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Full text of "Leçons sur l'intégration et la recherche des fonctions primitives, professées au Collège de France"

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MATH^ 
.r  STAT. 
■TJ8RARY 


COLLECTION  DE  MONOGRAPIUES  SUR  LA  THKORIE  DES  FONCTIONS, 

PI  HLli':K   sous    LA    DIUFCTION    Ï)K    M.    KMILK    BOREL. 


LEÇONS 


SUR  L'INTÉGRATION 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES, 


pi{Oi'"i-:s^i;i:^  \i    coij.kok  i>k  viwm  i 


Henri   LEBESGUE, 

MAÎTIM:     DK     CO.VFKUKNCKS    a    la    FAGULTK     DKS!    SCIKNCKS     IIK     KKNNES. 


^i.^^ 


1>AHIS, 
(iAlJTHlEK-VILLAKS,  IMPIUMEUH-LIHKAIHE 

DU     UlUKAI,      DIS     LONGITUDES,     DE     L*  K  CO  L  K    P  O  L  Y  I  K  C  II  N  I  OU  E 

QiKii  ties  Grands-Aujiusliiis,  55. 

llMIi 


LEÇONS 

SUR   L'INTÉGRATION 


ET    LA 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES. 


IJBRAllUE    (lAUÏHlEH-VlLLAUS 


COLLECTION  DE  MONOGRAPHIES  SUR  LA  THÉORIE  DES  FONCTIONS, 

PUBLIÉE    SOUS    LA    DIRECTION    DE   M.    EMILE    ROI? EL. 


Leçons  sur  la  théorie  des  fonctions  {Éléments  de  la  théorie  ries 

ensembles  et  applications),  par  M.  Emile  Bouel,  1898 3  IV.  5o 

Leçons  sur  les  fonctions  entières,  par  M.  Emile  Borel,  lyoo 3  IV.  5o 

Leçons  sur  les  séries  divergentes,  par  M.  Emile  Borel.  1901 .\  iv.  00 

Leçons  sur  les  séries  à  termes  positifs,  professées  au  Collège  de 
Kraiici-  par  M.  Emile  Boiîel  et  rédigées  par  M.   Robert  d'Adhemar, 

U)()  • 3  fr.  5() 

Leçons  sur  les  fonctions  méromorphes,  professées  au  Collège  de 

Kraiicc  par  M.  Emile  Boiu:i.  cl  rédigées  par  M.  Ludovic  Zoiietti,  i()o3.     3  fr.  jo 
Leçons  sur  l'intégration  et  la  recherche  des  fonctions  primi- 
tives, professées  au  Collège  de  France  par  M.  Henri  Lebesgue,  loo'j.     3  fr.  5o 

sous   PRESSE   : 

Leçons  sur  les  fonctions  de  variables  réelles  et  leur  représentation  par 
des  séries  de  polynômes,  professées  à  l'Ecole  Normale  supérieure  par 
M.  Emile  Borel  et  rédigées  par  M.  Maurice  Fréchet,  avec  une  Note  do 
M.  Paul  Pain  levé. 

Le  calcul  des  résidus  et  ses  applications  à  la  théorie  des  fonctions,  par 

M.    KhNST    F>INI)KLi)F. 

EN    PRÉPARATION   : 

Quelques  principes  fondamentaux  de  la  théorie  des  fonctions  de  plu- 
sieurs variables  complexes,  par  M.  Pierre  Cousin. 

Développements  en  séries  de  polynômes  des  fonctions  analytiques, 
par  M.  IvMiLE  Borel. 

Leçons  sur  les  fonctions  discontinues,  par  M.  René  Baire. 

Leçons  sur  les  Correspondances  entre  variables  réelles,  par  M.  Jules 
Drach. 


COLLECTION  DE  MONOGRAPHIES  SUR  LA  THÉORIE  DES  FONCTIONS, 

PUBLIÉE    SOUS    LA    DIRECTION    DK    M.    EMILE    BOREL. 


LEÇONS 


SUR  L'INTÉGRATION 


ET    LA 


RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES, 


•HOFESSEES  AU  COLLEGE  DE  FRANCE 


PAR 


Henri   LEBESGUE, 


MAITUK    DK    CONFlvUENCKS    A    LA     FACULTK     DKS    SCIENCES    DE    RENNES. 


PARIS, 
GAUTHIEK-MLLAKS,  IMPHIIMEUH-UBHAJKE 

DU      H  H  H  E  A  U     DES     LONGITUDES,     DE     L  '  É  C  O  L  E    P  0  L  Y  T  K  C  H  N  I  Q  U  E  , 

Quai  lies  Grands-Auguslins.  55. 

1904 

(Tous  (liiiits  ii'>rrTr<, 


PRÉFACE. 


J'ai  réuni  dans  cet  Ouvrage  les  Leçons  que  j'ai  faites  au 
Collège  de  France,  pendant  Tannée  scolaire  1902-1903, 
comme  chargé  du  cours  fondé  par  la  famille  Peccot. 

Les  vingt  Leçons  que  comprend  ce  Cours  ont  été  consa- 
crées à  Tétude  du  développement  de  la  notion  d'intégrale. 
Un  historique  complet  n'aurait  pu  tenir  en  vingt  Leçons; 
aussi,  laissant  de  côté  bien  des  résultats  importants,  je  me 
suis  tout  d'abord  limité  à  l'intégration  des  fonctions  réelles 
d'une  seule  variable  réelle  ;  le  lecteur  pourra  rechercher  si 
les  résultats  indiqués  se  prêtent  facilement  à  des  généralisa- 
tions. De  plus,  parmi  les  nombreuses  définitions  qui  ont  été 
successivement  proposées  pour  l'intégrale  des  fonctions 
réelles  d'une  variable  réelle,  je  n'ai  retenu  cpie  celles  qu'il 
est,  à  mon  avis,  indispensable  de  connaître  pour  bien  com- 
prendre toutes  les  transformations  qu'a  reçues  le  problèine 
d'intégration  et  pour  saisir  les  rapports  qu  il  y  a  entre  la 
notion  d'aire^  si  simple  en  apparence,  et  certaines  définitions 
analytiques  de  l'intégrale  à  aspects  très  compliqués. 

On  peut  se  demander,  il  est  vrai,  s'il  y  a  quelque  intérêt 
à  s'occuper  de  telles  complications  et  s'il  ne  vaut  pas  mieuv 
se  borner  à  l'étude  des  fonctions  (fui  ne  nécessitent  ([ue 
des  définitions  sinq^les.  Cela  n'a  guère  que  des  avantages 
quand  il  s'agit  d'un  Cours  élémentaire:  mais,  comme  on  le 
verra  dans  ces  Leçons,  si  l'on  voulait  toujours  se  limiter  à  la 
considération  de  ces  bonnes  fonctions,  il  faudrait  renoncer 
à  résoudi'c  bioii  des  problèmes  à  énoncés  sinqiles  posés  depuis 


133852 


âUTH.. 

ITAT. 
UtRARY 


VI  PHEFAC 


loiigteinps.  C'est  poui'  la  résolution  de  ces  problèmes,  et  non 
par  amour  des  complicatious,  (jue  j'ai  introduit  dans  ce 
Livre  une  définition  de  l'intégrale  plus  générale  que  celle  de 
Riemann  cl  comprenant  celle-ci  comme  cas  particulier. 

Ceux  qui  me  liront  avec  soin,  tout  en  regrettant  pcul-étrc 
que  les  choses  ne  soient  pas  plus  sinq)les,  m'accorderont,  je 
le  pense,  que  cette  définition  est  nécessaire  et  naturelle. 
J'ose  dire  qu'elle  est,  eu  un  certain  sens,  plus  simple  cpie 
celle  de  Riemann,  aussi  facile  à  saisir  que  celle-ci  et  que, 
seules,  des  habitudes  d'esprit  antérieurement  acquises  peu- 
vent la  faire  paraître  plus  compliquée.  Elle  est  plus  simple 
parce  qu'elle  met  en  évidence  les  propriétés  les  plus  impor- 
tantes de  l'intégrale,  tandis  que  la  définition  de  Riemann 
ne  njct  en  évidence  qu'un  procédé  de  calcul.  C'est  pour  cela 
qu'il  est  presque  toujours  aussi  facile,  parfois  même  plus 
facile,  à  l'aide  de  la  définition  générale  de  l'intégrale,  de 
démontrer  une  propriété  pour  toutes  les  fonctions  auxquelles 
s'applique  cette  définition,  c'est-à-dire  pour  toutes  les  fonc- 
tions sommables,  que  de  la  démontrer  pour  les  seules  fonc- 
tions intégrables,  en  s'appuyant  sur  la  définition  de  Riemann. 
Même  si  l'on  ne  s'intéresse  qu'aux  résultats  relatifs  aux  fonc- 
tions simples,  il  est  donc  utile  de  connaître  la  notion  de 
fonction  sommable  parce  qu'elle  suggère  des  procédés  rapides 
de  démonstration. 

Comme  application  de  la  définition  de  l'intégrale,  j'ai 
étudié  la  recherche  des  fonctions  primitives  et  la  rectification 
des  courbes.  A  ces  deux  applications  j'aurais  voulu  en 
joindre  une  autre  très  importante  :  l'étude  du  dévelop- 
pement trigonométrique  des  fonctions  ;  mais,  dans  mon 
Cours,  je  n'ai  pu  donner  à  ce  sujet  que  des  indications  telle- 
ment incomplètes  que  j'ai  jugé  inutile  de  les  reproduire  ici. 

Suivant  en  cela  l'exemple  donné  par  M.  Borel,  j'ai  rédigé 
ces  Leçons  sans  supposer  an  lecteur  d'autres  coimaissanc(^s 


PRKFACK.  VII 


([lie  crlles  <(iii  foiil  |)ai'li('  Hii  programme  de  licence  d 
loiites  les  Facultés;  je  pourrais  même  dire  (|ue  je  ne  sup- 
pose rien  de  plus  que  la  connaissance  de  la  définition  et 
des  propriétés  les  plus  élémentaires  de  l'intégrale  des  fonc- 
tions continues.  Mais,  s'il  n'est  pas  indispensable  de  con- 
naître beaucoup  de  choses  avant  de  lire  ces  Leçons,  il  est 
nécessaire  d'avoir  certaines  habitudes  d'esprit,  il  est  utile  de 
s'être  déjà  intéressé  à  certaines  questions  de  la  théorie  des 
fonctions.  Un  lecteur  parfaitement  préparé  serait  celui  qui 
aurait  déjà  lu  VTutroduclioii  à  V étude  des  fonctions  d'une 
variable  réelle,  de  M.  Jules  Tannery,  et  les  Leçons  sur  la 
théorie  des  fonctions,  de  M.  Emile  Borel. 

Si  l'on  compare  ce  Livre  aux  quelques  pages  que  l'on 
consacre  ordinairement  à  l'intégration  et  à  la  recherche  des 
fonctions  primitives,  on  le  trouvera  sans  doute  un  peu 
long  ;  j'espère  cependant  que  tous  ceux  qui  ont  écrit  sur 
la  théorie  des  fonctions  et  qui  savent  les  difficultés  qu'il  y  a, 
on  cette  matière,  à  être  à  la  fois  rigoureux  et  court,  ne 
s'éloiuieront  pas  trop  de  cette  longueur;  peut-être  même  me 
pardonneront-ils  d'avoir  été,  à  leur  gré,  parfois  trop  diffus, 
parfois  trop  concis. 

Pour  la  rédaction,  j'ai  eu  surtout  recours  aux  Mémoires 
originaux;  je  dois  cependant  signaler,  comme  m' ayant  été 
particulièrement  utiles,  outre  les  deux  Ouvrages  précédem- 
ment cités,  les  Fon.damenti  per  la  teorica  dellc  funzioni  di 
variahili  reali,  de  M.  Ulisse  Dini  et  le  Cours  d'Analyse 
de  V École  Polytechnique,  de  AL  Camille  Jordan.  Enfin  j'ai 
à  remercier  M.  Borel  des  conseils  qu'il  m'a  donnés  an  cours 
de  la  correction  des  épreuves. 

IIF-NRI    Ï^EttESGLK. 


INDEX. 


Chapitri:  f.       —  L'intégrale  avant  Ricmann i 

Chapithk  II.      —    La  définition  de  l'intégrale  donnée  par  Ricmann..  i  j 

Chapitre  III.     —  Définition  géométrique  de  l'intégrale iG 

Chapitre  IV.     —  Les  fonctions  à  variation  bornée 49 

Chapitre  V.      —  La  recherche  des  fonctions  primitives Ci 

Chapitre  VI.       -  L'intégrale  définie  à  l'aide  des  fonctions  primitives.  83 

Chapitre  \  II.   —  Les  fonctions  sommables 98 

Note ij  i 

Table  des  matières i  S7 


LEÇONS 

SUR    L'INTÉGRATION 

KT    LA 

RECHERCHE  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES. 


CHAPITRE  I 


NTKUUALE     AVANT     RIKMANN 


1.   —   L'intégra  lion  des  fonctions  continues. 

"•L'intégration  a  été  définie  tout  d'abord  comme  l'opération 
inverse  de  la  dérivation;  c'est  l'opération  permettant  de  résoudre 
le  problème  des  fonctions  primitives  : 

Trouver  les  Jonctions  F(^)  qui  admettent  pour  dérivée  une 
fonction  donnée  f{x). 

On  sail  ({ue,  si  ce  problème  est  possible,  il  l'est  d'une  infinité  de 
manières,  et  que  toutes  les  fonctions  primitives  F(^')  d'une  même 
fonction  y*(jr)  ne  diffèrent  que  par  une  constante  additive.  Ce  qu'on 
se  propose,  c'est  de  trouver  l'une  quelconque  des  fonctions  F(:r). 

A  l'épfxjue  où  le  pioblème  des  fonctions  primitives  fut  posé 
sous  la  forme  que  j  indique,  c'est-à-dire  à  l'époque  de  Newton  et 
de  Leibnitz,  \e^op  fonction  a\ait  un  sens  assez  mal  défini.  On 
appelait  ainsi,  le  plus  souvent,  une  quantité  y  liée  à  la  variable  x 
par  une  ('(pialion  où  iiilervenail  un  certain  nombre  des  symboles 


CIIAlMTUi:    I. 


d'opérations  que  Ton  a\ail  riiahitude  de  considérer.  Les  princi- 
pales de  ces  opérations  étaient  :  les  opérations  arithmétiques  (addi- 
tion, soustraction,  uuihiplication,  division,  extraction  de  racines), 
les  opérations  trigonométriques  (avec  les  signes  sin,  cos,  tang, 
arc  sin,  arc  cos,;arc  tang),  les  opérations  logarithmiques  et  expo- 
nentielles (avec  les  signes  log,  a^). 

Pour  un  grand  nombre  de  fonctions  exprimées  de  cette  manière 
on  avait  pu  exprimer,  de  la  même  manière,  les  fonctions  primi- 
tives, de  sorte  qu'il  apparaissait  comme  certain  que  toute  fonction 
admet  une  fonction  primitive.  D  ailleurs  on  [)ouvait  répondre  à 
qui  doutait  de  cette  proposition. 

Soit  (//^.   i)  la  courbe  F,  y  =  J'{.r),  représentant  la  fonction 

Fig.  I. 


L,: 


b  c 


donnée /i^);  les  axes  sont  rectangulaires.  Sup|)osons  pour  sim- 
plifier /'(j?)  [)ositive;  soient  «A,  6B  deux  parallèles  à  l'axe  des  y, 
d'abscisses  a  et  x.  Ces  deux  paralledes,  l'arc  VB  de  F,  le  seg- 
ment ab  de  Ox,  limitent  un  domaine  d'aire  S(.Z').  En  évaluant 
l'accroissement  ^BCc  de  cette  aire,  on  voit  que  f{x)  est  la 
dérivée  de  S(.r)  (*  ). 

Remanpions  que  dans  les  considérations  précédcnites  le  mot 
fonction  a  (l(''jà  r<'(;n  une  extension  considérable.  La  relation  entr<î 
S(J7)  et  X  est   v\\  cHcl    une  relation  géométrique  et   non   plus  une 


(')  Pour  la  démonslralion  et  pour  le  ras  où  f(x)  u'osl  \ya'<  loiijonrs  posilive 
voir  GornsAT.  Cours  d' Analyse  mathématique,  t.  I,  Cliap.  1\  ,  ou  Humhkim, 
Cours  d'Analyse  professé  à  l'Ecole  Polytechnique,  t.  I.    >"  INiilic,  Chap.  III. 


L  INTEGRALE    AVANT    RIE.MANN. 


relation  al^ébrique-trigonométriqiie-logaritliHiique.  De  telles  rela- 
tions étaient  encore  considérées  comme  définissant  des  fonctions; 
seulement,  on  distinguait  soigneusement  entre  les  figures  géomé- 
triques définies  à  l'aide  de  lois  exprimables  par  des  égalités  géo- 
métriques et  les  figures  qui  n'étaient  pas  définies  ainsi.  Les 
courbes  y  =i  J\x)  de  la  première  espèce  ou  courbes  géomé- 
triques définissaient  des  fonctions  f{jo)'^  les  courbes  de  la  seconde 
espèce  ou  courbes  arbitraires  ne  définissaient  pas  de  vraies  fonc- 
tions. Lorsqu'on  employait  le  mol  fonction  pour  ces  deux  espèces 
de  correspondance  entre  y  ^t  ^i  on  distinguait  les  premières  en  les 
'd\)^e\'Ai\l  fonctions  continues  ('). 

Il  y  avait  aussi  une  catégorie  intermédiaire  de  fonctions,  celles 
(pii  étaient  représentées  à  l'aide  de  plusieurs  arcs  de  courbes  géo- 
métriques; on  les  considérait  plus  volontiers  comme  formées  de 
parties  de  fonctions. 

Les  fonctions  continues  étaient  les  vraies  fonctions.  On  donnait 
ainsi  au  mol  fonction  un  sens  assez  restreint  parce  qu'on  croyait 
(jue  toute  fonction  continue,  définie  géométriquement  ou  non, 
était  susceptible  d'une  définition  analytique,  de  la  nature  de  celles 
dont  il  a  été  parlé  précédemment,  et  qu'on  croyait  cela  impossible 
pour  les  fonctions  non  continues. 

Mais  Fourier  montra  que  les  séries  trigonométriques,  qui  pou- 
vaient être  employées  dans  des  cas  étendus  à  la  représentation  des 
fonctions  continues,  pouvaient  servir  aussi  à  la  représentation  de 
fonctions  non  continues  formées  de  parties  de  fonctions.  En  parti- 
culier une  fonction  nulle  de  o  à  tt,  égale  à  i  de  tz  à  27t,  admet  un 
développement  trigonométrique  convergent.  Le  seul  critère,  per- 
mettant de  distinguer  les  vraies  fonctions  des  fausses,  disparaissait. 
Il  fallait,  ou  bien  étendre  le  sens  du  mol  fonction,  ou  bien  res- 
treindre la  catégorie  des  expressions  algébriques,  trigonomé- 
triques, exponentielles  qui  pouvaient  servir  à  définir  des  fonc- 
tions. 

Cauchy  remarqua  que  les  difficultés  ([ui  résultent  des  recherches 
(le  Fourier  se  présentent  même  lorsqu'on  ne  se  sert  que  d'expres- 
sions très  simples,  c'est-à-dire  c[ue,  suivant  le  procédé  enq)loyé 
pour    donner    une    fonction,    elle    apparaît    comme    continue    ou 

(')   Celte  continuité  est  connue  sous  le  nom  de  continuité  eulérierine. 


4  CHAPITHE    I. 

non.  Cauchj  cite,  comme  exemple,  la  fonction  égale  d  -\- Jc  pour 
X  positif,  à  —  X  pour  x  négatif.  Cette  fonction  n'est  pas  continue, 
elle  est  formée  de  parties  des  deux  fonctions  continues  -\-x  et  — x; 
el]e  apparaît  au  contraire  comme  continue  quand  on  la  note  -h  \^x-. 

Pour  conserver  aux  mots  fonction  continue  leur  sens  primitif, 
il  aurait  donc  fallu  ne  considérer  que  des  expressions  analytiques 
très  particulières  (*);  Gauchj  préféra  modifier  considérablement 
les  définitions. 

Pour  Gaucliy  y  est  fonction  de  x  quand,  à  chacun  des  états 
de  grandeur  de  x^  correspond  un  état  de  grandeur  parfaite- 
ment déterminé  de  y. 

Cette  définition  paraît  la  même  que  celle  donnée  plus  tard  par 
Riemann,  mais  en  réalité  les  correspondances  que  Gaucliy  consi- 
dère sont  encore  celles  qu'on  peut  établir  à  l'aide  d'expressions 
analytiques,  car,  après  avoir  défini  les  fonctions,  Gaucliy  ajoute  : 
les  fonctions  sont  dites  explicites  si  l'équation  qui  lie  x  k  y  est 
résolue  en  )'^,  et  implicites  si  cela  n'a  pas  lieu.  Le  fait  que  les  cor- 
respondances sont  établies  à  l'aide  d'expressions  analytiques  n'in- 
tervient jamais  dans  les  raisonnements  de  Gauchy,  de  sorte  que  les 
propriétés  obtenues  par  Gauchy  s'appliquent  immédiatement  ainsi 
que  leurs  démonstrations  aux  fonctions  satisfaisant  à  la  définition 
de  Piiemaun  (  -). 

Pour  Gauchy  une  fonction  f{x)  est  continue  pour  la  valeur  x^i 
si,  quel  que  soit  le  nombre  positif  e.  on  peut  trouver  un  nombre 


(')  C'esl  ce  que  fait  M.  Méray  qui  donne  au  mol  fonction  un  sens  très  voisin 
de  celui  qu'on  donnait  autrefois  aux  mots  fonction  continue.  M.  Méray  délinit 
les  fonctions  par  les  séries  de  Taylor  et  le  prolongement  analytique;  lorsqu'on 
adopte  les  définitions  de  M.  Méray,  l'existence  des  fonctions  primitives  résulte 
immédiatemenl  des  propriétés  des  séries  entières. 

Mais,  si  l'on  applique  les  définitions  de  M.  Méray  aux  fonctions  de  la  variable 
complexe,  on  se  trouve  conduit  nécessairement,  comme  me  l'a  fait  remarquer 
M.  Borel,  à  considérer  des  fonctions  discontinues  d'une  variable  réelle.  Far 
exemple,  lorsqu'une  série  de  Taylor  est  convergente  sur  son  cercle  de  conver- 
gence, ses  valeurs,  sur  ce  cercle,  peuvent  définir  deux  fonctions  réelles  discon- 
tinues de  l'argument. 

(')  Je  ne  veux  pas  dire  que  la  définition  de  Gauchy  soit  moins  gcnéialc  que 
celle  de  Riemann;  on  ne  connaît  actuellement  aucune  fonction  riemannienne  qui 
n'admette  pas  de  représentation  analytique.  Seulement,  s'il  existe  des  fonctions 
qui  satisfont  à  la  définition  de  Riemann,  sans  satisfaire  à  celle  de  Gauchy,  elles 
ne  seront  pas  exclues  des  raisonnements. 


L  INTEGRALE   AVANT    RIEMANN.  5 

71  ( £ )  tel  que  l'inégalité  |  A  |  <  Tj  ( s )  entraîne 

la  fonction  f{x)  est  continue  dans  (a,  h)  si  la  correspondance 
entre  e  et  r^{t)  peut  être  choisie  indépendamment  du  nombre  Xq^ 
quelconque  dans  (a,  b). 

Oïl  reconnaît  là  les  définitions  aujourd'lmi  classiques. 

Pour  démontrer  l'existence  des  fonctions  primitives  des  fonc- 
tions continues,  il  suffit  de  reprendre  la  démonstration  géomé- 
trique indiquée  précédemment.  Dans  celte  démonstration  on  a 
fait  appel  à  la  notion  d'aire.  Cette  notion,  déjà  assez  peu  claire 
lorsqu'il  s'agit  de  domaines  limités  par  des  courbes  géométriques 
simples  comme  le  cercle  ou  l'ellipse,  le  devient  moins  encore  lors- 
qu'il s'agit  des  domaines  intervenant  dans  la  démonstration  qui 
nous  occu[)e. 

Les  courbes  V  qui  limitent  ces  domaines  ne  sont  plus  nécessai- 
rement des  courbes  géométriques,  elles  peuvent  être  formées  de 
parties  de  courbes  géométriques  {y  =z-\-  ^x-)]  on  sait  donc 
c[u'elles  peuvent  être  complicjuées  sans  savoir  où  s'arrête  cette 
complication.  Aussi  Gauchy  crut  devoir  préciser  ce  que  l'on  doit 
entendre  par  le  nombre  S{x)  de  la  démonstration  précédente  ('); 
il  lui  suffit  pour  cela  de  reprendre  les  opérations  qui  servaient 
ordinairement  à  calculer  des  valeurs  approchées  de  S(j?)  consi- 
dérée comme  aire  et  de  démontrer  que  ces  calculs  conduisaient  à 
un  nombre  limite.  On  a  ainsi  la  démonstration  maintenant  clas- 
sique de  l'existence  des  fonctions  j^rimitives. 

Soit  («,  X)  l'intervalle  (jue  nous  considérons.  Divisons  («,  X) 
en  intervalles  partiels  à  l'aide  des  nombres  croissants 

ao=  a,  a,,  «2,  .  .  .,  a,i-i,  ct,i=  X; 
et  formons  la  somme 

S  =  {ai  —  ao)/{Xi)  -h  («2—  ai)/{x.2)  +.  .  .H-  (««—  a.,^y)J\xn), 

où  Xi  est  un  noud)re  ([uelconcpie  compris  entre  ^/_i  et  a^.  On 
démontre  (jue  S  tend  vers  un  nond)re  déleiininé  S(X)  quand  le 

('j  CcsL-à-diie  (|u'il  crut  devoir  dcliiiir  l'aire  d'une  façon  précise. 


G  CIIAPITRK    I. 

inaxiinuin    de    ai_^  —  ai    tend    vers    zéro    d'une    manière    quel- 
conque ('  ). 

Le  nombre  S(X)  ainsi  obtenu  s'appelle  V intégrale  définie  de 
la  fonction /(j")  dans  l'intervalle  (<7,  X).  Depuis  Fourier,  on  le 

représente  par  la  notation    /    /(j^)  dx. 

Ce  symbole  n'a  jusqu'à  présent  de  sens  que  dans  les  intervalles 
positifs  {a^  X),  (X^<7);  par  définition,  on  pose 

f  f{x)dx^    f  f{a')dx  =  o. 
Il  est  évident  que  l'on  a,  quels  que  soient  (f,  6,  c, 

f"-f-f"- 

Ja  Jb  t/f. 

Remarquons  encore  que  si  L  et  /  sont  les  limites  supérieure  et 

inférieure  de  f{x)  dans   («,  b)^     j    f{x)dx  est  comprise  entre 

L(^  —  a)  et  1(0  —  a).  La  fonction  continue  /{x)  prenant  toutes 
les  valeurs  entre  /  et  L,  y  compris  les  valeurs   /  et  L,    on  peut 


écrire 


.    f  f{x)dx  =  {b-a)fa), 


^  étant  compris  entre  a  et  h  (-),  c'est  le  tliéorème  des  accroisse- 
ments finis. 

Le  nombre  S(X)  étant  maintenant  défini  d'une  manière  précise, 
on  démontre  l'existence  de  la  fonction  primitive  àe  f(^x)  sans  dif- 
ficulté. En  effet,  on  a 

Il  ~  h 


-        j  f{x)d.r=f{x,^{)h), 


égalité  qui  démontre  que  la  fonction  S(jî^)  est  continue  et  a  poui 
dérivée  y(.r). 


(  ')  Voir,  par  exemple,  les  deux  Ouvrages  cités  page  2  ou  le  Tome  I  du  Traité 
d'Analyse  de  M.  l'icard. 

(')  Cette  démonstration  n'exclut  pas  les  égalités  ^  3=  a,  ^  =  ù.  Dans  certains 
cas  il  est  bon  de  prévoir  qu'on  peut  choisir  ^  différent  de  a  et  ^;  la  démonstra- 
tion est  immédiate. 


L INTEGRALE   AVANT    RIEMANN. 


La  fonction  S(X)  qui  figure  dans  la  démonstration  précédente 
ou  })lus  exactement  la  fonction 

S(X)-+-K  =  K+    f  f{x)dx=K,-\-    f  f{x)dx, 

dans  laquelle  K  et  K<  sont  des  constantes  quelconques  et  a  une 
valeur  de  x  prise  dans  l'intervalle  où  f{x)  est  définie,  s'appelle 

Vintégrale  indéfinie  de  la  fonction  f{x)  et  se  note    /  f{x)  dx. 

On  voit  que  l'intégrale  indéfinie  d'une  fonction  f{x)  est  la  fonc- 
tion F(^)  la  plus  générale  telle  que  l'on  ait,  quels  que  soient  a 
et  ^  dans  l'intervalle  où  f{x)  est  définie, 


(I) 


F(|B)-F(a)=:  /     f{x)dx. 


On  voit  aussi  que,  pour  les  fonctions  continues,  il  y  a  identité 
entre  les  intégrales  indéfinies  et  les  fonctions  primitives  ('). 


II.  —   L  intégration  des  fonctions  discontinues. 

Dans  ce  qui  précède,  l'intégrale  définie  apparaît  comme  un 
élément  permettant  de  calculer  la  fonction  primitive;  dans  la  pra- 
tique, les  fonctions  primitives  servent,  au  contraire,  au  calcul  des 
intégrales  définies.  Ces  intégrales  définies,  qui  sont  des  limites  de 
sommes  dont  le  nombre  des  termes  augmente  indéfiniment 
tandis  que  la  valeur  absolue  de  ces  termes  tend  vers  zéro,  se  ren- 
contrent dans  un  grand  nombre  de  questions  d'Analyse,  de  Géo- 
métrie et  de  Mécanique  (-).  Pour  le  calcul  de  certaines  de  ces 


(^)  Cela  ne  serait  plus  vrai  si  l'on  n'introduisait  pas  la  constante  K  dans  la 
délinition  de  l'intégrale  indéfinie. 

(^)  L'application  la  plus  simple  de  la  notion  d'intégrale  est  la  quadrature  des 
domaines  plans.  A  cause  de  cette  application,  on  a  fait  souvent  remonter  la 
notion  d'intégrale  définie  à  Archimède  et  à  la  quadrature  de  la  parabole.  Il  est 
vrai  que  beaucoup  de  quadratures  ont  été  eflectuées  avant  l'introduction  du 
Calcul  intégral,  mais  les  géomètres  n'attachaient  aucune  importance  particulière 
aux  domaines  bien  spéciaux  dont  il  faut  calculer  les  aires  pour  avoir  des  inté- 
grales définies.  L'importance  de  ces  domaines  n'est  apparue  qu'après  l'introduc- 
tion de  la  notion  de  dérivée. 


8  CHAPITRE    I. 

limites  do  sommes,  par  exemple  pour  la  définition  et  le  calcul  de 
l'aire  comprise  entre  une  courbe  et  son  asymptote,  l'intégration 
des  fonctions  continues  ne  suffisait  plus;  on  a  été  ainsi  conduit  à 
s'occuper  de  l'intégration  des  fonctions  qui  sont  infinies  en  cer- 
tains points  ou  au  voisinage  de  certains  points.  D'autre  part,  pour 
certaines  applications  des  intégrales  définies,  par  exemple  pour  le 
calcul  des  coefficients  de  la  série  trigonométrique  représentant 
une  fonction  donnée,  il  semblait  y  avoir  avantage  à  définir  l'inté- 
grale d'une  fonction  qui,  tout  en  restant  finie,  est  discontinue  en 
certains  points.  Aussi,  dès  l'introduction  de  la  notion  d'intégrale 
définie,  a-t-on  étendu  cette  notion  à  certaines  fonctions  discon- 
tinues. 

On  a  été  conduit  à  la  définition  qui  sera  donnée  plus  loin  en 
posant  en  principe  l'identité,  constatée  dans  le  cas  des  fonctions 
continues,   de   l'intégrale  indéfinie    et   de   la  fonction   primitive. 

Considérons  la  fonction  f{jo)  qui,   pour  ;r  ^  o,  est  égale   à  -^\ 

Les  seules  fonctions  continues  qui  admettent,  sauf  pour  .r  =  o, 

une  dérivée  égale  k  f(x)  sont  données  par  la  formule  K  +  -  \/x-  ; 

on  a  dit  que  F{x)  =  R  +     '^x-  était  l'intégrale  indéfinie  de/(jc), 

et  la  formule  (i)  donnait  l'intégrale  définie  de/(^)  dans  un  inter- 
valle quelconque  (a,  [i). 

Soit  encore  la  fonction  /(x)  (considérée  par  Fourier)  égale 
à  —  I  pour  X  négatif,  à  +  i  pour  x  positif  (').  Les  seules  fonc- 
tions continues  qui  admettent  f{x)  pour  dérivée,  sauf  pour  la 
valeur  singulière  x  =  o,  sont  les  fonctions  (considérées  par  C]au- 
chy)  R-hy/x-;  si  l'on  considère  ces  fonctions  comme  des  inté- 
grales indéfinies,  on  en  déduit  la  valeur  de  l'intégrale  définie 
de/(x)  dans  tout  intervalle  (-). 


(')  Celle  fonction,  non  déiiiiie  pour  x  -—  o,  adniel,  comme  on  sait,  un  dévelop- 
pement trigonométrique;  on  peut  aussi  la  noter  — - — • 

(^)  Il  est  bon  d'ajouter  que  les  intégrales  définies,  que  l'on  peut  ainsi  attacher 
aux  deux  espèces  de  fonctions  discontinues  que  l'on  vient  de  considérer,  per- 
mettent d'exprimer  les  coefficients  du  développement  trigonométrique  des  fonc- 
tions à  l'aide  des  formules  d'Kuler  et  de  Fourier  qui  servent  dans  le  cas  des 
fonctions  continues. 


l'intégrale  avant  rfkmann.  9 

Caiichy  énonce  d'une  manière  Irès  prc'cise  la  (h'finilion  dont  on 
vient  de  voir  deux  applications.  Pour  lui,  si  une  fonction  fi  x)  est 
continue  dans  un  intervalle  («,  b)^  sauf  en  un  point  c,  au 
voisinage  duquel  f{x)  est  bornée  ou  non  (').  on  peut  définir 
V intégrale  de  f{x)  dans  («,  b)  si  les  deux  intégrales 

/f{x)dx     et       /      f{x)dx 

tendent  vers  des  limites  déterminées  quand  li  tend  vers  zéro; 
alors  on  a  par  définition 


f  f{x)dx=\\m\    f        f{x)dx-^  f    f{x)dx 


(')• 


Si  dans  (c/,  b)  il  existe  plusieurs  points  de  discontinu ilé,  on 
partage  (a,  b)  en  assez  d'intervalles  j)artiels  pour  que,  dans 
chacun  d'eux,  il  n'existe  plus  qu'un  seul  point  singulier;  on 
applique  à  chaque  intervalle  la  définition  précédente,  si  cela  est 
[)ossiLle;  on  lait  ensuite  la  somme  des  nombres  ainsi  obtenus. 

C'est  à  ces  définitions  (jue  se  rattachent  les  critères  connus 
relatifs  à  l'existence  des  intégrales  des  f"on(^tions  infinies  autour 
d'un  point. 

Pour  des  recherches  relatives  à  la  théorie  des  fonctions  et  en 
particulier  pour  l'étude  des  séries  trigonométriques,  Lejeune-Diri- 
chlet  a  étendu  la  notion  d'intégrale.  Les  recherches  de  Lejeune- 
Dirichlet,  qu'il  avait  annoncées  lui-même,  n'ont  jamais  élé  publiées; 
mais,  d'après  Lipschitz,  on  peut  les  résumer  comme  il  suit. 

Soit  une  fonction  f{-r)  définie  dans  un  intervalle  fini  (  <7,  6), 
dans   le([uel    il    faut   l'intégrer;    soit  e   l'ensendjle    des   points    de 


(')  Caucliy  ne  se  préoccupe  pas  de  lu  valeur  de  la  fouclion  puur  x  —  c. 
D'ailleurs,  pour  lui,  si  /{x)  tend  vers  une  valeur  déterminée  quand  x  tend 
vers  c,  ce.,Le  valeur  limite  est/(c);  s'il  n'en  est  pas  ainsi, /(c)  est  l'une  quel- 
cont|ue  des  valeurs  comprises  entre  la  plus  petite  et  la  plus  grande  des  limites 
de  f{x).  Dans  quelques  Mémoires,  P.  du  Bois-Heymond  a  repris  ces  conven- 
tions. 

(-)  Cauchy  s'occupe  aussi  ilu  cas  où  le  second  membre  de  cette  égalité  aurait 
un  sens,  sans  (fiie  les  deux   intégrales  qui  y   figurent  aient  des  limites.  Dans  ce 

cas,  il  appelle  ce  second  memltre  la  valeur  principale  de  l  uUegrale  I     /(x)  clx. 


I(>  CHAPITRE    I. 

discoiitiniiilr    de  f{jo).    Si   e  ne   contient  qu'un   nombre  fini   de 
points,  nous  appliquons  les  définitions  de  Gaucliy. 

D'après   Lipschitz,   le  cas   qu'étudie  Dirichlet  est  celui   où  le 
dérivé  e'  de  e  ne  contient  qu'un  nombre  fini  de  points,   comme 

cela  se  présente,  par  exemple,  j)i)ur  la  fonction 


I 
sin  — 

X 


tient  que  j?  =  o. 

Les  points  de  e'  divisent  alors  (a,  ^)  en  un  nombre  fini  d'inter- 
valles partiels,  soit  (a,  ^)  l'un  d'eux.  Dans  (a -h  A,  fi  —  A),  il  n'y 
a  qu'un  nombre  fini  de  points  de  e.  Si  dans  cet  intervalle  les 
définitions  de  Gaucby  ne  s'appliquent  pas,  on  dira  que  la  fonction 
n'a  pas  d'intégrale  dans  («,  b).  Si  au  contraire  elles  s'appliquent, 

on  considère  l'intégrale    /         f{-^)  ^-^  ^t  l'on  fait  tendre  simulta- 

nément  h  et  k  ^ers  zéro  suivant  des  lois  quelconques.  Si  l'on 
n'obtient  pas  une  limite  déterminée,  f{x)  n'a  pas  d'intégrale 
dans  («,  b)\  si  au  contraire  on  a  une  limite  déterminée,  on  pose 

I      f{x)dar=      lim         /  f{x)dx. 

L'intégrale  dans  («,  b)  est,  par  définition,  la  somme  des  inté- 
grales dans  les  intervalles  (a,  fi). 

On  voit  que  la  définition  de  Dirichlet  repose  sur  les  mêmes 
principes  que  celle  de  Gauchy;  la  définition  générale  qui  découle 
de  ces  principes  peut  s'énoncer  ainsi  : 

Une  fonction  f{x)  a  une  intégrale  dans  un  intervalle 
fini  (a^  b)  s'il  existe  dans  (a,  b)  une  fonction  continue  ¥{x)^ 
et  une  seule  à  une  constante  additive  près^  telle  que  Von  ait 


/     f{x)dx=V{^^)—¥^ 

*-^  PL 


(1)  /     /(;r)«rj'=F(P)-F(a), 

dans  tout  intervalle  où  f{x)  est  continue.  F(^)  est  l'intégrale 
indéfinie  de  f{x)  et  l'on  a 


I 


b 
f(x)dx=V{b)-V{a). 


Vouv  (pie  cette  définition  s'applique,  il  faut  d'abord  qu'il  existe 


L  INTEGRALE    AVANT    RIEMANN.  I  I 

une  fonction  continue  F(^)  vérifiant  la  formule  (i).  Ceci  revient, 
dans  les  deux  cas  traités  j)ar  Gaiichy  et  Dirichlet,  à  supposer 
l'existence  des  limites  qui  ont  ser\i  dans  la  définition.  Nous  sup- 
poserons cette  condition  remplie  et  nous  allons  chercher  comment 
doivent  être  distribués  les  points  singuliers  dey(:r)  pour  que  cette 
fonction  ait  une  intégrale.  Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  les 
points  singuliers  de/(r)  sont  ceux  qui  ne  sont  intérieurs  à  aucun 
intervalle  dans  lequel  y(^)  est  continue;  ce  sont  donc  les  points 
de  e  et  ceux  de  e',  ces  points  forment  un  ensend)Ie  que  nous  dési- 
gnerons par  E.  Tout  point  limite  de  points  de  E,  par  sa  définition 
même,  est  aussi  point  de  E;  E  contient  donc  tous  ses  j)oints 
limites.  C'est  un  des  ensembles  que  M.  Jordan  appelle />a/'/a«76-  et 
M.  Borel  relativement  parfaits  ;  nous  appellerons  un  tel  ensemble 
un  ensemble  fermé. 

Pour  que  la  formule  (i)  définisse  entièrement  F(.r),  il  faut  que, 
dans  tout  intervalle,  il  en  existe  un  autre  où  f{x)  est  continue. 
L'ensemble  E  doit  donc  être  tel  ([ue,  dans  tout  intervalle,  s'en 
trouve  un  autre  qui  ne  contienne  pas  de  points  de  E;  c'est  ce  que 
l'on  exprime  en  disant  que  E  doit  être  non  dense  dans  tout  inter- 
valle (*). 

Cette  propriété  de  E  n'est  nullement  suffisante;  pour  énoncer  la 
propriété  nécessaire  et  suffisante  que  doit  vérifier  E,  il  faut  a\oir 
recours  aux  propriétés  des  enseml)les  déri\és. 

L'ensemble  fermé  E  a  des  dérivés  successifs  E',  E",  . . . ,  E*^,  ...  ;  on 
sait  que,  si  l'un  des  dérivés  est  nul,  E  est  dit  réductible,  c'est  un 
ensemble  dénombrable;  sinon  l'un  des  dérivés  est  parfait,  E  et 
tous  ses  dérivés  ont  la  puissance  du  continu  {'^). 

Ce  sont  ces  propriétés  qui  \ont  nous  servir.  Supposons  qu'il 
existe  une  fonction  F(.r)  satisfaisant  à  l'égalité  (i)  dans  tous  les 


(^)  P.  du  Bois-Heymond,  auquel  est  due  la  distinction  des  deux  classes  remar- 
quables d'ensembles,  que  nous  ufipeions  ensembles  denses  dans  tout  intervalle 
d'une  part  et  ensembles  non  denses  dans  tout  intervalle  d'autre  part,  appelle  les 
premiers  systèmes  pantachiques  ou  pantachies  et  les  seconds  systèmes  apan- 
tachiques  ou  apantachies.  C'est  aussi  du  Bois-Heyniond  qui  a  donné  le  procédé 
général  de  formation  des  ensembles  fermés  et  des  apantachies,  procédé  qui 
consiste  à  enlever  d'un  intervalle  des  intervalles  en  nombre  lini  ou  dénombrable 
convenablenicnt  choisis.  Au  sujet  des  ensembles  fermés  et  des  ensembles  non 
denses,  voir  Bouel,  Leçons  sur  la  théorie  des  fonctions,  Chapitre  III. 

(^)    Voir  la  Note  placée  à  la  fin  du  \olume. 


12  CHAPITRE    l. 

Intorvalles  où  f(x)  osl  continue  et  recherchons  si  F(^)  est  bien 
(létenuinée;  lorsqu'il  en  sera  ainsi,  l'égalité  (i)  servira  de  défini- 
tion à  l'intégrale. 

Nous  nous  appuierons  sur  cette  remarque  évidente  :  si  l'inté- 

r^  .  •  ■ 

grale    /    /(-z:)  dx^  qui  figure  au  premier  membre  de  (i),  a  un  sens 

dans  tous  les  intervalles  qui  ne  contiennent  aucun  des  points 
.r,,  x^i  ...,  x,t^  en  nombre  fini,  les  dift'érentes  fonctions  conti- 
nues F(j?)  satisfaisant  toujours  à  l'égalité  (i)  ne  peuvent  différer 
que  par  une  constante. 

Si  E  ne  contient  ([u'un  nombre  fini  de  points,  F(.r)  est  donc 
bien  déterminée,  d'où  la  définition  de  Cauchy. 

r.e  premier  membre  de  (i)  a  maintenant  un  sens  dans  tout 
intervalle  ne  contenant  pas  de  points  de  E';  donc,  si  E'  n'a  qu'un 
nombre  fini  de  points,  F(^)  est  bien  déterminée,  d'où  la  définition 
de  Dirichlet-Lipschitz. 

On  passe  de  là  au  cas  où  E'',  E''^,  ...,  E"  ne  contient  ([u'un 
nombre  fini  de  points. 

Dans  tout  intervalle  où  E'^  n'a  pas  de  points,  F(\r)  est  donc 
bien  déterminée  (')  et,  par  suite,  le  premier  membre  de  (i)  a  un 
sens  dans  un  tel  intervalle;  de  là  on  conclut  que  F(^)  est  bien 
déterminée  quand  E*^  n'a  qu'un  nombre  fini  de  points.  On  passe 
ensuite  au  cas  où  E<**+',  E'^"*'-',  . . .  n'a  qu'un  nombre  fini  de  points; 
puis  au  cas  où  c'est  E-^'*  (pii  jouit  de  cette  propriété,  et  ainsi  de 
suite. 

Nous  voyons  ainsi  que,  si  E  est  réductible,  F(./'  )  est  bien  déter- 
minée, de  sorte  que  notre  définition  s'applique;  il  existe  alors  une 
intégrale  que  l'on  obtient  par  l'application  répétée  de  la  méthode 
de  Cauchy-Dirichlet. 

Pour  avoir  des  exemples  de  fonctions  auxquelles  s'applique  cette 
méthode,  il  suffit  de  prendre  un  ensemble  réductible  E,  de  ranger 
ses  points  en  suite  simplement  infinie,  ^,,  Xo,  . . .,  et  de  former  la 
série 

f(x)  =  s'u\ h  -  sin h.  .  .H sin h.  .  .  {^). 

X  —  Xx  1  X  —  Xj  iP  X  —  Xp->^i 


f ')  Car,  dans  un  tel  intervalle,  l'un  des  E"  n'a  qu'un  nombre  fini  de  points. 
(-')  D'après  les  propriétés  des  séries  uniformément  convergentes, /(x)  a  tous 


L  INTÉGRALK    AVANT    RIE.MA.NN.  l3 

Supposons  maintenant  que  Tensemble  E  des  points  sinj^uliers 
de  f{x)  ne  soit  pas  réductible.  Nous  allons  ^oi^  que,  s'il  existe 
une  fonction  F(x)  satisfaisant  à  la  condition  (i)  dans  tout  inter- 
valle oi\  f[x)  est  continue,  il  en  existe  une  infinité. 

Soit  E*  celui  des  dérivés  de  E  qui  est  parfait;  E^  s'obtient  en 
enlevant  de  l'interNalle  considéré  (<:/,  b)  les  points  intérieurs  à  des 
intervalles  o,,  Oo,  .  .  .,  qui  forment  une  suite  dénombrable  si  E  est 
non  dense  dans  tout  intervalle,  ce  qui  est  le  seul  cas  (|ui  nous 
intéresse  (  '  ). 

Ijéfinissons  une  fonction  '^{-i^)  par  la  condition  d'être  nulle 
j)Our  X  ^:i  a^   égale   à    i    pour  x=^h.   En   tous   les    points  de  o,, 

cp(^)=     .  En  tous  les  |)oints  de  Oo,  'f(j?)  =  >'   si  Oj  est  entre  a 

et  ô,  ;  et  '-^{^x)  =  ^  ,  si  o^  est  entre  o,  et  b.  D'une  façon  générale, 

ayant  attribué    à   'f(J^),    dans   o,,    Oo,    ...,    0//_,,    les    valeurs    A|, 

Ao,   ...,   A/^_,.  on  attribue  à  ^(j?),  dans  o,,,  la  \aleur  -^^ — -y  /et 

y  étant  les  indices  des  deux  intervalles  o,,  o^,  ...,  o,^^,  qui  com- 
prennent un. 

Tout  point  de  E^  est  limite  de  points  de  certains  intervalles  o„  ; 
il  est  facile  de  voir  que  si  des  points  de  o^,,  Sj^.,  . . .  tendent  vers  x^ 
A^,,  Ajj,,  ...  tendent  vers  une  limite  déterminée;  on  prend  celle 
limite  pour  valeur  de  '^{x).  '^{x)  est  ainsi  partout  déterminée,  c'est 
une  fonction  continue  non  constante  dans  (//,  b)  et,  cependant, 
constante  dans  tout  intervalle  ne  contenant  pas  de  points  de  E. 
De  sorte  que,  s'il  existe  une  fonction  F(x)  satisfaisant  à  l'égalité  (i), 
dans  tout  intervalle  où  il  i\y  a  pas  de  points  de  E,  F(j:)  -f-  '^{x) 
satisfait  aussi  à  cette  condition. 

Maintenant,  si  l'on  remarque  que  E  et  e?  sont  réductibles  en 
même  temps  (^-),  on  voit  que,  pour  (jue  la   déjuiition  a<lo/>tée 


les  points  de  E  pour  points  de  discontinuité.  On  verra  facilement  que  la  série 
précédente  est  intégrabic  terme  à  terme. 

Four  des  exemples  d'ensembles  réductibles,  voir  la  .Note. 

(')  Car  si  E  est  dense  dans  un  intervalle,  V{x)  est  certainement  indéter- 
minée. 

(■-)  Il  faut  bien  remarijuer  que  c  peut  être  dénombrable  sans  que  E  le  soit, 
e  est  alors  un  ensemble  dénombrable  non  réductible;  c'est  le  cas  de  Tensemble 
des  nombres  rationnels. 


I-i  CHAPITRE    I. 

s'applique,  il  faut  et  il  suffit  que  l'ensemble  des  points  de 
discontinuité  de  la  fonction  à  intégrer  f[x)  soit  réductible  et 
qu'il  existe  une  fonction  continue  F(:c)  vérifiant  (i)  dans  les 
intervalles  oiif{x)  est  continue. 


CHAPITRE  II. 


LA     DEFINITION     DE     L    INTEGRALE     DONNEE    PAR     UIEMANN 


I.  —    Prop/iétés  relatives  aux  fonetions. 

Les  fonctions  auxquelles  s'appliquent  les  définitions  précé- 
dentes peuvent  avoir  une  infinité  de  points  de  discontinuité;  mais 
ces  points  sont  encore  exceptionnels,  en  ce  sens  qu'ils  forment  un 
ensemble  non  dense.  Diriclilet  a  rencontré  incidemment  la  fonction 

■j^(^x )  =  lim    r  liin  (  cosm  !  t::^-)-"  j, 

dont  tous  les  points  sont  des  points  de  discontinuité,  puisqu'elle 
est  nulle  pour  x  irrationnel,  égale  à  i  pour  x  rationnel.  Les  consi- 
dérations de  Cauchy  et  de  Dirichlet  ne  s'appliquent  donc  pas  à 
toutes  les  fonctions  au  sens  de  Caucliy.  Riemann  (')  a  montré,  sur 
un  exemple,  comment  l'emploi  des  séries  permettait  de  construire 
des  fonctions  dont  les  points  de  discontinuité  forment  un  ensemble 
partout  dense,  fonctions  auxquelles  les  définitions  précédentes  ne 
peuvent  donc  s'appliquer. 

Soit  (x)  la  difl'érence  entre  x  et  l'entier  le  plus  voisin;  si  x  est 

égal  à  un  entier  plus  -,  on  prend  [x]  =  o.  La  fonction  ainsi  dé- 
finie se  nomme  excès  de  x\  c'est  une  fonction  au  sens  de  Cauchy, 
car  elle  admet  un  développement  de  Fourier,  procédant  suivant  les 
lignes  trigonométriques  des  multiples  de  i-kx\  ([ui  est  partout 
convergent.  Considérons  la  fonction,  au  sens  de  Cauchy, 


(')  Sur  la   possibilité   de   représenter    une    fonction   par  une  série  trigonoiné- 
trique.  {Bulletin  des  Sciences  mathématiques,  1873  et  Œuvres  de  Hiemann.) 


i6  en  Al' nui:  ii 


on  Noil  immédiatement  que  si  x  n'est  pas  de  la  forme  — ^^^^  (/<  et 

2/> -h  1    étant    premiers    entre    eiJ\)  f{x)    est    continue    (*).    Au 
contraire,  si  x  est  de  la  forme  indiquée,  quand  x  tend  en  croissant 

vers  ^^  "^    •>  f{x)  tend  vers  une  limite  que  l'on  note 


/(^-°)^^) 


et  qui  est 

quand  x  tend  vers  -^ en  décroissant,  f{x)  tend  ver: 

'^  \     in  j       ''  \     -m     )         lo/i* 


Dans  tout  inler\alle,  f{x)  a  des  points  de  discontinuité;  les 
considérations   du    Chapitre    précédent*"''#e    sont   pas    applicables 

En  em|)loyant  un  procédé  analogue  à  celui  de  Riemann,  il  était 
possible  de  former  de  nombreux  exemples  de  fonctions  très  dis- 
continues. En  utilisant  la  notion  maintenant  classique  de  série  uni- 
formément con\ergente,  il  est  facile  de  donner  un  énoncé  {général  : 
une  série  uniformément  convergente  de  fonctions  discontinues  fn 
définit  une  fonction  /"qui  admet  pour  points  de  discontinuité  tous 
les  points  de  discontinuité  des  fonctions /',/,  pourvu  que  chacun  de 
ces  points  ne  soit  j)oint  de  discontinuité  que  pour  une  seule  fonc- 
tion fn-  Lorsqu'il  n'en  est  pas  ainsi,  comme  dans  l'exemple  de 
Riemann,  il  faut  rechercher  si  les  différentes  discontinuités,  que 
l'on  rencontre  pour  la  valeur  considérée,  ne  se  compensent  pas  de 
telle  manière  que  /soit  continue. 

On  a  souvent  l'occasion  d'appliquer  un  procédé  analogue,  quand, 
connaissant  des  fonctions  /*,/  qui  présentent  une  certaine  singula- 
rité en  des  points  isolés  A/^,  on  veut  construire  une  fonction  pré- 
sentant cette  singularité  dans  tout  intervalle.  On  essaie  si  l'on 
n'obtiendrait  pas  le  résultat  désiré  en  prenant  une  série  unifor- 


(')  On  s'appuiera  sur  la  convergence  uniforme  de  la  série  f{x). 
(')  Celle  nolalion  est  due  à  Dirichlel. 


L.\    DKFI.MTION    DK    L  INTKGUALI-:    DON.NKE    I>AK    KIKMA.NN.  I7 

mément  convergente  de  fonctions  /,<,  telles  que  les  A,i  correspon- 
dants forment  un  ensemble  partout  dense.  C'est  cette  méthode  de 
construction  (jui  a  reçu  le  noui  (\e  principe  de  condensation  des 
singularités  (  '  ). 

Les  exeujples  <le  Riemann  montrent  que  les  fonctions,  auxquelles 
les  procédés  de  définition  examinés  dans  le  Chapitre  précédent  ne 
peuvent  s'appliquer,  ne  forment  pas  une  classe  très  particulière 
dans  l'ensemble  des  fonctions  au  sens  de  Cauchj.  Et  comme  la 
restriction  (-)  que  nous  avons  imposée,  avec  Cauchj,  aux  fonc- 
tions/(^),  savoir  (|ue  la  relation  entre  f^x)  et  x  soit  exprimable 
analytiquement,  n'est  jamais  intervenue  dans  nos  raisonnements, 
elle  n'a  simplifié  ni  les  énoncés,  ni  les  solutions  des  problèmes  que 
nous  nous  sommes  proposés.  Il  n'y  a  donc  aucun  inconvénient  à 
dire,  avec  Riemann  :  y  est  fonction  de  x  si,  à  chaque  valeur 
de  x^  correspond  une  valeur  de  y  bien  déterminée,  quel  que 
soit  le  procédé  qui  permet  d'établir  cette  correspondance .  C'est 
cette  définition  que  nous  adopterons  maintenant;  seulement,  au 
lieu  de  supposer  toujours  que  x  peut  être  pris  quelconque  dans 
un  intervalle  (a,  6),  nous  supposerons  quelquefois  cpie  x  doit  être 
pris  dans  un  certain  ensemble  E  pour  les  points  duquel  la  fonc- 
tion y  sera  ainsi  définie,   sans  l'être  pour  tous  les  points  d'un 

intervalle.  Par  exemple,  la  fonction  —  •'  est  définie  pour  l'en- 
semble des  inverses  des  entiers  positifs. 

Avant  d'entreprendre  l'étude  de  l'intégration  des  fonctions  au 
sens  de  Riemann  je  vais  donner  celles  de  leurs  propriétés  qui 
nous  seront  utiles  dans  la  suite. 

Si  l'on  sait  qu'une  fonction  reste  toujours  comprise  entre  deux 
nombres  finis  A.  et  B,  on  dit  qu'elle  est  bornée  (^).  C'est  à  l'étude 


(')  Cette  dénomination  est  due  à  Mankel.  Hankel  avait  cru  pouvoir  faire  des 
raisonnements  généraux  au  sujet  de  ceUe  méthode,  mais  ce  qu'il  y  a  d'exact 
dans  ses  raisonnements  se  réduit  à  des  applications  immédiates  des  propriétés 
connues  des  séries  uniformément  convergentes. 

(^)  J'ai  déjà  dit  (note  2,  p.  ^)  que  cette  resiriction  est  peut-être  illusoire. 

{■•)  Il  est  bien  entendu  qu'une  fonction  non  bornée  peut  être  cependant  toujours 
finie;  c'est  le  cas  de  la  fonction  f{x)  telle  que 

/(o)  =  o,        /{x)=^        pour        xjào. 
L.  a 


l8  CHAPITRE    II. 

des  fonctions  bornées  que  l'on  s'est  le  plus  souvent  limité  ('). 
Lorsqu'une  fonction  est  bornée,  elle  admet  une  Limite  supérieure  L 
et  une  limite  inférieure  /;  ces  nombres  sont  définis,  on  le  sait,  par 
la  condition  que  (/,  L)  soit  le  plus  petit  intervalle  contenant  toutes 
les  valeurs  de  f{x).  to  =  L  —  /  est  dit  V oscillation  de  f{x). 

Soit  A  un  point  limite  de  l'ensemble  E  dans  lequel  f{or)  est 
définie  (^).  Soit  ô,  un  intervalle  contenant  A;  dans  cet  intervalle  il 
existe  des  points  de  E;  ils  forment  un  ensemble  e^.  La  fonc- 
tion J{jo)  définie  sur  e,  admet  des  limites  supérieure  et  infé- 
rieure, L,,  /,,  une  oscillation  to^ .  Soito^  un  intervalle  contenant  A 
et  compris  dans  o,,  il  lui  correspond  les  nombres  L2,  /o-  ^2  5  et 
l'on  a  évidemment 

Si  nous  considérons  des  intervalles  Oj,  O2,  Sj,  ...  contenant 
tous  A  et  compris  les  uns  dans  les  autres,  nous  avons  une  suite  de 
limites  supérieures  et  inférieures  vérifiant  les  inégalités 

1    <  1    <  J    <  <T      <ï      <T 

Les  //  d'une  part,  les  L^  d'autre  part,  tendent  donc  vers  deux 
limites  /  et  L  (/^L)  et  les  to/  tendent  vers 


Nous  allons  voir  que  les  nombres  ainsi  obtenus,  L,  /,  co,  sont 
aussi  les  limites  des  nombres  L^,  /|,  tù-  correspondant  à  des  inter- 
valles rj\  contenant  A  et  dont  les  deux  extrémités  tendent  vers  A 
quand  t'augmente  indéfiniment;  en  d'autres  termes,  ils  sont  indé- 
fX'ndants  du  choix  des  intervalles  5/  et  l'on  peut  supposer  que  ces 
intervalles  ne  sont  pas  contenus  nécessairement  les  uns  dans  les 
autres.  En  effet,  i  étant  choisi  arbitrairement,  si  y  est  assez  grand, 
ù'j  est  contenu  dans  o/,  si  A"  est  assez  grand,  8/;  est  contenu  dans  8'^ 


(')  On  constate  souvent  que  des  questions  très  simples  à  traiter  lorsqu'on  se 
limite  aux  fonctions  bornées  S(»nt,  au  contraire,  très  compliquées  pour  les  fonc- 
tions les  plus  générales.  Aussi  j'ai  indiqué  soigneusement  dans  la  suite  si  les 
théorèmes  obtenus  sont  valables  pour  toutes  les  fonctions  ou  seulement  pour  des 
fonctions  bornées;  tandis  que,  le  plus  souvent,  on  omet  d'indiquer  explicitement 
que  les  fonctions  dont  on  s'occupe  sont  bornées. 

(^)  A.  ne  fait  pas  nécessairement  partie  de  E. 


LA    DKFl.MTION    DK    l>  INTÉGRALK    DONNKi:    l'AR    RIK.MA.NN.  I9 

donc  on  a 

ce  qui  suffit  à  démontrer  la  propriété. 

Les  nombres  L,  /,  co  sont  a/>/)elrs  Le  niaximuni  ou  limite 
supérieure ,  le  minimum  ou  limite  inférieure  et  V oscillation 
de  la  fonction  en  A.  A  est  un  point  de  continuité  ou  de  discon- 
tinuité, suivant  que  co  est  nid  ou  positif,  c'est-à-dire  suivant  que 
L  et  /  sont  é^aux  ou  inégaux. 

Si  ./"o  est  l'abscisse  de  A  et  si  l'on  convient  de  ne  considérer 
(pie  les  valeurs  de  r  supérieures  à  Xq  {xl>Xn)^  on  obtient  le 
maximum  M,/,  le  minimum  m,i  et  l'oscillation  u),{  à  droite  en  A. 
Si  iù(i  =  o,  c'est-à-dire  si  M,/  =  m,/,  /(./„  4-  o)  existe  et  est  égale 
à  M,/.  Si  M,/  =  ma  =  f(-f'(i),  la  fonction /(.r)  est  dite  continue  à 
Hroite.  On  définit  de  même  les  nombres  M^,  /??<,,  (o.,  (*). 

Si  (.),/  et  (0,,  sont  nuls,  c'est-à-dire  si  /(.roH-o)  et /(j^o  —  o) 
existent,  la  discontinuité  est  dite  de  première  espèce,  sinon  elle 
est  dite  de  seconde  espèce. 

Toutes  ces  définitions  pourraient  être  données  pour  des  fonc- 
tions non  bornées;  rien  ne  serait  changé,  sauf  que  les  nombres 
définis  ne  seraient  plus  nécessairement  finis. 

Aux  notions  précédentes,  on  peut  rattacher  la  notion  de  limite 
dUndétermination  (jui  nous  sera  souvent  utile;  cette  notion  est 
due  à  P.  du  Bois-Reymond. 

Un  procédé  de  calcul  fournit,  dans  certaines  conditions,  un 
nombre  déterminé  '^  ;  dans  d'autres  conditions,  au  contraire,  il  ne 
fournit  plus  un  nombre  déterminé,  mais,  suivant  la  manière  dont 
on  l'applique,  il  fournit  difierents  nombres  qui  forment  un 
ensemble  A.  On  peut  alors,  ou  dire  que  le  procédé  ne  fournit 
plus  aucun  nombre,  ou  dire  que  le  procédé  donne  pour  nombre  es 
l'un  quelconque  des  nombres  de  A.  Le  nombre  »  est  ainsi  consi- 
déré comme  indéterminé.  Le  plus  petit  intervalle  qui  contient 
tous  les  points  de  A,  soit  à  son  intérieur,  soit  confondus  avec  ses 


(')  F. a  défiiiiiion  précédente  est  celle  des  niaximuni,  niininiuiii,  oscillation 
de/(j7)  à  droite  de  j^q,  Xç^  étant  exclu.  On  considère  aussi  souvent  les  mêmes 
nombres,  x^  n'étant  pas  exclu;  il  faut  alors  prendre  les  valeurs  de  x  égales  ou 
supérieures  à  J7„  {x^x^). 

Sauf  avis  contraire,  je  me  servirai  toujours  de  la  délinitiun  du  texte. 


20  CHAIMTHK    11. 

extrémités,  a  pour  origine  et  pour  extrémités  les  limites  infé- 
rieure et  supérieure  d'indéteiniinalion  du  nombre  '^.  Ces  limites 
sont  finies  ou  infinies,  elles  ne  font  pas  nécessairement  partie 
de  A. 

Par  exemple,  on  donne  l'expression 

o  =  lini  X", 

où  n  est  entier,  cp  est  nul  pour  ]  j?  |  <^  i  ;  pour  calculer  cp  dans  ce 
cas  on  peut  choisir  arbitrairement  une  suite  d'entiers  croissant 
/i,,  n^-)  ...  et  prendre  la  limite  de  la  suite  x"i  corres|)ondante.  Si 
X  n'est  plus  compris  entre  —  i  et  -t-i,  en  opérant  ainsi  et  en 
choisissant  convenablement  les  /?/,  on  aura  encore  une  limite, 
mais  cette  limite  dépendra  en  général  du  clioix  des  ni.  Pour 
X  =^  —  I ,  l'ensemble  A  de  ces  limites  contient  les  deux  seuls 
nombres  —  i  et  +  i  qui  sont  les  limites  d'indétermination.  Pour 
X  <i —  I,  l'ensemble  A  ne  contient  que  +  ao  et  — oo  qui  sont  les 
deux  limites  d'indétermination. 

Pour  X  ^  i,  '.p  est  égal  à  i .  Pour  .>?  ^  i ,  cp  est  égal  à  H-  do. 

La  notion  des  limites  d'indétermination  peut  souvent  être 
remplacée  par  la  notion  plus  simple  de  plus  petite  et  de  plus 
grande  limite,  notion  que  l'on  doit  à  Cauchy. 

Supposons  que  le  nombre  cp  soit  défini  comme  la  limite  pour 
X  =  Afl  d'un  nombre  4'(^0'  ^  prendra  toutes  les  valeurs  possibles 
ou  seulement  celles  d'un  certain  ensemble  dont  ).o  est  un  point 
limite  (l'exemple  précédent  se  ramène  à  ce  cas  si  l'on  prend  ),==:-, 

où  n  est  entier,  et  Xo  =  o  1.  I^a  fonction  ^  {\)  n'est  pas  définie  pour 
).  ==  Xfl,  mais  nous  savons  {\vCelle  a  pour  ).  =  Ay  une  limite  infé- 
rieure l  et  une  limite  supérieure  L  (');  ces  nombres,  linis  ou 
non,  sont  respectivement  la  plus  petite  et  la  plus  grande  des 
limites  que  l'on  peut  obtenir  quand,  dans  'i>(A),  on  fait  tendre  \ 
vers  \q.  l  et  L  sont  les  deux  limites  d'indétermination  précédem- 
ment définies;  mais,  dans  le  cas  qui  nous  occu[)e,  ces  nombres 
sont  compris  dans  l'ensemble  A  des  valeurs  limites,  tandis  que, 
dans  le  cas  général,  ils  font  seulement  partie  de  A  ou  du  dérivé  A' 
de  A. 


(')  Ces  dénominations  sont  celles  qu'adopte   M.  J.  liudamard. 


LA    DEFINITION    I)K    L  INTKGHALE    DONNEE    PAR    RIEMANN.  21 

Mais  il  se  peut  aussi,  et  l'on  en  verra  bientôt  des  exemples,  que 
la  fonction  à  (X)  ne  soit  plus  une  fonction  bien  déterminée,  mais 
soit  une  fonction  à  plusieurs  déterminations. 

On  dit  (jue  l'on  a  une  telle  fonction  si,  à  chaque  valeur  de  À, 
prise  dans  un  certain  ensemble  où  la  fonction  est  définie,  on  fait 
correspondre  un  ensemble  de  nombres;  chacun  de  ces  nombres 
est  représenté  par  la  notation  •^^(X).  Ce  qui  a  été  dit  relativement 
au\  limites  supérieure  et  inférieure  pour  les  fonctions  à  une 
seule  détermination,  s'apjdique  sans  aucun  changement  aux 
fonctions  à  déterminations  multiples.  ^(X)  a  donc  une  limite 
inférieure  l  et  une  limite  supérieure  \j  pour  X  =  )vo,  qui  sont, 
respectivement,  la  plus  petite  et  la  plus  grande  des  limites  que 
l'on  peut  atteindre  en  choisissant  une  suite  de  nombres  )./  tendant 
vers  Ao  et  en  choisissant  convenablement  les  nombres  'i^(X/)  cor- 
respondants. Ces  deux  nombres  sont  les  limites  d'indétermina- 
tion de  la  limite  de  •i>(A)  quanl  \  tend  vers  ).o  (  *  ). 

Revenons  maintenant  à  l'étude  des  fonctions. 

11  y  a  une  relation  très  simple  entre  les  oscillations  relatives  aux 
intervalles  contenus  dans  («,  b)  et  les  oscillations  aux  divers  points 
de  (rt,  b).  On  peut  l'exprimer  ainsi  : 

Si,  en  tous  les  points  de  (a,  ^),  l'oscillation  est  au  plus 
égale  à  tu,  dans  tout  intervalle  intérieur  à  (a,  b)  et  de  lon- 
gueur A,  l'oscillation  est  inférieure  à  to  -}-  s  dès  que  A  est  assez 
petit^  £  étant  un  nofubre  positif  quelconque. 

S'il  en  était  autrement,  ou  pourrait  trouver  des  couples  de 
points  rt^,  bp.,  tels  que  bp —  ap  tende  vers  zéro  et  que  l'on  ait 

L'ensemble  des  ap  a,  au  moins,  un  point  limite  a.  Si  l'on  prend 
une  suite  de  valeurs  ap  tendant  vers  a,  les  bp  tendent  aussi  vers  a, 
donc  en  a  l'oscillation  est  au  moins  w  +  s.  11  y  a  là  une  contra- 
diction avec  l'hypothèse. 


(')  Du  Bois-H<;yniond  dit  simplement  «  les  limites  d'indétermination  de  <{/{X) 
pour  \  —  \^  ».  Gela  lient  à  l'idée  que  se  faisait  du  Bois-Reymond  de  la  valeur 
d'une  fonction  en  un  point  de  discontinuité  (note  i,  p.  9). 

Je  crois  qu'il  vaut  mieux  adopter  le  langage  du  texte,  plus  conforme  aux  idées 

inodenies  sur  la  dclcrruinatioii  des  fondions. 


a2  ClIMMTUi:    II. 

La  j)roj)riété  est  déinontiMM'.  Dans  le  cas  où  to  ^n  o,  elle  se  réduit 
à  ce  fait  bien  connu  :  une  fonction  continue  en  tous  les  points  d'un 
intervalle  est  continue  dans  cet  intervalle  ('). 

La  réciproque  de  cette  propriété  n'est  pas  vraie.  Soit  une  fonc- 
tion égale  à  —  i  pour  .r  négatif,  à  -h  i  pour  x  positif,  nulle  pour 
X  nul.  Son  oscillation  pour  jf  =  o  est  a  et,  cependant,  si  l'on 
emploie  le  point  de  division  .27  =  0,  la  fonction  a  une  oscillation 
seulement  égale  à  i  dans  chacun  des  deux  intervalles  obtenus. 

Nous  allons  maintenant  définir  l'oscillation  moyenne  d'une 
fonction  bornée /(:r)  définie  dans  un  intervalle  fini  («,  h\  Parta- 
geons («,  b)  en  intervalles  partiels  8,,  o^,  . . .,  ô,;.  Soit  o),  l'oscilla- 
tion de  /{x)  dans  l'intervalle  o/,  les  extrémités  de  6/  étant  ou  non 
considérées  comme  faisant  partie  de  l'intervalle.  Et  formons  la 
quantité 

Oi  OJi  H-  O2  tO-2 -i- ...-!-  0„  0J„ 
A   —    ; • 


Si  û  est  l'oscillation  de/(.Z')  dans  (/7,  h),  to,,  to^,  ....  0),^  étant  au 
plus  égaux  à  Q,  A.  est  au  plus  égale  à  0.  Si  donc  nous  divisons  8/  en 

intervalles   partiels    8,?,    8,^,    8f',   auxquels    correspondent   les 

oscillations  to^',  toj',  ....  w^',  on  a 

En  subdivisant  les  intervalles  8/  on  remj)lace  donc  \  par  un 
nombre  plus  petit. 

Considérons  deux  séries  de  divisions  de  (a^b)  en  intervalles 
partiels;  aux  divisions  de  la  jiremière  série  correspondent  les 
nombres  A,,  A2,  ...,  à  celles  de  la  seconde  les  nombres  a,,  a^,  .... 
Nous  supposons  que,  pour  chacune  des  deux  séries,  le  maximum 
de  la  longueur  des  intervalles  employés  dans  la  Z''^'"''  division  tend 

vers  zéro  avec   -  (2);  dans  ces  conditions  nous  allons  voir  qiie 

les  A/  et  a/  ont  une  même  limite. 


(')  C'est  cette  propriété  que  l'on  énonce  :  la  continuité  est  uniforme.  On 
exprime  par  là  que  la  quantité  T,(e)  peut  être  choisie  uniformément  dans  Tinter- 
valle  considéré,  c'est-à-dire  indépendamment  de  la  variable  x. 

(-)  Les  points  de  division  employés  dans  la  /'*■"•  division  ne  sont  pas  nécessai- 


LA    DÉFINITION    DE    L  INTÉGRALE    DONNÉE    PAR    RIEMANN.  23 

Comparons  A,  et  ay  ;  les  intervalles  qui  seront  dans  la  division  Ay 
qui  donne  ay  sont  de  deux  espèces  :  les  uns,  les  intervalles  d^  con- 
tiennent à  leur  intérieur  des  points  de  la  division  D/  qui  donne  A/; 
les  autres,  les  intervalles  d' ^  sont  compris  dans  des  intervalles  de  D/. 
La  contribution  des  intervalles  d  au  numérateur  de  ay  est  au  plus 
n\jÙ^  si  n  est  le  fîDmbre  des  points  de  division  de  D^  et  Xy  le  maxi- 
mum de  la  longueur  des  intervalles  de  Ay.  Les  intervalles  d'  font 
partie  de  la  division  Ay  obtenue  en  réunissant  les  points  de  divi- 
sion de  D/  et  Ay,  donc  ils  fournissent  au  numérateur  de  ay  une 
contribution  au  plus  égale  à  {b  —  «)Ay,  où  Ay  est  le  nombre 
analogue  à  A  et  relatif  à  Ay.  Mais,  puisque  l'on  sait  que  A'-  est  au 
plus  égal  à  A/,  on  en  déduit 

Tous  les  ay,  à  partir  d'un  certain  indice,  sont  inférieurs  à 
A/H-  £(£  >>  o)  ;  donc  leur  plus  grande  limite  est  au  j)lus  A/4-  e  et, 
puisque  i  et  £  sont  quelconques,  la  plus  grande  limite  de  ay  est  au 
plus  égale  à  la  plus  petite  des  A/.  Rien  n'empêche  d'échanger  dans 
le  raisonnement  A^  et  ay;  donc,  toutes  les  limites  des  A/  et  des  ay 
sont  égales,  A^  tend  vers  une  limite  déterminée.  Cette  limite  cj  est 
VoscillaLion  moyenne  de  la  fonction  dans  (a,  b). 

Il  faut  remarquer  ce  que  nous  avons  démontré  :  A/  tend  unifor- 
mément vers  cp;  c'est-à-dire  que,  dès  que  tous  les  intervalles  sont 
inférieurs  à  un  certain  nombre  ).,  le  nombre  A  ne  diffère  de  lo  que 
d'une  quantité  inférieure  à  s  choisi  à  l'avance. 


11.   —   Conditions  dHntégrabilité. 

Ces  défijiitions  posées,  j'arrive  à  la  définition  de  l'intégrale  telle 
que  l'a  donnée  Riemaiin. 

Riemann  porte  son  attention  sur  le  procédé  opératoire  qui 
permet,  dans  le  cas  des  fonctions  continues,  de  calculer  l'intégrale 
avec  telle  approximation  que  l'on  veut,  et  il  se  demande  dans  quels 


rement  employés  dans  la  i  -f-i'»™-';  en  d'autres  termes,  pour  passer  d'une  division 
à  la  suivante,  on  ne  subdivise  pas  les  intervalles  de  cette  division,  on  marque  de 
nouveaux  intervalles  sans  s'occuper  de  ceux  précédemment  employés. 


24  CHAPITRE    II. 

cas  ce  procédé,  appliqué  à  des  fonctions  discontinues,  donne  un 
nombre  déterminé. 

Soit  une  fonction  bornée  f{-r)  définie  dans  un  intervalle 
fini  {a,  b).  Divisons  (c/,  h)  en  intervalles  partiels  ô,,  80,  ...,  ù,i  et 
choisissons  arbitrairement,  quel  que  soit  /,  un  point  r/  dans  5/  ou 
confondu  avec  l'une  des  extrémités  de  o/.  Considérons  la  somme 

S  =  81  f{j-x  )  -^-  Oo  /(a;.,  )  -h .  .  .  -+-  o„  /(  x„  ). 

Augmentons  constamment  le  nombre  des  intervalles  0  et  choisis- 
sons-les de  telle  manière  que  le  maximum  de  leur  longueur  tende 
vers  zéro  (').  Alors,  si  S  tend  vers  une  limite  déterminée,  indé- 
pendante des  intervalles  et  des  points  xi  choisis,  Riemann  dit  que 
la  fonction y*(j7)  est  intégrable  et  a  pour  intégrale,  dans  (a,  />),  la 
limite  de  S. 

Lorsque  3,,  80,  ...,  ô,^  sont  choisis,  le  nombre  S  n'est  pas 
entièrement  déterminé  ;  ses  limites  inférieure  et  supérieure  d'in- 
détermination sont  : 

où    //    et    L/    représentent    les    limites    inférieure    et    supérieure 
de/(^)  dans  o/.  Posons  L/ —  //r=z  co/,  alors 

S  —  S  —  SO/CO/. 

l^our  que  L  tende  vers  une  limite  déterminée,  il  faut  d'abord 
(pie  S  —  S  tende  vers  zéro;  mais  So/o)/  tend  vers  {h —  «)(•),  où 
(0  est  l'oscillation  moyenne  de  /{-r);  donc,  pour  que  f{oc)  soit 
intégrable,  il  faut  qu  elle  soit  à  oscillation  moyenne  nulle. 

Cette  condition  est  sujfisante.  Pour  le  démontrer,  il  suffit  de 
prouver  que  S  a  une  limite  bien  déterminée,  puisque  S  —  S  tend 
vers  zéro.  Supposons,  pour  faire  cette  étude,  que  l'on  raisonne 
non  sur  la  fonction/",  mais  sur/'-^-  A,  k  étant  une  constante  telle 
que  y -f-/r  ne  soit  jamais  négative. 

Soient  les  divisions  D,,  D^,  ...;  A,,  A^,,  ...,  telles  que  le  maximum 
de  la  longueur  des  intervalles  {partiels  tende  vers  zéro,  ce  maximum 


(')  Il  est  bien  entendu  que,  pour  passer  d'une  division  à   la  suivante,  on   n'est 
pas  obligé  de  se  servir  des  points  de  division  déjà  employés. 


LA    DKFIMTION    I)K    L  IN TKGH ALK    HONNEK    PAU    KIKMANX.  23 

est  Ay  pour  Ay.   Soient  S,,  Sj,  ...:  2,,  l.^i  '-•■>  les  nombres  ana- 
logues à  S  et  correspondant  à  ces  divisions. 

Comparons  S/  et  Sy.  Partageons  les  intervalles  de  Ay  en  deux 
espèces,  comme  il  a  été  dit  dans  1  étude  de  l'oscillation  moyenne 
(p.  2.3).  Les  intervalles  cl  fournissent,  dans  2y,  une  contribution 
au  plus  égale  à  /lAyL,  où  L  est  le  maximum  de  f{x)  dans  («,  b). 
Les  intervalles  cl'  figurent  tous  dans  Ay  à  laquelle  correspond  ^j\ 
donc,  la  contribution  des  intervalles  d'  dans  Sy  est  au  plus  égale 
à  2' .  Mais  Ay  s'obtient  en  morcelant  les  intervalles  de  D/;  il  est 
évident,  dans  ces  conditions,  que  S.  est  au  plus  égale  à  S/.  De 
tout  cela  on  tire 

De  cette  inégalité  on  conclut,  comme  précédemment,  que  S/ 
et  Sy  ont  la  même  limite  et  même  qu'ils  tendent  uniformément 
vers  cette  limite. 

La  propriété  est  démontrée  pour  /-4- X,  donc  elle  est  Vraie 
pour  /,  car,  en  passant  de  /  à  ./-!-/,  on  augmente  toutes  les 
sommes  S  de  A'(^  —  a). 

Il  est  important,  pour  la  suite,  de  remarquer  que  nous  avons 
démontré  l'existence  d'une  limite  pour  S  sans  faire  aucune  hypo- 
thèse sur  la  fonction  bornée  /{jo)-  La  condition  que  f{x)  est  à 
oscillation  moyenne  nulle  est  intervenue  seulement  lors(pie,  de 
l'existence  d'une  limite  pour  S,  nous  avons  déduit  l'existence 
d'une  limite  pour  S. 

On  peut  transformer  la  condition  d'intégrabilité  obtenue  :  il  faut 
et  il  suffit  que  la  somme  ^oitùi  tende  vers  zéro.  Gela  revient  à 
dire  que  les  intervalles  O/,  dans  lescpiels  (o/  est  supérieure  à  un 
nombre  positif  £  arbitrairement  choisi,  ont  pour  «assez  grand  une 
longueur  totale  A  aussi  petite  que  l'on  veut,  car  on  a  : 

>.£  1  S  0/ tu/  £  (  /^  —  rt  —  X  )  £  ^-  Àii, 

Q   étant  l'oscillation  de  f{jo)  dans   («,  b).   On  a  ainsi   renoncé 
donné  par  Riemann  : 

Pour  qu^ une  fonction  bornée  soit  intégrable  dans  (^,  6),  il 
faut   et    il  suj/it    <ju'on  puisse   diviser   [a,  b)  en   intervalles 


•26  CIIAIMTIU-    II. 

pai  tiels  tels  que  la  somme  des  lonoueurs  de  ceux  de  ces 
intervalles  dans  lesquels  l^oscillation  est  plus  grande  que  s, 
quel  que  soit  s  >>  o,  soit  aussi  petite  que  l'on  veut. 

Si  une  telle  division  est  possible,  il  s'en  trouve  une  dans  toute 
suite  de  divisions  telles  que  le  maximum  de  la  longueur  des  inter- 
valles partiels  tende  vers  zéro,  puisque,  quelle  que  soit  cette  suite, 
Sô/tO|  tend  toujours  vers  le  même  nombre. 

De  cette  propriété  de  Sô/w/  résulte  aussi  que,  si  à  une  suite  de. 
divisions  delà  nature  considérée  correspondent  des  nombres  S  et  S 
ayant  la  même  limite,  nous  j)ouvons  affirmer  l'intégrabilité  de  la 
fonction  considérée. 

La  forme  donnée  par  Riemann  à  la  condition  d'intégrabilité 
montre  bien  que  les  fonctions  continues  sont  intégrables,  mais 
elles  ne  met  pas  en  évidence  le  rôle  des  points  de  discontinuité  de 
la  fonction.  Paul  du  Bois-Reymond  a  mis  ce  rôle  en  évidence  par 
une  transformation  de  la  condition  d'intégrabilité.  L'énoncé  de 
du  Bois-Reymond  suppose  connue  la  définition  des  groupes  inté- 
g  râbles. 

Un  ensemble  de  points  d'une  droite  constitue  un  groupe  inté- 
grable,  si  les  points  de  l'ensemble  peuvent  être  enfermés  dans  un 
nomhre  fini  de  segments  dont  la  somme  des  longueurs  est  aussi 
petite  que  l'on  veut  (♦). 

Un  nombre  fini  de  j)oints  constitue  un  groupe  intégrable,  mais 
la  réciproque  n'est  pas  vraie. 

Considérons  l'ensemble  Z  des  points  dont  les  abscisses  sont 
données  par  la  formule 

ai         «2         ^s 

dans  laquelle  tous  les  a  sont  égaux  à  o  ou  2.  Cet  ensemble  s'ob- 
tient en  retranchant  de  l'intervalle  (o,  i)  d'abord  les  points  inté- 
rieurs à  l'intervalle   (  .t>  t)>  puis  les  points  intérieurs  aux  inter- 


(')  On  peut,  à  volonté,  considérer  (ju'un  point  est  enfermé  dans  un  intervalle, 
soit  s'il  est  intérieur  à  cet  intervalle  ou  confondu  avec  ses  extrémités;  soit,  s'il 
est  intérieur  à  l'intervalle,  les  extrémités  exclues.  Les  deux  définitions  corres- 
pondantes des  groupes  intégrabies  sont  évidemment  identiques. 


LA    DÉFINITION    DE    L  INTEGRALK    DONNKK    PAR    RIEMANN.  9.7 

valles  (3V  ^)'  {l~^  i^-'  î~^  V-)'  '^"^^  ^^*  points  intérieurs  aux 
intervalles  (33,  .^'^,),  (|,  +  ^'  ^  +  §'0  '  (3"^^'  '3"^3'3)' 
(  -  -t-   i  _i_  -L ,  i  _j_   1.  _L_  ^  \ ,  ....  On  divise  donc  toujours  chaque 

V3    ■    32    '    33    3  ^  32  ^  3y  ,  -^  ^ 

intervalle  restant  en  trois  parties  égales  et  l'on  enlè\e  la  partie 
du  milieu.  Aj)rès  n  de  ces  opérations,  il  reste  2"  intervalles; 
ces  2"  intervalles  peuvent  servir  à  enfermer  (')  les  points  de  Z; 

or,   ils  ont  une  longueur  totale  ^»   Z  est  donc   un  groupe  inté- 

grable.  Cette  construction  de  Z  montre  de  plus  cpi'il  est  parfait, 
donc  il  a  la  puissance  du  continu  (-). 

Il  est  évident  que  l'cnseinhle  formé  par  la  réunion  des  points  de 
deux  groupes  intégrables  est  un  groupe  intégrable. 

Voici  maintenant  l'énoncé  de  du  Bois-Reymond  : 

Pour  qui/ne  fonction  bornée  soit  intés^rable,  il  faut  et  il 
suffit  que,  quel  que  soit  £  >  o,  les  points  oit  l'oscillation  est 
supérieure  à  z  forment  un  i^roupe  intégrable. 

Supposons  /*  intégrable,  alors  on  peut  diviser  («,  b)  en  inter- 
valles partiels  tels  que  ceux  dans  lesquels  l'oscillation  est  supé- 
rieure à  £  aient  une  longueur  totale  inférieure  à  t,.  Un  point  où 
l'oscillation  est  supérieure  à  £  ne  peut  être  contenu  dans  un  inter- 
valle où  l'oscillation  n'est  pas  supérieure  à  £,  donc  un  tel  point  est 
nécessairement  l'un  des  points  qui  ont  servi  à  la  division  de  (<7,  6), 
ou  bien  il  est  dans  les  intervalles  de  longueur  r,.  Les  points  de 
divisions  étant  en  nombre  fini,  les  points  où  l'oscillation  est  supé- 
rieure à  £  peuvent  être  enfermés  dans  un  nombre  iini  d'intervalles 
de  longueur  totale  2r,,  et,  comme  r,  est  quelconque,  ils  forment  un 
groupe  intégrable. 

Récipro([uement,  nous  su|)()()SOiis  (pie  les  j)oints  d'oscillation 
plus  grande  (jue  £  foi-menl  un  groupe  intégrable.  On  peut  donc  les 
enfermer  dans  un  n()nd)re  fini  d'intervalles  de  longueur  totale  r,. 
Employons  ces  intervalles  1  à  la  division  de  («,  ^)  et  soient  I'  les 


(')   Knfcrmor  est  pris  ici  nu  sons  large. 

(^)  On  peut  (lire  au-si  que  Z  a  la  puissance  du  continu  parce  qu'il  dépend  d'une 
infinité  dénonibral)le  de  constantes  entières  a,,  a^,  .... 


9.8  CHAPITRK    II. 

autres  intervalles.  Dans  chaque  T,  il  n'y  a  plus  de  points  d'oscilla- 
tion plus  grande  que  *,  chacun  de  ces  intervalles  [)eut  donc  être 
divisé  en  intervalles  partiels  l"  dans  chacun  desquels  l'oscillation 
est  au  plus  2  s.  Les  seuls  intervalles,  à  oscillation  plus  grande 
que  2£,  sont  donc  certains  des  intervalles  I;  leur  longueur  totale 
est  au  plus  r^  et  cela  suffit,  d'après  le  critérium  de  Rieniann,  pour 
affirmer  que /est  intégrable. 

Dans  l'énoncé  précédent,  on  peut  remplacer  l'ensemble  G(£) 
des  points  où  l'oscillation  est  supérieure  à  s  par  l'ensemble  G,  (e) 

des  points  où  l'oscillation  n'est  pas  inférieure  à  e,  car  G  (  -  j  con- 
tient G|  (s)  qui  contient  lui-même  G(£). 

L'ensemble  G,(e)  jouit  d'une  propriété  q-  '  va  nous  permettre 
une  dernière  transformation  de  la  condition  d  ^ntégrabilité  :  G<  (s) 
est  fermé.  En  eiï'et,  si  A  est  un  point  limite  de  G,  (e),  tout  inter- 
valle contenant  A.  contient  des  points  de  G,  (e)  et  /'  a  une  oscilla- 
tion au  moins  égale  à  s  dans  cet  intervalle. 

Pour  le  nouvel  énoncé  de  la  condition  d'intégrabilité,  je  vais 
faire  appel  à  une  notion  qu'on  retrouvera  dans  la  suite  :  celle 
d'ensemble  de  mesure  nulle.  C'est  un  ensemble  dont  les  points 
peuvent  être  enfermés  dans  un  nombre  fini  ou  une  infinité  dénom- 
brable  d'intervalles  dont  la  longueur  totale  est  aussi  petite  que  l'on 
veut. 

Un  point,  un  groupe  intégrable  sont  des  exemples  d'ensembles 
de  mesure  nulle.  L'ensemble  E  formé  par  la  réunion  d'un  nombre 
fini  ou  d'une  infinité  dénombrable  d'ensembles  E,,  de  mesure  nulle 
est  évidemment  aussi  de  mesure  nulle  ('  );  tout  ensemj^le  dénom- 
brable de  points  est  de  mesure  nulle.  Ceci  suffit  pour  montrer  la 
différence  qu'il  y  a  entre  un  ensemble  de  mesure  nulle  et  un 
groupe  intégral)le  :  le  premier  peut  être  partout  dense,  le  second 
est  toujours  non  dense. 

Soity(^)  une  fonction  intégrable,  ses  points  de  discontinuité 
sont  ceux  de  l'ensemble  obtenu  par  la  réunion  des  groupes  inté- 


(')  Car  on  peut  eiifcrtncr  K„  dans  une  inliiiité  dénonihrablc  d'inlervalles  a„  de 
longueur  totale  ——^  et  l'ensemble  E,  somme  des  E„,  peut  être  enfermé  dans  l'in- 
finité dénomhrahic  d'iiitt-rvallos  a,-i-a,-f-..     de  longueur  totale    >    r  =  e. 

I  -  î^  ^    2"-'  ' 


LA    DEFINITION    DK    I.  INTEGRALE    DONNEE    PAR    RIEMANN.  29 

grables  G(i),  G(-J5   G(x)>    •••;  ils  forment  donc  un  ensemble 

de  mesure  nulle. 

Soil  maintenant  une  fonction  hornée  f{^x)  dont  les  points  de 
discontinuité  forment  un  ensemble  de  mesure  nulle.  G,  (s)  fai- 
sant partie  de  cet  ensemble  est  de  mesure  nulle,  et  il  est  fermé; 
nous  démontrerons  plus  tard  que  cela  suffit  pour  affirmer  que 
G,  (e)  est  un  groupe  intégrable  (*  ).  /"est  intégrable. 

Pour  (j a  une  fonction  hornée  fi^x)  soit  intégrable,  il  faut  et 
il  suj/it  que  l^ensenible  de  ses  points  fie  discontinuité  soit  de 
mesure  nulle. 

Comme  exemple  Me  fonction  discontinue  intégrable,  Riemann 
cite  la  fonction         ' 

•^  i  4  9 

Son  intégrabilité  résulte  du  fait  que  les  seuls  points  de  disconti- 
nuité, étant  de  la  forme  x  =:  -— ,  forment  un  ensemble  dénom- 

'  in 

brable,  donc  de  mesure  nulle;  ou  encore,  du  fait  que,  l'oscillation 
étant  ^— 2  pour  jc  r=  — >  les  points  en  lesquels  l'oscillation  est 

supérieure  à  s  sont  en  nombre  fini. 

Pour  avoir  une  fonction  intégrable  ayant  une  infinité  non  dénom- 
brable  de  points  de  discontinuité,  reprenons  l'ensemble  Z  qui  a  été 
défini  précédemment  (p.  26).  La  fonction  f{x)  admettant  la 
période  i,  qui  entre  o  et  i  est  nulle  pour  tous  les  points,  sauf  pour 
les  points  de  Z  où  elle  est  égale  à  1 ,  est  intégrable.  Ses  points  de 
discontinuité  forment  en  effet  le  groupe  intégrable  Z;  Z  étant 
parfait  a  la  puissance  du  continu  (-). 

Si  l'on  veut  maintenant  que,  dans  tout  intervalle,  il  j  ait  un 
ensemble  non  dénombrable  de  points  de  discontinuité,  il  suffira 
d'appliquer  le  principe  de  condensation  des  singularités.  On  pourra 


(  •  )   Voir  p.  109. 

(-)  Les  deux  fonctions  qui  précèdent  ne  sont  pas  intégrables  par  le  procédé  de 
Caucliy-Diriclilet,  puisque  l'ensemble  de  leurs  points  de  discontinuité  n'est  pas 
réductible. 


3o  «;l!AJMTRK    II. 

considérer,  par  exemple,  la  fonclioii 


^  \         ^    K 


^Q   ^ 


m 


Ses  seuls  points  de  discontinuité  sont,  d'après  les  propriétés  des 
séries    uniformément    convergentes,    ceux    des    fonctions   /(^), 

;  donc  ils  forment  un  ensemble  de  mesure  nulle  et  .p  est 

intégrable.  . 

III.  —  Propriétés  de  l'intégrale. 

Le  raisonnement  qui  précède  est  général,  il  permet  de  démon- 
trer que  : 

Une  série  uniformément  convergente  de  fonctions  inté- 
grables  est  une  fonction  intégrable. 

En  efl'et  les  points  de  discontinuité  de  la  fonction  somme  sont 
compris  dans  l'ensemble  E  formé  des  points  de  discontinuité  des 
difl'érents  termes.  Les  points  singuliers  d'un  terme  forment  un 
ensemble  de  mesure  nulle,  donc  E  est  de  mesure  nulle  et  la  série 
représente  une  fonction  intégrable. 

En  particulier  la  somme  de  deux  fonctions  intégrables  est 
une  fonction  intégrable.  De  même  le  produit  de  deux  fonc- 
tions intégrables  est  une  fonction  intégrable,  car  les  points  de 
discontinuité  du  produit  sont  points  de  discontinuité  pour  l'un  au 
moins  des  facteurs. 

De  même  aussi,  si  f  est  intégrable  et  cjue  -^  soit  bornée^  y  est 

intégrable;  si  f  est  intégrable,  la  racine  m^^^^  arithmétique 
de  f^  si  elle  existe,  est  intégrable;  si  f  est  positive  et  intégrable 
et  <p  intégrable,  f9  est  intégrable  ;  etc. 

L'opération  /"('f),  appliquée  à  des  fonctions  intégrables,  peut 
au  contraire  donner  des  fonctions  non  intégrables. 

Prenons  pour  y*  une  fonction  partout  égale  à  i ,  sauf  pour  :r  =  o, 
où  elle  est  nulle.  /  n'ayant  qu'un  point  de  discontinuité  est  inté- 
grable. cp  sera  nulle  pour  j"  irrationnel  cl  égale  à  -  pour  ^  rationnel 


LA    DÉFINITION   DE   l'i.NTÉGRALE    DONNÉE    PAR    RIEMANN.  3l 

et  égal  H  —  (p  el  q  premiers  entre  eux),  cp  est  inlégrable  puisque 

ses  points  de  discontinuité,  étant  ceux  d'abscisses  rationnelles,  for- 
ment un  ensemble  dénondjral)le. 

La  fonction y('^)  est  ici  la  fonction  '/ (oc)  de  Dirichlet  (p.  i5), 
fonction  non  intégrable  puisque  tous  ses  points  sont  des  points  de 
discontinuité. 

On  peut  préciser  les  deux  premiers  théorèmes  qui  viennent  d'être 
obtenus.  Soient  /  et  '.p  deux  fonctions  intégrables;  partageons 
l'intervalle  où  elles  sont  données  en  parties  o,,  Oo,  .  .  .,  o«  dans  les- 
quelles nous  choisissons  des  valeurs  .r,,  x-i^  .  • .,  .r,i.  On  a 

or  les  trois  sommes  qui  figurent  dans  cette  égalité  sont  des  valeurs 
approchées  des  intégrales  dey-f-  'f ,  /,  'f  ;  donc  l'intégrale  de  /-\-  C5 
est  la  somme  des  intégrales  de  y  et  de  cû  (*). 

V intégrale  d^ une  somme  est  la  somme  des  intégrales.  On 
suppose,  bien  entendu,  qu'il  s'agisse  d'une  véritable  somme,  c'est- 
à-dire  de  la  somme  d'un  nombre  fini  de  termes  et  non  pas  d'une 
série. 

Pour  arriver  au  cas  des  séries  uniformément  convergentes,  il 
nous  sera  commode  de  nous  servir  du  théorème  de  la  moyenne. 

Soit/(.r)  une  fonction  comprise  entre  /elL  dans  (a,  ^).  L'inté- 
grale de  /  est,  on  le  sait,  la  limite  de  la  somme  S  =  '^ùi/(.Xi), 
mais  on  a 

(  6  —  a  )  /  =  :S  0/  /  s  V  Oif{.Ti)  i^OiL  =  {b  —  a)L. 

Donc  S,  et  par  suite  sa  limite,  lintégrale,  est  comprise  entre 
{b  —  a)l  et  (b  —  «)L;  elle  est  donc  de  la  forme  (b  —  ^)y-j  où  a 
est  compris  entre  /  et  L,  c'est  le  théorème  de  la  moyenne. 

Ce  qui  le  distingue  du  théorème  des  accroissements  finis,  dé- 
montré pour  les  fonctions  continues,  c'est  qu'il  nous  est  impos- 
sible d'affirmer  que  iji  est  l'une  des  valeurs  que  prend  /  dans  (a,  b). 


(  '  )  11  suffit  de  modifier  légèremenl  la  rédaction  pour  démontrer  en  même  temps 
rintégrabililé  de/H-  tp,  laquelle  est  supposée  antérieurement  démontrée  dans  le 
texte. 


3-2  CllAPITUi:    II. 

De  ce  tliéorème  il  résulte  que,  si  le  mudulc  de  /  est  inférieur 
à  £,  l'intégrale  dey*  est  en  module  inférieure  à  \b  —  as. 

Ceci  posé,  soit  une  fonction  /somme  d'une  série  unil'ormémenl 
convergente  de  fonctions  intégrables 

f  =  w ,  _f-  ff ,  _f-  . . .  4-  f^^j  _^  _  _ 

Soient  5«  la  somme  des  n  premiers  termes,  r,t  le  reste  correspon- 
dant, F,  U«,  S,i,  Kn  les  intégrales  de/,  u,i,  s,i,  r„.  S,,  estla  somme 
des  n  premiers  termes  de  la  série 

d'après  le  théorème  sur  l'intégration  d'une  somme.  Ce  même  théo- 
rème montre  que 

Or,  dès  que  n  est  plus  grand  que  /?, ,  i-,i  est  en  module  inférieur 
à  £,  donc  R/,  est  en  module  inférieur  à  1 6  —  a^t.  Dès  que  n  est  plus 
grand  que  /î, ,  |  F  —  S,,  |  est  inférieur  à  |  6  — ■  a  |  £.  La  série  2U„  est 
donc  convergente  et  de  somme  F. 

Une  se  lie  uniformi'ment  convergente  de  fonctions  inté- 
grables  est  intcgvable  terme  à  terme. 

Les  théorèmes  précédents  ne  sont  démontrés  que  dans  le  cas  où 
l'intervalle  {a,  h)  est  un  intervalle  positif  (/>  >  a),  puisque  l'inté- 
grale n'a  été  définie  que  dans  ce  cas.  On  comj)lète  la  définilicm 
comme  précédemment. 

L'intégrale  dans  («,  b)  se  notant  toujours    f  f^x)dx,  la  défi- 

*--^  Il 
nition  complémentaire  s'exprime  j)ar  l'égalité 


Il  est  évident  que  les  théorèmes  précédemment  démontrés  pour 
les  intervalles  positifs  sont  vrais  aussi  pour  h's  intervalles  négatifs. 
J'ajoute  qu'on  vérifie  immédiatement  que 

J    f{x)dx^  j    /(x)dx^    f  f(x)dx  =  o. 


L\    DKFIMTION    DE    LINTKGRALE    OONNÉE    PAR    RIEMANN.  33 


IV.  —  Intégrales  par  défaut  et  par  excès. 

La  définition  qui  vient  de  nous  occuper  a  été  obtenue  en  appli- 
quant, à  des  fonctions  discontinues,  le  procédé  de  calcul  des  inté- 
grales de  fonctions  continues.  Nous  savons  qu'il  existe  des  fonc- 
tions bornées,  les  fonctions  non  intégrables,  pour  lesquelles  ce 
procédé  ne  conduit  pas  à  un  nombre  déterminé.  Mais  on  peut 
cependant,  à  Taide  de  ce  procédé,  attacher  à  chaque  fonction 
bornée  deux  nombres  parfaitement  définis. 

Nous   avons   vu   (p.  20)   que   les    sommes  S  =  Sô/L/  tendent 

vers  une  limite  parfaitement  déterminée  quand  les  o/  tendent  vers 

zéro  d'une  manière  quelc()n(jue,   cette  limite  est  l'un  des   deux 

nombres  dont  il  s'agit;  on  l'appelle  \ intégrale  par  excès  et  on  le 

/.^ 
re|)résente  par  le  symbole     /    j\x)  dx^  qui  s'énonce   :   intégrale 

^  (I 

par  excès  de  <?  à  6  de  f{x). 

De  la  même  manière,  on  peut  démontrer  l'existence  d'une  limite 
pour  les  sommes  S  =  28///.  D'ailleurs,  en  étudiant  l'oscillation 
moyenne  (p.  22),  nous  avons  vu  que  2o/w/ tend  vers  une  limite 
parfaitement  déterminée  (6  —  a)a)  et  comme  l'on  a 


l'existence  de  la  limite  de  S  est  démontrée  (*).  C'est  V intégrale 

par  défaut  (\u  on  nolc    1    f{x)dx. 

'  Il 

Ces  deux  nombres  ont  été  définis  pour  la  première  fois,  d'une 
façon  précise,  par  M.  Darboux. 

Pour  compléter  leurs  définitions,  données  seulement  pour  ^  >  a, 
on  pose 


(')  On  pourrait  aussi  déduire  l'existence  de  cette  limite  de  l'existence  de  l'in- 
tégrale par  excès  pour  — /. 

L.  3 


34  CHAPITRE    II. 

Il  faut  remarquer  que,  dans  un  intervalle  négatif,  Tinté^^rale  par 
excès  est  plus  petite  que  Tinlé^rale  par  défaut. 
On  a  toujours 

Jn  Jb  Je  Jg  Jh  Jç 

mais,  si  l'intervalle  d'intégration  étant  positif,  on  a 


comme  on  le  voit  par  un  raisonnement  analogue  à  celui  de  la 
page  3i,  et  non  pas  les  mêmes  relations  où  les  signes  d'inégalité 
sont  remplacés  par  des  signes  d'égalité;  les  signes  d'inégalité  sont 
indispensables;  par  exemple,  prenons  f(x)^='j(^{x)  (p.  i5),  et 
'f(x}  =  —  '/('^)j  nous  aurons,  dans  (o,  i). 


I  (M. 


l/intégrale  a  été  définie  comme  la  limite  du  nombre 

quand  le  maximum  À  des  S/  tend  vers  zéro.  Posons  S  =  ^(^))  nous 
définissons  ainsi  une  fonction  à  déterminations  multiples  (p.  21). 
Les  limites  d'indétermination  de  la  limite  de  ^()0  pour  \  =  o  sont 
les  deux  intégrales  par  excès  et  [)ar  défaut.  Ceci  fait  prévoir  que 
ces  deux  intégrales  nous  feront  souvent  connaître  des  limites  infé- 
rieure et  supérieure  d'un  nombre  quand  on  saura  que  ce  nombre 

est  donné  par  une  intégrale  /  fdx  toutes  les  fois  que  /"  est  inté- 
grable. 

Pour  mieux  étudier  l'indétermination  de  la  limite  de  S,  il  fau- 
drait déterminer  l'ensemble  A  de  toutes  les  valeurs  limites  de  S  (''^). 


(')  Si  l'on  remplace  /(a;)  par  une  fonction  non  intégrable  quelconque,  les 
signes  d'inégalité  sont  indispensables. 

(')  Dans  ceriains  cas,  on  a  délcrminé  non  stuieinenl  l'ensemble  des  limites 
d'une  fonction  <f(X),  mais  encore  la  fréquence  de  chacune  de  ces  limites.  Cela 
a  été  fait  notamment  pour  la  sommation  de  certaines  séries  divergentes.  (  Voir 
BoREL,  Leçons  sur  les  séries  divergentes,  p.  5  ). 


LA    DÉFINITION    DE    l/lNTÉ(.RALE    DONNEE    PAR    RIKMANN.  35 

Pour  le  cas  de  l'intégrale,  on  a  cette  propriété  que  je  me  conten- 
terai d'énoncer  :  Tout  nombre  compris  entre  les  intégrales  par 
excès  et  par  défaut  est  l'une  des  limites  des  sommes  S,  quand  Â 
tend  vers  zéro  ('  ). 


(')  A  titre  d'exercice  concernant  les  intégrales  par  excès  et  par  défaut,  on 
pourra  démontrer  que,  f{x)  étant  une  fonction  bornée  d'oscillation  moyenne  w 
dans  (a,  b)  et  dont  les  limites  inférieure,  supérieure  et  l'oscillation  en  x  sont  L(x), 
l{x)  et  w(;r  ),  on  a 


(^ 


«)w  -^  j f{x)  dx~  1  f(x)dx  =  lh{x)dx  -  j l{x)  dx  =   fui{x)dx. 


Les  mêmes  relations  sont  vraies  si,  dans  la  définition  de  L{x),  l{x,)^  w(x), 
on  exclut  la  valeur  x  de  la  variable,  ou  si,  par  ces  notations,  on  désigne  les  limites 
supérieure,  inférieure  et  l'oscillation  à  droite  ou  à  gauche,  x  étant  exclu  ou  non. 
(  Voir  la  note  i,  p.   19). 


CHAPITRE  III. 

n  K  F  I  N  I  T  I  O  N     G  É  O  M  É  T  R  1 0  U  K      I)  K     l/  1 N  T  K  G  R  A  I.  E 


I.  —    La  mesure  des  ensembles. 

Dans  le  premier  Chapitre,  la  définition  de  l'intégrale  a  été 
rattachée  à  celle  de  certaines  aires;  nous  allons  rechercher  si,  par 
une  voie  géométrique  analogue,  on  peut  arriver  à  la  définition 
générale  de  Riemann.  Nous  verrons  que  cela  est  possible,  de  sorte 
que  l'intégrale  de  Riemann  apparaît  comme  la  généralisation  natu- 
relle de  l'intégrale  de  Gauchy,  que  l'on  se  place  au  point  de  vue 
analytique  ou  géométrique  (^). 

Je  vais  d'abord  attacher  aux  ensembles  des  nombres  qui  seront 
les  analogues  des  longueurs,  aires,  volumes  attachés  aux  segments. 


(')  Dans  ce  qui  suit,  je  supposi^  définie  la  longueur  (  euclidienne)  d'un  segment 
et  l'aire  (euclidienne)  d'un  polygone. 

Pour  éviter  toute  difficulté,  il  est  commode  de  considérer  un  point  comme  un 
ensemble  de  trois  nombres  x^  y,  z;  un  déplacement  comnje  un  changement  de 
coordonnées  dont  les  coefficients  sont  assujettis  aux  conditions  connues.  Alors, 
par  définition,  la  distance  des  deux  points  (a,  b,  c),  (a,  ji,  y)  est 


La  fonction  ainsi  définie  est,  à  un  multiplicateur  constant  pr«îs,  la  seule  fonction 
de  deux  points  qui  reste  invariable  dans  les  déplncements  et  telle  que  l'on  ail 

/(P,Q)-+-/(Q,R)=/(P,R  , 

lorsque  Q  est  sur  le  segment  PR.  C'est  de  là  que  vient  riniporlance  du    nombre 
longueur. 

L'aire  d'un  polygone  est  définie  par  les  théorèmes  de  Géométrie  élémentaire; 
l'importance  de  ce  nombre  se  justifie  comme  celle  de  la  longueur.  (Voir  la  Géo- 
métrie élémentaire  de  M.  Hadamard,  note  D,  ou  encore  la  Géométrie  de 
MM.  Gérard  et  Niewenglowski.) 


DÉFINITION    GÉOMÉTRIQUE    DE    L  INTÉGRALE.  3y 

aux  domaines  plans  ou  aux  domaines  de  l'espace.  C'est  à  M.  Canlor 
que  l'on  doit  la  première  définition  de  ces  nombres  ;  je  vais  adopter 
la  méthode  d'exposition  de  M.  Jordan  qui  a  simplifié  et  complété 
la  définition  donnée  par  M.  Gantor  (*). 

Soit  E  un  ensemble  borné  (-)  de  nombres  ou,  si  l'on  veut,  de 
points  sur  une  droite.  Soit  («,  b)  l'un  des  intervalles  contenant  E. 
Divisons  (a,  b)  en  un  nombre  Jl ni  d'intervalles  partiels.  Soit  X  le 
maximum  de  la  longueur  de  ces  intervalles.  Je  désigne  par  A  la 
somme  des  longueurs  des  intervalles  partiels  qui  contiennent  des 
points  de  E  et  par  Bla  somme  des  longueurs  de  ceux  dont  tous  les 
points  font  partie  de  E  (^).  M.  Jordan  démontre  que  A  etB  tendent 
vers  deux  limites  parfaitement  déterminées  quand  X  tend  vers  zéro. 
Pour  nous  l'existence  de  ces  limites  est  évidente,  car  A  et  B  sont 
des  valeurs  approchées  des  intégrales  par  excès  et  par  défaut  de  la 
fonction  'l  égale  à  i  pour  les  points  de  E,  nulle  pour  les  autres 
points  ('•). 


(>)  Dans  le  cas  d'un  ensemble  de  points  dans  l'espace,  la  définition  qu'emploie 
M.  Cantor  {Acta  Matliematica,  t.  IV)  peut  être  énoncée  ainsi  :  De  chaque 
point  M  d'un  ensemble  ii  comme  centre  traçons  une  sphère  de  rayon  p;  l'ensemble 
des  points  intérieurs  à  ces  sphères  forme  un  ou  plusieurs  domaines  dont  on  a 
le  volume  (au  sens  ordinaire  du  mot)  par  une  intégrale  triple.  Soit/(p)  ce 
volume;  la  limite  de/(p),  quand  p  tend  vers  zéro,  est  le  volume  de  E. 

Cette  définition  est  équivalente  à  celle  de  l'étendue  extérieure  donnée  par 
M.  Jordan  (t.  I"  de  la  2"  édition  de  son  Cours  d'Analyse). 

M.   Minkowski   s'est  servi  du  nombre  /(p).    Dans   le  cas   où    K   est   formé   de 

fi?)  ■     • 

points  d'une  courbe,  M.  Minkowski  considère  le  rapport  ^^^  ;  s'il  a  une  limite, 

c'est  ce  que  M.  Minkowski  appelle  la  longueur  de  la  courbe.  L'aire  d'une  surface 

se  définit  par  le  rapport  — '— . 
^  ^'^  2p 

On  voit  que  le  nombre  /(p)  peut  rendre  des  services  dans  la  théorie  des 
ensembles.  Ce  qui  précède  semble  montrer  qu'il  peut  être  employé  de  didérentes 
manières  suivant  le  nombre  de  dimensions  de  E;  d'ailleurs,  M.  Cantor  indiquait 
dans  son  Mémoire  que  la  notion  de  volume  lui  servait  dans  la  délinition  du 
nombre  des  diinensions  d'un  ensemble  continu.  Dans  beaucoup  de  questions,  il 
semble  qu'une  telle  définition  serait  fort  utile,  malheureusement  M.  Cantor  n'a 
pas  publié  ses  recherches  sur  ce  sujet. 

{-)  C'est-à-dire  dont  tous  les  nombres  sont  compris  entre  deux   limites   finies. 

(')  On  peut  donner  deux  sens  aux  deux  expressions  «  un  intervalle  contient 
des  points  »  et  «  tous  les  points  d'un  intervalle  »  comme  au  mot  «  enfermé  » 
{voir  note  i,  p.  26).  Il  est  indifférent  d'adopter  l'un  ou  l'autre. 

(*)  M.  de  la  Vallée-Poussin  définit  les  étendues  extérieure  et  intérieure  à  l'aide 
de  <}. 


38  CHAPITRK    III. 

I.a  liinlle  de  A  s^Ap\^e\\eV étendue  extérieure  de  E,  e^(E);  celle 
de  B  est  V étendue  intérieure,  e/(E). 

Quand  ces  deux  étendues  seront  égales,  nous  dirons  que  l'en- 
sendde  est  mesurable  J,  c'est-à-dire  par  le  procédé  de  M.  Jordan, 
et  d'étendue  ('  ) 

dans  ce  cas,  la  fonction  •}  attachée  à  E  est  intégrable  au  sens  de 
Riemann  et  son  intégrale  dans  («,  h)  est  e(E). 

Interprétons  la  condition  d'intégrabilité  de  'i>.  Les  points  de 
discontinuité  de  ^  sont  les  points  de  E  qui  sont  limites  de  points 
ne  faisant  pas  partie  de  E,  et  les  points  limites  de  E  qui  ne  font 
pas  partie  de  E.  Ces  points  sont  appelés,  par  M.  Jordan,  les  points 
frontières  de  E;  leur  ensemble  est  \di  frontière  de  E.  Donc,  pour 
qu'un  ensemble  soit  mesurable  J,  11  faut  et  il  suffit  que  sa  frontière 
forme  un  groupe  intégrable. 

Cette  condition  peut  se  transformer  si  l'on  remarque  que,  par 
définition,  pour  un  groupe  intégrable,  A  tend  vers  zéro.  De  sorte 
qu'un  groupe  Intégrable  est  un  ensemble  ' d'étendue  extérieure 
nulle  ou,  si  l'on  veut,  un  ensemble  mesurable  J  et  d'étendue  nulle. 

La  méthode  précédente  ne  pourrait  être  appliquée  aux  ensembles 
formés  des  points  d'un  espace  à  plusieurs  dimensions  que  si  nous 
avions  étudié  au  préalable  les  Intégrales  multiples  par  défaut  et  par 
excès.  Une  telle  étude  ne  présente  pas  de  difficultés,  mais  il  est 
plus  simple  (renq)loyer  la  méthode  de  M.  Jordan  qui  est,  en 
somme,  la  démonstration  de  l'existence  de  ces  intégrales  dans  le 
cas  particulier  de  la  fonction  <l. 

Considérons  dans  le  plan  un  ensemble  de  points  E  borné,  c'est- 
à-dire  tel  que  l'ensemble  des  coordonnées  des  points  de  E  soit 
borné.  Un  tel  ensemble  est  tout  entier  contenu  dans  un  carré  con- 
venablement choisi,  d'aire  R.  Divisons  le  plan  en  petits  carrés  dont 
l^naximum  de  la  diagonale  est  À.  Soit  A  la  somme  des  aires  de 
-"^ccux  des  carrés  qui  contiennent  des  points  de  E  et  B  la  somme  des 
aires  de  ceux  dont  tous  les  points  appartiennent  à  E.  A  et  B  sont 
plus  petites  que  H.  Il  faut  monlrcr  (ju'elles  tendent  vers  des  limites 


(')  O'esi  à  dessein  que  le  mot  étendue  est  employé  ici  ;  le  mol  mesure,  que  l'on 
emploie  souvent  comme  synonyme  d'éiendue,  scia  défini  plus  loin. 


DÉFINITION   GÉOMÉTRIQUE    DE    LINTÉGRALE.  3g 

déterminées  quand  A  tend  vers  zéro  ;  pour  cela,  considérons  d'abord 
une  suite  de  divisions  Di,  D,,  ...,  auxquelles  correspondent  les 
nombres  A,,  B<,  Ao,  B^,  ...,  et  telles  que  les  X  correspondants 
tendent  vers  zéro;  et  soit  une  suite  de  divisions  Ay  auxquelles  cor- 
respondent les  nombres  olj  et  ^j,  et  telles. que  les  nombres  Xy  cor- 
respondants tendent  vers  zéro. 

Comparons  A/  et  ay.  Les  carrés  de  Ay  sont  de  deux  espèces  :  les 
carrés  d  qui  contiennent  à  leur  intérieur  des  points  des  côtés  des 
carrés  de  D,,  les  autres  sont  les  carrés  d'.  Les  points  des  carrés  d 
forment  un  ensemble  qui  est  contenu  dans  l'ensemble  des  points 
distant  de  moins  de  Xj  de  l'un  au  moins  des  points  des  côtés  des 
carrés  de  D/. 

Si  dans  D/  il  n'y  avait  qu'un  seul  carré  de  périmètre  4^?  cet 
ensemble  serait  décomposable  en  domaines  dont  la  somme  des 
aires,  au  sens  élémentaire  du  mot,  serait  ScAyH- (tï — 4)^y  pour 
c  >>  2Xj',  plus  généralement,  si  dans  D/  la  somme  des  périmètres 
des  carrés  est  /,  l'ensemble  correspondant  sera  divisible  en  do- 
maines dont  la  somme  des  aires  est  au  plus  2  IAj.  Ce  nombre  est 
aussi  le  maximum  de  la  contribution  dans  olj  des  carrés  d. 

Quant  aux  carrés  d',  ils  donnent  évidemment  une  contribution 
au  plus  égale  à  A/.  Donc,  on  a 

ocj     A,-  -h  2/Xy, 

et  cela  suffit  (*)  pour  démontrer  que  ay  et  A/  tendent  vers  une 
même  limite  e^U. 

Le  nombre  X,  dont  l'existence  vient  d'être  démontrée,  est 
l'étendue  extérieure  de  E,  e^(E);  mais  il  s'agit  ici  d'une  étendue 
superficielle.  Cette  distinction  est  importante  à  noter,  car  tout 
ensemble  de  points  en  ligne  droite  a  une  étendue  superficielle 
extérieure  nulle  et  peut  avoir  une  étendue  linéaire  extérieure 
quelconque. 

On  démontrerait  de  même  (|ue  B/  et  Py  tendent  vers  une  même 
limite  ili>.  On  peut  aussi  remarquer  que,  si  à  la  di\ision  Ay  et  à 
l'ensemble  des  points  du  carré  d'aire  R,  qui  n'appartiennent  pas 
à  E,  on  associe  deux  nombres  a'   et  jiy,  analogues  à  ay  et  fiy,  on  a 

oi'j^^j=  R 
(')  Comparez  avec  le  raisoniiemenl  de  la  page  23. 


{O  CHAPITRE    111. 

et  Texislence,  qui  \  i<'Qt  trèlie  prouvée,  de  la  limite  de  a^  montre 
l'existence  de  la  limite  de  ,3y.  Cette  limite  est  l'étendue  superli- 
cielle  intérieure  de  E,  ei(E), 

Comme  pour  les  ensembles  linéaires,  on  dira  qu'un  ensemble 
est  mesurable  J  et  d'étendue  e{E)  --e^(E),  si  les  deux  étendues 
extérieure  et  intérieure  sont  égales. 

Si  nous  remarquons  que  les  carrés  qui  servent  dans  A  sans 
servir  dans  B  sont  ceux  que  l'on  devrait  considérer  pour  avoir 
l'étendue  extérieure  de  la  frontière  de  E,  on  voit  que  la  frontière 
de  E  a  pour  étendue  extérieure  ^^^'(E)  —  e/(E);  de  là  se  déduit  la 
condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'un  ensemble  soit  mesu- 
rable J. 

J'ai  déjà  employé  le  mot  domaine,  il  est  utile  ici  de  préciser  ce 
qu'il  faut  entendre  par  là. 

Une  courbe  est  rensemble  des  formules 

.r^x{t),        y=--y{t),         zr-.z(t); 

où  ^(^),  jv  (^  -  ^(0  *^^^  ^^^^  fonctions  continues  définies  dans  un 
intervalle  fini  (^Iq,  ^,).  Les  points  de  la  courbe  sont  ceux  que  l'on 
obtient  en  donnant  à  /  une  valeur  déterminée  quelconque;  les 
points  qui  ne  correspondent  qu'à  une  valeur  de  t  sont  dits  simples, 
les  autres  multiples.  Si  les  deux  points  correspondant  à  /„  et  /, 
sont  identiques,  la  courbe  est  dite  fermée;  si  le  point  /o?  ^i  ne 
correspond  à  aucune  autre  valeur  de  t^  ce  point  n'est  pas  considéré 
comme  multiple. 

Si  l'on  remplace  t  [)ar  une  fonction  toujours  croissante  ou  tou- 
jours décroissante  de  8,  on  obtient  une  nouvelle  courbe  qu'on  ne 
considère  pas  comme  différente  de  la  première;  mais  deux  courbes, 
auxquelles  correspondent  le  même  ensemble  de  points,  peuvent 
être    différentes;    c'est   le   cas    des   deux    courbes,    définies   dans 

(^—  -,   -^  ^y  ^  =  sin^  r=^o,    z  =  o\  jc=:   -sin--^,   7  =  0, 

5^=0. 

Dans  le  cas  d'une  courbe  fermée,  on  peut  faire  la  transformation 

^  =^ ~  et  considérer  les  fonctions  de  8  obtenues  comme  pério- 

diques  et  de  période  1.  Alors,  pour  définir  la  courbe,  il  suffira  de 
se  les  donner  dans  un  intervalle  quelconque  d'étendue  1  et  non 
plus  nécessairement  dans  (o,  1);  enfin  l'on  pourra,  dans  cet  inter- 


DÉFINITION    GÉOMÉTRIQUE    DK    l'iNTÉGRALK  4» 

valle,  remplacer  0  par  une  fonction  toujours  croissante  ou  toujours 
décroissante  de  t.  Toutes  les  courbes  ainsi  obtenues  sont  regardées 
comme  identiques. 

M.  Jordan  a  démontre  ri<;oureusement,  dans  la  deuxième  édition 
de  son  Cours  d' Anal)  se,  (pi'une  courbe  fermée  sans  point  mul- 
tiple sé[)are  le  plan  en  deux  régions  (');  nous  admettrons  ce 
résultat. 

Les  points  de  la  région  intérieure  constituent  ce  que  l'on  appelle 
le  domaine  limité  par  la  courbe.  Relativement  aux  points  de 
cette  courbe,  on  peut  faire  deux  conventions,  les  considérer  comme 
points  du  domaine  ou  non,  cela  a  peu  d'importance. 

I^a  frontière  d'un  domaine  est  constituée  par  la  courbe  fermée 
qui  sert  à  le  définir. 

Lorsque  les  deux  étendues  extérieure  et  intérieure  d'un  domaine 
sont  égales,  le  domaine  est  dit  quarrable  et  son  étendue  superfi- 
cielle est  appelée  son  aire  (-). 

Pour  qu'un  domaine  soit  quarrable,  il  faut  ([ue  sa  courbe  fron- 
tière soit  d'étendue  extérieure  nulle;  une  telle  courbe  est  dite  une 
courbe  quarrable.  Un  carré  est  évidemment  cjuarrable. 

De  la  définition  des  domaines  quarrables,  il  résulte  cpie  rien  n'au- 
rait été  changé  si  l'on  avait  supposé  que  la  division  Ay  (p.  89)  était 
une  division  en  domaines  quarrables  de  diamètres  inférieurs  à  \j. 

Voici  maintenant  des  exemples  des  diverses  circonstances  qu'on 
vient  d'envisager. 

I^es  groupes  intégrables  nous  fournissent  un  premier  exemple 
d'ensembles  mesurables  J  linéairement.  En  [)articulier,  Teii- 
sendile  Z  (p.  26)  est  d'étendue  extérieure  nulle.  11  en  sera  de 
même,  a  fortiori,  de  tout  ensemble  formé  à  l'aide  des  points  de  Z; 
tous  ces  ensembles  sont  donc  mesurables  J  et  d'étendue  nulle. 
Gomme  Z  a  la  puissance  du  continu,  il  est  possible  d'établir  une 
correspondance  bi-uuivoque  entre  les  points  de  Z  et  ceux  d'un 
intervalle,  de  sorte  (|u'à  tout  ensendjle  de  points  de  cet  intervalle 
corres[)ond  un  ensemble  de  points  de  Z;  donc  l'ensemble  des 
ensembles  mesurables  J  a  une  puissance  au  moins  égale  à  celle  de 


(')    Voir  aussi  le  Traité  d'Analyse  de  M.  «le  la  \  allée-Poussin. 
(■-)   D'ailleurs,  quehjues  auteurs  emploient  toujours,  à  la  place  des  mots  étendue 
linéaire  et  étendue  superjicielle,  les  mois  longueur  et  aire. 


42  CHAPITRE    III. 

rensemblc  des  ensembles  de  points  el,  comme  il  ne  peut  évidem- 
ment avoir  une  puissance  supérieure,  il  a  exactement  cette  puis- 
sance (*). 

Un  autre  exemple  d'ensemble  mesurable  J  linéairement  nous 
est  fourni  par  un  nombre  fini  d'intervalles.  Si  d'un  tel  ensemble 
on  retire  un  groupe  intégrable,  il  reste  un  ensemble  mesurable  J, 
l'étendue  n'a  pas  varié. 

On  verra  facilement  que  l'ensemble  mesurable  J  le  plus  général 
ne  diffère  d'un  ensemble  mesurable  J,  formé  par  une  infinité 
dénombrable  d'intervalles,  que  par  l'addition  d'un  certain  groupe 
intégrable  G,,  et  par  la  soustraction  d'un  autre  groupe  inté- 
grableG,  (2). 

Il  est  aussi  facile  de  citer  des  ensembles  mesurables  J  superfi- 
ciellement. Tout  ensemble  Z,,  se  projetant  sur  l'axe  des  x  suivant 
l'ensemble  Z,  de  manière  qu'à  chaque  point  de  Z  ne  corresponde 
qu'un  point  de  Z,,  est  un  ensemble  mesurable  J  de  mesure  super- 
ficielle nulle.  Les  ensembles  de  mesure  superficielle  extérieure 
nulle  jouent,  dans  la  théorie  des  intégrales  doubles,  au  sens  de 
Riemann,  le  même  rôle  que  les  groupes  intégrables  sur  une  droite  ; 
on  peut  les  appeler  les  groupes  intégrables  du  plan. 

Un  carré  est  un  ensemble  mesurable  J  superficiellement.  A 
partir  de  carrés  et  de  groupes  intégrables  dans  le  plan,  on  construit 
tout  ensemble  mesurable  J  du  plan  comme  on  l'a  fait  dans  le  cas 
de  la  droite. 

f^es  groupes  intégrables  du  plan  peuvent  être  assez  différents  des 
groupes  intégrables  de  la  droite.  Z,  est,  comme  Z,  un  ensemble 
discret;  c'est-à-dire  qu'on  ne  peut  passer  par  un  chemin  continu 
d'un  point  à  un  autre  de  cet  ensemble  qu'en  passant  par  des  points 
qui  ne  sont  pas  de  l'ensemble.  Mais  un  groupe  intégrable  dans  le 
plan  peut  être  un  ensemble  continu,  c'est-à-dire  un  ensemble  tel 


(')  Il  est  fait  usage  ici  d'un  lliéorènie  très  important  sur  la  comparaison  des 
puissances  dont  on  trouvera  dans  la  Note  I  des  Leçons  sur  la  théorie  des  fonc- 
tions do  M.  liorel  une  démonstration  due  à  iM.  Bernstein.  Ce  théorème  est  sou- 
vent utile;  on  peut  renoncer  ainsi  : 

Si  un  ensemble  E  contient  un  ensemble  E,  et  est  contenu  dans  un  ensemble  Vj^, 
E,  et  E2  ayant  même  puissance,  E,  E,,  Ej  ont  même  puissance. 

(')  Si  par  points  d'un  intervalle  on  entend  les  points  intérieurs  à  cet  intervalle, 
la  considération  de  Gj  est  même  inutile. 


DÉFINITION    GÉOMKTRlQLIi    DE    l'iXTÉGRALE.  43 

que  deux  quelconques  de  ses  points  puissent  être  joints  par  une 
courbe  ne  passant  que  par  des  j)oints  de  l'ensemble;  nous  savons 
en  efl'et  qu'un  serment,  un  polygone,  une  circonférence,  une 
ellipse  sont  d'étendue  superficielle  extérieure  nulle. 

Les  courbes  qui  sont  des  groupes  intégrables  sont  celles  que 
nous  avons  appelées  (juarrables. 

Pour  a\oir  un  ensemble  non  mesurable!,  il  suffit  de  prendre  un 
ensemble  partout  dense  qui  ne  contienne  aucun  intervalle,  s'il 
s'agit  d'un  ensemble  sur  la  droite  ;  qui  ne  (Soutienne  aucun  domaine, 
s'il  s'agit  d'un  ensemble  dans  le  plan;  pour  un  tel  ensemble,  en 
effet,  l'étendue  intérieure  est  nulle,  l'étendue  extérieure  ne  l'est 
pas.  L'ensendjle  des  points  dont  les  coordonnées  (ou  la  coor- 
donnée) sont  rationnelles  n'est  donc  pas  mesurable  J. 

P.  du  Bois-Reymond  a  remarqué  qu'un  ensemble  peut  être  ])ar- 
tout  non  dense  sans  être  mesurable  J.  Prenons  une  suite  de  frao 
tions  a,,  tx.,^  •  •-  telles  que  le  produit  infini  P  -  a,  x  a^X-  •  •  soit 
convergent    et    différent    de    zéro;    on     jnendra,     par    exemple, 

a,,  =  ~ — 5—.  Divisons  l'intervalle  (a,  b)  en  trois  parties,  celle  du 

milieu  étant  de  longueur  (b  — a){i  -  a,),  les  deux  extrêmes  étant 
égales.  Barrons  les  points  intérieurs  à  l'intervalle  du  milieu  et 
opérons  sur  les  deux  intervalles  restants  comme  sur  (a,  b).  a,  étant 
remplacé  par  aa,  et  ainsi  de  suite.  Soit  R  l'ensemble  des  points 
restant  après  toutes  ces  opérations.  Si  Ton  se  sert  des  divisions  suc- 
cessives qui  ont  donné  R  pour  calculer  l'étendue  extérieure  de  R, 
on  voit  que  cette  étendue  est  P(^  —  «),  donc  qu'elle  est  différente 
de  zéro.  Or  l'étendue  intérieure  est  nulle,  puisque  R  est  non  dense, 
R  n'est  pas  mesurable  J  (M. 

Une  construction  tout  à  fait  analogue  peut  être  faite  dans  le  cas 
du  plan;  on  pourra,  par  exemple,  diviser  un  rectangle,  par  deux 
séries  de  tiois  parallèles  à  ses  côtés,  en  neuf  rectangles  et  barrer 
les  points  intérieurs  à  celui  du  milieu,  qu'on  cboisira  de  manière 
que  son  aire  soit  (  i  —  a,  )  fois  (;elle  du  rectangle  primitif.  Puis  on 
opérera  sur  cbacun  des  huit  rectangles  restants  en  remplaçant  a, 
par  a2. 


(*)  Si  l'on  avait  a„  —   „' >  on  aurait  rcnsemble  Z  qui  est  mesurable  J,  parce  que 
P  est  nul. 


j4  CHAPITRE    m. 

Parmi  les  ensembles  non  mesurables  J  dans  le  plan  se  trouvent 
des  courbes  non  quarrables,  c'est-à-dire  dont  l'étendue  extérieure 
n'est  pas  nulle;  mais  toute  courbe  non  quarrable  n'est  pas  néces- 
sairement non  mesurable  J. 

M.  Peano  a  construit  le  premier  une  courbe  qui  passe  par  tous 
les  points  d'un  carré;  M.  Hilbert  a  ensuite  indiqué  une  méthode 
géométrique  simple  permettant  de  construire  de  telles  courbes; 
toutes  ces  courbes  sont  non  quarrables  ('). 

Pour  avoir  une  courbe  passant  par  tous  les  points  du  carré 
o^cT^i,  o^y^iy  définie  en  fonction  d'un  paramètre  t  variant 
de  o  à  I ,  je  pose 


2  \   2 


«3      ,      <^5  ,      <*2rt-l 


y 


quand 


22      '      2^  ■  ■  2«  / 

-^     ,y-2     -^     .^3     -^•••+      .^u  •")■ 


^        3     '     32     3" 


où  les  «1  sont  égaux  à  o  ou  2.  Alors  i  fait  partie  de  l'ensemble  Z 
de  la  page  26. 

Soit  une  valeur  de  t  non  contenue  dans  Z,  alors  elle  fait  partie 
de  l'un  des  intervalles  qui  ont  été  enlevés  dans  la  construction  de  Z  ; 
soit  (^05  '0  cet  intervalle.  Aux  points  t^  et  ^4  de  Z  correspondent 
les  valeurs  Xq^  Jo',  -^i,  yt'-,  alors  on  pose,  pour  tout  l'intervalle 

Dans  {ùq,  /,)  la  courbe  se  réduit  donc  à  un  segment. 

Notre  courbe  est  complètement  définie,  mais,  pour  parler  de 
courbe,  il  faut  déuiontrer  (pie  .r  ei  y  sont  des  fonctions  continues 
de  t  dans  (o,  i).  11  suffit  évidemment  pour  cela  de  le  démontrer 
seulement  pour  les  fonctions  x  et  y  de  t  définies  sur  Z.  Et  cela 
résulte  du  fait  (pie,  si  /  (appartenant  à   Z)   est  assez  voisin  de  8 


(')  Peano,  Sur  une  courbe  qui  remplit  toute  une  aire  {Math.  Ann., 
Bd  XXXVl).  —  Hilbert,  L'eber  die  stetige  Abbildung  einer  Linie  auf  ein  Flà- 
chenstuck  {Math.  Ann.,  lîd.  XWVIII).  La  courbe  de  M.  Hilbert  est  définie  à  la 
page  23  du  Volume  I  de  la  deuxième  édition  du  Traité  d'Analyse  de  M.  Picard. 


DKFIMTION    GÉOMÉTRIQUE    DE    l'iNTÉGRALE.  45 

(appartenant  aussi  à  Z),  les  in  premiers  cliilïres  «,,  a^j  •••?  a-m 
de  ^,  écrits  dans  le  système  de  base  3,  sont  les  mêmes  que  pour  9, 
c'est-à-dire  que  les  n  premiers  cliiflres  de  xi^i)  et  ^(0)  d'une  part, 
de  y{t)  et  de  y{^)  d'autre  part,  sont  les  mêmes  quand  on  écrit 
ces  coordonnées  dans  1q  système  de  base  2. 

Notre  courbe  remplit  bien  tout  le  carré,  elle  passe  même  plu- 
sieurs fois  par  certains  points.  On  démontre  facilement  qu'il  n'en 
peut  pas  être  autrement  ('  ). 

Ce  qui  vient  d'être  fait  dans  le  cas  d'une  et  de  deux  dimensions 
peut  évidemment  être  répété  dans  le  cas  d'un  nombre  quelconque 
de  dimensions. 

En  particulier,  dans  le  cas  de  trois  dimensions,  on  définira  le 
volume  d'un  domaine.  Gela  exigerait,  au  préalable,  la  définition 
précise  d'une  surface  fermée  et,  pour  la  définition  des  domaines, 
des  études  analogues  à  celles  de  M.  Jordan  sur  les  courbes  fermées. 


II.  —   Définition  de  L^ intégrale. 

Soit  une  fonction  y(.r)  continue  positive,  définie  dans  un  inter- 
valle positif  (a,  ^),  et  le  domaine  aZ>BA  que  nous  lui  avons 
attaché  ^fig.  i,  p.  2).  Gherclions  si  ce  domaine  est  quarrable. 
Pour  cela,  divisons  (a,  b)  en  intervalles  partiels  d<,  So,  . . .,  ô^.  Le 
plus  grand  rectangle,  de  base  8/  et  dont  tous  les  points  font  partie 
du  domaine  «6BA,  a  pour  hauteur  la  limite  inférieure  //  de  f 
dans  8/.  Le  plus  petit  rectangle,  de  base  8^-  et  qui  contient  tous  les 
points  du  domaine  qui  se  projettent  sur  ô/,  a  pour  hauteur  la  limite 
supérieure  L/  de /dans  o/. 

De  ceci  résulte  que  les  deux  sommes 

S  =  Sô///,         S  ^—-  So/L{, 


(')  On  trouvera,  au  Chapitre  VII,  §  V,  ua  exemple  de  l'emploi  qu'on  peut  faire 
dans  certains  raisonnements  de  la  courbe  de  Peano  et  des  courbes  analogues. 

La  courbe  de  Peano  est  mesurable  J  et  a'étendue  non  nulle,  elle  ne  peut  servir 
à  limiter  un  domaine.  Il  existe  des  courbes  sans  point  multiple  et  non  quarrablcs  ; 
CCS  courbes  ne  sont  pas  mesurables  J,  elles  peuvent  servir  à  limiter  des  domaines 
non  (juarrables.  Voir  W.-F.  Osgood,  A  Jordan  curve  of  positive  area  (  Trans. 
of  the  Amer.  Mat.  Soc,  1908)  ou  H.  Lkbesguk,  Sur  le  problème  des  aires 
{Bull,  de  la  Soc.  math,  de  France,  1903  ). 


(6  CIIAIMTIIE    III. 

U'iidenl,  quand  le  maxiimiin  des  o  tend  vers  zéro,  vers  des  limites 
délerininées  qui  sont  les  étendues  intérieure  et  extérieure  du 
domaine.  Or  S  -—  S  tend  vers  zéro,  caries  fonctions  continues  sont 
à  oscillation  moyenne  nulle,  le  domaine  «6BA  est  donc  quarrable. 

Si  nous  employons  la  méthode  du  début,  si  nous  appelons 
intégrale  déjinie  de  f  dans  («,  b)  l'aire  de  «6BA,  nous  retrou- 
\ons  l'intégrale  de  Caucliy.  Il  n'y  a,  entre  cette  définition  et  celle 
de  Cauchy,  que  des  différences  de  forme. 

Dans  le  cas  où  f{x)  n'est  pas  toujours  positive,  la  courbe  AB 
rencontre  l'axe  des  x  un  nombre  fini  ou  infini  de  fois  et  l'on  a 
deux  espèces  de  domaines,  les  uns  au-dessus  de  ox^  les  autres 
au-dessous.  Chacun  de  ces  domaines  est  quarrable  d'après  ce  qui 
précède. 

La  somme  des  aires  de  ceux  qui  sont  au-dessus  de  ox^  dimi- 
nuée de  la  somme  des  aires  de  ceux  qui  sont  au-dessous,  est,  par 
définition,  l'intégrale  de/(:2:)  (*)• 

Considérons  maintenant  une  fonction  f{x)  quelconque,  définie 
dans  l'intervalle  positif  («,  b).  Soit  E(/*)  l'ensemble  des  points 
dont  les  deux  coordonnées  sont  liées  par  la  seule  condition  que 
y  ne  soit  pas  extérieur  à  l'intervalle  positif  ou  négatif  [o,  f{x)\. 
En  d'autres  termes,  on  a 


yf(T)^o         et         o^y^^fix)  . 

L'axe  des  x  partage  cet  ensemble  en  deux  autres  :  les  points 
situés  au-dessus  de  ox  forment  E,  [/(^)]7  ceux  qui  sont  au- 
dessous  forment  E2[/(^)].  Quant  aux  points  situés  sur  ox,  on 
les  mettra  indifféremment  dans  E,  ou  Eo,  cela  importe  peu  dans  la 
suite,  car  ils  forment  un  groupe  intégrable  du  plan. 

Par  analogie  avec  la  définition  précédente,  il  est  naturel  d'ap- 
peler intégrale  de  fia  différence 

l-.e[E,{f)]-^e[E,(f)l 

lorsque  E|  et  Ea  sont  mesurables  J. 

Lorsqu'un  ensemble  n'est  pas  mesurable  J,   son  étendue  peut 


(')  Les  deux  soiniues  qui  (igurent  dans  cette  définition  existent  bien,  puisque 
renseinble  de  tous  les  domaines  peut  être  enfermé  dans  une  circonférence  de 
rayon  tini 


DÉFINITION    GEOMETRIQUE    DE    l'iNTÉGRALE.  47 

être  considérée  comme  un  nombre  indéterminé  dont  les  deux 
limites  d'indétermination  sont  les  étendues  intérieure  et  extérieure 
de  l'ensemble;  cela  conduit,  pour  I,  aux  deux  limites  d'indéter- 
mination 

\'  ei[E,{f)]-e,[E,{f)l         \=^ee[F.,{f)]-ei[E,{f)\. 

Nous  allons  calculer  ces  deux  limites  d'indétermination  et  pour 
cela  supposons  d'abord  que  /'  n'est  jamais  négative,  c'est-à-dire 
(pie  E2  ne  contient  aucun  point.  Le  calcul  des  étendues  intérieure 
et  extérieure  de  E  (ou  E,  )  se  fait  comme  dans  le  cas  où  /"est 
continue,  c'est-à-dire  que  ces  étendues  sont  les  limites  des  deux 
nombres  S  et  S.  Les  étendues  sont  donc  les  intégrales  par  défaut 
et  par  excès  àe  f. 

Pour  étudier  le  cas  général  posons  f  r^  f^  —  j\^^  où  /",  est  égale 
à  y  quand  /"est  positive  ou  nulle,  et  est  nulle  quand  /est  néga- 
tive. On  a  alors,  évidemment. 


et  [  E,  (./)]  =    /"/,  dx,         e,  [  E,  (/)]  =   ^ '/,  dx, 
^/[E2(/)]=  j  fidx,         e,[E2(/)|=  ^  hdx. 


lonc 


î  ""    \  f\dx-^    i  —  f^^dx,         \r^    i  f^dx-\-   I  —/.  dx. 

11  est,  en  général,  impossible  de  remplacer  des  sommes  d'inté- 
grales par  excès  ou  par  défaut  par  les  intégrales  par  excès  ou  par 
défaut  de  la  somme  (p.  34),  parce  que  le  maximum  d'une  somme 
est,  en  général,  plus  petit  que  la  somme  des  maxima  des  termes 
de  la  somme,  tandis  que  le  minimum  est,  généralement,  plus 
grand  que  la  somme  des  minima.  Mais  ici,  dans  tout  intervalle,  le 
maximum  (ou  le  minimum)  de  f  =  ft  —  /^  est  bien  la  somme  des 
maxima  (ou  des  minima)  de  /  et  de  — /j-  On  peut  donc  écrire 


ffr/T.  \=ff 


dx. 


Nous  reirouvons  ainsi  les  intégrales  de  M,  Darboux  et  nous 
avons  leui'  signification  géométrique. 


48  CHAPITRE    III. 

Keinarquons  que  E(/)  est  mesurable  J  quand  Ei  et  E^  le 
sont  et  que,  inversement,  si  E(/)  est  mesurable  J,  E,  et  E2  le 
sont  aussi.  Ainsi,  notre  définition  géométrique  de  l'intéj^rale 
s'applique  lorsque  E  est  mesurable  J,  mais,  dans  ce  cas,  et  dans  ce 
cas  seulement,  1  et  I  sont  égaux,   c'est-à-dire   que  les  intégrales 


/  fdx  et    /  fdx  sont  égales,  donc  : 


Pofir  qu' une  fonction  bornée  f  soit  intégrable  au  sens  de 
Biemann,  il  faut  et  il  suj/it  que  E(/)  soit  mesurable  J  super- 
ficiellement; dans  ce  cas,. l'on  a 


ffdT. 


La  définition  géométrique  de  l'intégrale  est  entièrement  équiva- 
lente à  la  définition  analytique  donnée  par  Riemann. 


CHAPITRE  IV 


LKS      FONCTIONS     A      VA  II  I  AT  I  O  N      BOUNKK 


l.   —    Les  fonctions  à   variation   bornée. 

La  notion  de  mesure  linéaire  est  une  j^énéralisalion  de  lu  notion 
(le  longueur  d'un  segment,  une  autre  généralisation  conduit  à  la 
définition  de  la  longueur  d'un  arc  de  courbe.  En  étudiant  les 
questions  relatives  à  la  re(;tilication  des  courbes,  nous  aurons 
l'occasion  d'aj)[)liquer  quelques-uns  des  résultats  que  nous  avons 
obtenus  sur  l'intégrale;  nous  verrons,  en  même  temps,  l'imj)or- 
tance  d'une  classe  de  fonctions  définies  par  M.  Jordan  :  les  fonc- 
tions à  variation  bornée. 

Soit  une  fonction  ,/(./•)  bornée  (')  définie  dans  un  inler\alle 
positif  fini  (<7,  b).  Partageons  (<7,  b)  à  l'aide  des  points 

la  somme 

^  =  l/(^M  )  -  /(«o)I  +  |/(  «2)  —  /(«l  )  i  H-  .  .  .H-  I  t\an  )  -  /(««-i  )l 

est  ce  que  l'on  appelle  la  \ariation  de  /"(/')   pour  le   système  de 

points  r/,,,  a,, a,/.  Si,  quel  que  soit  le  système  des  points  de 

division,  v  est  bornée,  la  fonction  est  dite  à  variation  totale  finie 
ou,  sinq)lement,  à  variation  bornée;  la  variation  totale  étant,  par 
définition,  la  plus  grande  limite  de  v  quand  le  maximum  A  de  la 
longueur  des  intervalles  j^artiels  employés  tend  vers  zéro.  11  est  à 
remarquer  que  si,  entre  les  points  de  division  clioisis,  on  inter- 
cale de  nouveaux  points,  on  augmente  ç  ou,  du  moins,  on  ne  le 


(  '  )  Il  csl  d'ailleurs  évident  (lu'une  fonction  non  bornée  ne  peut  satisfaire  aux 
définitions  qui  suivent. 

L.  4 


:>0  CIIAPITRK    IV. 

(liininue  pas:  en  intercalant  ainsi  indéfiniment  de  nouveaux  points, 
(!«•  manière  (jue  A  tende  vers  zéro,  on  a  une  suite  de  nombres  v 
tendant  \ers  une  limite,  finie  ou  non,  qui  est  au  moins  égale  au 
nombre  e  dont  on  est  parti.  On  |)eut  done  dire  ([ue  la  variation 
totale  de /est  la  liuiite  supérieure  de  l'ensemble  des  nombres  v  (  '  ). 
On  voit  aussi  très  simplement  que,  dans  les  définitions  préeé- 
dentes,  on  peut  remplacer  v  par 

O  =   lOi  -H  Wj  -I-  .  .  •  -T-  W,i, 

OÙ  iùi  est  Toseillation  de  /'dans  (a/_, ,  «/),  les  extrémités  comprises. 

A  cause  de  cette  propriété,  quelques  auteurs  appellent  les  fonc- 
tions (pii  nous  occupent  /'onctions  à  oscillation  totale  finie  ; 
l'oscillation  totale  étant  la  limite  supérieure  des  o. 

Une  fonction  à  variation  bornée  est  inté<;rable;  elle  est,  en 
ellet,  à  oscillation  moyenne  nulle,  puis(|ue  cette  oscillation  est  la 
limite,  ({uand  A  tend  vers  zéro,  de 

-  (  ai  —  ai- 1  )  oji  ^  X  Ào»/  =  XyiiOi  =  X  o  ^  X  O . 

O  étant  l'oscillation  totale  de  f{x). 

L'intégrabilité  résulte  aussi  de  cette  proposition  évidente  :  les 
points  en  lesc/tiels  une  fonction  à  variation  bornée  a  une  oscil- 
lation supérieure  à  a  (  a  >  o)  sont  en  nombre  fini  et,  par  suite, 
forment  bien  un  groupe  intégrable. 

Choisissons  des  nombres  a,,  ao,  ...  qui  tendent  vers  zéro  en 
décroissant.  Les  points  en  lesquels  l'oscillation  est  supérieure  à  a.„ 
sans  être  su[)érieure  à  a„_,  sont  en  nombre  fini,  de  sorte  i\\i' une 
fonction  à  variation  bornée  a  au  plus  une  infinité  clénom- 
brable  de  points  de  discontinuité. 

La  réciproque  n'est  pas  vraie;  il  existe  même  des  fonctions 
continues  à  variation  non  bornée. 

L'oscillation  d'une  somme  /', -f- /a  étant,  dans  un  intervalle 
quelcon(pie,  au  plus  égale  à  la  somme  des  oscillations  de/,  et /o 
dans  cet  intervalle,  l'oscillation  totale  de  / -h /a  est,  au  plus,  la 
somme  des  oscillations  totales  de  /  et  f,.  Donc  la  somme  de 
deux  fonctions  à  variation  bornée  est  une  fonction  à  variation 
bornée. 


(  '  )  Et  noD  plus  la  limiie  supérieure  de  la  limite  des  nombres  v. 


LKS    FONCTIONS    A    VARIATION    BOHNKK.  5l 

Des  raisonnements  analogues  permettraient  de  démonlrer  (jue 
les  opérations  efFectiiées  à  la  page  3o,  sur  des  fonctions  intégrahles, 
donnent  des  fonctions  à  \ariation  Ijornéc  (piand  elles  sont  efïec- 
luées  sur  des  fondions  à  xarialion  hoiiK-c, 

Mais  il  n'est  pas  \ral  (pi  une  série  uniforiiH'nient  convergente 
de  fonctions  à  \arialion  bornée  donne  nécessairement  une  fonction 
à  variation  ])ornée.  [.a  j)ropriété  qui  remplace  celle-là  est  la  sui- 
vante : 

La  Limite  vers  Uic/ueile  tend  iiinifoi- nié  ment  on  non)  une 
suite  de  fonctions  à  variations  totales  au  plus  égales  à  M  est 
une  fonction  dont  la  variation  totale  est  au  plus  égale  à  M. 

En  ett'et,  prenons  une  division  de  lintervalle,  la  variation  corres- 
pondante des  termes  de  la  suite  tend  \ers  la  \ariation  relative  à  la 
limite  et  à  la  division  em[)l()yée;  donc,  cette  variation  est  au  plus 
égale  à  M  et  il  en  est  de  même  de  la  variation  totale  de  la  limite. 

Ce  qui  précède  nous  permettrait  de  citer  des  fonctions  à  varia- 
tion totale  bornée.  \^ne  fonction  croissante  est,  en  etlet,  une  fonc- 
tion à  variation  totale  finie  et  égale  iif^b)  —  fi^f-)'',  de  même,  une 
fon('tion  décroissante  est  à  variation  bornée.  Par  suite,  la  dillerence 
de  deux  fondions  croissantes  est  une  fonction  à  variation  bornée. 
Nous  allons  démonlrer  maintenant  la  réciprocjue  :  toute  fonction 
à  variation  bornée  est  la  dij/érence  de  deux  fonctions  jamais 
décroissantes. 

Reprenons  la  variation 

d  soil  />  la  somme  de  celles  des  quantités  f{ai)  —  f{ai_y)  qui 
sont  positives  et  --  /<  la  somme  de  celles  qui  sont  négatives.  On  a 
év  idemmciil 

V  =  p  -r-  n,         /(  b )  —  /■(  a  )  =  p  —  n, 
dOù 

ç  =r.-ip-r-  f(a  )  —  J\b),         V  =  -111 -^  J\b)  —  f{a), 

p  est  la  variation  positive  pour  la  division  choisie.  //  la  variation 
négative.  Les  deux  dernières  égalili's  monhciil  cpic  les  limites 
supérieures  V,  P,  N,  de  k\  />,  //.  (pie  Ton  appelle  variation  totale, 


5-2  CllAl»ITRK    IV. 

variatioit  totale  positive,  variatio/t  totale  négati\e,  sont  liées 
par  les  inèiues  relations  que  k\  p,  n. 

Soieiil  V(.r),  P(.r),  N(./)  les  trois  \arlalloiis  totales  dans  (//,  .r), 
(./>«'/).  on  a 

Mais  P(jr)  et  ^{x)   ne    |)eu\ent    pas   déeroitre   (piand  x  eroit, 
done  le  théorème  est  démontré. 
On  a,  de  plus, 

\{X)  =  Pl.rj  -V-  N(a7). 

Une  fonction  à  variation  hoinée  peut  être  mise  d'une  infinité  de 
manières  sous  la  forme  d'une  diilerenee  de  deux  fonctions  crois- 
santes. Si  l'on  ajoute  à  1*(^)  et  N(.r)  uik^  même  fonction  A(./) 
non  décroissante,  on  obtient  deux  fonctions  non  décroissantes 
P,  {x)  et  N,  {x)  telles  que  l'on  ail 

fix)  =  /(a)  -+-  1*1  <  .ri  —  \i(x}. 

On  voit  facilement  que  les  fonctions  non  décroissantes  P,  et  iN , 
les  plus  générales  satisfaisant  à  cette  éj^alité  sont  (telles  qui  \ieniieiit 
d'être  construites. 

Pour  calculer  la  variation  totale  (rune  fonction  discontiiuK; 
comme  limite  d'une  suite  de  \ariations  i  .  il  faut  (dioisir  d'une 
manière  très  particulière  les  points  de  division;  par  exemple,  poui- 
une  fonction  (pii  est  partout  nulle,  sauf  à  l'ori^^ine,  il  faut  que 
rorij;ine  soit  un  point  de  division.  Pour  les  fonctions  continues 
on  a  cette  pif)priél(''  :  la  vaiialion  (T une  fonction  continue,  rela- 
tive à  une  flivisioti  (juelconcjue,  tend  unifontiénient  vers  la 
variation  totale  de  cette  fonction  c/uand  le  maximum  A  de  la 
longueur  des  intervalles  employés  tend  vers  zéro. 

Soient,  en  effet,  deux  suites  de  divisions  1),,  D^,  . . .:  A,,  A^,,  . . . 
pour  lescpielles  les  A  tendent  vers  zéro,  et  soit  A/  la  valeur  d<'  A 
pour  Ay.  I.e  maximum  de  l'oscillation  de  /'(./)  dans  un  intervalle 
d'étendue  )./  est  \\n  nombic  ij  <pii  tend  vers  /('-ro  ave(;  A/.  Compa- 
rons les  variations  i/,  c  •  relatives  à  0/  et  Ay. 

Les  intervalles  de  Ay  étant  toujours  parlaj;és  en  deux  classes, 
soient  d'  ceux  (|ui  ne  contiennent  aucun  des  points  de  division 
de  D/.  Considérons  tous  ceux  des  c/'(jui  sont  entre  xi  et  xij^.^.  ils 


LES    FONCTIONS    A    VAIU ATION    BOHNKF.  53 

couvrent  un  intervalle  dont  l'origine  est  entre  Xi  et  Xi-\-\j  et 
dont  l'extrémité  est  entre  .r/_,_,  —  Ay  et  j?/^|.  Les  valeurs  de  /(r) 
|)Our  celte  origine  et  celte  extréniilc  diirèrenl  de  £/  au  plus  des 
nombres  f{xi)^  /{xi^t  ).  La  contribution  dans  v'j  des  intervalles 
considérés  est  donc  au  moins 

CL  la  contribution  de  tous  les  cV  dans  v j  est  au  moins  égale  à 

2  [  I  /(  ^/_H,  )—f{XiV~1  tj  ]^  Vi  —  '1  II  Zj, 

si  les  points  de  division  de  D/  sont  en  nombre  /?.  On  a,  à  plus 
forte  raison, 


> 


Vi^Vi  —  y.nzi. 


et  l'une  quelconque  des  limites  des  <^'j  est  au  moins  égale  à  l'une 
quelconque  des  limites  des  vi.  Mais  on  peut  permuter  v'j  et  Vi^  donc 
les  Py  et  les  vi  tendent  vers  une  même  limite  bien  déterminée. 

Voici  une  conséquence  immédiate  de  cette  propriété  :  les  trois 
variations  totales  (V une  fonction  continue  à  variation  bornée 
sont  des  fonctions  continues.  11  suffît  de  le  démontrer  pour  \{x) 
puisque  P(^')  et  N(.r)  s'expriment  immédiatement  à  l'aide  de 
f{x)  et  de  V(^). 

Pour  calculer  V(j?o)7  j'emploie  une  division  «<,  ^,,  . . .,  Xn-,  ^o  *? 
la  variation  v  correspondant  à  cette  division  est  égale  à  celle 
correspondant  à  a,  ^i ,  ...,  x,i  [)lus  \f{X(^)  —  /'(./•„  )|,  v  est  donc 
au  pbis  ('gale  à 

V(.r,)-i-I/(:ro)-/(:r„)|iV(^o-o)  +  i/(.ro)-/(^„)|; 

et  puisque  /(.ro) — f{^ii)  tend  vers  zéro,  quand  on  fait  tendre 
vers  zéro  le  maximum  de  .r/_^,  —  r/,  V(^o)  est  au  plus  égale  à 
V(^o —  o)«  Mais  V(.Z')  est  une  fonction  croissante, 

V(.ro)=V(.ro-o), 

la  fonclion  csl  conliiiuc  à  gauche. 

Etudions  la  \arialion  tolalc  <le/',  (./)  ^  f{ —  x)  entre  —  l>  el  — .r, 
{x  <i  b)',  celle  xai-ialion  lolalc  est  <''\  idcmmcnl  égale  à 

\(h)—\(x). 
(^)nsidérée  comuic   fonclion   de  — x,  clic  est  conlinuc  à  gauche 


54  CIIMMTIVK    IV. 

de  —./•„:  (loin*,  en  lanl  (jne  foiirlion  do  .r,  elle  est  conllniie  à  droilc 
de  ./•„.  La  fonrli()ii  \ { .r)  est  doue  (MMitiniie. 

La  secondr  partie  de  celle  dt'moiislralioii  siip|)Ose  essentielle- 
ment que  la  fonction  est  à  variation  hornéc.  Si  V(.r)  devenait 
hrusquenient  infinie  j)our  .r>.-ro,  et  nous  verrons  que  cela  est 
possible,  le  symbole  V(^^)  —  V(.r)  n'aurait  aucun  sens  pour.r  >  .2-,). 

Puisque  P{.r)  et  N{.r)  soiit  des  fonctions  continues,  toutr 
fonction  continue  à  variation  bornée  est  la  différence  de  deux 
fonctions  continues  non  décroissantes. 

La  variation  i',  |)oiir  la  disisioii  I),  a  été  définie  seuleuienl  dans 
le  cas  où  D  ne  conlienl  cprun  noud)i'e  fini  d'intervalles;  |)()ur  la 
suite,  il  est  utile  d'étudier  un  cas  où  I)  comprend  une  infinité 
d'intervalles.  C'est  le  cas  où  les  points  de  division  de  I)  forment 
un  ensemble  réductible  E;  alors  nous  appellerons  variation  a, 
pour  cette  division,  la  somme  de  la  série  l|/(.r/) — /(.^/_i)l, 
étendue  à  tous  les  intervalles  (^•/_,,  Xi)  contij^^us  (')  à  M. 

Nous  allons  comparer  l'ensendjle  des  \ariations  ii  (pii  \iennent 
d'être  définies  à  Tensemble  des  variations  v  antérieurement  définies. 

L'ensemble  des  ii  contient  Tensemble  des  r,  donc  la  linnte 
supérieure  de  l'ensemble  des  a  est  au  moins  égale  à  la  limite  suj)é- 
rieure  de  l'ensemble  des  c.  Il  suffira  de  démontrer  que  a  est  tou- 
jours inférieure  à  la  variation  totale  pour  (ju'il  soit  |)rouvé  que  la 
limite  suj)érieure  des  u  est  la  \ariation  totale  \  . 

Soit  (a,  'jtt)  un  inteisalle  eontij^u  à  E'.  Soient  a,  et  |'3<  deux  points 
situés  dans  (a,  [ii  )  :  la  eontiibution  de  (a,,  ,3,)  dans  U  est  au  |)lus 
éjj^ale  à  celle  qu'il  fournit  dans  V,  puisque  E  ne  (contient  qu'un 
nombre  fini  de  points  dans  (a,,  [i,).  Faisons  tendre  les  points  a, 
et  (3,  vers  a  et  p,  la  pr()[)osltion  reste  \raie  et  l'on  lrou\e  (pie  (a,  fi) 
fournit  dans  V  une  contribution  au  moins  éj>ale  à  celle  qu'il  donn<î 
dans  u. 

On  pi'ouvcM-a  de  même  que  la  proj)osition  est  \raie  dans  un 
inteivalle  (!ontij;u  à  E"  ou  E"^  ...  ;  nuils  l'un  des  dérivés  de  E  étant 
nul  dans  (a^b),  la  proposition  est  vraie  pour  (c/,  b). 

Ainsi  les  u  peuvent  remplacer  les  e. 


(')  Un  inlervalle  (J7,_,,  x,)  est  dit  contigu  à  un  eiisetnble  Ivs'il  ne  conlienl 
pas  de  points  de  E  et  si  ses  extrémités  font  partie  de  E  on  de  l^'.  La  dénomination 
d'intervalle  ronligu  est  due  à  M.  H.  Hairo. 


i.KS  f()N<:tions  a  vauiation  hohnki:.  55 

Lors(ju'il  s'a<;it  (ruiie  foiicliou  conliiiue,  le  nombre  w,  comnie  le 
nombre  r,  lend  iinifoiiiiémenl  vers  la  variation  tcttab",  quand  le 
maxiimmi  A  de  la  loni;iieiir  des  intervalles  eonli<;us  à  1^  lend  \ei"s 
zéro. 

La  série  //  <'lanl  eoiiN er^enle,  la  série  2[/(.r/)  —  f[xi_^)\ 
étendue  à  tous  les  intervalles  (;oiitigus  à  E,  est  absolument  eonver- 
gente.  On  peut  donc  parler  de  la  somme  de  ses  termes  positifs  et 
de  la  somme  de  ses  termes  négatifs,  ces  deux  sommes  peuvent 
servir  à  (l('linir  P  et  N. 

11  est  iiuporlanl  de  remarquer  qu'on  ne  peut  pas  remplacer 
l'ensend)le  léduelible  E  par  un  ensemble  non  dense  queleoncjue 
sans  que  certaines  des  |)ropriél(''s  précédentes  cessent  d'être  vraies. 
Soit,  en  eUet,  la  fonction  li-r)  définie  par 

(luaud 


«, 

i 

^:\ 

y.  2 

>.» 

«, 

«3 

-f- 

3^ 

:p 

où  les  a  sont  égaux  à  o  ou  à  i.  x  appartient  alors  à  l'ensemble  Zi. 
On  vérifie  immédiatement  que,  pour  les  deux  extrémités  d'un 
intervalle  contigu  à  Z,  ç  prend  la  même  valeur;  nous  assujettis- 
sons ç  à  rester  constante  dans  un  tel  inter\alle.  \{x)  est  mainte- 
nant partout  définie;  c'est  une  fonction  croissante  et,  cependant, 
on  trouvera  zéro  pour  ^/,  si,  [)armi  les  points  de  division  employés, 
se  trouvent  les  points  de  Z. 

Je  terminerai  en  donnant  quelques  exemples  des  diverses  parti- 
cularités (|ui  ont  été  signalées. 

La  fonction  .rsin- est  égale  à  ( — i)*^^* ~  pour  ./•  '-=^ 


donc,  si  Ton  em|)loie  ces  valeurs  de  x  pour  calculer  u  dans  Tinter- 
valle  (o,  -)>  on  trouve 

_          T                       0.  •>.        * 

K  -  —  -'        '2  K  r '-        3  K  r.  —  - 


et  la  fonction  esl  à  variation  non  bornée  bien  qu'elle  soit  continue. 
J\)ur  une  ionclion  (X)ntinue  nidle  pour  ./•  négatif,  égale  à  j^siu- 


-,(,  CIIAPITIIK    IV. 

pour  ./•  positif.  In  \arialion  totale  de  —  i  à  ./;  sautcî   brusqueincnl 
(le  o  à  Xi  (piaïul  ./  (l<'passe  la  valeur  o. 

La  fonction  ./si  11- a  un<^  iiiliiiilé  de  maximael  de  iiiiiiimn,  mais 
eelte  condition  ne  suflil  j)as  pour  (pTune  fonction  soit  à  variation 
l)orné«'.    T. a    fonelion    ./-sin— r    adiuel    un    maxiuium    ou    un 


nou 


minimum,  et  un  seul,  dans  elia(pie  intervalle  / j» 7  \; 

si  l'on  remarcpie  (pie  la  \aleur  absolue  de  ce  maximufu  ou  de  ce 
minimum  est  au  plus on  \oil  cpie  la  fonction  est  à  variation 

totale  finie  au   |)lus  éj;ale  à  2^ ^• 

Les  deux  fonctions  précédentes  n'ont  une  infinité  de  maxima  et 
de  minima  que  dans  le  voisinage  de  l'origine;  si  l'on  veut  qu'il  en 
soit  ainsi  autour  de  tout  point,  il  faut  appliquer  le  principe  de 
condensation  des  singularités.  11  est  nécessaire  d'employer  ce 
principe  d'une  façon  assez  particulière  parce  que  la  limite  vers 
laquelle  tendent  uniformément  des  fonctions  à  \ariation  bornée 
peut  être  à  variation  non  bornée  et  parce  que  les  luaxiuia  et 
uiinima  ne  se  conservent  pas  dans  l'addition. 

Considérons  les  deux  fonctions,  définies  dans  ( —  i,  -f-  i), 


.7' 


l'une  et  l'autre  s'annulent  pour  — i  et  -h  1 ,  la  piemièi-e  est  à 
variation  totale  V  infinie,  la  seconde  à  variation  totale  \  bornée. 
y,  (x)  désignera  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  fonctions. 

f\{x)  a  une  infinité  de  maxima  et  de  minima  qui  se  présentent 
(piand  X  appartient  à  un  certain  ensemble  E,. 

f-*{x)  est  une  fonction  continue  qui  s'annule  aux  points  de  E, 
et  (jui,  dans  l'intervalle  (a.  3)  de  deux  maxima  et  uiinima  consé- 
(  utifs,  est  égale  à 

fii-f)  a  ruèiue  variation  totale  que/',  (.r)  parce  cpie,  dans  (a,  J^), 
la  \arialiou  tnlalc  de  /,>(.r)  est  ■ V. 


I.KS    FONCTIONS    A    VARIATION    BORNKE. 


I^a   fonction   f\  A f■^  a,    dans  cliacjnc    inlcrvallo   (a,    [i),   une 

infinité  (le  maxiina  cl  de  niiniina;  en  ellet,  si  /,  =r  «,  elle  est  à 
variation  non  bornée  dans  (a,  ^)  et  si  /,  =  h,  /,  a  une  dérivée 
bornée  dans  (a,  [^ ),  tandis  que  la  dérivée  de  /■>  prend  tontes  les 
valeurs  positives  et  négatives.  Soit  E2  l'ensemble  des  valeurs  de  x 

pour  lesquelles  y,  H z^f^  est  maximum  ou  minimuni. 

En  opérant,  à  partir  de  E,  4- Eo,  comme  à  partir  de  E,,  on 
formera /a,  d'où/,    -r  ;^/o  +  ^/n  ^l  E3  ('). 

En  continuant  ainsi,  on  définit  les  différents  termes  de  la  série 

f{T)  =  f,(x)  -f-  ^J,{T)  -+-  ^/3(.r)  -4-.  .  ., 

(pii  est  uniformément  convergente,  car  \fi\  est  inférieure  à  1. 

r^a  fonction  continue  f{x)  a  des  maxima  et  des  ininima  dans 
tout  intervalle.  Dans  un  intervalle  (pielconque  (/,  //i),  en  eflet, 
[)ourvu  que  n  soit  assez  grand,  il  j  a  plus  de  deux  points  de  E„. 
Supposons  qu'il  j  ait  les  trois  points  consécutifs  /•,  5,  /  de  E„, 
/étant  égale  à  y„  pour  ces  trois  points,  f  aura  un  maximum  ou  un 
minimum,  au  moins,  entie  /•  et  t,  suivant  (jue  s  correspond  à  un 
maximum  ou  à  un  minimum. 

De  là  résulte  aussi  (pie  la  variation  lolah'  de  / Csl  au  luoins  égale 

à  celle  de  .s,,  =  /,  H -f-^  -h  ...  H ;.///'  donc /'est  à  vaiiation  non 

bornée  dans  tout  intervalle  si/",  =  (^/.  \u  conlraire,  si /,  = />,  la 
variation  totale  de  s„  étant  finie  et  infc'iicurc  à\  (  i  H — -  -t-...H -\y 

f  est  à  variation  bornée  dans  tout  intervalle  [voir  p.  5i). 

Occupons-nous  maintenant  des  fonctions  discontinues  à  varia- 
tion bornée. 

Voici  une  propriété  des  points  singuliers,  cpTil  ('tait  facile 
d'ailleurs  de  mettre  directeiueiit  eu  (''vidence,  et  (pii  résulte  imuK'- 
(liatciuent  de  la  construction  de.  la  fonction  à  variation  bornée  la 


(')  l*our  rlro  LoiiL  à  Ciil  ligoiiicux.  il  laïuirait  défiiontrer  (|iu'  lu  somme  des 
longueurs  cJes  intervalles  contigus  à  Ki+E^,  intervalles  qui  jouent  le  rôle 
des  (a,  jà),  est  égale  à  ?.  comme  la  somme  des  diiïérences  |i  —  a.  Cela  est  presque 
évident  et  l'ésulte,  si  l'on  vent,  de  ce  (|ue  Kj-i-E,  est  d'étendue  extérieure  nulle. 


58  rHAIMTRE    IV. 

plus  «iV'iH'nilc  à  partir  de  deux  fonctions  croissantes  :  tous  les 
/joints  (le  (lisrnntinuité  (V une  fonction  à  variation  bornée  sont 
de  première  espèce. 

Soit  ./•„  lin  point  de  discontinuité:  la  quantité 

Sf.  (  a-o  )  =-  /(  ^0  )  —  /(  -^0  —  o) 


est  le  saut  de  la  fonction  à  •;auclie  de  r,,  • 

•f  r/  (  .^-o  )   =  /(  .7-0  -H  <>  )  ~  /(  .^o  ) 

est  le  saut  à  dioite  de  ^o?  enfin 

s  (  a\  )  =  /■(  .ro  -+-  o  )     -  /(  Xo  -  o  ) 

est  le  saut  au  point  ./q. 

Ceci  posé,  considérons  Ui  fonction  des  sauts  de  fix) 

a  ^  J-,  <  .«■  «  <  r,  £ .r 

oîi  chacune  des  séries  contient  tous  les  xi  qui  satisfont  à  l'inéi;alité 
placée  au-dessous  du  signe  S  correspondant.  On  \erra  aisément 
que  ces  deux  séries  sont  absolument  (^onNeri>enles  et  que,  si  l'on 
pose 

^(x)  est  une  fonction  continue  à  variation  bornée;  la  \aiialion 
totale  de  /étant  la  somme  de  celles  de  '^  et  de  'l. 

La  fonction  discontinue  la  plus  générale  qui  soit  à  variation 
bornée  s'obtient  donc,  soit  en  faisant  la  diflerence  de  deux  fonc- 
tions discontinues  croissantes,  soit  en  ajoutant  à  une  fonction  con- 
tinue à  variation  bornée  la  fonction  des  sauts  o(.r).  Cette  seconde 
méthode  montrée  (pi'on  pciil  choisir  à  volonté  l'ensemble  dénom- 
biablc  des  points  de  disconlinuit('',  et  même  les  sauts  (b;  droite  et 
de  gauche  .v,/  <;t  .v^,  pourvu  que  les  séries  2 5,/ (.>r),  ^s^i^x)  soient 
absolument  convergentes. 

Par  exemple.  rcns('iid)lc  des  points  de  discontiniiitc';  pourra  être 

a 
b 


l'ensemble  des  nombres  rationnels,  les  sauts  étant,  <piand  ./•  s'éciil  -^ 
sous  forme  irréductible. 


^h  ± 


*"=^-'^"^iP'  ^-='-'^r'^3 


LES    FONCTIONS    A    VARIATION    IlOUNKK.  jy 


II.  —   Les  courbes  rectifidbles. 

S(>il  uiu'  coiirhe  C  (léfiiiic  dans  (a,  b) 

.T  =  .T(t),         y=y{t),  z  =  z{t). 

Considérons  un  |)olj*^()nL'  P  inscrit  dans  cette  eoiirhe  et  dont  It.'s 
sommets,  dans  l'ordre  où  ils  se  rencontrent  sui-  P,  correspondent 
à  des  valeurs  croissantes  de  t  (  '),  ci,  a,,  a^,  ....  a^,,  b.  On  peut 
considérer  P  comme  une  courbe  définie  dans  {d,  b)  à  Taide  de 
fonctions  ?(/),  y.U),  Î(^)  égales  à  ./'(^),  J'(0'  ^(0  P^"'*  les 
\aleurs  a,  /,,  tj,  . . .,  tp^  b  de  /. 

(leci  posé,  soient  deux  suites  de  po]v<;ones  inscrits  dans  G,  P/et 
-/,  et  tels  que  le  maximum  des  dillerences  telles  que  t;, —  ^a_,  tende 

\('rs  zéro  avec  -  d'une  [)art,  a\ec  -  d'autre  [)art.  La  l()ni;ueur  d'un 

polvj^one  étant  la  somme  des  lon<;ueurs  de  ses  côtés,  nous  allons 
(M)m parer  la  longueur  Si  de  P/  à  (.-elle  cr/  de  tzj. 

Supposons  que  deux  soniniets  consécutifs  /??,,  m^  de  P/  corres- 
pondent il  t  =  Hi  et  t  ^^^2.  Les  points  de  Tzy,  jjl,,  -jl^,  qui  corres- 
pondent à  ces  valeurs  de  t  tendent,  quand  y  augmente  indéfiniment. 
\ers  //?,,  m,:  la  plus  petite  des  limites,  pour  /  infini,  de  la  lon- 
gueur de  l'arc  |jl,  u..,  est  donc  au  moins  égale  à  la  longueur  <lu 
coté  in^in.^.  Mais  ceci  est  vrai  pour  cliacpie  côté,  et  la  [)lus  petite 
limite  des  o-y  est  au  moins  égale  à  .s/.  Par  suite  les  longueurs  5/ 
et  o-y  tentlent  \ers  la  même  limite  quand  /  ety  augmentent  indéfi- 
niment, et  elles  sont  toujours  inférieures  à  leur  limite. 

Lorsque  le  maximum  de  la  longueur  des  côtés  d'u/i  poly- 
gone inscrit  dans  une  courbe  tend  i^ers  zci-o,  la  longueur  de 
ce  polygone  tend  veis  la  limite  supérieure  des  lofigueurs  des 
polygones  inscrits  dans  la  courbe.  C'est  cette  limite  que  l'on 
appelle  la  longueur  de  la  courbe. 

Lue  courbe  est  dite  rectijiable  si  elle  est  de  longueur  finie. 
L'étude    des    courbes    rectifiables    a    été   entreprise    par   Ludwig 


(')  (^)uuiui  nous  parleions  dim  polygone  inscrit  dans  une  courbe,  nous  suppo- 
soions  toujours  cette  dernière  condilion  remplie. 


6<)  CHAPITRE    IV. 

SriK'cIVcr  (•),  puis  coiiliiiiK'c  par  M.  Jordan  (-)  à  (pii  l'on  doit  le 
n'sidlal  suisanJ   : 

Pour  quuiK^  courbe  soit  rectifiablc,  Il  faut  et  il  suffit  que 
les  fonctions  .r{  t),  y{t),  z{t)  qui  la  définissent  soient  à  varia- 
tion bornée. 

En  effet,  un  roté  (jnelconqne  d'un  polygone  inscrit  dans  la 
courbe  est  de  longueur  au  moins  égale  à  chacune  des  projec- 
tions ùxf  Oy,  Oz  de  ce  coté  sur  les  axes,  et  de  longueur  au  plus 
égale  à  8^4- o^-h  o^.  Mais  la  somme  des  projections  o^  est  la 
variation  v^  de  la  fonction  x{t)  pour  les  valeurs  de  t  correspon- 
dant aux  sommets  (^).  La  longueur  du  polygone  est  donc  supé- 
rieure à  Vx^  i'v  et  Vz  et  inférieure  à  Vx-\-  <>+  ^'z*,  la  propriété  est 
démontrée. 

De  plus  la  longueur  rie  V arc  de  ^o  à  t  (t^  t^)  d'une  courbe 
rectifiahle  est  une  fonction  continue  non  décroissante  de  t^ 
puisque  l'accroissement  de  cet  arc,  dans  un  intervalle  quelconque, 
est  compris  entre  les  accroissements  de  Vx  et  Vx-^-  ^y-\-  ^z- 

Pour  calculer  la  longueur  d'une  courbe,  on  pourra  se  servir  de 
polygones  ayant  une  infinité  de  sommets  correspondant  à  des 
valeurs  de  t  formant  un  ensemble  réductible;  car  le  raisonnement 
du  début  s'applique  à  ces  polygones. 

Une  courbe  rectifiable  plane  est  quaiiable,  car  si  on  la  divise 

en  n  uiorceaiix  de    longueur  égale  à   ->    chacun   d'eux   peut  être 

enferin<''  dans   une  circonférence  de  rayon     —  >   et  la  somme   -, — 

des  aires  de  c^es  cercles  tend  \ers  zéro  avec  —  • 

n 

Supposons  c[ue  x(^t)^  y{t)^  z{t)  aient  des  dérivées  intégrables; 

alors  1^(^)1,  |j''(/)|,  |2'(0l  ^^^^^  aussi   intégrables,  car  on  peut 

éci'iro 


(  ')  Allgenieine  Lntersuckiingen  ilher  ftectijication  der  CuiKea  {Acta  matlie- 
matica,  t.  V  ). 

(-)  Cours  d'Analyse,  t.  I,  2'  édition.  ScheenVr  el  M.  .lordjui  ont  aussi  exa- 
miné le  cas  où  x{t),  yit),  z{t)  ne  sont  pas  continues. 

(')  La  Courbe  x  =  x{t),  y  =  o,  5  =  0,  qui  sert  dans  ce  raisonnement,  est  dite 
la  projection  sur  ox  delà  courbe  donnée;  la  projection  sur  xoy  est  x  =  x{l). 
y  -y(t),  z  -  o. 


Li:S    FONCTIONS    A    V.AlUATlON    HOH.NKK.  Gl 

et  si  l'oa  élève  au  carré  ou  si  Ton  prend  la  racine  carrée  aritlimé- 
liquc  d'une  fonction  inlé«>ral)le  on  ne  cesse  pas  d'a\oir  des  fonc- 
tions intéj^rahles. 

Si  /,  //?,  //,  L,  M,  ]N  sont  les  limites  inférieures  et  supérieures 
de  \x''\j  \r'\j  \z'\  dans  un  intervalle  (/,,  /o),  les  sonnnes  telles 
que  2(^2 — ^<)(^^  —  0'  étendues  à  une  division  quelconque  de 
(a,  h)  en  intervalles  partiels,  tendent  \ers  zéro  quand  les  inter- 
valles employés  tendent  vers  zéro. 

La  corde  (^,,  t.,)  a  une  lonj^ueui*  o  (|ui  Nt'iilic  I(îs  inégalités 


es 


Donc  un  polygone  inscrit  a  une  longueur  compiise  entr< 
sonnnes  le/,  SA  coirespondanles.  Si  l'on  fait  tendre  sers  z<'ro,  les 
longueurs  des  côtés  du  polygone  l'A  et  i] a  tendent  \ers  un<'  même 
limite,  car  l'on  a 

lA- i:alv(/o-^)(L-/)-^S(/2— /,)(M- m, 

-r-ï(/.,— /,)(N  —n  ). 

La  limite   de    lA  et  Ha   est  la    longueur  de   la    «ourhe.   Mais, 

puisque  l'intégrale    /     \,x--^y'-^z'-dt.  qui   existe  d'après  nos 

hypothèses,  est  toujours  comprise  entre  Ha  et  lA,  nous  |)()u\ons 
conclure  que,  si  x' ,  y\  z'  existent  et  sont  intégrahles,  la  lan- 
gueur de  Vare  {a^  b)  est 


1 


b 

/r'- 4- y  •'' +  z-  cit. 


Le  raisonnement  précédent  montre  aussi  que  si  f\x)  existe  sans 
être  intégrable,  et  nous  verrons  que  cela  est  j)ossible,  la  longueur 
de  la  courbe  j'  =  f{x)  est  comprise  entn^  les  intégrales  par  défaut 
et  par  excès  de  \/  \  4-  f'-. 

Nous  obtiendrons  la   généralisation   de  cette  [)roposition,  ainsi 

qu'un  résultat  relatif  au  cas  où  \'x'^-\-y''^-\-z'-  est  une  dérivée,  à 
l'aide  des  considérations  cpil  suiNcnt. 

On  suppose  que  x/ ^  y' ,  :;' existent;  alors,  du  point  j"o,roi  ^o?  ^o^ 
quel  cju'il  soit,  coninie  origine,  on  peut  tracer  une  corde  dont  la 
longueur  y/3j^'y  -t-  o>  y  -j-  ô^jj  diffère  de  £  ô/o  hu  plus  de  la  ([uantité 


6-2  ciiM'iTiu:   IV. 


0^0  y/jr'y- -|- ijj"  +  5y"  ;  vl  nous  pouNoiis  iiiéine  assujcLlir  o^y  à  cire 
inférieure  à  une  certaine  quantité  donnée  à  l'asance  )x. 

La  courbe  étant  définie  dans  {a,  6),  du  point  a  =  ti  comme 
origine,  nons  pouvons  tracer  nne  corde  remplissant  les  conditions 
indicpu'cs;  elle  correspond  à  (^,,  /o)-  J^e  t-2  nous  pou\ons  tracer 
une  nouvelle  corde  (pii  correspond  à  {f^^  ^:i)  ^t  ainsi  de  suile.  Si 
après  un  noud)re  fini  d'opérations  on  arrive  en  />,  la  construction 
est  ainsi  achevée.  Sinon  les  t,i  ont  un  point  limite  Z,,,  ducpiel,  comme 
origine,  on  peut  tracer  une  corde  (ti^,  ^w+i)?  puis  de  t^-^-t  on 
trace  (^w+i?  ^«0+2)  et  ainsi  de  suite.  Si  l'on  n'atteint  pas  h,  on  se 
rapproche  d  un  point  limite  t-2(,)^  '<^  partir  ducpiel  on  opère  de  même 
cpi  à  partir  de  /^o- 

On  a  ainsi  des  inlcrNalics  dont  les  ori«;jnes  /,(  ont  pour  indices 
les  dillérents  nouihres  linis  et  transfinis  a.  Il  faut  démontrer  (ju  on 
arrivera  en  b  a\ant  d'avoir  épuisé  la  suite  des  nombres  transfinis, 
c'est-à-dire  à  l'aide  d'une  infinité  dénombrable  d'intervalles.  Cela 

est  tout  à  fait  évident,  car  il  n'v  a  pas  plus  de  — j—  inters ailes  de 
longueur  supérieure  à  e,  et  tous  les  intervalles,  étant  supérieurs 
en  lont^ueur  à  l'un  des  nombres  £,  -»  ^>  •  •  •,  forment  un  ensemble 
fini  ou  dénombrable. 

L'ensemble  des  valeurs  /,,  ^27  •••  <'^t^  réductible,  puiscpi  il  est 
fermé  et  dénombrable  ;  donc  on  peut  se  servir  des  cordes  tracées 
pour  évaluer  la  longueur  de  la  courbe.  La  somme  des  longueurs 
de  ces  cordes  diflere  de  la  somme 

au  [)lus  de 

Si  nous  faisons  tendre  simultanément  £  et  a  vers  zéro,  £(^  —  a) 
tend  vers  zéro,  la  somme  des  longueurs  des  cordes  tend  \ers  la 
longueur  s  de  la  courbe,  J  tend  donc  vers  s.  Mais,  d'après  la 
forme  de  I,  on  peut  écrire,  si  \^.r'- -\-  j'-  -\-  z'-  est  bornée, 


v/ar'2 -^  7'ï -1-  5'2  dti^S±  j      /^'2  +  y'i  -+-  ^'2  dt. 


Supposons  maintenant  (pie  \Ja/' -\-  y''^ -^  z'-,  bornée  ou  non. 


LliS    FONCTIONS    A    VARIATION    HOHNKE.  G) 

soLt  la  dérivée  d^ une  fonction  7[l).  Si  nous  avons  choisi  chaque 
inlersalh'  (/«,  ^a+i  )  ^^^  manière  qu'il  satisfasse,  non  seulement  aux 
conditions  précédemment  indiquées,  mais  encore,  ce  qui  est  pos- 
sihle,  à  l'inégalité 


I  1(11(1  vers  l'accroissemenl  ^{h)  —  '^{(f )  df  ^(0  dans  (<^/,  ^)  quand 
£  (i  A  tendent  slmultaïK'mcnt  \ers  zéro.  On  a  donc 

s  =  i{ù  )  —  <y{a ). 

Iai  longueur  de  U arc  est  l'accroissement  de  la  fonction  7. 

Jappelle  l'attention  sur  la  construction  eiiiploy(''e  dans  la 
déinouslration  précédente. 

Je  suppose  (|iriiii  procédé,  permettant  de  construire  un  ou 
plusieurs  intervalles  ayant  pour  origine  un  point  quelconque  ^y, 
ait  été  indiqué.  Je  dirai  qu'un  inter\alle  (^a,  b)  a  été  couvert,  à 
partir  de  a,  par  une  chaîne  d'intervalles  choisis  parmi  les  inter- 
valles définis  par  le  procédé  donné,  lorsqu'on  aura  construit  parce 
procédé  un  intervalle  (^,,  t^)  d'origine  t^=:^a,  puis  un  intervalle 
(^2j  h)  d'origine  t,^  etc.,  puis,  si  cela  est  nécessaire,  un  intervalle 
{l^xi^  ftxi-\.\)  dont  l'ori«^ine  est  la  limite  de  ^,,  t.>,  ...;  et  ainsi  de 
suite.  Il  a  été  démontré  qu'on  arrive  ainsi  nécessairement  à 
atteindre  b  au  bout  d'un  nombre  fini  ou  d'une  infinité  dénom- 
brable  d'opérations,  de  sorte  que  la  chaîne  construite  couvrira 
bien  tout  [a,  b)  ('  ). 


(')  Lorscjiie  le  procédé  tluimé  t'ait  currespoiidie  j)lusieuis  inlervallcs  à  une 
inètne  origine  t^,  ii  faut  clioisir  entre  tous  ces  intervalles  celui  quou  appellera 
(/„,  ^((+,).  Ce  choix  peut  être  fait  arbitiaireinent  si  la  nécessité  de  choisir  ne  se 
présente  cju'un  nombre  (ini  de  fois.  Si  elle  se  présente  un  nontbre  infini  de  fois, 
pour  éviter  les  diflicullés  (jui  surfissent  de  l'emploi  des  mois  «  choisir  une  infi- 
nité de  fois  »,  il  vaut  mieux  supprimer  le  choix  en  indiquant  suivant  quelle  loi 
on  déterminera  {t^,  ^a+i  )  P^""»'  t<'*'s  les  intervalles  possibles.  Dans  la  demcuistra- 
tion  précédente,  on  pourra  assujettir  chaque  intervalle  (  <„,  i„^,)  à  être  le  plus 
grand  qui  satisfasse  aux  conditions  imposées;  il  y  a  bien  d'ailleurs,  dans  l'en- 
semble de  ces  intervalles,  un  intervalle  plus  grand  que  tous  les  autres. 


CHAPITRE  V 


LA     KKCHKKClli:     D  K  S     KONCTIONS      PRIMITIVES. 


1.   —   L'intégrale  indéfinie. 

Soil  J\x)  uiu'  fonction  hoiiu'c  inlé^^rable  dérinie  dans  (a^b); 
Ja  fonction 


F(.T)=   f    f{x)d.v-h  K 


es t  / 'intégra le  indéfi n ie  de /{x). 

En  appliquant  le  théorème  de  la  moyenne  on  Noit  que  /' inté- 
grale indéfinie  de  f{x)  est  nue  fonction  continue,  à  variation 
bornée  (  '  ),  et  qu'elle  admet  f\x)  pour  dérivée  en  tous  les  points 
oiif{x)  est  continue. 

Que  se  passe-t-il  siy(^)  n'est  pas  continue  en  a?  Alors  il  se 
peut  qu'il  y  ait  une  dérivée  égale  à  /(a),  c'est  le  cas  pour  a  =  o 
si  f{x)  est  nulle  pour  x  quelconque,  et  é*;ale  à  i  quand  x  est 
l'inverse  d'un  entier;  il  se  peut  qu'il  y  ait  une  dérivée  dillé- 
rente  dey*(a),  c'est  le  cas  pour  a  =  o  quand  /(.r)  est  partout  nulle 
sauf  pour  ^  =  o,  il  se  peut  qu'il  n'y  ait  pas  de  dérivée,  c'est  le  cas 
pour  a  =  o  (|uand  f{x)  =  c,osJI^\x\  pour  ^  ^  o  et  /(o)  =  o  (  ^). 

Ainsi  l'intégration  |)eut  conduire  à  des  fonctions  n'ayant  pas 
partout  une  dérivée.  Cette  conséquence  a  été  signalée  par  Riemann 


(  '  )  Je  laisse  au   leclcur  le  soin  de  démontrer  que  la  variation  totale  de  F(a:) 

dans  (a, 6)  est  exactement  égale  à      /     \f{x)\dx 

I  •-  a 
X 


(-)  L'intégrale  indéfinie  est  alors  -  (sin4^|x|  -H  cos^^  l-^^l  )• 


I.A    HKCIIKRCIIi:    DKS    PONCTIONS    PRIMITIVKS.  65 

ij)|)('l(''  riilleutioii  sur  rinl(*i;rale  Indéfinie  <!('  la  fonction 

(nx) 


Colle  iiil(''i;i'alc  indéfinie  P  (.r)  admet /( ./)  poui"  d(''i'ivée  quand  a: 

,                   11/'             '>!)  -t-  I 
n  est  pas  de  la  tonne -i- • 

'  2  Ai 

xn  -4-    I  -.    .  \  r,  , 

.Supposons  7.=  -^ — ^ —  el  taisons  tendre  ^j  Ncrs  a  par  \aleurs 
eroissantes,    on    a    \u    (lue    /  Y  B)    tend    \  ers    /(a)  A donc, 

d'après  le  tliéorèine  de  la   moyenne,   il  en   est  aussi  de  inênie  de 

F(p)-F(a) 

\u    eoiilraire   ce    rapport   lendra    \ers  /"(a) ^^ —  si   l'on   fait 

Il  ./        /         \^ni- 

tendre  ^j  \ers  a  par  \aleurs  décroissantes;  donc  F(.2:)   n'a   pas  de 

I  '    •      '  I  I  I      I      i-  9/?  -h  I 

<lerivee  pour  les  \aleuis  d<'  la  tonne —^- 

'  xn 

C'est  le  premier  exemple  (jue  l'on  ait  connu  d'une  fonction 
n'admettant  [)as,  en  général,  une  dérivée.  On  connaissait  Lien  des 
fonctions,  celle  de  Caucliy,  par  exemple,  -|-  ^ x-.,  qui,  en  certains 
points,  n'avaient  pas  de  dérivée;  mais  ces  points  étaient  excep- 
tionnels, ils  ne  formaient  jamais  un  ensemble  partout  dense;  dans 
l'exemple  de  Riemann,  au  contraire,  il  y  a  des  j)oints  sans  dérivée 
dans  tout  inler\alle.  Le  principe  de  condensation  des  singularités 
nous  donnera  autant  d'exemples  que  nous  le  voudrons  de  fonc- 
tions analogues  à  celles  de  Riemann  ;  si  les  dp  sont  tous  les  nombres 

I         /' V  ^^sJ'  la:  —  «„|    ,  .  1  /.  • 

rationnels,     /     >  ^^-^ ^  a^  est  une  de  ces  fonctions. 

J^'inté^ralion  fournit  des  fonctions  qui  n'ont  pas  toujours  une 
déri\ée.  Par  une  métliode  toute  ditlerente,  Weierstrass  a  (construit 
une  fonction  n'ayant  jamais  de  dérivée  (-);  il  est  évident  que  l'inté- 
gration ne  peut  pas  donner  de  telles  fonctions  :  Les  points  en 
lesquels  une  intégrale  indéfinie  n'admet  />as  de  dérivée  forment 
un  ensend)le  de  mesure  nulle,  puisque  ces  points  apparli<Minenl 


(')   Voir  p.  i").   I/inlégralc  indélinic  >%)l)lieiil  en   iiUéiiraiU  lenne  à  terme. 
(-)  Voir  Journal  de  Crelle,  vol.  79.  ou  Jordan,  Cours  d'anatysc.  :>'  édition. 
l.  I,  p.  3i(k 

La  fonction  de  \\ Vier^tris-,  <■>,;   a  variation  non  l)ornée  dans  tout  intervalle. 


66  CHAPITRE    V. 

à    l'ensemble  des    points    de    discontinuité    de    la    l'onction    inté- 
^Téef{x). 

Lorsqu'une  fonction /(a)  est  bornée,  mais  non  inlégrable,  on 
peiil  lui  attacher  les  deux  intégrales  indéfinies  par  excès  et  par 
défaut 


F( 


x)=     f  f{cc)dx-^K,  F(x)  =     r  /(x)  dcr-hK. 


Ces  deux  fonctions  sont  continues,  à  variation  bornée,  et 
admettent/pour  dérivée  en  tous  les  points  où/est  continue  ('). 

\  la  notion  d'intégrale  indéfinie  se  rattache  une  généralisation 
importante  de  l'intégrale  définie. 

Si  une  fonction/(.r)  définie  dans  {a,  h)  est  non  intégrable  dans 
{a,  b)  mais  intégrable  dans  tout  intervalle  (a,  fi)  intérienr  à  («,  />), 
on  peut  espérer  définir  une  intégrale  dans  («,  b)  en  posant  en  prin- 
cipe la  continuité  de  l'intégrale  indéfinie  et  en  appliquant  les 
méthodes  de  Cauchy. 

On  voit  facilement  que  les  conditions  supposées  ne  sont  jamais 
réalisées  si/(jc)  est  bornée.  Mais,  s\f[x)  n'est  pas  bornée,  on  peut 
être  conduit  par  la  méthode  de. Cauchy  à  un  nombre  déterminé; 
il  en  sera  ainsi  en  particulier  si,  autour  de  a  et  6,  \f{x)  \  est 
inférieure  à  une  fonction  d'ordre  d'infinitude  déterminé,  inférieur 

On  peut  refaire  au  sujet  de  l'intégrale  de  Riemann  tous  les 
raisonnements  faits  au  sujet  de  l'intégrale  de  Cauchy  et  des  pro- 
cédés de  Cauchy-Dirichlet;  je  n'insiste  pas  sur  ce  point  (^). 


(  '  )  La  propriété  relative  à  l'ensemble  des  points  sans  dérivée  est  vraie  aussi 
pour  les  intégrales  par  excès  et  par  défaut;  nous  verrons  d'ailleurs  plus  tard 
({u'elie  appartient  à  toutes  les  fonctions  à  variation  bornée. 

(■-)  D'une  manière  plus  générale,  on  peut  appliquer  tous  les  théorèmes  que  l'on 
donne  ordinairement  relativement  à  l'existence  d'une  intégrale  quand  la  quantité 
placée  sous  le  signe  d'intégration  devient  infinie  en  un  point. 

("•)  A  ces  questions  se  rattache  une  généralisation  de  l'intégrale  exposée  par 
M.  Jordan  dans  le  Tome  II  de  la  deuxième  édition  de  son  Cours  d'Anal)  s*^.  Si 
les  généralisations  flu  texte  permettent  de  définir  l'intégrale  de  /{x)  dans  tout 
intervalle  contigu  à  un  ensemble  fermé  K,  M.  Jordan  appelle  intégrale  de  f{x) 
la  somme  des  intégrales  dans  les  intervalles  contigus  à  E.  Pour  que  Pinlégiale 
d'une  somme  soit  la  somme  des  intégrales,  il  faut  ajouter  que  l'élcndue  exté- 
rieure de  K  doit  être  nulle.  A  ces  questions  se  rattachent  des  travaux  de  Haniack 


,A    HKCIIKHCIIK    DKS    FONCTIONS    l'KIMITINKS.  67 


II.   —   Les  nombres  dérivés. 

r^'inléj^ralion  s'applique  à  des  foiirlioiis  <|ui  ne  sont  pas  des 
(onctions  (léri\(''es.  Lui;  fonction  nulle  j)artout,  sauf  pour  ^  =  o, 
n'est  pas  une  fonction  dérivée,  puisque  sa  fonction  primitive,  si 
elle  existait,  devrait  être  continue,  constante  j)our  x  positif,  et 
pour  j:* négatif,  donc  toujours  constante  et  cependant  sa  dérivée  ne 
serait  pas  nulle  pour  .x  =  o.  Ceci  montre  que  les  notions  d'inlé- 
j^rale  indéfinie  et  de  fonction  primitive  sont  différentes. 

Il  semble  ((ue  l'on  ait  admis  pendant  lonj^temps  que  la  première 
de  ces  notions  comprend  la  seconde  et  que,  par  suite,  fintéj^ra- 
tion  permet  toujours  de  résoudre  le  problème  de  la  recherche  des 
fonctions  primitives.  En  tout  cas,  au  lieu  de  s'occuper  de  ce  pro- 
blème, on  a  étudié  ((uels  services  pouvait  rendre  l'intégration  dans 
la  résolution  de  problèmes,  généralisations,  en  des  sens  divers,  du 
problème  des  fonctions  primitives. 

Pour  l'étude  de  ces  problèmes  il  nous  sera  utile  de  connaître 
quehjues  pro[)riétés  des  nombres  dérivés. 

Soit/(^')  une  fonction  continue  (  '),  [)renons  le  rapport 

r\J(j-),  x^,  a\,-\-  h]  =  ^ ^ ■''; 

et  faisons  tendre//  vers  zéro.  Si  nous  assujettissons  //  à  ne  prendre 
(pie  des  valeurs  négatives,  la  plus  petite  et  la  plus  grande  des  limites 
du  rapport  sont  les  deux  nombres  dériKés  à  gmiche  au  point  x©. 
Ces  deux  nombres,  (|ui  ont  été  définis  et  étudiés  par  V.  du  Bois- 
Reymond  et  Dini,  sont  encore  a|)pelés  les  extrêmes  oscillatoires 
antérieurs.  La  plus  petite  limite  est  le  nombre  dérivé  inférieur 
à  gauche,  la  plus  grande  limite  est  le  nombre  dérivé  supérieur 
à  g((uche. 


(Math.  Ann.,  Bel.  XXI,  XXIV),  Huldcr  {Matli.  Ann..  Bd.  XXIV),  .le  la  Vallée- 
Poussin  ^y.  de  Lioiwille,  série  4,  vol.  VIII),  SbWz  (  Wiener  Rerichte,  Bd.  CVII), 
.Moore  {Trans.  Amer.  Math.  Soc,  vol.  II). 

(  '  )  On  peut  aussi  considérer  le  cas  des  fonctions   dix-oiiiinues,   mais    les  déli- 
tions du  texte  nous  suflironl. 


58  ClIAlMTRi;    V. 

Eu  (lounaiil  à  //  dos  \aleurs  positixcs  on  déliint  les  deux  nombres 
dériKU's  à  riroite  ou  extrêmes  oseilictoii-es  postérieurs. 

Ces   quatre  nombres,   (|ui  ne  sont   pas   uécessaireineiil   liiils.  s<' 

notent 

:  X.,     A„..     l,,.     A,/:        y 

si  l'on  veut  rappeler  la  fouc'lioii/et  la  Naleiir.r,,  doiil  il  s'ai;il  on 
écrit  l^/{.ro),  A^./(^o)  (M. 

La  signification  géométrique  de  ces  nombres  est  simple.  Soit  la 
courbe  y  =z/(x),  considérons  l'arc  AB  de  cette  courbe  corres- 
pondant à  l'intervalle  (xo.  ^o-\-  à)]  supposons-le  positif.  Toutes 
les  droites  joignant  A  à  un  point  quelconque  de  AB  sont  toutes  les 
droites  d'un  certain  angle  XAY.  Faisons  tendre  //  \eis  zéro, 
l'angle  X\Y  varie  de  telle  manière  que,  pour  la  valeur  //,  il 
contient  tous  les  angles  correspondant  aux  Naleurs  inférieures  à  //. 

Ceci  suffît  pour  qu'on  en  conclut  l'existence  de  droites  limites 
?  A,  /,  A  pour  \A  et  Y  A.  Les  coefficients  angulaires  de  ces  deux 
droites  limites  sont  les  nombres  dérivés  à  droite;. 

()n  pourra  faire  la  figure  pour  la  (*ourbe  r  =  .^siii-;  poui".i=o 

les  deux  noMd)res  dérivés  inférieurs  sont  égaux  à  —  i  et  les  dçu\ 
nombres  dérivés  supérieurs  sont  égaux  à  -f  i .  l*our  cette  cuurbe 
l'angle  XAY  est  fixe.  Au  contraire,  il  Narie  poui*  la  fonction 

•     •  ,1 

V  —  .r  sMi h  x-sni  - 

<pii  admet  l<'S  mêmes  nombres  dériNes  (pn'  la  [)récédente  pour 
X  =  o. 

JjCs  nomhi'cs  déri\és  peuNcnl  remplacer  dans  certaines  (Hudes 
les  dériNées  ordinaires.  Dans  Tétude  de  la  Nariation  dune  fonction 
par  exemple  :  si  les  nombres  dérivés  sont  tous  (|uatre  |)ositifs,  la 
fonction- est  (croissante;  si  les  deux  nombres  déri\és  postérieurs 
sont  positifs,  la  fonction  est  ('roissante  adroite;  si  les  deux  dérivés 
postérieurs  sont  positifs  et  les  deux  antérieurs  négatifs,  la  fonc- 
tion admet  un  nnnimiim  poui*  x  ^=  Xi/,  si  l<'s  deux  nond)res  d(''- 
rivés  à  droite  sont   d(.'  sigillés  eonlr'air<'s  la  f()neti(ni   n Csl    ni  erois- 


(')  On   niiploic   aussi    (iiiclijiicfnis   les   nolalions  l)    ,  1)    ,    D^,    I)^   ou   <:/_ ,    l)_  , 


^ 


LA  iu:(:iij:r(  m:  dks  konciio.ns  phimitives.  69 

santé  ni  (hMioissanlc  à  droite  (le  x  =  ^0?  niais  si  l'un  des  deux  est 
mil  on  n(;  peut  plus  ri(;ndire. 

l.ors(pie  A,/ =  X,/  ou  dit  (jue  la  l'onction  admet  une  dérà'ee  à 
<lr()ite  (''<;al('  à  A,/;  si  A«-  -  )wr,  la  valeur  de  Ao-  esl  d/'tivée  à 
>j((  niche. 

Si  A,/  =  )v/*"«=  A^  r~  A^,  la  fonetion  a  une  dérisée  é^ale  à  A^/. 
émette  (h'iinition  est  identique  à  la  définition  classique  sauf  le  cas 
c.ù  A,/-.  ±x  ('). 

faisons  une  application  de  ces  délinilious  à  l'intégrale.  Le 
lluMucine  de  la  uiovcnnc  donne 

/l,-[F(;r),  a,  PJIL, 

si  V  est  TuiK'  (pielconque  des  trois  intégrales  indéfinies  et  si  /  cl  [^ 
sont  les  limites  inférieure  et  supérieure  de  /dans  (a,  ^:i);  on  peut 
même  supposer  (pie  a  est  exclu  de  l'intervalle  (a,  j3  ). 

Si  nous  faisons  tendre  ^i  vers  a  par  valeurs  plus  petites  que  a, 
nous  Novons  (pie  le  nombre  dérivé  supérieur  à  <>(iuche  pour 
r  =  a  d^ une  des  iiifégrales  indéfinies  d' une  fonction  bornée 
J\'C)j  est  ciu  plus  égal  à  la  limite  supérieure  de  f{.r)  à  gauche 
de  a  et  le  nombre  dérivé  inférieur  de  f{x)  à  gauche  est  au 
moins  égal  à  la  limite  inférieure  de  f{x),  à  gauche  de  a. 

Supposons  que  /(a  — o)  existe,  alors  les  deux  limites  de  f{x) 
à  gau(die  de  a  sont  /'(a  —  o),  donc  :  r/ua/i/l  f(x  —  o)  existe,  r une 
(juelconque  des  intégrales  indéfinies  de  la  fonction  bornée 
f{x)  admet,  pour  j;  =  a,  une  dérivée  à  gauche  égale  à  f{pL  —  o). 

On  laisonne  de  même  pour  les  nombres  dérivés  et  la  dérivée 
à  droit*'. 

La  fonction  de  Kiemann  ^ — y^»  n'admettant  (pie  des  points  de 

discontinuité  de  première  espèce,  conduit  à  une  intégrale  indéfinie 
(|ui  a.  v\\  tout  point,  une  dérivée  à  droite  et  une  dérivée  à  gauche 
(^'terminée.  C'est  en  somme  l'existence  de  ces  dérivées  à  droite  et 
à  gauche  (|ui  a  été  démontrée  à  la  page  65 . 

Si  /"(  a  —  o)  eiy*(a-i-o)  existent  et  sont  égales,  l'intégrale  (\v 
J {  .r  )  admet  la  \aleur  commune  de  /"(^a  —  o)  eVf\^'X-\-o)  pour 
<l«''ri\ée,  cpiand  .r -- a,  (piel  «pie  soit  le  noiid)re  /'(  a). 


(')  Avec  celle  (léllnilion  \/'x  arlmet  une  dérivée  dclcrminée,  H-  x,  pour  x 


CII.M'HHK    V. 


Il  existe  pour  les  iionihres  dérivés  une  proposition  aiialo«;uc  au 
ihéorèine  des  accroissements  finis  (  '  )  : 

Si  L  et  l  sont  les  limites  supérieure  et  in  férié  me  de  r  an 
quelconque  des  quatre  nombres  déii^és  de  la  fonetion  /{^) 
dans  [a^b),  on  a 

l<^r[fi.T),a,b]S,L. 

Je  suppose  (pie  /et  L  soient  relatifs  à  xV,/ et  je  vais  démontrer 
seulement  (pi'il  existe  des  valeurs  de  A,/ au  moins  égales  à 

/•[/(.r  ),  (t,  />J. 

Jadopli'  pour  cria  le  langage  géométrique  parce  cpi'il  me  parait 
plus  expressif;  on  le  traduira  facilemenl  si  l'on  \eut  en  langage 
-analytique. 

La  propriété  est  évidente  si  la  courbe  C  qui  représente /(y)  se 
réduit  à  la  corde  AB  joignant  ses  extréuiités  {^/ig.  '>■). 

S'il  n'en  est  pas  ainsi  et  s'il  existe  des  points  de  la  courix'  C  au- 


ilessus   de  AB  ((t'est-à-dire  du    côté   de  y  = -{-ce),  je   déplace 


(  '  )  On  sait  (|iie  ce  tliéorèine  s'«;iioiicc  ainsi  : 

Si  une  fonction /(. r  )  est  continnc  dans  l'intervalle  {(/^O),  et  aclnict  une  dérivée 
bien  déterminée  ponr  ciiaque  valeur  de  .r  intérieure  à  {a.fj  ).  il  existe  un  iionihre  ^ 
de  cet  intervalle  tel  que 

fih)-f(a)  ^-f[  \:)b-a. 


Cet  énoncé  ne  suppose  pas  (|ue  /'(  ./•  )  soit  hoi  iif 
est  infinie,  cr  doit  tHr<'    i-  x,   ou  -    x,  ci   non   pa> 


Il   même  Unie,  miii>  >i   /"  {  .c  ) 

X. 


"Sa. 


LA  iu;<;m:K(:nK  dks  fonctions  imumitives.  71 

droite  VB  pjirallèlement  à  elle-même  en  A' B' de  manière  qu'elle 
<;oupe  G. 

Au-dessus  de  A'B'  il  y  a  des  ares  de  G,  soil  l*(^)  {'un  (Veux.  Au 
point  P  de  A'B',  A,/  et  A,/ sont  évidemment  supérieurs  ou  au  moins 
égaux  au  eoefTieienl  angulaire  de  P(),  e'est-à-dire  à  r[/(x),  «,  b] 
et  la  propriété  est  démontrée  dans  ce  cas. 

lùilin  si  G  n'a  pas  de  point  au-dessus  de  AB  (//,ir.  •^),  je  déplace 
AB  parallèlement  à  elle-même  vers  y  7= — oc,  et  soit  A'B' la  der- 


Fig.  3. 


b  Jp 


nière  position  clans  laquelle  elle  ait  des  points  coinmuus  avec  G. 
Si  P  est  l'un  quelconque  de  ces  points,  en  ce  point  A,/ et  A,/  sont 
au  moins  égaux  à  r[f[.r),  a^  b\,  la  propriété  est  déinonirée  dans 
tous  les  cas. 

Du  théorème  f)ré('édent  il  résulte  cpic  les  (jiidtrr  itoDihres 
déri\'(''s  ont  la  nirme  liinile  suphieui  v  cl  la  m  Ame  liinilc  infé- 
rieure dans  tout  inier*^alle. 

Gomparoiis  les  liuiites  su|)éri('ures  L  et  J^ dcA^/cl  L^.  Puiscpu*  A,/ 
a  pour  liinile  L  et  que  A,/  est  la  limite  de  rapports  /•[/"(  j?),  a,  |^], 
où  a  el  [j  appartiennent  à  l'intervalle  considéré  (a,ù),  on  peut 
IroiiNcr  y.  el  't  dans  (</,  h)  tels  que  /•[/'(./),  a,  p]  soit  supérieur 
à  L  —  £.  L<'  maximum  de  A^r  dans  (a,  ^),  donc  dans  (a, h),  est  par 
suite  au  iiioiiis  ("liiil  ;t  L  —  î.  Geci  suffit  pour  (h'inoiiliM'r  (|ue  L  <'t  J^' 
sont  égaux. 

La  \aleur  conimiiiic  de  L  <'l  1/  es!  en  même  lemps  la  liinile  supé- 
rieure <lu  rap[)orl  /-[/[j),  a,  [ii]. 

i^a  propric'h'  ('ikukm'c  pour  les  limit<'s  supérieure  et  inférieure 
<lans    un    lulcrNalIc    rulraîue    l;t    même    propn('*té    pour  les   limites 


-■X  CIIAPITUK    V. 

supérieure  cl  inférieure  en  un  point;  en  particulier,  si  |)()ur  I  un 
(les  nombres  dérivés  ces  deux  limites  sont  égales,  il  en  est  de 
même  pour  les  autres,  ce  cpii  s'énonce  :  Si  m  un  point  .r„  r im 
des  nombres  dérivés  est  continu,  il  en  est  rie  même  des  trois 
autres  nombres  dérivés  et  de  plus  la  fonction  admet  une  dé- 
rivée pour  X  =^  Xn. 

Voici  une  autre  conséquence  <''\idente  :  si  les  quatre  nombres 
dériiés  sont  bornés,  ils  admettent  la  même  intégrale  supé- 
rieure et  la  même  intégrale  infér  eure ;  si  Vun  d'eux  est  inté- 
grable,  tous  le  sont  et  ils  ont  même  intégrale. 

Dans  le  cas  des  dérivées  le  théorème  de  RoUe  (')est  un  cas 
particulier  du  théorème  des  accroissements  finis;  dans  le  cas  des 
noiuhres  dérivés  le  théorème  analogue  au  théorème  de  Rolle  peul 
s'énoncer  ainsi  :  Si  la  fonction  continue  f  {x)  s'annule  pour 
a  et  h^  les  limites  des  nombres  dérivés  dans  {a,b)  sont,  ou 
toutes  deux  nulles,  ou  toutes  deux  différentes  de  zéro  et  de 


signes  contraires. 


Cet  énoncé  se  juslilie  en  remarquant  que  si  f(x)  n  est  pas 
constant,  r[f{x),  a,  Ji]  prend  des  valeurs  positives  et  des  valeurs 
négatives. 

On  j)eut  aussi  dire  :  si  la  fonction  continue  f{x),  non  con- 
stante dans  [a,b),  s'annule  pour  a  et  b,  il  existe  des  points  de 
(a,  b)  pour  lesquels  les  deux  nombres  dérivés  à  droite  {ou  à 
gauche)  sont  positifs  et  non  nuls  el  d'autres  points  où  ils  sont 
négatifs  et  non  nuls. 

\a\  réciproque  peut  s'énoncer  sous  la  forme  suivante  :  .s7  l'on 
sait  que  les  deux  nombres  dérivés  à  droite  {ou  à  gauche)  de 
fix)  ne  sont  jamais  tous  deux  d<'  méttK'  si  gni\  f{x)  est  une 
constante  {'). 

Parmi  les  fonctions  continues  il  faut  rcmarcpicr  les  fondions 
à  nombres  dérivés  bornés  qui  possèdent  beaucoup  des  piopi  i('l«''>^ 
des  fonctions  dérivables.  Getl<'  classe  (!<•  fonctions  comprend   les 


(')  ('.«•  théorème  s'énonce  ainsi  : 

Si  une  fonction  continue  /  (J7  )  s'anmilc  pour  a  cl  h,  cl  udtntH  pour  les  points 
intérieurs  à  (a,b)  une  dérivée  déterniiiitr  <lc  giarnlciir  cl  de  si^nc,  tiiiic  ou  non, 
celte  dérivée  s'annule  dans  {a,b). 

(-)  (-ette  propriété  (correspond  à  \.t  suivante  ;  Si  l.i  dciivcc  d'une  foncliou 
continue  est  nulle  (piel  (|uc  soit  .r  d.Miv  ^/./>  ;,    |.,   funetion   i>l    (■on>tiinle. 


LA    HKClIKUClli:    l)i:S    FONCTIONS    l'UlMITIVKS.  7$ 

intégrales  indéfinies.  Los  tondions  à  nonibrcs  (léri\és  bornés  sonl 
(•(îlles  poiii"  lesquelles  on  ;i  loujours 

\r\J\T),  a,  :iJI<M, 

où  M  est  lin  iKJinhrc  lixc.  Celle  inégalité,  eoimiic  sous  le  iioui  de 
condition  dit  Lipscititz,  intervient  dans  prescjue  tous  l(;s  raisoiiiu;- 
nients  sur  Texistenee  des  solutions  des  (''(| nations  dillerentielles. 
VjCv'x  montre  l'importanee  pratique  des  lonctions  à  nombres  dérivés 
bornés. 

Nous  revieiub'ons  au  Chapitre  VII  sur  l'étude  de  ees  fonetions; 
pour  le  moment  il  suffira  d^îii  signaler  une  propriété  immédiate  : 

Une  fonction  à  nombres  dérivés  bornés  et  inférieurs  en 
valeur  absolue  ci  AI  est  à  variation  bornée,  sa  variation  totale 
étant  au  plus  Mo  dans  un  Inlervalle  d^'tendue  o. 

Soil  inainlenanl  une  courbe  leeliliable 

X^X{t),  y=yKl),  Z=z{t), 

définie  dans  («,  b)^  et  soit  .v  [t)  son  are  de  a  à  /. 

L'équation  s{t)^=zs  peut  être  résolue  en  t  (juand  s  est  dans 
lintervalle  [o,  5(6)J  et  n'admet  (pfiimî  solution,  sauf  le  eas 
où  X  (t),  y(t),  z(t)  seraient  constantes  à  la  fois  dans  un  intervalle. 
Sauf  dans  ce  eas,  t{s )  est  une  fonclion  croissanle  bien  dc'lei-minée. 

représentent  la  courbe  donnée  et  les  foiu'tions  de  v  sonl  des  fonc- 
tions continues  à  nombres  dérivés  au  |)lus  (îgaux  à   i  . 

L'étude  des  courbes  rectifiables,  et  par  suile  celle  des  foiiclions 
à  variation  bornée,  esl  donc  inliinement  liée  à  l'étude  des  foiiclions 
à  nond)res  dérivés  bornc's.  Nous  aurons  l'occasion  d<'  nous  s<'rv  ir  de 
cette  remar(jiie. 

Il  existe  d  ailleurs  des  fonctions  continues  à  variallon  bornée  el 

a  iioud)i'cs  d(''iiv(''s  non  boriK's,  la  fonclion  .i*-sin-  en  esl  un 
cxemnlc. 


74 


CJIAPITRi:    V 


III.  —  Fonctions  déterminées  par  un  de.  leurs  nomh/es  dérivés. 

Hevenons  à  la  reclierclio  des  louclioiis  |)rimili\es.  Le  problème  : 

A.  Trouver  une  fonction  dont  la  dérivée  soit  une  fonction 
donnée, 

n'admet  pas  en  général  de  solution.  Vussl  le  remplaee-t-on  par 
deux  autres  : 

B.  lieconnaître  si  une  fonction  donnée  est  une  fonction 
dérivée. 

G.    Trouver  une  fonction  connaissant  sa  dérivée. 

V  ces  problèmes  correspondent  les  suivanls  : 

A'.  Trouver  une  fonction  dont  le  nombre  dérivé  supérieur 
à  droite  (ou  l'un  des  autres  nombres  dérivés)  est  donné. 

B'.  Reconnaître  si  une  fonction  donnée  est  le  nombre  dérivé 
supérieur  à  droite  d'une  fonction  inconnue. 

C.  Trouver  une  fonction  connaissant  son  nombre  dérivé 
supérieur  à  droite. 

Nous  allons  d'abord  préciser  l'indétermination  de  la  solution  du 
problème  C  en  démontrant  (\u\ine  fonction  est  déterminée^  à 
une  constante  addiiive  près,  quand  on  connaît  la  valeur  finie 
de  l'un  des  nondjres  dérivés  pour  chaque  valeur  finie  de  la 
variable. 

Soient  en  ellet  deux  lonctions  /,  i^x)  vX  f^,{x)  ayant  en  chacpjc 
point  le  même  nombre  dérivé  supérieur  à  droite.  Nous  avons,  par 
bypothèse, 

Kifxi-r)  -  X^ffii-r) 
et  aussi 

( ouinie  on  le  voil  en  se  reportant  à  la  définition  géométrique  ou 
analytique  des  n()nd)res  dérivés.  Cette  définition  fournit  aussi 
l'inéjçalité 

. >v/ 1  /i  1  ^  )      /,  (  ./•  )  J  ^  A,//,  (.,•)+-  À,/ 1  —/,  (  .T  )J  ^  \,,  I  /,  (  .r  )  — ^  (  .r  )  I . 

dans  laquelle  le  ternie  <lii  iiiilicii  csl  lud. 


LA    HKCIIKIUMi;    DKS    FONCTIONS    l'IUM  ITI VKS.  J) 

La  foiiclioiiy'i  {x)  —fii-v)  n'a  doiu'  jamais  ses  deux  nombres  dé- 
rivés à  droite  difterenis  de  zéro  et  de  niême  signe,  elle  est  constante. 

Notre  |)io|)osilion  esl  dénioulré<'.  La  démonstration  ne  suppose 
pas  (pie  la  (onction  soil  à  nomhrcîs  <léri\és  hornés,  mais  elle  sup- 
pose (pic  le  nomhrc  dérivé  donné  est  fini,  sans  quoi  le  terme  du 
milieu,  dans  l'inégalité  qui  nous  ^  servi,  n'aurait  aucun  sens. 

Il  serait  très  intéressant  de  savoir  si,  dans  tous  les  cas,  une  fonc- 
lion  csl  déterminée,  à  une  constante  additive  [)rès,  par  l'un  de  ses 
nomhi'cs  (l(';ri\(''s  ;  celle.'  (jucslioii  n'a  pas  encore  été  résolue.  Il  faut 
rcmarepici"  (pic  la  (picslion  n'csl  pas  Iraiicliéc,  même  dans  le  cas  de 
la  déri\(''c  ordinaire,  si  Ton  admet  (pTune  (lcri\ ce  peut  être  infinie  : 
on  sait  (pic  deux  fonctions,  (pii  oui  toujours  la  même  dérivée,  ne 
difl'èrent  que  par  une  constante  lors(pie  cette  dérivée  est  finie; 
pour  le  cas  général  on  ne  sait  rien. 

On  peut  cependant  étendre  le  résultat  précédent  à  certains 
nombres  dérivés  non  toujours  finis,  quand  l'ensemble  des  points 
où  le  nombre  dérivé  est  infini  est  assez  simple.  Par  exemple, 
si  le  nombre  fini  Xdfix)  est  donné  pour  toute  valeur  de  la  variable, 
sauf  pour  les  [)oints  d'un  ensemble  E,  la  fonction  continue  fi^x)  est 
déterminée  à  une  constante  additive  près  dans  tout  intervalle  con- 
tigu  à  E;  donc  il  en  est  aussi  de  même  dans  tout  intersalle  si  E  esl 
réduclible,  comme  on  le  >oil  en  re[)renant  les  raisonnements 
employés  au  Chapitre  1,  à  l'occasion  des  reclierclies  de  Gaucliy  el 
Dirichlet. 

Nous  aurons  un  résultat  analogue  toutes  les  fois  que  nous  con- 
naîtrons un  ensemble  solution  de  l'un  des  problèmes  sui\ants  : 

I).  lin  quel  ensemble  de  points  suffit-il  de  connaître  la 
dérivée  finie  d^ une  fonction  pour  cjue  cette  fonction  soil  déter- 
minée à  une  constante  addiCwe près? 

ly.  En  quel  ensemble  de  points  suffît-il  de  connaître  la 
valeur  finie  du  nombre  dérivé  supérieur  à  droite  d^ une  fonc- 
tion pour  que  cette  fonction  soit  déterminée  à  une  constante 
additive  près? 


Nous  venons  de  citer  une  familier  d'ensembles  ré|)ondanl  à  la 
question  :  les  ensembles  réductibles;  on  doit  à  Liidwig  Scheetrei 
une  solution  plus  générale  : 

l  ne  fonction  est  déterminée,   à  une  constante  additive  />rès. 


-<>  CIlAPITHi:    V. 

(/tifind  on  connaît  /tour  cliaque  valeur  de  x.  ^anf  peut-être 
pour  celles  dUin  ensemble  dénombrable  K,  la  valeur  finie  du 
nombre  dérivé  supérieur  à  droite  de  cette  fonction. 

Soient  J\{jc)  ^/^{jc)  les  deux  fonctions  ayant  en  «>énéraJ  le 
HiènH'  nonihie  dérivé  snpérieur  à  droite  fini;  nous  allons  démon- 
trer (jiie  Ton  a  loiijours 

et  |)oui'  eela  nous  (((''montrerons  (jue  réj;alil('' 

i  I  )  J\  (  l>  )  —j\  {b}^  J\  (  a  )  —  l\  (a)—  W 

où  II  est  dillérent  de  zéro  est  impossible.  11  suffit  de  eonsidérei-  le 
cas  où  H  esl  positif,  puisque  l'autre  cas  se  réduit  à  celui-là  par  le 
changement  de/,  et/^:    de  même  on  peut  supposer  b^a. 
Considérons  la  fonction 

II 

»f(^)  =  c(a7  — rt) -h/,  (.r)—/2(.r)—/,(a)-f- /,(«)-!-  -, 

dans  hupielle  c  esl  une  constante  telle  (pic 

^      ^         H 

2(6  —  a) 
Alors 

H  H 

ru^.(  a )  =  —  >  o,         o,.{b)  =  c(l)  —  a) <  o  ; 

la  fonction  ,^,.  étant  continue  s'annule  entre  a  et  b\  soit  ^,.  la  |)lus 
grande  des  valeurs  coniprises  entre  a  et  />  (pii  aiuude  .p,..  On  a 
é\  ideunnent 

On  peut  conclure  de  hi  (juc  ./•,.  esl  en  un  point  de  V\. 
Vax  eflel.  nous  avons   démontré,    page  -4?    q^'^    pour  tout   point 
n'appartenaul  pas  à  1'..  ou  a 

■^'i\J\^n-~J'-x(or)\lo', 

donc  poin-  ces  points  on  a  : 

A,/cp.(.r)^c>o. 

V  «  lia.pu-  \;deur  r- (IcIinicrNalIc  f  „,  -*L_    1    corn-spoïKl  ain^i 


I.A    RECIIERCIIK    DES    FONCTIONS    PRIMITIVKS.  77 

un  point  .r,.  de  E.  Mais,  si  c  elc^  sont  (liflcients,  Xc  cl  œ^.^   le  sont, 
car  réj^alilé 

enlrainc 

c  (  a?,.  —  a  )  =  c,  (  Tc^  —  a  } 

et  .Cr  est  (liflV'i'ent  de  r/. 

Donc,  |)()iir  (HIC  I  (''i;;ilil(''  f  I  )  soll  possiMc,  il  fiiiil  (|ii('  \i  ail  la 
puissance  du  eonlinu  (' ). 

Une  conséquence  de  c<'lle  propriété,  signalée  par  LuiJwij; 
Seiieefl'er,  est  qu'une;  fon(;tion  est  déterminée  quand  on  connaît  sa 
dérivée  pour  toutes  les  valeurs  irrationnelles.  Mais  une  fonction 
n'est  pas  déterminée  quand  on  connaît,  pour  chaque  \aleur  ration- 
nelle de  œ,  la  valeur  finie  de  sa  dérivée.  Pour  le  prouver, 
soientcT,,  x^.  .  .  .  les  nombres  rationnels  positifs.  Tiacons  un  inter- 
valle 0,  de  lonj^ueur  ineominensurahle,  ayant  .r,  (îoiume  milieu. 
Soit  x^^  le  piemier  des  .r/  ne  faisant  pas  [)artie  de  o,  :  traçons  un 
intervalle  ù^  de  longueur  incommensurable,  de  milieu  Xg^^  et  n'empié- 
tant pas  sur  0,.  Si  x^^  est  le  premier  des  Xi  qui  ne  fait  partie  ni  de 
0,,  ni  de  o^,,  x^  est  le  milieu  d'un  intervalle  incommensurable 
n'empiétant  ni  sui*  o,,  ni  sur  O2,  et  ainsi  de  suite. 

La  fonction  /'(.î*\  égale  à  la  somuie  des  longueurs  des  inter- 
valles 0  et  des  parties  d'intervalles  ô,  compris  entre  o  et  x,  est  une 
fonction  continue  croissante  de  x,  qui  admet  -+-  1  comme  dérivée 
pour  toutes  les  valeurs  rationnelles  de  :r.  Et  cependant  cette  fonction 
n'estpasnéeessaircuHMil  (\o  la  forme. r-|-const.,  puisque/^^-f-oc) — ^/(o) 
est  la  somme  des  longueurs  des  0,  somme  (jui  a  telle  valeur  posi- 
tive (pie  l'on  veut. 

La  fonction  continiK' y"( j;) —  1  n'est  pas  constante  et  dans  tout 
intervalle  il  existe  des  [)oints  où  sa  dérivée  est  nulle. 

C'est  à  l'occasion  d'une  fonc^tion  dont  la  dérivée  s'annule  dans 
tout  intervalle  que  Ludwig  Scbeefter  a  entrepris  ses  reclierches  sur 
la  (l(''lcnimial  1011  (iiiiic  l'onclioii  par  ses  (Ic'imn  ées. 

(  ioniinc  loiiclioiis  (loni    la  (b'rivée  s'annule   dans  tout    iul(M"valle 


(  ')Ld  déinonstralion  précédente  est, à  très  peu  près,  celle  de  L.Scheeffer.  J'ai  res- 
pecté aussi  son  énoncé,  mais  il  est  bon  de  remarquer  que  la  démonstration  sup- 
pose seulement  que  I'^  n'a  pas  la  puissance  du  continu,  ce  qui  ne  si^nilie  peut- 
être  pas  que  E  est  dénombrable. 


_g  CIIAI'ITRI-:    V 


nous  pouvons  rncore  cher  la  fonclion   'f  (^•),   |>aj^o   i.i,    la    fonc- 
tion l{x),  page  55. 

l.a  démonslrallon  précédente  est  assez  artificielle,  en  Noici   une 

autre: 

l^s  deux  fonctions/,  et  /.>  ayant  niènie  A,,  en  tout  point,  sauf 
|)eut-ètre  aux  points  de  E,  la  fonction  /Y .r)  =/,  —/>  a,  en  tout 
point  n  appartenant  pas  à  E,  un  Arf  positif  ou  nul  et  un  Xi  négatjf 
ou  nul.  Si  a  est  un  tel  point,  faisons-lui  correspondre  le  [)lus  grand 
intervalle  (a,  a -h  // )  tel  que  Ton  ait 


/(a +  /?)-/(«) 


N. 


Supposons  les   points  de  E  rangés  en  suite  siiupleuienl  infinie, 

x^J   X2,    A   x„  faisons  correspondre  le  plus  grand  intervalle 

{x„,  x'J  tel  que  l'on  ait 

Chaque  point  de  (a,  b)  est  maintenant  l'origine  d'un  intervalle  o 
attaché  à  ce  point;  nous  pouvons  couvrir  (a,  6),  à  partir  de  «,  à 
l'aide  d'une  chaîne  d'intervalles  ^,  page  63.  Servons-nous  de  ces 
intervalles  pour  calculer /(6) — /(«),  nous  trouvons  que  cette 
quantité  est  au  plus  égale  à 

eS/i-t-eS  —  l£(6— a-h  I); 

or  £  est  quelconque,  donc  f{b^  ^  f(a):  et.  piiiscpic  ce  raisonne- 
ment pourrait  être  employé  pour  une  partie  (pu-lcoii(|ue  de  (a,  b), 
la  fonction  /(^)  est  constante. 

Ce  mode  de  démonstration  conduit  à  un  autre  lésultat.  Suppo- 
sons que  E  soit,  non  plus  nécessairement  dénombrai  de.  mais  seu- 
lement de  mesure  nulle.  Cela  vent  dire  (pie  les  points  (l«3  E  peuvent 
être  recouverts  à  l'aide  d'une  infinité  (N'iioinlnahlc  d  intervalles  d 
dont  la  somme  des  longueurs  est  aussi  pciilc  ipic  Ton  veut. 

L'intervalle  o  attaché  à  un  point  ne  faisant  pas  partie  de  E  a 
•'*té  défini.  A  un  point P  de  E  nou.<faisons  maintenant  correspondre, 
(  «Muiue  intervalle  3,  l'intervalle  o,  dont  roriginc  est  Pet  dont  l'ex- 
ircinii*'  (  si  !(  xiK'milé  de  l'intervalle  d  contenant  P. 

\(»i!s  K  ((iii\rons  («,  b)  à  partii-  d<*  a  à  l'aide  d'une  chaîne  d'in- 
tciN.dics  o  «1   0,  ;  cette  chaîne  donne,  connue  limite  supérieure  (h; 


LA    UECHKRCIIE    DES   FONCTIONS    PRIMITIVES.  -<.} 

l'accroissemeiiL/(^)  — /  (^)  ^^/{^)  dans  (<:/,  b),  le  nombre  e'^h 
augmenté  de  la  somme  des  accroissements  de  /(^)  dans  les  inter- 
valles 0,.  La  somme  \  des  longueurs  des  Oi  est  plus  petite  que  la 
somme  relative  aux  d,  donc  elle  est  aussi  petite  que  l'on  veut.  Cela 
ne  permet  pas  d'en  conclure  en  général  (jue  la  somme  correspon- 
dante des  accroissements  de  /(x)  est  aussi  petite  que  l'on  veut; 
mais  si  f\  {oc)  vX  /^{x)  ont  des  nombres  dérivés  inférieurs  en 
valeur  absolue  à  M,  cette  somme  est  inférieure  à  2 M)..  Ainsi  : 

Une  fonction  J\x),  à  nombres  dérivés  bornés^  est  déter- 
niinée,  à  une  constante  additive  près,  quand  on  connaît  son 
nombre  dérivé  supérieur  à  droite,  pour  toute  valeur  de  x  sauf 
pour  celles  d'un  ensemble  de  mesure  nulle. 

Cet  énoncé  ne  nous  fournit  aucun  renseignement  relativement 
à  l'indétermination  du  jjroblème  C  quand  le  nombre  dérivé  donné 
n'est  pas  borné,  puisque  f{x)  est  supposée  à  nombres  dérivés 
bornés.  Cette  restriction  est  d'ailleurs  nécessaire  :  la  fonction  ç(  ^  ), 
page  55,  n'est  pas  une  constante,  elle  a  sa  dérivée  nulle  partout, 
sauf  |)eut-ètr('  aux  points  de  Z  qui  est  de  mesure  nulle. 

Les  théorèmes  précédents  peuvent  être  avantageusement  trans- 
formés ;  pour  ces  transformations  j'utiliserai  une  généralisation 
heureuse  de  la  notion  de  limite  inférieure  et  supérieure  qui  est 
due  à  M.  Baire(*). 

Soit  une  fonction  f{x)  ;  la  limite  supérieure  de  /'(.r),  dans  un 
intervalle  (a,  b).  est  un  nombre  L  tel  (|ue  l'ensemble  E(y  >-  m)  des 
points  X  de  («,  6),  tels  que  f{x)  soit  supérieure  à  m,  existe  dès 
(|ue  m  est  inférieur  à  L,  tandis  qu'il  ne  contient  aucun  point  pour 
/// >>  1^;  la  limite  inférieure  de  f(x)  dans  l'intervalle  (a,  b)  peut 
se  définir  de  même. 

Il  existe  de  même  un  nombre  L,  tel  que  l'ensemble  E(  />  ni) 
est  dénombrable  pour  //^  >>  L,  et  ne  l'est  pas  pour  /;/<<L,.  Ce 
nombre  L,  est  appelé  par  M.  Baire  la  limite  supérieure  de  f{x) 
dans  («,  6),  quund  on  néglige  les  ensembles  dénombrables. 

Cet  exemple  suffira  pour  faire  comprendre  ce  (|u'il  faudra 
entendre   par  la    liinilc   supérieure  ou    inférieure,  dans  un  infer- 


(')  Thèse  :  Sur  les    fondions  de  1  (niables  réelles  {Annali  di  Mateinatica, 

1900). 


S(.  CIIAPITIU:    V. 

vaile  ou  en  un  point,  d'une  fonction  quand  on  néglige  los  en- 
sembles dénondirahles,  ou  les  ensembles  non  denses,  ou  les  en- 
sendiles  de  nn^sure  nulle.  Si,  en  négligeant  certains  ensembles,  on 
obtient  des  limites  inférieure  et  supérieure  égales,  ou  pouira  dire, 
(lu'à  ces  ensembles  près,  la  fonction  est  continue. 

Ces  définitions  posées,  Noici  b's  deux  j)ropositions  cpie  i*a\  ais  en 
vue  :  Les  limites  inférieure  et  su/x'rieurc  d' un  nombre  (h'riK-r 
sont  les  mêmes,  que  l'on  néi:;li *j:e  ou  non  les  ensembles  dénom- 
b  râbles. 

Les  limites  inférieure  et  supérieure  d'un  nonibie  dérivé 
borné  sont  les  mêmes,  (/ue  l'on  néglige  ou  non  les  ensembles 
de  mesure  nulle. 

Je  démontre  [)ar  exemple  la  premièie  de  ces  deux  propositions. 
Si  les  limites  supérieures  L  et  L,  «l'un  nombre  dérivé  A^/cp(^), 
obtenues  en  tenant  compte  puis  sans  tenir  compte  des  ensembles 
dénombrables,  sont  inégales,  et  si  K  est  un  noud)re  fini  compris 
entre  L  etL,,  le  nombre  dérivé  A,/[cp  (.r)  —  Kx]  estnégalif  sauf  pour- 
les  points  d'un  ensemble  dénombrable  pour  lesquels  il  est  positif. 
Or  il  suffit  de  reprendre,  en  le  modifiant  légcremenl,  l'un  ou  l'autre 
des  deux  raisonnements  qui  nous  ont  (X)nduits  au  tbéorème  de 
Sçheeffer,  pour  voir  que  cela  est  inq)ossible. 


IV.  —  Recherche  de  la  fonction  dont  un  nond)re  dérivé 
est  connu. 


Nous  allons  essayer  de  résoudre  les  j)roblcmcs  B'  et  C  dans  le 
cas  où  la  fonction  /(vC),  donnée  comme  A,/,  est  bornée. 

Divisons  l'intervalle  positif  (/?,  b)  en  intervalles  particîls.  Dans 
(a,  [i)  les  limites  inférieure  (;t  supérieure  de  f{x)  sont  /  et  L, 
donc  on  a,  si  F  est  la  fonction  cliercli(''e  telle  que 

X^Vix)  =fix), 
(P_a)/<F(|ï)-F(a)<(^^-a)L. 

Si  nous  faisons  la  souuue  des  inégalités  analogues,  relali\es  aux 
intervalles  partiels,  nous  avons,  en  faisant  tendre   ces  intervalles 


I.A    RKr:ilK«(;riK    DI<S    fonctions    PIUMITIVES.  8l 

\  ors  zéro, 


/     Kif{x)dx<¥{b)  —  ¥{a)<   j     A^f(.T)dx. 

•    '/  'a 

\)c  ccUe  iiié^^alité  il  résuIlL'  (;ii  |)arli(niiier  que  :  si  l'u/)  des 
nombres  dérivés  d^  une  fonction  f  {.t)  est  intégrable,  auquel  cas 
les  trois  autres  le  sont  aussi  et  ont  même  intégrale^  son  inté- 
grale indéfinie  est  de  la  forme  f  {x)  -+-  const.;  et  eel  énoncé,  plus 
particulier  encore  :  lorsc/u' une  dérivée  est  intégrable,  il  y  a 
identité  entre  ses  fonctions  jn'imitives  et  ses  intégrales  indé- 
finies. 

Ces  énoncés  s  ap[)liqueraient  évideninient  au  cas  où  la  fonction 
donnée  deviendrait  infinie  au  voisinage  des  points  d'un  ensemble 
réductible,  à  condition  d'employer  la  i;énéralisation  de  l'intégrale 
qui  a  été  indiquée  page  96. 

Si  nous  tenons  ('ouq^te  des  tliéorcmes  énoncés  à  la  fin  du  Para- 
graphe précédent,  nous  voyons  que  si  l'on  connaît  partout  \v 
nombre  dérivé,  sauf"  poui-  les  valeurs  d'un  ensemble  dénond)rable, 
—  ou  si  on  le  connaît  partout,  sauf  pour  les  valeurs  d'un  ensemble 
de  mesure  nulle,  et  si  l'on  sait  de  plus  qu'il  est  borné,  —  on  peut 
encore  appliquer  les  théorèmes  précédents,  à  condition  d'étendre 
les  intégrales  qui  y  figurent  à  l'ensemble  dans  lequel  on  connaît  le 
nombre  dérivé. 

V  cette  remarque  s'en  rattaclie  une  autre  plus  importante.  Le 
cas  dans  lequel  nous  savons  résoudre  le  problème  G'  est  celui  où  le 
nombre  dérivé  donné  est  intégrable.  Ce  nombre  dérivé  a  alors  des 
points  de  continuité;  en  ces  points  il  y  a  une  dérivée  égale  au 
nombre  dérivé  donné,  et  l'on  connaît  partout  la  dérivée  de  la 
fonction  inconnue,  sauf  aux  points  de  discontinuité,  c'est-à-dire 
sauf  aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle.  Il  suffirait  de  se 
servir  des  valeurs  connues  de  la  dérivée  pour  avoir  la  fonction.  J^e 
cas  résolu  du  problème  C  se  ramène  donc^  en  réalité  au  pro- 
blème C. 

Les  raisonnements  qui  précèdent  nous  peruiettent  de  répondre 
aux  (juestions  B  et  B'  dans  un  cas  important,  celui  où  la  fonction 
donnée  est  intégrable.  Pour  reconnaître,  par  exemple,  si  une 
fonction  intégrable  donnée  f  {jo)  est  une  dérivée  exacte,  on  for- 
mera son  intégrale  indéfinie  F(;r),  puis  on  recherchera  si 
L.  6 


s 2  CHAPITRE    V. 

l'on  a 

/(  X)  =    im  • j 

On  a  donc  un  procédé  régulier  de  calcul  permettant  de  reconnaître 
si/  est  ou  non  une  dérivée  exacte.  Il  est  vrai  qu'il  faut  rechercher 
si  une  certaine  expression  a  ou  non  la  limite  connue /(.r);  mais 
une  dérivée  étant  par  définition  une  limite,  il  est  peu  problable 
qu'on  puisse  remplacer  le  procédé  de  calcul  indiqué  par  un  autre 
dans  lequel  on  n'emploierait  pas  les  limites. 

Nous  avons  trouvé  une  condition  nécessaire  et  suffisante  pour 
qu'une  fonction  intégrable  soit  une  dérivée;  elle  ne  se  présente 
pas  sous  la  forme  que  l'on  donne  habituellement  à  de  telles  condi- 
tions. Le  plus  souvent  on  énonce,  comme  condition  nécessaire  et 
suffisante  pour  l'existence  d'un  fait  A,  l'existence  d'une  pro- 
priété B  qui  accompagne  toujours  le  fait  A  et  est  toujours  accom- 
pagnée par  lui;  mais,  pour  que  1  on  ait  autre  <*hose  qu'une  tauto- 
logie, il  faut  que  l'on  connaisse  un  procédé  régulier  de  calcul 
permettant  de  savoir  si  l'on  a  ou  non  la  propriété  B.  C'est  ce  pro- 
cédé qui  a  été  directement  donné  pour  le  cas  qui  nous  occupe. 

Si  l'on  tient  à  énoncer  la  condition  nécessaire  et  suffisante  trouvée 
sous  la  forme  habituelle,  on  pourra,  comme  le  fait  M.  Darboux, 
appeler  valeur  moyenne  dans  (a,  b)  d'une  fonction  intégrabley*(j;) 

la  quantités /    j\x)dx\  puis  on  appellera  valeur  moyenne 

au  point  x„  la  limite,  si  elle  existe,  de  la  valeur  moyenne  dans 
(.To —  /i,  -To-I-  A),  (juand  les  nombres  positifs  h  et  k  tendent  vers 
zéro;  et  l'on  a  l'énoncé  suivant  : 

Pour  qu'une  fonction  intégrable  soit  une  fonction  dérivée,  il 
faut  et  il  suffit  qu'elle  ait  en  tout  point  une  valeur  moyenne  déter- 
minée et  qu'elle  soit  partout  égale  à  sa  valeur  moyenne. 


V.  —    L intégration   riemannienne  considérée    comme  l'opé- 
ration inverse  de  la  dérivation. 

Nous  avons  vu  que  l'on  a  généralisé  de  diirércntes   manières  le 
problème  des  fonctions  primitives;  recherchons  maintenant  si  l'une 


LA    KKCMERCIIE    DES    FONCTIONS    PRIMITIVES.  83 

de  ces  généralisations  permet  de  considérer  l'intégration  au  sens 
de  Riemann  comme  le  problème  inverse  de  la  dérivation. 

Si  nous  nous  rappelons  qu'une  intégrale  indéfinie  admet  comme 
dérivée  la  fonction  intégrée  en  tous  les  j)oints  où  celle-ci  est  con- 
tinde,  nous  sommes  conduits  à  nous  poser,  avec  M.  Volterra,  le 
problème  suivant  :  Rechercher  une  fonction  continue  qui  admette 
une  fonction  bornée  donnéey(j;)  pour  dérivée  en  tous  les  j)oints 
où  / (œ)  est  continue  ('). 

Ce  problème  est  toujours  possible,  car  les  deux  intégrales  par 
défaut  et  par  excès  de/{x)  répondent  à  la  question.  Mais  il  est  en 
général  indéterminé,  c'est-à-dire  que  toutes  ses  solutions  ne  sont 
pas  comprises  dans  une  formule  de  la  forme  F  (jt- ) -h  const. 
Lorsque /(^)  n'est  pas  intégrable,  le  problème  est  toujours  indé- 
terminé. Si  f{x)  est  intégrable,  il  se  peut  que  le  problème  soit 
déterminé;  c'est  le  cas  quand  l'ensemble  des  points  de  disconti- 
nuité est  réductible,  mais  il  se  peut  aussi  qu'il  soit  indéterminé. 
Il  en  est  ainsi  lorsque  l'ensemble  des  points  de  discontinuité  con- 
tient un  ensemble  parfait  E;  nous  avons  a|)pris,  page  i3,  à  former 
une  fonction  continue  non  partout  constante,  mais  constante  dans 
tout  intervalle  contigu  à  E;  cette  fonction,  ajoutée  à  une  fonc- 
tion solution  du  problème  proposé,  donne  une  nouvelle  solution 
de  ce  problème. 

Ainsi  notre  problème  comprend  comme  cas  particulier  le  pro- 
blème de  l'intégration  indéfinie  riemannienne,  mais  il  est  plus  vaste 
que  ce  dernier  problème. 

Proposons-nous  maintenant  de  trouver  une  fonction  à  nombres 
dérivés  bornés  qui  admette  une  fonction  bornée  donnée  f  {x) 
comme  dérivée  en  tous  tes  points  où  f{x)  est  continue. 

Ce  nouveau  problème  est  toujours  possible  et  admet  encore  pour 
solutions  les  deux  intégrales  àef{x)\  mais,  si /'(^)  est  intégrable, 


(')  En  réalité  M.  Volterra  recherche  les  fondions  qui  admettent /(  x)  pour 
dérivée  en  tous  les  points  qui  ne  sont  ni  des  points  de  discontinuité  de  /(x),  ni 
des  points  limites  de  discontinuités.  De  plus  M.  Volterra  suppose  implicitement 
que  les  fonctions  dont  il  s'occupe  ont  des  nombres  dérivés  bornés.  Pour  ces  deux 
raisons  les  résultats  qu'il  obtient  ne  sont  pas  ceux  du  texte;  d'ailleurs  toute 
fonction  est  évidemment  solution  du  problème  de  M.  Volterra,  si  les  points  de  dis- 
continuité lW  f{x)  forment  un  ensemble  partout  dense,  tandis  qu'il  n'y  a  que 
des  fonctions  très  particulières  qui  satisfont  à  l'énoncé  du  texte. 


R 

Of    THE 
OF 


8^  CIIAIMTRK    V. 

il  est  déterminé,  car  la  dérivée  de  la  l'oiiclioii  à  nombres  dérivés 
hornés  ehereliée  est  connue  partout ,  sauf  aux  points  d'un 
ensemble  démesure  nulle.  Ce  prohlônie  n'est  donc  déterminé  que 
pour  les  fonctions  intégrables  ;  lorsqu'il  est  déterminé,  sa  solution 
est  l'intégrale  indéfinie  de/(.r). 

Nous  pouvons  ainsi,  en  un  (certain  sens,  considérer  l'intégration 
riemannienne  comme  l'opération  inverse  de  la  dérivation. 


CHAPITRE  VI 


L    INTi:(.  H  A  M]     DKFIME     A     LAIDE     DES     FONCTIONS     P  H  I  M  ITl  V  E  S 


1.  —  Recherche  directe  des  fonctions  primitives. 

Nous  avons  obtenu  des  théorèmes  permettant  théoriquement, 
dans  des  cas  étendus,  de  reconnaître  si  une  fonction  donnée  est 
une  fonction  dérivée  et,  s'il  en  est  ainsi,  de  trouver  sa  fonction  pri- 
mitive. En  réalité,  un  seul  de  ces  théorèmes  est  employé  couram- 
ment :  toute  fonction  continue  est  une  fonction  dérivée.  Quant  au 
calcul  effectif  des  fonctions  primitives  il  ne  se  fait  jamais  au  moyen 
de  l'intégrale  définie  ('),  mais  à  l'aide  des  procédés  connus  sous 
le  nom  d'intégration  par  partie  et  d'intégration  par  substitution. 
Ces  deux  procédés  s'appliquent,  qu'il  s'agisse  de  fonctions  con- 
tinues ou  non. 

On  peut  aussi  utiliser  le  théorème  suivant  :  Une  série  unifor- 
mément convergente  de  fonctions  dérivées  représente  une 
fonction  dérivée. 

Sa  fonction  primitive  s^obtient  en  faisant  la  somme  des  fonc- 
tions primitives  des  termes  de  la  série  donnée^  les  constantes 
étant  choisies  de  manière  que  la  série  obtenue  soit  conver- 
gente pour  l'une  des  valeurs  de  la  variable. 

Soient 


/ 

= 

Uy 

-+- 

W2 

-\-.  . 

.  — 

«1 

4-  . 

.  .-4- 

11  a 

H- 

/•// 

Sn 

-^  '•«, 

'■ 

— 

Ui 

-^ 

U2 

H-  .  . 

.  — = 

Ul 

1-^- 

.  .-f- 

u. 

-^- 

R« 

- 

S. 

-4-R,, 

(  '  )  Cependant  il  est  parfois  possible  d'eUoctucr  pratiquement  la  roclurche 
<rtint'  fonction  primitive  à  l'aide  d'intégrales  définies.  On  trouvera  mi  txrmple 
(l'une  telle  rechcrrlie  dans  V Introduction  à  l'étude  des  fonctions  il' une  rariable 
réelle  de  M.  J.  'raimrf\,  p.    -s',. 


8f,  CllAPITRi:    M. 

la  série  donnée  et  la   série  des  fonelions  primitives,  lacjuelle  est, 
par  liy|)()thèse,  convergente  pour  une  certaine  valeur  ^o- 

Choisissons   n  assez  grand,   pour   que  l'on  ait,    quel    que   soit 
p  positif, 

le  théorème  des  accroissements  finis  donne,  si  {a^  b)  est  l'inter- 
valle considéré, 

<t{b  —  a)    -+-!S„-t-/;(^o)  — S„(.ro)|. 

Celle  incgalilé  montre  que  la  série  F  est  uniformément  conver- 
gente dans  (a,  ^),  puisqu'elle  est  convergente  pour  Xq. 
Évaluons  le  rapport 


f\    \f  {  'T   \        'T        V    _1—    /il     

ya    ^„j—,     yu    ,    _    .    p.       ^ 

1  \V  \X  )^   T,   X  -+-  Il  ]   —   — 

j^                       _A^(X). 

A  F  =  AS„-h  AR„  = 

A  S,, -f-  lini  A(S,i+y, —  S„). 

La  quantité  A(S„^,,—  S„)  est  inférieure  en  ^aleur  absolue  à  =, 
d'après  le  théorème  des  accroissements  finis,  donc,  si  l'on  fait 
tendre  h  vers  zéro,  l'une  quelconque  des  limites  de  AF  ne  diffère 
que  de  s  au  plus  de  la  limite  s,i{x)  de  AS„.  Puisque  s  est  quel- 
conque, il  est  ainsi  démontré  que  F(^)  admet /(x)  pour  dérivée. 

Ce  théorème  nous  permettra  d'employer  le  principe  de  conden- 
sation des  singularités  à  la  construction  de  fonctions  dérivées. 

Lorsqu' une  fonction  dérivée  est  donnée  par  une  série  de 
fonctions  dérivées  non  négatives  on  peut  prendre  les  fonctions 
primitives  ternie  à  ternie  à  condition  de  choisir  les  constantes 
de  manière  que  la  série  obtenue  soit  convergente. 

Pour  le  démontrer,  je  conserve  les  notations  précédentes,  et  je 
suppose,  pour  siuq)lifier  le  langage,  que  la  série  F  soit  convergente 
pour  l'origine  de  l'intervalle  («,  b)  considéré  et  que  U,,  U^  ... 
s'annulent  pour  x  ^=i  a.  Soit  J  celle  des  fondions  primitives  de  /' 
qui  s'annule  par  x^=^  a.  W  faut  démontrer  que  F  =  .f. 

Tous  les  U|  sont  positifs,  donc  S,;  croît  avec  //.  Mais,  puisque/ 
est  au  moins  égale  à  Sn-,  ^{oc)  est  au  moins  égale  à  S„(.r),  et  S,i(.r) 
tend  Ncrs  une  limite  F(j7),  au  plus  égale  à  -f  (:r) 


l'intégrale  définie  a  l'aide  dks  fonctions  primitives.  87 

Le  nieine  raisonnenientappliqué  à  l'intervalle  positif  (x,  .r -1-  h) 
montre  quc.f(^  -t-  A)  —  i(^)estaii  moins  égale  à  F  (^  +  h)  —  F  (^), 
et  parsuite/(^),  dérivée  de  §  {x),  est  au  moins  égale  à  A,/F  {x). 

D'autrepartF(j:  +  A)  — F (.r)  est  supérieure  à  S„(^  H- /i)  —  S„(.r), 
donc  \i  V {x)  est  au  moins  égale  à  la  dérivée  s,i{x)  de  S«(x),  et, 
puisque  n  est  quelconque,  X/F  (:r)  est  au  moins  égale  à /(^). 

F(.r)  a  donc  une  dérivée  à  droite  égale  à /(^)  ;  en  raisonnant  de 
même  sur  l'intervalle  négatif  {x,  x  —  A),  on  voit  que  F  {x)  admet 
aussi  / (:?:•)  pour  dérivée  à  gauche:   le  théorème  est  démontré. 

Nous  pouvons  dire  aussi  :  si  des  fonctions  dérivées  fn  tendent 
en  croissant  vers  une  fonction  dérivée/^  leurs  fonctions  primi- 
tives tendent  vers  la  fonction  primitive  def{x)  si  les  constantes 
sont  choisies  convenablement. 

On  peut  écrire  en  eftet 

/=  /i  ^  (.A -  /.  )  -  (/3-.A) -+-. .  -, 

et  tous  les  termes,  qui  sont  des  fonctions  dérivées,  sont  positifs,  à 
l'exception  peut-être  du  premier. 

Le  théorème  est  encore  vrai  si,  au  lieu  de  considérer  des  fonc- 
tions f/i{x)  croissant  avec  l'entier  /z,  on  considère  des  fonctions 
dérivées /(^,  a)  croissant  avec  le  paramètre  a,  et  tendant  vers  une 
fonction  dérivée    /  quand  a  tend  vers  a(,. 

Enfin,  11  faut  remar([uer  (ju'il  est  nécessaire  de  savoir  (|ue  la 
fonction  /',  limite  ou  somme,  est  une  fonction  dérivée,  pour  avoir 
\v  (h^olt  d'appli<pier  le  théorruie  précédent  :  la  fonction 

/(.r,  a)  =  —  e-3c»* 

tend  en  croissant,  quand  a  augmente  indéfiniment,  vers  la  fonc- 
tion f(x)  partout  nulle  sauf  pour  :r  =  o  où  elle  est  égale  à  —  1 . 
Cependant  f{x,  a)  est  une  fonction  dérivée  el  f(x)  n'en  est  pas 
une. 

Ces  deux  propriétés  vont  nous  permettre  d'effectuer  la  recherche 
des  fonctions  primitives  dans  des  cas  étendus. 

Tout  cFahord,  (piaiid  une  fonction  est  la  somme  d'une  série  uni- 
formément convergente  de  fonctions  dérivées,  c'est  une  fonction 
(h'-rivée  dont  nous  savons  trouver  les  fonctions  primitives.  Voici 
inie  application  théorique  importante. 

Soit  une  fonction  continue y(;r)  définie  dans  («,  b).  Marquons 


gg  CHAPITRE    M. 

les  points  Xo=  «,  x,,  x.....  Xn-^b  pris  assez  rapprochés  pour 
(pi(\  dans  {xi,  ^,+,  ),  l'oscillation  dc/soit  inférieure  à  £. 

Dans     la     courhe    yz=f{x)     inscrivons     la      ligne     polygo- 

naley  =  ?(^)  dont  les  sommets  oui  pour  abscisses  Xq.  x^ x«, 

f{x)  cl'o{x)  durèrent  de  moins  de  z.  C'est  dire  (pie  '^{x)  tend 
uniformément  vers /(x),  (piand  s  tend  vers  zéro  ;  il  nous  sufiîra 
<lonc  de  démontrer  que  f  (^)  est  une  fonction  dérivée  pour  que 
nous  puissions  affirmer  qu'il  en  est  de  même  àef{x).  Mais  'f  (r), 
étant  dans  (.r/,  J?/+i)  le  polynôme  du  premier  degré 

?  {00}  =  f{Ti)  +  {X  -  Xi  )  • '— , 

<>l  la  dérivée  de  la  fonction  conlinue  (pii,  dans  (j:'/,  .r/^,  ),  esl 
définie  par 

j  =  i 
*(^)  =       ^(^y— ^y-i) ~ 

-^{X  —  Xi)f(  Xi  )  + • 

X  X,.^-\ Xi 

11  est  démontré  que  loute  fonction  continue  est  une  fonction 
dérii'ée,  et  cela  sans  avoir  recours  à  l'intégration  ('  ). 

Lorsque  nous  saurons  mettre  une  fonction  sous  la  forme  d'une 
série  de  fonctions  dérivées  toutes  de  même  signe,  nous  aurons  un 
procédé  régulier  de  calcul  permettant  de  reconnaître  si /"est  une 
(léri\ée  exacte,  puisque  la  fonction  primitive  de  /ne  peut  être  autre 
(jue  la  somme  des  fonctions  primiti\es  des  termes  de  la  série  donnée 
{comparez  p.  82). 

Ainsi  les  deux  théorèmes  sur  les  fonctions  piimitives  des  séries 
nous  permettent  de  faire  dans  certains  cas,  relati\emenl  à  la  déter- 
mination des  fonctions  primitives,  ce  que  les  théorèmes  sur  l'inté- 
gration nous  permettent  de  faire  pour  les  fonctions  intégrables. 


(')  On  pourrait  t^tre  tenté,  pour  appliquer  le  théorème  sur  les  séries  uniformé- 
ment convergentes  de  dérivées,  de  s'appuyer  sur  cette  proposition,  due  à 
Wcierslrass:  toute  fonction  continue  est  représenlabic  par  une  série  uniformémenl 
convergente  de  polynômes.  Pour  que  celle  méthode  convienae  pour  le  bul  que 
nous  avions  en  vue,  il  faut  avoir  soin  de  démonlier  le  théorème  de  Weierstrass 
sans  se  servir  de  l'inlégralion.  La  démonstration  que  j'ai  donnée  dans  le  Bulletin 
(les  Sciences  mathématiques  de  1H98,  dans  une  Note  Sur  Vapproximalion  des 
fonctions,  satisfait  à  celte  condition. 


l'intégrale  définie  a  l'aide  des  fonctions  primitives.  89 

Je  laisse  de  côlé  les  remarques  analogues  relatives  à  la  recherche 
d'une  fonction  admettant  pour  nouibre  dérivé  une  fonction  donnée. 
Je  vais  indiquer  (juelques  propriétés  des  fouettions  dérivées  qui 
pennellront  parfois  de  reconnaître  iuimédiatement  cpi'une  foiK*- 
tion  donnée  n'est  pas  une  fonction  dérivée. 


II.    —  Propriétés  des  fonctions  dérivées. 

Une  fonction  dérivée  ne  peut  passer  d'une  valeur  à  une 
autre  sans  prendre  toutes  les  valeurs  intermédiaires.  Supj^o- 
sons,  en  effet,  que  Ton  ait /'(aj  =  A, /'(^  )  =  B,  et  soit  G  un 
nombre  compris  entre  A  et  B.  On  peut  prendre  h  positif  assez 
petit  pour  que  ;[/'(^),  a,  a -{-  Ji'\--  kf{a)  soit  compris  entre  A 
et  G  et  que  ^'^f{0  —  h)  soit  couipris  entre  B  et  G.  La  fonction  X.f[x) 
est,  Il  étant  fixe,  une  fonction  continue  de  x\  (juand  x  varie  de  a 
à  b  --  Il  elle  passe  d'une  valeur  comprise  entre  A  et  G  à  une  valeur 
comprise  entre  1^  et  G,  donc  pour  une  ('ertaine  valeur  Xq  de 
(a,  b  —  A)  on  a  Xf^x^)  =  G.  Le  théorème  des  acM-roissements  finis 
montre  que  dans  (.^o,  .x»-i- A)  il  existe  une  valeur  c  telle  que 
/'(c)  =  C{'). 

Les  fonctions  dérivées  jouissent  donc  de  l'une  des  propriétés  des 
fonctions  continues.  M.  Darhoux,  dans  son  Mi'moirc  Sur  les 
fonctions  discontinues  (-),  a  beaucoup  insisté  sur  cette  pro|)riété. 
On  a\ait  pris,  en  h'rance,  l'habitude  de  définir  une  fonction  con- 
tinue celle  qui  ne  |)eut  passer  d'une  valcui-  à  une  autre  sans  ()asser 
par  toutes  les  valeurs  intermédiaires,  et  l'on  considérait  cette  défi- 
nition comme  équivalente  à  celle  de  Gauchj.  M.  Darboux,  qui 
construisait  dans  son  Mémoire  des  fonctions  dérivées  non  continues 
au  sens  de  Gauchy,  a  pu  montrer  que  les  deux  (h'Iinitions  de  la 
continuité  étaient  fort  difîerentes  (•'). 

Il  est  facile  de  citer  des  fonctions  dis(n>ntinucs  qui  ne  passent  pas 


<•)  Ceci  ne  suppose  pas  que  f\x)  soit  finie,  mais  seulement  que/'(a7)  soit 
loujo-urs  bien  déterminée  en  grandeur  et  signe. 

(-)  Annales  de  l'Ecole  Normale,  iS-5. 

(^)  On  me  permettra  de  signaler  qu'en  kjoî  on  enseignait  encore  dans  un  lycée 
de  Paris  la  délinition  critiquée  dès  187J  par  M.  Darboux.  Cela  est  d'autant  plus 
étonnant  que  la  propriété  qui  est  énoncée  dans  la  délinition  de  Cuuchy  est  celle 


,,,,  ciiaphkk  VI. 

d'une  valeur  à  une  autre  sans  prendre,  une  fois  au  moins,  chaque 

valeur  intermédiaire.  C'est  le  cas  de  la  fonction  égale  à  sin-  pour 

x^o  et   à   n'importe   quelle   valei  r   de    l'intervalle    (—  i,  +i) 
pour  X  =^  o. 

11  est  assez  curieux  qu'une  fonction  puisse  jouir  de  cette  pro- 
priété qui  a  été  prise  pour  définition  de  la  continuité  et  être  cepen- 
dant discontinue  en  tout  point.  Pour  construire  une  telle  fonction, 
j'écris  le  nombre  œ^  pris  entre  o  et  i ,  dans  un  système  de  numéra- 
tion, le  système  décimal  par  exemple  : 


«1  «2        ,        ^3 

10  lO-  Io3 


Considérons  la  suite  des  chiflVes  de  rang  impair  a, ,  ^3,  «;,,  .... 
Si  elle  n'est  pas  périodique,  nous  prendrons  o{x)  =  o;  si  elle  est 
périodique,  et  si  la  première  période  commence  à  a^n-K-  nous 
prendrons 

a-iii        a-î,i-i--2        a^n-h!»        ûtaw-t-e 

o{x)  = \ i ï h- 

10  10-  10^  10* 

Il  est  évident  que  la  fonction  o(.r)  ainsi  définie  prend  toutes  les 
valeurs  de  (o,  1)  dans  un  intervalle  quelconque  si  petit  qu'il  soit, 
donc  o{x)  est  discontinue  en  tout  point;  d'ailleurs  'f  (^)  ne  prend 
pas  de  valeurs  extérieures  à  (o,  i),  donc  o(x)  ne  passe  pas  d'une 
valeur  a  à  une  autre  h  sans  prendre  toutes  les  valeurs  de  (o,  i),  et, 
a  fortiori,  toutes  les  valeurs  comprises  entre  a  et  h. 

Il  faut  aussi  remarquer  que,  avec  la  définition  critiquée  par 
M.  Darl)ou\.  la  somme  de  deux  fonctions  continues  n'est  |)lus 
nécessairement  une  fonc'tion  continue.  En  efl'et,  si 

-  .     i 

f^{T)  =  sin  -  pour         x  ^  o         «M         /,  (o)  — i, 

et  si 

/i(x)~  —  sin—  pour        x^o         et        f^((y)  —  i, 

les  deux  fonctions/,  et/,  w  peuvent  passer  d'une  valeur  à  une 


qui  intervient  directement  dans  presque  toutes  les  <iétnonstrations,  (indis  ( 
la  propriété  des  fonctions  continues  et  dérivées  n'est  guère  employ«  <■  >\ur  d 
le  théorème  des  substitutions  et  ses  coiiséqueiiccs. 


jUf 


l'imégrali:  dkfi.nme  a  i/AroE  dks  ponctions  primitives.  91 

autre  sans  |)rendre  toutes  les  \al(nirs  Intermédiaires  et  il  n'en  est 
pas  de  même  de/,  -h/^,  puisque 

fi^fi^o         pour         37  ^.<j         et         /,(o) -1-/2(0) -^  2. 

La  somme  de  deux  fonctions  dérivées  étant  une  fonction  dérivée, 
il  V  a  lieu,  d'après  la  remarque  précédente,  d'énoncer  comme  une 
propriété  nou\elle  ce  fait  i\uv  la  somme  de  deux  fouettions  dérivées 
ne  peut  passer  d'une  \aleur  à  une  autre  sans  passer  par  toutes  les 
valeurs  intermédiaires.  On  peut  dire  aussi  que  la  dillérence  de  deux 
fonctions  dérivées  ne  peut  changer  de  signe  sans  s'annuler,  ce  qui, 
si  l'on  songe  à  la  représentation  géométrique,  peut  s'énoncer  ainsi  : 
Deux  fonctions  dérivées  ne  peuvent  se  traverser  sans  se  ren- 
contrer. 

Voici  un  exemple  de  l'aj)plication  de  (;ette  propriété.  Soitdi(jp) 
une  fonction  égale  à  la  fonction  'f  (x),  [)age  90,  quand  'f  (^)  n'est 
pas  égale  à  ^,  et  égale  à  o  quand  '^{x)  =  x.  '}(-p),  comme  'f  (•^),  ne 
peut  passer  d'une  valeur  à  une  autre  sans  passer  par  toutes  les 
valeurs  intermédiaires,  le  premier  théorème  ne  permet  donc  pas 
d'affirmer  que  '\{x^  n'est  pas  une  fonction  dérivée;  mais,  puisque 
'\{x)  tra\erse  la  fonction  continue  x  dans  tout  intervalle  et  ne  la 
rencontre  cependant  (pic  pour  x -^  *ô.^  la  deuxième  propriété 
montre  que  ^{^x)  n'est  pas  une  dérivée. 

Avant  de  rechercher  si  la  fonction  o{x)  est  une  dérivée,  je  vais 
montrer  comment  un  cas  particulier  important  du  théorème  de 
Scheeft'er  se  déduit  innnédiatemciiL  du  tliéorème  de  M.  Darboux. 

Supposons  que  la  dcrixée  d'une;  fon(;tion/(j7)  soit  toujours  bien 
déterminée  en  grandeur  et  signe;  (  (ui  ne  suppose  pas  qu'elle  soit 
finie),  alors  si  elle  n'est  [)as  toujours  égale  à  un  noud)rc  donné  A, 
l'ensemble  des  valeurs  de  x  pour  lesquelles  f{x)  est  diUercnt  de  k. 
;i  la  puissance  du  continu.  En  etî'et,  ou  bien/'(^)  est  constante  et 
la  piopriété  est  démontn'c,  ou  bien  f'{x)  prend  deux  valeurs  B 
et  G,  et  alors  clic  piM'iid  aussi  toutes  les  valeurs  comprises  entre  B 
et  G  qui  sont  toutes,  sauf  une  pcul-clrc,  ditVcrentes  de  \.  L'en- 
semble de  (M's  \aleurs  de  f'{x)  dillércntes  de  \  ayant  la  puissance 
du  continu,  il  en  est  de  un^iie  de  l'enseMuble  des  Naleurs  de  x  cor- 
respondantes. 

GiCci  posé,  ï>i  /{x)  a  toujours  une  dérivée,  et  si  cette  dérivée  est 
nulle,   sauf  peut-être  pour  un  ensemble  dénombrable  de  valeurs 


g2  CIIAPiTHK    M, 


<le  X,  on  peut  affirmer  qu'elle  est  toujours  mille  C'est  le  théorème 
(le  Scheefl'er,  dans  un  cas  particulier. 

Keveuous  à  la  fonction  'f  (^).  Est-elle  une  dérivée?  Les  deux 
théorèmes  précédents  ne  semhleut  pas  fournir  facilement  une 
réponse  à  cette  question.  Une  première  méthode  consiste  dans 
lapplication  d'un  théorème  démontré  précédemment;  une  fonction 
dérivée  hornée  a  le  même  maximum  que  Fon  néglige  ou  non  les 
ensembles  de  mesure  nulle  (M.  H  n'est  pas  difficile  de  démontrer 
(pie  cp (x-)  n'est  différente  de  zéro  que  pour  un  ensemble  de  valeurs 
de  ^  de  mesure  nulle  {voir  p.  109),  'f(^)  n'est  donc  pas  une 
fonction  dérivée. 

Ce  résultat  peut  être  obtenu  d'une  tout  autre  manière.  Une 
dérivée  ne  peut  pas  être  discontinue  en  tout  point,  et  'o{x)  est 
discontinue  en  tout  point. 

Celte  propriété  des  fonctions  dérivées  résulte  d'un  théorème  du 
à  M.  R.  Baire.  f'{x)  est  la  limite,  pour  /i  =  o,  de  la  fonction 
/•[y*(.r),  x^  X  +  A]  continue  en  x  quand  li  est  constant;  c'est  donc 
une  fonction  de  première  classe,  c'est-à-dire  une  fonction  limite 
de  fonctions  continues.  Or  M.  Baire  a  démontré  que  si  l'on  consi- 
dère une  fonction  de  classe  1  sur  un  ensemble  parfait  quelconque, 
il  existe  des  points  où  elle  est  continue  sur  cet  ensemble  parfait; 
en  d'autres  termes,  elle  est  ponctuellement  discontinue  sur  tout 
ensemble  parfait  ('-). 


III.  IS intégrale  déduite  des  fonctions  primitives. 

Dans  hcaucoup  dt;  cas  nous  savons,  sans  le  secours  de  l'inté- 
gration, reconnaître  si  une  fonciion  donnée  est  une  dérivée  et  nous 
pouvons  aussi  espérei-  trouver  sans  intégration  la  fonction  primi- 
tive d'une  dérivée  donu(''(;.  Précédemment  nous  résolvions  ces 
questions  en  nous  servant  de  l'intégrale  définie;  on  peut  se 
demander  si,  inverseuient,  nous  ne  pourrions  pas  définir  fintégrale 
à  l'aide  des  fonctions  primitives.  C'est  la  méthode  de  Duhamel  et 


(  '  )  Je  rappelle  (jue  ce  théorème  a  été  obtenu  sans  l'emploi  do  l'intégration. 
(')  Cette  condition  est  nécessaire  et  suffisante   pour  qu'une   fonction   soit  de 
:la88e  1.  Four  la  démonstration  voir  la  Thèse  de  M.  Baire,  citée  page  79. 


LINTKGRALi:    DKFI.Mt:    A    L  AIDK    DKS    FONCTIONS    PUIMITIVES.  9] 

Serrel(^).  Pour  ces  auleurs  une  fonction  f{x)  a  une  intégrale 
dans  (a,  Ij)  lorsqu'elle  admet  dans  (a,  h)  une  fonction  primi- 
tive rf(.^•j.  Cette  intégrale  I*  est,  par  définition , 

V^f(x)cU  =  ^(tj)-riia). 

Cette  définition  n'est  pas  équivalente  à  la  définition  de  Kiemann. 
D'une  part,  il  existe,  nous  le  savons,  <les  fonctions  inté^rables,  au 
sens  de  Rieniann,  qui  ne  sont  pas  des  fonctions  dérivées;  d'autre 
part,  il  existe,  comme  nous  allons  le  voir,  des  fonctions  dérivées 
non  intégrables  au  sens  de  Riemann. 

Le  premier  exemple  de  telles  fonctions  est  dû  à  M.  Volterra 
(Giqinale  de  Battaglini,  1881);  voici  comment  on  l'ol)tient  : 

Soit  E  un  ensemble  parfait  non  dense  qui  ne  soit  pas  un  <^roupe 
intégrable,  page  43.  Soit  («,  h)  un  intervalle  contigu  à  E,  (consi- 
dérons la  fonction 

cp(;r,  a)  —  {x  —  a)2sin • 


sa  dérivée  s'annule  une  infinité  de  fois  entre  a  et  6,  soit  a -\-  c  la 

plus  grande  valeur  de  x  non  supérieure  à  — — .   qui  annule  es'. 

Ceci  posé,  nous  définissons  une  fonction  F(.r)  |)ar  les  conditions 
suivantes  :  elle  est  nulle  aux  points  de  F^;  dans  tout  intervalle  (a,  b) 
contigu  à  E,  elle  est  égale  à  cp(^,  «)  de  a  à  a-Hc;  de  «  +  c  à 
h  —  c  la  fonction  K  est  constante  et  égale  à  cp(a  -|-  c,  a)\  de  b  —  c 
à  è,  F  est  égale  à  —  'f  (z^',  b). 

Cette  fonction  F(cr)  est  évidemment  continue.  Elle  a  une 
dérivée;  ceci  est  évident  pour  les  points  qui  n'appartiennent  pas 
à  E;  soit  j-o  'm  point  de  E,  le  rapport  /*[F(;r),  Xq^  x^^r-  }i\  est  nul 
si  ^0+  /^  est  point  de  E.  Si  ^0  H-  /^  n'est  pas  point  de  E,  il  appar- 
tient à  un  intervalle  contigu  à  E,  soit  a  celle  des  extrémités  de  cet 
intervalle  qui  est  dans  (.r„,  ./•„-!-//);  on  a  évidemment 


/•[F(a^),  a7o,  0-0-4-  h  II 


^{x^^h) 


S i^^±Azil}!  <,/,,. 


donc  F,  \x)  a  une  dérivée  nulle  en  tous  les  points  de  E. 


(')  Kn  réalité  Duhamel  et  Serret  ne  considéraient  guère  que  des  fonctions 
continues.  Pour  ces  fonctions,  d'après  ce  qui  précède,  leur  définition  est  équiva- 
lente à  celle  de  Gaucliv. 


g4  CIIAPITHK    M. 

La  dérivée  F'  de  F  est  bornée,  car  la  dérivée  de  jr-sin-,  qui  est 
nulle  pour  x  =^-  o,  el  (|iii.   poiii'  x  dilî'érent  de  zéro,  est  égale  à 


•jlx  sin cos  — 

X  X 


est  bornée.  Cependant  cette  dérivée  F'  n'est  pas  intégrable,  au  sens 
de  Rieniann,  car  en  tous  les  points  de  E  le  maximum  de  F'  est  -h  i 
et  son  minimum  est  — i,  puisqu'il  en  est  ainsi  pour  x -=  a  et 
'j'(^,  a);  or  E  par  hypothèse  n'est  pas  un  groupe  intégrable. 

Par  une  application  convenable  du  principe  de  la  condensation 
des  singularités,  on  obtient  une  fonction  dérivée  qui  n'est  inté- 
grable dans  aucun  intervalle  si  petit  qu'il  soit  (  '  ). 

La  définition  de  Duhamel  s'applique  donc  à  des  fonctions  bornées 
auxquelles  ne  s'applique  pas  la  définition  de  Riemann  ;  de  plus, 
la  définition  de  Duhauiel  s'a|)plique  à  des  fonctions  non  bornées, 
car  il  existe  des  dérivées  non  bornées,  mais  toujours  finies,  la 
dérivée  de  .r-sin  —  ^  par  exemple. 

A  la  définition  de  Duhamel  et  Serret  on  peut  appliquer  la  géné- 
ralisation employée  par  Gauchy  et  Dirichlet.  Je  ne  m'occuperai  pas 
de  cette  généralisation  ni,  pour  le  moment  du  moins,  de  la  sui- 
Nante,  qui  contient  comme  cas  particulier  la  définition  de  Riemann 
et  celle  de  Duhamel  pour  les  fonctions  bornées  :  Une  fonction 
bornée  /(x)  est  dire  souimable,  s'il  existe  une  fonction  à 
nombres  dérivés  bornés  F{x)  telle  que  ¥{x)  admette  f{x)  pour 
dérivée^  sauf  pour  un  ensemble  de  valeurs  de  x  de  mesure 
nulle.  L'intégrale  dans  («,  b)  est  alors,  par  définition, 
F(6)-F(a)(^).  _ 

Adoptons  sans  généralisation  la  définition  de  Duhamel  et  Serret. 
L'intégrale  de  Duhamel  (intégrale  D)  jouit  de  certaines  des  pro- 
priétés de  l'intégrale  de  Riemann. 


(')  M.  Kupke  a  construit  des  fonctions  dérivables  à  dérivées  bornées  s'annulant 
dans  tout  intervalle.  Ces  dérivées  ne  sont  évidemment  pas  intégrables. 

(')  Comparez  avec  la  page'  83,  où,  dés  que  /  est  donnée,  on  sait  en  quels 
points  on  n'a  pas  nécessairement  V{x)  =/{x)',  ici,  au  contraire,  on  ne  le  sait 
pas. 

Les  différentes  fonctions  \''{x)  correspondant  à  une  tiièine  fonction  f{x)  ne 
diflèrent  que  par  une  constante  additive. 


L  INTEGRALE    DEFINIE    A    L  AIDE    DES    FONCTIONS    PRIMITIVES.  9^ 

On  a 

La  somme  de  (Jeux  i'onetions  intégrables  D  est  intégrable  D 
et  a  pour  intégrale  la  somme  des  intégrales;  mais  le  produit 
de  deux  fonctions  intégrables  D  n'est  [)as  nécessairement  inté- 
grable  D  (  '  ). 

Une  série  uniformément  convergente  de  fonctions  iiitégrables  D 
est  une  fonction  intégrable  D  et  l'intégration  |)eut  être  effectuée 
terme  à  terme;  c'est  la  proposition  de  la  page  85.  De  celle  de  la 
page  86  on  déduit  que  si  des  fonctions  intégrables  D,  /n(x), 
tendent  en  croissant  vers  une  fonction  intégrable  D,  f{x)^  l'inté- 
grale de  /„  tend  vers  celle  de/,  en  croissant  s'il  s'agit  d'un  inter- 
valle d'intégration  positif. 

La  proposition  analogue  pour  les  intégrales  de  Riemann  est 
vraie.  Nous  calquerons  la  démonstration  sur  celle  de  la  page  86. 

Conservons  les  notations  de  cette  page  86.  /,  «,,  Wo?  •••  ^owl 
maintenant  des  fonctions  intégrables  positives.  #,  Ui,  Uo,  . ..  sont 
celles  de  leurs  intégrales  indéfinies  qui  s'annulent  pour  l'origine  a 
de  l'intervalle  considéré. 

On  a  évidemment /^^„,  d'où  cf  ^S„,  et  puisque  les  S„  croissent 
la  série  des  U  est  convergente.  L'accroissement  de  rT,  dans  un  inter- 
valle positif  quelconque,  est  au  moins  égal  à  celui  de  8,4,  donc  à 
celui  de  F  et  F  est  à  nombres  dérivés  bornés.  Pour  montrer  que 
F  =  J,  il  suffit  de  montrer  que  ces  deux  fonctions  ont  même 
dérivée  partout,  sauf  pour  un  ensemble  de  ^aleurs  de  x  de  mesure 
nulle.  En  tout  point  où/,  /^,,  u^^  ...  sont  toutes  continues,  ^,  U,, 
Uo,  ...  ont  des  dérivées  et  le  raisonnement  de  la  page  8^  montre 
qu'en  ces  points  F  a  même  dérivée  que  §.  Mais  les  points  où  /  n'est 
pas  continue  forment  un  ensemble  de  mesure  nulle  F(/),  les 
points  de  discontinuité  de  ui  forment  l'ensemble  de  mesure  nulle 
E(w/);  la  réunion  de  tous  ces  ensembles  donne  un  ensemble  de 
mesure  nulle  E.  Et  l'on  a  F'=  J',  sauf  peut-être  aux  points  de  E. 

Delà  se  déduit  le  théorème  : 

Lorsque  des  fonctions  intégrables  /„  tendent  en  croissant 


(')   Par  cxoMipK-  le  pioduit  ,/•  (  .r'^sin  -  \    n'est  pas  intégrable  D. 


p(;  CHAPITKK    M. 

vers  une  fonction  intégrahle  f,  V intégrale  de  fn  tend  vers  celle 

^'ous  devons  nous  deinander  niaiiiteiianl  (juels  services  peuvent 
rendre  les  intéjjrales  au  sens  de  Duhamel  et  Serret. 

Ces  intégrales  ne  peuvent  rendre  aucun  service  dans  la  recherche 
des  fonctions  primitives,  puisqu'elles  supposent  cette  recherclie 
etVectuée,  mais  les  intégrales  au  sens  de  Riemann  servent  surtout 
à  calculer  les  limites  de  sommes. 

Le  raisonneuient  de  la  page  78  montre  qu'une  intégrale  D  est 
une  limite  de  somme;  on  peut  donc  espérer  se  servir  de  ces  inté- 
grales pour  le  calcul  des  limites  de  somme.  Nous  avons  vu,  |)age  63, 
que  cela  était  eft'ectivement  possible,  puisqu'il  a  été  démontré  que 
la  longueur  d'une  courhe  était  l'intégrale  D  de  \^x'-  -\-y'-  -\-  z'-^ 
toutes  les  fois  que  cette  intégrale  existe  (-). 

De  nouvelles  études  sur  l'intégrale  sont  cependant  nécessaires, 
car  nous  n'avons  pas  encore  résolu  le  problème  de  la  recherche  des 
fonctions  primitives;  d'ailleurs,  pour  le  calcul  de  la  longueur  d'une 
courbe  ayant  des  tangentes,  l'une  et  l'autre  intégration  sont  insuf- 
fisantes (•'  ). 


(' j  On  peut  remarquer  que  celle  propriélé  resle  vraie  s'il  s'agit  de  fonctions 
intégrables  d'après  la  généralisation  indiquée  page  9^. 

(')  Je  ne  puis  que  signaler  une  autre  application  des  intégrales  D:  lorsqu'une 
fonction  dérivée  bornée  admet  un  développement  trigonométrique,  les  coefficients 
de  ce  développement  sont  donnés  par  les  formules  connues  d'Euler  et  Kourier,  les 
intégrales  qui  figurent  dans  ces  formules  étant  des  intégrales  D. 

J'ajoute  qu'il  existe  elTeclivement  des  fonctions  dérivées  bornées,  non  intégra- 
bles au  sens  de  Hiemann,  qui  admettent  un  développement  trigonométrique.  Pour 
la  démonstration  de  ces  propriétés,  on  pourra  se  reporter  à  un  Mémoire  Sur  les 
séries  trigonométriques  que  j'ai  publié  dans  les  Annales  de  l'École  Normale 
(novembre  igoS  ). 

(')  Il  est  facile  de  voir  (|ue  4/  i -i-  (a7-sin  -)    n'est  pas  une  dérivée  exacte.  On 

pourra  pour  le  voir,  soit  développer  ce  radical  en  série  de  Laurent,  soit  utiliser 
les  résultats  qui  seront  obtenus  plus  loin.  Partant  de  là,  on  démontrera  sans  peine 
que  la  quantité  \/\  -h  ¥' {x^^  où  F  est  la  fonction  à  dérivée  non  intégrable  de 
M.  Volterra,  n'est  intégrable  ni  au  sens  de  Hiemann,  ni  au  sens  de  Duhamel. 

La  courbe  y  ■=  V{x)  ne  peut  donc  être  rectifiée  ni  par  l'une,  ni  par  l'autre  des 
deux  méthodes  employées. 

Pour  l'application  indiquée  dans  la  Note  précédente,  les  deux  intégrations  sont 
aussi  insuffisantes,  comme  on  le  voit  en  considérant  la  somn)e  d'une  dérivée  non 
intégrable  représentable  trigonométriquement.  et  d'une  fonction  non  dérivée 
npréscnlable  trigonométriquement. 


l'»ntk(;rali-:  dkkimk   v  l  aidi:  dks  ponctions  phiaiitivks.  97 

J'ajoute  encore  que  si  les  deux  intégrations  que  nous  avons 
étudiées  paraissent  en  général  suffisantes,  cela  tient  uniquement 
à  ce  que,  presque  toujours,  on  se  restreint  de  parti  pris  à  la  consi- 
dération des  fonctions  continues  et  même  souvent  à  la  considéra- 
tion des  fonctions  analytiques. 


CHAPITRE  Vl[. 

LES     FONCTIONS     SOMMA BLES 


1.  —  Le  problème  d'intégration. 

Les  applications  classiques  de  Fintégration  des  fonctions  conti- 
nues, les  applications  faites  précédemment  de  l'intégration  au  sens 
de  Riemann  ou  au  sens  de  Duhamel  et  Serret,  suffisent  pour 
mettre  en  évidence  le  rôle  de  certaines  propriétés  simples,  con- 
séquences de  toutes  les  définitions  de  l'intégrale  déjà  étudiées,  et 
pour  convaincre  que  ces  propriétés  doivent  nécessairement  appar- 
tenir à  l'intégrale,  si  l'on  veut  qu'il  y  ait  quelque  analogie  entre 
cette  intégrale  et  l'intégrale  des  fonctions  continues. 

C'est  pourquoi  nous  nous  proposons  d'attacher  à  toute  fonc- 
tion bornée  (*)  /(^),  définie  dans  un  intervalle  fini  (a,  ^), 

positif,  négatif  ou  nul,  un  nombre  fini,     I   f[x)dx^  que  nous 

''a 

appelons  V intégrale  de  f{J^')  dans  (a,  b)  et  qui  satisfait  aux 
conditions  suivantes  : 

1.  Quels  que  soient  rt,  b^  li^  on  a 

j     f{x)dx—     j         f{x  —  h)dx. 

2.  Quels  que  soient  a,  b,  c,  on  a 

j    f(x)dx-\-    f  f{x)dx-^    j    f{x)dx=  o. 

3.  " 

f  [f{^)-^?(^)]dx.=    ff{x)dx-^    f  '^(x)dx. 
('  )  Le  mol  bornée  esl  nétcssaire  si  l'on  veut  que  PiiUégrale  soit  toujours //me. 


LES    FONCTIONS    SO.MM.VHLKS.  99 

i.    Si  Cou  a  f^o  et  ^  >  r/,  on  a  aussi 


fix)  dx  ^o. 
Il 

o.    On  a 

,1 

I  X  dx  —  I . 

0 


f 


j: 


6.  Si  f,i  {x)  tend  en  croissant  vers  f{x  ),  r intégrale  de  /n{'^) 
tend  vers  celle  de  f{oo). 

La  signification,  la  nécessité  et  les  conséquences  des  cinq  pre- 
mières conditions  de  ce  problème  d^ intégration  sont  à  pejii  près 
évidentes;  nous  ne  nons  j  étendrons  pas. 

La  condition  G  a  une  place  à  ])arl.  Elle  n'a  ni  le  même  caractère 
de  simplicité  que  les  cinq  premières  ni  le  même  caractère  de 
nécessité  (').  De  plus,  tandis  qu'il  est  facile  de  (construire  des 
nombres  satisfaisant  à  quatre  quelconques  des  cinq  premières 
conditions,  sans  satisfaire  à  toutes  les  cinq,  ce  qui  montre  que  ces 
cinq  conditions  sont  ln<lé[)cndantes,  on  ne  sait  pas  si  les  six  condi- 
tions du  problème  d'intégration  sont  indépendantes  ou  non  (-). 

En  énonçant  les  six  conditions  du  problème  d'intégration,  nous 
définissons  l'intégrale.  Cette  définition  appartient  à  la  classe  de 
celles  que  l'on  peut  appeler  descriptives  ;  dans  ces  définitions,  on 
énonce  des  propriétés  caractéristiques  de  l'être  que  l'on  veut 
définir.  Dans  les  définitions  constr actives,  on  énonce  quelles 
opérations  il  faut  faire  pour  obtenir  l'être  que  l'on  veut  définir. 
Ce  sont  les  définitions  constructives  qui  sont  le  plus  souvent  em- 
ployées en  Analyse;  cependant  on  se  sert  parfois  de  définitions 
descriptives  (3);  la  définition  de  l'intégrale,  d'après  Riemann,  est 


(  '  )  Elle  parait  si  peu  nécessaire  qu'elle  est  généralement  inconnue,  même  pour 
le  cas  où  /  et  /„  sont  intégrables  au  sens  de  Riemann  ou  mêmes  continues.  II 
se  pourrait  d'ailleurs  que  certaines  de  ses  conséquences  aient,  au  contraire,  un 
très  ijrand  caractère  de  nécessité. 

(-)  La  réponse  à  cette  question  importe  peu  pour  les  applications,  mais  elle 
prt'seiile  un  inlérêt  au  point  de  vue  des  principes.  S'il  était  démontré  que  cette 
sixième  condition  est  indépendante  des  cinq  autres,  il  y  aurait  lieu  de  chercher 
à  la  remplacer  par  une  sixième  plus  simple  et  surtout  de  rechercher  si,  parmi  les 
systèmes  de  nombres  qui  satisfont  seulement  aux  cinq  premières  conditions,  il 
n'y  en  a  pas  d'aussi  utiles  que  celui  qui  va  être  étudié. 

(^)  L'emploi  de  ces  définitions  descriptives  est  indispensable  pour  les  premiers 


lOO  CllAPITlU:    Ml. 

constructive,  la  définition  des  fondions  primitives  est  descriptive. 

Lorsque  l'on  a  énoncé  une  définition  constructive,  il  faut  dé- 
montrer que  les  opérations  indiquées  dans  cette  définition  sont 
possibles:  une  définition  descriptive  est  aussi  assujettie  à  certaines 
conditions  :  il  faut  que  les  conditions  énoncées  soient  compa- 
tibles (\).  Le  procédé  jus(prici  toujours  employé  pour  démontier 
que  des  conditions  sont  compatibles  est  le  suivant  :  on  choisit  dans 
une  classe  d'êtres  antérieurement  définis  des  êtres  jouissant  de 
toutes  les  propriétés  énoncées.  Cette  classe  d'êtres  est  générale- 
ment la  classe  des  nombres  entiers  (-);  on  admet  que  la  défini- 
tion descriptive  de  ces  nombres  ne  contient  pas  de  contradiction. 

Il  faut  aussi  étudier  la  nature  de  l'indétermination  des  êtres  que 
l'on  vient  de  définir.  Supposons,  par  exemple,  que  l'on  ait  démontré 
l'impossibilité  de  l'existence  de  deux  classes  diiïérentes  d'êtres 
satisfaisant  aux  conditions  indiquées,  et  que,  de  plus,  on  ait 
démontré  la  compatibilité  de  ces  conditions  en  choisissant  une 
classe  d'êtres  j  satisfaisant;  cette  classe  d'êtres  sera  la  seule  définie, 
de  sorte  que  la  définition  constructive  qui  a  servi  à  effectuer  le 
choix  est  exactement  équivalente  à  la  définition  descriptive  donnée. 

Nous  allons  rechercher  une  définition  constructive  équivalente 
à  la  définition  descriptive  de  l'intégrale  (^). 

On  démontrera  d'abord  sans  peine  en  s'appuyant  sur  les  condi- 
tions 3  et  4  que  l'on  a  la  condition  S 

(S)  /     kf{x)dx-^^k    /    f{x)dx, 

'J  II  *J  n 


tcrnu's  (l'une  science  quand  on  veut  construire  celte  science  d'une  façon  pure- 
ment logique  et  abstraite.  Voir  la  Thèse  de  M.  J.  Dracli  {Annales  de  l'École 
Noiniale,  1H98)  et  le  Mémoire  de  M.  Hilberl  sur  les  fondements  de  la  Géométrie 
{Annales  de  l'École  Normale,  1900). 

(')  C'est-à-dire  qu'aucune  de  leurs  conséquences  ne  soit  de  la  forme  :  A  est 
non  A.  Il  y  a  lieu  aussi,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  de  rechercher  si  les  conditions 
sont  indépendantes. 

(')  Voir  le  Mémoire  déjà  cité  de  M.  Hiibert.  C'est  parce  que  Ton  peut  démon- 
trer la  compatibilité  des  conditions  énoncées  dans  les  définitions  descriptives  des 
premiers  termes  de  la  Géométrie  à  l'aide  du  système  des  nombres  entiers  qu'il 
est  légitime  de  dire  que  la  Géométrie  peut  être  tout  entière  construite  à  i)artir 
de  l'idée  de  nombre. 

(')  Eu  se  plaçant  au  même  point  de  vue,  on  peut  dire  (jue  les  travaux  exposés 
dans  cet  Ouvrage  ont  pour  but  principal  la  recherche  d'une  définition  construc- 
tive équivalente  à  la  définition  descriptive  des  fonctions  primitives. 


Li:S    FONCTIONS    SOMMABLKS.  lOI 

lorsque  /.•  est  une  constante.  Ceci  posé,  soit  /{.r)  une  fonction 
quelconcjue,  nous  désignerons  par  E[a  << /■(./)<<  ^]  l'ensemble 
des  valeurs  de  x  pour  lesquelles  on  a  a<;y'(j:)<3,  et  par 
E[y*(^)  =  a]  l'enseuihle  des  valeurs  de  x  pour  lesquelles  on  a 

Soit  (/,  L)  l'intervalle  de  variation  de  /(x)  (');  partageons  cet 
intervalle  en  intervalles  partiels  à  l'aide  des  nombres 

supposons  que  //_^,  —  //  ne  soit  jamais  supérieur  à  î. 

Désignons  par  J^/(/=o,  i,  2,  ...,  /i )  la  fonction  égale  à  i 
(juand  X  appartient  à  K[/(^)  =: //],  ou  à  E[// </(^)  < //_,.,], 
et  nulle  pour  les  autres  points;  désignons  par  Wi(l=z  o,  1 ,  . .  .,  n) 
la  fonction  égale  à  i  quand  .x  appartient  à  E[//_,  <^J\x)  «<  /,],  ou  à 
E[y(.x)  =  li\  et  nulle  pour  les  autres  points.  On  a  évidemment 

/  ^  Il  i=  n 

i     ;  0  /       0 

Lorsque  nous  saurons  intégrer  les  fonctions  '|  qui  ne  prennent 
(|ue  les  valeurs  o  et  i ,  nous  en  déduirons,  grâce  aux  conditions  3 
et  S,  les  intégrales  des  cp  (^27)  et  <ï>(^),  lesquelles  comprennent  lin- 
tégrale  àe  f\x)  (conditions  3,, 4)  C-^). 

De  plus  c5(ofc)  et4>(.r)  diffèrent  iUi  J\x)  de  s  au  [)lus,  dowv  ten- 
dent uniformément  vers  f{x)  quand  £  tend  vers  zéro;  il  est  facile 
d'en  conclure  que  leurs  intégrales  tendent  vers  celle  àef(^x). 

Vax  (fret,  si  les  limites  inférieure  et  supérieure  de  g{x)  sont  / 

r'' 

et  L,  d'après  3  et  i,     /    g{x)  dx  est  comprise  entre 

J..h  ,h  .h  .b 

t     l  dx  =  l    l     dx  Cl  /     \.dx-~  L    /     dx\ 

f;iisons  niaiuleuant 

g{x)  -f(x)  —  o{x), 


(')   En  (ruulres  U-riiies,  /et  l>  xml  li-  limite-  iniVi  iciiic  et  supi-ricure  de  /{x). 
(-)   On  suppose  ici,   p«Mii-   quclinio    iii>l.iiil-.  Ir  |ii olilriiic  (l'iiilc^iMlioii   pos-iMc, 


CHAriTRi:    Ml. 


donc  riiiléi;Tale  de  !?(./)  est  iiiférieiiro  en  module  à  s  j    c/.r,  (juiui- 

•-  Il 
lité  qui  leud  \ers  zéro  a\ee  e. 

Pour  savoir  calculei'  riuté<^rale  cV une  fonction  quelconque, 
il  suffit  de  savoir  calculer  les  intégrales  des  fondions  'l  qui  ne 
prennent  que  les  valeurs  o  et  i . 

11  faut  remarquer  (jue  nous  avons  démontré  incidemment  la  pos- 
sibilité d'intégrer  lernn'  à  terme  lejs  séries  uniformément  eonver- 
j;enles,  si  le  problème  (rinlé^ialion  est  |)Ossil)le. 

La  ipiaiililé    /     d,r  (pii  (ij^ure  dans  la  démonslralion  |)réeédenle 
*  ti 
se  calcule  facilement;  en  se  servant  de  1,  de  !2  et  de  o,  on  voit 
qu'elle  est  égale  à  h  —  a. 

Si  la  fonction  /(/')  est  comprise  entre  /  et  L,  son  intégrale  dans 
(rt,  b)  est  ('omprise  entre  l(b  —  a)  et  L(^  —  a)]  c'est  le  théorème 
de  la  moyenne. 

Si  nous  appliquons  ce  théorème  après  avoir  décomposé  (<7,  b) 

en  inteiNalles  partiels,  nous  lrou\ons  (pie    /    J{x)  <i.r  est  comprise 

entre  les  sommes  qui  servent  à  définir  les  intégrales  par  défaut  et 
par  excès;  V intégrale  est  donc  comprise  entre  les  intégrales 
par  défaut  et  par  excès.  En  particulier,  si  le  problème  d'inté- 
gration est  possible,  pour  les  fonctions  intégrables  au  sens  de  Rie- 
maiiu.  il  n'admet  pas  daulic  solution  (pie  Tintégrale  de  Riemann. 


II.  —  La  mesure  des  ensembles. 

Occupons-nous  maintenant  des  fonctions 'i/  (pii  ne  prennent  que 
les  valeurs  o  et  i .  Une  telle  fonction  est  entièrement  définie  par  l'en- 
semble E['^(j7)  =  i]  des  valeurs  où  elle  est  difTérente  de  o;  l'inté- 
grale d'une  telle  fonction,  dans  un  inlcrNalIc  positif,  c^l  un  nonihic 
positif  ou  nul  (pi'on  peut  considérer  comme  alla<li<''  à  la  partie  de 
reusemble  l^['];(^./j  -  =  i  J  c()m[)rise  dans  l'inlerNalle  (rinl(''gialion. 
Si  l'on  liaduil  en  langage  géométrique  les  conditions  du  problème 
d'intégration  des  fonction>  'L.  on  a  un  noii\eaii  prolilènie,  le  pro- 
blème de  la  mesure  des  cnsfinhlcs. 

Pour  l'énoncer,    je  rappelle  (jne   deux    eii>end)les  de   jxtinls   sur 


UNIVÊRSi 


LES    FONCTIONS   SOMMABLES.  loi 

une  droite  sont  dits  égaux  si,  par  le  déplacement  de  l'un  d'eux,  on 
peut  les  faire  coïncider,  qu'un  ensemble  E  est  dit  ia  somme  des 
ensembles  e  si  tout  point  de  E  appartient  à  l'un  au  moins  des  e  {^). 
Voici  la  question  à  résoudre  : 

Nous  nous  proposons  d'attacher  à  chaque  ensemble  E  borné, 
formé  de  points  de  ox^  un  nombre  positif  ou  nul,  /n(E),  que 
nous  appelons  la  mesure  de  E  et  qui  satisjait  aux  conditions 
suivantes  : 

i'.  Deux  ensembles  égaux  ont  même  mesure; 

2'.  U ensemble  somme  d' un  nombre  fini  ou  d' une  infinité 
dénombrable  d'ensembles,  sans  point  commun  deux  à  deux, 
a  pour  mesure  la  sonime  des  mesures  ; 

3'.   La  mesure  de  l'ensemble  de  tous  les  points  de  (o,  i)  est  i. 

La  condition  3'  remplace  la  condition  o;  la  condition  2'  pro- 
vient de  l'application  des  conditions  3  et  6  à  la  série 

'^  =  ^1  -r-  4^2  -T-.  .  ., 

dans  laquelle  tous  les  termes  et  la  somme  sont  des  fonctions  ^; 
quant  à  la  condition  1'  c'est  la  condition  1.  Une  explication  est 
cependant  nécessaire;  il  J  a  deux  espèces  d'ensembles  égaux  : 
ceux  que  l'on  peut  faire  coïncider  par  un  glissement  de  ox  et  ceux 
que  l'on  peut  faire  coïncider  |)ar  une  rotation  de  t:  autour  d'un 
point  de  ox\  c'est  aux  premiers  seulement  que  s'applique  la  con- 
dition \' .  Je  n'ai  pas  mis  cette  restriction  dans  l'énoncé  parce  que, 
dans  les  raisonnements  suivants,  on  peut  s'astreindre  à  ne  pas 
employer  d'autres  déplacements  que  des  glissements  et  cependant 
on  obtiendra  toujours  pour  deux  ensembles  égaux  de  l'une  ou 
l'autre  juanière  des  mesures  égales  ('-). 

Une  consé({uence  simple  des  conditions  1',  2',  3'  est  que  tout 


(')   Vvcc  notre  définilion  les  e  peuvent  donc  avoir  des  points  communs. 

(-)  Toiilcs  les  coiiditiotis  du  |)i()blème  d'iiiti  ^ration  pour  les  fonctions  (^  sont 
exprimées;  mais  ou  pouirait  eiiiirid!-»'  qiK»  cehi  ne  siiflise  pa-  pour  (jue  les  inlé- 
i;rales  des  foncti(>n>  .|  ml,  (ui(|  uc-.  (|ui  -ont  ilelerniinées  dès  (pie  les  intéi;rales  des 
ionetiuus  'b  le  soul.  -,it  i^t.i^x  ul  ,ni>--i  à  ee>  eoiulitions.  Ce  (|ui  suil  montre  tjne 
ces  erainto   iie   -^out   p.i-  ju-hii,,.,. 

On  iXMinail  le  dcmoiilrer  do  a  pr.'xul,  -,iu^  -e  •^e^si^  de  la  valeur  de  l'inle. 
grale  di'^  loueliou>   y.   et   Cou   pouiiail   aii--i    ileiiiMU  t  icr  ,|uc.  si   l'uu  .-up|uiuie   le- 


io4  CIIM'ITIU:    Ml. 

intervalJe  positif  (a,  b)  a  pour  mesure  sa  loiij;ueur  b  —  «,  que  les 
extrémités  fassent  ou  non  partie  de  l'intervalle  ('). 

Si  l'on  se  reporte  au  Chapitre  111,  on  \oit  immédiatement  (jue, 
si  le  problème  de  la  mesure  est  possible,  on  a 

e/(E)im(E)le,(E); 

pour  les  ensembles  mesurables  .1  le  problème  de  la  mesure  est 
possible  au  plus  d'une  manière  et  la  mesure  est  l'étendue  au  sens 
de  M.  Jordan. 

Soit  maintenant  un  ensemble  cpielconque  E,  nous  pouvons 
enfermer  ses  points  dans  un  nombre  fini  ou  une  infinité  dénoni- 
brable  d'intervalles;  la  mesure  de  l'ensemble  des  points  de  ces 
intervalles  est,  d'après  2',  la  somme  des  longueurs  des  intervalles; 
celte  somme  est  une  limite  supérieure  de  la  mesure  de  E.  L'en- 
semble de  ces  sommes  a  une  limite  inférieure  /?2^(E),  la  mesure 
extérieure  de  E,  et  l'on  a  évidemment 

Soit  Cau(E)  le  complémentaire  de  E  par  rapport  à  AB,  c'est- 
à-dire  l'ensemble  des  points  ne  faisant  pas  partie  de  E  et  faisant 
partie  d'un  segment  A15  de  ox  contenant  E.  On  doit  a\oir 

//i  (  E  )  +  m  I  Cah  (  E  )J  =  m  (  A  B  ), 
donc 

m  {  E  )  --r.  m  (  A  B  i  -^  m  [  Gab  (  1^^  )]  ^  "i  (  AB  )    -  m,  [  Cah  (  E  )  ]  ; 

la  limite  inférieure  ainsi  trouvée  pour  /?i(E),  limite  qui  est  néces- 
sairement positive  ou  nulle,  s'appelle  la  mesure  intérieure  de  E, 
m/(E);  elle  est  évidemment  supérieure  ou  au  moins  égale  à 
l'étendue  intérieure  de  E. 

Pour  conq>arer  les  deux  nombres  m^,  mi^  nous  nous  servirons 
d'un  théorème  dû  à  M.  I^orel  : 

Si  Von  a  une  famille  d'intervalles  A  tels  que  tout  point  d'un 
intervalle  (a,  b)^ y  compris  a  et  b,  soit  intérieur  à  r un  au  moins 


mots  ou  d'une  injinite  dénombrable  dans  2',  on  u  iiu  nouveau  problème  de  la 
mesure  qui  correspond  complèteinenl  au  problème  (l'inlégralion  posé  avec  les 
conditions  1,  '2,  3,  4,  5  sans  la  condition  G. 


(•)  Ceci  a  été  déjà  exprimé  par  l'égalité    /    dx  —  b  ~  a, 

*J  a 


LKS    FONCTIONS    SOAIMABLKS.  (  05 

des  A,  il  existe  une  famille  formée  dUin  nombre  liiii  des  inter- 
valles A  et  qui  jouit  de  la  même  propriété  [tout  point  de  («,  6) 
est  intérieur  à  lun  <r eu.r  |. 

Soit  (a,  jij  l'un  (les  iiilciN ailes  A  coiilcnaiit  «,  la  j)r()j)riété  à 
(léiuontrer  esl  évidente  pour  l'intervalle  (a,  j^),  si  x  est  compris 
entre  a  et  ,3;  je  veux  dire  que  cet  intervalle  peut  être  couvert  à 
l'aide  d'un  nombre  fini  d'intervalles  A,  ce  que  j'exprime  en  disant 
<|ue  le  point  jc  est  atteint.  Il  faut  démoulici- (jiic  />  est  allcinl.  Si  j: 
est  atteint,  tous  les  points  de  (^a,  ./)  le  sont;  si  ./  n'est  pas  atteint 
au('un  des  points  de  (j:*,  h)  ne  l'est.  H  y  a  donc,  si  b  n'est  pas  atteint, 
un  prcuiier  point  non  atteint,  ou  un  dernier  point  atteint;. soit  x^ 
ce  point.  Jl  est  intérieur  à  un  inter\alle  A,  (a,,  Jiii).  Soient  x^  un 
point  de  (a,,  .r),  x^  un  point  de  {x,  j3,);  x^  est  atteint  par  lijpo- 
thèse,  les  intervalles  A  en  nombre  fini  qui  servent  à  Fatteindre, 
plus  l'intervalle  (a,,  [^,)  periuett<'nt  d'atteindie  ./^  >  .^'o  :  'J^k\  n'est 
ui  l(,'  dernier  point  atteint,  ni  le  dernier  non  alleiiit;  donc  b  est 
atteint  ('). 

Du  théorème  de  M.  lîorci  il  ï(''sidte  (jue  si  Uon  a  eouvert  tout 
un  intervalle  (a,  b)  à  l'aide  d' une  infinité  dénombrable  d' in- 
tervalles A,  la  somme  des  longueurs  de  ces  intervalles  est  au 
moins  égale  à  la  longueur  de  V intervalle  (a,  b)  {'^).  En  elï'et, 


(')  M.  Bort'l  a  donné,  dans  sa  Tlièse  et  dans  ses  Leçons  sur  la  théorie  des 
fondions,  deux  démonslialions  de  ce  lliéoiènnc.  Ces  démonslrations  sup|)(>sent 
essentiellenienl  que  l'ensenil)le  des  intervalles  A  est  dénombrable;  ct'la  suffit 
dans  quelques  applications;  il  y  a  cependant  intérêt  à  démontrer  le  théorème 
du  texte.  Far  exemple,  pour  les  applications  que  j'ai  faites  dans  ma  Thèse  du 
théorème  de  M.  Borel,  il  était  nécessaire  (juM!  soit  démontré  pour  un  ensemble 
d'intervalles  A  ayant  la  puissatice  du  continu. 

On  a  déduit  du  théorème,  tel  cju'il  est  énoncé  dans  le  texte,  une  jolie  démons- 
tration de  l'uniformité  de  la  continuité. 

Soit  /(:r)  une  fonelion  continue  en  lous  les  points  de  {a,  b),  y  compris  a 
et  b:  chaque  point  de  {a,  b)  est,  par  délinilion,  intérieiir  à  un  intervalle  A  dans 
le(|uel  l'oscillation  de  f{x)  est  inférieure  à  e.  A  laide  d'un  nombre  fini  «l'entre 
eux,  on  peut  couvrir  (a,  b)',  soit  l  la  loni;ueur  du  plus  petit  intervalle  A  employé, 
dans  tout  intervalle  de  longueur  /  l'oscillation  de  /  est  au  plus  rie,  car  un  tel 
inlerNalle  empièt»-  sur  deux  intervalles  A  au  plus;  la  conlinuilé  est  uniforme. 

Cette  application  du  théorème  coni[)lété  fait  bien  comprendre,  il  me  semble, 
tout  rusaj;e  qu'on  en  |)cut  faire  dans  la  théorie  «les  fonctions. 

(-)  Si,  comme  je  le  suppose  dans  la  démonstration,  on  admet  que  tout  |)oint 
de  {a,  b)  est  intérieur  à  l'un  des  A.  on  peut  remplacer  au  moins  égale  par 
supérieure. 


lo6  CHAPITRE    VII. 

on  peut  aussi  couvrir  (a^'b)  à  l'aide  d'un  iionihre  fini  des  intoi- 
valles  A  et  le  théorème,  étant  évidemment  vrai  quand  on  ne  consi- 
dère que  ces  intervalles  en  nombre  fini,  l'est  a  fortiori  quand  on 
(!onsidère  tous  les  intervalles  A. 

Reprenons  maintenant  l'ensemhle  E  et  son  complémentaire 
Cj^,j(E).  Enfermons  le  premier  dans  une  infinité  dénombrahle  d'in- 
tervalles a,  le  second  dans  les  intervalles  j^,  on  a 

m  (a)  "m(P)^w(AB), 
|)uis(jue  AB  est  cou\ert  par  les  intervalles  a  et  [i.  De  là,  on  déduit 

/»e(E)^m,[GAB(E)]  ^  m(AB), 
me,(E)  £      m(AB)       — m^GAB^E)], 
me(E)  ^      //î/(E). 

La  mesure  intérieure  n'est  jamais  supérieure  à  la  mesure  exté- 
rieure. 

Les  ensembles  dont  les  deux  mesures  extérieure  et  intérieure 
sont  égales  sont  dits  mesurables  et  leur  mesure  est  la  valeur  com- 
mune des  lUf.  et  mi  (*).  Il  reste  à  rechercher  si  cette  mesure  satis- 
fait bien  aux  conditions  1',  î2',  'V.  Gela  est  évident  pour  l'  et  3', 
reste  à  étudier  la  condition  2'  (-). 


(*)  C'est  seulement  pour  ces  ensembles  que  nous  étudierons  le  problème  de 
la  mesure.  Je  ne  sais  pas  si  Ton  peut  définir,  ni  même  s'il  existe  d'autres  ensetnbles 
<jue  les  ensembles  mesurables;  s'il  en  existe,  ce  qui  est  dit  dans  le  texte  ne  suffit 
pas  pour  affirmer  ni  que  le  problème  de  la  mesure  est  possible,  ni  qu'il  est 
impossible  pour  ces  ensembles. 

(-)  La  définition  géométrique  de  la  mesure  permet  non  seulement  de  comparer 
deux  ensembles  égaux,  mais  aussi  deux  ensembles  semblables.  Le  rapport  des 
mesures  de  deux  ensembles  semblables  de  rapport  k  est  \k\.  C'est  une  condition 
qu'on  aurait  pu  s'imposer  a  priori:  il  lui  correspond  pour  le  problème  d'inté- 
;;iatioii  la  condition  S, 

// 

(S,)  I      f{x)dx^k   j    f{hx)dx. 


Lc>  coii<liiioii>  S  (p.  loo)  et  S,  constituent  ce  qu'on  peut  appeler  la  condition 
de  similitude,  elles  font  connaître  ce  que  devient  une  intégrale  par  les  Iransfur- 
inatiuns 

x^=  /..r,        f^(x)  ^Af(x). 

Peut-être  pourrail-un  lemplarcr  la  ruiulilioii  G  par  des  conditions  de  (ctle 
nature. 


LKS    FONCTIONS    SOMMABLKS.  lO- 

Soieul  E,,  Eo,  ...  des  ensembles  mesurables,  en  nombre  fini 
ou  dénombrable,  n'ayant  deux  à  deux  aucun  point  commun,  et 
soit  E  l'ensemble  somme. 

On  peut  enfermer  E/  dans  une  infinité  dénombrable  d'inter- 
valles a/  et  Gai,(E/)  dans  les  intervalles  [i/de  manière  (jue  la  mesure 
des  parties  communes  aux  a/  et  |ii/  soit  égale  à  £/;  les  £/  étant  des 
nombres  positifs  clioisis  de  manière  (jue  la  série  S  s,  soit  conver- 
gente et  iU)  somme  e. 

Soient  a!,,  [i!,  les  parties  des  a^,  et  ,3^,  (pii  sont  contenues  dans  les 
intervalles  3,,  soient  a',,  ^[^  les  parties  des  aj,  [i.,  qui  sont  conte- 
nues dans  les  j3!,  et  ainsi  de  suite.  E/  est  enfermé  dans  a,'.  E  est 
donc  enfermé  dans  x,  t- a..  H-. .  .,  sa  mesure  extérieure  est  donc 
au  plus  égale  à  la  somme  /?«(a,  )  -|-  /«(a!,)  4-  '^H^ij  >  -h-  .  .=  s;  éva- 
luons cette  somme.  On  a  é\  ideiumeiit 

m(a,  )^m(3,)       m(AB)    -s,, 

et  ceci  suffit  pour  montrer  que  la  série  a- est  convergente;  d'ailleurs 
on  a 

m(Ei)S,m{^'i)<ni(oLi)<m{E,)-i-Zi, 

donc  s  est  comprise  entre  S  /n{Ei)  et  ï  /?i(E/  )  ^  s.  Gela  donne 

Le  conq)lémenlaire  de  E,  Ga,{(E),   peut  être  enferuu';  dans  [i-; 

or    P'-   a,    en    commun    avec    a , -h  a., -i- a',  h- les    intervalles 

^'i+i  -+-  'y'i+-i  +•  •  -^  plus  une  partie  des  intervalles  (communs  à  a,,  [ii,, 
une  partie  de  ceux  communs  à  a^,  jïio,  ...,  une  j)artie  de  ceux 
communs  à  a/,  [i/.  ,3).  a  donc  une  uiesure  au  plus  égale  à 

[  m  (  A  B  ^  —  .î ]  -f-  E,  -^  £2  -i- . . .  ^  î*  -H  m  ( a;^ ,  )  —  m  (  «;,... )-+-..., 

et,  par  suite, 

,  .  .         /''e[CAu(K)U'«(AH)       i:/«(E/), 

c'esl-à-dirc 

mi{¥.)iy:m{\li). 

L'ensemble  E  est  donc  mesurable  et  de  mesure  Ï///(^E/),  la  condi- 
tion 2'  est  bien  vérifiée. 

L'enseud)le  des  ensembles  mesurabb's  contient  l'ensemble  des 


loS  ciiAPiTiu:  VII. 

ensembles  mesurables  .1,  mais  il  est  beaucoup  plus  vaste,  comme 
on  va  \v  voir.  On  peut  en  eft'et,  sans  sortir  de  l'ensemble  des 
ensembles  mesurables,  ellectuer  sur  des  ensembles  mesurables  les 
deux  opérations  suivantes  : 

I.  Faire  la  somme  d'une  inlinilé  dénombrable  (rensembles; 

II.  Prendre  la  partie  commune  à  tous  les  ensembles  d'une 
famille  contenant  un  nond)re  fini  ou  une  infinité  dénombrable 
densembles. 

i*nur  le  démonUcr,  remarquons  daboixl  cpie  la  seconde  opéra- 
lion  ne  diffère  pas  essentiellement  de  la  première,  car  si  E  est  la 
partie  commune  à  E,,  E2,  ...,  G(E)  est  la  somme  de  C(Ei), 
C(E2  ), 11  suffit  donc  de  s'occuper  de  la  première;  soit 

li:=  1:,+  Ei-i-  E3  +  .... 

Si  E^  est  l'ensemble  des  points  de  E/  ne  faisant  pas  partie  de 
E,  4-  Eo  -t- . . .  4-  Ei_ , ,  on  a 


les  termes  de  la  somme  étant  sans  point  commun  deux  à  deux.  Or, 
il  est  facile  de  voir  que  E.,  est  mesurable;  en  elfet,  enfermons  E, 
dans  les  intervalles  a,,  G(E,)  dans  les  intervalles  jii,,  E^  dans  ao, 
C(E2)  dans  [^2  et  soient  £,  et  £2  les  longueurs  des  parties  com- 
uiunes  aux  a,  et  ^3,  d'une  part,  aux  t..,  et  ^.^  d'autre  part.  Si  a'., 
et  p.,  sont  les  parties  des  a^  et  '^2  communes  aux  fi,,  E'.,  peut  être 
enfermé  dans  a'^  et  G(E.,)  dans  a,  -\-  p'.^  et  les  parties  communes  à 
ces  deux  systèmes  d'intervalles  ont  une  mesure  au  plus  égale 
à  £,  -h  £2,  donc  E!,  est  mesurable.  De  là  résulte  que 


est  mesurable,  donc  ([ue  K,,  partie  de  E3  n'a[)partenant  pas  à  l'en- 
semble mesurable  E,  4-  E2,  est  mesurable  et  ainsi  de  suite.  Tous 
les  E[.  sont  mesurables,  E  l'est  (  '  ). 

Un  intervalle  étant  un  ensemble  mesurable,  en  apj)liquant  les 


(')  Si  E,  conlicnl  Iv,,  on  p.ul  juirlcr  de  Itur  dillViciKH'  1-:,—  !%.  Celle  tliné- 
rence  est  mesurable  si  K,  et  K.  le  soiii,  car  elle  <si  la  pailie  cotimiiiiK;  à  E^  et 
C(K,). 


m:s  fonctions  sommablks.  109 

opérations  1  ot  II  un  nombre  fini  de  fois  à  partir  d'intervalles  nous 
obtenons  des  ensend)les  mesurables;  ee  sont  eçux-là  que  M.  Borel 
avait  nonunés  ensembles  mesurables,  appelons-les  ensembles 
mesurables  B.  Ce  sont  les  j)lus  importants  des  ensembles  mesu- 
rables; tandis  que,  pour  un  ensemble  queleonqne,  nous  pouvons 
seulement  affirmer  l'existence  des  deux  nombres  m,.^  ////,  sans 
pouvoir  dire  ([uelle  suite  d'opérations  il  faut  efïeetner  [)our  les 
caleulei*,  il  est  facile  d'avoir  la  mesure  d'un  ensend)l<;  mesurabU'  B 
en  suivant  pas  à  pas  la  consliMiclion  de  cet  ensemble.  On  se  servira 
de  la  proj)riété  'à'  toutes  les  fois  qu'on  utilisera  l'o|)éiation  T  ;  quand 
on  se  servira  de  l'opération  II,  on  emploiera  un  théorème  dont  la 
démonstration  est  immédiate  : 

La  mesure  de  la  partie  commune  à  des  ensembles  !£,,  Ej,  ... 
est  la  limite  de  miV^i)  si  chaque  ensemble  ïLi contient  tous  ceux 
d^ indice  plus  f^^rand  (  '  ). 

Les  ensembles  fermés  sont  mesurables  B  |)arce  qu'ils  sont  les 
complémentaires  d'ensembles  formés  des  points  intérieurs  à  un 
nondjre  fini  ou  à  une  infinité  dénombrable  d'intervalles.  Soit  E  un 
tel  ensemble,  la  mesure  de  son  eonq)lémentaire  est  évidemment 
l'étendue  intérieure  de  ce  complémentaire,  donc  la  mesure  d'un 
ensemble  fermé  est  son  étendue  extérieure.  De  là  découle  la  pro- 
priété qui  nous  a  servi  :  un  ensemble  fermé  de  mesure  nulle  est 
un  groupe  intégrable  (p.  29). 

Gomme  application  de  ces  considérations  théoriques,  calculons 

la  mesure  de  Fensendjle  E  des  points  de  (o,  i)  tels  que  la  suite  de 

leurs  cliifl'res  décimaux  de  rang  impair  soit  périodique   (p.  92). 

Soit 

a\  a»         a^ 

10  lO*  lo3 


(')  L'eiisomhle  des  onscmbics  mcsutahlts  W  a  la  puissance  ilu  coiUiiui,  il 
existe  donc  d'autres  ensembles  mesurables  que  les  ensembles  mesurables  B;  mais 
cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  soit  possible  de  définir  un  ensemble  non  mesurable  B. 
c'est  à-dire  de  prononcer  un  notnbre  lini  de  mots  caractérisant  un  et  un  seul 
ensemble  non  mesurable  ti.  Nous  ne  rencontrerons  jamais  que  des  ensenddes 
n)esurablcs  B. 

M.  Borel  avait  iiulii[ué  (note  1,  paj^c  \%  des  Leçons  sur  la  théorie  des  fonc- 
tions) les  principes  (jui  nous  oui  guidés  dans  la  lliéorie  de  la  mesure. 


I  lo  CIIAIMTHi:    VII. 

un  tel  noinlire,  érri\()ns-le 

«o  «4  «6 

a:  =  V  H -] ^   H -^...^  y  ^  z. 

•^  I02  lO*  lO^ 

Y  est  rationnel,  l'ensemble  des  nombres  y  est  dénombrable.  A 
rhaque  nombre  rationnel  y  correspond  un  ensemble  de  nombres  x 
ayant  même  mesure  que  l'ensemble  des  nombres  z  dont  les  (  hift'res 
de  rang  impair  sont  nuls^  Pour  démontrer  que  E  est  mesurable 
et  de  mesure  nulle,  il  suffit  donc  de  démontrer  que  l'ensemble 
des  nombres  z  jouit  de  cette  propriété.  Or  cet  ensemble  s'obtient 

en   enlevant   de    (o,  i)    l'intervalle  ( — >  i  j,    |)uis    de   (o,  —  )  les 

intervalles  (  —  H 71   ^— ir    )  '  «i»  P  est  un  entier  inférieur  à  10, 

\io-         lo-^        10^    /  ^ 

puis  de  chaque  intervalle  restant  {  —,^   —,  -\ r  )  les  intervalles 

'  1  \\0'       10-  iO-*/ 

(~ — ! — ^  H :  »   —,  -r-  - — r—  )  '  et  ainsi  de  suite.  A  chaque  opé- 
10'            10*            lO*»        10-  U)*     /  *  ' 

ration  nous  enlevons  les  —  des  intervalles  (lui  lestenl.  L'ensemble 

10  * 

des  z  est  donc  mesurable  B  et  de  mesure  nulle. 


III.   —  Les  fonctions  mesurables. 

Pour  que  les  considérations  précédentes  nous  permettent  d'atta- 
cher une  intégrale  à  une  fonction  y*(.r),  il  faut  que,  si  petit  que 
soit  £,  nous  puissions  trouver  les  nombres  //  (p.  101)  tels  que,  ou 
les  fonctions  ^i  correspondantes,  ou  les  ^"/,  soient  associées  à  des 
ensembles  mesurables.  Supposons  que  les  ensembles  correspon- 
dant aux  «{^/soient  mesurables,  et  soient  a  et  ^  deux  nombres  quel- 
conques. A  un  nombre  e  correspond  un  certain  système  de 
nombres  /^  ;  soit  Ip  le  plus  petit  de  ceux  qui  sont  compris  entre  a 
et  fi  et  Ipj^g  le  plus  grand.  L'ensemble 

est  mesurable  ;  or  quand  on  donne  à  £  une  suite  de  valeurs  décrois- 
santes tendant  vers  zéro  £«,  £0,  . . .,  on  a 

donc  E[a  </(./  )^  ^ii]  est  mesurable. 


LES    FONCTIONS   SOMMABLES.  III 

Nous  dirons  qu^ une  fonction  bornée  ou  non  est  mesurable 
si,  quels  que  soient  a  et  Ti,  r ensemble  E[a  <^/(:r  i  <  [B]  est 
mesurable.  Lorsqu'il  en  est  ainsi  l'ensemble  E[/(^;  =  a]  est 
aussi  inosural)le,  car  il  est  la  partie  commune  aux  ensembles 
E[a--  h  <Cf(jr)  <C  a-i-  A]  quand  A  tend  vers  zéro.  On  ver- 
rait aussi  que,  pour  (|u'une  fonction  soit  mesurable,  il  faut  et 
il  suffit  que  l'ensemble  E[a<;/(^)]  soit  mesurable,  quel  que 
soit  a. 

La  somme  de  deux  fonctions  mesurables  est  une  fonction 
mesurable.  Soient  les  deux  fonctions  mesurables  /*,  ety2î  ^  tout 
nombre  £  faisons  correspondre  une  division  de  leur  intervalle  de 
variation,  fini  ou  non,  à  l'aide  de  nombres  //,  tels  que  //^,  —  //  soit 
au  plus  égale  à  £,  et  considérons  les  ensembles  E/y  de  valeurs  de  x\, 
tels  que  l'on  ait 

li<fli^h  h<A(^),  //-r-/;>a. 

La  somme  E(£)  des  ensembles  E^y  est  mesurable,  puisque  chacun 
d'eux  l'est;  et  si  l'on  donne  à  £  des  valeurs  £f  tendant  vers  zéro,  on  a 

donc  fi -r- fi  est  une  fonction  mesurable. 

On  démontrerait  de  même  que  l'on  peut  efl'ectuer,  sur  des  fonc- 
tions mesurables,  toutes  les  opérations  dont  il  a  été  parlé  au  sujet 
des  fonctions  intégrables  (p.  3o  )  sans  cesser  d'obtenir  des  fonc- 
tions mesurables.  Mais  il  y  a  plus  :  la  limite  d'une  suite  conçer- 
<j^ente  de  fonctions  mesurables  est  une  fonction  mesurable; 
si  f„  tend  vers  y,  l'ensemble  E[y*(.r)  >  a]  est  la  somme  des 
ensembles  E„ ,  E,,  étant  la  partie  commune  aux  ensembles 
E[y,i(vCj  >>  a],  E[/„_^,  {x)  ^  a],  . . .,  et  tous  ces  ensembles  sont 
mesurables  si  les  fonctions  y)/  sont  mesurables. 

Appliquons  ces  résultats;  les  deux  fonctions  f  ~-  const.,  /'=  x 
sont  évidemment  mesurables,  donc  tout  polynôme  est  mesurable. 
Toute  fonction  limite  de  polynômes  est  aussi  mesurable  :  donc, 
d'après  un  théorème  de  Weierstrass,  toute  fonction  continue  est 
mesurable.  Les  fonctions  discontinues  limites  de  fonctions  conti- 
nues, que  M.  Baire  appelle  fonctions  de  première  classe,  sont 
mesurables.  Les  fonctions  qui  ne  sont  pas  de  première  classe  et 
({ui  sont  limites  de  fonctions  de  première  classe  (M.   Baire  les 


CIIAPITIU;    MI. 


appelle  fonctions  de  seconde  classe)  sont  àv>  foiielious  mesu- 
ra hles. 

Reiiiarqiions  encore  que  les  lonc^lions  ainsi  lonnées  de  proche 
en  proche  sont  mesurahles  B,  c'est-à-dire  que  les  ensemhles  (jui 
leur  correspondent  sont  mesurahles  B;  ce  sont  ces  fonctions  que 
nous  rencontrerons  uniquement  ('). 

On  peut  souvent  démontrer  qu'une  fonction  est  inesurahle  en  s<' 
servant  de  la  propriété  suivante  :  si  en  faisant  ahstraction  d'un 
ensemhle  de  valeurs  de  x  de  mesure  nulle,  la  fonction  /"(^)  est 
continue,  elle  est  mesurahle.  Car  les  points  limites  de  l'ensemhle 
E[a^/(^)]  qui  ne  font  pas  partie  de  cet  ensemble  font  néces- 
sairement partie  de  Fensemble  de  mesure  nulle  négligé,  donc  ils 
forment  un  ensemhle  de  mesure  nulle.  L'ensemhle  E[a^/(.r)], 
étant  fermé  à  un  l'nsemhle  de  mesure  nulle  près,  est  mesurahle. 
On  voit  ainsi,  en  particulier,  que  toute  fonction  intégrahleau  sens 
de  Kiemann  est  mesurahle;  on  voit  aussi  que  la  fonction  '/^{x)  de 
Dirichlet,  qui  est  non  intégrahle,  est  mesurahle. 


J\  .   —   Dé  fin  il  ion  <inaly  tique  de  V  intégrale. 

Délinissons  maintenant  l'intégrale  d'une  fonction  mesurahh; 
bornée  en  supposant  l'intervalle  d'intégration  (a,  h^  positif.  INous 
savons  que,  s'il  s'agit  d  un<î  fonctiou  '!/,  cette  intt'gralc  est 

m[E(4.-  i)J, 

et  que,  s'il  s'agit  d'une  fonction  f{x)  quelconipic,  I  intégrale  doit 
être  la  limite  commune  des  intégrales  de  o  et  <ï>  (p.  loi)  quand  le 
maximum  de  /,^,  —  //  tend   vers  zéro.  D'a|)rès  les  conditions  du 
problème  d'intégration,  ces  intégrales  sont 
/— « 
r:  =  ^li(m\E[f{x)=  li]\  -^  m\V.[li<f{x)<  li^éW), 

i  =  Q 

^li{m)\i[li_,  <f(x)  <  /,];+  m  I  E[/(.r)  =  /,JÎ). 


/=0 
V   


/  =  1 


(')  Je  lie  sais  pas  s'il  esl  |)ossil>lt'  de  iioiumcr   une  fonction  non  mesurable  H; 
je  ne  sais  pas  s'il  existe  des  fonctions  non  inesuiables. 


LES    FONCTIONS    SOMMABLES.  I  I  ) 

Nous  savons  déjà  que  ces  deux  nombres  dift'èrenl  de  moins  dr 
s(b  —  a)  parce  que  <ï>  —  '^  est  inférieure  à  £.  Si  nous  faisons  tendre 
e  vers  zéro,  en  intercalant  entre  les  //  de  nouveaux  nombres,  alors 
0" croit,  ^  décroît,  S  —  t  tend  vers  zéro;  donc  a-  et  i^  ont  une  même 
limite. 

Soient  t,,  ï,  ;  g-^,  Ï:»  :  ...  les  sommes  obtenues  par  ce  procédé; 
soient  t, ,  S',;  a-.,,  S'.,;  ...  les  sommes  obtenues  en  faisant  tendre 
e  vers  zéro  d'une  antre  manière  (*):  soient  t'J,  2'J  les  sommes 
obtenues  en  réunissant  les  nombres  /,  donnant  a-,,  ï,  et  t,  ,  S',; 
soient  a-'.', ,  2.' celles  obtenues  en  léunissanl  les  //  donnant  7.2,  S;,  ; 
0-', ,  ï',  :  t',,  2,:  et  ainsi  de  suite.  On  a  évidemment 

la  seconde  de  ces  inéj^alités  monlie  que  (t'-  et  1"^  ont  la  même  limite 
que  (tJ  et  1'^',  car  nous  savons  que  tJ  et  -J  ont  une  limite  et  que 
I,'. —  7-  tend  vers  zéro.  J.a  première  montre  (jue  cette  limite  est 
aussi  celle  de  zi  et  2,. 

La  valeur  de  l'intégrale  est  donc  indépendante  de  la  manière  dont 
le  maximum  de  Z/^.,  —  //  tend  vers  zéro. 

INous  conqilétons  cette  définition  en  posant 


I    f{x)dx=—    /    f{a')dx. 


Il  reste  à  voir  si  l'intégrale  satisfait  bien  aux  conditions  du  pro- 
blème d'intégration  (-);  il  nous  suffit  évidemment  d'examiner  les 
conditions  3  et  6. 

Lorsque  l'on  additionne  deux  fonctions  ne  prenant  chacune 
qu'un  nombre  fini  de  valeurs  dillerentes,  comme  les  fonctions  ci 
<'t<[>de  la  page  loi,  la  condition  1^  est  évidemment  vérifiée.  Soient 
maintenant  j\  et  />  deu\  font^tions  mesurables  bornées;  nous 
savons  que  /',  et  /o  diflerent  de  moins  de  £  de  deux  fonctions  o, 


(')  Les  /.  qui  donnent  rz^  cl  ^p  ne  contiennent  pas  nécessairement  ceux  qui 
ont  donné  cr^-i  et  -',;_i,  tandis  que  les  /,  donnant  a  et  X  contiennent  les /rela- 
tifs à  cr^_,  et  i:^_,. 

(-)  I*our  le  cas  où  il  existerait  des  fonctions  non  mesurables,  il  f.mi  ajouter 
.tju'on  s'astreint  à  la  considération  des  seules  fonctions  mesurables. 

L.  8 


,  ,j  CIIAPITRK    VII. 

et  'fa  de  la  nature  de  celles  dont  il  vient  d'être  parlé,  donc/,  -\- f.> 

r'' 

dillere  de  moins  de   2£   de   cp,-|-y,>;     /    {/i^/->)d,r    dillère    de 
inoinsde  2£!/>  — r/|  (le    /    ('^,  + --p.)  o'^  =    /    o^d.r^    /    'f ,. 'j'-^, 

c'est-à-dire  de  moins  de  [\z\h  —  a\  de     /    f^dx^     \    f.dx.  La 

condition  3  est  donc  bien  remplie. 

I^a  condition  6  est  aussi  remplie,  car  on  a  la  propriété  suivante  : 

Si  les  fonctioiis  niesu/'ables  /„[.r),  bornées  dans  leur  en- 
semble, cest-à-dire  quels  que  soient  n  et  x^  ont  une  limite  f{x)^ 
lUntégra  le  de  f,t  (x)  ten  d  vers  ce  lie  de  /(  x). 

Va\  elFet,  nous  savons  que  /(^)  est  intéj^rable;  évaluons 

.1» 

'-ri 

Si  Ton  a  toujours  \/,i{-^)\  <  M  et  si  /  — /„  est  inférieure  à  £ 
dans  E,/,  /  —  /„,  étant  inférieure  à  la  fonction  égale  à  £  dans  E„  et 
à  M  dans  G(E„),  a  une  intégrale  au  j)lus  égale  en  module  à 

z  m  {En)  -h  M  'n  [  C  (  En  )J  • 


Mais  £  est  quelconque,  et  /??[G(E,/)]  tend  vers  zéro  avec  -  parce 
qu'il  n'j  a  aucun  point  commun  à  tous  les  E,/,  donc 


f   {f-fn)dx 


tend  vers  zéro.  La  propriété  est  démontrée  ('  ). 

Une  autre  forme  de  ce  théorème  est  la  suivante   : 

Si  tous  les  restes  dune  série  de  fonctions  mesurables  sont 
en  module  inférieurs  à  un  nombre  fixe  M,  la  série  est  inté- 
grable  terme  à  terme. 

Les  définitions  et  les  résultats  précédents  peuvent  être  étendus 


(')  M.  Os^ood,  dans  un  Mémoire  de  V American  Journal,  1897,  On  the  non- 
uniform  convergence,  a  déinonlré  le  cas  parliculier  de  ce  tliéorème  dans  lequel 
/  et  les/,,  sont  continues.  I.a  méthode  de  M.  Osgood  est  tout  à  tait  diUerente  de 
celle  du  texte. 


LKS    FONCTIONS    SO.MMAIU.KS.  (  I  *) 

à  certaines  fonctions  non  bornées.  Soit  f(J')  une  l'onclioii  mesu- 
rable non  bornée.  Cboisissons  des  nombres  ...,  /_2,  /-i»  ^o-  ^• 
/o,  ...,  en  nombre  infini,  échelonnés  de  — co  à  -f- oc  et  tels  (jue 
/,_!_,  —  li  soit  toujours  inférieur  à  z.  Nous  pouvons  former  les  deux 
séries 

00 

-  ae 

-+-  00 

i:  =  ^/,m;E[/,_,</(x)^/,];. 

00 

En  reprenant  les  raisonnements  précédents,  on  voit  immédiate- 
ment que,  si  l'une  d'elles  est  conver<;ente,  et  par  suite  absolument 
convergente,  l'autre  l'est  aussi  et  que,  dans  ces  conditions,  i  et  S 
tendent  vers  une  limite  bien  déterminée  quand  le  maximum  de 
//^,  —  //  tend  vers  zéro  d'une  manière  quelconque.  Cette  limite 
est,  par  définition,  l'intégrale  de  f{.z')  dans  l'intervalle  positif 
d'intégration;  on  passe  de  là  à  l'intervalle  négatif  comme  précé- 
demment. 

Nous  appellerons  /'o//c^/o/?.9  sommahles  les  fonctions  auxipielles 
s'applique  la  définition  constructive  de  l'intégrale  ainsi  com- 
plétée (').  Toute  fonction  mesurable  bornée  est  sommable. 

Les  raisonnements  employés  montrent  que  le  problème  d'inté- 
gration est  possible  et  d'une  seule  manière,  si  on  le  pose  pour  les 
fonctions  sommal)les. 

On  ne  connaît  aucune  fonction  bornée  non  sommable,  il  est 
facile  au  contraire  de  citer  des  fonctions  non  bornées  non  som- 
mables.  La  fonction  nulle  pour  J7  =  o  et  égale  à 

.,    .      I  \'  .     «         ^^         I 

:r-  sin  — -      =  •j'.r  sin ces  — - 

.r-  /  .r2        X         x'^ 

en  est  un  exemple;  cependant  cette  fonction  peut  être  intégrée  par 
les  méthodes  de  Gaucbj  et  Dirichlet  développées  au  Chapitre  L 
On  pourra,  dans  certains  cas,  appliquer  ces  méthodes  aux  fonc- 


(  '  ;  Je  m'éraric  ici  du  laiij;agc  adopté  dans  ma  Tlièse  où  j'appelais  yo/jr^/o/j* 
soniniables  celles  (|iie  j'appelle  iiiaiiUenarit  mesurables.  \vec  les  conventions  du 
texte,  le  inot  sommable  joue  dans  la  ihéorie  de  l'inléj^rale  le  même  rôle  (|ne  le 
mot  iiitésrablv  (l.iii<  riiitfm;it  ion   riernaniiicnne. 


1  |(i  CIlAPlTHi;    Ml. 

licuis  lion  sommables  pour  définir  Unir  intégrale;  je  n'insislerai  pas 
sur  celle  «;énéraIisalioii. 

Voici  une  dernière  délinilioii:  si  une  fonelion  /(.r)  est  définie 
dans  un  ensemble  E,  nous  dirons  qu'elle  est  soinmahle  dans  E  si  la 
fonction  /, ,  égale  à  /  pour  les  points  de  E  et  à  o  pour  les  points 
de  C^u(E  ),  a  une  intégrale  dans  AB,  qui  sera,  par  définition,  l'in- 
lé-rale  de  f  sur  E.  Donc,  si  un  ensemble  E  est  la  somme  d'un 
nombre  fini  ou  (Tune  infinité  dénombrable  d'ensembles  mesu- 
rables E/,  sans  point  commun  deux  à  deux,  on  a 


/>(-.(•-• 


cela  est  évident  si  la  fonction  sommable  considérée  est  bornée 
on  le  démontrera  sans  peine  pour  une  fonction  sommable  quel- 
conque. 


V^  —    Définition  géométrique  de  L'intégrale. 

\Ai  définition  conslructi\c  de  l'intégrale  à  laquelle  nous  venons 
daniver  est  analogue  à  la  définition  développée  au  Chapitre  II; 
scidcmenl,  pour  calculer  une  valeur  approchée  de  l'intégrale,  au 
lieu  de  se  donner  comme  dans  ce  Chapitre  une  division  de  l'inter- 
valle de  variation  de  jr ,  nous  nous  sommes  donné  une  division  de 
fintervalle  de  variation  de  f{x).  Recherchons  maintenant  s'il  est 
possible  d'obtenir  une  définition  analogue  à  celle  du  Chapitre  III. 

Cela  suppose  résolu  le  problème  de  la  mesure  des  ensembles 
formés  de  points  dans  un  plan,  [)roblème  que  l'on  pose  comme 
pour  le  cas  de  la  droite,  la  condition  3'  devenant  :  la  mesure  de 
r ensemble  des  points  dont  les  coordonnées  vérifient  les  iné- 
galités 

o  =  ^  =  i>        o=J^i5 
est  1 . 

On  démontrera  facilement  que  la  mesure  d'un  carré  est  son  aire, 
au  sens  élémentaire  du  mot.  De  là  on  déduira  que  la  mesure  d'un 
ensemble  (pieh^onque  est  comprise  entre  sa  mesure  extérieure  et 
sa  mesure  intérieure,  mesures  qu'on  définira  (*oiume  dans  le  c^as  de 
la  droite,  les  carrés  remplaçant  les  intervalles. 

Pour  démontrer  (pie  la  mesure  intérieure  ne  surpasse  jamais  la 


LKS    FONCTIONS    SOMMABLKS.  II7 

mesure  extérieure,  il  faudra  démontrer  qu'un  carré  C  ne  j)eul 
être  couvert  à  l'aide  d'un  nombre  fini  de  carrés  C/(}ue  si  la  sonnne 
des  aires  des  ci  est  au  moins  égale  à  l'aire  de  G,  ce  que  l'on  peut 
faire  élémentairement  (');  puis  il  faudra  démontrer  le  théorème 
de  M.  Borel  lorsqu'on  remplace  dans  son  énoncé  le  mot  intervalle 
par  le  mot  carré  ou  le  mot  (lonniiiie. 

La  démonstration  peut  se  laiic  comme  pour  le  cas  de  la  droite, 
mais  je  veux  à  cette  oc(^asion  indiquer  comment  on  peut  employer 
la  courbe  de  M.  Peano  et  les  autres  courbes  analogues  (p.  44)- 
Soit  le  domaine  D  dont  tout  point  (ainsi  que  les  points  frontières) 
est  intérieur  à  l'un  des  domaines  A.  Nous  pouvons  définir,  à  l'aide 
d'un  paramètre  t  variant  de  o  à  i,  une  courbe  G  qui  remplit  le 
domaine  D  et  qui  ne  passe  par  aucun  point  extérieur  (-).  Gha(|ue 
domaine  A  découpe  sur  G  des  arcs  correspondant  à  certains  inter- 
valles de  variation  pour  t^  soient  g  ces  intervalles.  Un  domaine  A 
peut  d'ailleurs  avoir  des  points  de  sa  frontière  communs  avec  G, 
ces  points  ne  formant  pas  d'intervalles;  nous  négligeons  ces  points 
et  nous  ne  nous  occupons  que  des  intervalles,  (o,  i)  est  évidem- 
ment couvert  avec  les  3,  donc  avec  un  nombre  fini  d'entre  eux, 
d'après  le  théorème  de  M.  Borel  pour  le  cas  de  la  droite,  et,  par 
suite,  D  est  couvert  avec  les  A  en  nombre  fini  qui  (  orrespondent 
à  ces  ô. 

Getle  propriété  démontrée,  la  suite  des  raisonnements  et  des 
définitions  se  poursuit  comme  dans  le  cas  de  la  droite,  les  inter- 
valles étant  toujours  icMiiplacés  par  des  carrés.  Gomme  dans  le  cas 
de  la  droite  on  déiliiit  les  ensembles  mesurables,  les  ensembles 
mcsuiiihlcs  B,  et  l'on  démontre  à  leur  sujet  les  mêmes  propriétés. 

Il  ne  faut  pas  confondre  la  mesure  des  ensembles  de  points  dans 
le  plan  avec  celle  des  ensembles  de  points  d'une  droite;  nous  les 
dislingiieioiis  lors(|u"il  j  aura  doute  en  les  (jualiliant  mesure  super- 
ficielle rn^  et  mesure  linéuire  mi  (='). 


('  )  I^oiir  celle  (piesiioii  el  pinir  tout  ce  qui  ooncenu"  la  mesure  (tes  polygones, 
on  coiisiilieia  ;iv('(    intérêt  hi  \o(e  |)  de  l.i  Céométvie  élémentaire  iW  M .  Iladamard. 

(-)  On  itoiiri'ii  pniir  ccl,)  el.il.lir  une  Ci.rr-esp<>ii,|;i  née  Itinnivcxine  el  eonlinue 
entre  les  point-  .l'un  .-.iir-e  cl  ecux  du  doni.iine  l>,  |.iii-  pKiidie  |. ou  r  courbe  C 
celle  ((ni  coire-^pond   \\    l<i  rourhc   de   l'e.iuo   icin  pi  i--,in  1   le   i.nre. 

(3)  Ces  d(dinilioiis  peiiiielleni  .le  delinii  le-  foiirtioit-  tne-n  r;ild<-s  de  deux 
v;iri,il)l<>  et    le-   inlemMJe-  double-   i.  I,iti\r-  ;'i  ces   jonction-,  ,1e    ne   nrocenperai  ni 


llH  CllAPlTIU:    Ml. 

Arrivons  à  la  défini  lion  de  l'inlégrale. 

A  loiile  fonction  hovnve  f(jc)  nous  avons  attaché  deux  ensembles 
de  points  E.  [/(■/■  )]^  E.,[/{x)]  (Chap.  III,  j).  4<>);  par  analogie 
avec  ce  qui  a  été  fait  précédemment,  il  est  naturel  d'appeler  inté- 
grale  de  hi  fonction  f  \\\  cpiantité 

I  =nu\V.^yf)\-niA\'^,{f)\- 

Éludions  dans  quels  cas  cette  définition  s'applique;  nous  allons 
démontrer  que  c'est  lorsque  la  fonction  /  est  mesurable  et  seule- 
ment dans  ce  cas.  Pour  cela  il  suffira  évidemuient  de  le  démontrer 
pour  la  fonction  cp(./*)  égale  à/(.r)  (piand/(./)  n'est  |)as  négative, 
et  nidle  (piand/(.r)  est  négative;  c'est  de  cette  fonction  g(.z')  que 
nous  allons  nous  occuper. 

Quand  on  fait  décroître  a,  l'ensemble  E(.p^a)  ne  perd  aucun 
point,  de  là  on  déduit  que  /?i/,/[E(cp  >a)]  et  m/,e[E(cp>  a)]  sont  des 
fonctions  non  croissantes.  De  plus,  E(cp>a)  est  l'ensemble  des 
points  qui  ap|)artienncnt  à  tous  les  E(ç)^a  —  A);  de  là  on  déduit 
que  m/^/[E(cp>a)]  et  //2^^^>[E(cp  ^a)]  sont  des  fonctions  de  a  con- 
tinues à  gauche.  Ceci  posé,  sup|)Osons  que  l'on  ail 

m/,e[E(cp  ^a)]  >  m/,/[E(ç^a)]  -+-  £. 

alors  il  en  sera  encore  de  uiême  dans  tout  un  certain  intervalle 
(a  —  A,  a).  Considérons  la  partie  E  de  E('^)  comprise  entre 
y  z=  a  —  A  et  y  =  a.  Enfermons  les  points  de  E  dans  des  carrés  A, 
les  points  de  C(E)  dans  des  carrés  B;  on  peut  supposer  les  A  et  B 
de  côtés  parallèles  à  ox  et  oy.  Ils  ont  en  commun  des  rectangles  C 
dont  la  somme  des  aires  est  au  moins  w^^^(E)  —  //ij,/(E)  et  en  dif- 
fère aussi  peu  que  l'on  veut.  La  section  des  carrés  A  par  la  droite 
y=K  est  composée  d'intervalles  a  qui  enferment  E[cp(:r)^K], 
celle  des  carrés  B  est  composée  d'intervalles  h  qui  enferment 
CJE[c5(j7)  >R](,  celle  des  rectangles  C  est  formée  des  parties  c 
communes  aux  a  v\  h\  on  a  donc' 

m,{c)^  m/,,.  ;  V.\  'f  (  a")  :  K  |  ;  —  m,j  \  Ii:[cp(^)  ^  K  j  |. 
mi{c)  est  donc  supérieure  à  £   cpiaud    K    \arie  de   a  —  h  à   a,   et 


de  CCS  questioii<>  ni  de  <|iiel(|iics  autres  qu'on  peut  y  raltaclitr,  coiuine   l'intégra- 
tion par  partie  et  l'intégration  sons  le  si|;ne  somme. 


LES    FONCTIONS    SOAIMABLES.  I  KJ 

A/Zj^e(E)  —  ffis.i^  G^t  ^^  moins  égale  à  sA.  E  el  par  suite  E(cp)  n'est 
donc  mesurable  que  si  ^  est  mesurable. 

Supposons  que  o  bornée  soit  mesurable  et  partageons  l'inter- 
valle de  variation  de  cp  à  l'aide  de  nombres  //.  Soit  E  la  partie 
de  E(cp)  comprise  entre  //_<  et  //,  nous  allons  évaluer  sa  mesure. 
Enfermons  dans  des  intervalles  a  les  points  de  E(çp^//)  et  ceux 
de  G[E(cp^/i)]  dans  des  intervalles  6,  soient  c  les  intervalles 
faisant  partie  des  a  et  des  b.  Considérons  l'ensemble  «Ao  des  points 
dont  les  abscisses  sont  points  de  a  et  dont  les  ordonnées  sont 
comprises  entre  //_,  et  //;  soit  C  l'ensendjle  analogue  relatif  à  c. 
L'ensemble  ^l.  —  3  étant  contenu  dans  E,  on  a 

fn,j(  E  )  ^  m.,  (  c^  )  —  /fis  (  a  )  =  (  //  —  /,_,  )  [  m/  {a)  —  m/{c)\, 
de  là  on  déduit 

fns,i{E)^{li  —  //_,  )  m/(  E(cp  i  //  )J. 

En  faisant  la  somme  de  toutes  les  inégalités  analogues,  on  a 

En  raisonnant  d'une  façon  analogue,  on  voit  que 

m,,,[E(o)]SS/,-m/(E(/,_,<o^/,)]=.2. 

Nous  avons  démontré  cpie  les  deux  quantités  o-  et  S  tendent  vers 
une  même  limite  quand  le  maximum  de  Z/^.,  —  li  tend  vers  zéro, 
donc  E(cp)  est  mesurable  et  l'on  retrouve  la  définition  de  l'inté- 
grale déjà  donnée. 

Nous  appellerons  intégrale  indéfinie  àe  f{x)  l'une  quelconfpic 
des  fonctions 

F(:r)=   /      f{x)dx-^  K. 


Les  intégrales  indéfinies  sont  des  fonctions  continues.  Si 
f{x)  est  une  fonction  bornée,  cela  est  évident.  Supposons  ensuite 
f{.T)  sommable  mais  non  bornée,  alors  on  peut  trouver  a  assez 
gril  11(1  pour  (|u('  les  intégrales  de  ./*(/")  dans  les  deux  ensembles 
E(/>>a),  E(^/*<< — a)  soient  toutes  deux  inférieures  en  module 
à  £.  Posons  /*=/',  H-  /^^  ./«  élant  null<;  pour  les  deux  ensembles 
E(/>a),  i:(/<_a)  cl  /o  étant  nulle  |>()ur  V.{—  y.<f<%^. 
Mois   liul ('ivraie    iiidcMiiiir  de    /',   est    une    fonction  ('Ontinue;  Tin- 


120  CUMMTRK    VII. 

légrale  He /.  dans  tout  intervalle  étant  3 s  an  plus,  autour  d'un 
point  queleonque  J"o,  on  peut  done  trouver  un  intervalle  dans 
leijuel  raecroissementde  F{x)  soit  au  plus  3s,  ce  qui  prouve  que 
F(-f)  est  continue. 

Si/(j")  est  soniniahle,  |/(^)|  l'est  aussi  et,  dans  tout  intervalle, 
l'intégrale  indéfinie  de  /{^)  suhit  un  accroissement  en  module 
inférieur  à  celui  de  l'intégrale  indéfinie  de  |/(^)|;  cette  dernière 
intégrale  étant  croissante,  toute  iiUrgrale  indéfinie  est  à  rmrin- 
tion  bornée. 

Les  propositions  trouvées  au  Chapitre  V  (p.  69)  relativement  à 
la  limitation  des  nombres  dérivés  de  F(^)  à  l'aide  des  maxima  et 
des  minima  de /(x)  sont  encore  exactes;  elles  se  démontrent  de 
même  (  •). 


Vï.  —   La  l'eclierclie  des  fonctions  primitives. 

Occupons-nous  de  la  recherche  des  fonctions  primili\es.  Soit 
^{x)  une  fonction  ajant  une  dérivée  /(^),  nous  savons  que 
j\x^  est  mesurable,  car  (-'est  une  fonction  de  première  classe. 
Supposons  que  /(^)  soit  bornée,  alors  /'[r?(^),  x.^  x  -\-  A]  est  aussi 
borné,  quels  que  soient  x  et  li.  Et  puisque  /(j:?)  est  la  limite  pour 
/i  =  o  de  /•[^(.r),  ^,  ^  -i-  h\  on  peut  écrire,  d'après  un  théorème 
énoncé  à  la  page  i  i/j, 

^.                                 i     \i{x-^h)  —  fHx)\  dx 
f  f(T)dx  =  \\m— =^'(^)-,f(o), 

car  r?(x)  est  une  fonction  (Continue. 

Donc  les  intégrales  indéfinies  d^ une  fonction  dérivée  bornée 
sont  ses  fonctions  primitives.  Nous  avons  résolu  le  problème 
fr)nda mental  du  calcul  Intégral  pour  les  fonctions  bornées.  De 
plus,  nous  a\ons  un  procédé  régulier  de  calcul  peruu'ttant  de 
reconnaître  si  une  fonction  bornée  est  ou  non  une  dérivée  (-). 


(•)  Seulement  on  peut  mainlcnitnt  se  servir  des  niaxiina  et  minima  obtenus 
en  négligeant  les  ensembles  de  mesure  nulle,  car  si  l'on  modifie  la  valeur  d'une 
fonction  aux  points  d'un  tel  ensemble,  on  ne  modifie  pas  l'intégrale  de  cette 
fonction. 

(')  Cwnparez  avec  la  \y<\\:Q  8.«. 


LES    FONCTIONS   SOMMABLES.  I  >.  I 

l^)u^  aller  plus  loin,  déinoiitrous  ([ue  les  noinhrcs  dérivés  sont 
mesurables  et  iiiéine  mesurables  B.  Considérons  pour  cela  une 
suite  de  lonelious  /<,,  u.>^  ...,  et  les  fonctions  u^  a  égales,  pour 
(diaque  valeur  de  x,  à  la  f)lus  grande  et  à  la  plus  petite  des  limites 
des  u,i]  ^c  sont  les  enveloppes  d^ indétermination  de  la  limite 
des  il.  Voici  comment  on  peut  obtenir  I Cmcloppe  supérieure  IL\ 
Vi  est  la  fonction  (pii,  pour  clia([ue  valeur  de  ./•,  est  égale  à  la  plus 
grande  des  fonctions  /a,,  u.^^  ...,  Ui\  (T/  est  la  limite  de  la  suite 
croissante  i,,  ^^/^.i,  *'/+.>,  ••.;  n  est  la  limite  de  la  suite  décrois- 
sante Wsi  tv'2, Si  les  ai  sont  des  fonctions  continues,  il  en  est 

de  même  des  i^/,  les  wi  sont  donc  au  [dus  de  première  classe  et  a  au 
plus  de  seconde  classe  (*).  \]\\  raisonnement  analogue  s'applique 
à  u. 

La  définition  des  enveloppes  d'indétermination  aurait  j)u  être 
donnée  par  une  fonction  ^(z",  A),  où  li  est  \v\\  paramètre  rempla- 
çanl  l'indice  de  la  fonc^tion  ui.  L'un  des  nombres  dérivés  dey*(^) 
est  l'une  des  enveloppes  d'indétermination  de  /[/(vc),  x^  x  -\-  }i\ 
quand  on  fait  tendre  h  vers  zéro,  par  valeurs  de  signe  déterminé. 
Mais  /•[y(^),  x^  X  -^  }i\  étant  continue  en  (^,  A)  pour  h  ^  o,  on 
peut,  pour  la  rechendie  de  ces  enveloppes,  remplacer  l'infinité  non 
dénond)rable  des  \aleurs  de  h  par  une  suite  de  valeurs  de  li  ten- 
dant \ers  zéro  et  conveiiai)l('ment  cboisies.  Les  nombres  dérivés 
sont  donc  au  plus  de  seconde  classe. 

Ceci  posé,  soit  A  le  nombre  dérivé  supérieur  à  droite  de  /\./j,  nous 
le  supposons  fini.  Prenons  arbitrairement  des  nombres  /„  éche- 
lonnés de  — oo  à  4-co  (piand  n  parcourt  la  suite  des  nombres  entiers 
de  — 00  à  -i- co,  et  su[)posons  (pie  /,/_,_,  —  /„  ne  sur|)asse  jamais  î. 


Prenons  des  nombres  positifs  r/„,  tels  (pie  ^  a„  \  l„  \  soit  iidV'iieure 

00 

à  î.  Désignons,  pour  abréger,  E (//<<[  A  £ /,/^_ , )  par^^/y,  et  rangeons 
les  e,i  en  suite  simplement  iidinie  e„  ,  r„  ,  ....  Lnfermons  e„^  dans 
fies  intervalles  A,,^  et  C(^„^)  dans  des  intervalles  i,,^  choisis  de 
manière  (pie  la  somme  de  leurs  parties  ("ommunes  soit  au  plus  a„^. 
j^nfci-mons   r„     dans   des    intervalles    A„,   et    Q{e„  -\-e„^)    dans  des 


(')   I.e  iiKMiie  raisomioiiHiil   inoiiirc  t|iie  si  les  it    soiiL  mcsinahles,  a  l'est  aussi. 


,   ,  ,  CIlAPITKi:    VII 


iilervalles  I„,,  les  A„^  et  les  1„.  étant  intérieurs  aux  l,,,  et  ayant  des 
parties  communes  de  longueur  au  plus  égale  à  a,,,.  On  enfermera 
(le  même  e„^  dans  A„,  et  C(^„.-h  c„.-h  e„J  dans  I,^,  ces  intervalles 
étant  contenus  dans  I„^  et  ajant  pour  mesure  de  leurs  parties 
couimunes  a,,^  au  plus  ('  ). 

En  continuant  ainsi,  on  enferme  e„  dans  A„  et  m{A„)  —  ni{e„) 
est  au  plus  a„;  de  plus  A«  n'a  en  commun  avec  les  autres  A„+,^ 
que  des  intervalles,  chacun  d'eux  étant  compté  une  seule  fois,  de 
longueur  totale  inférieure  à  a„. 

Les  deux  sommes  S  |  /„  |  m{en)  et  ï  1 1,,  \  /n{A,t)  sont  convergentes 
ou  divergentes  à  la  fois  et,  si  elles  convergent,  elles  difl'èrent  de 

moins  de  s.  Les  deux  expressions    j  \A\d.r  et  S|/„|m(A„)  ont 

donc  un  sens  en  même  temps  et,  si  elles  en  ont  un,  elles  diffèrent  de 
moins  de  £(^  —  a  —  i),  (<7,  h)  étant  l'intervalle  positif  d'intégra- 
tion. La  même  remarque  s'applique  aux  deux  expressions    /  Adx 

el^l„m{A„). 

Soit  un  point  x  appartenant  à  Cp,  A'^  celui  des  intervalles  A^ 
qui  contient  :r.  Nous  attaclions  à. rie  |)lus  grand  intervalle  (r,  ./•  -h  h) 
contenu  dans  A'  ,  de  longueur  au  plus  égale  à  £,  et  tel  que 

l,,^r[f{T).  cr,  ^  4- A]  ^ //,-+-!  + - 

A  l'aide  des  intervalles  ainsi  définis,  on  peut  former  une  cliaîne 
d'intervalles  couvrant  (a,  b)  à  partir  de  a  (p.  63).  Cette  chaîne 
peut  servir  à  évaluer  une  valeur  approchée  de  la  variation  totah', 
de  /.  Cette  valeur  approchée  ainsi  trouvée  v  est  comprise  entre 

Vt  —  t(h  —  a)  et  Vt-h  e{h  —  a)  où  c,  =  V  |  /^  |  m(Bp),  en  dési- 
gnant par  B^  les  intervalles  employés  dans  \a  (^haine  et  (jui  pro- 
viennent des  points  de  Cp.  Les  points  de  A^  qui  ne  font  pas  partie 
de  Byjfont  nécessairement  partie  de  l'un  des  ensemhles  Ap_^^(q^o), 

donc  leur  mesure  est  au  plus  égale  à  rip  et  i',  diU'ère  de  ^  |  ^// 1  ni  (A,/) 

de  moins  de  ^rt// 1  ///  |  <  £• 

Donc,  pour  f/tie  V un  des  nombres  driivés  (Tune  fonction. 


(')  On  suppose  (|iif  lOii  <  lioisit  les  \„  de  manière  (juc  ceux  qui  correspondent 
ù  un  iiièine  indice  n'tiii(nii(iii  pas  les  uns  sur  les  autres,  et  de  même  des  I„. 


LES    FONCTIONS    SOMMABLKS.  l'ïi 

supposé  fiiii,  soit  sommable,  il  faut  et  il  suffit  que  cette 
fonction  soit  à  variation  bornée;  sa  variation  totale  est  V inté- 
grale de  la  valeur  absolue  du  nombre  dérivé. 

SI,  reprenant  le  raisonnement  précédent,  on  se  sert  des  inter- 
valles employés  pour  calculer  raceroissemenl/( 6)  —  f{a)  de /(x) 
dans  (a,  b),  on  voit  ([ue  l'intégrale  indéfinie  d\in  nombre 
dérivé  sommable  est  la  fonction  f  dont  il  est  le  nombre  dérivé. 

Ainsi  nous  savons  résoudie  les  problèmes  H,  B',  C,  G'  quand  la 
fonction  donnée  est  hornéc  on  (piand  on  sait  (jiie  la  fonction 
inconnue  ne  peut  être  à  variation  non  Ijornée. 

Voici  d'autres  conséquences  :  soit  une  fonction  /'  ayant  ses 
nombres  dérivés  à  droite  partout  finis,  on  a 

f{b)-f{a)=  f    \,i{f)dx=  f    kAf)dx\ 

J a  '■  Il 

donc  A,/  —  A,/  est  une  fonction  non  né<;ati\e  d'intéj;rale  nulle  et, 
pai"  suite,  elle  est  partout  nulle,  sauf  p<Mit-('tre  aux  points  d'un 
enseml)le  de  mesure  nulh'.  Sauf  en  ces  |)()ints,  /'a  donc  une  dérivée 
à  droite. 

On  peut  aller  plus  loin  et  démontrer  (pT/z/zr.'  fonction  à  varia- 
tion bornée  et  à  nombres  dérivés  finis  a  une  dérivée  pour  un 
ensemble  de  points  dont  le  complémentaire  est  de  mesure 
nulles  de  plus  une  telle  fonction  est  r intégrale  indéfinie  de  sa 
dérivée  considérée  seulement  pour  l'ensemble  des  points  oit  elle 
existe  (').  Ces  deux  |)ropriétés,  cjui  s'appli(pient  en  particulier 
aux  fonctions  à  noud)res  (léri\és  bornés  (-),  résultent  des  consi- 
dérations sui\antes  : 

Les  intégrales  indc'finies  des  fonctions  sommables  ont  toutes, 
nous  allons  le  voir,  des  dérivées  en  certains  points;  nous  comj)a- 
rerons  cette  dérivée  à  la  fonction  intégrée  /*.  Considérons  d'abord 
le  cas  d'une  fonction  mcsuiablc '-l»  ne  prenant  que  les  valeurs  o  et  i, 
soitU'son  inh''i;ral('  in(l(''lini(' <'l  posonsE(6  =  i)  =  E.  KnfcrmonsE 


(')  Ces  deux  propriétés  sont  vriiies  lorsque  i'un  seulement  des  quatre  nombres 
dérivés  est  fini. 

(■-)  On  s'explique  ainsi  que  savoir  qu'une  fonction  satisfait  à  la  condition  de 
Lipscliitz  soit  souvent  aussi  utile  (|ue  savoir  qu'elle  est  dérivable. 


,-24  CUAPlTRi:    VII. 

dans  des  intervalles  A;,  dont  la  somme  des  longueurs  est  ni  (  \\)  -\-  tp 
et  faisons  tendre  tp  vers  zéro.  L'ensemble  C  commun  à  A,,  A^,  • . . 
contient  E  et  n'en  diflère  que  par  un  ensemble  de  mesure  nulle, 
de  sorte  que,  dans  le  calcul  de  ^,  on  peut  remplacer  -i^  par  -V  tel 
que  E('V=  i)  =  »1^.  'V  est  la  limite  vers  laquelle  tendent  en  décrois- 
sant les  fonctions  ^p  attachées  à  A^,  E('];^=  i  )  =:  A^;  soit  Wp 
l'intégrale  indéfinie  de  ^;,.  Dans  tout  intervalle  positif,  l'accroisse- 
ment de  ^ p  est  au  moins  égal  à  celui  de  ^,  de  sorte  (jue 

A  étant  l'un  quclconcjue  des  nombres  dérivés. 

Mais  S}¥ p  étant  égal  à  i  pour  tous  les  points  intérieurs  aux 
intervalles  A^,  n'est  différent  de  zéro  qu'en  ces  points  et  en  un 
ensemble  de  points  de  mesure  nulle.  Par  suite,  A^^  n'est  différent 
de  zéro  qu'en  des  points  de  C  (ou  de  E)  et  en  un  ensemble  de 
points  de  mesure  nulle.  Mais,  puisque  A^^  n'est  jamais  supérieur 
à    I,   que  ^  est  l'intégrale  de  SW  et  que,  si  E  est  contenu  dans 

\V{b)  —  W{a)  =  m{E), 

AW  est  égal  à  i  j)our  les  points  de  E,  sauf  pour  les  points  d'un 
ensemble  de  mesure  nulle.  Cela  étant  vrai  pour  l'un  quelconque 
des  nombres  dérivés,  'l  est  la  dérivée  de  W,  sauf  pour  les  points 
d'un  ensemble  de  mesure  nulle. 

Soit  maintenant  la  fonction  sommable  /,  re[)renant  les  notations 
de  la  page  loi  nous  considérons  /"  comme  la  limite  vers  laquelle 
les  fonctions  cp  tendent  (mi  croissant  (|uand  le  maximum  de  //_,.,  —  // 
tend  vers  zéro,  'j  est  la  dérivée  de  son  intégrale  indéfinie,  sauf  pour 
un  enseud)le  de  mesure  nulle,  car  c'est  une  somme  de  fonctions  ^. 
On  déduit  de  là,  en  faisant  tendre  //^.i  —  li  vers  zéro,  que  les 
nombres  dérivés  de  l'intégrale  indéfinie  E  Ai'  f  sont  au  moins 
égaux  à  /'  sauf  aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle,  car 
dans  tout  intervalle  Tac^croissement  de  l'intégrale  de/*estau  moins 
égal  à  celui  de  l'intégrale  de  '^.  De  même,  en  considérant  les  fonc- 
tions 4>  qui  tendent  vers /en  décroissant,  on  voit  que  ces  nombres 
dérivés  sont,  sauf  en  un  ensemble  de  mesure  nulle,  au  plus  égaux 
à  /,  doiu-  V inff^i^rdh'  infh'/itu'e  (T iinr  fonction  sommable  admet 


LKS    1  ONCTIONS    SOMMAHLKS.  I  >.  J 

cette  fonction  pour  dérivée  sauf  aux  /toinls  (Vun  ensemble  de 
mesure  nulle  ('). 

Si  l'on  raj)|)ro('lie  cet  énoncé  de  la  «lélinilion  proposée  à  la 
pa^e  ()4j  011  reconnaît  cpie  cette  définition  est  exactement  équiva- 
lente |)oiir  les  fonctions  bornées  à  celle  étudiiM'  dans  ce  Chapitre. 
1^'intégration  des  fonctions  soinniablcs  bornées  esl  donc*,  en  un 
certain  sens,  Topéralion  imerse  de  la  déM-isation. 

Vil.   —    /ai  rectification   des  courbes. 

Soit  une  courl)e  rectifiable 

x  =  T{t),  y=y(t),  z  =  z(t), 

définie  dans  (a,  b)  |)ar  les  fonctions  .r[t)j  ^')  (^),  z(t)  à  nombres 
dérivés  bornés.  Ces  fonctions  admettent  toutes  trois  à  la  fois  des 
dérivées,  sauf  pour  un  ensemble  de  valeurs  de  t  de  mesure  nulle,  E, 
et  soit  C  le  complémentaire  de  E.  Nous  allons  (b'montrer  que  l(/ 
lonîTueur  de  la  courbe  esl 


■-  f  v/.r'  {t)^-{-y'{t  Y  ^  z'  (  t  Y-  dt. 


Kemar([uons  dabord  (pie,  dans  un  iiilcr\alle  ( /«,  /|),  lare  s  croît 
au  plus  de  M  sj'^i^t^  —  ^o)'  ^i  b\s  nombres  dérivés  de  x.^  y^  z  sont 
inférieurs  en  valeur  absolue  à  M.  Donc  on  peut  enfermer  les  points 
deE  dans  des  iiiter\  ailes  A  dont  la  contribution  dans  s  est  inférieure 
à  £  et  dont  la  contribution  dans  l'intc<^ralc  /  est  aussi  inférieure  à  s. 
Ceci  posé,  partageons  l'intervalle  fini  de  \ariation  de 


à  l'aide  de  nombres  //  tels  que  //^,  —  //  soit  inférieur  à  s.  e„  étant 
l'ensemble  E(4<^/?(/)  ^ /„^,),  nous  pouvons  enfermer  ^„  dans  des 

(')  On   pourrait  déduire  de  ce  résultat  la   possibilité  d'intégrer  par  partie. 
Le  raisonnement  (|ni  vient  d'ètie  employé  conduit  à  une  autre  propriété  : 

Toute   fonclion  mesurable  est  continue,  sauf  aux  points  d'un  ensemble  de 
mesure  nulle,  tjuand  on  néglige  les  ensembles  de  mesure  z,  si  petit  que  soit  s. 

loir  liowvA.,  Comptes  rendus,  ~  décembre  190!;   Llbesque,   Comptes  rendus, 
28  décembre  i(jo3. 


I2()  CIIAIMTHK    VII. 

inlervalles  A„  dont  les  parlies  coniniunes  avec  d'autres  A„_^^  ont 
une  longueur  totale  au  plus  égale  à  «„;  les  nombres  «,/  étant  tels 
(lue  la  série  -  |  /«  |  (^n  soit  convergente  et  de  somme  £.  A  tout  point  t 
(le  ep  attachons  le  plus  grand  intervalle  (t,  f -t~  h  )  d'origine  t,  de 
longueur  au  plus  égale  à  s,  intérieur  à  relui  dos  \,,  (jui  contient  r 
cl  tel  que 

\  un  point  /  de  E,  nous  attachons  le  plus  grand  intervalle  [t,  t  -+-  h) 
d'origine  /,  de  longueur  au  plus  égale  à  s  et  contenu  dans  celui 
des  A  qui  contient  t. 

Avec  ces  intervalles,  on  peut  couvrir  (o,  0,  à  partir  de  o,  par 
une  chaîne  (rintervalles  (ju'on  [)eut  employer  pour  le  calcul  de 
l'arc.  Cela  donne  une  \aleur  approchée  de  l'arc  différant  de 
moins  de  ^{b  —  a)  -h  £  de  a-  =  i]//  ni[h\  ),  en  désignant  par  A'  les 
intervalles  employés  provenant  des  points  de  ei.  Les  points  de  A/  qui 
ne  font  pas  partie  de  A'^  sont  des  points  de  A  ou  de  A/_,.y(y  ^  o). 
<  )r  les  points  de  c  contenus  dans  A  fournissent,  dans 

une  contribution  qui  dift'ère  de  moins  de  £(6  — a)  de  l'intégrale 
de  p{t)  dans  A;  c'est-à-dire  qu'ils  donnent  une  contribution  au 
plus  égale  à  e(6  —  «)-!-£.  D'autre  part,  les  points  des  A^-  qui 
font  partie  des  -^i+j{j  ^  o)  fournissent,  dans  a-, ,  une  contribution 
au  plus  égale  à  S//|  «/ 1  =  £.  Donc  o-,  —  o-  tend  vers  zéro  avec  £  et 
comme,  dans  ces  conditions,  a-,  tend  vers  /,  la  propriété  est 
démontrée. 

La  fonction  s{t)^  qui  représente  l'arc,  étant  l'intégrale  indéfinie 
de /?(/),  admet  />(l)  pour  dérivée,  sauf  pour  les  [)oints  d'un  en- 
semble de  mesure  nulle. 

Ainsi  lorsque  une  courbe  recii fiable  est  déjinie  à  Vaide  de 
fonctions  de  t  à  nombres  dérivés  bornés,  on  a  la  relation 

sauf  pour  des  valeurs  de  t  formant  nii  ensemble  de  mesure 
nulle  (*;. 

(  '  )  En  rcprcnanl  les  raisonnements  employés,  on  verra  facilement  dans  quelle 


LKS    FONCTIONS    SOMMABLES. 


Considérons  une  courbe  rectifiable;  exprimons  ses  coorcloniHM's 
à  l'aide  de  Tare  s  ('  );  alors  on  a,  en  j^énéral. 


^;2_^^/2_^^;2 


Soit  0-  l'arc  de  la  courbe  (  ^,  JK,  o)  projection  sur  le  plan  des  t\  : 
7  est  une  fonction  de  s  à  nond^res  dérivés  bornés  et  l'on  a 


sauf  pour  un  ensemble  de  points  de  mesure  nulle. 

De  là  résulte  que  l'ensemble  V  des  points  où  a'^  et  z\  sont  nuls 
en  même    temps   est   de    mesure   nulle.    Sauf  aux  points  de  A, 

-f  a  une  valeur  déterminée  finie  ou  infinie.  Si  7'  est  nul  et  z'.  non 

nul,  la  courbe  a  une  tangente  parallèle  k  oz;  si  s  n'appartient  j)as 
à  A  et  si  0-^  est  dilférent  de  o,  puisque  y'/  =  x'/  -f-JK^',  ^"^  et  y'^  ne 
sont  pas  nuls  à  la  fois,  la  courbe  a  une  tangente. 

Les  courbes  rcctljiables  ont  donc  en  général  des  tangentes, 
les  points  où  il  n'y  a  pas  de  tangentes  correspondent  à  un  ensemble 
de  valeurs  de  l'arc  dont  la  mesure  est  nulle  (-).  Ce  sont  ces  points 
que  l'on  peut  négliger  dans  le  calcul  de  l'arc  à  l'aide  de  l'intégrale 

de  v/^''2+y--h^'^ 

Soit/'(^)  une  fonction  à  variation  bornée  continue,  a[)pliquons 
la  propriété  qui  précède  à  la  courbe  j'  =:  /'(j^).  Cette  courbe  a,  en 
général,  des  tangentes  (^);  si  s  est  son  arc,  x\  el  y'j  existent  sauf 
pour  un  ensemble  de  valeurs  de  s  de  mesure  nulle.  Sauf  aux  points 
de  cet  ensemble  et  à  ceux  de  Tensemble  E  où  x'^  est  nulle,  y\.  existe 
et  est  finie.  Je  dis  que  E  est  de  mesure  nulle. 


mesure  les  résultats  précédents  sont  indé()endanls  de  riijpothèsc  que  j:{t),  y{t), 
z{t)  sont  à  nombres  dérivés  bornés.  On  verra  aussi  que  les  nombres  dérivés  peuvent 
remplacer  les  dérivées  dans  l'expression   de  l'arc  lorsqu'ils  sont  bornés.   Comme 

cas  particulier,  on  trouvera  que  la  variation  tolide  de    j  f  dx  est    l\f\dx. 

(')  Cela  n'est  possible  qu*;  si  x,  y  cl  z  ne  restent  pas  tous  trois  constants 
dans  un  certain  inl(i\.ill(. 

(^)  Malgic  la  reslri(;lioii  sijiiialée  dans  l.i  Note  précédente  cet  énoncé  est  tout 
à  fait  général. 

(3)  Car  X  ne  restant  jiimais  constanl,  puiscjuc  (  i^l  lui  le  paramétre,  nous  ne 
sommes  pas  daii>  le  •■.!>  d'exception  signalé  aux  iiot(  ■-  imcédentes. 


,.;,8  CII.VPITRK    VII. 

S'il  n'eu  était  pas  ainsi,  les  points  où  l'un,  convciuibhMnent 
choisi,  des  quatre  nombres  dérivés  de  /(^)  serait  infini,  lorme- 
raienl  un  ensemble  de  mesure  non  nulle.  On  pourrait  alors  reprendre 
le  raisonnement  des  pages  i  2 1  et  i  22  pour  é\a\uei'f{x)  à  l'aide  de  ce 
nombre  dérivé  A/(^),  mais  parmi  les  //  figurerait  l'nn  des  nombres 
/_^z=  —  oc,  /^^^=4-oo,  et  Ton  aurait  les  ensembles  e_^,  t%^,  l'un 
d'eux  étant  de  mesure  non  nulle  (  '  ).  L'intervalle  que  l'on  atta- 
cherait au  point  ./•  de  e^^  serait  le  plus  grand  intervalle  (x,  x  -h  h) 
de  longueur  au  plus  égale  à  s,  contenu  dans  celui  A^„  des  V^„ 
contenant  x  et  tel  que  Ton  ait 

-  /,  ' 

]M  étant  choisi  arbitrairement.  La  chaîne  d'intervalle  correspon- 
dante donnera  une  valeur  approchée  de  la  variation  totale  qu'on 

pourra  l'aire  croître  indéhniment  avec  M  et  -  si  /^_«  est  de  mesure 

non  nulle  et  si  Ton  a  pris 

-t-00 

M  a^.» -1- Al  «_«  H- 2  ! // 1  «,- <  s; 
—  00 

ceci  est  contraire  à  l'hypothèse,  E  est  de  mesure  nulle. 

Or,  par  hvpothèse,  ./'(^)  est  variation  bornée,  donc  x'^  est  nul 
pour  un  ensemble  de  valeurs  de  s  de  mesure  nulle,  y^  existe  donc 
et  est  finie  sauf  pour  un  ensemble  de  valeurs  de  s  de  mesure  nulle. 
Mais  aux  valeurs  de  s,  formant  un  intervalle  o,  correspondent  des 
valeurs  de  x  formant  un  intervalle  0,  au  plus  égal  à  o;  si  l'on 
enferme  les  valeurs  de  s  d'un  ensemble  E  dans  des  intervalles  de 
longueur  totale  /,  les  valeurs  correspondantes  de  x  forment  uiKm- 
semble  E,  (pi'on  peut  enfermer  dans  les  intervalles  correspon- 
dants de  longueur  totale  au  plus  égal  à  /.  A  un  ensemble  de 
valeurs  de  s  de  mesure  nulle  correspond  donc-  un  ensemble  de 
valeurs  de  x  de  mesure  nulle. 

Il  est  ainsi  démontré  que  toute  fonction  à  variation  bornée 
/(x)  a  une  dérivée  finie  sauf  pour  les  valeurs  de  x  d^ un 
ensemble  de  mesure  nulle.  Le  raisonnement  de  la  page  122, 
tel  qu'il  vient  d'être  complété,  montre  même   que   cette   dérivée 

(')  Lt>  iiolalions  sont  celles  indiquées  ù  la  puye  lui. 


LES    FONCTIONS    SOMMAHLKS.  1.49 

est  soiniiiabic  dans  l'ensemble  des  points  où  elle  est  finie,  mais 
sa  fonction  [)rimitive  n'est  pas  nécessairement  ./ï^c),  comme  le 
montre  rexemj)l('  de  la  fonction  ^{j^')  de  la  f)a*;e  55.  Le  théorème 
(jui  vient  d'être  démontré  est  donc  différent  de  celui  concernant 
la  dérivation  des  intégrales  indéfinies;  en  d'autres  termes,  il  existe 
des  fonctions  continues  à  variation  bornée,  ?(•>&•)  par  exemple, 
qui  ne  sont  pas  des  intégrales  indéfinies  (*). 


(  '  )  Pour  (luuiie  fonction  soit  inléyralc  in(i(';(inie.  il  faut  de  |)lus  (juc  sa  varia- 
tion totale  dans  une  infinité  dénonibiablc  d'intervalles  de  lojjgueur  totale  /, 
tende  vers  zéro  avec  /. 

Si,  dans  l'énoncé  de  la  page  9^,  on  n'assujettit  pas  y  (  x)  à  être  bornée,  ni  F(J7)  à 
être  à  nombres  dérivés  bornés,  mais  seulement  à  la  condition  précédente,  on  a 
une  définition  de  l'intégrale  équivalente  à  celle  développée  dans  ce  Chapitre  et 
applicable  à  toutes  les  fonctions  sommables,  bornées  ou  non. 


NOTE. 

SUR  LES  ENSEMBLES  DE  NOMBRES 


I.  —  Les  ensembles  dérivés. 

Nous  avons  dû  résoudre  à  la  lin  du  Chapitre  I  la  question  suivante  : 

Une  fonction  continue  est  connue  à  une  constante  additive  près,  variant 
d'un  intervalle  à  l'autre,  dans  tout  intervalle  ne  contenant  aucun  des  points 
d'un  ensemble  E;  quelle  doit  être  la  nature  de  l'ensemble  K  pour  que  la  fonc- 
tion soit  complètement  déterminée  (i)? 

Ce  problème  a  été  résolu  par  M.  G.  Cantor,  qui  l'utilisa  dans  la  théorie 
des  séries  irigonométriques.  Nous  allons  étudier  les  propriétés  des  ensem- 
bles qui  ont  été  employées  au  Chapitre  1  pour  la  résolution  de  cette 
question. 

Considérons  un  ensemble  borné  E  de  points(-).  L'ensemble  de  ses  points 
limites  est  son  premier  dérivé,  il  se  note  E'  ou  E*.  Le  dériyé  de  E^  est  le 
second  dérivé,  il  se  note  E^;  et  ainsi  de  suite. 

L  Pour  tout  ensemble  infini  (c'est-à-dire  comprenant  une  infinité  de 
points  »  E'  existe,  c'est  le  principe  de  Balzano-Weierstrass.  Pour  le  démon- 
trer, ran},'eons  en  une  classe  A  tous  les  nombres  inférieurs  à  une  infinité  de 
nombres  de  E  et  dans  la  classe  B  les  autres  nombres.  La  division  A,  B 
définit  un  nombre  qui  est  évidemment  un  point  limite  de  E  et  même  le  plus 
petit  de  ces  points  limites. 

F2*  est  évidemment  fermé,  c'est-à-dire  contient  ses  points  limites,  donc 
il  contient  son  dérivé  E^  ;  E'  est  fermé,  il  contient  E^  ;  et  ainsi  de  suite. 

Ces  ensembles  E',  E',  E"*,  . . .  peuvent  exister.  Un  premier  cas  où  leur 
existence  est  évidente  est  celui  où  E*  est  parfait,  car  alors  E^,  E^,  E^,  ..  . 


(')  On  peut  toujours  supposer  que  l'ensemble  E  qui  figure  dans  cet  énoncé  est 
fermé;  il  suffirait  donc  d'étudier  seulement  les  ensembles  fermés,  mais  il  ne  résul- 
terait de  celte  limitation  aucune  simplification  nolablc. 

(')  Il  s'a};it  de  points  en  ligne  droite,  donc  de  nombres;  il  n'y  aurait  que  peu 
de  cliangemerits  s'il  s'agissait  d'ensembles  de  points  dans  un  espace  à  plusieurs 
dimensions;  d'ailleurs  l'emploi  des  courbes  telles  que  la  courb<;  de  Peano  permet 
de  se  borner  à  l'étude  du  cas  de  la  droite. 


SUR    LES    ENSEMBLES    DE    NOMBRES.  l3r 

sont  tous  identiques.  Dans  ce  cas  la  définition  de  E^,  E^,  ...  ne  présente 
pas  d'intérêt.  Mais  ces  ensembles  peuvent  être  tous  distincts.  Voici  le  pro- 
cédé de  construction  que  nous  emploierons  pour  le  voir  : 

Soient  des  ensembles  ei,  e^,    ....  Divisons  (o,  i)en  intervalles  partiels 

(''")'    (r'    ~)*    \~i'   ~)'    **'*    ''^^cctuons  sure/  la  transformation 

homothétique    qui    remplace    le    plus    petit    intervalle    contenant   e/   par 

I  — r— >  —■  )  l    ^i   devient   Ci.    La    somme   de   ces  ensembles  i!/  sera    notée 

A(e,,  ^2,  ...). 

Si  e^i,  «2,   ...  contiennent  chacun  un  nombre  firji  de  points, 

A,  =  A(e,,  «2,  . . .) 

est  un  ensemble  pour  lequel  EJ  se  réduit  au  point  o.  Si  ei,  ^2,  ...  sont 
identiques  à  A,  on  obtient  A2=  A(Ai,  Ai,  ...)  pour  lequel  E'^  se  réduit  au 
point  o.  l']t  ainsi  de  suite. 

Si  é?!  =  Al,  ei^  Ao,  . . . ,  pour  A  (  Ai,  Ao,  • . .),  les  dérivés  E',  E^,  .  .  .  con- 
tiennent tous  des  points. 

II.  Lorsque  les  dérivés  E',  E-,  ...  contiennent  tous  des  points,  il 
existe  des  points  communs  à  tous  ces  dérivés.  Soit,  en  effet,  M,-  un  point 
de  E'  n'appartenant  pas  à  E'"-'-' ;  M/  est  aussi  point  de  R'-i,  E'-2,  ...,  E*. 
L'ensemble  Mj,  M2,  ...  a  au  moins  un  point  limite  qui,  étant  limite  des 
points  M,,  M/^-i.  ...  de  E',  est  point  de  E'+i.  Ce  point  a|)partienL  donc  à 
tous  les  E'. 

L'ensemble  des  points  dont  l'existence  est  ainsi  démontrée  est  appelé  le 
(M'ème  dérivé  E^\ 

Pour  7V(^  =  A( A],  A2,  .  .  .),  Ef^  contient  le  seul  point  o.  Le  dérivé  de  E^ 
se  note  E*^-^*,  il  se  réduit  au  point  o  pour  A(A(o,  A^^,  ...)  — A(o-hi.  Les 
dérivés  successifs  de  E'»>  se  notent  E'*^-'-^  E<^+2^  ^  _  jl  pg  faut  attacher 
aucune  importance  à  la  forme  particulière  des  indices  employés;  en  fait,  on 
est  vite  obligé  de  renoncer  à  leur  donner  une  forme  déterminée  à  l'avance 
par  une  loi  précise,  on  met  comme  indices  des  symboles  quelconques  qui  ont 
pour  but  de  distinguer  les  différents  dérivés  d'un  même  ensemble.  Nous 
ap[)ellerons  ces  symboles  les  nombres  transjinis  de  la  première  classe  ou, 
pour  abréger,  les  nombres  transjinis  (*);  mais,  avant  d'étudier  ces  sym- 
boles, il  faut  déîuontrer  que  ce  sont  les  mêmes  qui  peuvent  servir  quel  que 
soit  l'ensemble  dont  on  prend  les  dérivés  et  pour  cela  préciser  la  définition 
de  ces  dérivés. 

INous  dirons  de  deux  dérivés  d'un  même  ensemble  que  l'un  d'eux  vient 
après  l'autre  s'il  est  contenu  dans  cet  autre.  Avec  cette  convention  les  mots 
avant  et  après  peuvent  être  employés  comme  dans  le  langage  ordinaire. 


(')  M.  Cantor  considère  d'autres  nombres  transfinis  que  ceux  dont  il  est  ques- 
tion ici,  mais  ces  nombres  ne  sont  pas  utiles  dans  l'élude  des  ensembles  dérivés. 


,3a  NOTK. 

I.orsqu'un  driivô  contient  mit'  inlinilr  de  points  et  iiesl  pas  parlait,  il  y  a 
lieu  de  considérer  son  dérivé  qui  est,  par  délinition,  le  premier  dérivé  qui 
vienne  après  lui.  Une  seconde  définition  est  nécessaire;  soient  H>,  \i'i^,  ... 
des  dérivés  en  nombre  fini  ou  dénombrable,  s'ils  contiennent  tous  des 
points  et  s'ils  sont  différents  deux  à  deux  il  existe  des  points  qui  leur  sont 
communs  à  tous;  pour  le  voir,  il  suffit  de  faire  un  raisonnement  analogue 
à  celui  em|)loyé  pour  la  proposition  II.  L'ensemble  de  tous  ces  points  peut 
être  identique  à  l'un  EY  des  ensembles  donnés,  alors  KY  vient  après  tons  les 
autres  ensembles  donnés,  ou  bien  il  n'est  identique  à  aucun  des  ensembles 
donnés  et  il  constitue  par  définition  le  premier  dérivé  venant  après  E^, 

E^^    Pour  que  cette  définition  soit  acceptable,  il   faut  que,  sans  que 

le  dérivé  obtenu  change,  on  puisse  remplacer  les  dérivés  donnés  par  les 
dérivés  E^\  EP',  . . .  tels  que  l'un  quelconque  des  E^  fasse  partie  des  P>'  ou 
soit  avant  lun  d'eux  et  inversement.  On  vérifie  facilement  (ju'il  en  est  bien 
ainsi. 

La  seconde  de  ces  définitions  ne  s'applique  que  dans  le  cas  où  une  infinité 
dénombrable  d'ensembles  dérivés  a  été  définie,  et  seulement  une  infinité 
dénombrable.  La  première  suppose  que  dans  l'ensembb'  des  dérivés  définis 
il  V  a  un  dernier  dérivé,  de  sorte  que  les  dérivés  obtenus  |)ar  l  application 
de  ces  deux  définitions  ont  avant  eux  au  plus  une  infinité  dénombrable 
d'ensembles  dérivés. 

Nous  pouvons  énoncer  la  proposition  : 

III.  Lorsque  des  dérivés  en  nombre  Jim  ou  dénombrable  d'un 
ensemble  E  contiennent  tous  des  points,  il  existe  des  points  communs 
à  tous  ces  dérivés.  Ces  points  constituent  le  premier  dérivé  qui  ne  vient 
avant  aucun  des  dérivés  donnés. 

Considérons  les  dérivés  successifs  de  deux  ensembles  A  et  B.  Nous  n'écri- 
vons que  les  dérivés  dillerenls  qui  contiennent  elfectivement  des  points. 
Faisons  correspondre  A'  à  B>,  A^  à  B-,  .  ..,  \<^  à  B<*>,  etc.  En  opérant  ainsi, 
on  fait  correspondre  tous  les  premiers  dérivés  de  A  à  tous  les  premiers 
dérivés  de  B,  l'ordre  étant  conservé.  Je  dis  que  cette  correspondance  peut 
être  poursuivie  assez  loin  pour  épuiser,  soit  les  dérivés  de  A,  soit  ceux  de  B. 
En  etfet,  la  correspondance  peut  être  établie  entre  les  premiers  dérivés 
entre  A',  A',  .  .  .  et  Bj,  B,,  ....  Je  suppose  écrits  tous  les  dérivés  de  A  j)our 
lesquels  cette  correspondance  peut  être  établie;  alors,  ou  bien  il  y  a  un  de 
ces  dérivés  après  tous  les  autres,  ou  bien  cela  n'est  pas  et  dans  les  deux  cas 
on  sait  définir  le  dérivé  de  A  qui  suit  tous  ceux  écrits.  Si  l'on  fait  corres- 
pondre ce  dérivé  de  A  à  celui  de  B  qui  suit  tous  ceux  écrits,  la  correspon- 
dance est  réalisée  pour  d'autres  ensembles  dérivés  que  ceux  écrits;  il  ("tait 
donc  absurde  de  supposer  qu'elle  n'était  réalisable  que  pour  ceux-là. 

La  correspondance  peut  donc  être  réalisée  jusqu'à  complet  épuisement 
des  dérivés  de  A  ou  de  B.  Supposons  que  ce  soit  les  dérivés  de  A  qui  soient 
épuisés.  Je  dis  que  cette  correspondance  n'est  possible  que  d'une  manière; 
en  d'autres  termes,  il  n'est  pas  possible  de  réaliser  les  conditions  «énoncées 


SIR    LKS    ENSKMBLKS    1)K    NOMBRES.  l33 

«Je  iijyiiièrn  qu  un  iiicnic  dérivé  A^"  de  A  corresponde  d'abord  à  un  dérivé 
de  n,  puis  ;'i  un  autre  dérivé  de  B.  Supposons  cela  possible  et  considérons 
seulement  les  dérivés  A**,  où  a  est  au  plus  égal  à  ao;  nous  auron*;  deux 
applications  successives  de  l'ensemble  de  ces  A*  sur  deux  parties  difle- 
rentes  V  et  l*i  de  l'ensemble  des  B'^.  P  est  contenue  dans  Pj  ou  Pi  dans  P. 
Supposons  que  P,  soit  contenue  dans  P.  Alors  dans  l'application  des  A« 
sur  P  <»n  lait  correspondre  aux  W^  de  \\  les  dérivés  d'une  partie  Q  de 
l'ensemble  des  \'^. 

A  un  A^t  quelconque  correspond  dans  l'application  sur  Pi  un  Br^,  à  ce  B^ 
correspond  dans  l'application  P  un  A«,  on  pourrait  donc  réaliser  l'applica- 
tion de  l'ensemble  des  A^t  sur  l'une  Q  de  ses  parties  (•).  Or  cela  est  impos- 
sible car  A^  doit  nécessairement  corresponJre  à  A^,  A^  à  A^,  et  ainsi  de 
suite,  et  l'on  démontrerait  qu'il  n'en  peut  être  ainsi  pour  une  certaine 
famille  de  dérivés  A',  A'-,  ...,  sans  en  être  aussi  de  même  pour  le  premier 
dérivé  qui  suit  ceux  écrits. 

Enfin  par  des  raisonnements  de  même  nature  on  démontrera  que  si  dans 
la  correspondance  il  est  possible  d'épuiser  les  «lérivés  de  A,  sans  épuiser 
ceux  de  B,  il  est  impossible  de  réaliser  la  correspondance  satisfaisant  aux 
conditi«)ns  énoncées  et  telle,  de  plus,  que  les  dérivés  de  B  soient  épuisés 
avant  ceux  <!<'    \. 


II.   —  Les  nombres  transjinis. 

Si,  comme  il  a  été  dit,  on  met  aux  lettres  E  et  F  différents  indices  distin- 
guant les  dérivés  des  ensembles  E  et  F,  on  pourra  convenir  d'employer  les 
mêmes  indices  pour  les  dérivés  de  E  et  de  F  qui  se  correspondent  dans  l'ap- 
plication dont  il  vient  d'être  parlé.  Les  symboles  ainsi  choisis  une  fois  pour 
toutes  comme  indices  sont  les  nombres  entiers  finis  i,  ■>,,  3,  ...  et  d'autres 
sigucîs  qu'on  appelle  les  nombres  transjinis  (-). 


(' )  H  faut  remarquer  que  c'est  une  partie  commençant  à  A.'  et  contenant  des 
dérivés  consécutifs,  c'est-à-dire  ce  que  M.  Cantor  appelle  un  segment.  S'il  s'agis- 
sait d'une  partie  quelconc|ue,  il  n'y  aurait  pas  impossibiliié. 

(^)  Une  notation  régulière  de  ces  symboles  n'a  jamais  été  donnée;  il  est  d'ail- 
leurs évidemment  impossible  de  noter  tous  ces  symboles  par  des  combinaisons  en 
nombre  fini  quolconcpie  d'un  nombre  fini  de  symboles,  car,  comme  nous  allons 
le  voir,  leur  enscMuble  a  une  puissance  supérieure  au  dénombrable.  Il  parait  donc 
impossible  de  donner  une  loi  permettant  d'écrire  effectivement  à  l'aide  d'une  nota- 
lion  régulière  l'un  quelconque  d'entre  eux. 

Relativement  à  la  numération  des  nombres  translinis,  on  lira  avec  intérêt  ce  qui 
concerne  la  lormc  iiorniale  des  nombres  translinis  dans  les  Mémoires  de  M.  G. 
Cantor,  triduiis  par  M.  K.  Marotte  sous  le  litre  de  Fondements  d'une  théorie 
des  enscfnhlc^  transjinis  (  Paris,  llcrmann  ). 

Dans  le  imiiic  ()iiviiii;<'  >(■  tumvenl  développées  les  propriétés  des  ensembles 
bien  ordoniK  -  i|ii.   j  ,ti  iiiili>,, >  dans  I  étude  des  ensembles  dérivés. 


,34  NOTE. 

Un  noinhiv  transfini  «^st  d'il  plus  pet  if  qu'un  autre  lorsqu'il  correspond  à 
un  dérivé  venant  avant  celui  correspondant  à  l'autre  nombre  transfini.  rVous 
nous  bornons  d'ailleurs  aux  symboles  utiles,  nous  ne  continuerons  la  con- 
struction de  ces  symboles  que  tant  que  nous  trouverons  des  dérivés  conte- 
nant des  points  et  différents  de  ceux  qui  les  précèdent;  chaque  nombre 
iransfini  n'a  donc  avant  lui  qu'un  nombre  fini  ou  une  infinité  dénombrable 
d<'  nombres  transfinis. 

IV.  L'ensemble  des  nombres  trans finis  n'est  pas  dénombrable.  — 
Nous  avons  attaché  des  ensembles  Ai,  A,,  ...  aux  nombres  finis  et  des 
ensembles  Ao,,  At^-t-i,  aux  deux  premiers  nombres  transfinis.  Nous  complé- 
terons cette  correspondance  en  convenant  que  si  nous  avons  attaché  Aa  au 
nombre  a,  A^^,  sera  A(  Aa,  Aa,  .  .  .)•  ï-es  nombres  oc  -+-  i  auxquels  s'applique 
cette  définition  sont  ceux  qui  ont  avant  eux  un  dernier  nombre  transfini, 
ce  sont  ceux  qui  correspondent  aux  dérivés  donnés  par  la  j)remière  défini- 
tion; M.  Cantor  les  appelle  les  nombres  de  la  première  espèce.  Ceux  de 
la  deuxième  espèce  sont  ceux  qui  correspondent  à  la  deuxième  définition 
des  dérivés:  un  tel  nombre  a  est  défini  par  l'ensemble  de  tous  les  nombres 
qui  lui  sont  inférieurs.  Rangeons  ces  nombres,  qui  forment  un  ensemble 
dénombrable,  en  suite  simplement  infinie  a,  b,  c,  ...  ;  nous  poserons 
Aa=A(a,  6,  c,  ...)(»). 

Ces  deux  procédés  de  construction  sont  applicables  tant  que  'on  n'a 
encore  qu'une  infinité  dénombrable  de  nombres;  ils  donnent  toujours  un 
ensemble  A^  dont  le  a'*'""  dérivé  ne  contient  que  le  point  o;  il  est  donc 
absurde  de  supposer  qu'on  épuise  la  suite  des  nombres  transfinis  à  l'aide 
d'une  infinité  déniunbrable  d'opérations. 


III.    —  Les  ensembles  réductibles  et  les  ensembles  parfaits. 

Il  existe  deux  grandes  classes  d'ensembles  :  les  ensembles  dénombrables 
et  les  ensembles  non  dénombrables.  A  la  première  classe  appartiennent  les 
ensembles  dont  l'un  des  <lérivés  ne  contient  aucun  point  (2);  cela  résulte 
immédiatement  de  la  proposition  suivante  : 

V.  Les  points  de  li'  qui  ne  font  pas  partie  de  V/^  (  a  >  i  )  forment  un 
ensemble  dénombrable.  —  En  effet  les  points  de  E*  qui  n'appartiennent 
pas  à  E'  sont  isolés  dans  E',  donc  chacun  d'eux  peut  être  enfermé  dans  un 
intervalle  ne  contenant  qu'un  point  de  E*.  Sur  l'un  de  ces  intervalles  8, 
deux  autres,  au  plus,  Oi  et  Oj,  empiètent  et   ils  n'empiètent  pas  l'un  sur 

(')   Il  y   a    là   une  difficulté   qui  provient  du  fait  qu'on  ne  donne  pas  la  loi  de 

formation  de  la  suite  a,  Ij,  c Si  l'on  savait  donner  celle  loi  les  enscnililes  A" 

pourraient  servir  à  noter  les  iiMMihres  iransliiiis. 

(•)  D'après  III,  le  premier  dérivé  pour  lequel  il  en  oi  iiiii^i  ne  |>eni  corres- 
pondre a  un  nombre  de  la  seconde  espèce. 


SLI»    LKS    KNSEMBLKS    DE    NOMBRKS.  l35 

l'autre.  La  soiunie  des  longueurs  <les  8  est  donc  au  plus  deux  fois  la  lon- 
gueur d'un  intervalle  contenant  K*  ;  les  intervalles  8  forment  un  ensemble 
d«'*nornl)rable. 

Ainsi  l<;s  points  de  E'  qui  n'appartiennent  pas  à  E^  form<;nt  un  ensemble  Bj 
dénombrable,  ceux  de  E?  qui  n'appartiennent  pas  à  EP-^^  forment  un 
ensemble  dénombrable  B^.  Or  l'ensemble  considéré  dans  la  propriété  V  est 
l'ensemble  des  points  de  la  somme  des  Bp  pour  ^  <  a,  donc  il  est  dénom- 
brable. 

Les  ensembles  dont  l'un  des  dérivés  ne  contient  aucun  point  sont  dits 
réductibles;  ils  sont  dénombrables,  car,  d'après  V,  pour  un  tel  ensemble  E, 
El  est  dénombrable  ;  tous  les  points  de  E  sont  des  points  de  Mx  ou  des  inter- 
valles contigus  à  E,,  lesquels  sont  en  nombre  fini  ou  dénombrable.  Dans  un 
intervalle  intérieur  à  un  intervalle  contigu  à  E],  ^E  n"a  pas  de  points 
limites,  donc  est  fini  et  par  suite  il  est  dénombrable  dans  tout  intervalle 
contigu  à  E,.  E  est  dénombrable. 

A  la  classe  des  ensembles  non  dénombrables  appartiennent  les  ensembles 
parfaits  : 

VI.  Tout  ensemble  parfait  a  la  puissance  du  continu.  —  Gela  est 
évident  si  l'ensemble  contient  un  intervalle;  soit  E  un  ensemble  parfait  non 
dense  dont  les  points  extrêmes  sont  A  et  B  (»).  Gab(E)  est  un  ensemble 
formé  des  points  intérieurs  à  l'infinité  dénombrable  des  intervalles  con- 
tigus à  E.  Rangeons  ces  intervalles  en  suite  simplement  infinie  Oj,  02,  .... 
A  A  faisons  correspondn;  le  point  o,  à  B  le  point  i,  aux  deux  extrémités 
de  8j  le  point  4^,  aux  deux  extrémités  de  82  le  point  \  ou  |  suivant  que  Oj 
estentre  A  et  Ôj  ou  entre  Oi  et  B.  On  continuera  ainsi,  faisant  correspondre 
aux  deux  extrémités  de  O/,  le  milieu  de  l'un  des  intervalles,  définis  par  les 
points  correspondant  à  A,  B,  Oj,  02,  ...,  8,i_i,  ce  milieu  étant  complète- 
ment défini  par  la  condition  que  les  points  correspondant  à  A,  B,  Ot. 
02,  .  .  .,  o„  se  succèdent  dans  le  même  ordre  que  A,  B,  (?i,  02,  . .  .,  8„. 

Soit  M  un  point  de  E  qui  ne  soit  pas  extrémité  d'un  intervalle  contigu 
à  E,  il  est  limite  des  extrémités  d'intervalles  8/,,  0,^,  ....  Les  points  cor- 
respondant à  ces  intervalles  ont,  il  est  facile  de  le  voir,  un  point  limite  y- 
On  fait  corres|)ondre  v  à  M.  De  cette  manière  à  tout  point  de  E  corres- 
pond un  point  et  un  s(;ul  de  (o,  1),  et  à  tout  point  de  (  o,  1)  correspond  un 
ou  deux  points  de  E,  donc  E  a  la  puissance  du  continu. 

Considérons  maintenant  l'ensemble  E^  commun  à  tous  les  dérivés 
de  E  (2),  M  est  évidemment  fermé,  je  dis  qu'il  est  parfait.  Pour  le  voir, 


(')  On  suppose  R  borné,  sinon  on  raisonnerait  snr  une  partie  bornée  de  E. 

(^)  L'indice  12  n'a  pas  d'antre  hut  que  de  distinguer  rensenible  ainsi  formé  des 
dérivés.  Si,  ce  qui  n'est  pas,  E^  «Hait  différent  de  tous  les  dérivés,  il  y  aurait  lieu 
de  considérer  VP-  comme  une  sorte  de  nouveau  dérivé  et  par  iî  on  représenterait 
un  symbole  (|ni  serait  le  premier  venant  après  tous  les  nombres  Iransfinis  de  la 
première  classe.  Un  tel  syrrd>ole  serait  ce  quo  M.  Cantor  appelle  le  premier  nombre 
trans/ini  de  la  seconde  classe. 


,36  NOTK, 

remarquons  que  si  ^\  est  un  point  de  E~  et  (a,  b)  un  intervalle  contenant  ^I, 
ou  bien  Tiin  des  dérivés  de  E  est  parfait  dans  (n,  b),  ou  bien  quel  que  soit 
\o  dérivé  considéré  ¥.^  on  peut  trouver  un  point  M^  appartenant  à  E^sans 
appartenir  à  E^t-t-»  et  cela  fait  voir  que,  dans  tous  les  cas,  E'  n'est  pas 
dénombrable  dans  {a,b).  Inversement,  si  M  est  tel  que  dans  tout  inter- 
valle {a,b)  le  contenant  il  y  a  une  infinité  non  dénombrable  de  points 
de  E',  M  appartient  à  E^^  ;  car  s'il  n'appartenait  pas  à  E^  il  y  aurait  un 
intervalle  {a,  b)  dans  lequel  E^  n'aurait  pas  de  points  et  dans  lequel  E' 
serait  dénombrable. 

De  cette  propriété  caractéristique  des  points  de  E^^  il  résulte  que  E^^  ne 
peut  contenir  aucun  point  isolé;  si  M  était  un  tel  point,  on  pourrait  trou- 
ver (a,  b)  contenant  M  et  ne  contenant  aucun  autre  point  de  E^;  mar- 
quons les  points  <7  <  ai  <  a».  .  .  <  M  < .  .  .  <  62<  ^i  <  b,  les  «/  et  les  6, 
tendant  vers  M;  dans  chaque  intervalle  («/,  a/+i),  (bi+i,b,),  Ei  est  dénom- 
brable, il  est  donc  dénombrable  dans  (a,  b). 

E^  est  parfait.  Mais  nous  voyons  de  plus  que  dans  tout  iutervalle  contigu 
à  E^  il  n'y  a  qu'une  infinité  dénombrable  de  points  de  E'.  A  chacun  de  ces 
points  correspond  un  nombre  fini  ou  transfini,  indice  du  premier  dérivé  ne 
contenant  pas  ce  point.  Il  y  a  une  infinité  dénombrable  de  ces  nombres, 
soit  a  le  plus  grand  d'entre  eux,  s'il  y  en  a  un  plus  grand  que  tous  les  autres 
et,  s'il  n'en  est  pas  ainsi,  soit  a  le  plus  petit  de  ceux  qui  les  surpassent. 
Le  dérivé  E^  est  identique  à  E^.  doue  : 

VII.  Tout  ensemble  a  l'un  de  ses  dérivés  par/ait. 

VIII.  Tout  ensemble  fermé  est  la  somme  d'un  ensemble  dénombrable 
et  d'un  ensemble  parfait  (  '  ». 

Les  ensembles  fermés  sont  donc  d«'Mionibrables  ou  ont  la  puissance  du 
continu,  suivant  que  leur  dérivé  parfait  ne  contient  aucun  point,  ou  en  con- 
tient; c'est-à-dire  suivant  qu'ils  sont  réductibles  ou  non.  Mais  un  ensemble 
non  fermé  peut  être  non  réductible  et  dénombrable;  c'est  le  cas  de  l'en- 
semble des  valeurs  rationnelles. 


(')  On  remarquera  que  la  dcrnonsiration  du  théorènicNlII  ne  suppose  connus, 
ni  la  n./lion,  ni  même  le  mot  de  nombre  transfini.  Au  contiaire,  dans  la  démons- 
tration du  théorème  VII,  j'emploie  les  nombres  translinis. 

Pendant  la  correction  des  épreuves,  j'ai  eu  connaissance  d'une  lettre  adressée  à 
M.  Borel  par  M.  Krnst  Lindelof,  el  dans  Jatpiclie  celui-ci  indiijue  une  démonstra- 
tion (lu  théorème  VIII  (|iii  me  parait  idenlitpic  à  celle  du   texte. 


FIN. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Pajfcs. 

Prefack V 

Index v'ii 

CiiAi'iTHE  I.  —  IJ intégrale  avant  Rleuiann i 

I.  I^'intégralioii  des  fonctions  conlinues i 

II.  —  L'iiilégraLion  des  fonctions  discontinues 7 

CiiArinu-:  II.  —  La  définition  de  l'intégrale  donnée  par  Riemann i5 

I.  —  Propi'iétés  relatives  aux  fonctions i j 

II.  -  Conditions  d'inlégrabilité i'd 

III.  —  Piopri«Hés  de  l'intéj^rale 3o 

IV.  —  Intéj^rales  par  défaut  et  par  excès ...  33 

CiiAi'iTHi:  III.  —  Définition  géométrique  de  V intégrale .S<i 

I.  -  La  mesure  des  ensembles 36 

II.  —  Définition  de  l'intégrale 4^ 

CiiAi'iTiîi:  W .        Les  fonctions  à  variation  bornée 49 

I.  -  Les  fonctions  à  variation  bornée 19 

II.  —  Les  courbes  rectifiables .')9 

Chapitre  \  .  —  La  recherche  des  fonctions  primitives 6^ 

I.  —  L'intégrale  indéfinie 64 

II.  —  Les  nombres  dérivés 67 

III.  —  Fonctions  déterminées  par  un  de  leurs  nombres  dérivés 74 

IV.  —  Hecherche  de  la  fonction  dont  un  nombre  dérivé  est  connu 80 

\.     —  L'intégration  riemannienne   considérée  comme  l'opération  inverse 

de  la  dérivation Sj 

CHAi'iTin:  VI.     -  L'intégration  définie  à  l'aide  des  fonctions  primitives..  85 

I.  -     Ucclierche  directe  des  fonctions  primitives 85 

II.  -  l^ropriélés  des  fonctions  dérivées 89 

m.  —  l/inlégrale  déduite  des  fonctions  primitives 92 

CuAiMTiiE  VII.  —   Les  fonctions  sommables 98 

I.  —   Le  |)roblème  d'intégration 98 

II.  —  La  mesure  des  ensembles iu2 

III.  —  Les  fonctions  mesuiablt;s 110 

IV.  —  Définition  analytique  de  l'intégrale 112 


1 

,38  TABLE    DES    MATIÈRES.  j 

4 

Pages .  , 

V.  —  Déflnition  géométrique  de  l'intégrale ii6  ^ 

VI.  —  La  recherche  des  fonctions  primitives i^o  j 

VII.  —  La  rectification  des  courbes '20  | 

Note.   —  Sur  les  ensembles  de  nombres    '3o  | 

I.  —  Les  ensembles  <lérivés •     *  ^"  \ 

II.  —  Les  nombres  transfinis '33  | 

III.  -  Les  ensembles  réductibles  et  les  ensembles  parfaits t^k  \ 


FIN    DE    LA    TABLE   DES    MATIERES. 


ikOlti         l'ari».   —  Imprimerie  GAUTHIER-ViLI.ARS,  qnal  des  Grands-Augustins,  bb. 


LIBRAIRIE    GÀUTHIER-VILLARS, 

01  AI    Di:S   GKANDS-Arr.USTlXS,  55,  A  PARIS   (G"). 

BOREL  lÉmile),  Maître  de  Conrércnees  à  l'École  Normale  su()cricure.  — 
Leçons  sur  la  théorie  des  fonctions.  Exposé  de  la  théorie  de.v  en- 
sembles. Grand  in-S  ;  J8()H 3  fr.  -io  c. 

BOREL  (Emile).  —  Nouvelles  Leçons  sur  la  théorie  des  fonctions, 
.j  volumes  i,Mand  in-S,  se  vendant  séparcmetit  : 

Leçons  .'(iir  les  fonctions  entières;  1900 3  tr.  5o  e . 

Leçons  sur  les  séries  divergentes;  1 90 1 4  f r .  5o  c . 

Leçons  sur  les  séries  à  termes  positifs  proh&sées  au  Collège  de  France, 
recueillies  et  rédigées  par  Robert  D'AoïiÉyAR  ;  190?. 3  fr.  5o  c. 

Leçons  sur  les  fonctions  méromorphes  pi-ofe.ssées  au  Collège  de  France, 
recueillies  el  récligées  par  Ludovic  Zorktti;  1903 '. . .     3  fr.  5o  c. 

Leçons  sur  les  séries  de  polynômes.. {En  préparation.) 

CAHEN  (E.),  ancien  Elève  de  rÊcole  Normale  supérieure,  Professeur  de 
malhématiques  spéciales  au  Collège  Uollin.  —  Eléments  de  la  Théorie 
des  nombres.  Congruences.  Formes  quadratiques.  Nombres  incommen- 
surahles.  Questions  diverses.  Grand  in-8  ;  1 900 \9.  h\ 

PICARD  (Emile),  Membre  de  l'InsLilut,  Professeur  a  l,a  Faculté  des 
Sciences.  —  Traité  d'Analyse  (Cours  de  la  Faculté  des  Sciences) 
Quatre  volumes  grand  iu-8  avec  figures,  se  vendant  séparément. 

To-MK  I  :  Intépfrales  simples  et  multiples.  —  L'équation  de  Laplace  et 
ses  applications .  Développement  en  séries.—  applications  géométriques 
du  Calcul  infinitésimal.  2*  édition,  revue  et  corrigée  -,1901 1  6  f  r . 

roMK  11  :  Fonctions  harmoniques  et  fonctions  anal)  tiques . — Intro- 
duction à  la  théorie  des  équations  différentielles.  Intégrales  abéliennes 
et  surfaces  de  Riemnnn.  ■>/'  édition {Sous  presse.) 

ToMK  m  :  Des  singularités  (les  intégrales  et  des  équations  di(/'éreniielles. 
Étude  du  caf  où  là  variable  reste  réelle  et  des  courues  définies  par  des 
équations  différentielles.  Equations  linéaires  ;  analogie  entre  les  équations 
algébriques  et  les  équations  linéaires;  1 896 1 8  fr . 

ToMK  IV  :  Équations  aux  dérivées  partielles  .  .      (En  préparation.) 

TANNERY  (Jules),  .Sous-Directeur  de>>  Études  scientili(iues  à  l'École  Nor- 
male .-supérieure,  el  MOLK  (Jules).  Professeur  à, la  Faculté  des  Sciences 
de  Nancy.  —  Éléments  de  la  Théorie  des  fonctions  elliptiques. 
4  volumes  in-8  se  vendant  séparément  (Ouvuagk  co.mplet)  : 

ToMK  1  .Introduction.  Calcul  di/férentiel  {\'^  PdiTlie):  1893.     7fr.5oc. 

ToMK  II  :  Calcul  différentiel  (U*  Partie)  ;  1 896 9  fr.     » 

Tome  111  :  Calcul  intégral  (l"  Partie)  ;  1898 8  fr.  5o  c  . 

Tome  IV    :   Calcul  intégral  (II*    Partie)    et   Applications  ; 
»  9"^ 


9fr. 


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■^  tT  U  R  N    Astronomy   Mothemotics/Statistki/Compoter  Sci«nce  Librory 

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