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Full text of "Le Botaniste"

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iSO^M-lV 


JÎJENEWyORKBOTANICALaBp 


LE   BOTANISTE 


Série  XIV 


1921 


LE  BOTANISTE 


Directeur:   M.    P. -A-    DANGEARD 

MIOMUllK    1>E   l'iNSIIICT 

^Chargé    de  ^Coi-rs    de  ^otaniqije   a    i.a   Tirpi  ry  r^^c    Scifntfs  de    Paris 


SÉRIE    XIV 


Fascicii-fs     l-II 


.//////    1921 


SOMMAllU-: 
p. -A.  Danoeaum  :  Recherches  sur  rassimilnlioii  chloiophynieniie,  1"  partie. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  A  LA  SÉRIE  DE  SIX  FASCICULES 

30   francs 


DIHECTIOX  :   12,   rue    Ciivier,    PARIS 
LONDRES 

D  U  L  A  U     c^     C  " 

[Soho  Square,    o7 


1        '^' 


TABLE    DES   MATIERES 

DE  LA    SÉRIE  XIV    DU   BOTANISTE 


P. -A.  Dangbard.  —  Recherches  sur  l'assimilation  chlorophyllienne. 

Pages 
Introduction i-5 


CHAPITRE    PREMIER 

La  culture  des  Algues 5-24 

Milieux  nutritifs 9-12 

La  séparation  des  espèces i2-i5 

I.  Description  de  quelques  espèces i5 

i^Le  genre  Chlorella i5-22 

a"  Le  genre  Scenedesmus 22-24 

3°  Le  genre  Sticliococcus 24-25 

II.  Influence  du  milieu  de  culture  :  action  des  agents  extérieurs. ..  25-35 
lU.    Observations  générales  sur  quelques  milieux  de   culture  à  la 

lumière  et  à  l'obscurité 35 

A.  Première  expérience  :  culture  sur  carotte,  à  la  lumière  et  à 
l'obscurité 37-40 

B.  Deuxième  expérience  :  valeur  de  trois  milieux  nutritifs  diffé- 

rents; agar  nutrif  glucose,  liquide  Detmer-Grintzesco  glu- 
cose, liquide  Detmer-Chodat 4o-49 

C.  Troisième  expérience  conlirmant  et  complétant   les   précé- 

dentes    49*57 

IV.  La  culture  des  Algues  sur  milieux  solides  dans  ses  relations  avec 

la  lumière 57 

A.  Cultures  sur  agar  et  gélatine  à  l'eau  distillée 62-65 

B.  Cultures  sur  agar  à  2  %    +  liquide  minéral  G 65-66 

C.  Cultures  sur  agar  à  2 0/0  +  glucose  ài% 66-68 

V.  L'influence  du  Pénicillium  sur  les  cultures  de  Chlorella  vulgaris 

en  milieu  nutritif  glucose 68 

A  .  Première  expérience t  69-70 

B .  Deuxième  expérience 71-73 

VI.  L'influence  d'une  obscurité  prolongée  sur  la  vitatité  du  ScenC' 

desmus  acutus :73-87 

Cette  expérience  particulièrement  intéressante  coramen- 


cée  le  9  janvier  ujiS,  est  continuée  jusqu'à  ce  jour  dans  les 
mêmes  conditions. 
VII.   L'inlluence  des  Jiautes  températures  sur  les  cultures  de  Chlo- 

rella  mlgavis. ^'"9^ 


CHAPITRE    II 
Première   partie 

La  sensibilité  des  algues  inférieures  à  la  lumière 99-io5 

Propriétés   à  l'égard  de  la   radiation  d'une  algue  inférieure  cultivée 

dans  un  milieu  nutritif  dépourvu  de  carbone  organique..  loS-iog 
I.   La  végétation  du  Chlorella  vulgaris  dans  ses   rapports  avec  la 

lumière ï09 

A.  Première  expérience  :  cuve  à  parois  parallèles 112-114 

B.  Expériences  avec  tubes  cylindriques ii4-"9 

C.  Suite  des  expériences 119-125 

D.  Explicatiou  des  lignes  larallèles  se  produisant  dans  les  fla- 

cons cylindriques Ii5-i3i 


Deuxième  partie 

II.  La  sensibilité    des    Chlorella  et  des   Scenedesmus   à  la  lumière 

indiquée  par  le  dégagement  des  bulles  d'oxygène iSa-iSg 

Les  variations  de  l'assimilation  chlorophylienne 189 

Observations  de  juin  1914 •  139-148 

Série  1.  —  Observations  de  novembre  1914 i48-i58 

Série  II.  —  Observations  de  novembre  1914 168-162 

Série  III.  —  Observations  de  novembre  1914 I(i2-i70 

Série  IV.  —  Observations  de  novembre,  décembre  1914  et  janvier 

1915 170-175 

Série  V.  —  Expérience  avec  l'arc  électrique, 175-176 

Autres  observations  de  septembre  1914 176-179 

Expériences  avec  les  cultures  de  Spirogyra   magna  faites  en  sep- 
tembre 1^14 179  i85 

Variations  de  l'assimilation  chlorophyllienne  en  mars  1926 186-192 

Remarques  sur  l'influence  du  glucose  dans  des  cultures  de  Scenedes- 
mus à  l'air  libre 192-196 

Remarques  sur  les  variations  de  la  photosynthèse  aux  difl"érentes 

époques  de  l'année • 1 96-204 

Remarques  sur  l'activité  de  quelques  sources  de  lumière  artificielle 

dans  l'assimilation 204-207 

Remarques   sur  les  relations  de  la  photosynthèse   avec  l'intensité 

lumineuse 2o8-2i5 

Remarques  sur  la  production  de  courants    complexes    dans   l'eau 

d'un  grand  flacon  cylindrique  exposé  au  soleil 215-224 


BOT  A 


RECHERCHES 


SUR 


L'ASSÏMILVTlONClILOIIOriIYLLIENNE 


l'AU 


P.-A.    DANGEARD 


INTRODUCTION 

Les  recherches  qui  vont  suivre  ont  eu.  comme  point  de 
départ,  une  observation  qui,  en  elle-même,  ne  semblait  pré- 
senter qu'un  intérêt  de  pure  curiosité. 

Cette  observation  a  été  décrite  brièvement  dans  une  note 
préliminaire,  publiée  le  25  juin  1909,  sous  le  titre  suivant  : 
«  Note  sur  les  propriétés  photographiques  du  ChloreUa  vid- 
garis  »  (I).  Nous  allons  reproduire  celte  note  ///  extenso  ; 
il  est  toujours  intéressant  d'assister  à  la  genèse  d'une  idée 
nouvelle,  avant  d'en  trouver  la  confirmation  dans  les  expé- 
riences nombreuses  qu'elle  a  provoquées  et  qui  montrent  sa 
fécondité. 

«  Nous  présentons  dans  cette  Note  les  résultats  d'une 
expérience  intéressante  réalisée  dans  notre  laboratoire  par 
une  Algue  minuscule.  Cette  Algue  a  dessiné,  en  se  dévelop- 
pant sur  les  parois  d'un  grand  flacon  de  verre,  de  forme  cy- 
lindrique et  renfermant  du  liquide deKnop,  des  lignes  d'une 
finesse,  d'une  régularité  et  d'une  perfection  telles  qu'on  les 
supposerait    tracées  par  un    dessinateur  expérimenté  (pi. 

(1)  P.-A.  Dangeard  :  Bulletin  Société  Bot.  de  France,  1909. 


Z  p. -A.  DANGEARD 

VI,  fig.  1).  Ceci  est  l'observation  en  elle-même  :  nous  allons 
essayer  maintenant  de  l'interpréter  et  de  l'analyser  pendant 
que  les  traces  matérielles  n'en  sont  pas  encore  effacées. 

«  L'Algue  qui  a  produit  ce  curieux  dessin  appartient  au 
genre  Clilorello  (1)  ;  elle  est  voisine  sinon  identique  à  la 
Zoochlorelle  qui  colore  en  vert  certains  animaux  inférieurs. 
Ses  dimensions  sont  de  3  à  4  /j,  ;  elle  se  reproduit  par  des 
cellules  immobiles  formées  au  nombre  de  4,  8  ou  16  dans 
chaque  cellule  mère  (2).  Cette  Algue,  en  se  développant 
dans  un  tube  d'agar-agar  rendu  nutritif,  produit  des  arbo- 
rescences de  couleur  verte  et  d'aspect  très  irrégulier.  Que 
faut-il  pour  imprimer  à  ces  figures  produites  par  la  muiti 
plication  de  l'Algue  le  caractère  de  régularité,  tel  que  nous 
l'observons  dans  la  première  expérience  ? 

«  On  sait  que  les  zoospores  d'Algues  vertes  présentent  une 
grande  sensibilité  vis-à-vis  de  la  lumière.  Si  dans  un  flacon 
enduit  de  noir  de  fumée,  sauf  à  l'endroit  d'une  lettre  de 
l'alphabet  par  exemple,  on  introduit  une  eau  renfermant  des 
Chlamydomonas,  les  zoospores  viennent  se  fixer  à  l'endroit 
éclairé,  de  telle  sorte  que  la  lettre  se  trouve  dessinée  en  vert. 
Si,  d'autre  part,  on  soumet  à  l'action  des  rayons  lumineux 
des  zoospores  à'Ulothrix,  on  constate  que  les  unes  se  dirigent 
du  côté  de  la  lumière,  alors  que  les  autres  s'en  éloignent  : 
elles  se  distinguent  ainsi  en  zoospores  photophiles  et  en 
zoospores  photophobes. 

«  Les  zoospores  d'Algues  sont  donc  sensibles  aux  radia- 
tions lumineuses  et  à  leur  intensité. 

((  Il  est  assez  naturel  de  supposer  que  le  Chlorella  vulgaris, 
habitué  à  vivre  dans  la  profondeur  des  tissus  animaux  ou  au 
fond  de  l'eau,  recherche  pour  se  développer  en  plus  grande 

(1)  Beyrinck  :  Culturu.    mit.   Zoochlorellen...   (Bot.  Zeit.,  1890,  p.  725) 
Radais  :  Sur   la  culture  pure  d'une  Algue  verte,  formation  de  chlorophylle  à 
l'obscurité  (Comptes  rendus   Acad.  Se,  mars  1900). 

(2)  Dangeard  (P. -A.)  :  Les  Zoochlorelles  du  Paramœcium    Bursaria   (Le 
Botaniste,  7^  série,  1900,  p.  183j. 


INTRODUCTION  3 

abondance  les  points  où  l'intensité  lumineuse  est  plus  faible 
ou  lui  convient  ;  s'il  en  était  ainsi,  on  pourrait  s'expliquer 
qu'il  colore  ces  points  en  vert,  en  les  photographiant  pour 
ainsi  dire. 

li  Nous  avons  photographié  (fig.  2)  les  lignes  sombres  qui 
se  projettent  sur  une  glace  opaque  derrière  le  flacon  de  cul- 
ture et  qui  sont  dues  aux  barreaux  des  fenêtres  du  labora- 
toire. 

((  Il  existe  entre  le  dessin  reproduit  par  l'Algue  et  cette  pho- 
tographie une  certaine  concordance  ;  si  notre  hypothèse  de 
tout  à  l'heure  était  exacte,  le  Chlorella  se  serait  développé 
suivant  les  lignes  sombres  indiquées  par  la  photographie.  La 
différence  entre  les  deux  clichés,  celui  de  l'Algue  et  celui  de 
l'appareil  photographique,  s'expliquerait  par  le  fait  qu'ils 
n'ont  pas  été  pris  au  même  endroit,  le  flacon  de  culture  ayant 
dû  être  déplacé  pour  rendre  possible  cette  photographie. 

«  La  question  semble  d'ailleurs  assez  complexe,  car  les 
rayons  lumineux  peuvent  se  trouver  décomposés  en  traver- 
sant l'eau  du  flacon,  et  il  est  probable  que  l'Algue  est  sen- 
sible non  seulement  à  l'intensité  lumineuse,  mais  aussi  à  la 
nature  même  des  rayons. 

((  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  possédons  avec  le  Chlorella  vul- 
garis  une  Algue  extrêmement  sensible  aux  conditions  du 
milieu  :  aussi  avons-nous  pensé  à  l'utiliser  pour  la  solution 
d'un  problème  important  de  physiologie  végétale. 

((  Lorsqu'on  analyse  au  spectroscope  la  lumière  qui  a  tra- 
versé une  solution  de  chlorophylle,  on  constate  qu'un  cer- 
tain nombre  de  rayons  ont  été  absorbés  par  la  chlorophylle  : 
on  admet  que  c'est  seulement  à  l'endroit  de  ces  bandes 
d'absorption  que  se  produisent  la  fixation  du  carbone  et  le 
dégagement  d'oxygène  qui  caractérisent  la  fonction  chloro- 
phyllienne. 

((  A  priori,  on  peut  supposer  que  si  nous  projetons  au 
moyen  d'un  prisme  les  divers  rayons  du  spectre  sur  la  cuve 
de  culture  renfermant  le  Chlorella  vulgaris,    celui-ci  ne  se 


4  P.-A.  DANGEARD 

développera  que  derrière  les  rayons  qui  correspondent  aux 
bandes  d'absorption,  c'est-à-dire  aux  seuls  endroits  où  il 
peut  effectuer  sa  nutrition  holophytique  et  prendre  le  car- 
bone qui  lui  est  nécessaire  (1). 

((  Tel  est  le  principe  d'une  nouvelle  méthode  qui  pour- 
rait donner  des  résultats  bien  supérieurs  à  la  méthode 
des  Bactéries  d'Engelmann,  si  le  Clilorella,  grâce  a  sa 
sensibilité  spéciale,  marquait  ainsi,  par  un  développe- 
ment plus  abondant,  chaque  bande  d'absorption  de  la  chlo- 
rophylle. 

Nous  tiendrons  la  Société  au  courant  des  résultats  des 
diverses  expériences  en  cours  d'observation  dans  notre  La- 
boratoire. » 

Cette  note  préliminaire  indique  brièvement  le  fait  en  lui- 
même  :;  elle  donne  une  tentative  d'explication  du  dessin  en 
question  sous  forme  d'hypothèse  à  vérifier  par  la  suite  :  enfin, 
elle  fait  entrevoir  la  possibilité  d'utiliser  les  propriétés  de 
cette  Algue  pour  étudier  le  rôle  des  radiations  dans  la  syn- 
thèse chlorophyllienne. 

Cette  idée  de  faire  dessiner  les  bandes  d'absorption  de  la 
chlorophylle  par  une  Algue  était  bien  séduisante  et  toute 
nouvelle  ;  elle  promettait  d'être  fertile  en  conséquences  im- 
portantes au  point  de  vue  de  la  nutrition  des  plantes  vertes  ; 
mais  pour  arrivera  la  faire  passer  dans  le  domaine  de  l'expé- 
rience, bien  des  difficultés  restaient  à  surmonter. 

lia  fallu  d'abord  s'attacher  à  bien  connaître  la  structure, 
le  développement,  les  propriétés  des  Chlorelles  et  des  autres 
Algues  inférieures  susceptibles  d'être  utilisées  dans  ces 
expériences. 

D'un  autre  côté,  il  était  nécessaire  d'établir  ou  de  faire 
construire  des  dispositifs  nouveaux,  en  vue  de  fixer  le  degré 
de  sensibilité  de  ces  Algues,  en  face  de  la  radiation  totale, 
dans  des  conditions  d'intensité  variable. 

(1)  Le  liquide  de  Knop  est  une  solution  nutritive  entièrement  minérale. 


INTRODUCTION  5 

Il  restait  entin  à  dégager  l'action  des  diverses  radia- 
tions du  spectre  dans  iassimilalion  chlorophyllienne,  en 
employant,  soit  une  série  d'écrans,  soit  de  préférence  des 
spectrographes,  construits  spécialement  en  vue  de  ces 
recherches. 

Cette  dernière  partie  devait,  selon  nos  prévisions,  fournir 
pour  la  première  fois  des  documents  probants,  irréfutables 
sur  l'action  de  la  radiation  dans  la  photosynthèse  et  permettre 
d'écarter  définitivement  quantité  d'idées  et  de  théories  qui 
cherchaient  à  s'imposer  depuis  longtemps  comme  résultats 
classiques. 


CHAPITRE  PREMIER 


LA    CULTURE  DES  ALGUES. 


Lesanciens  algologuesse  contentaient  en  général  d'étudier 
les  Algues,  dans  leurs  stations  naturelles  ;  tout  au  plus  cher- 
chaient-ils à  conserver  ces  Algues  au  laboratoire,  pendant 
le  temps  nécessaire  à  l'observation  des  diverses  phases  du 
développement.  Plusieurs  espèces  se  trouvaient  ordinaire- 
ment mélangées  dans  ces  cultures  ;  mais  sauf  pour  certaines 
espèces  litigieuses,  la  chose  ne  présentait  aucun  inconvé- 
nient sérieux  :  l'usage  de  plus  en  plus  répandu  des  chambres 
humides  qui  permettent  de  suivre  pendant  plusieurs  jours, 
et  parfois  pendant  plusieurs  mois,  l'évolution  d'une  Algue  et 
^le  ses  organes  reproducteurs  atténuait  sensiblement  le  dan- 
ger d'une  confusion  toujours  possible  entre  organes  d'espèces 
différentes. 

Beaucoup  d'Algues  inférieures  ont  été  étudiées  à  tous  les 
stades  de  leur  vie  par  cette  méthode  :  il  suffit  de  citer  à  cet 
égard  les  mémoires  de  Gienkowski,  de  Pringsheim,  de 
Goroschankin,  de  Dill  et  les  nôtres. 

Mais  certaines  espèces,  suivant  la  station  et  le  milieu,  ou 
encore  sous  l'influence  de  causes  mal  déterminées,  se  pré- 
sentent avec  des  dimensions  et  des  formes  variables  :  quel- 
ques auteurs  voyaient  dans  ces  différences  l'indication  d'une 
transformation  des  espèces  les  unes  dans  les  autres  ;  d'autres 
niaient  l'existence  de  ces  formes  différentes  d'une  même 
espèce. 


LA    CULTURE   DES    ALGUES  7 

En  réalité,  les  Algues  ne  diffèrent  pas  à  cet  égard  des 
autres  êtres  vivants  :  on  y  rencontrera  peut-être,  comme  chez 
les  plantes  phanérogames,  des  cas  de  «  mutation  »  au  sens 
de  de  Vries,  mais  les  exemples  de  «  pléomorphisme  »  en- 
visagés ne  semblent  répondre  jusqu'ici  qu'à  des  aspects  ou 
à  des  stades  différents  d'une  même  plante. 

La  démonstration,  dans  les  conditions  ordinaires  d'obser- 
vation, était  difficile  et  parfois  impossible  :  aussi  a-t-on 
accueilli  avec  faveur  la  méthode  des  cultures  pures  appliquée 
à  l'étude  des  Algues  pour  la  première  fois  par  Beyerinck 
(1890). 

Cette  méthode  des  cultures  pures  était  employée  depuis 
longtemps  déjà  en  Bactériologie  :  on  l'utilisait  également 
avec  succès  pour  déterminer  le  cycle  du  développement  des 
Champignons  et  pour  distinguer  les  espèces  voisines  de 
Levures. 

La  culture  d'une  Bactérie  ou  d'un  champignon  sur  mi- 
lieux nutritifs  réussit  ordinairement  très  bien,  car  ces  êtres 
sont  saprophytes  et  empruntent,  comme  dans  la  nature,  tous 
leurs  éléments  au  substratum. 

Il  en  est  différemment  des  Algues  qui,  dans  les  conditions 
ordinaires  de  végétation,  empruntent  leur  carbone  au  gaz 
carbonique  :  or,  si  l'assimilation  chlorophyllienne  leur  permet 
de  récupérer  le  carbone  qu'elles  perdent  par  la  respiration, 
le  gain  en  carbone  nécessaire  au  développement  de  la  plante 
doit  être  emprunté  à  l'atmosphère  de  la  culture,  s'il  s'agit 
d'un  milieu  nutritif  solide,  ou  au  gaz  carbonique  dissous 
dans  l'eau,  s'il  s'agit  d'un  milieu  nutritif  liquide 

Maintenir  dans  le  liquide  de  culture  une  proportion  de 
CO-  favorable  à  l'assimilation  chlorophyllienne,  tenir  d'autre 
part  ce  liquide  suffisamment  aéré  pour  que  la  respiration 
puisse  s'effectuer  normalement  est  un  problème  qui  pré- 
sente certaines  difficultés,  lorsqu'il  s'agit  d'une  culture 
pure  ;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  la  méthode  compte 
de  nombreux  insuccès  et  n'a  été  appliquée    jusqu'ici  qu'à 


«  p.  A.  DANGEARD 

un  nombre   assez  restreint  d'espèces,  comprises   presque 
toutes  parmi  les  Algues  inférieures. 

La  réussite  pour  ces  dernières  est  due  en  grande  partie  à 
la  propriété  qu'elles  ont  de  pouvoir  emprunter  directement 
tout  ou  partie  de  leur  carbone  à  des  sucres  et  en  particulier 
au  glucose  qu'on  introduit  dansle  milieu  nutritif  :  ces  Algues 
se  comportent  donc,  si  cela  est  nécessaire,  comme  de  véri- 
tables saprophytes,  tout  en  continuant  à  posséder  de  la 
chlorophylle. 

On  conçoit  d'ailleurs  que  ce  changement  dans  le  mode  de 
vie  de  ces  Algues  ait  une  répercussion  plus  ou  moins  grande 
sur  la  forme  et  la  dimension  des  cellules,  et  puisse  égale- 
ment produire  des  modifications  dans  le  développement  : 
la  portée  des  conclusions  que  l'on  peut  tirer  de  ces  cultures 
se  trouve  ainsi  singulièrement  diminuée,  si  l'on  se  contente 
de  vouloir  établir  le  cycle  normal  et  la  manière  d'être  ordi- 
naire d'une  espèce. 

Dans  ce  cas,  pour  se  rapprocher  autant  que  possible  des 
conditions  de  végétation  de  la  plupart  des  Algues  dans  la 
nature,  il  est  nécessaire  d'éliminer  le  carbone  organique 
des  cultures. 

En  résumé,  dans  les  cultures  d'Algues,  on  peut  d'une  part, 
en  employant  des  milieux  riches  en  hydrates  de  carbone, 
exalter  la  nutrition  saprophytique  de  ces  êtres  et  rendre  inu- 
tile l'assimilation  chlorophyllienne  ;  d'autre  part,  en  suppri- 
mant ces  mômes  hydrates  de  carbone,  on  amène  la  plante 
à  n'utiliser  que  la  fonction  chloroplujUienne  exclusivement. 

Cette  7iotion  est  fondamentale  dajis  les  recherches  et  observa- 
tions qui  vont  suivre  sur  les  phénomènes  de  photosynthèse  étu- 
diés dans  ce  Mémoire . 

Examinons  d'abord  comment  on  obtient  une  culture  pure 
d'Algue. 

Les  procédés  ne  diffèrent  pas  de  ceux  qui  sont  employés 
pour  isoler  une  Bactérie  ou  une  Levure  ;  on  se  sert  de  la 
méthode  des  dilutions  ou  des  cultures  fractionnées. 


LA  (;ri;nj{E  dks  algues  9 

Milieux  mitnlifs.  —  Les  milieux  nutritifs  peuvent  être 
liquides  ou  solides.  Parmi  les  milieux  liquides,  nous  citerons 
ceux  qui  sont  le  plus  fréquemment  employés  : 

Liquide  de  knop. 

Eau  distillée 1.000  grammes 

Nitrate  de  calcium 1         — 

.Nitrate  de  potassium.      ...  0  gr.  !25 

Phosphate  acide  de  potassium.  0  gr.  23 

Sulfate  de   magnésie.     ...  0  gr.  25 

Phosphate  de   fer traces. 

Liquide   Charpentier. 

Eau .  1.000  grammes 

Sulfate  de  magnésie.     ...  1         — 

Phosphate  bipotassique.     .     .  2         — 

Nitrate  de  potassium.     ...  2         — 

Nitrate  de  calcium 0  gr.  05 

Sulfate  ferreux traces. 

A  ce  milieu,  l'auteur  ajoute  10  grammes  de  glucose  ;  la 
réaction  est  neutre  à  la  phtaléine  et  à  l'orangé,  légèrement 
alcaline  à  l'alizarine  sulfoconjuguée  :  le  chauffage  à  120° 
précipite  une  partie  des  sels  dissous,  notamment  du  fer  et 
du  calcium  :  il  en  reste  cependant  assez  pour  la  plante,  car 
le  sucre  empêche  la  précipitation  totale. 

Liq u ide   de    Mo lisch. 


Eau.         . 

I.OUO  grammes 

Nitrate  de  potnssium.     .     . 

0  gr.  2 

Phosphate  de    calcium 

0  gr.  2 

Sulfate  de   magnésie.     .     . 

0  gr.  2 

Sulfate    de    calcium.     .     . 

0  gr.  2 

Sulfate  de   fer 

traces. 

Ce  milieu  est  rendu  neutre  par  du  carbonate  de  calcium. 


10 


p. -A.  DANGEARD 


Liquide    Bouilhac 

Eau    distillée.       .     . 
Sulfate  de  potassium.     . 
Sulfate  de  magnésie.     . 
Phosphate     de   potassium, 
Carbonate    de    calcium. 
Perchlorure   de  fer. 


1.000  grammes 
0  gr.  2 
0  gr.  2 
0  gr.  2 
0  gr.  2 
traces. 


On  remarque,  dans  ce  liquide,  l'absence  d'azote  \  il  était 
employé,  par  l'auteur,  à  la  culture  d'un  A'o.s/oc,  accompagné 
de  Bactéries  fixatrices  d'azote  :  en  ajoutant  du  glucose  à  ce 
milieu  nutritif,  le  Nostoc  se  développait  à  l'obscurité. 

Le  professeur  Detmer  utilise  la  formule  suivante  : 

Liquide    Detmer. 

Eau   distillée 1.000  grammes 

Nitrate  de  calcium,     ....  1         — 


Chlorure  de   potassium. 
Sulfate  de   magnésie. 
Phosphate  de  potassium. 


0  gr.  25 
0  gr.  25 
0  gr.  25 


Le  professeur  Ghodat  utilise  cette  solution  diluée 
(1/3  D  +  2/3  Eau)  et  additionnée  de  chlorure  ferrique 
Fe.Cle  à  raison  de  l/'JO  par  mille.  Sans  cette  addition  la 
croissance  est  excessivement  lente. 

Grintzesco  a  légèrement  modifié  les  proportions  de  la  for 
mule  précédente  :  ^ 


Eau  distillée.     .     .     . 
Nitrate  de  calcium.     . 
Chlorure  de   potassium 
Sulfate  de   magnésie. 
Phosphate  de  potassium 
Sesquichlorure  de  fer. 


L'auteur  a  employé  ce  liquide,  en  le  mélangeant,  en  pro- 
portions variables,  avec  de  l'eau  distillée  :  l'addition  de 
glucose  active  le  développement. 


000 

grammes 

0 

gr. 

5 

0* 

gr. 

5 

0 

gr. 

5 

0 

gr- 

5 

traces. 

LA    CULTURE    DES    ALGUES  11 

Detmer  recommande  encore  comme  milieu  nutritif  miné- 
ral celui  de    V.  D.  Crone. 

Liquide  V.  D.  Crone. 

Eau    distillée 1.000  grammes 

Nitrate  de  potassium.     ...  1         — 

Sulfate  de  calcium 0  gr.  5 

Sulfate   de  magnésie.     ...  0  gr.  5 

Phosphate  tricalcique.     ...  0  gr.  23 

Phosphate  ferreux 0  gr.  25 

On  pourrait  encore  citer  beaucoup  d'autresmilieux  nutri- 
tifs minéraux  (1)  ;  la  concentration  saline  a  une  très  grande 
influence  sur  l'activité  du  développement  dans  les  cultures  ; 
cette  action  a  été  miseen  évidence,  au  moyen  d'expériences 
précises  et  nombreuses,  par  Kufferath,  dans  des  cultures  de 
Chlorella  luteo-viridia.  Nous  avons  plus  spécialement  utilisé, 
au  cours  de  ce  travail,  le  liquide  de  Knop  et  celui  de  Det- 
mer; en  ce  qui  concerne  ce  dernier,  nous  avons  souvent  em- 
ployé les  proportions  indiquées  par  Grintzesco. 

Les  milieux  solides  les  plus  divers  ont  été  employés  avec 
succès  dans  la  culture  des  .\lgues  inférieures  :  tranches  de 
carotte,  de  navet,  de  potiron,  de  pommes  de  terre,  etc.  :  mais 
on  préfère  en  général,  pour  les  expériences,  des  milieux 
rendus  solides  par  addition  d'agar-agar  oude  gélatine  :  l'agar 
ou  gélose  est  la  substance  la  plus  employée  parce  qu'elle 
supporte  des  températures  bien  supérieures  à  celles  où  la 
gélatine  se  liquéfie. 

On  ajoutera,  pour  avoir  de  bons  milieux  solides,  une 
vingtaine  de  grammes  de  gélose  aux  proportions  indiquées 
des  divers  liquides  nutritifs:  celui  de  Grintzesco  est  parti- 
culièrement à  recommander,  comme  ayant  fait  ses  preuves. 


(1)  Kufferath  :  Contribution  à  la  physiologie  d'une  Protococcacée  nouvelle 
Chlorella  luteo-viridis  Chodat  (Recueil  de  l'Institut  Botanique  Léo  Errera, 
t.  IX,  extrait). 


12  P. -A.  DANGEARD 

S'il  s'agit  d'obtenir  des  cultures  à  l'obscurité,  on 
ajoutera  1  ou  2  0/0  de  glucose  à  l'agar  ou  à  la  gélatine. 

Une  fois  en  possession  de  milieux  nutritifs  liquides  et  so- 
lides, on  procède  à  la  recherche  et  à  \a  séparation  des  espèces. 

Recherche  des  espèces.  —  La  recherche  des  espèces  dépend  du 
point  de  vue  où  on  se  place,  et  du  groupe  que  l'on  veut  étu- 
dier ;  la  terre  humide,  l'écorce  des  troncs  d'arbre,  l'eau  des 
fossés  et  des  étangs,  les  bassins  d'arrosage  dans  les  jardins 
publics,  fourniront  de  nombreuses  espèces;  parmi  celles-ci, 
il  en  est  beaucoup  qui  sont  mobiles  ou  se  reproduisent  par 
zoospores  :  il  faudra  veiller  à  ne  pas  les  utiliser  dans  les 
expériences  de  croissance  en  face  d'un  spectre  ;  en  effet, 
comme  ces  zoospores  sont  phototactiques  et  viennent  se 
fixer  dans  la  région  bleue  et  violette  du  spectre,  on  pour- 
rait être  amené  à  croire  que  cette  région  a  une  action  mar- 
quée sur  le  développement  de  l'Algue  et  la  photosynthèse  : 
toutefois,  des  expériences  comparatives  pourront  être  faites, 
à  condition  de  prendre  certaines  précautions. 

Il  faut  donc  employer  tout  d'abord,  pour  des  recherches 
du  genre  de  celles  qui  vont  suivre,  des  espèces  se  reprodui- 
sant par  des  spores  immobiles,  ou  se  multipliant  par  simple 
bipartition. 

Séparation  des  espèces .  —  L3i  séparation  des  espèces  se  fait, 
comme  pour  les  Bactéries  et  les  Levures,  par  la  méthode 
des  dilutions  ou  des  cultures  fractionnées  (1). 

On  peut  procéder  comme  il  suit:  Soit  une  goutte  d'eau 
prélevée  dans  un  liquide  où  se  trouve  le  mélange  d'Algues  à 
séparer;  on  compte  sous  le  microscope,  approximativement, 
le  nombre  de  cellules  qui  se  trouvent  dans  cette  goutte 
d'eau,  soit  10  environ  ;  on  étend,  s'il  est  nécessaire,  le 
liquide  de  culture  d'eau  stérilisée,  pour  obtenir  cette  pro- 
portion de  germes  ou  une  proportion  plus  faible. 


(1)  Consulter  Chodat  :  Etude   critique  et   expérimentale  sur  le  Polymor- 
phisme des  Algues,  Genève,  1909,  p.  40. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  13 

On  prépare  alors  vingt  flacons  Erlenmeyer,  contenant  du 
Knop  ou  un  autre  milieu  nutritif. 

Une  goutte  d'eau  semblable  à  la  précédente  comme  di- 
mension est  introduite  dans  un  flacon  contenant  20  centi- 
mètres cubes  d'eau  stérilisée,  et  ces  20  centimètres  cubes 
sont  répartis,  après  agitation  du  liquide,  dans  les  20  fla- 
cons Erlenmeyer  ;  il  y  a  donc  eu  une  dizaine  de  germes 
répartis  au  hasard,  de  telle  sorte  qu'on  a  les  plus  grandes 
chances  d'avoir  un  certain  nombre  de  flacons  ensemencés 
avec  une  seule  cellule. 

Il  est  souvent  plus  commode  de  procéder  autrement,  tout 
au  moins  pour  isoler  les  espèces  les  plus  banales. 

On  passe  à  l'autoclave  une  vingtaine  de  boîtes  de  Piétri, 
contenant  un  milieu  nutritif  à  la  gélose  ou  à  la  gélatine. 

Après  avoir  retiré  ces  boîtes,  on  surveille  le  refroidis- 
sement, et  au  moment  où  la  solidification  commence,  on 
ensemence  avec  une  goutte  d'eau  contenant  une  proportion 
variable  de  germes  ou  d'espèces  différentes,  selon  les  cir- 
constances ;  cela  fait,  on  agite  la  boîte,  de  façon  à  dissé- 
miner le  plus  possible  ces  germes  ;  ces  germes,  s'ils  sont 
suffisamment  éloignés  lesuns  des  autres,  constitueront  autfuit 
de  colonies  di/l'érentcs  qu\  se  montreront  plus  ou  moins  vite, 
selon  l'espèce. 

On  arrive  ainsi  à  obtenir  des  colonies  d'espèces  différentes 
qui  seront  le  point  de  départ  de  cultures  pures. 

Les  ensemencements  se  font  à  l'aide  d'un  fil  de  platine 
stérilisé  à  la  flamme,  comme  pour  les  cultures  de  Bacté- 
ries ;  on  se  sert  de  pipettes  en  verre  stérilisées  pour  le 
transport  des  gouttes  d'eau  d'un  milieu  nutritif  dans  un 
autre. 

Chodat,  qui  s'est  beaucoup  occupé  de  la  culture  des 
Algues,  indique  un  procédé  rapide  pour  obtenir  les  espèces 
sensibles  au  changement  de  milieu  et  dont  le  développement 
nécessite  un  accès  de  l'air  suffisant. 

On  prend  de  larges  boîtes  de  Piétri  ;  à  l'intérieur  de  cha- 


14  p.  A.  DANGEARD 

cune  d'elles,  on  dispose  une  plaque  de  porcelaine  dégour- 
die, préalablement  stérilisée  ;  toutes  ces  boîtes  sont  passées 
au  four  à  air  chaud  à  150°.  D'autre  part,  on  stérilise  à  l'au- 
toclave du  liquide  nutritif.  Lorsque  le  tout  est  suffisamment 
refroidi,  on  introduit  le  liquide  nutritif  dans  la  boîte  de 
Piétri,  de  façon  à  baigner  la  base  de  la  plaque  poreuse  ; 
celle-ci  s'imprègne  d'humidité. 

On  ensemence  alors  la  plaque,  en  y  étalant  une  ou  plu- 
sieurs gouttes  des  dilutions  contenant  le  mélange  d'Algues 
dont  on  veut  effectuer  le  triage. 

La  liste  serait  déjà  longue  des  espèces  qu'on  a  pu  isoler 
et  cultiver  ensuite  à  l'état  de  pureté  ;  nous  nous  bornerons 
à  en  citer  quelques-unes  que  Chodat  et  Gerneck  ont  parti- 
culièrement étudiées. 

Ce  sont  :  Pleurococcus  Naegelii  et  PL  vulgaris,  Schizogo- 
nium  radicans,  Heterococcus  viridts,  Microthamnium  Kutzin- 
gianum,  Scenedesmus  acutus,  Raphidium  Braunii,  Scenedcs- 
mus  qiiadricauda,  plusieurs  espèces  de  Stichococcus,  Cocco- 
mijxa  Solorinae,  Coclastrum  microporum,  diverses  espèces 
de  Chlorella,  Palmellococcus  pj^oiothecoides  et  P.  variegatus, 
Oocystis  Naegelii^  Pleurocapsa  salet^ensis  (1),  etc. 

D'autres  espèces  ont  été  suivies  en  culture  par  Gerneck  : 
nous  citerons  seulement  :  Diclyococcus  varians,  Cystococcus 
lmmicolaet\'dV\éiés;  Clilorococcum  infusionum.,  Ophiocytiwn 
cochleare  et  0.  brève,  Gloeocystis  vesiculosa,  G.  ampla, 
G.  major,  Conferva  genuina,  C.  minor,  Stigeoclonium  pusil- 
him,eiG.  (2). 

Le  choix  des  espèces.  —  Parmi  ces  espèces,  celles  qui 
paraissent  convenir  le  mieux  à  l'étude  des  phénomènes  d'as- 
similation chlorophyllienne  sont  les  diverses  espèces  et 
variétés  de  Chlorella,    les    diverses  espèces  et  variétés  de 


{\)  Chodat  :  Etude  critique  et  expérimentale  sur  le  Polymorphisme  des 
Algues.  Genève,  1909. 

(2)  fierneck  :  Zur  Kenntnis  der  niederen  Chlorophyceen  (Bet.  Centralblatt, 
1907,  t.  XXI  ;   II,  p.  221). 


LA    CULT['nE    DES    ALGUES  15 

Scp.nedesmm  dont  le  développement  est  très  rapide  et  dont 
la  sensibilité  à  la  lumière  est,  comme  nous  le  montrons  plus 
loin,  excessivement  remarquable.  On  peut  y  joindre  les 
nombreuses  formes  de  S  tic  lioco  cens  qui  présentent  les  mêmes 
avantages.  Aucune  de  ces  algues  ne  fournit  de  zoospores, 
au  cours  du  développement  :  il  n'y  a  donc  pas  à  craindre 
d'erreur  provenant  du  phototactisme. 

Nous  allons  tout  d'abord  donner  une  brève  description  de 
ces  Algues,  en  y  joignant  nos  observations  personnelles. 

L    -  DESCRIPTION   DE    QUELQUES    ESPÈCES. 

Les  espèces  dont  la  description  va  suivre  sont  celles  qu'on 
peut  employer  de  préférence  pour  l'étude  de  l'assimilation 
chlorophyllienne. 

1°  Genre  Chloj^ella. 

Le  genre  Chlore  lia  a  été  constitué  par  Beyerinck  en  1890: 
son  travail  a  été  le  point  de  départ  d'un  grand  nombre  de 
travaux,  dont  on  trouvera  l'indication  dans  les  mémoires  de 
Grintzesco,  de  Ghodat  et  de  Kufferath  :  le  mémoire  de  Cho- 
dat  est  le  vade  mecum  de  tout  algologue  qui  s'occupe  de  la 
culture  des    Algues  (1). 

Les  Clilorella  sont  des  Algues  dont  les  cellules  sont  arron- 
dies, sphériques,  ou  légèrement  allongées  :  leur  taille  ne 
dépasse  guère  une  dizaine  de  p.  et,  fréquemment,  elle  est 
beaucoup  plus  faible  ;  la  multiplication  se  fait  par  une  divi- 
sion du  contenu  cellulaire  en  deux,  quatre,  huit  spores  ou 
même  davantage  :  la  sortie  des  spores  a  lieu  par  rupture  de 
la  membrane  de  la  cellule  mère  que  l'on  peut  considérer 
comme  un  sporange  ;  ces  spores  ne  sont  jamais  mobiles. 

Ghodat  a  fait  une  distinction  entre  les  espèces  qui  possè- 
dent un   pyrénoïde  dans   leur  chromatophore  et  celles   qui 

(1)  Chodat  :  Monographies  d  Algues  en  culture  pure,  p.  84.    Berne,    1913. 


16  P -A.  DANGEARD 

en  sont  dépourvues  :  les  premières  seules  sont  conservées 
dans  le  genre  C/dorella  :  les  autres  sont  rangées  dans  le 
genre  Palmellococcus  Chodat. 

Les  espèces  de  Chlorclla^  obtenues  en  culture  pure  par 
Chodat,  sont  assez  nombreuses  :  Ch.  vul(jaris,Cli.  lichina,  Ch. 
lacmtri^,  Ch.  riibescois,  Ch.  coclasù'oide^,  Ch.  viscosa,  Ch. 
luteo-viridis,    Ch.   Cladoniac. 

Le  genre  Palmellococcus,  d"autre  part,  renferme  les  es- 
pèces suivantes;  P.  .sî/m/y<o/?"cu.s',  P.  saccharophilus,  P.  pro- 
tothccoidcs,  P.  variegatus. 

Il  est  bon  de  remarquer  que  les  Chlorclki  perdent  souvent 
plus  ou  moins  dans  les  cultures  leur  pyrénoïde,  soit  que 
celui-ci  disparaisse  complètement  à  l'observation  pour  se  for- 
mer de  novo  ensuite,  soit  qu'il  devienne  seulement  indistinct. 

Toutes  ces  espèces  peuvent  servir  avantageusement  aux 
expériences  sur  l'assimilation  chlorophyllienne,  puisriue  leur 
multiplication  est  en  cjénéral  1res  rapide  et  qu'elles  n'ont  pas  de 
zoospores  faisant  intervenir  le  phototactisme  :  mais  dans  la 
pratique,  c'est  l'espèce  Chlorella  vulgaris,  étudiée  par  Beye- 
rinck,  qui  sera  le  plus  souvent  employée. 

Grintzesco,  dans  la  monographie  qu'il  a  consacrée  au  C/i/o- 
rella  vulgaris,  a  donné  de  cette  Algue,  de  sa  structure  et  de 
son  développement  une  description  très  complète  (1)  ;  cette 
description  établit  une  base  solide  pour  noter  les  différences 
que  chaque  observateur  peut  observer  dans  ses  propres  cul- 
tures. 

La  plupart  de  nos  expériences  ayant  eu  lieu  en  utilisant 
le  Chlorella  vulgaris,  nous  pensons  qu'il  est  utile  de  résu- 
mer ici  le  développement  de  cette  Algue. 

Le  Chlorella  vulgaris  Bey. 
Cette  petite  Algue,  à  l'état  de  liberté,  se   trouve  dans  les 

(1)  Grintzesco  :  Recherches  sur  la  morphologie  et  la  physiologie   du  Chlo- 
rella vulgaris  (Revue  générale  de  Botanique,  XV,  1903,  I). 


LA    CI  l/nUK    lJi:s   ALGUES  17 

étangs,  les  fossés  ;  elle  se  moiilre  aussi  spontanément  clans 
les  flacons  où  l'on  conserve  de  l'eau  ordinaire  ou  même  de 
l'eau  distillée,  à  la  lumière,  ce  qui  montre  bien  quesesexi- 
gencessont  très  faibles  vis-à-vis  du  milieu  extérieur. 

Les  cellules  sont  arrondies  ou  légèrement  ovales:  leur 
diamètre  varie  entre  3  et  6  a;  mais  il  nous  a  été  donné, 
comme  à  ceux  qui  ont  étudié  cette  espèce,  d'observer  des 
cellules  géantes  ayant  jusqu'à  12  y.  et  davantage  et  aussi 
des  cellules  ayant  un  diamètre  de  2  u.  à  peine  :  celles-ci  sont 
tellement  légères  qu'elles  restent  fréquemment  en  suspension 
dans  le  liquide. 

La  membrane,  selon  (jrintzesco,  est  de  nature  pectique, 
dans  sa  portion  externe  qui  fixe  fortement  le  bleu  de  méthy- 
lène et  la  vésuvine:  le  ciment  qui  unit  les  jeunes  spores,  à 
la  sortie  du  sporange,  est  également  de  natui'e  pectique  :  la 
paroi  interne  de  la  mer:>brane  est  cellulosique  et  se  colore 
en  violet  par  le  chlorure  de  Zn  iodé. 

Nous  signalerons,  à  propos  de  la  structure  de  celte  mem- 
brane, une  particularité  qui  semble  avoir  échappé  aux  obser- 
vateurs précédents  :  cette  membrane  a  l'aspect  lisse  et  homo- 
gène ;  mais  si  Ton  fait  agir  le  Gram,  on  constate  parfois 
l'existence  de  stries  très  nettes  au  nombre  dune  douzaine 
environ  ;  l'effet  produit  ressemble  à  celui  que  donnerait  une 
série  d'anneaux  disposés  obliquement  et  allant  en  diminuant 
de  diamètre,  à  partir  de  l'équateur  de  la  cellule. 

Cette  structure  de  la  membrane  cellulaire  existait  tout 
aussi  bien  dans  le  Chiorclla  vulijaris  variété  genevensis  Cho- 
dat,  qui  nous  avait  été  fournie,  en  culture  pure,  par  le  savant 
professeur  de  Genève,  que  dans  les  cultures  obtenues  par 
nous  du  ChlorcUa  vuUjark. 

La  cellule  renferme  un  chromatophore  en  plaque  plus 
ou  moins  développée,  plus  ou  moins  épaissie  dans  sa  partie 
médiane  qui  renferme  le  pyrénoïde  :  dans  certaines 
cultures  le  chromatophore  est  réduit  à  un  simple  crois- 
sant   dans    lequel    le    pyrénoïde    semble    avoir    disparu   : 

2 


18  p. -A.  DANGEARD 

dans  d'autres  cultures,  et  en  particulier  dans  les  milieux 
liquides,  le  chromatophore  est  très  développé  et  le  pyré- 
noïde  très  apparent. 

L'amidon  est  localisé  en  couche  mince  autour  du  pyré- 
noïde  ou  bien  on  le  trouve  en  granules  plus  ou  moins  gros 
dans  tout  l'intérieur  du  chromatophore  ;  cet  amidon  peut 
être  remplacé,  dans  certaines  cultures,  par  des  granules 
qui  se  colorent  en  rouge  brun  par  l'iodure  ioduré  et  qui  ont 
par  conséquent  les  caractères  de  glycogène.  Nous  signalons 
égalementce  fait  qui  paraît  être  resté  inaperçu  :  on  distingue, 
dans  beaucoup  de  cellules,  des  granulations,  très  fines  et 
très  nombreuses  qui  sont  disposées  régulièrement  sons  la 
membrane  et  à  son  contacl  ;  elles  se  colorent  faiblement  en 
brun  rougeâlre  par  le  Gram  ;  dans  la  cellule  vue  de  face  on 
pourrait  croire  que  ces  granulations  font  partie  de  la  mem- 
brane. 

Le  protoplasma  incolore  renferme  un  noyau  nucléole  très 
petit  qui  se  prête  mal  à  l'étude  de  la  division  :  aussi  ne 
pouvons-nous  rien  dire  à  cet  égard. 

La  multiplication  de  l'Algue  se  fait  dans  des  cellules  mères 
ou  sporanges  provenant  des  cellules  ordinaires  :  le  nombre 
des  spores  formées  dans  chaque  sporange  est  ordinairement 
de  deux  ou  plus  souvent  de  quatre;  selon  Grintzesco,  1  exis- 
tence de  deux  spores  par  sporange  est  l'indice  que  la  repro- 
duction va  s'arrêter  et  que  les  conditions  sont  défavorables 
au  développement.  Beyerincka  signalé  comme  fréquente  la 
division  par  16,  alors  que  la  plupart  des  auteurs  la  regar- 
dent comme  tout  à  faitexceptionnelle,  les  sporanges  ne  ren- 
fermant ordinairement  que  quatre  ou  huit  spores. 

Ces  divergences  tiennent  à  la  nature  différente  des 
milieux  nutritifs  employés  ;  nous  avons  très  fréquemment 
rencontré  dans  des  liquides  à  base  de  Knop  et  sans  carbone 
organique  une  multiplication  par  sporanges  à  16  spores; 
ces  spores  étaient  alors  extrêmement  petites:  ces  liquides, 
soumis  à  l'influence  d'un  bon  éclairage,  au  mois  de    juin   et 


LA    CULTURE    DKS    ALGUES  19 

dejuillet,  devenaient  verts  en  l'espacede  quelques  jours  ;ces 
germes  minuscules  restaient  en  suspension  dans  le  liquide  ; 
nous  avons  noté  également  des  sporanges  qui  paraissaient 
contenir  32  spores  :  mais  la  numération  sur  dès  sporanges 
aussi  petits  n'étant  pas  sans  diiïiculté,  nous  ne  saurions  rien 
affirmer. 

La  formation  des  spores,  dans  un  sporange  de  CklorcUti 
vuUfaris,  a  lieu  ordinairement  par  une  suite  de  bipartitions  : 
mais,  d'après  nos  observations,  les  spores,  lorsqu'elles  sont 
au  nombre  de  huit  ou  de  seize,  peuvent  également  se  former 
par  division  simultanée  :  l'indication  du  fractionnement  est 
donnée  par  des  lignes  de  granulations  qui  délimitent  des 
îlots  polyédriques  ;  chacun  de  ces  îlots  polyédriques 
s'arrondit  ensuite  en  une  spore  :  cette  formation  simultanée 
des  spores  dans  les  sporanges  m'a  paru  en  rapport  avec  la 
grande  vigueur  des  cultures. 

La  mise  en  liberté  des  spores  a  lieu  par  déchirure  de  la 
membrane  du  sporange  et  les  spores  qui  sont  poussées  au 
dehors  se  séparent  immédiatement  et  deviennent  libres  ; 
parfois,  elles  restent  cependant  unies  entre  elles  par  un 
ciment  pectique  intersporaire,  pendant  quelque  temps,  for- 
mant ainsi  ce  qu'on  appelle  un  cénobe. 

Il  arrive  parfois,  assez  rarement  du  reste,  que  des  cellules 
isolées,  ou  même  des  sporanges,  s'entourent  d'une  épaisse 
couche  de  gélatine  et  restent  ainsi  pendant  une  période  plus 
ou  moins  longue  ;  nous  avons  même  obtenu  une  culture  en 
milieu  liquide  dans  laquelle  toutes  ces  cellules  à  gaine 
épaisse  de  gélatine  étaient  incrustées  de  carbonate  de  chaux  ; 
l'action  d'unacide  faible,  en  faisant  disparaître  ce  carbonate, 
laissait  apercevoir  les.  nombreuses  stries  concentriques  de 
l'épaisse  couche  de  gélatine. 

C'est  également  dans  un  tube  où  le  liquide  de  Knop 
mélangé  à  de  l'eau  ordinaire  stérilisée  avait  subi  une  éva- 
poration  lente  que  nous  avons  obtenu  l'enkystement  de 
toutes  les  cellules. 


iO  P.  A.  DANGEARD 

Dans  ce  tube  les  cellules  du  fond,  celles  qui  formaient  le 
dépôt,  étaient  restéesverles  :  les  autres,  qui  constituaient  un 
revêtement  sur  les  parois,  étaient  devenues  jaunes:  les  cel- 
lules possédaient  cette  même  couleur  jaune  très  loin  au- 
dessus  du    niveau    dans  l'atmosphère   humide   du  tube. 

Ces  cellules  enkystées  avaient  un  diamètre  de  S  u.  envi- 
ron  ;  leur  membrane  était  épaisse  ;  elles  étaient  exactement 
sphériques  ;  le  contenu  se  montrait  granuleux,  avec  globules 
oléagineux  réfringents  :  il  présentait  une  belle  couleur  jaune 
d'or  ;  on  rencontrait  beaucoup  de  sporanges  dont  les  deux 
spores  étaient  ainsi  transformées  en  kystes  ;  quelques  très 
rares  sporanges  à  quatre  cellules  avaient  subi  la  même  trans- 
formation :  un  des  kystes  était  double,  c'est-à-dire  que  l'en- 
kystement  avait  porté  sur  une  cellule  mère  incomplètement 
divisée  en  deux. 

11  s'agissait  bien  des  kystes  du  Chlorclla  vnUjarh  :  cer- 
taines cellules  de  même  forme  et  de  même  structure,  avaient 
conservé  leur  coloration  verte  et  se  trouvaient  mélangées, 
dans  le  même  revêtement,  avec  des  cellules  ordinaires. 

Chodat  a  signalé  la  production  de  carotine  dans  une  es- 
pèce isolée  par  lui,  le  Chlorella  ruhcaccns  ;  mais  cette  pro- 
duction de  carotine  n'est  pas  liée,  comme  ici,  à  un  enkyste- 
ment  (1).  L'existence  d'un  enkystement,  avec  formation  de 
kystes  caractéristiques,  n'avait  pas  encore  été  signalée 
jusqu'ici,  semble-t-il,  dans  le  génie  Chlorclla. 

Certaines  de  noscultures  ont  été  contaminées  par  un  or- 
ganisme inférieur,  de  nature  animale,  dont  laprésence  dans 
les  cultures  pourrait  donner  lieu  à  des  interprétations  erro- 
nées: ce  parasite,  qui  appartientsans  doute  aux  xMonadinées 
zoosporées,  s'introduit  à  l'intérieur  des  cellules,  où  il  reste 
tout  d'abord  inaperçu  :  sa  présence  n'est  indiquée  que  par 
l'apparition  d'une  ou  de  deux  granulations  rouges  :  ces 
granules  rouges  rappellent  tout  à  fait  le  point  oculiforme  de 

(1;  ClioJal  :  Moiiofjraphie  d'Algues    (f.oc.  cil.,  p!  100). 


LA    CULTI^RE    DES    ALGUES  21 

ccriaines  zoospores  d'Algues  on  de  flagellés  :  on  aurait  pu 
voir  dans  l'existence  de  ces  granules  un  caractère  de  la 
cellule,  et  nous  avonsfailli  tomber  dans  cette  erreur  ;  en  exa- 
minant longuement  et  attentivement  ces  formations,  nous 
avons  reconnu  la  présence  du  parasite  qui  les  produisait: 
ce  parasite  se  nourrit  aux  dépens  du  protoplasma  et  du  chro- 
matophore  ;  comme  dans  les  cas  analogues,  la  granulation 
rouge  est  le  résidu  de  la  digestion,  et  lorsque  la  cellule 
est  complètement  vidée  de  son  contenu,  le  parasite  apparaît 
sous    la  forme  d'une  petite  sphère  brillante. 

Le  temps  nous  a  manqué  poursuivre  le  développement 
de  ces  sphères  ;  mais  nous  croyons  être  dans  la  vérité  en  rap- 
prochant ce  parasite  de  VEudomonadina  que  nous  avons 
décrit  autrefois  sous  le  nom  d'A'.  concentrica  (I). 

Le  nouveau  genre  Kndomonadina  était  ainsi  caractérisé  : 
Monadine  vivant  à  l'intérieur  des  cellules;  protoplasmas'in- 
corporantle  contenu  de  la  cellule  ;  résidus  de  la  digestion 
expulsés  avant  la  formation  du  sporange  ;  sporange  entouré 
de  mucus  à  stries  concentriques:  il  est  sphérique  ou  elliptique, 
ayant  une  taille  de  3  à  4p,,  et  forme  une  dizaine  do  zoospores. 

L'espèce  E.  concentrica  vivait  à  l'intérieur  de  cellules 
vertes  très  petites  que  nous  avions  rapprochées  avec  doute 
du  Pcdmella  hyalina  de  Brébisson  :  il  me  paraît  certain  du 
moins  qu'il  ne  s"agis«ait  pas  de  chlorelles  à  cause  de  l'ab- 
sencede  sporanges  ;  d'autre  part,  nous  n'avons  pas  remarqué 
autour  du  parasite  des  Chlorelles  les  couches  concentriques 
vues  autrefois  sur  E.  conccnlrica  :  dans  ces  conditions,  il  est 
préférable,  semble-t-il,  de  séparer  les  deux  espèces  :  le  pa- 
rasite qui  contamine  les  cultures  de  Chlorelles  et  y  déter- 
mine une  épidémie  caractéristique  recevra  lenomd'Endomo- 
nodina  Chlorellae. 


(I)  p. -A.  Dangeard  :  Mémoire  sur  quelques  maladies  des  Algues  etdcs  ani- 
maux (Le  Botaniste,  série  II,  1890-1891,  p.  238). 


22  p. -A.  DANGEARD 

2°  Genre  Scenedesmus. 

L'étude  de  ce  genre  et  des  nombreuses  espèces  qui  le  com- 
posent est  extrêmement  difficile  :  Chodat,  au  moyen  de  cul- 
tures pures,  a  réussi  à  caractériser  nettement  un  certain 
nombre  d'aspects  dont  on  trouvera  la  description  complète 
dans  son  dernier  mémoire. 

Nous  croyons  utile  d'indiquer  la  méthode  qu'il  préconise 
pour  obtenir  et  séparer  les  espèces  qui  vivent  ensemble.  Les 
Scenedesmus  qu'il  a  isolés  se  trouvaient,  pour  la  plupart, 
dans  un  petit  étang  à  canards  dont  l'eau  était  riche  en  subs- 
tances organiques  et  par  conséquent  en  bactéries  et  champi- 
gnons (1). 

«  On  préparera  des  flacons  Erlenmeyer  coniques  conte- 
nant 20  centimètres  de  liquide  nutritif,  solution  de  Detmer 
au  1/3.  On  ajoute  du  chlorure  de  fer  à  la  dose  de  0,01  à 
0,1  0/0  et  on  inocule  cette  solution  préalablement  stéri- 
lisée par  l'eau  verte  de  l'étang,  en  ayant  soin  de  n'introduire 
que  quelques  gouttes  du  milieu  naturel.  Tandis  que  dans  les 
flacons  sans  fer,  la  multiplication  est  excessivement  lente  ou 
nulle,  dans  les  flacons  additionnés  de  chlorure  ferrique  il 
y  a  en  peu  de  jours  une  production  excessive  de  cellules 
vertes  et,  selon  lesespèces  et  la  concentration,  la  masse  verte 
peut  devenir  énorme  en  peu  de  temps. 

((  On  trouvera  quelquefois  avantageux  d'ajouter  du  chlo- 
rure de  sodium  :  les  concentrations  avantageuses  sont  pour 
le  chlorure  de  sodium  0,10  à  0,20  0/0  et  pour  le  chlorure  fer- 
rique 0,005 à  0,02  0/0.  On  peut  alors  procédera  la  multipli- 
cation et  à  la  séparation  des  germes  dans  des  milieux  aga- 
risés  et  pauvres  en  matières  salines:  nous  choisissons  habi- 
tuellement lasolution  nutritive  minérale  donnée  par  Detmer 
dans  son  Traité  de  physiologie:  il  faut  la  diluer  au  1/3.  Au 
bout  de  quelques  semaines,  on  voit  apparaître  à  l'intérieur  de 

(Ij  Ghodal  :  Monographie  d  Algues  en  culture  pure  (Loc.  cit.,  p.  13). 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  23 

la  gélose  les  points  verts  qui  correspondent  aux  colonies  des 
algues.  On  prélève  au  moyen  d'un  fil  de  platine  stérilisé  et  on 
transporte  des  germes  sur  l'agar  glycosé  2  0  0.  Il  vaut  mieux 
à  ce  moment  procéder  à  un  second  triage.  Lorsque  les  nou- 
velles colonies  se  sont  agrandies,  on  peut  les  examiner  au 
microscope:  on  ne  retient  que  celles  qui  sont  sans  bactéries, 
puis  on  sépare  de  nouveau  ces  organismes  par  un  nouveau 
triage  sur  agar  Detmer  1/3.  Si  toutes  les  colonies  sont 
identiques,  soit  comme  mode  de  croissance,  comme  cou- 
leur ou  comme  morphologie  cellulaire,  on  est  réellement 
en  présence  d'un  matériel  homogène.  » 

Chodat  a  isolé  par  ce  procédé  plus  de  douze  espèces  de 
Scenedesmm,  et  c'est  avec  leur  aide  qu'il  a  fait  une  revi- 
sion du  genre  ;  il  a  bien  voulu  nous  fournir  une  culture 
pure  du  Sccnedesmus  acutm,  qui  nous  a  servi  à  faire  quel- 
ques-unes de  nos  expériences  sur  l'assimilation  chloro- 
phyllienne. 

Chodat,  dans  son  dernier  mémoire,  a  établi,  aux  dépensa 
du  groupe  des  «  acuti  »,  deux  espèces,  l'une  désignée  sous 
le  nom  de  Scenedesmus  dimorphus  et  la  seconde  sous  le  nom 
de  Seenedesmm  ohlifiuus  :  celle-ci  fait  l'objet  d'une  descrip- 
tion étendue,  dans  laquelle  ce  savant  a  montré  que  l'algue  en 
question  présente  des  apparences  variées  :  1"  stades  de 
Ddctijlococcus  infusionum  Naegeli  ;  2°  stades  Rhaphidium 
minutum  ;  3°  stades  chlorelloïdes  ou  pleurococcoïdes. 

Nos  cultures  nous  ont  montré  toutes  ces  formes  que 
nous  signalerons  en  donnant  la  description  de  nos  expé- 
riences de  synthèse  chlorophyllienne. 

Cette  espèce,  par  son  développement  extrêmement 
rapide,  forme  comme  les  ClilorcUa  un  matériel  de  choix, 
pour  l'emploi  de  notre  méthode,  dans  la  recherche  des  ra- 
diations actives. 

Nous  avons  quelques  raisons  de  croire  que  les  Stichococ- 
cus  pourront  être  également  utilisés  avec  succès,  bien  que 
nous  n'ayons  jamais  jusqu'ici  réalisé  d'expériences  avec  des 


24  p. -A.  DANGEARD 

cultures  pures  de  ces  Algues  ;  mais  nous  avons,  dans  plu- 
sieurs de  nos  observations  sur  la  radiation  en  cultures  ordi- 
naires, trouvé  ces  algues  se  multipliant  abondamment  au 
milieu  des  Chlorelles. 


Genre  Stichococnn^. 

Ce  genre  a  été  créé  par  Naegeli  pour  une  espèce,  le  Sti- 
chococcus  hacillarh.  de  laquelle  il  détache  deux  variétés, 
major  et  minor. 

On  trouvera  dans  le  magistral  mémoire  de  Chodats  l'ex- 
posé complet  des  divergences  qui  se  manifestent  entre  algo- 
logues  sur  la  façon  de  comprendre  ce  genre  ;  nous  adoptons 
le  point  de  vue  qui  consiste  à  placer  dans  le  genre  Sticho- 
coccus  les  espèces  dépourvues  de  zoospores,  ne  se  repro- 
duisant que  par  scissiparité,  el  dont  les  cellules  ne  possèdent 
pas  de  pyrénoïde,  à  aucun  moment  de  leur  existence. 

Slichococcus  hacillarn  Naegeli. 

Cette  Algue  se  rencontresouvent  au  milieu  des  Chlorelles: 
nous  l'avons  récoltée  autrefois,  en  très  grande  abondance, 
sur  des  chapeaux  de  Po  ypore;  elle  a  été  recueillie  également 
sur  la  terre  humide,  l'écorce  des  arbres,  etc. 

Les  cellules  sont  ordinairement  cylindriques,  à  extrémités 
plus  ou  moins  arrondies  ;  leur  diamètre  est  de  2  à  3  p,  sur 
une  longueur  de  4  à  7  p.  ;  le  chromatophore  forme  une 
plaque  pariétale  à  contour  plus  ou  moins  arrondi  :  le  noyau 
se  trouve  dans  le  protoplasma  incolore  ;  sa  structure  com- 
prend une  riiembrane  nucléaire,  du  nucléoplasme  et  un 
nucléole  central. 

La  multiplication  a  lieu  par  un  simple  cloisonnement  de  la 
cellule  en  deux,  chaque  moitié  s'isolant  ensuite  rapidement; 
parfois  cependant  la  dissociation  ne  se  produit    pas  immé- 


LA  cii/n  i;k  dks  aL(UKs  2.") 

(liatement  et  les  cellules  restent  alors  réunies  momentané- 
ment en  un  filament  dont  les  diverses  parties  se  désarti- 
culent facilement. 

On  ne  connaît  pas  d'autres  modes  de  développement  chez 
cesAlgues. 

Cliodata  décrit  un  certain  nombre  d'espèces  de  Stkhococ- 
cus  par  le  moyen  des  cultures  pures  ;  mais  ces  espèces  ne 
se  laissent  pas  distinguer  sous  le  microscope  avec  sécurité  : 
ce  sont  des  détails  de  végétation, de  «  morphologie  sociale  », 
l'apparence  différente  des  colonies  sur  les  mêmes  milieux 
nutritifs,  qui    permettent   d'établir  les  distinctions. 

Nadson  (1)  a  cultivé  le  Slichococms  bacillaris,  en  faisant 
agir  des  radiations  de  diverses  couleurs  :  la  lumière  rouge, 
celle  que  laisse  traverser  une  solution  de  bichromate  de 
potasse,  ralentirait  le  développement  et  amènerait  finalement 
une  désorganisation  du  contenu  cellulaire,  et  en  particulier 
du  chromatophore.  La  lumière  bleue,  celle  qui  a  traversé 
une  solution  d'oxyde  de  cuivre  ammoniacal,  n'a  pas  cette 
action  destructive  :  sous  son  influence,  les  cultures  se  déve- 
loppent d'abord  beaucoup  plus  lentement  qu'à  la  radiation 
totale,  mais  au  bout  de  quatre  à  six  mois,  les  différences 
disparaîtraient. 

Nos  expériences  infirmentcomplètement  ces  résultats, ainsi 
qu'on  le  verra  dans  la  suite  de  ce  travail. 

H.  —    L'INFLUENCE  DU  MILIEU   DE   CULTURE  ;   ACTION  DES  AGENTS 

EXTÉRIEURS 

Les  nombreux  expérimentateurs  qui  se  sont  occupés  de 
ces  questions  se  sont  efforcés  en  général  d'établir  la  valeur 
au  point  de  vue  de  la  nutrition  de  l'Algue,  des  diverses 
substances  susceptibles  de  fournir  à  celle-ci  son  carbone  : 
pour  cela,  ils  ont  ajouté  à  un  milieu  nutritif  minéral  des 
alcools,  des  acides,  des  hydrates  de  carbone,  des  gommes, 

(1)  Nadson  :    Bull,  du  Jardin  imp.  bot.    Saint-Pétersbourg,  X,  1910,   138. 


26  p. -A.  DANGEARD 

des  glucosides,  des  albuminoïdes,  etc.  ;  ils  ont,  en  même 
temps,  essayé  de  déterminer  quelle  était  l'influence  fav^orable 
ou  défavorable  de  la  lumière  ou  de  l'obscuritésur  de  telles 
cultures  :  enfin,  plusieurs  ont  envisagé  les  modifications  de 
structure,  de  forme  et  de  couleur  que  l'Algue  subissait  dans 
ces  différents  milieux. 

Les  conclusions,  ainsi  qu'on  le  verra,  sont  loin  d'être  con- 
cordantes. 

Beyerinck  avait  montré  que  le  Clilorella  vuhj ar h  utiVisnii 
les  milieux  riches  en  albuminoïdes  et  en  hydrates  de  car- 
bone (1). 

Artari,  de  son  côté,  avait  remarqué  que  des  gonidies  de 
Lichens  {Chlorococcum  Xanthoricae)  continuaient  à  rester 
vertes,  en  se  multipliant  à  l'obscurité  (2). 

Radais  cultive  le  Clilorella  viilgaris  sur  de  l'extrait  de 
malt  (macération  au  1/10  d'orge  germé\  solidifié  par  la 
gélose,  sur  des  tranches  de  pommes  de  terre  cuites  à  la 
vapeur,  ou  encore  sur  des  blocs  de  plâtre,  imprégnés  d'ex- 
trait de  malt.  La  multiplication  des  cellules  se  fait  avec  la 
même  rapidité  à  la  liimiPre  et  à   ïohscuriié  très  cornplète  (3). 

Le  spectre  du  pigment  vert  est  le  même  dans  les  deux  cas, 
et  pour  une  solution  à  1/500  dans  l'alcool,  on  a  : 

Bd.  I  X  691-645  ;  Axe  moyen  >.  667 

Bd.  II         À  628  604        ;        —         X  618 
Bd.  III        X  592-567  ;         -  X  577 

La  bande  d'absorption  de  la  Xanthophylle  est  continue  à 
partir  de  X  511  ;  elle  débute  par  une  pénombre  de  X  7. 

L'auteur  se  demande  si  le  pigment  est  inactif  à  l'obscu- 
rité. 

(Il  Beyrinck  •.Culliir.  mit  Zoochlorellen,  Lichengonidien  undanderen  nie- 
deren  Algen  (Bot.  Zeit.,n°45,  1890). 

(2)  Artari  :  Ueber  die    Eativick.  der  gninen  Algen   (Bull.   Soc.    imp.  des 
naturalistes  de  Moscou,  n^  1,  1899). 

(3)  Radais    :    Sur    la    culture  pure  d'une    Algue  verte  (Comptes  rendus 
Acad.  se.  Paris,  1900,  t.  CXXX.p.  793). 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  27 

J^onilhac  constate  (I)  qu'avec  le  IS'ostoc  ponctiforme  végé- 
tant en  compagnie  de  Bactéries  fixatrices  d'azote,  la  lumière 
n'est  pas  nécessaire  à  la  croissance;  lu  plante  vérjète  d  l'obs- 
curité lorsqu'on  ajoute  dufjiucose.  L'auteur  s'est  demandé  si 
divers  sucres  pourraient  remplacer  le  glucose,  et  il  note  que 
le  saccharose,  le  maltose  et  l'amidon  peuvent  être  utilisés 
à  la  place  de  glucose  ;  à  l'obscurité,  le  Nostoc  n'entre  en 
végétation  que  vers  30'',  alors  qu'à  la  lumière  sa  multipli- 
cation débute  parfois  à  20". 

Matrucbot  et  MoUiard  ont  fait  des  expériences  sur  le 
Stichococcus  bacillaris  (2);  ils  ont  étudié  quelle  était  l'in- 
fluence de  diverses  substances  sur  l'intensité  du  dévelop- 
pement :  elle  a  lieu  dans  l'ordre  suivant  : 

l°Les  glucoses  sont  les  plus  favorables. 

S**  Viennent  ensuite  les  dextrines,  gommes,  glycérine  et 
mannite. 

3°  Les  saccharoses, lactoses,  maltoses,  peptones.  inulines 
et  amidon  agissent  peu. 

A  l'obscurité,  l'intensité  du  développement  est  presque  aussi 
qrande  qu'à  la  lumière,  avec  un  très  léger   étiolement. 

La  couleur  est  peu  modifiée  par  les  saccharoses  ;  les  glu- 
cosesdonnent  uneteintejauneà  l'Algue;  les  peptones  rendent 
le  pigment  de  couleur  olive. 

Le  leucite  devient  flou  ou  disparaît  complètement  sous 
l'action  du  glucose. 

Grintzesco  est,  sans  contredit,  celui  qui  a  étudié  avec  le 
plus  de  soin  la  physiologie  des  Algues  en  cultures  pures  (3)  ; 
voici  le  tableau  comparatif  qu'il  donne    pour  deux  espèces 
Scenedesmus  acutus  et  Chlorella  vuUjaris  : 


(1)  Etard  et  Bouilhac  :  Sur  la  présence  de  la  chlorophylle  dans  un    Nostoc 
cultivé  à  l'abri  delà  lumière  (Comptes  rendus,  t.  CXXIV,  1898). 

(2)  Matruchot  et  MoUiard:  Variation  de  structure  d'une  Algue  verte  sous 
l'influence  du  milieu  nutritif  (Revue  générale  de  bot.,  1902.  V.  XIV,  p.  193) 

(3)  Grintzesco    :    Contribution    à   Vétude    des  Protococcacées,    Glilorelia 
Yulgaris  (Revue  générale  de  Botanique,  vol.  XV,  1903). 


^b  P. -A.  DANGEARD 

TABLEAU  COMPARATIF 

de  la  IMiysiologie  de  Scencdcsmus  aciilas  Meyeii 

et  de  Chlorella  viilgaris  Beyer. 

Cultures  sur  :  Scmedesmus  Chlorella 

Développement  au    bout 

A  „^„       j  j-  i^  à  10  Jours,  de  cellules  libresl     Cellules  libres,  arrondies. 


f    Développement  au  bout  dej  de  6  à  8  jours 

^"'      """'  \de  formes  diverses.  Irénifonnes     ou     polyédri- 

tionne  de  sels/     ,,      ,  ,     .     .  ^     -^ 

.    ,  j     Membranes  épaissies.  iques. 

minéraux.       /     ^.  .  .  1  ,       i 

f     Division     active     pendanlf     Membranes  minces. 

\20  jours.  I     Division  active  au  début 

\des  cultures. 

/    Développement  activé. 

l    Développement  activé.  ^^'^"'^^  ^  f°'^  ^'"^  8^'°^- 

.  Agar  nulritil\     Colonies  3  fois  plus  grosses.! 

additionné  de      Anaérobisme  marqué.         }     ^'^'^^    ^^^"'^^    '^^    '^^'^- 
glucose.  Le    glucose    est    nuisible,i'°PP^"^^"^  P^"^'  ^''''^''  ^'^ 

[s\[  agit  trop  longtemps.         P^^'^'^^  ^'"  substratum. 

Le   glucose  n'est  jamais 

'.nuisible. 

/    Développement  au    bout 

'  de  15  à  20  jours. 

-  /    Développement  au  bout  dei     Colonies  sphériques  4  à 

^,,   ..  ilOà  d5  jours.  Ï5  fois  plus  petites   que  sur 

Gélatine  nu-]     ^  ,     .         ,  ,  .  ',,  ^  ^ 

.  .  .  '.     Colonies  sphériques.  'lagar. 

I     Scenedesmiis     liquéfie      lai     Colonies    plus  grosses  à 

\gélatine.  [la  surface  du  substratum. 

1      Chlorella  ne  liquéfie  pas 

■^la  gélatine. 

/    Développement  au  bout  de^^    Développement  rapide. 

15  à  0  jours.  l     Colonies  2  à  3   fois  plus 

Gélatine    nu-\     Cellules  grandes  et  isolées. igrosses  que  quand  il  n'y  a 
tritive  et  glu--     Liquéfaction  plus  active  de'' pas  de  glucose. 
cose.  /la  gélatine.  j     Cellules  plus  grandes. 

Le    glucose    est    nuisible, f     Pas  de  liquéfaction  de  la 

\s'il  agit  trop  longtemps.         ^gélatine. 

/     1   O/o  de  peptone  est  nui-\ 

r. .,  ..  Isible,  il  arrête  coraplètementj     La  plante  supporte  1  O/o 

Gélatine    nu-\,     ,,     ,  ^   ^  L  ,  ■  , 

le  développement.  fde     peptone,     mais     cette 


tritive  et  pep-< 
tone. 


La     plante     en     supporleisubstance    ne    la     favorise 
[0,5  O/o,  mais  le  peptone  neljamais. 
uavorise  pas  sa  culture.  J 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  2\) 

Ct'LTUUES  SLR  :  Sccnedcsmus  Clilorclla 

0.  (jélaline   nu-\ 
trilive     dont 

l'azote      est!     I,e  peplone  est  une  sourcef     Le  peplone  est  utilisable 
donné   sous  d'azote,    mais  remplace   in-<comme   source    d'azote    et 
forme  de  pep-icomplètement  les  nitrates,     (peut  remplacer  les  nitrates, 
tone  seule- 
ment.  / 

f    11  y  a  retard  de  développe-',     ,      ,,     , 

~    r  A  i  ^  t  ■  .    \         .      •        I    ••       .       -       J     Le  développement  est  re- 
/.  G  e  1  a  t  1  n  e^ment   et   celui-ci    est   memef       ,  '  "^ 

^„„i„  \      ...  ,     ,,       ,  .         .tarde  et  ne  se  poursuit  que 

seule.  /arrête     quand     1  expenencel         ,  /  ^ 

',        .         ,       .  ipendant  peu  de  temps, 

.dure  trop  longtemps.  /  ^  ^ 

'     Développement  ralenti. 

l     Polymorphisme  très  accen-i     Développement  ralenti. 
S     Plaques    po-itué  avec  tendance  des  cel-'     Pas   de    polymorphisme, 
reuses.  /Iules     à     s'agrandir     et     aimais  grosses  cellules. 

(prendre  la  forme  sphérique.j     Membranes  plus  épaisses. 
\     Membranes  plus  épaisses., 

,,     .    ,.        j     ,   ,'     Développement  au  bout  du'     Développement   au    bout 

9.  Action  de  lai        .    .    ^  '.  i  ,  !.. 

,       .,        .,       Quatrième  jour.  5du  quatrième  mur, 

lumière  èlec™  <*       ' 

)     Polymorphisme    accentué.)    Pas   de   polymorphisme. 

\     Cellules  géantes.  \    Cellules  rondes  et  libres. 

/     L'Algue   se    développe    el\     ,,.,  ,.     ,  ,, 

/       .•     ,  j    1      Kl         I    11    '       L  Algue  se  développe,  elle 
contient  de  la  chlorophylle  a  J  '  •     ,         , 

]•,-  ,  ,,        i   j       ,     /est  verte,  mais  le  substra- 

,^     .     ,  .         ,   Icondition  qu  elle  ait  du  glu-f  ,  . 

10.  Action  de)  ^  ,     ^      Uum   doit  être  très  nutritif. 
.,   ,          .,,        .cose  comme   source  de  car->     ,  ,      .  ,,     , 
lobscuiite.      1,                                                 1     Les  colonies  se  develop- 

boae.  1.1- 

f     ^  ,     .       „          ,    ,  .  ,     Ipent   plus   vigoureusement 

Colonies  3  ou  -t  fois  plusr    ..  ,    ,       •. 

,..          -Il-  qu  a  la  lumière, 

.petites  qu  a  la  lumière.  / 

/    „,         ,     ,  ■        n,^    '    Température      maxima 

,   ,.       ,    ,  l     température  maxima  30o.u,. 

11.  Action  de  la>     ^.         ,  Woo. 

,    ,  ,     Jemperature    minima  au-(     „,         ,     , 

chaleur.  / ,  >^  /     Température  minima  au- 

rdessus  2°.  '  .  ,       „ 

.dessous  de  l,8o. 

Développement  au  bout  de 

, ,     .     , .  ,    i23  à  2'.')  jours.  /     r^-     1  .  1       , 

12.  Action  du)     -  ,,   ,  ,  (     Développement  au    bout 
.,                    '     Cellules  un  peuplusgrosses^ ,       .     ^., 

vide.  i     ,.    ,  •         ,  I  .  kdu  vingtième  lour. 

fqu  a   la   pression   atmosphe-\ 

\rique  ordinaire.  j 

Nous    retiendrons    plus  spécialement     du    mémoire  de 
Grintzesco  les  résultats  suivants  : 


30  p.- A.  DANGEARD 

Le  Chlorclla  vulgaris  se  développe  assez  rapidement  dans 
l'eau  ordinaire  stérilisée  :  dans  l'eau  distiUée  additionnée  de 
sels  nutritifs,  le  développement  est,  dans  une  certaine  limite, 
en  rapport  avec  la  quantité  de  sels  .contenus  dans  le  subs- 
tratum  ;  la  trop  vive  lumière  est  défavorable  et  peut  entraî- 
ner la  mort  :  l'Algue  se  multiplie  bien  à  \a  lumière  électrique 
malgré  la  richesse  de  celle-ci  en  rayons  ultra-violets  :  les 
colonies  sont  visibles  à  partir  du  4''  jour,  alors  qu'à  la 
lumière  solaire  elles  n'apparaissent  qu'au  bout  de  8  jours  ; 
dans  des  cultures  additionnées  de  2  0/0  de  glucose  et 
ensemencées  par  stries,  le  développement  à  l'obscurité  est  plus 
vigoureux  qu'à  la  lumière  totale  ;  la  température  de  20°,  avec 
des  cultures  au  glucose,  est  très  favorable  à  la  formation  des 
colonies,  qui  apparaissentdès  le  5°  jour  ;  à  30°,  le  développe- 
ment est  faible  ;  à  35°,  l'Algue  cesse  de  se  multiplier. 

On  n'a  pas  encore  jusqu'ici  dégagé  de  façon  précise  l'in- 
fluence de  r obscurité  et  de  la  lumière  sur  le  développement  dans 
les  cultures  additionnées  de  glucose  ou  d'autres  hydrates  de 
carbone. 

Radais,  on  l'a  vu,  n'a  constaté  aucune  différence  pour  le 
Chlorella  vulgaris  entre  les  cultures  faites  à  l'obscurité 
totale  ou  à  la  lumière  ;  Grintzesco  signale  une  plus  grande 
vigueur  des  colonies  développées  à  l'obscurité  après  un  ensemen- 
cement par  stries.  Or,  Charpentier,  en  cultivant  le  Cystococcus 
humieola.,  arrive  à  des  résultats  totalement  différents  (1)  :  la 
lumière  est  très  utile  à  la  plante,  même  dans  les  milieux  nutri- 
tifs au  glucose  :  ainsi  dans  deux  cultures,  celle  qui  est  restée 
à  la  lumière  fournit  en  poids  sec  330  mgr.,  alors  que  la 
seconde  culture,  conservée  à  l'obscurité,  ne  donne  que 
27  mgr. 

D'après    Adjarof   (2),  le  Stichococcus    minor  cultivé  sur 

(1)  Charpentier  :  Recherches  sur  la  physiologie  d'une  Algue   verte  (Thèse, 
1903). 

(2)  Adjarof  :    Recherches  expérimentales    sur    la  physiologie    de    quelques 
Algues  vertes  (Insl.  bot.  Université  de  Genève,  6«  série,  190o,   p.  104). 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  31 

gélose-Detmer  glucosée  à  2  0/0  a  sa  croissance  activée,  sans 
décoloration  des  cellules  parla  lumière;  à  l'obscurité,  le 
développement  est  ralenti,  tout  en  restant  assez  fort  ;  (l'obs- 
curité provoque  une  diminution  dans  l'intensité  de  la  teinte 
chlorophyllienne,  intensité  suivie  d'un  alfaihlissement  dans  le 
développement...  il  semble  que  la  légère  décoloration  de 
Stichococcus  minor  dans  l'obscurité  soit  provoquée  non  par 
le  saprophytisme  de  l'Algue,  mais  par  le  manque  de 
lumière  ». 

Si  nous  nous  reportons  à  un  récent  mémoire  de  Kulîe- 
rath  (1;  très  complet,  on  voit  que  les  cultures  à  la  lumière 
du  Chlorella  sont  presque  toujours  plus  abondantes  que 
celles  qui  ont  été  maintenues  à  l'obscurité,  et  cela  quel  que 
soit  le  milieu  nutritif  employé,  surtout  si  celui-ci  est 
liquide. 

Les  rares  exceptions  signalées  par  l'auteur  n'ont  même 
pas  une  valeur  absolue  indiscutable  :  ces  exceptions  visent 
le  milieu  calcique  employé  additionné d'oxamide,  de  mannite 
ou  de  glycérine. 

Avec  l'oxamide,  la  culture  du  Chlorella  est  très  faible  à  la 
lumière  ;  à  Vobscurité,  traces  de  développement  ;  dilîéreiice 
insignifiante  qui  aurait  sans  doute  pu  se  produire  en  sens 
inverse  dans  d'autres  expériences. 

Avec  la  mannite,  à  la  lumière  en  milieu  calcique, le  déve- 
loppement du  CV^/o/'c/Za  est  faible  :  les  cultures,  maintenues 
à  l'obscurité,  se  sont  montrées  après  trois  mois  plus  abon- 
dantes qu'à  la  lumière  :  mais  comme  ces  dernières  cultures 
étaient  contaminées  par  un  Sclerolinia,  on  peut  penser  que 
la  présence  du  Champignon  a  agi  favorablement  sur  le  déve- 
loppement de  l'Algue. 

Enfin,  en  ce  qui  concerne   la   glycérine,   une  culture  sur 


(1)  KufTeralh:  Conlribiilion  à  la  physiologie  cViine  Protococcacée  nouvelle, 
Chlorella    luteo-viridis  (Extrait  du  Recueil  de  l'Institut   bot.    Léo  Errera 
t.  IX,  1913). 


32  p. -A.   DANGEARD 

gélose  à  o  0/0  de  glycérine  est,  après  14  jours,  un  peu  plus 
abondante  à  l'obscurité  qu'à  la  lumière;  mais  là  encore  l'au- 
teur note  que  sur  gélose  à  1  0/0  de  glycérine,  le  développe- 
ment a  été  assez  abondant  à  la  lumière. 

En  résumé,  il  résulte  des  tableaux  publiés  par  Kufîerath 
que  la  différence  entre  cultures  sur  gélose,  additionnée  de 
diverses  substances,  et  placées  les  unes  à  la  lumière,  les 
autres  à  l'obscurité,  est  souvent  peu  sensible  ;  lorsque  cette 
différence  ex'isle^  elle  est  souvent  en  faveur  de  l'action  utile 
de  la  lumière  :  une  différence,  dans  le  même  sens,  existe 
beaucoup  plus  prononcée  pour  les  cultures  en  milieu 
liquide,   qui  sont  netlement  favorisées  par  la  lumière. 

11  semble  bien  résulter  de  l'ensemble  de  ces  recherches, 
que  la  lumière,  en  tant  qu'elle  n'est  pas  trop  vive.,  exerce  une 
action  favorable  sur  les  cultures  renfermant  du  carbone  orga- 
nique, sous  une  forme (juelconcjue  :  les  quelques  rares  excep- 
tions signalées  résultent  peut-être  d'expériences  trop  peu 
nombreuses  ou  mal  interprétées  ;  la  nutrition  saprophytique 
qui  s'exerce  seule  à  l'obscurité  est  donc  complétée,  dans  une 
mesure  assez  variable,  à  la  lumière,  par  la  nutrition  holo- 
phytique  :  si  ces  deux  modes  de  nutrition  ne  sont  pas  exclusifs 
l\in  de  Vautre,  il  n'est  pas  facile  cependant  de  savoir  dans 
quelle  mesure  ils  interviennent  l'un  et  l'autre,  lorsqu'ils  fonc- 
tionnent simultanément. 

A  l'obscurité,  les  cultures  finissent  fréquemment  par 
prendre  une  teinte  jaune,  surtout  lorsque  le  milieu  nutritif 
renferme  du  glucose  :  elles  peuvent  même  se  décolorer  plus 
ou  moins  complètement  :  l'un  des  exemples  les-  plus  remar- 
quables à  cet  égard  est  celui  du  Chlorella  (Palmellococcus) 
variegata  Bey:  Chodat,  qui  a  étudié  cette  Algue  avec  beau- 
coup de  soin,  obtient  rapidement  sur  milieu  glucose  la 
décoloration  des  cellules  :  cette  décoloration  se  maintient 
ainsi  presque  indéfiniment,  de  telle  sorte  que  l'on  pourrait 
croire  à  une  forme  stable.  Si,  cependant,  après  un  grand 
nombre  de  générations  et  six  cultures  successives,  on  trans- 


I.A    CULTUHE    DES    ALGUES  33 

porte  cette  Algue  sur  gélose,  sans  sucre  ni  peptone,  mais 
additionnée  de  solution  nutritive  Detmer  1/3, elle  verdit  aussi 
bien  à  la  lumière  qu'à  l'obscurité  (l). 

11  ne  se  produit  donc  pas  de  mutation  pouvant 
donner  naissance  à  une  forme  incolore  d'Algue,  analogue  à 
celles  qui  ont  été  découvertes  et  étudiées  par  Krûger  sous 
le  nom  de  Protothcca. 

Les  phénomènes  de  chlorose  chez  les  Algues  présentent 
un  grand  intérêt.  La  décoloration  n'est  pas  due  uniquement 
à  l'absence  de  lumière  :  diverses  substances  chimiques  la 
provoquent  :  à  la  lumière,  un  excès  de  nourriture  assi- 
milable a  le  môme  eiïet  ;  l'insullisance  du  fer  dans  les  cul- 
tures est  également  une  cause  de  décoloration  :  la  chlorose 
se  produit  sous  des  influences  d'ordre  tératologique,  ou  bien 
encore  elle  est  en  relation  avec  la  nutrition  sapro- 
phytique,  mais  elle  entraine  d'ordinaire  une  diminution  de 
la  vitalité  des  cellules. 

On  trouvera  sur  ce  sujet  de  nombreux  détails  dans  le 
mémoire  de  Kufferath    2). 

Lorsqu'on  envisage  le  développement  des  Algues  dans  les 
cultures  additionnéesde  divers  corps  organiques,  le  mémoire 
de  Kufferath  fournit  des  renseignements  très  complets  ; 
nous  ne  retiendrons  ici  que  ses  conclusions  :  «  Si  le  Chlorella 
iutco-riridis  peut  utiliser  à  l'occasion  des  corps  assez 
nombreux,  il  n'en  est  pas  moins  bien  établi  que  quelques-uns 
seulement  sont  vraiment  favorables  et  utiles  pour  son  ali- 
mentation et  son  développement.  « 

L'assimilation  se  fait  bien,  surtout  pour  les  sucres  en  C' 
et  C^-  ;  les  hydrates  de  carbone  plus  complexes  ont  des 
valeurs  très  inégales  :  les  substances  albumino'ides  pour- 
raient assez  bien  se  ranger,  comme  valeur  nutritive,  après 
les  hydrates  de  carbone  :    en  résumé,   si  ton  veut   avoir  des 


{[]  Chodal  :  Monographies  d'Algues  (Loc.  cit.,  p.  119). 
(2)  Kufferath  :  Loc.  cil.,  p.  41. 


34  i>.-A.  DANGEARD 

cultures  luxuriantes  à  r obscurité  comme  à  la  lumière,  il  faut 
ajouter  de  préférence  du  milieu  nutritif  du  rjlucose,  dont  le 
rôle  favorable  est  reconnu  par  les  nombreux  savants  qui  se 
sont  occupés  de  la  culture  desAlgUes. 

On  n'est  pas  encore  très  bien  fixé  sur  l'influence  de  la 
"éaction  acide  ou  alcaline  du  milieu  nutritif.  D'après  Artari, 
le  Chlorella  communis  préfère  une  faible  réaction  alcaline, 
alors  que  l'inverse  existe  pour  le  Sticliococcus  bacillaris  : 
selon  Richter,  la  plupart  dés  algues  se  développent  mieux 
dans  un  milieu  légèrement  alcalin.  Kufferath  considère 
comme  un  fait  acquis  que  les  acides  libres,  ou  les  alcalis 
libres,  même  à  doses  faibles,  ont  en  général  une  action  défa- 
vorable sur  le  développement  :  si  la  réaction  dépend  de  la 
composition  chimique  des  milieux  nutritifs,  on  ne  saurait 
généraliser  ;  il  faut  étudier  chaque  cas  particulier  ;  en  ce 
qui  concerne  le  Chlorella  lutco-viridis,\'-dnienr  a  obtenu  d'ex- 
cellents développements  en  milieu  acide,  et  d'autre  part  le 
milieu  alcalinisé  par  du  carbonate  de  potassium  donnait 
également  des  cultures  vigoureuses  (1). 

La  température  intervient  d'une  façon  active  dans  le 
développement  :  Kufferath  a  démontré  que  le  Cldorella  luteo- 
viridis  peut  résister  de  douze  à  vingt-quatre  heures  à  la 
température  de  38°  C.  :  cette  température  est  rarement 
atteinte  dans  les  endroits  où  végète  l'Algue  ;  celle-ci  se 
développe  vigoureusement,  à  la  température  de  18  à  23"  ; 
à  42-43°  C.  l'Algue  meurt. 

«  L'examen  de  la  littérature,  écrit  Kufferath,  ne  permet 
pas  encore  de  préciser  l'action  des  divers  fadeurs  sur  la 
transformation  des  formes  cellulaires  des  Algues...  on  entre- 
voit l'influence  de  certains  composés  chimiques,  de  certaines 
conditions  physiques.  Il  est  probable  qu'une  étude  morpho- 
logique approfondie  de  nombreuses  Algues  permettra  de 
préciser  l'action    de  divers  facteurs  externes  sur  la  forme 

(1)  Kufîeralli  :  Loc.  cit.,  p.  30. 


LA    CULÎUHE    DES    ALGUES  '  35 

des  cellules.  Jusqu'à  maintenant,  nos  connaissances  sur  ce 
sujet  sont  fragmentaires  et  n'autorisent  pas  de  générali- 
sation (1.)  » 

Kufferath,  qui  a  étudié  de  nombreuses  cultures  de  Chlo- 
ri'lhi  luteo-viridis,  admet  que  le  diamètre  cellulaire  est 
modifié  surtout  par  l'action  de  la  lumière  :  à  l'obscurité^  le 
dianiclrc  cellulaire  est  ' beaucoup  plus  petit  qu'à  kl  lumière, 
il  semble  aûsssi  indifférent  pour  l'Algue  qu'elle  soit  en  milieu 
liquide  ou  milieu  solide. 

Cette  conclusion  est  sans  doute  exacte  pour  l'espèce 
étudiée  par  l'auteur  :  elle  n'est  pas  générale.  Nous  a^ons  eu 
l'occasion  d'obtenir  des  cellules  très  grosses  de  Scenedesmus 
acutus  dans  des  cultures  maintenues  un  an  à  l'obscurité,  et 
il  ne  semble  pas  que  Ghodat  en  ait  obtenu  de  même  dia- 
mètre à  la  lumière. 

Nous  allons  maintenant  rapporter  quelques  expériences 
personnelles  de  culture,  desquelles  nous  avons  essayé  de 
dégager,  selon  les  circonstances,  la  valeur  de  différents 
milieu.v  nutritifs,  l'influence  de  la  lumière  et  de  l'obscurité, 
celle  de  la  température,  etc.,  ainsi  que  les  modifications 
dans  la  structure  et  le  contenu  cellulaire. 


m.  —  OBSEUVAÏIO.NS  GENÉKALES  SUR  QUELQUES  .MILIEUX  DE 
CULTURE  A  LA  LUMIÈRE  ET   A    LOBSGURITÉ 

La  valeur  d'un  liquide  nutritif  minéral  est  fonction  non 
seulement  de  sa  composition  chimique,  mais  aussi  de  sa 
concentration  ;  il  suffit  de  faire  varier,  même  légèrement, 
la  proportion  des  substances  constitutives  du  milieu  pour 
en  modifier  sensiblement  les  propriétés  :  tel  milieu  con- 
viendra à  la  culture  d'une  algue,  alors  qu'il  sera  peu  favo- 
rable ou  même  impropre  à  celle  d'une    autre    espèce  :   des 

(1)  KufîeratU  :  Loc.  cit.,  p.  180. 


36  p. -A.  DANGEARO 

proportions  infinitésimales  d'une  substance  comme  le 
fer  et  le  manganèse  sont  susceptibles  également  de 
changer  du  tout  au  tout  les  propriétés  nutritives  du  milieu. 

L'aération  de  l'eau,  sa  teneur  en  acide  carbonique 
dissous,  sont  des  facteurs  importants,  ainsi  que  la  tempéra- 
ture. 

La  question  est  donc  infiniment  complexe  et  notre  but 
n'est  pas  de  l'aborder  sous  cette  forme  :  nous  avons  voulu 
faire  un  simple  examen  comparatif  entre  les  milieux  nutri- 
tifs les  plus  employés. 

Nos  expériences  sur  la  photosynthèse  exigent  un  déve- 
loppement rapide,  à  une  intensité  lumineuse  faible,  si 
l'on  veut  mettre  en  évidence  toutes  les  radiations  ac- 
tives. 

D'autre  part,  si  le  spectre  doit  être  projeté  sur  la  paroi 
des  cuves  de  culture,  il  est  utile  de  savoir  d'avance  si,  en 
culture  pure,  le  liquide  nutritif  employé  comporte  un  déve- 
loppement de  l'algue  sur  des  parois  verticales  :  dans  le 
cas  contraire, il  est  nécessaire  de  se  servir  d'un  autre  dispo- 
sitif :  le  semis  aura  lieu,  par  exemple,  sur  du  papier  buvard, 
qui  retient  l'algue,  au  moins  en  partie,  pendant  la  durée  de 
l'expérience. 

En  rappelant  les  principes  sur  lesquels  repose  notre 
méthode,  on  se  rendra  compte  de  l'importance  de  chacun  de 
ces  points  : 

1°  Dans  un  milieu  contenant  tous  les  aliments  minéraux 
essentiels,  sauf  le  carbone,  une  plante  est  dans  l'impossi- 
bilité absolue  de  se  développer  à  l'obscurité. 

2°  Exposée  à  la  radiation  totale  dans  ce  même  milieu 
minéral,  la  plante  prendra  son  carbone  à  CO-  et  elle  se 
multipliera  activement. 

3°  La  culture,  en  l'absence  de  carbone  organique,  exposée 
aux  diverses  radiations  d'un  spectre,  indiquera  par  les  diffé- 
rences de  son  développement  le  degré  d'activité  de  chaque 
radiation  dans  la  photosynthèse,  avec  une  précision  mathé- 


LA    CULTURE    DES    AL(.UES  37 

nialique  :  s'il  existe  des  radiations  inactives  à  l'intensité 
donnée  du  spectre,  elles  seront  marquées  par  l'absence  de 
tout  développement. 

Bien  qne  le  premier  principe  semble  à  l'abri  de  toute  dis- 
cussion et  de  tdute  controverse,  nous  avons  tenu,  ne  vou- 
lant rien  laissera  la  critique,  à  faire  plusieurs  expériences 
sur  des  cultures  d'algues  en  milieu  minéral,  disposées  les 
unes  à  l'abscurité,  alors  que  les  autres  étaient  maintenues  à 
la  lumière  :  parallèlement  ou  simultanément,  nous  examine- 
rons le  développement  des  mêmes  algues,  sur  milieu  renfer- 
mant du  carbone  organique,  soit  à  la  lumière,  soit  à  l'obs- 
curité. 


L'expérience  suivante  va  permettre  de  mettre  en  relief 
certaines  modifications  de  la  structure  du  CIdorella  vulfjarh, 
cultivé  sur  carotte,  à   la  lumière  et  à  Vobscurilé. 

L'expérience  a  commencé  le  14  septembre  1912  : 
10  tubes  contenant  un  fragment  de  carotte,  comme  milieu 
nutritif,  ont  été  ensemencés  avec  le  Chlorellavuluaris  de  nos 
llacons  de  culture,  isolé  à  l'état  pur  :  cinq  de  ces  tubes  ont 
été  conservés  au  laboratoire  à  une  température  qui  a  varié 
de  10  à  15°  environ  :  ils  ont  été  placés  à  la  lumière  d'une 
fenêtre  ;  les  cinq  autres  ont  été  conservés  dans  une  étuve 
dont  la  température  était  de  25":  ils  ont  été  maintenus 
pendant  toute  la  durée  de  l'expérience  à  l'obscurité. 

Les  différences  de  température  auxquelles  les  deux  lots 
ont  été  soumis  ne  permettent  pas  de  dégager  d'une  manière 
précise  l'influence  de  la  lumière  et  de  l'obscurité  sur  la 
vigueur  du  développement  :  nous  nous  sommes  borné  à 
rechercher  les  principales  modifications  éprouvées  par 
'Algue  dans  ces  conditions  de  culture. 


38 


p. -A.  DANGEARD 


Obscurité 

il  \.  -Début  de    colonie 
1.  Stérile 
3.  Développement  assez  avancé 
4.  Début  de  colonie 


\  5. 


Id. 


[   1.  Développement  moyen 

i  2  0 

26  dé-    \ 

,        (   3.  Développement  luxuriant 

cembre   i  ,  ^^  ,,      ^f    . 

i  4.  Belle  colonie 

'  5.  Belle  colonie -|- Bactéries 

,'  1.  Très  beau  développement 

2.  0 

3.  Très  beau  développement 

4.  Id. 
^  5.  Belle  colonie -}- Ractéries 

i\ .  Très  beau  développement 
2.  0 

3.  Très  beau  développement 
4.  Id. 

5.  Envahi  par  les  Bactéries 


30  dé- 
cembre 


Lumière 

Bon  développement. 
Développement  faible. 

0 

0 

0 

Bon  développement. 
Id. 
0 
0 
0 

Colonie  longue  et  large. 
Développ.  assez  bon. 
Début. 

0 

0 

Très  bon. 
Moyen. 
Assez  bon. 
Faible. 

0 


La  multiplication  du  Chlorella^  d'après  les  constatations 
faites,  s'est  toujours  montrée  nettement  supérieure  dans  les 
tubes  maintenus  à  l'obscurité  ;  la  végétation  était  luxu- 
riante, les  colonies  nombreuses  et  larges  ;  celles  de  la 
surface  se    réunissaient  pour  former  un  enduit  vert  épais. 

Tout  ce  que  l'on  peut  dire,  c'est  que  l'action  de  la  lumière, 
bien  qu'elle  soit  favorable  ordinairement,  n'a  pas  compensé 
ici  l'écart  de  température  ;  celui-ci,  à  partir  du  6  janvier, 
avait  diminué,  la  température  du  laboratoire  ayant  oscillé,  à 
partir  de  cette  date,  entre  16  et  18°. 

Un  premier  prélèvement,  effectué  le  3  janvier  1913,  a 
permis  de  faire  les  constatations  suivantes  : 

1°  Chlorella  cultioé  à  la  lumière.  — •  Les  cellules  sont 
toutes  à  peu  près  de  même  grosseur  :  elles  sont  sphériques, 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  39 

la  membrane  est  si  mince  qu'elle  ne  se  voit  nettement  qu'à 
l'aide  de  réactifs,  comme  le  vert  d'iode  et  la  safranine  ; 
avec  ces  réactifs,  la  membrane  n'apparaît  plus  comme 
homogène  ;  elle  est  striée  très  régulièrement  dans  son 
épaisseur  :  ces  stries  sont  au  nombre  de  dix  à  quatorze  ; 
quelquefois,  la  membrane,  sur  un  coté,  est  gélifiée,  en  une 
sorte  de  petite  calotte  colorée  en  bleu  par  le  vert  d'iode. 

On  soupçonne,  à  l'aide  de  l'iode  ou  de  la  solution  de  Gram, 
un  pyrénoïde  dans  quelques  cellules  ;  mais  il  est  le  plus 
souvent  indistinct.  La  cellule  se  colore  en  jaune  brun,  mais 
sans  granule  d'amidon  net  :  on  dirait  plutôt  du  glycogène  : 
le  chromatophore  est  d'un  vert  clair,  en  forme  de  croissant 
remplissant  plus   ou  moins  la  cellule. 

On  observe  des  cellules  mères  à  membrane  mince  dont  le 
contenu  se  divise  en  quatre  ;  on  rencontre  aussi  beaucoup 
d'amas  de  huit  cellules  réunies  plus  ou  moins  régulièrement  ; 
ils  proviennent  de  sporanges  dont  la  membrane  a  disparu  : 
il  existe,  semble-t-il,  une  certaine  tendance  des  cellules  à 
rester  ainsi  réunies  en  cénobes  pendant  quelque  temps. 

2°  Chlorella  cultivé  à  tobsnirité.  —  Les  cellules  sont  plus 
grossesqu'à  la  lumière  :  leur  diamètre  estaussi  plus  variable; 
la  culture  renferme  beaucoup  de  très  petites  cellules  ;  la 
membrane  est  mince,  mais  visible. 

La  structure  de  la  membrane  est  la  même  qu'à  la  lumière  : 
les  stries  ne  sont  apparentes  que  sur  les  cellules  de  taille 
moyenne  et  non  sur  les  très  petites   cellules. 

La  culture  renferme  beaucoup  de  sporanges  à  quatre  cel- 
lules ;  mais  un  plus  grand  nombre  en  ont  huit  :  pour  ces 
derniers,  la  séparation  des  spores  est  simultanée. 

Les  cellules  ne  contiennent  pas  d'amidon  :  le  pyrénoïde 
est  absent  ou  indistinct  ;  la  solution  de  Gram  ne  donne  pas 
au  contenu  cellulaire  une  coloration  jaune  brun  aussi 
accentuée  que  pour  les  cellules  cultivées  à  la  lumière. 

Ainsi  donc,  la  culture  sur  carotte,  qui  est  très  favorable  a 
la  multiplication  rapide  cju  Çhlorclla  vulgaris,  entraîne  une 


40  P. -A.   DANGEARD 

diminution  très  sensible  dans  l'épaisseur  de  la  membrane  et 
elle  amène  la  disparition  plus  ou  moins  complète  du 
pyrénoïde  :  pendant  cette  période  de  multiplication,  l'amidon 
est  remplacé  par  duglycogène. 

Un  second  examen,  effectué  le  28  janvier,  alors  que  les 
colonies  ne  subissaient  plus  de  changement  notable,  nous 
fournit  les  indications  suivantes  : 

Chlorella  cultiréàhi  lumière.  —  Absence  de  cellules  en 
division  ;  granules  d'amidon  remplissant  tout  lo  chroma- 
tophore;  cellules  toutes  à  peu  près  de  même  taille  ;  pyré- 
noïde indistinct. 

Chlorella  cultivé  à  /'obscurité.  —  Absence  de  cellules  en 
division  ;  le  chromatophore  est  également  rempli  de  grains 
d'amidon;  ils  sont  plus  gros  que  dans  les  cellules  restées  à  la 
lumière  ;  beaucoup  de  cellules  sont  presque  incolores  ;  il 
existe  de  grandes  différences  de  grosseur  entre  les  cellules  ; 
pyrénoïde  indistinct. 

Dans  cette  même  expérience,  10  tubes  sur  agar  glucose 
avaient  été  également  ensemencés  dont  5  maintenus  à  l'obs- 
curité dans  l'étuve  et  o  conservés  à  la  lumière  du  labo- 
ratoire. 

Le  développement  a  toujours  été  bien  inférieur  à  celui 
qui  s'est  produit  sur  les  tranches  de  carotte  :  la  végétation 
s'est  montrée  plus  abondante  à  l'obscurité  dans  l'étuve  jus- 
qu'au début  de  février  à  cause  de  la  température  ;  mais  à 
partir  du  17  février,  le  développement  à  la  lumière  a  subi 
une  reprise  et  de  belles  colonies  sont  apparues  qui  se  sont 
étendues  par  la  suite. 

13 

La  seconde  expérience  est  du  24  décembre  1912  :  elle  a 
été  faite  avec  le  Chlorella  viilgaris  variété  genevcnsis  ;  elle 
avait  pour  but  d'étudier  : 

1''  Le  développement  relatif  de  l'algue  sur   trois  milieux 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  41 

différents  :   agar    nutritif  glucose,    liquide    Detmer-(jrrinl- 
zesco  glucose,  liquide  Detmer-Chodat  : 

2°  L'influence  de  la  lumière  et  de  l'obscurité  sur  ces  trois 
milieux  nutritifs. 

L'ensemencementa  lieu  dans  trente  tubes  répartis  en  trois 
lots  de  dix  chacun  :  chaque  lot  correspond  à  la  nature  du 
milieu  nutritif  employé  :  cinqtubes  de  chaque  lot  sontplacés 
les  uns  à  l'obscurité  dans  une  étuve  dont  la  température 
estde  24à  25"  ;  les  autres  sont  placés  à  la  lumière  d'une 
fenêtre  du  laboratoire  située  au  nord-est  :  la  température 
du  laboratoire  a  oscillé  entre  10  et  16". 

l^*"  Lot.  —  Tubes  agar  nutritif  (jliicosé.  —  Le  semis  ayant 
été  fait  le  24  décembre,  trois  jours  après,  le  27,  quatre  tubes 
montraient  à  l'obscurité  de  l'étuve  un  développement  très 
apparent  ;  les  vingt-six  tubes  restants  ne  présentaient  aucune 
trace  de  l'algue. 

//  avait  donc  suffi  de  trois  jours  en  milieu  nutritif  glucose 
pour  obtenir  des  colonies  très  visibles  à  iœil  nu,  alors  que 
Grintzesco  indique  qu  il  faut,  sur  ce  même  milieu,  de  cinq 
à  six  jours. 

Ces  quatre  tubes,  le  30  décembre,  au  sixième  jour  de 
culture,  ont  des  colonies  d'une  largeur  de  1  centimètre  ; 
le  cinquième  tube  montre  à  son  tour  un  début  de  dévelop- 
pement. 

Quant  aux  cinq  tubes  placés  à  la  lumière  et  à  une  tempé- 
rature relativement  basse,  ils  commencent  à  montrer  le 
sixième  jour  de  culture  un  léger  début  de  végétation  ;  ils 
sont  donc   à  ce   moment  très  en  retard  sur  les  précédents. 

Le2  janvier  1913,  les  tubes  à  l'obscurité  ne  présentent 
qu'un  faible  changement  ;  les  colonies  se  sont  peu  étendues 
en  largeur  ;  elles  sont  cependant  plus  épaisses. 

Ce  même  jour,  les  cinq  tubes  placés  à  la  lumière  ont  de 
belles  colonies  et  la  différence  s'atténue  entre  cultures  à 
l'obscurité  et  cultures  à  la  lumière,  malgré  une  différence  de 
température  d'une  douzaine  de  degrés. 


42  p. -A.  DANGEARD 

Le  6  janvier,  les  cultures  sur  agar  glucose,  à  la  lumière 
du  laboratoire  avec  une  température  qui  atteint  dans  la 
journée  1(3°,  sont  nettement  plus  vigoureuses  que  celles 
qui  sont  à  l'étuve  à  24°  ou  25°  sur  même  milieu. 

On  peut  donc  conclure,  semble-t-il,  que  si  Iq.  lumière  a  re- 
tardé un  peu  l'apparition  des  colonies,  elle  a  eu  cependant  une 
action  favorable  sur  la  croissance  et  la  multiplication  des 
cellules,  dans  les  conditions  de  Vexpérience^  avec  un  écart 
de  température  d'une  douzaine  de  degrés. 

Le  17  février,  les  colonies  dans  les  cinq  tijbes  à  la  lumière 
sontlarges,  épaisses:  àl'obscurité,  la  végétation  s'est  arrêtée 
et  les  colonies  sont  beaucoup  moins  étendues. 

Nous  procédons,  pe  n)ême  joqr,  à  un  examen  microsco- 
pique des  cellules  dans  ces  tubes  à  l'agar  nutritif  glu- 
cose. 

Les  cellules  dans  les  cultures  à  la  lumière  ont  une  mem- 
brane d'épaisseur  moyenne,  avec  des  stries  très  régulières  : 
elles  sont  de  grosseur  moyenne  et  sphérique  ;  sous  la 
membrane,  et  à  son  contact,  on  distingue  avec  l'aide  de  la 
solution  deGram,  une  quantité  de  petites  granulations  très 
régulières  qui  forment  une  sorte  de  pavage  ;  on  pourrait 
croire  parfois  qu'elles  font  partie  de  la  membrane  elle- 
même  :  ces  granulations  se  colorent  en  brun  rougeâtre 
faible  par  le  Gram  :  le  pyrénoïde  est  indistinct. 

On  rencontre  de  nombreux  sporanges  avec  quatre  ou  huit 
spores  arrondies  ;  la  multiplication  est  donc  active. 

Les  dellules,  dans  les  cultures  à  V obscurité^  sont,  il  semble, 
un  peu  plus  grosses,  comme  moyenne  :  il  y  a  aussi  de  très 
petites  cellules  :  la  structure  de  la  membrane  est  la  même 
qu'à  la  lumière  ;  sous  la  membrane  existe  aussi  un  pavage 
de  fines  granulations  :  beaucoup  de  cellules  sont  presque 
incolores,  le  chloroleucite  étant  réduit  à  un  croissant  ; 
d'autres  cellules  sont  vertes  etgranuleuses  ;  elles  contiennent 
de  l'amidon  en  abondance. 

Les  sporanges  manquent,  ce  qui  correspond  à  l'arrêt  de 


LA    CULTITHE    DES    ALGUES  43 

la  végétation.   Les    différences    dans    les    deux    sortes  de 
cultures  sont  donc  les  suivantes  : 

La  taille  des  cellules  à  l'obscurité  est  plus  inégale,  et  la 
grosseur  moyenne  un  peu  plus  grande  quà  la  lumière  :  le 
nombre  des  cellules  incolores  est  également  plus  élevé  : 
enfin  ces  cellules  à  ïobscurité  renferment  beaucoup  de 
grains  d'amidon,  alors  que  ceux-ci  manquent  ou  sont  moins 
abondants  dans  les  cellules  à  la  lumière.  Ces  différences 
tiennent  en  partie  tout  au  moins  au  fait  qu'à  la  lumière, 
l'algue  est  en  multiplication  active,  à  cette  date  du  17  février 
1913,  alors  qu'à    l'obscurité,  cette   multiplication  a  cessé. 

On  n'avait  pas  encore, semble-t-il, signalé, chez  les  Chlorelles, 
l'existence  de  ces  stries  que  nous  venons  de  décrire  dans 
la  membrane  des  cellules  :  on  ne  les  retrouve  pas  dans  la 
plupart  des  milieux  de  culture  :  la  présence  de  granules  très 
réguliers, très  fins,disposésen  unecoucheuniquesouslamem- 
brane,et  se  colorant  en  brun  rougeàtre  par  le  Gram, constitue 
encore  un  caractèreassez  remarquable.  Le  fait  qu'il  est  par- 
fois difficile  de  savoir  si  ces  granules  sont  indépendants  de 
la  membrane  ou  en  font  partie,  suggère  l'idée  qu'il  existe 
peut-être  une  relation  directe  entre  ces  granules  et  la  for- 
mation même  delà  membrane:  mais  c'est  là  un  point  sur 
lequel  nous  ne  pouvons  fournir  aucune  précision. 

2Mot. —  Tubes  Detmer  Grintzesco  glucose.  —  Le  dévelop- 
pement est  beaucoup  moins  rapide  au  début  que  sur  agar  : 
ce  n'estque  le  4  janvier  qu'une  trace  de  végétation  se  montre  : 
nous  l'observons  pour  un  tube  sur  cinq  à  Tobscurité  et  pour 
trois  sur  cinq  à  la  lumière. 

Les  tubes  placés  à  la  lumière  donnent,  le  17  février,  sauf 
un  qui  reste  stérile,  un  dépôt  abondant  d'algues  au  fond, 
et  aussi  sur  la  paroi  :  nombreuses  cellules  en  suspension 
dans  le  liquide  :  nous  constatons  qu'à  l'obscurité,  au  con- 
traire, quatre  tubes  sont  restés  stériles,  et  celui  qui  présen- 
tait, le  4  janvier,  un  début  de  végétation  n'a  guère  progressé 
depuis. 


44  p. -A.  DANGEARD 

Nous  avions  été  fort  surpris  par  celte  remarque  :  aussi 
avons-nous  été  heureux  de  trouver  un  cas  sensiblement  ana- 
logue dans  le  mémoire  de  Kufîerath  à  propos  du  Chlorclla 
luteo-viridis  :  «  En  milieu  liquide,  à  la  dose  de  1  0/0  de 
glucose,  à  la  lumière,  la  culture  devient  très  forte  ;  elle  a 
une  couleur  vert  pâle.  La  même  cuHuve  maintenue  à  Fobscu- 
rité  reste  faible  et  a  une  teinte  jaune  ;  on  observe  des  cel- 
lules à  plastides  à  peu  près  complètement  décolorées, 
indistinctes.  La  plupart  des  cellules  présentent  un  contenu 
granuleux  ou  renferment  des  sphères  réfringentes  de 
substances  huileuses  »  (1)  ;  parles  figures  que  donne  l'au- 
teur pour  une  culture  maintenue  trois  mois  à  l'obscurité,  on 
se  rend  compte  que  les  cellules  sont  en  voie  de  dégénéres- 
cence. 

Ainsi  donc,  voilà  deux  observations  qui  tendraient  à  prou- 
ver qu'à  l'obscurité  le  Chlorella  viilgaris d'une  part, et  d'autre 
part  le  Chlorella  luteo-viridis,  assimilent  difficilement  le 
glucose  ajouté  à  un  milieu  liquide  minéral. 

On  seraitd'autant  plus  fondé  à  le  croire,  que,  pour  ce  qui 
concerne  le  Chlorella  vulfiaris,  les  cinq  tubes  au  glucose, 
restés  stériles  du  24  décembre  19L2  au  5  mars  10 13,  à 
l'obscurité,  ont  fourni  rapidementpar  la  suite  une  abondante 
végétation,  lorsqu'à  partir  de  cette  date  du  5  mars,  ils  ont 
été  placés  à  la  lumière. 

La  conclusion  sur  Vinfluence  inhibitrice  de  V obscurité  sur 
de  telles  cultures  aurcdt  cependant  été  inexacte  ;  et  nous 
trouverons,  au  cours  de  ce  mémoire,  d'autres  expériences 
dans  lesquelles  le  même  liquide  minéral  glucose  a  fourni  à 
l'obscurité  de  belles  cultures  du  Chlorella  vulgaris. 

Ces  différences  ont  une  cause  qui  nous  échappe  :  disons 
seulement  que  la  nature  du  milieu  nutritif  sur  lequel  on 
emprunte  le  semis  n'est  pas  indifférente  au  succès  des  cultures: 
si  l'on  transporte  une  algue  d'un  milieu  solide  sur  un  milieu 

(1)  Kuiïerath  :  Loc.  cit.,  p.   125-126 


LA    CULtUHE    Di:s    ALGUES  4o 

liquide  OU  inversement, d'un  milieu  glucose  surune  aulrequi 
ne  l'est  pasou  inversement,  les  conditions  différentes  dans 
lesquelles  s'exercent  leséchangesosmotiques  nécessitent  une 
adaptation  plus  ou  moins  longue  et  plus  ou  moins  difficile  : 
il  serait  donc  utile,  en  général,  d'indiquer  l'origine  du  prélè- 
vement destiné  à  effectuer  les  semis  ;  on  arriverait  ainsi, 
sans  doute,  à  se  rendre  compte  de  certains  insuccès  qui  pa- 
raissent inexplicables. 

Quoi  qu'il  en  soit,  alors  que  dans  cette  expérience  les  cinq 
tubes  maintenus  à  l'obscurité  se  comportaient  comme  il 
vient  d'être  dit,  quatre  tubes  sur  les  cinq  placés  à  la  lumière 
donnaient  rapidement  une  belle  végétation  ;  un  mois  environ 
après  le  semis,  le  28  janvier  11)13,  un  examen  microsco- 
pique fournissait  les  caractères  suivanis  : 

Cellules  rondes  à  membranes  minces  ;  pavage  de  granu- 
lations fines  sous  la  paroi  ;  beaucoup  de  très  petites  cellules 
sans  pyrénoïde  visible  ;  les  cellules  plus  grosses  ont  un 
pyrénoïde  ;  la  teinture  d'iode  colore  le  cliloroleucite  et  les 
granulations  en  jaune  brun;  l'amidon  manque. 

On  observe  de  nombreux  sporanges  à  quatre  ou  huit  cel- 
lules ;  dans  ce  dernier  cas,  la  division  est  simultanée  ;  on 
remarque  également  que  les  très  petites  cellules  donnent 
des  sporanges  à  deux  spores. 

La  présence  de  ces  cellules  minuscules  explique  pourquoi 
le  liquide  nutritif  est  légèrement  coloré  en  vert  :  ces  cellules 
se  maintiennent  en  suspension  dans  l'eau,  grâce  à  leur  légè- 
reté. 

Ces  tubes  à  milieu  liquide  glucose,  conservés  à  la  lumière, 
ont  perdu  peu  à  peu  une  partie  de  leur  contenu  par  évapo- 
ration  :  deux  présentaient  le  24  décembre  1913,  après  un 
an  de  culture,  une  teinte  rouille  :  le  dépôt  d'algues  qui  se 
trouvait  au  fond  était  abondant  ;  un  examen  attentif  montre 
la  présence  d'un  parasite  endocellulaire  :  il  est  très  fré- 
quent dans  les  grosses  cellules,  sous  forme  d'une  sphère 
réfringente  de  diamètre  variable  :   entre  ce   parasite   et  la 


46  p. -A.  DANGEARD 

membrane  se  trouvent  quelques  petites  granulations  rou- 
geâtres,  résidus  de  la  digestion  ;  les  cellules  minuscules 
sont  aussi  vidées  par  le  parasite  et  ne  renferment  plus  qu'un 
ou  deux  petits  granules  rouges  ;  ce  parasite  esiVEndoino- 
nadina  Chlorellae,  sp.  nov. 

Dans  les  tubes  contaminés  et  dans  ceux  qui  étaient  restés 
indemnes,  la  quantité  d'algues  qui  s'est  développée  est 
au  moins  cinq  fois  supérieure  à  celle  des  tubes  Detmer- 
Chodat  sans  glucose  ;  le  liquide  en  était  devenu  presque 
épais. 

On  ne  trouve  fréquemment  qu'un  parasite  par  cellule  ; 
mais  parfois  la  cellule  hospitalière  en  renferme  deux  et  très 
rarement  trois. 

L'examen  du  24  décembre  ne  montrait  pas  de  Chlorelles 
en  division  ou,  du  moins,  nous  n'en  avons  pas  remarqué  ;  le 
3  avril  1914,  la  culture  continuait  à  présenter  de  nombreuses 
cellules  envahies  par  VEndomonadina;  mais  d'autres  assez 
nombreuses  étaient  en  multiplication  active. 

Gomme  il  n'existait  aucune  bactérie  dans  les  cellules  en- 
vahies par  VEndomonadina,  on  aurait  pu  croire  que  les  cul- 
tures en  question  étaient  des  cultures  pures. 

Les  tubes  non  contaminés  nous  avaient  montré,  le 
15  février  1914,  un  phénomène  assez  intéressant  ;  de  nom- 
breux sporanges  à  quatre  ou  huit  cellules  se  trouvaient  parmi 
des  cellules  de  dimensions  très  variables  ;  or  les  spores 
provenant  de  ces  sporanges  étaient  assez  fréquemment  de 
diamètre  variable  ;  la  différence  était  encore  plus  sensible 
dans  les  cénobes  provenant  de  la  sporulation. 

3^  lot.  —  Liquide  Detiner-Chodat.  —  Le  semis  ayant  été 
fait  le  24  décembre  1912,  l'examen  du  4  janvier  1913  montre 
un  //ï\s'  h'yer  dépôt  de  granulations  vertes  au  fond  des  dix 
tubes  ;  il  est  plus  net  dans  les  cinq  tubes  placés  à  la  lu- 
mière. 

La  présence  d'un  très  léger  dépôt  dans  les  cinq  tubes 
maintenus  à  l'obscurité  semble  indiquer  que  l'algue,  dans  un 


LA    Ct'LTL'UE    DES    ALGUES  47 

milieu  minéral  dépourvu  de  carbone,  se  multiplie  tout  d'a- 
bord quelque  peu,  soit  quelle  utilise  le  carbone  que  ses  cel- 
lules ont  en  supplément,  soit  quelle  trouve  dans  le  milieu 
quelques  traces  de  carbone. 

Mais  disons  dès  maintenant  que,  dans  ces  tubes,  l'algue 
cesse  presque  aussitôt  de  se  multiplier  ;  un  examen  fait  le 
0  mars  1913  ne  montrait  aucune  augmentation  des  traces 
du  dépôt,  ce  qui  conlirmait  absolument  les  prévisions. 

Dans  les  tubes  à  la  lumière,  l'algue  se  développe  assez 
bien,  mais  plus  lentement  que  dans  les  tubes  Grintzesco 
glucose  ;  l'algue  formait,  le  17  février,  un  dépôt  vert,  en  len- 
tille, au  fond  des  tubes  ;  on  ne  remarquait  pas  de  revête- 
ment vert  sur  les  parois,  ni  de  cellules  en  suspension  dans 
le  liquide. 

Ces  tubes,  examinés  après  un  an,  contiennent  toujours  un 
liquide  incolore  ;  les  algues  sont  déposées  au  fond  en  une 
calotte  assez  épaisse  ;  si  l'on  remue  un  tube,  le  liquide  devient 
d'un  beau  vert  transparent. 

Un  examen  microscopique  fait  le  24  décembre  1913,  après 
un  an  de  culture,  ne  montre  aucune  cellule  en  division; 
ces  cellules  sont  sphériques  ;  les  plus  grosses  ne  dépassent 
pas  le  diamètre  moyen,  mais  il  y  a  toutes  les  transitions 
jusqu'à  des  cellules  n'ayant  pas  plus  de  deux  ou  trois  p,  ; 
beaucoup  de  cellules  ont  un  contenu  cellulaire  granuleux 
entièrement  vert,avec  pyrénoïde, alors  qu'un  certain  nombre 
sont  incolores,  vacuolaires,  avec  un  très  petit  croissant  vert 
latéral  représentant  le  chloroleucite  sans  pyrénoïde  ;  c'est 
un  stade  qui  conduit  insensiblement  à  des  cellules  complè- 
tement incolores,  qui  sans  doute  sont  mortes. 

Un  examen  microscopique  du  14  mai  1914  donne  lieu 
aux  remarques  suivantes  :  beaucoup  de  cellules  incolores 
sont  mélangées  aux  cellules  vertes  ;  celles-ci  sont  de  taille 
moyenne  avec  un  chloroleucite  en  croissant  :  on  rencontre 
çà  et  là  quelques  cellules  plus  grosses  qui  renferment  de 
une  à  quatre  sphérules  réfringetites  qui  semblent  bien  appar- 


48  P. -A    DANGÈARÔ 

tenir  à  Y Endomonadina  ;  mais  l'absence  des  résidus  rou- 
geâtres  habituels  donne  à  la  détermination  une  certaine 
indécision. 

L'amidon  manque  complètement,  ou  bien  il  n"en  existe 
qu'une  faible  trace  autour  du  pyrénoïdc  lorsque  celui-ci 
existe. 

En  résumé,  cette  première  expérience  du  24  décembre 
19J2  nous  a  fourni  quelques  résultats  intéressants  en  ce 
qui  concerne   le  Chlorella  vnhjaris. 

\°  Ledéueloppement  en  milieu  nutritif  agar  glucose,  à  la 
température  de  21  à  25'',  est  extra- rapide  ;  les  colonies  sont 
visibles  au  bout  du  troisième  jour  chms  des  cultures  main- 
tenues à  Vobscurité. 

2°  La  lumière  sur  ce  même  milieu  a  favorisé  nettement  le 
développement  des  cultures  ;  ce  résultai  est  à  retenir,  si  on  se 
rappelle  que  Grintzesco^  pour  cette  même  algue  et  le  même 
milieu  nutritif,  a  constaté  que  dans  les  cultures  à  lobscurité 
et  ensemencées  par  stries,  le  développement  est  plus  vigou- 
reux au  bout  de  W  jours  d  expérience  que  dans  les  flacons 
correspondants  placés  en  lumière  totale. 

3^  L'absence  de  développement  du  Chlorella  dans  des 
tubes  à  milieu  liquide  Detmer  Grintzesco  glucose  maintenus 
à  l'obscurité^  alors  quà  la  lumière  la  végétation  de  ialgue 
était  vigoureuse  ;  cette  absence  de  développement  nous  a 
surpris  d'autant  plus  que  dans  d'autres  expériences  ana- 
logues, le  Chlorella  s'est   multiplié  abondamment. 

4°  L impossibilité,  d'ailleurs  prévue  par  la  théorie,  d'un  dé- 
veloppement de  Chlorella,  en  milieu  nutritif  minéral,  dé- 
pourvu de  carbone. 

5"  La  découverte  d'un  parasite  endocellulaire  des  Chlorelles, 
Endomonadina  Chlorell^e. 

6"  La  constatation  de  quelques  particularités  non  encore 
signalées  dans  la  structure  des  Chlorelles. 


LA    CULTURE   DES   ALGUES  49 


La  troisième  expérience  est  du  9  janvier  1913  :  elle  a  été 
faite  avec  le  Chlorella  vulgaris  v.  genevensis  et  le  Scenedes- 
miis  acutiis  provenant  de  deux  cultures  fournies  obligeam- 
ment par  M.  le  professeur  Chodat  ;  cette  expérience  avait 
pourbut  de  confirmer  et  de  compléter  les  précédentes. 

Elle  a  porté,  en  ce  qui  concerne  le  CA/ore//a,  sur  la  valeur 
nutritive,  soit  à  la  lumière,  soit  à  l'obscurité,  des  quatre 
milieux  suivants  :  liquide  Detmer-Chodat,  liquide  Detmer- 
Grintzesco,  liquide  de  Knop,  agar  nutritif  glucose. 

1°  Lumière  du  Laboratoire. 
Chlorella  genevensis. 

Liquide  Grintzesco  (G).     .  6  tubes 

—  Detmer  (D).     .  4  tubes 

—  Knop       (K)      .  4  tubes 
Agar  glucose.     ....  4  tubes 

2°  Obscurité  d'un  placard. 
Chlorella  genevensis. 

Liquide  Grintzesco.     .  6  tubes 

—  Detmer.     .     .  5  tubes 

—  Knop.  ...  4  tubes 
Agar  glucose.     ...  4  tubes 

La  température  était  celle  du  laboratoire  :  elle  a  subi  des 
fluctuations  en  rapport  avec  les  diverses  époques  de  l'année; 
en  janvier,  la  température  était  de  16°  à  17°  pendant  ïe 
jour  :  la  nuit,  la  température  pouvait  descendre  à  10"  ou 
12°. 

Gélose  nutritive  glucosée. —  L'expérience  ayant  commencé 
le  9  janvier  1913,  les  colonies  sont  visibles  le  troisième  jour 

4 


50  P.-A.  DANGEARD 

dans  Tagar  glucose,  soit  à  la  lumière,  soit  à  Vobscurité  :  à 
l'obscurité,    le  développement  est  cependant  moins  avancé. 

Le  17  janvier  1914,  dans  les  cultures  à  la  lumière  sur 
agar  glucose,  la  colonie  provenant  de  la  piqiàre  a  une  lar- 
geur de  3  à  5  millimètres  ;  ces  colonies  sont  beaucoup  moins 
avancées  à  l'obscurité  sur  le  même  milieu. 

Dans  les  milieux  liquides,  on  observe,  pour  tous  les  tubes, 
ce  même  jour,  un  léger  dépôt  qui  va  s'accentuant  jusqu'au 
25  janvier  ;  à  ce  moment,  le  développement  est  bon  pour  le 
Detmer-Chodat  et  le  Detmer-Grintzesco  ;  il  est  plus  lent  dans 
le  Knop. 

Le  25  janvier,  les  belles  colonies  du  Chlorella  sur  l'agar 
glucose  à  la  lumière  augmentent  peu  en  surface  et  elles 
ne  subiront  pas  grand  changement  jusqu'au  5  mars  ;  les 
cultures, sur  même  milieu, à  l'obscurité,  ont  beaucoupgagné, 
et  le  17  février,  on  note  que  les  colonies  dans  trois  des  tubes 
sont  aussi  belles  qu'à  la  lumière  ;  le  5  mars,  il  est  impossible 
de  faire  une  différence  entre  cultures  placées  à  la  lumière  et 
cultures  maintenues  à  V obscurité. 

En  résumé,  laction  de  la  lumière,  dans  cette  expérience, 
en  milieu  nutritif  glucose,  a  tout  d'abord  favorisé  nettement  le 
développement  des  colonies,  sans  amener  finalement,  au  bout 
de  deux  mois,  une  différence  sensible  dans  les  cultures. 

Liquides  minéraux  à  la  lumière.  —  Le  17  février,  la  valeur 
des  divers  liquides  nutritifs  se  dégage  :  la  multiplication  de 
l'algue  est  plus  rapide  dans  le  liquide  G  :  elle  est  sensible- 
ment égale  dans  les  deux  autres. 

Le  5  mars,  mêmes  constatations  ;  le  liquide  G  se  montre 
nettement  supérieur  aux  deux  autres  ;  les  six  tubes  ense- 
mencés contiennent  un  dépôt  très  abondant  deChlorelles. 

L'écart  n'a  fait  que  s'accentuer  par  la  suite  ;  nous  nous 
bornerons  à  donner  quelques  indications  prises  le  20  dé- 
cembre 1913,  après  un  an  de  culture. 

Dans  les  six  tubes  avec  liquide  G,  l'algue,  outre  le  déve- 
loppement abondant  du  fond,  s  est  multipliée  sur  les  parois 


LA   CULTURE   DES   ALGUES  51 

verticales  où  elle  s'est  fixée  ;  elle  a  marqué  en  vert  par  sa 
végétation  les  parties  éclairées,  alors  que  les  ombres  portées 
par  les  traverses  horizontales  du  support  se  trouvaient  des- 
sinées en  blanc  par  l absence  d'enduit  vert. 

Avec  les  deux  autres  liquides  minéraux,  l'algue  n'a  formé 
aucun  revêtement  sur  la  paroi  :  elle  saccunudait  en  dépôt 
au  fond  des  tubes  ;  le  dépôt  était  sensiblement  le  même  dans 
les  huit  tubes. 

Au  point  de  vue  des  phénomènes  de  photosynthèse,  le 
liquide  G  possède  donc  des  avantages  sur  les  deux  autres  : 
il  permettrait  de  projeter  verticalement  le  spectre  sur  les 
cuves  de  culture,  puisque,  dans  ce  milieu,  en  culture  pure, 
l'algue  est  adhérente  et  forme  un  revêtement  vert,  en  face 
les  radiations  actives  dans  la  photosynthèse  ;  ce  liquide 
d'autre  part  favorise  une  multiplication  active  de  l'algue, 
même  lorsque  la  radiation  est  d'une  intensité  aussi  faible 
que  celle  qui  se  produit  en  janvier,  dans  un  appartement,  à 
une  exposition  nord-est  ;  ce  dernier  point  est  d'une  grande 
importance,  car  la  sensibilité  de  notre  méthode  est  liée  à  la 
sensibilité  de  l'algue  vis-à-vis  des  radiations  actives  dans 
l'assimilation  chlorophyllienne. 

La  faculté  que  possède  le  Chlorella  de  se  fixer  sur  les  pa- 
rois verticales,  lorsqu'elle  est  cultivée  dans  ce  liquide  G, 
tient  sans  doute  au  léger  dépôt  qui  se  produit  :  l'adhérence 
de  l'algue  a  été  cependant  plus  faible  que  dans  les  mêmes 
liquides  minéraux  en  cultures  non  stérilisées. 

Un  prélèvement  effectué  le  3  avril  1914  montre  des  cel- 
lules sphériques  à  membrane  épaisse  sans  ornements  ou 
plissements  ;  le  pyrénoïde  n'est  visible  que  rarement  ; 
aucune  apparence  d'amidon  ou  même  de  granulations  ;  le 
contenu  cellulaire  se  colore  en  jaune  brun  ;  certaines  cel- 
lules incolores,  à  contenu  contracté,  sont  mortes  très  pro- 
bablement ;  sur  bon  nombre  de  cellules,  la  membrcme 
épaisse  bleuit  nettement  par  le  Gram;  cellules-mères  à  deux 
ou  quatre  spores. 


P.-A.  DANGEARD 

Un  second  prélèvement  à  la  date  du  13  mai  1914  renferme 
beaucoup  de  cellules-mères,  av,ec  deux,  quatre  spores  ou 
plus,  rarement  huit  ;  la  membrane  des  sporanges  est  très 
épaisse,  avec  stries  concentriques  ;  elle  bleuit  ou  prend  une 
teinte  violacée  par  le  Gram  :  il  se  forme  des  sortes  de  colonies 
palmelloïdes  avec  cellules  inégales  ;  le  pyrénoïde  existe 
et  il  est  ordinairement  entouré  d'une  couche  mince 
d'amidon  :  au  milieu  des  colonies  palmelloïdes,  on  trouve 
un  grand  nombre  de  petites  cellules  avec  ou  sans  pyré- 
noïde. 

Le  20  juillet  1914,  nous  prenons  un  de  ces  tubes  à  li- 
quide Grintzesco,  datant  d'un  an  et  demi  ;  la  quantité  de 
Chlorelles  qu'il  contient  est  considérable  :  ces  cellules  sont 
bien  vivantes  ;  en  versant  le  contenu  du  tube  dans  de  l'eau 
ordinaire,  on  obtient  les  jours  suivants  un  abondant  déga- 
gement d'oxygène  lorsque  le  flacon  est  placé  à  la  lu- 
mière. 

Afin  de  vérifier  si  ces  cultures  étaient  restées  pures  pendant 
cette  période  de  dix-huit  mois,  nous  avons  procédé  à  des 
ensemencements  sur  milieu  nutritif  à  l'agar,  en  empruntant 
le  semis  aux  tubes  Grintzesco,  Detmer  et  Knop  ;  les  tubes 
ensemencés  ont  présenté  au  bout  d'un  mois  de  belles  colo- 
nies indemnes  de  tout  organisme  étranger  :  ce  sont  les  colo- 
nies provenant  des  tubes  G  qui  se  sont  développées  les 
premières,  puis  celles  de  K,  et  enfin  les  colonies  provenant 
d'un   prélèvement  dans  les  tubes  à  liquide  de  Detmer. 

Liquides  minéraux  à  l obscurité.  —  Les  tubes  de  culture 
étaient  au  nombre  de  15  :  6  G,  5  D,  4  K  ;  conservés  un  an 
à  l'obscurité  d'un  placard^  ils  n'ont  fourni  aucune  trace 
appréciable  de  développement,  alors  que  des  tubes  identiques, 
placés  à  la  lumière.,  donnaient  comme  on  l'a  vu  une  abon- 
dante végétation  de  Chlorelles  ;  ce  résultat  était  prévu  par 
la  théorie  ;  il  était  toutefois  utile  d'en  donner  une  preuve 
aussi  complète  que  possible. 

A  partir  du  20  décembre  1913,  les  quinze  tubes  ainsi  con- 


LA    CULTURE    DES   ALGUES  53 

serves  un  an  à  l'obscurité  et  qui  ne  montraient  aucune 
trace  de  Chlorella  ont  été  placés  à  la  lumière  d'une  fenêtre 
du  laboratoire. 

Il  s'agissait  de  voir  si  les  germes  de  l'algue,  déposés  dans 
ces  tubes  le  9  janvier  1913,  s'étaient  conservés  vivants  à 
V obscurité  pendant  cette  longue  période. 

Le  23  février  1914,  on  peut  constater  une  multiplication 
active  de  l'algue  :  elle  forme  un  dépôt  vert  en  lentille  au 
fond  de  tous  les  tubes,  sauf  pour  quelques-uns  qui  sont  restés 
stériles  ou  ont  été  contaminés  par  le  Pénicillium. 

Cette  contamination  par  le  Pénicillium  s'est  faite  dans 
des  conditions  assez  singulières  que  nous  allons  rapporter 
exactement. 

Le  20  décembre  1913,  sur  les  quinze  tubes,  maintenus  à 
l'obscurité,  deux  G  sur  six  et  deux  D  sur  cinq  étaient 
envahis  par  le  champignon  ;  tous  les  autres  étaient  restés 
stériles. 

La  présence  d'une  couche  épaisse  superficielle  de  mycé- 
lium fructifié  dans  ces  quatre  tubes  constituait  un  fait 
extrêmement  remarquable  dont  il  nous  est  encore  impossible 
de  fournir  une  explication  satisfaisante. 

On  pouvait  supposer  que  les  substances  employées  à  la 
fabrication  des  milieux  minéraux  G  et  D  étaient  impures  et 
renfermaient  une  proportion  notable  de  carbone  organi- 
que qui  avait  été  utilisée  par  le  Pénicillium  :  maison  s'ex- 
pliquait mal  dans  ce  cas  l'absence  de  tout  développement 
du  Chlorella  à  l'obscurité  :  la  quantité  assez  élevée  de  mycé- 
lium avec  ses  fructifications  qui  se  formait  dans  chaque  tube 
contaminé  nécessitait,  d'autre  part,  une  proportion  assez 
élevée  de  carbone  :  ce  carbone  était  donc  sous  une  forme 
inutilisable  pour  le  saprophytisme  du  Chlorella. 

La  contamination  s'est  étendue  au  milieu  minéral  Knop  : 
en  effet,  sur  les  quinze  tubes  enlevés  du  placard  le  20  décem- 
bre 1913  pour  être  placés  à  la  lumière,  quatre,  comme  nous 
venons  de  le  dire,   renfermaient  le  Pénicillium  ;    en  mai, 


54  P. -A.  DANGEARD 

nous  constatons  qu'un  nouveau  tube  G  est  contaminé  et 
aussi  un  tube  K  :  le  développement  de  l'algue,  déjà  très 
apparent,  se  trouve  arrêté. 

Il  restait  donc  neuf  tubes  non  contaminés  :  le  Chlorella 
s'est  multiplié  abondamment,  à  la  lumière,  dans  tous,  sauf 
pour  deux  qui  sont  restés  stériles. 

Ainsi  donc,  pour  s'en  tenir  aux  apparences,  \e  Pénicillium 
se  montrait  susceptible  de  développement  dans  un  milieu 
nutritif  minéral,  dépourvu  de  carbone  organique  ;  l'absence 
de  carbone  organique  dans  ce  milieu  semblait  résulter  non 
seulement  de  la  préparation  de  ce  milieu,  mais  aussi  du  fait 
que  le  Chlorella  n'avait  pu  y  végéter  à  l'obscurité  :  on  se 
trouvait  ainsi  conduit  à  admettre  que  le  champignon  était 
capable  de  prendre  son  carbone  à  l'air  ou  au  carbonate  de 
chaux  :  tout  comme  les  nitrobactéries,  il  décomposerait  GO  - 
dans  l'obscurité  la  plus  complète  :  la  source  d'énergie  néces- 
saire à  la  réaction  endothermique  pourrait  être  cherchée 
comme  lorsqu'il  s'agit  des  micro-organismes  nitrifiants 
dans  une  oxydation  du  carbonate  d'ammonium  en  acide 
nitreux  et  acide  nitrique. 

Mais,  dans  une  question  de  cette  importance,  on  ne 
saurait  s'entourer  de  trop  de  garanties  ;  pour  avoir  la  solu- 
tion de  cette  question,  nous  avons  préparé  spécialement  avec 
des  produits  purs  du  liquide  minéral  Grintzesco  :  celui-ci 
a  été  réparti  en  un  certain  nombre  de  flacons  Erlenmeyer. 

Nous  les  avons  ensemencés  le  23  mai  avec  le  Pénicillium 
emprunté  aux  tubes  contaminés  :  les  deux  tubes  stériles 
de  l'expérience  précédente  étaient  également  ensemencés. 

Dans  les  flacons  Erlenmeyer,  au  nombre  de  six,  il  s'est 
formé  en  quatre  ou  cinq  jours  un  petit  flocon  unique  de 
mycélium  qui  a  immédiatement  cessé  de  s'accroître  :  après 
trois  mois,  il  est  encore  dans  le  même  état;  le  milieu  nutritif 
contenant  tous  les  éléments  nécessaires  au  développement, 
sauf  le  carbone  organique,  l'arrêt  dans  la  végétation  du  Peni- 
cilUuni  est  dû  à  l'absence  de  ce  carbone. 


LA   CULTURE   DES   ALGUES 

Dans  les  deux  tubes,  le  Pénicillium  s'est  développé  et  a 
fourni  du  mycélium  en  proportion  notable. 

Il  faut  donc  admettre  que  les  quinze  tubes,  maintenus  un 
an  à  l'obscurité,  ont  reçu  d'une  source  ignorée  une  quantité 
de  carbone  appréciable  :  le  carbone  sous  cette  forme  n'était 
pas  assimilable  pour  les  Chlorelles  à  l'obscurité  :  c'est  la 
présence  de  ce  carbone  qui  a  permis  une  contamination  par 
le  Pénicillium. 

Nous  nous  bornerons  donc  aux   constatations  suivantes: 

1°  Le  Chlorella  genevensis  a  conservé  ses  germes 
vivants^  pendant  un  an,  à  Vobscuriié,  sans  se  multiplier  ;  à  la 
lumière,  la  multiplication  a  été  rapide. 

2°  La  présence  du  Pénicillium,  dans  certains  tubes,  a 
empêché  le  développement  de  l'algue  :  si  la  culture  était  déjà 
en  pleine  végétation,  celle-ci  a  été  arrêtée  brusquement  par 
l'apparition  du  champignon. 

11  est  absolument  certain  que  les  tubes  n'avaient  pas  reçu 
accidentellement  ou  par  erreur  du  glucose  :  dans  les  tubes 
à  liquide  minéral  glucose  à  1  0/0,  le  Pénicillium  se  déve- 
loppe vigoureusement  à  toutes  les  hauteurs  dans  le  liquide 
nutritif  :  ici,  il  poussait  presque  exclusivement  en  surface, 
où  il  formait  un  feutrage  épais,  avec  des  fructifications  ; 
c'est  cette  constatation  qui  rend  encore  plus  difficile  la 
recherche  de  l'origine  du  carbone  fixé  parle  Pénicillium. 

Cette  expérience  du  9  janvier  1913  portait  également  sur 
le  Scenedesmus  acutus,  cultivé  à  la  lumière  et  à  l'obscurité. 

lo  Lumière  du  laboratoire. 

Liquide  Detmer 2  tubes 

—        Knop 2     — 


2"  Obscurité  d'un  placard. 

Liquide  Detmer 2  tubes 

—       Knop.  .....         2     — 


iJO  P    A    DANGEARD 

A  Ir-i  lijr/)n;rfi,  h;  ITjanvifjp,  les  cultures  montrent  déjà 
une  horine  ;i[jparence  de  développement  dans  le  liquide  de 
Knop  :  il  est  moins  avancé  dans  leliquide  de  Detmer  :  cette 
avarif-c.  en  faveur  du  Knop  se  maintiendra  jusqu'au  mois  de 
mars  ;  [)lijs  tard,  elle  disparaîtra,  et  le  20  décembre,  le 
dépôt  du  forif]  est  sensiblement  le  même  dans  les  quatre 
tubes.  \\\\  mai  1914,  un  examen  comparatif  des  cultures 
montre  (jue  dans  le  Detmer,  le  Scanedesmus  a  conservé  sa 
forme  nf)rmale  ;  les  cellules  sont  en  pleine  division  ;  les 
colonies  df;  quatre  éléments  sont  nombreuses  au  milieu  des 
élénuînts  Daclijlocorcus  ;  le  chloroleucite  est  très  vert  ; 
le  [)yrénoïd(;est  visible,  de  grosseur  variable  ;  il  est  entouré 
d'une;  couche  mince  d'amidon  ;  on  rencontre  çà  et  là  quel- 
ques [grosses  cellules  plus  ou  moins  arrondies  ou  irrégu- 
lieres. 

Dans  le  liquid»;  Knop,  la  teinte  du  dépôt  est  légèrement 
jaunâtre;  :  à  r(;xamen  microscopique,  beaucoup  de  cellules 
s(;  montr(;nt  plus  ou  moins  décolorées;  un  certain  nombre  à 
»;xliémitéM  arrondies  ont  subi  une  dégénérescence  grais- 
s(;us(;  ;  Tacid»;  osini(jue  donne  une  teinte  noire  à  de  gros 
amas  réfriiig»;nts  ;  l'amidon  manque  presque  partout,  sauf 
dans  les  formes  Ihtrhjlococciis^  où  le  pyrénoïde  est  apparent. 

Kn  résumé,  pour  uur.  culturiî  de  très  longue  durée,  comme 
C(;ll(;  ci,  l'avantagi;  en  faveur  du  liquide  Detmer  est  mani- 
Icstt;  pour  b;  Scrucdcsnms  (tnitiis. 

A  l'ohsnirilrjrs  (nutlrc  luhcs  ensemencés  le  9  janvier  19i3 
iwer  le  ScKNKDKSMiis  noni  donné  ancnn  développement  à  la 
date  du  ?()  décendue  191,')  ;  placés  à  la  lumière,  ils  noni 
pas  lardé  à  présenter  un  dépôt  vert,  accusant  une  multipli- 
cation active  de  laUjue,  sauf  dans  un  tube  à  liquide  Detmer 
resté  stérile  :  ces  olyservalions  confirment  donc  simplement 
celles  (pli  ont  été  faites  (UH'C  le  Glll.oilKLLA  VULGARIS. 

Après  les  (expériences  (jui  précèdent,  l'exactitude  du  prin- 
ciftcde  notre  méthode  pour  l'étude  de  l'assimilation  chloro- 
phyllienne, ne  sauraitêtre  contestée. 


LA    CULTTTRR    DES    ALGUES  57 

Une  algue  verte,  comme  le  Chlorella  vulgaris  on  le 
ScENEDESMUS  ACUTUS,  ne  peut  se  multiplier  à  l obscurité 
dans  un  milieu  minéral,  dépourvu  de  carbone  organique, 
quelle  que  soit  Indurée  de  Vexpérience. 

A  la  lumière,  la  multiplication  est  rapide  :  tout  le  carbone 
de  la  plante  provient  de  la  synthèse  chlorophyllienne  :  en 
lumière  totale,  le  degré  végétation  nwsure  donc  exactement  le 
degré  dactivité  de  cette  radiation  :  en  cultures  devant  un 
spectre^  la  présence  ou  labsence  de  végétation  permet  de 
distinguer  les  rayons  actifs  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas  :  l'état 
de  la  végétation  permet  d'autre  part  d'établir  les  différences 
d'activité  de  ces  différents  rayons. 

Les  Chlorella  et  les  Scenedesmus  nont  besoin  que  dune 
intensité  lumineuse  très  faible,  pour  effectuer  leur  synthèse 
chlorophyllienne  dans  un  liquide  minéral  :  il  suffit,  comme 
nous  lavons  vu,  de  quinze  jours  ou  dun  mois  pour  obtenir 
des  cultures,  en  plein  hiver ^  dans  un  appartement^  à  quelque 
distance  dune  fenêtre  exposée  au  nord-est  ;  cette  sensibilité, 
qui  sera  démontrée  par  un  grand  nombre  d'autres  expé- 
riences^ donne  à  la  méthode  toute  sa  valeur. 

IV,  —  LA  CULTURE  DES  AI,GUES  SUR  MILIEUX  SOLIDES  DANS  SES 
RELATIONS  AVEC  LA  LUMIÈRE 

L'exactitude  des  expériences  sur  la  photosynthèse  au 
moyen  de  notre  méthode  exige  que  le  milieu  nutritif  qui 
sert  à  la  culture  des  algues,  ne  puisse  céder  aucune  trace  de 
carbone  organique  :  ce  carbone  doit  être  fourni  tout  entier 
à  l'algue  par  l'assimilation  chlorophyllienne. 

Cette  condition  est  réalisée  dans  les  milieux  liquides  miné- 
raux dont  nous  nous  servons  :  les  résultats  obtenus  dans 
ces  conditions  sont  par  conséquent  très  démonstratifs. 

On  peut,  dans  ces  cultures,  négliger  le  plus  souvent  de 
stériliser  les  cuves  et  les  liquides  dont  on  se  sert  :  en  effet, 
ces  liquides  minéraux  dépourvus  de  carbone  sont  incapables 


58  p. -A.  DANGEARD 

d'assurer  le  développement  des  champignons  saprophytes 
ordinaires  et  des  bactéries  banales,  jusqu'au  moment  où 
l'algue  introduit  elle-même  ce  carbone  dans  ses  cellules  par 
photosynthèse  ;  les  observations  conservent  donc  toute  leur 
rigueur. 

Si  toutefois  on  tient  à  conserver  longtemps  ses  cultures 
indemnes  de  tout  organisme  étranger,  il  est  nécessaire  de 
stériliser  ces  milieuxnutritifs.Orl'emploides  milieuxliquides 
stérilisés  ne  se  prête  que  difficilement  à  l'étude  de  l'action 
du  spectre  ;  il  faut  se  servir  de  dispositifs  spéciaux  pour 
assurer  une  bonne  aération  des  liquides  stérilisés  et  une 
teneur  favorable  en  CO  -  dissous. 

Ces  difficultés  n'existeraient  pas  si  on  disposait  d'un  milieu 
nutritif  solide,  ne  fournissant  pas  de  carbone  à  l'algue  :  celle- 
ci,  se  développant  en  surface,  trouverait  toujours  suffisam- 
ment de  CO  -  au  contact  de  l'air. 

Il  était  donc  tout  indiqué  de  rechercher  comment  l'agar  et 
la  gélatine,  purifiés  par  macération  dans  de  l'eau  acidulée 
et  lavés  ensuite  à  l'eau  distillée,  se  comporteraient  pour  des 
cultures  d'algues  faites  à  l'obscurité  :  si  ces  substances  ne 
fournissent  pas  directement  à  l'algue  du  carbone,  tout  déve- 
loppement est  impossible  en  l'absence  de  radiations  ;  on , 
pourrait  alors  utiliser  les  cultures  (Tagar et  de  gélatine  impré- 
gnés de  liquides  minéraux  pour  l'étude  de  lassimilation 
chlorophyllienne. 

Bien  qu'aucun  auteur  n'ait  envisagé  jusqu'ici  l'intérêt  de 
ce  pointde  vue,  nous  possédons  déjà  quelques  renseignements 
à  cet  égard. 

Ainsi  Grintzesco  a  cultivé  le  Chlorclla  vulgaris  sur  gélose 
à  l'eau  distillée  ;  mais  ses  cultures  n'ont  été  faites  qu'à  la 
lumière  (1). 

Ce  savant  avait  préparé  trois  séries  de  six  flacons  Erlen- 
meyer  :  la  première  série  comprenait  de  l'agar  dissous  avec 

(1)  Grintzesco  :  Loc.  cit.,  p.  17-18. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  59 

le  liquide  minéral  Grinlzesco  ;  la  deuxième  série  était  cons- 
tituée par  de  l'agar  avec  azotate  de  calcium  et  eau  distillée  , 
dans  la  troisième  série,  l'agar  était  dissous  simplement  avec 
de  l'eau  distillée. 

Les  colonies  sont  apparues  au  bout  de  6  à  8  jours  pour  la 
première  série,  de  18  à  20  jours  pour  la  deuxième  série, 
de  20  à  25  jours  pour  la  troisième  série  :  pour  toutes  le 
développement  s'arrête  au  bout  de  quelque  temps;  partout 
la  surface  du  milieu  nutritif  est  plus  favorable  au  dévelop- 
pement. 

L'absence  de  cultures  parallèles,  faites  à  l'obscurité,  ne 
permet  pas  de  se  prononcer  sur  Vorigine  du  carbone  incor- 
poré par  ïahjiie  :  il  semble  bien  cependant  qu'il  soit  dû 
pour  la  plus  forte   part  à  l'assimilation    chlorophyllienne. 

Grintzesco  a  vu,  toujours  en  lumière  totale,  que  la  géla- 
tine, additionnée  de  liquide  minéral  G,  est  moins  favorable 
que  l'agar  employé  dans  les  mêmes  conditions  ;  les  colonies 
qui  sont  plus  grosses  en  surface  qu'en  profondeur  ne  sont 
visibles  que  15  ou  20  jours  après  l'ensemencement,  alors 
qu'avec  l'agar,  elles  apparaissaient  du  sixième  au  huitième 
jour. 

Là  encore,  nous  ignorons  dans  quelles  proportions  la  gé- 
latine peut  abandonner  son  carbone  au  Chlorella. 

Les  expériences  de  Grintzesco  n'ayant  eu  lieu  qu'en  pré- 
sence de  la  lumière,  ne  permettent  pas  de  savoir  si  l'agar  et 
la  gélatine  constituent  une  source  de  carbone  appréciable 
pour  le  Chlorella  valgaris. 

Les  observations  de  Kufferath  sur  le  Chlorella  luteo-viri- 
dis  sembleraient  indiquer  que  cette  algue  utilise,  dans  une 
certaine  mesure,  le  carbone  de  l'agar,  en  l'absence  de  radia- 
tion ;  en  effet,  voici  ce  qu'il  a  constaté  : 

((  Sur  gélose  »^  2  0/0,  additionnée  des  sels  minéraux,  la 
culture  de  Chlorella  luteo-viridis  se  développe  bien,  elle  est 
verte.  Les  cellules  ont  une  plastide  verte,  bien  délimitée, 
pariétale,  pourvue  d'un  pyrénoïde.  Il  y  a  de  nombreuses 


60  p. -A.  DANGEARD 

cellules  sporangiales  renfermant  de  deux  à  huit  petites  cel- 
lules. La  membrane  est  assez  épaisse  à  double  contour.  A 
Vohsciirité,  le  développement  est  moindre  qu'à  la  lumière^ 
la  culture  est  aussi  moins  verte  (1).  » 

La  gélose  utilisée  par  l'auteur  avait  été,  au  préalable,  trai- 
tée par  l'acide  nitrique,  puis  lavée  à  grande  eau  pendant  2 
ou  3  jours  jusqu'à  disparition  de  toute  réaction  acide. 

Avec  le  Stichococcus  bacillaris,  l'agar  serait  aussi  un  peu 
assimilé  d'après  Chodat,  qui  s'exprime  ainsi  :  «  A  l'obscurité, 
il  y  a  encore  un  développement,  mais  encore  ici,  il  n'y  a 
aucune  accélération  en  fonction  de  l'augmentation  de  l'azote. 
Comme  le  développement  se  fait  en  dehors  de  toute  photo- 
synthèse, il  faut  admettre  que  l'agar  est  un  peu  assimilé. 
Cependant  l'obscurité  retarde  beaucoup  le  développement  et 
la  couleur  des  colonies  est  moins  verte  (2).  » 

En  ce  qui  concerne  le  Stichococcus  minor  «  sur  agar  Det- 
mer  dans  l'obscurité,  le  développement  est  mauvais,  il  y  a 
diminution  de  la  couleur  verte.  Ainsi  le  Stichococcus  minor 
ne  peut  assimiler  la  gélose  (3)  ». 

Ces  diverses  observations  tendraient  à  établir  que  les 
algues  vertes  sont  susceptibles,  à  un  degré  variable,  d'utili- 
ser le  carbone  de  l'agar  ;  cette  utilisation  serait  d'ailleurs  à 
l'obscurité  toujours  assez  faible  {Chlorella  luteo-viridis, 
Stichococcus  bacillaris)  ou  même  nulle  {Stichococcus  minor). 

Examinons  maintenant  ce  qui  a  lieu  avec  la  gélatine. 

D'après  Grintzesco,  sur  gélatine  avec  liquide  minéral,  les 
colonies  du  Chlorella  apparaissent  en  lumière  totale  au 
bout  de  15  à  20  jours  ;  sur  gélatine  seule,  les  colonies  ne 
sont  visibles  à  l'œil  nu  qu'au  bout  de  20  à  25  jours  ;  dans 
les  deux  cas,  les  colonies  cessent  bientôt  de  s'accroître. 

Kufîerath  constate  que  le  Chlorella  luteo-viridis  se  déve- 
loppe bien  à  la  lumière  sur  gélatine,  additionnée  de  liquide 

(1)  Kufferath  :  Loc.  cit.,  p.  168. 

(2)  Chodat  :  Monographie,  loc.  cit.,  p.  150. 

(3)  Chodat  :  Loc.  cit.,  p.  158, 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  61 

nutritif.  Chodat  nous  fournit  des  renseignements  plus  com- 
plets :  ses  observations  sur  le  développement  du  Stichococ- 
cus  minorai  la  lumière  et  à  l'obscurité  sont  des  plus  inté- 
ressantes ;  cette  algue,  avec  la  gélatine,  se  comporte  en  véri- 
table saprophyte. 

((  L'obscurité  favorise  la  liquéfaction  de  la  gélatine  sans 
sucre  qui  est  beaucoup  plus  forte  dans  ce  milieu  que  dans 
la  lumière.  En  outre,  la  teinte  des  colonies  est  plus  pâle 
dans  la  gélatine  liquéfiée  à  l'obscurité  que  sur  milieux 
géloses.  Ici  donc,  le  saprophylisme  de  l'algue  qui  peptonise 
la  gélatine  s'ajoute  à  l'action  de  l'obscurité  pour  affaiblir 
la  chlorophylle.  Même  alors  que  la  liquéfaction  de  la  géla- 
tine se  fait  avec  vigueur  dans  l'obscurité,  la  dimension  des 
colonies  est  toujours  plus  faible  que  dans  les  mêmes  con- 
ditions à  la  lumière.  Cette  diminution  de  développement 
atteint  ordinairement  une  valeur  exprimée  par  le  chiffre  4. 
La  liquéfaction  de  la  gélatine  qui  ne  se  fait  pas  dans  des 
milieux  fortement  glucoses  à  la  lumière  a  lieu  avec  intensité 
dans  l'obscurité  ;  on  en  tire  comme  conclusion  que  la  lu- 
mière diminue  la  sécrétion  des  ferments  protéolytiques. 
Et  cependant,  même  sur  milieux  glucoses,  le  développe- 
ment de  ces  colonies  est  quatre  fois  plus  faible  dans  l'obscu- 
rité (1).  » 

Le  Stichococcus  minor  utilise  donc  le  carbone  de  la 
gélatine  :  cette  espèce  serait  par  conséquent  peu  favorable 
à  l'étude  de  la  photosynthèse  ;  mais  sa  culture,  en  face  d'un 
spectre,  serait  cependant  particulièrement  intéressante,  car 
elle  permettrait  de  se  rendre  compte  de  l'influence  des 
diverses  radiations  sur  les  sécrétions  protéolytiques. 

Cette  question  de  l'utilisation  par  les"  algues  du  carbone 
de  l'agar  ou  de  la  gélatine  demandait  des  observations 
nouvelles  et  plus  complètes  ;  nous  en  indiquerons  ici  quel- 
ques-unes : 

(1)  Chodat  :  Monographie,  loc.  cit.,  p.  159. 


62  p. -A.  DANGEARD 

A)  Cultures   sur  agar    et   gélatine  à  l'eau   distillée  ; 

B)  Cultures  sur  agar  à  2  0/0  4-  liquide  minéral  G  ; 
G)  Cultures  sur  agar  à  2  0/0  +  glucose  1  0/0. 


La  première  observation  date  du  2  janvier  1913  :  six 
tubes  ont  été  ensemencés  avec  le  Chlorella  genevensis  ;  nous 
les  disposons  en  trois  lots  de  deux  tubes,  l'un  à  l'agar,  le 
second  à  la  gélatine. 

Le  premier  lot  est  placé  à  l'obscurité,  dans  une  étuve  à  la 
température  de  24  à  25°. 

Le  deuxième  lot  est  conservé  dans  le  laboratoire,  en  le 
préservant  de  toute  lumière. 

Le  troisième  lot  est  disposé  dans  le  laboratoire,  à  une 
faible  distance  de  la  fenêtre  nord-est. 

Le  7  janvier,  nous  apercevons  une  très  légère  apparence 
de  développement  dans  les  six  tubes,  avec  une  faible  avance 
pour  le  lot  exposé  à  la  lumière. 

Le  13  et  le  28  janvier,  Fétat  des  tubes  placés  à  Vobscuiité 
est  resté  siatioimaire  ;  le  développement  devient  plus  appa- 
rent à  la  lumière. 

Un  examen  microscopique  effectué  sur  ce  troisième  lot, 
à  cette  date  du  28  janvier,  montre  que  les  cellules  sont  très 
vertes,  de  taille  peu  différente  ;  le  chromatophore  remplit 
presque  complètement  la  cellule  ;  l'amidon  manque  et  on 
ne  voit  même  pas  de  granules  sous  la  membrane  ;  les  divi- 
sions sont  extrêmement  rares;  quelques  cellules  géantes  se 
voient  au  milieu  des  autres  avec  un  chromatophore  en  crois- 
sant. 

Le  18  février,  nous  constatons  qiià  Vobsciirité,  soit  à  Vé- 
tuve,  soit  au  laboratoire,  le  développement  de  Valgue  sur 
Vagar  ou  la  gélatine  est  insignifiant. 

Ce  résultat  nous  semble  intéressant  :  il  montre  que  le 
Chlorella  genevensis  na  pas  utilisé  à  l'obscurité  le  carbone 


LA    CULTURE   DES   ALGUES  63 

de  l'agar  ou  de  la  gélatine  dissous  dans  de  l'eau  distillée, 
d'une  façon  sensible. 

Le  développement  de  l'algue,  à  la  lumière  dans  le  troi- 
sième lot,  a  présenté  des  différences  très  nettes,  suivant  que 
le  milieu  était  constitué  par  de  l'agar  ou  delà  gélatine. 

La  végétation,  qui  était  d'abord  plus  apparente  dans  l'a- 
gar, a  été  devancée  ensuite  par  celle  qui  s'est  produite  dans 
la  gélatine  ;  le  28  janvier,  la  différence  était  déjà  très  appré- 
ciable et  elle  n'a  fait  que  s'accentuer  par  la  suite  ;  la  géla- 
tine, dans  les  deux  tubes,  et  surtout  dans  l'un,  montrait  de 
belles  petites  colonies  superficielles  très  vertes  et  très  nom- 
breuses; les  deux  tubes  à  l'agar  n'ont  jamais  montré  qu'un 
développement  relativement  faible  du  Chlorella. 

Cette  différencedans  la  vigueurdesculturessur  gélatine  et 
agar  à  la  lumière  nous  semble  tenir  à  deux  causes  :  il  semble 
que  l'agar  cède  moins  facilement  à  l'algue,  les  éléments 
nutritifs  qui  en  dehors  du  carbone  sont  nécessaire  à  la  nu- 
trition ;  d'autre  part,  les  tubes  renfermant  la  gélatine  avaient 
de  la  vapeur  d'eau  en  plus  grande  abondance  que  les  autres 
et  cette  humidité  ne  pouvait  que  favoriser  grandement  la 
multiplication  du  Chlorella. 

En  résumé,  avec  de  l'agar  ou  de  la  gélatine  dissous  dans 
de  l'eau  distillée,  le  développement  du  CnLORELLA\[]LGA.ms 
est  sensiblement  nul  à  V obscurité  ;  à  la  lumière,  ïalgue  se 
multiplie  et  la  végétation  est  surtout  active  avec  le  milieu 
gélatine  :  avec  Vagar,  la  croissance  reste  assez  faible. 

Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  ce  dernier  milieu  (géla- 
tine et  eau  distillée)  pourrait  être  employé  avec  succès, 
pour  apprécier  l'influence  des  diverses  radiations  devant  un 
spectre. 

D'ailleurs,  si,  contre  toute  attente,  le  milieu  nutritif  four- 
nissait directement  du  carbone  à  l'algue,  on  s'en  apercevrait 
immédiatementpar  la  présence  d'une  végétation  appréciable, 
en  dehors  des  limites  du  spectre,  à  l'obscurité. 

Dans    l'expérience     précédente,    le  développement    de 


64  P.-A.  DANGEARD 

l'algue  sur  agarà  l'eau  distillée  a  été  presque  nul  à  l'obscu- 
rité ;  à  la  lumière,  il  s'est  produit,  mais  en  restant  trop 
faible,  pour  présenter  un  réel  intérêt,  dans  la  formation  d'un 
spectrogramme. 

Une  seconde  expérience  du  14  janvier  1913  n'a  fait  que 
confirmer  ces  résultats. 

Le  Chlorella  genevensis  a  servi  à  ensemencer  trois  tubes 
d'agar  à  l'eau  distillée  ;  deux  ont  été  placés  à  l'obscurité  et 
le  troisième  a  reçu  la  lumière  d'une  fenêtre. 

Le  28  janvier,  on  constate  qu'aucun  développement  ne 
s'est  produit  dans  les  deux  tubes  à  l'obscurité  ;  il  en  est  de 
même  le  17  février. 

Le  troisième  tube  soumis  à  la  lumière  de  la  fenêtre  mon- 
trait le  17  février  un  faible  développement  qui  s'arrête 
bientôt. 

Ainsi  l'agar  à  l'eau  distillée  ne  donne  rien  à  l'obscurité  ; 
à  la  lumière,  il  constitue  un  milieu  peu  favorable  au 
développement  du  Chlorella. 

La  troisième  expérience  a  été  faite  'dvec\e  Scenedesmiis 
acutus  :  le  semis  a  eu  lieu  le  2  janvier  1913  dans  deux 
tubes  agar  à  l'eau  distillée  et  deux  tubes  gélatine  également 
à  l'eau  distillée. 

Les  quatre  tubes  ont  été  placés  dans  une  enveloppe  épaisse 
ne  laissant  passer  aucune  radiation  ;  au  début,  nous  avons 
noté  une  trace  à  peine  visible  de  multiplication  ;  celle-ci 
s'est  arrêtée  et  le  30  juin,  c'est-à-dire  après  six  mois  de 
culture,  l'algue  ne  montrait  aucun  développement  appré- 
ciable. 

Cette  observation,  malheureusement,  n'a  pas  comporté 
l'examen  de  cultures  sur  même  milieu,  à  la  lumière  :  la  com- 
paraison des  résultats  aurait  eu  son  intérêt. 

On  sait,  en  etïet,  depuis  Beijerinck,  que  le  Scenedesmus 
acutus  liquéfie  la  gélatine,  lorsque  le  milieu  est  pauvre  en 
substances  nutritives  ;  l'absence  presque  totale  de  multipli- 
cation à   l'obscurité,  n'a  pas  permis  une  liquéfaction  qui  se 


LA    CULTURE   DES    ALGUES  65 

serait  peut-être  produite  à  la  lumière  ;  Chodat  a  d'ailleurs 
remarqué  que  certaines  races  ou  formes  de  cette  espèce  li- 
quéfiaient mal  ou  lentement  (1). 


B 


Les  cultures  sur  agar  additionné  d'un  liquide  minéral 
Grintzescô  ont  été  commencées  le  20  mai  1914  :  neuf  tubes 
ont  été  ensemencés  avec  le  Chlorella  genevensis. 

Un  premier  lot  de  deux  tubes  est  placé  à  l'obscurité  com- 
plète. 

Le  deuxième  lot  est  formé  par  trois  tubes  qui  sont  entou- 
rés chacun  par  des  anneaux  de  papier  opaque,  délimitant 
des  zones  éclairées  et  des  zones  obscures. 

Le  troisième  lot  comprend  quatre  tubes  qui  reçoivent  la 
lumière  dans  toute  leur  longueur. 

L'examen  du  3  juin  montre  que  dans  le  premier  lot,  à 
l'obscurité,  la  végétation  est  pour  ainsi  dire  nulle:  on  aper- 
çoit simplement  une  trace  jaunâtre,  suivant  la  strie  d'ense- 
mencement. 

Le  troisième  lot  présente,  dans  les  quatre  tubes  soumis 
à  la  radiation,  une  grande  quantité  de  petites  colonies,  rap- 
prochées les  unes  des  autres,  parfois  confluentes  :  elles 
sont  d'une  belle  couleur  verte. 

Le  deuxième  lot,  comme  on  doit  s'y  attendre,  d'après  ce 
qui  précède,  présente  une  alternance  de  plages  vertes  et 
de  plages  incolores,  selon  qu'elles  ont  reçu  la  lumière  on 
qu'elles  sont  restées  à  l'obscurité. 

Un  examen  du  16  juin  ne  fait  que  confirmer  et  accentuer 
ces  résultats  :  bonne  végétation  de  l'algue  à  la  lumière  ; 
absence  presque  complète  de  développement  à  l'obscurité. 

Conclusion.    —  On   pourrait  peut-être^  avec  le  Chloreïh 

(1)  Chodat  :  Loc.  cit. 


66  p. -A.  DANGEARD 

genevensis,  obtenir  un  bon  spectogramme  de  croissance,  en 
se  servant  comme  milieu  nutritif  dagar  dissous  dans  un 
liquide  nutritif  minéral  ;  la  très  faible  utilisation  du  car- 
bone de  l'agar  ne  paraît  pas  devoir  fausser  les  résultats 
d  une  façon  appréciable. 

A  cette  même  date  du  20  mai,  nous  avions  ensemencé  le 
Scenedesmus  acutus,  dans  cinq  tubes,  munis  d'écrans  par- 
tiels, en  employant  le  même  milieu  nutritif. 

La  végétation  est  restée  faible,  même  dans  les  portions 
éclairées,  sauf  dans  un  tube  qui  montre  à  la  lumière  un 
beau  développement  i  nous  ne  saurions  donc  tirer  aucune 
conclusion,  en  ce  qui  concerne  cette  algue. 

Nous  attribuons  cette  lenteur  dans  le  développement  au 
fait  que  le  semis  a  été  emprunté  à  des  cultures  maintenues 
depuis  plus  d'un  an  à  l'obscurité. 

Il  sera  utile  de  répéter  cette  dernière  expérience,  en  utili- 
sant, au  lieu  d'agar,  de  la  gélatine  avec  liquide  nutritif  mi- 
néral. 


Nous  nous  sommes  proposé  ici  de  voir  comment  les  algues 
se  comportent  sur  agar  2  %,  plus  glucose  1  %  ;  dans  ce 
cas,  en  l'absence  d'azotates,  Talguedoit,  il  semble,  emprunter 
tout  son  azote  à  l'agar  ;  on  supposerait  qu'ayant  du  glucose 
à  sa  disposition,  la  Ghlorelle  ou  le  Scenedesmus  puisse  se 
développer  aussi  bien  à  l'obscurité  qu'à  la  lumière. 

L'expérience  suivante  a  montré,  en  premier  lieu,  que  la 
végétation  est  vigoureuse  à  la  lumière  sur  ce  milieu  nutritif. 

Le  12  mai  1914,  neuf  tubes  sont  ensemencés  avec  le 
Chlorella  genevensis. 

L'origine  du  semis  est  intéressante  à  connaître  :  il  a  été 
prélevé  sur  des  tubes  qui  avaient  été  ensemencés  eux-mêmes 
le  9  janvier  1913,  dans  les  liquides  Grintzesco,  Detmer, 
Knop  :  nous  allions  donc,  en  même  temps,  avoir  une  idée  de 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  67 

la  pureté  de  ces  cultures  après  un  an  et  demi,  et  des  ren- 
seignements sur  la  vitalité  des  cellules;  chaque  liquide  G, 
D  et  K  a  servi  à  ensemencer  trois  tubes  ;  l'ensemble  des 
neuf  tubes  a  été  placé  près  d'une  fenêtre. 

Les  tubes  avec  semis  d'origine  G  ont  montré,  dès  le 
19  mai,  un  bon  début  de  végétation  ;  rien  encore  dans  les 
autres. 

Le  23  mai,  la  végétation  apparaît  à  son  tour  dans  les 
tubes  K  ;  les  tubes  D  sont  nettement  en  retard. 

Enfin  le  16  juin,  tous  les  tubes  sans  exception  montrent 
de  belles  colonies  vertes,  soit  en  surface, soit  en  profondeur, 
sans  aucune  trace  de  contamination. 

L'algue  trouve  donc  dans  ce  milieu,  très  facilement,  la 
quantité  d'azote  qui  lui  est  nécessaire,  ainsi  que  les  autres  élé- 
ments de  sa  nutrition. 

La  même  observation  faite  sur  le  Scenedesmus  acutus, 
avec  semis  d'origine  Detmer,  datant  également  d'un  an  et 
demi,  n'a  donné  aucune  trace  de  végétation  :  nous  nous 
bornerons  à  cette  constatation  sans  en  tirer  aucune  conclu- 
sion pour  l'instant. 

Les  algues  ayant,  dans  ce  milieu,  du  glucose  à  leur  dispo- 
sition, on  pouvait  supposer  que  la  différence  entre  cultures  à 
l'obscurité  et  cultures  à  la  lumière  serait  minime. 

L'expérience  n'a  pas  confirmé  ces  prévisions,  ainsi  qu'il 
résulte  d'un  semis  effectué  le  3  avril  1914,  avec  le  Chlorella 
genevensis  et  le  Chlorella  vulgaris. 

Quatre  tubes  de  l'une  et  l'autre  forme  sont  placés  à  l'obs- 
curité :  le  21  avril,  on  observe  des  traces  de  développement 
dans  les  huit  cultures  ;  deux  tubes  de  Chlorella  genevensis 
sont  alors  placés  à  la  lumière; 

Le  5  juin,  on  remarque  une  belle  végétation  et  des  colo- 
nies nombreuses  dans  les  deux  cultures  soumises  à  la  radiiJ- 
lion  :  dans  les  six  autres  qui  sont  restées  à  l'obscurité,  la 
Chlorelle  ne  s'étend  pas  au  delà  delà  ligne  d'inoculation  ;  la 
teinte  est  un  peu  jaunâtre. 


68  P.-A.  DANGEARD 

Malgré  la  présence  du  glucose,  il  existe  donc  une  très 
grande  différence  entre  cultures  à  la  lumière  et  cultures  à 
Vohscurité.  ^ 

Par  contre,  un  semis  de  ces  mêmes  Chlorelles  effectué  à  la 
même  date  sur  tranches  de  carottes  fournissait  de  belles 
colonies  de  couleur  très  verte. 

Un  autre  semis  de  Chlorella  genevensis,  toujours  de 
la  même  date,  sur  milieu  liquide  Grintzesco,  donnait  sur 
quatre  tubes  conservés  à  la  lumière  un  dépôt  vert,  tandis 
que  deux  autres,  conservés  à  l'obscurité,  restaient  sté- 
riles. 

Dans  Vutilisation  du  carbone  organique,  la  même  espèce 
d'algue  ne  semble  donc  pas  toujours  se  comporter  de  façon 
identique  :  ainsi,  dans  certaines  observations,  les  Chlorelles 
se  développaient  bien  à  l'obscurité  dans  le  liquide  Grintzesco 
glucose,  alors  que  pour  d'autres  les  cultures  restaient  sté- 
riles. 

On  peut  cependant  affirmer,  à  la  suite  de  ces  trois  expé- 
riences, que  la  lumière  a  une  action  nettement  favorable  sur 
les  cultures  : 

1^  Lorsqu'il  s'agit  d'agar  ou  de  gélatine  à  l'eau  distillée  : 

2**  D'un  milieu  à  lagar  2  ^/o  préparé  avec  un  liquide  mi- 
néral : 

3"  D'un  milieu  à  lagar  2  %,  plus  glucose  1  o/o. 

Les  résultats  obtenus  permettent  d'espérer  que  l'on  ob- 
tiendra de  bons  spectrogrammes  de  croissance  en  cultures 
pures  sur  gélatine  à  l'eau  distillée  ou  sur  agar  2  %  plus  un 
liquide  minéral. 

V.  —    L'INFLUENCE    DU   PENICILLIUM     SUR    LES    CULTURES    DE 
CHLORELLA    VULGARIS    EN  MILIEU     NUTRITIF    LIQUIDE  GLUCOSE. 

Il  était  intéressant  de  rechercher  comment  se  comporte- 
raient en  milieu  nutritif  carboné  des  cultures  mixtes  de 
Chlorella  vulgaris  et  de   Pénicillium     crustaceum^    soit  à 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  69 

l'obscurité^  soit  à  la  lumière  ;  on  pouvait  se  demander  si  la 
présence  du  champignon  favoriserait  la  multiplication  de- 
l'algue  ou  si  au  contraire  elle  l'entraverait  ou  même  l'ar- 
rêterait complètement. 


La  première  expérience  a  porte  sur  un  lot  de  dix  tubes 
à  liquide  Detmer-Grintzesco  glucose  placés  à  la  lumière  ; 
cinq  tubes  furent  ensemencés  avec  le  Chlorella  viilgaris  va- 
riété genevensis  seul  :  les  cinq  tubes  reçurent,  en  même  temps 
que  l'algue,  quelques  spores  du  Pénicillium  ;  les  deux  lots 
furent  placés  à  côté  l'un  de  l'autre,  sur  une  table,  à  un  mètre 
environ  d'une  fenêtre  du  laboratoire,  par  conséquent  dans 
les  mêmes   conditions  de  température  et  d'éclairement. 

Le  semis  a  été  fait  le  15  mars  1913  ;  les  premiers  résultats 
ont  été  constatés  le  30  mars  1913  au  retour  des  va- 
cances. 

1°  Dans  les  cinq  tubes  de  la  culture  mixte,  le  Pénicillium 
recouvre  la  surface  du  liquide  d'un  feutrage  épais  :  il  existe 
des  flocons  blancs  mycéliens  à  toutes  les  hauteurs  du  liquide 
dans  les  tubes  ;  aucune  apparence  de  développement  du 
Chlorella. 

2°  Dans  les  cinq  tubes  à  culture  pure  de  Chlorella,  le  déve- 
loppement de  l'algue  est  très  abondant  ;  nous  donnerons 
ici  quelques  détails  sur  l'apparence  que  présentait  la  végéta- 
tion de  l'algue  dans  ces  cinq  tubes,  parce  qu'ils  ont  une  cer- 
taine importance  lorsqu'il  s'agit  de  limiter  l'action  de  la 
pesanteur  et  celle  de  l'éclairement,  sur  la  formation  des  en- 
duits verts  et  des  dépôts. 

Tube  n°  1 .  —  Enduit  vert  abondant  sur  la  face  opposée  à 
la  lumière  ;  rien  sur  celle-ci  directement  éclairée  ;  l'enduit 
débute  irrégulièrement  à  une  faible  distance  de  la  surface, 
quatre  oucinqmillimètres;entre  ce  point  etlasurfacede  l'eau, 
aucun    développement   appréciable   ;    l'enduit    formé  par 


70  P.-A.  DANGEARD 

l'algue  est  vert  jaunâtre,  extrêmement  mince,  sensiblement 
homogène  ;  toutefois  vers  le  haut,  on  se  rend  compte  qu'il 
est  formé  à  cet  endroit  par  une  confluence  de  lignes  ;  de 
chaque  côté,  latéralement,  on  observe  des  lignes  bien 
distinctes,  fines  ou  larges,  débutant  en  pointe  fine  ou 
assez  larges  dès  le  début  :  ces  lignes  arrivent  plus  bas  à 
confluer  avec  l'enduit  vert  ;  on  remarque  que  ce  revêtement 
mince  formé  par  l'algue  est  très  peu  adhérent  ;  le  simple 
maniement  du  tube,  une  rotation  légère,  suffisent  pour  le 
détacher  à  partir  du  bas  sous  forme  d'une  fine  poussière  de 
corpuscules  qui  montent  très  lentement,  ou  se  tiennent  en 
suspension  dans  le  liquide. 

Le  fond  du  tube  montre  un  dépôt  vert  en  croissant  corres- 
pondant à  la  position  de  l'enduit  et  qui  est  placé  par  consé- 
quent du  côté  opposé  à  la  lumière. 

N°  2.  — Pas  de  lignes  nettes  ;  simple  enduit  fin,  homo- 
gène, commençant  à  trois  millimètres  environ  de  la 
surface  ;  il  se  trouve,  ainsi  que  le  dépôt  abondant  du  fond, 
sur  la  face  opposée  à  la  lumière. 

N°  3.  —  Mêmes  caractères  que  le  n°  2, mais  avec  quelques 
lignes  sur  les  côtés. 

N"  4.  — Le  revêtement  commence  à  trois  ou  quatre  mm. 
de  la  surface  par  de  nombreuses  lignes  confluentes  à 
pointes  fines  ;  les  lignes  verticales,  plus  ou  moins  nettes, 
sont  nombreuses,  toujours  du  côté  opposé  à  la  lu- 
mière. 

N"  5.  —  Le  dépôt  en  croissant  du  fond  est  particulière- 
ment abondant;il  existe  aussi  undépôt,mais  beaucoup  moins 
épais  sur  le  pourtour  et  le  fond  du  tube. 

Ces  enduits  et  ces  lignes  sont  extrêmement  fugaces;  le 
5  avril, l'algue  est  en  fine  suspension  dans  toute  la  hauteur  du 
liquide,  formant  une  sorte  de  poussière  et  un  léger 
trouble. 

Le  26  avril,  l'algue  est  encore  en  suspension  dans  le 
liquide:  la  multiplication  a  été  très  active  et  les  dépôts  du 


LA    CULTURE   DES   ALGUES  71 

fond  sont  en  couche  épaisse  :  il  ne  reste  plus    ni   lignes   ni 
dépôts  verts  sur  les  parois  verticales. 


B 


Dans  l'expérience  suivante, la  contamination  par  le  Pénicil- 
lium a  été  accidentelle  :  les  résultats  n'en  sont  pas  moins 
intéressants,  car  il  s'agit  cette  fois  d'une  culture  placée  à 
r  obscurité. 

Le  semis  a  été  fait  le  15  mars  191-3,  avec  Chlorella  vulgaris 
variété  genevensis,  sur  six  tubes  milieu  nutritif  liquide  Det- 
mer-Grintzesco  glucose  ;  ces  tubes  ont  été  mis  à  l'obscurité 
complète  dans  un  placard  du  laboratoire  ;  ils  étaient  incli- 
nés sous  un  angle  de  30°  environ. 

Le  30  mars,  nous  constatons  que  trois  des  tubes  ont  été 
contaminés  par  le  Pénicillium  ;  les  trois  autres  renferment 
des  cultures  pures  de  Chlorelle. 

1°  Tubes  à  culture  mixte. —  Le  Pénicillium  s'est  développé 
vigoureusement  dans  deux  des  tubes  ;  l'autre,  le  n*^  1,  en  ren- 
ferme moins.  Le  développement  de  l'algue  est  presque  nul 
dans  le  n*  2  ;  quelques  colonies  vertes  sont  visibles  sur  la 
face  postérieure  du  tube  n°  3;de  nombreuses  colonies  existent 
sur  cette  même  paroi  dans  le  n'^  1  ;  cette  végétation  plus 
abondante  de  lalgue  correspond  assez  sensiblement  à  un 
développement  moindre  du  champignon. 

2°  Tubes  en  culture  pure. —  Le  développement  du  Chlorella 
est  extrêmement  vigoureux  ;  chaque  tube  montre  une  ligne 
longitudinale  régulière  de  dépôt  vert  d'une  largeur  de 
un  millimètre  et  demi  :  cette  ligne  est  formée  d'un  enduit 
vert  léger,  homogène,  avec  çà  et  là  quelques  amas  de  grosses 
colonies  distinctes  :  la  ligne  se  termine  au  fond  du  tube  par 
un  dépôt  abondant  qui  s'étale  un  peu  en  croissant  ;  de  nom- 
breuses lignes  vertes  se  réunissent  de  chaque  côté  à  la  ligne 
médiane,faisant  avec  celle-ci  un  angle  de  30  à  35°;  beaucoup 


72  P-A.  DANGEARD 

de  ces  lignes  ont  manifestement  pour  point  de  départ  une 
colonie  verte  de  Chlorella. 

Cette  expérience  fournit  une  remarque  intéressante  ;  elle 
montre  que  le  Chlorella  viilgaris  se  développe  très  bien  et 
vigoureusement  dans  un  milieu  nutritif  liquide  glucose  à 
l'obscurité,  contrairement  à  ce  que  l'on  aurait  pu  croire, 
d'après  les  cultures  à  résultat  négatif  du  24  décembre  sur 
ce  même  milieu  et  d'après  les  observations  de  Kufferath.  Il 
est  absolument  impossible  pour  l'instant  d'expliquer  des 
résultats  aussi  contradictoires  :  ainsi,  dans  l'expérience  du 
24 décembre  1912,  cinq  cultures  de  Chlorella  génevensis 
dans  le  milieu  nutritif  Grintzesco  glucose  restent  stériles 
pendant  deux  mois  à  l'obscurité  ;  elles  sont  cependant  bien 
ensemencées,  puisque  ces  mêmes  tubes  placés  à  la  lumière 
fournissent  rapidement  une  abondante  végétation. 

D'autre  part,  dans  cette  expérience  du  15  mars  1913,  trois 
tubes  du  même  liquide,  en  culture  pure  de  la  même  algue, 
donnent  en  quinze  jours  des  dépôts  verts  abondants. 

Cette  différenee  peut  tenir  à  l'origine  du  semis,  ainsi  que 
nous  l'avons  fait  remarquer  ;  mais  par  ce  (ait  même,  on  se 
rend  compte  de  la  complexité  des  causes  qui  peuvent  influer 
sur  les  résultats  des  cultures,  de  telle  sorte  que  les  généra- 
lisations deviennent  extrêmement  difficiles  et  délicates. 

Nous  constatons  d'autre  partdans  cette  expérienceuneaction 
très  nette  de  la  pesanteur  ;  l'algue,  pour  donner  la  ligne 
médiane,  et  le  dépôt  du  fond  dans  le  tube  incliné  de  30°,  se  com- 
porte comme  une  poussière  inerte  qui  serait  d'abord  en  sus- 
pension dans  le  liquide  ;  puis  chaque  colonie  latérale  dans  le 
tube  produit  des  cellules  qui  elles-mêmes  sont  entraînées  par 
la  pesanteur  sur  une  paroi  en  pente  douce,  en  dessinant  des 
lignes   secondaires  qui  rejoignent  la  ligne  principale. 

Les  résultats  des  deux  expériences  A  et  B  démontrent  que 
la  présence  du  Pentgilium  entrave  ou  empêche  complètement 
la  multiplication  de  lalgue,  lorsque  celle-ci  est  cultivée  dans 
des  tubes. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  73 

On  pourrait  croire  que  le  champignon,  par  sa  respiration, 
par  la  formation  d'un  feutrage  à  la  surface  du  liquide,  prive 
l'eau  de  la  culture  de  son  oxygène  ;  il  se  produirait  pour 
l'algue  un  phénomène  d'asphyxie. 

Cette  explication  semblerait  d'autant  plus  naturelle  que 
dans  les  flacons  Erlenmeyer,  où  la  surface  du  liquide  est 
étendue,  l'algue  se  développe  parfois  très  bien,  en  compagnie 
du  Pénicillium. 

Mais  on  se  heurte  à  des  observations  précises  de  Grintzesco: 
ce  savant  a  montré  que  le  Chlorella  vulgaris  et  le  Scenedes- 
mus  aciitiis  vivent  très  bien  en  anaérobies  ;  la  présence  de 
l'oxygène  n'est  pas  nécessaire  à  leur  développement  :  celui- 
ci,  dans  le  vide  d'une  grande  cloche  pneumatique,  est  sim- 
plement retardé  (1). 

Nous  n'abandonnons  qu'à  regret  cette  explication  par 
asphyxie  ;  il  faudra  peut-être  y  revenir.  En  attendant,  pour 
expliquer  l'arrêt  de  croissance  des  Chlorelles,  nous  ne 
voyons  que  l'hypothèse  d'une  sécrétion  nocive  par  le  cham- 
pignon, ou  encore  la  fixation  rapide  par  ce  champignon  des 
traces  de  fer  contenues  dans  la  culture,  traces  qui,  comme 
on  le  sait,  sont  absolument  nécessaires  à  la  croissance  de 
l'algue. 

VL  -  L'INFLUENCE  D'UNE  OBSCURITÉ  PROLONGÉE  SUR  LA  VITALITÉ. 

DU  SCENDESMUS  ACUTUS 

Les  plantes  vertes  supérieures  ne  forment  leur  chloro- 
phylle qu'à  la  lumière  :  conservées  à  l'obscurité,  elles 
s'étiolent. 

La  production  de  la  chlorophylle  n'est  cependant  pas 
nécessairement  liée  à  la  radiation,  car  chez  les  Gymnos- 
permes, les  Fougères  et  les  Mousses,  on  a  constaté  maintes 

(1)  Grintzesco  :  Loc.eit.,  p.  76-77. 


74  P-A.  DANGEARD 

fois  que  la  chlorophylle   se   formait   et   se  maintenait  en 
l'absence  de  toute  lumière. 

Les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  culture  des  Algues 
ont  bien  vu  également  que  celles-ci  conservaient  leur  chlo- 
rophylle à  l'obscurité;  toutefois  ces  auteurs  ont  fréquem- 
ment constaté  qu'à  l'obscurité  la  teinte  devenait  jaune  et 
que  les  cultures  prenaient  un  aspect  plus  ou  moins  chloro- 
tique  ou  même  devenaient  panachées  ;  cette  disparition  de 
la  chlorophylle  peut  aussi  bien  se  produire  à  la  lumière, 
sous  l'influence  de  certaines  substances. 

Ghodat  a  fait  une  étude  spéciale  de  la  question  à  propos 
du  ChlorellaiPalmellocociis)  variegata  :  cette  Algue  se  déco- 
lore rapidement  sur  milieu  nutritif  glucose  et  elle  se  main- 
tient dès  lors  presque  indéfiniment  sous  cet  état,  ce  qui  pour- 
rait faire  croire  à  une  forme  stable  blanche,  à  un  cas  de 
mutation.  Chodat,  avec  la  collaboration  de  M^'"  Men- 
drewska,  a  reconnu  que  la  peptone  pouvait  provoquer  à 
nouveau  le  verdissement  aussi  bien  à  l'obscurité  qu'à  la 
lumière;  la  peptone  s'est  montrée  le  facteur  essentiel  du  ver- 
dissement, qui  devient  plus  intense  et  plus  rapide  avec  la 
concentration  aux  doses  employées  0,1  à  0,8  0/0  ;  si  au  lieu 
d'associer  peptone  et  glucose,  on  offre  à  l'Algue  comme  source 
de  carbone  et  d'azote  la  peptone  seule,  jamais  il  ne  se  pro- 
duit de  décoloration  ;  toutes  les  cultures  sont  vertes  aussi 
bien  à  la  lumière  qu'à  l'obscurité.  Le  verdissement  dans  les 
cultures  dépend  d'une  proportion  convenable  entre  Vazote 
assimilable  et  le  carbone  assimilable  :  la  lumière  intensifie 
le  verdissement. 

Dans  l'expérience  suivante,  nous  nous  sommes  borné 
d'abord  à  rechercher  si  le  Scenedesmns  acutus  conserverait 
longtemps  sa  chlorophylle  à  l'obscurité  sur  milieu  nutritif 
glucose  et  sur  carotte. 

Le  Scenedesmus  acutus  a  été  ensemencé  le  9  janvier  1913, 

(1)  Chodat  :  Monongraphie  d'Algues  :  Loc.  cit.,  p.  H8. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  75 

sur  plusieurs  tubes  avecagar  nutritif  glucose  :  l'algue  pro- 
venait d'une  culture  sur  même  milieu,  développée  à  la  lu- 
mière. 

Ces  tubes,  abandonnés  jusqu'au  15  mars  à  l'obscurité 
dans  un  placard,  ont  fourni  de  belles  colonies  qui  avaient 
conservé  leur  couleur  verte  avec  une  teinte  un  peu  jau- 
nâtre. 

Un  de  ces  tubes  sert  pour  un  nouvel  ensemencement  sur 
cinq  tubes  carotte  et  trois  tubes  agar  glucose  :  tous  sont 
conservés  à  l'obscurité  dans  le  même  placard. 

Le  30  mars,  on  observe  que  le  Scenedesmus  s'est  bien  déve- 
loppé dans  les  trois  tubes  au  glucose  ;  sur  trois  des  tubes 
carotte,  la  culture  est  à  peine  perceptible  ;  elle  est  très 
visible  dans  les  deux  autres  ;  malheureusement  l'un  de  ces 
derniers  est  contaminé  par  un  Pénicillium. 

Le  20)  avril,  le  développement  est  abondant  dans  les  trois 
tubes  au  glucose  :  la  couleur  est  verte  ;  un  seul  des  tubes 
carotte  a  un  bon  développement. 

Le  30  juin,  l'Algue  forme  sur  ce  tube  carotte  des  colonies 
réunies,  épaisses,  proéminentes  :  elle  est  aussi  en  grande 
abondance  dans  les  trois  tubes  glucoses. 

Le  18  juillet  1913,  nous  procédons  à  un  nouvel  ensemen- 
cement en  prenant  le  Scenedesmus  sur  le  tube  carotte  ;  le 
semis  est  fait  dans  quatre  tubes  glucoses  et  quatre  tubes 
carotte  ;  le  tout  est  maitenu  à  l'obscurité  du  placard. 

Le  20  décembre  1913,  deux  des  tubes  glucoses  présen- 
taient des  colonies  peu  étendues  et  en  surface  ;  on  voyait 
une  simple  trace  de  développement  dans  le  troisième  tube  ; 
le  quatrième  était  stérile. 

Le  3  avril  1914,  nous  examinons  à  nouveau  ces  mêmes 
tubes  glucoses  ;  les  colonies  dans  les  trois  tubes  ont  sensi- 
blement le  même  aspect  ;  elles  sont  proéminentesà  la  surface 
de  l'agar,  mamelonnées,  plissées  ;  leur  dimension  est  de 
2  centimètres  environ  ;  leur  couleur  est  d'un  jaune  sale  très 
pâle. 


76  p. -A.  DANGEARD 

L'examen  microscopique  nous  montre  de  très  nombreuses 
cellules  incolores  ;  quelques-unes  sont  d'un  vert  pâle  ; 
d'autres,  assez  rares,  ont  conservé  une  belle  cou- 
leur verte  :  on  est  frappé  de  l'épaisseur  de  la  membrane 
cellulaire  dans  certains  individus  :  cette  membrane  présente 
alors  des  stries  concentriques.  Chodat  a  figuré  pour  une 
autre  espèce,  le  Scenedesmus  quadricaiida,  de  telles  cellules 
plus  ou  moins  géantes,  à  parois  épaissies  et  striées  ;  mais 
il  n'en  a  pas  signalé  pour  le  Scenedesmus  aciitus. 

Notre  culture,  âgée  de  plus  d'un  an,  montrait  des  cellules 
de  taille  et  de  forme  extrêmement  variables  :  à  côté  de  cel- 
lules exactement  sphériques,  on  en  trouvait  d'autres  ayant 
une  forme  ovale  ou  en  fuseau  :  ces  dernières  montraient  par- 
fois une  sorte  de  mucron  ;  certaines  cellules,  en  assez  petit 
nombre,  renfermaient  deux  ou  quatre  spores  ou  même  des 
autospores. 

Les  cellules  contiennent  pour  la  plupart  de  nombreux 
granules  assez  gros  ;  ils  prennent  par  l'iode  une  coloration 
brun  rougeâtre  un  peu  violacé  :  on  les  prendrait  pour  du 
glycogène  ;  mais  l'action  de  l'acide  osmique,  après  l'iode,  en 
les  décolorant  un  peu,  laisse  voir  une  coloration  bleue  qui  ne 
laisse  aucun  doute  sur  leur  nature  :  ce  sont  bien  des  grains 
d'amidon. 

L'acide  osmique  n'amène  aucune  coloration  du  contenu 
cellulaire  :  il  n'existe  donc  pas  de  réserves  d'huile  dans 
cette  espèce. 

En  résumé,  nous  avons  conservé  le  Scenedesmus  acutus  à 
ï obscurité  pendant  plus  d'un  an  :  si  beaucoup  de  cellules 
étaient  devenues  incolores,  quelques-unes  avaient  conservé 
leur  couleur  verte.  Nous  avons  procédé  à  de  nouveaux  ense- 
mencements, afin  de  voir  pendant  combien  de  temps  le 
Scenedesmus  acutus  peut  être  ainsi  conservé  à  l'obscurité, 
sans  perdre  sa  vitalité  et  en  montrant,  au  moins  dans 
quelques  cellules,  sa  chlorophylle. 

A  cette  date  du  3  avril,  nous  procédons  à  an  ensemence- 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  77 

ment  sur  fragments  de  carotte  et  sur  tube  agar  à  2  0/0  et 
glucose  1  0/0  ;  le  11  mai,  sur  les  tubes  maintenus  à  l'obscu- 
rité, les  colonies  sont  peu  étendues  et  peu  vigoureuses  sur 
les  deux  milieux  ;  la  teinte  est  verdàtre. 

La  culture  sur  carotte  ne  montre  guère  que  des  cellules 
arrondies  ou  ovales  :  beaucoup  sont  très  grosses,  de  couleur 
verte,  à  contenu  granuleux  :  très  peu  sont  en  division  ;  il 
faut  l'aide  des  réactifs  pour  distinguer  un  gros  pyrénoïde 
plus  ou  moins  pariétal  ;  la  membrane  est  épaisse  ;  beau- 
coup de  petites  cellules,  de  forme  ovale,  sont  incolores  :  elles 
sont  remplies  par  de  gros  grains  d'amidon  ;  les  grosses  cel- 
lules vertes  en  renferment  aussi,  mais  en  très  petits  granules. 

Sur  milieu  à  l'agar,  on  observe  de  nombreuses  cellules 
fusiformes,  isolées  :  elles  proviennent  de  cellules  mères 
arrondies  ou  allongées  qui  les  produisent  par  quatre  et  plus 
rarement  par  huit  :  il  existe  un  très  grand  nombre  de  cel- 
lules incolores,  déforme  ovale,  qui  contiennent  de  nombreux 
grains  d'amidon  ;  elles  semblent  mortes. 

Nous  effectuons  des  repiquages  successifs,  afin  de  voir 
si  nous  pourrons  conserver,  pendant  plusieurs  années,  cette 
algue  à  l'obscurité  complète,  sans  qu'elle  perde  sa  chloro- 
phylle. 

Un  de  ces  repiquages  est  effectué  le  5  juin  1914  aux 
dépens  de  la  culture  du  3  avril. 

Le  premier  semis  est  emprunté  à  un  tube  carotte  ;  il  sert 
à  inoculer  six  tubes  à  liquide  minéral  Grintzesco  glucose 
à  1  0/0  :  un  lot  de  trois  tubes  est  placé  à  la  lumière  :  le  se- 
cond est  conservé  à  l'obscurité  :  aucune  trace  de  développe- 
ment plus  tard,  sauf  dans  un  des  trois  tubes  du  dernier  lot. 

Le  deuxième  semis  est  emprunté  à  un  tube  à  l'agar  glu- 
cose :  nous  ensemençons  : 

1°  4  tubes  liquide  G  glucose  placés  à  la  lumière  ; 

2°  4  tubes  —  placés  à  l'obscurité  ; 

3**  2  tubes        agar  nutritif  glucose  à  l'obscurité  ; 

—  à  la  lumière. 


78  P.-A.  DANGEARD 

Le  16  juin,  on  n'observe  encore  aucune  trace  de  dévelop- 
pement dans  les  cultures;  le  20  juillet,  tous  les  tubes  sont 
encore  stériles,  sauf  les  trois  tubes  à  l'agar  nutritif  glucose 
préparé  avec  du  liquide  Knop. 

Deux  tubes  ont  été  conservés  à  l'obscurité  ;  le  troisième 
a  été  placé  à  la  lumière. 

Le  résultat  est  extrêmement  intéressant  :  sur  le  tube  à 
la  lumière,  on  constate,  le  10  juillet^  de  très  belles  colonies 
vertes  tout  le  long  de  la  piqûre:  l'algue  s'est  développée 
aussi  bien  en  profondeur  qu'en  surface. 

Dans  les  deux  tubes  maintenus  à  l'obscurité,  on  distingue 
à  grand'peine  la  trace  de  la  piqûre  :  l'algue  s'est  très  légè- 
rement développée,  en  restant  incolore  :  la  végétation  a 
complètement  cessé. 

Une  expérience  comme  celle-ci  nous  semble  extrêmement 
intéressante  ;  dans  les  conditions  les  plus  favorables  au 
point  de  vue  du  milieu  nutritif,  le  Scenedesmiis  acutiis  s'est 
montré  incapable  de  produire  indéfiniment  de  la  chloro- 
phylle à  l'obscurité  ;  les  repiquages  deviennent  de  plus  en 
plus  difficiles,  et  au  bout  d^un  an  et  demi  on  n'obtient  plus 
que  quelques  rares  cellules  incolores  qui  se  refusent  à  toute 
multiplication  ultérieure  à  V obscurité . 

L'arrêt  de  végétation  n'est  pas  dû  à  une  sorte  de  sénes- 
cence, résultant  de  cultures  successives  multipliées  ou 
encore  d'une  vitalité  épuisée  par  des  milieux  nutritifs  non 
suffisamment  appropriés  ;  en  effet,  ces  cultures  âgées  d'un 
an  et  demi,  redeviennent  normales  à  la  lumière,  reprennent 
une  belle  couleur  verte^  et  la  végétation  est  active. 

En  résumé,  la  production  de  la  chlorophylle,  chez  le 
Scenedesmus  acutus^,  ne  semble  pas  pouvoir  se  faire  indéfi- 
niment dans  un  milieu  nutritif  glucose  :  non  seulement 
l'algue  se  décolore,  ainsi  que  la  chose  a  lieu  pour  le  Chlo- 
rella  variegata  ;  mais  elle  devient  incapable  de  se  multiplier, 
alors  qu^on  lui  fournit  tous  les  éléments  nécessaires  à  sa  vie 
saprophytiqae  ;  la  durée  de  celle-ci,  à  en  juger  par  l'état  de 


LA   CULTURE   DES   ALGUES  79 

nos  cultures,  ne  doit  pas  dépasser  beaucoup  18  mois  :  il  est 
remarquable  que  la  lumière,  sur  ces  cultures  en  vie  sapro- 
phytique,  suffise  à  rendre  au  Scenedesmus  toute  sa  vita- 
lité. 

Peut-être  une  addition  de  peptone,  qui,  d'après  Ghodat, 
produit  le  verdissement  chez  le  Chlorella  uariegata,  pour- 
rait-elle remplacer,  pour  le  Scenedesmus,  l'action  de  la 
lumière  et  permettre  la  vie  saprophytique  indéfinie  ;  des 
observations  ultérieures  nous  l'apprendront  ;  pour  l'instant, 
d'après  cette  expérience,  il  semble  que  la  production  de  la 
chlorophylle  à  l'obscurité  cesse  après  un  temps  plusou  moins 
long. 

En  tout  cas,  les  résultats  de  cette  expérience  montrent 
bien  que  les  difficultés  de  réussite  dans  les  inoculations  de 
Scenedesmus  acutus,  conservé  à  l'obscurité,  augmentent 
avec  l'âge  des  cultures  ;  pratiquement,  les  semis  sur  diffé- 
rents milieux,  d'ordinaire  favorables,  restent  stériles,  après 
un  certain  temps. 

* 

*  * 

Ces  lignes  étaient  écrites  avant  la  guerre  et  même  impri- 
mées :  nous  avons  tenu  à  n'y  rien  changer  pour  montrer 
comment  dans  une  expérience  conduite  avec  soin  ou  peut 
arriver  cependant  à  des  conclusions  incomplètes  ou  même 
inexactes  pour  avoir  négligé  certains  facteurs. 

Il  nous  a  suffi,  en  effet,  par  la  suite,  d'ajouter  un  peu  de 
peptone  au  milieu  nutritif  pour  obtenir,  à  l'obscurité,  des 
cultures  vigoureuses  et  d'une  belle  couleur  verte  :  nous  avons 
exposé  les  principaux  résultats  de  ces  recherches  à  la  séance 
du  31  janvier  1921  de  l'Académie  des  sciences  dans  les 
termes  suivants  (1)  : 


(1)  p.  A.  Dangeard  :  Observations  sur  une   Algue  cultivée  à  l'obscurité 
depuis  huit  ans  (G.  R.  Acad.  se.  T.  172,  p.  254). 


80  P.-A.  DANGEAHD 

<(  On  sait  qu'une  plante  verte  conservée  à  l'obscurité 
s'étiole,  perd  sa  chlorophylle  et  ne  renferme  plus  au  bout 
d'un  certain  temps  que  des  pigments  carotinoïdes  :  c'est  le 
cas  de  la  Barbe  de  capucin. 

D'autre  part,  il  est  facile  de  constater  qu'une  graine  qui 
germe  en  l'absence  de  lumière  fournit  une  plantulequi  reste 
incolore  ;  tant  que  la  radiation  n'intervient  pas. 

La  production  de  la  chlorophylle  semble  donc  liée  d'une 
façon  étroite  et  même  nécessaire    à  l'action  de  la  lumière. 

Il  existe  pourtant  d'assez  nombreuses  exceptions  à  cette 
règle  :  ainsi  certains  végétaux,  comme  les  Fougères  et  plu- 
sieurs Algues  (^7i/ore//a,  Scenedesmus,  Stichococcus)  conser- 
vent  leur  couleur  verte  à  l'obscurité. 

Ce  verdissement  chez  les  Algues  privées  de  lumière  a  été 
signalé  déjà  par  un  certain  nombre  d'auteurs  (Artari, 
Radais,  Matruchot  et  MoUiard  Ghodat,  Kufîerath)  :  il  y  avait 
place  cependant  pour  une  expérience  de  longue  durée  du 
genre  de  celle  dont  je  vais  maintenant  indiquer  les  princi- 
paux résultats. 

La  culture  initiale  du  Scenedesmus  acutus  m'a  été  fournie 
aimablement  par  notre  confrère,  le  professeur  Ghodat  de 
Genève  :  les  cultures  que  je  présente  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie proviennent,  par  repiquages  successifs  opérés  tous 
les  deux  ou  trois  mois,  d'une  culture  placée  à  l'obscurité 
complète  le  9  janvier  1913  :  comme  les  repiquages  sont 
effectués  en  quelques  secondes  et  à  tâtons,  on  peut  dire  que 
les  milliers  de  générations  qui  se  sont  succédé  dans  les 
différents  milieux  nutritifs  employés  n'ont  jamais  reçu  de 
lumière  depuis  huit  ans  :  or  ces  cultures  sont  aussi  vertes 
que  celles  qui  ont  été  conservées  à  la  lumière,  et  d'autre 
part  l'examen  du  spectre  d'absorption  de  la  chlorophylle  ne 
montre  aucune  différence  dans  les  deux  séries. 

Après  une  expérience  aussi  longue,  on  peut  donc  affirmer 
que  la  chlorophylle,  chez  le  Scenedesmus  acutus  se  forme  en 
l'absence  d'une  action  proche  ou  lointaine  de  la  lumière  : 


LA    CULTUHE    DES    ALGUES         '  8l 

on  pourra  cultiver  cette  Algue  indéfiniment  à  V obscurité  sans 
quelle  cesse  d'être  verte,  à  condition  bien  entendu  de  lui 
fournir  un  milieu  nutritif  favorable. 

Tous  les  milieux  de  culture  ne  conviennent  pas  à  une 
expérience  de  ce  genre  ;  celui  auquel  je  me  suis  arrêté  en 
utilisant  les  renseignements  fournis  par  Grintzesco  et  Cho- 
dat  est  constitué  de  la  manière  suivante:  Eau  distillée, 
1,000  gr.  ;  nitrate  de  calcium,  Ogr.  5:  chlorure  de  potas- 
sium, 0  gr.  5  ;  sulfate  de  magnésium,  0  gr.  5  ;  phosphate  de 
potassium,  0  gr.  5  ;  sesquichlorure  de  fer,  traces;  glu- 
cose, J  %  ;  peptone,  0  gr.  8  ;  le  tout  rendu  solide  par 
2  o/g  de  gélose.  Il  est  bon  de  temps  en  temps  d'utiliser 
un  milieu  liquide  :  on  supprime  alors  simplement  la  gélose. 

En  augmentant  la  dose  de  glucose,  on  obtient  des  colonies 
étiolées,  plus  ou  moinsincolores  :  il  arrive  également  qu'avec 
la  dose  normale,  le  centre  des  colonies  âgées  soit  incolore  ; 
mais  un  nouveau  repiquage  remet  les  choses  en  état. 

Le  Scenedesmus  se  reproduit  vraisemblablement  au 
moins  une  fois  par  24  heures.  Dans  mes  cultures,  la  nutri- 
tion holophytique,  c'est-à-dire  l'assimilation  du  carbone  de 
CO- sous  linfluence  de  la  radiation  a  donc  été  suspendue 
au  cours  de  ces  huit  années  d'obscurité,  pour  des  milliers 
de  générations. 

Il  était  dès  lors  intéressant  de  voir  dans  quelles  condi- 
tions la  fonction  se  rétablirait  à  nouveau  en  présence  de  la 
lumière  ;  or,  j'ai  pu  constater  que  le  dégagement  d'oxygène, 
en  milieu  liquide,  se  produit  déjà  parfois  à  la  lumière  élec- 
trique au  bout  de  5  heures  d'exposition,  d'où  cette  consé- 
quence un  peuinttendue  : 

La  disparition  complète  de  la  fonction  chlorophyllienne 
pendant  des  années  na  pas  plus  d'effet  sur  P Algue  que  les 
quelques  heures  d'obscurité  à  laquelle  elle  est  soumise  chaque 
nuit  dans  la  nature.  Cette  constatation  n'est  guère  en  accord 
avec  tout  ce  que  nous  savons  par  ailleurs  des  effets  du  non- 
usage  d'une  fonction  chez  les  êtres  vivants. 

6 


82  p. -A.  DANGEARD 

Les  modifications  dans  la  morphologie  de  l'Algue  et  sa 
structure  sont  très  profondes  et  nombreuses  :  beaucoup 
sont  dues  à  l'influence  d'un  milieu  nutritif  solide  ;  d'autres 
résultent  de  l'absence  de  lumière.  Il  est  difficile,  sinon 
imposible,  de  faire  la  part  exacte  de  chaque  facteur  dans 
les  changements  observés  ;  mais  ces  caractères  nouveaux  ne 
possèdent  aucune  fixité  :  ils  disparaissent  rapidement  sitôt 
que  l'Algue  est  replacée  dans  son  habitat  ordinaire  ou 
simplement  en  milieu  nutritif  liquide  ;  leur  étude,  surtout 
celle  qui  concerne  les  variations  de  structure,  est  cependant 
fort  instructive. 

La  structure  normale  du  Scenedesmus  acutiis  comporte 
des  colonies  de  deux,  quatre  ou  huit  cellules  associées 
latéralement  (I,  fig.  1)  :  ces  cellules  sont  allongées  en 
pointe  à  leurs  deux  extrémités,  d'où  le  nom  de  l'espèce. 
Sous  la  membrane,  on  trouve  un  cytoplasme  qui  renferme, 
comme  dans  toute  cellule  végétale  (1),  un  plastidome  avec 
plastes  G,  un  vaciiome  avec  métachromatine  et  corpuscules 
métachromatiques  et  un  sphérome  avec micr&somes  :  le  noyau 
qui  est  situé  d'ordinaire  au  milieu  du  cytoplasme  comprend 
une  membrane  nucléaire,  un  nucléole  central  et  un  nucléo- 
plasme  homogène  ou  finement  granuleux  (I,  fig.  2). 

Le  plastidome  est  représenté  par  un  chloroplaste  unique 
G  disposé  latéralement  et  occupant  une  partie  plus  ou 
moins  grande  de  la  cellule  :  il  renferme  en  son  centre  un 
pyrénoïde  entouré  d'une  couche  d'amidon  :  à  l'intérieur  du 
plaste  et  selon  les  conditions  de  l'assimilation  chrolophyl- 
lienne,  on  trouve  ou  non  des  granules  amylacés. 

Le  sphérome  comprend  un  petit  nombre  de  microsomes 
réfringents  Mi  qui  sont  susceptibles  de  se  transformer  en 
globules  d'huile. 

(l)P.-A.  Dangeard,  Sur  la  distinction  du  chondriome  des  auteurs  en  va- 
cuome,  plastidome  et  sphérome  (Comptes  rendus,  t.  d69,  1919,  p.  1005)  ;  La 
structure  de  la  cellule  végétale  et  son  métabolisme  [Comptes  rendus,  t.  170, 
1920,  p.  709). 


LA   CULTURE   DES   ALGUES  80 

Le  vaciiome  mérite  un  examen  spécial,  car  il  ressemble 
tout  à  fait  à  celui  que  j'ai  observé  chez  beaucoup  d'Algues 
unicellulaires  [Chlamijdomonas,  Gonhim,  etc.)-  Le  bleu  de 
crésyl  fait  apparaître  dans  le  cytoplasme  un  nombre  varia- 
ble de  sphérnles  métachromatiques  de  grosseur  différente. 
Ces  sphérnles  M  correspondent  à  des  vacuoles  élémentaires 
dont  le  contenu  est  dense  et  formé  de  métachromatine  en 
solution  colloïdale  :  ce  sont  donc  des  métachromes. 

On  sait  que  ces  métachromes,  dans  les  cellules  végétales, 
s'allongent  ordinairement  en  bâtonnets  ou  en  filaments  qui 
s'anastomosent  ensuite  en  réseau  avant  de  s'unir  pour  don- 
ner les  vacuoles  ordinaires  :  ici,  chez  le  Scenedesmiis^  l'évo- 
lution du  vacuome  s'arrête  au  stade  des  métachromes  de 
forme  sphérique.  Je  n'ai  vu  qu'une  fois  les  métachromes 
s'allonger  en  filaments  plus  ou  moins  contournés  :  il  s'agis- 
sait d'une  culture  sur  agar  glucose,  venant  de  l'obscurité 
et  placée  à  la  lumière,  après  addition  du  liquide  nutritif 
indiqué  ci-dessus.  Le  nombre  des  métachromes  et  leur  gros- 
seur sont  très  variables  :  à  l'intérieur,  il  ne  se  forme,  sous 
l'influence  du  colorant  vital,  qu'un  seul  corpuscule  métachro- 
matique  qui  se  confond  avec  la  vacuole  ou  ne  s'en  trouve 
séparé  que  par  un  mince  intervalle  ;  assez  rarement  et  seu- 
lement avec  des  vacuoles  plus  grosses,  en  nombre  réduit, 
il  y  a  précipitation  de  plusieurs  corpuscules  métachroma- 
tiques. 

La  multiplication,  chez  le  Scenedesmus  acutus,3i\\en  de 
la  manière  suivante  :  dans  chaque  cellule,  le  noyau  se  divise 
suivant  l'axe,  et  une  cloison  médiane,  perpendiculaire  à  cet 
axe,  intervient  qui  sépare  le  corps  en  deux  moitiés  ;  chaque 
moitié  s'allonge  de  façon  à  devenir  progressivement  paral- 
lèle à  la  seconde  moitié.  Si  la  paroi  de  la  cellule  mère  se 
gélifie  à  ce  stade,  on  a  une  colonie  de  deux  individus  qui 
restent  accolés. 

Le  plus  souvent,  chacune  des  moitiés  subit  également 
une  division  transversale,  d'où  l'aspect  si  fréquent  des  cel- 


84 


p. -A.  DANGEARD 


Iules  mères  en  division  (I,  fig.  6)  ;  chacune  des  quatre  cel- 
lules ainsi  formées  s'allonge  suivant  l'axe  ;  lorsque  la  mem- 
brane de  la  cellule  mère  se  gélifie,   les  quatre  cellules  filles 


W  W 


Fig.  I.    T.  Scenedesmus  acutus. 


s'étalent  sur  un  même  plan,   en  restant  parallèles,  d'où   la 
forme  si  curieuse  des  colonies  (I,  fig.  3-7). 

Pendant  cette  multiplication,  la  division  du  noyau  est 
accompagnée  par  celle  du  chloroplaste  et  la  cellule  mère, 
comme  les  cellules  filles,  possède  de  nombreux  méta- 
chromes  dans  son  cytoplasme. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  85 

Dans  les  cultures  conservées  à  l'obscurité,  les  modifica- 
tions qui  portent  sur  la  morphologie  des  cellules  et  leur 
structure  se  retrouvent  pour  la  plupart  dans  les  cultures 
ordinaires  maintenues  à  la  lumière  :  seule,  la  disparition 
du  pyrénoïde  semble  être  en  rapport  direct  avec  l'absence 
de  lumière. 

Si  cette  disparition  du  pyrénoïde  était  devenue  définitive, 
on  aurait  obtenu  par  ce  séjour  prolongé  de  l'Algue  à  l'obs- 
curité une  espèce  ou  tout  au  moins  une  variété  nouvelle  : 
or,  il  n'en  est  rien  :  dans  les  cultures  replacées  à  la  lumière 
et  en  milieu  liquide,  le  pyrénoïde  fait  son  apparition  dès  le 
quatrième  jour  chez  quelques  cellules  :  au  bout  dune  dizaine 
de  jours,   tous  les  individus  en  sont  pourvus. 

La  conclusion  importante  qui  se  dégage  de  cette  obser- 
vation, au  point  de  vue  de  la  systématique,  est  celle-ci:  La 
présence  ou  l'absence  de  pyrénoïde  dans  une  A  lyue  constitue 
un  caractère  systématique  de  premier  ordre,  à  condition 
que  celle-ci  soit  étudiée  dans  son  habitat  ordinaire. 

Les  variations  d'ordre  morphologique  qui  se  produisent 
chez  le  Scenedesmus  acutus  avec  les  différents  milieux 
nutritifs  employés,  ont  été  trop  bien  décrits  par  Chodat 
pour  qu'il  soit  nécessaire  d'y  revenir  ici  puisque  l'obscurité 
ne  semble  pas  intervenir  comme  un  facteur  important  : 
je  me  contenterai  donc  d'étudier  les  principales  modifica- 
tions qui  portent  sur  la  structure  cellulaire. 

Les  cultures  sur  carotte  à  ï obscurité  qui,  au  début,  four- 
nissaient rapidement  de  belles  colonies,  sont  devenues  par 
la  suite  presque  impossibles  à  réaliser  :  après  les  réense- 
mencements, les  colonies  restaient  microscopiques. 

En  général,  les  cellules  de  forme  ovale  ou  même  complè- 
tement sphériques  sont  hypertrophiées,  volumineuses  :  la 
membrane  s'est  épaissie  fortement,  montrant  parfois  des 
stries  concentriques;  elle  se  colore  par  le  vert  d'iode  et  par 
le  bleu  de  crésyl,  prenant  avec  ce  dernier  réactif  une  cou- 
leur rouge  vineux  :  le  chloroplaste  plus  ou  moins   décoloré 


86  p. -A.  DANGEARD 

contient  de  nombreux  grains  amylacés  (1)  ;  les  métachro- 
mes  sont  également  nombreux  dans  le  cytoplasme  ;  certains 
individus  renferment  un  grand  nombre  de  chloroplastes 
distincts  chargés  de  granules  d'amidon  ;  on  trouve  çà 
et  là  des  sporanges  donnant  naissance  à  quatre,  huit  ou 
seize  spores  (II,  fig.  1-3). 

Parfois,  dès  le  quinzième  jour,  les  cellules  se  trouvent 
arrêtées  dans  leur  multiplication  :  elles  sont  devenues  sphéri- 
ques  et  ont  subi  une  sorte  d'enkystement  ;  le  chloroplaste 
unique  est  très  développé,  presque  incolore;  comme  dans 
tous  les  cas  de  décoloration,  la  teinte  verte  est  visible  seule- 
ment autour  de  certains  grains  amylacés,  que  l'on  pourrait 
prendre  facilement  pour  des  chloroplastes  distincts  ;  les 
métachromes,  nombreux  et  assez  gros,  remplissent  le  cyto- 
plasme (II,  fig.  5).  Beaucoup  de  ces  individus  renferment 
plusieurs  noyaux  et  montrent  à  leur  intérieur  des  prolonge- 
ments internes  de  la  membrane,  métachromatiques  comme 
elle  et  très  irréguliers  (U,fig.  5). 

Les  cultures  ordinaires  sur  gélose  à  [obscurité  sont  restées 
jusqu'ici  vigoureuses  :  elles  fournissent  assez  rapidement  de 
belles  colonies. 

Dans  les  colonies  jeunes»  tous  les  individus  ont  une  belle 
couleur  verte  (III,  fig,  8-10),  le  chloroplaste  est  souvent 
fragmenté  en  4,  8,  16,  32  corpuscules  discoïdes  à  contour 
irrégulier  (III,  fig.  2-4)  ;  chacun  d'eux  est  parfois  rempli 
de  nombreux  petits  grains  amylacés  serrés  les  uns  contre  les 
autres.  Ces  individus  à  nombreux  chloroplastes  se  transfor- 
ment par  des  divisions  plus  ou  moins  simultanées  de  leur 
contenu  en  sporanges  à  4,  8,  16  ou  même  32  spores  (III, 
fig.  5-6)  ;  de  nombreux  métachromes  sont  visibles  dans  cha- 
que cellule. 

Sur  des  cultures  âgées,  le   centre  est  occupé  par  des  cel- 

(1)  II  est  nécessaire  dénoter  que  partout,  dans  ces  cultures,  l'amidon 
ne  présente  pas,  avec  les  réactifs  iodés,  une  couleur  bleue,  mais  une 
teinte  rougeâtre  qui  est  celle  l'araylodextrine. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  87 

Iules  plus  OU  moins  incolores,  avec  seulement  quelques  gra- 
nules amylacés  et  parfois  un  cristal  de  carotine;  on  ne  dis- 
lingue plus  sur  le  vivant  aucune  différence  entre  le  chloro- 
plaste  et  le  cytoplasme  (III,  fig .  12)  ;  l'emploi  du  colorant 
vital  permet  de  reconnaître  ce  dernier,  en  y  rendant  visi- 
bles les  métachromes,  alors  que  les  granules  d'amidon  sont 
localisés  dans  dans  le  plaste.  Dans  la  zone  de  bordure  qui 
est  restée  verte,  les  cellules,  pour  la  plupart,  montrent 
les  caractères  qu'elles  ont  dans  les  colonies  jeunes. 

Des  cultures  anciennes  m'ont  permis  de  rencontrer,  au 
milieu  d'individus  de  toutes  dimensions,  des  cellules  sphéri- 
ques  à  membrane  épaisse,  atteignant  une  taille  considérable, 
et  renfermant  des  grains  d'amidon  relativement  énormes 
(III, //y.  13)  ;  ces  grains  d'amidon  ont  le  volume  des  petits 
individus  (III,  fiff.  14)  ;  quelques-unes  possèdent  encore  un 
peu  de  chlorophylle,  certaines  sont  incolores,  elles  renfer- 
ment toutes  de  la  métachromatine  en  abondance,  et  parfois 
plusieurs  noyaux  ;  cette  production  exagérée  d'amidon  est 
due,  évidemment,  à  une  rupture  d'équilibre  dans  les  phéno- 
mènes de  nutrition.  » 

VII.  — L'INFLUENCE  DES  HAUTES  TEMPÉRATURES  SUR  LES  CULTURES 

DE  CHLORELLA  VULGARIS. 

Les  algues  ne  supportent  pas  d'ordinaire  des  tempéra- 
tures élevées  :  pour  les  Diatomées,  selon  Miquel,  la  tempé- 
rature de  45°  C.  est  mortelle  ;  quelques-unes  résistent  à  &  ; 
pour  les  Vauchcria,  le  maximum  thermique  est  33",  d'après 
Klebs  ;  Krûger  a  montré  que  le  Chlorella  prothecoides  est 
tué  à  45-46"  par  la  chaleur  humide  agissant  durant  10  à 
15  minutes,  à  64-65°  par  la  chaleur  sèche  durant  le  même 
temps.  Lowenstein  a  étudié  à  ce  point  de  vue  une  algue 
thermale,  le  Mastigodadus  laminosiis  :  celle-ci  résiste  pen- 
dant trois  jours  à  51''  C.  et  à  49"  C.  (1). 

(1)  Consulter  :  KufTeralh,  loc.  cit.,  p.  23  et  40. 


88  p. -A.   DANGEARD 

Nous  possédons  quelques  renseignements  assez  précis  sur 
les  espèces  du  genre  C/î/o/T//a. 

Ainsi  Kutîerath  a  constaté  que  le  Chlorella  liiteo-viridis 
est  tué  à  la  température  de  42  à  43°  G.  :  cette  algue  résiste 
de  12  à  24  heures  à  la  température  de  38°  G. 

Grintzesco  a  étudié  au  même  point  de  vue  le  Chlorella 
uiilgaris  {!)  :  sur  douze  tubes  renfermant  de  l'agar  glucose 
à  1  0/0,  placés  dans  une  étuve  réglée  à  35°,  un  seul  a  fourni 
une  culture  ;  les  autres  sont  restés  stériles  :  la  limite  supé- 
rieure permettant  le  développement  de  Chlorella  viilgaris 
doit  être, d'après  ce  savant,  aux  environs  de  35°;  même  à  30°, 
le  développement  est  faible.  Gette  observation  de  Grintzesco 
montre  nettement  que  la  température  de  35°  arrête  la  crois- 
sance de  l'algue  ;  celle-ci  cependant  à  cette  température, 
n'est  pas  tuée  nécessairement  :  les  tubes,  restés  stériles  dans 
l'expérience  précédente,  auraient  peut-être  donné  lieu  à 
la  formation  de  colonies,  s'ils  avaient  été  placés  ensuite  à 
une  température  favorable. 

L'expérience  suivante  va  nous  renseigner  sur  ce  point 
intéressant  :  elle  a  d'autant  plus  de  valeur  qu'elle  s'appli- 
que à  des  algues  vivant  dans  leur  milieu  naturel. 

Nous  ensemençons  le  30  juin  1914,  avec  une  culture  mixte 
de  Chlorella  viilgaris  et  de  Scenedesmus  aciitiis,  huit  cuves  à 
faces  parallèles  :  chaque  cuve  reçoit  une  quantité  de  ces 
algues  suffisante  pour  former  un  dépôt  vert  de  1  mm. 
environ  sur  le  fond  :  ces  algues  sont  en  pleine  végétation  : 
les  cuves,  placées  à  la  lumière,  donnent  eu  trois  minutes  de 
nombreuses  bulles  d'oxygène. 

Ges  cuves  sont  placées  derrière  des  écrans  monochroma- 
tiques Wratten  ;  ceux-ci  sont  au  nombre  de  sept  :  a,  (3,  à, 
7,  s,  Yj  et  6  qui  reproduisent  respectivement,  de  façon 
approchée,  les  couleurs  du  spectre  :  rouge,  orangé,  jaune, 
vert,  bleu,  indigo  et  violet. 

(1)  Grintzesco  :  Loc.  cit.,  p.  75. 


LA    CULTURE    DES   ALGUES  89 

L'appareil  qui  supporte  ces  écrans  et  ces  cuves  possède 
un  huitième  compartiment  sans  écran  :  la  cuve  qui  lui  cor- 
respond reçoit  donc  la  radiation  totale. 

Nous  profitons  de  la  chaude  journée  du  mercredi  1"  juil- 
let, pour  étudier  sur  ces  cuves  l'effet  d'une  température 
élevée,  avec  des  cultures  soumises  ainsi  aux  différentes 
radiations  du  spectre  et  à  la  radiation  totale  .  incidemment, 
nous  notons  le  dégagement  des  bulles  d'oxygène  : 

L'appareil  est  placé,  face  au  soleil,  à  2  h.  25,  fenêtre 
ouverte  ;  de  temps  en  temps,  il  est  tourné  légèrement,  de 
façon  à  assurer  cette  même  orientation  :  les  rayons  solaires 
pendant  la  durée  de  l'expérience  restent  donc  perpendi- 
culaires aux  cuves  de  culture  ;  celles-ci  se  trouvent  à  0  m.  50 
d'une  fenêtre  laissée  ouverte. 

Au  début  de  l'observation,  la  température  de  Teau  des 
cuves  est  celle  de  la  salle,  c'est-à-dire  30" C;  la  température 
au  soleil  est  de  47''  C. 

A  2  h.  35,  après  dix  minutes,  on  observe  une  dizaine  de 
bulles  d'oxygène  en  radiation  totale. 

A  2  h.  45,  de  nouvelles  bulles  se  sont  produites  en  radia- 
tion totale,  et  3  ou  4  derrière  l'écran  orangé. 

A  2  h.  50,  en  radiation  totale,  on  trouve  quelques  grosses 
bulles  d'oxygène  qui  tendent  à  soulever  le  dépôt  vert  du 
fond  :  pas  de  changement  dans  l'orangé  :  trois  ou  quatre 
bulles  dans  le  rouge  ;  les  autres  cuves  ne  montrent  aucun 
dégagement  d'oxygène. 

A  ce  moment,  le  thermomètre  marque  50°C.  au  soleil  et 
32*^  dans  l'appartement,  derrière  l'appareil  :  la  température 
de  r eau  de  la  cuve  soumise  à  la  radiation  totale  est  de  'i2°5  ; 
derrière  l'écran  y],  elle  est  de  42°. 

Ainsi,  pendant  que  la  température  des  cuves  s'élevait  de 
30°  à  42°  5  en  15  minutes,  la  photosynthèse  s'exerçait  seule- 
ment à  la  radiation  totale  et  aussi,  mais  plus  faible,  dans 
l'orangé  et  le  rouge. 

A  3  h.  15  nous  observons  que  l'assimilntion  continue  à  se 


90  P.-A.   DANGEARD 

faire  en  radiation  totale  ;  elle  est  beaucoup  plus  faible  dans 
l'orangé  et  le  rouge. 

A  partir  de  3  h.  30,  le  dégagement  d'oxygène  a  complè- 
tement cessé,  même  en  radiation  totale  :  la  température  au 
soleil  se  maintient  au  voisinage  de  50"  :  elle  monte  à  33°  à 
l'ombre  à  quelque  distance  derrière  l'appareil. 

Nous  prenons  la  température  de  quelques  cuves  à  3  h.  30  : 
4^5°2  en  radiation  totale,  /4-2''8  en  a,  i2'8  en  p,  ■i2'>5  en  rj. 

A  3  h.  45,  celte  température  de  l'eau  des  cuves  est  la  sui- 
vante :  a  :  i5°  ;  (3  :  44°5  ;  §  :  A^5^5  ;  s  ;  4-5°3. 

Cette  haute  température  se  maintient  jusqu'à  4  heures  : 
nous  avons  des  raisons  de  croire  qu'elle  a  pu  atteindre  et 
dépasser  46°  ;  mais  pour  nous  en  tenir  aux  données  vérifiées, 
nous  constaterons  que  les  algues  ont  supporté  pendant  une 
vingtaine  de  minutes  une  température  de  -44°  à  i5°5  :  le 
dégagement  d'oxygène  na  cessé  que  lorsque  la  température  a 
dépassé  42°  C. 

On  aurait  pu  croire  que  l'eau  des  cuves  aurait  présenté 
une  température  assez  différente  suivant  la  nature  des  écrans  ; 
en  réalité,  ces  différences  n'ont  pas  dépassé  un  degré,  et  pour 
les  apprécier  nettement  il  aurait  fallu  faire  l'observation 
au  même  moment  pour  toutes  les  cuves  ;  on  peut  considérer 
ces  différences  comme  négligeables  dans  le  cas  actuel. 

L'expérience  a  été  arrêtée  à  4  heures.  Nous  supposions, 
d'après  les  données  fournies  par  différents  auteurs  sur  la 
résistance  des  algues  à  la  chaleur  et  en  particulier  d'après 
les  observations  de  Kufferath  et  de  Grintzesco  sur  les  Chlo- 
relles,  que  nos  cultures  ayant  supporté  une  température  de 
44°  à  45°5  auraient  perdu  complètement  leur  vitalité. 

Toutefois,  afin  de  vérifier  si  cette  vitalité  avait  été  affectée 
différemment  par  les  divers  éclairements,  nous  avons  ense- 
mencé le  soir  même  du  30  juin,  pour  chacune  des  huit  cu- 
ves, quatre  tubes  de  cultures,  soit  en  tout  trente-deux. 

La  l'^^  série  de  8  tubes  renfermait  du  liquide  calcique 
d'Errera  dilué  50  fois. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  9i 

La  2®  série  renfermait  le  même  liquide  dilué  +  CO^  K^  à 
2,5  0/0. 

La  3*  et  la  4^  série  contenaient  du  liquide  nutritif  Grint- 
zesco. 

Tous  ces  tubes  ont  été  exposés  à  la  lumière,  près  d'une 
fenêtre  à  l'exposition  nord-est. 

Le  7  juillet,  l'algue  montrait  un  bon  développement  dans 
tous  les  tubes  des  séries  1,  3  et  4  ;  la  2*^  série  était  complè- 
tement stérile. 

Le  15  juillet,  les  cultures  sont  vigoureuses  dans  tous  les 
tubes,  sauf  dans  ceux  de  la  série  2  qui  n'offre  aucune  trace 
de  développement  :  il  en  est  de  même  le  22  juillet. 

Il  résulte  delà:  1"  que  les  Sccnedesmiis  aciitiis  eiChlorella 
yuZgfa77.v  ont  supporté,  à  différents  éclairements  aussi  bien 
qu'à  la  radiation  totale,  une  température  de  44°  à  45*'5sans 
être  tués. 

2°  Le  liquide  calcique  d'Errera  s'est  montré  presque  aussi 
favorable  à  la  végétation  du  Chlorella  vuhjaris  que  le  liquide 
minéral  Grintzesco  ;  rappelons  que  ce  liquide  calcique  con- 
tient : 

Nitrate   de  potassium         20  gr. 
Phosphate   tricalcique 
Sulfate  de  magnésie 
Sulfate  de  chaux 
Chlorure    ferrique 
Eau 
Solution  mère  à  diluer  50  fois. 

S*^  L'addition  de  carbonate  de  potassium  à  2^5.0/0  au  mi- 
lieu calcique  na  pas  permis  à  ï algue  de  se  développer  :  pour 
le  Chlorella  luteo-viridis,  cette  proportion  de  2,5  à  3  0/0  est 
au  contraire  bien  supportée,  selon  Kufferath  (1)  :  la  croissance 
est  simplement  retardée  au  début,  mais  se  trouve  finalement 
favorisée  si  l'on  attend  quelque  temps. 

(1)  Kufferath:  Loc.  cit.,  p.  14. 


20 

gr. 

*-• 

0 

gr. 

10 

gi"- 

traces. 

200 

ce. 

92  P. -A.  DANGEARD 

L'examen  microscopique  des  tubes  de  culture  au  22  juillet 
a  donné  lieu  à  quelques  observations  intéressantes." 

1°  Les  cultures  ne  renfermaient  aucune  autre  algue  en 
dehors  du  Chlorella  vulgaris  et  du  Scenedesmus  acutus  : 
cette  dernière  étcdt  peu  abondante  dans  la  plupart  des  tubes, 
sauf  dans  deux  ou  trois  ;  peut-être  supporte-t-elle  moins  bien 
les  températures  élevées.  Grintzesco  (loc.  cit.,  p.  80)  lui  attri- 
bue une  température  maximale  de  30",  alors  qu'il  fixe  celle 
du  Chlorella  à  35°. 

2°  Laculture  mixte  qui  avait  servi  à  l'ensemencement  des 
cuves  renfermait  une  espèce  d'amibe  assez  particulière  ; 
celle-ci  se  nourrit  aux  dépens  desChlorelles  qu'elle  ingère  : 
elle  prend  alors  une  couleur  orangée  due  probablement  à  la 
fixation  de  carotine  sur  les  granulations  du  protoplasma.  On 
retrouve  cette  amibe  dans  les  tubes  ensemencés  avec  les 
cuves  de  culture  ayant  supporté  la  température  de  45°  ;  mais 
elle  s'y  trouve  presque  uniquement  à  l'état  de  kystes  :  ceux- 
ci  sont  sphériques,  ont  une  membrane  lisse,  un  contenu  à 
granules  brillants  et  souvent  une  sphère  orangée  dont  la 
teinte  est  plus  ou  moins  accentuée. 

3°  La  culture  mixte  renfermait  encore  des  traces  d'un 
champignon  dont  les  filaments  s'entremêlent  avec  les  colo- 
nies de  Chlorelles  dans  le  dépôt  vert  des  flacons. 

Ce  champignon  se  retrouvait  au  fond  de  quelques  tubes 
des  quatre  séries  ensemencées  :  sa  végétation  s'était  ordinai- 
rement arrêtée  avec  la  formation  de  sortes  de  chiamydospores 
réunies  en  chapelet,  en  nombre  variable. 

On  retrouvait  donc  finalement  dans  les  tubes  de  culture 
les  quatre  organismes  —  parmi  lesquels  deux  algues,  un 
rhizopode,  un  mycète  —  qui  se  trouvaient  dans  les  cuves 
soumises  à  cette  expérience. 

La  vitalité  des  cultures  soumises  à  ces  températures  de 
44"  à  45*^5  a  été  reconnue  par  un  autre  moyen  que  l'ense- 
mencement. 

Les  8  cuves  de  l'expérience  ont  été  placées  le  lundi  6  juillet 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  93 

à  la  radiation  totale  par  temps  assez  lumineux  avec  nuages 
blancs  :  toutes  les  cuves  sans  exception  ont  assimilé  norma- 
lement :  elles  fournissaient  de  une  à  deux  bulles  par  minute 
dans  chaque  culture. 

L'influence  de  la  nature  des  écrans  sur  la  résistance  à 
la  chaleur  entre  44  et  45''  ne  s'est  pas  dégagée  comme 
nous  l'espérions  :  l'expérience  n'a  fourni  à  ce  sujet  qu'une 
simple  indication  qui  est  la  suivante  : 

Les  huit  cuves  avaient  été  soumises  le  4  juillet  à  la  radia- 
tion totale  par  temps  couvert  de  3  h.  15  à  5  h.  10  :  le  déga- 
gement des  bulles  d'oxygène  a  été  très  faible  :  nous  en  avons 
obtenu  au  total  par  secouage  quarante  dans  la  cuve  de  ra- 
diation totale,  une  dizaine  dans  les  cuves  qui  avaient  reçu  la 
radiation  orangée  et  rouge  et  cinq  ou  six  dans  le  vert,  mais 
rien  dans  les  autres  :  les  cuves  qui  avaient  reçu  les  rayons 
les  plus  réfrangibles  se  trouvaient  donc  dans  un  état  moins 
favorable  à  l'assimilation  ;  mais  l'observation  du  6  juillet 
rapportée  ci-dessus  a  montré  que  cet  état  s'était  rapidement 
modifié  en  faisant  disparaître  ces  différences. 

En  résumé,  cette  expérience  montre  que  la  photosynthèse 
continue  de  se  faire  en  radiation  totale  jusquà  la  tempéra- 
ture de  i2°  ;  au-dessus,  le  dégagement  d'oxygène  cesse  ;  le 
Chlorellavulgàris  et  le  Scenedesmus  acutus  peuvent  suppor- 
ter pendant  plus  d'un  quart  d'heure  les  températures  de 
k-k  et  de  4-5*^    sans   perdre  leur  vitalité. 

Comparaison  avec  d'autres  algues.  — 11  était  assez  intéres- 
sant de  faire,  une  expérience  analogue  avec  une  algue  verte 
filamenteuse  :  nous  avons  choisi  le  Spirogyra  crassa  Ktz, 
que  nous  pouvions  récolter  facilement  dans  sa  station  natu- 
relle et  qui  a  servi  par  ailleurs  à  d'autres  observations. 

Le  mercredi  16  septembre  1914,  nous  plaçons  de  nom- 
breux filaments  de  cette  algue,  dans  les  cuves  de  notre 
appareil  derrière  les  écrans  monochromatiques  Wratten 
a,  p,  y,  ^,  s,  0  :  une  septième  cuve  R.  T.  est  soumise  à 
la  radiation  totale. 


94  p. -A    DANGEARD 

L'appareil  est  placé,  à  9  h.  30,  perpendiculairement  aux 
rayons  du  soleil  :  celui-ci'  se  trouve  caché  de  temps  en 
temps  par  des  nuages. 

A  9  h.  oO,  la  température  atteint  28%  dans  la  cuve  sou- 
mise à  la  radiation  totale  ;  elle  est  inférieure  d'un  ou  deux 
degrés  dans  les  autres. 

Le  nombre  de  bulles  est  d'une  centaine  en  R.  T.,  de  60  en 
[S,  de  40  en  a,  de  20  en  ^  :  elles  sont  au  nombre  de  cinq 
ou  six  en  y,  s  et  ô  :  un  secouage  énergique  les  fait  disparaître . 

A  10  h.  35,  le  soleil  est  chaud,  la  température  des  cuves 
est  de  30  et  31"  ;  il  existe  des  bulles  partout,  beaucoup  plus 
nombreuses  cependant  en  «,  p  etR.  T  :  nouveau  secouage. 

A  10  h.  45,  l'appareil  étant  toujours  maintenu  perpendi- 
culaire aux  royons  du  soleil,  l'observation  donne  les  résultats 
suivants  : 


Ecrans  : 

a 

P 

7 

a 

■    £ 

e 

R.  T. 

Température  : 

31  « 

31«5 

31«5 

31 

32 

32«5 

34". 

Rulles  : 

20 

25 

2 

6 

4 

4 

20. 

A  midi,  on  note 

: 

Ecrans  : 

a 

P 

7 

a 

s 

6 

R.T. 

Température  : 

41° 

41°5 

41°. 

410 

40° 

40'^ 

41°. 

Bulles  : 

20 

20 

5 

15 

0 

4 

20. 

A  midi  22,  au  soleil,  le  thermomètre  marque  42°  et  les 
résultats  sont  les  suivants  : 

Ecrans  :  a         fi  7        ^       s         5      R.  T. 

Température:     41°     40«5      40     40     40      40       40. 

Bulles  :  2         2         0       0      0        0        0. 

Les  chiffres  qui  précèdent  permettent  déjà  de  dégager  la 
conclusion  suivante  : 

A  la  température  de  W  a  M°,  V assimilation  du  Spirogyra 
crassa  tend  à  devenir  nulle  :  c'est  dans  la  radiation 
rouge  et  orangée  quelle  a  persisté  le  plus  longtemps. 

La  suite  de  l'observation  ne  montre  plus  aucun  dégage- 
ment d'oxygène  :  la  température  des  cuves  était  encore  de 
40°  à  1  h.  30  ;  elle  est  descendue  vers  5  heures  à  33°. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  95 

La  plus  haute  température  des  cuves  s'est  produite  entre 
raidi  et  midi  et  demi  et  elle  n'a  pas  dépassé  41"  ou  peut-être 
42". 

L'examen  microscopique  des  filaments,  effectué  à  5  heures, 
ne  montre  pas  de  différences  bien  nettes  entre  les  filaments 
contenus  dans  les  différentes  cuves  ;  ces  filaments  ont 
conservé  leur  souplesse  et  leur  structure  :  partout,  sauf  dans 
quelques  cellules  isolées,  le  chloroleucite  a  conservé  son 
aspect  normal  :  les  pyrénoïdes  sont  entourés  de  granules 
d'amidon  :  le  noyau  se  voit  au  centre  avec  les  filaments 
rayonnants  qui  en  partent  ;  peut-être  existe-t-il  des  granules 
d'amidon  un  peu  plus  gros  en  a,  [6  et  R.  ï.  ;  mais  la  diffé- 
rence est  bien  peu  sensible  ;  les  granules  d'amidon  ne  se 
trouvent  qu'autour  des  pyrénoïdes. 

En  résumé  l'algue  semble  avoir  censervé  sa  vitalité  :  elle 
est  seulement  d'une  teinte  légèrement  jaunâtre  en  a,  (B  et 
R.  T  alors  que  sa  couleur  est  restée  verte  en  7,  ^  et  surtout 
en  £  et  ô. 

Afin  de  savoir  si  l'algue  a  supporté  sans  trop  de  dommage 
la  température  de  40  et,  41°  nous  plaçons  toutes  les  cuves  à 
la  radiation  totale  sans  écran  le  lendemain  jeudi  17  sep- 
tembre :  le  temps  est  resté  sombre  toute  la  journée  :  et 
aucune  bulle  ne  s'est  produite. 

La  vitalité  du  Spiroyijra  crassa  a  eu  beaucoup  à 
souffrir  certainement  de  la  température  de  40  et  41°  :  en 
effet,  une  autre  culture  de  cette  même  algue  qui  n'avait 
supporté  hier  que  34",  assimile  normalement  aujourd'hui 
à  ce  même  éclairement  faible. 

Le  ciel  s'étant  éclairci  vers  4  h.  1[2,  les  cuves  sont  pla- 
cées à  l'exposition  ouest  à  oh.  ;  le   soleil  brille. 

Il  se  produit  trois  bulles  en  ô  dont  les  filaments  avaient 
d'ailleurs  une  couleur  plus  verte  :  une  se  dégage  en  7. 
Dans  les  cuves,  à  teinte  jaunâtre,  a,  p  et  R.  T.,  on  n'observe 
rien. 

On  pourrait  déjà,  d'après  ces  constatations,  admettre  que 


96  p. -A    DANGEARD 

la  température  de  41"  ne  peut  être  supportée  par  l'algue  en 
radiation  totale,  et  aussi  dans  les  rayons  qui  sont  les  plus 
actifs  dans  la  synthèsechlorophyllienne  ;  que  cette  tempéra- 
ture de  41°  est  une,  limite  qui  permet  par  exception  aux 
filaments  de  conserver  une  certaine  vitalité  dans  les  rayons 
les  plus  réfrangibles  ou  d'intensité  moindre  et  sans  doute 
aussi  à  l'obscurité  :  ce  reste  de  vie  coïncide  avec  la 
persistance  de  la  couleur  verte  ordinaire  de  la  chloro- 
phylle. 

Afin  de  pouvoir  accorder  une  plus  grande  confiance  à  ces 
conclusions,  nous  soumettons  à  nouveau  ces  mêmes  cuves, 
sans  écrans,  à  la  radiation  totale  le  vendredi  18  septembre  : 
le  temps  est  clair  avec  nuages  blancs  et  soleil  intermit- 
tent ;  les  conditions  de  synthèse  chlorophyllienne  sont 
excellentes,  car  une  culture  à  côté  dégage  de  l'oxygène  abon- 
damment ;  de  8à9  h.  30,  sur  les  sept  cuves  en  expérience, 
Q  a  donné  cinq  bulles  d'oxygène  à  la  température  de  21"  ; 
à  9  h.  45,  dans  cette  même  cuve  nous  comptons  sept  nouvelles 
bulles,  alors  que  les  autres  cuves  n'en  présentent  aucune  ; 
à  10  h.  6,  nouvelles  bulles  en  5,  mais  en  o  et  s  deux  bulles 
font  leur  apparition. 

A  10  h.  10,  en  6  les  bulles  se  dégagent  au  nombre  de 
deux  par  minute,  ce  qui  représente  une  excellente  assimi- 
lation, étant  donné  le  petit  nombre  de  filaments  contenus 
dans  la  cuve. 

A  10  h.  15,  la  température  delà  cuve  Q  est  de  24"  :  cette 
cuve  contient  54  bulles  la  plupart  assez  grosses  ;  un  secouage 
les  fait  dégager  ;  toutes  les  autres  cuves,  sauf  a,  |3et  R.  T.  ont 
des  bulles  ;  on  compte  5  bulles  en  s  ;  3  en  ^  ;  2  en  7 

A  10  h.  30  :  température  24°  ;  une  soixantaine  de  bulles  en 
0  qu'un  choc  fait  dégager  ;  7  :  8  bulles  ;  §  :  3  bulles  ;  s  : 
5  bulles. 

Le  soir,  vers  3  heures,  on  constate  que  les  filaments,  à 
la  suite  d'une  radiation  trop  intense,  sont  décolorés  dans 
toutes  les  cuves. 


LA    CULTURE    DES    ALGUES  97 

Cette  observation  prouve  que  la  température  limite,  pour 
Spirogvra  crassa,  est  au  voisinage  de  W  à  M°  :  d'autres 
expériences  qui  avaient  pour  but  un  objectif  différent  nous 
ont  montré  que  si  l'algue  peut  résister  pendant  une  heure  ou 
deux  à  cette  température,  elle  est  déjà  atteinte  fortement 
dans  sa  vitalité  vers  36  à  .V7",  en  radiation  totale  principa- 
lement. 

D autre  part,  nous  avons  constaté  njaintes  fois  un  dégage- 
ment d'oxygène  très  appréciable  aux  températures  de  38  et 
39°  ;  il  cesse  plus  ou  moins  complètement  vers  W°. 

Nous  avons  fait  des  observations  du  même  genre  avec  une 
Cyanophycée,  l'Oscillaioria  limosa  v.  laete-aeruginosa 
Kutz. 

Sans  entrer  dans  le  détail  de  l'expérience,  nous  indiquerons 
les  principaux  résultats  obtenus. 

Le  dégagement  doxygène  acessé  entre  37  etW''  :  l'algue  ne 
supporte  pas  une  température  supérieure  à  i^ou^hS"  produite 
par  la  radiation. 

A  cette  température,  la  phycocyanine  abandonne  rapi- 
dement le  contenu  cellulaire  et  se  localise  à  la  périphérie 
du  filament  et  aussi  parfois  dans  les  cloisons  transversales  : 
les  filaments  sont  alors  entourés  d'une  gaine  bleue  qui  n'est 
pas  visible  sur  le  vivant.  Si  l'action  de  cette  température  de 
42  à  43°  se  prolonge,  la  phycocyanine  forme  une  couche 
bleue  au  fond  des  cuves  de  culture. 

En  résumé,  cette  Cynophycée  qui  avait  été  recueillie  dans 
une  mare  alimentée  directement  par  de  l'eau  de  source  s'est 
comportée  dans  sa  résistance  vis-à-vis  de  la  température 
produite  par  la  radiation,  à  peu  près  exactement  comme  le 
Spirogyra  crassa  :  il  est  utile  de  noter  que  cette  dernière 
espèce  provenait  aussi  d'une  station  analogue. 

Nous  aurions  voulu  pouvoir  dégager  l'action  plus  ou  moins 
nuisible  des  différentes  radiations  à  une  même  température  : 
il  semble  bien  que  pour  \e  Spirogyra  crassa,  l'algue  est  tuée 
plus  rapidement  avec  les  rayons  orangés  qui  la  décolorent 

7 


98  P   A.  DANGEARD 

plus  rapidement  que  les  autres  ;  mais  il  faut  se  garder  de 
généraliser,  car  la  question  est  extrêmement  complexe  ;  nous 
y  reviendrons  lorsque  nous  étudierons  spécialement  la 
nature  des  écrans  et  leur  influence  sur  la  photosynthèse. 


Poitiers.  —  Société  française  d'Imprimerie. 


LE  BOTANISTE 


Directeur  :  M.  P.-A.    DANGEARD 

liBMBRB    DE    l'iKSTITUT 

PROFESSEUR  DE  BOTANIOUE    A  LA  FACULTÉ  DES  SCIENCES  DE  PARIS 


SÉRIE    XIV 


Fascicules  III-VI 


Octobre  IQ26 

SOMMAIRE 
P,-A.  Danoeaud  :  Recherches  sur  l'assimilation  chlorophyllienne. 


PRIX  DE   L'ABONNEMENT  A   LA   SÉRIE  DE   SIX  FASCICULES 

30  francs 


Direction  :  1,  rue  Victor-Cousin 

Chèque  postal  :  Paris  687.88 


CHAPITRE    DEUXIEME 


PREMIÈRE   PARTIE 

LA     SENSIBILITÉ     DES     ALGUES     INFÉRIEURES     A     L\     LUMXÈF.E 

Les  algues  inférieures  et  en  particulier  le  Chloiella  iiilgaris 
et  le  Sceiudesmus  aciilus  se  développent  indéfiniment  à 
l'obscurité,  pour\u  que  le  milieu  nutritif  renferme  du  car- 
bone organique,  de  préférence  sous  la  ferme  de  glucose. 

Nos  expériences  sur  le  Scenedesmus  acuhis  sont  particu- 
lièrement démonstratives  à  cet  égard  ;  cette  espèce  qui  a  été 
ensem;ncée  ,1e  9  janvier  1913,  et  maintenue  à  l'obscurité 
complète,  continue  à  se  développer  vigoureusement,  à  cha- 
cun des  repiquages  successifs  qui  sont  effectués  tous  les 
deux  ou  trois  mois  depuis  treize  ans. 

Il  es!:  donc  suffisamment  démontré  qu'une  algue  verte 
peut  \i\re  exclusivement  en  saprophyte,  tout  en  continuant 
•de  fabriquer  de  la  chlorophylle  et  cela  sans  limite  de  durée  ; 
quel  est  dans  ce  cas,  en  l'absence  de  lumière,  le  rôle  de  la 
chorophylle  ;  ce  rôle  même  existe-t-il  ?  On  ne  saurait  pour 
l'instant  rien  dire  à  cet  égard. 

Si  la  nutrition  purement  saprophytique  des  algues  vertes 
inférieures  peut  se  continuer  indéfiniment,  en  peut  en  dire 

8 


100  p.  A.  DANGEARD 

autant  de  leur  nutrition  holcphytique  ;  ainsi,  dans  des  expé- 
riences faites  en  vue  d'un  autre  but,  nous  avons  constaté 
que  le  Chloiella  genevensis  vit  très  bien,  pendant  plusieurs 
années  dans  des  tubes  ne  renfermant  qu'un  milieu  nutritif 
minéral;  à  travers  de  nombreuses  générations,  l'algue  n'avait 
reçu  d'autre  carbone  que  celui  qui  provenait  de  l'assimilation 
chlorophyllienne  ;  la  nutrition  holoph^^tique  n'avait  jamais, 
à  un  degré  quelconque,  été  complétée  par  une  nutrition  car 
bouée  d'origine  saprophytique. 

Ces  algues  vertes  inférieures  sont  donc  capables  d'utiliser 
indifféremment  et  exclusivement,  soit  la  nutrition  holophy- 
tique,  soit  la  nutrition  saprophytique,  alors  que  dans  les  con- 
ditions ordinaires,  elles  emploient  les  deux,  dans  une  propor- 
tion variable. 

11  est  assez  naturel  de  s^  demander  comment  se  compor- 
tent à  cet  égard  les  plantes  vertes  d'organisation  plus  élevée^ 

On  a  cru  pendant  longtemps,  à  la  suite  de  Liebig  et  de 
Boussingault,  que  les  plantes  supérieures  n'empruntaient  au 
sol  que  les  substances  minérales  et  que  tout  le  carbone  assi- 
milé provenait  de  l'assimilation  chlorophyllienne  ;  la  nutri- 
tion carbonée  aurait  été  strictement  holophytique  ;  les 
plantes  supérieures,  s'il  en  avait  été  ainsi,  auraient  différé 
profondément  des  algues  vertes  inférieures  qui  peuvent 
\ivre,  à  l'obscurité  complète,  lorsque  le  milieu  nutritif  ren- 
ferme des  hydrates  de  carbone. 

Mais  cette  différence  n'existe  pas  ainsi  qu'il  résulte  des 
travaux  de  différents  observateurs  ;  c'est  ainsi  que  Mazé, 
en  1899  (1),  cultivant  des  vesces  de  Narbonne  à  Vohsciirite 
dans  des  solutions  de  glucose  de  1  à  6  %  a  vu  le  poids  sec 
augmenter  sensiblement  ;  plus  tard,  en  1903  (2),  Laurent  a 


(1)  Mazé  :  U assimilation  des  hydrates  de  carbone  et  Vélaboration  de 
Vazote  organique  dans  les  végétaux  supérieurs  (Comptes  rendus,  Acad. 
Se,  t.  CXXVIII,  p.  185,  1899). 

(2)  Laurent  :  Recherches  sur  la  nutrition  carbonée  des  plantes  vertes  à 
Vaide  de   matières   organiques,   1903. 


LA  SKNSIBILITÉ  DES  ALGUES  101 

fait  dos  expériences  très  précises  sur  les  hydrates  de  car- 
bone, en  se  servant  de  solutions  nutritives  Detmer  stérili- 
sées auxquelles  il  ajoutait  :  oit  du  glucose,  soit  du  sucre  de 
canne  ou  de  la  glycérine  ;  il  a  \u  que  le  glucose,  par  exem- 
ple, est  absorbé  facilement  par  les  racines  de  maïs,  soit  à  la 
lumière,  soit  à  Fobscurité  ;  l'assimilation  chlorophyllienne 
peut  être  ainsi  remplacée  pendant  un  certain  temps, 

La  plante  verte  supérieure  possède  donc  aussi  une  nutri- 
tion saprophytique  ;  à  la  vérité,  cette  nutrition  carbonée 
est  incapable  seule  de  permettre  à  cette  plante  un  dévelop- 
pement complet,  alors  que,  chez  les  algues,  elle  assure  l'avenir 
de  nombreuses  générations  ;  mais  il  ne  faut  voir  là  sans 
doute  que  le  résultat  d'une  structure  plus  compliquée. 

Toutefois,  à  en  juger  par  des  recherches  récentes,  cette 
nutriticn  exigerait  chez  la  plante  supérieure,  contrairement 
à  l'opinion  de  Mazé  et  de  Laurent,  l'action  de  la  lumière. 

On  sait  que  Lutz,  en  1899  (1),  avait  montré  que  la  plante 
absorbe  l'azote  des  amides  de  composition  simple,  comme 
la  méthylamine  par  exemple  ;  en  1906,  Lefèvre,  nourrit  ses 
plantes  avec  des  amides  en  mélange  :  tyrosine,  glycocolle, 
alamine,  oxamide,  leucine  ;  il  supprime  dans  ses  cultures 
l'acide  carbonique  de  l'air,  tout  en  maintenant  la  lumière  ; 
en  l'absence  de  corps  amides,  les  plantes  dépérissaient  ;  dans 
les  milieux  amides,  au  contraire,  le  développement  allait 
jusqu'au  début  de  la  formation  des  fleurs  ;  il  y  avait  aug- 
mentation notable  du  poids  sec  ;  il  s'était  donc  produit  un 
travail  de  nutrition,   de  synthèse  (^). 

D'après  l'auteur,  cette  synthèse,  contrairement  à  la  nu- 
trition sapropiiytique  ordinaire,  exigerait  l'action  de  la  lu- 
mière. 


(1)  Lutz  :  Recherches  sur  la  nutrition  des  végétaux  à  Vaide  de  subs- 
tances azotées  de  nature  organique,  1899. 

(2)  Lefèvre  :  Sur  le  développement  des  plantes  à  chlorophylle,  à  Vobri 
de  Vair,  dans  un  sol  aniidé,  à  dose  non  toxique  (Revue  de  Botanique, 
t.    XVIII,  p.  145,  1906). 


102  P.  A.  DANGEARD 

L'opinion  de  Lefèvre  est  partagée  par  Molliard  qui  admet 
que  l'assimilation  des  sticres  ne  se  produit  pas  à  l'obscurité  ; 
la  lumière  serait  nécessaire  à  l'utilisation  des  substances  or- 
ganiques (1). 

S'il  en  était  ainsi  réellement,  la  nutrition  saprophytique 
des  algues  inférieures  serait  différente  de  celle  des  plantes 
supérieures,  car,  à  l'obscurité  la  plus  complète,  la  première 
donne  lieu  rapidement  à  irne  augmentation  du  poids  des 
cultures. 

Mais  nous  avons  quelques  raisons  de  croire  que  cette 
différence  n'existe  pas  ;  rappelons  d'abord  les  expériences 
■de  Mazé  et  de  Laurent  qui  ont  obtenu  à  l'obscurité,  une  assi- 
milation du  glucose  ;  constatons  également  que  Lubimenko 
a  noté  avec  des  embryons  de  Pimis  pinea,  cultivés  sur 
saccharose  et  galactose  à  Vobsciiriié  une  augmentation  en 
poids  sec  (2). 

Il  existe  donc,  semble-t-il,  pour  les  plar^tes  supérieures,  une 
nutrition  carbonée,  indéperidante  de  toute  radiation  ;  elle  ne 
diffère  pas  à  cet  égard  de  celle  des  algues  vertes  inférieures. 

Dans  l'un  des  cas,  celui  des  algues,  ce  mode  de  nutrition 
remplace  indéfiniment  la  nutrition  ordinaire  ;  dans  l'autre, 
l'action  de  la  lumière  devient  nécessaire  à  un  moment  donné 
pour  assurer  le  développement  de  l'espèce,  sans  qir'on  sache 
exactement  encore,  si  elle  agit  irniquement  en  rétabhssant 
la  fonction  chlorophyllienne  ou  en  permettant  des  synthèses 
rénovatrices,  indépendantes  de  cette  fonction. 

Lubimenko  (3),  en  effet,  s'est  efforcé  de  démontrer  l'exis- 
tence dans  la  cellule  \égétale,  d'une  série  de  réactions  photo- 


(1)  Molliard  :  Action  inorphogénique  de  quelques  substances  organiques 
sur  les  végétaux  supérieurs  (Revue  de  Botanique,  t.  XIX,  p.  290-291). 

(2)  Lubimenko  :  Influence  de  Vabsorption  des  sucres  sur  les  phéno- 
mènes de  la  germination  des  plantules  (Comptes  rendus  Acad.  Se,  1906, 
l.  GXLIII,  p.  130). 

(3)  Lubimenko  :  Action  directe  de  la  lumière  sur  la  transformation 
des  sucres  absorbés  par  les  plantules  de  Pinus  pinea  (Comptes  rendus 
Acad.  Se  ,  1906,  t.  CXLIII,  p.  516). 


LA  SENSIHIMTK  DES  ALGUES  103 

chimiques  iiidépeiidaiîtes  de  riissiniilation  chlorophyllitune, 
mais  les  conditions  dans  lesquelles  la  lumière  agirait  sont 
assez  particulières  et  mériteraient  par  conséquent  une  con- 
firmation ;  c'est  ainsi  que  l'assimilaticn  du  i^luccse  par  des 
embryons  de  Pinus  piiiea  séparés  de  leur  endosperme,  serait 
fa\orisée  à  partir  de  l'obscurité  complète,  par  un  éclairement 
dont  l'action  serait  maximum  à  une  intensité  encore  très 
faible  ;  l'augmcnlation  de  la  lumière  affaiblirait  ensuite  df 
plus  en  plus  l'assimilation  des  sucres,  jusqu'au  moment  où 
la  radiation  devient  assez  forte  pour  décomposer  CO^ 

Si  l'on  sonj^e  que  la  fcnction  chlorophyllienne  débute  à 
une  lumière  diffuse  faible  et  que  l'action  nuisible  ou  utile 
de  la  radiat'on  sur  les  -ynthès.'S  photochimiques  s'effec- 
tuerait au-des^'ous  de  cette  limite  d'éclairement,  il  est  peut- 
être  prudent  de  n'admettre  que  sous  réserves  les  résultats 
annoncés  par  Lubimenko. 

En  ce  qui  concerne  les  algues,  aucune  expérience  de  ce 
genre  n'a  été  faite  croyons-nous,  j)our  étudier  Tinfluence  que 
pourrait  avoir  la  lumière  sur  Tassimilation  des  sucres  et 
des  autres  substances  organiques,  en  écartant  l'action  de  la 
fonction  chlorophyllienne  ;  par  contre,  on  trouve,  dans  la 
première  partie  de  ce  travail,  un  grand  nombre  de  rensei- 
gnements sur  l'action  de  la  lumière,  en  présence  de  milieux 
nutritifs  différents. 

De  tout  ce  qui  précède,  il  semble  bien  résulter  : 

1°  Que  les  plantes  supérieures  sont  incapables  de  pour- 
suivre leur  dévelcppement  d'une  génération  à  la  suivante 
par  nutrition  purement  saprophytique,  en  quoi  elles  diffè- 
rent des  algues  vertes  inférieures. 

Mais  une  conclusion  de  ce  genre  ouvre  la  voie  à  des  re- 
cherches qui,  dai^s  l'avenii-,  pourraient  en  modifier  singu- 
lièremei^t  la  portée  ;  à  quel  niveau,  dans  l'évolution  des 
Chlorophytes,  a  disparu  cette  propriété  si  remarquable  de  la 
possibilité  d'une  nutrition  saprophytique  exclusive  ?  C'est 
ce  que  nous  ignorons  complètement. 


104  P.  A.  DANGEARD 

2°  Que  dan?  le  développement  normal  des  plantes  supé- 
rieures, la  nutrition  holophytique  prédominante  est  associée 
dans  une  proportion  variable  avec  la  nutrition  saprophy- 
tique  ;  toutes  les  plantes  vertes  se  comportent  sans  doute 
de  la  même  façon  à  cet  égard. 

Reste  à  savoir  si  les  plantes  supérieures  peuvent  indéfini- 
ment, à  travers  de  nombreuses  générations  successives,  as- 
surer, comme  les  algues  inférieures  —  ce  qui  est  probable  — 
l'équilibre  de  leurs  fonctions,  en  se  servant  exclusivement 
du  carbone  fourni  par  Vassimilation  chlorophyllienne. 

11  suffirait  pour  en  avoir  la  certitude  de  cultiver  ces  plantes 
dans  du  sable  pur  imprégné  de  liquide  de  Knop,  pendant  une 
très  longue  période;  avec  des  algues,  comme  les  Chlorella 
et  les  Scenedesmus,  les  générations  se  succèdent  rapidement 
et  l'observation  en  est  simplifiée  ;  lorsqu'il  s'agit  d'une 
plante  supérieure,  comme  le  mais,  qui  ne  donne  qu'une 
seule  génération  en  une  année,  une  expérience  de  ce  genre 
exigerait  pour  avoir  quelque  valeur  une  très  longue  durée. 

En  résumé,  il  est  établi  que  certaines  algues  inférieures 
peuvent  se  développer  normalement  et  indéfiniment,  en 
utilisant  exclusivement  soit  la  nutrition  saprophytique,  soit 
la  nutrition  holophytique  ;  autrement  dit,  dans  leur  dé- 
veloppement complet  et  normal,  ces  plantes  empruntent 
indifféremment  tout  leur  carbone  soit  à  la  synthèse  chloro- 
phyllienne, soit  à  des  composés  organiques. 

Cette  conclusion  ne  peut  actuellement  être  étendue  aux 
plantes  supérieures,  chez  lesquelles  la  nutrition  saprophy- 
tique seule  s'est  montrée  jusqu'ici  incapable  d'assurer  dans 
les  conditions  des  expériences  le  développement  complet 
jusqu'à  la  graine  ;  à  plus  forte  raison,  au  cours  de  générations 
successives  ;  d'autre  part,  il  ne  semble  pas  qu'on  ait  cherché 
jusqu'ici  à  poursuivre  des  cultures  de  plantes  supérieures, 
pendant  de  nombreuses  générations,  en  ne  leur  fournissant 
que  du  carbone  provenani;  de  l'assimilation  chlorophvllienne. 

Là  encore,   Tétude   des  algues  inférieures  peut  servir  de 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  105 

point  de  départ  et  de  base  solide  pour  une  connaissance 
plus  complète  des  conditions  de  la  nutrition  d'une  plante 
supérieure. 

Propriétés  à  l'égard  de  la  radiation  d'une  algue  inférieure, 
cultivée  dans  un  milieu  nutritif  dépourvu  de  carbone  orga- 
nique. 

Toute  plante  verte,  cultivée  dans  un  milieu  minéral  privé 
de  carbone  organique,  est  incapable,  à  l'obscurité,  d'augmenter 
sa  substance  d'une  manière  appréciable  ;  en  l'absence  de 
carbone  ^irovenan*-  de  l'ass'milation  chlorophyllienne,  elle 
ne  pourrait  prendre  cet  élément  indispensable  qu'à  des  car- 
bonates et  en  particulier  au  carbonate  de  calcium  ;  mais 
elle  ne  possède  pas  cette  propriété. 

On  ne  connaît,  en  effet,  que  les  nitromonades  qui  peuvent 
emprunter  ainsi  directement  leur  carbone  aux  carbonates 
qui  sont  introduits  dans  leurs  cultures. 

Si  les  algues  inférieures  s'étaient  montrées  aptes  à  cette 
assimilation,  notre  méthode  pour  l'étude  des  phénomènes 
de  photosynthèse  se  serait  trouvée  en  délaut,  car  leur  végé- 
tation aurait  pu  se  continuer  à  l'obscurité  grâce  aux  carbo- 
nates qui  existent  ou  se  forment  dans  les  liquides  minéraux 
employés  ;  mais  tous  les  semis  de  Chlorella  ou  de  Scenedes- 
/77U9  elTectués  dans  ces  liquides  conservés  à  l'obscurité  pen- 
dant plusieurs  années,  n'onc  jamais  donné  lieu  à  une  multi- 
plication quelconque.  Au  contraire,  à  la  lumière,  dans  les 
mômes  liquides,  la  végétation  était  vigoureuse  et  donnait 
des  récoltes  abondantes  au  bout  de  quelques  semaines. 

Les  expériences  de  comparaison  sont  faciles  à  réaliser 
dans  des  conditions  de  précision  absolue.  Il  suffit  de  prendre 
un  certain  nombre  de  flacons  Erlenmeyer  remplis  de  liquide 
de  Ivnop  ou  de  tout  autre  milieu  minéral  renfermant  tous 
les  éléments  nécessaires  à  la  vie  de  la  plante,  sauf  le  carbone  ; 
ces  flacons  sont  ensemencés  avec  le  Chlorella  vulgaris  ;  une 


106  P.  A.  DANGEARD 

moitié  de  ces  flacons  est  placée  à  l'obscurité  complète  ;  les 
autres  sont  disposés  de  façon  à  recevoir  la  lumière.  Au  bout 
d'une  quinzaine  de  jours,  un  mois  au  plus  lard,  on  constate 
que  ces  derniers  flacons  exposés  à  la  lumière  renferment  un 
dépôt  abondant  de  Cblorell-^s  ,  ellts  Sl*  sont  multipliées  av^cc 
une  rapidité  surprenante  ;  les  flacons  conseivés  à  l'obs-ni- 
rite,  paraissent  complètement  stériles  ;  les  germes  prove-- 
nant  de  l'ensemencement  ne  se  sont  pas  développés. 

On  peut  faire  \arJer  à  volonté  les  conditions  de  tempé- 
rature, d'intensité  lumireuse  de  même  que  la  proportion 
de  CO^  etc.,  de  façon  à  dégager  l'influence  des  facteurs 
physiques  ou  chimiques  associés  de  diverses  manières. 

L'action  de  la  radiation,  dans  l'incorporation  du  carbone 
de  CaO^  est  ainsi  mise  en  évidence  dans  des  conditions  de 
simplicité  et  de  netteté  qu'on  ne  peut  obtenir  des  plante? 
supérieures. 

On  sait,  en  effet,  que  ces  plantes  placées  à  l'obscurité, 
s'étiolent  et  dépérissent,  mais  leur  végétation  continue  assez 
longtemps  en  l'absence  de  toute  radiation  ;  si  elles  vivent 
dans  leur  milieu  habituel,  cela  tient  au  fait  qu'il  leur  est 
possible  d'utiliser,  si  peu  que  ce  soit,  le  carbone  organique 
qui  s'y  trouve  contenu  ;  si  on  les  cultive  dans  un  milieu 
minéral,  elles  peuvent  également  continuer  à  s'accroître, 
donner  Xeuilles  et  rameaux,  aux  dépens  de  leurs  réserves  hy- 
drocarbonées. 

11  est  donc  impossible  d'établir  pour  les  plantes  supé- 
rieures vertes  une  relation  nécessaire  entre  V absence  de  végé- 
tation et  Vabsence  de  radiation,  relation  qui  existe  si  nette  et 
si  précise  avec  les  algues  inférieures  unicellulaires. 

L'emploi  de  ces  algues  n'est  pas  seulement  utile  pour  étu- 
dier toutes  les  questions  qui  se  rapportent  aux  effets  de  la 
radiation  totale,  provenant  des  sources  les  plus  différentes, 
dans  la  photosynthèse,  cet  emploi  est  surtout  précieux  pour 
déterminer  l'action  des  rayons  de  longueur  d'onde  diffé- 
ente  qui  constituent  cette  radiation  totale. 


LA   SENSIBII.ITK  DES  ALGUES  107 

Eli  effet,  rabseiiee  de  végétation,  dans  un  milieu  nutritif 
minéral,  en  face  d'une  radiation  quelconque,  implique  né- 
cessairement d'après  ce  qui  précède,  que  cette  radiation 
est  inaciiue,  soit  à  cause  de  sa  nature,  soit  à  cause  de  son 
intensité. 

Il  résulte  de  là  que  si  nous  cultivons  une  Chlorelle,  un 
Scenedesmus  denf"  du  liquide  de  Knop,  en  face  d'un  spectre, 
toutes  les  radiations  actives  dans  la  synthèse  chlorophyllienne, 
seront  indiquées  à  leur  place,  par  une  végétation  de  l'algue, 
laquelle  par  son  abondance  marquera  le  degré  d'activité  de 
chacune  d'elles  ;  aucun  développement  de  l'algue  ne  se  pro- 
duira à  l'endroit  des  radiations  inactives  du  spectre,  s'il  en 
existe  ;  en  face  de  ces  radiations  inactives  ou  de  trop  faible 
intensité,  la  Chlorelle  ou  le  Scenedesmus  se  comporteront 
comme  à  l'obscurité  complète. 

Si  la  synthèse  chlorophyllienne  est  due  exclusivement 
aux  radiations  absorbées  par  la  chlorophylle,  la  végétation 
de  l'algue  reproduira  exactement  les  bandes  d'absorption 
de  cette  chlorophylle. 

Bien  mieux,  la  chlorophylle  étant  constituée  par  plusieurs 
pigments,  d'une  part  les  chlorophyllines  et  d'autre  part,  la 
xanthophylle  et  la  carotine,  nous  saurons  par  l'expérience 
précédente  quels  sont  parmi  ces  pigments  ceux  qui  agissent 
dans  la  synthèse  chlorophyllienne  ;  seules,  les  bandes  d'ab- 
sorption des  pigments  actifs  seront  reproduits  par  la  végé- 
tation de  la  plante. 

De  toutes  les  méthodes  qui  ont  servi  jusqu'ici  à  recher- 
cher Faction  des  diverses  radiations  dans  la  photosynthèse, 
il  est  incontestable  qu'aucune  ne  présente  le  même  carac- 
tère d'exactitude. 

Mais  pour  que  cette  méthode  donne  tous  ses  résultats,  il 
est  nécessaire  que  l'algue  employée  dans  l'expérience  soit 
dépourvue  de  zoospores,  qu'elle  ait  des  dimensions  très  pe- 
tites, qu'elle  soit  très  sensible  à  Fintensité  lumineuse  et  se 
multiplie  rapidement. 


108  P.  A.  DANGEARD 

La  présence  de  zoospores  ou  de  gamètes  serait  de  nature 
à  modifier  Taspect  du  spectrogramme  de  végétation  ;  en 
eiïet,  ces  éléments  sont  phototactiques  ;  ils  vont  se  fixer 
d'ordinaire  dans  la  région  bleue  et  violette  du  spectre,  où 
leur  présence  pourrait  faire  croire  à  une  action  des  radia- 
tions les  plus  réfrangibles  dans  la  photosynthèse. 

La  petitesse  des  germes  qui  servent  au  semis  est  aussi 
d'une  grande  importance  :  ceux-ci  n'apportent  par  eux- 
mêmes  dans  la  culture  qu'une  quantité  infinitésimale  de 
carbone  organique  ;  en  admettant  que  ce  carbone  suffise  à 
assurer  la  division  en  deux  ou  quatre  nouvelles  cellules, 
cette  multiplication  ne  sera  aucunement  perceptible  ;  c'est 
ce  qui  fait  que  des  flacons  remplis  de  liquide  de  Knop  et 
ensemencés  avec  quelques  Chlorelles,  peuvent  rester  à  l'obs- 
curité complète  pendant  des  mois  et  des  années,  sans  pré- 
senter aucune  apparence  de  végétation,  alors  que  les  mêmes 
flacons  portés  à  la  lumière,  deviennent  vertis  très  rapide- 
ment ;  la  multiplication  de  falgue  est  alors  perceptible  au 
bout  de  quelques  heures. 

Toutes  ces  conditions  nécessaires  à  la  précision  des  expé- 
riences sur  l'assimilation  chlorophyllienne  :  rapidité  de  la 
végétation,  petitesse  des  germes,  absence  de  zoospores,  sont 
remplies  avec  les  cultures  des  diverses  espèces  de  Chlorelles, 
comme  le  Chlorella  vulgaris,  le  Chlorella  genevensis,  etc.,  et 
le  Scenedesmas  acutiis. 

Le  choix  du  milieu  nutritif  dépourvu  de  carbone  orga- 
nique n'est  pas  indifférent  ;  le  liquide  de  Knop  donne,  en 
général,  complète  satisfaction  ;  les  algues  précédentes  culti- 
vées dans  ce  milieu  montrent  une  sensibilité  vraiment  ex- 
traordinaire à  la  radiation,  même  lorsqu'elle  est  de  très 
faible  intensité  ;  il  en  est  de  même  avec  les  liquides  de  Det- 
mer  et  de  Grintzesco. 

Avant  d'appliquer  notre  méthode  à  l'étude  des  problèmes 
relatifs  à  la  synthèse  chlorophyllienne,  il  est  néc^^ssaire  de 
bien  établir  les  caractères  de  cette  sensibilité  de  l'algue  à  la 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  109 

radiation,  puisque  l'exactitiicle  des  résultats  et  leur  précision 
reposent  entièrement  sur  cette   propriété. 

La  sensibilité  d'une  algue  à  la  radiation  peut  être  appré- 
ciée, soit  par  la  végétation  qu'elle  fournit,  en  un  temps  donné,- 
soit  par  la   quantité  d'oxygène  qu'elle  dégage  aux  différents 
éclairements  ;    c'est   ce    que    nous   allons   maintenant    exa- 
miner. 


L    —  LA    VEGETATION    DU   CHOIŒLLA     VULGARIS 
DANS    SES    R.VPPOinS     AVEC    LA    LUMIÈRE. 


Les  expériences  dont  la  description  \a  suivre  pourraient 
être  multipliées  et  variées  à  l'infini  ;  personnellement,  nous 
en  avons  exécuté  beaucoup  d'autres  en  ne  rappelant  ici 
que  les  plus  simples  et  les  plus  démonstratives. 

La  sensibilité  du  Chlorella  imlgaris  à  la  radiation  peut  être 
étudiée  à  l'aide  de.  dilTérents  dispositifs  que  chacun  est  à 
même  d'établir  ;  mais  il  est  commode  d'avoir  à  sa  disposi- 
tion un  appareil  pratique  construit  en  vue  des  recherches 
que  l'on  se  propose. 

Sur  mes  indications,  la  maison  Calmels  a  établi  un  modèle 
qui  nous  a  donné  complète  satisfaction,  soit  dans  l'étude  des 
phénomènes  de  croissance,  en  lumière  ordinaire  ou  en  lu- 
mière monochromatique,  soit  dans  l'étude  du  phototactisme 
en  lumière  ordinaire  ou  à  l'égard  d'un  ensemble  de  filtres 
monochromatique?  reproduisant  approximativement  le  spec- 
tre ;  les  compartiments  éclairés  de  cet  appareil  jouent  par 
rapport  aux  organismes  mobiles  le  rôle  de  pièges,  d'oii  le 
nom  de  spectrolabe  que  nous  lui  avons  donné. 

Le  spectrolabe  se  compose  essentiellement  d'un  châssis  A, 
présentant  neuf  fenêtres  rectangulaires  (fig.   1,  T). 

Dans  une  première  disposition,  une  cuve  de  culture  de 
1  centimètre  d'épaisseur  environ  à  faces  parallèles  est  pla- 


110 


p.  A.  DANGEARD 


cée  derrière  ce  châssis  et  un  volet-plein  C  disposé  à  Tarrière 
empêche  la  lumière  diffuse  d'arriver  à  la  culture  ;  celle-ci  ne 
reçoit  donc  que  la  lumière  fournie  par  les  fenêtres  à  l'avant  ; 
les  travées  qui  séparent  les  fenêtres  délimitent  les  compar- 
timents obscurs  ;  tout  le  châssis  est  peint  en  noir,  de  ma- 
nière à  éviter  des  phénomènes  de  réflexion  plus  ou  moins 
gênants. 

Dans  une  seconde  disposition,  le  châssis  A  supporte  quatre 
longs  tubes  cylindriques  destinés  à  renfermer  les  cultures 
d'algues  ou  d'organismes  inférieurs  que  Ton  se  propose  d'é- 
tudier ;  ces  tubes  occupent  une  position  horizontale  :  ils 
sont  maintenus  en  place,  lors  des  déplacements  de  l'appareil 
par  une  bande  élastique  fixée  sur  le  côté  ;  comme  ces  tubes 
passent  à  frottement  léger  dans  les  cadres,  il  en  résulte  qn'a- 


Fig.    I.  —  T.  Spectrolable  complet 


vec  des  radiations  parallèles,  ils  sont  nettement  délimités 
en  compartiments  obscurs  et  en  compartiments  éclairés  ; 
comme  dans  la  première  disposition,  un  volet  plein  C  est 
placé  à  l'arrière,  pendant  la  durée  des  expériences. 

Dans  l'un  et  l'autre  de  ces  appareils,  on  dispose  d'un 
châssis  B,  que  l'on  peut  à  volonté  munir  soit  d'écrans  d'in- 
tensité différente,  soit  de  filtres  monochromatiques,  comme 
ceux  de  la  maison  Wratten  ;  ce  châssis  B  est  fixé  pendant 
la  durée  des  expériences  sur  le  cadre  A,  en  avant  des  tubes 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES 


111 


OU  de  la  cuve,  de  sorte  que  ceux-ci  ne  reçoivent  pas  d'autres 
radiations  que  celles  qui  ont  traversé  les  écrans. 

Un  second  volet  D,  permet  de  faire  l'obscurité  complète 
dans  l'appareil,  si  ou  le  désire. 

Toutes  ces  pièces  se  placent  et  s'enlèvent  facilement, 
grâce  à  un  système  d'accrochage  à  baïonnette. 

On  peut  se  dispenser  du  châssis  B,  porteur  des  écrans,  en 
insérant  directement  ces  écrans,  sur  le  châssis  A,  au-devant 
de  chaque  fenêtre,  grâce  à  un  dispositif  des  plus  simples  que 
l'on  voit  dans  la  fig.  2,  T. 


Fig,  2.  —  T.  Châssis  pouvant  porter  directement  les  écrans 


Le  spedrolabe,  tel  que  nous  venons  de  le  décrire,  ou  mo- 
difié quelque  peu,  nous  a  rendu  de  grands  services  dans  nos 
recherches  sur  l'assimilation  chlorophyllienne  ainsi  qu'on  le 
verra  dans  la  suite  de  ce  mémoire  ;  nous  avons  effectué  éga- 
lement avec  son  aide  de  nombreuses  observations  de  grand 
intérêt  sur  le  phototactisme  dont  la  plupart  sont  encore 
malheureusement  inédites. 


112 


P.  A.  DANGEARp 


Prenons  une  cuve  rectangulaire  en  verre  de  faible  épais- 
seur ;  sur  la  face  qui  recevra  directement  la  lumière,  dispo- 
sons un  écran  interceptant  complètement  le  passage  de  la 
radiation  sauf  en  des  points  dont  la  forme  peut  être  établie 
à  volonté. 

Dans  nos  observations,  nous  avons  utilisé  de  préférence 
le  spectrolabe  muni  de  sa  cuve  de  culture  ;  celle-ci  recevait 
donc  la  radiation  provenant  des  neuf  fenêtres  rectangu- 
laires (fig.  3,  T).  La  cuve  de  culture  était  remplie  de  liquide 


Fig.  3.  —  T.    Ecran  perce  de  9  fenêtres 

de  Knop  et  ensemencée  avec  quelques  Chlorelles  ;  au  bout 
de  quinze  jours  ou  d'un  mois,  selon  les  circonstances,  l'algue 
dessins  en  vert  par  sa  végétation  tous  les  compartiments 
éclairés  avec  leur  limite  exacte  ;  les  intervalles  entre  ces 
compartiments,  restés  à  l'ombre,  ne  montrent  aucune  trace 
du  Chlorella. 

Si  la  cuve  a  été  graduée  en  millimètres  par  des  traits  noirs, 
comme  quelques-unes  de  celles  qui  nous  ont  servi,  ces  traits, 
pourtant  très  fins  portent  ombre  sur  la  face  interne  de  la 
paroi  de  verre  ;  cela  suffit  pour  que  l'algue  ne  puisse  se  mul- 
tiplier à  cet  endroit  ;  aussi  ces  lignes  sont-elles   reproduites 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  113 

en  blanc,  avec  leurs  dimensions  exactes,  sur  le  fonds  vert 
de  revêtement  formé  par  Talgue  sur  la  paroi  antérieure  de 
la  cuve. 

Cette  constatation  montre  nettement  la  sensibilité  du 
Chlorella  à  la  radiation  ;  l'algue  ne  se  multiplie  qu\à  la  lu- 
mière, là  seulement  où  elle  peut,  par  photosynthèse,  prendre 
son  carbone  à  CO"'^  ;  mais  la  précision  avec  laquelle  les  fms 
traits  d'ombre  de  la  graduation  sont  marqués  par  une  absence 
de  végétation,  n'est  possible  que  grâce  au  laible  diamètre 
des  cellules  vertes  et  à  leur  indépendance. 

La  réussite  d'une  expérience  comme  celle-ci  exige  que  les 
parois  de  la  cuve  de  culture  se  trouve  ensemencée  réguliè- 
rement d'un  semis  imperceptible  de  germes  adhérents  sur 
lesquelles  la  lumière  amènera  une  multiplication  aux  en- 
droits où  elle  pénétrera  ;  cet  ensemencement  est  très  rapide 
avec  le  Chlorella  uiilgaris  ;  à  partir  des  premiers  germes  dé- 
posés dans  la  cuve,  les  sporanges  sont  en  multiplication  in- 
tense ;  les  cellules  qui  en  proviennent,  n'ont  souvent  que  2 
ou  3  ;j.  ;  ces  éléments  minuscules  se  trouvent  rapidement 
disséminés  à  toutes  les  hauteurs  ;  ceux  qui  restent  adhé- 
rents aux  parois  de  la  cuve,  constituent  le  semis  sur  lequel 
agira  la  lumière. 

L'expérience  seule  pouvait  mettre  en  évidence  ces  pro- 
priétés remarquables  du  Chlorella  imlgaris  et  indiquer  dans 
quelle  mesure  on  pouvait  les  utiliser  ;  la  reproduction  exacte 
des  lignes  fines  de  la  graduation  par  absence  de  végétation 
montre  qu'en  se  servant  d'un  écran  approprié,  on  peut 
obtenir  en  blanc  sur  fond  vert  avec  la  plus  grande  exacti- 
tude un  dessin  quelconque  portrait  ou  paysage  ;  inversement, 
le  même  paysage  ou  le  même  poi^trpit  serait  obtenu  en  vert 
sur  fond  blanc,  avec  un  écran  ajouré  en  conséquence. 


114  P.  A.  DANGEARD 


B 


Cette  première  expérience  peut  être  répétée  en  se  servant, 
non  plus  de  cuves  à  parois  parallèles,  mais  de  tubes  cylin- 
driques ou  de  flacons  ;  nous  obtiendrons  de  la  sorte  quel- 
^ques  renseignements  nouveaux. 

Prenons  comme  tout  à  l'heure  une  boîte  rectangulaire, 
dans  laquelle  sur  la  fsce  a\ant  sont  ménagées  un  certain 
nombre  de  fenêtres  laissant  arriver  la  lumière  ;  aux  deux 
extrémités  de  cette  boîte,  on  perce  des  trous  d'un  diamètre 
suffisant  pour  laisser  passer  de  longs  tubes  à  essais  ;  ceux-ci 
auront  donc,  alternativement,  des  parties  sombres  et  des 
parties   éclairées.    Si   l'on   remplit   ces   tubes   de   liquide   de 


Fig.  4.  —  T. 


Knop  et  si  on  les  ensemence  avec  le  Chlcrella  vulgaiis,  on 
constatera,  au  bout  de  deux  ou  trois  semaines,  que  T algue 
s'est  développée  uniquement  en  face  des  parties  éclairées  ; 
elle  dessine  exactement,  grâce  à  sa  propriété  de  se  fixer  sur 
les  parois,  les  limites  exactes  de  chaque  fenêtre  ;  les  inter- 
valles  restent  incolores  ;  on  est  surpris  par  la  netteté  des 
lignes  de  séparation. 

Cette  expérience  réalisée  avec  le  spectrolabe  est  d'autant 
plus  démonstrative  au  point  de  vue  de  l'action  de  la  lumière 
dans  ses  rapports  avec  la  fixation  du  carbone,  qu'il  s'agit 
d'un  semis  unique  elTectué  dans  le  même  tube  et  dans  le 
même  liquide.  On  peut,  d'une  façon  plus  simple, entourer  les 


LA  SKNSIBIIJÏÉ  DES  ALGUES  115 

tubes  d'iin  épais  papier  noir  dans  lequel  on  ménage  un  cer- 
tain   nombre  de  fenêtres  (fig.   4,  T). 

En  examinant  attentivement  la  manière  dont  se  déve- 
loppe dans  le  spectrolabe  le  revêtement  ^ert  formé  par 
Falgue,  on  constate  qu'il  se  ])roduit  tout  d"abord  à  la  face 
postérieure  du  tube  et  qu"il  n'apparaîl  que  beaucoup  plus 
tard  sur  la  face  antérieure  (fig.  5,  T)  ;  avec  la  cuve  à  faces 
parallèles,  la  végétation  verte  de  l'cdgue  se  formait  sur  la  face 
avant  directement  éclairée. 


■,.>u-  " 


^-     —  ■       -  -  V. 


Pig.  5,  —  T.  Trois  tubes  ensemencés  avec  Chlorella  à  quelques  jnurs  d'inlervalie 
el  monlrant  l'apparence  de  la  vcgclalion,  dans  les  comparlimenls  éclairés. 

A  quoi  tient  cette  différence  ?  Tout  simplement  au  fait 
que  le  tube  cylindrique  rempli  d'eau  joue  le  rôle  de  lentille 
convergente,  comme  nous  le  verrons  plus  loin  ;  sa  face  pos- 
térieure reçoit  une  lumière  d'intensité  supérieure  à  celle 
de  la  face  directement  éclairée,  et  l'algue  qui  est  extrême- 
ment sensible  à  ces  diiïérences  d'éclairement,  se  montre 
d'abord  en  arrière. 

Ainsi  le   Chlorella  vulgaris,  par  son   mode   de  végétation, 
donne  la  solution  d'un  problème  de  physique  que  l'on  pour 
rait  énoncer  de  la  manière  suivante  :  Indiquer  quelles  sont, 
dans   un  tube  cylindrique  rempli  cVeau,   recevant   la  lumière 
diin  seul  côté,  les  principales  différences  d' éclair eme ni. 

L'algue,  grâce  à  son  extrême  sensibilité  à  la  radiation, 
répond  à  cette  question  en  se  développant  d'abord  sur  la 
paroi  arrière,  puis  sur  la  paroi  avant  et,  enfin  beaucoup  plus 

9 


116  P    A.  DANGEARD 

tardivement,   si   le    tube   est  placé   horizontalement,   sur  la 
face  supérieure  et  sur  la  face  inférieure. 

Nous  irons  même  beaucoup  plus  loin  ;  avec  des  sources 
de  radiation  d'origine  différente,  placées  d'une  manière  quel- 
conque, et  agissant  sur  un  flacon  cybndrique  rempli  de  li- 
quide de  Knop  ensemencé  avec  quelques  cellules  de  Chlo- 
relles,  l'algue,  au  bout  de  quinze  jours,  d'un  mois  au  plus, 
aura  indiqué  avec  une  exactitude  absolue  par  sa  végé- 
tation les  différences  d'intensité  lumineuse  qui  existent  ou 
qui  ont  agi  sur  la  paroi  interne  du  flacon  ;  quel  est  le  physi- 
cien qui  ne  reculerait  pas  devant  la  complexité  d'un  fel  pro- 
blème à  résoudre  ? 

Pour  en  revenir  à  l'expérience  très  simple  de  tout  à  Theure, 
il  est  préférable  de  placer  l'appareil  de  façon  que  les  tubes 
soient  dispesés  horizontalement  ;  dans  ce  cas,  la  pesanteur 
n'intervient  que  pour  donner,  assez  tard  d'ailleurs,  un  mince 
dépôt  d'algue  en  face  de  chaque  fenêtre  éclairée,  en  plus 
du  revêtement  vert  qui  se  produit  sur  les  parois. 

Mais  en  peut  également  disposer  l'appareil,  de  manière 
cjue  les  iiibes  soient  verticaux  (fig.  6,  T)  ;  dans  ce  cas,  l'algue 
continue  toujours  à  dessiner,  par  un  enduit  vert,  les  limites 
de  chaque  compartiment,  alors  que  les  intervalles  restent 
incolores  ;  mais  les  Chlorelles,  qui  se  sont  multipliées  en 
suspension  dans  les  parties  éclairées  du  liquide,  finissent 
par  former  un  dépôt  unique  arr  fond  du  tube. 

En  disposant  les  tubes  verticalement,  on  aurait  pu  s'at»- 
tendre  à  ce  que  la  limite  inférieure  de  chaque  compartiment 
éclairé  fût  moins  nette,  ou  même  dispariVt  complètement 
sous  l'influence  de  la  pesanteur. 

En  effet,  les  Chlcrelles  qui  sont  en  multiplication  active 
sur  la  paroi  éclairée,  y  restent  fixées  peur  le  plus  grand 
nombre,  mais  celles  qui  sont  abandonnées  dans  l'eau  conti- 
nuent à  S€  diviser;  les  unes  restent  parfois  longtemps  en 
suspension  dans  le  liquide,  d'autres  mentent  à  la  surface, 
emportées  par  une  biille   d'oxygène  et  tombent  plus  tard, 


LA  SENSIBILITK  DES  ALGUES 


117 


obéissant  aux  lois  de  la  pesanteur  ;  elles  viennent  ainsi  s'ac- 
•cumuler  sur  le  fond  en  y  formant  un  dépôt  plus  ou  moins 
abondant  ;  quelques  rares  cellules  restent  accrochées  en 
route  suivant  les  lignes  verticales  de  chute. 


Fig.  6.  —  J".  Quatre  tubes  disposés  vcrlicalement 

On  pourrait  donc  s'étonner  de  constater  que  les  limites 
de  chaque  compartiment  éclaiié,  restent  très  nettes  lorsque 
dans  le  spectrolabe,  les  tubes  sont  disposés  \erticalement- 

11  faut  en  rechercher  l'explication  dans  le  fait  que  la  ra- 
pidité de  la  multipUcation  aux  endroits  éclairés  fournit  en 


118  P.  A.  DANGEARD 

peu  de  temps  une  végétation  abondante,  alors  que,  dans  les 
parties  obscures,  les  quelques  rares  cellules  provenant  du 
semis  ou  celles  qui,  en  tombant  restent  adhérentes  à  la  paroi 
ne  subissent  aucun  développement. 

Cette  observation,  asec  des  tul;es  verticaux  était  néces- 
saire, pour  apporter  la  preuve  que  la  pesanteur  n'apporte 
aucun  trouble  sensible  dans  V interprétation  des  expériences  ; 
c'est  là  un  fait  acquis  que  nous  avons  eu  l'occasion  maintes 
fois  de  vérifier  par  la  suite,  alors  qu'il  s'agissait  de  détails 
extrêmement  délicats. 

On  dit  bien  souvent  que  la  sie,  à  la  surface  de  la  terre,, 
est  sous  la  dépendance  de  la  radiation  solaire  ;  nous  ne 
croyons  pas  qu'il  existe  d'expériences  aussi  simples  que  les 
précédentes  et  montrant  mieux  la  puissance  et  le  rôle  de 
l'énergie  radiante  ;  dans  les  compartiments  du  spectrolabe 
recevant  la  lumière,  la  vie  animale  peut  s'épanouir  grâce  à 
la  végétation  de  la  plante,  en  l'cccurence  une  algue  infé- 
rieure ;  dans  les  compartiments  obscurs,  c'est  la  solitude 
absolue  et  le  désert,  en  face  des  seuls  seis  minéraux  qui 
conf'titucnt  le  liquide  cie  Knop. 

Remarquons  que  la  Chlorelle,  à  l'intérieur  des  tubes, 
s'eft  comportée  comme  un  excellent  photomètre  enregis- 
treur et  cela  dans  des  conditions  où  un  instrument  ordi- 
naire n'aurait  guère  été  utilisable  ;  par  la  marche  de  sa  vé- 
gétation sur  les  parois  des  tubes,  elle  nous  a  indiqué  b^s 
différences  d'èclairement  qui  existent  sur  ces  mêmes  pa- 
rois, alors  que  d'ordinaire,  l'attention  n'est  guère  attirée 
sur  ce  point. 

La  valeur  du  Chlorella  comme  photcmètre  peut  être  mise 
en  évidence  et  utilisée  de  nombreuses  façons. 

Ainsi,  prenons  le  spectrolabe  précédent  avec  ses  tubes  de 
culture  ou  simplement  avec  une  seule  cuve  disposée  en  ar- 
rière de  l'ensemble  des  fenêtres  ménagées  dans  l'appareil  ; 
plaçons  devant  chacune  des  fenêtres  des  écrans  variés  ;  en 
quelques  jours,  les  différences  de  \égétation  de  l'algue  der- 


LA  SENSIBILITÉ  DLS  ALGUES  119 

rière  ces  écrans  iadiqueroiit  nettement  les  différences  (Vin- 
tensité  lumineuse  correspondant  à  chacun  de  ces  écrans. 

On  peut  encore,  si  Ton  dispose  de  plusieurs  appareils, 
les  placer  dans  une  chambre  à  des  distances  variables  d'nne 
fenêtre  ou  d'une  source  lumineuse  et  observer  le  développe- 
ment de  Talgue  entre  deux  limites  d'éloignement. 

Il  n'est  d'ailleurs  nullement  besoin  d'un  appareil  spécial 
pour  les  observations  de  ce  genre. 

Si  par  exemple,  dans  un  laboratoire,  on  dispose  des  fla- 
cons ensemencés  avec  une  Chlorelle  eu  des  Scenedesmus,  à 
partir  du  voisinage  d'une  fenêtre  jusqu'au  fond  de  la  pièce, 
on  suivra  jour  par  jour  ks  progrès  de  la  végétation  à  partir 
de  la  fenêtre,  jusqu'à  l'endroit  où  l'éclairement  devient  trop 
faible  pour  assurer  la  photosynthèse. 

Cette  expérience  est  susceptible  d'une  grande  précision  : 
elle  peut  être  employée,  eu  utilisant  deux  sources  lumi- 
neuses de  même  intensité  et  de  même  nature,  à  la  recherche 
de  l'influence  sur  la  végétation  de  l'algue,  d'une  radiation 
intermittente  ou  continue  ;  on  peut  également  déterminer 
pour  différentes  sources  lumineuses,  l'intensité  minimum 
nécessaire  à  la  végétation. 


Les  observations  suivantes,  qui  ont  été  faites  pendant  les 
Tacances  d'août  et  de  septembre  1909,  vont  nous  permettre 
de  mieux  comprendre  et  de  mieux  préciser  le  mode  de  végé- 
tation du  Chlorella  iiilgaris  dans  des  tubes  cylindriques 
exposés  à  une  lumière  unilatérale. 

Nous  avons  pris  un  certain  nombre  de  tubes  à  essai  remplis 
de  liquide  de  Knop  ;  ces  tubes  ensemencés  avec  l'algue  ont 
été  disposés  verticalement  dans  une  mansarde  qui  nous  sert 
de  laboratoire  ;  cette  mansarde  possède  une  fenêtre  unique 
au  midi  ;  les  tubes  ont  été  placés  les  uns  à  1  mètre  de  la  fe- 


120 


P.  A.  DANGEARD 


nêtre,  les  autres  à  3  mètres  et  les  derniers  tout  au  fond  de 
la  pièce,  à  4  mètres  environ. 

La  lumière  étant  très  favorable  à  cette  époque  de  l'ennée, 
l'algue  s'est  développée  rapidement  ;  au  bout  d'une  quin- 
zaine  de   jours,   elle   formait,   sur  la   paroi   postérieure   des. 


Kig.  7.  —  T.  Développement  du  Chlorellavithjaris sur  ia  paroi  postérieure  des  tubes: 
la  végétation  de  l'algue  dessine  un  long  rectangle  vert 


tubes,  une  large  bande  verte  longitudinale  de  forme  rectan- 
gulaire nettement  délimitée  par  deux  lignes  parallèles  à 
l'axe  du  tube  (fig.  7,  T)  ;  le  reste  de  la  paroi  du  tube  n'of- 
frait que  des  traces  à  peine  visibles  de  la  présence  de 
l'algue  et  se  montrait  incolore,  surtout  sur  les  deux  côtés. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  121 

L'algue  montrait  ainsi,  une  fois  de  plus,  sa  grande  sensi- 
bilité aux  différences  d'éclairement. 

En  effet,  contrairement  à  ce  que  l'on  aurait  pu  supposer 
tout  d'abord,  ce  n'est  pas  la  face  avant  du  tube,  reces'ant 
directement  la  lumière,  qui  est  la  plus  éclairée  ;  l'intensité 
lumineuse  est  plus  grande  à  l'arrière  du  tube  et  précisément 
dans  les  limites  exactes  du  rectangle  vert  dessiné  par  la 
végétation  de  la  Chlorelle. 

Cela  tient  au  fait  que  Feau  contenue  dans  le  tui)e  cylin- 
drique joue  le  rôle  de  lentille  ;  les  rayons,  reçus  i)ar  la  face 
avant,  en  passant  dans  l'eau  se  rapprochent  de  la  normale  ; 
ils  convergent  donc  sur  la  paroi  arrière  qui  se  trouve  rece- 
voir sur  une  surface  moins  grande  une  lumière  plus  intense  ; 
c'est  pour  la  même  cause  que  les  faces  latérales  sont  très 
peu  éclairées. 

Il  est  facile  de  se  rendre  compte  du  phénomène  :  sur  l'un 
de  ces  tubes  à  essais,  fixons  sur  la  moitié  longitudinale  pos- 
térieure une  feuille  de  papier  blanc  ;  le  tube  étant  rempli 
d'eau,  il  suffit  de  le  placer  à  quelque  distance  d'une  fenêtre, 
pour  voir  n  4tement  le  rectangle  lumineux,  suivant  lequel 
l'algue  se  développera  ;  la  largeur  du  rectangle  lumineux 
est  égale  au  tiers  environ  du  diamètre  du  tube. 

On  peut  se  rendre  compte  expérimentalement  et  de  la 
même  manière  que  la  largeur  du  rectangle  lumineux  aug- 
mente avec  le  diamètre  du  tnbe. 

Si  les  rayons  étaient  rigoureusement  parallèles  en  arri- 
vant sur  le  tube,  la  largeur  de  la  portion  éclairée  ne  subirait 
aucun  changement,  à  une  distance  quelconque  de  la  fenêtre  ; 
mais  il  n'en  est  pas  ainsi  ;  au  voisinage  immédiat  de  la  fe- 
nêtre, le  tube  ne  présente  aucune  différence  d'éclairement 
appréciable  ;  à  mesure  que  Ton  s'éloigne.  Je  rectangle  lumi- 
neux apparaît,  d'abord  large  et  diffus,  puis  plus  étroit  et 
plus  net  à  mesure  que  l'on  s'éloigne,  jusqu'au  moment  où 
il  atteint  sa  largeur  normale  et  définitive. 

Toutes  ces  diflerei-ces  sont  marquées,  par  les  végétations 


122  P.   A.  DANGEARD 

de  Talgue,  scion  la  position  des  tubes  de  culture  par  rapport 
à  la  fenêtre  ;  c'est  ainsi  que  le  rectangle  vert  formé  par  la  vé- 
gétation de  Valgiie  avec  des  limites  extrêmement  nettes,  coires- 
pond  exactement  au  rectangle  lumineux  de  Vécicm  f.lacé  sut 
la  face  postérieure  du  tube  à  essai. 

Cette  première  observation  va  nous  conduire  à  d'autres 
constatations  intéressantes. 

Il  arrive,  avec  certains  tubes  à  essai,  que  le  rectangle  lu- 
mineux produit  sur  l'écran  de  papier  blanc,  est  parcouru 
par  plusieurs  lignes  longitudinales,  alternativement  claires 
et  obscures  ;  alors  que  la  largeur  du  rectangle  lumineux  est 
de  10  millimètres  seulement,  par  exemple,  le  nombre  de 
ces  lignes  est  parlcis  de  8  ou  10. 

On  reconnaît  que  la  présence  de  ces  lignes  est  due  à  l'exis- 
tence dans  la  paroi  des  tubes  de  stries  et  de  raies  Icngitudi- 
nales  qiri  arrêtent  ou  devient  les  raycns  lumineux:  avec 
une  paroi  complètement  lisse,  ces  lignes  verticales  n'existent 
pas. 

Nous  a\ons  donc,  avec  des  tubes  à  essai  rempli  d'eau, 
dans  un  cas  un  rectangle  lumineux  d'aspect  homogène, 
alors  que  dans  le  second  cas,  il  est  parcouru  par  nn  plus  ou 
moins  grand  nombre  de  lignes  alternativement  claires  et 
obscures. 

Si  ces  tubes  sont  ensemencés  avec  l'algue,  on  aura,  soit 
comme  tout  à  l'heure,  une  végétation  homogène  qui  dessi- 
nera la  forme  et  les  dimensions  du  rectangle  lumineux,  soit 
un  nombre  variable  de  lignes  vertes,  parfois  très  fines  tt 
ti'ès  rapprochées  qui  sont  comprises  dans  les  limites  du 
rectangle  ;  ces  lignes  leites  correspondent  aux  pcuiies  éclai- 
rées, alcrs  que  les  lignes  imolores  sont  marquées  pcw  V absence 
de  végétation. 

Si  l'on  ne  dispose  que  de  tubes  à  paroi  lisse,  il  est  facile 
cependant  d'obtenir  ces  mêmes  lignes  verticales  sombres 
ou  éclair'ées  ;  en  dispose,  sur  la  face  antérieure,  des  bande- 
lettes très  étroites  de  papier  noii\  séparées  les  unes  des  au- 


LA  SKXSIHH.m-:  DKi  ALGUES  123 

très  par  de  légers  intervalles  ;  le  rectangle  lumineux  posté- 
rieur formé  sur  Técran  accuse  alors  très  fortement  ces  lignes  ; 
dans  ces  conditions,  Talgue  se  développe  exclusivement  sui- 
vant les  parties  linéaires  éclairées  en  les  dessinant  avec  uire 
grande  précision. 

Lorsqu'on  cherche  à  reproduire  de  la  même  façon  des 
lignes  perpendiculaires  à  Taxe  du  tube,  il  se  produit  un 
phénomène  optiqi;e  qu'il  iious  paraît  utile  de  signaler  afin 
d'éviter  des  erreurs  toujours  possibles  dans  l'appréciation 
des  difféivnces  d'éclairement.  Tant  que  le  tube  reste  perpen- 
diculaire, les:  traits  d'ombre  restent  eux-mêmes  perpendicu- 
laires au  rectangle  lumineux,  à  l'axe  par  conséquent  ;  mais 
si  on  ir^cline  le  tube,  les  lignes  ne  restent  plus  perpendicir- 
laires  à  l'axe  ;  si  celui-ci  est  penché  sui  la  drcite,  les  lignes 
s'abaissent  du  côté  gauche,  en  faisant  un  angle  variable  avec 
l'axe,  et  inuei sèment. 

Au  lieu  de  simples  tubes  à  essai,  on  peut  prendre  des 
éprouvettes  graduées,  qui  sont  très  favorables  à  l'observa- 
tion  des  phénomèrres  d'éclairement  auxquels  se  rattachent 
directement  les  modalités  de  la  croissance  de  l'algue  et  sa 
végétation. 

Comme  tout  à  Theure,  une  moitié  de  l'éprorrvette  est  re- 
couverte dans  le  sens  de  sa  longueur  d'une  bande  de  papier 
blanc  opposée  à  la  face  qui  porte  la  graduation  ;  c'est  sur 
cette  bande  que  s'inscrivent  les  images  provenant  de  la  gra- 
diration  ou  résultant  de  bandelettes  noires  surajoutées  sur 
la  face  avant  de  réprorrvette  (fig.  <S,  T). 

Nous  avons  noté  que  si  on  fait  arris'er  la  lumière  par  une 
ouverture  pratiquée  dans  un  écran,  ouverture  qu'on  agrandit 
ou  rétrécit  à  volorrté,  une  fente  verticale  assure  le  maximum 
-de  visibrlité  pour  les  lignes  longitudinales,  alors  que  ce  maxi- 
mum de  visibilité  est  obtenu  avec  une  fente  horizontale, 
pour  les  traits  horizontaux  de  la  graduation. 

On  s'aperçoit  aloi's  que  si  l'on  part  d'uno  position  où  1rs 
lignes  sont   perpendiculaires  à  Taxe   de   l'éprouvette,   point 


124 


P.  A.  DANGEARD 


n'est  besoin  crincliner  Taxe  pour  amener  une  obliquité  des 
lignes.  Si  l'on  tourne  de  gauche  à  droite,  les  traits  de  la  gra- 
duation remontent  vers  la  gauche  et  inverstmer.t. 

Nous  n'a\or;s  parlé  jusqu'ici 
que  d'observalions  faites  en  lu- 
mière diffuse,  transmise  dans  une 
salle  par  une  ou  plusieurs  fenê- 
tres, parce  que,  dans  ces  concii- 
lions,  la  position  des  lignes  ou  des 
images  ne  change  pas  pour  une 
même  positicn  des  flacons  de  cul- 
turc  > 

Tous  ces  phénomènes  se  voient 
cependant  beaucoup  mieux  en 
exposant  ces  tubes  de  culture  ou 
ces  éprouvettes  à  la  lumière  di- 
recte du  soleil  ;  on  obtient  a  loi  s 
des  images  d'une  très  grande  net- 
teté. Si  l'on  cherche  à  faire  repro- 
duire ces  images  par  l'algue,  il  est 
alors  nécessaire  pour  assurer  la 
permanence  de  ces  images,  et  leur 
fixité,  de  placer  les  tubes  de  cul- 
ture sur  un  plateau  qui  effectue 
un  tour  entier  en  vingt-quatre 
heures. 

On  réussirait  mieux  encore  et 
plus  simplement,  à  l'aide  d'une 
lumière  artificielle  de  grande  in- 
tensité, comme  celle  de  la  lampe 
Nertz,  tonctionnant  sans  inter- 
ruption, alors  que  les  tubes  de  culture  seraient  placés  à  une 
certaine  distance  de  la  source  de  radiation. 

Si  ces  tubes  de  culture  portent  une  graduation  en  traits 
horizontaux,  il  est  bon  d'être  prévenu  que  les  ombres  por- 


Fig.  8. 


T. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  125 

Icos  par  eux  ne  restent  perpendiculaires  au  bord  du  rec- 
tangle lumineux  que  dans  le  cas  où  ces  tLi])es  disposés  bien 
verticalement  sont  placés  au  même  niveau  que  la  source. 

Si  on  élè\e  ces  tubes,  les  traits  d'ombre  deviennent  con- 
Ciives  par  rapport  à  la  base  ;  si  en  rebaisse,  ils  deviennent 
convexe?.  De  même,  avec  une  inclinaison  des  tubes,  en 
avaiit,  en  arriére,  ou  sur  les  côtés,  les  traits  d'ombre  font 
un  angle  variable,  avec  les  bords  du  rectangle  lumineux. 

Tous  ces  détails  semblent  assez  insignifiants  ;  ils  ont  ce- 
pendant, en  réalité,  un  grand  intérêt,  puisqu'il  est  démontré 
que  l'algue,  dans  sa  \égétation,  reproduit  les  moindres  dif- 
férences d'éclairé  ment. 


D 


Lorsqu'on  cultive  une  Chlorelle  dans  des  flacons  cylin- 
driques remplis  de  liquide  de  Knop,  on  observe  fréquemment 
au  bout  d'une  quinzaine  de  jours  ou  d'un  mois  au  plus  tard, 
avec  une  lumière  de  moyenne  intensité,  des  lignes  verticales 
de  couleur  verte  qui  se  pioduisent  sur  la  face  postéiieure  du 
flacon  ;  ces  lignes,  comme  nous  l'avons  vu,  au  début  de  ce 
Mémoire  peuvent  être  extrêmement  fuies  et  ra])])rochées  les 
unes  des  autres,  sur  une  grande  longueur  sans  se  confondre  ; 
parfois,  elles  sont  plus  espacées,  de  longueur  variable  ;. 
leur  extrémité  supérieure  est  souvent  amincie  (fig.  9,  T). 

Beaucoup  d'observateurs,  sans  doute,  ont  vu  avant  nous 
ces  curieuses  apparences  sans  même  les  signaler  ;  elles  nous 
ont  mis  sur  la  voie  d'une  méthode  entièrement  nouvelle  pour 
l'étude  de  la  photosynthèse  ;  c'est  en  observant  ces  lignes 
vertes  que  l'idée  nous  est  venue  que  l'algue  placée  devant 
un  spectre  dessinerait  tout  aussi  bien  par  sa  végétation  la 
position  des  radiations  actives  dans  la  photosynthèse. 

Il  était  assez  difficile  d'apporter  rapidement  la  preuve  que 
ces  lignes  vertes  parfois  très  fines  et  très  nombreuses  étaient 
fonction   des   diiïérontLCs   d'éclairement   existant   à   la    paroi 


126 


P.  A.  DANGEARD 


postérieure  des  flacons  ;  aussi,  n'a-t-on  pas  manqué  de  nous 
opposer  au  début  un  certain  nombre  d'objections  et  de  cri- 
tiques. 

Dans  l'explication  du  phé- 
nomène, plusieurs  hypothèses 
pouvaient  être  envisagées  :  la 
paroi  interne  du  flacon  aurait 
pu  présenter  des  stiies  longitu- 
dinales en  relief  ou  en  creux  qui 
auraient  favorisé  le  dépôt  de  V  al- 
gue ;  2°  la  pesanteur  pouvait 
aussi  intervenir,  car  sur  une  pa- 
roi veiticale,  les  colonies  qui  se 
développent,  forment  continuelle- 
ment de  nouvelles  cellules  et 
celles-ci  sont  abcmdonnées  dans 
le  liquide,  en  plus  ou  moins 
gicmd  ncmbie  ;  elles  finissent, 
comme  on  Va  vu  dcms  les  expé- 
riences précédentes,  peu-  fermer 
un  dépôt,  cui  fond  des  cuves  ou  des  tubes  de  cultuie  ;  enfin, 
une  troisième  hypothèse  s'ajoutait  caix  deux  précédentes,  re- 
posant sur  Vexistence  de  différences  cV éclair ement  sur  la 
paroi  postérieure  du   flacon. 

Si  le  liquide  nutritif  avait  contenu  du  glucose  ou  du  car- 
bone organique  sous  une  forme  assimilable,  l'une  des  deux 
premières  hypothèses  aurait  suffi  à  la  rigueur  ;  l'algue,  en 
effet,  se  rmiltiplie  alors  en  saprophyte  dans  ce  milieu,  sans 
-aucune  intervention  de  la  lumièi'e  ;  ses  nombreuses  cellules» 
disséminées  dans  tout  le  liquide,  peuvent  être  arrêtées  au 
passage  par  des  aspérités  ou  des  sillons,  ou  même  dans  leur 
chute  lente,  rester  adhérentes  en  certains  points  de  la  paroi 
verticale. 

Dans  ce  cas,  la  pesanteur  joue  le  lole  principal  dans  la 
formation  des  lignes  et  des  dépôts  ;  tout  se  passe  un  peu 


—  T. 


LA  SENSIBIMTK  DES  ALGUES  127 

comme  si  le  liquide  contenait  en  suspension  de  très  fines 
particules  solides",  comme  de  la  poudre  de  tripoli,  par  exemple. 
En  réalité,  le  phénomène  est  plus  compliqué,  car  les  algues 
qu'elles  soient  encore  en  suspension  dans  le  liquide  ou  qu'elles 
soient  déjà  plus  ou  moins  adhérentes  à  la  paroi,  continuent  de 
se  multiplier  ;  les  dépôts  qui  en  résultent  prennent  de  ce 
fait  des  apparences  plus  compliquées. 

Prenons  par  exemple,  l'expérience  rapportée,  page  71  • 
nous  voyons  qu'avec  des  tubes  inclinés  de  30°  environ  sur 
la  verticale,  il  se  produit  assez  rapidement  une  ligne  longi- 
tudinale régulière  d'un  dépôt  vert,  d'une  largeur  de  1  milli- 
mètre et  demi;  celle-ci  se  termine  en  bas,  au  fond  du  tube 
par  un  dépôt  abondant,  qui  s'étale  un  peu  en  croissant  ; 
mais  ce  qui  est  plus  intéressant  c'est  que  de  nombreuses 
lignes  vertes  se  réunissent  de  chaque  côté,  à  la  ligne  mé- 
diane, en  faisant  avec  celles-ci  un  angle  de  30  à  35°  ;  beau- 
coup d'entre  elles  ont  nettement  pour  point  de  départ  "une 
grosse  colonie  verte  de  Chlorelles. 

L'inclinaison  du  tube  favorise  naturellement  la  formation 
de  ces  lignes  ;  il  en  est  de  même  des  aspérités  qui  peuvent 
se  rencontrer  sur  la  paroi  interne  des  flacons  aspérités  qui 
arrêtent  au  passage  les  minuscules  cellules  d'algue  en  sus- 
pension dans  le  liquide. 

Mais  dans  le  liquide  de  Knop,  comme  dans  tout  autre 
milieu  nutritif  minéral,  aucune  cellule  de  Chlorelle  ou  de 
Scenedesnms  ne  peut  se  multiplier,  sans  l'intervention  de  la 
lumière  ;  de  nombreuses  expériences,  dont  beaucoup  de 
très  longue  durée,  ont  mis  ce  fait  hors  de  doute  ;  il  suffrt  de 
se  reporter  en  particulier  aux  observations  relatées  dans 
le  premier  chapitre  de  ce  Mémoire,  pages  49-57. 

Il  est  donc  absolument  certain  que  toutes  les  algues  qui 
dessinent  des  lignes  verticales  à  l'intérieur  des  grands  flacons 
cylindriques  renfermant  un  milieu  nutritif  minéral,  provien- 
nent de  l'action  de  la  radiation  ;  mais  on  peut  évidemment 
se  demander  si  cette  végétation  s'est  faite  sur  place,  grâce 


128  P.  A.  DANGEARD 

à  des  dilîéreiices  d'éclairemeiit  correspondant  à  ces  lignes, 
ou  si  Falgue  s'est  multipliée  d'abord  dans  les  parties  éclaiiées 
du  liquide  pour  être  distribuée  ensuite  en  fines  stries  sur 
les  parois  du  flacon  sous  l'action  de  la  pesanteur. 

De  nombreuses  expériences  ont  fourni  la  preuve  que  la 
fixation  de  cellules  d'algues  dans  des  zones  obscures  d'une 
paroi  verticale,  sous  Tinfluence  de  la  pesanteur  est  pratique- 
ment nulle  ;  rappelons-en  quelques-unes. 

Citons  tout  d'abord  l'observation  faite  avec  le  spectrolabe 
contenant  des  tubes  de  culture  maintenus  verticalement  et 
qui  ne  reçoivent  la  lumière  qu'à  des  intervalles  réguliers, 
séparés  par  des  zones  obscures  ;  ces  intervalles  sont  limités 
par  la  végétation  de  la  Chlorelle  aussi  exactement  que  si  le 
tube  avait  été  maintenu  horizontalement. 

Dans  une  autre  observation,  rapportée  pages  50  et  51 
dans  le  chapitre  P'  de  ce  Mémoire,  nous  voyons  que  dans 
six  tubes  as-'  c  liquide  Grintzesco  l'algue,  outre  le  déve- 
loppement abondant  du  fond,  s'est  multipliée  sur  les  parois 
verticales  où  elle  s'est  fixée  ;  elle  a  marqué  en  vert  par  sa 
végétation  les  parties  éclairées,  alors  que  les  ombres  portées 
par  les  traverses  horizontales  du  support,  se  trouvaient  dessi- 
nées en  blanc  par  Vabsence  d'enduit  vert  ;  or,  ces  traverses 
horizontales  portant  ombre,  étaient  de  simples  fils  de  fer 
constituant  Varmature  du  support  ;  les  minces  traits  blancs 
horizontaux,  dus  et  Vombre  portée,  auraient  bien  vite  disparu 
si  la  pesanteur  avait  agi  dune  façon  effective. 

Rappelons  également  l'expérience  si  probante  effectuée  à 
l'aide  d'une  dentelle  (consulter  Le  Botaniste,  série  XII, 
p.  136,  fig.  S). 

Celle-ci  avait  été  réalisée  dans  un  grand  flacon  rempli  aux 
trois  quarts  de  liquide  de  Knop  et  ensemencé  avec  quelques 
gouttes  du  liquide  vert  provenant  d'une  culture  vigoureuse 
de  Chlorella  vulgaris  ;  une  dentelle  était  fixée  sur  la  face 
-exposée  à  la  lumière. 

Au  bout  de  quelque  temps,  la  partie  supérieure  du  frag- 


l.A  SHNSIBILITE  DKS  AI.GUKS  129 

mtnt  de  dentelle  a  été  relevée  et  reportée  pour  comparaison 
au-dessus  du  dessin  reproduit  par  la  végétation  de  l'algue 
aux  endroits  éclairés  ;  tous  les  détails  s'y  trouvent,  les  par- 
ties opaques  de  la  dentelle  correspondent  naturellement  aux 
espaces  incolores  du  dessin  reproduit  par  l'algue;  les  espaces 
clairs  de  la  dentelle  qui  ont  laissé  passer  la  radiation  ont 
permis  à  Taigue  de  se  multiplier  en  ces  endroits  éclairés. 
Autrement  dit,  à  TobscuTité,  en  l'absence  de  radiation,  il  ne 
s'est  produit  aucun  dév».loppement  de  l'algue  ;  dans  les 
lacunes  des  mailles,  traversées  par  la  lumière,  la  synthèse 
chlorophyllienne  s'effectuait  et  la  multiplication  était  ra- 
pide. 

Si  la  pesanteur  était  intervenue,  elle  aurait  manifestement 
empêché  la  reproduction  du  dessin  de  cette  dentelle  et  de 
tous  les  détails  qu'elle  présentait. 

En  employant  un  écran  approprié,  il  est  ainsi  possible  de 
faire  reproduire  les  plus  lins  détails  de  cet  écran  et  un  dessin 
quelconque,  à  condition  toutefois  que  les  parois  de  la  cuve 
de  culture  ou  du  flacon  soient  verticales  ;  en  ce  cas,  l'effet  de 
la  pesanteur  est  complètement  négligeable. 

Il  en  serait  autrement  toutefois,  si  ces  parois  étaient  plus 
ou  moins  inclinées  ;  nous  savons,  en  effet,  que  dans  ce  cas, 
les  coipuscuks  du  Chlorella,  en  suspension  dans  le  liquide, 
finissent  pur  tomber,  en  donnant  des  dépôts,  dont  la  forme 
variable  viendrait  modifier  plus  ou  moins  profondément 
les  résultats  de  la  végétation  sur  place  (chapitre  I,  p.  71). 

Nous  avons  vu  que,  dans  les  tubes  à  essai,  il  sufiîsait  de 
simples  stries  existant  dans  le  verre,  pour  produire  à  la 
face  postérieure,  des  lignes  sombres  alternant  avec  des  es- 
paces linéaires  fortement  éclairés  ;  le  même  phénomène 
existe  dans  certains  grands  flacons  cylindriques  et  c'est  là 
certainement  la  cause  principale  de  cette  apparition  si  ca- 
pricieuse de  ces  lignes  vertes  parallèles,  plus  ou  moins  rap- 
prochées les  unes  des  autres  ;  d'autres  causes  interviennent 
pour  donner  lieu  à  des  différences  d'éclairement,  tout  aussitôt 


130  P.  A.  DANGEARD 

marquées   par   la   végétation   de   l'algue,   en    peiticulicr  ks 
montants  des  fenêtres. 

L'ordre  d'apparition  de  la  végétation  de  l'algue  sur  les 
parois  dans  ces  grands  flacons  est  le  suivant  :  le  revêtement 
vert  qui  succède  à  ces  lignes  verticales,  se  montre  d'abord 
à  la  partie  postérieure  :  il  envahit  ensuite  la  partie  anté- 
rieure et  c'est  beaucoup  plus  tard  qu'il  recouvre  les  parois- 
latérales  ;  c'est  d'ailleurs  la  marche  déjà  constatée  à  l'in- 
térieur des  tubes  à  essai  et  qui  indique  de  la  façon  la  plus 
nette  les  différences  d'éclairement  existant  sur  les  parois. 

Ce  qui  est  assez  curieux  c'est  que,  dans  la  première  note, 
point  de  départ  de  toutes  ces  recherches,  j'avais  bien  décou- 
vert ces  différences  d'éclairement,  mais  j'avais  supposé  à 
tort  que  le  Chlorella  se  développait  suivant  les  lignes  som- 
bres, parce  qu'il  devait  rechercher  les  points  où  l'intensité  . 
lumineuse  est  plus  faible  ou  lui  convient. 

Ce  qui  est  bien  plus  curieux  encore,  c'est  que,  malgré 
cette  erreur,  nous  avions  prévu  que  si  on  projette,  au  moyen 
d'un  prisme,  les  divers  rayons  du  spectre  sur  la  cuve  de  cul- 
ture, renfermant  le  Chlorella  vulgaris,  «  celui-ci  ne  se  dé- 
veloppera  que  derrière  les  rayons  qui  correspondent  aux 
bandes  d'absorption,  c'est-à-dire  aux  seuls  endroits  où  il 
peut  effectuer  sa  nutrition  holophytique  et  prendre  le  car- 
bone qui  lui  est  irécessaire  ». 

On  devine  notre  satisfaction,  lorsqu'ayant  f?it  construire 
sur  nos  plans  un  excellent  spectrographe,  nous  réussissions 
à  obtenir  sur  la  cuve  de  culture  un  dessin  en  vert  des  princi- 
pales bandes  d'absorption  de  la  chlorophylline,  à  l'exclusion 
des  bandes  d'absorption  de  la  xanthophylle  et  de  la  carotine. 
Malgré  cela,  de  nombreux  physiologistes,  qui  n'ont  pas 
connu  cette  méthode  ou  qui  ne  l'ont  pas  comprise,  conti- 
nuent à  interpréter  de  la  façon  la  plus  inexacte,  le  rôle  des 
différentes  radiations  du  spectre  dans  la  synthèse  chloro- 
phyllienne. 

Mieux  eût  valu  sans  doute  que  le  principe  de  la  méthode 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  131 

€Ùt  été  découvert,  dans  un  cas  plus  simple  que  celui  des  fla- 
cons cylindriques  ;  en  constatant,  par  exemple,  que  la  Chlo- 
relle  revêt  d'une  couche  verte  la  paroi  éclairée  d'une  cuve 
•de  culture  remplie  de  liquide  nutritif  minéral,  alors  qu'elle 
ne  produit  aucune  trace  de  végétation  dans  l'autre  partie 
maintenue  obscure. 

Il  aurait  alors  suffi  d'ajouter  qu'il  en  est  de  même  dens 
l'expérience  du  spectre,  avec  les  radiations  actives  dans  la 
synthèse  et  celle  qui  sont  inactives  ;  on  n'aurait  eu  d'autres 
arguments  à  nous  opposer  que  d'incriminer  le  degré  de  sen- 
sibilité de  l'algue  aux  différences  d'éclairé  ment,  la  pureté 
du  spectre  ou  la  trop  faible  intensité  de  ses  radiations. 

Dans  ce  chapitre  II,  nous  avons  insisté  longuement  sur 
la  sensibilité  vraiment  extraordinaire  du  Clilorella  viilgaris 
aux  moindres  différences  dans  l'intensité  de  la  radiation  ; 
cette  sensibilité,  qui  existe  au  même  degré  chez  le  Scenedes- 
mus  acutus,  permet  à  ces  algues  de  jouer  avec  toute  la  pré- 
cision désirable  le  rôle  d'appareils  enregistreurs^  dans  l'étude 
des  phénomènes  de  synthèse  chlorophyllienne. 


10 


DEUXIEME    PARTIE 

\\.   —    LA.    SENSIBILITÉ    DES    CHLORELLA     ET     DES     SCENEDESMUS^ 
A    LA.    LUMIÈRE    INDIQUÉE     PAR    LE     DÉGAGEMENT    DES     BULLES 

D'OXYGÈNE 


Les  plantes  aquatiques,  exposées  à  la  lumière,  dégagent 
des  bulles  d'oxygène  qui  proviennent  de  l'assimilation  chlo- 
rophyllienne ;  ces  plantes  prennent  l'acide  carbonique  dis- 
sous dans  l'eau,  utilisent  le  carbone  dans  la  constitution  de 
leur  tissu  et  abandonnent  l'oxygène. 

On  s'est  donc  servi  depuis  fort  longtemps  de  ces  plantes 
pour  essayer  de  mesurer  les  variations  de  l'assimilation 
chlorophyllienne,  variations  qui  sont  en  rapport  avec  l'in- 
tensité lumineuse,  la  nature  des  radiations,  la  température, 
l'état  de  la  plante,  etc. 

h'Elodea  Canadensis  se  prête  très  bien  à  cette  méthode 
par  numération  des  bulles  ;  aussi  emploie-t-on  très  fréquem- 
ment cette  plante  pour  observer  le  dégagement  d'oxygène  ; 
on  prend  une  tige  feuillée  que  l'on  fixe  sur  une  tige  de  verre, 
le  sommet  tourné  vers  le  bas  ;  le  tout  est  renversé  dans  un 
cylindre  de  verre  rempli  d'eau. 

Si  l'on  expose  celui-ci  à  la  lumière,  les  bulles  d'oxygène 
se  dégagent  en  plus  ou  moins  grand  nombre,  par  la  section 
de  la  tige  et  on  peut  les  compter  facilement. 

En  perfectionnant  cette  méthode,  nous  avons  obtenu  de^ 
résultats  extrêmement  intéressants  :  en  particulier,  nous 
avons  montré  que  dans  l'assimilation  chlorophyllienne,  l'ac- 
tion de  la  lumière  était  instantanée  ;  les  expériences  faites 
à  ce  sujet  ont  fourni  un  certain  nombre  d'autres  résultats 
qui  seront  exposés  dans  un  mémoire  spécial  et  qui  attestent. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGLES  133 

chez  la  plante,  l'existence  d'nne  sensibilité  vraiment  extraor- 
dinaire. 

D'autres  plantes  aquatiques,  comme  les  Ceratophyllum, 
les  Ilippiiris,  les  Myriophyllum  peuvent  être  également 
utilisées  pour  la  numération  des  bulles  ;  mais  leur  sensibilité 
à  la  radiation  est  loin  d'atteindre  celle  que  l'on  trouve  chez 
les  Elodea. 

L'inconvénient  d'employer  des  plantes  d'une  organisation 
aussi  élevée  consiste  dans  le  manque  de  concordance  qui 
existe  nécessairement,  après  un  long  intervalle  d'obscurité, 
comme  la  nuit,  par  exemple,  entre  le  début  du  phénomène 
de  photosynthèse  à  lintérieur  des  tissus  verts  de  la  plante 
et  la  première  apparition  des  bulles  ;  avant  que  les  vaisseaux 
se  soient  remplis  d'oxygène  à  la  tension  voulue  pour  que  !e 
dégagement  se  produise,  il  s'écoule  souvent  plus  d'une  demi- 
heure. 

D'autre  part,  il  faut  considérer  que  dans  une  plante  su- 
périeure, il  existe  nombre  de  cellules  incolores  sur  lesquelles 
la  lumière  n'agit  pas,  mais  qui  respirent  comme  les  cellules 
vertes  ;  or  la  respiration  utilise  l'oxygène  et  dégage  du  CO-, 
alors  que  la  synthèse  chlorophyllienne  s'empare  au  contraire 
du  COs  et  dégage  de  l'oxygène  :  s'il  existe  par  conséquent 
une  proportion  notable  de  tissus  incolores,  ceux-ci  prennent 
une  partie  de  l'oxygène  qui  est  mis  en  liberté  par  l'assimila- 
tion chlorophyllienne  et  le  dégagement  est  diminué  d'autant. 

Cette  diminution,  par  la  respiration,  de  l'oxygène  dégagé 
est  moins  apparente,  lorsque  toutes  les  cellules  sont  vertes, 
comme  c'est  le  cas  pour  beaucoup  d'algues,  telles  que  les 
Spirogijra,  les  Ulothrix,  etc. 

Dans  l'étude  de  l'assimilation  chlorophyllienne  par  la 
méthode  du  dégagement  des  bulles,  il  importe  de  tenir  grand 
compte  du  fait  que  la  plante,  exposée  à  la  radiation,  a  fourni 
de  l'oxygène,  bien  avant  que  les  premières  bulles  apparais- 
sent, lorsqu'il  s'agit  de  V Elodea  Canmlmsis,  de  VHippum, 
du   Myriophyllum,    etc.  ;   par   contre,    elle    continue   encore 


134  P.  A.  DANGEARD 

d'assimiler  un  certain  temps,  lorsque  le  dégagement  des 
bulles  a  cessé.  En  effet,  après  une  période  d'obscurité,  l'oxy- 
gène provenant  de  la  photosjnithèse  est  tout  d'abord  utilisé 
en  entier  par  la  respiration  ;  d'autre  part,  à  une  faible  in- 
tensité lumineuse,  une  plante  peut  continuer  d'assimiler 
sans  qu'aucun  dégagement  de  bulles  d'oxygène  vienne  l'in- 
diquer ;  l'oxygène  produit  est  alors  repris  en  entier  par  la 
respiration. 

Ces  perturbations  dans  l'observation  du  phénomène  chlo- 
rophyllien produites  par  la  respiration,  sont  beaucoup  moins 
accentuées  avec  des  algues  comme  les  Spirogtjra  et  les  Uh- 
thrx,  qui  sont  d'organisation  simple  et  dont  toutes  les  cel- 
lules sont  vertes  ;  l'exosmose  de  l'oxygène  est  rapide,  car 
ce  gaz  n'a  qu'une  paroi  cellulaire  à  traverser  pour  arriver 
dans  l'eau  :  néanmoins,  malgré  les  avantages  qu'elles  pré- 
sentent en  certains  cas  détermines  que  nous  examinerons 
plus  tard,  elles  sont  généralement  d'utilisation  difficile  ;  les 
bulles  d'oxygène  qui  se  forment  sont  de  grosseur  très  va- 
riable ;  elles  restent  plus  ou  moins  longtemps  adhérentes 
à  la  membrane  et  si  on  emploie  à  la  fois  plusieurs  fdaments, 
ces  bulles  sont  en  partie  retenues  dans  l'enchevêtrement  des 
filaments. 

« 

Les  cultures  de  Chlorelles  et  des  autres  algues  inférieures 
unicellulaires  ne  donnent  pas  lieu  aux  mêmes  critiques  ;  en 
particulier,  les  Chlorelles  qui  sont  constituées  par  des  cellules 
sphériques  indépei^^dantes,  do?it  la  membrane  est  souvent 
très  mince,  semblent  devoir,  a  priori,  fournir  un  matériel  de 
choix  :  leur  très  grands  sensibilité  à  la  lumière,  manifestée, 
comme  il  a  été  démontré  précédemment,  par  une  végéta- 
tion se  produisant  à  de  faibles  éclairéments,  constitue  une 
autre  condition  très  favorable. 

Ce  sont  ces  raisons  qui  nous  ont  déterminé  à  suivre  en 
détail,  le  dégagement  d'oxygène,  en  radiation  totale  sur  des 
cultures  de  Chlorelles  ;  on  verra,  par  les  expériences  qui  vont 
suivre,  que  la  méthode  de  numération  des  bulles,  sans  pré- 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  135 

tendre  à  une  exactitude  absolue,  est  susceptible  de  fournir 
des  renseignements  intéressants. 

Ces  renseignemenis  nous  seront  des  plus  utiles,  lorsque 
dans  la  suite  de  ce  mémoire,  nous  étudierons  le  dégagement 
d'oxygène,  par  cette  même  méthode,  à  travers  des  écrans 
colorés,  ou  en  face  des  différentes  radiations  du  spectre. 

Les  cultures  de  Chloiella  viilgaris,  de  Scenedesmus  acutus 
et  de  diverses  algues  inférieures  se  prêtent  en  effet  très  bien 
à  la  numération  des  bulles  d'oxygène  qui  se  dégagent  dans 
l'assimilation  chlorophyllienne  par  suite  de  la  décomposition 
de  C02. 

Toutes  les  cultures  ne  présentent  pas  le  même  degr<-  de 
sensibilité  :  il  existe,  à  cet  égard,  des  différences  considéra- 
bles et  cela  se  conçoit  puisque  la  photosynlhèse  dépend 
d'un  grand  nombre  de  facteurs  différents  :  état  des  cellules, 
nature  du  milieu  nutritif,  proportion  des  éléments  qui  y 
sont  contenus,  température,  teneur  en  CO-  dissous,  etc  ; 
le  mieux  est  de  choisir,  pour  des  expériences  du  genre  de 
celles  qui  vont  suivre,  les  cultures,  qui,  à  une  lumière  diffuse, 
dégagent  la  plus  grande  quantité  de  bulles  d'oxygène,  en 
un  temps  donné. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  ces  cultures  soient  pures  au 
sens  strict  du  mot  :  parmi  celles  qui  nous  ont  fourni  les 
meilleurs  résultats,  il  s'en  est  trouvé  qui  renfermaient,  à  côté 
du  Chloiella  imlgaiis,  un  champignon  indéterminé  dont  les 
filaments  mycéliens  cloisonnés  et  ramifiés  circulaient  au- 
tour des  colonies  de  l'algue,  sans  leur  causer  de  dommage 
appréciable  ;  la  présence  du  champignon  contribuait  sans 
aucun  doute  à  maintenir  dans  l'eau  de  la  culture,  la  quan- 
tité de  C02  nécessaire  à  assurer  presque  indéfiniment  une 
assimilation  chlorophyllienne  très  active,  se  chiffrant  par 
un  grand  nombre  de  bulles  à  la  minute. 

La  nature  du  dépôt  vert  formé  par  falgue  au  fond  du 
flacon  n'est  pas  indifférente  ;  il  faut  éviter  pour  les  observa- 
tions de  longue  durée,  les  cultures  dans  lesquelles  les    bulles 


136  P.  A.  DANGEARD 

d'oxygène  entraînent  avec  elles  à  la  surface  isolément  ou 
par  paquets  les  colonies  de  l'algue  ;  ces  colonies  redescendent 
bientôt  et  il  se  produit  dans  le  liquide  un  mouvement  de 
va-et-vient  qui  ne  permet  aucune  numération  sérieuse. 

En  général,  nos  observations  ont  porté  sur  des  cultures 
faites  en  flacons  de  forme  cylindiique  ;  l'éclairement  sur 
le  fond,  comme  nous  l'avons  vu  déjà,  n'est  pas  exactement 
le  même  paitout,  à  cause  de  l'eau  qui  joue  le  rôle  de  len- 
tille ;  on  constate  facilement  la  présence  d'un  plus  grand 
nombre  de  bulles  dans  les  parties  les  plus  éclairées,  c'est-à- 
dire  dans  la  ligne  médiane  et  en  arrière  ;  mais  comme  la 
numération  porte  sur  le  nombre  total  des  bulles  dégagées, 
ces  légères  différences  n'offrent  aucun  inconvénient  ;  au 
contraire,  avec  la  concentration  des  rayons  lumineux  dans 
ces  flacons  cylindriques,  la  production  des  bulles  d'oxygène 
peut  se  continuer  encore  faiblement  alors  que  l'éclairement 
extérieur  serait  impuissant  à  assurer  la  photosynthèse. 

Il  suffit,  pour  éviter  toute  erreur  sur  l'appréciation  de 
l'intensité  lumineuse  qui  donne  lieu  à  la  production  de  bulles, 
d'observer  celles-ci,  dans  la  partie  avant  et  médiane  du 
flacon  où  l'éclairement  est  sensiblement  le  même  qu'à  l'ex- 
térieur. 

D'ailleurs,  rien  n'empêche  de  choisir,  pour  ces  cultures,  des 
cuves  rectangulaires  dans  lesquelles  l'intensité  lumineuse 
sera  la  même  partout  ;  si  nous  ne  l'avons  pas  fait  toujours, 
c'est  parce  que  ces  cuves,  trop  largement  ouvertes,  se  prêtent 
à  l'envahissement  par  des  organismes  étrangers  et  que  l'éva- 
poration  s'y  produit  trop  rapidement. 

Il  est  bon  de  veiller  à  ce  que  les  flacons  ou  les  cuves  de 
culture  possèdent  un  fond  plat,  et  non  un  fond  plus  ou 
moins  relevé  vers  le  centre,  afin  que  le  dépôt  de  l'algue 
soit  bien  homogène  et  présente  partout  la  même  épaisseur. 

Dans  quelques  expériences,  nous  avons  employé  les  flacons 
Erlenmeyer  qui  se  prêtent  bien  à  la  numération  des  bulles* 

Le  plus  grand  reproche  que  l'on  ait  adressé  à  la  méthode 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  137 

<le  numération  der  bulles  est  l'inégalité  de  volume  qu'elles 
présentent.  Il  ne  faudrait  pas  toutefois  exagérer  cet  inconvé- 
nient. En  effet,  comme  la  numération  porte  sur  un  nombre 
de  bulles  toujours  assez  élevé  dans  une  période  de  temps 
assez  courte,  une  minute  par  exemple,  il  s'établit  une  moyenne 
cjui  peut  inspirer  confiance  sur  l'exactitude  du  résultat  ; 
cette  confiance  sera  d'autant  plus  justifiée  qu'il  s'agira 
d'une  culture  choisie  parmi  un  grand  nombre  d'autres. 
Parmi  les  cultures,  on  en  rencontre  qui,  soit  par  suite  de  leur 
état  de  végétation,  soit  pour  toute  autre  cause,  donnent  litu 
à  des  bulles  sensiblement  égales  et  dispersées  régulièrement 
à  la  surface  ;  elles  permettent,  comme  on  le  verra,  de  suivre 
exactement  les  moindres  différences  d'intensité  dans  la  ra- 
diation. 

Le  grand  (wantage  de  ces  ciUtares  de  Chlorelles  est  que  le 
dégagement  des  bulles  suit  de  très  près  faction  de  cette  radia- 
tion et  qu'il  cesse  aussitôt  que  r action  de  la  lumière  ne  se  fait 
plus  sentir  ;  il  sufiit  d'une  minute  ou  deux  environ  pour 
qu'une  culture  sensible  maintenue  jusque-là  à  l'obscurité 
et  portée  à  la  radiation,  manifeste  un  dégagement  d'oxy- 
gène ;  celui-ci  variera  en  suivant  toutes  les  modifications 
d'intensité  lumineuse  et  de  température  qui,  au  cours  d'une 
même  journée,  à  des  orientations  diverses,  affectent  la  fonc- 
tion chlorophyllienne.  Si  les  observations  sur  le  nombre 
des  bulles  dégagées  sont  suffisamment  nombreuses  et  rap- 
prochées, on  pourra  donc  construire  une  courbe  qui  indiquera 
exactement  les  variations  de  la  fonction. 

Si  on  établit  cette  courbe  à  l'aide  du  nombre  des  bulles 
dégagées,  minute  par  minute,  pendant  un  temps  plus  ou 
moins  long,  cette  courbe  correspondra  très  approximative- 
ment à  celle  des  \ariations  de  l'intensité  lumineuse,  avec  un 
retard  de  deux  ou  trois  minutes  seulement. 

Il  y  a  avantage  à  compter  le  nombre  des  bulles  qui  -se 
dégagent  dans  une  minute  ;  on  peut  alors  observer  des  écarts 
qui  se  trouvent  habituellement  compris  entre  deux  ou  trois 


138  P.  A.  DANGEARD 

bulles  et  plusieurs  centaines  ;  ce  dernier  nombre  —  trois 
cents  par  exemple  —  correspondra  à  une  radiation  directe 
du  soleil  avec  température  optimum  et  le  nombre  le  plus 
faible  à  une.  lumière  diffuse  du  soir  vers  5  heures  ou  même 
5  h.  1/2.  Il  arrive  parfois  que  l'abondance  des  bulles  est 
telle  qu'il  faut  compter  par  seconde,  mais  alors  les  numéra- 
tions ne  sont  plus  que  très  approximatives. 

Parfois,  l'observation  doit  porter  non  plus  sur  des  bulles 
qui  se  dégagent  directement  dans  l'espace  d'une  minute, 
mais  seulement  sur  celles  qui  se  forment  pendant  cinq  mi- 
nutes, dix  minutes  ou  davantage,  à  une  radiation  de  faible 
action  ;  on  procède  alors  par  secouage  en  imprimant  au 
flacon  de  culture  un  choc  brusque  qui  provoque  le  départ 
des  bulles  existantes. 

Comme  la  question  de  température  intervient  d'une  ma- 
nière efficace,  il  serait  utile  que  celle-ci  fût  connue  à  tout 
moment,  avec  ses  variations  dans  la  culture. 

Dans  nos  premières  expériences,  nous  nous  sommes  borné 
à  noter  la  température  extérieure;  ce  n'est  que  plus  tard, 
dans  d'autres  observations,  que  nous  avons  indiqué  en 
même  temps  la  température  intérieure  de  la  culture  et  la 
température  extérieure  correspondante. 

La  numération  des  bulles  d'ox^^gène  peut  se  faire,  avec 
les  cultures  de  Chlorellcs,  à  toutes  les  époques  de  Tannée, 
et  on  peut  ainsi  obtenir  de  nombreux  renseignements  sur 
la  biologie  de  ces  algues. 

Pendant  les  mois  parfois  très  chauds  de  juillet,  d'août  et 
de  septembre,  l'observation  demande  une  attention  conti- 
nuelle. En  effet,  si  les  cultures  ne  sont  pas  très  surveillées, 
la  température  de  l'eau  arrive  facilement  en  plein,  soleil  à 
dépasser  45°  qui  représente,  comme  nous  l'avons  établi, 
une  limite  maximum  ;  au  delà  de  cette  limite,  la  plupart 
des  cellules  sont  tuées  ;  à  partir  de  40°,  les  cultures  présen- 
tent déjà  des  signes  non  équivoques  de  souffrance,  bien  que 
le  dégagement  d'oxygène   puisse   se   continuer  jusqu'à  42° 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  13^ 

environ  ;  avec  le  Spirogyia  crassa,  la  production  des  bulks 
est  encore  assez  sensible  à  38°,  mais  elle  cesse  plus  ou  moins 
complètement  vers  40°. 

En  hiver,  aux  faibles  éclairements,  la  photosynthèse  con- 
tinue de  s'exercer  :  nous  avons  vu  en  efïei,  dans  le  cha- 
pitre I«'",  pages  47,  51,  53,  que  des  semis  effectués  dans  un 
miheu  nutritif  minéral,  en  décembre  et  en  janvier,  donnent 
un  dépôt  vert  assez  abondant,  au  bout  d'un  mois  et  même 
d'une  quinzaine  de  jours  ;  il  s'est  donc  produit,  dans  ces 
conditions,  avec  des  tubes  placés  au  voisinage  d'une  fenêtre 
exposée  au  Nord-Est,  une  fixation  très  appréciable  de  car- 
bone. 

Toutefois,  en  hiver,  par  temps  couve it,  on  ne  compte 
plus  les  bulles  formées  dans  une  minute,  mais  celles  qui  ap- 
paraissent dans  l'intervalle  d'une  demi-heure  ou  même 
d'une  heure. 

Les  variations  de  l'assimilation  chlorophyllienne 

On  peut  chercher,  par  la  méthode  de  numération  des 
bulles  d'oxygène  qui  se  dégagent  sous  l'influence  de  la  lu- 
mière, à  établir  comment  varie  V assimilation  chlorophyllienne 
dans  une  même  journée  et  aux  différentes  époques  de  Vannée. 

Une  première  observation  faite  le  27  septembre  1909 
nous  avait  montré  que  les  cultures  de  Chlorelles  se  prête- 
raient admirablement  à  ces  sortes  de  recherches. 

Le  grand  flacon  qui  a  servi  aux  premières  numérations, 
était  recouvert  sur  le  fond  d'une  couche  épaisse  de  l'algue 
se  multipliant  activement  dans  du  liquide  de  Knop  ;  celui 
ci,  avait  été  additionné  la  veille  d'une  petite  quantité  d'eau 
de  Seltz. 

Ce  flacon  était  placé  à  1  m.  50  de  la  fenêtre  unique  d'une 
mansarde  servant  de  laboratoire. 

Jusqu'à  9  h.  30,  les  bulles  sont  relativement  peu  nom- 
breuses ;  à  partir  de  10  heures,  ce  nombre  augmente  et  on 


140  P.  A.  DANGEARD 

en  compte  environ  vingt  par  seconde  ;  à  10  h,  25,  le  soleil 
arrive  à  frôler  le  bord  du  flacon  et  le  dégagement  est  de 
trente  par  seconde  ;  à  10  h.  35,  le  flacon  est  entièrement 
éclairé,  d'où  quarante  bulles,  chiffre  qui  à  10  h,  45  s'est 
élevé  à  soixante  par  seconde. 

De  midi  à  midi  et  demi,  les  rayons  du  soleil  sont  devenus 
perpendiculaires  au  flacon  et  le  nombre  des  bulles  dégagées 
passe  de  soixante  à  cent  soixante  et  trois  cents  à  la  seconde  ; 
si  un  nuage  vient  à  passer  sur  le  soleil,  brusquement  on  re 
tombe  à  trente. 

A  partir  de  midi  et  demi,  le  flacon  ne  reçoit  plus  directe- 
ment le  soleil,  ce  qui  a  un  résultat  immédiat  sur  l'assimila- 
tion ;  à  1  heure,  on  observe  encore  vingt  bulles  à  la  seconde  ; 
à  1  h.  30,  il  ne  s'en  produit  plus  qu'une  dizaine  et  à  2  heures, 
ie  dégagement  a  cessé  presque  complètement. 

Cette  observation  montrait  nettement  à  quel  point  l'assi- 
milation chlorophyllienne  varie  selon  qu'il  s'agit  de  lumière 
diffuse,  ou  de  lumière  direcle  ;  elle  faisait  aussi  ressortir 
l'absence  d'assimilation  à  la  lumière  diiïuse  de  l'après-midi 
qui  était  cependant  aussi  intense  que  celle  du  matin  ;  l'at- 
tention se  trouvait  ainsi  appelée  sur  Timportance  de  l'état 
des  cultures  dans  l'appréciation  des  résultats. 

Ce  n'est  qu'en  juin  1914,  que  j'ai  repris  ces  expériences 
d'une  façon  systématique,  en  utilisant  des  flacons  de  culture 
de   moindre   diamètre,   afin   de   faciliter  les   numérations. 

La  culture  employée  renfermait  quelques  rares  exemplaires 
de  Scenedesmus  acutus  mélangés  aux  Chlorella  vulgaris  ;  elle 
renfermait  en  outre  une  amibe  qui  se  nourrissait  aux  dépens 
des  Chlorelles  et  aussi  quelques  filaments  d'un  champignon 
cloisonné,   impossible   à   déterminer. 

Cette  culture  était  très  vigoureuse  :  la  présence  du  cham- 
pignon et  de  Tamibe,  loin  d'apporter  un  trouble  dans  la 
photosynthèse,  la  favorisait  au  contraire,  en  maintenant 
toujours  dans  l'eau  par  la  respiration,  une  proportion  de 
CO-  suffisante. 


LA  SENSIlilUrK  DKS  ALGUES  141 

La  iiuiiiération  des  bulles,  en  nulintion  "totale,  s'est  faite 
(lu  10  juin  au  20  juin  1914  ;  la  culture,  selon  les  cas,  était 
placée  extérieurement  sur  le  rebord  de  fenêtres  dent  l'ex- 
position est  approximativement  Nord-Est,  Sud-Est,  et  Sud- 
Ouest. 

Observation   du   16  juin   1914. 

Nous  constatons  le  16  juin  1914,  par  un  temps  très  cou- 
vert, un  al)ondant  dégagement  de  bulles  dans  une  culture 
de  Chlorella  vaUjaris  ;  l'algue  forme  au  fond  du  flacon  un 
dépôt  vert  assez  épais  ;  ce  flacon  a  un  dis  mètre  de  8  centi- 
mètres, il  est  ])lacé  à  l'exposition  N.-E.,  la  température 
est  de  19  à  20^. 

A  4  h.  35  du  soir,  le  nombre  des  bulles  d"oxygène  qui  se 
dégagent  est  de  soixante-dix  à  quatre-vingts  par  minute. 

A  5  h.   10,  on  en  compte  encore  vingt  par  minute. 

La  constatation  d'une  assimilation  si  active,  à  la  fm  d'une 
journée,  et  par  temps  sombre,  montrait  qu'on  avait  affaire 
à  une  culture  vigoureuse,  très  favorable  à  l'étude  des  varia- 
tions de  la  photosynthèse  ;  aussi  le  soir,  nous  plaçons  le 
flacon  à  l'obscurité,  en  vue  de  continuer  le  lendemain  le 
dénombrement  des  bulles. 

Observation  du  17  juin  1914. 

Cette  observation  doit  son  caractère  complexe  du  fait  que 
le  flacon  de  culture  a  été  déplacé  à  différentes  reprises  et 
aussi  de  ce  que  le  temps  était  couvert  au  début  de  Is  journée. 

La  température  était  assez  peu  élevée  dans  la  matinée  ; 
elle  s'est  maintenir^  aux  environs  de  14°  jusqu'à  9  h.  30  ; 
elle  était  de  15°  à  10  heures,  à  1  h.  15  de  21°  et  celle-ci  s'est 
maintenue  sans  grand  changement  jusqu'à  4  heures. 

Voici  quelques  numérations  effectuées  au  cours  de  la 
journée  : 


142  P.  A.  DANGEARD 

8  h.  20  :  absence  de  bulles  et  temps  couvert. 

9  h.  30  :  formation  de  bulles  adhérentes  au  fond  du  fla- 
con, temps  couvert. 

10  heures  :  30  bulles  par  minute,  temps  couvert. 

Le  flacon  jusqu'ici  était  placé  sur  le  rebord  extérieur  de 
la  fenêtre,  à  Vexposition  N.-E. 

10  h.  20  :  le  flacon  est  transporté  dans  mon  laboratoire 
à  6  mètres  de  la  fenêtre  ;  le  dégagement  cesse  aussitôt. 

10  h.  25  :  le  flacon  est  reporté  à  3  mètres  sans  amener  de 
changement. 

10  h.  35  :  à  1  mètre,  il  produit  10  bulles  par  minute  et  le 
nombre  va  augmenter  par  la  suite. 

10  h.  40  :  20  bulles  par  minute. 

1  h.  15  :  moyenne  30  à  40  par  temps  couvert,  mais  cepen- 
dant assez  clair.  Le  flacon  est  replacé  sur  le  boid  extérieur 
de  la  fenêtre  N.-E.  ;  temps  plus  clair. 

1  h.  30  :  100  bulles  par  minute. 

2  h.  30  :  80  à  100  bulles  par  minute. 

3  h.  15  :  Id. 

Le  flacon  est  mis  de  l'autre  côté,  à  une  fenêtre  exposée  au 
soleil  ;  la  température  est  de  21  à  22°. 

4  h.  05  :  100  bulles. 

4  h.  10  :  3  à  400  bulles  par  minute. 

Le  flacon  est  remis  de  nouveau  à  Vexposition  N.-E.,  sur 
le  rebord  de  la  fenêtre,  temps  clair. 
4  h.  25  :  40  bulles. 

4  h.  40  :  30  bulleg. 

5  h.  30  :  15  bulles. 

Le  dégagement  cesse  complètement  à  5  h.  40  par  tem- 
pérature extérieure  de  18°  environ. 

Les  cellules  du  Chlorella,  examinées  à  3  heures,  montrent 
une  membrane  assez  épaisse,  un  chromatophore  en  cloche 
nettement  délimité,  un  pyrénoïde  entouré  d'amidon  ;  ce 
pyrénoïde  est  encore  visible  et  très  gros  dans  des  cellules 
où  le  chromatophore  est  déjà  lobé  en  trois  ;  de  nombreux 


LA  SENSIBILITE  DES  ALtiUES  143 

granules  incolores  sont  situés  sous  la  membrane  et  à  son 
contact. 

Observation  du  18  juin  1914. 

Le  temps  est  resté  très  sombre  et  le  flacon,  placé  de 
10  heures  à  10  h.  35  à  la  fenêtre  N.-E.,  ne  donne  aucune 
bulle  ;  l'examen  des  cellules  m'a  montré  que  l'amidon  du 
pyrénoïde  n'avait  pas  complètement  disparu  pendant  la 
nuit  dans  les  cellules  ordinaires  ;  parmi  celles-ci,  on  ren- 
contre de  nombreux  sporanges  à  2,  4  ou  8  cellules. 

Le  flacon  est  abandonné  sur  le  rebord  de  la  fenêtre  N.-E., 
en  vue  de  reprendre  l'observation  le  lendemain  matin. 

Observation  du  19  juin  1914. 

L'expérience  du  19  juin  a  été  assez  complète  ;  le  flacon 
vivait  reçu  jusqu'à  8  h.  15  la  lumière  du  soleil  ;  le  dégage- 
ment de  bulles  avait  été  assez  élevé  à  en  juger  par  le  nombre 
de  celles  qui  avaient  persisté  en  surface  ;  au  début  de  l'ob- 
servation à  8  h,  15,  ces  bulles  partaient  du  fond  en  un  véri- 
table feu  d'artifice  ;  les  chiffres  qui  suivent  montrent  les 
variations  qui  se  sont  produites  au  cours  de  la  journée,  aux 
diverses  expositions  :  T.  température  ;  H.  heure  ;  B.  bulles  ; 
E.  exposition. 


144 


p.  A.  DANGEARD 


T. 

H. 

B.  (1) 

E. 

OBSERVATIONS 

26° 

8  15 

3-400 

N.-E. 

Soleil. 

8     0 

3-400 

d. 

0 

Le  flacon  a  été  placé  à  robsciuil 
(8  h.  30  à  9  h.). 

é 

28° 

9  02 

2 

Soleil. 

9  03 

6 

d. 

9  05 

60 

a. 

9  07 

120 

d. 

9  10 

600 

d. 

2605 

9  15 

150 

Nuages. 

25° 

9  20 

80 

Nuage  noir. 

2405 

9  30 

60 

d. 

24° 

9  35 

30 

d. 

28° 

9  50 

2-300 

Soleil. 

320 

9  55 

150 

d. 

290 

10 

150-200 

Soleil  commence  à  poiter  ombro. 

28° 

10  02 

100 

270 

10  05 

80 

2  60 

10   07 

30 

28» 

10  20 

100 

S.-E. 

Soleil. 

280 

10  25 

150 

d. 

30O 

10  30 

180 

S.-E. 

Nuage  blanc. 

320 

10  35 

200 

Soleil. 

350 

10  40 

200 

d. 

3105 

10  50 

100 

Nuages. 

340 

10  55 

150 

Soleil. 

350 

11   15 

150 

Nuages. 

30° 

11   25 

100 

d. 

30° 

11    35 

40 

d. 

350 

11    50 

80 

Soleil. 

270 

12  25 

20 

Nuages. 

280 

12   30 

15 

d. 

32^' 

12  45 

200 

S.-E. 

Soleil. 

270 

1 

50 

Ciel  couvert. 

270 

1    10 

80 

d. 

26o 

1    15 

40 

d. 

1    20 

15 

d. 

30o 

1    25 

250 

Soleil. 

30° 

1   35 

300 

d. 

30° 

1   40 

300 

d. 

250 

2  10 

0 

Ciel  couvert  depuis  10  minutes. 

24o 

2  15 

0 

Nuages. 

3  30 

20 

Soleil. 

29° 

3  40 

100 

d. 

240 

4 

0 

Ciel  très  couvert. 

260 

4  10 

60 

Soleil. 

24" 

6 

0 

Ciel  couvert. 

1 .  La  numérationdes  bulles  est  exprimée  dans  les  tableaux  par  miuu'c 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  145 

L'examen  de  ce  tableau  qui,  pour  une  même  journée, 
fournit  une  cinquantaine  d'observations  réparties  depuis 
8  h.  15  du  matin  jusqu'à  6  heures  du  soir,  nous  permet  de 
formuler  un  certain  nombre  de  remarques. 

1°  La  photosynthèse  est  un  phénomène  dans  lequel  la 
réaction  est  immédiate  ;  la  décomposition  de  CO^  et  la  mise 
en  liberté  de  l'oxygène  a  lieu  dès  l'arrivée  de  la  radiation. 

Ainsi  un  flacon  maintenu  une  demi-heure  à  l'obscurité  et 
dans  lequel  tout  dégagement  d"ox\'gène  a  cessé,  donne  au 
bout  de  deux  minutes,  2  bulles  par  minute  ;  à  la  troisième 
minute,  en  compte  6  bulles  par  minute  ;  à  la  cinquième,  60  ; 
à  la  septième,  120  et  à  la  dixième  minute,  600. 

Nous  trouverons  par  la  suite  de  nombreuses  confirmations 
de  cette  rapidité  de  la  réaction  ;  si  le  dégagement  de  l'oxy- 
gène exige  pour  être  apparent  deux  ou  tiois  minutes,  ce 
léger  retard  est  à  n'en  pas  douter  dû  à  l'exosmose  ;  le  gaz 
formé  à  l'intérieur  de  la  cellule,  doit,  en  effet,  traverser  la 
membrane  cellulaire  avant  de  se  dégager. 

Cette  rapidité  des  échanges  gazeux,  à  travers  la  membrane 
cellulaire,  est  très  remarquable. 

2°  Le  moindre  nuage  qui  intercepte  la  radiation  a  sa 
répercussion  immédiate  sur  Fintensité  du  phénomène  ;  ainsi 
de  9  h.  10  à  9  h.  15,  le  nombre  des  bulles  descend  à  150  ; 
à  9  h.  20,  il  n'est  plus  que  de  80  ;  il  peut  même  cesser  tout 
à  fait,  comme  on  le  voit  entre  3  h.  40  et  4  heures. 

3°  De  l'examen  du  tableau  et  en  comparant  le  nombre 
des  bulles  dégagées  au  soleil,  il  semblerait  que  la  tempéra- 
ture optimum,  pour  la  photosynthèse,  est  de  26  à  28<^  ;  mais 
il  ne  faut  pas  oublier  que  la  température  notée  est  celle  de 
l'extérieur,  et  non  celle  du  liquide  de  culture  ;  à  la  vérité, 
l'écart  est  le  plus  souvent  assez  faible  ;  cela  suffit  pour  que 
nous  retardions  cependant  toute  conclusion,  d'autant  plus 
que  la  radiation  solaire  directe  est  elle-même  très  variable 
comme  intensité. 

40  On  voit  que  l'assimilation  s'est  continuée  pendant  une 


146  P.  A.  DANGEARD 

journée  entière,  sans  subir  d'autres  lléchissements  que  ceux 
qui  provenaient  d'une  diminution  passagère  de  l'intensité 
lumineuse. 

Le  volume  d'oxygène  dégagé  a  donc  été  relativement 
considérable  ;  comme  il  correspond  a  un  égal  volume  de 
CO^  décomposé,  il  y  a  lieu  de  se  demander  l'origine  de  ce 
dernier  gaz. 

Il  existe,  semble-t-il,  une  inconnue  au  sujet  de  l'origine 
de  cet  acide  carbonique  ;  sans  doute,  l'eau  de  la  culture, 
en  renfermait  une  certaine  proportion  au  début  de  l'expé- 
rience ;  une  autre  a  été  fournie  par  la  respiration  des  algues 
elles-mêmes  ;  enfin,  la  présence  du  champignon  et  de  l'a- 
mibe, constituait  une  autre  source  de  production  de  CO^ 

Malgré  cela,  on  est  un  peu  surpris  par  la  quantité  de  car- 
bone qui  a  dû  être  fixée  par  la  culture  en  une  douzaine 
d'heures  d'éclairement. 

5°  On  constate  que  l'algue  est,  dans  ces  limites  de  tem- 
pérature, un  réactif  merveilleux  de  l'énergie  radiante  utilisée 
dans  la  photosynthèse  ;  elle  indique  minutieusement,  à  sa 
façon,  minute  par  minute,  les  moindres  différences  d'inten- 
sité lumineuse,  dues  à  la  position  du  soleil,  à  la  présence 
de  nuages  ou  à  l'existence  d'une  brume  ou  d'un  brouillard  ; 
cet  algue  est  sensible  à  des  écrans  légers  parfois  si  transpa- 
rents que  notre  œil  ne  les  soupçonne  même  pas. 

Observation  du  20  juin  1914. 

L'expérience  du  20  juin  comporte  la  jmise  en  place  à 
8  h.  1/2,  sur  le  rebord  de  la  fenêtre  N.-E.,  de  la  culture  qui 
a  été  maintenue  toute  la  nuit  à  l'obscurité  ;  le  temps  est 
couvert  avec  soleil  brumeux  par  intermittences. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


147 


T. 

H. 

B. 

1 

E.                        OBSERVATIONS 

260 

y  15 

6 

N.-E. 

Nuages. 

270 

9  18 

15 

Soleil  brumeux. 

280 

9  20 

16 

Id. 

310 

9   26 

22 

Id. 

310 

9   40 

17 

320 

9   50 

30 

Soleil  brumeux. 

3505 

10 

25 

300 

10  10 

60 

Le  soleil  disparaît   perlant  ombre. 

280 

10  15 

80 

Temps  clair,  biunieux  cependant. 

2605 

10  20 

70 

260 

10  30 
10  40 

100 

90 

25° 

10  50 

100 

250 

11 

60 

240 

11   10 

7-80 

240 

2  40 

15 

230 

3 

0 

■ 

230 

3   10 

0 

On  voit,  d'après  ce  tableau  et  ces  chiffres  que  le  dégage- 
ment d'oxygène  s'est  établi  lentement,  malgré  la  haute 
température  constatée  et  la  présence  du  soleil  ;  ces  résultats 
contrastent  avec  ceux  de  la  veille,  19  juin. 

Cette  différence  peut  tenir,  pour  une  part,  au  lait  que  la 
culture  avait  beaucoup  assimilé  la  veille  ;  mais  elle  est  due 
également,  et  pour  une  large  part,  à  ce  que  les  rayons  du 
soleil  traversaient  une  légère  brume  qui  retenait  sans  doute 
une  partie  des  rayons  actifs  ou  diminuait  sensiblement  leur 
sction. 

Il  était  intéressant  d'étudier  comparativement  la  façon 
dont  l'oxygène  se  dégage,  lorsqu'on  soumet  les  cultures  à 
des  éclairements  variés,  provenant  de  différentes  sources 
Jumineuses. 

La  nature  de  la  culture  ayant  une  grande  importance,  on 
a  choisi  trois  flacons  Erlenmeyer,  de  dimensions  moyennes 
et  qui  renfermaient  chacun  une  culture  de  Chlorelle  dont 
l'origine  était  connue,  ainsi  que  le  milieu  nutritif  employé. 

Il  y  a  eu  ainsi  trois  séries  principales  d'expériences  que 

11 


148  P  -A.  DANGEARD 

nous  allons  maintenant  décrire,  en  fournissant  les  rensei- 
gnements indispensables  sur  la  nature  de  la  source  lumineuse, 
son  éloignement  des  cultures  et  les  températures  observées 
à  l'intérieur  des  cultures. 

Quelques  observations  ont,  en  outre,  été  faites  avec  deux 
autres  cultures,  notées  uspectivement  série  IV  et  série  V- 

SÉRIE    I. 

La  culture  provient  d'un  semis  ancien  de  Chlorella  en 
liquide  Grintzesco  ;  l'expérience  a  commencé  le  10  novem- 
bre 1914. 

Observation  du  10  novembre  1914. 

Le  ciel  est  très  couvert  et  le  temps  sombre  :  la  tempéra- 
ture du  laboratoire  est  de  15°  ;  l'assimilation  a  été  insigni- 
fiante ;  une  vingtaine  de  bulles  seulement  ont  été  observées 
au  total,  de  1  h.  30  à  3  heures. 

Lumière  électrique.  —  Lampe  Osram,  50  B.  ;  distance  du 
flacon  à  la  source  lumineuse  :  0  m.  20  ;  les  bulles  se  déga- 
gent régulièrement  au  nombre  de  5  ou  6  par  minute. 

Lampe  Nertz.  —  Distance  :  0  m.  20  ;  dégagement  :  7  à 
8  bulles  par  minute. 

Le  nombre  des  bulles  obtenues  par  secouage  à  la  fin  de 
cette  observation,  qui  avait  duré  de  5  heures  à  5  h.  30,  dé- 
passait 150. 

Conclusion  particulière.  —  Pour  cette  culture  et  à  la  dis- 
tance de  0  m.  20,  la  lumière  de  la  lampe  Nertz  et  de  la  lampe 
Osram  50  B,  ont  présenté  sensiblement  le  même  pouvoir 
assimilateur  ;  il  est  de  beaucoup  supérieur  à  celui  de  la  lu- 
mière du  jour  par  le  temps  sombre  du  19  novembre  1914, 
au  voisinage  immédiat  d'une  fenêtre  N.-E.  ;  la  tempéra- 
ture pendant  la  durée  de  l'éclairage  électrique  était  montée 
de  15  à  19°. 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  149 

Obseiuaiion  du  11  novembre  1914. 

Le  ciel  est  très  couvert,  mais  le  temps  est  moins  sombre  : 
l'assimilation  devient  sensible  vers  11  heures; la  températuse 
de  la  culture  est  de  17°  ;  de  petites  bulles  apparaissent,  mais 
restent  rares  ;  en  somme  assimilation  insignifiante. 

La  lumière  électrique,  agissant  dans  tes  mêmes  conditions 
qu'hier  de  5  heures  à  5  h.  30,  ne  donne  rien.   ' 

Observation  du  12  novembre  1914. 

Le  temps  est  plus  clair  :  ciel  bleu,  légers  nuages  blancs. 

La  température  du  flacon  est  de  16». 

Malgré  la  luminosité  plus  grande,  la  culture  ne  donne  que 
quelques  bulles  de  secouage  :  8  à  3  heures  ;  1  à  3  h.  05  ; 
3  à  3  h.  10  et  aucune  par  la  suite. 

Observation  du  13  novembre  1914. 

Après  avoir  constaté  que  ce  flacon  de  culture  ne  dégageait 
aucune  bidle  de  8  heures  à  9  heures,  alors  que  le  flacon  n<^  II 
assimilait  normalement,  nous  en  concluons  que  le  milieu 
nutritif  est  défavorable  et  pour  le  modifier,  nous  diluons 
fortement  un  tube  à  essai  de  liquide  calcique  Errera  +  CO^K^ 
à  2,5  %  avec  de  Peau  distillée  et  nous  le  versons  dans  la 
culture. 

Il  se  produit  alors  un  trouble  d'apparence  gélatineuse  qui, 
d'après  la  composition  des  liquides  mis  en  présence,  pourrait 
être  du  carbonate  de  calcium  et  de  magnésium  et  peut-être 
aussi  un  peu  de  phosphate  de  magnésium.  En  admettant 
que  le  sesquichlorure  de  fer  ait  donné  un  acide  libre,  il  pour- 
rait se  produire  également  un  peu  de  bicarbonate  de  potas- 
sium, lequel  céderait  facilement  son  CO^  ;  la  réaction  du 
mélange  est  légèrement  alcaline. 

Quoi  qu'il  en  soit,  par  le  fait  de  ce  mélange,  la  Chlorelle 
recouvre  brusquement  son  pouvoir  assimilateur. 


,150 


P. -A.  DANGEARD 


L'addition  du  liquide  Errera  avait  eu  lieu  à  9  h.  30  ;  à 
9  h.  45  de  nombreuses  bulles  d'O  se  dégagent  jusqu'à  11  h.  ; 
le  flacon  est  mis  à  l'obscurité  jusqu'à  2  heures  ;  absence 
totale  de  dégagement. 

A  2  heures,  par  temps  couvert  et  pluie  fine,  l'assimilation 
reste  nulle. 

A  3  h.  50,  le  flacon  est  placé  à  0  m.  10  d'une  lampe  élec- 
trique 50  B.  ;  quinze  minutes  après,  on  obtient  des  cen- 
taines de  bulles  par  secouage  et  il  s'en  forme  de  nouvelles 
jusqu'à  la  fin  de  l'expérience  à  4  h.  15. 

En  résumé,  les  propriétés  assimilatrices  du  ChloreUa  se  sont 
trouvées  améliorées  dans  une  très  forte  proportion  par  l'addi- 
tion à  un  milieu  Grintzesco  acide  de  liquide  calcique  Errera 
+  CO^K^  ;  le  nouveau  milieu  était  légèrement  alcalin. 

Observation  du  14  novembre  1914. 

Les  observations  prises  pendant  cette  journée  permettent 
de  constater  l'existence  d'une  photosynthèse  active  ;  elle 
ressort  nettement  des   chiffres  du   tableau   suivant  : 


T. 1.(1)        H. 


B. 


E. 


OBSERVATIONS 


1705 


18° 


9 

20 

N.-E. 

9  35 

120 

9  36 

200 

9  45 

100 

9  50 

90 

10  02 

70 

10  35 

80 

11 

40 

2  50 

25 

3 

10 

Temps  clair.  Le  soleil  est  caché  par 
des  nuages  ;  un  secouage  énergi- 
que fait  partir  des  milliers  de 
bulles. 

Elles  se  reforment  à  raison  de  120 
par  minute. 


Le  ciel  est  bleu  partout. 


L'éclairage  est  bon  ;  la  diminution 
du  nombre  des  bulles  est  due  à  la 
position  du  soleil  par  rapport  à  la 
culture  ;  mais  peut-être  aussi  à 
une  usure  momentanée  du  mi- 
lieu. 


1.  T.  I.  infliqiie  la  température  intérieure  de  la  culture. 


LA  SENSIBIL1TI-:  DES  ALGUES 


151 


En  effet,  la  lampe  Nertz  fonctionrant  de  4  heures  à  5  h.  20, 
à  une  distance  de  0  m.  30  la  culture,  ne  fournit  aucune' 
trace  de  dégagement  d'O. 

Observation  du  15  novembre  1914. 

Le  flacon  est  resté  pendant  toute  la  journée  qui  a  été 
pluvieuse  dans  le  laboratoire  au  v'oisinage  immédiat  de  la 
fenêtre. 


T.  L 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

15° 

8 

20 

N.-E. 

Le  dégagement  n'est  pas  encore  ré- 
gulier. 

8 

50 

100 

Ciel  bleu  et  nuages  blancs. 

9 

100 

9 

20 

105 

A  9  11.  20  le  flacon  est  placé  à  une 
distance  de  2  m    de  la  fenêtre  : 

.17« 

9 
10 

35 

20  à  30  bulles  de  secouage. 

Temps  sombre.  Photosynthèse  nulle. 

10 

30 

Id.  Le  flacon  estreplacéàlOh. 30 
au  voisinage  immédiat  de  la  fe- 
nètre(0ni05). 

11 

20 

Le  secouage  en  fait  dégager  300  à 
400. 

2 

30 

2 

11 

12 

-Temps  sombre. 

18«^ 

2 

13 

2 

Pluie. 

Observation  du  IQ  novembre  1914. 


L'après-midi  est  pluvieuse  et  l'assimilation  nulle  ;  à  5  h., 
le  flacon  placé  à  0  m.  30  de  la  lampe  Nertz  ne  donne  rien  ; 
à  0  m.  20  et  à  0  m.  10,  il  s'en  produit  quelques-unes,  assez 
rares,  obtenues  par  secouage  ;  le  flacon  III,  placé  dans  les 
mêmes  conditions  d'éclairement,  dégage  un  grand  ndmbre 
de  bulles.  i 

Conclusion.  —  Il  existe  de  très  grandes  différences,  au 
point  de  vue  de  la  photosynthèse  entre  cultures  d'apparence 


152 


P.-A,  DANGEARD 


identique,    sans    qu'on    puisse    toujours    en    déterminer    les 
causes. 

Le  flacon  I  reste  pendant  la  nuit  à  0  m.  20  de  la  lampe 
Nertz  ;  le  lendemain  matin,  on  constate  l'existence  de  7  ou 
8  bulles  de  secouage. 

Observation  du  17  novembre  1914. 

Le  flacon  est  placé  au  voisinage  de  la  fenêtre  à  8  h.  40  ; 
temps  clair,  nuages  blancs. 


T.  I. 

H. 

B. 

N.-E. 

OBSERVATIONS 

18° 

9  10 
9  15 

6 

30   bulles   de   secouage.    La   photo- 
synthèse s'établit. 

9  25 

50 

Temps  clair,  nuageux. 

9  40 

40 

10  25 

20 

Id.  . 

2   30 

0 

Ciel  bleu. 

Observation  du  18  novembre  1914. 


La  température  s'est  abaissée  cette  nuit  au-dessous  de  0  ; 
nous  en  profitons  pour  étudier  l'action  du  froid. 


T.  I. 

II. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

12-0 

8  30 
8  40 

N.-E. 

Quelques    bulles  de    secouage  :  ciel 
bleu  ;  soleil. 
Id. 

13° 

8  50 

14 

8  55 

18 

Le  dégagement  est  régulier. 

13° 

9 

20 

Id. 

Le  flacon  qui  était  à  l'intérieur,  au 
voisinage  de  la  fenêtre  est  placé  à 
9  h.  à  l'extérieur,  sur  le  rebord^ 
après  un  secouage  qui  a  fait  par- 
tir une  centaine  de  bulles. 

LA  SENSIBILITÉ  DKS  ALGUES 


153 


T.   I 

H. 

B. 

E.                        OBSERVATIONS 

lOo 

9 

10 

5  D 

D.  Bulles  de  dégagement. 

90 

9 

15 

6  D 

70 

9 

25 

3  D 

Un  secouage  énergique  fait  dispa- 
raître toutes  les  bulles,  au  nombre 
de  plusieurs  centaines. 

305 

10 

100  S 

S.  Bulles  de  ?ccouages. 

30 

10 

20 

1000  s 

Le  nombre  de  bulles  obtenues  par 
secouage,  atteint  un  millier  de 
10  h.  à  10  h.  20,  soit  50  par  mi- 

- 

nute  ;  le  temps  est  clair  ;  ciel  sans 
nuage. 

30 

10 

35 

300  S 

On  voit  que  le  nombre  des  bulles  for- 
mées de  10  h.  35  jusqu'à  10  h.  55 
est  de  15  à  20  par  minute. 

10 

45 

150  S 

30 

10 

55 

150  S 

40 

1 

35 

120  S 

2 

12  S 

De  2  h.  à  3  li.,les  chilïres  ci-contre 
ne  donnent  plus  qu'une  moj'enne 
de  1  bulle  par  minute  environ  ; 
le  temps  est  cependant  clair  av(c 
nuages  blancs. 

40 

2 

15 

20  S 

2 

45 

50  S 

4°2 

3 

20  S 

3 

15 

21  S 

40 

4 

19  S 

Secouage  énergique  et  complet. 

40 

4 

15 

0 

Le  flacon  est  placé  à  4  h.  16,  à  0  m.  30  d'une  lampe  Nertz  ; 
à  4  h.  30,  la  température  est  de  10",  absence  de  bulles  ; 
à  4  h.  40,  la  température  est  de  11°,  5  bulles  de  secouage  ; 
à  5  heures,  température  13°,  70  bulles  de  secouage  ;  à  5  h.  15, 
température  14^5,  20  bulles  de  secouage. 

Conclusions.  —  Il  est  incontestable  que  laChlorelle,  à  cette 
température  de  3°  et  de  4"  a  donné  lieu  à  des  phénomènes 
actifs  de  photosynthèse  ;  celle-ci  est  même  sans  doute  plus 
intense  que  ne  l'indique  le  tableau,  car  dans  les  bulles  de 
secouage,  il  en  existe  bon  nombre  qui  sont  très  grosses  rela- 
tivement ;  toutefois,  il  est  bon  de  remarquer  qu'avec  la 
diminution  de  température,  les  bulles  montrent  une  ten- 
dance de  plus  en  plus  marquée  à  rester  incluses  dans  la  cul- 


154 


P.-A.  DANGEARD 


ture  ;  il  serait  intéressant  de  voir  si  leur  teneur  en  oxygène 
a  diminué. 

La  photosynthèse  a  cessé  vers  4  heures  et  peut-être  un 
peu  avant  ;  elle  a  repris  lentement  en  face  d'une  lampe 
Nertz,  à  la  distance  de  0  m.  30. 

Observation  du  19  novembre  1914. 

Le  flacon  est  resté  la  nuit  à  0  m.  60  de  la  lampe  Nertz, 
sans  qu'on  observe  aucinie  bulle  ce  matin  à  la  température 
de  120  ;  à  8  h.  30,  la  culture  est  placée  au  dehors,  sur  le  re- 
bord de  la  fenêtre. 

De  8  h,  30  à  9  h.  45,  il  se  forme  120  bulles  de  secouage 
et  la  température  est  descendue  à  5''. 

De  9  h.  45  à  9  h.  55,  il  se  forme  200  bulles  de  moyenne 
grosseur,  température  4^7. 

De  9  h.  55  à  10  heures,  100  bulles  plus  petites,  à  la  tempé- 
rature de  40.  Le  temps  est  assez  clair,  quoique  couvert. 

La  photosynthèse  se  produit  donc  normalement  comme 
hier  au  voisinage  de  cette  température  de  4°. 


Observation  du  20  novembre  1914. 

Le  flacon  a  été  conservé  cette  nuit  à  l'obscurité  ;  à  8  h.  30, 
il  est  placé  au  dehors  où  la  température  est  de  0". 


T.  I. 


H. 


B. 


E. 


OBSERVATIONS 


12° 

40 
20 

108 

10 

1° 


Oog 

0   6 
90 


00-7 


8  30 

0 

N.-E. 

8  50 

9  15 

9  20 

0 
0 
1  S 

1 

9  85 
9  42 

9  47 

140  S 
130  S 

80  S 

9  55 

10  40 

1  40 

100  s 

600  S 
50  S 

2  20 

3  10 

5  S 
50  S 

1 

Temps  clair,  ciel  bleu,  soleil,  pas  de 
nuage  ;  très  légère  brume. 


La  première  bulle  de  secouage  assez 
grosse. 


Moyenne  de  15  à  20  bulles  par  mi- 
nute. 


50  très  grosses  bulles  qui  soulèvent 
en  partant  des  colonies  d'algues. 

Assez  grosses  bulles.  Nuages  blancs. 


LA  sensibilitl:  des  algues 


155i 


Conclusion.  —  La  photosynthèse  est  assez  lente  à  s'éta- 
blir ;  mais  à  partir  de  9  h.  20,  elle  est  sensiblement  aussi 
active  qu'hier  à  4^,  bien  que  la  température  de  la  culturp 
soi!  au  voisinage  de  0  ;  les  bulles  ne  se  dégagent  que  par 
secouage. 

Le  flacon  est  resté  sur  le  rebord  de  la  fenêtre,  extérieure- 
ment, les  21,  22,  23,  24  novembre,  supportant  des  tempé- 
ratures de  plusieurs  degrés  au-dessous  de  0  ;  le  dégel  a  com- 
mencé le  24  dans  la  journée  ;  ce  matin  25  novembre,  il  reste 
encore  un  gros  glaçon  dans  la  culture. 

Observation  du  25  novembre  1914. 

La  température  extérieure  est  de  4^  ;  celle  de  la  culture 
est  de  2^5  iiu  début  à  8  h.  30  ;  le  temps  est  couvert  ;  cône 
de  glace  à  la  partie  supérieure  du  flacon. 


T.  I. 

!       H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

205 

8  30 

9  15 

0 
0 

N.-E. 

Temps  couvert. 

9  30 

1  s 

Apparition  de  la  première  bulle  de 
secouage. 

9  45 

40  S 

Le  ciel  est  gris  sombre,  avec  taches 
plus  blanches  ;  il  est  complète- 
ment couvert. 

30 

9  55 
10 

60  S 
50  S 

10  15 

40  S 

40 

10  45 
11 

200  S 
60  S 

11   10 

120  S 

Nuages  blancs. 

70 

1   50 

17  D 

Bulles  de  dégagement,  la  plupart 
très  grosses  ;  ciel  bleu  avec  nua- 
ges blancs. 

2  05 

10  D 

La  photosynthèse  est  très  active. 

4 

10  S 

La   photosynthèse   devient   nulle. 

Conclusion.  —  L'algue,  après  avoir  été  pendant  plusieurs 
jours  incluse  dans  la  glace,  assimile  activement,  dans  la  ma- 
tinée qui  suit  le  dégel,  avec  éclairement  moyen  et  une  tem- 


156 


P. -A.  DANGEARD 


péiature  de  3^  ;  à  1^,  dans  raprès-midi,  par  bon  éclairement, 
l'assimilation  devient  active. 

Observation  du  26  novembre  1914. 

La  photosynthèse  reste  très  faible  ;  le  temps  est  couvert 
et  très  sombre. 


T.  I. 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

9 

0 

N.-E. 

5° 

9  15 
9  30 
9  35 

6  S 
4  S 
3  S 

6° 

10 

30  S 

70 

11 

120  S 

Observation  du  27  novembre  1914. 

La  photosynthèse  est  active  et  se  manifeste  à  partir  de 
9  h.  20  par  des  bulles  de  dégagement,  grosses  et  moyennes  ; 
le  ciel  est  bleu,  avec  des  nuages  blancs  parfois. 


T.  I. 

H. 

B. 

E.                        OBSERVATIONS 

50 

8  30 
8  45 

0 

3  S 

N.-E. 

Ciel   bleu  :    temps   clair,    maiy 
meux. 

bru- 

502 

8  55 

9  05 

20  S 
40  S 

708 

9  20 
9  40 
9  50 

10  D 
10  D 
12  D 

Temps  clair  ;  ciel  bleu. 

10 

16  D 

Ciel  bleu,  soleil. 

10  45 

8  D 

8° 

11 

17  D 

2 

10  D 

Nuages  blancs  par  endroits  sur 
bleu. 

ciel 

100 

2  15 

8  D 

LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES 


157 


Observation  du  28  novembre  1914. 


T.  L 

H. 

B. 

E. 

i 

OBSERVATIONS 

6° 

8  30 

9  10 

0 

2  S 

N.-E. 

Temps  très  couvert. 

605 

9  20 
9  40 

5  S 
30  S 

10 

40  S 

Temps  très  couvert. 

70 

^10   15 

40  S 

10  40 

20  D 

Temps    reste    couvert,    avec    beau- 

10 45 

19,22  D 

coup  de  lumière  difïuse. 

8° 

11 

24  D 

90 

2 

15  D 

4 

0 

Toutes  les  bulles  formées  cet  après- 
midi  sont   déjà   résorbées  :  0  par 
secouage. 

L'activité  de  la  photosynthèse  se  manifeste  vers  9  h.  40, 
par  les  bulles  de  dégagement  au  nombre  d'une  vingtaine 
par  minute  ;  le  ciel  est  couvert  complètement  de  nuages 
épais,  bas,  de  couleur  gris  cendré  ;  la  lumière  diffusée  ainsi 
est  plus  favorable  à  Vassimilaiion  que  le  ciel  bleu  dliier  avec 
soleil,  aux  mêmes  heures  et  par  température  égale. 

Conclusion.  —  La  qualité  de  la  radiation  par  temps  cou- 
vert est  très  variable,  vis-à-vis  de  l'assimilation,  selon  la 
façon  dont  elle  est  diffusée  ;  Tœil  est  incapable  d'apprécier 
ces  différences. 

Observation  du  30  novembre  1914. 


T.  L 


H. 


B. 


E. 


OBSERVATIONS 


8  30 

0 

N.-E. 

Temps  couvert  ;  blanc  dans  les  nua- 

9 

0 

ges. 

1005 

9  05 
9  10 

2  S 
10  S 

' 

9  20 

30  S 

Nuages  blancs  et  ciel  bleu  par  inter- 

9 30 

50  S 

valles. 

10  15 

14  D 

10  20 

22  D 

10  35 

14  D 

10  50 

13  D 

1105 

2  15 
2  30 

4  D 
4  D 

Temps  assez  couvert. 

158 


P. -A    DANGEARD 


L'assimilation  est  restée  semblable  à  celle  d'hier,  malgré 
l'élévation  de  température  et  l'éclairement  meilleur  en  appa- 
rence. 

Observation  du  l®"*  décembre  1914. 


T.  I. 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

11° 

9 
9  05 

0 

1 

Temps  sombre. 

9  35 

0 

Temps  pluvieux. 

9  40 

2  S 

9  45 

10  S 

; 

9   50 

12  vS 

10   05 

10  D 

Temps   couvert    :   légères   éclaircies 

■ 

blanches. 

Le  lendemain  2  décembre,  par  température  de  12  à  13°, 
je  n'obtiens  que  quelques  très  rares  bulles  de  secouage, 
malgré  un  ciel  bleu  avec  nombreux  nuages  blancs. 

SÉRIE    II. 

Cette  culture  provient  d'un  ancien  semis  sur  tube  de 
gélatine  dans  lequel  on  avait  ajouté  plus  tard  une  certaine 
quantité  d'eau  ;  la  culture  a  été  versée  hier  dans  du  liquide 
nutritif  Errera,  plus  CO'K^  à  2,5  %  et  ensuite  fortement 
diluée  ;  la  réaction  est  nettement  alcaline. 

Observation  du  13  novembre  1914. 


La  culture  est  contenue  dans  un  grand  flacon  Erlenmeyer  ; 
elle  est  restée  toute  la  nuit  au  voisinage  de  la  fenêtre,  à  l'in- 
térieur. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


159 


T.  I. 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

16° 

8 

15 

1  S 

N.-E. 

La  première  bulle  de  secouage. 

I605 

8 

45 

25  S 

170 

8 

9 

55 

10  D 
11 

Toutes  bulles  observées  par  la  suite 
sont  des  bulles  de  dégagement. 

9 

10 

IG 

9 

30 

2i 

Temps  couvert  avec  forte  lumière 
diffuse. 

1705 

9 

45 

30 

10 

20 

Le  flacon  est  placé  à  1  m.  de  la  fe- 
nêtre. 

10 

15 

() 

Le  flacon  est  placé  à  On^eo. 

10 

99 

2 

10 

30 

1,2 

Le  flacon  est  placé  à  Oi"30  de  la 
fenêtre. 

10 

40 

10,13,18 

10 

45 

60 

Le  flacon  est  remis  à  0^60  de  la 
fenêtre. 

10 

50 

10 

10 

55 

J,2,  0 

L'assimilation  a  presque  complète-^ 
ment  cessé. 

19° 

11 

04 

40 

Le  flacon  a  été  remis  à  10  h.  57  à 
O^SO  de  la  fenêtre. 

11 

10 

1 

Le  flacon  a  été  remis  à  11  h.  05  à 
0^60  de  la  fenêtre. 

11 

14 

10 

Le  flacon  a  été  remis  à  11  h.  10  à 
0^05  de  la  fenêtre. 

11 

15 

20 

11 

16 

60 

L'éclairage  n'a  pas  sensiblement 
changé  depuis  10  h.  40. 

11 

17 

100 

11 

18 

150-200 

1905 

2 

0 

N.-E. 

Temps  pluvieux  ;  assimilation  nulle 

2 

15 

5 

La  pluie  a  cessé. 

2 

30 

10 

3 

0 

Temps  très  couvert. 

3 

50 

10,6,7 

Le  flacon  est  placé  à  3  h. 45  en  face 
d'une  lampe  électrique  50  B  avec 
réflecteur  en  porcelaine  blanche, 
à  la  distance  de  01120  ;  le  dégage- 
ment commence  presque  aussitôt 
et  se  maintient  par  la  suite  avec 
une  moyenne  de  5  à  6  bulles. 

4 

6,7,5 

4 

15 

5,6 

En  résumé,  la  photosynthèse  a  été  active  toute  la  mati- 
née, malgré  le  temps  couvert  ;  cette  expérience  montre 
V influence  exercée  sur  V assimilation  par  la  position  de  la  cul^ 


•160 


P. -A.  DANGEARD 


iure  dans  un  appartement  ;  dans  les  conditions  indiquées 
ci-dessus,  l'assimilation  était  nulle  à  1  mètre  de  la  fenêtre  ; 
à  0  m.  60,  le  dégagement  était  de  1  ou  2  bulles  par  minute  ; 
à  0  m.  30,  de  40  à  60,  et  de  200  au  voisinage  immédiat  de 
la  fenêtre,  à  0  m.  05  environ. 

La  lumière  d'une  lampe  électrique  de  50  B,  fournit  à  la 
distance  de  0  m.  20,  une  assimilation  très  régulière  ;  celle-ci 
était  sensiblement  égale  à  celle  de  la  lumière  diffuse,  ce 
même  jour,  par  temps  couvert,  exposition  N.-E.,  de  2  h.  15 
à  2  h.  30. 

Observation  du  14  novembre  1914. 

Le  temps  à  8  h.  50  est  clair  :  nuages  légers  sur  bleu  du 
ciel. 


T.  I. 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

1705 

8  55 

14 

N.-B. 

La  culture  est  à  0«i05  de  la  fenêtre. 

9  20 

60 

Temps  clair  assez  lumineux. 

9  25 

80 

9  40 

8 

Nuages. 

9  42 

30 

" 

10 

32 

Ciel  bleu. 

10  30 

400 

Nuage  blanc. 

10  39 

Le  flacor  est  placé  à  0^60  de  la  fe- 
nêtre. 

10  43 

45 

Très  bonne  lumière. 

10  45 

50 

10  46 

Le  flacon  est  placé  à  1™20  ;  le  temps 
s'assombrit. 

10  52 

4 

10  53 

2 

10  55 

4 

11 

2 

11   10 

0 

Remis  le  flacon  à  0ni05  de  la  fe 
nêtre. 

1   40 

150 

Temps  clair  :  nuages  blancs. 

1   42 

130 

1   43 

Le  flacon  est  placé  à  2  m. 

2  30 

0 

Ciel  bleu. 

2  35 

4 

Nuages  blancs. 

■     2  40 

5 

2  51 

3 

3   02 

0 

Temps  plus  sombre  ;  Tassimilation 

cesse  à  cette  distance  de  2  m. 

LA  SENSIBILITÉ  DES  AL(JUES 


161 


T.  I. 

II. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

20 

0 

Lumière  d'une  lampe  Meta  50  B, 
à  la  distance  de  0™40. 

3 

45 

0 

La  lampe  est  placée  de  façon  à  ce 
que  la  radiation  éclaire  le  fond  du 
flacon. 

3 

50 

1  D 

4 

2  bulles  en  3  ou  4  minutes. 

4 

06 

3  D 

Culture  depuis  4  h.,  à  la  distance 
de  Oni30. 

4 

17 

2 

Culture  à  la  distance  de  0'n90  à 
4mi7. 

4 

18 

1 

Dans  les  minutes  qui  suivent  2,  4 
8  bulles. 

4 

23 

12 

4 

25 

10 

4 

34 

8 

Culture  placée  à  4  h.  35  à  la  dis- 
tance de  0^10. 

4 

38 

20 

4 

43 

40 

4 

53 

40 

4 

55 

37 

Culture  placée  à  4  h.  56  à  la  dis- 
tance de  0'n20. 

4 

59 

22 

5 

15 

5 

09 

7 

Il  semble  que  l'intensité  de  la  radia- 
tion a  diminué,  sans  doute  à  cause 
de  l'éclairage  en  ville. 

5 

10 

3 

5 

12 

0 

En  résumé,  la  Chlorelle  a  pu  assimiler  aujourd'hui  jusqu'à 
une  distance  de  2  mètres,  à  2  h.  35  ;  la  photosynthèse  était 
active  à  0  m.  60,  vers  10  h.  45,  alors  qu'hier  elle  était 
presque  nulle  à  cette  distance  ;  des  nuages  blancs  par  temps 
clair  favorisent  Fassimilation. 

La  lampe  Meta  de  50  bougies,  à  la  distance  de  0  m.  10, 
a  donné  le  même  nombre  de  bulles  que  la  lumière  ordinaire, 
à  la  distance  de  0  m.  60  de  la  fenêtre  ;  au  moment  où  l'é- 
clairage s'établit  partout  en  ville,  la  chminution  de  l'in- 
tensité lumineuse  est  indiquée  par  une  décroissance  dans 
le  nombre  des  bulles  ;  elle  cesse  même  pour  la  distance 
de  0  m.  20. 


162 


P.-A.  DANGEARD 


Observation  du  16  novembre  1914. 

La   culture   est   restée  hier  dimanche  à  l'ombre  :  mise  en 
place  à  8  h.  20. 


T.  I. 

H. 

B. 

E. 

OBSERVATIONS 

150 

8   22 
8   40 
9 

0 

4  D 
5 

N.-E. 

Temps  clair,  ciel  bleu  et  nuages. 

9  05 

30 

Soleil   envoie   rayons  par  réflexion 
sur  un  mur. 

9  15 

60 

9  50 

11 

Le  temps  est  sombre. 

170 

10  10 
10  17 
10  35 

60 

50 

4 

Temps  plus  clair. 

11   05 

0 

Temps  sombre. 

2 

300 

Ciel  bleu  et  nuages  blancs. 

2    06 

2 

Gros  nuage  noir 

180 

2   12 

0 

Pluie. 

En  résumé,  cette  culture  montre  une  très  grande  sensibilité 
vis-à-vis  de  la  radiation  ;  le  moindre  nuage  a  sa  répercus- 
sion immédiate  sur  le  dégagement  de  l'O  ;  on  voit  qu'en  des 
instants  très  rapprochés  de  la  journée,  l'assimilation  varie 
dans  la  proportion  de  1  à  300  et  parfois  davantage. 

Cette  culture  est  abandonnée  près  de  la  fenêtre  jusqu'au 
samedi  28  novembre  ;  elle  dégage  peu  de  bulles  dans  la 
journée  ;  la  couleur  est  très  verte  et  on  observe  un  dépôt 
abondant  de   colonies  sur  les  parois  du  flacon. 


SÉRIE  m. 

Cette  culture  provient  d'un  semis  effectué  le  23  mai  en 
milieu  liquide  Grintzesco  ;  elle  se  trouvait  dans  un  flacon 
Erlenmeyer  dont  elle  tapissait  le  fond  ;  l'algue  ne  déve- 
Joppait  dans  ce  liquide  acide  que  de  rares  bulles  ;  après 
addition  le  13  novembre  de  liquide  Errera  plus  CO^K^  à 
2,5  %,  il  y  a  formation  d'un  précipité  gélatineux  ;  la  réac- 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


163 


tion  devient  légèrement  alcaline  et  la  culture  fournit  immé- 
diatement à  la  radiation  des  centaines  de  bulles. 

Cette   culture   a   servi   principalement   à    des   expériences 
sur  l'assimilation  par  la  lumière  électrique. 

Observation  du  16  novembre  1914. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

17° 

10  20 

200  D 

Temps  couvert  ,  le  flacon  II  donne  50  B 
par  minute. 

10  30 

130 

Temps  couvert. 

10  36 

50 

Temps  couvert  ;  le  flacon  II  ne  donne 
que  4  B  par  M. 

11 

15 

Temps  sombre. 

2  01 

300 

Bon  éclairement  :  ciel  bleu  et  nuages 
blancs. 

2   10 

30 

Gros  nuage. 

180 

2  14 

6 

Pluie  ;  l'assimilation  cesse  jusqu'au  soir. 

Cette  culture  se  montre  d"uu«.  st.nsibi]ité  extraordinaire, 
vis-à-vis  de  la  radiation  ;  on  s'en  rend  compte  en  compgrant 
avec  les  résultats  des  cultures  I  et  II  pendant  cette  même 
journée. 

Nous  utilisons  cette  sensibilité  pour  faire  une  expérience 
avec  une  lampe  Nertz  neuve. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

18° 

5 

M 

Distance  de  la  lampe    Nertz  :  O'nSO. 

5   20 

12 

Distance  :  0™20  à  partir  de  5  li.  21. 

5  26 

50 

Excellente  synthèse  ;  bulles  petites  et 
moyennes,  partant  brusquement. 

19^ 

5  30 

60 

5  34 

80 

Distance  OJ^IO  à  partir  de  5  h.  36. 

5  37 

76 

5  38 

84 

210 

5  40 

150 

Les  bulles  sont  peut-être  3  à  8  fois  plus 
grosses  qu'à  0^30. 

4  55 

300 

5  50 

300 

Un  secouage  en  fait  partir  plus  d'un 
millier  ! 

12 


164 


P. -A.   DANGEARD 


En  résumé,  à  la  distance  de  0  m.  10  d'une  lampe  Nertz 
neuve,  la  photosynthèse  est  extraordinairement  active  avec 
celle  culture  ;  son  intensité  varie  pour  une  distance  de 
0  m.  10  à  0  m.  30  dans  une  proportion  qui  doit  dépasser, 
étant  donnée  la  différence  de  grosseur  des  bulks,  la  propor- 
tion de  1  à  100. 


Observation  du  \7  novembre  1914. 

Le  flacon  a  passé  la  nuit  à  une  distance  de  0  m.  30  de  la 
lampe  Nertz  ;  aucune  bulle  ce  matin,  alors  qu'hier  soir,  à 
cette  même  distance,  on  en  comptait  10  à  12  ;  à  8  h.  25, 
la  culture  est  rapprochée  à  0  m.  20. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIOiSS 

18«> 

8  25 

0 

Distance  0°i20  ;  lampe  Nertz. 

8  30 

10 

8   36 

16 

8   37 

20 

8   45 

33 

8  47 

42 

8  53 

23 

20° 

8  55 

26 

Lampe   Osram   à   9   h.;   distance   0^,20 

9  05 

0 

après  secouage. 

9  08 

6 

9  10 

60 

9  15 

70 

9  20 

75 

9  24 

74 

Lampe  Osram  à  9  h.  25;  distance  0^1^30  - 

9  45 

4 

après  secouage. 

1906 

9  50 

3 

La  photosj^nthèse  tend  à  devenir  nulle. 

10 

1 

Remis    à    distance    de    0'n20    après    se- 

10 12 

9 

couage. 

10  15 

10 

10   20 

9 

10   24 

9 

Remis  à  O^ilO  à  10  h.  25  après  secouage. 

LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


165 


T.  L 


H. 


B. 


OBSERVATIONS 


2005 


2005 


20° 


20° 


21° 


10  28 
10  32 
10  35 
10  40 

10  44 

10  50 

10  57 

11  05 
11   07 


2  50 
2  35 
2  50 


2  50 
3 

3  06 
3  15 
3  25 

3  29 
3  33 
3  40 
3  45 


3  48 
3  55 

3  48 

4  10 
4  15 


4  17 


22 


4  27 

4  55 

5  03 


5  15 


0 

70 

200 

200 

0 
20 
24 
36 
33 


0 
0 


0 

0 

17 

26 

20 

16 
21 
16 
20 

7 
3 


13 

8 

7 


Petites  bulles. 
Excellente  synthèse. 

Moyenne  grosseur.  Remis  à  0'ni5  de  dis- 
tance après  secouagç. 


La  culture  est  placée  à  0«i30  jusqu'à  2  h.; 
0  bulle. 

De  2  h.  à  2  h.  35,  la  lampe  Osram  est 
remplacée  par  la  lampe  Tantale  et 
celle-ci  à  son  tour  fait  place  à  une 
lampe  Meta.  A  cette  distance  de  0°i30, 
photosynthèse  nulle  pour  les  trois  lam- 
pes. 

Lampe  Meta  50  B,  distance  0ini5  à  2  h.  50. 


Lampe  Osram  50  B,  sans  secouage  préa- 
lable ;  distance  0^15. 


Lampe  Tantale  50  B,  sans  secouage  ;  dis- 
tance omis. 


Lampe  Meta,  sans  secouage  ;  distance 
0^15. 

L'intensité  lumineuse  est  en  décroissance, 
sans  doute  à  cause  de  l'allumage  en 
ville. 

De  4  h.  30  à  4  h.  55,  le  nombre  des  bulles 
par  minute  s'est  maintenu  régulière- 
ment au  voisinage  de  10. 

Lampe  Osram  ;  distance  OJ^IS. 

De  5  h.  05  à  5  h.  15,  les  dégagements 

successifs  ont  été  7,  10,  8,  17,  10,  11 

5,  7,6. 


Nota.  —  La  distance  a  été  mesurée,  à  partir  de  l'extrémité 
antérieure  des  filaments  brillants,  jusqu'au  flacon. 


166 


P. -A.   DANGEARD 


Conclusions.  —  Qu'il  s'agisse  de  la  lampe  Nertz,  ou  de 
lampes  électriques  de  50  B.,  la  photosynthèse  tend  à  devenir 
nulle  à  0  m.  30  ;  elle  est  active  à  0  m.  20  dans  la  matinée, 
alors  qu'elle  se  ralentit  le  soir  pour  une  distance  moindre 
0  m,  15  ;  l'assimilation  semble  aussi  énergique  à  une  distance 
de  0  m.  10,  qu'en  bonne  lumière  solaire  ;  il  n'existe  pas  de 
différence  bien  sensible  dans  l'action  des  trois  modèles  de 
lampes  électriques  utilisés. 

Observation  du  18  novembre  1914. 
Le  flacon  est  placé  à  8  h.  30  à  0  m.  15  d'une  lampe  Osram. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIO^'S 

140 

8   40 

0 

Lampe   Osram  ;   distance  0'iil5. 

8  45 

15 

9 

6  D 

Très  petites  bulles. 

9  05 

Le  flacon  est  placé  au  voisinage  de  la 
fenêtre  à  0^05. 

15° 

9  30 

8 

Lumière  du  jour. 

10 

11 

10  15 

13 

2 

10 

Très  petites  bulles  ;  ciel  bleu  ;  nuages 
blancs. 

2  15 

16 

■1502 

3 

5 

Lampe  Osram  ;  distance  O^^IS. 

3  50 

24 

180 

4 

20 

Id.      ;  distance  0^28. 

4  35 

6 

4  40 

8 

5  15 

6 

Conclusion.  —  Le  dégagement  avec  la  lampe  Osram  a  eu 
lieu  régulièrement  à  0  m.  28  et  s'est  montré  presque  égal 
à  celui  qui  a  été  produit  par  la  lumière  du  jour  vers  2  heures. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


167 


Observation  du  20  novembre  1914. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

120 

8  30 

Lumière  du  jour  ;  bulles  de  secouage. 

8  55 

2  D 

9 

2 

Temps   clair,   ciel   bleu  ;    la   température 
extérieure  est  au  voisinage  de  0. 

9  15 

5 

9  35 

4 

12° 

11 

1 

130 

2 

0 

Lampe  Osram  ;  distance  0™20. 

1505 

3   15 

7 

170 

4 

4 

1705 

4  30 

10 

Conclusion.  —  Nons  croyons  constater  que  la  sensibilité 
de  la  culture  a  beaucoup  diminué  ;  1  assimilation  aurait  dû 
être  meilleure  ce  matin  à  la  lumière  du  jour;  deux  causes 
principales  ont  pu  intervenir  :  d'une  part,  Tinfluence  d'une 
radiation  électrique  prolongée;  d'autre  part  les  changements 
qui  se  produisent  dans  le  milieu  nutritif. 

Le  21  novembre,  ciel  bleu,  soleil,  absence  de  nuages  ; 
à  8  h.  30,  température  de  1°  à  l'extérieur. 

Dans  ces  conditions,  la  culture  conservée  à  l'intérieur, 
au  voisinage  de  la  fenêtre,  n'a  montré  dans  la  journée  que 
quelques  rares  bulles  de  secouage,  ce  qui  vient  à  l'appui 
des  conclusionf:  d'hier. 

Observation  du  23  novembre  1914; 


La  température  est  de  —  3°  à  l'extérieur  ;  le  flacon  est 
placé  à  l'intérieur  à  0  m.  05  de  la  fenêtre. 


168 


P.-A.    DANGEARD 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

1005 

8 

45 

0 

Temps  clair,  un  peu  brumeux. 

11« 

9 

35 

Quelques  bulles  de  dégagement. 

9 

40 

Le   flacon  est   placé  à  l'extérieur. 

10 

10 

0 

1° 

11 

2 

0 

La  température  est  descendue  à  1°  ;  ab- 
sence de  bulles  malgré  le  bon  éclaire- 
ment.  Le  flacon  est  replacé  à  l'inté- 
rieur. 

Quelques  bulles  de  secouage. 

11° 

3 

6  D 

Ciel  bleti  ;  au  dehors  la  température  est 
de  1°2. 

3 

30 

3 

Le  dégagement  est  sur  le  point  de  ces- 
ser ;  forte  brume  à  l'horizon  ;  ciel  bleu  ; 
absence  de  nuages. 

Nous  essayons  alors  l'action  du  gaz  d'éclairage  avec  un 
bec  Auer,  à  partir  de  4  h.  50. 


T.  L 


OBSERVATIONS 


12° 

4  50 

0 

Distance  Om20. 

5 

0 

5  10 

20 

Petites  bulles  de   même  grosseur  s'enle- 
vant   avec  colonnes  d'algues. 

140 

5  15 

19 

5  16 

Distance  0^30. 

5  20 

18 

5  25 

24 

5  26 

Dislance  0^40. 

5  29 

10 

140 

5   31 

14 

5  34 

9 

5  41 

6 

5  44 

7 

Trois  minutes  suecessives  donnent  6,  7.  6 

5  45 

Distance  0^20. 

5  50 

1 

Trois  minutes  successives  :  1,  2,  3, 

5   57 

9 

6 

10 

1405 

6  03 

14 

6  05 

12 

- 

En  résumé,  la  photosynthèse  a  été  faible  à  la  lumière 
ordinaire  pendant  cette  journée,  par  ciel  bleu,  soit  à  11°, 
soit  à  1°  ;  au  contraire,  elle  s'est  montrée  active  à  la  tempe- 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


169 


rature  de  14»,  avec  un  bec  Auer,  comme  source  d'éclairage  ; 
à  0  m.  40,  rassjniiation  était  notable  et  la  distance  de  la 
source  a  une  importance  plus  faible  que  pour  les  lampes 
électriques. 

La  plus  grande  énergie  du  bec  Auer  est  due  sans  aucun 
doute  à  sa  plus  grande  richesse  en  rayons  rouges  et  orangés, 
alors  que  l'électricité  fournit  davantage  de  rayons  violets, 
peu  actifs  dans  la  photosynthèse. 

Observation  du  24  novembre  1914. 

La  température  extérieure  est  au-dessous  de  0  ;  flacon 
à  0  m.  05  de  la  fenêtre. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

9° 

1005 
110 

1605 

9 

9  40 
10 
3 

3  20 

0 
6  S 
2  D 
1  D 

10  D 

Temps  brumeux. 

Apparition  des  bulles  de  dégagement. 

Arc  électrique  à  la  distance  de  Cneo. 
Assez  bonne  assimiJation. 

Observation  du  25  novembre  1914. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

10° 

8  30 

0 

9  15 

20  s 

Temps  couvert. 

1102 

9  25 

30  S 

9  35 

3D 

9  40     , 

4  D 

9  50 

7  D 

Id. 

10  10 

3 

10  50 

1 

130 

11 

2 

Les  nuages  sont  plus  iïlancs. 

11   5 

3 

150 

2 

7 

- 

2  10 

3 

170 


P. -A.  DANGEARD 


Pendant  cette  journée,  le  nombre  des  bulles  de  dégage- 
ment par  minute  n'a  pas  augmenté  à  partir  de  9  h.  50,  alors 
que  le  temps  a  paru  s'éclaircir  ;  au  dehors,  vers  9  heures, 
la  température  était  de  4°. 

Observation  du  27  novembre  1914. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

13° 

8  30 

8  50 
9 

9  30 
10  35 

11 

0 

2  S 
20  S 
15  D 
20  D 
12 

Temps  brumeux,  mais  clair.  Soleil  caché 
par  les  maisons. 

L'assimilation  a  été  plus  active  que  le  25  novembre. 

SÉmE  IV 

La  culture  a  été  empruntée  au  flacon  II  dont  nous  avons 
pris  la  moitié  en  y  ajoutant  du  liquide  calcique  Errera  plus, 
carbonate  de  potassium,  le  tout  très  dilué. 


Observation  du  19  novembre  1914 

Action  de  la  lampe  Osram.  — •  A  la  distance  de  0  m.  18, 
le  dégagement  a  lieu  régulièrement  ;  le  rombre  des  bulles, 
varie  de  25  à  28  par  minute  de  3  h.  40  à  4  heures, 

A  la  distance  de  0  m.  38,  de  4  h.  20  à  5  h,  15,  tout  déga- 
gement cesse,  après  disparition  par  secouage  des  bulles  de 
fond. 

Obseivaiion  du  20  novembre  1914. 

La  culture  est  au  voisinage  de  la  fenêtre,  à  l'intérieur  du 
laboratoire,  au  début  de  l'expérience. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


171 


T.  L 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

12° 

8   30 

0 

11° 

9 

0 

9  15 

Apparition  des  premières  bulles. 

110 

9   20 

18  D 

La  culture  à  9  h.  21  est  placée  à  l'exté- 
rieur. 

9° 

9   25 

8 

8° 

9   30 

4 

9   35 

3 

6° 

9  40 

0 

Quelques  bulles  de  fond. 

10 

10 

0     . 

005 

11 

0 

Ciel  bleu  clair. 

2° 

2   40 

5  D 

Petits  paquets  d'algues  s'enlèvent  avec 
les  bulles. 

r 
4: 

0 

En  résumé,  le  tableau  permet  de  suivre  la  diminution  du 
nombre  des  bulles  de  dégagement  et  leur  disparition  avec 
l'abaissement  rapide  de  la  température  ;  toutefois,  on  cons- 
tate une  assimilation  à  2  h.  40.  à  2°. 

Pendant  les  jours  suivants,  le  liquide  de  la  culture  passe 
plus  ou  moins  complètement  à  Tétat  de  glace  ;  dans  l'après- 
midi  du  mardi  24  novembre,  le  dégel  se  produit  ;  le  jeudi 
26  novembre,  2  ou  3  petites  bulles  de  secouage  apparaissent 
à  9  h,  35  ;  le  lendemain,  avec  une  température  de  5o5,  la 
culture  ne  montre  encore  aucune  trace  de  photosynthèse 
à  9  heures. 

Le  27  novembre  au  soir,  nous  ajoutons  à  cette  culture 
dans  laquelle  l'assimilation  est  devenue  défectueuse,  un 
mélange  de  liquide  Errera  et  de  liquide  Grintzesco  ;  demain, 
la  photosynthèse  y  débutera  à  8  h.  45  malgré  un  temps 
très  couvert. 

Observation  du  28  novembre  1914. 


Observations    avec    l'arc   électrique  et    la    lumière  ordi- 
naire. 


172 


P  -A.  DANGEARD 


T.  I. 

H 

B 

OBSERVATIONS 

6° 

8 

45 

10  S 

Bulles  de  secouage. 

6° 

9 

30  S 

J'essaie  alors  l'arc  électrique  à  la  dis- 
tance de  l'n50,  une  bulle  de  fond  ;  je 
place  à  la  distance  de  l"i20. 

10 

9 

15 

12° 

9 

50 

6  S 

10 

10  S 

En  3  minutes,  3  bulles  de  dégagement. 

10 

10 

40  S 

Je  place  à  la  distance  de  1™50. 

160 

10 

20 

0 

La  culture  est  placée  à  la  fenêtre  àlOh.22. 

16° 

10 

30 

200  D 

Très  petites  bulles  de  dégagement. 

15° 

10 

32 

200 

Je  replace  devant  l'arc  électrique  ;  dis- 
tance 1«°50. 

10 

45 

80  S 

16° 

10 

54 

4  S 

La   photosynthèse    est    insignifiante. 

10 

55 

Arc  électrique  ;   distance  1   m. 

11 

07 

50  D 

Petites  bulles  de  dégagement  ;  Synthèse 
active. 

11 

15 

30  D 

11 

16 

32 

En  résumé,  la  lumière  de  l'arc  électrique,  sur  une  culture 
très  sensible  n'a  donné  à  1  m.  50  qu'un  résultat  insigni- 
fiant ;  à  1  m.  20,  l'assimilation  est  bien  inférieure  vers  12 
et  13°,  à  celle  qu'on  observe  au  dehors  sur  des  cultures  à  6 
et  70  par  temps  très  sombre  ;  à  la  distance  de  1  mètre  de 
l'arc,  la  photosynthèse  commençait  à  devenir  active  ;  elle 
était  cependant  encore  de  quatre  à  cinq  fois  plus  faible 
qu'à  la  lumière  de  la  fenêtre  vers  10  heures. 

Nota.  —  Les  algues  formant  un  dépôt  sur  le  fond  de  Ja 
•culture,  le  flacon  était  incliné  de  30^  environ,  de  façon  à 
recevoir  la  radiation. 

Observation  du  30  décembre  1914. 


La  culture  est  placée  à  l'extérieur. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


173 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

0° 

8  30 

2  S 

0» 

.    8  45 

6S 

9    15 

20  S 

1° 

y  45 

12  D 

Les  bulles  de  dégagement  par  minute 
ont  succédé  aux  bulles  de  secouage. 

3° 

4  05 

10  D 

La  photosynthèse  a  été  nette  aujour- 
d'hui maljïré  la  basse  température  et 
le  temps  couvert. 

L'Elodea  a  cessé  son  dégagement  d'O  à  3  h.  45  exactement. 


Observation  du  31  décembre  1914. 


T.  1. 


H. 

B. 

8  40 

2  S 

8   50 

3  S 

8  55 

20  S 

9  10 

20  S 

11 

D 

OBSERVATIONS 


40 


Temps  sombre,  brumeux. 


Id. 
Quelques  bulles  de  dégagement. 


L'assimilation  est  restée  faible,  à  cause  du  temps  sombre. 
Obseivaiion  du   2  janvier   1915. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

50 

8   30 

20  S 

8  45 

55  D 

6° 

10 

80  D 

Nuages  blancs  et  ciel  bleu. 

705 

2  45 

50  D 

70 

3  45 

Le  dégagement  continue. 

4 

Quelques  rares  bulles  de   dégagement.' 

70 

4  20 

Dernières   bulles   de  secouage  ;   assimila- 
tion cesse. 

L'assimilation,    pendant   cette    journée,    s'est   faite   à   la 
température   de  6  à  7°  dans  d'excellentes  conditions. 


174 


P. -A.  DANGEAAD 


Observation  du  4  janvier  1915. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

202 
202 
605 

8   20 
8   30 

8  40 

9  35 
2   30 

0 

6  S 
6  S 

2  D 

Ciel  hleu  ;  nuages  blancs. 
Bulles  petites. 
Bulles  plus  grosses. 

Temps  couvert. 

La  culture  est  devenue  moins  sensible  ;  d'autres  cultures, 
placées  dans  les  mêmes  condilions,  ont  assimilé  bien  davan- 
tage. 

Observation  du  5  janvier  1915. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

70 

8  30 

0 

Temps  couvert. 

9 

5  S 

705 

10 

15  S 

10  30 

5  D 

90 

2  30 

13  D 

3  30 

Le  temps  est  sombre  et  le  dégagement 

' 

a  cesse. 

L'assimilation  est  meilleure  qu'hier. 


Observation  du  6  janvier   1915. 


T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

705 
11"5 

8  30 
8  35 
8  50 
9 

3  30 
3  50 

0 

2  8 
15  S 

3 
10  S 

Temps  assez  r^lah. 
L'assimilation  a  cessé. 

LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  175 

Les  observations  ont  été  continuées  sur  cette  culture 
jusqu'au  16  janvier  ;  elles  ne  présentent  aucun  intérêt  par- 
ticulier ;  notons  seulement  que  par  temps  clair,  le  11,  la 
culture  présentait  déjà  à  8  h,  25,  avec  température  de  7°, 
une  trentaine  de  bulles  de  secouage  ;  qu'il  en  a  été  de  même 
le  12,  à  la  même  heure  par  température  de  4°. 

En  résumé,  cette  culture  IV  a  fourni  de  bonnes  observa- 
tions sur  l'action  de  l'arc  électrique,  sur  la  photosynthèse  à 
des  distances  variables  ;  elle  a  montré  également  l'existence 
d'une  bonne  assimilation  aux  basses  températures  et  même 
au  voisinage  de  0  ;  elle  a  donné  aussi  des  indications  sur 
l'heure  approximative  oîi  l'assimilation  débute  en  hiver  et 
cesse  ;  les  premières  bulles  de  secouage  apparaissent  vers 
8  h.  30,  tantôt  un  peu  plus  tôt,  tantôt  un  peu  plus  tard, 
selon  l'état  du  ciel  ;  la  cessation  est  sujette,  semble-t-il,  à 
varier  davantage  ;  sauf  exception,  l'assimilation  ne  s'obseive 
plus  après  4  heures  et  elle  cesse  parfois  bien  avant. 


Série  V. 

Cette  culture  donnant  une  bonne  sssimilation  à  la  lu- 
mière du  jour,  est  employée  pour  une  expérience  avec  l'arc 
électrique. 

Observation  du  25  ncuembre  1914. 

Le  flacon  Erlenmeyer  qui  contient  la  culture  est  soumis 
à  un  secouage  énergique  et  placé  pendant  une  demi-heure  à 
l'obscurité  avant  l'expérience. 

A  1  mètre  de  l'arc,  la  culture  donne  de  4  heures  à  4  h.  20, 
15  bulles  de  secouage  ;  reportée  à  4  h.  21,  par  température 
de  12°  à  1  m,  50,  on  trouve  à  4  h.  30,  6  bulles  de  secouage  ; 
à  4  h.  45,  4  bulles  ;  à  5  heures,  2  bulles. 

Le  lendemain,  la  culture  est  d'abord  placée  à  2  mètres; 


176 


P. -A.  DANGEARD 


de  9  h.  10  à  9  h,  35,  aucune  bulle  ;  le  résultat  n'est  pas  meil- 
leur à  la   distance   de   1   m.   50. 

Cette  même  culture,  portée  au  voisinage  de  la  fenêtre, 
vers  11  heures,  par  temps  très  couvert,  fournit  nombreusss 
bulles  de  secouage,  indiquant  une  bonne  synthèse. 

En  résumé,  à  la  distance  de  1  m.  50,  la  lumière  de  l'arc 
n'a  montré  qu'une  assimilation  insignifiante  ou  nulle  ;  à 
1  mètre,  la  synthèse  se  produit. 

Outre  ces  nombreuses  numérations  effectuées  à  partir  de 
novembre  1914,  sur  les  séries  I  à  V,  nous  en  avons  obtenu 
quelques  autres  en  septembre  de  la  même  année  en  em- 
ployant successivement  une  culture  de  Chlorella  et  une  cul- 
ture de  Spirogyra. 


lo  Culture  de  Chlorella  vulgaris. 
Observation  du  9  septembre  1914. 

Le  dégagement  d'oxygène  dans  cette  culture  de  Chlorella 
était  hier  presque  insignifiant  avec  une  température  de  33° 
et  même  davantage.  Aujourd'hui,  le  flacon  est  placé  sur  le 
rebord  extérieur  de  la  fenêtre  située  au  midi  ;  à  10  heures, 
la  température  de  l'eau  du  flacon  était  de  28»,  à  11  heures, 
de  29°  ;  elle  a  donc  peu  varié  tandis  que  la  température  du 
second  thermomètre  placé  à  côté  du  flacon,  subissait  les 
changements  indiqués  par  le  tableau  ci-dessous. 


T. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

28° 

10  30 

30  S 

Soleil  caché  par  des  nuages. 

27«>2 

10  35 

26  S 

Id. 

10  36 

Soleil. 

2805 

10  37 

26  D 

Soleil  disparu. 

31° 

10  39 

Soleil. 

.34° 

10  40 

33 

Soleil  disparu. 

32° 

10  41 

50 

S'est  montré  pendant  quelques  secondes. 

30° 

10  44 

Soleil. 

310 

10  45 

Soleil  disparu. 

31° 

10  46 

45 

Id. 

290 

10  47 

Id. 

240 

10  50 

25 

Soleil  caché  par  nuage  noir  épais. 

LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


177 


L'assimilation  a  été  assez  régulière  ce  matin  avec  une 
température  de  28  à  29»  et  un  soleil  obscurci  à  intervalles 
courts  par  des  nuages. 

De  1  à  2  heures,  la  pluie  est  tombée  et  la  température 
extérieure  est  descendue  à  20°  ;  la  culture  a  été  rentrée 
dans  la  chambre  à  1  heure. 

A  2  heures,  le  flacon  est  replacé  sur  le  rebord  extérieur 
de  la  fenêtre  sud  ;  l'eau  de  la  culture  a  une  température 
de  22»  ;  le  temps  est  couvert. 


T. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

22° 

2   10 

70 

Soleil  couvert  par  les  nuages.  Forte  lumi- 
nosité, cependant. 

2   11 

70 

Id.         Légère  pluie. 

2   15 

80 

2   21 

50 

210 

2   30 

11 

Temps  couvert,  assez  lumineux,  gouttes 
de  pluie. 

21° 

2   40 

14 

Temps  couvert,  avec  rares  éclaircies. 

A  4  h.  20,  la  pluie  tombait  depuis  trente  minutes  ;  la 
température  extérieure  est  descendue  à  18°  et  l'assimilation 
a  cessé  ;  à  5  h.  30,  un  secouage  énergique  r'a  fait  dégager 
que  6  bulles  au  total. 

En  résumé,  il  semble  résulter  de  cette  observation  qu'ex- 
ceptionnellement, il  peut  exister,  malgré  un  temps  couvert 
et  la  pluie,  une  luminosité  générale  assez  forte  pour  prc- 
duire,  en  septembre,  une  bonne  assimilation. 

Observation  du  10  septembre  1914. 


Le  temps  est  couvert,  même  exposition  sud,  tempéra- 
ture de  l'eau  18°  ;  de  7  heures  à  7  h.  30,  il  ne  se  produit 
que  3  bulles  de  secouage  ;  l'assimilation  vient  donc  de  com- 
mencer ;  à  9  heures,  le  dégagement  atteint  1  bulle  par  mi- 
nute par  temps  couvert.  Dans  le  tableau  ci-dessous,  on  a 


178 


P. -A.  DANGEARD 


noté  à  la  fois  la  température  extérieure  E  et  la  température 
de  l'eau  I. 


T.  E. 

T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

21° 

21° 

9  05 

4  D 

Soleil    pendant   deux   minutes. 

24° 

22° 

9  50 

3  S 

Temps  couvert. 

27° 

10  10 

Soleil  intermittent  depuis  10  heures. 

28° 

2205 

10  15 

11  D 

30° 

10  16 

34° 

10  18 

15 

32° 

24° 

10   20 

10 

10   30 

12 

Soleil  par  intervalles. 

34° 

250 

10  35 

11 

27° 

25° 

10  40 

13 

Temps  devient  couvert. 

25" 

12   45 

4 

Assimilation  très  ralentie. 

25° 

1 

20 

Temps  couvert,  mais  bon  éclairement. 

240 

25° 

1   15 

24 

Id. 

L'assimilation  a  été  beaucoup  moins  bonne  dans  la  ma- 
tinée  qiie   celle   d'hier  aux   mêmes   heures. 


Observation  du  12  septembre  1914. 

La  température  extérieure  est  de  14°  à  6  h.  20  ;  celle  de 
l'eau  de  la  culture,  restée  au  dehors  sur  le  rebord  de  la  fe- 
nêtre, est  de  11 02  ;  à  7  h.  30,  on  constate  3  bulles  de  se- 
couage  par  température  extérieure  de  14°  ;  à  10  h.  30,  par 
température  extérieure  de  27o  et  température  I  de  25°, 
on   obtient   10  bulles  de  secouage. 


T.  E.   T.  I. 


H. 


B. 


OBSERVATIONS 


28° 

25° 

10  35 

23 

37° 

10  40 

22 

37° 

26°6 

11 

32 

Soleil. 
Id. 
Id. 


L'après-midi    le    temps    était    couvert    et    l'assimilatior 
presque  nulle. 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  179 

Observation  du  14  septembre  1914. 

L'assimilation  a  été  très  faible,  presque  nulle,  par  temps 
couvert. 

Ail  heures,  2  ou  3  bulles  de  secouage,  T.  E.  et  T.  I.  de 
180. 

A  11  h.  15,  5  bulles  de  secouage,  T.   I.,  22». 

A  2  h.  22,  quelques  bulles  montent  par  intervalles. 

A  3  heures  par  temp.  E  et  temp.  I.  de  21»,  4  bulles  de 
secouage. 

Le  16  septembre,  avec  un  soleil  chaud,  l'assimilation  a 
été  bonne,  pendant  toute  la  journée  dans  cette  culture  ; 
nous  avons  profité  des  conditions  favorables  de  l'éclaire- 
ment  pour  suivre  les  variations  de  la  photosynthèse  a\ec  une 
algue  filamenteuse,  le  Spirogyra  magna. 

2°  Culture  de  Spirogyra  magna. 

Le  Spirogyra  magna  est  très  sensible  à  la  radiation  ;  il 
assimile  a  une  lumière  de  très  faible  intensité,  puisqu'il 
dé:|age  parfois  encore  des  bulles  d'oxygène  à  6  h.  30  du 
soir,  au  milieu  du  mois  de  septembre. 

Cette  sensibilité  spéciale  est  peut  être  liée  étroitement  à 
l'habitat  et  à  la  station  ;  certaines  algues  vertes  se  conten- 
tent d'une  lumière  diffuse  très  atténuée.  Ainsi,  nous  con- 
naissons une  mare  dans  laquelle  les  Ulothrix  se  développent 
très  vigoureusement  ;  or  cette  mare  est  située  en  contrebas 
et  protégée  par  un  épais  rideau  de  feuillage;  à  toute  heure 
de  la  journée,  l'algue  se  trouve  à  l'ombre. 

Nous  ne  citons  cet  exemple  que  pour  émettre  l'idée  qu'une 
algue  commencera  à  dégager  de  l'oxygène  à  des  éclairements 
d'autant  plus  faibles  qu'elle  a  été  recueillie  à  des  endroits 
plus  ombragés  ;  il  doit  se  produire,  pour  la  même  espèce 
d'algues,  une  adaption  à  la  station. 

Le  Spirogyra  magna  qui  a  servi  aux  observations  sui- 
vantes a  été  recueilli  dans  une  mare  complètement  ombragée 

13 


180 


P. -A.  DANGEARD 


et  recevant  directement  l'eau  d'une  source  ;  la  température 
n'y  est  par  conséquent  jamais  très  élevée. 

La  récolte  a  eu  lieu  le  matin  du  16  septembre  1914  :  l'algue 
est  placée  en  filaments  abondants,  dans  un  flacon  de  deux 
litres  à  V exposition  Sud  ;  pour  favoriser  la  numération  des 
bulles  au  niveau  du  goulot,  le  flacon  est  complètement  rempli 
d'eau. 

Observation  du  16  septembre  1914. 

La  température  extérieure,  a  6  h.  30  du  matin,  est  de  12°  ; 
les  algues  récoltées  sont  introduites  à  9  h.  35  dans  le  grand 
flacon  de  deux  litres,  et  nous  notons  à  partir  de  9  h.  40  la 
température  extérieure  E  et  la  température  intérieure  I 
du  flacon,  l'heure  et  le  nombre  approximatif  de  bulles  déga- 
gées par  minute. 


T.  E.   T.  I. 


H. 


B. 


OBSERVATIONS 


24° 


15° 


240 

32° 

30° 
32° 

40o 

42° 
32° 


350 


160 
210 

250 


32° 

340 

340 

3305 

330 

32° 

32° 

3204 

3206 

250 

230 


9  40 


9  50 
10 

10  30 
10  35 
10  40 

10  55 

11  40 

12  25 
12  30 
12  50 


15 
30 
40 
50 
10 
15 
20 
50 


40 

100 
150 

600 


600 
200 


600 


Le  temps  se  maintient  clair  avec 
nuages  blancs  et  le  soleil  se  montre 
par  intermittences  ;  le  dégagement 
d'oxygène  a  été  particulièrement 
abondant  de  10  h.  30  à  12  h.  25  ;  il 
a  paru  de  12  h.  50  à  1  h.  15,  à  la 
température  de  34°  se  ralentir  pour 
devenir  plus  abondante  ensuite  de 
1  h.  30  à  2  h.  20. 


Assimilation  active. 


Nuage. 

Id. 
Soleil. 


Soleil,  assimilation  active. 

Lumière  diffuse.  Assimilation  notable; 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES 


181 


Contrairement  à  ce  qui  existe  peur  les  Chlorelles,  le  maxi- 
mum de  bulles  observées  ou  le  minimum  ne  peut  être  relié 
de  façon  précise  à  l'apparition  du  soleil  et  à  sa  disparition 
derrière  un  nuage.  Chez  les  Chlorelles,  la  courbe  formée  à 
l'aide  des  bulles  ne  sera  en  retard  que  de  deux  ou  trois  mi- 
nutes sur  celle  indiquant  les  différences  d'éclairement  suc- 
cessifs ;  dans  le  Spirogyra  magna,  l'exosmose  du  gaz  est  loin 
d'être  aussi  rapide,  semble-t-il,  et  les  bulles  restent  engagées  plus 
ou  moins  longtemps  entre  les  filaments  avantde  se  détacher. 

Observation  du  jeudi  17  septembre  1914. 

Le  flacon  d'hier  contenant  le  Spirogyra  a  passé  la  nuit 
dans  ma  chambre  ;  sa  température  à  6  h.  30  est  de  15^  ; 
il  ne  présente  aucune  bulle.  La  température  extérieure  est 
de  13°.  Le  flacon  est  placé  sur  le  rebord  de  la  fenêtre,  expo- 
sition S  pour  voira   quelle  heure  commencera  l'assimilation. 


T.  E. 

T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

6 

30 

1805 

150 

7 

30 

7 

Ciel   complètement  couvert. 

1305 

1405 

8 

40 

25 

Il  pleut  depuis  une  heure. 

9 

31 

Pluie. 

1305 

140 

9 

30 

35 

Id. 

16° 

1405 

10 

48 

Ciel  plus  clair. 

15° 

1502 

10 

30 

70 

15° 

150 

11 

72 

16° 

160 

12 

88 

Pluie. 

16° 

160 

1 

200 

Pluie  :  temps  couvert. 

16° 

I60 

1 

40 

120 

Id. 

16° 

160 

2 

120 

Id. 

1608 

1608 

2 

30 

100 

Id. 

170 

170 

3 

200 

Pluie  légère  ;  ciel  plus  lumineux. 

170 

170 

5 

130 

Temps  clair  ;  lumière  diffuse  à  cause 
de  l'exposition  S  ;  soleil  va  conti- 
nuer de  briller  à  l'ouest  jusqu'à 
5  h.  30. 

5 

30 

200 

6 

100 

140 

150 

6 

10 

50 

Ciel  bleu.  Secouage  énergique  pour  faire 
disparaître  les  bulles  adhérentes. 

1     ^ 

20 

47 

6 

25 

40 

Soleil  vient  de  disparaître. 

6 

30 

30 

Ciel  bleu. 

150 

6 

35 

20 

Secouage  énergique  des  bulles  adhé- 
rentes. 

6 

40 

15 

6 

42 

0 

182 


P  -A.  DANGEARD 


L'observation  montre  que  par  temps  couvert  et  pluie, 
l'assimilation  du  Spirogyra  magna  a  lieu  normalement  ; 
elle  augmente  lentement  et  progressivement  de  7  h.  30  du 
matin  jusqu'à  1  heure. 

Le  ciel  s'étant  éclairci  vers  3  heures,  nous  assistons  jus- 
qu'à 5  h.  30  à  une  assimilation  active  ;  c'est  le  moment  où 
le  soleil  disparaît  à  l'horizon. 

A  partir  de  6  heures,  le  dégagement  d'oxygène  diminue 
très  régulièrement  jusqu'à  6  h.  40  pour  cesser  presque  aussi- 
tôt ;  un  secouage  énergique  effectué  avant  chaque  observation 
à  partir  de  6  heures,  assure  l'exactitude  des  numérations. 

Malgré  ces  précautions,  il  est  probable  que  la  photosyn- 
thèse n'a  pas  continué  à  se  produire  au  delà  de  6  h.  40,  bien 
que  le  nombre  des  bulles  dégagées  à  ce  moment  fût  encore 
de  15  par  minute  ;  on  ne  voyait  même  plus  à  compter  les 
bulles  ;  l'exosmose  de  l'oxygène  qui,  avec  les  Chlorelles  et 
aussi  avec  VElodea  Canadensis,  suit  presque  instantanément 
la  cessation  de  la  fonction,  doit  ici,  pour  le  Spirogyra  magnay 
persister  au  moins  quelques  minutes. 

Observation  du  18  septembre  1914. 
Le  flacon  est  placé  comme  précédemment  sur  le  rebord 
interne  de  la  fenêtre  située  en  plein  midi. 


T.  E. 

T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

10° 

6  30 

1 

Assimilation  insignifiante. 

10° 

10° 

6  40 

20 

Ciel  clair. 

10° 

10° 

6  50 

15 

7     . 

17 

Secouage. 

1105 

1005 

7  10 

21 

Secouage  fait  partir  200  ou  300  bulles. 

11° 

7   30 
7   45 

20 
25 

Ciel  clair,  nuages  blancs. 

13° 

1105 

8 

31 

Ciel  plus  clair. 

15° 

1208 

8  30 

50 

Soleil  effleure  le  flacon. 

130 

8  40 

68 

Soleil  intermittent. 

18° 

15° 

9 

66       . 

9  15 

90 

Nuages  blancs.  Soleil  intermittent. 

18° 

9  30 

110 

Id. 

18° 

9  45 

120 

Id. 

28° 

21° 

10 

200 

22° 

10  30 

350 

22° 

10  45 

500 

11 

400 

Nuage. 

19° 

5  45 

70 

LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


183 


La  présence  de  nuages  blancs  et  le  soleil  intermittent  ont 
favorisé  l'assimilation  qui,  à  partir  de  6  h.  30  du  matin,  a 
subi  une  courbe  ascendante  assez,  régulière  jusqu'à   11   h. 

Observation  du  19  septembre  1914. 

La  journée  a  été  très  chaude  et  le  soleil  n'a  été  que  très 
rarement  voilé  par  des  nuages. 


T.  E. 

T.  I. 

H. 

B. 

OBSERVATIONS 

8 

0 

11°5 

9 

22° 

9   30 

Soleil. 

34° 

24° 

10 
10   10 

80 
80 

3605 

36" 

12   30 

200 

Soleil. 

3605 

12   45 
1 

200 
150 

Deux  minutes  après  secouage  du 
con. 

lia- 

36° 

1    26 
1   45 

200 
140 

Soleil. 

3408 

2   20 

120 

3405 

3   15 

60 

Soleil. 

30° 

4  15 

30 

L'algue  a  supporté  une  température  de  Sô^S  entre  midi 
et  1  heure  sans  cesser  d'assimiler  jusqu'au  soir  ;  la  culture 
avait  cependant  souiïert,  car  le  lendemain  dimanche,  elle 
n'a  fourni  aucune  bulle  malgré  des  conditions  favorables 
de  température   et   d'éclairement. 

La  culture  ne  s'est  complètement  décolorée  que  le  jeudi 
suivant  dans  l'après-midi,  après  avoir  fourni  le  lundi,  le 
mardi  et  le  mercredi,  un  certain  nombre  de  bulles  d'oxy- 
gène, ainsi  qu'il  résulte  des  indications  suivantes. 

Observation  du  lundi  21  septembre  1914. 

Aucure  assimilation  dans  la  matinée  ;  à  2  heures,  40  bulles 
obtenues  par  secouage  ;  à  2  h.  10,  10  bulles  de  secouage  ; 
à  2  h.  40,  40  bulles  de  secouage  par  température  du  flacon 


184  P.-A.  DANGEARD 

de  26°  ;  à  4  heures,  50  bulles  de  seccuage.  Il  ne  s'est  pro- 
duit aucun  dégagement  régulier;  assimilation  par  conséquent 
très  faible. 

Observation  du  mardi  22  septembre  1914. 

Jusqu'à  10  h.  45,  avec  température  de  26°,  il  ne  s'est 
produit  que  5  bulles  de  secouage  ;  à  11  heures,  20  bulles  ; 
à  midi,  par  température  de  30°,  on  observe  de  150  à  200 
grosses  bulles  de  secouage  ;  à  1  h.  30,  60  à  80  ;  à  2  h.  15,. 
par  température  intérieure  de  30»,  100  bulles  et  à  6  heures, 
25  grosses  bulles.  L'assimilation  a  été  meilleure  dans  sou 
ensemble  que  celle  d'hier. 

Le  lendemain  23,  une  centaine  de  bulles  ont  été  obser- 
vées dans  cette  culture. 

Le  jeudi  24  septembre,  à  midi,  une  centaine  de  bulles 
sont  formées  ;  la  température  de  la  culture  atteint  38°, 
température  qui  a  certainement  été  dépassée,  de  sorte  que 
le  lendemain  vendredi  tous  les  fdaments  étaient  décolorés 
et  morts. 

II  ressort  de  cette  expérience  sur  le  Spirogyra  magna, 
prolongée  pendant  plusieurs  jours,  que  cette  algue  fournit 
à  la  lumière  un  abondant  dégagement  de  bulles  qui  est  en 
relation  avec  la  température  et  le  degré  d'éclairement  ; 
mais,  tandis  que  les  cultures  de  Chlorelles  indiquent,  par 
les  variations  étendues  du  dégagement  des  bulles  et  cela 
presque  minute  par  minute,  l'état  du  ciel  et  l'activité  de 
la  radiation  en  photosynthèse,  il  est  loin  d'en  être  de  même 
avec  les  Spirogyra  dont  les  réactions,  quoique  très  vives,  sont 
masquées  ou  retardées  par  différentes  causes,  telles  que 
l'adhérence  des  bulles,  et  sans  doute  aussi  une  exosmose 
plus  lente  de  l'oxygène  à  travers  les  membranes  ;  on  sait 
que,  d'ailleurs,  la  membrane  des  Conjuguées  est  recouverte 
d'un  manchon  plus  ou  moins  épais  de  substance  muqueuse. 

On  préférera  donc,  dans  l'étude  de  la  photosynthèse  et 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  185 

des  phénomènes  qui  s'y  rattachent,  les  Chlorella  et  aussi  les 
Scenedesnms  aux  algues  filamenteuses,  telles  que  les  Spi- 
rogyra  ;  les  premières  constituent  un  excellent  appareil  en- 
registreur des  différences  d'activité  de  la  radiation  ;  l'avan- 
tage des  Spirogyra  est  d'assimiler  à  une  très  faible  intensité 
lumineuse,  comme  celle  du  milieu  de  septembre  à  6  h.  30 
du  matin. 

La  culture  de  Spirogyra  magna,  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion se  trouvait  dans  un  flacon  de  deux  litres  ;  on  pourrait 
supposer  que  la  température  de  l'eau  contenue  dans  i:n 
flacon  de  ce  genre  est  sensiblement  égale  partout.  Or,  au 
moment  où  le  flacon  reçoit  les  rayons  du  soleil,  nous  avons 
constaté,  le  mardi  22  septembre  vers  11  heures,  une  tem- 
pérature de  27°  à  la  partie  postérieure  du  flacon  alors  qu'au 
milieu,  elle  n'était  que  de  26°. 

Cet  écart  d'un  degré  n'a  rien  qui  puisse  nous  surprendre, 
puisque  l'eau  joue  le  rôle  de  lentille  et  amène  une  concen- 
tration en  forme  de  rectangle  lumineux  des  rayons  sur  la 
face  postérieure  du  flacon,  ainsi  qu'il  a  été  expliqué  lorsqu'il 
s'est  agi  des  phénomènes  de  croissance. 

Mais  ici,  la  différence  de  température  qui  se  manifeste 
de  la  sorte  nous  a  fourni  l'explication  d'un  phénomène  de 
décoloration  des  Spirogyres  du  flacon,  observé  à  partir  du 
samedi  19  septembre. 

La  température  intérieure  notée  avait  été  de  36*^5,  au 
centre  du  flacon  ;  or,  nous  remarquons  que  les  filaments 
superficiels  situés  au  voisinage  de  la  paroi  postérieure  sont 
décolorés  et  morts,  dans  la  limite  du  rectangle  lumineux  ; 
il  en  était  de  même  pour  une  tranche  médiane  verticale 
située  en  avant  dans  laquelle  les  filaments  avaient  reçu 
perpendiculairement  le  soleil  de  midi  ;  partout  ailleurs  et 
particulièrement  sur  les  côtés,  les  filaments  avaient  con- 
servé leur  chlorophylle. 

En  science  naturelle,  on  cherche  souvent  très  loin  une 
explication  toute  simple  qu'on  a  sous  la  main. 


186  P.-A.  DANGEARD 

Pour  compléter  cette  étude  sur  les  variations  de  l'assi- 
milation chlorophyllienne  aux  différentes  époques  de  l'an- 
née, nous  avons  effectué  quelques  numérations  en  mars 
1926  ;  les  cultures  ont  été  empruntées  aux  cultures  de  Sce- 
nedesmus  que  nous  maintenons  à  l'obscurité  complète  de- 
puis 1913.  Cette  algue,  replacée  à  la  lumière  dans  du  liquide 
de  Knop,  dégage  rapidement  de  l'oxygène;  ce  milieu  rece- 
vait de  temps  à  autre,  grâce  à  un  tube  recourbé,  du  CO" 
provenant  de  la   fermentation   d'une   Levure. 

Nous  avons  choisi,  parmi  ces  cultures,  celle  qui  semblait 
tout  à  la  fois  la  plus  vigoureuse  et  la  plus  sensible  aux  dif- 
férences d'éclairement  ;  elle  était  contenue  dans  un  flacon 
Erlenmeyer,  placé,  sauf  indication  contraire,  près  d'une 
fenêtre  située  à  l'Ouest  :  V heure  indiquée  est  celle  du  soleil. 

Observation  du  IQ  mars  1926. 

L'observation  débute  à  5  h.  30  avec  20  bulles  par  minute  ; 
le  soleil  vient  de  disparaître  derrière  les  murs  ;  il  éclaire 
au  couchant  des  nuages  rougeâtres,  disposés  sur  fond  bleu  ; 
la  température  de  la  culture  se  maintiendra  aux  environs 
de  180. 

H.  B.  H.  B. 


5  32 

.   20 

5  37 

21 

5  39 

12 

5  40 

4 

5  42 

14 

5  44 

2 

5  46 

10 

5  48 

7 

5  50 

10 

5  53 

0 

5  54 

10 

5  55 

4 

5  57 

3 

5  58 

1 

5  59 

1 

6  00 

1 

6  02 

1 

6  04 

2 

6  05 

0 

De  6  h.  05  à  6  h.  10,  aucune  bulle. ne  se  dégage  ;  quelques 
colories  qui  étaient  montées  eu  surface  commencent  à  re- 
descendre, ce  qui  montre  bien  la  fin  de  l'assimilation  per- 
ceptible. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  187 

En  plaçant  le  flacon  à  0  m.  30  d'une  lampe  électrique, 
l'assimilation  reprend  ;  les  ballonnets  remontent  ;  les  bulles 
formées  sont  assez  grosses  ;  on  reste  deux  ou  trois  minutes 
sans  en  voir  et  il  en  part  4  ou  5  à  la  fois.  L'assimilation, 
malgré  une  lumière  qui  semble  assez  intense,  reste  faible, 
car  certains  ballonnets  restent  en  suspension  au  milieu  du 
liquide. 

Les  chiffres  de  numération  notés  ci-dessus  indiquent  des 
variations  d'intensité  lumineuse  que  l'œil  était  dans  l'im- 
possibilité d'apprécier. 

Observation  du  17  mars  1926. 

Le  flacon  est  placé  à  0  m.  12  de  la  fenêtre  Ouest  ;)e  ciel 
est  sans  nuage  avec  une  légère  brume;  la  température  s'é- 
lève régulièrement  dans  la  culture  de  17°  à  17o5,  à  partir 
de  9  h.  50  jusqu'à  10  h.  03. 

H.  B.  H.  B. 


9  50 

5 

9  51 

6 

9  52 

3 

9  54 

7 

9  55 

6 

9  56 

6 

10  01 

2 

10  01 

7 

10  02 

2 

10  03 

6 

La  culture,  à  ze  moment,  est  portée  à  l'exposition  Est, 
à  0  m.  12  de  la  fenêtre  ;  le  ciel  est  sans  nuage,  un  peu  bru- 
meux ;  les  rayons  du  soleil  éclairent  obliquement  le  flacon  ; 
le  thermomètre  monte  de  10  h.  09  jusqu'à  10  h.  30  de  20 
à  260. 

H.  B.  H.  B. 


10  09 

10 

10  20 

140 

10  10 

40 

10  22 

130 

10  12 

100 

10  25 

100 

10  14 

120 

10  26 

90 

10  15 

160 

10  28 

100 

10  17 

150 

10  30 

90 

A  10  h.  33,  le  flacon  est  reporté  à  la  fenêtre  Ouest  et  le 
dégagement  cesse  pour  reprendre  bientôt  à  la  lumière  dif- 


188  P  -A.  DANGEARD 

fuse  d'un  ciel  sans  nuage  ;  la  température  I  était  de  22^5 
à  10  h.  36  ;  à  11  heures,  elle  était  descendue  à  18o. 

H.  B. 


10  36 

0 

10  38 

2 

10  39 

12 

10  40 

9 

10  41 

15 

10  43 

13 

10  45 

15 

10  46 

12 

H. 

B. 

10  48 

13 

10  50 

8 

10  51 

10 

10  53 

12 

10  55 

18 

10  58 

9 

11  00 

6 

11  01 

15 

Le  régime,  à  cette  lumière  diffuse  est  très  régulière;  il  con- 
serve ce  caractère  tout  en  étant  plus  élevé  de  2  h.  47  à  3  h., 
a\ec  un  ciel  bleu,  sans  nuages  et  température  I  de  17o5. 

H.  B.  H.  B. 


2  47 

50 

2  48 

48 

2  50 

32 

2  51 

40 

2  53 

43 

2  54 

40 

2  55 

44 

2  57 

43 

2  58 

41 

3  00 

55 

A  ce  moment,  un  accident  survenu  au  flacon  empêche 
de  continuer. 

Observation  du  18  mars  1926. 

Nous  choisissons  une  culture  semblable  à  celle  d'hier  ; 
le  ciel  est  clair  avec  beaux  nuages  blancs  ;  distance  du  fla- 
con de  la  fenêtre  Ouest  0  m.  12  ;  la  température  de  la  cul- 
ture oscillera  aux  environs  de  IS». 

H.  B.  H.  B. 


3  30 

400 

3  35 

400 

4  40 

200 

4  00 

300 

4  03 

400 

4  04 

300 

4  05 

350 

4  10 

300 

4  11 

150 

4  12 

200 

4  13 

170 

4  14 

160 

4  15 

130 

4  20 

140 

4  21 

160 

4  22 

140 

4  23 

160 

4  24 

200 

4  25 

200 

5  12 

60 

5  13 

60 

5  22 

45 

LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  189 

L'assimilation  est  rarement  aussi  forte  et  aussi  réou- 
lière  ;  la  diminution  du  régime  entre  3  h.  40  et  4  heures 
est  due  au  passa<5e  d'un  nuage  sur  le  disque  du  soleil  ;  il 
en  est  de  même  à  partir  de  4  h.  10  jusqu'à  4  h.  22  ;  enfin, 
à  partir  de  5  h.  12,  le  soleil  commence  à  disparaître  lente- 
ment derrière  les  murs  ;  à  5  h.  22,  on  ne  le  \oit  plus,  mais 
l'horizon  est  rougeâtre  et  favorable  à  une  bonne  assimila- 
tion ;  celle-ci,  aux  mêmes  heures,  a  été  beaucoup  plus  in- 
tense que  dans  la  journée  d'hier  et  elle  a  dû  se  prolonger 
encore  assez  longtemps. 

Observation  du  19  mars  1926. 

Même  culture  et  même  exposition  Ouest  que  la  veille  ; 
ciel  sans  nuage  jusqu'à  11  h.  20  ;  brume. 

H.  B.  H.  B. 


9 

0 

9  30 

2 

9  10 

1 

10  05 

2 

9  16 

1 

10  06 

2 

9  16 

1 

11  19 

55 

9  25 

2 

11  20 

60 

La  température  qui  était  de  15^  au  début  est  passée  à  22». 
A  3  heures,  nuages  blancs  et  température  de  23o  ;  le  régime 
jusqu'à  3  h.  05  est  de  400  environ  par  minute. 

H.  B.  H.  B. 


3  50 

400 

3  58 

600 

4  35 

200 

4  37 

200 

4  38 

200 

4  39 

200 

4  40 

500 

4  41 

400 

4  44 

400 

4  48 

400 

5  23 

100 

5  25 

80 

C'est  vers  3  h.  58,  asec  un  soleil  très  chaud  et  tempéra- 
ture de  24°  que  s'est  produit,  à  l'exposition  Ouest,  le  maxi- 
mum d'assimilation  ;  à  4  h.  35,1a  température  est  de  20» 
et  un  nuage  couvre  le  soleil  ;  à  5  h.  23,  le  thermomètre  est 
descendu  à  18°  et  le  disque  du  soleil  a  disparu,  d'où  la  di- 


190  P. -A.  DANGEARD 

minution  brusque  constatée  dans  le  dégagement  des  bulles 
L'activité    de    l'assimilation    constatée    aujourd'hui    doit 
être   liée  à    la   présence   de   ruages  blancs   dont  l'influence 
sur  la  photosynthèse  est  certainement  considérable. 

Observation  du  20  mars  1926. 

Même  culture  que  la  veille  ;  exposition  Ouest  ;  distance 
de  la  fenêtre,  0  m.  12  ;  nuages,  vu  peu  de  brume  ;  la  tempé- 
rature jusqu'à  10  h.  42  monte  de  16°  à  16o5. 

H.  B.  H  B 


9  05 

80 

9  15 

80 

9  20 

70 

9  25 

66 

9  35 

60 

9  40 

90 

.9  45 

140 

9  47 

110 

9  50 

70 

10  42 

200 

L'assimilation,  à  cette  lumière  diffuse  est  bonne  ;  le  ciel 
est  cependant  i  uageux  et  le  soleil,  vers  9  h.  20,  se  trou\e 
obscurci  par  des  nuage .  ;  vers  9  h.  40,  le  soleil,  de  l'autre 
côté,  à  l'Est,  est  dégagé  et  brille  ;  l'assimilation  augmente  ; 
à  9  h.  50,  ciel  bleu  sans  nuages. 

Le  flacon  est  perte  quelques  minutes  à  l'exposition  Est, 
avec  soleil  et  nuajes  blancs  ;  de  11  h.  12  à  11  h.  14,  le  nombre 
des  bulles  atteint  5  à  600  à  la  minute. 

A  rexpcsition  Ouest,  avec  beaux  nuages  blancs,  elle  est 
encore  à  11  h.  20  de  160  à  200  bulles  à  la  minute. 

Les  chiffres  de  l'après-midi  se  maintiennent  très  élevés» 
ce  qui  me  paraît  dû  aux  nuages  blancs  qui  couxrent  le  ciel  ; 
la  température  intérieure  est  de  18°,  celle  du  dehors  est 
de  11  à  120. 

H  B.  H.  B. 


2 

300 

2  10 

400 

3  10 

400 

3  25 

500 

3  40 

500 

3  48 

400 

4  10 

50o 

4  40 

200 

4  42 

200 

4  45 

120 

i  55 

140 

5  00 

130 

5  25 

50 

LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  191 

La  présence  de  nuages  blancs  a  eu,  comme  hier,  une  a  'tion 
favorable  sur  l'assimilation. 

Le  surlendemain,  22  mars,  la  température  a\ec  radiateur 
fermé  est  de  Ifo  à  9  h.  10  ;  le  ciel  est  clair  ;  à  9  h.  15,  60  bul- 
les ;  à   10  h.  30,  température,   12°,  120  bulles. 

Observation  du  23  mars  1926. 

La  température  au  dehors  est  descendue  à  2  et  3^  ;  celle 
du  laboratoire  est  passée  pro^gressivemert  au  cours  de  l'ex- 
pé Tierce  de  12  à  17°  ;  le  ciel  est  blea  clair. 

H.  B.  H.  B. 


8  85 

30  T.  120 

9  45 

65 

8  45 

50    14° 

9  50 

50 

9  10 

60 

0  10 

100 

9  25 

50 

10  45 

100 

9  30 

65    15° 

10  48 

120  T. 17° 

Le  régime,  malgré  la  température  plus  froide  du  dehors 
est  sensiblemert  le  même  que  celui  du  20  mars. 

L'expérience  se  termine  ici  ;  elle  a  pu  se  poursuivre  de- 
puis le  d^but  dans  les  meilleures  conditions,  grâce  au  bon 
état  de  la  culture. 

Les  renseignements  qu'on  peut  tirer  de  ces  numérations 
pe  fcnt  que  confirmer  ceux  qui  nous  ont  ét^  fournis  par  les 
cultures  de  Chlorelles  ;  la  sensibilité  du  Scenedesmus  est 
peut-être  cependant  légèrement  inférieure  et  ne  marque 
pas  aussi  nettement,  semble-t-il,  les  plus  faibles  variations  de 
l'intensité  lumineuse  ;  mais  ce  n'est  là  qu'une  impression 
qui  gagnerait  à  être  confirmée. 

D'après  ces  quelques  observations,  trop  peu  nombreuses, 
il  semble  que  l'assimilation,  en  mars,  commence  tard  le 
matin  à  la  lumière  diffuse  de  l'Ouest  surtout  s'il  existe  de 
la  brume  ;  ainsi,  on  voit  que  le  19  mars,  le  dégagement 
d'oxygène  est  encore  nul  à  9  heures  ;  par  centre,  le  20  mars, 
avec  ciel  nuageux,  l'assimilation  était  déjà  forte  à  9  h.  05 
et  avait  dû  commencer  depuis  quelque  temps  déjà. 


192 


P.-A.  DANGEARD 


La  photosynthèse,  le  soir  se  prolonge  parfois  assez  tard  ; 
le  16  mars,  la  culture  dégage  encore  une  ou  deux  bulles  par 
minute  entre  6  heures  et  6  h.  04  ;  c'est  également  \ers 
6  heures,  que  l'assimilation  avait  cessé  dans  une  culture  de 
Chlorelles,  le  19  juin  1914  ;  avec  le  Spirogyra  magna,  au 
milieu  de  septembre,  on  observait  encore  un  dégagement 
d'oxygène  vers  6  h.  40. 

Il  faut,  d'autre  part,  se  rappeler  que  la  cessation  du  dé- 
gagement d'oxygène  ne  correspond  pas  exactement  à  la 
fin  de  l'assimilation  ;  pendant  quelques  minutes  encore, 
l'oxygène  se  produit,  mais  il  est  repris  par  la  respiration 
immédiatement. 

Remarques  sur  l'influence  du   glucose  dans   des  cultures  de 

ScENEDESMUs  à  V ttir  libre. 


On  pouvait  se  demander  comment  se  comporteraient  des 
cultures  identiques,  les  unes  dcms  du  Knop,  les  autres  dans 
du  Knop  additionné  de  glucose. 


Fig.   10.   —  T. 

L'expérience  ne  comportait  que  des  cultures  à  l'air  libre, 
comme  dans  la  nature,  alors  que  moisissures  et  Bactéries 
peuvent  intervenir  ;  on  pourra  la  recommencer  avec  fruit 
avec  des  cultures  maintenues  pures. 

La  culture  qui  a  servi,  du  16  mars  au  23,  à  dénombrer 
le  nombre  des  bulles,  a  été  répartie,  après  agitation  entre 
quatre  flacons  Erlenmeyer  de  même  contenance  (fig.  10.  ■ — T). 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  193 

La  seule  différence  entre  ces  flacons  a  consisté  en  ce  que 
deux  d'entre  eux,  les  n^*  2  et  4  ont  reçu  30  centimètres  cubes 
d'une  solution  de  glucose  à  30  %  ;  ces  flacons  a\'aient  une 
contenance  de  200  centimètres  cubes. 

Les  quatre  flacons  ont  été  placés  au  même  éclairage,  expo- 
sition Ouest  ;  ils  ont  présenté  entre  eux  des  différences  qu'on 
s'explique  difficilement  ;  on  ne  peut  en  tirer  aucune  consé- 
quence sur  l'influence  du  glucose  dans  le  dégagement  d'oxy- 
gène ;  nous  donnerons  cependant  les  chiffres  obtenus,  av^ec 
température  de  20». 

Observation  du  23  mars  1926. 
H.  NO  1  N°  2  G  N°  3  N"  4  G 


3  40 

25 

0 

0 

7 

3  45 

25 

2 

4 

2 

4  30 

40 

2 

2 

5 

5  30 

25 

1 

2 

2 

5  50 

20 

0 

0 

3 

5  55 

15 

0 

G 

1 

6  00 

7 

0 

0 

2 

6  10 

4 

0 

G 

2 

A  6  h.  15,  les  nuages  rouges  qui  couvraient  l'horizon  ayant 
disparu,  le  dégagement  cesse. 

Nous  continuons  l'expérience,  le  lendemain,  dans  l'espoir 
d'obtetiir  de  meilleurs  résultats. 

Observation  du  24  mars  1926. 

Le  ciel  est  gris  et  couvert,  peu  favorable  à  l'assimilation. 
L'assimilation  s'est  établie  d'abord  dans  le  n"  4  à  droite  ; 
elle  a  débuté  à  9  h.  10  où  nous  observons  la  première  bulle  ; 
à  9  h.  15  pour  le  n^  2  ;  à  9  h.  30,  il  ne  s'est  encore  produit 
aucun  dégagement  dans  les  deux  autres  ;  à  9  h.  34,  il  appa- 
raît 2  bulles  dans  le  n»  3  ;  0  dans  le  n^  1. 

Si  l'on  s'en  tenait  à  cette  seule  constatation,  on  pourrait 
croire  que  la  présence  du  glucose,  favorise  et  hâte  le  début 


194  P.-A.  DANGEARD 

du  phénomène,  mais  il  faudrait  d'autres  expérieijces  pour 
vérifier  le  fait. 

Les  chiffres  obtenus,  au  cours  de  cette  journée,  avec  une 
température  qui  à  partir  de  16°  à  9  h.  40,  s'est  élevée  pro- 
gressivement jusqu'à  22°  à  4  heures. 

H.  N°  1  N»  2  G  N°  3  N»  4  G 


9  40 

1 

1 

1 

4 

3 

0 

2 

3 

10 

1 

2 

3 

1 

10  05 

3 

3 

1 

4 

10  25 

2 

1 

4 

5 

10  30 

•  3 

1 

3 

6 

10  35 

5 

1 

1 

12 

1  50 

2 

2 

6 

12 

2 

5 

6 

5 

6 

4 

5 

4 

5 

35 

5  35 

7 

1 

1 

7 

L'augmentation  dans  le  n"  4,  glucose  à  4  heures,  tient  à 
ce  que  les  rayons  directs  du  soleil  arrivent  sur  le  flacon. 

Le  soleil  vers  5  h.  35  a  disparu  a  l'horizon.  Il  est  impos- 
sible de  savoir  exactement,  d'après  ces  chiffres,  si  la  pré- 
sence du  glucose  augmente  ou  diminue  le  dégagement  d'oxy- 


gène. 


Ces  cultures  sont  abandonnées  à  elles-mêmes,  dans  la 
même  position,  jusqu'au   17  avril  1926. 

ï  Observation  du  17  avril  1926 

Les  flacons  1  et  3  sans  glucose  ont  un  dépôt  abondant 
formé  par  le  Scenedesmus  ;  ce  dépôt  est  d'un  beau  vert,  il 
ne  se  produit  aucun  dégagement  d'oxygène,  même  au  soleil 
ce  qui  est  dû  évidemment  à  l'épuisement  du  milieu  en  CO^  ; 
l'eau  est  restée  pure. 

Un  examen  microscopique  montre  que  le  Scenedesmus 
possède  sa  taille  et  sa  structure  normales,  dans  les  cultures 
sans  glucose  ;  en  y  rencontre  à  la  fois  des  sporanges,  des 
colonies  et   des  cellules  isolées  ;  le  chloroplaste,  très  vert, 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


195 


Fig,  II.  —  T. 


possède   un   pyrénoïde,   mais  l'amidon    est  absent   (fii?.    11, 
A.  —  T). 

Les  flacons  2  et  4  glucoses  ont  un  aspect  très  différent  ;  le 
dépôt  est  moins  abondant  ;  il  a  une  couleur  jaune  rougeâtre 
mélangé  de  plages  plus  vertes  ;  Veau  de  la  culture  est  trouble, 
ce  qui  est  dû  au  développement  de  nombreuses  Bactéries.  Comme 
ces  Bactéries  dont  t'  existe  des  amas  cm  fond  fournissent  du 
CO^,  la  photosynthèse  continue  pour  Valgue. 

On  note  vers  2  h.  50,  par  z^. 
temps  clair,  dans  les  deux 
flacons  glucoses  une  moyenne 
de  50  à  60  bulles  par  minute 
et  cette  moyenne  se  main- 
tient sensiblement  les  jours 
■iLivants  pour  les  mêmes  con- 
ditions d'èclairement  dans 
l'après-midi  ;  le  matin,  les 
premières  bulles  n'apparais- 
sent que  vers  9  h.  et  elles  sont  rares. 

Un  examen  microscopique  montre  (fig.  11,  B-T)  que  les 
cellules  sont  deux  ou  trois  fcis  plus  grosses  que  dans  les 
flacons  1  et  3  ;  le  pyrénoïde  est  visible,  mais  le  chloroplaste 
est  partiellement  décoloré  et  renferme  de  l'amidon  en  abon- 
dance ;  les  cellules  sont  isolées,  les  colonies  manquent  et 
la  multiplication  est  nulle  ;  on  rencontre  quelques  Kystes 
ovales  avec  membrane  épaisse  et  contenu  fcmne  vert  très  dense. 

En  résumé,  les  cultures  de  ces  flacons  2  et  i  glucoses,  bien 
qu'elles  continuent  de  manifester  une  photosynthèse  active 
sont  en  voie  de  dégénérescence,  par  suite  d'une  surproduction 
(T  amidon. 

Les  cultures  1  et  3  sans  glucose,  dans  lesquelles  Vassimila- 
tion  est  rcdentie,  par  insuffisance  de  CO^,  sont  cependcmt  en 
pleine  multiplication. 

On  peut  dire  sans  doute  d'une  manière  générale  que  si 
le  glucose    peut   fournir    indéfiniment  à   l'obscurité  le  car- 

14 


196  P.-A.  DANGEARD 

boue  nécessaire  au  développement,  s'il  peut  également  sup- 
pléer, aux  faibles  éclairements,  à  une  photosynthèse  insuf- 
fisante, il  devient  préjudiciable  à  une  lumière  plus  forte  ; 
accumulation  trop  grande  du  carbone  dans  les  cellules 
arrête  la  multiplication  et  produit  une  dégénérescence  qui 
entraîne  finalement  la  mort. 

Les  différents  états  ainsi  réalisés,  les  uns  favorables,  les 
autres  défavorables  au  développement,  expliquent  sans  doute, 
dans  une  certaine  mesure,  les  résultats  contradictoires  four- 
nis par  les  expériences  de  divers  auteurs  et  les  nôtres  sur 
'action  utile  ou  nuisible  de  la  lumière  sur  les  cultures  d'al- 
gues en  milieux  glucoses. 

En  résumé,  l'action  du  glucose  ne  ressort  pas  aussi  nette 
ment  de  cette  expérience  que  nous  l'aurions  souhaité. 

Un  résultat  est  acquis  cependant  qui  a  son  intérêt  :  la 
présence  du  glucose  qui  fouinit  à  l'algue  une  première  source 
de  ccu-bone,  n'empêche  nullement  la  photosynthèse  de  se  pro- 
duire normalement. 

On  peut  donc  s'attendre  qu'à  une  lumière  intense,  il  se 
produira  une  accumulation  dommageable  de  carbone,  prin- 
cipalement sous  forme  d'amidon,  dans  les  cultures  gluco- 
sées  non  stériles. 

Remarques  sur  les  variations  de  la  photosynthèse  aux  différentes 

époques  de  Vannée. 

Nous  sommes  arrivé  au  point  où  il  devient  nécessaire 
de  dégager  quelques  conclusions  relativement  aux  varia- 
tions de  l'assimilation  chlorophyllienne  aux  diverses  épo- 
ques de  l'année  ;  celles  qui  se  produisent  dans  le  courant 
d'une  même  journée  ont  été  suffisamment  indiquées  par 
les  nombreux  tableaux  publiés  au   cours  de  ce  travail. 

Dans  cette  étude  assez  nouvelle,  on  ne  saurait  actuelle- 
ment que  poser  des  jalons  et  les  chiffres  de  numération  de 
bulles  fournis  au  cours  de  ce  travail  paraîtront  sans  doute  à 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  197 

quelques-uns  fastidieux  et  inutiles  ;  l'impression  est  la  même 
pour  beaucoup  de  statistiques  dont  on  ne  saisit  pas  tout 
d'abord  l'importance. 

Nous  n'hésitons  pas  à  croire  que  des  recherches  de  ce 
genre,  beaucoup  plus  nombreuses  et  plus  complètes,  de- 
vraient être  poursuivies  méthodiquement  en  tous  les  pays 
par  de  nombreux  laboratoires. 

Il  serait  tout  à  fait  intéressant  de  connaître  de  façon  pré- 
cise les  variations  diurnes  et  saisonnières  de  l'assimilation 
chlorophyllienne,  au  cours  d'années  successives,  en  France 
en  Angleterre,  en  Italie,  en  Espagne,  en  Sibérie,  aux  In- 
des, etc.  ;  au  voisinage  du  pôle,  à  l'équateur  ;  au  sommet 
d'une  montagne  et  en  plaine. 

On  enregistre,  en  des  endroits  rapprochés,  la  quantité 
de  pluie  qui  tombe  ;  il  serait,  tout  aussi  naturel  de  chercher 
à  connaître  la  quantité  d'énergie  solaire  pouvant  être  utilisée 
par  les  plantes  dans  les  conditions  les  plus  diverses. 

Evidemment, comme  lorsqu'il  s'agit  de  phénomènes  d'ordre 
physiologique,  on  se  heurte  à  de  grandes  difficultés  ;  la 
plus  grande  serait  supprimée,  si  l'on  poussait  disposer  de 
cultures  types,  possédant  les  mêmes  qualités  de  vigueur 
et  de  sensibilité,  avec  un  milieu  nutritif  minéral  de  compo- 
sition nettement  défini. 

A  cet  égard,  quand  on  considère  les  avantages  que  pré- 
sentent dès  maintenant  les  cultures  d'une  algue  inférieure, 
comme  le  Chlorella  uulgaris,  sur  l'emploi  de  plantes  aqua- 
tiques, telle  que  VElodea  Canadensis,  on  ne  peut  manquer 
d'avoir  espoir  en  la  méthode  que  nous  préconisons  ;  avec 
les  plantes  aquatiques  supérieures,  il  est  impossible  de  faire 
des  expériences  comparables  et  de  longue  durée  ;  avec  des 
cultures  d'algues  inférieures, l'assimilation  peut  être  suivie, 
minute  par  minute,  pendant  plusieurs  jours,  dans  des  coi> 
ditions  de  précision  satisfaisantes  et  qui  pourront  être  encore 
améliorées. 

Comme   les    cultures   pures    de    Chlorelles   sont   faciles    à 


198 


P.-A.  DANGEARD 


î 


obtenir,^on  choisira  pour  les  expériences  celles  qui,  pour 
une  intensité  lumineuse  connue,  prise  pour  unité,  dégagent 
le  même  nombre  de  bulles  par  minute. 

Mais,  il  existe  un  autre  obstacle 
qui  s'opposera,  pendant  quelque 
temps  encore  à  une  étude  de  ce 
genre,  telle  que  nous  la  compre- 
nons, c'est  l'attention  continue  et 
prolongée,  qu'elle  exige  de  la  part 
de  l'observateur  ;  il  sera  nécessaire 
par  la  suite,  d'inventer  des  appa- 
reils perfectionnés  et  automatiques 
enregistrant,  comme  pour  la  pres- 
sion atmosphérique,  les  variations 
de  la  photosynthèse,  à  un  endroit 
donné. 

Nous  estimons  que  c'est  du  côté 
de  la  méthode  eudiométrique  qu'on 
obtiendra  le  plus  facilement  ces 
perfectionnements  ;  l'expérience  sui- 
vante semble  bien  l'indiquer  (figure 
12,   T). 

La  culture  de  Chlorelles  formait 
un  dépôt  abondant  au  fond  d'un 
grand  flacon  à  large  goulot  rempli 
d'eau  ;  au  milieu  du  flacon  était 
disposé  un  tube  à  essai,  destiné  à 
recueillir  l'oxygène  dégagé  par  une 
surface  de  la  culture  égale  à  celle  du  tube  à  essai. 

L'expérience  débute  le  11  septembre  1924  à  9  heures^ 
par  une  température  très  élevée,  27°  exposition  Sud  ;  le 
thermomètre  placé  au  soleil  marque  successivement,  28° 
à  9  h.  28  ;  360  à  9  h.  35  ;  puis  un  peu  plus  tard,  40  et  41°. 
Le  flacon,  par  intervalles,  est  enlevé  à  l'action  directe 
du  soleil,  si  bien  que  sa  température  qui,  à  10  h.  30  était 


l 


Kig.  12.  —  T. 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  199 

de  26°  ne  s'élève  à  11  heures  qu'à  28°,  sans  présenter  de 
changement   notable   jusqu'à    1    heure. 

Le  dessin  ci-contre  (fig.  12)  montre  l'augmentation  de  la 
bulle  d'oxygène  au  cours  de  cette  journée  ;  elle  est  repré- 
sentée de  9  heures  à  5  heures  par  un  pointillé  vertical  ;  on 
y  voit  que  l'assimilation  du  12,  limitée  aussi  par  une  ligne 
pointillée,  a  été  moins  élevée  que  celle  du  13  sepcembre  ; 
ce  jour-là,  le  soleil  était  très  chaud  et  la  température  de 
l'eau  a  marqué  au  maximum  40°. 

Il  devenait  presque  impossible,  à  cause  du  diamètre  du 
tube  allant  en  s'élargissant  de  noter  exactement  jour  par 
jcur  l'augmentation  de  la  quantité  d'oxygène  ;  les  deux 
dernières  limites  indiquées  sont,  l'une  celle  du  20  qui  re" 
présente  l'intervalle  d'une  semaine  et  l'autre,  la  derrière, 
qui  ne  correspond  qu'à  trois  jours  et  se  termine  le  23  ;  l'assi- 
milation a  été  particulièrement  active  pendant  ces  trois 
derniers  jours. 

On  imagine  facilement  un  appareil  spécial  en  forme  de 
petit  entonnoir  à  la  base,  efTilé  en  un  long  tube  gradué  à  sa 
partie  supérieure  ;  des  observations  faites  avec  cet  appa- 
reil plusieurs  fois  par  jour,  par  une  simple  lecture,  fourni- 
raient, avec  des  cultures  de  Chlorelles,  des  indications  in- 
téressantes sur  les  variations  de  la  photosynthèse  dans  un 
espace  nettement  délimité. 

Ce  perfectionnement,  auquel  s'en  ajouteraient  d'autres, 
relatixement  à  la  température  de  la  culture,  à  sa  teneur 
constante  en  CO^,  à  sa  richesse  nutritive,  rendrait  vraiment 
ces  observations  pratiques  ;  elles  deviendraient  ainsi  com- 
parables d'une  région  à  une  autre. 

Les  tableaux  qui  suivent  et  dont  les  résultats  sont  em- 
pruntés aux  observations  précédentes,  permettent  déjà  de 
se  faire  une  idée  du  moment  où  commence  ordinairement  la 
photosynthèse  sous  le  climat  des  environs  de  Paris. 


200 


P. -A.  DANGEARD 


SÉRIE    I. 


Novembre  1914. 


D.  Bulles  de  dégagement. 
S.  Bulles  de  secouage. 


l'i 

9 

1705  I 

20  D 

Excellente  assimilation. 

15 

8   20 

15°     I 

Dégagement    encore    irrégu- 
lier. 

17 

9  10 

18°     I 

30  S 

Assimilation  commence. 

18 

8  30 

12°     I 

Quelques  bulles  de  secouage. 

20 

9  20 

108 

1  S 

25 

9  30 

205 

1  s 

26 

9  15 

50     1 

6S 

27 

8  45 

50     I 

3  S 

28 

9  10 

.     60     I 

2  S 

30 

9  05 

1005  I 

2  S 

1  déc. 

9  05 

11°     I 

I 

On  constate  que  dans  la  seconde  moitié  de  novembre, 
avec  ce  flacon,  l'assimilation  débutait,  en  général  vers 
9  heures  du  matin,  quelquefois  un  peu  plus  tôt,  mais  assez 
fréquemment  plus  tard. 

SÉRIE  II.  —  Novembre  1914. 


D. 


13 
14 

16 


H. 


8  15 

8  55 
8  40 


16"  I 
1705  I 
150 


Bulles 


1  S 

14  D 

4  D 


Excellente  assimilation. 


La  comparaison  de  ce  tableau  avec  le  précédent  montre 
qu'à  partir  du  milieu  de  novembre,  il  se  produit  un  retard 
sensible  dans  le  phénomène  de  photosynthèse. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


201 


SÉRIE    III. 


Novembre  1914. 


D. 


H. 


BULLES 


24 

9   40 

10^5  I 

6S 

25 

9  15 

10°     I 

20  S 

27 

8  50 

13°     I 

2  S 

La  photosynthèse  avec  ce  flacon   de  culture  ne  se  mani- 
feste en  général  qu'après  9  heures  du  matin. 


SÉRIE  IV 


D. 

■  H. 

T. 

BULLES 

20  nov. 

9  15 

11°     I 

1  S 

28  nov. 

8  45 

6°     I 

10  S 

30  déc 

8  30 

0»     I 

2  S 

31  déc 

8  40 

40     I 

2S 

2  janv. 

8  30 

50     I 

20  S 

4  janv. 

8  20 

202  I 

6S 

5  janv. 

9 

702  I 

5  S 

6  janv. 

8  35 

705  I 

2  S 

11  janv. 

8  25 

7°     I 

30  S 

12  janv. 

8  25 

40     I 

30  S 

On  voit  que,  d'après  ce  tableau,  l'assimilation  débute 
fréquemment,  en  décembre  et  janvier  vers  8  h.  30,  malgré 
une  température  pouvant  descendre  à  0». 

En  résumé,  nous  dirons  que  dans  les  conditions  de  nos 
expériences,  l'assimilation  commençait  à  se  manifester,  pen- 
dant les  mois  d'hiver  entre  8  h.  30  et  9  h.  10,  avec  une  avance 
d'une  demi-heure  environ  des  premiers  jours  de  janvier 
sur  les  derniers  du  mois  de  novembre. 

Essayons  de  dégager  de  même  une  moyenne  pour  le  mo- 


202 


P.-A.  DANGEARD 


ment  où  a  cessé  l'assimilation  dans  le^  observations  précé- 
dentes. 


SÉRIE  I.  —  Novembre  1914. 


D. 

H. 

T. 

BULLES 

18 
25 
28 

4  15 

4 

4 

40 
70 
90 

0 
10  S 
0 

La  culture  de  la  série  IV,  le  20  novembre,  ne  dégage  plus 
aucune  bulle  à  4  heures.  Cette  même  culture  le  2  janvier, 
fournit  ses  dernières  bulles  à  4  h.  20,  le  5  janvier  à  3  h.  30, 
le  6  janvier,  à  3  h.  50. 

Bien  que  les  observations  soient  trop  peu  nombreuses, 
il  semble  bien  que  pendant  l'hiver,  la  photosynthèse  puisse 
s'effectuer  jusqu'à  4  h.  20  ou  4  h.  30  ;  mais  ordinairement, 
elle  cesse  beaucoup  plus  tôt. 

On  peut  donc  dire  que  dans  les  mois  de  novembre,  dé- 
cembre et  janvier,  les  Chlorelles  assimilent  entre  9  heures 
du  matin  et  4  heures  du  soir,  un  peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus 
tard,  selon  l'état  de  la  culture  et  l'état  du  ciel. 

Cette  assimilation  est  d'ailleurs  faible  et  sauf  exception 
comme  celle  du  14  novembre  (série  I),  elle  ne  donne  lieu 
ordinairement    qu'à    des    bulles    de    secouage. 

Pour  avoir  une  idée  exacte  des  différences  d'assimilation 
qui  existent  dans  la  nature  entre  des  plantes  ou  des  organes 
occupant  des  positions  différemment  éclairées,  nous  rappelons 
l'expérience  du  13  novembre  1914  :  dans  un  appartement, 
à  0  m.  05  d'une  fenêtre,  une  culture  dégageait  200  bulles 
à  la  minute  ;  à  0  m.  30,  40  à  60  ;  à  0  m.  60,  1  à  2  bulles  seu- 
lement ;  à  1  mètre  tout  dégagement  cessait. 

Il  ne  semble  pas  que  jusqu'ici,  les  observateurs  qui  se 
sont  occupés  spécialement  de  la  photosynthèse  aient  tenu 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  203 

compte  suffisamment  de  cette  sensibilité  de  la  plante  à  la 
radiation. 

Nous  aurions  xoulu  donner  pour  les  divers  mois  de  l'an- 
née les  mêmes  renseignements  sur  le  moment  où  commence 
l'activité  chlorophyllienne  et  celui  où  elle  finit;  nous  ne 
disposons  actuellement  que  d'observations  fragmentaires. 

Le  16  juin  on  en  compte  encore  20  par  minute  à  5  h.  10. 

Le  17  juin,  le  dégagement  ne  cesse  qu'à  5  h.  40,  par  tem- 
pérature extérieure  de  18°. 

Le  19  juin,  dès  8  h.  15,  l'assimilation  était  très  active  ; 
à  6  heures  elle  avait  cessé. 

En  résumé,  au  mois  de  juin,  la  photosynthèse  peut  com- 
mencer vers  8  heures  et  sans  cloute  bien  cwant  ;  elle  doit  cesser 
ordinairement  vers  6  heures  du  soir. 

En  mars  1926,  mêmes  constatations  notoirement  insuf- 
fisantes avec  cultures  de   Scenedesmus. 

Le  16  mars  1926,  arrêt  de  la  photosynthèse  vers  6  heures. 

Le  18  mars,  photosynthèse  active  à  5  h.  22. 

Le  19  mars,  photosynthèse  active  à  5  h.  25,  avec  80  bulles 
par  minute. 

Le  20  mars,  à  9  h.  05,  80  bulles  par  minute  et  à  5  h.  25, 
une  cinquantaine. 

Le  23  mars,  à  8  h.  35,  bonne  assimilation  avec  30  bulles 
à  la  minute. 

Le  23  mars,  une  culture,  à  6  h.  10  dégageait  encore  4  bulles 
à  la  minute. 

Vraisemblablement,  avec  une  exposition  Ouest,  l'assimi- 
lation doit  se  poursuivre  encore  après  6  h.  10  du  soir  ;  on  a 
vu  qu'en  septembre,  avec  le  Spirogyra  magna,  il  y  avait 
encore  dégagement  d'oxygène  vers  6  h.  40  ce  qui  semble  une 
limite. 

On  peut  supposer  par  contre  que  l'assimilation  en  mars 
se  produit  assez  tardivement  le  matin. 

Les  expériences  avec  Spirogyra  magna  fournissent  des 
résultats  plus  complets. 


204  P. -A.  DANGEARD 

Ainsi  le  17  septembre  1914,  l'assimilation  commence 
vers  7  h.  30  et  ne  cesse  qu'à  6  h.  42. 

Le  18  septembre,  elle  débutait  à  6  h.  30  et  se  montrait 
encore  très  active  à  5  h.  45. 

Une  photosynthèse  très  active,  a  pu  être  mise  ainsi  en 
évidence  en  septembre  pendant  douze  heures  sur  vingt-quatre  ; 
dans  les  mois  d'hiver,  elle  est  faible  et  ne  s'exerce  guère  que 
pendant  sept  heures  au  plus. 

Il  ne  s'agit,  bien  entendu  que  de  la  photosynthèse  utile» 
celle  qui  permet  à  la  plante  de  réaliser  un  gain  en  carbone. 

Remarques  sur  Vactivité  de  quelques  sources  de  lumière  artifi- 
cielle dans  r assimilation. 

Nous  allons  maintenant  essayer,  toujours  en  nous  ser- 
vant des  observations  précédentes,  de  dégager  la  valeur 
des  différentes  sources  lumineuses  artificielles,  dans  la  pho- 
tosynthèse, par  comparaison,  autant  qu'il  sera  possible, 
avec  la  radiation  solaire. 

Le  régime  de  chacune  a  été  étudié  à  des  distances  va- 
riables de  la  source  ;  ces  distances  sont  en  général  assez 
faibles. 

Lampe  Nertz. 

Nous  avons  fait  un  grand  usage  de  cette  lampe  qui  se 
prêtait  admirablement  aux  expériences  de  laboratoire  ;  on 
ne  la  fabrique  plus  malheureusement. 

L'observation  du  16  novembre  est  particulièrement  ins- 
tructive ;  elle  a  été  réalisée  avec  une  lampe  neuve,  par  une 
température  s'élevant  progressivement  de  18°  à  21°  et  prise 
dans  la  culture. 

Le  régime  à  0  m.  30  est  de  10  à  12  bulles  par  minute. 

A  0  m.  20,  il  donne,  après  cinq  minutes,  50  à  60  bulles  par 
minute. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  205 

A  0  m.  10,  il  atteint  150  à  300  bulles. 
Le  résultat  au  point  de  vue  de  l'assimilation  à  ces  faibles 
distances  est  comparât  le  à  celui  des  rayons  directs  du  soleil. 

Lampe    Auer. 

Une  lampe  à  ^az,  muni  d'un  bec  Auer,  agit  aussi  sur  l'assi- 
milation  très  favorablement. 

Le  régime  à  0  m.  40  a  pu  atteindre  6  à  7  bulles  par  mi- 
nute ;  à  0  .  20,  il  s'est  élevé,  par  température  de  14°,  de 
12  à  20,  ce  qui  représente  déjà  une  assez  bonne  assimila- 
tion. 

Lampes  électriques. 

Nous  avions  à  notre  disposition,  en  1914,  pour  nos  expé- 
riences trois  sortes  de  lampes  électriques  de  50  bougies  cha- 
cune :  lampe  Osram,  lampe  Meta  et  lampe  Tantale. 

Régime  d'une  lampe  Meta  : 

A  0  m.  40,  1  b.  (observation  di    14  novembre). 
A  0  m.  30,  2-3  b. 
A  0  m.  20,  15-22  b. 
A  0  m.  10,  40  b. 

La  lumière  de  cette  lampe  agit  à  0  m.  10  de  la  source 
comme  la  lumière  du  jour  à  0  m,  60  d'une  fenêtre, 

L'obser\ation  du  17  novembre  1924  (série  III)  mortre 
d'une  façon  saisissante  entre  2  h.  50  et  3  h.  48,  à  un  moment 
où  Tinter  site  du  secteur  subissait  peu  de  chargement,  un 
régime  sensiblement  le  même  pour  les  trois  lampes  Meta, 
Osram  et  Tantale  ;  ce  régime  était  de  14  à  20  b.  par  minute, 
à  la  distance  de  0  m.  15. 

Il  faut  se  méfier,  pour  des  comparaisons  de  ce  genre,  des 
variations  qui  se  produisent  dans  le  secteur  ;  ainsi,  la  même 
lampe  Osram,  le  matin,  vers  9  h.  20,  avait  fourni  jusqu'à 
70  b.  à  la  distance  de  0  m.  20  et  le  soir,  à  partir  de  4  heures, 
le  régime  d'une  lampe  Meta  et  d'une  lampe  Osram  était 
descendu  à  5,  6  ou  7  buLes  à  la  distan  ;e  de  0  m.  15  ;  la  chute 


206  P  -A.  DANGEARD 

du  rég'me  concordait  avec  le  momenc  de  l'allumage  en  dlle. 

On  pouvait  constater  le  matin  de  ce  même  jour  que  l'ac- 
tion de  la  lampe  Nertz  était,  à  la  distance  de  0  m.  20,  sen- 
siblemert  égale  à  celie  de  ces  trois  lampes  de  50  bougies 
prises  isolément. 

De  plus,  à  0  m.  30  de  la  source,  l'assimilation  cessait  pour 
cette  culture. 

Ce  qui  donne  un  assez  grand  intérêt  à  cette  observation 
du  17  novembre,  c'est  que  la  température  de  la  culture 
n'avait  subi  que  des  changements  insignifiants  allant  de 
180  à  2P. 

Arc  électrique. 

On  pouvait  espérer,  a  priori,  que  l'arc  électrique,  à  cause 
de  sa  grande  intensité  lumineuse  et  calorifique,  donnerait 
lieu  à  une  très  forte  assimilation,  comparée  aux  sources 
pre  îédentes. 

Des  observations  du  28  novembre  1914  (série  lY)  et  du 
25  novembre  (série  V),  il  résulte  qu'à  la  distance  de  2  mètres 
de  l'arc,  aucune  bulle  ne  se  produit  ;  l'assimilation  peut 
commencer  à  se  manifester  à  la  distance  de  1  m.  50;  à  1  mètre» 
elle  devient  active  avec  un  dégagement  qui  peut  atteindre 
30  à  35  b.  par  minute,  avec  une  culture  favorable. 

Il  ne  faut  guère  songer  à  placer  ces  cultures  à  une  dis- 
tance moindre  de  la  source; elles  seraient  rapidement  sté- 
rilisées sous  l'action  combinée  des  rayons  violets  et  de  la 
température  dégagée  par  l'arc  ;  il  y  aura  lieu  cependant, 
comme  pour  les  autres  sources,  d'essayer,  en  protégeant 
les  flacons  de  la  chaleur,  par  un  écran  d'eau  avec  ou  sans 
alun. 

Si  l'on  compare  les  propriétés  de  l'arc  électrique  à  celles 
des  sources  lumineuses  précédentes,  on  voit  qu'au  delà  de 
1  m.  50,  la  lumière  de  l'arc  n'agit  plus  sensiblement  ;  l'ac- 
tion entre  1  m.  20  et  1  m.  50  est  à  peu  près  celle  des  lampes 
Nertz  et  des  lampes  électriques  agissant  entre  0  m.  30  et 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  207 

0  m.  40  ;  à  la  distance  de  1  mètre  de  l'arc,  l'assimilation  se 
fait  avec  dégagement  d'une  cinquantaine  de  bulles,  comme 
entre  0  m.  10  et  0  m.  20  pour  les  autres  sources. 

En  résumé,  pour  toutes  les  lumières  artificielles  étudiées, 
l'action  sur  la  photosynthèse  ne  se  manifeste  extérieure- 
ment qu'à  des  distances  très  faibles  de  la  source  :  cette  dis- 
tance ne  dépasse  sans  doute  guère  2  mètres  avec  Varc  élec- 
trique et  celle-ci  est  encore  cinq  fois  environ  supérieure  à  la 
distance  limite  des  lampes  électriques  de  50  bougies  et  des 
lampes  Nertz. 

Sur  la  faible  distance  où  ces  différentes  lumières  exercent 
leur  activité,  un  rapprochement  de  quelques  centimètres 
de  la  source  a  une  très  grande  influence  sur  la  quantité 
d'oxygène  dégagé. 

Les  algues  inférieures,  particulièrement  les  Chlorella,  les 
Scenedesmus,  les  Spirogyra  constituent  d'excellents  photo- 
mètres ;  ils  sont  supérieurs  par  certains  côtfs  à  ceux  où 
l'œil  intervient  directement  ;  celui-ci  distinguerait  diffici- 
lement la  différence  qui  existe  dans  l'intensitc  lumineuse 
de  l'arc  entre  2  mètres,  1  m.  50,  1  m.  25  et  1  mètre  de  dis- 
tance ;  nous  venons  de  voir  que  l'assimilation  de  l'algue 
indique  cette  différence  de  manière  très  nette. 

Avec  les  lampes  électriques,  cette  sensibilité  à  l'assimi- 
lation se  manifeste  clairement  pour  des  écarts  de  0  m,  10  ; 
avec  des  cultures  sélectionnées,  on  arriverait  à  reconnaître, 
grâce  à  la  photosynthèse,  des  intensités  lumineuses  inter- 
médiaires correspondant  à  des  écarts  encore  beaucoup  plus 
faibles. 

Il  serait  vraiment  curieux  que  l'industrie  puisse  arriver 
à  se  servir  de  ces  propriétés  pour  vérifier  l'intensité  lumi- 
neuse des  lampes  qu'elle  livre  au  commerce;  la  chose  r'a 
rien  d'invraisemblable. 


208  P.-A.  DANGEARD 


Remarques  sur  les  relations  de  la  photosynthèse  avec  V intensité 

lumineuse. 

La  lumière  qui  pénètre  dans  un  appartement  se  comporte, 
on  le  sait,  comme  les  sources  précédentes  ;  elle  agit  de  moins 
en  moms  sur  l'assimilation,  jusqu'à  devenir  ruile,  à  mesure 
que  l'on  s'éloigne  de  la  fenêtre. 

Une  culture  de  la  série  II,  par  température  à  peu  près 
constante,  exposée  dans  une  chambre  à  0  m.  05  de  ia  fe- 
nêtre, exposition  Nord-Est  fournissait  150  à  200  b.  par 
minute  le  13  nos'^embre  1914  ;  à  la  distance  de  0  m.  30,  le 
dégagement  était  encore  d'une  cinquantaine  ;  à  0  m.  60, 
il  descendait  à  2  ou  3  ;  enfin  à  1  mètre,  l'assimilation  cessait 
d'être  perceptible. 

On  se  rend  très  bien  compte  que  la  profondeur  à  laquelle 
la  lumière  peut  agir  sur  la  photosynthèse  varie  avec  l'état 
du  ciel,  l'heure  de  la  journée  et  dans  une  mesure  très  faible 
avec  la  température. 

C'est  ainsi  que  le  14  novembre,  la  culture  dont  il  vient 
d'être  question  assimilait,  faiblement  il  est  vrai  (3-4  b.),  à  la 
distance  de  2  mètres  de  la  fenêtre,  alors  que  la  veille,  il  ne 
se  produisait  aucun  dégagement  à  1  mètre  ;  à  0  m.  60,  on 
observait  une  cinquantaine  de  bulles  ;  à  0  m.  05  de  la  fe- 
nêtre le  dégagement  était  porté  à  150. 

On  sait  que  l'intensité  lumineuse  varie  en  raison  in\erse 
du  carré  des  distances  à  la  source  lumineuse  ;  il  ressort 
suffisamment  des  expériences  précédentes  sur  l'influence  de 
l'éloignement  que  la  quantité  d'oxygène  dégagé  varie  aussi 
d'une  manière  générale,  en  raison  inverse  du  carré  des  dis- 
tances à  la  source  ;  V assimilation  serait  donc  proportion- 
neUe  à  l'intensité  lumineuse. 

Cette  loi  a  été  recherchée  pour  les  plantes  supérieures 
par  une  autre  méthode,  consistant  à  doser  l'acide  carbo- 
nique absorbé  par  une  feuille  pendant  la  photosynthèse. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


209 


La  méthode  de  numération  des  bulles  permet  en  quelques 
instants  de  vérifier  rpproximativement  cette  loi  d'une 
façon  saisissante,  alors  que  la  seconde  exige  de  nombreux 
dosages  et  n'est  pas  à  l'abri  d'erreurs  résultant  de  l'état  de 
la  feuille,  et  aussi  de  la  difficulté  d'obtenir  toute  une  gamme 
d'intensités  lumineuses  constantes,  fonctionnant  un  certain 
temps. 

On  admet,  pour  les  plantes  supérieures,  que  l'assimilation 
n'est  proportionnelle  à  l'intensité  lumineuse  que  dans  cer- 
taines limites  étroites  que  Chodat  résume  ainsi  d'après 
Blackmann  (1). 


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®  Température. 

Fig.    i3.   —  T,  L'intensité  d'assinailalion  est  donnée 
en  milligrammes  de  CO^  absorbé. 

Si  on  expose  la  feuille  à  des  lumières  d'intensité  crc  is- 
sante,on  remarque  que,  pour  une  faible  intensité,  le  maxiznuni 
d'assimilation    est   atteint   à   une   température   plus   basse. 


1.  Chodat.  Principes  de  Botanique,  3°  édition,   p.  62,  192L 


210  P.-A.  DANGEARD 

L'élé\ation  de  la  température  ne  produit  plus  alors  d'aug- 
mentation d'oxygène  dégagé  et  la  courbe  passe  par  un  pla- 
teau (fig.  13  T.).  Il  suffit  de  doubler  ou  tripler  l'intensité 
lumineuse  pour  voir  la  valeur  de  l'assimilation  s'élever  à 
condition  d'élever  aussi  la  température  jusqu'à  une  limite 
déterminée  par  l'intensité  lumineuse.  Ainsi,  lorsqu'on  utilise 
des  intensités  lumineuses  faibles,  l'assimilation  croît  pro- 
portionnellement à  condition  que  l'on  élève  la  température. 
Cependant,  lorsqu'on  approche  de  l'intensité  maximum,  la 
proportionnalité  ne  se  maintient  plus  ;  une  double  intensité 
ne   produit   pas  nécessairement  une  assimilation   double. 

Il  en  résulte  que,  pour  atteindre  le  maximum  d'action  sur 
l'anhydride  carbonique,  il  faut  non  seulement  élever  pro- 
gressivement la  température, mais  aussi  l'intensité  lumineuse. 
A  chaque  intensité  lumineuse  correspond  un  optimum  de 
température  au-delà  duquel  aucune  augmentation  d'action 
ne  se  fait  sentir...  Lorsque  l'intensité  lumineuse  est  faible, 
le  maximum  d'assimilation  est  déjà  atteint  à   3°. 

Il  résulterait  de  là  qu'avec  ce  maximum  d'assimilation, 
si  cette  faible  intensité  lumineuse  reste  constante,  on  pour- 
rait élever  la  température  de  3°  à  25°  par  exemple,  sans 
modifier  la  quantité  de  carbone  absorbé  par  la  feuille  ;  danî 
:e  cas,  une  élévation  de  température  d'une  vingtaine  de  degrés 
serait  sans   grande  action   sur  V assimilation. 

D'autre  part,  si  on  augmentait  de  plus  en  plus  l'intensité 
lumineuse,  tout  en  maintenant  la  température  de  3»  ou 
une  température  voi-sme,  l'assimilation  resterait  presque 
sans  changement  ;  une  intensité  lumineuse  doublée,  triplée, 
quadruplée,  serait  à  cette  température  de  3°,  scms  action  no- 
table sur  V assimilation. 

Les  observations  qui  précèdent,  réalisées  en  faisant  va- 
rier l'intensité  lumineuse,  par  un  éloignement  plus  ou  moins 
grand  de  la  même  source  lumineuse,  ne  me  paraissent  guère 
f ave  râbles  à  une  interdépendance  aussi  absolue  entre  l'assi- 
milation et  la  température  ;  elles  seraient  plutôt  de  nature 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES  211 

à  diminuer  considérablement  le  rôle  de  celle-ci  ;  on  peut 
penser  que,  dans  les  limites  où  la  vie  de  la  cellule  ne  souffre 
dans  son  fonctionnement  normal  ni  d'une  trop  basse  tempé- 
rature, ni  d'une  chaleur  excessive,  l'assimilation  est  propor- 
tionnelle à  l'intensité  lumineuse  tant  que  ses  propres  ré- 
serves peuvent  assurer  l'équilibre  nécessaire  ;  cet  équilibre 
se  trouve  rompu  soit  que,  par  suite  d'une  assimilation  trop 
prolongée,  la  cellule  se  gcrge  d'amidon  ou  se  décolore  en 
partie;  le  maximum  d'action  dans  la  photosynthèse  peut  ainsi 
se  produire  à  des  températures  très  différentes  ;  mais  le  phé- 
nomène en  lui-même  ne  constitue  qu'une  simple  ce  incidence; 
il  n'est  pas  le  résultat  direct  de  la  température  du  milieu. 

Si  cette  vue  est  exacte,  avec  une  culture  vigoureuse  et  un 
milieu  bien  pourvu  en  CO^,  le  dégagement  d'oxygène  sera 
toujours  sensiblement  proportionnel  à  l'intensité  lumineuse 
dans  les  limites  indiquées  ;  cette  conclusion  me  semble  res- 
sortir suffisamment  de  nos  observations  sur  les  variations 
qui  se  produisent  scit  dans  le  courant  d'une  journée  à  la 
lumière  ordinaire,  soit  à  la  suite  d'un  éloignement  plus  ou 
moins  grand  de  la  source. 

La  température  du  milieu  n'intervient  sans  doute  que 
faiblement  par  elle  même  dans  le  phénomène  de  la  photo- 
synthèse ;  si  la  courbe  de  l'assimilation  augmente  graduelle- 
ment avec  l'élévation  de  la  température  pour  une  lumière 
très  vive  jusqu'au  point  critique,  c'est-à-dire  jusqu'au  voisi 
nage  de  40^  ainsi  que  l'a  montré  Blackmann  (fig.  14  —  T), 
c'est  sans  doute  parce  que  la  nutrition  générale  se  trouve 
favorisée  par  cette  élévation  de  température  ;  celle-ci  agit 
favorablement  sur  le  métabolisme  cellulaire,  mais  la  pho- 
tosynthèse elle  même  est  directement  sous  la  dépendance 
de  l'énergie  des  rayons  absorbés  par  la  ehlcrophylline  ;  un 
métabolisme  cellulaire  de  plus  grande  activité,  qui  main- 
tiendrait l'équilibre,  assurerait  une  utilisation  plus  com- 
plète, à  n'importe  quelle  température  non  nocive,  de  l'éner- 
gie absorbée. 

15 


212 


P.-A.  DANGEARD 


Si,  à  une  lumière  vive,  une  partie  de  cette  énergie  absorbe  e 
par  les  rayons  rouges  orangés,  r'irtervient  pas  à  un  mo- 
ment donné  dans  la  photosyrthése,  c'est  parce  que  Vétat 


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Fig.  iii,  —  T.  D'après  Blackmann 

actuel  des  cellules  à  ce  moment  ne  le  permet  pas  ;  pour  em. 
ployer  une  comparaison,  nous  dirons  que  le  moulin  tourne 
à  vide,  parce  que  l'arrivée  du  blé  est  irsuffîsante  pour  l'ali- 
menter ;  pour  avoir  une  idée  exacte  du  rendement  maximum 
de  l'appareil,  il  faut  dore  que  celui-ci  tourne  à  plein. 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES 


213 


C'est  avec  cette  correction  nécessaire  qu'il  faut  entendre 
que  l'assimilation  est  proportionnelle  à  V intensité  lumineuse 
ou  mieux  à  la  quantité  d'énergie  utilisée  par  la  chlorophylle  ; 
la  vérification  de  cette  loi  sera  d'autant  plus  facile,  qu'elle 
se  fera  à  des  intensités  assez  faibles,  comportant  une  utili- 
sation totale  ou  presque  de  l'énergie  absorbée. 


o°  +b 

Température. 


+10°      +15°       +20°     +Z5°       +30°      +3?      +40* 
Fig    j5  (D'après  Blackmann) 


La  quantité  d'oxygène  résultant  de  la  photosyrthèse 
comprend  celle  qui  se  dégage  et  qui  peut  être  recueillie  dans 
un  eudiomètre  et  une  autre  partie,  celle  qui  est  reprise  immé- 
diatement par  la  respiration  ;  donc,  dans  les  conditions  ordi- 
naires, la  photosynthèse  est  un  peu  plus  active  que  ne  l'in- 
dique le  dégagement  d'oxygène  observé  ;  c'est  aussi  pour 
la  même  cause  que  le  dégagement  des  premières  bulles 
retarde  de  quelques  minutes  sur  le  début  de  l'assimilation  ; 
pour  la  même  raison,  celle-ci  continue  quelques  instants 
après  le  départ  des  dernières  bulles. 

Toutefois,  aux  basses  températures,  cette  légère  ce  use 
d'erreur  disparaît,  car  la  respiration  devient  insignifiante  ; 
c'est  ce  que  montre  bien  la  figure  15  T  due  à  Blackmann  ; 
la  quantité  d'oxygène  qui  se  dégage  alors  par  bulles  ou  qu'on 
obtient  par  secouage,  représente  donc,  à  ces  basses  tempé- 
ratures,  la   totalité   de   celle   produite   par  l'assimilation. 


214.  P  -A.  DANGEARD 

Nous  avons  remarqué  qu'à  ces  basses  températures,  le 
comportement  des  bulles  paraît  différent  ;  celles-ci  semblent 
avoir  une  force  ascensionnelle  moindre  qu'aux  températures 
plus  élevées  ;  au  lieu  de  bulles  de  dégagement,  on  a  le  plus 
souvent  des  bulles  de  secouage,  plus  ou  moins  adhérentes  à 
la  surface  de  la  culture  ;  cette  différence  ne  semble  pas 
tenir  exclusivement  à  la  plus  ou  moins  grande  activité  de 
la  photosynthèse  ;  une  analyse  du  gaz  recueilli  ne  serait  pas 
sans  intérêt. 

On  peut  se  demander  quelle  est  exactement  la  quantité 
d'oxygène  empruntée  par  la  respiration  à  la  photosynthèse  ; 
pour  résoudre  ce  problème,  nous  avions  imaginé  une  mé- 
thode qui,  du  point  de  vue  théorique,  nous  paraissait  à 
Tabri  de  toute  critique. 

Etant  donné  que  l'action  de  la  lumière  dans  la  photosyn- 
thèse est  instantanée,  ainsi  que  nous  en  avons  fourni  la 
preuve,  il  s'agit  d'obtenir,  à  une  intensité  lumineuse  inva- 
riable, un  régime  de  77  bulles  à  la  minute,  pour  une  culture. 

Si  on  place  cette  culture  à  l'obscurité,  la  photosynthèse 
ne  s'exerce  plus  et  le  dégagement  devrait  cesser  aussitôt  ; 
la  respiration  consomme  alors  l'oxygène  resté  dans  la  cellule. 

En  reportant  la  culture  dans  les  conditions  de  son  ré- 
gime à  n  bulles,  il  faudra  quelques  minutes  pour  que  l'oxy- 
gène produit  puisse  se  dégager  à  nouveau  ;  il  sera  nécessaire» 
en  effet  que  le  vide  produit  par  la  respiration  à  l'obscurité 
soit  comblé. 

Si  l'exosmose  du  gaz  était  instantanée,  le  retard  mis  par 
le  nouveau   rtgime  à   s'établir,  correspondrait  à  l'oxygène 
consommé    par  la    respiration    pendant    la    courte    période 
d'obscurité. 

Supposons  ce  retard  de  deux  minutes  :  on  aurait  donc 
2  n  bulles  représentant  la  part  de  la  respiration  pendant  le 
séjour  à  l'obscurité  de  durée  déterminée  et  naturellement 
assez  courte. 

En  réalité,  les  cultures-  de  Chlorelles  ne  se  prêtent  pas  à 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  215 

l'application  de  cette  théorie  ;  la  principale  raison  est  sans 
doute  l'exosmose  trop  lente  du  gaz  à  travers  les  membranes. 
Aussi,  notre  efïort  s'est-il  porté  sur  VElodea  Canadensis 
où  l'exosmose  est  plus  rapide  ;  les  résultats  bien  qu'assez 
encourageants,  sont  encore  trop  incomplets  pour  être  pu- 
bliés. 


Remarques  sur  la  production  de  courants  complexes  dans  leau 
d'un  grand  flacon  cylindrique  exposé  au  soleil. 

En  effectuant  la  numération  des  bulles  d'oxygène  qui  se 
dégageaient  à  l'intérieur  d'un  flacon  de  deux  litrej  renfer- 
mant au  fond,  une  épaisse  culture  de  Chlorelles,  en  pleine 
activité  d'assimilation,  nous  avons  observé  un  phénomène 
qui  nous  a  paru  présenter  un  certain  intérêt. 

Dans  une  masse  d'eau  inégalement  chauffée,  il  se  pro- 
duit naturellement  des  courants  en  sens  variable,  comme 
dans  l'air  ;  c'est  le  cas  de  l'eau  contenue  à  l'intérieur  d'un 
flacon  cylindrique  éclairé  par  les  rayons  du  soleil  ;  ceux-ci 
en  se  concentrant,  suivant  un  rectangle  lumineux,  à  la  partie 
postérieure  du  flacon,  y  déterminent  un  échaufïement  de 
l'eau  plus  grand  qu'à  l'avant  ;  cet  échauffement  est  mini- 
mum sur  les  côtés  ;  c'est  ainsi  que  dans  un  flacon  de  ce 
genre,  le  22,  septembre  à  11  heures,  la  température  au  milieu 
était  de  26°,  tandis  qu'à  la  partie  postérieure,  elle  attei- 
gnait 270. 

Ces  différences  d'échaufîement  déterminent  des  courarts 
lesquels  restent  complètement  inaperçus  dans  les  conditions 
ordinaires  de  l'observation  ;  il  en  est  tout  autrement,  si  on 
utilise  les  petites  colonies  de  Chlorelles  qui  flottent  comme 
de  petits  ludions  dans  la  masse  liquide  et  suivent  les  moindres 
impulsions  des  courants  ;  on  s'aperçoit  alors  de  la  grande 
complexité  de  ces  derniers. 

Ordinairement,  et  c'est  le  cas  dans  nos  observations  pré- 


216  P.-A.  DANGEARD 

cédeutes,  les  bulles  d'oxygène  qui  se  dégagent  n'emportent 
aucune  cellule  d'algue  avec  elles  et  elles  gagnent  d'autant 
plus  rapidement  la  surface  qu'elles  sont  plus  grosses. 

Mais  il  arrive  parfois,  comme  ici,  qu'une  bulle  d'oxygène 
entraîne  avec  elle  une  petite  colonie  d'algue  ;  cette  colonie 
s'élève  lentement  dans  le  liquide  ;  la  quantité  d'oxygène 
augmente  par  suite  de  la  photosynthèse  déterminant  le 
départ  de  la  bulle  ;  la  colonie  tend  à  descendre  alors  jus- 
qu'au moment  où  l'oxygène  qui  continue  de  se  former  lui 
communique    une    nouvelle   force   ascensionnelle. 

Si  la  masse  liquide  était  complètement  immobile,  ces 
colonies  se  déplaceraient  toujours  suivant  la  verticale  ;  si, 
au  contraire,  des  courants  y  existent,  tous  ces  petits  ludions 
seront  entraînés  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  en  donnant 
des  indications  sur  la  direction  de  ces  courants  et  leur  com- 
plexité. 

Le  flacon  était  placé  face  au  soleil  ;  les  déplacements 
d'une  colonie  sont  indiqués  par  projection  sur  un  plan  ver- 
tical ;  il  eût  fallu  également,  pour  les  mieux  caractériser, 
une  projection  sur  un  plan  horizontal  ;  mis  il  n'y  fallait 
pas  songer  dans  les  conditions  difficiles  de  l'expérience. 


Observation  du  10  septembre  1914. 

La  colonie  verte  en  suspension  dont  il  s'agit  de  suiv^re 
les  déplacements,  est  choisie  à  10  h.  40,  bien  au  dessous 
de  la  SI  rface  de  l'eau  sur  le  côté  opposé  au  soleil  et  à  une 
faible  distarce  de  la  paroi.  Cette  colonie  descend  d'abord 
obliquemert  du  côté  de  la  partie  la  plus  tclairée  et  elle  re- 
monte ensuite  sxrticalemert  pour  faire  un  nouveau  coude 
à  10  h.  43  et  redescendre  ensuite  au  fond  où  elle  arrive 
à  10  h.  44;  cette  descente  correspond  à  un  arrêt  dans  la 
photosynthèse. 

Les  déplacements  de  cette  colonie  ont  été  relativement 


LA  SENSIBILITÉ  DES  ALGUES 


217 


simples  :  ils  se  sont  effectués  en  dehors  du  rectangle  lumi- 
neux. 

Observation  du  16  septembre  1914. 

Le  trajet  d'une  première  colonie  est  suivi  à  partir  de 
9  h.  47  ;  elle  s'élève  d'abord  verticalement,  puis  décrit  deux 
coudes  :  elle  s'arrête  à  9  h.  48,  tourne  sur  elle-même,  à  up 
moment  où  le  soleil  manque,  redescend  verticalement  pour 
s'infléchir  ensuite  en  une  large  courbe  se  terminant  au  fond 
du  flacon  à  9  h.  50  (fig.  16  A,  T). 


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Fig  i6.  —  A.  Tracé  en  pointillé  du  trajet  suivi  par  deux  colonies  différentes  de 
Chlorelles  dans  un  flacon  de  deux  litres.  —  B.  Trajet  d'une  colonie  dans  la 
partie  médiade  du  flncon. 

Le  trajet  d'une  seconde  colonie  est  suivi  à  partir  de  10  h.  02, 
cette  colorie  descend  verticalement,  s'infléchit  légèrement 
vers  la  gauche  ;  à  10  h.  03,  elle  remonte  un  peu  et  se  porte 
presque  horizontalement  à  droite  vers  le  milieu  du  flacon 
10  h.  04  ;  là,  elle    reprend   sa    fc-rce  ascensionnelle  qui    la 


218  P  -A.  DANGEARD 

conduit,  suivant  la  \erticale,  tout  près  de  la  surface  à  10  h. 06; 
après  avoir  décrit  une  sorte  de  boucle,  elle  redescend  obli- 
quement vers  la  gauche  ;  elle  approche  du  fond  à  10  h.  08» 
remonte  un  peu  vers  la  droite,  perd  sa  bulle  d'oxygène,  et 
finit  par  tomber  à  10  h.  09  (fig.  16  A,  T). 

La  troisième  colonie  observée  à  partir  de  10  h.  18  (fig.  16, 
B  T),  va  parcourir  un  trajet  encore  plus  complexe  ;  elle 
descend,  remorte  verticalement,  décrit  une  large  boucle 
pour  se  retrouver  à  10  h.  19  à  l'intérieur  du  rectangle  lumi- 
neux ;  elle  redescend;  à  10  h.  21,  elle  se  porte  de  nouveau 
presque  horizontalement^  décrit  une  large  courbe  qui  la 
met  près  du  fond  dans  le  rectangle  lumineux  ;  elle  repart 
à  10  h.  22,  remonte  à  nouveau  un  peu  obliquement  Jusqu'à 
quelques  centimètres  de  la  surface  et  redescend  obliquement 
vers  la  gauche  où  elle  se  dépose  sur  le  fond  à  10  h.  24. 

Le  flr.con  a  reçu  les  rayons  du  soleil  pendant  toute  l'ex- 
périence. 

La  quatrième  colonie  (fig.  17  A,  T),  a  éiï  suivie  dans  ses 
déplacements  à  partir  de  12  h.  12  ;  elle  se  trouvait  à  ce 
moment  à  une  faible  distance  de  la  surface  ;  elle  descend 
en  se  portant  vers  la  gfuche  et  décrit  une  courbe  qui  la 
ramène  à  12  h.  14  au  fond,  df  ns  le  plan  vertical  du  départ  ; 
elle  repart  de  là  pour  décrire  une  nouvelle  courbe,  celle-ci 
presque  complète,  qui  la  ramène  au  fond  à  12  h.  16  ;  elle 
remonte  à  nouveau  et,  s'infléchit  ensuite  sur  la  droite,  redes- 
cend et  remonte  ensuite  jusqu'à  la  surface  de  l'eau  où  elle 
s'arrête  à  12  h.  19. 

Les  déplacements  effectués  par  cette  colorie,  à  l'heure 
de  midi,  semblent  indiquer  l'existence  dans  le  flacon  et  er 
son  milieu  de  courants  circulaires  d'ailleurs  assez  irréguliers. 

En  résumé,  dans  un  flacon  cylindrique  rempli  d'eau  et 
exposé  au  soleil,  il  se  produit,  sous  l'influence  d'un  échauffe- 
ment  inégal  de  nombreux  courants  ;  mais  si  ces  déplrce- 
ments  dans  la  masse  liquide  sont  prévins  par  la  théorie,  rien 
dans  l'apparence   de  l'eau   n'indique  leur  existence. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES 


219 


Les  cultures  de  Chlorelles,  réalisent  un  moyen  d'observer 
ces  courants  ;  flottant  comme  de  petits  ludions  à  l'intérieur 
du  liquide,  les  colonies  vertes  subissent  les  moindres  im- 
pulsions ;  si  la  masse  liquide  était  immobile,  ils  monteraient 
suivant  la  verticale,  emport^.s  par  leur  provision  d'oxygère  ; 


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Fig.  17.  —  T.  A.  Trajet  de  la  4*  colonie. 
E.  Trajet  de  la  5*  colonie. 
En  E,  même  figure   17,  on  voit  le  trajet  d'une  cinquième  colonie,  laquelle  par- 
tie à  io,o4,  descend    obliquement,  remonte   en    décrivant   une  courbe,  redescend 
en  suivant  une  courbe  opposée  à  la  première,  traverse  et  retombe  à  10  h.  07. 


ils  redescerdraient  également  suivant  la  verticale,  après 
départ  des  bulles.  Au  lieu  de  cela,  on  voit  tous  ces  petits 
ballonnets  suivre  en  quelques  minutes  les  trajets  les  plus 
capricieux  ;  dans  l'ensemble,  on  reconnaît  cependant  une 
tendance  des  colonies  à  décrire  une  ou  plusieurs  courbes.  La 
conclusion  est  que,  dans  hs  conditions  des  observations  réali- 


220  P.-A..  DANGEARD 

sées  ci-dessus,  on  a  affaire  le  plus  souvent  à  des  courants  circu- 
laires. 

Ces  quelques  observations,  si  incomplètes  qu'elles  soient, 
suggèrent  cependant  quelques  réflexions  au  sujet  du  plarcton 
des  lacs  et  du  plancton  marin. 

Si  la  profondeur  est  faible  et  si  le  fond  reçoit  pendant  le 
jour  des  radiation;  actives  dars  la  photosynthèse,  les  colonies 
d'algues  appartenant  à  différents  groupes  exécutent  un 
va-et-\ient  entre  le  fond  et  la  surface  ;  beaucoup,  s  près 
épuisement  ou  disparition  de  l'oxygène  provenant  de  la  pho- 
tosynthèse, tombent  au  fond  pendant  la  nuit  ;  lorsqu'elles 
reçoivent  à  nouveau,  le  matin,  les  radiations  actives,  l'oxy- 
gène se  forme  dans  ces  colonies  et  de  nouveau,  tous  ces 
ballonnets  reviennent  au  voisinage  de  la  surface  de  l'eau  ; 
là,  s'ils  se  comportent  comme  les  colonies  de  Chlorelles  de 
tout  à  l'heure,  leurs  déplacements  doivent  être  as.=ez  variés 
et  en  rapport  avec  les  différences  d'éclairement  qui  se  pro- 
duisent ;  ces  causes  s'ajoutant  aux  effets  des  grands  cou- 
rants, à  l'action  des  vagues  et  de  la  maiée  donnent  lieu  à 
une  résultante  que  l'on  doit  essayer  de  dégager  dans  les 
études  du  plancton  \égetal,  faites  de  jour  et  de  nuit,  à  diffé- 
rentes profondeurs. 

Lorsque  la  profondeur  dépasse  les  limites  d'action  de  la 
lumière  sur  l'assimilation,  il  semble  que  tous  les  organismes 
chlorophylliens  qui  existent  dans  cette  zone  et  y  sont  en- 
traînés doivent  pendant  la  nuit,  s'ils  ne  conservent  pas  leur 
.provision  de  gaz,  regagner  le  fond  sans  espoir  de  revenir  à 
la  surface.  On  peut  même  concevoir  que  s'ils  ne  sont  pas 
la  proie  immédiate  des  poissons  et  autres  animaux  marins, 
ils  puissent,  à  l'obscurité  plus  ou  moins  complète,  dans 
cette  station,  conserver  leur  vitalité  pendant  des  mois.  C'est 
ainsi  que  nous  avons  vu,  pages  52-53  de  ce  Mémoire,  que 
des  germes  de  Chlorella  genevensis,  conservés  à  l'obscurité 
pendant  un  an,  dans  un  liquide  minéral,  étf  ient  restés  vivants 
et  avaient  pu  servir  à  effectuer  de  nouvelles  cultures  ;  mais 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  221 

lii  multiplication  n'ayant  pas  lieu,  en  l'absence  de  carbone 
organique,  la  persistance  de  la  vie  du  plancton  aux  grandes 
profondeurs,  n'aurait  pas  grand  intérêt,  parce  que  sa  masse 
serait  forcément  réduite. 

Il  en  serait  tout  autrement,  si  la  plupart  des  organismes 
formant  le  plancton  chlorophyllien  possédaient,  comme  les 
Chlorella  et  les  Scenedesmus,  la  propriété  de  se  multiplier 
activement  et  indéfiniment  à  l'obscurité  complète  en  utili- 
sant du  carbone  organique. 

Malheureusement,  on  semble  manquer  à  cet  égard  de 
documents  précis  et  rien  jusqu'ici  n'autorise  à  croire  que 
Diatomées  et  Péridiniens  puissent  se  comporter  comme  ces 
petites  algues  vertes  microscopiques  ;  on  ignore  d'ailleurs 
si  le  carbone  organique  provenant  de  la  décomposition  des 
Poissons  et  autres  animaux  marins  pourrait  être  utilisé  au 
lieu  et  place  des  sucres  et  en  particulier  du  glucose. 

Tout  cela  est  assez  peu  probable  et  alors  se  pose  l'énigme 
de  la  vÎQ  aux  grandes  profondeurs  oîi  tout  n'est  sans  doute 
que  vie  animale,  synonyme  de  destruction. 

L'existence  des  espèces  animales,  dans  toute  l'étendue 
des  mers  ainsi  que  leur  masse,  dépend  entièrement,  comme 
sur  terre  de  l'assimilation  chlorophyllienne. 

Mais,  tandis  que  dans  ce  dernier  cas,  nous  suivons  faci- 
lement le  cycle  et  pouvons  en  constater  le  parfait  équilibre, 
il  en  est  tout  différemment  en  ce  qui  concerne  les  Océans  ; 
sans  doute,  algues  marines  des  côtes  et  plancton  forment-ils 
une  réserve  très  appréciable  ;  mais  leur  quantité  et  leur 
utilisation  ne  semblent  pas  correspondre  aussi  étroitement 
que  sur  terre  à  l'ensemble  des  animaux  marins.  Il  est  cepen- 
dant nécessaire  que  cet  équilibre  soit  réalisé,  car  sur  mer 
comme  sur  terre,  c'est  le  soleil  qui,  par  l'intermédiaire  de  la 
chlorophylle  et  de  l'acide  carbonique,  fournit  tout  le  car- 
bone nécessaire  à  la  vie  animale  ;  la  manière  exacte  dont  se 
règlent  les  échanges  en  différents  points  de  la  surface  des 
mers  et  dans  leurs  profondeurs  est  donc  seule  en  jeu  et  com- 


222 


P. -A.  DANGEARD 


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porte    de    nombreux    problèmes    dont    plusieurs    n'ont    pas 
encore  reçu  de.  solution  satisfaisante. 

Il  n'est  nullement  question  de  les  aborder  ici 
à  propos  des  quelques  observations  précédentes  ; 
celles-ci  mettent  simplement  en  évidence  dans  des 
conditions  faciles  à  réaliser  de  courarts  com- 
plexes dans  une  masse  liquide  qui  paraît  au 
repos  ;  de  faibles  différences  de  température  en 
différent î  points  suffisent  à  les  produire. 

L'expérience  suivante  est  encore  plus  démons- 
trative dans  sa  simplicité. 

Un  tube    cylindrique    ayant    une    longueur  de  . 
0  m.  35  sur  0  m.   015  de   diamètre,  avait    reçu 
une   culture  abondante  d'Oscillaire  ;  la  couche  de 
terre  sur  laquelle  reposait  cette  culture  au  fond 
du  tube,  avait  une  hauteur  de  0  m.  02. 

L'Oscillaire  avait  supporté  les  jours  précédents 
de  hautes  températures  allant  jusqu'à  35  et  38°  ; 
sous  cette  influence,  les  filaments  avaient  pris 
une  teinte  verdâtre  par  disparition  de  leur  phy- 
cocyanine  et  en  même  temps,  ils  avaient  perdu 
leur  vitalité  et  s'étaient  dissociés  en  nombreux 
petits  fragments  excessivement  légers  ;  ces  frag- 
ments formaient  une  couche  à  la  surface  de  la 
terre  au  fond  du  tube. 

Ce  tube  était  disposé  verticalement  :  tout  au- 
tour, à  la  base,  se  trouvait  un  manchon  d'eau 
contenu  dans  un  vase  cylindrique  étroit  d'une 
hauteur  de  0  m.  07  environ  (fig.  18,  T). 

La  hauteur  de  l'eau  dans  le  tube  à  essai  était 
de  0  m.  30  ;  celui-ci  était  placé,  à  une  fenêtre,  à 
faible  distance  de  la  vitre  ;  aucun  courant  ne 
semblait  exister  dans  la  masse,  à  s'en  rapporter 
aux  simples  apparences. 

A  2  h.  15,  alors  que  les  rayons  du  soleil    arri- 


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Fîg.  i8.  -T. 


LA  SENSIBILITE  DES  ALGUES  223 

valent  sur  le  tube,  nous  agitons  légèrement  son  contenu 
et  toutes  les  petites  fibrilles  constituées  par  les  filaments 
de  rOscillaire  se  répandent  dans  l'eau  et  nous  assistons  à 
un  phénomène  curieux.  Il  se  manifeste  un  courant  ascen- 
dant sur  la  face  antérieure  recevant  directement  la  ra- 
diation ;  ce  courant  emporte  les  petits  filaments  à  la  vitesse 
de  0  m.  30  par  minute  ;  ces  fibrilles,  arrivées  en  haut  du 
tube,  redescendent  à  la  face  postérieure  ;  ces  deux  cou 
rants  en  sens  inverse  l'un  de  l'autre  sont  extrêmement 
nets. 

Nous  notons  la  différence  de  température  entre  l'eau  du 
cylindre  de  base,  qui  marque  33o  et  l'eau  du  tube  à  sa  partie 
supérieure  qui  indique  32°. 

Il  a  donc  suffi  d'une  différence  de  1°  entre  deux  régions 
séparées  de  0  m.  30  pour  déterminer  l'existence  d'un  cou- 
rant dont  la  vitesse  atteint  presque  1  mètre  en  trois  mi- 
nutes, malgré  l'action  de  la  pesanteur 

A  2  h.  40,  les  rayons  du  soleil  disparaissent  progressive- 
ment et  les  deux  courants  qui  jusque-là  avaient  conservé 
leur  vitesse  du  début,  commencent  à  se  ralentir  tout  en 
restant  très  distincts. 

A  3  h.  30,  l'appareil  est  replacé  au  soleil  et  les  deux  cou- 
rants reprennent  leur  vitesse  initiale  ;  la  température  à  ce 
moment  est  de  30»  en  bas  dans  l'eau  du  cylindre  et  de  28o9 
en  haut  du  tube. 

Une  rotation  de  180°  du  tube  amène  une  confusion  de 
toutes  les  particules  entraînées  ;  elle  ne  dure  que  quelques 
secondes  et  les  deux  courants  se  reforment  aussitôt  dans 
l'ordre  précédent  ;  courant  ascendant  du  côté  qui  reçoit 
directement  la  radiation  et  courant  descendant  sur  la  face 
postérieure! 

Il  est  remarquable  de  constater  qu'une  différence  de 
un  dizième  de  degré  suffit  pour  maintenir  au  ralenti,  sur 
un  espace  de  0  m.  30,  les  deux  courants,  ascendant  et  des- 
cendant. 


224  P.-A.  DANCEARD 

On  peut  affirmer,  dans  cette  expérience  qu'il  s'agit  bien 
d'un  mouvement  de  l'eau,  sans  que  le  dégagement  d'oxy- 
gène par  l'algue  puisse  intervenir  comme  dans  les  obser- 
vations précédentes  ;  l'Oscillaire  a  perdu  sa  vitalité  ;  elle 
est  en  complète  dégénérescence  ;  si  elle  se  prête  admirable- 
ment à  l'étude  des  mouvements  de  l'eau,  c'est  simplement 
à  cause  de  la  ténuité  des  filaments,  de  leur  légèreté  et  de  leur 
visibilité. 

Le  comportement  de  ces  deux  courants  n'est  pas  sans 
rappeler  celui  qui  se  produit  dans  certaines  cellules  végé- 
tales, comme  celles  de  VElodea  Canadensis  par  exemple  ; 
si  la  cause  du  mouvement  est  différente,  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  dans  les  deux  cas,  la  présence  d'éléments  figurés 
dans  l'eau  ou  dans  le  cytoplasme  est  nécessaire  à  la  per- 
ception de  ce  mouvement  ;  pour  les  cellules  végétales,  ce 
sont  les  chloroplastes  et  les  cytosomes  qui,  par  leurs  dépla- 
cements, indiquent  la  direction  des  courants. 

Sans  insister  davantage,  il  nous  sera  permis  de  dire  que 
le  déterminisme  d'un  mouvement  tel  que  celui  qui  existe 
dans  les  cellules  végétales  pourrait  bien  ressortir  d'une  cause 
aussi  simple  que  celle  qui  provoque  la  formation  des  deux 
courants  inverses  dans  cette  expérience. 

Le  Supplément  qui  va  faire  suite  à  cette  Série  XIV  du 
Botaniste,  donnera  prochainement,  avec  planches  nom- 
breuses, l'ensemble  des  observations  réalisées  à  Taide 
d'écrans  variés  et  aussi  les  spectrogrammes  de  croissance 
obtenus  avec  notre  nous-elle  méthode  :  on  aura  ainsi  un 
ensemble  très  complet  sur  Taction  des  différer  tes  radiations 
du  spectre    dans  la   photosynthèse. 


7267  —  Imp.  Jouve  et  Cie,  15,  rue  Racine,  Paris.   —  11-1926. 


La  Série  XIV  du  Botaniste  se  trouve  terminée  avec 
la  publication  de  ce  fascicule  III-VI  :  l'abonnement 
devient  donc  exigible  pour  ceux  de  nos  abonnés  qui 
n'ont  pas  effectué  le  paiement  d'avance. 


Il  nous  a  été  impossible,  à  cause  des  frais  élevés 
d'édition,  d'incorporer  dans  cette  Série  XIV,  le  détail 
de  nos  observations  sur  l'emploi  des  différents  écrans 
et  du  spectre  dans  l'étude  de  la  photosynthèse. 

Ces  recherches  sont  à  l'impression  et  vont  paraî- 
tre très  prochainement  en  un  Supplément  du  prix 
de  30  fr .  qui  fera  suite  au  mémoire  précédent. 

On  y  trouvera  notamment  de  nombreux  spectre- 
grammes  de  végétation  indiquant  nettement  quelles 
sont  dans  le  spectre  les  radiations  actives  dans  l'as- 
similation chlorophyllienne  et  quel  est  leur  degré 
d'importance. 


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New  York  Botanical  Garden   Librar 


3  5185  00259  3620 


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