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f'" iè\
Ml'Ill'ilhH
'^(SLi^cT' JIpXO.S^ Ç". 14-if h
Harvard Collège
Library
THE GIFT OF
CHARLES HALL GRANDGENT
CLASS OF 1883
PROFESSOR OF ROBfANGE LANGUAGES
EMERITUS
3 2044 102 774 874
L
LE CHEVALIER DE
MAISON-ROUGE
PAR
ALEXANDRE DUMAS
ABRIDGED AND EDITED WITH NOTES AND
VOCABULARY
BY
L. SAUVEUR
AND
E. S. JONES
HEAD MASTER OF THE ALLEN SCHOOL OF WEST NEWTON
NEW YORK-:- CINCINNATI-:- CHICAGO
AMERICAN BOOK COMPANY
^ HARVARD C0UE6E LIBRARY
GfFT OF
CHARLES HAIL GRAKDGENT
JANUARY 14, 1933
Copyright, 1907, by
L. Sauveur and E. S. Jones
Le Chevalier de Maison-Rouge
w. p. I
PREFACE
IS the Chevalier de Maison-Rouge an historical per-
sonage? Did he ever exist? An enthusiastic in-
vestigator, passionately interested in solving mysteries,
and greatly esteemed in this field of labor, M. G.
Lenôtre, has just written a volume entitled: "Le vrai
Chevalier de Maison-Rouge." This personage is, he
says, A. D. J. Gonzze de Rougeville, who was born
in 1761, and died in 1814.
Although in this book of M. Lenôtre the silhouette
of the hero is still indistinct, and a part of the enigma
remains, yet the author shows that Rougeville was
received at court, and on June 20th, 1792, he was with
the queen during the occupation of the Tuileries by
the mob. The queen herself bears witness to the
truth of this, and says: "He remained near me in
the room ail the time that I myself was there."
The plot of the "red carnation" was the work of
Rougeville. (See note upon l'œillet rouge, page 60.)
Another extract from the book of M. Lenôtre is
çxceptionally interesting. When Alexandre Dumas
was about to publish his book, he gave to the public
the following announcement : "The work entitled Le
Chevalier dç Maison-Rouge bore at first the title of
Le Chevalier de Rougeville, and was thus advertised.
One morning I received this letter:
4 Le Chevalier de Maison-Rouge
My dear Sir: My father's part in the Révolution
was of such a mysterious nature that I cannot without
deep concern think of his name as the title of your
book. Please hâve the kindness to reassure me.
Marquis de Rougeville.
I replied:
My dear Sir: I did not know that a man was still
living who had the honor of being called the Marquis
de Rougeville. While my volume in ail respects does
honor to your father, it shall not be called the Che-
valier de Rougeville, but Le Chevalier de Maison-
Rouge.
A monlh later I received thîs response:
My dear Sir: Vou may call your book as you
please. I am the last of my family, and shall end my
life in an hour. de Rougeville."
This was the i8th of March, 1845. He was thirty-
four years old. His father, the hero of Dumas' work,
had been shot at Reims during the Cent Jours (the
time between the entrance of Napoléon into Paris,
March 20th, 1815, and the Restoration.)
This volume of M. Lenôtre has suggested the idea
of preparing for schools an édition of Dumas' work,
one of the best and most interesting by the great
fiovelist. It introduces us to the most moving scènes
of the Révolution, the events of the famous year 1793,
which witnessed the exécution of the king Louis XVI.,
Marie-Antoinette, the Girondists, Madame Roland and
Charlotte Corday, the heroic young woman who
assassinated Marat
Le Chevalier de Maison-Rouge 5
Alexandre Dumas takes us into the Temple, the
prison of the royal family, and shows us there the
dauphin of France in the hands of the cobbler Simon
and the sufferings of the little martyr. The book
présents to our vîew the terrible struggles of the
Montagnards and the Girondists for the control of the
government, while at ail the frontiers the armies of
the Republic repulsed the enemies of France.
In this édition the civil status of lone of the per-
sonages has been changed. The other liberties taken
with the text of the original hâve been rendered
necessary to reduce the volume to convenient size for
school use, but hâve in no way diminished the interest
of the narrative.
The notes, chiefly historical, hâve been prepared
with the view of aiding the pupil to understand the
events described, which would often be found un-
intelligible without some explanation.
The vocabulary is intended to be absolutely complète.
LE CHEVALIER DE MAISON-ROUGE
I
l'inconnue
Le 9 mars 1793 il y avait eu à la convention une
I La Convention. — This is the thîrd assembly of the
Révolution. It opened Sept. 20, 1792, and lasted till the
26th of Oct., 1795. Preceding this came the National Lé-
gislative Assembly which opened the ist of October 1791,
and closed Sept. 20th of the following year.
The first, the Constituent Assembly, which opened May
5th, 1789 under the name of the States-General won the
admiration of the world. Mignet says: "This first and
glorious assembly of the nation was courageous, en-
lightened, just, and had but one passion — ^that of the law.
It accomplished in two years by its efforts and înde-
fatigable persévérance the greatest révolution that a
single génération of mortals has ever seen. It suppressed
despotism and anarchy, foiled the plots of the aristocracy
and maintained the subordination of the masses. It es-
tablished equality among the citizens and decreed that the
people should be the source of ail power, as in the Ame-
rican Republic."
The brief existence of the Législative Assembly was
stormy, and distressed by the conflicts of parties.
The career of the Convention was tragic and terrible.
It beheld in its midst the violent struggles of parties, and
their extermination in turn upon the scaffold, together
with the king and queen of France. Every day through
7
8 Le Chevalier de Maison-Rouge
séance des plus orageuses, Danton montant à la
the streets of Paris rolled carts loaded with the con-
demned, among them the most powerful and illustrious:
the Girondists, Madame Roland, Danton and the Danton-
ists, Robespierre and the Robespierrists. It was not the
guillotine which gave the death-blow to the ignoble Ma-
rat, but an heroic young girl, Charlotte Corday.
The terrible assembly accomplished this grand resuit:
ît secured the independence of France. Its fierce energy
entered ail hearts. The French soldiers at the frontiers
met the enemy with the same courage that their fellow
patriots at home displayed upon.the scaffold.
"At no epoch," says Louis Blanc, "has France appeared
from without more imposing or more terrible. Never
since the time of Charlemagne had its empire extended
to so many countries; and its conquests were the resuit
of an unparalleled struggle sustained against the com-
bined forces of Europe. Four figures tell ail. In eighteen
months France won twenty-seven battles, was victorious
în one hundred and twenty engagements, carried one
hundred and sixteen fortified positions. This list was
suspended in the Convention."
I Danton. — A celebrated member of the Convention
who was guillotined the Sth of April, 1794. He was
thirty-four years old. With few exceptions the heroes of
the Révolution died with amazing courage. Thèse patriots
preferred death to flight or abandonment of their prin-
ciples. Danton was Minister of Justice in 1792. In the
National Convention he was an adversary of the Giron-
dists and contributed to their downfall. Robespierre, then
all-powerful, jealous of Danton's influence, had him and
his friends (among them Camille Desmoulins) condemned
and executed. "Thus perished," says Mignet, "the late
and last defenders of humanity, of modération; the last
who wished for peace among the conquerors and pity for
the vanquished. After them the terror reigned. The
Le Chevalier de Maison-Rouge 9
tribune, s'était écrié : « Les soldats manquent, dites-
vous? Offrons à Paris une occasion de sauver la
France, demandons-lui trente mille hommes, en-
voyons-les à Dumouriez, et la France est sauvée. »
5 La proposition avait été accueillie par des cris
d'enthousiasme. Des registres avaient été ouverts
dans toutes les sections.
Avant minuit, trente-cinq mille noms étaient ins-
crits sur ces registres. Dans chaque section, en
10 s'inscrivant, les enrôlés volontaires avaient de-
mandé qu'avant leur départ les traîtres fussent pu-
nis. Les Montagnards décidèrent que ce seraient
les Girondins qui seraient les traîtres. Au milieu
des délibérations de la Convention de grands cris
Girondists had wished to prevent it, the Dantonists en-
deavored to arrest it Ail perished."
4 Dumouriez. — Bom at Cambrai în 1739, died in Eng-
land in 1823. He was War Minister during the Révolu-
tion. Under his command the army of the north con-
quered Belgium. Indignant at the death of Louis XVI.,
he threatened the Convention, which sent deputies to
arrest him. He delivered the deputies into the hands of
the Austrians, and sought refuge in flight. The Duc de
Chartres, a lieutenant who accompanied him, was made
king in 1830 under the name of Louis-Philippe.
13 Girondins. — So called because the first deputies came
from la Gironde. They sat at the right in the Assembly;
their adversaries, the Montagnards, sat at the left upon
higher seats (sur la montagne). The most famous were
Vergniaud, Brissot, Roland, Pétion, Condorcet They
were more moderate than the Montagnards. Twenty of
them, at Robespierre's command, perished upon the scaffold
Oct. 30th, 1793.
10 Le Chevalier de Maison-Rouge
se firent entendre. La Convention, était habituée
aux visites de la populace. Elle fit demander ce
qu'on lui voulait; on lui répondit que c'était une
députation des enrôlés volontaires qui demandaient
5 à défiler devant elle.
Aussitôt les portes furent ouvertes et six cents
hommes, armés de sabres, de pistolets et de piques,
apparurent et défilèrent au milieu dçs applaudisse-
ments, en demandant à grands cris la mort des
10 traîtres.
— Oui, leur répondit Collot d'Herbois, oui, mes
amis, malgré les intrigues, nous vous sauverons,
vous et la liberté !
Et ces mots furent suivis d'un regard jeté aux
15 Girondins, regard qui leur fit comprendre qu'ils
étaient en danger.
Or, ce soir-là même une femme enveloppée d'une
niante d'indienne lilas, se glissait le long des mai-
sons de la rue Saint-Honoré, se cachant dans
20 quelque enfoncement de porte, chaque fois qu'une
patrouille apparaissait. Au coin de la rue de Gre-
nelle elle tomba tout à coup, non pas dans une pa-
trouille, mais dans une petite troupe de ces braves
enrôlés volontaires qui avaient dîné à la halle au blé.
25 — Eh! là, là, citoyenne, cria le chef des enrôlés,
où vas-tu?
II CoUot'd'Herbois, — A celebrated member of the Conven-
tion who,as président, gave the order forRobespierre*s arrest.
25 citoyenne. — ^The terms citoyen, citoyenne were used
during the Révolution instead of monsieur, madame, ma-
demoiselle.
Le Chevalier de Maison-Rouge ii
La fugitive ne répondit point et continua de
courir.
— En joue! dit le chef, c'est un homme déguisé.
— Non, non! s'écria-t-elle, je ne suis pas un
5 homme.
— Alors, entrons au premier poste.
On était déjà à la hauteur de la barrière des Ser-
gents, quand tout à coup un jeune homme de haute
taille, enveloppé d'un manteau, tourna le coin de la
10 rue Croix-des-Petits-Champs, juste au moment où
la prisonnière essayait paf ses supplications d'ob-
tenir qu'on lui rendît la liberté. C'était Maurice
Lindey, secrétaire de la section des Frères et Amis.
Il réussit à enlever l'inconnue aux enrôlés volon-
15 taires.
Maurice, en se trouvant seul avec la jeune femme,
fut un instant embarrassé.
— Où allez-vous, citoyenne? lui dit-il.
— Hélas! monsieur, bien loin, lui répondit-elle.
20 Du côté du Jardin des Plantes.
Quand ils entrèrent dans la rue des Fossés-
Saint- Victor, elle étendit la main vers une maison
située au delà des murs du Jardin des Plantes.
Quand nous serons là, vous me quitterez, dit-elle.
25 — Fort bien, madame.
— J'ai encore une grâce à vous demander, ajoutâ-
t-elle, un adieu d'ami.
— Un adieu d'ami! Oh! vous me faites trop
d'honneur, madame. Un singulier ami que celui
30 qui ne sait pas le nom de son amie, et à qui cette
amie cache sa demeure.
12 Le Chevalier de Maison-Rouge
La jeune femme baissa la tête.
— Me voici arrivée, monsieur, dit-elle bientôt.
On était en face de la vieille rue Saint- Jacques.
— Ici? dit Maurice. Comment! c'est ici que
5 vous demeurez?
— Ici. Adieu donc, mon brave chevalier; adieu,
mon généreux protecteur !
— Adieu, madame, répondit Maurice.
— Je ne voudrais cependant pas prendre congé
10 de vous ainsi, dit-elle. Voyons, monsieur, votre
main.
Maurice se rapprocha de l'inconnue et lui tendit
la main.
Il sentit alors que la jeune femme lui glissait une
15 bague au doigt.
— Oh ! citoyenne. Vous ne vous apercevez pas
que vous perdez une de vos bagues?
— Oh! monsieur, dit-elle, ce que vous faites là
est bien mal, que vous faut-il?
ao — Ce qu'il me faut? s'écria-t-il. Il faut que je
vous revoie.
— Impossible!
— Comment! demanda Maurice, vous me dites
que je ne vous reverrai jamais?
25 — Jamais! répondit l'inconnue. Écoutez! me
jurez-vous sur l'honneur de tenir vos yeux fermés
pendant soixante secondes !
— Et, si je le jure, que m'arrivera-t-il ?
— Il arrivera que je vous prouverai ma recon-
30 naissance.
— Je le jure.
Le Chevalier d^ Maison-Rouge 13
La jeune femme prit ses deux mains dans les
siennes, le tourna comme elle voulut. Soudain il
sentit à un de ses doigts la bague qu'il avait re-
fusée,
s Lorsque Maurice Lindey revint à lui, il ne vit
que des ruelles sombres qui s'allongeaient à sa
droite et à sa gauche; il essaya de chercher, de se
reconnaître; mais son esprit était troublé, la nuit
était sombre; la lune, qui était sortie un instant
10 pour éclairer le charmant visage de l'inconnue, était
rentrée dans ses nuages. Le jeune homme, après
un moment d'incertitude, reprit le chemin de sa
maison, située rue du Roule.
En arrivant dans la rue Sainte-Avoie, il fut sur-
is pris de la quantité de patrouilles qui circulaient
dans le quartier du Temple.
— Qu'y a-t-il donc, sergent? demanda-t-il au
chef d'une patrouille.
— Ce qu'il y a? dit le sergent. Il y a, mon offi-
20 cier, qu'on a voulu enlever cette nuit la femme
Capet.
— Et y a-t-il quelque espoir de rattraper les cons-
pirateurs ?
— Oh ! il n'y en a qu'un qu'il serait bien important
25 de reprendre, le chef, un grand maigre. . .qui avait
été introduit parmi les hommes de garde par un des
municipaux de service.
Maurice continua sa route.
20 la fenime Capet, — ^The queen's guards gave her thîs
name. The king was descended from Hugh Capet, the head
of the third race of FrçRçh kings.
14 Le Chevalier de Maison-Rouge
Le lendemain, il trouva une lettre sur sa table.
Il rouvrit, elle contenait ces mots:
« Merci! Reconnaissance éternelle en échange
d'un éternel oubli. . . »
5 La lettre était un charmant petit billet qui sentait
son aristocratie d'une lieue.
Comme Maurice la relisait, sa porte s'ouvrit.
Celui qui entrait était un jeune homme vêtu en
patriote.
10 — Ah! tu dors, Brutus, dit le nouvel arrivé, et
la patrie est en danger. Fi donc !
— Non, Lorin, dit en riant Maurice, je ne dors
pas, je rêve.
— Oui, je comprends, la femme de la rue Saint-
15 Honoré, qui est-elle, et où demeure-t-elle ?
— Je n'en sais rien.
— Maurice, tu es amoureux.
— Moi, amoureux ! dit Maurice en secouant la tête.
— Oui, toi, amoureux, mais parlons politique.
•20 Sais-tu la nouvelle?
— Je sais que la veuve Capet a voulu s'évader,
et que le fameux chevalier de Maison-Rouge est à
Paris, déguisé en chasseur de la Garde Nationale.
23 la Garde Nationale. — It was formed by the electors
of Paris in June 1789 under the name of Garde Bourgeoise
or Citizens* Guard, notwithstanding the opposition of the
king, who, however, ratified its formation after the taking
of the Bastille. It was formed to protect the people against
the troops which surrounded the court, and those en-
camped upon the Champ de Mars, who were a constant
menace to the city of Paris. Lafayette was appointed
commander-in-chief of the National Guard.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 15
— Et il n'est point arrêté? ajouta Maurice.
— Ah! bien oui, arrête Protée, mon cher, arrête
donc Protée.
— Le fait est, dit Maurice, que, pour entreprendre
5 de pareilles choses, il faut un g^and courage.
— Ou un grand amour.
— Crois-tu donc à cet amour du chevalier pour
la reine?
— Je n'y crois pas ; je le dis comme tout le monde.
10 — Tu dis donc que le chevalier de Maison-
Rouge. . . ?
— Je dis qu'on le traque en ce moment-ci, et que
s'il échappe, ce sera un fin renard.
' — Et que fait la Commune dans tout cela?
15 — La Commune va rendre un arrêté par lequel
chaque maison, comme un registre ouvert, laissera
voir, sur la façade, le nom des habitants.
— Oh! excellente idée! s'écria Maurice.
2 Protée. — Proteus, în classical mythology, was a sea-
god, the son of Oceanus and Tethys, who had the power
of assuming différent shapes. The Chevalier de Maison-
Rouge seemed to possess the same power.
14 la Commune. — ^The Commune of Paris, celebrated
for the rôle ît played în the Révolution, was composed
of 140 members. It exercised a formidable power, and
was often in serious conflict with the Assembly. It was
ruled by Marat, and Robespierre was one of its members.
It played an important part in the massacres of Septem-
ber, demanded the indictment of the Girondists, and later
armed itself to save Robespierre condemned to death by
the Convention. This was the end of the famous Com-
mune: the day after the exécution of Robespierre, seventy
of its members were guillotined.
i6 Le Chevalier de Maison-Rouge
En eflfet, il songeait que ce lui serait un moyen
de retrouver son inconnue, ou tout au moins
quelque trace d'elle qui pût le mettre sur sa voie.
— Je cours à la section, dit Maurice en sautant
.5 à bas de son lit.
Vers dix heures, Maurice arriva à la section dont
il était le secrétaire.
L'émoi était grand. Il s'agissait de voter une
adresse à la Convention pour réprimer les complots
10 des girondins. On attendait impatiemment Mau-
rice.
Il n'était question que du retour du chevalier de
Maison-Rouge, de l'audace avec laquelle cet acharné
conspirateur était rentré pour la deuxième fois
is dans Paris, où sa tête, il le savait cependant, était
mise à prix. On rattachait à cette rentrée la ten-
tative faite la veille au Temple.
Contre l'attente générale, Maurice fut mou et
silencieux, rédigea habilement la proclamation, prit
20 son chapeau, sortit et s'achemina vers la rue Saint-
Honoré. Il revit le coin de la rue du Coq, où
pendant la nuit, la belle inconnue lui était apparue,
suivit le même chemin qu'il avait parcouru à ses
côtés, traversa les ponts et arriva bientôt dans la
25 rue Victor.
— Pauvre femme! murmura Maurice, qui n'a
pas réfléchi hier que la nuit ne dure que douze
heures et que son secret ne durerait probablement
pas plus que la nuit. A la clarté du soleil, je vais
30 retrouver sa porte.
Il entra alors dans la vieille rue Saint- Jacques,
Le Chevalier de Maison-Rouge 17
chercha pendant deux heures et ne trouva
rien.
— Adieu! dit-il, belle mystérieuse: tu m'as traité
en sot ou en enfant. En eflfet, serait-elle venue ici
5 avec moi si elle y demeurait?
II
LE TEMPLE
Ce même jour, où Maurice, désappointé, re-
passait le pont de la Tournelle, plusieurs munici-
paux, accompagnés de Santerre, commandant de la
10 garde nationale parisienne, faisaient une visite dans
la tour dû Temple, transformée en prison depuis
le 13 août 1792.
Cette visite se faisait dans l'appartement du troi-
sième étage, composé d'une antichambre et de trois
15 pièces.
6 Le Temple. — After the suspension of the kîng, decreed
by the Assembly the loth of August, this body wished
to give the royal family the palace of the Luxembourg.
The Commune protested on account of the facility of
escape which the Luxembourg afforded. The Assembly
yielded, and the king was transferred to the Temple. This
rectangular édifice surrounded by thick walls was con-
verted into a prison. The light from the windows was
reduced, and iron gâtes and doors were placed in the
corridors and stairways. In order further to isolate it,
trees were felled, and neighboring buildings removed. A
single servant was allowed the royal family, the valet de
chambre Cléry.
i8 Le Chevalier de Maison-Rouge
Une de ces chambres était occupée par deux
femmes, une jeune fille et un enfant de neuf ans,
tous vêtus de deuil.
L'aînée de ces femn>es avait trente-sept à trente-
huit ans. Elle était assise et lisait près d'une table.
La seconde était assise et travaillait à un ouvrage
de tapisserie : elle pouvait être âgée de vingt-huit à
vingt-neuf ans.
La jeune fille en avait quatorze et se tenait près
de l'enfant.
L'aînée de ces femmes paraissait concentrer son
attention sur son livre.
4 L'ainée de ces femmes. — Marie-Antoinette, daughter
of the Austrian emperor and Marie-Thérèse, the great
Hungarian queen. In 1770, at the âge of fifteen, she
married the dauphin, who later became Louis XVI. She
was queen in 1774 and guillotined in 1793.
6 La seconde. — Elizabeth of France, the sîster of
Louis XVI., born at Versailles in 1764. A model of gen-
tleness, virtue and dévotion, she would not be separated
from her brother, and shared his prison. She was guil-
lotined March loth, 1794.
9 La jeune fille. — Marie-Thérèse-Charlotte, born in
1778, the daughter of Louis XVI. and Marie- Antoinette.
She was fourteen years old when she entered the Temple
with her parents, and mourned in succession the death of
her father, mother, aunt and brother. She left the Temple
Dec. 26th, 1795, and four years later married her cousin
the Duc d'Angoulème, son of the Comte d'Artois, brother
of Louis XVI. The Comte d'Artois was king of France
under the name of Charles X., in 1824, after the death of
his brother Louis XVIII.
10 Venfant. — ^The dauphin of France, son of Louis XVI.,
born at Versailles in 1785, died at the Temple June 8, 1795.
Le Chevalier de Maison-Rouge 19
Alors, un des municipaux s'approcha d'elle, saisit
son livre et le jeta au milieu de la chambre. La
jeune fille s'élança, entoura de ses bras la tête de
la lectrice et murmura en pleurant:
5 — Ah! pauvre mère!
Puis elle l'embrassa.
La mère, à son tour, colla la bouche sur l'oreille
de la jeune fille, comme pour l'embrasser aussi, et
lui dit:
10 — Marie, il y a un billet caché dans la bouche du
poêle; ôtez-Ie.
— Allons, allons! dit le municipal. Aurez- vous
bientôt fini de vous embrasser?
— Monsieur, dit la jeune fille, la Convention a-
15 t-elle décrété que les enfants ne pourront plus em-
brasser leur mère?
— Non; mais elle a décrété qu'on puinirait les
traîtres, et c'est pourquoi nous sommes ici pour in-
terroger. Voyons, Antoinette, réponds.
20 Celle qu'on interpellait ainsi détourna la tête, et
une légère rougeur passa sur ses joues.
— Répondez, Antoinette, dit alors Santerre en
s'approchant, on a cette nuit essayé de vous sous-
traire à la captivité que vous inflige la volonté du
25 peuple. Le saviez-vous?. . . Vous ne voulez pas
répondre? C'est bien, nous allons savoir alors ce
que va dire ton fils.
Et il s'approcha du lit du dauphin.
A cette menace, Marie-Antoinette se leva.
30 — Monsieur, dit-elle, mon fils est malade et
dort. . . Ne le réveillez pas.
20 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Réponds alors.
— Je ne sais rien.
Le municipal alla droit au lit du petit prisonnier.
— Allons, allons, réveille-toi, Capet, dit-il.
5 L'enfant ouvrit les yeux et sourit.
— Que me voulez-vous? demanda Tenfant.
— Savoir si tu n'as rien entendu cette nuit?
— Non, j'ai dormi.
— Tu aimes fort à dormir, à ce qu'il paraît?
10 — Oui, parce que quand je dors, je rêve.
— Et que rêves-tu?
— Que je revois mon père.
— Ainsi, tu n'as rien entendu? dit vivement San-
terre.
15 — Rien.
— Ces louveteaux sont, en vérité, bien d'accord
avec la louve; et, cependant, il y a eu un complot.
Exécutons le décret de la Commune. Lève-toi,
Capet.
20 — Que voulez- vous faire? s'écria la reine.
— Ton fils, dit le municipal, est un sujet d'alarmes
21 un sujet d'alarmes. — ^The queen treated hîm, în fact,
as a king, giving him at table an elevated seat, like a
small throne. The plots of the conspirators were chiefly
directed towards the abduction of the dauphin. His his-
tory is the saddest and most revolting of ail.
On the I3th of August, 1792, when seven years old,
he entered the Temple with his family. There he lived
and suffered for three years, and there he died at the âge
of ten, the 8th of June, 1795. The king was his tutor in
prison, and daily instructed him in history. Latin and
arithmetic. Louis XVL the day before his exécution
made the child swear never to avenge his father's death,
Le Chevalier de Maison-Rouge 21
continuel pour le conseil du Temple.. C'est lui qui
est le point de mire de tous les conspirateurs. —
Tison ! . . . — Appelez Tison.
Tison était une espèce de journalier chargé des
gros ouvrages de ménage dans la prison. Il ar-
riva.
— Tison, dit Santerre, qui est venu, hier, apporter
leur linge aux détenus?
— Ma fille.
— On t'a dit d'examiner le linge avec attention.
— Eh bien, est-ce que je ne m'acquitte pas de
mon devoir ? à preuve qu'il y avait hier un mouchoir
auquel on avait fait deux nœuds, que je l'ai été
porter au conseil, qui a ordonné à ma femme de le
dénouer, de le repasser, et de le remettre à madame
Capet sans lui tien dire.
A cette indication de deux nœuds faits à un
mouchoir, la reine tressaillit.
— Tison, dit Santerre, ta fille est une citoyenne
should he hâve the mîsfortune to become king. ... The
3rd of July he was torn from his mother's amis, in spite
of her sobbing prayers and entreaties. He never again
saw the face of any member of his family. Simon the
cobbler was appointée his guardian. He, a man brutal,
fanatical and cruel, crushed the child's spirit by beating
him into dumb submission, and made of him a servant. No
successor was appointed when Simon gave up his position,
but the child was shut up in a cell like a tomb, where he
languished in absolute solitude. He became dumb, almost
idiotie. After six months of this frightful solitude, the
"reîgn of terror" past, some attention was given him.
It was too late. The only words he could be made to
pronounce were thèse: "Je veux mourir."
22 Le Chevalier de Maison-Rouge
dont personne ne soupçonne le patriotisme; mais,
à partir d'aujourd'hui, elle n'entrera plus au Temple.
— Oh! mon Dieu! dit Tison effrayé, que me
dites-vous donc là?
s — Citoyen, dit Santerre, tais-toi, ou tu pourrais
mal t'en trouver. Fais monter ta femme.
La femme Tison monta.
— Viens ici, citoyenne, dit Santerre; nous allons
passer dans l'antichambre, et pendant ce temps, tu
10 fouilleras les détenues.
— C'est bien, dit la femme; allez- vous-en, je suis
prête à les fouiller.
Ces hommes sortirent.
— Ma chère madame Tison, dit la reine, croyez. .
15 — Je ne crois rien, dit l'horrible femme en grin-
çant des dents; que je trouve quelque chose de
suspect sur toi, et tu verras.
On trouva sur elle un mouchoir noué ^e trois
nœuds, un crayon, un scapulaire et de la cire à
20 cacheter.
— Oh! madame, dit la reine, ne montrez que le
scapulaire.
— Ah bien, oui, dit la femme, de la pitié pour
toi!...
25 La femme Tison rappela les municipaux: elle
leur remit les objets trouvés sur la reine.
— Maintenant, dit Santerre, nous allons te lire
l'arrêté de la Convention, qui ordonne que tu seras
séparée de ton fils.
30 — Mais c'est donc vrai que cet arrêté existe?
— Allons! allons! lêve-toi, Capet, et suis-nous.
Le Chevalier de Maison-Rouge 23
— Jamais! jamais! s'écria la reine, s'élançant
entre les municipaux et le jeune Louis, jamais je
ne me laisserai enlever mon enfant!
— Parlez, dit Santerre, avouez le projet de vos
s complices, alors on vous laissera votre fils.
I^a reine, essuyant fièrement une larme, qui brillait
comme un diamant au coin de sa paupière :
— Adieu, mon fils, dit-elle; n'oubliez jamais
votre père qui est au ciel, votre mère qui ira bien-
10 tôt le rejoindre; redites, tous les soirs et tous les
matins, la prière que je vous ai apprise. Adieu,
mon fils.
Elle lui donna un dernier baiser; et, se relevant
froide et inflexible:
15 — Je ne sais rien, messieurs, dit-elle; faites ce
que vous voudrez... Et elle retomba anéantie sur
une chaise, tandis qu'on emportait l'enfant, dont
les larmes coulaient et qui lui tendait les bras, mais
sans jeter un cri.
30 La porte se referma derrière les municipaux qui
emportaient l'enfant royal, et les trois femmes de-
meurèrent seules.
Il y eut un moment de silence désespéré, inter-
rompu seulement par quelques sanglots.
25 La reine le rompit la première.
— Ma fille, dit-elle, et ce billet?
— Je l'ai brûlé, comme vous me l'avez dît, ma
mère, et sans le lire.
— Mais vous avez vu l'écriture, du moins. Ma-
so rie, dit la reine.
— Oui, ma mère, un moment.
24 Le Chevalier de Maison-Rouge
La reine se leva, et, tirant une épingle de ses
cheveux, elle s'approcha de la muraille, fit sortir
d'une fente un petit papier plié en forme de billet, et,
montrant ce billet à Madame Royale:
5 — L'écriture était-elle la même que celle-ci?
— Oui, oui, ma mère, oui, je la reconnais!
— Dieu soit loué! s'écria la reine. S'il a pu
écrire, depuis ce matin, c'est qu'il est sauvé.
— De qui parlez-vous donc, ma mère? demanda
10 Madame Royale. Quel est cet ami? Dites-moi
son nom, que je le recommande à Dieu dans mes
prières.
— Il s'appelle le chevalier de Maison-Rouge. , • .
La tentative d'enlèvement avait excité la colère
2S des républicains. Ce qui corroborait cet événe-
ment, c'est que le comité de sûreté générale apprit
que, depuis trois semaines ou un mois, une foule
d'émigrés étaient rentrés en France. Il était évident
que des gens qui risquaient ainsi leur tête ne la
so risquaient pas sans dessein, et que ce dessein était,
selon toute probabilité, de concourir à l'enlèvement
de la famille royale.
Déjà avait été promulgué le décret qui condamnait
à mort tout émigré convaincu d'avoir remis le pied
23 le décret qui condamnait. ,, .tout émigré. — ^The
émigrés were numerous. Àmong them were the two
brothers of the king, the future kings of France (Louis
XVIII. and Charles X.), the Condé and other chiefs of
the royalists. Thèse refugees plotted and aroused against
the Republic ail the enemies of France, hence it is not
surprising that the Assembly should take severe measures
against them.
Le Chevalier de Maison-Rouge 25
en France, tout Français convaincu d'avoir eu des
projets d'émigration.
Cette terrible loi inaugurait la Terreur. Il ne
manquait plus que la loi des suspects,
s Cependant, le chevalier de Maison-Rouge n'était
pas pris ; on n'entendait plus parler de lui. Il y eut
un instant de calme.
Le volcan montagnard se reposait avant de dé-
vorer les Girondins.
10 Maurice sentit le poids de ce calme, et, ne sachant
que faire d'un loisir qui le livrait tout entier à
l'ardeur d'un sentiment qui, s'il n'était pas l'amour,
lui ressemblait fort, il relut la lettre, baisa son
beau saphir, et résolut, malgré le serment qu'il
is avait fait, d'essayer d'une dernière tentative.
Son plan, d'ailleurs, était bien simple. Les listes
placées sur chaque porte devaient lui donner les
premiers indices.
Il ignorait le nom de son inconnue, mais il devait
20 être conduit par les analogies. Il était impossible
qu'une si charmante créature n'eût pas un nom en
harmonie avec sa beauté.
3 Terreur. — The "Terror" was inaugurated by the law
which suppressed the hearing of witnesses and the défense
of the accused. In 45 days it counted, in Paris alone,
1285 victims.
4 la loi des suspects. — The Republic threatened with-
out and within became a camp for the republicans and a
prison for the dissenters. It formed fourteen armies, and
sent 1,200,000 soldiers to the f rentiers. The I7th of
Sept., 1793 the Assembly passed a decree ordering the
arrest of foreigners and citizens suspected of plotting
against the Republic.
20- Le Chevalier de Maison-Rouge
Maurice revêtit une carmagnole de gros drap
brun, se coiffa du bonnet rouge des grands jours,
et se mit à parcourir la vieille rue Saint- Jacques,
lisant, à la lueur du jour défaillant, les noms écrits
s sur le panneau de chaque porte.
Il en était à sa centième maison, sans avoir rien
trouvé, lorsqu'un brave cordonnier ouvrit sa porte.
— Veux-tu avoir quelque renseignement sur les
locataires de cette maison ? dit-il.
lo — Merci, citoyen, balbutia Maurice, mais je cher-
chais le nom d'un ami.
— Où demeurait cet ami ?
— Il demeurait, m'a-t-il dit, vieille rue Saint-
Jacques.
15 — Comment se nommait-il?
— René, dit-il.
— Et son état?
— Garçon tanneur.
— Dans ce cas, dit un bourgeois qui venait de
20 s'arrêter là, il faudrait s'adresser au maître.
— C'est juste ça, dit le portier, et voilà le citoyen
Dixmer, qui est directeur de tannerie et qui a plus
de cinquante ouvriers, il peut te renseigner, lui.
1 carmagnole. — A garment half-way between a jacket
and a coat, with short lapels, narrow skirts, outside
pockets and several rows of métal buttons on the front. . .
There was also a carmagnole song, and a carmagnole
dance upon the public squares, indulged in with great
enthusîasm.
2 bonnet rouge. — ^The head-dress of the sans-culottes in
1793. The republicans were so called because they
abandoned the "culotte" (knee-breeches) of the old ré-
gime and adopted pantaloons.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 2^
Seulement, comme Ta dit le citoyen portier, con-
tinua le bourgeois, il faudrait savoir le nom de
famille.
— Je Taî dit: René.
5 — C'est le nom de famille que je demande.
— Ma foi, dit Maurice que cette espèce d'inter-
rogatoire commençait à impatienter, le nom de fa-
mille, je ne le sais pas.
— Comment! dit le bourgeois avec un sourire,
10 tu ne sais pas le nom de famille de ton ami?
— Non.
— En ce cas, il est probable que tu ne le retrou-
veras pas.
Et le bourgeois, saluant Maurice, entra dans une
15 maison de la vieille rue Saint- Jacques.
Neuf heures du soir sonnèrent. Il faisait nuit
close: on n'entendait plus aucun bruit, dans ce
quartier désert, d'où la vie semblait s'être retirée
avec le jour.
20 Maurice, désespéré, allait faire un mouvement
rétrograde, quand, au détour d'une étroite allée, il
vit briller une lumière. Il s'aventurait dans le
passage sombre, lorsqu'un violent coup, porté sur la
tête, l'étourdit. Sept hommes se jetèrent à la fois
25 sur Maurice, et, malgré une résistance désespérée,
le terrassèrent, lui lièrent les mains et l'emportèrent.
Au bout d'un instant, il sentit que ceux qui le
portaient montaient quelques marches. Un air
plus tiède frappa son visage, et on le déposa sur un
30 siège. Il entendit fermer une porte, et les pas
s'éloignèrent. Il crut sentir qu'on le laissait seul.
28 Le Chevalier de Maison-Rouge
III
GENEVIÈVE
Un quart d'heure s'écoula qui parut un siècle à
Maurice. Il sentit qu'on l'avait renfermé dans une
chambre quelconque.
Ses pieds foulaient quelque chose de moelleux
5 et de sourd, du sable, de la terre grasse, peut-être.
Il trouva une bêche.
Ce fut, par la manière dont il était lié, toute une
lutte pour retourner cette bêche, de façon à ce
que le fer fût en haut. Sur ce fer, qu'il maintenait
10 contre le mur avec ses reins, il coupa ou plutôt il
usa la corde qui lui liait les poignets, et arracha le
bandeau de dessus ses yeux.
Une porte s'ouvrit, il entendit les mots espion,
poignard, mort
15 Pendant cette minute qui venait de s'écouler,
Maurice s'était dit :
« Si je perds mon temps à frapper, je serai tué,
En me précipitant sur les assassins, je les surprends ;
je gagne le jardin, la ruelle, je me sauve peut-
20 être. »
Aussitôt, prenant un élan de lion, il renversa les
deux premiers hommes, écarta les autres, franchit,
grâce à ses jarrets d'acier, dix toises en une se-
conde, vit au bout du corridor une porte donnant
25 sur le jardin toute grande ouverte, s'élança, sauta
dix marches, se trouva dans le jardin, et, s'orientant
Le Chevalier de Maison-Rouge 29
du mieux qu'il lui était possible, courut vers la
porte.
Les assassins le poursuivaient.
— Le voilà, crièrent-ils, tirez dessus, Dixmer.
s Maurice poussa un rugissement: il était enfermé
dans un jardin. Il fit un bond, passa au travers
d'une fenêtre et tomba dans une chambre où lisait
une femme.
Cette femme se leva épouvantée. A peine Teut-
15 elle regardé qu'elle jeta un cri :
— Oh ! vous ne le tuerez pas ! s'écria-t-elle.
— C'est un espion, s'écria Dixmer, et il doit
mourir.
— Un espion! lui? dit Geneviève (c'est le nom
15 de l'inconnue), venez ici, Dixmer. Je n'ai qu'un
mot à vous dire pour vous prouver que vous vous
trompez étrangement.
Dixmer s'approcha de la fenêtre: Geneviève se
pencha à son oreille et lui dit quelques mots tout
20 bas.
Le maître tanneur releva la tête.
— Lui?dit-il.
La jeune femme ne répondit point cette fois:
' mais elle se retourna vers Maurice et lui tendit la
âs main en souriant.
— Pardon, citoyen, dit Dixmer; que n'ai-je su
plus tôt les obligations que je vous avais !
— Mais enfin, dit Maurice, pourquoi vouliez-
vous donc me tuer?
30 — Nous vous avions pris pour un espion.
— Diable ! fit Maurice, mais maintenant que vous
30 Le Chevalier de Maison-Rouge
me connaissez, vous êtes rassuré, n'est-ce pas? re-
mettez moi dans mon chemin et oublions . . .
— Vous remettre dans votre chemin? s'écria
Dixmer, vous quitter? Ah! non pas, non pas!
s mon associé et moi, nous donnons ce soir à souper
aux braves garçons qui voulaient vous égorger tout
à l'heure. Je compte bien vous faire souper avec
eux pour que vous voyiez qu'ils ne sont point si
diables qu'ils en ont l'air.
10 Geneviève le regarda timidement.
— Nous offrons de bon cœur, dit-elle.
— J'accepte, répondit Maurice en s'inclinant.
— Eh bien, je vais rassurer nos compagnons, dit
le maître tanneur.
15 II sortit. Maurice et Geneviève restèrent seuls.
Lorsque Maurice entra avec Dixmer et Geneviève
dans la salle à manger, il vit entrer successivement
tous les convives. Dixmer les présenta à Maurice.
— Et... M. Morand, dit Geneviève, ne l'atten-
20 dons-nous pas?
En ce moment la porte s'ouvrit et le citoyen Mo-
rand entra.
On prit place. Le citoyen Morand fut placé à
la droite de Geneviève, Maurice à sa gauche ; Dix-
35 mer s'assit en face de sa sœur.
Le souper était recherché: Dixmer avait un ap-
pétit d'industriel et faisait, avec beaucoup de bon-
homie, les honneurs de sa table. Le citoyen Mo-
rand parlait peu, mangeait moins encore, ne buvait
30 presque pas et riait rarement; Maurice éprouva
bientôt pour lui une vivç sympathie.
Le Chevalier de Maison-Rouge 31
On parla politique, car de quoi parler à une
époque où la politique se mêlait à tout?
Tout à coup un des convives demanda des nou-
velles des prisonniers du Temple.
s II s'étonnait que Ton confiât la garde de ces pri-
sonniers à un conseil permanent, facile à corrompre,
et à des municipaux dont la fidélité avait été plus
d'une fois déjà tentée.
— Oui, dit le citoyen Morand; mais il faut con-
10 venir qu'en toute occasion la conduite de ces muni-
cipaux a justifié la confiance que la nation avait en
eux, et l'histoire dira qu'il n'y avait pas que le
citoyen Robespierre qui méritât le surnom d'incor-
ruptible.
15 — Sans doute, mais n'admettez-vous point qu'il
puisse y avoir, dans une compagnie de vingt ou
vingt-cinq hommes, un noyau de huit ou dix
gaillards bien déterminés, qui, une belle nuit,
égorgent les sentinelles et enlèvent les prisonniers ?
20 — Bah! dit Maurice, c'est un mauvais moyen,
puisque, il y a trois semaines ou un mois, on a
voulu l'employer et qu'on n'a point réussi.
— Oui, reprit Morand; mais ce fut parce qu'un
13 Robespierre. — ^Thîs man honored by the name of "The
Incorruptible", was lost through pride, the sin of Satan.
He believed in God, in morality, and in human rights,
but thought himself a privileged créature, called upon to
regenerate the world. In order to realize his Utopia, he
was pitiless. His name will remain connected with the
Law of the "Terror". History has not yet pronounced
its judgment upon this great figure.
32 Le Chevalier de Maison-Rouge
des aristocrates qui composaient la patrouille a eu
rimprudence, en pariant je ne sais à qui, de laisser
échapper le mot monsieur.
— Et puis, dit Maurice, parce qu'on s'était déjà
s aperçu de l'entrée du chevalier de Maison-Rouge
dans Paris.
— On savait que Maîson-Rouge était entré dans
Paris? demanda froidement Morand. Et savait-
on par quel moyen il y était entré? Vous, citoyen,
lo vous, le secrétaire d'une des principales sections de
Paris, vous devez être bien renseigné ?
— Sans doute, dit Maurice. Le chevalier de
Maison-Rouge venait de Vendée; il avait traversé
toute la France avec son bonheur ordinaire. Arrivé
15 pendant la journée à la barrière du Roule, il a at-
tendu jusqu'à neuf heures du soir. A cette heure,
une femme est sortie par cette barrière; dix minutes
après, elle est rentrée avec lui; la sentinelle a eu
des soupçons. Elle a donné l'alarme au poste; le
ao poste est sorti. Les deux coupables se sont jetés
dans un hôtel qui leur a ouvert une seconde porte
sur les Champs-Elysées.
— Ah! ah! dit Morand; c'est curieux, mais, la
femme, sait-on ce qu'elle est devenue?. . .
25 — Non, elle a disparu, et l'on ignore complète-
ment qui elle est et ce qu'elle est.
— Mais, dît le citoyen Morand, qui peut dire que
le chevalier de Maîson-Rouge faisait partie de cette
patrouille qui a donné l'alarme au Temple ?
3 monsieur.-— The aristocrats alone said monsieur, the
others said citoyen.
Le Chevalier de Maison-Rouge 33
— Un municipal de mes amis qui, ce jour-là,
était de service au Temple, l'a reconnu.
— Et quel homme est-ce, physiquement?
— Un homme de vingt-cinq à vingt-six ans, petit,
5 blond, d'un visage agréable, avec des yeux magni-
fiques.
Il se fit un profond silence.
— Eh bien, dit Morand, si votre ami le municipal
a reconnu ce chevalier de Maison-Rouge, pourquoi
10 ne l'a-t-il pas arrêté?
— Vous n'auriez pas agi ainsi, citoyen? dit Dix-
mer.
— Non, dit Maurice, j'eusse mis la main sur le
collet dû chevalier, et à l'heure qu'il est il serait
15 guillotiné.
— Sait-on ce qu'il est devenu?
— Il n'a pas bougé de Paris.
— C'est une présomption que vous émettez là,
citoyen, dit Morand.
t9 — Non pas, c'est un fait que j'affirme.
— Oh ! dit Geneviève ; ce serait d'une imprudence
impardonnable.
— Sans doute. Ne savez- vous donc pas que le
chevalier de Maison-Rouge est amoureux d'Antoi-
«5 nette? dit Maurice.
Deux ou trois rires d'incrédulité éclatèrent timides
et forcés.
Le citoyen Morand renversa son verre qu'il por-
tait à ses lèvres, et sa pâleur eût effrayé Maurice,
30 si toute l'attention du jeune homme n'eût été con-
centrée sur Geneviève.
34 Le Chevalier de Maison-Rouge
En ce moment la pendule sonna.
— Minuit! s'écria Maurice, minuit déjà!
— Voilà une exclamation qui me fait plaisir, dit
Dixmer; elle prouve que vous ne vous êtes pas en-
5 nuyé, et elle me donne l'espoir que nous nous re-
verrons. • C'est la maison d'un bon patriote qu'on
vous ouvre, et j'espère que vous vous apercevrez
bientôt, citoyen, que c'est celle d'un ami.
Maurice prit congé de tous les convives, et partit
lo étourdi, mais bien plus joyeux qu'attristé, de tous
les événements qui avaient agité sa soirée.
— Fâcheuse, fâcheuse rencontre! dit après la re-
traite de Maurice la jeune femme fondant en larmes. .
— Bah! le citoyen Lindey, patriote reconnu, se-
is crétaire d'une section, est, au contraire, une bien
précieuse acquisition pour un pauvre tanneur, ré-
pondit Dixmer en souriant.
IV
LE SAVETIER SIMON
On était arrivé au commencement du mois de
20 mai ; un jour pur dilatait les poitrines, et les rayons
d'un soleil tiède et vivifiant descendaient sur la
noire muraille du Temple, où se rendit Maurice.
Il rencontra dans la cour deux femmes.
— Qui êtes- vous, citoyennes, demanda-t-il, et que
«s voulez- vous?
— Je suis Sophie Tison, dit l'une des deux
Le Chevalier de Maison-Rouge 35
femmes. J'ai obtenu la permission de voir ma
mère, et je viens la voir.
— Oui, dit Maurice ; mais la permission est pour
toi seule, citoyenne. Ton amie ne montera pas.
5 Tout à coup il entendit des cris:
— Qu'y a-t-il donc, dit-il aux gardes nationaux,
et qui cause ce bruit?
— C'est Simon, qui bat le petit Capet, parce que
l'enfant ne veut pas chanter Madame Veto, dit Lo-
10 rin, qui commandait la garde.
— Ah! coquin, dit Maurice en saisissant Simon à
la gorge, et en lui arrachant sa lanière des mains.
— Merci, monsieur, dit l'enfant.
— Oh! sois tranquille, dit Maurice à l'enfant, je
15 ferai mon rapport.
— Et moi, le mien, dit Simon. Je dirai, qu'au
lieu d'une femme qui avait le droit d'entrer dans
la tour, vous en avez laissé passer deux.
En ce moment, les deux femmes sortaient du
20 donjon. Maurice courut à elles.
— Eh bien, citoyenne, dit-il, en s'adressant à celle
qui était de son côté, as-tu vu ta mère?
Sophie Tison passa à l'instant entre le municipal
et sa compagne,
as — Ouï, citoyen, merci, dit-elle.
9 Madame Veto, — One of the names gîven to the quecn
by her enemies. Veto, a Latin word, means I oppose,
I object, and referred to the refusai of the king to sanction
a law voted by the Assembly. Louis XVI. refused many
times to sanction the laws of the Assembly, and as the
queen was suspected of j^iflyençing thèse vetoes, she was
called Madame Veto,
36 Le Chevalier de Maison-Rouge
Maurice aurait voulu voir Tamie de la jeune
fille, ou tout au moins entendre sa voix; mais elle
était enveloppée dans sa mante. Il lui sembla même
qu'elle tremblait,
s Cette crainte lui donna des soupçons.
Il remonta précipitamment, et, en arrivant dans
la première pièce, il vit, à travers le vitrage, la
reine cacher dans sa poche quelque chose qu'il sup-
posa être un billet.
10 — Oh! oh! dit-il, aurais- je été dupe?
Il appela son collègue.
— Citoyen Agricola, dit-il, entre chez Marie-
Antoinette et ne la perds pas de vue.
— Appelle la femme Tison, dit-il à un garde
15 national.
Cinq minutes après, la femme Tison arrivait.
— •J'ai vu ma fille, dit-elle, rayonnante.
— Et, pendant que tu causais avec ta fille, per-
sonne n'est sorti de la chambre des prisonnières ?
20 — Marie-Thérèse est sortie.
— Elle n'a rien ramassé à terre?
— Si fait, elle a ramassé son mouchoir.
— Ah! malheureuse! s'écria Maurice.
Et il s'élança vers le cordon de la cloche d'alarme.
25 — Que voulez-vous, monsieur? dit la reine à
Maurice.
— Je désire que vous vouliez bien me remettre
le billet que vous cachiez quand je suis entré.
— Qu'y a-t-il donc? demanda la femme Tison.
30 — Il y a, citoyenne, que tu viens, en prêtant la
main à une trahison, de te priver à jamais de voir
Le . Chevalier de Maison-Rouge 37
ta fille, elle n'est pas venue ici pour te voir, mais
pour apporter une lettre à la citoyenne Capet. Elle
n'y reviendra plus.
La femme Tison, qui avait écouté Maurice avec
5 une terreur croissante, s'écria:
— Tu entends, Antoinette?. . . Ma fille!. . . C'est
toi qui auras perdu ma fille! Donne le papier,
Antoinette, donne.
La reine lui tendit un papier que la femme Tison
10 éleva joyeusement au-dessus de sa tête.
— Venez, venez, citoyens municipaux. J'ai le
papier; prenez-le.
Aux cris de la femme Tison, Maurice et son col-
lègue vinrent au-devant d'elle ; elle leur tendit aus-
is sitôt le billet. Ils l'ouvrirent et lurent:
« A l'orient, un ami veille encore. »
Maurice n'eut pas plutôt jeté les yeux sur ce
papier qu'il tressaillit.
L'écriture ne lui semblait pas inconnue.
20 — Oh! mon Dieu! s'écria- t-il, serait-ce celle de
Geneviève? Oh! mais non, c'est impossible, pt je
suis fou. Elle lui ressemble, sans doute; mais que
pourrait avoir de commun Geneviève avec la reine ?
Dix minutes après, le billet fut déposé sur le bu-
25 reau des membres de la Commune; il fut ouvert à
l'instant même et commenté de toutes les façons.
— «A rOrient, un ami veille,» dit une voix. Que
diable cela peut-il signifier?
Le lendemain, la reine demanda à monter sur la
30 tour pour y prendre un peu d'air avec sa fille et
Madame Elisabeth.
38 Le Chevalier de Maîson-Rouge
La demande lui fut accordée à l'instant même;
mais Maurice monta aussi, et, s'arrêtant derrière
une espèce de petite guérite qui abritait le haut de
l'escalier, il attendit, caché, le résultat du billet de
5 la veille.
La reine se promena d'abord indifféremment avec
Madame Elisabeth et sa fille; puis elle s'arrêta,
tandis que les deux princesses continuaient de se
promener, se retourna vers l'est (l'orient) et re-
10 garda attentivement une maison, aux fenêtres de
laquelle apparaissaient plusieurs personnes; l'une
de ces personnes tenait un mouchoir blanc.
Maurice, de son côté, tira une lunette de sa poche,
et, tandis qu'il l'ajustait, la reine fit un grand mou-
is vement, comme pour inviter les curieux de la fenêtre
à s'éloigner. Mais il avait déjà remarqué une tête
d'homme aux cheveux blonds, au teint pâle, dont
le salut avait été respectueux jusqu'à l'humilité.
Derrière ce jeune homme, car le curieux parais-
20 sait avoir au plus de vingt-cinq à vingt-six ans, se
tenait une femme à moitié cachée par lui. Maurice
dirigea sa lorgnette sur elle, et, croyant reconnaître
Geneviève, il fit un mouvement qui le mit en vue.
Aussitôt la femme se rejeta en arrière, entraînant
25 l'homme avec elle.
Maurice attendit un instant pour voir si le jeune
homme et la jeune femme ne reparaîtraient point.
Mais, voyant que la fenêtre restait vide, il recom-
manda la plus grande surveillance à son collègue
30 Agricola, descendit précipitamment l'escalier et alla
s'embusquer à l'angle de la rue Porte-Foin, pour
Le Chevalier de Maison-Rouge 39
voir si les curieux de la maison en sortiraient. Ce
fut en vain, personne ne parut.
Alors, ne pouvant résister à ce soupçon qui lui
mordait le cœur, depuis le moment où la compagne
s de la fille Tison s'était obstinée à demeurer cachée
et à rester muette, Maurice prit sa course vers la
vieille rue Saint- Jacques, où il arriva Tesprit tout
bouleversé des plus étranges soupçons.
Lorsqu'il entra, Geneviève, en peignoir blanc,
10 était assise sous une tonnelle de jasmins, où elle
avait l'habitude de se faire servir à déjeuner. Elle
donna, comme à l'ordinaire, un bonjour affectueux
à Maurice, et l'invita à prendre une tasse de choco-
lat avec elle.
15 De son côté, Dixmer, qui arriva sur ces entre-
faites, exprima la plus grande joie de voir Maurice
à cette heure inattendue de la journée.
— Apprenez, mon cher Maurice, que mon ami
Morand vient de trouver le secret d'un maroquin
30 rouge. Nous gagnerons cent mille livres par an
avec ce procédé.
— Il faut avouer, dit Maurice en soi-même, qu'au
bout de huit jours de Temple, on se dénoncerait soi-
même. Bon Dixmer, vaT brave Morand! suave
25 Geneviève! Et moi qui les avais soupçonnés un
instant !
Vers midi, il lui fallut retourner au Temple.
40 Le Chevalier de Maison-Rouge
V
AMOUR
Geneviève apparaissait à Maurice comme une
énigme.
— Chez un maître tanneur, se demandait-il, pour-
s quoi cette harpe, ce piano, ces pastels qui sont son
ouvrage? Pourquoi enfin cette aristocratie que je
déteste chez les autres et que j'adore chez elle?
Un jour elle lui dit:
— Vous ne vous êtes jamais informé de moi à
10 personne?
— Jamais, dit Maurice.
— Merci, dit la jeune femme.
Un autre jour c'est Maurice qui fit des questions.
— Comment M. Morand est-il devenu l'associé
is de M. Dixmer?
— Oh! c'est bien simple, dit Geneviève. M. Dix-
mer, comme je vous l'ai dit, avait quelque fortune,
mais point assez, cependant, pour prendre à lui
seul une fabrique de l'importance de celle-ci. M.
20 Morand a fait la moitié des fonds. Il est lin des
cœurs les plus élevés qui soient sous le ciel.
— S'il ne vous en a donné d'autres preuves, que
de partager les frais d'établissement avec M. Dix-
mer, permettez-moi de vous faire observer que
25 réloge que vous faites de lui est bien pompeux.
— Il m'en a donné d'autres preuves, monsieur,
dit Geneviève,
Le Chevalier de Maison-Rouge 41
Maurice se tut. Geneviève, de son côté, garda
le silence. Il ne fut plus question, ce jotfr-là, de
Morand, et Maurice quitta cette fois Geneviève fort
malheureux, car il était jaloux. Il se jura de ne
s plus revenir.
VI
LE 31 MAI
Pendant la journée de ce fameux 31 mai, où le
tocsin et la générale retentissaient depuis le point
du jour, le bataillon du faubourg Saint- Victor en-
10 trait au Temple.
Quand toutes les formalités d'usage eurent été
accomplies et les postes distribués, on vit arriver les
municipaux de service, et quatre pièces de canon.
En même temps que le canon, arrivait Santerre qui
15 passa la revue du bataillon, et compta les muni-
cipaux.
— Pourquoi trois municipaux? demanda-t-il, et
quel est le mauvais citoyen qui manque?
— Celui qui manque, citoyen général, n'esjt ce-
20 pendant pas un tiède, répondit notre ancienne con-
naissance Agricola; car c'est le secrétaire de la
6 Le 31 mai. — The 3ist of May is mémorable because
it marks the commencement of the revolutionary move-
ment which ended in the fall of the Girondists the 2nd
of June. The 30th of the foUowing October they were
guillotined.
42 Le Chevalier de Maison-Rouge
section Lepelletier, le chef des braves Thermopyles,
le citoyen Maurice Lindey.
— Bien, bien, fit Santerre; je reconnais comme
toi le patriotisme du citoyen Maurice Lindey, ce
s qui n'empêchera pas que si, dans dix minutes, il
n'est pas arrivé, on l'inscrira sur la liste des absents.
Et Santerre passa aux autres détails.
A quelques pas du général, un capitaine de chas-
seurs et un soldat se tenaient à l'écart : l'un appuyé
10 sur son fusil, l'autre assis sur un canon.
— Avez-vous entendu? dit à demi-voix le capi-
taine au soldat; Maurice n'est point encore arrivé.
S'il pouvait ne pas venir, je vous placerais en
sentinelle sur Tescalier, et, comme elle montera à
15 la tour, vous pourriez lui dire un mot.
En ce moment, un homme, qu'on reconnut pour
un municipal à son écharpe tricolore, entra.
— Citoyen général, dit le nouveau venu en
s'adressant à Santerre, je te prie de m'accepter en
20 place du citoyen Maurice Lindey, qui est malade;
mon tour de garde arrivait dans huit jours, je per-
mute avec lui.
— C'est bien, dit Santerre.
Cependant le capitaine et le chasseur s'étaient
25 regardés avec une surprise joyeuse.
— Dans huit jours, se dirent-ils.
^—Capitaine Dixmer, cria Santerre, prenez posi-
tion dans le jardin avec votre compagnie.
Venez, Morand, dit le capitaine au chasseur son
30 compagnon.
A vingt-cinq pas, à peu près, de la portion du
Le Chevalier de Maison-Rouge 43
mur qui donnait sur la rue Porte-Foin, s'élevait une
espèce de cahute, que la prévoyance de la municipa-
lité avait permis d'établir, pour la plus grande com-
modité des gardes nationaux qui stationnaient au
5 Temple, et qui trouvaient là, dans les jours
d'émeute, où il était défendu de sortir, à boire et
à manger.
Cette petite cabane se composait d'une seule
chambre, d'une douzaine de pieds carrés, au-dessous
10 de laquelle s'étendait une cave, où la veuve Plumeau
enfermait ses liquides et ses comestibles.
— Ah! capitaine Dixmer, dit la cantinière, j'ai
du fameux vin de Saumur, allez !
— Bon, citoyenne Plumeau; mais le vin de Sau-
is mur ne vaut rien sans le fromage de Brie.
— Ah! mon capitaine, c'est comme un fait exprès,
mais le dernier morceau vient d'être enlevé.
— Alors, dit le capitaine, pas de fromage de Brie,
pas de vin de Saumur ; et remarque, citoyenne, que
20 la consommation en valait la peine, attendu que je
comptais en offrir à toute la compagnie.
— Mon capitaine, je te demande cinq minutes et
je cours en chercher chez le citoyen concierge.
— Oui, oui, va, et nous, pendant ce temps,
25 nous allons descendre à la cave et choisir notre
vin.
La veuve Plumeau se mit à courir vers la loge
du concierge, tandis que le capitaine et le chasseur
descendaient dans fa cave.
30 — Bon! dit Morand après un instant d'examen:
la cave s'avance dans la direction de la rue Porte-
44 Le Chevalier de Maison-Rouge
Foin. Elle est profonde de neuf à dix pieds, et il
n'y a aucune maçonnerie.
— Vite, s'écria Dixmer, j'entends les sabots de
notre vivandière; prenez deux bouteilles de vin et
5 remontons.
Ils apparaissaient tous deux à l'orifice de la
trappe, quand la Plumeau rentra.
Dixmer offrit une vingtaine de bouteilles de vin
à sa compagnie, tandis que le citoyen Morand ra-
10 contait des histoires.
Onze heures sonnèrent. C'était à onze heures et
demie qu'on relevait les sentinelles.
— N'est-ce point de midi à une heure que
l'Autrichienne se promène? demanda Dixmer à
15 Tison, qui passait devant la cabane.
— De midi à une heure, justement.
Aussitôt Dixmer fit l'appel des hommes de sa
compagnie et fit prendre les armes à Morand pour
le placer au dernier étage de la tour.
20 Soudain un bruit sourd ébranla les cours du
Temple, et une troupe de gens hurlant passa près
du Temple en criant :
« Vivent les sections ! Vive Henriot ! A bas les Bris-
sotins ! A bas les Rolandistes ! A bas madame Veto !»
23 Henriot. — Successor of Santerre in the command of
the national guard. He was guillotined with Robespierre.
23 Brissotins. — A synonjrm for Girondins. Brissot was
one of the chiefs of this party, and was guillotined with
the others the 30th of October, 1793. He wrote much, and
practiced ail the virtues that he preached. His biographer
speaks of him as a "véritable Quaker".
24 Rolandistes. — Friends of Madame Roland (See note
page 49).
Le Chevalier de Maison-Rouge 45
— Bon! bon! dit Tison en se frottant les mains,
je vais ouvrir à madame Veto pour qu'elle jouisse
de Tamour que lui porte son peuple.
— Ohé ! Tison ! cria Santerre ; les prisonnières ne
5 quitteront pas leur chambre.
Dixmer et Morand échangèrent un lugubre re-
gard; puis, en attendant que l'heure de la faction,
inutile maintenant, sonnât, ils allèrent tous deux se
promener entre la cantine et le mur donnant sur la
10 rue Porte-Foin. Là, Morand commença à arpenter
la distance en faisant des pas géométriques.
— Quelle distance? demanda. Dixmer.
— Soixante à soixante et un pieds, répondit Mo-
rand.
15 — Combien de jours faudra-t-îl?
— Il faudra sept jours, au moins, dît-il.
— Maurice est de garde dans huit jours, mur-
mura Dixmer. Il faut donc absolument que, dici
à huit jours, nous soyons raccommodés avec Mau-
20 rice.
Le jour même où s'étaient passées les scènes que
nous venons de raconter, à dix heures du matin,
Geneviève était assise à sa place accoutumée, près
de la fenêtre; elle se demandait pourquoi, depuis
25 trois semaines, les jours se passaient si lentement.
Depuis que Maurice avait cessé de venir, les
pauvres œillets avaient été négligés, et voilà que,
faute de soins et de souvenir, les boutons alanguis
étaient demeurés vides et se penchaient, jaunissants,
30 hors de leur balustrade.
II pas géométriques. — A distance of three feet.
46 Le Chevalier de Maison-Rouge
Geneviève se dit qu'il en était des fleurs comme
de certaines amitiés.
Son frère entra chez elle juste au moment ou
elle essuyait ses yeux,
s — Eh bien? dit-elle.
— Eh bien, rien de nouveau ; impossible d'appro-
cher d'elle; impossible même de la voir.
— Pauvre chevalier, il a dû être bien con-
trarié ?
10 — Il était au désespoir.
— Mais, demanda Geneviève, il n'y avait donc
* au Temple aucun municipal de votre con-
naissance ?
— Il devait y en avoir un, Maurice Lindey. Il
is était malade, et assez gravement même; il a été
forcé de céder son tour à un autre, et y eût-il été,
que c'eût été la même chose.
' — Je crois, mon ami, dit Geneviève, que vous
vous exagérez la gravité de la situation. M. Mau-
20 rice peut avoir le caprice de ne plus venir ici, mais
il n'est point, pour cela, notre ennemi. En vous
voyant venir à lui, je suis certaine qu'il eût fait la
moitié du chemin.
— Geneviève, dit Dixmer, pour ce que nous at-
35 tendons de Maurice, il faudrait une amitié réelle
et profonde. Il y a dans notre rupture avec lui
plus qu'un caprice.
— Et à quoi donc alors attribuez-vous cette rup-
ture?
30 — A l'orgueil, peut-être, dit vivement Dixmer, il
nous faisait honneur, à son avis du moins, cç bon
Le Chevalier de Maison-Rouge 47
bourgeois de Paris, ce demi-aristocrate de robe, en
accordant son amitié à des fabricants de pelleteries.
Peut-être avons-nous fait trop peu d'avances. Gene-
viève, vous avez eu tort de ne pas écrire à Maurice.
5 — Moi ! s'écria Geneviève, y pensez- vous ?
— Depuis trois semaines que dure cette rupture,
j'y ai beaucoup pensé. Faites un effort sur vous-
même, écrivez ufi mot au citoyen Maurice Lindey
et il reviendra.
10 Geneviève réfléchit un instant.
— Je cède, dit-elle enfin, et elle écrivit:
< Citoyen Maurice,
« Vous saviez combien mon frère vous aimait.
Trois semaines de séparation, qui nous ont paru
15 un siècle, vous l'ont-elles fait oublier? Venez; votre
retour sera une véritable fête.
« Geneviève. »
VII
LES MINEURS
A l'appel de cette lettre, Maurice courut chez
20 Dixmer. La première sensation qu'il éprouva en
entrant chez son hôte fut un désappointement ; non
seulement Geneviève ne l'attendait pas à sa
fenêtre, mais il fut forcé de se faire annoncer.
I demi-aristocrate de robe. — ^Those who wore a robe, —
judges, lawyers, prof essors — were called gens d^ robe, and
formed the aristocratie de robe.
48 Le Chevalier de Maison-Rouge
Enfin Geneviève descendit.
Maurice s'avança vers elle. en souriant.
— Vous voilà donc, monsieur? lui dit-elle d'une
voix dont elle ne put maîtriser l'émotion.
Dixmer coupa court aux récriminations réci-
proques. Il fit servir le dîner.
Le citoyen Morand arriva. Il avait toujours ses
lunettes vertes, ses grandes mèches noires et son
jabot blanc.
Maurice fut aflfectueux pour lui.
En efïet, quelle probabilité que Geneviève aimât
ce petit chimiste?
La conversation tomba sur la déesse Raison et
sur le nouveau culte qui faisait tomber l'héritage
du ciel en quenouille.
Morand développa une théorie de la femme poli-
tique, en montant de Théroigne de Méricourt,
13 la déesse Raison, — ^The Commune of Paris abolished
the Catholic worship, and established in its place, Nov. 10,
1793» the worship of the Goddess of Reason. A temple
was erected in her honor, lighted by the "torch of truth".
The goddess, represented by an opera-singer, wearing a
white robe, a sky-blue mantle and the cap of liberty, was
escorted to the Convention to the accompaniment of
music, and invited to take a seat beside the président.
14 tomber,. ,en quenouille. — ^It is the women of the house
who spin with the distaff (la quenouille). When a house
has only girls (wheel-spinners, spinsters), it is spoken of
as having fallen "en quenouille", God is dethroned; and
has for successor a woman, the goddess of Reason. Hence
the inheritance of Heaven is tombé en quenouille.
17 Théroigne de Méricourt. — Born in Luxembourg în
1762, died in Paris in 181 7. She took part in the taking
of the Bastille, and later in the massacres of September.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 49
rhéroïne du 10 août, à madame Roland, cette âme
de la Gironde. Puis, en passant, il lança quelques
mots contre les Tricoteuses.
— Ah! citoyen Morand, dit Dixmer, respectons
s le patriotisme, même lorsqu'il s'égare.
— Hélas! dit Maurice, les femmes qui ont été
les ennemies de la nation en sont bien punies
aujourd'hui, ce me semble.
— Vous voulez parler des prisonnières du
10 Temple, dit Dixmer.
— Justement, dit Maurice.
— Quoi! dit Morand d'une voix étranglée, est-il
vrai, citoyen Maurice, que les prisonnières sont
cruellement maltraitées, parfois, par ceux-là mêmes
15 dont le devoir serait de les protéger?
I madame Roland. — ^The wife of Roland de la Platîère
(Minister of Louis XVI. under the Republic), was born
in 1754, and guillotined eight days after the Girondists,
with whom she was supposed to sympathize. By reason
of her talents and character, she is the most remarkable
woman produced by the Révolution. Condemned, she
said to her judges: "You consider me worthy to share
. the fate of the great men you hâve assassinated. I shàll
try to show upon the scaffold the courage displayed by
them." At the foot of the scaffold her glance fell upon
the statue of Liberty. "Liberty," she cried, *'what crimes
are committed in thy name."
"Thus died," says Henry Martin, "the noblest woman
who has appeared since Jeanne d*Arc, with whom no one
can be compared."
3 les Tricoteuses. — ^Women paîd by the Montagnards
to be présent at the hearings of the fevolutionary tribunal.
While manifesting their opinions upon matters under dis-
cussion, they passed their time knitting.
50 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Oh ! vous n'êtes point de ces hommes-là, vous,
Maurice, s'écria Geneviève.
— Mademoiselle, répondit Maurice, je le déclare,
malgré mes opinions, malgré la certitude que j'ai
s que l'Autrichienne est, pour sa bonne part, dans les
malheurs qui désolent la France, jamais, jamais un
homme, quel qu'il soit, fût-ce Santerre lui-même,
n'insultera l'ex-reine en ma présence.
— Alors, dit Morand, vous ne persécutez pas
10 non plus les enfants?
— Moi? dit Maurice. Demandez à l'infâme Si-
mon ce que pèse le bras du municipal devant lequel
il a eu l'audace de battre le petit Capet.
— Oh! voilà un noble cœur, dit Morand en se
15 levant de table, et en se retirant dans l'atelier,
comme si un travail pressé le réclamait.
Au moment où l'on sortait de table, Dixmer fut
prévenu que son notaire l'attendait dans son cabi-
net.
20 II s'agissait de l'achat d'une petite maison rue de
la Corderie, en face du jardin du Temple.
Ils avaient fait cet achat dans le but de conduire
une mine depuis les caves de cette maison jusqu'à
la cave de la hutte de madame Plumeau. Ils espé-
25 raient que les prisonnières du Temple pourraient
entrer dans cette mine et s'échapper.
Ils réussirent à la construire.
Cependant, peu à peu, les prisonnières avaient
perdu tout espoir.. La reine, épouvantée des cris
30 de la rue, et apprenant qu'il était question de la
mise en accusation des Girondins, avait été d'une
Le Chevalier de Maison-Rouge 51
tristesse mortelle. Les Girondins morts, la famille
royale n'avait à la Convention aucun défenseur.
A sept heures, on servit le souper. Les munici-
paux examinèrent chaque plat comme d'habitude,
s puis, ces précautions prises, invitèrent la reine et
les princesses à se mettre à table par ces simples
paroles :
— Veuve Capet, tu peux manger.
La reine refusa d'un signe de tête.
10 Mais, en ce moment, Madame Royale vint, comme
si elle voulait embrasser sa mère, et lui dit tout bas :
— Mettez- vous à table, madame, je crois que
Turgy vous fait signe.
La reine tressaillit et releva la tête. Turgy était
is en face d'elle, la serviette posée sur son bras gauche,
et touchant son œil de la main droite.
■ Elle alla prendre à table sa place accoutumée.
Les deux municipaux assistaient au repas.
Après le souper, la reine se déshabilla et se
20 coucha.
Un instant tout resta calme dans la chambre.
Puis une porte roula lentement sur ses gonds et
Madame Elisabeth s'approcha du chevet du lit.
— Avez-vous vu? dit-elle à voix basse, et avez-
as vous compris?
— Si bien que je n'y puis croire. L'aide qu'on
nous annonce viendra de l'intérieur et c'est encore
le chevalier de Maison-Rouge. Noble cœur!
Madame Elisabeth regagna sans bruit sa chambre,
30 et pendant cinq minutes on entendit la voix de la
jeune princesse qui priait dans le silence de la nuit.
52 Le Chevalier de Maîson-Rouge
C'était juste au moment où, sur Tindication de
Morand, les premiers coups de pioche étaient donnés
dans la petite maison de la rue de la Corderie.
VIII
NUAGES
S Morand brûlait du désir de voir la reine. Peut-
être Maurice pourrait-il l'introduire au Temple.
Dixmer espérait que Geneviève obtiendrait de lui
cette faveur. Malheureusement Maurice était tou-
jours jaloux.
10 Le 2 juin, jour terrible qui vit la chute des Giron-
dins, Maurice vint voir Geneviève.
— Ah! vous voilà, dit-elle en lui tendant la main;
vous dînez avec nous, n'est-ce pas?
— Au contraire, dit Maurice, je viens vous de-
is mander la permission de m'absenter.
— Oh ! mon Dieu ! dit-elle, et Dixmer qui ne dîne
pas ici, Dixmer qui comptait vous retrouver à son
retour et m'avait recommandé de vous retenir ici !
— Gageons, dit Maurice, que Morand ne s'est
20 pas absenté, lui; tant que Morand sera là à vos
côtés, je ne vous aimerai pas, ou, du moins, je ne
m'avouerai pas que je vous aime.
— Et moi, s'écria Geneviève, je vous jure que
Morand ne m'a jamais adressé un seul mot
25 d'amour, que jamais il ne m'a aimée, que jamais
il ne m'aimera.
Le Chevalier de Maison-Rouge '53
— Hélas! hélas! s'écria Maurice, que je vou-
drais donc vous croire!
— Oh ! croyez-moi, pauvre fou ! dit-elle ; d'ailleurs,
en voulez-vous savoir davantage? Eh bien! Mo-
5 rand aime une femme devant laquelle s'effacent
toutes les femmes de la terre.
^-Si vous ne m'aimez pas, continua Maurice,
pouvez-vous me jurer au moins de n'en jamais
aimer d'autre?
10 — Oh! pour cela, Maurice, je vous le jure.
— Eh bien, à présent, dit-il, je serai bon, facile,
confiant; à présent, je serai généreux. Je veux vous
sourire, je veux être heureux.
— On vient nous annoncer que nous sommes
15 servis, dit Geneviève.
C'était Morand qui venait annoncer qu'on n'at-
tendait, pour se mettre à table, que Maurice et Ge-
neviève.
Il s'était fait beau ce jour-là.
20 Paré avec recherche, il n'était point une petite
curiosité pour Maurice; c'était toujours les mêmes
cheveux et les mêmes lunettes.
— Du diable, se dit Maurice, si jamais mainte-
nant je suis jaloux de toi, excellent citoyen Morand !
25 Mets, si tu veux, tous les jours ton habit gorge de
pigeon des décadis, et fais-toi faire pour les décadis
26 décadis. — ^The Republic replaced the Gregorian
calendar by the republican calendar, in which décades took
the place of weeks. The day of rest was not Sunday, but
décadi, the tenth day of the décade. The other days were
primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi,
octidi, nonidi.
54 Le Chevalier de Maison-Rouge
un habit de drap d'or. A compter d'aujourd'hui,
je promets de ne plus t'accuser d'aimer Geneviève.
Le dîner se passa en petit comité. Trois couverts
seulement étaient mis.
s Avec son habit gorge de pigeon, Morand sem-
blait avoir repris son esprit du décadi. Il dit mille
folies sans jamais rire. Ce marchand qui avait
tant voyagé pour le commerce des peaux connaissait
l'Egypte comme Hérodote, l'Afrique comme Le-
10 vaillant, l'Opéra et les boudoirs comme un mus-
cadin.
— Citoyen Morand, dit Maurice, vous êtes un
savant.
— Oh! j'ai beaucoup vu et beaucoup lu, dit Mo-
is rand. Une partie de ma jeunesse s'est écoulée à
l'étranger. J'ai tout vu.
— Tout, citoyen, c'est beaucoup.
— Ah ! oui, vous avez raison. Il y a deux choses
que je n'ai jamais vues. La première, p'est un
20 Dieu.
— Ah! dit Maurice, à défaut de Dieu, citoyen
Morand, je pourrais vous faire voir une déesse.
Mon brave et cher Lorin vient d'avantager la ville
de Paris d'une déesse Raison parfaitement belle.
25 C'est la citoyenne Arthémîse. Sitôt qu'elle sera
définitivement reçue déesse, je pourrai vous la
montrer.
9 Hérodote. — Herodotus, a Greek historian, bom 484
B. c.
9 Levaillant. — Born 1753, died in 1834, a celebrated
traveller and naturalist.
Le Chevalier de Maison-Rouge 55
Morand remercia gravement Maurice de la tête,
et continua:
— L'autre, dit-il, c'est un roi. Aussi je ne me
fais aucune idée d'un front couronné: ce doit être
5 fort triste?
— Fort triste, en eflfet, dif Maurice; je vous en
réponds, moi qui en vois un tous les mois.
— Ah! oui, la reine, dit Geneviève.
— Ne l'avez-vous jamais vue ? demanda Maurice.
10 — Moi? Jamais!... répliqua-t-elle, j'avoue que
j'eusse cependant été bien curieuse de voir cette
pauvre femme.
— Voyons, dit Maurice, en avez-vous envie?
Alors, dites un mot.
15 — Vous pourriez me faire voir la reine, vous?
— Certainement que je le puis.
— Et comment cela? demanda Morand.
— Rien de plus simple, dit Maurice. Venez me
trouver au Temple le jour où je serai de garde,
20 c'est-à-dire jeudi prochain.
— Eh bien, dit Morand, j'espère que vous êtes
servie à souhait. Voyez donc comme cela se trouve ?
— Voyons, Morand, dit Geneviève, accompagnez-
moi.
25 — C'est une journée perdue, dit Morand.
— Allons, allons, citoyen savant, soyez galant,
comme si vous étiez tout bonnement un homme or-
dinaire, dit Maurice, et sacrifiez la moitié de votre
journée à la soeur de votre ami.
30 — Soit! dit Morand.
— Alors, c'est dit, reprit Geneviève.
S6 Le Chevalier de Maison-Rouge
Dixmer revint tard, et, il trouva Morand,
Geneviève et Maurice qui causaient dans le
jardin.
IX
l'œillet rouge
s Enfin, ce fameux jeudi, jour de la garde de Mau-
rice, arriva. Il devait entrer au Temple à neuf
heures. A huit heures, il était vieille rue Saint-
Jacques, en grand costume de citoyen municipal,
avec une écharpe tricolore serrant sa taille.
10 Geneviève était déjà prête.
— Quand vous voudrez, nous partirons, dit Mo-
rand.
Maurice présenta son bras à Geneviève.
— Partons, dit-il.
is On traversa le Petit-Pont, la rue de la Juiverie,
la place de THôtel-de- Ville, la rue Barre-du-Bec et
la rue Sainte-Avoye. On était arrivé ainsi au coin
de la rue des Vieilles-Audriettes, lorsque, tout à
coup, une bouquetière barra le passage à nos pro-
20 meneurs en leur présentant son éventaire chargé de
fleurs.
— Oh! les magnifiques oeillets! s'écria Maurice.
— Ah! mon beau municipal, dit la bouquetière,
achète un bouquet à la citoyenne.
25 — Oui, dit Maurice, j'en achète.
Il prit le plus beau de tous les bouquets; c'était.
Le Chevalier de Maison-Rouge 57
d'ailleurs, celui que lui présentait la jolie marchande
de fleurs.
Il se composait d'une vingtaine d'oeillets ponceau,
à Todeur à la fois acre et suave. Au milieu de
s tous et dominant comme un roi, sortait un œillet
énorme.
— Tiens, dit Maurice à la marchande, en lui jetant
sur son éventaire un assignat de cinq livres,
— Merci, mon beau municipal, dit la bouquetière.
10 Pendant cette scène Morand, chancelant sur ses
jambes, s'essuyait le front, et Geneviève était pâle
et tremblante. Elle prit le bouquet que lui présen-
tait Maurice, et le porta à son visage, moins pour
en respirer l'odeur que pour cacher son émotion.
15 A neuf heures, on arriva au Temple.
Santerre faisait l'appel des municipaux,
— Me voici, dit Maurice en laissant Geneviève
sous la garde de Morand.
— Ah! sois le bienvenu, dit Santerre en tendant
20 la main au jeune homme.
— Qui donc est cette belle citoyenne, demanda-t-il,
et que vient-elle faire ici ?
— C'est la sœur du brave citoyen Dixmer, un
chef de tannerie, capitaine aux chasseurs de la
35 légion Victor.
— Bon! bon! elle est ma foi jolie. Et cette
espèce de magot qui lui donne le bras?
- — C'est le citoyen Morand, l'associé de son
frère.
30 — Et que viens-tu faire ici, belle patriote? dit
Santerre.
58 Le Chevalier de Maison-Rouge
— La citoyenne, reprit Maurice, n'a jamais vu la
veuve Capet, et elle voudrait la voir.
— Bien, dit Santerre; tâche seulement qu'on ne
la voie pas entrer ; ce serait un mauvais exemple.
s Santerre serra la main de Maurice et fit de la
tête un geste amical et protecteur à Geneviève.
Maurice reprit le bras de Geneviève, et, suivi
par Morand, s'avança vers le poste à la porte duquel
Lorin commandait la manœuvre à son bataillon.
10 Maurice présenta Lorin à Geneviève et à Morand.
Dix minutes après, Geneviève et Morand pre-
naient place derrière le vitrage,
La reine venait de se lever. Malade depuis deux
ou trois jours, elle restait au lit plus longtemps que
15 d'habitude. Seulement, ayant appris de sa sœur
que le soleil s'était levé, magnifique, elle avait de-
mandé à se promener sur la terrasse.
Et puis une autre raison la déterminait.
— Ma sœur, lui avait dit Madame Elisabeth, vous
20 savez que nous avons trouvé dans le corridor un
fétu de paille dressé dans l'angle du mur. Dans la
langue de nos signaux, cela veut dire de faire atten-
tion autour de nous et qu'un ami s'approche.
— C'est vrai, avait répondu la reine, qui, regar-
35 dant sa sœur et sa fille en pitié, s'encourageait elle-
même à ne point désespérer de leur salut.
Les municipaux sortants étaient partis, après
avoir laissé leur procès-verbal au conseil du Temple.
Maurice fit sortir Morand et Geneviève; et les
30 sentinelles, prévenues par Lorin, les laissèrent
passer sans aucune difficulté.
Le ChevàBcT de iîaisoo-Rocgc 50
Il les installa dans on petit couloir de Tétage so-
périeoT, de sorte que les aagnstes prisonnières ne
pouvaient faire autrement qœ de passer devant eux,
Maurice, non seulement ne quitta point ses amis,
5 mais encore, afin que le plus léger soupi;on ne
planât pcxnt sur cette démarche, avant roicontré le
citoyen Agricola, il 1 avait pris avec luL
Dix heures sonnèrrat.
— Ouvrez! cria du bas de la tour la voix du
10 général Santerre.
— Attention, dit Maurice, voîd les prisonnières.
— Nommez-les-moi, dit Geneviève.
— Les deux premières qui montent sont la sœur
et la fille de Capet. La dernière, qui est précédée
15 d'un petit chien, est Marie-Antoinette.
Geneviève fit un pas en avant Morand se colla
contre le mur.
Ses lèvres étaient plus livides et plus terreuses
que la pierre du donjon.
20 Geneviève, avec sa robe blanche et ses beaux
yeux purs, semblait un ange attendant les prison-
nières, pour leur mettre en passant un peu de joie
au cœur.
Madame Elisabeth laissa tomber son mouchoir.
25 — Faites attention, ma soeur, dît-elle, j'ai laissé
échapper mon mouchoir.
Et elle continua de monter avec la jeune prin-
cesse.
La reine se baissa pour ramasser le mouchoir qui
30 était tombé à ses pieds; mais, plus prompt qu'elle,
son petit chien s'en empara et courut le porter à
6o Le Ghevalier de Maison-Rouge
Madame Elisabeth. La reine continua de monter,
et bientôt elle se trouva à son tour devant Geneviève
et Morand.
— Oh! des fleurs! dit-elle; il y a bien longtemps
5 que je n'en ai vu.
Geneviève étendit la main pour offrir son bouquet
à la reine. Alors Marie-Antoinette leva la tête, la
regarda, et une imperceptible rougeur parut sur
son front décoloré.
10 Et, saluant avec une gracieuse affabilité Gene-
viève, Marie-Antoinette avança une main amaigrie,
et cueillit au hasard un œillet rouge dans la masse
des fleurs.
12 un œillet rouge. — Rougeville laid the plot of the red
carnation. "Of ail those near the queen when in power,"
says Lenôtre, "he alone made any attempt to tear her
from the hands of her executioners. By strategy and
courage he accomplished the impossible to bring a word
of consolation and a ray of hope to a poor woman
abandoned by ail." He succeeded in winning over the
guard Michonis, and thus reached the queen. "He had
not seen her since the loth of August," says Lenôtre. "She
was then beautiful. The lofty halls and gilded ceilings,
the galleries of marble and crystal, the crowd of faithful
followers formed a setting for her. radiant majesty. To-
day, what a contrast! A low room, bare, gloomy, without
fumiture, two gendarmes playing cards; and she, aged,
wan, cheeks furrowed by tears, clothed in an old patched
skirt, but standing erect, proud and disdainful. She re-
cognized Michonis, and remained impassive. Suddenly
she trembled, scarcely able to repress an exclamation of
surprise. She had recognized Rougeville." The latter
could not take his eyes from the poor queen. She drew
near however, and profiting by a momentary inattention
Le Chevalier de Maison-Rouge 6l
— Prenez tout, madame, dit timidement Geneviève.
— Non, dit la reine avec un sourire charmant;
ce bouquet vient peut-être d'une personne que vous
aimez, et je ne veux point vous en priver.
s Geneviève rougit.
— Allons, allons, citoyenne Capet, dît Agricola,
il faut continuer votre chemin.
La reine salua et continua de monter.
— Elle ne m'a pas vu, murmura Morand, qui,pres-
10 que agenouillé dans la pénombre du corridor, n'avait
effectivement point frappé les regards de la reine.
— Mais, vous, vous l'avez bien vue, n'est-ce pas,
Morand? n'est-ce pas, Geneviève? dit Maurice.
' — Oh! oui, oui, dit Geneviève, je l'ai bien vue,
15 et, maintenant, quand je vivrais cent ans, je la ver-
rais toujours.
— Et comment la trouvez-vous?
— Bien belje.
— Et vous, Morand?
2o Morand joignit les mains sans répondre.
— Dites donc, demanda tout bas Maurice à Gene-
viève, est-ce que ce serait de la reine qu'il est amou-
reux?
of Michonis, Rougeville poînted to the carnation in his
buttonhole, removed it, and thrçw it behind the stove.
Alone with her guards she picked up the note, but un-
fortunately the gendarme Gilbert detected the movement.
This note promised money to bribe her guards. Rouge-
ville was to bring it the following Friday. Alas! Her
liberator could not return. Like Maison-Rouge in the
story Rougeville was pursued by ail the police of France,
and it is mîraculous that he escaped and survived ail the
scènes of the Révolution.
62 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Ma foi, répondit-elle, cela en a Tair.
— Eh bien, vous ne me dites pas comment vous
l'avez trouvée, Morand, insista Mauricei
— Je Tai trouvée bien pâle, répondit-il.
s Maurice reprit le bras de Geneviève et la fit des-
cendre vers la cour.
Morand suivit en trébuchant.
Maurice s'en revint à son poste le cœur plein de
joie: il trouva la femme Tison qui pleurait.
10 — Et qu'avez- vous donc, la mère? demanda-t-il.
— J'ai que je suis furieuse, répondit la geôlière,
vous êtes riche; vous venez ici pour un jour seule-
ment, et l'on vous permet de vous y faire visiter par
de jolies femmes qui donnent des bouquets à l'Autri-
15 chienne; et moi qui niche perpétuellement dans le
colombier, on me défend de voir ma pauvre Sophie.
Maurice lui prit la main et y glissa un assignat
de dix livres.
— Prenez, lui dit-il, et ayez courage.
20 Simon qui montait vit la geôlière serrer dans sa
poche l'assignat que lui avait donné Maurice.
— Ah! dit-il, tu veux donc te faire guillotiner,
citoyenne? Tu reçois de l'argent des municipaux
pour faire entrer les aristocrates chez l'Autri-
25 chienne.
— Allons donc, ce sont les amis du municipal
Maurice, un des meilleurs patriotes qui existent.
— Eh bien, sur quoi donc est-ce que je marche
là? continua Simon en se baissant.
30 — Eh! justement, dit la femme Tison, c'est
un oeillet; il sera tombé des mains de la dame,
Le Chevalier de Maison-Rouge 63
quand Marie-Antoinette en a pris un dans son
bouquet.
— La femme Capet a pris une fleur dans le bou-
quet de la dame? dit Simon.
5 — Oui, et c'est moi-même qui le lui ai donné, en-
tends-tu? dit d'une voix menaçante Maurice, qui
écoutait ce colloque.
— C'est bien, c'est bien, on voit ce qu'on voit, et
on sait ce qu'on dit, grogna Simon, qui tenait tou-
10 jours à la main l'œillet froissé par son large pied.
— Eh bien, qu'est-ce donc que cela? ajouta-t-il.
— Quoi? demanda Maurice.
— Ce que je sens dans l'œillet, donc! Ah! ah!
Et, aux yeux de Maurice stupéfait, Simon tira du
15 calice de la fleur un petit papier roulé avec soin.
— Oh! s'écria Maurice à son tour, qu'est-ce que
cela, mon Dieu?
— Nous le saurons, dit Simon en s'approchant
de la lucarne pour lire le billet.
20 Mais le billet était minuté si fin, que Simon fut
obligé de recourir à ses lunettes. Comme il les
cherchait, un courant d'air enleva le papier de sa
rnain.
Simon poussa un rugissement.
25 — Il y avait un papier, s'écria-t-il ; il faudra qu'il
se retrouve.
Et il descendit rapidement.
Dix minutes après, trois membres de la Commune
entraient dans le donjon. La reine était encore sur
30 la terrasse, et l'ordre avait été donné de la laisser
dans l'ignorance de ce qui venait de se passer.
64 Le Chevalier de Maison-Rouge
Les membres de la Commune se firent conduire près
d'elle.
Le premier objet qui frappa le;irs yeux fut
l'œillet rouge qu'elle tenait encore à la main.
s — Donnez-nous cette fleur, dit le président de la
députation.
La reine tressaillit et hésita.
— Rendez cette fleur, madame, s'écria Maurice.
La reine tendit l'oeillet.
10 Le président le prit et se retira, suivi de ses col-
lègues, dans une salle voisine.
On ouvrit la fleur, elle était vide.
Maurice respira.
— Un moment, dit l'un des membres, le cœur
15 de l'œillet a été enlevé. L'alvéole est vide; mais
dans cette alvéole un billet a été renfermé.
— Je réponds, sur ma vie, des amis que j'ai eu
l'imprudence d'amener avec moi, dit Maurice.
On entendit alors un remue-ménage dans les
20 cours.
C'était Simon, qui, après avoir cherché inutile-
ment le petit billet, était allé trouver Santerre et
lui avait* raconté la tentative d'enlèvement de la
reine.
25 Santerre était accouru; on investissait le Temple
et l'on changeait la garde, au grand dépit de Lorin,
qui protestait contre cette oflFense faite à son ba-
taillon.
— Citoyen Maurice, dit Santerre, tiens-toi à la
30 disposition de la Commune, qui t'interrogera.
— Je suis à tes ordres, commandant.
Le Chevalier de Maison-Rouge 65
LA MÈRE ET LA FILLE
On interrogea la reine après l'avoir séparée de
sa sœur et de sa fille; mais elle ne répondit rien,
sinon qu'elle avait, sur l'escalier, rencontré une
s jeune femme portant un bouquet, et qu'elle s'était
contentée d'y cueillir une fleur.
Encore n'avait-elle cueilli cette fleur que du con-
sentement du municipal Maurice.
Tout fut rapporté à Maurice et il appuya la dé-
10 position de la reine comme franche et exacte.
— Mais, dit le président, il y avait un complot,
alors ?
— C'est impossible, dit Maurice ; c'est moi, qui
en dînant chez la citoyenne Dixmer, lui avais pro-
is posé de lui faire voir la prisonnière, qu'elle n'avait
jamais vue. Mais il n'y avait rien de fixé pour le
jour.
— Mais on s'était muni de fleurs, dit le président ;
ce bouquet avait été fait d'avance ?
20 — Pas du tout, c'est moi-même qui ai acheté ces
fleurs à une bouquetière, en passant.
— Mais, au moins, cette bouquetière t'a présenté
le bouquet?
— Non, citoyen, je l'ai choisi entre dix ou douze.
25 — Mais on a pu, y glisser ce billet ?
— Impossible. Je n'ai pas quitté une minute la
citoyenne Dixmer, et, pour faire l'opération que
66 Le Chevalier de Maison-Rouge
vous dites dans chacune des fleurs, il eût fallu au
moins une demi-journée.
— Alors, à ton avis, il n'y a pas de complot?
— Si fait, il y a complot, reprit Maurice, et je
5 suis le premier à l'affirmer ; seulement, ce complot
ne vient point de mes amis. Nous ne devons pas
en rester là: il nous faut retrouver la bouquetière.
— La bouquetière est loin; mais sois tranquille,
on la cherchera.
10 On n'avait point songé à Simon, mais Simon
avait son projet.
Il arriva sur la fin de la séance pour demander
des nouvelles, et il apprit la décision de la Com-
mune.
15 — Ah! il ne faut qu'une dénonciation en règle,
dit-il, pour faire l'affaire ; attendez
— Qu'est-ce donc? demanda le président.
— C'est, répondit Simon, la citoyenne Tison qui
dénonce les menées de Maurice et de Lorin. Je les
2o dénoncerai ce soir aux Cordeliers, et toi-même avec
les autres, citoyen président, si tu ne décrètes pas
d'arrestation le traître Maurice.
20 aux Cordeliers. — As a means of courtîng popular
favor, the désire of each party at this epoch, clubs or
private reunions were established, in which were discussed
government measures, affairs of state and the decrees of
the Assembly. The club of the Cordeliers was thus named
because of its meeting in a chapel of the convent of the
Cordeliers. This club and that of the Jacobins were the
two most noted clubs of the epoch, and their power often
controlled the légal authorities. Men of the greatest in-
fluence were members, Barnave, Lafayette, Mirabeau, Ma-
rat, Robespierre and their followers.
Le Chevalier de Maison-Rouge 67
— Eh bien, soit, dit le président, on Tarrêtera.
Pendant que cette décision était rendue contre
lui, Maurice était retourné au Temple où l'attendait
ce billet :
s < Notre garde étant violemment interrompue, je
ne pourrai te revoir que demain matin: viens dé-
^jeuner avec moi; tu me mettras au courant des
trames et des conspirations découvertes par maître
Simon.
10 « Ton ami,
€ LORIN. »
Lorin était sorti vers onze Ijeures, avec tout son
bataillon, grâce à la motion du cordonnier et il
était allé chez Arthémise.
15 Arthémise fut enchantée de le voir arriver. Elle
proposa une promenade le long des quais qui fut
acceptée. Là ils aperçurent une bouquetière qui,
comme eux, remontait la rive droite de la Seîne.
Arrivés au pont Marie, la jeune fille s'arrêta et
20 vida sa corbeille dans la rivière.
— Tiens ! dit Arthémise. Ah ! que c'est bizarre !
La bouquetière mit un doigt sur ses lèvres et
disparut.
— Qu'est-ce donc? dit Lorin; connaissez-vous
25 cette mortelle, déesse?
— C'est une bouquetière à laquelle j'achète
quelquefois.
— Dans tous les cas, dit Lorin, elle a de singu-
lières façons de débiter sa marchandise.
68 Le Chevalier de Maison-Rougô
L'incident n'eut point de suite pour le moment.
Seulement, comme il était étrange et présentait un
certain caractère rnystérieux, il se grava dans l'ima-
gination poétique de Lorin,
s Sur la dénonciation de la femme Tison, Maurice
fut arrêté. Il demanda la mise en cause de la
bouquetière.
Il était cinq heures du soir lorsque Lorin rentra
chez lui ; il apprit à l'instant même l'arrestation de
10 Maurice et la demande que celui-ci avait faite.
La bouquetière du pont Marie jetant ses fleurs
dans la Seine lui revint aussitôt à l'esprit. Il bondit
hors de sa chambre et courut chez la déesse Raison.
— On a arrêté Maurice ce matin, dit-il, et pro-
is bablement je serai arrêté ce soir. Quelle était cette
bouquetière que nous avons rencontrée ce matin?
— Eh! mon Dieu! dit Arthémise, cet événement
est-il donc si grave?
— Si grave que je vous prie de répondre à l'in-
20 stant à ma question.
— Mon ami, je ne le puis. Je suis engagée d'hon-
neur à garder le silence; pourquoi insistez- vous
ainsi ?
— Pour que Maurice n'ait pas le cou coupé.
25 — Ah! mon Dieu! Maurice guillotiné!
— Sans vous parler de moi, qui en vérité. . .
En ce moment l'officieux de Lorin se précipita
dans la chambre d' Arthémise.
— Ah! citoyen, s'écrîa-t-il, sauve-toî, sauve-toi!
30 les gendarmes se sont présentés chez toi et ont en-
foncé la porte.
Le Chevalier de Maison-Rouge 69
Arthémise jeta un cri.
— Pauvre Héloïse! s'écria-t-elle, ce n'est point
ma faute si je te trahis.
— Bien! chère amie, dit Lorin. Vous m'avez
s déjà donné le nom de baptême; donnez-moi main-
tenant le nom de famille et l'adresse.
— Héloïse Tison, rue des Nonandières, 24.
A ce nom, Lorin jeta un cri et s'enfuit à toutes
jambes.
10 II n'était pas au bout de la rue, qu'une lettre arri-
vait chez Arthémise.
Cette lettre ne» contenait que ces trois lignes:
€ Pas un mot sur moi, chère amie ; la révélation
de mon nom me perdrait infailliblement. . . Attends
15 à demain pour me nommer, car ce soir j'aurai quitté
Paris.
€ Ton HÉLOÏSE. »
— Oh! mon Dieu! s'écria la future déesse, si
j'avais pu deviner cela, j'eusse attendu jusqu'à de-
20 main.
Et elle s'élança vers la fenêtre pour rappeler Lo-
rin, s'il en était encore temps ; mais il avait disparu.
La rumeur gagna, terrible et menaçante, la vieille
rue Saint- Jacques, et Morand et Dixmer sortirent
25 aussitôt, laissant Geneviève en proie au désespoir.
En eflfet, s'il arrivait malheur à Maurice, c'était
Geneviève qui était la cause de ce malheur.
En sortant de la maison, Dixmer s'achemina vers
la rue de la Corderie,. et Morand courut à la rue
70 Le Chevalier de Maison-Rouge
des Nonandières. En arrivant au bout du pont
Marie, ce dernier aperçut une foule d'oisifs et de
curieux ; il se mêla aux groupes et apprit qu'on ve-
nait d'enlever, rue des Nonandières, 24, la bouque-
5 tière.
Morand s'informa du club dans lequel la pauvre
fille devait être interrogée. Il apprit que c'était
devant la section mère qu'elle avait été conduite, et
il s'y rendit aussitôt.
10 Le club regorgeait de monde. Là première chose
qu'il aperçut, fut la noble figure de Maurice, de-
bout au banc des accusés.
— Oui, criait Simon, la citoyenne Tison accuse
le citoyen Lindey et le citoyen Lorin. Le citoyen
15 Lindey parle d'une bouquetière sur laquelle il veut
rejeter son crime; mais je vous en préviens
. d'avance, la bouquetière ne se retrouvera point;
c'est un complot formé par une société d'aristo-
crates qui se rejettent la balle les uns aux autres,
20 comme des lâches qu'ils sont. Vous avez bien vu
que le citoyen Lorin avait décampé de chez lui
quand on s'y est présenté. Eh bien, il ne se ren-
contrera pas plus que la bouquetière.
— Tu en as menti, Simon, dit une voix furieuse:
25 il se retrouvera, car le voici.
Et il alla se ranger auprès de Mau-
rice.
Cette entrée de Lorin produisit le plus grand effet
sur les tribunes, qui se mirent à applaudir et à crier
30 bravo!
Les spectateurs regardaient avec intérêt ces deux
Le Chevalier de Maison-Rouge 71
beaux jeunes gens, qu'accusait Timmonde cordon-
nier du Temple.
Celui-ci s'aperçut de la mauvaise impression qui
commençait à s'appesantir sur lui. Il résolut de
s frapper le dernier coup.
— Citoyens, hurla-t-il, je demande que la ci-
toyenne Tison soit entendue.
— La citoyenne Tison est-elle dans la salle? de-
manda le président.
10 — Me voilà, mon président, dit la geôlière.
— Un instant, dit en se retournant vers Maurice
le président, citoyen municipal, n'as-tu rien à dire
d'abord?
— Citoyen président, dit Maurice, je demande que
15 la jeune fille soit entendue avant qu'on fasse parler
cette femme, à qui l'on a sans doute soufflé sa dé-
position.
— Oui, oui, la déposition! crièrent les tribunes.
— Silence! cria le président; voici la Commune
20 qui revient.
En ce moment, une femme fut poussée vers le
prétoire.
— La bouquetière! la bouquetière! murmurait-on
des tribunes; c'est la bouquetière.
25 — Je demande, avant tout, la déposition de la
femme Tison, hurla Simon.
La femme Tison fut appelée et entama
une dénonciation circonstanciée. Selon elle,
la bouquetière était coupable, il est vrai;
30 mais Maurice et Lorin étaient ses com-
plices.
fj2 Le Chevalier de Maison-Rouge
Cette dénonciation produisit un grand effet sur
le public.
— Gendarmes, amenez la bouquetière, cria le pré-
sident.
s — Ah! c'est affreux, murmura Morand, en
cachant sa tête entre ses deux mains.
La bouquetière fut appelée, et se plaça au bas
de la tribune, vis-à-vis de la femme .Tison, dont le
témoignage venait de rendre capital le crime dont
10 on l'accusait.
Alors elle releva son voile.
— Héloïse! s'écria la femme Tison; ma fille...
toi ici ?.. .
— Oui, ma mère, répondit doucement la jeune
10 femme.
— Et pourquoi es-tu entre deux gendarmes?
— Parce que je suis accusée par vous, ma mère.
Un silence effrayant, silence de mort, vint s'abattre
tout à coup sur ces masses bruyantes, et le senti-
20 ment douloureux de cette horrible scène étreignit
tous les cœurs.
— Sa fille ! chuchotèrent des voix basses et comme
dans le lointain, sa fille, la malheureuse !
Maurice et Lorin regardcfient l'accusatrice et l'ac-
as cusée avec un sentiment de profonde commisération.
Simon essayait de se soustraire aux regards de
la femme Tison, qui roulait autour d'elle un œil
égaré.
— Comment t'appelles-tu, citoyenne? dit le pré-
30 sident, ému lui-même, à la jeune fille calme et rési-
gnée.
Le Chevalier de Maison-Rouge 73
— Héloïse Tison, citoyen.
— Est-ce toi qui as vendu au citoyen Lindey un
bouquet d'œillets ce matin?
— Oui, citoyen, c'est moi, dit-elle.
5 — Sais-tu que chacun de ces œillets" contenait un
billet adressé à la veuve Capet?
— Je le sais, répondit Taccusée.
— Pourquoi oflfrais-tu ces œillets au citoyen Mau-
rice?
10 — Parce que je lui voyais Técharpe municipale, et
que je me doutais qu'il allait au Temple.
— Quels sont tes complices?
— Je n'en ai pas.
— Le citoyen Maurice savait-il que ces fleurs
15 continssent des billets ?
— Le citoyen Maurice est municipal; il pouvait
voir la reine à toute heure du jour. S'il eût eu
quelque chose à lui dire, il n'avait pas besoin
d'écrire, puisqu'il pouvait parler.
20 — Et tu ne connaissais pas le citoyen Maurice ?
— Je ne le connaissais pas autrement que de vue !
— Vois-tu misérable! s'écria Lorin, en menaçant
du poing Simon, vois-tu ce que tu as fait?
Le président continua:
25 — Tu sais ce qu'il y avait d'écrit dans le billet?
— Sans doute, je le sais.
— Dis-nous ce qu'il y avait sur ce papier.
— J'ai dit tout ce que je pouvais et surtout tout
ce que je voulais dire.
30 — Et tu refuses de répondre?
— Oui.
74 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Tu sais à quoi tu t'exposes?
— Oui.
— Tu espères peut-être en ta jeunesse, en ta
beauté ?
s Je n'espère qu'en Dieu.
— Citoyen Maurice Lindey, dit le président, ci-
toyen Hyacinthe Lorin, vous êtes libres; la Com-
mune reconnaît votre innocence et rend justice à
votre civisme. Gendarmes, conduisez la citoyenne
10 Héloïse à la prison de la section.
— Je vous pardonne, ma mère, cria la jeune fille
pendant qu'on l'entraînait.
La femme Tison poussa un rugissement sauvage,
et tomba comme morte.
15 — Noble fille! murmura Morand avec une dou-
loureuse émotion.
XI
LE BILLET
La femme Tison, foudroyée par ce qui venait de se
passer, poussa un cri, s'élança vers la porte et cou-
ao rut dans la direction du Temple.
Mais, arrivée au tiers de la rue Michel-le-Comte,
un homme vint se placer devant elle:
— Tu es contente, lui dit-il, tu as tué ton enfant.
Elle est à la Conciergerie. Eh bien, je te demande,
25 en supposant qu'un homme te promît de te rendre
ta fille, si tu ferais ce que cet homme te dirait de
faire ?
^ Le Chevalier de Maison-Rouge 75
— Tout pour ma fille! s'écria la femme en se tor-
dant les bras ; y a-t-il un homme qui peut la sauver ?
où est cet homme? que veut-il? que demande-t-il ?
— Cet homme veut que tu cesses de persécuter la
5 reine, que tu lui demandes pardon des outrages que
tu lui as faits, et que, si tu t'aperçois que cette
femme, par quelque miracle du ciel, est sur le point
de se sauver, au lieu de t'opposer à sa fuite, tu y
aides de tout ton pouvoir.
10 — Écoute, citoyen, dit la femme Tison, c'est toi,
n'est-ce pas, qui es cet homme? C'est toi qui pro-
mets de sauver ma fille? Me le promets-tu?
— Je le jure.
Dix heures sonnèrent. En ce moment la reine
15 relisait un petit billet qui contenait ce qui suit:
« Demain, mardi, demandez à descendre au jar-
din, feignez d'être fatiguée, et demandez à la femme
Plumeau la permission de vous asseoir chez elle.
Là, feignez de vous évanouir. Alors on fermera
20 les portes pour qu'on puisse vous porter du secours,
et vous resterez avec Madame Elisabeth et Madame
Royale. Aussitôt la trappe de la cave s'ouvrira;
précipitez-vous, avec votre sœur et votre fille, par
cette ouverture, et vous êtes sauvées toutes trois. »
25 — Ce billet ne serait-il qu'un piège? dit Madame
Elisabeth.
— Non, non, dit la reine ; c'est du chevalier.
Le lendemain, à neuf heures du matin, la reine,
après avoir relu le billet de la veille, sortit et ap-
30 pela un municipal.
— Monsieur, dit Marie- Antoinette, je sors de la
76 Le Chevalier de Maison-Rouge
chambre de ma filky qui est bien malade. Ses
jambes sont enflées, car elle fait trop peu d'exercice.
C'est moi qui l'ai condamnée à cette inaction;
j'étais autorisée à descendre me promener au jar-
s din ; mais, comme il me fallait passer devant la
porte de la chambre que mon mari habitait de son
vivant, je me suis bornée à la promenade de la
terrasse.
« Maintenant cette promenade est insuffisante
10 à la santé de ma pauvre enfant. Je vous prie donc,
citoyen municipal, de réclamer en mon nom, auprès
du général Santerre, l'usage de cette liberté qui
m'avait été accordée; je vous en serai recon-
naissante.
15 — Soyez tranquille, madame, on demandera au
citoyen général la permission- que vous désirez.
Madame Royale, pour confirmer le bruit de sa
maladie, resta couchée.
A onze heures, Santerre arriva. Son arrivée fut
20 annoncée par les tambours qui battirent aux champs,
et par l'entrée du nouveau bataillon et des nouveaux
municipaux qui venaient relever ceux dont la garde
finissait.
Quand Santerre eut inspecté le bataillon sortant
as et le bataillon entrant, le municipal s'approcha de
lui.
— Citoyen, dit-il, je viens te dire de la part de
madame Veto, que la petite Veto est malade, à ce
qu'il paraît faute d'air et de mouvement, et elle
30 demande si tu veux permettre qu'elle des-
cende.
Le Chevalier de Maison-Rouge 77
— n n'y a pas de difficulté à cela: qu^elle
descende!
Le municipal monta près de Marie-Antoinette,
et lui annonça que le général faisait droit à sa
5 demande.
— Merd, dit-elle au municipal avec un charmant
sourire. Puis, se retournant vers son petit chien:
— Allons, Black, dit-elle, nous allons nous pro-
mener.
10 — A quelle heure sortirons-nous, monsieur? de-
manda la reine.
— Vous sortirez quand vous voudrez. Cependant,
si vous voulez sortir à midi, comme c'est le moment
où Ton change les factionnaires, cela fera moins
15 de mouvement dans la tour.
— Eh bien, à midi, soit, dit la reine en aK>uyant
la main sur son cœur pour en comprimer les batte-
ments.
Le municipal sortit pour appeler ses collègues,
ao La reine resta seule avec sa sœur et sa fille. Ma-
dame Royale se jeta dans les bras de la reine et
la tint embrassée.
Onze heures sonnèrent, puis midi. La reine vit
que sa sœur et sa fille pâlissaient,
as — Courage! dit-elle en pâlissant elle-même.
— Il est midi, cria-t-on d'en bas; faites descendre
les prisonnières.
— Nous voici, messieurs, répondit la reine.
Lorsque les prisonnières furent arrivées au bas
30 de l'escalier, une lourde porte s'ouvrit lentement.
Une femme était assise à terre près de cette porte.
78 Le Qievalîer de Maison-Rouge
C'était la femme Tison. La reine voyait déjà la
petite hutte de la cantine où ses amis l'attendaient
sans doute, lorsque la femme Tison vint s'agenouil-
ler devant la porte, fermant le passage à Marie-
5 Antoinette.
— Que voulez- vous, bonne femme? demanda la
1 reine.
— Il a dit qu'il fallait que vous me pardonniez.
— Qui cela?
lo — L'homme au manteau, répliqua la femme Ti-
son.
— Ma bonne femme, dit la reine, je vous en prie,
laissez-moi passer ; plus tard, vous me conterez tout
cela.
is — Allons, allons, la mère, dit le municipal, dé-
campons.
Mais la femme Tison se cramponna à la muraille.
— Non, reprit-elle, il faut qu'elle me pardonne
pour qu'il sauve ma fille.
20 En ce moment, la voix enrouée d'un colporteur
se fit entendre dans la rue du Temple.
— Voilà, cria-t-il, le jugement et l'arrêt qui con-
damnent la fille Héloïse Tison à la peine de mort
A peine ces paroles eurent-elles frappé les oreilles
25 de la femme Tison, que sa figure se décomposa,
qu'elle se releva sur un genou et qu'elle étendit les
bras pour fermer le passage à la reine.
— Condamnée! s'écria-t-elle, il ne l'a donc pas
sauvée et ne peut la sauver? il est donc trop
30 tard?... Ah!
— Pauvre femme, dit la reine, je vous
Le Chevalier de Maîson-Rouge 79
plains de tout mon cœur; mais laissez-moi
passer.
— Te laisser passer!
La femme Tison éclata de rire.
5 — A moi, messieurs! venez à mon aide, s'écria la
reine. Mon Dieu! mon Dieu! mais vous voyez
bien que cette femme est folle.
On entendit de nouveau la voix du crieur.
— L'entends-tu? hurla la folle, l'entends-tu ? con-
10 damnée à mort! C'est pour toi qu'on va tuer ma
fille, entends-tu? pour toi, l'Autrichienne!
La reine détourna la tête en laissant échapper un
douloureux sanglot.
— Oui, oui, pleure, h3rpocrite! cria la folle; ton
xs bouquet lui coûte cher. . .
Marie-Antoinette essaya de passer.
— Ah! tu ne passeras pas, hurla la vieille; tu
veux fuir, madame Veto.
Et, les bras tordus, les cheveux épars, le visage
20 pourpre, la malheureuse tomba renversée en déchi-
rant le lambeau de la robe à laquelle elle était cram-
ponnée.
La reine, éperdue, mais débarrassée au moins de
l'insensée, allait fuir du côté du jardin, quand, tout
25 à coup, un cri terrible, mêlé d'aboiements et ac-
compagné d'une rumeur étrange, vint tirer de leur
stupeur les gardes nationaux qui, attirés par cette
scène, entouraient Marie-Antoinette.
— Aux armes! aux armes! trahison! criait le
30 cordonnier Simon.
Le petit Black aboyait avec fureur.
8o Le Chevalier de Maison-Rouge
— Black! Black! appela la reine en faisant quel-
ques pas en avant.
Mais le chien ne lui répondit pas et continua
• d'aboyer avec fureur.
s Les gardes nationaux coururent aux armes, et se
précipitèrent vers la cabane, tandis que les munici-
paux forçaient les prisonnières à repasser le guichet,
qui se referma derrière elles.
— C'est là, c'est là, sous la trappe, criait Simon.
10 J'ai vu remuer la trappe. D'ailleurs, le chien de
l'Autrichienne a jappé contre les conspirateurs, qui
sont probablement dans la cave. Eh ! tenez, il jappe
encore.
L'officier saisit l'anneau de la trappe. Deux gre-
15 nadiers, voyant qu'il ne pouvait venir à bout de la
soulever, l'y aidèrent, mais sans plus de succès.
— Vous voyez bien qu'ils retiennent la trappe en
dedans, dit Simon. Feu! à travers la trappe.
— Eh! cria madame Plumeau, vous allez casser
20 mes bouteilles.
— Feu! répéta Simon, feu!
— Tais-toi, braillard! dit l'officier. Et vous, ap-
portez des haches et entamez les planches. Atten-
tion! et feu dans la trappe aussitôt qu'elle sera
Bs ouverte.
La hache entama les planches. Vingt canons de
fusils s'abaissèrent dans la direction de l'ouverture.
Mais, par l'ouverture on ne vit personne. L'officier
alluma une torche et la jeta dans la cave; la cave
30 était vide.
Le Chevalier de Maison-Rouge 8i
XII
LE CHEVALIER DE MAISON-ROUGE
Aussitôt que les événements que nous venons de
raconter furent accomplis, Maurice prit le chemin
de la vieille rue Saint- Jacques.
5 Lorsqu'il arriva chez le maître tanneur, Dixmer
et Morand soutenaient Geneviève, en proie à une
violente attaque de nerfs.
Un domestique lui barra le passage.
— Annonce-moi, dit Maurice.
lo Dixmer vint lui-même à la porte.
Qu'y a-t-il donc? demanda Maurice.
— Geneviève est souffrante et elle délire.
— Ah! mon Dieu! Qu'a-t-elle donc?
— Héloïse! Héloïse! murmura la jeune femme,
is — Héloïse! répéta Maurice avec étonnement.
— Silence ! dit Dixmer ; la voilà qui parle encore.
— Maurice! murmura-t-elle ; ils vont le tuer.
— Maison-Rouge! murmura encore Geneviève.
Maurice sentit comme un éclair de soupçon.
20 — Ah! vous voilà tous, dit Geneviève.
— Oui, dit Maurice, nous voilà tous; rassurez-
vous donc, mais il y a surtout un nom, voyez-vous,
qu'il faudrait vous déshabituer de prononcer, celui
du Chevalier de Maison-Rouge. La commune le
25 cherche, et ses limiers ont le nez fin.
— Pourvu qu'on l'arrête, dit Morand, avant qu'il
82 Le Chevalier de Maison-Rouge
accomplisse quelque nouvelle entreprise qui réussira
mieux que la dernière.
— En tout cas, dit Maurice, ce ne sera pas en
faveur de la reine, qui est désormais à Tabri de ses
s coups de main. Elle est à la Conciergerie. Adieu
les plans du chevalier de la reine!
— Geneviève, dit Dixmer, il faut te mettre au lit,
mon enfant; tu souffres.
Maurice comprit qu'on le congédiait; il baisa la
lo main de Geneviève et sortit.
Il prit la rue des Fossés-Saint- Victor et gagna
les quais.
Pour retrouver un peu de calme, il présenta son
front à la brise du soir, et s'appuya sur le parapet
15 du pont.
Comme il regardait Teau couler, il entendît une
petite troupe qui venait à lui. Il se retourna ; c'était
une compagnie de la garde nationale. Au milieu
de l'obscurité, Maurice reconnut Lorin.
20 — Enfin, s'écria Lorin, c'est toi. Morbleu! ce
n'est pas sans peine que l'on te rejoint.
— Que viens-tu donc faire par ici en patrouille?
demanda Maurice.
— Je suis chef d'expédition, mon ami; il s'agit
25 de rétablir notre réputation ébranlée. — J'ai appris
aujourd'hui à la section que nous commen-
çons à être suspects, toi et moi, que la conspi-
ration de l'œillet a été conduite par le chevalier
de Maison-Rouge, que la conspiration de
30 l'œillet rouge et celle du souterrain ne fai-
saient qu'une seule conspiration; et que nous
Le Chevalier de Maison-Rouge 83
allons prendre ce soir le chevalier de Maison-
Rouge.
— Tu t'es donc fait gendarme?
— Non, mais je suis patriote.
s — C'est égal, dit Maurice, il est singulier que tu
te charges d'une pareille commission.
— Je ne m'en suis pas chargé, on m'en a chargé.
— Il me semble, dit Maurice, que ceux qu'on
aurait dû arrêter d'abord étaient les habitants de
ib cette maison de Ta rue de la Corderie, où l'on a
construit le souterrain.
— C'est ce que l'on aurait fait aussi si l'on n'eût
pas trouvé la maison vide.
— Mais cette maison appartient à quelqu'un?
15 — Oui, à un nouveau propriétaire, mais personne
ne le connaissait. A la fin, on a trouvé le notaire
qui avait vendu la maison, l'acte de vente et sur
l'acte, le nom et le domicile du coupable. Alors
Santerre nous a désignés pour l'arrêter.
20 — Et cet homme, c'était le chevalier?
— Non pas, son complice seulement.
— Mais alors comment dis-tu que vous allez ar-
rêter le chevalier de Maison-Rouge?
— Nous allons les arrêter tous ensemble. Vois-
25 tu Maurice, je suis heureux qu'on nous ait chargés
de cette expédition, car il faut que nous nous réha-
bilitions par un coup d'éclat. J'ai répondu de toi.
— Je ne me sens pas le moindre goût pour cette
expédition, dit Maurice ; tu diras que tu ne m'as pas
30 rencontré, ou que tu m'as rencontré et que je n'ai
pas voulu être des vôtres.
84 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Maurice, réfléchis, réfléchis, car je ne t'ai pas
dit tout ce que m'avait dit Santerre ; quand je t'ai
demandé comme chef de l'expédition, il m'a dit:
« Prends garde à Maurice, il va bien souvent
5 dans ce quartier-là, dans la vieille rue Saint-
Jacques. »
— Tu as raison, Lorin, dit Maurice comprimant
son émotion ; je vais avec vous.
La patrouille se remit en marche, précédée d'un
10 homme vêtu de gris qui la dirigeait ; c'était l'homme
de la police.
On arriva à la ruelle. L'homme gris n'hésita
pas un seul instant; il prit la ruelle. Devant la
porte du jardin il s'arrêta.
15 — C'est ici, dit-il, que nous trouverons les deux
chefs.
— Moi, dît Maurice, je vais passer par-dessus le
mur et je veillerai dans le jardin.
— A merveille, dit Lorin, mais attends, voici le
ao mot d'ordre: Œillet et souterrain. Arrête tous
ceux qui ne te diront pas ces deux mots.
XIII
PERQUISITION ,
Le premier coup avait été terrible, et il avait fallu
à Maurice toute la puissance qu'il avait sur lui-
as même pour cacher à Lorin cette secousse. *
Quoi ! cette maison dont il avait fait son paradis
n'était qu'un repaire d'intrigues! Tout ce bon ac-
Le Chevalier de Maîson-Rouge 85
cueîl faît à son amîtîé, c'était de Thypocrisie; tout
cet amour de Geneviève, c'était de la peuri
Dans le pavillon de Geneviève, la lumière se pro-
menait d'une fenêtre à l'autre. Geneviève brûlait
5 des papiers.
Un jeune homme entra. C'était Maison-Rouge.
La jeune femme saisit ses mains, et ils se tinrent
un instant en face l'un de l'autre paraissant en proie
à une vive émotion.
10 Maurice ne put se contenir davantage ; toutes les
terribles passions qui torturent l'homme, l'amour,
la vengeance, la jalousie, lui mordaient le coeur de
leurs dents de feu. Il repoussa la croisée mal fer-
mée et sauta dans la chambre.
15 Deux pistolets se posèrent sur sa poitrine.
Geneviève s'était retournée au bruit; elle resta
muette en apercevant Maurice.
— Monsieur, dit froidement le jeune républicain :
vous êtes le chevalier de Maison-Rouge? Écoutez
20 ce que je vais dire à mademoiselle.
Geneviève, plus pâle qu'une statue, saisît le bras
de Maurice ; le jeune homme la repoussa.
— Maurice, écoutez-moi! s'écria Geneviève.
— Je n'ai rien à entendre, vous m'avez trompé.
25 Vous m'avez rendu la risée de mes amis! Vous
m'avez fait servir, aveugle que j'étais, à tous vos
complots! C'est une action infâme! mais vous
en serez punie ! car monsieur que voici va me tuer
sous vos yeux! Mais avant cinq minutes, il sera
30 là, lui aussi, gisant â vos pieds.
— Lui mourir! Mais vous ne savez donc pas,
86 Le Chevalier de Maison-Rouge
Maurice, que je donnerais ma vie pour la sienne,
que s'il meurt je mourrai, et que si vous êtes mon
amour, vous, lui est ma religion?
— Ah! dit Maurice, vous allez peut-être conti-
5 nuer de dire que vous m'aimez. En vérité, les
femmes sont bien perfides.
— Allons, monsieur, dit-il au jeune royaliste, il
faut me tuer ou mourir.
— Je ne vous disputerai pas ma vie, dit le cheva-
10 lier de Maison-Rouge, parce que ma vie ne vaut
pas le remords que j'éprouverais de tuer un galant
homme, et puis surtout. . . surtout parce que Gene-
viève vous aime.
— Ah ! s'écria la jeune femme, que vous êtes bon,
15 grand et généreux, Armand!
Maurice les regardait avec étonnement.
— Tenez, dit le chevalier, je rentre dans ma
chambre; je vous donne ma parole d'honneur que
ce n'est point pour fuir, mais pour cacher un por-
20 trait. Je sais que vous êtes un cœur pur et loyal.
Je me confierai à vous jusqu'à la fin: regardez!
Et il tira de sa poitrine une miniature qu'il mon-
tra à Maurice : c'était le portrait de la reine.
Maurice baissa la tête.
25 Le chevalier sortit sans que Maurice fît un seul
geste pour le retenir.
A peine fut-il hors de la chambre que Geneviève
se précipita aux pieds du jeune homme.
— Pardon, dit-elle, pour tout le mal que je vous
30 ai fait; pardon au nom de mes souffrances et de
mes larmes. Mon frère est parti ce matin; peut-
Le Chevalier de Maison-Rouge 87
être ne le reverrai-je plus; un seul ami me reste,
et vous allez le faire tuer.
— Que voulez- vous? dit Maurice; tout le monde
joue sa vie à cette heure; le chevalier a joué comme
s les autres, et il a perdu; maintenant il faut qu'il
paye. ^ ^
— Mais vous pouvez le sauver, vous, Maurice.
— Je fermerais inutilement les yeux, Geneviève;
il y a un mot d'ordre donné, sans lequel personne
10 ne peut sortir.
— Mon ami, mon cher Maurice, ce mot d'ordre,
dites-le-moi, il me le faut.
— Si je fais ce que vous me demandez, que me
donnez-vous, Geneviève ?
15 — Mon Dieu! reprit-elle, je jure de consacrer
ma vie à Maurice, s'il sauve le chevalier de Maison-
Rouge.
— C'est bien; il sera sauvé, dit Maurice.
Il alla vers la chambre du chevalier.
20 — Monsieur, dit-il, vous êtes libre.
— Et vous, dit-il à Geneviève, voilà les deux mots
de passe : Œillet et souterrain.
Et comme s'il eût eu horreur de rester dans la
chambre où il avait prononcé ces deux mots, il
25 ouvrit la fenêtre et sauta dans le jardin.
À peine avait-il atteint l'angle de la serre que
l'homme gris parut, suivi de Lorin et de cinq ou
six grenadiers.
— Eh bien? demanda Lorin.
30 — Vous le voyez, dit Maurice, je suis à mon
poste.
88 * Le Chevalier de Maison-Rouge
— Personne n'a tenté de forcer la consigne?
— Personne, répondit Maurice, et vous qu'avez-
vous fait?
— Nous, nous avons acquis la certitude que le
s chevalier de Maison-Rouge est entré dans la mai-
son, et n'en est pas sorti. ^
— Voyons? dit Maurice, que décidons-nous?
— Nous décidons, dit l'homme de la police, que
nous allons le prendre dans sa chambre.
lo — En avant ! dans le corridor, dit Lorin.
On ouvrit la porte du fond et l'on se trouva en
face de la porte de l'appartement du chevalier.
— Oh ! oh ! dit Lorin, la porte est close.
— Grenadiers, enfoncez la porte, dit l'homme
15 gris: la porte vola en éclats. Les rideaux du lit
étaient fermés, et le lit était vide.
Soudain l'on entendit un grand bruit; une troupe
d'hommes armés se présenta à la porte, envahit le
jardin et se répandit dans la maison. A la tête de
20 ce renfort brillait le panache de Santerre.
— Eh bien! dit-îl à Lorin, où est le conspirateur?
— Je vous le demanderai à vous-même, citoyen
général : votre détachement doit l'avoir arrêté, puis-
qu'il n'était plus dans la maison quand nous y
2s sommes entrés.
— Que dites-vous là? s'écria le général furieux,
vous l'avez donc laissé échapper?
— Nous n'avons pu le laisser échapper, puisque
nous ne l'avons jamais tenu.
30 — Alors, je ne comprends plus rien, dit Santerre,
à ce que vous m'avez fait dire par votre envoyé, un
Le Chevalier de Maisôn-Rouge 89
homme à habit brun, à cheveux noirs, à lunettes
vertes, qui est venu nous prévenir de votre part que
vous étiez sur le point de vous emparer de Maison-
Rouge, mais qu'il se défendait comme un lion; sur
s quoi, je suis accouru.
— Un homme à habit brun, à cheveux noirs, à
lunettes vertes? répéta Lorin.
— Sans doute, tenant une femme au bras.
— Comment diable les avez- vous laissés passer?
10 demanda Lorin.
— Parbleu! dit Santerre, je les ai laissés passer
parce qu'ils avaient le mot de passe.
— Ils avaient le mot de passe ! s'écria Lorin ; mais
il y a donc un traître parmi nous ?
15 — Non, non, citoyen Lorin, dit Santerre, on vous
connaît, et l'on sait bien qu'il n'y a pas de traîtres
parmi vous.
Lorin regarda tout autour de lui: il vit le front
sombre et l'oeil vacillant de Maurice.
20 — Oh! murmura-t-il, que veut dire ceci?
— Cet homme ne peut être bien loin, dit San-
terre; fouillons les environs.
— Oui, oui, cherchons, dit Lorin.
Et il saisit Maurice par le bras ; ef, sous prétexte
as de chercher, il l'entraîna hors du jardin.
90 Le Chevalier de Maison-Rouge
XIV
LA CONCIERGERIE
En 1793, la Conciergerie, pourvoyeuse infati-
gable de réchafaud, regorgeait de prisonniers dont
on faisait en une heure des condamnés.
5 C'est, en ce lieu que la Commune transféra la
reine de France. Suivons-la dans sa nouvelle
prison.
Un sourd roulement avait ébranlé le pavé du
quai et les vitres de la prison; puis le roulement
10 avait cessé en face de la porte ogive ; des gendarmes
avaient frappé à cette porte avec la poignée de leur
sabre, cette porte s'était ouverte, la voiture était
entrée dans la cour, et la reine en était descendue.
I La Conciergerie.— The 2nd of August, 1793, after one
year in the Temple, the queen was transferred to the
Conciergerie, where she remained 76 days. During this
tîme she was guarded by two gendarmes, separated from
her only by a screen. Oct. I4th, she appeared before the
revolutîonary tribunal. Two days later she was con-
demned to death. She heard the verdict with composure,
returned to her prison, and wrote a touchîng letter to her
sîster-în-law to whom she întrusted her chîldren. The
next mornîng she was taken to the scaffold în a cart.
Thirty thousand soldîers were under arms along the route.
There were cries of : Vive la République! A bas la tyran-
nie! She died courageously. Did she deserve the penalty
of death? The Assembly believed it. However thîs may
be, because of her long martyrdom, the world has for her
memory only a profound pity.
. Le Chevalier de Maison-Rouge 91
Elle vit qu'il fallait franchir un second guichet,
mais elle oublia de baisser son front et se heurta
violemment à la barre de fer.
— Vous êtes-vous fait mal, citoyenne? demanda
s un des gendarmes.
— Rien ne me fait plus mal à présent, répondit-
elle.
Et elle passa sans proférer aucune plainte.
Le concierge Richard regarda la prisonnière,
10 ouvrit un registre fort gros, et chercha une plume.
— Citoyen concierge, dit le chef de l'escorte, fais-
nous l'écrou et vivement, car on nous attend avec
impatience à la Commune.
— Oh ! ce ne sera pas long, dit le concierge. Tes
15 noms et prénoms, citoyenne.
— Marie- Antoinette- Jeanne- Josèphe de Lorraine,
répondit la prisonnière, archiduchesse d'Autriche,
reine de France.
* — Reine de France? répéta le concierge en se
20 soulevant étonné sur le bras de son fauteuil.
— Reine de France, répéta la prisonnière.
— Autrement dit, veuve Capet, dit le chef de
Tescorte.
— Sous lequel de ces deux noms dois-je Tîns-
25 crire? demanda le concierge.
— Sous celui des deux que tu voudras, pourvu
que tu l'inscrives vite, dit le chef de l'escorte.
Le concierge écrivît sur son registre les prénoms,
le nom et le titre que s'était donnés la prisonnière,
30 inscription dont l'encre apparaît encore rougeâtre
aujourd'hui sur ce registre, dont les rats de la Con
92 Le Chevalier de Maîson-Rouge -
ciergerie révolutionnaire ont grignoté la feuille à
l'endroit le plus précieux.
— Votre âge? continua le concierge.
— Trente-sept ans et neuf mois, répondit la
s reine.
— Bien, dit-il, c'est fait.
— Où conduit-on la prisonnière? demanda le
chef de l'escorte.
Richard regarda sa femme.
10 — Dame ! dit celle-ci, nous n'étions pas prévenus,
de sorte que nous ne savons guère. . . Il y a la
chambre du conseil. . .
— Va pour la chambre du conseil, dit Richard;
mais elle est inhabitable pour le moment, car il n'y *
15 a pas de lit.
— C'est vrai, répondit la femme, je n'y avais pas
songé.
— Bah ! dit un des gendarmes, on y mettra un lit
demain, et demain sera bientôt venu.
20 — D'ailleurs, la citoyenne peut passer cette nuit
dans notre chambre, n'est-ce pas, notre homme?
dit la femme Richard.
— Eh bien, et nous, donc? dit le concierge.
— Nous ne nous coucherons pas; comme l'a dit
25 le citoyen gendarme, une nuit est bientôt passée.
— Alors, dit Richard, conduisez la citoyenne dans
ma chambre.
La femme Richard prît une chandelle et marcha
la première.
30 Marie-Antoinette la suivit; deux guichetiers fer-
mèrent la marche. On montra à la reine un lit
Le Chevalier de Maison-Rouge 93
auquel la femme Richard s'empressa de mettre des
draps blancs. Les guichetiers s'installèrent aux
issues; puis la porte fut refermée, et Marie- Antoi-
nette se trouva seule.
5 Ce fut le lendemain seulement que la reine fut
conduite dans la chambre du conseil, que l'on avait
coupée dans toute sa longueur par une cloison.
L'un des compartiments était la chambre des
hommes de garde.
10 L'autre était celle de la reine. Un paravent,
substitué à une porte, isolait la reine de ses gar-
diens, et fermait l'ouverture du milieu. Un lit
dressé en face de la fenêtre, une chaise placée près
du jour, tel était l'ameublement de la prison royale.
15 En y entrant, la reine demanda qu'on lui apportât
ses livres et son ouvrage. Les gendarmes s'éta-
blirent dans la cellule voisine. L'histoire a conservé
leurs noms. Ils s'appelaient Duchesne et Gilbert.
Le lendemain deux municipaux entrèrent suivis
20 du concierge.
— Eh bien, demandèrent-ils, la prisonnière?
Gilbert alla heurter au paravent
— Que voulez- vous? demanda la reine.
— C'est la visite de la Commune, citoyenne
25 Capet.
Les délégués de la Commune observèrent curieu-
sement tous les détails de la chambre, examinèrent
les boiseries, le lit, les barreaux de la fenêtre qui
donnait sur la cour des femmes, et, après avoir
30 recommandé la plus minutieuse vigilance aux gen-
darmes, sortirçnt §ans avoir adressé la parole à
94 Le Chevalier de Maison-Rouge
Marie- Antoinette et sans que celle-ci eût paru
s'apercevoir de leur présence.
Vers la fin de cette journée un homme, vêtu d'une
carmagnole grise, et brandissant d'une main un
s lourd gourdin, se promenait dans la salle des Pas-
Perdus. Il faisait retentir sur les dalles son arme
pesante, qui arrachait aux pierres sur lesquelles elle
retombait un son tantôt mat et sourd, tantôt écla-
tant et sonore. Il semblait avoir des préférences
10 pour certaines dall^, celles, qui, situées à peu de
distance du mur de droite, et au milieu de la salle,
à peu près, rendaient les sons les plus purs et les
plus bruyants.
Il finit par concentrer sa colère sur les dalles du
15 centre. Un instant même, il s'arrêta pour mesurer
de l'œil une distance.
Bientôt un autre patriote entra par la porte de
• la galerie et vint croiser la promenade de l'homme
au gourdin. C'était Simon.
20 — Eh parbleu! c'est le citoyen Simon! dit le
premier patriote.
— Lui-même! Maïs que lui veux-tu au citoyen
Simon ? et qui es-tu, d'abord !
— Je m'appelle Théodore.
35 — Qui attends-tu, citoyen Théodore?
— Un ami auquel je veux, faire une bonne petite
dénonciation.
— En vérité! Conte-moi cela,
— Non, vrai, je ne peux dire cela qu'à mon ami.
20 — Tu as tort; car voici le mien qui s'avance
vers nous, et celui-là connaît assez la pro-
Le Chevalier de Maison-Rouge 95
cédure pour arranger tout de s» 'te ton affaire,
hein?
— Fouquîer-Tinvîlle ! s'écria le premier patriote.
— Bonjour, citoyen Fouquier, dit Simon.
5 — Bonjour, Simon, quoi de nouveau?
— Beaucoup de choses. D'abord, une dénoncia-
tion du citoyen Théodore, qui a porté la tête de la
Lamballe. Je te le présente.
— Tu as porté la tête de la Lamballe, toi? fit Tac-
10 cusateur public.
— Moi, rue Saint- Antoine.
3 Fouquier-Tinvilîe.—K public prosecutor of the revolu-
tionary tribunal. He drew up the indictment of the queen
and of Madame Elizabeth, sister of Louis XVI. He was
inexorable, and caused the exécution of the most illus-
trions men and women of the time. He was guillotined
in his turn, May 7th, 1795.
7 la Lamballe. — ^Marîe-Thérèse-Louise de Savoie-Ca-
rignan, princesse de Lamballe, born in 1735, was killed
in the prison of La Force, Sept. 3rd, 1792. She was
the most intimate, the most faithful, the most devoted
friend of the queen. She lived with her at the court;
followed her to the Tuileries when the royal family was
obliged to leave Versailles; was found at her side the
loth of Àugust, when the rioters attacked the Tuileries;
accompanied her when the king with his family took
refuge in the midst of the Assembly; finally, she refused
to leave her when the queen was imprisoned in the Temple
the I3th of August. The I9th she was torn from the arms
of the queen and taken to La Force, where she was
massacred the 3rd of Sept. Her head was eut off and
carried through the streets on the end of a pike to the
court-yard of the Temple. That day the Parisian mob
showed its hatred for the queen.
96 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Laisse-nous, je te prie; Simon a quelque chose
à me dire.
— Un moment, cria Simon, ne le renvoie pas;
entends d'abord sa dénonciation.
5 — Ah! fit Fouquier-Tinville, une dénonciation?
— Oui, une couvée, ajouta Simon.
— A la bonne heure, parie; de quoi s'agit-il?
— Le citoyen Maison-Rouge et ses amis. . .
Fouquier fit un bond en arrière. En vérité? dit-
10 il, où sont-ils? *
— J'ai rencontré Maison-Rouge, rue de la
Grande-Truanderie.
— Encore une sottise, dît Fouquier: n'importe,
la bonne intention est réputée pour le fait. Eh
15 bien, Simon, à nous deux; hâte-toi, l'on m'attend
au greffe, voici l'heure des charrettes.
— Eh bien, rien de nouveau; l'enfant va bien.
— Ahl le petit va bien, dit alors Fouquier; mais
le moral?
20 — Je le pétris à volonté.
— Il parle donc?
— Quand je veux.
• — Tu croîs qu'il pourrait témoigner dans le pro-
cès d'Antoinette?
25 — Je ne le crois pas, j'en suis sûr.
— Réfléchis bien, dit Fouquier, ne fais pas faire
à la commission ce qu'on appelle un pas de clerc.
Tu es sûr que Capet parlera?
— Il dira tout ce que je voudrai.
30 — Il t'a dit ce que nous allons lui deman-
der?
Le Chevalier de Maîson-Rouge 97
— Il me Ta dit.
— C'est important, citoyen Simon, ce que tu pro-
mets là.
— J'y compte, parbleu!
s — Soit, balbutia Fouquier. Voilà tout ce que tu
voulais dire?
— Tout... J'oubliais: voici une dénonciation.
Et Simon présenta un morceau de papier. Fou-
quier le prit et le lut.
10 — Encore ton citoyen Lorin; tu hais donc bien
cet homme?
— Je le trouve toujours en hostilité avec la loi.
— Précise! précise! dit Fouquier en souriant à
Simon.
15 — Que diable veux-tu que je précise? On en a
guillotiné qui en avaient fait moins.
— Patience! on ne peut pas tout faire à la fois.
Et Fouquier rentra d'un pas rapide sous les
guichets.
20 II franchissait à peine la grille de l'ouest, que
Théodore reparut à l'angle d'une cahute d'écrivain.
L'habitant de la cahute l'accompagnait.
— A quelle heure ferme-t-on les grilles? dit
Théodore à cet homme.
25 — A cinq heures.
— La pince et les pistolets sont dans la baraque?
— Oui, sous le tapis^
— Bien. Va-t'en et tiens les chevaux prêts.
— Bonne chance, et comptez sur moi!
30 — Voici le bon moment. . personne ne regarde. .
ouvre ta baraque.
98 Le Chevalier de Maison-Rouge
— C'est fait, monsieur; je prierai pour vous!
— Ce n'est pas pour moi qu'il faut prier ! Adieu.
Et le citoyen Théodore se glissa adroitement
sous le petit toit de la baraque.
Le digne scribe retira sa clef de la serrure, prit
des papiers sous son bras, et sortit de la vaste salle.
XV
LE CITOYEN THÉODORE
La nuit s'était abaissée sur le sanctuaire de Thé-
mîs. Cependant, au milieu de cette nuit effrayante,
10 au milieu de ce silence presque solennel qui régnait,
un faible grincement se fit entendre : la porte d'une
cahute d'écrivain roula sur ses gonds criards, et
Théodore se glissa hors de la baraque.
Il tenait à la main droite une lourde pince de fer,
15 et, de la gauche, il assurait dans sa ceinture un pis-
tolet à deux coups.
— J'ai compté douze dalles à partir de l'échoppe,
murmura-t-il ; voyons. Ai- je bien pris mes mesures?
Serai- je assez fort, et elle, aura-t-elle assez de cou-
20 rage?
« Allons, à Tœuvre, et récapitulons.
« Lever la dalle, ce n'est rien ; la laisser ouverte,
là est le danger, car une ronde peut venir. . . Mais
jamais il ne vient de rondes. En trois minutes je
as suis sous la chambre; en cinq autres minutes, je
Le Chevalier de Maîson-Rouge 99
lève la pierre qui sert de foyer à la cheminée; elle
m'entendra travailler, elle ne s'effrayera point! au
contraire, elle comprendra que c'est un libérateur
qui s'avance. . . Elle est gardée par deux hommes;
s sans doute ces deux hommes accourront. . .
« Eh bien, deux hommes, dit-il, c'est un double
coup de ce pistolet. Pauvres gens ! . . . Oh ! il en
est mort bien d'autres, et qui n'étaient pas plus
coupables.
10 « Allons! »
Ëh ce moment, une vive lumière glissa comme
un sillon d'or sur les dalles. Le citoyen Théodore
rentra dans l'échoppe.
Quatre hommes entrèrent. Il en reconnut trois:
15 Santerre, le concierge Richard, le guichetier. Mai3
il n'avait jamais vu le quatrième. Quel pouvait
être cet homme, et que venaient faire ces hommes?
A dix pas de la cachette, Santerre parla : Voyons,
dît-il, nous voici dans la salle des Pas-Perdus. C'est
20 à toi de nous guider, citoyen architecte, et de tâcher
surtout que ta révélation ne soit pas une baliverne ;
car, vois-tu, nous ne croyons pas plus aux souter-
rains qu'aux esprits. Qu'en dis-tu, citoyen
Richard ?
2$ — Le citoyen Giraud est architecte de la ville,
il doit savoir ça mieux que nous.
L'architecte ouvrit son gjand rouleau de papier,
et s'agenouilla . devant un plan qu'il examina.
Douze et quatre font seize, dit-il, et huit vingt-
30 quatre, qui, divisés par six, donnent quatre; après*
quoi, il nous reste une demie; c'est cela, je tiens
100 Le Chevalier de Maison-Rouge
mon endroit, et, si je me trompe d'un pied, dites
que je suis un ignare.
L'architecte prononça ces paroles avec une
assurance qui glaça de terreur le citoyen Théodore.
s Santerre regardait le plan avec une sorte de res-
pect; on voyait qu'il admirait d'autant plus qu'il ne
comprenait rien.
— Suivez bien sur cette carte que j'ai dressée,
dit l'architecte. Y êtes-vous? A treize pieds du
10 mur, une dalle mobile, je l'ai marquée A. La voyez
vous ? •
— Certainement je vois un A, dit Santerre.
— Sous cette dalle est im escalier, continua
l'architecte; je l'ai marqué B. Une fois la dalle
is levée, une fois le pied sur la dernière marche,
reprit l'architecte, comptez cinquante pas de trois
pieds et vous vous trouverez juste au greffe, où ce
souterrain aboutit en passant sous le cachot de la
reine.
20 — Vous dites qu'on se trouvera sous le greffe?
demanda Richard.
— Non seulement sous le greffe, mais sous le
poêle du greffe.
— En vérité, si nous trouvons ce que tu dis là,
as citoyen architecte, j'avouerai que la géométrie est
une belle chose.
— Eh bien, avoue, citoyen Santerre, csar je vais
te conduire à l'endroit désigné par la lettre A.
L'architecte prit délicatement sa règle, compta
30 les toises, et, une fois arrêté, il frappa sur une
dalle.
Le Chevalier de Maison-Rouge loi
Cette dalle était précisément la même qu'avait
frappée le citoyen Théodore.
— C'est ici, citoyen général, dit l'architecte.
— Tu crois, citoyen Giraud?
s — J'en suis sûr, reprit Giraud; et votre expertise,
combinée avec mon rapport, prouvera à la Conven-
tion que je ne me trompais pas. Oui, citoyen
général, cette dalle ouvre sur un souterrain qui
aboutit au greffe, en passant sous le cachot de la
lo veuve Capet. Levons cette dalle, descendez dans
le souterrain avec moi, et je vous prouverai que
deux hommes, qu'un seul même, pouvait en une
nuit l'enlever, sans que personne s'en doutât.
— Voilà le danger que nous courions, reprit Gi-
15 raud. Eh bien, maintenant, avec une grille que je
place dans le couloir souterrain, je sauve la patrie.
— Que l'enfer te confonde, triple sot! grommela
le patriote avec un redoublement de fureur.
— Oh! fit Santerre, citoyen Giraud, tu as eu là
20 une idée sublime.
— Maintenant, lève la dalle, dit l'architecte au
citoyen Gracchus, qui portait une pince.
Le citoyen Gracchus se mit à l'œuvre, et au bout
d'un instant la dalle fut levée.
25 Alors le souterrain apparut béant, avec l'escalier
qui se perdait dans ses profondeurs, et une bouffée
d'air moisi s'en échappa.
— Encore une tentative avortée! murmura le
citoyen Théodore. Oh! le ciel ne veut donc pas
30 qu'elle en échappe, et sa cause est donc une cause
maudite !
I02 Le Chevalier ^e Maîson-Rouge
Un instant le groupe des trois hommes resta im-
mobile à rorifice du souterrain, pendant que le
guichetier plongeait dans l'ouverture sa lanterne.
— Ma foi, oui! dit Santerre, voilà bien le sou-
5 terrain, c'est incontestable. Seulement, reste à sa-
voir où il conduit.
— Eh bien, descends, citoyen Richard, et tu
verras si j'ai dit la vérité.
— Il y a mieux à faire, dit le concierge. Nous
10 allons retourner avec toi et le général à la Con-
ciergerie. Là, tu lèveras la dalle du poêle, et nous
verrons.
— Cette salle est déserte, dit Richard, et en y
laissant Gracchus, cela suffira.
15 — Soit, dit Gracchus.
— Es-tu armé? demanda Santerre.
— J'ai mon sabre et cette pince, citoyen général.
— A merveille! fais bonne garde.
Et tous trois, après avoir fermé la grille, s'en
ao allèrent.
Le guichetier les avait regardés s'éloigner. Tout
étant rentré dans la solitude, il posa sa lanterne à
terre et se mit à rêver.
Comme il était au plus profond de sa rêverie, il
25 sentit une main se poser sur son épaule.
Il se retourna, vit une figure inconnue et voulut
crier; mais à l'instant même un pistolet s'appuya
sur son front.
— Pas un mot, dit l'homme, ou tu es
30 mort.
— Que voulez-vous? balbutia le guichetier.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 103
— Je veux, répondît le citoyen Théodore, que tu
me laisses entrer là dedans.
Le guichetier regarda avec le plus profond
étonnement celui qui lui faisait cette demande.
5 — Refuserais-tu de faire ta fortune? dit Thomme.
— Qu'entendez-vous par une fortune ?
— Cinquante mille livres en or. Eh bien, je te
les offre.
— Pour vous laisser entrer là dedans?
10 — Oui; mais à la condition que tu y viendras
avec moi et que tu m'aideras dans ce que j'y veux
faire.
— Mais qu'y ferez- vous? Dans cinq minutes, ce
souterrain sera rempli de soldats.
15 — Mais demain pourrons-nous y entrer?
— Oui; mais on va poser dans ce souterrain une
grille de fer qui prendra toute sa largeur.
— Alors il faut trouver autre chose, dit Théo-
dore, que fais-tu à la Conciergerie?
20 — Je suis guichetier.
— Tu y manges?
— Pas toujours. J'ai mes heures de récréation,
et j'en profite pour aller faire la cour à la fille du
cabaret du Puits-de-Noé.
25 — Trouve-toi demain au Puits-de-Noé, je te
dirai ce que je veux de toi. Comment t'appelles-tu?
— Gracchus.
— Eh bien, citoyen Gracchus, d'ici à demain fais-
toi chasser par le concierge Richard.
30 — Eh bien, c'est dit. Envolez-vous vite, les voilà. .
7 Cinquante mille livres en or. — jacoo francs.
I04 Le Chevalier de Maison-Rouge
— A demain, répéta Théodore en s'enfuyant.
En effet, il était temps; le bruit des pas et des
voix se rapprochait. On voyait déjà dans le souter-
rain obscur briller la lueur des lumières qui s'appro-
5 chaient.
Théodore courut à la porte que lui avait montrée
l'écrivain dont il avait pris la cahute; il en fit sauter
la serrure avec sa pince, gagna la fenêtre indiquée,
l'ouvrit, se laissa glisser dans la rue, et se retrouva
10 sur le pavé de la République.
XVI
l'enfant royal
Cependant le procès de la reine avait commencé
à s'instruire, comme on a pu le voir dans le chapitre
précédent. Déjà on laissait entrevoir que, par le
15 sacrifice de cette tête illustre, la haine populaire,
grondante depuis si longtemps, serait enfin assouvie.
Les moyens ne manquaient pas pour faire tomber
cette tête, et cependant, Fouquier-Tinville avait
résolu de ne pas négliger les nouveaux moyens d'ac-
20 cusation que Simon lui avait promis.
Le lendemain du jour où Simon et lui s'étaient
rencontrés dans la salle des Pas-Perdus, le général
Henriot entra, suivi de plusieurs gardes nationaux,
dans le donjon où languissait l'enfant royal.
25 A côté du général marchait un greffier de mau-
vaise mine, chargé d'une écritoire et d'un rouleau
Le Chevalier de Maison-Rouge 105
de papier. Derrière le scribe venait Taccusateur
public, cet homme sec, jaune et froid, dont l'œil
sanglant faisait frissonner le farouche Santerre lui-
même. Simon, souriant d'un air faux, monta de-
5 vant pour indiquer le chemin à la commission.
Ils arrivèrent à une chambre assez noire, spa-
cieuse et nue, au fond de laquelle, assis sur son lit,
se tenait le jeune Louis, dans un état d'immobilité
parfaite.
10 Quand nous avons vu le pauvre enfant fuyant
devant la brutale colère de Simon, il y avait encore
en lui une espèce de vitalité réagissant contre les
indignes traitements du cordonnier du Temple: il
fuyait, il criait, il pleurait, il avait peur, il souffrait,
is îl espérait encore. Aujourd'hui, crainte et espoir
avaient disparu. Il ne leva pas même la tête lorsque
les commissaires marchèrent à lui.
— Cet enfant est bien malade, dit le lieutenant
avec une assurance qui fit retourner Fouquier-Tin-
20 ville, déjà assis et prêt à interroger.
— Ah! ah! c'est toi, citoyen Lorin, dit Simon
appelant ainsi l'attention de Fouquier-Tinville sur
l'ami de Maurice.
— Moi-même, citoyen Simon, répliqua Lorin avec
25 son imperturbable aplomb.
Et, comme Lorin, quoique toujours prêt à faire
face au danger, n'était point homme à le chercher
inutilement, il profita de la circonstance pour saluer
Fouquier-Tinville, qui lui rendit son salut.
30 — Tu fais observer, citoyen, dit l'accusateur
public, que l'enfant est malade; es-tu médecin?
io6 Le Chevalier de Maison-Rouge
— J'ai étudié la médecine, au moins.
— Eh bien, que lui trouves-tu?
— Je lui trouve les joues et les yeux bouffis, et
les genoux tuméfiés ; et, si je lui tâtais le pouls, je
s constaterais, j'en • suis sûr, un mouvement de
quatre-vingt-cinq pulsations à la minute.
— Et à quoi la science peut-elle attribuer l'état
du prisonnier? demanda l'accusateur public.
— Ma foi, citoyen, répliqua Lorin, je ne connais
lo pas assez le régime du petit Capet pour te ré-
pondre... Cependant, je crois qu'il ne prend pas
assez d'exercice.
— Je crois bien, le petit gueux! dit Simon, il ne
veut plus marcher.
15 L'enfant resta insensible à l'apostrophe du cor-
donnier.
— L'interrogatoire va commencer, dit l'accusa-
teur public; greffier, prends la plume.
Celui-ci venait d'écrire les préliminaires d'un
20 procès-verbal, et attendait.
— Capet, dit l'accusateur, sais-tu ce qu'est de-
venue ta mère?
Le petit Louis passa d'une pâleur de marbre à
une rougeur brûlante.
2s — M'as-tu entendu, Capet? reprit l'accusateur.
— Oh! il entend bien, dit Simon; il ne veut pas
répondre, de peur qu'on ne le prenne pour un
homme et qu'on ne le fasse travailler.
— Réponds, Capet, dit Henriot; c'est la commis-
se sion de la Convention qui t'interroge, et tu dois
obéissance aux lois.
Le Chevalier de Maison-Rouge 107
L'enfant pâlit, mais ne répondit pas.
Simon fit un geste de rage.
— Veux-tu répondre, louveteau! dit-il en lui
montrant le poing.
— Tais-toi, Simon, dit Fouquier-Tinville.
• — Ta mère t'aimait-elle? demanda Fouquier. On
dit que non.
Quelque chose comme un pâle sourire passa sur
les lèvres de l'enfant.
— Regarde, Simon, comme c'est fâcheux que le
petit Capet, si bavard dans le tête-à-tête, devienne
muet devant le monde, dit Lorin.
— Oh ! si nous étions seuls ! dit' Simon.
— Oh I si vous étiez seuls, brave Simon, comme tu
rosserais le pauvre enfant, hein? Mais tu n'es pas
seul, et tu n'es pas vaillant, mon digne homme,
quand tu as des enfants de cinq pieds six pouces à
combattre.
— Capet, reprit Fouquier, as-tu fait quelque con-
fidence à Simon?
Le regard de l'enfant prit, sans se détourner, une
expression d'ironie impossible à décrire.
— Réponds oui! hurla Simon en levant son tire-
pîed sur l'enfant.
L'enfant frissonna, mais ne fit aucun mouvement
pour éviter le coup.
Les assistants poussèrent un cri de répulsion.
Lorin fit mieux, il s'élança, et, avant que le
bras de Simon se fût abaissé, il le saisit par le
poignet.
— Veux-tu me lâcher? vociféra Simon.
io8 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Voyons, dit Fouquier, dis-nous de quelle ma-
nière ta mère t'aimait, Capet. Cela peut lui être utile.
Le jeune prisonnier tressaillit à cette idée qu'il
pouvait être utile à sa mère,
s — Elle m'aimait comme une mère aime son fils,
monsieur, dit-il. *
— Vous trouvez-vous malheureux? demanda l'ac-
cusateur; vous trouvez-vous mal logé, mal nourri,
mal traité ? voulez-vous plus de liberté, un autre or-
10 dinaire, une autre prison, un autre gardien ? voulez-
vous un cheval pour vous promener? voulez-vous
qu'on vous accorde la société d'enfants de votre
âge?
Louis reprit le profond silence dont il n'était sorti
15 que pour défendre sa mère.
La commission demeura interdite d'étonnement ;
tant de fermeté était incroyable dans un enfant.
— Hein ! ces rois, dit Henriot à voix basse, quelle
race ! c'est comme les tigres : tout petits, ils ont de
20 la méchanceté.
— Comment rédiger le procès-verbal? demanda
le greffier embarrassé.
— Il n'y a qu'à en charger Simon, dit Lorin avec
un franc éclat de rire.
25 La commission n'avait plus rien à faire, elle
sortit.
Quant à l'enfant, une fois délivré de ses interro-
gateurs, il se mit à chantonner sur son lit un pe
refrain mélancolique qui était la chanson favor
30 de son père.
Le Chevalier de Maison-Rouge 109
XVII
LES PRÉPARATIFS DU CHEVALIER DE MAISON-ROUGE
Le nommé Théodore se trouvait le lendemain
de cette soirée, vers sept heures du soir, au cabaret
du Puits-de-Noé.
s Gracchus entra bientôt.
— Eh bien? dit Théodore.
— Le père Richard a fini par me dire:
« Eh bien, citoyen Gracchus, entends-toi avec
quelqu'un de tes amis qui te donnera quelque chose
10 sur ses gages; présente-le-moi comme remplaçant
et je promets de le faire accepter.» Sur quoi, je
suis sorti en disant: « C'est bon, père Richard, je
vais chercher. »
— Bien, dit le patriote, tu es un garçon intelli-
15 gent.
— Si intelligent, que je ne me cache pas, malgré
vos belles promesses, de quoi il retourne pour nous
deux. Je crains les suites. .- .
— Les suites!... et qu'as-tu à craindre? Le
20 lendemain du jour où je suis installé, tu viens faire
un tour à la Conciergerie; je te compte vingt-cinq
rouleaux contenant chacun deux mille francs. Avec
l'argent, je te donne une carte pour sortir de France.
— Eh bien, c'est dit, monsieur, arrive qu'arrive.
25 — Maintenant, voyons, quand me présentes-tu
* au père Richard ?
iio Le Chevalier de Maison-Rouge
— Ce soir, sî vous voulez.
— Ouï, certainement. Qui suis- je?
— Mon cousin Ma'rdoche.
— A ce soir, en face de la Conciergerie.
5 Le patriote paya son écot et sortit.
Le guichetier Mardoche n'était rien de moins que
le Chevalier de Maison-Rouge, qui croyait avoir
trouvé un moyen de sauver la reine.
Un jour, elle entendit à une des fenêtres, donnant
10 sur la cour que Ton appelait la cour des femmes, un
bruit strident pareil à celui que produirait un dia-
mant grinçant sur le verre. Ce bruit fut suivi d'un
choc léger à la vitre, que couvrait avec intention la
toux d'un homme. Puis, à l'angle de la vitre, ap-
is parut un petit papier roulé qui glissa lentement et
tomba au pied de la muraille. Alors elle se leva
doucement, retenant son haleine, et alla ramasser
le papier.
Un objet mince et dur en glissa. C'était une
30 lime de la plus grande finesse, un de ces ressorts
d'acier avec lesquels une main, sî faible et si in-
habile qu'elle soit, peut couper le fer du plus épais
barreau.
« Madame, disait le papier, à neuf heures et
25 demie, un homme viendra causer avec les gendarmes
qui vous gardent, par la fenêtre de la cour des
femmes. Pendant ce temps. Votre Majesté sciera
le troisième barreau de sa fenêtre, en allant de
gauche à droite.. . Un quart d'heure doit suffire à
30 Votre Majesté; puis tenez- vous prête à passer par
la fenêtre... L'avis vous vient d'un de vos plus
Le Chevalier de Maison-Rouge m
fidèles sujets, lequel a consacré sa vie au service de
Votre Majesté, et sera heureux de mourir pour
elle. »
Oh! murmura la reine, je connais cette écriture;
s c'est celle du chevalier de Maison-Rouge. Allons !
Dieu veut peut-être que j'échappe.
Comme les ténèbres se faisaient dans le cachot
de la reine, un homme apparaissait dans la cour
des femmes. Il était suivi de deux chiens, et, tout
10 en fredonnant le Ça ira, il avait, d'un coup de
trousseau de clefs, raclé les cinq barreaux qui fer-
maient la fenêtre de la reine.
La reine avait tressailli d'abord ; mais, reconnais-
sant la chose pour un signal, elle avait aussitôt ou-
ïs vert doucement sa fenêtre et s'était mise à la be-
sogne d'une main plus expérimentée qu'on n'aurait
pu le croire.
Dès que l'homme entendit la fenêtre de la reine
s'ouvrir, il alla frapper à celle des gendarmes.
20 — Ah! ah! dit Gilbert, c'est le citoyen Mardoche.
— Lui-même, répondit le guichetier. Eh bien, il
paraît que nous faisons bonne garde?
— Comme d'habitude, citoyen porte-clefs.
— Ah! dit Mardoche, c'est que cette nuit la vîgî-
25 lance est plus nécessaire que jamais.
— Qu'y a-t-il donc?
— Les conspirateurs que l'on croyait morts sont
très vivants, dit Mardoche, et le chevalier de Mai-
son-Rouge est en France.
10 Ça ira. — ^"Ça ira. les aristocrates on les pendra.../'
A popular song at the time of the Révolution.
112 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Eh bien, on va tâcher de Tarrêter.
— Certainement qu'on va tâcher de Tarrêter;
mais ce n'est pas chose facile, à ce qu'il paraît.
En ce moment, comme la lime de la reine grinçait
s si fortement sur les barreaux que le porte-clefs
craignait qu'on ne l'entendît, malgré les efforts qu'il
faisait pour la couvrir, il appuya le talon sur la
patte d'un de ses chiens, qui poussa un hurlement.
— Ah! pauvre bête! dit Gilbert.
10 — Bah! dit le porte-clefs, il n'avait qu'à mettre
des sabots. Veux-tu te taire. Girondin.
— J'allais ajouter que l'on avait fait la motion de
reconduire l'Autrichienne au Temple.
— Ma foi, dit Gilbert, moi, je voudrais qu'on
15 le fit.
— Je comprends, cela t'ennuie de la garder.
— Non, cela m'attriste.
Maison-Rouge toussa fortement; la lime faisait
d'autant plus de bruit qu'elle mordait plus profon-
2o dément le barreau de fer.
— Et qu'a-t-on décidé? demanda Duchesne.
— Il a été décidé qu'elle resterait ici, mais que
son procès lui serait fait immédiatement.
— Ah! pauvre femme! dit Gilbert.
25 Duchesne, dont l'oreille était plus fine sans doute
que celle de son collègue, se baissa pour écouter du
côté du compartiment de gauche.
Le porte-clefs vit le mouvement. Il courut à la
fenêtre de la reine.
30 — Est-ce fait? dit-il.
— Je suis plus qu'à moitié, répondit la reine.
Le Chevalier de Maison-Rouge 113
— Oh! mon Dieu! mon Dieu! murmura-t-il, et
il saisit des deux mains et secoua d'un effort su-
prême le barreau de fer.
Le barreau résista,
s Duchesne saisit sa carabine et courut à la fenêtre :
il vit un homme pendu au barreau, qu'il secouait
avec rage et qu'il essayait vainement d'escalader.
Il le mit en joue.
Le jeune homme vit le canon de la carabine se
10 baisser vers lui, et il élargit sa poitrine pour défier
la balle.
— Chevalier, s'écria la reine, chevalier, je vous
en supplie ; vivez, vivez !
A la .voix de Marie- Antoinette, Maison-Rouge
15 tomba à genoux.
Le coup partit; mais ce mouvement le sauva, la
balle passa au-dessus de sa tête.
Lorsque la fumée fut dissipée, îl n'y avait plus
personne dans la cour des femmes.
20 Maison-Rouge en était arrivé à comprendre que
malgré tout son dévoûment et tout son amour, il
ne réussirait pas à tirer la reine de la Conciergerie.
Il lui restait seulement l'espoir de la sauver de la
main du bourreau.
25 Voici l'histoire de cette dernière entreprise.
Il se présenta au prêtre — un prêtre assermenté
— qui devait assister la reine dans ses derniers
moments.
26 assermenté. — ^Those prîests that had taken oath to
support the Republic formed the clergé constitutionnel.
They were disowned by the church at Rome.
114 Le Chevalier de Maison-Rouge
— Que voulez- vous de moi? demanda le prêtre.
— Je viens vous supplier de me faire entrer avec
vous près de Sa Majesté.
— Oh! mais vous êtes fou! s'écria Tabbé.
s — Mon père, rassurez- vous. La reine est perdue,
je le sais; mais que je puisse me prosterner à ses
genoux, une seconde seulement, et cela me sauvera
la vie; si je ne la vois pas, je me tue, et, comme
vous serez la cause de mon désespoir, vous aurez
10 tué à la fois le corps et Tâme. Écoutez, il vous
faut un acolyte : prenez-moi avec vous.
— Non, dit le prêtre, non, ce serait manquer à
mes devoirs.
— Écoutez, mon père, dit le chevalier avec Tac-
15 cent d'une profonde douleur, je vous ai parlé en
fils soumis, cependant le désespoir me ronge le
cœur, je suis armé; voyez, j'ai un poignard.
Le curé s'éloigna vivement.
— Ne craignez rien, dit le chevalier avec un
20 triste sourire: tenez, voici pour votre garantie.
Et il tira de sa poche un billet qu'il présenta à
l'abbé Girard; celui-ci le déplia et lut ces mots:
< Moî, René, chevalier de Maison-Rouge, déclare,
sur Dieu et mon honneur, que j'ai, par menace de
25 mort, contraint le digne curé de Saint-Landry à
m'emmener à la Conciergerie malgré ses refus et
ses vives répugnances. En foi de quoi, j'ai signé,
€ Maison-Rouge. »
— C'est bien, dit le prêtre.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 115
— Oh! murmura le chevalier, elle mourra du
moins comme une reine, et la main du bourreau ne
la touchera point!
Il suivit Tabbé. Il était comme lui, vêtu d'un
5 habit noir; les habits sacerdotaux étaient abolis.
Quand il se trouva en face du guichet, un homme
le heurta.
Maison-Rouge se retourna et reconnut l'exécu-
teur.
10 — Que veux-tu, citoyen? demanda Samson.
— Tu le vois bien, citoyen Samson, j'accompagne
le curé.
— Ah! bien, répliqua Texécuteur.
Maison-Rouge pénétra dans l'intérieur du greffe ;
15 puis, du greffe, il passa dans le compartiment où
se tenaient les deux gendarmes.
D'où il était, le chevalier ne pouvait apercevoir la
reine: le paravent était fermé.
Le paravent s'était ouvert pour donner passage
20. au curé, mais il s'était refermé derrière lui.
— Monsieur, disait la reine de sa voix stridente
et fière, puisque vous avez fait serment à la Répu-
blique, au nom de qui on me met à mort, je ne
saurais avoir confiance en vous. Nous n'adorons
25 plus le même Dieu !
— Allez, dit Richard à l'abbé, retournez
chez vous, et qu'elle meure comme elle
voudra.
— Non, répliqua Girard, je l'accompagnerai; la
30 Commune m'a donné une mission... je dois
obéir. Je lui parlerai de " vous en route.
ii6 Le Chevalier de Maison-Rouge
dit-il à Maison-Rouge; je lui dirai ce que
vous avez risqué pour la voir une dernière
fois.
XVIII
LA CHARRETTE
5 Onze heures sonnèrent à Thorloge du Palais,
toute rumeur cessa. Cent mille personnes comp-
taient l'heure qui sonnait et à laquelle répondaient
les battements de leur cœur.
Puis il se fit un grand bruit derrière les portes,
10 en même temps qu'une charrette fendait la foule
et venait se placer au bas des degrés.
Bientôt la reine apparut sur cette charrette.
Ses cheveux étaient coupés courts, la plupart
avaient blanchi pendant sa captivité, et cette nuance
15 argentée rendait plus délicate encore la pâleur na-
crée qui rendait presque céleste, en ce moment su-
prême, la beauté de la fille des Césars.
Elle était vêtue d'une robe blanche, et ses mains
étaient liées derrière son dos.
20 Lorsque la charrette commença a s*ébranler, il
se fit un grand mouvement dans le peuple. Mais,
en même temps, comme les soldats ignoraient dans
quelle intention était accompli le mouvement, ils
réunirent tous leurs eflForts pour repousser la foule ;
25 îl se fit, en conséquence, un grand espace vide entre
la charrette et les î)remîers rangs.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 117
Dans cet espace retentit un hurlement lugubre.
La reine tressaillit et se leva tout debout, regar-
dant autour d'elle.
Elle vit alors son chien, perdu depuis deux mois ;
5 son chien, qui n'avait pu pénétrer avec elle dans la
Conciergerie, qui, malgré les cris et les coups,
s'était élancé vers la charrette ; mais presque aussi-
tôt le pauvre Black, exténué, maigre, brisé, disparut
sous les pieds des chevaux.
10. Après l'avoir perdu un instant des yeux la reine
le revit. Il était au bras d'un pâle jeune homme
qui dominait la foule, debout sur un canon, et qui,
grandi par une exaltation indicible, la saluait en lui
montrant le ciel.
15 Marie-Antoinette aussi regarda le ciel et sourit
doucement.
Le chevalier de Maison-Rouge poussa un gé-
missement, comme si ce sourire lui avait fait une
blessure au cœur, et, comme la charrette tournait
20 vers le pont au Change, il retomba dans la foule et
disparut.
FI N
EXERCISES FOR RETRANSLATION
I (from page 8, Une i, to page lo, Une 25).
I. The occasion îs lacking. 2. The soldiers
marched past the doors. 3. They demanded voci-
ferously the death of the Girondists. 4. A glance
cast by Collot d'Herbois made them understand.
their danger. 5. The patrols are gliding past
the house on the corner of the street. 6. Présent !
cried a man in disguise.
II (from page 11, Une 10, to page 12, Une 25).
I. They were trying to get her away from the
enUsted volunteers. 2. When we are at the Jardin
des Plantes I shall leave you. 3. She concealed
her dweUing from me. 4. If I hold out my hand
will he sUp a ring upon my finger? 5. There he
is in "front of the old house beyond the garden.
6. He swore upon his honor that he would look
for the ring. 7. I must keep my eyes shut.
III (from page 13, Une 5, to page 14, Une 23).
I. The streets and alleys were lighted up by the
moon. 2. On coming to himself he saw only the
charming face of the unknown woman. 3. What
is the matter, sir? 4. There is only one of them
who could catch the conspirator. 5. He is dis-
118
Le Chevalier de Maison-Rouge 119
guised as a woman. 6. Maurice shook his head
and said he knew nothîng about it.
IV (from page 15, Une i, to page 16, Une 3).
I. Ah! to be sure, he is arrested. 2. A great
love would be necessary to undertake such things.
3. Lorin beHeves in the love of the ChevaUer for
the queen. 4. He is a sly fox, but they are hunting
him out this very moment. 5. The inmates wiU
display their names on the front of their houses.
6. It is a question of putting them on her track.
V (from page 16, Une 3, to page 16, Une 20).
I. The only thing talked. of was the daring of
the ChevaUer's return. 2. Would he hâve a price
set upon his head if he had not reëntered Paris?
3. People connected the attempt to remove (d'en-
lever) the queen with his return the evening before.
4. Each obstinate conspirator is waiting impatiently
for the address to the Convention. 5. Meanwhile
Maurice had gone out to look for the Chevalier.
6. Contrary to the gênerai expectation, the woman
took her' way to the Temple.
VI (from page 16, Une 20, to page 17, Une 5).
I. FoUow the same road along which Maurice
accompanied the poor woman. 2. Will the secret
of •the mysterious woman last longer than a
night? 3. Did he while searching by daylight find
some trace of the unknown woman? 4. When
I20 Le Chevalier de Maison-Rouge
you find the bridge, cross it, and you will soon ar-
rive. S- You did not refîect that you were treating
me as a child. 6. Would you hâve corne hère with
me if you had known I lived hère?
VII (from page 17, Une 6, to page 19, line 2).
I. A young lady in mourning is visiting in
apartments on the fourth floor. 2. If you had
visited the Temple you would hâve seen the tower
which had been changed into a prison. 3. Santerre
commanded the Parisian National Guard on the
same day Maurice was searching for the mysterious
woman. 4. The elder woman is working on a pièce
of tapestry. 5. As the former draws near to her,
a member of the Commune seizes her book and
throws it into the middle of the room.
VIII (from page 19, line 3, to page 19, line 30).
i.^ Dartîng forward as if to embrace her, the
mother says: "Keep near me." 2. Marie removes
the note which she had hidden in the stove. 3. The
convention has decreed that traitors shall be
punished. 4. She is blushing slightly, but will not
reply. 5. Who tried to remove her from captivity
last night? 6. What will your son say when I
waken him?
IX (from page 19, line 31, to page 21, line 16).
I. She does not wish to waken him, it seems.
2. Let us call Tison, who does the rough work in
Le Chevalier de Maison-Rouge 121
the prison. 3. Hâve I not answered? As a proof,
ail the prisoners know who untied the knot. 4. I
know you were sleeping, for I went straight to
your bed. 5. Tison's daughter brought the prisoners
their linen yesterday. 6. The handkerchief in which
a knot had been tied was îroned and handed to the
queen.
X (from page 21, line 17, to page 23, lîne 5).
I. Santerre suspected the patriotism of Tison's
daughter. 2. Henceforth he will not enter the
Temple, because he is fVightened. 3. In the ante-
room the Tison woman searched the prisoners.
4. She ground her teeth and had no pity for the
poor queen. 5. Who is going to read the order of
the Convention? 6. If she would acknowledge the
scheme of her accomplices, her son would be left
with her.
XI (from page 23, line 6, to page 23, line 31).
I. But she says she knows nothing, and the child
îs taken away by Santerre. 2. He has learned a
prayer from his mother which he repeats every
moming and evening. 3. The poor mother will
soon join his father, who is in heaven. 4. The child
utters no cries as they take him away. 5. When
the women are alone the queen breaks the silence.
6. Without reading the note her daughter burns ît.
7. She had pulled from a crack with a small pin
the paper folded in the form of a note.
122 Le Chevalier de Maison-Rouge
XII (from page 24, Une 5, to page 25, lîne 15).
I. The handwriting, which^he recog^îzes, is that
of the Chevalier. 2. If she can write to the Che-
valier, she will tell him the project of the émigrés.
3. For three weeks a crowd of republicans hâve
risked their heads. 4. For having set foot in France
again he was condemned to death. 5. The decree
of the Committee of Public Safety was the only
thing lacking. 6. If Maurice read the letter again,
he would abandon himself entirely to his feelings
for the queen.
XIII (from page 25, Une 16, to page 26, line 23).
I. While walking through the old streets he began
to read the names on the door panels. 2. The first
dues were to be the lists on the doors. 3. I wish
to hâve some information conceming Maurice's
coarse brown jacket. 4. My friend the shoemaker
was a tenant of the same house. 5. What is the
name of the journeyman tanner? 6. More than
fifty workmen hâve just applied to the super-
intendent of the tannery.
XIV (from page 27, Une 9, to page 27, line 31).
I. The tanner's questionîng began to provoke
Maurice. 2. Is it probable that he will find his
friend when he does not know the latter's surname?
3. It is now quite dark at nine o'clock in the old
Street. 4. When he no longer heard any noise he
entered the deserted quarter, where he had seen a
Le Chevalier de Maison-Rouge 123
light shinîng. 5. In spite of ail résistance, Maurice
Avas thrown to the ground by the seven men who
hurled themselves upon him at the same time.
6. He thought he heard a door close after they had
tied his hands. 7. He began to move backward,
A?vhen a moment later he felt the warm air on his
face.
XV (from page 28, lîne i, to page 29, Une 17).
I. With the spade found in the sand he cuts the
cord which binds his hands, and he pulls the
bandage from his eyes. 2. When he hears the words
'spy,' 'dagger,' 'death,' he surprises the assassins
by hurling himself upon them. 3. He had just
uttered a cry, when through a window opening into
the garden he saw a young lady reading. 4. Can
you prove to me that you are not mistaken ? 5. He
had scarcely got his bearings, when he heard the
words: "There he is, shoot him!" 6. Geneviève
looked at him, and told Dixmer that he was not
a spy and ought not to die.
XVI (from page 29, line 26, to page 31, Une 22).
I. Dixmer says he did not know the obligations
he was under. 2. Now that they know him they
do not wish to kill him. 3. Maurice intends to
hâve you leave. 4. Are they going to wait for
Morand? 5. At the moment when Geneviève saw
the guests entering the dining-room, she bowed
and introduced them to him. 6. The keen sympâthy
124 Le Chevalier de Maison-Rouge
he experienced for Morand was because the latter
rarely spoke. 7. At a time when politics is mixed
up with everything, he is not astonished that they
should talk about the prisoners of the Temple.
8. Without them it would be easy to bribe the
giiards and take away the prisoners.
XVII (from page 31, line 24, to page 33, line 20).
I. The Chevalier did not succeed as he wished,
because three weeks previous one of the sentinels
had allowed the word monsieur to escape. 2. Did
not Maurice know how he had entered Paris?
3. He ought to be well-informed concerning this
(sur cela). 4. What became of the woman who
waited for Maison-Rouge on the Champs-Élysée ?
5. A member of the Commune who was that day
on guard duty at the Temple gave the alarm.
6. What has become of the Chevalier is not known,
but Maurice affirms that he has not left Paris.
XVIII (from page 33, Une 56, to page 34, line 17).
I. If Maurice's whole attention had not been
centered upon Geneviève, he would hâve noticed the
forced laugh and pallor of Morand. 2. He does
not observe that the clock has struck midnight,
which proves that he is not wearied. 3. Dixmer
hopes they will soon see each other again. 4. He
says he opens his door to a good patriot. 5. Is
Maurice sad at taking leave of his friends? 6. Why
does Dixmer consider him a valuable acquisition
Le Chevalier de Maison-Rouge 125
for them? 7. On the other hand, the events of
the evening hâve made the young tanner happy..
XIX (from page 35, Une 16, to page 38, line 25).
I. Sophie would hâve liked to see the queen, or
at the very least to hear her voice. 2. I wish you
to give me the handkerchief you are holding.
3. You hâve just deprived yourself of ever seeing
it. 4. Raising her hands joyfully above her head,
she cried: Corne! 5. It seemed to him that the
handwriting resenibled that of Geneviève. 6. While
the two ladies were walking he watched them at-
tend vely. 7. He noticed that the queen motioned
the people to withdraw. 8. The young woman drew
back hastily.
XX (from page 39, line 9, to page 41, lîne 5),
I. In the midst of ail this Maurice entered and
expressed the greatest delight that Morand had
just discovered the secret of the red morocco,
2. As usual she greeted him affectionately. - 3. Hâve
you ever spoken of me to any one? 4. It is I who
am asking questions. 5. By supplying half the
capital, he became Dixmer's partner. 6. Allow me
to call your attention to the fact that your praise is
somewhat ostentations.
XXI (from page 41, line 6, to page 43, line 29).
I. At the review of the battalion, Santerre ob-
serves that Maurice is absent. 2. If it should happen
that he did not come, his name would be put on the
126 Le Chevalier de Maison-Rouge
list of those absent. 3. Take your place on the
stairway. 4. One would think it done on purpose
to vex me. 5. It is well worth the trouble, since the
captain intends to offer some to ail the prisoners.
6. While the widow Plumeau went off to look for
cheese, the captain went into the ccUar to sélect
his wine.
XXII (from page 47, Une 19, to page 50, line 16).
I. Why can he not master his émotion? 2. I
shall hâve the dinner served when Morand arrives.
3. He respects patriotism even in the "knitting
women". 4. It would be his duty to protect the
prisoners. 5. He is certain that the queen is largely
responsible for the misfortunes of France. 6. In
spite of this, no one will beat the little Capet. 7. On
rising from the table, he was apprised that urgent
business demanded his présence.
XXIII (from page 50, Une 20, to page 52, line 3).
I. It concerns the purchase of a house from
which to construct an underground passage to the
Temple. 2. Cries from the street terrified the queen
when she learned that people were talking of the
îndictment of the Girondists. 3. As usual, each dish
îs examined, and the prisoners are requested to take
theîr places at the table. 4. After the queen had
undressed and gone to bed. Madame Elisabeth drew
near and asked (demander) her in a low voîce if
she had understood. 5. Turgy announced that help
would corne to them from within the prison.
Le Chevalier de Maisan-Rouge 127
XXIV (from page 54, line 14, to page 56, Une 3).
I. Morand's early life had been passed în foreign
lands. 2. But there are two things he has never
seen; the first is a god and the other is a king.
3. Instead of a god, Maurice could show him a god-
dess of Reason, with which (dont) his dear friend
had just supplied the city. 4. If you want to see
the queen, just say the word. 5. There is nothing
simpler than this, you may be sure. 6. He hopes
it is arranged as she desires. 7. It would bc a day
lost if Maurice should accompany her? 8. Would
he be able, however, to arrange for her to see the
queen.
XXV (from page 58, line 10, to page 62, line 16).
I. A bit of straw placed in the corner means
that a friend is approaching. 2. Having learned
that the sun has risen, we wish to walk upon the
terrace. 3. You are placed so that he cannot do
otherwise than pass in front of you. 4. When the
queen dropped her handkerchief the little dog seized
xt. 5. She says it is a long time since she has seen
any flowers. 6. Reaching out an emaciated hand,
she plucks a red carnation from the bouquet. 7. As
it comes perhaps from one of whom Geneviève is
fond, the queen does not wish to deprive her of it.
8. The Tison woman is weeping because she is for-
bidden to see her daughter.
128 Le Chevalier de Maîson-Rouge
XXVI (from page 65, Une 2, to page 67, Une 9).
1. 1 shall suggest to Geneviève that I show her the
staircase where I met the flower-girl from whom
I bought the carnations. 2. It îs you who bought
them not I. 3. In my opinion, if there had been a
plot Simon would hâve accused them. 4. Shall we
go no further? Must we not find this flower-girl?
5. Yes, indeed, I hâve my plan, don't worry. 6.
Very well, I can see you to-morrow morning after
Simon has made me acquainted with the plot.
XXVII (from page 71, Une i, to page 73, Une 2y^.
I. Maurice wants the président to hear the young
girl before her mother comes. 2. "Hère I am/' saîd
the Tison woman, placing herself at the foot of the
platform. 3. There was a dead silence when the
wretched woman was brought in. 4. There was a
whispering in the distance when the girl lifted her
veil, and the président asked: "What is your
name?" 5. The policeman suspected that the car-
nations contained notes written to the queen. 6.
Since you know my accomplices, you do not need
to know what is on this paper. 7. I know him only
by sight, I hâve never spoken to him.
XXVIII (from page 77, Une i, to page 80, Une 16).
I. I will grant her request; there îs no difficulty
in that. 2. When twelve o'clock strikes they are
going to take a walk. 3. Her guard called his
Le Chevalier de Maîson-Rouge 129
coUeagues from below to change the sentrîes. 4.
When they reached the foot of the staircase the
door opened, and they saw the Tison woman on
her knees before them. 5. "Forgive me, I beseech
you, and save my daughter/' she said with a husky
voice. 6. "I pity you with ail my heart," said the
queen when the voice of the crier was heard in the
Street. 7. "Help," cried Simon, "that dog will kill
me. Do you hear hîm bark?" 8. The queen did
not succeed in opening the cabin door which the
soldiers had closed.
XXIX (from page 82, line 3, to page 8?, Une 20).
I. The bold attempt of Maurice did not succeed.
The question was to re-establish his réputation. 2.
As he was going to bed he heard a company of the
National Guard coming toward his house. 3. Lo-
rin has become a policeman, and has undertaken to
arrest the Chevalier. 4. The name of the new
owner of the house should hâve been found on the
deed. 5. Maurice says he will not be one of their
number, that he has no taste for such an expédition.
6. Beware of Santerre, he will arrest ail who do not
know the pass-word.
XXX (from page 87, line 4, to page 89, line 25).
I. He risked his life in leaping into the garden
to save the Chevalier. 2. But Geneviève must hâve
the pass-word in order to escape the police who are
breaking down the door. 3. The young woman did
130 Le Chevalier de Maison-Rouge
not know the meaning of ail this noise at her
chamber door. 4. A little man in a brown coat,
with black hair and green spectacles, entered the
greenhouse as Maurice came out of it. 5. Santerre
is furious because they hâve allowed the Chevalier
to escape, and he will search the neighborhood. 6.
Lorin sent word to him that he was about to capture
the conspirator.
XXXI (from page 92 to page 96, line 27).
I. The doorkeeper asked Marie Antoinette her
name and âge. 2. Then they conducted her to her
room, where she found a bed on which white
sheets had been placed. 3. "Well," said Richard,
angrily when the représentative of the Commune
knocked.at the door, "what do y ou want of me?"
They had forgotten to notify him of the visit of
thèse représentatives. 4. When the delegates of
the Commune entered her room the next morning,
she asked for some books. 5. When Simon enter s
the Salle Des Pas Perdus, he will notice a man
examining every flagstone.
XXXIT (from page 96, line i, to page 98, line 5).
I. I shall not send you away, I hâve something
to say to you. 2. Simon can mould the little Capet
as he wishes, and he tells Fouquier that the little
fellow will be able to testify at the trial of the
queen. 3. But Fouquier does not wish him to make
a blunder. 4. Simon hâtes the queen and wants to
Le Chevalier de Maison-Rouge 131
hâve her beheaded. 5. While thèse men are talking,
Théodore and the occupant of the booth hâve
pistols and horses ready to save her. 6. When no
one is looking, Théodore opens the door, takes
some papers and adroitly leaves the large hall.
XXXIII (from p. 100, Une 28, to p. 103, line 23).
I. Santerre raised the flagstone indicated by the
architect and saw a subterranean passage leading
to the queen's dungeon. 2. One man alone might
hâve carried her away in an hour's time. 3. Let
us place a gâte in the passage and save the country.
4. Gracchus is left to keep watch while the other
men descend through the opening. 5. Suddenly he
sees Théodore, pistol in hand, who offers him a
fortune if he will help remove the prisoner in the
Conciergerie. 6. Gracchus, who is gate-keeper,
does not refuse to make his fortune.
XXXIV (from p. 104, line 11, to p. 108, line 30).
I. The prince was very unhappy in prison. 2. He
was badly housed and fed. 3. Simon did not like
him and beat him with a bootjack. 4. If his mother
had seen his deathly paleness and his swollen eyes,
she would hâve suffered deeply. 5. When General
Henriot entered the room, the child did not greet
him and would not reply to his questions. 6. At
the name of his mother a wan smile passed over his
lips. 7. If he could hâve been useful to her he
would hâve answered ail the questions. 8. He
132 Le Chevalier de Maison-Rouge
would hâve profited by the circumstance to say
that she loved him as a mother loves her son.
XXXV (from p. 109, line i, to p. 112, line 20).
I. Gracchus told Théodore at the tavern that it
was arranged with Richard to (s'entendre avec R,
pour) hâve a friend act as his substitute at the
Conciergerie, but that he was intelligent enough to
understand what was at stake for him. 2. The next
day a window-pane of the queen's dungeon was
eut with a diamond, and a paper containing a small
file was slipped into the room. The paper told her
to saw through the bars of her window and escape.
4. While she was cutting the bar, Mardoche was
talking with the guards. 5. But in spite of his
efforts to cover the sound of the file the guards
heard it and ran to her apartment.
XXXVI (from p. 114, line 5, to p. 116, line 3).
I. The Chevalier does not want the hand of the
executioner to touch the queen. 2. He thinks that
if he can see her for an instant and give her a
d^gger, she can take her own life. 3. In his despair
he threatens the priest with death if the latter does
not take him into the Conciergerie when he goes
there to see the queen before her exécution. 4. But
Marie Antoinette refuses to receive the curate be-
cause he has taken the oath of the Republic. 5. She
says that they no longer worship the same God.
6. The poor Chevalier hears the voice of the queen
but cannot speak with her.
Le Chevalier de Maîson-Rouge 133
XXXVII (from p. 116, line 5, to p. 117, Une 20).
I. Marie Antoinette appeared standing on the
cart in the midst of a hundred thousand persons.
2. Dressed in'white, her hands bound, her eyes
turned heavenward, she towered above* the crowd.
3. When the cart started, a dog, emaciated and ex-
hausted, ran through the crowd and darted under
the horses' feet. 4. It was Black, that she had not
seen for two months. 5. The Chevalier de Maison-
Rouge took him in his arms, climbed quickly upon
a cannon and saluted the queen, pointing upward
toward heaven.
VOCABULARY
à, at, to, with, in, on, by,
towards; of.
abaisser, to lower; s'—, to
lower one's self.
abandon, m,, carelessness,
neglect.
abattre, to fell, to remove;
s' — f to break down, to
fall.
abbé, m., abbot, priest.
aboiement, m., bark of a
dog, barking.
abolir, to abolish.
abord (d'), at first.
aboutir, to end, to come
out.
aboyer, to bay, to bark.
abri, m., screen, shelter.
abriter, to shelter.
absenter, to absent; s'— ,
to be absent,
absolument, absolutely.
accent, m., accent, ex-
pression.
accepter, to accept.
accès, m., fit, paroxysm.
accompagner, to accompany.
accomplir, to accomplish,
to carry out, to perform.
accord, m,, agreement.
accorder, to grant.
accourir, to come forth, to
rush forth, to run up or
forward.
accoutumé, -e, usual, ac-
customed.
accueil, m., welcome.
accueillir, to receive.
accusat-eur, -rice, accuser ;
— public, public prosecu-
tor.
accusation, f., accusation ;
la mise en — , thé indict-
ment.
accusé, -e, accused, pris-
oner.
accuser, to accuse,
acharné, -e, eager.
achat, m., purchase.
acheminer (s*), to set out.
acheter, to buy.
acier, m., steel.
acolyte, w., acolyte, assist-
ant of a bishop.
135
136
Le Chevalier de Maison-Rouge
acquérir, to acquire.
acquis, -e, past. part, of ac-
quérir.
acquisition, /., acquisition,
purchase.
acquitter, to acquit.
acre, bitter.
acte, m., deed, action, rec-*
ord.
adieu, farewell, adieu.
admettre, to admit.
admirer, to admire.
admis, -e, past part of ad-
mettre.
adorer, to adore.
adresser, to address; — la
parole, to speak.
adresser (s'), to address
one's self, to address.
adroitement, cleverly, skill-
fully.
affabilité, f,, kindness, cour-
tesy.
affaire, f., affair, business,
fight, deal; faire 1' — , to
answer one*s purpose ;
avoir — , to bave to do,
to deal.
affectueu-z, -se, affection-
ate.
affermir, to strengtben.
aflSrmer, to affirm, to dé-
clare.
affreu-z, -se, awful.
afin de, so that, in order to.
afin que, in order that.
Afrique, f., Africa.
âgé, -e, aged.
âge, m., âge, years.
agenouiller, (s')» to kneel
down.
agir, to act
agir (s'), to be the question ;
il s'agissait de voter, they
were discussing.
agiter, to move, to shake,
to agitate, to wave.
aide, /., aid, help.
aider, to help, to aid.
aille, subj. of aller,
ailleurs, elsewhere ; d' — ,
besides.
aimer, to like, to love,
aîné, -e, eldest.
ainsi, thus, so, in this man-
ner, therefore.
air, m., air, appearance;
avoir 1' — , to seem; en
plein — , in the open air,
in the country.
ajouter, to add.
ajuster, to aim.
alanguir, to droop.
alarme, f., alarm.
allée, f., path, passage,
aller, to go, to please, to
become (of clothing) ; se
laisser — , to sink.
aller (s'en), to go away.
allez I, I assure you.
allonger (s'), to stretch out.
allons I well! come, let us
go; — donc, go on, now
then.
allumer, to light.
alors, then.
Le Chevalier de Mâison-Rouge
137
altération, f., altération,
alvéole, /., m., cell.
amaigrir, to emaciate.
âme, f., soûl, heart; —
damnée, toal.
amener, to bring, to bring
about.
ameublement, m., furniture.
ami, -e, friend.
amical, -e, friendly.
amitié, f,, friendship; faire
— avec, to be friendly
with ; faites-moi V — ^
bave the kindness.
amour, m., love; — s; love
affairs.
amoureu-z, -se, in love;
devenir — , to fall in love.
an, m., year.
analogie, f., analogy.
ancien, -ne, old, former.
anéanti, -e, prostrated, ut-
terly powerless.
ange, m., angel.
angle, w., corner, angle.
Angleterre, f., England.
angoisse, f., anguish, anxi-
ety.
anneau, m., ring.
annoncer, to announce.
antichambre, f., anteroom.
anxiété, f., anxiety.
août, m., August
apercevoir, to perceîve, to
see; laissa — ^ showed;
s' — , to notice; s' — de,
to find out.
apostrophe, f,. addrçss.
apparaître, to appear, to
corne up, to be seen.
apparence, f., likelihood,
sign.
appartement, m., room,
apartment.
appartenir, to belong.
appel, w., call; faire 1' — ,
to call the roll.
appeler, to call; s'—, to be
called.
appesantir, to weigh down;
s' — , to become heavy
and duil, to dwell upon.
appétit, m., appetite.
applaudir, to applaud.
applaudissement, m., ap-
plause.
apporter, to bring.
apprendre, to learn, to
hear, to tell.
approcher (s')f to approach,
to corne near.
appuyer, to lean, to rest, to
support, to incline.
appuyer (s'), to lean.
après, after, afterwards ;
— ? well? and then? d' —
ce que, according to that
which.
après-midi, m., /., after-
noon.
archiduchesse, f., arch-
duchess.
architecte, m., architect.
ardeur, f., eagerness.
argent, m., money, silver.
argenté, -e, silvery.
138
Le Chevalier de Maison-Rouge
aristocrate, aristocrat.
aristocratie, /., aristocracy.
arme, /., arm ; furent passés
par les — s, were shot at ;
au port d' — s, carrying
arms.
armer, to arm, to cock (of
firearms.
arpenter, to pace.
arracher, to pull eut, to
scratch, to take away;
s' — , to break away.
arranger, to arrange, to fix.
arrestation, f., arrest.
arrêt, m., sentence.
arrêté, m., notice, order;
rendre un — ^, to issue an
order.
arrêter, to stop, to -arrest,
to décide upon; s' — , to
stop.
arrière (en), behind, back,
backwards.
arrivée, f., arrivai.
arriver, to arrive^ to hap-
pen, to occur; arrive qu'-
arrive, corne what may.
asseoir (s'), to sit down.
assermenté, -e, sworn.
asseyez, imperat of as-
seoir.
assez, enough, pretty.
assiette, f., plate.
assignat, m., paper money.
assis, -e, seated.
assistant, -e, bystander,
person présent.
assister, to be présent at.
associé, -e, partner,
assouvi, -e, satisfîed, gluttëd.
assurer (s'), to secure.
atelier, m., shop.
attachement, m., attach-
ment.
attaque, f., attack.
atteignit, prêt, of atteindre,
atteindre, to reach.
attendre, to wait, to expect,
to await; s* — , to expect.
attendu que, in as much as.
attente, f., expectation.
attentivement, attentively.
attirer, to attract, to dra^:.
attribuer, to ascribe, to at-
tribute.
attrister, to sadden.
au, to the, at the, in the.
aucun, -e, no, no one, not
any.
audace, f., boldness.
au-dessous, beneath.
au-dessus, above, over.
audience, /., hearing.
auguste, august, illustrious.
aujourd'hui, to-day.
auparavant, before.
auprès, near; — de, with.
auquel, to whom, to which.
aussi, as, also, therefore;
— ...que, as... as.
aussitôt, at once, îmme-
diately; — que, as soon
as.
autant, as much, as many;
d' — plus, so much more,
autoriser, to authorize.
Le Chevalier de Maison-Rouge
139
autour, around.
autre, other; tout — ^ any
other.
autrefois, formerly.
autrement, otherwise; bien
— , much more.
Autrichien, -ne, Austrian.
aux, at the, to the.
ayance, f., advance,; d' — , in
advance.
avancer, to advance; s'—,
to advance, to corne
forth.
avant, before; en — , let us
go ahead, forward; plus
—, further on; en — de,
ahead of.
avantager, to favor.
avant-hier, the day before
yesterday.
avec, with.
aventurer (s*), to hazard, to
venture.
aveugle, blind.
avis, m., advice, opinion,
counsel, warning, infor-
mation; je stiis de 1' — , I
am of the same opinion.
avoir, to hâve, to be the
matter.
avorté, -e, frustrated.
avorter, to slip; faire — ,
to baffle, to counteract.
avouer, to confess, to avow.
ayant, près, part of avoir.
B
bague, f., ring.
bah! pshaw, nonsense.
baiser, to kiss.
baisser, to lower, to get
low, to hang down; se — ,
to stoop.
balbutier, to stammer, to
stutter.
baliverne, /., trifle, humbug.
baUe, /., ballet.
balustrade, f., fence.
banc, m., bench.
bandeau, m., bandage.
baptême, m., baptism.
baraque, f., booth.
barre, /., bar.
barreau, m., bar, court of
justice.
barrer, to bar.
barrière, f., barrîer.
bas, m., bottom, foot (of
walls, streets) ; en — ,
below, downstairs.
bas, -se, low; à — , down;
l'oreille un peu
somewhat abashed.
bataillon, m., battalion,
squadron.
battement, m,, beating,
throbbing.
batterie, f,, battery, Com-
pany.
battre, to beat; — en re-
traite, to retreat; — au
champs, to call to arms.
140 Le Chevalier de Maison-Rouge
to beat a salute; se — i
to fight.
bavard, -e, talkative.
béant, -e, yawning.
beau, belle, beautiful, fair;
avoir — dire, to say in
vain; se faire — j to make
one's self élégant.
beaucoup, much, very much,
many, very many.
beauté, f., beauty.
bêche, f., spade.
besogne, f., work.
besoin, m., need; avoir be-
soin de — , to need.
bête, f., beast; — fauve,
wild beast.
bête, adj., stupid.
bien, weil, indeed, very;
— de, much; — des,
many; aussi — que, as
weli as; Ah — oui, in-
deed!
bientôt, soon.
bienvenu, -e, welcome.
billet, m., note.
bizarre, strange.
blanc, -he, white, blank,
clean.
blanchir, to whîten.
blancheur, /., whiteness.
blé, m., wheat, corn, grain.
blêmir, to tum pale.
blessure, f., wound.
bleuâtre, bluish.
blond, -e, fair, blonde.
boire, to drink.
boiserie, f., woodwork.
bon, -ne, good ; tenir —, to
persist, hold fast; à quoi
— ^ what is the use.
bond, m., bound, leap.
bondir, to bound, to leap.
bonheur, m., happiness, good
fortune.
bonhomie, f,, good nature,
humor.
bonjour, w., good morning,
good afternoon.
bonnement, simply, honest-
ly, merely.
bonnet, m., cap.
borner, to limit; se —, to
limit one*s self.
bouche, f,, mouth.
boudoir, m., private apart-
ment or room.
bouffée, f,, puff, gust
bouffi, -e, bloated.
bouger, to stir, to move.
bouleverser, to upset.
bouquetière, /., flower girL
bourgeois, -e, citizen,
bourreau, m., executioner.
bout, m., end; venir à —
de, to succeed.
bouteille, f., bottle.
bouton, m., button.
boutonnière, f., buttonhole.
braillard, m., brawler.
brandir, to brandish.
bras, m., arm.
brave, brave, brave man,
good.
bravo, bravo, well donel
briller, to shine.
Le Chevalier de Maison-Rouge
141
brise, f.y breeze.
briser (se), to be shattered.
bruit, m., noise, rumor.
brûlant, -e, burning, hot.
brûler, to burn.
brun, -e, brown.
bruyant, -e, noisy, loud.
bureau, m., desk.
but, m., aim.
but, prêt, of boire.
ça, that.
çâ, now; ah — , well now!
cabane, f., booth, but.
cabaret, m., tavern, wine-
shop.
cabine, f., cabin.
cabinet, m., private office,
cabinet; — de toilette,
dressing room.
cacher, to bide, to conceal;
se — , to bide one*s self.
cacheter, to seal.
cachette, /., hiding place,
cachot, m., cell, dungeon.
cahute, f., but, hovel.
caillou, m., pebble, stone.
caisse, /., cash box; tenir
la — , to act as cashier.
cajolerie, f,, wheedling,
coaxing.
calibre, m,, caliber; n'était
pas de —, had not tbe
regular army size, caliber.
calcul, m.j arîthmetic.
calculer, to calculate.
calendrier, m., calendar.
calice, m., cup, chalice.
cal)rx.
calme, m , calmness.
canon, m., cannon, gun,
barrel (of a gun).
cantine, f., canteen.
cantinière, /., keeper of a
canteen.
capitaine, m., captaîn.
capitale, f., capital.
captivité, f., captivity.
car, for.
carabine, f., carbine.
caractère, m., character,
temper.
carmagnole, f., cloakj jacket.
carte, f., map, card.
cas, m., case; en tout — ,
anyway; faire — de, to
appreciate.
casser, to break,
cause, f., cause, case;
mettre en — ^ to summon,
to implicate.
causer, to talk, to cause.
cave, f., cellar.
ce, it; — que, that which,
wbat; à — que, accord-
ing to wbat.
ce, cet, cette, ces, this, that,
thèse, those.
ceci, this.
céder, to yield, to gîve în.
ceinture, f., belt.
cela, that; ce n'est rien
142
Le Chevalier de Maîson-Rouge
qne — f bah! that is
nothing.
céleste, heavenly.
cellule, /., cell.
celui, celle, ceux, celles, this,
that, thèse, those.
cent, hundred.
centième, hundredth.
centre, m., center.
cependant, however, mean-
while.
cerner, to surround.
certain, -e, certain,
certainement, certainly.
certitude, f., certainty.
cesser, to cease, to give up.
chacun, -e, each, each one.
chaise, f,, chair. '
chambre, /., room, chamber ;
— à coucher, bedroom;
valet de —, valet de
chambre, man servant
champ, m,, field; battre
aux — s, to beat a salute ;
à travers — s, over hedge
and ditch; across the
country; — de bataille,
battlefield.
chance, /., good luck,
chance.
chanceler, to falter, to tot-
ter.
chandelier, m,, candlestick.
chandelle, /., candie,
chanson, f., song.
chanter, to sîng, to chant.
chantonner, to hum.
chapeau, m,, hat; — dea
grands jours, the dress-
parade hat.
chapelle, f., chapel.
chapitre, m., chapter, sub-
ject, head.
chaque, each.
charger, to charge with, to
command, to load, to
charge, to intrust; se — ,
to take charge of, to load
one's self.
charmant, -e, delicious,
charming.
charrette, f,, cart
chasser, to drive away, to
discharge, to hunt
chasseur, m., rifleman.
chaud, -Cl warm, hot
chef, m., chief, leader.
chemin, m., road, way,
progress.
cheminée, f., fireplace, chim-
ney, mantelpiece.
ch-er, -ère, dear, dearly.
chercher, to seek, to search,
to look for, to try; en-
voyer —, to send for;
aller — > to go for; venir
— , to corne for.
cheval, m., horse; remettre
son — au pas, to start
one's horse again; à — ^
to our horses; on horse-
back.
chevalier, m., knîght, cava-
lier.
chevaux, plur, of chevaL
chevet; m., head of a bed.
Le Chevalier de Maîson-Rouge
143
cherev, m,, hair.
chez, at the house of, to the
house of, in.
chien, m., dog.
chimie, /., chemistry.
chimiste, m., chemist
choc, m., shock, blow.
chocolat, m., chocolaté.
choisir, to choose, to sélect
chopine, f,, pint of wine.
chose, f.y thing; quelque
—, something ; grand' — ,
much ; quelque — que, no
matter what.
chuchoter, to whisper.
chut! hushl
chute, f., fall.
ci-devant, former, late, of
the nobility.
ciel, m., heaven, sky.
circonstance, f,, circum-
stance.
circonstancié, -e, detailed.
circuler, to move about.
dre, f,, wax.
citoyen, -ne, m, f., citizen,
civisme, m., patriotism.
clair, clearly.
clair, -e, clear, light
clarté, f., light.
clef, f,, icey. *
clerc, w., clerk.
cloche, f,, bel!.
cloison, f,, partition.
clos, -e, shut.
cœur, m., heart, mind;
homme de — , courageous,
brave man; de grand — ,
lieartîly; par —, by heart;
à contre — , reluctantly;
qtd soulève le — , which
turns one's stomach.
coiffe, f., lining (of hats),
hood.
coiffer, to put on (one's
head).
coin, m,, corner,
colère, /., anger.
collé, -e, standing very
close,
collègue, m., colleague.
coller (se), to adhère, to
lean against.
collet, m., collar.
colloque, m., conversation.
colombier, m., pigeon house.
colporteur, tw., hawker,
news-vender.
combattre, to fight, to com-
bat.
combien, how much, how
many, what.
combiner, to combine,
comestible, m,, eatable:
comité, m,, committee; en
petit — , a small party.
commander, to command, to
order.
comme, as, like.
commencement, m., begin-
ning.
commencer, to begin, to
commence.
comment, how, what, why;
— donc! certainly!
commenter, to commer
144
Le Chevalier de Maison-Rouge
commerce, m., business.
commettre, to commit, to
make.
commis, -se, past part of
commettre.
commisération, f,, pity.
commissaire, m., constable.
commission, f., message.
commissionnaire, m, f,, por-
ter, carrier, agent.
commodité, f,, convenience,
comfort.
commun, -e, common, pub-
lic.
commune, f,, see note, page
15-
compagne, f., companion.
compagnie, f,, company.
compagnon, m», companion,
fellow.
compartiment, m,, ccMnpart-
ment.
compatissant, -e, compas-
sionate.
complètement, completely.
complice, m,, f., accomplice.
complot, m,, conspiracy.
composer, to make up, to
compose.
comprendre, to understand,
to realize.
comprimer, to press down,
to compress, to représs.
compte, m., account; au
bout du —, after ail;
mettre sur le — f to attri-
bute; rendre —, to giye
an account, to explain;
ne tenir aucun —, not to
heed; pour mon — , as
far as I am concerned.
compter, to take into ac-
count, to count, to ex-
pect; à — d'aujourd'hui,
from now on.
concentrer, to concentrate.
concevoir, to conceive.
concierge, w., /., door-
keeper, porter.
concourir, to coôperate, to
compete.
condamner, to condemn.
condition, f., condition, posi-
tion.
conduire, to conduct, to
lead, to drive.
conduite, f., conduct.
confiance, f., confidence,
trust; de — , trusted.
confiant, -e, confident.
confidence, f,, confidence,
secrecy, secret disclosure.
confier, to intrust, to con-
. fide.
confirmer, to confîrm.
confondre, to confound, to
blend, to mingle.
confus, -e, confused, mîxed
up.
congé, m,, furlough; prendre
— f to take leave.
congédier, to dismiss, to
send away.
connaissait, imperf, of con-
naître.
connaissance /., conscious-
Le Chevalier de Maison-Rouge
145
ness, acquaintance, knowl-
edge.
connaître, to know.
connu, -e, past, part, of con-
naître.
consacrer, to consecrate, to
establish.
conseil, m,, council, counsel,
advice.
consentement, m., consent.
conserver, to keep.
consigne, f., orders, instruc-
tions, sentry.
consommation, f., consump-
tion. [tor.
conspirateur, m., conspira-
conspiration, f., conspiracy.
constater, to ascertain, to
make sure of, to prove.
construire, to construct, to
arrange.
contenir, to contain.
content, -e, pleased, satis-
fied.
contenter, (se), to be satîs-
fied.
conter, to tell.
contester, to dispute.
continuel, -le, continuai.
continuer, to keep on, to
continue, to go on.
contraint, -e, constrained.
contraire, contrary ; bien
au — f on, to the con-
trary.
contrarié, -e, dîsappointed.
contre, agaînst, to, contrary
to.
convaincre, to convince.
convainquit, prêt, of con-
vaincre.
convaincu, -e, convicted.
convenir, to please, to be
proper, to agrée, to suit.
Convention, f., see note
page 7.
convenu, past part, of con-
venir.
conversation, f., conversa-
tion.
convive, m., guest, table
companion.
coquin, m., rascal.
corbeille, f., basket.
corbleu; an exclamation, în-
deed !
corde, /., rope.
cordon, m., cord.
cordonnier, m., cobbler.
corps, m., body, corpse, body
(of troops).
corroborer, to corroborate,
to strengthen.
corrompre, to corrupt, to
bribe.
côté, m.^ side, direction ; à —
de, besides ; du — de, in the
direction of ; de — , aside ;
d'un autre — , on the other
hand; de l'autre — ^ on
the other side.
cou, m., neck; prendre ses
jambes à son — , to run
as fast as possible.
couché, -e, lyîng down.
coucher, to sleep, to stop
146
Le Chevalier de Maison-Rouge
over night, to lay down;
chambre à — , bedroom;
se — , to lie down, to go
to bed.
couler» to flow, to run.
couleur, /., color.
couloir, m., lobby, passage.
coup, m., blow, thrust, shot,
report (of guns), action,
job, knock; tout à — ^
suddenly ; — d'êpêe, sword
thrust; — d'œil, glance;
faire le —, to do the job;
— de couteau, knife
thrust, stab; — de feu,
firearm report; — de
main, bold undertaking;
— de sifflet, a whistle; à
— sûr, assuredly; —
d'éclat, bold stroke.
coupable, m,, f., culprit,
guilty person.
couper, to eut.
cour, f., court yard, court;
faire la — , to make love.
courage, m., courage; du
— I hâve courage!
courant, m., current, course ;
mettre quelqu'un au — ,
to make some one ac-
quainted; être au —, to
be conversant,
courber (se), to bend.
courir, to run, to ride.
couronne, f., crown.
couronner, to crown, to
wreath.
course, /., course, run, run-
ning round ; au pas de ^— j
on a double-quick step,
court, -e, short.
coûter, m., to cost, to be
painful, to be mortifying.
couvée, f., brood, covey.
couvert, w., place (attable),
couvert, -e, covered.
couverture, f., blanket
couvrir, to cover.
craignant, près, part, of
craindre,
craindre, to fear; à — f to
be feared.
crainte, f., fear; avoir —,
to fear.
cramponner (se), to cling.
crayon, w., pencil.
crépuscule, w., twilight.
cri, w., cry, yell, creakîng.
criard, -e, shrill, creaking.
crier, to cry, to cry out, to
scream.
crieur, m., crier,
crisper, to contract, to
clench.
croire, to believe, to think.
croisée, /., window.
croiser, to cross.
croissant, -e, increasing.
croix, f., cross; faire le
si^e de la — , to cross
one's self,
croquer, to crunch.
croyant^ -e, believer, believ-
îng.
cru, -e, past part, of croire.
cruellement, cruelly.
Le Chevalier de Maison-Rouge
147
crut, prêt, of croire.
cueillir, to pick, to pluck.
cuir, m., leather.
culotte, f., knee breeches.
culte, f., worship.
curé, m,, parish priest, cu-
rate.
curieusement, curiously.
curieu-x, -se, curious people.
curiosité, f., curiosity.
cygne, m., swan.
dalle, /., flagstone.
dame, f., lady.
dauphin, m., title of the
eldest son of the kings
of France,
dans, in, within.
davantage, more ; ne. . . — f
any more.
de, of, from, to, with, by,
in; — ce que, because.
débarrasser, to free, to rid;
se —f to get rid, to free
one's self.
débiter, to sell.
debout, standing.
décadi, m., tenth and last
day of a décade in the
calendar of the first
French Republic.
décamper, to decamp, to
walk off.
déchéance, f., dethronement.
déchirant, e-, heartrending.
déchirer, to tear, to rend.
décider (se), to décide, to
make up one's mind.
déclarer, to déclare.
décoloré, -e, discolored,
faded.
décomposer (se), to be
altered, to change.
découvrir, to discover, to
uncover.
décret, m., decree.
décréter, to issue a writ, to
decree.
décrire, to describe.
dedans, inside, within; en
— , from inside.
déesse, /., goddess.
défaillant, -e, failing, feeble.
défaut, m., defect; à — de,
for want of.
défendre, to protect, to dé-
fend, to forbid; se — , to
défend one*s self.
défenseur, m., defender.
défier, to challenge, to defy;
se — , to distrust, to mis-
trust.
défiler, to pass in proces-
sion, to défile.
définitivement, for once
and ail.
dégager, to disengage, to
free.
degré, m., degree, stair.
déguiser, to disguise, to con-
ceal.
dehors, outside.
déjà, already.
148
Le Chevalier de Maison-Rouge
déjeuner, to breakfast.
déjouer, to foil, to defeat.
delà, au — de, beyond.
délégué, m., delegate.
délibération, délibération, ré-
solution.
délicatement, carefully.
délicieu-x, -se, delightful.
délier (se), to get loose, to
become untied.
délirer, to rave, to be de-
lirious.
délivré, -e, freed.
délivrance, f., deliverance.
demain, to-morrow; à — ,
we shall see one another
to-morrow.
demande, f., requcst.
demander, to ask, to beg, to
request; ne pas — mieux,
to ask nothing better.
démarche, f., bearing, over-
ture.
démence, f,, en — ^ insane,
mad.
demeure, /., dwelling, rési-
dence.
demeurer, to remain, to
dwell.
demi, -e, half.
demi-aveu, m., half-ac-
knowledgment.
démission, f., résignation.
dénoncer, to denounce.
dénonciation, f., accusation.
dénouer, to untie.
dent, /., tooth; grincer des
—s, to grind one's teeth;
être sur les — s, to be
"knocked out" (exhajist-
ed).
dépasser, to surpass, to
overstep.
dépaver, to unpave.
dépêche, f., dispatch, mes-
sage.
dépêcher (se), to hasten.
dépens, m., pi., cost.
dépit, m., vexation.
déplier, to unfold, to open.
déplorer, to déplore.
déporté, exiled.
déposer, to deposit, to place.
déposition, /., testimony,
statement.
depuis, since.
députation, f., committee,
deputation.
député, m., deputy.
déranger, to disturb.
demi-er, -ère, last, latter.
dérouler, to unroll.
derrière, behind; par — ,
behind; porte de — , rear
door.
dès, from; — lors, there-
fore; — que, as soon as.
des, some, of the.
désappointement, m., dis-
appointment.
désappointer, to disappoint.
descendre, to alight, to des-
cend, to take down, to
put up (of hôtels), to
corne down, to go down.
désert, -e, deserted.
Le Chevalier de Maîson-Rouge
149
désespéré, -e, desperate^
hopeless.
désespérer, to despair.
désespoir, m., despair.
déshabiller, to undress.
déshabituer, to disaccustom.
désigner, to designate.
désintéressement, m., dis-
interestedness.
désir, m., désire, wish.
désirer, to wish, to désire.
désolé, -e, desolate.
désoler, to afflict, to grieve.»
désormais, henceforth.
dessein, m., project, scheme.
dessus, on, upon, above,
over ; par — f over ; là, — ,
on there; tirez — , shoot
him. [ment.
détachement, m., detach-
détail, m., détail, particular.
détenu, -e, prisoner.
déterminer, to détermine.
détester, to detest.
détour, m., circuitous way,
détour, turning; au — ,
on the turning.
détourner, to turn, to turn
away.
détresse, f., distress.
deuil, m., mourning.
deux, two; tous — , both of
them, of us, of you.
deuxième, second.
devant, près. part, of devoir;
comme — être, as being.
devant, before, from, in
front of, to.
devant, m., front; prendre
les — 8, to go ahead ; venir
au — , to come to meet.
développer, to develop.
devenir, to become.
deviner, to guess, to divine.
devint, prêt, of devenir.
devise, /., device.
devoir, must, ought, should,
to owe, to be to.
devoir, m., duty.
dévorer, to devour.
dévouement, m., dévotion,
self-sacrifice.
dévouer, to dévote.
diable, diabolical.
diamant, m., diamond.
Dieu, m., God; — merci,
thank God; plaise à — g^
may God wish.
difficulté, f., difficulty, ob-
jection.
digne, worthy.
dilater, to swell, to expand,
dîner, m., dinner.
dîner, to dine.
dire, to say, to tell; c'est à
— , that is to say; vouloir
— f to mean ; tout fut dit,
ail was over; avoir beau
— , to say in vain; se — ,
to say to one*s self.
directeur, m., director.
diriger, to direct.
disparaître, to disappear.
disposition, f., disposai, dis-
position.
disputer, dispute.
ISO
Le Chevalier de Maison-Rouge
dissipé» -e, gone, cleared.
distribuer, to distribute.
diviser, to divide.
dix, ten.
doigt, w., finger.
domestique, m., f., domestic,
servant.
dominant, -e, ruling.
dominer, to dominate, to
rise above, to overlook.
donc, then, therefore; qu'y
a-t-il — ? what is the
matter ?
donjon, m., dungeon.
donner, to give, to open; se
— , to give one's self.
dont, of which, from which,
whose, with which, of
whom.
dormir, to sleep.
dos, m., back.
doucement, softly, gently.
douleur, f., pain, grief, sor-
row.
douloureu-x, -se, grievous,
painful.
doute, m., doubt ; sans — ^
without doubt, doubtless.
douter, to doubt; se — , to
suspect.
dou-x, -ce, sweet, soft,
gentle.
douzaine, f., dozen.
douze, twelve.
drap, w., bed sheet, cloth.
dresser, to set up, to spread,
to prépare,' to draw up.
droit, straight, directly
droit, m,, right; faire — à,
to grant.
droit, -e, right.
droite, f., right.
drôle, m., rascal, scoundrel.
du, of the.
dû, due, past. part, of devoir,
dupe, f.j dupe, gull.
duper, to deceive, to dupe,
duquel, of which, from
which.
dur, -e, hard.
durée, f., duration.
durer, to last.
eau, f., water; — de vie,
brandy.
éblouir, to dazzle.
ébranler, to shake.
écart, m., digression, step
aside; à 1' — , aside.
écarté, -e, lonely, remote.
écarter, to avert, to push
aside.
échafaud, w., scaffold.
échange, m., exchange.
échanger, to exchange.
échapper, to escape; V —
belle, to hâve a narrow
escape; s* — , to escape, to
fall from.
écharpe, f., scarf.
échelle, f., ladder.
échoppe, f., stall.
Le Chevalier de Maison-Rouge
151
échouer, to fail, to corne to
naught.
éclair, m., flash, flash of
lightning.
éclairé, -e, clear-sighted.
éclairer, to light, illuminate.
éclat, m., fragment.
éclatant, -e, dazzling, loud.
éclater, to explode, to break
out, to break forth.
écot, m., reckoning, score,
share.
écouler (s*), to elapse.
écouter, to listen to.
écrier (s')> to exclaim, to
cry out.
écrire, to write.
écritoire, f., inkhorn.
écriture, f., handwriting ;
— 8, pL, accounts.
écrivain, m., writer.
écrou, m,, entry in the jail-
book.
effacer (s*), to be effaced, to
be blotted out.
effaré, -e, frightened, scared,
bewildered.
effectivement, actually, real-
ly, in effect.
effet, m., effect; en —, in
fact, in reality; à cet — ,
for that purpose.
efforcer (s*), to strive, to
try.
effrayant, -e, frightful.
efltayer (s*), to be fright-
ened.
égal, -e, even, equal; la
partie n'est pas — e, it is
not an equal match.
également, likewise, also.
égalité, /., equality.
égard, m., regard; à son — ,
towards her; à V — , re-
specting, with regard to;
à mon — , with regard to
me.
égarer (s*), to lose one's
way, to err.
égorger, to kill, to slaughter.
eh! hey!
élan, m., spring, outbreak,
burst.
élancé, -e, slender.
élancer (s*), to rush, to
come forth.
élargir, to extend.
élevé, -e, tall, high, noble.
élever, to raise; s' — , to
rise.
elle, she, her, it.
elle-même, herself, itself.
éloge, m., praise.
éloigné, -e, far, remote.
éloigner, to send away;
s* — , to go away.
embarras, m., fuss, embar-
rassment.
embarrasser, to embarrass.
embonpoint, m., stoutness.
embrasser, to embrace, to
kiss.
émettre, to utter, to put în
circulation.
embusquer (s*), to post one's
self, to lie in wait
152
Le Chevalier de Maison-Rouge
émeute, f., riot.
émigré, -e, m., f., refugee.
emmener, to carry away, to
take away.
émoi, m., émotion; être en
— y to be excited, to be
agitated.
émouvant, -e, stirring.
émouvoir, to move.
• emparer (s*), to take hold,
to capture,
empêcher, to prevent, to put
a stop to.
employer, to employ.
emporter, to carry away, to
take away, to take, to
hâve the advantage; 1' —
sur, to get the better of,
to surpass.
empresser (s')» to hasten.
ému, -e, past. part, of émou-
voir,
en, in, from it, of it, of
them, on him, on thera,
into.
enchanté, -e, delighted.
encore^ yet, still, again, also,
even.
encourager, to encourage,
encre, f.y ink.
endormir (s*), to go to sleep.
endroit, m., place, spot.
enfant, m., child, young
man. [gion.
enfer, m., hell, infernal re-
enfermer, to shut up.
enfin, at last, finally.
enflé, -e^ swoUçn,
enfoncement, m., recess.
enfoncer, to bury, to drive,
to pull down, to break
down.
enfuir (s*), to run away.
engager, to engage,
engloutir, to swallow up, to
engulf.
énigme, /., enigma.
enlèvement, m., kidnapping,
enlever, to kidnap, to take
away, to carry away.
ennemi, -e, enemy.
ennuyer (s*), to be lone-
some, to be wearied.
énorme, enormous.
enrôlé, -e, enlisted; — vo-
lontaire, volunteer.
enroué, -e, husky.
ensemble, together.
ensuite, then, afterwards.
entamer, to begin, to break
through.
entendre, to hear, to mean;
s' — t to agrée; comment
l'entendez- vous? what do
you mean by it?
entends-toi avec, arrange
with.
entendu, -e, past. part, of
entendre; il est bien — ,
it is understood.
enthousiasme, m., enthu-
siasm.
enti-er, -ère, entire, whole.
entourer, to surround,
entraînement, m., excite-
ment, animation.
Le Chevalier de Maison-Rouge
153
entraîner, to lead away, to
carry away, to cause, to
entail.
entre, between, in.
entrée, f., entrance, coming;
faire son — , to enter.
entrefaites, /., />/., sur ces — ,
in the midst of ail this.
entreprendre, to undertake.
entreprise, f., enterprise, un-
dertaking.
entreprit, prêt, of entre-
prendre.
entrer, to enter.
entretien, m., conversation.
entrevoir, to foresee.
entrevue, f., meeting, inter-
view.
envahir, to invade.
envelopper, to wrap up, to
involve, to implicate.
envers, towards, to.
envie, f., envy, désire; faire
— ^ to raise envy.
environ, about.
environs, m., plur., environs,
vicinity.
envoler, to fly away.
envoler (s*), to be carried
off, to fly away.
envoyé, m., envoy, messen-
ger.
envoyer, to send.
épais, -se, thick.
épanouir (s'), to expand.
épars, -e, dishevelled.
épaule, f., shoulder.
épée, f., sword,
éperdu, -e, distracted, aghast.
épingle, f., pin.
époque, /., time, epoch.
épouvanter, to frighten.
épreuve, f., proof, ordeal;
à — , thoroughly tested.
éprouver, to expérience, to
feel.
escalader, to scale.
escalier, m., stairway.
escorte, /./escort.
espace, w., space, room.
Espagne, /., Spain.
espèce, f., sort, kind, species ;
— humaine, mankind.
espérer, to hope.
espion, -ne, m., f., spy.
espoir, m., hope.
esprit, m., mind, spirit.
essayer, to try, to endeavor,
to try on.
essoufflé, -e, breathless.
essuyer, to dry.
est, east. [and.
et, and ; et. . .et, both. . .
établir, to establish.
établissement, m., establish-
ment.
étage, m., floor, story; troi-
sième — , fourth floor.
état, m., condition, state,
calling; mettre en — , to
put in good condition.
étendre, to extend, to
stretch, to stretch out, to
spread out.
étendu, -e, past. part, of
étendre,
154
Le Chevalier de Maison-Rouge
éternel, -le, eternal, ever-
lasting.
étonnement, m., astonish-
ment.
étonner, to astonish.
étourdi, -e, astounded.
étourdir, to astound, to daze.
étrange, strange.
étrang-er, -ère, stranger,
foreign.
étrangement, strangely.
étranglé, -e, stifled.
étrangler, to strangle.
être, to be.
étreindre, to strain, to
wring, to bind fast.
étroit, -e, narrow.
étudier, to study.
eux, themselves, them, they ;
chez — , their home.
évader (s*)f to escape.
évanouir (s*), to faint.
évasion, f., escape.
éveiller, to awaken.
événement, wi., event.
éventaire, m., flat basket.
évidemment, evidently.
évident, -e, évident.
éviter, to avoid, to escape.
exact, -e, exact.
exagérer, to exagerate.
examen, examination, in-
vestigation, survey.
examiner, to examine.
excellent, -e, excellent.
exciter, to excite,
exécuter, to exécute, to
carry out.
exécuteur, m., executioner.
exemple, m., example; par
— , indeed, however.
exercice, m., exercise.
exigence, /., requirement.
exister, to exist.
expédition, f., expédition,
expérimenté, -e, experienc-
ed.
expertise, f., report of an
expert.
exposer (s*), to expose one's
self.
expr-ès, -esse, spécial; tout
— , purposely, expressly.
exprimer, to express,
exténué, -e, enfeebled,
weakened.
fabricant, w., -e, f., manu-
facturer.
fabrique, w., factory.
façade, f., front of an édi-
fice.
face, f., face; en — de, in
présence of, opposite ;
faire — à, to cope with.
fâché, -e, sorry, angry.
fâcheu-x, -se, unfortunate.
facile, easy.
façon, f., way, manner, cer-
emony; de — à, in such
a way as.
faction, f., sentry duty.
factionnaire, m., sentry.
faible, weak.
Le Chevalier de Maison>Rouge
155
faillir, to corne near.
faire, to do, make, to cause
to; se — f to make one's
self, to cause one's self
to be, to make for one's
self, to be.
fait, m-, fact, action, deed;
au — , in fact, in reality;
c'est comme un — exprès,
one would think it done
on purpose to vex me.
falloir, to be necessary,
must, ought, to need.
fallu, past part, of falloir.
famen-z, -se, famous.
familiarité, f., familiarity,
liberty.
familièrement, familiarly.
famille, f., family.
farouche, stem, rigid.
fatigué, -e, tired.
faubourg, m., outskirt, sub-
urb.
faudrait, cond. of falloir.
faute, f., fault; ce n'est pas
— f I am not without;
— de, for want or lack of.
fauteuil, m., armchair.
fau-z, -sse, false.
faveur, f., favor.
favori, -te, favorite.
feindre, to feign, to pré-
tend.
femme, f., woman, wife; —
de chambre, lady's maid.
fendre, to split, to fracture,
to crack.
fenêtre, f., window.
fente, f., crack, deft.
fer, m., iron, sword.
fenne, steady, stroog, firm.
fermer, to dose, to shnt, to
lock.
fenneté, /., stability, firm-
ness.
fermeture, f., closing.
fête, f., holiday, festival,
fétu, m., a bit of straw.
feu, m., fire; faire — ^ to
shoot, to fire; coup de — ^
shot, firearm report-
feu, -e, late, deceased.
feuille, f,, leaf, sheet.
fi, fie; — donc, shame, fie.
fiacre, m., carnage.
fidèle, faithful, true.
fidélité, f., faithfulness.
fi-er, -ère, proud.
fier (se), to trust
fièrement, proudly.
fièvre, f., fever.
figuré, -e, figured; an — >
figuratively.
figure, f., face, figure.
fille, /., daughter, girl.
fils, m., son. [at last.
fin, f., end, bottom; à la — ,
fin, -e, fine, sharp.
finesse, f., fineness, delicacy.
finir, to finish; en — , to
finish up; — par, finally.
fit, prêt, of faire,
fixer, to fix, to settle upon,
to décide.
Heur, f., flower; — de-lis,
flower-de-luce.
iS6
Le Chevalier de Maison-Rouge
flotter, to wave.
foi, f,, faith; ma — ^ indeed,
upon my faith; en — de
quoi, in testimony where-
of.
foin, m., hay, grass.
fois, f., time ; à la — ^ at the
same time; une — , once;
deux — , twice.
folie, f., folly, madness.
fonctionnaire, f., officiai,
functionary.
fond, m., bottom, end, rear.
fondrej to melt, to rush.
fonds, m., stock, outlay.
force, force, strength; de
toutes ses — s, with ail
one's might; —s, forces;
à force de, by dînt of; de
— , forcibly.
forcer, to compel, to oblige.
formalité, f., formality.
forme, f,, shape, form, ap-
pearance.
former, to form, to compose,
formuler, to f^rmulate.
fort, very, very much.
fort, -e, strong, healthy,
powerful, clever.
fortement, strongly.
fortune, f., fortune.
fossé, m., ditch, moat.
fou, fol, -le, insane, crazy;
fou, m., madman.
foudre, f., thunderbolt.
foudroyé, -e, thunderstruck,
crushed.
fouiller, to search.
foule, f., crowd.
fouler, to trample upon.
foyer, m., hearth.
fraîcheur, f., freshness.
fra-is, -îche, fresh, cool.
frais, m,, pi, expense, out-
lay.
franc, -he, frank, bold, free.
français, -e, French.
franchir, to go over, to
cross, to get over, to get
through.
frapper, to knock, to strike,
to hit, to tap.
fredonner, to hum.
frêle, slender.
frémir, to shudder, to
tremble.
frémissement, m., quiver,
shudder.
fréquenter, to fréquent,
frère, m., brother.
frissonner, to shiver, to
shudder.
froid, -e, cool, cold; faire
— f to be cold.
froidement, coolly^ coldly.
froisser, to crumple.
fromage, w., cheese.
froncer, to knit (of eye-
brows).
front, m., forehead, face,
frotter, to rub.
fugitif, w., -ve, /., fugitive;
adj., flitting, fleeting.
fuir, to flee, to fail.
fuite, f., flight; prendre la
— f to run away.
Le Chevalier de Maîson-Rouge
157
fumée, /., smoke.
fureur, m., fury.
fureur, /., rage
furien-z, -se, furious.
fusil, m., shotgun, gun.
fusiller, to shoot
future, f., future,
fuyant, -e, près. part, of
fuir.
gage, m., pledge; —s, wages.
gager, to wager.
gagner, to reach, to gain, to
win, to cam, to catch, to
take.
gaillard, m., fellow, merry
fellow.
galerie, f., gallery.
galant, -e, polite, civil,
courteous, gay.
garantie, f., guarantee.
garçon, m., boy, joumey-
man; bon — , good fellow.
garde, /., guardhouse, care;
prenez — , take care;
n'avoir — de, not to be
able; en — > in keeping.
garde, m., guard.
garder, to watch, to keep, to
guard, to spare; se — ,
to beware, to guard
agaînst.
gardien, m., -ne, f., w^rden,
keeper.
gauche, left.
gémissement, m., moan,
moaning.
gendarme, m., poHceman.
général, m., generaL
générale, /., fîre drum;
battre U — ^ to beat drums
(to call to arms).
généreu-z, -se, generous.
genou, m., knee; à — z, on
one's knees.
gens, m., f., plur., people,
men.
geôle, /., jaîl, prison,
geôlier, m., jailor.
geôlière, /., jailor.
géométrie, f., geometry.
géométrique, geometrical.
geste, m., gesture.
gilet, m., vest, waistcoat
Girondin, m., Girondist
gisant, -e, lying.
glacer, to freeze.
glisser (se), to slip, to glide.
gond, m., hinge.
gorge, /., throat.
gorge de pigeon, many-hued,
irridescent.
gourdin, m., cudgel, club,
goût, m., taste.
grâce, f., grâce, mercy,
pardon, favor; — à,
thanks to; faire —, to
pardon.
gracieu-x, -se, graceful,
gracious.
grand, -e, big, large, great,
tall.
grandir, to grow larger.
158
Le Chevalier de Maison-Rouge
grasy -se, fat, rich.
grave, serious, grave,
gravement, seriously.
graver, to engrave.
gravité, /., seriousness, gra-
vity, graveness.
greffe, m., registry; en plein
— , in the registry office,
greffé, -e, grafted.
greffier, m., recorder or clerk
of the court of justice.
Grève, /., a square in Pa-
ris, where * the scafiFold
was erected.
grignoter, to nibble.
grillage, m., grating.
grille, f,, iron gâte,
grillé, -e, grated, barred.
grincement, m., creaking.
grincer, to grind; — des
dents, to grind one's
teeth.
gris, -e, gray.
grogner, to growl.
grommeler, to growl.
gronder, to roar.
gros, -se, large, big, rough.
groupe, m., group.
guère (ne), hardly, scarcely.
guérite, f., sentry box.
gueu-x, -se, knave, wretch,
beggar.
guichet, m,, wicket, grating.
guichetier, m., turnkey,
doorkeeper.
guider, to guide.
guillotiner, to guillotine.
(* désignâtes aspirate h.)
habilement, skillfully.
habiller (s'), to dress one's
self. [form.
habit, m., coat, dress, uni-
habitant, m., inhabitant.
habiter, to inhabit.
habitude, /., habit, custom;
d' — f usually, ordinarily.
habitué, -e, accustomed.
'hache, f., ax.
'haine, /., hatred.
*haïr, to hâte.
haleine, f., breath.
'halle, f., market ; — au blé,
corn market.
harmonie, f., harmony.
'harpe, /., harp.
'hasard, m., hazard, chance;
par — f by chance; au
— , at random.
'hasarder, to venture.
*hâte, f., haste; avoir —, to
be in haste; à la —,
hastily.
'hâter, to hasten; se —, to
hasten.
'hausser, to raise.
'haut, m., summit, top.
•haut, -e, high, loud, loudly,
great, tall, lofty.
'hauteur, f., height, haugh-
tiness; à la — de, as
great as; de toute sa — ^
to her full height.
'hein, hey! what?
Le Chevalier de Maison-Rouge
159
hélas! alas!
héritage, m., înheritance.
Hérodote, Herodotus.
Hiéros, m,, hero.
'héroïne, /., heroine.
hésiter, to hesitate.
heure, f., hour, o'clock; à
la bonne — , well and
good; de bonne — , early;
tout à r — , a while ago,
after a while; à T— qu'il
est, at the présent hour
(moment).
heureu-x, -se, lucky, for-
tunate, happy.
'heurter, to strike against;
se — , to jostle one an-
other.
hier, yesterday; n'était pas
d' — , was very old; —
soir, last night.
histoire, /., history, gossip,
story.
homme, m., man; — de
cœur, brave man; en — ,
as a man.
honneur, m., honor.
horloge, f., clock.
horreur, f., horror.
Hiors, out, outside; — de
combat, disabled.
hostilité, f., hostility.
hôte, m., host,. guest, hôtel
keeper.
hôtel, m., mansion, hôtel;
maître d' — , butler, hôtel
proprietor; — de ville,
city hall.
huit, eight.
humilité, f., humility.
'hurlement, m., howl, bowl-
ing, yell, scream, shriek.
^hurler, to yell.
*hutte, f., cabin, but.
hypocrisie, f., hypocrisy.
ici, hère ; par — , this way.
idée, f., idea.
ignare, m., ignoramus.
ignorer, to be ignorant -of,
net to know.
il, he, it; il y a, there is,
ihere are.
illustre, illustrions.
ils, they.
immobile, motionfess.
immobilité, immobility, im-
movability.
immonde, unclean, foui,
impardonnable, unpardon-
able.
impatiemment, impatiently.
impatienter (s*)» to grow
impatient.
impitoyable, unpitying, mer-
ciless.
importance, f., importance,
d* — f important.
important, -e, important.
importer, to matter, to be
necessary; to be of
moment ; n'importe, no
i6o
Le Chevalier de Maison-Rouge
matter; peu m'importe, it
matters little to me.
imprécation, /., curse.
inaction, f., inactivity.
inattendu, -e, unexpected.
inaugurer, to inaugurale.
incertitude, /., uncertainty.
incliner (s'), to stoop down,
to bow, to bend.
inconnu, -e, unknown.
incontestable, undeniable.
incrédulité, /., incredulity.
incroyable, incredible.
indication, f., indication, in-
formation.
indice, tn., indication, token.
indicible, unutterable.
indien, -ne, m,, f., Indian,
printed calico.
indifféremment, îndifferent-
ly, indiscriminately.
indigne, unworthy.
indiquer, to indicate, to
point out, to show, to de-
signate.
individu, m., individual,
person.
industriel, m., manufac-
turer.
infailliblement, infallibly.
infâme, infamous, infamous
person.
infatigable, indefatigable,
tireless.
infliger, to inHict.
informer (s'), to inquire.
ingénieur, m., engineer.
inhabile, awkward.
. inhabitable, uninhabitable.
injecter (s*), to become
bloodshot.
inqui-et, -ête, disquieted,
anxious.
inscrire, to inscribe, to
Write,
insensé, -e, mad, insane;
insensé, m., insane person.
insister, to insist.
inspecter, to inspect.
installer, to place; s' — ^ to
install one's self,
instance, f., entreaty.
instant, m., instant, mo-
ment; à V — même, at
once,
instinctivement, instinctive-
ly.
instruire (s'), to form the
subject of an inquiry.
insuffisant, -e, insufficient
insulter, to insuit.
interdire, to forbid.
interdit, -e, speechless.
intéresser (s'), to be inter-
ested, to take interest.
intérêt, m., interest.
interpeller, to summon, to
request.
interrogat-eur, w., -rice, f.,
questioner.
interrogation, /., question,
interrogation.
interrogatoire, m., exami-
nation.
interrompre, to interrupt.
introduire, to introduce.
Le Chevalier de Maison-Rouge
i6i
inutile, nseless.
inutilement, oselessly.
investir, to invest
inviter, to invite,
ironie, f., irony, sarcasm.
ironique, ironicaL
issne, f., resuit, end, door,
exit
jabot, m., shirt frilL
jaillir, to flash, to dart
forth, to spring, to burst
out.
jalousie, f., jealousy, lattice,
blind.
jalon-z, -se, jealous.
jamais, never, cver; à — ^
forevcr.
jambe, f., leg; prendre ses
—s à son con, to run as
fast as possible; à tontes
—s, as fast as he could.
japper, to yelp.
jardin, m., garden ; faire nn
tour de —, to walk in the
garden.
jarret, m., ham string, Icg.
jasmin, m., jessamine.
jaune, yellow, sallow.
jaunissant, -e, withering.
je, I.
jeter, to throw, to cast, to
utter; se —, to throw
onc's self, to rush.
jeudi, w., Thursday.
jeune, f^ yoong.
jeunesse^ /., youth.
J«îe, /., joy.
joindre^ to add, to join; ae
— f to join.
joint, -e, past part, of
joindre, clasped.
jointure, /., joint
joli, -e, pretty.
joue, /., cheek; mettre en
— t to aim at.
jouer, to play, to gamble.
jouir, to en joy.
jour, w., day, daylight, light ;
au point du — ^ at day-
break ; percer à — ^ to eut
through; quinze — s, a
fdrtnight; huit — s, a
week; à — ^ open (of
carving and architec-
ture) ; se faire — ^ to come
to light; des grands — >
anniversary days.
journal, m., newspaper.
journée, f., day, da/s eam-
ing.
journalier, m., day laborer.
joyeu-x, -se, joyous, glad,
joyful, merry.
joyeusement, merrily, joy-
ously.
jugement, m., trial, verdict,
sentence.
juillet, m., July.
juin, m., June.
jupe, f., skirt.
jurement, m., oath.
jurer, to swear.
102
Le Chevalier de Maison-Rouge
}iifqiie^ to, until, as far as.
juste, just, correct, right;
tu ne crois pas dire si — ^
it is more so than you
bcHcvc.
justement, just now, justly,
exactly.
justifier, to justify; se — ^
to clcar one*8 self.
la, the, her, it.
là, thcrc, thcn; — bas,
ovcr therc; — dessus, on
therc.
lAche, m., coward.
lâcher, to let go, to fire.
laisser, to leave, let, to al-
low.
lait, m., milk.
lambeau, m., shred, strîp.
lame, f., blade.
lancer, to piish on (of
horses), to shoot.
langue, f., tongue, language.
languir, to droop, to
languish.
languissant, -e, drooping.
lanterne, /., lantern, lamp-
post; à la — I hang
(Madame Veto) I
large, broad, wide.
large, m., breadth; au — ,
run away; gagner au — ,
to go away.
largeur, /., breadth.
laime^ /., tear; fondre en
—s, to burst into tears.
1 ssé, -e, wearied, tired out.
lasser, to tire, to fatigue.
lassitude, f., fatigue, weari-
ness.
latéral, -e, side, latéral,
le, the, him, it, so.
lect-eur, m., -rice, f., reader.
lég-er, -ère, slight, light
lendemain, m., next day.
lent, -e, slow,
lentement, slowly.
lequel, laquelle, lesquels,
lesquelles, which, whom.
lettre, /., letter.
leur, -s, their, them, to
them.
lever, to raîse; se — ^ to
rise, to get up.*
levier, m., crowbar.
lèvre, /., lip; du bout des
— s, reluctantly.
libérateur, m., liberator.
liberté, f., liberty, freedom.
libre, free, vacant.
librement, freely.
lien, m., bond, band.
lier, to tie, to bind; — une
conversation, to hold a
conversation.
lieu, m., place; au — de,
insetad of.
lieue, /., league.
ligne, f., rank, line.
lilas, m., lilac.
lime, f., file.
limier, m., bloodhound, spy.
Le Chevalier de Maison-Rouge
163
limonad-ier, m., -ère, f., re-
freshment-room keeper.
linge, m., linen.
liqueur, f., liquor.
liquide, m., liquid.
lire, to read.
liste, f., list
lit, m., bed.
livide, livid.
livre, m,, book.
livre, f., pound, franc
livrer, to give, to deliver;
— passage, to make way ;
86 — , to indulge in, to
be fought.
locataire, m., f., lodger, în-
mate.
loge, f., booth.
loger, to lodge; se —, to
lodge, to get into, to take
a room.
logis, m., lodging, home.
loi, /., law.
loin, far.
lointain, -e, distant.
loisir, m., leisure, time.
long, m., length; le —,
along; en — et en large,
to and f ro.
long, -ue, long.
longtemps, long, a long
time.
longueur, f., length.
lorgnette, opéra glass.
lors, then; dès —, there-
fore.
lorsque, when.
louer, to let, to praisç.
louis, m., a gold coin worth
about four dollars.
lourd, -e, heavy.
louve, f., she-wolf.
louveteau, m,, wolf cub,
whelp.
loyal, -e, loyal.
loyalement, honestly.
lu, -e, tpast part, of lire,
lucarne, f., small window,
loop-hole.
lueur, f., glimmer, ray,
light,
lugubre, gloomy, woeful,
sorrowful, doleful.
lui, him, to him, to her, he;
chez — , at his house.
lui-même, himself.
luire, to glisten.
lumière, f., light.
Itme, /., moon.
lunette, f., spyglass; — s,
pi., spectacles,
lutte, f., struggle, fight.
lutter, to struggle, to fight.
ma, my.
maçonnerie, f., masonry.
Madame Royale, Marie-
Thérèse - Charlotte, the
daughter of the king and
queen.
mademoiselle, Miss.
magistrat, m., magistrate,
judge.
164
Le Chevalier de Maîson-Rouge
magnifique, magnificent.
magot, m., ape.
mai, m., May.
maigre, thin, lean.
maigri, -e, emaciated.
main, f., hand; soua la — f
ready; serrer la — t to
shake hands; poignée de
— , hand shaking; —
forte, assistance in the
exécution of laws.
maintenant, now.
maintenir, to maintain, to
hold, to keep up.
mais, but, why.
maison, f., house, suite,
household (of kings).
maître, m., master, owner,
proprietor; — d'hôtel,
butler.
maîtresse, f,, mistress.
maîtriser, to master, to con-
trol.
majesté, f., majesty.
mal, badly, bad; se trouver
-^ to faint, to fare badly,
to be punished.
mal, m., harm, evil; dire
un — , to speak ill, to say
bad things; se faire —,
to hurt one's self.
malade, ill, sick.
maladie, f., disease, malady.
malgré, in spite of.
malheur, m., mîsfortune, ac-
cident, mishap, disaster.
malheureusement, unhappily.
malheureu2c, m., wretch.
malheureu-x, -se, unfortun-
ate, unhappy.
maltraiter, to abuse.
mander, to order. .
manège, m., maneuver.
manger, to eat; salle à — ^
dining room; — im mor-
ceau, to eat a bit
manière, /., manner, way;
de —, so that.
manquer, to fail, to be
wanting, to be lacking,
to miss.
mansarde, f., garret, attic
mante, /., mantle (cloak),
cape.
manteau, m., cloak.
marbre, m., marble.
marchand, w., -e, f., mer-
chant, dealer.
marchandise, /., stock in
trade.
marché, m., market, bar-
gain, agreement
marche, f., marching, pace,
step; fermer la —, to
close the procession.
mardi, Tuesday.
marcher, to walk, to march,
to move.
mari, m., husband.
marier, to marry.
maroquin, m., morocco
leather.
marqué, -e, conspicuous.
marquer, to designate, to
mark out, to brand.
mars, m., March.
Le Chevalier de Maison-Rouge
165
massacre! murder!
masse, f,, mass, heap.
massif, m., cluster, grove.
mât, m,, mast.
matin, m., moming.
maudire, to curse, to blâme,
maudit, -e, cursed.
mauvais, -e, bad, evil.
me, me, to me.
mêclianceté, f., spitefulness.
méchant, -e, wicked, bad.
mèche, f,, lock (of hair).
médecin, m., doctor.
méditer, to think over.
meilleur, -e, better; le — ,
the best.
mélancolique, dismal, sad,
gloomy.
mêler, to mix; se — ^ to
mix, to be mixed, to
mingle, to take part, to
meddle.
membre, m,, member, limb.
même, same, even, very;
tout de — , just the same.
menaçant, -e, threatening.
menace, /., threat, menace.
menacer, to threaten.
ménage, m., household ;
affaires de — 9 family
affairs.
menée, f., intrigue.
mener, to lead, to make.
mental, -e, mental,
mentir, to lie, to tell a story.
mépriser, to despise, to
scorn; à — ^ to be de-
spised, to be scorned.
merci, thanks; Dieu — ^
thank God ; à la — ^ at the
mercy.
mercredi, m,, Wednesday.
mère, /., mother; bonne — ^
lady superior (in a con-
vent).
mériter, to deserve, to
merit.
merveille, /., marvel; à — ^
perfectly well, certainly,
very good.
messieurs, gentlemen, sirs,
Messrs.
mesure, f., measure, extent;
à — que, in proportion
as.
mesurer, to measure, to
weigh.
métier, m., trade, business,
profession,
mettre, to put, to set; se
— , to put one's self, to
begin, to get together;
— en route, to start out;
— à part, to set aside;
— à prix, to set a priée
on.
meuble, m., pièce of fur-
niture.
midi, noon.
mien (le), mienne (la),
miens (les), mine.
mieux, better; ne demander
pas — , to ask nothing
better; pour le — ^ for the
best; tant — , so much
the botter.
i66
Le Chevalier de Maîson-Rouge
milieu, m., middle; an —
de, in the midst of.
mille, thousand.
milice, slender, slight
mine, /., appearance, coun-
tenance ; subterranean pas-
sage; sa grande — , her
aristocratie appearance.
mineur, m., miner.
ministère, m., ministry, de-
partment
minuit, midnight.
minute, f., minute.
minuté, -e, drafted, writ-
ten, drawn up.
minutieu-z, -se, particular.
mire, f., aim; le point de
— f the end in view.
mirer, to look through; se
— , to look at one's self.
mise, f., share; — en
cause, calling into court;
— en accusation, indict- '
ment.
misérable, m., wretch, mis-
érable.
mission, f., mission, ex-
pédition.
mobile, movable.
modéré, -e, moderate.
moelleu-x, -se, soft.
mœurs, /., pL, habits, man-
ners.
moi, myself, me, I; chez
— , at my house; à — ,
mine, at my service; à
—, helpl
moindre, less, least, slightest.
moins, less, least; tout an
— f at the very least; à
— que, unless; de — ,
less; du — , at least
mois, m., month.
moisi, -e, moldy.
moisson, f., harvest, reaping.
moitié, f., half; par la — ,
half way up.
moment, m., moment; d'un
— à l'autre, at any mo-
ment.
mon, ma, mes, my.
monde, m., world; tout le
— , everybody.
monsieur, sir, gentleman,
Mr.
Montagnard, m., (ultra-
revolutionist).
monter, to go up, to ascend,
to come up.
montrer, to show, to point
out.
moral, m., mind, spirits.
moral, -e, moral,
morale, f., morals.
morbleu, (an exclamation),
hang it!
morceau, m., pièce; manger
un — , to eat a bit.
mordre, to bite.
morne, mournful.
mort, /., death.
mort, -e, dead.
mort, w., -e, f., dead person*
mortel, -le, mortal.
mot, m., word; — d'ordre,
— de passe, password.
Le Chevalier de Maison-Rouge
167
motif 9 m,, motive, reason.
mou, mol, m., molle, /.,
slow, indolent, lazy, wèak.
mouchoir, m., handkerchief.
mourir, to die.
mouvement, m., move,
motion,
moyen, m., means.
mû, -e, past part, of mou-
voir,
muet, -te, silent, dumb.
mugissement, m., roaring.
muni, -e, provided.
municipal, m., guard, con-
stable, a représentative
of the Commune.
municipalité, /., commune.
munition, /., ammunition.
mur, m., wall.
muraille, f., wall.
murmure, m., murmur, mut-
tering.
murmurer, to murmur.
musc, m., musk.
muscadin, m., dandy, dude.
museau, m., muzzle, nose.
mystère, m., mystery, se-
crecy.
mystêrieu-z, -se, mystc-
nacrê, -e, pearly.
naguère, lately.
naïvement, artlessly.
naïveté, /., simplicity.
national, national.
nausée, f., nausea.
ne. . .pas, no, not ; ne. . .que,
only.
né, -e, born.
néanmoins, nevertheless.
nécessaire, necessary.
négliger, to neglect.
nerf, m., nerve.
nettoyer, to clean, to
cleanse.
neuf, nine.
neu-f, -ve, new.
neveu, m., nephew.
nez, m., nose ; — fin, a keen
scent.
ni, neither ; — . . . — , neither
. . .nor.
nicher, to lodge, to nestle.
noblesse, f., nobility.
noces, f., pL, wedding.
nocturne, nocturnal.
Noé, Noah.
nœud, m., knot, bow.
noir, -e, black.
noix, f., nut.
nom, m., name.
nommer, to name; se — , to
be named, to be called, to
name one*s self.
non, no, not; — pas, no,
not; — plus, either.
nord, m., north.
notaire, m., attorney.
notre, nos, our.
nôtre (le, la), —s (les),
ours; vous êtes des — s,
you are one of us.
i68 Le Chevalier de Maison-Rouge
noaer, to tic.
nourrir, to nourîsh.
nourrison, m., foster-child.
nous, we, us, to us.
nouveau, nouvel, -le, new;
de — , again, anew ; du — f
something new.
nouvelle, f., news ; attendez-
vous quelque — de lui?
Do you expect to hear
from him?
noyau, nucleus, stone.
nu, -e, naked, bare.
nuage, m., cloud.
nuance, f., shade.
nuire, to harm.
nuit, /., night; faire —, to
be dark; cette — , to-
night, last night; veilleur
de — f night watchman;
— close, the darkness of
night.
nul, -le, nobody, no one.
obéir, to obey.
obéissance, f., obédience,
objet, m,, object.
obligation, /., obligation, in-
debtedness.
obliger, to oblige.
obole, f., obole (an ancient
coin),
obscur, -e, dark.
obscurité, /., darkness, ob-
scurity, gloom.
observer, to observe, to
watch.
obstiner (s*), to persist.
obtenir, to obtain, to get.
occasion, f., chance, oc-
casion ; dans les grandes
— s, under grave circum-
stances.
occasionner, to cause.
occupé, -e, occupied, busy.
occuper, to occupy; s' — ^,to
occupy one's self, tobusy
one's self, to mind.
octobre, m., October.
odeur, f., odor; en — de
sainteté, in the odor of
sanctity.
œil, m., eye; coup d* — ,
glance.
œillet, m., carnation, pink.
œuvre, /., work.
offenser, to ofïend.
officier, m., officer.
officieu-x, -se, officions,
obliging.
officieu-x, m., -se, /., ser-
vant, dépendent.
officine, f., laboratory.
offrir, to offer, to présent.
ogive, ogival, pointed.
ohé, ho there!
oisi-f, -ve, lazy, idle.
ombre, /., shadow, darkness.
ombreu-x, -se, shady.
on, one, people, they; 1* — ,
one, people, they.
onze, eleven.
opérer, to make.
Le Chevalier de Maison-Rouge
169
opposé, -e, opposite.
opposer, to oppose.
opulent, -e, rich, opulent.
or, now.
or, m., gold.
orageu-x, -se, stormy.
ordinaire, ordinary.
ordonner, to order, to com-
mand.
ordre, m., order; avancez à
V — , corne forth to order;
mot d' — , password.
oreille, f., ear; V — un peu
basse, somewhat abashed;
V — tendue, listening at-
tentively; T— au guet,
listening attentively.
organiser, to organize.
orgueil, m,, pride.
orient, m., east.
orienter (s*), to find out the
East, to take one*s bear-
ings, to ascertain one*s
position,
orifice, m., opening.
orner, to decorate.
oser, to dare.
ôter, to take off, to remove.
ou, or; — ...^ either. ..
or.
où, where, when, in whîch;
d' — f from where, whence.
ouais, dear me! bless my
soûl!
oubli, m., neglect, oblivion.
oublier, to forget.
ouest, tn., west.
ouiy yes.
ouïe, f., hearîng.
outrage, outrage, abuse,
gross insuit.
outre, beyond ; en — , b«-
sides.
outré, -e, exaggerated.
ouvert, -e, open.
ouverture, /., overture, open-
ing.
ouvrage, m., work.
ouvri-er, tn., -ère, f., work-
ingman, workingwoman.
ouvrir, to open; s' — , to be
opened.
paille, f., straw.
palais, m., palace,
pâleur, f., paleness.
pâlir, to become pale.
panache, m., plume.
panier, m., basket.
panneau, m., panel,
papier, m., paper.
paquet, m., parcel; faire
ses — s, to pack one's be-
longings.
par, through, by, for, with,
on account of, on.
paradis, m,, paradise.
paraître, to appear, to seem,
to look, to make one*s
appearance.
parapet, m., railing.
paravent, m., screen.
I/o
Le Chevalier de Maison-Rouge
parbleal an exclamation.
parc, m,, park.
parce que, because.
parcourir, to wander
through.
pardonner, to pardon, to
forgive.
pareil, -le, such, alike,
similar, like.
parer, to attire, to adorn.
parfait, -e, perfect.
parfaitement, perfectly.
parfois, sometimes.
parfum, jn., parfume.
parisien, m., -ne, /., Pa-
risian.
parjurer (se), to perjure
one*s self.
parler, to talk, to speak; il
n'est point que tu n'aies
entendu — , you bave
surely heard.
parmi, among.
paroi, f.j wall.
parole, f., word; porter la
— f to speak; prendre la
— f to begin to speak;
adresser la — , to speak;
tenir sa — , to keep one*s
word; avoir la — ^ to
bave the floor.
part, f,, share, part; de
votre — f in your name;
de sa — f from berself;
faire — , to apprise, to in-
form; de la — , from, in
the name of; quelque — ,
somewhere; de — et
d'autres, on ail sides;
mettre à — , to set aside ;
pour sa bonne — , largely
responsible for.
partager, to share.
parti, m., party, faction, dé-
cision; — pris, foregone
conclusion.
particuli-er, -ère, private,
Personal, spécial, peculiar.
particulièrement, especially,
particularly.
partie, /., part, match, game,
party; avoir à faire à
forte — f to bave to deal
witb more than one's
match; la — n'est pas
égale, it is not an equal
match; faire —, to take
part.
partir, to go, to go out, to
start, to be fired, to leave ;
à — d'aujourd'hui, from
to-day on.
partisan, -e, m., f,, adhèr-
ent, friend.
partout, everjrwhere, any-
where.
parvenir, to reach, to go to,
to succeed.
pas, no, not any; — du
tout, not at ail.
pas, m., step, pace; mettre
son cheval au — ^ to start
one*s horse again; au —
de charge, on a double^
quick step; au — , walk-
ing; faire quelques —s, to
Le Chevalier de Maison-Rouge
171
take a few steps; un —
de clerc, a blunder; en
faisant faire un — , taking
him a step forward.
passage, m., passage, pass-
ing; livrer — , to make
way.
passant, m., passer by.
passe, /., pass, permit.
passer, to pass; se — , to
take place, to happen, to
pass; se — de, to do
without.
pastel, m., crayon,
pastille, f., pastille, lozenge.
patrie, f., fatherland.
patriote, m., f., patriot.
patriotique, patriotic.
patriotisme, patriotism.
patrouille, f., patrol.
patte, /., paw, hoof.
paupière, f., eyelid.
pauvre, poor.
pause, /., pause, stop.
pavé, m., pavement.
paver, to pave,
pavillon, m., summerhouse.
payer, to pay.
peau, f., skin, life.
peignoir, tn., dressing gown.
peine, /., pain, trouble, diffi-
culty, sentence, penalty ;
à — 9 hardly, scarcely;
valoir la — , to be worth
while.
pelle, f., shovel.
pelleterie, f., pelts, furs.
peloton, m., group, platoon.
pencher, to bend (of the
head) ; se — f to lean.
pendant, during ; pendant
que, while.
pendant, -e, hanging.
pendre, to hang.
pendule, f,, clock, m., pen-
dulum.
pénétrer, to penetrate.
pénombre, /., faint shadow.
pensée, /., thought.
penser, to think.
perdre, to lose, to ruin, to
kill, to ruin the réputa-
tion; se — , to be lost, to
disappear.
perdu, -e, lost.
père, m., father.
péremptoire, peremptory.
perfide, false.
péril, m., danger, péril.
périr, to perish.
^ permettre, to allow, to per-
mit.
permission, f., permission,
furlough.
permuter, to change.
perpétuellement, perpetual-
ly, constantly.
perquisition, f., search.
persécuter, to persécute.
persêcut-eur, -rice, persecu-
tor.
personne, /., person, any-
body, nobody ; en — , in
person, personally ; ma
— , myself.
pesant, -e, heavy.
172
Le Chevalier de Maison-Rouge
peser, to weigh.
peste, f,, plague.
petit, -e, small, little, short.
petit-maître, m., fop, cox-
comb.
pétrir, to knead.
peu, little, few; peu à peu,
gradually.
peuple, f,, people, populace,
mob.
peur, f., fear; avoir — , to
be afraid; de — que, for
fear that.
peut-être, perhaps.
physiquement, physîcally,
bodily.
Picard, -e, an inhabitant of
Picardy.
pièce, f.y pièce, room,
apartment.
pied, m., foot, footing; à — f
on foot; mettre — à
terre, to dismount, to
alight.
piège, w., snare, trap.
pierre, f., stone.
pilier, w., pillar.
pince, /., crowbar.
pincer, to pinch, to catch,
pioche, f., pickax.
pique, f., pike.
pis, worse.
pistache, f., pistachio; adj.,
greenish.
pistole, /., a gold coin,
pistolet, w., pistol.
pitié, f., pity.
place, /., place, spot, seat,
position ; faire — ^ to make
room.
placer, to place; se —, to
place one*s self.
plaindre, to pity ; à — ^, to be
pitied ; se — , to complain.
plainte, /., complaint.
plainti-f, -ve, plaintive,
mournful.
plaire, to please.
plaisir, m., pleasure.
planchB, /., plank.
planer, to hover.
plaque, /., patch.
plat, m., dish.
plein, -e, full.
pleurer, to weep.
pleurésie, /., pleurîsy.
pleurs, m., pi, crying,
weeping.
plier, to fold, to bend.
plonger, to plunge.
plume, /., feather, pen.
plumeau, w., feather duster,
pen stand.
plupart, /., majority, most,
most people.
plus, more, the more; ne
...— , no... more no...
longer, only; non — ,
either, neither; de — ,
moreover; pas — ^ not
any more; le, les — , the
most; de — en — , more
and more; tout au — ^ at
the most.
plusieurs, several.
plutôt, rather.
Le Chevalier de Maison-Rouge
173
poche, f,, pocket,
poêle, w., stove, fireplace.
poétique, poetic, poetical.
poids, m., weight.
poignard, m,, dagger.
poignée, /., handful; — de
main, handshaking.
poignet, m., wrîst
poil, m., hair, nap.
poing, m., fist.
point, no, not, not at ail;
ne. . .— ', no, not.
point, m., point, spot; au
— du jour, at daybreak;
sur le — de, about to, on
the point of; — de mire,
aim.
pointe, f., point, spurt, run.
pois, m., pea.
poitrine, /., chest, breast.
politique, political.
politique, /., politics.
pompeu-x, -se, lofty.
ponceau, m., red poppy.
pont, m,, bridge,
populace, /., mob, rabble,
populace,
populaire, popular.
porte, f., door, gâte; — de
derrière, rear door.
I>orte-clefs, m., turnkey.
portée, f,, reach; hors de la
— de la voix, out of hear-
ing; à — de, within the
range of.
porter, to carry, to wear, to
bear, to make (of
thrusts), to urge, to deal
(of blows), to induce, to
déclare; — la parole, to
speak.
portier, m., porter.
poser, to place,
position, f., position.
poste, m., post, guard-
house, police station.
pouce, m,, inch.
poudre, f., powder.
pouls, m., puise,
pour, for; — que, so that.
pourpre,, /., purple.
pourquoi, why; — pas, why
not.
pourrez, fut. of pouvoir,
poursuivre, to pursue, to
continue.
pourtant, however.
pourvoyeu-r, w., -se, /.,
provider.
pourvu que, provîded.
pousser, to push, to utter,
to urge, to press, to drive,
to push on, to go. .
poutre, /., beam ; arcades en
— s, timbered archways.
pouvoir, m., power, warrant.
pouvoir, can, may, to be
able ; se — ^ to be possible.
pratique, /., usage, custom,
practice, trade.
précédent, preceding, pre-
vîous. [ahead.
précéder, to précède, to go
prêcieu-x, -se, precious.
précipitamment, hurriedly,
precipitously.
174
Le Chevalier de Maison-Rouge
précipitation, f., haste.
précipiter (se), to rush.
précis, -e, précise.
précisément, precisely.
préciser, to specify.
préférer to prefer. [nary.
préliminaire, m., prelimi-
premi-er, -ère, first.
prendre, to take, to eut (of
doors), to make, to over-
take; bien m'en a pris, it
was lucky that it was so;
envoyer — , to send for;
venir — ^ to corne for; fit
— les armes à M., had
M. arm himself; se — ,
to be caught; s'en — à,
to blame.
prénom, m., Christian name.
prêparatif, m., préparation.
préparatoire, preparative, for
préparation.
préparer (se), to prépare
one*s self, to get ready.
près, near, to, at; à peu — ,
about; d'assez — , near
enough.
prescrit, -e, prescribed.
présent, m., présent time,
présent, présent paper ;
jusqu'à — , till now.
présenter, to présent, to
hand, to introduce; se — ,
to présent one's self.
présomption, f., supposition.
presque, almost.
pressé, -e, urgent, anxious,
désirons.
presser, to press, to hurry;
se — , to hurry.
prêt, -e, ready.
prétendre, to prétend,
prétendu, -e, pretended.
prétention, /., pretension.
prêter, to lend; — serment,
to take the oath.
prétexte, pretext.
prétoire, m., judge's bench.
prêtre, m., priest.
preuve, f., proof.
prévenance, f., attention.
prévenir, to inform, to
warn, to anticipate, to
prevent.
prévenu, -e, m., f., accused.
prévoyance, f., foresight.
prier, to beg, to pray.
prière, f., prayer.
princesse, /., princess.
principal, m., principal
• thing.
principe, w., principle.
pris, -e, past part, of
prendre,
prise, f., capture,
prison, /., prison,
prisonni-er, m., -ère, f.,
prisoner ; se constituer
— , to gîve one*s self up
into custody.
prit, prêt, of prendre,
priver, to deprive.
privilégié, -e, lucky, privi-
leged.
prix, m., price; où sa tête
était mise à — ^ where
Le Chevalier de Maison-Rouge
175
they had set a price upon
his head.
probabilité, f., probability.
probablement, probably.
procédé, m., process, be-
havior.
procédure, f., procédure,
practice.
procès, w., trial; faire le —
à, to condemn.
procès-verbal, m., officiai
report.
prochain, -e, next.
prochain, m., neighbor.
proche, near.
proclamer, to proclaim, to
announce.
procurer, to procure.
procureur, m., attorney,
agent.
produire, to produce.
proférer, to utter.
profiter, to take advantage,
to profit.
profond, -e, profound, deep.
profondément, deeply, pro-
foundly.
profondeur, f.y depth.
proie, A, prey; en —, a prey.
projet, m.y project, plan.
prolongé, -e, prolonged.
promenade, f., outing, ex-
cursion, promenade.
promener (se), to prome-
nade, to walk, to walk to
and fro, up and down.
promeneur, m., pedestrian.
promesse, f., promise.
promettre, to promise.
promis, -e, past part, of pro-
mettre.
prompt, -e, quick, prompt.
promulguer, to promulgate.
prononcer, to pronounce, to
utter.
propos, m.y talk, word; à —
de, in référence to; à — ^
by the way, to the point.
proposer, to offer, to pro-
pose.
proposition, f., proposai, pro-
position.
propriétaire, w., owner.
prosterner (se), to prostrate
one's self.
protect-eur, m., -rice, /.,
protector.
protéger, to protect.
protester, to protest.
prouver, to prove.
provocat-eur, m., -rice, /.,
instigator; adj., instigat-
ing.
pu, past part, of pouvoir.
publi-c, -que, public.
puis, then.
puisque, since, inasmuch as.
puissance f., power.
puits, m., well.
pulsation, beating of the
puise.
punir, to punish.
pur» -e, pure.
purement, purely.
176 Le Chevalier de Maison-Rouge
quai, m., quay, embank-
ment.
quand, wheii, even if.
quant à, as to.
quantité, f,, quantity, num-
ber.
quarante, forty.
quart, m., quarter, fourth.
quartier, m., quarter, bar-
racks, quarters.
quatorze, fourteen.
quatre, four
quatre-vingts, eighty.
quatre-vingt-cinq, eighty-
five.
quatrième, fourtb.
que, that, than, wbom,
which, wbat, how, why.
quel, -le, which, what,
what a.
quelconque, whatever ; une
chambre —, some sort of
room.
quelque, -s, some, few;
— . . . que, whatever.
quelquefois, sometimes.
quelqu'un, -ne, some one,
somebody.
quenouille, f., distafï.
question, f., question, mat-
ter.
qui, who, that, which,
whom.
quiconque, whoever.
quiétude, quiétude.
quinzaine, f,, fifteen, about
fifteen.
quinze, fifteen; — jours, a
fortnight.
quitter, to leave; se — , to
leave one another, to part.
quoi, what, which ; à — s'en
tenir, what to think; de
— .te mêles-tu? what
bave you to do with it?
quoique, although.
R
raccommoder, to repair, to
reconcile.
racler, to scrape.
raconter, to tell, to relate.
radieu-z,-se, radiant,
raffiné, -e, refined.
rage, f., passion, rage,
railler, to jeer, to scoff, to
laugh at.
raillerie, f., joke, jeer.
raison, f., reason; avoir — ^
to be right.
ramasser, to pick up.
ramener, to bring back, to
take back.
rang, m., rank, line, place,
rangée, f., row, file,
ranger (se), to place one's
self, to step aside.
rapide, quick, rapid.
rapidement, rapidly.
rappeler, to recall, to call
back; se — , to remember.
Le Chevalier de Maison-Rouge
177
rapport, m., report, respect.
rapporter, to bring badc.
rapprocher (se), to get
nearer.
rarement, seldom.
rassembler, to gather, to
coUect.
rassurer, to reassure; se — ,
to be réassurée, to be
tranquilized.
■ rattacher, to connect.
rattraper, to make up, to
catch up.
raviver, to revive, to rouse.
rayon, m., ray. [radiant.
rayonnant, -e, beaming,
réagir, to react.
récapituler, to recapitulate.
recevoir, to receive.
recherche, f., search, pur-
suit, élégance, care; à
votre — f to look for you ;
être à la — de, to be
looking for.
recherché, -e, élégant, rare,
exquisite.
réciproque, reciprocal, mu-
tual.
réclamation, f., claîm.
réclamer, to claim, to re-
quire, to demand.
recommander, to recom-
mend.
reconduire, to take back, to
lead back; to lead again,
to conduct again; de se
faire — , to hâve herse! f
taken again.
reconnaissance, f., grati-
tude, récognition, recog-
nizing; faire une — , to
reconnoiter.
reconnaissant, -e, grateful.
reconnaître, to recognize, to
acknowledge, to find out;
se — , to be recognized,
to know where one is.
reconnu, -e, past part, of re-
connaître.
recourir, to resort.
rédiger, to draft, to draw
up.
redoublement, m., redoub-
ling, increase.
redire, to say again, to re-
peat.
réel, -le, real.
réellement, really.
refermer, to close again.
réfléchir, to reflect, to
think.
refouler, to force back.
réfugier (se), to take re-
fuge.
refus, m., refusai.
refuser, to refuse.
regagner, to reach again.
regard, m., glance, look.
regarder, to look at, to con-
cern, to consider, to re-
gard.
registre, m., register.
régime, m., diet.
règle, f., rule; en — , regu-
lar.
régner, to reign.
178
Le Chevalier de Maison-Rouge
regorger, to overflow.
réhabiliter (se), to redeem
one's self.
reine, f., queen.
reins, m., pL, back.
rejeter, to throw back; qui
se rejette la balle, who
throw the blâme upon
one another's shoulders.
rejoindre, to join, to catch
up.
relever, to pick up, to raise
again, to lift up again,
to relieve, to lift; en re-
levant, on being relieved;
se — f to rise again.
relire, to read again.
remarquer, to notice.
remercier, to thank.
remettre, to put again, to
place again, to deliver, to
leave, to put off, to give,
to return, to set ; se — , to
put one's self again, start
again.
remonter, to mount again,
to ride again,. to ascend
again, to enter again.
remords, m., remorse.
remplaçant, -e, m., f., sub-
stitute.
remplir, to answer, to ful-
fiii, to fin.
remue-ménage, m., rum-
mage, stir, confusion.
remuer, to move, to stir.
renard, m., fox.
rencontre, f., encounter.
meeting; à notre — ^ to
meet us ; à la — , to meet,
towards.
rencontrer, to meet, to meet
with ; se ^^, to be met, to
be found.
rendez-vous, m., appoint-
ment^ meeting place ;
donner un — , to make an
appointment.
rendre, to return, to render,
to give back change
(money), to give again,
to make, to give up; —
compte, to give an ac-
count, to explain; se — ,
to go, to yield, to sur-
render, to lead.
renfermer, to contain, to
shut up.
renfort, m., reinforcements.
renoncer, to give up.
renseignement, m., infor-
mation.
renseigner, to inform; se
— , to inquire.
rentrer, to enter again, to
reënter, to go home
again, to return.
renversé, -e, overthrown.
renverser, to throw down,
to knock down, to over-
turn.
renvoyer, to send away.
repaire, w., den.
répandre (se), to be spread.
reparaître, to appear again.
repas, m,, meal, repast.
Le Chevalier de Maison-Rouge
179
repasser, to pass again, to
corne again, to pass over,
to iron.
répéter, to repeat.
replacer, to place again.
répliquer, to reply, to an-
swer.
répondre, to answer, to
promise, to respond, to
be sure; — de, to answer
for, to be certain of.
repousser, to repulse, to re-
ject, to push back.
reprendre, to take again, to
résume, to reply, to find
fault with. [press.
réprimer, to check, to re-
reprocher, to reproach.
républicain, -e, républicain.
république, f., republic.
répulsion, f., répugnance.
réputer, to esteem, to con-
sider.
réûgné, -e, resigned.
résister, to resist.
résolu, -e, past part, of ré-
soudre, determined.
résonnant, -e, resounding.
résoudre, to résolve, to dé-
cide.
respecter, to respect.
respectueu-z, Hse, respect-
ful.
respirer, to breathe.
ressort, m., spring.
reste, m., rest, remainder;
du — , besides, in fact,
moreover.
rester, to remain; en — là,
to stop, to go no further.
résultat, w., resuit.
résulter, to resuit.
rétablir, to reëstablish.
retenir, to stop, to retain, to
hold back, to detain.
retentir, to resound, to be
heard, to sound.
retirer (se), to withdraw,
to retire.
retomber, to fall back, to
fall again.
retour, m., return; au — ,
on returning; être de — ,
to be back.
retourner, to return, to turn
over, to go back; de quoi
il retourne pour nous
deux, what is at stake
for us both; se — f to
turn around, to turn
back.
retraite, /., retreat, hiding-
place; battre en — , to
retreat.
rétrograde, backward.
retrouver, to find again.
retrouver, to find again; se
— ^ to find one's self
again, to be again; to
meet again, to find each
other again.
réunir, to assemble, to
unité, to collect, to re-
unite.
réussir, to succeed, to be
successful.
i8o
Le Chevalier de Maison-Rouge
réveiller, to awake; se •*!
to awake.
revenir, to return, to corne
back, to go back, to corne
to one's mind, to corne
to consciousness again, to
corne to; — sur, to re-
consider.
rêver, to dream, to muse,
rêverie, f., rêverie, musing.
revêtir (se), to clothe one's
self, to put on.
revoir, to see again.
révoltant, -e, revolting.
révolutionnaire, révolution-
ary.
revue, /., review.
riant, -e, pleasant, laugh-
ing, smiling.
riche, wealthy, rich.
rideau, m., curtain.
rien, nothing, anything.
rire, m., laughter.
rire, to laugh; éclater de
— ^ to burst out laughing.
risée, f., mockery, laughing-
stock.
risquer, to venture, to risk.
rive, bank (of rivers).
rivière, /., river.
robe, f,, robe, dress.
roi, m,, king.
rompre, to break.
ronde, f,, patrol; qui fait
sa — de nuit, going the
nîght rounds; night pa-
trolling.
'^nger, to gnaw.
rosser, to beat, to give a
drubbing to.
rouge, red.
rougeâtre, reddish.
rougeur, /., redness, blush,
rougir, to blush,
rouleau, m,, roll.
roulement, m., rumbling,
rolling.
rouler, to rolL
route, f., road, way, trip,
travel; en — , let us go
on; on the way; se mettre
en — ^ to start out
royal, royal.
royaliste, royalist
rudement, rudely.
rue, /., Street.
ruelle, f,, alley.
rugissement, m., roar.
rumeur, f., uproar, rumor.
ruminer, to think over.
S
sa, hîs, her, its; {pi) »
sable, m., sand.
sabol^ m., wooden shoe.
sabre, m,, saber.
sac, m., sack, bag.
sacerdotal, -e, priestly.
sache, suhj, of savoir,
sacrifier, to sacrifice,
sage, good, wise.
sagement, wisely.
saisir, to seize, to grasp.
sale, dirtyt
Le Chevalier de Maison-Rouge
i8i
salle, /., hall, room; — à
manger, dining room.
saluer, to salute, to bow.
salut, m,f salutation, greet-
ing, salute, salvation,
safety.
sanctuaire, m., sanctuary.
sang, m., blood.
sang-froid, m,, coolness,
sang-froid.
sanglant, -e, bloody.
sanglot, m., sob; éclater
en — s, to break out into
sobs.
sans, without.
santé, /., health.
saphir, m., sapphire.
satisfaire, to satisfy.
sau-f, -ve, safe, spared;
sain et —, safe and
Sound.
sauter, to jump, to leap, to
spring.
sauvage, shy, unsociable,
wild.
sauver, to save; se — , to
run away, to escape.
savant, m., -e, /., scientifîc
or learned person.
savetier, m., cobbler.
savoir, to know, can.
scapulaire, m., scapulary.
scélérat, m., -e, f., villain,
wretch.
scier, to saw.
scribe, m., writer.
se, one's self, himself, her-
self, itself.
séance, /., session, sitting,
meeting ; — tenante,
forthwith.
sec, sèche, dry.
sécher, to dry.
second, -e, second.
seconde, f., second. [off.
secouer, to shake, to shake
secourir, to succor, to help.
secours, w., help, succor;
porter — , to render as-
sistance.
secousse, /., shock, shake,
jerk.
secr-et, -ète, secret.
secrétaire, m., secretary,
clerk.
section, /., électoral di-
vision.
sécurité, /., security.
séduire, to seduce, to
tempt, to bribe.
sein, m., bosom, breast;
midst.
Seine, /., river flowing
through Paris.
seize, sixteen.
selon, according to.
semaine, /., week.
semblable, similar, alike.
sembler, to seem.
sensibilité, /., tendemess,
delicacy.
sentiment, m., conscious-
ness, sentiment, feeling.
sentinelle, /., sentinel, sen-
try; en — , on sentry
duty.
l82
Le Qievalîer de Maîson-Rouge
sentir, to feel, to smell; —
son aristocratie d'nne
lien, to savor of its aris-
tocracy a league off; se
— , to feel one's self, to
feel.
séparer, to separate.
sept, seven.
septembre, m., Septetnber.
sergent, m., sergeant
serment, m., oath.
sérien-z, -se, serious.
serré, -e, close.
serre, f., greenhouse.
serrer, to press, to s^ueeze,
to tighten, — la main, to
clasp or shake hands; se
—, to crowd; son cœur
se serra, his heart sank.
serrure, f., look.
service, w., military ser-
vice; de — f on duty.
serviette, f., napkin.'
servir, to serve, to attend
to, to wait on, to be of
use; se — de, to use.
seul, -e, alone, only, single.
seulement, only.
si, if, so, yes; —...—,
whether ... or ; — fait,
yes, indeed.
siècle, m., century.
siège, w., siège, sitting.
sien (le), sienne (la), siens
(les), siennes (les), his,
hers, its.
signalement, m., descrip-
tion.
signe, m., sign; fit un — ,
nodded.
signer, to sign; se — ^ to
cross one's self.
signifier, to signify, to
mean.
silendeu-z, -se, silent.
sillon, m., streak, flash.
simplement, simply.
singuli-er, -ère, singular,
peculiar.
sinon, otherwise.
sitôt, as soon.
situé, -e, situated, Isring.
situer, to place.
six, six.
société, f., Society, Com-
pany.
sœur, /., sister.
soi, one's self; chez — , at
home, in one's room.
soi-même, one's self.
soin, m., care.
soir, w., evening, nîght;
hier — , last night; tous
les — s, every evening.
soirée, /., evening.
soit, either, or, whether.
soixante, sixty.
soixante et un, sixty-one.
sol, m., ground.
soldat, m., soldier.
soleil, m.y sun.
solennel, -le, solemn.
sombre, somber, dark,
grave, shady.
sommeil, m., sleep.
sommet, m., summit, top.
Le Chevalier de Maison-Rouge
183
son, his, her,'its; (pi) ses.
son, m., Sound; filer des
— s, to cry out.
sonder, to sound, to ex-
amine,
songer, to think. [bell.
sonnette, f., bell, house
sonner, to ring the bell, to
ring,
sonore, clear, sonorous.
sortant, outgoing.
sort, m., fate.
sorte, /., kind, sort; de —
que, so that.
sortie, /., exit, coming out.
sortir, to go out, to corne
out.
sot, m.y -te, /., blockhead.
sottise, /., blunder, silly
thing, folly.
soubresaut, m., start.
souci, m., care, anxiety,
trouble,
soucier (se), to care.
soudain, -e, suddenly.
soufert, -e, past part of
souffrir.
soufEler, to breathe, to
blow, insinuate, to sug-
gest, to whisper.
souffrance, f., suffering.
souffrant, -e, suffering, ill.
souffrir, to suffer.
souhait, tn., wish; à — , ac-
cording to our wishes;
j'espère que tous êtes
servie à — ^, I hope it is
arranged as you désire.
soulever, to lift up; se — ^
to rise.
soulier, m., shoe.
soumis, submissive.
soupçon, m., suspicion.
soupçonner, to suspect.
souper, m., supper.
souper, to sup.
soupirer, to sigh.
sourcil, m., eyebrow; fron-
cer le — , to frown.
sourd, -e, hollow (of
voice), dull.
sourire, m., smile. '
sourire, to smile.
sous, under, in.
soustraire, to screen, to re-
move, to shelter ; — à, to
take away from.
soutenir, to support, to
sustain, to prop up, to
stand.
souterrain, -e, under-
ground, subterranean.
souvenir, w., remembrance,
recollection, memory.
souvenir (se), to remember.
souvent, often.
spacieu-z, -se, roomy.
spectat-eur, m., -rice, /.,
spectator, looker on.
splendide, splendid.
spontané, -e, spontaneous.
stationner, to stop, to
stand.
statue, f.t statue.
stimuler, to excite, to stim-
ulate.
184 Le Chevalier de Maison-Rouge
stoïquement, stoically.
strident, -e, shrill.
stupéfait, -e, stupefied, as-
tonished.
stupeur, f,, stupor.
suave, sweet, pleasant
subir, to undergo.
subsister, to exist, to con-
tinue,
substituer, to substitute.
subterfuge, w., évasion,
succès, m.f success.
successivement, successive-
ly, in succession.
suffire, to suffice, be suffi-
cient.
suffisant, -e, sufficient.
suggérer, to suggest.
suite, /., continuation, con-
séquence; de —, at once;
par — de, as a resuit of ;
à la — de, at the end of ;
sans — f unconnected.
suivre, to follow.
sujet, m., subject.
superbe, superb.
supérieur, -e, superior,
higher, above, upper.
supplier, to beg.
supposer, to suppose.
supprimer, to suppress.
sur, on, upon, about, over,
in.
sûr, -e, sure, certain, trust-
worthy, safe.
sûreté, f., safety.
surgir, to spring up, to
arise.
surnom, w., sumame, nick-
name.
surprendre, to surprise, to
catch,
surpris, surprised, over-
taken.
sursaut (en), with a startle.
surtout, above ail, specially.
surveillance, f., watchful-
ness.
surveillant, -e, superintend-
ent, inspecter,
surveiller, towatch, to look
after, to superintend.
survivre, to survive, to out-
live.
suspect, -e, suspicious.
sympathie, f., sympathy.
table, f., table; se mettre à
— f to seat one's self at
a table, at a meal ; mettre
la — f to set the table.
tâcher, to try, to endeavor.
taille, /., height, stature,
size.
taire (se), to keep silent
talon, m., heel.
tambour, m., drum.
tamiser, to scatter, to sift
tandis que, while.
tannerie, f., tannery.
tanneur, m., tanner.
tant, so much, so many; —
Le Chevalier de Maison-Rouge
185
que, as long as, as much
as.
tantôt, now.
tapir (se), to crouch.
tapis, m., carpet.
tapisser, to hang with tap-
estry, to deck, to adorn.
tapisserie, /., wall paper,
tapestry, upholstery, nee-
dle-work.
tard, late; il se fait —, it
is getting late.
tarder, to be long, to delay.
tardi-f, -ve, late, tardy.
tasse, f., cup.
tâter, to feel, to try; — le
pouls, to feel the puise.
te, thee, to thee, for thee.
teindre, to dye, to color.
teint, -e, past part, of
teindre,
tel, -le, such.
tellement, so, so much.
téméraire, bold.
témoignage, m., testimony.
évidence, testimonial.
témoigner, to indicate, to
testify.
témoin, m., wîtness, proof.
temps, m., weather, time;
de — en — , from tîme to
time; par le — qui cou-
rait, as matters went; en
même — , at the same
time.
tendre, to extend, to out-
stretch^ to hold out, to
hand.
ténèbres, f., pi, gloom,
darkness.
tenez, see hère, look hère,
see.
tenir, to hold, to care, to
be désirons, to hold out,
to keep, to stand; ne —
qu'à, to dépend only on;
puisque tu 7 tiens, since
you hâve it so much at
heart; se — , to hold one's
self, to stand, to stay, to
hold one another; à quoi
s'en tenir, what to think.
tentation, f., temptation.
tentative, f., attempt
tenter, to tempt, to attempt,
to try.
terrain, m,, ground.
terrasse, f., terrace, flat
roof, earthwork.
terrasser, to fell, to throw
down, to overcome.
terre, f., earth, land,^field;
par — , à — f on the floor,
on the ground; mettre
pied à — , to alight.
terreur, f., terror.
terreu-x, -se, cadaverous.
territoire, m., territory.
tête, f., head, mind, life;
tenir la — , to be ahead;
il y va de la — , your life
is at stake; hurler à
pleine — , to shout at the
top of one's voice.
tête-à-tête, private inter-
view or conversation.
i86
Le Chevalier de Maison-Rouge
Thémifl, Themis, a Greek
goddess, thc pcrsonifica-
tion of law and justice.
ibéorie, f., theory.
tiède, lukewam^ cool.
tiédeur, f., coolness.
tiendrai, fut. of tenir.
tiens, see hère, look hère,
see.
tiers, m., third.
tigre, w., tiger.
tigré, -e, spotted.
timbre, m., stamp, sound,
quality, tone,
timide, timid.
timidement, timidly.
tinssiez, imperf. subj, of te-
nir.
tint, prêt of tenir.
tire-pied, m., shoemaker's
last-puller.
tirer, to draw, to pull, to
draw out, to shoot ; se — ^
to extricate one's self, to
get out
titre, m., title; â quel — ^
on what terms, on what
ground. [sin.
tocsin, m., alarm bell, toc-
toi, thee, thou.
toi-même, thyself.
toile, f., cloth, linen, can-
vas.
toilette, /., toilet; — de
sortie, street costume.
toise, f., fathom, six feet.
toit, m., roof.
tomber, to fall.
ton, m., tone.
ton, ta, tes, thy.
tonnelle, /., alcôve, arbour.
tordre, to wring, to twist.
tort, m., wrong; avoir — ,
to be wrong; c'était à — ^
it was wrongly.
tortnrer, to torture.
tôt, soon.
toucher, to touch, to hit
tonffn, -e, thick, bushy.
toujours, always, neverthe-
less.
tour, f., tower.
his tum; â votre — ^ în
your tum, now; â mon
— , in my turn; faire un
— de jardin, to walk in
the garden; faire le — ^
to go around ; — de main,
a trick.
tourment, m., torment.
tourmenter, to torment, to
touch and retouch.
tourner, to tum; se — , to
be turned.
tournure, f,, appearance.
tousser, to cough.
tout, m., whole.
tout, quite ; — à coup, sud-
denly; — à fait, quite,
entirely; — à l'heure, ju.st
now; — au moins, at the
very least; — de suite,
immediately.
tout, -e, tous, toutes, ail,
every ; — . . .que, although ;
— en, while.
Le Chevalier de Maison-Rouge
187
toutefois, however.
toux, f., cough.
tracer, to draw, to trace.
trahir, to betray.
trahison, f., treaspn.
train, m., train, gait, speed;
à fond de — ^ at a full
speed; en — de, in the
act ; en — ^ in good spirits.
traîner, to drag.
trait, m. y feature, trait.
traité, w., trcatise, treaty.
traitement, w., treatment.
traiter, to treat.
traître, m., traitor.
trajet, w., passage, journey.
trame, f., plot.
tramer, to weave.
tranche, f., slice.
tranquille, quiet, tranquil,
easy.
tranquilliser, to quiet.
transformer, to transform,
to change,
trappe, /., trapdoor.
traquer, to hunt down.
travail (/>/. travaux), w.,
work.
travailler, to work.
travers, m., breadth; en — ,
across; à — , au — ^
through, across.
traverser, to traverse, to
cross, to pass through.
trébucher, to stumble.
tremblement, m., trembling.
trembler, to tremble.
treize, thirteen.
trente, thirty ; — sept,
thirty - seven ; — huit,
thirty-eight.
tressaillir, to startie, to
tremble.
tribunal, m., court.
tribune, f., platform, gal-
lery, tribune.
tricolore, three-colored.
tricoter, to knit.
tricoteu-r, w., -se, /., knitter.
triste, sad.
tristesse, f., sorrow, grief.
trois, three.
troisième, third.
tromper, to deceive; se — ,
to be mistaken, to make
a mistake.
trompette, /., trumpet.
trop, too much, too many,
too.
trou, m.y hole.
troublé, -e, agitated, ex-
cited.
trouer, to make a hole.
troupe, f., band, troop,
crowd; —s, troops.
trousseau, t»., bunch.
trouver, to find; tu pour-
rais mal t'en — , you
may hâve to pay for it;
se — ^ to find one*s self to
be; — mal, to faint.
tu, thou.
tuer, to kill.
tuméfier (se), to tumefy, to
swell. ■
tumulte, m. y tumult, uproar.
i88
Le Chevalier de ^^iaison-Rooge
miy -€^ a, an, one.
unifonne^ m., unifoniL
Hier, to employ, to wear
out
utile, usefuL
VMàgtf m,, use; d'— , usuaL
va, ^^/. ind. and imperative
of aller; — te promener,
count upon it.
vacillant, vacillating, tôt-
tering, uncertain.
vaillant, -e, brave,
vainement, vainly, în vain,
valoir, to be worth; — la
peine, to be worth while;
— mieux, to be better.
varié, -e, varied, différent.
vaate, vast, immense.
veille, f., eve, day before.
veiller, to watch, to look
after.
venant, m., comer,
Vendée, a department în
the western part of
France,
vendre, to sell.
vengeance, /., vengeance,
revenge,
venir, to come; — de, to
hâve just; faire — ^ to
send for; i^ pouvait ne
pas —9 if it only hap-
pencd that he should net
come; — à bont, to
succeed.
vent, ffi., wind.
vente, f., sale; acte de — ^
deed.
ventre, m., bcUy, abdomen;
— à terre, at f ull speed.
venn, -e^ come; nouveau
— ^ ncw corner,
verbal, -e^ verbal.
verdâtre, greenish.
véritable, true, real.
vérité, /., verity, tnith; en
—, truly.
verre, m., glass.
vers, towards.
vert, -e, green.
veste, /., jacket, vest.
vêtu, -e, clothed.
veuillez {imper, of vouloir),
be so kind as, hâve the
kindness
veux, près, of vouloir,
veuve, f., widow.
vicaire, m., vicar.
vide, empty.
vider, to empty.
vie, f,, life.
vieillard, m,, old man.
vieux, vieil, -le, old.
vi-f, -ve, quick, keen,
alive, bright, live; plus
mort que — > more dead
than alive.
vigoureusement, vigorously.
Le Chevalier de Maison-Rouge
189
vigOTireu-x, -se, vigorous.
ville, f., city, town.
vin, m., wine.
vingt, twenty.
vingtaine, f., score, about
twenty.
vint, prêt, of venir.
violemment, violently.
violer, to violate.
visage, m., face.
vjs-à-vis, to, opposite.
visite, f., call, visit.
visiter, to visit, to look at.
vitalité, /., vitality.
vite, quickly, rapidly.
vitesse, f., speed.
vitrage, m., glass partition.
vitre, /., window pane.
vitré, -e, glazed.
vivandière, f., female sut-
1er, canteen woman.
vivant, -e, living, alive.
vive, long live; qui — , who
goes there.
vivement, quickly.
vivifiant, -e, refreshing.
vivre, to live.
vivres, m,, pL, provisions.
vociférer, to roar out.
vœu, m., vow, wish.
voici, hère is, behold, hère
are, this is ; nous — , hère
we are; car monsieur
que -— , for this gentle-
man hère.
voie, f., way.
voilà, there is, there are,
hère is, hère are, behold,
this is; m'y — , there I
am; les — , there they
corne,
voile, w., veil.
voiler (se), to become
elouded.
voir, to see.
voisin, -e, neighbor.
voiture, f., carriage.
voix, f., voice, . vote ; hors
de la portée de la —, out
of hearing.
volcan, m., volcano.
voler, to fly, to steal, to
chase; — la pie, to chase
magpies.
volontaire, m., volunteer.
volonté, f., will.
volontiers, willingly.
volubilité, f., fluency, glib-
ness.
votant, m., voter,
voter, to vote.
votre, vos, your.
vôtre (le, la), —s (les),
yours.
vouloir, to want, to wish,
will, to be willing; —
bien, to be willing; que
voulez-vous, what do you
want; — dire, to mean.
voulut, prêt, of vouloir,
vous, you, to you; —
même, yourself.
voûte, /., arch, archway.
voyager, to travel.
voyons, well, corne.
vrai, -e, true, genuine.
:y* -^ ,T#r'x.:tîr lit - -iis^m-ijuirç^
'•''^'''-* if X, •:: •TfTT. rf tiex-
KAYSER AND MONTESER'S
Brief (jerman C^ourse
PRICE . . $1.20
THIS introductory German Course, compris-
ing grammar, exercises, reading, and con-
versation, follows the outlines of the
**Elementary Courseras defined by the recom-
mendations of the Committee of Twelve of the
Modem Language Association. It is a resuit of
many years* class-room expérience on the part of
two practical teachers who are familiar with the
many difficulties which beset the young learner.
It is based not on theory, but on the most
approved modem methods of teaching. The
work provides : i. Careful drill upon pronuncia-
tion. 2. Memorizing and fréquent répétition of
easy colloquial sentences. 3. Drill upon the
rudiments of grammar. 4. Abundant easy sen-
tences, designed not only to fix in mind the forms
and principles of grammar, but aiso to cultivate
readiness in the reproduction of natural forms of
expression. 5. Exercises in word formation lead-
ing to an acquisition of an adéquate vocabulary.
6. The reading of graded and connected sélec-
tions in prose and poetry.
American Book Company
NEW YORK CINCINNATI CHICAG-^
(S. 8a8)
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