorsqu'on se rappelle que
parmi bien d'autres, le terrible accident
du chemin de fer de Versailles a été causé
| par larupture d’un'essiéu plein, à la fusée,
on ne saurait attacher trop d'importance
au fait que nous signalons. Plusieurs des
spectateurs étaient arrivés avec une pré-
vention marquée pour les essieux pleins,
mais à la fin des expériences la conclusion
unanime a été en faveur des essieux creux,
On assure que le prix de ces essieux nedoit
pas êtré plus considérable que celui des
autres; on ne pourrait donc pas opposer
+ dés raisons d'économie à l’adoption de la
… nouvelle invention.
ARTS CHIMIQUES.
Note sur la paille de mil, nouvelle sub-
stance coloranle. (Extrait d’un rapport
de M. H, Schlumbergcr, de Mulhouse.
M. H. Schlumberger a lu dernièrement,
dans la société industrielle de Mulhouse,
| un rapport sur plusieurs substances colo-
| rantes provenant de certaines plantes de
L 0 . . . L
l'Afriqueoccidentale, recueillieset envoyées
en France par MM. Jaubert et Galès, né-
gociants français établis à Gorée (Sénégal).
Nous nous bornons à indiquer les princi-
| paux résultats 6blénus par l’habile rappor-
teur sur Ja paille de mil, laseule de cessub-
stances qu'il regarde.comme méritant de
fixer réellement; l’attentiou, parce qu’elle
997
présente des propriétés nouvelles et diffé-
rentes de celles de toutes lesautres matières
colorantes connues jusqu'ici.
La paille de mil , dit M. Schlumberger,
est encore appelée, par MM. Jaubert et
Galès, cochenille africaine, parce que,
selon eux, réduite en poudre, elle ressemble
à la cochenille et qu’elle développe une
couleur rouge lorsqu'on la soumet à l’ac-
tion de l’ammoniaque, de la soude ou de
la chaux.
La paille de mil est une espèce de paille
ayant de 1 à 2 centimètres de diamètre, et
de 2 jusqu’à 4 décimètres de longueur.
Cette paille a une couleur d’un grenat
foncé, tachetée par places en gris jau-
nâtre.
L'eau froide n’a aucune action sur la
poudre de paille de mil. L'eau bouillante
se colore en brun vineux. Cette décoction
dépose , par le refroidissement, une ma-
tière brune foncée; ce dépôt augmente par
l’évaporation du liquide. En l’évaporant à
siccité, on obtient une poudre noire bru -
nâtre qui se redissout dans l'acide sulfu-
rique concentré, en le colorant en orange
doré. (L'auteur du rapport décrit ensuite
la manière dont elle se comporte avec plu-
sieurs réactifs.)
Les tissus de coton, de soie et de laine,
ayantété soumis à lopération tinctoriale
de la paille de mil, le rapporteur a re-
marqué que cette substan e était assez
riche en matière colorante , et qu’elle tei-
gnait très bien tous ces différents tissus, en
produisant ; par l'intermédiaire des divers
mordants, des couleurs variant du noir au
rouge et du gris au violet.
L'eau froide n'ayant presque aucune ac-
tion sur la paille de mil, ce n’est que vers
l'ébullition du bain que la teinture fait des
progrès.
L'auteur décrit ensuite les expériences
auxquelles il à soumis des échantillons de
coton. Ces expériences lui ont fourni plu-
sieurs nuances et un grand nombre d’ob-
servationsintéressantes, dont on trouvera
le détail dans le rapport.
En résumant ces observations, l’auteur
dit :
Nous conclurons que cette substance
présente beaucoup d'intérêt sous le point
de vue tinctorial, et qu'elle diffère de la
plupart des matières colorantes employées
jusqu’à présent en teinture.
Elle produit, avec les mordants de fer,
sur lés toiles de coton, de soie et de laine,
une couleur noire très intense et d’une
grande solidité, résistant parfaitement à
l'air, au soleil, au savon, aux carbonates
alcalins et aux acides. Avec les mordants
d’alamine , on obtient des grenats qui s’a-
vivent beaucoup par un passage au proto
ou au deutochlorure d’étain, mais qui ont
moins de solidité que les noirs. Les mor-
dants de deutoxyde d’étain produisent des
couleurs, variant du rouge au grenat, qui
ont plus ou moins de vivacité, mais qui
sont aussi moins solides que les noirs obte-
nus par la même matière. :
Dans les essais que j'ai entrepris pour
les teintures en paille de mil, le fond blanc
ou les parties non mordancées se chargent
d’une matière colorante qui y. tient assez
fortement. Cependant on remarque que
l’exposition au soleil et que les passages au
savon détruisent en partie cette teinte, et
il est probable que, par de nouvelles expé-
ricnces, on parviendra à obtenir un fond
blanc plus pur.
Néanmoins la paille de mil pourra tou-
698
jours être employée pour la teinture en
uni des cotons, des soies et des laines , et
c'est surtout pour la teinture en noir de ce
dernier tissu qu’elle pourra présenter le
plus d’avantage.
Nous avons vu que la paille de mil était
assez riche en matière colorante, car, avec. +.
8 grammes de ce produit, on sature très
bien les mordants d’un échantillon qui au-
raient exigé 20 grammes de garance.
Du reste, il uous paraît possible d’ap-
porter de grands perfectionnements à l’em-
be
ploi de cette matière. Il y aurait à examiner °°
l'influence de la méthode de culture ‘sur’!
cette paille, l’âge et le moment favorables’:
à sa récolte, la manière de la sécher et de
la conserver, pour obtenir le meilleur ren-
dement de la matière coloravte. Eufin il
reste encore à faire un grand nombre d’es-
sais sur son emploi en teinture, pour dé-
terminer les moyens les plus convenables
de s’en servir.
(Bulletin de la société industrielle de
Mulhouse.)
HORTICULTURE.
Nouveau greffoir Bergevin.
M. Bossin, qui a fait à l'automne der-
nier, en Normandie et en Bretagne, lun
voyage agricole et horticole, wous'a rap:
porté un greffoir d’une nouvelle façon, in-
venté par M. Bergevin, ex secrétaire dé:
missionnaire de la Société d'Agriculture
de Brest, qui s'occupe avec un zèle assidu
de tout ce quise rattache aux progrès de
l'agriculture et de l’horticulture.
La lame et le manche du greffoir Berc\:
gevin ne différent en aucune façon de ceux }
ordinaires; la spatule ou mèche quiiest
placée à l'extrémité de ce manche, seule!
n’a pas la même forme : ellea près de 40 mil:
limètres de longueur, 5 de large au sommet
et 8 à sa base. Au lieu d’être plate ou légè-
rement convexe elle est concave, c’est-à-
dire, qu’elle forme dans toute salongueur,
une gouttière de 5 millimètres de creux à
sa base, et dont la profondeur va sans cesse
en diminuant, aivsi que l'épaisseur, vers le
sommet, où l'instrument se termine en
une espèce de bec aminci, de la forme de
l’outil que les mécaniciens appellent une
gouge. Cette spatule se replie sur le man-
che et se couche sur la lame où elle ne
court pas de risque d’être brisée lorsqu'on
n'en fait pas usage.
La spatule en gouttière du nouveau mo-
dèle, dü à M. Bergevin, est destinée à enle-
ver le bois qui se trouve adhérent à l’écus-
son, lorsqu'on le détache du rameau en
la faisant passer légèrement entre le bois et
l'écorce, de manière à couper nettement le
bourrelet formé par l'œil, Cette opération,
souvent mal faite,par les moyensordinaires
est presque infaillible, suivant ce qu’en à
dit M. Bergevin qui, pour appuyer la su-,
périorité de son instrument, assurait. à
M. Bossin que sa cuisinière, qui n’avaitja-
mais vu de grefloir, avait écussonné des
orangers, etqu’elle n’en avait pas manqué
un seul avec le greffoir Bergevin.
Un habile fabricant d’instraments d’a-
griculture et d’horticalture de Paris, a
prié M. Bossin de lui confier le greffoir Ber-
gevin comme modèle et pour en fairede pa-
reils. L'usage de ce greffoir nous confirme-
ra sans doute les résultats obtenus à Brest.
Nous l’espérons, et nous prions nos lecteurs
de nous en rendre compte.
999
ACADÈMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES.
Séance publique du samedi 27 mai (845. — Pré-
sidence de M. le comte Portalis.
La séance a été ouverte par un discours
dans lequel M. le président à défini les
sciences qui composent le vaste et riche
programme de l’Académie. Remontant
jusqu’à leur naissance, il les a suivies pas
à pas, à marqué chacun de leur progrès,
etrattachant par une transition habile à
cette-revue rétrospective l’histoire de l’A-
cadémie elle-même, il a indiqué en termi-
nant; avec cette netteté de vues et cette
concision qui sont les caractères des intel-
ligences pratiques, dans quel but avait été
fondée l’Académie des sciences morales et
politiques, quelle était la marche qu’elle
devait suivre pour compléter les résultats
qu’elle avait déjà obtenus. Gediscours'a été
terminé par un rapport sur les prix pro-
posés.
SUJETS DE PRIX ET PROGRAMMES ADOPTÉS PAR
L’ACADÉMIE, POUR ÊTRE MIS AUX CONCOURS
DES ANNÉES 18414, 1845, 1846.
Section de philosophie. — Prix extraor-
dinaire & décerner en 1844. — « Examen
critique de la philosophie allemande. »
Avec ce programme : « Faire connaître
par des analyses étendues les principaux
systèmes qui ont paru en Allemagne, de-
puis Kant inclusivement jusqu’à nos jours.
» S’attacher surtout au système deKant,
qui est le principe de tous les autres.
» Apprécier la philosophie allemande :
discuter les principes sur lesquels elle re-
pose, les méthodes qu'elle emploie, les
résultats auxquels elle est parvenue Re-
chercher la part d’erreurs et la part de
vérités qui s’y rencontrent, et ce qui, en
dernière analyse, peut légitimement sub-
sister, sous une forme ou sous une autre,
du mouvement philosophique de lAlle-
magne moderne.» — Le prix est de quinze
cents francs.
Le terme du concours est fixé au 1% sep-
tembre 1543, terme de rigueur.
Les mémoires doivent être écrits en
français ou en latin, et déposés! francs de
port, au secretariat de l’Institut.
L'Académie propose pour l’année 1845,
le sujet de prix suivant : « Théorie de la
certitude. »
Ce prix est de la somme de quinze cents
francs.
Les mémoires devront être déposés,
francs de port, au secrétariat de l’Institut,
le 31 août 1845, terme de rigueur. Ils
devront être écrits en français où en
latin. ‘
Section de morale. —Prix à décerner en
1845.— « Rechercher quelle influence les
progres et le goût du bien-être matériel
exercent sur la moralité d’un peuple. »
Ge prix est de la somme de quinze cents
francs.
Les. mémoires devront être déposés,
francs de port, au secrétariat de l’Institut,
le 30 septembre 1844, terme de rigueur.
L'Académie propose, pour être décerné,
s’il ya.lieu, en 1846, le sujet de prix
suivant :
» Rechercher, et exposer comparative-
ment les conditions de moralité des classes
ouvrières agricoles, et des populations
vouées à l’industrie manufacturière. »
Ce prix est de la somme de quinze cents
francs.
Les mémoires devront être déposés au
1000
secrétariat de l'Institut, le 30 septembre
4845, terme de rigueur.
Section «le législation, de droit public et
de jurisprudence. — L'Académie à mis au
concours la question suivante :
« Exposer la théorie et les principes du
contrat d'assurance; en faire l’histoire, et
déduire de la doctrine et des faits les déve-
loppements que ce contrat peut recevoir,
et les diverses applications utiles qui pour-
raient en être faites dans l’état de progrès
où se trouve actuellement notre commerce
et notre industrie. »
Quatre mémoires ontété déposés au se-
crétariat de l’Institut et soumis à l'examen
de l’Académie. Aucun d’eux n’ayant rem-
pli les conditions imposées, le même sujet
est mis au concours, lequel est prorogé au
17 novembre 1844. ;
Section d'économie politique et de statis-
tique. — Prix à décerner en 1844. — L’Aca-
démie rappelle qu’elle a proposé, pour
1844, un prix sur la question suivante :
«Rechercher : 4. Quels sont les modes
de loyer ou d'amodiation de la terre actuel-
lement en usage en France;
» 2. À quelles causes tiennent les diffé-
rences qui subsistent entre ces modes de
loyer et les changements qu'ils ont éprou-
vésy
» 3. Quelle est l'influence de chacun
de ces modes de loyer sur la prospérité
agricole. »
Ge prix est de la somme de quinze cents
francs.
Les mémoires
français ou en latin, et déposés à l’Institut,
francs de port, le 1°" septembre 1843,
terme de rigueur.
L'Académie rappelle également qu’elle
a proposé, pour 1815, le sujet de prix
suivant :
« Déterminer les faits généraux qui
règlent lesrapports des profits avec lesisa-
laires, et en expliquer les oscillations res-
pectives, »
Ce prix est de la somme de quinze cents
francs.
Les mémoires devront être déposés au
secrétariat de l’Institut, francs de port, le
30 septembre 1844, terme de rigueur.
Section d'histoire générale et philoso-
phique. — L'Académie décernera, sil y a
lieu, dans sa séance publique de 1845, un
prix sur la question suivante :
« Retracer l'histoire des états généraux
en France, depuis 1302 jusqu’en 1614;
» Indiquer le motif de leur convocation,
la nature de leur composition, le mode de
leurs délibérations, l'étendue de leur pou-
voir ;
» Déterminer les différences qui ont
existé à cet égard entre ces assemblées et
les parlements d'Angleterre, et faire con-
naître les causes qui les ont empêchées
de devenir, comme ces derniers, une insti-
tution régulière de l'ancienne monarchie. »
Ce prix est de quinze cents francs.
Les mémoires devront être déposés,
francs de port, au secrétariat de l’Institut,
le 30 septembre 1843, terme de rigueur.
L'Académie propose également, pour
1545, un prix sur la question suivante :
« Faire connaître la formation de l’ad-
minhistration monarchique depuis Philippe-
Auguste jusqu'à Louis XIV inclusive-
ment;
» Marquer ses progrès; montrer ce
qu'elle a emprunté au régime féodal, en
quoi elle s'en est séparée; comment elle
l'a remplacé. »
devront être écrits en
.
1001
Ce prix est de la somme de quinze cents
francs. k
Les mémoires devront être: écrits «en
français ou en latin, et déposés, .franes de
port, au secrétariat de l’Institut, le 30 sep-
tembre 1844, terme de rigueur.
Prix quinquennal de cinq mille francs,
fondé par M. le baron Félix de Beaujour.
— L'Académie decernera, s’il y a lieu, en
1815, un prix sur la question suivante :
« Rechercher quelles sont les applica-
tions les plus utiles qu'on puisse faire du
principe de l'association volontaire ebpri-
vée au soulagement de lamisère: »
Telle était la question proposée par
l’Académie pour se conformer aux vues
qui ont présidé à.la fondation de M. Beau-
jour, Dans un temps où tant d’esprits atten-
dent de l'association d'immenses améliora-
tions dans le sort de l'humanité, il y avait
quelque importance à provoquer des re-
cherches qui donnassent la véritable me-
sure des ressources qu’elie pourrait oppo-
ser à l’action des causes qui créent l'indi-
gence. Si la question, ainsi posée, semblait
confiner les recherches sur un. terrain
circonscrit, elle avait du moins un sens
précis, et s’il fût résulté des investigations
provoquées par l’Académie, la preuve que
l'association a tous les moyens desirables
d’éteindre des souffrances qui jusqu'ici ont
affligé toutes les sociétés, on eût été en
droit d’en conclure qu’elle répandrait sur
l'avenir d’autres bienfaits encore. Mais
l’Académie a reconnu avec régret que son
attente n’a pas été remplie. Ce n’est pas
que les concurrents aicnt manqué, 25 mé-
moires, parmi lesquels il en est de fort
étendus, ont été soumis à son examen;
mais ancun d'eux ue lui a paru d’un mé-
rite assez réel et assez grand pour qu’elle
pût lui décerner le prix, La question.a été
maintenue au concours.
Les mémoires devront’être déposés au
crétariat de l’Institut, le 30septembrei 844,
terme de rigueur.
Une notice historique de M. Mionet, sur |
la vieet les travaux dè M: Daunou, à ter-
miné la séance. La: lecture de l’éloquent
et spirituel secrétaire perpétuel a été fre-
quemment interrompue par les applaudis-
seinents de l'assemblée.
Le jeune Daunou était destiné par son
père à la profession de chirurgien, qui
était héréditaire dans sa famille, tandis que
son goût bien prononcé l'aitirait vers
le barreau. Il en advint, que ne pouvant
être avocat et ne voulant pas se faire chi-
rurgien, il se fit moine. Laissons le jeunes
oratorien à sa vie de cénobite, constatons
seulement en passant que son premierh
essai, comme écrivain, fut l'éloge de Boi=
leau, couronné par l'Académie. Moins heu-
reux dans le concours ouvert à Berlin, sur
la question de la puissance paternelle, il
ne dut, peut-être, qu’au souvenir trop vif
d’un abus dontilayaitété victime, de ne pas
recevoir le prix.
En 1789 et dès les premiers Jours de la
révolution, Daunou en embrassa tous les
principes. Après le 14 juillet, il prononca
au district de l’oratoire l’éloge funèbre desk
victimes de la prise de la Bastille, et lorsque #
les grandes questions, que la reconstrucs
tion de l'ordre social devait emmener,
furent jetées dans la discussion, il n’hésita
pas à prendre la plume pour justifier 1e
cloture des cloîtres, et soutenir que pou
être chrétien, le clergé devait avant tout |
être national. On comprend que la con=}
stitution civile du clergé t'ouva en lui uu|
ME C3 Co
# maïs les mêmes mots qui sont à la fois
; verbes, noms et adjectifs se transforment
e
M Ex. : ok0 qui signifie également enten-
I Î dre et fort , peut aussi signifier fortement.
Ê
pécha pas N
‘M adverbes proprement dits :
… 1° Adverbes dedirection, mai
| deuxadverbes jouent le plus grand rôle
|
ni
1002
‘défenseur zélé. Successivement vicaire
diocésain de l’évêque d’Arras et de celui
ide Paris, le district de Boulogne le nomma,
après le 10'août, député à la Convention.
Dans le procèsdu roi, il vota avec les Gi-
rondins qui voulaient et n’osaient pas le
sauver, mais plus hardi que la plupart
d’entre eux, il défendit pied à pied le ter-
rain en parlant d’abord contre la compé-
1tence; puis pour la déportation et la réclu-
:sion jusqu'à la paix, enfin, anrès l'arrêt
pour le sursis et pour ’appelau peuple. Mis
hors la loi comme ses collègues, incarcéré
rcomme eux, il resta dans les prisons jus-
qu'après le 9 thermidor. Rentré dans la
Convention, il en fut tour à tour l’un des
secrétaires et le président. Plus tard, dans
Ja commission des onze et J’un de ses mem-
| bres les plus actifs, il rédigea presque en
\ entier la Constitution de l’an 3, la plus
| parfaite ou la moins défectueuse de toutes
| celles qu'on avait essayées jusqu'alors. La
\ Constitution de l’an 3 devait périr comme
\:ses devancières. Elle n’est, à l'heure qu'il
est,qu'un monument historique,tandisque
l Dawunou est toujours resté vivant pour nous
: avec ce vaste plan d’instruction dont la base
est l’école primaire du village, et dont le
. Couronnement estformé par les cinq classes
de savants qui recurent le nom d’Institut.
Nommé aux Cinq-Cents par vingt-
cinq collèges, Daunou préféra sa place
au tribunal à celle de conseiller d'Etat que
ui offrit le
rémier consul. Ce refus n’em-
apoléon de l'appeler, en 1804,
‘à la conservation des archives du royaume.
k C'est là que ce savant laborieux et modeste
| a terminé sa longue carrière. Ses derniers
|: moments furent consacrés à ses travaux
| historiques ; quelques heures avant sa mort
| il corrigeait les épreuves de son plus bel
‘ouvrage. C.-B. F.
Tete
DCS GET
-LINGUISTIQUE.
| Essai d’une #rammaire ‘de la langue des îles
Marquises, rédigé sur les documents du ?.
Mathias, let de M. A. Lesson, médecin en
| chef des’îles Marquises, tool
101 s(Quatrièmie article.)
4 …,, 6» Del'adverbe.
Il y a peu d’adverbes proprement dits,
| aussi souvent en adverbes,
. Cependant on peu ranger au nombre des
etatu. Ces
dans cette langue et se mettent l’un ou
" l’autre après tout mot marquant quelque
M direction, le premier pour marquer que le
/ mouvement se fait vers celui. qui parle,
1
| Hésecond, au contraire, pour marquer qu’il
sefait dans la direction opposée. Ex. : 4
kave mai, apporte moi (vers mai), « ave
La tu i tai, porte (cela) à la mer.
2° Adverbes de temps. Jte anei, aujour-
ld’hui, composé de à fe a neï ; itenahi, hier;
02 oi, demain ; atainei, maintenant; epo,
bientôt; apopo, plus tard. De ces adver-
} bes avec la particule i a tu marquant l’é-
Mloisnement, on forme d’autres adverbes
de femps composés : ainsi i £e nahi-atu,
avant hier; 07 07 ut, après demain ; znui-
Lau, plus tard, ensuite. |
Umai répété avec {e pave marque une
| longue continuité, Umai liohi, umat tiohi,
1003
examiner longtemps. 47 ! atu, de anae-
atu marque de la perpétuité.
3; Adverbes de lieux. 4e, de bas en
haut; £ho , de haut en bas; wka, uia, des-
sus; ao, dessous. On met ordinairement
devant la préposition 2, i uta, i ao en kaut,
en bas; ko, kako, à droite ou à gauche
de celui qui est tourné vers la mer ou vers
la montagne.
4 Adverbe de doute, Vehe, enehe, anche,
peut-être, Ex. : cet homme est peut-être
le volear, he kamo nehe te kenana-nei.
5, Adverbes d’affirmation et de néga-
tion. He, ae, oui; eoi, sans doute; aoe,
aore, kore, aita, ahuma, non; motaki, bien,
admirablement.
6» Adverbe de comparaison. Mu devant
un mot marque égahté. Ex. : mu peke,
également colère.
7° De la préposition.
Il y a diverses prépositions :
1° Marquant l'ordre. O mua, to mua ,
mamua, pardevant, avant. O mui, to mui,
ma mui, ma hope, matuha , par derrière.
Me, avec. Ex.: me au, avec moi.
Nora. Quelquefois dans une énuméra-
tion à la place de me on entend mei ; te va
hana, met ievehine, meite tama; les hom-
mes, les femmes, les enfants.
2° Marquant le lieu. lo, dedans; io a
hae, dans la maison. Ma, par ima te anui,
par le chemin ; na te ivi, par ia montagne;
ma te poli, par l’'embarcation; 774 epoti,
par embarcation; ma tai, par la mer; ma
010, par dedans; io, chez; 10e Imanihi to
au, chezmon ami; mei, de; meiuta, dela
montagne; ei lai, de la mer (sous enten-
du, je viens) ;met eia otou? d où venez-vous?
met hapa, je viens d'Hapa (baie de Nu-Hi-
va); met io, de chez. Ex. : meito to au mo-
tua, de chez mon père.
Nora. Il faut remarquer que mer to ne
s'emploie qu'avec les noms de personnes, et
meri.avec les noms de lieux.
1, dans, vers, à c oto, dedans, en dedans;
i vaho ; dehors; väpu, autour, tout au-
tour.
3° Marquant la cause, la fin, la direction.
Ta, de la part de; ta te etua, cela vient de
Dieu ; 7, vers, à, par; eke 'uta, aller vers
la montagne. [1 marque aussi la cause : ma
le à te taipi, tué par les Taipis;e, par ; ehemo
ei e li neï, pris ou: vaincus par les Tai-
pis; to, no, de, pour; te tama lote motua, le
fils du père; to Æapa, cela est ou vient
d'Hapa ; to ia te meanei, cela est pour lui ;
ta marque la direction vers une personne
déterminée. Ex. : maki-maki au ia ia, je
l'aime. Ua, sur. Ex. : puta uahe aki, arri-
ver au ciel; ma, sur, dans. Ex. : ma te
henua , sur la terre.
Nora. Il y a cette différence entre la pré-
position ia et la préposition 2? que la pre-
miere ne s'emploie que pour les personnes
déterminées et la deuxième pour un objet
quelconque,
8° De la conjonction.
On n’en connaît guère dans cette langue,
toute coupée de petites phrases, comme
sont les langues primitives et les langues
sauvages où l’on ne fait point de périodes ;
cependant on peut et on doit compter peut-
être : me, et ; la mère et la fille, te kui me
te moïi. Il signifie quelquefois, aussi : Ex. :
va eke me 0e, tu es venu, où tu vas toi aussi.
Ta, à cause de; ta mea makimaki ia ia,
tamea, parce que (parce que je l’aime), à
cause de la chose aimer. Ox, devant un
verbe signifie prend garde de.., Ex.: ot
100%
vihi, prends garde de tomber , de glisser. Il
peut se rendre aussi par pendant que...
Ex.: oi te lihe te aumate met ohe tai,
pendant que le soleil n’est pas encore sorti
de la mer. Aua , si; Ex.: aua he pae vae
oko te au ua heke aua, si j'avais de bonnes
jambes je marcherais. Aue devant un verbe
marque la défense; Ex. : aue kewme
bouge pas. 4e, au , signifie, je penseque:;
il y a peut-être quelque ellipse ou verbe
sous-entendu ; Ex. : &e au he kamo te kana=
na net, je pense que cet homme est:un vos
leur. /a, devant le verbe peut représenter
la conjonction lorsque. Ex. : 1a hoahwlite
pure atahia, lorsque vous connaîtrez la
prière , alors.
SOCIÉTÉ ORIENTALE.
La société orientale fondée à Parisen
1841, nous semble appelée à rendre d’é-
minents services à la civilisation. Placée
sous le patronage d’hommes qui, par leur
position sociale peuvent lui donner une
direction utile aux sciences historiques, et
en faire en même temps une école pour
les hommes d'état ; elle est la conception
la plus heureuse de notre époque.
Une question qu’elle discute en ce mo-
ment et pour la solution de laquelle appel
a été fait aux lumières de tous ceux qui
s’occupent des affaires d'Orient, nous a
paru d’un si grand intérêt, que nous. en
donnons le programme dans son entier.
QUELLE EST L'INFLUENCE DE LA RELIGION MU-—
SULMANE SUR LA CIVILISATION DES PAYS DE
,
L ORIENT OU DOMINE L'ISLAMISME ?
1. — Comparaison de la civilisation eu-
ropéenne avec l'état actuel de la civilisation:
des nations musulmanes. Examiner ‘quels Ë
sont les caractères de la civilisation eur6=°
ts
péenne qui se retrouvent :
En Turquie, en Egypte, en Arabie, en
Perse,
II. — Des races qui professent lislaz
misme. —|Comparaison de leur aptitude à
la civilisation. De la race turque; de la
race arabe ; de la race persane (adjem ).
Ces races sont-elles aptes :
1° À, conserver la civilisation existante
dans les:pays où elles établissent leur do-
mination.
20 À se l’approprier, à la modifier, et à
en favoriser les progrès?
Leur inaptitude actuelle à la civilisation,
si elle existe, tient-elle à la race ou à la
religion.
III. — Des principes favorables ou con-
traires à la civilisation qui sont renfermés
dans le Koran. Distinguer, dans les prin-
cipes qui président à l'organisation sociale
de l'Orient, ceux qui ressortent directe-
ment du Koran de ceux qui résultent seu-
lement de ses commentaires et des autres
livres considérés comme saints par les mu-
sulmans. ;
De grandes sectes qui divisent l’isla-
IMISME : s
Des sectes: d'Omar; d'Al: des autres À
sectes ( Wahabites, etc).
Quelles sont les plus favorables à la
lisation ? SOA à
IV. — Principes civilisateurs dela reli-
gion Chrétienne qui sont admis ou repoussés
par l’islamisme. Fraternité dés hommes ;
pardon des offenses; charité; 'expiation des
fautes ; respect aux parents, respect aux
autorités légales ; égalité de l’homme et de
la femme ; abolition de l'esclavage, etc., etc.
V. — Des chrétiens et des juifs soumis à
la domination musulmane. En Orient,
Civi-
À
1005
quels sont les plus aptes à la civilisation :
des chrétiens ou des Juifs, considérés sous
le rapport des races et sous le rapport re:
ligieux.
Et parmi les chrétiens , quels sont: 1»
les plus avancés en civilisation ; 2° les plus
oivilisables : des catholiques, des Armé-
niens, des Grecs, des Coptes, et des autres
schismatiques ?
:1Quelle est l’influence des différents eler-
gés de l'Orient sur les populations: chré-
tiennes ?
‘Quelest l’effet de cette influence sur l’état
de leur civilisation?
Nil: De la religion musulmane et des
peuples nègres. La religion musulmane est-
elle ; comme un auteur contemporain sem-
ble l'indiquer, plus propre que toute autre
à commencer la civilisation des peuplades
idolâtres habitant l’Afrique centrale et les
pays très chauds?
Doit-on croire qu’il y a des/civilisations
relativement aussi parfaites que possible,
en raison des races qui les possèdent , des
climats où ces races existent, et des reli-
gions qu'elles professent?
Dans ce cas, une religion nouvelle ne
peut-elle pas modifier chez ces peuples, et
même améliorer leurcivilisation actuelle?
VAL. =" De la famille chez les nations
misuwlmanes. Comment la famille est-elle
constituée chez les nations musulmanes ?
> Quels sont les droits des pères sur les
enfants?
* Des femmes légitimes. Des concubines.
Quelle est leur situation réciproque?
Quelle est la situation réciproque des
frères et des sœurs ?
Du divorce.
De l'héritage.
: VIII. — De la polygamie. La polygamie
est-elle un obstacle à la civilisation ?
Quelle est son effet : sur la famille? sur
la société ?
Est-il possible de relever la condition des
femmes avec la polygamie ?
. Le divorce est-il en Eurore une institu-
tion qui ait des conséquences analogues à
celles de la polÿgamie ?
IX. — De l'esclavage chez les musulmans.
L'esclavage, si antipathique à la religion
chrétienne est-il une conséquence de la
civilisation telle que l’islamisme la permet?
Cette consécration de l’esclavage par la
religion ne serait-elle pas la principale
cause de la douceur avec laquelle les es-
claves sont généralement traités par les
Musulmans?
De l'esclavage chez les différentes na-
tions musulmanes. /
Sa comparaison avec : l'esclavage dans
l'antiquité ; le servage au moyÿenäge ; l'es-
clavage colonial; la domésticité en Europe;
et le prolétairisme moderne.
X. — Du pouvoir du souverain chez les
nations musulmanes. Est-il absolu, comme
on le prétend?
Quelles sont ses limites, s’il en existe ?
: Le souverain est-il maître des hommes
et des choses?
‘’A-t-il droit de vie et dé mort sur ses su-
JOES 7 en
Est-il propriétaire des meubles et des im-
meubles. de ses sujets ?
Quelies, sont: les propriétés (fondations
religieuses ourauütres) qui échappent aux
droits du souverain ?
XI. — De l'union du pouvoir politique
au pouvoir religreux. Chez les nations mu-
sulmanes, le chef de l’État (sultan, shab,
1006
émir, etc.) est-il nécessairement pour ses
sujets le chef de la religion?
Ya-t-il avantage pour les progrès de la
civilisation que le chef politique soit en
mème temps le chef religieux (comme le
tzar en Russie, la reine en Angleterre } ?
Ou vaut-il mieux que le pouvoir spiri-
tuel soit distinct du pouvoir temporel?
Le protestantisme et le catholicisme ont-
ils une égale puissance pour civiliser les
musulmans, les Grecs, les Coptes et les
Arméniens ?
XII. — Conclusion. L'islamisme est-il
compatible avec :
L'exercice de l’industrie et du com-
merce ;
La pratique de l’agriculture;
L’étude des sciences;
Le perfectionnement des arts;
La culture des lettres;
Le développement moral de la civili-
sation ?
Enfin cette religion est-elle destinée à
arrêter ou bien à activer les progrès de
l'humanité ? 4
HISTOIRE.
Note sur Les Druides.
La lecture de la notice sur la commune
d’Escurat, arrondissement et canton de
Saintes, insérée dans l'Écho du 25 mai
dernier, m’a suggéré quelques conjectures
sur les druides , et sur la langue celtique
que je vais vous communiquer.
Leamot druide, en irlandais drao et au-
tréfois drur ; en gallois derwyz signifie ma-
gicien. Owen croit ce mot dérivé de dar ou
derw, chêne et gwiz connaissances. Cette
opinion généralement admise ,:me paraît
non fondée. Je crois le mot identique à der-
viz; en persan daruich où daruiz et com-
posé de dour, profond , et wisé,, science,
sagesse Cette origine persane me semble
confirmée par les mots cités, dansi l'article
en question. Godard, Dieu fort , en per-
san, Â/ioda arhd. La méprise.est venue de
la ressemblance du mot dar, der, dern,
dervqui en celte signifie chêne, fort, c’est-à-
dire arbre fort, grand, dur, avec dour,
profond, d’où viennent tant de noms de ri:
vières des Gaules, telles que la Dur-ance,
l’A-dour. La vénération pour le gui qui
vient sur le chêne.et sur beaucoup d’au-
tres arbres , a confirmé la fausse étymolo-
gie du mot druide. Les forêts épaisses dans
lesquelles s'enfoncaientlesdruides pour célé-
brer leurs mystères et faireleurs sacrifices,
pouvaientaussi senomimer dour-oud qui, en
persan , signifie profonde forêt. Les savants
pensent queles druidesarrivés dans les Gau-
les avec les Kimris, Cimbres, Cambres ou
Cimmériens renus des bords de la mer d’A-.
zov et de la Crimée, introduisirent leur culte
sanguinaire chez les Gaëls, habitants pri-
miüfs du pays, dont la religion était douce
et humaine. Il en fut de même chez les
peuples Celtes de l'Angleterre , du pays de
Galles (dont les habitats portent encore le
non de £ymris), en Ecosse et dans l'Irlande.
Dans toutes ces contrées le féroce drui-
dismeprévalutsur leculte ancien. Les Cim-
mériens habitaient sans doute des forûts, et
c’est peut-être de là que vient l'expression
des auteursgrecs, deténèbres cimmériennes,
que personne, à ma connaissance, n'a ex-
pliquée. Les druides étaient, par conséquent
tout-à-fait étrangers à la religion de Zo-
roastre et avaient sans doute puisé leur
culte chez les Scytes où d'autres peuples
rudes et farouches.
1007
Parmi un grand nombre de mots.celtes,
communs aux Gaëls et aux Kimris, qui
prouvent l’origine caspienné de ces deux
branches d’une même langue’ et, d'une .
même nation, jeme bornerai aux suivants!:
Bren, chef, général, du per$ählbér, burin,
supérieur ; 2er, près, auprès, en celté et en
persan ; uhel, pel, haut, élevé, en persan,
ala; hart ou ard, tort, dur, en persan, ardh;
arm , pauvre, en persan, armul; fraii ou
broô, beau, en persan freh; paotr, garcon,
en zend, potre; stéréden, étoile, en persan,
sitareh ou ster. Dour en celte signifie eau, et
enpersan,duréa;rivière, c’est-à-dire profon-
de (dour) eau, au. F.S. ConsrANcio,
<< E—
STATISTIQUE.
— Les grandes bibliothèques publiques de Paris
sont au nombre de huit, elles contiennent environ
quinze cent mille volumes, ce qui fait un volume et
demi par chaque habitant de la capitale. En 1818
elles contenaient onze cent vingt mille volumes , et
en 1828, quatorze cent dix-huit-mille. er
Dans les départements, il y a deux cents quatre-
vingt bibliothèques ; le totai des livres existant/dans
toutes les bibliothèques publiques de France est d’en-
viron douze millions à peuprès un voluñié par
trois babitants. At 9
Plusieurs grands établissements de Paris, contien-
nen! en outres des bibliothèques spéciales. Le nom-
bre des volumes contenus dans ces bibliothèques
dépasse six cent vingt mille parmi lesquelles on
trouve des publications extrémement précieuses et
des richesses bibliosraphiques dignes du plus haut
intérêt. ere LS Si
16 2 : 1a È
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— Le Congrès archéologique de Poitiers a tenu
sa première séance le 29 mai. Les membres de la
réunion se sont occupés dabord des monuments ro-
mains et de la géégraphie ancienne. La session se
terminera par une £iude approfondie de l’histoire
de l’art au moyen âge, en Poitou. La discussion por-
tera sur.l'état de la, statüaire au moyen-âge , princi=
palement au xr1® et au xne siècle. Les fanaux de
cimetière pccuperont aussile Congrès aussi bién que
l'histoire des sépultures depuis le ve jusqu'au xvr° siè-
cle. D'après ce que l’on nous écrit de Poitiers, des
travaux remarquables seront présentés sur les vi-
traux, les fresques; ‘les! boiseries sculptées et les
émaux. Nous espérohs ‘pouvoir donner à nos lec-
teurs une analyse des discussions qui aurout lieu.
PAL
BIBLIOGRAPHIE.
HISTOIRE des sciences naturelles , depuis leur 4
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con- d
nus, commencée aù coliége de, France par Georges
Cuvier, complétée par M. Magdeleine de Saintagy. 4
A Paris, chez Fortin, Masson elcompagnie.
FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé- k
rations médico-légales, relatives à l'empoisonnement
par l'acide prussique ; par J. Bonjean.
RECHERCHES sur les commencements et les
progrès de l'imprimerie dans le duché de Lorraine
et dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun!
ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE de la vie de Pla-|
ton ; par M. le marquis de Fortia d'Urban. A Paris, M
chez l'auteur, rue de La Rochelfoueault, 2; chez Du-h
prat. |
COLONIES étrangères et Haïti, résultals de l'é-
mancipalion anglaise ; par Victor Schælche. À ParisE
chez Pagnerre, rue de Seine, 14 Dis.
RELATIONS du siége de Sancerre en 1573; path
Jean de la Gessée et Jean de Lery; conformes au xy
éditions originales ; suivies de diverses pièces histo=h
riques relatives à la mème ville. A Bounges:, che
j{oa
Vermeil. w<
à
PARIS.—IMP, DE LACOUR et MAISTRASSE &is/
rue Saint-Hyacinthe-S,-Michel, 33.
|
|
|
|
|
!
|
10 année.
Paris. — Jeudi, 8 Juin 1843.
Ke
N° 45.
L'ECHO DU MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
7
De
IL’EcHO DU MONDE SAVANT paraît le JAUIDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À, DE LAVALETEE, rédacteur en chef. On s’abonne : Paris, rue des PETITS-AUGUSTINS , 24, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR:8 pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 6 fre
8 fr. 50. AlETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CEN@ fr. par‘an et par recueil PÉGHO DELA LITEÉS
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOÏISi8 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B, FRAYWSSE, gérant-adininistrateur,
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES, séance du lundi 5 juin 1843 — SCIEN-
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur un volcan qui a fait irruption entre la Gua-
deloupe et Marie-Galande; Celloron de Blainville.
— CHIMIE. Analyse des composés oxigénés de
souffre; Fordos et Gélis. — SCIENCES NA-
TURELLES. GEOLOGIE. Etudes sur la Fin-
lande ; Durocher. — BOTANIQUE. Flore de la
Vienne. — SCIENCES APPLIQUEES. His-
toire des opérations de teinture. — AGRICUL-
: TURE. Du micocoulier et de ses usages. —
SCIENCES HISTORIQUES. ARCHÉOLOGIE,
Consrès archéologique de Poitiers. — GÉOGRA-
PHI£. Voyage dans le Chili; Claude Gay. —
— BIBLICGRAPHIE.
DISK
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 5 juin 18453.
MM. Reiset et Millon ont lu à l'Acadé-
mie un mémoire sur les phénomènes dus
au contact. Chacun connaît les opinions de
|: M. Mitscherlich et celles de M. Berzelius,
sur les phénomènes dus au contact, et ce
: dernier a déjà depuis longtemps désigné
sous le nom de force catalytique , la force”
qu'il suppose agir dans ces sortes de réac-
tions. Les auteurs du présent mémoire
n'ont pas la prétention de donner une théo:
rie des faits déjà connus, ils se contentent
_ qu'il les forme. Si
d’en exposer de nouveaux, aussi remar-
quables que. ceux dont la science est déjà en
possession. Dansleursexpériences, MM. Rei-
setet Miilon ont trouvé que les phénomènes
contact interviennent très fréquemment
dansle jeu des actionschimiques etilsse sont
arrêtés plus particulièrement à l’action de
la mousse de platine, sans cependant
négliger celle de la pierre ponce et du char-
bon. Les faits attribués jusqu'ici à la force
du contact du platine, se réduisent tons à
une association insolite de substances ga-
zeuses ou réduites en vapeur.On y remarque
surtout la fixation de l'oxygène, l’oxydation
de certaines substances , comme l'alcool 5
Véther, etc. MM. Reiset et Millon ont cher-
che à étendre le nombre des faits observés
etals ont vu que si dans un appareil con-
vetnablement disposé on fait arriver de
2 an 2 ". .
I oxygène sur un mélange intime de mousse
de platine et de substance organique, on
"obtient ainsi de véritables combustions À
des températures pen élevées. Ainsi a —+
160, l'acide tartrique fournit déjà de l’eau
et de l'acide carbonique. Les autears de ce
travail ont opéré sur plusieurs autres sub-
Stances et ils ont toujours vu que ces mé-
mes substances ne se brülaient en l’absence
de la mousse de platine , qu'à une tempé-
ralure beaucoup plus élevée. Mais le pla-
tin . . . Q (0 0 . ; . U .
e dissocie aussi bien qu al réunit ; il détruit
es groupements moléculaires aussi bien
l’on plonge, pir exem-
ple, dans un même bain d’allisge, dont on
élève graduellement la température, deux
tubes contenant une même quantité de ni-
trate d’argent, et que dans l’un le nitrate
soit entièrement mêlé à huit ou dix fois
son poids de mousse de platine, tandis que
le nitrate est pur et sans mélange dans
l'autre, le sel d'argent sera entièrement dé-
truit dans le tube contenant le platine,
avant que la décomposition ait commencé
dans l’autre tube. C'est là une action cor-
respondanute à celle des oxydes de cuivre et
de manganèse sur le chlorate de potasse.
St au lieu d'agir sur le nitrate d'argent on
agit sur du nitrate d'ammoniaque , le sel
ammoniacal, au lieu de subir la transfor-
mation ordinaire que lui fait éprouver la
chaleur se convertit entièrement en acide
nitrique, en azote et en eau, ainsi que l’ex-
prime la formule suivante : 5 À 0,5, A z
H40 —2A105+8Az+20H0. I faut
remarquer encore que la présence du pla-
tine baisse de 70° la température, à la-
quelle le nitrate -d’ammoniaque se décom-
pose.
Le mémoire de MM. Reiset et Millon con-
tient plusieurs autres expériences analo-
_gues. Ces fait jetés mainter ant dans, la
science, y germeront sans doute um jour
et serviront peut être de documents pré-
cieux à un de ces esprits qni s'occupent peu
dss détails pour tout généraliser.
M: Emile Pereyra, médecin de l’hôpital
de Bordeaux croit avoir résolu la grande
question de la curabilité de la phthisie
pulmonaire et adresse aujourd’hui à l’A-
cadémie des Sciences un mémoire sur ce
sujet. Depuis 1837, dit-il, « je pense que
les tubercules pulmonaires sont de même
pature que les tubercules des autres orga-
nes, et depuis cette époque les observations
de tous les jours n’ont fait qu’ajouter à ma
conviction. De même que pour les tuber-
cules non pulmoraires une modification
spéciale est nécessaire pour que la nature
en opère la résolution, de même pour les
tubercules pulmonaires on doit recourir
aux mêmes indications. Mais les moyens
ne peuvent être les mêmes à cause des
nombreuses différences qui résultent du
nombre des tubercules et de l’importance
de l'organe dans lequel ils sont développés.
Sur près de 9,000 malades que j’ai eu dans
mon service depuis 1538, j'ai observé. 362
phthisiques dont 249 sont sortis, 110 sont
morts, 7 restaient dans mes salles au
4e mars 1843; la moitié au moins des ma-
lades sortis était dans un état très satisfai-
sant. J’en vois tous les jours un certain
nombre quihabitent la ville etchezlesquels
la santé s’est assez bien conservée. Le trai-
tement que J'ai employé a été l'huile de
foie de morue et un régime tonique et for-
tifiant ; tous ces malades avaient des tu-
bercules ulcérés. I était rationnel de pen-
ser que si cette médication avait réussi
dans un état aussi avancé de la maladie
elie devait avoir des résultats plus certains
alors que les tubercules étaient ou crus ou
miliaires. La pratique est venue très sou-
vent confirmer cette assertion. » Nous n’a-
jouterons rien à ces paroles de M. Pereyra;
les médecins-praticiens et surtout ceux des
bôpitaux peuvent seuls juger la valeur des
assertions du médecin de Bordeaux.
M. J.-B. Dusourd, docteur en médecine
à Saintes, a envoyé à l'Académie un mé-
moire sur un moyen de conserver les ma=
tières animales avec le sirop ferreux. Ce
sirop ferreux est une combinaison de su-
cre et de fer qui ne s’altère, ne cristallise
et ne fermente pas quelle que soit la temait
pérature à laquelle on lPexpose. Ce sirop
conserve les matières animales sans altérer
leur tissu; les viandes, en sortant du sis
rop, sèchent sans diminuer beaucorp de
volume, résistent sans se gâter aux agents
les plus actifs de la putréfaction, repren-
nent en uninstant dans l’eau froide le vo-
lume, la couleur et l’odeur de celle 4
boucheries et servent à faire des
agréables et sains. |
MM. Grubyet Delafond ont envoyé ff
cadémie des sciences les résultats dÂE,
recherches faites sur l'anatomie et les\fo?
tions des villosités intestinales, labsorp,
la préparalion et la composition organiqre
du chyle dans les animaux. Dans un de nos”
derniers comptes rendusnousavons faitcon-
naître ce que M. Lacauchie nomme sub-
stance organique spongieuse des villosités,
Selon MM. Gruby et Delafond, 1 la sub-
stance spongieuse des villosités n’est autre
chose que leur épi hélium décrit par Henlé
et dont M. Flourens, dans son ouvrage sur
la structure des membranes muqueuses, a
démontré l'existence par la macération et
la dissection; 2° les villosités dans l'intestin
grêle sont recouvertes, non seulement des
épihéliums cylindriques d'Henié, mais en-
core d’autres épithéliumsque les auteurs de
ce travail appellent cap talum ou à tête ;
3° chaque! cellule d’épithélium est pourvue
d'une cavité dont l’ouverture externe est
parfois béante, et d'autrefois plus où moins
exactement fermée; 4° à la surface des épi-
théliums des villosités de l'intestin grêle du
chien, existent des corps vibratiles nonen-
core décrits, dont la fonction est peutètre
de déplacer, quandilest nécessaire, lechvle
brut qui est en contact avec les epithé-
liums ; 5° au-dessous des épithéliums la vil.
losité n'est composée que d’une couche yas-
culaire et fibrillaire, et en dedans-de cette
couche, d’un vaisseau où canal chylifère
unique ; 6° chaque villosité examinée de de-
hors en dedans montre, 1° les cellules de
l’épithélium; 2° la couche vasculaire et
fbrillaire ; 3 le canal chylifère unique.
/° En se contractantsuivant leur axe lonp:i-
tudinal les villosités se raccourcissent, Ge
1011
ment des plis transversaux et prenuent une
forme conique dont la base est à la mem-
brane muqueuse. En se contractant suivant
leur largeur. elles se rétrécissent et s’amin-
cissent, enfin elles exécutent des mouve-
ments d’inclinaison dans tous les sens: en
exécutant ces mouvements, les villosités
chassent le sang et le chyle contenus dans
leurs vaisseaux et se mettent continuelle-
ment en rapport avec de nouvelles partres
de chyle brut des aliments digérés; 8° cha-
que cellule d’épithélinm doit être conside-
rée comme un organe spécialement chargé
de:recevoir le chyle brut provenant de la
digestion et de le convertir en un chyle ho-
mogène formé d'une‘infinité de petites mo-
lécules tenues en suspension dans un liquide
transparent et coagulable spontanément.
Ces molécules, ce liquide sont seuls aptes
à passer par l’ouverture profonde et effilée
des cellules de lépithélium pour parvenir
dans le vaisseau chylifère unique placé au
centre de la villosité. 9? Chaque cellule de
l’épithélium a une.;quadruple fonction:
1° de se remplir de chyle brut provenant
de la dig stion ; 2° de diviser, d'atténuer ce
chyle et de le convertir en un chyle ho-
mogène; 3° d'expulser ce liquide ainsi con-
fectionné et de l’engager dans le canal chy-
lifére, à travers le tissu vasculaire et.le tissu
fibrillaire (cet appareil est nommé par les
auteur's.chylogène) ; 4 enfin, de s’imbiber
enjoutre. des substances dissoutes-pax la.di-
gestion et de les faire parveuir.dansPappa-
reil vasculaire. Cette fonction-des épithé-
liums est aidée dans son exécution-par la
contraction des parois in‘estinales sur les
alituentse!t sur les villosités.— MM.Grubyet
Delafond terminent leur Mémoire par quel-
..ques considérations sur l'absorption et la
composition du chyle; mais ces données
encore un peu trop hypotkétiques, selon
nous; ont besoin d’être appuyées sur un
plus grand nombre de faits pour que nous
hasardions à les communiquer à nos lec-
teurs.
M. Victor Mauvais présente aujourd'hui
à l'Académie les éléments paraboliques cor-
rigés de l’orbite de la comète découverte à
Paris le 3 mai 1843. Citons ces éléments :
Passage au néribélie, 1843. mai. 5.485766
Distance périhélie 1,613367
Longitude du périhélie 281,446”
Longitude du nœud ascendant 1571841”
Inclinaison 52 38 30
Sens du movement héliocen-
trique direct
Ces éléments ont été rectifiés sur les ob-
servations des 8 et 24 mai et 2 juin. L'or-
bite que M. V. Mauvais présenta à l’Aca-
démie pen de temps après la découverte de
cette comète, fut calculé surtrois-jours
extrêmement rapprochés et très voisins du
péribélie. Si l’on fait attention: à la grande
distance périhélie de cette comète, on
verra qu'il était alors impossible de déter-
miner avec-exactitude l'instant du passage
parce que les rayons vecteurs variaient trop
pêu: la donc falluoattendre des observa-
tiops plus éloignées pour corriger ces élé-
ments,
L'Académie reçoit dans cette séance plu-
sieurs ,AHVKAgeS, parmi lesquels nous re-
marquomsune, livraison du magnifique re-
cueil que publie maintenant M. Ricord
sous le titre d'/Zcorzographie des vénériens et
un ouvrage intitulé : Co/lezione delle opere
del celebre pr'ofessore L. Galvani, ouvrage
orné de gravuros, représentant dans tous
1012
leurs détails les expériences du savant pro-
fesseur de Bologne. E. F.
108 D IG dame
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE DU GLOBE.
Sur un volcan qui a fait éruption entre la
Guadeloupe et Marie-Galante. — Lettre
de M. Céloron de Blainville à M. le mi-
pistre de la marine.
Goyave, 17 mars 4843, 3h. 30m.
Entre la pointe orientale de Marie-Ga-
lante et la Guadeloupe, à mi-canal à peu
près, une très forte colonne d'eau, d’une
couleur noirâtre, jaillissait à une assez
grande haateur dans Pair en tourbillon-
nant. Elle s'élevait par jets, et, tout à l’en-
tour, dans une distance asssez étendue, la
fumée ou plutôt la vapeur couvrait la mer;
ce phénomène à duré environ une demi-
heure.
J'ai assez vu de trombes et d’assez près,
pour être bien persuadé que ce n’en était
pas une; le sommet ne touchait pas aux
nues et la colonne était trop perpendicu-
laire, son mouvement successif d’ascen-
sion était distinct; je ne doute pas que ce
phénomène ne soit dû à l’action d’un vol-
can sous-marin. Én fslande, il se renou-
velle fréqnemment : on le désigne sous le
nom de volcan d’eau.
Cest probablement à l’action de ce vol-
can sous-marin dont l’éruption vient de
se manifester, que doivent être attribuées
les secousses répétées de tremblement de
terre depuis l’épouvantable catastrophe du
8 février, et peut-être la catastrophe elle-
même. J'en ai compté-dans une nuit jus-
qu'à cinq; d’autres personnes. en ontres=
senti davantage.
I'faut espérer que l'issue du volcan
s’étant opérée, nous seront débarras-
sés de longtemps de pareillés convul-
| sions.
J'ai cru dévoir vous rendre comte de ce
fait intéressant, qui a été remarqué. ici
par vombre de personnes. Il aura été pro-
bablement observé aussi aillears.
CHIMIE.
Analyse des composés orygénés du soufre;
par MM. M.-J. Fordoset A. Gélis.
L'analyse des mélanges des composés
oxygénés du soufre présente de grandes
difficultés dans l’état actuel de la science.
Le chimiste parvient encore à les recon-
paitre et à les doser lorsqu'ils sont unis
deux à deux, mais les procédés connus
sont tout à fait insuffisants lorsqu'ils sont
réunis en plus grand nombre dans la même
liqueur. Les travaux qui ont été faits dans
ces derniers temps, en portant à six le
nombre de ces composés, ont rendu les
difficaltés encore plus grandes; mais en
meme, temps ils ont attiré l'attention sur
quelques unes des propriétés de ces corps
qui ontla plus grande importance au point
de vue de l'analyse.
Ainsi l’action différente que le chlore et
l'iode exercent sur ces acides nous a permis
de doser d’une manière rigoureuse des
dissolutions qui contenaient jusqu'à cinq
dE ces composés, Bien que la plupart de
ces différences d'action soient connue des
chimistes, comme elles servent de base à la
1013
méthode analytique que nous allons dé-
crire, nous croyons utile de les rap-
pcler.
Le chlore et l’iode sont sans action sur
les acides sulfurique et hyposulfwrique;
ils transforment au contraire rapidement
l'acide sulfureux en acide sulfurique : l’eau
est décomposée, et pour chaque équivalent
d’acide sulfurique formé, il y a un équi-
valent de chlore ou d'iode d’absorbé et un
équivalent d’acide chlorhydrique ou iod=-
hydrique de produit.
Le chlore et l’iode sont loin d'agir de la
même manière sur les trois autres acides
du soufre, et nous sommes obligés d’entrer
ici dans quelques détails, :
Lorsqu'on fait arriver un courant de
chlore dans uu hyposulfite dissons, les
phénomènes sont différents suivant l'état
de concentration des liqueurs : dans une
dissolution concentrée la réaction est très
compliquée; indépendamment du soufre,
de acide sulfureux et de l’acide sulfurige,
il se produit un liquide jaune qui coule au
fond du vase et possède tous les caractères
du chlorure de soufre. Dans une liqueur
étendue, ce dernier produit ne se forme
pas; mais, si diluée qu’elle soit, il se
précipite toujours du soufre. en même
temps qu'il se dégage de l'acide sulfu-
reux.
Le chlore en se dissolvant dans une dis-
solution étendue du sel de M. Langlois ow
d’un hyposulfate bisulfuré, transforme fa-
cilement tout le ‘soufre en acide sulfurique;
mais il faut que la quantité d’eau soit
assez considérable, car une dissolution con-
centrée donnerait aussi du chlornre de
soufre. è
L'iode est sans action sur les hyposulfates
mous et les sulfurés; lamaniere dont il se
comporte avec les hyposulfites est au con-
traire, remarquable. Nous avons fait voir
qu'un équivalent de sel absorbe exactement
un demi-équivalent d'iode sans qu'il se
produise ni‘acide sulfureux, ni! acide sul-
furique. ni dépôt de soufre, et que le ré-
sültal de cette action est un'iodure etun
byposulfate bisulfuré.
Ces faits établis, il est facile d’en faire
l'application, sait à l'analyse des mélanges,
soit à celle des composés isolés.
Supposons un mélange très compliqué,
nous aurons dans la même liqueur : un
sulfite, un sulfite, un hyposulfite, un
hyposulfate et un hyposulfate bisulfuré.
Voilà comment on dev:a opérer :
On divisera la liqueur en quatre portions
égales. EX Re: LAS
Premiére portion. La première servira à
doser l'acide sulfurique; pour cela on le
méêlera à une dissolution de chlorure de
barium en excès, on recevra le préci-
pité sur un filtre et on le lavera sur le filtre
même, d’abord avec de l’eau distillée bouil-
lante, puis ensuite avec de l’eau aiguisée
d'acide chlorhydrique ; on n’aura plus qu’à
le sécher, le recueillir et le poser.
Deuxième portion. La seconde sera trai-
tée par l'iode; mais auparavant il faudra |
la méler à quelques grammes de carbo- |
nate de magnésie, car sans cela l'analyse
serait impossible. En effet, le liqueur con-
tient un sulfite; en prenant de l'oxyde à #
l’eau, le sulfite deviendra sulfate, mais en |
même temys il se formera de l'acide iod- |
hydrique; si cet acide ne trouve pas, a)
moment où il prend naissance, une base |
pour le saturer, il réagira Sur la portion |
intacte de sulfate ou sur l'hyposulfite que’
la liqueur contient également, etil y aura
CES Ma. AN R ie De no st ® nm _—…
nn ——
Se ST - ÆS- mn
401%
perte d'acide sulfureux et dépôt de sonfre.
iLe carbonate de magnésie remédie à tous
‘ces inconvénients : il n’absorbe pas d’iode
par lui-même, et les acides le décomposen)
1plus promptement que les sulfites.
* La liqueur, ainsi additionnée, sera donc
ttraitée par liode; lorsqu'elle sera saturée,
on notera avec soin le poids de l'iode em-
rployé, puis on déterminera de nouveau,
[per lé chlorure de barium, la quantité
id’acide sulfurique contenue dans la li-
| queur. Le poids du sulfate de baryte
{trouvé sera plus fort que dans la première
rexpérience ; Paugmentation de poids ser-
| vira à déterminer la quantité d'acide sul-
!'fureux et le poids d’iode qu'il aura fallu
l:employer pour le transformer en acide
sulfurique.
Lorsqu'on sera arrivé à ce point, il sera
\'facile sans avoir recours à d’autres expé-
riences et par uue simple soustraction, de
se procurer tous les éléments nécessaires
, “à la détermination. de la quantité d’acide
| Jhyposulfureux. On retranchera du poids
: Hitotal de l’iode employé celui qui aura
| transformé l’acide sulfureux en acide sul-
: Mifurique; la différence aura été absorbée
:Mipar l'acide hyposulfureux. Or, on sait que
\. 2 équivalents de cet acide absorbent 1 équi-
valent d’iode.
Pour traiter la liqueur par l’iode on se
servira, comme dans le sulfhydromètre,
id: d’une dissolution titrée, ou bien on ajou-
-“itera peu à peu à la liqueur de petits frag-
M ments d’iode, pris dans un flacon dont on
iaura préalablement déterminé le poids.
La dissolution est rapide, et il est facile de
: saisir le point de saturation. Il faut s’arré-
| ter aussitôt que la liqueur prend une teinte
\" jaune. Le changement de coloration est
“tres saillant, et il est tout à fail inutile
d'ajouter à la liqueur de l’amidon ou tout
autre corps étranger.
Î Troisième portion, Cette partie de la li-
w, queur servira au dosage de l’acide hypo-
«« sulfurique bisulfuré; on la traîtera par
.… liode en prenant les mêmes précautions
1) que pour la précédente, jusqu’à satura-
« tion, maïs sans qu'il soit besoin de tenir
+W compte du poids du réactifemployé. L’iode
| formera, comme novus l'avons dit, un sul-
. fate aux dépens du sulfite et un hyposul-
. fate bisulfuré aux dépess de l’hyposulfite;
| cette quantité s’a;outera à celle déjà con-
) tenue dans la liqueur. Cela fait, on ajou-
) tera à la dissolution saline à analyser en-
: viron 100 parties d’eau, et on la traitera
. par un courant de chlore. Le gaz sulfate
« sera tout le soufre de l’hyposulfate bisul-
ik furé sans toucher à celui de l’hyposulfate
bé Grdinaire. Quand la saturation sera com-
+h plète, on saturera la liqueur par la chlo-
-h rure de barium. Le poids du sulfate de ba-
tb ryte qu’on obtiendra représentera le soufre
FL du sulfate, de sulfite, de l'hyposulfite et de
4 lhyposulfite bisulfuré. Comme les opéra-
14 üons faites avec la première et la deuxième
| portion delaliqueur auront fourniun chiffre
kb indiquant la quantité de soufre contenu
it dans les trois premières, la différence des
| deux poids servira à déterminer la quan-
sl) tité de soufre contenu dans le dernier et,
jé | par suite, son poids total.
|
Les
|
|
|
|
1 . I estutile d'indiquer ici que les lavages
| du sulfate de baryte, obtenu dans le trai-
!} tement qui précède, devront être faits à
| l'eau distillée bouillante, et continués
ù,
#} pendant longtemps, parce qu’il est mêlé à
il} beaucoup d’iodate de baryte, formé par
suite de l’action du chlore sur les iodures
Contenus dans la liqueur, et cet iodate est
1015
fort peu soluble dans l’eau. Si les lavages
avaient été insuffisants, pendant la calci-
nation du précipité on aurait un dégage-
ment de vapeurs violettes qui indique-
raient la présence d’iodate, et il resterait
de la baryte dans le résidu; il serait alors
facile de s’en débarrasser au moyen de
l'acide chlorhydrique affaibli
Quatrième portion. H ne restera plus à
doser que l’acide hyposulfurique On con-
çoit qu'il suffira, pour connaître la quan-
tité de ce dernier acide, de connaître le
poids de la totalité du soufre, car alors,
après avoir rendu aux quatre autres acides
ce qui leur appartiendra, la différence re-
viendra à l’acide hyposulfurique.
Mais le dosage de ce soufre total pré-
sente quelques diflicultés. La sulfatisation
des composés inférieurs du soufre est assez
facile à opérer lorsqu'on agit sur des pro-
duits bien desséchés, mais il est, au con-
traire, presque impossible de ne pas perdre
du souffre lorsqu'on traite des dissolu-
tions. L’acide azotique, même le plus con-
centré, et l'eau régale laissent toujours
échapper de l’acide sulfureux. On recom-
mande alors le chlore, mais ce réactif n’est
pas plus sûr lorsqu'on le fait réagir sur la
dissolution d’un hyposulfite; dès le début
de l’opération il précipite du soufre telle-
ment divisé, que souvent on ne peut le
recueillir sur les filtres et qu'il est inca-
pable de redissoudre ; d’un autre côté,
nous avons vu qu'il ne sulfate pas l’a-
cide hyposulfurique à la température ordi-
naire.
Lorsqu'on à à analyser des liqueurs qui
ne peuvent être évaporées à siccité sans
se décomposer et sans perdre des produits
sulfurés gazeux, pour qu’il soit possible de
les ramener à l’état sec sans perte de soufre,
il faut ajouter aux liqueurs une petite
quantité de soude caustique qui retient les
gaz sulfurés et permet l’évaporation. Quant
au résidu solide, il sert à doser le soufre
total ; il suffit de le traiter à la maniére
ordinaire par l’acide azotique fumant
Nous avons supposé un mélange extré-
. mement complexe, mais heureusement on
rencontre rarement un cas de cette na-
ture. On conçoit qu'on devra modifier le
mode opératoire suivant la dissolution à la-
quelle on aura affaire.
Si, au lieu d’un hyposulfate bisulfuré,
la liqueur contenait l’acide de M. Lan-
glois, on n'aurait rien à changer aux
opérations.
Te SDKE ——
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Etudes géologiques sur la Finlande; par
M. Durocher.(Extrait par l’auteur.)
La Laponie et Ja Finlande renferment un
petit nombre de formations anciennes qui
couvrent une immense étendue de pays
sans être associées à des terrains plus mo-
dernes : ces contrées ont été soulevées au
dessus du niveau des mers à une époque
géologique très reculée; leur surface est
restée à découvert pendant les périodes suc-
cessives de la sédimentation, et ce n’est
qu’à l’époque diluvienne qu’elle a été de
nouveau plongée sous les eaux. Aussi, les
phénomènes qui concernent la production
des roches cristallines, granitoïdes, por-
phyroïdes et chisteuses sont ici dévelppés
sur une grande échelle, Ayant eu l’occa-
sion d’observer ces roches sur un théâtre
1016
aussi vaste, jy ai remarqué un ensemble
de caractères constants, dont l’uniformité
et précision m'ont paru susceptibles de je=
ter quelque lumière sur lorigine de phéno-
mènes qui sont encore aujourd'hui impar-
faitement connus.
On a observé. dans beaucoup de pays,
l'existence de plusieurs variétés de granits
ponvant se ramener à deux typesextrêmes,
Pun à grains fins, l’autre à gros grains,
renfermant de larges cristaux de feldspath
et présentant quelquefois l'aspect porphy-
roïde : on a pensé que ces deux états dif=
férents caractérisaient des espèces distinctes
qui ne s'étaient pas produites à la même
époque; mais il est rare que l’on ait pu
invoquer à l’appui de cette opinion des
faits d'une évidence irrécusable : dans plu-
sieurs cas, il peut se faire que le granit à
gros cristaux de feldspath ne soit qu’une
dérivation du granit à petits grains; et
leur différence d'aspect peut bien résulter
de ce que les circonstances de refrordisse-
ment, et les forces physiques.et chimiques
qui ont présidé à la cristallisation de ces
roches, n’ont pas agi de la même ma-
nière. Mais on ne saurait douter qu'il ÿ ait
eu deux époques d'éruptions granitiques
bien distinctes et séparées par intervalle
de temps assez long, si l’on reconnait qu'il
s’est produit entre ces deux époques une
autre masse minérale un peu considérable,
soit par voie de sédimentation, soit par
voie de fusion.
En étudiant la constitution géognostique
de la Finlande, j'ai observé daas cette con-
trée, ainsi que dans la partie méridionale
de la Laponie, deux variétés de granits
très différentes par leurs caractères; j'ai
reconnu partout d’une manière évidente,
depuis le 68e jusqu’au 60° degré de lati-
tude, que l’un de ces granitsest postérieur
à l'autre et qu'il s’est épanché assez long-
temps après pour que, dans l’intervallé,
ait put surgir une roche dioritique à base
d’amphibole,
L'origine des roches cristallines à struc-
ture schisteuse et surtout celle des roches
de gneiss n'est pas encore parfaitement
éclarcie : le gneiss était regardé autrefois
et l’est encore par beaucoup de géologues
comme un état particulier du grauit; mais
par suite du grand développement qu’a
pris la théorie du métarnorphisme, il est
surgi une manière de voir différente, d’a-
près laquelle une partie des gneiss rentre-
rait dans la classe des roches sédimentaires
et métarmophiques. J'ai étudié avec soin
cette question délicate, l’une des plus im-
portantes de la géologie : les gneiss et les
roches schisteuse de la Finlande m'ont of-
fert des caractères assez précis pour faire
disparaître toute incertitude relativement
à lear origine. Les observations que j'ai
faites en Finlande sur ce sujet ont été cen-
firmées par celles que j'ai recueillies au
Spitzberg, en Norwège, en Allemagne, dans
les Alpes, les Pyrénées ct dernièrement
dans la Bretagne. Les roches de gneiss me
semblent présenter un certain nombre de
caractères d’après lesquels il est possible
d’aprécier l’origine et de distinguer les ro=
ches métamorphiques de celles qui nesont
que des pseudo-gneiss, qui ont üñe ori-
gine éruptive et doivent êtré rattachées
aux granits.
Il est une troisième question dont je me
suis occupé pendant mon voyage en Fin-
lande, c’est l’origine des minerais de fer
magnétique, fer oxydulé pur où mélangé
de fer oligiste : aujourd’hui cette origine
1017
est encore enveloppée des mêmes ténèbres
qui dérobent à nos investigations la con-
naissance des procédés qu'a suivis la na-
ture dans la formation des substances mé-
talliques. J'aiexaminé avec attention toutes
les circonstances du gisement des mine-
rais de fer magnétiques, qui sont bien ca-
ractérisées en Finlaude ; j'ai réuni diverses
observations qui ont été faites sur ce sujet
en Suède, Norwège, Laponie et Russie :
cet examen conduit à une solution qui pa-
raît assez conforme à l’ensemble des faits
observés,
Ainsi, mon Mémoire comprend trois
parties : la première a pour objet l'examen
des roches grauitiques et amphiboliques de
la Finlande; la seconde se compose d’ob-
servations sur la nature des roches cris-
tallines et schisteuses; dans la troisième,
je décrirai le gisement des minerais de fer
magnétiques.
J'y joindrai plusieurs coupes et dessins
qui viennent à l'appui de mes observa-
tions.
BOTANIQUE. :
Une nouvelle Flore.
Il yeut une époque où, prenant à la
lettre l'ironie du poète, on ne trouvait bon
et bien fait que ce qui sentait son origine
étrangère. Alors on se persuadait volon-
tiers qu’une tête allemande était indispen-
sable pour la production des œuvres qui
demandaient une ténacité persévérante,
On se disait, on se dit même encore-relati-
vement à des branches de la science hu-
maine qui tiennent un haut rang dans les
études intellectuelles, que doués d’une pé-
nétration rapide, nous n’aurions point une
volonté assez ferme, assez constante pour
des entreprises où la sagacité n’est pas la
seule condition de réussite, mais où la pa-
tience doit prerdre une large part.
Sous l'influence d'un pareil préjugé, la
gcience, en beaucoup de points, est deve-
nue, chez nous, anglaise, écossaise, alle-
mande; enfin tout autre que française.
Guidés par le mouvement général, presque
tous, oubliant la fierté nationale, ont suivi
la pente commune. Cependant un petit
nombre d’hommes de cœur et de talent,
appuyés sur une volonté qu'ils savaient ne
devair pas faiblir, ont osé résister à l’en-
traînement et se livrer à des travaux au
terme reculé. Ontils failli à la tâche; et
quel a été le résultat de cette hardiesse pré-
tendue?
Examinez tous les rameaux de l’arbre de
la science qui ont été, en France, l’objet de
soins particuliers. Quels fruits magnifi-
ques le génie de nos écrivains et de nos
penseurs leur a fait porter ! Une aussi belle
série de découvertes marquantes en physi-
que, en chimie, en anatomie, en histoire
naturelle, etc.……, ne démontrent-eiles pas
surabondamment que les profondes études
ne peuvent être le domaine réservé d’une
nation au détriment de la nôtre... Si la la-
boricuse Allemagne y apporte son calme et
son sang-froid, l’esprit français à la rapide
et mobile intuition, sait en temps et lieuse
plier à l'allure modérée et tranquille, tou-
jours nécessaire dans les études d’observa-
tion.
Je pourrais donner en exemple un cer-
tain nombre d'ouvrages qui, dans ces der-
nières années, ont fait bruit parmi le mon-
de savant, mais ce serait une redite dans
ce recueil qui leur adéjà prodigué un juste
tribut de louanges. Qu'il me soit permis de
1018
mettre en reliefun seul de ces livres à qui
sa récente publication n’a pu jusqu’à pré-
sent faire trouver dans les colonnes de
VÆcho une place que lui méritaient un
long travail, des investigations aussi cons-
ciencieuses qu'éclairées. Je veux parler de
la Flore «le la Vienne (1). Si l'importance
d’un pareil ouvrage se mesurait à la gran-
deur du rayon qui décrit ses limites, et non
pas aux nombreux accidents de terrain
qu’elles circonscrivent, ou sil était sur la
même ligne que tant de flores locales pa-
rues à une époque plus ou moins reculées,
à peine aurais-je pris le soin d’écrire quel -
ques mots à son sujet.
« Mais en premier lieu peu de pays of-
frent une végétation plus variée que cette
partie du haut Poitou qui forme le dé-
partement de [a Vienne, soit qu’on la con-
sidère sous le point de vue géographique et
à raison de sa situation occidentale, soit
qu’on l’envisage sous le rapport géologi-
que. Le caractère de transition qui distin-
gue ce département d’une-manière si spé-
ciale se dessine d’une façon remarquable-
ment tranchée dans chacun des arrondis-
sements qui entourent le cheflieu. Celui
de Poitiers, qui occupe le centre, doit aux
puissantes assises calcaires qui affleurent le
sol, à la coupe souvent abrupte, et à l’ex-
position chaude de ses coteaux, le grand
nombre de plantes méridionales qui s’y ren-
conirent. l'arrondissement de Châtelle-
rault qui repose en grande partie sur des
formations de tuf, bordé par la Creuse,
traversé par l'Envigne qui. arrose le ma-
gnifique vallon de Ecncloître et par la
Vienne, affluent de la Loire, présente la
plupart des richesses végétales du fertile
bassin de ce fleuve. Au-delà de Lussac, le
sol deviententierement siliceux; la Vienne,
la Gaïrtempe, les deux Blourds. vicnnentle
sillonner de va lées profondes. Des sources
jallissent des points les plus élevés de ses
collines montueuses, et la plupart des pâtis
qui occupent leurs flancs présentent des
fondrières de tourbe. En se rapprochant
des limites de la Haute-Vienne, partont on
découvre le pittoresque des pays de mon-
tagne, et la terre se pare de la végétation
des terrains primitifs. Civray reproduit les
raretés des environs de Poitiers, en y ajou-
tant quelques raretés nouvelles. Enfin
l'arrondissement de Loudun, qui-n’est tra-
versé par aucun ruisseau important offre
à la Flore un contingent on ne peut plusre-
marquable, celui d'espèces tout à fait oc-
cidentales et parfois maritimes qui crois-
sent spontanément à un: élévation moyen-
ne de plus de 80 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer.»
Je n'ai rien à ajouter à cet aperçu sur le
caractère géologique de la Vienne em-
prunté presque textuellement à l'introduc-
tion du livre dont je rends compte. La plus
légère connaissance des lieux-suffit pour
faire apprécier la rigoureuse exactitude
du tableau. Et maintenant est-il diffcile
à celui qui a entrepris quelques herborisa-
tions de se figurer quelles doivent être les
richesses végétales d’un pays qui contient
des plaines basses et des plateaux élevés,
des calcaires de toute formation à toutes
les expositions, des terrains primitifs et des
terrains qui forment le passage des ca'caires
au granit?
À cette importance toute matérielle de
la localité, s'en adjoint une autre pro-
(1) Chez Meilhac, libraire, cloître Saint-Benoît,
10. — Paris.
1019
pre à l’auteur et qui fait le spécial et solide
mérite de son œuvre. |
Nous avons vu plus d'un floriste jeune
et sans expérience, après avoir mis en col-
lection sept à huit centaines de plantes par=
mi lesquelles le hasard avait glissé quel- :
ques raretés, se croire appelé à faire une:
botanique au moins départementale, Qué-
tant cà et là des renseignements d’une
exactitude douteuse, pillant dans les publi- «
cations des devanciers, les descriptions |
des fleurs que, sur des analogies de ter
rain, il soupconnait croître dans les limites
qu’il s'était tracées, il parvenait en der-
vière analyse à compléter un volume sur
lequel de pompeuses réclames ne faisaient
qu'attirer le mépris des connaisseurs, en …
attendant l'oubli général.
M. Delastre, lui, a voulu faire une œuvre
d'avenir. A cette œuvre il a consacré vingt-
cinq ans de son existence, vingt-cinq ans
de recherches et d'études; études d’herbo:
risations, études du cabinet, études de con-
frontation avec les plantes des herbiers
lypes. Aussi, pas une description qui n'ait
été calquée sur des échantillons recueillis
tous dans le département .et réunis par ses
soinsdans un herbiermodèledontsa généro-
sité a doté le cabinet d’histoire naturelle de
Poitiers. Aussi, dansles coursesnombreuses
que suppose une période aussi prolongée,
que de var'étés curieusès, que d’espèces
infiniment rares, nouvelles même et figu-
rées avec soin signalées dans des lieux où
Jamais on n'aurait songé à les chercher!
Quelle masse de précieux documents se
trouvent réunis dans un livre pris à ce
point au sérieux par bn homme que de-
puis long-tem}s ses travaux infatigables
ont fait connaître, et qui suivit attentive-
ment, en s y mêlant même, le Œœurs de ju-
dicieuses réfornes tentées par les phyto-
graphes de nos jours sur les groupes de
végétaux que leur imparfaite classification
signalait aux regards des maîtres de la M
science !
En pariant ainsi, j'ai surtout eu en vue
les genres poiygala, arenaria,cerastium,
Rosa, gallium, orobanche,verbascum, po-
laiogeton..…., les familles des crucifères,
haloragées, ombellifères, synanthérées, po-
lygonées, cypéracées, graminées... Tout le
monde sait les nombreuses difficultés que
présentent ces genres et ces familles; on
se rappelle les erreurs qui en ont été bien
souvent la conséquence; on connait les
monographies par lesquelles des hommes
spéciaux ont cherché à corriger ces er-
reurs, à applanir ces difficultés. La Flore
de la Vienne résume tous ces travaux mo-
dernes d’une manière moins restreinte
qu'on le pourrait soupconner d’abord. De
plus, elle offre les idées émises par l’au-
teur sur le même sujet, idées toujours
judicieuses comme celles que de longues
années d'observation ont müries.
Il est donc facile de le voir, cet ouvra-
ge est an de ceux qui mettent le mieux
sur la voie des véritables principes de la
science, qui initient le mieux aux décou-
verte; actuelles.
Nous n'avons considéré jusqu’à présent
l'œuvre de M. Delastre que sous le rap-
port scientifique. Il en est un autre bien
important encore et qui mérite de fixer
notre attention, c'est le point de vue pra=
tique. Comme tout naturaliste véritable=
ment enthousiaste, l’auteur éprouvait de
la peine à voir que son étude chérie était
négligée, abandonnée presque dans un
pays où la campagne semble se complaire
1020 |
: à faire naître sous les pas du botaniste les
: richesses.les. plus variées. « 11 a voulu,
dit-il, propager l'étude de l’une des bran-
-.ches les plus, intéressantes de l’histoire
-naturellesil a voulu rendre la botanique
: populaire, : la: répandre dans toutes les
classes, parce qu’indépendamment du but
d'utilité qu’elle présente, elle peut être
- pour tous, suivant les circonstances, un
- vharme aux peines les plus cuisantes,
aussi bien qu'un plaisir ou un délasse-
ment deitous les instants; parce que son
goût nous suit partout, au jardin, dans
les champs, en voyage; parce qu’il calme
et rassied les esprits; même au milieu des
agitations les plus wivessetque la contem-
plation de tant de merveilleuses harmo-
nies élève l’âme au-dessus de toutes les
passions spéculatives qui troublent et
| ébranlent la société. » Maïs il savait qu'il
|. en est de la botanique comme de toutes
| les autres sciences. Pocr l’apprendre, il
| fautun maître complaisant et sûr, que ne
|.rebute pas la marche lente et indécise
-d'ub élève, et qui soit toujours disposé à
| Jui prêter main-forte, bien loin de lui cau-
ser une chute plus profonde par sa pro-
pre ignorance.
À défaut d’un tel guide bien rare à ren-
contrer, M. Delastre à fait un livre qui bé-
| gaye avec les commencants et grandit en
enfia les plus aut'entiques et les plus so-
| D 29g0 5. 2e
| quelque sôrte avec eux ponr leur donner
|
:
lides enseignements.C'est pour les novi-
ces, qu'il à «missaw commencement une
clé analytique, suivant la méthode de La-
mark, baséesur des caractères constants
| et pourtant faciles, X apercevoir dans les
| végétaux. Dans celte analyse, les plantes
sont désignées par leur nom français, et
les mots itéthniquesretrarchés le plus
ployés; trouvent leur explication dans la
même phrase: ÀAw surplus, afin de préve-
nir les embarras qui pourraient exister,
même aprés ces précautions, un votabu-
Jaire des termes scientifiques est imprimé
) DeTIOL
| àlafnduvolume, à
lErioqoe zafc ;
C'est pour les novicas encore qu’une se-
| conde analyse, faite.sur un plan tout dif-
férent de la première vient lui servir de
… contre-épreuvel et faciliter la rectification
“ deserreursqui auraient été commises dans
| Ia précédente recherche. Elle offre en ou-
tre le précieux avantage de familiariser
avec lescaractèrés distinctifs des famiiles
et des genres, et bientôt elle rend inutile
Femploi d’une méthode artificielle.
Que dirai-je de plus? On voit les faci-
lités offertes aux commencants. Ceux qui
ont déjà marché dans la riante carrière de
la botanique peuvent apprécier les des-
criptions scrapuleuses des familles, des
genres, des espèces, des variétés, où le mé-
rite de la concision est porté au plus haut
point, et dans lesquelles tout ce qu'il y a
de vér tiblement caractéristique ressort en
lettres italiques. Ils ont beaucoup à ap-
prendre en présence de cette classification
si logique, de ce plan qui font sortir l’ou-
yrage de la sphère restreinte que la mo-
| destie de l’auteur lui avait assignée, et le
: rendent un livre non plus seulement spé-
cial au Poitou, mais un livre que tous les
botanistes dé France se plairont à consul-
terSicar tous sont intéressés aux décou-
vertes qu’il renferme, et puis-le plan et la
méthode sont de toutes les provinces.
eit] EAU
"(Un Professeur de botanique. )
Tr De
| possible, quand ils out été forcément em-
1021
SCIENCES APPLIQUÉES,
Histoire des opérations de teinture.
(Premier article.)
L'histoire des arts et des industries dont |
lesnationsontsurtoutle droit d'être fièresest
malheureusement trop peu connue, les au-
teurs ont presque tous négligé cette partie
de l’histoire importante qui a eu le plus
d'influence sur la destinée des peuples.
Au moment où le chemin de fer vientde
faire-de Rouen un des faubourgs de Paris,
nos lecteurs nous sauront gré de leur avoir
tracé en peu de mots l'histoire si intéres-
sante de la teinture, cet art que la France
a porté au plus haut degré de perfection, et
dont Rouen peut à juste titre revendiquer
une large part:
Les couleurs que les végétaux et les ani-
. maux renferment, ont été utilisées de
bonne heure par l'homme qui, charmé de
leur éclat et de leur harmonie, s'empressa
de les appliquer sur les étoffes qui lui ser-
vaient de vêtements. L'art de peindreetde
teindre comnrença pour ainsi dire avec
l’enfance des sociétés, car comme l’a ob-
servé Bertholet, on remarque dans les
hommes qui ont fait le moins de progrès
das l’art social, le desir de s’attirer les re-
gards de la multitude, ils en saisissent avec
empressement les moyens, et l'éclat des
couleurs est lun des premiers qui se
présentent; chez les peuples les plus bar-
bares , on reirouve ce goût pour les cou-
leurs ; ainsi les sauvages se frottent le corps
avec des terres colorées ou des: sues: de
plantes, ils font dans quelques contrées
(îles Marquises) une véritable toile peinte
deleur peau ; ‘ils se teignent les cheveux,
se colorent les dents, et cet usage commun
| à-tous les peuples de l'antiquité, s’est per-
pétuéde-nos jours che: les nations ériérñe
talesu L'art de la teinture a été -prathjué
avec un très grand succès dans les temps
les plus recalés dont l'histoire fasse men-
tion ;:dansiles’indes, en Perse, en Egypte
eten Syrie, Il:y a plus de trois mille ans
qu’une sage femme attacha un fil écarlate
au poignet d’un des enfants de Tanmar
( Genèse, liv. 38, p.27). Homère qui vivait
900 ans avant Jésus-Chrit, cite les éloffes
de toutes couleurs fabriquées à Sidon
comme une chosé magnifique. Salomon
faisait venir de Tyr des étoiles teintes en
pourpre, en bleu ;en ‘écarlate et en cra-
moisi. Les Phéniciens qui se livrèrent avec
tant de succès aù commerce et aux arts du
luxe, s'étaient rendus célèbres par leur
riche couleur pourpre, couleur brillante
et solide qu’ils retiraientdedeux mollusques
habitant les mers qui baignent les côtes de
la Phénicie (1). Ce sont eux qui répandirent
(1) La chronique rapporte qu’un pâtre dont le
chien avait cassé une coquille de pourpre, et qui
. fut taché en rouge pourpre par le suc de ce co-
quillage, trouva bientôt le moyen d’obtenir cette
couleur, et de teindre par ce moyen un vêtement
pour sa maïtresse. Au lemps de Meie, les Egÿp-
tiens connaissuert la pourpre. Cette belle. couleur
était si solide , que Plutarque rapporte qu’à la prise
de Suze, Alexandre trouva dans le trésor de Darius,
pour la valeur de 50,000 talents (20,700,000 ir.)
d'étolfes teintes en pourpre qui étaient conservées
là depuis 192 ans, sans avoir éprouvé la moindre
altération, Cette couleur fut connue à Romepres-
que à l’époque de la fondation de cetterville. Sous
l'empire romain les vêtements pourpre ne pouvaient
être portés que par les membres de la famille impé-
riale. Sous Thtodose, il ne restait que deux teintu-
reries de pourpre, l'une à Tÿr, l’autre à Constanti-
nople. La première fut détruite par les Sarrazins, et
la dernière par les Tures. Avec elles disparut le pro-
cédé de la teinture au vrai pourpre, Gelle-ci fut rem-
1022
: en Europe la connaissance des différents.
| procédés de teinture. Les Levantins con-|
naissaicnt le beau rouge de garance sur.co:|
ton, qui porte aujourd'hui les noms:ide
rouge des Indes, de rouge d'Andrinoptei
Dans l’Inde, on savait déjà du temps-d'Ate
lexandre recouvrir les tissus de dessins
versemment colorés; et suivant Hérodatig
les-habitants du Caucase imprimaient:6hr
leurs: vêtements des figures de différente
animaux, à l’aide de mordants et descou*
leurs si solides qu’elles duraient autantique
l’étoffe. xxol SE
Voici un passage de Pline, qui, quoique
très obscur sous quelques rapports, montre
que lesanciens Egyptiens connaissaient lés
les principes de l’art de peindre sur les
toiles :,« En Egypte, dit-il, on peint jus-
qu'aux habits par un procédé des plus mer-
veilleux ; pour cela, on emploie un tissu
blauc sur Jequel on passe, non point des
couieurs, mais des substances sur lesquelles:
mordent les couleurs; les traits ainsi me-
nés sur les tissus me:se:voient pas, mais
quand on l’a plongé dans la chaudière, on:
le retire au bout, d'un -instant chargé de
dessins, et ce qu'il y:ade plusremarquable;
cest que quoique x: chaudière ne -cons
ticane qu’une seule matière colorantesyle
tissu prend des nuances diverses, la teinte
variant selon la nature de la substance qui,
s'imprègne de couleur; ces couleursme
peuvent s’effacer par l’eau, il est clair, que.
si ce tissu était chargé de dessins coloriés
quaudil entre dens la chaudière, toutes Jes
couleurs seraient brouillées quand on le
retirerail, ici toutes les couleurs se font:
par une seule immersion, etil y a en même
temps coction et teinture. Le tissu modifié
par cette opération est plus solide que s’il ne
la subissait pas (Pline, Liv. xxxv (42, p. 61
t. 20, édition Panckoucke, 1833). co
Les découvertes chimiques et mécaniques.
des temps modernes ont avancé considéra='
blement cés'arts si beaux et si ingénienx de
teindre et de peindre les étoffes, mais les
citations précédentes montrentévidemment
que nous n'avons fait que perfectionner
des procédés connus dès l'antiquité la plus
recnlée: so
Cequ'il ÿ a de certain, c’est que les an-
ciens connaissaient un grand nombre de
substances tinctoriales dont nous nous ser-
vons, telles que le kermès, employé pour
tcindre en écarlate et en pourpre; le pastel,
usité pour teindre en bleu ; l’orseille, la ga-
rance, le bois de sappau, la laque, la co-
chenille ; etc.; malheureusement, nous
n'avons aucun renseignement sur la mae
placéeparla pourpre obtenue du Kermès. Il a régné
pendant longtemps une-grande incertitude sur l’ori=
gine de là pourpre des anciens, Il est aujourd'hui
à peu près constant que ce principe colorant est.
un liquide sécrété par un organe particulier de deux
mollusques à coquilles (gastéronodcs), nommés pe-
tite massue d'hercule (Murex brandaris) et buccin
(purpura capillus) et qui abondent dans la Médiie
terranée et dans la Manche. C'est un liquide idee
lore qui, exposé à la lumière diffuse, teint d’abgs d
en jaune citron ;-ensuite en vert clair, verl émeraude;-
azur, rouge et finalement, au bout de quarante-huit
heures, en très beau pourpre; mais il ne pareourt
ces nuances que lorsqu'on l’empêcle de se dessé-
cher. Ce principe colorant pourprè é'rémarquable
par sa solidité: Il résiste à l’action 488 Akalis caus-
tiques et de la plupart des acides. I@'ÿ a’guêre que
l'acide azotique concentré et leïchtorecqui l’altèrent
sensiblement. M. Bizio, chimiste alien, a étudié à
plusieurs reprises ce principe colorant qui avait
déjà fixé l’attention de Réaumur et de Duhamel.
Un dernier mémoire, envoyé en décembre 1842 à
l’Académie des sciences par M. Eizio, renferme sur
cet ohjet des détails curieux.
1093
nière dont les peuples de l'antiquité procé-
daient à la teinture et à l'impression de leurs
tissus, par la raison que les Romains qui
hérièrent de leurs procédés industriels,
végligèrent deles décrire, attendu que pour
eux ce était des‘ travaux serviles.
Au V* siècle, tous les arts s’éteignirent
dans l'Occident , par suite de l'invasion des
barbares du Nord, mais ils se conservèrent
mieux dans l'Orient, d’où l’on tira Jus-
qu'au XII siècle, tous les objets de luxe,
et notamment les tissus colorés. C'est vers
la. fin du X1I1I° siècle et le commencement
du XIIIe, que l’art de la teinture reparut
enltalie, grâce aux relations commerciales
que les Véuitiens et les Gênois entretinrent
avec l'Orient. En 1838 , on comptait à Flo-
rence 200 manufactures qui fabriquaient ,
dit-on, de 70 à 80,060 pièces de drap. En
1300, un Florentin ayant appris dans le Le-
vant , à retirer la matière colorante des li-
chens qui fournissent l'orseilie ; eu intro-
duisait l'usage à Florence, et fit une si
grande fortune , qu'il devint le chef d une
des premières familles de cette ville C'est
en 1449 que parut à Venisele premier re-
cueil des procédés de la teinture ; la décou-
verte de l'Amérique en fournissant à l'an-
cien monde la connaissance de plusieurs
matières tinctoriales, telles que la coche-
nille, le bois de campêche, les divers bois
rouges de Fernambouc-de -Sainte-Mar-
the, ete.; le rocou, l'indigo, etc, exerça
une grande influence sur les progrès de
Part dont nous nous cccupons.
C’est peu de temps après qu’on découvrit
les procédés de la teinture en écarlate au
moyen de la cochenille et des sels d’étain.
On attribue l'emploi de ces sels au chimiste
hollandais Cornélius Drebbel, dont le fils
Kuster apporta les procédés en Angleterre
vers 1563, et s'établit teinturier à Bow,
près Londres, où il amassa une fortune
considérable. Cette date fait époque dans
l'histoire de l’art, car l'oxyde d’étain a mis
les modernes en état de surpasser les an-
ciens dans la beauté des couleurs.
AGRICULTURE.
Du micocoulier et de ses usages.
Le micocoulier doit être compris au
nombre des arbres indigènes de l'Italie et
du midi de la France qui croissent sponta-
nément et le plus vigoureusement. On
l'appelle bagolaro fragirago!o, et il chan-
ge de nom d’une province à l’autre.
En 1839, M. Raggazzoni avait déjà pu-
blié dans son Repertorio un premier arti-
cle sur le micocoulier, sa description, sa
culture, ses divers emplois ; j'ai cru cepen-
dant, dit M. Barulli, devoir revenir sur ce
sujet, auquel on n’a pas porté toute l’atten-
tion qu’il mérite. J’ai considéré cet arbre
sous tous les rapports pour faire mieux res-
sortir les avantages qu'on pourrait en tirer
si on lui laissait prendre tout l’accroisse-
* ment dont il est susceptible, qui peut aller
de 13m à 17m de hauteur, et de 1m,30 à
1m,70 de diamètre.
Le micocoulier prospère dans tous les
terrains, se plaît aux expositions du midi
et du levant, et plus dans les lagunes que
dans les plaines. On a remarqué que les
terres pierrcuses, mais fraîches et légères,
lui convenaient parfaitement; qu'il pous-
sait plus vite dans celles humides; mais
qu’alors son bois avait moins d’élasticité et
de ténacité.
Cet arbre est commun aux environs de
102%
Turin, de Suze, d'Ivrée, de Voghera, etc.
Les habitants de Chiaverano en ont
quelques bouquets devant leurs maisous,
qu'ils entretiennent avee grand soin.
M. Mina, économe de l'hopital de Biella,
en a fait semer une assez grande quantité
qui végètent bien et vont être bons à être
transplantés; maisje n'ai point vu ailleurs
de micocouliers cultivés en grand, seule-
ment j'en ai rencontré isolés dans les
champs ou mêlés avec les autres arbres
des bois.
Le micocoulier se multiplie de semences,
de marcottes et de drageons enracinés; il
lui faut 150 ans pour atteindre son plus
grand accroissement; mais il croît tres vite
pendant les premiers quarante ans, et, en
vingt-cinq à trente ans, selon les qualités
du terrain, il peut acquérir 0m.25 à Om,35
de diamètre; c’est alors qu’on l’abat pour
différents usages.
On en fait des cercles de tonneaux, des
barres, des timons de char, des baguettes
de fuzil, et principalement des manches de
fouet. Ce qui semble, au premier coup
d'œil, une minime industrie n’en est pas
moins une spéculation fort lucrative.
On choisit les troncs les plus droits, les
plus lisses et sans nœuds; on les coupe de
la longueur convenable et on les refend en
brins proportionnés pour en tirer ces man-
ches.
Les paysans toscans font, avec les jeunes
branches, des attaches pour attcler Îles
bœuts aux chars et aux araires; les feuilles
sont dévorées par les brebis et les chèvres.
Je regrette de n'avoir pu reconnaître qu'elles
pouvaient servir de nourritare aux vers à
soie, ainsi que M. Bianchelli l'annonce.
Pour rendre plus évidents les avantages
de la culture du micocoulier, je présente-
rai lerelevé du commerce des manches de
fouet qui se fabriquent dans la commune
de Nola; près de Lauzo. C’est un certain
Harley qui fitles premiers, il y a trente à
trente-cinq ans. Dans ces derniers temps,
ceux qui lui ent succédé en fouraissaient
40,000 à 50,000 douzaines à Ja France,
quoique le micocoulier croisse et prospère
dans le Languedoc, la Provence et le Rous-
silion. Cette consommation et le peu de
soins qu’on prend des arbres ont fait aug-
menter les prix des manches de fouet et
réduit à environ 10,000 douzaines ceux
qu'on expédie dans toutes les villes de
France.
Les prix des marches de fouet varient
selon leur longueur : ceux de 2m à 2m,75,
valent 6 fr. 50 c.la douzaine; ceux de
1m,54à 2m, 4fr. à 4 fr. 50 c.; les tordus
ou coordonnés, 4 fr. 50 c. à 5 fr. ; ceux dits
bâtards, de 1m, à 1m,30, 2 fr. 40 c.; les
plus courts, 1 fr. à 1 fr. 50 c.
Ces derniers sont en très petite quantité,
et l’on compte qu’il se vend deux fois plus
de longs et de cordonnés que de bâtards et
de courts.
Le produit annuel est de 48 à 50,000 fr.,
et il faut ajouter à cette somme le prix
des manches de fouets consommés dans le
pays, et des autres objets faits du même
bois.
Si la culture en grand du micocoulier
réduisait ce revenu, comme c’est vraisem-
blable, il se fabriquerait une plus grande
quantité de manches de fouet, et le pro-
duit de ces arbres serait toujours plus con-
sidérable que celui des autres essences.
Les micocouliers ne sont point cultivés
parce que, en général, on ne connaît point
les avantages qu'ils présentent. Aucun ar-
1025
bre ne saurait leur être comparé ; je le ré-
pête, on pourrait en former dés bois seuls
ou mêlés avecles autres essences, les plan
ter en massifs, en allées a bord des riviè=
res ; ils figurent parfaitement danses jar:
dins anglais. ;
Il me semble qu'il conviendrait de re-
commander le micocoulier aux agricul-
teurs, et spécialement à ceux qui se livrent
avec plaisir à la culture des bois. - Je pro-
pose en même temps, à M. le président de
la Société royale d'Agriculture, de prier
M. l’intendant général de l'administration
d'économie rurale, d'inviter les inspecteurs
des forêts ou les autorités compétentes. à
encourager la culture du micocoulier, et
d’exciter les propriétaires à introduire chez
eux et à soigner un arbre aussi utile, ce
qu’ils ne manqueront pas de faire lorsqu'ils
en convaîtront toute l’importance et le bé-
néfice qu'ils doivent en retirer.
BARULLI.
( Repertorio d'a gricoltura,)
M. Barulli, qui prône avec raison le mj-
cocoulier, qui engage les propriétaires.à le
propager et voudrait que le gouvernement
encourageût sa culture, n’ignore point que
cet arbre croît et prospère dans le Roussil=
lon et le Languedoc, et il est bien étonnant
qu'après tant de ‘recherches il n'ait pas
connu l'industrie et le commerce dont le
micocoulier est l’objet auprès de la ville de
Sauve, département du Gard, et, dit-on,
au village de Larroques, daus le départe-
ment des Hautes-Pyrénées. Je veux parler
de Ja fabrication des fourches, justement
renommées parce qu'elles sont commodes,
solides, légères et à bon marché ; elles rap-
portent, année commune, 25,000 fr. à la
petite ville de Sauve. |
Je n'aurais pas oublié le. micocoulier
dans mon Mémoire sur les végétaux qui
croissent Spontanément en Languedoc et mé-
riteraient une. cullure partiçulitre, si les
grands avantages qu'il offre n'étaient déjà
mentionnés dans plusieurs ouvrages; en ÿ
renvoyant les personnes qui voudraient les
connaître -mieux, il me suffit de donner ur
aperçu des principaux usages que nous
faisons de ce bois, usages qui semblent
ignorés en Italie.
Le micocoulier s'appelle, en languedo-
cien, fanabregou, picopulié , belcoukié et
arigou ; dans le Roussillon, on le nomme
adonier ; quelques personnes l'appellent, en
français, alizier, très mal à propos; car
l’alizier, que nous avons’ dans nos bois est
un arbre tout à fait différent.
En Roussillon, on fait des manches de
fouet en assez grande quantité ; c’est la con-
currence du Roussillon qui a diminué les
expéditions que nous recevions de l'Italie.
Dans le commerce etchez nos bourreliers
et carrossiers, on les nomme manches de.
Perpignan, quelle que soit leur origine.
On rencontre fréquemment des mico-
couliers dans le département du Gard, dans
les bois, au bord des haies et des chemins.
Les plus beaux jets sont réservés pour faire
des cercles aux grandes cuves; mais, I1n-
dépendamment de cesarbres isolés dans nos
campagnes, c’est l'essence dominante qui
est cultivée en grand et soigneusement au-
près de Sauve. Le terrain y est partout re=
couvert de rochers calcaires, grisätres, bi=
zarrement groupés ; on le croirait stérile et
inculte au premier abord, en hiver sur- }
tout; dès le printemps, ces rocs sont tapis;
sés de verdure, comme par magie, cequ Ar:
thur Young ne pouvait se lasser d'admirer.
En approchant, on voit que toutes les fen- |
\
ï
1026
tes, toutes les cavités sont plantées en vi-
_gnes, en figuiers, en cerisiers, et plus par-
ticulièrement en micocouliers; les racines
. pénêtrent dans une terre vierge, sous les
roches qui les préservent de la sécheresse
et de l’ardeur du soleil, tandis que la ré-
_ verbération- à leur surface et toutes les
influences. de l'air agissent sur les ra-
meaux.
Les micocouliers qui s'élèvent dans lin
tervalle des rochers ont leurs troncs plus
- où moîns hauts; généralement on les tient
bas afii de pouvoir plus facilement Îles
qu'une souche raboteuse, tous sont hé-
rissés de jets de tout âve, et par consé-
quent de grosseur ét lonpuieur variables.
Lorsqu'ils ont la taille convenable, on les
arrête en les coupant près d’un nœud, de
manière À leur faire pousser trois bran-
ches égales en force et en longueur, qui
doivent former les trois pointes des four-
ches. 11 fant cinq à six ans de soius pour
qu'elles soient formées; mais chaque pro-
. priétäire, ayant des rejetons de micocou-
liers déttout âge, peut en faire une coupe
tous les ans, et tous les ans il se fabrique à
peu près le même nombre de fourches à
Sauve, 25.000 douzaines, terme moyen,
qui se consomment dans les départements
voisins. pour la fenaison, la moisson et au-
tres travaux champètres.
Nous ne tépéterons pas Comment on les
façonne en les mettant an four et dans une
espèce de grille pour recourber- les four-
chons; mais nous me saurions trop pu-
blier un fait particulier à cette fabrication
eta ce pays, fait très remarquable et qu’on
pourrait imiter dans d’autres circonstances.
Dans l'intérêt général, les propriétaires
ont renoncé à la. liberté de vendre leurs,
fourches cômme leurs autres récoltes. Une
association chargée de toute l'exploitation
fait reconnaître les fourches que chacun
peut fournir, traite à un prix fixé, ayec un
fermier qui les achete toutes, et auquel on
fixe aussi le prix auc lil peutles revendre,
afin qu'il ne rançonne pas les consomma-
teurs. Avant la vente, des experts exami-
nent et rejettent celles qui auraient la
moindre imperfection. Tout se fait avec la
| plus grande impartialité, et de temps immé-
morial, au grand contentement de tout le
| monde.
Je ne nr'étendrai, pas davantage sur une
: industrie et un commerce dont plusieurs
auteurs ont traité,sainsi que je l'ai précé-
demment dit; mais ‘aucun, je crois, n’a
ait, mention d’un autre emploi du bois de
. micocoulier, qui mérite cependant d’être
, signalé ici.
On utilise les rejetons trop courts pour
| des fourches, ceux qui n’ont pas poussé
| trois branches égales et régulières, et les
* fourches rebutées par les experts, pour
. faire des attelles où 'ailérons de colliers de
charrettes qui, dans d’autres pays, sont
découpés dans une planche ; on les faconne
? en S à l’aide du feu.
On en fabrique annuellement un grand
| nombre qui sont vendus aux bourreliers,
k en paquets de douze
| 12 ou 15 fr;
: MAG Le RENE
de paires, moyennant
C > Sélon leur dimension.
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émonder et les soigner. Quelques uns n’ont.
s
1027
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOCGIE.
Congrès archéologique de Poitiers.
Séance du 2 juin 1845.
Le congrès est présidé par M. Foucart,
doyen de la faculté de droit. M. de la Mar-
sonuière remplit les fonctions de secrétaire
général. La discussion générale sur la sym-
bolique du moyen-âge se rouvre à propos
de quelques unes des questions posées par
M. de Caumont. MM. l’ahbé Cousseau,
l'abbé Auber, Pressac, de Feury, et plu-
sieurs autres membres pensent que les
figures grotesques et même obscène; d'êtres
vivants qui décorent les chapiteaux des
édifices religieux du moyen-âge, comme
celles qui se voient soit dans d’autres en-
droits de ces édifices, soit surl:s marges des
manuscrits, avaient toutes un point de dé-
part et un but religieux. Sans pouvoir les
expliquer toutes, ils pensent que toutes
relèvent d’un systènr commun, dont Pi-
gaorance des mœurs, des légendes du
moyen-àge, ne permet pas de connaître
tous les détails. L'église n’aurait ni or-
donné ni souffert que l’on sculptât dans
ses temples des images obscènes et immo-
rales. La satire des individus, des indi-
vidus même appartenant à des corpora-
tions religieuses, a pu se glisser rarement
et par exception dans quelques coins des
églises; jamais celle des corporations, des
institutions elles mêmes.
M. Léon de la Sicotière adinet que lal-
légorie joue:un grand rôle dacs les figures
grotesques ou obscènes dont il s’agit. Mais
ce rôle n’est pas exclusif et absolu. A côté
de l'élément moral et religieux, limagi-
nation, le caprice, la fantaisie, qui sont
aussi des. éléments de l’art, ont joué le
leur. Le peuple-des ouvriers, des artistes,
qui bâtissait les églises, qui les bâtissait sou-
vent. sans être payé, devait avoir sa part
d'initiative. L'esprit de liberté qui, comme
l'art lui-même, est de tous les temps, n’a-
vait pour se donner carrière que les cha-
piteaux et Jes missels. Si les cathédrales
étaient les épopées du temps, les chapi-
teaux devaient en être souvent la carica-
ture et la satire. Comment s'expliquer
d’ailleurs que tous les sujets aient eu un
sens religieux, que ce. sens échappe pres-
que tou;ours à la science, à la pénétration
des savants de notre époque, de ceux
même qui l’invoquent le plus hautement?
L'église, en se réservant la disposition gé-
nérale de l'édifice, le plan, n’aura donc pu
exercer une surveillance sévère sur les
détails de l’ornementation. — De là l’unité
dans les plans, la variété dans les détails.
— De là l'impossibilité d’expliquer d’ure
manière satisfaisante une foule de sujets
prétendus symboliques, à laide d’un sys-
tème trop général, trop absolu pour être
vrai.
M. de la Fontenelle, M. de Lambron,
M. Fillon appuient cette opinion par divers
motifs. M. Foucart explique, par les lattes
entre le clergé séculier et le clergé régu-
lier, luttes vives et opiniâtres pendant tout
le moyen-âge, les caricatures qui des deux
côtés auraient pu être introduites ou souf-
fertes dans les édifices religieux:
M. de Cbergé objecte l'identité des types
fantastiques qui se rencontrent simultané-
ment dans tous nos départements, et
même à l'étranger. 11 en conclut que ces
types devaient ayoir quelque chose de
symbolique.
1028
M: Segrétain répond que des figures
même de caprice, même d'imagination,
peuvent se répandre, se consacrer ‘Par
l'usage, témoin les chapiteaux grecs et ro-
mains. M. Sureau ajoute que les compa:
gnies errantes d'ouvriers ont dû porter lég
mêmes genres de sculpture dans des pays
divers. 1er
La discussion est fermée sur cet ‘objet:
On’s’occupe ensuite de certaines figures,
types souvent reproduits sur les chapi-
teaux, puis des statues et des basréliefs
les plus remarquablés, observés en Poitou,
antérieurs au treizième siècle.
Les statues du douzièmes siècle, si re-
marquables par leurs riches costumes,
donnent à diverses communications, M, de
Caumont recommande le moulage de
celles qui représentent des personnages sur
les portails principaux. On y trouve sou-
vent les vieillards de PApocaiypse la tête
ornée de couronnes d’or, tenant d'une
main un instrument de musique, et de
l'autre une fiole où une coupe. On en
trouve de-fort remarquables à Partenay.
La séance du soir est présidée par M. le
recteur de l'Académie. Les procès-ver-
baux des séances du matin sont lus et
adoptés.
L'assemblée consultée décide que la pro
chaine réunion du congrès archéologique
aura lieu à Saintes. M. Sureau remereie
l’assemblée, et engage vivement ses mem:
bres à se trouver à [a réunion de Saintes.
Dans une esquisse rapide, il indique les
principaux monuments que Saintes et ses
environs peuvent offrir à Pétude et à l’ad-
miration des étrangers.
M. Segrétain donne de vive voix d’inté
ressants details sur l'église d’Airvaux et les”
travaux de réparation qui y sont com-
mencés.
M. Bourgnon de Layre donne lecture :
d’une partie de son Mémoire sur les arènes -
de Poitiers: Ces-arènes pouvaient contenir
40,000 spectateurs, et, grâce à l’heureuse
disposition desvomitoria (sortie), tous pou-
vaient sortir en moins de deux mipntes.
Ce travail rédigé avec un soin, une con-
science et une exactitude qu’on ne sau-
raittrop louer, servira de modèle pour tous
ceux du même genre.
Oa passe à la question suivante :
L'usage de conitruire dans le style ro-
man ne s'est-il pas maintenu en Poitou
postérieurement à l'adoption du style ogi-
val du treizième siècle : ces deux styles
n’auraient-ils pas été employés parallèle-
ment jusqu’au quatorzième siècle, selon
le caprice et le goût des architectes ? Pour-
rait-on expliquer ainsi le nombre compa-
rativement très considérable des monu-
ments romans du centre et du midi de la
France?
M. de Caumont donne quelques détails
sur cette question, qui s'applique à beau-
Coup d’autres contrées. La difliculté de -.
trouver des dates précises qui puissent …
fournir des preuves pour étabiir d’une ma-_:
nière incontestable que l'architecture ro+. :
mane à continué d’être employée durant
le cours du treizième siècle, laisse quelques
incertitudes; tout porte à croire cependant
que les choses se sont ainsi passées, et que
les architectes du treizième siècle en Poi-
tou continuérent à copier les types qu'avait
laissés le douzième. Un fait beaucoup
moins contestable, c'est la pesanteur du
style ogival aquitain, comparé au style
ogival du nord de la France. En Potou,
les colonnes et les chapiteaux du treizième
1029 s
siècle sont loin d'offrir la même légèreté
que dans le nord; on n’y trouve jamais des
chapiteaux efilés.
L'absence de la galerie nommte #i/d:
rium, absence qui existe aussi le plus sou-
vent dans les monuments du midi de la
France etde l'Italie, est une des causes du
peu d’élancement qu'offrent dans le Midi
‘ Les nefs ogivales si bardies dans le Nord.
L'enquête est reprise sur les principaux
caractères du style monumental en Poitou
au treizième siècle. MM. l'abbé Cousseau,
de la-Fontenelle, de Cherge, Segrétain,
Babault de Chaumont, Lecointre, de Cau-
mont, Ménard, l’abbé Dubois, de Larna-
riouze; et plusieurs autres membres pren-
nent part à la discussion.
M. de Caumont termine par quelques
considérations sur la forme dës tours ro-
manes du nord de la France, comparée à
celle des tours dans le Poitou. On ne voyait
pas dans ce dernier pays, éomime en Nor-
mandie et en Picardie, les toits pyrami-
daux à quatre pans en pierre qui devinrent
dans le siècle suivant des fléches aériennes
si légères et si gracieuses. Au sud de la
Loire, les tours n’atteignaient que rare-
ment une hauteur considérable, et n’é-
taieat: presque jamais couronnées d'un toit
pyramidal de la forme de celui qui vient
d'être présenté.
GÉOGRAPHIE.
Fragment d'un voyage dans le Chili et au
Cusco, patrie des anciens Incas; par
Claude Gay.
(Deuxième article. )
L’Araucanie forme une grande province
enclavée même daus le territoire chilien,
et située entre les 36° 50’ et 39°33° de la-
titude S. et 75° 40’ et 74°2” de longitude
O. de Paris. Les habitants n’appartiennent
pas exclusivement à la racé araucanienne;
on y trouve encore des Puélches, des Pi-
cuntos et des Huilliches ; maïs en général
ce sont les premiers de ces ‘Indiens qui
sont les plus nombreux: et sous ce point
de vue, ils ont imprimé leur physionomie
en imposant au pays le om de leur na-
tion, elaux habitants leursmæurs. leurs cou-
tumes et même leur langage: Tourmentes
par un vif amour de la liberté, ils ontcon-
servé jusqu'à présent une indépendance
que ni la politique espagnole ni ses armes
redoutables n'ont pu encore entamer. Tou-
jours disposés à la guerre, et à défendre à
toute outrance leurs droits et leurs fron-
tières, ils ont osé faire face à leurs ter-
ribles ennemis, et par leur valeur ét leur
1030
constance, ils ont pu jusqu’à piésent con-
server un terrain que, dans les premières
années de la conquête, l’étonnement et la
surprise leur avaient momentanément en-
levé. Leurs armes consistent seulement en
une Jance ordinairement très longue; ils
s'en servent avec beaucoup d'adresse et de
courage, au point qu'is attaquent avec un
grand avantage la cavalerie chilienné; mais
par contre, ils deviennent prudents et
craintifs devant les fantassins, et surtout
devant l'artillerie, qu’ils redoutent, et qu'ils
fuient même quelquefois.
Cet amour héréditaire qu'a l’Arauca-
nien pour Ja liberté et l'indépendance, a
donné à ses habitudes un caractère de sta-
bilité que trois siècles de contact avec la
race espagnole n'ont pu encore effacer. Ce
Sont toujours les mêmes babillements, la
même langue, cet amour décidé pour l'é-
loquence, seul plaisir d’esprit qui puisse
atlirer leur attention, parce qu'il doit sou-
vent décider du sort de leur vie. Car l’élo-
quence chez eux est un talent de première
nécessité; elle leur donne de la considéra-
tion, un certain respect, la préférence dans
les emplois supérieurs, dans les parlements
et même dans la nomination d'un cacique
ou d'un gnendungu, chef militaire. Enne-
mis des villes et des villages, ils construi-
sent leurs cabares dans les endroits les
plus isolés, pour jouir ainsi d'une parfaite
solitude. Cependant ils sont d’un caractère
conuhunicatif et social; ils aiment à se
réunir pour se livrer à leurs amusements,
ou assister à certaines cérémonies de peine
ou'de plaisir. À l'époque de la: culture des
terres ou de la réco!e des fruits, ils tra-
vaillent en commun, s’aident mutuelle-
ment, et terminent leurs travaux par de
grandes orgies, et quelquefois par des jeux
nationaux. DATE
Extrèmement adonnés à l’ivrognerie,
ils font leurs boissons ou poulco avec diffe-
rents fruits on céréales; et comme une
force irrésistible les porte à tout boire à ne
rien garder, ils s'invitent réciproquement, .
et ne se séparent qu'après l'avoir entière-
ment terminée, Leur nourriture est simple
et nullement épicée. Les Puelches se nour-
rissent une partie,de, l’année des fruits du
pin du pays (araucaria), qu’ils récoltenten
abondance dans les Cordillières et sur les
montagnes de Nahuelbuta; et les gens de
la côte cultivent quelques légumes euro-
péens, et surtoutdes fèves et de la graine de
lin, qu'ils aiment beaucoup. Ils préfèrent
la viande de jument et de poulain à celle de
vache et de mouton, et dans leurs voyages,
| et même chez eux, ils font usage d’une fa-
Librairie de Lenormant, rue de Seine. 8.
ARCHÉOLOGUE DE LA LORRAINE ,
RECUMEIL IDE NOMICES Em DOCUMENTS
POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ANTIQUITÉS DE CETTE PROVINCE,
Par M. BAULIEU,
résident de la Société royale des antiquaires de France.
P j I
de Q # RES , De Sn]
-£ Deux volumes in-8’, asee planches, — Cet important ouvrage, dont le 2€ et dernier volu-
me.yicpt-de paraitre, renferme les mémoires suivants : Tome premier : Antiquités de la vallCe
supéricure de la Seille. — Cours supérieur de la äloselie, considérée comme ligne stratégique
Ce
rapport HR diverses époques de l'année.
Deuxierng volume : Suites des antiquités de la vallée supérieure de la Seille, — Decempagi
(Dieuse), emplacement l'Ad Duodecimum des anciens itinéraires. — Gippe de Francheville, —
Bas-reliefs de Xertigny (Vosges). — Antiquités d'Autrécourt et Savoic (Meuses). — Temple,
de Mercure, à Giriviller (V osges). — Sépultures antiques trouvées en Lorraine, — Scarponce
— Jicreule-Bibax, bas-reliefs. : = Monuments religieux et images de divinités appartenant aux
époques eclto gauloise el galo-romaine , qui ont été trouvés en Lorraine et sur quelques peints
limitrophes.
Ki] A È à REX è Ÿ Ê 2
s de a domination romaine. — Bas-relief sur un chapiteau antique trouré à Foul
&J22 Antiquités de Solimariaca (Soulosse). — Croyances el usages populaires qui ont
,
PERSPECTIVE PRATIQUE,
Peintre et professeur de perspective, nommè premier canditial
poux là chaire de perspective à l'Ecole royale des Peaux-Antss
— 4. cdit, entièrement revue, corrigée el considérablement
augmentée, ornée de 28 pl. gravée par Hibôn.— 1° vol. in-89
À Paris, chez Carilhan Gœury et Victor Dahhônt, libraires des
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gustins, 39. eAUpi:
Paris. — Jmp. de LACOUR et MAISTRASSE fils,
»”
d
mis à la portée de loutes Les intelligences ,
103110
rine qu’on obtient avec l'orge rôtie, et qui! M
délayée avec de l’eau froide ou chaude,
est connne sous le nom de houlpo; cest «
elle aussi qui fait la seule provision de 4
guerre lorsqu'ils sé voient ‘obligésdel se
mettre en campagne. AI 2948 tes à
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,.
BIBLIOGRAPHIE,
DE LA PUISSANCE AMÉRICAINE. Origine, in-
stitution, espril politiqie, ‘ressources militaires(lo
agricoles , commerciales ét industrielles des Etats.
Unis; par Guillaume /Tell Poussin. — A Paris, chez
Coquebert, rue Jaxcob}48:
MÉMORIAL de l'Artillerie, ou Recueil de mé-
moires, expériences, observations et procédés rela-
tifs au service de l'artillerie; rédigé par les soins
du comité, avec l'approbation du ministre de la M
guerre.—A Paris, chez Bachelier. F
LUS COLONIES, les sucres et les vins de la Gi:
ronde; par de Fonmariin de l’Espinasse. — Bala-
rac, à Bordeaux. je PT É
Ë STipt,
LE CULTIVATEUR, journal des progrès) agrie 4
coles. Cahier mensuel de quatre feuilles in-8v, avec
gravures et table des matières (68 pag.). — Prix de
l'abonnement annuel (janvier et décembre) : 12 fr. 14
pour Paris el les départements; 15 fr, 60 c. pour
l'étranger, À
LETTRE de M. J.-J. Dubois, sons-Conservaleur,
du musée des antiques au Louvre HP fhé inscrip-
tion grecque ‘trouvée dans uné!'fälué antique de
bronze appartenant à ce musée ,,21°
RAPPORT à M. le comte Duchatél, ministre se-
crétaire d'Etat de l’intérieur, sur les/prisons de la
Prusse; par M. Hallez-Claparède. SICRENTT
ABKÉGÉ CHRONOLOGIQUE: de la vie déiPla::
ton ; par M. le marquis de Fortja d'Urban::A Paris,
chez l'auteur, rue de La Rochelouweatlt; 25 chez Du-
prat. Jgesl en
COLONIES étrangères et Haïli, résultats de l'é-
mancipalion anglaise ; par Victor Schælche, A Paris,
chez Pagnerre, rue de Seine, 4#ibis,
RELATIONS du siége de Sancerre;en 1573; par
Jean dela Gessée et Jean, deLery; conformes aux
éditions, originalés ; suivæes: de dixerses pièces, histo—
riques relatives à la;mème ville. A’Bourges , chez
Vermeil, :
Lersrois
HISTOIRE des ‘soieûces naturelles ; depuis leur
origine jusqu’à nos jours, chez tous les peuples con:
nus, commencée au collège de Frarcepar Georges
Cuvier, complétée par M: Magdeleine de:Saintagy.
A Paris, chez Fortin, Masson etcompagnie.
FAITS CHIMIQUES, toxicologiques, et considé-
rations médico-légales, relatives à l’empoisonnement
par l'acide prussique ; par J: Bonjean.
RÉCHERCHES sur |Iesiccammencements .eb les
progrès de l’imprimenie; dans le duché de, Lorraine
el dans les villes épiscopales de Toul et de Verdun.
TRAITÉ
DE
POUR DESSINER D'APRÈS NATURE,
Par J.-B. THÉNOT,
+ —
x
à
S]
S )
ile RER
rue Saint Hyacinihe-S'#AMAthel,
.
10 année.
Paris. — Dimanche, 11 Janin 1843.
DD ————
N° 44.
ECHO DU MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
ee
L'EcHo DU MONDE SAVANT paraît le SEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun ; il est publié sous la direction
| de M. le vicomte A DELAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li-
| SOMMAIRE.
| PHYSIQUE. Nouveau moyen pour obtenir des
| images de Moser, Bertot. — CHIMIE APPLI-
} QUEE. Remarque à l’occasion d’une communi-
cation de M. de la Rive; Bocquillon. — Remar-
ques sur le mémoire de M, Gerdÿ relatif à l'ana-
| lyse des eaux sulfureuses ; Fordos et Gélis. —
! = PHYSIQUE DU GLOBE, Faits pour servir à la
| . théorie de la grêle; Fournet. — SCIENCES NA-
TURELLES. GEOLOGIE. Description du dé-
| partement de l'Aisne; vicomte d'Archiac. —
|. « CHIRURGIE. Sur la cataracte noire ; Magne. —
BOTANIQUE. Sur un nouveau genre de Ja fa-
mille des hépatiques; Bory de Saint-Vincent et
-G: Montagne. — ZOOLOGIE. Mémoire sur l’éo-
lidine jaradovale; Qratrefage. — SGIENCES
APPLIQUEES. ARTS MÈCANIQUES. Foulon
| à percussion modérable propre au foulage et au
| dégraissage du draps; Benoit el Vergnes. —
| ARTS METALLURGIQUES. L'acier, — AGRI-
| : CUÉTURE. Des races de chevaux ‘el de bœufs
| -‘ de l'Anjou. — SCIENCES HISTORIQUES.
| 1! ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET PO-
LATIQUES. Séance. du, 3 juin, — LINGUISTI-
| QUE; Essai d’une grammaire de la langue des îles
| Marquises; Lesson. — ARCHÉOLOGIE, Congrès
motr-hr
ae am» nee Mir
archéologique . de Poitiers. — KAITS DIVERS |
— BIBLIOGRAPHIE.
SCIENCES P PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
PS
Nouveaux moyens. pour obtenir des, mages
de Moser. —.Lettre de M. Bertot à
M. Arago.
| Je reçoisaüfoard’hui seulementle Compre-
+ rendu dés séances de l’Académie des scien-
ces du 45 rai dernier, qui contient une
umote de M: Morren sur la production d’i-
mages au moyen de l'électricité.
| Permettez-moi de vous faire connaître
| res résulta's analogues auxquels j'étais ar-
L: rivé Sans avoir connaissance de ces expé-
L)
Î
riences. Je suis parvenu à produire avec la
| plus grande ficilité les images de toutes
espèce de corps sur une plaque polie, et
… cela en employant seulement le souffle de
Whaleine: la nature de la plaque qui doit
recevoir l’image est absolument indiffé-
Mrente, pourvu qu’elle puisse condenser la
vapeur de l’haleine d’une manière visible.
J'ai Observé, contrairement à M. Morren,
que plus les surfaces étaient soigneusement
débarrassées de corps étrangers, plus les
images étaient parfaites.
Si l'on fiit l'expérience avec une pitec
de monnaie, il suffit de projeter à sa sur-
1 face la vapeur de l’haleine, de poser rapi-
| ement la pièce sur la paie polie, exemple
|""W'humidité, etde l'enlever aussitôt. L'image
est/visible, mais elle est fugitive; à mesure
| que l'humidité s'évapore, l’image s'éva-
|" nonit : vient-on à projeter la vapeur de
|: haleine sur la plaque, à la place où se
voyait l'image, elle se produit encore, mais
affaiblie, et elle offre cette particularité,
— SCIENCES PHYSIQUES.
que les lumières et les ombres de la pre-
mière image sont renversées :
image est donc négative.
Dans mon opinion, les images de mes-
sieurs Môser, Kuorr, Karsten, Masson,
Morren, sont produites par une action
complexe : les deux corps mis en préteace
tendant à se mettre en équilibre de tem-
pérature; ilen résulte une condensation
de la vapeur d’eau dissoute dans l'air inter-
posé, laquelle altère le poli des surfaces,
soit par une action électro- chimique, soit
par une action seulemen( mécanique, soit
par ces deux causes à la fois.
Si l’on fait intervenir une action chi-
mique avec la vapeur d’eau, l’image de-
vient permanente, et la vapeur d’eau s’éva-
nouit, en laissant les résultats de l'action
chimique : ainsi, après avoir produit une
image sur une plaque de cuivre poli, par
le procédé que j'ai mdiqué, si l’on porte
la plaque rapidement au dessus d’un vase
conténant de l’ammoniaque liquide, la
plaque garde fidèlement l'empreinte plus
la seconde
où moins parfaite, selon qu'on a opéré au: |
moment le plus cervenable. J'ai obtenu
ainsi sur cuivre des copies de dessins, de
gravures, de caractères imprimés, avec la
seule précaution de saturer auparavant le
papier de Ja vapeur de l’haleine, et de les
mettre quelques instants en contact avec la
plaque polie; si lon opêre avec une feuille
imprimée, les lettres du! recto et du verso
se peignent à la fois. Enfih la plaque trans-
met à une autre plaque l’image qu'elle a
reçue.
La vapeur d’eau me paraissant jouer
dans la production dé ces images un rôle
capital, je proposerais de leur donner le
nom d’hygrograp lie.
Le chlore gazeux communique une re-
marquable sensibilité pour la vapeur d’eau
à la plaque de cuivre; les moindres émana-
tions aqueuses donnent au chlorure rose
vif un aspect blanc mat. Les hygrogra-
phies sont très belles et très nettes quand
la plaque a reçu d'avance cette prépa-
ration.
Mais le chlorure rose de cuivre jouit
d’une propriété que je crois signaler le
premier, c'est celle de se laisser impres-
sionner dans la chambre obscure et de
condenser ensuite les vapeurs mercurielles
comme l'iodure d'argent des plaques da-
guerrienues. Le € temps. de l'exposition à à la
umière dans mes expéricpces n’a pas en-
core été moindre d'une demi-heure; j'i-
gnore si ce temps peut êtrè abrégé par
l'emploi de substances accélératrices, etc.,
le temps ne m’ayant pas enccre bermis
de rendre completes ces expériences et
quelques autres dont je compte mettre e pro-
chainement les résultats sous les yeux de
l’Académie.
| décomposition de Veau,
-braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR.S pour un an 25fr., six mois 13 fr. 50, troisimois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., 26 fr.
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par an et par recueil l'ÉGHO DE LA LITTÉ-
|
|
1 : e Te
L BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois. (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
| encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journaldoit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE, gérant-administrateur,
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CHIMIE APPLIQUÉE.
Remarque à l’occasion d’une communica-
tion récente de M. de la Rive; par M. Bo-
quillon.
On trouve, dans le Mémoire lu par
M. de la Rive à l’Académie des sciences,
dans sa séance du 17 avril 1843, le para-
graphe suivant : :
€... Je n'ai pas.réussi à obtenir, par
l'emploi du condensateur voltaiqué, une
en me servant
d’un simple couple zinc et platine plongés
dans de l’eau salée ou acidulée. Il faut né-
cessairement quil s'opère ou quil puisse
s’opérer deux actions chimiques dans le
couple, pour que l'eau soit décomposée,
même quand on se sert du condensateur
voltaique. C’est pour cela qu'il est néces-
saire d'employer où un couple à deux li-
quides, comme ceux de Daniell et ,de
Grove, ou un couple dans lequel le Dé
négatif soit remplacé par un corpæ#forte
ment OXY dé, comme les couples à féfoxydé
dont j'ai parlé plus haut. »
Dans le petit nombre d'expéridkie
n’a été possible de faire, depuis qYé
me procurer le :condensateur volt
position dé l'eitosobtient facilement, -at
moyen d’un: seul-des couples décrits dans
la note que j'ai présentée à l’Académie des
sciences; Je 23-septembre ‘dernier, et qui
n'exigent que l'emploi d’un seul liquide.
Ces couples ne sont qu’une modification
économique des couples de M. Smee qui,
dès 1840, avait constaté qu'une couche de
platine très divisée recouvrant la surface
de l'élément négatif d'un couple voltaïque,
favorise le dégagement de lhydrogène
dont l’adhérence sur la surface polie du
platine atténue considérablement, si elle
n'arrête pas entièrement, le développement
du courant-électrique.
J ajouiterai que dans la première de ces
expériences, quelques heures ont suffi pour
dissoudre entièrement l’électrode positif en
platine de mon voltamètre, qui, comme le
couple unique dont je me Fe ne con-
tenait que de l’eau acidulée par l’acide sui-
furique du commerce:
Ce dernier phénomène :n’est peut-être
dù qu’à la présencesdans cet acide, d’une
certaine quantité d'acide chlorhydrique,
circonstance que le temps nem'a pasen-
core permis de vérifier. Î auoÿi
Remarques sur le Mémoire eM*Gerdy,
concernant l'analyse dés eñtiæ suljfureuses;
par MM. Fordos êt Gélis:
Dans la séance de l’Académie royale des
sciences du 15 de ce mois, M. Gerdy a an-
noncé la découverte d’un nouveau com-
posé de soufre ct d'oxygère. Il l'obtient en
1035
traitant l’hyposulfite de soude par le per-
chlorure de fer, et précipitant ensuite le
nouveau composé par un sel de baryte ;
d'où résulte un sel barÿtique peu so-
luble,
Nous avons plusieurs fois répété cette
expérience, qui touche de très près aux
recherches dont nous nous occupons; mais
jusqu’à présent, en opérant avec des pro-
duüits purs, nous n'avons pu obtenir le pro-
duit indiqué par M. Gerdy. Cependant,
comme les résultats que nous avons con-
statés éclairent quelques phénomènes con-
signés dans le Mémoire que nous avons
adressé à l’Académie dans la mème séance,
et quia pour titre : De l’action de l'acide
sulfureux sur les métaux, phénomènes
que nous avions laissés sans explication,
nous croyons utile de les indiquer.
Lorsqu'on verse goutte à goutte, dans
une dissolution de perchlorure de fer bien
pur, de l’eau saturée d’hyposulfite de
soude également bien pur, jusqu’à ce que
l’addilion de ce dernier composé cesse de
produire une coloration violette très in-
tense, quoique passagère, on obtient une
liqueur transparente et sans odeur, dans
laquelle le fer a été rarnené au minimum
d’oxydation, mais qui ne contient aucun
acide précipitable par les sels barytiques.
4 équivalent de perchlorure de fer détruit
complètement 2 équivalents d’hyposulfite
de soude; et, en faisant avec soin l'analyse
de la liqueur, il nous a été facile de con-
stater que le produit principal de cette
réaction est le même acide que nous avons
obtenu en soumettant les hyposulfites à
l’action de l'iode.
La liqueur contient du chlorure de so-
dium, que nous avons précipité au moyen
de l'alcool, et un hvposulfate bisulfuré,
qui, par la concentration, se décompose
en soufre, sulfate et acide sulfureux.
La réaction se représente exactement par
la formule suivante :
2{S:0*, NaO) + OC Fe’ — CINa+-2(ClFe)
+ SiO0' Na.
Tous les sels de fer peroxydés réagissent
de la même manière sur les hyposulfites
solubles. Or, dans le Mémoire déjà cité,
en parlant des produits qui résulteut de,
l'action de l’acide sulfureux sur le fer,
nous avons dit : « qu’on obtient quelque-
fois de l'hyposulfite de fer, mais quele plus
souvent, et sans qu'on ait pu observer des
différences bien notables, le liquide cen-
tient, mêlé à l’hyposulfite, de l’hyposulfate
sulfuré très instable, qui se décompose,
ar fa concentration, en soufre, sulfate et
acide sulfureux. » Ce que nous avons dit
de l’action des persels de fer sur les hypo-
posulfitesexpliqueces deux résultats.Inous
semble donc bien prouvé que l'acide sul-
fureux agit sur le fer comme sur tous les
métaux dont l'acide sulfhydrique ne pré-
cipite pas les dissolutions acides, en for-
mant un sulfite et un hyposulfite. Mais
comme dans ces expériences il est impos-
sible d'éviter complètement l’accès de l'air,
la portion de la liquéur qui se peroxyde est
à l'instant ramenée au minimum d’oxy-
dation par l'hyposulfite,et lhyposulfate bi-
sulfuré de fer est le produit de cette ré-
duction.
PHYSIQUE DU GLOBE.
Faits pour servir à la théorie de la grêle;
par M. Fournet.
Cette note est pricipalement consacrée à
la description d’un orage observé par l'au-
1036
teur, le 6 août dernier ct dans lequel le
nuage épais qui couvrait une grande éten-
due de pays donnait de laigrèle par sa par:
tie moyenne, et de la neige vers ses bords.
Dans là commune de Cheny, qui se trou-
vait sur le chemin parcouru par le nuage
orageux, les habitants furent avertis de
son passage par un bruits très intense qu'ils
comparèrent à celui d’une forêt violem-
ment agitée par le vent. « Or, dit M. Four-
net, le bruit n’était pas dû à cette cause,
car le pays est dépourvu de bois, et d’un
autre côté il ne ressemblait en rien au
bruit de la pluie. Les cultivateurs, en effet,
connaissent parfaitement le retentissement
particulier que les averses produisent en
tombant sur le feuillage de la vigne, et dé-
clarent que ce bruit n'avait rien de com-
mun avec l'espèce de mugissement qu’ils
entendaient et qui persista aussi longtemps
que la chüûte de la grêle... Plusieurs mé-
téorologistes, poursuit M. Fournet, révo-
quent encore en doute la réalité du mur-
mure de fa grêle, ce qui tient seulement
à ce que le phénomène n’est observable
que dans certaines circonstances. Ainsi il
faut, on le conçoit très bien, une grêle ex-
cessive etun nuage très rapproché de terre
pour que ces craquements se fassent en-
tendre margré les bruits que peuventcauser
le vent et le choc des grêlons contre le sol.
Quant à la cause de ces craquements, on
peut supposer qu’elle consiste dans des
myriades de petites décharges électriques,
ou bien encore dans la décrépitation qui
accompagne la division de chaque grélon
en un certain nomhre de portions de
sphère. Il est à remarquer que dans le cas
actuel, les deux causes peuvent avoir agi
concurremment, car il n’y eut alors aucun
coup de tonnerre proprement dit, et de
plus les grêlons avaient une forme habi-
tuelle de segments sphériques dont la base
variait entre À et 2 centimètres.
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Description géologique du département de
p "
l'Aisne; par M. le vicomte d’Archiac,
vice-président de la société géologique
de France. 1 vol. in-8°, avec planches.
Aujourd’hui que grâces aux travaux de
MM. Cuvier et Alexandre Brongniart, sur
les caractères et la succession des couches
tertiaires des environs de Paris, de M. Du-
frénoy et Elie de Beaumont, sur la forme
et la constitution géologique de la France ;
de M. Deshayes et Valenciennes, sur les fos-
siles et les débris des poissons ; de M. À. de
Dorbigny et Adolphe Brongniart, sur les
coquilles folaminées et les végétaux fossiles,
tous les mystères de la formation successive
de notre globe sont expliqués et classés par
ordre de date; il ne manque plus que
quelques hommes à haute intelligence et
laborieux pour étudier une à une chaque
localité, disséquer, pour ainsi dire, chaque
membre du corps terrestre, et faire de
toutes ces observations partielles une his-
toire géologique complète, C’est ce que vient
de faire M. le vicomte d’Archiac pour le
département de l’Aisne, et, hâtons-nous
de le dire, l’ouvrage qu'il a publié ne laisse
rien à désirer aux géologues les plus difi-
ciles. Il est accompagné d’un atlas, dans
lequel les coupes générales et les coupes
particulières des terrains tertiaire, secon-
daire, de transition , et les fossiles sont re-
à la science, peuvent en saisir facilement
| les détails les plus secrets. Nous regrettons
que par la nature même dü travail dont
’ nous nous occupons, et qui perdrait trop
: sant cette courte notice, qu’il est peu d’ou-
1037
présentés avee un soin et une exactitude
tels, que les personnes les moins initiées
de sa valeur s’il n’était présenté que par
lambeaux, nous ne puissions donner quel-
ques extraits à nos lecteurs. Disons, en finis-
vrages, en y comprenant même ceux des
hommes qui.ont: établi la science sur ses
véritables bases, où les observations géolo-
giqnes soient classées avec autant d’ordre
et de clarté. Constitution physique, terrains
moderne, diluvien , calcaire, detransition,
sables, grès, formation crétacée, oolitique,
tout y est analysé, expliqué avec cettenet-
teté de vues et cette élégante simplicité d’é-
locution qui savent seules mettre la science
à la portée de toutes les intelligences. L'ou-
vrage de M. le vicomte d’Archiac est un
service immense, en ce qu’il trace la mar-
che que devront suivre ceux qui, après lui,
voudront étudier d’autres départements et
contribuer ainsi, pour leur part, à com-
pléter l’histoire géologique de notre globe.
CHIRURGIE.
Sur La cataracte notre.— Extrait d’une note
de M. Magne.
Cette espèce de cataracte, dit M. Magne,
est tellement rare, que M. Dupuytren,
dans sa longue pratique, n’a jamais eu
occasion de l’observer; beaucoup de chi-
rurgiens en ont même nié complètement
l'existence, et ceux qui l'ont admise n’ont
pas donné les moyens de la distinguer de
l’amaurose, affection avec laquelle elle a
dû être plus d’une fois confondue. La aote
que je soumets aujourd’hui au jugement de
l'Académie a pour objet de prouver que la
cataracte noire existe, et que, S'il est très
difficile de la reconnaître, on peut ce-
pendant, au moyen d’une expérience dont
la ‘science est redevable à mon maître, feu
le professeur Sanson, en établir le diagno-
stic d’une manière certaine. Je n’ai jusqu'à
présent qu'un seul fait à citer à l’appui
de cette assertion, mais il me semble con-
cluant.
La personne qui est le sujet de cette
observation avait offert à un premier exa-
men des signes qui tous semblaient se réu-
nir pour prouver l’existenced’uneamaurose.
Toutefois, ayant fait un nouvel examen
dans un cabinet noir, et à l’aide d’une bou-
gie, suivant la méthode prescrite par Sanson,
je reconnus qu'il ne se produisait qu'une
seule image de la flamme, celle donnée par
la cornée, et que les deux images pro-
fondes manquaient entièrement. Je n'hé-
sitai pas dès lors à déclarer qu'il y avait là
une cataracte noire affectant le cristallin
et sa capsule En effet, l'opération, faite
sans grande chance de succés, et qui ce-
pendant amena dans l'état de la malade
une certaine amélioration, confirma plei-
nement le diagnostic, puisque, malgré de
de nombreuses adhérences, la capsule dé-
chirée laissa voir le cristallin de couleur
noire, et que celui-ci ayant été abaissé,
plusieurs lambeaux capsulaires , égale-
ment noiràtres, furent successivement dé-
tachés.
1038
BOTANIQUE.
ASur un nouveau genre de la famille des
-_ Hépatiques ; par MM. Bory de Saint-Vin-
cent et Camille Montagne.
Dans une des excursions périlleuses exé-
* cutées par M. le capitaine Durieu, membre
- de la commission scientifique de l'Algérie,
ce botaniste arriva, par un beau jour du
- moisde mai 1842, près d’un petit lac d'eau
saumâtre situé à environ 6 kilomètres au
S.=E. d'Oran. En côtoyant ce lac, il re-
marqua une petite anse abritée et consé-
quemment plus chaude que le reste du
rivage, et aperçut au fond de l'eau, se dé-
tachant en beau vert sur un fona d'argile
ochracé, une végétation commençante
dont il se promit de suivre le progrès:
Il revint donc visiter cette même localité
vers le milieu du mois suivant. La plante
avait déjà disparu dans la petite anse où il
l'avait d'abord decouverte, mais il la re-
trouva abondamment et dans un état de
développement parfait en d’autres parties
du lac, et, ce qu'ily a de remarquabie,
nulle part ailieurs que sur les fonds d'argile
età une profondeur d'environ 7 décimètres,
Cette plante, recueillie, préparée , étu-
diée sur les lieux par l’infatigable capitaine
Durieu, est sans exagération une de ces
merveilles que la terre d'Afrique semble se
plaire à prodiguer : qu'on se figure, en
effet, un axe, représenté ici par une ner-
vure, autour duquel se contourne en spi-
rale, de la manièce la plus régulière ei la
plus élégante, une aile membraneuse large
de 5 millimètres, du plus beau vert et
d'une extrême délicatesse, de manière à
former avec elle une sorte de vrille ou d’hé-
lice en cône renversé. La plante entière a
un peu plus de 5 centimètres de haut. Eïle
est droite et fixée au sol par l'extrémité in-
férieure de la nervure au moyen de nom-
breuses radicelles qui lui servent à y puiser
les éléments de sa nutrition. Un autre ca-
ractère vient encore ajouter à l’admiration
qu'excitent tout à la fois la forme et la
structure de ce singulier végétal, et c’est la
disposition toute particulière des anthéri-
dies ou des organes mâles sur le bordd’une
fronde différente de celle qui porte la fruc-
tification, car les deux sexes sont séparés,
et la plante essentiellement dioique. Ces
anthéridies sont rangées à la file l’une de
l’autre et nichées dans une espèce de du-
plicature ou tout au moins dans un épais-
sissement manifeste du bord libre de la
fronde mâle et dans l'étendue de deux ou
trois tours de spire. Et comme ces organes
sont remarquables par leur belle couleur
orangée , il en résulte qu’ils trauckent sur
la couleur verte de l’aile membraneuse et
qu'on les distingue très bien à l'œil nu.
L’analogie est si grande, au moins pour
l’aspect, avec certaines Fougères, qu’on
croirait voir la fronde d’un Lteris ou d’une
Hyménophyllée conformés en hélice, exac-
tement comme celle d’une Hydrophyte déjà
fort extraordinaire et dont l’un de nous fit
autrefois le genre F’olubilaria.
Nous passons sous silence et la structure
des loges, où ces organes, placés paralle-
lement les uns à côtés des autres, ne sont
séparés que par une mince cloison, et les
pores imperceptibles, mais manifestes, pra-
tiques dans la tranche du bord même de
la fronde, et par où doit s'échapper la fo-
villedestinée à la fécondation des pistils, etc.;
toutes choses qui seront exposés en détail
dans la description.
Les fruits, au nombre de quinze à vingt,
1039
sont disposés le long de la nervure ou de
l'axe de la fronde, et, comme nous l’avons
déjà énoncé, sur des pieds différents. Ils
sont situés à l'aisselle d’une écaille qui ieur
sert de bractéoleou d'involuceile. Leur évo-
lution a lieu de bas en haut , en sorte qu'à
la maturité on reucontre encore au som-
met, des pistils destinés à périr avaut d'ar-
river à cet état. Chaque fruit se compose
d’un involucre ovoïde, acuminé, percé
d’un pore au sommet, et dans la cavité du-
quel on trouve une capsule sphérique, pé-
donculée, renfermée elle-même dans une
coiffe persistante, ou qui ne se déchire
qu'au moment de la dissémination des
spores. Un style court, pareillement per-
sistant , se voit à son sommet en dedans de
l'axe qui passerait par le centre de la cap-
sule. Celle-ci renferme une grande quan-
tité de spores sphériques, devenues légè-
rement polyèdres par leur mutuelle pres-
sion , et hérissées de nombreux aïguillons
singulièrement conformés. On ne rencontre
point d’élatères.
Cette plante curieuse, qui, comme on
vient de le voir, présente des analogies avec
d’autres plantes de familles si différentes ,
soit de Fougères, soit d'Hydrophytes, ap-
partient certainement, et comme pour
compléter sa bizarrerie, à celle des Hépa-
tiques. De toutes les espèces, au nombre
de plus de sept cents, dont cette famille est
composée, le Duriæa helicophylla offre seul
la singularité de parcourir, au sein des
eaux; toutes les phases de son existence.
Quelques individus, à la vérité , nagent et
vivent à leur surface; mais ils n’y fructi-
fient jamais, ou que bien rarement. Ainsi
le Riccia fluitans est dans le premier cas;
on ne le rencontre chargé de fruits que
dans les marais desséchés et sur la terre.
Notre plante algérienne a une vie de peu
de durée, car, d’après les observations de
M. Durieu , elle végète et meurt dans le
court intervalle de six semaines à deux
mois. Sa fronde est tellement conformée ,
que , tant qu’elle reste plongée dans l’eau,
elle ne peut avoir d’autre direction que la
verticale. C'est au point que si, après l’a-
voir ramollie et dépliée, on la laisse tom-
ber dans un vase plein de ce liquide, on l'y
voit toujours descendre perpendiculaire-
ment au sol.
Maintenant, dans laquelle des cinq tri-
bus de la famille des Hépatiques inserirons-
nous le geure Duriæa? Malgré la forme
hétéroclite de sa fronde, malgré la direc-
tion de sa tige , il ne peut s'élever le moin-
dre doute sur la place à lui assigner. L’ab-
sence des élatères formant le caractère es-
sentiel de la tribu des Ricciées, c’est évi-
demment parmi celles-ci qu'il doit être
placé. Mais il y doit tenir le premier rang,
soit à cause de la présence d’une nervure
manifeste, composée de cellules allongées
et ne consistantpas seulement, comme dans
les autresespèces de cette tribu, en un épais-
sissement du milieu des frondes dû à Pac-
cumulation de cellules polyèdres, soit à
cause de la direction des tiges dans l'espèce
barbaresque que nous nous considérons
comme le type. Cette direction, bien qu’elle
dépende, et de la structure de la fronde,
et du milieu dans lequel vit la plante, n’en
fait pas moins remonter celle-ci vers les
Marchantiées à périanthe nul et à épiderme
privé de pores, le Targionia, à involucre
sessile, terminal, et à capsule irréguliè-
rement déhiscente , formant la transition.
En d'autres termes, supposez que la
plante d'Afrique contienne des élatères méë-
1040
lées avéc les spores dans sa capsule; eh
bien ! vous aurez un genre de Marchantiée
à fronde hélicoïide, dont la nervure, pou-
vant être aussi considérée comme un pé-
doncule, portera des fructilications éparses
au lieu d’être verticillées à son sommet,
dernier état dont se rapproche, au reste,
singulièrement le Duriæa Notarisii de Sar-
daigne.
L'un de nous a décrit, sous le non de
Sphærocarpus Notarisii, une espèce d'Hé-
patique trouvée en Sardaigne par M. le pro-
fesseur de Notaris, etque dès lors il re=
gardait comme étant appelée à devenir un
jour le type d’uu genre nouveau. En effet,
la forme hétéroclite de la fronde, la pré-
seuce d’une nervure, une coiffe et un style
excentrique persistants, enfin des spores
longuement échinulées , étaient autant de
caractères qui s’opposaient à un solide
rapprochement entre cette plante et les
Sphérocarpes. Ce n’est donc que provisoi-
rement, elen modifiant les caractères at-
tribués à ce dernier genre , qu'on y put in-
troduire la plante en question, laquelle,
même après cette modification, y offrait
encore une sorte d’anomalie. Mais la Du-
riæa helicophilla, avec laquelle la plante
sarde atant de rapports communs, estvenue
lever tous nos doutes et nous fournir une
somme de caractères tels, que les différen-
ces qui les tiennent éloignées des Sphæro=
carpussont désormais plus nombreuses que
les points de ressemblance qu’elles avaient
avec eux.
ZOOLOGIE.
Mémoire sur l’éolidine paradoxale ; par
M. de Quatrefages.
Les couches tégumentaires de l’éolidine
paradoxale, probablement au nombre de
deux, ressemblent à celles qu’on trouve
chez les animaux les plus inférieurs. La
surface en est entièrement hérissée de cils
vibratiles; au-dessous sont placées deux
couches musculaires dont les fibres se
croisent à angle droit. L'élément muscu-
laire se présente ici dans deux états dis-
tincts. Au pied, les fibres longitudinales
semblent former des faisceaux de fibres en
stries, semblables à celles que j’ai eu occa-
sion de décrire dans mes Mémoires précé-
dents. Partout ailleurs les fibres sont iso-
lées et forment de petits cordons assez irré-
guliers, homogènes et semblables à des
filaments de cristal se fondant les uns dans
les autres. Nulle part on ne trouve des fi-
bres isolables, se striant en travers pendant
la contraction et qui rappellent alors les
fibres élémentaires des muscles du mou-
vement volontaire de l’homme et des au-
tres vertébrés. Ces couches musculaires
circonscrivent la cavité abdominale tra-
versée en tout sens par un tissu aréolaire
à mailles tres lâches et que remplit un
liquide transparent au milieu duquel sont
suspendus les viscères.
L'appareil digestif de l’éolidine rappelle
à quelques égards les faits signalés par
MM. Milne Edwards et Lowen chez les
éolides, mais présente néanmoins des par-
ticularités toutes nouvelles : à une bouche
en simple fente, à un œsophage très court
succède un bulbe musculaire très fort que
je crois être l'organe musculaire propre-
ment dit. Au delà, l'intestin s'étend en ligne
droite, et en diminuant progressivement
de calibre, jusqu'à un anus fort petit qui
s'ouvre à la face supérieure de l'extrémité
101
postérieure de l'animal. Dans ce trajet,
l'intestin donne naissance, à droite et à
gauche, à des branches transversales qui
aboutissent à un canal maroginal régnant
tout autour du corps. De ces branches
partent des cœcums qui pénètrent dans les
cirres ou branchies, et qu'entoure un or-
gane glanduliforme que je regarde comme
étaut le foie. Tout ce singulier appareil est
rempli d'un liquide transparent ou flottent
de petits corpuscules résidus de la digestion.
Les organes de la circulation chez l’éoli-
dine se composent d’un cœur dorsal, uni-
ventriculaire,et d'un système de vaisseaux
artériels. Le système veineux manque en-
tièrement. Il est en quelque sorte remplacé
par les lacunes du tissu aréolaire.
L'absence des veines proprement dites,
la manière dont le sang se déverse directe-
ment des lacunes du corps dans le ventri-
cule unique du cœur, semblent devoir en-
trainer la disparition de l'appareil respi-
ratoire. Aussi ne trouvons-nous rien ici
qui rappelle le moins du monde les bran-
chies où les poumons décrits jusqu'à ce
jour daus les mol.usques. Mais les cirres
qui couvrent le corps de lanimal n’en
remplissent pas moins le rôle d'organes de
la respiration : chacun d’eux présente assez
bien la forme d’un doigt de gant. Un cœcum
partant des branches intestinales pénètre
dans son intérieur, et laisse entre lui et les
parois du cirre un espace toujours rempli
par le sang que les artères ont versé dans
la cavité abdominale, sang que nous pou-
vons considérer comme veineux, Les con-
tractions du cirre, en se répétant à chaque
instant, renouvellent sans esse ce liquide
et l'exposent à l'action de l’eau aérée par
des mouvenients qui rappellent, au moins
pour le but, Pinspiration et l'expiration
des animaux pulmonés.
L'ovaire et le testicule de l'éolidine ne
présentent rien de particulier. Nous re-
marquerons seulement que ce sont les seuls
organes qui s'écartent de la symétrie bi-
naire que présentent tous les autres. Sous
ce rapport, l'appareil de la génération est
le seul qui rappelle le type des mollusques ;.
tandis que le reste de lorganisalion se
rapproche du type des anneles.
Nulle part cette tendance à la symétrie
binaire n’est plus marquée que dans le
système nerveux, c’est-à dire dans l’appa-
reil organique que l’on regarde générale-
ment comme le plus important, comme
déterminant à lui seul la p'ace que doit
occuper un animal dans les grandes divi-
sions de l'échelle zoologique: Le collier
œsophagien se compose de quatre grandes
masses placées au-dessus du bulbestomacal
et réunies par une simple bandelette qui
contourne ce dernier. Sous l'Ͼsophage, en
avant de la bandelette, on voit un très
petit ganglion buccal placé sur la ligne
inédiaue et rattaché au cerveau par deux
petits filets. Tous les nerfs de la tête et du
corps partent dircctément des masses sus-
æsophagiennes par: paires entièrement
symétriques. Il est à remarquer. en outre,
que!le mème ganglion fournit à la fois des
nerfs/sénsilifs et des nerfs de la vie orga-
nique Ainsi le nerf optique prend nais-
sance A côté des nerfs génitaux et cardia-
ques.
M. Milne Edwards est le premier natu-
raliste qui ait signalé l’analogie qu'offre la
disposition de Pappareil digestif des colides
avec celui des méduses. Dans l'éolidine, les
rupports deviennent encore bien plus {rap -
1042
pants , et la comparaison peut être suivie
jusque dans les moindres détails.
Mais c’est peut être avec les annelés que
notre mollusque présente le ra pproche-
ment le plus inattendu et le plus caracté-
risé. Sans rentrer ici dans les détails, nous
rappellerons la symétrie binaire et latérale
des parties, disposition si caractéristique
dans les annelés, si anormale dans les mol-
lusques; la tendance à lannulation que
présentent les appareils digestifs et respi-
ratoires aussi bien que le système nerveux;
l’absence de veines et le passage du sang
des artères dans un système de lacunes qui
rappelle entièrement ce qu’on voit chez les
crustacés; l'existence d’une grande cavité
où flottent des viscères entièrement libres,
comme chez les annélides errantes, tubi-
coles, etc.; la respiration à l'aide de cirres
disposés par paires le long du corps, comme
chez les annélides errantes, e'c.
DER EE —
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
Foulon à percussion modérable, propre au
foulage , au dégraissage et au lavage des
draps et autres tissus, opérant & la fois
par pression et par percussion successives,
de MM. Benoît frères et Vergnes, méca-
niciens à Montpellier.
On sait que l’opération du foulage, dans
la fabrication des draps, a pour but de res-
serrer les fils de laine qui composent le
tissu, afin de lui donner plus de corps, tout
en le rendant moclleux et donx au toucher,
Le retrait de l’Ctoffe doit nécessairement se
faire sur les deux dimensions, longueur et
largeur, dans des proportions déterminées ;
et pour lesqueiles les fils ont été disposés
préalablenrent «au tissage. Pour obtenir
cette propriété essentielle dela dreperie, on
est obligé d'employer simultanément deux
agents, l'un chimique, l’autre mécanique.
Le premier, qui préserve le tissuet facilite
le foulage, consiste dan; l'application d’une
alcaline on savonneuse, que lon enlève
aussitôt l'opération terminée ; le second a
peur objet de comprimer l’étoffe soit par
pression soit par percussion,
Les foulons en usage pour cette opéra-
tion depuis fort longtemps, et qui sont en-
core employés dans bien des fabriques, se
composent de pilons ou de maillets qui
frappent tour à tour sur toutes les parties
du drap , placé dans une espèce d’auge cir-
culaire qui renferme des eaux alcaliues, et
où l’étoffe est tournée en tous sens. Dans
quelques moulins; les pilons opèrent verti-
calement, comme dans les anciennes pile-
ries à huile, à chocolat ou à papier; mais,
dans le plus grand nombre, ce sont des
maillets qui agissent plus où moins obli-
quemeut comme des martinets.
Dans l'un comme dans l'autre cas, on
conçoit que de telles machines doivent oc-
casionner des éhranlements considérables;
surtout lorsque piusieurs paires de maillets
fonctionnent ensemble dans une même
auge, comme cela à généralement lieu en
France. Aussi a-t-on cherché priucipale-
ment,.dans ces dernières années, à rem-
placer ees appareils imparfaits par des ma-
chines mieux entendues, agissant d’une
manière plus continue et plus rapide, tout
eu opérant mieux avec moins de force mo-
trice, et sans exiger des constructions préa-
lables pour les recevoir.
Un inventeur anglais, M. John Dyer, de
1043
Trowbidge , paraît être le premier qui ait
introduit dans ces machines un changement
notahle , en proposant, dès 1833 , un sys-.
tème de foulon à cylindres ou à pression
continue. Ce système consisle à comprimer
le drap entre un ou deux jeux de cylindres
horizontaux où de poulies à gorge, qui,
agissant comme laminoirs, produisent le
foulage en largeur; puis à le faire passer
entre deux cylindres verticaux, qui sont
renflés vers leur milieu, et qui , en faisant
obstacle à la marche du drap, le foulent en
longueur. Des poids adaptés à des bras de
leviers tendent à rapprocher ces cylindres
ou ces poulies, de manière à permettré de
varier la pression verticale ou horizontale,
et par suite de diriger l’opération avec plus
de certitude. Tout l'appareil est d'ailleurs
renfermé dans une caisse en bois, soutenue
par un bâtis en fonte ou en chène, et dans
lequel on verse le liquide alcalin.
MM. Hall, Powell et Scott, de Rouen;
introduisirent cette machiue en France vers
1838. époque à laquelle ils prirent, à ce
sujet, un brevet d'importation et de per-
fectionnement, qui leur fut délivré le 20
mars de celte année. Ces constructeurs ne
tardèrent pas à y apporter diverses amé-
liorations, soit pour tâcher d'obtenir une
pression continue qui pénétrât plus au cœur
des tissus, soit pour éviter les prises en
long, qui sont souvent ineffacables par les
apprêts ultérieurs: Ainsi ils proposerent :
1° de varier le diamètre des poulies à gorge
ou des cylindres horizontaux, afin de pro-
duire un glissement pendant leur mouve-
ment de rotation; 2° de remplacer les cy-
lindres verticaux par d’autres placés dans
une direction horizontale et perpendiculaire
à cel'e des premiers, où d'y substiuer un
simple canal par lequel l’étoffe et forcée de
pisser. C’est pour ces différentes modifica-
tions qu’is demandèrent un brevet d’in-
vention et de perfectionnement de 15 ans,
le 7 février 1839, et pius tard un nouveau
brevet d’addition, en mai 1842.
Le système de foulage par pression con-
tinue seulement, étant généralement re-
connu insuffisant, parce qu'al n’est er
quelque sorte que superficiel; a aussi Pin-
convénient d'exiger une force motrice con-
sidérable. C’est pourquoi des ingénieurs,
des mécaniciens recommandablés , ont dù
s'occuper decetteimportante question d'une
manière toute spéciale.
En mars eten juin 1839, MM. Benoit
frères, ingénieurs-mécaniciens de grand
mérite, prireut avec M. J’ergnes, de Mont-
pellier, un brevet d'invention et de perfec-
tionnement de 15 ans , pour un procédé de
foulage agissant à la fois par pression et par
percussion successives, au moyen duquel
ils obvient entiérement aux inconvénients
des machines de PDyer. Ils donnèrent à leur
appareil le nom de foulon à percussion mo-
dérable.
Le grand nombre le machines que ces
constructeurs ont placées dans les diffé-
rentes fabriques de draps, en moins de trois
anuées, les certificats vraiment honorables
que plusieurs manufacturiers leur ont dé- M
liviés, peaventconstater les avantages réels. |
qu’elles présentent, etont dù nous eugager. k
à en faire connaître le système avec dé-
tails dans ce recueil, pour le recommander
d'une manière particulière aux fabricants
de lainages.
Ce foulon , qui paraît aujourd'hui avoir
la supériorité sur tousceux proposés depuis
quelques années, agit sur les tissus dans
TE pe ne va 7 toner
404401
les deux sens, au moyen de quatre organes
principaux, deda manière suivante :
1° Sur la largeur, au moyen d’une lu-
nette ou conduit expansif par lequel s’effec-
tue l'admission du drap, et au moyen de
deux cylindres alimentaires ;
2° Sur la longueur, par l’application d’un
: clapet de plissement de la trompe de guide,
et par celle d’un fouloir, qui frappe sans
cesse le drap plissé sur le tablier de fou-
Jlage.
L'énergie particulière à chacun de ces
quatre principaux organes peut être modé-
rée , c'est-à-dire augmentée ou diminuée à
volonté: pendant ia marche même de
l’appareil. Ainsi on peut toujours la pro-
portionner au degré de foulage , en long
ou enlarge, que l'ou veut produire, comme
à la nature des tissus qui sont soumis à
l'action de la inachine: proprieté précieuse
pour la fabrication. é
* Les lainages de toute espèce y acquièrent
sans contredit une qualité supérieure à
celie qu'il; peuvent atteindre dans les di-
vers moulins à foulon connus, parce que,
d'une part, la percussion du fouloir, dans
la machive, soppose à la formation de
prises en long, que la pression su cessive
produirait, si elle agissait seule, et, d’un
autre côté , elle fait pénétrer rapidement le
foulage au cœur de ces étoffes, dont elle
corrige les défauts de tissage.
Cette machine, qui ménage le savon,
lorsqu'on la, compare aux foulons ordi-
naires à maillets, débourre beaucoup moins
les étoffes, et elle opère peut-être bien deux
fois plusvite,tout en économisantsur la force
motrice. Elle a de plus cet avantage qu’elle
ne fait. aucun bruit, par conséquent ne
cause aucun ébranlemcnt dans l'usine où
on la fait fonctionner, et elle peut être éta-
blie dans tous les at:lierssansconstructions
accessoires.
Elle est aussi, jusqu’à présent, la seule
qui opère convenablement le foulage que le
drap feutre doit nécessairement subir. On
sait que ce genre d’étoffe ne peut ètre livré
aux noulins ordindires, qui ne la foulent
presque jamais eu long sur les rives ou li:
sières qui restent toujours lâches, et que les
foulons à pression continue seulement ne
peuvent que continuer sur elle l’action de
la machine à feutrer. JoBaRD.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
L'acier.
L'action la plussimple conduit souvent
aëne découverte ‘importante; c’est ainsi
Ga force de voiraffûter les faux, on se
serkimaintenant d’un procédé qui a quelque
analogie avec celui-là pour se procurer uu
acier d’une qualité supérieure, surtout
pour les tranchants d’une grande finesse,
Quoique nous-ayons le recret, au moins
| pour le moment, de ne pouvoir donner des
renseignements étendus et complets, nons
! croyons devoir signaler ce que nous con-
» naissons maintenant, daus l'espoir que ce
} procédé pourra recevoir beaucoup d’autres
applications dans les arts,
L'industrie qui a pris depuis quelques
“années le développement le plus cousidé-
rable, et qui a donné lieu à la fondation
établissements fort étendus ct des plus ac-
üfs; est sans contredit la fabrication des
plumes métalliques. Que d’essais n’a t-on
pas faits pour parvenir à se procurer un
acier présentant, les qualités nécessaires
Pour pratiquer, dans. ces plumes la fente
1045
qui facilite l'écoulement de l'encre, et
donner à la plume l’élasticité nécessaire pour
glisser sur Île papier et varier la grosseur des
traits !
Aussi était-ce la plus grande difficulté à
vaincre : car, d'an côté, il fallait que cette
fente fût extrêmement fine et délicate, et
produisit un écartement à peine sensible
dans les deux parties du bec : et, de l’autre
côté, que l'outil qui servait à cette opéra-
tion ne s’émoussât pas trop promptement,
et que son tranchant résistât pendant quel-
que temps à un service régulicr et manu-
facturier.
Pour fabriquer ces outils, on a d’abord
employé tous les aciers du commerce. Les
essais ayant été infructueux, on a eu re-
cours aux aciers de cémentation, sans ob-
tenir un meilleur résultat, maloré les avis
nombreux des trempeurs empiriques d’a-
cier : les uns se sont trouvés trop grossiers,
les autres trop mous, et la plupart se sont
promptement égrenés lorsque sous un tran-
chant aussi fin, on a essayé de leur donner
une trempe dure, et de les faire fonctionner
en cct état.
Un contre-maître de fabrique qui avait
forgé, limé et trempé un outil pour servir
à cet opération, eut le même sort que tous
les autres ; mais, s'étant rappelé la manière
dont on affûte les faux, et voulant que
leutil sortant en dernier lieu de ses mains
fût le meilleur de tous: ceux qui avaient été
fabriqués jusque là , il reprit un autre mor-
ceau d'acier, et le fit marteler d’une ma-
nière plus vive et parfaitement uniforme
pendant plusieurs heures consécutives.
L’instrument étant enfin achevé, on le fit
fonctionner, etil servit à fendre un grand
nombre de plumes sans s’ésrener et sans
s’'érmousser ; tous les essai; de ce genre ont
depuis lors été couronnés de succes.
Où aura une idée de; qualités qu'acquiert
l'acier par le marte'age prolongé, tel'que
nous venons de le dire, quand on saura
qu'un outil qui doit servir à fendre les
pluines métalliques de toute espèce, et
dont le tranchant est plus fin que celui d’un
rasoir, doit faire une fente dans les plumes
avec une activité remarquable, pendant
un espace de temps de huit à douze heures
consécutives, sans avoir besoin qu’on en
rétablisse le taillant.
Nous sommes porté à croire que, si l'on
prenait un outil d’acier qui, soit dans la fa-
brication, ou dans une chauffée, aurait été
porté au rouge-blanc, et qu’il fût ce que
ies ouvricrs appellent brélé, et. qu’on le
soumità ua martelage peu vif et d'autant
plus prolongé que l'acier aurait eu plus
chaud, cet acier reprendrait le grain serré
etgris du meilleur acier fondu.
Du reste, nous croyons qu’un outil d’a-
cier exécuté par ce procédé sera toujours
de premitre qualité, et que ce sera seule-
mentenemployant ce procédé qu’on pourra
le garantir. JorArp.
A
AGRICULTURE.
Des races de chevaux et de bœufs de
l’Anjou.
(Premier article.)
8. B: l'espèce chevaline,
L'élève des chevaux est une industrie
assez récente dans le département de Mai-
ne-et-Loire. En comparant le nombre d’é-
talons qui s’y trouvaient à celui qu'on ren-
contrait dans les provinces voisines avant
1046
1760, on trouve que, tandis que le Maine
et la Touraine en possédai-nt 96, que le
Poitou en comptait près de 200 et la Bre-
tagne 600, l’Anjou n'en avait au plus
qu'une trentaine. Il n’est donc pas éton-
nant qu'on n’y rencontre pas encore une
race à caractères bien tranchés,
On peut croire qu’autrefois le Saumurois
avait des chevaux peu différents de ceux
de la Touraine, et par conséquent assez
propres à la remonte de la cavalerie légè-
re ; que dans le pays de Cholet et danstoute
la partie de la contrée q'on appelle Ven-
dée, on trouvait une race se rapprochant
davantage de la variété poitevine, qui four:
nissait relativement au temps, de bons che-
vaux de’selle et de carrosse. En tirant vers
les bords de la Loire, l’espèce devait res-
sembler à celle des chevaux de la vallée
qui sont de liaute taille et assez distingués.
En passant le fleuve et en pénétrant dans
l'arrondissement de Segré, on trouvait
deux nouvelles variétés : l’une petite. sèche
et nerveuse, émanée de la race bretonne,
telle qu'elle existait dans les environs de
Châteaubriant; l’autre, un peu plus gran-
de et plus forte, se rapprochant davantage
des chevaux que produisait le Craonais et
qui étaient propres à remonter la cavalerie
légère. Aux environs d'Angers venaient se
Joindre à toutes ces races quelques che-
vaux de luxe d'importation normande.
Dans l’arrrondissement de Baugé, enfiv,
c'était une espèce rabougrie de très mince.
valeur et sans type aucun.
Actuellement, il est possib'e de recon-
naitie encore, jusqu'à un certain point,
l'influence combinée de la localité et du
voisinage Sur la race équestre du départe-
ment. [l n’en serait pas moins fortdifficile
de lui assigner des caractères particuliers,
car le cheval angevin est ie résultat de
sangs mêlés de croisements sans cesse va-
riibles. La plupart des produits estima-
bles sont exportés au profit du commerce
ou de l’armée; avec ceux qui restent, l’a-
mélioration, quelque évidente qu’elle soit,
ne peul marcher aussi vite qu’elle le ferait
autrement. Néanmoins, en général, le che-
val angevin se distingue par un tempé-
rament robüsie, une constitution difficile
à ébranler, de bounes allures, de la vitesse
ei de la solidité, une membrure assez nette,
assez bien appuyée sur le sol. Sa tête n’est
pas dépourvue de tout caractère, etil ne la.
porte pas mal; son corps est assez gracieu-
sement tourné, sa croune horizontuile et sa
queue bien attachée Il be craint pas la.
fatigue, il porte bien son cavalier et fran—
chit volontiers les obstacles; son naturel
est bon, et très généralement il n’a peur de
rien, ce qui indique un moral sûr et une
vue excellente. Sa taille varie de 1m,59 à
Îm,57.
H est à remarquer que la partie du dé-
partement la plus riche en pacages et en
prairies n’est pas celle où l’on rencontre
les plus grandes ressources en chevaur :
ainsi ies rives de la Loire ne sont pas aussi
bien peuplées qu'on pourrait le croire, Là
on spécule bien plus sur Pespèce bovine
que sur l’espèce chevaline ; tous les tra-
vaux du sol où à pen près, se faisant à bras,
on n'utilise les chevaux qae pour fe char
roi des fumiers ou des plantes textiles; on
ne leur trouve du travail que momentané-
ment, el souvent onurerend dès qu'on n’en
a plus besoir, l'animal qu’on à acheté à
très bas prix au moment où l'on devait im-
médiatement lemployer. Parmi les fer-
miers qui font de temps à autre un élève,
10#7
cettespéculationestconsidérée comme tout
à fait secondaire, parce qu'on craint de dé-
tourner de lanourriture des vaches la moiu-
dre quantité de fourrages d'hiver. Sur les
bords de la Mane, les circonstances n'étant
plus les mêmes, quoique les herbages soient
moins fertiles, les résultats sont plus satis-
faisants. Les chevaux de l’arrondissement
de Baugé se sont notablement relevés ;
M. Gayot m'écrivait, avant de, quitter
Maine-et-Loire, qu'il n'y ayait pas rencon-.
tré un seul poulain, quelque mauvaise que
fûtla mère, qui ne donnit des espérances.
J'aiété maintes fois à même de constater ce
fait, qui est tout à l'avantage de la localité
et qui prouve qu'avec un peu d'attention,
on arriverait probablement ‘bien ‘vite à de
beaux résultats. La partie. de l’arrondisse-
ment de Saumur qui avoisine. celui de
Beaupréauettoutce dernier;sontnéanmoins
beaucoup plus avancées; on:y. rencontre
une excellente variété née du croisement
des étalons du dépôt. Les bénéfices que l’on
trouvait sur la mulasse ont long-temps
fait obstacle à lamélioration de la race
chevaline; mais après de premiers succès
on s’y est livré plus en grand ; les deux in-
dustries se sont alternativement disputé les
femelles, et l'éducation des chevaux l'a
emporté dès que les juments améliorées
ont pu donner dans leur propre espèce des
produits qui se sont mieux vendus que les
muletons. L'un des points du département
où l’amélioration s’est montrée plus cons-
tante et plus facile, est l’arrondissement de
Segré; ses chevaux nerveux, doués d’une
grande force et de beaucoup de‘souplesse,
ont toujours été d'autant plus recherchés
de l’armée, pour les hussards, les chas-
seurs et les dragons, qu'ils sont assez dis-
tingués par leurs formes. Enfin, aux envi-
rons d'Angers, l'espèce, quoique plus mé-
lée, est brillante et vigoureuse; on y fait
beaucoup de chevaux de maître, on y
vend beaucoup de produits propres à mon-
ter les officiers. C'est là: surtout, comme
cela devait être, que l'influence du haras
s’est fait largement sentir.
J'ai déjà dit qu'avant 1789, l’Anjou ne
possédait qu’une trentaine d’étalons. Il est
curieux de suivre la progression croissante
du nombre de ces animaux, puisque c’est
à eux que l’on doit la plupart des amélio-
rations dont il vient d’être parlé. À la suite
des guerres de la révolution et des désas-
tres qu’elles avaient entraînées dans ce
pays, jusqu’en 1803, on ne put réunir à
Angers que quatre étalons, les seuls qui
restassent de l’ancienne administration.
L'année suivante, le petit dépôt s'élevait à
huit; en 1809, à vingt-quatre. Le gouver-
nement était venu en aide au département
et l'amélioration promettait d'être rapide.
La proportion des saillies croissait tous les
ans. De 1805 à 4814 inclusivement, le
nombre des étalons resta cependant le
même en moyenne; ils étaient alors répar-
tis dans les départements de Maine-et-
Loireet de la Loire-Inférieure; on compte
qu'ils servirent 4,342 juments, dont 3,072
en Maine-et-Loire, savoir: 1,485 à An-
gers et 1,587 dans les stations établies sur
divers points du département; la moyenne
des sailliés par chaque étalon se trouva
ainsi:d& 49 à 20 seulement par année.
Pendant les dix années suivantes, la cir-
conscription du dépôt s’étendit à la Mayen-
ne, mais la moyenne des étalons s’éleva à
34. Le nombre des saillies devint plus que
double, puisqu'il atteignit le chiffre de
9,267, dont 4,555 en Maine-et-Loire (2,017
1048
À Angers, 2,538 dans les stations du dé-
partement). Ce fut, pour chaque étalon,
un peu plus de 27 saillies par année.
De 1825 à 1831, troisième période dé-
cennale de la création du dépôt, lamoyenne
des étalons fut de 41, et le chiffre total des
saillies de 12,021, dont 4,846 en Maine-
et-Loire (2,167 à Angers et 2,679 dans les
stations). La moyenne des saillies pour
chaque étalon se trouva ainsi: de 29 à 30
par an.
Dans les cinq dernières années, c’est-à-
dire de 1835 à 1839, la moyenne en éta-
lons a atteint le nombre 45; ils ont sailli
8,945 juments, dont 4,593 en Maine-et-
Loire (1,411 à Angers et 3,382 dans les
stations). La moyenne des saillies est ainsi
portée, pour chaque étalon, à 38 par an.
En descendant de ces données générales
à celles qui s'appliquent plus spécialement
à Maine-et-Loire et en recherchant les ré-
sultats obtenus annte par année, on voit
que le nombre des saillies de chaque indi-
vidu s’est accru constamment en même
temps que celui des étalons. La progres-
sion a surtout été remarquable dans ces
derniers temps; par exemple, la moyenne
qui n’était que de 10 au début, était de 38
en 1837, de 56 en 1838, de 59 1/2 en 1839,
puisque la première de ces trois années,
799 et la deuxieme, 1,187 juments, ont été
saillies par 21 étalons, et la troisième,
1667 par 28.
Tout calcul fait, depuis 1806, 223 éla-
lons dont 22 de pur sang oriental ou an-
glais, se sont succédé dans le pays, ont fait
la monte dans la circonscription du haras
d'Angers et donné des produits qui ont
fondé, à juste titre, la bonne réputation
des chevaux angevins. Une grande ‘partie
des élèves de ce pays ont remonté la:cava-
lerie légère ou sont allés compléter lear
développement dans les herbages ; nor-
mands, d’où ils sont revenus sous le nom
de chevaux normands. Peu d'années après
la fondation du haras, 250 jeunes chevaux
ont remonté le 26° régiment de chasseurs,
dont le dépôt était à Saumur ; en 1823, un
autre régiment de chasseurs s’est remonté
en Anjou avant de passer en Espagne, et
tous les animaux achetés dans ce pays ont
parfaitement résisté aux influences mor-
bides qui ont rendu cette campagne si dé-
sastreuse pour. Ja très grande majorité de
nos troupes à cheval. Tant que Île dépôt
de remonte qui doit être créé à Angers ne
sera pas encore en activité, les meilleurs
chevaux du dépôt de Saint-Maixent pro-
viendront de Maine-et-Loire. Beaucoup
sont propres à l’arme des dragons.
_ Les éleveurs recherchent maintenant les
étalons pur sang, ceux de race anglaise
surtout. Ils ont vu qu'ilsgrandissaient l'es-
pèce locale, qu’ils la corrigeaient dans ce
qu'elle avait de défectueux; qu'ils la forti-
fiaient même dans sa constitution, et que
tout en la reformant des membres et en
donnant à ceux-ci plus de distinction, ils
ajoutaient notablement à sa valeur. Un
premier degré franchi, ils ont reconnu qu'il
devenait bien plus facile d’en atteindre un
second et que la marche de l'amélioration,
après avoir suivi pendant quelques années
une progression arithmétique, se faisait
bientôt sentir dans une progression géomé-
trique.
Du reste, non seulement, on a recours
aux étalons étrangers pour réaliser les amé-
liorations dont je viens de parler; plusieurs
1049
propriétaires ont acquis encore à grands
frais de belles juments anglaises. Onze de
celles-ci furent introduites à Ja fois il v a
peu d'années par les $oins, de l'administra-
tion locale ; placées toutes désormais chez
des éleveurs distingués,.ellesioët déjà don-
né de superbes produits de luxe.
Trois statistiques ont été dressées; lune
en1812, l'autre en 1825, la troisièmeen
1836. La première élève le chiffre de la po=
pulation chevaline à 30,483, la seconde à
33,500 et la dernière à 40,936. C’est une
différence en faveur de la troisième, sur la
seconde, de 10,473 individus danstunrin-
tervalle de vingt-quatre ans. Ce:chiffre
donnerait une augmentation moyennean=
nuelle de 436 têtes;enyiron, si la progres
sion avait été uuiforme. Mais dela pre-
mière à la dernière épaque, on peutcomp-
ter bien des années malheureuses pendant
lesquelles l’espèce chevaline, comme celle
de tous les bestiaux en général, comme la
populatiôn humaine, a diminué loin de
s'accroître. Il est évident que l’accroisse-
ment le plus considérable est très rappre=
ché de nous : les trois chiffres comparés, le
p'ouveraient suffisamment, puisque.de
1812 à 1825 l'augmentation n’est que de
3,009 sujets à peu près, tandis qu'elle est
de plus de 7,000 de 1825 à 1836. Depuis
cette dernière année, si l'accroissement a,
comme tout porte à le croire;-suivi la loi
commune, nous ne serons, pas, loinide la vé-
rité en portant le chiffre actuel de la po-
pulation équestre à 45,000: individus de
tout âge et de toute condition. ;
Bien qu'il n'existe aucune donnée fixe
pour établir la proportion croissante-dans
la production des chevaux de divers servi=
ces, on peut cependant déduire dece qui
précède : 1° que tousles chèvaux ordinaires
élevés dans ledépartement;f&æimpetit nom-
bre d’exceptions près, peuentêtre appliqués
avantageusement aux travaux agricoles et
aux charrois qu'ils nécessitent ; 2° que peu
au contraire seraient appropriés au Fou-
lage proprement dit;,3° que laægrande ma-
jorité peut être employée.à.la selle: et ré-
partie dans la tavalerie légère.ow les dra-
gons ; 4° enfin que lernombreest moindre
de ceux qu'on pourrait atteler à la voiture,
quoique cette dernière catégorie soit en
voie d’accroiître son chiffre. Ces derniers
résultats seraient bien plusappréciables en-
core si la plus grande partie des élèves de
quelques portions dès vallées et de. ce que
l’on nomme la Vendée, n'était exportée de
bonne heure vers la Normandie, où ils for-
ment de fait de beaux et bons carrossiers.
La plupart des mulets qu’on rencontre
sur quelques points du Saumurois y sont
amenés par des marchands des Deux-Sè-
vres, où l'on continue d’en élever une as-
sez grande quantité. Leur race n'offre en
elle-même aucune particularité. Dans le
département de Maine-et-Loire, je ne con- |
pais qu'un seul établissement renomme |
pour l'élève de ces arimaux : c’est celui de |
la Frogerie, sur la commune de Maulé- |
vrier ; [à on entretient trois ou quatre éta- |
lons de l'espèce asine, qui donnent des pro- f
duits vendus en concurrence àvec ceux de
Bressuire, Thouars et Parthenay. Les ânes,
sous le point de vue qui nous oceupe ici,
ne méritent pas non plus unémention spé
ciale.
O. LecgerRe=Trouin.
(Agrèc + pratiq.)
1050
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
. POLITIQUES.
GET
5 5b :Séancé! du samedi 3 juin.
M. Cousin fait hommage à l'Académie,
‘au nom de M. Frank, de son /Z1stoire de la
cabalé. Bes différents mémoires qui com-
posent cet ouvrage , ont été lus devant
PFAcadémie. Le compte que nous en avons
rendu antérieurement nous dispense d’en
faire‘une nouvelle analyse.
* M.Dünoyer lit un mémoire, qui au mé-
rite d’être sagement pensé et parfaitement
| bien écrit, joint celui, non moins précieux
d’être de circonstance. Il'4 pour titre. £xa-
men de quelques reproches adressés aux
| tendances industrielles de notre époque.
Les chef d’accusation que quelques es-
| prits chagrins. ont formulé contre l’indus-
trie sont nombreux et graves. La raison
publique a fait déjà justice de plusieurs,
| ePM:°Duünoyer s’est attaché dans ses com-
| miüficatiôns à la justifier de ceux qui n’ont
|. auprés de certaines personnes une certaine
valeur! que parce qu’ils sont perfidement
présentés au nom de la religion et des
. bonnes mœurs. L'industrie, a-t-on dit et
1 répéte-t-on tous les jours encore, sans
| vouloir se‘donner la-neine de vérifier si le
| reproche éstfônidé, l’industrie est avare,
| égoïste, eMéCorrémht les mœurs, matéria-
lise l'esprit, Arrête ses conquêtes et celles
| des sciences! Ceux ‘qui tiennent un pareil
| langage n'ont qu'à ouvrir les yeux, ils
| verronbque:c’està mesure que les tendan-
|
|
—
| ces-industrielles ont grandi, que la mo-
raleslæ-religion, ta politique et toutes les
, vertus qui enidécoulent ont acquis une
| force plus grande. C’est sartout dans les
villes manufacturières que la charité ,
cette vertu-qui ; peut-être seule, pourrait
dans unétat remplacer toutes les autres,
a su se montrer leplusingénieuse et le plus
| efficace. L'esprit d'ordre, de conservation,
de progrès:; qui est inhérent à l’industrie,
| présente: des garantiés que ne sauraient
| donnerleslois; quelque prévoyantes quelles
fussent. Dansles grands foyers d'industrie,
comme dansitoutes les grandes réunions,
dans quelque but qu’elles existent, il y a,
et cela tient à la nature humaine, une cor-
| Tuptlon que l’on ne trouve point au même
degré chez l’homme isolé et vivant seul
dans sa cabañe ; de même qu’une maladie
Presque innocente au milieu d’un air pur,
devient contasieuéiet” mortelle dans une
Salle d'infirmerie. Pour être logique il fau-
# drait donc faire le procès à la civilisation.
Moilà pour les mœurs. Ce que l’on dit par
intérêt pour l'esprit, pour les sciences et
Pour les arts est plus que futile, c’est ridi-
cule. N'est-ce pas à l’industrie que de nos
‘Jours et de tous les temps, la poésie, la
peinture , la sculpture ont dû les plus fla-
| teurs encouragements et les plus riches
|2écompenses? N'est-ce pas à l’industrie que
les sciences sont redevables de leurs déve-
oppements ? À qui soutiendraitle contraire
On pourrait répondre, que la fondation de
nos manufactures date da même règne que
motre gloire littéraire ; que Paris actuel si
Peu; ressemblant au Paris du dernier siè-
cle, doit, ses somptuosités, ses élégances à
l'agrandissement du commerce ; que c’est
dans les deux, pays:du: monde les plus in-
dustriels que des -ovations presque fabu-
leuses par leur magnificence , ont été faites
une tragédienne et à une danseuse, et
qu'enfin, au milieu de nos tendances si
a ÉSERDRET
}
|
|
|
|
|
1051
décriées, en France.comme partout,le plus
sur moyen de devenir riche est encore de
se rendre savant,
M. Dunoyer n’a rien omis dans sa réfu-
tation et dans un grand nombre de points
essentiels il est d'accord avec les recher-
ches statistique sur Mulhouse, que le
docteur Penot vient de communiquer à la
Société industrielle de cette ville.
M. Dubois d'Angers a été admis à lire
un complément à son troisième mémoire
sur la doctrine de Broussais. Nous de-
vrions plutôt dire sur les doctrines, car
après avoir primitivement réfaté le philo-
sophe, c’est aujourd'hui au médecin qu'il
s'en est pris; de la physiologie il est des-
cendu à la thérapeutique, et comme Brous-
sais n’a été que le continuateur de Bichat ,
c’est jusqu’à ce dernier qu’il est remonté.
La commanication de M. Dubois nous pa-
raitrait très convenable à l’Académie de
Médecine ; elle donnerait la mesure, à quel-
ques médecins inexpérimentés, de la con-
fiance qu’ils doiventgarder pour leurs théo-
ries, s'il est vrai qu'elles ne sont que subti-
les ; mais à l’Académie des Sciences mo-
rales et politiques, nous n’en saisissons pas
l’à-propos. Il n’y a point là de médecins à
faire et moins encore de malades à Guérir.
C. B.F.
LINGUISTIQUE,
Essai d’une grammaire de la langue des îles
Marquises, rédigé sur les documents du P.
Mathias, et de M. A. Lesson, médecin en
chef des îles Marquises.
(Cinquième et dernier article.)
9°. De l'interjection.
Il'y'a des interjections pour exprimer les
différents sentiments de l'âme, comme
dans toutes les langues, et plus encore peut=
être dans celle-ci.
Pour deniander : na, na vai, (donnez-
moi) de l’eau; n4 thu, présente ton nez.
Pour appeler : he !.. oh!
Pour appeler à soi : 71e mai.
Pour appeler l'attention : lo , parle-moi,
dis donc.
Pour marquer l'admiration : evai ! vaiti.
Pour marquer la surprise’: oere.
Pour marquer la joie ’#ofahr.
Pour marquer le mécontentement : aita,
Pour marquer le contentement : atika,
alia, c’est vrai, bien, c’est céla.
Pour imposer silence : #titui.
Pour marquer la douleur : Le, he.
Pour demander répétition d’une chose
ou d’une parole : éotahi.
Pour reprendre : eahu! quoi, eahatena
ou.tea? qu'est cé que cela.
Pour faire retirer quelqu'un par autorité
ou mécontentement : 4pao.
Pour rejeter quelque chose : avai,
Pour remercier : 70e ou amoe.
Pour partir avec d’autres : amai, apo he:
Pour chasser un chien : Airau /
Cris pour exciter à la guerre : 2ahud:hu=
meua !
Pour encourager : aia, allons !
Pour demander à voir une chose : arar,
montre, voyons!
Pour exciter (cri), & ! ai !
Cri pour encourager à la guerre :: Aghu,
10° Des interrogations négatives,
affirmatives.
Pour interroger on met assez souvent la
particule ha devant les verbes. Il y a aussi
plusieurs phrases elliptiques où l’interro-
gation se fait ainsi : ,
1052
Pourquoi cela? mea aha ia?
Pourquoi non? hate koe(kcre) ?
Qu'est-ce? eaha.
Combien? ekia, combien? pehia.
Koko o ie aha? pourquoi. s’empresser
(s'empresser pourquoi) ?
ÆEnana hea? Vamuses-tu? qui? quel
homme? oui? qui?
Quand? inehea? pour le passé.
Quand ? uhea anehea ? pour le futur.
D'où viens-tu ? mechea 0e?
De la moutagne, mei ata.
De quel endroit dela montagne? mei ula
hea?
IDIOTISMES DE LA LANGUE NU-HIVIENNE:
1° Oai-hoi, je ne sais pas.
2 Tanoho ia (peut-être), de tanoho-ia,
répété, siguifie-que tout le monde est à sa
place dans uneréunion, )
QUELQUES PRRASES.
Kaoha, bonjour,
Memai manihi, viens. ami, si c’est un
étranger.
— eahoa, viens ami, si c’est un insulaire,
Ea hato æi koa, quel. est ton nom?
Oai tenei, quel est celui-ci? 7
Oai tena:, quel est celui-là?
Oai te hakaïki, quel est le roi?
Oai te keapu, quel est le capitaine.
Oai te hatepeiu, quelle est la reine?
ÆEna loeia,,te voila,
Maki mali awia 0e. Je Vaime.
Auc hametau, ne crains pas.
Pimai tnei, tetao ai latou, viens ici, nous
parlerons tous ensemble.
Erihi ta ae, epo kite, vous êtes curieux;
vous saurez bientôt,
Ko ia, c’est cela.
Aore au:eoko, pour moi je ne comprends
pas.
Mea mii te toiki, il y a beaucoup d’en-
fants.-
Vekekina ,anamai} viens vite.
Mave, venez: vite:
Eaha te meilai to otou? aimez-vous cela ?
MESURE DU TEMPS.
Année de 12 mois, calcul des étrangers,
makaiki,
Année de 10 lunes, calcul des insulaires,
aa.
Mois ou lune des insulaires, meama ou
malhina.
Jour (mesure d’un), 4 ou po.
Point du jour, ua puhi te ama.
De grand matin, oi où tika, popoiu tika,
kehu kehu.
Lever du soleil, na the te aomata.
Matin, popout kapo.
Grand jour, afea (jour blanc).
De dix heures à midi, apa kihi kihi.
Midi, oa-te-a, a-tea, kopuhate aomati.
Soir, uapo, ahi, ahi.
Nuit, po.
Milieu de la nuit, po ere ere.
Cette nuit (la dernière), 1te ponei.
Dans la nuit d’hier, te po ite nahi.
Dans la nuit d’avant-hier, & te po ite ata…
Hier, avant-hier, ta nahi où inenahi-
itena hiatu. e.
Aujourd’hui, ife, anei, i ua=a-nei,ii..
Demain, oioi-lika, matui Ahi-ahi; soir.
Après demain, oioi ae, oioi alu; .
Dansunjour, deux jours, apotahi, apo ua.
Nora. On compte par nuit et l’& marque
le fatur.
Bientôt, epo.
Tous les jours, potepo.
Plus tard, 2popo, oroi-atu.
1053
CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE DE POITIERS.
Séance du 2 juin, 2 heures dursoir.
Après la lecture d'un rapport dé M. Se-
grétain sur l’excursion archéologique faite
sila veille à Chauvigny et à Saint Savin,
<°°M. de Caumont pose les questions rela-
-actives à la flore murale du département au
23itreizième siècle. La feuille de‘chêne, de
“mnénuphar, telles sont les végétations le
plus généralement observées dans ilés'édi-
fices religieux de cette époque’? les fluilles
>5de rosier, les feuilles de pampre} sônt plus
Siyares. Sous le point de vue de lornemen-
“Htation, le génie artistique du Poitou au
treizième siècle était moins hardiqu’outre
Loire; car déjà dans le Nord à crtte
époque, un grand nombre de végélations
indigènes étaient ulilisées'avec succès par-
tont où ia pierre le permettait. Plusieurs
membres, parmi lesquels MM. de la Sico-
tière, de Chergé, de Chastiiogner,Segrétain,
Fillon, donnent sui célPoint des ren$ei-
gnements intéressants.
M. de Caumünt c‘ntinue l'enquête par
les monuments accessoires attachés au
siservice des édifices religieux. Les baptis-
“tères, les autels anciens, les calices, les
-.°férs destinés à la confection des hosties,
s\sur Iésquels des questions sont adressées,
23deviennent l'objet d'observations qui sont
grécoütées avec le plus vif intérêt.
-210Parmi Îles reuseignenmients donnés par
< M} labbe Cousseaa sur Jés objets d'art qui
appartenaient aux douzième et treiziéme
- sièctes, un document du plus haut intérêt
est signalé : c’est le catalogue des ri-
chesses possédées par les églises de Poitiers
au qua'orzième siècle, alors qu’elles
--étaient menacées par le vandalisme, com:-
pagnon inséparable des guerres “reli-
gieuses. Ce docament, enfoui dans les
cartons de dom Fonteneau, est inédit;
aussi M. de Caumont éngage-t-il la so-
ciété des antiquaires de l'Ouest à le pu-
blier incessamment dans ses volumes.
Séance du 3 ju'n, 2 heures du soir.
Trois lectures ont vivement intéressé
Jauditoire. Une disertation de M. de
Chergé, écrite avec lé talent qu'on lui
connait, explique par Je symbolisme jes
déviations de l’axe de l’abside des églises
du moyen-âge. — Une notice de M. de
Chasteigner sur les lanternes des morts,
où L érudition est colorée de tons chauds
qu’une imagination jeune et brillante peut
seule trouver sur sa palette, a été écoutée
avec le plus vif intérêt. Enfin, dans un
rapport dé M. de la Sicotière, improvisé
au milieu des ‘brillants joujoux scienti-
fiques du magnifique cabinet de madame
de la Sayette, M. de la Sicotière. a prouvé
que s'il parlait toujours comme un homme
de talent, il avait aussi parfois l’art d’écrire
comme une femme d'esprit.
La séance du 4 mai, ouverte sousila
présidence de:M: le préfet de la Vienne,
:a continué lenquête archéologique. Les
sculptures du/moyen-âge ont été l’objet
de la discussion: Plusieurs tombeaux d’une
“ornementation ‘remarquable sont_signa-
lées-par-MM. de Caumont, Thiollet, de la
Foütanglle; Fillon, Pressac, Lanbron, de
la Lihonlière, Cardin, Lecointre, Gaillard
de lallDiounerie fils. Mais la partie de l’en-
quête qui; sxns contredit, a été l’événe-
ment capital de la séance, c'est la discus-
sion qu’a fait naître eutre MM. de Caumont
et Lecointre la question qui se rattache à
l'origine ct à Pobjet du tombeau connu
sous le nom populaire de la Pierre qui pue.
105 !
L'homme levant les bras au ciel, et placé
entre deux lions, qui occupe là partie
principale des bas-reliefs de ce tombeau,
est, pour M. Lecointre, Bacchus avec ses
attributs; pour M. de Crumont, cette fi-
gure représente Daniel dans la fosse aux
lions. De puissants argumentsisont échan-
gés, — La question est-ellé complètement
ol eo — Nous l'ignorons:+ Mais ce que
nous affirmons à coup sûr; c’est que la
discassion n’a pas cessé un instant de cap-
tiver l'attention de l’auditoire:
Séance du 5 juin.
L'ordre du jour appelle la suite de l’en-
quête relative aux t°mbeaux chrétiens.
Plusieurs renseignements intéressants sont
donnés sur les pierres tombales du. quin-
zième siècle, dont les figures tracées en
creux étaient souvent remplies avec du
cuivre et même du marbre. MM. Fillon,
Segrétain, de Fleury, de la Fontenelle,
Lanbron, de Chergé, de la Liborlière,
Pressac, signalent dans le Poitou un assez
grand nombre de monuments de ce genre.
Maismalheureusement, pendantles guerres
religieuses , le Yandalisme des protestants
a fait disparaître ces ornements.
Plusieurs monuments de grand modèle,
sur lesquels figuraient où figurent encore
des statues, sont l’objet de descriptions in-
téressantes. M. de Ja Liborlière fait revivre
un tombeau magnifique aujourd’hui dé-
truit, mais sur lequel s’élevaient jadis, au
couvent des Cordelicr:, lesstatues à genoux
de deux grands personnages appartenant à
. la famille de Mortemart, Le tombeau de la
Trimouilie, dit le Pieux, sur lequel s’éle:
ait la statue à genoux du noble chevalier;
le monument funèbre des Parabèré, ‘sur
: lequel deux figures de pierre, le front levé
‘vers le ciel, soulevant le suaire qui les re-
couvrait, En blaient vouloir s’élancer vers
Ja demeure du juste; tout cela reposait jadis
paisiblement à l'ombre du cayeau sécu-
laire. Mais aujourd hui, arrachées aux
morts dont elles perpétuaient Je souvenir,
ces statues sont détruites où mutilées.
Parmi lés membres de Ja société qui dé-
crivent avec le plus d'intérêt ces monu-
ments, nous devons signaler MM. Segrétain,
de la Fontenelle, de la Liborlière, Lan-
bron , Gaillard ile la Dionnerie et Fillon.
Après le rapport de M. Lecointre sur
l’excursion de la commission chargée d’aller
visiter Sainte-Radégonde, et le compte
renda de M. Foucart sur la charmante vi-
site faite aux ruines d’aqueducs romains
qui couronnent les coteanx de l'Ermitage,
M. de Chasteignier donne lecture des notes
qu'il a recueillies sur le temple Saint-Jean.
Dans ce iravail , où l’asserlion est toujours
justifiée par une observation conscien-
cieuse, M. de Chastecignier combat l'opinion
adoptée par M. Mangon de la Lande, et
établit que le temple Saint-Jean était un
baptistère chrétien dont la constractionre-
monte au huitième où neuvième siècle, et
non un temple romain, comme on l'avait
cru jusqu'alors. Au surplus, l'opinion de
M. de Chasteignier, présentée avec la mo-
destie d’un jeune homme, se recommande
d'autant plus à la foi publique, que lau-
teur en appelle en dernier ressort à l’auto-
rité de plusieurs antiquaires, notamment
de MM. Vitet et de Caumont.
La séance à élé terminée par un rapport
fait au nom de la commission des vœux
par M. de la Fontenelle.
Eee Aie
8004055!
FAITS DIVERS.
— M. Coste, par autorisation || péciale du Mi=
nistre de l'instruction publique, Sub Miése
de Frauce, lundi 12 Juin, à midi p Précis , ue
d'organogénie comparée di le te aies dis
ctiven dredisleuteett a LA méme h MRC NE ai
LUN Sp
—<H e—
BIBLIOGRAPHIE.
ICONOGRAPHIE ZOOPHYTOLOGIQUE, des-
cription par localité et terrains des ob piers fossiles
de France et pays environnants, par Hardouin Mi-
chelin, membre de la société géologiqué! de France,
accompagnée de figures litographiéess: beplième li-
\raison. — Prix ; 3 fr, — A Paris: chez Pi Ber-
and, libraire fditém,/rue Saint- André-des-Ares,
n. 38. — Nous av ons,déjà parlé du mérite Sierre
fique de cet ouvrage. La livraison qui vient de pa-
raître ne le cède én rien à celles qui l’ont précédé,
les gravures dont l'importance dans de pareilles ma-
tières est bien reconnue, sont exéculées avec tant de
soin qu'elles sont en même temps un oo de luxe
et d'utilité.
DE LA DIPLOMATIE Re ds Sous. Louis
XIV; par M'A. Filon.
WE Ven
ESQUISSE d’une histoire de l'éducation dépuis
les temps les plus reculés jusqu'à nos jours; par
Théodore Fritz. A Strasbourg, chez Schmidt et
Grucker; à Paris, chez Cherbuliez , rue de Tour-
non, 17. :
HISTOIRE NATURELLE DE L'HOMRIE , com-
prenant des recherches sut l'flierice des agents
physiques et moraux congidérés gomme cause dés
variétés qui distinguent FAIR elle s des, différentes
races humaines ; par J: EC “ichard, membre de la
Société royale FT AIT cor espondant de l’Ins-
titut de France, ete: Tradtiit de l'anglais par le doc-
eur EF. Roullin. À:Paris, chez]. Be ailièré, r rue de
l’Ecole-de-Médecine. : «
INTRODUCTION. La circonférence du cercle est
curviligne par constructibr,’el ligne" d droite et courbe
par le caen différentiel:
LETTRES sur les iles Hate ou Mémoires
pour servir à l’étude religieuse, morale, politique el
statistique des iles 1 Marquises: et de l'Océanie orien=
tale ; par le P. Mathias G., prêtre dela Société des
Sacrés-Cœurs (Picpus); m missionnaire de l'Océanie,
récemment arrivé de ces'iless-A* Paris, “chez Gaume
frères, rue du Pot;de-Femoëss * : 2107
‘MÉMOIRES tuant la vie ét Ke écrits de Ma-
rie de Rabutin-Chrantal, dame de Bourdiily, mar-.
quise de Sévigné, dur le ministère du cardinal
Mararin et la jeunesse de Louis XEV ;shivis de notes
et d’éclaircissements, par M. le baron: W4ckenaer.
À Paris, chez F. Didot, rue Jacob, 56.
NOTES ÉCONOMIQUES sur l’admimistration des
richesses et la statistique agricole de la France ; par
G.-E. Royer. À Paris, au Bureau du Moniteur de la
propriété, quai Voltaire, 8 bis:
SRE 1 €
AE)
Le Rédacteur-Gérant:
C.-B. FRAYSSE.
à
DESCRIPTION GÉOLOGIQUE
DU
DÉPARTEMENT DE L'AISNE,M
Par M. le vicomte D'ARCHIA©,
vice président de la Socicte géologique
de France,
Suivis de tableaux descriphifStidedh richessemet
des produiss des minéraux du: déparienientde' Aien
et d'un Atlas colorié contéant le déscription, de
terrains et des fossiles. { Un magnifique volume
de trois cents pages. — 6 LoAburs el Leclerc
livraires, “ie de la Hatpo,. 5 à Paris. sé |
HR Ov |
PARISHNE. DE LACQUR et MAISTRASSE û
rue Samnt- idees: “Michel, 33.
40 année.
ICHO DU
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES, SCIENCES.
Paris. — Jeudi, 15 Juin 1845.
ONDE
N° 45.
SAVANT.
è
La
nes
L'EcHO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte A, DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne { PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
|
|
|
"SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
+ CES ;,séance du lundi 12 juin 1843 —— SUIEN-
| CES PHYSIQUES: MÉTÉOROLOGIE. Obser-
| vation d'un imétéore présentant des ressemblances
avec les chandelies romaines. — CHIMIE. INOR-
GANIQUE. Sur l’action de l'acide sulfureux sur
| les mélaux: Lordos et Gélis. — SCIENCES NA-
TURELLES. GEOLOG1IE. Recherches sur le mi-
nerai de fer pisolitique observé à Meudon, et sur
la paléontologie du bassin de Paris; Robert, —
ZOOLOGIE. Index ornithologique; Lesson. —
Oiseaux-mouches nouveaux; Delatire. — Z00C-
| -PHYTES, Nouveau genre de médulaires prove-
| - nant de la métamorphose des syncorynes;F. Du-
| jardin. — SCIENCES APPLIQUEES. ARTS
MÉCANIQUES. Machine à faire des biseaux
sur des planches de cuivre, — ARTS Cül.
MIQUES. Histoire des opéralions de teinture.
— SCIENCES HISTORIQUES: ARCHEOLO-
| - GIE, Collection de Mme” de-H-Sayette ; De la
Sicotière. — GÉOGRAPHIE. Voyage au Chili
et à Cusco; Claudé Gaÿ. + FAITS DIVERS.—
BIBLIOGRAPHIE.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
_Séance,du 12 juin: 1845.
a
L -: |
“ Depuis Iongtemps les humbles mortels,
qui n’ont pas leur fauteuil au palais Maza-
\rin croyaient dans toute la simplicité de
leur âme que lé$ Académiciens avaient À
jamais oublié ét liimort de M. Savary ct
| la nécessité de lui nommer un successeur.
Mais cette croyance était erronée et pour-
j rail maintenant pa raître malveillante, si
} on osait s’y arrêter encore. Car lundi der-
«nier, Sans Qué personne y songeñt, sans
… qu’une nouvelle éoméetc eût annoncé cet
il heureux” incident, la section d’as'ronomie
“ accoucha tout-à-coup d'une liste de can-
| | didats, ainsi conçue :
1. M. Laupier.
2. M. Victor Mauvais.
3. M. Eugène Bouvart,
Bref! C'était l'observatoire tout entier
… porté sur la liste de présentation, Ces faits
* se passaient lundi dernier, et aujourd’hui
la nomination avait lieu. Peu de membres
- étaient présents à la séance ; beaucoup
avaient quitté la ville pour aller goûter ce
que depuis longtemps on a l'habitude
| d'appeler par antiphrase, les agréments de
la campagne. Malgré cela, sur 49 votants
M. Laugier a obtenu 36 voix.
M. Bouvart 10.
Billets blancs 3.
Total 49.
On a. droit de se demander maintenant
où est M. Mauvais? La comète qu'il a dé-
couverte lui aurait-elle été d’un mauvais
augine” Ou ne fait-il qu’attendre pour
arriver plus facilement un jour? Nous
aimons mieux nous arrêter à cette der-
niere Opinion ; car, quand on a, comme
M. Mauvais, une intelligence supérieure,
et qu'on sait y joindre, une profonde éru-
dition, on reste rarement dans l’ombre et
l’on ne tarde, pas à prendre place à côté
des maîtres de la science. Mais, si l’Aca-
démie vient de faire, dans M. Lawpgier, une
heureuse acquisition, elle a perdu la se-
maine dernière une de ses membres les
plus distingués, un astronome bien connu
des savants, M. Bouvart. Néen 1767 dans
le Haut-Faucigny au pied du Mont-Blanc,
M. Bouvart fui destiné par ses parents à
la carrière commerciale qui ne lui sou-
riait guère. Aussi, bientôt il qnittaet comp-
toirs et grands livres pour se vouer en-
tièrement au culte des sciences qui lui
plaisaient davantage. En 1785, il vint à
Paris, étudia les mathématiques, se livra
avec un zèle ét une ardeur remarquables
à l'étude de l'astronomie et fut admis à
l'Observatoire en 1793. On l’a vu depuis
travailler sans cesse à la solution de hauts
problèmes astronomiques, et se faire une
une réputation européenne. (C'est ‘alors
qu'il, devint le’collaborateur de Laplace,
et fit pour son grand ouvrage de la nmÉca-
nique céléste tous jes détails minutieux
empruntés,à la plus scrupuleuse astrono-
mie. Ses Jongs travaux, ses savantes. re-
cherches.ne l’'empêcherent pas de contri-
buer jusqu'àisa mont à la rédaction et à Ja
publication de la Connaissance des temps,
ouvrage Si précieux pour les astronomes.
M. Bouvart avait découvert plusiéurs co-
mêtes et il en calcula les: éléments para-
boliques. En 1800, il partagea avec un
astronome allemand, M, Burg, le prix pro-
posé par l'institut, pour Ja détermination
des moyens mouvements dedaæluwe.
À cette science profondes, M: Bouvyart
joignait une bonhomie et une affabilité
qui le faisaient aimer de tons ceux qui
l’approchaient. Nous l’avons vu, il ÿ a peu
de temps encore, venir s'asseoir à l’Aca-
démie et suivre avec une attention soute-
nue la lecture des travaux astronomiques
qui avaient fait la jouissance de toute sa
vie. Enfin, nous ne pouvons pas mieux
terminer ces quelques lignes en disant qu'il
s’est toujours rappelé sa Savoie et qu'il était
président honoraire de la société philan-
tropique savoisienne.
M. Mirbel a terminé aujourd’hui. la
lecture d'un Mémoire intitulé : Recher-
ches anatomiquesetphysiologiques sur quel-
ques végétaux monocotylés. Dans ce tra-
vail, M. Mirbel s’est étudié à combattre la
théorie de M. Gaudichaut; mais ce dernier
ne s’est pas tenu pour battu. « Je proleste,
a-t-il dit, contre toute la partie théorique
du Mémoire de M. Mirbel; Ja théorie du
cambium me paraît être erronée, et dans
une série de travaux j’en démontrerai la
fausseté. » Ces paroles prouvent que
M. Gaudichaut est prêt à entamer une
di-cussion sérieuse; nous nous empresse-
. vancer, ilsongeaàitirer parti de on pre-
braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries: Prix du.journal: PAR:8 pour un an 25 fr., six mois 43 fr. 50, trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,’6fr. |
8fr. 50: AlÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ- |
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOIS18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du inonde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le’ journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur.
rons de communiquer à nos lecteurs toutes
les idées que pourront jaillir de cette lutte
entre deux intelligénces supérieures. Mais
quant au Mémoire deM.‘de Mirbel, il nous
paraît toul à fait impossible de l’ana-
lyser.
M, Leverrier envoie à l’Académie un
travail volumineux et d'un grand intérêt
pour les astronomes. Il s'agit d’un mé-
moire intitulé : Détermination nouvelle des
perturbations de mercure et des éléments
de son orbite, suivie de tables numériques >
pour la construction des éphémérides: Ces:
tables sont; ;précédées d’une explicatiom) lue
dans laquelle :oniles à comparées avec in
l'observation méridienne de la planète faite:
à l'observatoire de Paris, par M. Laugier
le. 15 août 1842 Elles ne diffèrent de cette
observation que de 0”,2 en longitude géo-
centrique, tandis que les anciennes tables
s’en éloignaient de plus de 11”.
M. Arago présente à l’Institut, de la
part de M. Jourdant une découverte qui:
‘parait fort remarquable. M. Jourdant,
“Simple mécanicien, est parvenu il y°a dix
Ma RTS ER NN s PARA DEA SEE
où douze ans à se débarrasser lui seul dar
bégaiement extrêmement fort dont #
affecte. 1l gardaï longtemps pour
méthode sans songer à la propaskr}-Tor
qu'il y a quelques mois, étant el-quelque-
sorte sans état; etivoyant les années’
cédé, et à guérir, le bégaiement.. Ce*
conçu ne tarda.pas à se réaliser; plusie
guérisons furent opérées par M. Jourdant
et un fils d'un membre bien connu de
l'Académie est un heureux exemple des
effets de la nouvelle méthode,
M. Jourdant vient de déposer aujour-
d’hui l'exposé de cette méthode dans un
paquet cacheté, Une commission a été
nommée,et quand elle aura constaté la réa-
lité des guérisons:opérées par lui, le pa-
quet sera ouvert,examiné, et, s’il y a lieu,
un rapport‘séra fait sur la valeur de ces
guérisons. il est digne dé remarque, en cf-.
fet, que pour guérir, cet homme sans ins-
truction, se compara aux personnes qu
parlaient facilement, analysa physiologi-
quement en quelque sorte -avec son bon
ù |
U}] A, &
sens, la manière naturelle de parler, eten
suite, puisant dans l’imitation les moyens.
de bien parler, il ÿ parvint complètement.
Ce moyen, qui n'emprunte, rien à la méde-.….
cine opératoire, paraît ingénieux dansson =
principe comme dans son application et
semble d'autant plus sûr du succèsze œa'il
n’entraine avec lui aucune douleurio: 251
MM. Pelouze et Gélis présentént'itjour-
d'hui à l’Académie un mémoire sui lFacide
butyrique. Les auteurs de ce travail, après
avoir reconnu un des faits les plus curieux
de la chimie, après avoir établi que le sucre
peut donner lieu à une fermentation nou-
velle dans laquelle il se transforme en
3
2009
acide butyrique, font connaître le procédé
suivant pour retirer du sucre la plusgran-
de quantité possible d'acide butyrique. On
mêle À une dissolution de sucre, marquant
40° au pèse sirop une petite quantité de
taseum et assez de craie pour saturer tout
l’acide butyrique qui, plus tard, prendra
naissance. Ce mélange est abandonné à
une température constaute de 25 à 30 de-
grés; il éprouve bientôt des altérations
profondes; la fermentation d’abord vis-
queuse, puis bientôt lactique, devient peu
à peu butyrique. Dans ces décompositions
tantôt lentes, tantôt spontanées, il se dé-
gage une plus ou moins grande quantité
d'hydrogène. Quand ce dégagement a
cessé, la liqueur ne contient plus, pour
ainsi dire, que du batyrate de chaux. —
L'extraction de l’acide butyrique pur du
du butyrate de chaux est facile. Voici com-
ment on l’exécute : on délaie 1! kil. de bu-
tyrate de chaux dans 3 à 4 kil. d’eau à la-
quelle on ajoute 3 à 400 grammes d’acide
d'acide hydrochlorique du commerce. On
introduit ce mélauge dans un appareil dis-
tillatoire et on le soumet à l’ébullition qu’on
maintient jusqu’à ce que l’on ait obtenu
environ un kil. de liquide distillé. Ce li-
quide est un mélange d’eau d'acide buty-
rique et d’une petite quantité d'acide hy-
drochlorique et acétique. On le met en
contact avec du chlorure de calcium qui
détermine aussi la formation de deux li-
quides de densité différente. Celui qui se
maintient à la partie supérieure est de l’a-
cide butyrique; le plus dense contient les
autres matières. On enlève avec une pi-
pette le liquide le plus léger et on le sou-
met à la distillation dans une cornue tubu-
lée munie d’un thermomètre. Les premiè- !
res portions qui passent dans les récipients
sont plus ou moins aqueuses ; le point d’é-
bullition d’abord peu élevé, monte assez
rapidement à 164 degrés, terme auquel la
température reste presque tout à fait sta-
tionnaire; c’est un indice que lacide qui
distille est désormais concentré. On le re-
cueille à part en poussant: la distillation
jusqu’à ce que la cornue ne renferme plus
qu’une petite quantité d'acide mêlée d’un
peu de matière colorante, de chlorure de
sodium et de butyrate de chaux. II faut
distiller de nouveau pour obtenir de l’acide
parfaitement pur.
L’acide butyrique est un liquide incolore,
d’une odeur rappelant à la fois celle de l’a-
cide acétique et en même temps du beurre
fort. Il attaque et désorganise la peau à la
manière des acides forts; sa densité est de
0,965 à 150.
MM. Pelouze et Gélis font-eusuite con-
naitre quelques unes des combinaisons de
l’acide butyrique avec les bases comme les
butyrates de chaux, de baryte de plomb;
leur mémoire est terminé par la descrip-
tion de l’éther butyrique. L’éthérification
de l’alcool par l’acide butyrique ne s’effec-
. tue qu'avec lenteur et difficulté, mais lors-
qu’on ajoute au mélange de ces deux sub-
lances, une certaine quantité d’acide sul-
furique, la formation de l’éther butyrique
est pour ainsi dire instantanée. Met-on en
contact, parensemble , 100 gr. d’acide bu-
tyrique avec 100 gr. d'alcool et 50 gr. d’a-
cide sulfurique concentré, ce mélange s’é-
chauffe et se partage en deux liquides d’i-
négale densité, Le plus léger n'est autre
chose que l’éther butyrique même dont le
poids est à peu près égal à celui de l'acide
butyrique employé. La présence d’une
grande quantité d’eau ne nuit pas à l’éthé-
1060
rification. -Ce liquide est inco'ore, d’une
odeur analogue à celle de l'ananas; sa for-
mule est :
CSH:0,C‘H:°0.
M. Serres communique à l’Académie un
mémoire sur l’allantoïde de Phomme. D’a-
près les travaux du savant physiologiste,
dont nous parlons, l’allantoïde de l’homme
est pyriforme , comme chez les rongeurs,
et d'abord elle est indépendante des autres
membranes. Elle s’unit avec le chorion, et
de cette union résulte la communication
par anastomose, des vaisseaux allantoïdiens
avec ceux des villosités, pour donner nais-
sance au placenta. D’après les faits cités
par M. Serres, l'existence de l’allantoïde,
comme membrane distincte, parait limitée
chez l’embryon de l’homme entre le quin-
zième et le vingt-unième jour de la con-
ception, circonstance peut-être qui l’a faite
échapper aux recherches des observateurs.
M. Arago annonce à l’Académie qu’on a
trouvé près de Rodez, à Saint-Paul-Defonds,
du mercure coulant. C’est M. Lemery,
professeur à la Faculté de Toulouse, qui le
premier s’est aperçu de ce fait, et le nom
d'un chimiste si distingué est de quelque
autorité dans cette matière. Chacun con-
çcoit de quelle importance serait pour notre
industrie, la découverte d’une mine abon-
dante de mercure, produit si cher et si ac-
caparé; il serait àsouhaiter qu’oneûtsur ces
simples faits desidées plus nettes, afin d’éta-
blir des conjectures plus positives.
Si nous terminions là notre compte
rendu , nous ne donnerions à nos lecteurs
qu'une idée incomplète de la séance de
l’Académie , car nous leur cacherions les
saillies et remarques plus ou moins spiri-
tuelles faites par certains membres, dans
le but sans doute d’amuser et leurs con-
frères et le public. C’est ainsi qu’au théä-
tre la comédie succède à la tragédie. Mais
arrivons au fait : une lettre; d’ailleurs as-
sez insignifiante, annonçait, à l’Académie
qu’un aérolithe était tombé-dans un ‘cer-
tain endroit, dont le nom nous échappe, et
que la chute de cet aérolithe avait été pré-
cédée par un bruit cadencé qu’on aurait
pu comparer à une musique. C'était là un
fait bien clair, et peu susceptible d’oftrir
matière à plaisanterie. Cependant il en a
été autrement. Un académicien, versé dans
les mathématiques; et bien connu des lec-
teurs du Bulletin de l’Académie, a de-
mandé finement et malicieusement qu’on
lui précisât le nom de l'air qu’on avait en-
tendu. Jugez de l’étonnement de tous les
collègues. Quelqu'un qui connaissait à
fond les opinions politiques du savant aca-
démicien , disait qu’on devait lui répondre
par l'air, Vive Henri IF. Enfin, cette plai-
santerie académique, qui aurait pu être
prisée au Cercle catholique de la rue de
Grenelle a été trouvée de fort mauvais
goût à l’Institut. E..F.
— (fi S 56 pe——
SCIENCES PHYSIQUES.
MÉTÉOROLOGIE.
Observation d'un météore présentant des
ressemblances avec les chandelles ro-
maïnes. (Extrait d’une lettre de M. le
commandant du brick la Vigie.)
Le 12 juin 1842, par 6° 21” de l’atitude
nord et 13° 15’ de longitude ouest, à huit
heures du soir, le ciel, qui jusqu'à cette
heure avait été très beau, se couvrit de
nuages très noirs; des grains de pluie et
1061
de vent se levèrent dans la partie du sud
et de l’est. À 8 h. 15 m. et à 8 h. 30 m.
nous eùmes un fort joli spectacle. On aper-
çut à deux reprises différentes, et aux alen-
tours du zénith, se dirigeant dans le N.-E.,
un météore dont l'effet fut absolument
celui que produit la pièce d’artifice nom-
mée chandelle romaine. Le météore était
fort peu élevé au dessus de la mâture dela
Vigie, que je commandais; aux deux fois
ce météore se rompit avec un bruit tout
semblable à celui de la chandelle romaine
quand elle-éclate, et il se divisa en deux
parties, formant chacune un petit météore,
qui disparut presque instantanément. Cha-
que phénomène dura environ de 4 à 8 se-
condes. Ayant entendu moi-même, et pour
la première fois, la détonation, peu forte à
la vérité, dont je viens de parler, je com-
mence à me ranger de l’avis des observa-
teurs qui assurent que l’on entend un pe-
tillement dans Pair lorsqu'il se forme une
étoile filante ; jusqu’à ce jour, javais con-
sidéré ce fait comme un peu légèrement
avancé. À Finstant du phénomène, le ba-
romètre marquait Om,656. Un thermo-
mètre placé dans ma chambre en dessous
du pont indiquait 28 degrés cent. Un ther-
momètre de Bunten, placé sur le pont à
toutes les impressions de l’air, marquait
26 degrés cent. Le vent régnait du sud,
faible; la mer était houleuse, le temps
était à grains.
CHIMIE INORGANIQUE.
Mémoire sur l’action de l'acide sulfureux
sur les métaux ; par M.-J. Fordos et
À Gélis. È
Nous avons formé le projet d'étudier
successivement toutes les circonstances:
dans lesquelles prennent naissance les hy-
posulfites et leurs analogues, et nous avons
commencé par l’étude de l’action de l'acide
sulfureux sur les métaux. Cette action est
intéressante à plusd'un titre; car non seu-
lement elle peut produire des produits
oxygénés du soufre très variés; mais aussi
elle présente des particularités remarqua-
bles qui semblent distinguer l’acide sulfu-
reux de presque tous les autres acides. En
effet, lorsqu'un acide dilué agit sur un
corps simple métallique qui possède la
propriété de décomposer l’eau, c’est ordi-
nairement ce liquide qui fournit l'oxygène
nécessaire à l’oxydation du métal ; l’acide
sulfureux semble échapper à cette loi com-
mune et agir sur le fer, le zinc, etc., sans
que les éléments de l’eau paraissent entrer
dans la réaction. |
Nous avons essayé de démontrer, dans
ce Mémoire, que les différences observées
proviennent toujours de ce que l’action
principale se complique de réactions se-
condaires dont l’ensemble est difficile à
saisir ; que tous les acides agissent de la
même manière sar les métaux des trois
premières sections, et, pour arriver à gé-
néraliser cette action, nous avons été obli-
gés d'abandonner un moment les composés
du soufre pour examiner de nouveau, à ce
point de vue, l’action de quelques autres
acides, savoir : l'acide azotique et l'acide
chlorique sur les substances métalliques.
L'action de l'acide sulfureux sur les mé-
taux à déjà fixé l'attention d'um grand
nombre d’observateurs, Berthollét remar-
qua le premier son action sur le fer ; il vit
que sa dissolution s'opérait sans dégage
ment de gaz. Plus tard, Foureroy et Vau=
|
|
|
|
|
|
v|
|
a >
1062
quelin complétèrent son observation et
l’étendirent au zinc et à l’étain. Ces deux
chimistes établirent d’une manière géné-
rale que, lorsque l'acide sulfureux réagit
sur un métal, il se forme toujours deux
sels, un sulfite et un hyposulfite. Malgré
les résultats de ces chimistes, et quoique
leur opinion soit professée par MM. Gay-
Lussac et Pelouze, tous les traités de chimie
publiés dans ces derniers temps, tout en
établissant que ce sujet demande un nou-
vel examen, admettent qu’un hyposulfite
seul prend naissance,
Fe + SO: — Fe O, SO.
M. Damas pense qu'il serait plus proba-
ble d’y supposer la formation d’un bisul-
fate de sulfure.
M. Persoz, qui regarde comme démon-
trée l’existence des hyposulfites basiques,
MO, SO, pense que lacide sulfureux se
combine directement au métal sans se dé-
composer à la manière d’un corps simple.
Dans toutes ces formules, jamais l’eau
n'intervient. Les résultats que nous indi-
querons plus loin répondront à chacune de
ces hypothèses, et ce court exposé suffira
pour donner une idée de la question que
nous avons essayé d’éclaircir.
Nous avons étudié l’action de l’acide sul-
fureux sur les métaux des trois premières
sections que nous avons pu nous procurer,
savoir : le zinc, le fer, l’étain, le nickel, le
cadmium, le potassium et le sodium.
Lorsqu'on jette du potassium dans une
dissolution aqueuse d'acide sulfureux, ce
métal agit comme il le ferait sur de l’eau
pure ; il brûle à la surface du liquide, en
donnant lieu à de la potasse qui s’unit à de
Vacide sulfureux.
Maïs en traitant l’acide sulfureux dissous
dans l’eau par des alliages contenant du
potassium, l’amalgame de potassium, par
-<xembple, la dissolution du métal se fait au
fond de la liqueur : il se dégage encore de
l'hydrogène, dû sans doute à la rapidité de
la décomposition de l’eau ; mais il se forme,
outre le su fite, de l’hyposulfite.
. Le sodium se comporte comme le potas-
sium.
Le zinc nous a fourni les résultats déjà
obtenus par Fourcroy et Vauquelin, c’est-
dire deux sels, un sulfite et un hyposulfite.
Ces chimistes n'avaient pas analysé ces
composés ; nous l’avons fait.
Le sulfite est peu soluble dans l’eau ; il a
pour formule
Xn O, SO: + 2H O.
L'hyposulfite contient 2 équivalents de
soufre pour 1 équivalent de métal, c’est-à-
dire Zn O, S:0:. Ce n’est donc pas un sous-
hyposulfite, comme on l'avait cru; mais
nous n’avons pu doser son eau de cristalli-
sation, parce qu’il n’est pas possible de l’ob-
tenir à l’état solide. Il se détruit avec la
plus grande facilité, et l’étude de son mode
de décomposition nous a fourni de curieux
résultats.
La dissolution de l’hyposulfite de zinc
est incolore, transparente et sans odeur;
elle n’est pas précipitée par l’alcool absolu ;
\mais si l’on cherche à obtenir le sel cris-
- \llisé, soit en plaçant la liqueur dans le
vie, soit en l’abandonnant à l’évaporation
> Spéntanée, il arrive un moment de con-
_Cenlration où la dissolution se trouble; il
se forme un dépôt blanc de sulfure dezine,
et la litueur contient de l’hyposulfate mo-
»mosulfurs de zinc. Cette décomposition,
qui est Conmune à un grand nombre d'hy-
posulfites, «e représente exactement par
cette équation,
1063
2 (Zn O,S: 0°) = Zn S + Zn O, S5 Où.
L'hyposulfate monosulfuré de zine est
lui-même un composé fort peu stable ; la
moindre élévation de température le dé-
compose; aussi l’hyposulfite de zinc, éva-
poré à siccité, donne-t-il, pour résultat fi-
nal, du sulfure de zinc, du soufre, du sul-
fate de zinc et un dégagement d’acide sul-
fureux.
Le fer se dissoutrapidement dans l’acide
sulfureux, et donne d’abord des cristaux
de sulfite S 0? Fe O, 3 H O. Si l’on continue
à évaporer dans le vide la liqueur dont on
sépare ce sel, on obtient quelquefois des
cristaux qui contiennent de l’hyposulfite ;
mais le plus souvent, et sans qu'on ait pu
observer de différences bien notables dans
le mode opératoire, le liquide contient,
mêlé à l’hyposulfite, de l’hyposulfate sul-
furé trés instable, et qui se décompose, par
la concentration, en soufre, acide sulfureux
et sulfate.
Le nickel donne un sulfite et un hyposul-
fite; le sulfite de nickel a pour formule
Ni O,S0:, 6HO.
Arrivés « ce point de notre travail, il nous
paraissait très probable que la loi énoncée
par Fourcroy et Vauquelin serait confir-
mée, et que l’étain et le cadmium nous
fournissaient, comme les métaux déjà ci-
tés, un sulfite et un hyposulfite, Mais; bien
que toutes les raisons tirées des analogies
fussent en faveur de cette manière de voir
(car, en effet, quel métal ressemble pius
au zinc que le cadmium?), les faits sont ve-
nus lui donner un éclatant démenti.
L’acide sulfureux dissout encore le cad-
mium sans dégagement de gaz; mais, in-
dépendamment du sulfite, on obtient, dès
le début de l'opération, du sulfure de cad-
mium en grande quantité.
L’étain donne les mêmes résultats.
D'où viennent ces différences ?
Dans un casil se fait du sulfite et de l’hy-
posulfite; dans l’autre cas, c’est du suifite
et du sulfure. Bien qué chacun de ces ré-
sultats puisse se concevoir séparément et
s’exprimer par des formules très simples,
on ne peut cependant les expliquer sans
admettre l'intervention de l’eau, à moins
de renoncer à admettre des analogies chi-
miques dont mille exemples ont démontré
l'évidence. Si, au contraire, on admet que
l'acide sulfureux agit comme un autre
acide, comme l'acide sulfurique par exem-
ple, tous les faits s'expliquent d’eux-mé-
mes. Il faut seulement se rappeler une pro-
priété bien connue de l’hydrogène sulfuré,
savoir : qu'il ÿ a des dissolutions métalli-
ques qui sont toujours précipitées par ce
réactif, tandis que d’autres ne le sont ja-
mais lorsque la liqueur est acide; et, dans
les circonstances qui nous occupent, il ÿ a
toujours un grand excès d'acide sulfureux.
Ces faits admis, nous allons expliquer les
phénomènes. Aussilôt le contact établi en-
tre l’eau, l’acide sulfureux et le zinc, l’eau
est décomposée; il se forme un sulfite et
de l'hydrogène naissant; cet hydrogène,
au moment où il prend naissance, rencon-
tre de l’acide sulfureux; or, nous avons
prouvé, dans un autre Mémoire publié en
1841, que, dans cette circonstance, l’acide
sulfureux est réduit, et que l’hydrogène
suliuré est le produit de cette réduction.
Que va-t-il arriver ? Si le sulfite métallique
contenu dans la liqueur peut être préci-
pité à l’état de sulfure en présence d’un
acide, par le gaz sulfhydrique, il se préci-
pitera du sulfure, et l'excès de sulfite res-
tera dans liqueur. C’est ce que nous avons
106%
observé par le cadmium et l'étain. Si, au
coniraire, l’acide sulfhydrique est sans ac-
tion sur la dissolution métallique daus la-
quelle il a pris naissance, ces décomposi=
tions suivront leur cours; il se trouve en
présence d’un grand excès d’acide sulfu-
reux, les deux gaz se décomposent mutuel-
lerment ; il se forme de l’eau et du soufre,
mais ce soufre ne peut se précipiter, car il
rencontre un sulfite prêt à le dissoudre,
pour former un hyposulfite ou un hyposul-
fate sulfuré. Tels sont aussi les résultats que
nous avons obtenus avec le zinc, le fer, le
nickel et les métaux alcalins.
En admettant cette manière de voir,
non seulement on explique les phénomènes
principaux, mais encore on éclaire com=
plétement tous les résultats secondaires;
pour lesquels nous renvoyons à notre Mé-
moire.
En agissant sur les métaux des trois pre«
mières sections, l’acide azotique détermine
également la décomposition de l'eau.
M. Kuhlmann l’a prouvé pour les métaux
de la troisième section; l’hydrogène, au
lieu de se dégager, reste dans les liqueurs à
l'état d’ammoniaque : il l'avait admis éga-
lement en théorie pour les métaux alcalins ;
mais il n’avait pu le prouver par l’expé=
rience, ce qu’il avait attribué à la haute
température qui se développe pendant la
réaction. Nous sommes heureux de pou
voir démontrer l'exactitude de cette opi=
nion. Il nous a suffi en effet, pour obtenir
de l’ammoniaque avec le potassium et le
sodium, d’allier ces métaux avec le mer=
cure : l’amalgame qui se produit est atta=
qué par l'acide azotique étendu sans déga=
gement de chaleur trop considérable,
Comme le mercure traité seui par l'acide
azotique ne donne pas d'ammoniaque, ce-
lui qu’on obtient avec l’alliage ne peut
provenir que du métal alcalin. se
On peut dissoudre l'étain dans l’acide
azotique sans dégagement d’aucun gaz;
mais lorsqu'il s’en dégage, nous avons re=
connu, contrairement à l’opinion admise,
qu'ils sont d'autant plus azotés que la réac-
tion est moins vive.
L’acide chlorique a été à tort placé parmi
les acides qui attaquent les métaux en dé=
gageant de l'hydrogène; la quantité d’hy=
drogène qui se dégage lorsqu'il attaque le
fer est presque nulle, elle est très faible
avec le zinc; elle est d’autant plus faible
que l’action se fait avec plus de lenteur,
Une expérience très simple met en évidence
la réduction de l’acide chlorique : si l’on
fait un mélange d’acide sulfurique, d’eau
et de chlorate de potasse qui ne précipite
pas l’azotate d'argent, il suffit, pour obte-
nir des flocons très abondants de chlorure
d’argent avec ce mélange, d'y plonger pen
dant quelques instants une lame de zinc.
DNKE
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Rapport sur deux Mémoires de M. le doc-
teur E. Robert, ayant pour titres : 1° Ré«
cherches géologiques sur le minerai de
fer pisolitique et sur le deutoxyde de
manganèse hydraté observés à Meudon;
2 Sur la paléontologie du bassin de
Paris.
Le bassin de Paris, qui a été presque la
cause de l’immortel ouvrage de M. Cuvier
sur les ossements fossiles, et qui lui a four-
ni, ainsi qu'à son illustre collaborateur,
1065
M. Brongniart, les matériaux de leur des-
cription des terrains tertiaires, offre encore
chaque jour des sujets intéressants de re-
cherches, aux géologues et aux natura-
listes. M. le docteur E. Robert, connu par
sa participation à l'expédition dans le Nord,
s’est voué avec activité à son étude. Il a
présenté à l’Académie, dans le courant de
année 1842, deux Mémoires que vous
avez soumis à l’examen de MM de Blainville,
Elie de Beaumont et au mien : le premier
avait pour objet la description du gise-
ment du minerai de fer à Meudon: le se-
cond est relatif à quelques recherches pa-
léontologiques sur des dents et des copro-
lithes de sauriens, observés à Nanterre et
à Passy. Vos commissaires ont pensés que
ces deux Mémoires se rapportant à un
même ordre de terrain, il y avait quelque
avantage à en réunir les résultats dans un
même rapport.
Le minerai de fer, signalé par M. E. Ro-
bert, est disséminé dans les argiles sa-
bleuses qui recouvrent les bois de Meu-
don, et dans lesquelles on exploite la
pierre meulière : il y existe tantôt en grains
isolés analogues, par la grosseur, à du
gros plomb de chasse, tantôt en nodules
plus ou moins considérables, maïs formés
eux-mêmes de la réunion de grains agglo-
mérés par un ciment argilo-ferrugineux.
Ce minerai constitue dans l'argile, des
nids plus ou moins allongés, qui se réu-
nissent entre eux par des veines ocreuses.
Un essai par la voie sèche nous a appris
que le minerai de Meudon contient de 30
à 32 pour 100 de fer métalliqué, et qu’il
est: comparable, par sa teneur et par sa
qualité, au minerai de fer en grains
qui forme la richesse du Nivernais et du
Bérry.
Le prix élevé du bois et de la houille à
Paris ne peérmel guère d'espérer que la
découverte intéressante de M. E. Robert
puisse avoir, de longtemps du moins, une
application utile. Mais si l’industrie west !
pas appelée à en profiter, la géologie ‘au
contraire l'enregistrera avec soin dans ses
annales. Elle vient eu effet confirmer le :
gisement de minerais si longtemps incer-
tain, que la loi elle-même avait désignés
sous le nor de minerai d'alluvion. ÿ
Ce n’est que depuis quelques années que
les géologues, et permettez-moi de le dire,
sourtout que les ingénieurs des mines ont
montré que les terrains sablonneux, in-
cohérents, sans stratification prononcée,
dans lesquels on exploite les minerais de
fer du centre de la France, appartiennent
au terrain tertiaire moyen. La découverte
de M. E. Robert est là pour convaincre les
plus incrédules, si toutefois 1] en restait
encore. L'âge des meulières de Meudon
est en effet écrit en caractères ineffaçables
sur la roche elle-même; les fossiles, ou
plutôt, comme J'a dit si élégamment
M. Bronguiart, les médailles de l’ancien
monde qu’on y trouve, ne permettent au-
can doute. Les Iymnées, planorbes et gy-
rogaites, qui caractérisent partout l'étage
moyen des terrains tertiaires, y existent
par myriades.
Nous ajouterons que déjà les minerais
de fer étaient connus dans le bassin de
Paris, et M. le marquis de Roys l'avait
indiqué sur plusieurs points; mais Ces
derniers minerais ne possèdent pas les ca-
ractères d'identité avec ceux du Berry que
nous venons de signaler.
Le manganèse, qui partage presque
tous les gisements du fer, se retrouve éga-
1066
lement dans les argiles de Meudon; M. E.
Robert l’a découvert dans des fouilles
faites à la porte de Châtillon, pour l'exploi-
tation de la meulière destinée à ‘la cons-
truction du mur d’enceinte de Paris:
« Ce minerai court, dit-il, dans l'argile
en veines de deux à trois pouces d’épais-
seur, situées horizontalement; leur en-
semble forme un véritable amas analogae
à ceux que la manganèse constitue dans
les terrains de sédiment.
» Il présente une texture subgranulaire
d’un noir mat avec reflets bleuâtres ta-
chant les doigts en noir, léger, et happant
fortement à la langue. »
Analysé par M. de Chancourtois, élève-
ingéniear des mines, il a donné :
Oxyde rouge de manganèse 0,41
Oxygène et eau 0,16
Peroxyde de fer 0,10
Argile, sable et chaux 0,32
0,99
Dans son second Mémoire, M. E. Robert
rappelle d’abord, qu'il a indiqué depuis
longtemps les ossements de paleotherium,
d’anoplotherium, de crocodiles et de tor-
tues d’eau douce, au milieu du calcaire
marin grossier de Nanterre et de Passy.
Dans une exploration récente de cesmèmes
lieux, M. E. Robert a reconnu un nouveau
gisement ossifère, intéressant par le nom-
bre des ossements et par leur mélange
avec des coprolithes.
« Ils sont disséminés, dit-il, dans une
argile sablonneusc, noirâtre, feuilletée,
caractérisée par la présence d'une prodi-
gieuse quantité de moules, d’une espèce
de modiole nacrée, et surtout par abon-
dance de dents de sauriens.
» Ces dents, de dimens'ons assez va-
riables, creuses à Ja base, arquées, aiguës
ettranchantes sur bords, appartiennentäla
fois à des crocodiles jeunes et à des croco-
diles adultes. »
Au milieu de ces couches si riches en
dépouilles de sauriens, M. E. Robert si-
guale des corps brunâtres, surface tuber-
culeuse quoique lisse, qui, selon ce géo-
logue, ont appartenu à des crocodilles.
Quelques uns ont de l'analogie, par leur
forme spirée, avec les coprolithes d’icthyo-
saures dont M. Buckland a donné le dessin
dans son important Mémoire sur ce genre
de fossiles.
[’un de vos commissaires, dont nous
reconuaissons la compétence, M. de Blain-
ville, conteste le rapprochement fait par
M. E. Robert entre les masses tubercu-
leuses qu'il a recueillies et les fécès actuels
des crocodiles. M. Ë. Robert se fonde sur
des comparaisons qui nous a paru vrai-
semblable; mais quand même ce rappro-
chement serait erroné, la découverte de
ces masses tuberculeuses n’en serait pas
moins intéressantes, attendu qu'elles con-
tiennent en abondance du phosphate et
de l’urate de chaux, éléments qui caracté-
risent les coprolithes.
La présence de ces corps singuliers, dont
l'annonce fut recue avec quelque incre-
dulité, peut-être même avec une certaine
ironie,est cependantunedes découvertesles
plus remarquables de M. Buckland: en étu:
diantlacomposition des coprolithe*, le cé-
lèbre professeur d'Oxford a fait connaître
des animaux qui auraient peut-être échappé
à la science; mais ses recherches persévé-
rantes ont surtout prouvé, de la manière
la plus incontestable, que les terrains de
sédiment se sont déposés dans des eaux
1067
tranquilles, car la moindre agitation au-
rait dispersé ces déjections intestinales sans
consislances et formées de débris légère-
ment coagulés.
La présence de coprolithes dans les
couches marneuses du calcaire grossier de
Nanterre et de Passy conduit à la même
conclusion. L'observation de M. E. Robert
ajoute done un fait intéressant à l'histoire
des terrains tertiaires du bassin de Paris,
et dont il faut tenir compte dans les. théo-
ries dont on se sert pour expliquer leur
formation. :
Le mélange de fossiles marins et de fos-
siles d'eau douce nous apprend bien que
ces terrains ont dû, comme M. C. Prévost
l’a indiqué, se déposer à l'embouchure
d’un vaste delta ; mais, soumis aux lois gé-
uérales qui ont présidé aux couches de
sédiment, le calcaire grossier s’est formé
dans une période longue ettranquille.
La courte analyse que lon vient de don-
ner des deux Mémoires de M. E. Robert,
montre que les communications que ce
géologue a faites à l'Académie, présentent
un véritable intérêt.
Vos commissaires vous proposent, en
conséquence, de remercier M. E. Robert
de ses communications et de l’engager à
continuer ses récherches sur:les terrains du
bassin de Paris.
ZOOLOGIE.
Xndex ornitholosi sue; par Lesson.
(suite.)
Passerraux , passeres, L. 1° : Les Laui-
rostres ; hiantes, Illis.; planrestres, Du-
méril, fissirostres, G. Cuv. 1% tribu. Cres-
usculariæ. 1° groupe Dentirostres. 18° fa-
mille : Caprimulgide.A° prehensores.
98e Genre: S rsatonnis, Humbold(i 817);
nyctüibius ; Steph.; Caprimulgus, Hum-
boldt. Hak. : Amériq. méridionale. — 377.
Steatornis caripensis, Humboldt, ac. des
sc. 1817, 3 mars; nouv. bull. soc. phil.
1817, phil. 51; caprémulgus steatornis ,
Humb., journ. de phys., 1801,t. 63, p.
57 ; Guacharo de la caverne de Caripe,
Humb., rec:t. 2, pl. bistrée; sur le Gua-
charo, l’'Herminier, nouv. ann. du mu-
séum, t. 3, p. 321, pl. 15, coloriée (1835):
roulin, ann. se. nat. v1: 145 (1856). Hab.:
La Colombie (caverne de Caripe): pandi
(Icon:0z0).
99° Genre: ÆcorTueres, Vig. et horsf.
(1825); Caprimulgus , Lath. Hab.: T'Aus-
tralie. — 378. Ægotheles novæ. lollandiæ,
Vig. et horsf, tr. linn., xv, 197; œgotheles
australis, Sw.; æ. cristatus, Gray; capri-
mulgus noræ hollandiæ ; Lath. n° 18; Ca-
primulgus cristalus , Lath. in white, voy.
pl. 29 et p. 170: C. novæ hollandie ,
vieill. encyc. 337. Hab. : La nouvelle Galles
du Sud. — Ægotheles lunulata, Jard et
Selbv. Hab. : La Nouvelle-Hollande.
100e Genre. Ponareus, Cuvier (1829);
caprimulqus, Lath.; Dum. ; temm. Hab.:
La Malaisie et l'Australie. 1*° sous-geute :
Barracnosromus, Gould (1838). — 379.
Batrachastomus javarensis , Gould, poda»
gus Jaanensts ÿ horsf., zool. res. fig. et
trans. line. xnr, 141 : podargus cornuzus >
temm. pl. col. 159. Hab. : Java et S1mar
tra. 2e sous-genre : PorarGus, G. Cav- —
380. Podargus cinereus, g. CUN- rég: An.)
4817, pl. 4, f. 1; Lesson, 1200. Traite pie
33, f. 1; podargus Cuvieri, vis et hors mn
tr. XV; POdArgus CiNereus ; viall. SAU IAE
p. 517 et gal. I. 123 ; caprinulgus mEgea-
11068
- cephalos, Lath.; vieill. ency. p. 539. Hab.:
La Nouvelle-Galles du Sud. — 381. Po-
-.dargus hüumeralis, vig. et horst. t. xv,
198; Tath. gen. hist. vr, 39. Hab.: La
le 151
Nouvelle-Galles du Sud. — 382. Podargus
. Stanleyanus,.Lath. ms.; vig. et horsf ,
trans. xv , 197. Hab. : La Nouvelle-Galles
du Sud. — 383. Podargus stellatus, Gould,
proc., 1837, p- 43. Hab. : Java. — 384.
Podargus. phaloœnoïdes, Gould, -proc.1839,
p. 42, Hab.: La Nouvelle-Galles du Sud.
— 385, Podargus ocellatus,; quoy et gaim.,
Ast,, pl..144, texte, p. 208. Hab. : La Nou-
“eHe-Guinée. — 385 bis. Podargus bra-
chypiérus, Gould., proc. 1840, 163. ib. p.
macrorhynchus ; Gould? Hab. : rivière des
cygues. 3° sous-genré: CYrronnina, Less.
— 387. Gypho:hina papuensis, podargus
papuensis; quoy et gaim., ast.,pl. 13, texte
p- 207, Hab. : La Nouvelle-Guinée (Havre
de Dorey }.
104e Genre : Nycrirus, Vieillot(1816).
La Fresnaie (1836); nyctornis, Nitzsch.
(1840). Hab. : l'Amérique méridionale. —
887. Nyctibius grandis, ville ency. t. 3.
ph 54Gi-capri mulgus grandis, L. Gin.; Bris-
‘sen/1.2m° 7 ; le grand crapaud volant de
‘Cayenne, Buff., enl. 325. Hab. : la Guyane.
— 388. Nyctibus cornuus, vieil. ency.
538; nouv. anal: orn.: p.38 n° 110 ; 7yc-
tibius urutau, la Frenaie hermès, n° 42,
p. 488:(0886). L'urutau azara, n° 308;
Lichst.; cat. ño 601; cap. longicaudatus ,
spix, pl. 3, L. 1! d'Orbig., syn..p. 66. Hab.:
Paraguay, le Brésil (san paulo).-corrientes,
plata.. — 389. MNycabius lonsicaudatus,
La Eren:4loc. (cit. ; caprimulgus longicau-
datus, spix, bras., pl. 1: Hab. le Brésil. —
20 ambulalores.
102° Genre : Garrimuzeus, L. Hab. :
Cosmopolite. 1" sous-genre. Antrostomus,
gould (1833). Hab.: États-Unis. — 390.
Anirostomus ‘cärolinensis, gould; capri-
mulgus Carolirensis, Gm.; Audubon,-pl.
324. 1, p« 273% Wilson, pl: 54,2 et:t.
vip, 95; Nuttall, 1,612: Ch. Bonap. Hab.:
la Virginie; Ja Georgie et la’ Louisiane. 2°
sous-genre : Eurosrôpopus, Gould (1837),
Hab. : l'Australie. — 391, Æurostopodus
guttatus, gould, procud.: 1887 , p. 142;
caprimulgus guttatus, vig..et-horsf., tr.
linn.,.t. xv, p.192. — Hah. la Nouvelle-
Galles dursud, — 392. Æurostopodus alho-
gularis ‘’caprimulgus albogularis, vig. et
horsf,, tr. xv, 194. Hab.: la Nouvelle-
Oalles du sud. 39 sous-senre : LyNcornis,
Gould (1838).:-—:393. Lyncornts cervint-
ceps, gould, ielav.,-pl: Hab.:? 4e sous-
enre : Nycrinromus, Gould (1838). — 394.
rchidromus Derbyanus, Gould , ic. av.
41, ph Hab. : ?
Oiseaux-Mouches nouveaux ou peu Cot-
aus, découverts au Guatimala, par M. À.
Delattre.
Le Guatimala possède aussi des espèces
d’oiseaux-mouches qui lui sont propres,
_et.si les terres refroidies de la haute Vera-
Pax on leurs espèces, et si le district sau-
Yage de Petinck, là où les conmunications
sont difficiles et dangereuses, nous ont
procuré la magnifique espèce que nous
avons appelée d'oiséau-mouche Hélène (or-
, MSNQ Héleñcey Echo du 4 juin 1843), les
iérres Chaudés et basses de la Vera-Pax
nous ont dofné iles espècés propres et
… quelques aüres ‘qu’on retrouve au Brésil.
Ainsi à Taleran, nous avons, eu deux es-
pèces nouvelle, ét de plus la jucobine, qui
1069
diffère de la race du Brésil par une bor-
dure noire plus prenoncée à Ia queue et
par quelques modifications de taille.
2°, Le camphyloptère roux (campylop-
torus .rufus, Less, rer. z0ol.) vert-doré
sur le corps, roux chamois fort vif en des-
sous, ayant la queue large, rouge cannelle
en dessousiet marquée d’une large bande
noire. Un-point blanc derrière l'œil , le bec
est noir , très robuste, et les tarses sont
jauues. :
3° Le brins blancs Guy (ornismya Guy,
Lesson) à joues brunes, à gorge noirâtre, à
plumage roussâtre en dessous, le demi bec
supérieur noir à l'inférieur orangé.
4 L'oiseau Mouche abeille (ornismya
abeillei, Less. et Delatre, rev. zooll., 1839,
p: 16), l'adulte en plumage parfait, la fe-
melle a surtout un individu atteint de mé-
lanisme , le vert doré du corps est remplacé
par un noir glacé, luisant en dessus, pas-
sant au noirâtre sur le gosier, et au gris
brun sale sur le ventre, la queue est d’un
noir d'acier avec une bordure blanche.
5° L'oiseau Mouche roux du Mexique
(ornismya rutila, Lesson. rev. 2001. 1842),
que M. Adolphe Lesson a trouvéà Acapulco,
cet espèce a le bec couleur de corail, à
pointe noire, tout le dessus du corps vert
doré, le dessous d’un roux tabac d’Espagne
fort vif, le croupion roux a la queue can-
nelle luisant avec des franges brunes aux
bords et au sommet des pennes.
6° L'oiseau Mouche amazili (ornismya ama-
zilé), à queue cannelle luisante très forcée,
à ventre grisatre. |
7 L'oiseau Mouche ricord de la Havane,
dans sa livrée complète et dans son jeune
âge, la tête grisâtre , une ligne. grise sur
Ie milieu du corps.
- 8, Le brins bancs longuemare (ornis-
mya longuemant, Less.). De eus |
g: Le Constant (ornismya Constantii, De-
lattre), espèce fort curieuse, voisine du
Henry, son becplus long qui atteint jusqu'à
4 centimètres , le plumage est le même,
c'est-à-dire vert doré sombre sur le corps,
mais en dessous il est gris brun sale sur le
ventre, avec du blanc à la ceinture et les
couvertures inférieures grises bordées de
blanc. Les ailes sont d’un brun pourpré
uniforme. La plaque qui revet le de-
vant du cou est franchement rubis,
mais dans certains jouts, les écailles sont
frangées de blauc conime celles du Henry.
Comme le Henry, il a un trait pur au des-
sus de l’œil et un deuxième au dessous.
Le bec et les tarses sont noires; dans le
Henry les tarses sont jaunes. Il se tient
dans les jardins et ne va pas dans les
bois.
10° Deux sortes d’oiseaux-mouches verts,
à ventre blanc, qui ont besoin d’être com-
parés avec les espèces décrites, mais qui
peuvent être distincts.
11° L’oiseau-mouche riche, cs
ornismya eximia, Delattre. Espèce fort voi-
sine de l’œnone (Leson), mais distingué
par la coloration de sa queue. Cet oiseau
a les ailes aussi longues que la queue, et
celle-ci composée de larges rectrices est
égale. Le bec est noir, droit, assez long.
Les tarses sont jaunes; un riche vert co-
lore la tête, le cou, le dos, le croupion, et
un vert éclatant teint tout Ie dessous du
corps, moins la région auäle qui est blan-
che, ainsi que les couvertures inférieures.
Une belle plaque maron vif recouvre les
épaules. Les pennes sout bruns pourprés
et la queue est noir d'acier en dessus, mais
le dedans des pennes est blanc en dedans.
1070
‘La femelle, vert-doré sur le corps, d’un
gris cendré en dessous, a les plaques des
épaules, semblables à celles du mâle. La
queue.est en partie noire et blanche.
12° L’oiseau-mouche rufule (orrymia
rufula, D. lattre). Taille de 7 centimètres,
le, bec. et la queue compris dans ces dimen-
sions,;-bec assez alongé , noir ainsi que:les
tarses ;: tout le dessus du corps vert doré,
marquésur le croupion de deuxtraitsblanc-
buffle, qui annoncent que c’est unjeune
jeune âge. Tous le dessous du corps jaune
canelé. Les ailes aussi longues que la queue;
celle-ci est courte, à pennes noires termi-
nées de roux.
Nous pensons que lindividu que nous
décrivons est, ou le jeune âge du zeinès ou
l'individu femelle.
43 Le brin-blancs au long bec, ( ornis-
mya., longirostrts, ;Delattre ). .Cet oiseau
d’une tribu .qui.compte aujourd’hui de
nombreuses espèces; -mesure, 15 centim.
et 1/2 de longueur totale. Le bec seul en-
tre dans ces dimensions pour 5 centimètres,
et la queue pour 6. Le. bec est fort ,-re-
courbé, à mandibule supérieure noire; 'in-
férieure jaune, excepté la pointe quisest
noire, l’oxiput brunâtre, dos verdâtre.
croupion.et couvertures supérieures de la.
queue rousses, ondées de noiràtre;; joues
noires , masquées de deux traits blancsd'un
au dessus .de l’œil et l’autre au dessous.
Gosier et devant du cou gris brunâtre.,
ventre. roux vif; Queue étagée, à pennes
voires,. bordées de roux. Les deux du mi-
lieu terminées par deux longs brins d’un
blanc pur; tarses jaunes.
140. L'oiseau-Mouche Gabriel ( ornés-
may Gabriel, Delattre). C’est près du pou-
chet et de l’auritus , que doit être: classé
cet oiseau, à calotte du plus riche: bleu
pourpré scintillant, Le plumage est: vert
luisant vif, que relève le blanc de Neige du
dessous du corps et de la queue, à partir
du menton. Le bec et les tarses sont noirs.
Les côtés de la tête et les joues sont d’un
noir de velours, que relève une bordure
vert doré, qui part du demi-bec inférieur
etse rend sur les Jugulaires. Parfois, à l’ex-
trémité de la plaque noire noire des joues
se montrent quelques écailles bleues. Les
ailes un peu moins longues que la queue,
sont brun-pourpré. Les pennes de la queue
sont étagées, d’un blanc de neige, les deux
_du milieu excepté, qui sont noires. Cet oi-
seau à 14 centimètres de longueur totale.
À. DELATTRE.
:10t ZOOPHYTES,
Observations su un nouveau genre de mc-
dusaires, provenant de la métamorphose
des Syncorynes ; par M. F. Dojardin.
. . , . 6
Depuis plusieurs années je conserve,
dans un grand nombre de bocaux, des
algues et des animaux marins vivants de
diverses localités; chacanide ces vases est
l’objet d’une série d'observations soigneu-
sement enregistrées - j'ai eu ainsi l’occasion
de noter une foule de faits intéressants sur
l'apparition et sur la disparition successive
ou alternative des êtres vivantsiäans eau
de mer plus où moins modifiéei par l'éva-
poration ou par l’addition denouvélle eau ;
j'ai vu même la putréfaction:s’y manifester
à plusieurs reprises sans détruire les œufs
ou les germes des animaux que l'on voit
reparaitre ensuite.
Au nombre des observations ainsi re-
cueillies se trouvent celles que j'ai l’hon-
1071
néur de présenter aujourd’hui à J’Aca-
démie et qui me paraissent surtout dignes
d'intérêt, parce qu’elies tendent à confir-
mer ou à compléter, en plusieurs points,
des observations analogues de MM. Sars,
Lœven, Nordman, Quatrefages, Van-Be-
neden, etc. Il s’agit en effet de la singulière
métamorphose de certains zoophytes pré-
cédemment rapprochés des hydres. et des
sertulaires, et qui ne sont que l’état de
larves des méduses que je vais décrire.
orAu mois de juillet 1841, dans, des bo-
£aux d’eau de mer de la Méditerranée con-
servés depuis le mois de mars 1840, je vis,
pour la première fois, sur les parois, un
petitzoophyte, voisin dessyncoryÿnes, formé
d’uve tige filiforme rampante épaisse d’an
cinquième de millimètre, revêtue d’une
enveloppe cornée et émettant çà et là
quelques rameaux terminés chacun par
une petite tête en massue; autour du ren-
flement de cette tête se-trouvent quatre
bras disposés en.croix avec une régularité
parfaite, ce qne je propose d’exprimer par
le nom de stauridie, pour désigner cette
larve de méduse. Les bras, longs de 1 mil-
limètre, sout terminés chacun par use
petite pelote hérissée de pointes charnues
et remplie de capsules spiculifères analo-
gues à celles des hydres, un peu plus lon-
gues, mais plus étroites. Ces mêmes cap-
sules se trouvent aussi dans l’intérieur des
tiges rampantes, où elles forment sonyvent
des rar gées presque régulières autour du
canal central; on en voit rarement quel-
ques unes éparses sur divers points de la
surface charnue, et, de même que pour
l'hydre, on ne peut admettre que ce soient
“véritablement des armes, car les pointes
qui hérissent les pelotes des bras ne cor-
respondent pas toujours au sommet des
capsuies. Ce sont des pointes molles char-
nues, analogues à celles des actinophrys
et des acineta parmi les‘infasoires, et arrê-
tant ou engourdissant de même; par leur
simple contact, les petits animaux qui
viennent les toucher en;nageant.
Les stauridies a rêtent ainsi des cyclopes
et les apportent à leur bouche, qui occupe
l'extrémité dela tête; cette bouche se dilate
considérablement et engloutit à la fois le
cyclope et le bras qui l’apporte, mais qui
se retire ensuite pour reprendre sa posi-
tion. Les stauridies, après avoir avalé ainsi
uue proie d’un volume égal au leur, sont
gonflées et déformées jusqu'à ce qu’elles
aient rejeté la dépouille du crustacé.
Chaque tête de la stauridie porte à sa
base plusieurs tentacules rudimentaires
plus courts, plus minces qué les bras et
sans capsules spiculiféres : c'est au même
endroit que doivent naître les médues :
un peu plus bas se voit le bord de l’enve-
loppe cornée de la tige qui, pour chaque
tête, forme une dilatation en entonnoir. La
structure intérieure paraît être analogue à
ce que M. Lœ ven a vu dans les syncorines,
‘et M. de Quatrefages dans l’éleuthérie,
mais on doit l’interpréter, je crois, autre-
ment que ces auteurs : en effet, on a ici,
“comme dans les bras des hydres, mais avec
plus de régularité, des lacunes entre les
étirements, de la substance charnue, mais
pas. de muscles ni de fibres distincts.
L'intérieur des tiges et des rameaux
résente un cordon de substance charnue
glutineuse qui ne tient que par des brides
assez distantes à l’enveloppe cornée; ce
cordon, rempli de capsules spiculifères, est
creusé d’un canal central dans lequel des
cils vibratiles très fins et flottants produi-
1072
sent un mouvement de tournoiement ou
de trapslation du fluide nourricier. Ces
cils vibratiles ne peuvent être bien vus que
si l’on exprime le contenu d’une tige cou-
pée en tronçons.
J'ai lieu de croire que les stauridies
peuvent se multipier indéfiniment par :
germination et continuer à vivre ainsi sous
cette seule forme, car j'ai pu les observer
pendant presque deux ans, dans les mêmes
vases, sur la même paroi, sans y recennai-
tre de bourgeons de méduse ; mais, dans
certaines circonstances, quand la nourri-
ture est assez abondante, on voit à la base
de chaque tête de stauridie deux ou trois
bourgeons rougeûtres dont le diamètre
s’accroit jusqu'à un tiers de millimètre
avant qu’on y puisse distinguer autre chose
que des rudiments de bras repliés vers le
centre, comme les parties d’une fleur dans
le bouton; un peu plus tard, ces bour-
geons prennent la forme des prétendus
polypes femelles de la syzcoryna sarsit ; 1ls
se composent d’une enveloppe urcéolée
diaphane, bordée par les huit ou dix bras
devenus plus distincts, et à chacun des-
quels se rend un canal partant du point
d'attache; à la base de chaque bras se
trouve un léger renflement et un point noir
oculiforme ; au fond de l'enveloppe ou
ombrelle se trouve une masse rougeûtre
contractée : c’est l’estomac, qu’on verra
plus tard s’allonger. L’orifice de l’ombrelle
est d’ailleurs formé par un diaphragme
contracule laissant une petite ouverture
centrale dilatable, à travers laquelle la
bouche viendra prendra sa nourriture; la
jeune méduse, arrivée à ce degré de déve-
loppement, et déjà large de 1 millimètre
en\iron, se contracte fréquemment par un
mouyement péristaltique que divers obser-
Vateurs ont signalé dans des organismes
analogues. Les bras s’allongent de plus en
plus ét sont déjà bifides quand Ja jeune
méduse va se détachcr de ja Stauridie; on
estalors frappé de l’analogie decet acalèphe
avec celui que M. de Quatrefages à décrit
sous le nom d'Eleutheria, sauf le nombre
des bras et la signification de l'estomac te-
nant la place des œufs décrits par ce natu-
raliste. C’est presque la même structure
pour l’ombrelle, pour les bras bifides ter-
minés par des pelotes,avecles mêmes points
culiformes et les mêmes capsules spicu-
liferes.
Mais la méduse de la stauridie, quad
elle est devenue libre, ne tarde pas à se
développer encore, grâce à la nourriture
plus abondante qu’elle va chercher elle-
même, et qu’elle sait arrêter au moyen de
ses bras ramifiés et garnis de pelotes nom-
breuses qui lui servent d’hamecçons; ses”
bras, ainsi ramifiés au pourtour de l’om-
brelle, doivent distinguer notre méduse de
toutes les autres, c’est pourquoi je propose
de lui donner le nom générique de Clado-
nème (Cladonema) ; Sa manière de s’étaler,
en s'appliquant contre la paroi du vase,
sera indiquée par le nom spécifique de
radiatum. Le cladonème, quand il a atteint
tout son développement, a son ombrelle
hémisphérique diaphane large de 2 millim.
50 cent., bordée par huit et quelquefois
par neuf ou dix bras, à chacun desquels
correspondent un canal venant du sommet
et un point oculiforme.
Chaque bras émet latéralement, vers sa
face interne, deux ou {rois rameaux sim-
ples, analogues aux bras de la stauridie,
ayant de même des cloisons et des lacunes
à l'intérieur, terminées par une pelote sem-
1073
blable , et servant comme autant de pieds
à l'animal pour se fixer et se, soutenir sur
le fond ou contre la paroi du. vase, Au
delà de ces deux ou trois rameaux,, leybras
se prolonge en s'amincissant. t.se subdi-
vise en deux, trois , quatre et jusqu'à.cinq
rameaux ou filaments noueux très contrac-
tiles et susceptibles de s’allonger. jusqu’à
6 millimètres. Chaque rameau ou filament
partiel présente dix à quiuze pelotes héris-
sées de pointes charnues et soutenues par
des capsules spiculifères, comme les pelotes
des premiers rameaux et comme celles. des
stauridies, mais plus petites. Si ces fila-
ments noueux flottant dans le liquide sont
touchés par quelqme: petit crustacé, ils
l’arrêtent tout à.coup,et par un mouve-
ment brusque de contraction ils le rap-
portent à Ja bouche, qui s’allonge pour le
saisir à travers l’ouverture du diaphragme.
L’estomac alors est lagéniforme,rougeûtre,
suspendu librement dans la cavité de l’om-
brelle, comme celui des océanies. Le pou-
tour de l'estomac présente cinq lobes: ou
cœcums peu saillants. La bouche qui le
termine est elle-même bordée par,@inq
tubercules globuleux. re
La structure intime de toutes ces parties
présente plusieurs particularités dignes
d'intérêt On voit bien les fibres transverses
entre les canaux de l’ombrelle, comme
aussi dans le diaphragme..pendaat la con-
traction. Les canaux communiquent tous
avec un canal: marginal,,+t montrent à
l'intérieur un mouvement yague de
circulation produit par des cils vibratiles.
Les capsules spiculifères,, qu'on.ne: voit
absolument que dans les. pelotes.des bras et
de leurs filaments, sont exactement des
mêmes que celles des stauridies;.et.se mon-
trent aussi à différents degxés.de -dévelop-
pement. L’analogie de.ces.capsules m'avait
conduit à présumer le rapport. qui unit les
cladonèmes et les stautidies avant que je
n’eusse. eu récemment la-conrmation de
ce xapport. VÉLE
J'avais vu, le 12 mai 1842;,.les premiers
cladonèmes dans ju, ase d'eau-de.mer-de
Saint. Malo, daus.lequel. depuis-huit mois
j'observais des, stauridies qui n'avaient pas
de bourgeons. Les cladonèmes disparurent,
etje ne les revis que le 12 septembre 1842,
dans un vase d’eau de la Méditerranée, qui
depuis quatorze mois m'avait montré des
stauridies sans bourgeons. Plusieurs autres
vases avaient tonjours des, stauridies vi-
vantes; mais enfin l'un,.d'eux, contenant
des algues recueillies ày Lorient le 23 sep-
tembre 1842, m'a montre tout récemment,
le 8 mai, une foule de cladonèmes à tous
les degrés de développement, soit sur les
stauridies, soit libres. Quelques-uns de ces
cladonèmes, placés isolément dans des bo-
caux avec de l’eau de mer, ont continué à
se développer jusqu’à présent, en dévorant
les cyclopes que je leur fournis chaque jour.
Il reste à savoir s'ils doivent produire
des œufs, et si les cœcums entourant l’es-
tomac ne doivent pas tenir lieu d'ovaires.
Les cladonèmes sont tantôt immobiles,
couchés sur le côté et faisant flotter leurs
filaments ; tantôt ils sont fixés et soutenus
contre les parois par les pelotes des ra-
meaux inférieurs de leurs bras, et abrssils
étendent leurs filaments'commetartant de
rayons ; tantôt ils se meuventpar saccades,
en contractant vivenient:leur #mbrelle :
alors les bras:et l’estomagrsontie plas-sou-
vent contractés; quelquefois enfin ils sont
soutenus dans le liquide par une bulle d'air |
logée au fond de Fombrele , et qu ils ont |
vive Jüumières ils peuvent alors étendre
bien davantage tous leurs filaments, et
c’est-un signé certain qu'ils sont affamés.
Mais ils-savent ensuite se débarrasser de
|: éétte bulle d'air quand elle ne leur est plus
| nécessaire.
D’après ces détails, on concoit que le
- cladonème doit être rangé dans la famille
- des océanides, parmi les méduses ou disco-
107%
_ prise sur làmatière verte frappée par une
:
j
|
phores cryptocarpes d'Eschscholz; il se
rapproche surtout des océanies, des thau-
- mantias et des cytæis, qui vraisemblable-
ment doivent tous avoir le même mode de
développement et des métamorphoses ana-
: Togues; mais il en différé par le nombre de
ses tentacules ou cirrés._et surtout par les
ramifications de ses organes.
see
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉCANIQUES.
| Machine à faire les biseaux sur des planches
al de cuivre.
LD
L
| PIHOn$ait que pour souder les feuilles de
cuivre qui sont destinées à former des
tuyaux, il faut abattre sur les bords oppo-
sésau chanfrein qui, lorsqu'il se fait à la
main, devient très coûteux, parce que les
ouvriers: en font peu d’une part, et que de
l’autre onusétine grande quantité de limes.
On vieatide Débfistruire üne machine fort
simple pour fémplacer ce travail.
Cette machiñé consiste en une fraise co-
nique ; monté Sur un axe de rotation rece-
vant son imôuvement par des engrenages,
| défmianière à pouvoir faire 3 à 400 tours
©
eo
Ë
D ACT
par minute ; la feuille‘ de cuivre dont le
bord doit être raboté par la fraise, est posée
sur une‘tablé- horizontale dont un côté,
celui qui correspond à ce bord, présente
une saillié en‘équerre, mais dans une di-
rection inclinée, par‘rapport à la ligné d’axe
de la fraïsé ; il en résulte que lorsque la
fraise tourne, et que la feuille avance,
_ celle-ciest obligée de‘marcher obliquement,
touten restänt horizontalé, etse trouve ainsi
constatiment attaquéé par les dents de la
fraise, sur lé bord même qui doit être chan-
freiné. (°-
Cette disposition a été adoptée, il ya déjà!
-pluSieurs'ännées, par MM. Derosne’et Cail,
qui, s’occupant beaucoup d'appareils en
Cuivre pour les sucreries, ont dû des pre-
_miers chercher à établir une machine sim-
plé et pouvañt remiplacer, avec un avantage
“notable, le'travail'manuel.
| 2 Térobees 71077 ARMENGAUD AÎNÉ.
ARTS CHIMIQUES.
Historre des opérations de teinture.
(Deuxième article.)
Vers le milieu du seizième siècle, l’art
de la teinture commença à s’introduire en
France. Gilles Gobelin créa un établisse-
ment à Paris, dans ce lieu qui porte son
nom. On regarda cette entreprise comme
1075
brûler tout celui qui se trouvait alors en
Angleterre. Ce n’est que sous Charles II
que l’emploi en fut permis. Quant à l’in-
digo, on l’interdit non seulement en An-
gleterre, mais encore en Allemagne et en
France, sous des peines sévères, parce
qu'on regardait cette couleur comme très
passagère et même corrosive; on l’appe-
lait, dans l’ordonnance qui fut rendue en
Saxe contre son emploi, l’aliment du dia-
ble. À Nuremberg, les teinturiersjuraient
tous les ans de ne teindre en bleu qu’avec
le pastel. Ce ne fut qu’en 1737, d’aprèsles
essais de Dufay, que son usage devint libre
et général en France.
Enfin, avec le dix-huitième sièele s’ou-
vritune ère nouvelle pour la plupart des
arts chimiques et surtout pour la tein-
ture. Protégés d’une manière particulière
par le gouvernement, qui sentait le besoin
d’affranchir le royaume des tributs oné-
reux payés aux teintureries du Levant, les
industriels français s’attachèrent à imiter
ces belles couleurs que les Grecs seuls
avaient le secret de préparer. En 1747,
trois particuliers dont les noms méritent
d'être cités et conservés, Pesquet, Hou-
dard et D’Haristoy, attirérent en France
des teinturiers grecs, et formèrent deux
établissements pour la teinture du coton
en rouge des Indes, l'un à Darnetal, près
Rouen, et l’autre à Aubenas, en Langue-
doc Neuf ans après, un autre particulier,
nommé Flachat, qui avait séjourné long-
temps dans le Levant, ramena des ou-
vriers, et établit une teinlurerie à St-Cha-
mond, près Lyon. Leurs procédés ne tar-
dèrent pas: à être connus, et en 1765, le
gouvernement les fit recueilir et publier.
Dès lors plusieurs établissements se for- |
mèrent dans le midi et le nord de la Fran-
ce, mais plus particulièrement à Rouen et
aux environs," où cette isdustrie fit bien-
tôt des progres étonnants et d’où elle se ré-
pandit ensuite en Alsace, en Suisse et en
Allemagne.
Ce sont deux Rouennais, MM. Arvers,
pharmacien, et Saint-Evron, teinturier,
qui imaginérent, en 1735, d’ayiver le
rouge des Indes au moyen d’un sel d’étain,
et qui donnerent ainsi à cétte couleur l’é-
clat etle reflet qui lui assurent une supé-
riorité marquée sur les tissus teints dans
le Levant et dans les Indes. C’est encore
un Français, Papillon, qui introduisit en
Angleterre les procédés de teinture en
rouge.
De 1762 à 1774, un Persan, Jean Althen,
_introduisit la culture de la garance dans le
territoire d'Avignon et dota ainsi le midi
de la France d’une industrie qui devait
plus tard acquérir de tels développements,
qu’année commune, le département de
Vaucluse récolte pour vingt millions de
francs degarance.
En 1775, le chimiste Banoroff faisait
connaître en Angleterre l’écorce de quer-
citron, si précieuse pour la teinture en
jaune. Un acte du parlement lui en accor-
da l’emploi exclusif pendant un certain
nombre d'années. Bunel, de Rouen, eut
ensuite un privilége pour vendre cette ma-
tière tinctoriale, dorrt l'usage est devenu si
général. ;
C’est à la fin du dix-septième siècle, ou
vers le premier tiers du dix-huitième, que
fut importé en Europe l’art de fabriquer
les toiles peintes (1). Ces toiles, connues
(1) L'époque précise de l'introduction en Europe
de la fabrication des indiennes rest pas très bien
1076
sous le nom de perses et d’indiennes, n’a,
vaient d'imprimé que le trait; les sujets,
étaieñt coloriés au pinceau, opération lon-
gue et dispendieuse qu’on remplaça en
Europe par l'impression, à l’aide de plan-
ches gravées (2). :
Ce genre d'industrie fut introduit ‘én
France! vers 1740. Les fabriques d’in-
dienues s’établirent d abord à Paris et dans
ses environs, puis à Orange, à Marseille,
Nantes et à Angers. La manufacture:de
Jouy, près Versailles, fut créée en 1759,
par le célèbre Oberkampf, et presque en
même temps, le Genevois Frey et le Bol-
béquais Abraham Pouchet, élevèrent les
deux premières fabriques d’indiennes que
la Normandie ait possédées, à Boudeville,
près Rouen. Derille, Maromme, Ba-
paume, Darnetal'et Bolbec suivirent bien-
tôt cet exemple: Mais des réclamations
énergiques s’élevèrent de tous les points de
la France contre cette fabrication et l’u-
sage des cotonnades imprimées qui de-
vaient, disaient toutes les chambres de
commerce, ruiner les autres industries
appliquées à la confection des tissus. Heu-
reusement le gouvernement fut sourd! à
cés plaintes, qui bientôt cessèrent à lag
pect des immenses avantages que ‘Procu-
raient au pays les manufactures d’indién-
nes. L'abbé Morellet eut la gloire de hâte
par ses écrits, ce mouvement de Topi-
nion.
PDDKE> ———
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Rapport fait au congrès archéologique de
Poitiers sur la collection de madame de
la Sayette, par M.de la Sicotière:
Messieurs ,
Jai cédé aux instances de quelques-uns
de vous, et jé vais vous parler en peu de
mots de notre visité à |a magnifique collec-
tion d’objets'd’art et de curiosité de ma-
dame de la Saÿette. Décrire ce que nous
avons vu éérait impossible. Au milieu de la
quantité d'objets qui composent cette col-
lection, ‘et °qui°rivalisent d'éclat, de ri-
chesse-et de rareté; dans cette confusion si
bien rangée, de trésors de tous les genres et
connue, Auderson prétend que cet art fut importé
en Angleterre vers 1676. M. James Thomson, de
Primerose, avance que la première fabrique d’in-
dienne établie en Angleterre fut élevée sur les bords”
de la Tamise, à Richmond par un Français, qui
probablement était un des réfugiés de la révocation
de l’édit de Nantes. D’après cette assertion la France
aurait connu avant l'Angleterre, l’art d'imprimer sur
toile. Gependantla plupart des auteurs qui ont écrit
sur ce sujet donnent des dates bien plus récentes. à
cette remarquable importation. ;
(2) Les Indiens n’ont apporté aucune améliora-
tion à leurs procédés de fabrication, ils sont en-
core aujourd'hui, à peu de chose près, ce qu'ils
étaient dans l'antiquité, Leurs couleurs sont belles
et solides; la variété de leurs dessins et le grand
nombre de couleurs qu'ils savent:fixer sur le coton ;
donnent à leurs toiles . peintes; une grande valeur.
Mais ieurs moyens d'appliquer ces couleurs sontes-
cessivement longs et grossiers, comparativement aux
nôtres. À Java, en Chine et dans quelques autres
contrées de l'Asie, voici comment on procède : la
peinture des toiles est faite à la main par dés fêm-
mes et des jeunes filles. Elles couvrent défie toutes
les parties de l’étoffe qui ne doivent pas prendre la
couleur. La pièce ainsi enduite passeidans les mains
du teinturier, (qui la plonge dans le bain colorant;
dès qu'elle est sèche, elle revient dans les mains
des peintres qui enlèvent la cire sur les parties qui
doivent prendre une autre couleur, et ainsi de suite
jusqu'à ce que ce minutieux travail soit terminé,
On ne peut qu'admirer la précision avec laquelle il
est exécuté par des femmes et des enfants,
1077 1078 | 1079,
de toutes les époques, l’œil voit trop de lante des pieds du défunt, étavee ces 2"
choses pour en saisir aucune : il se fâtigue faibles débris, qui deviennent :bremtôtrle |! M
et ne se rassasie pas d'admirer. Puis, Sily sujet de cérémonies toutes fortridicules, ! M
a un langage pour exprimer les besoins or- le dévin, d’un ton doctoral}/"dénofcelle
dinaires de l’homme et caractériser les ob- prétendu malfaiteur | véritable abrétdecl
jets qui se rapportent à ces besoins, je n’en mort qu'il doit subir au miliéw d’ün(égrando(
connais pas, je l'avoue, pour rendre ‘ces feu, et aux cris de cette foule pleine :d'au2 14
élégantes et fragiles merveilles que lon dace et d’irritation. Jamais je ne pourrai
craint d'effacer d’une haleine, ‘de terair
oublier les horreurs que dans une pa-
d’un regard. Imaginations qui ont pris un reille circonstance on fit souffrir à une
corps, songes réalisés, fantaisies charman: pauvre et vieille femme qui, au dire du'de-!
tes qui feraient presque oublier leSÿnibolé, vin, se trouvait impiiquée dans K/mort!!!
voilà ce que nous avons vu, ce que je vois d’un gulmen ou noble du pays ; 5essoufzu:
cueil qu'a bien voulu nous faire madame
de la Sayette. Plus belle collection ne pou-
vait assurément tomber entre des mains
plus dignes de la posséder; lordonnance
ne pouvait en être plus charmante et de
meilleur goût; les honneurs ne pouvaient
être faits avec plus d’obligeancé et de grâce.
Madame de la Sayette sait se faire pardon-
ner son bonheur même dés colléction-
neurs, et c'est, je vous le jure, mes-
sieurs, chose bien difficile. He
GÉOGRAPHIE.
encore; — et, le voyant, coment en frances durérent plus d’une demi-heure! ::
parler ? Fragment d'un voyage dans le Chiliet au | et ce ne fut qu'après ce temps qu'on Jasail
Le cabinet de madame de Ja Sayette,
formé depuis peu d'années seulement, est
assurément l’un des plus riches de France.
Je ne vous parlerai pas des minéraux, des
fossiles, des coquilles, ‘dés:oiseaux qu'il
renferme en grand nombre; pas même des
objets vraiment antiques qui s y trouvent, |
et qui seraient remarqués partout ailleurs.
Ce que le moyen âge, la renaissance, les
siècles de Louis XIV et de Louis XV ont
produit de plus élégant, de plus adorable-
ment coquet, de plus.savamment gracieux,
s'y trouvé à profusion. Ici les bahuts ad-
mirablement sculptés, là, des meubles in-
crustés en cuivre, en écaille, en plomb, en
ivoire, en ébène. Les émaux ÿ tiennent
une magnifique place ; le nombre etda va-
riété en sont infinis, depuis les lonvtes,
roides et austères figures byzantines, jus-
qu'aux tabatières les plus ravissantes, aux
plus déiicieux médaillons, aux plus jolis
amours, aux moutons les plus apprivoisés,
auxquels madame de Pompadour ait ja-
mais donné l'hospitalité de son boudoir,
en passant par ce que lltalie et Limoges
nous ont laissé de plus brillant et de plus
beau. Plus loin, ce sont des poteries, et
quelles poteries, messieurs !Îe Japon avec
ses fleurs incroyables ; là Chine avec ses
monstres impossibles ; Faënza et ses ma-
gnifiques assiettes; Sèvres ét $es porcelai-
nes royales; la Saxe et ses divines statuet-
tes; l’Angleterre et ses imitations presque
inimitables.. Bernard de Palissy enfin |...
Je ne sais si ce plat couvert d'animaux
rampants, serpents, grenouilles, lézards,
de fleurs et de fruits, si riche de forme et
-de couleur, est celui pour la cuisson du-
‘quel le grand artisie a brûlé ses meubles,
sa table et son lit... en vérité, c'eût été bien
pardonnable! Et ce baptème de N.S$., et
le lavement des pieds? qu’en dire qui soit
digne d'eux? Que dire aussi, messieurs, de
ces miroirs de Venise aux encadrements
larges et sévères, de ces tables, pieds
sculptés à jour en double vis, de ces seriu-
res qui appelleraient les voleurs au lieu de
les éloigner, de ces albâtres aux attitudes
naïves, de ces ivoires si délicatement ci-
selés? Tout en est beau, trop beau peut-
être... car le découragement, à cette vue,
se mêle à l'admiration, Je finirai, messieurs,
- par quelques mots sur des objets qui, inde-
pendamment de leur. mérite intrinsèque,
réunissent de précieux souvenirs. Voici les
heures manuscrites dont se servait pour
rier la.guchesse de Bretagne , Isabeau
d’Ecosse.;de.flambeau en forme de pagode,
orné de.gharmantes statuettes, qui éclaira
peut-être les amours de Diane de Poitiers;
ile caince offrant la tète du Sauveur, que
portait madame de Maintenon; Je calice
enivoire et ses accessoires, qui décoratent
une des chapelles de Louis XIV... Je m'ar-
rête, messieurs : je n'ai plus qu'à exprimer
notrereconnaissance pour le gracieux ac-
Cusco, patrie des''änciéns Incas; par
jeta dans un grand °brasiér, où elle-fut
Claude Gay.’
bientôt réduite én éétidres.
La position malheureuse de ces super-
stitieux sauvages n’a rien cependant qui
doive nous étonner; car si nous ouvrons
nos propres annales, nous verrons queces. M
mêmes croyanceseet préjugés existaientchez M
les anciens Juifs, qui étaient persuadés que’!
le démon:seul tourmentait les épilepti= "14
ques, et quelques uns parvenaïent, disait: 108
on, à faire sortir des couleuvres, vipères et 118
autres reptiles du corps des ensorcelés. Et:h11&
sans remonter à cetle vieille époque, n’a- >} #
L-on pas vu au dix-septième siècle, en An- M
gleterre et en Allémagne, des milliers de
personnes brülées vivantes, par ce qu’elles
étaient soupconnées d’avoir Sas chntéhi-
gences secrètesravec,Jes diablés 2 Æt fême
ces croyances n’existent=ellesfas encore
dans certaines parties de ’Europe, où les
pierres et les. amulettes sont encore en
grande vénération® Ainsi; ices levuütames
barbares n’appartiennent pas seulementià .!
l'ces sauvages, puisque es nations’ les plus 12
‘illustres en signalent encoretdé fortèstra-: "|
ces. Il en est de ‘même desaütres cou-
tumes ; et lorsque le voyageéärtphilosophe
’étudiera les mœurs. des /Indiéns’ sous un
point de_ vue rationnel et#eomparatif, il
vérra que, notre intelligence, tpresque-ins-
tinctive à: cet égard, armarché à:peu près
sur'lé même. planmidanseles: (prémières
phases de notre civilisations #41 19907
ps (Sovietérde géogr'aplie.)
EE TE PE EE EE EE)
Le Rédacteur-Gérant:
C.-B. FRAYSSE,
(Troisième article. )
Les Puelches ont une religion très simple
qu'ils professent même avec la plus grande
indifférence, Les seuls monuments religieux
que j'ai eu occasion de voir sont des peou-
| tous, espèces de fétiches naturels repré-
sentés par des rochèrs accidentés ou par
un,.chemin étroit. coupé naturellement sur
la pente d'une montagne : placés dans des
endroits très écartés, ï1$ ne les vénèrent
que par occasion, et lorsqu'ils vont les
consulter pour savoir s'ils doivent vivre
longtemps. À cet effet, ils font certaines
expériences que dicte la forme ou la na-
ture da peoutoué, et la réussite de cette
expérience leur donne la solution du pro-
blème. Du reste, ils sont tont à fait sans
culte.et ne manifestent d’autres sentiments
religieux que celui de jeter, avant de boire,
une partie de la chicha où boisson conte-
nue dans le verre, cérémonie toute pas-
sive, qui nous rappelle jusqu'à un certain
point,ces sortes de libations qué faisaient
les anciens Romains dans des circonstances
à peu près semblables. FE tes
L'idée d’uné Vie éternelle ne leur est pas
étrangère; 1ls croient à limmortalité de
l'âme, et.la mort n’est pour eux qu'un
voyage d'outre-mer pour aller habiter des
Îles plus où moins agréables. Is n'ont ni
prêtres ni ministres religieux, mais des
doungoubé ou. dévins, et des machis,
espèces de médecins, dont les devoirs sont
de chasser le grand huecuvu, esprit mal-
faisant, et cause première de toutes les ma-
ladies qui affligent le genre humain. Pour
arriver à ce but, ils emploient le bruit des
tambours, les houras des enfants, les cris
de douleur et d’excitation des parents, en-
fin tout ce que peuvent inventer la frayeur
et la crainte. Le machi, de son côté, con-
jure le huecawu, soit en suçant la partie
malade du souffrant, soit en chantant au
son de la huassa des conplets de plainte et
de malédictions; quelquefois encore, pour
apaiser la tenacité de sa colère, il immole
un animal à livrée voire, et suçant son cœur
;tout-palpitant, il en asperge le malade et
“toutice qui l'entoure.
Cette cérémonie toute superstitieuse,
n'obtient pas toujours les résultats desirés;
assez souvent le malade meurt, et dans ce
cas on fait venir un doungoubé ou devin
pour qu'il fasse connaître l'auteur de cette
mort : car.cet, événement n'est jamais na-
turel pour eux; il est occasionné par quel-
que personne de la tmbu, esprit malfaisant,
véritable sorcier dont la société doit faire
une prompte et terrible justice! Il y a de
cesdoungoubé d’uneréputation telle, qu’on
va les consulter quelquefois à plus de cent
lieues ; à cet effet on leur porte un peu des
sourcils, des ongles, de la langue et de la
FAITS DIVERS: 1402 0
— La gabarre l’Æxpéditive, commandée par
M. de Guesnet, lieutenant de vaisséaü, vient d'entrer .
au Havre, chargée des) préduns déll'éxploration M
scientifique de M. Texier surles vôtes de FASie=Mi-
neure. Parmi les objets les plus remarquables, ot ?
cite un sarcophage antique, d'une grande beauté-et198
la frise presque entière du temple de Diane, à Ma-
gnésie. Ce temple qui passait pour étre plus beau
que celui d'Ephèse dont il n'était éloigné que de
quatre lieues, avait été renversé par un tremble-
ment de terre dans les premiers siècles de l'ère
chrétienne. Les quatre faces du! temple avaient été
jetées en dehors. L'une était tombée sur un terrain
sec, le marbre a été détruit dans le moment mème
ou par la suite. Les trois autres faces s'élaieut en-
foncées dans des terrains humides où le marbre s’est
parfaitement conservé. Ge sont ces trois faces qui ont
70 mètres sans fraction el sans interruption: quel'on
vient de recouvrer et de recucillir après un assez
grand travail de fouilles conlrarié par des obsties
de tout genre. \\\?
D 2
NOTES ÉCONOMIQUES kür Padthinisation d>s
richesses et la slalistique agrivals ide France ;p ay
C.-E. Royer, À Paris, au bureau du Monifeur de!u
propriété, quiaiVehaite ; 2 bebist LL
JTE Ti
HOUR
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MARSTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michet, 33,
|
{
|
10 année.
Paris. — Dimanche, 18 Juin 1843.
| De
N° 46,
L'ECHO DU MONDE SAVANT
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES. -
en
L'Ecxo DU MONDE SAVANT parait le JEUDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
- de M. le vicomte A. DE LAVALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PAnis, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:S pour un an 25 fr., six mois 43 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr.,16 fr.
- 8fr. 50. Al'ÉTRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉHO DELA LITTÉ-
BATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHO1818 du mois (qui coûtent chacun 10 fr. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAY%SSE: gérant-administrateur.
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES
PHYSIQUE, Sur la théorie de la pile voltaïque;
Louis-Napoléon. — ASTRONOMIE. Attaques
contre Newion au sujet de son système d’attrac-
tion universelle. — GÉOMÉTRIE -DESCRIP-
TIVE. Sur la substitution des plans topographi-
ques à des tables numérique; à double entrée,
sur un nouveau mode de trausformation des coor-
données et sur ses applications à ce système de
tables topographiques ; L. Lalanne: = "SCIEN=
CES NATURELLES. PHYSIOLOGIE - ANI-
BIALE. Des fonctions des lobes thyroïdes des
mammifères et du corps thyroïde dans l'espèce
humaine; Maignien. — ZOOLOGIE. Index or-
nithologique; Lesson. -— BOTANIQUE. Physio-
logie végétale sur la fécondation du pollen con-
servé. — SCIENCES APPLIQUEES. SOCIETÉ
D'ENCOURAGEMENT, séance du 14 join ; Fran-
cœur. — ARTS CHIMIQUES. Histoire des opé-
rations de teinture. ÉCONOMIE AGRICOLE. De
quelques engrais et dé leur emplois. — ANIMAUX
DOMESTIQUES. Des races de chevaux et de
bœufs de l'Anjou. — SCIENCES HISTORI-
‘QUES. ACADÉMIE DES SCIENCES MÜRALES
ET POLITIQUES. Séance du 40 juin. — CGL-
LÉGE DE FRANCE. Cours de M. Quinet. —
ARCHÉOLOGIE. Congrès archéologique de Poi-
tiers. — GÉOGRAPHIE. Voyage au Chili ct à
Cusco; Claude Gay.—FAITS DIVERS. — B1-
BLIOGRAPAIE.
nt
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE.
Sur La théorie de la pile voltaique (1). (Ex-
trait d’une lettre du prince Louis-Napo-
léon à M. Arago.)
Fort de Ham, le 23 avril 1845.
L'idée que je vous soumets aujourd’hui
esbrelative à une théorie que j'ai concue
des fonctions de la pile voltaïique.
La source de l'électricité galvanique a été
attribuée par Volta au contact de deux mé-
taux dissemblables. Davy à partagé cette
opinion ; mais depuis, des savants, etentre
autres l’illustre Faraday, ont émis l'opinion
que la décomposition chimique des métaux
était la seule cause de l'électricité.
… Adoptant cette dernière hypothèse , j'ai
raisonné ainsi : Comme dans la pile il n'ya
jamais qu’un des deux métaux qui soit
oxidé , si l'électricité n’est duequ’à l’action
chimique, le second métal ne doit jouer,
dans cet accouplement, qu’un rôle secon-
daire. Quel est ce rôle? c’est, je crois,
attirer et de conduire l'électricité dévelop-
pée par le premier, d'une manière analogue
æce qui se passe dans la machine électrique
ordinaire. En effet, dans celle-ci, l’électri-
"cité dégagée par le frottement traverse un
milieu conducteur imparfait, qui est l’air,
“etestattirée et conduite par un conducteur
parfait, qui est le métal. Dans la pile, l’é-
lectricité produite par l’oxidation d’un mé-
‘tal quelconque traverse un milieu IMmpar =
fait conducteur, qui est le liquide , etestre-
cueillie ettransmise par un conducteur par-
fait, qui est le métal adjacent.
Cette idée m’ayant paru si claire et si
simple , je cherchai le moyen d'en prouver
l'exactitude par l’expérience, et je fis cet
autre raisonnement : S’ilest vrai qu’un des
deux métaux employés dans la pile ne serve
que de conducteur, on pourra le remplacer
par un métal identique à celui qui s’oxide,
pourvu qu’ilsoit plongé dans un liquide qui,
tout en permeltant à l'électricité de passer,
n’attaque pas ce métal.
L'expérience est venue confirmer mes
prévisions. Je construisis deux couples, sui-
vant le principe des piles à courants con-
stants de Daniell , maïs avec un seul métal;
je plongeai un cylindre en cuivre dans un
liquide composé d’eau et d'acide nitrique,
le tout contenu dans un tube en terre po-
reuse, et j'entourai ce tube d'un autre cy-
lindre en cuivre, plongeant dans de l’eau
acidulée avec de l'acide sulfurique, mé-
lange qui n’attaque pas le cuivre. Ayant
établi les communigations, comme on le
pratiqueordinairement, je décomposai avec
cette pile de deux-couples, de l'iodare de
potassinm dissous, et, ayant placé aux
extrémités des pôles deux plaques en cuivre
plongeant dans une dissolution de sulfate
du même métal, je recueillis au pôle qui
était en rapport avec le cuivre attaqué, un
dépôt de cuivre.
Je fis une seconde expérience avec du
zinc seulement. Je mis dans le tube poreux,
du zinc avec de l’eau et de l'acide sulfu-
rique , et j'entourai ce tube d’un autre cy-
lindre en zinc plongeant dans de l’eau pure
tiède. Avec deux couples semblables, je
décomposai également l'iodure de potas-
sium, et j'obtins, en prenant les précautions
nécessaires, un dépôt de cuivre au pôle qui
étaiten relation aveclezinc attaqué, comme
précédemment.
Enfin, je renversai l'ordre habituel des
métaux, et mis le cuivre dans le centre
d’une auge plongeant dans de l’eau et de
l'acide nitrique, et j’entourai le tube po-
reux d’un cylindre en zinc plongeant dans
de l’eau pure, et j'obtins ainsi une pile
assez forte.
J'aurais voulu pouvoir mesurer avec soin
les différeates forces des courants électri-
ques produits, mais il m’a été impossible
de le faire , faute d’un galvanometre. Mes
efforts ponr en construire un ne réussirent
pas, parce queles aiguillesaimantées furent
toujours déviées par l'attraction des bar-
reaux de fer qui entourent mes fenêtres.
Cependant, d'aprés les expériences que
j'ai pu faire , il me semble démontré :
41° Que dans la pile, la cause de l’électri-
cité est purement chimique, puisque deux
métaux ne sont pas nécessaires pour pro-
duire un courant :
2° Que le métal qui n’est pas oxidé ne
fait que transmettre l’électricité ;
3° Enfin, que chaque métal est positif
ou négatif (anode ou cathode) à lui-même
ou à d’autres, isuivant le liquide dans le-
quel on les plonge,
Je vous transmets, monsieur, ces ré-
flexions avec une extrême réserve, car je
n’ai point fait de la chimie et de la physique
mon étude spéciale, et c'est seulement
l’hiver dernier que, pour abrégerles heures
de ma captivité, je me suis livré à quelques
expériences en étudiant avec le plus vifin-
iérêt les ouvrages des hommesillustres, etc.
(5) Quoïque le prince Napoléon ait été précédé
par M. Bécquérél dans la construction d’une‘pile
composée d'éléments d’un seul métal , nous croyons
dévoir publier sa lettre: la netteté des raisonne-
ments et des résultats justifiera notre détermination
aux yeux ‘dei lout le monde.
Nous recevons d’un de nos abonnés une
lettre que nous croyons devoir publier par
des motifs dont nos lecteurs apprécieront
la délicatesse. L’attaqûe qu’elle renferme
contre les croyances scientifiquesique nous.
professons nous oblige tout d’abord-ïdé-\
clarer que nous n’entendons aucunement *
être responsable de son content, sans pour
cela prétendre que tout a été dit, etqu'it.;
n'arrivera pas peut-être un jour, low quel: *
ques unes de nos vérités actuelles seront à:
leur tour des erreurs. Tes
Avignon, le 8 juin 1845,
« Monsieur,
» Dans le Mémorial encyclopédique de
juin 1841, j'ai vu, page 380 (1), queM. A.
de Sainte-Barbe se proposait de publier un
ouvrage « dans lequel, dites-vous, il pré-
» tendrait prouver que le soleil n’est pas
» fixe; que la terre est immobile; que les
» lois d'attraction et de répulsion inven-
» tées par Newton sont autant d’er-
» reurs, etc. » Cet article me fournit l’oc-
casion de déclarer que dans un ouvrage
que je fis imprimer en 1831, sous le titre
de Ærreurs dévoilées des physiciens mo-
dernes dans l'explication des phénome-
nes, etc., et dont j’eus l'honneur de vous
adresser un exemplaire quelque temps
après, il est fait mention, surtout à la
page 322 et suivantes, du système altrac-
tionnaire du savant anglais que je com-
bats, non sans de grandes raisons. Depuis,
j'ai terminé un autre ouvrage sur l'astro-
nomie que j'ai joint au premier, augmenté
de plusieurs articles que j'avais laissés dans
mon portefeuille, et j’aiintitulé le tout :
De la Recherche du vrai dans les sciences.
Comme je suis dans ma quatre-vingt-
(1) L'ouvrage de M, À. de Sainte-Barbe a été
simplement par nous annoncé dans le Mémorial et
dans l’Echo du monde savant à l’article Bibliogra-
phie, S
1083
deuxième année et que je ne puis savoir
quand il me sera possible de le faire 1m-
primer, j'ai, en attendant. déposé une co-
pie de mon manuscrit au Musée Calvet, de
cette ville d'Avignon, en deux gros volu-
mes in-4° avec huit planches de figures.
Dans ce dernier ouvrage, Je continue mes
attaques contre Newton, principalement
au sujet de son systeme de l'attraction uni-
verselle, et je fais voir qu’elle est la vraie
cause du flux et du reflux de la mer, la-
quelle ne dépend nullement des forces pré-
tendues de la lune et du soleil, ainsi que
le soutient le géomètre anglais; que la
terre ne voyage pas dans l’espace, mais vé-
ritablement le soleil, notre globe ayant
seulement un mouvement de circonvolu-
tiun autour de son axe pour l'alternative
du jouret de la nuit, avec deux mouve-
mêns sur ses pôles, produisant soit l’aber-
ration et la nutation, soit la précession des
équinoxes ; que la moindre vitesse appa-
rente du soleil, l'été, ne dépend point,
comme le disent les nouveaux astrono-
mes, d’un ralentissement dans la marche
de la terre, mais réellement de l’excentri-
cité de celle-ci qui, n’étant pas au point
central des orbites planétaires, s’en trouve
éloignée d’une certaine quantité; d’où il
s'en suit que le soleil ne parcourt pas une
éllipse, mais un véritable cercle, et que la
différence entre les distances de cet astre,
l'été et l'hiver, n’est pas de 1739 comme on
le prétend, mais de 1715, ainsi que l’ont
cru les anciens astronomes, et comme doi-
vent le démontrer les observations moder-
ñhes qu’on a mal interprétées; que la terre
n’est pas aplatie sur ses pôles, mais un peu
allongée et un peu renflée vers le pôlenord,
ce qui fait le sujet d’un long article que j'ai
divisé en trois paragraphes. On pourra sans
doute actuellement regarder encore comme
absurde cet allongement de l’axe; mais ce-
pendant c’est une vérité qu'ont déjà entre-
vue quelques auteurs d’après les mesures
connues des diverses parties du méridien
terrestre, et qu’on regardera enfin comme
incontestable quand on voudra y réfléchir
mürement en cessant de vouloir tout aper-
cevoir par les yeux de Newton, quoiqu’on
soit Français et non Anglais, et aussi en se
ressouvenant qu'on a déjà prouvé qu’en
fait de théories scientifiques le faux pou-
vait être calculé commele vrai, ce qui
n’est pas à l’avantage des opinions new-
toniennes qui sont basées sur le calcul et
sur de vaines et commodes suppositions.
» Il serait trop long d’énumérer ici tou-
tes les autres erreurs que des réflexions
longues et tenaces m’ont fait reconnaître
dans les explications données .des, divers
phénomènes astronomiques; maisje.ne suis
pas de l'avis de M. A... de Sainte-Barbe
qui ne donnerait que 6,000 lieues à la dis-
tance qui nous sépare de l’astre du jour, et
je fais voir dans mon ouvrage, et d’après les
phénomènes que je cite, et que sans doute
:ce savant n’a pas bien examinés, que cet
astre est beaucoup plus éloigné de nous, et
que cet éloignement est de 341,101 lieues,
compte rond.
» Je ne-sais ce que peut avoir pensé sur
tous ces-points M. A... de Sainte-Barbe,
mais }'aiélé bien aise de vous faire part de
l'exposé d'une partie de mon dernier tra-
vail, afin qu’on ne puisse pas me taxer de
plagiat, sije venais à faire imprimer mon
manuscrit que j'ai terminé en 1840.
» Je vous prie, Monsieur, de vouloir
bien m'excuser si cette lettre est si longue.
1084
Vous pouvez en faire l'usage qu’il vous
plaira ; mais je vous demanderai une grà-
ce, c’est que, pour cause, celte lettre pût
être déposée dans vos cartons.
» J'ai l'honneur, etc.
P'° BREMOND.
GÉOMETRIE DESCRIPTIVE.
Mémoire sur la substitution de plans topo-
graphiques & des tables numériques à
double entrée ; sur un nouveau mode de
transformation des coordonnées, et sur
ses applications à ce système de tables to-
pographiques ; par M. Léon Talanne.
On a employé depuis longtemps, avec
succès, la construction de courbes planes
pour représenter la liaison mutuelle qui
existe entre deux éléments variables. Cette
représentalion graphique a des avantages
qui lui sont propres, surtout lorsqu'il s’agit
de caractériser, aussi complétement que
possible , une loi naturelle qui n’est connue
que d’une manière empirique. Les courbes
de mortalité offrent un des exemples les
plus remarquables de ce genre, parce que
la mesure directe des ordonnées, des aires
et des centres de gravité de certains seg-
ments de courbe y est employée utilement
dans la recherche de la vie probable, de la
vie moyenne, de l'dge moyen de la popu-
lation, etc.
x
Il était naturel de chercher à étendre à
trois éléments variables l'application qui
se présente immédiatement lorsqu'il n’y en
a que deux ; et si cette extension n’a pas
été faite jusqu'à ce jour, cela tient proba-
blement à ce que l'on n'a pas pensé à se
servir du procédé aussi simple qu’élégant
que l’on emploie sur les plans topogra-
phiques pour représenter le relief du ter-
rain. Ce procédé, inventé par Ducarla, de
Genève , qui le soumit à l’Académie des
sciences en 1771, consiste, comme l'on
sait, à projeter sur un plan horizontal les
courbes de niveau que l’on obtient en cou-
pant le terrain à diverses hauteurs équidis-
tantes par les plans parallèles au premier.
Des nombres ou cotes inscrits sur chacune
des courbes de niveau, font d’ailleurs con-
naître la hauteur à laquelle cette section a
été faite au-dessus du plan de projection.
Imaginons, pour fixer les idées, que nous
voulions représenter ainsi la loi de la varia-
tion de la température moyenne par jour
et par heure pendant l’année, dans un cer-
tain lieu du globe; nous compterons les
jours sur l’axe des abscisses, dont la lon-
gueur totale se trouvera divisée en douze
parties principales représentant les mois;
nous compterons les vingt-quatre heures
sur l’axe des ordonnées, puis nous imagi-
nerons que, par tous les points du plan
qui correspondent à un jour de l’année et à
une heure du jour déterminés, nous ayons
élevé à ce plan des perpendiculaires pro-
portionnelles à la température moyenne
observée à cet instant; les sommets de
toutes ces perpendiculaires seront situés
sur une surface courbe, dont les ondula-
tions seront évidemment très propres à
peindre la loi de la variation diurne et an-
nuelle de la température. Pour déterminer
complétement cette surface sur un plan
unique, il suffira évidemment de projeter
sur le plan primitif les courbes d’égale tem-
pérature que l’on y peuttracer. En appli-
quant au tracé de ces courbes les principes
de la géométrie descriptive, on transfor-
1085
mera en véritables plans topographiques
des tables numériques à double entrée.
J’ai appliqué ce procédé à toutes les tables
de ce genre renfermées dans la traduction
française des lecons de météorologie de
M. Ch. Martins. Les plans topographiques,
ainsi construits, ont paru dignes d'intérêt
aux personnes qui les ont examinés; on y
voit des sommets, des dépressions, des
chaines de montagnes, des vallées, des
cols , etc. , absolument comme sils repré-
sentaient véritablement le relief d'un ter-
rain accidenté.
Je ne puis m'empêcher de signaler l’ana-
logie de la représentation dont je viens de
donner le principe, avec l'idée des courbes
isothermes que l’illustre M. de Humboldt a
imaginé de tracer sur les cartes terrestres.
Tout en reconnaissant qu'il n'y avait qu’un
pas à faire pour appliquer son ingénieuse
idée et celle de Ducarla aux lois empiriques
résultant de l’observation, on s’étonnéra
davantage que ce pas n’eût pas encore été
fait.
L'application de la notation des plans
cotés à des lois mathématiques où une ya-
riable est fonction de deux autres, se dé-
duit de ce qui précède. Ainsi un plan topo-
graphique où les courbes de niveau sont
des hyperboles. entre leurs asymptotes
remplacera une table de multiplication.
Cette applicationa déjà été faite avant moi,
par les ingénieurs des constructions na-
vales ; et l’un d’eux, M. Allix, a publié en
1840 un nouveau système de tarifs. entiè-
rement fondé sur la notation de Durcala.
Mais des recherches postérieures entre-
prises sur le même sujet m’ont conduit ,
pour l'établissement de. tables graphiques
de ce genre, à des résultats d’une simplicité
inespérée. Ainsi, en employant un nouveau
système de coordonnées rectilignes, où les
axes sont gradués suivant certaines lois, je
transforme en lignes droites ou en arcs de
cercle des courbes représentées par des
classes nombreuses de fonctions. Une table
de multiplication pouvant servir à des élé-
vations aux puissances et à des extractions
de racines de degré quelconque , se trouve
alors établie graphiquement avec de simples
lignes droites. Cette table peut aussi être
employée utilement par la résolution ap-
prochée des diverses cas dela trigonométrie
rectiligne et sphérique, pour remplacer
léchelle des proportions chimiques de
Wollaston , et pour résoudre une foule de
problèmes numériques d’un usage journa-
lier.
Les calculs relatifs à la rédaction des
projets de chemins de fer qui vont sillonner
le sol de la France ont assez d'importance
pour que l'administration des ponts et
chaussées ait décidé que des tables topogra-
phiques rectilignes dans ce système soient
gravées à ses frais et distribuées aux ingè-
nieurs chargés de la rédaction des projets.
Les applications des idées si simples
sont extrêmement nombreuses et variées.
Pour terminer par un dernier exemple, je
dirai que la classification de tous les corps
qui ne renferment que trois éléments pour-
raît être faite de telle sorte, que les diffé-
rents points de l'espace correspondant àcer-
taines valeurs de ces éléments, pris pour
coordonnées, fussent représentés sur un
plan unique.
—— "DS CC e——
4086
SCIENCES NATURELLES.
PHYSIOLOGIE ANIMALE.
Des fonctions des lobes thyroïdes des mum-
mifères et du corps thyroïde dans l'es-
pèce humaine ; par M. À. Maignien.
Les lobes thyroides des mammiferes et
le corps thyroïde de l'homme sont des gan-
glions vasculaires de nature artérielle, les
quels ont la propriété , en raison de leur
spongiosité, de se gonfler, d’entrer en tur-
gescence et en érection sous l'influence
d’une accélération momentauée où conti-
nüe du cours du sang artériel; et comme
ces ganglions sont pourvus d’un appareil
ligamenteux et musculaire qui les cerne,
ils peuvent, en cet é!'at d’accroissement de
volume, comprimer les carotides primitives
et diminuer la quantité de sang artériel
qui s’élance par les canaux carotidiens (1).
Mais, outre cette fonction, ils ont encore
celle d'agir comme des compensateurs et
des régulateurs de la quantité et de la vi-
tesse du sang artériel dans les quatre cou-
rants artériels qui fondent la circulation
aorto-encéphalo-rachidienne ; car toutes
les dispositions hydrostatiques ont été com-
binées pour que la quantité de sang arté-
riel prédomine dans les canaux qui font
suite aux carotides primitives, et pour que
la vitesse da mêmeliquide prédomine dans
le tronc basilaire et le tronc spinal qui ré-
sultent de la réunion des deux artères ver-
tébrales. Si l’on me demande maintenant
quel est le but de cette harmonie h; drau-
lique, je répondrai, en faisant appel aux
expériences de Legallois, que la vie de l'axe
cérébro-spinal est dans la dépendance im-
médiate de la qualité, de la quantité et de
la vitesse du sang artériel qui pénètre la
pulpe nerveuse, et que ce fluide, étant l’a-
-gent naturel et essentiel de toute nutrition
et de toute stimulation, mesure véritable-
ment l'intensité fonctionnelle. La quantité
et la vitesse du sang artériel normalement
constitué mesurant donc jusqu’à un certain
point la masse et l’activité des divers cen-
tres nerveux , il devait nécessairement y
avoir un rapport de volume et d'action
entre le corps thyroïde, compensateur et
régulateur de la circulation aorto-encé-
phalo-rachidienne, et entre le volume et
- l’action des divers centres nerveux qui cojn-
posent l'axe cérébro-spinal; aussi ai-je
‘rencontré le corps thyroïde d'autant plus
développé et d'autant plus étroitement uni
aux carotides primitives, que les lobes an-
térieurs du cerveau étaient moins volumi-
_neux et moins actifs, et par conséquent que -
l'intelligence était plus faible,
Le ganglion vasculaire artériel du col
remplit un rôle spécial dans tous les ef-
#orts musculaires, dans la course, le saut,
-la parturition et l’accouchement, dans
l'érection du pénis, le développement des
mamelles et la menstruation; il a égale-
ment une action particulière dans le som-
meil, qui est l'état négatif des efforts mus-
culaires,
Si le ganglion vasculaire artériel du col
offre un rapport de volume avec les lobes
antérieurs du cerveau , siége de l’intelli-
gence, si c’est pär l’action de ce ganglion
que sont fondées, par l’intermede du sang
artériel, la masse et l’activité de ces lobes
- antérieurs, nécessairement je devais trou-
ver, dans les modifications organiques di-
verses de cet organe, un moyen ou une
mesure propre à me rendre compte de la
diversité d'action des lobes antérieurs du
1087
À
cerveau, autrement dit dela diversité d’in-
telligence remarquée entre les Hommes.
Eh bien, j'ai constaté en effet, par des dis-
sections particulières, que, dans les hom-
mes originaires de l'hémisphère austral,
le corps thyroïde est beaucoup plus volu-
mineux, plus étroitement appliqué sur les
carotides primitives qui sont suivies de ca-
rotides internes munies de courbures très
prononcées, et qu’au contraire, dans les
indigènes de l’hémisphère boréal, jusqu’au
60e degré de latitude nord, le corps thy-
roïde est moins volumineux, moins intime-
ment uni aux carotides primitives, qui
sont ici suivies de Carotides internes pres-
que toujours rectilignes. Chez les habi-
tants de la zone équatoriale, le corps thy-
roïide tient le milieu entre les dimensions
qu'offre l’organe chez les deux autres ra-
ces. Ces considérations m'ont servi à éta-
blir une nouvelle classification des races
humaines.
ORNITHOLOGIE,
Index ornithologique ; par Lesson.
(suite.)
5° Sous-genre: CHORDEILES, Swains
(1831): hab. cercle arctique. — 395.
Chordeiles Virginianus, Swains.,N. Zool.,
p. 337; Caprimulgus Virginianus, Bris-
son; gm.; Lath; Edw., pl, 63; Ch. Bo-
nap., Syn. n° 69; Wilson, Orn. Am., pl. 40,
f. 1 et 2; Cuprim. popetue, Vieill., Ency.,
p. 542; Le popetue, Brisson, 11,477 ; Enl.
533; Le haleur, Briss., 2,480 ; C. America-
nus, Vieill., Ency. 540; Wils Am. orn.,
V. 63 pl. 40, f. 1 et 2; Nuttall., 1,619 :
hab. l'Amérique arctique, les Etats-Unis
et les grandes Antilles.
6e Sous-genre : Carrimuzcus, L. Hi-
rundo , L. (1736); Müxhring (1752) :
hab. cosmopolite.
À : Europe. — 396: Caprimulgus Eu-
ropeus, L.; Brisson, t. 2, p. 470; Vieill.,
Encycl., p 535; Enl. 193; Selby, pl. 42:
C. punctatus, Meyer. Naum., pl. 148:
hab. l’Europe, l'Asie, l'Afrique (Egypte),
— 397: Caprimulgus ruficollis, Temm.,
Man. 1,438; Vieillot, faune fr., pl. 62, f. 1;
Roux, pl. 148; C. rufilorquis, Vieill.,
Ency., p. 546 : hab. Algésiras, Provence,
Java, l'Afrique.
B. AmÉRIQUE. — 398. Caprümulgus Guya-
nensis, L.; Gm.; Enl., 733; le Mont-
Voyau, Vieilot, Encyc. p. 541, n° 17;
C, Variegatus, ib.; d'Orb., 68: hab. la
Guyane française, la. Patagonie, la Plata.
— 399: Caprimulgus rufus, L.: Gm.;
Enl. 735; Vieil., Encyc., p. 541: hab.
Cayenne. — 399 bis: Caprimulgus rupes-
tris, Spix, t. 2, pl. 2; d'Orb., 68: hab.
Moxos, rives des fleuves. — 409: Capri-
mulous semitorquatus, L.; Gm.; Enl. 734;
Vicill., Encyc., p. 538: hab. Cayenne.
— 01: Caprimulgus Cayennensis, L.;
Lath.,n°12; C. Cayanus, Gm.; Enl. 760;
Caprimulqus leucurus,Vieill., Ency..p.544:
bab, la Guyane, le Paraguay. — 402: Ca-
primulgus acutus, L.; Gm.; Enl., 732,
Vieillot, Ency., p. 536 : hab. la Guyane.
— 403 : Caprimulgus griseus, Vieill., En-
Cy.,p. 944; le crapaud-volant gris, Buf-
fon, t. vi, p. 548 : hab. la Guyane fran-
çaise. — 403 bis: Caprimulgus brasilia-
nus, Vieillot, Ency., p. 542; le Noiibo,
Marcgr., 195 ; Brisson, 2, 283; Buflon, vi,
539 : hab, le Brésil, — 404 : Caprimulgus
Natlereri, Temm., pl. col. 107: hab. le
Brésil. — 405 : Caprimulgus Jamaïcensis,
Lath., n°2; Vieillot, Ency., p. 515: Sloa-
1088
ne, Jam., liv. 6; Buffon, vr, 536 : hab. la
Jamaïque. 406 : Caprimulgus odopteron,
Lesson, Rev. Zool., 1839, p. 105 : hab. les
Antilles françaises, la Martinique. — Ca-
primulgus torquatus, Vieillot, Ency.,
p. 5414; le Guiruquerea, Buffon, t, vi:
hab. le Brésil. — 407: Caprimulgus bi-
fasciatus, Gould, procced, 1837, 1841,
p. 22: hab. Chili. 408 : Caprimulgus par-
vulus, Gould, proc., 1837, 22 : hab.? —
409: Caprimulgus vociferus, Wilson, pl.41,
f. 1 à3; Nuttal,t.1,p. 614; Swains, N.
Z., p. 3363 Ch. Bonap., n° 68; le !Whp-
poor-V'ill des Anglo-Américains; Capré»
mulgus clametor, Nieill., Ency., p. 537 :
hab. les états du centre de l'Union améri-
caine. — 410: Caprimulgus longirostris,
Ch. Bonap., Journ. ac. Philad.,1v, 384;
Bull. vi, 412 : hab. les Etats-Unis.
C: Arrique. — 411: Caprimulgus Isa-
bellinus, Temm. pl. 379: C. Ægyptus,
Lichst., Cat. n 610 : hab. l'Egypte, la Nu-
bie. — 412: Caprimulqus eximius, Rupp:;
Temm., pl. 398: hab. le Sennaar, — 413 :
Caprimulgus infuscatus, Rupp., af. pl. 6;
C Nubicus, Lichst., Cat , n° 611.—413 bis.
Caprimulgus poliocephatlus, Rupp:, 2° voy.
p-106: hab.l'Abyssinie. —414.Caprimulgus
pectoralis, G. Cuv.; Levaill., af. pl. 49 ;
Vieill., Ency., p. 545 : hab. l'Afrique mé-
ridionale. — 414 bis: Caprimulgus tris-
tigma, Rupp., 2°. Voy. p. 105 : hab. PA-
byssinie. A
D: Aste. — 415 : Caprimulgus Asiali-
cus, Lath, n°16 : hab. Bombay. — Capri-
mulgus Indicus, Lath.; C. Cinerascens,
Vieil., Ency, 545 : hab. les Indes-Orien-
tales.
t
BOTANIQUE.
Sur la fécondation du pollen conservé.
M. Haquin, de Liège, intelligent et zélé
horticulteur, a fécondé des lis avec du
pollen extrait depuis quarante-huit jours,
des azalea avec du pollen de quarante-deux
jours, et ce qui est plus étonnant encore,
des camelia ont parfaitement fructifié avec
du pollen de soixante-cinq jours. M. Ha-
quin a semé les graines des lis et des aza-
lea : elles ont très bien levé. Il en a obtenu
des hybrides d’une belle santé, dont il at-
tend la floraison. Les fruits du camelia an-
noncent de belles graines. Aussitôt qu'une
fleur s'épanouit, M. Haquin lui retranche
son pollen, après avoir eu soin d’eloigner
cette plante de toute autre qui pourrait.
agir sur elle. Voici comme il s’y prend
pour conserver le pollen : il coupe les éta-
mines aussitôt qu'il peut les apercevoir,
les place dans du papier bien collé et dépo-
se le paquet pendant vingt-quatre heures
dans un endroit sec et chaud. Au bout de
ce temps la poussière fécondante est tout à
fait développée. Alors il ôte le pollen du
papier pour le placer dans une feuille de
plomb laminé mince comme du papier et
renferme le tout dans un papier étiqueté et
dans un endroit froid sans être humide. Il à
du pollen d’azalea et de camelia ainsi con-
servé dont il se propose de faire l'essai à la
floraison prochaine. Nous rendrons compte
du résultat.
—— EEE —
SCIENCES APPLIQUÉES.
SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT.
Séance du 14 juin 1843.
M. Francœur, vice-président, occupant
le fauteuil, paie un hommage de regrets à
la perte que le conseil d'administration
1089
vient de faire de M. Morin de Sainte-Co-
lombe, membre de la Société royale et
centrale d'Agriculture.
Au nom du comité des arts mécaniques,
M. Olivier fait un rapport favorable sur un
instrument imaginé par M. Chaussenot
aîné, qu'il appelle £chc!le-équerre, destiné
à faciliter les tracés des plans et à en éva-
luer les surfaces. C’est une équerre qu’on
fait glisser le long d’une règle à l'aide d’un
pignon et d’une crémaillère. M. le rappor-
teur compare cette équerre à celle que
M. Guesney a inventée pour le même ob-
jet; il en montre les différences, et pro-
pose de décrire et defigurer cesdenx instru-
ments au Bulletin. Cette proposition est
adoptée.
Le conseil continue ensuite la discussion
sur la loi proposée pour les brevets d’in-
vention, et termine cet examen par celui
de l’art. 23 de la loi. La discussion conti-
nuera dans la séance extraordinaire de
mercredi prochain. FRANCOEUR.
ARTS CHIMIQUES:
Histoire des opérations de teinture.
(Troisième et dernier article.)
Les Indiens n'avaient exercé leur indus-
trie que sur le coton: on s’en tint Jà pen-
dant très long-temps, et ce n’est que de-
puis vingt-ciuq ans que l’on imprime, par
des moyens analogues, les étoffes de laine,
de soie et de lin. c
Dans l’origine, les couleurs n’avaient
aucune fixité; elles s’altéraient en peu de
temps, et souvent ne résistaient point à une
simple immersion dans l'eau. Mais de
même que les procédés de teinture rece-
vaient d'immenses perfectionnements,
grâces aux recherches des chimistes Du-
fay,, Hellot et Macquer, qui: préludèrent
par leurs travaux à la révolution chimique
de 1789, de même l’art de l'impression sur
toile ne tarda pas à profiter des découver-
tes de la chimie moderne ‘et du perfec-
tionnement des arts mécaniques. Bientôt
apparurent les écrits des savants chimistes
Berthollet (1) et Chaptal (2) qui régulari-
(1) Claude-Louis Berihollet, né en 1749, à Tal
loire, en Savoie , se fit naturaliser Français, et.de-
vint médecin du duc d'Orléans. Aini du gTaud et in:
fortuné Lavoisier, il concourut avec lui, Guyton de
Morveau et Fourcroy, à la réforme du langage chi-
mique et à la brillante révolution de cette science.
Il entra, dès l’année 1780, à l’Académie des scien-
ces, fut chargé, en 1794, de professer la-chimie à
l'Ecole normale, puis à J’Ecole polytechnique, et
nommé membre de l'Institut à l'époque dela :créa:
üon de ce corps savant. Sa probité le fit désigner
pour recueillir les objets d'arts conquis dans nos
triomphes en Italie, et bientôt après il fil partie de
la mémorable expédition d'Egypte. Napoléon l’ai-
inait beaucoup et savait apprécier sa haute capa-
cité, 11 l’éleva au rang de comte et de sénateur. Ou-
tre un grand nombre de découvertes, on doit à Bere
thollet l'application du chlore dans le blanchiment,
d'importants travaux sur la teinture, et notamment
ses Eléments de l'art de la teinture, qui ont érigé
cel art en une science positive. Son autre ouvrage,
l'Essai de statique chimique, dont il avait conçu
les bases au milieu des sables brülants de l'Egypte,
suffirait seul pour rendre son nom impérissable.
Dévoué à la science qu'il chérissait, il fonda en
4807, à Arcueil, dans cette célèbre retraite de ses
vieux jours, une société composée de physiciens et
de chimistes, ses élèves, qui se réunissaient tous les
quinze jours pour répéter les expériences nouvelles
et qui publièrent trois volumes de très intéressants
mémoires, sous le titre de Mémoires de physique et
de chimie de la société d'Arcüeil. Berthollet fut
nommé pair de France en 1814, Il mourut le G no-
vembre 1822, âgé de 75 ans.
(2) Jean-Antoine Chaptal, né en 1756, à Nozaret
1090
sèrent les pratiques des ateliers, perfec-
tionnèrent les procédés de blanchimentdes
tissus et surtout des tissus de coton, de
chanvre et de lin, en tirant parti des pro-
priétés merveilleuses du chlore; ‘et qui
portèrent dans l’appréciation des recettes
de la teinture cet esprit philosophique qui
seul pouvait dégager l’art des entraves où
la routine et l’empirisme l'avaient empri-
sonné depuis si longtemps.
C’est à partir des premières années du
dix-reuvièéme siècle qu'on a commencé à
introduire dans les ateliers l'usage des
matières minérales pour colorer les tis-
sus. Aux sels de fer sout venus succes-
sivement se joindre l’arsenite de cuivre, le
bleu de Prusse, les sulfures d’arsenie, les
chromates de potasse et de plomb, le pe-
roxyde de manganèse, etc., qui ont fourni
aux industriels de nouveaux moyens de
varier leurs produits et de les obtenir avec
plus d'économie.
C’est aussi à partir de cette époque mé-
morab'e qu’on a entrepris une étude ap-
profondie des substances tinctoriales, en re-
cherchant surtout à en isoler les principes
(Creuse), fit ses études médicales à Montpellier, et
aussitôt après sa réception, se rendit à Paris peur
étudier la chimie sous Sage, Macquer et autres hom-
mes célèbres qui préparaient la réforme de celte
science, En 1781, il fut appelé, quoique bien jeune
encore, à vecuper la chaire de chinie que les Etats
du Languédoc venaient d'instituer à Montpellier. 1]
débuta 5 dans Ja carrière de l'enseignement avec un
très grand succès. Héritier d'une grande fortune, il
voulul,joindre la pratique à la théorie, et se fit fa-
bricant de produits chimiques. Des 1783, Chaptal
publia le,Tableau analytique de son cours, et bien-
tôt après, en 1790, il donna ses Eléments de chimie,
qui füretit traduits dans toutes les langues , et dont
la quatrième édition parut en 1803. Sa célébrité
devint telle que Wasiugton le sollicita jusqu’à trois
reprises différentes de venir-se fixer près de lui, et
que , à la même époque, le roi d'Espagne lui offrit
36,000 F. depension ei un premier don de 200,000f,
sil voulait professer dans ses Etats. Pendant le ré-
gime de la Terreur, en 1793, la reine de Naples
lui offrit un asile à sa cour. Mais Je patriotisme de
Chaptal se refusa à une émigration qui eût été une
soite de déscrtion, et qui eût dérobé à son pays
ses talents et ses services. La patrie le réclama
bientôt; Chaptal appelé dans la capitale par le co-
mité de salut public, fut chargé de diriger les ate-
liers de Grenelle, pour Ja fabrication du salpètre et
de la poudre. 1l réussit à livrer jusqu’à lrente-cinq
milliers de salpètre par jour. A l'époque de la créa-
tion de l'Ecole polytechnique, il fut appelé pour
professer la chimie vévétale. Mais peu de temps
après il fut envoyé à Montpellier, pour réorganiser
lPEcole de médecine, où ‘il occupa la chaire de chi-
mie. L'fnstitut de France, à sa formation, le compta
parmi ses membres les plus actifs. En l'an 1x, Bo-
naparle l’appela au ministère de l’intérieur. Dans ce
dernier poste, il rendit. d'immenses services à la
science, à l’agriculture et à l'industrie. Gette courte
notice nous empêche de citer tout ce qu'il a fait de
grand et d'utile. Malgré ses nombreuses occupa-
tions administratives, Chaptal n'en cultivait pas
moins sa science favorite. Indépendamment de plus
de 80 mémoires qu’il a publiés sur les arts chimi-
ques, on lui doit des ouvrages spéciaux sur les sal-
pêtres et goudrons, sur le perfectionnement des
arts chimiques en France, sur le blanchiment, sur la
culture de La vigne ei l'art de faire le vin, les eaux-
de-vie, esprits et vinaigres; un Traité de chimie
appliquée aux arts, qui a été traduit dans toutes Îles
langues; l'Art de La teinture du cotor en rouge, el
l'Art du teinturier dégraisseur ; un grand ouvrage
sur l'industrie française, un Mémoire sur le sucre
de betteraves, et-enfin: une :Chimie appliquée. à
l'agriculture. Chantal fut successivement sénateur ,
comte de l'Empire, puis pair de France en 1519.
Pendant trente années consécutives, la Société d’en-
couragement, dont il était un des fondateurs, le choi-
sit pour son président. IL est mort à Paris, le 20 juil-
let 1832, d'une hydropisie de poitrine,
1091
- colorants vour pouvoir mieux apprécier
l'a ‘tion des agents chimiques sur eux etse
rendre un compte exact du rôle qu'ils
jouent dans les opérations quiont pour but
de les fixer sur les tissus. Cette partie de la
science, totalement inconnue des anciens,
est une création toute nouvelle, dont
l'honneur revieut en grande partie à l’un
des chimistes contemporains les plus dis-
tingués, M. Chevreul, dont les travaux et
les leçons ne cessent de répandre la plus
vive lumière sur ces curieuses réactions
chimiques qui font de la teinture et de
l'indienne l’une des applications chimiques
les plus intéressantes.
C’est donc surtout aux savants que ces
arts sont redevablesdes immenses progrès
auxquels ils sont parvenus depuis un demi
siècle, et, sous ce rapport, les chimistes.
français peuvent revendiquer la part la
plus large et la plus glorieuse. C’est ainsi
qu’en jugent les étrangers. L’Anglais
Howe, dans son Histoire du Commerce,
s'explique ainsi : « C’est à l’Académie des
Sciences que les Français doivent la supé-
riorité qu’ils ont en plusieurs arts, et sur-
tout dans celui de la teinture.
Telle est l'histoire succincte de cet art
si utile et sibeau;-histoire dont M. Girar-
din, savant professeur de Rouen, a su
faire précéder ses-excellentes leçons sur la
teinture:
N. B. Dans un prochain article nous
donnerons l'histoire de l’éclairage.
Eee
- AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
De quelques engrais et de leur emploi.
(Premier article.)
Tourbe. -— Dans les lieux où la tourbe
est très commune, dans ceux où les com-
bustibles sont abondants, et où elle est,
par conséquent, à très bon marché, on
emploie avec avantage comme engrais.
Mais, partout, la tourbe qui ne peut se
tenir en briques ou les débris du façon-
nage en mottes, et qui n'ont, par consé-
quent, que peu de valeur, doivent être
employés de cette maniere :
On s’en sert le plus souvent comme de
litière, et il est certain que c’est la ma-
nière la plus facile de la convertir en en-
grais, et par le piétinement des bestiaux et
par le mélange de leurs déjections. Cepen-
dant les Anglais en font plus souvent un
compost, en mettant seulement un cha-
riot de fumier frais sur trois chariots de
tourbe, sans aucune addition de chaux.
Mais on a essayé pas deux fois d'enfouir la
tourbe seule et sans préparation. Sans
addition de kali, ou de soude, ou sans une
action suffisante de l'air, moyens qui au-
raient dù préalablement désacidifier et
rendre décomposable l’humus calciné,
aigri, la tourbe, telle que la fait le temps,
reste sans action dans la terre, si ce n est
qu’elle rend les terrains sablouneux plus
humides et les terrains argileux plus meu-
bles. L'essai d’enfouir la tourbe encore
humide n'a qu'un résultat possible, celui
de détériorer de fond en comble le terrain
qui sert à une pareille expérience.
Mais, pour obtenir de cette utile subs-
tance tous les avantages qu’elles peut pro-
curer, il faut que la tourbe aussi divisée,
rendue aussi pulverulente que possible,
soit amoncelée et le monceau fréquem-
ment arrosé avec du purin, de la lessive,
1092
de l’eaû de savon ou tel autre dissolvant.
Après six semaines ou deux mois, on re-
tourne la masse et.on y mêle de la chaux
ou de latcendre; «Quelque temps après
qu’on a ide-nouseauiretourné la masse, on
peut la-xegarder comme suffisamment dé-
composée: Dans: cetétat, elle forme un
excellent: engrais à donner en couverture
au printemps sur les semailles sorties. Cette
couverture est non: seulement exempte
de production d'aucune espèce de mau-
vaise herbe, mais encore elle contribue à
détruire:celles qui se trouvent dans les
champsi:Elle-a, en; outre, la proprieté
d’absorber-beaucoup d'humidité. Par son
application en: couverture, elle reste en
contact avec l'atmosphère,jet devient tou-
jours plus soluble, par. conséquent plus
assimilable pour les racines des. plantes,
surtout les plus rapprochées du collet.
Outre cet'usage, on peut encore em-
ployer la tourbe à augmenter la masse des
engrais ordinaires. Dans ce but, on forme
avec dela tourbe bien desséchée et bri-
sée une gouche: épaisse sur le sol même
de son fumier, sur laquelle on dépose, à
mesure;-ce qui est fourni par les étables.
Les liquides si précieux qui filtrent à tra-
vers les couches successives du fumier et
qu’on commet encore souvent la faute de
laisser se perdre, traversent: aussi la tourbe
et l’améliorent.ljeaucoup. A: la vérité la
couche de tourbe :-amoncelée: ‘encore
acide, ne peut: guerg;entrer en fermenta-
tion; lorsqu'on enlèsele fumier pour s’en
servir, on enlève alors aussi H couche de
tourbe pour la-remplaecr ‘par une autre.
La tourbe/sortant du fumier $e met en tas
à part, un peu desserrée!, et bientôt alors
la fermentation: commence à s’y établir ;
après quelques, Semaines, )6n retourne le
tas, on ajoute-un;:chariot ‘de chaux par
cinq chariots de tourbe, et on mêle bien
toute la masse: Après quelques semaines
encore on a un très bon engrais prêt à être
employé. Au lièw'de chaux, lorsqu'on
peut ensavoir plus facilement, on peut
aussi ajouter.dela marne,bmais il en faut
alors autant qu’on a detourbeil::
Enfin, la tourbe peut encore;et sans ad-
dition d'autre ferment, se convertir en une
- bonne terre végétale. Je fis extraire, dit un
cultivateur anglais, :six cents voitures de
tourbe d’une tourbière formée à une
grande profondeur sous un sol de sable, et
j'en laïssai séjourner ‘une partie pendant
deux ans, en tas carrés de deux mètres et
demi de haut. Pendant ce temps, les aci-
des nuisibles s'étaient perdus d’eux- mêmes
et les tas s'étaient transformésen une terre
poire végétale. À celte ruéthode, un seul
obstacle “oppose : l’impatience habituelle
de la plupart des cultivateurs.
; L'engrais de tourbe, bien consommé,
s emploie surtout avec avantage pour les
terrains légers et sablonnenx, auxquels il
donne du lien et la propriété de retenir
lhumidité. Son effet est très borné dans
les terrains argileux, à moins que le sol ne
forme qu’une couche maïgre et mince.
ANIMAUX DOMESTIQUES.
Des races de chevaux et de bœufs de
l’Anjou.
-(Beurième article. )
B. De l'espèce bôvia@ En particulier,
ss - D 6911 RE A
Les animaux qu’on possède dañs’le dé-
Parlement, soit comme bêtes de labour,
El 13 AUQ
MEET TE
1093
soit comme bêtes de rente, sont de cinq
races plus ou moins distintes :
1.. La race mancelle. — Sa couleur est
tantôt d'un rouge blond uniforme, tirant
plus ou moius sur l’ane on l’autre teinte;
tantôt, et c’est, le plas ordinaire, d’un
rouge, blond maculé de blanc. La tête est
particulièrement/dessinée de cette couleur
qui forme nettement l'entourage des yeux
et se reproduit surles naseaux ; les cornes,
d’an blanc jaunâtre ou verdâtre, sont assez
grosses à leur base, ouvertes régulière-
ment dans leur légère courbure et ne dé-
passant pas d'ordinaire 22 à'25 centimètres
de longueur. Le front est large ainsi que
le poitrail, les flancs sont développés; la
croupe est épaisse, carrée, formant, jusqu’à
la distance du jarret, dans l’attitude du
repos, une ligne plutôt droite que con-
vexe. Les cuisses ne sont détachées qu’à
une faible hauteur du jarret.
On rencontre d’abord cette race au
nord-est de l'arrondissement de Baugé,
aux approches et aux alentours de Duitail,
où elle m'a paru fort belle sur les bords
du Loir. De là elle se propage au sud
comme au nord de Châteauneuf, jusqu’au
delà de Segré, tantôt pure ou à peu près,
tantôt diversement modifiée par son croi-
sement avec la race suisse dont M. de La
Lorie avait introduit quelques beaux tau-
reaux dès la fin du siècle dernier. Dans la
propriété qui porte ce nom, on reconnaît
encore Île type paternel à sa couleur noire
ou rouge-brun , à sa haute stature; aux
membres plus osseux, plus gros, au cor-
vage plus vigoureux des individus. En tra-
versant au sud les terres fraîches et fécon-
des de la petite plaire qui s'étend de la
Chapelle à Sainte-Gemme-d’Andigné, il est
facile.de fre la même remarque, Toute-
fois. les caractères manceaux l’emportent
sur les caractères suisses;.ou du moins si
la première race à gagné en corpulence,
ce qui peut êlre d&, par: parenthèse, tout
aussi bien à la richesse des herbages qu’au
croisement, elle a conservé la disposition
charnue qui fait, son principal mérite. Il
n'est pas rare de voir sortir de cette pattie
de sa contrée des animaux maigres de cinq
ans.au prix de 8 à 900 fr. la vaire. M. Du-
mas, dans le voisinage du Lion-d’Angers,
en a vendu jusqu’à 4,000 fr.
À l’ouest de Segré, on retrouve encore
des bœufs de race mancelle bien caracté-
risée sur quelques exploitations suffisam-
ment affouragées où cetle race prospère ;
mais généralement elle décroit en taille et
elle se perd dans ses croisements avec la
race bretonne, jusqu’à ce que celle-ci do-
mine à son tour dans le pays.
Les bœufs manceaux ‘ne sont pas ordi-
nairement ardents au travail; par contre,
ils engraissent facilement et assez promp-
tément, même dans la jeunesse. Les her-
bigers normands en font un cas particu-
lier. Lorsque je parcourais la valée d'Auge,
J'ai pu me convaincie que ce sont eux qui
y arrivent souvent les derniers et qui en
sortent cependant les premiers pour l’ali-
mentation de Paris. Les engraisseurs de
Maine-et-Loire sont persuadés qu’ils se
font moins bien à la crèche qu’au piturage.
Quelques uns l’ont même, disent-ils,
éprouvé, que les essais auxquels ils se sont
livrés aient eu ou non une valeur déci-
sive, il est à remarquer que ces animaux
pénètrent tout aussi peu dans l’arrondisse-
ment de Beaupréau que ceux de la race
choletaise dans les herbages normands,
2. La race bretonne offre avec la sui-
109%
vante une fort grande analogie de couleur
et de formes;.les différences de stature
sont purement locales. En général, les
bœufs provenant des marchés qui se tien-
uvnt sur la rive droite du fleuve ont la
tête et le col courts, les jambes peu éle-
vées, épaisses, musculeuses, le coffre large,
les épaules bien prises. Ils sont régulière-
ment conformés, trapus, d’une vigaeur et
d'un courage, remarquables, eu égard à
leur taille. Ce.sont, à juste titre, les plus
estimés pour letravail. Élevés dans d’as-
sez maigres pâturages, ils n’ont qu’à ga-
gner en pénétrant en Maine-et-Loire;
mieux que d’autres, ils se contentent d une
nourriture médiocre. Les bœufs bretons
passent, des foires d’Ingrande et d’Ancenis,
dans l’arrondissement de Beaupréau, où
ils se confondent sur beaucoup de points
avec les bœufs poitevins et choletais.
3. La race choletuise, dite de nature, que
l'on appelle plus à l’est race poitevine,
sort des arrondissements. de, Bressuire, de
Partheuay et des parties voisines de la
Vendée. Elle provient aussi plus particu-
lièrement sous la seconde dénomination,
des marchés d'Argenton.
La véritable race de nature, telle qu’on
la voit journellement se consolider et s’a-
méliorer chez plusieurs cultivateurs éclai=.
rés de l’arrondissement de Beaupréau, a
mérité sur les marchés de Poissy et de
Sceaux une grande réputation pour la
qua'ité de sa chair. Par une heureuse et
rare coïncidence elle est aussi robuste et
travailleusé que la race bretonne, et aussi
facile à engraisser que la race mancelle.
Elle convient donc aussi bien que possible
aux localités où l’on spécule à la fois sur
la force musculaire et sur la chair, et où
la” tourriture au pâturage est loin d’être
toujours abondante. Sobre et peu difficile
sûr le choix des aliments pendant la pre-
mière période de l’éxistence, elle se main-
tient à peu de frais en-bon état jusqu’à la
seconde; à poids et volame.égaux, on croit
qu'elle donne du quart au tiers plus de
suifque la plupart des autres races fran-
caises. s
!Ea couleur qui la distingue varie du
Jaune clair au gris brunâtre ou au châtain
foncé, presque noir, sans aucune marque
de blanc. Le ventre est de teinte plus claire
dans les bœufs de nuances foncées; les
poils du front, du dessous du col et dela
queue, sont plus sombre que ceux du
corps. Les ciles et les paupières sont noirs
avec. un entourage gris-blanc; quelques
animaux de couleur rouge vif sont infini-
ment moins prisés que les autres; les
cornes sont régulièrement placées en forme
d'arc demi-tendu, légèrement rétournées
au sommet, blanches ou blanchâtres à
leur baseet noirâtres à leur extrémité. Leur
longueur est assez comniunément de Om,45
à Om, 48.
La hauteur d’un animal de 7 ans, bien
caractérisé dans l’espèce, s’est trouvée de
1m,43, mesurée à la hanche, et de 1m,44
mesurée à l'épaule.
Un bœuf de cette dimension doit attein-
dre, pendant l'engraissement, le poids de
450 kil. de viande au prix de 55 à 60 ec! le
demi-kilog., en laissant au profit de là
cheteur les extrémités, la peau, les inles2
tins et le suif, dont la proportion est com-
munément de 1090 kilog.
Les qualités de conformation qui font
surtout apprécier aux engraisseurs chole-
tais les animaux de cette race, sont des
os peu volumineux, une tête courte pas
1095
trop grosse; un fanon descendant très bas,
une poitrine large et ressortie; des épaules
larges, assez distantes l’une dé l'autre pour
qu'on puisse placer plusieurs doigts aux
points où elles se rapprochent le plus; un
coffre large et bien descendu, une côte
longue et bien arrondie, le flanc peu déve-
loppé, les hanches larges peu relevées, la
croupe également large, une peau souple,
un poil soyeux, des cuisses charnues jus-
qu'au jaret, une queue attachée bas et
bien entoncée, des fesses (la broie) char-
nues et bien descendues entre les cuisses.
Les bœufs poitevins qui arrivent à l’est
du département par l'intermédiaire des
marchés d’Argentan, Thouars, etc., par-
ticipent nécessairement de toutes ces for-
mes, mais, faute d'une nourriture suffi-
sante, on serait parfois tenté de les croire
d’une autre race. Je dirais, si j'osais géné-
raliser des observations détachées, qu'ils
sont en général d’ün moins bon choix.
4, Les bœufs saintongeois, qu’on rencon-
tre aujourd hui assez fréquemment dans
les étables de la Vendée comme on les ren-
contre dans les pâturages normands, sont
habituellement de couleur ‘alezan poil de
vache ou lavé. Leur hauteur, plus grande
que celle des animaux qui proviennent des
parties centrales du Poitou, est, pour un
bœuf de taille moyenne, de 1m,50 à 1m,60 ;
leur longueur, de 2 mètres environ, du
poitrail à la pointe de la fesse. La tête est
volumineuse; les cornes sont longues, très
ouvertes, assez souvent arquées en arrière
et fort grosses. Ils sont bien faits et on les
considère comme assez bons pour le tra-
vail, à la condition d’une nourrriture suf-
fisante. Grâce à leur taille, ils peuvent ac-
quérir er engraissant le poids de 609 kil,
mais la proportion de la chair aux os est
relativement moindre que dans les chole-
tais; la viande est moins estimée des bou- |
chers du pays, et quoique la méthode d’en-
graissement soit la même, la masse du
suif n’est pas aussi considérable. Il faut en
dire autant sur tous les points des bœufs
auvergoats.
5, La race auvergnate se propage depuis
quelques années:assez abondamment dans
l'arrondissement de Beaupréau, par suite
de l'extension remarquable donnée à l'en-
graissement ; c'est la plus élevée de toutes,
Chez les individus de taille moyenne, je
l'ai trouvée de 1m,70 à 1m,75. Quoique la
tête des bæufs auvergnats soit plus légère
que celle des bœufs de Saintonge. le cor-
nage moins long et moins fort, les émi-
nences osseuses m'ont paru plus dévelop-
pées. La coaleur dela robe est uniformé-
ment alezan-brûülé. foncé. Un caractère
constant qui peut faire distinguer tous les
animaux de cette origine de ceux de na-
ture, lors même que ceux-ci s’en rap-
prochent le plus par la teinte, c’est qu'ils
ont l'entourage des yeux rouge, ce qui
donne à leur regard un aspect particu-
lier.
Les saintongcois et les auvergnats dépé-
riraient si on ne leur donnait pas plus de
nourriture qu’on en donne aux bretons et
aux choletais; aussi les fermiers qui les
recherchent comme bêtes de trait ou d'en-
graissement sont d'ordinaire ceux dont les
exploitations se trouvent le mieux affoura-
gées. IL est évident qu'à ces conditions
mêmes, si la race du pays suffisait aux
besoins toujours croissants de la vente, elle
serait exclusivement recherchée par les
engraisseurs angevins.
Les vaches de l'arrondissement de Beau-
1096
préau considérées comme les meilleures
nourrices, donnent à peu près de 10 à 12
litres de lait par jour pendant les cinq
mois qui suivent le velage. Presque tou-
jours elles allaitent deux veaux à la fois.
Celles de qualité commune produisent de
2 à 8 kilogr. de beurre par semaine. Il en
est, mais en petit nombre; qui en rap-
‘portent jusqu'à 4 kilogr: Ces proportions
restent à bien peu près les mêmes sur tous
les points du département où les animaux
sont convenablement nourris; elles aug-
mentent communément dans les vallées:
elles sont moindres sur les parties mal af-
fouragées. Les vaches mancelles passent
pour donner moins de beurre que les au-
tres, à quantité égale de lait,
Une tendance remarquable vers l’amé-
lioration des races se manifeste surtout
depuis quelques années dans les trois ar-
rondissements d'Angers, de Beaupréau et
de Saumur, ainsi qu'on a pu en juger dans
les divers concours qui ont eu récemmint
lieu aux alentours de Cholet. L’insuffisance
des animaux propres à l’engraissement, la
cherté de ceux qu’on va chercher à Bres-
suire où à Parthenay ont appelé l’atten-
tion des fermiers sur les bénéfices qu’ils
pourraient retirer de l’élève des bœufs dits
de nature. L'exemple donné par quelques
uns a gagné les autres, et l’émulation a
achevé ce que limitation avait commencé.
Déjà la pratique a enrichi la théorie d’ob-
servations importantes; on se montre plus
difficile sur le choix des taureaux lors de la
saillie; on paie mieux dès Jeur bas âve les
belles productions. Aux environs de Segré,
non seulement la race mancelle a cons: rvé
sa taille et ses billes formes, maïs elle s’est
élevée et sensiblement améliorée. LA,
comme je l’ai déjà noté, il est des. bœufs
qui passent dans les. herbages normands
sans avoir porté le joug. On conçoit com-
bien, avec une pareille tendance, il im-
vorle d'avancer l'époque favorable à la
vente. Je ne doute «lonc pas que la pré-
sence du beau taureau de Durham, obtenu
par l'intermédiaire dé M. Robineau, ne
rende au pays, et plus spécialement à cette
portion du pays, d'importants services.
C’est au. sud de Segré, aux alentours du
Lion, de Châteauneuf, enfin dans tout le
nord_et le nord-ouest du département,
que je voudrais le voir séjourner tout d’a-
bord. O. Leczerc-Trouin.
DK
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POLITIQUES. à
Séance du samedi 40 juin.
Après une analyse verbale d’un ouvrage
sur les réformateurs contemporains, M. Du-
noyer continue la lecture du mémoire
qu'il avaitcommencée à la dernière séance
L'honorable académicien a examiné au-
jourd’hui qu'elle est l’influence de la vie
industrielle sur les relations sociales. Une
question se présentait d’abord qui domine
toutes les autres. Cette question est celle-
ci: industrie et monopole sont-ils une
même chose ? il y a monvpole ou tendance
au monopole chez tous ceux qui veulent
faire des profits, mais ceux qu'on entend
par industriels n’ont pas plus de cette ten-
dance que les cultivateurs, les avocats, les
médecins, et pour qu'il en fût autrement,
il faudrait qu'ils eussent des priviléges par-
ticuliers, car le monopole ne se comprend
pas sans priviléges. C'est plus, rien n'est
_ été qu'après un plein et long exercice des
1097
moins dans la nature de l'industrie que le
monopole, rien n’est plus contraire, à ses
développements; ‘la concurrence, au çon-
traire, est de son-essenceelle Ja veut en-
titre, extrême mème, parce que, cest par
là seulement. qu'elle peut, abienir le çper-
fectiounement dont elle est susceptible.
Or, la concurrence étant l'antipode du «
monopole, il est évident que le plus grand M
reproche adressé à l'industrie se trouve
sans fondement.
Cela posé, M. Dunoyer s'est demandé
quels sont les effets de la concurrence. Il
ne faut pas croire que la concurrence
constitue un état permanent d'hostilité, et
ce serait.en, avoir uue idée fansse que de
les comprendre avec des oppresseurs d’un
côté et des opprimés de l’autre. Entre des
concurrents il‘en est un plus habile que
les autres, il réu-sit, les autres échouent.
C'est un mal pour eux sans doute, mais
aussi c’est un bien pour les acheteurs et
les consommateurs. Il ya, dit-on, des abus,
mais à quoi ne peut-on pas adresser le
même reproche? C’est auxelois;; c'estrsaux
magistrats chargés de les: fairel exécuter,
qu'il appartient de punirvcess abus, -derles
faire disparaître. Quoique: des vaisseaux
(nous nous permettons cette comparaison
pour rendre matériellement l'idée que
nous avons saisie dansla communication
de M. Dunoyer), quoique des vaisseaux
aient-souvent fait naufrage;:est-il jamais
venu à l’idée de quelqu'umqu'il ne fallait
plus-entreprendreidesmwoyages sur mer. À
côté du -mal est. le biens en toutes choses;
et le bien que-produit-larconcurrence est
immense, Nous-croyons avéé M:Dunoyer
qu'elle est propre à-unir Jes- nations et
qu’elle doit, par suite-deséchänges conti-
nuels.et. des rencontres:scuvent répétées
sur un marchécommumgresserrer étroite
ment les lieas qui wnissentotous les hom-
mes La liberté du commerce se fonde
par la concurrence, et c'est la liberté de
concurrence qui -doit-réaliser toutes les
merveilles de l'industrie. Un jour viendra
ou par la libenié-du commercetless mœurs
palionales s’efficerontetmeseront plus que
des monnäiesusées, rejetées de da cireula-
tion. Alossiln'y aura-plus qu’une morale,
qu'un droit naturel en place da droit des
nations; les lois,le langage, le costume
même s’établiront sur-un-seul type, :ear
il n’y aura qu’une seule«race. d'hommes,
qu’un seul peuple.
A la suite de cette lecture, une conver-
sation très intéressantess'est établie; MM.
Philippe Dupin: Blanqui, Passy et Bunoyer
y ont successivement prispart. Nous n en
rapporterons que ce qui est relatif! un
passage du mémoire de M: Dunoyer que
nous avions omis à dessein et qui traite de
la libre concurrence des partis dans un
gouvernement établi. M. Dupin, évoquant
les souvenirs historiques contre la théorie
de son collègue, a rappelé que ce m’avait
lois de Solon, que par suite de la libre con-
currence était arrivée l'intronisation des
trente tyrans, et que par la même cause la
liberté périt à Rome après cinq cents ans
de jea libre du gouvernement.
M. Dunoyer a répondu très Judicieuse=
ment qu'il n’y a aucune comparaison pos-
sibleentre les Grecsou lesRomainset notre
société. Que. chez,.6es peuples l'industrie
n'existait point, que:les métiers, les arts
mêmes étaient abandonnés aux esclaves, et
que toutes les transformations que, selon
lui, doit un jouvsubir la civilisation bumat-
VD er - de 2 JE
Ë
11098
ine, c’est précisément par l’industrie qu'elles
:doivent arriver.
- M. Blanqui à corroboré l'opinion de
M. Dunoyer én faisant observer à l’Acadé-
mie que pärsuite des relations industriel-
‘les, le$ péuples s’'émpruntent déjà les m°ts
: dont ils ont besoin; que le langage tend
ainsi À sé généraliser, et que d'un autre
“côté, ils se chargent réciproquement du
| transport _de leurs lettres. Ces deux faits,
| dont la portée est plus grande qu'on ne
pense généralement, sont, selon lui, un
- indice d’unefusion prochaine.
|. M: Dubois d'Amiens a terminé la lec-
| turé dé son dernier mémoire sur Broussais
et sur ses doctrines. CG B.F
COLEËGE DE FRANCE;
Cours de M. Quinet.
: Mercredidernier, M. Ed. Quinet a ter-
| miné son cours au milieu des applaudisse-
ments®d’un nombreux auditoire. Tous
ceux qui prennent quelque intérêt à l’ave-
| mirmoral-etintellectuel de la France sont
| vémûs écouteravec plaisir les dernières le-
ions-dwsavant professeur, lecons durant
| lesquelles il a exposé avec une impartialité
rare; avec une-conviction et une force de
talent peu communes, l'origine, les pro-
. grès et la doctrine:de la Société de Jé-
sus. M: Quinetæprisiles jésuites’à leur nais-
sauce; il à étudié laviede Loyoia, de ce
\ personnage ‘intrigant: qui résume en lui
. seul tout l'esprit derlaksociété, et qui sem-
| ble avoir empruntéisongénieà Satan ou à
| Machiavel! Mais ces n’était pas tout que
d'étudier: cette *existence aventureuse, il
| fallait feuilléter-les-réglements de la so-
ciété, trouverdansles pages de ces in-folio
les maximesinfânress;les préceptes hideux
qui sont toujours:restés le code du jésui-
tisme. M. Quinetrear fait toutes ces choses,
et sa noble conduite-dans une telle cir-
“ constance ne:sauraït mériter trop d’élo-
\ gésiLes jésuites, dèsleur berceau, ont porté
‘aveceuxun-principe délétèrechez tous les
peuples qu'ilsont salis-de-lér ange, et les
-nätions infectées-par leur soufflé de mort
ont toujours étéimpuissantes à’créer quel-
| que chose de grand, — Pour preuve, je ne
citerai que l'Espagne; — et après cela il
vient des hommes:qui nous disent que les
=» rise ee ste
jésaites, parleurs missions, ont civilisé les
| peuples barbares, et qui ne craignent pas
de’montrer la:république du Paraguay
commerune œuvreladmirable de la société
de Jésus. À ces hommes nous répondrons
. ce que M. Quinet leur a déjà répondu, c’est
|nqu'ils m'ont pas la moindre idée de la ques-
| tion:-Gelte république du Paraguay, que
les partisans de la société citent comme
| Wôge d’or des temps modernes, n’est qu’un
}horrible chaos où des peuples
IMluttent contre les jésuites leurs
opprimés
op-
presseurs. Mais les jésuites ont encore eu
assez de ruse pour ne pas aller crier par le
| monde que vingt fois on avait été prêt à
| les chasser du Paraguay. Tels ontété les
) résultats de leurs missions. Mais viendra
1 peut-être quelqu'un qui voudra nous offrir
les jésuites sous un côté plus favorable et
citera leur politique. Oh ! pour leur poli-
| tique; ne m’enparlezpas.C’estune politique
infernale qui a tué tous les bons principes,
qui na pas-cessé de: lutter contre l'intelli-
gence etla raison, et: fait un dogme de
2 GREC Le x PS =
| Yhypocrisie ‘la plus'ignôble:: Les jésuites,
M, et nous défions qu’on nous prouvée le con-
| traire, les jésuites ont'toujours conspiré
1099
contre les hommes et les pouvoirs dont ils
semblaient être les amis et les défenseurs.
Ils ont flatté le peuple pour tuer la royauté,
et ilsse sont faits les adulateurs du pouvoir
royal pour conspirer contre le peuple. Au
seizième siècle, la monarchie brillait de tout
son éclat, et les jésuites étaient démago-
gues; mais quand la démagogie a été au
pouvoir, alors on les a vus royalistes. — Et
après cela on estimerait ces hommes, on
ne les chasserait pas de tous les pays et on
leur permettrait de rétablir leur société !
Oh! non, la France les méprise trop, elle
s’en veut plus, et s'ils s’obstinent à reparai-
tre encore, ce dégoût qu’on a pour eux se.
changera peut-être en un terrible sentiment
de vengeance! Alors qui les plaindrait?
Personne.
M. Edgar Quinet, dans cette séance, a
donné une noble opinion de son caractère
et de la généreuse pensée qui l’a guidé
pendant ces leçons, quand il s’est écrié :
non, messieurs, je ne suis pas de la reli-
gion de Louis XI, ni de celle de Catherine
de Médicis, ni de celle de M: de Talleyrand,
et encore moins de celle de M. de Maistre;
je suis de la religion de Descartes, de celle
de Napoléon, de la religion de tous les li-
bres penseurs. — Si ces paroles ont fait
honneur à celui qui les a prononcées, elles
n’ont pas moins honoré ceux qui les ovt
applaudies, et ces applaudissements prou-
vent d’une manière évidente que le règne
des jésuites n’est pas encore prêt à s'éta-
blir. M. Quinet vient de recommencer la
lutte contre eux; guidés par un si bon mai-
tre nous la poursuivrons de tous nos ef-
forts, et puissions-nous les finir sur les
cendres dela société de Jésus. La crainte
des mandements et des excommunications
n’est plus de notre siècle; on peut libre-
meët {6nner-contre nous qui ne croyons
pas à la sainteté’ d'Ignace de Loyola ;
nous apprendrons avéc plaisir les attaqués
de nos adversaires, "attaques aussi remar-
quäbles par leur ineptie que par la mau-
vaise foi qui les inspiré, et nous ne cesse-
rons' pas de nous ranger du côté de ceux
qui ont encore quelques flèches à décocher
contre le jésuitisme. ETF
ARCHÉOLOGIE.. à
CONGRES ARCHEOLOGIQUE DE POITIERS.
Séance du 6 juin, 8 heures du matin.
La séance ouverte sous la présidence
de M. Babault de Chaumont, a été presque
entièrement occupée par la partie de l’en-
quête relative aux vitraux. du moyen-âge;
plusieurs renseignements curieux ont été
donnés. — Les belles verrières de la ca-
thédrale , sur lesquelles M. l'abbé Auber
prépare un important travail, ont été de sa
part l’objet d’une description dont la fidé-
lité prouve avec quel soin il les a étudiées.
Suivant lui, leur fabrication remonte au
treizième siècle. La concavité du verre
et la vivacité des couleurs sont les carac-
téres principaux qui lui permettent de pré-
ciser l’époque a laquelle on doit les faire
remonter. — D'autres vitraux sont signa-
lés encore. — MM. de la Fontenelle, Se-
grétain, Lecointre, de Chergé, de Bernay,
de la Liborlière, présentent des documents
intéressants où des considérations impor-
tantes.
Quelques questions sur les monuments
civils et militaires ont terminé la séance. Le
château de Bressuire, dont M. Segrétain
fait la description , excite vivement la solli-
1100
citude de M. de Caumont, qui engage la
société des antiquaires de l'Ouest à faire
exécuter le dessin des restes de ce monu-
ment. — Détruits pierre à pierre, dit-il,
parce qu’ils n’offrent plus , comme les édi-
fices religieux , un objet d'utilité, les vieux
châteaux ne sont pius que des ruines qui
vontdisparaitre. Si l'or et le zèle ne peuvent
les relever, que le crayon du moins nous les
conserve !
Séance du 6 juin, 2 heures.
La séance , ouverte, sous la présidence
de M. Cardin, a été consacrée à la lecture
de divers rapportsprésentés sur les travaux
de la société, par MM. Lecointre , Ménard,
Fillon , de Chasteignier, Thiollet et de
Fleury.
Parmi ces lectures nous devons signaler
l’élégant rapport de.M. de Fleury sur plu-
sieurs ouvrages qu’il étaitchargé d’analyser,
L'auteur a été écouté avec d'autant plus
de plaisir, qu'il s’est fait l'interprète de
chacun des membres du congrès, en sai-
sissant l’occasion d’exprimer à M. de Cau-
mont sa vive admiration et ses profondes
sympathies. — Nous devons rappeler aussi
un discours dans lequel M. de Lamariouze
a remercié M. de Caumont d'avoir si cor-
dialement fraternisé avec les deux sociétés
savantes de Poitiers.
Après ces lectures, M. de Caumont a
pris la parole pour adresser aux deux so-
ciétés de Poitiers et aux membres du con-
grès des jaroles de reconnaissance pour
l'activité avec laquelle ils ont pris part aux
travaux de la session. Il termine par d’o-
bligeantes paroles adressées à M. Jules de
la Marsonnière, qu’il remercie du zèleavee
lequel il a suppléé à M. Le:ontre dans-les
fonctions de secrétaire général.
)
GÉGGRAPHIE.
Fragment d'un voyage dans le Chili et au
Cusco, patrie des anciens Incas; par
Claude Gay.
(Quatrième article.)
Dans quelques coutses ‘scientifiques que
je fis aux environs de Lima, j'eus occasion
de visiter un petit:nombre de monuments
antiques, précieux restes d'industrie et de
civilisation péruvienne, qui nous font re-
gretter l'espèce de vandalisme qui animait
à cette époque reculée la superstitieuse
bravoure du peuple conquérant, Ces mo-
numents, digues de toute admiration, se
trouvent en bien plus grande abondance
dans l'intérieur du pays; ils fourmillent dans
les vallées voisines du-Cusco, et les fonde-
ments mêmes decétte grande ville en sont
entièrement composés. Quoique tout-à-
fait étranger aux sciences archéologiques,
cependant un pouvoir presque me porta
vers ces lointaines régions dans le but de
visiter au moins, à titre de curieux, ces
précieux débris d’une puissance à jamais
célèbre. Je sortis donc de Lima, accompa-
oué deétrois domestiques ou préparateurs,
emportant avec moi mes boussoles de dé-
clinaison, de variation et d'intensité ma-
gnétique, un bon sextant, deux chrono-
mètres et plusieurs autres instruments ‘de
physique terrestre et de métcorolopié.
Après quatre jours de marche, nous'fran-
chîmes la première Cordillère par le coPde
Tingo, élevé de 4,315 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Nous y éprouvâmes ce
singulier malaise, effet de la grande raré-
faction de l'air, et connu en Amérique sous
le nom de soroche, pouno, etc. On ne peut
1101
. Mieux le comparer qu’à un véritable mal
de mer; ce sont les mêmes Symptômes, les
mêmes souffrances, douleurs de tête, vo-
missements, et un abattement tel qu’il rend
la vie presque à charge, et m'empéchait
d'aller consulter mes baromètres et ther-
momètres qui n'étaient qu'à deux pas de
moi. Ce malaise me dura quelque temps ;
mais dans la suite, je finis par m'habitaer à
cette rareté de l’air, et je pus faire osciller
mes aiguilles d'intensité à une hauteur de
4,685 mètres, exécuter plusieurs autres
travaux de physique terrestre sans ea tre
sensiblement incommodé.
Après avoir franchi la première Cordil-
lère, nous suivimes une route de plus de
cent soixante lieues, constamment entre-
coupée d’affreuses vallées et de hautes
montagnes, et dont les limites extrêmes de
hauteur oscillaient entre celle du col de
Tingo et celle du pont de l’Apuricnac, qui
est de 1,994 mètres. Nous visitâèmes suc-
cessivement Tarma, dont les environs me
signalèrent encore des restes de ce grand
chemin qui, du temps des Incas, joignait la
capitale du Quito à celle du Cusco; Guan-
cavelica, avecses riches mines de mercure;
Ayacucho où Guamanga, qui donna défi-
nitivement l'indépendance au Pérou; An-
dahuayla et Abancay, si justement renom-
més par la beauté et, la bonté de leurs
sucres ; enfin le Cusco, où nous arrivâmes
après un mois d’un voyage extrêmement
pénible à cause de l’aspérité du, chemin et
de la rapidité de ses pentes.
Il me serait impossible de décrire ici les
émotions presque religieuses que j'éprou-
vai lorsqu'en descendant du haut de la
porte de l’aqueduc, j'aperçus cette ville
qui déjà me rappelait la grandeur'd'un
peuple vertueux, entièrement éteinte!{la
vallée qui s'étend au loin n'offre rién°de!l
bien intéressant ; au contraire, dénuéed'ar-
bres et presque: de végétation, bordée de
montagnes frappées de la plus affreuse
aridité, elle présentait un paysage plein de
tristesse et de monotonie.On a peine à con-
cevoir comment les Incas ont pu s'établir
dans un endroit si sauvage, lorsque des
vallées voisines pleines de sites de toute
beauté auraient dù les inviter à un choix
plus riant et plus digne de leur haute posi-
tion ; on s’en étonne bien plus encore lors-
Librairie de Roret, rue Hautefeuille , n. 10 bis, & Paris.
HISTOIRE NATURELLE
ZOOPHYTES ACALRPRES ,
M. Lessonu vient de publier les résultats de lon-
gues études sur les animaux marins qui forment la
la classe des acalèphes, et la plupart des z00-
phytes. L'histoire de ces êtres est encore peu avan-
céé, car on n'a pu trouver le moyen de les conserver
dans les Musées , et c’est au milieu de leur élément
qu'il faut saisir les caractères qui servent à les dis:
tinguer;
Les acalèphes ont été depuis le commencement de
ce siècle l'objet de nombreux travaux partiels; mal-
heureusement il reste encore beaucoup à faire pour
porter leur étude au même degré que celles des au-
tres branches de la zoologie , ais enfin ec livre ren-
1102
qu'on voit les travaux qu'ils firent exécuter
pour vaincre la nature et embellir une
ville dont le principal mérite était en quel-
que sorte l'ivrégularité du terrain. Le
Cusco, adossé en effet sur le penchant
d’une colline, et à une hauteur absolue de
3,499 mètres, présentait dans le principe
une ville sans ordre et sans plan. Des rues
très étroites conduisaient de la place au
temple des Vierges ou Aëcllas, aujourd'hui
monastère de Santa-Catilina, et au temple
du Soleil, dont la base à servi de fonde-
ment au couvent de Santo-Domingo. À
l'extrémité de ce couvent, on voit encore
une espèce de terrasse dont le mur est d’un
fini jusqu'ici inconnu en Europe. Les pier-
res sont si bien superposées et si bien unies,
qu’il serait difficile de passer la pointe d’un
canif dans le plan de jonction. Les murs
des rues,quoique moins bien achevés, n’en
sont pas moins surprenants à cause sur-
tout de l'enchevêtrement des angles sor-
tants et rentrants qui terminent le pour-
tour des pierres, etqui donne à la masse un
certain air cyclopéen. Mais c’est au som-
met de Sarsahuaman, colline qui domine
la ville, qu'il faut aller admirer ces gigan-
tesques forteresses, construites, non avec
des pierres ni des roches, mais avec de vé-
ritables rochers singulièrement taillés, et
placés de manière à pouvoir encore résis-
ter une longue suite de siècles aux injures
du temps et des hommes; c'est aussi du
sommet de cette colline remplie de monu-
ments d’une forme bizarre, incompréhen -
sible, que l’on peut jeter un regard d’en-
semble sur toute la vallée et sur toute la
ville, disposée en amphithéître, avec des
rues souvent tortueuses, cas fort rare en
Amérique, et ses superbes églises, riches
en grandeur et en sculpture, et que ne
désavoueraient pas nos plus belles villes
d'Éurope. Malbéureusement, ces monu-
|ments, qui surpassent presque en beauté
| tout ce qu'on pemt voir dans ce genre en
Amérique, commencent à vieillir, ct.de
plus à se ressentir de FPespèce d’indiffé-
rence avec laquelle on: les regarde.
(Societé de géograjhie.)
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
DES
Par M. R.-P. LESSON.
UN VOLUME IN-3, AVEC PLANCHES.
fermant tout ce que la science a de plus avéré, est
le traité le plus complet que nous possèdions sur les
Izoophytes marins. Ge qui n'occupe que quelques
feuillets dans les traités de zoologie, fait la matière
de plus de cinq cents pages in-8°, D'auteur, tout en
se éréant une méthode de elassification qui lui soit
propre, fout en analysant au point de vue de sa
doctrine les écrits de ses devanciers, a voulu re-
cueillir avec fidélité tous les documents des nalu-
ralistes qui ont écrit sur les especes d’une manière
originale, et a cité constamment les textes des écri-
vains que l'on peut citer comme sources originelles.
L'histoire des acalèphes se compose d'un aperçu
01103.
FAITS DIVERS:
— Les travaux pour la restauration du mausolée
de Pétrarque étaient presque lerminés, lorsque le
24 mai on reconnut qu'il était Ne pour
bien fermer les crevassss du 10m Eau 3. d'en Souléver
le couvercle, On’ aperçnt afors les réstés du grätd
homme disposés de la manière Suithhté:
Ces restes gisent sur une table dé mélèse:/ainst
les chroniqueurs qui ont écrit que le corps de Pé-
trarque fut enfermé dans, deux caisses se sont trom-
pés. Le crane quoique un peu déplacé a encore
douze dents, l’os maxillaire éloigné du crâne d’envi-
ron un pied conserve ses dents. Le bras droit man-
que entièrement; on sait qu’il futenlevé en 1620.
Et c'est probablement à la violence de ce choc qu'est
dû le déplacement du crâne, du menton et de
presque toutes les autres parties du corpsi Lés os du
thorax se sont'disjéints et amoncelés, les ! fémurs
sont intacts et très blancs, les tibias sont couverts
et enveloppés- d’une blanche étoffe. Presque tout le
fond du cercueil est recouvert d'une tunique noire
tombée en poussière à l'exception de quelques lam-
beaux près de la tête. Plus bas, une croûte bleuätre
occupeun petit espace; on la suppose le reste des *
insignes de chanoine avéc lesquels, selon les histo-
riens , il fut enseveli. Le tombeau a été refermé en
présence du comte Léoni, du sculpteur Gradénigo ,
de don Giacomo Saltarini, archiprètré! @'Atia ; ét
de plusieurs autres personnes du payÿsEtil : RINON
fi ajit
<< —— =
BIBLIOGRAPHIE.
ÉCONOMISTES FINANCIERS du xvrne siècle.
Vauban, projet d’une dimé roÿale. Boisguillebert,
détail de la France , factumdela France , opuscules
divers.-Jean Law, considératfüns Sür le numéraire et
le commerce, mémoires et lettres sur les banques,
opuscules divers. Melon ,lessai politique sur le com-
merce, Dutot, réflexions politiques sur le commerce
et les finances; précédés de notices historiques sur
chaque auteur, et accompagnés de commentaires et
denotes explicatives par M. Eugène Daire, À Paris,
chez Guillaumin, passage des Parioramas, 13.
DE LA FLAMME, à .pelites, dimensions, em-
ployée contre la douleur, la débulité, la torpeur;
par F. Gondret, = À Paris, chez l’auteur, rue St-
Honoré, 367. &
ESSAI d’hématoloïïe pathologique; par G. An-
dral.— A Paris, chez Fortin Masson, place de l’'E-
cole-de-Médecine,'#.* * Reis AE
ESSAI SUR L’AGRONOMIE ; où Régénératjon
de l’agriculttiré; par Louss Guy, pelite rue Sainte-
Catherine, à Eyon. 5
FARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33,
mm gemmes meme À
des méthodes diverses de classification , d'un som-
maire historique des découvertes successivement faites
dans cette branche et d'une Notice bibliographique:
Puis l'auteur traite successivement des huit familles
d'acalèphes qu'ils nomme : béroïdes ; médusaires ;
diphydes, polytomes, physophores ; physalies ,: vé=
lelles et porpites, el dans ces familles, : sont suecessi=
vement passés en revue ; les genres ,et toutes les es-
pèces connues. Dans celle ides médusaires , l'auteur
fait connaitre deux. gentjquarante €$peces seulement
Ge volume est donc‘. Je ;1raité le plus complet que
nous ayons sur celte branche de Vhistoire naturelle
des zoophytes acalèphes.
L'ECHO
140 année.
|
Paris. — Jeudi, 22 Juin 1843.
De
Me 47.
U MONDE SAVANT.
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
terne
L'ECHO DU MONDE SAVANT paraît le SEUDE etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À DE RAVAZETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principauxli-
. braires, et dans les bureaux de la Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR:8S pour un an 25fr., Six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ’6 fr.
8 fr. 50. AVÉTRANGERS5 fr. en sus pour les pays payant port double, — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CI#Q fr. par’an et par recueil l'ÉGHO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOIS:S du mois (qui coûtent chacun 10 ft. pris séparément) et qui forment avec l’'Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur.
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES, séance du lundi 19 juin 1843. — SCIEN-
CES PHYSIQUES. CHIMIE APPLIQUÉE. Sur
Yemploi du cyanure de potassium dans l’analyse
chimique; Haidlen, — SCIENCES NATU-
RELLES. GEOLOGIE. Sur quelques accidents
volcaniques; Bertrand de Lhom. — ORNITHOQ-
LOGIE. Mœurs et coutumes du couroucou pavo-
ain et sur les contrées qu'il habite; de Lattre.
— SCIENCES APPLIQUEES. ARTS METAL-
LURGIQUES. Grille-chaîne sans fin pour les
foyers; Jobard. — ARTS CHIMIQUES. De l’em-
Fi: des gaz comme combustible; Thomas et
Laurent. — ÉCONOMIE AGRICOLE. De quel-
ques engrais et de leur emplois. — ANIMAUX. DO-
MESTIQUES. Des races de chevaux, de bœufs
et de pores de l’Anjou. — SCIENCES HISTO-
RIQUES. ARCHÉOLOGIE. Canton de Saintes;
Lesson. — HISTOIRE. Possessions anglaises dans
l'Afganistan. — FAITS DIVERS. — TABLEAU
BIÉTÉOROLOGIQUE DE MAI.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 19 juin 1843,
La séance d'aujourd'hui a été remplie
presque toute entière par une longue dis-
cusSion entre les plus célèbres embryolo-
-gistes de l’époque. Nos lecteurs se rappel
Jeront sans doute que M. Serres a an-
noncé. dans la dernière séance avoir isolé
la membrane allantoïde de l’homme, età |
mis à la disposition des observateurs Îles
»Y : UNE « MST r
pièces destinées à établir l'authenticité de
ce fait. M, Velpeau qui à pris connais-
sance de ces pièces et qui les a examinées
avec ce talent observateur que nous lui
connaissons, loin d’arriver aux mêmes
conclusions que M. Serres vient combat-
tre aujourd hui les opinions émises lundi
dernier devant l’Académie parleprofesseur
du Muséum. Suivant M. Velpeau, ce que
M. Serres regarde comme la membrane
allantoïde, n’est qu’un renflement qu'on
trouve à la base du cordon ombilical.
Dans cette discussion M. Serres ne nous
a pas paru répondre avec précision aux
objections qui lui ont été faites , et il s’est
jeté dans un pathos qui aurait pu avoir
plus de méthode et surtout plus de clarté.
Quant à M. Velpeau, ila su placer la ques-
tion dans son véritable jour; il en a fait
fait connaître les points épineuxet ses paro-
les ont été pour son adversaire de terribles
attaques. Quant à nous qui n’avons pas
vu les pièces de M. Serres et qui ne pou-
LA N . «
«ons émeitre aucune opinion sur ce sujet
mous rappellerons seulement en terminant
ces paroles de M. Velpeau, qui devraient
É être gravées dans l'esprit de tous les em-
bryologistes et de tous les micrographes.
«Dans, l’embryogénie les conséquences
sont très difficiles à déduire des faits ; l’er-
reur est à côté de la vérité, et l'illusion
du microscope a souvent trompé d’habiles
observateurs. »
M. de Romanet a lu à l’Académie un
mémoire sur ces deux questions. « 1° Les
Juments et pouliches doivent-elles être admi-
ses à disputer les prix de course fondés
pour l'amélioration des races de chevaux.
2° Les chevaux et pouluins doivent-ils pren-
dre part à la distribution des primes locales
que l’on a créées également pour améliorer
les races. — Nous n'entrerons pas dans
tous les détails da travail de M. de Roma-
net et nous nous contenterons de citer ces
quelques lignes quiterminent son mémoire
et qui donnent une idée de la maniere dont
il résout les questions qu'il a posées. « Il
faut dit-il, avant tout, chez l'étalon , du
feu, de l'adresse, de la docilité, qualités
qui tiennent toutes au courage et à l'in-
telligence, qui ont leur siége dans Te sys-
tème cérébro-spinal, et qui sont particu-
lièrement transmissibles par le père; il
faut des épreuves, c'est à dire des Courses
pour les constater. L'entraînement a pour
but de développer ces mêmes qualités ; de
trier. les chevaux, de les mettre en état de
supporter l'épreuve, et il ajoute encore à
leurs qualités transmissibles. Donc, faites
courir les chevaux; Saiscez-les entraîner:
plus le nombredes chevaux qui prendront!
part-à ces exercices sera grand, plus vous
aurez de ressources pour améliorer l’es-
pèce que réclame l'intérêt de la défense da
pays ét'puisque les sommes consacrées par
l’état aux prix des courses sont très bornées,
réservez donc exclusivement pour les che-
vaux propres à faire des étalons ce puis-
sant moyen d'amélioration.
« Chez la jument poulinière ces mêmes
qualités sont certainement très désirables ,
mais il lui faut par dessus tout la construc-
tion, la taille, la force matérielle jointes
autant que possible à l'harmonie des for-
mes et à un certain embonpoint indiquant
qu’elle doit avoir du lait. Toutes ces qua-
: lités qui se trouvent en rapport essentiel
| avec la part qu’elle prend dans l’acte de la
reproduction, peuvent facilement se re-
connaître à l’œil. Donnez-lui donc des pri-
mes locales et réservez-les toutes pour
elles.
«Enfin, les juments et pouliches ne doi-
vent point être admises à disputer les prix
de courses fondés par l’état pour obtenir
l'amélioration de lespèce chevaline ;:et!
l’on ne doit distribuer les primes, dont les!
fonds sont ésalement fournis par l'Etat ou
les administrations publiques, qu’à des ju-
ments poulinières. »
M. Dumas présente à l’Académie ,-della
part de M. Olivier, professeur: au:Conser-
vatoire, un ouvrage qui a pourtitre : dé-
veloppements degéométrie descriptive. Dans
ce travail M. Olivier a en vue de démon-
trer que la géométrie descriptive est une
science; qu’elle a des moyens qui lui sont
propres pour rechercher les vérités géo-
. ception nette et exacte des choses #7
| dimensions. (
métriques et qu’ainsi l'emploi des projec-
tions ne constitue pas seulement un art
graphique, mais encore une méthode
scientifique:
M. Olivier a ‘cherché à introduire dans
la géométrie descriptive les infiniments pe-
tits, et d’une manière nette, précise et di-
recte de telle façon que cette idée dé-
coulât tout naturellement de celle des
projections. Par là M. Olivier pense avoir
perfectionné la méthode projections
et il a été dès-lors permi. à la géométrie
descriptive de résou'ré tn bus grand nom-
bre de problêmes.
La solution de certaines questions est
quelquefoïs il est vrai plus longue et plus,
difficile par la méthode des projectionsque
par l'analyse, mais souvent elle est plus
simple et dans tous les cas elle fait mieux
ressortir la puissance du raisonnement
géométrique. En outre l'étude et la prà-
tique de la géométrie descriptive, 6ntsle
grand avantage de former l'esprit et la;c
à volonté et subitement. Cette voiture
dée sur un principe ingénieux, à
née à prévenir bien des accidents,
dant il faut dire, daus l'intérêt de la vérité,
qu'elle paraît un peu compliquée, et a
besoin encore de quelques modifications
pour être désormais d’un usage utile et
commode. :
M. Colombat de l’Isère écrit à l’Acadé-
mie pour lui rappeler que depuis long-
temps il s’occupe du traitement des vices
de la parole; il prie en même temps les
commissaires, nommés pour constater la
découverte de M. Jourdant, de lui adresser
des bègues pour qu'il puisse leur prouver
d’une manière.évidente qu il possède contre
le bégaiementiuntraitement facile, prompt
et qui cependant n’emprunte rien à la mé-
decine opératoire.Espérons que de cette ri-
valité sortira quelque chose de curieux et
d’important au double point de vue de la
physiologie et de la thérapeutique.
M. Calvert, aide naturali:te au Muséum
d'histoire naturelle, envoie à l’Académie
uve note sur le protoxide de plomb. M:Cal-
vert a observé que lorsque lon sature la
soude bouillante marquant de 40 à 450 par:
de l'hydrate de protoxyde de plomb etqun!
laisse refroidir la liqueur il se précipite un
oxyde rose de plomb cristallisé nf eabes
assez réguliers. Chauffé à 400%environ cet
oxyde augmente de volume, devient noir
et décrépite en laissant dégager des traces
d’eau 0,1 pour 100. Si l’on élève sa tem-
pérature au rouge rosé il prend une cou-
leur jaune de soufre sans perdre sa forme
1107
cristalline. Il est très peu soluble dans les
acides. Sa composition est .
92,83 de plomb.
7,17 d'oxygène.
100,00
Si au lieu de prendre de la soude mar-
quant de 40° à 45° l’on fait fondre cet al-
cali caustique et que l’on y projette de
l’hydrate de protoxyde de plomb, celui-ci
devient rouge à l’instant même en donnant
naissance à un nouvel oxyde isomère avec
- le protoxyde. Ce nouvel oxyde est une
substance amorphe dont la couleur rap-
pelle celle du minium. Trituré il donne
une poudre jaune rougetre semblable à
celle que fournit l’oxyde rose, mais il dif-
fère de ce dernier en ce qu’il est très so-
luble dans les acides. Eutre 300 et 400 il
devient rouge brun sans changer de teinte
par le refroidissement, et au-dessus de
400° il prend nne teinte jaune de soufre
pendant que la température s’abaisse. Cet
oxyde peut ètre obtenu anhydre, mais ce
n’est qu'avec la plus grande difficulté qu’on
le prive de son eau hÿgrométrique. Ce
qui est curieux, c'est que la potasse à 45°
agit sur l’hydrate de protoxyde de plomb
en excès de la même manière que la soude
fondue , tandis que la soude à 45° ne donne
pas le même résultat.
En dissolvant de l'hydrate de protoxyde
de plomb dans de la potasse à 45° jusqu à
saturation, M. Calvert à obtenu un troi-
sième oxyde qui paraît avoir été étudié
déjà par M. Mitscherlich. E.F.
2523300 ——
SCIENCES PHYSIQUES.
CHIMIE APPLIQUÉE.
Sur l’emploi du cyanure de potassium dans
l'analyse chimique ; par MM. J. Haidlen
et R. Fresenius.
(Premier article.)
Dans un Mémoire publiédans ces derniers
temps sur la préparation et l'emploi du
cyanure de potassium , M. Liebig a signaté
les services importants que ce corps peut
rendre comme agent de réduction ou de
séparation dans l'analyse chimique ; il y a
cité un grand nombre de cas où des sépa-
rations, pénibles ou incomplètes par les
procédés employés jusqu'alors, s’effec-
tuaient de la manière la plus simple à l’aide
du cyanure de potassium. Ces faits légiti-
maient l'espérance qu’une étude encore plus
approfondie de l’action de ce cyanure sur
les oxides, les sulfures métalliques, etc.,
pourrait ajouter des données intéressantes
à l'histoire des combinaisons du cianogène
en général , ainsi qu’à l'analyse chimique
en particulier.
Sur l'invitation expresse de M. Liebig,
nous avons entrepris, au laboratoire de
Giessen , des recherches où nous nous
sommes contrôlés réciproquement, avec
‘tout le scru pule qu’exige un travail où rien
ne peut se déduire par analogie, maïs où
tout doit se décider par la voie de l’expé-
‘rience. Dans le cours de ces recherches,
nous avons eu la satisfaction de voir se
réaliser nos expériences en grande partie
et d'obtenir des résultats favorables, sur-
tout pour l'analyse.
Avant de passer à la description de nos
recherches, nous ferans observer qu'à
moins d’une désisnation spéciale. nous en:
tendons toujours par cyanure de potassium
1108
le mélange de cyanure de potassium et de
cyanate de potasse, qu’on obtient, suivant
M. Liebig, en faisant fondre du cyanofer-
rure de potassium avec du carbonate de
potasse. Nous avons fixé notre attention de
préférence sur ce produit, sa préparation
étant simple , fort aisée et peu coûteuse.
Pour l'obtenir on prend sur huit parties
de cyanoferruare de potassium, entièrement
débarrassé de son eau de cristallisation ,
trois parties de carbonate de potasse. Ce
dernier doit être tout à fait sec et parfai-
tement pur, surtout exempt d'acide suifu-
rique. Il est convenable d'opérer la fusion
dans un creuset de fer hien couvert, attendu
que le cyanure de potassium en fusion tra-
verse aisément les creusets de Hesse et leur
enlève toujours une petite quantité de si-
lice. Si, dès le commencement de l’opéra-
tion, on maintient la chaleur au rouge fai-
ble , la réduction et la séparation du fer ne
manquent pas de réussir.
Pour servir de réactif, le cyanure de
potassium ainsi obtenu doit, après le re-
froidissement , se présenter sous la forme
d’uve masse d’un blanc de lait, exemptde
grains de fer, et donner à froid avec l’eau
distillée une solution limpide et incolore.
Elle ne doit point, par l'addition d’un
excès d'acide hydrochlorique, laisser de ré-
sidu siliceux. Les sels de plomb doivent y
former un précipité parfaitement blanc; s’il
est d’un aspect sale, cela prouve que le car-
bonate de potasse avait été mélangé avec du
sulfate de potasse, que le cyanure de po
tassium ramène à l’état de sulfure. Nous
avons préparé, pour les réactions une so-
lution de 1 partie de cyanure de potas-
sium dans 6 à 8 parties d’eau,
Examinons d’abord l'action du cyanure
de potassium sur des corps pris isolément,
pour passer ensuite aux nouvelles méthodes
de distinction et de séparation. Les pro-
priétés du cyanure de potassium permettent
d’en faire deux espèces d'applications qui
n'ont presque aucun rapportentre elles :
en effet, il sert d’abord d’agent de sépara-
tion par voie humide, et, en second lieu,
de inoyen de réduction et de fusion par
voie sèche. Cette circonstance nous fait di-
viser notre travail en deux parties.
I. Réaction des oxides et des sulfures
rnélulliques par la voie humide. Tous les
sels, examinés sous ce rapport, furent na-
turellement employés en solution aqueuse.
“En général, il nous a paru indifférent que
les oxides fussent unis à tel ou tel acide, et
que l'acide prédominât ou non dans la so-
lution.
1. Potasse, soude, ammoniaque. Elles
n’éprouvent aucun changement.
2. Chaux, baryte, strontiane. Lorsqu'on
ajoute du cyanure de potassium à la solu-
tion aqueuse de l’un de leurs sels, il se
forme un précipité blanc de carbonate de
chaux , de baryte ou de strontiane. Il pro-
vient du carbonate alcalin produit par la
décomposition du cyanate de potasse qui
était contenu dans le cyanure de potas-
sum. L'ébullition favorise la séparation
complète des carbunatesdesterres alcalines.
Le cyanure de potassinm n’a pas la moindre
influence sur ces carbonates, c’est-à-dire
que le précipité y est tout aussi insoluble
que dans l’eau. Si l’on n’ajoute pas assez
de cyanure de potassium pour précipiter
complétement les oxidesen question à l’état
de carbonates, une partie reste en disso- -
lutiou à celui de cyanure, mais celui-ci se
convertit à l'air et plus vite encore par Ja
chaleur, en carbonate.
1109
3. Magnésie. Elle se comporte comme
les terres alcalines : seulement il se pré-
sente ici cette circonstance qu'il se forme
toujours, par la décomposition ducyanate
de potasse, un sel ammoniacal qui ne se
décompose que par l'ébullition avee du car-
bonate de potasse, si la précipitation doit
être complète.
4. Alumine. Elle se précipite compléte-
ment. Le précipité d’hydrate d’alumine est
entièrement insoluble à froid dans un'excès
de cyanure de potassium. Une partie se
d ssout par l’échauffement, mais elle s’en
précipite de nouveau par une addition de
sel ammoniac.
5. Manganèse. Lorsqu'on ajoute à une
solution de cyanure de potassium très peu
d’une solution de protoxide de manganèse,
le liquide prend une teinte rouge-brun
clair; par l’addition d’une plus grande
quantité de sel de manganèse, il se produit
un abondant précipité de cyanure de man-
ganèse d’un jaune rouge sale et qui se dis-
sout dans un grand excès de cyanure de
potassium. La liqueur rouge-brun , obte-
nue, dont les acides ne séparent plus de
cyanure de manganèse, est une solution
manganocyanure de potassium, à l'air
elle se décolore et se décompose en sépa-
rant de l’oxide de manganèse hydraté. —
Le sulfure de manganèse récemment pré-
cipite ne se dissout que fort difficilement
à chaud dans un grand excès de cyanure
de potassium. La solution d’an léger rouge
jaunâtre ren‘erme du manganocyanure et
du sulfure de potassium. L’addition d’un
excès d’acide hydrochlorique en dégage de
l'hydrogène sulfuré et de acide prussique,
tandis que la solution retient du chlorure
de manganèse. 5
6. Fer. Le cyanure de potassium forme
un précipité rouge-jaune dans la solution
d’un protosel de fer, précipité qui exigeun
grand excès de cyanure de potassium pour
se dissoudre , mais qu’une addition de po-
tasse caustique fait disparaître prompte-
ment. Le liquide renferme du ferrocyanure
de potassium dont on connait les réactions.
Dans la solution des persels de fer, le
| cyanure de potassium occasionne un pré-
cipité brun-rouge semblable à l’hydrate
de peroxide de fer, et juine se dissout pas
entièrement dans un excès de.cyanure de
potassium. Le liquide renferme du ferro-
cyanurc de potassium.
Le sulfure de fer récemment précipité se
dissout difficilement à chaud dans beau-
coùp de cyanure de potassium ; mais si Fon:
y ajoute de la potasse caustique , la solu-
lion est prompte et complète. Le liquide,
d’un brun jaunâitre, contient alors du fer-
rocyanure et du sulfure de potassium.
7. Cobalt. En ajoutant du cyanure de
potassium à la solution d’un protosel de
cobalt, on obtient un précipité flocon-
neux de cyanure de cobalt, d’un jaune sale
et qui se dissout complétement dans un
excès de réactif, Lorsqu'on chauffe la-so-
lution il se produit, en présence d’acide
prussique libre, du cobalt eyanide de:po-
tassium que ni les acides étendus ni les al-
calis n’alièrent.
Le sulfure de cobalt récemment précipité
se dissout à chaud dans le cyanure de .po-
tassium avec une teinte jaune-brunâtre.
Si l'on ajoute à la solution un acide-en
excès , il se développe de l'hydrogène sal-
furé et de l'acide prussique: La solution
retient du cobaltocyanide de potassium.
8. Nickel. Lorsqu'on mélange un sel de
Î nickel avec du cyanure de potassium, 1l
a —
1110
se forme un précipité de cyanure de
nickel, en flocons gélatineux, d’un vert
pâle, et qui se déposent lentement ; ce pré-
cipité se dissout aisément dans un excès de
cyanure de potassium. La solution jaune
renferme une combinaison double de cya-
nure de nickel et de cyanure de potas-
sium,
L’acide hidrochlorique, l’acide sulfurique
et l’acide nitrique font reparaître le préci-
pité, en décomposant le cyanure de potas-
sium; mais la précipitation n’est jamais
complète : il reste toujours une certaine
quantité de nickel en dissolution, qu’on
précipite à froid ou à chaud. L’acide acé-
tique ne décompose pas le cyanure de po-
tassium et de nickel.
Le sulfare de nickel récemment précipité
se dissout aisément à chaud dans une solu-
tion de cyanure de potassium. Par l’addi-
tion de l'acide acétique, la solutionincolore
développe de l'acide prussiqne et de ’hy-
drogène sulfuré sans se troubler; mais si
l'on y ajoute un acide minéral, il se pro-
duit en même temps un précipité de cya-
nure de nickel.
9. Zinc. Un selêde zinc , mis en contact
avec du cyanure de potassium , donne un
précipité blanc et gélatineux de cyanure
de zinc, qui se dissout fort aisément dans
le cyanure alcalin en formant une combi-
naison double de cyanure de potassium et
de zinc ; les acides font reparaître le préci-
pité ; un excès d'acide (et même d'acide
acétique ) Le redissout. Le carbonate de zinc
lui-même se dissout aisément dans le cya-
nure de potassium. <
Le sulfure de zinc récemment précipité
donne, quand on le chaufie ave cune solu=
tion de cyanure de potassiam, une solution
incolore , contenant, outre du suifure- de
potassium , la combinaison double de cya-
nure de potassium et de zinc. L’acide acé=
tique précipite de la solution une partie du
zinc à l’état de sulfure, en même temps
qu’il développe de l’acide prussique et de
l'hydrogène suifuré.
10. Cadmium. Quant on ajoute du cya-
nure de potassium à une solution d’un sel
de cadmium, il se forme un précipité blanc
de cyanure de cadmium qui se comporte
exactement comme le cyanure de zinc.
Lesulfure de cadmium estinsoluble dans
le cyanurede potassium, de sorte que si l’on
ajoute de l'hydrogène sulfuré à une solu-
tion de cyanure de potassium et de cad-
mium, tout le cadmium se précipite à l’état
de sulfure.
11. Plomb. En ajoutant du cyanure de
potassium à la solution d’un sel de plomb,
on obtient un précipité pesant, en grains
fins et blancs, qui se déposé aisément , de
manière qu’on peut le recueillir et le laver
avec facilité.
L'addition du cyanure de potassium ayant
été suffisante, les réactifs (l’hydrogène sul-
furé, etc.) ne décèlent plus de plomb dans
le liquide filtré.
La chaleur favorise la précipitation, Le
précipité est aussi insoluble dans un excès
de cyanure que dans l'eau. Il ne renferme
pas de cyanogène. L’acide acétique et l’a-
cide nitrique le dissolvent aisément en dé-
veloppant de l'acide carbonique. Si l'on pré-
cipite le plomb de la solution par l'hydro-
gène sulfuré, il reste, par lévaporation du
liquide filtré, une petite quantité d’un sel
de potasse.
Le sulfure de plomb est entièrement in-
1111
soluble danslecyanure depotassium, même
à chaud.
12. Bismuth. L'oxide et le sulfure de ce
métal se comportent comme les combinai-
sons correspondantes du plomb. Le préci-
pité qui se forme par le cyanure de potas.
sium dans les solutions de bismuth, est
blanc , lourd, et se recueille aisément sur
le filtre. Il renferme aussi toujours un peu
de potasse.
13. Urane. Lorsqu'on verse dans une so-
lution de cyanure de potassium un peu
d’une solution d’oxide d'urane, on obtient
une solution jaune et limpide. Par l’addi-
tion de plus d’urane, il se produit un pré-
cipité jaune de cyÿanide d’urane. Celui-ci
ne se dissout à chaud que dans un grand
excès de cyanure de potassium Les acides
n’occasionnent pas de précipité dans la so-
lution jaune.
Cette réaction, que l’urane partage avec
le fer, le cobalt, etc., ainsi que d’autres
circonstances encore, nous amène à cette
conclusion , qu’il existe pour l’uraue une
combinaison analogue au ferro-cyanure et
au cobaltocyanide de potassium, etc. Nous
sommes en ce moment encore occupé de
son examen.
Si l’on ajoute du cyanure de potassium à
la solution d'un deutosel de cuivre, il se
produit un précipité vert-jannâtre de cya-
nide de cuivre, fort soluble dans un excès
de cyanure. Les acides produisent dans la
solution jaune un précipité blanc de cya-
pure de cuivre qui se redissout dans un
excès d’acide.
Le sulfure de cuivre se dissout aisément
dans le cyanure de potassium.
La solution jaune renferme du sulfure de
potassium , ainsi que du cyanure de potas-
sium-ét de cuivre. Au bout de quelque
temps elle se décolore sans se troubler. Si
Von y ajoute un excès d'acide sulfurique
ou hydrochlorique, lecyanure double et le
sulfure de potassium se décomposent. Tout
le cuivre se précipite à l’état de sulfure , et
tout l’acide prussique se dégage.
( Revue scientifique.)
— PRE EE —
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Notice sur quelques accidents volca-
niques.
Au congrès scientifique de Strasbourg,
l'année dernière, j'ai démontré par des
faits matériels très concluants, que le co-
rindon, soit saphire du vulgaire, et le gre-
nat à base de protoxyde de fer, gisant dans
des formations volcaniques de diverses
époques du département de la Haute-
Loire, ne s'étaient point formés pendant
l’action du volcan, comme l'ont avancé
quelques savants, mais qu’ils s’y trou-
vaient d’une manière purement acciden-
telle, ce que prouvent évidemment les ro-
gnons de roche granitique dans lesquels
ces précieuses substances sont enga-
ées.
D’autres découvertes résultant encore
de mes observations, consistant aussi en
corindon bleu cristallisé dans des rognons
de roches cristallines auxquelles adhère
de la lave, mais différant notablement,
sous le rapport minéralogique, des échan-
tllons que j’ai soumis à l'éxamen des mem-
bres de ce même congrès, Viennent corro-
borer mon hypothèse.
Les alterations, par suite de l’action vol-
canique, de ces roches granitiques renfer-
mant cette précieuse gomme, ne permet-
tent pas, quant à présent, leur détermina-
tion spécifique.
Ces nouvelles découvertes sont des ro-
gnons granitiques de nature différente de
celle des échantillons que j'ai montrés au
congrés de Strasbourg, renfermant des
corindons bleus, et auxquels adhèrent en-
core de la lave. J'aurai occasion de re-
venir là dessus.
Je pourrais citer encore, au sujet du
corindon, son état de fusion partielle, qui
a sensiblement oblitéré ses formes crystal-
lines, ce qui, par la mesure des angles,
les fait notablement différer de valeur de
celles à l’état normal que l’on retire des
terrains de cristallisation du nouveau
mon le et d’ailleurs.
Ce que j'ai dit du corindon et du grenat
touchant leur origine, je puis le dire aussi
du titanate de fer ou fer oxydulé titané,
et le prouve par des faits matériels géolo-
giques analogues précédents, observés tout
récemment dans les communes de St-Elbe,
de Polignac et de Taulhac.
Cependant, bien que ces faits me per-
mettent de conclure à l'existence par ac-
cident, dans nos produits volcaniques, du
fer oxidulé titané des terrains primitifs,
je crois qu’il peut exister aussi, du moins
en espèces analogues, de formation volca-
pique proprement dite.
Ce que j’ai eu occasion de dire sur ces
intéressantes substances prouve, ce me
semble, assez clairement leur origine.
Celle du zircon, du pléonaste et du
sphène ou titane silicio-calcaire. que j'ai
eu occasion de signaler au congiès de
Strasbourg, dans les produits volcaniques
des communes de Ceyssac et d’Espaly,
soupçonnée également granitique, restera
encore dans le domaine des recherches,
aucun fait particulier n'ayant, jusqu’à
ce jour, soulevé le voile de ce mystère.
En ce qui touche l’origine et la nature
de la substance connue sous le nom de cor-
diérite, signalée par divers auteurs dans la
brèche volcanique de St-Michel, laquelle
se trouve en plusieurs endroits aux envi-
rons du Puy,en un mot presque partout
où cette formation se manifeste, je dirai
que sa manière d’être, ou des circons-
tances géologiques non moins concluantes
que ceiles qui ont dévoilé la f:rmation des
gemmes et du titanate de fer dont je viens
de parler, prouvent d’une manière non
moins claire, que c’est encore un acci-
dent volcanique.
Je dirai de plus que la science me pa-
raît dans l'erreur en considérant comme
cordiérite la substance signalée dans la
brèche de St-Michel, ayant la certitude
minéralogique que cette substance est un
élément constitutif essentiel du granit,
je veux dire le quartz, en grains ordinai-
rement amorphes, observé une fois pyra-
midé, à pyramide composée de plans trian-
gulaires identiques par trois; en un mot la
pyramide du quartz, lequel, technique-
ment parlant, par suite de modification de
la cause ignée, qui lui a donné sa couleur
bleue violacée, : doit être dénommé quartz
fritté. BERTRAND-DE-Lom.
ORNITHOLOGIE,
Mœurs du Couroucou Pavonin, et détai's
sur les contrées qu’il habite; par M. A.
de Lattre.
Ce qui manque à la plupart de noslitres
d'histoire naturelle, ce sont des détails de
1113
mœurs ; et, il faut le dire, c’est que les
voyageurs éprouvent aussi tant de difficul-
tés, qu'il ne leur est pas toujours facile de
se livrer à ce genre d'observations qui exige
du loisir, du caline d’esprit et des circon-
stances favorables. J'ai été assez heureux
pour étudier, dans son pays natal, le cou-
roucou pavonin, ce magnifique oiseau, le
plus brillant peut- être de toute l’ornitholo-
gie, surlequel onnepossédaitaucuns détails
et dont on ignorait jusqu’à la couleur des
yeux. Le pavonin vit dans les régions de
l'Amérique tropicale, très élevées et pres-
que défendues aux pas des voyageurs euro-
péens par des difficultés sérieuses et de plu-
sieurs sortes, ce n'est qu'avec persistance
et tenacité qu'il est possible de pénétrer
dans la résence dè Guatimala qu'il habite,
et c’est par des chemins épouvantables, des
sories de sentiers perdus, impraticables
pour les mules, qu'on peut dépasser la
haute Vera-Paz, dont la dernière ville est
Toban. C’est dans ce district qu’onletrouve;
la nature de ce côté est entièrement diffé -
rente du reste de la république, la pluie y
est continuelle, aussi ja végétation ne cesse
pas d’être admirable, tandis que dans les
autres parties de cette Amérique, l’année
est partagée en deux, six mois de pluie et
six mois de sécheresse ; ce charme, pour
la belle saison, n'en est pas un pour la
commodité du voyageur naturaliste, pour
plusieurs raisons :
1° Les chemins se trouvant trop mauvais
pour les mules, il faut avoir recours aux
Indiens pour continuer sa route; ces gens
disposent une espèce de fauteuil on ne peut
plus.pittoresque, et avec une courroie qui
l’entoure et leur passe sur le front, ils le
rendent assez sûr pour que lon puisse se
plaeerdessuset voyager ainsi3 ou {lieues par
jour;.ce moÿen de transport extrêmement
fatigant pour les deux, estle seul praticable
en ce pays, aussi j'ai dû m'en servir.
2° La difficulté pour sécher les oiseaux
est des plus grandes ; il m'a fallu de toute
nécessité recourir à la chaleur du feu, ne
me servir que de préservatifs en poudre-êt
établir de petites cabanes disposées de ma-
nière à avoir un courant d'air perpétuel ;
avec tous ces moyens, j'ai dû souvent res-.
ter un mois avant de pouvoir sécher un
quadrupède ou un oiseau de grande taille,
J'ai rencontré pour la première fois le cou-
roucou pavonin, le 4 octobre, à 8 lieues
de Toban, dans les forêts d'arbres très
élevés et où le soleil ne pénètre jamais,
aussi il y fait un froid hamide et fort pé-
nible ; c’est là où se plait ce magnifique
oiseau, qui néanmoins recherche le soleil
du matin; il est alors impossible de le ti-
rer, parce que, pour en sentir là chaleur,
il faut qu’il se place sur les branches les
plus élevées, et si un fusil portait aussi
oin , la multiplicité des lianes retiendrait
le pavonin. Il faut donc attendre 10 ou 11
heures, alors l'oiseau vole et se pose en
dedans du bois : il n’y a que deux moyens
de se le procurer ; le premier est de savoir
imiter exactement le ci de la femelle, alors
on l’appelle et on peut l'attirer jusqu’à por-
tée de fusil, ayant surtout bien soin qu'il
ne vous voie pas.
Le deuxième est de voyager jusqu’à ce
que l’olt trouve près du petit chemin du
Petink, qui date d'avant la conquête et le
seul qui existe de ce côté, l'arbre produi-
sant le fruit dont il se nourrit ; alors on se
poste près de cet arbre, et il est rare que
dans le courant de la journée un ou plu-
sieurs couroucous ne viennent prendre leur
111%
repas, ce qu'ils font en volant rapidement
d’une assez grande distance à l’autre, et
attrapant au passage un fruit qui est de la
grosseur d’une noisette, ils en mangent un
assez grand nombre, aussi leur gésier est:
il énorme, beaucoup plus volumineux que
dans aucune autre espèce que j'ai jamais
préparée. Quelqu'un qui penserait chasser
le pavonin comme les autres espèces se
tromperait , parce que cet oiseau est de son
naturel travquille et muet, et qu’il est im-
possible de le poursuivre dans les bois qu’il
habite dont l'humidité continuelle se joint
à une épaisse couche de branches tombées
depuis bien des années, par conséquent
pourries, ce qui fait que les jambes de
l’homme enfoncent comme dans la boue,
avec la différence qu'il a de la peine à les
retirer sans s’écorcher plus ou moins; l’on
est donc réduit au petit chemin déjà ex-
cessivement difficile à parcourir.
Je n’ai pu tuer de femelles avant le mois
de janvier, parce que cette époque étant
celle de leurs amours, en imitant leurs
cris, la Jalousie les faisait accourir pour
livrer combat.
Le jeune couroucou mâle, la première
année, ressemble à la femelle, la seule dif-
férence consiste dans la partie inférieuredu
ventre qui a quelques taches rouges mé-
lées avec le gris, et les six plumes de la
queue sont blanches, tandis que celles de
la femelle sont rayées de noir. Le courou-
cou adulte, c’est-à-dire à l’âge de trois ans,
ne reste magnifique que pendant un mois
de l’année; ce qu'il a de plus extraordi-
naire, les grandes plames de la queue ne
sont à leur longueur que l’espace de trois
mois, et comme c’est la saison des amours,
en courant sa femeile, il use bientôt des
plumes naturellement fragiles; it est donc
extrêmement difficile de l'avoir parfait,
parce que s’il a été épargné par le fusil, il
ést rare qu'il ne se déchire pas en tom-
bant des arbres élevés sur lesquels on le
tire : ses plus longues plumes restent en
mue neuf mois de l’année, tandis que les
äutres ne le sont que quatre; cet oiseau,
le plus ordinairement gras, a la peau si fine
et si délicate que j'ai éprouvé beaucoup
de difficultés à bien le préparer; il n'a
fallu le plus grand soin pour réussir.
Lorsque le pavonin désire nicher, il
cherche un nid de pie inhabité; alors il
travaille longtemps pour faire un trou à.
l'opposé de celui déjà fait. 11 dispose le mé-
me nid à sa façon, et lorsque le mâle couve
il entre d'un côté et sort par l'autre, uni-
que moyen pour ménager une parure à
laquelle 1l tient beaucoup. C'est alors que
les Indiens fontileurs efforts pour monter
sans bruit sur l'arbre et'attraper les deux
grandes plumes de l'oiseau qui, effrayé,
les leur abandonne. Ces gens les vendant
avec facilité font une guerre continuelle
aux couroucous; j'en ai vu installés dans
un guépier sauvage abandonné; d'autres
livrent combat au pic et le forcent à re-
noncer à son nid de l’année.
Il m'a été impossible d’obtenir le moin-
dre renseignement des naturels, parce que
ces gens ne comprennent aucune langue
connue; ils ont un langage extrêmement
bizarre, el il m'est arrivé d’être accompa-
gné par des Indiens qui ne vivaient qu'à
quinze heues d’autres tribus et qui se
trouvaient fort embarrassés pour se faire
comprendre, ce qui m'a fait éprouver en
tout les plus grandes difficultés.
Dans les divers musées les couroucous
sont préparés avec des yeux d'émail blanc
11145.
ou d’autres couleurs; je les ai toujours
trouvés d’un brun fauve uniforme.
TT SIDE ————
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS MÉTALLURGIQUES.
Grille-chaine sans fin pour les foyers.
Un ingénieur vient de proposer de dis-
poser la grille dans les foyers des usines
d’une manière particulière , qui permet à
chacune de ses parties d’arriver successi-
vement dans lé point où règne la combus-
tion la plus vive, et de consumer ainsi
avantageusement le combustible. Nous al-
lons chercher à donner une idée des dis-
positions qu il a adoptées.
Les barreaux de la grille sont établis en
forme de chaïne sans fin, au moyen de
boulons transverses qui passent à travers
des trous percés dans les diverses pièces qui
composent ces barreaux, à peu prés comme
une chaîne de montre ou uve chaîne de
gaile. Cet assemblage de barreaux, qui
forme la grille ou plutôt une chaine
sans fin , s’avance sur des rouleaux placés:
de distance en distance , et dont les touril-
lons reposent sur des -appuis disposés sur
un bâtis particulier.Cette grille-chaîne est
mise en circulation par des ‘roues ou des
étoiles placées aux extrémités qu’on fait
mouvoir par des moyens faciles à imaginer,
et portés, ainsi que tout le système, sur le
bâtis’ dont il a été question, lequel roule
sur des galets, de facon qu’on peutà chaque
instant ; et lorsqu'il y a des réparations à y
faire, tirer le tout hors du foyer et l’y faire
rentrer. Une trémie, placée à la partie pos-
térieure du fourneau, verse peu à peu le
combustible sur la grille àmesure qu'elle
chemine. Une trappe verticale en fonte
contrebalancée par un poids, et qu’on
abaisse plus ou moin$en avant de la trémie,
sert à régulariser l’épaisseur de la couche
de combustible que celle-ci a versé sur la
grille, d’après le vent où l'ouverture de
porte qu’on donne au foyer.
L'inventeur, qui est M. J. Juckes, fait
remarquer qu'il ne fait usage que de houille
en pelits morceaux, et assure qu'avec son
mode d'alimentation et de circulation on
peut même brûler les escarbilies et le menu
dans les grands foyers. Pendantque la com-
bustion a lieu, la grille chemine à raison
de 1 centimètre par minute; un peu plus
ou un peu moins ; et M. Juckes assure qu'on
produit ainsi un excellent feuet qu'il n'y a
pas de dégagement de fumée par la che-
minée. JoBARD.
ARTS CHIMIQUES.
De l'emploi des gaz comme combustibles
dans les foyers industriels, par L, Tho-
mas et C. Laurent, ingénieurs.
Depuis quelque temps l'attention se
porte sur la substitution dans les foyers
industriels des gaz aux combustibles en
nature, seuls précédemment employés.
Cette importante question se trouvant sou-
mise À l'Académie par un mémoire récent
de M. Ebelmen, sur la formation et la com-
position des gaz que la métallurgie est ap-
pelée à employer, nous avons pense qu on
accueillerait avec intérêt la communiea-
tion de quelques faits relatifs surtout à
l'usage du gaz sur une grande échelle.
La généralisation de l'emploi des gaz
combustibles à la place des combustibles,
-pourraît faixe/naître la crainte sérieuse
_ d'exposer les ouvriers à des dangers nou-
veaux. Ces’
ar. en effet, sont inflamma-
Hätons-nous de dire que si l’application des
| ‘gaz, dans un grand nombre d’usines, a dé-
| jà occasionné des accidents, ceux-ci du
‘moins n’ont jamais eu de suites fâcheuses.
Des dispositions bien entendues mettent à
l'abri de tout sinistre événement.
Un utile préservatif contre lesasphyxies
| consiste dans l’odeur quespossèdent tou-
| jours les gaz, vdeur qui ne permet pas
que l’on s’expose sans le savoir à leur ac-
tion. Nous ayons vu trés souvent (nous
| pourrions en citer une trentaine d’exem-
| ples) des ouvriers, après avoir respiré im-
| prudemment. des gaz contenant 15: à 20
| p.400; d’oxide, de carbone, tomber ‘éva-
| nouis; maissle traitement le plus simple
. que l’on emploieen pareille circonstance
| leur rend bientôt l’usage des sens, et après
: quelques heures de repos ils sont en état
| promptement' de ivertiges; et si l’on ne
|:s’empresse de se retirer de cette. atmo-
sphère, 6 tombe tout à coup.évanoui sans
pouyôir proférer une parole; aucune souf-
|francé n’accompayne l’évanouissement.
Les explosions se produisent- dans les
fours, principalétiént au moment de l'al-
lumage: et dans les, conduits, quelques:
instants après l'extinction des foyers'cà
\gaz. Au moyen de; précautions convena-
bles apportées dans,ces deux opérations, on
|parvient avec certitude à éviter les explo-
‘sions. Si, ces précautions viennent à être
rnégligées parles ouvriers, lelfgk nuisible
\déla détonnation du gaz se Louve annulé
par le jeu de nombreuses soupapes de sû-
“reté. qu'il. .est.nécessare d'adapter aux
“fours et.aux conduites de gaz: Les dimen-
“sions et la meilleure position de ces soupa-
«pes nous ontété indiquées par l'étude des
faits.
\ La nature des gaz a unegrandeinfluence
sur l'intensité des explosions. Ainsi, un mé-
…lange d'oxide de carbone, d’acide carboni-
que ct d'azote, le premier de ces gaz y en-
“irant dans ie rapport de 15 à 20 p. 100, ne
“donne jamais d’explosion violente. Mas
l'addition de l’hydrogène, même à la fai-
1ble dose de 2 à 3 p. 100, suffit pour aug-
pacnter beaucoup l'énergie de la détonna-
“tion.
[Le chauffement des gaz dans des tuyaux
portés au rouge avant leur admission dans
les foyers de combustion, opération sou-
«vent nécessaire pour obtenir de hautes
mempératures d’une manière constante,
exige quelques soins particuliers, à l’aide
“lesquels. les explosions ne sont ni plus fré-
“juentes ni plus-dangereuses.
"Daris: latproduetionsdesigaz, on doit évi-
fer, äutañt que possible, la formation de
t ‘acide carbonique “Nots avons remarqué
Hue la go rioN deéc'azétait d'autant
[Plus fable que la préssiôh Séûs laqiélie on
njectait Pair dans le géiéräteur À dax'etait
"ITOOK 89)
. complétement la houille, le hois et laïtour-
: végétaux, et que ces derniers sont en pro-
fumiers ou de la paille. Mais lorsqu'on
1118
peut mettre les étangs à sec pour un cer-
tain temps et rejeter, sans grand travail,
la vase sur,les digues ou sur les bords,
lorsqu'on peut, après l’avoir laissé sécher,
la transporter facilementsur destraïneaux,
les frais peuvent n'être plus dispropor-
tionnés.
La vase, comme la tourbe, a besoin de
passer au moin$.une année exposée à l’air,
avant d’être employée. Son emploi est
plus favorable, aux sols légers et peu pro-
fonds ainsi. qu'aux profonds. Une addition
de chaux en auymente dans tous les cas la
propriété fertilisante.
Boues des rues. — Telles sont encore les
différences de temps, de préjugés et de
lumières, que dans certains pays, l’enlè-
vement des boues est une charge pour les
villes, tandis que, dans d’autres, il consti-
tue un revenu. La, boue, le balayage des
rues, les immondices qu'on enlève dans
les grandes rues sont d’une grande vertu
fertilisante. Quelque peine qui en coûte
pour les réunir, de quelques frais que leur
transport soit accompagné, elles reviennent
encore à meilleur marché que le famier,
lorsçiwil faut lacheter. Le cultivateur, à
portée d’une grande ville, qui vend sa
paille et Son fourrage, ne gardant que le
nécessaire, qué ce qu'il lui en faut pour
l'entretien de ses attelages, et qui em-
ploie une partie du produit à acheter
des boues, fait toujours une très bonne
affaire. °° :
Un mélange de débris animaux, végé-
taux et minéraux ne peut qu’avoir des pro-
priétés très favorables à la végétation. Les
<eules parties poudreuses enlevées par les
roues aux pierres dont les routes sont char
géessont déjà un bon engrais,ret le culti-
teur'doit être attentif à recueillir ce que
Jesipluies en entraînent: et:à-traiter avec
| leSentrepreneurs ou les ouvriers pour en
| obtenir les regrattagesriet iles-terres pro-
duites par les travaux:d’eñtretien.
.- L'effet des balayures des rues des grandes
villes'se fait sentirijusqu'à trois et quatre
ans de suite dans ‘des»champs, et on-tient
une voiture de cetengrais: pour équivas
lents à quatre voitures de fumier devache,
Mais ces boues ne doivent pas non plus
s’employer humides :et ‘encore moins im-
médiatement, bien qu’elles n'aient absolu-
ment besoin ni de préparation, ni d’au-
cune addition d’autre substance. Un fer-
mier, rapporte Arthur Young, n'ayant pas
assez de famier pour toute sa jachère, n’en.
sema par moins de froment la partie non
fumée. Au printemps, cette partie était
maigrement venue et ne donnait que très
peu d’espérance; il la fama en couverture
avec des boues achetées à la ville voisine.
L'effet fut extraordinaire, et le froment
de cette partiesurpassa de beaucoup celui
des parties qui avaient recu du fumier
avant la semaille.
Sable coquillier appliqué à l'agriculture.
— Les bienfaits de cet amendement des
terres sont de plus en plus appréciés. Sur
presque tout le littoral de la Bretagne, le
sable calcaire, formé de débris de coquil-
lages, est recherché, enlevé et mélé aux
sols même les plus ingrats; car c'est sure
tout. sur les bonnes terres, celles, où la
| couche végétale est profonde et bienram en
|blie, que ce sable opère si miraculeusésp
ment. Il rend à l’engrais qui s'y trouve
déjà ou qu'on y enfouit toute si’ force
et sa puissance ; il élève à son maximum
la production du sol : celle-ci eroît d'un fort
tiers.
1117
plus élevé. Si l’on n’introduit pas l'air avec
une pression, et qu'on l'appelle par le tira-
ge d’une cheminée, il se produit au con-
traire une quantité notable d’acide carbo-
nique, quoique la couche de combustible
soit épaisse. En axgmentant l’énergie du ti-
rage par une autre mécanique, la majeure
partie du carbone passe à l’état d'acide car-
bonique.
Au lieu d’injecter l'air avec pression par
une machine soufflante, on peut obtenir
son insufflation à l'aide de la vapeur mé-
me destinée à produire de l'hydrogène dans
le gaz. Il sera toujours utile de surchauf-
fer cette vapeur, c'est-à-dire. de la porter
après sa formation à une-température plus
élevée que celle correspondant.à:sa pres-
sion. Cet échauffement-de la. vapeur, qui
est appelé à jouer un rôle important dans
la production des gaz, n’occasionne pas,
comme on aurait pu le craindre, la de;-
truction rapide des tuyaux en fer ou en
fonte dans lesquels on l’effectue. Quoique
la vapeur soit portée à 350 degrés, elle n’est
pas décomposée par le-métal.des tuyaux,
ou du moins elle ne l’est qu’en de: très
petites proportions, tant.que son. jcou-
rant est continu et que le-chauffage est
régulier.
Un résultat intéressant que l’on obtient
de la vapeur surchauflée, c’est qu'en la
faisant agir seule à une température qui
atteint à peine 300 degrés, on carbonise
be ; il se dégage des gaz combustibles ap-
plicables à divers usages après-leur ‘pas-
sage dans un condernseur; le résidw en
charbon est considérable, et ce charbon
présente une assez grande dureté lors mê-
me qu'il provient de la tourbe.
(Le Technologiste.)
SDK
AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE. 0 25 moi
De quelques engrais et de leur emploi.
(Peuxième: «article. )
Vase. — Comme elle est formée de plus
de parties terreuses rincipalement..de
parties. ». principalement. d
parties argileuses et de moins de débris
portion d'autant plus petite que les étangs
sont mieux tenus: comme les débris ani-
maux provenant des poissons et des insectes
y eutrent dans une très petite proportion,
il s'ensuit que la vase ne contient que peu
de parties fertilisautes. Néanmoïs ses pro-
priétés dépendent beaucoup ‘de la nature
des eaux qui la déposent. Lorsqu’elles tra-
versent des contrées fertiles, elles ne lais-
sent pas que de se charger, de temps à
autre, de substances fertilisantes, enlevées
aux champs et parfois même aux villages,
dont elles se déchargent là où leur cours
est ralenti ou arrêté, et qui donnent à la
vase les propriétés qui lui manqueraient
sans cela. FE
Là où on n’est pas d’ailleurs obligé d’en- -
lever la vase où l’on ne veut la tirer des
étangs, que pour s’en servir comme
moyen d'engrais ou d’amendement, il est
nécessaire de bien rechercher d’abord, sa
nature, pour ne pas s’exposer à avoir fait.
inutilement une grande dépense. Les frais:
de curage sont toujours très considérables:
surtout lorsqu'on ne peut pas dessécher
facilement les étangs, et dans ce cas il vaut
mieux employer son argent à acheter des
1119
Dans les terres de qualité très inférieure,
l'effet du sable calcaire paraît plus surpre-
uant : le produit est double. C’est qu’il est
facile d'accroître la fertilité d'un sol qui
ne l'est pas; mais un sol déjà fertile ne
peut être amélioré que dans de certaines
limites qu'il n’est guère possible de pouvoir
dépasser.
C'est sur le froment et l’avoine que le
sable calcaire paraît surtout le mieux faire:
il leur fournit en abondance le phosphate
de chaux nécessaire à leur développement.
Il est moins favorable à la culture du blé
noir, peut-être à cause de sa trop grande
activité, car la deuxième année, celui- ci le
souffre très bien. Les cultivateurs le pren-
nent à poignée et déposent sur le sol par
petits tas : le blé noir végète autour avec
la plusgrande activité; mais dans l'endroit
même, il ne vient rien. C'est sans doute
la trop grande causticité de l'amendement.
Peut-être serait-il préférable de dissémi-
ner le sable sur le sol et au besoin de l’y
mêler.
L'importance de l'exploitation du sable
coquillier desiles du Portrieux croît chaque
jours ; malheureusement, l’immense quan-
‘Lité qu’on en a extraite commence à épui-
ser les bancs qui s’y étaient formés; et au-
jourd’hui on est en quelque sorte obligé de
draguer autour pour en avoir. 20 bateaux
moniés par 60 vieux marins sont consa-
crés à cette exploitation, Ilen retirent par
an environ 20,000 charretées qui, vendues
à raison de 1 fr. 50 c. font 30,000 fr. Cha-
que marée rapporte moyennement 9 fr. à
chaque bateau.
Quand au sable vaseux qui se trouve sur
la grève de Binic et qui attire aussi un
nombre considérable de cul!ivateurs, il ne
coûte rien. Chaque fois que ceux-ci vont
en prendre, ils ont soin de déposer en: tas,
sur le bord de la grève, le sable mouillé
qu'ils en extraient. L'eau de celui-ci s’é-
tant écoulée, ils peuvent, au tour suivant,
en prendre avec eux une plus grande quan-
tité sans fatiguer pour cela les chevaux de
leur voiture.
ANIMAUX DOYESTiQUES.
Des races de chevaux et de bœufs de
l’'Anjou.
(Troisième et dernier article.)
C. De l’espèee porcine en particulier.
La race de porcs qu’on rencontre sur la
plus grande partie du département est em-
preinte des défauts qu’on reproche aux
porcs français en général, c’est-à-dire
qu’elle est grêle et élevée sur jambes. La
tête est longue ét mince, le coffre resserré,
la poitrine étroite; cependant de pareils
defauts ne sont pas également apprécia-
bles là même où ils existent, et je dois me
hâter de dire qu’ils n’existent pas par-
tout.
Assez communément, au nord de la
Loire, dans les fermes où l’on engraisse
soigneusement ct sans trop de parcimonie,
comme dans îles et les campagnes rive-
raines, un porc, plus ou moins croisé, de
race craonaise, acheté à l’âge de 6 ou 8
semaines, peut peser, dès les approches de
Noël, jusqu’à 150 kilogr. S’il ne pesait que
dix ou onze vingtou,en d’autres termes, 100
à 110 kilogr., on le regarderait comme au
dessous de la moyenne. Chez les cultiva-
teurs où l'engraissement est moins soi-
gné, il n’atteindrait probablement pas un
poids plus considérable à l’âge de deux
ans.
1120
C'est dans l'arrondissement de Baugé
qu'on s'occupe le plus de l'élève des pores.
C’est là qu’on trouve le mieux réunies les
diverses races locales et qu’elles se sont
incontestablement améliorées davantage.
Près de la ville, chef-lieu de la sous-pré-
fecture, on les range sous trois dénomi-
nations différentes :
1. Les grands porcs, dont le nom in-
. dique suffisamment les caractères Ils ont
de longues jambes et un long groin; leur
dos est relativement étroitet voûté. Malgré
leur taille, ils arrivent rarement à peser
plus que les suivants. Ils prennent moins
facilement la graisse.
2. Les matelins ont les jambes plus fortes
et moins hautes, la tête grosse, le groin
court, les oreilles longues, le col très fort,
le dos large et peu bombé. On les considère
comme meilleurs mangeurs et plus faciles
à engraisser.
3. Les demi-matelins forment une race
croisée qui participe des formes des mate-
lins et de celles des grands porcs. Ils sont
estimés,
J’ai eu plusieurs fois occasion de voir à
divers concours des animaux de ces deux
dernières races d’un développement tel,
qu’à l’âge de deux ou trois ans, lorsqu’on
les engraisse, les truies atteignent le
poids de 200 kilogr., et les verrats celui de
225. Les porcs de 15 à 18 mois, d’un vo-
lume ordinaire, s'ils ont été soignés, doi-
vent peser 150 kilogr. et au delà.
La ferme-éeole de Sermaise possédait
naguère encore des pores de race locale
dignes, de lutter à tous égards avec les
belles races anglaises. Lorsque les ache-
teurs sauront mieux apprécier de pareils
animaux, à peine connus encore dans les
arrondissements voisins, eticependant déjà
parfaitement faits au régime du pays, le
département n'aura rien à envier au Crao-
nais ni à aucune autre contrée voisine.
Les anglo-chinois existent comme objet
d'essais sur un petit nombre d’exploita-
tions.
D. De l'espèce ovine.
C’est sur les marchés de Longué, aux
environs de Saumur et de Fontevrault, et
aussi dans l’arrondissement de Beaupréau,
près de Rossay et de Montfaucon que j'ai
vu les plus beaux moutons de Maine-et-
Loire.
Les premiers sont achetés à Varennes,
d’où ils se répandent à d’assez grandes
distances dans tout l’est du département,
Leur couleur est généralenent uniformé-
ment blanche. Leur taille est élevée. Ceux
que j'ai mesurés chez M. Bruneau, entre
Montsoreau et Fontevrault, à l’âge de
deux ans, avaient, à la hauteur de l’é-
prule, de Om,70 à Om,85, non compris
l'épaisseur de la toison. Ils sont trapus et
assez rustiques, mais ils veulent une nour-
riture abondante. Leur poids moyen à l’é-
tat gras, déduction faite du poids de la
laine, est de 35 à 40 kil.; celui de leur toi-
son de 4 à 41/2 kil., qui donnent 2 172 à 3
kil. de laine dégraissée. :
Dès l’âge de deux ou trois mois, les
agneaux de cette race ne valent pas moins
de 8 à 10 fr. La plupart ont été vendus 12
fr. en 1839; tandis que les moutons gras,
après la tonte, atteignaient le prix de 36 à
40 fr.
Les moutons de Rossay ont une grande
réputation dans l'arrondissement de Beau-
préau. Ceux qu'on estime le plus sont
blancs; une bande irrégulière de teinte
. 11211
ferrugineuse assez vive entoure unifor+
mément leur yeux. Quelques taches de.
même couleur sont disséminéessur la face,
autour des oreilles et parfois, sur les jam=
bes. La race de couleur.noire.se montre
çà et à, mais elle devient de plus en, plus
rare. Il en est de même des moutons blancs
tachés de noir. Ceux qui composent la
grande majorité des troupeaux de cette
partie du pays, ont en moyenne Om,80 à
Om,85 de hauteur et 1m,15 à 1m,18 de
longueur. Ils sont hauts sur jambes; leur
tête est petite; leurs formes sont effilés;
ils acquièrent moins de poids que ceux de
Varennes, puisqu’à l’état de graisse ils ne
dépassent pas habituellement 30 kilogr,
Îls donnent à peu près autant de laine de
bonne :jualité, c'est-à-dire, les moutons de
2 172 à 3 kil., et les brebis seulement de
1472:à2 172:
Hors de ces localités, la race ovine est
généralement assez chétive et sans aucun
caractère distinct. La production de laine
ne dépasse pas communément et n’atteint
pas toujours, après le dégraissage, 2 a, 2
kil. 1/4. | RER
Aucune tentative sérieuse n’a été faite
jusqu'ici pour arriver à telle où telle amé-
lioration. Même à Rassay, on est si bien
convaincu que le sol et la nourriture suf-
fisent pour développer les qualités qu’on
recherche dans chaque individu, qu'on ne
prend aucun soin pour la moste, et qu’au
lieu de perfectionner par.un choïx raisonné
des parents, la race qui s’est faite d’elle-
même dans la localité, presque en dépit de
l'homme, on ne craint pas d'introduire
dans les troupeaux des brebis étrangères
de qualité inférieure, et de conserver in-
distinctement tels ou tels béliers. En
somme, les animaux de race ovine sont
probablement, dans tout le département,
à très peu près cequ'ils étaient il y a un
siècle. Le petit nombre de ceux qu’on pos-
sède dans chaque ferme rend compte, sans
l’excuser d'une semblable ‘incurie. Des
essais de croisement se poursuivent, avec
les mérinos, Le seul bélier pur-sang de
cette race que,J'ai rencontré dans mes
excursions existe dans la belle propriété du
Mas, près le Lion-d'Angers.
O. Lrccerc-THouin.
Dé
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Canton de Sairtes, arrondissement de Saintes,
(Départ. de læ Charente-Infér.)
Commune pe Pessives: peut-être du
gallo-romain Pessarium. Son territoire
est arrosé par le Roumillac, et était tra-
versé par la voie romaine de Tarmnum à
Mediolanum, dont on retrouve les vestiges
à Fief-Gallet. ;
Cette partie des abords de Saintes est
encore riche en débris de l'époque romai-
ne. Le coteau d'Abadeus etles arènes de
Valay, mentionnés dans une charte de
1047. Chatignac est un manoir élevé sur
l'emplacement d’une villa romaine, où l'on
trouve beaucoup de briques à rebords, et
qui devait être placée sur le bord de la
voie de Tamnum à Mediolanum. Sur cette
même route antique, on trouve changre-
lou, métairie près de laquelle on a ren-
contré des masses de briques romaines
presque entières. Le Champ-de-la-Grèle,
suivant la dénomination locale, occupe en
effet le versant d'un haut coteau qui do-
mine Saintes. Le champ de Fougerade,
4122
rempli de fragments de briques, et dans
Hequel'on a rencontré des vases et autres
objets antiques pourrait bien avoir été
placé sur'14voie de Talmont à Saintes.
Sur cette route se trouvait aussi le village
: dés Güillots (du celte Gui) que Bourignon
éité par ünel inséription sépulchrale ‘qu'il
y atrouvé. À Ta métairie de Mouille-Pied,
_ existent encore des restes d’édifices ro-
- mains en pierres de petit appareil, des
“fragments de corsiches de marbres, des
vases, des ustensiles en fer et'en bronze,
-des verroteries, etc. Sur la même route
romaine ‘déjà citée, à Morignac, terre
nozre), on a déterré des briques à doubles
rebords, des vases, etc. ; à Pevels, ‘encore
| 1sur Ja même voie, se rencontrent des
| fragments de briques ; au Pin, village sur
1Vantique voie de Mediolanum à Condate,
. on trouve encore de ces briques romaines
à foison; les res!es de la voie de Condate
| sont indiqués à Roufiic par Bourignon; à
: Trignac, sur la voie de Noviorezum à
+ Tamnum, on à mis à nu les restes d'une
| voûte antique, etc., etc. À Migron a existé
| unchâtéau féodal, aujourd’hui restauré.
| Commune DE Varzay : de var, héros celte
divinisé, et ay, eau. L'église de cette com-
müune, dédiée à sainte Magdeleine, n’est
inconnue.
Les champs environnants sont remplis
de briques romaines, La voie militaire de
| Novioregum à Mediolanum les traversait.
Le Chanip Grélou à Chadisnac, dont il
vient d’être QUuéStion, appartienn nt à son
RRCAATOIRESS AE
Proche Champgrelou est la Tombelle,
connue sous lé nom de Motte de Leu ; elle
était située sur le bord de la voie antique
de Navioregum à Saintes. Sa longueur est
, de 25 mètres, sur une largeur de 14.
| M. Chaudruc de Crazannes fait dériver le
nom de leë de Celui de peu, pour puy,
terrier. Altésérra (p. 150) dit que leuca
est un mot gaulois qui signifie espace de
| chemio, mais leuca dans quelques passages
| signifie aussi espace décrivant un arc.
M. D'Angibaud à publié dans le journal
J’Echo rochellais, du 4 décembre 1810, un
long article sur ce Tumulus ou Tombelle,
qu'il regarde comme une butte, naturelle.
Cela est peu probable. Les habitants ont
évidemment défo’mé ce monument gau-
lois en nivelant- quelques parties. On con-
naît plusieurs tumulus qui portent le même
nom, et derrière la Jeune-Grollière, dans
la commune de St-Agnan, est un tumulus
bien conservé, élevé sur une plaine, et
nommé la Motte-a-Lew. à
y
cts 1!
HISTOIRE.
Uf mot sur les possessions anglaises dans
g L'Afghanistan.
Le plan de conquête adopté dans l’ori-
gine par Clive, et constamment suivi par
les Anglais avait été conçu par le général
français Dupleix, lorsque cet habile officier
commandait à Madras. Proposé au gouver-
nement fravcçais, il fut immédiatement re-
jeté, et sa conception même attira à son
auteur des reproches qui ne lui ont pas été
épargnés par les plus récents biographes.
Ce plan consistait à n’employer à la con-
quête de linde qu’une petite armée de
. troupes européennes, à profiter des dissen-
sions «des: princes.etides grands du pays,
pour fomenter là discorde dans les ditfé-
rents Etats, enfinà/préleraide et secours à
celni deschefs indiens quiyaprès séssuccès,
7 ble
se montrerait disposé àrdévenir un idstru-
1193
ment docile pour la nation qui lui aurait
porté secours. Divide et impera.
En adoptant ce plan et en le mettant à
exécution, la compagnie anglaise des Indes
orientales a travaillé par degrés et s’est
avancée de plus en plus vers le nord, en-
vahissant les uns après les autres, princes,
rajahs, amirs et nizams; enfin le Grand
Mogol lui-même a dû accepter son alliance
‘et subir sa domination. La compagnie a
occupé Delhi, la capitale de l'empire d’Au-
reng-Zeb, traversé le Sutlége, rendu tri-
butaire le souverain de Lahore, «t elle a
fait tant de chemin, sans savoir ni quand
ni à quel point elle devait s'arrêter, qu’en-
fin regardant devant elle, elle s’est rencon-
trée presque face à face avec une autre
puissance dont l'esprit est aussi actif, les
ressources aussi efñcaces, et dont l’intérèt
et l’habileté à s’avancer vers le sud sont
peut-être aussi grands que ceux de l’An-
gleterre agissant dans la direction opposée.
Cette puissance est la Russie.
Lorsque le plan de l'expédition de Perse
contre Hérat fut arrêté, en 1835 et 1836,
les limites septentrionales des possessions
appartenant aux Anglais et leur payant
taxe étaient : la rivière de Sutlége, qui
coule au sud-ouest etse jette dans l’Indus
à une distance d’environ deux cents milles
au nord de Delhi. Au delà du Delta et dans
le Delta même formé par le Sutlége et
l’Indus, était le Punjaub, le royaume de
Sikhs, avec leur remarquable souverain
Runjeet-Singh , de Lahore, Il s'était em-
pressé de traiter avec le gouvernement an-
glais en 1832, et Burnes dit de lui : « Qu'on
pouvait le regarder. comme un des alliés les
plus sûrs de l'Angleterre. » Il le prouva en
s’unissant àeux contreles Afohans.
En:traversant-le royaume de Runjeet-
Singh, onrse-trouve dans ce malheureux
pays de l'Afghanistan, qui a été le théâtre
des désastres; récents de l’armée anglaise:
Au nord de Caboul:laicapitale, s'étend une
partie dss montagnes de l'Himalaya, à
travers lesquellesily a, dans l'été, au moins
deux passages ouverts aux caravanes, les-
quels conduisent directement aux Khanats
de Balkh, de Badakshan et de Bokhara, où
là Russie à fait de grandes négociations
dans ‘un intérêt commercial mais où l’on
prétend qu’elle n’a encore aucure relation
politique bien assise.
De Candahar, autre ville de‘VAfohanis-
tan, le chemin est ouvert vers Hérat sur
les frontières de la Perse, et en'passant par
la Perse, on arrive à la mer Caspienne et à
la frontière méridionale de la Russie. Il y a
donc entre l'Afghanistan et la Russie, d’un
côté, outre les trois Khanats que nous ve-
nons de nommer, une vaste étendue de
déserts, et d’un autre côté, la Perse, qui,
comme la Turquie naguère, paraît oublier
sa splendeur passée et son antique renom-
mée. Cette puissance, affaiblie au dedans,
faible au dehors, est de plus en!plus chan-
celante, et semble prête à succomber sous
l'effort du premier ennemi qui l’attaquera
avec vigueur.
On voit par là que le territoire de l’Afgha-
nistan, dont on s’occupait fort peu en
Europe il ÿ a cinquante ans, est destiné sans
doute à devenir le théâtre de grands évé-
nements, où peut-être seront mis en cause
et décidés les destins de l'Asie centrale.
C’est dans la contrée, désignée aujour-
d'hui sous le nom d’Afsharistan, qu'A-
lexandre-le-Grand, lors de sa marche vers
l'Indus, s'arrêta avec son armée pour ré-
parer les forces de ses soldats fatigués, qui
1124
(Arrien le rapporte dans son histoire) man-
gérent avec délices les fruits rafraïchissants
de; vallées où se trouve maintenantCaboul.
Là passèrent aussi Tamerlan et Djenghis-
Khan, lorsqu'ils entreprirent leurs expédi-
tions dans la Péninsule indienne, Sur ce
pays est aussi fixée l’attention sérieuse de
ces deux grandes puissances qui le regar-
dent comme le pivot sur lequel tourne,
en quelque sorte , la destinée de leurs pro-
pres intérêts en Asie. Le comte Nesselrode,
dans une dépêche du 20 octobre 1838, in-
vitait l'Angleterre à le respecter : « La
Grande-Bretagne et la Russie, disait-il, ne
peuvent avoir qu'un désir, celui de maïn-
tenir la paix dans l'Asie centrale, en mé-
nageant l'indépendance des peuplés qui en
sont les légitimes possesseurs ou les anciens
habitants. »
L’ami de l’Angleterre, Runjeet-Sinsh,
ne s'arrêta pas devant cétte manifestation
d’une des plus grandes puissances de l'Asie:
i! avait déjà commis plusieurs déprédations
dans Afghanistan ilavaitréduitPeshawur
à un état de vasselage,et préparait d’autres
mouvements plus hostiles vers le sud-est,
lorsque le shah de Perse, se souvenant que
son ancienne domination s’étendait autre=
fois jusqu’à Delhi, prit la résolution de
recouvrer ou de réduire Hérat, qui avait
fait partie de ses possessions légitimes, et
qui est la capitale de la province de l’Afgha-
nistan située le plus au nord-ouest. Dans
cette rémémoration de ses anciens droits,
il fut conseillé, à ce qu'on suppose, par le
comte Simonich, ministre de Russie à Té-
héran.
L'expédition per sine contre Hérat fut le
signal qui mit en action les manœuvres de
la Grande-Bretagne. Plusieurs oficiers an-
glais furent envoyés pour défendre cette
ville. Ruujeet-Singh fut invité à se joindre
di grand plan d'attaque éoncerté contre
l'Afghanistan, et Shah: Shoudjah, tiré du
granp corps des petits souverains dociles
que le gou\ernemeñt anglo-indien tient en
réserve pour chaqüué principauté asiatique,
fat mis en évidence, comme le souverain
futur destiné à porter le sceptre de l’Asie
centrale; puis, en 1839, eut lieu l'invasion
de l'Afghanistan:
L'origine du peuple afghan n’est pas
encore bien déterminée; quelgues histo-
riens ont soutenu qu’il descendait des sol-
dats d'Alexandre-le-Grand ou d'une colo-
nie de Grecs, que la tradition rapporte que
le conquérant laissa dans le pays. Marco
Polo affirme, dans le récit de son voyage,
qu’il vit à Badakshan des princes descen-
dant directement d’Alexanüre; l'historien
oriental Aboul Fuzul dit que Iskander
(Alexandre) laissa: de grands trésors à Ca-
boul à quelques'uns de ses parents, ct que
leurs descendants vivent encore dans le
pays et dans les montagnes, conservant
avec soin leurstitres généalogiques. Burnes,
lorsqu'il visita le Khanat de Badakshan,
vit plusieurs de ces petits souverains, qui
jrétendaient descendre d'Alexandre -le-
Grand; mais il n’ajoute pas foi à leurs
prétentions, d’ailleurs diffeiles à accorder
avec les histoires qui rapportent que le fils
de Philippe ne laissa aucun héritier pour
recueillir le fruit de ses immenses Cor
quêtes. Il ajoute cependant : « Quoique
nous ne puissions pas admettre que.ces
princes modernes descendent 1’Alexandre
nous devons considérer cette tradition
comme la preuve la plus convaincante dx
passage de ce conquérant dans ces contrées
encore si peu connues. »
1125
Quoique les princes cités par Burnes ha-
bitent un district plus au nord-que Caboul,
plusieurs historiens modernes ont supposé
que les Afohans de nos jours sont aussi
descendus ES Grecs d’Alexsndre ; d’autres
ont soutenu qu'ils provenaient d’une des
dix tribus d'Israël. Burnes, dont les obser-
vations sont toujours d’un très grand poids,
paraît admettre cette dernière opinion,
rejetée par Elphinstone.
Les Afghans sont aujourd'hui mahomé-
tans, ils parlent un dialecte de la langue
persane, et ils ont un grand mépris pour
les juifs, peu nombreux, qui se trouvent
dans leur pays.
La population de l'Afghanistan propre-
ment dit se montre à 3 millions et demi ou
4 millions d’habitauts; l’ancien royaume
d'Afghanistan en comptait une de 11 mil-
lions, en y comprenant les Afghans, les
Beloutchis. les Tartarés et les Persans.
Tous les voyageurs s'accordent pour
parler de ce.peuple favorablement, et re-
présentent les Afshans comme.braves,
tempérants et honnêtes. « Ils sont, socia-
bles et bien élevés, dit Burnes, ils n’ont
point de préjugés en matière de religion, et
plusieurs d’entre eux sont versés dans l’his-
toire d'Asie.» — Lorsque ce voyageur,
après avoir quitté Lahore ; entre dans le
territoire de l’Afohanistan, il ajoute : « Je
ne regrette pas de.changerlaservilité ram-
pante des Indiens contreles manières libres
et indépendantes du peuple de Caboul. »
H dit encore plus loin « qu'ils ne peuvent
cacher leurs sensations, et qu’une personne
qui a de la perspicacité peut toujours péné-
trer leurs desseins. » — Tous ceux qui ont
fait personnellement l'expérience de la du-
plicité et de la fourberie qui parait couler
dans le sang des nations orientales convien-
Has MÉTÉOROLOGIQUES. MAI 1843.
1126
dront que cette dernière remarque est le
plus grand éloge qu'on puisse adresser à
une d'elles.
À travers tous les changements qui sont
arrivés dans l’Asie centrale, les Afghans
ont fait tous leurs efforts pour conserver
une sorte d'indépendance.
Leur monarchie, dans.le court espace
de temps qu’elle exista, fut élective : le
choix du souverain dépendait des Sirdards
ou chefs, qui mettaient ordinairement un
fils de leur vieux roi sur le trône. Le choix
d’un monarque paraît avoir causé des
scènes aussi violentes que celles qui se sont
passées. dans de semblables élections en
Pologne, et les dissensions qui existèrent
parmi les Sirdars ont certainement affaibli
les forces du pays.
M. Mountstuart Elphinstone , dans le
compte-rendu de sa mission à Caboul, dit
que, causant avec un vieillard très intelli-
gent de la tribu de Mernkbiel, et lui repré-
sentant l'avantage d’une vie paisible sous
un monarque puissant, et la supériorité de
cette vie comparée à l’état de discorde où
les Afghans ont été si souvent plongés, le
vieillard lui répondit : « Nous pouvons
supporter les alarmes, nous pouvons sup-
porter l'effusion du sang, mais jamais nous
ne pourrons, Supporter un maître.» Le
gentilhomme polonais disait : Halo pericu-
losam liberlatem, quam quietum serv'tium.
Un peuple qui possède de tels sentiments
semble ne devoir perdre jamais sa nationa-
lité, quelque exposé qu’il soit, comme le
peuple afohan, aux attaques de tous les
grands conquérants de l'Orient.
Babur prit Caboul et Ghuzni en 1506;
au commencement du dix-huitième siecle,
Nadir Shah, de Perse, etendit sa domina-
tion sur presque toutes les provinces du
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748,971 |°1°44,2 750,65 21,0
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756,61 13,0 758,99 Î
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157,34 47,2 757,04 ;
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718,83 16,3 747,29
745,25 11,6 747,92
745,66 14,5 747,86
750,56 12,0 552.56 ;
154,05 17,3 751,28
751,30 20/7 750,52
751,00 17.4 752,08
751,46 418,6 751,22
747,00 21,8 746,00
716,38 148 747,69
749,91 19,5 751,28
755,12 45,4 751,52 5
748,37 18,7 746,69 »
750,45 16,9 553, 02
757,05 15,8 758 Si Ù
760,06 16,6 T5 9,56 1,0
757,16 19,4 756,09
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752,45 146,5 752,95 »
751,93 17,7 752,18 ;
751,92 16,9 ETS
|3 HEURES DU SOIR. HEURES DU SOIR.
Te
Therm.
extér.
Barom,
à:00.
Barom. [Therm.
à Or: | extér.
THERMOMÈTRE.
3
| Maxim.
,
:
4127
royaume de l'Afghanistan Peu d'années
après,ces provinces se soulevèrent, et en.
1/16, Achmed-Shah-Abdalla; chef de la,
Bnille Sudozi, se mit à la tête, des diffé
rentes tribus, prit possession de Caboul, de
Ghuzni, chassa les Persans de Hérat, établit
son doute à Peshawur, à Cachemire, a
fut enfin couronné en 1747 à Candahar,, I
finit sa carrière glorieuse en 1773,;:son fils.
Timour lui succéda et mourut en 17934 à
Depuis ce temps, jusqu'en 1826, que Dost- À
Mahomed-Khan monta sur le trône de
Caboul, le pays a été exposé à des guerres
continuelles, à des attaques extérieures ef
intérieures, à des dissensions:el au carnage,
Les descendants d’'Achmed-Shah semblent
destinés à prouver la vérité de cette remar=
que d’un. historien, « qu’en trois généra-
tions de chaque dynastie, on ne peut comp-
ter qu’un nom célèbre. »
|
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE,
FAITS DIVERS;cc bin pils
6h 290. syvit
— La Société géologique, de France a, décidé
qu ’elle tiendrait sa treizième séance extraordinair |
à Poitiers, départeisent de la Vienne. Elle espère
que les amis de la géologie et des sciences natu
relles se joindront aux membres de la Société pour
explorer un terrain qui offrira aux collecteurs de
beaux, échantillons de roches pränitiques et de nom-"
breux fossilles des groupes pyétacé: el oolitiques. |
Pour le lieu de la réunfoniqui, se tieudra le 40
septembre 1843, à sept heures du, soire, on pourra
s'adresser à M. Mauduyt, conservateur du Musée
d'histoire naturelle de Poitiers.
Suds. cv
PARIS.—IMP. DE LACOUR et MASTRASSE fils,
rue Sant-Hyacinthé-S Michel, 33.
HE.
ÉTAT
VENTS
DU |
Minim, )HGIEU CAMEDD. / C7
ch epps
11,0 Nuageux S. 8. S.
9,0 [Quelques nuages. |E. N.E. Ù
8,0 |Orageux. S. I
8,0 |Quelques nuages. S. O. $
7,1 |Nuageux. SHO, ;
41,5 |Pluies. O:
6,6 |Couvert. SSS:E: }
5,5 |Très-nuageux. N. ©. ?
4,» |Couyert. S. O. à
4,3 [Nuagcux! S. O:
89 |Trés nuageux. N.E: le
7,9 Couvert: SO [
12,9 |Couxert. O.N. O.. d
7,0 |Couvert. S. S. O: d
10,0 |Couvert. O:S. 02 :
S;2 |Pluie. S. ©.
6,0 |Couvert. 0. S. O. de
S,5 |Couvert. N. N.O. à
8,3 |Courvert. 0. N. 0.
9,8 |Très nuageux. E: au
11,0 |Couxvert. S. 0. ü
40,8 |Couvert. O. S. ©. ëh
41,0 |Couvert. S. E. à
13,3 |Quelq.goutt: de pluie. [S. S. E.
11,0 |Nuageux. 0. th
40,0 |Couvert. S. 0. ten
12,0 [Pluies parmoment. |S. ©. “
11,0 |Couvert. 0. S. 0. il
10,3 |[Pluie. Os ik
S:4 |Couvert. 0. N. 0. #
41,0 |Couvert. S.S. 0. | n
(f
7.6 [Moyenne du {au 10 Pluie en cent. ll
S:7 [Moyenne dù 41 au 20/Cour. È à
41,0 |Noy enne du21 au 31 |Terr: 6,150 D ui
40,9
19 ,4:|Moyennes du mois . 2.04
à DU MOND
TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
Paris. — Dimanche, 25 Juin 1843.
Ke -—
No 48.
SAVANT
ns
L'EcHOo DU MONDE SAVANT paraît le JEUMDI etle DIMANCHE de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 1,200 pages chacun; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À, DE LAVALEETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS, 21, et dansiles départements chez les principaux li-
‘braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries. Prix du journal: PAR18 pour un an 25/fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7.fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., {Gfr.
8 fr. 50. AVETRANGER 5 fr. en suspour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil lÉCHO DE LA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CH01S18 du mois (qui coûtent chacun 10 fr, pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
“encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journaldoit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-adininistrateur.
SOMMAIRE. — SCIENCES PHYSIQUES.
MÉTÉOROLOGIE. Sur deux aérolithes tombés le
2 juin près d'Utrecht. — CHIMIE APPLIQUÉE.
-Sur l’enploi du cyanure de: potassium dans l’a-
-nalyse chimique; Haidlen, — SCIENCES NA-
TÜRELLES. GÉOLOGIE. Note sur deux dépôts
de lignites modernes dans le bassin de Paris;
Mellevilie. — Notice sur un accident métamor—
“phique; Bertrand-de-Lom. — MINÉRALOGIE.
‘Gites et alluvions aurifères de la Russie asiali-
-que. — ZOOLOGIE. Observations sur les méti-
:morphoses de la porcellana longicornis:, et .des-
-cription de la zoé qui est la larve de ce cruslacé ;
F, Dujardin. — SCIENCES :APPLIQUEES.
ARTS CHIMIQUES. Sur les nouveaux moyens de
dorer et d’argenter au trempé; Levol. — ÉCO-
NOMIE AGRICOLE. De quelques engrais et de
leur emplois. — ANIMAUX DOMESTIQUES. De
Iufluence de la douceur erivers les animaux. —
-SCIENCES HISTORIQUES. ACADÉMIE DES
SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. Séance
du 17 juin. — ARCHEGLOGIE. Recherches sur
le Crotoy ; Labourt. — FAITS DIVERS. — BI-
BLIOGRAPHIE.
D SE: Ce
SCIENCES PHYSIQUES.
j METLOROLOGIE.
Sur deux aérolithes tombes le 2 juin, près
IHon dDirecirés sc
Le phénomène dont il est question a eu
lieu aux environs d'Utrecht, dans-la soirée
du 2 juin, vers 8 heures du soir, etpar un
ciel couvert; onentendit, surtout dans]l:s
villages voisins, et jusqu’à une distance de
20 à 25 kilomètres, une forte détonation
semblable à celle de trois ou quatre ca-!
nons, suivie d’un bruissement que la plu-
-part des: témoins comparent à une mu-
-sique militaire ou aux sons d’une harpe
d’Éole.. Ce phénomène jeta l'épouvante
parmi les habitants de la campagne. Des
personnes plus rapprochées de l’endroit
-de la chute entendirent, en outre, distinc-
-tement le sifflement d’un corps traversant
rapidement les airs. Le bruit paraissait se
diriger de l’ouest à l’est, et peut avoir duré
deux à trois minutes.
-En/même temps, un paysan revenant
des champs, avec ses chevaux, dans la
commune de Blaauwkapel, à 5 kilomètres
au nord-est d’Utrecht, vit un corps lourd
tomber À peu de distance sur une prairie,
ei un tourbillon de poussière s'élever à
une grande hauteur. Ayant reconduit ses
chevaux, il retourna au même endroit, et
:remarqua bientôt un trou d'une forme co-
; . La La
nique, évasé par le haut, au fond du juel
il trouva une pierre noire, qu'il parvint à
en retirer. Cette pierre, ou plutôt cet aréo-
lithe, avait pénétré dans une direction ver-
ticale jusqu’à un mètre de profondeur, et
s'était arrêtée sur un banc de sable hu-
mide] qüise trouve au dessous. La forme
Conïque du trou paraît due à la force avec
laquelle l’aérolithe, en pénétrant dans le
sol, a expulsé la terre glaise qui se trouvait
:
projetée à de grandes distances autour du
trou. L’aérolithe était froid au toucher.
Il peut s'être écoulé un quart d'heure
entre Pinstant de sa chute et celui où
on l'enleva. Son poids est de 7 kilogr.
Le 6 de ce mois, on a retiré d’un fossé,
à une distance de trois kilomètres, à l’est
du lieu où le premier-aérolithe est tombé,
un second du poids:de 2,7 kilogr., qu’on
avait vu tomber aussi-au moment de l’ex-
-plesion du 2 juin.
Les deux aérolithes-sont d’une figure
irrégulièrement polyédrique, à arêtes ar-
rondies. Leurs faces présenteut des enfon-
cements qui sont surtout prononcés dans
le plus petit des deux corps. Ces corps sont
entièrement recouverts d’une croûte noire
et rugueuse dans laquelle on remarque
quelques légères fentes. Aux endroits où la
croûte est enlevée, on aperçoit la subs-
tance intérieure, qui est granue, grisâtre
et parcemée de ‘parcelles brillantes de fer
météorique. IIS appartiennent, par consé-
quent, à l'espèce la plus commune d’aéro-
lithes, -tels-que ceux tombés à l’Aigle, en
1803;:et à Stannern en 1808.
Î
CHIMIE APPLIQUÉE.
Sur l’emplor du cyanure de potassium dans
l'analyse chimique ; par MM. J. Haidlen
et R. Fresenius.
(Deuxième article. )
15. Mercure. En ajoutant du cyanure de
potassium aux protosels de mercure, on
obtient un précipité gris de mercure mé-
tallique, tandis que du eyanide de mercure
reste en solution.
En raison de la grande 'affinité que le
mercure présente pour le: cyanogène,
l’oxide de mercure forme, dans toutes les
circonstances, du cyanide Jorsqu'il est mis
en contact avec du cyanure de potassium.
En présence d'un excès dé ce dernier, le -
cyauide forme avec lui une combinaison
double. Le cyanide de mercure n’est pas
décomposé par l'ébullition avec des acides
oxigénés étendus.
Les deux sulfures de mercure sont inso-
lubles dans le cyanure de potassium.
Lorsqu'on fait passer de l'hydrogène sul-
furé dans du cyanide de mercure dissous!
dans le cyanure de potassium, tout le mer-
cure se précipite à l’état de sulfure.
16. Argent. Lorsqu'on mélange un sel
d'argent avec du cyanure de potassium, il
se produit un précipité blanc et caillebo-
teux de cyanure d'argent qui se dissout ai-
sément dans un excès de cyanure: Si l’ôn
ajoute de l'acide nitrique à la solution, tout
le cyanure d'argent se dépose complé-
tement Un excès d'acide ne le dissout pas.
Le chlorure d'argent est fort soluble dans
le cyanure de potassium, mais le sulfure
d'argent ne s’y dissout pas.
17. Or. En ajoutant du cyanure de po-
tassium à du chloride d'or, on obtient un
précipité jauneet,cristallin de cyanure d’or
qui se dissout dans un excès de cyanure de
potassium ; l'acide hydrochlorique fait re-
paraître le précipité.en. décomposant le
cyanure de potassium ;.un excès d'acide le
dissout.
18. Plaline. Lorsqu'on mélange du bi-
chlorure de platine avec du eyanure de
potassium. , il se produit un précipité cris-
tallin et jaune de cyanide de platine, et qui
se dissout à chaud dans un excès de cya-
nutce de potassium. DT
Les acides font reparaître le précipité,
en ‘'écomposant,.le eyanure ; l’acide hydro-
chlorique et l'acide nitrique le dissolvent.
L’ammoniaque,, précipite de la solution
acide du chloroplatinate d'ammoniaque.
19, Etain. Le protochlorure et le deuto-
chlorure d'étain donnent avec le cyanure
de potassium des précipités de protoxide et
de deutoxide hydratés. Le liquide renferme
toujours un peu d’étain en dissolution, ainsi
rique. |
En traitant le sulfure d
grand excès de‘ cyanure de \potassiun
l’ébullition il s’en dissout un Ée 7
dition d’un acide à la liqueur : à
plus grande partie se sépare à l'état de sul-
fide. Lorsqu'on chauffe le sulfide d’étain
avec du cyanure de potassium, on obtient
l’étain en partie en solution, en partie à
l’état d’un précipité d’oxide hydraté,
20. Antimoine. Le protochlorure d’anti-
moine se comporte comme le protochlo-
rure d’étain. Le sulfure d’antimoine se dis-
sout peu à peu par l'éballition prolongée
avec du cyanure de potassium. Le sulfide
d’antimoine se dissout aisément dans une
solution de cyanure de potassium ; les
acides l’en reprécipitent sans altération,
€
21. Chrome. En mélangeant uue solu-
tion d’oxide de chrome avec du cyanure de
potassium, on obtient un précipité vert,
qui se dissout par l’échauffement dans un
excès de ce dernier, en donnant un liquide
jaune d’où les acides ne précipitent rien.
Ce liquide renferme, comme M. Boekmann
l’a déjà prouvé, du chromocyanide de po-
tassium.
Nous avons aussi examiné les réactions
de quelques acides métalliques avec -le
cyanure de potassium, savoir, des acides
arsénieux, tellureux, tétanique, tungstique
et molybdique. Les réactions, comme on
pouvait le prévoir, étaient semblables à
celles que la potasse détermine.
Si maintenant nous rangeons les métaux
examinés jusqu'ici, d’après la manière
dont ils se comportent avec le cyanure de
1131
potassium, il en résulte deux divisions
principales.
À. Melaux qui, par le mélange de leurs
sels avec le cyanure de potassium, ne for-
ment pas de combinaison avec le cyäno-
gène.
Cette série est formée :
(a) De ceux qui ne sont pas précipités
par le cyanure de potassium (potasse, soude,
ammoniaque );
(b) De ceux qui ne sont précipités qu’en
partie par le cyanure de potassium (anti-
moine, étain) ;
(c). De ceux que le cyanure de potassium
sépare complétement de leurs dissolutions
(chaux, baryte, strontiane, magnésie, alu-
mine, plomb et bismuth).
B. Métaux qui, par le mélange de leurs
dissolutions avec le cyanure de potas-
sium, se transforment en cyanures. Ils se
partagent en trois groupes, sayoir :
(a) Ceux dont les cyanures ne sont pas
solubles dans l’eau, mais se dissolvent dans
le cyanure de potassium, de telle sorte qu’il
en résulte des combinaisons binaires du
second ordre :
MCy+K Cy,
solubles dans l’eau, Les acides précipitent
les cyanures métalliques de leurs dissolu-
tions en décomposant ie cyanure de potas-
sium. Ces cyanures sont ou insolubles dans
l'acide nitrique (cyanure d’argent), ou peu
solubles (cyanure de nickel), ou fort solu-
-bles (cyanures de cuivre, de zinc, de cad-
mium et de palladium, cyanide de pla-
tine).
(b) Ceux dont les cyanures sont insolu-
bles dans l’eau, mais se dissolvent dans un
grand excès de cyanure de potassium. Il en
résulte des combinaisons où l’on peut se
représenter tout le cyanogène comme uni
au métal pour former un radical composé,
et celui-ci au potassium, pour produire
une combinaison binaire de premier ordre :
Fe Cy$ + 2K,
Les acides ne séparent pas de cyanures
métalliques de ces combinaisons (fer, cobalt,
magnésie, chrome, urane).
(c) Mercure dont le cyanure est soluble
dans l’eau.
En jetant un coup d’œil sur ce que nous
venons d'exposer, il est aisé de voir les
nombreuses applications dont le cyanure
de potassium est susceptible dans l’analyse,
et la facitité avec laquelle il permet de dif-
férencier les divers groupes de corps.Notre
tâche ne peut pas être d’énumérer tous
les cas où ce cyanure peut trouver de l’em-
ploi dans l’analÿse, mais nous nous bor-
nerons à décrire ceux où il semble mériter
la préférence sur d’autres moyens de sépa-
ration.
Emploi du cyanure de potassium dans
l'analyse qualitative. — 1. Le cyanure de
potassium est sans contredit préférable à
tous les autres réactifs pour reconnaître le
nickel mélangé avec du cobalt, On ajoute
du cyanure de potassium à la dissolution
acidulée des deux métaux, jusqu'à ce que
le nouveau précipité se soit redissout dans
unexcès de cyanure, puis on y verse de
l'acide sulfurique étendu , on chauffe et
l’on abandonne le tout au repos. Un pré-
cipité qui se forme aussitôt ou au bout de
quelque.téemps, peu importe que ce soit
du cyanure.ou du cobaltocyanide de nickel,
démontre la présence de ce métal d’une
manière évidente.
2. Ce même sel fournit un très bon moyen
de séparer les quatre métaux qu’on obtient
réuuis, dans la marche ordinaire de l'ana-
1132
lyse , en dissolution dans l'acide nitrique,
savoir, le plomb , le bismuth, le cuivre et
le cadmium. On ajoute à la dissolution un
excès de cyanure de potassiam; le plomb
et le bismuth se séparent complètement et
peuvent aisément être séparés au moyen
de l’acide sulfurique; le cuivre et le cad-
miam se dissolvent. On ajoute à la solu-
tion un excès d'hydrogène sulfuré, on
chauffe et l’on ajoute encore un peu de cya-
nure : un précipité jaune démontre la pré-
sence du cadmium. À la liqueur filtrée on
ajoute de l’acide hydrochlorique : un pré-
cipité noir indique la présence du cuivre.
ÆEmploi du cyanure de potassium dans
l'analyse quantitative. = Toutes les mé-
thodes que nous indiquons permettent une
séparation absolue.
L. Séparation du zinc d'avec la chaux, la
baryte et la strontiane. On ajoute du car-
bonate de potasse à la dissolution jusqu’à
réaction alcaline, puis un excès de cyanure
de potassium, et l’on chauf'e. Les carbo-
nates des terres alcalines restent complète-
ment à l’état insoluble; le carbonate de
zinc se dissout avec facilité. On fait bouil-
lir la dissolution dans un petit matras avec
de l’acide hydrochlorique , en y ajoutant
de l’acide nitrique jusqu’à ce que l’acide
prussique soit expulsé, et l’on précipite le
zinc, par du carbonate de soude, en ob-
servant les précautions exigées par la pré-
sence d'un sel ammoniacal.
2: Du zinc d'avec la magnésie. On pré-
cipité par du carbonate de potasse, on
ajoute une quantité suffisante de cyanure
de potassium pour redissoudre le zinc, et
l’on évapore lé tout à siécité en faisant
bouillir eten ajoutant une nouvelle por-
tion de carbonate de potasse. Lorsqu'on
traite ensuite le résidu par l’eau, la ma-
gnésie reste à l’état insoluble, et le zinc
passe dans la dissolution sous forme de cya-
nure de potassium et dezinc.
3. Du zinc d'avec l'alumine: On ajoute à
la dissolution un excès de cyanure de potas-
sium , en évitant l'échauffement. Le zinc se
dissout et l’on obtient un résidu d’alumine
hydratée.
4. Du cobalt d'avec la manganèse. Cette
séparation a déjà été indiquée par M. Lie-
big.
5. Du cobalt d'avec la chaux, la baryte,
la strontiane. On mélange la dissolution
acidulée avec un excès de cyanure de po-
tassiam , on chauffe, et, après avoir ajouté
du carbonate de potasse, on fait bouillir,
On sépare ensuite, à l’aide du filtre, le
cobaltocyanide de potassium d’avec les car-
bonates des terres alcalines.
6. Du cobalt d'avec l’alumine. On pro-
cède comme pour séparer le zine de la
même base.
7. Du cobalt d'avec la magnésie. On l’en
sépare de la même manière que le zinc.
On peut, ainsi que M. Liebig l'a déjà dit,
extraire le cobaltocyanide de potassium en
faisant fondre ce sel avec du nitre; de cette
manière le métal peut se peser directe-
ment. Le résidu noir d’oxide de cobalt qui
reste dans le traitement par l’eau de la
masse fondue, doit, pour que la détermi-
nation soit rigoureuse, être dissous dans
un acide. La potasse caustique est, comme
on sait , le meilleur réactif pour précipiter
le cobalt d’une dissolution.
8. Du cobalt d'avec le nickel. Ce procédé
a aussi été indiqué par M. Liebig.
9. Du cobalt d'avec le zinc. On ajoute
du cyanure de potassium à la dissolution,
jusqu’à ce que le précipité de cyanure de
1133
cobalt et de cyanure de zincqui se forme
d’abord , se soit complètement redissous
dans un excès de cyanure de potassium, On
ajoute alors un excès d’acide hydrochlo-
rique à la dissolution jaunâtre et transpa -
rente des cyanures doubles: on obtient
ainsi, dans tous les cas, un précipité blanc
de cobaltocyanide de zinc. Dans le cas d’un
excès de zinc, il reste en dissolution du
chlorure de zinc, et dans célui d’un excès
de cobalt il y reste du cobaltocyanide de
potassium. On fait bouillir jusqu’à ce que
le ‘précipité soit complètement dissous et
l'acide prussique expulsé. On ajoute alors
de la potasse caustique jusqu’à ce que le
précipité de cobaltocyanide de zinc formé
d’abord , soit redissous, et l’on chauffe,
puis on précipite le zinc par l'hydrogène
sulfuré. On a ainsi, dans la liqueur filtrée,
da cobaltocyanide de potassium exempt
de zinc , et dont on détermine le cobalt par
la méthode indiquée plus haut,
Il est facile de voir qu’on peut aussi, à
l’aide du cyanure de potassium, séparer
d’une manière absolue le nickel, le zinc
et le cobalt lorsqu'ils se trouvent ensemble.
On procède d’abord comme on vient de le
dire; après l’addition de la potasse caus-
tique, on fait bouillir jusqu’à ce que tout
l’ammoniaque soit chassée. On obtient ainsi
un précipité d'oxide de nickel mélangé de
zinc, et dans la dissolution alcaline, du co-
baltocyanide de potassium avec la ma-
jeure partie du zinc. On précipite la li-
queur filtrée par de l'hydrogène sulfuré,
pour séparer le cobalt et le zinc. Après
avoir fait dissoudre dans l'acide acétique
l’oxide de nickel mélangé dezine, on en
précipite le zinc par l'hydrogène sulfuré,
et l’on jette le précipité sur un filtre avec
le sulfure obtenu en premier lieu. À l’aide
de la potasse, on précipite l’oxide de nikel
de la solution acctique.
10. Du nickel d'avec la chaux, la baryie
etla strontiane. On ajoute un excès de cya-
nure à la solution, puis du carbonate de
potasse ; après avoir chauffé, on sépare,
à l’aide du filtre, la solution du cyanure
double de potassium et de nickel d’axec les
carbonates des terres alcalines. On fait
bouillir pendant longtemps le liquide filtré
avec de l'acide hydrochlorique jusqu'à ex-
pulsion complète de l’acide prussique :
c’est à ce signe qu'on reconnaît la décom-
position entière des cyanures. La dissolu-
tion renferme du. chlorure de nickel, de
sorte qu’en ajoutant de la potasse et fai-
sant bouillir jusqu’à ce que toute l’'ammo-
niaque produite par la décomposition du
cyanate de potasse se soit dégagée, on ob-
tient tout le nickel à l’état d’oxide hydraté.
11. Du nickel d'avec la magnésie. On
procède comme pour séparer le zinc de
cette base.
12. Du nickel d’avec l’alumine. Cette sé-
paration s'effectue comme celle du zinc.
11. Du plomb d'avec le cadmium. On
ajoute à la dissolution un excès de cyanure,
et l’on chauffe. Tout le plomb se sépare,
tandis que le cadmium se dissout à l'état
de cyanure double de potassium et de cad-
mium. À l'aide de lhydrogène sulfuré,
on peut précipiter ce dernier de la dissolu-
tion; on peut aussi le faire bouillir avec de
l'acide hydrochlorique jusqu'à expulsion
complète de l'acide prussique, et précipi-
ter par du carbonate de potasse. Comme
le précipité plombique renferme toujours
de la potasse, on le dissout dans de l’acide
nitrique et on le précipite par de l’oxalate
ou du carbonate d'ammoniaque.
1134
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Note sur deux dépôts de lignites modernes
dans les bassins de Paris ; com muniquée
par M. Melleville, à la société géologique
de France.
Dans l’une de mes dernières communica-
tions à la société, j'ai dit que les lignites
tertiaires du bassin de Paris pouvaient
être regardées, en genéral, comme des
tourbes anciennes enfouies sous le sol. À
l'appui de cette manière de voir, je vais rap-
porter des observations que j’ai eu l'occa-
sion de faire dans mes dernières courses
géologiques à travers le département de
l'Aisne. Ces observations sont relatives à
des lignites véritablement modernes, puis-
qu'ils continuent tous les jours à se former,
et sur l’origine desquels on ne sauraitavoir
des doutes, puisqu'ils font partie inté-
grante de dépôts où la tourbe se présente
dans tous les états, depuis celui où les vé-
gétaux ont à peine subi une légère altéra-
ration jusquà celui où ils sont le plus con-
sommés.
Le premier dépôt de ce genre est placé
auprès du village de Naumoise, entre
Villers -Cotterets et Crespy-en- Valois.
Le village de Naumoise est situé à l’ex-
trémité supérieure d’un vallon étroit, au
au point de jonction des sables inférieurs
avec le calcaire grossier dont les bancs af-
fleurent de toutes parts aux environs. A
quelques centaines de pas sons le village,
derrièrele dernier moulin à eau établi dans
le fond de la vallée, on extrait depuis quel-
ques années , au milieu d’un petit marais
tourbeux, une sorte de lignite que l’on dé-
bite dans les environs sous le nom de cendres
noires.
La position de ces lignites sur le deuxième
étage des sables inférieurs me surprit
d'abord, car c'était pour moi un fait tout
nouveau. Mais une observation attentive
ne tarda pas à me faire reconnaître qu'ils
sont tout à fait modernes , et qu’ils conti-
nuent chaque jour à se former.
La partie supérieure du dépôt est une
tourbetrés poreuse, où lesvégétaux herbacés
aquatiques sont à peine décomposés. Peu à
peu cette tourbe devient plus compacte ;
les végétaux dont elle est formée sont plus
altérés, et elle se mélange d’ua peu de fer
sulfaré. À 7 ou 8 pieds de profondeur, le
fer sulfuré devient très abondant et se mêle
intimement à la tourbe, alors entièrement
décomposée. Dans cette partie, la tourbe
noire et pyritense est tellement semblable
au lignite tertiaire, qu’il est véritablement
très difficile de les distinguer l’un de l’au-
tre. Cependantles ouvriers ne s’y trompent
pas, et quoiqu'ils la vendent sous le nom
de cendres noires, dont elle a du reste
presque toutes les qualités végétatives, ils
reconnurent avec moi son origine et sa na-
ture.
L'existence de ce dépôt a un niveau dif-
férent de celui que les lignites occupent
dans les environs, et sa position dans le
haut d’une vallée qui n’est dominée que
par le calcaire grossier, les sables et le ter-
rain lacustre moyens, éloignent toute idée
de transport. D’un autre côté, j’ai pu cons-
tater qu'il repose sur un banc d'argiles)
jaunes ou brunâtres (argiles diluviennes,
en tout identiques à celles qui recouvrent
les flancs comme les plateaux des collines
voisines, sous lesqu’elles on trouve un as-
sez grand nombre de galets calcaires évi-
1135
demment arrachés au calcaire grossier des
environs. Enfin je n’ai pu y découvrir aa-
cune des coquilles si abondantes dans les
lignites tertiaires; mais en revanche j'ai
trouvé, enfouie dans toute l'épaisseur du
dépôt, une petite paludine (la P. impura),
qui vit assez abondamment sur le lieu.
Cette coquille y offre ceci de particulier,
qu'elle a conservé son lustre et sa couleur
bistre dans la partie supérieure du dépôt,
tandis que, comme les fossiles de l’argile
plastique, elle est d’un blanc mat dans la
partie inférieure, surtout dans la tourbe
pyriteuse.
J’ajouterai que j'ai également trouvé
dans ces lignites modernes plusieurs végé-
taux aquatiques, semblables à ceux qui
peuplent nos marais, lesquels étaient chan-
gés en pyrites; on m'a ditaussi y avoir
déterré il y a un an des bois de cerf. £
Le second dépôt de ce genre, que Je
connais, est placé dans la vallée étroite à
l'extrémité de laquelle s'élève le village de
Jaulgonne , près de Château-Thierry.
Ce dépôt se présente absolument comme
celui de Naumoise : ce sont d’abord, dans
le haut, des tourbes poreuses, puis des
tourbes plus compactes, enfin, dans le
bas, des tourbes pyriteuses. Le tout repose
sur des argiles Jaunes, entremélées ou su-
perposées à des galets de calcaire grossier
et de marne dure. Ces derniers proviennent
du terrain lacustre moyen dont les diffé-
rents bancs forment une grande partie des
flancs de la vallée. Enfin le dépôt est re-
couvert par un banc de 50 centimètres en-
viron d'épaisseur, d'argile marneusebrune,
c’est-à-dire d’une véritable vase tassée et
durcie, tout à fait identique à celle qui se
déposejournellement dans l'étang du mou-
lin voisin. Cette vase est le produit du la-
vage, par les grandes eaux pluviales, du
terrain lacustre moyen qui constitue tous
les plateaux des environs. Dans les années
pluvieuses, cette vase s’accumule très ra-
pidement: j'ai vu curer l'étang dont je viens
de parler : en un an de temps il s’en était
déposé une épaisseur de 25 centimètres.
J’ajouterai qu'à Jaulgonne la tourbe est
moins consommée et moins pyriteuse qu'à
Naumoise, et que le lignite moderne y pré-
sente avec le lignite tertiaire une analogie
moins parfaite, la Paludina impura y est
aussi plus rare.
Enfin , je ferai remarquer que ces dépôts
étant placés dans des vallées étroites, leurs
extrémités se terminent en biseau sur le
flanc des collines qui leur servent d’appui,
en sorte que dans leur ensemble ils présen-
tent la forme d’un amas lenticulaire, dispo-
sition tout à fait analogue à celle qu’on ob-
serve dans les dépôts d’argiles plastiques et
de lignites tertiaires.
Notice sur un accident métamorphique par
M. Bertrand-de-Lom, membre de la S0o-
ciété géologique de France.
Le plus bel exemple de métamorphisme
que la science ait jamais eu à enregistrer
est, sans contredit, celui que je signale au-
jourd’hui, observé récemment en place,
dans le département de la Haute-Loire,
et pour rendre hommage à la vérité, je
dois dire que je tiens de M. Pascal fils, jeune
collégien de beaucoup d’avénir, l'indication
du gisement qui m’a mis à méme d’appré-
cier l’accident ou de tirer des conséquences
plus légitimes.
Le phénomène que j’ai à décrire, touche
au basalte comme cause seconde, et aux
1136
marnes siliceuses, dites sans fossiles, comme
effet.
C’est de la marne arrachée au sol la-
custre et soulevée où elle s’observe aujour-
d’hui, par la cause ignée, sous sol. Elle
constitue dans un endroit une couche de
deux mètres de puissance euviron, et dans
d’autres, non loin du premier , quelques
petits amas ou nids, Je ne parlerai ici que
de celle qui forme une couche. Elle est en:
clavée dans un basalte situé à gauche de
la route , en allant du Puy à Clermont, à
peu de distance du Collet.
Elle se trouve en contact immédiat avec
le basalte supérieur et le basalte inférieur
(je dis basalte supérieur pour celui de l’ouest
et basalte inférieur pour celui de l’est).
À priori, l'esprit est frappé de l’anoma-
lie apparente que présente l’état physique
de cette marne.
En effet, en contact avec le basalte in-
férieur, elle a éprouvé uu retrait tel , que
sa structure s’identifie avec celle du ba-
salte prismé, en ua mot elle devient en mi-
niature la représentation exacte du sys-
tème basaltique prismé en colonnes
polyédriques.
Il y a cette différence seulement entre le
basalte et cette marne que celle ci a trouvé
dansle basalte sa cause principale de re-
trait et le basalte Ia sienne dans l’atmos-
phère principalement.
Ces prismes métamorphisques sont,
par conséquent, accolés les uns aux autres
parallèlement à un grand axe; ils se sépa-
rent facilement et parfois avec une netteté
assez franche , et sont d’ordinaire des qua-
drilatères ou des pentagones ; leur cou-
leur ordinaire est le jaune; quelquefois le
rouge brique , le bleu verdätre et enfin le
noir grisâtre ; ils sont facilement dansl’eau
mais sans faire pâte, avec dégagement
considérablement d’air, produisantun bruit
analogue, en quelque sorte, à celui que
produit le dégagement d’acide carbonique
des liqueurs mousseuses,
Dans son état actuel, cette substance
doit être considérée comme un véritable
tripoli prismatique.
D'un autre côté, par contraste, quoi-
que en contact aussi avec le basalte supé-
rieur, celte même marne est restée sans
effet appréciable , c’est-à-dire dans son
état normal.
L'action énergique modifiante d’un côté,
doit être prise sans hésitation , selon moi,
etcomme je lai déjà dit, dans le calorique
du basalte , durant son état d’incandes-
cence.
Et l’inertie du basalte, du côté opposé,
dans la conservation seulement de ce qui
ne pouvait pas perdre son calorique latent.
Par là se trouve expliquée aussi cette
sorte d’anomalie métamorphique et four-
nie une preuve irrécusable de différence
d’âge entre les basaltes auxquels est subor-
donné le phénomène que je viens de dé-
crire.
MINÉRALOGIE,
Gites et alluvions aurifères de la Russie
asiatique.
(Premier article. )
Les chaînes de l’Oural, de PAltaäï et de
Kousnetsk, sont, avec les baëses régions,
entre la Kya, le Jeniseï ét la Biroussa, les
seules qui, dans l’état actuel des exploita-
tions, font refluer de grandes richesses et
métaux précieux d’Asie en Europe.
1137
La région avrifére sibérienne part de
l'Oural et s'étend à l'est de cette chaine de
montagnes si remarquable par les gîtes
métalliques qu’elle renferme; elle paraît
traverser l’Asie entière entre les 54° 172 et
les 56° de latitude.
Ce sont surtout les alluvions qui en
constituent les principales richesses. Le
produit total de l'or de lavage, qui, dans
toute l’étendue de l’empire de Russie, n'é-
tait encore, en 1829, que de 4,718 kil.,
s'est élevé, en 1842, à 15,890 kil.
Cette abondance prodigieuse de lor
asiatique, ces masses d'or natif, trouvées à
de petites profondeurs au dessous du gazon
etatteignant jusqu’au poids de 36 kilogr.,
rappellent presque involontairement les
Issedons, les Arismaspes et cette source
primitive de l'or des Grecs, vers laquelle,
sur les traces d’Aristée de Proconnèse,
- nous conduit l'itinéraire d'Hérodote. L’a-
bondance actuelle, comparée à la masse
de métaux précieux que, depuis la plus
haute antiquité historique, d’autres gé-
gions des deux continents ont fournie au
commerce et aux arls, offre un intérêt
d'économie politique assez important pour
être signalé.
Les dépôts arénacés ou sables aurifères
et platinifères de l’Oural couvrent, en gé-
néral, des roches de diverse nature, et qui
sont dépourvues, autant du moins qu’on
les a examinées jusqu'ici, d'or et de platine,
— On ne peut presaue citer-comme ex-
ception que le plateau de Beresovsk, de
deux lieues carrées, et un terrain maréca-
geux près de Miask. A Beresovsk, les filons
d’or, dans leurs afileurements, sont revêtus
d’une couche épaisse de sables aurifères,
desorte que déjà dans la dernière moitié
du dix-huitième siècle on avait tiré parti
de la richessse de cette couche, en perçant
des puits, et surtout en creusant une gale-
rie d’éconlement. — L'exploitation conti-
nue des alluvions n’a cependant com-
mencé dans les chaînes de POural, même à
Beresvosk, où elle est 11 plus ancienne,
qu’en l'année 1814, une année après la dé-
couverte faite par une jeune fille de Ne-
viansk, d'une pépite d’or d’un grand poids.
C’est de l’Oural moyen, de l'intendance de
Catherinenbourg (à laquelle appartient
Beresovsk) que l'exploitation des alluvions
s’est répandue successivement vers Miask
et Bogoslovsk, vers le sud dans l’Oural
bachkire, et vers le nord dans FOural wo-
goul. — Les couches d'atterrissément ou
sables aurifères, placés sur des roches qui
elles-mêmes ne renferment ni or ni platine,
offrent la plus grande variété de compo-
sition minéralogique. Elles recouvrent
immédiatement les schistes talqueux, chlo-
ritique et amphibolique, la serpentine,
leuphotide, la diorite, le grauwache, le
calcaire grenu blanc, le calcaire noir de
transition, la dolomie noire, le thonscliefer,
le granit et le gneiss. — L'exploitation des
* sables aurifères au dessus de ces deux der-
nières roches est des plus rares. — Là où
les atterrissements recouvrent un pneiss
qui n’alterne pas avec le micaschiste, ils
ne renferment que des fragments angu-
Jeux de serpentine. Quelquefois la zone
aurifère, objet d'une seule exploitation,
repose à la fois sur deux roches d’une na-
ture minéralogique très différente.
Les matières pierreuses qui composent
les alluvions sont les plus communément
des fragments de quartz, de schiste tal-
queux et chloritique, de diorite, de por-
phyre pyroxénique, de serpentine ct de
1138
lydienne. Parmi ces fragments, les plus
gros ont une forme anguleuse, à bords.
tranchants : on les trouve mêélés à des
galets arrondis, à des sables et à des ma-
tières argileuses. Le quartz domine sur les
autres substances, et porte tous les carac-
tères d'une gangue. C’est un quartz de
filons qui ne laisse aucun doute sur son
origine. Les espèces minérales que ren-
ferment les alluvions, soit en cristaux par-
faits ou brisés, soit en grains et en lames,
sont au nombre de vingt-quatre, et ont
été rangées par M. Rose de la manière sui-
vante.
1. Or (cristaux octaèdres et dodécaë-
dres); — 2. platine; — 3. iridium naüf
cristallisé; — 4. osmium idium (blanc
d’étain); — 5. osmium iridium (gris de
plomb); — 6. cuivre (en petits grains ar-
rondis; — 7. diamants; — 8. fer oxydulé
(sable magnétique) qui abonde dans les al-
luvions aurifères; — 9. fer oligiste lami-
naire; — 10. fer chromité (en grains ou
petits cristaux octaèdres) appartenant de
préférènce aux alluvions platinifères; —
11. fr titané, faisant corps quelquefois
avec un grain d’or; —1Â2. pyrites (souvent
trés aurifères); 13. ruthile (tytane oxydé);
— 14. anatase (en grands cristaux jaunes) ;
— 15. cinabre {mercure sulfuré) en petits
grains arrondiss —16. malachite; — 17.
grenats; — 18. zircon blanc ; — 19. ceyla-
nie vert noirâtre; — 20. pistazite; — 21.
coriridon bleu ; — 22, barsovite blanche ;
— 23. diallage; — 24. quarz.
‘Telle est la prodigieuse variété des
espétes minérales que présentent les atter-
risséments ou lavages d'or et de platine,
résultat à la fois de la de:truction defilons
ét autres gîtes métallifères dans leurs af-
fleurementecommedela dégradation qu’ont
subie, à diverses époques, les roches cir-
convoisines.
La forme et la puissance des couches
d’alluvion qu’on exploite varient beaucoup.
Cependant, ces variations n'excèdent pas
certaines limites. En prenant la moyenne
d’une trentaine d'exploitations; dont j'ai
noté les dimensions avec soin, je trouve
que les alluvions aurifères forment des
zones oblongues, très allongées ; le rapport
de la largeur à la longueur étant le plus
généralement dans les grandes alluvions
(celles qui excèdent 250 toises), comme
1 : 20; dans les plus courtes, 1 : 12. Elles
sont disposées par groupes, tantô: sur des
plateaux arides, tantôt le long des rivières
ou dans les endroits marécageux, couverts
de jones et de cypéracés. Dans le premier
cas, aucun accident de la surface actuelle
du sol n’annonce leur présence, et cepen-
dant, parallèles entre elles, on voit les al-
luvions de sables aurifères souvent sépa-
rées par des atterrissements dépourvus de
toute parcelle d’or. — Là où les sables au-
rifères suivent le bord des rivières ou se
trouvent dirigés perpendiculairement à ce
bord, on remarque assez généralement que
le cours impérieux des rivières, et surtout
les affluents des affluents, offrent, dans
leur proximité, les exploitations les plus
riches.
La puissance ou épaisseur des sables au-
rifères est aussi variable que leur dimen-
sions horizontales. La couche qui mérite
d'être exploite ne forme constamment
qu'une faible partie de l'épaisseur de Pat-
terrissement total. Cette couche se trouve,
soit immédiatement au dessous de la sur-
face du sol, même adhérente aux racines
de graminées et de plantes aquatiques,
4139
soit couverte de tourbe. D’autre fois, la
couche de sables aurifères occupe le milieu
de l'atterrissement total, étant séparée de
la manière la plus tranchée des strates
supérieurs et inférieurs, qui sont dépour-
vus d’or et de platine; d’autres fois encore,
l'or forme la couche la plus basse, celle
qui recouvre immédiatement la roche en
place. Enfin, j'ai vu pénétrer l’or dans
les fentes mêmes de la roche schisteuse,
qui, dans sa masse entière et dans ses filons
en était entièrement dépourvue.
La puissance moyenne des couches au
riféres de lOural semble être de 3 pieds
9 pouces à 5 pieds. Il yen a cependant de
12 pieds dans le riche plateau de Bere-
sovsk. Comme généralement les fouilles
n'exigent que 10 à 15 pieds de profondeur,
on les dispose en percements à ciel ouvert.
Les percements souterrains sont très rares.
Je ne les ai trouvés que dans j’alluvion de
Nagornoi (près Beresovsk), où 2 à 3 pieds
de sables aurifères sont recouverts par
15pieds d’atterrissements stériles. C’étaient
de véritables travaux de mineurs.
Un des caractères les plus importants
du terrain d’atterrisement est le mélange
d’ossements fossiles d'anciens pachydermes
et de sables d’or, observé plusieurs fois
sur les points les plus éloignés de Ia chaîne
de l'Oural: Je me citerai que les dents d’é-
léphant (mammouth) trouvées dans les
lavages de Kasionnaïa-Pristan, de Konev-
skoi, d'Anninskoï, près du lac Aouchkoul.
Dans ce dernier endïoit, une zone inter-
calée de débris osseux sépare d’une ma-
nière bien tranchée la couche aurifère de
la couche stérile qui la recouvre. Une
grande tête de pachyderme a été décou-
verte à 15 pieds de profondeur, au milieu
des sables aurifères de Konevskoiï.
La presque totalité des éruptions mé-
talliques de l’Ourel, à l'exception du pla-
tie, appartient au versant oriental, à la
pente asiatique. On ne peut citer qu’un très
petit nombre de lavages d’or sur le versant
occidental ou européen.
Les aliuvions de l'Oural portent le ca-
ractère de dépôts dus à de très petites ri-
vières, à des bassins jacusires aujourd’hui
desséchés.
Les gîtes auriferes de quelques parties
de l'Amérique présentent certains carac-
tères des gites aurifères de l’Asie russe.
A. DE HUMBOLDT.
ZOOLOGIE.
Observations sur les métamorphoses de la
Porcellana longicornis, et description de
la Zoë, qui est la larve de ce crustacé;
par M. Félix Dujardin.
Le fait si longtemps et si vivement con-
troversé de la métamorphose des crustacés
parait devoir être bientôt un des mieux
constatés de la zoologie, et la découverte
de M. Thompson, niée avec tant de téna-
cité par la plupart des vaturalistes pendant
plus de dix ans, la métamorphose des zoës
en crustacés décapodes sera bientôt aussi
généralement admise que celle des che-
nilles en papillons. Déjà en 1838 (nouvelle
édition de Lamarck), M. Milne Edwards
déclara « qu'il était porté à adopter une
partie des vues de M. Thompson et à con-
sidérerles zoës comme des crustacés déca=
podes dont le développement n'est pas
encore achevé ; mais il pensait que ce sont
des larves de quelques espèces de la section
des anomoures plutôt que les larves d’un
cancérien proprement dit.»
1140
Les faits à l’appui de cette opinion ont
été fournis plus tard (Archives de WVieg-
mann, 1840), par M. Philippi, qui décrivit
d’une manière incomplète la larve du Pa-
gurus hüngarus, et par Rathke lui-même,
dont le beaw travail Sur le développement
de lécrevisse/avait/servi d'argument prin-
cipal‘aux contradicteurs de M. Thompson.
Mi. Rathke a fait ses observations sur les
larves du Homard, dela Galatée, de l’Hyas,
et surtout du Pagure-Bernard, dont il a
suivi avec soin le développement. Moi-
même, enfin, je vieus aussi apporter à
l'appui le fait de la métamorphose d’un
autre ‘crustacé très commun à Saint-Malo,
la Porcellana longicornis, dont j'ai pu étu-
dier en détail la larve ou Zoé nouvellement
éclose. Il est à remarquer Œuec’est précisé-
ment encore un crustacé de la mème sec-
tion des anomoures à laquelle appartient
le Pagure.
Je trouvai, le 26 mai dernier, des Por-
cellanes chargées. d'œufs si près d’éclore,
que, par la simple agitation dans l’eau, les
jeunes larves se déploiaient aussitôt dans
liquide, maistellés ne continuèrent pas à
vivre. Ces larves sont d’une transparence
paärfüte, à l'éxception de deux taches dor-
sales noires et oblongues indiquant les
yeux, en avant, et d’une ligne rouge entre
les yeux. Leur longueur totale est de
4mm,6 ; savoir : Omm,6 pour le céphalo-
thorax, et 1smillimètre pour l'abdomen,
qui est plus: étroitet prolongé en manière
de queue. Les œtfs d'où elles sortent sont
longs de Omm,6. Ea Pürcellane mère a son
céphalothorax presque, rond, long de
5mm,5, et son abdomen long de 7mm,5
et replié en dessous.
On pêut done remarquer qu'ici l'œuf a
la dixième partie de la longueur du cé-
phalothorax de l'animal adulte; tadis que
les œufs d’un Crabe commun (Carcinus
mænas), n’étantpas=plus-gros, n’ont que
la centième partie de la longueur relative
du céphalothorax, et que ceux du Homard
n'ont que le cent cinquantième ou la deux
céntième partie de cette longäeur relative.
C'est là-cerqui expliquer pourquoi les larves
des grosses espèces de crustacés sont pro-
portonnellement si petites et. si difficiles à
observer. sie D
Le céphalothorax de la Zoé de la Porcel-
lane est à peu près aussi long que large;
il porte latéralement, en dessus, deux lon-
gués pointes dirigées en arrière et attei-
gnant le dernier tiers de l’abdomen. Ces
pointes sont formées d’un, iube membra-
neux, retréci peu à peurvers d'extrémité ;
elles présentent quelques poils’, ainsi que
des traces, darticulalion : ce sont les ana-
logues de da pointe dorsale des autres
Zoës. 2h
Sous le céphalothorax, en avant, naît
un long appendice rougeâtre, pointu à
l'extrémité, articulé, et portant sur chacun
_de ses vingt-trois ou vingt-six segments
une soie courte de chaque côté. C'est le
prolongement d’un tube intérieur, rouge,
charnu et ridé, qu’on voit par transpa-
rence, et que M. Philippi a pris pour l'in-
téstin dans le Pagure. Cet appendice, qui
ressemble par sa structure à une antenne
imipaire, est le même que M. Rathke, aussi
dans le jeune pagure, a nommé la trompe:
c’est cette sorte de rostre que l’on a donné
aux Zoés dans toutes. les anciennes figures ;
mais ce n’est: évidemment miun rostre ni
une trompe;-car son extrémité est fermée.
Ses fonctions me paraissentotout fait pro- |
4141
que dans aucune autre Zoé, et il se pro-
longe sous le céphalothorax, en arrière,
jusqu’au milieu de la queue.
Vers le milieu de la face inférieure du
céphalothorax se voient les deux paires
d’antenñes, savoir : 4. lesantennes internes
simples, formées chacune de deux articles
et terminées par cinq à six soies, d’abord
simples, puis très longues et plumeuses;
2, les antennes externes ou postérieures,
qui sont bifides et se composent chacune
d’un article basilaire supportant deux tiges:
l'une conique, plus courte, plus épaisse,
avec quelques soies fines à l’extrémité ;
l’autre, plus grêle et plus longue, avec des
soies latérales courtes et des traces d’arti-
culation.
A la suite de ces appendices se trouvent
les mandibules et les deux paires de mâ-
choires. Les mandibules, déja bien orga-
nisées et très complexes, sont terminées
par une forte dent crochue, au dessous de
laquelle se trouvent trois crêtes ou rangées
obliques de petites dents. Les mâchoires
antérieures sont plus longues, articulées,
munies d’un palpe dorsal de deux articles,
garni de longues soies. L’armature de ces
premières mâchoires se compose de six à
sept lames étroites ou stylets barbelés. Les
mâchoires postérieures sont de larges lames
composées de cinq lobes ou articles conti-
gus, prolongés parallèlement en dedans et
terminés chacun par quatre à cinq soies.
On voit aussi un palpe dorsal à ces. deu-
xièmes mâchoires.
Enfin, à l'extrémité postérieure du cé-
phalothorax et sur une‘masse qui paraît
formée d’un ou deux segments distincts
de ce qui précède, se trouvent deux paires
de pieds bifides ou à deux rames, compo-
sés d'une hanche ou tige assez longue à
l'extrémité: de: laquelle: sont articulées les
deux rames, l’une externe, plus grosse,
sans traces distinctes d’articulation, sinon
à l'extrémité où elle est terminée par cinq
longues et portant latéralement des soies
plumeuses respiratoires.
L'autre rame interne est distinctement
articulée : on y compte quatre segments
tous garnis de soies roides sur leur face
interne, comme le seront plus tard les
pieds-mâchoires; le dernier article est aussi
terminé par de longues soies.
Ces pieds, que M. Philippi comparé mal
à propos aux pieds biramés des copépades,
doivent se changer plus tard em pieds-mà-
choires, ainsi que M. Rathke la vu sur les
jeunes Pagures.
Ainsiil my a point encore ici d’appen-
dices thoraciques, ni pieds n1 branchies ;
il n’y a que les deux paires d'antennes et
cinq paires d’appendices buccaux au lieu
de six qu’on doit trouver plus tard. Ces
appendices d’ailleurs, ainsi que les an-
tennes, sont garnis de soies plumeuses
comme les appendices locomotears et res-
piratoires des entomostracés, ce qui doit
faire penser qu’ils remplissent les mêmes
fonctions en attendant qu’ils aient été mo-
difiés successivement pour servir à la man-
ducation.
Toutefois ces soies plameuses sont telle-
ment délicates, qu’on ne les voit qu’en dia-
phrasmant fortement le microscope, et que -
souvent elles ont disparu, détachées par }a
simple agitation du liquide.
Derrière le céphalothorax, et presque
sur la même ligne, se voit l’abdomen, for-
mé de six articles cylindriques dont le cin-
quième cst le plus long et terminé par une
blémafiques. Ici il est plus-lons peut-être lame en losange dont les deux côtés posté-
1142
rieurs portent chacun dans autant de gai-
nes lubuleuses cinq longues soies plu-
meuses étalées en éventail et dont la
racine se prolonge jusqu à la base de cette
lame.
Des deux angles latéraux partent deux
pointes simples, moitié plus courtes et
dirigées dans le même sens.
Ici encore Il n’y a pas de fausses pattes
abdominales.
Ainsi, en comparant la Zoé de la Por-
cellane avec celles des Pagures, telles que
les ont décrites les observateurs cités plus
baut, on voit que nous avons ici une même
forme générale, avec les yeux. sessiles et
amorphes engagés sous la carapace, mais
non réticulés; que sur le dos se trouvent
deux pointes au milieu d’'nne seule attri-
buée aux anciennes Zoés de Slabber, Bosc,
etc., tandis que les jeunes Pagures n’en
ont pas; que l’appendice frontal, beau-
coup plus long que chez cés derniers et re-
présentant le prétendu rostre des Zoé, est
un organe impair analogue à une antenne;
enfin que la nageoire caudale diffère par
sa forme en losange de la lame échancrée
des autres Zoés.
ES > (
SCIENCES APPLIQUÉES.
ARTS CHIMIQUES.
Note sur de nouveaux moyers de dorer et
ædargenter au trempé, par M. A. Le-
voli025
Dans le moment où l'attention est fixée
sur les procédés de dorure par la voie hu-
mide, imaginés dans ces dernières années,
il m'a semblé qu’il ne serait pas sans inté-
rêt de publier de nouveaux moyens pro-
pres-idorer ou argenter par immersion,
principalement à cause de leur facilité
d'exécution, qui les met à la portée des
personnes même étrangères à ce genre
d opération, et qui s’y livrent pour la pre-
miére fois; aussi pourraije me borner à
les décrire très brièvement:
Dorure sur argent. L'argent se dore très
facilement au moyen du chlorure d'or
veutre, additiouné d’une solution aqueuse
de sulfo-cyarure de potassium jusqu’à dis-
parition du précipité qui s'était d’abord
formé ; il faut que la liqueur éclaircie, de
cette manière, conserve une réaction lé-
gèrement acide, et si elle l'avait perdue
par une addition immodérée de sulfo-cya-
nure, On. la lui rendrait en ajoutant quei-
ques gouttes d'acide chlorhydrique. Pour
dorer on plonge l’argent dans cette liqueur
presque bouillante et médiocrement con-
centré, état dans lequel on la maintient
en y versant de lemps en temps de l’eau
chaude pour remplacer celle qui s’est va-
porisée ; on évite de cette manière, les in-
convénients qui résulteraient d'une trop
grande concentration de l’acide chiorhy-
drique, dont la présence est néan moins
utile pour s'opposer à la formation d’un
précipité auritère qui a lieu par l'élévation
de température, lorsque c’est l’alcali qui
domine.
Dorure et argeniure sur cuivre, laiton 6ë
Üronze. On à indiqué la solution du eya=
aure d'or ou d’argent dans le cyanure de
potassium pour dorer et argenter sous lin:
fluence des forces éleêtriques; je me suis
assuré que les mêmes solutions portées à
une température voisine de leur point d’é-
bullition, peuvent aussi dorer et argentcr
4 7 r Ü ù
au trempé, À l'égard de lenr préparation,
1143
s'il était nécessaire de les obtenir chimi-
quement pures , elle ne laisserait pas que
d’être assez dispendieuse, mais on n’ob-
tiendrait véritablement aucun avantage en
compensation; on peut done simplifier l’o-
pération et la rendre beaucoup moins coù-
teuse, en traitant directement, soit le chlo-
rure d'or, soit le nitrate d'argent , neutres,
par du cyanure de potassium en excès, de
manière à obtenir les cyanures doubles so-
lubles.
On ne peut dorer l'argent par ce pro-
cédé, mais on a vu plus haut que le sulfo-
cyanure d'oret de potassium dore très bien
ce métal.
La solution du cyanure de cuivre dans
le cyanure de potassium, ne cuivre pas
Vargent, même en contact avec le zinc;
cependant elle cuivre parfaitement ce der-
nier métal et d’une manière très solide.
Je ferai remarquer enfin, que ces pro-
cédés si commodes, parce qu'ils réussissent
toujours et n’exigent que quelques minutes
pour toute préparation, ne permettent
malheureusement pas l’application d’une
couche très mince de métal précipité : c’est
un inconvénient commun à tous les pro-
cédés au trempé.
(LeTechnologiste.)
AGRICULTURE.
ÉCONOMIE AGRICOLE.
De quelques engrais et de leur emploi.
(Troisième et dernier article.)
Chaumes des tréfles. — Le trèfle rouge,
cette plante si précieuse pour le bétail, ne
l’est pas moins pour le sol. L'effet de l’en-
fouissement d’un trèfle bien venu est évi-
dent sur les récoltes suivantes, et pour le:
moins sur les deux premières. Il n’est pas!
seulement égal à celui d’une bonne demi-
fumure; il la surpasse encore par une in-
fluence particulière, qui ne se manifeste
pas uniquement par l'augmentation im-
médiate de la force productive du sol.
Lavoine se succédant au trèfle semé dans
une céréale surpasse l’avoine succédant au
froment de jachère, et après l’avoine suc-
cédant au trèfle semé avec le froment, les
pommes de terre se ressentent encore visi-
blement des bienfaits du trèfle enfoui. L’ef-
fet sur les pommes de terre est bien plus
remarquable encore, lorsqu'elles succè-
dent au trèfle. Mais cette observation et
plusieurs autres trouveront leur place plus
loin.
Sans doute, lorsque le trèfle est maigre,
clair-semé et infesté de mauvaises herbes :
lorsque, par nécessité, ou par économie
mal entendue, il a été fauché jusqu’à épui-
sement, l'effet de l’enfouissement de son
chaume et de ses racines ne sera pas consi-
dérable. Mais un cultivateur quelque peu
intelligent et soigneux ne fera jamais une
“pareille faute. À mon sens, il y a toujours
plus de profit à enfouir la troisième coupe
du trèfle, qu’à la faire manger aux bes-
tiaux, si ce n’est lorsque la première coupe
a pu être faite de très bonne heure et
qu'on peut en attendre une quatrième,
J'avais semé du trèfle, me dit un bon cul-
tivateur, dans un de mes champs, dans
lequel l’avoine n’atteignait jamais une hau-
teur de plus d’un tiers de mètre, et qui,
même fortement fumé, ne me donnait ja-
mais que de misérable froment. La pre-
mière pousse du trèfle réussit mal; je la fis
114%
faucher et la laissai sur le champ; j'y ajou-
tai quelque peu de fumier consommé et
quelques balayures de basse-cour. Sous
cette couverture légère, le trèfle prit une
croissance active. Je laissai mürir, pour la
récolter, la graine de cette seconde coupe.
Lorsque, après cette coupe, le trèfle eût
réatteint la hauteur d’un bon sixième de
mètre, je le fis enfonir, malgré les regrets
que donnèrent au sacrifice de cette belle
coupe les cultivateurs mes voisins. J'y fis
. semer du froment, devant lequel, l’année
suivante, ceux qui m'avait blâmé d’abord
Ôtaient leur chapeau.
Le trèfle, arrivé à un certain dévelop-
pement, est toujours, dit Schmalz, un très
bon engrais. Ayant fait enfouir du trèfle, à
des degrés de développement différents, et
ayant fait semer du scigle, j'ai toujours
trouvé la récolte et la vigueur de végéta-
tion du seigle dans un rapport presque
rigoureusement exact avec la force du
trèfle enfoui. Là oùon avaitenfoui du trèfle
de 324 millimètres de haut, le seigle res-
semblait à une forêt de roseaux, et les
épis, courbés par leur poids, formaient
comme un toit mouvant au dessus des
tiges. Là où le trèfle avait été enfoui plus
court, la récolte de seigle était proportion-
nellement moins belle, Là où était du
trèfle de 54 millimètres de hauteur seule-
ment, la récolte de seigle était misérable,
le sol de la pièce, comme celui des autres
soumis à la même expérience, n’ayant pas
été fumé et le seigle ayant été semé sur un
seul labour. C’est pourquoi je laisse tou-
jours, croître le trèfle autant qu’il le peut
après la seconde coupe, pour l’enfouir,
saus chercher à en tirer aucun autre
partis. #
Le bienfait du trèfle, comme. engrais et
comme amendement, encore probléma-
tique pour certains esprits prévenus et
obstinés, est tellement, reconnu aujour-
d’hui, dans quelques contrées, que, dans
le Palatinat, par exemple, on le cultive
dans le but exclusif de le faire servir d’en-
grais. Lorsque la première pousse est. en
fleur, on la renverse avec la herse et on
l’enfouit avec la charrue. On sème immé-
diatement de la navette. Dans le comté de
Mark, on sème beaucoup aujourd’hui un
mélange de trèfle blanc, de seigle et au-
quel on ne donne pas d'engrais; on fait
pâturer en automne et l’on obtient, l’an-
née suivante, une bonne récolte d’avoine.
La culture du trèfle s'étend ainsi de jour
en jour, et ceux qui ne sont pas absolu-
ment obligés de le faire pâturer y gagnent
toujours à l’enfouir dans sa plus grande
croissance. Cette pratique est à considérer
comme le pendant de celle suivie dans le
Palatinat pour l'emploi des vesces.
La luzerne et l’esparcette n’occupant
pas la terre pendant dix-huit mois seule-
ment, comme le trèfle, mais pendant six,
huit et dix ans, les racines deviennent beau-
coup plus fortes, et leur action, comme
engrais vert enfoui, proportionnée au
temps nécessaire pour leur décomposi-
tion, est d’autant plus durable. Il sera
aussi traité plus amplement, en lieu plus
convenable, des effets utiles de ces plantes
ainsi employées.
ANIMAUX DOMESTIQUES.
Élève du bétail. —Jnfluence de la douceur
envers les animaAUT.
Les animaux menés avec douceur sont
vifs, ardents, dociles ; ils travaillent à leur
1145
ous elle
aise, emploient leur force d’une manière
régulière, continue, et font beaucoup de
travail sans fatigue, sans efforts. Les voya=
geurs qui ont visité l'Orient attribuent les
qualités du cheval. arabe, l'attachement
extraordinaire dont il donne des preuves à
son maître, aux soins avec lesquels il est
élevé sous la tente de la tribu. Le Circas-
sien traite son cheval à la manière des Bé-
douins; il le regarde comme son enfant,
couche, joue avec lui; si le cheval com-
met quelque faute, il ne le frappe jamais,
mais il met.un terme momentaué à ses
Jeux et à ses carresses. Cette privation. est
pour les chevaux la plus sévère punition,
et lorqu’ils sont assez forts pour porter ün
homme; on lesidirige sans avoir recours à
des moyens violents. Ces chevaux ressem-
blent à ceux du Nedji par les formes, par
la légèreté et la solidité de la marche, par
la force et l'énergie comme par le carae-
tère; ils sont très intelligents, comprennent
merveilleusement la parole du maître. On
voit le cavalier circassien, obligé de battre
en retraite, et voulant arrêter ou retarder
l'ennemi, « faire signe à son cheval de se
coucher, de s'étendre et de/faire le mort,
pendant que, couché derrière le corps de
sa monture, il ajuste son fusil et fait feu,
en appuyent sur la tête de l'animal le ca-
non de son arme. » On voit ces chevaux
« jouer avec les enfants, se prêter à leurs
fantaisies et éviter soigneusement de leur
faire mal.» (Journal des Haras, 1840.)
Les animaux, conduits avec brutalité
sont toujours de mauvaises bêles; ils sont
stupides, méfiants,, indociles. « Presque
tous les chevaux méchants ne le sont de-
venus que pour avoir été maltraités dans
leur enfance; ils étaient d’un caractère
fier ; un brutal a excité leur colère vindi-
cative, et ils ont pris.en haine l’espèce hu-
maine toute entière.» (Grognier..)
La brutalité est un très mauvais moyen
de gouverner les animaux; c’est elle qui
rend quelques unes de nos races si ché-
tives, si faibles, malgré les quantités de
nourriture qu’elles consomment. Quel est
le propriétaire. qui n’a, pas remarqué dans
ses étables des bêtes maigres, quoique man-
geant autant et ne travaillant pas. plus
que les autres? Celles qui sont conduites
par des valets méchants, irascibles, peu
intelligents, qui sans motifs tourmentent
leurs attelages, sont toujours en mauvais
état, souvent boiteuses et malades; elles
sont molles, ne travaillent que par se-
cousses et quandelles sont battues, elles
font alors des.efforts instantanés, se jettent
à droite, à gauche, glissent, tombent, con-
tractent des distensions de ligaments, des
contusions, des fractures, des anévrismes.
Continuellement tourmentés, les ani-
maux conduits avec cruauté digèrent mal,
ont souvent des indigestions, sont maigres,
ont le poil terne, la peau adhérente. Soit
que la constitution en ait été altérée, soit
qu’ils craignent l’homme, ils ne profitent
ni de la nourriture qu'ils consomment, nt
des soins qu'on leur donne. Tous les en-
graissears savent que les bœufs qui aiment
le bouvier, qui le recherchent, qui reçor-
vent ses soins, ses caresses avec plaisir, sont
infiniment plus faciles à engraisser que
ceux à moitié sauvages. qui ne voient ap=
procher l'homme qui les soigne qu avec
méfiance.
La manière de conduire les femelles a
beaucoup d'influence sur la sécrétion et
l’excrétion du lati, Une main amie ou la
bouche du nourrisson produisent sur les
| 1)
0
2146
mamelles une sensation de volupté dont
la vache témoigne l’expression en rumi-
nant lentement ét en regardant la trayeuse
- avec satisfaction et tendresse. Cet état
d’érection dés mamelles est favorable à la
sécrétion du lait et nécessaire à l’excrétion
de ce liquide; les vaches qui ne l’éprou-
- vent pas, celles'qui regrettent les veaux,
celles qui sont traitées par des personnes
étrangères ou brutales ne donnent sou-
vent pas une goutte de lait; il en existe
beaucoup qui ne se laissent traire que par
des mains connues ou amies, ou lors-
qu'on se présente à elles avec des frian-
dises. :
Les mâles reproducteurs ont besoin
d'exercice pour conserver la faculté pro-
lifique ét engendrer des descendants ro-
bustes. Si les vaches se plaisent dans la :
stabulation et le repos, il faut que le tau-
reau travaille, transpire, pour ne pas
tomber dans l’obésité, pour ne pas devenir
dangereux et ennemi de l’homme. On ne
peut le réduire par la force et les mauvais
traitements, il n’y a qu'un travail modéré
et la douceur qui le maintiennent léger,
facile ét sans méchanceté. Il est donc né-
‘céssaire qu'il soit dressé au collier, au
trait, afin de pouvoir l’atteler pour faire
des transports légers, des hersages, un
travail, enfin, qui soit en rapport avec
son âge.
Il faut bien éviter d’atteler les taureaux
au limon et de’ les charger à dos, avant
l’âge de quatre à cihq ans, afin de ne pas
déprimer la colonné'vértébrale, la défor-
mer, et les rendre impropres à la repro-
production : car ils communiquent ce dé-
faut à leurs descéndants.
Les taureaux ne doivent saillir qu’une
fois par jour, surtout avant l’âge de trois
ans;’ils peuvent commencer sans incon-
vénient entre quifize et dix-huit mois, se-
l’âge de quatre ans : du foin et des racines
en hiver, de l'herbe en été, et dans toutes
les saisons une poignée de’$el le matin à
jeun; cela les rend'amis de l'fiomme, faci-
lité les sécrétions, entretient le pdil luisant,
même en hiver.”
Un soin important est de les étriller,
brosser, bouchonnér tous les jours sans
faute : les démangeaisons les rendent in-
quiets, malfaisants ; ils ont besoin de fric-
tions, et vont se frotter partout quand ils
sont en liberté : il faut donc suppléer à ce
besoin dans la domesticité. Le vacher qui
étrille est toujours bien venu du taureau ;
le plus méchant se laisse approcher par
l’homme qui a une étrille à la main.
On doit infliger des punitions aux ani-
maux avec discernement, en leur faisant
comprendre qu'ils sont coupables, et im-
médiatement après qu’ils ont mérité d’être
punis, afin qu’ensuite le souvenir de leur
faute leur rappelle la correction. «Legrand
secret, dit M. Rodat, consiste à savoir
donner aux bêtes la conscience de leurs
méfaits, sans quoi leur âme muette bouil-
lonne sourdement le sentiment de l'injus-
tice. On doit toujours traiter les ani-
maux avec douceur dans leur jeunesse,
gagner leur affection par des caresses, par
des friandises, par du sucre, du sel. Les
animaux peuvent être conduits sans bru-
talité, sans punitions. Ils apprécient tous
nos sentiments à leur égard, Ils sont sus-
Ceptibles d’attachement, ‘de crainte, de
respect, et quelques uns ont beaucoup
1147
d'amour-propre. Ils ont besoin d’être ai-
més, caressés, loués. On ne doit d’abord
les punir, à l'exemple des peuples de la
Circacie, qu’en les privant des marques
d’attachement qu’on a l’habitude de leur
donner. »
Beaucoup d’animaux ne sont difficiles à
conduire que parce qu’ils ont trop de force; .
ils sont impatients, incapables de rester
tranquilles ni d’obéir. Ils suivent involon-
tairement toutes leurs idées. Il faut dimi-
nuer le régime de ces animaux, les saïi-
gner et les soumettre à un travail assez
pénible pour user leur excès de vie, les
rendre plus paisibles.
Si ces moyens sont insuffisants, on élè-
vera la voix, on aura recours à des me-
naces; toutefois, il faut encore les em-
ployer rarement, afin qu’elles soient ef-
‘ficaces, quand on sera obligé d’y avoir re-
cours.
Les instruments de punitions ne doivent
être employés que dans des cas exception-
nels ; il faut toujours choisir de préférence
ceux qui ne peuvent produire ni plaies ni
contusion, ceux qui occasionnent une dou-
leur de courte durée, füt-elle vive.
Outre les moyens ordinaires de correc-
tion, la privation du sommeil, la diète,
sont d’excellents moyens de dompter les
animaux rebelles. Pendant quelques jours
on les empêche de dormir, on ne leur
donne point à manger, et l’on se présente
ensuite à eux avec de la nourriture: S’ils
sont dociles, obéissants, on leur offre des
aliments, on les laisse tranquilles; dans le
cas contraire, on continue à les contrarier
et à les tenir à la diète. Macne,
profes. à l'école vétérinaire à Lyon.
Ke
SCIENCES HISTORIQUES.
ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET
POÉITIQUES.
Séance du samedi 17 juin.
M. Blanqui lit un mémoire sur les avan-
tages commerciaux à la suite des traités
nouvellement faits entre la Chine et la
Grande-Bretagne. — Quoique les Chinois
soient le peuple le plus ancien et que le
céleste empire soit le gouvernement fondé
depuis le plus grand nombre de siècles, il
n’en est pas moins yrai que cette partie
de l’Asie est restée jusqu'ici tout-à-fait in-
connue , et que par suite de l'isolement
dans lequel les Chinois ont constamment
voulu vivre et se mouvoir, tout ce que
nous savons sur leur industrie, leurs arts,
leurs mœurs, leur forme de gouvernement,
tient encore plus du conte que de l’histoire.
Il ne peut en être autrement, la Chine
ayant été constamment fermée aux Euro-
péens, malgré les tentatives faites à plu-
sieurs reprises par la France, la Russie et
l’Angleterre.Quelquefois des envoyés char-
gés de présents et déguisant sous cette cour-
toisie leur véritable mission , ont bien pu
parvenir jusqu’au sein de la capitale et
même jusqu’au trône de l’empereur , mais
on exercait sur eux une telle surveillance,
qu'ils se trouvaient réellement et sans exa-
gération sous le scellé. La cour de Nankin
en les traitant avec bienveillance, savait
leur faire sentir quelle ne les accueillait
que comme des voyageurs qui s'étaient
trompés de chemin.
Le port de Canton était le seul ouvert
aux étrangers, et les factoreries étaient
même séparées par de gros murs du reste
1148
de la ville. Une congrégation avait le pri=
vilége exclusif de traiter avec les barbares,
C'était entre les chefs de cette corporation
et les chefs de la Compagnie des Indes,
seule intermédiaire , peñdant longtemps,
du commerce de Canton, que tout se pas-
sait. M. Blanqui a tracé le tableau des vi-
cissitudes qu’a éprouvé le commerce, pen:
dant les cinquante dernières années, et
après avoir esquissé les négociations qui
ont mis un terme à la guerre que le com-
merce de lopium avait allumée, il est ar-
rivé à l’examen des conséquences de la
liberté du commerce , proclamée par les
Anglais et dont le résultat instantané a été
la ruine de Macao et le déplacement du
centre des relations. Les marchandises qui
étaient expédiées par terre, le sont aujour-
d’hui par mer. C'est à Ou-tcheou qu’elles
arrivent. Ce port doit être un jour l'entre-
pôt de tout le commerce de la Chine.
Par l’article 2 du traité,"un tarif régu-
lier de transit doit être fait et quatre au-
tres ports doivent être ouverts. Il est pré-
samable que ces dispositions deviendront
communes à toutes les nations; mais en
présence de ces faits tout nouveaux, n’est-
il pas à craindre qu'un engouement trop
irréfléchi et une précipitation trop avantu-
reuse n’engagent le commerce dans des
spéculations peu lucratives? Ce pays est
encore pour nous l'inconnu. Aussi croyons
nous très sages les considérations qui ter-
minent le mémoire de M. Blanqui. Nous
avons hâte de les reproduire. La Chine,
a dit le savant académicien, peut se suffire
à elle-même; les produits de son sol sont
riches, abondants et variés; elle ne peut
nous acheter que quelques cotonnades,
des draps et des vins, et nous donner en
échange que ses thés et ses soieries; ses
goûts s’éloignent de nos produits manu-
facturiers, ses mœurs de nos articles de
modes , et avec l’immobilité qui forme le
caractère de ses habitants, il va pour bien
longtemps avant qu’une révolution morale
aittransformé ce peuple.Cen’est, commeon
le voit, qu’à la longue et par contre-coup
que l’Europe pourra tirer parti des évêne-
mens actuels, Cela dépend du gouvernement
du céleste empireet.de la bonnefoiavec la-
quelleil exécutera les traités.Les Chinois ne
feront que ce qu’il voudra, car ils sont des
automates et rien de plus. Pour preuve de
cette passivité absolue , M. Blanqui a rap-
pelé que dans la dernière guerre plusieurs
milliers d'hommes sont morts, par ordre,
pour ne pas tomber entre les mains des
Anglais. Ils se sont comportés par esprit
d’obéissance comme l'ont fait au commen-
cement de ce siècle, par fanatisme, les
Russes de Souwarow, et comme dans des
temps plus anciens, les Spartiates l'avaient
fait par bravoure.
Au moment présent la science a plus à
gagner en Chine que le commerce. Les
secrets que ses habitants plus industrieux
qu'intelligents possédent seuls, dans des
arts dont les perfections nous étonnent ,
sont peut-être les seules acquisitions utiles
que nous pouvons y faire.
À la suite de cette lecture, une conver-
sation s’est engagée entre MM. Dunoyer,
de Rémusat et Passy. Les idées émises par
ces honorables membres ont prêté une
nouvelle force à celle de M. Blanqui.
M. Béranger a donné lecture d’une no-
tice sur Barnave.Il est peu d’éloges acadé-
miques où l'élévation des pensées , la jus-
tesse des aperçus, la solidité des jugements,
la sévérité des expressions, la variété du
1149
style se fassent autant remarquer que dans
cet ouvrage que M, Béranger avec sa mo-
destie habituelle, a simplement appelé une
notice. Nous ne devons pas nous hasarder
sur la foi de quelqites notes ‘prises rapide-
ment, à reproduire même par extrait ce
travail, nous ne pourrions qu'en altérer le
fini, et en rendre mal l’exquise délicatesse,
Cependart nous ne pouvonsirésister au dé-
sir de rapporter quelques détails jusqu'à
ce jour inconnus, sur cet-homme qui OC-
cupe une des premières. places parmi les
orateurs de nos assemblées législatives , et
auquel il ne manqua pour être un grand
homme que d'entrer tout-à-fait dans la
vie. Barnave mourut à 32 ans. Dès sa Jeu-
nesse il avait pris l'habitude de se rendre
compte, non pas seulement de ses actions,
mais aussi des acquisitions de son esprit et
des changements de son caractère. Il te-
nait à cet effet un registre jour par jour.
Ses sensations; ses pensées, ses plaisirs, ses
jugements y étaient inscrits avec abandon,
tels qu'il les avait éprouvées, et lorsqu'il
eut débuté au barreau, après chacune de
ses plaidoiries, il y couchait ses observa-
tions etsur les causes et sur la manière dont
illes avait plaidées.
Choisi en 1783 par les avocats de Gre-
noble pour prononce: le discours de clo-
ture : il prit pour texte, Dela division des
pouvors. Cette hardiesserattira sur lui les
yeux de sos concitoyens: Quelques années
après arrivèrent dans le: Dauphiné les évé-
nements qui ne furent d’abord que la ré-
volution d’une province, mais qui plus
tard devaient enseigner comment se fait
une révolution dans un royaume. Au chà-
teau de Vizille, Barnave trouva un rival
avec lequel il devait se rencontrer encore
aux Etats-Généraux de Versailles : c'était
Mounier. M. Béranger a terminé sa lecture
par le parallèle de ces deux hommes ,;
pourvus également des qualités de l’hom-
me d'état et. de l'orateur, qui rivaux
sans jalousie, et quelquefois opposés dans
les moyens, quoique d'accord pour le but,
eurent l’un pour l’autre l’estime qu’accor-
daient à touts les deux les assemblées aux-
quelles ils appartinrent. C.B.F.
ARCHEOLOGIE.
Recherches archéologiques sur le Crotoy,
par M. Labourt.
Dans les funestes guerres du règne de
Charles VI et du commencement de celui
de Charles VIT, la ville du Crotoy joue un
grand rôle. Ce fut dans la tour de son châ-
teau que les Anglais enfermèrent Jeanne
d'Arc. Cette ville-n’estplus depuis 1690,
et les flots enont presque. eflacé ses der-
niers véstiges en couvrant. de sable les dé-
bris échappés à la destruction, Au moment
où le sol est fouillé dans tous les sens, où
les archéologues consultent toutesles rui-
nes et par elles corrigent où revonstrui-
sent notre histoire, cette ville ne>pouvait
échapper à leurs investigations. Dès le siè-
cle dernier:et: après Cluvier, Adrien de
Valois, Sanson, Danville, le bénédictin don
Grenier avait fait du Crotoy l'objet de ses
savantes investigations. De nos jours, quel-
ques membres de la société d’émulation
d’Abbeville ont repris ces études long-
temps interrompues.
Les uns, parmi lesquels il faut ranger
Adrien de Valois, ont pensé que le Cro-
toy Ctait l’ancien Carocotinum d’où serait
partieune route quiconduisait à Zuliobona,
1150
puis à Augustobona qui n'est autre que
Troyes. Mais Danville a établi que Julio-
bona était aujourd’hui Lillebonne et non
Dieppe. comme l'avait dit Adrien de Valois,
et en calculant les distances et les compa:
rant avec celles indiquées par l'itinéraire
romain, Carocotinum ne peut être le Cro-
toy. D'autres, Sanson et M. Estancelin
sont de cet avis, ont prétendu que le quar-
tensis sive hornensis locus était le Crotoy.
Quelques uns enfin ont été portés à
soupçonner que cette ville pourrait bien
n'avoir été autre que le portus itius de Cé-
sa.
En présence de ces opinions opposées,
M. Labourt a voulu reconstruire en entier,
et autant que cela est possible, cette partie
de l’histoire ;:de la Picardie. Il a divisé son
travailen deux parties, C’est de la première
seule , que pous nous occupons aujour-
d’hui. Après avoir ramené à leur véritable
signification, par un examen judicieux de
la langue celtique, les mots que chacun
de ses devanciers avait appropriés à son:
opinion® dans la recherche de l’origine du
Crotoy;, il établit que tous les liens que
l’on appelle croq, crique, cringuet, sont
élevés; que le mot {oy, provenant du #
toas dontnous avons fait toit, étaitemployé
par les Celtes pour désigner une ou plu-
sieurs habitations, et en conclut que Cro-
toy se trouve composé de deux locutions
gauloises désignant des habitations élevées
qui s’ayancent au milieu de la mer. Il éta-
blit ensuite que, placée à l'embouchure de
la Somme, cette ville était dès le cinquième
siècle d'une grande importance, et que le
monastère de Mayoc, qui en faisait parue,
est antérieur d’ün siècle à celui de The-
rouanne, bâti par Rhadezonde, fille de Clo-
taire Ier, qu'on ‘avait eru jusqu'icile plus
ancien du nord de ja France.
, D’après M. Labourt, cen’est pas à Mayoc
comme le. disent quelques légendes, que
furent inhumés Flaudebert Blésiude ainsi
qué leurs petits-enfants, Leger, Lucinius,
Théodore et Thierry. Cest plas, ses recher-
ches rendent problématiques l'existence de
Flaudebert, et par suite :celle de ses des-
cendants.
Dans tous les cas, la tombe du Crotoy,
dont l’origine et la destination restent obs-
cures, ne peut être celle de ce chef de clan
qui serait mort, dit-on, en combattant
contre Attila. Don Grenier, qui a fait un
travail complet sur les tombeaux, les sar-
cophages, les cercueils, les vases mêmes
trouvés dans le Ponthieu, le Soissonnais,
l’ancienne Morinie, et quiavisitéle Crotoy,
n’en parle en aucune façon. Ce silence est
regardé à juste raison par M. 'ELabourt
comme d'un grand poids, et lui qui a visité
avec un soin minutieux les lieux dont nous
parlons, qui a interrogé un à un chaque
débris, il se prononce pour une origine
moins ancienne. Il pense que les pierres
tumulaires trouvées vis à vis le Crotoy, dé-
posées maintenant aux musées d’Abbeville
et d'Amiens, ont tous les caractères du
quatorzième siècle et qu’elles avaient été
apportées des lieux d’où on les a retirées
pour consolider les jetées d’un moulin. —
Ce ne sont peut-être là que des probabili-
tés, mais ce qui est plus solidement établi
dans la première partie de l’ouvrage de
M. Labourt, c'est que Mayoc existait au
cinquième siècle et avant le Crotoy, que
c'était là une abbaye riche dont l’origine
remonte aux premiers temps de la monar-
chie; qu'au règne de Louis-le-Débounaire
Mayoc et le Croloy formaient deux églises
1151S
distinctes, et qu'après avoirs souffeht des
invasioss des Vandales, la: première périt
au quinzième siècle parles guerres contre
les Bourguignons. VHS EI
Dans la deuxième pañtie de son ouvrage
M. Labourt examine: si l# ville» quitexista
autrefois dans la plaine quirs’étend entre)
Mayoc et Saint-Pierre n’à pas ltissé de trai
ces chez lès historiens etles géographes de
l'antiquité. Cette seconde partie fera le su-
jet de notre prochain article. C:B.F.
EEE
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE. ::
1 à 151)
#”
D ICT
FAITS DIVERS.
— Dansila séance du 9 juin la société royale des
Antiquairés, dej France-a admis au, nombre de ses
membres.résidents M. le baron de la Pylaie, connu
depuis longlemps pour ses recherches et ses écrits
sur les antiquités celtiques.
— La société du magnétisme de Paris, fondée en
1815 par MM. de Puysegur et Deleuze, vient de se
reconstituer, Son bureau est ainsi composé : doc-
teur Chapelain, président; Mialle, vice-président;
Aubin Gauthier, secrétaire général; Fillassiér, se-
crétaire particulier ; Engler, trésorier: SonSiése test”
rue de Clichy, 50. EZAIA
—<E =— ;
BIBLIOGRAPHIE.
NOTES ÉCONOMIQUES sur l'administration les
richesses et la statistique agricole de la France; par
C.-E. Royer. À Paris, au bureau ‘du Moniteur de la
propriété, quai Vollañie; 216Bi57 01 ”
ICONOGRAPHIE ZOOPHYTOLOGIQUE, des-
cription: par localité et terrdins dés polypiers fossiles
de France.ei,pays environnants, tpär Hardouin Mi-
chelin, membre de la société géologique :de France, -
accompagnée de figures litographiéesscseptième li-
[Hi (Y ia
vraison. —, Prix : 3 fr. — A Paris, chez-P. Ber-
trand , libraire éditeur, rue Saint-André-des- Ares,
n. 38. — Nous avons déjà parlé du mérite scienti-
fique de cet ouvrage La livraison qui vient de pa-
raître ne le cède en rien à celles qui l’ont précédé,
les gravures dont l'importancé'däns de pareilles ma-
tières est bien reconntüe, sonl'exécuiées avec tant de
soiu.qu'elles sont én tuême temps un objet de luxe
et d'utilité. ; AG Là
DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE sous Louis
XIV; par M.rAxrRilon: par 7 at
ESQUISSE dune histoire de l'éducation, dephis
les temps les! plus réculés jusqu'à nos jours ; ‘par!
Théodore Fritz. À Strasbourg , chez Schmidt «et
Grucker; à Paris, chez Cherbuliez , rue de Tour-
non, 17.
HISTOIRE NATURELLE DE L'HOMME, com-
prenant des recherches sur l'influence des, agents
physiques et moraux considérés comme cause des
variétés qui distinguent entre elles les différentes
races humaines : par J.=C. Prichard, membre de la
Société royale de Ebndres, correspondant de l’Ins-
titut de France, ete. Traduit de l’anglais par le doc-
teur F. Roullin. A Paris, chez J.-B. Baillière, rue de
l'Ecole-de-Médecine. US
INTRODUCTION. La circonférence da cercle est
curiligne par construction, et ligne droîte et courbe
par le calcul différentiel.
LETTRES sur les îles Marquises, ou Mémoires
pour servir à l’étude religieuse, morale, politique et
statistique desiles Marquises et de l'Océanie orien-
tale; par le P. Mathias G, prêtre de la Société des
Sacrés-Cœurs (Picpus), missionnaire de l'Océanie,
récemment arrivé de ces iles. A Paris, chez Gaume
frères, rue du Pot-de-Fer, 5.
MÉMOIRES touchant la vie et les écrits de Ma-
rie de Rabutin-Chantal , dame de Bourdilly, mar-
quise de Sévigué, durant le ministère, du cardinal
Mararin et la jeunesse de Louis XIV ; suivis de notes
et d'éclaireissements, par M. 1e baron Walckenaer.
A Paris, chez F, Didot, rue Jacob #86 :4
pARIS:IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
| lrue Saint-Hyacinthe-S.-Miche!, 33.
Cu LU
à
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40 année.
ECHO DU
Paris. — Jeudi, 29 Juin 18415.
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TRAVAUX DES SAVANTS DE TOUS LES PAYS DANS TOUTES LES SCIENCES.
D
L'EcHoO DU MONDE SAVANT paraît le JEUDI etle DEMANCHME de chaque semaine et forme deux volumes de plus de 5,200 pages chacun ; il est publié sous la direction
de M. le vicomte À, DE LAWALETTE, rédacteur en chef. On s’abonne : PARIS, rue des PETITS-AUGUSTINS , 21, et dans les départements chez les principaux li-
braires, et dans les bureaux de Ja Poste et des Messageries- Prix du journal: PAR S pour un an 25 fr., six mois 13 fr. 50 , trois mois 7 fr. — DÉPARTEMENTS 30 fr., ?6 fr.
8 fr. 50. Al’ETRANGER 5 fr. en sus pour les pays payant port double. — Les souscripteurs peuvent recevoir pour CINQ fr. par an et par recueil l'É:HO DELA LITTÉ-
RATURE ET DES BEAUX-ARTS et les MORCEAUX CHOISIS du mois (qui coûtent chacun 10 fx. pris séparément) et qui forment avec l’Echo du monde savant la revue
encyclopédique la plus complète des Deux Mondes. — Tout ce qui concerne le journal doit être adressé (franco) à M. C.-B. FRAYSSE: gérant-administrateur. -
SOMMAIRE. — ACADEMIE DES SCIEN-
CES, séance du- lundi 26 juin 1843 — SCIEN-
CES PHYSIQUES. PHYSIQUE DU GLOBE. Sur
les tremblements de terre aux Antilles; Perrey.
— CHIMIE APPLIQUÉE. Sur l'emploi du cya-
nure de potassium dans l'analyse chimique ; Haïd-
len, — Préparation de l'huile de roses.—SCIEN-
CES NATURELLES. GÉOLOGIE. Notice sur
les relations géologiques du Jade Nephrite, etc.;
- Bertrand-de-Lom. — ANATOMIE COMPARÉE.
Disposition de l'encéphale chez certains singes;
Leuret. — SCIENCES APPLIQUEES. Moyens
de fabriquer et d’atfirer immédiatement le fer ;
W. Clay. — SCIENCES HISTORIQUES. Ar-
CHEGLOGIE. Canton de Saintes ; Lesson.—GÉO.
GRAPHIE. Voyage dans le Chili et au Cusco;
Claude Gay. — FAITS DIVERS. — BIBLIO-
GRAPBIE. 6
TT see
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Séance du lundi 26 juin 1843.
-
M. Gaudichaud a_ commencé aujour-
d’hui ses attaques contre les idées et les
théories de M. de Mirbel par la lecture
d'un mémoire intitulé : Premières notes
relatives à la protestation faite dans la
séance du 12 Juin à la suite de la lecture
du mémoire de M. de Mirhel ayant pour
titre : Recherches anatomiques et physiolo-
giques Sur, quelques végétaux monocotylés.
Les paroles de M. Gaudichaud étaient em-
preintes d’une indignation assez profonde
et semblaient n'être que l’imposant début
d'une longue suite de mémoires: destinés à |
terrasser la théorie du cambiam.
D'abord M. Gaudichaud s’est plaint
des attaques indirectes de M. de Mir-
bel, et il à demandé un peu plus de fran-
* chise de la part de son adversaire. « Lors-
» qu'on veut détruire une doctrine qu’on
» croit fausse, a-t-il dit, on doit l’attaquer
» en face, la combattre jusqu’à ce qu’elle
» soit anéantie, et ne pas se borner à lui
» lancer quelques traits éloignés qui ne
» peuvent au plus que la blesser légère-
» ment. »
Passant ensuite à la partie vraiment im-
portante de la discussion, M. de Gaudi-
chaud résume d'abord les opinions de M. de
Mirbel. Pour M. Mirbel un végétal mono-
cotylédoné est un individu qui produit à
son sommet une masse cellulaire ou phyi-
lophore, dans laquelle des vaisseaux échap-
pés de la tige vont pénétrer pour en for-
mer le système vasculaire: De là les feuil-
les el autres corps analogues, de là aussi
Vorganisation du tronc. D'où viennent ces
vaisseaux ? De la périphérie interne de la
- partie jeune du stipe et de toutes les hau-
teurs, Par où passent-ils? Par la partie
haute ct centrale du phyllophore dont ils
suivent intérieurement les contours siper-
ficiels. M, Gaudichaud explique ensuite la
formation de la feuille selon les idées de
M. de Mirbel. Quant aux racines, selon la
théorie du professeur du Museum elles
n'ont primitivement aucune liaison directe
avec les feuilles. La première de ces raci-
nes excepté, toutes sont auxiliaires. Celles-
ci commencent par de petites peloteshémi-
sphériques composées de tissus utriculai-
res. Tandis que ces pelotes s’allongent ex-
térieurement par leur partie conique, el-
les envoient vers le tronc des filets de deux -
origines, les uns, qui partent du centre de
Ja pelote se dirigent vers l'axe du végétal,
les autres qui viennent de la périphérie se
courbent, les uns vers la partie supérieure
de l’arbre, les autres vers la partie infé-
rieure. à
Les racines auxiliaires, loin de recevoir
des fibres du tronc lui en envoient donc
vers le sommet et vers la base. Le: pre-
mières se mettent probablement en rap-
port avec les feuilles. La preuve, selon
M. de Mirbel, que les vaisseaux partent
d'en bas, c’est qu'ils sont plus gros et plus
ligueux à la base qu’au sommet.
Arès avoir analysé les opinions de M.de
Mirbel, M. Gaudichaud passe à l’exposi-
tion des siennes. Selon lui tous les corps
organisés commencent par une cellule, ou
autrement dit, par un œuf, C’est là l’ex-
pression de Harvey : Omne vivum ex 0vo.
La cellule organisée produit un être rudi-
mentaire qui, une fois constitué, se déve-
loppe normalement avec ou sans régula-
rilé dans toutes ses parties à la fois pour
produire ce que nous appelons un indi-
vidu.
La loi est générale pour les animaux et
les végétaux. Les individus animaux, à
quelques exceptions près, restent isolés.
Les individus végétaux se gretfent dès leur
origine et forment des associations d'une
grande complexité sans doute, mais quiest”
beaucoup moins grande qu’on se le figure
généralement.
Dans les monocodylédonés, l'embryon
le plus réduit, le phyton simple est nor-
malement composé d’un méritbale tigel-
laire qui doit persister; d'un mérithale
pétiolaire et d’un mérithale limbaire qui
se détachent du végétal dès qu’ils ont rem-
pli les fonctions physiologiques qui leur
sont départies. Quelques unes de ces par-
ties avortent constamment.
Le mérithale tigellaire seul persiste. Au
sommet du mérithale tigellaire se trouve
un bourgeon naissantcomposé de plusieurs
petites feuilles rudimentaires emboîtées
les unes dans les autres, fouilles qui, selon
M. Gaudichaud, proviennent chacune d'une
cellule animée; à la base, une radicule, ou
racine embryonnaire. Dans l’acte de la ger-
mination ou de l’évolution de l'embryon,
toutes les parties s'allongent et cet allonge-
ment est subordonné à des lois d’agence-
ment que régissent certains types généraux
où naturels.
Puisque le premier individu, l'embryon
a une racine, il n’y a pas de raison pour
que tous les autres qui se forment succes-
svement dans le bourgeon n'ait pas ia leur.
Ici commence laccroissement des tiges en
largeur. Chaque phyton est composé d’un
nombre déterminé de fibres qui s’organi-
sent normalement en lui; de la base de ces
phytons, et conséquernment de leurs fibres
s'organisent des tissus vasculaires, nom-
més par M. Gaudichand, radiculaires ‘ou
descendants. Ces üssus se forment conc de
haut en bas. Dans l'embryon ils sont réu-
n'sen un ceul corps au moyen d’une masse
cellulaire qui les précède toujours et sans
laquelle ils ne pourraient ni se développer
ni pénétrer dans le sol. Les tissus tubuleux
radiculaires des individus qui se forment
daus le bourgeon se développent différem-
ment. Trouvant dans embryon les condi-
tions nécessaires à leur développement, ils
le traversent de haut en bas et vont se réu-
nir à la base de son mérithale tigellaire
d’où ils pénètrent aussi à l’état de racine
dans le sol, en sorte que le véggff qi r
F con
sées. En général, chaque!
monocotylédones, produif
tière ou divisée en plusi
position de mérithalles très élevés quelque
petits et variés qu’ils soient ; en largeur,
par l'adjection des tissas rudimentaires de
tous les phytons, tissus au nombre des-
quels se trouvent des tissus latixifères, et
enfin par les tissus celiulaires divers.
Selon M.de Mirbel les tiges s’accrois-
sent et les: feuilles se forment par lexten-
sion de tissus ligneux dont on ignore l’ori-
gine, tandis que, selon M. Gaudichaud,
c’est par la distension des mêmes tissus,
émanés des bourgeons et de toutes les
parties qui les constituent. Ainsi donc,
d’après M. de Mirbel, la greffe s’opérera
par la pénétration des tissus du sujet dans
la greffe, tandis que M. Gaudichaud sou-
tient que c’est par la distension des tissus
et des sucs organisateurs de la greffe sur
le sujet,
La longue et intéressante notede M. Gau-
dichaud se termine par une vive opposi-
tion aux idées et aux théories de M. de
Mirbel, idées et théories qui, selon lui,
n'ont fait faire à la science aucun progrès
réel et ne peuvent que l’immobiliser en-
core pour longtemps.
En observant les phénomènes dont
M. Moser a entretenu l’Académie M. Mas-
son s'est demandé s’il ne pourrait pas
produire, par Pélectricité, toute; les im-
pressions mosériennes, et les résultats de
l'expérience sont venus confirmer ses pré-
1155
visions. Voici comment M. Masson opère :
il prend pour condensateur des plaques
de daguérréotype hors de service qui of-
frent une surface parfaitement plane. Sur
ces plaques il fait étendre une couche
d’une substance isolante, dont l'épaisseur
varie d'un demi à un millimètre. M. Mas-
son emploie la substance qui constitue
l’électrophore, de la cire d'Espagne, de la
cire jaune, de la gomme lacque.
Après avoir placé sur la couche isolante
la médaille à reproduire, M. Masson l’élec-
trise, et la plaque étant électrisée, pour
faire apparaître l'impression, il faut pro-
sjeter sur sa surface une poudre très tenue
comme le minium. Si la médaille recoit
l'électricité positive, les parties de la cou-
che isolante en regard des reliefs sont rem-
plies de poussière; M. Masson nomme cette
image positive. Lorsqu’au contraire la mé-
daille recoit l'électricité négative, les par-
ties en regard des reliefs restent unies. —
Cependant il faut dire que ces résultats
peuvent être inverses, selon la nature dela
couche isolante, son épaisseur, etc. M. Mas.
son à présenté à l’Académie quelques
épreuves obtenues par son procédé, et dans
ces épreuves la précision des details est si
bien marquée qu'on ne peut qu'admirer
l’heureuse idée de l’ingénieux physicien.
MM. Rouchardat et Sandras envoient
aujourd’hui à l’Académie, seulement dans
le but de prendre date, quelques proposi-
tions résumant des recherches nouvel!es sur
la digestion et Passimilation des corps gras.
Ces recherches semblent venir confirmer
quelques unes des idées émises récemment
par MM. Dumas, Boussingault et Payen,
sur la digestion des substances grasses.
MM. Bouchardat et Sandras ont nouiri
des animaux avec des huiles, avec du suif,
avec de la cire. Dans le premier eas où l'on
aadministré une nourriture contenant une
assez grande quantité d'huile d'amande;
douces. on a constaté la présence d'un chyle
blanc.comme:le lait et plus opaque : on a
pu extraire- facilement de 10 à 14 p. 070
d'huilé d'amandes. Le chyle des animaux
qui ont pris une nourriture où domine le
suif, est très abondant ;'il'est blanc comme
du lait: traité par l’éther: il-devient trans-
parent : l'éther laisse de 10 à 13 p. 070 de
suif. Enfin le chyle des antmaux qui ont
pris une nourriture où le corps gras est la
cire, soit jaune, SOit blanche, est extrêine-
ment peu abondant ; demi-transparent :
opalin ; il ne contient que des traces de cire
dont le point de fusion est toujours de 8 à
10 degrés : cela peut tenir à la difficulté
d'obtenir des aliments dépourvas de corps
gras qui se mélent avec la cire et facilitent
ainsi l'absorption d'une petite quantité de
ce produit. Il ressort des experiences de
MM. Bouchardat et Sandras:,! que la cire
prise isolément est absorbée en très faible
quantité, puisqu’on la retrouve presque
entièrement dans les excréments. Un fait
rémarqué par les auteurs de ce travail,
c'est que quand le corps gras a été coloré
avec du cureuma, on le retrouve décoloré
dans le chyle. Del ensemble de ces expe-
viences, il résulte que les chylifères n’ab-
Sorbent dans l'intestin que les corps gras,
puisqu'on les trouve non modifiés dans le
Chylé" quand on les administre après les
avoir éblorés, ils y passent incolores. La
bouilliét contenue dans l'intestin grêle a
presqué toujours une réaction acide, et le
chyle ést toujours alcalin. Hu
M. Coste a lu un premier mémoire sur
le développement de homme, et, dans ce
1156
travail , il a eu pour but d'étudier le déve-
loppement de l’amnios. Dans un de nos
prochains numéros, nous reviendrons sur
la communication de M. Coste et sur celle
qu'il doit faire encore touchant l’allan-
toïde et les corps de Wolff.
MM. Vincendon-Dumoulins et Coup-
vent-Desbois ont envoyé à l’Académie un
mémoire sur une nouvelle méthode de
calcul pour déterminer les longitudes par
les chronomètres.
Ce mémoire contient deux parties: dans
la première, les auteurs donnent des for-
mules simples et très commodes pour cal-
culer la marche des chronomètres, en
avant égard à tous les états combinés deux
à deux ; conclus d'observations faites dans
le même lieu.
Dans la seconde partie on a essayé, au-
tant que les données le permettent, la
courbe pouvant représenter la loi de retard
ou d'avance du chronomètre. Les obser-
vations de marches faites dans les diffé-
rents relâches, donnent les coordonnées ;
d’aprèscette courheet la marche qu’elle ac-
cuse pour chaque jour, on a calculé l’état
du chronomètre sur le temps moyen du
point de départ et celui de chaque relâche;
enfin connaissant les longitudes des points
de départ et du point d'arrivée, on a donné
des formules pour déterminer celle des
relâches intermédiaires en repartissant les
erreurs d’une manière proportionnelle.
À cinq heures moins un quart, l’Aca-
démie se forme en comité secret pour passer
à la-discussion relative à la présentation
d’un candidat pour la chaire vacanteau col-
lége de France. Déjà M. Liouville a déclaré
hautement qu’il renonçait aujourd’hui et
pour toujours à cette candidature; déjà
M. Cauchy ne consent à être porté candi-
: dat qu'à la seule condition de n'avoir plus
deobstacles devant lui. Sur quel membre
l'Académie fixera-telle donc son choix, et
quels vont être les candidats? c’est là une
question que chacun fait, etqu’il est dif-
ficile de résoudre. Cepeudant nous parais-
sons assez bien informés pour pouvoir
avancer que M. Libri a été présen'é comme
candidat par la section de géométrie: reste
maintenant [a sanction du vote. — Sans
nous adresser à personne , nous pouvons
dire qu'its se tromperaient étrangement
ceux qui penseraientun seul instant, qu'il
suffil, pour professer au collége de France,
de posséder dans sa mémoire une foule de
faits et de: théorèmes, et que l'érudition
peut remplacer un enseignement intelli-
gent. — C’est cette erreur que les membres
de PAcadémie auront sans doute à cœur
d'éviter, er qui les fera, dévager detoutes-
prit de système et de parti, voter pour
l'homme dont l’enseignement peut être le
plus utile aux progrès des sciences mathé-
matiques. Si la plupart de nos cours publics
sont déserts, si la faculté de théologie a
rendu le dernier soupir, si la faculté des
lettres tombe chaque jour dans un effrayant
marasme, c'est moins aux élèves qu'aux
professeurs qu'il faut adresser un reproche.
| ESF.
DS EE —
SCIENCES PHYSIQUES.
PHYSIQUE DU GLOBE.
Note historique sur les tremblements de
terre aux Antilles; par M. Perrey.
La théorie des tremblements de terre
n’est pas faite encore, toutes les hypo-
thèses émises jusqu'à ce jour rendent
1157
compte de faits particuliers isolés; mais il
n’en est aucune contre laquelle on ne
puisse citer des phénomènes aüssi nom-
breux que ceux qu’on allègue en sa faveur.
Ce n'est qu’ens'appuyant sur un catalogue
aussi complet que possible qu'on parviendra
à reconvaître et formuler les lois quirégis-
sent les tremblements de terre.
M. Perrey a communiqué, dans ce but,
à l’Académie des sciences, une longue note
sur les tremblements de terre aux Antilles,
dont nous allons rapporter.le résumé qu'il
en a donné dans un tableau comprenant les
trois derniers siècles et les années écoulées
de celui-ci, et nous y ajouterons les ré-
flexions qui terminent la communication
par lui faite.
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HLVASNVS
l
VIOL
«Les secousses qui ne se sont renouvelées
que pendant quelques jours ou à quelques
jours d'intervalle, ont été regardées comme
constituant un seul phénomène, effet uni-
que, quoique complexe, d’une cause per-
sistante: car si chaque Secousse devait être
envisagée comme un phénomene distinct,
comme étant ce qu'on entend par l'expres-
sion de tremblement de terre, tout cata-
logue deviendrait im] ossible, et d’ailleurs
cette manière d'envisager les faits ne pour-
rait conduire à aucun résultat utile dans
la recherche de leurs causes.
> Néanmoins, quand les secousses se
sont répétées pendant un mois ou plus; on
ne sait trop alors comment envisager le
fait sous le point de vue de la date à Jui
attribuée : tels sontles phénomènes des an-
nées suivantes : !
» 1. Les secousses que la Jamaïque
éprouva pendant des mois entiers en
1695 ; : s ji
» 2, Celles qui, après avoir ébranlé la
- 4158
Dominique plus de 150 fois dans les seuls
mois de février et mars 1765, se continuè-
rent jusqu'au 30 juin; my
» 3. Le tremblement de terre de Cuba,
qui dura du {1 juin au 1° août 1766, et
celui de Caraccas, qui, ayant commencé le
21 octobre suivant, ébranla ce pays pres-
que chaque jour pendant le reste de l’an-
née et jusqu’à la fin de 1667;
» 4. Celui de 1797, dont les secousses
commencèrent en même temps à peu près
que celles qui détruisirent Tacunga, Am-
bato, Rio-Bamba, etc., en février, et ne
cessèrent qu’à l’éruption du volcan de la
Guadeloupe, le 27 septembre.
» 5. Je n'ai pas non plus compris dans le
tableau précédent, plus de 200 secousses
que ressentirent les Antilles, de mai 1811 à
avril 1812.
» 6. Enfin, les secousses qui ont causé
la ruine récente de la Pointe-à-Pitre, et
qui paraissent s'être continuées du 8 fé-
vrier au 17 mars, n'entrent pas dans ce
catalogue; j'ai aussi omis celles des 21
et 30 mars dernier, à la Havane et à la Ja-
maïque.
» À l'inspection du tableau précédent,
il paraîtrait que les secousses sont devenues
plus fréquentes aux Antilles depuis le com-
mencement de ce siècle. Mais si l’on ré-
fléchit un peu sur un pareil catalogue , on
reconnait bientôt qu'une telle conséqnence
serait au moins prématurée. Les sources
où jai pu puiser m'ont presque tout à fait
manqué pour les siècles antérieurs : je n’ai
pu consulter que des ouvrages d'histoire
ou des relations de voyages, où je n'ai dû
trouver que les tremblements de terre re-
marquables soit par leur intensité, soit par
leur durée; ou quelquefois des secousses
peu importantes par leurs effets, mais que
les auteurs avaient eux-mêmes éprouvées.
Ecs journaux quotidiens m’ont beaucoup
mieux servi depuis le commencement de
ce siècle, surtout depuis le rétablissement
de la paix eu Europe. Car, on l'a dit : «Les
révolutions du mondephysique sont décrites
avec d'autant moins de soin qu’elles coïn-
cident avec les révolutions humaines. »
(A. de Humboldt.)
» La même prépondérance de faits se
retrouve d’ailleurs dans ce siècle pour les
obseryations de tout genre.
» La conclusion que les tremblements
de terreseraient plus fréquentsaux Antilles
pendant l'automne que dans chacune des
autres saisons, serait peut-être plus ra-
tionnelle. 11 est même difficile de s’empé-
cher d'accorder une certaine influence à
l’'équinoxe de cette saison, c’est-à-dire d’ad-
mettre que les causes des commotions
souterraines agissent avec plus d'intensité,
sont plus actives pendant les deux mois
qui précèdent et les deux mois qui suivent
cet-équinoxe. Toutefois, n'oublions pas que
les faits sont encore bien peu nombreux
pour tormuler quelque loi.
» Si l’on divise l’année en deux parties,
- la première du 1° octobre au 31 mars, la
deuxième du 1e avril au 30 septembre, on
trouve 74 tremblements de terre dans la
première, et 70 dans la deuxième, c’est-à-
-dire presque un nombre égal, résultat tout
à fait différent de celui que j'ai signalé
. pour l’Europe.
-b Si l’on voulait dresser un tableau dans
- lequel on compterait tous les jours où la
-“wterrela trermblé, on trouverait des nombres
* un,peu diflérents de ceux que j'ai présen-
tés, mais dont les rapports conduiraient
encore aux mêmes conséquences.
1159
» Quant à la Seconde partie de la propo-
sition de M. Bochet, elle me paraît tout à
fait erronée. En effet, de tout temps, les
commotions souterraines ont été désas-
trenses aux Antilles, comme le prouverait
à lui seul l’aspect de ces contrées. La géo-
logie du pays ne laisse aueun doute à cet
égard pour les temps reculés. Voyons pour
les derniers siècles. La catastrophe la plus
ancienne des Antilles remonte presque
à la découverte de l'Amérique : c’est le
bouleversement de la côte de Cumana en
1530.
» Pendant le dix-septième siècle, on
peut citer les années 1667, 1668, 1677,
1688, 1691 et 1692, comme marquées par
des désastres plus où moins considérables.
Pendant que Fort-Royal était si fortement
ébranlé par des secousses souterraines en
1688, un vaisseau à l'est de l’ile était con-
siderablement battu par un ouragan.
» Dans le dix huitième, on signale les
années 1702, 1718, 1727, 1751, 1761,
1765 et 1766, comme marquées par des
ruines. Dans cette dernière surtout, les se-
cousses furent violentes, désastreuses et
multipliées; celles du 13 août furent ac-
compagnées. d'ouragans. On peut ajou-
ter à cette longue liste : 1770, de funeste
mémoire, 1771, 1783, 1784, 1788 et
197 :
» Eofin, depuis le commencement de ce
siècle, 1812 fut une année des plus désas-
treuses pour les Antilles, ou au moins
pour la terre ferme de cette région. Suit
une période de dix ans sans désastres no-
tables; puis viennent 1822, 1824, 1826 et
1830, nouvelle période dans laquelle on eut
des dégâts plus ou moins grands à déplo-
rer. Les journées des 10 et 11 août 1832
furent. des jours funestes pour la Barbade,
qui perdit 3,000 personnes. Il y eut coïin-
cidence de tremblement de terre et d'é-
ruption volcanique pendant un ouragan
excessivement violent. Les ouragans du
26 juillet avec raz de marée terrible et
commotions souterraines, suivis immédia-
tement de l'ouragan plus terrible encore
du 2 août 1837, ne sont pas effacés du
souvenir des, habitants des Antilles. La
ville du Cap a beaucoup souffert en 1842,
mais son malheur le cède aux désastres de
Fort-Royal en 1839 et surtout à ceux dela
Pointe-à Pitre.
» Je viens de signaler quelques coïnci-
dences de tremblements de:terre et d'ou-
ragans; quelques autres se trouvent en-
core dans la liste qui fait l'objet de cette
note; mais malheureusement, n'ayant pas
uvté les ouragans ressentis aux Antilles,
parce que jai pensé que le travail de
M. Espy sur ce sujet ne laissait rien à de-
sirer, Je ne puis établir de comparaison
synchronique des deux phénomènes. Tou-
tefois, je lerai observer que souvent aussi
les marées atmosphériques ont été régu-
lières pendant des secousses assez fortes
qui ont eu d’autres influences, comme
celles de 1799 par exemple, après les-
quelles la force magnétique se trouva
affaiblie à Cumana.
» Dans plusieurs régions de l'Amérique,
des croyances populaires se sont promp-
tement établies relativement aux tremble-
ments de terre, et cela se conçoit facile-
ment, puisque les secousses y sont fré-
quentes. Ainsi, dès 1692 aux Aatilles, on
s'attendait tous les ans à des tremblements
de terre après de grandes pluies. On peut
Pourtant citer plus d’un fait qui prouve
le contraire. Plus d’une fois des pluies di-
1160
luviales ont suivi, mais non précédé les
commotions du £ol; plus d’une fois, con-
trairerwent à une opinion accréditée, la
terre a tremblé après une longue séche-
resse.' Ainsi, pour ne citer que des faits
récents, je trouve sept secousses ressenties
aux Antilles, du 7 février 1833 au 4 mai,
et pourtant il y avait eu une sécheresse
assez grande. En 1839, le temps sec, pen-
dant la première moitié de l’année, n’a pas
empêché les-secousses du 11 janvier, du
21 du même mois, du 9 juin et du 2
août.
» Celles-ci furent suivies immédiatement
de la pluie, par une chaleur étonffante.
Aussi, est-ce une opinion assez commune,
aux Antilles, que les commotions souter-
raines exercent leur influence très sensible
sur l’atmosphère, et sont suivies de la pluie.
Il est vrai que le fait a été observé plu-
sieurs fois. Ainsi, l’on peut citer, comme
ayant présenté cette-coïncidence, les an-
nées 1751, 1957, 1771: et 1777 dans le
siècle passé. Dans celui-ci, on aremarqué
cette coïncidence lors de quelques se-
cousses ressenties en 1823 et 1824. Mais
les nombreuses secousses de 1827 après
lesquelles la pluie a presque toujours im-
médiatement commencé àtomber, avaient
donné quelque importance à cette opinion.
Depuis, hâtons-nous de le faire remarquer,
cette coïncidence n’a été observée que
deux fois, l'une en 1839, comme nous
VPavons déjà dit,.et l’autre en 1841. Et que
de secousses, même depuis 1827, où l’on
ne saurait signaler la concomitance des
deux phénomenes!
» Resterait à envisager le phénomène
sous le point de vue de la direction des
secousses. On a dit que les secousses les
plus générales se dirigeaient du nord au
sud, suivant la chaîve des îles. Les années
1827 et 1830 ont présenté des phénomènes
favorables à cette opinion; le tremblement
de terre du 8 février dernier lui paraît
contraire. Toutefois, quand on étudie les:
tremblements de terre sous ce point de
vue, on éprouve des difficultés assez gra-
ves : non seulement la direction est sou-
vent mal observée, non seulement la di-
rection change pendant la suite des se-
cousses et peut quelquefois faire le tour
du compas, comme cela a eu lieu en 1770,
mais encore il faudrait bien distinguer le
sens de la propagation, c’est-à-dire la di-
rection suivant laquelle se propagent les
secousses, et le sens des oscillations qui,
plus d’une fois, a été perpenuiculaire au
premier.
» Je ne parle pas de l’opinion de Hales,
qui prétendait qu'il n’y avait pas de trem-
blement de: terre quand il avait fait beau-
coup de vent; cette opinion, plus d’une fois
démentie ‘par les faits, 1ime paraît aban-
donnée. Les dernières années, et surtout
1824, ont offert des phénomènes con-
traires : les secousses très fortes du 10
avril ont été précédées d’un vent vio-
lent.
» Des opinions analogues se retrouvent
partout : ainsi, à Lima, c’est une opinion
reçue que les tremblements de terre sont
accompagnés de bouleversements des eaux
de Ja mer, comme au Chili on pense qu'ils
sont suivis de soulèvements persistants
de la croûte du globe. Ces croyances ne
sont fondées que sur des faits isolés; fus-
sent-elles vraies, il ne serait, pas permis
encore de les donner comme telles. Les
lois physiques se fondent sur le nombre des
faits, surtout les lois de la physique du
1161
globe. 1] peut être curieux de rapprocher
certains phénomènes, comme les agita-
tions extraordinaires des eaux remarquées
dans la Polynésie, du côté de la Nouvelle-
Hollande, lors d’un des plus fameux trem-
blements de terre d'Amérique, celui du 7
novembre 1837; les ouragans récents de la
Manche, lors de la catastrophe de notre
malheureuse colonie; les pluies presque
diluviales qui eurent lieu le 27 novembre
1822 à Valparaiso (pays où il ne pleut
presque jamais), après le fameux tremble-
ment de terre du 19. Il y a sans doute,
dans ces concomitances isolées, qnelque
chose qui plaît, quelque chose qu'un ob-
servateur ne négligera pas de faire remar-
quer; mais, répétons-le, ces concomitances
ne prouvent rien encore, dans l’état actuel
de la science, relativement aux tremble-
ments de terre. D'ailleurs, les lois particu-
lières qu’on voudrait en déduire ne de-
vraient pas s'étendre à toute la surface du
globe : ainsi année 1782, si féconde en
tempêtes et en ouragans dont on trouve
des descriptions dans presque toutes les
feuilles périodiques de l’époque, ne pré-
sente que cinq fois le phénomène des trem-
blements comme ayant été observé en
Europe, et une seule fois dans le reste du
monde, pendant un ouragan épouvantable,
à Formose; et pourtant je ne pense pas
qu'on puisse citer cette année comme une
preuve que les ouragans sont d'autant plus
fréquents que les tremblements de terre le
sont moins, ou réciproquement. A l’île de
France, à l’ile Bourbon, les tremblements
de terre sont rares, les ouragans assez fré-
quents, et pourtant le petit nombre de se-
cousses souterraines dont on ait conservé
le souvenir dans ces contrées, ont accom-
pagné les violentes commotions atmosphé-
riques qui désolent et ravagent si sou-.
vent ces belles contrées de l’hémisphère
austral. »
CITIMIE APPLIQUÉE.
Sur l'emploi du cyanure de potassium dans
l'ana’yse chimique ; par MM. 3. Haidlen
et R, Fresenius.
(Troisième et dernier .article.)
14, Du bismuth d'avec le cadmium. On
procède exactement comme pour la sépa-
ration du plomb d’avec le cadmium. Le
précipité de bismuth contient aussi tou-
jours de la potasse; il faut donc la dis-
.soudre dans de l'acide nitrique:et précipi-
ter le bismuth de la dissolution: par du
carbonate d’ammoniaque.
45. Du cuivre d'avec le bismuth. Cette
séparation s’opére absolument comme celle
du cadmium d’avec le bismuth. On trans-
forme, par une longue ébullition avec de
Vacide hydrochlorique mélangé d'acide
nitrique, le cyanure double de cuivre et
de potassium en chlorure de cuivre, et l’on
précipite le cuivre par la potasse. Les sul-
fures de ces métaux se laissent aussi sé-
parer complètement par la dissolution du
cyanure de potassium. Le sulfure de cuivre
se dissout aisément et d’une manière com-
plète, tandis que le sulfure de bismuth ne
se dissout pas.
16. Du cuivre d'avec le plomb. On pro-
cède exactement comme pour le cuivre et
le bismwth. Les deux méthodes citées pour
ces ‘dérniers s'appliquent aussi dans ce
cas ci.
47. Du cuivre d'avec le cadmium. On
ajoute du cyanure de potassium à la li-
queur jusqu’à ce que les précipités qui se
1162
KR . . . ,
forment se soient redissous, puis on dirige
de l'hydrogène sulfuré dans la solution
renfermant les cyanures doubles de po'as-
sium et de cuivre, de potassium et de cad-
mium, Le sulfure de cadmium se préci-
pite complètement, tandis que tout le sul-
fure de cuivre reste en dissolution, si l’on
chasse par la chaleur l'excès d'hydrogène
sulfuré, et qu’on y ajoute encore un peu
de cyanure de potassium.
On peut précipiter le sulfure de cuivre
à l’aide de l'acide hydrochlorique; tou-
tefois il vaut mieux le faire bouillir avec
de l’eau régale et précipiter par la po-
tasse.
18. De l'argent d'avee le plomb. On fait
chauffer avec un excès de cyanure de po-
tasstum. Le plomb reste dans le résidu,
l'argent se dissout à l’état de cyanure
double de potassium et d'argent; on sé-
pare le cyanure d’argent à l'aide de l’acide
nitrique, et on le pèse sous cette forme.
19. De l'argent d’aves le cui re. On ajoute
du cyanure de potassium jusqu’à ce que
les préeipités soient redissous, et l’on pré-
cipite l’argent de cette dissolution au
moyen de l'hydrogène sulfuré ; après avoir
chassé l'excès de ce gaz par la chaleur, on
ajoute de nouveau un peu de cyanure de
potassium, et alors le cuivre reste cntiè-
rementen dissolution. On peut aussi ajou-
ter un excès d'acide nitrique à la dissola-
tion-des deux métaux dans le cyanure; cet
acide sépare complétement le cyanure
d'argent et dissout le cyanure de cuivre,
Onfait bouillir la dissolution jusqu’à l’ex-
pulsion de tout acide prussique, et l’on
précipite le cuivre par la potasse.
20. De l'argent d'avec le cadmium. On
ajoute du cyanure de potassium jusqu'à :ce
que les précipités soient redissous, et l’on
précipite le cyanure d’argen! par un excès
d’acide nitrique; l’on décompose facile-
ment le cyanure de cadmium en le dissol-
vaut, On le précipite de la dissolution
par du carbonate de potasse, après avoir
chassé tout l’acide prussique par l’ébul-
lition.
21. De l'argent d'avec le bismuth. Le
procédé est le même que pour la sépa-
ration de l’ardent d’avec le plomb. Bien
que l’argent soit si facile à séparer par l’a-
cide hydrochlorique, du bismuth, du cui-
vre et cadmium, il est certaines circons-
tances, surtout la présence du plomb, qui
pourraient rendre cette séparation très
difficile. Dans les cas de ce genre, on
arrive au but d’une manière fort simple au
moyen du cyanure de potassium.
22. Duw mercure d'avec l'argent. La même
observation s'applique à la séparation de
ces deux métaux par le cyanure de potas-
sium. Dans tous les cas le mercure doit
d’abord être transformé en bioxide; en-
suite on y ajoute un excès de cyanure de
potassium jusqu’à ce que le nouveau pré-
cipité soit redissous. De cette manière on
a en dissolution des cyanures doubles de
potassium et d’argent, de potassium et de
mercure. On y ajoute alors un excès d’a-
cide nitrique qui décompose les deux com-
binaisons doubles, de sorte que tout le
cyanure de potassium passe à l’état de
nitrate de potasse. Le cyanure d'argent
insoluble se sépare, tandis que celui de
mercure.lreste en dissolation. On le pré-
cipite à l'état de sulfure par le gaz sulfhy-
drique.
23. Du mercure d'avec le cuivre. Le pro-
cédé est le même que pour le cadmium et
le cuivre.
1163
24. Du mercure d'asec le plomb. On
chauffe, avec un excès de cyanure de
potassium, le plomb reste complètement
dans le résidu, tandis que le mercure se
dissout; on le précipite à l’état de sul-
fare.
25. Du mercure d'avec le bismuth. Comme
la séparation des deux précédentes.
26. Du mercure d'avec le cadmium. On
verse du cyanure de potassium jusqu’à ce
que le nouveau précipité soit redissous ;
ensuite, après avoir ajouté un excès d'a-
cide nitrique fort étendu, on fait bouillir.
Le cyanure de mercure n’est pas décom-
posé, mais le cyanure de potassium et le
cyanure de cadmium se transforment en
nitrates. Après avoir chassé tout l’acide
prussique, on précipite le cadmium par
du carbonate de potasse, puis on filtre et
lon sépare le mercure par l'hydrogène
sulfuré. )
27. Du platine d'avec le plomb et le bis-
mmutk. On ajoute un excès de cyanure de
potassium. Le plomb et le bismuth se pré-
cipitent, Le platine se dissout à l'état de
cyanure double de platine et de potassium.
On fait bouillir le li juide avec l'acide hy-
drochlorique jusqu’à l'explosion complète
de l’acide prussique; après avoir ajouté de
Valcool, on précipite le platine par l’am-
moniaque à l’état de chloroplatinate.
La question de ‘avoir comment il fant
procéder lorsqu'il s’agit de la séparation de
plusieurs métaux, <e résout d’elle-même
par ce que nous venons d'exposer.
IT. Action du cyanure de potassium sur
les oxides, les sulfures, les sels, etc., par
la voie sèche. — Le cyanure de potassium
peut s'employer de deux manières par la
voie sèche : & à
1. Comme réactif au chalumeau;
2. Comme moyen de réduction dans le
creuset ou dans le tube de verre.
Nous avons, sous ce double rapport,
étudié son action sur un grand nombre
d’oxides, de sulfures, de sels, etc., mais
nous ne citerons que les résulats qui pa-
raissent offrir de l'intérêt en eux-mêmes
ou pour l'analyse chimique. Dans ces ex-
périences nous nous sommes servi tantôt
du cyanure de potassium sans mélange ,
tantôt d’un mélange de parties égales de
carbonate de soude anhydre et de cya-
nure de potassium. Les détails se trouve-
ront indiqués à chaque expérience.
Au chalumeau nous avons toujours em-
ployé ce mélange à cause de la trop grande
fusibilité du cyanure de potassium. Ce
mélange offre en général tant de rapports
avec le carbonate de soude pur qu’il nous
semble inutile d'en parler d’une manière
spéciale ; nous ne saurions toutefois passer
sous silence quelques avantages qu'il a sur
ce dernier, D'abord les réductions se font
avec une facilité tellement extraordinaire
que des opérateurs, même peu exercés,
sont en état d'exécuter sans peine des ré-
ductions autrement assez difficiles, comme
celle de l’oxide ou du sulfure d’étain, etc.;
ensuite le mélange de cyanure et de car-
bonate, une fois fondu, se rêtire si promp-
tement dans le charbon qu'on peut tou-
jours reconnaître de la manière la plus
évidente les parcelles métalliques qui ont
été réduites, les isoler avec facilité etlessou-
mettre à d’autres essais.
L'action du cyanure de potassium sur
les nitrates et les chlorates est toute parti-
culière. Fondus avec ce corps, ces sels se
décomposent avee une forte explosion et
avec ignition : aussi faut-il user de beau-
|
|
116%
coup delprécaution lorsqu'on opère avec
de grandes quantités, surtout avec des
chlorates. Voilà done un réactif très sen-
sible pour découvrir ces sels par la voie
sèche: Sion mélange avec du cyanure de
potassium etiqu'ont chauffé sur la lame de
platine; ibenrésulte tonjours, même avec
des: quantités infiniment faibles, une dé-
tonation.et.un dégagement de lumière en-
core fort sensible.
Les propriétés réductives du cyanure de
potassium fondu avec les oxides et les sul-
fures métalliques, ont déjà été signalées
par M:Liebig:z Nous nous sommes assuré
qu'elles permettent aussi les applications
suivantes :
4. Découverte de l'arsénic dans le sulfure
d'antirmoine brul: On sait que dans l'essai
au chalumeau du sulfure d'antimoine arsé-
nifère, il n'est pas toujours possible de re-
connaître l’odeur alliacéedel’arsenic, mas-
quée le plus souvent par celle du gaz
sulfureux. On à, par cette raison, proposé
de réduire d'abord l’antimoine en le fai-
sant. fondre avec du fer, du sulfate de soude
et.du,gharbon, ou par tout autre procédé,
et. ded'essayer.ensuite au,.chalumeau. Cet
essai ne laisserait rien à désirer si la for-
mation du culot métallique. n’exigeait pas
une si haute température, assez incom-
mode pour des recherches ‘en petit. Le
cyanure de potassium obvie à cet inconvé-
nient, car, en moins de quelques minutes,
il donne un, culot bien fondu, si l’on en
chauffe 3ou4 parlies avec le sulfure d’an-
timoine en poudre,.daus un, creuset. de
porcelaine et sur une lampe à esprit-de-
vin. Il nese perd pas plus d’arsenic dans
cette réduction. que par l’autre procédé,
2. Préparation des miroirs métalliques
avec les combinaisons arsenicales. Un mé-
lange de parties égalesdecarbonate de soude
etde cyanure de potassium fournitunexcel-
Jentmoyen pourlar
laréduction desarséniteset
des arséniates. On introduit la'combinaison
arsenicale parfaitement sèche-dans un pe-
tit tube terminé en boule à l’nn des bouts,
et l’on répand par dessus environ six fois
antant du mélange préalablement séché.
On n’en met que jusqu’a:wn/peu-plus de la
moitié de la. boule, autrementilaanasse en
fusion s’élèverait dans le tube. La réduc-
tion s'effectue à l’aide d’une lampe à al-
cool. Tous lés arsénites et arséniates , dont
les bases sont irréductibles ou se réduisent
en arséniures qui. perdent par la chaleur
la totalité. de l'arseuic, donnent des mi-
roirs métalliques quand on les fait fondre
‘avec du cyanure de potassium. Les com-
binaisons suivantes nous;onf fourni les plus
beaux, miroirs : acide arsénieux, sulfure
d’arsenic;\arséniates de potasse , de baryte,
de chaux, d'argent, arsénite de cuivre. Les
arséniates de peroxide de fer et de plomb
n’ont pas donné de miroirs, ou n’en ont
donné que d’impariaits. Cette méthode de
réduction des combinaisons arsénicales
mérite une attention toute particulière à
cause de sa simplicité, de la sûreté du ré-
sultat, même avec des doses d’arsenic très
faibles, et de la propriété avec laquelle
ee peut être mise à exécution.
:! Outre les propriétés réductives qui don-
nent un si haut prix au cyavure de po-
tassium, ce sel possède encore une effica-
cité spéciale comme fondant. A ce titre, il
nous parait offrir quelques avantages dans
les:cas suivantss tou. 10bta i
Décomposition des sulfates à bases de
terres-alcalines.. Én faisant fondre du.sa -
fate de chaux; de baryte où de strontiane
1165
avec qua!re ou cinq fois son poids du mé-
lange de carbonate de soude et de cyanure
de potassinm , on obtient, par la dissolu-
tion dans l’eau, du sulfate de soude et les
carbonates des terres alcalines, La décom-
position s'effectue comne par lPemploi
de la soude pure. Maïs la présence du cya-
nure de potassium très fusible a cet avan-
tage, qu'on n’a pas besoin, comme avec
le carbonate de soude et le carbonate de
potasse, d'employer un creuset de platine
et de chauffer très fort: il suffit d'un creu-
set de porcelaine et d'une lampe à esprit
de vin. Cette méthode, bien que moins
commode pour l’analyse quantitative, pré-
sente néanmoins des avantages dans l’ana-
lyse qualitative.
Décomposition des silieates. Le cyanure
de potassium n'agit aussi dans ce cas que
comme fondant très fusible, et permet
ainsi de décomposer des silicates réduits en
poudre fine dans le creuset de porcelaine,
à l’aide de la lampe à esprit de vin; nous
en avons fait l’expérience avec du sable,
du verre, etc. Cette propriété offre sou-
vent de grands avantages dans l'analyse
qualitative. Pour une partie de silicate on
prend cinq parties du mélange de carbo-
nate de soude et de cyanure de potassium.
Séparation des combinaisons insolubles
dans l’eau et les acides, pour les essais qua-
litatifs. Dans les essais qualitatifs ,; après
l'extraction des substances solubles dans
l'eau et les acides, on obtient finalemént
celles qui y sont insolubles, telles que le
sulfate de plomb, le sulfate de baryÿtée et
la silice. La séparation de ces derhiers
corps présente quelques inconvénients, en
ce qu'il est difficile d'enlever compléte-
ment le plomb par la voie humide, ct que
d’ailleurs la lampe à esprit de vin ne donne
pas la chaleur nécessaire la décomposition
par la soude dans le-creuset de porcelaine :
à une température:plus élevée, celui-ci
serait lui même attaqué.\ Le mélange: de
Cyanure de potassium et de-carboraté ‘de
soudée reémédie entièrement à cet inconvé-
nent. En effct, si l'on fait fondre les subs-
tances indiquées avec quatre ou. cinq fois
leur poids du mélange, le sulfate de plomb
se réduit, le sulfate de baryte passe à l’état
de carbonate, et la silice se combine avec
Valcali ; traitant ensuite le tout par l’eau,
on obtient ce dernier en dissolution.
L’acide acétique , versé sur le résidu ,
dissout le carbonate de baryte. Le plomb à
l'état de métal ne le dissout pas.
Après avoir exposé dans ce mémoire les
résultats les plus essentiels de nos recher-
ches sur le cyanure de potassium, nous
croyons pouvoir exprimer la conviction que
ce sel est appelé à occuper un rang distin-
gué parmi les plus importants auxiliaires
de l'analyse , à cause des applications par-
ticulières et nombreuses dont il est suscep-
tible, ( Revue scientifique. )
Sur la préparation de l’huile de roses.
Prep
Une lettre adressée d'Arabie à M. Lan-
derer, à Athènes, donne les détails sui-
vants sur cette p'éparalion.
On porte les roses dans les distilleries où
se trouvent de trois à six alambics de cui-
vre sans le moindre appareil refrigérant.,,
on jette les roses épluchées dans la cucurs;
bite et on verse de l’eau par-dessus avec
additi »n d'une assez grande quantité de sel;
au bout de deux ou trois jours de macéra-
tion on commence la distillation que l’on
continue jusqu’à ce que la liqueur distil-
1166
lée prenne uriè couleur jaune. L’eau de
roses retirée de temps à autre est versée,
pour qu’elle se refroidisse, dans des vases
d'argile placés dans l'eau ; elle reçoit diffé-
rents noms et a une valeur différente ,
suivant qu’elle est recueillie tout à fait au
commencement ou à la fin de la distilla=
tion.
C'e:t l’eau de‘roses obtenue au commen-
cement que l’on-emploie pour la prépa-
ration de l’huile deroses, et voici de quelle
manière on l’opère : après avoir rempli de
cette eau de grands vases d’argile poreux
et les avoir couverts avec du linge, on les
enfonce par rangées dans la terre et on les
y laisse neuf à dix jours suivant la frai-
cheur des nuits. On les reccuvre à l'exté-
rieur de paille que l’on a arrosée d’eau
pour les tenir aussi froids que possible.
Peu à peu l'eau se couvre-d’une couche
huiïleuse qui se solidifie; on enlève cette
masse cristalline avec un -éeumoire et on
soumet leau à plusieurs réfrigérations
semblables jusqu’à ce qu'il ne se montre
plus de trace d'huile. L'eau con:plétement
privée dercette dernière est cnvoyte surles
iwarchés pour y tre veñdue, où bieu sert
encore à la préparation d’une sorte infé-
rieure d'huile de roses que l’on envoie en
Europe comme huile de roses orientale:
Cette dernière se trouve dans les bazars de
Corstantinople, Smyrne, ete., et s'obtient
en agitant l'eau de roses, dont l’odeur est
encore forte, avec une-huile venant d’'A-
friqjue et quirrésulte de la distillation du
bois d’arbres très élevés et odoriférants (ne
serait-ce pas le bois de sandal? )
TT PDU ——
SCIENCES NATURELLES.
GÉOLOGIE.
Notice Sur les relations géologique du jade
Nephriteetc., par Bertrand'de Lom ,mem-
bre de la Société géologique de France.
La science a eu à enregistrer en peu de
temps, du département dela Haute-Loire,
des faits nombreux géologiques et minéra- :
logiques du plus hautintérêt.
Je viens signaler de ce même départe-
ment, d’autres découvertes, résultant aussi
de mes observations, dont une amènera
enfin fa solution si vivement désirée, du
problème qui touche aux relations géolo-
giques du jade néphrite.
Sous cetie dénomivation de jade nephrite
ou neéphritique on comprend plusieurs
substances, dont les relations chimiques,
comme on le pense généralement, ne sont
probablement pas identiques, et peuvent,
par conséquent, con$tituer un jour des es-
pèces différentes.sp29
La variété de jade; dont j'ai à parier au-
jourd'hui plus: particulièrement, est celle
connue sous les dénominations «le pierre
de hache, de casse-tête, de pierre de fou=-
dre du vulgaire, etc.
Lesanciensattribuaient à cettesubstance, :
| Comme -on sait, plusieurs vertus dont Je
bonsens a su faire justice, comme de celles
de tantd’autres matières également inertes.
Ces remèdes d'imagination étaient de gué=.
rir des colliques, de préserver des malése
fices; de chasser le tonnerre, et si je ne mer
trompe, celle d’étrangler les voleurs. *4'b
En réalité, toutes ces merveilleuses pr'o=
priétés se résument à celle toute inerte de
la physique, d’une très grande tenacité ,
qui la faisait rechercher des anciens pour
l'usage de leurs instruments contondants.
1167
Cette curieuse substance, que l’archéo-
logie recherche encore denos jours comme
objet d'étude où de euriosité, n’est connue
dans la nature que dans le sol de transport,
principalement dans des contrées de la
France centrale.
C’est dans le sol cultivé de la Limagne
d'Auvergne, en 1836, où je l’ai rencontré
premièrement.
Plus tard, et toujours dans les mêmes
Circonstances , aux environs de Brioude,
de Langeac, de Villeneuve et de Paulha-
guet.
Dans ces derniers tempsenfn, en place,
c’est-à-dire dans sa position normale.
La composition minéralogique du sol
dans lequel roule cette substance, la con-
naissance des montagnes qui alimentent
ces transports, telles sont les considérations
qui m'ont guidé dans les recherches de
cette intéressante découverte,
C'est dans un gneis situé aux environs
d'Ourouze, canton de Paulhaguet, l'un où
j'ai découvert aussi des pseudomorphoses
de quartz octaëdres , d’une beauté telle
que la science n’en connaissait pas de sem-
blables, découverte que je me suis em-
pressé d’annoncer au congrès scientifique
qui eut lieu à Lyon à cette époque, que
git ce jade nephrite.
Il fait partie constituante essentielle de
nombreux filons dune sorte de granit à
grandes parties, subordonnés au gneis in-
dépendant.
Il fait portion de feldspath dans ses com-
posés granitiques et se trouve, comme le
mica, très peu abondant, ce qui fait pa-
raîitre comme exclusivement formés de
Œuartz, les filons en question.
Ces lieux sont en outre sillonvés par un
autre grand nombre de filons de nature di-
verse , consistant en fluorure de calcium ,
en quartz pseudomorphique par épygenie
de la substance précédente ; ce que prou-
vent evidemment les formes cristalines
prêtées au quartz par la flnorine et des
traces de ceile-ci, qu’on rencontre quelque-
fois en divisant des masses de ces pseudo-
morphoses ; et enfin, de puissants filons de
sulfate de barytetexploités avec activité,
et il faut le dire, comme question d’inté-
rêt général, pour la falsification de la cé-
ruse. C’est sur Clermont et Paris que ces
produits sont dirigés.
Un tel fait m'a paru devoir être rendu
public, afin que les fabriquants ne profi-
tent pas seuls des avantages jue présente
le mélange de sulfate de baryte et de car-
bonate de plomb.
Le vil prix du sulfate de baryte, résul=
tant de son abondance dans la nature, as-
sure aux fabriquants des bénéfices consi-
dérables, au detriment de la consomma-
tion.
Un moyen très simple de reconnaitre si
le sulfate de baryte est entré dans le mé-
lange en question, est celui-ci :
prenez quelques décigrammes de céruse ,
que vous soumettez à l'action de l'acide
acétique , le carbonate de plomb ou vrai
céruse se transformera en acétate de plomb
qui est liquide , et le résidu, s’il en reste,
sera du sulfate de baryte.
Les filons dont il vient d'être question ,
à l'exception de deux ou trois, de nature
granitique, qui se croisent avec les autres
presque À angles droits , sunt à peu près
parallèles et se dirigent du nord-est au sud-
ouest.
Ils se montrent sur plusieurs points de
ces lieux fortement accidentés et doivent
1168
leur dénudation partielle, principalement à
l'action corosive des eaux torrentielles.
Je terminerai cette notice par le signa-
lement de deux autres minéraux, gisant
aussi dans ces mêmes lieux; dont un assez
remarquable et jouant le même rôle géo-
logique que la nephrite, c’est-à-dire faisant
partie constituante essentielle de filons de
granit à grandes parties ou à grands élé-
ments, et se présente quelquefois aussi ,
mais bien rarement, en rognons enclavés
dans le gneis.
Cette substance est fibreuse, à fibres pa-
rallèles, et quoique assez tenace elle se di-
vise sans grands obstacles parallèiement à
ses fibres.
Elle est fasible, ce qui peut la faire ran-
ger à côté des felds-spaths, tant à cause de
ce caractère que du rôle qu’elle joue dans
la constitution de ces sortes de granits.
Je propose de joindre à cette substancele
mot/bro qui rappellera sa structure, ce qui
fera fibro-nephrite , pour la distinguer de
la nephrite avec laquelle elle a quelque
analogie.
L'une et l'autre se trouvent en quantité
notable et principalement la néphrite et
parfois en rognons volumineux, dans le sol
de transport des environs d’Aurouze , et
particulièrement sur la direction du sud,
vers Chavagnac.
£t pour dernier fait, quoique moins im-
portant, le phosphate de plomb vert, en
petits prismes exaèdres, en quantité peu n0-
table, et accompaguant le sulfate de baryte,
Dans ces mèmes circonstances le sul
fure de plomb manifeste aussi sa présence.
Il pourrait se faire, que par suite de l’ex-
plaitation des filons de sulfate de baryte,on
arrive à la découverte de quantités plus
importantes de ce suliure.
ANATOMIE COMPAREE.,
Sur. la disposition: de l'encéphale chez cer-
tans singes ; par M. Leuret.
Dans un mémoire sur la conformation
générale de la tête et sur l'encéphale chez
les Singes, lu récemment à l'Académie,
Panteur, M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire,
a cherché à établir que les circonvolutions :
cérébrales manquent chez les Ouistitis. Il
s’est assuré, dit-1l, dès l’année 1840, de
l'absence de ces circonvolutions chez un
marikina; il a vérifié la même disposition
chez deux ouistitis ordinaires où il n’a
trouvé, à la surface de chaque hémisphère
cérébral, qu'un sillon, celui qui sépare le
lobe antérieur du lobe moyen; il n’a pas
cru devoir tenir compte de quelques sil-
lons linéaires correspondant au trajet des
vaisseaux de la pie-mère, parce qu'il ne
pense pas que ces sillons puissent être as-
similés à des anfractuosités; et il signale
l'absence des circonvolutions cérébrales
chez les ouistitis, comme un fait d'autant
plus remarquable, que le cerveau de ces
animaux, si semblable sous ce rapport au
cerveau des rongeurs, se place, sous un
autre point de vue, à l’autre extrémité de
la série, et au-dessus même des cerveaux
à circonvolutions bien développées.
Ce sillon qui sépare le lobe antérieur du
lobe moyen, ces quelques sillons linéaires
dont M. {sidore Geoffroy Saint-Hilaire n’a
pas cru devoir tenir compte, ont, à mon
avis, une très grande valeur ; car, par leur
siége et par leur direction, ils appartien-
nent à un ordre de circonvolutions qui ca-
ractérisent le cerveau de l'homme, celui
1169
du singe et celui de l’éléphant. Geseircon-
volütions, ct, pour ce -qui regarde les
ouistitis, ces rudimentsde..circonvolutions
ne se retrouvent ni chez lesrongeurs, ni
chez aucun animal, le: singe. et l'éléphant
exceptés. Dans mon Anatomie, EPA ANSE
du système nerveux; ouvrage dans, equel
j'ai décit les circonvolutions cérébrales
des différents ordres de mammifères, j’ai
fait graver le cervean du maki, espèce de
singe inférieur au marikina : en étudiant
ce cerveau avec attention, on pourra s'as—
surer que le cerveau des derniers:singesest
une ébauche du cerveau. de l'orang-ou-
tang, comme le cerveau ded’orang-outang
est une ébauche du cerveau de l’homme.
Les sillons qui, se remarquent_à Ja surface
du cerveaudes,singes inférieurs n’ont ja-
mais leurs analogues chez les rongeurs ;
ils sont des rudiments de circonvolutions
propresausinge, à l'éléphant et à l'homme,
“et;:par la conformation spéciale qu’ils pré-
sentent chez les singes, ils peuvent servir à
caractériser ces animaux ayec autant de
certitude que les dents ou les mains.
JRPEE—— 01e
SCIENCES APPLIQUÉES, : |
ARTS MÉTALLURGIQUES. î
Moyens de fabriquer et d'affiner immédia-
tement Le fer, par M. W. Clay.
» L'auteur propose d'abord de fabriquer
immédiatement le, fer.en.mélant au mine-
rai une proportior de.carbone qui excède
28 p.100, et en pudlant le mélange dans
un four à réverbère, sans avoir fait d’abord
passer le fer à. l'état de fonte dans un haut
fourneau. *
On prend du minerai de fer en roche,
grillé ou non, contenant 45 p. 100 de fer;
on le broie entre deux ymeules et le passe
au tamis, dont les mailleS sont au nombre
de 15 au centimétreicarré. Cela fait, on
mélange ce minerai avec 30 à 40 p. 100
de houille, de braise, de coke, de charbon
de bois, de tourbe, d'anthracite on de tou-
te autre matièré charbouseufe réduite au
même dègré de finesse, et-p'acet cemélan-
ge ans un! four à pudéler -convenable- ,
ment disposé, où on'letbrasse toutesiles
cinq minutes, jusqu’à ce qu’on lui voie
prendre l'aspect wétallique,etqueles par-
ties les plus chaudes commencent à deve-
nir adhérentes. On donae alors un violent
coup de feu, ei on forme la balle qu’on
porte sous le martinet ou dans la presse.
M. Clay ne croit pas qu'il soit avanta-
geux d’appliquer ce procédé à des mine-
‘rais qui contiendraient moins dé 45 p- 100
de fer ; et en règle gé.érale, 51 faut; pour le
mélange de la matiere charbonneuse; em-
ployer 30 parties decette matière pourd 00
de minerai, contenant 50 p. 100; de er.
Lorsque le minerai est encore plus riche,
il ajoute une demi-partie de matière char-
bonneuse par chaque centième.de fer eu
sus de 50 p. 100. ve
On peut, suivant l’auteur, faire passer
la cheminée da four à pudder dans use
chambre où l’on échauffe la charge qui
doit passer au puddlage après le traite-
ment de celle qui se trouve actuellement
sur la sole : de plus, il propose de fabriquer
le fer en combinant le procédé qui vient
d'être expusé avec l'emploi d'une certaine
quantité de foute qu'il mélange à parties
égales avec leminerai. : :
Dans le éas où l'on emploie un four à
pudüler simple, l'époque la plus convena-
1170
ble pour Vaddition de la fonte est celle où
le mélange se {rouvre parfaitement échauf-
fé ; Mais sile fourestà deux soles, on doit
faire cetté addition au moment où l'on
attire le minerai et le charbon sur la
sole de travail" : se
Ce procédé arété employé à l’uine de
Shirva. près ‘dë Kirkintilloch en Ecosse.
Le minerai de fer hématite, ou tout autre
minerai riche, mêlé au charbon, passe
graduellement à des intervalles réglés dans
une trémie qui le contient dans un four-
neau voisin où il s’échauffe convenable-
ment, et qui fait partie d’un four à pudd-
der. Chaque charge, arrivée dans ce der-
nier fout, est traitée comme à lordinaire.
Ce traitement v est même, dit-on, plvs fa-
cile que le puddlage pratiqué sur du fine-
métal ordinaï. e. et il ne faut:pas plus d’une
heure et demie pour obtenir du fer prêt à
être cinglé au passé dans les laminoirs. On
le réchauffe, on le cingle et on le lamine
une seconde fois, et l’on obtient après cette
nouvelle opération des barres de qua-
lité supérieure, assure-t-on, à celle du
meilleur fer à boulons ou pour chaînes
qu’on,obtient par les procédés en usage.
Ce fer est aussi susceptible de fournir de
l'acier d’ane qualité supérieure qu’il suffit,
dit-on, de combiner avec du manganèse
par la méthode de M. Heath pour obte-
nir un acier fondu facilement soudable
avec le fer; ce qui permettra de fabriquer
en acier fondu la coutellerie qu’on établit
aujourd'hui en dtieér’ de cémentation. La
fonte que fournissent les scories est aussi
de meéillenre qualité, en ce qu’elle est
exempte de la portion de phosphore qui est
souvent apportée par Ja castine' qu’on em-
ploie. (Le Technologiste.)
2e |
SCIENCES HISTORIQUES.
ARCHÉOLOGIE.
Canton de Sairtes, arrondissement de Saintes,
(Départ. de la Charente-Xnfér.)
Commune, DE, CHermIGNAC: de Cherina,
duteuton,. Kerno, terre riche.en blé. Le
>ffoment est encore la principale produc-
tion de cette commune.
Son éslise, dédiée à saint Quentin, est
romane, et date duonzième siècle. Elle a
subi toutefois de nombreuses restaurations
postérieures. La façade n’a conservé de l’é-
poque de sa primitive construction que
quelques mascarons grimacants et un
vaste portail à plein. cintre, à trois vous-
sures-et à archivoltes garnis sur le pour-
tour d'étoiles chausses-trapes, Les fenêtres
et le reste de la façade ont été rebâtis sans
aucun caractère. L’abside est remplacée
parun chevet droit, ayant à l’orient, et
sur les côtés, des fenêtres romanes à plein
cintre. Le clocher a sur ses côtés un esca-
lier à vis coiffé d’un toit en pierre écaillé ;
il est à six pans et assis sur un massif
quadrilatère, placé à droite; un petit toit
à quatre faces le termine. Sur chaque face
est percée une baie tréflée du treizième
siècle. La croix ou phanum est fort remar-
quable ; c’est un socle portant une grosse
colonne cylindrique, courte et: formant
base, à un fût quadrangulaire ayant quatre
colonnesjaux quatre angles et portant des
daïs sous lesquels devaient être des statuet-
tes. Le sommet, amorti en Cône aigu, porte
une croix. Near
COMMUNE DE TRENAG: dans une plaine,
voisine du village, on remarque un tertre:
1171
circulaire et conique, dont l'élévation est
assez considérable. Quelques personnes y
voient la motte d’un donjon féodal, mais
il semble appartenir aux tombliles par
tous ses caractères:
Au viilage des Arènes sont les ruines
d'unemaison de campagne romaine, au
milieu desquelles on a retrouvé des débris
de thermes, de piscine, des médailles, etc.
Ces ruines consistent en plusieurs murs et
en une façade haute de 14 mètres, cons- .
truite en pierres de petit appareil et en
briques. Les paysans des environs appel-
lent ce lieu Fille-Poïitivre. Des vestiges de
voûtes, attenant à une vaste enceinte de
terre, qui aurait bien pu appartenir à l'aire
d’un amphithéâtre, semblent légitimer ce
nom d’Arènes, que le hameau a conservé.
L'église de Thenac est dédiée à saint
Pierre. C’est un édifice roman qui a subi
de graves injures et de nombreuses muti-
lations. La facade n’a conservé des cons-
tructions du onzième siècle, qu'un vaste
portail à plein cintre, à six voussures,
ayant à droite un petit portail bouché.
Celui de gauche a disparu dans l’applique
d’un énorme contrefort du quatorzième
siècle, L’angle de droite de la façade a
aussi conservé quelques colonnes primiti-
ves. L’abside a été remplacée par un che-
vet droit, ayant à son milieu une fenêtre à
lancette du treizième siècle, Le clocher est
bas, carré, coiffé d’un toit en ‘cône:àsix
pans. Les baies sont ogivales et du trei-
zième siècle.
Commune ne PrécuirrAc : l’église de Pré-
guillac est des plus remarquables; et la
Saintonge n’en possède que peu bâties sur
ce modèle, C’est un vaisseau fort écrasé,
très large, dont la facade surbaissée est en
retrait, à partir d'une console soutenue
par de nombreux modillons. Trois por-
tails à ogives, à tores et à colonnettes, for-
ment arc dertriomphe:sun cette façade, et
appartiennent évidemment à l'architec-
ture de la fin du douzième siècle. Tousles
droits ont des murs pleins qui les remp'is-
sent; celui du milieu seul a reçu une porte
étroite. également ogivale. L’apside est
remplacée par un chevet droit, n’ayant
qu’une seule fenêtre, et celle-ci est à plein
cintre. Deux colonnes aux ansgles suppor-
tent une console ayant neuf corbeaux ro-
mans. Le clocher est bas, carré, à quatre
faces, et sur chacune de celles-ei s'ouvrent
deux baies romanes ayant une rentrée di-
visée au milieu, Un toit plat, à quatre
pans, recouvre le tout.
R. P. Lesson.
GÉOGRAPHIE,
Fragment d'un voyage dans le Chili et au
Cusco, patrie des anciens Incas; par
Claude Gay.
(Cinquième et dernier article.)
Si maintenant, poussé par la curiosité
ou par esprit d'observation, on parcourt
les environs du Cusco, et même une par-
tie de son département, les monuments
antiques se présenteront bien plus frais et
bien plus nomb:eux : c’est que, placés à
une certaine distance de toute civilisation,
les matériaux dont ils sont construits ne
peuvent donner aucune prise à l’avide cu-
pidité de l'habitant, et alors leur solide et
colossale structure se charge avec succès
de cette intéressante conservation. C’est
ainsi qu'entre Abancai et Saïhuita, dans
1172
un endroit appelé Coyaftiana, j'ai vu des
maisons de plaisance presque entières creu-
sées dans le roc, et entourées d’autres
pierres isolées, avec des figures représene
tant des singes, des crapauds, des renards,
des couleuvres, des plans de ville, des des-
sins géométriques, etc.; dans d’autres en-
droits, comme à Curahuassi, qui était le
jardin botanique: des ancien Incas; Lima
tambo, non moins renommé par ses plan-
tes médicinales, Zurita, Oropessa.,etc., on
voit de grandes forteresses, citadelles, an-
denves, et même des villes à demi-ruinées,
quelquefois très grandes, et plactes au
sommet des collines, en général dépour-
vues d’eau jusqu'à plus. d’une lieue à la
ronde ; singularité bien notable, dont au-
jourd’hui encore les habitants ne peuvent
se rendre raison. La vallée d’Urubamba
n’est pas moins remarquable par la pré-
sence de ves sortes d’antiquités. Extrême-
ment fertile et pittoresque, jouissant d’un
climat doux et serein, ele attira dès le
commencement l'attention des anciens In-
cas, qui y firent construire ces beaux pa-
lais et châteaux, pour y passer une partie
de l’année. C’est dans la mème vallée, et à
une petite distance d’Urubamba, que se
trouve Ollaytaytambo. petit village tirant
son nom du fameux général Ollaytay, qui,
du temps de l’Inca Tupac-Inca-Yupanqui,
eut l’audace d’enleverune Gnusta ou fille de
l’Inca, vouée au culte du Soleil. Ce grand
sacrilége, alors sans exemple dans les an-
nales de Cusco, fit une telle sensation, que
Ollaytay, obligé de se sauver, alla se reti-
rer à l'endroit qui porte son nom, où,
pour se défendre, il fit élever des forte-
resses qui surpassaient presque tout. ce
qui avait été fait jusqu'alors Ni savants
ni voyageurs n’ont encore parlé de.ces
beaux monuments, dont quelques uns
sont’'presque encore intacts. Garsilasso et
lés'aütres historiensn’ont même pas-connu
cé fait, d’une haute portée: dans l’histoire
des Incas ; il n’a été conservé que par tra-
dition, et il n’y a paslaïigtempsqu’un curé
de Sicuaui, Don Antoine Valdes, en: fit le
sujet d’une espèce de mélodrame intitulé :
les Rigueurs d'un père; et écrit en langue
quechua. Enfin, un; autre pays, digneaussi
de l’attention de l'historien et de l’archéo-
logue, c'est Vilcobambha, dernier retran-
chement des Incas contre le pouvoir des
Espagnols. Situé à une très grande hau-
teur, il abonde encore en, forteresses, an-
dennes; et c’est aux environs que lon
trouve la mystérieuse Choquiquiraou,
ville immense, embellie de beaux édifices,
de superbes colonnes, etque le hasard na-
guère fit découvrir. Malheureusement en-
sevelie sous une forte végétation, elleiest
devenue le repaire des:ours, des Jaguars et
d’autres animauxmon moins féroces.
Les Indiens de Cusce sont à peu près ci-
vilisés; ils obéissent aux lois du gouver-
nement péruvien, et contribuent aux be-
sons de l'État par un tribut qu’ils paient
depuis quinze jusqu'à soixante. ans;- ils
parlent très rarement l'espagnol, et tou-
jours le quechua, qui est leur langue.na-
turelle. Quoique quelques uns tiennent
un rang distingué, cepeudant ils appar-
tiennent en général à une classe assez mi-
sérable et chargée da travail le plus gros-
sier. Ceux de la campagne sont ou bergers
ou agriculteurs ; les premiers vivent:dans
des régions extrêmement élevées, occupés
du soin de leurs troupeaux de moutons et
du travail de la laine, Quoique constam-
ment à une hauteur de 10 à 12,000 pieds,
1173
cependant ils ne sont nullement incom-
modés de la grande rareté de l'air; ils
marchent et courent avec autant de faci-
lité que nous dans les plaines basses :
aussi trouve-t-on dans ces régionsles villes
et les villages les plus élevés de notre
globe ; Ocoruro 14,232 mètres de hauteur
absolue : Condroma à 4 343. On voit quel-
ques maisons de poste, celle par exemple
de Rumihuassi, qui s’élêvent jusqu'à 4,685
mètres, et des maisons de bergers jusqu'à
4,778 mètres, c’est-à-dire presque à la
hauteur du Mont-Blanc, qui estla montagne
la plus élevée de l'Europe. À ces grandes
hauteurs l’agriculture n’a plus de prises
sur les plantes de l'Europe; la pomme de
terre, le blé, n’y prospèrent plus, et on n'y
cultive que l'orge, qui ne fleurit jamais,
et s'élève à peine à la hauteur d’un demi-
pied. Les Indiens agriculteurs habitent les
plaines ou endroits peu élevés, où ils s’oc-
cupent exclusivement de la culture des
terres. Comme les Indiens pasteurs, ils ai-
ment passionnément les chants nationaux,
etsurtout ces touchantes ef mélancoliques
yaviries, qui donnent tant de sensibilité à
l'âme et de tendresse au cœur; l'effet
qu’elles produisent sur eux est prodigieux ;
on ne peut que le comparer à ce:ui que
produit le ranz des vaches sur le cœur du
Suisse hors de sa patrie; ils les chantent
chez eux, ils les chantent en voyage, et
souvent j'ai vu des jeunes demoiseiles les
chanter pendant que les hommes étaient
occupés à labourer la terre : on croirait
qu’elles le font pour les exciter au tra-
vail, et pour leur en faire oublier les
peines.
Le Pérou, comme le Chili, a aussi ses
Indiens barbares et tout à fait indépen-
dants. En raison de la vaste étendue de
cette république, ces Indiens y sont incom-
parablement plus nombreux, et habitent
tous sans exception ces immenses forêts
vierges, cause première de cette indé-
pendance. Ceux que j'ai visités, savoir:
les Chahuaris, les Tuyunires, les Paucar-
tambinos, etc., ne peuvent nullement sou-
tenir la comparaison avec les Arauca-
niens. Ils sont traîtres, méfiants, et on ne
trouve jamais chez eux cette fiérié et cette
bravoure qui caractérisent à un si haut
degré les Indiens du Chili. Armés seule-
ment de la flèche, ils s’en servent, suivant
sa forme ou sa longueur, pour la pêche,
pour la chasse ou pour la guerre; ces der-
nières sont le plus souvent dentelées et
même quelquefois empoisonné: s. Les Cha-
huaris se couvrent le corps avec une
espèce de chemise d’un coton particu-
lier au pays, et qu’ils tissent eux-mêmes ;
les autres sont tout à fait nus, se barbouil-
lent de mille couleurs, et ornent leur fi-
gure par de gros morceau de bois qu'ils
mettent au cartilage inférieur des oreilles
et au dessous de la lèvre inférieure. Aux
commissures de ces lèvres, ils plantent de
petits tuyaux de canne avec de longues
plumes peintes, et quelquefois festonnées.
Du reste, cette figure est sans expression,
sans physioromie; elle ne Signale vérita-
blement que des traits. Leur intelligence
est assez bornée; ils ne savent compter
que jusqu'à quatre, et ils ne manifestent
aucune surprise en voyant quelques des-
sins que je fis devant eux. Leur langue est
douce, agréable et cadancée; elle varie à
Vinfini; mais ce qu’elle présente de parti-
culier, c’est que les noms de toutes les
parties du corps commencent par la même
Syllabe hua caractérise les PencAn en
, À
#,
f EN
l
NN
(NY
1174
huacu, la tête; huanamu, le nez; hua-
quista, la bouche, ete Chez les Chahuaris,
c'est la syllabe-pi : piguito, la tête; pigri-
mari, le nez; pichera, la bouche, etc. Cette
tribu offre une autie particularité bien
notable : séparée en denx, la nouvelle con-
serva sa langue mère, mais changea la
première syllabe de ces parties du corps:
au lieu de pi, c'est ni : niguito, la tête;
nigrimari, le nez; nichera, la bouche, etc.
D'après cela, on voit que cette singulière
construction, digne de fixer l'attention des
philologues, donne un air de famille à la
tribu, et leur sert en quelque sorte de
blason. Leurs habitudes sont toutes sau-
vages, et à part le caractère, on trouve
dans ces habitudes une grande analogie
avec celles des Araucaniens, éloignés de
plus de huit cents licues : ce sont les
mêmes préjugés, les mêmes croyances;
ce sont encore les sorciers ou esprits ma-
lins qui occasionnent les maladies, et des
siripigaris ou médecins occupés à les chas-
ser du corps par des succions, par des cris,
par des chants, et par tius ces moyens
que nous avons vu pratiquer en Arauca-
nie; nouvelle preuve qui vient à l’appui de
notre opinion sur l'identité de cet instinct
universel qui, dans le commencement de
nos sociétés, a présidé à Ja marche et au
développement de notre civilisation.
De retour au Cusco, après une absence
de plus de deux mois, je n’occupai à faire
encore quelques recherches de statistique,
à lever le plan de la ville et à désigner plu-
sieurs anciens monuments. Ensuite je me
mis en route pour Arequipa en passant
par un chemin dont la plus petite hauteur
a été de 3,189 mètres, et qui s'est élevé
insensiblement jusqu’à celle de 4,943. C’est
dans ces régions élevées que se présentent,
sur une échelle vraiment magique, tous ces
phénomènes relatifs à la météorolosie,
Tous les jours, depuis une heure jusqu’à
cinq heures du soir, l’atmosphére est con-
tinuellement embrasée par d'immenses
éclairs, et tourmentée par des pluies de
-grêles et par des coups de tonnerre dont
on ne peut avoir aucune idée ea Europe.
Le voyageur, d’un pas inquiet, et silen-
cieux, parcourt quelquefois avec danger,
. mais toujours avec crainte, ces mornes s0-
litudes que le manque de végétation rend
encore plus mélancoliques. Nous mimes
quinze jours pour arriver à Arequipa, ville
qui du haut du chemin de Cangallo nous
fit l'effet d'une viile ruinée et placée dans
un désért de sable au milieu d'une véri-
table oasis. D Arequipa, je pensais retour-
ner au Chili par la Bolivie, Salta et le Ta-
cuman, malheureusement les bruits de
guerre m’empéchèrent d'exécuter ce grand
voyage; je ne pus pas non plus traverser le
vaste désert d'Atacama à cause de Ja grande
sécheresse de l'année ; je me vis donc obligé
de m’embarquer une seconde fois pour le
Callao, et de là pour le Chili, où j'arrivai
après une absence d'un peu plus d’une an-
née. J'allai passer encore quelque temps à
Santiago, pour y terminer mes travaux
historiques et statistiques, et ensuite je re-
vins en France, pour publier, à l’aide de
quelques savants collaborateurs et de mes
nombreux manuscrits, une boune histoire
physique et politique de la républi ;ue du
Chili. Le gouvernement chilien , que l'on
trouve toujours prêt lorsqu'il s’agit de l'il-
lustration de son pays, a bien voulu faire
les frais d’une grande édition eu langue
Triagnole: tout me fait espérer qu'une édi-
SAN
NT 29 |
29 }
à
EEE
4
1175
tion en langue française se publiera en
même temps. (Wociété de géograplue.)
Le Rédacteur-Gérant :
C.-B. FRAYSSE.
FAITS DIVERS.
— M.le baron de la Pylaie, membre de la so-
ciété royale des Antiquaires, vient de partir, chargé
par le ministère de l'intérieur de visiter les monu-
ments druidiques de la France, Les travaux cons-
ciencieux de M..de la Pylaie font espérer que sa
tournée viendra jeter un nouveau jour Sur cette
branche de l'archéologie si intéressante pour nous
puisqu'elle est nationale. M. de la Pylaie s’est en-
tendu, dit-on, avec M. Camille Duteil, professeur
à l'Athénée royal, pour la publication d’un grand
ouvrage sur les monuments celtiques ; nous tiendrons
nos lecteurs au courant des recherches et des dé-
couvertes de ces deux savants,
— On à fait récemment à Elbeuf, dans l’établisse=
ment de M. Lescré Cremont, l'essai d’un appareil
propre à remplacer, dans le cas de sinistre, une
pompe à incendie de première force, L'expérience
a donné les résultats qu'on en altendait; elle a
prouvé que dans toute usine où il y a une pompe à
eau destinée soit au lavage de draps , de Jaines ou
d’autres matières, soit à l'alimentation de la chau=
dière d'une pompe à feu, on peut disposerun ap-
pareil simple, très peu dispendicux, dont le ser-
vice remplacerait celui d'uné pompe à incendie,
dans le cas où le feu se manifesterait dans quelques
parties des bâtiments dépendant de l'usine,
La force de vression qu’on obtient ainsi est telle,
que l'on peut élever l'eau en jet continu à une hau-
teur de plus de 33 mètres {plus de 400 pieds),
dans une sphère de plus de 66 mètres (200 pieds}
de diamètre; en sorte qu'une seule pompe ainsi
montée pourrait presque loujours sufhre pour étein-
dre un incendie naïssant, avec le secours seule-
ment de quelques personnes qui sachent diriger
convenablement le jet d'eau. Avec cet appareil, en
effet, il n'est plus besoin de seaux ni de tant de
moüde ; puisque l'eau arrive seule et en plus grande
quantité qu'avec le service de la chaine la mieux ot-
ganisée.
BIBLIOGRAPHIE.
ANTIQUITÉS de l'arrondissement de Castellanne
(Basses-Alpes), par Gras-Gourguet, A Digne, chez
Repos.
HISTOIRE civile, morale et monumentale de Pa-
ris depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
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Belin Leprieur, rue Pavée-StAndré, 3; et au comp-
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LEÇONS de métaphysique de Kant, publiées par
M. Pœlitz; précédées d'une introduction, ete. Tra-
duites de l'allemand par M. J. Tissot. A Paris, chez
Ladrange, quai des Augustins, 19.
NOTICES et Mémoires historiques; par M. Mi-
guet. A Paris, chez Paulin, rue de Seine, 33.
PENSÉES de Blaise Pascal , précédées. d’une No-
tice sur sa vie , par \me Périer, sa sœur. A Paris,
chez Charpentier, rue de Seine, 29.
PROJET de prison cellulaire pour 585 condam-
nés, précédé d'observations sur le système péni-
tentiaire; par G. Abel Blouet, A Paris, chez F. Di-
dot , rue Jacob, 56.
UN MOT sur le rafnage et la fabrication des su-
cres indigènes et exotiques, des procédés, appareil
et ustensiles employés dans les usines. Nouvelles
formes à sucre, ete., par L. Huard. A Paris, chez
l'auteur, faubourg Saint-Martin, 102-103.
CAUSERIE philosophique , morale et politique,
suivie d'observations sur le gouvernement repré-
sentatif ; par M. Grandin. À Paris, chez Amyot, rue
de la Paix, 6.
CONSIDERATIONS sur l’état-social de la Tur-
quie d'Europe; par Blanqui ainé. A Paris, chez W.
Coquebert , rue Jacob, 48.
PARIS,—IMP. DE LACOUR et MAISTRASSE fils,
rue Saint-Hyacinthe-S.-Michel, 33.
Er
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